Skip to main content

Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. Supplément et complément"

See other formats


For  Référence 


f 


NOT  TO  BE  TAKEN  FROM  THIS  ROOM 


t 


.y 


\  \ 


r 


Vi 


>« 


IranÙMB  îîniuprBito  ffijibrarg 


r 


.^. 


'  1 


A 


>" 


/ 


^ii 


lV 


'The  search  for  truth  euen  unto  its  innermost  parts' 
,3n  (iïïenioriam 

The  Gift  of 
SADYE  RUBIN  MARANTZ  LEE 


The  National   Women's  Comrnittee 
of  Brandeis  University 


i 


'%i 


^-. 


r' 


\ 


\ 


-^^'%J*i 


y 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


SUPPLEMENT  ET  C(3MPLEMENT 
TOME  PREMIER 


TYPOGr.APHIE   nnMIN-DinOT.    —   MKSML   (ElRr 


BIOGRAPHIi: 

UNIVEliSELLE 


DES  MUSICIENS 


KT 


BIBLIOGRAPHIE  GÉNÉRALE  DE  LA  MUSIQUE 


f  ''  ■  \  ^ 


PAR  F.-J.'^1:^ETLS 


SUPPLEAIENT   ET   COMPLEAIENT 

Piihliés  sous  la  direclinii  de 

AL   ARTHUR   POUGIN 

TOME  PREMIER 


PARIS 

LIUUAIKIE  DE  FIRMIN-DIDOT  ET   C'^ 

IMI'IÀI.MEUKS    DE   l'iNSTITUT,    KUE   JACOB,    o6 

1878 

Tous  droils  réservés. 


Music 
Eeferenoe 

/y/-  fôs' 

t2 


PREFACE 


Il  y  a  quarante  ans  que  Fétis  publiait  la  première  édition  de  sa 
Biographie  universelle  des  Musiciens  ;  il  y  en  a  dix-sept  qu'il  com- 
mençait la  publication  delà  seconde  édition,  qui  constituait  presque 
un  ouvrage  nouveau,  tellement  le  travail  primitif  s'était  agrandi , 
amélioré,  accru  de  toutes  façons.  Chacun  sait  le  succès  qui  ac- 
cueillit, non-seulement  en  France,  mais  dans  toute  l'Europe  ar- 
tiste et  lettrée,  ce  livre  si  nouveau,  si  utile,  et  si  colossalement  im- 
portant. L'auteur ,  après  avoir  passé  vingt-cinq  années  de  sa  vie 
à  le  faire,  en  avait  employé  vingt-cinq  autres  à  le  refaire;  et  je 
ne  sais  trop  si  l'on  trouverait,  dans  l'histoire  de  l'art,  beaucoup 
d'exemples  d'un  tel  labeur  et  d'une  telle  persévérance,  appliqués 
au  même  ouvrage. 

Cependant,  un  travail  biographique  général,  consacré  à  toute 
une  classe  d'individus,  à  toute  une  catégorie  d'artistes,  est  fatale- 
ment destiné  à  devenir,  avec  le  temps,  défectueux  et  incomplet. 
L'esprit  et  le  genre  humains  marchent  sans  cesse,  l'art  se  poursuit 
et  se  renouvelle,  des  hommes  et  des  œuvres,  hier  inconnus,  nais- 
sent à  la  lumière,  des  artistes,  les  uns  glorieux,  les  autres  distin- 
gués, ceux-là  simplement  honorables,  disparaissent  au  contraire 
de  la  scène  du  monde,  des  faits  nouveaux  se  produisent,  et  chaque 
jour,  en  apportant  son  contingent  à  l'histoire  intellectuelle  de 
l'humanité,  oblige  cette  histoire  à  se  modifier  et  à  se  compléter. 

Pour  ne  parler  que  de  la  musique,  nous  vivons  précisément  en 

a 

Mus  l'a 
Heference 


91463 


ii  PREFACE. 

un  temps  de  troubles,  nous  traversons  une  période  de  transition 
qui  rendent  les  manifestations  de  cet  art  merveilleux  non  pas  plus 
importantes,  plus  éclatanles  que'  dans  le  passé,  mais  plus  actives 
parfois,  plus  militantes  si  l'on  peut  dire,  et  surtout,  il  faut  bien  le 
reconnaître,  plus  nombreuses  et  plus  diverses  qu'elles  n'ont  ja- 
mais été.  On  ne  doit  pas  oublier,  d'ailleurs,  que  le  goût  de  la  mu- 
sique se  propage  chaque  jour  davantage  et  s'étend  à  toutes  les 
classes  de  la  société,  qu'il  crée  de  nouveaux  besoins  pour  le  puJjlic, 
et  que  pour  satisfaire  ces  besoins,  pour  alimenter  la  curiosité  gé- 
nérale, devenue  plus  pressante,  la  production  doit  être  activée  par 
un  plus  grand  nombre  d'artistes.  Les  compositeurs  deviennent 
donc  sans  cesse  plus  nombreux,  leurs  travaux  se  multiplient  d'une 
façon  incalculable,  et  l'annaliste  a  fort  à  faire  d'enregistrer  soi- 
gneusement, au  jour  le  jour,  chaque  fait  nouveau  qui  se  présente 
dans  le  domaine  de  l'art. 

Un  ouvrage  tel  que  la  Biographie  universelle  des  Musiciens  doit 
donc,  pour  conserver  sa  force  et  son  utilité,  être  remisa  jour  pério- 
diquement. C'est  ce  que  les  éditeurs  ont  pensé,  et  ils  ont  voulu, 
après  quinze  ans,  livrer  au  public  un  Supplément  important,  qui 
vint  compléter  cet  ouvrage  et  le  tenir  au  courant  de  tous  les  faits 
qui  se  sont  produits  depuis  sa  dernière  édition. 

Je  n'ai  pas  été,  je  l'avoue,  médiocrement  effrayé  de  l'importance 
de  la  tâche  qu'on  me  proposait  lorsqu'on  a  bien  voulu  m'offrir  de 
me  charger  de  la  rédaction  de  ce  Supplément.  Peut-être  cependant 
étais-je  mieux  préparé  qu'un  autre  à  un  travail  de  ce  genre.  Depuis 
longtemps,  en  effet,  je  m'occupais  de  réunir  des  matériaux  néces- 
saires à  un  Dictionnaire  biographique  général  des  musiciens  français, 
ouvrage  auquel  je  dois  renoncer  aujourd'hui,  mais  dont  les  élé- 
ments ont  naturellement  trouvé  leur  emploi  dans  celui-ci  ;  d'autre 
part,  j'avais  étudié  avec  une  attention  soutenue  le  mouvement 
musical  de  l'Italie  contemporaine ,  et  enfin  mes  cartons  étaient 
pleins  de  notes  et  de  documents  sur  les  artistes  importants  qui 
depuis  vingt  ans  occupent  l'Europe  de  leur  personne  et  de  leurs 
œuvres. 

Néanmoins,  je  le  répète,  j'étais  effrayé  de  la  responsabilité  qui 
allait  peser  sur  moi,  non-seulement  à  cause  de  l'immensité  de  la  ta- 


PRÉFACE.  iij 

che,  mais  aussi  en  raison  de  la  rapidité  avec  laquelle  elle  devait  être 
accomplie.  Je  ne  pouvais  pas,  on  le  comprend,  travailler  à  loisir 
et  prendre  tout  mon  temps  ;  il  fallait  me  mettre  à  l'œuvre  immé- 
diatement, et  procéder  aussi  vite  que  possible,  afin  que  le  Supplé- 
ment qu'on  me  demandait  fût  bien  à  jour,  et  que  le  commence- 
ment n'ait  pas  trop  vieilli  lorsque  viendrait  la  fin. 

C'est  alors  que  j'eus  l'idée,  afin  de  presser  le  travail  et  de  le 
rendre  à  la  fois  plus  complet,  de  m'adresser  à  quelques  amis,  à 
quelques  confrères  de  France  et  de  l'étranger,  et  de  les  prier  de 
m' aider  dans  la  mesure  de  leurs  moyens,  selon  la  spécialité  qui 
convenait  le  mieux  à  chacun.  Je  les  remercie  ici,  du  fond  du  cœur, 
d'avoir  répondu  si  cordialement  à  mon  appel,  et  je  constate  avec 
joie  qu'aucun  ne  s'est  dérobé  à  mes  demandes,  tous  comprenant 
qu'il  s'agissait  d'une  œuvre  absolument  honorable  et  qui  ne  pou- 
vait que  gagner  au  concours  de  tous. 

C'est  ainsi  que,  en  ce  qui  concerne  l'étranger,  M.  Casamorata, 
l'excellent  président  de  l'Institut  royal  de  musique  de  Florence,  a 
bien  voulu  me  fournir  un  certain  nombre  de  notices  fort  intéres- 
santes sur  quelques  musiciens  italiens  contemporains  ;  que  M.  Joa- 
quim  de  Vasconcellos,  l'auteur  d'un  livre  remarquable  ,  Os  musicus 
poriuguezes,  s'est  chargé  de  tout  ce  qui  avait  trait  aux  artistes  por- 
tugais, ses  compatriotes;  que  M.  Edouard  de  Hartog,  un  des  com^ 
positeurs  néerlandais  les  plus  distingués  de  ce  temps,  m'a  confié 
de  nombreux  articles  sur  les  musiciens  de  son  pays;  que  M.  Félix 
Delhasse,  un  érudit  aussi  obligeant  qu'infatigable,  a  consenti  à  se 
charger  de  beaucoup  de  notices  relatives  aux  artistes  belges,  en  mê- 
me temps  ([u'il  me  fournissait  des  notes,  des  documents  et  des  maté- 
riaux innombrables  sur  les  artistes  allemands  contemporains  (1).  Ce 

(1)  Je  ne  saurais  assez  exprimer  ici  la  reconnaissance  que  je  dois  à  M.  Del- 
hasse, pour  l'aide  qu'il  m'a  apportée  dans  ce  travail.  Possesseur  d'une  riclie 
bil)liotlicque,  ayant  accumulé  depuis  plus  de  tiuarante  ans,  avec  la  passion 
éclairée  d'un  véritable  artiste,  une  foule  de  notes  et  de  documents  précieux 
sur  tous  les  musiciens  européens.  M,  Delhasse  a  mis  libéralement  tous  ces 
trésors  à  ma  disposition,  et,  non  content  de  cette  obligeance,  il  s'est  encore 
astreint  à  relire  toutes  les  épreuves  de  ce  Supplément,  me  signalant  avec  une 
ardeur  et  une  bonté  que  je  ne  saurais  trop  louer  toutes  les  erreurs,  les 
omissions  et  les  lacunes  que  son  intelligente  expérience  lui  faisait  découvrir. 


iv  PRÉFACE. 

n'est  pas  tout,  et  je  dois  signaler  aussi  le  respectable  docteur 
Abramo  Basevi ,  de  Florence ,  mes  excellents  confrères  MM.  Filippo 
Filippi,  de  Milan,  et  Carlo  Caputo,  de  Naples,  M.  Edouard  Gre- 
goir,  d'Anvers,  enfin  M.  Pena  y  Goni ,  de  Madrid,  qui  ont  bien 
voulu,  sinon  me  rédiger  des  notices  ,  du  moins  me  communiquer 
sur  les  artistes  de  leurs  pays  respectifs  des  notes  et  des  rensei- 
gnements pleins  d'intérêt  et  d'utilité. 

Pour  ce  qui  est  de  la  France,  il  me  faut  remercier  aussi  les  écri- 
vains et  les  érudits  qui  m'ont  prêté  si  obligeamment  leur  concours  : 
M.  Weckerlin,  à  qui  je  dois  surtout  d'intéressants  documents  sur 
quelques  anciens  musiciens;  M.  Gustave  Bertrand,  qui,  connais- 
sant parfaitement  les  compositeurs  russes  contemporains,  a  signé 
d'excellentes  notices  sur  quelques-uns  d'entre  eux;  M.Jules  Gallay 
a  fait  de  même  pour  quelques  luthiers,  la  matière  lui  étant  par- 
ticulièrement connue;  enfin  MM.  J.  de  Filippi,  Adolphe  JuUien, 
Er.  Thoinan,  se  sont  occupés  de  certains  artistes  dont  la  vie 
leur  était  familière.  Ne  voulant  pas  oublier  les  musiciens  fran- 
çais qui  vivent  loin  de  Paris  et  n'en  sont  pas  moins  méritants, 
je  me  suis  adressé  à  quelques  confrères  de  province  ;  ils  ont  de 
la  façon  la  plus  courtoise,  répondu  à  mon  appel  :  M.  Alexis  Rostand 
s'est  chargé  de  tout  ce  qui  avait  trait  à  Marseille  et  au  sud-est  de 
la  France;  M.  Anatole  Loquin  de  tout  ce  qui  concernait  Bordeaux 
et  le  sud-ouest;  M.  Jules  Cariez  de  ce  qui  touchait  la  Norman- 
die  (1). 

Ce  Supplément  est  aussi  un  complément,  comme  l'indique  son 
litre.  C'est-à-dire  que  je  n'ai  pas  voulu  me  borner  seulement  à 
retracer  les  faits  qui  se  sont  produits,  à  mentionner  les  artistes 
nouveaux  qui  se  sont  fait  connaître  depuis  la  publication  delà  Bio- 
graphie universelle  des  musiciens;  mais  que,  faisant  un  retour  sur 
le  passé,  j'ai  non-seulement  corrigé  un  certain  nombre  des  erreurs 
inséparables  d'un   ouvrage  de  ce  genre,   mais  encore  augmenté 

(I)  Je  dois  ici  des  remercîraenls  particuliers  à  la  direction  du  secrétariat  du 
Conservatoire  de  Paris,  qui  a  mis  à  ma  disposition,  de  la  façon  la  plus  obli- 
geante, les  registres  de  cet  établissement,  et  qui  m'a  prodigué,  sur  une  foule 
d'artistes  français,  les  renseignements  les  plus  abondants  et  les  plus  précis. 
Je  ne  saurais  troj)  lui  en  exprinnîr  ma  gratitude. 


PREFACE.  V 

cet  ouvrage  de  notices  sur  des  artistes  intéressants  qui  n'y  avaient 
pas  été  mentionnés,  et  complété  des  notices  que  l'absence  de  do- 
cuments positifs  avait  laissées  forcément  insuffisantes.  On  verra 
d'ailleurs  que  toutes  les  fois  que  j'ai  rencontré  une  œuvre,  une  date, 
un  fait  nouveau  sur  tel  ou  tel  artiste ,  je  me  suis  fait  un  devoir 
de  les  produire  et  de  compléter  ainsi  les  renseignements  existants. 

Un  certain  nombre  de  vides  qui  avaient  été  signalés  dans  la 
Biographie  se  trouvent  donc  comblés,  au  moins  en  partie,  dans  le 
présent  Supplément,  où  des  artistes  méritants  ont  aujourd'hui  leur 
histoire.  On  remarquera ,  entre  autres,  pour  l'ancien  personnel 
de  l'Opéra,  les  noms  d'Albert,  Marie  Aubry,  Marie  Brigogne,  M"*"  Che- 
valier, Ghopelet,  M'"^  Coupé,  Cuvillier,  M'"^  Desmàtins  ,  M"«  Duplant, 
M""  Durancy,  Gélin,  M""  Grassari,  Hardouin,  M"^  Jawureck,  Rosalie 
Levasseur,  M"'' Rousselois  ,  M""  Saint-Christophe,  Tribou;  pour  les 
anciens  artistes  delaComédie-Italienne  et  derOpéra-Comique,M"'^Bil- 
lioni,  M  Carline,  M"'®  Crétu,  Darboville,  Dozainville,  Féréol, 
M""'  Laruette,  M™^  Lemonnier,  M"^  Lescot,  Moreau-Sainti,  M'"''  Mou- 
linghem,  Nainville,  Narbonne;  puis,  pour  les  organistes,  Carlos 
Baguer,  le  P.  Bréll ,  Cabo,  Casanovas  ,  le  P.  Coellio,  Cuéllar  y  Al- 
tarriba,  Desmazures,  Ferrer,  les  frères  Miroir;  pour  les  claveci- 
nistes, deux  membres  inconnus  de  la  famille  Couperin,  Duflitz, 
Lindeman  ,  Thomelin;  pour  les  violonistes,  lesDumanoir,  Imbault, 
Pérignon;  pour  les  violoncellistes,  Norblin;pour  les  luthistes,  Bal- 
lard,  Falco;  pour  les  luthiers  et  facteurs  d'instruments,  la  famille 
Banks,  John  et  Edward  Betts,  les  Calido,  Carest,  Davrainville  , 
Dodd,  Ducroquet,  Fendt,  Ferry,  les  Forster,  Gand,  Harris,  les  Henry, 
D'iaine,  Lafleur,  Montai;  pour  les  éditeurs  de  musique,  Breitkopf 
et  Hœrtel,  Ricordi,  etc.  etc. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  que  j'ai  consultés,  je  citerai  par- 
ticulièrement les  suivants  :  pour  ceux  publiés  en  France,  les  Mu- 
siciens polonais  et  slaves,  de  M.  Albert  Sowinski  ;  V Histoire  du  Conser- 
vatoire de  musique  et  de  déclamation,  de  Lassabathie;  les  Essais  sur 
la  musique,  de  Laborde;  le  Parnasse  françois,  de  Titon  du  ïillet; 
VÉtat  de  la  France;  le  Journal  de  Jean  Hérouard;  le  Siècle  littéraire 
de  Louis  XV,  de  Daquin;  la  Revue  des  maîtres  de  chapelle  et  Musi- 
ciens de  la  métropole  de  Rouen,  de  l'abbé  Langlois;   les  Musiciens 


vj  PRÉFACE. 

bourguignons,  de  M.  Charles  Poisot  ;  les  Notes  sur  quelques  musiciens 
dans  la  Brie,  de  M.  Th.Lhiiillier  ;  l'Histoire  des  artistes  du  départe- 
ment du  Gard,  de  M.  Michel  Nicolas  ;  les  Feseurs  et  les  Joueurs  d'ins- 
truments, de  M.  Vidal;  le  Puy  de  Musique  érigé  à  Évreux,  de 
MM.  Bonnin  et  Chassant;  les  Contemporains  de  Molière,  de  M.  Victor 
Fournel  ;  les  Tablettes  de  renommée  des  Musiciens  (1785);  l'Art  harmo- 
nique, d'Ed.  de  Goussemaker;  le  Dictionnaire  des  artistes,  de  Charles 
Gahet;  le  Guide-manuel  de  l'orphéoniste,  de  M.  Poirson;  le  Catalogue 
de  la  bibliothèque  musicale  du  théâtre  de  l'Opéra,  de  M.  Théodore  de 
Lajarte;  le  Mémorial  du  Théâtre-Lyrique  et  V Histoire  des  Bouffes- 
Parisiens,  de  M.  Albert  de  Lasalle  ;  De  la  littérature  musicale  en  France, 
de  M.  Arthur  Poiigin;  VÀlmanach  de  la  musique,  par  «un  Musicien»  ; 
V Annuaire  des  artistes  français,  de  Guyot  de  Fère;  le  Dictionnaire 
critique  de  biographie  et  dliistoire,  de  Jal  ;  le  Grand  Dictionnaire  uni- 
versel du  XIX^  siècle ,  de  Larousse;  le  Dictionnaire  des  contempo- 
rains, de  M.  Vapereau,;  le  Dictionnaire  général  de  biographie  fran- 
çaise et  étrangère,  de  M.  Adolphe  Bitard  ;  la  Biographie  portative  et 
universelle  des  Contemporains 

En  ce  qui  concerne  les  ouvrages  français  publiés  àTétrang-er,  je 
mentionnerai  :  V Histoire  des  sociétés  chorales  de  Belgique,  de  M.  Thys  ; 
la  Musique  aux  Pays-Bas ,  de  M.  Vander  Straeten;  V Aperçu  sur  V an- 
cienne corporation  des  Musiciens  iiistrumenlistes  d'Anvers  et  les  Be- 
cherches  sur  les  facteurs  de  clavecins  et  les  luthiers  d'Anvers^  de 
M.  Léon  de  Burbure;  la  Biographie  des  artistes  musiciens  belges  et  les 
Musiciens  néerlandais,  de  M.  Edouard  Gregoir;  le  Panthéon  musical 
et  les  Documents  historiques  relatifs  à  l'art  musical  et  aux  artistes  mu- 
siciens, du  même  auteur;  les  Mattresde  chant  et  organistes  de  Saint-Do- 
natien et  de  Saint-Sauveur  à  Bruges,  de  M.  Van  de  Casteele;  Cinquante 
ans  de  souvenirs,  d'A.  de  Peellaert;  le  Manuel-annuaire  des  musiciens 
de  la  ville  de  Liège;  VAlmanach  de  la  comédie  française  établie  à 
Bruxelles;  les  Tablettes  du  musicien;  V Annuaire  dramatique  belge; 
la  Musique  en  Suisse,  de  M.  George  Becker  ;  V Orgue  du  Palais  de 
Vlndustrie  d'Amsterdam,  de  M.  Philbert. 

Pour  l'Italie,  j'ai  eu  recours  aux  écrits  suivants  :  Dizionario  bio- 
grafico,  de  Francesco  Regli;  Cenno  storico  sulla  scuola  musicale  di 
Napoli,  de  U.  Francesco  Florimo;  Série  cronologica  de'  principi 


PRÉFACE.  vij 

deW  Accademia  de  Filarmonici  di  Bologna;  Atti  delV  Accademia  del 
R.  Tstiluto  musicale  di  Firenze;  Storia  del  violino  in  Piemonte,  de 
Francesco  Regli;  gli  Artisti  da  leatro,  de  M.  A.  Ghislanzoni;  Bio- 
grafe  di  scriltori  e  arlislimusicali,  bergamasclii  navili  od  oriundi,  de 
G.  S.Mayr;  Cenni storici  delVinsegnamenlo  délia  musica  in  Lucca  e  de 
più  notabili  maestri  compositori chevi  hanno  fiorito^  par  M.  Agostino 
Cerù;  Memorie  risguardanli  la  storia  delV  arle  musicale  in  Bologna 
alXVI  sccolo,  par  M.  Gaetano  Gaspari  (dans  les  Atli  e  Memorie  délia 
R.  depulazione  di  sloria  patriaper  le  provincie  di  Romagna)  ;  Cenni 
storici  sul  R.  Conservalorio  di  musica  in  Milano  (de  M.  Lodovico 
Melzi);  Teatro  alla  Scala,  cronologia  di  tutti  gli  spettacoli ,  par 
M.  Luigi  Romani;  Rappresentazioni  date  neireali  teatri  di  3Iilan0y 
^775-'/S73,parM.PompeoCambiasi;  Teatro  Carlo  Felice{àe  Gênes), 
relazione  storico-esplicativa ,  par  M.  Cesare  da  Prato  ;  Cronistoria 
dei  teatri  di  Mof/ena,  par  Alessandro  Gandin-i;  Dell"  arte  e  del  teatro 
di  Padova,  par  M.  G.  Leoni;  Annuario  gene/ale  délia  musica ,  par 
M.  Carlo  Caputo;  Annuario  musicale  universale ,  par  M.  Giovanni 
Paloschi. 

On  sait  que  l'Allemagne  est,  plus  que  tout  autre  pays,  fertile  en 
bons  et  solides  ouvrages  sur  la  musique  et  les  musiciens.  J'ai  sur- 
tout consulté  les  publications  générales  importantes  qui  y  ont  été 
faites  dans  ces  dernières  années  :  le  Musikalisches-Conversations- 
Lexicon  d'Hermann  Mendel,  qu'une  mort  prématurée  a  empêché 
cet  artiste  distingué  de  mener  à  terme,  mais  qui  s'achève  rapide- 
ment sous  la  nouvelle  direction  de  M.  Reissmann;  le  Tonkunstler- 
Lexicon,  de  Ledebur;  le  Theater-Lexicon,  de  Rlum  ;  enfin,  le  petit 
manuel  encyclopédique  et  biographique  deJulius  Schuberth,  Klei- 
nes  musikalisches  Conversations-Lexicon. 

En  ce  qui  concerne  l'Espagne,  qui,  à  l'encontre  de  l'Allemagne, 
est  le  pays  le  moins  riche  de  l'Europe  en  écrits  relatifs  à  la  musi- 
que, j'ai  pu  cependant  puiser  de  bons  renseignements  dans  le  Dic- 
cionario  hlografico-bibliografico  de  efemérides  de  mùsicos  espanoles 
de  M.  Raltasar  Saldoni,  en  éprouvant  le  regret  que  la  publication 
d'un  ouvrage  si  utile  n'ait  pu  être  continuée,  et  dans  un  opus- 
cule substantiel  du  même  auteur,  Resena  historica  de  la  escolania 
0  colegio  di  musica  de  la  virgen  de  Montserrat;  VAlmanaque  mU' 


viij  PRÉFACE. 

sical,  de  M.  Obiols  (1868),  VAmanaqiie  musical  y  de  teatros  {i8G8), 
et  le  Caïendario  historico  musical,  de  M.  Soriano  Fuertes  (1873), 
m'ont  fourni  aussi  quelques  détails  sur  les  compositeurs  espagnols 
contemporains;  je  ne  citerai  guère  que  pour  mémoire  le  Biccîon- 
ario  tecnico,  historico  y  biografico  de  la  Musica,  de  M.  José  Parada  y 
Barreto,  et  les  Biografias  de  los  musicos  mas  distinguido  de  iodos  los 
paises ,  de  M.  Fargas  y  Soler,  qui  sont  des  ouvrages  de  seconde 
main  et  dans  lesquels  on  trouverait  difficilement  un  seul  rensei- 
gnement nouveau,  ua  seul  fait  intéressant. 

Il  va  sans  dire  que  je  n'ai  pas  négligé  les  monographies  spécia- 
les ou  les  publications  intéressantes  dont  tant  de  grands  artistes  ont 
été  l'objet,  depuis  quinze  ans,  en  France,  en  Allemagne  ou  en  Italie  ; 
j'y  ai  trouvé  souvent  les  éléments  de  rectifications  importantes  ou 
d'utiles  et  nouveaux  renseignements,  comme  on  pourra  s'en  con- 
vaincre aux  noms  d'Adam  (Adolphe),  Adam  de  la  Halle,  Auber,  Bee- 
thoven, Bellini,Boieldîeu,Cherubini,  Donizetti,  Gluck,  Mendelssolin, 
Pacini,  Rossini,  Schubert,  Verdi,  Weber,  etc.  Les  journaux  de  mu- 
sique des  grandes  villes  de  l'Europe  m'ont  été  aussi  fort  utiles,  et 
parmi  eux  je  citerai  surtout  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris , 
le  Ménestrel ,  le  Guide  inusical  de  Bruxelles,  la  Gazzelta  musicale  de 
Milan ,  la  Esparia  musical,  le  Musical  World,  le  Musical  Standard, 
VEcho  de  Berlin,  les  Signale  ei  le  Musikalisches  Wochenblalt  de  Lei- 
pzig, la.  Neue  Berliner  Musikzeitung ,  le  Musik-Theater  und  Literalur- 
Journal  de  Vienne,  Cxcilia  et  la  Hollande  musicale  de  La  Haye. 
Enfin,  j'ai  mis  aussi  à  contribution,  cela  va  de  soi,  les  catalo- 
gues des  grandes  maisons  de  publications  musicales  de  l'Europe  : 
Breitkopf  et  Haertel,  Ricordi,  Lucca,  Brandus,  Lemoine,  Heugel, 
Flaxland,  etc.  ,  ainsi  que  ceux  des  grandes  bibliothèques  musica- 
les particulières  qui  ont  été  vendues  dans  ces  dernières  années, 
celles  de  Fétis,  d'E.  de  Coussemaker,  d'Adrien  de  la  Fage,  de  Far- 
renc,  et  autres.  J'ai  trouvé  dans  ces  diverses  publications  la  trace 
de  nombreuses  œuvres  musicales  et  d'écrits  spéciaux  que  je  ne  con- 
naissais pas,  et  qui  n'étaient  point  mentionnés  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

On  se  fera  une  idée  du  travail  que  je  me  suis  imposé,  en  consi- 


PRÉFACE.  ix 

dérant  que  le  Supplément  que  je  présente  à  cet  ouvrage  ne  com- 
prend guère  moins  de  cinq  mille  noms;  cet  ensemble  formidable 
me  donne  la  presque  assurance  que  je  n'ai  pu  oublier  qu'un  bien 
petit  nombre  d'artistes  parmi  ceux  qui  avaient  droit  à  figurer  dans 
une  publication  de  ce  genre.  Les  jeunes  écoles  musicales  française, 
italienne  et  allemande  y  sont,  j'en  ai  l'espoir,  représentées  de  la  fa- 
çon la  plus  complète,  et  je  crois  pouvoir  dire  que  parmi  ceux  qui 
les  composent,  il  en  est  beaucoup  sur  la  vie  desquels  le  public  ne 
connaissait  rien  jusqu'ici  et  dont  la  carrière  lui  est  retracée  pour 
la  première  fois.  Au  nombre  des  artistes  qui  se  sont  ainsi  mis  en 
relief  dépuis  un  certain  temps,  il  me  suffira  de  citer,  pour  la  France, 
M'"^  de  Grandval,  MM.  Georges  Bizet,  LéoDelibes,  Théodore  Dubois, 
Alexandre  Guilmant,  Ernest  Guiraud,  Joncières,  Charles  Lecocq,  Le- 
nepveu,  J.  Massenet,  Salvayre;  pour  l'Italie,  MM.  Auteri-Manzocchi, 
ArrigoBoito,  Gobati,  Gomez,  Filifpo  Marchetti,  Ponchielli;  pour 
l'Allemagne,  MM.  Abert,  Max  Bruch,  Ignace  Brttll,  Hermann  Gœtz, 
Edouard  Grieg,  Heinrich  Hofmann,  Jensen  ,  etc.  Si  je  joins  à  ces 
noms  ceux  de  MM.  Hamerick  et  Svendsen  pour  la  Suède,  Gui,  Davi- 
doff  et  Tchaïkowski  pour  la  Russie,  Pierre  Benoit  et  Brassin  pour 
la  Belgique,  Gernsheim  et  Richard  IIol  pour  les  Pays-Bas,  Barbieri, 
Hernando  et  Obiols  pour  l'Espagne,  Holmes,  Brinley-Richards  et 
Arthur  Sullivan  pour  l'Angleterre,  Lysberg  pour  la  Suisse,  on  verra 
que  j'ai  fait  en  sorte  de  n'oublier  aucun  pays,  et  que  j'ai  tâché  de 
faire  à  chacun  la  part  qui  lui  est  due. 

Pourtant  je  dois  déclarer  que,  malgré  mes  soins,  malgré  mes 
recherches  minutieuses,  malgré  mon  désir  de  ne  laisser  rien  échap- 
per, je  ne  me  crois  nullement  à  l'abri  d'erreurs  ou  d'omissions  in- 
volontaires. La  perfection  n'est  pas  de  ce  monde,  et  dans  un  ou- 
vrage tel  que  celui-ci,  où  la  matière  est  à  la  fois  si  éparse  et  si 
abondante,  on  ne  peut,  en  dépit  de  tous  les  efforts,  parvenir  qu'à 
être  le  moins  inexact  et  le  moins  incomplet  possible.  Fétis,  qui  s'y 
connaissait,  le  savait  bien,  et  il  l'a  prouvé  dans  une  lettre  intéres- 
sante, que  je  vais  reproduire  ici,  et  qu'il  adressait  il  y  a  douze  ans 
à  M.  Weckerlin,  l'excellent  bibliothécaire  actuel  du  Conservatoire 
de  Paris,  en  réponse  à  tout  un  envoi  de  renseignements  que  celui-ci 
lui  avait  fait. 


X  PRÉFACE. 

Voici  cette  lettre  : 

«  Bruxelles,  le  16  juillet  1865. 
«  Mon  cher  monsieur, 

a  Je  saisis  l'occasion  d'un  moment  de  repos  pour  répondre  à  votre 
lettre  de  dimanche  dernier  et  vous  remercier  du  cadeau  que  vous 
m'avez  fait  de  vos  Poèmes  de  la  mer.  Je  n'ai  guère  l'espoir  de  les  lire 
avant  la  fin  des  concours  du  Conservatoire  ;  mais  lorsque  le  temps  des 
vacances  sera  venu,  ce  sera  une  de  mes  premières  occupations. 

«  Je  vous  remercie  aussi  des  renseignements  bibliographiques  qui 
remplissent  la  plus  grande  partie  de  votre  lettre.  Je  connais  depuis  en- 
viron 50  ans  les  volumes  de  la  bibliothèque  Impériale  dont  vous  avez 
bien  voulu  me  donner  l'indication,  et  j'en  ai  pris  des  notes  avec  tous 
les  premiers  mots  des  chansons  et  des  auteurs;  mais  d'une  part,  on 
ne  sait  rien  sur  les  personnes  de  ceux-ci,  et  de  l'autre,  tout  cela  est  de 
si  peu  de  valeur,  que  j'ai  un  peu  ,de  regret  d'être  obligé  de  garder  le 
silence  à  leur  égard.  J'ai  dépensé  récemment  quelques  milliers  de 
francs  pour  l'acquisition  de  la  plus  considérable  collection  de  chan- 
sons en  musique  qui,  je  crois,  a  jamais  été  rassemblée,  mais  j'aurais 
pu  mieux  employer  mon  argent.  Par-ci  par-là,  je  trouve  certaines  piè- 
ces qui  ont  le  mérite  d'un  sentiment  naïf;  mais,  en  général,  tout  cela 
est  vulgaire  et  assez  mal  écrit. 

«  Pour  quelques  noms  de  valeur  qu'on  trouve  dans  ces  rarissimes 
recueils  d'Attaignant,  de  Jacques  Moderne ,  de  Nicolas  Du  Chenin,  d'A- 
drian  Le  Roy,  des  deux  Phalèse,  de  Jean  Bellère  et  des  Ballard,  il  y  a 
des  centaines  de  noms  obscurs  et  très-dignes  de  l'être. 

«  Les  personnes  qui  prennent  la  peine  de  signaler  certaines  omis- 
sions, assez  indifférentes,  de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
ignorent  qu'il  existe  environ  1,500  compositeurs  allemands  dont  le  plus 
grand  nombre  ont  un  mérite  réel,  et  qui  néanmoins  ne  sont  pas  men- 
tionnés dans  les  biographies  musicales  publiées  dans  leur  pays.  J'ai 
dû  souvent  faire  de  grands  efforts  pour  les  tirer  de  l'oubli.  Tout  ce  qui 
a  été  publié  en  Italie  sur  les  musiciens  de  ce  pays  fourmille  d'erreurs 
et  d'inexactitudes  que  j'ai  éclaircies  et  corrigées.  Les  musiciens  belges 
des  XIV  et  XVP  siècles  représentent  toute  l'histoire  de  la  musique 
de  ces  époques;  or,  on  ne  les  connaît  que  par  leurs  œuvres,  ou  plutôt 
par  leurs  noms  ;  c'est  la  Biographie  universelle  des  Musiciens  qui ,  pour 
la  première  fois,  donne  sur  eux  des  renseignements  complets  et  fait 
connaître  leur  énorme  influence   dans  toute  l'Europe.   En  Espagne, 


PRÉFACE.  xj 

on  ne  savait  rien  en  quelque  sorte  sur  les  musiciens  de  cette  contrée; 
les  maîtres  de  chapelle  et  les  musiciens  les  plus  remarquables  de  Bar- 
celone, de  Madrid,  de  Séville  et  de  Cadix  m'ont  écrit  que  c'est  par  mon 
livre  qu'ils  ont  appris  à  connaître  les  gloires  musicales  de  leur  patrie. 

a  En  France,  on  ne  lit  pas  mêmes  les  livres  qu'on  a  sous  la  main,  et 
je  pose  en  fait  qu'il  n'y  a  pas  dans  ce  pays  trois  personnes  qui  se  dou- 
tent des  lumières  répandues  dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens 
sur  toutes  les  questions  importantes  d'art,  de  science  et  de  philosophie 
du  beau.  Un  journaliste  priait  un  jour  M.  Farrenc  de  lui  faire  une  liste 
des  principaux  articles  de  ce  livre,  parce  qu'il  désirait  les  citer  lors- 
qu'il en  parlerait  dans  son  journal.  «  Qu'avez-vous  besoin  de  cela,  lui 
«  dit  mon  pauvre  ami,  puisque  M.  Fétis  vous  a  donné  son  ouvrage?  — 
tt  Oh  !  je  n'ai  pas  le  temps  de  parcourir  cette  énorme  bibliothèque  mu- 
te sicale.  » 

«  Eh  bien  !  ce  même  journaliste,  qui  ne  m'est  pas  hostile,  écrivait 
naguère  cette  phrase,  à  propos  du  même  ouvrage:  travail  colossal,  mais 
incomplet!  Qu'en  sait-il? 

«  Un  illustre  philosophe  m'a  écrit  à  propos  de  ce  travail  et  de  mes 
autres  ouvrages  :  «  L'attention  que  j'ai  mise  à  vous  lire  m'a  donné  sur 
«  votre  art  des  lumières  que  je  cherchais  depuis  longtemps  et  que 
«  je  n'espérais  plus;  mais  cette  lecture  m'a  attristé  en  songeant  que 
«  vous  êtes  venu  trop  tard.  La  génération  actuelle  ne  peut  plus  vous 
«  comprendre  au  point  de  vue  élevé  où  vous  vous  êtes  placé  :  elle  est 
«  occupée  d'autre  chose,  et  l'art  n'est  plus  pour  elle  qu'un  amusement, 
«  dans  les  moments  perdus  où  l'on  ne  peut  pas  s'occuper  de  sa  for- 
ce tune  ou  de  sa  ruine.  Peut-être  espérez-vous  dans  l'avenir?  Hélas! 
a  je  crains  qu'il  n'y  ait  pas  d'avenir  pour  ce  qui  vous  intéresse  :  la 
«  nature  me  paraît  épuisée  pour  le  beau,  pour  l'idéal  chez  les  peuples 
«  européens.  Si  une  génération  nouvelle  peut  rentrer  dans  ce  domaine, 
(c  dans  l'avenir,  elle  viendra  de  l'Amérique  ;  mais  cela  est  douteux.  » 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  hors  de  doute  que  la  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens  est  imparfaite  dans  un  certain  nombre  de  faits  et  de 
dates  :  je  l'ai  dit  dans  ma  préface.  Il  en  est  nécessairement  ainsi  de 
tous  les  ouvrages  du  même  genre.  Si  dix  personnes  se  mettaient  à  l'ou- 
vrage pour  faire  disparaître  ces  imperfections,  et  si  elles  y  employaient 
dix  années  de  recherches,  il  en  resterait  encore. 

«  Veuillez  agréer,  monsieur,  l'assurance  de  mes  sentiments  les  plus 
distingués. 

«  FÉTIS.     » 


xij  PRÉFACE. 

Ces  lignes  de  Fétis  devraient  être  toujours  présentes  à  Fespritde 
tout  écrivain  qui  s'occupe  de  travaux  du  genre  de  celui-ci  :  «  Il 
est  hors  de  doute  que  la  Biographie  universelle  des  Musiciens  est 

imparfaite  dans  un  certain  nombre  de  faits  et  de  dates lien 

est  nécessairement  ainsi  de  toutes  les  ouvrages  du  même  genre.  Si 
dix  personnes  se  mettaient  à  V ouvrage  pour  faire  disparaître  ces  im- 
perfections, et  si  elles  y  employaient  dix  années  de  recherches^  il  en 
resterait  encore.  »  J'insiste  sur  ce  point  pour  qu'on  ne  croie  pas 
que  j'aie  eu  la  prétention,  dans  le  temps  relativement  court  qui 
m'était  accordé  pour  la  rédaction  de  ce  Supplément,  de  corriger 
toutes  les  erreurs,  de  relever  toutes  les  omissions  qu'on  pouvait 
signaler  dans  l'ouvrage  primitif  ;  je  me  tiens  pour  satisfait  d'avoir 
redressé  quelques-unes  des  premières,  d'avoir  réparé  un  certain 
nombre  des  autres.  Ce  n'était  là,  en  somme,  qu'une  partie  secon- 
daire et  absolument  arbitraire  du  travail  dont  je  m'étais  chargé. 
Quant  à  ce  qui  me  concerne  personnellement ,  c'est-à-dire  la  partie 
nouvelle  de  ce  travail  ^  celle  qui  a  trait  aux  artistes  contemporains, 
tous  mes  efforts  ont  tendu  à  ce  qu'elle  fût  aussi  exacte,  aussi  com- 
plète, aussi  exempte  d'erreurs  que  possible;  mais  j'avoue  que  je 
ne  me  tiens  pas  pour  infaillible ,  et  que  si  j'ai  toujours  tâché  de 
faire  pour  le  mieux,  j'ai  assez  d'expérience  pour  craindre  de  n'a- 
voir pas  toujours  réussi. 

J'appelle  donc  de  tous  mes  vœux  les  rectifications ,  les  éclaircis- 
sements, les  corrections  auxquels  cette  publication  pourrait  donner 
lieu.  J'ai  la  conviction  qu'en  mettant  au  jour,  si  imparfaite  qu'elle 
puisse  être,  cette  partie  supplémentaire  d'un  ouvrage  justement 
célèbre,  je  rends  un  service  signalé  à  tous  mes  confrères,  artistes 
ou  écrivains,  parce  que  j'apporte  des  éléments  nouveaux  à  une 
branche  singulièrement  active  aujourd'hui  des  connaissances  hu- 
maines, que  je  viens  renforcer,  avec  des  faits  encore  inconnus, 
l'histoire  de  l'art  contemporain.  Mais,  je  le  répète  ,  j'appelle  de 
tous  mes  vœux  la  critique  de  ces  confrères,  à  quelque  partie  de 
l'Europe  qu'ils  appartiennent,  et  je  les  supplie  ici,  dans  l'intérêt 
même  de  l'art,  de  ne  pas  négliger  de  me  signaler  les  erreurs,  les 
omissions,  les  inexactitudes  de  toute  sorte  qu'ils  trouveraient  à  re- 
lever dans  mon  travail.  Ils  peuvent  tenir  pour  certain  que  leurs 


PREFACE. 


XllJ 


ol)servations  ne  seront  pas  perdues,  que  j'en  tiendrai  compte  par  la 
suite,  et  que  grâce  à  eux  je  ne  cesserai  d'améliorer  une  œuvre  que 
je  considère  comme  indispensable  à  quelques-uns,  et  utile  à  tous. 

Un  dernier  mot,  et  je  termine.  —  Ce  livre  a  été  fait  avec  la  plus 
entière  bonne  foi;,  et  j'ai  tâché  que  la  passion  en  fût  absolument 
exclue;  mon  plus  vif  désir  est  qu'il  soit  apprécié  de  bonne  foi  et  sans 
passion. 

Arthur  Pougin. 


SIGNATURES  DES  AUTEURS 

DU  PREMIER  VOLUME. 


MM. 

A.  L  —  N LoouiN  (Anatole). 

Ad.  J  —  K JuLLiEN  (Adolphe). 

Al.  R  —  D Rostand  (Alexis). 

Ed.  de  h Hartog  (Edouard  de). 

Eit.  ï TiioiNAN  (Ernest). 

F.  D Delhasse  (Félix). 

G.  R Rertrand  (Gustave). 

J.-R.  W Wegkerlin  (J.-B.). 

J.  G  —  z Garlez  (Jules  ). 

J.  D.  F FiLippi  (J.  de). 

J.  DE  V Vasconcellos  (Joaquim  de). 

J.  G Gallay  (Jules). 

L.-F.    G ».  .  GASAiMORATA   (L.-F.). 

Y Anonyme. 


Tous  les  articles  non  signés  sont  de  M.  Arthur  Pougin. 


Tous  les  noms  précédés  d'un  astérisque  sont  ceux  ([ue  l'on  trouve  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  et  dont  les  notices  ont  été  rectifiées,  corrigées  ou  complétées. 
Les  notices  qui  ne  sont  accompagnées  d'aucun  signe  sont  entièrement  nouvelles. 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


SUPPLEMENT 


ABADIE  (Louis),  compositeur  de  musique 
légère,  s'est  fait  connaître  par  une  innombrable 
quantité  de  chansons  et  de  romances  dont  quel- 
ques-unes obtinrent ,  dans  les  années  qui  sui- 
virent 1848,  de  véritables  succès  de  popularité. 
On  peut  citer  surtout  les  Feuilles  mortes ,  la 
Fille  à  Jérdme,  lesjdus  Beaux  Yeux  de  Cas- 
tille  ,  l'Amoureux  de  Pontoisé,  D'où  viens- 
tu,  beau  nuage?  etc.,  etc.  Malgré  la  vogue  de 
quelques-unes  de  ces  productions,  Abadie,qui 
chercha  inutilement  et  pendant  longtemps  à  se 
produire  au  théâtre,  finit  par  tomber  dans  la 
misère  et  mourut  à  l'hôpital ,  vers  1860,  lais- 
sant trois  enfants  orphelins.  Sept  années  après 
sa  mort,  le  11  mai  1867,  on  représentait  au 
théâtre  des  Folies- Saint- Germain  ie  Danseur  de 
corde,  opéra-comique  eu  deux  actes  dont  il  avait 
écrit  la  musique,  qui  fut  retouchée  et  orchestrée 
par  M.  deViliebichot. 

ABBADIA  (Luigia),  chanteuse  fort  re- 
marquable, née  à  Gênes  en  1821 ,  reçut  d'abord 
des  leçons  de  son  père,  qui  était  maître  de  cha- 
pelle, et  d'un  violoniste  nommé  Bianchi.  Elle 
était  à  peine  âgée  de  quinze  ans  lorsqu'elle  dé- 
buta d'une  façon  très-heureuse  à  Sassari;  elle 
se  rendit  ensuite  à  Manloue,  oii  son  succès  fut 
complet ,  et  c'est  alors  qu'elle  fut  engagée  par 
Yimpresario  Merelli ,  qui  en  peu  de  temps  la 
produisit  dans  un  grand  nombre  de  villes  :  No- 
vare,  Brescia,  Monza,  Bologne,  Turin,  Vienne, 
Milan,  Pailoue,  Triesle,  Plaisance,  etc.,  où  elle 
excita  l'enthousiasme  et  fut  l'objet  d'ovations 
multipliées.  Certains  ouvrages  lui  étaient  parti- 
culièrement favorables,  tels  que  Corrado  d'Aï- 
tam,ura,  la  Regina   di   Golconda ,    il   Tem- 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL  .    — 


plario,  mais  c'est  surtout  la  Saf/o  de  Pacini  qui 
lui  valut  ses  plus  éclatants  triomphes,  non- seu- 
lement comme  chanteuse,  mais  comme  tragé- 
dienne. Douée  par  la  nature  d'une  voix  de 
mezzo-soprano  étendue,  sympathique,  puis- 
sante, elle  en  doublait  les  effets  par  l'art 
avec  lequel  elle  la  conduisait  et  par  la  gran- 
deur de  son  sentiment  dramatique.  Un  goût 
parfait,  une  âme  expansive,  une  ardeur  brû- 
lante, un  rare  enthousiasme  ,  avec  cela  des  élans 
d'inspiration  soudains  et  imprévus,  telles  étaient 
les  qualités  nombreuses  et  peu  communes  qui 
faisaient  de  cette  cantatrice  remarquable  une 
artiste  exceptionnelle  et  de  premier  ordre.  Elle 
concourut  puissamment  au  succès  de  Maria  Pa- 
dilla,  que  Donizetti  écrivit  expressément  pour 
elle,  elle  était  sublime  dans  la  Vestale,  de  Mer- 
cadante,  et  elle  trouvait,  au  dernier  acte  de 
YErnani  de  Verdi,  des  accents  d'une  puissance 
incomparable.  Ceux  qui  ont  entendu  une  fois  la 
vibration  de  ses  notes  inspirées,  a  dit  un  bio- 
graphe, ne  sauraient  jamais  l'oublier.  Vers  1859, 
celte  grande  artiste  se  rendit  en  Allemagne  et  se 
fit  entendre  à  Hambourg  et  à  Berlin,  où  ses  succès 
ne  furent  pas  moins  grands  que  dans  sa  patrie. 
J'ignore  ce  qu'elle  est  devenue  depuis  lors. 

ABEL  (Clamer-Heinrich)  ,  musicien  de  la 
chambre  du  duc  George- Guillaume  de  Hanovre 
et  d'Ernest-Auguste  de  Brunswick.  Cet  artiste, 
d'origine  hessoise,  a  vécu  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  un 
recueil  de  pièces  instrumentales  :  allemandes , 
courantes,  etc.,  sous  ce  titre  :  ErslUng  musika- 
lischer  Blumen  (Premières  fleurs  musicales). 

.Y, 

T.   I.  1 


ABELA  —  ABERT 


ABELA  (Don  Placido).  Le  chevalier  Caie- 
taii  Abela,  issu  d'une  illustre  famille  sicilienne 
originaire  d'Espagne,  colonel  de  cuirassiers  au 
service  de  la  République  française  ,  étant  à  Na- 
ples  en  1814,  eut  un  enfant  qu'il  appela  Joseph- 
Hilarion.  Le  chevalier  Abela,  envoyé  en  Sicile 
contre  les  soldats  des  Bourbons,  laissa  son  fils  à 
Naples  chez  les  parents  de  son  épouse,  morte 
peu  après  la  naissance  de  l'enfant.   —  Celui-ci 
montrant  beaucoup  de  dispositions  pour  la  musi- 
que,   on    l'envoya  étudier   le  solfège   comme 
externe  au  collège  de  musique ,   dans  le  ci-de- 
vant couvent  des  Jésuites  de  San-Sebastiano,  à 
Naples.  Lors  delà  translation  du  collège  de  San- 
Sebastiano  à  San-Pietro  a  Majella,  le  jeune 
Abela  continua  d'y  étudier  la  musique,  avec  Pie- 
tro  Casella.  Mais,  en  décembre  1826,  son  père,  qui 
lors  de  l'insurrection  de  la  Sicile  avait  com- 
mandé les  guérillas  des  insurgés  siciliens  et,  aban- 
donné par  les  siens,  était  tombé  entre  les  mains 
des  soldats  des  Bourbons,  ayant  été  condamné 
à  mort  et  exécuté,  le  jeune  Abela,   âgé  alors  de 
treize  ans,  fut  mis  par  le  roi  de  ISai)les  François 
1'"'  dans  le  collège  royal  de  Maddaloni,  où  il 
étudia  le  piano  sous   un  vieux  prêtre,  ancien 
élève  du  collège  de  San-Onofrio  à  Naples.  A 
l'âge  de  seize  ans  il  obtint  du  roi  la  permission 
de  se  faire  religieux  dans  l'ordre  de  Saint-Benoit, 
au    couvent  de  Monle-Cassino ,  où  il  reçut  le 
prénom  de  Placido,  sous  lequel  on  le  connaît  à 
présent,  et  où  il  fitenlSBj   sa  profession  reli- 
gieuse. Il  devint  peu  après  organiste  de  l'église 
de  .Monte-Cassino,  et  commença  à  étudier  de  son 
mieux  la  composition  par  lui-même.  En  1851, 
J.-B.  de  Vecchis,  bon  maître  napolitain,  ayant 
été  appelé  à  Monte-Cassino  pour  enseigner  la 
musique    aux  séminaristes   et  aux  collégiens, 
Abela  eut  de  lui  quelques  leçons  de  contre-point  ; 
mais  le  soudain  départ  de  de  Vecchis  vint  in- 
terrompre le  cours  de  ses  éludes,  qu'il  lui  fal- 
lut continuer  par  lui-même  à  l'aide  de  hvres, 
jusqu'à  ce  que  Philippe  Ercolani,  élève  de  Zin- 
garelli,    s'étant   établi    pour  quelque  temps  à 
San-Germano,  au  pied  du  mont  sur  lequel  est 
bâti  Monte-Cassino,  Abela    put  recevoir  quel- 
ques leçons  même  de  ce  maître.  —  Nonobstant 
l'irrégularité  de  ses  éludes ,  le  père  Abela,  à 
présent  Prieur   Cassinois    [Priore  Cassines), 
aidé  de  sa  bonne  volonté  et  de  ses  dispositions 
naturelles  pour  la  musique,  devint  bon  harmo- 
niste et  conlrepointislc,  et  il  y  a  plusieurs  mor- 
ceaux de  musique  sacrée  lie  sa  composition  qui 
sont   très-dignes    d'allcnlion.    La    plus   grande 
partie  de  ses  œuvres ,  soit  à  voix  seules  ,  soit 
avec  accompagnement  d'orgue^  a  été  pubUèe  à 
Naples  par  Girard  et  G".  L.  F.  C. 


ABERT  (J.-J.),  compositeur  de  sympho- 
nies et  d'opéras,  est  né  en  1832  à  Kacliowiiz, 
en  Bohême.  Grâce  à  sa  jolie  voix  de  soprano, 
Abert  dut  la  faveur  d'être  admis  au  nombre  des 
enfants  de  chœur  de  l'église  hospilalière  de  sa 
ville  natale,  où  il  reçut  sa  première  éducation  et 
apprit  les  éléments  de  la  musique.  11  avait  huit 
ans  à  peine  lorsque  le  prieur  des  Augustins , 
frappé  de  ses  heureuses  dispositions,  le  prit  sous 
sa  protection  et  l'emmena  ,  du  consentement  de 
ses  parents,  dans  son  couvenl,  où  il  lui  lit  don- 
ner une  instruction  litléraire  et  musicale  aussi 
complète  que  le  comportait  le  savoir  des  bons 
pères  Augustins.  Les  progrès  d'Aberl  furent  ra- 
pides, et  ses  connaissances  musicales  furent 
bientôt  assez  étendues  pour  qu'on  put  lui  contier 
la  direction  de  la  chapelle  du  couvent.  Il  en 
profila  pour  faire  exécuter  les  pièces  religieuses 
qu'il  composait  dès  cette  époque,  el  pour  passer 
en  revue  tous  les  morceaux  de  maîtres  que 
renfermait  la  bibliothèque  de  la  maîtrise. 

Cependant,  Abert  touchait    à  sa  quinzième 
année,  et  son  esprit  d'indépendance  ne  tardait 
pas  à  s'éveiller ,   en   môme  temps  qu'il  sentait 
grandir  son  désir  d'étendre    le  cercle  de  ses 
éludes.  Un  beau  jour  il  prit  la  poudre  d'escam- 
pette, sauta  par-dessus  les  murs  de  sa  piison  et 
courut  se  réfugier  chez  un  de  ses  oncles  qui  ha- 
bilait  Prague.  En  dépit  de  son  escapade  d'éco- 
lier, Abert  fut  reçu  à  bras  ouverts,  et  grâce  à  la 
protection  de  son  oncle  il  ne  tarda  pas  à  entrer 
au  Conservatoire  de  Prague,  dont  il  devint  en 
peu  de  temps  un  des  plus  brillants  élèves.  Après 
trois  ans  d'études  assidues,  son  éducation  était 
assez  complète  pour  qu'il  put  faire  exécuter,  par 
ses  camarades,  deux  ouvertures  de  sa  composi- 
tion et  une  grande  symphonie  qui  lui  valut  les 
suffrages  du  maître  de  chapelle  P.  Lindpaintner. 
C'est  par  la   protection  de  cet  artiste  qu'Abert 
entra  en  1852  au  service  du  roi  de  Wurtem- 
berg, en  qualité  de  contre^bassiste.  Il  occupa  ce 
poste  modeste  jusqu'en    1867,  travaillant  sans 
relâche  et  profitant  de  tous  les  loisirs  que  lui 
laissaient  ses  fonctions,  pour  se  livrer  à  la  com- 
position. C'est  ainsi  qu'il  produisit  successive- 
ment sa  Symphonie  en  ut  mineur,  exécutée 
pour  la  première  fois  à  la  Redoute  de  Stultgardt 
en  1853,  sa  Symphonie  en  la  majeur,  écrite  en 
en  1 856,  et  une  quantité  de  quatuors  et  de  lieder. 
C'est  en  1859  seulement  qu'il  fit  jouer  au  théâtre 
de  Stutlgardt  son  premier  opéra  :  Anna  von 
Landskron,   dont  le  succès  très-honorable  ne 
dépassa  pourtant  pas  les  limites  de  la  ville  qui 
l'avait  vu  naître.  Son  second  ouvrage  drama- 
tique ,  le  roi  Enzio,  joué  en  1862,  ne  fut  guère 
plus  heureux ,   mais  son  poëme  symphonique 


( 


ABERT  —  AGHARD 


Columbiis ,  écrit  ea  1864,  popularisa  son  nom 
dans  toute  l'Allemagne  et  le  lil  connaître  à  Paris 
même,  lorsque  M.  Pasdeloup  eut  mis  cette  œuvre 
intéressante  au  programme  des  Concerts  populai- 
res (1).  Le  troisième  ouvrage  dramatique  d'Abert, 
Astorga,  représenté  à  Stutlgardt  en  186G,  béné- 
iicia  de  la  réputation  que  s'était  faite  son  au- 
teur, et  réussit  avec  éclat  sur  les  principales 
scènes  allemandes.  H  a  été  traduit  en  français 
par  M.  Victor  Wilder,  et  publié  à  Paris  chez 
les  éditeurs  Durand  et  Scliœnewerk.  L'an- 
née 18C7  eut  sur  la  carrière  d'Abert  une  in- 
fluence décisive.  Pendant  la  fermeture  du  théâtre 
de  Sluttgardt,  une  partie  de  la  troupe  se  dirigea 
sur  Bade  pour  y  donner  quelques  représenta- 
lions.  Abert  accompagna  les  comédiens  voya- 
geurs ,  et  prit  la  direction  de  l'orchestre.  L'ha- 
bileté dont  il  fit  preuve  dans  ces  nouvelles 
fonctions  lui  valut  la  succession  d'Eckert ,  un 
des  meilleurs  chefs  d'orchestre  de  l'Allemagne  et 
maître  de  chapelle  du  roi  de  Wurtemberg. 
Eckert,  à  la  suite  de  quelques  différends  avec  son 
directeur,  ayant  jugé  à  propos  de  se  démettre  de 
ses  fonctions,  Aberl  fut  désigné,  par  l'opinion 
unanime  des  musiciens,  pour  le  remplacer.  Il 
troqua  sans  regret  l'archet  du  contre- bassiste 
contre  le  bâton  du  chef  d'orchestre. 

Comme  si  toutes  les  bonnes  fortunes  devaient 
lui  arriver  à  la  fois,  il  obtint  vers  la  même 
époque  la  main  d'une  opulente  héritière  à  qui 
ses  succès  de  compositeur  avaient  tourné  la  tête. 
Depuis  ce  temps,  la  muse  d'Abert  s'estendormie , 
et  sa  veine  productive  semble  s'être  épuisée.  On 
promet  cependant  un  nouvel  ouvrage  de  lui  : 
^«:io  ,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  son 
deuxième  ouvrage  théâtral ,  portant  à  peu  près 
le  même  litre.  Y. 

AlîLXGDOiV  (Lokd),  amateur  distingué  de 
musique,  qui  vivait  à  Londres  dans  la  seconde 
moitié  (lu  dix-huitième  siècle ,  jouait  fort  bien 
de  lallùle  et  composait  pour  cet  instrument.  En 


(I)  La  symphonie  de  Culumbiis  faillit  coûter  la  vie  à 
son  auteur,  dans  les  circonstances  suivantes.  On  venait 
de  l'exécuter  à  Stuttgardt,  où  clic  lui  avait  fait  décerner 
un  véritable  triomphe,  l'rcsque  aussitôt  Invité  àse  rendre 
à  Lœwenberg  pour  en  diriger  une  exécution  à  la  cha- 
pelle du  prince,  11  se  mit  en  route;  mais,  arrivé  à  une 
lieue  environ  de  1  œwenberg,  le  cheval  attelé  à  son  traî- 
neau (c'était  au  mois  de  février  isg;)  prit  le  mors  aux 
dents  et  entama  une  course  folle.  Le  traîneau  fut 
bientôt  renversé,  et  l'artiste,  qui  avait  été  singulièrement 
maltraité  par  les  premiers  écarts  du  cheval,  resta  évanoui 
sur  la  route,  par  un  froid  âpre  et  rigoureus.  Un  voya- 
geur, l'ayant  trouvé  en  cet  état  une  heure  après,  s'em- 
pressa de  le  faire  conduire  à  Lœwenberg,  ou  It  s  soins  d'un 
médecin  Unirent  par  le  rappeler  à  la  vie.  Jlais  ce  n'esl 
qu'au  bout  de  quelques  semaines  que  le  compositeur  fut 
remis  de  cet  accident.  —  A.  P. 


1783,  il  fut  mis  à  la  tête  d'une  grande  entreprise 
de  concerts  à  laquelle  on  donna  son  nom,  et  dont 
le  compositeur  allemand  Frédéric-Hermann  Graf 
fut  nommé  chef  d'orchestre  et  compositeur.  Le 
concert  Abingdon  était  l'un  des  plus  fameux  de 
toute  l'Europe,  tant  par  le  grand  nombre  que  par 
la  supériorité  des  arlisles  qui  venaient  s'y  faire 
entendre. 

*  ABOS  (Jérôme).  A  la  liste  des  ouvrages 
dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
deux  opéras  bouffés,  l'un,  le  Due  Zingare,  re- 
présenté au  théâtre  Nuovo,  de  Naples,  en  1742; 
l'autre,  la  Moglie  gelosa,  donné  en  1745  au 
théâtre  des  Fiorenlini ,  de  la  même  ville. 

ABRAHAMSOIV  (  Werner-Hans-Frédé- 
Kic),  écrivain  esthéticien  ,  naquit  à  Schlesvvig  le 
10  avril  1744.  Il  a  composé  un  assez  grand  nom- 
bre de  mélodies,  dont  plusieurs  sont  devenues 
populaires  en  Danemark  ;  mais  ce  qui  le  re- 
commande spécialement  aux  lecteurs  de  ce  dic- 
tionnaire, c'est  la  belle  collection  de  Chansons  po- 
pulaires et  guerrières  du  Danemark  (5  volu- 
mes, Copenhague,  1812-14),  qu'il  a  publiées  en 
collaboration  avec  Nyerup  et  Ralibek.  Abraham- 
son  est  mort  avant  l'achèvement  de  ce  petit  mo- 
nument national,  le  22  septembre  1812. 

Y. 

*  ABT  (François).  C'est  le  Paul  Henrion 
de  l'Allemagne.  Destiné  par  ses  parents  à  l'état 
ecclésiastique,  il  fréquenta  pendant  quelque 
temps  la  Thomas-Schule  de  Leipzick.  C'est  là 
qu'il  trouva  l'occasion  d'achever  son  éducation 
musicale.  Après  quelques  années  de  séjour  à 
Zurich  et  à  Brunswick,  il  fit,  en  1872,  une  tour- 
née musicale  en  Amérique  ,  d'où  il  revint  chargé 
de  dollars.  Abt ,  revenu  au  pays  natal ,  continue 
de  se  livrer  à  la  production  non  interrompue  do 
l'ieder  et  de  chœurs  qui  ont  popularisé  son 
nom.  On  a  publié  de  lui  à  Paris  un  recueil  de 
quarante  mélodies,  avec  paroles  françaises ,  chez 
Durand  et  Schœnewerk.  Y. 

ACEVES  ( ),  compositeur  dramatique 

espagnol  de  l'époque  actuelle ,  s'est  fait  connaître 
par  la  représentation  de  plusieurs  zarzuelas  qui 
ont  été  très-bien  accueillies  du  public,  et  qui 
l'ont  mis  au  rang  des  bons  auteurs  en  ce  genre. 
Je  ne  connais  que  les  suivantes  :  i"  Dos  comicos 
de  jrrovincia;  2"  Sensïtiva  ,  deux  actes;  3°  el 
Manco  de  Lepanto,  épisode  historique  en  un 
acte  écrit  pour  l'anniversaire  de  la  mort  de  Mi- 
chel Cervantes,  Madrid,  th.  du  Cirque,  23  avril 
1867  ;  4''  la  Bola  negra,  un  acte,  1872  ou  1873; 
5"  el  Testamento  azul,  trois  actes  (  en  société 
avec  MM.  Barbieri  et  Oudrid),  th.  du  Buen- 
Reliro,  20  juillet  1874. 

ACHARD.(Léon},  chanteur  distingué,  fils 


4 


AGHARD  —  ADAM  DE  LA  HALE 


d'un  comédien  qui  se  (il  une  grande  réputation 
au  théâtre  du  Palais-Royal,  avec  M"e  Déjazet,  est 
né  à  Lyon  le  t6  février  1831.  Après  avoir  ap- 
l>iis  de  bonne  heure  les  premiers  éléments  de  la 
musique,  M.  Achard  fit  ses  études  littéraires  au 
collège   Henri   IV,  où  il  eut   pour  condisciple 
M.  Victorien  Saniou,  puis  suivit  les  cours  de  l'É- 
cole de  droit,  et  se  (it  recevoir  licencié  en  1852. 
Il  entra  alors  dans  une  élude  d'avoué,  et  en  même 
temps  devint  élève  de  Bordogni  au  Conserva- 
toire, Ayant  obtenu,  dans  cet  établissement,  un 
second  accessit  d'opéra-comique  en  1853  et  le 
premier  prix  en  1854,  il  fut  engagé  aussitôt  au 
Théâtre-Lyrique,  et  débuta  à  ce  théâtre,  le  9  oc- 
tobre, dans  un  opéra  de  M.  Gevaert,  le  Billet 
de  Marguerite,   qui  servait  aussi    de  début  à 
M™*  Deligne-Lauters,  devenue  depuis  M"*  Guey- 
mard.  Fort  bien  accueilli  par  le  public,  M.  Achard, 
dont  la  jolie  voix  de  ténor  était  fraiclie  et  pleine 
de  diarme,  et  chez  qui  l'on  entrevoyait  déjà  les 
qualités  d'un  bon  comédien,  (it  successivement 
plusieurs   créations,  dans  les   Charmeurs,  de 
M.  Poise,  le  Muletier  de  Tolède,  d'Adam,  les 
Compagnons  de  la  Marjolaine, daM.  llignard, 
i Habit  de  noces,  de  Paul  Cuzent,  et  joua  aussi 
plusieurs  ouvrages  du  répertoire  :  le  Barbier  de 
Séville,    Ma  Tante   Aurore,  Marie,  la    Si- 
rène, etc. 

En  1836,  la  mort  de  son  père  vint  éloigner 
momentanément  M.  Achard  du  théâtre  (1).  Pour- 
tant, après  un  silence  de  quelques  mois,  le  jeune 
chanteur  signa  un  engagement  avec  M.  Halan- 
zier,  alors  directeur  du  Grand-Théâtre  de  Lyon, 
et  alla  tenir  dans  cette  ville  l'emploi  des  pre- 
miers ténors  légers,  jusqu'à  l'époque  où  M.  Per- 
rin  l'appela  à  l'Opéra- Comique.  Il  débuta  à  ce 
théâtre,  le  4  octobre  1862,  dans  la  Dame  blan- 
che,  joua  successivement  lluydcc,  le  Songe 
d'une  nuit  d^èté,  le  Domino  noir,  le  Pré  aux 
Clercs,  et  créa  des  rôles  importants  dans  le  Ca- 


(1)  Pierre-Frédéric  Achard,  père  du  chanteur  qui  fait 
l'objet  de  cette  notice,  était  à  tous  ies  points  de  vue  un 
artiste  fort  distingué.  On  s'en  rendra  compte  par  ce 
seul  fait.  Fils  d'un  siii  pie  ouvrier  tisseur  en  soles,  Achard, 
qui  avait  û'abord  suivi  la  profession  iiatcrnelle,  était  en- 
suite devenu  comédien,  avait  acquis  fort  Jeune  une  vé- 
ritable renommée  en  province,  et  venait  débuter,  le  10 
juillet  1834,  au  Palals-Royai,  oii  son  succès  n'était  pas 
douteui  un  seul  Instant;  mais,  tandis  qu'il  tenait  à  ce 
théâtre  l'emploi  des  jeunes  comiques,  Achard,  qui  était 
doué  d'une  très-jcilie  voix  et  qui  sentait  le  besoin  de  sa- 
voir l'utiliser  dans  des  rôles  où  le  chant  tenait  alors  une 
place  fort  importante,  n'hésita  pas  à  se  faire  admettre  au 
Conservatoire,  où  il  suivit  les  cours  de  vocalisaiion  de 
Bordogni,  et  ceux  de  Nourrit  pour  léchant  proprement 
dit.  £n  1335,  il  obtenait  le  second  prix  de  chant,  et  l'an- 
née suivante  11  partageait  le  premier  avt c  ATzard.  Né  à 
Lyon  le  4  n  ;vcn)bre  ISOS,  Achard  mourut  le  14  aoù"^  {%6. 


pitaine  Henriot,  Fior  d'Aliza,  Mignon,  et  di- 
vers autres  ouvrages. 

En  1871,  M.  Achard,  qui  avait  étudié  déjà  le 
chant  italien,  se  rendit  à  Milan,  reprit  ces  éludes 
sous  la  direction  d'un  maître  habile,  puis,  après 
avoir  signé  un  traité  avec  le  théâtre  de  la  Fenice, 
de  Venise,  alla  passer  une  saison  en  cette  ville, 
où  il  fut  fort  bien  accueilli,  et  où  il  chanta,  entre 
autres  ouvrages,  Romeo  e  Giulietta  de  M.  Mar- 
chetti,  et  la  traduction  italienne  de  Mignon. 
Bientôt  .M.  Halanzier,  devenu  directeur  de  l'O- 
péra, l'engagea  à  ce  théâtre  pour  créer  le  rôle 
de  Yorick  dans  la  Coupe  du  roi  de  Thulé, 
l'ouvrage  couronné  de  M.  Diaz  (V.  ce  nom). 
Après  avoir  établi  ce  rôle,  M.  Achard  se  montra 
successivement  dans  les  Huguenots ,  où  il  ob- 
tint surtout  du  succès,  dans  \' Africaine,  Faust, 
Don  Juan  et  la  Favorite.  Dei)uis  lors  il  est 
rentré  à  l'Opéra-Comique,  où  il  a  créé  un  rôle 
important  dans  un  ouvrage  de  M.  Ernest  Gui- 
raud ,  Piccolino. 

M.  Achard  a  épousé,  au  mois  de  juillet  1864, 
M'ie  Le  Poitevin,  (ille  du  peintre  de  ce  nom. 
Un  de  ses  frères,  chanteur  comme  lui,  est  depuis 
plusieurs  années  directeur  du  Conservatoire  de 
Dijon. 

ACUJXZO  (l^iLii'po),  compositeur  italien,  est 
l'auteur  d'une  farsa  en  un  acte,  \l  Pittore  d''un 
viorto  vivo,  représentée  à  Trani  au  mois  de  fé- 
vrier 1867. 

*ADAM  DE    LA    UALE  ou  DE   LA 
HALLE,  surnommé    le   Bossu    d'Aukas.  — 
M.  de  Coussemaker  a  élevé  un  monument  à  la 
mémoire  de  ce  trouvère  fameux,  qui  peut  être 
considéré  comme  un  novateur  et  un  artiste  de 
génie,  puisqu'il  trouva  une  forme  nouvelle  de 
l'art,  que  c'est  à  lui  qu'on  doit  le  premier  essai 
d'opéra  comique  connu  (le  Jeu  de  Robin  et  de 
Marion),  et  qu'il  écrivit  tout  à  la  fois  les  paroles 
et  la  musique  de  cet  ouvrage,  qui,  comme  l'a 
fort  bien  dit  l'auteur  de  la  Biographie  univer- 
selle des  Muiiciens,  <<  aurait   dû  suffire  pour 
l'immortaliser  ».  M.  de  Coussemaker,  qui  s'est 
acquis  ainsi  de  nouveaux  titres  à  l'estime  et  à 
l'affection  de  tous  les  amis  de  l'art,  a  entrepris 
et  su  mener  à  bon  terme  une  publication  qui  jus- 
qu'ici, que  je  sache ,  n'avait  point  d'analogue , 
celle  de  toutes  les  productions,  littéraires  et 
musicales,  du  célèbre  trouvère  artésien  -.Œuvres 
complètes  du   trouvère  Adam  de  la  Halle 
(poésies  et  musique),  publiées  sous  les  auspices 
de  la  Société  des  sciences,  des  lettres  et  des 
arts  de  Lille,  par  E.  de  Coussemaker  (Paris,  Du- 
rand et  Pedone-Lauriel,  1872,in-4°deLXXIV-440 
pages). 
Celle  édition  des  œuvres  d'Adam  de  la  Halle. 


I 


ADAM  DE  LA  HALE 


aussi  pr(?cieuseen  ce  qui  concerne  les  origines  de 
notre  langue  que  relativement  à  celles  de  notre  mu- 
sique, est  telle  qu'on  la  pouvait  attendre  de  la  part 
d'iinériiditcommeM.de  Coussemaker.  L'éditeur  a 
consulté  tous  les  manuscrits  connus  pour  conte- 
nir des  productions  de  notre  trouvère,  et  il  a  eu 
recours  anx  bibliothèques  Nationale  et  de  l'Arse- 
nal, à  Paris,  à  celle  du  Vatican,  à  Rome,  à  celles 
d'Arras,  de  Cambrai,  d'Aix  (Provence),  de  Sienne 
et  d'Oxford.  C'est  ainsi  qu'il  a  pu  réunir,  avec 
une  exactitude  que  la  collation  de  textes  multi- 
ples rendait  souvent  difficile,  trente-quatre  chan- 
sons, dix-sept  jeux-partis,  seize  rondeaux,  cinq 
motets,  la  pièce  de  vers  intitulée  le  Congé,  le 
fragment  de  poëme  qui  a  pour  titre  le  Roi  de  Si- 
cile, et  enfin  le  Jeu  d'Adam,  le  Jeu  de  Robin 
et  de  Marion,  et  le  Jeu  du  Pèlerin  (I).  Les 
chansons,  jeux-partis,  rondeaux  et  motets  sont 
reproduits  non-seulement  avec  la  musique,  mais 
avec  une  traduction  en  notation  moderne,  et  il  en 
est  de  môme  pour  la  pièce  inappréciable  de  ce 
recueil,  le  Jeu,  de  Robin  et  de  Marion.  J'avais 
donc  raison  de  dire  que  c'est  là,  à  une  distance 
de  six  siècles,  un  véritable  monument  élevé  à  la 
mémoire  d'Adam  de  la  Halle. 

M.  de  Coussemaker  a  accompagné  son  édition 
d'une  esquisse  biographique  sur  Adam ,  d'une 
description  sommaire  des  manuscrits  dans  les- 
quels on  retrouve  quelques-unes  de  ses  œuvres, 
d'une  indication  des  éditions  partielles  qui  ont 
été  faites  de  celles-ci,'enfin  d'une  étude  critique  de 
ses  mélodies  et  de  ses  compositions  harmoniques. 
«  En  examinant,  dit  M.  de  Coussemaker,  les  poé- 
sies chantées  des  trouvères,  il  est  indispensable  de 
tenir  compte  de  l'élément  musical  qui,  avec  toute 
évidence,  y  exerçait  une  intluence  déterminée. 
Les  œuvres  d'Adam  de  la  Halle  surtout  doivent 
être  étudiées  à  ce  point  de  vue,  car  le  trouvère 
artésien  était  à  la  fois  poète  et  musicien  ;  musi- 
cien mélodiste  et  harmoniste.  Il  est  même  à  re- 
marquer qu'il  a  donné  à  l'harmonie  une  certaine 
impulsion;  ce  qui  semble  témoigner  qu'il  a  dû 
faire,  soit  au  monastère  de  Vaucelles,  soit  à  l'U- 
niversité de  Paris,  des  études  musicales  compiè- 
«  tes  et  sérieuses...  Ses  rondeaux  et  ses  motets 
présentent  un  véritable  intérêt  historique  pour 
♦  l'art.  Le  trouvère  d'Arras  l'emporte  souvent  sur 
ses  contemporains  par  la  manière  facile  et  chan- 
tante dont  les  parties  sont  agencées  entre  elles. 
Mais  en  quoi  il  est  supérieur,  c'est  dans  les  com- 
positions mélodiques;  quelques-unes  offrent  ime 
originalité,  une  grâce,  une  naïveté  et   une  fraî- 


(1)  Il  n'est  pas  Inutile  de  faire  remarquer  que  les  chan- 
sons, jeux-partis,  rondeaux  et  moiets  étalent  restés  Jus- 
qu'Ici complètement  inédits. 


clieur  telles,  qu'elles  sont  devenues  populaires  et 
se  chantent  encore  aujourd'hui,  sans  qu'on  sedoute 
de  leur  origine.  » 

Plus  loin,  l'éditeur  caractérise  plus  profondé- 
ment le  génie  musical  (je  crois  que  le  mot  n'a  rien 
d'exagéré)  d'Adam  de  la  Halle,  et  donne  les  rai- 
sons de  la  double  tendance  qui  se  remarque  dans 
ses  œuvres  :  «  Adam  de  la  Halle  doit  être  consi- 
déré comme  un  des  musiciens  les  plus  distingués 
du  treizième  siècle.  Son  mérite  est  pour  le  moins 
égal  à  celui  des  meilleurs  déchanteurs  de  celte  épo- 
que ;  il  est  incontestablement  supérieur  à  celui  des 
autres  trouvères.  Ses  productions  musicales  peu- 
vent se  diviser  endeux  classes:  lesunesmélodiques, 
les  autres  harmoniques.  A  la  première  appartien- 
nent ses  chansons,  ses  jeux- partis  et  les  airs  dont 
il  a  orné  le  Jeu  de  Robin  et  de  Clarion  :  dans  la 
seconde  se  rangent  ses  rondeaux  et  ses  motets. 
Quand  on  examine  les  diverses  mélodies  d'Adam, 
qu'on  les  analyse  et  les  compare  entre  elles,  on 
remarque  une  différence  sensible  entre  celles  des 
chansons  et  des  jeux-partis  et  celles  du  Jeu  de 
Robin  et  de  Mai-ion.  Celles-ci  sont  naturelles, 
faciles,  chantantes;  les  autres,  au  contraire,  sont 
souvent  maniérées,  d'une  forme  difficile  à  rete- 
nir. Cette  différence  provient  de  ce  que  les  mé- 
lodies du  Jeu  de  Robin  et  de  Marion  sont  le 
résultat  de  l'inspiration  spontanée,  ce  qui  leur 
donne  un  caractère  tout  à  fait  populaire,  tandis 
que  les  autres  sont  des  compositions  arlisliques, 
c'est-à-dire  soumises  à  des  règles  de  convention. 
Dans  les  premières,  le  musicien  pouvait  donner 
libre  carrière  à  son  imagination  ;  l'inflexion  to- 
nale et  le  rhylhme  étaient  abandonnés  à  sa  spon- 
tanéité. Nulle  contrainte,  nulle  obligation  de  se 
renfermer  dans  un  cadre  convenu;  liberté  pleine 
et  entière  dans  le  mouvement,  dans  les  allures  ; 
de  là  le  naturel,  la  facilité  qu'on  remarque  dans 
la  tournure  mélodique  de  ces  airs;  de  là  aussi  la 
popularité  dont  ils  ont  joui  immédiatement  et 
longtemps  après.  Mais  cette  popularité  tenait  en- 
core à  une  autre  cause;  elle  tenait  à  leur  tona- 
lité. Pour  bien  comprendre  ce  fait  particulier  et 
essentiel,  il  est  nécessaire  de  remarquer  que  la 
musique  religieuse  était,  à  cette  époque,  la  seule 
dont  les  bases  fussent  réglées  par  une  théorie, 
par  des  principes  de  tonalité;  c'était  la  musique 
artistique.  La  tonalité  diatonique  fixée  par  saint 
Grégoire  et  adoptée  par  ses  successeurs  était  la 
tonalité  officielle,  si  l'on  peut    s'exprimer  ainsi. 
Mais,  à  côté  de  cette  tonalité  calme,  majestueuse, 
si  bien  appropriée  aux  chants  chrétiens,  il  en 
existait  une  autre  dont  les  allures  et  les  inflexions 
s'adaptaient  mieux  aux  passions  mondaines,  à  la 
fougue  populaire.  Cette  dernière  est  fort  ancienne 
et  son  origine  semble  être  septentrionale...  Ces 


6 


ADAM  DE  LA  HALE  —  AERTS 


cette  tonalité  qu'il  est  facile  de  reconnaître  dans 
les  mélodies  du  Jeu  de  Robin  et  de  Marion; 
c'est  encore  celte  tonalité  qu'on  remarque  dans 
plusieurs  airs  adaptés  aux  chansons  et  aux  jeux- 
partis  d'Adam  de  la  Halle...  » 

On  voit  que  par  la  publication  des  oi-uvres  d'A- 
dam de  la  Halle,  M.  de  Coussemaker  a  ouvert 
un  champ  nouveau  aux  investigations  des  théori- 
ciens, et,  par  suite,  à  celles  des  historiens  de 
l'art.  Il  a  donc  rendu  un  signalé  service,  non- 
seulement  aux  admirateurs  d'Adam  de  la  Halle, 
à  ceux  qui  considèrent  à  juste  titre  ce  trouvère 
comme  une  des  personnalités  les  plus  originales 
et  les  plus  éclatantes  de  la  musique  française, 
mais  aussi  à  ceux  qui  voudront  percer  les  obscu- 
rités et  les  mystères  qui  enveloppent  encore  les 
origines  de  cette  musique.  A  ce  double  titre, 
l'article  complémentaire  qui  est  ici  consacré  à 
Adam  de  la  Halle  avait  sa  raison  d'être. 

*ADAM  (AnoLPHE-CuAnLEs).  A  la  liste,  déjà 
si  nombreuse,  des  ouvrages  de  ce  compositeur, 
il  faut  ajouter  les  suivants  :  1°  les  Mohicans, 
ballet  en  deux  actes,  Opéra,  5  juillet  1837  ;  2° 
Lambert  Simnel  (parlilion  d'Hippolyte  Monpou, 
terminée  par  Adam),  Opéra-Comique,  14  sep- 
tembre 1843);  3°  les  Premiers  Pas,  prologue 
pour  l'inauguration  de  l'Opéra-Nafional  (en  so- 
ciété avec  Auber,  Carafa  et  Halévy),  15  novem- 
bre 1847  ;  4"  Grisclidis,  ou  les  Cinq  Sens,  ballet 
en  cinq  actes.  Opéra,  16  février  1S48;  5"  les  Aa- 
tions,  diverlis?ement-cantate ,  Opéra,  6  aoiM 
1851;  6°  la  Fêle  des  Arts,  cantate,  Opéra-Comi- 
que, 16  novembre  1852  ;  7°  le  Bijou  perdu,  trois 
actes,  Théâtre-Lyrique',  fi  octobre  1853;  S^Cfunit 
de  Victoire, c^niate,  Opéra-Comique  et  Théâtre- 
Lyrique,  13  septembre  1855; 9°  Cantate,  Opéra, 
17  mars  185G.  Quant  à  la  Faridondaine,  ce  n'é- 
tait pas  un  opéra  en  un  acte,  comme  on  pourrait 
le  croire  par  la  mention  qui  en  a  été  faite,  mais  un 
grand  drame  populaire  en  cinq  actes,  mêlé  de  mu- 
sique, dans  lequel  M"'"  Hébert-Massy,  ancienne 
cantatrice  de  rOpéra-Comique,  remplissait  un  rôle 
important.  Ence  qui  concerne  les  ouvrages  très- 
nombreux  et  souvent  très-considérables  qu'Adam 
fit  jouer  sur  divers  théâtres  de  genre  (Gymnase, 
Vaudeville,  Nouveautés)  avant  d'aborder  les 
grandes  scènes  lyriques,  je  renvoie  le  lecteur  cu- 
rieux de  les  connaître  au  livre  publié  par  moi  : 
Adolphe  Adam,  sa  vie,  sa  carrière,  ses  Mé- 
moires artistiques  (Paris,  Charpentier,  1876, 
în-12).  Je  dois  ajouter  qu'on  a  publié  sous  ce 
titre  I  :  Derniers  Souvenirs  d'un  musicien 
(Paris,  Lévy,  1859,  in-12),  un  second  volume 
composé  de  différents  travaux  littéraires  donnés 
par  Adam  à  divers  journaux.  Ce  volume  n'est 
pas  moins  intéressant  que  le  premier. 


*  ADAM  (Charles-Ferdinand),  composi- 
teur, né  en  Saxe ,  est  mort  le  23  décembre  1867. 

*ADAi\Il  (HeiNRi-Joseph),  écrivain  musical, 
est  mort  à  Vienne  le  2  octobre  1865. 

ADELBURG  (Auguste  von),  violoniste 
et  compositeur  liongrois  ,  est  né  à  Conslanlino- 
ple  en  1833.  Comme  virtuose,  il  fut  l'élève  de 
Mayseder,  avec  lequel  il  travailla  à  Vienne  de 
1850  à  1854.  Comme  compositeur,  il  a  demandé 
son  instruction  aux  principaux  Conservatoires 
de  l'Allemagne.  Von  Adelburg  a  écrit  quatre 
quatuors  pour  instruments  à  cordes,  plusieurs 
petites  compositions,  et  un  grand  opéra  sur  pa- 
roles hongroises,  intitulé  Zrynyi ,  qui  fut  joué 
pour  la  première  fois  sur  le  théâtre  national  de 
Pestli  en  1866.  Cet  ouvrage,  reçu  avec  un  vé- 
ritable enthousiasme  par  les  compatriotes  de 
von  Adelburg,  est  resté  au  répertoire.        Y. 

*  ADRIEIV  (RlAKTiN-JosEPn),  ou  plutôt  An- 
DRiEN.  Cet  artiste  était  né  à  Liège,  non  en  1766, 
mais  le  26  mai  1767.  Il  a  écrit  la  musique  d'un 
mélodrame  de  Victor  Ducange,  Élodie,  ou  la 
Vierge  du  Monastère,  représenté  au  théâtre  de 
l'Ambigu-Comique  le  10  janvier  1822. 

ADYE  (jWilket),  écrivain  anglais,  est  l'au- 
teur d'un  opuscule  intitulé  :  Musical  Notes 
(Londres,  Bentley,  1870,  in-12  de  112  pp.). 
Cet  écrit,  un  peu  superficiel  et  qui  semble  plutôt 
destiné  aux  dilettantes  et  aux  amateurs  qu'aux 
travailleurs  et  aux  érudits,  est  divisé  en  trois 
chapitres:  {"les  grands  compositeurs;  ")."  les 
violonistes  et  le  violon  ;  3°  le  violon  et  son  his- 
toire. 

AELimECHTS  (Jacques)  ,  facteur  de  cla- 
vecins à  Anvers  au  milieu  du  seizième  siècle, 
était  reçu  dans  la  gilde  de  Saint-Luc  en  1558.  Son 
fils,  Luc  Aelbrechts,  exerça  la  même  profession 
et  fut  reçu  dans  la  même  corporation ,  comme 
fils  de  maître,  en  1588. 

AERTS  (F ),  violoniste, 'professeur  et 

compositeur  belge,  né  à  Saint-Trond  le  4  mai 
1827,  fit  ses  éludes  musicales  au  Conservatoire 
de  Bruxelles ,  puis  suivit  un  cours  de  composi- 
tion sous  la  direction  de  C.  Hanssens.  Devenu 
premier  violon  au  théâtre  de  la  Monnaie,  il  fut  » 
ensuite  chet  d'orchestre  du  théâtre  de  Tournai, 
puisse  fixa  à  Paris  pendant  plusieurs  années.» 
De  retour  en  Belgique  en  1862,  M.  Aerts  obtint 
au  concours  la  place  de  professeur  de  musique 
à  l'École  normale  de  Nivelles  ,  qu'il  occupe  en- 
core. Cet  artiste  a  publié  :  1°  Méthode  théo- 
rique et  pratique  pour  Vaccoyiipagnement  du 
plain-chant,  précédée  d'un  Traité  de  l'har- 
monie consonnante ,  Liège  ,  Dessain  ;  2"  Ma- 
miel  théorique  et  pratique  du  plain-chant , 
conforme  aux  vrais  principes  du  chant  gré- 


AERTS  —  AGUIAR 


gorien,  iM.,  M.;  3"  Éléments  complets  de  mu- 
sique,  et  Solfège  gradué,  Bruxelles,  Schoft; 
4°  Recueil  de  six  litanies  de  la  Sainte-Vierge 
Marie,  Liège ,  Dessain  ;  5°  [le  Chansonnier  des 
écoles,  Nivelles,  Desprel  ;  6°  un  grand  nombre 
de  fantaisies  pour  orchestre ,  airs  variés  pour  le 
violon ,  romances,  etc. 

AFFANAJEFF  (N ),  musicien  russe 

contemporain  ,  a  publié  chez  l'éditeur  Bessel ,  à 
Saint-Pétersbourg  ,  quatre  morceaux  pour  vio- 
lon et  piano  :  1"  Allegro;  2"  Variations  russes; 
3°  Valse;  4°  Adagio.  Je  n'ai  pas  d'autres  rensei- 
gnements sur  cet  artiste. 

AGIVELLI  (S\lv\tore),  né  à  Palerme  en 
1817  ,  lit  ses  études  musicales  d'abord  dans  un 
établissement  de  cette  ville,  puis  au  Conserva- 
toire de  Naples,  où  il  eut  successivement  pour 
professeur  Furno,  Zingarelli,  Donizetti,  et  d'où 
il  sortit  en  1834.  Il  tourna  bientôt  ses  vues  du 
côté  du  théâtre,  et  fit  représenter  les  ouvrages 
suivants:  1°  i  Due  Pedanti,  (Naples,  th. 
Nuovo,  1834);  2°  il  Lazzarone  napoUtano 
(id.,  id.,  1838);  3°  Una  Notte  di  Carnevnle, 
opéra  bouffe  (Palerme,  th.  Carolino ,  1838); 
i°iDue  Gemelli{\(\.,i(].,iS39);S"iDueForzati 
(id.,  id.,  1839);  G°  la  Locandiera,  deux  actes 
(Naples, th. Nuovo,  1839);  7°  la Sentinella not- 
turna  (id.,  th.  Parthenope,  1840);  8"  l'Omi- 
cido  immaginario  (  Naples  ,  th.  de  la  Fenice, 
1841);  g"?  Due  Pulcinelli  simili  (id.,  id.,  1841); 
10»  il  Fantasma  (id.,  id.,  1842).  En  1840, 
M.  Agnelli  vint  se  fixer  à  Marseille.  Il  fit  repré- 
.senter  au  Grand-Théâtre  de  cette  ville  la  Jacqu- 
rie,  grand  opéra  en  trois  actes  (22  avril  1849); 
Léonore  de  Médicis,  grand-opéra  en  quatre  actes 
(23  mars  1855);  ^e.s  Deux  Avares,  opéra-co- 
mique en  trois  actes  (22  mars  1860)  ;  la  musique 
de  ce  dernier  ouvrage  fut  écrite  sur  le  poëme  qui 
servit  à  Grétry  pour  son  opéra  du  même  nom  , 
et  l'auteur  conserva  dans  sa  partition  (a  Marche 
célèbre  de  Grétry.  Outre  ces  opéras,  M.  Agnelli 
a  écrit  à  Marseille  la'mnsique  de  trois  ballets  :  Ca- 
l'isto, Blanche  de  Naples,  la  Rose.  Cet  artiste  a 
en  portefeuille  trois  autres'opéras  inédits  :  Crom- 
welt,  dont  quelques  fragments  ont  été  entendus 
il  y  a  une  dizaine  d'années  dans  un  salon  de  Paris  ; 
Stefanin  ,  en  trois  actes  ;  et  Sforza  ,  en  quatre 
actes.  Enfin  il  est  encore  l'auteur  d'un  Miserere  à 
double  chœur,  d'un  Stabat  Mater  à  plusieurs 
voix  avec  orchestre,  et  d'une  cantate,  l'Apo- 
théose de  Napoléon  l",  qui  a  été  exécutée  en 
1856  à  Paris,  par  trois  orchestres,  dans  le  Jar- 
din des  Tuileries.  Al.  R-n. 

AGIVESI  (  Louis  -  Ferdinxnd  -  Léopold 

AGNIEZ,  dit),  chanteur  distingué,  né  à  Erpent, 
province  dcNamur,  le  17  juillet  1833,  est  mort 


h  Londres  le  2  février  1S75.  Admis  do  bonne 
heure  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  il  y  étudia 
l'harmonie  avec  M.  Bosselet  et  le  contre-point 
avec  Fétis,  y  obtint  divers  prix,  et  prit  part  aux 
concours  de  Rome  en  1853  et  1855.  Devenu 
maître  de  chapelle  de  l'église  Sainte-Catherine  et 
directeur  de  l'Union  chorale  et  de  la  société  Lim- 
nander,  il  s'essaya  dans  la  composition  dramati- 
que parun  opéra  en  deux  actes,  Harmold  le  Nor- 
mand, qui  fut  joué  au  théâtre  de  la  Monnaie  le 

10  mars  1858,  et  n'obtint  qu'un  médiocre  suc- 
cès. Agne.si  se  résolut  alors  à  embrasser  la  car- 
rière du  chant.  Doué  d'une  belle  voix  de  basse 
chantante,  qu'il  avait  déjà  travaillée,  il  vint  à 
Paris  en  1861  pour  se  perfectionnera  l'école  de 
M.  Duprez,  puis  il  s'engagea  dans  la  compagnie 
italienne  dirigée  par  M.  Merelli,  et  c'est  alors  qu'il 
modifia  son  nom  et  se  fit  appeler  Luigi  Agnesi. 

11  fit  d'abord  une  grande  tournée  en  Allemagne, 
en  Hollande  et  en  Belgique,  puis  fut  engagé  au 
Théâtre-Italien  de  Paris ,  ofi  il  resta  plusiev-.rs 
années,  et  où  son  talent  sobre  et  sûr,  quoique 
manquant  parfois  un  peu  de  distinction,  fut  fort 
apprécié.  Dans  ces  dernières  années,  Agnesi  s'é- 
tait fixé  en  Angleterre,  où  il  chantait  avec 
succès,  .soit  au  théâtre  de  la  Reine,  soit  dans  les 
festivals,  soit  dans  les  grandes  solennités  musi- 
cales des  trois  royaumes.  Il  était  devenu  un  des 
meilleurs  interprètes  des  oratorios  de  Haendel. 
Agnesi  a  écrit  un  assez  grand  nombre  de  mélo- 
dies, de  motets  et  de  chœurs. 

AGOLIi\I-UGOLlNI  (G -  A),  écri- 
vain italien,  a  publié  l'ouvrage  suivant  :  VAc- 
cordo  tra  i  fisici  ed  i  musici,  o  nuova  teoria 
fisico-matematico  -  naturale  délia  musica 
(Fermo,  1871  ). 

AGOSTI  ( ),  compositeur  russe  du  dix- 
huitième  siècle,  est  l'auteur  d'un  grand  nombre 
d'opéras-comiques  dont  la  plupart  sont  encore 
au  répertoire.  L'un  d'eux  :  Une  Aventure d^ au- 
tomne, a  passé  avec  succès  sur  les  scènes  alle- 
mandes. Le  dictionnaire  de  Mendel  :  Musikalis- 
ches  Conversations- Lexicon ,  auquel  nous  em- 
pruntons cette  courte  notice ,  dit  qu'on  n'a  au- 
cun détail  sur  l'existence  de  cet  artiste. 

Y, 

AGOSTIXÏ  ( ).  Un  compositeur  de  ce 

nom  a  fait  représenter  en  1864,  sur  le  théâtre 
de  Valence  (Espagne),  un  opéra  italien  intitulé 
Una' Vendetta. 

AGUIAR  (Alexandre  de),  musicien  portu- 
gais, naquit  à  Porto  ,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Il  faisait  partie  de  la  chapelle  royale  (jmm- 
sico  de  caméra)  du  cardinal-roi  D.  Ilenrique, 
et  passa  ensuite  en  Espagne,  au  service  de 
Philippe  II,  Son  talent  de  chanteur  était  Irès-ap- 


8 


AGUIAR  —  ALARY 


précié,  tant  h  Lisbonne  qu'à  Madrid,  mais  ce 
qui  rendit  sa  réputation  universelle  dans  les 
Espagnes,  ce  fut  son  jeu  admirable  sur  un  instru- 
ment appelé  Viola  de  sete  cordas  (instrument 
de  la  famille  des  luths  et  qui  est  encore  très-ré- 
pandu en  Portugal).  De  retour  de  Madrid  à  Lis- 
bonne en  1603,  il  périt  d'une  façon  désastreuse 
entre  Talaverla  et  Lobon,  snr  le  passage  d'une 
rivière,  en  compagnie  d'autres  gentilshommes 
portugais.  Ses  LamentaçOes  de  Jeremias  étaient 
Irès-estimées  à  Lisbonne ,  oii  on  les  chantait  pen- 
dant la  semaine  sainte.  J.-de  V. 

AGUIRRE  (Abfxino),  compositeur  drama- 
tique espagnol,  est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux 
italien,  gli  Amanti  di  Teruel,  qui  a  été  repré- 
senté sur  le  théâtre  principal  de  Valence  le  16 
décembre  1865. 

AIILEFELDT  (M"*  la  comtesse  von), 
célèbre  pianiste  allemande  ,  vivait  vers  la  fin  du 
siècle  dernier.  On  connaît  d'elle  la  musique  d'un 
opéra-ballet  :  Télémaq%ie  et  Calypso ,  qui 
prouve  des  connaissances  musicales  solides. 

Y. 
AHLSTROEM,  compositeur  suédois  de 
la  fin  du  dernier  siècle,  était  attaché  à  la  cour 
de  Stockholm.  11  a  écrit  beaucoup  de  musique 
de  chamlire  et  plusieurs  opéras,  auxquels  ses 
compatriotes  accordent  grand  mérite.  Ahlstrœm 
a  également  composé  beaucoup  de  chansons  po- 
pulaires suédoises,  dont  quelques-unes  ont  été 
popularisées  plus  tard  par  la  célèbre  canta- 
trice  M""^  Jenny  Lind.  Y. 

*  AIBLINGER  (Joseph-Gasparb),  compo- 
siteur, est  mort  à  Munich  au  mois  de  mai  1867. 
AIMOIV  (Espkit),  père  de  Léopold  Aimon, 
dont  il  est  parlé  dans  l'article  suivant ,  né  à 
Lisle  (Vaucluse)  en  ITa'i,  mort  à  Paris  en  1828, 
était  un  violoncelliste  remarquable.  Il  dirigea 
quelque  temps  la  musique  du  comte  de  Ranizau, 
ministre  de  Danemark,  qui  s'était  établi  dans 
le  Comtat;  puis  il  vint  se  fixer  à  Marseille,  où 
il  vécut  plusieurs  années.  Cet  artiste  a  com- 
posé des  quatuors  et  quintettes  pour  instruments 
à  cordes,  et  un  opéra  de  circonstance,  l'Aniel 
de  la  Patrie,  qu'il  fit  représenter  à  Marseille 
pendant  la  Révolution.  Al.  R-n. 

^AIMON  (Pamphilk-Léopold-François)  est 
mort  à  Paris  le  2  février  1866.  A  la  liste  de  ses 
œuvres,  il  faut  ajouter  :  1"  la  Fée  Urgèle, 
opéra-comique  en  un  acte  ,  joué  au  Gymnase 
(1821)  avec  un  très-grand  succès;  2°  les  Syba- 
rites de  Florence,  pastiche  mêlé  de  musique 
tirée  de  diverses  œuvres  de  Weber,  de  Meyer- 
beer  et  de  Rossini  et  de  musique  nouvelle  compo- 
sée par  Aimon  et  M.  Barbereau,  et  représenté 
aux  Nouveautés  le  8  novembre   1S3I  ;   3"  des 


chœurs  remarquables  écrits  pour  une  tragédie  de 
Casimir  Deiavigne,  le  Paria,  à  la  Comédie- 
Française.  La  onzième  édition  de  V Abécédaire 
musical  d'Aimon  a  été  publiée  en  1866  (Paris, 
Heugel,  in-12). 

AIRETOIV  (Edward),  luthier  anglais  établi 
à  Londres  dans  la  seconde  moitié  du  dix-liui- 
lième  siècle,  a  produit  en  grand  nombre  des  vio- 
lons et  violoncelles  qui  furent  assez  estimés.  Il 
copiait  principalement  les  formes  du  grand  lu- 
thier Amati,  et  son  vernis,  tirant  sur  le  jaune, 
était  d'ime  belle  qualité.  Aireton  mourut  en  1807, 
âgé  de  quatre-vingts  ans, 

*ALARD  (Delphin).  Cet  excellent  artiste  a 
pris  sa  retraite  de  professeur  au  Conservatoire  au 
mois  d'octobre  1875.  Sa  classe,  qui  était  une 
des  plus  brillantes  de  cet  établissement,  a  fourni 
un  grand  nombre  d'élèves  remarquables,  parmi 
lesquels  onpeut]surtout  citer  MM.  Garcin  (Voy. 
ce  nom),  Lancien,  Adolphe  Blanc,  White,  Sara- 
sate,  Paul  Martin,  Accursi,  Paul  Jullien,  M"''' 
Bastin,  Tayau,  Pommereul,  etc.  Les  dernières 
séances  de  musique  de  chambre  dans  lesquelles 
M.  Alard  s'est  fait  entendre,  ont  été  données  par 
lui  dans  la  grande  salle  du  Conservatoire,  en 
1871  et  1872,  en  compagnie  de  son  vieux  par- 
tenaire M.  Franchomme,  et  de  M.  Francis  Planté. 
Elles  produisirent  un  très-grand  effet.  Dans  ces 
dernières  années,  il  a  publié  encore  un  grand 
nombre  de  compositions  pour  son  instrument, 
consistant  surtout  en  fantaisies  sur  des  motifs 
d'opéras  célèbres.  M.  Alard  était  le  gendre  de 
l'excellent  luthier  Yuillaume,  mort  récemment. 

*ALARY  (  Jcles-Eicène-Abraham).  Je 
trouve  les  renseignements  suivants  sur  M.  Alary 
dans  une  note  autobiographique  publiée  par  lui 
(4  pp.  in-8'',  Paris,  imp.  Kugelmann).  M.  Alary 
est  né  en  1814,  à  Mantoue,  de  parents  français; 
élevé  au  Conservatoire  de  Milan,  il  arriva  à 
Paris  en  1833,  devint  chef  du  chant  au  Casino- 
Paganini  en  1830,  et  en  1840  alla  faire  repré- 
senter à  Florence  un  opéra  sérieux  en  2  actes, 
intitulé  Rosmunda.  De  retour. aussitôt  à  Paris, 
il  acceptait,  en  1841,  les  fonctions  de  chef  du 
chant  et  de  bibliothécaire  de  la  Société  de  mu- 
sique religieuse  et  classique  fondée  par  le  prince 
(le  la  Moskowa.  En  1850,  il  faisait  exécuter  au 
Tliéâtre-IlaIien7?e£/ew/j?îow,  mystère  en  cinq  par- 
ties, et  donnait  au  même  théâtre,  l'année  sui- 
vante, un  opéra  bouffe  en  trois  actes,  le  TreNozze. 
.\ppelé  à  Saint-Pétersbourg,  en  1852,  pour  y  faire 
représenter  un  grand  opéra  en  cinq  actes,  Sarda- 
napale,  il  était  nommé ,  dès  son  retour  en 
France  en  1853,  accompagnateur  de  la  chapelle 
impériale,  fonctions  qu'il  conserva  jusqu'à  la 
chute  de  l'empire,  et  en  même  temps  devenait 


ALARY 


ALBERT 


directeur  de  la  musique  au  Tliéâlre-Italien.  De- 
puis lors,  il  a  fait  jouer  les  ouvrages  suivants  : 
aux  Bouffes-Parisiens  (1856),  V Orgue  de  Bar- 
barie, opérette  en  un  acte  ;  à  l'Opéra-Coniique 
(1861),  la  Beauté  du  diable,  opéra-comique  en 
un  acte  ;  au  casino  d'Ems  (1861),  le  Brasseur 
d'Amsterdam,  opérette  en  un  acte;  à  l'Opéra 
(1861),  laVoix  humaine, opérA  en  deux  actes; 
enfin,  au  Théâtre-Italien  (1866),  Locanda  gra- 
tis, opéra -bouffe  en  un  acte.  Ces  divers  ouvra- 
ges n'obtinrent  aucun  succès. 

M.  Alary  a  publié,  soit  en  France,  soit  à  l'é- 
tranger, un  grand  nombre  de  compositions  vo- 
cales, scènes,  airs,  romances  en  langue  française, 
anglaise,  italienne  ou  allemande,  duos,  trios, 
quatuors,  etc.  Je  citerai,  parmi  les  plus  impor- 
tantes :  Jane  Shore,  la  Fille  de  Jeplité,  Ma- 
rie Stuart,  le  Vies  irx,  le  Dernier  Son  de  la 
harpe,  le  Dernier  Chant  de  Sapko,  Stance  à 
l'immortalité,  Sulla  tomba  di  Bellini,  Eloisa 
nel  Chiostro,  la  Preghiera,  Paolo  a  Fran- 
cesca  da  Rimini  (duo),  Ave  Maria  (duo),  Se- 
renata  in  gondola  (duo),  la  Brigands  italiens 
(duo  ),  le  Serment  des  Horaces  (trio),  la  Spe- 
ranza  (trio  en  canon),  il  Brindisi  (quatuor), 
la  Costanza  (quatuor  en  canon). 

ALBAIXESI  (LuiGi),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Rome  le  3  mars  1821,  était  fils  d'un 
peintre  en  miniature  qui  voulait  lui  faire  suivre 
sa  profession.  L'enfant  avait  six  ans  lorsque,  sa 
famille  étant  allée  s'établir  à  Naples ,  il  com- 
mença l'étude  du  piano  sous  la  direction  de  son 
frère  et  de  sa  sœur,  élèves  eux-mêmes  d'un  Al- 
lemand nommé  Senderacb,  et  reçut  de  sa  mère 
des  leçons  de  latin.  Toutefois,  et  par  la  volonté 
des  siens ,  la  musique  n'était  pour  lui  qu'un 
passe-temps,  et  à  vingt  ans  le  jeune  Albanesi 
était  portraitiste.  Mais  à  cet  âge  il  voulut  abso- 
lument se  faire  musicien.  Il  reçut  alors  des  con- 
seils de  M.  Ernest  Coop,  pianiste  fort  distingué, 
étudia  riiarmonie  avec  Giuseppe  Polidoro  et 
Salvatore  Lavigna,  et,  abandonnant  définitive- 
ment la  peinture,  il  se  produisit  activement 
comme  virtuose  et  se  voua  à  l'enseignement  du 
piano.  M.  Albanesi  s'est  t;iit  connaître  aussi 
comme  compositeur,  et  a  publié  plus  de  cent 
cinquante  œuvres  de  musique  de  piano  qui  se 
font  remarquer  par  de  réelles  qualités.  Dans  un 
genre  plus  sérieux ,  il  a  écrit  deux  messes,  un 
oratorio  intitulé  les  Sept  Paroles  de  Jésus- 
Christ,  et  un  grand  nombre  de  motets,  avec  ac- 
compagnement d'orgue,  ou  d'harmonium,  ou  de 
piano  avec  quelques  instruments.  —  Le  fils  de 
cet  artiste,  M.  Carlo  Albanesi,  né  à  Naples  au 
mois  de  novembre  1856,  est  déjà  un  pianiste 
distingué.    Élève    de  M.   Sabino  Falconi  pour 


l'harmonie  et  le  contre- point,  il  a  publié  pour  son 
instrument  un  certain  nombre  de  compositions, 
entre  autres  un  recueil  intitulé  Sei  Fogli  d'al- 
bum, op.  13,  Milan,  Ricordi. 

ALBANO,  norn  d'une  famille  assez  nom- 
breuse de  musiciens  napolitains.  Le  premier, 
Michèle  Albano,  chanteur,  avait  étudié  son  art 
au  Conservatoire  de  la  Pietà  dei  Turchini.  — 
Son  fils  aîné,  Giuseppe  Albano,  né  à  Naples  le  26 
décembre  1813,  étudia  d'abord  le  chant  avec 
Mosé  Tarquinio,  castrat  de  la  chapelle  Palatine, 
qui  avait  été  le  condisciple  de  son  père,  puis  tra- 
vailla la  llùte  avec  Belpasso,  Sergio  Nigri  et  Giu- 
seppe Capecelatro,  et  devint  première  flûte  au  théâ- 
tre San-Carlo,  puis  au  théâtre  du  Fondo,  d'où  il 
revint  au  San-Carlo,  où  il  se  trouve  encore  au- 
jourd'hui. 11  a  publié  dans  sa  jeunesse  quelques 
compositions  pour  son  instrument.  —  Le  frère 
de  cet  artiste,  M.  Vincenzo  Albano,  né  à  Naples 
le  22  juin  1S23,  fut  son  élève  pour  la  fiùte,  puis, 
à  l'âge  de  17  ans,  abandonna  cet  instrument 
pour  la  harpe,  qu'il  étudia  avec  la  signora  Va- 
lérie, et  qu'il  enseigne  depuis  longues  années, 
après  avoir  fait  partie  de  divers  orchestres.  On 
lui  doit  la  publication  d'un  grand  nombre  d'œu- 
vres  pour  cet  instrument.  —  M.  Michèle  Albano, 
fils  de  M.  Giuseppe  Albano,  né  à  Naples  le  20 
mars  18'il,  est  élève  de  son  oncle  Vincenzo 
pour  la  harpe,  et  tint  l'emploi  de  premier  har- 
piste au  théâtre  San-Carlo,  de  1860  à  1866.  Il 
entreprit  alors  un  long  voyage,  se  fit  entendre  à 
Paris,  à  Londres,  à  New-York,  où  il  resta  plu- 
sieurs années,  revint  à  Naples  en  1872,  passa 
ensuite  quelque  temps  à  Salerne,  puis  à  Milan 
et  à  Plaisance ,  et  est  aujourd'hui  à  Buenos- 
Ayres.  Il  a  publié  aussi  un  assez  grand  nombre 
de  morceaux  pour  la  harpe.  —  Enfin,  M.  Fran- 
cesco  Albano,  frère  de  ce  dernier,  né  à  Naples  le 
20  octobre  1853,  élève  de  son  père  pour  la  flûte 
et  de  M.  B.  Cesi  pour  le  piano,  se  consacre  à 
l'enseignement. 

ALBERli\I  (Nicola),  musicien  italien,  a 
fait  la  musique  de  Don  Saverio,  opéra  semi-sé- 
rieuxen  trois  actes,  paroles  du  comte  César  Cer- 
roni,  de  Rome,  représenté  en  cette  capitale  au 
mois  d'août  1875  avec  un  certain  succès. 

J.  DE  F. 

ALBERT  ( ),  fut  l'un  des  chanteurs  les 

plus  estimés  de  l'Opéra  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Il  entra  à  ce  théâtre  en 
1734,  le  quitta  au  mois  de  novembre  1736  pour 
aller  passer  une  saison  à  Lyon,  y  revint  en 
1737,  et  prit  sa  retraite  en  1751,  avec  une  pen- 
sion de  1,000  livres.  A  partir  de  ce  moment,  il 
occupa  un  emploi  dans  l'administration  de  l'O- 
péra. Albert  créa  certains  rôles  importants  dans 


10 


ALBERT  -  ALDAY 


Castor  et  Poli  ut,  Zoïde,  reine  de  Grenade, 
Dardanns,  Nifé/is ,  le  Temple  de  Gnide,  les 
Amours  de  Racjonde,  Jsbé,  Don  Qiiicholle 
chez  la  Duchesse,  les  Caractcres  de  la  Folie, 
Zélindor,  Zaïs,  le  Carnaoal  du  Parnasse, 
Léandre  et  Héro,  etc.  On  trouve  les  vers  sui- 
vants sur  cet  artiste  dans  le  Calendrier  histo- 
rique des  théâtres  pour  1751  : 

Albert,  par  son  chant  plein  de  griccs. 
S'il  n'efface  point  ses  rlvaus. 
Par  des  chemins  toujours  nouvcaut 
Il  marche  du  moins  sur  leurs  traces. 

Devenu  contrôleur  à  l'ampliithëûtre  de  TOpéi-a, 
Albert  vivait  encore  en  1775. 

ALBERT  (Émii.e),  pianiste  distingué  et  com- 
positeur, né  à  Montpellier  en  1823,  a  publié  pour  le 
piano  une  cinquantaine  de  morceaux  de  genre 
d'une  facture  soignée  et  d'une  aimable  inspiration. 
Il  avait  écrit  aussi  plusieurs  œuvres  plus  impor- 
tantes et  d'un  caractère  plus  élevé,  des  sympho- 
nies, des  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
des  sonates  pour  piano  et  violon,  mais  je  crois 
que  rien  de  tout  cela  n'a  vu  le  jour.  Pendant 
longues  années  il  chercha  à  se  produire  à  la 
scène,  sans  pouvoir  réussir  même  à  forcer  les 
portes  des  théâtres  secondaires;  il  avait  fini 
pourtant  par  faire  recevoir  aux  Folies-Nouvelles, 
en  18;")8,  une  opérette  en  un  acte,  qui,  après 
avoir  été  répétée  pendant  plusieurs  semaines, 
ne  fut  jamais  jouée;  enfin,  il  parvint  à  faire  re- 
présenter au  théâtre  Saint-Germain,  aujourd'hui 
Ihéûtre  Ciuny,  un  autre  petit  ouvrage  en  un  acte, 
les  Petits  du  premier  (décembre  18G4),  qui 
fut  repris  au  mois  de  mars  suivant  sur  celiu'  des 
Bouffes-Parisiens.  Las,  découragé  de  l'inutilité 
de  ses  efforts,  cet  artiste  intelligent,  dont  l'am- 
bition I<*gitime  ne  trouvait  aucune  issue,  et  dont 
la  santé  était  délicate,  se  voyait  déjà,  à  cette 
époque,  atteint  d'une  grave  affection  de  poitrine. 
Obligé  de  se  rendre  dans  le  Midi  pour  essayer 
d'y  rétablir  ses  forces,  il  se  fixa  à  Bagnères-de- 
Bigorre;  il  y  était  à  peine  depuis  quelques  mois, 
et  s'occupait  de  la  représentation,  sur  le  théâ- 
tre de  celte  ville,  d'un  petit  opéra  intitulé  Jean 
le  Fol,  lorsqu'il  fut  frappé  par  la  mort,  au  mois 
d'aoïM  186.5. 

ALBERTI  (C\nLo) ,  compositeur  drama- 
tique, né  en  1848  ou  1849,  a  fait  ses  débuts  en 
donnant  au  théâtre  des  Fiorentini,  de  ISaples, 
dont  son  père  était  directeur,  un  opéra  intitulé 
Armando  e  Maria,  qui  fut  bien  accueilli.  Cet 
ouvrage  (it  son  apparition  au  mois  de  mai  IRno, 
l'auteur  étant  âgé  de  vingt  ans  environ.  En  fé- 
vrier 1872,  M.  Carlo  Allierti  a  fait  représenter 
au  Politeama ,  de  la  même  ville ,  son  second 
opéra,  Oreste. 


ALBIIM  (Francesco-M.\ria),  compositeur 
italien,  est  l'auteur  d'un  opéia bouffe,  un  Giorno 
di  quarantena ,  représenté  au  théâtre  Conta- 
valli,  de  Bologne,  le  6  mars  1806.  Cet  artiste  a 
écrit  la  musique  d'un  autre  ouvrage  intitulé 
Lambcrto  Malatcsta,  mais  je  ne  crois  pas  que 
celui-ci  ait  encore  été  représenté. 

*ALBOI\I  (Marietta).  Nous  allons  complé- 
ter rapidement  l'histoire  de  la  carrière  de  celte 
célèbre  et  admirable  cantatrice.'  —  Lorsque, 
après  avoir  fait  une  première  apparition  à 
l'Opéra,  M""^  Alboni  eut  été  parcourir  triom- 
phalement l'Amérique,  elle  rentra  au  Théâtre-Ita- 
lien de  Paris  pour  y  jouer  la  Aina  de  Coppola, 
puis  reparut  à  l'Opéra,  où  elle  créa  en  1854  (et 
qon  en  1851)  Zerline  ou  la  Corbeille  d'oran- 
ges, d'Auber.  Elle  chanta  ensuite  à  Lisbonne,  à 
Barcelone,  à  Londres,  à  Rouen,  puis  fut  attachée 
de  nouveau,  pendant  plusieurs  années,  à  notre 
Théâtre-Italien ,  en  même  temps  qu'elle  faisait 
les  saisons  d'été  à  Londres;  c'est  alors  qu'elle 
chanta  à  Paris  Eigoletio,  il  Giuramento,  Maria, 
un  Ballo  in  Maschera,  Cosi  fan  tutte,  etc. 
Vers  1863,  au  plus  fort  de  ses  succès,  elle  ré- 
solut de  se  retirer,  de  quitter  à  jamais  la  scène, 
et  aucune  instance  ne  put  la  faire  revenir  sur 
cette  décision.  Cependant,  en  1869,  après  la 
mort  de  Rossini,  M"""  Alboni  consentit  à  repa- 
raître sur  la  scène  du  Théâtre-Italien  pour  faire 
entendre  la  «  Petite  messe  solennelle  »  du  maî- 
tre qui  avait  été  son  gnide  et  son  ami,  et  fut 
engagée  par  M.  Slrakosch  pour  coopérer  aux 
exécutions  de  cette  œuvre  admirable  qui  étaient 
organisées  par  lui  à  l'étranger.  Depuis  lors, 
M'""  Alboni,  définitivement  fixée  à  Paris,  n'a 
pas  quitté  sa  îetraite,  et  son  incomparable  talent 
n'est  plus,  pour  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  de 
l'entendre ,  qu'un  merveilleux  souvenir.  —  On 
a  publié  sur  cette  célèbre  artiste  :  Marietla  Al- 
boni,  célèbre  contralto,  biographie,  par  M""' 
Élisa  Aciocque,  suivie  d'une  notice  sur  Fanny 
Cerrito,  ornée  du  portrait  de  M""  Alboni  (Paris, 
Moquet,  18^8,  in-12  de  26  pp.). 

*ALDAY  ( ).    C'est  à   l'un  des  deux 

frères  ainsi  nommés,  tous  deux  violonistes, 
qu'est  due  la  musique  d'un  ouvrage  lyrique  en 
troisactes,  Geneviève  de  Brabant,  donnésousie 
nom  d'.Alday,  au  théâtre  Louvois,  en  1791.  Un 
annaliste  du  temps  disait  à  ce  sujet  :  «  M.  Alday  a 
un  grand  talent  pour  l'archet;  mais  il  ne  connaît 
pas  as.sez  la  scène  pour  composer  des  opéras.  » 

Celui  des  deux  frères  qui  était  allé  s'établir  à 
Lyon  eut  un  fils,  qui  plus  tard  se  (it  une  grande 
réputation  comme  professeur  en  cette  ville  et  de- 
vint violon-solo  au  Grand-Théâtre.  Celui-ci  eut 
lui-même  un  fils  violoniste,  mais  qui  ne  conti- 


ALDAY 


ALLEAUMES 


i\ 


nua  que  rnérliocremenl  les  traditions  de  sa  fa- 
mille; il  était,  en  1800,  attaché  à  l'orchestre  de 
l'Opéra-Comique. 

ALDRED  ( ),  luthier  anglais  du  sei- 
zième siècle,  fut  un  des  premiers  fabricants  de 
violes  d'Angleterre,  et  jouissait  d'une  grande  ré- 
putation dans  son  pays  vers  l'an  1560. 

ALEIX  (Ramon),  compositeur  de  musique 
religieuse,  fut  pendant  vingt  ans  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  de  Santa-Maria  del  Mar,  à  Bar- 
celone, et  écrivit,  pour  l'usage  de  cette  chapelle, 
un  certain  nombre  de  compositions.  On  ignore 
le  lieu  et  la  date  de  naissance  de  cet  artiste, 
qui  mourut  le  1"  mai  1850,  dans  un  âge  avancé. 

ALESSIO  ( D'),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  au  Politeama,  de  Naples,  dans 
les  premiers  mois  de  1875,  deux  opéras  bouffes, 
dont  l'un  intitulé  Elena  in  Troja,  l'autre,  le 
Figlie  di  Binnca. 

*  ALEXAIVDRE  (  Ciurles^Guillaume)  , 
violoniste  et  compositeur.  —  Je  crois  que  l'au- 
teur de  la  Biograpliie  universelle  des  Musi- 
ciens a  été  trompé  par  de  faux  renseignements 
lorsqu'il  a  dit  que  cet  artiste  avait  fait  recevoir 
à  l'Opéra,  sans  les  y  pouvoir  faire  jouer,  les  deux 
ouvrages  intitulés  le  Triomphe  de  Vamour 
conjugal  et  la  Conquête  du  Mogol.  Ces  deux 
ouvrages  n'étaient  point  des  productions  lyri- 
ques, ne  convenaient  nullement  à  l'Opéra  et  ne 
furent  point  écrits  pour  lui  :  c'étaient  deux 
pièces  à  machines,  imaginées  par  le  fameux  mé- 
canicien théâtral  Servandoni,  accompagnées  d'une 
musique  descriptive  écrite  par  Alexandre,  et  qui 
furent  représentées  dans  la  grande  salle  des  Tui- 
leries. Dans  son  recueil  chronologique  :  Opéras, 
ballets  et  autres  ouvrages  lyriques,  le  duc  de 
la  Vallière  donne  ainsi  les  titres  de  ces  deux  piè- 
ces, qui,  je  l'ai  dit,  n'étaient  nullement  lyriques  : 
1"  Le  Triomphe  de  r Amour  co7ijugal,  ori  l'His- 
toire d'Admcte  et  d'Alceste,  spectacle  orné  de 
machines,  animé  d'acteurs  pantomimes  et  accom- 
pagné d'une  musique  quiiexprime  les  différentes 
actions,  représenté  sur  le  grand  théâtre  du  palais 
des  Thuilleries  le  16  mars  (1755);  l'invention  est 
du  S"'  Servandoni,  la  musique  du  S""  Alexandre; 
2°  La  Conquête  du  Mogol  par  Thomas  Kouli- 
lian,  roi  de  Perse,  et  son  triomphe ,  spectacle 
de  l'invention  du  S''  Servandoni,  musique  du 
Sf  Alexandre ,  représentée  (sic)  sur  le  théâtre 
du  palais  des  Thuilleries  le  4  avril  (1756). 

ALEXANDRE  père  et  fds,  facteurs  d'har- 
moniums, se  sont  fait  une  réputation  assez  ra- 
pide dans  la  falmcation  des  orgues  de  salon, 
auxquels  ils  avaient  donné  le  nom  (Vorgues 
Alexandre,  et  surtout  par  le  bas  prix  auquel  ils 
donnaient  une  certaine  catégorie  de  ces  instru- 


ments, baptisés  dans  le  commerce  :  orgues  à 
cent  francs.  Alexandre  père  fondait  en  1829 
un  établissement  qui  prenait  bientôt  une 
grande  extension,  et  plus  tard  lui  et  son  fds  se 
rendaient  acquéreurs  des  procédés  brevetés  de 
M.  Martin  (de  Provins),  relatifs  à  un  nouveau 
système  de  percussion  des  orgues.  La  maison 
Alexandre,  après  avoir  sacrifié  des  sommes  con- 
sidérables pour  employer  et  répandre  ces  pro- 
cédés, prit  part  à  l'Exposition  universelle  de 
1S55,  et  obtint  une  médaille  d'honneur.  En 
1858,  MM.  Alexandre  fondèrent  à  Ivry,  près 
de  Paris,  une  usine  modèle,  qui  devint  le  centre 
d'une  colonie  ouvrière ,  mais  des  spécula- 
tions étrangères  à  leur  industrie  vinrent  por- 
ter un  coup  fatal  à  celle-ci.  M.  Alexandre  fils, 
qui  avait  été  décoré  en  1860,  luttait  contre  la 
mauvaise  fortune  lorsqu'il  mourut,  il  y  a  quel- 
ques années.  La  femme  de  celui-ci  (M"'-"  Char- 
lotte Dreyfus)  s'est  fait  depuis  longtemps  remar- 
quer par  son  talent  délicat  et  distingué  sur  l'har- 
monium. M.  Jacob  Alexandre  père  est  mort  à 
Paris  le  11  juin  1876. 

On  a  publié,  sous  le  nom  d'Alexandre,  une 
Méthode  pour  Vaccordéon  (Paris,  I8'i0),  et 
une  Notice  sur  les  orgues  mélodium  d^A- 
lexandre  et  fils,  inventeurs  (Paris,  1844). 

*ALFIERI  (l'abbé  PiF.ni'.E).  On  doit  à  ce  sa- 
vant musicien  la  publication  d'un  choix  considé- 
rable de  compositions  sacrées  de  Palestrina,  mi- 
ses en  notation  moderne  (Rome,  Sprilhover,  7 
vol.  in- f"),  un  ouvrage  intitulé  Prodromo  suUa 
restaurazione  de'  libri,  di  canto  ecclesiastico 
detto  gregoriano  (Rome,  Monaldi,  1857),  et  un 
opuscule  biographique  sur  le  célèbre  composi- 
teur Jommelli  :  Notizie  biografiche  di  Nicolo 
JommelU  (Rome,  1845,  in-S").  L'abbé  Alfieri  a 
donné  à  la  Gazzetta  musicale  de  Milan  un  cer- 
tain nombre  d'articles  biographiques  intéressants 
sur  divers  musiciens  italiens,  et  il  avait  préparé 
une  collection  de  toutes  les  hymnes  de  l'église 
catholique,  traduites  en  notation  moderne  et  me- 
surées, avec  accompagnement  d'orgue;  malheu- 
reusement, ses  ressources  ne  lui  permirent  pas 
de  livrer  au  public  ce  travail  utile  et  important. 
Comme  compositeur,  ii  s'est  fait  connaître  par  la 
publication  de  quelques  morceaux  de  chant  re- 
ligieux, à  voix  seule,  qui  ne  sont  point  sans  mé- 
rite. Cet  artiste  estimable  et  laborieux  est  mort 
fou,  il  y  a  quelques  années. 

*  ALIX  (l'abbé  Célestp:)  est  auteur  d'un 
Cours  complet  de  chant  ecclésiastique  (Paris, 
1853,  in-S").  On  lui  doit  aussi  un  Recueil  de  15 
Motets,  avec  accompagnement  d'orgue  ou  d'har- 
monium (Paris,  Repos).' 

ALLEAUMES  (MoRiTz),violonisteallemand 


12 


ALLEAUMES  —  ALPHONSE 


et  composilenr  pour  son  instrument,  naquit 
dans  les  dernières  années  du  dix-liuitième  siècle. 
Longtemps  attaché  à  la  cour  de  Bavière,  il  fit 
en  1835  un  voyage  à  travers  l'Allemagne,  qui 
lui  valut  une  grande  réputation.  On  ignore  jla 
date  de  sa  mort,  aussi  bien  que  celle  de  sa  nais- 
sance. Y. 

ALLU  ( ),  compositeur  espagnol  con- 
temporain, a  écrit,  en  société  avec  MM.  Cepeda 
et  Oudrid ,  la  musique  d'un  drame  en  trois  actes 
intitulé  Dalila,  et,  seul,  celle  d'une  sarsueZa 
représentée  sous  le  titre  de  la  Cola  del  Diablo. 

ALMAGRO  (Antomo-Lopez),  pianiste  et 
compositeur  espagnol,  né  à  Murcie  le  17  sep- 
tembre 1839,  s'est  fait  connaître  par  la  publica- 
tion d'un  certain  nombre  de  compositions  pour 
le  piano.  11  est  aussi  l'auteur  d'une  Nouvelle 
Méthode  complète  d'harmonmm,  orgue  ex- 
pressif ou  viélodium,  Madrid,  Romero  y  An- 
dia.  Cet  artiste  a  fait  ses  débuts  de  compositeur 
dramatique  en  faisant  représenter  au  mois  d'oc- 
tobre 1875,  sur  le  théâtre  de  la  Zarzuela,  de 
Madrid ,  une  zarzuela  en  trois  actes  intitulée 
el  Hidalguillo  de  Fonda, 

*  ALMEIDA  (Antonio  de).  Je  crois  que  Fétis 
s'est  trompé  en  disant  (t.  I,  p.  75),  que  Almeidaa 
composé  la  musique  d'un  oratorio  :  la  Humana 
sarça  abrazada,  elGran  Martyrs.  Laurentio. 
(Coimbre,  1556,  in-4'',  chez  Tbomé  Carvalho.) 
Barbosa  Machado ,  où  Fétis  a  puisé  ses  rensei- 
gnements, parle  de  son  talent  de  poêle  comique 
(poêla  comico)  et  cite  à  l'appui  de  son  dire 
l'ouvrage  ci-dessus.  Il  se  peut  que  Ainieida 
ait  été ,  en  même  temps  que  l'auteur  des  pa- 
roles, celui  de  la  musique ,  mais  je  ne  saurais 
le  garantir.  Les  renseignements  de  Fétis  sur 
les  autres  compositeurs  portugais  de  ce  nom 
ne  sont  pas  tous  exacts.  Fr.  Fernando  de  Al- 
MEiDA  fit  profession  en  1638  au  couvent  de 
Tbomar,  de  l'Ordre  du  Christ  (Fétis  dit  1636,  au 
couvent  de  Saint-Thomas),  appartenant  à  la  ville 
du  même  nom.  Il  mourut  dans  son  couvent  (et 
non  à  Lisbonne),  où  on  gardait  encore  la  majeure 
partie  de  ses  compositions  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle.  —  Les  quatuors  de  CarlosFran- 
cisco  de  Almeida,  publiés  chez  Pleyel,  portent 
probablement  la  date  de  1798,  car  la  Gazette 
musicale  de  Leipzig  en  parle  dans  son  l"^""  vo- 
lume (1798,  p.  555)  avec  éloges.  Le  titre  en  est  : 
Six  Quatuors  pour  deux  Violons,  Alto  et 
Basse,  par  C.  F.  Almeyda,  au  service  du  roi 
d'Espagne,  Op.  2.  Premier  livre,  à  Pari?,  chez 
Pleyel,  auteur,  etc.  Prix  7  livr.  10  s. 

J.  DE  V. 

ALMENR^DER  (Charles),  bassoniste, 
compositeur  et  facteur  d'instruments,  naquit  le 


à  octobre  1786  à  Ronsdorf,  près  d'Elberfeld. 
Parmi  ses  compositions,  on  cite  quatre  concertos 
pour  basson  et  un  grand  nombre  de  fantaisies 
pour  musique  militaire.  Depuis  1822  jusqu'à  sa 
mort,  survenue  le  13  septembre  18i3,  il  a  été 
placé  à  la  tête  de  la  fabrique  d'instruments  de 
la  maison  Schott,  deMayence.  On  doit  à  Almen- 
rœder  plusieurs  perfectionnements  dans  la  cons- 
truction du  basson. 

Y. 

ALMERI  (GtOYANNi-PAOLo),  musicien  ita- 
lien du  dix-septième  siècle,  fut  maître  de  cha- 
pelle de  Boccapaduli,  nonce  du  pape  à  Venise.  Il 
a  publié  en  cette  ville  (Gardano,  1654)  un  recueil 
de  Motetti  a  voce  sola, 

ALOYSIO  (Antonio),  musicien  italien,  est 
l'auteur  d'un  nouveau  système  de  notation  mu- 
sicale', qui  renverse  de  fond  en  comble  le  sys- 
tème usuel  en  supprimant  tout  d'abord  la  portée 
et  l'armure  de  la  clef.  Il  a  expliqué  son  système 
dans  l'écrit  suivant  :  l^uovo  Sistema  di  nota- 
zione  musicale,  che  tende  a  facilitare  la 
lettura,  la  esecuzione  e  la  sfampa  delta  mu- 
sica  a  tipi  vwbili  (Venise,  Cecchini,  1872, 
in^o  de  18  pp.,  avec  planches).  Aloysio  avait 
aussi  inventé  toute  une  famille  d'instruments 
qu'il  appelait  métallicordes  et  qui,  en  somme, 
n'étaient  autre  chose  que  nos  instruments  ordi- 
naires à  archet,  un  peu  modifiés  dans  leur  forme 
et  construits  d'après  le  principe  de  la  viole  d'a- 
mour, c'est-à-dire  avec  un  jeu  de  cordes  métal- 
liques venant  renforcer  celui  des  cordes  de  boyau. 
Kn  obtenant  de  ses  instruments  un  volume  de 
son  plus  considérable,  il  avait  pour  but  de  di- 
minuer le  nombre  des  musiciens  d'un  orchestre, 
et  il  affirmait  qu'un  métallicorde  soprano  éga- 
lait en  puissance  quatre  violons  ordinaires.  Aloy- 
sio, qui  avait  consacré  trente  ans  de  sa  vie  en 
essais,  en  tâtonnements  et  en  perfectionnements 
de  toutes  sortes,  n'avait  pas  obtenu,  sous  le  rap- 
port de  la  qualité  du  son,  des  résultats  aussi  .satis- 
faisants qu'en  ce  qui  concerne  la  quantité  ;  bien 
loin  de  là.  Cet  arti.ste  est  mort  à  Venise,  le  20 
septembre  1874,  à  l'âge  de  58  ans.  Son  frère, 
M.  Giuseppc  Aloysio,  musicien  aussi,  s'occupe, 
depuis  lors,  de  la  facture  et  du  perfectionnement 
des  métallicordes,  pour  lesquels  un  brevet  a  été 
obtenu.  Ces  instruments  sont  d'ailleurs  d'un 
prix  élevé,  et  on  ne  les  vend  pas  moins  de  300  à 
500  francs. 

ALPHONSE  X,  roi  de  Castille  et  de  Léon, 
surnommé  le  Sage  en  raison  des  grandes  connais- 
sances qu'il  sut  acquérir  dans  les  sciences,  dans 
les  arts  et  dans  les  lettres ,  élevé  au  trône  en 
1252,  mort  en  1284,  se  fit  la  renommée  d'un  ha- 
bile musicien  pour  les  nombreux  cantiques  qu'il 


ALPHONSE  —  AMADEI 


13 


composa,  et  dont  on  trouve  encore  des  copies 
dans  la  bibliotlièque  du  palais  de  l'Escurial  et 
dans  celle  de  l'église  de  Tolède.  C'est  à  ce  prince 
qu'on  doit  la  création,  à  l'université  de  Salaman- 
que,  de  la  première  chaire  musicale  qui  ait  été 
établie  en  Europe. 

ALPHOIVSE  DEL  CASTILLO,  docteur 
de  l'Université  de  Saiamanque  ,  né  au  quinzième 
siècle,  a  publié  un  traité  intitulé  i'/lri  du  plain- 
chant,  Saiamanque,  1505,  in-4°. 

ALSLEBi£I\  (Jules),  pianiste,  compositeur 
et  écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Berlin  le  24 
mars  1832.  Quoique  destiné  à  la  musique  dès 
son  enfance,  il  lit  des  études  universitaires 
très-complètes.  Après  avoir  obtenu  le  grade  de 
docteur  en  philosophie,  Âlsleben  s'adonna  pen- 
dant quelque  temps  à  l'étude  des  langues  orien- 
tales ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  revenir  à  son  art 
favori,  et  se  fit  bientôt  connaître  dans  les  con- 
certs comme  virtuose-pianiste.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs compositions  pour  le  chant  et  pour  le 
piano,  ainsi  qu'une  histoire  de  la  musique,  qui 
n'est  autre  que  le  recueil  de  conférences  faites 
antérieurement  par  lui.  Alsleben  a  contribué 
pour  une  forte  part  à  la  fondation  de  la  Société 
des  compositeurs  de  Berlin,  dont  il  est  aujour- 
d'hui le  président. 

Y. 

ALSTEDT  (Jean-Henri),  savant  mathéma- 
ticien et  acousticien,  est  né  à  Herborn  en  1588. 
On  a  de  lui  deux  ouvrages  intéressant  la  musi- 
que :  r  Admirandorum  mathematicorum  li- 
bri  IX  (Herborn,  1613),  dont  le  livre  YII,  consa- 
cré à  l'art  des  sons,  traite  :  a)  de  Cantus  natura 
ùi  génère,  b)  de  Cantus  natura  in  specie,  c),  de 
Contrapiincto,  d)  de  Musica  instrumentait  ; 
T  Elementalemathematicum{FTaindort,  16!  1), 
qui  renferme  un  elementale  musicum  traitant  : 
a)  de  Musica  simplicl,  b)  de  Musica  harmo- 
nica. Y. 

ALT  (Philippe-Samuel),  organiste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Weimar,  le  16  janvier  1689,  et 
mena  de  front  la  culture  de  la  musique  et  la  ju- 
risprudence. Après  avoir  terminé  ses  études  de 
droit  à  l'université  d'Iéna,  il  revint  dans  sa  ville 
natale,  où  il  fut  nommé  avocat  de  la  couret  or- 
ganiste de  l'église  Saint-Jacques.  Dans  les  loisirs 
que  lui  laissaient  ses  doubles  fonctions,  il  se  li- 
vrait à  la  composition.  Ses  manuscrits,  qui  ne 
sont  pas  sans  valeur,  paraît-il,  sont  aujourd'hui 
à  la  bibliothèque  grand-ducale  de  \Veimar. 
Alt  est  mort  en  1750. 

Y. 

*  ALTÈS  (Joseph-Henry),  flûtiste  et  com- 
positeur. Cet  artiste,  qui  fait  encore  aujourd'hui 
partie  de  l'orchestre  de  l'Opéra,  a  été  appelé,  au 


mois  de  novembre  1868,  à  succéder  à  M.  Dorus 
comme  professeur  de  flûte  au  Conservatoire.  Les 
compositions  publiées  par  lui  s'élèvent  au  chiffre 
de  quarante  environ,  parmi  lesquelles  un  certain 
nombre  de  transcriptions  et  de  fantaisies  sur  des 
motifs  d'opéras  célèbres. 

*  ALTES  (Ernest-Eugène),  violoniste,  frère 
du  précédent.  Depuis  plusieurs  années,  cet  ar- 
tiste, qui  est  attaché  comme  premier  violon  à 
l'orcliestre  de  la  Société  des  Concerts  du  conser- 
vatoire, est  devenu  second  chef  de  celui  de  l'O- 
péra. 11  a  publié  quelques  fantaisies  pour  le 
violon,  avec  accompagnement  de  piano. 

ALVARO  (...),  compositeur  portugais,  vécut 
vers  le  milieu  du  quinzième  siècle.  Il  dédia  au 
roi  D.  Alfonso  V  un  Officio  en  plain-chant,  qui 
célébrait  la  conquête  de  Arzilla  (1472)  :  Ves- 
perœ,  Matutinum  et  Laudes  cum  Anti- 
phonis  et  figuris  musicis  de  inclyta  ac  mira- 
culosa  Victoria  in  Africa  parle  ad  Arzillam. 
Le  manuscrit  original  de  cet  ouvrage  existait 
dans  la  bibliothèque  du  célèbre  lufant  D.  Pedro, 
qui  péril  à  Alfarrobeira.  On  n'a  pas  d'autres  ren- 
seignements sur  ce  compositeur. 

J.  DE  V. 

ALVERA  (Andréa),  écrivain  italien,  est 
l'auteur  d'un  recueil  intéressant  publié  sous  ce 
tUrc  :  Canti  popolari  tradizionali  Vicentini, 
colla  lora  musica  originaria  a  pianoforle, 
raccoUi  e  annotati  da  Andréa  Alverà  (Vicence, 
Longo,  1844). 

AMADÉ  (Ladislas,  baron  von),  né  à  Kas- 
cliau,  en  Hongrie,  le  12  mars  1703,  est  l'auteur 
d'un  grand  nombre  de  chansons  nationales  hon- 
groises dont  il  d  écrit  à  la  fois  les  paroles  et  la 
musique.  Il  est  mort  à  Felbar  le  22  décembie 
1764. 

Y. 

AMADÉ  (Thaddée,  comte  von),  pianiste  dis- 
tingué, naquit  à  Presbourg  le  10  janvier  1783. 
Comme  improvisateur,  Amadé  s'est  mesuré  avec 
J.-N.  Hummel,  dont  il  balança  longtemps  la  ré- 
putation. Il  a  eu  l'insigne  honneur  de  former  et 
de  révéler  au  monde  le  génie  musical  de  Franz 
Liszt.  Amadé  est  mort  à  Vienne  le.  17  mai 
1845. 

Y. 

AMADEI  (RoBERTo),  compositeur  et  orga- 
niste, né  à  Loreto,  dans  les  Marches,  le  29  no- 
vembre 1840,  a  commencé  l'étude  de  la  musique 
avec  son  père,  après  quoi  il  compléta  son  éduca- 
tion avec  le  maître  de  chapelle  de  Loreto,  Luigi 
Vecchiotti.  Celui-ci  étant  mort  en  1863  et  ayant 
eu  pour  successeur  M.  Amadei  père,  le  jeune 
Amadei  fut  nommé  organiste  et  succéda  bientôt 
lui-même  à  son  père,  qui  prit  sa  retraite.  Depuis 


14 


AMADEI  —  AMOUROUX 


lois,  et  tout  L'ii  excluant  ces  fondions,  il  s'est 
activemenl  livré  à  la  composition  et  à  renseigne- 
ment. Outre  un  grand  nombre  de  compositions 
religieuses,  parmi  lesquelles  ua  motet  à  8  par- 
lies  réelles,  en  style  rigoureux,  qui  a  été  cou- 
ronné à  l'un  des  concours  de  l'Institut  musical 
de  Florence ,  il  a  publié  de  nombreux  mor- 
ceaux de  piano  et  de  chant.  On  lui  doit  aussi 
deux  opéras  sérieux,  l'un,  Luchino  Visconti,  en 
3  actes,  représentéàLugo  (1809),  l'autre,  Bianca 
de'  Jiossi,  joué  à  Bari.  Il  a  en  porteleuille  un 
opéra-comique  intitulé  il  BaccheCione. 

AMAIXTIUS  (B.vKTuoLOMii),  né  àLandsberg 
(Bavièie),  vers  1500,  et  mort  en  1355,  est  l'au- 
teur d'une  liistoire  de  la  musique  que  l'on  trouve 
dans  son  grand  ouvrage  intitulé  :  Flores  celebrio- 
rum  sententiarum  (Dilingà,  1556,  in-folio). 

Y. 

*  AiVlAT  (Paul-Léopold),  compositeur  de 
romances,  né  à  Toulouse  en  1814,  vint  à  Paris 
vers  1815,  et  commença  aussitôt  à  s'y  faire  con- 
naître en  publiant  un  assez  grand  nombre  de 
romances,  mélodies,  nocturnes,  chansonnetlcs, 
dont  quelques-unes  étaient  accueillies  dans  les 
salons  avec  une  faveur  marquée.  En  1850,  Amat 
se  rendit  à  Alger,  où  il  fonda  une  maison  de  com- 
merce de  musique  ;  cette  entreprise  n'ayant  pas 
réussi  au  gré  de  ses  désirs,  il  revint  à  Paris,  ob- 
tint la  direction  du  petit  théâtre  Beaumarchais  en 
1856,  mais  ne  put  donner  suite  à  cette  affaire, 
faute  des  fonds  nécessaires  à  l'exploitation.  11 
continua  alors  de  se  livrer  à  la  composition. 

Outre  les  nombreuses  mélodies  vocales  qu'il  a 
publiées,  et  parmi  lesquelles  on  cite  particulière- 
ment la  Feuille  et  le  Serment,  Tu  m'oublie- 
ras, la  Fleur  fanée,  le  Page  et  la  Bachelette, 
l'Étoile,  Blonds  Chérubins,  Où  vas-tu,  petit 
oiseau?  etc.,  Amat  a  donné  aux  Bouffes-Pari- 
siens, le  19  janvier  1856,  une  opérette  en  un 
acte,  intitulée  Élodie  ou  le  Forfait  nocturne. 
11  a  fait  exécuter  aussi  au  Vaudeville,  le  13  juin 
1860,  à  la  suite  de  la  réunion  de  la  Savoie  et  du 
comté  de  Nice  à  la  France,  une  cantate  politi- 
que :  le  Chant  des  Niçois,  qui  lui  valut  la  déco- 
ration de  la  Légion  d'honneur.  Amat  est  mort  à 
JNice,  le  31  octobre  1872. 

*  AMBROS(Ai]gcste-Gl'/llalime).  Dans  une 
autobiographie  encore  inédite,  dont  nous  trou- 
vons un  court  extrait  dans  le  dictionnaire  de 
Mendel  :  Musikalisches  Conversations- Lexi- 
con,  nous  lisons  cette  phrase  :  «  Il  est  assez 
singulier  de  remarquer  que  Fétis  parle  avec  dé- 
tail de  mes  compositions  musicales  et  ne  souflle 
mot  de  mes  travaux  historiques  ,  tandis  qu'en 
Allemagne  on  ne  connaît  guère  que  mes  travaux 
historiques  et  pas  du  tout  mes  compositions.  »  | 


L'observation!  est  juste.  Le  véritable  mérite 
d'Ambros  est  bien  plutôt  dans  ses  écrits  ([ue 
dans  sa  musique,  qui  n'est  qu'un  rellet  de  celle 
de  Schumann.  Arnbros  a  publié  :  1"  Die  Grenzen 
der  Poésie  und  Musik  {les  Limites  de  la  poésie 
et  de  la  musique),  Prague,  1850  ;  2"  Die  3Iusi!c 
als  Culturmoment  in  der  Geschichte  {la  Mu- 
sique considérée  comme  élément  de  civilisa- 
tion dans  l'histoire);  3°  Culturhistorischen 
Bilder  {Tableaux  de  civilisation  historique), 
Leipzig,  Matthes  ;  4°  une  grande  Histoire  de  la  mu- 
sique, dont  la  publication  a  commencé  en  1801. 
Trois  volumesde  cetouvrageontparu  ;  on  annonce 
le  quatrième,  qui  terminera  l'histoire  du  dix-sep- 
tième siècle.  Ambros  a  été  nonmié  professeur  de 
tbéorie  et  d'histoire  de  la  musique  à  l'Université 
de  Prague,  au  mois  de  septembre  1869.  Depuis 
18/2,  il  a  passé  en  la  même  qualité  à  l'Univer- 
sité de  Vienne. 

Y. 

AMETLLER  (  le  Père  Mauro),  moine  de 
l'abbaye  de  Montserrat,  dans  la  Catalogne,  com- 
positeur dans  le  genre  religieux,  naquit  iiGérone 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
Doué  d'un  esprit  très-ouvert  et  d'une  intelligence 
active,  ce  religieux  se  lit  remarquer  à  la  fois 
comme  musicien  et  comme  naturaliste.  Sa  cel- 
lule était  comme  un  véritable  musée  d'histoire 
naturelle ,  dont  il  allait  chercher  lui-même  les 
éléments  dans  les  campagnes  et  sur  les  monta- 
gnes environnantes ,  et  qui  faisait  l'étonnement 
de  tous  les  étrangers  qui  visitaient  le  couvent. 
En  même  temps  il  se  distinguait  comme  com- 
positeur ,  et  on  lui  doit ,  sous  ce  rapport,  plu- 
sieurs hymmes  remarquables  à  quatre  voix, 
ainsi  que  divers  motets  à  deux  chœurs  avec 
accompagnement  d'orchestre.  Il  eut  l'idée  sin- 
gulière de  construire  lui-môme  un  piano  d'un 
nouveau  genre,  qu'il  a|)pelait  Veta-cordio,  et 
qui  affectait  la  forme  d'une  voile  de  navire.  Le 
roi  Charles  IV,  ayant  vu  cet  instrument  dans  sa 
cellule  pendant  une  visite  qu'il  faisait  au  cou- 
vent ,  voulut  récompenser  son  génie  inventif  en 
lui  faisant  une  pension  de  cinq  réaux  par  jour. 
On  croit  que  cet  instrument  étrange  est  conser- 
vé à  Barcelone. 

AMMERBACH  (Eusèbe),  célèbre  orga- 
niste du  commencement  du  seizième  siècle , 
était  attaché  à  la  cha[!elle  de  St-Ulrich  d'Augs- 
bourg,  dont  l'orgue  renommé  était  son  propre 
ouvrage.  Y. 

AMOUROUX  (Charles),  compositeur, 
organiste  de  la  cathédrale  de  Bordeaux,  s'est 
fait  connaître  par  plusieurs  œuvres  importantes 
produites  en  cette  ville.  Au  mois  de  novembre 
1805,  cet  artiste  faisait  entendre ,  dans  un  salon. 


AMOUROUX 

la  miisi(|ac  d'un  opéra  en  deux  actes,  la  Reine 
d'Ellore,  ou  Reine  et  Bergère  ;  le  28  mars  18G7, 
il  faisait  représenter  au  lliéâtre  du  Gymnase  un 
opéra-comique  en  un  acte  intitulé  :  Il  a  été 
perdu  un  Roi;  en  1872,  il  obtenait  une  troi- 
sième mention  honorable  au  concours  ouvert 
par  la  Société  de  Sainte-Cécile  de  Bordeaux  pour 
la  composition  d'un  Slabat  Mater;  et  enfin,  en 
1873,  il  faisait  exécuter  à  la  cathédrale  un  At- 
tende, Domine,  composition  fort  hnportanle 
pour  soli,  chœurs  et  orchestre. 

AMPERE  (Jean-Jacques-AiNTOine)  ,  écri- 
vain, membre  de  l'Institut,  né  à  Lyon  le  12 
août  1800,  est  mort  le  27  mars  1864.  Lorsqu'un 
décret  en  date  du  13  septembre  1852  prescrivit 
la  .formation  d'un  Recueil  des  poésies  populai- 
res de  la  France  et  en  confia  la  publication  au 
comité  de  la  langue,  de  l'histoire  et  des  arts  de 
la  France,  celui-ci  publia  d'abord  sous  ce  litre  : 
Instructions  relatives  aux  poésies  populaires 
de  la  France  (Paris,  Impr.  impériale,  1853, 
in-8°  de  64  p.),  une  brochure  substantielle  des- 
tinée à  faire  comprendre  le  but  qu'il  poursuivait, 
et  la  façon  dont  il  entendait  procéder  dans  le 
choix  des  poésies  qu'il  jugerait  dignes  d'intro- 
duire dans  le  recueil  projeté.  Une  note  de  cette 
brochure ,  dans  laquelle  il  est  longuement  parlé 
des  chansons  populaiires  de  la  France,  apprend 
au  lecteur  que  «  ces  Instructions  ont  été  rédi- 
gées par  M.  Ampère,  membre  du  comité  ». 

ANCESSY  (Joseph- Jacques-Augustin),  chef 
d'orchestre,  naquit  à  Paris  le  25  avril  1800.  Après 
avoir  été,  en  1846,  second  chef  d'orchestre  aux 
Spectacles-Concerts,  petit  théâtre  établi  dans  les 
sous-sols  du  bazar  Bonne-Nouvelle,  cet  artiste 
devint  chef-d'orchestrc  de  l'Odéon,  puis  du 
Théâtre-Français.  De  1855  à  1859,  il  fit  jouer  au 
gentil  théâtre  des  Folies-Nouvelles  les  trois  opé- 
rettes suivantes  :  T  Estelle  et  ISémorin  ;  2"  Jean 
et  Jeanne;  3°  un  Troc.  Il  a  publié  aussi,  chez 
l'éditeur  Meissonnier,  six  sonatines  pour  violon, 
avec  accompagnement  d'un  second  violon.  L'é- 
ducation musicale  d'Ancessy  était  nulle ,  et  ses 
productions  n'avaient  aucune  valeur.  Il  est  mort  à 
Paris,  pendant  le  siège  de  cette  ville ,  le  2  jan- 
vier 1871. 

*.AIXDER  ou  A1\DERL(Je\n),  composi- 
teur et  organiste ,  né  en  Bavière ,  est  mort  à 
Jamnitz  ,  en  Moravie,  le  19  août  1865,  à  l'âge 
de  soixante-dix-huit  ans.  J'ai  lieu  de  croire  que 
cet  artiste  est  le  même  que  celui  taentionné  sous 

ce  nom  :  Andert  (Q )  au  l*'"^  volume  de  la 

Biographie  universelle  des  Musiciens.  11  eut  un 
fils,  Aloys  Ander,  dont  il  fut  le  premier  maître, 
qui  devint  un  ténor  dramatique  fort  remarqua- 
ble) et  qui  était  le  chanteur  favori  des  Viennois: 


ANDREVI 


15 


Celui  ci,  devenu  presque  complètement  fou, 
mourut  quelques  mois  avant  son  père,  le  11  dé- 
cembre 1864,  à  Wartembcrg-les-Euux  ,  où  les 
médecins  l'avaient  envoyé  pour  lui  faire  recou- 
vrer la  raison  et  la  santé. 

*  AMDERS  (Godefroid-Engelberl),  est  mort 
à  Paris  le  22  septembre  1866.  Ce  littérateur  mu- 
sicien possédait  une  des  plus  belles  bibliothè- 
ques musicales  qui  se  puissent  réunir  ;  cette  ri- 
che collection  a  été  vendue,  à  sa  mort,  à  un  ama- 
teur russe  habitant  Paris.  On  assure  qu'Anders 
s'occupait,  depuis  longues  années,  de  deux  ou- 
vrages importants  :  une  Littérature  générale  de 
la  musique,  et  un  Dictionnaire  de  musique 
conçu  d'après  les  plans  de  Wallher,  et  conte- 
nant la  technologie  et  la  biographie.  Étant  don- 
nées ses  facultés  philologiques  et  sa  rare  connais- 
sance de  la  matière ,  nul  mieux  que  lui  n'eût  pu 
mener  à  bien  deux  projets  aussi  vastes,  mais  son 
état  de  santé,  et  surtout  son  incurable  paresse 
lui  interdisaient  une  tâche  semblable.  Ce  que  je 
crois  pouvoir  affirmer,  c'est  qu'Anders,  qui  pas- 
sait uniquement  son  temps  à  lire  et  à  prendre 
des  notes ,  n'a  pas  écrit  une  seule  ligne  des  deux 
ouvrages  en  question.  Cet  être  singulier  avait 
l'étrange  manie  de  tracer  ses  notes  personnelles 
en  caractères  hiéroglyphiques  que  lui  seul  pou- 
vait lire ,  de  telle  sorte  qu'à  sa  mort,  cet  unique 
fruit  de  ses  recherches  est  resté  stérile  et  inu- 
tile. 

AIXDOLFATI  (Andréa),  musicien  italien  , 
vivait  au  milieu  du  dix -huitième  siècle,  et  fit 
exécuter  à  Modène,  au  mois  de  février  1752, 
une  cantate  intitulée  la  Gloria  cd  il  Piacere. 

ANDRÉ  (le  d''  Jules  )  a  publié  une  biogra- 
phie de  Hippolyte  Duprat  (Marseille,  Barlatier, 
1873,  in-18  de  35  pp.)  Al.-R—d. 

*  ANDREOZZI  (Gaetano  ).  Dans  son  livre 
sur  les  musiciens  napolitains,  M.  Francesco  Flo- 
rimo  mentionne  les  opéras  suivants,  qui  doivent 
prendre  place  dans  le  catalogue  des  œuvres 
d'Andreozzi:  1°  Arsinoe,  opéra  sérieux  en  deux 
actes,  Naples,  th.  San-Carlo,  1795;  2°  Annida  e 
Rinaldo,\A.,  id.,  id.,  1802  ;  3»  Piramo  e  Tisbe, 
id.,  id.,  id.,  1803  ;  4"  il  Trionfo  d'Alessandro, 
opéra  sérieux,  id.,id.,  1803;  5°  il Finto  Cieco, 
Naples,  th.  Nuovo,  1791. 

*  ANDREVI  (François).  Dans  son  Diccio- 
nario  tecnico,  historico  y  biografico  de  la 
Musica,  M.  José  Parada  y  Barreto  fixe  la  date 
de  la  naissance  de  cet  artiste  distingué  au  16 
novembre  1786,  et  celle  de  sa  mort  au  23  novem- 
bre 1853.  Andrevi,  qui  était  prêtre,  fut  successi- 
vement maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Ségorbe,  de  l'église  de  Santa -Maria  del  Mar,  de 
Barcelone,   de    la  cathédrale    de  Valence,    de 


'i.,, 


16 


ANDREVI  —  ANGER 


celle  de  Sévilie,  et  enûn  devint  maître  de  la 
chapelle  royale.  Après  s'être  réfugié  à  Bordeaux, 
par  suite  des  événements  politiques  qui  aflli- 
geaient  son  pays,  et  y  avoir  occupé  aussi  les 
fonctions  de  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale ,  il  vint  se  fixer  à  Paris  en  1845 ,  et  enfin , 
en  1849,  retourna  en  Espagne,  et  devint,  à  Bar- 
celone, maître  de  chapelle  de  l'église  de  la  Merci 
et  directeur  de  Vescolanie  annexée  a  cette  cha- 
pelle. Parmi  les  œuvres  les  plus  importantes  de 
cet  artiste,  on  cite  surtout  un  oratorio,  le  Juge- 
ment dernier,  une  messe  des  morts;  écrite.' pour 
les  funérailles  du  roi  Ferdinand  VII ,  et  un 
Stabat  Mater  composé  pendant  son  séjour  à 
Bordeaux. 

ANDREZ  (Benoit),  graveur  de  musique  , 
qui  vivait  à  Liège  au  milieu  du  dix-huitième 
siècle ,  est  l'un  des  premiers  qui  aient  publié , 
dans  les  Pays-Bas,  un  recueil  périodique  de  musi- 
que. Celui  qu'il  mit  au  jour,  en  janvier  1758, 
portait  ce  titre  :  VÉcho,  ou  Journal  de  musi- 
que française,  italienne,  contenant  des  airs, 
chansons,  bninetles,  duos  tendres  ou  bachi- 
ques, rondes,  vaudevilles,  contredanses,  etc. 
(A  Liège,  chez  B.  Andrez,  derrière  Saint-Thomas, 
1758,  in-i").  Ce  recueil  paraissait  tous  les  mois, 
par  livraison  de  24  pages,  et  le  prix  d'abonne- 
ment annuel  était  de  quinze  livres  de  France. 

ANDRIKS  (JiiAN),  violoniste  et  violoncel- 
liste, compositeur,  professeur  et  écrivain  sur  la 
musique,  né  à  Gand  le  25  avril  1798 ,  est  mort  en 
cette  ville  le  21  janvier  1872.  Devenu  en  1833 
professeur  de  la  classe  de  violon  et  des  classes 
d'ensemble  instrumental  au  Conservatoire  de 
Gand,  cet  artiste  succéda  à  Mengal ,  en  1851  , 
comme  directeur  de  cet  établissement,  et  joignit 
alors,  à  l'enseignement  qu'il  y  professait  déjà, 
celui  de  l'harmonie  et  de  la  composition.  Sa 
direction  fut,  dit-on,  particulièrement  profitable 
à  cette  école  ;  pour  s'y  dévouer  entièrement,  An- 
dries,  qui  occupait  l'emploi  de  violon-solo  au 
Grand-Tlièàtre ,  résigna  ces  fonctions  en  1855. 
Cependant,  dès  l'année  suivante  il  se  voyait 
obligé  de  prendre  sa  retraite,  et  reçut  alors  le 
titre  de  directeur  honoraire  du  Conservatoire. 
Andries  a  écrit,  pour  le  violon  et  pour  le  vio- 
loncelle, un  certain  nombre  de  morceaux ,  qui , 
je  crois,  sont  restés  inédits.  Comme  écrivain 
spécial ,  il  a  publié  un  Aperçu  historique  de 
tous  les  instruments  de  musique  actuelle- 
ment en  usage  (Gand,  in-8°),  et  un  Précis  de 
l'histoire  de  la  musique  depuis  les  temps  les 
plus  reculés,  suivi  de  notices  sur  un  grand 
nombre  d'écrivains  didactiques  et  théoriciens 
de  l'art  musical  (Gand,  Busscher,  1862,  in-8o), 
écrit  dont  le  pian  n'est  pas  très-rationnel  et  qui 


pèche  un  peu  par  l'ampleur  des  vues,  mais  qui 
renferme  quelques  renseignements  intéressants. 
Andries  avait  annoncé  la  prochaine  publication 
d'un  Manuel  des  principes  de  l'harmonie;  je 
ne  crois  pas  que  cet  ouvrage  ait  paru. 

ANDRYSOWIC  (Lazare),  imprimeur  po- 
lonais, établi  à  Cracovie  dans  le  milieu  du  sei- 
zième siècle,  donna  un  grand  essor  à  la  publi- 
cation de  la  musique,  et  livra  au  public  un  grand 
nombre  de  recueils  de  chants  religieux. 

AIVKT  (Baptiste),  violoniste  distingué,  or- 
dinaire de  la  musique  du  roi,  avait  été  élève  de 
Corelli.  Il  a  publié  en  1724 ,  chez  Boiviu,  un 
Premier  livre  de  sonates  à  violon  seul  et  la 
basse  continue. 

*  Al^iFOSSI  (Pascal).  Les  deux  ouvrages 
suivants,  il  Principe  di  Lagonegro,  opéra  ,  et 
Sont  ^Elena  al  Calvario,  oratorio,  doivent  pren- 
dre place  dans  la  liste  des  œuvres  de  ce  com- 
positeur. 

ANGtLI'^RI  (Antonio),  pianiste  et  profes- 
.seur  d'une  grande  renommée,  considéré  comme  le 
Nestor  du  piano  en  Italie,  est  né  à  Pieve  del  Cairo 
(Piémont),  le  26  décembre  1801.  Élève  du  célèbre 
Pollini,  il  a  toujours  su  maintenir  les  saines  et 
pures  traditions  de  son  maître ,  aussi  bien  que 
celles  de  Clementi  et  de  Cramer;  c'est  dire  qu'il 
est  constamment  resté  dans  les  voies  du  grand 
style  et  de  l'élégance  classique.  Nommé  dès  le 
8  janvier  1829  professeur  de  piano  au  Conser- 
vatoire de  Milan ,  M.  Angeleri  ne  prit  sa  retraite 
qu'en  1870,  et,  durant  ce  long  professorat  de 
quarante  années,  il  donna  à  l'école  de  piano  de 
cet  établissement  un  essor  magnifique  et  une  in- 
contestable supériorité.  On  peut  citer  au  nombre 
de  ses  meilleurs  élèves  Adoifo  et  Disma  Fuma- 
galli,  MM.  Giulio  Alary,  Sangalli,  Liugi  Minoja, 
Meiners,  Fasanolti,  etc.,  etc.  L'un  des  plus  dis- 
tingués ,  M.  Carlo  Andreoli ,  lui  a  snccédé  dans 
sa  classe,  et  continue  aujourd'hui  ses  traditions. 
M.  Angeleri ,  qui  était  professeur  au  collège  royal 
de  Milan  en  même  temps  qu'au  Conservatoire, 
a  couronné  sa  carrière  enseignante  en  publiant, 
vers  1872,  sous  ce  litre  :  il  Piano- forte,  un 
manuel  excellent  relatif  à  la  pose  des  mains  sur 
l'instrument  et  à  la  façon  d'attaquer  le  son.  Ce 
livre,  illustré  de  plusieurs  eaux-fortes  superbes, 
a  été  édité  avec  le  luxe  et  le  bon  goût  que  la 
maison  Ricordi  apporte  à  ses  moindres  publica- 
tions. —  Un  frère  de  M.  Antonio  Angeleri,  M.  Fi- 
lippo  Angeleri,  est  aussi  pianiste  et  compositeur. 

AJXGELOIM  ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  au  mois  de  janvier  1871 ,  sur  le 
théâtre  de  Lucques,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Osrade  degti  Abencerraggi. 

*  AA'GER  (Louis),  pianiste,  organiste  et 


ANGER  —  ANNUNGIAÇÂO 


compositeur,  est  mort  àLunebourgle  18  janvier 
1870. 

AIVGERMANIV  ( ),  célèbre  organiste  à 

Altenburg,  vivait  vers  1740.  11  est  cité  par  Mat- 
theson  dans  son  Arc  de  triomphe  musical  : 
«  Musikalischen  Ehrenpforte,  »  comme  un  des 
meilleurs  compositeurs  de  son  temps.        Y. 

ANGERMANN  (  Frédékic)  ,  professeur  de 
chant,  né  à  Wusterhausen  ,  a  beaucoup  écrit  sur 
son  art  dans  les  journaux  de  musique  de  Berlin 
et  publié  un  ouvrage  tliéorique  dont  le  titre 
m'est  inconnu.  Il  est  mort  le  13  mars  18.56. 

Y. 

ANGIOLIIVI  ( ) ,  compositeur  et  cho- 
régraphe italien ,  était  attaché  au  théâtre  de  la 
Scala,  de  Milan,  comme  maître  de  ballets  ,  vers 
la  fin  du  dix-huitième  siècle.  On  lui  doit  les 
scénarios  d'un  grand  nombre  d'ouvrages  de  ce 
genre,  dont  il  écrivait  parfois  aussi  la  musique , 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  le  catalogue  dressé 
par  M.  Cambiasi  sous  ce  titre  :  Rappresenta- 
zioni  date  nei  reali  teatri  di  Milano,  1778- 
1872.  Voici  la  liste  de  ceux  de  ces  ouvrages 
dont  il  composa  la  musique  :  1"  Demofoonte, 
1780;  2°  Divertissement ,  1780;  3°  Solhnano, 
1781  ;  4°  gli  Scherzi,  1781  ;  5°  il  Trionfo  d'a- 
more,  1782;  &°  il  Diavolo  a  quatlro ,  1782; 
7"  l'Amore  al  cimento,  1782;  8"  Dorinna  e 
Vuomo  ielvatico ,  1789;  9"  Amore  e  Psiche , 
1789. 

*ANGLEBERT  (Jean-Baptiste-Henri 
d'),  claveciniste  de  la  chambre  de  Louis  XIV, 
naquit  vers  1628,  car  il  était  âgé  de  soixante- 
trois  ans  lorsqu'il  mourut  à  Paris  le  23  avril 
1691.  Il  avait  épousé  le  12  octobre  1659  une 
demoiselle  Madeleine  Champagne,  qui  lui  donna 
une  fille  et  plusieurs  fils,  dont  l'aîné  portait  les 
mêmes  prénoms  que  son  père  et  eut  Lully  pour 
parrain.  D'Angleberl  fut  d'abord  organiste  du 
duc  d'Orléans ,  après  quoi  il  devint  «  ordinaire 
de  la  musique  de  la  chambre  du  Roy  pour  le 
clevecin  »  en  même  temps  que  «  joueur  d'épi- 
nette  de  la  chambre  de  Sa  Majesté  »  en  sur- 
vivance (1). 

AI\GLEBERT  (Jean-Baptiste-Henri  d'), 
fils  du  précédent,  naquit  à  Paris  le  5  septembre 
1661.  Claveciniste  comme  son  père,  il  fut  sans 
doute  son  élève,  et  lui  succéda  dans  la  charge 
de  claveciniste  de  la  chambre  du  roi,  qu'il  occu- 
pait encore  en  1699.  J'ignore  la  date  de  sa  mort, 
et  je  ne  sais  s'il  a  publié  quelques  compositions. 

ANGLEBERT  (Jean-Henri  d'),  frère  ca- 

(1)  Ces  renseignements  sur  la  famille  des  d'Anglebcrt 
sont  extraits  du  Dictionnaire  critique  de  biographie  et 
d'histoire  de  Jal,  d'après  les  documents  authentlquis 
cités  par  cet  écrivain. 

BIOCR.    UNIV.   DES  MUSICIENS.    âUPPL,   — 


17 

det  du  précédent ,  fut  aussi  claveciniste.  Je  ne 
connais  pas  la  date  précise  de  sa  naissance  , 
mais  il  était  âgé  de  quatre-vingts  ans  lorsqu'il 
mourut  à  Paris  le  9  mars  1747. 

ArVGLOIS  (LuiGi),  musicien  italien,  né  à 
Turin  le  25  octobre  1801,  était  fils  d'un  contre- 
bassiste renommé,  Giorgi  Anglois,  se  fit  lui- 
même  une  grande  réputation  par  son  talent 
d'exécution  sur  la  contre-basse ,  et  donna  avec 
succès  des  concerts  à  Paris,  à  Londres,  à  Lis- 
bonne et  en  Amérique.  Cet  artiste,  qui  a  laissé 
une  Méthode  estimée  pour  son  instrument,  est 
mort  à  Turin  le  24  avril  1872. 

AIVIGIllIM  (Francesco),  compositeur,  pro- 
fesseur à  l'Institut  royal  de  musique  de  Florence, 
s'est  fait  remarquer  à  plusieurs  reprises  dans  les 
concours  ouverts  par  M.  le  docteur  Basevi  pour 
la  composition  d'oeuvres  de  musique  de  cham- 
bre, principalement  de  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes.  Plusieurs  des  quatuors  présen- 
tés par  M.  Anichini  dans  ces  concours  ont 
obtenu  des  récompenses ,  mentions  honorables, 
seconds  ou  premiers  prix  (1862,  1863,  1865),  et 
l'un  d'eux  a  été  publié  en  partition  par  l'éditeur 
M.  Guiiii ,  de  Florence,  dans  sa  jolie  collection 
d'éditions  de  poche.  M.  Anichini  a  publié  aussi 
diverses  autres  compositions ,  entre  autres  un 
Ave  Maria  à  4  voix  (Milan,  Ricordi),  et  un 
Requiem  à  grand  orchestre. 

AI\JOS  (DOS).  Au  compositeur  portugais 
de  ce  nom,  Dionisio  dos  Anjos,  mentionné  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  il 
faut  ajouter  Luiz  dos  Anjos  et  Simdo  dos  An- 
jos. Le  premier  jouissait  .d'une  grande  réputa- 
tion à  Lisbonne  vers  le  commencement  du  dix- 
liuitième  siècle;  le  second  fut  un  des  disciples 
distingués  du  célèbre  Manoel  Mendes. 

J.  de  V. 

ANNA  (le  P.DoMiNcos  de  SANT),  com- 
positeur portugais,  né  en  1722,  était  en  1755 
Cantor-Mor  du  couvent  de  la  Trinité  à  Lis- 
bonne, et  fut  enseveli  sous  les  ruines  de  ce  cou- 
vent lors  du  grand  tremblement  de  terre  qui 
détruisit  la  ville  (1755).  On  louait  beaucoup  son 
talent  sur  la  basse  (rabecâo).  Un  autre  religieux 
du  [même  couvent ,  frère  Joaquim  de  SanV 
Anna,  eut  le  même  sort;  il  chantait  fort  bien, 
et  jouissait  d'une  grande  réputation  comme  or- 
ganiste. Les  deux  orgues  du  couvent  de  la  Tri- 
nilé^étaient  des  instruments  magnifiques  et  n'é- 
taient surpassées  que  par  celles  du  couvent  de 
Notre-Dame  de  Grâce ,  qui  en  possédait  trois. 
Chacun  de.  ces  instruments  .n'avait  pas  coûté 
moins_de  25,000  cruzados  en  1569! 

J.  DE  V. 
*  AMNUNCIAÇÂO  (le  Fr.  Gabriel  da  )  , 
T.  I.  2 


18 


ANNUNGIAÇÂO  —  APOLLOiNI 


musicien  portugais,  né  en  1G81  à  Ovar,  où  il  fit 
ses  études  musicales ,  entra  dans  l'ordre  de 
S.  François  en  1706.  Il  acheva  ses  études  à  Lei- 
via,  et  occupa  ensuite  des  places  importantes 
dans  les  couvents  de  son  ordre  à  Coimbre ,  à 
Porto,  et  en  dernier  lieu  à  Lisbonne,  où  il  vi- 
vait encore  en  i'il.  La  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens  n'a  pas  mentionné  les  com- 
positions de  cet  artiste,  qui  sont  tièsnom- 
breuses,  et  qui  comprennent  des  Mesies,  des 
Antiennes,  des  Motels,  etc.  Elle  n'a  pas  cité  non 
plus  son  Mnnual  e  Cérémonial  do  Canto. 
On  itjnore ,  du  reste,  si  cet  ouvrage  a  été  pu- 
blié. (Pour  le  reste,  \.  Musicos  Porttfguezes, 
t.  I'"",  page  10.)  Un  autre  musicien  du  môme 
nom  ,  Philippe  da  ÀnnuHCiaçào ,  vivait  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle  à  Coimbre,  où  il 
exerçait  les  fonctions  de  chanoine  dans  le  célè- 
bre couvent  de  Santa- Cruz  (S.  Agostinho).  Son 
talent  d'organiste  était  tiès-estimé.  On  a  de  cet 
artiste  :  Acompanliainentos  para  Orydo ;  de 
llymnos,  Missas,  e  ttido  o  mais  que  se  cuuta 
no  coro  dos  Conegos  Hcguhires  Lateranenses 
daCongr.  Re/ormada  deS.  Cruz  de  Coimbra, 
Compostas  pelo  R.  D.  Ph.  da  Anniinciacdo, 
Conego  regidar  da  mesma  Congregaçào. 
Anno  de  17  j4,  gr.  in  i".  L'auteur  de  cette  notice 
possède  le  manuscrit  original  de  cet  ouvrage , 
qui  n'a  pas  été  imprimé.  Les  exemples  en  sont  sa- 
vamment écrits,  et  Ton  y  reconnaît  l'inlluence  du 
stvie  de  Manuel  Rodrigues  Coeliio  {yoijez  ce 
nom)  et  de  ses  Flores  de  Mtisica.    J.  nK  V. 

*  ANSIAUX  (Ji:\N-HLi$KiiT-JosF.r'ii).  L'ou- 
verture de  l'Apothéose  de  Grélry,  due  à  cet  ar- 
tiste, n'était  i)as  une  simple  ouverture  de  con- 
cert; elle  faisait  partie  d'un  ouvrage  lyrique  en 
un  acte,  portant  ce  titre,  et  dont  la  première 
représentation  eut  lieu  le  jour  de  l'inauguration 
•lu  nouveau  théâtre  de  Liège,  en  novembre 
1820.  Ansiaux  est  aussi  l'auteur  d'une  cantate 
intitulée  la  Fête  de  Sainte-Cécile ,  et  il  a  écrit 
un  assez  grand  nombre  de  morceaux  importants 
pour  orchestre  et  pour  harmonie  militaire. 

ANTHIOME  (  Elcknf.-JeanBu'tiste), 
professeur  et  compositeur,  est  né  à  Lorient  le 
19  août  183ti.  Admis  au  Conservatoire,  d'abord 
dans  la  classe  d'harmonie  écrite  de  M.  Elwart, 
puis  dans  la  classe  d'orgue  de  M.  Benoist ,  il 
obtint  un  second  accessit  d'harmonie  au  con- 
cours de  1836.  Devenu  tui  peu  plus  tard  élève 
de  Carafa  pour  la  fugue  et  la  composition,  il  se 
présenta  en  1861  au  concours  de  l'Institut  et  ob- 
tint le  premier  second  grand  prix  de  composition. 
Nommé  en  1863  répétiteur  d'une  classe  d'é- 
tude du  clavier  au  Conservatoire,  M.  An- 
Ihiome  ,  qui  occupe  encore  aujourd'hui  cet  em- 


ploi ,  a  fait  représenter  au  petit  théâtre  des  Fan- 
taisies-Parisiennes, le  6  mai  1866,  une  opérette 
en  un  acte,  intitulée  :  Semer  pour  récolter, 
et  le  3  février  1876,  aux  Folies -Bergère,  un 
autre  petit  ouvrage  du  même  genre  :  le  Dernier 
des  Chippeways.  II  a  publié  quelques  compo- 
sitions légères,  entre  autres  une  suite  de  mor- 
ceau.\  de  piano  intitulés  6  Croquis  d'album, 
Paris,  Grus. 

AIV'TOLISEÏ  ( ).  compositeur  italien, 

n'est  encore  connu  que  par  la  musique  de  deux 
farces  en  un  acte  qu'il  a  fait  représenter,  an 
mois  dejuilli't  1875.  sur  le  théâtre  de  Cingoli. 
I^'un  de  ces  petits  ouvrages  était  intitulé  i  Due 
Metaslasiani ,  le  second  avait  pour  titre  Li- 
setla. 

ANTOXIETTI      { ),    compositeur 

italien,  a  fait  représenter  à  Taganrog,  au  mois 
de  janvier  1872  ,  un  opéra  intitulé  il  Franco 
Bersagliere. 

AXÏOXIl  (Giov\N.M-B.\TTisT\)  ,  frère  de 
Pietra  degli  .Vutonii,  fut  un  organiste  renommé. 
Élève  de  Giacomo  Predieri ,  il  a  publié  diverses 
conqiositions  juiur  violoncelle  et  clavecin  ,  vio- 
lon et  violoncelle,  des  ballets,  courantes,  gigues 
pour  trois  instruments,  et  des  ver.sets  pour  l'or- 
gue. Va\  108i,  il  fut  admis  au  nombre  des  mem- 
bres de  l'Académie  des  Philharmoniques  de  Bo- 
logne. 

AKTOMO  (le  Fr.  JosKDK  SAMO),  théo- 
ritien  portugais,  a  puldié  un  petit  traité  de  mu- 
sique :  Elemenlos  de  Musica,  Lisbonne,  Antonio 
Vicente  da  Silva  (imprimeur  ou  éditeur?),  1761, 
in-4"  de  16  pages.  Ce  traité  ,  qui  est  signé  avec 
l'anagramme  de  l'auteur  -.  Frazenio  de  Soyto 
Jpnalon,  est  rare  La  Bibliothè(|ue  du  couvent 
de  Jésus  ,  à  Lisbonne  ,  en  possédait  un  exem- 
plaire. J.  DE  V. 

AOUST  (le  marquis  Jlles  d'),  composi- 
teur amateur,  né  vers  1825  ,  s'est  fait  connaître 
par  un  certain  nombre  de  mélodies  vocales  et 
par  la  musique  de  deux  opérettes  en  un  acte  : 
l'Amour  voleur,  exécutée  dans  im  salon  en 
1865,  et  la  Ferme  de  Miramar,  représentée 
dans  un  concert  donné  .au  théâtre  de  l'.Vfhénée  le 
11  avril  187'i. 

*  APOLLOXI  (Gicseppe)  ,  compositeur 
dramatique  italien,  est  né  à  Vicence,  et  non 
dans  le  royaume  de  Naples,  comme  il  a  été  dit 
par  erreur.  Outre  l'Ebreo  et  Pielro  d'Albano, 
cet  artiste  a  fait  re|!résenter  plusieurs  autres 
opéras,  parmi  lesquels  Adelchi  (Venise ,  th.  de 
la  Fenice,  1856  ou  57;,  il  Conte  di  Koenigs- 
bcrg  ( Florence,  th.  delà  Pergola,  17  mars 
1866),  et  Gustavo  Wasa  (Trieste,  th.  Com- 
munal, décembre  1872).  Bjen  qu'ils  aient  été  ac- 


APOLLON!  —  AH.VUJO 


i9 


■cueillis  avec  assez  de  faveur,  aucun  de  ces  ou- 
vrages n'a  retrouvé  le  succès  éclatant  qui  avait 
signalé  l'apparition  de  V Ebreo,  et  qui  avait  fait 
faire  à  cet  opéra  le  tour  triomphal  de  l'Italie 
entière.  C'est  que  le  public,  qui  avait  été  tout 
à  la  fois  étonné  et  charmé  de  la  vigueur  et  de 
labondauce  d'inspiration  qui  distinguait  cette 
partition,  n'a  plus  retrouvé  ce  Ilot  mélodique 
dans  les  œuvres  que  l'auteur  lui  offrit  par  la 
suite  ;  et  couinie  M.  Apolloni  est  surtout  un  mu- 
sicien d'insîinct,  dont  le  savoir  est  alsolument 
•insuffisant  et  dont  l'instruction  manque  de  so- 
lidité, il  n'a  pas  pu  renouveler  son  talent  et  s'est 
vu  dans  riinpossihililé  d'écrire,  au  point  de  vue 
<le  la  forme  et  de  la  facture,  une  œuvre  d'un  mé- 
rite sérieux  et  durable. 

APTOALMAS ,  nom  de  deux  harpistes  an- 
glais, tous  deux  compositeurs  pour  leuriuslru- 
ment,  nés  à  Bridgend  ,  l'un  en  1S26,  l'autre  en 
1829.  L'un  d'eux  a  fait  un  voyage  en  Améri- 
que, d'où  il  cU  revenu  à  Londres  en  1802;  il 
vint  l'année  suivanle  à  l'aris  donner  quelques 
concerts,  dans  lesquels  sou  double  talent  de 
viituose  et  de  compositeur  fut  très-apprécié , 
rpuis  il  retourna  à  Londres,  oii  il  retrouva  ses 
succès  passés  et  continua  de  se  livrer  à  l'ensei- 
gnment.  Le  jeu  de  cet  artiste,  qui  est  élégant, 
fm  et  plein  de  grâce ,  présente  cette  particula- 
rité que  le  virtuose,  au  rebours  des  harpistes 
ordinaires,  exécute  la  partie  de  chant  avec  la 
main  gauche,  et  celle  de  la  basse  avec  la  main 
droite. 

ARAGO  (M'"^  ViCTonu) ,  compositeur,  s'est 
fait  connaître  par  la  publication  d'un  certain 
nombre  de  romances,  dont  plusieurs  ont  obtenu 
du  succès.  Sous  le  règne  de  Louis-Philippe,  à 
l'époque  où  ce  genre  de  compositions  jouissait 
encore  de  toute  sa  vogue,  M"""  Victoria  Arago, 
comme  Clapisson,  comme  Masini,  comme  Fré- 
déric Bérat,  comme  M.  Pau!  Ilenrion,  publiait 
chaque  année,  chez  l'éditeur  Meissonnier,  un 
albimi  de  romances  que  le  public  accueillait  avec 
faveur. 

*  ARAIVDA  (Mathkis  de),  musicien  por- 
tugais ou  espagnol,  futnommé  professeur  de  mu- 
sique à  l'Université  du  Coimbre  par  une  résolu- 
tion du  26  juillet  15'ii.  La  chaire  de  musique 
date  du  temps  même  de  la  fondation  de  l'Univer- 
sité (1290).  Aranda  était  en  même  temps  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Coimbre.  Il  pa- 
raît qu'il  avait  occupé  auparavant  les  mêmes 
fonctions  à  la  Se  (cathédrale)  de  Lisbonne.  Il  a  pu- 
blié un  Tralado  decantolluno  ycontrupnuto 
por  Matheo  de  Aranda  ,  Maestro  de  C'apiUa 
de  la  Se  de  Lixhoa.  Dirigido  al  illustrissimo 
.seùor  D.  Alonso  cardenal  infante  de  Por- 


tugal, Arçobispo  de  Lixboa  y  obispo  de  Eoora, 
Comendulario  de  Alcobaça.  Com  priiilegio 
real.  Lisbonne  1533  ,  GermanGallarde,  in-4"  de, 
1V-14j  pages  (non  numérotées).  La  partie  rela- 
tive au  c««/o;/«>io  (plaiu-chant  )  comprend  14-71 
pages ,  celle  relative  au  contrapunto  1Y-6G 
pages.  Toutes  les  deux  sont  impiiinées  en  ca- 
ractères gothiques.  Fétis  n'a  pas  vu  ce  traité,  qui 
est  excessivement  rare,  et  le  titre  qu'il  en  donne 
est  incomplet  ;  d'ailleurs,  il  suppose  qu'Aranda  fut 
un  musicien  espagnol ,  jugeant  d'après  le  titre  de 
son  ouvrage.  On  n'est  pas  encore  fixé  sur  la  na- 
tionalité de  cet  artiste.  J.  de  V. 

AUAKGUREN  (Josi:) ,  pianiste  et  profes- 
seur espagnol,  est  né  à  Bilbao  le  25  mai  1821. 
Il  étudia  le  solfège  et  le  piano  sous  la  direction 
de  Nicolas  Ledesma ,  maître  de  chapelle  et  or- 
ganiste en  cette  ville ,  et  le  violon  avec  Fausto 
Sanz.  En  18  i3,  il  se  rendit  à  Madrid  dans  le  but 
d'y  étudier  la  composition,  et  y  devint^  de  1814 
à  1848,  l'élève  de  M.  Hilarion  lislava.  M.  Aran- 
guren  se  livra  ensuite  à  renseignement ,  et  pu- 
blia eu  18.55  une  Métliode  de  piano  dont  on  a 
fait  cinq  éditions,  en  1861  un  l'ronluario  para 
los  Gantantes  é  insirmnentistas ,  et  un  Traité 
complet  d'harmonie  élémentaire.  Ces  divers 
ouvrages  ont  paru  chez  l'éditeur  Romero  y  An- 
dia.  M.  Aranguren,  à  qui  l'on  doit  encore  un 
grand  nombre  de  compositions  religieuses  esti- 
mées, est  professeur  auxiliaire  d'harmonie  au 
conservatoire  de  Madrid  depuis  le  2  mars  1807. 

*  ARAUJO  (Fkvncisco  Coruêa  de),  orga- 
niste remar(]uable  et  compositeur  pour  son  ins- 
trument. Son  nom  s'écrit  aussi  Arauxo;  Araujo 
en  est  la  forme  moderne.  Presque  tous  les  au- 
teurs qui  se  sont  occupés  de  cet  artiste  ont  été 
mal  renseignés.  C'est  surtout  à  propos  de  son 
ouvrage  sur  l'orgue  que  les  erreurs  se  sont 
multipliées;  aucun  n'en  a  donné  le  titre  exact  : 
Libro  de  tlentos  y  discursos  de  musica  prac- 
tica  y  theorka  de  organe,  inlilulado  Factil- 
tad  organica  :  con  el  quai ,  y  cpn  moderado 
estudio  y  perseverança  qtcalquier  mediano 
tancdor  puedc  salir  aventajado  enella;  sa- 
bicndo  dcslramenlc  cautar,  y  sobreiodo  te- 
niendo  bueii  natural,  Alcala,  Antonio  Ar- 
nâo,  1020,  in-fol.  de  Y-204  feuilles ,  dont  26 
pour  le  texte  et  le  reste  en  exemples  de  musi- 
que. Cet  ouvrage,  aussi  rare  que  celui  de  Coelho 
(F.  ce  nom),  et  d'ailleurs  très- bon  ,  ne  peut  ce- 
pendant lui  être  comp.iré.  J'ai  combattu  (  Musi- 
cos portugnezes,  1. 1,  p.  13)  l'opinion  de  M.  Es- 
\d\ai  {Miiseo  organico  espaùol)  à  propos  de  la 
nationalité  de  Correa  de  Araujo.  Ces  deux  noms 
sont  portugais  .Arauxo  est  la  forme  ancienned'A- 
raujo,  comme   Corréa  est  la  forme  ancienne  d« 


20 


ARAUJO  —  D'ARCAIS 


Corieia;  ces  deux  noms  sont  encore  très  en 
usage  en  Portugal,  tandis  qu'ils  sont  fort  rares  en 
Espagne.  On  a  peu  de  renseignements  sur  fa  vie 
de  cet  artiste  distingué  ;  il  a  été  organiste  de  l'é- 
glise de  S.  Salvador  à  Séville,  remplit  successi- 
vement plusieurs  fonctions  importantes  dans  la 
hiérarchie  ecclésiastique  ,  et.finit  par  occuper  l'é- 
vêché  de  Ségovie.  Araujo  appartenait  à  une  fa- 
mille très-distinguée;  il  naquit  vers  1581  ,  et 
mourut  dans  un  âge  avancé,  en  1663.  Araujo 
avait  écrit  .deux  ouvrages  ••  Casos  morales  de 
la  musica,  et  un  Uvre  :  De  Versos  (probable- 
ment un  recueil  de  pièces  variées  )  dont  il 
parle  dans  son  Libro  de  tientos  ;  mais  ces  ou- 
vrages n'ont  pas  été  publiés.  Le  premier  exis- 
tait en  manuscrit  dans  la  célèbre  bibliothèque  de 
musique  du  roi  D.  Jean  IV,  ainsi  qu'une  quantité 
àtPsalmos,  Motetes  t\  Vilhancicos. 

J.    bEV. 

ARBAIV  ( Joseph-Jevn-Baptiste-Laurent), 
virtuose  sur  le  cornet  à  pistons  et  chef  d'orches- 
tre, naquit  à  Lyon  le  28  février  1825.  Admis  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  de  trompette  <le 
Dauverné,  au  mois  de  décembre  1841,  il  obtint 
le  second  prix  de  trompette  au  concours  de 
1844  et  le  premier  l'année  suivante.  C'était  l'é- 
poque où  le  cornet  à  pistons  faisait  fureur  ; 
adoptant  cet  instrument,  M.  Arban  se  fit  bientôt 
remarquer  dans  les  concerts  par  son  jeu  brillant 
et  facile,  et  obtenait  surtout  des  succès  par  ses 
triples  coups  de  langue.  Lors  de  la  création 
des  concerts  de  M.  Musard  fils  au  boulevard  des 
Capucines,  en  1856,  sa  vogue  fui  très-grande. 
Peu  de  temps  après,  un  entrepreneur,  ayant  fondé 
le  Casino-Cadet,  confia  à  M.  Arbau  la  direction 
de  l'orchestre  de  cet  établissement,  dans  lequel 
oB  donnait  alternativement  des  bals  et  des  con- 
certs de  musique  légère.  Cet  artiste  se  fit  alors 
une  réputation  de  chef  d'orchestres  de  bals,  et 
dirigea  tour  à  tour  ceux  du  Casino,  de  Valentino, 
de  Frascati,  et  même  de  l'Opéra,  lors  de  la  re- 
traite de  M.  Strauss  et  jusqu'à  l'incendie  de  la 
salle  de  la  rue  Le  Peletier. 

Le  8  juin  1857,  M.  Arban  avait  été  nommé 
professeur  de  la  classe  de  saxhorn  ouverte  au 
Conservatoire  pour  les  élèves  militaires-,  le 
r'^  février  1869,  une  classe  régulière  de  cornet  à 
pistons  étant  créée  dans  cet  établissement,  il  en 
fut  nommé  titulaire,  et  M.  Maury  le  remplaça 
dans  celle  de  sax-horn.  Depuis  lors,  il  a  donné 
sa  démission.  M.  Arban  a  publié  une  Grande 
Méthode  complète  de  cornet  à  pistons  et  de 
sax-horn  (Paris,  Escudier),  et  un  Extrait  de 
cette  méthode  (id.,  id.).  On  lui  doit  aussi  un 
grand  nombre  de  fantaisies  et  morceaux  de 
concert  pour  le  cornet  à  pistons  (entre  autres 


quinze  fantaisies  sur  les  opéras  de  Verdi,  publiées 
chez  l'éditeur  Escudier),  et  une  quantité  consi- 
dérable de  morceaux  de  musique  de  danse, 
polkas,  polkas-mazurkas,  schotischs,  quadril- 
les, etc.,  pour  piano  ou  pour  orchestre,  presque 
tous  écrits  sur  des  motifs  d'opéras  en  vogue. 

*  ARCADELT  (Jacques).  Outre  les  éditions 
citées  du  premier  livre  des  madrigaux  de  ce  grand 
musicien,  il  en  faut  mentionner  une,  qui  sérail 
vraisemblablement  la  quatrième ,  puisqu'elle  est 
datée  de  1544  :  //  primo  libro  de'  Madrigali 
d'Archadelt  a  quattro  voci,  con  nuova  gionta 
xiltimamente  impressi  (Venetiis,  apud  Hiero- 
nyrnum  Scotum,  1544).  Cette  édition  contient  56 
madrigaux,  c'est-à-dire  trois  de  plus  que  les  pré- 
cédents ;  les  paroles  de  deux  d'entre  eux  sont  de 
Michel-Ange  ;  aussi  ces  deux  derniers  ont-ils  été 
publiés  de  nouveau  à  Florence,  en  1875,  à  l'oc- 
casion des  fêtes  du  centenaire  de  ce  grand  homme, 
I)ar  les  soins  et  avec  un  commentaire  de  M.  Leto 
Pulili.  (V.  ce  nom.) 

ARCAIS  (Francesco,  marquis  d'),  critique 
musical  italien  et  compositeur,  né  vers  1830,  est 
issu  d'une  ancienne  et  noble  famille  de  Sardaigne, 
aujourd'hui  déchue  de  sa  splendeur  passée.  Il  a 
fait  de  bonnes  éludes  musicales,  et  depuis  près 
de  vingt  ans  est  chargé  du  feuilleton  musical  et 
dramatique  du  journal  politique  ropiniowe,  l'un 
des  plus  estimés  de  toute  l'Italie  ;  il  a  suivi  ce 
journal  dans  ses  pérégrinations  diverses ,  de 
Turin  à  Florence,  puis  de  Florence  à  Rome,  et  il 
y  donne  tous  les  lundis  un  feuilleton  très-lu,  tout 
en  faisant  chaque  jour  une  petite  chronique  des 
théâtres.  Artiste  délicat,  homme  instruit  et  de 
bonne  compagnie,  M.  d'Arcais  a  le  talent  de  se 
faire  lire  et  comprendre  de  tout  le  monde  ;  ses 
articles,  écrits  dans  une  langue  claire  et  facile, 
sont  des  modèles  d'urbanité  et  de  bon  goût.  Mal- 
heureusement, le  tempérament  musical  de 
M.  d'Arcais  est  un  peu  arriéré,  et  reste  rebelle 
non-seulement  à  toute  manifestation  artistique 
im  peu  audacieuse,  mais  encore  à  toute  espèce 
de  nouveauté  et  de  progrès.  Le  critique  est  un 
ultra-Italien,  et  un  Italien  du  passé,  un  peu 
confit  dans  ,les  formules  et  dans  les  moules 
classiques,  et  se  laissant  trop  volontiers  guider  par 
le  courant  paresseux  de  l'opinion,  au  lieu  de  cher- 
cher à  la  guider  lui-même  et  à  lui  inspirer  l'amour 
delà  liberté  et  de  la  personnalité  dansl'art .  Partisan 
acharné  de  la  vieille  école  italienne,  M.  d'Arcais  ne 
s'est  pas  borné  à  faire  à  M.  Richard  Wagner  et  àses 
œuvres  une  guerre  sans  merci,  refusant  au  musi- 
cien allemand  toute  espèce  de  qualité  et  de  faculté 
musicale  ;  il  a  encore  pris  à  partie  M.  Gounod, 
et  a  constamment  nié  la  valeur  de  Faust,  décla- 
rant tout  d'abord  que  l'œuvre  n'était  pas  viable 


D'ARCAIS  —  ARDITI 


21 


el  s'obstinant  dans  son  opinion,  même  quand 
Faust,  acclamé  dans  toute  Tltalie,  comme  il  l'a- 
vait été  en  France  et  en  Allemagne,  eut  été 
joué  partout,  jusque  dans  les  plus  petites 
Tilles  de  l'île  de  Sardaigne,  sa  patrie.  En  un 
mol,  M.  d'Arcais,  dont  le  jugement  est  très- 
sain  lorsqu'il  n'a  à  s'exercer  que  sur  les  œuvres 
italiennes  dont  le  genre  se  rapporte  à  ses  préfé- 
rences, manque  de  cet  éclectisme  vigoureux, 
large,  ouvert,  sans  lequel  la  critique  court  le 
risque  de  ne  pas  survivre  au  moment  qui  l'a  vu 
naître. 

M.  d'Arcais,  qui  est  un  des  collaborateurs 
actifs  de  la  Gazzelta  musicale,  de  Milan,  s'est 
essayé  comme  compositeur,  et  par  trois  fois, 
mais  sans  succès,  a  abordé  le  théâtre,  avec 
de  petits  ouvrages  bouffes:  i  Due  Preccttorl, 
représenté  il  y  a  une  quinzaine  d'années;  Sga- 
narello ,  donné  au  tbéâtre  Re,  de  Milan,  au 
mois  d'avril  1871  ;  enfin,  la  Guerra  amorosa, 
petit  opéra  à  deux  personnages,  joué  à  Florence. 
Il  a  écrit  aussi  une  messe  funèbre,  qui  a  été  ac- 
cueillie favorablement  par  la  presse,  et  je  crois 
qu'il  a  publié  quelques  romances  et  mélodies 
vocales.  Parmi  ces  dernières,  je  signalerai  sur- 
tout une  composition  importante,  PAddlo  del 
Condannato,  scène  dramatique  pour  voix  de 
baryton,  dédiée  au  chanteur  Aldighieri  el  publiée 
à  Turin,  par  les  éditeurs  Giudici  etSlrada. 

ARCIIAMBEAU  (Jean-Michel  d'),  orga- 
niste et  compositeur  belge,  né  à  Hervé  (province 
de  Liège),  le  3  mars  1823,  reçut  d'abord  des  le- 
çons de  piano  el  de  violon  de  son  père,  puis 
devint  élève  de  D.  Goffin  et  de  Joseph  Massarf. 
Il  étudia  ensuite  l'harmonie  et  le  contre-point 
dans  les  traités  de  Cherubini,  de  Catel  et  de 
Fétis,  et  à  peine  âgé  de  quinze  ans  il  devint  pro- 
fesseur de  musique  au  collège  de  sa  ville  natale. 
Dix  ans  après,  il  fut  nommé  organiste  à  Petit- 
Rechain,et  il  occupait  encore  ce  poste  en  1862. 
M.  d'Archambeau  ,  qui  a  fait  représenter  en 
1859,  sur  le  théâtre  du  Gymnase  de  Liège,  une 
opérette  dont  j'ignore  le  titre,  a  publié  plusieurs 
compositions  de  divers  genres  :  2  messes  solen- 
nelles à  3  voix  d'hommes,  avec  accompagnement 
d'orgue  ;  12  litanies  ;  7  motets  ;  des  romances 
sans  paroles  pour  piano,  et  beaucoup  de  mor- 
ceaux de  musique  légère.  —  Le  frère  de  cet 
artiste,  M.  Edouard  d''Ârchamb eau,  né  à  Hervé 
le  8  décembre  1834,  commença  l'étude  du  piano 
avec  son  frère,  puis  devint,  au  Conservatoire  de 
Liège,  élève  de  Ledent  et  de  Wanson,  et  obtint, 
en  1852,  un  premier  prix  de  piano  et  un  second 
prix  de  violon.  Il  a  publié  quelques  compositions 
pour  le  piano. 
ARDITI  (le  marquis  Michèle),  compositeur 


italien,  probablement  amateur,  naquit  en  1745, 
et  fit   représenter   à   Naples  un  opéra  sérieux, 
VOlimpiade,  écrit  sur  le  poème  de  Métastase  qui 
a  servi    à  tant  d'autres  compositeurs.  Je    ne 
connais  pas  d'autres  œuvres  de  cet  artiste,  qui 
est  mort  en  1838,  âgé  de  quatre-vingt-treize  ans. 
ARDITI  (Lligi),  violoniste,  chef  d'orchestre 
et  compositeur,  est  né  à  Crescentino  (Piémont), 
le  22  juillet  1822.  Il  fit  ses  études   musicales  au 
Conservatoire  de  Milan ,  où  il  entra  le  17  mars 
1836  et  d'où  il  sortit  le  6  septembre  1842,  après 
y  avoir  écrit  et  fait  représenter  un  opéra  en  deux 
actes  intitulé  i  BrignnU.  Il  se  produisit  d'abord 
comme  virtuose,  en  donnant  des  concerts  à  Va- 
lèse,  à  Novare,  à  Voghera,   fut  engagé  ensuite 
comme  chef  d'orchestre  à  Verceil,  puis  remplit 
les  mêmes  fonctions  à  Milan  et  à  Turin,  et  enfin 
recommença  à  donner  des  concerts,  en  compa- 
gnie du   fameux  contrebassiste  Bottesini  {voyez 
ce  nom),  jusqu'au  moment  où  il  signa  un  enga- 
gement comme  chef  d'orchestre  et  concertiste 
pour  le  théâtre  de  la  Havane.  De  la  Havane  il  se 
rendit  à  New  York,  où  il  devint  chef  d'orchestre 
de  l'Académie  de  musique,  théâtre  pour  lequel  il 
écrivit  un  grand  opéra  sérieux,  la  Spia,  qui  fut 
chanté  par  M"'°  Anna  de  La  Grange,  MM.  Brignoli 
et  Morelli,  Après  avoir  passé  quelques  années  en 
Amérique,  M.  Arditi  fut  appelé  à  Constantinople, 
puis,  M.  Lumiey  l'ayant  attiré  à  Londres,  il  prit 
la  direction  de  l'orchestre  du  Théâtre  italien  de 
cette  ville,  où  il  obtint  de  grands  succès.  C'est  à 
Londres  qu'il  commença  à  publier  toute  une 
série  de  mélodies  vocales,  qui  furent  accueillies 
avec  la  plus  grande  faveur,  entre  autres  celle 
intitulée   Oinaggio  alla    Bosio,    et  la  fameuse 
valse  il  Bacio,  qui  fut  le  triomphe  de  M'"  Pic- 
colomini,  et  que  M""*^  Palti  contiibua  ensuite  à 
faire  devenir  populaire.  Depuis  lors,  M.  Arditi 
n'a  guère  quitté  Londres,  où  il  se  livre  à  l'en- 
seignement, et  où,  dans  ces  dernières  années, 
il  était  directeur  d'une  grande  enlreprisede  con- 
certs (1).  Parmi  les  mélodies  de  M.  Arditi  qui 
ont  obtenu  le  plus  de  succès,  il  faut  citer  l'Orolo- 
gio  ;  Kellog  ,  valse   chantée  ;    Capriccio-Ma- 
zurka;  VArdita,  valse  chantée;  il  Bacio,  id.; 
la  Stella,ià.;la  Farfalletta,  mazurka  chantée  ; 
Boléro  ;  la  Tradita  ;  Forosetla,  tarentelle  chan- 
tée; VIncontro,  valse  chantée;  Tréma,  o  vil! 
duo  dramatique  pour  soprano  et  contralto  ;  Vuole 
am,or  un  giovin  cor,  rondo,  etc.  M.  Arditi  a 
publié  aussi  un  certain  nombre  de  compositions 
pour  le  violon,  parmi  lesquelles  je    citerai  :  il 


(i)  Au  moment  oii  cette  notice  est  écrite  (novembre 
1875), M.  Arditi  dirige  encore,autliéâtre  deCovenl-Garden, 
des  promenades  concerts  qui;obticnnent  un  grand  succès 


22 


ARDIÏI  —  D'AHNEIRO 


Trovutore,  fantaisie  brillante,  avec  accompa- 
gnement de  piano  ,■  Norma,  caprice,  id.;  i  Due 
i*"05can,  fantaisie,  id.;  Souvenir  de  Donizetli, 
fantaisie,  id.;  sclierzo  liriliant  sur  divers  cliaiits 
américains,  id.;  sclierzo  brillant  ponr  deux  vio- 
lons, id.,  etc.,  etc. 

A  RENDS  (Llopold),  né  le  T""  décembie 
1817  à  Raliiski,  dans  le  cercle  de  Wilna,  est 
connu  dans  le  monde  musical  par  un  ouvrage 
intitulé  :  Veber  den  Sprachgesang  der  VorzeU 
und  die  llersidlbarkeit  der  allhebra'ischen 
Vocalmusik  :  Du  langage  chanté  des  anciens 
et  de  la  restauration  de  l'ancienne  inusique 
vocale  des  Hébreux  (Berlin,  1867). 

Y. 

*  ARKTI.XUS  (Pail).  A  la  liste  des  com- 
positions de  cet  arfi.ste,  il  faut  joindre  le  recueil 
suivant  :  Libro  primo  delli  madrigali  croma- 
tici  ci  mcsser  Paolo  Aretino  (Venetiis,  apud 
Hieronyinum  Scufnin,  1  j'i9). 

ARGILLIKRES  (Rocn  n),  facteur  d'or- 
gues, vivait  en  .Normandie  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  II  fut  l'un  des  fonda- 
teurs (lu  puy  de  musique  érij;é  à  Évreux,  en 
1570,  en  rbonnour  de  Sainte-Cécile,  et  s'engagea 
à  «  raccorder  »  les  orgues  à  chaque  solennité  de 
cette  institution. 

ARIE\ZO  (Nicoi.A  »'),  compositeur  distin- 
gué, est  né  à  Naples  le  '>'»  décembre  1S43.  Élève 
de  Pietro  Labriola  pour  le  piano  et  de  Vincenzo 
l'ioravanti  pour  l'iiarmonie  et  le  contre-point,  il 
n'était  âgé  que  de  seize  ans  lorsqu'il  lit  ses  débuts 
de  compositeur  dramatique  en  donnant,  au  théâ- 
tre Nuovo,  au  mois  de  juin  ISGO.  l'opéra  bouffe 
en  dialecte  napolitain  intitulé  :  Monzù  Gnozio 
o  la  Fidanzata  del  Parrucchierp,qm  fut  tiès- 
bien  accueilli.  -Au  mois  de  février  18G4,  il  se  pro- 
duisait à  la  fois  comme  compositeur  et  comme 
virtuose,  en  faisant  entendre  dans  un  des  con- 
certs du  cercle  Bonamici,  un  trio  en  ul  majeur. 
En  février  18C6,  il  donnait  au  IhéAtre  Bellini  un 
nouvel  opéra  en  dialecte,  avec  dialogue,  i  due 
Mariti,  qui  fut  reiiroduit  en  1871,  au  nouveau 
théâtre  Re  de  Milan,  traduit  en  italien,  avec  des 
récitatifs  remplaçant  le  dialogue.  Il  lit  représenter 
ensuite  le  Rose  LXaples,  th.  Bellini,  février 
1868)  ijl  Cacciatore  délie  Alpi  (2  actes,  Naples, 
23  juin  1870)  ;  et  il  Cuoco  (3  actes,  Naples,  th. 
Rossini,  Il  juin  1873).  M.  d'Arienzo,  qui  est  au- 
jourd'liui  professeur  d'harmonie  et  de  composi- 
tion à  YAlbergo  de'  Poveri  et  au  collège  de  mu- 
sique de  San  Pietro  a  Majella,  de  >'aplcs,  s'est 
fait  connaître  encore  par  diverses  autres  œuvres  : 
il  a  obtenu  de  la  Società  del  Quartetto  de  Mi- 
lan, en  181)9,  un  second  prix  pour  quatre  Noc- 
turnes à  *i,  3  et  4  voix  ;  il  a  fait  exécuter  à 


Rome,  en  1871,  un  Pensiero  sinfonico,  dont 
une  réduction  pour  le  piano  à  4  mains  a  été  pu- 
bliée à  Milan,  chez  Lucca;  enfin,  il  à  publié  un 
grand  nombre  de  compositions  pour  le  chant, 
ainsi  qu'un  manuel  intitulé  Elementi  di  letiura 
musicale  (Naples,  Coftrau).  11  a  en  portefeuille 
un  opéra  sérieux,  Rita  di  Lister,  écrit  sur 
un  poème  de  son  oncle,  M.  Marco  d'Arienzo,  un 
opéra  bouffe,  i  Viaggi,  et  une  grande  cantate 
sacrée  pour  soli,  chœur  et  orchestre,  il  Cristo 
sulla  croce. 

ARMIA'GAUD  (J ),  violoni.ste  fort  dis- 
tingué, né  vers  1824,  s'est  acquis  à  Paris  une 
réputation  méritée  par  le  talent  dont  il  a  fait 
preuve  dans  les  séances  de  musique  de  chambre 
qu'il  donnait  en  compagnie  de  MM.  Léon  Jac- 
quard, Edouard  Lalo  et  Mas.  Cette  société  de 
quatuors,  que  M.  .Vrmingaud  organisa  vers  18."Jà 
et  dans  laquelle  il  tenait  la  partie  de  premier 
violon,  était  certainement  une  des  meilleures  de 
Paris  au  point  de  vue  de  l'ensemble  et  de  la  fer- 
meté de  l'exécution,  et  M.  Armingaud  y  brillait 
particulièrement  par  la  grâce  de  son  jeu,  la  soli- 
dité de  son  style  et  la  belle  qualité  de  son  qu'il 
lirait  de  son  instrument  ;  elle  s'est  augmentée 
et  transformée,  par  l'adjourtion  de  quelques 
instruments  à  vent,  et  a  pris  depuis  lors  le  titre 
de  Société  classique.  Cet  artiste  modeste  et  re- 
marquable', qui  s'est  fait  applaudir  aussi  dans 
des  concerts  particuliers,  a  publié  un  certain 
nombre  de  morceaux  de  violon,  avec  accompa- 
gnement de  piano  :  Aubade;  Sérénade,  op.  9, 
Paris,  Gérard;  Villanelle,  op.  10,  id.,  id.; 
Chanson  vénitienne,  id.,  id.;  et  différentes  fan- 
taisies sur  des  motifs  d'opéras  célèbres,  ainsi  que 
quelques  mélodies  vocales. 

*  ARXAUD  (l':TiENNE),est  mort  à  Marseille 
au  mois  de  janvier  1863,  des  suites  d'une  Ihixion 
de  poitrine.  Cet  artiste  avait  publié  plus  de  deux 
cents  romances,  dont  la  plupart,  empreintes  d'un 
joli  sentiment,  eurent  de  véritables  succès. 

ARiXElUO  (Jo.si;-AuciSToI-ERRi:iRA  VI£I- 
GA,  vicomte  d'>,  dileltanteet  compositeur  portu- 
gais, appartient  à  une  famille  qui  s'est  distinguée 
dans  la  musique.  Ses  frères  sont  des  amateurs 
plus  ou  moins  habiles,  fort  bien  vus  dans  les  sa- 
lons lie  Lisbonne,  et  l'un  d'eux,  M.  Joâo  ler- 
reira  Veiga,  a  obtenu  des  succès  sur  plusieurs 
scènes  d'Italie;  je  l'ai  entendu  il  y  a  quelques 
années  à  Porto,  et  j'ai  pu  constater  qu'il  pos.sé- 
dait  une  voix  de  baryton  fort  agréable,  quoique 
manquant  un  peu  d'accent  et  d'énergie  sur  la 
scène;  son  extrême  embonpoint  nuisait  d'ailleurs 
beaucoup  à  l'effet  dramatique,  et  il  a  dû,  [ilus 
tard,  renoncer  au  fhéâlre. 

M.  le  vicomte  d'Arneiro,  fils  d'un  père   Por- 


D'AliXElRO 


23 


tugais  el  d'une  mère  Suédoise,  est  né  à  Macao, 
en  Chine,  le  22  no\einbie  1838.  Après  avoir  fait 
et  achevé  ses  études  de  droit  à  Coiinbre,  il  reprit 
avec  ardeur,  en  1839,  les  éludes  musicales  qu'il 
avait  commencées  à  l'âge  de  huit  ans  :  il  appiit 
l'harmonie  avec  le  professeur  ]\Ianoel  Joaquim 
tJolelho,  artiste  de  l'orchestre  du  théâtre  San- 
Carlos,  de  Lisbonne,  étudia  le  contre-point  et  la 
fugue  avec  Vicente  Schira,  chef  d'orchestre  du 
même  théâtre,  et  eut  pour  maître  de  piano  j'ha- 
hile  virtuose  Antonio  José  Soares,  maître  de 
chapelle  de  l'ancien  Séminaire  patriarcal.  Le."!  es- 
sais de  composition  de  M.  d'Arneiro  qui.  datent 
de  celte  épo(iue  sont  très-nombreux,  el  consis- 
tent en  pièces  d'orchestre,  entr'actes,  morceaux, 
romances,  duos,  auxquels  il  faut  ajouter  une 
petite  comédie  :  A  Quesiâo  do  Oriente,  jouée 
avec  succès  sur  le  théâtre  Académique ,  une 
messe  en  sol  majeur  à  quatre  voix  avec  accom- 
pagnement d'orgue,  et  plusieurs  autres  mor- 
ceaux de  musique  religieuse.  Lue  partie  de  ces 
travaux,  notamment  ceux  qui  datent  d'a|)rès 
1859,  ont  été  enregistrés  aux  archives  de  la  So- 
ciété des  auteurs  et  compositeurs  dramatiques 
de  Paris.  En  mars  18G0,  M.  le  vicomte  d'Ar- 
neiro fit  représenter  au  lliéi\tre  San-Carlos  un 
ballet  fantastique  en  un  acte  et  trois  tableaux,  in- 
titulé G?.'m,  dont  le  scénario  lui  avait  été  fourni 
par  M.  Luigi  Arcieri,  et  dont  le  principal  lôle 
était  fort  bien  tenu  par  M»'  Lamarre.  La  mu- 
sique de  cet  ouvrage  fut  très-applaudie,  el  l'on  y 
remarqua,  outre  des  idées  originales  et  en  maint 
enilroit  empreintes  de  poésie,  ime  facture  soi- 
gnée et  un  sentiment  délicat  des  effets  d'orches- 
tre ;  on  jugea  que  c'était  là,  en  somme,  une  œu- 
vre de  mérite,  et. l'on  attendit  l'auteur  à  d'autres 
épreuves  plus  décisives. 

Ce  fut  seulement  en  1871  que  le  compositeur 
présenta  son  ouvrage  le  plus  important,  son 
grand  Te  Z>eum,  exécuté  dans  l'église  de  St-Paul, 
à  Lisbonne,  lors  de  la  fête  de  Notre-Dame  de 
la  Conception.  Malheureusement,  l'exécution  en 
était  confiée  à  une  société  d'amateurs,  qui  ne 
sut  pas  faire  ressortir  toute  la  valeur  de  la  parti- 
tion, les  difficultés  de  celle-ci  étant  d'ailleurs 
très-grandes,  tant  pour  l'orchestre  que  pour  les 
chœurs.  Dos  am.iteurs  aussi  étaient  chargés  des 
soli,  et  un  seul  d'entre  eux,  le  lénor  Gazul 
(alors  premier  Aiolon  à  l'orchestre  du  théâlre 
San-Carlos),  se  distingua.  TaCS  chœurs  surfout 
furent  très- faibles,  car  à  Lisbonne,  comme  dans 
tout  le  Portugal,  tout  enseignement  choral  fait 
complètement  défaut.  L'orchestre,  auquel  étaient 
mêlés  quelques  artistes  de  celui  de  San-Carlos, 
se  conduisit  mieux.  Plus  lard,  on  reproduisit 
dans  un  concert  de  bienfaisance  donné  à  San- 


Carlos  (mai  1871)  les  pièces  les  plus  iinporfanles 
de  ce  grand  Te  Deum.  Je  ne  puis  parler  de  celte 
seconde  audition,  n'y  ayant  pas  assisté,  mais  j'ai 
entendu  dire  qu'elle  avait  été  [ilus  satisfaisante. 
Peu  de  temps  après  la  première  exécution,  M.  le 
\icomte  d'Arneiro  me  fit  la  bonne  gi  Ace  de  me 
prêter  .sa  partition  pour  en  rendre  compte.  Obligé 
de  quitter  Lisbonne  à  l'improviste,  je  ne  pus 
alors  m'acquitter  de  ma  tSche  ;  mais  je  tiens  à 
rendre  justice  ,  ici,  à  son  œuvre  si  remarquable, 
et  je  n'exagérerai  pas  en  disant  que  depuis  Bon- 
tempo  on  n'a  lien  produit  en  Portugal  d'aussi 
important  que  ce  Te  Deum.  Après  la  mort  de  ce 
maître  illustre ,  les  musiciens  portugais  sem- 
blaient n'avoir  d'autre  préoccupalion  que  de  ra- 
baisser de  |)lus  en  (dus  la  musique  d'église  ; 
déjà,  de  son  vivant,  Casimiro  et  ses  imitateurs 
avaient  donné  le  coup  de  grâce  à  cet  art  admira- 
ble, et  les  canevas  sur  des  thèmes  d'opéras  ita- 
liens, les  soli  aux  variations  de  petite  llùte,  les 
duos,  trios,  etc.,  construits  sur  des  thèmes  de 
contredanse,  faisaient  les  délices  des  amateurs  de 
Lisboime.  Chaque  jour  voyait  naître  de  nou- 
veaux imitateurs  de  Casimiro  ,  qui  se  moquaient 
à  qui  mieux  mieux  de  Bontempo  et  de  son 
style  sévère.  Après  la  mort  de  Casimiro  lui- 
même  on  se  tut,  l'épuisement  devint  complet, 
manifeste;  c'est  ainsi  qu'en  Portugal  on  a  pres- 
que oublié  jusqu'à  l'existence  de  la  musique 
religieuse,  tant  nationale  qu'éfran;:,ère.  Je  n'ai 
pas  entendu  les  O'uvres  de  M.  Miguel  Angelo 
Pereira ,  de  Porto,  auteur  de  YEnrico  (V.  ce 
nom),  qu'on  dit  très-sérieuses  ;  se  sont  les  seules 
dont  on  ait  parlé  avant  l'audilion  du  Te  Deum 
de  M.  d'Arneiro.  L'œuvre  de  celui  ci,  quoique 
mal  exécutée,  a  fait  sensation  à  Lisbonne,  et 
l'on  s'aperçut  aussitôt  qu'on  avait  affaire  à  un 
talent  remarquable.  L'élévation  des  idées,  l'ex- 
pression profonde  et  énergique  du  dialogue  vo- 
cal, la  richesse  de  l'orchestre,  c'est  à-dire  l'at- 
tention toute  particulière  accordée  à  chaque  ins- 
trument et  l'entente  rare  dans  leur  emploi,  le 
caractère  grandiose  des  chœui'S,  tout  cela  pro- 
duisit à  Lisbonne  un  elfet  dont  on  ne  sut  pas 
d'abord  se  rendre  compte.  Les  uns  disaient  que 
c'était  de  la  musique  dramatique,  d'autres  en 
parlaient  comme  d'une  sorte  d'oratorio,  d'autres 
encore  y  trouvaient  des  éléments  symphoni- 
ques.  Le  faites!  que  le  Je  Dnim  de  M.  d'Arneiro 
touche  à  tous  ces  genres  divers,  par  le  caractère 
des  morceaux  dont  il  se  compose  ;  on  peut  repro- 
cher à  lœuvre  de  manquer  d'unité  dans  le  style, 
on  peut  dire  à  l'auteur  que  son  éclectisme  lui  a  fait 
adopter  et  employer  des  procédés  opposés  entre 
eux,  par  exemple  ceux  de  l'école  allemande  pour 
les  chii'urs,  ceux  de   l'école   française  (Halévy, 


24 


D'ARNEIRO  —  ARNOULD 


Gotinod)  pour  l'oicliestre,  enfin  ceux  de  l'école 
italienne  pour  le  caractère  des  morceaux  concer- 
tants, et  que  tout  cela  nuit  à  l'ensemble  de  la 
composition.  Peut-être  est-ce  pour  cela  que 
M.  d'Arneiro  a  changé  le  titre  de  son  œuvre  lors- 
qu'il l'a  fait  exécuter  à  Paris,  et  qu'il  a;  baptisé 
alors  son  Te  Deum  Aa  nom  A&  symphonie-can- 
tate, titre  qui  en  définissait  mieux  le  caractère  et 
la  portée.  L'œuvre  de  M.  d'Arneiro  fut  très-bien 
reçue  à  Paris,  et  la  critique  lui  fit  un  excellent 
accueil.  MM.  Oscar  Comettant,  Victorin  Jon- 
cières,  de  Thémines,  Gustave  Bertrand  et  bien 
d'autres  en  rendirent  compte  d'une  manière 
très-flatteuse  ;  quelques  journaux  anglais,  alle- 
mands et  italiens  s'en  occupèrent  aussi.  Leur 
opinion  fut  !a  même';  on  en  parla  comme  dune 
composition  très-remarquable,  qui  dénote  des 
qualités  précieuses  chez  l'auteur.  Cependant 
M.  le  comte  d'Arneiro  n'est  pas  encore  par- 
venu à  s'assimiler  les  qualités  de  ses  modèles  à 
ce  point  qu'il  ait  pu  produire  une  œuvre  d'un 
style  original,  à  lui.  D'ailleurs  on  fera  bien  d'at- 
tendre que  le  compositeur  nous  ait  appris,  dans 
une  seconde  symphonie-cantate,  ce  qu'il  en- 
tend par  ce  nouveau  genre,  quelle  est  son  es- 
thétique musicale  à  ce  sujet,  s'il  a  en  vue  de 
créer  une  forme  nouvelle  ou  s'il  reviendra  tout 
bonnement  à  la  forme  traditionnelle  du  Te  Deum. 
Le  programme  de  l'exécution  faite  à  Paris  repro- 
duisait les  morceaux  suivants  :  t"^'  partie:  Te 
Deum,  Tibi  Omnes,  Tibi  Chérubin,  Te  Glorio- 
sus;  2"  partie  :  Pat  rem  immensx  mojestatis, 
Tu  ad  liberandum.  Index  creder'is  ;  3*  partie  : 
Salvum  fac  populum,  Pcr  singulos  dies,  Di- 
gnare  Domine,  Miserere,  In  te  Domine  spe- 
ravi.  Les  soli  étaient  confiés  à  M""  Mélanie 
Reboux,  M""  Amanda  Hoimberg,  MM.  Miguel  et 
Léon  Lafont  ;  les  chœurs  étaient  conduits  par 
M.  Léon  Martin,  et  l'orchestre  était  placé  sous  la 
direction  de  M.  Danbé,  chef  d'orchestre  des  con- 
certs du  Grand-Hôtel.  L'exécution  fut  bonne  de 
la  part  des  chœurs  et  de  l'orchestre,  mais  les 
soli,  dit-on,  laissèrent  parfois  beaucoup  à  désirer. 
Retourné  en  Portugal,  M.  d'Arneiro  se  remit  au 
travail  ;  un  Scherzo  en  7ni  bémol,  une  Polonaise 
de  concert,  un  Recueil  de  morceaux  caractéristi- 
ques :  Refrains  du  Printemps,  et  un  opéra 
semi-sérieux,  EUsire  di  giovinezza,  sont  les 
fruits  de  ses  derniers  travaux.  Ce  dernier  ou- 
vrage, qui  est  en  4  actes,  et  dont  les  paroles 
ont  été  écrites  par  M.  Jean-Jacques  Magne,  a  été 
mis  à  l'étude  au  théâtre  San-Carlos,  où  il  doit 
être  bientôt  chanté  parM™^  VitalietMM.  Corsi, 
Rota,  Vidal  et  Rellini  (1).  J.  de  V. 

(1)  Cet  ouvrage  vient  d'ctre  représenté  (mars  i87fi)  an 
théâtre  San  Carlos.  —  A.  P. 


ARNOLD  (YouryYON),  compositeur  et 
écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Saint-Péters- 
bourg le  1*"^  novembre  1811.  Ses  parents,  qui  le 
destinaient  à  la  carrière  diplomatique,  lui  firent 
faire  son  droit,  mais  il  ne  tarda  pas  à  quitter 
cette  carrière  pour  l'état  militaire.  Entré  comme 
porte-enseigne  dans  un  régiment  de  cuirassiers, 
il  fit  en  1831  la  campagne  de  Pologne.  Décoré  de 
l'ordre  de  Saint-Georges  et  promu  au  grade  d'of- 
ficier, il  se  retira  du  service  en  1838  afin  de  s'a- 
donner exclusivement  à  l'étude  de  la  musique, 
pour  laquelle  il  avait  un  penchant  qui  datait  de 
ses  premières  années.  Après  avoir  travaillé  quel- 
que temps  avec  Jean-Léopold  Fuchs,  il  se  sentit 
assez  fort  pour  aborder  la  composition  d'un 
opéra  russe  :  la  Bohémienne.  En  1859,  il  rem- 
porta le  prix  dans  un  concours  ouvert  par  la 
Société  philharmonique  de  Saint-Pétersbourg 
pour  la  composition  de  Swsctlana,  grande  bal- 
lade de  Schukovvsky.  A  dater  de  ce  moment, 
Youry  von  Arnold  produisit  assez  rapidement 
trois  opéras  russes  et  plusieurs  petites  composi- 
tions au  nombre  desquelles  il  faut  compter  quel- 
ques chœurs  à  quatre  voix  et  environ  cent  vingt 
lieder.  Il  a  fait  aussi  à  Saint-Pétersbourg  et  à 
Moscou  plusieurs  conférences  sur  l'histoire  de  'a 
nuisique  et  sur  la  théorie  musicale,  qu'il  a  pu- 
bliées. En  1863  il  vint  s'établir  à  Leipzig,  où  il 
fonda  un  journal  de  musique  intitulé  :  Allge- 
meine  neve Zeitschrift  fur  Theater  und  Musik 
{Souvelle  gazette  générale  pour  le  théâtre  et 
la  musique),  dont  les  tendances  ultra-progres- 
sistes ne  trouvèrent  qu'un  écho  bien  faible  dans 
le  public.  Il  publia  vers  la  même  époque  plusieurs 
écrits  sur  la  musique.  Depuis  1870,  Youry  von 
Arnold  est  retourné  dans  sa  patrie,  ayant  été 
nommé  au  conservatoire  de  Moscou  professeur 
de  la  théorie  du  chant. 

Y. 

*  ARA'OULD  (  Madei.xine-Sopuie  ) ,  chan- 
teuse célèbre,  est  morte,  non  en  1803,  comme  il 
a  été  dit  par  erreur,  mais  le  22  octobre  1802. 
Deux  écrits  ont  été  publiés  sur  elle  :  1°  Arnol- 
diana,  ou  Sophie  Arnould  et  ses  contempo- 
rains, recueil  choisi  d'anecdotes  piquantes,  de 
reparties  et  de  bons  mots  de  M'ic  Arnould,  pré- 
cédé d'une  notice  sur  sa  vie  et  sur  l'Académie 
impériale  de  musique,  par  l'auteur  du  liiévriana 
(Paris,  Gérard,  1813,  in-12  avec  portrait);  2°  So- 
phie Arnould,  d'après  sa  correspondance  et  ses 
Mémoires  inédits,  par  MM.  Edmond  et  Jules  de 
Concourt  (Paris,  Poulet-Mahssis,  1857,  in-12). 
Sophie  Arnould  a  été  mise  deux  fois  en  scène 
par  les  vaudevillistes,  dans  deux  pièces,  chacune 
en  3  ai  tes,  qui  portaient  son  nom  :  l'une,  de 
Barré,  Radet  et  Desfontaines,  jouée  au  Vaude- 


ARNOULD  —  ARRIETA 


25 


ville  en  1805  ;  l'autre,  de  MM.  de  Leuven,  de 
Forges  et  Dnmanoir,  donnée  au  Palais-Royal  en 
1833.  Dans  la  première,  Sopliie  était  personni- 
fiée par  l'aimable  M""  Belmont,  qui  fit  peu  d'an- 
nées après  les  beaux  jours  de  l'Opéra-Comique; 
c'est  M"e  Déjazet  qui  la  représentait  dans  la  se- 
conde, 

ARQUIiMBAU  (Domingo),  compositeur  es- 
pagnol ,  a  joui  dans  sa  patrie  d'une  certaine  re- 
nommée. On  ignore  également  et  la  date  de  sa 
naissance  et  celle  de  sa  mort  :  on  sait  seulement 
qu'après  avoir  été  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Gérone,  il  remplissait,  en  1823,  les 
mêmes  fonctiqns  à  celle  de  Séville.  Ayant  envoyé 
une  de  ses  compositions  à  l'Académie  des  Phil- 
harmoniques de  Bologne ,  cette  compagnie  s'en 
montra  tiès-satisfaite  et  l'admit  au  nombre  de 
ses  membres. 

*ARRESTI  (Floruno),  et  non  Aresti,é[ai'\t 
fils  de  Jules-César  Arresti.  Sa  naissance  remonte 
plus  haut  que  la  fin  du  dix-septième  siècle,  car 
dès  1684  il  était  reçu  membre  de  l'Académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne,  dont  il  devint 
prince  en  1715.  Comme  organiste,  il  avait  été 
élève  de  Bernardo  Pasquini,  et  fit  lui-même 
d'excellents  disciples. 

*ARR1AGA  Y  BALZOLA  (Juan  Crisos- 
tomo-Jacobo- Antonio),  musicien  espagnol,  na- 
quit à  Bilbao  le  27  janvier  1806.  Je  rétablis  ici 
d'une  façon  précise  les  noms,  prénoms  et  date 
de  naissance  de  cet  artiste  intéressant,  d'après 
M-  Baltazar  Saldoni  {Efemerides  de  musicos 
espanoles),  qui  a  eu  sous  les  yeux  son  acte  de 
baptême. 

*ARRIETA  (D.  Jian-Emilio),  l'un  descom- 
positeurs  dramatiques  les  plus  actifs  et  les  plus 
estimés  de  l'Espagne  contemporaine,  est  né  à 
Puenfe  la  Reina,  dans  la  Navarre,  le  21  octobre 
1823.  Il  alla  faire  son  éducation  musicale  en  Ita- 
lie, partit  pour  ce  pays  en  1838,  fut  admis  au 
Conservatoire  de  Milan  le  3  janvier  1842,  et  de- 
vint dans  cet  établissement,  où  il  eut  pour  con- 
disciple M.  Antonio  Cagnoni,  l'élève  de  Vaccaj 
pour  la  composition.  Étant  sorti  du  Conservatoire 
après  un  peu  moins  de  quatre  ans  d'études,  le 
3  septembre  1845,  M.  Arrieta  eut  la  chance  de 
faire  représenter  sur  un  théâtre  secondaire  de 
Milan  son  premier  ouvrage  dramatique,  Ilde- 
gonda,  opéra  semi-sérieux  qui ,  s'il  ne  réussit 
que  médiocrement,  donnait  cependant  de  l'espoir 
pour  l'avenir  du  jeune  compositeur. 

Dès  les  premiers  jours  de  l'année  1848,  à  la 
première  approche  des  événements  politiques 
qui  troublèrent  si  profondément  l'Italie  à  cette 
époque,  M.  Arrieta  revint  dans  sa  patrie.  Il  son- 
gea tout  d'abord   à  y    reprendre  sa  carrière  de 


compositeur  dramatique,  aussitôt  interrompue 
que  commencée,  et  il  écrivit  la  musique  d'un 
grand  opéra  espagnol  en  trois  actes,  Isabelle  In 
Catholique,  ou  la  Conquête  de  Grenade,  qui 
fut  joué  avec  succès  en  1850,  et  repris  en  1855. 
On  était  alors  à  l'époque  où  un  certain  nombre 
de  jeunes  écrivains  et  de  jeunes  musiciens,  réu- 
nissant leurs  efforts  pour  une  action  commune, 
avaient  formé  le  projet  de  faire  revivre  et  re- 
fleurir la  zarzuela,  ou  opéra-comique  espagnol. 
M.  Arrieta  vint  se  joindre  à  ce  petit  groupe  en- 
treprenant, actif  et  intelligent,  dans  lequel  se 
trouvaient  déjà  MM.  Olona,  Barbieri  et  Gaz- 
tambide,  et,  grâce  à  l'initiative  et  au  zèle  de  ces 
jeunes  artistes,  le  genre  de  la  zarzuela,  qui  peut 
être  considéré  comme  un  produit  national,  prit 
un  essor  surprenant.  Pour  sa  part,  M.  Arrieta  a 
écrit,  depuis  1852  jusqu'à  ce  jour,  environ  qua- 
rante ouvrages  de  ce  genre,  qui  se  font,  dit-on, 
remarquer  par  la  jeunesse,  la  vivacité,  la  gaieté, 
la  véhémence  et  des  qualités  tout  à  fait  parti- 
culières, et  dont  quelques-uns,  el  Domino  azul, 
la  Estrella  de  Madrid,  Marina,  el  Gnimeie, 
ont  obtenu  des  succès  retentissants  et  prolongés. 
Voici,  d'ailleurs,  la  liste  des  productions  dra- 
matiques de  M.  Arrieta,  liste  que  je  crois  assez 
près  d'être  complète  :  1"  Ildegonda,  opéra  ita- 
lien, Milan,  vers  1847;  2°  Isabel  la  Catùlica, 
6  sea  la  Conquista  de  Granada,  grand  opéra 
espagnol,  Madrid,  1850;  3°  el  Domino  azul,  3 
actes,  19  février  1853  ;  4°  el  Grumete,  un  acte, 
17  juin  1853;  5"  la  Vuelta  del  Corsario  (suite 
et  seconde  partie  à'el  Grumete),  I  acte  ;  6°  Ma- 
rina, 2  actes,  21  septembre  1855;  7"  la  Es- 
trella de  Madrid,  3  actes  ;  8°  De  tal  palo  tal 
astilla,  1  acte;  9°  el  Hombre  /"eZ/s (monologue)  ; 
10"  el  Sonàmbulo,  1  acte,  il  octobre  1856;  11° 
Guerra  d  muer  te,  1  acte;  \2°  la  Dama  del 
Rey,  1  acte;  13°  Un  Aijo  para  el  niùo,  1  acte; 
14°  1864  y  1865,  1  acte;  15°  A  Cadena  perpé- 
tua, 2  actes  ;  16°  cZ  Conjura,  un  acte  (en  so- 
ciété avec  M.  Lopez  de  Ayala),  24  novembre 
1866;  17"  Un  sarao  y  una  soirée,  2  actes,  12 
décembre  1866;  18°  Quien  manda,  manda,  2 
actes  ;  19°  Llamada  y  tropa,  2  actes;  20°  Azon 
Visconti,  3  actes;  21°  Cadenas  de  Oro,  3  ac- 
tes ;  22°  Dos  Coronas,  3  actes  ;  23°  eZ  CaxUivo  en 
Argel,  3  actes  ;  24° el Capitan  negrero,  3  actes; 
25°  el  Agente  de  mairimonios,  3  actes;  26°  el 
Caudillo  de  Baza,  3  actes;  27"  el  Planeta  Ve- 
nus,3ades;  28°  el  Toque  de  Animas,  S  actes;  29° 
la  Insula  Barataria,  3  actes;  30°  la  Carceria 
real,  3  actes  ;  31°  Zct  Sxiegra  del  Diablo,  3  actes, 
23  mars  1867  ;  32°  la  Tabernera  de  Londres, 
3  actes;  33°  las  Circasianos,  3  actes;  34°  un 
Trono  y  un  Desengono,  3  actes;  35°  el  Molin 


26 


ARRIEÏA  —  ARTOT 


contra  Esquilache,  3  actes.  A  tout  cela  il  faut 
ajouter  une  cantate  pour  rinauguralion  du  tlirà- 
tre  de  la  Zarzuela,  qui  eut  lieu  le  11  octobre 
185C,  une  pari  de  collaboration  dans  le  prologue 
d'ouverture  de  ce  tliéàtre,  la  Zarztida,  donné 
le  même  jour,  et  une  Cantate  à  liossini,  exécu- 
tée en  18C4.  —  Professeur  de  composition  au 
Conservatoire  de  Madrid  depuis  le  14  déceiidire 
1857,  conseiller  d'instruction  publique  depuis  le 
mois  de  novembre  1875,  époque  où  M.  Hilarion 
P^slava  donna  sa  démission  de  cette  charge, 
M.  Arrieta  est  aujourd'hui  directeur  du  Conser- 
vatoire. 

ARRIGO  (Giuseppe),  organiste  et  composi- 
teur, est  né  à  Mede,  dans  la  Lomelline,  le  9  sep- 
tembre 1838.  Klève  de  Domenico  Cagnoni,  puis 
de  Carlo  Coccia,  et  enfin  de  M.  Raimondo  Bou- 
cheron, il  devint,  à  la  suite  d'un  concours,  or- 
ganiste de  la  petite  ville  de  Bardi,  dans  l'iimilie, 
position  qu'il  échangea  plus  tard  contre  celle  de 
directeur  <le  l'école  musicale  de  Cassine,  qu'il 
occupe  encore  aujourd'hui.  M.  .\rrigo  a  fondé 
avec  Giuseppe  de  Paoli  et  dirige  seul  mainte- 
nant un  grand  recueil  de  musique  sacrée  pour 
orgue  qui,  sous  le  litre  de  A7'pa  Dnvidiça,  est 
publié  depuis  18G9  à  Milan  par  l'éditeur  Vis- 
mara,  et  qid  a  été  l'objet  d'appréciations  élo- 
gicusesdela  i>art  des  critiques  italiens.  Ce  recueil, 
(jui  contient  quelques  pages  estimables,  est  ce- 
pendant médiocre  au  point  de  vue  général,  et 
les  morceaux  qui  le  composent  sont  loin  d'at- 
teindre ce  qu'on  peut  considérer  comme  l'idéal 
de  la  bonne  musicjue  d'orgue.  M.  Arrigo,  à  cpii 
l'on  doit  aussi  une  brochure  assez  insignifiante 
sur  l'orgue  et  la  musique  sacrée,  n'a  pu  réussir 
encore  à  faire  représenter  un  opéra  bouffe,  qu'il 
a  écrit  sous  le  titre  de  Don  Stazio. 

ARROIVGE  (Anoi.i'ui:),  compositeur  de  mu- 
sique, né  le  8  mars  1838  à  Hiimbourg,  est  l'au- 
teur d'un  gr.md  nombre  d'opéras-comiques  et 
d'opérettes  au  nombre  desquelles  on  cite  :  Das 
Gespenst  (le  l'antôme),  et  Der  Zireile  Jacob 
(le  Deuxième  Jacob).  Depuis  1868  il  semble  avoir 
abandonné  la  carrière  de  compositeur  draina- 
tiqu<\  et  s'être  adonné  plus  spécialement  à  l'en- 
seignement du  chant.  Y. 

ARTOT  (M.uiîi(;i;MOMAGNi:V,dit),  né  à 
Gray  (Haute-Saône)  le  3  février  1772,  servit  sous 
la  République  française  comme  nuisicien  et  chef 
de  musique,  puis  vint  à  Bruxelles  comme  pre- 
mier cor  au  théâtre  de  la  Monnaie,  place  qu'il 
occupa  pendant  vingt  ans;  il  fut  aussi  maître 
de  musique  à  l'église  du  Béguinage,  professeur 
de  chant,  de  guitare  et  de  violon,  instrument 
sur  lequel  il  excellait  ;  il  était  surtout  parfait 
musicien.  En  1811,  lors  du  passage  de  Napo- 


léon 1*^'  et  de  Marie-Louise  à  Bruxelles,  il  se  fil 
entendre  dans  un  concert  donné  à  Laéken  à  cette 
occasion,  et  l'empereur  le  nomma  premier  cor. 
Il  était  marié  à  Thérèse-Ève  Ries,  fille  d'A- 
dam Ries,  maître  de  chapelle  du  Dôme  de  Co- 
logne, et  cousine  du  célèbre  compositeur  l'erdi- 
nand  Ries.  11  est  mort  à  Bruxelles  le  8  janvier 
1329.  F.  D. 

ARTOT  (Jevn-Dksiîié  M0NT.\GNEY,  dil), 
né  à  Paris  le  1er  vendémiaire  de  l'an  XII  «le  la 
République  (■?3  septembre  1803),  fils  de  Maurice 
Arlot,  commença  à  l'âge  de  six  ans  son  éducation 
musicale  sous  la  direction  de  son  père,  qui  lui 
enseigna  le  chant  et  le  violon,  et  qui,  lorsqu'il 
eut  atteint  sa  onzième  année,  lui  donna  ses 
premières  leçons  de  cor  ;  il  fit  de  rn|)ides  pro- 
grès sur  cet  instrument,  et  en  1819  entra 
comme  premier  cor  au  SI»"  régiment  suisse,  sous 
la  direction  de  l'hab  le  chef  de  uuisique  Jacques 
Bender.  En  1823,  il  cuira  à  l'orchestre  du  théâ- 
tre royal  de  Bruxelles,  et  en  1829,  à  la  mort  de 
son  père,  il  fut  nommé  premier  cor  de  la  musi- 
que particulière  de  S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas. 
En  18!2,  Valenlin  Bender  l'engagea  comme 
premier  cor  et  sous-chef  de  musique  au  régi- 
ment des  guides,  qu'il  quitta  en  1835  pour  voya- 
ger en  Allemagne  et  en  France.  Revenu  en  Bel- 
gi(iue,  il  rentra  au  théâtre  de  la  Monnaie  et  au 
régiment  des  guides,  d'où  il  prit  définitivement 
son  congé  en  1852. 

En  1813,  il  fut  nommé  professeur  de  cor  au 
Conservatoire  royal  de  musique  de  Bruxelles. 
Le  24  mars  1849,  S.  M.  le  roi  Léopold  l''  le 
nomma  premier  cor  .solo  de  sa  musique  paiti- 
culière.  Le  29  novembre  1873,  il  fut  mis  à  la 
pension  après  trente  ans  de  professorat. 

Artot  s'e.'ît  fait  connaître  comme  compositeur 
pour  son  instrument ,  et  voici  la  liste  de  ses 
(cuvres  publiées  :  1°  Six  fantaisies  concertantes 
pour  cor  chromatique ,  avec  accompagnement 
de  piano  (Bruxelles,  Katto)-,  2"  48  études  adop- 
tées comme  exercices  par  les  Conservatoires  et 
écoles  dcmusique  de  Belgique  (Bruxelles,  Scholt); 
3"  18  mélodies  pour  cor  ou  \ioloncelle,  avec 
accompagnement.de  piano  [al.,  id.);  4°  12  qua- 
tuors pour  cors  chrqmafiq'ies  ou  cornets  à  pis- 
tons (irf.,  iil.);  5°  12  trios  et  12  quatuors  pour 
les  mêmes  instruments  {Ut.,  id.). 

F.  D. 

ARTOT  (Cnvni.ES  Henri-Napoi.éon  MOX- 
TAGNEY,  dit),  frère  du  précédent,  né  le  12 
avril  1810  à  Bruxelles,  est  mort  en  celte]  ville 
le  4  mai  1854.  Il  s'était  fait  une  réputation 
comme  tind^alier  au  théâtre  de  la  Monnaie  et 
était  excellent  pianiste  et  organiste. 

Une  sœur  de  cet  artiste  et  du  précédent  s'est 


ARÏOT  —  ASGHER 


27 


distinguée  comme  cantatrice  en  Delgiqup,  en 
France,  en  Allemagne  et  en  Angleterre,  oii  elle  a 
donné  des  concerts  en  société  avec  ses  trois 
frères  Alexandre,  Charles  et  Désiré.  Elle  est 
morle,  jeune  encore,  à  Bngnères  de  Luclion. 

F.  1). 

*ARTOT  (Alexandre- Joseph  MONTA- 
GNEY,  dit),  violoniste  extrêmement  remarqua- 
ble, naquit  à  Bruxelles,  non  le  4  lévrier,  mais 
le  25  janvier  1815.  Ce  n'est  pdint  la  croix  de 
la  Légion  d'honneur  qu'il  reçut  (lo  janvier  1845), 
mais  celle  de  l'ordre  belge  de  Léopold  (t). 

F.  D. 

ARTOT  (Maucuerite  -  Josépuine-  DÉsinià: 
MONTAGNEY,  dite),  cantatrice  distinguée,  fille 
de  M.  Désiré  Arlot,  ancien  professeur  de  cor  au 
conservaloire  de  Bruxelles,  et  nièce  du  fameux 
violoniste  belge  Joseph-Alexandre  Artot ,  naquit 
à  Paris,  le  21  juillet  1835,  pendant  un  voyage  de 
ses  parents  en  cette  ville.  L'éducation  musicale 
de  M'"^  Artol  fut  commencée  de  bonne  heure  dans 
sa  famille,  mais  sa  voix  ne  se  forma  et  ne  se  ca- 
ractérisa qu'assez  tardivement.  Devenue  élève 
de  M'""  Viardot,  elle  resia  pendant  deux  an- 
nées sous  la  direction  de  celte  grande  artiste, 
et  se  fit  entendre  vers  1857,  à  Bruxelles,  dans 
quelques  concerts  oii  elle  fit  sensation.  Proté- 
gée par  iMeyerbeer,  à  qui  M""  Yiardot  l'avait 
fait  connaître,  elle  fut  engagée  à  Paris,  par  la 
direction  de  l'Opéra,  et  débula  à  ce  théâtre, 
au  commencement  de  1858,  dans  le  rôle  de  Fi- 
dès,  du  Prophète.  Sa  belle  voix  de  rnezzo-so- 
prano,  puissante  et  corsée,  ses  accents  pas- 
sionnés, son  talent  déjà  réel  de  cantatrice,  liu 
firent  obtenir  du  public  parisien  un  accueil  |)ar- 
ticulièrement  favorable.  Cependant,  les  tiraille- 
ments qui  se  produisent  volontiers  sur  notie 
première  scène  lyrique  à  l'arrivée  d'un  nouveau 
sujet  décidèrent  M''''  Artot  à  quitter  rO|)éra 
au  bout  de  peu  de  temps,  après  y  avoir  chanté 
plusieurs  rôles  du  répertoire,  et  elle  songea  à 
embrasser  la  carrière  italienne.  Avant  de  réa- 
liser ce  ])rojet,  toutefois,  elle  alla  donner  dans 
diverses  villes  de  province,  à  Tîordeaux,  à  Lyon, 
à  Orléans,  à  Montpellier,  puis  en  Belgique,  à 
Bruxelles,  à  Anvers,  à  Liège,  à  Gand,  des  re- 
présentations qui  excitèrent  l'enthou-siasme.  Elle 
se  fit  entendre  aussi  en  Hollande,  à  Amsterdam, 
et  enfin  partit  pour  l'Italie,  pour  s'y  perfection- 
ner dans  le  chant  italien. 

C'est  alors  qu'elle  fut  engagée  pour  Berlin,  et 
que  commença  pour  la  jeune  artiste  une  carrière 

(i)  On  a  VII,  par  ces'trois  nnlicps,  que  i?  nom  véritable 
do  la  famille  Arlot  est  Montagnoj,  et  non  VoutcKinij, 
comme  il  a  été  Imprime  par  erreur  dans  la  llioijrdiihie 
7iniiersrlle  des  Miisii'iciis. 


pleine  de  succès  éclafaiilset  de  véritables  triom- 
phes. Après  cinq  ou  six  années  passées  à  Ber- 
lin, où  elle  chanta  tour  à  tour  en  italien  et  en  al- 
lemand, elle  se  fit  entendre  dans  presque  toutes 
les  grandes  villes  d'Allemagne,  puis  à  Pesth,  à 
Copenhague,  à  I.,ondres,  sur  les  deux  théâtres 
de  Covenl  Garden  et  de  HayMarkel,  et  enfin  à 
Yarsovie  ,  à  Sl-P(  tershourg  et  à  Moscou  ,  oii 
peut-être  elle  a  obtenu  ses  plus  grands  succès. 
Dans  le  cours  de  ses  voyages,  M"*^  Artot,  qui  ne 
cessait  de  travailler  et  d'acquérir,  sut  donner 
plus  d'ampleur  encore  à  sa  voix  et  plus  d'éten- 
due, et,  tout  en  conservant  intactes  ses  belles^ 
notes  du  ii;édiuui  et  du  regi.stre  grave,  lui  faire 
atteindre  dans  le  haut  plusieurs  sons  aigus  qui 
lui  permirent  d'aborder  des  lôles  tels  que  ceux 
de  Yalentine  des  Huguenots  et  de  Rachel  ^\e■la 
Juive,  créés  naguère  par  M»''  Falcon  et  dans 
lesquels  ses  facultés  passionnées  pouvaient  se 
donner  librement  carrière. 

L'existence  artistique  de  M"'  Artot  a  été  des 
plus  brillantes,  et  cette  cantatrice  remarquable 
n'a  cessé  jusqu'à  ce  jour  de  recevoir  et  <le  mé- 
riter les  faveurs  du  public.  En  1809,  elle  a 
épousé  M.  Padilla,  chanteur  espagnol  voué, 
comme  elle,  au  chant  italien,  et  qui  ne  manque 
ni  de  mérite  ni  de  distinction. 

AS.\i\TSCHK\VSKY  (Micueld'),  com^ 
positeur  russe,  est  né  à  Moscou  en  1838.  Il  a 
séjourné  pemlant  quelque  temps  à  Leipzig, 
où  il  a  terminé  ses  études  musicales  .sous  la  di- 
rection de  Hauptmann  et  de  Uichfer.  En  1806 
il  vint  à  Paris,  où  il  fil  l'acquisition  de  la  bi- 
bliothèque d'Anders  ,  collection  qu'il  joignit  à 
la  sienne,  déjà  très- nombreuse,  pour  l'offrir  au 
Conservatoire  de  St-Pétersbourg,  dont  il  venait 
d'être  nommé  le  directeur,  en  remplacement 
d'Antoine  Rubinslein. 

M.d'Asantschevvsky  a  écrit  pour  le  piano,  pour 
le  quatuor  et  pour  l'orchestre  plusieurs  com- 
positions estimées,  Y. 

*ASCHER  (Joseph),  pianiste  et  compositeur, 
est  mort  à  Londres  en  juin  ou  juillet  1809,  à 
la  suite  d'une  maladie  qui  avait  complètement 
dérangé  ses  facultés  mentales.  Élève  de  Mendels- 
sohn  et  de  Moschelès,  ami  de  Thalberg,  Ascher 
s'était  lance  dans  la  voie  ouverte  par  ce  der- 
nier, et,  avec  un  talent  moins  complet,  mais 
brillant  et  léger,  il  avait  conquis  une  véritable 
réputation.  Ses  compositions,  dont  le  nombre 
dépasse  une  centaine,  furent  un  moment  très- 
recherchées,  et  l'on  citait  surtout  :  les  Commè- 
res,  les  Cloches  ilu  vitlaje  ,  Marche  de  la 
Reine,  Sérénade  vénitienne,  Belle  de  nui!.,, 
les  Cont  cm  plut  ions  ,  Rapsodie  polonaise  , 
Chants  de  V Ukraine,  le  Sourire,  la  Fileuse 


28 


ASCHER  —  AUBER 


la  Prisç  de  voile,  les  Hirotidelles,  les  Gouttes 
d'eau,  Danse  espagnole.  Dans  ma  barque,  le 
Papillon,  etc.,  etc. 

ASIOLI   (F )  ,  compositeur  italien,   a 

fait  représenter  -sur  le  théâtre  de  la  Scala,  de 
Milan,  le  10  février  1859,  un  opéra  sérieux  inti- 
tulé Maria  de'  Ricci.  J'ignore  si  cet  artiste  est 
un  descendant  du  fameux  compositeur  et  tliéo- 
ricien  Bonifazio  Asioli. 

*ASPA  (Mario).  Ce  compositeur  n'a  pas 
écrit  et  fait  représenter  moins  de  quarante-deux 
opéras.  Il  m'a  été  malheureusement  impossible 
d'en  dresser  la  liste  complète ,  car  beaucoup 
déjà  sont  oubliés,  et  le  seul  qui  soit  resté  vrai- 
ment populaire  et  qui  se  maintienne  au  réper- 
toire des  théâtres  d'Italie  est  celui  qui  a  pour 
titre  :  il  Murât  are  di  Napoli.  Je  n'en  connais 
que  quatre  parmi  ceux  qui  n'ont  pas  été  men- 
tionnés dans  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens  :  Emo  ,  Margherila  d'Aragona, 
Gustavo  Wasa,  et  Piero  di  Calais. 

*ASTAR1TA  (Janvier).  Ce  compositeur  a 
fait  représenter  les  trois  opéras  suivants,  qui 
manquent  à  la  liste  de  ses  œuvres  :  1°  Vlsola 
disabdata;  T  le  Cinesi  ;  Z"  l'Imprésario  in 
scompiglio,  farsa  en  un  acte.  Cette  dernière  a 
été  donnée  au  théâtre  de  la  Canobbiana,  de  Mi- 
lan, en  1791. 

*  ATYS  ou  ATIS  ( ).  On  doit  à  cet  ar- 
tiste la  publication  suivante,  qui  n'est  point  la 
première,  puisqu'elle  i)orte  le  n°  5  comme  chif- 
fre d'oeuvre  -.  Clef  facile  et  méthodique  pour 
apprendre  en  peu  de  temps  à  battre  la  me- 
sure, à  distinguer  les  modulations,  à  préluder 
et  àphraser  la  musique,  par  le  moyen  de  la 
ponctuation  grammaticale  et  typographique-, 
ouvrage  utile  et  intéressant  pour  les  commen- 
çants, suivi  de  6  petites  sonates  méthodiques, 
servant  d'exemples  pour  l'intelligence  et  la 
pratique  de  cette  méthode  {  Paris,  l'auteur). 
Cet  ouvrage  fut  publié  en  1763,  et  le  Mercure 
de  France,  en  l'annonçant,  reproduisit  l'intro- 
duction placée  en  tête  par  l'auteur.  Atys  a  en- 
core publié  une  Première  Suite  de  menuets  en 
symphonies  ^  à  sept  parties,  y  compris  vn 
basson  obligé  ou  violoncelle,  qui  ont  été  exé- 
cutés à  la  Comédie-Italienne. 

AUBE  (Paul),  compositeur  amateur,  a  fait 
représenter  sur  le  grand  théâtre  de  Toulon,  au 
mois  de  janvier  1875,  un  grand  opéra  en  4  ac- 
tes, intitulé  Gheysa. 

*AUBER  (Dahiel-Frasçois  Esprit)  ,  est 
mort  à  Paris,  le  12  mai  187 1,  au  plus  fort  de 
l'épouvantable  guerre  civile  qui  désolait  alors  la 
capitale  de  la  France.  Il  était  âgé  de  89  ans, 
étant  né  à  Caen  le  29  janvier  1782,  ainsi  que  le 


prouve  son  acte  de  baptême,  publié  pour  la  pre- 
mière fois  en  1873.  C'est  M.  V.  Legentil,  qui, 
dans  un  rapport  adressé  à  la  Société  des  Beaux- 
Arts  de  Caen  et  inséré  dans  le  Bulletin  de 
cette  société,  a  le  premier  rendu  public  ce  do- 
cument, dont  voici  l'exacte  reproduction  : 

«  L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-deux ,  le 
mercredi  30  janvier,  nous,  curé  soussigné,  avons 
baptisé  un  fils  né  d'hier  du  légitime  mariage 
de  Jean-Baptiste -Daniel  Aiiber,  officier  des 
chasses  du  roi,  et  de  Françoise- Adélaïde-Esprit 
Vincent,  demeurante  Paris,  aux  petites  écuries 
du  Roi,  faubourg  Saint-Denis,  à  Paris,  paroisse 
Saint-Laurent,  lequel  a  été  nommé  Daniel-Fran- 
çois-Esprit par  Daniel  Auber,  peintre  du  Roi, 
assisté  de  Françoise-Sophie -Vincent,  ledit"  par- 
rain représenté  par  J.-B.  Normand,  et  ladite 
marraine  par  Marie  Duclos,  qui  ont  conjointe- 
ment signé  avec  nous. 

«  Desbordeaux, 

"  curé  de  Saint-Julien.  » 

Vn  renseignement  important,  contenu  dans 
l'acte  qui  précède,  est  celui  qui  nous  fait  savoir 
que  le  père  d'Auber,  à  l'époque  de  la  naissance 
(le  son  fils,  était  officier  des  chasses  du  roi ,  et 
non  point  marchand  d'estampes,  comme  on  l'a 
dit;  il  ne  le  devint  donc  que  plus  tard,  et  sans 
doute  lorsque  la  Révolution  lui  eut  fait  perdre 
son  emploi.  Ce  qu'on  ignorait  encore,  c'est  que 
le  père  d'Auber  était  peintre.  J'en  ai  trouvé  la 
preuve  dans  le  livret  de  1808  de  îa  Société  aca- 
démique des  Enfants  d'Apollon,  qui,  dans  la 
liste  de  ses  membres,  porte  ces  deux  mentions  : 
«  Auber  père,  amateur  de  cbant  et  de  violon, 
peintre,  reçu  en  1784;  »  et  «  Auber  fils,  com- 
positeur, reçu  en  1806.  »  Ceci  nous  apprend 
en  outre  que,  .si  Auber  ne  s'est  produit  que  fort 
tard  au  théâtre,  il  n'en  fut  pas  moins  musicien 
de  bonne  heure,  puisqu'il  prenait  la  qualifica- 
tion de  compositeur,  et  se  faisait  recevoir  à  ce 
titre  dans  une  société  artistique.  D'autre  part, 
on  peut  affirmer  que  l'aïeul  d'Auber  était,  dans 
un  autre  genre,  un  artiste  de  talent.  Dans  la 
Notice  du  mobilier  dépendant  de  la  succes- 
sion de  M.  Auber,  notice  qui  a  servi  à  la  vente 
effectuée  le  26  juillet  1871,  on  voit  inscrits  trois 
objets  d'art  importants  :  1"  bas-relief  en  bois 
sculpté,  bouquet  de  fleurs  dans  un  vase,  signé  : 
Auber  fecit,  Mil;  2"  petit  bas-relief  en  bois 
finement  sculpté,  représentant  des  fleurs  et  des 
attributs  de  jardinage,  exécuté  par  le  même; 
3°  très-.beau  baromètre  en  bois  finement  sculpté  et 
doré,  à  feuillages  de  laurier,  guirlandes  de  fleurs 
et  médaillon,  exécuté  par  le  même.  La  Aotice, 


AUBER 


29 


évidemment  bien  informée,  ajoute  :  «  Ces  trois 
objets,  d'un  rare  mérite  d'exécution,  sont  de 
l'aïeul  paternel  de  M.  Auber.  »  Enfin,  l'acte  de 
baptême  du  maître  mentionne,  comme  parrain 
de  l'enfant,  Daniel  Auber,  «  peintre  du  roi.  « 
Qu'était  celui-ci  ?  Sans  doute  un  frère  de  son 
père,  c'est-à-dire  un  oncle  à  lui.  Quoi  qu  il  en 
soit,  on  voit  que  si  Auber  ne  naquit  point  dans 
un  milieu  musical,  il  appartenait  du  moins  à 
une  véritable  famille  d'artistes,  et  que  ses  pre- 
mières années  durent  s'écouler  dans  une  inces- 
sante communion  intellectuelle. 

Je  n'entreprendrai  pas  ici  de  tracer  une  ca- 
ractéristique du  génie  d'Auber;  un  tel  travail 
excéderait  de  beaucoup  les  bornes  que  je  dois 
donner  à  cette  notice  complémentaire.  Je  m'en 
tiendrai  à  quelques  réflexions,  et  ferai  remar- 
quer tout  d'abord  que  l'oeuvre  du  maître  sembi» 
se  diviser  en  quatre  parties  principales,  cor- 
respondant chacune  à  quatre  périodes  distinctes 
de  sa  manière.  La  première ,  s'étendant  depuis 
le  Séjour  militaire  jusqu'h  la  ISeige  (je  passe 
sous  silence  Vendôme  en  Espagne  et  les  Trois 
genres,  œuvres  de  commande  et  de  circonstance 
écrites  en  collaboration,  et  sans  valeur  person- 
nelle), comprend  les  œuvres  de  jeunesse,  les  pre- 
miers essais,  qui  ne  faisaient  qu'indiquer  et  don- 
ner le  pressentiment  d'une  individualité  future  ; 
avec  le  Concert  à  la  cour,  Léocadie,  le  Ma- 
çon, Auber  est  entré  en  pleine  possession  de 
lui-même,  et  celte  seconde  partie  de  sa  carrière 
se  clôt  par  le  succès  éclatant,  légitime  et  incon- 
testé de  la  Muette,  son  début  à  l'Opéra,  coup 
d'essai  qui  put,  ou  jamais,  passer  pour  un  coup 
de  maître  (il  faut  remarquer  que  la  Muette  est 
la  première  œuvre  importante  et  vigoureuse  qui 
vint  après  la  Vestale  et  Fernand  Cortez,  et 
qu'elle  précéda  Guillaume  Tell ,  Roberl-le- 
Diable  et  la  Juive)  ;  viennent  ensuite ,  avec 
quelques  autres  productions  moins  heureuses, 
quoique  fort  honorables,  à  l'Opéra,  les  vrais 
chefs-d'œuvre  d'Auber  dans  le  genre  de  l'o- 
péra-comique,  la  Fiancée,  Fra  Diavolo,  Les- 
tocq,  le  Cheval  de  bronze,  le  Domino  noir, 
Zaneita,  dans  lesquels  le  génie  du  maître  a  ac- 
quis toute  sa  grâce,  toute  sa  souplesse,  tout  son 
charme  séduisant  ;  enfin,  avec  les  Diamants  de 
la  couronne,  il  entre  dans  une  voie  nouvelle, 
agrandit  ce  genre  aimé  par  lui,  et  lui  donne  une 
ampleur  de  forme,  une  grandeur  de  conception 
dramatique,  une  puissance  instrumentale  en  rap- 
port avec  les  progrès  introduits  et  réalisés  dans 
le  grand  drame  lyrique  ;  à  cette  période  ap- 
partiennent la  Part  du  Diable,  la  Sirène  et 
Haydée,  l'une  de  ses  œuvres  les  plus  parfaites. 
Quant  à  ses  dernières  productions,  celles-là,  il 


faut  bien  le  dire,  ne  sont  plus  dignes  de  lui,  et 
n'a|)partiennent  à  aucun  classement.  Il  y  a  en- 
core de  jolies  pages  dans  Manon  Lescaut,  dans 
la  Circassienneet  même  dans  le  Premier  jour 
de  bonheur,  mais  la  Fiancée  du  roi  de  Garbe 
et  /iêves  d'amour  ne  sont  autre  chose  que  les 
produits  de  la  sénilité. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  quelle  que  puisse  être 
la  valeur  des  réserves  que  l'on  peut  faire  au 
sujet  de  l'influence  exercée  par  Auber  sur  l'é- 
cole française  pendant  près  d'un  demi- siècle,  on 
ne  peut  nier  que  ce  musicien  extrêmement  re- 
marquable et  si  essentiellement  français  ne 
tienne  une  place  d'honneur  dans  les  annales  de 
l'art  national.  A  une  fécondité  rare,  à  une  va- 
riété d'accents  que  quelques-uns  ont  vainement 
essayé  de  méconnaître,  à  un  respect  incontes- 
table et  trop  peu  commun  de  la  langue  dont  il 
s'est  servi  pendant  tani  d'années,  il  joignait  des 
qualités  toutes  personnelles  et  assez  brillantes 
pour  que  celui  qui  les  possédait  occupe  une 
place  distinguée  dans  l'histoire  de  l'art.  Cette 
place  lui  sera  faite,  on  n'en  saurait  douter,  et 
elle  sera  tout  à  l'honneur  de-  la  France,  qu'il  a 
illustrée. 

Le  répertoire  d'Auber  doit  se  compléter  par 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Cantate  exécutée  à 
Pau  pour  la  fête  d'inauguration  de  la  statue 
d'Henri  IV  (1);  2°  les  Premiers  Pas,  prologue 
d'inauguration  de  l'Opéra  National  (en  société 
avec  Adam,  Carafa  et  Halévy),  15  novembre 
1847  ;  3°  Cantate  en  l'honneur  de  l'armée.  Opéra, 
12  janvier  1856-,  tt°  Marco  Spada,  ballet  en  3 
actes  et  5  tableaux,  Opéra,  1"  avril  1857  ;  b°  le 
Cheval  de  Bronze,  opéra-ballet  en  4  actes  (ani  - 
plification  de  l'ouvrage  donné  sous  le  même  titre 
à  l'Opéra-Comique),  Opéra,  21  septembre  1857  ; 
6"  Magenta,  cantate.  Opéra,  6  juin  1859;  7°  la 
Circassienne,  3  actes,  Opéra-Comique,  2  février 
1861  ;  8"  la  Fiancée  du  roi  de  Garbe,  Opéra- 
Comique,  11  janvier  18G4  ;  9°  le  Premier  jour 
de  bonheur,  Opéra-Comique,  15  février  1868; 
10°  Rêves  d'amour,  3  actes,  Opéra-Comique, 
20  décembre  1869. 

On  a  publié  sur  Auber  un  certain  nombre  d'é- 
crits. En  voici  la  liste  :  1°  Auber  (Paris,  librai- 
rie universelle,  1841,  in-16,  avec  portrait),  no- 

(1)  Cette  composition  est  restée  Jusqu'ici  absolument 
ignorée,  et  je  n'en  al  retrouvé  la  trace  que  dans  une 
collection  de  programmes  des  concerts  et  sprctacles 
donnés  à  la  cour,  dans  les  différentes  résidences  royales, 
de  1840  à  1817.  1,'un  de  ces  programmes,  i  la  date  du  is 
noverobie  1843.  mentionnait  celte  cantate,  dont  l'exécu- 
tion à  Pau  était  récente  sans  doute,  et  dont  les  paroles 
avalent  été  écrites  par  M.  LIadères,  officier  d'ordonnance 
du  roi  Louis- Phllippp,  auteur  dramatique,  et  naiif  de 
cette  ville. 


30 


AUBER  —  AUBHY 


tke  comprise  dans  une  série  biographique  ainsi 
iulilulée  :  Écrivains  et  artistes  vivants,  fran- 
çais et  étrangers ,  et  qui  avait  pour  auteurs 
MM.  Xavier  Eyma  et  Arliiur  deLucj  ;  a^J»/.  Aîc- 
6er  (Paris,  1842,  in-lG,  avec  portrait),  notice  qui 
fait  partie  de  la  collection  biographique  publiée 
sous  ce  titre  :  «  Galerie  des  contemporains 
illustres,  par  un  homme  tle  rien,  w  et  dont  l'au- 
teur était  M.  Louis  de  Loménie;  3°  Auber,  par 
Eugène  de  Mirecourt  (Paris,  Havard,  1857, 
in- 18  avec  portrait);  4"  D.-F.-E.  Auber,  sa 
vie  et  ses  œuvres,  par  B.  Jouvin  (Paris,  Heu- 
gel,  1864,  grand  in  8"  avec  portiait  et  autogra-, 
phes);  5°  Une  statue  à  Auber,  par  Y.  Legentil 
(Caen,  typ.  Le  Blanc- Hanlel,  1873,  gr.  in-8"); 
C*  Auber,  ses  commencements,  les  origines  de 
sa  carrière,  par  Arthur  Pougin  (Paris,  Pottier 
de  Lalaine,  1873,  in- 12);  7°  l'Œuvre  d'Aube, 
par  Jules  Cariez  (Caen, lyp. Le Blanc-Hardel,  1874, 
in-S°)  ;  8"  Auber,  aperçu  biographique  et  criti- 
que, la  statue  projetée,  la  cavalcade  du  3  juin 
1875,  par  Jules  Cariez  (id.,  iil.,  1875,  in-18).  Je 
signalerai  aussi,  parce  qu'ils  contiennent  des 
détails  intimes  et  inconnus,  deux  feuilletons  pu- 
bliés par  l'auteur  de  la  présente  notice  dans  le 
Charivari  (3  et  6  février  1872),  sous  ce  titre  : 
les  Derniers  jours  d' Auber. 

Je  ne  terminerai  pas  cette  notice  sans  rappeler 
doux  faiis  intéressants.  Seul  des  membres  de  la 
section  de  musique  de  l'Académie  des  Beaux - 
Arts,  Auber  fut  appelé  à  faire  partie  de  la  com- 
mission instituée,  en  1838,  pour  la  souscription 
«t  l'érection  du  monument  à  élever  à  iMolière,  à 
l'angle  de  la  rue  Richelieu  et  de  la  rue  alors  Tra- 
versière.  —  Dans  ses  dernières  années,  Auber 
avaii  formellement  promis  à  la  Société  des  con- 
certs du  Conservatoire,  dont  il  était  le  président, 
d'écrire  une  symphonie  pour  elle.  Celle  promesse 
n'a  jamais  été  réalisée.  D'autre  \)at[  ,  Auber  a 
composé,  très-peu  de  temps  avant  de  mourir, 
c'est-à-dire  pendant  les  jours  funèbres  de  mars  cl 
avril  1871,  plusieurs  quatuors  pour  instruments 
à  cordes.  Ces  quatuors,  d'une  forme  absolument 
libre,  ne  reprodui^ent  en  aucune  façon  les  allures 
des  compositions  classiques  di;  ce  genre,  et  se- 
raient plutôt,  à  proprement  dire,  des  morceaux 
pour  quatuor  d'instruments  à  cordes.  J'ignore  ce 
qu'ils  sont  devenus  (1). 

(1)  Je  rappellerai,  en  tcrni'.nniit,  les  litres  de  quelques- 
unes  des  premières  compnsitions  vocales  d'Aubcr  ; 
.4mour  et  Folie,  scène;  te  Cri  de  la  Charité,  s'anccs; 
le  .Voine,  barcarolle;  la  l'eUte  CUinctise,  cliansonnelte; 

l'.-/sHe,  nocturne  à  deux  voix Il  f^iut  siynaler  aussi  la 

Marche  à  grand  orchestre  éc;  Itc  par  lui,  en  1S61,  pour 
rEx|iosiilon  de  l.ondre<,  et  la  mari  lie  funèbre  compusi'e 
pour  les  funèralllrs  de  Napoléon  f»  et  exécutée  à  cette 
cérémonie,  ic  15  déceiubr*  ISVo. 


AUIîERT  ( ).  Un  musicien  de  ce  nom 

qui  pourrait  bien  être  Jacques  Aubcrt,  surnommé 
le  Vieux,  puisqu'il  vivait  précisément  à  l'époque 
où  celui-ci  travaillait  pour  l'Opéra ,  a  écrit  des 
divertissements  pour  les  deux  pièces  suivantes, 
représentées  à  l'Opéra-Comique  :  Arlequin  gen- 
tilhomme malgré  lui  (3  actes,  1716),  et  Arle- 
quin huila  ou  la  Femme  répudiée  [un  acte, 
1716). 

AUBERT  (l'abbé),  organiste  de  la  cathédrale 
de  teigne,  est  l'auteur  d'une  Méthode  élémen- 
taire de  plain-chanf ,  accompagnée  de  quinze 
tableaux,  publiée  il  y  a  quelques  années,  à  Paris, 
par  l'éditeur  Repos. 

AUBEllT  DE  VIT14Y  (Fr\nçois-Ji;an- 
l^jMLiri'E).  Ua  écrivain  de  ce  nom  a  donné,  dans 
le  Dictionnaire  de  la  Conversation  et  de  la 
Lecture,  quelques  notices  biographiques  sur  des 
musiciens,  entre  autres  sur  Sacchini  et  Sarti. 
Né  à  Paris  le  2  avril  I76j,  Aubert  de  Yitry  est 
mort  au  mois  de  juin  1849. 

*AUBi:UY  DU  liOULLEY  (Pride.xt- 
Lons),  est  mort  à  Veineuii,  son  pays  natal,  au 
mois  de  février  1870.  Une  troisième  édition  du 
grand  ouvrage  di<iacli(iue  de  cet  artiste  a  été 
faite  sous  ce  titre  :  Grammaire  musicale,  ou, 
Méthode  analytique  et  raisonnée  pour  ap- 
prendre et  enseigner  la  lecture  de  la  musi- 
que, suivie  d'observations  sur  les  erreurs, 
préjugés  et  fausses  opinions  concernant  la 
musique  (Paris,  Duvcrger  et  Richault,  in-8"). 
Les compo.sitions  musicalis  d'Aubéry  du  Boulley 
ne  comportent  pas  moins  dt;  156  numéios  d'd'it- 
vies,  dont  on  trouve  la  liste  complète  et  détail- 
lée dans  l'écrit  qui  porte  ce  titre  :  Société  phil- 
harmonique de  VEurc,  de  l'Orne  et  d'Eure- 
et-Loir,  fondée  en  1835  par  P.-L.  Aubëry  du 
Boulley  (L'Aigle,  impr.  Ginoux,  1859,  in-8°  de 
t)8  p.),  où  l'auteur  a  noyé  les  comptes-rendus  de 
cette  société  au  milieu  d'un  véritable  amas  de 
renseignements  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages,  lue 
édition  augmentée  de  cet  écrit  a  été  faite  en 
1806  (L'Aigle,  impr.  Ginoux,  in-8  '  de  168  p.). 

AUliÉRY  DU  liOULLEY  (Émii.e),  fils 
du  précédent,  a  publié  un  certain  nombre  de 
compositions  musicales,  consistant  .surtout  en 
morceaux  de  danses  pour  le  piano  (Paiis,  Ri- 
chault), et  en  fantaisies  pour  fanfare  et  harmonie 
militaire.  Il  a  écrit  aussi,  en  société  avec  son 
père,  deux  duos  pour  piano  et  violoncelle  ou  vio- 
lon :  le  Départ  et  le  lietour,  et  le  Printemps 
et  l'Automne  (Paris,  Richault). 

AUBRY  (Marik),  fut  l'une  des  premières  ac- 
trices qui  parurent  sur  la  scène  de  l'Opéra.  Fille 
d'un  maître  paveur,  elle  faisait  partie  de  la  mu- 
sique du  duc  Philippe  d'Orléans  lorsque  Cambert 


AUBllY  —  AUDLEY 


31 


lui  confia  un  rôle  dans  sa  pastoialc  les  Peines 
et  les  Plaisirs  de  l'amour.  Quand  Lully  fut 
jiiiivenu  à  s'emparer  de  l'Opéra  au  détriment  de 
Cambert  et  de  l'abbé  Perrin,  il  la  conserva  dans 
sa  troupe  aux  appointements  annuels  de  1,500 
livres.  Elle  se  relira  en  1G84,  après  avoir  créé 
d'une  façon  admirable,  dil-on,  le  rôle  d'Oriane 
<lans  Amaclii  de  Gaule  ;  elle  avait  établi  aupa- 
ravant, avec  un  véritable  talent,  ceux  d'Io  dans 
Isis,  de  Proserpine  dans  l'opéra  de  ce  nom, 
d'Églé  dans  Thésée,  de  Sangaride  dans  A(ys,  de 
Pbilonoé  dans  ^eWero;>//on,  et  d'Andromède  Jans 
Persf'e.  L'auteur  anonyme  de  V Histoire  de  VA- 
cadémie  royale  de  musique  publiée  par  le 
Constitutionnel  dit  de  Marie  Aubry  :  «  C'était 
une  des  bonnes  actrices  qui  aient  paru  sur  ce 
tbéàtre.  Elle  quitta  l'Opéra  en  1084,  après  avoir 
joué  au  mieux  le  rôle  d'Oriane.  Ce  ne  fut  point 
l'âge  qui  lui  fit  quitter  sa  profession-,  mais  elle 
était  devenue  d'une  taille  si  prodigieuse  qu'elle 
ne  pouvait  marcher  et  qu'elle  paraissait  toute 
ronde.  Elle  était  petite,  la  peau  blanche  et  les 
cheveux  noirs;  elle  mourut  vers  1704.  »  Amie 
intime  de  M">^  Brigogne,  Marie  Aubry  se  tiouva 
mêlée,  comme  celle  ci,  au  procès  fameux  que 
Lully  intenta  à  Giiichard,  en  l'accusant  d'avoir 
voulu  l'empoisonner  ;  elle  ne  fut  pas  plus  que  sa 
compagne  ménagée  par  Guichard,  qui,  dans  les 
factums  qu'il  publia  à  cette  occasion,  en  fit  l'ob- 
jet des  hnjiutations  les  plus  outrageantes  et  que 
l'on  peut  croire  les  plus  justifiées. 

AUBRYET  (Xavier),  écrivain  français,  né 
à  Épernay  (Marne)  en  1827,  s'est  fait  remarquer 
par  son  goût  pour  la  musique.  l>ans  un  volume 
de  critique  intitulé  :  les  Jugements  nouveaux 
(Paris,  librairie  nouvelle,  ISCO,  in- 12),  M.  Au- 
bryet  a  consacré  quelques  chapitres  à  divers 
musiciens  :  Mozart,  Hoieldieu,  Hérold,  Rossini, 
Grisar,  Donizetti,  Weber,  Adam.  Les  remarques 
de  l'écrivain  au  sujet  de  ;ces  artistes ,  présentées 
peut-être  d'un  ton  un  peu  doctoral,  que  ne  justi- 
fie point  la  faiblesse  ou  plutôt  l'absence  de  ses 
connaissances  musicales,  n'en  sont  pas  moins 
celles  d'un  homme  de  goût  et  d'un  esprit  délicat. 

AUDICHOIV  (Henri  d'),  archiprêlre  de 
Lambégère,  est  l'auteur  d'un  recueil  hitéressant 
publié  sous  ce  titre  :  Recueils  de  IS'oëls  clioisis 
sur  les  airs  les  plus  agréables,  les  plus  con- 
nus et  les  plus  en  vogue  dans  la  province  de 
Béarn  (Ragnères,  Dossun,  in-32  de  96  p.). 

*AUDIFFRET(Pierre-Hyaci>the  Jacques- 
Jean-Baptiste).  Une  erreur  a  été  commise  au 
sujet  de  cet  écrivain.  Ce  n'est  point  pour  VAlma 
nach  des  spectacles  publié  par  Barba  (de  1822 
à  1838)  qu'il  fut  le  collaborateur  deRagueneau, 
mais  pour  VAnnuaire  dramatique  publié  par 


M"'e  Cavanagh  de  1805  à  1822.  Il  prit  une  part 
importante  à  la  rédaction  des  deux  premiers  vo- 
lumes de  ce  recueil  anonyme  (180j  et  1806)  et 
contribua  aussi  à  celle  de  quelques-uns  des  sui- 
vants. En  1809,  il  rédigea,  seul,  un  Almanach 
des  Spectacles  dont  il  ne  parut  que  celte  année 
(Paris,  Collin,  in- 18). 

*  AUDIA'OT  (Nicol.vsMéd.vrd).  Cet  artiste, 
on  le  sait,  a  fait  représenicr  sous  son  nom  une 
comédie  à  ariettes  ,  le  Tonnelier,  dont  il  a  tou- 
jours été  censé  avoir  écrit  les  paroles  et  la  mu- 
sique. Fort  intrigué  de  ce  fait,  n'ayant  pu  dé- 
couvrir qu'Audinot  eût  jamais  été  réellement 
musicien ,  j'avais  longtemps  cherché  quel  avait 
|)u  être  sou  colloborateur  anonyme,  lorsque  je 
trouvai  dans  ['Histoire  anecdotique  du  théâtre 
et  de  la  littérature  (t.  I,  p.  373)  de  Charles 
Maurice,  son  contemporain ,  le  petit  récit  sui- 
vant :  —  »  Le  directeur  de  l'Ambigu -Comique 
vient  de  mourir.  Il  était  fils  du  fameux  Audiaot, 
fondateur  de  ce  théâtre,  et  qui,  étant  acteur  à 
l'Opéra-Comique,  y  donna  le  Tonnelier.  Le 
mo)cn  qu'il  a  pris  pour  produire  cet  ouvrage, 
n'étant  pas  assez  musicien  pour  en  faire  la  par- 
tition, fut  très-original.  Il  in\ita  tour  à  tour  à 
dîner  un  nombre  do  compositeurs  égal  à  celui 
des  morceaux  de  chant  (ju'il  avait  placés  dans 
sa  pièce,  et  au  desserf,  sans  paraître  y  attacher 
plus  d'importance  qu'à  un  amusement,  il  de- 
manda à  chacun  de  mettre  en  musique  les  vers 
qu'il  lui  avait  secrètement  destinés.  De  cette 
façon,  l'oeuvre  se  trouva  complète.  On  la  repré- 
senta en  septembre  1701,  tout  uniment  sous  le 
nom  d'Audinof,  sans  que  les  collaborateurs  son- 
geassent à  revendiquer  un  travail  que  leur  amitié 
traitait  volontiers  de  pure  bagatelle.  » 

Le  fait  révélé  ici  par  Charles  Maurice  n'a  rien 
que  de  vraisemblable,  et  le  mystère  de  la  compo- 
sition du  Tonnelier  çonïTsAi  bien  être éclairci 
par  ces  lignes. 

Toutefois,  on  peut  croire  qu'Audinot,  sans 
être  capable  d'écrire  une  partition  d'opéra,  était 
cependant  un  peu  musicien  ,  et  le  petit  recueil 
annuel  intitulé  les  Étrennes  de  Polymnie  a 
donné,  dnns  son  volume  de  1785,  quatre  chan- 
sons dont  la  musicjue  est  inscrite  sous  son  nom. 

La  fille  de  cet  artiste,  chanteuse  et  claveci- 
niste distinguée,  se  fit  entendre  à  la  cour  dès 
ses  plus  jeunes  années,  et  fit  partie  du  person- 
nel de  l'Opéra. 

AUDLEY  (M""*  A.),  écrivain  musica',  a  inséré 
dans  le  journal  le  Français,  vers  1809,  une  sé- 
rie d'articles  sur  le  génie  de  Bcllini,  et  a  publié 
les  deux  ouvrages  suivants  :  1"  Louis  Van  Bee- 
thoven, sa  vie  et  ses  œuvres,  d'après  les  plus  ré^ 
cents  documents  (Paris,  Didier,  1807,  in-12); 


32 


ALDLEY  —  AUDRAN 


Franz  Schubert,  sa  vie  et  ses  œuvres  (iJ.,  h\., 
1871,  in-12).  Ces  deux  écrits  ne  peuvent,  malheu- 
reusement, être  d'aucune  utilité,  car  non-seule- 
ment l'auteur  n'a  point  fait  preuve  de  sens  criti- 
que, n'y  a  point  développé  les  qualités  d'analyse 
que  l'on  doit  s'attendre  à  rencontrer  dans  des 
travaux  de  ce  genre,  s'altaquant  à  de  si  grands 
artistes,  mais  encore  on  n'y  trouve,  au  point  de 
vue  historique,  aucun  fait  nouveau  et  aucun  ren- 
seignement important ,  parc*  que  l'écrivain,  ne 
remontant  point  aux  sources,  s'est  borné  à  puiser 
les  éléments  de  ses  récils  dans  les  grandes  publi- 
cations faites  précédemment.  Or,  dans  létal  de 
jour  en  jour  plus  satisfaisant  et  plus  intéressant 
de  la  science  historique  en  matière  musicale,  un 
livre  qui  ne  possède  point  quelqu'une  des  qua- 
lités que  nous  venons  d'énumérer  à  propos  des 
études  superficielles  de  M™'  Audley,  nous  semble 
bien  près  d'être  un  livre  inutile. 

AUDRAN  (Marius),  chanteur  distingué  et 
professeur  au  Conservatoire  de  Marseille,  est  ué 
à  Aix,  le  26  septembre  181G.  Deux  ans  après  sa 
naissance,  ses  parents  vinrent  se  fixer  à  Mar- 
seille, où  il  fut  élevé.  Son  père,  qui  était  maçon, 
le  destinait  à  l'état  d'entrepreneur,  et  lui  fit  sui- 
vre les  cours  de  dessin  et  d'architecture  au 
Musée  de  cette  ville.  Mais,  vers  1834,  une  cir- 
constance foiluite  décida  autrement  de  son  sort. 
Il  était  alors  employé  à  la  construction  d'un  éta- 
blissement de  bains  de  mer  :  les  propriétaires 
de  cet  établissement,  qui  étaient  grands  ama- 
teurs de  musique,  entendirent  le  jeune  ouvrier 
chanter  en  travaillant,  et  furent  frappés  de  la 
fraîcheur  et  du  timbre  de  sa  voix  de  ténor.  Ils 
l'engagèrent  à  la  cultiver  et  s'intéressèrent  à 
lui.  Peu  de  temps  après,  M.  Audran  faisait  partie 
d'un  petit  groupe  d'amateurs  qui  jouait  la  co- 
médie et  l'opéra  sur  un  théâtre  de  salon.  Ce  fut 
dans  une  de  ces  représentations  intimes  qu'E- 
tienne Arnaud  le  remarqua  et  se  chargea  de 
lui  apprendre  le  chant.  Après  un  an  d'études, 
son  maître  l'envoya  à  Paris  en  le  recommandant 
à  Panseron.  M.  Audran  entra  au  Conservatoire  en 
qualité  d'élève  externe,  et  suivit  toutes  celles 
des  classes  de  l'école  où  il  pouvait  compléter  son 
éducation  de  musicien  et  de  chanteur.  Malheu- 
reusement, l'année  suivante,  en  1836,  le  jeune 
artiste  ne  put  plus  compter  sur  l'appui  de  sa  fa- 
mille, et  dut  solliciter  son  admission  comme  pen- 
sionnaire. Cherubini,  qui  avait  déjà  réservé  à 
un  autre  la  seule  place  vacante,  repoussa  dure- 
ment la  demande  d'Audran,  et  lui  donna  le  con- 
seil d'abandonner  une  carrière  où,  disait-il,  «  il 
ne  ferait  jamais  rien.  »  Leborne,  professeur 
de  solfège,  appuya  le  sévère  horoscope  du  maî- 
tre. Panseron,  seul,  soutint  qu'ils  se  trompaient 


tous  deux.  Cependant  M.  Audran  n'avait  plus  le 
moyen  de  continuer  ses  études  à  Paris  :  il  revint 
à  Marseille^  attristé,  mais  non  découragé,  et  se 
remit  au  travail  sous  la  direction  dévouée  d'É- 
tienne  Arnaud.  En  même  temps,  il  se  préparait 
à  affronter  le  public  et  se  créait  des  sympathies 
et  des  appuis,  en  faisant  entendre  dans  le  monde 
des  fragments  d'opéras  nouveaux.  Ces  occasions 
n'étaient  pas  rares  :  car  c'était  une  époque  où  la 
musique  dramatique  était  très-aiméeet  le  véri- 
table art  du  chant  très-cultivé  à  Marseille.  Enfin, 
en  1837,  M.  Audran  débuta  au  grand  théâtre  de 
cette  ville  dans  le  Chalet,  la  Dame  blanche  et 
le  Pré  aux  clercs;  il  fut  accueilli  avec  faveur 
par  le  public.  L'année  suivante  il  eut  une  audi- 
tion à  rOpéra-Comique,  et  alla  remplacer  au 
théâtre  de  la  Monnaie,  à  Bruxelles,  le  ténor  Thé- 
nard  qui  venait  de  mourir.  Le  jeune  chanteur 
avait  à  ce  moment  une  voix  franche  et  sympa- 
thique ,  une  éducation  musicale  à  peu  près 
achevée,  et  ime  diction  chaleureuse.  Il  eut  beau- 
coup de  succès  ,  surtout  en  établissant  le  rôle 
d'Horace  du  Domino  noir,  et  employa  utile- 
ment son  année,  jouant  beaucoup ,  apprenant 
sans  cesse  de  nouveaux  rôles,  et  achevant  de 
se  rompre  à  la  scène.  L'année  suivante,  il  chan- 
tait à  Bordeaux,  puis  en  1840  et  1841,  à  Lyon. 
Il  avait  encore  une  saison  à  passer  dans  cette 
ville,  quand  Crosnier,  ayant  entendu  parler  de 
lui,  le  fit  venir  à  Paris,  l'apprécia,  et  l'engagea 
pour  trois  ans  à  l'Opéra-Comique.  Il  débuta  à 
ce  théâtre  en  mai  1842,  en  jouant  successivement 
la  Dame  blanche,  les  Diamants  de  la  Cou- 
ronne et  le  Chaperon  rouge.  Adolphe  Adam, 
qui  avait  beaucoup  contribué  à  son  engagement, 
écrivit  pour  lui  un  rôle  charmant  dans  le  Roi 
d'Yvetot.  A  ce  moment,  la  prédiction  de  Che- 
rubini se  trouvait  complètement  démentie  :  Au- 
dran était  soliste  à  la  Société  des  concerts  du  Con- 
servatoire, et  membre  du  jury  à  ce  même  Con- 
servatoire d'où  cinq  ans  auparavant  il  avait  été 
éloigné."  11  resta  dix  ans  à  l'Opéra-Comique,  et  y 
fournit  une  brillante  et  laborieuse  carrière.  On 
peut  dire  que  son  succès  y  a  été  interrompu. 
Son  rôle,  déjà  très-actif  avant  le  départ  de  Ro- 
ger, s'élargit  encore  quand  cet  artiste  quitta  l'O- 
péra-Comique pour  passer  à  l'Opéra,  et  son  nom 
est  resté  attaché  à  bien  des  créations  qui  ont 
marqué  dans  l'art  lyrique  français.  En  voici  la 
liste  :  Le  Roi  dYvetot,  d'Ad.  Adam;  Angé- 
lique et  Jfédor,  d'Amb.  Thomas  ;  le  Ptiits  d'A- 
mour, de  Balfe  ;  le  Mousquetaire  et  le  Con- 
seiller, de  Bousquet;  Sultana,  de  Bourges;  La 
Sirène,  d'Auber  ;  la  Cachette,  de  Boulanger  ;  la 
Charbonnière,  de  Montfort;  la  Sérafina,  de 
Clemenceau  SI- Julien;  le  Bouquet  de  V Infante, 


AUDRÀN  —  AUDUBERT 


33 


de  Boieldieu  fils  ;  Ne  Touchez  pas  à  la  Reine, 
de  X.  Boisselot;  Haydée,  d'Auber  (rôle  d'An- 
dréa) ;  le  Val  d'' Andorre,  d'Halévy  ;  Gïralda, 
d'Ad.  Adam  ;  la  Fée  aux  roses,  d'Halévy  ;  Ma- 
delon,  de  Bazin  ;  la  Chanteuse  voilée,  de  V. 
Massé;  Oreste  et  Pylade,  do  Thys;  enfin  (au 
Théâtre-Lyrique,  après  sa  sortie  de  l'Opéra-Co- 
mique),  la  Demoiselle  d'honneur,  de  Semet; 
el  Christophe  Colomb,  de  Félicien  David. 

Le  nombre  des  ouvrages  qu'il  reprit  est  si 
grand  qu'il  est  impossible  de  les  mentionner 
tous.  On  peut  pourtant  signaler  parmi  les  plus 
intéressants  :  Jean  de  Paris,  Cendrillon,  le 
Chaperon  rouge,  Marie,  une  Folie,  le  Mule- 
tier, Fra  Diavolo ,  le  Postillon  de  Lonju- 
meau.  Il  joua  ces  deux  derniers  aussitôt  après 
Chollet. 

En  1852,  à  la  suite  d'un  désaccord  avec  la  di- 
rection Perrin,  M.  Audran  quitta  l'Opéra-Comique 
et  vint  donner  des  représentations  à  Marseille, 
où  il  fit  monter  la  plupart  des  opéras  qu'il  avait 
créés.  De  1853  à  1856,  il  chanta  à  Marseille, 
puis  à  Bordeaux,  et,  en  1857,  retourna  à  Paris  oii 
il  créa  au  Théâtre-Lyrique  un  rôle  dans  la  De- 
moiselle d^honneur,  de  Semet.  Pendant  les 
quatre  années  qui  suivirent,  il  fit  de  brillantes 
tournées  en  province  et  à  l'étranger,  puis,  à  la 
suite  d'une  sérieuse  maladie,  vint  définitive- 
ment se  fixer  à  Marseille,  en  1861.  Deux  ans 
plus  tard,  il  fut  nommé  professeur  au  Conserva- 
toire de  cette  ville,  où  il  est  encore,  et  où  il 
dirige  les  classes  de  chant  et  de  décl.nnlion 
lyrique.  Il  a  formé  de  nombreux  élèves,  parmi 
lesquels  on  peut  citer  M""  Artot,  Praud,  Tri- 
chon,  MM.  Mayot,  Aumerat,  Dauphin,  qui  ont 
suivi  la  carrière  dramatique,  ou  se  sont  voués  à 
l'enseignement. 

Cet  artiste  distingué,  qui  a  rendu  tant  de  ser- 
vices à  l'art  musical,  comme  chanteur  et  comme 
professeur,  a  aussi  composé  beaucoup  de  mélodies 
d'une  inspiration  gracieuse  et  facile.  Les  plus 
connues  sont  :  La  Colombe  du  soldat,  le  Va- 
gabond, Marguerite  (avec  P.  Dupont),  le 
Guide  des  montagnes,  Vous  pleurez  d'être 
heureux,  les  Œufs  de  Pâques,  l'Amandier 
fleuri,  etc.,  etc.  Ces  romances  ont  été  publiées 
à  Paris,  Bruxelles,  Lyon  et  Marseille. 

Al.  R-d. 
AUDRAN  (Edmond),  fils  du  précédent,  est 
né  à  Lyon  le  11  avril  18 i2.  Il  fit  ses  études  à 
Paris  jusqu'à  l'âge  de  l'i  ans,  et  les  abandonna 
pour  entrer  à  l'École  Niedermeyer  qui  venait 
d'être  fondée.  Il  y  obtint  successivement  un  ac- 
cessit d'orgue,  un  accessit  d'Iiarmonie,  un  piix 
de  piano,  et,  en  1859,  le  prix  de  composition.  En 
186  Ij  il  vint,  avec  son  père,  se  fixer  à  M;irseille 

BIOCR.    VMV.    DIÎS   MUSICIENS.     SLPPL. 


T.  r 


où  il  réside  encore,  et  où  il  est  maître  de  cha- 
pelle à  l'église  St-Joseph.  En  1862,  il  fit  jouer  au 
Grand-Théâtre  de  cette  ville  un  petit  opéra  inti- 
tulé l'Ours  el  le  Pacha,  dont  le  poëme  n'était 
autre  que  le  vaudeville  de  Scribe  transformé,  et 
qui  eut  cinq  représentations.  Deux  ans  après,  il 
donna  au  même  théâtre   la  Chercheuse  d''es- 
prit,  opéra  en  un  acte  d'après  Favart,  qui  ob- 
tint du  succès,  et  où  on  remarqua  notamment  un 
charmant  duettino.  Plusieurs  morceaux  de  cet 
ouvrage  ont  été  publiés  à  Marseille  par  l'éditeur 
Carbonel.  A  l'occasion  de  la  mort  de  Meyerbeer, 
i!  écrivit  une  marche  funèbre  qui  fut  également 
exécutée  au  Grand-Théâtre  dans  une  solennité  de 
circonstance.  En  1866,  il  fit  représenter,  toujours 
à  Marseille,  mais  cette  fois,  au  Gymnase,  la 
Nivernaise,  opéra  en  un  acte,  qui  eut  onze  re- 
présentations, puis,  en  1868,  le  Petit  Poucet, 
opérette  en  trois  actes ,  qui  fut  accueillie  moins 
favorablement  par  le  public.  En  1873,  M.  Ed.  Au- 
dran a  faitentendre  à  l'église  Saint-Joseph,  à  Mar- 
seille, puis  à  Saint-Eustache,  à  Paris,  une  messe 
pour  soli,  chœurs  et   orchestre   qui  dénote  un 
sensible  progrès  dans  son  talent.  Il  y   a  dans 
certaines  parties,  le  Kyrie,  VAdoro  te  supplex, 
VAgnus  Dei,  un  sentiment  mélodique  distingué, 
des  harmonies  ingénieuses,  et  l'entente  des  ef- 
fets. 

On  connaît  encore  de  cet  artiste  divers  motets 
inédits,  une  mazurka  et  une  romance  sans  pa- 
roles pour  le  piano,  une  valse  chantée  et  une 
romance  rustique,  publiées  chez  Carbonel,  à  Mar- 
seille; 2  mélodies  pour  la  voix,  chez  Sylvain 
St-Étienne,  à  Paris  ;  une  valse  pour  le  piano,  six 
mélodies,  chansons  ou  sérénades,  chez  Langlois  ; 
enfin  chez  Pépin  frères,  à  Marseille,  Petits  Oi- 
seaux, romance  qu'il  a  écrite  pour  être  inter- 
calée dans  une  féerie  et  qui  a  eu  de  la  vogue. 

Al.  R-d. 

AUDUBERT  (Jules),  professeur  de  chant 
à  Paris,  a  publié  récemment  .sous  ce  titre  :  l'Arl 
du  chant,  suivi  d'un  traité  de  maintien  théâ- 
tral, avec  figures  explicatives  (Paris,  Brandus, 
1876,  in-8),  un  ouvrage  remarquable,  neuf  à 
beaucoup  de  points  de  vue,  et  dans  lequel  on 
regrette  seulement  que  l'auteur  semble  vouloir 
faire  passer  en  seconde  ligne,  dans  l'éducation 
d'un  chanteur,  l'étude  si  absolument  indispen- 
sable du  solfège.  Cette  remarque  faite,  on  ne 
peut  que  louer  le  professeur  de  ses  excellents 
préceptes  et  de  son  respect  pour  un  art  malheu- 
reusement bien  déchu  aujourd'hui  de  son  an- 
cienne splendeur,  et  à  la  décadence  duquel  on 
doit  en  partie  la  crise  qui  sévit  depuis  si  long- 
temps sur  les  scènes  lyriques  de  l'Europe  en- 
tière. 

3 


34 


AUER  —  AZEVEDO 


AUEll  (Léofold),  violoniste  liongrois  fort 
dislingup,   né  vers   1846,  a  fait  son  éducation 
musicale  à  Vienne ,  et  devint  ensuite  élève  de 
M.  Joacliim.   Dès  1863,  il   se  (it  entendre  avec 
grand  succès  à  Londres,  dans  les  concerts  de 
l'Union  musicale,  s'y  produisit  de  nouveau  l'an- 
née suivante,  et  y  retourna  encore  en  1873.  Le 
jeu  de  cet  artiste  se  fait  remarquer  par  une  so- 
norité puissante,  un  excellent  mécanisme,  beau- 
coup de  feu  et  d'expansion,  enfin  par  un  grand 
sentiment  passionné  et  une  rare  faculté    d'ex- 
pression. Depuis  plusieurs  années  déjà  M.  Auer 
est  fixé  à  Saint-Pétersbourg,  où  il  exerce  Icsfonc. 
lions  de  professeur  au  Conservatoire,  de  maître 
de  concert  et  de  violon  solo  au  tbéàlre  impérial. 
*  AULETTA  (Pierre).  A  la  liste  des  ou- 
vrages dramatiques  de  ce  compositeur,   il  faut 
ajouter  les  deux  opéras  suivants  :  1°  Il  Marchese 
Sgrana,  Napk's,    Ib.  Nuovo,  1738:  2"  VAmor 
costanle,  iXaples,  tb.  des  Fiorenlni,  1739. 

AUiVE  (Â.-J.-B.),  instituteur  et  cliantre  à 
MaroUes  (Calvados),  a  publié  on  ISGi  une  Mé- 
thode pour  apprendre  facilement  le  nouveau 
plain-chanl  (Caen,  Poisson,  in-S"),  bon  ou- 
Trage  dont  il  a  été  fait  plusieurs  éditions. 

J.  C  z. 
AUTERl-MAXZOCCIII  (Salvatore)  , 
jeune  compositeur  italien,  a  débuté  par  un  coup 
d'éclat  en  donnant  au  tbéàlre  de  la  Pergola,  de 
Florence,  dans  les  premiers  mois  de  187.=i,  un 
opéra  intitulé  Dolores,  qui  a  obtenu  un  très- 
grand  succès.  Fils  d'une  cantatrice  fameuse  en 
Italie,  M"'"  Manzoccbi ,  M.  Auteri-Manzoccbi 
n'avait  d'abord  cultivé  lamusi(pie  qu'en  amateur, 
et  des  revers  de  foitune  l'ont  seuls  forcé  à  clier- 
cber  une  ressource  dans  l'exercice  d'un  art  qu'il 
n'avait  éludié  que  pour  son  agrément.  Il  tra- 
vailla sérieusement  alors,  d'abord  à  Palerme,  sous 
la  direction  de  M.  Platania,  puis  à  Florence, 
avec  M.  Mabellini.  C'est  dans  cette  dernière 
ville  que  devait  être  représenté  son  premier  ou- 
vrage, Hlarcellina,  et  celui-ci  était  en  pleines 
répétitions  lorsque  la  maladie  d'un  artiste  cbarj^é 
d'un  des  rôles  les  plus  importants  en  empêclia 
l'apparition.  M.  Auleri,  sans  se  décourager,  s'at- 
tacba  alors  à  un  second  ouvrage,  Dolores,  dont 
un  de  ses  oncles,  M.  Micbele  Auleri -Pomar,  qui 
est  à  la  fois  sculpteur  de  beaucoup  de  talent  et 
poète  dramatique  babile,  lui  avait  confié  le  livret. 
Le  jeune  compositeur  donna  connaissance  du  rôle 
principal  à  une  cantatrice  de  grande  valeur  et 
de  grand  renom,  M™^  Galletti-Gianoli,  et  celte 
artiste  voulut  aussitôt  s'en  charger.  Dolores  fut 
donc  jouée  à  la  Pergola,  et  l'œuvre^  charmante 
par  elle-même  et  rendue  plus  aimableencore  par 
le  merveilleux  talent  de  .«a  principale  interprète, 


remporta  un  succès  éclatant.  Elle  fut  reproduite 
aussitôt  à  Milan,  à  Palerme,  et  dans  d'autres 
villes,  et  partout  rencontra  la  même  fortune. 
«  M.  Auteri,  m'écrit- on  d'Italie,  est  une  des  plus 
belles  promesses  de  la  jeune  école  italienne.  Sa- 
musique  est  facile,  bien  faite,  claire,  et  elle  a 
pour  principales  qualités  la  faculté  mélodique, 
l'expression  sentimentale  et  passionnée.  Sicilien 
comme  Bellini,  M.  Auteri  est  un  des  musiciens 
qui  ressemblent  le  plus  à  ce  maître.  »  M.  Auteri 
travaille  en  ce  moment  à  un  nouvel  opéra,  ?/  A'c- 
griero,  dont  son  oncle  lui  a  encore  fourni  le 
livret. 

AYOLIO  (..........),  compositeur  napolitain, 

est  l'auteur  d'un  opéra  bouffe  en  3  actes,  Rosetta 
la  Giardiniera,  qui  a  été  représenté  avec  quel- 
que succès,  sur  le  théâtre  Rossini,  de  Naples,  au 
moi?  d'avril  1872. 

AZEVEDO  (Alkxis-J\cob),  critique  et  écri- 
vain musical,  est  né  à  Bordeaux  le  18  mars 
1813.  Après  avoir  acquis  avec  son  père  la  con- 
naissartce  des  premiers  principes  du  solfège,  il 
enireprit  l'étude  du  violon,  puis  celle  de  la  llùte. 
Au  mois  d'octobre  1832  il  vint  à  Paris,  et  passa 
quelque  temps,  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
de  Tulou,  tout  en  Aiisant  partie  de  l'orchestre 
de  quelques  théâtres  secondaires,  tels  que  l'Am- 
bigu, le  Cirque  et  les  Folies-Dramatique.s.  Bientôt 
il  quitta  la  musique  pour  les  affiiires,  puis  y 
revint,  au  bout  <le  quelques  années,  pour  s'oc- 
cuper de  critique.  Il  donna  d'abord  quelques  ar- 
ticles au  Siècle,  à  la  France  musicale,  puis, 
vers  1846,  fonda  lui-même  un  journal  spécial,  la 
Critique  musicale,  qni  n'eut  qu'une  existence 
éphémère.  Après  avoir  passé  à  la  Presse,  il 
entra  comme  feuilletoniste  musical  à  VOpinion 
nationale,  et  y  resta  depuis  1859,  époque  de  la 
création  de  cette  feuille,  jusqu'en  1870.  C'est  là 
surtout  que  M.  Azevedo  a  donné  carrière  à  son 
tempérament  batailleur,  recherchant  avec  ardeur 
les  polémiques,  frappant  d'estoc  et  de  taille,  à 
tort  et  à  travers,  et  s'inquiétant  peu  d'avoir  rai- 
son pourvu  qu'il  criât  fort  et  qu'il  fit  beaucoup 
de  bruit.  Il  serait  injuste  de  ne  pas  convenir 
pourtant  que  sur  certains  points  de  Ihistoire  de 
la  musique  il  a  souteuu  avec  succès  quelques 
discussions. 

Malheureusement,  et  en  ce  qui  concerne  la- 
critique  des  œuvres  et  des  artistes,  M.  Azevedo 
était  doué  de  deux  grands  défauts  :  d'une  part, 
son  instruction  musicale  était  complètement  in- 
suffisante et  le  mettait  dans  l'impossibilité  de 
recourir  à  toute  espèce  d'éluile  analytique,  sans 
laquelle  il  n'est  point  de  critique  sérieuse  et  va- 
lable; de  l'autre,  passionné  à  l'excès,  il  ne  re- 
connaissait  qu'un    genre    de  musique,   restait 


AZEVEDO 


35 


complètement  sourd  aux  beautés  répandues 
dans  les  œuvres  qui  ne  procèdent  point  de  l'é- 
cole italienne,  et  considérait  comme  ennemi  qui- 
conque ne  pensait  pas  comme  lui.  Pendant  vingt 
ans  M.  Azevedo  a  déversé  l'injure  sur  de  grands 
artistes  tels  que  Moyerbeer,  Berlioz,  Halévy, 
M.  Gounod,  les  traînant  aux  gémonies,  et  pré- 
férant à  leurs  chefs-d'œuvre  n'importe  quelles 
platitudes  signées  d'un  nom  ultramontain.  En  ce 
qui  concerne  les  productions  musicales,  aussi 
bien  que  leur  interprétation,  quand  M.  Azevedo, 
qui  est  un  néologisle  forcené,  avait  parlé  de  l'é- 
cole du  civet  sans  lièvre,  du  casserolage,  de 
la  braillardocralie,  etc.,  il  croyait  avoir  tout 
dit  et  trouvait  superflu  de  donner  les  raisons  de 
son  mépris. 

Tout  le  monde  ne  juge  pas  que  ce  soit  tout  à 
fait  ainsi  que  doive  s'exercer  la  critique  ;  quel- 
ques-uns pensent  qu'elle  doit  être  instructive,  et 
qu'elle  ne  perd  rien  de  sa  valeur  à  revêtir  des 
formes  courtoises.  Or,  M.  Azevedo  traitait  dé 
Turc  à  More  tous  ceux  qui  ne  partageaient  pas 
sa  fureur  contre  certains  artistes,  son  adoration 
irraisonnée  pour  Rossini,  dont  il  estimait  les  po- 
chades de  jeunesse  à  l'égal  de  Guillaume  Tell  ou 
du  Barbier,  ou  qui  osaient  soutenir  que  le  sys- 
tème Chevé  est  à  la  notation  musicale  ce  que  le 
dessin  linéaire  est  à  la  peinture.  Il  est  vrai  qu'à 
force  d'exagérations  de  toutes  sortes,  M.  Azevedo 
perdit  assez  rapidement  son  crédit,  et  qu'aujour- 
d'hui il  n'est  plus  guère  question  de  toutes  les 
grandes  batailles  qu'il  a  livrées. 

Voici  la  liste  des  productions  de  cet  écrivain  -. 


1"  Sur  le  livre  inlilvlé  :  Critique  et  littérature 
musicales  de  M.  P.  Scudo  (Paris,  1852,  in-12)-, 
2°  Félicien  David,  sa  vie  et  son  œuvre  (Paris, 
Heugel,  1863,  gr.  in-8'^  avec  portrait  et  autogra- 
phes) ;  3°  G.  Rossi7ii,sa  vie  et  ses  œuvres  (Pa- 
ris, Heugel,  1865,  grand  in-S"  avec  portraits  et 
autographes)  ;  4°  Sur  un  nouveau  signe  proposé 
pour  remplacer  les  trois  clefs  de  la  notation 
musicale  (Paris,  Escudier,  1868,  in-8°);  5°  Dic- 
tionnaire musico-humoristique,  par  le  doc- 
teur Aldo,  membre  de  la  Fourchette  harmo- 
nique et  de  plusieurs  autres  sociétés  savan- 
tes, précédé  dhm  avertissement  par  Alexis 
Azevedo  (Paris,  Gérard,  1870,  in  12),  écrit  en- 
tièrement dû  à  M.  Azevedo  ;  6°  M.  Aimé  Paris 
et  ses  inventions,  trois  feuilletons  de  M.Alexis 
Azevedo  dans  VOpinion  nationale,  25  août, 
l«''et8  septembre  1863  (Dieppe,  impr.  Delevoye, 
s.  d.  [186.'i],  in-8'')  ;  7°  la  Transposition  par 
les   nombres  (Paris,  l'auteur,  in-8°). 

M.  Azevedo  a  collaboié  au  Ménestrel  (où  il  a 
publié  d'abord,  sous  forme  d'articles,  ses  deux 
études  sur  Rossini  et  M.  Félicien  David),  à  VArt 
musical,  à  la  Politique  universelle,  au  Soleil, 
à  la  Réforme  musicale ,  et  h  la  Méloma- 
nie.  En  1874,  il  a  publié  un  petit  recueil  critique 
périodique ,  «  les  Doubles-croches  malades, 
petite  revue  bi-mensuelle  de  critique  musicale  », 
rédigé  par  lui  seul  et  dont  il  a  paru  douze  nu- 
méros (1).  ^ 

(i;  Au  moment  où  Je  corrige  les  épreuves  décide  no 
ticp,  on  annon;e  la  mort  de  M  Azevedo,  à  Paris  (2i  dé- 
cembre 1873;. 


B 


B.  (Madame  J.  DE).  Sous  ces  initiales,  une 
dame  a  publié  en  1863  un  Annuaire  spécial 
des  altistes  musiciens,  i"  année,  1863  (Paris, 
77,  Faubourg  Poissonnière,  in-12),  livre  conçu 
sur  un  plan  absolument  défectueux  et  incom- 
plet. 

BABIC  (Benko)  naquit  à  Raguse  au  com- 
mencement (lu  seizième  siècle.  Musicien  et  re- 
lijjjeu.v  dominicain,  il   introduisit  le  premier  le 


chant  grégorien  dans  son  ordre. 


Y. 


BxVCCE  (DojiEiMCo),  célèbre  chanteur  ita- 
lien, naquit  à  Crémone  le  27  janvier  1549. 

Y. 

BACCELLI  (le  P.  Matteo),  compositeur 
de  musique  religieuse,  né  à  Lucqnes  vers  1680, 
fut  maître  de  musique  au  séminaire  de  San-Gio- 
vanni.  Les  registres  de  la  Compagnie  de  Sainte- 
Cécile  de  cette  ville  attestent  que,  de  1717  à  1734, 
cet  artiste  écrivit  pour  la  fête  de  la  patronne  de 
cette  Société  plusieurs  services  religieux  consis- 
tant en  messes,  graduels ,  motets  et  psaumes  à 
quatre  voix  concertantes.  On  trouve  aussi,  dans 
les  archives  du  séminaire  de  San-Martino,  un 
Domine,  un  Dixit  et  un  Magnificat  à  4  voix, 
avec  accompagnement  instrumental,  de  sa  com- 
position. Baccelli  mourut  à  Lucques  en  1756. 

BACCHIiVI  (Ces\re),  compositeur,  est 
né  à  Florence  en  1846,  et  fut  élève  de  M.  Ani- 
chini  pour  le  piano  et  l'harmonie,  de  M.  Gio- 
vacchino  Giovacchini  pour  le  violon ,  et  de 
M.  Mabellini  pour  la  composition.  Ce  jeune  ar- 
tiste a  fait  représenter  en  1871 ,  à  Florence,  un 
opéra  intitulé  il  Quadro  parlante,  qui  fut  assez 
bien  accueilli.  L'année  suivante ,  il  écrivit,  en 
société  avec  plusieurs  autres  jeunes  composi- 
positeurs,  MM.  De  Champs,  Fehci,  Gialdini, 
Tacchinardi  et  Usigiio,  la  musique  d'une  bouf- 
fonnerie, la  Secchia  rapita  (Florence,  th.  Gol- 
doni,  avril  1872).  Enfin,  M.  Bacchini  a  donné 
au  théâtre  Pagliano,  de  la  même  ville,  le  l4  fé- 
vrier 1874,  un  opéra  sérieux,  la  Cacciata  del 
duca  d'Atene,  qui  fut  très-froidement  accueilli 
du  public. 

BACCIIM  (Maria),  célèbre  chanteuse  ita- 
lienne, douée  d'une  belle  voix  de  contralto,  na- 
quit vers  1750  et  mourut  à  Brème  en  1782. 

Y. 

BACH  (Samuel).  Foye;  Ferrière-le-Vaïer 
(le  marquis  DE). 


BACH  (Otto),  compositeur,  né  à  Vienne  en 
1833,  est  actuellement  directeur  du  Mozarleum 
de  Salzbourg.  11  a  écrit  des  symphonies ,  de  la 
musique  de  chambre  et  des  opéras,  parmi  lesquels 
on  cite  Sardanapale  et  die  Liebesprobe  {VÉ- 
preuve  amoureuse).  Y. 

BADABZEWSKA  (Thécla),  pianiste  dis- 
tinguée et  compositeur,  née  à  Varsovie  en  1838, 
est  morte  en  1862.  Elle  a  écrit  plusieurs  com- 
positions pour  son  instrument ,  notamment  une 
Prière  à  la  Vierge  qui  a  eu  du  succès  et  qui  est 
connue  par  toute  l'Europe. 

Y. 

BADEB  (Daniel)  ,  facteur  d'orgues  et  de 
clavecins ,  né  en  Allemagne  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle^  s'établit  à  Anvers,  où, 
dès  les  premières  années  du  dix-septième  siècle, 
il  fut  reçu  dans  la  corporation  de  Saint-Luc. 

*  BADIA  (CuARLES-AtGusTiN  ).  Trois  ora- 
torios doivent  être  ajoutés  à  la  liste  des  œuvres 
de  ce  compositeur,  tous  tiois  exécutés  à  la  cha- 
pelle impériale  de  Vienne  :  1°  la  Clemenza  di 
Davide,  1703;  —  2"  San  Romoaldo,  1704; 
-  3°    Santa  Teresa,  1706. 

*  BADIA  (Louis).  Cet  artiste  a  donné  au 
théâtre  de  la  Pergola,  de  Florence,  en  1851,  un 
drame  lyrique  intitulé  il  Conte  di  Leicester. 
C'est  sans  doute  cet  ouvrage  qui  a  été  men- 
tionné comme  n'ayant  eu  qu'une  seule  repré- 
sentation. 

*  BADIALI  (Cesare),  chanteur  renommé, 
était  né  vers  1800,  et  mourut  le  18  novem- 
bre 1865.  C'est  sur  les  conseils  de  Rossini, 
de  Sampieri  et  de  Tadolini  qu'il  avait  aban- 
donné la  carrière  administrative  pour  em- 
brasser celle  du  théâtre.  Il  ne  parcourut  pas 
seulement  l'Autriche  et  l'Italie,  l'Espagne  et  le 
Portugal,  mais  se  fit  entendre  encore  avec  suc- 
cès à  la  Havane,  à  Mexico,  à  New- York,  à  Phi- 
ladelphie, à  Boston,  à  la  Nouvelle-Orléans,  à 
Paris,  à  Londres  ,  à  Manchester,  à  Dublin,  etc. 
Il  s'était,  après  plus  de  trente  ans  de  triomphes, 
retiré  à  Imola,  mais  avait  consenti  à  quitter 
momentanément  sa  retraite  pour  chanter  à  Pe- 
saro,  lors  des  fêtes  qui  eurent  lieu  en  celte 
ville  pour  l'inauguration  de  la  statue  de  Rossini, 
du  vivant  de  celui-ci.  Il  mourut  à  Imola  le  18 
novembre  1865,  et  Rossini,  en  apprenant  la  mort 
de  son  vieil  ami  Badiali,  écrivit  à  son  fils  :  «.... 
Vousavez  perdu  le  meilleur  des  pères,  et  moi  je 


BADIALI  —  BAILLY 


37 


suis  du  même  coup  privé  du  plus  cher  de  mes 
amis,  du  plus  vaillant  de  mes  interprètes....    -> 

B^DEKERL  (Cu\rles),  tromboniste, 
mort  à  Berlin  en  1849.  On  a  de  lui  des  danses 
et  des  variations  pour  le  trombone.  Y. 

ByENDER  (Jean-Henri),  virtuose  sur  le 
basson  et  sur  la  contre-basse,  né  à  Rœhrenfort, 
dans  la  Hesse  électorale,  en  1785,  a  joui  d'une 
certaine  réputation.  Y. 

B^UAIEL  (Frédéric  Henri)  ,  violoniste 
célèbre  en  son  temps,  né  vers  1730  à  Wurz- 
bourg,  mourut  à  Bamberg  en  1796.         Y. 

BAGAUS  (Charles),  célèbre  virtuose  sur 
la  trompette,  naquit  à  Berlin  le  5  novembre 
1799.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort.        Y. 

BAGLIONCELLA  (Francesca),  musi- 
cienne italienne,  compositeur,  naquit  à  Pérouse 
et  vivait  au  seizième  siècle.  Elle  a  écrit  un  grand 
nombre  de  madrigaux.  Y. 

BAGUER  (Carlos),  compositeur  et  orga- 
niste espagnol,  surnommé  Carlets  par  ses  con- 
temporains, était  né  vers  1768.  Organiste  de  la 
cathédrale  de  Barcelone,  cet  artiste ,  dont  le  ta- 
lent paraît  avoir  été  extraordinaire  ,  a  été  oublié 
par  tous  les  biographes,  de  telle  sorte  que  les 
détails  de  sa  vie  sont  absolument  inconnus. 
M.  Baltasar  Saldoni ,  le  seul  qui  ait  rappelé  son 
nom  (  dans  ses  Efemérides  de  mûsicos  espa- 
fioles) ,  n'en  a  parlé  que  d'après  les  souvenirs 
d'un  de  ses  amis ,  Mateo  Ferrer  (  voij.  ce  nom  ), 
musicien  fort  distingué  lui-même ,  qui  avait  été 
l'élève  de  Baguer,  et  qui  conservait  pour  lui  une 
admiration  pleine  d'enthousiasme.  D'après  Fer- 
rer, Baguer  était  un  organiste  d'une  nature  et 
d'une  valeur  absolument  exceptionnelles  ,  origi- 
nal dans  les  idées ,  harmoniste  accompli ,  fu- 
guisle  merveilleux ,  possédant  une  exécution  ra- 
pide et  supérieure,  et  tirant  de  son  cerveau 
des  mélodies  enchanteresses ,  toujours  emprein- 
tes du  plus  pur  sentiment  religieux ,  en  un  mot 
un  artiste  dont  on  ne  pouvait  expliquer  et  com- 
prendre le  talent  sans  l'avoir  entendu  ,  et  supé- 
rieur à  tout  ce  qu'on  pouvait  imaginer.  Je  laisse, 
bien  entendu,  à  Ferrer,  la  responsabilité  de  ses 
assertions  ;  mais,  en  admettant  même  que  son 
admiration  fût  quelque  peu  exagérée,  on  ne  peut 
considérer  comme  un  artiste  ordinaire  celui  qui 
laisse  une  telle  impression  dans  l'esprit  de  ceux 
qui  ont  été  à  même  de  l'entendre  et  de  l'appré- 
cier. Il  n'en  est  que  plus  regrettable  de  consta- 
ter qu'un  tel  artiste  n'ait  laissé  qu'un  souvenir 
fugitif,  et  que  son  nom  soit  pour  ainsi  dire  perdu 
pour  l'histoire  de  l'art.  Je  crois  qu'il  ne  reste 
rien  des  œuvres  composées  pour  l'orgue  par  Ba- 
guer, que  M.  Soriano  Fuertes,  dans  son  Historia 
de  la  Mûsica  espaùola ,  dit  être  l'auteur  d'un 


oratorio  intitulé  la  Muerte  de  Abel.  Baguer 
est  mort  à  Barcelone  ,  le  29  février  1808  ,  à  l'âge 
de  quarante  ans  seulement. 

BAILLE  (Gabriel),  compositeur,  directeur 
du  Conservatoire  de  Perpignan,  a  publié  pour 
divers  instruments  des  compositions  dont  le 
nombre  s'élève  à  plus  de  cinquante.  Parmi  ces 
compositions  se  trouvent,  outre  divers  morceaux 
de  genre  pour  piano,  une  série  de  pièces  élé- 
mentaires et  progressives  pour  deux  violons  por- 
tant pour  titre  École  concertante  de  violon 
(Paris,  Brandus).  M.  Baille  publie  aussi  un  re- 
cueil permanent,  intitulé  :  Piccludium,  recueil 
de  musique  pour  orgue.  Cette  collection,  dont 
il  paraît  chaque  année  deux  livraisons,  en  compte 
déjà  sept. 

BAILLET  ( ) ,  est  auteur  d'un  opus- 
cule ainsi  intitulé  :  Musique  en  lettres ,  idée 
sur  l'étude  de  la  musique  vocale,  ou  Exposé 
d'une  méthode  nouvelle  (Toulouse,  1864, 
in- 8°). 

'*^  BAILLOT  (PierreM.\rieFr4nçois  de 
Sales).  On  a  publié  en  1872  un  écrit  posthume 
de  ce  grand  artiste,  ainsi  intitulé:  Observations 
relatives  aux  concours  de  violon  du  Conser- 
vatoire de  musique  (Paris,  Didot,  in-8°  de 
34  pp.  ).  On  doit  signaler  aussi  les  deux  notices 
suivantes,  dont  Baillot  était  l'objet  :  1°  Baillot , 
par  Ad.  Guéroult  (  Paris,  s.  1.  n.  d.  [Extrait  de 
la  Gazette  musicale] ,  in-8°  de  7  pp.  )  ;  2°  Hom- 
mage à  la  mémoire  de  Baillot ,  discours  pro- 
noncé par  M.  D.  Tajan-Rogé  à  la  soirée  musi- 
cale qui  a  eu  lieu  dans  la  petite  salle  du  Con- 
servatoire national  de  musique  le  4  avril  1872  , 
pour  l'inauguration  de  la  statuette  en  bronze  de 
Baillot  (Paris,  Le  Chevalier,  1872,  in-12).  En- 
fin il  faut  mentionner  encore ,  pour  ceux  qui 
voudraient  se  renseigner  d'une  façon  complète 
sur  l'admirable  violoniste,  la  notice  publiée  dans 
les  Annales  de  l'Académie  des  Beaux-Arts 
(t.  XII  )  par  M.  Charles  du  Rozoir,  et  celle  pu- 
bliée en  1872,  dans  le  Ménestrel,  par  M.  Ar- 
thur Pougin. 

BAILLOT  (René-Pacl),  fils  du  précédent, 
est  né  à  Paris  le  23  octobre  1813.  Après  avoir 
travaillé  le  violon  avec  son  père ,  il  se  livra  à 
l'étude  du  piano,  sous  la  direction  de  Desor- 
mery  et  de  Pleyel.  Use  consacra  ensuite  à  l'ensei- 
gnement, et  publia  un  certain  nombre  de  compo- 
sitions pour  le  piano.  En  1848  ,  M.  René  Baillot 
devint  professeur  de  la  classe  d'ensemble  ins- 
trumental au  Conservatoire  ,  classe  créée  pour 
lui ,  mais  dont  il  ne  fut  pourtant  nommé  titu- 
laire que  le  1""  janvier  1851. 

*  BAILLY  (Henri  de),  surintendant  de  la 
musique  de  Louis  XIII.  On  trouve  des  notes  in- 


38 


BAILLY  —  BALBI 


téressantes  sur  la  famille  de  cet  artiste  dans 
l'écrit  de  M.  Tli.  Lhuiliier  :  Note  sur  quelques 
musiciens  dans  la  Brie  (  Meaiix  ,  typ.  Carro , 
1870,  in  8°). 

Je  crois  que  cet  artiste  ne  faisait  qu'un  avec 
Bailly,  chanteur  et  joueur  de  luth  de  Louis  XIII 
enfant,  très  fréquemment  cité  par  JeanHéroard 
dans  son  Journal  sur  Venfance  et  la  jeunesse 
de  Louis  XIII.  BaiMy,  qui  jouait  aussi  de  la  lyre, 
endormait  le  soir  le  jeune  prince  au  son  de  sa 
musique,  que  pourtant  celui-ci  écoutait  avec  un 
vif  plaisir. 

*  BAJETTI  (Jean),  compositeur,  ancien 
maestro  concertaiore  du  théâtre  de  la  Scala  au 
temps  de  la  Pasta  et  de  la  Malibran,  est  mort  à 
Milan  le  28  avril  1876.  A  la  liste  des  ouvrages  de 
cet  artiste,  il  faut  joindre  le  ballet  de  Faust  (Mi- 
lan, Scala,  12  février  1848),  dont  il  écrivit  la 
musique  conjointement  avec  Coster  et  Panizza. 

BALAIÎIREFF     (M ),     compositeur 

russe  contemporain  ,  a  écrit  pour  le  drame  de 
Sliakspeare  le  Roi  Lear  une  partition  qui  com 
prend  une  ouverture,  une  marche  et  quatre 
entr'actes,  et  qui  a  été  publiée  chez  l'éditeur 
Bessel,  à  Saint-Pétersbourg.  M.  Balakireff  a  pu- 
blié aussi  un  arrangement  pour  deux  pianos  d'un 
quatuor  de  Beethoven. 

BALAR T  (Gabkiei,),  compositeur  espagnol, 
est  né  à  Barcelone  le  8  juin  1824.  Il  commença 
l'étude  de  la  musique  dans  sa  patrie,  dès  ses 
plus  jeunes  années,  puis  vint  à  Paris  pour  com- 
pléter son  éducation.  De  retour  en  Espagne  en 
1832  ,  il  se  fit  connaître  d'abord  par  la  publica- 
tion d'un  certain  nombre  de  pièces  de  musique 
vocale  et  instrumentale,  et  écrivit  aussi  quelques 
zarzuelas,  qui  furent  généralement  bien  accueil- 
lies. Parmi  les  ouvrages  de  ce  genre  de  M.  Ba- 
lart,  je  citerai  les  suivants ,  qui  seuls  sont  venus 
à  ma  connaissance  :  1°  Uîi  Rapacin  de  Can- 
daSf  un  acte,  Barcelone,  août  18G6;  2"  los  Guar- 
dias  del  Rey  de  Siam,  id.,  id.,  3"  el  Tulipan 
de  los  Mares  ;  4"  Amor  y  Arte.  M.  Balart  a  été 
chef  d'orchestre  des  principaux  théâtres  de  Bar- 
celone et  de  quelques-uns  de  Madrid. 

*  BALBI  (Melchioiî).  L'auteur  de  la  B/oyra- 
phie  universelle  des  Musiciens  a  été  évidem- 
ment trompé,  au  sujet  de  cet  artiste,  par  de 
faux  renseignements.  Voici  ceux  que  je  trouve  sur 
M.  Baibi  dans  l'intéressant  Annuario  générale 
delta  Musica  de  M.  Caputo  (  voy.  ce  nom)  pour 
1875. 

M.  BaIbi  est  né  à  Venise,  de  famille  pa- 
tricienne, le  4  juin  1796.  Son  père  s'étant  ré- 
fugié à  Padoue'  par  suite  des  événements  poli- 
tiques, le  jeune  homme  étudia  le  piano  et 
l'orgue    d'abord    avec    Alessandro    Nini,  puis 


avec  Gaetano  Valeri ,  el  fit  ensuite  une  élude 
sévère  des  partimenti,  de  l'harmonie  et  de 
la  fugue  avec  Antonio  Calegari.  Nommé ,  en 
1818,  maestro  concerlatore  dans  les  deux 
théâtres,  il  conserva  cet  emploi  jusqu'en  1853, 
époque  à  laquelle  il  fut  nommé  maître  de  cha- 
pelle de  la  basilique  de  Sanl'Antonio.  Élu ,  en 
1868,  académicien  correspondant  de  l'Institut 
musical  de  Florence ,  il  écrivit  trois  Mémoires 
sur  la  question  posée  par  cette  académie  :  «  s'il 
est  possible  et  pratique  d'inventer  un  système 
d'harmonie  fondé  sur  la  division  de  l'octave  en 
douze  demi-tons.  »  Aux  trois  Mémoires  l'acadé- 
mie répondit  par  trois  délibérations  dans  les- 
quelles elle  félicitait  M.  BaIbi  et  l'encourageait 
à  poursuivre  et  à  conduire  à  terme  la  tâche  qu'il 
avait  entreprise.  A  la  suite  de  ce  fait ,  M.  Balbi 
fut  nommé  chevalier  de  la  couronne  d'Italie  et 
élu  membre  d'un  grand  nombre  de  sociétés  ita- 
liennes et  étrangères. 

Outre  une  messe  solennelle  et  une  messe  de 
Requiem  exécutées  à  Saint-Antoine  de  Padoue , 
la  première  en  1831 ,  la  seconde  en  1869 , 
M.  Balbi  en  a  produit  une  troisième  (le  8  dé- 
cembre 1871),  pour  chœurs,  orchestre  ,  et  qua- 
tre orgues.  Comme  théoricien,  cet  artiste  a  pu- 
blié :  1°  Sistema  armonico  d'Antonio  Calegari, 
avec  notes  et  appendice  de  Melchior  Balbi  (  Mi- 
lan, Ricordi,  1829);  2°  Grammatica  ragionata 
délia  musica  sotto  Vaspetto  di  lingua  (i845); 
3°  Auova  Scuola  basala  sul  sistema  semi- 
tonato  equabile ,  T' partie  (  Milan ,  Vismara  , 
1872).  Quanta  l'ouvrage  dont  M.  Balbi  aurait 
été  l'éditeur  posthume,  Trattato  armonico 
di  Antonio  Calegari,  Fétis  a  fait  évidemment 
à  son  sujet  une  double  confusion ,  dont  on  peut 
se  rendre  compte  en  lisant  les  trois  noiices  qu'il 
a  consacrées  à  François-Antoine  Calegari,'  k 
Antoine  Calegari  et  à  M.  Melchior  Balbi. 
Dans  la  première,  il  attribue  cet  ouvrage  à 
François-Antoine  Calegari ,  et  dit  qu'il  fut  pu- 
blié fort  longtemps  après  sa  mort,  en  1829,  par 
M.  Balbi  ;  dans  la  seconde,  il  fixe  la  mort  d'An- 
toine Calegari  au  22  juillet  1828;  enfin,  dans  la 
troisième ,  il  attribue  le  même  ouvrage  à 
M.  Balbi,  qui  aurait  exposé  lui-même  la  mé- 
thode de  son  maître  Antoine  Calegari  dans  l'é- 
crit en  question,  et  qui  l'aurait  laissé  manuscrit 
à  sa  mort,  arrivée  en  juillet  1828,  de  telle  façon 
qu'on  l'aurait  publié  l'année  suivante.  Or,  on  peut 
saisir  la  confusion  par  le  rapprochement  des 
dates,  dont  une  est  fausse,  puisque  M.  Balbi  est 
encore  vivant.  Voici  ce  qui  me  semble  devoir 
être  la  vérité  -.  le  Trattato  del  sistema  armonico 
est  d'Antoine  Calegari  et  non  de  François-An- 
toine Calegari;  cet  artiste  l'aura  laissé  inédit  à 


BALBI  —  BALTHASAR-FLORENCE 


39 


-sa  mort ,  le  22  juillet  1828 ,  en  chargeant  son 
élève,  M.  Balbi ,  de  le  publier;  enfin,  celui-ci  se 
sera  ponctuellement  acquitté  de  ce  si)in.  On  voit 
combien  la  lumière  est  difficile  à  faire  en  ma- 
tière d'histoire ,  et  à  quel  point  un  faux  rensei- 
gnement peut  engendrer  d'erreurs. 

BALDI  (JoÂo-JosÉ),  musicien  portugais,  est 
né  à  Lisbonne  de  parents  italiens  établis  depuis 
longtemps  en  cette  ville.  En  1781,  à  peine  âgé 
de  onze  ans,  il  entra  au  séminaire  patriarcal, 
d'où  il  sorlit  au  mois  de  septembre  1789  pour 
aller  occuper  la  place  de  maître  de  chapelle  à  la 
cathédrale  de  Guarda;  il  fui  ensuite  appelé  à 
Lisbonne,  et  nommé  organiste  de  la  chapelle 
du  palais  royal  de  Bemposta.  Il  a  écrit  une  grande 
quantité  de  musique  d'église ,  à  laquelle  on  ac- 
corde du  mérite;  on  cite  surtout  une  Litania 
■en  la ,  comme  particulièrement  remarquable. 

J.  DE  V. 

*  BALFE  (MicnEL-GmLLu:MEB.\LPH,  dit) 
est  mort  le  21  octobre  1870,  à  sa  maison  de  cam- 
pagne de  Rowney-Abbey.  Au  répertoire  drama- 
tique de  ce  compositeur,  si  populaire  en  Angle- 
terre ,  et  qui  d'ailleurs,  s'il  manquait  d'originalité, 
était  loin  de  manquer  de  talent,  il  faut  ajouter 
les  opéras  suivants,  représentés  à  Londres  : 
the  PurUcui's  daughter  (1861),  ihe  Armurer 
of  Nantes  iiS63),  Blanche  de  Nevers  (18G3), 
la  Rose  de  Casdlle,  et  Bianca,  la  Fiancée  du 
Bravo. 

Une  fille  de  cet  artiste  ,  cantatrice  d'un  talent 
remarquable ,  élève  de  son  père ,  avait  débuté 
avec  succès  à  Londres,  le  28  mai  1857,  dans  le 
rôle  d'Amina  de  la  Sonnambula.  Mariée,  peu 
d'années  après,  à  sir  John  Crampton,  dont  elle 
se  sépara  en  1863  à  la  suite  d'un  procès  étrange 
et  qui  eut  un  grand  retentissement,  elle  épousa 
en  secondes  noces  un  noble  Espagnol ,  le  duc 
de  Prias.  La  duchesse  de  Prias  mourut  jeune,  à 
Madrid,  peu  de  mois  après  son  père,  en  janvier 
ou  février  1871  (1). 

BALIUS  Y  VILA(Jaisie),  compositeur  es- 
pagnol, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  On  ignoi  e  le  lieu  et  la  date  de  sa 
mort,  et  l'on  sait  seulement  que  vers  1780  il  rem- 
plissait les  fonctions  de  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Gerona,  fonctions  qu'il  occupa 
plus  tard  à  Cordoba  et  au  monastère  de  l'Incar- 
nation, de  Madrid.  Cet  artiste  s'est  fait  connaître 
par  de  nombreuses  composilions  religieuses , 
parmi  lesquelles  on  remarque  surtout  ses  La- 
mentations pour  le  jeudi-saint,  ainsi  queTliym- 


(1)  L;i  veuve  ducompnsi'eur  Palfe  a  fait  don  an  Bri- 
Ush  miiseiiin,  de  Londres,  des  manuscrits  autographes 
•de  toutes  les  œuvres  publiées  de  son  raarl. 


ne  :  Dcus  tuorum  militum,  qu'il  écrivit  pour 
le  concours  de  la  maîtrise  de  Cordoba. 

BALLARD,  joueur  de  lutli  dislingui-,  fut  le 
maître  de  Louis  XIII,  alors  dauphin  de  Prancc, 
pour  cet  instrument,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  le 
Journal  de  Jean  Iléroard  sur  Venfance  et 
la  jeunesse  de  Louis  XIH,  lequel  dit,  à  la 
dale  du  T"^  septembre  1612,  en  parlant  du  jeune 
prince  :  «  Il  commence  à  apprendre  à  jouer  du 
luth  par  Ballard.  »  Il  me  semble  que  cet  artiste 
pourrait  bien  être  Pierre  Ballard,  fils  du  chef 
de  la  dynastie  des  imprimeurs  de  musique  de  ce 
nom,  qui  succéda  à  son  père  comme  seul  impri- 
meur de  la  musique  de  la  chambre,  chapelle 
et  menus-plaisirs  du  roi.  On  peut  supposer 
aussi  qu'il  est  l'auteur  ou  du  moins  l'arrangeur 
du  recueil  publié  par  lui,  en  1617,  sans  nom 
d'auteur  et  sous  ce  titre  :  Airs  de  différens 
auteurs,  mis  en  tablature  de  luth. 

BALLICOl]RT( ),composileur  et  flû- 
tiste français  du  dix-huitième  siècle,  a  passé  sa 
vie  en  Angleterre  ,  où  son  talent  de  virtuose 
était  estimé,  ainsi  que  ses  compositions. 

Y. 

BALTHASAR  •  FLORENCE  (  Henri 
Mathias  BALTHASAR,  dit),  compositeur  belge, 
est  né  à  Arlonle  21  octobre  1844.  Musicien  dès 
l'âge  le  plus  tendre,  il  se  produisit  pour  la  pre- 
mière fois  en  public  à  neuf  ans,  comme  pianiste, 
dans  sa  ville  natale.  Admis  en  1857  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles ,  il  y  fut  élève  de  M.  Au- 
guste Dupont  pour  le  piano,  de  M.  Lemmens 
pour  l'orgue,  de  M.  Adolphe  Samuel  pour  l'iiar- 
monie ,  de  Fétis  pour  le  contre-point  et  la  fugue, 
et  obtint  successivement  tous  les  premiers  prix 
des  cours  qu'il  suivait  avec  ces  professeurs. 
Marié  en  1863  à  M"''  Clémence  Plorence,  fille 
d'un  facteur  de  pianos  dont  il  ajouta  le  nom  au 
sien,  il  alla  ,  quelques  années  plus  tard,  s'établir 
à  JNamur  comme  dépositaire  des  produits  de  la 
fabrique  de  son  beau-père,  ce  qui  ne  l'empêcha 
pas  de  se  livrer  avec  ardeur  à  la  composition  et 
de  se  produire  souvent  comme  virtuose  dans  les 
concerts.  En  1868,  il  faisait  exécuter  aux  Con- 
certs populaires  de  Bruxelles  une  grande  ouver- 
ture dramatique;  peu  après,  il  donnait  au  lliéàtre 
de  la  Monnaie ,  de  cette  ville,  un  opéra-comique 
intitulé  Une  Croyance  bretonne,  et  au  Casino  des 
GaleriesSaiut  Hubert  une  opérette  en  un  acte,  le 
Docteur  Quinquina.  En  1870,  il  fait  entendre 
aux  Concerts  populaires  des  fragments  symphoni- 
ques,  et  exécute  dans  une  séance  donnée  au 
théâtre  de  Namur  un  grand  concerto  sympho- 
niquc  pour  piano  et  orchestre,  qui  lui  vaut  un 
double  succès  de  virtuose  et  de  compositeur.  En 
1872,  dans  l'église  du  collège  de  la  Paix,  de  la 


40 


BALTHASAR-FLORENCE  —  BANIÈRES 


même  ville,  il  produit  une  messe  solennelle  pour 
chœur  et  orchestre ,  dont  l'effet  est  très  grand , 
et  successivement  il  fait  entendre  deux  Bénédic- 
tions et  un  Landate  Dommian,  également  pour 
chœur  et  orchestre.  M.  Balthasar-Florence,  dont 
le  talent  est  très-goûté  en  Belgique ,  a  écrit  en- 
core la  musique  d'un  ballet  en  deux  actes,  non 
représenté  jusqu'ici,  divers  morceaux  de  carac- 
tère pour  le  piano,  un  concerto  pour  la  trom- 
pette, un  quintette  pour  instruments  à  cordes, 
des  fantaisies  pour  violoncelle,  pour  cor,  etc. 
Lors  de  l'exécution  de  sa  messe  solennelle  à  Na- 
mur,  une  appréciation  très-élogieuse  de  cette 
œuvre  parut  dans  le  journal  VAmi  de  V Ordre, 
de  cette  ville,  et  fut  ensuite  publiée  sous  forme 
de  brochure  :  Messe  solennelle  de  Balthasar- 
Florence  par  le  R.  P.  Louis  Girod,  de  la  com- 
pagnie de  Jésus  (Namur,  impr.  Doux  tils,  1872, 
in  8").  Enfin,  en  187 j,  la  municipalité  de  Lille 
ayant  mis  au  concours  une  cantate  en  l'honneur 
de  Notre-Dame  delà  Treille,  pourvoi/,  chœurs 
et  orchestre,  et  M.  Balthasar  ayant  pris  part  à 
à  ce  concours,  il  en  fut  proclamé  vainqueur.  Son 
œuvre  fut  exécutée  à  Lille  avec  un  véritable 
succès,  et  fut  l'objet  de  grands  éloges. 
tt  BALVAiXSKY  ( ),  compositeur  hon- 
grois, a  vécu  vers  la  fin  du  siècle  dernier  et  le 
commencement  de  celui-ci.  Il  a  écrit  des  duos 
pour  piano  et  violon.  Y. 

*  BAMBLXI  (Félix).  A  la  liste,  assez  peu 
nombreuse  d'ailleurs,  des  œuvres  de  cet  artiste, 
il  faut  ajouter  Suzanne,  oratorio  exécuté  avec 
succès  au  Concert  spirituel ,  et  deux  livres  de 
chacun  trois  sonates  pour  jnano  et  violon  (Pa- 
ris, Leduc).  Banibini,  dont  la  vie  fut  obscure  et 
la  carrière  peu  brillante  ,  avait  été  cependant  une 
sorte  d'enfant  prodige,  et  voici  ce  qu'en  disait 
J.-J.  Rousseau ,  dans  sa  Lettre  sur  la  musique 
française,  à  l'époque  où,  son  père  étant  direc- 
teur de  la  troupe  de  bouffons  italiens  qui  don- 
nait des  représentations  à  l'Opéra,  le  petit  Bam- 
bini  était  l'accompagnateur  de  cette  troupe  :  — 
«  Vous  ressouvenez- vous,  monsieur,  d'avoir  en- 
tendu quelquefois,  dans  les  intermèdes  qu'on 
nous  a  donnés  cette  année,  le  fils  de  l'entrepre- 
neur italien,  jeune  enfant  de  dix  ans  au  plus  , 
accompagner  quelquefois  à  1  Opéra?  Nous  fûmes 
frappés,  dès  le  premier  jour,  de  l'effet  que  pro- 
duisait sous  ses  petits  doigts  l'accompagnement 
du  clavecin;  et  tout  le  spectacle  s'aperçut,  à  son 
jeu  précis  et  brillant,  que  ce  n'était  pas  l'accom- 
pagnement ordinaire....  » 

*  BA^'DERALI  (David).  Dans  son  His- 
toire du  Conservatoire,  Lassabathie  ,  qui  écri- 
vait d'après  les  registres  de  cet  établissement , 
où  Banderali  a  été  professeur,  fixe  Palazzo  et  le 


15  janvier  1789  comme  lieu  et  date  de  la  nais- 
sance de  cet  artiste.  Je  me  borne  à  mentionner 
le  fait,  n'ayant  pas  les  moyens  d'établir  laquelle 
a  raison,  de  V Histoire  du  Conservatoire  ou  de 
la  Biographie  universelledes'TMusiciens.  Je  dois 
constater  cependant  qu'un  compatriote  de  Ban- 
derali, le  docteur  Francesco  Regli,  dans  son  Di- 
zionario  biografico ,  le  dit  né  à  Palazzolo  le 
12  janvier  1789.  —  La  fille  de  cet  artiste,  chan- 
teuse de  goût  et  de  style  qui  s'est  fait  une  réputcf- 
tion  dans  les  concerts  parisiens,  a  épousé  un  com- 
positeur distingué,  M.  Barthe.  (Foy.  ce  nom.) 

BANESTRE  (Gilbert),  contrcpoinliste  an- 
glais qui  jouit  d'une  grande  renommée,  floris- 
sait  vers  1490.  ;  =  Y. 

BANEUX  ( ),  artiste  qui  semble  de- 
voir être  le  père  et  le  grand-père  des  deux  vir- 
tuoses cornistes  mentionnés  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens  ,  a  écrit ,  en  so- 
ciété avec  Navoigille,  la  musique  de  trois  dra- 
mes-pantonimes  représentés  au  théâtre  du  Pa- 
lais :  1°  Naissance  de  la  Pantomime  (un acte, 
1798)  ;  20  V Héroïne  suisse,  ou  Amour  et  cou- 
rage (Irois  actes,  1798)  ;  3"  l'Empire  de  la  Fo- 
lie, ou  la  Mort  et  l'Apothéose  de  Don  Qui- 
c/io/^<?  (trois  actes,  1799). 

BAi\K  (Jean-Charles-Henri),  organiste  et 
compositeur  de  lieder,  a  vécu  dans  la  dernière 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  En  1806,  il  était 
encore  organiste  du  Domchor  de  Magdebourg. 

Y, 

BANKS  (Benjamin),  chef  d'une  famille  de 
luthiers  anglais,  naquit  en  1727  et  mourut  en 
1795.  Il  s'était  établi  à  Salisbury,  et  produisit 
beaucoup  de  violons  et  de  violoncelles,  réussis- 
sant surtout  ces  derniers.  Quelques-uns  de  ses 
instruments  sont  marqués  en  plusieurs  endroits 
de  ses  initiales  :  B.  B.;  d'autres  portent  son  éti- 
quette ,  avec  ses  nom  et  prénom  en  toutes  let- 
tres et  la  date  de  leur  fabrication.  Benjamin 
Banks ,  qui  est  considéré  en  Angleterre  comme 
un  des  premiers  luthiers  de  ce  pays,  copiait  prin- 
cipalement Nicolas  Amali.  Son  vernis,  très-beau, 
se  reconnaît  facilement. 

BANKS  (Benjamin),  fils  du  précédent,  na- 
quit au  mois  de  septembre  1754,  et  mourut  en 
1820.  Il  travailla  longtemps  avec  son  père  à  Sa- 
lisbury, puis  alla  se  fixer  à  Londres. 

BANKS  (James  et  Henry),  second  et  troi- 
sième fils  de  Benjamin  Banks  1", continuèrent  en- 
semble les  affaires  de  leur  père  après  la  mort  de 
celui-ci,  et  quittèrent  plus  tard  Salisbury  pour 
aller  s'établira  Liverpool.  Les  instruments  signés 
de  leurs  deux  noms  sont  estimés  en  Angleterre. 

BANIÈRES  (Jean),  savant  français,  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle. 


BANIÈaES  —  BARBEDETTE 


41 


On  a  de  lui  un  Traité  physique  de  la  lumière  et 
des  couleurs,  des  sons  et  des  différents  tons, 
qui  a  été  inséré  dans  le  Journal  des  Savants 

de  1737.  ^'• 

BAPTISTA  (leFr.  Francisco),  compositeur 
portugais  du  dix-septième  siècle,  est  né  à  Campo- 
Maior,  dans  la  province  d'Alemtejo.  Il  eut  pour 
maître  le  célèbre  Antonio  Pinlieiro,  et  jouissait 
vers  lemilieu  dudix  septième  siècle  (1620-1G60) 
d'une  telle  réputation  qu'il  fut  appelé  à  Cor- 
doba  (Espagne)  en  qualité  de  maître  de  cha- 
pelle d'un  couvent  de  son  ordre  (Saint- Augus- 
tin), Ses  compositions,  très-nombreuses,  étaient 
conservées  dans  la  Bibliothèque  de  musique  du 
roi  D.  Jean  IV. 

J.  DE  V.    i 

BARBA  (José),  compositeur  espagnol  ,  na- 
quit à  Barcelone  le  15  avril  1804.  A  l'âge  de 
huit  ans  il  entra  comme  enfant  de  chœur  dans 
une  église  de  sa  ville  natale  ,  y  fit  toute  son  édu- 
cation musicale  sous  la  direction  d'an  artiste 
nommé  Francisco  Sampera ,  et  eut  terminé  ses 
études  au  bout  de  dix  années.  En  182i,  il  devint 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Gerona  , 
qu'il  quitta  ,  dans  la  même  année,  pour  celle  de 
Valladolid  ,  retournant  bientôt  à  Gerona  ,  où  on 
lui  offrait  un  traitement  plus  considérable.  En 
1850,  il  passa  en  la  même  qualité  à  l'église  de 
de  Santa-Maria  del  Mar  de  Barcelone,  et  con- 
serva ses  fonctions  jusqu'en  1866.  Cet  artiste  a 
écrit  un  assez  grand  nombre  de  compositions  re- 
ligieuses pour  les  diverses  chapelles  qu'il  a  oc- 
cupées. 

BARBARA  (Pierre-Henri),  piani.ste  et 
compositeur  de  musique  de  piano,  né  à  Orléans 
(Loiret)  le  28  avril  1823,  mourut  à  Libourne  (Gi- 
ronde) le  9  mai  1S63. 

Dès  son  enfance,  le  jeune  Barbara  ayant  ma- 
nifesté les  plus  heureuses  dispositions  pour  le 
piano,  son  père,  luthier  à  Orléans,  l'envoya  à 
Francfort-sur- le-Mein  prendre  des  leçons  d'Aloys 
Schmitt,  alors  célèbre  en  Allemagne  comme  pro- 
fesseur. Revenu  dans  sa  ville  natale  en  1838, 
Barbara  y  donna  un  concert  qui  lui  procura  de 
suite  de  nombreux  élèves  de  piano.  Il  continua 
de  suivre  la  carrière  du  professorat,  fixant  tour 
à  tour  sa  résidence  à  Montpellier,  à  Narbonne, 
à  Avignon ,  et  finalement  à  Libourne  où  il  réunit 
une  fort  belle  clientèle. 

A  partir  de  1843^  Barbara  commença  à  faire 
paraître  quelques  morceaux  de  piano  qui  attirè- 
rent de  suite  sur  lui  l'attention  des  dilettantes-, 
une  valse  brillante  (Bernard-Latte),  Ondine, 
étude  de  salon  (Fleury),  Amélie  (Ravayre-Raver), 
le  Retour,  et  surtout  Iduna,  lêverie  en  forme 
de  valse  (Colombier),   obtinrent  un   succès  de 


vente  considérable.  Malheureusement ,  l'auteur 
de  ces  œuvres  distinguées,  fort  peu  remuant  de 
sa  nature,  tout  en  composant  toujours  de  temps 
en  temps ,  ne  cherchait  pas  à  publier  ses  pro- 
ductions et  à  les  faire  valoir.  Aussi  n'a-t-il  pas 
paru  de  lui,  en  tout,  plus  de  douze  ou  quinze  mor- 
ceaux de  piano. 

Henri  Barbara  était  le  frère  cadet  du  roman- 
cier Charles  Barbara,  l'auteur  de  VAssassinat 
du  Pont-Rouge  et  des  Histoires  émouvan- 
tes (1).  —  Une  notice  étendue  a  été  consacrée  à 
ce  pianiste  de  talent  dans  le  Progrès,  Revue  de 
Bordeaux,  q°  du  V  mars  1867. 

A.   L— N. 

BARBATI  (Aniello),  professeur  et  compo- 
siteur, fils  d'un  riche  commerçant,  est  né  à  Na- 
ples  le  4-  septembre  1824,  et  n'étudia  la  musique 
qu'au  point  de  vue  de  son  agrément ,  suivant  un 
cours  d'harmonie  avec  Francesco  Catugno  ,  et 
étudiant  ensuite  le  contre-point  et  la  composition 
avec  Salvatore  Pappalardo.  Des  revers  de  fortune 
vinrent  l'obliger  à  utiliser  des  talents  qu'il  n'a- 
vait acquis  que  par  plaisir,  et  à  vingt-deux  ans 
il  se  consacra  à  l'enseignement  de,  la  théorie  de 
l'art.  Cela  ne  l'empêcha  pas  d'écrire  trois  opéras, 
qui  furent  représentés  au  théâtre  Nuovo,  de  Na- 
ples  :  la  Bottega  da  caffè  (1852),  la  Marchesa 
e  il  Tamburino  (mars  1857),  el  Maria  la  fioraia 
(mai  !  859).  On  doit  encore  à  M.  Barbali  un  cer- 
tain nombre  de  compositions  jusqu'ici  restées 
inédites,  ouvertures,  messes,  vêpres,  etc.,  et  ie 
Quattro  Stagioni ,  recueil  de  quatre  soli  pour 
soprano,  contralto ,  ténor  et  basse,  avec  accom- 
pagnement de  quatuor  et  de  quelques  autres  ins- 
truments obligés. 

BARBEDETTE  (H... ),  amateur  dis- 
tingué de  musique  et  écrivain  musical ,  né  vers 
1825,  a  fait  de  fortes  études  littéraires  et  juridi- 
ques, et  n'a  cultivé  l'art  qu'en  vue  de  son  agré- 
ment. Devenu  juge  au  tribunal  de  la  Rochelle, 
M.  Barbedette  ,  qui  était  en  même  temps  prési- 
dent de  la  Société  philharmonique  de  cette  ville 
et  à  qui  sa  situation  de  fortune  assurait  l'indé- 
pendance, s'est  démis  il  y  a  quelques  années  de 
ses  fonctions  de  magistrat  pour  pouvoir  se  livrer 
sans  réserve  à  ses  travaux  favoris  sur  l'bistoire 
de  la  musique  et  des  grands  hommes  qui  l'ont 
illustrée.  Pianiste  exercé,  il  n'avait  pas  négligé 

(1)  Charles  Barbara:  qui  était  musicien  lui-même,  et 
qui,  dans  ses  Jeunes  années,  ava  t  appartenu  à  l'or- 
chestre de  différents  théâtres  de  Paris,  aimait  beaucoup, 
comme  Hoffmann,  à  faire  intervenir  la  musique  dans  ses 
récits  littéraires,  ainsi  qu'il  le  ûl  notamment  dans  r.^j- 
sassinat  du  Pont-Rouge  et  dans  VEsquisse  de  la  vie  diin 
virtuose.  Né  à  Orléans  en  lS2ï,CUarlcs  Barbini  est 
mori  fou,  à  Paris,  en  1?66.  —  A.  P. 


42 


BARBEDETTE  —  BARBIER 


l'élude  de  l'iiarmonie ,  et  a  mis  au  jour  un  cer- 
tain nombre  de  compositions,  parmi  lesquelk's 
un  sextuor  instrumental  qui  a  été  publié.  De- 
puis une  quinzaine  d'années,  M.  Barbedette  a 
publié  dans  le  journal  le  Mcnesti\l  plusieurs 
•notices  importantes  sur  de  grands  musiciens , 
particulièrement  sur  les  maîtres  de  l'école  alle- 
mande, notices  qui  ont  paru  ensuite  sous  forme 
de  brochures.  Dans  ces  travaux,  M,  Barbe- 
dette  a  fait  preuve  d'un  goût  réel  et  d'un  bon 
sentiment  musical  ;  on  peut  regretter  toutefois 
que  les  études  qu'il  a  consacrées  à  d'illustres 
artistes  laissent  à  désirer,  au  point  de  vue  bio- 
graphique, en  ce  qui  concerne  l'abondance  des 
faits  et  la  façon  de  les  enchaîner.  La  littérature 
allemande  est  si  riche  aujourd'hui  en  études  bio- 
graphiques, en  recueils  de  correspondances,  en 
catalogues  d'oeuvres  publiées  ou  inédites ,  en 
documents  de  toutes  sortes  sur  les  grands  com- 
positeurs d'outre-Rhin  ,  que  les  écrivains  étran- 
gers à  ce  pays  doivent  se  montrer  particulière- 
ment soucieux  d'avoir  recours  à  ces  publications 
si  nombreuses,  de  puiser  directement  à  ces 
sources  auxquelles  on  pourrait  parfois  reprociier 
leur  surabondance,  mais  dont  il  n'est  pas  permis 
de  ne  tenir  compte  qu'à  demi.  Cette  réserve 
faite,  on  ne  peut  disconvenir  que  les  travaux  de 
M.  Barbedette  sont  intéressants.  En  voici  la 
liste:  1"  Beethoven,  esquisse  musicale,  la 
Rochelle,  Siret,  1859,  in-S"  [Beethoven,  sa  vie 
et  ses  œuvres,  1'^  éAWÀKm,  Paris,  Heugel,  1870, 
gr.  in-8°avec  portrait);  1"  Chopin,  essai  de  cri- 
tique musicale,  Paris,  Lieber, '1861  ,  in- 8° 
(  f.  Chopin,  essai  de  critique  musicale,  V  édi- 
tion,  Paris,  Heugel,  1869,  gr.  in-8"  avec  portrait 
et  autographes)  ;  3°  Weber,  essai  de  critique 
musicale,  Paris,  Heugel,  1862,  in  8°  (Ch.-M.de 
^yeber,  sa  vie  et  ses  œuvres,  2'^  édition,  Paris, 
Heugel,  1874,  gr.  in  8°  avec  portrait  et  auto- 
graphes) ;  40  F.  Schubert,  sa  vie,  ses  œuvres, 
son  temps,  Paris,  Heugel,  1866,  gr.  in-8°  avec 
liortrait  et  autographes  ;  5°  Félix  Mcndelssohn- 
Bartholdy,  sa  vie  et  ses  œuvres,  Paris,  Heu- 
gel, 1869,  gr.  in-8'' avec  portrait  et  autographes  ; 
6°  Stephen  Ueller,  sa  vie  et  ses  œuvres,  Pa- 
ris, Malio,  1876,  in-8  avec  autographe. 
Deux  autres  études  de  M.  Barbedette,  sur  Haydn 
et  sur  Gluck,  insérées  dans  le  Ménestrel ,  n'ont 
pas  encore  été  publiées  à  part. 

*  BARBELLA.  (Emmanuel).  Ce  violoniste 
fort  distingué  s'est  essayé  au  mo'ms  une  fois 
comme  compo.siteur  dramatique,  et  a  écrit,  en 
société  avec  Logroscino ,  Elmira  generosa, 
opéra  de  demi-caractère  qui  fut  représenté  à  Na- 
<>Ies,  sur  le  théâtre  Nuovo,  pendant  le  carnaval  de 
1753. 


*  BARBEUEAU  (  Mathlrin-Augcste- 
Balthasar),  fut  désigné  après  la  mort  d'Auber, 
par  M.  Ambroise  Thomas,  le  nouveau  directeur 
du  Conservatoire,  comme  titulaire  d'une  des 
classes  de  composition  de  cet  établissement,  mais 
il  échangea  cette  situation  contre  celle  de  pro- 
fesseur de  la  chaire  d'histoire  musicale,  qui  ve- 
nait d'être  créée  et  dont  il  prit  possession  au 
mois  de  février  1872.  Malheureusement,  il  ne 
réussit  pas,  malgré  ses  grandes  et  solides  con- 
naissances en  cette  matière,  dans  la  lâche  qui 
lui  était  dévolue,  le  talent  de  la  parole  lui  man- 
quant absolument,  et  il  dut  céder  la  place  à 
M.  Eugène  Gautier,  qui  fut  appelé  à  lui  succéder. 
Vers  1852  ou  1853,  lorsque  M.  Seghers  donna  sa 
démission  de  chef  d'orchestre  de  la  Société  ^de 
Sainte-Cécile,  M.  Barbereau  le  remplaça  dans  ses 
fonctions,  qu'il  conserva  jusqu'à  la  dissolution 
de  la  Société.  Je  dois  f.iire  remarquer  qu'avant 
de  remporter,  en  1824,  le  premier  grand  prix  de 
composition  musicale,  M.  Barbereau  avait  ob- 
tenu le  second  prix  en  1822,  et  une  mention  en 
1820.  En  1813,  un  second  prix  de  violon  lui 
avait  été  décerné. 

BARBIER  (Frédéric-Etienne)  ,  "composi- 
teur, né  à  Metz  (Moselle)  le  15  novembre  1829, 
fit  ses  études  littéraires  au  collège  de  Bourges, 
en  même  temps  qu'il  recevait  des  leçons  de  sol- 
fège, de  piano,  d'harmonie  et  de  contre-point  de 
Darondeau  {V.  ce  nom),  alors  organiste  de  cette 
ville.  Son  père,  officier  du  génie,  désirait  le  voir 
entrer  à  l'École  polytecbniqne,  dont  lui-même 
avait  été  l'élève  -,  mais  le  gouvernement  de  1848 
ayant  créé  une  nouvelle  école,  dite  d'administra- 
tion, le  jeune  Barbier  préféra  concourir  pour 
cette  dernière,  et  y  fut  admis.  Celte  école  ayant 
été  dissoute  peu  de  mois  après,  il  reçut  comme 
dédommagement  des  inscriptions  de  droit,  et 
commença  ses  éludes  de  droit.  Mais  la  musique, 
qu'il  n'avait  jamais  abandonnée  au  milieu  de 
travaux  d'un  ordre  bien  différent,  reprit  bientôt 
le  dessus  dans  son  esprit.  M.  Barbier,  qui  avait 
déjà  écrit  et  fait  représenter  à  Bourges  un  petit 
opéra- comique  en  un  acte,  le  Mariage  de  Co- 
lombine,  songeait  à  se  produire  à  Paris,  sur 
une  scène  musicale.  Présenté  par  des  person- 
nages influents  à  [Séveste,  alors  directeur  du 
Théâtre-Lyrique,  il  fil  à  ce  théâtre  la  connais- 
sance d'Adolphe  Adam,  qui  s'intéressa  à  lui,  lui 
donna  d'abord  des  conseils,  puis  des  leçons  par- 
ticulières, et  enfin  lui  fit  recevoir  son  premier 
ouvrage,  une  Xuil  à  Séville,  opéia-comique  en 
un  acte  joué  au  Théâtre-Lyrique  le  14  septembre 
1855  et  très-favorablement  accueilli.  Deux  mois 
après,  le  21  novembre,  M.  Barbier  donnait  au 
même  théâtre  un  nouvel  ouvrage  en  un  acte  in- 


BARBIER  —  BARBIERI 


43 


titulé  Rose  et  Narcisse.  Depuis  lors,  et  dans 
un  espace  de  vingt  années,  il  a  fait  représenter 
sur  toutes  les  petites  scènes  lyriques  de  Paris  et 
dans  des  cafés-concerts  plus  de  soixante  ou- 
vrages plus  ou  moins  importants,  opéras-comi- 
ques, opérettes  ou  ballets.  On  peut  regretter  que 
M.  Barbier,  qui  est  bien  doué  au  point  de  vue  de 
l'imagination,  qui  a  de  la  verve  et  qui  "sait 
écrire,  ait  ainsi  gaspillé  ses  forces  sans  profit 
pour  son  nom,  tandis  qu'il  aurait  pu  sans  doute  , 
avec  un  peu  moins  de  fièvre  et  de  hâte  dans  la 
proluction,  acquérir  une  situation  plus  en- 
viable 

Voici  la  liste  des  ouvrages  dramatiques  de  ce 
compositeur:  Théâtre  de  Bourges.  Le  Mariage 
de  Colombine,  un  acte.  —  Théâtre-Lyrique. 
Une  Nuit  à  Sihille,  un  acte,  1855;  Rose  et 
Narcisse,  id.,  1855.  —  Folies  Nouvelles.  Le 
Pacha,  un  acte,  1858  ;  Francastor,  id..  M.;  le 
Page  de  31>"e  iMalbrough,  id.,  id.;  le  Faux 
Faust,  parodie  en  trois  actes,  1858  ;  le  Docteur 
Tam-Tom,  1  acle,  1859.  —  Théâtre  Déjazet. 
Monsieur  Deschalumeaux,  deux  actes,  1859;  le 
Grandroid'Yvetot,lrohac{es,  1851)  ;  le Loupet 
V Agneau,  un  acte,  1869.  ;  Simon  Terre-Neuve, 
id.,  18G3;  Deux  Permissions  de  dix  heures, 
id.,  1864  ;  Panneaux  Airs,  parodie  en  un  acte. 
—  Théâtre  DU  Chalet  des  Iles  (Bois  de  Boulo- 
gne). Les  Amours  d'un  shah,  deux  actes,  1861  ; 
Flamberge  au  vent,  un  acte,  1861.  —  Folies- 
Marigny.  Versez,  marquis,  un  acte,  1862;  la 
Cigale  et  la  Fourmi,  id.,  id.;  la  Gamine  du 
Village,  id.,  1863;  les  Trois  Normandes,  id., 
kl.;  Achille  chez  Chiron,  iil.,  186i.  —  Théâ- 
tre Saint-Germain.  La  Bouquetière  de  Tria- 
non,  deux  actes,  1864.  —  Bouffes-Parisiens. 
M>"e  Pugmalion,  un  acte,  1863  ;  Un  Congrès  de 
modistes,  un  acte,  1865  ;  Une  Femme  qui  a 
perdu  sa  clef,  id.,  1866.  — Théâtre  Interna- 
tional (à  l'Exposition  de  1867).  Gervaisc,  un 
acte,  1867.  —  Fantaisies  Parisiennes.  Les  Oreil- 
les de  .Vidas,  un  acte,  1866  ;  les  Légendes  de  G  a- 
varni,  trois  actes,  1807  ;  le  Soldat  malgré  lui, 
deux  actes,  1868.  —Folies-Bergère.  ManVzelle 
Pierrot,  un  acte,  1869.  —  Variétés,  Mam'zelle 
Rose,  un  acte,  1874.^  Concert  de  l'Eldorado. 
Le  Souper  d'Arlequin  ;  Balladine  et  Casquen- 
(cr  ;  un  Mariage  au  gros  sel  ;  Don  Ferocio; 
le  Beau  Chasseur;  Fermé  le  dimanche;  un 
Procès  en  séparation;  On  demande  îtn  pi- 
tre; un  Souper  chez  la  Contât;  l'Acteur  om- 
nibus; un  Lendemain  de  noce;  la  Bonne  de 
ma  tante;  une  Cause  célèbre;  le  Nez  de  car- 
ton; le  Coq  est  mort!  la  Nourrice  d'Hercule; 
Millionnaire  !  les  Points  jaunes;  M.  l'Alcade; 
Mam'  Nicolas;  le  Champagne  de  ma  tante 


la  Fermière  et  son  garçon  ;  les  deux  Cho- 
ristes ;  Marion  de  rornje,  parodie  ;  Lucrèce 
d'Orgeat,  id.;  le  Trésor  de  Cassandre,  panto- 
mime; les  Cascades  de  Pierrot,  id.;  la  Batte 
enchantée,  id.  —  Alcazar  (Champs-Elysées). 
La  Fe'te  de  M>ne  Denis;  un  Scandale  à  l' Al- 
cazar; l'Orchestre  des  Danoises;  les  Piffe- 
rari,  ballet. 

II. faut  ajouter  à  tout  cela  :  le  Miroir,  opé- 
rette en  un  acte,  non  représentée,  publiée  dans 
le  Magasin  des  Demoiselles;  la  Veuve  Om- 
phale,  id.,  publiée  chez  l'éditeur  M.  Vieillot;  la 
Chaumière  indienne,  opéra  comique  en  un 
acle,  reçu  naguère  à  l'Opéra- Comique  et  non  re- 
présenté ;  Corinne,  opéra-comique  en  trois  actes, 
et  les  Incroyables,  opéra  bouffe  en  trois  acles, 
non  représenté;  environ  300  duos,  romances, 
mélodies  vocales  ,  chansonnettes ,  de  nombreux 
morceaux  de  musique  de  danse  pour  le  piano, 
des  marches  de  concert  et  des  fantaisies  pour 
orchestre  sur  des  motifs  d'opéras,  etc.,  etc. 
M.  Frédéric  Barbier  a  été,  en  1867,  chef  d'or- 
chestre du  Théâtre  International,  et  il  remplit 
aujourd'hui  les  mêmes  fonctions  au  concert  de 
l'Alcazar.  Cet  artiste  s'est  essiyé  aussi  dans  la 
critique,  et  a  collaboré  à  quelques  petits  jour- 
naux, enire  autres  r^ycnJr  musical  (1853),  et 
l'Indépendance  dramatique. 

BARBIERI  (A.MERICO),  théoricien,  professeur 
et  musicographe  italien,  né  dans  la  première 
moitié  de  ce  siècle,  est  mort  à  Milan  au  mois  de 
juillet  1869.  Auteur  d'une  Scïe?i:a  nuovadeW 
armonia  de'  suoni,  qui  est  plutôt  un  traité  d'a- 
coustique que  de  musique  et  dans  lequel,  à  côté 
d'aperçus  assez  heureux ,  d'idées  parfois  re- 
marquables, on  rencontre  mainte  utopie  ex- 
travagante, cet  artiste  avait  entrepris  la 
publication  d'une  grande  encyclopédie  musi- 
cale à  laquelle  il  avait  donné  le  titre  suivant  : 
Dizionario  ar/istico  scientifico-storico-iecno- 
logico -musicale,  con  nozioni  di  estetica,  di 
poesia  epica,  lirica  e  drammatica,  e  di  quanta 
collegasi  colla  nmsica  (Miian,  Giacomo  Pirola, 
in-8°).  Il  avait  fait  paraître  à  peine  quelques  li- 
vraisons de  cet  ouvrage  fort  important,  lorsqu'il 
fut  surpris  par  la  mort.  Celui-ci  dut  être  repris 
et  continué  par  M.  Giovanni  Batlista  Beretta.  Je 
n'ai  pu  me  procurer  de  renseignements  biogra- 
phiques sur  ce  musicien  instruit  et  laborieux. 

BARBIERI  (GiROLAMo),  organiste  et  com- 
positeur, né  à  Plaisance  le  2  octobre  1808,  étudia 
dans  sa  jeunesse  plu.Ueurs  instruments,  et  ac- 
quit une  réelle  habileté  sur  le  piano  et  surtout 
sur  l'orgue.  Il  se  livra  d'abord  à  l'enseignement, 
puis,  à  la  suite  d'un  concours,  devint  organiste, 
maître  de   chapelle  et  directeur  de   l'école  de 


BARBIERI 


chant  de  Caravaggio  ;  au  bout  de  cinq  années, 
et  à  la  suite  d'un  autre  concours,  il  passa  en  la 
même  qualité  à  Crémone  ,1842),  et  enfin,  en 
1847,  revint  dans  sa  ville  natale,  où  il  se  livra  à  la 
composition  de  nombreuses  œuvres  de  musique 
religieuse  et  fit  briller  son  beau  talent  d'organiste. 
Parmi  ses  compositions,  assez  faibles  en  général,  il 
faut  surtout  citer  le  recueil  qu'il  a  publié  sous 
ce  titre  :  le  Mois  de  Mai  dédié  à  Marie,  qui 
renferme  une  suite  de  chansons  spirituelles,  mo- 
tets ellitanies  pour  chaque  jour  du  mois,  à  une, 
deux  et  trois  voix,  avec  accompagnement  d'orgue 
ou  piano.  Cet  artiste  mourut  à  Plaisance,  le  4  juin 
1871,  à  la  suite  d'une  longue  et  douloureuse  ma- 
ladie. M.  Giovanni  Bianclii  a  publié  sur  lui  une 
notice  biographique:  Délia  vita  e  délie  operedi 
Girolamo  Barbieri,  Plaisance,  1871. 

*  BARBIEIÎI  (Charles,  ou  plutôt  Louis  de), 
compositeur  italien ,  était  né  à  Gènes  en  1822,  et 
avait  été  élève  de  Crescentini  pour  le  chant  et 
de  Mercadaiite  pour  la  composition.  Chef  d'or- 
chestre non-seulement  à  Berlin  et  à  Vienne,  mais 
encore  à  Hambourg,  à  Brème,  à  Bio-Janeiro  et 
à  Pesth,  il  avait  fait  jouer,  outre  Christophe  Co- 
lomb, deux  autres  opéras:  Perdita  ti  Arabella, 
et  avait  composé  plusieurs  messes.  Ctt  artiste 
est  mort  à.Pesth  le  29  septembre  1867. 

*  BARBIEIII  (Francisco  ASENJO),rundes 
compositeurs  espagnols  les  plus  féconds,  les  plus 
populaires  et  les  plus  distingués  de  l'époque  ac- 
tuelle, est  né  à  Madrid  le  3  août  1823.  Après 
avoir  fait  d'excellentes  études  littéraires  et  scien- 
tifiques, s'être  familiarisé  avec  les  mathémati- 
ques, la  physique,  la  chimie,  M.  Barbieri,  qui 
devait  d'abord  embrasser  la  carrière  de  méde- 
cin, puis  celle  d'ingénieur,  se  sentit  pris  un  jour 
d'un  goût  passionné  pour  la  musique,  dont  il 
avait  commencé  l'étude  avec  un  musicien  du 
théâtre  de  la  Cruz,  nommé  José  Mayorito.  11 
entra  au  Conservatoire  de  Marie-Christine,  et  là 
travailla  simultanément  le  piano  avec  Pedro  Al- 
beniz,  la  clarinette  avec  Ramon  Broca,  le  chant 
avec  M.  Baltazar  Saldoni,  et  plus  tard  la  com- 
position avec  Carnicer. 

Lorsqu'il  eut  terminé  ses  études,  M.  Barbieri 
se  trouva  seul  à  Madrid.  Sa  mère,  veuve  d'un 
courrier  de  cabinet  qui  s'était  fait  tuer,  un  jour 
de  combat,  en  portant  un  pli  important  à  un 
général  de  l'armée  libérale,  s'était  remariée  et 
avait  quitté  la  capitale  pour  aller  se  fixer  en 
province.  Réduit  aux  seules  ressources  qu'il 
pourrait  se  procurer,  le  jeune  musicien,  qui  avait 
déjà  le  goût  et  le  désir  de  se  produire  au  théâ- 
tre, dut  commencer  par  chercher  les  moyens 
d'assurer  son  existence,  ce  qui  ne  lui  fut  pas  d'a- 
bord   très-facile.    Premièrement,   il    s'engagea 


comme  clarinettiste  dans  le  5'  bataillon  de  la 
milice  nationale  ;  mais,  comme  la  solde  n'était 
que  de  trois  réaux  par  jour,  il  prit  en  même 
temps  une  place  dans  un  théâtre,  fit  de  la  copie 
de  musique,  joua  dans  les  bals,  donna  des  le- 
çons de  piano  à  dix  sous  le  cachet,  fit  enfin  ce 
que  font  tous  les  jeunes  artistes  qui  doivent  ga- 
gner leur  vie  tout  en  travaillant  à  leur  avenir. 
Bientôt  il  publie  quelquas  chansons  et  romances, 
et  devient  choriste  au  théâtre  du  Cirque,  où  il 
supplée  le  chef  de  chœurs.  C'est  alors  qu'il  écrit 
le  livret  et  la  musique  d'une  zarzuela  en  ua 
acte,  Felipa,  qui  devait  être  jouée  dans  une  re- 
présentation extraordinaire  donnée  au  bénéfice 
des  choristes  de  ce  théâtre,  mais  qu'il  ne  put 
terminer  pour  l'époque  indiquée.  Au  bout  de 
quelque  temps,  M.  Barbieri  quitte  Madrid  et 
s'engage  comme  chef  de  chœurs  et  souffleur 
d'une  troupe  d'opéra  italien  qui  allait  exploiter 
quelques  villes  du  Nord  de  l'Espagne,  Pampe- 
lune,  Vittoria,  Bilbao;  c'est  dans  cette  troupe 
qu'un  jour,  l'artiste  qui  devait  jouer  Basile  du 
Barbier  de  Séville  se  trouvant  indisposé,  il  se 
présente  à  sa  place  et  chante  le  rôle  à  l'impro- 
viste.  Après  cette  première  campagne,  il  en  fait 
d'autres  dans  les  mêmes  conditions,  et  visite 
Murcie,  Carlhagène,  Almeria,  Alicante. 

De  retour  à  Madrid  en  1847,  il  écrit  la  mu- 
sique d'un  opéra  italien  en  deux  actes,  il  Buon 
Tempo,  qu'il  fait  recevoir  an  théâtre  du  Cirque, 
mais  qu'il  ne  peut  parvenir  à  faire  jouer.  Bientôt 
il  est  reçu  dans  une  société  qui  se  fonde  dans  le 
but  de  provoquer  à  Madrid  la  création  d'une 
scène  hrique  espagnole,  d'un  théâtre  de  zarzue- 
las,  devient  secrétaire  de  cette  société,  et  est 
chargé  de  la  rédaction  d'une  foule  de  mémoires, 
de  projets,  de  communications  de  toutes  sortes. 
Intelligent,  actif,  laborieux,  il  était  d'ailleurs 
toujours  prêt  à  saisir  l'occasion  de  se  produire. 
C'est  ainsi  qu'il  se  charge  de  la  traduction  es- 
pagnole d'un  opéra  italien  de  M.  Arrieta,  Ilde- 
gonda,  et  qu'en  1849  il  devient  critique  musical 
du  journal  la  ïhistracion.  Tout  cela  ne  l'em- 
pêchait pas  d'écrire  de  nombreux  morceaux 
pour  les  orchesties  civils  et  militaires,  et  de 
commencer  sa  réputation  de  professeur. 

Enfin,  l'année  1850  voit  ses  débuts  de  compo- 
siteur dramatique.  Il  donne  au  théâtre  des  Va- 
riétés son  premier  ouvrage,  Gloria  y  Peluca, 
zarzuela  en  un  acte  qui  obtient  un  énorme  suc- 
cès et  devient  aussitôt  populaire.  Il  fait  suivre 
cette  aimable  production  de  plusieurs  petites 
pièces  du  même  genre,  et  enfin  fait  représenter, 
le  6  octobre  1851,  une  grande  zarzuela  en  trois 
actes,  Ju'jar  con  fiiego,  qui  est  accueillie  avec 
enthousiasme  et  qui    fait  courir  tout   Madrid. 


BARBIERI 


45 


Celle  fois  le  compositeur  est  lancé,  son  avenir 
artistique  est  assuré,  et  il  devint  l'un  des  zar- 
zuelerox  les  plus  aimés  du  public  et  les  plus 
recherchés  des  administrations. théâtrales.  Dans 
l'espace  de  vingt-cinq  ans,  il  donne  ainsi  60  ou- 
vrage'^,  dont  12  en  coilaboration,  ei  écrit  plus 
de  cent  actes  d'opéra-comique. 

Voici  la  liste  complète  des  productions  drama- 
tiques de  M.  Barbieri  :  1"  Gloria  y  Peliica,  un 
acte,  th.  des  Variétés,  9  mars  1850  ;  2°  Tramoya, 
un  acte,  27  juin  1850  ;  3°  Escenas  de  Cfiamberi, 
un  acte  (  en  société  avec  MM.  Oudrid,  Her- 
nando  et  Gaztambide),  Variétés,  19  novembre 

1850  ;  4°  la  Jacara ,  ballet  en  un  acte  avec 
chœurs,  Cirque,  15  mars  1851  ;  5°  la  Picaresca, 
2  actes  (avec  Gaztambide),  29  mars  1851  ;  6" 
Jugar  con  fuego,  3  actes.  Cirque,  6  octobre 

1851  ;  7°  Por  seguir  à  xma  mujer,  quatre  actes 
(avec  MM.  Oudrid,  Inzenga  et  Gaztambide),  id., 
24  décembre  1851  ;  8'^  la  Hechicera,  trois  actes, 
id.,  24  avril  1852  ;  9"  el  Manzanares,  un  acte, 
id.,  19  juin  1852;  10"  Gracias  à  Bios  que  esta 
puesia   la  mesa,  un   acte,  id.,  24   décembre 

1852  ;  il°  la  Espada  de  Bernardo,  trois  actes, 
id.,  14  janvier  1853  ;  12°  el  Marqués  de  Cara- 
vaca,  deux  actes,  id.,  8  avril  1853  ;  13°  Z>o?iSim- 
plicio  Bobadilla,  trois  actes  (avec  Gaztambide, 
MM.  Hernando  et  Inzenga),  id.,  7  mai  t833;  14° 
Galanteos  en  Venecia,  trois  actes, id.,  24  décem- 
bre 1853;  15°  un  Dia  de  reinado,  trois  actes 
(avec  Gaztambide,  MM.  Inzenga  et  Oudrid), 
id.,  11  février  1854  ;  16°  Aventura  de  un  can- 
iante,  un  acte,  id.,  16  avril  1854;  17°  los 
Diamantes  de  la  Corona,  trois  actes,  id.,  15  sep- 
tembre 1854  ;  18°  Mis  dos  mujeres,  trois  actes, 
id.,  26  mars  1855,  19°  los  Dos  Ciegos,  un  acte, 
id.,  25  octobre  1855  ;  20°  el  Vizconde,  un  acte, 
id.,  1"  décembre  1855;  21°  el  Sargento  Fede- 
rico, quatreactes,  id.,  22 décembre  1855  ;  22° En- 
tre dosaguas,  trois  actes  (avec  Gaztambide),  id., 

4  avril  1856;  23°  Gato  por  liebre,  un  acte,  id., 
21  juin  1856;  24°  la  Zarzuela,  un  acte  (avec 
Gaztambide  et  M.  Arrieta),  th.  de  la  Zarzuela 
(pour  l'inauguration),  10  octobre  1856  ;  25°  el 
Diabloen  elpoder,  trois  actes,  id.,  11  décembre 
1856  ;  26°  el  Relampago,  trois  actes,  id.,  15  oc- 
tobre 1857  ;  27°  Por  Conquista,  un  acte,  id., 

5  février  1858  ;  28"  Amar  sinconocer,  trois  actes 
(avec  Gaztambide),  id.,  24  avril  1858  ;  29°  wn 
Caballero  particiilar,  un  acte,  id.,  28  juin 
1858  ;  30°  el  Robo  de  las  Sabinas,  deux  actes,  id . , 
17  février  1859;  31°  el  I\'ino,  un  acte,  id.,  15 
juin  1859;  32°  Compromisos  del  no  ver,  un 
acte,  id.,  14  octobre  1859;  33°  Entre  mi  mujer 
y  el  negro,  deux  actes,  id.,  14  octobre  1859  ;  34° 
un  Tesoro  escondido,  trois  actes,  id.,  12  novem- 


bre 1861;  35°  los  Herederos,  un  acte,  id.,  5 
juin  1862  ;  36°  el  Secrelo  de  una  Dama,  trois 
actes,  id.,  20  décembre  1862  ;  37°  Dos  Picho- 
nes  del  Turia,  un  acte,  id.,  28  novembre  1863; 
38°  Pan  y  Toros,  trois  actes,  id.,  22  décembre 
1864;  39°  et  40°  Gibraltar  en  1890,  un  acte, 
el  Rabano  parlas  hojas,  un  acte,  id.,  22  jan- 
vier 1866;  41°  Revista  de  un  muerto,  juicio 
del  ano  1865,  un  acte  (avec  M.  Rogel),  3  fé- 
vrier 1866;  42°  De  tejas  arriba,  un  acte,  th. 
des  Variétés,  22  décembre  1866  ;  43°  el  Pavo 
de  Aavidad,  un  acte,  id.,  24  décembre  1866; 
44°  el  Pan  de  la  boda,  deux  actes.  Cirque,  24  oc- 
tobre 1868;  45°  el  Soprano,  un  acte,  Zarzuela, 
23  février  1869  ;  46"  la  Maya,  trois  actes,  th.  del 
Priiicipe,  12  octobre  1869, 47"  7îo6m.so«,  trois  ac- 
tes. Cirque,  18  mars  1870  ;  48»  los  Holgazanes, 
troisactes,  Zarzuela,  25marsl871  ;  49''et50°Z)ort 
Pacifico,  un  acte,  el  Hombre  es  délil,  un  acte, 
id.,  14  octobre  1871  ;  51°  e^  Tribulo  de  lascien 
Doncellas,  troisactes,  id.,  7  novembre  1872  ;  52° 
SMCûoscfeoro,  troisactes,  id.,  21  décembre  1872  ; 
53°  el  Proceso  de  Can-can,  deux  actes,  th.  des 
jardins  du  Buen-Reliro,  10  juillet  1873;  54°  los 
Comediantesde  a?i;«/îo,deux  actes,  Zarzuela,  13 
février  1874;  55°  la  Despedida,  monologue  ly- 
rique, th.  royal,  mars  1874;  56°  e^  Domador 
de  fieras,  un  acte,  Zarzuela,  14  avril  1874  ;  57" 
el  Testamento  azul,  trois  actes  (avec  MM.  Ou- 
drid et  Aceves),  tli.  du  Buen-Retiro,  20  juillet 
1874;  b%°  el  Barberillo  de  Lavapiés,  trois  actes, 
Zarzuela,  19  décembre  1874  ;  59°  la  Vuelta  al 
munrfo,  quatre  actes  (avec  M.  Rogel),  Cirque,  18 
août  1875. 

Quelle  qu'ait  été  sa  fécondité  à  ce  point  de 
vue,  et  l'on  voit  qu'elle  est  remarquable,  l'exis- 
tence artistique  de  M.  Barbieri  est  loin  de 
s'être  concentrée  dans  la  production  de  ses 
œuvres  dramatiques.  Esprit  pénétrant  et  large, 
intelligence  ouverte  et  vive,  tempérament  plein 
de  souplesse  et  d'initiative,  cet  artiste  .s'est 
trouvé  mêlé  d'une  façon  très-active  à  tous  les 
essais,  à  toutes  les  tentatives  intéressantes  dont 
Madrid  était  le  théâtre  dans  le  domaine  de  l'art. 
En  1848,  il  fait  partie  de  la  société  formée  sous 
le  nom  de  Lycée  artistique  et  littéraire  de  Ma- 
drid, et  en  1851  il  devient  l'un  des  membres  les 
plus  actifs  de  l'association  de  poètes  et  de  com- 
positeurs qui  s'organise  pour  l'exploitation  du 
genre  de  la  zarzuela  au  théâtre  du  Cirque,  et 
ensuite  au  nouveau  théâtre  de  la  Zarzuela  ;  il  est 
en  même  temps  chef  des  chœurs,  puis  chef 
d'orchestre  de  l'entreprise.  En  1857,  il  est 
nommé  membre  de  la  junte  consultative  du  Con- 
servatoire, et  l'année  suivante  il  coopère  à  la 
fondation  de  la  Société  artistique  et  musicale  de 


46 


BARBIERI  —  BARBIROLLI 


secours  mutuels.  En  1859,  il  organise  au  théâtre 
de  la  Zarzueia  des  concerts  spirituels,  qu'il  dirige, 
à  la  tête  de  200  exécutants.  En  1863,  il  fait 
exécuter  à  IVglise  de  la  Trinité,  dans  une  céré- 
monie célébrée  pour  l'anniversaire  de  la  mort  de 
Cervantes,  diverses  compositions  de  musiciens 
espagnols  des  XVI«  et  XVII'  siècles.  En  1864, 
lors  de  l'inauguration  du  théâtre  Rossini  aux 
Champs-Elysées,  il  est  chargé  de  la  formation  de 
la  troupe,  fait  un  voyage  en  France  et  en  An- 
gleterre pour  recruter  des  artistes ,  revient  à 
Madrid,  est  nommé  directeur  artistique  de  l'en- 
treprise, monte  avec  un  soin  extrême  Faust 
et  Guillaume  Tell  tt  dirige  l'orchestre  aux  ap- 
plaudissements du  public,  puis  organise  et  dirige 
dix-huit  concerts  en  plein  air,  nouveauté  qui 
obtient  un  immense  succès.  En  1866,  il  fonde 
et  dirige  les  concerts  de  musique  classique,  dont 
il  fait  en  1867  la  Société  des  concerts  de  Ma- 
drid, donne  la  première  année  vingt  six,  et  la  se- 
conde cinquante  séances,  dans  lesquelles  il  fait 
exécuter  les  plus  grandes  œuvres  instrumentales 
et  vocales  des  grands  maîtres  de  l'école  alle- 
mande. En  1868,  il  est  nommé  simultanément 
professeur  d'harmonie  et  d'histoire  de  l'art  mu- 
sical au  Conservatoire,  et  refuse  d'accepter  ces 
fonctions.  Enfin,  en  i8r.9,  il  dirige  l'orchestre  du 
théâtre  royal,  et  en  1873  est  nommé  membre 
de  la  section  de  musique  de  l'Académie  des 
beaux-arts. 

Tout  cela  n'a  pas  emiiêché  M.  Barbieri  d'é- 
crire, en  dehors  du  théâtre,  un  grand  nombre  de 
compositions  plus  ou  'moins  importantes  :  ou- 
vertures, marches  triomphales,  hymnes,  motets, 
chansons  espagnoles,  fantaisies  instrumenta- 
les, etc.,  etc.,  exécutées  en  diverses  circons- 
tances, non  plus  que  de  prendre  part  à  la  ré-  . 
daction  d'une  foule  de  journaux  dans  lesquels  il 
s'occupait  d'histoire,  de  littérature  et  de  critique 
mu>icales  :  la  Iluslracion,  las  Novedades,  la 
Zarzueia,  el  Constilucional,  la  Gacela  mu- 
sical Barcelonesa,  la  Espaùa,  las  ^îoticias, 
el  Eco  de  Aragon,  la  IVacion,  la  lîevisia  de 
Archivas,  Bibliotecas  y  Museos,  la  Revistade 
Espnna,  la  Espaùa  musical,  la  Revis  ta  Eu- 
ropea,  et  bien  d'autres  encore.  Au  reste,  les 
questions  historiques  et  critiques  relatives  à  la 
musique  ont  toujours  intéressé  beaucoup  M.  Bar- 
bieri, qui  les  étudie  avec  ardeur,  qui  a  fait  à  ce 
sujet  plusieurs  voyages  en  France ,  en  Angle- 
terre, en  Belgique  et  en  Allemagne ,  et  qui, 
dit-on,  possède  une  bibliothèque  musicale  de 
premier  ordre,  réunie  avec  beaucoup  de  soins, 
contenant  beaucoup  de  manuscrit^,  et  riche  sur- 
tout en  œuvres  espagnoles.  Enfin,  comme  détail 
curieux  re'atif  à  la  physionomie  véritablement 


intéressante  de  cet  artiste  si  distingué,  je  dirai 
que  M.  Barbieri  est  l'un  des  fondateurs  de  la 
Société  des  Bibliophiles  espagnols,  constituée 
en  1866  (I). 

B.\RBIERI-\I.\I  (M™'  Anna),  cantatrice 
distinguée,  née  à  Florence,  fut  élève  de  Ro- 
mani, et  iicquit  dans  sa  patrie  une  renommée 
considérable,  qu'elle  n'obtint  pas  cependant  sans 
efforts.  Douée  d'un  physique  peu  flatteur,  man- 
quant de  ce  prestige  que  certaines  artistes, 
grâce  à  leurs  qualités  extérieures,  exercent  im- 
médiatement sur  le  public,  elle  eut  à  vaincre  de 
nombreux  obstacles  avant  de  conquérir  la  situa- 
tion à  laquelle  son  talent  lui  donnait  droit.  Elle 
y  parvint  cependant,  grâce  à  la  puissance  el  à 
l'étendue  de  sa  belle  voix  de  soprano,  à  l'agilité 
qu'elle  sut  lui  donner,  au  sentiment  profond  dont 
elle  sut  l'empreindre.  Lorsqu'après  plusieuis 
années  passées  dans  une  demi-obscurité,  elle  fut 
appelée  à  déployer  ses  brillantes  et  solides  qua- 
lités sur  la  scène  du  théâtre  de  la  Pergola,  de 
Florence,  elle  eut  enfin  les  succès  qu'elle  méri- 
tait, et  bientôt  excita  chez  ses  compatriotes 
l'enlhousiasmc  expansif  et  bruyant  qui  leur  est 
habituel.  Elle  retrouva  ces  succès  à  Rome,  à 
Venise,  à  la  Scala,  de  Milan,  à  Barcelone,  à  Ma- 
drid et  ailleurs. 

La  Barbieri-Nini  brillait  surtout  dans  le  genre 
dramatique,  où  elle  trouvait  des  accents  pathéti- 
ques, des  élans  passionnés  qui  transportaient 
ses  auditeurs.  Elle  était  surtout  remarquable, 
dit  on,  ilans  la  Lucrezia  Borgia,  de  Donizetti, 
où  la  puissance  tragique  était  par  elle  poussée 
au  comble.  Plusieurs  compositeurs  travaillèrent 
expressément  à  son  intention,  et  c'est  pour  elle 
q'ie  Mabellini  écrivit  il  Conte  di  Lavagna,  Pa- 
cim  Lorenzino  de  'Medici,  M,  Xerd'i  Macbeth , 
i  Due  Foscari  et  la  Batfaglia  di  Legnano. 
M'"*  Barbieri-Nini  se  fit  entendre  au  Théâtre- 
Italien  de  Paris  en  1851,  mais  je  crois  qu'elle  n'y 
resta  pas  longtemps. 

Celte  artiste  fort  distinguée  épousa  en  premiè- 
res noces  le  comte  Barbieri,  de  Sienne,  dont  elle 
eut  deux  fils ,  puis ,  devenue  veuve ,  se  remaria 
avec  un  pianiste  autrichien,  M.  Léopold  Hacken- 
sollner.  Elle  a  renoncé  depuis  plusieurs  années  à 
h  carrière  dramatique,  et  demeure  aujourd'hui 
à  Florence. 

BARBIROLLi  (Lorenzo),  compositeur  ita- 
lien, a   fait  représenter   en    1837,  au  théâtre 


(t)  J'ai  tiré  une  grande  partie  des  éléments  de  cet  ar- 
ticle d'une  notice  vive  et  intéressante  publiée  récem- 
ment en  Espagne  :  Barbieri,  par  M.  Antonio  Pciia  y 
Goni  (Sladrid,  Ducaical,  1875,  In-sodeei  page.s.avcc  por- 
trait). 


BARBIROLLI  —  BARBOT 


4T 


Apollo,  de  Venise,  un  opéra  intitulé  i  Trojani  in 
Laurento. 

BARBOT  (Joseph  Théodore-Dksirk),  clian- 
teur  et  professeur,  est  né  à  Toulouse  le  \2 
avril  1824.  Son  éducation  musicale  se  fit  à  la 
maîtrise  de  la  cathédrale  de  Toulouse ,  et  il 
commença  par  apprendre  le  violon,  qu'il  étudiait 
d'ailleurs  sans  enthousiasme.  Pourtant,  à  cette 
époque,  il  ne  songeait  nullement  à  devenir  un 
chanteur,  car  il  n'avait  que  très  peu  de  voix,  et 
elle  était  d'un  timbre  défectueux.  M.  Barbot 
vint  à  Paris ,  et  fut  admis  au  Conservatoire 
comme  élève  d'harmonie,  le  25  mars  1843,  dans 
la  classe  de  M.  Elwart.  Peu  de  jours  api  es,  sur  le 
conseil  de  ce  dernier,  il  demandait  à  entrer  dnns 
une  classe  de  chant,  et  en  effet,  le  25  mars  sui- 
vant, il  devenait  l'élève  de  Garcia,  et  un  peu 
plus  tard  de  Morin  et  de  Moreau-Sainti  'pour 
l'opéracomique,  et  de  Michelot  pour  l'opéra.  De- 
venu pensionnaire  en  1846,  il  ne  prit  part,  je 
crois,  à  aucim  concours,  ce  qui  ne  rem|)écha  pas 
d'être  engagé  à  l'Opéra  à  la  fin  de  1848,  lorsqu'il 
quitta  le  Conservatoire.  Chanteur  remarquable  à 
beaucoup  d'égard«,  quoique  sa  voix  fût  incom- 
plète, M.  Barbot  sut  obtenir  des  succès,  et  l'un 
des  plus  brillants  qu'il  remporta  lui  fut  procuré 
par  le  rôle  de  Faust,  qu'il  créa  avec  beaucoup  de 
talent  au  Théâtre-Lyrique  dans  le  chef-d'œuvre 
de  M.  Gounod.  Mais  la  plus  grande  partie  de  .«a 
carrière  active  s'écoula  à  l'étranger,  oii  il  avait 
abordé  le  genre  italien,  et  qu'il  parcourut  pen- 
dant longues  années  avec  sa  femme.  On  n'en- 
tendait plus  parler  de  l'î.  Barbot,  lor.squ'un  ar- 
rêté du  ministre  des  beaux-art'',  en  date  du 
l"  octobre  1875,  le  plaça  à  la  tête  de  la  classe 
de  chant  laissée  vacante  au  Conservatoire  par  la 
démission  de  M""*  Pauline  Viardot. 

M'"'  Caroline  Barbot,  femme  de  cet  artiste, 
née  à  Paris  vers  1830,  est  une  cantatrice  d'un 
talent  remarquable.  Élève  de  Delsarte  et  de  son 
mari,  elle  a  obtenu  en  France  et  à  l'étranger  de 
légitimes  succès.  Après  avoir  tenu  l'emploi  dos 
chanteuses  légères,  elle  aborda  le  chant  drama- 
tique, fut  très-bien  accueillie  à  l'Opéra,  oii  elle 
était  en  1859,  puis  embrassa  avec  son  mari  la 
carrière  italienne.  Douée  d'un  beau  physique, 
d'une  voix  ample,  d'une  grande  énergie,  d'un 
sentiment  passionné,  avec  cela  pourvue  d'une 
éducation  musicale  très-sérieuse,  enfin  comé- 
dienne intelligente  et  chaleureuse,  M'"'  Barbot 
s'est  fait  vivement  applaudir  à  Bologne,  à  Tu- 
rin, à  Rom,^,  à  Milan,  à  Saint-Pétersbourg  et 
dans  beaucoup  d'autres  villes  fort  importan- 
tes. 

BARBOT  (François  Cécile-Paul),  pianiste 
et  compositeur,  cousin  des  précédents,  et  né  à 


Toulouse  en  1828.  Il  commença  l'étude  du  piano 
sous  la  direction  de  M"'*  Rey,  puis  entra  au  Con- 
servatoire de  Toulouse,  d'oii  il  sortit  en  1842 
avec  un  premier  prix,  ayant  composé  lui-même 
son  morceau  de  concours  avec  accompagnement 
d'orchestre.  A  la  fin  de  la  même  année  il  fut 
admis,  au  Conservatoire  de  Paris,  dans  la  classe 
de  Zimmermann  ;  mais  bientôt,  se  voyant  en 
possession  d'une  belle  voix  de  fort  ténor,  il  quitta 
cet  établissement,  et,  au  .  mois  de  septembre 
1844,  partit  pour  Naples,  où  il  se  fit  recevoir 
au  collège  de  musique  de  S.  Pielro  a  Majella,  et 
où  il  commença  l'étude  du  chant  sous  la  direction 
de  Cresceiitiiii.  Six  mois  après,  le  ténor  Tam- 
berlick  ayant  rompu  l'engagement  qui  le  liait  au 
théâtre  du  Fondo,  M.  Pau!  Barbot  fut  engagé 
par  Vimpresario  Flaulo  en  qualité  de  premier 
ténor  double,  ayant  pour  chefs  d'emploi  Don- 
zelli  et  Fraschini,  et  débuta  à  ce  théâtre  dans 
le  Cantatiici  villane.  Il  travailla  alors  avec 
Donzelli,  qui  fut  son  véritable  professeur,  et 
|)assa  l'année  suivante  au  théâtre  San-Carlo,  où 
il  fut  lien  accueilli  et  encouragé. 

De  retour  en  France  en  1846,  M.  Barbot 
éprouva,  pendant  la  traversée,  un  accident  qui 
lui  fit  perdre  à  tout  jamais  la  voix,  et  l'obligea  à^ 
modifier  sa  carrière.  Après  une  année  de  tâton- 
nements et  d'indécision,  il  reprit  avec  ardeur  ses 
études  de  piano  et  de  composition,  et  se  fixa 
définitivement  à  Toulouse,  où  il  se  fit  rapidement 
une  excellente  position  comme  professeur  et 
comme  exécutant.  Bientôt  il  écrivit,  sur  le  sujet 
de  l'École  des  Femmes,  de  Molière,  les  paroles 
et  la  musique  d'im  opi'ra-bouffe  avec  récits  à 
l'italienne,  qui ,  représenté  à  Toulouse,  y  obtint 
un  assez  vif  succès.  Depuis  lors,  M.  Barbot  a 
composé  et  publié  plus  de  cent  morceaux  de 
[)iano,  'parmi  lesquels  on  peut  surtout  signaler 
ceux  dont  les  titres  suivent  :  le  Réveil-matin, 
la  Danse  des  Treilles,  les  Soirées  d'' Espagne, 
Souviens-toi,  Fleur  des  Alpes,  Pinson  et 
Fauvette,  etc.  Ces  morceaux  ont  paru  chez  les 
éditeurs  Choudens,  Heugel,  Heu,  Colombier^ 
Prilipp  et  Langlois.  M.  Paul  Barbot,  qui  a  fait 
avec  ses  enfants  (V.  ci-après)  des  tournées  artis- 
tiques en  Angleterre,  en  Hollande  et  en  Belgique, 
a  organisé,  à  Toulouse,  des  soirées  d'élèves  d'un 
genre  nouveau,  qui  ont  produit  en  cette  ville  une 
grande  impression,  et  dans  lesquelles  il  faisait 
exécuter  par  un  orchestre  composé  de  six  pia- 
nos, à  vingt-quatre  mains ,  les  chefs-d'œuvre 
symphoniques  de  Beethoven,  de  Weber,  de 
Meyerbeer,  etc.,  spécialement  arrangés  par  lui  à 
cet  effet. 

B.\RBOT  (Je.vn-François-Gaston),  pianiste 
et  violoncelliste,  fils  du  précédent,  est  né  à  Tou- 


48 


BARBOT  —  BARONI 


louse  en  1847.  Élève  d'abord  de  son  père  pour 
le  piano,  il  fut  admis  au  Conservatoire  de  sa 
ville  natale,  dans  la  classe  de  M.  Carreau,  d'où 
il  sortit  avec  un  brillant  premier  prix.  Il  vint 
alors  à  Paris,  entra  an  Conservatoire,  où  il  devint 
élève  de  ^M.  Marmontel  pour  le  piano,  de 
Franchomme  pour  le  violoncelle,  puis  retourna  à 
Toulouse,  où  il  est  aujourd'hui  fixé. 

BARBOT  (Madelaine-Philipplne -Andrée), 
sœur  du  précédent,  est  née  à  Toulouse  en  1854. 
Douée  d'une  belle  voix  de  mezzo- soprano,  elle  a 
travaillé  le  chant  avec  son  père,  et  Laget,  alors 
professeur  au  Conservatoire  de  Paris,  l'ayant 
fait  entendre  à  l'Opéra,  elle  fut  engagée  à  ce 
théâtre  pour  trois  ans  et  y  débuta,  dans  le  Trou- 
vère, le  13  mars  1872.  Quoique  ce  début  ait  été 
bien  accueilli,  le  père  de  M"°  Barbot  jugea  qu'il 
était  prématuré,  et  s'entendit  avec  l'administra- 
tion de  l'Opéra  pour  faire  chanter  sa  fille  dans 
plusieurs  villes  de  la  province  et  de  l'étranger, 
et  la  faire  travailler  encore  avant  de  lui  laisser 
tenir  son  emploi  sur  notre  première  scène  ly- 
rique. C'est  ainsi  que  M"«  Barbot  a  été  suc- 
cessivement engagée  et  fort  bien  reçue  à  la 
Haye,  à  Anvers,  et  enfin  à  Rouen,  où  elle  se 
trouve  aujourd'hui  (1875). 

*  BARCA  (Francisco),  compositeur  portu- 
gais, naquit  à  Evora  vers  1603.  Il  entra  en  1625 
dans  l'ordre  militaire  de  S.  Jacques,  en  faisant 
profession  dans  le  couvent  de  Palmella,  où  il 
était  entré  en  1624.  En  1640  il  était  maître  de 
chapelle  de  ce  couvent ,  et  remplit  plus  tard  les 
mêmes  fonctions  à  l'hôpital  royal  de  Todos  os 
Sancios ,  de  Lisbonne,  où  il  mourut.  Tous  ses 
ouvrages  étaient  conservés,  en  manuscrit,  dans 
la  bibliothèque  de  musique  du  roi  D.  Jean  IV. 
Dans  sa  notice  sur  ce  musicien,  Gerber  a  commis 
plusieurs  erreurs,  qui  ont  été  reproduites  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens. 

J.   DE  V. 

*  BARCA  (le  Père  Alexandre).  On  trouve 
une  notice  intéressante  sur  ce  théoricien  dans  le 
recueil  qui  a  été  fait  récemment  des  écrits  de 
Mayr  :  Biografie  di  scrittori  e  artisti  musi- 
cali  Bergamaschi  nativi  od  oriundi  (Ber- 
game,  Pagnoncelli,  1875,  in-4'').  L'éditeur  de  ce 
recueil,  M.  l'abbé  Antonio  Alessandri,  y  a  joint 
quelques  notes  fort  utiles. 

BARCELO.XA  (le  P.  José  de),  composi- 
teur espagnol,  moine  de  Guadalupe,  fit  au  com- 
mencement de  ce  siècle  ses  études  artistiques  au 
collège  de  musique  de  l'abbaye  de  Montserrat, 
dans  la  Catalogne.  On  lui  doit  un  certain  nombre 
d'œuvres  de  musique  religieuse,  parmi  lesquelles 
un  office  de  vêpres  pour  la  Vierge,  avec  accom- 
pagnement d'orchestre  et  d'orgue  obligé. 


BARECHA(leP.  Fr.  Bernardo),  musi- 
cien espagnol,  naquit  à  Vinacet,  en  Aragon,  ou 
ne  sait  en  quelle  année.  Il  était, en  1623  maître 
de  musique  au  collège  établi  au  monastère  fa- 
meux de  Montserrat,  dans  la  Catalogne.  Doué 
d'une  superbe  voix  de  basse ,  il  était  premier 
chanteur  dans  cette  abbaye,  et  jouissait  de  la 
réputation  d'un  excellent  musicien. 

BARECHA  (le  P.  Fr.  Miguel),  sans  doute 
frère  du  précédent,  naquit,  comme  lui,  à  Vina- 
cet. Apiès  avoir  servi  dans  la  marine  sous  les 
ordres  du  prince  de  Savoie,  il  prit,  en  1617, 
l'habit  de  moine  au  monastère  de  Montserrat. 
Musicien  habile  et  laborieux,  il  écrivit  un  recueil 
d'antiennes  pour  le  service  religieux  de  la  Sep- 
tuagésime  jusqu'à  Pâques.  Cet  artiste  mourut  en 
1628. 

BARGIEL  (Woldemar),  compositeur,  est 
né  à  Berlin  le  3  octobre  1828.  Il  est  le  fils  du 
professeur  de  musique  Auguste-Adolphe  Bargiel, 
qui  épousa  la  femme  divorcée  de  Frédéric  Wieck, 
père  de  M""'  Clara  Schumann.  Il  a  écrit  de  la 
musique  de  piano,  de  la  musique  de  chambre 
et  d'orchestre.  Dans  ces  derniers  temps,  il  s'est 
également  essayé  dans  la  musique  vocale.  Bar- 
giel, dont  les  compositions  sont  très  estimées 
en  Allemagne,  suit  les  tendances  de  son  beau- 
frère  Robert  Si:humann,  mais  sans  abdiquer 
toutefois  son  individaalité.  En  1859,  Bargiel  fut 
attaché  au  Conservatoire  de  Cologne.  Il  a  quitté 
ce  poste  en  1865  pour  prendre  la  direction  de 
l'école  de  musique  de  Rotterdam.  Parmi  ses 
meilleures  o'uvres,  on  cite  ses  ouvertures  de 
Médée  et  de  Promélhée,  une  symphonie,  et 
trois  trios  pour  piano,  violon  et  violloncelle. 

Y. 

RARILLAULT  { ),  musicien  vivant  au 

seizième  siècle,  était  au  service  d'un  sieur  de 
Roville.  Il  remporta  en  1576,  au  concours  du 
puy  de  musique  d'Évreux,  le  prix  du  triomphe, 
pour  une  chanson  française  intitulée  ;  Bace  de 
royt. 

BARIOKA  (Madelka-Simon  ),  composi- 
teur, vivait  au  seizième  siècle.  La  bibliothèque 
de  Munich  possède  de  lui  :  Sepiem  Psahni  pœ- 
nitentiales  5  vocuin  (Altorf,  1586). 

Y. 

BARIVABD  (M"' Charles).  Foye;  Claribel. 

BARNEVVITZ  ( ),  violoniste  distingué, 

est  né  à  Berlin  le  12  novembre  1800.  C'est  aussi, 
dit-on,  un  compositeur  de  mérite.         Y. 

BARONI  ( ),  compositeur  italien  con- 
temporain, a  fait  représenter  il  y  a  quinze  ou 
vingt  ans,  sur  un  théâtre  de  la  Péninsule,  un 
opéra  sérieux  intitulé  Bicciarda,  dont  le  re- 
tentissement a  été  médiocre. 


BARRETT  —  BARTHE 


49 


BARRETT  (Joh*«),  luthier  anglais,  était 
établi  à  Londres  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle.  Ses  instruments,  imités  de  Stainer, 
sont  recherchés  aujourd'hui  dans  son  pays. 

*  BARROILHET  (Paul),  est  mort  à  Paris, 
au  mois  d'avril  1871.  Pendant  son  séjour  à  Na- 
ples,  cet  artiste  remarquable  avait  créé  les 
rôles  de  baryton  dans  deux  opéras  de  Merca- 
dante,  Elena  da  Felire  et  la  Vestale ,  repré- 
sentés au  théâtre  San-Carlo.  C'est  dans  cette 
ville  qu'il  connut  Nourrit,  avec  qui  il  se  lia  d'une 
vive  amitié.  Lorsque  ce  grand  chanteur  eut  ter- 
miné sa  vie  par  un  suicide,  Barroiiheten  conçut 
un  tel  chagrin  qu'il  fit  une  maladie  grave ,  par 
laquelle  ses  jours  furent  mis  en  danger  ;  après 
son  rétablissement,  il  voulut  à  toute  force  quitter 
Napleset  revenir  en  France.  Ce  fut  alors  qu'il  fut 
engagé  à  l'Opéra,  où  il  débuta ,  le  3  décembre 
1840,  par  le  rôle  d'Alphonse  de  la  Favorite,  il 
fut  aussitôt  accueilli  par  le  public,  et  son  succès 
fut  assuré  par  les  reprises  de  Guillaume  Tellel 
de  Don  Juan.  Il  créa  ensuite  la  Reine  deChypre, 
Charles  F/ et  le  Lazzarone,  d'Halévy,  Dom 
Sébastien  de  Portugal,  de  Donizetti,  Richard 
en  Palestine,  d'Adam ,  et  Marie  Stuart,  de 
Niedermeyer,  puis  se  retira  en  1847,  par  suite 
de  difficultés  survenues  entre  lui  et  l'administra- 
tion de  l'Opéra.  Il  abandonna  bientôt  complète- 
ment la  carrière  dramatique  pour  se  livrer  sans 
réserve  à  ses  goûts  capricieux  pour  la  peinture, 
faisant,  vendant,  refaisant  et  revendant  sans 
cesse  ses  collections  de  tableaux.  Barroilhet 
mourut  subitement  à  Paris  ,  en  jouant  aux  do- 
minos. Par  son  testament  olographe  ,  il  léguait 
une  somme  de  800  francs  «  aux  blessés  de  l'ar- 
mée du  Rhin  natifs  de  Bayonne  »,  et  exprimait 
le  désir  que  son  corps  fût  transporté  à  Bayonne, 
sa  ville  natale. 

M.  Francis  Roch  a  publié  en  1845 ,  dans  la 
Revue  générale  biographique  et  nécrologi- 
que,  une  Notice  sur  Barroilhet  (Paris,  ia-8°). 
Je  ne  sache  pas  qu'on  ait  jusqu'ici  relevé  ce  fait, 
que  Barroilhet  avait  composé  et  publié  un  cer- 
tain nombre  de  romances. 

RARSAiXTI  (DoNATo),  compositeur  de  mu- 
sique religieuse,  naquit  auprès  de  Lucques  le 
18  septembre  1759,  et  fut  élève  du  séminaire  de 
Saint-Michel.  Doué  d'un  goût  particulier  pour  la 
musique,  il  l'étudia  avec  ardeur,  sans  négliger 
aucunement  l'étude  des  lettres  ,  sous  la  direction 
dePasquale  Soffi,  et  se  livra  de  bonne  heure  à 
la  composition.  On  connaît  de  lui  un  assez  grand 
nombre  d'œuvres  de  musique  religieuse,  parmi 
lesquelles  une  messe  de  Requiem,  une  autre 
messe  à  quatre  voix  concertantes ,  une  troisième 
messe  à  deux  chœurs ,  un  grand  motet  à  huit 

BIOGR.   UNIV.  DES  MUSICIENS.   StPPL.   —  T. 


voix,  un  autre  à  quatre  voix  :  0  sacrum  con- 
vivium,  des  psaumes,  etc.  Encore  jeune,  Bar- 
santi  se  retira  dans  une  propriété  qu'il  possédait 
auprès  de  Lucqnes ,  y  ouvrit  une  sorte  d'école 
de  musique  vocale  pour  les  paysans,  et  forma 
ainsi  une  espèce  de  chapelle  avec  laquelle  il  allait 
faire  des  exécutions  de  musique  .religieuse  dans 
les  églises  voisines.  A  l'âge  de  soixante-quatre 
ans,  le  !«'  novembre  1823,  il  fut  frappé  mortel- 
lement d'apoplexie. 

*  BARSOTTI  (TH0MAS-GA.SPARD-F0HTrNÉ), 

est  mort  à  Marseille  au  mois  d'avril  18G8.  Depuis 
le  mois  d'octobre  1852  il  avait  abandonné  la 
direction  du  Conservatoire  de  celte  ville,  fondé  par 
lui,  et  cette  direction  avait  passé  dans  les  mains 
de  M.  Auguste  Morel.  (Voyez  ce  nom.) 

BARTA  (Joseph),  organiste  et  compositeur, 
naquit  en  Bohême  l'an  1744.  Il  a  écrit  6  so- 
nates pour  piano,  6  quatuors,  des  lieder  et  plu- 
sieurs opéras  italiens  ou  allemands,  qu'il  fit  re- 
présenter à  Vienne,  où  il  s'était  établi  dès  1778. 
Parmi  ses  ouvrages  dramatiques,  on  cite:  il 
Mercàto  di  Malmantile,  Der  adelige  Tage- 
lœhner  {VOuvrier  noble)  et  Die  donnernde 
Légion  {la  Légion  tonnante).  Barta  est  mort  à 
Vienne  dans  les  premières  années  de  ce  siècle. 

Y. 

*  BARTH  (Henri),  maître  de  chapelle  à 
Gand.  Dans  son  Historique  des  sociétés  cho- 
rales de  Belgique,  M.  Auguste  Thys  dit  que  ce 
compositeur  alla  étudier  en  Italie  sous  la  direc- 
tion du  fameux  Durante,  et  donne  sur  lui  les 
détails  suivants  •  «  La  vie  de  cet  artiste  fut 
marquée  par  une  particularité  qui  mérite  d'être 
mentionnée  :  étant  devenu  veuf,  il  embrassa 
l'état  ecclésiastique,  et  lors  de  la  célébration  de 
sa  premike  messe  ses  deux  ;fils  remplirent  l'of- 
fice d'enfants  de  chœur  assistants  Avant  de  se 
marier  il  avait  été  militaire.  Henri  Barth,  suc- 
cessivement musicien  de  profession  et  soldat, 
père  de  famille,  maître  de  chapelle  et  finale- 
ment prêtre,  a  dû  parcourir  une  carrière  sinoR 
agitée,  au  moins  singulièrement  variée.  La  ca- 
thédrale de  Gand  conserve  de  Barth  des  vêpres 
pour  toutes  les  fêtes  de  l'année,  compositions 
qui  s'exécutent  encore  aujourd'hui.  Elle  pos- 
sède aussi  les  Lamentations  de  Jérémie  et  des 
messes  mises  en  musique  par  le  même  compo- 
siteur. Mais  ces  dernières  pièces  sont  dépa- 
reillées. '> 

BARTHE  (Nicolas-Thomas),  poëte  dra. 
matique,  né  à  Marseille  en  1734,  fit  leprestnler 
à  la  Comédie-Française  plusieurs  comédies,  dont 
deux  surtout,  [la  Mère  jalouse  et  les  Fausses 
Infidélités,  furent  très-bien  accueillies  du  pu- 
blic. Il  n'est  cité  ici  que  pour  un  poëme  plai-i 
I.  4 


50 


BARTHE  —  B A SEVI 


sant,  les  Statuts  de  VOpéra,  qu'il  écrivit  en 
1777  et  qui  commençait  ainsi  : 

Nous  qui  régnons  sur  des  coulisses, 

Et  dans  de  magiques  palais, 
Nous,  Juges  de  rorchestre,  intendants  des  ballets, 

Preinicrs  inspecteurs  des  aetriccs  : 

A  tous  nos  fldélcs  sujets, 
Vents,  fantômes,  démons,  déesses  infernales, 

Dieui  de  l'Olympe  et  de  la  mer, 

Habitants  des  bois  et  de  l'air, 
Monarques  et  bergers,  satyres  et  vestales. 

Salut,  a  notre  avènement 

Chargés  d'un  grand  peuple  à  conduire, 
De  lois  à  réformer  et  d'abus  à  détruire, 
Et  voulant  signaler  notre  gouvernement  ; 
Ouï  notre  conseil  sur  chaque  cbangcmcnt 

Que  nous  désirions  introduire, 
Nous  avons  rédigé  ce  nouveau  règlement. 

Conforme  au  bien  de  notre  empire, 

La  plaisanterie  se  poursuivait  sur  le  même 
Ion,  et  les  Statuts,  divisés  en  vingt-deux  ar- 
ticles, se  continuaient  en  deux  cent  cinquante 
vers.  Cette  facétie  eut  un  succès  fou. 

Barthe  est  mort  à  Paris,  des  suites  d'une  opé- 
ration  douloureuse,  le  17  juin  1785. 

BARTHE  (Grat-Norbert  ,  dit  Adrien  ), 
compositeur,  naquit  à  Bayonne  le  7  juin  1828.  Il  se 
livra  d'abord  à  l'étude  du  piano,  puis  à  celle  de  la 
composition,  et|devint,  au  Conservatoire  de  Paris, 
élève  de  Lehorne  pour  la  fugue.  Il  remporta  en 
1854  le  premier  grand  prix  de  composition  à 
l'Institut,  avec  une  cantate  intitulée  Francesca 
de  Rimini,  écrite  sur  des  paroles  de  M.  Bou- 
naure.  Pendant  la  troisième  année  de  son  séjour 
à  Bome,  M.  Barthe  ayant  fait  à  l'Académie  des 
beaux-arts  son  envoi  réglementaire,  et  cet  envoi 
consistant  en  un  oratorio  intitulé  Judith  ,  la 
partition  de  cet  ouvrage  parut  si  remarquable  à 
l'Académie  -que  celle-ci  décerna  aussitôt  au  jeune 
compositeur  un  des  plus  importants  parmi  les 
prix  mis  à  sa  disposition  par  d'intelligentes 
libéralités;  le  prix  Edouard  Bodrigues(l).  L'année 
piécédente,  M.  Barthe  avait  envoyé  à  l'Acadé- 
mie un  opéra  intitulé  Don  Carlos,  et  le  rapport 
du  secrétaire  perpétuel  (Halévy)  constatait  que, 
(1  bien  écrit,  instrumenté  avec  soin,  indiquant  un 
vif  sentiment  scénique,  cet  ouvrage,  malgré 
quelques  parties  un  peu  prétentieuses ,  donne 
de  véritables,  espérances  pour  l'avenir  de 
M.  Barthe.  » 

Cependant,  à  son  retour  de  Rome,  le  jeune  ar- 
tiste faisait  comme  tant  d'autres  :  il  essayait 
inutilement  d'aborder  le  théâtre,  et  il  se  voyait 
malgré  lui  réduitau  silence,  lorsqu'en  1864  un 

U)  Ce  prix,  d'une  valeur  de  1500  francs,  a  été  institué 
par  son  fondateur  «pour  le  meilleur  ouvrage  ;  dans  le 
style  choral,  tel  que  oratorio,  messe  ou  motet,  » 


concours  fut  ouvert  au  Théâtre-Lyrique  entre 
tous  les  prix  de  Rome  qui  n'avaient  eu  encore 
aucun  ouvrage  joué.  Cinq  concurrents  s'étant 
présentés,  on  leur  remit  le  livret  choisi,  qui 
était  celui  d'un  opéra  en  trois  actes,  la  Fiancée 
d'Abydos,  dû  à  M.  Jules  Adenis.  M.  Barthe  sortit 
vainqueur  de  la  lutte,  et  son  œuvre  fOl  produite, 
le  30  décembre  186â,  au  Théâtre-Lyrique,  Elle 
n'obtint,  un  peu  par  la  faute  du  poème ,  que  ce 
qu'on  appelle  un  succès  d'estime ,  et  ne  réussit 
pas  à  se  maintenir  au  répertoire.  Depuis  lors, 
M.  Barthe,  qui  avait  sans  doute  espéré  davan- 
tage, semble  [avoir  renoncé  complètement  à  la 
carrière  de  compositeur,  et  s'être  livré  d'une 
façon  absolue  à  l'enseignen^ent.  Cet  artiste  a 
épousé  une  femme  charmante,  M"e  Banderali, 
(ille  du  chanteur  de  ce  nom  ,  qui  s'est  fait  elle- 
môine  une  réputation  très-légitime  et  très-dis- 
tinguée comme  chanteuse  de  conceits. 

BARTHOLOMLUS(J....-N ),musicien 

hollandais  contemporain,  était,  en  1864,  orga- 
niste et  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
Servais,  à  Maestricht.  Entre  autres  compositions 
religieuses,  on  lui  doit  une  messe  solennelle  à 
trois  voix,  un  Ave  Maria  (chœur  à  trois  voix), 
et  un  grand  salut  solennel  comprenant  quatre 
motets.M.  Bartholomeus a  publié  aussi  à  Bruxelles 
(Meyne)et  à  Liège  (Muraille)  quelques  morceaux 
de  genre  et  fantaisies  légères  pour  le  piano. 

*  BASE VI  (le  docteur  Abramo),  est  né;  à  Li- 
vourne  au  mois  de  décembre  1818.  Depuis  la 
disparition  ,  en  1859  ,  du  journal  VArmonia, 
fondé   par  lui,  il   a    collaboré    activement  au 
lioccherini,  feuille  musicale  appartenant  à  l'édi- 
teur M.  Guidi,  et  dont  il  a  été  pendant  plusieurs 
années  le  rédacteur  en  chef.  En  1869,  M.  Basevi 
a  organisé  à  Florence  des  Matinées   BeethO' 
veniennes,  qui  furent  le  germe  de  la  Socielà  del 
Quartetto,  dans  les  séances  de  laquelle  furent 
exécutés  les   quatuors  couronnés  aux  concours 
institués  par  lui,  à  ses  propres  frais,  à  l'Institut 
musical.  Appelé  à  faire  partie  de  la  commission 
nommée   en  1859   par  le  gouvernement  provi- 
soire toscan  dans  lej  but  d'amener  la  création 
de  cet  .Institut,  M.  Basevi  publia  à  ce  sujet  une 
brochure  intéressante.  En  1863,  il  provoqua  la 
fondation  des  concerts  populaires  de  musique 
classique,  dont  le  premier  fut  donné  au  théâtre 
Pagliano  le  26  mars  de  cette  année.  Outre  son 
intéressant>uvrage  :  Studio  suite  opère  di  G. 
Verdi,  M.  Basevi  a  publié  :  1°  Introduzione 
ad  un  nuovo  sistema   d'armonia  (Florence 
Tofani,  1862,  in- 8"),  écrit  dédié  à  Meyerbeer  et 
dont  une    traduction  française  a  été  faite  par 
M.  Louis  Delâtre  (Florence,  Guidi,  1865,  in-8")  ; 
2°  Stuc^  suW  Armonia  (id  ,rid.,y;id.,;id.,)/ 


BASEVI  —  BATAILLÉ 


M 


S"  Compendio  délia  Storia  délia  Musica  (id., 
id,,  1866,  in-12endeux  parties).  Depuis  plusieurs 
années,  M.  Basevi  a  abandonné  ses  études  sur 
la  musique  pour  se  livrer  sans  réserve  à  d'im- 
portants travaux  philosophiques.  L'auteur  de 
cette  notice  doit  cependant  à  son  obligeance  des 
notes  nombreuses  et  intéressantes  qui  lui  ont 
servi  pour  la  rédaction  de  divers  articles  de  ce 
dictionnaire  (1). 

*  BASLER  (Charles).  Une  traduction  fran- 
çaise  de  la  Méthode  [d'harmonie  de  ce  professeur 
a  été  faite  par  M.  Johannès  Weber,  sous  ce  titre  : 
Carie  routière  des  modulations  harmoniques, 
ou  Plan  figuratif  des  relations  des  tons,  Pa- 
ris, Perrotin,  1850,  in-folio  de  11  pages  avec 
2  planches. 

i  *  BASSANI  (Jean-Baptiste).  Il  existe,  des 
Armonici  Entusiasmi  di  Davide,  une  édition 
antérieure  aux  deux  éditions  de  1695  et  1698, 
mentionnées  au  nom  de  ce  compositeur;  celle-ci, 
qui  est  probablement  la  première,  est  de  Venise, 
1690. 

BASSINI  (Achille  BASSI,  dit  DE),  cl»an- 
teur  fameux  en  Italie  :  par.  sa  belle  voix  de 
basso  contante  et  sentaient  dramatique,  naquit 
à  Milan  en  1819.  Il  tit  de  bonnes  études  litté- 
raires et  philosophiques  au  lycée  de  Saint- 
Alexandre  de  sa  ville  natale,  puis  devint  l'é- 
lève de  l'ingénieur  Paganini  ;  mais  la  musique, 
qu'il  avait  étudiée  pour  son  plaisir,  l'attirait  in- 
vinciblement, et,  après  avoir  pris  des  leçons  de 
chant  pendant  une  année  avec  le  compositeur 
Perelli,  il  débutait  en  1837,  à  Pavie,  dans  un 
opéra  de  cet  artiste,  Manfredi.  Dès  ses  pre- 
miers pas  dans  la  carrière,  ses  succès  furent 
éclatants,  et  ils  se  poursuivirent  dans  toutes 
les  villes  qu'il  parcourut,  à  Rome,  à  Milan,  puis 
à  Vienne,  à  Londres  et  à  Saint-Pétersbourg, 
où  il  obtint  de  véritables  triomphes.  Artiste  in- 
telligent, plein  d'âme  et  de  feu,  doué  d'un  beau 
physique  et  d'un  rare  sentiment  pathétique,  ac- 
teur non  moins  que  chanteur,  M.  de  Bassini,  avec 
un  geste,  un  regard ,  un  élan  de  voix  inattendu 
et  opportun,  excitait  l'enthousiasme  du  public 
et  soulevait  une  salle  entière ,  en  produisant  sur 
les  masses  une  impression  indescriptible.  Ses 
compatriotes  le  surnommèrent  il  seconda  Ron- 
coni.  Depuis  quelques  années  il  s'est  retiré,  fort 
riche,  dans  une  magnifique  villa  qu'il  possède  à 
Portici. 

*BASTIAA!XS  (J....— G.,;,..),    l'un  des 
meilleurs  organistes   néerlandais,   né   à  Wilp 


(1)  Le  litre  d'un  des  opéras  de  M.  Basevi  a  été  Inexacte- 
ment transcrit  :  ce  n'est  point  Enrico  Odoardo,  mais 
Enrico  Howard. 


(Gueldre),  en  1812,  prit  d'abord  des  leçons  de 
musique  d'un  nommé  Rohner,  à  Devenler,  et  se 
rendit  ensuite  à  Dessau,  où  il  reçut  des -leçons 
de  Fr.  Schneider.  De  là,  il  fit  un  voyage  à  Leip- 
zig, se  fit  présenter  à  Mendelssohn-Bavtholdy, 
et  fit  auprès  du  célèbre  maître  une  tentative 
pour  qu'il  voulût  consentir  à  ce  qu'il  pût 
achever  son  éducation  musicale  auprès  de  lui. 
Mendeissohn  posa  comme  condition  la  composi- 
tion d'une  double  fugue  dans  un  délai  déterminé, 
et,  quand  Bastiaans  lui  apporta  la  fugue,  Men- 
deissohn l'accepta  d'emblée  comme  élève. 

Après  avoir  fini  ses  études  à  Leipzig,  it  vint  se 
fixer  à  Amsterdam ,  y  fut  nommé  organiste  du 
Zuiderkerk,  puis  devint  professeur  d'orgue  à 
l'Institut  des  aveugles.  En  1868,  il  quitta  cette 
ville  pour  aller  résider  à  Harlem  ,  où  il  obtint  la 
place  d'organiste  à  l'église  de  Saint-Bavon,  église 
dans  laquelle  se  trouve  le  plus  bel  orgue  du 
royaume  des  Pays-Bas,  si  fameux  depuis  long- 
temps sous  le  nom  de  l'orgue  d'Harlem.  Bas- 
tiaans demeura  à  Harlem  jusqu'à  l'époque  de  sa 
mort  (1874)  ;  il  y  forma  de  bons  élèves  comme 
pianistes  et  comme  organistes,  et  y  donna  aussi 
des  leçons  d'harmonie  et  de  contre-point. 

II  publia   aussi  quelques  compositions ,    des 

lieder  (Amsterdam ,  Roolhaan),  un  recueil  de 

chorals    à  quatre  parties    (  Amsterdam ,    der 

W'iel),  et   laissa  en  manuscrit  un  hymne  pour 

orgue,  chœur  et  orchestre,  des  motets  et  des 

pièces  d'orgue  (1). 

Ed.  de  II. 

*  BASÏON  (JosQuiis).  On  trouve  plusieurs 
chansons  de  cet  artiste  dans  le  recueil  divisé 
en  six  livres  que  Pierre  Phalèse  publia  à  Lou- 
vain  en  1555-1556,  et  dont  le  premier  livre 
parut  sous  ce  titre  -.  Premier  livre  des  chan- 
sons à  quatre  parties,  nouvellement  composez 
(sic)  et  mises  en  musique,  convenables  tant 
aux  instruments  comme  à  la  voix  (  Louvain , 
1555,  in-4°). 

*  BATAILLÉ  (Gabriel),  et  non  BATAILLE, 
luthiste  fort  distingué,  aurait  été,  d'après  l'écrit 
de  M.  Th.  Lhuillier  (  V.  ce  nom)  :  Note  sur 
quelques  musiciens  dans  la  Brie,  surintendant 


(1)  Le  31  juillet  1S51,  à  l'occasion  du  101*  anniversaire 
de  la  mort  de  Jean-Sébastien  Bach,  BasUaans  donna  à 
Amsterdam  un  grand  concert  historique  d'orgue,  dans 
lequel  il  fit  entendre  différentes  œuvres  du  grand  Cach 
lui-même,  de  J.-L.  Krebs,  Guillaumc-Friedmann  Bach, 
J.-C.  Kitte),M.-G.  Fischer,  Ch.-H.  Rinck,  Mendeissohn, 
Kiihnistedt,  Fr.  Schneider,  Jean  Schneider,  A.  Rltlcr, 
C.-F.  Becker,  J.-A.  Van  Eyken,  et  quelques-unes  de  ses 
propres  compositions. 

La  Dllcdecet  artiste,  M"*  Marie  Bastiaans,  planiste 
distinguée,  née  à  Amsterdam  et  élève  de  son  père, s'est 
produite  avantageusement  dans  les  coq  certs,  —  A.  P. 


52 


BATAILLÉ  —  BATISTE 


de  lamusiqaede  la  reine  Anne  d'Autriche,  etau- 
raîteuunfilSjConimelui  musicien  distingué.  «  Les 
anciens  actes  paroissiaux  de  Gtiérard,  canton 
de  Coulommiers,  dit  M.  LhuiHier,  constatent  que 
le  fameux  compositeur  des  fêtes  de  Louis  XIII 
était  pourvu  de  la  surintendance  de  la  musique 
de  la  reine  Anne  d'Autriche,  et  qu'il  habitait  la 
paroisse  Saint-Paul  à  Paris.  Il  eut  im  fils  qui  fut 
son  élève  et  à  qui  Louis  XIII  avait  accordé  en 
survivance  la  surintendance  de  sa  musique; 
aussi,  à  la  mort  de  Bataillé,  ce  fils,  tout  jeune 
encore ,  fut-il  bien  venu  à  la  cour  et  réussit-il 
pleinement  dans  l'exercice  de  sa  charge,  jus- 
qu'au moment  oîi  la  perte  d'une  personne  qui 
lui  était  chère  le  détermina  subitement  à  se 
vouer  au  culte  du  Seigneur.  Gabriel  Bataillé  fils 
avait  quarante  ans.  Délaissant  son  emploi,  ses 
biens  et  plusieurs  bénéfices  qu'il  avait  obtenus, 
il  se  lit  ermite  et  se  retira  à  Saint-Blandin,  ora- 
toire isolé  situé  sur  la  paroisse  de  Guérard,où  il 
est  mort  le  30  avril  1676,  à  l'âge  de  soixante  ans. 
L'ermite  de  Saiut-Blandin,  qui  faisait  vœu  de 
chasteté,  pauvreté  et  obéissance,  n'était  attaché 
à  aucun  ordre  religieux  ;  il  se  trouvait  simple- 
ment sous  la  dépendance  de  l'évêque  de  Meaux.  » 
M.  Lhuiliier  reproduit  l'acte  d'inhumation  de 
Bataillé  fils,  qui  confirme  les  faits  avancés  par 
lui  :  —  «  Ce  premier  may  1076,  dit  cet  acte,  a 
«  été  inhumé  en  la  chapelle  de  Saint-Blandin  , 
«  par  moy  curé  soussigné ,  frère  Gabriel  Ba- 
«  taillé,  décédé  en  l'hermitage  le  30  avril  etaagé 
«  de  soixante  ans  ou  environ ,  homme  d'une 
«  haute  vertu  et  singulière  probité,  lequel  a 
«  esté  admiré  pandant  sa  vie,  et  regretté  après 
«  sa  mort  de  tous  ceux  qui  le  congnoissoient  à 
«  à  cause  de  ses  rares  qualité?.;  il  estoit  naj 
«  en  la  paroisse  de  Saint-Paul  de  Paris;  son 
«  père  étoit  maître  Gabriel  Bataillé,  intendant 
«  de  la  musique  de  la  reine  Anne  d'Autriche;  'sa 
«  mère  s'api>eloit  Catherine  Carré.  Il  eust  l'hon- 
«  neur  d'estre  reçu  en  la  charge  de  son  père  en 
«  survivance  par  le  Roy  Louis  treize,  d'heureuse 
«  mémoire,  immédiatement  après  son  décès, 
«  quoy  qu'il  fut  encore  fort  jeune;  aymé  de  toute 
«  la  cour  à  cause  de  son  esprit  et  honesteté  , 
«  il  a  exercé  cette  charge  avec  honneur  jusqu'au 
K  décès  de  sa  bonne  maîtresse,  lequel  arrivé,  il 
«  songea  à  sa  retraite,  à  cause  de  quoi  il  se  dé- 
«  pouiila généreusement  de  tousses  biens  patri- 
«  moniaux  et  autres  assez  considérables,  mesme 
«d'un  canonicatde  la  Sainte-Chapelle  de  Dijon, 
■<  d'un  autre  de  Châteauvillain ,  ensemble  de 
K  quelques  prieurez  simples,  comme  deJouarre 
«  et  autres,  desquels  le  Roy  l'avoit  bien  voulu 
o  honorer,  pour  embrasser  la  vie  bérémitique, 
a  laquelle  il  a  exercée  en  toute  simplicité  et 


«  pauvreté,  n'y  ayant  rien  de  si  humilié  que  liiy  ; 
«  il  passa  les  dix  derniers  ans  de  sa  vie  en  cest 
«  estai  le  plus  abject  de  tous,  après  avoir  res- 
«  pire  l'air  de  la  cour  l'espace  de  40  années  con- 
«  sécutives.  » 

Il  n'y  a  pas  à  douter  des  faits  contenus  dans 
cet  acte  authentique.  Il  faut  donc  croire  que  le 
poste  de  surintendant  de  la  musique  de  la  reine 
Anne  d'Autriche  n'était  pas  dévolu  à  un  seul  in- 
dividu, puisque,  à  l'époque  oii  Bataillé  père  et 
fils  l'exercèrent  successivement,  Cambert  (F.  ce 
nom)  en  était  aussi  pourvu,  et  l'on  doit  supposer 
que  ces  fonctions  s'exerçaient ,  de  même  qu'à  la 
chapelle  du  roi,  soit  par  quartiers,  soit  par  se- 
mestres. 

BATISTE '(Antoine-Edouard),  organiste  H 
professeur,  né  à  Paris  le  28  mars  1820,  est  le  fils 
de  l'excellent  chanteur  et  comédien  de  ce  nom 
qui  jouit  pendant  si  longtemps  d'une  grande  re- 
nommée à  rOpéra-Comique.  Admis  au  CJonser- 
vatoire  en  1828,  comme  page  de  la  Chapelle 
royale,  il  y  fit  de  brillantes  études  et  fut  succes- 
sivement élève  de  Leborne  et  de  Bienaimé  pour 
le  solfège,  de  M.  Le  Couppey,  puis  de  Dourlen 
pour  l'harmonie  et  accompagnement,  d'Haiévy 
pour  la  composition,  enfin  de  M.  Benoist  pour 
l'orgue.  Ses  succès  d'école  furent  tiès-grands,  et 
voici  la  liste  des  récompenses  qu'il  obtint  :  2«  prix 
de  solfège  en  1832  et  1er  prix  en  1833;  2«  prix 
d'harmonie  et  accompagnement  en  1836  et 
1«'  prix  en  1837;  2«  prix  de  contre-point  et 
fugue  et  2«  prix  d'orgue  en  1838  ;  1*'  prix  de  con- 
tre-point et  fugue  et  1«'  prix  d'orgue  en  1839; 
enfin,  second  grand  prix  de  Rome  en  1840. 

M.  Batiste  n'a  jamais  quitté  le  Conservatoire, 
où  il  était  déjà  professeur  bien  avant  d'avoir  ter- 
miné ses  études.  En  effet,  de  1836  à  1838  il  était 
accompagnateur  des  classes  de  chant  et  de  dé- 
clamation lyrique;  en  1836,  il  était  nommé  pro- 
fesseur adjoint  de  solfège;  en  1839,  professeur 
de  la  classe  de  chœurs  (hommes)  ;  en  1850,  pro- 
fesseur de  chant  simultané,  classe  supprimée 
en  1870,  et  qui,  dans  l'espace  de  vingt  ans,  avait 
été  fréquentée  par  5,000  élèves;  le  1<"  octobre 
1852,  il  devenait  professeur  de  la  classe  de  sol- 
fège collectif,  et,  le  8  octobre  1872,  il  prenait 
possession  d'une  classe  d'harmonie  et  accompa- 
gnement pour  les  femmes.  Ses  occupations  de 
professeur  n'empêchaient  pas  M.  Batiste  de 
suivre  sa  carrière  d'organiste ,  et,  après  avoir 
tenu,  de  1842  à  1854  ,  l'orgue  de  l'église  Saint- 
Nicolas-desChamps,  il  devenait,  le  le'  juillet  de 
cette  dernière  année,  organiste  du  grand  orgue 
de  Saint-Eustache.  En  même  temps,  M.  Batiste 
se  livrait  à  la  composition,  publiait  un  nombre 
considérable  d'œuvres  pour  l'orgue,  donnait  une 


BATISTE  —  BATTAILLE 


53 


nouvelle  édition,  en  douze  volumes,  des  Solfèges 
du  Conservatoire,  annotée  par  lui,  avec  accom- 
pagnement de  piano  ou  orgue  d'après  la  basse 
chiffrée  (Paris,  Heugel),  et  enfin  livrait  au  public 
un  Petit  Solfège  harmonique  (id.,  id.),  qui 
éfait  l'objet  d'un  rapport  très-élogieux  de  la  part 
du  comité  des  études  du  Conservatoire.  La  nou- 
velle édition  des  Solfèges  du  Conservatoire  et 
Res  ouvrages  personnels  sur  l'enseignement  ont 
valu  à  M.  Batiste,  en  1867,  une  récompense 
exceptionnelle  :  le  jury  de  la  classe  89,  appré- 
ciant le  mérite  de  l'oeuvre,  ne  voulut  point  se 
borner  à  accorder  une  médaille  de  première 
classe  à  l'éditeur  exposant,  mais  il  décerna  la 
même  récompensera  l'auteur  non-exposant. 

*  BATKA  (  Jean-Népoml'Cène  ),  fils  de  Mi- 
chel Batka,  est  mort  à  Pr(;sbourg  le  13  août 
1874. 

*  BATTA  (Alexandre).  Fixé  depuis  plu- 
sieurs années  à  Versailles ,  cet  artiste,  qui  a 
donné  danslun  journal  de  cette  ville,  l'Union  li- 
bérale et  démocratique  de  Seine- et-Oise ,  un 
certain  nombre  d'articles  de  critique  musicale,  a 
été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  au 
mois  d'août  1875.  Dans  la  série  biographique 
publiée  sous  ce  titre  :  Écrivains  et  Artistes  vi- 
vants, français  et  étrangers,  par  MM.  Xavier 
Eyma  et.Ârthur  de  Lucy,  on  a  donné  une  notice 
sur  M.  Alexandre  Botta  (Paris,  Librairie  uni- 
verselle, 1840,  in-16  avec  portrait). 

BATTAILLE  (Charles-Amable),  chanteur 
distingué,  naquit  à  Nantes  le  30  septembre  1822. 
Son  père  était  médecin  en  cette  ville ,  et  résolut 
de  lui  faire  embrasser  la  même  profession.  Après 
avoir  été  faire  ses  études  à  Caen  et  s'y  être  fait 
recevoir  docteur,  Battaille  revint  donc  s'établir 
dans  sa  ville  natale.  Mais  la  clientèle  n'arrivant 
pas  assez  vite  à  son  gré,  il  résista  aux  nouvelles 
instances  de  son  père,  qui  avait  toujours  con- 
trarié son  goût  pour  le  théâtre,  et  s'en  vint 
tenter  la  fortune  à  Paris.  Un  biographe  contem- 
porain affirme  qu'il  fut  refusé  à  l'unanimité  ,  en 
novembre  1845,  aux  examens  d'admission  du 
Conservatoire.  Ceci  est  évidemment  inexact, 
puisque,  dès  le  concours  de  1846,  Battaille  obte- 
tenait  un  accessit  de  chant.  En  1847,  il  rem- 
portait simultanément  les  trois  premiers  prix  de 
chant,  d'opéra  et  d'opéra-comique,  et  se  voyait 
couronner  en  même  temps  que  Balanqué,  Meillet 
et  M.  Gueymard,  et  en  compagnie  d'une  jeune 
fille  appelée  à  devenir  l'une  des  premières 
artistes  de  son  temps.  M"'  Félix-Miolan,  aujour- 
d'hui M"*  Carvalho.  Au  Conservatoire,  Battaille 
avait  été  l'élève  de  Manuel  Garcia. 

Il  fut  engagé  presque  aussitôt  à  l'Opéra -Comi- 
que, où  ses  débuts,  qui  devaient  avoir  lieu  le 


23  février  1848,  furent  retardés  par  les  événe- 
ments. Ce  n'est  que  le  22  juin  suivant  qu'il  fit 
son  apparition  sur  la  scène  Favart,  où  il  se 
montra  pour  la  première  fois  dans  un  rôle  secon- 
daire, celui  de  Sulpice  de  la  Fille  du  Régi- 
ment. Mais  sa  voix  de  basse  chantante  était 
belle,  guidée  avec  un  goût  remarquable,  il  mon- 
trait déjà  de  l'intelligence  comme  comédien,  et 
Halévy,  qui  se  connaissait  en  artistes  et  qui 
s'apprêtait  à  donner  son  Val  d'Andorre,  n'hé- 
sita pas  à  lui  confier  la  création  d'un  des  rôles 
les  plus  importants  de  cet  ouvrage,  monté  d'une 
façon  presque  exceptionnelle,  et  qui  était  joué, 
pour  les  autres  personnages ,  parMM.  Audran, 
Jourdan,  Mocker,  M"«'  Lavoye ,  Darcier  et  fié- 
villy. 

Le  succès  de  Battaille  fut  complet  dans  ce  rôle 
de  Jacques  Sincère,  le  vieux  chevrier,  dont  il 
sut  faire  un  type,  et  dans  lequel  il  déploya  des 
qualités  dramatiques  vraiment  remarquables. 
Bientôt  il  montra  toute  la  souplesse  et  la  flexi- 
bilité de  son  talent,  en  en  jouant  un  autre  d'un 
caractère  tout  opposé,  celui  de  don  Belfior  dans 
le  Toréador,  d'Adolphe  Adam.i  Ici,  Battaille 
fut  plein  de  rondeur,  de  bonhomie,  de  gaîté,  fit 
voir  qu'au  point  de  vue  du  chant  il  comprenait 
aussi  bien  le  genre  bouffe  que  le  genre  dramati- 
que, et  réunit  tous  les  suffrages.  Je  ne  ferai  que 
donner  les  titres  de  ses  autres  créations,  qui 
sont  les  suivantes  :  la  Fée  aux  Roses  (Atalmuc), 
le  Songe  d'une  nuit  d'Été  (Falstaff),  la  Dame 
dépique  (Roskow),  leCarillonneur  de  Bruges 
(Malhéus),  le  Père  Gaillard  (Gaillard),  Marco 
Spada  (Torrido),  VÉtoile  du  Nord  (Pierre),  la 
Cour  de  Célimène  (le  Commandeur),  le  Hus- 
sard de  Berchini  (Gédéon),  les  Saisons  (Ni- 
colas), Valeniined'Aubigny  (Gilbert), et  Psyché 
(Mercure). 

Il  faut  avoir  vu  jouer  à  Battaille  le  Toréador 
et  VÉtoile  du  Nord  pour  se  rendre  bien  compte 
de  la  souplesse  de  son  jeu  comme  comédien  ;  il 
feut  lui  avoir  entendu  chanter  la  cavatine  de 
douBelflor:  Oui,  la  vie  n'est  jolie et  l'ad- 
mirable romance  du  czar  Pierre  :  Pour  fuir 
ton  souvenir,  qui  semble  mé  poursuivre,  pour 
comprendre  quelle  était  son  intelligence  des  di- 
vers styles  musicaux  et  avec  quelle  aisance, 
quelle  facilité,  quelle  sûreté  il  passait  de  l'un  à 
l'autre.  Sa  belle  voix  de  basso  cantante,  ronde, 
pleine,  bien  timbrée,  flatteuse  et  caressante  par- 
fois, énergique  et  puissante  en  d'autres  cas,  fai- 
sait merveille  dans  les  genres  les  plus  opposés. 

Vers  la  fin  de  1857,  je  crois,  l'excellent  artiste, 
atteint  d'une  grave  affection  de  larynx,  se  crut 
obligé  de  renoncer  à  une  carrière  dans  laquelle 
il  n'avait  rencontré  que  des  succès.  Pourtant, 


54 


BATTAILLE  —  BATTISTA 


après  avoir  pris'iluelqtle  repos,;  il  entra  en  1860 
au  Théâtre-Lyrique,  y  reprit  son  rôle  de  Jacques 
Sincère  du  Val  d'Andorre,  fit  une  de  ses  plus 
importantes  créations  àansPhilémon  etBaucis, 
de  M.  Gounod ,  puis  retourna  pour  un  instant 
sur  la  scène  de  ses  premiers  succès.  Mais  bientôt 
il  abandonnait  définitivement  le  théâtre,  bornant 
son  action  artistique  au  professorat  qu'il  exerçait 
au  Conservatoire  depuis  le  1"  février  1851. 

Battailie  s'était  occupé  d'études  sur  la  cons- 
truction, la  nature  et  les  facultés  de  l'appareil 
vocal.  Il  publia  sur  ce  sujet  une  brochure  im- 
portante, dont  voici  le  titre  complet  :  «  Nou- 
velles recherches  sur  la  phonation,  Mémoire 
présenté  etlu  à  l'Académie  des  sciences  le  15  avril 
I86I,  par  Ch.  Battailie,  ex-interne  des  hôpi- 
taux, ex-prosecteur  d'anatomie  à  l'École  de 
médecine  de  Nantes,  professeur  de  chant  au 
Conservatoire  impérial  de  musique  et  de  décla- 
mation (Paris,  V.  Masson,  1861,  in-So  avec 
planches).  »  Ces  recherches  constituaient, comme 
Il  le  disait  lui-même  dans  le  dernier  chapilre, 
«  la  première  partie  d'un  ouvrage  ayant  pour 
titre  ;  De  l'enseignement  du  chant,  lequel  sera 
publié  incessamment  en  entier.  »  Deux  ans  après, 
en  effet,  il  lançait  une  nouvelle  publication  : 
«  De  V enseignement  du  chant,  2«  partie.  De 
la  physiologie  appliquée  à  l'étude  du  méca- 
nisme  vocal.  »  Mais  tout  cola  ne  formait  pas  un 
corps  d'ouvrage  complet.  Je  ne  sache  pas  pour- 
tant que  Battailie  ait  terminé  cette  publica- 
tion. 

Battailie  aimait  beaucoup  à  parler  en  public. 
Sa  belle  tête,  fière,  fine  et  intelligente ,  couverte 
de  cheveux  noirs,  abondants  et  ondulés,  son  re- 
gard fixe  et  scrutateur,  bien  qu'atteint  de 
myopie,  sa  parole  élégante,  facile  et  ornée,  sa 
grande  habitude  du  public,  lui  donnait  sur  son 
auditoire  une  autorité  véritable.  En  1865,  1866 
et  1867,  il  fit,  tantôt  dans  les  salons  de  la  rue  de 
la  Paix  ou  dans  ceux  du  Grand-Orient,  tantôt 
dans  l'Amphithéâtre  de  l'École  de  médecine  ou 
à  l'Association  philotecbnique,  un  certain  nombre 
de  conférences,  qui  furent  remarquées  :  sur 
la  musique  et  ses  transformations,  sur  le  Don 
Juan  de  iMozart,  sur  le  Pré  aux  Clercs  d'Hé- 
rold,  etc.  Le  texte  d'un'de  ces  entretiens  fut 
même  publié ,  dans  les  Conférences  de  VAsso' 
dation  philotechnique,  année  1865  (Paris, 
V.  Masson,  1866,  in- 12). 

En  réalité,  Battailie  fut  un  artiste  extrêmement 
distingué,  auquel  la  perte  précoce  de  sa  voix  ne 
laissa  pas  le  temps  d'arriver  à  la  célébrité,  ni 
même  peut-être  d'atteindre  à  l'apogée  de  son 
talent,  mais  qui  a  laissé  un  nom  honorable  sous 
tou9  les  rapports,  et  qui  a;;été  à  la  fois  chanteur 


remarquable,  comédien  bien  doué,  professeur 
accompli  et  théoricien  distingué. 

Une  particularité  de  sa  vie  est  assez  curieuse  : 
Battailie,  à  la  suite  des  événements  du  4  sep- 
tembre 1870,  avait  été  nommé  sous-préfet  d'une 
petite  ville  du  département  de  la  Loire-Infé- 
rieure, Ancenis.  Il  professait  d'ailleurs  des  opi- 
nions libérales,  et  prit  au  sérieux  son  nouveau 
rôle,  mettant  toute  son]  intelligence  au  service 
de  ses  fonctions  et  déployant  beaucoup  de  zèle 
et  d'activité  dans  l'organisation  et  l'armement 
des  corps  levés  dans  son  district.  Il  se  signala 
même  d'une  façon  toute  particulière ,  dans  des 
circonstances  exceptionnelles  :  la  petite- vérole 
s'étant  déclarée  dans  une  commune  des  environs, 
qui  se  trouvait  cruellement  ravagée  par  le  fléau, 
Battailie  se  souvint  qu'il  était  médecin,  se  joignit 
à  ses  confrères,  et  s'en  allait  chaque  soir  porter 
ses  soins  aux  malades,  après  avoir  passé  sa 
journée  à  gérer  les  affaires  de  sa  sous-préfecture. 
Battailie  est  mort  à  Paris  le  2  mai  1872,  en- 
levé en  trois  jours  par  une  fièvre  muqueuse. 

*  BATTISTA  ('Vincent),  compositeur  dra- 
matique, est  mort  à  Kaples  le  14  novembre 
1873.  Il  était   né  en   cette  ville  le  5  octobra 
1823.  Élevé  au  collège  royal  de  musique  de  Na- 
ples,  Battista  était  seulement  âgé  de  vingt  ans, 
lorsque,  pendant  le  carême  de  1844,  il  fit  ses 
débuts'd'une  façon  très-brillante  en  donnant  au 
théâtre  San-Carlo  sa  partition  d'Aniia  la  Prie, 
qui  obtint  un  très-vif  succès  et  qui  est  restée 
l'un  de  ses  meilleurs  titres  à  l'estime  de  ses 
contemporains.  Cet  ouvrage  était  chanté  par 
Fraschini,  Tamberlick,  Beneventano  et  la  Gruilz. 
A  l'exception  de  Rosvina  de  la  Forest,  donnée 
à  la  Scala  de  Milan,  toutes  les  productions  dra- 
matiques de  Battista  ont  vu  le  jour  dans  sa  villo 
natale,  la  plupart  au  théâtre  San-Carlo,  les  au» 
très  aujFondo  ou  au  Nuovo.  En  voici,  je  crois, 
la  liste  bien  complète  :  1"  Anna  la  Prie,  San 
Carlo,  1844;  2°  Margherita  d'Aragona,  id.. 
1845;  3°  Rosvina  delà  Forest,  Milan,  Scala, 
1845;  4°  £mo,  San  Carlo,   1846;  5"  Irène, 
Fondo;  6°  Leonora  Dort,  San  Carlo,  7°  Mu- 
darra,  id.;  8°  il  Corsaro,  Nuovo,  1853  ;  9"  Er^ 
melinda;  10»   Giovannà  di  Castiglia,  San 
Carlo,  1863;  11  "Alba  d'Oro,  id.,  1869.  Tous 
ces  ouvrages  sont  du  genre  sérieux,  et  Battista 
ne  s'est  jamais  essayé  dans  la  musique  bouffe. 
Cet  artiste  a  laissé  deux  autres  partitions  com-. 
plètement  achevées,  mais  qui,  je  crois,  sont  ab- 
solument inédites  ;  Maria  Tudor  et  la  Pentita. 
Battista  était  estimé  en  Italie,  et  les  Napolitains, 
ses  compatriotes,  en  faisaient  grand  cas.  Il  est 
cependant  mort,  dit-OD,  dans  un  état  voisin  de 
la  misère. 


BATTMANN  —  BATTU 


6S 


BATTMANN  (Jacques-Louis),  organiste  et 
compositeur,  est  né  à  Massevaux  (Haut-Rliin), 
le  25  août  1818. 11  n'était  point  destiné  à  la  car- 
rière musicale ,  et  fit  ses  études  d'abord  au  col- 
lège deBelfort,  puis  à  l'École  normale  de  Col- 
mar,  pour  être  instituteur.  Il  le  devint  en  effet, 
mais  plus  tard  s'adonna  complètement  à  la  mu- 
sique, qu'il  avait  cultivée  dès  sa  plus  tendre  en- 
fance. Il  avait  reçu  ses  premières  leçons  de 
solfège,  de  piano  et  de  violon  de  son  grand-père 
maternel,  organiste  à  Belfort,  et  ensuite,  à  Col- 
mar,  travailla  l'harmonie  et  la  composition  avec 
Th.  Schlosser,  professeur  de  musique  à  l'École 
normale,  en  même  temps  qu'il  étudiait  l'orgue 
avec  Martin  Vogt,  organiste  de  la  cathédrale. 
Un  hasard,  qui  le  mit  en  présence  du  célèbre 
médecin  Orfila,  grand  amateur  de  musique  ,  fut 
sur  le  point  de  l'amener  à  Paris,  où  ce  dernier 
voulait  le  faire  entrer  au  Conservatoire  ;  mais, 
au  moment  de  quitter  l'École  normale,  M.  Batt- 
mann  vit  pleurer  son  maître,  qui  l'aimait  beau- 
coup, et  se  refusa  à  parlir. 

Ses  études  terminées ,  et  son  brevet  obtenu, 
M.  Battmann  fut  envoyé  comme  instituteur  à 
Thann.  Cette  carrière  lui  plaisait  peu ,  mais  il 
s'était  résigné  à  la  suivre  pour  obéir  aux  ins- 
tances de  son  père,  lorsqu'un  nouveau  hasard 
vint  le  ramener  à  la  musique.  Il  était  à  Thann 
depuis  dix-huit  mois,  quand  un  de  ses  amis, 
apprenant  que  la  place  d'organiste  à  Belfort  était 
vacante,  l'appelle  en  cette  ville.  Le  jeune  insti- 
tuteur se  présente,  est  mis  en  rapport  avec  le 
curé,  touche  l'orgue  à  la  messe,  et  un  quart- 
d'heure  après  est  nommé  organiste.  C'était  en 
1840,  Depuis  lors,  M.  Battmann  a  été  appelé  à 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  Vesoul,  où  il  se 
trouve  encore  aujourd'hui. 
'  P  ndant  les  loisirs  que  lui  laissaient  ses  fonc- 
tions", M.  Battmann  s'est  beaucoup  occupé  de 
composition.  Outre  une  Méthode  d'harmonium 
(une  des  premières  qui  aient  paru),  une  Mé- 
thode de  piano  et  un  grand  Traité  d''harmonie 
spécialement  appliquée  l'étude  de  l'accompagne- 
ment du  plain-chant,  cet  artiste  a  publié  jus- 
qu'à ce  jour  un  nombre  d'oeuvres  qui  atteint 
presque  le  chiffre  de  400.  Dans  ce  nombre  il  faut 
distinguer  :  1"  Premières  études  pour  le  piano, 
avec  Préludes  pour  les  petites  mains,  Paris, 
Heugel;  2"  24  Études  mélodiques  pour  les  pe- 
tites mains,  op.  67,  id.,  id.;  3°  la  Petite  Cha- 
pelle, 100  morceaux  faciles  pour  orgue  de  salon 
ou  grand  orgue,  id.,  id.;  4°  25  Offertoires  pour 
orgue,  id.,  id.;  5"  le  Trésor^  des  organistes, 
100  morceaux  faciles  pour  orgue  ou  harmo- 
nium, op.  240,  Paris,  Leduc;  6"  15  Études  fa- 
ciles pour  harmonium ,  op.  68,  Paris,  Le- 


moine;  7°  50  Leçons  pour  harmonium,  id., 
id.;  8°  72  Morceaux  faciles  pour  harmonium, 
pouvant  servir  aux  différentes  parties  du  service 
divin,  op.  60,  Paris,  Colombier;  9°  400  Versets 
courts  et  faciles,  dans  tous  les  tons,  pour  har- 
monium, op.  88,  id.,  id.;  10"  1'%  5e,  9«,  21%  24« 
et  25»  suites  de  l'Arène  des  organistes ,  op.  30, 
43,  54, 85,  93  et  136,  id.,  id.  A  tout  cela,  il  faut 
ajouter  des  motets,  des  messes,  des  choeurs  re- 
ligieux ou  profanes,  sans  accompagnement,  des 
transcriptions  et  des  arrangements  pour  piano  et 
pour  harmonium,  des  duos  et  trios  pour 2  et 
3  violons,  des  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
enfin  des  romances,  chansonnettes,  et  un  nom- 
bre infini  de  valses,  polkas,  mazurkas,  quadril* 
les,  etc.,  etc. 

*  BATTU  (Pantaléon),  ancien  second  chef 
d'orchestre  à  l'Opéra,  d'où Jil {avait  pris  sa  re- 
traite depuis  plusieurs  années,  estmort  à  Paris  le 
17  janvier  1870. 

BAITU  (M'i"  Marie),  fille  du  précédent, 
chanteuse  distinguée,  est  née  vers  1840.  Élevée 
dans  un  milieu  très- artistique  ,  elle  fut  musi- 
cienne de  bonne  heure,  et  fit  ses  études  vocales 
sous  la  direction  de  M.  Duprez,  qui  sut  lui  don* 
ner  la  noblesse  d'accent  et  la  grandeur  de  style 
à  l'aide  desquelles  il  s'était  créé  lui-même  une 
renommée  si  considérable  et  si  légitime.  Son 
éducation  terminée,  M"*  Battu  débuta  d'une 
façon  très-heureuse  au  Théâtre-Italien  de  Paris, 
le  12  janvier  1860,  par  le  rôle  d'Amina  dans 
la  Sonnambula  de  Bellini.  Douée  d'une  voix 
mordante  et  corsée,  d'une  beauté  régulière  et 
pure,  d'une  tournure  élégante  et  aisée,  elle 
réussit  à  souhait,  ses  qualités  musicales  étant 
rehaussées  encore  par  une  intelligence  trcs-sftre 
et  un  bon  sentiment  de  la  scène.  Elle  chanta 
successivement,  sur  notre  scène  italienne,  Eli- 
setta  d'iZ  Matrimoniojegreto,  Gilda  de  Rigo- 
letto,  le  page  d'un  Ballo  in  maschera,  Zerlina 
de  Don  Giovanni,  Ekonorad' il. Furioso,  Despina 
de  Cosi  fan  tutte,  puis,  au  bout  de  quelques 
années,  se  décida,  sur  les  conseils  de  Rossini, 
à  aborder  la  scène  française.  | 

Engagée  à  l'Opéra ,  M"e  Battu  y  parut  poilr 
la  première  fois,  avec  un  très-grand  succès,  dans 
la  reprise  de  Moïse  qui  eut  lieu  le  7  décembre 
1864.  Sa  belle  voix  sonore  et  pleine,  ses  voca- 
lises légères  et  perlées,  son  trille  parfait  et  serré, 
son  style  nerveux  et  pur,  toutes  ses  qualités 
enfin  produisirent  sur  le  public  la  plus  vive  im- 
pression, à  ce  point  que  son  début  fut  presque 
un  triomphe.  Moins  de  cinq  mois  après  ce  dé- 
but, elle  eut  le  bonheur  de  faire  une  création  fort 
importante,  celle  du  fôled'Inès  dam  V Africaine, 
qui  lui  fit  beaucoup  d'honneur.  Elle  se  montra 


56 


BATTU  —  BAUMANN 


ensuite  dans  Matliilde  de  Guillaume  Tell,  dans 
la  reine  des  Huguenots,  et  joua  avec  le  mt    e 
succès  la  Zerline  de  D071  Juan,  au  moment  où 
M"«  Patti  el  M™"  Carvalho  se  faisaient  applaudir 
dans  ce  rôle,  la  première  aux  Italiens,  la  seconde 
au  Théâtre-Lyrique.  Enfin,  la  reprise  d'AlcesIc 
vint   la  mettre  tout  à  fait  hors   de  pair,  et  la 
plaça  au  premier  rang  des  cantatrices  de  notre 
première    scène  lyrique,';   elle  ne  craignit  pas, 
après  cela,  de  reprendre  le  rôle  de  Lydia,"créé 
dans  Herculanum  par  M^e  Gueymard,  et  celui 
de  Sélika,  créé  dans  l'Africaine  par  M™»  Marie 
Sass.  Cependant,  si  M"*  Battu  faisait  toujours 
preuve  d'un  très-grand  talent  dans  l'art  du  chant 
proprement  dit,  ces  grands  rôles  inspiraient  io 
regret  qu'elle  ne  fût  pas  douée  de  la  qualité  su- 
prême sans  laquelle  il  n'est  pas  de  véritable  can- 
tatrice dramatique  dans  toute  l'étendue  de  ce 
mot  ;  je  veux  dire  l'émotion.  Toute  artiste  qu'elle 
se  montrât  à  beaucoup  d'égards,  M'"  Battu  res- 
tait toujours  un  peu  froide,  un  peu  sèche,  et  ne 
montrait  en  aucun  cas  cette  expression  de  ten- 
dresse qui  émeut,  ou  ces  élans  de  passion  dé- 
bordante qui  soulèvent  une  salle  et   la  tiennent 
suspendue  aux  lèvres  d'un  chanteur.  Cette  cri- 
tique pourtant  ne  doit  pas  être  exagérée,  et  ne 
saurait  porter  atteinte  au  talent  très-réel,  très- 
correct  et  très-distingué  de  M'"  Marie  Battu. 

Cependant  la  jeune  artiste  quitta  l'Opéra  au 
bout  de  quelques  années.  Elle  fit  partie  de  la 
compagnie  qui,  en  province  et  à  l'étranger,  se 
donna  pour  mission  de  faire  connaître ,  après  la 
mort  de  Rossini ,  la  messe  du  maître  immortel, 
puis  alla  tenir  l'emploi  de  première  chanteuse 
au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles.  Entre 
temps,  elle  lit  une  courte  apparition  au  théâtre 
de  rOpéra-Comique,  où  elle  joua  le  rôle  de  la 
comtesse  dans  les  Noces  de  Figaro  (février 
1872).  Depuis  lors,  on  ne  l'a  plus  entendue  à 
Paris. 

BATZ( ),  facteur  d'orgues  néerlandais, 

artiste  fort  distingué,  chef  de  la  maison  Bafz  et 
Witte,  d'Utrecht,  est  l'auteur  des  orgues  de  la 
cathédrale  et  de  l'église  de  Zuider  à  Rotterdam, 
ainsi  que  de  celles  d'Amsterdam,  de  la  Haye  et 
d'Utrecht,  qui  sont  particulièrement  estimées. 
MM.  Batz  et  Witte  portent  le  titre  de  facteurs 
de  S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas. 

BAUDELAIRE  (Charles-Pierre),  poète  et 
critique,  particulièrement  connu  pour  sa  traduc- 
tion française  des  œuvres  d'Edgar  Poe,  naquit  à 
Paris  au  mois  d'avril  1821,  et  mourut  dans  la 
même  ville,  au  mois  de  septembre  1867,  dans 
une  maison  de  santé  où  il  avait  dû  être  placé  à 
la  suite  d'une  maladie  qui  avait  atteint  .ses  fa- 
cultés mentales.  A  l'époque  de  la  représentation 


à  Paris  du  Tannhxuser  de  M.  Richard  Wagner, 
Baudelaire  publia,  pour  la  défense  de  l'un  et  de 
l'autre,  une  brochure  intitulée  :  Richard  Wagner 
et  Tannhxuser  (Paris,  Dentu,  1861,  in-12  des 
70  pages).  Cet  écrit  absolument  inutile  ne  peut 
rien  apprendre  à  ceux  qu'intéresse  la  question, 
et  n'est  qu'un  plaidoyer  entrepris  en  faveur  de 
l'œuvre  par  un  avocat  inhabile  à  en  discuter  la 
valeur,  c'est-à-dire  ignorant  jusqu'aux  préceptes 
les  plus  élémentaires  de  l'art. 

BAUDOIIV  (Jules).  Un  écrivain  de  ce  nom 
a  publié,  lors  de  la  reprise  i'Alceste  qui  eut  lieu 
à  l'Opéra  en  1861,  une  brochure  ainsi  intitulée  : 
l'Alceste  de  Gluck,  étude  déJiée  à  M"*  Pau- 
line Viardot  (Paris,  Lebigre-Duquesne,  1801, 
iu-12  de  65  pp.).  Cette  étude,  faite  acte  par  acte, 
est  précédée  d'une  courte  r«  notice  historique  » 
sur  Gluck. 

lîAUDlUiUOXT  (  Alexandre-Edouard), 
éminent  chimiste  et  polygraphe  remarquable.  Né 
à  Compiègne  (Oise)  le  7  mai  1806,  professeur 
agrégé  à  la  faculté  de  médecine  de  Paris,  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  etc.,  M.  Baudrimont 
occupe,  depuis  de  longues  années,  la  chaire  de 
chimie  à  la  faculté  des  sciences  de  Bordeaux.  Il 
a  publié  en  1869,  chez  Gounouiiliou  (Bordeaux), 
un  résumé  substantiel  de  ses  Travaux  et  Pu- 
blications, formant  une  brochure  in-4''  de  86-X 
pages. 

D'après  M.  Baudrimont,  «  le  son  n'est  pas 
«  produit  seulement  par  les  ondes  qui,  par- 
«  lies  du  corps  sonore,  vont  frapper  l'oreille,  mais 
«  par  une  réaction  de  la  sphère  sonore  sur  elle- 
K  même,  avant  qu'elle  atteigne  cet  organe.  » 

Les  ouvrages  sur  la  musique  de  M.  Baudri- 
mont sont  les  suivants  :  1*  Lois  générales  de 
Y  acoustique,  analyse  et  discussion  des  princi- 
paux phénomènes  physiologiques  qui  s'y  rappor- 
tent, in- 4°,  Paris,  Paul  Renouard,  128  pages 
(sans  date).  —  1°  Observations  sur  la  produc- 
tion du  son,  dans  les  comptes-rendus  de  V Aca- 
démie des  sciences,  tome  XXXIII,  pages  428  et 
suivantes.  —  3°  Conférence  sur  la  théorie  de  la 
musique,  faite  à  la  faculté  des  sciences  de  Bor- 
deaux le  16  mars  1869,  un  volume  grand  În-S", 
de  100  pages,  avec  planches  et  tableaux. 

A.  L-jy. 

*  BAUDRON  (Antoine-Laurent).  Parmi 
les  ouvrages  pour  lesquels  cet  artiste  écrivit  de 
la  musique,  il  faut  citer  le  Roi  de  Cocagne, 
comédie  de  Legrand,  pour  laquelle  il  composa  un 
divertissement  (19  février  1781),  et  Pijrame  et 
Thisbé,  scène  lyrique  dont  les  paroles  avaient 
pour  auteur  le  célèbre  comédien  Larive  (2  juin 
1783). 

B.\Ul\IAiVN  (Louis),  violoniste,  né  à  Lille 


BAUMANN  —  BAY  (DE) 


57 


en  1789,  fut  d'abord  soldat,  et,  après  avoir  ob- 
tenu son  congé,  entra  en  1815  au  Conservatoire, 
dans  ia  classe  de  Baillot.  Après  avoir  obtenu  un 
premier  prix  en  1818,  il  alla  se  fixer  à  Lyon  et 
s'y  livra  à  l'enseignement,  maintenant  intactes 
et  pures  les  belles  traditions  qu'il  tenait  de  son 
illustre  maître.  Baumann  ne  quitta  plus  Lyon 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  au  mois  de  mai  1861. 
Cet  artiste  a  écrit  un  concerto  de  violon  dédié 
à  Baillot,  et  un  recueil  d'études  remarquables. 

BAUMAI\I\  (Joseph),  flûtiste  fameux,  na- 
quit àCarlsruhe  le  16  décembre  1799.  Il  a  écrit 
pour  son  instrument  des  compositions  esti- 
mées. 

Y. 

BAUMAIVIX  (Emmanuel),  pianiste  et  com- 
positeur français,  né  vers  1825,  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'un  certain  nombre 
d'agréables  morceaux  de  genre  pour  le  piano. 
Cet  artiste  a  fait  jouer  en  [1874,  à  l'Alcazar  de 
Marseille,  une  opéiclte  en  un  acte  intitulée 
Clairette  Angot  en  Turquie. 

BAUMER  (Erdmanw),  corniste  de  talent, 
naquit  à  Cassel  en  1734,  et  mourut  en  1796. 

Y. 

BAUMER  (Frédéric),  compositeur  de  mu- 
sique de  piano  et  de  musique  de  danse,  frère  du 
précédent;  né  à  Cassel  en  1736,  mourut  en 
1802. 

Y, 

BAU\IFELDER(FRÉnÉuic-AuGusTE-GuiL- 
lauhe),  compositeur  de  musique ,  est  né  le  28 
mai  1836  à  Dresde.  Il  a  composé  tour  à  tour 
des  pièces  faciles  et  de  la  musiiiue  sérieuse  :  sym- 
phonies, ouvertures  et  concertos.  Ce  jeune  mu- 
sicien cherclie  encore  sa  voie. 

Y. 

BAUMGART  (Ernest  rRÉDÉRic),  profes- 
seur d'orgue  et  de  théorie  de  la  musique  à 
l'Institut  musical  de  Breslau,  est  né  vei«  1800. 
Il  s'est  fait  connaître  par  une  édition  des  œuvres 
de  clavecin  de  Philippe-Emmanuel  Bach. 

Y. 

*  BAUMGARTNER  (Guillaume),  direc- 
teur de  musique  à  Saint-Gall,  est  mort  à  Zurich, 
au  mois;  de  mars  1867,  âgé  de  quarante-sept 
ans. 

BAUR  ( ),  compositeur,  né  à  Parme,  a 

fait  ses  études  musicales  à  Milan,  devint  ensuite 
chef  de  musique  du  régiment  des  hussards  de 
Plaisance,  et  commença  à  se  faire  connaître  par 
de  jolis  airs  de  danse.  Il  a  donné  à  Parme,  sans 
succès,  un  premier  opéra  don!  j'ignore  le  titre,  et 
a  l'ail  représenter  ensuite  à  Milan,  en  1857,  un 
second  ouvrage,  mtitulé  le  Due  Fidanzate,  qui 
fut  mieux  accueilli,  et  dont  l'éditeur  Canti  pu- 


blia quelques  morceaux  détachés  avec  accom- 
pagnement de  piano.  M.  Baur  est  surfout  con- 
sidéré, dans  sa  patrie,  comme  un  compositeur  de 
ballabile  fort  distingué. 

BAUWlilIVS  (Jacques),  musicien  belge,  né 
à  Bruges  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
Jacques  de  cette  ville,  et  a  composé  un  grand 
nombre  de  messes  et  de  motets  qui,  dit-on,  ne 
sont  pas  sans  valeur. 

BAUX  (Léon)  est  auteur  de]  l'écrit  suivant  : 
A  la  Musique,  poëme,  par  Léon  Baux,  deChar- 
leville  (Charleville,  l'auteur,  1854,  in-32). 

BAVIIM  (Claude),  musicien  distingué  et 
compositeur  de  musique  religieuse,  fut  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Rouen  de  1598  à 
IGOl. 

*  BAWR(Alexandrine-Sophie  GOURY  DE 
CHAMPGRAND,  comtesse  DE),  fille  dumarquis 
de  Champgrand  et  d'une  actrice  de  l'Opéra,  na- 
quit, à  Paris  le  8  octobre  1773,  et  mourut  en  celte 
ville  le  31  décembre  1860,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-sept  ans.  Cette  femme  intelligente,  dont 
les  aptitudes  artistiques  étaient  remarquables, 
surtout  par  leur  diversité,  avait  reçu  dans  sa 
jeunesse  des  leçons  de  composition  de  Grétry, 
en  même  temps  qu'elle  travaillait  le  chant  avec 
Boieldieu,  EUeviou  et  Garât.  Elle  écrivit  à  celte 
époque  un  certain  nombre  de  romances,  aux- 
quelles ce  dernier  donna  une  grande  vogue  en  les 
chantant  dans  les  salons  fameux  sous  le  consu- 
lat. Dans  un  livre  publié  par  elle  :  Mes  Souve- 
nirs (Paris,  Passard,  1823,  in- 12),  on  trouve 
quelques  détails  utiles  sur  Grétry  et  plu- 
sieurs autres  artistes.  On  ignore  assez  générale- 
ment que  cette  femme  intéressante,  avant  de 
devenir  M™'  de  Bawr,  avait  épousé  le  comte  de 
St-Simon,  le  fondateur  de  la  secte  saint-simo- 
nienne,  de  qui  elle  s'était  ensuite  séparée  par  le 
divorce.  Elle  a  été  l'objet  de  la  notice  suivante, 
pleine  de  renseignements  précis  à  son  sujet  : 
Madame  de  baior,  élude  biographique  sur  sa 
vie  et  ses  ouvrages,  par  M""  l'Ilise  Gagne  (Élise 
Moreau),  Paris,  Didier,  1861,  ùi-12  de  66  pages. 

BAY  (l'abbé  DE),  musicien  du  dix-huitième 
siècle,  était  maître  de  chapelle  de  l'église  métro- 
politaine de  Cambrai,  et  se  fit  une  certaine  ré- 
putation comme  compositeur  de  musique  reli- 
gieuse. Les  événements  révolutionnaires  obligè- 
rent-cet  artiste  à  quitter  Cambrai,  et  à  se  ré- 
fugier dans  un  couvent  de  Paderborn  (Bas- 
Rhin).  C'est  là  qu'il  fit  des  recherches  sur  les  lois 
de  l'harmonie,  et  qu'il  établit  une  théorie  basée 
sur  les  faits  que  lui  avaient  livrés  ces  recherches. 
M.  Brun-Lavainne,  apparenté  à  l'abbé  de  Bay,  a 
publié  en  1844,  dans  la  France  musicale^  une 


58 


BAY  (DE)  —  BAZZINI 


étude  détaillée  de  la  théorie  musicale  de  celui-ci. 
BAZILLE  (Augustr-Ernest),  organiste  et 
compositeur,  né  à  Paris  le  27  mai  1828,  a  fait 
son  éducation  musicale  au  Conservatoire  de  cette 
ville,  où  il  fut  admis  dès  ses  plus  jeunes  an- 
nées, et-  où  il  remporta  les  récompenses  suivan- 
tes ;  en  1840,  le  second  prix  de  solfège  ;  en 
1841,  le  premier  prix;  en  1842,  un  accessit  d'har- 
irionie  et  accompagnement;  en  1843,  le  second 
prix  ;  en  1845 ,  le  premier  prix,  avec  un  second 
prix  d'orgue  ;  en  1846,  le  premier  prix  de  fugue  ; 
en  1847,  le  premier  prix  d'orgue.  Ayant  pris 
part,  en  1848,  au  concours  de  l'Institut,  il  obtint 
le  premier  second  grand  prix  de  composition  mu- 
sicale. Peu  de  temps  après  il  entrait  à  l'Opéra- 
Comique  en  qualité  d'accompagnateur  ;  il  remplit 
aujourd'hui  les  fonctions  de  premier  chef  du 
chant  à  ce  théâtre,  en  même  temps  qu'il  est  or- 
ganiste du  grand  orgue  à  l'église  Sainte-Élisa- 
belh.  M,  Bazille  a  écrit  naguère  un  certain 
nombre  de  couplets  pour  les  scènes  de  vaude- 
ville, et  il  a  publié  quelques  mélodies  vocales. 
On  lui  doit  la  réduction  au  piano  d'un  grand 
nombre  de  partitions.  Enfin,  cet  artiste  distingué 
a  eu  une  part,  avec  Clapisson,  MM.  Gautier, 
Gevaert,  Jonas,  Mangeant  et  Poise,  dans  la  mu- 
sique de  la  Poularde  de  Caux,  opérette  en  un 
acte  représentée  au  théâtre  du  Palais-Royal. 

*  BAZI^J  (François-Emmanuel- Joseph).  Le 
répertoire  dramatique  de  ce  compositeur  se 
complète  par  les  deux  ouvrages  suivants  :  1°  le 
Voyage  enC/i2»e,opéra-comiqueen  trois  actes  re- 
présenté à  rOpéra-Comique  le  9  décembre  1865  ; 
2°  VOws  et  le  Pacha,  ancien  vaudeville  de 
Scribe  [arrangé  en  opéra-comique  et  représenté 
îu  même  théâtre  vers  1869.  M.  Bazin,  qui  a 
écrit  de)  nombreux  chœurs  orphéoniques ,  est 
jussi  l'auteur  d'une  opérette  non  représentée, 
Marianne,  qui  a  été  publiée  dans  le  journal  le 
Magasin  des  Demoiselles.  —  Lorsque  M.  Am- 
broise  Thomas  eut  été  nommé  directeur  du  Con- 
servatoire après  la  mortd'Auber  (1871),  M.  Bazin 
lui  succéda  comme  professeur  de  composition, 
et  abandonna  sa  classe  d'harmonie  et  accompa- 
gnement. Après  la  mort  de.  Carafa,  il  fut  élu 
membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  en  rem- 
placement de  cet  artiste. 

M.  Bazin  a  en  portefeuille  les  partitions  de 
3eux  opéras-comiques,  chacun  en  trois  actes, 
\m  n'ont  pas  encore  été  représentés  :  Masca- 
ille,  et  la  Belle  au  bois  dormant. 

BAZZIIVI  (Francesco  et  Natale),  musiciens 
taliens  du  dix-septième  siècle,  se  firent  remar- 
quer par  leur  triple  talent  d'organistes,  de 
chanteurs  et  de  compositeurs.  Ces  deux  frères 
étaient  nés  à  Lovere.  Natale  raoufut  à  Bergarae 


en  1639,  et  Francesco  le  15  avril  1660.  Ce  der- 
nier, dont  la  renommée  semble  avoir  été  la  plus 
brillante,  peut-être  parce  qu'il  a  vécu  plus  long- 
temps, a  été  successivement  attaché  aux  cours 
de  Modène,  de  Vienne,  de  Venise,  de  Parme  et 
de  Florence.  En  1628,  l'imprimeur  Bartolomeo 
Magni,  de  Venise,  publiait  les  œuvres  suivantes 
de  Natale  Bazzini  :  1°  Messe,  mottetii  e  diU' 
loghi  [a  cinque,  concertati  ;  2°  Libri  due  di 
mottetti  ad  una,  due,  tre  e  quaitro  voci; 
3°  Messe  e  salmi  a  tre,  concertati;  4°  Arie 
nuove,  e  diverse.  Francesco  a,  dit-on,  composé 
davantage,  mais  on  ne  connaît  aujourd'hui  de 
lui  que  les  œuvres  suivantes  :  1°  La  rappre- 
sentazione  di  S.  Orsola,  con  diversi  stru- 
inenti;  2°  Suonate  di  trb  a;  3*  Canzonette 
a  voce  sola. 

M.    Antonio   Bazzini,  l'admirable   violoniste 
dont  il  est  parlé  dans  la  notice  suivante,  descend 
directement  de  ces  deux  musiciens,  ainsi  que 
M.  Alfredo  Piatti,  le  violoncelliste  renommé. 
*  BAZZIIVI   (Antonio).  C'est  le  10  mars 
1818,  que  ce  grand  artiste  est  né  àBrescia.  S'il 
faut  en  croire  un  de  ses  biographes,  Francesco 
Regli,  il  avait  à  'peine  treize  ans  lorsqu'il  publia 
sa  première  composition,  et  à  dix-sept  ans  il  avait 
déjà  fait  exécuter  au  théâtre  de  Brescia  six  ou- 
vertures à  grand  orchestre.  A  cette  époque,  il 
était  maître  de  chapelle  de  l'église  St-Philippe, 
pour  laquelle  il  écrivit  une  messe  et  des  vêpres. 
En  1836,  il  joua  devant  Paganini,  qui,  enchanté 
de  son  talent,  le  pressa  dans  ses  bras,  et  lui  dit  : 
Voyagez  vite!  L'année  suivante,  il  se  rendit  à 
Milan,  où  il  publia  diverses  compositions  pour 
le  violon,  et  quelques  romances,  et  où  il  se  fit 
entendre  à  plusieurs  reprises  avec  un  grand  suc- 
cès; dès  ce  moment,  il  manifesta  sa   prédilec- 
tion pour  la  musique  de  chambre,  et  surfout  son 
admiration  pour  les  chefs-d'œuvre  de  Beetho- 
ven. En  1840,  son  parrain,  l'avocat  Buccelloni, 
lui  fournit  les  moyens  d'entreprendre  un  grand 
voyage  artistique,  et  M.  Bazzini  se  mit  alors  à 
parcourir  une  partie  de  l'Europe,  se  faisant  en- 
tendre successivement  à  Venise,  Trieste,  Dresde, 
Berlin,  Vienne,  Peslh,  Copenhague,  Varsovie, 
Leipzig,  etc.,  et  se  faisant  applaudir  à  la  fois 
comme  compositeur  et  comme  virtuose.  De  re- 
tour en  Italie  en  1846,  il  k  parcourut  en  entier, 
donnant  des  concerts  à  Turin,  Gênes,  Florence, 
Rome,  Naples,  Palerme,  Parme,  et  partout  ex- 
citant l'enthousiasme.  11  visita  ensuite  la  France 
et  l'Espagne,  se  rendit  à  Marseille,   Bordeaux, 
Madrid,    Séville,    Cadix,   Valence,    Barcelone, 
Malaga,  puis,  revenant  sur  ses    pas,    s'arrêta 
enfin  à  Paris. [C'était  vers  1852,  et,  outre  les  trois 
auditions  qu'il  donna  au  Xhi^âtre-Italien,  il  se  fit 


BAZZINI  —  BEAULIEU 


39 


entendre  une  vingtaine  de  fois  au  Gymnase  dra- 
matique. Toi't  jeune  artiste  alors,  je  faisais  par- 
tie de  l'orchestre  de  ce  tliéâtre,  et  je  me  rappelle 
l'impression  que  le  talent  de  M.  Bazzini  produi- 
sit sur  ma  jeune  imagination,  l'admiration  que 
faisait  naître  en  moi  ce  [style  noble  et  lier,  si 
pur  et  si  chaleureux,  cet  archet  si  solide  et  si 
varié,  ce  jeu  pathétique  et  passionné. 

M.  Bazzini  est  certainement  l'un  des  '  plus 
grands  violonistes  qu'ait  produits  l'Italie.  Pour- 
tant, depuis  plusieurs  'années,  il  semble  avoir 
voulu  modifier  sa  carrière.  J'ai  eu  le  plaisir  de 
le  rencontrer  à  Milan  en  1873,  et  j'ai  vu  qu'il  ne 
s'occupait  plus  guère  que  de  composition.  Il  ve* 
nait  d'ailleurs  d'être  nommé  professeur  de  con- 
tre-point et  de  haute  composition  au  Conserva- 
toire de  cetle  ville.  Au  reste,  et  sous  ce  rap- 
port, peu  de  musiciens  en  Italie  peuvent  lui  être 
comparés  pour  la  profondeur  et  la  pureté  du 
style.  Ses  Psaumes,  parmi  \Qsq\ie\s  la  Résurrec- 
tion du  Christ  peut  être  considérée  comme  une 
œuvre  hors  ligne,  ses  Symphonies-cantates,  ses 
ouvertures,  surtout  celle  de  Saiil  (dont  la  par- 
tition a  été  publiée  à  Florence,  par  l'éditeur 
Guidi),  le  prouvent  surabondamment,  et  cette 
dernière  œuvre ,  particulièrement,  est  pleine  de 
chaleur,  de  noblesse  et  de  passion  expansive.  Si 
l'opéra  que  M.  Bazzini  a  donné  il  y  a  quelques 
années  à  la  Scala,  Turandoû  (13  janvier  1864) , 
n'a  pas  réussi,  on  en  pourrait  conclure  seule- 
ment que  l'auteur  ne  possède  peut-être  pas  le 
véritable  sentiment  scénique  ;  ce  n'est  pas  d'ail- 
leurs sur  un  seul  essai  de  ce  genre  qu'on  peut 
juger  un  compositeur,  et  M.  Bazzini  ne  se  croit 
sans  doute  plus  assez  jeune  pour  renouveler  une 
telle  épreuve.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que,  à 
quelque  point  de  vue  qu'on  envisage  son  talent, 
M.  Bazzini  est  un  très-grand.artiste,  respectueux 
de  lui-même,  ferme  en  ses  principes,  richement 
doué  par  la  nature,  et  qui  n'a  jamais  sacrifié  (au 
mauvais  goût  et  à  la  légèreté  de  la  foule. 

Parmi  les  compositions  que  M.  Bazzini  a 
écrites  pour  son  instrument,  je  citerai  les  sui- 
vantes :  1°  Deuxième  fantaisie  sur  la  Sonnam- 
bula,  op.  26  ;  —  2"  Fantaisie  de  concert  sur  il 
Pira(a,op.  27  ;  —  3"  Le  Carillon  d'Arras,  air 
flamand  varié,  op.  36  ;  —  4°  Fantaisie  sur  la 
Straniera,  opAO  ;  — 5"  Trois  morceaux  lyriques 
{i,  Nocturne,  2.  Scherzo,  3.  Berceuse),  op.  41; 
—  6"  Concerto  militaire,  op.  42  ;  ■—  7°  Deux 
morceaux  fantastiques  (  1.  Ballade,  2.  Danse 
des  Gnomes),  op.  43;  — -  8°  Trois  morceaux  en 
forme  de  sonates  (1.  Allegro,  2.  Romance,  3. 
Finale),  op.  44.  On  doit  aussi  à  M.  Bazzini 
quelques  compositions  vocales  :  IlpoveroFan' 
ciullo*  Chi  ami  ?  Ostriche  del  fusaro,  etc. 


BAZZONI  (Je\n-Louis)  ,  compositeur  et 
professeur  italien  qui  a  longtemps  vécu  en 
France,  était  né  à  Milan  en  1816.  Il  fit  ses  études 
musicales  et  commença  sa  carrière  dans  sa  ville 
natale,  où  il  donna  d'abord,  le  24  juin  1836,  au 
théâtre  de  la  Canohbiana,  une  far  sa  intitulée 
i  Tre  Mariti,  qu'il  fil  suivre ,  le  27  juin  de 
l'année  suivante,  de  Salvator  Rosa,  opéra  sé- 
rieux représenté  au  même  théâtre  avec  un  succès 
absolument  négatif.  Quelques  années  après, 
Bazzoni  vint  s'établir  à  Paris,  où  il  se  livra  à 
l'enseignement  du  chant  et  où,  vers  1852,  il  se 
vit  chargé  des  fonctions  de  chef  du  chant  au 
Théâtre-Italien.  Il  publia  alors  un  certain  nombre 
de  mélodies  vocales,  le  Naufrage,  Seule  au 
inonde,  la  Fille  de  Vhdtesse,  le  Sommeil  de 
l'enfant,  Basquinette ,  Voici  la  neige,  V Hi- 
rondelle, quelques  morceaux  de  genre  pour  le 
piano  :  Rimprovero,  romance  sans  paroles ,  la 
Farfalla,  valse  poétique,  Lagrima  d'addio, 
rêverie,  et  une  série  de  six  duos  italiens  pour 
chant  :  le  Zingare,  la  Sera,  il  Brindisi,  la 
Costanza,  la  Pietà,  la  Fuga  délia  Schiava. 
Vers  1858,  Bazzoni  fit  représenter  au  petit  théâ- 
tre des  Folies-Nouvelles  une  opérette  en  un  acte, 
le  Quart-d'' heure  de  Rabelais,  dont  la  musique 
était  loin  d'être  bonne  ;  quelques]  années  après, 
il  retournait  en  Italie,  et  faisait  jouer  sur  le 
théâtre  Regio,  de  Turin,  un  opéra  sérieux  en  4 
actes,  il  Rinnegato  Fiorentino,  dont  la  chute 
fut  lamentable  et  qui  n'eut  qu'une  seule  repré- 
sentation. Cet  artiste  infortuné  revint  alors  à 
Paris,  où  il  mourut,  au  mois  de  septembre  1871, 
dans  une  situation  misérable. 

BEAUGOIS  ( )  est  auteur  d'une  Nou- 
velle Méthode  de  plain-chant,  de  musique  et 
de  serpent  (Amiens,  1827,  in-8°). 

*  BEAULIEU  (Marie-Désiré-Martin),  Cet 
artiste  distingué,  dont  le  cœur,  comme  l'esprit) 
était  ouvert  à  tous  les  grands  sentiments,  est 
mort  au  mois  de  décembre  1863.  L'Association 
musicale  de  l'Ouest,  fondée  par  Beaulieu  dans 
le  'but  de  propager  dans  cette  région  de  la 
France,  à  l'aide  de  belles  exécutions,  le  goût  de 
la  grande  musique  classique,  a  été  créée  par  lui 
dans  ,des  conditions  qu'il  a  fait  connaître  lui- 
même  par  une  lettre  adressée  à  son  ami  Ha- 
lévy.  Possesseur  d'une  soixantaine  de  lettres 
originales  du  Poussin,  de  son  testament  et  de 
nombreuses  notes  autographes  sur  les  missions 
dont  le  grand  artiste  avait  été  chargé  pendant 
son  séjour  en  Italie  par  l'intendance  générale  des 
beaux-arts  en  France,  Beaulieu  avait  cru  devoir 
céder  ces  idocuments  précieux  à  la  Bibliothèque 
impériale  (vers  1859),  moyennant  une  somme 
de  5,000  francs,  q^\  était  loin  de  représenter 


60 


BEAULIEU  —  BEAUMARCHAIS 


leur  valeur;  mais  il  ne  voulut  même  pas  profiter 
personnellement  de  cette  somme  ni  en  grossir 
son  héritage,  et  il  résolut  d'en  tirer  parti,  d'une 
façon  fort  intelligente,  pour  le  bien  de  l'art, 
et  d'en  faire  le  point  de  départ  delà  fondation  qu'il 
rêvait.  «Mes  revenus  ordinaires,  disait-il  dans  sa 
lettre,  ne  me  permettant  pas  de  donner  suite  à 
ma  pensée,  je  me  suis  décidé,  non  sans  quelque 
peine,  à  vendre  ma  portion  du  bien  que  m'a 
laissé  mon  père,  et,  au  moyen  du  capital  que  j'ai 
retiré  de  cette  vente,  je  puis,  dès  à  présent,  es- 
sayer,  étudier,  réaliser  même,  au   moins    en 

partie,  mon  projet Je  ferai  tous  les  frais  de 

ces  séances,  et  le  produit  se  partagera  en  deux 
parts  égales,  dont  l'une  entrera  dans  la  caisse 
de  l'Association  des  artistes  musiciens,  et  l'autre 
viendra  s'ajouter  au  capital  que  je  destine  dès 
aujourd'hui  à  continuer  après  moi  mon  entre- 
prise. Ce  capital  est  de  100,000  francs.  De  mon 
vivant,  je  dois  nécessairement  prélever  sur  les 
intérêts  de  cette  somme  l'équivalent  de  ce  que 
j'ai  de  moins  en  revenu  territorial,  mais  le  sur- 
plus est,  je  crois,  très-suffisant  pour  commen- 
cer.... » 

Beaulieu  commença,  en  effet,  dès  1860,  et 
Dientôt  l'Association  musicale  de  l'Ouest  d'une 
part,  et,  de  l'autre,  la  Société  de  chant  classique 
à  Paris,  toutes  deux  fondées  par  lui,  fonctionnè- 
rent régulièrement.  A  sa  mort,  la  somme  de 
100,000  francs  annoncée  par  lui  fut  léguée  à 
lette  double  fondation,  et  son  testament  portait 
que  le  produit  des  concerts  donnés  à  Paris  se- 
rait partagé  entre  l'Association  des  artistes  mu- 
siciens et  la  Société  de  chant  classique.  Ce  sont 
les  conditions  de  cette  création  à  la  fois  artis- 
tique et  bienfaisante  qui  me  faisaient  dire  que 
le  cœur,  comme  l'esprit  de  Beaulieu,, était  ouvert 
à  tous  les  grands  sentbnents. 

Aux  écrits  sur  la  musique  publiés  par  Beau- 
lieu,  il  faut  ajouter  les  deux  suivants  :  1"  Mé- 
moire sur  quelques  airs  nationaux  qui  sont 
ians  la  tonalité  grégorienne  (Niort,  impr. 
Favre,  1858,  in-S")  ;  2°  Mémoire  sur  Vorigine 
de  la  musique  (Paris,  1859,  in- 8°  de  27  pp.). 
On  a  publié  à  Niort  (1865,  in-8°)  -Notices  sur 
Dés.-Marlin  Beaulieu  et  Pierre-Th.  Segré- 
iain. 

BEAUMARCHAIS  (Pierre-Augustin  CA- 
RON  DE),  né  à  Paris  le  24  janvier  1732,  fut  cé- 
lèbre à  divers  titres,  mais  surtout  pour  les  deux 
chefs-d'œuvre  qu'il  donna  à  la  scène  française, 
le  Barbier  de  Sécille  et  7e  Mariage  de  Fi- 
garo, qui  plus  tard  enrichirent  la  scène  lyrique, 
grâce  au  génie  de  Mozart  et  à  celui  de  Rossini.  Il 
n'est  mentionné  ici  que  pour  la  partie  de  ses 
travaux  qui  se  rapporte  à  la  musique,  car  la 


vaste  intelligence  de  cet  homme  remarquable  lu 
permit  de  s'occuper  des  choses  les  plus  diverses. 
«  Il  fit  d'excellentes  études  (dit  l'auteur  de  la  no- 
tice qui  lui  est  consacrée  dans  la  Biographie 
universelle  et  portative  des  Contemporains), 
se  livra  à  la  littérature  et  aux  mathématiques, 
et  fit  de  rapides  progrès  dans  les  sciences  méca- 
niques. L'horlogerie  lui  doit  l'invention  d'un 
nouvel  échappement  approuvé  par  l'Académie  des 
sciences.  Malgré  ce  succès,  il  quitta  l'état  de  son 
père,  et  se  livra  à  l'étude  de  la  musique,  pour 
laquelle  il  était  passionné  ;  des  compositions  gra- 
cieuses, et  un  talent  supérieur  sur  la  guitare  et 
sur  la  harpe,  dont  il  avait  perfectionné  le  méca- 
nisme, fixèrent  l'attention  sur  lui  ;  les  filles  de 
Louis  XV  devinrent  ses  écolières,  et  l'admirent 
dans  leur  société  intime ,  dont  son  esprit  le 
rendait  aussi  digne  que  ses  talents...  « 

Beaumarchais  était  en  effet  un  excellent  mu- 
sicien, ne  se  bornant  pas  à  être  un  virtuose  sur 
la  harpe,  mais  s'occupant  aussi  de  composition. 
Il  a  écrit,  on  le  sait,  les  paroles  et  la  musique 
d'un  assez  grand  nombre  de  chansons  et  de  ro- 
mances; dans  un  voyage  que  M.  Edouard  Four- 
nier  fit  à  Londres  vers  1862,  cet  écrivain  fut 
assez  heureux  pour  acquérir,  au  compte  de  la 
Comédie-Française,  sept  volumes  de  manuscrits 
inédits  de  Beaumarchais,  parmi  lesquels  se 
trouve  un  volume  de  chansons,  ^paroles  et  mu- 
sique. Cette  précieuse  collection  fait  partie  au- 
jourd'hui des  archives  de  notre  grande  scène  lit- 
téraire. 

Une  fois  au  moins,  dans  ses  écrits,  Beaumar- 
chais s'est  occupé  directement  de  musique.':  c'est 
dans  la  préface  de  l'opéra  de  Tarare,  représenté 
en  1787,  et  dont  il  avait  construit  le  poème  pour 
Salieri.  Cette  préface,  qui  ne  compte  pas  moins 
de  26  pages,  et  qui  porte  pour  titre  :  Aux  abon- 
nés de  VOpéra  qui  voudraient  aimer  l'opéra, 
est  une  sorte  de  poétique  du  drame  lyrique,  tel 
que  le  concevait  et  l'aurait  voulu  Beaumarchais. 
Elle  est  un  peu  équivoque,  un  peu  incohérente, 
mais  elle  peut,  au  fond,  se  résumer  dans  ces  quel- 
ques lignes  que  Beaumarchais  écrivait  lui-même 
dans  la  préface  du  Barbier  de  Séville  :  «  Moi,  qui 
ai  toujours  chéri  la  musique,  sans  inconstance,  et 
même  sans  infidélité,  souvent  aux  pièces  qui 
m'attachent  le  plus  je  me  surprends  à  pousser 
de  l'épaule,  à  dire  tout  bas  avec  humeur  :  Va 
donc,  musique!  Pourquoi  tant  répéter  ?  N'es- 
tu  pas  assez  lente?  Au  lieu  de  narrer  vive- 
ment, tu  rabâches  :  au  lieu  de  peindre  la 
passion,  tu  t'accroches  oiseusement  aux 
mots  !  »  Il  y  a  dans  ces  réflexions,  relatives  au 
style  musical  alors  en  faveur 'pour  l'opéra,  un 
fonds  véritable  de  justesse. 


BEAUMARCHAIS  —  BEAUVOIR 


61 


Beaumarchais  l^mourut  subitement,  le  19  mai 
1799.  On  dianta  pendant  longtemps  à  Paris  une 
de  ses  cliansons  :  Cœurs  sensibles,  cœurs  fi- 
dèles, dont  l'air  était,  dit-on,  charmant.  Choron 
et  Fayolle,  dans  leur  Dictionnaire  historique 
des  Musiciens,  disent  que  la  musique  de  Beau- 
marchais valait  mieux  que  ses  vers. 

*  BEAUMESNIL  (Henriette-Adélaïde- 
VILLARD  DE).  Cette  artiste,  plusieurs  années 
après  qu'elle  eut  pris  sa  retraite  à  l'Opéra,  écri- 
vit la  musique  d'uà  opéra-comique  en  2  actes  : 
Plaire,  c'est  commander,  qui  fut  représenté  au 
théâtre  Montansier  le  12  mai  1792. 

BEAUMOIXT  {......),  compositeur  aujour- 
d'hui inconnu,  qui  vivait  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle,  a  fourni  au  recueil  de  chan- 
sons françaises  à  quatre  parties  publié  vers  1530 
par  l'imprimeur  Pierre  Attaignant,  la  musique  de 
la  chanson  :  Ma  povre  bourse., 

BEAUPUIS  (GiusEppE  DE),  compositeur 
italien,  dont  le  nom  trahit  une  origine  française, 
est  né  à  Napies  le  5  mars  ,1820.  Dès  sa  plus 
tendre  jeunesse  il  s'appliqua  à  l'étude  du  violon, 
et  il  avait  à  peine  17  ans  lorsqu'il  fut  chargé  des 
fonctions  de  chef  d'orchestre  au  petit  théâtre  de 
la Fenice,  fonctions  qu'il  remplit  ensuite  à  Bari, 
à  Lecce,  et  dans  diverses  autres  villes.  C'est  dans 
ces  commencements  de  sa  carrière  qu'il  écrivit 
et  fit  représenter  quelques  opérettes  bouffes  : 
i  Due  Pedanti  (Caserta),  Monsieur  des  Cha- 
lumeaux (Trani),  Miss  Baba  (Napies,  th.  de 
la  Fenice),  et  qu'il  composa  aussi  de  nombreux 
morceaux  [pour  musique  militaire.  De  retour  à 
Napies,  il  entra  comme  violoniste  à  l'orchestre 
du  théâtre  San-Carlo,  mais  en  sortit  bientôt, 
après  avoir  vainement  essayé  de  se  produire 
comme  compositeur  de  ballets.  C'est  alors, 
qu'ayant  fait  exécuter  dans  un  couvent  une 
messe  de  Gloria,  il  devint  maître  de  chapelle  de 
diverses  maisons  religieuses,  et  écrivit  un  grand 
nombre  de  compositions  de  musique  sacrée, 
consistant  en  messes,  motets,  vêpres,  etc. 
Aujourd'hui,  et  depuis  [dix  ans  environ,  M.  de 
Beaupuis  a  tourné  presque  exclusivement  ses  ef- 
forts du  côté  de  l'enseignement.  Cet  artiste  a 
publié  dans  la  Gazzetta  musicale  de  Napies  un 
Mémoire  divisé  en  29  articles,  sur  la  décadence 
des  études  musicales  au  Conservatoire  de  cette 
ville;  iil  a  donné  au  journal  Napoli  musicale 
(1871)  plusieurs  articles  destinés  à  soutenir  la 
candidature  de  M.  Lauro  Rossi  à  la  direction  de 
ce  Conservatoire,  et  il  a  été  collaborateur  d'une 
autre  feuille,  VArtista. 

BEAUQUIER  (Charles),  écrivain  français, 
né  vers  1830,  s'occupa  d'abord  de  politique  et 
prit  part  à  la  rédaction  de  plusieurs  journau^: 


de  Paris  ou  de  la  province.  Plus  tard,  et  un 
gofit  prononcé  le  portant  à  s'occuper  des  choses 
de  la  musique,  il  prit,  comme  on  dit,  le  taureau 
par  les  cornes,  et,  pour  son  coup  d'essai  en  ces 
matières,  écrivit  et  publia  une  Philosophie  de 
la  musique  (Paris,  Germer-Baillière,  1855, 
in-12)  (1).  Je  ne  voudrais  pas  assurer  que  ce 
titre  ne  soit  un  peu  ambitieux,  et  que  nous  pos- 
sédons aujourd'hui  une  véritable  philosophie  de 
la  musique  ;  un  tel  livre  m'a  toujours  semblé 
terriblement  difficile  à  faire,  et  il  me  paraît  que 
pour  le  mener  à  bien  il  est  besoin  de  connaissances 
musicales  plus  étendues  que  celles  que  possède 
M.  Beauquier,  connaissances  qui  donnent  en 
plus  d'un  endroit  prise  à  la  critique.  Toutefois 
ce  livre,  écrit  avec  soin  par  un  homme  intelli- 
gent, qui  sait  ce  qu'il  veut  dire  et  qui  trouve 
l'expression  juste,  est  un  essai  qui  n'est  point 
sans  mérite.  Peu  de  temps  après  sa  publication, 
l'auteur  devint  l'un  des  collaborateurs  de  la 
Bévue  et  Gazette  musicale  de  Paris.  En  1870, 
après  la  chute  de  l'empire,  !M.  Beauquier  fut 
nommé  sous-préfet  dans  un  de  nos  départements 
de  l'Est.  Il  ne  conserva  que  peu  de  temps  cette 
situation,  et  a  repris,  depuis,  ses  travaux  litté- 
raires.' 

C'est  [M.  Beauquier  qui  a  écrit  le  livret  de 
Fiesque,  opéra  de  M.  Edouard  Lalo  (V.  ce 
nom)  qui  a  obtenu  une  mention  très-honorable 
au  concours  ouvert  au  Théâtre- Lyrique  en  1867. 

*  BEAÏJVAllLET- CHARPENTIER 
(Jacques-Marie).  Cet  artiste  a  publié  un  petit 
recueil  de  chansons  et  romances  sans  aciîompa- 
gnement,  comme  il  s'en  faisait  tant  alors,  ainsi 
intitulé  :  le  Troubadour,  ou  les  Étrennesd'Ê- 
rato,  avec  la  musique  des  airs  nouveaux,  choisis 
ou  composés  par  M.  Beauvarlet-Charpentier 
(Paris,  librairie  économique,  1806,  in- 18).  Ce 
recueil  contenait  en  effet  beaucoup  d'airs  écrits 
par  lui-même  ;  j'ignore  s'il  en  a  continué  la 
publication  pendant  plusieurs  années. 

BEAUVOIR  (ÉDouARD-RoGER  DE  BULLY, 
dit  ROGER  DE),  écrivain  français,  né  à  Paris 
le  28  novembre  1809,  mourut  en  1866.  Parmi  ses 
nombreux  écrits,  nous  avons  à  signaler  les  deux 
suivants  :  1°  l'Opéra  (Paris,  Havard,  1854, 
in-18),  petit  volume  compris  dans  une  publica- 
tion qui  portait  pour  titre  général  :  Paris  his- 
torique, pittoresque  et  anecdotique  ;  2°  le  Che- 
valier de  St-Georges  (Paris,  1840,  4  vol.), 
roman  d'imagination  dont  le  héros  est  ce  fa- 
meux mulâtre  si  j-echerché  à  Paris  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  et  qui  se  fit  remarquer 


(1)  Le  titre  du   volume  porte  ia    U«te  de  1865,  et  la 
couverture  celle  de  1866, 


62 


BEAUVOIR  ^  BECKER 


comme  violoniste  et  compositeur.  Roger  de 
Beauvoir  a  tiré  de  ce  roman  une  pièce  qu'il  fit 
représenter  sous  le  même  titre  et  qu'il  avait 
écrite  en  société  avec  Mélesville. 

BEAUX  (J -J ),  est  auteur  d'un  écrit 

publié  sur  ce  sujet  singulier  :  De  l'influence  de 
la  magnétisation  sur  le  développement  de  la 
voix  et  du  goût  en  musique  (Paris,  1855, 
in-l2).î 

BÈCHEFORT  ou  BOUCHEFORT  ( ), 

musicien  aujourd'hui  inconnu,  qui  vivait  au 
commencement  du  seizième  siècle,  a  écrit  la 
musique  de  plusieurs  des  chansons  à  quatre 
parties  contenues  dans  le  fameux  recueil  de 
Pierre  Attaignant  (V.  ce  nom  dans  la  Biogra- 
phie), publié  vers  1530.  Son  nom  ee  trouve 
ainsi  écrit,  de  deux  manières,  dans  ce  recueil, 
auquel  il  a  fourni  la  musique  des  chansons  sui- 
vantes :  J'ay  souhaité  depuis  trois  mois,  Ta 
grand'  beauté  a  tant,  Tous  compaignons  qui 
buvez,  Tant  que  vivray  en  âge,  Trop  de  re- 
grets pour  voîis.  Trop  longuement  avez  terni, 
Trop  se  fier  aux  promesses. 

J.-B.  W. 

BÉCHEM  (Charles).  Un  écrivain  de  ce 
nom  a  donné  à  la  seconde  édition  du  Diction- 
naire de  la  Conversation  et  de  la  Lecture  un 
certain  nombre  d'articles  sur  la  musique. 

BECUEH  (Joseph),  compositeur,  est  né  le 
1*'  août  1821  à  Neukirchen,  en  Bavière.  Il  a 
écrit  beaucoup  de  musique  religieuse  :  12  messes 
solennelles  et  50  petites  messes,  24  grandes  et 
13  petites  litanies,  23  Requiem,  8  vêpres,  100 
graduels  et  offertoires,  sans  compter  plusieurs 
Te  Deum,  hjmnes,  motets,  etc. 

Y. 

BECHSTEIN  (Frédéric.Guillatjme-Char- 
LEs),  né  à  Gotha  le  I"  juin  1826,  est  le  fonda- 
teur de  la  grande  fabrique  de  pianos  de  Berlin 
qui  porte  son  nom.  Après  avoir  passé  comme 
ouvrier  dans  les  principales  fabriques  de  l'Alle- 
magne, il  alla  travailler  à  Londres  et  à  Paris 
dans  les  ateliers  de  Pape  et  de  Kriegelstein,  Sa 
maison  eut  les  origines  les  plus  modestes.  En 
1850,  il  ouvrit  ses  ateliers  avec  une  douzaine 
d'ouvriers  ;  cinq  ans  plus  tard,  il  en  employait 
déjà  plus  de  200.  Les  pianos  de  Bechstein,  pa- 
tronnés par  Hans  de  Bûiow,  Liszt,  Tausig  et 
Dreyschock,  ont  figuré  avec  honneur  aux  expo- 
sitions universelles  de  Londres  et  de  Paris,; 

Y. 
BECK  (Jean-NéI'Omucène),  premier  baryton 
de  l  Opéra  impérial  de  Vienne,  est  né  à  Pesth  le 
5  mai  1828.  C'est  un  artiste  doué  d'une  voix 
puissante  et  duo  remarquable  talent  de  comé- 
dien, ^y. 


BECKER  (Jêân-Tobias),  compositeur  de 
musique  d'église,  né  à  Grulich,  en  Bohême,  l'an 
1G99  ou  l'an  1700,  est  mort  à  Leldsberg,  dans 
la  basse  Autriche,  le  5  juillet  1779. 

Y. 

BECKER  (Vincent-Ernest),  né  en  1833  à 
Wurzbourg,  où  il  est  regens  chori,  a  composé 
des  lieder  et  des  chœurs  pour  voix  d'hommes, 
devenus  populaires. 

Y. 

BECKER  (Jean),  violoniste  fort  distingué  et 
brillant  surtout  dans  l'exécution  de  la  musique 
de  chambre,  est  né  à  Manheim  le  11  mai  1836. 
Il  ùl  son  éducation  musicale  en  cette  ville,  et 
devint  violon  solo  au  théâtre.  Après  avoir  fait 
ensuite  un  séjour  de  deux  années  à  Paris,  sans, 
je  crois,  s'y  faire  entendre,  il  se  rendit  à  Lon- 
dres, oii  il  se  produisit  avec  un  grand  succès 
dans  les  séances  de  l'Union  mtisicale  dirigée 
par  M.  John  Ella  (1860;.  Il  retourna  ensuite 
dans  sa  patrie,  et  y  commença  sa  réputation  en 
se  présentant  fréquemment  dans  les  concerts, 
après  quoi  il  revint  en  France  et  demanda  à  Paris 
la  consécration  de  sa  jeune  renommée.  Les  suc- 
cès qu'il. y  obtint  furent  très-grands,  et  le  public 
parisien,  toujours  enthousiaste  lorsqu'il  se  sent 
en  présence  d'une  grande  individualité,  ne  mar- 
chanda ni  ses  éloges  ni  ses  bravos  à  un  artisie 
d'un  talent  vraiment  exceptionnel ,  chez  lequel 
une  imagination  poétique  autant  que  passionnée 
et  une   inspiration   incontestable    venaient    se 
joindre  à  une  instruction  vaste  et  aux  plus  nobles 
comme  aux  plus  rares  qualités  du  virtuose.  M. 
Becker  alla  s'établir  en  1865  à  Florence,  à  l'époque 
où,  grâce  à  l'initiative  intelligentelde  M,  ledocteur 
Basevi  et  aux  efforts  de  la  Società  del  Quar- 
tetto,  la  musique  de  chambre  pour  instruments 
à  cordes  prenait  en  cette  ville  une  extension 
étonnante.  M.  Becker  y  fonda  une  société  de 
quatuors  qui  se  fit  aussitôt  remarquer  par  son 
excellente  exécution,  et  dont  les  succès  furent 
tels  que,  sous  le  nom  de  Quatuor  florentin, 
cette  société  entreprit  une  série  de  voyages  artis- 
tiques  et  se  fit  entendre  dans  les    premières 
villes  de  l'Europe  au  milieu  da'pplaudissements 
unanimes. 

M.  Jean  Becker  est  non-seulement  un  vir- 
tuose de  premier  ordre,  mais  un  musicien  solide, 
dont  le  talent  s'est  nourri  et  fortifié  aux  sources 
les  plus  pures  de  l'art,  et  qui  est  l'un  des  inter- 
prètes les  plus  remarquables  des  chefs-d'œuvra 
classiques  des  grands  maîtres. 

BECKER  (George),  musicographe  suisse 
est  l'auteur  d'un  livre  publié  récemment  sous  ce 
titre  un  peu  trop  ambitieux  :  la  Musique  en 
Suisse,  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jus. 


BEGKER  —  BEETHOVEN 


63 


qu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  —  notices 
historiques,  biographiques  et  bibliographi- 
ques (Genève,  Richard,  1874,  in.l2).Une  partie 
de  ce  livre  avait  paru,  par  fragments,  dans  dif- 
férents journaux,  et  ces  fragments  ont  été  repro- 
duits tels  quels,  avec  quelques  chapitres  ajour 
tés;  c'est  ce  qui  explique  qu'il  est  conçu  sans 
plan  ni  méthode.  La  Musique  en  Suisse  n'est 
qu'une  collection  de  notices  recueillies  et  pu- 
bliées non  par  époque,  ce  qui  eût  paru  plus  lo- 
gique, mais  par  contrées  et  par  localités,  sys- 
tème hostile  à  toute  espèce  de  vues  d'ensemble. 
Encore  ces  notices  sont-elles  parfois  tellement 
incomplètes,  qu'elles  n'offrent  qu'un  bien  mé- 
diocre intérêt.  En  somme,  le  côté  utile  de  ce 
modeste  volume  peut  être  caractérisé  ainsi  :  c'est 
un  recueil  de  documents  pouvant  servir  plus 
tard  de  base  à  un  petit  Dictionnaire  biographique 
des  musiciens  suisses.  A  ce  titre,  le  travail  de 
M.  George  Becker  est  encore  digne  d'estime. 

Cet  artiste  a  publié  quelques  petits  morceaux 
de  piano,  qui  se  distinguent  par  d'aimables  qua- 
lités. 

*  BECQUIÉ  DE  PEYRE VILLE  (Jean- 
Marie),  est  mort  à  Paris,  au  mois  de  janvier 
1876.  Il  avait  été  pendant  de  longues  années  at- 
taché à  l'orchestre  du  Théâtre-Italien,  d'abord 
comme  premier  violon,  ensuite  comme  alto. 

BEER  (Jules),  dilettante  distingué,  est  le 
propre  neveu  du  grand  homme  qui  fut  Meyer- 
beer.  M.  Jules  Béer  est  un  musicien  amateur 
dont  l'ambition  vise  sans  doute  un  peu  trop 
haut,  mais  qui,  en  somme,'a  fait  de  bonnes  étu- 
des et  qui  a  presque  le  droit  d'être  considéré 
comme  un  artiste.  Il  s'était  d'abord  essayé  en 
écrivant  la  musique  de  deux  opéras-comiques 
en  un  acte,  En  état  de  siège  et  les  Roses  de 
M.  de  Malesherbes,  qu'il  avait  fait  exécuter 
chez  lui,  le  premier  en  1859,  le  second  en  1861. 
M.  Béer  voulut  alors  aborder  une  véritable 
scène,  etil  fit  représenter  au  Théâtre-Lyrique,  le 
23  avril  1862,  un  ouvrage  en  deux  actes,  inti- 
tulé la  Fille  d'Egypte,  qui  n'obtint  qu'un  médio- 
cre succès.  Au  mois  de  mars  1871,  il  donna  à 
Bruxelles,  au  théâtre  de  la  Monnaie,  un  grand 
opéra  en  quatre  actes,  Elisabeth  de  Hongrie, 
qui  fut  accueilli  avec  la  plus  complète  indiffé- 
rence. M.  Jules  Béer  a  encore  en  portefeuille  un 
grand  opéra,  qui  a  pour  titre  le  Paria,  et  qui 
n'a  pas  encore  été  représenté.  Il  a  mis  aussi  en 
musique  le  psaume  CXXXVII  de  David,  vaste 
composition  pour  soli,  chœurs  et  orchestre, 
qu'il  a  fait  exécuter  chez  lui,  le  23  janvier  1868, 
avec  M"'  Mauduit,  MM.  Caron  etWarot  pour  prin- 
ïipaux  interprètes.  Enfin,  M.  Jules  Béer  a  composé 
UD  cçrtaio  nombre  de  mélod!Q3vocaks,dont  quel- 


ques-unes ont  été  publiées  :  A  une  jeune  mère, 
la  Résurrection,  la  Chute  des  Feuilles,  le 
Chant  du  dimanche,  Ballade  orientale,  la 
Marguerite,  Gondoline,  les  Plaintes  de  la 
jeune  fille,  A  une  rose.  Prière,  etc. 

*  BEETHOVEN  (Louis  Van).  Les  livres  et 
les  écrits  relatifs  à  la  vie  et  aux  travaux  de  ce 
grand  homme  se  sont  singulièrement  multipliés 
dans  ces  dernières  années,  et  ont  fini  par  former 
comme  une  sorte  de  littérature   spéciale,  qui 
n'est  pas  sans  analogie  avec  celle  qui  s'est  pro- 
duite chez  nous  au  sujet  de  Molière.  Aux  an- 
ciennes biographies  de  Wegeler  et  Ries,  de  Schlos- 
ser,  de  Schindier  (traduite  en  anglais  par  Mos- 
cheles,  et  dont  une  2*  édition  allemande  a  été 
faite  à  Miinster  en  1845  et  une  3°  en  1860),  de 
Marx  (dont  une  2  édition  a  paru  en  18C3),  d'Où, 
libicheff,  il  faut  ajouter  les  ouvrages  suivants  ; 
1°  Biographie  de  Beethoven,  par  W.  Neumann, 
Cassel,  1834;  2°  Beethovcn's  Leben  {Vie  de  Bee- 
thoven), l"  \o\.  (ta  jeunesse  de  Beethoven), 
Vienne,  1864,  2'  \o\.  (Beethoven  à  l'âge  viril), 
Leipzig,    1867;   S*    vol.    (Beethoven    et    ses 
œuvres) ,  étude  biographique  et  bibliographique 
par  O.  Miihlbrecht,  Leipzig,  1866;  4°  Ludwirj 
van  Beethovcn's  Leben  (Vie  de   Louis  Van 
Beethoven),  par  A.-VV.  Thayer,  Berlin,  18G6, 
(ouvrage  commencé  d'une  façon  remarquable, 
qui  doit  comprendre  trois  volumes,  mais  dont  le 
premier  seul  a  paru);  5"  83  Nouvelles  Lettres 
originales  de  Beethoven  à  {l'archiduc  Rodol- 
phe, publiées  par  L.  de  Kochel,  Vienne,  1865  ; 
&"  Beethoven  et  Marie  Pachler-Koschak,  par 
le  docteur   F.   Pachler,  Berlin,    1866  ;  1°  les 
Lettres  de  Beethoven  à  la  comtesse  Marie  Er- 
dôdy  et  à  Madeleine  Brauchle,  publiées  par  le 
docteur  Alfred  Schône,   Leipzig,  1867  ;  8°  les 
Lettres  de  Beethoven  avec  quelques  composi- 
tions de  circonstance  non  imprimées,  extrai- 
tes de  son  journal  de  notes  et  de  ses  lectures, 
publiées  par  L.  NohI,  Stuttgard,  1868;  9°  Étu- 
des sur  Beethoven,  par  G.  Nottebohm,  Leipzig, 
1865;  iO"^  Louis  Van  Beethoven  comme  com- 
positeur dramatique,  par  C.-E.  Alberti,  Steftin, 
1858;  11°  les  Symphonies  de  Beethoven  et 
d'autres  maîtres  célèbres,  par  F.  deDùrenberg, 
Leipzig,  1863;  12"  les  Sonates   de  Beethoven 
expliquées,  par  E.  d'Elterlein,  2*  édition,  Leip- 
zig, 1857,  3*,  Leipzig,  1866  ;  13°  les  Symphonies 
de  Beethoven  d'après  leur  portée  idéale,  par 
le  même,  2*=  édition,  Dresde,  1858;  U°  Intro- 
duction pour  l'exécution  des  œuvres  de  piano 
de  Beethoven,  par  A.-B.  Marx,  Berlin,  1863; 
1.5°  les  Sonates  depianode  Beethoven,  ^ds  un 
impartial,  Berlin,  1863.  A  ces  divers  ouvrages, 
U  faut  ajouter  eflcçre  le  volumineux  catalogue 


64 


BEETHOVEN  —  BÉGUJN-SALOMON 


critique  de  De  Lenz  (Hambourg,  1860),  le  Cata- 
logue thématique  avec  des  observations  chro- 
nologiques et  biographiques  de  G.  Nottebohm 
(Leipzig,  1868),  et  le  Catalogue  chronologique 
dressé  par  A.-W.  Thayer  (Berlin,  1868). 

En  France  aussi,  quelques  notices  et  quelques 
traductions  de  biographies  allemandes  ont  été 
publiées  dans  ces  dernières  années.  En  voici  la 
liste  :  1"  Beethoven,  esquisse  musicale,  par  H. 
Barbedette ,  la  Rochelle,  Siret,  1859,  in  8° 
(2'=  édition  :  Beethoven,  sa  vie  et  ses  œuvres, 
Paris,  Heugel,  1870,  in-8°  avec  portrait)  ;  1"  No- 
tices biographiques  sur  L.  Van  Beethoven ,  par 
le  Dr  F. -G.  Wegeler  et  Ferdinand  Ries,  suivies 
d'un  supplément  publié  à  l'occasion  de  l'inaugu- 
ration de  la  statue  de  L.-V.  Beethoven  à  Bonn, 
sa  ville  natale,  traduites  de  l'allemand  par  A. -F. 
Legentil,  Paris,  Dentu,  1862,  in-12  ;  3°  Notice 
sur  Vorigine  du  célèbre  compositeur  Louis 
Van  Beethoven,  suivi  {sic)  du  testament  de 
l'illustre  maître,  par  Edouard-G.-J.-Gregoir, 
Anvers,  impr.  Jorssen,  1863,  in-S";  4°  Histoire 
de  la  vie  et  deV œuvre  de  Ludwig.Van  Beetho- 
ven, par  Antoine  Schindler,  traduite  par  Albert 
Sowinski,  Paris,  Garnicr,  1865,  in-8°  avec  por- 
trait; 5°  Beethoven,  sa  vie,  son  caractère,  sa 
musique,  par  Edouard  de  Pompery,  Paris,  lib. 
du  Petit-Journal,  1865,  in-12  de  50  pp.-,  6°  Sur 
le  Beethoven  de  M.  A.  de  Lemud,  par  M.  Em. 
Michel,  Metz,  Blanc,  1865,in-8°  ;  7"  Louis  Van 
Beethoven,  sa  vie  et  ses  œuvres,  d'après  les 
plus  récents  documents,  par  M"^  A.  Audley, 
Paris,  Didier,  1867,  in-12. 

*  BEFFROY  DE  REIGNY  (Louis-Aef.l), 
dit  le  Cousin- Jacques.  Au   répertoire  dramati- 
que de  cet  artiste  excentrique,  il  faut  ajouter  les 
3uvrages  suivants  :  1°  la  Fédération  du  Par- 
nasse, un  acte  (paroles  et  musique),  th.  Beaujo- 
lais, 1790;  2°  Jean-Bête,  «  comédie  en  3  actes, 
avec  ouverture  nouvelle ,  ronde  et  vaudeville  » 
(paroles  et  musique),  th.  des  Grands-Danseurs  du 
roi   (Nicolet),    1790;    3°   Louis  XII,   3   actes, 
«  mêlés  d'airs,  »  Délassements-Comiques,'  1790  ; 
4"  les  Folies   dansantes,  2  actes  (paroles  et 
musique),  Délassements-Comiques,  1790;  5°  Al- 
lons, ca  va,  on  le  Quaker  en  France,  un  acte 
(paroles  et  musique),  th.  Feydeau,  1793  ;  6°  Un 
Rien,  ou  V  Habit  de  noces,  un  acte  (id.).  Am- 
bigu, 1798  ;7°  le  Grand  Genre,  un  acte  (id.), 
Ambigu,   1799;  8°  les  Deux  Charbonniers,  2 
actes  (id.),  th.  Montansier,  1799;  9"  le  Bon- 
homme, ou  PoiUot  et  Fanchon,  un  acte  (iti.), 
th.  Montansier,  1799.  Je  ne  sais  s'il  y  avait  de  la 
tousique  dans  le  Retour  dît  Champ-de-Mars, 
divertissement  en  un  acte  du  Cousin-Jacques, 
donné  en  1790  au  théâtre  Beaujolais.  Il  a  écrit 


en  effet  plusieurs  pièces  sans  musique,  telles  que 
Démosthènes,  Emilie  ou  les  Caprices,  les  Ca- 
pucins, de  même  qu'il  lui  est  arrivé  de  faire 
les  paroles  de  deux  opéras  dont  Leinoyne  com- 
posa la  musique  :  le  Compère  Lue,  ou  les  Dan- 
gers de  l'ivrognerie,  et  Toute  la  Grèce,  ou  Ce 
que  peut  la  Liberté.  C'est  aussi  lui  qui  a  fait 
les  compliments  de  clôture  du  théâtre  Favart  en 
1787,  1788  et  1789,  ainsi  que  le  discours  d'ou- 
verture du  théâtre  Montansier.  Quant  à  ses 
écrits  en  dehors  du  théâtre,  je  ne  puis  que  ren- 
voyer à  la  très-substantielle  et  charmante  notice 
que  M.  Charles  Monselet  a  consacrée  au  Cousin- 
Jacques  dans  son  excellent  livre  :  les  Oubliés 
et  les  Dédaignés.  Cette  nolice  est  d'ailleur! 
très-utile  à  lire,  le  musicien,  dans  le  Cousin-Jac- 
ques, s'enchevêtrant  parfois  singulièrement  avec 
l'écrivain.  A  tout  prendre,  cet  artiste  présente 
une  physionomie  curieuse  et  intéressante  à  étu- 
dier. Dans  une  notice  publiée  par  moi  sur  De- 
vienne  (Paris,  1864),  j'ai  inséré  une  longue 
lettre  du  Cousin-Jacques. 

*    BEGUEZ     (PiERRE-lGN\CE),     chanteui 
belge,  fixé  à   Londres  depuis  longues  années, 
est  mort  en  cette  ville  le  13  décembre  1863, 
peu  de  jours    avant   d'accomplir  sa   soixante- 
seizième  année.  C'est  en  1815  que  cet  artiste  fut 
attaché  au  Théâtre  du  Roi.  de  cette  ville,  en  qua- 
lité de  premier  ténor.  Ses  succès  furent  considé- 
rables, non-seulement  à  ce  théâtre,  mais  aussi 
dans  les  salons  de  la   haute  aristocratie    an- 
glaise, qui  l'avait  pris  en  grande  affection,    el 
qui  ne  lui  marchandait  ni  les  applaudissements 
ni  les  guinées.  Au  bout  de  dix  années  environ, 
il    renonça  complètement  à  la  scène  pour  n€ 
plus  chanter  que  dans  les  concerts  publics  ou 
parliculiers,  qui  lui  donnaient  le  succès    et  la 
fortune.  Il  assura  d'abord    le    bonheur  de  sa 
famille,  fit  une  pension  à  ,son  vieux  père,  puis 
maria  ses  deux  sœurs  en  leur  faisant  des  dots. 
Il  s'acheta  ensuite  un  hôtel  magnifique,  et  enfin 
se  donna  le  luxe  d'un  riche  équipage.  Sa  vogue 
était  telle  qu'elle  portait  préjudice  aux   succès 
des  autres  artistes,  même   des  plus  justement 
glorieux.  On  raconte  à  ce  sujet  que  le  dernier 
concert  donné  à  Londres  (26  mai  1826)  par  We- 
ber,  alors  mourant,  n'attira  personne,  parce  que, 
ce  jour-là  même,  Begrez  chantait  chez  le  duc  de 
Saint-Albans,    et    que  toute  l'aristocratie  de  h 
grande  métropole  s'était  donné  rendez-vous  poui 
entendre  son  chanteur  favori.  Weber,  l'immorte 
auteur  d'Oberon  et  du  Freischutz,  ne  couvrit 
même  pas  ses  frais,  tandis  que  Begrez,  le  chan- 
teur à  la  mode,  fit  une  recette  de  près  de  cinq 
cents  guinées  ! 
BÉGUIN-SALOMON    (Louise-Frédéri- 


BÉGUIN  —  BELLAPART 


65 


QUE  COHEN,  dite  SALOMON,  épouse  BÉGUIN, 
connue  sous  le  nom  de  M""'),  pi.iniste  et  profes- 
seur, née  à  Marseille  le  9  août  1831,  fut  aiimise 
le  7  juillet  1843  au  Conservatoire  de  Paris,  dans 
la  classe  de  clavier  de  M"''  Jousselin,  et  passa 
ensuite  dans  la  classe  de  piano  de  M'"<^  Farrenc, 
dont  elle  est  restée  l'une  des  meilleures  élèves. 
Elle  suivait  aussi  un  cours  de  solfège,  et,  dès 
l'année  1846,  obtenait  dans  les  concours  un 
premier  prix  de  solfège  et  un  accessit  de  piano  ; 
le  second  prix  pour  cet  instrument  lui  était 
décerné  l'année  suivante,  et,  après  avoir  rem- 
porté en  1850  un  second  prix  d'harmonie  et  ac- 
compagnement, elle  se  voyait  attribuer  le  pre- 
mier en  1851.  Ses  études  terminées,  M™^  Bé- 
guin-Salomon  se  consacra  à  l'enseignement,  où 
elle  conquit  rapidement  une  notoriété  justifiée, 
tandis  qu'elle  faisait  fréquemment  apprécier 
dans  les  concerts  un  solide  talent  d'exécution, 
rendu  plus  remarquable  encore  par  ses  rares 
qualités  de  musicienne.  C'est  surtout,  en  effet, 
dans  l'interprétation  des  grandes  œuvres  clas- 
siques que  brillait  tout  à  la  fois  le  jeu  net,  élé- 
gant et  limpide  de  la  jeune  artiste,  son  style 
ferme,  sobre,  mesuré,  enfin  son  tempérament 
empreint  de  grâce  féminine  et  de  passion  ner- 
veuse. M*"*  Béguin-Salomon  devint  bientôt  une 
des  meilleures  pianistes  de  Paris,  une  des  ar- 
tistes les  plus  aimées  du  public  et  de  celles  dont 
l'autorité  s'impose  à  lattention.  Il  est  juste 
d'ajouter  que  chez  elles  les  qualités  de  l'artiste 
étaient  complètes,  en  ce  sens  qu'elle  était  tou- 
jours prête  à  mettre  son  talent  à  la  disposition 
des  jeunes  compositeurs,  et  à  les  aider  à  pro- 
duire leurs  œuvres.  Plus  d'un  lui  a  dû  ses  pre- 
miers succès,  et  j'en  sais  qui  ont  conservé  pour 
elle,  à  ce  sujet,  un  sentiment  de  véritable  re- 
connaissance. M™*  Béguin-Salomon,  dont  ;le  re- 
nom de  professeur  est  très-grand  à  Paris,  est 
elle-même  compositeur ,  et  a  publié  pour  son 
instrument  quelques  morceaux  de  genre  d'un 
sentiment  aimable  et  délicat. 

*  BEHREi\S  ou  BERENS  (Hermanj»). 
Cet  artiste,  né  en  Allemagne,  est  établi  depuis 
longues  années  à  Stockholm,  où,  en  1860,  il  a 
été  nommé  chef  d'orchestre  du  second  théâtre. 
J'ignore  quelle  est  aujourd'hui  sa  situation,  et 
je  n'ai  pu  réunir  .sur  ce  compositeur  d'autres  ren- 
seignements que  ceux  qui  se  rapportent  aux 
opéras  qu'il  a  fait  représenter  à  Stockholm,  et 
qui,  à  ma  connaissance,  sont  au  nombre  de 
quatre  :  i»  Violeda,  grand  opéra,  dont  l'effet 
fut  médiocre  et  qui  n'obtint  que  ce  qu'on  appelle 
un  succès  d'estime-,  2"  Le  Songe  d'une  iSuit 
d'été,  opéra-comique  en  2  actes,  qui  fut  accueilli 
plus  favorablement  et  qui  obtint  vingt  représen- 

BIOGR.    CNIV.    DES  MUSICIENS.    SUl'PL.    —   T. 


talions  consécutives  ;  3"  Lidly  et  Quinault, 
opéra-comique  en  2  actes ,  dont  le  succès  fut 
plus  marqué  encore,  et  dont  le  livret  était  imité 
de  celui  que  Nicolo  mit  naguère  en  musique 
sous  le  même  litre;  celui-ci  fut  représenté  au 
mois  dedécenibre  1859;  4"  i?/cc«rdo,  opéra  en 
3  actes,  représenté  au  mois  de  février  1869;  les 
paroles  de  ce  dernier,  imitées  d'un  ouvrage  de 
Scribe,  étaient  l'œuvre  d'un  chanteur  du  théâtre 
royal  de  Stockholm,  M.  Fr.  Arlberg,  qui  rem- 
plissait le  principal  rôle.  M  Behrens  a  publié 
un  certain  nombre  de  morceaux  de  genre  pour 
le  piano  ;  ces  compositions  se  montent  au  chif- 
fre de  soixante  environ  ,  dont  plusieurs  ont  été 
éditées  par  la  maison  Schott  (Mayence,  Bruxelles 
et  Londres). 

liEHREIVDT  (NicoLAï),  compositeur  da- 
nois, a  fait  représenter  sur  le  théâtre  royal  de 
Copenhague,  au  mois  de  novembre  1860,  un 
opéra  qui  avait  pour  titre  l'Épreuve  du  cœur. 
Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur  cet  ar- 
tiste. 

REHKER  (Jean-Henri),  violoniste  et  orga- 
niste néerlandais,  né  à  Windschoken,  dans  la 
province  de  Groningue,  le  5  janvier  1826,  fit  ses 
études  à  l'école  de  musique  de  La  Haye,  où  il 
reçut  des  leçons  d'orgue  de  M.  F.  Smit,  orga- 
niste de  la  cour.  Nommé  en  1847  organiste  à 
Meppel,  dans  la  province  de  Drenlhe ,  il  devint 
en  1851  maître  de  musique  de  la  ville  de  Gouda. 
Il  a  publié  plusieurs  cantates,  des  morceaux  de 
piano,  entre  autres  trois  sonatines,  un  recueil  de 
14  cliants  d'enfants,  etc.  On  connaît  aussi  de  lui 
deux  ouvertures  de  concert,  une  marche  triom- 
phale pour  orchestre,  un  hymne  à  4  voix  et  dif- 
férentes autres  compositions. 

BELARI  (Emilio),  chanteur  italien,  est  l'au- 
teur d'une  brochure  publiée  sous  ce  titre  :  La 
voix  à  tout  le  monde  (Paris,  1875).  Dans  cet 
opuscule,  l'écrivain  se  flatte  d'être  possesseur 
d'un  secret  merveilleux  pour  la  découverte  et  la 
culture  de  la  voix  chez  les  individus  qui  semblent 
le  plus  complètement  déshérilés^sous  ce  rapport. 
Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  pareille  utopie 
aura  été  mise  en  cours,  et  ce  ne  sera  vraisem- 
blablement pas  la  dernière. 

*BELCKE  (Frédéric-Auguste),  est  mort  à 
Lncka,  sa  ville  natale,  le  10  décembre  1874. 

BELLA  (Jean-Léopold),  compositeur,  est 
né  à  Saint-Nicolas,  dans  la  haute  Hongrie,  en 
1843.  Il  a  principalement  écrit  de  la  musique 
d'église,  qu'on  dit  très-remarquable.         Y. 

BELLAPART  (Francisco),  musicien  espa- 
gnol, a  fait  exécuter  le  10  avril  1868,  en  l'église 
Saint- Augustin,  de  Barcelone,  un  Stabat  Mater, 
de  sa  composition, 
f.  5 


66 


BELLASIS  —  ]3ELLL\I 


BELLASIS  (Edward),  écrivain  musical 
anglais,  est  l'auteur  d'un  ouvrage  publié  sous  ce 
titre  :  Cherubini,  memorïnls  illustrative  of 
Jiis  lifp,  Londres,   Burns  et  Oatcs,  1874,  in-8". 

BELLEIîMAMiV    (Henri),   fils  de   Jean- 
Frédéric   Bellerniann   (V.    Biographie  univer- 
selle des  Musiciens,  t.  I'""),  est  né  à  Berlin  le 
10  mars  1832.  Comme  toute  sa  famille,  il  s'est 
adonné  à  la  musique .,  et  a  spécialement  étudié 
celle  du  moyen  âge.   Depuis  1866,  il  est  profes- 
seur de  musifjueà  l'Université  de  Berlin,  où  il  a 
remplacé  A.  B.  Marx.  Il  a  publié  plusieurs  Ira- 
vaux  scientifiques,  qui  ont  paru  dans  les  Jahr- 
bûcher  fur  niusikalische    Wissenscha/l  {An- 
nuaïre  de  la  science  musicale)  de  Chrysander, 
ou  dans  \' Allgemeinen  musi kalischen  Zeilung 
(Gazelle  générale  de  la  musique  de  Leipzig).  11 
a  publié  .séparément  à  Berlin,  en  1S58  -.  Die  men 
Sîiral  Soten  und  Taclzeicfien  des  15  und  16 
Jahrhunderts  {les  signes  de  durée  et  de  me- 
sure du  quinzième  et  du  seizième  siècle).lie\\er- 
mann  a  également  publié  un  ouvrage  de  théorie 
sur  le  contre-point  «  Der  Contrapunct  »  (Berlin, 
1802)  et  écrit  plusieurs  compositions  musicales  : 
oratorios,  psaumes,  motets,  ouvertures,  etc.,  sans 
compter  les  chœurs   et  les   mélodrames  qu'il  a 
faits  pour  plusieurs  tragédies  de  So|)hocle.  —  Y. 

*  BELLI  (Jui.es).  m.  Brigidi  a  publié  sur  cet 
artiste  (Modène,  186.'i,  in-8")  une  notice  ainsi  in- 
titulée :  Cenni  sulla  vita  e  sulle  opère  di  Giu- 
lio  Belli,  Longianese,  maestro  e  scrittore  di 
musica  del  secolo  XVI. 

*  BELLIXI  (Vincent).  Nous  complétons  ici 
la  liste  des  écrits  publiés  sur  Beliini  :  1"  Osser-> 
vazionisul  merito  musicale  dei  maestri  Bel- 
Uni  e  Rossini,  in  risposta  ad  un  parallelo  tra 
mcdesinilpiibblicato  in  Palermo  (Bologna,1834, 
in-8'');2"  In  morte  di  Vincenzo  Beliini,  da 
Luigi  Scovazzo  (Napoli,  s.  d.,  in-8")  ;  3"  Dis- 
corso e  componimenti  poetici  inoccasione  del 
ritorno  in  patria  delV  esimio  maestro  di 
musica  Vincenzo  Beliini,  reàthW  neWa  gran  sala 
casa  comunale  di  Catania,  nel  18  marzo  1832 
(Catania,  1832,  in-8"}  ;  i"  Rossini  et  Beliini, 
réponse  de  M.  le  marquis  de  San-Jacinto  à  un 
écrit  publié  à  Palerme,  revue,  réimprimée  à  Bo- 
logne et  traduite  en  français  par  M.  le  Chevalier 
de  Ferrer  (Paris,  impr.  Everat,  1835,  in-8")  ; 
5  '  Vita  di  Vincenzo  Beliini,  scritta  dall'  avvo- 
cato  Filippo  Cicconetti  (Prato,  lip.  Alberghetti, 
1859,  in-12  avec  portrait)  ;  6"  Beliini,  par 
M.  Labat  (Bordeaux,  Gounouilhou,  1865,  in-8); 
T  Beliini,  sa  vie,  ses  œuvres,  par  Arthur  Pou- 
gin  (Paris,  Hachette,  1868,  in-12  avec  portrait  et 
autographes). 

On  ne  doit  pas  oublier  de  mentionner  ici  les 


cérémonies  grandioses  qui  eurent  lieu  en  1876 
pour  la  translation  des  cendres  de  Beliini  sur  la 
terre  natale  du  maître.  Beliini,  on  le  sait,  était 
mort  à  Puteaux  le  23  septembre  1835,  et  avait 
été  inhumé  à  Paris,  dans  le  cimetière  du  Père- 
Lachaise.  Le  gouvernement  italien  ayant  fait 
demander  au  gouvernement  français  la  remise 
de  ses  restes  mortels,  et  celui-ci  ayant  aussitôt 
consenti,  une  députation  de  la  Tille  de  Catane  se 
rendit  à  Paris,  où  la  cérémonie  de  l'exhumation 
eut  lieu  le  15  septembre  1876;  le  corps  fut 
immédiatement  dirigé  sur  l'Italie,  où  toutes  les 
villes  par  lesquelles  passa  le  convoi  lui  firent 
un  accueil  enthousiaste,  et  arriva  à  Catane  le 
'23  septembre,  jour  qui  était  le  quarante  et  unième 
anniversaire  de  la  mort  de  Beliini.  Là,  de  grandes 
fêtes  furent  célébrées,  et  la  cérémonie  funèbre 
fut  entourée  d'une  pompe  et  d'un  éclat  indes- 
criptibles. L'Italie  entière  fit  aux  mânes  du 
grand  artiste  un  accueil  digne  d'elle  et  de  lui. 
A  cette  occasion  plusieurs  écrits  furent  encore 
[lubliés,  qui  doivent  être  mentionnés  ici  :  1"  Vin- 
cenzo Beliini,  scène  intime  in  cinque  parti, 
da  Nicola  Argenti  (Rome,  Riccomanni,  1876); 
T  Parole  su  Vincenzo  Beliini,  dette  da 
Gaetano  Ardizzeni  nelpalazzo  municipale  di 
Catania  ildl2^  settembre  1876  (Catane,  Ga- 
latola,  1876);'}"  Vincenzo  Beliini,  racconto 
slorico  di  Carlo  Zappalà  Scammacca  (Catane, 
1876);  y  Ricordi  délie  fsste  belliniane  (Ca- 
tane, 187G).  Au  moment  même  où  les  cendres 
de  Beliini  arrivaient  à  Catane,  un  journal  mu- 
sical se  fondait  en  cette  ville,  sous  le  titre  de 
Beliini  (i). 

*  BELLIXI  (Pio).  Au  nombre  des  ballets 
dont  cet  artiste  a  écrit  la  musique  pour  le  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  il  faut  citer  la  Duchessa 
di  Mazarino {I8'i~),  et  le  Villanelle di  Cham- 
bèrtj  (26  décembre  1846). 

BELLllM  (GiiNTi).  Cet  artiste  a  fait  repré- 
senter les  ouvrages  suivants  :  i"  Le  15  Août  en 
Algérie,  cantate,  IFolies  Sainl-Germain,  15  août 
1865;  2°  les  Chevrons  de  Jeanne,  opérette  en 
un  acte,  Folies-Marigny;  2  octobre  1865;  3"  Gla- 
ces et  Coco,  opérette  en  un  acte,  théâtre  Saint- 
Germain,  5  octobre  1865;  4"  Raphaél,  grand 
opéra  en  cinq  actes.  Athénée,  28  mai  1873.  Tout 
cela  était  de  la  musique  d'orgue  de  Barbaiie,  et 
le  «  grand  opéra  »  intitulé  Raphaël  a  obtenu 
l'un  des  succès  de  fou-rire  les  plus  complets  que 


(i)  Sous  ce  lltrfi  :  Un  dernier  hommage  à  Beliini,  J'ai 
publié  dans  le  journal  le  Meneslrel  (!«'  8  et  15  octobre 
1876)  un  compte-rendu  itrè-i-complet  et  détaillé  de  la 
cérémonie  de  l'exhumation  des  cendres  de  Beliini,  de 
leur  transport  en  Italie  et  de  leur  arrivée  à  Catane. 


BELLINl  —  BENDER 


67 


les  annales  du  théâtre  aient  jamais  eu  à  enre- 
gistrer. 

6ELLISI  (FiLii'PO-C.vRLo),  violoniste  dis- 
tingué et  compositeur,  né  à  Bologne  vers  le  mi- 
lieu du  dix-septième  siècle,  a  publié  un  certain 
nombre  de  compositions  consistant  en  ballets, 
courantes,  gigues,  etc.,  à  trois  instruments.  En 
1685,  il  fut  reçu  à  l'Académie  des  philharmoni- 
ques de  sa  ville  natale. 

*  BKLLOLI  (Loiis).  Cet  artiste  était  attaché 
en  qualitéde  premier  cor  à  l'orchestre  du  Ihéàlre 
de  la  Scala,  de  Milan. 

*  BELLOLI  (Augustin),  qui  était  peut-être 
le  frère,  ou  le  fils  du  précédent,  remplit,  après 
lui,  l'emploi  de  premier  cor  au  théâtre  de  la 
Scala  (1819-1829).  A  la  liste  des  ballets  dont  il 
écrivit  la  musique  pour  ce  théâtre,  il  faut  ajouter 
les  suivants  :  1"  Maometto ,  11  juin  1822; 
2°  Gabriella  di  Vergy  (  en  société  avec  P.  Ro- 
mani), 24  août  1822  ;  3"  Adelasia  di  Guesclino 
(et  non  Adélaïde  di  Guesclino),  1  juin  1823  ; 
4"  /  Baccanali  aboliti,  23  août  1823;  5"  la  Ve- 
dova  spiritosa,  1823. 

BELLOUR  (Ferdinand).  Un  écrivain  de  ce 
■nom  a  publié  une  brochure  ainsi  intitulée  : 
Explication  des  applications  du  gammomètre 
universel  transpo'siteur,  ou  la  Science  de 
l'art  musical  expliquée  et  appliquée  par 
tout  le  inonde  (Paris,  1865,  in-4"  de  23  pp., 
avec  facsimile  d'une  lettre  de  Rossini  adressée 
à  l'auteur). 

*  BELOSËLSKY  (le  prince  Alexandre). 
Une  confusion  s'est  produite  dans  la  notice  con- 
sacrée à  cet  écrivain  par  l'auteur  de  la  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens.  Loin  d'injurier 
Gluck,  le  prince  Beloselsky  fait  au  contraire  en 
assez  bon  termes,  dans  sa  brochure  :  De  la  Mu- 
sique en  Italie,  l'éloge  du  grand  com|)ositeur, 
tout  en  ne  lui  consacrant  que  vingt-cinq  lignes. 
Ce  n'est  point  dans  l'écrit  du  prince  russe  que  se 
trouve  le  jugement  textuellement  rapporté  par 
Fétis,  et  voici  l'expiicalion  de  ce  malentendu 
singulier. 

Marmontel,  on  le  sait,  fit  dans  le  Mercure  de 
Jî'rance  de  juillet  1778  une  analyse  delà  brochure 
de  Beloselsky,  et  il  en  profita  pour  dire  que  le 
P.  Martini  n'était  pas  aussi  enthousiaste  de  Gluck 
que  les  partisans  de  celui-ci  voulaient  le  faire 
croire.  Suard  répondit  à  Marmontel  dans  le 
Mercure  d'août,  et  s'exprima  ainsi,  après  avoir 
cité  les  passages  de  Martini  ayant  trait  à  Gluck  : 
«  Il  n'y  a  certainement  point  d'excès  dans  ces 
éloges;  mais  encore  ne  sont-ils  pas  si  éloignés 
de  l'enthousiasme  des  admirateurs  de  M.  Gluck, 
que  du  mépris  impitoyable  avec  lequel  il  a  été 
raité  par  ses  détracteurs.  Le  Père  Martini  est 


bien  loin  de  penser  que  ce  soit  un  barbare  qui 
eût  fallu  renvoyer  dans  les  forêts  de  la  Germa- 
nie ;  que  ceux  qui  l'applaudissent  sont  des  bar- 
bares ;  qu'il  a  reculé  l'art  d'un  siècle;  qu'il  n'a  ni 
chant,  ni  mélodie,  etc.,  etc.  »  On  le  voit,  les  pa- 
roles injurieuses  attribuées  à  tort  à  Beloselsky  ne 
sont  nullement  de  lui,  et  appartiennent  au  con- 
traire à  un  défenseur  de  Gluck,  qui  les  prête  au 
figuré  aux  détracteurs  du  maître.  Marmontel 
répondit  à  Suard  dans  le  Mercure  du  5  septem- 
bre 1778,  et  ce  dernier  répliqua  une  seconde  fois 
et  assez  longuement  dans  le  numéro  du  5  octobre 
suivant  du  même  journal.  {Voyez  Gluck.) 

Er.  t. 
BENDAZZl  (LuiGiA),  chanteuse  fort  dis- 
tinguée, qui  s'est  fait  en  Italie  une  réputation 
solide  et  rapide,  est  née  à  Ravenne  en  1833. 
Après  avoir  travaillé  avec  M.  Piacenti  à  Milan, 
puisa  Bologne  avec  M.  Dallara,  elle  débuta  en 
1850  au  théâtre  San-Benedetto,  de  Venise;  ses 
qualités  de  style,  son  sentiment  pathétique,  et 
en  même  temps  la  nature  de  sa  voix,  remarqua- 
ble par  un  rare  velouté  et  par  une  puissance 
étonnante,  lui  valurent  aussitôt  de  très-grands 
succès,  qui  se  reproduisirent  dans  les  diverses 
villes  où  elle  se  fit  entendre  par  la  suite  :  Ro- 
vigo,  Trieste,  Naples,  Florence,  Parme,  Vienne, 
Rome,  Bergame,  Gênes,  Bologne  ,  etc.  Pendant 
plusieurs  années,  cette  cantatrice  fut  l'idole  du 
public,  qui  l'accueillait  toujours  avec  enthou- 
siasme. Elle  a  épousé  un  musicien  piémontais, 
M.  Benedelto  Secchi. 

*  BENDEL  (Charles),  compositeur,  est  né  à 
Prague  le  16avrill838.  Il  a  composé  des  messes, 
des  chœurs,  et  environ  200  mélodies  pour  voix 
seule,  qui  sont  populaires  par  toute  la  Bohême. 
Il  a  également  abordé  le  théâtre,  et  l'on  connaît  de 
lui  un  opéra  romantique,  Lejlo,  représenté  avec 
grand  succès  sur  le  théâtre  national  de  Prague, 
le  4  janvier  1868.  Un  autre  drame  musical  de  sa 
composition  porte  le  titre  de  Bretislav.      Y. 

BEXDEL  (François),  pianiste  et  composi- 
teur, est  né  en  Bohême  le  3  mars  1833.  C'est  un 
des  virtuoses  les  plus  remarquables  de  notre 
époque.  Il  a  écrit  une  messe,  et  une  foule  de 
compositions  pour  son  instrument.  Il  est  actuel- 
lement fixé  à  Berlin.  Y. 

*  BEIVDEK  (Jean-Valentin),  inspecteur  des 
musiques  de  l'armée  belge,  directeur  de  la  mu- 
sique de  la  maison  militaire  du  roi  et  de  celle  du 
régiment  des  guides,  est  mort  à  Bruxelles  le 
14  avril  1873.  Il  était  né  à  Bechtheim  (Hesse- 
Darmstadt)  non  en  1800,  mais  le  19  septembre 
1801,  et  avait  été  naturalisé  Belge  en  1842.  — 
Un  neveu  de  cet  artiste,  Adam  Bender,  fils  de 
Jacques  Bender,  est  mort  au  mois  de  septembre 


68 


BENDER  —  BÉNÉDJT 


1873,  à  Hasselt  ;  c'était,  ainsi  que  son  père  et  son 
oncle,  un  clarinettiste  distingué,  et  il  avait  dirigé 
pendant  quelque  temps  l'orchestre  du  casino  des 
Galeries-Saint-Hubert  de  Bruxelles,  ainsi  que  la 
société  ï Harmonie  royale  de  Vilvorde;  il  était 
en  dernier  lieu  chef  de  musique  du  11»  régi- 
ment des  grenadiers.  —  Un  frère  de  celui-ci , 
M.  Constantin  Bcnder,  est  chef  de  musique  du 
régiment  des  grenadiers. 

BEI\DIX  (Charles),  compositeur,  est  né  à 
Stockholm  en  1818.  On  connaît  de  lui  un  opéra, 
la  Fée  du  Rhin,  qui  a  brillamment  réussi  sur 
les  scènes  suédoises.  Y. 

BEIXEDETTI  (Giovanin-i-Fr.\ncesco),  com- 
positeur de  musique  religieuse,  né  à  Lucques , 
fut  maître  de  musique  au  service  de  la  cour  de 
Mantoue ,  et  publia  à  Venise,  un  recueil  de 
psaumes  à  quatre  voix  concertantes,  avec  accom- 
pagnement de  violons.  On  connaît  aussi  de  lui 
une  messe  concertée  à  quatre  voix  avec  instru- 
ments. Cet  artiste  est  mort  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle. 

*  BÉNÉDICT  (JiLEs).  Le  temps  n'a  fait 
que  consolider  et  rendre  plus  brillante  la  situation 
presque  exceptionnelle  que  cet  artiste  fort  dis- 
tingué a  su  se  créer  à  Londres.  En  1859,  il  était 
tout  à  la  fois  chef  d'orchestre  du  théâtre  italien 
de  Covent-Garden ,  chef-directeur  de  la  Vocal 
Association,  et  directeur  des  Concerts  populaires 
du  lundi  {Monday  popular  Concerts),  en  même 
temps  qu'il  était  chargé  de  la  direction  des  fa- 
meux festivals  de  Norwich  ,  si  célèbres  en  Angle- 
terre. En  1865,  une  souscription  fut  ouverte  pour 
offrir  à  M.  Bénédict  un  magnifique  testimonial 
à  l'occasion  de  la  trentième  année  de  son  séjour  en 
Angleterre.  Les  œuvres  suivantes  doivent  être 
ajoutées  à  la  liste  des  compositions  importantes 
de  cet  artiste  :  1°  Undine,  légende  lyrique, 
exécutée  au  festival  triennal  de  Norwich  ,  en 
septembre  1860;  —  2"  Le  Lac  de  Glenaston, 
opéra  représenté  avec  grand  succès  au  théâtre 
de  Covent-Garden,  en  février  1862;  —3°  The 
Lilly  of  Killerney  (Le  lys  deKillerney),  opéra 
joué  vers  la  même  époque  à  l'Opéra  anglais,  et 
qui  n'obtint  pas  moins  de  soixante  représenta- 
tions; joué  ensuite  en  Allemagne  sous  le  titre  de 
la  Rose  d'Erin,  cet  ouvrage,  traduit  en  fran- 
çais par  MM.  D'Enneryet  Hector  Crémieux,  de- 
vait être  représenté  à  Paris,  au  Théâtre-Lyrique, 
en  1865,  avec  M™'  Carvalho  comme  principale 
interprète  ;  —  4°  The  Bride  of  Song,  opéra  en 
un  acte,  joué  au  théâtre  de  Covent-Gar  den  le 
3  décembre  1864  ;  —  5"  Richard  Cœur-de-Lion, 
oantale  exécutée  avec  un  énorme  succès  au  fes- 
tival triennal  de  Norwich,  en  septembre  1863  ; — 
6»  Sainte-Cécile,  cantate  exécutée  au  festival 


triennal  de  Norwich,  en  novembre  1866  (chantée 
à  l'Opéra  de  Paris,  quelques  années  plus  tard, 
par  M"^  Christine  Niisson);  —  7"  Saint-Peter, 
oratorio ,   exécuté  au  festival    triennal  de  Nor- 
wich, en  1872;  —  8"Symphnoie  en  sol  mineur, 
exécutée  au  même  festival  ;  9°  Cantate  pour  les 
fêtes    du  retour  du  prince  de  Galles  de  son 
voyage  aux  Indes,  Porismouth,  11  mai  1876; 
—  10"  concerto  de   piano  (nouveau),  avec  ac- 
compagnement d'orchestre,  exécuté  par  l'auteur 
en  1863;  —  11"  Sonate  pour  piano  et  violon,  op. 
88.  M.  Bénédict  a   écrit  des  récitatifs  pour  la 
version  italienne  de  VOberon  de  AYeber,  qu'il  fit 
exécuter  au  théâtredeDrury-Lane  en  1859  ou  1860, 
BÉIVÉDIT  (Pierre-Gustave),  né  à  Marseille 
le  7  avril  1802,  apprit  la  musique  à  la  maîtrise 
des  Pénitents-bleus  de  cette  ville.  Ayant  perdu 
de  bonne  heure   son  père  ,  capitaine   au  long 
cours,  il  tenta  d'abord  la  carrière  commerciale. 
Il  y  renonça  vers  l'âge  de  vingt  ans,  et  se  rendit 
à  Paris,  où  il  entra  au  Conservatoire  pour  com- 
pléter son  éducation  musicale.  Il  en   sortit  en 
1827,  avec  le  premier  prix  de  déclamation  lyrique 
et  un  accessit  de  vocalisation.  Il  ht  aussitôt  après 
son  début   réglementaire  à  l'Odéon  dans  le  rôle 
de  «  Figaro  »  du  Barbier,  en  même  temps  que 
Duprez  qui  jouait  «  .\linaviva  ».  Acteur  lourd  et 
sans  verve,  il  eut  le  bon   esprit  de  sentir  lui- 
même  ses  défauts,  et  renonça  au  théâtre.  De 
retour  dans  sa  ville  natale,  il  se  mêla  activement  au 
mouvement  politique  et  littéraire  qui  se  produi- 
sit vers  la  fin  de  la  Restauration.  Il  fut  journaliste 
militant,  et  écrivit  des  satires  politiques  en  vers 
français.  Quelque  temps  employé  à  la  préfecture 
des  Bouches-du-Rhône,  en  1830,  il  devint  bientôt 
définitivementprofesseurde  chant  et  critique  dra- 
matique musical.  11  prit  une  part  suivie  comme 
chanteur   soliste  aux  concerts  Thubaneau,  qui 
exerçaient  une  grande  influence  sur  le  mouve- 
ment musical  à  Marseille.  Nommé  professeur  de 
chant. et  de  déclamation  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  il  conserva  ces  fonctions  jusqu'à  sa 
mort,    et  forma  de  nombreux   élèves ,  qui  ont 
marqué  dans  la  carrière  dramatique  :  la  liste  en 
serait  trop  longue  pour  quelle  puisse  être  rappor- 
tée ici.  Enfin ,  comme  critique  musical ,  il  rédigea 
également  jusqu'à  sa  mort  le  feuilleton  musical 
du  journal  le»  Sémaphore  »,  dans  lequel  il  avait 
acquis  une  réelle  autorité.  Plusieurs  de  ses  ar- 
ticles, écrits  avec   sagacité  sur  la  question  du 
diapason,  ont  été  réunis  et  publiés  en  brochure 
sous  le  titre  :  le  Diapason  nortnal  (Marseille, 
impr.  Barlatier,  1860,  in- 18).  Il  mourut  le  8  dé- 
cembre 1870,   laissant  d'unanimes  regrets,  que 
lui  valaient  la  bonté  de  son  cœur  et  la  loyauté 
de  son  caractère. 


BÉNÉDIT  —  BENOIST 


69 


Les  véritables  titres  de  Bénédit  à  la  notoriété 
sont  ses  poèmes  en  patois  provençal  :  il  a  laissé 
dans  ce  genre  de  petits  chefs-d'œuvre,  notam- 
ment le  Chichois,  peinture  spirituelle  et  exacte 
des  mœurs  populaires  provençales.  En  français, 
Bénédit  perdait  une  bonne  part  de  sa  verve  et  de 
son  esprit  :  ses  feuilletons  sont  écrits  lourde- 
ment et  non  sans  une  certaine  alTectation  pé- 
dantesque.  Il  était  en  outre  assez  ignorant  de 
tout  ce  qui  en  musique  sortait  du  domaine  pu- 
rement dramatique.  Son  jugement  n'était  pas 
éclairé  par  des  connaissances  techniques  suffi- 
santes :  il  connaissait  mal  la'musique  de  cham- 
bre et  les  chefs-d'œuvre  symphoniques.  Mais  il 
jugeait  très- sainement  les  choses  du  théâtre 
dont  il  avait  l'expérience.  Comme  professeur  il 
a  rendu  de  longs  et  réels  services.  —  Al.  R — d. 

BEIMTO  (CosjieDE),  violoncelliste  espagnol 
contemporain,  a  publié  chez  l'éditeur  Romeo  y 
Andia,  à  Madrid ,  une  Nouvelle  Méthode  élé- 
mentaire de  violoncelle. 

*  BENiXETT  (William  STEKADALE). 
Cet  artiste  remarquable  est  mort  à  Londres  le  l" 
février  1875, à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans.  Il  s'était 
fait  une  grande  situation  en  Angleterre,  et  ce  qui  le 
prouve,  c'est  que  c'est  lui  qui  fut  choisi  pour  mettre 
en  musique  l'ode  de  M.  Tennyson  destinée  à  être 
exécutée  lors  de  la  cérémonie  de  l'inauguration 
de  l'Exposition  universelle  de  Londres  en  1802, 
inauguration  pour  laquelle  trois  compositions 
instrumentales  avaient  été  demandées  à  Meyer- 
beer,  à  Auber  et  à  M.  Verdi.  M.  Bennett  était 
donc  considéré,  en  cette  circonstance,  comme  le 
champion  de  l'école  musicale  anglaise,  les  écoles 
allemande,  française  et  italienne  étant  repré- 
sentées par  les  trois  compositeurs  qui  viennent 
d'être  nommés.  Bennett,  qui  était  à  cette  époque 
principal  (directeur)  de  la  Rotjal  Acadenvj  of 
music,  chef  d'orchestre  de  la  Philharmonie- 
Society  etde  \a Bach-Society,  se  vitconférer  dans 
la  grande  salle  du  sénat  de  l'Université  de  Cam- 
bridge, le  31  octobre  1867,  le  grade  de  Mastcr 
of  Arts.  Il  était  professeur  de  musique  à  cette 
Université  depuis  1856.  En  1871,  la  reine  d'An- 
gleterre l'avait  créé  baronnet,  en  même  temps  que 
deux  autres  musiciens,  M.  Julius  Benedict  et  le 
docteur  Elvey. 

La  ville  de  Londres  fit  à  Bennett  des  funérailles 
splendides,  et  son  corps  fut  déposé  dans  l'abbaye 
de  Westminster,  ce  panthéon  des  hommes  illus- 
tres de  l'Angleterre.  Au  mois  de  décembre  1875, 
son  buste,  œuvre  du  sculpteur  Malampré,  fut 
inauguré  dans  la  belle  salle  de  concert  de  Shef- 
field,  et  sur  le  piédestal  fut  placée  l'inscription 
suivante  -.  «  Sir  William  Sterndale  Bennett, 
docteur  en  musique,  professeur  de  musique  à 


l'Université  de  Cambridge,  et  principal  de 
V Académie  royale  de  musique,  né  à  Sheffield 
le  13  avril  1816,  mort  le  f*^  février  1875, 
inhumé  à  l'abbaye  de  Westminster.  » 

Parmi  les  œuvres  de  Bennett,  il  faut  signaler, 
outre  celles  qui  ont  été  mentionnées  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens  :  1°  Sym- 
phonie en  mi  mineur;  2°  Symphonie  en  sol  mi- 
neur, considérée  comme  son  chef-d'œuvre  :  3°  la 
Femme  de  Samarie,  oratorio  exécuté  en  1867 
au  festival  de  Birmingham-,  4°  Ouverture  du  Pa- 
radis  et  la  Péri  ;  5°  Ouverture,  chœurs  et  mar- 
che funèbre  à'Ajax;  6°  de  nombreuses  mélodies 
vocales,  entre  autres  les  suivantes  :  Musing  on 
the  roaring  océan,  May  dew,  Forget  me  not. 
Ta  Chloe,  the  Past,  Gentle  zéphyr,  formant  le 
recueil  op.  23;  Indian  love,  Winter's  gone, 
Dawn,  gentle Jlower,  Castle  gorden.  As  lone- 
some  through  the  ivoods,  Sing,  maiden,  sing 
formant  le  recueil  op.  35  ;  Maiden  mine,  Sun- 
set,  Dancing  lightly,  Staymy,  charmer,  for- 
mant le  recueil  posthume  op.  47. 

BEMXEWITZ  (WiLHELM),  compositeur  al- 
lemand contemporain,  a  fait  représenter  sur  le 
tliéâtre  de  Chemnitz,  le  24  mars  1876,  un  opéra 
intitulé  Die  Rose  von  Woodstock. 

*  BENOIST  (François),  professeur  d'orgue 
au  Conservatoire  de  Paris,  est  né  à  Nantes  le 
10  septembre  1794  (et  non  1795,  comme  il  a  été 
dit  par  erreur).  C'est  le  1"  avril  1819  qu'il  fut 
nommé  professeur  de  la  classe  d'orgue  au  Conser- 
vatoire, classe  qui  n'existait  pas  et  qui  fut  créée 
pour  lui.  Il  a  pris  sa  retraite  au  mois  de  février 
ou  de  mars  1872,  après  cinquante-trois  années 
d'exercice,  seul  exemple  d'une  aussi  longue  car- 
rière dans  cet  établissement.  Ses  principaux  élè- 
ves ont  été,  pendantce  long  professorat,  Adolphe 
Adam,  Fessy,  Lefébure-Wély,  Alexis  de  Ga- 
raudé,  Vauthrot,  Chauvet,  MM.  Edouard  Batiste, 
Renaud  de  Vilbac,  Alkan  aîné,  Bazin,  Edmond 
Hocmelle,  Duvernoy,  Bazille,  César  et  Joseph 
Franck,  Georges  Bizet,  Charles  Colin  ,  Deslan- 
dres,  Salomé,  Théodore  Dubois,  Paladilhe, 
Henri  Fissot,  Lavignac. 

Le  répertoire  dramatique  de  M.  Benoist,  d'ail- 
leurs peu  nombreux,  se  compose  des  ouvrages 
suivants  :  1"  Léonore  et  Félix,  un  acte,  Opéra- 
Comique,  1821  ;  2°  la  Gipsy,  ballet  en  trois  actes, 
en  société  avec  Marliani  et  M.  Ambroise  Tho- 
mas, Opéra,  1839;  3"  le  Diable  amoureux, 
ballet,  en  société  avec  M.  Henri  Reber,  Opéra, 
1840;  4"  l'Apparition,  opéra  en  2  actes.  Opéra, 
1848;  5"  Nisida.  ou  les  Amazones  des  Açores, 
ballet  en  deux  actes.  Opéra,  1848;  6"  Pâquerette, 
ballet.  Opéra,  1851.  Eu  dehors  de  ses  travaux  de 
compositeur  et  de  professeur,   M.  Benoist  a  su 


70 


BENOIST  —  BENOIT 


trouver  le  temps  de  se  mêler  aussi  à  la  littéra- 
ture musicale ,  ce  qu'aucun  biographe  n'a  re- 
marqué jusqu'ici.  Il  a  collaboré  pendant  assez 
longtemps  à  la  Gazelle  musicale,  et  j'ai  noté, 
dans  le  Dictionnaire  de  la  Conversation  et 
de  la  Lecture,  les  mots  suivants,  qui  sont  signés 
de  lui  :  Consonnance,  Da  Capo,  Déchiffrer, 
Decrescendo,  Délia  ilia/'ia  (biographie),  Des- 
sus, Détonner,  Diatonique,  Dissonance, 
Do,  Doigter,  Enharmonique.  Cet  artiste  ho- 
norable et  distingué  est  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  depuis  le  18  novembre  1851.  Il  a  été, 
pendant  plusieurs  années,  chef  des  chœurs  à 
l'Opéra. 

*  BEIXOIT  (Pierre-Lkoard-Léopold), com- 
positeur, directeur  de  l'école  flamande  de  inusi 
que  d'Anvers  (1).  Cet  artiste  très-actii  et  très-bien 
doué  s'est  fait  en  Belgique  une  situation  parti- 
culière et  considérable,  grâce  à  son  talent  d'a- 
bord ,  talent  sérieux  et  inconteslable  ,  ensuite 
grâce  à  l'habileté  qu'il  a  mise  à  se  placer  à  la 
tête  du  parti  musical  flamand,  parti  que  ses  ten- 
dances portent  du  côté  de  l'Allemagne  et  qui 
considère  l'art  français  avec  une  sorte  de  com- 
misération dédaigneuse.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
d'établir  une  discussion  de  principes  à  ce  sujet. 
En  rendant  l'hommage  le  plus  complet  aux 
grandes  et  nobles  traditions  de  l'Allemagne  mu- 
sicale, en  constatant  les  immenses  services  que 
ce  pays  a  rendus  à  l'art,  nous  ne  serons  pas 
sans  doute  taxé  d'outrecuidance  en  affirmant 
que  la  France  n'a  pas  été  tout  à  fait  étrangère  à 
la  grande  évolution  qui  s'est  produite  dans  la 
musique  depuis  un  siècle,  évolution  que  les 
artistes  étrangers  sont  venus  opérer  chez  nous, 
sachant  que  notre  public  était  plus  prêt  que  le 
leur  à  les  écouter,  à  les  comprendre  et  à  les 
admirer.  Nous  croyons  donc  pouvoir  dire  que  la 
France  n'a  jamais  été  en  arrière  du  progrès  mu- 
sical, qu'elle  l'a,  au  contraire,  plus  accéléré 
peut-être  que  les  autres  pays,  en  acceptant  d'être 
le  champ-clos  oii  les  étrangers  viendraient  se 
mesurer  entre  eux  et  produire  leurs  plus  grands 
chefs-d'œuvre. 

Ceci  dit,  il  nous  sera  permis  de  trouver  étran- 
ges les  idées  et  les  prétentions  d'une  certaine 
école  belge  à  vouloir  fonder  un  art  prétendu 
flamand,  dont  l'existence  nous  paraît  impos- 
sible et  chimérique.  Cette  école,  en  effet,  n  in- 
nove rien  au  point  de  vue  purement  musical; 
son  génie  l'éloignant  de  l'esprit  français,  elle 


(1)  Le  nom  du  pa;s  natal  de  M.  Benoit  a  été  défiguré  à 
l'impression  dans  le  !«''  volume  de  la  Biographie  iiiii- 
verselle  des  Musiciens.  C'est  à  Ilarlebeke  qu'est  né  cet 
artiste. 


cherche  à  se  rapprocher  le  plus  possible  de  l'es- 
prit allemand.  Ceci  est  affaire  de  tempérament, 
et  de  telles  tendances  sont  absolument  indiscu- 
tables. Quelle  est  donc  la  théorie  de  l'école  néo- 
flamande, et  quel  moyen  entend-elle  employer 
pour  devenir  un  art  national,  un  art  suigeneris, 
un  art  flamand  en  un  mot  ?  Ce  moyen  est  bien 
simple,  et  consiste  uniquement  à  écrire  de  la 
musique  sur  des  paroles  flamandes  !  Voilà, 
en  vérité,  une  jolie  découverte,  et  l'on  peut  se 
demander  si  les  qualités  purement  musicales  de 
l'art  belge  seront  transformées  coiume  par  en- 
chantement parce  que  certains  musiciens  abju- 
reront la  langue  française  pour  composer  sur  un 
idiome  différent. 

A  supposer  que  les  tendances  de  l'école  dont 
M.  Benoit  est  aujourd'hui  le  chef  le  plus  accré- 
dité viennent  à  prévaloir,  qu'arrivera-t-il  en 
Belgique  en  ce  qui  concerne  la  musique  drama- 
tique, c'est-à-dire  celle  qui  ne  peut  se  passer  du 
secours  d'un  texte  écrit?  Il  arrivera  que  les 
compositeurs,  travaillant  pour  un  public  extrê- 
mement restreint  et  dont  la  langue  n'est  com- 
piise  nulle  part,  travailleront  en  jiurc  perte  ,  ne 
laisseront  à  leurs  œuvres  la  possibilité  d'aucune 
e\i)ansion,  et  les  condamneront  à  un  éternel 
oubli.  Est-ce  là  ce  qu'ils  veulent?  Ce  n'est  pas 
supposabie.  SiGrétry,  siGossec,siGrisar  avaient 
voulu  s'astreindre  à  n'écrire  (lue  sur  des  paroles 
flamandes,  ils  ne  seraient  point  devenus  célè- 
bres, et  depuis  longtemps  leurs  œuvres  seraient 
tombées  dans  l'oubli;  pour  mieux  dire  même,  la 
plupart  de  ces  œuvres  n'existeraient  pas.  Il  faut 
bien  que  les  artistes  belges  se  rendent  exacte- 
ment compte  qu'ils  ne  peuvent  rien  par  eux- 
mêmes,  c'est-à-dire  par  leur  i)ays,  dont  le  peu 
d'étendue  les  condamne  à  une  notoriété  toute 
locale  et  sans  rayonnement  possible;  si,  au  point 
de  vue  musical,  ils  veulent  la  gloire,  la  renom- 
mée, la  foi  tune,  il  faut,  de  toute  nécessité,  qu'ils 
les  aillent  chercher  à  l'étranger,  comme  plusieurs 
l'ont  déjà  fait,  car,  encore  un  coup,  leur  pays  est 
inhabile  à  les  leur  procurer.  Pour  ce  qui  est  de 
la  musique  dramatique,  ils  n'ont  que  deux 
partis  à  prendre  ,  selon  que  leur  tempérament  les 
porte  de  l'un  ou  de  l'autre  côté  :  faire  des  opé- 
ras allemands  ,  ou  faire  des  opéras  français. 
Quant  à  l'opéra  flamand  ,  à  l'opéra  prétendu  na- 
tional ,  c'est  une  pure  utopie. 

Ces  réflexions  n'étaient  pas  inutiles  du  moment 
qu'il  s'agissait  de  faire  connaître  l'œuvre  et  la 
carrière  de  M.  Benoit,  le  champion  le  plus 
décidé  de  l'art  flamand  et  l'un  des  musiciens  les 
plus  remarquables  delà  Belgique  contemporaine. 
Or,  si  M.  Benoit,  malgré  sa  grande  valeur,  n'est 
pas  parvenu  à  faire  percer  son  nom  au-delà  des 


BENOIT 


71 


frontières  de  son  pays,  s'il  est  resté  inconnu  du 
public  allemand  comme  du  public  français  (je 
dis  :  du  public,  parce  que  si  la  critique  instruite 
et  éclairée  connaît  l'artiste,  la  masse  ignore  jusqu'à 
son  nom),  c'est  que  M.  Benoit  a  voulu  précisé- 
ment se  confiner  dans  l'art  flamand  ,  qui  ne  pou- 
vait le  mener  à  rien.  Si  M.  Gevaert  avait  fait 
comme  lui,  il  n'occuperait  pas  aujourd'hui ,  en 
dépit  de  ses  grandes  facultés,  la  haute  position 
qu'il  a  conquise. 

Et  cependant  l'activité  de  M.  Benoit  ne  s'est 
jamais  démentie,  et  son  talent,  quelques  réserves 
qu'on  ait  pu  faire  au  sujet  de  telle  ou  telle  œuvre, 
n'a  jamais  été  contesté.  Après  de  grands  succès 
d'école,  il  fit  un  voyage  en  Allemagne,  d'où  il 
envoya  à  l'Académie  royale  de  Belgique  un  écrit 
intitulé  :  De  l'École  de  musique  flamande  et  de 
son  avenir,  et  une  Petite  cantate  de  Noël,  que 
Daussoigne-Méliul ,  dans  son  rapport  à  ce  sujet, 
qualifiait  de  »  composition  remarquable  à  plus 
d'un  titre».  A  son  retour  en  Belgique,  il  fit  exé- 
cuter, à  Bruxelles  et  à  Gand ,  une  messe  solen- 
nelle, «  grande  composition,  disait  à  son  tour 
Fétis,  digne  de  fixer  l'attention  sous  les  deux 
points  de  vue  qui  embrassent  toute  la  valeur 
d'une  œuvre  d'art,  à  savoir,  la  pensée  et  sa  réa- 
lisation ».  C'est  encore  Fétis  qui  disait  :  «  Ce  qui 
frappe  au  premier  abord  dans  la  musique  du 
jeune  compositeur,  c'est  l'accord  du  style  avec 
l'objet  religieux  de  l'œuvre.  Ce  style  est  grave. 
Mais  ce  n'est  pas  dire  que  ce  soit  celui  de  la 
musique  d'église  des  maîtres  qui  ont  écrit  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huilième  siècle  ni  dans 
la  première  moitié  du  dix-iieu\ième,  car  le  jeune 
artiste  marche  dans  une  voie  qui  est  la  sienne  , 
et  n'accepte  pas  l'autorité  de  la  tradition.  » 

C'est  après  ce  premier  succès  obtenu  dans  son 
pays  que  M.  Benoit  vint  à  Paris  (18G1)  avec 
l'espoir  d'y  faire  jouer  un  opéra  en  trois  actes , 
le  Roi  des  Aulnes,  qui,  dit-on ,  fut  reçu  au 
Théâtre-Lyrique ,  mais  ne  fut  jamais  représenté. 
En  attendant  la  mise  à  la  scène  de  cet  ouvrage, 
il  accepta  —  qui  le  croirait  aujourd'hui  !  —  la 
place  de  chef  d'orchestre  aux  Bouffes-Parisiens 
(avril  18'J2),  et  remplit  pendant  quelque  temps 
ces  fonctions,  dont  le  seul  souvenir  doit  lui  être 
singulièrement  amer!  Mais  bientôt  il  retourna 
à  Bruxelles,  et  reprit  ses  travaux  de  composition 
avec  une  activité  qui  depuis  lors  ne  s'est  ja- 
mais ralentie.  C'est  de  cette  époque  que  da- 
tent ses  tendances  ultra-flamandes,  et  ce  sont 
ces  tendances  qui  le  firent  choisir,  en  1867,  pour 
occuper  le  poste  de  directeur  de  l'école  flamande 
de  musique  d'Anvers,  qu'il  a  conservé  jusqu'à 
ce  jour. 

La  liste   des  œuvres  de  M.  Benoit   est  très- 


fournie,  et  la  fécondité  du  musicien  est  d'autant 
plus  remarquable  que  ces  œuvres  sont,  pour  la 
plupart,  fort  importantes.  En  voici  la  nomencla- 
ture, que  je  crois  bien  près  d'être  complète  (1)  : 
1"  Petite  cantate  de  Noël,  1860;  —  2"  Messe  so- 
lennelle, exécutée  à  Bruxelles  et  à  Gand,  1862  ; 

—  3"  Te  Deum,  1863  ;  —  4°  Messe  de  Requiem. 
1863;  —  5"  Quadriloyie,  exécutée  à  Anvers  au 
mois  d'avril  1861;  cette  œuvre,  divisée  en 
quatre  parties,  n'était  que  la  réunion  des  quatre 
compositions  précédentes ,  formant  une  sorte  de 
vaste  oratorio;  elle  obtint  un  grand  succès  ;  — 
6"  Concerto  de  piano,  avec  accompagnement 
d'orchestre,  exécuté  à  Bruxelles  eu  1866;  — 
7"  Concerto  de  flûte,  avec  orchestre,  exécuté  à 
Bruxelles  en  1866;  — 8"  Lucifer,  oratorio  fla- 
mand, Bruxelles,  30  septembre  1866;  —  9"  Isa, 
opéra  flamand  en  trois  actes,  Bruxelles,  théâtre 
flamand,  24  février  1867  ;  —  10"  l'Escaut,  ora- 
torio flamand,  1869;  —  11"  Cantate,  1869;  — 
12"  l'Église  militante,  souffrante  et  triom- 
phante, drame  religieux  pour  soli  et  chœurs 
avec  orgue,  violoncelles,  contre-basses,  trom- 
pettes et  trombones,  exécuté  à  Anvers  en  1871  ; 
cet  ouvrage  a  dorme  lieu  à  une  brochure  pseu- 
donyme de  M.  Goovaerts  (  Voyez-  ce  nom),  publiée 
sous  ce  titre  :  Une  nouvelle  œuvre  de  Pierre 
Benoit  analysée  par  Pierre  Phalèse  (Anvers, 
Sermon, 1871,  in-8"  de  19  pp.),  et  qui  a  paru  aussi 
en  flamand.  —  13"  De  Oorlog  {la  Guerre),  sorte 
de  grand  oratorio-cantate,  exécuté  à  Anvers  le 
16  août  1873 ,  et  peu  de  temps  après  à  Bruxelles  ; 

—  14"  ;«  Colonne  du  Congrès,  cantate,  Bruxel- 
les;—  15"  Cantate  en  trois  parties,  Liège  ;  — 
16"  P/'o?«(^^^ée, oratorio,  Gand;  —  17°  Hymne 
à  l'Harmonie,  Anvers  ;  —  18°  Chant  de  la  Lys, 
cantate  exécutée  dans  une  représentation  de  gala 
donnée  à  Courtrai  en  présence  du  roi  (1875);  — 
19°  Les  Faucheurs,  symphonie  chorale; — 20° 
Musique  pour  Charlotte  Corday,  drame  his- 
torique en  S  tableaux,  de  M.  Ernest  'Van  der 
Yen,  représenté  au  théâtre  flamand  d'Anvers 
le  18  mars  1876. 

La  plupart  des  ouvrages  qui  viennent  d'être 
mentionnés  se  distinguent  par  une  grande  puis- 
sance de  conception,  de  réelles  qualités  d'inspi- 
ration, une  science  rare  de  l'orchestre  et  de 
l'emploi  des  grandes  masses.  Il  est  certain  que  le 
talent  de  M.  Benoit  fait  honneur  au  pays  qui  l'a 
vu  naître,  mais  il  n'est  pas  moins  certain  que  , 
par  suite  de  la  singularité  que  je  signalais  au 
commencement  de  cette  notice,  ce  talent  se  con- 
fine volontairement  dans  un  milieu  trop  étroit  et 


(I)  En  y  ajoutant  celles    qui   sont  déjà  citées  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens. 


72 


BENOIT  —  BÉRARD 


se  condamne  à  l'obscuiité  de  propos  délibéré. 
Les  convictions  flamandes  de  M.  Benoit  sont 
telles,  du  reste,  qu'il  a  abjuré  le  prénom  de 
Pierre,  sous  lequel  il  avait  toujours  été  connu,  et 
que  depuis  quelques  années  il  est  devenu  M.  Pe- 
ter Benoit. 

Aux  œuvres  dont  on  vient  de  lire  les  titres,  il 
faut  ajouter  deux  opéras  français  inédits,  le  Bol 
des  Aulnes,  dont  l'auteur  a  fait  exécuter  parfois 
l'ouverture,  et  l'Amour  mendiant;  puis  des 
ballades,  des  lieder  et  un  certain  nombre  de 
chœurs  sans  accompagnement,  un  recueil  de 
20  motets  avec  accompagnement  d'orgue 
(Bruxelles,  Scliott),  etc.  M.  Benoit  s'est  produit 
aussi  comme  écrivain  spécial,  et  a  fourni  des  ar- 
ticles à  divers  journaux  et  recueils  publiés  à 
Bruxelles  :  le  Messager  des  arts  (  revue  fla- 
mande), le  Guide  musical  et  VArt  universel. 
M.  Benoit  est  officier  de  l'ordre  de  Léopold. 

BEIVSA  ( ),  jeune  compositeur  italien,  a 

ait  représenter  sur  le  théâtre  de  la  Pergola,  de 
Florence,  au  mois  d'avril  1872,  un  opéra  inlitulé 
Asiolfo  Cavalcanti,  qui  n'a  obtenu  qu'un  mé- 

ocre  succès. 

BEi\TAYOUX  (Frédéric),  compositeur, 
est  né  à  Bordeaux  le  14  juin  1840.  Admis  au 
Conservatoire  de  Paiis  au  mois  de  décembre 
1853,  dans  la  classe  de  piano  de  M.  Marmontel, 
puis  dans  celle  de  M.  Emile  Durand  pour  le  sol- 
fège, il  obtint  un  premier  accessit  de  solfège  en 
1855,  le  second  prix  en  1856,  un  troisième 
accessit  de  piano  en  1857,  et  un  second  accessit 
en  1S59.  Devenu  élève  de  M.  Colin  ,  puis  de 
M.  Bazin,  pour  l'Iiarmonie  et  l'accompagnement, 
il  entra  ensuite  dans  la  classe  décomposition  de 
Carafa.  A  peine  sorti  du  Conservatoire,  M.  Ben- 
t;iyou\  (qui  écrit  son  nom  Ben-Tayoux,  sans 
doute  pour  lui  donner  quelque  étrangeté)  se  li- 
vra à  la  composition,  et  écrivit  une  foule  de 
morceaux  de  piano  d'une  valeur  médiocre,  ainsi 
que  de  nombreuses  romances  et  chansons  que 
volontiers  il  faisait  entendre  lui-même  en  public. 
Cet  artiste  a  fait  représenter  les  trois  opérettes 
suivantes,  toutes  trois  en  un  acte  :  i°  Patchou-ly, 
Folies-Bergère,  1875;  2"  le  Dompteur  de  Bou- 
glval,  Folies-Marigny,  1875  ;  3"  Bobine,  Folies- 
Bergère,    1876. 

BEiXVENUTI  (ToMJiASo),  compositeur  ita- 
lien, né  vers  1832,  a  fait  représenter  en  1856, 
au  théâtre  social  de  IVIantoue,  un  drame  lyrique 
en  quatre  actes  intitulé  Valenzia  Candiano, 
C'était,  je  crois,  son  début  au  théâtre.  A  cet  ou- 
vrage succédait  un  second  opéra  sérieux,  Sha- 
kespeare, que  le  jeune  musicien  produisait  au 
théâtre  de  Parme  en  1861,  et  quelques  années 
après  M.  Benvenuti  écrivait  son  troisième  opéra. 


la  Stella  di  Toledo,  dont  le  livret  avait  été  tiré 
par  M.  Ghislanzoni  du  Don  Juan  d'Autriche  de 
Casimir  Delavigne,  car  on  sait  que  les  librettistes 
italiens  puisent  rarement  leurs  sujets  dans  leur 
propre  fond  et  mettent  incessamment  notre 
théâtre  à  contribution.  La  Stella  di  Toledo  de- 
vait être  représentée  à  la  Scala,  de  Milan,  mais 
le  jeune  compositeur  se  vit  en  butte  à  toutes 
sortes  d'ennuis  ;  l'administration  de  la  Scala 
préférant  à  son  ouvrage,  on  ne  sait  pourquoi,  une 
œuvre  posthume  de  notre  compatriote  Chelard , 
le  Aquile  romane,  qui  du  reste  n'eut  aucun 
succès,  l'obligea  à  se  rabattre  sur  une  scène  de 
second  ordre,  celle  de  la  Canobbiana,  dont  la 
troupe,  déplorablement  faible  à  ce  moment,  n'of- 
frait aucun  élément  suffissaut  d''exécution.  C'est 
cependant  dans  ces  conditions  très-fâcheuses, 
avec  des  interprètes  impossibles ,  avec  une  mise 
en  scène  ridicule  et  sordide,  que  M.  Benvenuti 
se  vit  forcé,  en  1864,  d'affronter  le  jugement  du 
public.  11  n'eut  pas  à  s'en  repentir;  en  dépit  de 
tout,  comme  sa  partition,  malgré  des  défauts  de 
forme  et  un  manque  évident  d'expérience,  con- 
tenait .de  fort  beaux  morceaux,  et  que  le  compo- 
siteur y  avait  fait  preuve  de  jeunesse,  de  vail- 
lance et  d'inspiration  ,  le  succès  fut  très-grand 
et  retentit  bientôt  au  delà  de  Milan  même.  Pour- 
tant, malgré  ce  succès  très-sincère,  M.  Benve- 
nuti n'a  pas  reparu  depuis  lors  à  la  scène,  et  n'a 
plus  fait  parler  de  lui. 

BExXZ  (JEAx-BAi'TiSTE),"compositeur  de  mu- 
sique religieuse ,  est  né  à  Lauehheim,  dans  le 
Wurtemberg,  le  17  juin  1807.  Outre  plusieurs 
mcssesj  motets,  etc.,  il  a  publié  une  Harmonia 
sacra  qui  renferme  les  principaux  chorals  du 
culte  catholique,  avec  accompagnement  d'orgue. 

Y. 

BEAZAîV  (Siegfried),  musicien  danois,  est 
né  dans  le  Schleswig  septentrional  en  1793.  Il  a 
composé  des",  duos,  des  quatuors  ,  des  sonates, 
des  variations ,  et  une  foule  de  petites  pièces  de 
différents  genres.  En- 1823  il  est  parti  pour  l'A- 
mérique, et  depuis  lors  on  a  perdu  sa  trace. 

Y. 

*  BÉRARD  (Jean- Baptiste),  ténor  de  l'O- 
péra d'abord  en  1733,  puis  de  1736  à  1745,  n'é- 
tait pas  seulement  chanteur,  mais  était  aussi 
virtuose  distingué  sur  le  violoncelle,  sur  la  gui- 
tare et  sur  la  harpe,  et  faisait  grand  plaisir 
quand  il  chantait  en  s'accompagnant  lui-même. 
Il  composait  aussi,  et  a  publié  plusieurs  livres 
de  brunettes  avec  accompagnement  de  harpe 
et  guitare.  Son  fils  unique  devint  en  1762  pre- 
mier violoncelle  à  la  Comédie-Italienne ,  et  occu- 
pait encore  cet  emploi  en  1785;  il  avait  épousé 
une  excellente  actrice  de  ce  théâtre,  M'"'  Des- 


BÉRARD  —  BERETTA 


73 


champs,  qui  avait  appartenu  d'abord  à  l'Opéra- 
Comique,  et  qui  prit  sa  retraite  en  1776. 

BÉRAT  (Iïlstache),   auteur  de    ctiansons 
dont  quelques-unes    sont  devenues  très-popu- 
laires, était  le  troisième  des  sept  fils  d'un  négo- 
ciant de  Rouen,  oii  il  naquit  le  4  décembre  1791. 
Frère  aîné   de    Frédéric  Bérat ,   il   composait, 
comme  lui,  les   paroles  et  la  musique  de  ses 
chansons.  Il  étudia  le  violon  dans  sa  jeunesse, 
puis    l'abandonna    pour    la    guitare ,    sur   la- 
quelle il  acquit   un  talent  étonnant  et  bizarre  ; 
il  écrivit  pour  cet  instrument  un  certain  nombre 
de  morceaux  qui  furent  publiés^à  Paris,  mais  il 
employait  un  doigté  si  étrange  et  si  diflicile  que 
ces  morceaux   étaient   injouables  pour  d'autres 
que  lui.  La  renommée  d'Eustache  Bérat  comme 
chansonnier  a  été  absorbée   par  celle   de  son 
frère,  à  qui  même  on  a   attribué  à  tort  quel- 
ques-unes de  ses  compositions,  entre  autres  la 
chanson  :  J'ai  perdu  mon  coutiau ,  dont  le 
succès  fut  énorme  il  y  a  quarante  ans.  Il  pu- 
blia ainsi  un  assez  grand  nombre  de  romances  et 
de  chansonnettes  ,  dont  quelques-unes  d'un  co- 
mique achevé,  et  qu'il  chantait  volontiers  lui- 
même,  dans  le  monde,  avec  une  verve  prodi- 
gieuse :  la   Lanterne   magique,   Tac-Tac,  le 
Rieur,   la  Musette,   f Amour  ménétrier,  les 
Souvenirs  d'enfance,  Babet,  Ma  Colette,  l'A- 
mour marchand  de    meubles,  etc.,  etc.  J'ai 
connu  Eustache  Bérat  vers  1SG5;  il  avait  quitté 
Rouen  depuis  une   dizaine    d'années,  et   vivait 
paisiblement  retiré  à  Neuilly,  près   de  Paris.  Il 
songeait  alors  à  la  publication  d'un  recueil  de 
poésies  légères ,  mais  ce   projet  n'a    pas  eu  de 
suites.  Je   crois  que  cet  excellent  homme,  qui 
avait  conservé  de  son  frère  un  souvenir  attendri, 
est  mort  dans  ces  dernières  années.  Il   a  été 
l'objet  de  deux  notices  biographiques  :  1"  Eus- 
tache  Bérat,'  par  C.   Boissière  (S.l.  n.  d.  [Dar- 
nétal,  impr.  Frucharl],  in-8"  de  11  pp.);  2°  Eus- 
tache  Bérat,  ou  le  Moderne  Trouvère,é\n\.xQ  à 
M.  le  marquis  de  R.  par  le  docteur  Prosper  Yiro 
(Paris,  impr.  Tbunot,  1861,  ia-S"  avec  portrait). 
Le  sculpteur  Dantan  fit  la  charge   d'Eustache 
Bérat,  et  son  portrait  a  été  gravé  par  Gelée,  an- 
cien prix  de   Rome ,    d'après  Melotte,   peintre 
rouennais.  Il   est  juste  de  remarquer  que,  des 
deux  frères,   c'est  Eustache  qui  se   produisit  le 
premier  comme  chansonnier,  el  que  Frédéric, 
qui  devait  en  quelque  sorte   l'éclipser,  ne   fit 
pourtant  que  suivre  son  aîné  dans  cette  voie. 

*  BERAT  (Frédéric),  naquit  le  11  mars 
1801.  Une  notice  biographique  a  été  publiée 
sur  cet  aimable  chansonnier  :  Frédéric  Bérat, 
par  C.  Boissière  (S.  1.  n.  d.  [Dainétal,  impr. 
Fruchart,  1857],  in-8°  de  11  pp.).  On  en  trouve 


une  aussi  dans  la  Galerie  de  la  presse,  de 
la  littérature  el  des  beaux-arts.  Un  choix 
de  ses  chansons,  fait  par  lui,  a  été  publié  sous 
ce  titre;  :  Chansons,  paroles  et  musique  de 
Frédéric  Bérat  (Paris,  Curmer,  s.  d.,  in- 8°  avec 
portrait  et  vignettes)  ;  il  serait  injuste  de  ne  pas 
reconnaître  que  dans  ces  productions  légères, 
mais  parfois  émues  ,  on  rencontre  de  la  poésie, 
de  la  mélancolie  et  une  certaine  élégance  :  le 
Berger  normand,  Jean  le  Postillon,  le  Mar- 
chand de  chansons,  la  Lisette  de  Béranger, 
Bérénice,  Ma  Petite  Toinette,  sont  d'heureuses 
inspirations,  tant  au  point,  de  vue  mélodique 
qu'au  point  de  vue  poétique.  —  Après  la  mort  de 
Bérat,  le  conseil  municipal  de  Rouen  lit  exécuter 
son  buste  en  marbre  et  le  plaça  au  musée  de  la  ville. 
*  BERE\S(Hermann).  Yogez  BEHREMS 
(Herm\nn). 

BERETTA    (Giovanni-B.\ttista  ),   théori- 
cien, professeur  et  musicographe  italien  ,  ancien 
directeur  du  Lycée  musical  de  Bologne,  membre 
correspondant  de  l'Institut  royal  de  musique  de 
Florence,  naquit  à  Vérone  d'une  famille  liche, 
étudia  la  musique  en  amateur,  et  s'adonna  tout 
d'abord  à  la  critique  et  à  l'histoire  de  l'art.  Ayant 
perdu  d'un  coup  toute  sa  fortune,  il  se  vit  obligé 
de  demander  à  cet  art  qu'il  aimait  les  ressources 
nécessaires  à  son   existence.   Ce  fut  alors  qu'il 
se  vit  appelé  [à  la  direction  du  Lycée  musical  de 
Bologne,  où  il  ne  demeura  pas  longtemps,  ces 
fonctions  ne    lui  laissant   pas  assez    de  temps 
pour  ses  études  de  prédilection.  Il  préféra  vivre 
pauvre  à  Milan,  où  on  lui  confia  bientôt  la  con- 
tinuation d'un  grand  ouvrage  encyclopédique  en- 
trepiispar  Americo  Barberi,  et  dont  la  publica- 
tion menaçait  d'être  interrompue  par  la  mort  de 
celui-ci.    Cet  ouvrage   porte  le    titre  suivant   : 
Dizionario  artistico- scient ifico-stor ico-tecno- 
logico-musicale,   con  noùoni  di  estelica,  di 
pocsia  epica,    lirica    e   drammatica,    e   di 
quanta  collegasi colla  musica,   incominciato 
suite  tracce  délie  più  accreditate  opère  aii- 
tiche  e  moderne  dal  de/unto  professore  Ame- 
rico Barberi,  e'conlinuato,  dalla  pagina  177 
inpoi,  dal  Giovanni    Battista  Bcretta,  con- 
sidtando  {specialmente  per  la  compilazione 
degli  articoli  sugli  strumenii  musicali  anti- 
chi,  sulla  tragedia,  sulla  co)nmedia,  sul  ballo 
slorico,  suite  danze,  sulla  mimica,  sulle  mas- 
chere  e  suite  feste  popolari)  opère  diligente- 
mente  citate  in  apposite  schede  dal  signor 
Carlo  Molossi  (Milano,  Giacomo  Pirola,  in-8"). 
Ce  dictionnaire  très-considérable,  dont  la  moitié 
à  peine  a  été  publiée,  devait  former  au  moins 
trois  volumes  de   1000  pages   cliacun.  Malheu- 
reusement Beretta  lui-même  est  mort  le  28  avril 


74 


BERETTA  —     BÉRIOT 


1876,  en  le  laissant  à  son  tour  inachevé,  la  pu- 
blication  n'étant  parvenue    qu'à    la    lettre    G. 

Cet  artiste  s'est  fait  connaître  comme  compo- 
siteur par  quelques  messes  et  divers  fragments 
de  musique  religieuGe.  Il  a  laissé  plusieurs  tra- 
vaux inédits,  entre  autres  un  grand  traité  d'ins- 
trumentation. 

■■•  BEBETTl  ( ).  Un  compositeur  de  ce 

nom  a  mis  en  musique  et  fait  exécuter,  dans  la 
première  moitié  du  dix-liuitièrne  siècle,  lora- 
torio  de  Métastase  intitulé  Gioas. 

BERGAKCiMI  (Joseph),  artiste  dont  le 
nom  indique  une  origine  italienne,  a  publié  le 
petit  traité  suivant  :  La  Basse  raisonnée ,  ou 
Abrégé  dViarmome  pour  la  composition  ou 
contre-point,  composé  et  dédié  à  M'"  Henriette 
de  Montmorency,  op.  1.  Paris,  chez  l'auteur, 
in-4°  oblong  de  26  pages. 

BERGER  ( ),  violoniste  et  composi- 
teur, né  en  1827,  fut  nommé  professeur-adjoint 
de  solfège  et  de  violon  au  Conservatoire  de  Metz 
le  1*'  octobre  1858,  et  professeur  titulaire  le 
11  février  1860.  11  a  î^ fait 'représenter  sur  le 
théâtre  de  Metz,  au  mois  de  mars  1867,  un  opéra- 
comique  en  quatre  actes,  intitulé  Anita. 

*  BER(U«REEi\  (A^DRÉ-PIERRE),  composi- 
teur et  musicographe  danois,  est  né  à  Copenha- 
gue, le  2  mars  180).  Il  s'adonna  de  bonne  heure 
à  l'étude  de  la  musique,  et  dès  l'âge  de  quatorze 
ans  se  livrait  à  des  travaux  de  composition  qui 
ne  virent  le  jour  que  plus  tard  ;  c'est  ainsi  qu'il 
écrivit  toute  une  collection  de  Chaiits  avec  ac- 
compagnement de  guitare,  qui  fut  publiée 
seulement  en  1822  et  1823.  Ses  parents  ayant 
désiré  lui  voir  étudier  le  droit,  il  se  rendit  à 
leurs  instances,  mais  revint  bientôt  à  la  pratique 
de  la  musique,  pour  laquelle  son  penchant  était 
irrésistible.  11  se  livra  alors  avec  ardeur  à  la 
composition,  et  devint  en  1838  organislede  l'é- 
glise de  la  Trinité,  de  Copenbague,  et  en  1843 
maître  de  chapelle  de  l'église  métropolitaine  de 
cette  ville  .M.  Berggreen  a  publié  successive- 
ment :  1°  Bomances,  Copenhague,  1823;  ï' Bal- 
lades et  Bomances,  1824;  3"  Thèmes  variés 
pour  la  guitare,  1825;  4°  Chantsà  Vusage 
des  écoles,  1 83 't- 1839,  7  parties in-4";ô"  Chants 
populaires  et  Mélodies  nationales  et  étrayi- 
gères,  pour  le  piano,  1842-1847,4  vol.  in-4"  ; 
6"  12  Chants  suédois,  1846;  7"  Chants  natio- 
naux, 1848  ;  8"  27  Chants  sur  des  paroles  de 
Bellmann,  1850  ;  9"  6  Chants  suédois  de  J.-L. 
Runeberg,  1852;  10°  enfin,  M.  Berggreen  a 
écrit  la  musique  de  diverses  cantates  d'Œlilens- 
chlager,  de  Blicher  et  d'Ingemann,  ainsi  que  des 
mélodies  pour  un  nouveau  psautier.  En  1854, 
M.  Berggreen  a  entrepris  la  publication  d  une 


feuille  musicale  rédigée  par  lui,  Heimdal,  qui 
n'a  eu  qu'une  courte  existence. 

BERGMAI\I\  (Charles),  pianiste  et  violon- 
celliste, est  né  en  1821  à  Ebersbach ,  dans  la 
Saxe.  Il  est  parti  en  1850  pour  les  États-Unis,  où 
il  est  devenu  successivement  directeur  de  la  so- 
ciété Germania  et  de  la  société  Arion.  —  Y. 

BERGMAIXiV  (Joseph),  compositeur^  est 
né  à  Cernochov,  en  Bohême,  le  26  juillet  1822. 
Il  a  écrit  de  la  musique  de  piano  et  de  la  mu- 
sique vocale  ,  entre  autres  des  mélodies  natio- 
nales qui  ont  beaucoup  de  caractère.        Y. 

*  BERGSOIV  (Michel),  compositeur  et  pia- 
niste, n'a  quitté  Paris,  où  il  était  fixé  depuis  assez 
longtemps ,  qu'en  1863,  pour  aller  prendre  au 
Conservatoire  de  Genève  la  direction  de  la 
classe  supérieure  de  piano.  Peu  de  temps  après, 
il  devenait  directeur  de  cet  établissement,  mais 
au  bout  de  quelques  années  il  allait  se  fixer  à 
Londres,  où  il  se  livre  encore  aujourd  hui  à 
l'enseignement.  Pendant  son  séjour  à  Paris, 
M.  Bergson  fit  jouer,  dans  un  concert,  une  opé- 
rette en  un  acte.  Qui  va  à  la  chasse  perd  sa 
place  (1859),  et  en*1861  il  faisait  recevoir  au 
Théâtre-Lyrique  un  opéra-comique  en  deux  actes 
qui  pourtant  n'a  pas  été  représenté.  Parmi  les 
nombreuses  compositions  pour  piano  de  M.  Berg- 
son, je  signalerai  :  un  concerto  en  mi  mineur; 
les  Nouvelles  Études  caractéristiques  ,•  Jadis, 
menuet  ;  Genève,  grande  valse  ;  Études  de 
style  et  de  mécanisme;  puis,  quelques  mor- 
ceaux de  genre,  un  Orage  dans  les  lagunes, 
la  Tatamaque,  la  Zingara,  Berceuse,  Bar- 
carolle,  Stgrienne,  Sicilienne,  Danse  hava- 
naise, etc.,  et  enfin  quelques  mélodies,  laPéche 
aux  fiancés,  la  Fioraja,  etc. 

*  BÉRIOT(Charles-Augcste  DE).  Ce  vio- 
loniste justement  célèbre  est  mort  à  Bruxelles 
le  8  avril  1870,  à  l'âge  de  .soixante-huit  ans. 
Il  était  devenu  complètement  aveugle  depuis 
plus  de  quinze  ans,  et,  dans  ses  dernières  an- 
nées, une  paralysie  du  bras  gauche  vint  lui  in- 
terdire complètement  l'exercice  du  violon.  On 
sait  que  de  Bériot  avait  épousé  en  1835  la  Ma- 
libran,  et  que  de  ce  mariage  était  né  un  enfant 
unique,  M.  Charles- Wiifrid  de  Bériot,  aujour- 
d'hui pianiste  distingué.  Plus  tard,  il  avait  épou.sé 
en  secondes  noces  une  sœur  deTlialberg';  (;elle-ci 
lui  avait  donné  un  autre  fils,  qui  mourut  quel- 
ques années  avant  son  père,  officier  dans  l'armée 
belge.  Peu  de  jours  après  la  mort  de  ce  grand 
artiste,  un  journal  de  Bruxelles  publiait  sur  lui 
les  détails  suivants  :  «  De  Bériot  avait  une  ac- 
tivité en  quelque  sorte  universelle.  Son  génie  em- 
brassait les  sujets  les  plus  variés.  Il  a  laissé  des 
dessins  tout  à  fait  remarquables.   11  s'est  fait 


BÉRIOT  —  BERLIOZ 


75 


aussi  sculpteur  une  fois  dans  sa  vie,  et  il  a  bril- 
lamment réussi  du  premier  coup.  C'est  lui,  en 
effet,  qui  a  modelé  le  busfe ,  très-ressemblant, 
de  sa  première  femme,  M""  de  Bériot-Malibran, 
buste  qui  orne  le  théâtre  des  Italiens  à  Paris.  Il 
était  au  besoin  artisan  habile.  Il  a  fabriqué  de 
ses  propres  mains,  sans  le  concours  d'aucun  ou- 
vrier, un  violon  imité  de  Magini.  Ce  violon 
avait  des  propriétés  excellentes.  Il  fait  aujour- 
d'hui partie,  à  Pétersbourg,  des  collections  du 
prince  Youssoupoff,  dont  de  Bériot  fut  l'ami. 
Alors  qu'il  était  aveugle,  et  que  la  nécessité  de 
dicter  au  violon  lui  rendait  très-difficile  la  com- 
position musicale,  il  imagina  plusieurs  appareils 
pour  fixer  ses  idées.  El  enfin,  quand  la  paralysie 
de  la  main  l'empêcha  de  se  servir  de  son  cher 
violon,  il  consacra  ses  loisirs  forcés  à  écrire,  sur 
des  sujets  philosophiques  ou  religieux,  des  pages 
éloquentes  et  profondes,  que  sa  famille  a  [)ieu- 

sement  recueillies  (I) » 

BÉRIOT  (Charles-Wilfrid  DE),  pianiste 
distingué  et  compositeur,  fils  du  précédent  et  de 
Marielta  Garcia-Malibran,  est  né  à  Paris  le  12  fé- 
vrier 1833.  Héritier  du  talent  musical  de  ses 
illustres  parents,  M.  de  Bériot,  qui  est  un  artiste 
de  style  et  qui  se  fait  remarquer  dans  l'exécution 
de  la  musique  classique,  était  à  peine  âgé  de 
dix  ans  lorsqu'il  débutait,  comme  pianiste,  dans 
un  concert  donné  à  Louvain.  Cependant,  il 
était  bientôt  envoyé  à  Paris,  au  collège  Louis- 
le-Grand,  pour  y  faire  ses  études  ,  et  il  y  resta 
jusqu'à  la  révolution  de  1848.  I!  partit  alors  pour 
Bruxelles,  où  en  1850  il  était  reçu  à  l'école  mi- 
litaire (armes  spéciales);  mais  cette  carrière  ne 
[louvait  lui  convenir,  et  il  se  remit  bientôt  à  l'é- 
tude du  piano  et  de  la  composition.  Son  œuvre 
comprend,  à  l'heure  actuelle  :  deux  concertos 
de  piano  avec  accompagnement  d'orchestre,  une 
trentaine  de  morceaux  de  genre  pour  le  même 
instrument  (parmi  lesquels  :  Tarentelle ,  Rê- 
veuse, Fantaisie,  Polonaise,  VAmiUé,Serchzo, 
Valse-caprice,  Fantaisie  de  concert,  etc.), 
deux  fragments  symphoniques,  un  trio,  et  enfin 


(1)  Le  Guide  musical  de  Bruxelles  a  rappelé  que  de 
Bériot,»  par  arrêté  royal  du  16  avril  18o3,  avait  obtenu 
reconnaissance  de  noblesse.  Ses  armes  étaient  d'or  àtrois 
tèles  de  renard  de  gueules.  — Cimier  :  une  tète  de  renard 
de  l'écu.  »  Le  même  journal  a  fait  connaître  que,  lors 
delà  révolution  belge,  de  Bériot  avait  miscn  musique 
«  la  Marche  des  Belges  ,  chant  patriotique,  paroles  de 
Bocquet,  dédié  aui  braves  défenseurs  de  la  liberté  (Ma- 
yence,  Anvers  et  Bruxelles,  chez  lesfils  de  B.  Schott).  De 
Bériot  tenait  discrètement  dans  l'ombre  cet  acte  de  sa 
vie,  qui  iui  valut  la  croix  de  fer  qu'il  ne  porta  ja- 
mais. »  Rappelons,  à  ce  propos,  que  de  Bériot,  qui  n'a 
jamais  abordé  le  théâtre,  a  écrit  une  cantate  qui  fut  exé- 
cutée à  l'Opéra,  le  16  juin  185G,  à  l'occasion  du  buptôine 
du  prince  impérial. 


un  grand  nombre  de  mélodies  pour  léchant  (1). 

J.  D.  F. 

BÉRIOT  (FraiNz  DE),  frère  du  précédent,  fils 
issu  du  second  mariage  de  Charles  de  Bériot, 
était  élève  de  son  père  et  avait  acquis  sur  le 
violon  un  talent  qui  semblait  promettre  pour 
l'avenir  un  virtuose  remarquable.  Cet  artiste  est 
mort  à  la  tleur  de  l'âge,  quelques  années  avant 
son  père,  au  mois  d'octobre  1865. 

*  BERLIOZ  (Hector),  est  mort  à  Paris  le 
8  mars  1869.  La  postérité  a  commencé  pour  ce 
grand  artiste,  et,  il  faut  le  dire  à  sa  louange,  elle 
est  plus  juste  pour  lui  que  ne  l'ont  été  ses  con- 
tem[)orains,  fatigués  du  reste,  on  ne  saurait  le 
méconnaître,  par  son  tempérament  batailleur, 
par  l'àprelé  de  sa  critique,  par  ses  allures  cas- 
santes et  son  mépris  affecté  du  public.  Il  n'en 
est  pas  moins  vrai  que  Berlioz  était  un  artiste 
d'une  rare  envergure,  d'une  trempe  peu  com- 
mune, d'un  génie  inégal  et  déréglé  sans  doute, 
mais  grandiose,  poétique,  varié,  et  d'une  origi- 
nalité qu'il  est  bien  rare  de  rencontrer  à  un 
pareil  degré.  Que  de  pages  tantôt  magnifiques 
et  superbes,  tantôt  étincelantes  et  vives,  tantôt 
émues  et  frissonnantes,  que  d'épisodes  admirables 
ne  rencontre-ton  pas  dans  la  plupart  de  ses 
œuvres  !  Le  public  s'est  tenu  longtemps  en  garde 
et  en  défiance  contre  ses  sympathies,  mais  un 
revirement  considérable  s'est  pi'oduit  en  ces  der- 
nières années,  et  la  foule  accourt  aujourd'hui  aux 
auditions  des  œuvres  de  Berlioz,  qu'elles  se 
produisent  aux  Concerts  populaires,  aux  concerts 
du  Chàtelet,  ou  même  au  Conservatoire.  Quoi  de 
plus  suave,  en  effet,  et  de  plus  touchant  que 
cette  adorable  Enfance  du  Christ,  dont  quel- 
ques-uns ont  vainement  essayéde  nier  le  charme 
exquis  et  pénétrant.'  Quoi  de  plus  poignant  et 
de  plus  pathétique  que  certaines  pages  de 
Roméo  et  Juliette,  de  Béatrice  et  Eénédict  et 
de  la  Symphonie  fantastique  ?  Quoi  de  plus  poé- 
tique, de  plus  tendre,  de  plus  rêveur  que  cer- 
tains tableaux  de  la  Damnation  de  Faust? 
Quoi  déplus  fier,  de  plus  hardi,  de  plus  éclatant, 
de  plus  chevaleresque  que  les  grands  épisodes 
iVHarold,  des  Troijens,  que  les  fulgurantes 
ouvertures  du  Roi  Lear  et  du  Carnaval  ro- 
main ? 

Longtemps  avant  que  la  France  ne  lui  eût 

(1)  M.  de  Bériot  a  publié  avec  son  père  les  deux  ou- 
vrages suivants  :  1°  Méthode  d'accompagnement  pour 
piano  et  violon  ;  exercices  chantants  en  forme  de  diiet- 
tini.  Paris,  Heugel  ;  2°  L' Art  de  l'accompagnement  ap- 
pliqué au  piano ,  méthode  pour  apprendre  aux  chan- 
teurs à  s'accompagner,  id.,  id.  Sous  le  titre  :  Opéras 
sans  paroles,  M.  de  Bériot  a  écrit  aussi,  en  société  avec 
son  père,  toute  une  série  de  duosconcertants  pour  piano 
et  violon. 


76 


BERLIOZ 


rendu  justice,  la  renommée  de  Berlioz  s'était 
établie  à  l'étranger.  On  sait  les  succès,  ou,  pour 
mieux  dire,  les  triomphes  qu'il  remporta  en 
Allemagne  et  en  Angleterre.  En  1867,  deux  ans 
avant  sa  mort,  il  fit  en  Allemagne  un  dernier 
voyage  «lui  mit  le  comble  à  sa  gloire,  et,  pous- 
sant jusqu'en  Russie,  il  donna  à  Saint-Péters- 
bourg et  à  Moscou  une  série  de  concerts  qui  ne 
réunissaient  pas  moins  de  dix  à  douze  mille 
auditeurs  et  dans  lesquels  l'enthousiasme  du 
public  était  porté  à  son  comble. 

Mais  les  jours  de  Berlioz  étaient  comptés. 
Sa  santé,  depuis  longtemps  délabrée,  ne  put  ré- 
sister à  l'écliec  immérité  que  reçurent  ses 
Troyens  au  Théâtre-Lyrique,  et  depuis  lors  il 
ne  fit  que  décliner  et  dépérir.  Il  travaillait 
depuis  plusieurs  années  à  cet  ouvrage  lorsqu'il 
donna,  sur  le  théâtre  cosmopolite  de  Bade,  en 
1862,  un  joli  opéra  en  deux  actes,  dont  il  avait 
tiré  lui-même  le  livret  de  la  jolie  comédie  de 
Shakespeare:  Beaucoup  de  bru  il  pour  rien. 
Cet  opéra  avait  pour  titre  Béatrice  et  Bénédicl, 
et  fut  accueilli  avec  la  plus  grande  faveur.  Berlioz 
songea  alors  à  offrir  au  public  la  première 
partie  de  ses  Troyens,  qui  formaient  deux  ou- 
vrages, l'un  intitulé  les  Troyens  à  Cartilage, 
l'autre  la^Prise  de  Troie.  11  proposa  à  M.  Car- 
valho,  là  cette  époque  directeur  du  Théâtre- 
Lyrique,  de  monter  les  Troyens  à  Carthuge; 
celui-ci  y  consentit,  monta  la  pièce  avec  un 
grand  luxe,  confia  le  rôle  d'Énée  à  M.  Mont- 
jauze,  celui  de  Didon  à  la  belle  M"»  Charton- 
Demeur,  l'amie  éprouvée  du  compositeur,  qui 
fut  engagée  spécialement  pour  cette  création,  et 
les  Troyens  virent  le  jour  le  4  novembre  1863. 
Mais,  outre  que  le  public  n'était  pas  encore  mûr 
pour  une  musique  si  mâle,  si  hardie  et  si  auda- 
cieuse, Berlioz  s'était  créé  de  nombreux  enne- 
mis, et  son  œuvre,  admirée  par  quelques-uns, 
conspuée  par  d'autres,  discutée  par  le  plus 
grand  nombre,  fut  reçue  avec  une  rigueur  exces- 
sive. Bref,  le  succès  fut  négatif,  et  au  bout  de 
vingt  et  une  représentations  les  Troyens  dispa- 
rurent du  répertoire  (1). 

Ce  fut  un  coup  terrible  pour  Berlioz,  qui 
espérait,  avec  cet  ouvrage,  établir  définitivement 
sa  renommée  dans  sa  patrie,  jusqualors  rebelle 
à  son  génie.  11  crut  devoir,  à  la  suite  de  cet 


(i)  Berliozn'avait  épargné  personne  ;  on  ne  lui  épargna, 
en  celle  occasion,  ni  les  critiques  anières,  ni  les  sarcasmes 
cruels.  Voici  un  échantillon  des  nombreuses  épigramnies 
qui  lui  furent  adressées  au  sujet  des  Troyens  : 

La  race  des  Troyens  aux  Uectors   est  funeste  ; 
L'un  périt  en  héros  sans  pouvoir  les  sauver. 
L'autre  tombeétouffé  î-ans  les  plis  d'une  veste 
En  voulant  les  ressusciter. 


échec,  briser  sa  plume  de  critique,  et  aban- 
donna le  feuilleton  musical  du  Journal  des 
Débats,  qui  passa  aux  mains  de  son  admirateur 
et  de  son  ami,  M.  Ernest  Reyer.  Mais  bientôt 
de  cruelles  douleurs,  des  chagrins  domestiques 
vinrent  envenimer  la  blessure  qu'il  avait  reçue  : 
Berlioz  perdit  sa  femme,  et  peu  après  son  fils 
unique,  jeune  officier  de  marine,  qu'il  aimait  à  la 
folie.  11  ne  put  résister  à  tant  de  secousses;  sa 
santé,  déjà  fortement  ébranlée,  vint  à  s'altérer  tout 
à  coup,  et  à  la  suite  de  longues  souffrances,  le 
8  mars  1869,  Berlioz  rendait  le  dernier  soupir. 
Au  lendemain  de  cet  événement,  M.  Ernest 
Reyer,  rendant  au  maître  l'hommage  qui  lui  était 
dû,  écrivait  dans  le  Journal  des  Débats  ces 
lignes  émues  et  éloquentes,  (émoignage  de  jus- 
lice  et  de  réparation  envers  l'admirable  artiste 
qui  venait  de  disparaître  : 

«  Le  bronze  n'a  pas  tonné,  les  cloches  n'ont 
pas  fait  entendre  leur  carillon  funèbre,  les  jour- 
naux de  musique  qui  paraîtront  demain  ne  se- 
ront même  pas  encadrés  de  noir  en  signe  de 
deuil.  Et  pourtant  un  grand  artiste  vient  de 
mourir,  un  artiste  de  génie  qu'ont  poursuivi  les 
haines  les  plus  violentes,  qu'ont  entouré  les  té- 
moignages de  l'admiration  la  plus  vive.  Si  le 
nom  de  Berlioz  n'était  pas  de  ceux  que  la  foule 
a  appris  à  saluer,  il  n'en  est  pas  moins  illustre, 
et  la  postérité  l'inscrira  parmi  les  noms  des  plus 
grands  maîtres.  Son  o'uvre  est  immense,  l'in- 
tluence  qu'il  a  exercée  sur  le  mouvement  musical 
de  son  époque  est  plus  considérable  qu'on  ne  le 
croit  aujourd'hui.  Laissez  faire  le  temps  et  la 
justice  des  hommes. 'L'Allemagne  le  considérait 
comme  une  de  ses  gloires;  dans  la  patrie  de 
Beethoven,  on  l'appelait  le  Beethoven  français, 
et  il  était  allé  à  Vienne,  à  Weimar  ou  à  Berlin, 
pour  oublier  les  outrages  que  ses  compatriotes 
ne  lui  épargnaient  guère.  11  vous  racontera  lui- 
mêmejlans  ses  Mémoires  posthumes  ses  chutes 
les  plus  imméiitées  et  ses  triomphes  les  plus 
éclatants;  il  vous  dira  avec -le  même  accent  de 
naïveté  sincère  :  Telle  oîuvre  fut  siftlée  à  Paris, 
et  à  Vienne  elle  excita  de  tels  transports,  que 
les  musiciens  de  l'orchestre  baisaient  les  pans 
de  mon  habit. 

<(  Je  ne  saurais  aujourd'hui,  tant  ma  douleur 
est  profonde,  écrire  quoi  que  ce  soit  qui  res- 
semblât à  une  étude  sur  le  rôle  joué  par  Berlioz 
et  sur  ses  œuvres  impérissables;  l'admiration 
que  j'avais  pour  l'artiste  égalait  mon  affection 
pour  l'ami  dont  les  défauts  m'attachaient  autant 
que  les  qualités.  Je  l'ai  vu  mourir,  et  pas  une 
plainte  ne  s'est  échappée  de  ses  lèvres  avant 
qu'elles  ne  fussent  glacées  par  les  premières 
approches  de  la  mort.  Il  s'est  éteint  doucement. 


BERLIOZ  —  BERLYN 


77 


ayant  perdu,  pendant  les  dernières  heures,  l'u- 
sage de  ses  facultés.  Aux  quelques  amis  qui  sont 
venus  lui  serrer  la  main,  il  n'a  même  pu  ré- 
pondre par  une  étreinte,  par  un  regard  ;  mais 
c'était  presque  une  consolation  pour  ceux  qui 
pleuraient  à  son  chevet  que  cette  expression  de 
douleur  vaincue  et  de  sérénité  répandue  sur  son 
beau  visage.  La  mort  a  donc  été  douce  pour  ce 
grand  artiste,  dont  la  vie  avait  été  traversée  par 
de  si  dures  épreuves.  » 

Pour  compléter  la  liste  des  œuvres  musicales 
de  Berlioz,  telle  qu'elle  a  été  donnée  par  Fétis, 
il  faut  ajouter  les  ouvrages  suivants  :  1"  Béa- 
trice et  Bénédict,  opéra  en  2  actes  (partition 
au  piano,  Paris,  in-S");  2"  les  Troyens  à 
Cartilage,  opéra  en  5  actes  et  un  prologue  (id., 
Paris,  Choudens)  ;  3°  la  Prise  de  Troie,  opéra 
en  3  actes  (id.,  Paris,\Choudens);  4"  Vlmpé- 
riale,  cantate  avec  chœurs  et  orchestre;  5"  Huit 
scènes  de  Faust,  tragédie  de  Gœthe  (ouvrage 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Damnation 
de  Faust,  et  dont  la  grande  partition  manus- 
crite se  trouve  au  Conservatoire  de  Paris)-,  e^Ze 
Temple  universel,  chœur  à  quatre  voix  d'hom- 
mes. Prière  du  matin,  chant  à  deux  voix  avec 
accompagnement  de  piano,  la  Belle  Isabeau, 
conte  pendant  l'orage,  avec  chœur,  le  Chasseur 
danois,  air  pour  voix  de  basse  (1);  7"  Récitatifs 
pour  le  Freischiitz  de  W'eber,  lors  de  la  re- 
présentation de  cet  ouvrage  à  l'Opéra.  De  plus, 
Berlioz  a  écrit  un  accompagnement  d'orchestre 
pour  la  fameuse  ballade  de  Schubert,  le  Hoi 
des  Aulnes,  et  un  accompagnement  de  petit 
orchestre  pour  la  romance  célèbre  de  Martini, 
Plaisir  d'amour.  La  bibliothèque  du  Conser- 
vatoire, à  qui  Berlioz  avait  légué  tous  ses  ma- 
nuscrits, possède  encore  de  lui  les  morceaux 
suivants,  qui  constituent  les  envois  réglemen- 
taires qu'il  fit  à  l'Académie  des  Beaux-Arts, 
comme  prix  de  Rome,  lors  de  son  séjour  en 
cette  ville  :  Resurrexit  et  iterum  venturus, 
grands  chœurs  avec  orchestre  (Rome,  1831); 
Quartetto  e  Coro  dei  Maggi,  pour  voix  mixtes, 
avec^orchestre  (Rome,  1832);  Intrata  di  Rob- 
Roy  Mac  Gregor  (Rome,  1832). 

D'autre  part,  on  doit  joindre,  aux  productions 
Littéraires  déjà  signalées  de  Berlioz,  les  écrits 
suivants  :  1°  les  Grotesques  de  la  musique,  Paris, 
librairie  nouvelle,  1859,  in-12  (ce  livre  avait  paru 
précédemment,  par  fragments,  dans  un  journal 
dirigé  par  Jules  Lecorate,  la  Chronique  pari- 

(1)  Ces  quatre  compositions  ont  été  indiquées  par 
M.  Mattiieu  de  Monter  dans  la  longue  étude  que  cet  eeri- 
vain  a  publiée  sur  Berlioz  dausla  Bévue  et  Gazette  mu- 
sicale de  Paris  (1870-1871);  J'ignore  si  elles  ne  font  pas 
partie  d'un  de  ses  recueils  de  chœurs  et  de  mélodies. 


sienne)  ;  2"  A  travers  chants,  Paris,  Michel 
Lévy,  1862,  in-12  (volume  formé  d'articles  ou 
de  fragments  d'articles  publiés  dans  le  Journal 
des  Débats);  3"  Mémoires  d'Hector  Berlioz, 
comprenant  ses  voyages  en  Italie,  en  Alle- 
magne, en  Russie  et  en  Angleterre,  1803  -1865, 
Paris,  Michel  Lévy,  1870,  gr.  in-8°  avec  por- 
trait (des  fragments  de  ces  Mémoires  avaient  été 
publiés,  du  vivant  de  l'auteur,  dans  le  journal  le 
Monde  illustré)  ;  4"  le  Retour  à  la  vie,  mélo- 
logue  faisant  suite  à  la  symphonie  fantastique 
intitulée  Épisode  de  la  vie  d'un  artiste,  iParis, 
Schlesinger,  1832,  in-8"  de  20  pp.  (c'est  le  livret 
de  cet  ouvrage,  dont  Berlioz  avait  écrit  les  pa- 
roles et  la  musique)  ;  5"  la  Damnation  de 
Faust,  légende  en  4  parties  (les  paroles  de  ce 
livret,  publiées  sans  nom  d'auteur,  étaient  de 
Gérard  de  Nerval,  A.  Gaudonnière  et  Berlioz)  ; 
6°  les  Troyens  à  Cartilage,  opéra  en  5  actes, 
avec  un  prologue  (Berhoz  avait  écrit  aussi  le 
livret  de  cet  opéra). 

Les  écrits  suivants  ont  été  publiés  sur  Berlioz  : 
i\,  Berlioz  {àjxm  une  galerie  biographique  inti- 
tulée :  Écrivains  et  artistes  vivants,  fran- 
çais et  étrangers,  biographies  avec  portraits, 
par  Xavier  £yma  et  Arthur  de  Lucy),  Paris, 
Librairie  universelle,  1840,  in-16;  2"  Ber- 
lioz, par  Eugène  de  Mirecourt,  Paris,  Havard, 
1850,  in-32  avec  portrait  et  autographe;  3°  L'o- 
péra les  Troyens  au  Père-Lachaise,  lettre  de 
feu  Nantho,  ex-timbalier  soliste,  ex-membre 
de  la  société  des  Buccinophiles  et  autres  so- 
ciétés savantes  {M.  }Lr.  Thoinan),  Paris,  Towne, 
1863,  in-8";  4"  Berlioz,  son  œuvre,  par  Georges 
de  Massougnes,  Paris,  Richault  et  Dentu,  1870, 
in-8". 

BERLIOZE  (Victor).  Sous  ce  pseudonyme, 
M.  Emile  Badoche  a  publié  une  notice  biogra- 
phique sur  une  jeune  chanteuse  russe  qui  s'est 
produite  avec  succès  au  Théâtre-Italien  de  Paris, 
pendant  la  courte  direction  de  M.  Strakosch  -. 
Anna  de  Belocca  (Paris,  Librairie  nouvelle, 
1874,  gr.  in-8''  avec  poi  trait  ). 

*  BERLYIX    (A -\V....),    compositeur 

néerlandais,  né  à  Amsterdam  le  2  mai  1817,  est 
mort  en  cette  ville  le  10  janvier  1870.  Il  avait 
reçu,  dès  ses  plus  jeunes  années,  des  leçons  de 
piano  et  de  violon  d'un  artiste  nommé  Bernard 
Koch,  étudia  ensuite  la  composition  avec  Louis 
Erck,  et  fut  aussi  l'élève  du  docteur  Finck,  ha- 
bile contre-pointiste,  rédacteur  de  la  Gazette  gé- 
nérale delà  musique,  qu'il  connut  à  Leipzig.  Son 
éducation  musicale  se  comi)léta  par  un  grand 
voyage  qu'il  fit  dans  quelques-unes  des  villes 
les  plus  importantes  de  l'Allemagne,  Berlin, 
Dresde,  Hambourg,   etc.  Il  m'a  été  impossible 


78 


BERLYN  —  BERNARDI 


de  trouver  la  liste  complète  des  œuvres  de  Ber- 
lyo,  dont  la  fécondité  était  vraiment  exagérée, 
et  qui  paraît  avoir  joui  de  plus  de  facilité  que 
d'inspiration  véritable.  Cet  artiste  a  écrit  un 
nombre  incalculable  doperas,  oratorios,  ballets, 
cantates ,  symphonies  ,  concertos ,  ouvertures, 
cliœurs,  fantaisies  d'orchestre,  quatuors  d'ins- 
truments, nocturnes,  etc.  Toute  cette  musique, 
assez  pure  au  point  de  vue  de  la  forme,  manque 
essentiellement  d'originalité.  L'existence  artis- 
tique de  Berlyn  a  néanmoins  été  des  plus  heu- 
reuses :  il  eut  des  relations  pleines  de  cordialité 
avec  plusieurs  grands  artistes,  Mendeissohn, 
Liszt,  Ch.  deBériot,  Kalliwoda,  ses  succès  dans 
sa  patrie  furent  considérables,  il  reçut  des  témoi- 
gnages de  bienveillance  de  plusieurs  souverains, 
et  enfin  il  fut  nommé  membre  de  diverses  so- 
ciétés artistiques  importantes ,  entre  autres  de 
l'Académie  de  Sainte-Cécile,  de  Rome.  Berlyn 
fut  pendant  quelque  temps  chef  d'orchestre  du 
théâtre  royal  d'Amsterdam ,  et  il  s'occupa  un  peu, 
dit-on,  de  littérature  musicale. 

BEUIVARD  (Paul),  compositeur,  professeur 
et  critique  musical,  né  à  Poitiers  le  4  octobre 
1827,  a  fait  à  Paris  son  éducation  artistique. 
Élève,  pour  le  piano,  de  Gambaro  et  de  Thalberg, 
il  entra  en  1843  au  Conservatoire,  dans  la  classe 
d'harmonie  de  M.  Elwart,  d'où  il  passa,  en  1845, 
dans  la  classe  de  fugue  et  de  composition  d'Ha- 
lévy.  Après  avoir  pris  part,  en  1847,  au  con- 
cours de  Rome,  il  ne  put  renouveler  une  se- 
conde fois  cette  épreuve,  s'élant  marié  au  mois 
d'avril  de  l'année  suivante.  M.  Paul  Bernard, 
qui  s'était  fait  entendre  avec  succès  dans  les 
concerts,  s'adonna  alors  au  professoral,  et  se  fit 
dans  cette  carrière  un  nom  honorable  tandis 
qu'il  se  distinguait  aussi,  comme  compositeur, 
par  la  publication  de  nombreuses  œuvres  pour 
le  piano,  qui  ont  dépassé  aujourd'hui  le  chiffre 
de  cent.  Il  a  écrit  encore  les  paroles  et  la  musique 
d'un  assez  grand  nombre  de  mélodies  vocales,  et 
fait  exécuter  quelques  opéras  de  salon.  Loin  du 
bruit,  V Accord  parfait,  etc.,  dans  lesquels  on  a 
remarqué  d'heureuses  qualités  d'inspiration  et  de 
facture.  Les  circonstances  de  sa  vie  artistique  ne 
lui  ont  pourtant  pas  permis  de  se  produire  au 
théâtre.  M.  Paul  Bernard ,  auquel  on  doit  d'a- 
gréables articles  de  critique  publiés  depuis  une 
quinzaine  d'années  dans  le  Ménestrel  et  dans  la 
Revue  et  Gazette  musicale,  a  vu  son  nom  at- 
taché à  la  fondation  du  concours  Cressent  (Foy. 
ce  nom),  dont  il  a  été,  d'après  la  volonté  expresse 
du  donateur,  auquel  le  liait  une  amitié  frater- 
nelle, l'un  des  principaux  organisateurs. 

BER!\ARD  (Joseph-Ferdinand),  chanteur, 
a  tenu  l'emploi  des  ténorsgdans  quelques  villes 


de  province  et  de  l'étranger,  puis  s'est  fixé  à 
Paris  comme  professeur  de  chant,  et  y  a  publié 
l'opuscule  suivant  :  Manuel  d'hygiène.  La 
Gymnastique  pulmonaire,  ori  Vart  de  respi- 
rer dans  tous  les  actes  de  la  vie  physique.  Je 
ne  connais  de  cet  écrit  que  la  4'  édition  (Paris, 
Baillière,  1875,  in-8°  de  70  pp.),  «  revue  et  cor- 
rigée et  contenant  des  exercices  spéciaux  pour 
développer  et  perfectionner  les  organes  de  la 
respiration  et  de  la  voix.  «  Une  note  de  cette 
4*  édition  porte  que  la  T'a  paru  en  1868,  la 
2e  en  1869  et  la  3=  en  1871.  Par  surcroît  de  pré- 
caution, l'auteur  annonce  que  "  la  5*  édition  du 
présqnt  ouvrage  contiendra  le  Thermomètre  de 
la  vie  et  de,  la  mort,  avec  planches  anatomi- 
ques  reproduisant  la  marche  ascendante  et  des- 
cendante du  mouvement  respiratoire  et  la  trans- 
formation de  l'air  en  ondes  sonores,  dans  la 
production  de  la  voix.  » 

BERX ARDEL  (  Auguste  -Sébastien-Phi  - 
lipi'e),  luthier  français,  naquit  à  Mirecourt,  le 
12  Janvier  1802,  fit  son  apprentissage  dans  sa 
ville  natale,  puis  vint  à  Paris  et  entra  comme 
ouvrier  d'abord  dans  l'atelier  de  Nicolas  Lupot, 
puis  dans  celui  de  Gand  père.  Après  six  années 
passéesainsi,  il  s'établit  à  son  compte  en  1826, 
et  commença  à  se  faire  une  réputation  honorable 
par  la  bonne  facture  de  ses  instruments  (1).  Bien- 
tôt il  s'attacha  à  la  reproduction  de  violons,  al- 
tos, basses  et  contrebasses  des  anciennes  écoles, 
et  inventa  un  genre  de  cordes  en  double  trait 
pour  la  contrebasse  à  quatre  cordes.  Il  prit  part  à 
diverses  expositions,  et  obtint  successivement 
une  médaille  de  bronze  (Paris,  1839),  une  médaille 
d'argent  (Paris,  1844),  une  médaille  d'or  (Paris, 
1849),  et  enfin  une  médaille  de  prix  à  l'exposi- 
tion universelle  de  Londres  en  1851.  En  1859, 
il  s'associa  ses  deux  fils  aînés,  Ernest-Auguste  et 
Gustave- Adolphe,  et  se  retira  en  1866.  Il  mou- 
rut le  6  août  1870,  à  Bougival.  Ses  deux  fils  s'as- 
socièrent alors  avec  M.  Eugène  Gand,  et  les  deux 
maisons  Gand  et  Bernardel  n'en  formèrent  plus 
qu'une  seule,  sous  la  raison  sociale  Gand  et 
Bernardel  frères.  Un  troisième  fils  de  Bernar- 
del, M.  Anatole  Bernardel ,  est  professeur  de 
piano  et  a  publié  quelques  compositions  pour  cet 
instrument. 

BER.\ARDI  (Enrico),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  italien,  s'est  fait  connaître  par  la 
musique  de  quelques  ballets,  entre  autres  Ze- 
liska,  représenté  à  la  Scala,  de  Milan,  en  1860, 

(1)  Dans  son  livre  :  Les  Instruments  à  archet,  M.  Vidal 
a  reproduit,  en  môme  temps  que  le  portrait  de  Bernardel, 
l'étiquette  d'un  de  ses  premiers  violons,  écrite  de  sa  pro- 
pre main:  Bernardel,luthier,  ex  ouvrier  du  sieur  Lui- 
pot,  rue  CoquiUiére,  n"  44,  «  Paris,  l'an  1826. 


BERNARDI 

Marco  Viscond,  joué  au  théâtre  Regio,  de  Turin, 
au  mois  de  décembre  18G2,  Ilda  et  Don  Pa- 
checo,  donnés  au  théâtre  communal  de  Trieste  en 
janvier  1868,  enfin  Ate,  joué  au  théâtre  Castelli, 
de  Milan,  en  avril  1876.  II  est  aussi  l'auteur  d'une 
opérette  bouffe,  il  Granduca  di  Gerolstein, 
donnée  en  1871  sur  un  petit  théâtre  de  Milan. 
Cet  artiste  a  publié  un  certain  nombre  de  mor- 
ceaux de  musique  de  danse  pour  le  piano.  Il 
était,  en  1876,  maestro  concertatore  et  chef 
d'orchestre  au  théâtre  Dal  Verme,  de  Milan. 

BERNARDI  (Antonio),  compositeur,  a  fait 
jouer  sur  le  théâtre  de  Spa,  le  20  août  1862,  un 
opéra-comique  en  un  acte,  intitulé  Llndamire. 

BERJXARDIIV  (Bekn.\rd  COURTOIS,  dit), 
violoniste  et  chef  d'orchestre,  né  vers  1826,  ob- 
tint uu  second  pri\  de  violon  au  Conservatoire, 
au  concours  de  1841,  et  s'acquit  aussitôt  une 
sorte  de  réputation  en  jouant  dans  les  concerts 
Devenu  plus  tard  second  chef  d'orchestre  au 
Vaudeville,  il  fut  ensuite  choisi  par  M.  Hervé 
pour  remplir  les  fonctions  de  premier  chef  au 
petit  théâtre  des  Folies-Concertantes,  qui  chan- 
gea bientôt  son  nom  en  celui  de  Folies-Nou- 
velles, puis  de  théâtre  Déjazet.  Bernardin  ne 
possédait  aucune  instruction  musicale,  mais  il 
avait  les  qualités  pratiques  du  chef  d'orchestre, 
et  il  dirigeait  avec  goût  l'exécution  des  opéret- 
tes et  des  petits  ballets  que  l'on  jouait  à  ce 
théâtre  mignon.  Il  fut  successivement  chef  d'or- 
chestre de  plusieurs  théâtres  du  même  genre, 
les  Bouffes  Parisiens,  l'Athénée,  et  enfin  les  Fo- 
lies-Dramatiques. Il  écrivit  la  musique,  —  sans 
conséquence  —  de  quelques  petites  pochades  mu- 
sicales :  1°  Polkette,  Folies-Nouvelles,  1856;  2° 
Nous  n'irons  plus  au  bois  ,  id.,  1857  ;VP'titfi, 
p'tit  mignon,  id.;  4° i\'îCrt/se,  Bouffes-Parisiens, 
1867  ;  ainsi  que  de  quelques  pantomimes,  entre 
autres  celles  intitulées  :  une  Razzia  galante ,  et 
Après  la  noce.  Il  a  publié  aussi,  chez  l'édi- 
teur Meissonnier,  une  Fantaisie  pour  violon, 
avec  accompagnement  de  piano,  sur  deux  ro- 
mances de  M"*^  Loïsa  Puget.  Bernardin  est 
mort  à  Paris,  pendant  le  siège  de  cette  ville,  à 
la  fin  de  1870  ou  au  commencement  de  1871. 

BERNARDIIVI  (Andréa),  amateur  distin- 
gué, né  à  Buti  (Toscane),  étudia  la  musique  dès  son 
jeune  âge  avec  Meliani,  di  Calcinaja,  et  Naldi,  de 
Pescia.  C'est  dans  cette  petite  ville,  oii  il  dirigea 
pendant  quelque  temps  la  musique  communale, 
qu'en  1846  il  produisit  sa  première  messe.  Se 
rendant  ensuite  aux  conseils  de  Pacini,  il  alla 
perfectionner  ses  études  à  Bologne,  où  Rossini, 
qui  dirigeait  alors  le  Lycée  musical  de  cette  ville, 
s'intéressa  à  lui  et  l'aida  de  ses  conseils.  La  mort 
de  son  père  le,  rappela  dans  son  pays,  et  les  af- 


BERR 


79 


faires  lui  firent  négliger  durant  quelque  temps 
la  musique,  jusqu'au  jour  où,  sur  les  instances 
réitérées  de  Pacini,  son  ami  personnel,  il  com- 
posa un  Credo,  que  le  même  Pacini,  directeur 
de  la  chapelle  ducale  de  Lucques,  fit  exécuter 
par  les  musiciens  de  cette  chapelle.  L'heureuse 
réussite  de  ce  Credo  lui  procura  un  engagement 
pour  composer,  en  1808,  une  grand'messe  pour 
la  fête  patronale  de  la  ville  de  Lucques.  Dès  ce 
moment,  Bernardini  continua  à  produire  de  ses 
compositions  aux  fêtes  sacrées,  soit  à  Lucques, 
soit  à  Pescia,  et  toujours  avec  beaucoup  de 
succès.  Il  est  fâcheux  que  Bernardini,  occupé 
dans  le  petit  pays  qui  l'a  vu  naître  à  administrer 
son  riche  patrimoine^  ne  tire  pas  tout  le  profit 
qu'il  pourrait  du  talent  distingué  dont  il  est 
doué,  en  s'élançant  hors  des  étroites  limites  de 
sa  province.  L.  F.  C. 

BER\'ICAT  (Firmin),  compositeur,  a  écrit 
la  musique  de  quelques  opérettes  ou  saynètes 
représentées  sur  de  petits  théâtres  ou  dans  des 
cafés  concerts  :  Derix  à  deux,  un  acte,  Tertulia, 
1872  ;  la  Queue  du  Diable,  id.,  id.,  1873  ;  Ali  ! 
c't  Indien,  id.,  Folies-Bergère,  1874;  Parla 
fenêtre,  id.,  id.,  1874;  Ali  pot  d'rfium,  ii.; 
les  Deux  Omar,  id.,  Fantaisies-Oller,  1876;  le 
Voyage  du  petit  Marquis,  id.,  id.,  1876;  la 
Jeunesse  de  Béranger,  Eldorado,  1877. 

*  BERNIER  (Nicolas),  a  publié  chez  Ballard 
une  cantate  intitulée  les  ISymphes  de  Diane. 

*  BERR  (Frédéric).  La  date  de  la  mort  de 
cet  artiste  est  le  24  septembre  1838. 

Voici  ce  qu'un  recueil  spécial  {l'Agenda  mu- 
sical pour  1837)  disait  de  lui  et  du  Gymnase 
musical  militaire  à  l'époque  où  cet  utile  établis- 
sement, aujourd'hui  disparu,  venait  d'être  fondé, 
et  où  la  direction  venait  de  lui  en  être  confiée  : 
—  «  Dans  les  premiers  temps  de  la  fondation  du 
Conservatoire,  cet  établissement  fournissait  pen- 
dant les  guerres  presque  tous  les  musiciens  né- 
cessaires au  service  de  quatorze  armées,  mais 
les  grands  développements  qu'on  a  donnés  de- 
puis à  l'instruction  musicale  l'éloignèrent  du  but 
pi'imilif;  tandis  qu'on  formait  des  sujets  pour  le 
théâtre  lyrique,  les  musiques  militaires  se  re- 
crutaient dans  les  régiments  mêmes,  où  les  exi- 
gences du  service  ne  laissent  point  au  chef  de 
musique  le  temps  de  former  de  bons  élèves.  Il  y 
a  plus,  tous  ces  chefs  ne  sont  pas  capables  ;  et 
l'on  explique  ainsi  pourquoi,  lors  des  inspec- 
tions, plusieurs  colonels  ont  demandé  la  sup- 
pression de  leur  musique.  C'est  d'après  des 
rapports  circonstanciés  que  M.  le  ministre  a 
formé  le  projet  de  fonder  une  école  dans  la- 
quelle de  jeunes  soldats  déjà  musiciens  et  de- 
vant encore  plusieurs  années  de  service,   vien- 


80 


BERR  —  BERTHELEMON 


dront  pendant  deux  ans,  dans  le  Gymnase  mili- 
taire, pour  se  perfectionner  sur  un  instrument  et 
y  étudier  l'art  si  difficile  de  conduire  les  orclies- 
tres,  et  retourneront  ensuite  à  leur  corps  jusqu'à 
l'expiration  de  leur  engagement  pour  y  enseigner 
et  propager  les  bons  principes  qu'ils  auront 
reçus.  Ils  pourront  former  des  élèves  et  les  pro- 
poser pour  le  Gymnase  musical.  Ce  projet  aura 
pour  résultat  d'améliorer  les  harmonies  mili- 
taires, et  en  outre  d'offrir  aux  jeunes  soldats 
qui  auront  acquis  un  talent  spécial  une  carrière 
qu'ils  ne  pouvaient  jamais  espérer  de  suivre. 
M.  le  ministre  a  choisi  M.  Berr  pour  diriger  le 
Gymnase  musical.  On  ne  peut  qu'applaudir  à  un 
pareil  choix.  Depuis  plus  de  vingt  ans,  cet  ar- 
tiste s'est  distingué  par  ses  oeuvres  de  musique 
militaire  et  d'harmonie.  Son  talent  de  composi- 
teur et  une  longue  expérience  dans  l'enseigne- 
ment offrent  toutes  les  garanties  qu'on  avait 
droit  d'exiger  d'un  homme  chargé  d'une  sembla- 
ble direction.  ■>> 

BERRC  (Ferdinand;,  compositeur  belge,  né 
le  5  février  18'i3  à  Ganshoren,  près  de  Bruxelles, 
commença  l'étude  de  la  musique  sous  la  direction 
de  M.  Godineau,  et  à  l'âge  de  vingt  ans  suivit  un 
coursde  composition  avec  M.  Bosselet  fils.  Il  avait 
déjà,  à  cette  époque,  écrit  plusieurs  morceaux  de 
violon,  et  publié  quelques  mélodies  vocales.  Après 
avoir  fondé,  à  Bruxelles,  le  Cercle  symphonique 
et  dramatique,  il  y  fit  jouer  deux  ouvrages  de  sa 
composition  :  V Orage  au  moulin,  opéra-comi- 
que en  un  acte,  1867  (joué  avec  paroles  flaman- 
des, sous  ce  titre  :  Hlarliies  op  Jacht,  le  12  oc- 
tobre de  la  même  année,  au  théâtre  du  Cirque), 
et  le  Couteau  de  Castille,  opéra-bouffe  en  un 
acte,  qui  fut  donné  ensuite,  le  22  avril  18G8,  au 
théâtre  des  Galeries  Saint-Hubert.  M.  Berré,  qui 
a  publié  à  Bruxelles,  chez  Schott,  une  cinquan- 
taine de  romances,  a  en  portefeuille  quatre  autres 
ouvrages  dramatiques  :  le  Dernier  des  Mohi- 
cans,  3  actes;  Madame  Putiphar,  3  actes;  les 
Poltrons,  un  acte;  et  Lowely,  grand  opéra  en  3 
actes. 

BERTAUD  ou  BERTEAU  ( ).  Un  ar- 
tiste de  ce  nom  a  fait  représenter  au  théâtre 
Favart,  en  1800,  unopéra-comiqueenun  acte,  le 
Voisinage,  dont  il  avait  écrit  la  musique  en  so- 
ciété avec  Dugazon  fils,  Dubuat,Pradberet  Qui- 
nebaud.  L'année  suivante,  il  donnait  à  l'Ambigu, 
seul  cette  fois,  un  autre  petit  ouvrage  en  un 
acte,  intitidé  le  Mari  d''emprunt. 

BERTELMAIX  (J -G ),  professeur  de 

piano,  d'harmonie  et  de  contrepoint  à  l'École 
royale  de  musique  d'Amsterdam,  est  né  en  cette 
ville  en  1782  et  mort  eu  1854,  à  l'âge  de  soixante- 
douze  ans.  La  carrière  de  cet  artiste,  qui  fut  l'un 


des  musiciens  néerlandais  les  plus  sérieux  du 
dix  neuvième  siècle,  fut  très-honorablement 
remplie,  très-laborieuse  et  tout  entière  consacrée 
à  l'art  qu'il  affectionnait.  Comme  compositeur,  il 
manqua  d'idées  et  d'originalité  dans  ses  ouvra- 
ge>,  qui  sont  nombreux;  mais  il  avait  le  travail 
facile,  beaucoup  de  savoir-faire,  et  possédait  son 
contrepoint  sur  le  bout  des  doigts.  11  forma 
d'excellents  élèves,  entre  autres  MM.  Van  Brée, 
Ed.  de  Hartog,  Richard  Hol,  etc. 

Il  était  chevalier  de  l'ordre  du  Lion  Néerlan- 
dais, membre  de  l'Académie  de  Sainte-Cécile  de 
Rome  et  membre  d'honneur  de  la  Société  pour 
l'encouragement  de  l'art  musical  dans  les  Pays- 
Bas,  qui  publia  à  ses  frais  l'une  de  ses  meilleures 
partitions,  une  messe  à  quatre  voix  et  chœur. 
Un  grand  nombre  de  ses  ouvrages  sont  gravés. 
Les  meilleurs  sont  un  Bequiem  (Amsterdam, 
Tlioune),  une  cantate  avec  orchestre  (id.,  id.),et 
un  quatuor  pour  instruments  à  cordes  (Paris, 
Richault).  Il  a  laissé  en  manuscrit  une  quantité 
de  compositions,  entre  autres  un  Traité  d'harmo- 
nie, deux  ouvertures,  deux  quatuors,  un  con- 
certo de  clarinette,  des  motets,  et  des  chorals 
harmonisés.  Ed.  de  H. 

*  BERTELSMANN  (  Chari.es-Alcuste  ) , 
professeur  de  musique  à  Amsterdam  et  composi- 
teur, est  mort  en  celte  ville  le  20  novembre  1861 . 
Les  compositions  de  cet  artiste  sont  nombreuses 
et  se  montent  à  plus  de  cinquante  œuvres. 

BERTHA  (Alexandre  DE),  compositeur, 
est  né  à  Pesth,  en  Hongrie.  Son  irrésistible  pen- 
chant pour  la  musique  lui  fit  abandonner  de 
bonne  heure  les  carrières  juridique  et  politique, 
dans  lesquelles  plusieurs  membres  de  sa  famille 
s'étaient  particulièrement  distingués.  Son  père 
appartenait  à  la  haute  magistrature,  et  Fr.  Déàk 
était  de  ses  parents.  Il  commença  ses  études  mu- 
sicales à  Pesth,  sous  les  auspices  de  M.  Mosouyi 
et  de  M.  A.  Feley,  et  les  acheva  à  Leipzig  et  à 
Berlin  près  de  Hauptmann,  le  célèbre  conlra- 
pimtiste,  de  Moschelès  et  de  Hans  de  Biilow.  Il 
se  fixa  ensuite  à  Paris  pour  y  épurer  son  goût 
et  y  faire  connaître  la  musique  hongroise,  dont 
certains  motifs  pleins  de  verve  et  d'originalité 
ont,  par  une  étrange  loi  des  contrastes,  le  carac- 
tère rêveur  des  mélodies  du  Nord  et  la  couleur 
d'une  œuvre  orientale.  Nous  citerons  parmi  ses 
principales  productions  :  une  symphonie,  en  ré, 
des  quatuors,  des  sonates  et  particulièrement 
des  Hongroises  et  des  Palotas  (danses  mouve- 
mentées de  son  pays)  qui  font  ressouvenir  heu- 
reusement des  Polonaises.  M.  de  Bertha  a  aussi 
composé  un  Hymne  national,  qui  lui  a  valu 
une  médailled'or  de  l'empereur  d'Autriche. 

BERTHELEMON  (FrançoisHippolyte), 


BERTHELEMON  —  BERTINI 


81 


cortipositeiir  dramatique  dont  le  nom  semble  in- 
diquer une  origine  française,  vivait  en  Italie  dans 
la  seconde  moitié  du  di\-liuitième  siècle.  On  a 
représenté  de  lui ,  à  Londres ,  un  opéra  intitulé 
Pelopida,  et  à  Florence  on  a  exécuté  un  orato- 
rio, Jefte  in  Mas  fa. 

BERTHÉLEMY  (F....-C ),  liautboïste 

distingué,  fit  ses  études  au  Conservatoire  de  Pa- 
ris, où  il  obtint  un  accessit  de  hautbois  en 
1847,  le  second  prix  en  1848  et  le  premier  prix 
en  1850.  Il  fit  partie  des  orcliestres  de  l'Opéra  et 
de  la  Société  des  concerts,  et  au  mois  de  juillet 
1867  fut  nommé  professeur  de  hautbois  au  Con- 
servatoire, où  il  remplaça  son  ancien  maître  Trie- 
bert.  11  ne  remplit  que  peu  de  temps  ces  fonc- 
tions, car  il  mourut  subitement  le  li  février 
1868,  en  faisant  son  cours  au  collège  Louis-le- 
Grand,  où  il  était  aussi  professeur. 

BERTHOLD  (Cuarles-Frédéiuc-Théo- 
DOREj,  musicien  saxon,  est  né  à  Dresde  le  18  dé- 
cembre 1815.  Depuis  1849  cet  artiste  réside  en 
Russie,  où  il  a  fondé  une  Société  chorale  qui  donne 
périodiquement  des  exécutions  d'oratorios.  Il  a 
écrit  des  messes,  une  symphonie  et  un  oratorio 
intitulé  Petrus,  plus  différentes  compositions  re- 
ligieuses de  moins  longue  haleine.  —  Y. 

*BERTIi\  (Ml""  LoDiSE-ANGÉLrQUE),  a  publié 
nn  recueil  de  Six  Ballades  {\ .  le  Matelot;  i. 
laFleur;  3.1a  3Iule;i.le  Page;à.  laChasse; 
G.  le  Soir],  et  un  trio  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle. Parmi  ses  compositions  inédites,  nous 
signalerons  cinq  symplionies  de  chambre,  et  un 
assez  grand  nombre  de  chœurs  :  Prière,  Hymne 
à  Apollon,  VEnfant  des  Fées,  les  Esprits,  le 
Retour  d'Agamemnon,  les  Chasseurs,  les  Juifs, 
la  Chasse  et  la  Guerre,  le  Départ  du  comte, 
Ronde  de  jeunes  filles,  etc.  L'ouvrage  que 
j\iue  Berlin  a  fait  représenter  à  l'Opéra  avait 
pour  titre  £'smera/c/a,  et  non  pas  Notre-Dame 
de  Paris;  écrit  d"abord  en  cinq  actes,  il  fut 
joué  en  quatre,  car  on  en  supprima  un  avant  la 
représentation.  M''«  Berlin  s'est  occupée  aussi 
de  poésie  :  elle  a  publié  un  volume  de  \evs,\les 
Glanes  (Paris,  1842),  qui  fut  couronné  par  l'A- 
«atiémie  française,  et  un  second  volume  intitulé 
Nouvelles  Glanes  (Paris,  Charpentier,  1876, 
in-12). 

*  BERTINI  (Henri-Jérôme),  pianiste  et 
compositeur  français,  est  mort  le  1'^'^  octobre 
1876  dans  la  propriété  qu'il  possédait  à  Meylan, 
près  Grenoble  (1).  Il  setaitretiré  dans  cette  pro- 
priété depuis  plus  de  vingt  ans,  et,  quoique  ne 

(1)  Le  prénom  de  yerô/n*',  omisdanslalnoticcde  la  Bio- 
iiraphie  universelle  des  Musiciens,  est  inscrit  sur  les  let- 
tres de  décès  de  Bcriini. 

BIOCR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    SUPPL.    —  T. 


composant  plus  pour  le  public,  il  avait  encore 
écrit  pour  une  société  orphéonique,  dont  il  était 
le  président,  quelques  messes  et  des  chœurs  que 
l'on  dit  charmants. 

Les  œuvres  publiées  de  Bertini  s'élèvent  à 
près  de  deux  cents,  parmi  lesquelles  il  faut  sur- 
tout citer  :  1°25  Études,  op.  29;  —  2"  25  Étu- 
des, op.  32  ;  —  3"  Études  caractéri.stiques,  dé- 
diées au' Conservatoire  de  musique,  op.  66;  — 
4°  25  Caprices-Études,  op.  94  ;  —  5°  Éludes 
musicales  à  4  mains,  op.  97  ;  —  6"  23  Études  fa- 
ciles, op.  100;  —  1°  24  Leçons  mélodiques,  op. 
101  ;  —  8"^  25  Études  artistiques  de  première 
force,  op.  122;  — 9"  25  Études,  op.  134,—  10° 
25  Études  musicales  à  4  mains,  op.  135;  —  11"' 
25  Études  élémentaires,  op.  137  ;  —  12°  50  Étu- 
des et  Préludes  mélodiques,  op.  141  et  142;  — 
13°  25  Études  très-faciles,  op.  149;  —  15°  25 
Études  faciles,  op.  150; —  15°  V Art  de  la  me- 
sure, 25  leçons  en  partition,  op.  160; —  16°  25 
Études  priÈiaires  pour  les  petites  mains,  op.  166; 

—  t7°  25  Etudes  préparatoires,  op.  175;  —  18° 25 
Études  intermédiaires,  op.  176;  —  19°  25  Éludes 
spéciales  de  la  vélocité,  du  trille  et  de  la  main 
gauche,  op.  177;  —  20°  25  Études  normales  et 
classiques,  op.  178;  —  21°  25  Études,  op.  179; 
22°  Rudiment,  ou  réunion  des  exercices  les 
plus  indispensables  pour  acquérir  un  mécanisme 
parfait,  op.  84  ;  —  23°  École  de  la  musique 
d'ensemble,  études  spéciales  du  style  élevé,  de 
la  mesure  et  de  toutes  les  combinaisons  les  plus 
difficiles  du  rhythme,  collection  des  fugues  et 
préludes  de  Sébastien  Bach,  arrangés  à  4  main*  , 

—  24°  La  Semaine  du  pianiste,  études  journa- 
lières de  la  gamme  dans  tous  les  tons  ;  —  25" 
Premières  leçons  doigtées  et  arrangées  pour  les 
petites  mains;  —  26°  Leçons  progressives,  suite 
aux  précédentes;  —  27°  Leçons  récréatives, 
suite  aux  précédentes  ;  —  28°  Méthode  élémen- 
taire et  facile  de  piano,  dédiée  aux  élèves;  — 
29°  Méthode  complète  et  progressive  de  piano, 
dédiée  aux  professeurs,  etc.,  etc. 

A  ces  œuvres,  depuis  longtemps  connues  et 
appréciées ,  il  faut  ajouter  un  grand  nombre  de 
compositions  restées  jusqu'à  ce  jour  inédites,  et 
que  le  gendre  de  Bertini,  M.  Nickiès,  organiste 
de  St-Eloi  à  Bordeaux,  doit  livrer  prochainement 
à  la  publicité  ;  on  cite ,  parmi  ces  dernières  : 
1°  3  Nonettos  pour  piano  et  instruments  à  vent  ; 
2°  3  Symphonies  pour  piano  et  orchestre;  3° 
deux  livres  d'Études  à  quatre  mains;  4°  une 
série  d'Études  spéciales  pour  le  double-dièze  et 
le  double-bémol;  5°  une  vingtaine  de  morceaux 
pour  piano  seul  ;  6"  des  Études  de  solfège  pour 
neuf  voix  d'hommes  ;  7°  un  Pie  Jesu  que  Ber- 
tini avait  composé  pour  ses  propres  funérailles, 

6 


82 


BERTINl  —  BERTON 


et  qui,  par  les  soins  de  son  gendre,  a  été  exécuté 
à  Bordeaux  pour  le  service  funèl^re  célébré  en 
son  honneur. 

On  assure  que  Bertini  avait   refusé,  sous  le 
gouvernement  de  juillet,  la  décoration  de  la  Lé 
gion  d'iionneur,  qui  lui  avait  été  offerte. 

BERTIiXI  (DOME-Mco),  compositeur  et  pro- 
fesseur, né  à  Lucques  le  26  juin  1829,  est  issu 
d'une  famille  dans  laquelle  la  musique  était  tenue 
en  grande  affection.  Ses  frères  et  ses  sœurs  cul- 
tivaient tous  la  musique  pour  leur  plaisir,  sa 
mère  possédait  un  véritable  talent  de  chanteuse 
amateur,  et  son  père,  directeur  du  journal  offi- 
ciel du  duché  de  Lucques,  lui  lit  apprendre  dès 
sou  plus  jeune  âge  les  premiers  principes  de  l'art. 
Doué  d'une  fort  jolie  voix,  chantant  avec  ex- 
pression, il  fui  à  douze  ans  reçu  à  l'Institut  mu- 
sical de  sa  ville  natale,  alors  dirigé  par  Giovanni 
Pacini,  et  y  remporta  successivement  tous  les 
premiers  prix. 

En  1848,  lors  du  soulèvement  naticyal  de  l'I- 
talie, il  s'engagea  comme  volontaire,  se  battit 
dans  plusieurs  rencontres,  et  se  distingua  tout 
particulièrement  dans  la  journée  du  29  mai.  Mais 
après  la  restauration  des  princes,  et  lorsque  les 
Autrichiens  eurent  envahi  le  pays,  il  dut  se  re- 
tirer à  la  campagne  pour  se  mettre  en  sûreté. 
C'est  alors  qu'il  reprit  ses  études  musicales,  cette 
fois  sous  la  direction  de  Michèle  Puccini.  Il  les 
mena  avec  assez  d'activité  pour  être  en  état  de 
faire  exécuter,  le  25  juillet  1850,  une  mes.se  et 
une  cantate  de  sa  composition,  et  deux  ans  après, 
le  22  novembre  1852,  un  Magnificat  à  4  voix 
avec  accompagnement  d'orchestre.  Nommé  en 
1853  maître  décomposition  de  la  congrégation  de 
Sainte- Cécile  de  Lucques  et  maestro  concerta- 
tore  au  théâtre,  il  devint,  en  1857,  directeur  de 
l'Institut  musical  de  Massa-Carrara  et  maître  de 
chapelle.  Enfin,  en  1862,  il  alla  se  fixer  à  Flo- 
rence, où  depuis  lors  il  n'a  cessé  de  se. livrer  à 
l'enseignement  du  chant,  et  où  il  est  devenu  di- 
recteur de  la  Société  Cherubini. 

M.  Bertini  a  fait  paraître  en  1866  un  manuel 
musical  conçu  d'après  un  nouveau  système,  sys- 
tème mis  en  usage  par  lui  et  qui  a  produit,  pa- 
raît-il, d'excellents  résultats;  cet  ouvrage  a  pour 
titre  :  Compendlo  di  principii  di  musica  se- 
conda un  nnovo  sïstema,  et  a  été  approuvé  par 
MM.  Mercadante,  alors  directeur  du  Conserva- 
toire de  Naples,  Lauro  Rossi,  directeur  de  celui 
de  Milan,  Platania,  directeur  de  celui  de  Palerme, 
et  Gaetano  Gaspari.  M.  Bertini  est  l'auteur  de 
deux  opéras,  Non  ti  scordar  di  me  et  Cinzica 
Sismondi,  qui  n'ont  point  été  représentés  jus- 
qu'ici (1876;,  mais  dont  l'éditeur  Morandi,  de 
Florence,  a  publié  quelques  morceaux,  et  il  a 


livré  au  public  quelques  compositions  moins  im- 
portantes, entre  autres  un  sonnet  écrit  sur  des 
vers  de  Michel-Ange  à  l'occasion  du  quatrième 
centenaire  de  ce  grand  homme,  et  qui  passe  pour 
une  de  ses  meilleures  productions.  M.  Bertini, 
qui  s'occupe  aussi  de  littérature  musicale,  prend 
part  à  la  rédaction  des  journaux  la  Scena,  de 
Venise,  et  le  Boccherini,  de  Florence,  et  il  a 
exercé  les  fonctions  de  critique  dans  une  grande 
feuille  politique,  VEpoca,  pendant  tout  le  temps 
qu'a  duré  sa  publication. 

BERTII\I  (Ernesto),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Macerata,  a  fait  représenter  sur  le 
théâtre  de  celte  ville,  il  y  a  quelques  années,  un 
drame  lyrique  intitulé  Caterïna  di  Francia. 

BERTIIXI  (Natale),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  dramatique,  né  à  Palerme,  a  fait 
représenter  en  celte  ville,  sur  le  théâtre  Belliui, 
le  4  avril  1867,  un  opéra  sérieux  en  trois  actes, 
intitulé  Elrira  da  Fiesole.  En  1872,  cet  artiste 
était  chef  d'orchestre  et  maestro  concerlaiore 
au  théâtre  impérial  d'Odessa. 

*  BERTIA^OTTI  (Tni:i!i;sE),  cantatrice  re- 
marquable, née  à  Savigliano  en  1776  et  non  en 
1780,  est  morte  à  Bologne  le  12  février  1864. 

BERTO\  (Pierre  MONTAN-).  Cet  artiste 
distingué  s'était  donné,  à  l'Opéra,  une  sorte  de 
spécialité  :  celle  de  rafraîchir,  par  l'aiijonction 
de  quelques  morceaux  nouveaux,  les  opéras  an- 
ciens que  l'on  jugeait  à  propos  de  remettre  à  la' 
scène.  C'est  ainsi  qu'il  écrivit  des  airs,  des 
scènes,  des  airs  de  ballet  pour  Camille,  reine 
des  Yolsques  de  Campra,  pour  Iphigénie  en 
Tauride  de  Campra  et  Desmarets,  pour  Castor 
et  Pollux  et  Dardaniis  de  Rameau,  etc.  Cela 
lui  donna  l'occasion  de  publier  (1762)  un  Recueil 
de  différents  airs  à  grande  symphonie, 
composés  et  ajoutés  dans  plusieurs  opéras  et 
exécutés  au  concert  français  des  Tuileries 
(Paris,  La  Chevardière).  J'ignore  si  plusieurs 
volumes  de  ce  recueil  ont  paru,  mais  le  premier 
portait  cette  mention  :  «  On  donnera  incessam- 
ment le  second  et  le  troisième  recueil.  » 

Berton  mourut  le  14  mai  1780. 

*BERTOIX  (Henri  MONTAN-).  Un  assez 
grand  nombre  d'erreurs  s'étant  produites' au  sujet 
des  œuvres  de  ce  compositeur  célèbre',  je  crois 
utile  de  reconstituer  ici,  par  ordre  chronologique, 
son  répertoire  dramatique,  en  l'accompagnant 
de  quelques  observations  ;  je  ne  m'occuperai  ni 
des  oratorios  exécutés  au  Concert  spirituel,  ni 
des  opéras  restés  inédits,  mais  seulement  des 
ouvrages  représentés.  En   voici  la  liste  : 

1"  Les  Promesses  de  mariage,  suite  de  l'É- 
preuve villageoise,  2  actes,  Comédie-Italienne, 
4  juillet  1787  ;  2°  l'Amant  à  l'épreuve,  2  actes. 


BERTON 


83 


id.,  5  décembre  1787  ;  3"  les  Brouilleries,  3 
actes,  id.,  1"  mars  1790  ;  4"  les  Rigueurs  du 
Cloître,  2  actes,  id.,  23  août  1790;  ^y"  le  Nou- 
veau d'Assas,  1  acte,  id.,  octobre  1790;  6"  les 
Deux  Sentinelles,  un  acte.  Th.  Favart  (ex-Co- 
médie-Italienne),  27  mars  1791  ;  7°  Eugène,  3 
actes,  th.  Feydeau,  11  mars  1793;  8°  le   Con- 
grès des  Rois,  3  actes  (en  société  avec  Blasius, 
Cherubini,  Dalayrac,  Deshayes,  Devienne,  Gré- 
try,  Jadin,  Kreutzer,  MéhuI,  Solié  et  Trial  fils), 
th.  Favart,  26  février   1794  (cet  ouvrage  n'est 
point  cité  par  Fétis)  ;  9"  Agj'icole   Viala  ou  le 
Héros  de  la  Durance,vin  acte,  th.  Feydeau,  9 
octobre  179i  ;  10°  Ponce  de  Léon,  3  actes,  th. 
Favart,  mars  1797   (paroles  et  musique  de  Ber- 
ton);ir  le  Rendez-Vous  supposé  ou  le  Souper 
de  famille,  2  actes,  th.  Favart,  5    août  179S 
(ouvrage  représenté   précédenunent,  le  11   no- 
vembre 1788,  sous  forme  de  comédie  et  sous  ce 
titre  :  les  Dangers  de  V absence,  ou  le  Souper 
de  famille);  12°  Montana  et  Stéphanie,  3  ac- 
tes, tb.    Favart,  mars  ou  avril   1799  (ouvrage 
défendu  par  la  police  après  sa  première  repré- 
sentation, joué  pour  la  seconde  fois  le  20  avril, 
et  repris  le  4  mai  1800  avec  un  troisième  acte 
nouveau);  13°  la  Nouvelle  au  camp  de  l'as- 
sassinat des  ministres  français  à   Rastadt, 
«  scène  patriotique,  »  Opéra,  14  juin  1799;  14° 
l'Amour  bizarre,  ou  les  Projets  dérangés,  3 
actes,  th.  Favart,  30  août  1799  ;  15"  le  Délire, 
ou  les  Suites  d'une  erreur,  un  acte,  th.  Favart, 
6  décembre  1799  ;  16°  le  Grand  Deuil,  un  acte, 
th.  Favart,  20  janvier  1801  ;  17"  les  Deux  sous- 
lieutenants  o\i  le  C^cert  interrompu,  un  acte, 
th.  Feydeau,  29  mai  1802  (Fétis  a  fait  ici  con- 
fusion et  a  cru  voir  dans  cet  opéra  deux  ou- 
vrages distincts,  dont  l'un  aurait  été  représenté 
sous    ce    titre  :  les    Deux   sous-lieutenants, 
1  autre  sous  celui-ci  :  le  Concert  interrompu: 
cette  pièce  avait  été  représentée  précédemment 
au  th.  Favart,  le  19  mai  1792,  sous  forme  de 
comédie);    18°    Aline,  reine  de  Golconde,  3 
actes,  Opéra-Comique,  3  septembre  1803  ;  19°  la 
Romance,  un  acte,  id.,    2i  janvier   1804;  20°, 
Trusibule,    "   cantate   scénique,    »  exécutée  à 
l'Hôtel  de  Ville  (et  non  au  Théâtre-Olympique, 
comme  l'a  dit  Fétis),  le  16  décembre  1804;  21° 
le  Vaisseau-Amiral  ou  Forbin  et  Delville,  un 
acte,  Opéra-Comique,  1'='  avril  1803  ;  22°  Délia 
et  Verdikan,  un  acte,  id.,  8  mai  1805  (les  pa- 
roles de  ce   petit  ouvrage  étaient  du  chanteur 
EUeviou)  ;  23°  les  Maris  garçons,  un  acte,  id., 
15  juillet  1806;  24°  le  Chant  du  retour,  can- 
tate, id.,  28  juillet  1807;  25°  le  Chevalier  de 
Sénanges,    3  actes,   id.,    23  juillet  1808;    26° 
Ninon  chez  M>»e  de  Se  vigne,  un  acte,  id.,  26 


septembre    1808;    27°  Françoise  de  Foix,   3 
actes,  id.,  28  janvier  1809  ;  28°  le  Charme  de 
la  Voix,  un  acte,  id.,  24  janvier   1811  ;  29°  la 
Victime   des  Arts  ou  la  Fête  de  Famille,  2 
actes  (en  société  avec  Nicolo  et  Solié),  id.,  28 
février   1811  ;  30°  V Enlèvement  des   Sabines, 
ballet  en  3  actes,  représenté  au  palais  impérial 
de   Fontainebleau  le    4    novembre   1810,    et   à 
l'Opéra  le  25  juin  1811  ;  W  l Enfant  prodigue, 
ballet  en  3  actes.  Opéra,  28  avril  1812;  32°  le 
Laboureur  chinois,  pastiche  en  un  acte,  avec 
récitatifs  de  Berton,  Opéra,  5  février  1813  ;  33° 
Valentin  ou  le  Paysan  romanesque,  3  actes, 
Opéra-Comique,  13  septembre   1813   (repris  et 
réduit  en    2  actes  le  4  décembre   1819);    34° 
/'  Oriflamme,   un  acte  (en  société  avec  Kreut- 
zer, Méhul  et  Paër),  Opéra,  r'  février   1814; 
35"  l'Heureux  Retour,  ballet  en  un  acte,  id., 
25  juillet  1815  ;  36°  les  Dieux  rivaux  ou  la 
Fête  de  Cythère,   opéra-ballet  en  un  acte  (en 
société  avec  Kreutzer),  Persuiset  Spontini),  id., 

21  juin  1816;  37°  Féodor  on  le  Batelier  du 
Don,  un  acte,  Opéra-Cornique,  15  octobre  1816  ; 
38°  Roger  de  Sicile  ou  le  Roi  troubadour,  3 
actes.  Opéra,  4  mars  1817  ;  39°  Corisandre  ou 
la  Rose  magique,  3  actes,  Opéra-Cornique,  29 
juillet  1820;  40°  Blanche  de  Provence  ou  la 
Cour  des  Fées,  un  acte  (en  société  avec  Boiel- 
dieu,  Cherubini,  Kreutzer  et  Paër),  représenté 
à  la  cour  le  1"  mai  et  à  l'Opéra  le  3  mai  1821  ; 
41°  Virginie  ou  les  Décemvirs,  3  actes.  Opéra, 
11  juin  1823  ;  42"  les  Deux  Mousquetaires  ou 
la  Robe  de  chambre,  uu  acte,  Opéra-Comique, 

22  décendire  1824;  4.3°  Pharamond,  3  actes 
(  en  société  avec  Boieldieu  et  Kreutzer),  Opéra, 
10  juin  1825  ;  44"  les  Créoles,  3  actes,  Opéra- 
Comique,  14  octobre  1826  (ouvrage  non  men- 
tionné par  Fétis)  ;  45°  les  Petits  Appartements, 
un  acte,  Opéra-Comique,  9  juillet  1327  ;  46°  la 
Marqtiise  de  Brinvilliers,  3  actes  (en  société 
avec  Auber,  Batton,  Blangini.  Boieldieu.  Carafa, 
Cherubini,  Hérold  et  Paër),  Opéra-Comique,  31 
octobre  1831  (non  mentionne  par  Fétis  en  ce 
qui  concerne  Berton). 

Il  faut  ajouter  que  Berton  a  modifié  et  ar- 
rangé un  ouvrage  de  Gluck  et  un  de  Grétry 
pour  deux  reprises  qui  en  furent  faites  à  l'Opéra 
et  à  l'Opéra-Comique.  Écho  et  Narcisse,  de 
Gluck,  ainsi  remanié  par  lui,  fut  repris  à  l'O- 
péra le  25  mars  1806,  et  Guillaume  Tell,  de  Gré- 
try, fut  donné  à  l'Opéra-Comique  le  24  mai  1828. 

■*  BERTOIV  (Henri),  fils  du  précédent  (1). 
Aux  ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il 
faut  joindre  le  Présent  de  noces  ou  le  Pari, 

(t)  Et  non  François,  comme  il  a  élc  dit  par  erreur,    i 


84 


BERTON  —  BERTRAND 


ouvrage  en  un  acte  qui  fut  représenté  à  l'Opéra- 
Cornique  le  2  janvier  1810.  Quant  au  Château 
d'Urtuby  (et  non  d'iturbide,  comme  il  a  été 
dit),  il  fut  donné  au  même  théâtre  le  14  jan- 
vier 1834,  dix-huit  mois  après  la  mort  du  com- 
positeur, qui  fut  l'ime  des  premières  viclimes 
de  l'épidémie  cholérique  de  1832.  En  lête  du 
livret  de  cette  pièce,  les  auteurs,  MM.  de  Lu- 
rieu  et  Raoul,  ont  placé  une  pièce  de  vers  «  aux 
mânes  de  Henri  Berton  fils,  »  pièce  de  vers  qui 
fut  lue  sur  la  scène,  le  jour  de  la  première  re- 
présentation, et  qu'il  ne  me  semble  pas  inutile 
de  reproduire  ici  : 

Un  fléau  d'jffreiise  mémoire 

Naguère  époiivantait  Paris; 

Vertus,  beauté,  talens  et  gloire, 
Rien  ne  put  le  fléchir  :  il  fut  sourd  à  nos  cris.... 

Henri  Beuton,  tenant  la  lyre. 

Tomba  foudroyé  sous  ses  coups; 
I,c.s  derniers  chants,  enfans  de  son  délire, 
L'infortuné  les  modulait  pour  vous. 

Bientôt  vous  allez  les  entendre. 
l,ui  seul,  hélas!  il  manque  au  rendez-vous. 
Qu'il  eût  été  joyeux  d'être  au  milieu  de  nous!... 
Ses  amis  empressés  seraient  venus  lui  prendre 

La  main,  en  lui  disant  :  «  C'est  bien.  » 
Cotte  main  s'e  t  glacée...  Et  de  ce  cœur  si  digne. 
De  ce  feu  créateur,  il  ne  reste  plus  rien.... 
Ces  chants  pleins  d'avenir  étaient  le  chant  du  cygne. 

Vous  les  adopterez,  oui,  messieurs,  car  son  nom 

Du  succès  fut  toujours  le  gage; 

Oui,  son  aïeul,  Pierre  Berton, 
Par  ses  accords,  enivrant  un  autre  âge. 
De  Gluck  lui-même  obtenait  le  suffrage. 

Plus  fier,  plus  maïc  en  ses  accens, 

De  son  CIs  le  brillant  génie 

Grandit  encore  avec  les  ans, 
Et  dans  la  France  enlière  on  répète  les  chants 

Et  i'Jline  et  de  Stéphanie. 

Ainsi  la  gloire,  aimant  à  proclamer  ce  nom, 

Sur  ses  tables  d'airain  grava  trois  fois  :  Berton. 

Henri,  console-toi,  puisqu'en  mourant  tu  bisses 

Pour  héritage  à  tes  enfans. 

Trois  générations  de  talens; 

C'est  la  plus  belle  des  noblesses. 

De  ses  travaux  lorsqu'il  n'a  pu  jouir, 
Pour  un  artiste  qui  succombe, 
C'est,  hélas!  bien  plus  que  mourir. 
Ce  fut  le  sort  d'Henri...   Grâce  à  vous,  sur  sa  tombe, 

Que  ses  enfans,  quand  ils  iront  prier. 
Puissent  porter  demain  quelques  brins  de  laurier. 

Fétis  a  été  trompé  par  un  faux  renseignement 
lorsqu'en  parlant  du  fils  de  cet  arlisfe,  Adolphe 
Berton,  mort  en  1857,  il  a  dit  :  «  En  lui  s'est 
éteinte  la  quatrième  génération  d'une  famille  qui 
s'était  illustrée  dans  la  musique.  »  La  famille 
était  loin  d'être  éteinte,  car  Adolphe  laissait  un 
frère,  Charles-Francisque  Montan-Berton,  qui, 
né  à  Paris  le  16  septembre  1820 ,  embrassa  la 
carrière  théâtrale,  entra  au  Conservatoire  dans  la 
classe  de  Samson,  et  devint  l'un  des  premiers 
comédiens  de  ce  temps.  Celui-ci  épousa  une  fille 


de  son  maître,  M'^'  Caroline  Samson,  qui  s'est  fait 
connaître  comme  écrivain  par  des  romans  et  des 
pièces  de  théâtre,  et  il  appartint  successivement 
au  personnel  de  la  Comédie-Française,du  Vaude- 
ville, des  théâtres  de  Vienne  et  de  St-Pétersbourg, 
et  plus  tard  de  ceux  du  Gymnase,  delà  Gaîté,  de 
rodéon  et  de  laPorte  Saint-Martin.  Charles-Fran- 
cisque Berton  est  mort  fou,  le  18  janvier  1874, 
laissant  un  fils,  M.  Pierre  Berton,  comédien  fort 
distingué  lui-même  et  auteur  dramatique,  qui 
s*est  fait  applaudir  au  Gymnase  et  à  la  Comédie- 
Française  et  qui  a  fait  représenter^quelques  pièces 
agréables,  entre  autres  les  Jurons  de  Cadillac, 
la  Vertu  de  ma  femme,  etc. 

*  BERTOiM  (Ferdinand-Josepii).  Aux  ou- 
vrages dramaliques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  Antigono. 

lîERTRAXD  (H -G ),  violoniste  et 

compositeur  français  ou  belge,  a  publié  à  Liège, 
en  1768,  un  recueil  de  Sir.  trios  de  violon, 
op.  1. 

BERTRAXD  (JE.\iN- Gustave),  écrivain  mu- 
sical distingué,  est  né  à  Vaugirard  (Paris)  le  24 
décembre  1834.  Bon  helléniste,  et,  à  ce  titre, 
membre  de  la  Société  d'encouragement  des  études 
grecques,  M.  Bertrand,  après  avoir  fait  d'excel- 
lentes études  au  lycée  Louis  le  Grand,  suivit  les 
cours  de  l'école  ,des  Chartes  et  sortit  de  cette 
institution  avec  le  diplôme  d'archiviste-paléo- 
giaphe.  Sa  thèse  portait  sur  un  point  d'archéo- 
logie musicale  :  l'Histoire  de  l'orgue  dans 
l'antiquité  et  au  moyen  âge,  et  des  fragments 
eu  furent  publiés  dans  le  journal  la  Maîtrise. 
L'auteur  avait  travaillé  seul  la  théorie  musicale 
et  l'harmonie. 

Devenu  en  1859  rédacteur  en  '  chef  d'une 
feuille  théâtrale,  M.  Bertrand  se  vit  bientôt 
chargé  de  la  critique  musicale  à  la  Revue  ger- 
manique (plus  tard  Revue  moderne),  puis,  en 
1862,  prit  possession  du  feuilleton  dramatique 
et  musical  du  journal  le  Nord.  Il  a  collaboré 
successivement  à  la  Revue  et  Gazette  musi- 
cale, au  Ménestrel,  au  Moniteur  universel, 
au  Journal  des  Débais,  à  la  Patrie,  au  Soir, 
au  Journal  de  Paris,  à  l'Ami  de  la  France,  au 
Journal  officiel,  etc. 

Membre  du  comité  des  travaux  historiques 
(section  d'archéologie),  M.  G.  Bertrand  fut,  pen- 
dant plusieurs  années,  chargé  par  le  ministère 
de  l'instruction  publique  de  missions  scientifi- 
ques en  Russie,  et  en  profita  pour  étudier, 
avec  l'intérêt  qu'il  mérite,  l'art  musical  de  ce 
pays,  si  peu  connu  dans  l'Europe  occidentale. 
Il  prépare  une  histoire  de  l'Opéra  national  russe. 
Ses  observations,  jointes  à  celles  qu'il  avait  rap- 
portées de  ses  précédents  voyages  en  Allemagne 


BERTRAND  —  BEST 


85 


et  en  Ilalie,  lui  permirent  de  publier  un  livre  à 
la  fois  très-ingénieux  et  très-substantiel  :  les 
Aationalités  musicales  étudiées  dans  le 
drame  lyrique,  livre  dans  lequel  on  rencontre 
des  aperçus  neufs  et  des  remarques  fort  utiles. 
La  crifiijue  de  M.  Gustave  Bertrand  se  fait  d'ail- 
leurs remarquer  par  une  grande  élévation  de 
pensée,  des  connaissances  solides,  et  en  même 
temps  par  une  urbanité  de  formes  qu'on  vou- 
drait toujours  retrouver  sous  la  plume  des  écri- 
vains dignes  de  ce  nom. 

Les  écrits  de  M.  G.  Bertrand  relatifs  à  la  mu- 
sique sont  les  suivants  :  \"  Histoire  ecclésias- 
tique de  l'Orgue  (Paris,  Cli.  de  Mourgues, 
1859,  in  8°);  2°  Essai  sxir  la  musique  dans 
l'antiquité  [Pdirh,  Didot,  s.  d.,  in-8"),  tirage  à 
part  d'un  article  fort  important  publié  dans  le 
Complément  de  l Encijclopédie  moderne;  3" 
les  Origines  de  Vharmonie  (s.  1.  n.  d.),  tirage 
à  part  d'un  article  inséré  dans  la  Reiue  mo- 
derne, du  f""  septembre  1866  ;  4"  de  la  Réforme 
des  études  du  chant  au  Conservatoire  (Paris, 
Heiigel,  1871,  in-8"),  travail  plein  d'intérêt, 
écrit  par  l'auteur  à  la  suite  de  visites  faites  par 
lui  aux  conservatoires  de  Naples,  de  Milan,  de 
St-Pétersbourg  et  de  Bruxelles  ;  5°  les  Nationa- 
lités musiccdes  étudiées  dans  le  drame  ly- 
rique (Paris,  Didier,  1872,  in-12).  La  publica- 
tion de  ces  divers  ouvrages  a  créé  à  leur  auteur 
une  situation  très-solide  dans  la  critique,  et  lui 
a  donné  une  autorité  incontestable.  M.  Bertrand 
est  l'un  des  collaborateurs  du  Supplément  de  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens.  Tout  ré- 
cemment il  a  pris  posses-sion,  sous  le  nom  de 
Jean  Bertrand,  du  feuilleton  dramatique  et 
musical  du  journal   la  République  française. 

*BERWALD  (Je\n-Fkédéric),  est  mort 
au  mois  de  septembre  1861. 

BEllWALD  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom 

a  fait  représenter  à  Stockholm ,  au  mois  d'avril 
1862,  un  opéra  intitulé  Estrella  de  Soria,  qui 
a  été  très-favorablement  accueilli  par  le  public. 
J'ignore,  quoique  cela  paraisse  probable  ,  si  cet 
artiste  appartient  à  la  famille  du  précédent. 

*  BESAKZOAJ  (Ferdinand).  Cet  artiste, 
qui  s'était  établi  à  Paris,  où  il  demeura  plusieurs 
années,  fit  représenter  à  l'Opéra-Comique  ,  eu 
1856,  un  petit  ouvrage  en  un  acte,  intitulé  te 
Chercheur  d'esprit,  qui  passa  complètement 
inaperçu  et  n'obtint  qu'un  petit  nombre  de  re- 
présentations. Besanzoni  est  mort  à  Venise,  le 
5  décembre  1868. 

BESEKIRSKIJ  (Vasil-Vasilevic),  violo- 
niste russe,  membre  de  la  chapelle  impériale, 
est  né  à  Moscou  en  1836.  Cet  artiste  a  complété 
son   éducation  au  Conservatoire  de  Bruxelles , 


sous  la  direction  de  M.  Léonard.  Après  s'être  fait 
entendre  à  Bruxelles  et  à  Paris,  il  retourna  en 
1860  dans  sa  patrie,  où  il  a  fondé  une  société 
de  quatuors.  Il  a  écrit  pour  son  instrument  plu- 
sieurs compositions  qui  ont  été  publiées  en  Alle- 
magne. Y. 

*  BESSEj\1S  (Antoine-Acgust&),  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Anvers  et  fixé  à  Paris  de- 
puis 1852,  est  mort  en  celte  dernière  ville  le  19 
octobre  1868. 

BESSOIV  (Gustave- Auguste),  facteur  d'ins- 
truments de  musique  en  cuivre  et  l'un  des  in- 
dustriels français  les  plus  renommés  en  ce 
genre,  est  né  à  Paris  en  1820,  et  étudia  fort 
jeune  loutes  les  questions  relatives  à  la  cons- 
truction et  au  mécanisme  de  ces  instruments  : 
cors,  trompettes,  trombones,  cornets  à  pistons, 
bugles,  etc.  Fort  jeune  encore,  il  présenta  à 
l'exposition  de  1844  plusieurs  produits  qui  fu- 
rent récompensés,  et  depuis  lors  il  n'a  guère 
laissé  passer  de  solennités  de  ce  genre  sans  y 
prendre  part  et  sans  y  obtenir  des  succès.  Il  a 
été  récompensé  par  une  médaille  de  prix  à  l'Ex- 
position universelle  de  Londres  (1831)  et  par  une 
médaille  de  première  classe  à  celle  de  Paris 
(1855). 

BEST  (W -T \  organiste  fameux  en 

Angleterre,  et  actuellement  considéré  comme  le 
premier  de  ce  pays,  est  titulaire  des  grandes  et 
des  plus  belles  orgues  de  concert  du  royaume, 
celles  de  Royal-Albert- Hatl,  à  Londres,  de 
Saint- George' s- Hall,  à  Liverpool,  enfin  de  la 
nouvelle  et  superbe  salle  de  Shelfield.  Il  a  été, 
je  crois,  organiste  dune  des  plus  importantes 
églises  de  Birmingham.  M.  Best,  qui  est 
âgé  aujourd'hui  d'environ  cinquante  ans,  et  qui 
est  considéré  par  ses  compatriotes  comme  le  pre- 
mier organiste  de  l'Angleterre,  est  cependant 
inférieur  à  plusieurs  de  ses  confrères,  et  parti- 
culièrement à  M.  Henry  Smart,  l'aveugle,  artiste 
extrêmement  distingué.  Très-habile  au  point  de 
vue  du  mécanisme  comme  exécutant,  très-rompu 
à  la  pratique  comme  compositeur,  avec  cela  fort 
instruit,  M.  Best  possède  un  talent  véritable, 
mais  un  talent  sans  charme  et  qui  n'est  pas 
échauffé  par  l'inspiration.  On  le  voit  parfois, 
assis  devant  son  instrument  ,  s'arrêter  au  beau 
milieu  d'une  phrase  pour  disposer  et  arranger 
ses  registres,  prendre  longuement  son  temps,  puis 
poursuivre  ensuite  tranquillement  son  petit  dis- 
cours interrompu.  D'autre  part,  M.  Best,  quia 
transcrit  un  certain  nombre  de  concertos  de  Ilaîn- 
del  pour  orgue  et  orchestre,  n'a  pas  reculé  devant 
ce  sacrilège  de  changer,  quand  cela  lui  convenait, 
l'harmonie  du  maître.  On  voit  ce  qu'il  faut  pen- 
ser d'un  artiste  qui  en  prend  ainsi  à  son  aise 


86 


BEST  —  BEZDECR 


dans  l'exercice  d'un  art  qui  exige  le  plus  profond 
respect  de  lui-même  et  du  public.  Il  est  certain 
que  la  valeur  de  M.  Best  a  été  singulièrement 
exagérée  dans  son  pays  ,  et  qu'elle  reste  de 
beaucoup  au-dessous  de  sa  renommée. 

M.  Best,  qui  s'est  fait  entendre  plusieurs  fois 
à  Paris  dans  les  séances  intimes  d'orgue  données 
cbez  nos  grands  facteurs ,  a  publié  un  nombre 
incalculable  de  transcri|jtions  des  diefs-d'œiivre 
des  grands  maîtres.  On  lui  doit  des  compositions 
originales  dont  la  valeur  est  mince,  entre  autres 
une  Collection  of  organe  pièces,  en  plusieurs 
livres. 

*  BÉTIIISY  (Jea!s-Laure\t  DE).  L'Enlè- 
vement d'Europe,  tragédie-opéra  dont  cet  ar- 
tiste avait  écrit  tout  à  la  fois  les  paroles  et  la 
musique,  fut  jouée  à  Versailles,  an  concert  de 
la  reine ,  au  commencement  du  mois  de  juin 
1739. 

BETTS  (John),  lutbier  anglais  de  la  fin  du 
dix-huitième  et  du  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  naquit  à  StamTord  en  1755  et  mou- 
rut en  1823.  Établi  à  Londres,  il  y  lit,  dit-on, 
d'importantes  affaires,  mais  c'était  plutôt  un 
marchand  d'instruments  qu'un  lutbier  véritable, 
car  on  assure  qu'il  travaillait  peu  par  lui-même. 
Un  luthier  nommé  John  Carter,  qui  habitait 
Londres  en  1789,  lui  .fabriqua  un  grand  nombre 
d'instruments. 

BETTS  (Edward),  luthier  anglais  de  la  fin 
du  dix-huitième  siècle,  fut  élève  du  luthier  Ri- 
chard Duke  [Voyez  ce  nom),  fameux  dans  son 
pays,  et  qu'il  sut  imiter  habilement.  Cependant, 
les  instruments  sortis  de  ses  mains,  très-soignés 
ettrès-finis  dans  leurs  détails,  laissaient,  dit-on, 
à  désirer  au  point  de  vue  de  l'ensemble. 

BETZ  (I'rançois),  premier  baryton  de  l'Opéra 
impérial  de  Berlin,  est  né  à  Mayence  le  19 
mars  1835.  C'est  un  des  chanteurs  favoris  de 
M.  Richard  Wagner,  et  il  faisait  partie  de 
ceux  qui  ont  chanté  la  fameuse  tétralogie  de 
ce  compositeur  à  Bayreuth,  en  1876.  Aussi 
distingué,  dit-on,  comme  comédien  que  comme 
virtuose,  il  s'est  fait  surtout  remarquer  en  Al- 
lemagne dans  le  rôle  de  Hans  Sachs  des  Maî- 
tres chanteurs ,  dont  il  a  fait  une  création 
pleine  de  puissance  et  d'originalité ,  puis  dans 
le  FreischiUz,  Lohengrin,  Tristan  et  Isolde, 
Ipliigénie  en  Tauride,  Hamlet ,  Aida,  etc. 
M.  Betz  s'est  fait  entendre  parfois  à  l'Opéra 
impérial  de  Vienne. 

BEULE  (Charles-Ernest),  archéologue, 
écrivain  et  homme  politique  français,  né  à  Sau- 
mur  le  29  juin  1826,  mort  à  Paris  le  4  avril  1874, 
n'est  mentionné  ici  que  pour  les  «  éloges  »  con- 
sacrés par  lui  à  quelques  musiciens  en  sa  qua- 


lité de  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
beaux-arts.  Il  avait  succédé  sous  ce  rapport  à 
Halévy,  et  il  eut  ainsi  l'occasion  de  lire  à  l'A- 
cadémie des  notices  sur  Halévy  lui-même  ,  sur 
Meyerbeer  et  sur  Rossini.  Ces  notices  ont  été 
publiées  à  la  librairie  Firmin-Didot ,  en  1862, 
1865  et  1869. 

BEUMEB  (Henri),  violoniste  et  composi- 
teur pour  son  instnmient,  né  à  Leuwarden 
(Pays-Bas),  en  1831,  fit  -ses  études  musicales 
sous  la  direction  de  son  père,  qui  était  chef  de 
musique  de  la  2*^  division  d'infanterie.  Dès  l'âge 
de  douze  ans  il  se  faisait  entendre  avec  succès 
dans  les  concerts,  et  en  1849,  ayant  eu  l'occasion 
de  se  produire  à  Spa,  devant  Charles  de  Bériot, 
ce  maître  le  complimenta  et  lui  proposa  d'entrer 
dans  la  classe  supérieure  de  violon  dont  il  était 
titulaire  au  Conservatoire  de  Bruxelles.  M.  Beu- 
mer  accepta  cette  offre,  entra  au  Conservatoire, 
et  au  bout  de  deux  années  y  remporta  le  prix 
(l'honneur.  Peu  de  temps  après  il  devenait  lui- 
même  professeur  dans  cet  établissement,  en 
même  temps  que  violon-solo  au  théâtre  de  la 
Monnaie.  Cet  artiste  s'est  aussi  livré  à  la  com- 
position; il  a  écrit  la  musique  d'un  ballet  repré- 
senté au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  et 
a  publié,  entre  autres  œuvres  :  6  études  pro- 
gressives pour  le  violon;  50  études  pour  le 
\iolon,  dédiées 'à  Charles  de  Bériot;  Caprice 
pour  le  violon,  sur  le  God  save  the  Quren  ; 
12  romances;  une  ouverture  ;  quatre  fantaisies 
pour  orchestre ,  etc. 

BE'VIGNAIXI  (Enrico),  chef  d'orchestre  et 
compositeur  dramatique,  a  fait  représenter  en 
1802,  sur  un  théâtre  deNaples,  un  opéra  inti- 
tulé Caterina  Blum.  En  1872,  M.  Bevignani 
était,  conjointement  avec  M.  Liiigi  Arditi,  chef 
d'orchestre  des  théâtres  italiens  de  Saint-Pé- 
tersbourg et  de  Moscou,  et  en  1876,  il  remplissait 
les  mêmes  fonctions  au  lliéâtre  italien  de  Cu- 
vent Garden,  à  Londres. 

*  BEYER  (Ferdinand).  Cet  infatigable  fa- 
bricant de  musique  plus  que  médiocre,  né  à 
Querfurt,  dans  la  Prusse  saxonne,  le  25  juillet 
1805,  est  mort  à  Mayence  le  14  mai  1863. 
Néanmoins,  son  commerce  était  tellement 
florissant,  qu'il  s'est  trouvé  un  artiste  assez 
avisé  pour  recueillir  sa  succession  et  prendre  la 
suite  de  ses  affaires.  Un  compositeur  de  musi- 
quette de  piano  a  en  effet  adopté  le  pseudonyme 
de  Beyer,  pour  satisfaire  le  public  amateur  des 
morceaux  de  ce  dernier.  H  a  seulement  changé 
l'initiale  du  prénom  ;  au  lieu  de  F.  Beyer,  on 
met  sur  le  titre  S.  Beyer,  et  tout  est  dit. 

BEZDECK  (Frédéric-Wenzel),  violoniste, 
est  né  le  24  septembre  1804,  à  Prague.  On  a  de 


BEZDECK  —  BIÂGI 


87 


lui  (\es   quatuors    pour   instruments  à  cordes, 
(les  lieder  et  des  morceaux  de  piano.      Y. 

BIAGGI  (Gerolvmo-Alessandro),  critique 
et  historien  musical  italien,  est  né  vers  1815  à 
Milan  et  fit  ses  études  musicales  au  Conserva- 
toire de  cette  ville,  oii  il  entra  le  2i  octobre 
1829  pour  en  sortir  le  16  février  1839,  après 
avoir  suivi  les  cours  de  violon  et  de  composi- 
tion. Bien  que  pourvu  d'une  instruction  musicale 
sérieuse  et  solide,  M.  Biaggi  ne  songea  pas  un 
instant,  dit-on,  à  suivre  la  carrière  de  compo- 
siteur, et  se  livra  aussitôt  à  son  gortt  pour  la 
critique,  la  littérature  et  lliistoire  musicales. 
Esprit  élevé  et  indépendant,  quoique  imbu  de 
certains  préjugés  et  un  peu  trop  immobilisé  dians 
l'admiration  du  passé,  il  s'est  fait  dans  son  pays 
une  renomuiée  véritable ,  méritée  d'ailleurs  à 
beaucoup  d'égards.  En  1857,  à  la  suite  de  lon- 
gues méditations  sur  l'état  de  décadence  dans 
lequel  se  trouvait  l'art  musical  religieux  en  Ita- 
lie, il  publia  un  écrit  ainsi  intitulé  :  Délia  Mu- 
sica  religiosa  e  délie  questioni  inerenti,  dis- 
corso i\\i\An,  Lucca,  1857,  in-8").  Ce  discours 
de  plus  de  200  pages  donne  des  preuves  d'une 
érudition  solide,  et  quoique  je  sois  loin  de 
partager  toutes  les  idées  exprimées  par  l'auteur, 
je  n'en  dois  pas  moins  rendre  hommage  à  l'élé- 
vation de  son  esprit  et  à  son  grand  sentiment  de 
l'art. 

C'est,  je  crois,  à  l'époque  où  il  publia  ce 
livre,  que  M.  Biaggi  dirigeait  à  Milan  une  feuille 
spéciale,  Vltalia  musicale,  publiée  par  l'éditeur 
Francesco  Lucca.  Peu  d'années  après  il  quittnit 
Milan  pour  aller  se  fixer  à  Florence,  où  il  deve- 
nait bientôt  le  feuilletoniste  musical  de  l'excel- 
lent journal  politique  la  jYffi;io?ie,  et  où,  lors  de 
la  création  de  l'Institut  royal  de  musique,  il  fut 
nommé  professeur  d'esthétique  musicale  et  d'his- 
toire de  l'art  dans  cet  établissement.  M.  Biaggi 
est  aussi  cbargé  de  la  critique  musicale  à  la 
Gazzella  d'ItaUa,  où  il  signe  ses  articles  du 
pseudonyme  Ippolito  d'Albano,  et  c'est  encore 
lui  qui  fait  les  revues  musicales  du  grand  recueil 
littéraire  qui  a  pour  titre /a  JSuova  Aniologia, 
lequel  tient  en  Italie  la  place  que  la  Revue  des 
Deux-Mondes  occupe  en  France. 

La  situation  littéraire  de  M.  Biaggi,  on  le  voit, 
est  considérable,  et  pourtant  il  est  peut-être 
juste  de  remarquer  que,  malgré  l'estime  qu'on 
fait  de  son  talent  et  de  son  caractère,  l'autorité 
qui  s'attache  à  ses  jugements  n'est  pas  à  la 
hauteur  de  celte  situation.  M.  Biaggi  est  consi- 
déré comme  un  érudit,  comme  un  savant,  comme 
un  musicien  de  premier  ordre,  ses  travaux, 
«crits  dans  une  langue  élégante  et  claire,  sont 
tplus  et  recherchés,  et  néanmoins  l'on  ne  peut  pas 


dire  que  l'écrivain  tienne  l'oreille  du  public  et 
entraîne  ses  lecteurs  à  sa  suite.  C'est  que, 
comme  je  le  faisais  entrevoir  plus  haut,  M.  Biaggi 
est  un  peu  trop  confiné  dans  le  passé,  un  passé 
brillant  et  glorieux  à  la  vérité,  mais  qui,  étant 
donné  le  progrès  constant  et  le  renouvellement 
incessant  de  l'art,  ne  satisfait  plus  le  besoin  de 
l'intelligence  humaine.  M.  Biaggi  en  est  resté  à 
Rossini  ;  on  pourrait  assurément  plus  mal  choisir 
son  dieu,  mais  enfin  Rossini,  qui  a  été  lui-même 
un  révolutionnaire  en  musique,  a  été  suivi  par 
d'autres  novateurs  qui  ont  à  leur  tour  renouvelé 
ou  tout  au  moins  modifié  profondément  les 
formes  de  l'art,  et  des  travaux  desquels  il  faut 
absolument  tenir  compte.  En  un  mot,  M.  Biaggi 
ne  croit  qu'aux  morts,  et  professe  l'horreur  la 
plus  profonde  pour  la  musique  île  sou  temps. 
J'admets  parfaitement  que  l'Italie  ne  possède 
pas  en  ce  moment  un  seul  arliste  de  la  trempe 
de  Ciraarosa  ou  de  Paisiello,  mais  est-ce  en  dé- 
courageant les  jeunes  producteurs  qu'on  par- 
viendra à  leur  inspirer  des  chefs-d'œuvre"?  Je 
ne  le  crois  pas.  En  tout  cas,  M.  Biaggi  pousse 
certainement  trop  loin  l'aniiuosité  contre 
i\I.  Verdi,  qui  est  sa  bête  noire,  lorsqu'il  traîne 
aux  gémonies  des  œuvres  aussi  mâles,  aussi 
puissantes  qu'.4?fZaet  la  messe  de  Requiem.  Je 
suis  fort  loin  d'admirer,  pour  ma  part,  tout  ce 
qu'a  fait  M.  "Verdi,  et  je  reconnais  tout  ce  que 
son  génie  a  d'inégal,  de  sauvage  et  de  désordonné. 
Mais  en  présence  des  deux  œuvres  que  je  viens 
de  nommer,  mon  sentiment  se  modifie,  et  si  la 
critique  ne  perd  pas  complètement  ses  droits,  du 
moins  peut-elle  laisser  une  bonne  part  à  la  louange. 
En  résumé,  M.  Biaggi  est  un  arliste  fort  distin- 
gué, fort  instruit,  remarquable  à  plus  d'un  titre, 
mais  qui  paraît  vivre  dans  un  temps  qui  n'est  pas  le 
sien,  etdont  l'esprit  est  trop  sensiblement  éloigné, 
par  des  idées  surannées,  du  courant  qui  emporte 
incessamment  l'humanité  vers  l'éternel  progrès. 
BIAGI  (Al\m\nno),  excellent  violoniste  et 
compositeur  (1),  naquit  à  Florence,  le  20  décem- 
bre 1800,  fit  sesétudes  musicales  dans  les  classes 
de  l'académie  des  beaux-arts  de  cette  ville,  et 
devint  un  des  meilleurs  directeurs  d'orchestre  de 
son  temps.  C'est  en  cette  qualité  qu'il  fit  long- 
te  mps  partie  de  la  musique  de  chambre  et  de 
la  chapelle  de  la  cour  grand-ducale  de  Toscane. 
Il  composa  dans  tous  les  genres,  sauf  le  genre 
théâtral,  ce   qui  paraît   tant  soit    peu  étrange, 


(1)  Trompé  par  la  simililude  des  noms,  l'auteur  de  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens  a  confondu  en 
une  seule  personnalité  trois  artistes  distincts  :  1\I.  Ala- 
manno  Biagi,  M.  Alessandro  Biagi,  son  frère,  et  M.  riiio- 
lamo  Alessandro  Biaggi.  Nous  rétablissons  ici  les  faits 
relativement  à  ees  trois  artistes.  —  a.  -p. 


88 


BIÂGI  -    BIANGHLXI 


puisquen  sa  qualité  de  chef  d'orchestre  il  passa 
la  plus  grande  partie  de  sa  vie  au  théâtre.  Du 
reste,  ses  nombreuses  compositions  lui  auraient 
valu,  sans  doute,  la  réputation  à  laquelle  il 
avait  droit,  si  elles  n'étaient  restées  presque 
toutes  inédites.  Parmi  ses  compositions  instru- 
mentales, on  ne  doit  pas  passer  sous  silence  un 
très-beau  quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
violoncelle,  qu  il  présenta  peu  de  temps  avant 
sa  mort  à  l'un  des  concours  dus  à  la  libéralité  de 
M.  le  D"'  A.  Basevi.  Le  quatuor  obtint  le  prix, 
mais  au  moment  où  le  jugement  était  rendu, 
l'auteur  était  déjà  mort.  A.  Biagi  a. laissé  bon 
nombre  de  motets,  psaumes,  messes,  dont  cinq 
des  morts  ;  une  seule  a  été  imprimée  à  Florence 
par  F.  Lorenzi.  Si,  dans  la  musique  sacrée  de 
A.  Biagi,  on  remarque  parfois  quelque  sécheresse 
en  ce  qui  concerne  la  mélodie,  on  rencontre 
aussi  constamment  une  harmonie  pure,  une  fac- 
ture habile,  une  belle  orchestration  et  surtout 
une  remarquable  noblesse  de  conception. 

Le  gouvernement  de  la  Toscane,  qui  par  un 
décret  du  15  mars  1860  fonda  l'Institut  royal 
de  musique  de  Florence,  appela  A.  Biagi  à  en 
faire  partie  en  qualité  de  conseiller  censeur.  Il 
collabora  avec  MM.  le  D'  A.  Basevi  et  L.-F.  Ca- 
samorata  à  la  rédaction  des  statuts  de  l'Institut, 
mais  il  n'eut  pas  la  satisfaction  d'assister  à  son 
inauguration,  qui  eut  lieu  vers  la  fin  de  1861,  car 
il  était  mort  le  20  juin  de  la  même  année  dans 
toute  la  force  de  l'âge,  à  la  suite  d'une  longue  et 
douloureuse  maladie.  L.-F.  C. 

BiAGI  (Alessandro),  compositeur,  pianiste 
et  professeur,  est  né  à  Florence  le  20  janvier 
1819.  A  1  âge  de  dix  ans,  il  commença  l'étude 
du  piano  sous  la  direction  d'un  de  ses  frères, 
M.  Ludovico  Biagi,  qui  devint  plus  tard  un  ocu- 
liste remarquable,  et  un  an  après  il  entra,  à 
l'académie  des  beaux-arts,  dans  la  classe  de 
Geremia  Sboici,  puis  dans  celle  de  Palafuti.  Il 
obtint  la  première  médaille  au  concours,  et  en 
1836  la  même  récompense  lui  fut  accordée  au 
concours  de  contrepoint,  qu'il  avait  étudié  avec 
Nencini.  Ses  études  terminées,  il  se  consacra  à 
l'enseignement  du  piano,  et  fut  appelé,  en  1857, 
à  succéder  à  son  maître  Palafuti  dans  sa 
classe  de  l'académie,  devenue  plus  tard  l'Institut 
musical.  M.  Alessandro  Biagi  jouit  d'une  grande 
notoriété  conmie  professeur,  et  ses  compositions 
pour  le  chant  et  pour  le  piano  sont  fort  estimées. 
Il  ne  s'en  est  pas  tenu,  d'ailleurs,  à  des  compo- 
sitions instrinnentales,  et  il  a  abordé  par  deux 
fois  le  théâtre,  en  faisant  représenter  la  Secchia 
rapila,  opéra-bouffe  (Florence,  th.  de  la  Per- 
gola, 1839),  et  Gonzalvo  di  Cordova,  opéra 
sérieux  (id.,  th.  National,  1857),  qui  tous  deux 


reçurent  du  public  un  heureux  accueil.  On  con- 
naît encore,  entre  beaucoup  d'autres  moins  im- 
portantes, deux  grandes  compositions  de  AI.  Ales- 
sandro Biagi  :  un  Cantico  di  Zaccaria  (18.i8), 
à  4  voix,  chœur  et  orcliestre,  qui  a  obtenu  la 
médaille  d'or  dans  un  concours  académique,  et 
un  Padre  Aostro,  écrit  sur  des  vers  du  Dante, 
qui  a  été  exécuté  par  la  Société  de  musique 
clas.sique  lors  des  fêtes  qui  ont  été  célébrées  en 
l'honneur  de  ce  grand  homme. 

BIAL  (Charles),  pianiste  et  compositeur , 
est  né  le  14  juillet  1833  à  Habelschwerdt,  dans 
le  comté  de  Glatz.  II  a  composé  de  la  musique 
de  piano  et  des  lieder.  Y. 

BIAL  (R ),  musicien  allemand  contempo- 
rain, s'est  produit  plusieurs  fois  au  théâtre,  avec 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Monsieur  de  Papil- 
lon, opéra-comique  en  un  acte,  Berlin,  th. 
Wallner,  janvier  1870;  2°  dei-  Liebesring  {rAn- 
neau  d'amour) ,  opéra-bouffe  en  trois  actes, 
Berlin,  th.  Friedrich-Willielmstadt,  4  décembre 
1875;  3°  Un  homme  prudent,  opérette,  jan- 
vier 1876.  On  a  annoncé  une  opérette  de  cet 
artiste.  Pferffepring,  comme  devant  être  re- 
présentée sur  le  théâtre  Kroll,  de  Berlin;  mais 
je  ne  sais  si  elle  a  été  jouée  jusqu'ici. 

*  BIA^'CHI  (Françoise  M.  le  docteur  Ba- 
sevi, de  Florence  ,  possède  de  cet  artiste  le 
manuscrit  d'un  ouvrage  ainsi  intitulé  :  De  VAt- 
fraclion  harmonique,  ou  Système  physico- 
mathématique  de  l'harmonie,  fondé  szcr  l'a- 
nalyse desphénoinhies  que  présente  la  corde 
sonore,  suivi  d'un  traité  théor'ico-pratique  de 
contrepoint  et  de  composition  idéale.  Peut- 
être  est-ce  là  le  traité  théorique  sur  la  nmsique 
dont  l'auteur  de  la  B'iograplûe  universelle  des 
Musiciens  a  parlé  au  nom  de  François  Bian- 
chi,  et  dont  la  Quarterhj  musical  Review,  de 
Londres,  aurait  donné  naguère  quelques  ex- 
traits. En  ce  qui  concerne  le  catalogue  des  ou- 
vrages dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut  y 
ajouter  les  deux  suivants  :  Venere  e  Adone, 
représenté  à  Florence  en  1781,  et  Seleuco,  donné 
à  Livourne  en  1792. 

BIAXCHI  (Eliodouo),  compositeur  italien, 
a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Bari,  au 
mois  de  juillet  1873,  une  f'arsa  en  un  acte  inti- 
tulée Gara  d'amore;  cet  ouvrage  obtint  un 
véritable  succès,  et,  le  soir  de  la  première  re- 
présentation, les  spectateurs  firent  recommencer 
l'ouverture.  Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements 
sur  M.  Blanchi,  sinon  que  cet  artiste  était,  pres- 
que à  la  même  époque,  maestro  concerlatore 
au  théâtre  d'Alexandrie. 

BIAACHIA'l  (Giiski'pe),  compositeur,  né  à 
Rome,  a  fait  représenter  dans  le  cours  du  dix- 


BIANCHINI  —  BIGNAMI 


89 


huitième  siècle  un  opéra  séïieux  intitulé  Anti- 
gona. 

BICKIA'G  (Alfred),  chanteur  et  composi- 
teur, né  à  Berlin  en  1840,  avait  commencé  ses 
études  musicales  dans  son  pays,  puis  était  allé 
en  Italie  perfectionner  son  double  talent  de  vir- 
tuose et  de  compositeur.  Au  commencement  de 
1864  il  faisait  représenter,  sur  le  théâtre  de  la 
petite  ville  de  Teramo,  un  opéra  sérieux,  Ven- 
ceslao,  qui  était  bien  accueilli  du  public;  mais 
bientôt  le  jeune  artiste,  éprouvant  les  premiers 
symptômes  d'une  maladie  grave,  crut  devoir 
quitter  l'Italie  pour  retourner  à  Berlin,  au  mi- 
lieu de  sa  famille.  Il  eut  à  peine  le  temps  d'y 
arriver,  et  mourut  vers  le  milieu  du  mois  d'août 
1864,  à  peine  âgé  de  24  ans. 

BIDELLI  (Matteo),  maître  de  musique  et 
compositeur,  né  à  Lucques,  vivait  dans  la  pre- 
mière moilié  du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié 
plusieurs  messes  à  quatre  voix,  dont  deux  so- 
pranos et  deux  ténors,  et  une  Psalmodia  ves- 
pertina,  imprimée  à  Lucques  en  1617.  On  ignore 
la  date  de  la  mort  de  cet  artiste. 

Des  mémoires  manuscrits  conservés  à  la  bi- 
bliothèque publique  de  Lucques  constatent  que 
dans  le  courant  du  seizième  siècle  existait  en 
cette  ville  un  nommé  Pellegrino  Bidelli,  qui  était 
à  la  fois  imprimeur  de  musique  et  constructeur 
d'orgues.  Peut-être  était-ce  le  père  de  l'artiste 
dont  il  est  ici  question?  En  tous  cas,  il  parait 
probable  que  tous  deux  devaient  appartenir  à  la 
même  famille. 

*  BIENAIMÉ  (Paul-Emile),  est  mort  subite- 
ment le  17  janvier  1869,  en  donnant  une  leçon 
de  musique  dans  un  lycée  de  Paris  :  d'après  les 
registres  mêmes  du  Conservatoire,  il  était  né  à 
Paris  le  6  et  non  le  7  juillet  1802,  comme  il  a 
été  dit  par  erreur.  D'abord  répétiteur  au  Conser- 
vatoire, puis  nommé  en  1828  professeur  de  sol- 
fège, enfin  professeur  d'harmonie  et  d'accom- 
pagnement pratique  pour  les  femmes  le  10  juil- 
let 1838,  Bienaimé  n'avait  pris  sa  retraite  que 
peu  d'années  avant  de  mourir,  et  c'est  en  tra- 
vaillant encore  qu'il  se  reposait  d'une  existence 
toute  de  labeur  commencée  en  obtenant  à  vingf- 
quatre  ans,  en  1826,  le  second  grand  prix  de 
l'Institut.  De  son  long  séjour  au  Conservatoire, 
Bienaimé  avait  gardé  et  transmettait  à  ses  élèves 
un  vif  sentiment  de  reconnaissance  pour  Cheru- 
bini,  une  profonde  admiration  pour  le  composi- 
teur et  une  grande  estime  pour  l'homme.  L'au- 
teur de  celte  notice,  qui  fut  son  élève,  se  rap- 
pelle encore  avec  quelle  animation  indignée 
Bienaimé  comparait  cette  direction  si  sévère  et 
.si  impartiale  à  celle  qui  suivit,  et  les  résultats 
produits  par  ces  deux  systèmes  d'instruction.  Au 


milieu  de  ses  leçons,  Bienaimé  avait  trouvé  le 
temps  de  composer  plusieurs  messes  solennelles 
à  grand  orchestre-,  il  laisse,  publiés  ou  inédits, 
de  nombreux  morceaux,  tant  de  musique  reli- 
gieuse que  de  salon  ou  de  concert,  parmi  lesquels 
plusieurs  furent  exécutés  aux  concerts  du  Con- 
servatoire, que  Bienaimé  contribua  à  fonder,  ou 
aux  séances  publiques  de  la  Société  philotech- 
niques et  delà  Société  libre  des  beaux-arts,  dont 
il  était  membre.  Il  ay.iit  entrepris  dans  les  der- 
niers temps  une  longue  étude  qui  reste  malheu- 
reusement inachevée  sur  l'Histoire  du  piano 
depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours;  mais 
sou  ouvrage  le  plus  considérable  est  l'École  de 
l'harmonie  moderne ,  traité  complet  de  la 
théorie  et  de  la  pratique  de  cette  science  de- 
puis ses  notions  les  plus  élémentaires  jusqu'à 
ses  derniers  développements  (3  vol.  grand 
in  8",  Paris,  Harand,  1863).  Il  avait  mis  vingt 
ans  à  composer  ce  vaste  travail,  qui  restera  le 
témoignage  le  plus  sérieux  de  son  solide  savoir. 

Ad.  J — N. 

BIFETTO  (Francesco),  musicien  italien,  né 
à  Bergame  dans  la  première  moilié  du  seizième 
siècle,  a  publié  le  recueil  suivant  :  Madrigali 
a  Quattro  roci,7iovamente  postiin  lace.  Libro 
primo  (Venise,  Gardano,  1547). 

BIGl    ( ),    est    auteur    d'un    écrit    sur 

Claude  Merulo  et  les  organistes  de  son  temps  : 
Di  Claudio  Merulo  da  Correggio,  principe 
dei  contrappuntisti,  e  degli  organisti  del  XVI 
secolo  (Parme,  1861,  avec  portrait). 

BIGLIAIM  (ViNCENzo),  prêtre  et  composi- 
teur italien,  né  à  Alexandrie  en  1801,  mourut 
à  Turin  au  mois  d'août  1870.  Il  avait  fait  de  bon- 
nes études  au  séminaire  de  sa  ville  natale,  et, 
avant  de  prendre  les  ordres,  avait  été  professeur 
de  rhétorique  dans  un  collège  et  professeur  de 
littérature  à  l'Académie  militaiie  de  Turin,  dont 
il  devint  plus  tard  le  chapelain  tout  en  conser- 
vant sou  cours.  Bigliani  avait  étudié  la  musique 
dans  sa  jeunesse,  et  ne  cessa  de  la  cultiver  jus- 
qu'à sa  mort;  il  se  fit  connaître  comme  compo- 
siteur, surtout  dans  le  genre  sacré,  et  l'on  cite 
parmi  se.s  œuvres  une  messe  funèbre  à  3  voix 
d'hommes  avec  accompagnement  d'orchestre, 
une  ode  lyrique  intitulée  la  Gnerra,  quelques 
Canti  Urico-morali,  et  plusieurs  quatuors.  On 
doit  aussi  à  Bigliani,  qui  fut  l'un  des  collabora- 
teurs àii\AGazzctta  musicale  de  Milan,  un  pe- 
tit livre  intitulé  la  Messa  in  musica  (l'iorence, 
1872). 

BIGXAMi  ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  leprésenter  sur  le  théâtre Paganini,  de  Gênes, 
au  mois  de  novembre  1872,  un  opéra  intitulé 
Anna  Rasa. 


90 


BIGNON 


BILLEMA 


BIGiXOX  (Locis),  organiste,  né  à  Paris  le 
12  juillet  1827,  est  mort  à  Marseille  vers  la  fin 
de  l'année  187i.  Il  apprit  la  musique  à  la  maî- 
trise de  Notre-Dame  de  Paris,  où  il  était  enfant 
de  chœur,  et  reçut  des  leçons  d'orgue  de  M.  Dan- 
jou.  En  1847,  il  fut  jugé  assez  habile  pour 
suppléer  son  maître  à  Saint-Eustache,  pendant 
un  long  voyage  que  M.  Danjou  fit  en  Italie,  dans 
le  but  de  recueillir  des  documents  sur  l'histoire 
de  la  musique.  Lonis  Bignon  avait  été  également 
organiste  suppléant  à  Notre-Dame.  En  octobre 
18i7,  il  vint  se  fixer  à  Marseille  et  fut  peu  de 
temps  après  nommé  organiste  de  l'église  Notre- 
Dame-dii-Mont.  En  1859,  une  classe  d'harmonie 
ayant  été  créée  au  Conservatoire  de  Marseille,  il 
fut  appelé  à  la  diriger.  Il  a  conservé  ces  fonctions 
jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  cet  artiste  une  Mé- 
thode pratique  d' accompagnement  du  plain- 
chant,  éditée  par  Bianchet,  à  Paris  ,  un  rra»7é 
d'harmonie  à  l'usage  de  ses  élèves,  qui  n'a 
pas  été  publié  et  qui  est  conçu  d'après  le  sys- 
tème de  Fétis,  des  leçons  à  réaliser,  etc. 

Al.  R— d. 

lîIGOXGIARl  (Marco),  compositeur,  né  à 
Lucques  au  commencement  du  dix-septième  siè- 
cle, fut  maiire  de  chapelle  de  l'église  collégiale 
de  San  Michèle  inforo.  On  connaît  de  lui  une 
messe  à  huit  voix,  et  deux  actions  dramatiques 
composées  en  1654  et  1657  et  représentées  à 
l'occasion  de  la  fête  des  Comices.  Cet  artiste 
mourut  en  1080. 

BIGOIVGIAIll  (Le  P.  Giovanni),  probable- 
ment frère  du  précédent,  né  dans  le  même  temps 
à  Lucques,  fut  maître  de  chapelle  de  l'archevê- 
ché de  cette  ville,  où  il  mourut  en  1692.  On  n'a 
connaissance  d'aucune  composition  sortie  de  sa 
lilume. 

UIHARI  (Jean),  violoniste  tsigane,  de  Hon- 
grie, naquit  en  1769,  à  Gross-Abonz,  dans  le 
comté  de  Presbourg.  C'est  un  des  instrumentis- 
tes les  plus  habiles  qui  aient  existé  dans  ce  genre. 
La  bande  musicale  qu'il  avait  formée  a  eu  grande 
réputation,  et  n'a  guère  été  surpassée.  Bihari  est 
mort  en  1828  à  Pesth,  oii  l'on  conserve  au  mu- 
sée son  portrait  et  son  violon.         Y. 

BILBERGFl  (Jean),  écrivain  Scandinave, 
naquit  à  MarienstadI,  en  Suède,  et  mourut  à 
Strœgnœs,  en  1717.  On  a  de  lui  un  ouvrage  in- 
titulé :  De  orchestra  (Upsal,  1685).  Y. 

BILETTA  (Emanuele),  compositeur  italien, 
est  né  à  Casai,  dans  la  province  de  Montferrat, 
le  20  décembre  1825.  Pour  premier  maître  il  eut 
son  père,  et  à  quatorze  ans  il  était  déjà  pianiste 
assez  habile  pour  se  faire  entendre  en  public  avec 
succès.  Il  étudia  ensuite  l'harmonie  et  le  contre- 
point avec  M.  Turina,  élève  lui-même  de  Reicha, 


et  avant  d'avoir  atteint  sa  dix-huitième  année  il 
avait  écrit  des  messes,  diverses  autres  compo- 
sitions religieuses  et  des  pièces  de  musique  ins- 
trumentale. Il  alla  passer  alors  trois  années  à 
Bologne ,  oii  il  eut  le  bonheur  de  recevoir  des 
conseils  de  Rossini,  et  où,  au  milieu  d'autres 
compositions,  il  écrivit  un  opéra,  Marco  Vis- 
conti,  qui  ne  fut  point  représenté,  et  un  Salve 
Regina  à  quatre  voix,  avec  chœur,  qui  fut  très- 
bien  accueilli ,  et  qui  lui  valut  le  diplôme  de 
membre  de  la  Société  philharmonique  de  Bolo- 
gne. M.  Biletta  quitta  cette  ville  pour  venir  à  Pa- 
ris, y  publia  un  assez  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  piano,  puis  partit  pour  Londres,  où 
l'appelait  un  engagement  de  compositeur  de  bal- 
lets pour  le  théâtre  Covent-Garden  (1848).  Il 
écrivit  en  effet,  en  cette  ville,  la  musique  de  deux 
grands  ballets  :  les  Cinq  Sens  et  la  Lutine,  et 
celle  d'un  opéra  intitulé  White  Magie  [la  Ma- 
gic blanche),  qui  fut  chantée  par  la  célèbre 
M^^Louisa  Pyne,  miss  Suzanne  Pyne,  MM.  Har- 
risson  et  Waiss. 

De  retour  en  Italie  au  bout  de  quelques  an- 
nées, M.  Biletta  donnait  au  théâtre  ducal  de 
Parme  son  second  opéi-a,  l'Abbazia  di  Kelso 
(1853);  il  revenait  ensuite  à  Paris,  faisait  repré- 
senter à  l'Opéra  un  ouvrage  en  deux  actes,  la 
Rose  de  Florence  (1856),  puis  retournait  à  Lon- 
dres pour  y  faire  représenter  une  opérette  inti- 
tulée Caiight  and  Caged  (1859).  Je  crois  que 
depuis  lors  cet  artiste  s'est  fixé  en  cette  ville,  où 
il  s'est  livré  à  l'enseignement  et  où  il  a  publié  une 
Méthode  de  chant  dont  on  dit  beaucoup  de 
bien.  T.L  Biletta  a  composé  plus  de  trois  cents 
œuvres  de  tout  genre  :  ouvertures,  morceaux  de 
piano,  canzonettes,  airs,  madrigaux,  pièces  à  une, 
deux,  trois  et  quatre  voix,  etc. 

Au  mois  de  septembre  1375,  on  a  donné  à  Flo- 
rence une  version  italienne  de  l'ouvrage  que 
M.  Biletta  avait  fait  représenter  naguère  à  Paris, 
la  Rose  de  Florence,  avec  MM.  Roger  et  Bonne- 
trée  pour  principaux  interprètes.  Cette  traduction 
a  obtenu  un  très-grand  succès,  et  M.  Biletta,  en- 
couragé par  ce  résultat,  s'est  mis  aussitôt  à  écrire 
un  nouvel  opéra,  qui  doit  être  prochainement 
représenté.  Cet  artiste  a  publié,  tant  à  Paris 
qu'à  Londres  et  à  Milan,  toute  une  collection  de 
mélodies  vocales  qui  se  font  remarquer  par  l'é- 
légance de  la  forme  et  le  tour  plein  de  charme 
de  l'idée  musicale. 

BILLEMA  (Raphaël  et  Charles),  pianistes 
et  compositeurs,  fils  d'un  musicien  napolitain  et 
tous  deux  nés  à  Naples,  vinrent  fort  jeunes  se 
fixer  en  Francs,  où  ils  publièrent  un  grand  nom- 
bre de  compositions  pour  le  piano  à  deux,  à 
quatre  et  à  six  mains,  qu'ils  écrivaient  la  plu- 


i 


1 


BILLEMA  —  BINGHAM 


91 


part  du  temps  en  collaboration.  On  leur  doit, 
entre  antres ,  une  quarantaine  de  fantaisies  à 
<]ualre  mains  sur  des  motifs  tirés  des  opéras  de 
Yerdi  et  de  quelques  autres  musiciens  italiens 
contemporains.  Rapiiael  Billema  s'était,  vers 
1855,  fixé  comme  professeur  à  Saintes,  après 
avoir  passé  quelques  années  à  Tunis,  au  service 
du  bey,  et  il  mourut  en  cette  ville,  le  16  décem- 
bre 1874,  âgé  de  cinquante-quatre  ans.  Son  frère, 
M.  Charles  Billema,  s'était  récemment  établi  à 
Pau,  et  est  revenu  depuis  se  fixer  à  Paris. 

BILLERT  (  Charles-Frédéric-Augoste  ) , 
compositeur,  chef  d'orchestre  et  écrivain  sur  la 
musique,  naquit  le  14  septembre  I82I,  à  Alt- 
Stettin,  en  Poméranie.  Parmi  ses' compositions 
on  cite  :  une  symphonie  en  ré  majeur,  un  ora- 
torio :  la  Naissance  du  Christ,  et  un  opéra  : 
Der  Liebesring  [V Anneau  d'amour).  Billert  s'est 
également  occupé  de  travaux  didactiques,  et  a 
collaboré  activement  au  Dictionnaire  de  Mendel  ; 
Musikalisches  Conversât ions-Lexicon.  Cet  ar- 
tiste est  mort  à  Berlin  le  2  janvier  1876. 

BILLIONI     (  Catherine-Ursule- BUSSA  , 
femme),  actrice,  chanteuse  etdanseuse  distinguée, 
née  à  Nancy  en  1731,  montra  de  très-bonne  heure 
de  rares  dispositions  pour  la  danse  et  pour  le  chant. 
Dès  l'âge  de  quatre  ans  on  lui  donna  des  maîtres, 
et  tout  enfant  elle  parut  comme  danseuse  à  la 
Comédie-Italienne.  Bientôt  on  lui  confia  quelques 
petits  rôles,  dans   lesquels  le  public  l'accueillit 
avec  une  rare  faveur,  et  elle  avait  à  peine  douze 
ans  qu'elle  faisait,   dit-on,   par  la  grâce  de  son 
chant,  les  délices  des  concerts   particuliers.  A 
cette  époque,  elle  fut  attachée  au  théâtre  royal 
de  Bruxelles,'pour  y  tenir  l'emploi  des  premières 
danseuses  et  celui  des  amoureuses  dans  les  pièces 
à  ariettes.  Quelques  années  plus  tard  elle  épousa 
Billion,  dit  Billioni,  ancien  maître  des  ballets  de 
rOpéra-Comique  et  de  la  Comédie-Italienne,  et 
bientôt,  c'est-à-dire  vers  1766,  elle  revint  à  ce 
dernier  théâtre  pour  y  remplir   le  double  em- 
ploi qu'elle  tenait  à  Bruxelles.  Elle  eut  l'occasion 
de  doubler  deux  actrices  fort  aimées  du  public, 
M'""  Trial  et  W^  Laruette,   dans  quelques-uns 
de  leurs  meilleurs  rôles  chantants ,  le  Iluron, 
le  Sorcier,  la  Servante  maîtresse,  le  Peintre 
amoureux  de  son  modèle,  la  Clochette,   et 
son  succès  fut  tel  comme  cantatrice  qu'en  1771 
l'administration  du  Concert  spirituel   l'engagea 
en  quabté  de  chanteuse  italienne.  A  partir  de 
ce  moment,    elle   abandonna  complètement   la 
danse  à  la  Comédie  Itahenne,  pour  ne  plus  se 
montrerque  dans  les  pièces  à  ariettes,  où  elle  con- 
quérait chaque  jour  davantage  la  faveur  du  public 
par  la  grâce  et  la  franchise  de  son  jeu,  en  même 
temps  que  par  la  souplesse  de  sa  voix  et  son  ha- 


bilelé  dans  l'art  du  chant.  Quelques  créations 
qui  lui  furent  confiées  dans  des  ouvrages  de  ce 
genre  lui  firent  le  plus  grand  honneur.  Celle 
artiste  fort  distinguée  mourut  àlafieur  de  l'âge, 
le  19  juin  t783,  par  suite  d'un  trop  grand  tra- 
vail et  de  chagrins  causés  par  la  perte  subite 
d'une  partie  de  sa  famille.  Elle  avait  été  la  maîtresse 
du  fameux  Clairval,  son  camarade  de  la  Comé- 
die-Italienne, dont  elle  était  éprise  jusqu'à  la 
folie. 

BILS  (François),  pianiste  et  organiste  de  ta- 
lent, naquit  à  Lengfort,  sur  le  Mein,  en  1757, 
et  mourut  en  1821  à  Caiisruhe.  Parmi  les  élèves 
qu'il  a  formés,  on  cite  surtout  sa  fille  Marguerite 
Bils,  qui  s'est  fait  connaître  dans  les  grandes 
villes  de  l'Allemagne.  Y. 

BILSE  (Benjamin)  chef  d'orchestre  alle- 
mand, est  né  à  Liegnitz  le  17  août  1816.  Il  a 
formé  lui-même  le  talent  de  la  plupart  des  ar- 
tistes qu'il  a  sous  sa  direction  et  avec  lesquels 
il  a  entrepris  de  nombreux  voyages.  Il  s'est 
fait  entendre  à  Paris  lors  de  l'exposition  de  1867» 
et  a  depuis  parcouru  une  grande  partie  de  l'Eu- 
rope. Y. 

BIMBOXI  (GiovACCHiNo),  professeur  de 
trompette  et  de  trombone  à  l'Institut  musical  de 
Florence,  est  né  en  cette  ville  le  19  août  1810.  Il 
étudia  d'abord  la  flûte  et  se  fit  connaître  comme 
virtuose  sur  cet  instrument,  après  quoi,  s'élant 
engagé  comme  volontaire  dans  la  musique  du 
2'=  régiment  toscan,  il  se  mit  à  étudier  le  trom- 
bone, sur  lequel  il  devint  très-habile  et  acquit 
une  grande  réputation.  M.  Bimboni  est  le  pre- 
mier en  Italie  qui,  ayant  vu  une  trompette  à  pis- 
tons, songea  à  appliquer  ce  système  de  pistons 
au  trombone  ;  il  a  inventé  un  instrument  appelé 
par  lui  bimboni fono,  qu'il  est  parvenu  à  cons- 
truire d'après  les  principes  de  construction  des 
instruments  à  vent  en  bois,  sans  lui  enlever 
son  caractère  spécial.  Admis  à  l'exposition  uni- 
verselle de  Vienne  de  1873,  le  bimbonifono  a 
valu  à  son  auteur  la  décoration  de  la  Couronne 
d'Ilaiie,  et  a  fait  l'objet  d'un  rapport  élogieux 
prononcé  par  M.  Casamorata  dans  une  séance 
de  l'Académie  de  l'Institut  musical  de  Florence 
et  inséré  dans  les  Actes  de  cette  Académie. 

BINDANGOLl  (Gaspare),  compositeur 
italien,  né  à  Assise,  a  fait  représenter  sur  le 
théâtre  de  cette  ville,  au  mois  de  janvier  1863, 
un  opéra  sérieux  intitulé  Cinzica  Sismondi, 
qui  fut  bien  accueilli.  M.  Bindangoli  a  fait  de 
bonnes  études  au  Conservatoire  de  Naples. 

BINGHAM  ( ),  flûtiste  habile  qui  vi- 
vait à  la  fin  du  dix-septième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-huitième,  a  publié  chez 
Etienne  Royer,  à  Amsterdam  :  T  Quatre  livres 


A    «7«^ 


BINGHAM  —  BISHOP 


d'airs  pour  deux  flûtes,  sans  basse;  2°  Pièces 
pour  flûte  et  basse  continue.  Je  n'ai  pas 
d'autres  renseignements  sur  cet  arllste,  qui 
n'existait  plus  en  1730. 

BIRKLER  (Georges-Giillume),  musicien 
allemand,  est  né  le  23  mai  1820  à  Bucliau,  flans 
la  Haule-Souabe.  11  a  composé  de  la  musique 
religieuse,  et  écrit  un  grand  nombre  d'articles 
dans  le  Mayazin  fur  Pœdagogilt  et  dans  la 
Cecïlia.  Y. 

BISCHOFF  (Charles-Bernard),  composi- 
teur allemand,  est  né  le  24  décembre  1807  à 
Nieder-Rœblingen,  dans  le  duché  de  Weimar. 
On  a  de  lui  deux  oratorios  :    Chrisius  et  Joas. 

Y. 

*  BISCHOFF  (le  docteur  Ludwig-Frédé- 
Ric-CnRisTOPHE),  critique  musical  renommé,  est 
mort  à  Cologne  le  24  février  1867. 

BISCHOFF  (Gaspard-Joseph),  musicien 
allemand,  est  né  le  7  avril  1823  à  Ausbacli.  On 
a  de  lui  de  la  musique  de  chambre,  des  lieder 
et  un  opéra  :  Maske  und  Mantitle  (  Masque 
et  J/an<<//e),  représenté  à  Francfort-sur-Ie -Mein 
en  1852.  Y. 

BISCOTTLXI  ( ),  compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'un  opéra  bouffe  intitulé  il  Ma- 
trimonio  per  concorso. 

BISHOP  (M'"^  A.XiNA),  cantatrice  anglaise 
qui  a  joui  d'une  éclatante  renommée  et  dont  les 
succès  ont  retenti  dans  toute  l'Europe,  est  née 
en  1814.  Ayant  remarqué  ses  rares  aptitudes 
musicales,  sa  fomille  en  voulut  d'abord  faire 
une  pianiste,  et  la  confia  aux  soins  du  célèbre 
Moscheles,  alors  établi  à  Londres  et  sous  l'excel- 
lente direction  duquel  elle  fit  de  rapides  progrès. 
Mais  bientôt,  une  voix  exquise  et  pure  de  so- 
prano sforjato  s'étant  développée  chez  la  jeune 
fille,  celle-ci  fut  admise  à  la  Royal  Academij  of 
Music,  grande  école  musicale  récemment  fon- 
dée par  lord  \Vestmoreland  et  dirigée  par  le  fa- 
meux harpiste  et  compositeur  français  Bochsa, 
qui  devait  exercer  plus  tard  une  si  grande  in- 
fluence sur  sa  destinée.  En  lS3l,âgéede  17  ans, 
elle  épousa  le  compositeur  et  chef  d'orchestre 
Bishop,  artiste  dont  la  valeur  a  été  singulière- 
ment surfaite  par  ses  compatriotes  et  qui  avait 
le  tort  de  compter  vingt-cinq  ans  de  plus  qu'elle. 

C'est  en  1837  que  M'"*  Bishop  se  produisit 
pour  la  première  fois  en  public,  et  qu'elle  se  fit 
entendre  d'abord  dans  les  grands  festivals  qui 
se  donnent  régulièrement  dans  les  provinces  an- 
glaises, puis  à  Londres  même,  dans  les  belles 
séances  de  la  Philharmonie  Society.  Elle  y 
obtint  des  succès  prononcés,  mais  elle  comptait 
ne  point  borner  sa  carrière  à  celle  d'une  canta- 
trice de  concerts,  et  prétendait  aux  triomphes 


de  la  scène.  «Accoutumée,  dit  un  biographe,  à  ce 
style  classique,  large,  imposant,  habituée  à 
rendre  les  sublimes  pensées  d'un  Hœndel ,  d'un 
Haydn,  d'un  Mozart,  d'un  Cimarosa,  elle  s'était 
peu  ou  point  occupée  du  chant  italien  moderne  ; 
ce  ne  fut  qu'en  1839,  et  par  les  conseils  de 
Bochsa,  qu'Anna  Bishop  s'y  voua  sérieusement. 
Sa  première  apparition  à  Londres  dans  ce  genre 
de  musique  presque  nouveau  pour  elle  (elle  avait 
débuté  par  dheureux  essais  à  Edimbourg  et  à 
Dublin)  eut  lieu  dans  le  concert  dramatique  donné 
par  Bochsa  à  l'Opéra-Italien,  le  5  juin  1839,  con- 
cert auquel  assistait  toute  l'aristocratie  britan- 
nique. Grisi,  Pauline  Garcia,  Persiaui,  Rubini, 
Lablache  chantaient  dans  celte  solenr;ité  musi- 
cale, Thalberg  et  Dœliler  y  tenaient  le  piano, 
Bochsa  s'y  fil  entendre  sur  la  harpe.  Malgré  le 
concours  de  tant  d'artistes  célèbres  qui  semblaient 
devoir  éclipser  la  nouvelle  débutante,  Anna 
Bishop  obtint  le  succès  le  plus  éclatant  ;  elle 
chanta  des  morceaux  de  musique  italienne  dans 
le  costume  des  opéras  dont  ils  étaient  tirés.  Le 
journal  le  Post,  oracle  de  la  haute  société  de 
Londres,  parla  avec  le  plus  grand  éloge  du  la- 
lent  étonnant  d'Anna  Bishop  ;  il  représenta  son 
apparition  dans  celle  soirée  comme  l'événement 
[tke  chief  novdty),  il  s'étendit  longuement  sur 
le  talent  qu'elle  avait  déployé  comme  cantatrice 
dans  le  genre  italien,  et  comme  actrice.  Dirigée 
par  Bochsa,  elle  avait  travaillé  en  silence;  aussi 
ce  talent,  surgissant  tout  à  coup,  fit-il  un  effet 
d'autant  plus  retentissant,  et  l'organe  de  l'aristo- 
cratie anglaise  prédit  à  la  jeune  artiste  le  plus 
brillant  avenir.  » 

Mais  les  relations  de  Bochsa  et  de  M""*  Bishop 
n'étaient  pas  simplement  artistiques.  Sympathi- 
ques l'un  à  l'autre,  une  liaison  intime  s'était  éta- 
bhe  entre  le  maître  et  l'élève,  et  bientôt  M"«^  Bis- 
hop abandonnait  sou  mari  pour  s'enfuir  avec 
son  amant.  Tous  deux  quittèrent  ensemble  l'An- 
gleterre, et  entreprirent  à  travers  l'Europe  une 
grande  tournée  artistique  qui  ne  fut  pour  eux 
qu'une  longue  suite  de  triomphes.  Ils  parcouru- 
rent successivement  le  Danemark,  la  Suède,  la 
Russie,  la  Tarfarie,  la  Moldavie,  ]'.\utriche,  la 
Hongrie,  la  Bavière,  et  partout  la  voix  mer- 
veilleuse de  M'""  Bishop  était  acclamée,  par- 
tout son  chant  pur,  suave,  formé  à  la  meilleure 
école,  lui  valait  les  plus  grands  succès. 

En  1843,  M"''  Bishop  arrivait  en  Halie,  et  vi- 
sitait successivement  Vérone,  Padoue,  Venise, 
Rovigo,  Ferrare,  Florence,  Rome,  au  milieu 
d'acclamations  unanimes.  Bientôt  elle  se  rendit 
à  Naples,  où  elle  débuta  par  quelques  concerts 
donnés  au  théâtre  San-Carlo.  Son  succès  fut  tel 
que  l'administration  de  ce  théâtre  l'engagea  aus- 


BISHOP  —  BIZET 


93 


sitôt  pour  donner  quelques  représentations  de 
la  Fidanzata  Corsa,  opéra  de  Pacini  qui  jouis- 
sait alors  de  la  faveur  du  public.  Cet  essai  fut 
un  triomphe,  et  la  direction,  qui  n'avait  traité 
avec  elle  que  pour  huit  représentations,  l'engagea 
pour  huit  nouvelles  soirées,  puis  pour  vingt- 
quatre,  et  enfin  se  l'attacha  régulièrement  en 
qualité  déprima  donna  assoluta  pour  les  deux 
scènes  royales  de  San- Carlo  et  du  Fondo,  Bochsa 
devant  diriger  les  représentations  de  tous  les 
opéras  qu'elle  jouerait.  M""^  Bishop  resta  ainsi 
vingt-sept  mois  à  Napies  et  y  chanta  327  fois 
dans  vingt  opéras  de  genres  différents,  OleUo', 
VEUsire  d'Amore,  la  Sonnnmbula,  Béatrice 
di  Tenda,  il  Barhiere,  le  Cantatrice  vil- 
lane,  etc.,  excitant  chaque  jour  davantage  l'en- 
thousiasme et  exerçant  sur  le  public  une  véri- 
table fascination.  Pendant  ce  long  séjour,  plu- 
sieurs ouvrages  nouveaux  furent  écrits  expressé- 
ment pour  elle,  entre  autres  il  Vascello  di  Ga- 
ina, de  Mercadante;  mais  c'est  surtout  dans 
YOtello  de  Rossini  que  son  succès  fut  le  plus 
éclatant,  et  cela  est  d'autant  plus  remarquable 
que  le  souvenir  de  la  Mallbran,  incomparable 
dans  le  rôle  de  Desdemona,  était  encore  vivant 
chez  les  Napolitains. 

Après  s'être  fait  entendre  à  Rome,  M™^  Bishop 
quitta  l'Italie,  toujours  en  compagnie  de  Bochsa, 
et  tous  deux  rentrèrent  en  Angleterre,  en  se 
faisant  applaudir  à  leur  passage  en  Suisse,  dans 
les  villes  du  Rhin,  en  Belgique  et  en  Hollande. 
Mais  ils  n'y  restèrent  que  peu  de  temps,  et  en- 
treprirent un  nouveau  voyage,  cette  fois  au-delà 
des  mers.  En  1848,  ils  s'embarquèrent  pour 
l'Amérique,  tirent  une  immense  tournée  dans 
cette  contrée,  puis  visitèrent  l'Australie.  C'est 
dans  ce  dernier  pays  que  Bochsa  fut  frappé  par 
la  maladie,  et  qu'il  mourut  dans  les  premiers 
jours  de  janvier  1856.  Peu  de  temps  après, 
M'"*"  Bishop  revenait  en  Europe,  et  depuis  lors 
on  n'a  plus  parlé  d'elle. 

BIZET  (Alexandre-César-Léopold,  connu 
sous  le  nom  de  Georges),  compositeur  extrê- 
mement distingué ,  né  à  Paris  le  25  octobre 
1838,  mort  à  Bougival  le  3  juin  1875,  dans  sa 
trente-septième  année ,  était  l'un  des  jeunes  ar- 
tistes qui  semblaient  devoir  se  naeltre  à  la  tête 
de  l'école  musicale  française  et  à  qui  la  gloire  pa- 
raissait réservée.  Fils  d'un  professeur  de  chant, 
Bizet  avait  été ,  au  Conservatoire ,  un  triom- 
pliateur  précoce,  et  avait  fait  dans  cet  établisse- 
ment des  études  exceptionnellement  brillantes. 
Elève  d'abord  de  M.  Marmontel  pour  le  piano,  de 
M.  Benoist  pour  l'orgue ,  il  était  entré  ensuite 
dans  la  classe  de  composition  d'Halévy  après 
avoir  travaillé  l'harmonie  sous  la  direction  par- 


ticulière de  Zimmermann.  Agé  d'environ  neuf 
ans  lorsqu'il  était  admis  à  suivre  les  cours  de 
l'école ,  il  obtenait  sa  première  récompense 
avant  d'avoir  atteint  sa  onzième  année  ,  et  voici 
la  liste  de  toutes  celles  qu'il  reçut  -.  1^'  prix  de 
solfège  (1849);  2>^  prix  de  piano  (1851)  et 
l"  prix  (1852);  1»^  accessit  d'orgue  (1853), 
2'  prix  (1854)  et  1"  prix  (  1855)  ;  T  prix  de  fu- 
gue (1854),  et  1'^'^  prix  (1855);  enfin',  deuxième 
grand  prix  de  Rome  à  l'Institut  (  1856),  et  pre- 
mier grand  prix  en  1857. 

Bizet ,  dont  les  tendances  wagnériennes  n'é- 
taient un  mystère  pour  personne ,  et  qui , 
pendant  de  longues  années,  afficha  le  mépris  le 
plus  complet  pour  la  forme  et  le  genre  de  l'o- 
péra-comique,  fit  cependant  ses  débuts  de  com- 
positeur dramatique  d'une  façon  assez  singulière. 
M.  Offenbach,  alors  directeur  du  petit  théâtre  des 
tiouffes-Parisiens,  venait  d'ouvrir  un  concours 
pour  la  musique  d'une  opérette  ,  et  le  vainqueur 
de  ce  concours  devait  voir  représenter  son  œuvre 
sur  cette  scène  minuscule;  soixante-dix-huit  com- 
positeurs se  présentèrent ,  parmi  lesquels,  à  la 
suite  d'un  épreuve  préparatoire,  six  furent  jugés 
dignes  d'entrer  définitivement  en  lice;  ces  six 
concurrents  étaient,  par  ordre  de  mérite, 
MM.  Bizet,  Dermerssemann  ,  Erlanger,  Charles 
Lecocq ,  Limagne  et  Maniquet.  Tous  furent 
chargés  de  mettre  en  musique  un  livret  intitulé 
le  Docteur  Miracle ,  et  au  bout  de  quelques 
semaines  le  jury  chargé  de  l'examen  des  parti- 
tions proclama  vainqueurs,  ex  œcjiio,  MM.  Char- 
les Lecocq  et  Georges  Bizet.  Par  une  sorte  d'i- 
ronie du  sort,  il  se  trouvait  que,  de  ces  deux 
jeunes  artistes,' l'un,  M.  Lecocq,  devait  être  le 
transformateur  du  genre  de  l'opérette ,  que  tous 
ses  efforts  tendraient  à  faire  rentrer  dans  le  gi- 
ron de  l'opéra-comique  ,  tandis  que  l'autre,  Bi- 
zet ,  devait  se  montrer  le  plus  mortel  ennemi  de 
cet  opéra-comique  et  professer  le  plus  profond 
dédain  pour  les  musiciens  qui  l'avaient  porté  à 
son  plus  haut  point  de  splendeur  ! 

Ceci  se  passait  en  1857,  et  les  deux  parti- 
tions couronnées  du  Docteur  Miracle  étaient 
exécutées  toutes  deux  aux  Bouffes- Parisiens, 
celle  de  M.  Lecocq  le  8  avril ,  celle  de  Bizet  le 
9  avril,  sans  que  le  public  fît  un  accueil  bien 
chaleureux  à  l'une  ni  à  l'autre.  Trois  mois 
après,  Bizet  concourait  de  nouveau  à  l'Institut, 
obtenait  son  premier  prix ,  et  partait  bientôt 
pour  Rome.  D'Italie,  où  il  travailla  très-sérieu- 
sement, il  fit  avec  exactitude  à  l'Académie  des 
Beaux-Arts  les  envois  que  chaque  élève  de  l'A- 
cadémie de  France  à  Rome  est  tenu  de  lui  adres- 
ser par  les  règlements.  C'est  ainsi  que  la  pre- 
mière année  il  envoya  un  opéra  bouffe  italien 


9i 


BIZET 


en  2  actes,  Don  Procopio  (1),  la  troisième  an- 
née deux  morceaux  de  symphonie  et  une  ouver- 
ture intitulée  la  Chasse  d'Ossian ,  et  la  qua- 
trième année  un  opéra-comique  en  un  acte,  la 
Guzla  de  VÉmir.  De  retour  en  France  au 
bout  de  quelques  années  ,  il  s'y  livra  d  abord 
au  professorat,  puis  songea  à  se  produire  sé- 
rieusement au  théâtre.  Il  y  réussit  plus  prorap- 
tement  que  beaucoup  de  ses  confrères,  et  le 
30  septembre  1863  il  donnait  au  Théâtre-Ly- 
rique les  Pêcheurs  de  perles,  grand  opéra  en 
trois  actes,  qui  fut  suivi,  le  26  décembre  1867  , 
de  la  Jolie  Fille  de  Perth  ,  grand  opéra  en  4 
actes  et  5  tableaux.  Ces  deux  ouvrages,  conçus 
dans  le  style  wagnérien,  étaient  fort  remarqua- 
bles au  point  de  vue  de  la  facture  et  de  l'instru- 
mentation et  annonçaient  un  jeune  maître  déjà 
très-sùr  de  lui  sous  ce  rapport;  mais  l'un  et  l'au- 
tre laissaient  considérablement  à  désirer  en  ce 
qui  concerne  1  inspiration  et  la  pensée  musicale. 
Le  public  fit  un  froid  accueil  à  ces  deux  produc- 
tions ,  dans  lesquelles  l'auteur  avait  sacrifié  à 
une  sorte  de  mélopée  traînante  et  indéfinie  ,  par- 
semée d'audaces  harmoniques  un  peu  trop  vio- 
lentes, les  deux  qualités  sans  lesquelles  il  n'est 
point  de  véritable  musique  :  je  veux  dire  la  vi- 
gueur du  rhythme  et  la  franchise  du  sentinaent 
tonal. 

Bizet  prit  une  revanche  en  faisant  exécuter  à 
peu  près  dans  le  même  temps,  aux  Concerts  po- 
pulaires, deux  fragments  d'une  symphonie  qui 
furent  reçus  avec  beaucoup  de  faveur,  et  qui  se 
faisaient  remarquer  par  une  bonne  couleur  et  une 
rare  vigueur  de  touche.  Mais  il  revint  bientôt  à  sa 
première  manière  en  donnant  à  l'Opéra-Comique 
(22  mai  1872)  un  petit  ouvrage  en  un  acte, 
Djamileli  ,  prodnclion  étrange  dans  laquelle  il 
semblait  avoir  voulu  accumuler  à  plaisir  toutes 
les  qualités  les  plus  anti-scéniques  dont  un  mu- 
sicien puisse  faire  preuve  au  théâtre.  Djamileh 
n'eut  aucun  succès.  Cependant,  comme  Bizet 
n'était  pas  seulement  un  artiste  d'un  très-grand 
talent  au  point  de  vue  de  la  pratique  et  du  sa- 
voir, mais  qu'il  y  avait  encore  chez  lui  toute  lé- 
toffe  d'un  créateur,  il  revint  à  un  plus  juste  sen- 
timent des  nécessités  de  l'art  en  écrivant  ix»ur 
un  joli  drame  de  M.  Alphonse  Daudet,  l'Arlé- 
sienne,  une  partition  symphoniqne  et  chorale 

(i)  Voici  comment  le  rapporteur  des  travaux  envoyés 
de  Rome  appréciait  cet  ouvrage  ,  dans  le  compte-rendu 
de  la  séance  publique  annuelle  de  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  de  18S9  .  «  Cet  ouvrage  se  distingue  par  une  touche 
aisée  et  brillante,  un  style  jeune  et  hardi;  qualités  pré- 
cieuses pour  le  genre  comique.  »  Cela  parait  étrange  au- 
jourd'hui, à  quiconque  a  pu  apprécier  le  tempéramment 
musical  de  Bi/tet  et  son  horreur,  au  moins  apparente, 
pour  le  genre  bouffe  ou  même  tempéré. 


qui  était  un  petit  chef-d'œuvre  de  grâce,  de 
poésie,  de  fraîcheur  et  d  inspiration.  A  la  musi- 
que de  l'Arlésienne,  qui  fut  ensuite  présentée 
dans  les  concerts  avec  beaucoup  de  succès, 
sous  forme  de  suite  d'orchestre,  succéda  bientôt 
l'ouverture  de  Patrie,  page  nerveuse  et  colorée, 
pleine  de  vigueur  et  d'éclat,  mais  dans  laquelle  le 
compositeur  avait  encore  trop  sacrifié  l'idée  à  la 
forme ,  le  corps  au  vêtement ,  la  pensée  à  l'ex- 
pression. Cette  ouverture  fut  exécutée  avec  suc- 
cès aux  Concerts  populaires. 

Après  tant  dessais  divers,  après  de  si  nom- 
breuses tentatives  dans  des  genres  différents, 
tous  ceux  qui  avaient  souci  de  l'avenir  de  la 
jeune  école  française  et  qui  pensaient  que ,  mal- 
gré ses  erreurs  passées  ,  malgré  ses  dédains  cal- 
culés ou  exagérés  pour  certaines  formes  musi- 
cales, malgré  des  partis-pris  évidents  et  fâcheux, 
Bizet  était  l'un  des  soutiens  les  plus  fermes,  les 
mieux  doués  et  les  plus  intelligents  de  cette 
école  ,  attendaient  avec  intérêt  ce  jeune  maître  à 
sa  première  o'uvre  dramatique  importante.  Il 
s'agissait,  pour  eux,  de  savoir  si  Bizet,  s'a- 
dressant  de  nouveau  au  théâtre,  voudrait  se 
décider  enfin  à  faire  de  la  musique  théâtrale , 
ou  bien  si,  s'obstinant  dans  les  théories  anti- 
dramatiques de  M.  Richard  Wagner  et  <le  ses 
imitateurs,  il  voudrait  continuer  à  transporter  à 
la  scène  ce  qui  lui  est  absolument  hostile,  c'est- 
à-dire  la  rêverie,  la  poésie  extatique  et  l'élément 
symphoniquo  pur.  C'est  à  ce  moment  qu'on  an- 
nonça au  théâtre  de  l'Opéra-Comique  la  pro- 
chaine apparition  d'une  œuvre  importante  du 
jeune  compositeur,  Carmen,  ouvrage  en  4  actes, 
dont  MM.  Henri  Meilhac  et  Ludovic  Halévy 
avaient  tiré  le  livret  d'une  nouvelle  de  Prosper 
Mérimée  portant  le  même  litre.  Or,  nul  n'igno- 
rait que  Bizet  avait  affiché  hautement ,  en  mainte 
occasion ,  une  étrange  antipathie  pour  le  genre 
de  l'opéra-comique  et  pour  le  génie  d'un  de  ses 
représentants  les  plus  glorieux  dans  le  passé, 
Boieldieu.  On  se  demandait  donc  avec  une  cer- 
taine anxiété  si  l'auteur  des  Pêcheurs  de  per- 
les, roinpant  violemment  avec  des  traditions 
plus  que  séculaires,  allait  essayer  d'imposer,  à 
la  scène  illustrée  par  tant  d'aimables  chefs-d'œu- 
vre ,  une  poétique  nouvelle  et  incompréhensible, 
ou  bien  si,  se  séparant  avec  éclat  de  la  petite 
chapelle  composée  de  quelques  impuissants  et 
dont  il  était  en  quelque  sorte  le  chef  reconnu,  il 
en  viendrait  à  faire  ce  que  ces  jeunes  dédaigneux 
par  stérilité  appelaient  «  des  concessions  au  pu- 
blic »,  et  s'il  entrerait  résolument  dans  une  voie 
féconde  et  pour  lui  pleine  d'avenir. 

Il  n'est  que  juste  de  déclarer  que  Bizet  ne  jus- 
tifia en  aucune  façon  les  craintes  légitimes  de 


BIZET 


95 


quelques-uns  ,   et  que  son  œuvre  nouvelle ,   té- 
moignage éclatant  dune  évolution  profonde  qui 
s'était  opérée  dans  son  esprit,  donnait  des  preu- 
ves de  son  désir  de  bien  faire  et  de  ses  préoccu 
pations  en  faveur  d'un  art  rationnel,  sage  et  pai  - 
('aitementaccessibleàtous.LapartiliondeCar>M.e/i 
n'était  pas   un  tlief-d'œuvre  sans  doute,  ridais 
c'était  une  promesse  brillante ,  et  elle  semblait, 
de  la  part  de  son  auteur,  comme  une  sorte  de 
déclaration  de  principes  nouveaux  ,  comme  une 
prise  de  possession  d'un  domaine  qui  lui  avait 
paru  jusqu'alors  indigne  de  ses  désirs  et  de  ses 
convoitises.   A  ces  divers   égards,  elle  méritait 
de  fixer  l'attention  du  public  et  de  la  critique, 
qui  l'accueillirent  avec  le  plus  grand  plaisir.  On 
remarqua  que  celte  partition ,  inégale   assuré- 
ment, mais    très-étudiée,    très-soignée,    était 
écrite  dans  le  vrai  ton  de  l'opéra-comique,  bien 
que  l'auteur  n'eût  point   voulu    pour  cela  faire 
abstraction  de  son  rare  talent  de  symplioniste  , 
et  que  cette  préoccupation  l'eût  entraîné  parfois 
un  peu  plus  loin  que  de  raison  ;  on  lui  repro- 
cha aussi,    assez  justement,  de   n'avoir  point 
assez  de  souci  de  la  nature  et  de  la  limite  des 
voix.  Mais ,  à  part  quelques  réserves ,  on  dut 
rendre  et  l'on  rendit  pleine  justice  au  talent  dé- 
ployé par  le  musicien  ,  à  l'excellent  travail  d'or- 
donnancement et  de  mise  en  œuvre  de  ses  mor- 
ceaux ,  à  la  couleur  et  au  charme  qu'il  avait  su 
donner  à  la  plupart  d'entre  eux  ,  à  la  poésie  qu'il 
avait  répandue  sur  certains  épisodes,  enfin  à 
ses  jolis  effets  d'instrumentation  et  à  son  rare 
sentiment  du  pittoresque.  En  résumé,  l'élégante 
partition  de  Carmen  montrait  Bizet  à  la  recher- 
che d'horizons  nouveaux  ,  et  donnait  de  grandes 
et  légitimes  espérances  pour  son  avenir  de  com- 
positeur dramatique. 

C'est  à  ce  moment  que  la  mort  vint  fou- 
droyer le  jeune  artiste  ,  dans  toute  la  force  de 
l'intelligence  et  de  la  production.  Trois  mois, 
jour  pour  jour,  après  la  première  représentation 
de  Carmen,  le  3  juin  1875,  il  fut  étouffé  pres- 
que subitement  par  un  rhumatisme  au  cœur, 
dont  il  était  déjà  depuis  longtemps  attaqué  .  Ha- 
bitant Bougival  avec  sa  famille ,  il  rentrait  d'une 
promenade  lorsqu'il  tomba  tout  à  coup  sans  con- 
naissance ,  ayant  à  peine  le  temps  d'apj)e!er  sa 
jeune  femme  ,  qui  accourut  à  ses  cris  ;  il  ne 
reprit  pas  ses  sens ,  et  mourut  dans  la  nuit. 
Peu  d'années  après  la  mort  d'Halévy  ,  Bizet  avait 
épousé  l'une  des  filles  de  son  maître  ,  M"'=  Ge- 
neviève Halévy  ;  il  la  laissa  veuve  avec  un  jeune 
orphelin  de  cinq  ans. 

C'est  ainsi  que  disparut  un  artiste  dont  la 
carrière  promettait  d'être  brillante,  et  qui,  doué 
d'une  grande  intelligence  et  de  rares  facultés  , 


aurait  peut-être  atteint  les  plus  hauts  sommets 
de  la  gloire.  Sa  mort  fut  uns  grande  perte  pour 
l'art  français  ,  car  elle  arriva  au  moment  oii  le 
jeune  maître  ,  devenu  complètement  sûr  de  lui- 
même,  éclairé  par  une  critique  bienveillante, 
ayant  mûrement  réfléchi  sur  les  nécessités  qui 
s'imposent  au  musicien  désireux  de  se  faire  un 
grand  nom,  aurait  produit  sans  doute  ses  œuvres 
les  plus  achevées  et  les  plus  accomplies.  Bizet , 
on  peut  le  dire,  était  un  artiste  de  race  et  de 
tempérament. 

Bizet    a   publié,  en  dehors  du   théâtre ,   les 
compositions  suivantes  :  Chant  ;  Feuilles  d'al- 
bum (1°  A  une  fleur  ;  2"  Adieux  à  Suzon; 
3°  Sonnet  de  Ronsard;  4°  Guitare;  ô°  Rose 
d"  Amour  ;  Ç,"  Le  Grillon),  Paris,   Heugel.    — 
Recueil  de  vingt  Mélodies.  (  i"  Chanson  d'A- 
vril; 1°  Viens,  c'est  l'' Amour  ;  3"  Vieille  chan- 
son ;  4°  Les  Adieux  de  l'hdtesse  arabe  ;  5^  Le 
Rêve  de  la  bien- aimée  ;  &"  J'aime  l'amour; 
7°  Vous  ne  priez  pas;  8°  Ma  vie  a  son  se- 
cret ;  S''  Pastorale;  10"  Sérénade:  11»  Ber- 
ceuse; 12»  La  Chanson  dujou;  13»  Absence; 
14°  Douce  mer  ;  15°  Après  l'hiver;  16»  La  Coc- 
cinelle; il"  Chanson  d'amour  ;  18°  Je  n'en 
dirai  rien;  19»  L .Esprit  saint;  20»   Taren- 
telle), Paris,  Choudens.  —Piano.  Les  Chants 
du  Rhin,    six    lieder  pour  piano    (  1»  L'Au- 
rore;  2»  Le  Départ  ;  3»  Les  Rêves;  4"  La  Bohé- 
mienne ;  5»  Les   Confidences  ;  6»  Le  Retour], 
Paris,  Heugel.  —  Jeux  d'enfants,  douze  pièces 
(1»   L'Escarpolette;   2»    Jm   Toupie;  3»  La 
Poupée;  4»  Les  Chevaux  de  bois;  5"  Le  Vo. 
tant;  6»  Trompette  et  tambour;  1"  Les  Bul- 
les de  savon;  S»  Les  Quatre  coins;  9»  CoUn- 
Maillard;    10»     Saule-Mouton;    11»     Petit 
mari,  petite  femme;  12"  Le  Bal  ) ,  Paris,  Du- 
rand-Schœnevverk.    —  Six  transcriptions    sur 
Mignon,  Paris,   Heugel.  —  Six  transcriptions 
sur  Don  Juan,  Paris,  Heugel.  —  Neuf  trans- 
criptions à  quatre  mains  sur  Hamlet ,  Paris, 
Heugel.  —  Danse  Bohémienne ,  Paris,  Chou- 
dens. —  Venise ,  romance  sans  paroles,  Paris, 
Choudens.  —  Bizet  avait  fait  aussi  les  réduc- 
tions pour  piano  seul  des   partitions  à' Hamlet 
et  de  l'Oie  du  Caire,  et  les  arrangements  pour 
piano  à  quatre  mains  des  ,' partitions  d'//amZe?, 
et  de  Mignon-  Enfin,  on  lui  doit  une  très-inté- 
ressante collection  publiée  sous    ce   titre  :  Le 
Pianiste  chanteur,  célèbres  œuvres  des  maî- 
tres italiens  ,  allemands  et  français  ,  transcrites 
pour  le  piano ,  soigneusement   doigtées  et  ac- 
centuées   (  150    transcriptions  )  j  Paris,   Heu- 
gel. 

Bizet  a  laissé  eu  portefeuille  un  certain  nom- 
bre de  compositions ,  dont  plusieurs  fort  impor- 


96 


'  BIZET  —  BLANC 


tantes  ;  parmi  ces  dernières  se  trouve  un  opéra 
entièrement  terminé,  Y  van  le  terrible,  écrit 
sur  un  poème  de  MM.  Leroy  et  Michel  Carré 
que  M.  Gounod  avait  entrepris  de  mettre  en 
musique,  pour  y  renoncer  ensuite.  Parmi  ses 
œuvres  inachevées ,  il  faut  citer  un  grand  ora- 
torio, Geneviève,  patronne  de  Paris,  et  un 
drame  lyrique,  le  Cid,  dont  la  plus  grande 
partie  du  chant  seulement  était  écrite.  Cet  ar- 
tiste fort  distingué  avait  été  nommé  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur  peu  de  jours  avant  l'appari- 
tion de  sa  dernière  œuvre  dramatique,  Carmen, 
dont,  la  veille  de  sa  mort,  l'OpéraComique  don- 
nait la  trente-unième  représentation ,  et  qui  a 
obtenu  depuis  un  vif  succès  à  Vienne.  Le  31  oc- 
tobre 1875,  un  hommage  public  lui  a  été  rendu 
à  la  séance  de  réouverture  des  concerts  de  l'As- 
sociation artistique  ;  sous  ce  titre  •  A  la  mé- 
moire de  Georges  Bizet,  une  partie  de  ce  con- 
cert lui  était  consacrée ,  comprenant  l'ouver- 
ture intitulée  Pairie,  l'une  de  ses  dernières 
compositions;  un  lamento  pour  orchestre  de 
M.  Jules  Massenet,  son  ami,  écrit  expressé- 
ment à  cette  occasion  ;  et  une  pièce  de  vers  de 
M.  Louis  Gallet,  Souvenir,  dite  par  M'"'  Galli- 
Marié ,  l'interprète  du  rôle  de  Carmen  à  l'Opéra- 
Comique. Cet  hommage  louchant  était  digne  de 
l'artiste  (1). 

BJOERIÎMAi\  (  Hans  ) ,  artiste  suédois, 
était  directeur  de  la  musique  à  Calmar  vers 
1770.  Il  s'est  fait  connaître  par  plusieurs  écrits 
sur  la  musique.  Y. 

BLACHIER  (Ali),  amateur  de  musique 
distingué,  né  au  commencement  de  ce  siècle 
dans  le  département  du  Gard  ,  vint  jeune  à  Pa- 
ris et  entra  au  Conservatoire,  où  il  étudia  le 
violoncelle  dans  la  classe  de  Baudiot  et  le  cor 
dans  celle  de  Daupral,  tout  eh  recevant  des  le- 
çons d'harmonie  et  de  composition  de  Scipion 
Rousselot.  Fixé  ensuite  à  Nîmes ,  il  fit  exécuter 
en  public  un  certam  nombre  de  compositions 
importantes ,  parmi  lesquelles  une  messe  solen- 
nelle, un  Stabat  Mater  avec  solo  et  chœurs, 
une  ouverture  de  concert,  deux  quintettes  pour 
instruments  à  cordes,  etc.  11  a  écrit  aussi  des 
romances  sur  paroles  françaises  et  plusieurs 
mélodies  sur  des  paroles  de  Métastase ,  dont 
quelques-unes  ont  été  publiées. 

(1)  Je  rapporterai  Ici  deux  faits  peu  connus.  Bizet  s'é- 
tait livré  à  une  fantaisie  en  écrivant  la  musique  du  pre- 
mier acte  de  MalUrouiih  s'en  va-t-en  guerre,  grande 
opérette  en  i  actes,  représentée  au  tl  éàtre  de  l'Athénée 
le  13  décembre  1867,  et  dont  les  autres  avaient  été  faits 
par  MM.  Léo  Delibei",  Emile  Jonas  et  Legouii.  A  la 
même  époque,  Bizet  donna,  sous  le  pseudonyme  trans- 
parent de  Gaston  de  Betzi,  un  certain  nombre  d'articles 
de  critique  musicale  à  un  recueil  important  ,  mais  de- 
puis lors  disparu,  la  licviie  nationale. 


BLACKBEE  (R...-F.),  professeur  anglais, 
a  publié  une  méthode  de  chant  intitulée  IS'ou- 
velle  Ecole  de  chant  et  méthode  complète 
et  pratique  pour  la  culture  de  la  voix. 

*  BLAISE  ( ),  bassoniste  à  la  Comédie- 

Ilalienne  et  compositeur.  Il  serait  difficile, 
croyons-nous ,  de  dresser  le  répertoire  complet 
des  ouvrages  pour  lesquels  Biaise  écrivit  de  la 
musique  à  la  Ccmédie-Italienne.  Voici  la  liste  de 
ceux  que  nous  avons  pu  découvrir,  et  que  l'on 
joindra  à  ceux  déjà  cités  de  ce  compositeur  : 
1"  les  Rendez-vous  nocturnes,  ballet,  1710; 
2"  Amadis,  parodie  mêlée  de  chants  et  de  danses, 
1740;  3°  Alcione,  parodie  mêlée  de  danses, 
1741;  i°  les  Deux  Basiles,  comédie  avec  un 
divertissement ,  1743;  5»  le  Génie  de  la  France, 
1744;  6"  les  Fées  rivales,  comédie  avec  diver- 
tissements, 1748;  7°  les  Ages  en  récréation, 
ballet,  1750;  8°  les  Berceaux,  bnWel,  17 bO. 

BLANC   (S ),  est  auteur  de  l'ouvrage 

suivant  :  iS'ouvelle  méthode  de  cor,  contenant 
les  principes  de  cet  instrument,  trente  le- 
çons pour  deux  cors  et  vingt-huit  avec  ac- 
compagnement de  basse,  suivies  de  trois  so- 
nates (Lyon,  s.  d.,  Carloux,  inf"). 

*BLAI\'C  (Adolphe),  violoniste  et  composi- 
teur. Cet  artiste,  qui  fait  partie  de  l'orchestre  de 
la  Société^  des  concerts  du  Conservatoire,  n'a 
cessé  de  se  livrer  activement  à  la  composition  de 
la  musique  de  chambre,  ce  qui  lui  a  fait  décerner 
en  1862,  par  l'Académie  des  beaux-arts,  le  prix 
fondé  par  M.  Chartier  en  faveur  des  artistes  qui 
se  distinguent  dans  ce  genre  de  composition. 
Voici  le  catalogue  exact  des  œuvres  publiées 
jusqu'à  ce  jour  par  M.  Blanc  :  1°  Rondinetto 
pour  piano,  op.  2  ;  2°  Thème  varié  pour  jiiano, 
op.  4  ;  3"  2  sonates  pour  piano,  op.  G  et  32;  4" 
C  pensées  fugitives  pour  piano,  op.  30  ;  5°  4  so- 
nates pour  piano  et  violon,  op.  31,  32,  3i  et 
42  ;  6°  4  sonates  pour  piano  et  violoncelle,  op. 
12,  13  et  17  ;  7"  Sonate  pour  piano  et  cor,  op.  43; 
8°  4  Grands  Trios  pour  piano  et  violoncelle,  op. 
18,  20,  21  et  35;  9"  Trio  pour  piano,  clarinette 
et  violoncelle,  op.  23;  10°  Trio  pour  piano, 
flilte  et  violoncelle,  op.  14  ;  11°  4  quatuors  pour 
piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  28  (dédié 
à  Rossini,  avec  une  lettre  de  ce  célèbre  ar- 
tiste), 37  bis  et  44  ;  12"  2  quintettes  pour  piano, 
violon,  alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  39; 
13°  Quintette  pour  piano,  flilte,'  clarinette,  cor 
et  basson,  op.  37;  14°  Septuor  pour  piano,  fli:ite, 
hautbois,  cor,  alto,  violoncelle  et  contre  bas.se; 
15°  2  romances  sans  paroles,  pour  violon,  avec 
accompagnement  de  piano,  op.  9  et  10;  16°  Étu- 
de pour  violon  seul,  op.  6;  17°  Valse  de  con- 
cert pour  violon,  avec  ace.  de  piano,  op.  3;  18° 


BLANC  —  BLAQUIÈRE 


97 


Tarentelle  pour  violon,  op.   S;  19°    La  Far- 
faîla,  scherzo  pour  alto  et  piano,  op.  7  ;  20''  Bar- 
carolle     pour   violoncelle    et    piano,    op.    11; 
21°  .3  trios  pour  violon,  alto  et  violoncelle,  op. 
25  et  41  ;  22°  5  quatuors  pour  2  violons,  alto  et 
violoncelle,  op.  IG,    27  et  38;    23°  4  quintettes 
pour  2  violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse, 
op.  21,  22,  30  et  40  bis;  24°  3  quintettes  pour 
2  violons,  2  altos   et  violoncelle,   op.   15,  19  et 
29;   25°  septuor   pour  clarinette,  cor,  basson, 
violon,  alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  40. 
(Tous  ces   ouvrages  ont  été  publiés  chez  l'édi- 
teur Richault.)  ;  •m"  Andantino capriccioso  pour 
violon,  avec  ace.  d'orchestre  ;  27°  Andante  pour 
violoncelle,  id.  ;  28°  Ouverture  espagnole,  pour 
orchestre  ;  29°  Sonatines  pour  piano,  pour  piano 
à  4  mains,  et  pour  piano  et  violon  (collection  du 
Peiil  pianiste    et  de  l'École  d'accompagne- 
ment) ;  30°  Les  Beautés  dramatiques,  grande 
collection  de  morceaux  pour  piano  et  violon  sur 
des  thèmes  d'opéras  célèbres  (en  société  avec 
MM.  Renaud  de  Vilbac  et    Albert  Lavignac)  ; 
31°  La  Promenade  du  bauf  gras,  symphonie 
burlesque  pour  quatuor  d'instruments  à  cordes 
et  différents  instruments  d'enfants.  (Toutes  ces 
œuvres  ont  été  publiées  chez  l'éditeur  Lemoine.) 
On  connaît  encore  de  M.  Blanc  quelques    mor- 
ceaux de  chant,  entre  autres  les  Danses  chan- 
tées; deux  opérettes  :  les  Deux  Billets,  et  les 
Rêves  de  Marguerite,  jouées  dans  plusieurs  sa- 
lons ;  un  opéra-comique  en  un  acte,  inie  Aven- 
ture sous  la  Ligue,  écrit  pour  un  concours  ou- 
vert parla  société  de  Ste-Cécile  de  Bordeaux, 
vers    1857,  et   qui  a  été  l'objet  d'une    mention 
honorable;  enfin,  un  certain  nombre  de  choeurs 
orphéoniques.    M.  Blanc,  qui  a  été  un  instant 
chef  d'orchestre  au  Théâtre-Lyrique,  pendant  la 
première  administration  de  M.  Carvalho,  a  en- 
core écrit  deux   symphonies,  restées   inédites, 
mais  qui  ont  été  exécutées  dans  plusieurs  con- 
certs. 

BLAXCHINI  (Francesco),  musicien  italien, 
né  à  Vérone  le  13  décembre  1062,  mourut  à 
Rome  le  2  mars  1729.  Il  est  connu  par  un  livre 
publié  après  sa  mort,  en  1742,  et  intitulé  :  De 
tribus  generibus  inslrumentorum  musicœve- 
terumorganicx  dissertatio.  Y. 

BLANCKlVlÛLLER  (J...-L...),  composi- 
teur de  la  première  moitié  du  seizième  siècle. 
Une  collection  de  chansons  à  quatre  voix  de  sa 
composition  est  conservée  dans  la  bibliothèque  de 
Zwickau.  Y. 

*  BLANGIiXI  (Joseph-Marie-Fkux).  Outre 
les  ouvrages  dramatiques  cités  à  l'actif  de  ce  com- 
positeur, il  faut  mentionner  la  Fête  des  souve- 
nirs, intermède  mêlé  de  chants  et   de  danses, 

BIOGR.    LMV.    DES   MUSICIENS.    SIPPL. 


ï. 


joué  à  rOpéra-Comique  le  16  avril  1818,  pour  la 
représentation  de  retraite  de  Mme  Crétu,  lune 
des  meilleures  actrices  de  ce  théâtre,  et  Figaro 
ou  le  Jour  des  Noces,  pastiche  arrangé  sur  la 
musique  des  Noces  de  Figaro  de  Mozart  et  du 
Barbier  de  Séville  de  Rossini,  et  donné  aux  ?s'ou- 
veautés  le  16  août  1827.  On  cite  encore,  comme 
ayant  été  composés  par  Blangini,  mais  n'ayant 
pas  été  représentés,  les  trois  ouvrages  suivants  : 
les  Fêtes  Lacédémoniennes  ,  en  3  actes, 
Inez  de  Castro,  en  3  actes,  et  Marie-Thérèse 
à  Presbourg  (la  partition  de  ce  dernier  a 
été  gravée).  Enfin,  il  faut  remarquer  que  les 
deux  petits  opéras  signalés  sous  ces  deux  titres 
distincts  :  Zélie  et  Terville,  et  Chimère  et  Réa- 
lité, n'en  forment  qu'un  seul,  représenté  sous  ce 
titre  :  Zélie  et  Terville  ou  Chimère  et  Réalité.  ' 

—  M.  Arsène  Houssaye  a  publié,  dans  la  Revue 
de  Paris  du  2  janvier  1842,  un  assez  long  ar- 
ticle sur  Blangini. 

Blangini  avait  deux  sœurs,  toutes  deux  musi- 
ciennes, dont  il  est  ainsi  parlé  dans  le  Diction- 
naire des  Musiciens  de   Choron  et    FayoUe  : 

—  «  M"^  Blangini  est  née  à  Turin  en  1780.  Elle 
reçut  d'abord  des  leçons  de  violon  du  célèbre 
Pugnani,  et  ensuite  de  MM.  Piippo  et  Alexandre 
Boucher.  M.  Rarni  l'a  dirigée  dans  l'étude  de  la 
composition.  On  n'a  publié  qu'un  seul  de  ses 
ouvrages,  savoir  :  un  trio  pour  deux  violons  et 
violoncelle.  Elle  a  joué  des  concertos  de  violon 
dans  des  conceris  publics,  à  Turin,  à  Milan,  à 
Vienne  et  à  Paris.  Elle  est,  depuis  quelques  an- 
nées, attachée  à  S.  M.  la  reine  de  Bavière,  en 
qualité  de  maîtresse  de  chant.  Sa  scur  cadette, 
attachée  en  ce  moment  à  la  princesse  Borghèse, 
a  reçu  des  leçons  de  chant  de  M.  Barni,  et  pro- 
met un  sujet  capable  de  faire  honneur  à  son 
maître.  » 

BLAXGINJ  (Théodore),  fils  du  précédent,  a 
fait  jouer  les  ouvrages  suivants:  1°  la  Vengeance 
de  Pierrot,  opérette  en  un  ac(c,  Palais-Royal, 
octobre  1861  (reprise  aux  Bouffes-Parisiens  le 
17  mars  1865);  ?.°  Didon  ,  opéra -bouffe  en  2 
actes  et  4  tableaux.  Bouffes- Parisiens,  5 
avril  1866;  3°  une  Visite  à  Bedlam,  opéra-co- 
mique en  un  acte,  Lyon,  janvier  1872.  Il  y  avait 
du  talent  et  une  fraîche  inspiration  dans  les 
deux  premiers  de  ces  ouvrages ,  mais  le  musi- 
cien ,  mal  servi  par  ses  collaborateurs  ,  a  porté 
la  peine  des  fautes  commises  par  eux. 

BLAQUIERE  (Paul),  compositeur,  né  vers 
1830  à  Clairac,  se  fit  une  sorte  de  réputation  dans 
les  cafés-concerts  de  Paris,  en  écrivant  pour  une 
chanteuse  en  vogue,  M"'=  Thérésa,  la  musique  d'un 
certain  nombre  de  chansons  auxquelles  celle-ci, 
par  son  débit  franc  et  sa  diction  nette,  fil  un 
I.  7 


98 


BLAQUIÉRE  —  BLASIS 


grand  succès  de  popularitt-.  On  peut  citer  entre 
autres  la  Femme  à  barbe,  la  Fiancée  du  bœuf- 
gras  et  la  Vénus  aux  Caro/^e^,  compositions 
dont  les  titres  indiquent  suffisamment  le  degré 
de  distinction.  Blaquière  fit  représenter  aux 
Bouffes-Parisiens,  le  30  août  18 j6,  une  opérette 
en  un  acte  intitulée  le  Guetteur  de  nuit,  suivie 
d'une  autre,  le  Magot  de  Jacqueline,  donnée 
au  petit  théâtre  Debureau  en  1858.  Cet  artiste, 
qui  avait  fait  au  Conservatoire  une  fugitive  ap- 
parition y  mais  dont  l'éducation  musicale  était 
restée  nulle,  est  mort  à  Paris  le  13  avril  1868. 

BLASERNA  (PiETRo) ,  professeur  à  l'U- 
niversité romaine,  est  l'auteur  d'un  livre  inti- 
tulé la  Teoria  del  suono  nei  suoi  rapporii 
colla  musica  (Florence,  1875).  Ce  volume  a 
été  formé  du  texte  de  dix  conférences  faites 
sur  ce  sujet  par  l'auteur. 

BLASIS  (Fr\scesco-Amomo  DE),  composi- 
teur et  professeur  de  musique  italien,  fils  d'un 
homme  fort  <iistingué  qui  avait  été  vice-amiral 
dans  la  marine  espagnole,  naquit  à  Naples  en 
1765  et  fil  ses  études  musicales  au  Conservatoire 
de  cette  ville ,  sous  la  direction  de  Fenaroli.  Les 
renseignements  manquent  de  précision  sur  cet 
artiste,  qui  paraît  n'avoir  pas  été  sans  mérite, 
et  ceux  qui  m'ont  servi  à  écrire  celte  notice  sont 
surtout  extraits  d'un  article  publié  le  2  jan- 
vier 1868  dans  une  feuille  musicale  et  théâtrale 
de  Venise,  la  Scena.  On  sait  que  Blasis  fit  repré- 
senter en  Italie  un  certain  nombre  d'opéras  et 
de  ballets,  Arminio,  Didone,  Adone  e  Venere, 
Zulima,  lo  Sposo  in  periglio,  il  Burbero  di 
buon  cuore ,  la  Donna  capricciosa,  il  Geloso 
ravveduio,  l'Isola  di  Bella  Marina,  il  Finto 
Feudatorio,  etc.,  qu'il  fut  organiste  à  Venise, 
qu'il  s'enfuit  de  Naples  en  1799  pour  échapper 
aux  effets  possibles  de  la  sauvage  réaction  bour- 
bonienne, et  qu'il  se  réfugia  en  France  et  s'é- 
tablit d'abord  à  Marseille.  Il  paraît  qu'il  a  fait 
jouer  sur  nos  scènes  départementales  plusieurs 
opéras  français,  car  les  rares  biographes  italiens 
qui  se  sont  occupés  de  lui  citent  les  titres  de  ces 
ouvrages,  «  représentés  en  France,  »  et  dont  Pa- 
ris n'a  jamais  eu  connaissance  :  Omphale,  Al- 
manzor  ou  r Épreuve  de  la  jeunesse,  le  Cour- 
roux d'Achille ,  Débutade  ou  VOrigine  du 
Dessin,  les  Trois  Sultanes ,  le  Triomphe  de 
la  Paix,  Méprise  sur  Méprise,  la  Fête  du  vil- 
lage, etc.  Le  titre  de  ces  compositions  drama- 
tiques constitue  tout  ce  qu'on  sait  à  leur  sujet, 
et  il  serait ,  je  crois,  fort  difficile  aujourd'hui  de 
fixer  la  date  et  le  lieu  de  représentation  de  cha- 
cune d'elles.  Blasis  écrivit  encore,  dit-on,  plu- 
sieurs oratorios,  des  messes,  des  ouvertures,  des 
quatuors,  et,  professeur  habile,  il  a  laissé  aussi  une 


Méthodede  violon,une Méthode  depiano, nr.e 
Méthodedechant,elun  Traité  d'harmonie  et  de 
contrepoint.  Enfin,  on  assure  qu'outre  plusieurs 
livrets  d'opéras  et  des  Mémoires  politiques  sur 
la  révolution  de  Naples,  Blasis  avait  encore  écrit 
des  biographies  artistiques  et  une  Histoire  de  la 
musique.  Cet  artiste  actif  et  distingué  est  mort  à 
Florence  le  22  août  1851,  à  l'âge  de  quatre- vingt 
six  ans  environ.  Un  monument  lui  a  été  élevé 
dans  le  couvent  de  Sainte-Croix. 

BLASIS  (Carlo  DE),  danseur,  chorégraphe, 
compositeur  et  écrivain  italien,  fils  du  précédent, 
a  été  d'abord  premier  danseur,  puis  professeur  à 
l'école  de  ballet  instituée  près  du  théâtre  de  la 
Scaia,  de  Milan.  D'après  une  biographie  jmbliée 
à  Londres  en  1847  et  insérée  dans  son  ou- 
vrage anglais  sur  la  danse,  Carlo  Blasis  serait  né 
à  Naples  le  4  novembre  1803,  mais  nous  faisons 
nos  réserves  quant  à  l'exactitude  de  cette  date , 
car  nous  lisons  dans  une  notice  sur  son  père  que 
celui-ci  se  rendit  à  Marseille  avec  sa  femme  et^ 
ses  enfants  lors  de  la  grande  persécution  bour- 
bonienne de  Naples,  qui  eut  lieu  en  1799  ,. 
et  qu'il  passa  ensuite  à  Bordeaux,  où  son  lils 
Carlo  débuta  comme  premier  danseur  eni 
1818. 

Après  avoir  parcouru  les  principales  villes  des 
départements,  Carlo  Blasis  fut  engagé  à  l'Opéra, 
où  il  se  perfectionna  avec  Gardel.  Il  y  créa  Té- 
lé in  aque ,  Paris,  Achille  à  Scijros,  mais  bien- 
tôt des  intrigues  de  coulisses  le  mirent  dans  la 
nécessité  de  donner  sa  démission.  C'est  alors 
qu'il  parut  à  la  Scala,  de  Milan,  et  dans  d'autres 
grandes  villes  de  l'Italie,  mais  au  bout  de  quel- 
ques années  sa  carrière  se  trouva  brusquement 
terminée  à  Naples  par  suite  d'une  foulure  du 
pied,  qui  l'empêcha  de  reparaître  jamais  au 
théâtre.  Il  s'adonna  alors  à  l'enseignement  et  à 
la  composition  des  ballets. 

En  1837,  Blasis  et  sa  femme  (née  Ramaccini) 
étaient  appelés  à  diriger  la  fameuse  école  de 
danse  de  la  Scala,  d'où  sont  sorties  toutes  les 
notabilités  dansantes  que  nous  avons  vu  figurer 
à  notre  grand  Opéra  de  Paris.  C'est  alors  que 
Blasis  se  mit  à  tracer  des  scénarios  de  ballets, 
dont  il  a  fait  un  nombre  incalculable  ,  et  c'est 
alors  aussi  qu'il  écrivit  la  musique  d'un  grand 
nombre  de  pas  et  de  ballabili. 

Blasis  s'est  livré  aussi  à  de  nombreux  travaux 
littéraires,  consacrés  à  la  danse  ou  à  la  musique. 
Son  Traité  élémentaire  théorique  et  pratique 
de  la  Danse  a  été  publié  à  Paris,  en  français,  en 
1820,  et  reproduit  plus  tard,  avec  des  additions, 
dans  la  collection  des  Manuels-Roret.  Parmi  ses 
autres  écrits  ,  nous  signalerons  les  suivants  : 
1°    Notes  upon  dancing,    Londres,    Novello,. 


BLASIS  —  BLAZE  DE  BURY 


99 


1820;  2°  Studii  sulle  arti  imitatrici,  Milan, 
1844  ;  3°  Del  Carattere  délia  musica  sacra 
e  del  sentimento  rcUgioso;  4°  Biogrufia 
di  Virginia  Blasis  e  onori  poetici,  notice  qui 
paraît  être  aussi  son  œuvre,  Milan,  1853,  in-8". 
Enfin,  en  1854,  Blasis  a  publié  à  Milan  une 
brochure  intitulée  :  Délie  composizioni  coreo- 
graftche  e  délie  opère  letlerarie  di  Carlo  Bla- 
sis, colVaggiiinta  délie  lestimonianze,  etc., 
in-8'  avec  portrait.  C'est  un  exposé  de  ses  œu- 
vres inédites ,  et  une  suite  d'articles  publiés  à 
diverses  époques  sur  ses  œuvres  parues.  Blasis 
a  donné  aussi  une  Biographie  de  Pergolesi  et 
une  Dissertation  sur  la  musique  italienne  en 
France;  mais  toutes  nos  recherches  ne  nous 
ont  pas  fait  découvrir  ces  deux  brochures , 
mentionnées  par  l'auteur  dans  son  catalogue  (1). 

J.  D.  F. 

*  BLASIS  (Virginie  DE),  sœur  du  précé- 
dent. Une  notice  biographique,  accompagnée  de 
nombreuses  pièces  de  vers,  et  ornée  d'un  por- 
trait, a  été  publiée  en  Italie  sur  celle  chanteuse 
distinguée  :  Biografia  di  Virginia  Blasis  e 
onori  poetici  (Milano,  tip.  Centenari,  1853, 
in-8).  Nous  remarquerons  que,  dans  cette  bro- 
chure, la  date  de  la  naissance  de  Virginie  Bla- 
sis est  fixée  au  mois  d'août  1807.  —  La  sœur 
aînée  de  cette  artiste,  Teresa  de  Blasis,  s'est 
teil  une  réputation  comme  professeur  de  piano, 
et  a  composé  des  sonates  ,  des  variations  et  des 
morceaux  de  genre  pour  son  instrument.  Elle 
est  morte  à  Florence,  le  20  avril  1868. 

*  BLASIUS  (Mathieu-Frédéric).  Cet  artiste 
a  fait  représenter  à  la  Comédie-Italienne  ,  le 
28  août  1788,  un  opéra  comique  en  3  actes,  la 
Paysanne  supposée,  ou  la  Fête  de  la  Moisson. 
Il  a  eu  une  part  de  collaboration  dans  le  Congrès 
des  Rois,  ouvrage  écrit  par  une  douzaine  de 
compositeurs  et  joué  au  même  théâtre  en  1794. 
Enfin,  il  a  composé  la  musique  de  plusieurs  mé- 
lodrames donnés  au  boulevard  :  Africo  et  Men- 
zola.  Don  Pèdre  et  Zulika,  Adelson  et  Sal- 
vini,  etc. 

BLASSMANIV  (Adolpiie-Joseph-Marie)  , 
compositeur  et  pianiste,  est  né  à  Dresde  le  27  oc- 
tobre 1823.  II  a  produit  très-peu,  mais  ses  ou- 
vrages sont  généralement  estimés.         Y. 

(1)  Dans  une  liste  des  écrits  de  Blasis  publiée  récem- 
jnent  par  un  journal  italien,  se  trouvait  mentionné  l'ou- 
•vrage  suivant,  publié  à  Milao,  Trattato  storico-biof/ra- 
fico  délia  Musica  italiana  e  délia,  Mnsira  francese,  et 
encore  celui-ci.  Jusqu'à  ce  jour  inédit  :  Lo  Spirito  fllo- 
softco  délia  Musica.  An  reste,  peu  d'écrivains  sont  aussi 
prolifiques  que  M.  Blasis,  qui  collabore  à  oAus  de  vingt 
journaux  de  théâtre  et  de  musique  italiens,  dans  lesquels 
la  publicatiiin  d'un  de  ses  travaux  dure  parfois  plusieurs 
années.  —  a.  p. 


BLATH\VAYT( ),  claveciniste  remar- 
quable, mit  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle  tout  Londres  en  émoi  par  son  talent 
précoce  et  tran.scendant.  Il  était  élève  d'Ales- 
sandro  Scarlatti.  Tout  ce  qu'on  connaît  de  lui 
aujourd'hui,  c'est  son  portrait,  qui  est  conservé 
à  l'école  de  musique  d'Oxford.  Y. 

*  BLAVET  (Michel).  Parmi  les  œuvres  de 
musique  instrumentale  publiées  par  cet  artiste 
distingué,  il  faut  citer  un  premier  (et  deuxième) 
Recueil  de  pièces,  petits  airs,  bruneitcs,  me- 
nuets, elc,  avec  des  doubles  variations,  accom- 
modé pour  les  flûtes  Iraversières,  violons,  par- 
dessus de  viole,  etc.  (PariSj's.  d.,  2  vol.  in-4" 
oblong.) 

*  BLAZE  (FRANÇOIS-HENRI-JoSEPH).ditCAS- 

TIL-BLaZE.  Quelques  erreurs  et  quelques 
omissions  sont  à  signaler  dans  la  liste  des  travaux 
llittéraires  de  cet  écrivain  fécond.  L'écrit  indi- 
qué sous  ce  titre  :  l' Académie  royale  de  musi- 
que,  depuis  Cambert,  etc.,  n'a  point  été  tiré  à 
part  sous  celui  de  Mémorial  du  Grand-Opéra  / 
ce  dernier  travail,  qui  n'a  aucun  rapport  avec  le 
précédent,  forme  non  un  volume,  mais  une  bro- 
chure in-S".  L'ouvrage  intitulé  :  Le  Piano,  his- 
toire de  son  invention,  etc.,  n'a  jamais  été  non 
plus  publié  à  part.  En  revanche,  trois  publi- 
cations de  Castil-BIaze  manquent  à  la  nomencla- 
ture de  ses  œuvres  :  1"  VArt  des  vers  lyriques 
(Paris,  Deiahays,  1838,  in-8")  ;  1"  Sur  VOpéra, 
vérités  dures,  mais  utiles  (Paris,  l'auteur, 
1856,  in-8°);  3°  Physiologie  du  Musicien 
(Bruxelles,  1844,  in-32).  Le  manuscrit  de  VNis- 
toire  de  V Opéra-Comique,  annoncée  souvent, 
par  Castil-Blaze  et  qu'il  n'eut  pas  le  temps  de 
publier,  fait  aujourd'hui  partie  de  la  Bibliothèque 
de  l'Opéra,  pour  laquelle  il  a  été  acquis  par 
M.  Nuitter,  archiviste  de  ce  théâtre. 

*  BLAZE  DE  BUBY  (Henri  BLAZE,  dit), 
fils  du  précédent,  apubhé  Meyerbeer,  sa  vie  et 
ses  oeuvres  (Paris,  18G5,  Heugel,  gr.  in- 8°  avec 
portrait  et  autographes),  écrit  qu'il  a  reproduit, 
dans  le  cours  de  la  même  année,  chez  un  autre 
éditeur,  sous  ce  second  titre  :  Meyerbeer  et  son 
temps  (Paris,  Lévy,  1865,  in-12).  Après  la  mort 
de  Scudo,  M.  Henri  Blaze  a  repris,  à  la  Revue  des 
Dexix-Mondes,  la  part  de  collaboration  qu'il 
avait  eue  déjà  dans  ce  recueil  au  point  de  vue 
musical.  Ses  articles  sont  habituellement  signés 
du  pseudonyme  :  F.  de  Lagenevais.  M.  Henri 
Blaze  avait  fait  pour  Meyerbeer  le  livret  d'un  ou- 
vrage lyrique  intitulé  ^aJeMne^^e  de  Goethe,  dont 
celui-ci  avait  écrit  la  musique.  Après  la  mort  du 
grand  homme,  il  réclama  à  la  famille  la  parti- 
tion de  cet  ouvrage,  qu'il  voulait  faire  repré- 
senter ;  mais  les  héritiers,  se  fondant  sur  les  vo- 


100 


BLAZE  DE  BURY  —  BOCCABADATI 


lontés  exprimées  par  le  maître  dans  son  testa- 
ment, refusèrent  d'accéder  à  sa  demande.  L'af- 
faire fut  portée  devant  le  tribunal,  et  M.  Henri 
Blaze  perdit  son  procès. 

BLAZEK  (François),  musicien  didactique, 
est  né  à  Velezic  en  Bohême,  le  21  décembre 
18 1 5.  On  a  de  lui  un  traité  d'harmonie  en  langue 
tchèque  :  Nauka  harmonii.  Y. 

BLODEK  (Gi'ill.ume),  professeur  de  flûte 
au  Conservatoire  de  Prague,  est  né  en  cette 
ville  le  14  octobre  18.34.  Outre  plusieurs  compo- 
sitions pour  son  instrument,  des  choeurs  et  des 
lieder,  on  a  de  lui  un  opéra  :  Vsfiidni  (A  la 
fontaine),  qui  a  été  joué  le  17  novembre  1867 
avec  un  succès  considérable.  Cet  artiste,  qui 
donnait  les  plus  belles  espérances,  a  malheureu- 
sement été  al  teint  de  folie  en  1870.         Y. 

ÏÎLOMMESTEYX  (Mautin),  facteur  de 
clavecins ,  exerçait  cette  profession  à  Anvers 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  et  se  fit  rece- 
voir, en  même  temps  que  neuf  de  ses  confrères, 
dans  la  gilde  de  Saint- Luc,  le  28  mars  15ô8. 

IJLOMMESTEYN  (Ciiiustophe),  facteur 
de  clavecins,  évidemment  parent  du  précédent, 
exerçait  comme  lui,  et  à  la  même  époque,  cette 
profession  à  Anvers.  Inscrit  dans  la  corporation 
de  Saint-Luc,  en  1550,  en  qualité  de  «  fds  de  con- 
frère »,  ce  qui  prouve  que  son  père  faisait  i)artie 
de  la  gilde,  il  s'y  fit  recevoir  comme  sociétaire  en 
même  temps  que  le  précédent,  c'est-à-dire  le  28 
mars  1558.  Dans  le  registre  de  Saint-Luc,  son 
nom  est  écrit  Chistoffel  Blomster. 

*  BLO\DEAU  (PiERRE-ArorsTE-Loiis).  A 
la  nomenclature  des  écrits  publiés  par  ce  musi- 
cien distingué,  il  faut  ajouter  le  suivant  ;  Solice 
sur  Palcstrina,  sur  ses  ouvrages,  sur  son  épo- 
que, sur  son  style  (s.  1.  n.  d.,  in-8"  de  30  pp.). 

*  liLO\DET  (Abraham)  est  né  vriiisem- 
blablement  avant  1570,  car  en  158,3  il  prit  part 
au  concours  du  puy  de  musique  d'Evreux,  et  y 
obtint  le  prix  de  la  harpe  d'argent  pour  le  mo- 
tet :  Tu  Domine  henignus  es. 

1  BLtfMMEll{MARTiis), compositeur  allemand, 
né  le  21  novembre  1827  à  Fiirstemberg,  dans  le 
Mecklembourg,  fit  ses  études  à  Berlin  ,  oii  il  est 
devenu  directeur  de  l'Académie  de  chant.  On  lui 
doit  une  cantate  intitulée  Colombus,  un  certain 
nombre  de  lieder,  et  un  oratorio  en  deux  parties, 
Abraham,  qui  a  été  exécuté  à  l'Académie  de 
chant  en  1860. 

BOADA  (Ji  AN  DE  la),  est  le  nom  d'un  com- 
positeur espagnol  du  XVIP  siècle,  dont  on  ignore 
absolument  le  lieu  et  la  date  de  naissance.  Les 
détails  de  sa  carrière  ne  sont  pas  connus  davan- 
tage, mais  l'un  des  historiens  actuels  de  la  musi- 
que espagnole,  M.  Baltazar  Saldoni,  assure  que 


sous  le  règne  de  Philippe  IV  on  chanta  au  palais 
du  Buen  Retiro  quelques  zarzicelas  dont  la  mu- 
sique avait  été  écrite  par  Juan  de  la  Boada.  S'il  en 
élait  ainsi ,  cet  artiste  pourrait  être  considéré 
comme  le  père  de  la  musique  dramatique  en  Es- 
pagne et  le  premier  qui  se  serait  exercé  dans  ce 
genre. 

BOADA  (Le  Père  Jacinto),  moine  et  compo- 
siteur espagnol,  né  à  Tarrasa  vers  1770,  fit  ses 
études  musicales  au  collège  de  musique  du  cou- 
vent de  Montserrat,  en  Catalogne,  où  il  eut  pour 
maître  le  P.  Casanovas  (voy.  ce  nom).  Il  fut  lui- 
même  professeur  dans  ce  couvent  pendant  un  grand 
nombre  d'années,  et  il  y  donna  des  preuves  d'un 
rare  dévouement  à  l'art  et  à  ses  élèves.  Lorsqu'en 
1818,  après  l'incendie  du  mona.stère,  qui  avait 
entièrement  détruit  la  bibliothèque,  toutes  les 
œuvres  consacrées  au  service  du  culte  et  jus- 
qu'aux leçons  et  aux  ouvrages  nécessaires  aux 
élèves,  l'école  fut  louverte  à  ceux-ci,  le  Père 
Boada  se  mit  en  devoir  non-seulement  de  com- 
poser toute  la  musique  nécessaire  au  service  de 
la  chapelle,  mais  encore  d'écrire  tout  ce  qui 
devait  élre  utile  à  l'instruction  des  jeunes  gens 
qui  lui  étaient  confiés,  et  il  apporta  tant  de  .sol- 
licitude et  d'ardeur  à  ce  travail  qu'au  bout  de 
quelques  années  le  mal  était  réparé,  et  que  l'on 
n'avait  plus  à  regretter  qu'au  point  de  vue  de 
leur  valeur  intrinsèque  la  perte  de  tant  d'oai- 
vres  précieuses.  Les  compositions  du  P.  Boada 
sont  fort  estimées.  Cet  artiste  distingué  vivait 
encore  en  1856. 

BOCACCIO  (L ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Sivigliana,  en 
février  1872,  un  opéra  intitulé  i  Banditi,  qui  a 
été  bien  accueilli. 

BOCCABADATI  (Virgima),  fille  de  Louise 
Boccabadati,  qui  fut  une  chanteuse  célèbre,  est 
devenue  elle-mêmeune  cantatrice  fort  distinguée. 
Héritière  du  talent  remarquable  de  sa  mère,  elle 
n'en  avait  point,  malheureusement,  la  voix 
chaude,  étendue  et  vibrante  ;  mais  elle  suppléait 
à  ce  qui  lui  manquait  sous  ce  rapport  par  un  art 
véritable,  par  un  chant  plein  de  grâce  et  d'élé- 
gance, par  une  expression  tendre  et  passionnée, 
enfin  par  un  talent  scéuique  que  les  chanteurs 
possèdent  rarement  à  un  pareil  degré.  Douée  de 
qualités  pathétiques  et  émouvantes,  la  Boccaba- 
dati avait  le  don  si  rare  d'arracher  les  larmes,  et 
atteignait  parfois  le  sublime  dans  certains  rôle^, 
tels  que  Gilda  de  Rigoletto,  la  Traviaia,  Linda 
di  Chamounix  ou  Maria  diEohan.  Cette  ar- 
tiste vraiment  remarquable,  que  Paris  a  connue 
il  y  a  UBe  vingtaine  d'années  et  qui  s'est  fait 
entendre  à  notre  Théâtre-Italien,  est  aujourd'hui, 
je  crois,  retirée  du  théâtre. 


BOCHSA  —  BODSON 


401 


*  BOCHSA  (Robekt-Nicolas-Charles).  Ce 
musicien,  aussi  distingué  comme  arliste  qu'il 
était  misérable  comme  liomme,  a  écrit,  pendant 
son  séjour  en  Angleterre,  la  musique  de  quelques 
ballets  qui  ont  été  représentés  à  Londres  :  1"  Jus- 
tine ou  la  Cruc/ie  cassée,  7  janvier  1825; 
2°  le  Temple  de  la  Concorde,  28  janvier  1825  ; 
3°  la  Naissance  de  Vi'nus,  2  actes,  8  avril 
1826;  4°  le  Corsaire,  29  juillet  1837.  Ce  dernier 
eut  un  immense  succès. 

Bochsa  avait  dû  fuir  la  France  en  1817.  Ac- 
cusé d'avoir  contrefait  la  signature  de  plusieurs 
personnages  marquants  (parmi  lesquels  quel- 
ques-uns de  ses  confrères,  Berton,Méhul,  Boiel- 
dieu,  Nicolo),  et  d'avoir  fabriqué  des  bons  por- 
tant aussi  les  signatures  fausses  de  M.  le  comte 
Decazes,  de  lord  Wellington,  etc.,  il  fut  traduit 
devant  la  cour  d'assises  delà  Seine,  et  celle-ci, 
dans  sa  séance  du  17  février  1818,  le  condamna 
à  douze  années  de  travaux  forcés,  à  la  marque 
et  à  4,000  francs  d'amende.  Mais  Bochsa  était 
en  sûreté  en  Angleterre,  où,  malgré  des  antécé- 
dents si  déplorables,  il  sut  se  faire  une  brillante 
position.  Ce  n'est  pas  tout,  et  à  ces  méfaits 
Bochsa  aurait  joint  plus  tard,  dit-on,  le  crime  de 
bigamie  ;  voici  ce  qu'on  lit  à  ce  sujet  dans  VAn- 
nuaire  dramatique  (^^  année,  1847,  Bruxelles, 
Taride,  in- 12)  :  <<  Bochsa  avait  épousé,  avant 
sa  fuite  de  la  France,  la  fille  du  marquis  Du- 
crest  (I),  et  se  trouvait  ainsi  le  neveu  de  M""^^ 
de  Genlis.  Depuis  il  serait  devenu  bigame,  s'il 
faut  s'en  rapporter  aux  Mémoires  publiés  par 
Henriette  Wilson,  en  prenant  pour  femme  la 
propre  sœur  (Aniy  Wilson)  en  même  temps  que 
la  complice  des  fredaines  de  cette  fameuse  cour- 
tisane qui  acompte  au  nombre  de  ses  nombreux 
amants  le  prince  de  Galles  (depuis  Georges  IV) 
et  le  duc  de  Wellington.  » 

Ce  qui  n'empêcha  pas  Bochsa  d'enlever 
Mme  Bishop  {voyez  ce  nom)  et  de  vivre  avec 
elle  pendant  vingt  années  environ. 
BOCK,  Voyez  BOTE  et  BOCK. 
*  BOCQUILLOIV-WILHEM  (Guil- 
laume-Louis). Au  nombre  des  notices  qui  ont  été 
publiées  sur  cet  artiste  excellent ,  il  faut  citer 
les  deux  suivantes  :  Wllhem,  par  Trélat  (extrait 
de.  \d  Jîevue  du  Progrès  da  1^' juin  1842),  in-8" 

(1)  Madame  Georgette  Ducrest,  depuis  longues  années 
reUrée  à  Bordeaux,  où  elle  vit  encore.  Elle  était  excel- 
lente musicienne,  possédait  une  jolie  voix,  et  adonne 
pendant  assez  longtemps  des  leçons  de  chant  à  Lyon 
Très-mêlée,  dans  sa  jeunesse,  au  monde  artistique  et  lit- 
téraire, elle  a  publié  sous  ce  titre:  Paris  en  province  (tSii), 
des  mémoires  dans  lesquels  on  trouve  des  renseignements 
intéressants  et  assez  nombreux  surquflques  musiciens  du 
temps  Une  seconde  édition  de  cet  éerll  a  paru  (sans  datr) 
en  18)6  (Paris,  Barba,  in-i"). 


del9  pp.,  et  Funérailles  de  M.B.  Wilhem, 
par  Charles  Malo  (extrait  du  Bulletin  élémen- 
taire d'avril  1842),  in-8°  de  22  pp.  Je  ferai  re- 
marquer que  lorsque  Wilhem  était  professeur  à 
l'école  de  Saint-Cyr,  cette  école  portait  le  nom 
de  Piytanée  militaire,  tandis  que  l'école  mili- 
taire proprement  dite  était  à  Fontainebleau. 

*  BODIN  (FRANÇois-ÉTiENNE),est  mort  à  Paris 
le  13  août  1862.  Cet  artiste  distingué,  qui  était, 
dit  on,  un  mathématicien  et  un  philologue  re- 
marquable, avait  reçu  des  leçons  d'harmonie  et 
de  composition  de  Perne  et  d'Eler.  Il  ne  se  li- 
vra pourtant  pas  à  la  composition,  trop  absorbé 
qu'il  était  pas  les  devoirs  de  son  enseignement, 
mais,  outre  son  grand  Traité  des  principes  de  la 
musique,  il  publia  un  Recueil  d'exercices  élé- 
mentaires pour  le  piano  et  un  Becueil  de 
gammes  pour  le  piano  avec  la  réforme  du 
doiçjté. 

La  fille  de  cet  artiste,  M"«  Sophie  Bodin , 
plus  tard  M""'  Pierson,  élève  de  son  père  pour 
le  piano  et  du  fameux  harpiste  Bochsa  pour 
l'harmonie  et  le  contrepoint,  étudia  le  chant  avec 
Ponchard,  et  se  fit  entendre  avec  succès  à  Paris, 
dans  les  concerts,  pendant  les  années  1837,  1838 
et  1839.  A  cette  époque,  sa  voix  ayant  subi  une 
altération  sensible,  elle  dut  renoncer  à  se  pro- 
duire en  public,  et  se  consacra  entièrement  à 
l'enseignement  du  chant  et  du  piano.  M'"^  Pier- 
son-Bodin  est  morte  au  mois  de  juin  1874.  Elle 
avait  publié  en  1865  un  petit  écrit  ainsi  intitulé  ; 
Observations  sur  Vélude  de  la  musique,  dans 
lequel  elle  donnait  aux  mères  de  famille  d'u- 
tiles conseils  sur  la  façon  de  diriger  l'éducation 
musicale  de  leurs  enfants. 

BODSOX  (Nicolas-Henri-Joseph),  musi- 
cien belge,  naquit  à  Liège  le  5  mai  1766,  et 
semble  n'avoir  jamais  quitté  sa  ville  natale.  On 
ne  connaît  de  lui  que  des  compositions  religieu- 
ses, et  dans  une  note  publiée  sur  cet  artiste, 
M.  Edouard  Gregoir  reproduit  ainsi  le  titre  de 
l'une  d'elles  :  «  Missa  aj.  per  soprano  e  tenore 
0  soprano  e  hasso  cou  organo  obbligato,  com- 
posta dal  signore  N.  Bodson.  Les  deux  voix 
deveront  convenir  pour  les  nottes  d'en  haut 
ou  celles  d'en  bas,  les  rondes  et  les  blanches 
pointées  à  la  basse  indiquent  à  la  contrebasse 
oà  violoncelle  qui  accompagnera  de  faire 
autant  de  nottes  qu'il  y  aura  depoints.  Prix  : 
5  francs.  Se  vend  chez  l'auteur,  rue  St  Jean-en- 
Isle,  no  784,  à  Liège  ,  chez  Mlle  J.  Andrez,  édi- 
teur et  marchande  de  musique.  »  M.  Gregoir 
ajoute  :  "  Trois  messes  de  cet  artiste,  et  qui 
sont  très-répandues,  renferment  de  grandes  qua- 
lités mélodiques.  Un  Verbum  caro  de  sa  com- 
position est  resté  manuscrit.  »  L'une  de  ces  messes 


102. 


BODSON  —  BOIELDIEU 


a  été  publiée  à  Liège,  chez  J.  Goût,  c'est  la  troi- 
sième. On  a  donné  aussi,  dans  le  Répertoire 
des  Maîtrises  (Liège,  Muraille),  plusieurs  piè- 
ces religieuses  de  Bodson  :  Pie  Jesu  à  2  voix  ; 
Cantant  montes,  chœur  à  3  voix  égales  ;  Mi 
Jesu  à  2  voix  ;  Genitoti  à  3  voix  égales  ;  Tan- 
tiim  ergo  à  2  voix  ;  Ave  Maria  kZ  voix  égales. 
Bodson  est  mort  à  Liège  le  31  mars  1829. 

*  BOEHiVl  (Joseph)  violoniste,  est  né  à  Pesth, 
non  en  1808,  mais  le  4  mars  1795.  Il  est  mort  à 
Vienne  le  28  mars  1876.  Joseph  Boehm,  dont 
l'enseignement  était  très-réputé,  avait  formé  un 
grand  nombre  d'excellents  élèves,  parmi  lesquels 
il  faut  surtout  citer  Ernst  et  M.    Joachim. 

BOERS  (J...-C...),  violoniste  et  composi- 
teur néerlandais,  né  à  Nimègue  en  1812,  appar- 
tient au  plus  pur  parti  conservateur  musical. 
Excellent  musicien,  homme  de  beaucoup  d'esprit, 
charmant  causeur,  il  pousse  la  modestie  si  loin 
qu'il  a  passé  sa  vie  à  éviter  toutes  les  occasions 
de  recevoir  une  décoration  quelconque  et  qu'il 
s'est  refusé  à  publier  ses  compositions,  bien  que 
depuis  longtemps  il  ait  mérilé  la  croix  de  son 
pays  et  qu'il  ait  écrit  de  bons  ouvrages.  M.  Boers 
a  mené  une  vie  assez  accidentée,  surtout  dans 
sa  jeunesse.  Il  reçut  d'abord,  à  Nimègue,  des 
leçons  de  violon  de  son  père,  et  en  1828  fut  ad- 
mis comme  élève  à  l'École  royale  de  musique  de 
la  Haye,  où  il  travailla  le  violon  et  la  com- 
position avec  Lubeck.  En  1831,  on  le  nomma 
chef  d'orchestre  à  l'Opéra  national  de  la  Haye, 
mais  eu  1837  il  partit  pour  Paris,  où  il 
accepta  la  place  d'alto  solo  au  Casino  Pa- 
ganini.  Peu  de  temps  après,  l'administration  de 
ce  concert  ayant  fait  faillite,  il  fut  engagé  à  l'or- 
chestre des  concerts  Valentino.  Tout  en  restant 
attaché  à  cet  étiiblissement,  il  donnait  des  le- 
çons d'harmonie  et  de  contrepoint,  et  devenait 
correcteur  d'épreuves  de  la  maison  de  Simon 
Richault,  l'un  des  premiers  éditeurs  de  musique 
de  Paris. 

En  1839,  M.  Boers  quitta  cette  ville  pour  aller 
remplir  les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au 
théâtre  de  Metz,  où  il  resta  deux  ans.  De  retour 
en  1841  dans  sa  ville  natale,  il  y  fut  nommé  di- 
recteur de  la  Société  chorale,  et,  bien  que  pro- 
testant, se  vit  confier  l'emploi  de  professeur  de 
musique  dans  une  grande  école  normale  catho- 
lique, qui  était  une  sorte  de  séminaire.  Il  resta 
à  Nimègue  jusqu'en  1853,  et  accepta  alors  la 
place  de  directeur  de  musique  à  Delft,  où  il  de- 
meure encore  aujourd'hui. 

M.  Boers  a  beaucoup  écrit,  et  jouit  dans  sa 
patrie  d'une  grande  considération  comme  com- 
positeur. Ses  œuvres  les  plus  estimées  sont  des 
ouvertures,  une  symphonie  qui  a  obtenu  une 


mention  honorable  à  l'un  des  concours  ouverts 
par  la  Société  pour  Vencouragement  de  l'art 
musical,  le  128*  psaume  (composition  pour  soli, 
chœurs  et  orchestre),  et  plusieurs  recueils  de 
lieder.  Il  s'occupe  aussi  avec  ardeur  de  littéra- 
ture musicale,  et  travaille  en  ce  moment  à  deux 
grands  ouvrages  :  une  Bibliographie  de  tous 
les  ouvrages  de  musique  néerlandais  anciens 
et  modernes,  et  une  Histoire  des  instruments 
de  musique  au  moyen-âge. 

Ed.  de  h. 

DOETTE  (Jeh.\n),  compositeur,  maître  des 
enfants  de  chœur  de  Notre-Dame  dÉvreux, 
obtint  en  1575,  au  concours  du  puy  de  musi- 
que d'Évreux,  le  prix  de  triomphe  pour  une 
chanson  française  :  Heureux  qui  d'équité.  Un 
parent  de  cet  artiste,  portant  le  même  prénom 
et  liabitant  aussi  Évreux,  mais  désigné  sous  le 
nom  (le  Jehan  Boette  le  jeune,  obtint  au  concours 
tie  1589  le  prix  de  l'orgue  d'argent  pour  le  motet 
In  fiymnis  et  confessionibus. 

BOESEKDORFER  ( ),  est  le   nom 

dun  des  principaux  facteurs  de  pianos  de  l'Al- 
lemagne, dont  la  maison  est  à  Vienne.         Y. 

BOGAERTS  (P.. .-C. .•€...),  est  l'auteur, 
avec  M.  Edmond  Duval ,  des  deux  écrits  sui- 
vants :  1°  Études  sur  les  livres  choraux  qui 
ont  servi  de  base  dans  la  publication  des  livres 
de  chant  grégorien  édités  à  Matines,  Maliiies, 
1855,  in-8°  ;  2"  Un  mot  sur  la  brochure  du  P. 
Lambillote  intitulée  :  «■  Quelques  mots  sur  la 
restauration  du  chant  liturgique,  »  Matines, 
1855,  in-8''. 

BOGOTA  (Aryde).  Voyez  DOMBROW- 
Si;i  (Henri). 

BOHEMUS  (Gaspard),  compositeur  alle- 
mand du  temps  de  la  Réforme,  a  composé  de 
la  musique  vocale,  religieuse  et  profane.  Y. 

*  BOIELDIEU  (François-Adrien).  La  date 
exacte  de  la  naissance  de  ce  grand  artiste  est  le 
16  et  non  le  15  décembre  1775,  ainsi  qu'en  fait 
foi  son  acte  de  baptême,  que  j'ai  publié  dans  le 
livre  intitulé  :  Boieldieu,  sa  vie,  ses  œuvres  , 
son  caractère,  sa  correspondance.  Je  renvoie 
à  cet  ouvrage  important  et  rempli  de  renseigne- 
ments nouveaux  le  lecteur  désireux  de  s'instruire 
d'une  façon  exacte  et  complète  sur  l'existence  et 
la  carrière  de  Boieldieu ,  et  je  vais  seulement  ré- 
tablir ici  le  répertoire  détaillé  de  ses  œuvres 
dramatiques  :  1°  La  Fille  coupable,  2  actes  (pa- 
roles de  son  père),  Rouen,  th.  des  Arts,  2  no- 
vembre 1793;  2"  RosaUeet  Myrza,3  actes  (pa- 
roles du  même),  ibid.,  28  octobre  1795;  3°  La 
Famille  suisse,  1  acte,  Paris,  th.  Feydeau, 
12  février  1797  ;  4°  l'Heureuse  Nouvelle,  1  acte, 
ibid. ,8  novembre  1797;  h"  le  Pari  ou  Mombreuil 


BOIELDIEU 


103 


€tMerville,\  acte,  th.  Favart,  13  décembre  1797; 
€"  Zoraïme  et  Zulnare,  3  actes,  ibid.,  11  mai 
1798-,  7"  la  Dot  de  Suzette,  1  acte,  ibid.,  6  sep- 
tembre 1798;  8°  les  Méprises  espagnoles,  1 
acte,  th.  Feydeau  ,  avril  1799  ;  9°  Emma  ou  la 
Prisonnière,  1  acte,  en  sociélé  avec  Cherubini, 
Ih.  Montansier,  12  septembre  1799;  10"  Be- 
niousld,  3  actes,  th.  Favart,  8  juin  1800  ;  11"  /e 
Calife  de  Bagdad,  1  acte,  ibid.,  16  septembre 
1800  ;  12°  Ma  Tante  Aurore,  3  actes  (réduit 
■en  deux  actes  à  la  seconde  représentation), 
■Opéra-Comique,  13  janvier  1803;  13°  Le  Baiser 
et  la  Quittance,  3  actes,  en  sociélé  avec  Mélud, 
Kreutzer  et  Nicolo,  ibid.,  18  juin  1803  ;  U°  Aline, 
reine  de  Golconde,  3  actes,  St-Pétersbourg, 
5  mars  1804;  15°  Amour  et  Mystère;  16"  Ab- 
derkhan;!'"  Un  Tour  de  Soubrette  (l)  ;  18°  La 
Jeune  Femme  colère  ,  1  acte,  ibid.,  18  avril 
1805  (joué  ensuite  à  Paris,  à  l'Opéra-Comique, 
le  12  octobre  1812);  19°  Télémaquc,  3  actes, 
ibid.,  16  décembre  1806;  20°  les  Voitures  ver- 
sées, 2  actes,  ibid.,  1808  (joué  ensuite  à  l'Opéra- 
Comique,  le  29  avril  1820)  ;  21°  Z,a  Dame  invi- 
sible,i  acte,  ibid.,  1808;  22°  Bien  de  trop,\  acte, 
ibid.,  25  décembre  1810  (joué  ensuite  à  l'Opéra- 
Comique,  le  19  avril  1811);  23°  Jean  de  Paris, 
1  actes,  Opéra-Comique,  4  avril  1812;  24°  Le 
Nouveau  Seigneur  de  Village,  1  acte,  ibid.,  29 
juin  1813;  25°  Boyard  à  Mézïères,  1  acte,  en 
société  avec  Cherubini,  Catel  et  Nicolo,  ibid.,  12 
février  1814  ;  26°  Les  Béarnais  ou  Henri  IV  en 
voyage,  1  acte,  en  société  avec  R.Kreutzer,  ibid., 
^1  mai  1814;  27°  Angéla  ou  V Atelier  de  Jean 
Cousin,  1  acte,  en  société  avec  M'«  Sophie  Gail, 
ibid.,  13  juin  1814;  28°  La  Fête  du  Villagevoi- 
sin,  3  actes,  ibid.,  5  mars  t816;  29°  Charles  de 
France  ou  Amour  et  gloire,  2  actes,  en  so- 
ciété avec  Hérold,ibid.,  18  juin  1816  -,  30°Z-e  Petit 
Chaperon  rouge,  3  actes,  ibid.,  30  juin  1818; 
31°  Blanche  de  Provence  ou  la  Cour  des  Fées, 
1  acte,  en  société  avec  Berton,  Cherubini,  Kreut- 
zer et  Paër,  Opéra,  3  mai  1821  ;  32°  la  France 
et  l'Espagne,  intermède,  Hôtel-de-Ville,  15  dé- 
cembre 1823;  33"  Zes  Trois  Genres,  1  acte,  en 
société  avec  Auber,  Odéon,  27  avril  1824  ;  34° 
Pharamond,  3  actes,  en  société  avec  Berton  et 
Kreutzer,  Opéra,  10  juin  1825  :  35°  la  Dame 
•blanche,  3  actes,  Opéra-Comique,  10  décembre 
1825;  36°  Les  Deux  Nuits,  3  actes,  id.,  20  mai 
1829  ;  37°  La  Marquise  de  Brinvilliers,  3  actes, 
en  société  avec  Auber,  Batton,  Berton,  Blangini, 


(1)  Je  place  ici  ces  trois  ouvrages,  sans  pouvoir  indi- 
quer de  date  précise  pour  leur  représentation  ;  tout  ce 
qu'on  sait  à  leur  sujet ,  c'est  qu'ils  furent  fcrlls  et  joués 
pendant  le  séjour  de  Boieldieu  en  Russie. 


Carafa,  Cherubini,  Hérold  et  Paër,  ibid.,  31  oc- 
tobre 1831. 

En  1875,  Boieldieu  a  été  l'objet  d'un  honneur 
inusité  jusqu'ici  en  France  :  les  12,  13,  14  et  15 
ui  n  de  cette  année  de  grandes  fêtes  musicales  ont 
eu  lieu  à  Rouen  pour  célébrer  le  centième  anni- 
versaire de  sa  naissance;  ces  fêtes,  dont  l'auteur 
de  la  présente  notice  avait  le  premier  conçu  la 
pensée,  se  sont  produites  avec  un  grand  éclat,  et 
le  Centenaire  de  Boieldieu  avait  attiré  dans  l'an- 
cienne capitale  de  la  Normandie  une  immense  af- 
tluence  d'étrangers.  Un  grand  concours  orphéoni- 
que,  une  représentation  de  gala  donnée  au  Théâtre 
des  Arts,  composée  du  Nouveau  Seigneur  de 
Village,  des  deux  premiers  actes  de  /a  Dame 
blanche,  joués  par  les  premiers  artistes  de  Paris, 
et  d'une  pièce  de  vers  de  M.  Frédéric  Deschamps, 
un  grand  festival  donné  dans  la  salle  du  Cirque 
de  Saint-Sever  et  dont  le  programme  comprenait 
des  morceaux  exclusivement  tirés  des  œuvres 
du  maître,  l'exécution  d'une  cantate  expressé- 
ment écrite  par  M.  Ambroise  Thomas  sur  des 
paroles  de  l'auteur  de  cette  notice,  voilà  quels 
étaient  les  principaux  éléments  de  ces  fêtes  vrai- 
ment artistiques  et  nationales ,  qui  rappelaient 
celles  de  ce  genre  qu'on  célèbre  fréquemment 
en  Angleterre  et  en  Allemagne,  et  dont  on  n'a- 
vait encore  aucune  idée  en  France. 

Voici  la  liste  des  écrits  publiés  en  France  sur 
Boieldieu  :  1°  Précis  du  procès  de  la  sérénade 
donnée  le  ih  octobre  1829  à  M.  Boieldieu 
(Rouen,  impr.  Marie,  1829,  in-8°  de  16  pp.); 
2°  Boieldieu  aux  Champs-Elysées  et  son 
apothéose,  tableau  en  un  acte,  mêlé  de  chants  et 
de  couplets  arrangés  sur  des  airs  tirés  de  ses 
différents  ouvrages ,  représenté  pour  la  pre- 
mière fois  à  Rouen  ,  sur  le  Théâtre  des  Arts  ,  le 
13  novembre  1834,  et  offert  à  sa  ville  natale  par 
M.  Sewrin,  son  ami  et  l'un  de  ses  collaborateurs 
(Rouen,  François,  1834,  in-8"  de  32  pp.,  avec 
portrait  et  fac-similé  d'une  lettre  de  Boieldieu)  ; 
3°  L'Enfance  de  Boieldieu  ,  opéra-comique  et 
anecdotiqueen  un  acte,  par  E.  T.  Maurice  Ourry 
(Paris,  Barba,  1834,  in-S»  de  12  pp.)  ;  4°  Procès- 
verbal  de  la  cérémonie  funèbre  enVhonneur 
de  Boieldieu,  qui  a  eu  heu  le  13  octobre  1834  , 
à  Rouen,  sa  ville  natale,  rédigé  par  le  vicomte 
Walsh ,  délégué  par  la  commission  (Rouen,  Pé- 
riaux,  1835,  in-8°de  39  pp.);  5°  Trois  Bomances 
favorites  de  Boieldieu,  suivies  d'une  notice  sur 
sa  vie,  par  M.  Jules  Janin  (Paris ,  1835  ,  in-fol. 
de  12  pp.)  ;  6°  Boieldieu  et  les  honneurs  rendus 
à  ce  célèbre  compositeur  par  Bouen,  sa  ville 
natale,  suivi  de  quelques  observations  biogra- 
phiques ,  par  Jules-Adrien  Delérue  (Rouen,  Pé- 
riaux,   1836,  in-8°  de  16  pp  );  7°  Boieldieu  et 


104 


BOIELDIEU  —  BOILLY 


les  honneurs  rendus  à  ce  célèbre  compositeur 
par  Rouen ,  sa  ville  natale ,  dithyrambe  par 
Théodore  Wains-Desfontaines  (Rouen,  Baudry, 
1836,  in-S"  de  20  pp.);  8°  Vers  sîtr  Boieldieu 
et  les  honneurs  rendus  à  ce  grand  homme  par 
Rouen,  sa  ville  natale  (Rouen,  Marie,  1836, 
in-S"  de  16  pp.)  ;  9"  Discours  pour  la  transla- 
tion du  cœur  de  Boieldieu  à  Rouen  ,  le  13  no- 
vembre 1834,  par  G.  Lambert  (Paris,  Lacrampe, 
1846,  in-8"  de  128  pp.);  iO"  Boieldieu,  sa  vie, 
ses  œuvres,  par  J.-A.  Réfuveiile  (Rouen,  Du- 
bust,  1851,  m-8"  de  43  pp.);  il°  A.  Boieldieu, 
sa  vie  et  ses  œuvres,  par  G.  Héquet  (Paris, 
Heuge!,  1864,  in-8°  de  115  pp.,  avec  portrait  et 
autographes);  12°  Ode  sur  la  mort  de  Boiel- 
dieu, par  son  compatriote  Théodore  Lebreton 
(s.  1.  n.  d.  [Rouen,  imp.  Baudry],  in-S"  de 4  pp.); 
13"  Boieldieu,  sa  vie,  ses  œuvres,  son  carac- 
tère, sa  correspondance ,  par  Arthur  Pougin 
(Paris,  Charpentier,  1875,  un  vol.  in-12,  avec 
portrait  et  autographe)  ;  14"  Le  Centenaire  de 
Boieldieu,  anecdotes  et  souvenirs  recueillis  par 
Henry  de  Thaunberg  (Paris,  s.  d.  [1875],  Haîi- 
lard,  in-18  de  93  pp.)  ;  15°  Les  Centenaires 
rouennais,  Boieldieu,  1875,  poëme  dédié  à  la 
famille  de  Boieldieu,  par  A.  Célarier  (Rouen, 
impr.  Cagniard,  in-8°)  ;  16°  Hommage  à  Boiel- 
dieu, cantate  pour  orphéons,  fanfares  et  mu- 
siques militaires,  exécutée  à  Rouen  le  13  juin  1875, 
en  l'honneur  du  centième  anniversaire  de  la  nais- 
sance de  F. -A. -Boieldieu,  musique  d'Ambroise 
Thomas,  paroles  de  M.  Arthur  Pougin  (Paris,  s.  d. 
[1875],  in-S"  avec  portrîSt,  autographe  et  no- 
tice sommaire)  ;  17°  Hommage  à  Boieldieu, 
stances  par  M.  Frédéric  »Deschamps,  dites  par 
M.  Maubant,  de  la  Comédie-Française,  sur  la 
scène  du  Théâtre  des  Arts,  à  Rouen,  à  la  repré- 
sentation donnée  le  14  juin  1875  (s.  1.  n.  d. 
[Rouen,  impr.  Brière,  juillet  187.5],  in-8°)  . 
18°  Trois  jours  à  Rouen,  souvenirs  du  Cen- 
tenaire de  Boieldieu,  13,  14  et  15  juin  1875, 
par  Edmond  Neukornm  (Paris,  Pont,  1875,  in-12). 
*B01ELDIEU  (Adrien-L.-V.).  Voici  la  liste 
exacte  des  productions  dramatiques  de  ce  com- 
positeur :  1"  Marguerite,  3  actes,  Opéra-Comi- 
que. 18  juin  1838  ;  2°  rOpéra  à  la  Cour,  sorte 
de  pastiche  en  4  actes  (en  société  avec  Albert 
Grisar  ),  Opéra-Couiique ,  16  juillet  1840; 
3°  V Aïeule,  un  acte,  Opéra-Comique^  27  août 
1841; -4°  le  Bouquet  de  l'Infante,  3  actes, 
Opéra-Comique,  27  avril  1847  ;  5°  la  Butte  des 
Moulins,  3  actes,  Théâtre-Lyrique,  6  janvier 
1852;  6°  la  Fille  invisible,  3  actes,  Théâtre- 
Lyrique,  6  février  1854;  7*  France  et  Algérie, 
cantate,  Opéra-Comique,  15  août  1865;  8°  le 
Chevalier  Lubin,  un  acte,  Fantaisies-Parisien- 1 


nés,  23  mai  1866;  9°  la  Fête  des  Nations,  un 
acte,  Fantaisies-Parisiennes,  27  avril  1867; 
10°  la  Halle  du  Roi,  2  actes,  théâtre  des  Arts 
(à  Rouen),  16  décembre  1875  (1).  M.  Boieldieu  a 
encore  en  portefeuille  plusieurs  ouvrages,  entre 
autres  un  grand  opéra  «  national  »  en  3  actes, 
Alain  Blanchart,  écrit  sur  des  paroles  de 
M.  Réfuveiile,  et  dédié  par  les  auteurs  à  la  ville 
de  Rouen.  M.  Adrien  Boieldieu  a  écrit  et  dédié 
à  la  reine  d'Espagne  une  messe  à  trois  voix  et 
chœur,  qui  avait  été  publiée  avec  accom))agne- 
ment  d'orgue  ou  de  piano,  et  qui,  orchestrée 
par  lui,  a  été  exécutée  dans  la  cathédrale  de 
Rouen,  le  15  juin  1875,  lors  des  fêtes  organisées 
pour  le  centenaire  de  Boieldieu. 

BOIGXE  (Charles  DE),  écrivain,  né  vers 
1806,  a  publié  en  1857  un  livre  intitulé  :  Petits 
Mémoires  de  l'Opéra  (Paris,  librairie  nouvelle, 
in-12),  qui  est  un  récit  familier  et  anecdotique 
(le  tout  ce  qui  s'est  passé  à  l'Opéra  à  partir  des 
commencements  de  la  direction  du  docteur  Vé- 
ron,  jusqu'à  la  tin  de.  1854. 

*  BOILLY  (Édoiard),  est  mort  depuis  long- 
temps déjà,  mais  j'ignore  au  juste  à  quelle  épo- 
que. Au  sujet  de  cet  artiste,  j'ai  reçu  de  M.  B. 
Jullien  une  lettre  dont  j'extrais  le  passage  sui- 
vant :  —  '<  Les  trois  enfants  du  second  lit  du 
peintre  Boiily  ont  été  à  Versailles  mes  camarades 
(le  collège.  Jules  Boiily,  l'aîné  des  trois  ,  a  suivi 
la  carrière  de  son  père  ;  il  a  été  peintre,  el  sur- 
tout peintre  de  portraits.  Edouard,  le  second, 
s'est  livré  à  la  musique ,  et  a  obtenu  le  grand 
prix  de  composition;  le  troisième,  Alphonse,  a 
fait  de  la  gravure.  L'article  de  Fétis  dit  qu'E- 
douard ,  dégoûté  de  la  composition  musicale, 
s'est  donné  tout  entier  à  la  gravure.  II  y  a  ici 
une  évidente  confusion  des  deux  jeunes  frères. 
Edouard,  n'ayant  pas  eu  de  succès  avec  ses  opé- 
ras, s'est  vu  réduit  à  donner  des  leçons  de  piano. 
Jl  est  mort  le  premier  des  trois  frères,  el  n'a 
jamais  exercé  l'état  de  graveur.  J'étais  à  son 
service  funéraire;  je  l'avais  rencontré  assez  sou- 
vent avant  sa  mort,  et  il  était  alors  professeur  d  e 


(1)  Cet  ouvrage  avait  été  reçu  et  sur  le  point  d'être 
joué  à  l'Opéra  populaire  (théâtre  du  Cliàtelet)  en  1874, 
mais  ne  put  être  représenté  par  suite  Je  la  déconfiture  de 
rentreprise.  Après  avoir  célébré  à  une  date  arbitraire, 
c'est  àdire  en  plein  été,  pour  leur  donner  tout  l'éclat  et 
l'altrait  dont  elles  étaient  susceptibles,  les  fêtes  du  cen- 
tenaire de  BoielJieu,  li  ville  de  Rouen  voulut  au  jour 
exact, le  16  décembre  1875,  fêter  encore  le  centième  an- 
niversaire de  la  naissance  du  grand  musicien  auquel 
elle  avait  donné  le  jour,  et  un  spectacle  extraordinaire 
fut,  à  cet  effet,  organisé  au  théâtre  des  Arts.  C'est  à 
cette  occasion  qu'eut  lien,  à  ce  théâtre,  la  première  re- 
présentation de  la  Halte  du  Roi,  opéra-comique  inédit 
de  M.  Ailrien  Boieidieu. 


BOILLY  —  BOITEAU 


105 


piano  à  Loiiis-le-Grand,  si  je  ne  me  trompe,  et 
probablement  aussi  dans  quelques  pensions.  » 

En  1822,  l'année  qui  précéda  son  heureux 
concours  à  l'Institut,  Edouard  Boilly  avait  obtenu 
au  conservatoire  le  premier  prix  de  contrepoint 

et  fugue. 

BOILEAU  ( ),  habile  joueur  de  violon 

et  de  mandore,  vivait  à  la  fin  du  seizième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-septième  siècle.  Il 
était  au  service  de  Louis  XIII  alors  Dauphin  de 
France,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  le  Journal  de 
Jean  Héroard  sur  l'enfance  et  la  jeunesse  de 
Louis  XIII,  qui  dit,  à  la  date  du  3  février 
1604  :  «Le  Dauphin  avoit  pour  violon  et  joueur 
de  mandore  Boileau,  et  pour  joueur  de  luth  Flo- 
rent Hinilret,  d'Orléans,  pour  l'endormir.  » 

BOISSELOT  (Jean-Louis),  né  à  Montpel- 
lier en  1785,  y  exerça  la  profession  de  luthier 
jusqu'en  1822,  se  faisant  remarquer  par  son  ac- 
tivité et  son  esprit  d'entreprise.  En  1823,  il  en- 
voya son  fils  aîné,  Louis  Boissolot,  à  Marseille, 
pour  y  créer  un  magasin  de  musique  et  d'instru- 
ments, qui  devint  bientôt  son  établissement  prin- 
cipal. Il  vint  peu  après  s'y  fixer  lui-même.  Pres- 
sentant l'énorme  vulgarisation  à  laquelle  devait 
arriver  peu  à  peu  le  piano,  il  se  décida  en  1830 
à  tenter  à  Marseille  l'organisation  d'une  manu- 
facture de  pianos,  où  se  fabriquèrent  d'abord 
des  pianos  carrés.  En  183i,  son  fils  Louis  alla 
étudier  la  ftibricalion  du  piano  à  queue  dans  les 
manufactures  anglaises,  jusque-là  fermées  aux 
étrangers.  Louis  Boisselot  rapporta  de  ce  voyage 
des  éléments  précieux,  et  amena  avec  lui  des 
ouvriers  anglais  et  allemands,  qui  formèrent  en 
peu  d'années  un  personnel  d'élite.  La  manufac- 
ture marseillaise  commença  alors  la  fabrication 
des  pianos  à  queue,  et  prit  un  développement 
rapide  ;  ses  pianos  à  queue  furent  longtemps  les 
meilleurs  qui  se  fissent  en  France.  A  l'exposition 
de  Paris  de  1844,  plusieurs  de  ces  pianos  obtin- 
rent le  n"  1,  et  le  créateur  de  l'industrie  mar- 
seillaise fut  récompensé  de  son  esprit  d'initiative 
par  la  grande  médaille  d'or.  Jean-Louis  Boisselot 
mourut  en  1847. 

Al.  R  —  d. 

BOISSF.LOT  (Louis-Constantin),  fils  du 
précédent,  né  à  Montpellier  en  mars  1809,  coo- 
péra comme  on  vient  de  le  voir  à  la  création  et 
au  développement  de  la  fabrication  de  pianos 
entreprise  par  son  père,  dont  il  était  devenu 
l'associé  depuis  1838.  En  1847,  la  fabrique  Bois- 
selot et  fils  était  devenue  l'une  des  plus  impor- 
tantes de  France  ;  elle  construisait  annuelle- 
ment 400  pianos,  qui  s'exportaient  déjà  dans 
l'Europe  et  les  colonies.  De  nombreux  brevets 
d'invention  et  de  perfectionnement  témoignaient 


d'études  et  d'améliorations  constantes,  notam- 
ment les  brevets  pris  pour  les  barres  en  fer  pla- 
cées au-dessous  du  jiiano  et  les  barres  harmo- 
niques avec  vis  de  pression  (1838),  pour  le 
piano  dediharmonique(1839),  pour  le  piano  oc- 
tavié  (1840),  pour  le  piano  à  son  soutenu  (1844), 
pour  le  piano  planicorde  (1849).  Les  années 
1848  et  1849,  qui  furent  pour  l'industrie  fran- 
çaise une  époque  de  crise,  vinrent  arrêter  un 
peu  ce  développement.  Louis  Boisselot  fonda 
alors  à  Barcelone  une  succursale,  bientôt  aussi 
importante  que  la  maison  mère.  A  l'exposilion 
de  Paris  de  1849,  ses  pianos  obtinrent  les  pre- 
miers rangs,  concurremment  avec  Erard,  Pleyel 
et  Herz,  et  le  rappel  de  la  médaille  d'or.  Outre 
son  rôle  industriel,  Louis  Boisselot  avait  large- 
ment contribué  au  développement  de  l'art  mu- 
sical à  Marseille,  et  créé  notamment  une  salle 
do  concerts.  Il  fut  fondateur  et  président  de 
rAssocialion  des  artistes  musiciens  de  Marseille. 
Il  mourut  en  1850,  laissant  d'unanirnes'regrets. 

Al.  R  —  d. 

*  BOISSELOT  (Xavier),  frère  du  précé- 
dent, a  popularisé  comme  compositeur  le  nom 
dont  son  père  et  son  frère  avaient  fait  la  réputa- 
tion industrielle.  On  trouvera  dans  la  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens  (l.  II,  p.  10), 
les  détails  relatifs  à  ses  travaux  comme  composi- 
teur. Devenu  industriel  à  la  mort  de  son  frère, 
il  prit  la  direction  de  l'usine  en  1850.  Les  dé- 
bouchés augmentaient  tous  les  jours  à  la  suite 
des  succès  obtenus  aux  expositions.  En  1855,  la 
fabrique  de  Marseille  livrait  environ  500  pianos 
par  an,  celle  de  Barcelone  400.  X.  Boisselot  ob- 
tint à  l'exposition  universelle  la  médaille  de  pre- 
mière classe  et  la  croix  de  la  Légion  d'honneur. 
En  1862,  à  l'exposition  universelle  de  Londres, 
il  eut  le  premier  rang  et  la  Prize-Medal.  Mais 
à  partir  de  cette  époque,  à  la  suite  d'entreprises 
nouvelles  et  de  spéculations  malheureuses  ten- 
tées par  X.  Boisselot,  le  développement  de  l'in- 
dustrie subit  un  arrêt  de  quelques  années.  En 
1865,  un  incendie  détruisit  entièrement  la  ma- 
gnifique fabrique  de  Barcelone.  X.  Boisselot 
abandonna  peu  après  l'industrie.  Continuée  par 
le  petit-fils  du  fondateur,  Franz  Boisselot,  elle 
est  revenue  complètement  aujourd'hui  à  une  si- 
tuation prospère.  Elle  livre  de  6  à  800  pianos 
par  an,  dont  un  grand  nombre  pour  l'exporta- 
tion. Le  nombre  des  pianos  fabriqués  depuis  la 
fondation  de  la  maison  est  de  18,600. 

Al.  R  —  D.      '  — 

BOITEAU  (Dieudonné-Alexandre-Paul), 
écrivain  et  homme  politique,  né  à  Paris  en  1830, 
s'est  beaucoup  occupé  des  questions  relatives  à 
l'enseignement  en  général ,  et  a  publié  une  bro- 


106 


BOITEAU  —  BOLZONI 


chure  ainsi  intitulée  :  De  l'enseignement  popu- 
laire de  la  mvsique  (Paris,  Perrotin,  1860, 
in-8).  Cette  brochure  est  un  plaidoyer  en  faveur 
de  la  méthode  Wiîhem  et  de  la  notation  ra- 
tionnelle, et  une  critique  du  système  delà  nota- 
tion par  le  chiffre. 

BOITO  (Arrigo),  '.compositeur,  poëte  et 
critique  musical,  est  né  vers  1840,  et  a  fait  ses 
études  au  Conservatoire  de  Milan,  où  il  fut,  je 
crois,  élève  de  M.  F.onchetti  pour  la  composition. 
Il  lit  un  séjour  de  neuf  années  dans  cette  école, 
où  il  entra  au  mois  de  novembre  1853  pour  ne  la 
quitter  qu'au  mois  de  septembre  1862.  Une  fois 
sorti  du  Conservatoire,  M.  Boito  commença  à  se 
faire  connaître  comme  écrivain  en  donnant  quel- 
ques articles  de  critique  musicale  à  divers  jour- 
naux, et  en  publiant  de  nombreux  vers,  entre 
autres  un  poëme  intitulé  il  re  Orso,  qui  attira 
l'attention  et  qui  fit  beaucoup  de  bruit.  En 
poésie,  M.  Boito  est  de  l'école  romantique  la 
plus  audacieuse,  et  en  musique  quelques-uns 
affirment  qu'il  serre  de  très-près  les  théories  et 
les  doctrines  de  M.  Richard  Wagner.  D'autres 
assurent,  il  est  vrai,  qu'il  y  a  dans  ce  jugement 
beaucoup  d'exagération,  et  que  le  jeune  musi- 
ien  est  doué  d'une  assez  grande  originalité  per- 
sonnelle pour  n'avoir  pas  à  «  singer  »  la  manière 
du  prétendu  réformateur  allemand.  Ce  qui  pa- 
raît certain,  c'est  que,  tant  au  point  de  vue 
musical  qu'au  point  de  vue  littéraire,  M.  Boito  a 
l'imagination  tout  à  la  fois  puissante  et  auda- 
cieuse, et  que  ses  tendances  sont  faites  pour 
dérouter  les  esprits  craintifs  et  paresseux. 

Cet  artiste  a  débuté,  comme  compositeur  dra- 
matique, par  un  Mephistofele  qu'il  a  donné  au 
théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  au  mois  de  mars 
18G8,  et  dont  l'insuccès  a  été  colossal.  Il  avait 
écrit  le  poëme  et  la  musique  de  son  opéra,  en 
reproduisant  exactement,  dans  la  forme  lyrique, 
la  marche  du  Faust  de  Goethe,  sans  prendre  la 
peine  d'atténuer  ce  que  certains  épisodes  pou- 
vaient offrir  de  hardi  pour  des  spectateurs  ita- 
liens. Dès  son  apparition,  l'œuvre  fut  discutée 
dans  la  presse  et  dans  le  public  avec  une 
ardeur  remarquable,  et  la  seconde  représenta- 
tion donna  lieu  à  un  orage  indescriptible.  Bref, 
la  chute  de  Mefistofele  fut  complète,  et  il 
semblait  que  jamais  le  compositeur  ne  pût  s'en 
relever. 

M.  Boito  parut  alors  vouloir  se  rejeter  sur  la  lit- 
térature. Bientôt,  il  écrivit  pour  .«on  ami  et  ancien 
condisciple  Franco  Faccio  [voy.  ce  nom)  le  livret 
d'un  drame  lyrique,  Amleto,  qui,  assez  bien  ac- 
cueilli d'abord  à  Florence,  subit  ensuite  à  la 
Scala,  de  Milan,  un  sort  semblable  à  celui  de  Me- 
Ustofele.  Depuis  lors,  il  a  composé  le  poëme  et 


la  musique  d'un  petit  opéra  en  2  actes,  Eio  c 
Leandro,  qui  n'a  pas  encore  été  représenté, 
il  a  fourni  à  M.  Gaetano  Coronaro  les  paroles 
de  l'opérette  un  Tramonto,  que  celui-ci  a  fait 
exécuter  an  Conservatoire  de  Milan  en  1873,  il  a 
donné  à  M.  Ponchielli  (sous  le  pseudonyme  ana- 
grammatique  de  Tobia  Gorrio)  le  livret  de  la  Gio- 
conda  que  ce  compositeur  a  fait  représenter  ré- 
cemment à  la  Scala,  et  enfin  il  travaille  en  ce 
moment  à  la  musique  d'un  grand  drame  lyrique 
intitulé  Nerone. 

Mais  si  le  Mefistofele  de  M.  Boito  a  été  mal- 
heureux en  1868  à  Milan,  il  a  pris  à  Bologne, 
en  1875,  une  revanche  éclatante.  Bologne,  ou  le 
sait,  est  la  ville  la  plus  avancée  de  l'Italie  au 
point  de  vue  des  idées  musicales;  c'est-à-dire 
qu'elle  ne  craint  ni  les  hardiesses,  ni  les  essais, 
ni  les  tendances  nouvelles  ;  elle  a  fait  un  très- 
chaud  accueil  à  la  partition  du  jeune  composi- 
teur, que  celui-ci,  d'ailleurs,  avait  profondément 
remaniée  pour  la  circonstance,  retranchant  un 
certain  nombre  d'épisodes  qui  faisaient  longueur, 
ajoutant  deux  morceaux  nouveaux,  et  refaisant 
presque  toute  l'instrumentation.  L'n  critique  ita- 
lien m'écrivait  à  ce  sujet  :  «  Selon  moi,  Mefisto- 
fele est  un  ouvrage  de  primissimo  ordine,  et 
si  Boito  est  inférieur  à  Gounod  pour  le  côté  mé- 
lodique, il  lui  est  infiniment  supérieur  pour  l'in- 
terprétation du  drame  de  Goethe,  pour  la  gran- 
deur et  l'élévation  du  style.  M.  Boito  est  un  grand 
musicien,  et  sa  musique  ne  ressemble  à  celle 
d'aucun  autre.  «  Je  ne  puis  contrôler  celte 
opinion,  mais  je  la  donne  pour  celle  d'un  artiste 
sincère  et  profondément  épris  du  beau  partout 
où  il  croit  le  rencontrer. 

BOLAFFl  (Michèle),  poëte  et  compositeur 
italien  assez  habile,  né  à  Livourne  de  parents 
Israélites,  est  l'auteur  de  Set  Salmi  penitenziali 
a  due  voci,  cou  basso  d'accompagnamento.  Je 
ne  crois  pas  que  cet  artiste  ait  rien  de  commun 
avec  le  Michèle  Bolaffi  mentionné  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens. 

BOLCK  (Oscar).  Un  artiste  de  ce  nom  a  fait 
représenter  à  Altenbourg,  en  1874,  un  opéra  inti- 
tulé Pierre  Robin. 

BOLZOXI  (Giovanni),  jeune  compositeur  ita- 
lien, est  né,  je  crois,  à  Parme,  et  a  fait  repré- 
senter à  Savone,  en  1871,  un  opéra  intitulé  la 
Stella  délie  Alpi.  Cet  ouvrage,  reproduit  à 
Parme  en  1875,  na  obtenu,  dans  l'une  comme 
dans  l'autre  ville,  qu'un  médiocre  succès.  M.  Bol- 
zoni,  qui  est  aujourd'hui  directeur  de  l'Institut 
musical  de  Pérouse,  a  obtenu  en  1874  le  pre- 
mier prix  au  concours  ouvert  par  la  Società  del 
quartetto  de  Milan,  pour  la  composition  d'une 
ouverture. 


BOMBARDI  —  BONIFORTI 


i07 


BOMBARDI  (Paolo),  compositeur  italien, 
est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux  en  3  actes,  Isa- 
bella  Orsini,  qui  a  été  représente  sur  le  théâtre 
Nuovo,  de  Vérone,  le  18  avril  1866. 

''  BOIVA  (Pasquvle)  (1),  professeur  de  chant 
pour  les  hommes  au  Conservatoire  de  3Iilan  el 
compositeur,  est  né  à  Cerignola,  dans  la  Capita- 
nate,  le3  novembre  1816,  et  a  fait  toutes  ses 
études  musicales  au  collège  du  Bon-Pasteur, 
de  Palerme.  Après  avoir  fait  représenter  à  la 
Scala,  de  Milan,  ses  deux  opéras  :  i  Luna  e  i  Pe- 
rollo  (26  novembre  1844),  et  Don  Carlo 
(23  mars  1847),  il  donna  au  théâtre  Regio  de 
Turin  il  Gladiaiore,  et  au  Carlo-Felice,  de  Gè- 
nes, Vittoria,  la  madré  degli  esercui  (26  fé- 
vrier 1863).  Ce  dernier  ouvrage,  dont  le  livret 
excellent  avait  été  tiré  par  Marco  Marcello  d'un 
roman  d'Eugène  Sue,  les  Mystères  du  Peuple, 
et  qui  était  chanté  par  la  Tosi,  la  Berini,  le  ba- 
ryton Storti  et  le  ténor  Limberti,  réussit  brillam- 
ment, et  la  musique  en  fut  remarquée.  Pourtant, 
il  ne  paraît  pas  s'être  soutenu  au  répertoire  des 
théâtres  italiens.  Au  mois  de  février  1851 , 
M.  Bona  fut  nommé  professeur  d'harmonie  au 
Conservatoire  de  Milan,  au  mois  de  novembre 
suivant  il  devint  professeur  de  chant  pour  les  fem- 
mes, et  depuis  1859  il  est  à  la  tête  d'une  classe  de 
chant  pour  hommes.  Cet  artiste  a  publié  :  7  Mé- 
thodes pour  les  diverses  voix  (Milan,  Ricordi)  ;  4 
Recueils  de  vocalises,  et  100  Exercices  journaliers 
(id.,  Cdnti)  ;  100  Solfèges  (Turin,  Giudici  et  Stra- 
da)-,  100  Cadences  pour  toutes  les  voix,  et  50 
Duetti  sans  paroles  (Milan,  Ricordi)  ;  Metodo  di 
divisioneiiA.,  Canti)  ;  Cantate  funèbre  à  la  mé- 
moire du  comte  de  Cavour(id.,  id.)  ;  la  Setti- 
mana  musicale,  sept  duos  pour  piano  et  clari- 
nette (id.,  Ricordi);  la  Collana  Verdiana, 
collection  de  fantaisies  pour  violon  et  violoncelle 
(id.,  id.). 

BOIVEVVITZ  (Jean-Henri),  pianiste  et  com- 
positeur allemand  ,  né  à  Durkheim  ,  sur  le  Rhin, 
le  4  décembre  1839,  fit  ses  premières  études 
musicales  au  Conservatoire  de  Liège,  et  partit  à 
l'âge  de  treize  ans  pour  l'Amérique,  où  il  n'eut 
plus  d'autre  maître  que  lui-même;  il  ne  dut  ainsi 
qu'à  l'amour  de  l'art  et  à  son  goût  pour  le  travail 
le  développement  d'un  talent  que  l'on  dit  fort 
distingué.  De  retour  en  Allemagne  en  1861, 
M.  Bonewitz  se  fixa  à  Wiesbaden,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  faire  des  excursions  artistiques 
en  Allemagne  même ,  puis  en  Angleterre  et  en 
France ,  où  il  fit  applaudir  son  talent  de  virtuose 

(1)  Et  non  PietroBona,  comme  il  est  dit  dans  la  Bio- 
graphie universelle  .des  Musiciens.  En  complétant  cette 
notice,  j'en  rectifie  les  faits  d'après  des  documents  cer- 
tains. —  A.  P. 


et  de  compositeur.  Depuis  lors  il  est  retourné  en 
Amérique ,  et  il  a  fait  représenter  à  l'Académie 
de  musique  de  Philadelphie  deux  opéras  :  ta 
Fiancée  de  Messine  (mai  1874),  et  Ostrolenka 
(I875J.  M.  Bonewitz  a  publié  pour  le  piano  un 
certain  nombre  de  compositions  importantes, 
parmi  lesquelles  il  faut  surtout  signaler  :  Fantaisie 
de  concert,  op.  22  ;  Sur  la  mer,  grande  fantaisie, 
op.  28;  concerto,  avec  accompagnement  d'or- 
chestre ,  op.  36  ;  fantaisie  sur  Roméo  et  Juliette, 
de  Gounod  ;  sonate  pour  piano  et  violon  ,  op.  40  ; 
concerto  pour  deux  pianos  ;  quatuor  pour  piano 
et  instruments  à  cordes.  On  a  aussi  parlé  d'un 
opéra-comique  allemand  de  M.  Bonewitz,  intitulé 
Diogène;  mais  j'ignore  si  cet  ouvrage  a  été  re- 
présenté. 

BOXEL  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom  a  écrit 

les  paroles  et  la  musique  d'un  «  opéra-vaude- 
ville »  en  un  acte,  la  Jolie  Parfumeuse,  qui  a 
été  représenté  sur  le  théâtre  de  Caen,  le  27  oc- 
tobre 1842. 

*  BONFICHI  (Don  Paolo).  Les  ouvrages 
suivants  n'ont  pas  été  compris  dans  la  liste  des 
œuvres  de  ce  compositeur  :  l**  la  Notte  del 
Natale,  cantate,  Rome,  1824  ;  2°  It7-e  FanciulU 
nella  fornace  di  Babilonia,  oratorio,  ibid.  ; 
3"  il  Paradiso  perduto,  oratorio,  ibid.;  k°  la 
Morte  diBaldassare,  oratorio,  ibid.,  1827;  5° 
Eliasul  Carmelo,  oratorio.,  ibid.;  (>"  Ester, 
ossia  la  morte  d'Amanno,  oratorio,  ibid.; 
7"  Vlnvenzione  e  reposizione  del  corpo  di  S. 
Cecilia,  cantate,  ibid.,  1828;  8"  i  Tratteni- 
menti  diFiUppo  Neri,  ibid.,  1829. 

BOi\GIOVAlXx\l  (....),  piofesseur  italien, 
est  l'auteur  d'un  écrit  publié  sous  ce  titre  :  Avver- 
tenzenecessarie  sulladisposizione  delta  chia- 
ve  e  degli  accidenti  sia  fondamentali  cfie  ac- 
cidentait negli  strumenti  da  fiato  (Paleime, 
Barcellona,    1876). 

*  BOi\HOMME  (l'abbé  Jules).  On  a,  sous 
le  nom  de  cet  ecclésiastique,  un  ouvrage  ainsi 
intitulé  :  Principes  d'une  véritable  restaura- 
tion du  chant  grégorien,  et  examen  de  quel- 
ques éditions  modernes  de  plaln-chani,  Paris, 
1857,  un  vol.  in-8°  avec  planches. 

BONI  ( ),  artiste  sous  le  nom  duquel 

on  représenta  à  Modène,  le  27  décembre  1700, 
une  pastorale  intitulée  il  Figlio  délie  Selve. 

*  BONI  (Gaetano).  Ce  compositeur  a  publié 
plusieurs  œuvres  de  musique  instrumentale.  J'ai 
eu  entre  les  mains  uu  recueil  de  dix  Sonate  a 
violino  e  violone  o  cembalo,  op.  3  (Rome, 
Fasoli,  1741,  in-f'  oblong). 

BONIFORTI  (Carlo)  ,  compositeur,  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  Milan ,  est  né  à 
Arona,  dans  la   province  de  Novare.   Il  fit  ses 


108 


BONIFORTI  —  BOOTH 


études  musicales  à  Milan,  sons  la  direction  de 
Bonazzi,  premier  organiste  de  l'église  métropoli- 
taine et  maître  de  chapelle  de  la  cour,  et  en  1841 
succéda  à  son  maître  dans  ces  doubles  fonctions. 
Au  bout  de  trois  années,  M.  Boniforti,  qui  vou- 
lait se  livrer  à  la  composition  théâtrale,  conserva 
seulement  l'emploi  de  maître  de  chapelle  de  la 
cour,  et  bientôt  il  produisait  au  théâtre  de  la 
Scala  deux  opéras  sérieux  qui  étaient  fort  bien 
accueillis  :  Velleda  (1347),  et  Giovanna  di 
Fiandra  (1848).  En  1852,  il  devint,  à  la  suite 
d'un  concours,  professeur  dharmonie,  de  con- 
trepoint et  de  fugue  au  Conservatoire  de  Milan. 
M.  Boniforti,  qui  fut  élu  membre  honoraire  de 
l'Académie  de  Sainte-Cécile  de  Rome,  à  la  suite 
du  succès  obtenu  par  une  ouverture  qu'il  avait  fait 
exécuter  au  théâtre  Argentina  de  cette  ville,  a 
écrit  beaucoup  de  compositions  religieuses,  avec 
accompagnement  d'orgue  ou  d'orchestre.  Une  de 
ces  compositions,  un  Padre  îSostro  a  voci  i-eali 
di  siile  osservato,  a  été  couronné  en  1869  par 
l'Institut  musical  de  Florence. 

BOAW.VSSIES  (JiiLEs) ,  historiun  théâtral, 
naguère  attaché  au  bureau  des  théâtres  de  la 
direction  des  beaux-arts,  au  ministère  de  l'inté- 
rieur, est  l'auteur  d'un  écrit  intitulé  :  la  Musique 
à  la  Comédie-Française  (Paris,  Baur,  1874, 
gr.  in-8"),  dans  lequel  on  trouve  des  renseigne- 
ments utiles  et  inédits,  tirés  des  registres  de  ce 
théâtre. 

*  BO\X AY  (François).  A  la  liste  des  petits 
opéras^que  ce  compositeur  a  fait  représenter  au 
théâtre  des  Beaujolais,  il  faut  ajouter  les  deux 
suivants;  i°  Colin  et  Colette,  1786;  T  les 
Amants  ridicules,  1790. 

BOKIXEFOY  ( ),  chanteur,  qui  a  tenu 

l'emploi  des  premières  casses  sur  divers  théâtres 
de  province,  notamment  à  Strasbourg  et  à  Lille, 
et  qui  a  été  directeur  du  théâtre  de  cette  der- 
nière ville,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra  comi- 
que en  un  acte,  le , Maestro  de  bourgade,  qui  a 
été  représenté  à  Strasbourg  au  mois  de  fé- 
vrier 1867. 

BOMMETTI  (ViNCENzo),  pianiste,  chef  dor- 
chestre  et  compositeur  italien,  fut  d'abord  chef 
d'orchestre  dans  divers  tiiéâtres  de  la  Péninsule, 
et  vint  remplir  les  mêmes  fonctions  au  Théâtre- 
Italien  de  Paris  pendant  les  années  1860,  1861 
et  1862.  Le  21  novembre  1860,  il  faisait  exécu- 
ter dans  l'église  Saint-Eustache,  pour  la  fête 
que  l'Association  des  artistes  musiciens  donne 
chaque  année  le  jour  de  la  Sainte- Cécile,  une 
messe  solennelle  qui  fut  jugée  fort  médiocre. 
En  1863,  Bonnetti  allait  diriger  l'orchestre  du 
théâtre  Italien  de  Cadix,  et  l'année  suivante  il 
faisait  représenter  en  cette  ville  un  opéra  sé- 


rieux, Giovanna  Shore,  qui,  malgré  la  présence 
de  M'""  Penco,  à  laquelle  l'auteur  en  avait  confié 
le  principal  rôle,  n'obtenait  qu'un  mince  succès. 
En  1865  et  1866,  cet  artiste  devenait  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  de  l'Oriente,  à  Madrid,  et,  peu 
de  temps  après,  revenait  en  France.  Il  mourut 
à  risle-Adam,  le  11  juin  1869,  laissant,  au 
dire  des  journaux  ,  au  Conservatoire  de  Milan 
»  une  somme  suffisante  pour  décerner  chaque 
année  un  prix  de  500  francs  au  jeune  compositeur 
qui  aurait  écrit  le  meilleur  opéra  ». 

BOIVXIN  ( ),  membre  de  la  Société  de 

l'Histoire  de  France,  de  la  Société  libre  de 
l'Eure  et  secrétaire  de  la  Commission  des  Ar- 
chives historiques,  est,  avec  M.  Chassant,  l'édi- 
teur de  la  très-intéressante  et  utile  publication 
laite  sous  ce  titre  :  Puy  de  musique  érigé  à 
Évreux  en  l'honneur  de  madame  sainte  Cé- 
cile, publié  d'après  un  manuscrit  du  xvi'  siècle 
(Kvreux,  impr.  Ancelle,  1837,  in-8"  de  88  pp.). 

*  BOXOLDl  (Fr.\ncesco)  ,  compositeur  et 
professeur  de  chant,  ancien  éditeur  de  musique 
à  Paris,  est  mort  à  Monza,  près  de  Milan,  le 
24  mars  1873.  Son  opéra,  il  Maure,  avait  été 
représenté  à  Trieste  non  en  1831,  mais  en 
1833. 

BONOMO  (Girolamo),  professeur  italien, 
a  publié  un  traité  intitulé  Nuova  Scuola  di  ar- 
monia  (Palerme  ,  Stamcampiano,  1875). 

*  BOOM  (Jean  Van),  flûtiste  et  compositeur, 
était  né  à  Rotterdam,  non  en  1773,  mais  le 
17  avril  1783. 

*  BOOM  (Jean  VAN),  pianiste  et  composi- 
teur, (ils  du  précédent,  était  né  à  Utrecht,  non 
en  1808,  mais  le  15  octobre  1807.  Il  est  mort  à 
Stockolm  au  mois  d'avril  1872. 

BOOM  (Herman  Van),  frère  du  précédent, 
flûtiste  de  premier  ordre,  est  né  à  Utrecht  en  1 809, 
et  comme  exécutant  jouit  dans  sa  patrie  d'une 
grande  et  légitime  réputation.  M.  Van  Boom  a 
reçu  d'abord  des  leçons  de  flûte  de  son  père, 
Jean  Van  Boom  (voyez  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  t.  Il),  et  à  l'âge  de  dix-sept  ans 
se  rendit  à  Paris  pour  recevoir  les  conseils  de 
Tulou,  qui  ne  tarda  pas  à  le  prendre  en  affec- 
tion. En  1830,  il  retourna  dans  les  Pays-Bas  et  se 
fixa  à  Amsterdam,  où  bientôt  il  fut  engagé  comme 
première  flûte  solo  des  concerts  de  la  Société 
philharmonique  de  Félix  Meritis,  emploi  qu'il 
occupe  encore  aujourd'hui.  M.  Van  Boom,  qui 
est  incontestablement  un  artiste  d'une  grande 
valeur,  a  été  nommé  en  1863  flûte  solo  de  S.  M. 
le  roi  des  Pays-Bas.  Il  est  chevalier  de  l'ordre 
de  la  Couronne  de  chêne  et  de  l'ordre  suédois  de 
Gustave  Wasa.  Ed.  de  H. 

BOOTH  (William),  est  le  nom  d'un  luthier 


BOOTH  —  I30RDÈSE 


100 


anglais  qui  exerçait  sa  profession  à  Leeds  en  1779. 
Il  eut  un  fils  qui  lui  succéda. 

BORAiXI  (Giuseppe),  pianiste,  compositeur 
et  professeur  dont  l'enseignement  est  renommé 
en  Italie,  a  publié  en  (863  et  18C4,  cliez  l'édi- 
teurLucca,  de  Milau,  deux  ouvrages  didactiques 
qui  ont  été  accueillis  avec  la  plus  grande  faveur 
par  la  critique  et  qui  lui  ont  fait  le  plus  grand 
honneur;  l'un  est  intitulé  Grammatica  musi- 
cale, l'autre  Melodo  per  il  pianoforte,  facile 
e  progressivo.  M.  Borani  est  aussi  l'auteur  d'une 
bonne  méthode  de  chant,  divisée  en  trois  par- 
ties, et  il  a  publié  encore  un  certain  nombre  de 
compositions  vocales  que  l'on  dit  fort  distinguées, 
entre  autres  un  album  intitulé  Serale  di  Pri- 
mavera  (Turin,  Blanchi),  qui  contient  trois  ro- 
mances et  trois  duos  d'un  excellent  effet. 

BORSCHITSKY  ( ),  est  l'auteur  d'un 

écrit  publié  en  Angleterre  sous  ce  titre  :  Musical 
éducation,  a  suggestion  that  vocal  music 
should  become  a  regular,  instrumental  ahi- 
glier,  branch  of  éducation,  Londres,  s.  d. 
(1859),  in-8"  de  42  pp. 

*  BORDE  (Jean-Benjamin  DE  la).  Au  nombre 
des  ouvrages  dramatiques  de  ce  riche  amateur 
il  faut  compter  les  suivants,  qui  n'ont  pas  été 
compris  dans  la  liste  de  ses  œuvres  :  1°  les  Bons 
Amis,  un  acte,  Comédie-Italienne,  5  mars  1761  ; 
2°  V Anneau  perdu  et  retrouvé ,  1  actes,  ibid., 
20  août  1764  (l'auteur  s'était  servi,  pour  cet 
ouvrage,  de  la  musique  des  Bons  Amis,  qui 
étaient  tombés  à  plat  le  jour  de  leur  première 
représentation)  ;  3°  Thétis  et  Pétée,  tragédie 
lyrique,  donnée  sur  le  théâtre  princier  de  Choisy 
le  10  octobre  1765  ;  4°  Zenis  et  Amalazie ,  bal- 
let en  un  acte  (en  société  avec  Buri) ,  donné  à 
Fontainebleau,  devant  la  cour,  le  2  novembre 
1765  ;  5°  le  Boulanger  ou  les  Amours  de  Go- 
nesse,  Comédie-Italienne,  1765  ;  6°  la  Meunière 
de  Gentilly,  un  acte,  Comédie-Italienne,  13  octo- 
bre 1768  ;  7"  Alix  et  Alexis  2  actes,  donné  à 
Choisy,  devant  le  roi,  le  6 juillet  1769;  8»  le  Chat 
perdu  ,  un  acte,  1769  (j'ignore  le  lieu  de  repré- 
sentation de  cet  ouvrage,  mais  je  sais  que  la  par- 
tition en  a  été  gravée)  ;;  9°  le  Marin  ou  le  Rival 
imprévu,  2  actes,  reçu  à  la  Comédie-Ilalienne, 
mais  non  joué  à  ce  théâtre;  10»  La  Chercheu- 
se d'esprit,  rcm&^tn  musique;  enfin,  plusieurs 
autres  ouvrages,  que  de  La  Borde  écrivait  pour 
les  théâtres  particuliers  de  la  cour  et  de  divers 
grands  seigneurs  et  dont  voici  les  titres  :  11»  /e 
Dormeur  éveillé  ;  12'*  le  Revenant  ;  13"  la  Man- 
dragore ;  14»  le  Coup  de  fusil;  15"  Fanny ; 
16°  Candide  ;  n»  Colette  et  Mathurin  ;  18"  le 
Rossignol;  19o  Jeannot  et  Colin;  20°  le  Pro- 
jet; 21"  le  Billet  de  mariage. 


*  BORDESE  (Lligi).  Fixé  à  Paris  depuis  sa 
jeunesse,  cet  artiste  a  fini  par  renoncer  complète- 
ment au  théâtre,  où  il  n'avait  pu  rencontrer  un 
succès,  pour  se  livrer  à  l'enseignement  et  se  con- 
sacrer à  la  composition  en  dehors  de  la  scène.  Ce 
qu'il  a  écrit  depuis  vingt-cinq  ans  est  incalcu- 
lable, et  la  liste  de  ses  œuvres  en  tous  genres 
couvrirait  plusieurs  pages  de  ce  volume  ;  pous- 
sée à  un  tel  point,  la  faculté  de  production  con- 
fine de  beaucoup  plus  près  au  métier  qu'à  l'art. 
Cependant,  M.  Bordèsecontinued'avoir  beaucoup 
de  succès  auprès  des  éditeurs,  ce  qui  prouve  que 
le  public  est  avec  lui.  Sans  entrer  dans  le  détail 
complet  de  ses  innombrables  publications,  j'en 
citerai  pourtant  un  certain  nombre  :  Méthode 
élémentaire  de  chant,  suivie  de  vocalises  et 
d'exercices  journaliers  (Choudens);  Méthode  de 
chant  (Gambogi)  ;  Solfège  élémentaire,  avec 
accompagnement  de  piano  (id.);  École  de  mxi- 
sique  vocale  d'ensemble,  30  leçons  de  chant  à 
2  voix  (Choudens);  36  leçons  de  chant  faciles 
et  graduées  (Gérard)  ;  VArt  de  vocaliser,  d'a- 
près Rossini  (id.)  ;  messe  solennelle  de  Gloria, 
à  3'voix,  chœur  et  orgue  (Schonenberger);  messe 
du  Saint  Esprit,  à  2  voix,  chœur  et  orgue  (id.)  ; 
messe  de  Requiem  à  2  voix  (id)  ;  messe  complète 
à  3  voix  (id.);  la  Semaine  religieuse  des  de- 
moiselles, 8  motets  à  1  voix  (id.)  ;  Nouveau 
mois  de  Marie,  12  prières  à  la  Vierge,  à  1  ou 
2  voix  (id.);  100  Chants  sacrés  à  4  voix 
d'hommes  ,  avec  accompagnement  d'orgue  ou 
d'harmonium  (id.);  le  Trésor  musical  des  en- 
fants, 90  chants  et  prières  à  1  ou  2  voix  (id.); 
Bouquet  musical  et  religieux,  10  morceaux  à 
plusieurs  voix,  pour  le  mois  de  Marie  (id.), 
Solennités  religieuses,  101  solos,  duos  et  trios 
pour  différentes  voix,  sur  paroles  latines,  avec 
accompagnement  d'orgue  ou  d'harmonium  (id.)  ; 
Fiori  d'Italia,  14  chants  (id.)  ;  Frère  et  sœur, 
Fais  ce  que  dois,  le  Moulin  des  oiseaux. 
Ores  te  et  Pylade,  Fort  comme  un  Turc,  les 
Orphelines,  Royal-Dindon,  le  Miracle  des 
Roses,  la  Fête  des  Fleurs,  les  Deux  Turcnnes, 
Assaut  de  Soubrettes,  opérettes  pour  pension- 
nats; Aoé,  David  chantant  devant  Saiil,  les 
rois  Mages,  Bet/ilécm,  la  Prophétie,  Judas, 
Jérusalem,  V Aveugle  de  Jér/c/io,  scènes  bibli- 
ques; le  Pêcheur  roi,  Faust,  Jocelyn,  la  Vi- 
sion de  Jeanne  d'Arc,  le  Doigt  de  Dieu,  V En- 
fant égaré,  la  Jeune  Martyre,  Cora,  la  Jeune 
Négresse,  Charlotte  corday,  la  Vierge\de  Vau- 
couleurs,  Chimène,  Clotilde,  reine  des  Francs, 
Jeanne  \Grey,  le  Songe  de  lady  Macbeth, 
Jeanne  d'Arc  à  Rouen,  Sapho,  scènes  drama- 
tiques et  lyriques  ;  les  Fêtes  bénies,  album  de 
12  chants  religieux  à  1,  2  ou  3  voix;  3  hymnes 


HO 


BORDÈSE  —  BORNAGCINI 


sacrées,  pour  2  voix  égales;  4  mélodies  reli- 
gieuses ;  6  chœurs  pour  distributions  de  prix  ; 
21  chants  célestes,  à  3  voix;  les  Femmes  de  la 
Bible,  12  morceaux  à  1  voix.  Enfin,  à  tout  cela, 
il  faut  ajouter  encore  plusieurs  centaines  de 
mélodies,  romances,  chansons,  airs,  cavatines, 
duos,  trios,  chœurs,  motets,  morceaux  de  genre, 
etc.  M.  Bordèse  avait  fait  recevoir  en  1867, 
au  Théâtre-Italien  de  Paris,  un  opéra  semi- 
sérieux  en  3  actes,  la  Fioraia,  qui  n'a  pas  été 
représenté. 

BORDIER  (Paul),  compositeur,  est  auteur 
de  la  musique  de  la  Fiancée  d'Abydos,  drame 
lyrique  en  2  actes,  écrit  sur  des  paroles  de 
M.  F.  Dartol.  Cet  ouvrage  n'a  pas  été  représenté, 
mais  la  partition  pour  chant  et  piano  en  a  été 
publiée  vers  1865  (Paris,  Relté,  in-S"). 

BORDOX'I  (Fka^cesco),  compositeur,  na- 
quit à  Lucques  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle.  On  sait  qu'il  a  écrit,  pour  les  solen- 
nités qui  avaient  lieu  à  l'église  de  Santa-iMaria 
Corle-Orlandini,  plusieurs  oratorios  importants  ; 
mais  on  ne  peut  juger  ni  du  talent  de  l'artiste  ni 
de  la  valeur  de  ses  compositions,  celles-ci  ayant 
toutes  été  perdues. 

BORELLI    ( ),  compositeur  italien  ,  a 

écrit  la  musique  d'un  ballet,  Claretla  Angot, 
représenté  au  théâtre  Victor-Emmanuel ,  de 
Turin,  en  1875. 

*  BORGIII  (Jean-B\i>tiste).  Un  opéra  inti- 
tulé il  Tempio  di  Gnido  n'a  pas  été  compris 
dans  la  liste  des  œuvres  de  ce  compositeur.  Le 
livret  imprimé  de  cet  ouvrage  f indique  Borglii 
comme  étant  né  à  Camerino;  il  y  aurait  donc  eu 
erreur  à  fixer  le  lieu  de  sa  naissance  à  Orvielo. 
Un  autre  opéra,  Egdina,  représenté  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  en  1793,  doit  prendre 
place  aussi  au  nombre  des  productions  drama- 
tiques de  ce  compositeur,  ainsi  que  Merope, 
drame  lyrique  donné  à  Rome  en  1768. 

BORGHI-MAMO  (  AnÉLAmE  BORGHJ, 
épouse  MAMO,  connue  sous  le  nom  de  M'"^), 
cantatrice  remarquable,  douée  d'une  admirable 
voix  de  mezzo-soprano,  a  obtenu  pendant 
vingt-cinq  ans ,  en  Italie ,  en  France,  en  Angle- 
terre et  en  Russie,  les  succès  les  plus  éclatants. 
Née  à  Bologne  en  1829,  selon  le  Dizionario  bio- 
grafico  de  Fr.  Regli ,  elle  eut  pendant  quelque 
temps  sinon  l'enseignement  proprement  dit,  du 
moins  les  conseils  delà  Pasta.  En  1846  elle  dé- 
butait à  Urbino  dans  le  Giuramento  de  Mer- 
cadante,  magnifique  partition  qui  lui  valut  tou- 
jours ses  plus  beaux  succès.  En  1849  elle  était  à 
Malte,  où  elle  épousait  M.  Mamo.  En  1853,  M.  le 
colonel  Ragani,  alors  directeur  du  Théâtre- Ita- 
lien de  Paris ,  l'engageait  à  ce  théâtre,  où  elle 


resta  jusqu'en  1856,  chantant  successivement  il 
Trovaiore,  Matilde  di  Sabran,  Semiramide, 
Gli  Arabi  nelle  Gallie,  il  Crociato  in  Egitio, 
et  créant  plus  tard,  à  sa  rentrée  sur  cette  scène , 
le  rôle  principal  de  Margherita  la  Mendicante, 
opéra  nouveau  du  jeune  maestro  Braga  (  F.  ce 
nom),  qui  fut  longtemps  son  accompagnateur  et 
son  protégé. 

En  1856,  M'""  Borghi-Mamo  quittait  la  scène 
italienne  pour  la  scène  française ,  et  passait  au 
théâtre  de  lOpéra  où  elle  débutait  dans  le  rôle 
de  Fidès  du  Prophète,  et  dans  celui  de  Léonor 
de  la  Favorite.  Ce  dernier  surtout  lui  fui  parti- 
culièrement favorable.  Elle  chantait  ensuite  au 
même  théâtre  ceux  d'Azucena  du  Trouvère,  de 
Mélusine  dans  la  Magicienne,  et  d'Olympia 
dans  Herculamim,  puis,  en  1860,  rentrait  au 
Théâtre-Italien  pour  y  créer  l'opéra  de  M.  Braga. 
Après  avoir  quitté  Paris,  M"'  Borghi-Mamo 
poursuivit  à  l'étranger  le  cours  de  ses  succès,  se 
lit  applaudir  en  Angleterre  et  en  Russie,  puis  re- 
tourna en  Italie.  Elle  s'est  retirée  récemment 
du  théâtre,  pour  se  flxer,  dit-on,  à  Florence. 

J.  D.  F. 

Une  fille  de  cette  artiste,  M"«  Erminia  Borghi- 
Mamo,  a  abordé  le  théâtre  en  ces  dernières  années 
et  s'est  révélée  elle-même  comrue  une  cantatrice 
fort  distinguée.  Douée  d'une  belle  voix  de  so- 
prano, suave  et  pénétrante,  qu'elle  conduit  avec 
goût  et  à  laquelle  elle  sait  donner  des  accents 
pathétiques  et  passionnés,  elle  semble  marchera 
grandspassurles  traces  de  sa  mère.  M"«  Erminia 
Borghi-Mamo  a  obtenu  en  1875  un  grand  succès 
au  théâtre  communal  de  Bologne,  en  jouant  le 
rôle  de  Marguerite  dans  le  Mefistofele  de  M.  Ar- 
rigo  ^o\io. {Voyez  ce  nom.)  Elle  a  été  aussi  fort 
bien  accueillie  au  Théâtre-Italien  de  Paris,  où 
elle  s'est  fait  entendre  pendant  la  saison  de  1876- 
1877. 

BORIO  (Gilseppe),  musicien  italien,  est 
auteur  de  l'écrit  suivant  :  Sulla  opportunilà 
di  una  nuova  segnatura  musicale,  Milan, 
1842. 

*  BORIXACCIXI  (Joseph),  compositeur 
dramatique,  né  à  Ancône  en  1805,  se  rendit  en 
1810  à  Rome  avec  sa  famille,  et  commença  l'é- 
tude de  la  musique  en  cette  ville,  à  l'âge  de 
sept  ansj^sous  la  direction  de  Santé  Pascal!,  or- 
ganiste du  Vatican.  Il  travailla  ensuite  avec  Va- 
lentino  Fioravanti,  et,  sur  le  conseil  de  celui-ci, 
partit  pour  Naples,  où  il  se  fit  recevoir  au  col. 
lége  de  musique  de  Saint-Sébastien  (1822).  Il 
eut  pour  maîtres  dans  cet  établissement  Furno, 
Mosca,  Tritto,  et,  à  la  mort  de  celui-ci,  Zinga- 
relli  lui-même,  alors  directeur  du  collège.  Après 
avoir  fini  ses  études  et  s'être  e\ercé  dans  quel- 


BORNACCIM  —  BORSSAT 


m 


ques  compositions  d'importance  secondaire,  il 
retourna  à  Ancône,  y  produisit  quelques  œuvres 
profanes  et  religieuses,  puis  alla  à  Venise,  et 
donna  au  théâtre  Malibran  de  celte  ville  son 
premier  opéra,  Aver  moglie  è  poco ,  guidarla 
è  molto,  qui  fut  très-bien  accueilli.  A  Venise, 
M.  Bornaccini  retrouva  Bellini,  avec  qui  il  avait 
étudié  à  Naples,  et  assista  à  plusieurs  répéti- 
tions de  Béatrice  di  Tenda,  que  celui-ci  mettait 
alors  en  scène,  mais  ne  put  voir  la  première  re- 
présentation ,  obligé  qu'il  était  de  retourner  à 
Ancône.  Lorsque  Bellini  lui  eut  fait  connaître  par 
écrit  le  mauvais  accueil  que  les  Vénitiens 
avaient  fait  à  sa  Béatrice,  M.  Bornaccini  prit  la 
résolution  de  ne  plus  écrire  pour  le  théâtre, 
n'ayant  plus  confiance  dans  le  jugement  du  pu- 
blic. Cependant,  comme  il  avait  pris  quelques 
engagements,  il  lui  fallut  les  tenir,  et  c'est  ainsi 
qu'il  érivit  encore  Ida  (Venise,  Th.  Apollo, 
1S33),  et  i  due  Incogniti  (Rome,  Th.  Valle, 
1834). 

M.  Bornaccini  se  rendit  ensuite  àTrieste,  et, 
tout  en  se  consacrant  à  l'enseignement  et  sans 
abandonner  la  composition,  il  renonça  complè- 
tement, comme  il  l'avait  résolu,  à  la  carrière  de 
musicien  dramatique.  A  part  un  assez  grand 
nombre  décantâtes,  il  n'écrivit  plus  pour  le 
théâtre  qu'un  petit  opéra  de  circonstance  en  un 
acte,  l'Assedio  di  Ancona  del  1174,  ouvrage  qui 
fut  représenté  à  Ancône  en  1861,  à  l'occasion  de 
la  proclamation  du  statut  national  italien.  M.  Bor- 
naccini occupait  dans  sa  ville  natale  ime  situation 
importante,  et  i!  était  devenu  mailrede  chapelle 
de  la  cathédrale,  directeur  de  l'Académie  phil- 
harmonique et  directeur  de  l'école  communale  de 
musique;  depuis  quelques  années  il  a  résigné  ces 
divers  emplois,  pour  pouvoir  prendre  le  repos 
dont  sa  vieillesse  avait  besoin. 

On  a  lu  plus  haut  les  titres  des  quelques  opé- 
ras écrits  par  M.  Bornaccini  ;  il  y  faut  joindre  les 
cantates  conoposées  en  diverses  circonstances  : 
1°  Cantate  pour  la  fête  de  Sainte-Cécile,  Ancône, 
1825;  2°  Cantate  pour  l'arrivée  de  l'empereur 
Ferdinand  II,  Trieste,  1844;  3°  il  Giuramento 
iialiano  ,  Ancône,  1848;  4°  Cantate  ,  Ancône, 
1849;  5"  rinaugurazione,  Ancône,  1855;  6"  il 
Trlbuto,  Ancône,  1855;  1°  Cantate  pour  le  cen- 
tenairede  saint  Ciriaque,  Ancône  1856  ;  8°  Can- 
tate pour  l'arrivée  de  Pie  IX,  Ancône  1857. 
M.  Bornaccini  a  écrit  aussi  un  grand  nombre  de 
compositions  religieuses  et  profanes,  messes, 
vêpres,  motels,  graduels,  offertoires,  avec  ac- 
compagnement d'orchestre  ou  d'orgue,  plusieurs 
ouvertures  à  grand  orchestre,  un  concerto  pour 
hautbois  et  cor  anglais,  une  Élégie  à  la  mort  de 
Bellini,  des  mélodies  vocales,  etc.,  etc. 


*  BORiVET  ahié,  a  écrit  la  musique  d'un 
opéra-comique  en  un  acte,  le  Laboureur  devenu 
gentilhomme,  qui  ne  fut  point  représenté ,  mais 
dont  le  livret,  œuvre  d'un  écrivain  nommé  Bou- 
teiller,  a  été  imprimé.  Cet  artiste  a  publié  Six 
sonates  d'ariettes  d'opéras- comiques  arran- 
gées pour  un  violon  seul  avec  la  basse  chiffrée 
(Paris,  Bouin). 

BORODIXE  (A ),  musicien  russe  con- 
temporain ,  est  l'auteur  d'une  symphonie  en  si 
mineur,  à  grand  orchestre,  dont  l'éditeur  Bessel, 
de  Saint-Pétersbourg,  a  publié  une  réduction 
pour  le  piano  à  quatre  mains.  Je  n'ai  aucun  autre 
renseignement  sur  cet  artiste. 

BORREMANS  (Joseph)  ,  compositeur,  or- 
ganiste et  chef  dorchestre,  né  à  Bruxelles  le 
25  novembre  1775,  fut  en  celte  ville  maître  de 
chapelle  de  l'église  de  Sainte-Gudule,  organiste 
de  celle  de  Saint-Nicolas  et  second  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  royal  de  la  Monnaie,  où  il  fit 
représenter  les  ouvrages  suivants  :  i°  le  Klap- 
perman  ou  le  Crieur  de  nuit  d'Amsterdam, 
opéra-comique  en  un  acle;(3l  octobre  1804); 
2°  la  Femme  impromptue,  o^évà  bouffe  (1808); 
3°  l'Offrandeà  Vlujmen,  scène  lyrique  (31  oc- 
tobre 18IG).  Comme  organiste,  cet  artiste  se  fai- 
sait remarquer,  dit-on ,  par  un  véritable  talent 
d'improvisation  ;  comme  compositeur  religieux, 
il  a  laissé  des  messes,  des  Te  Deum ,  des  mo- 
tets, etc.,  avec  accompagnement  d'orchestre.  Bor- 
remansestmortà  Uccle-lez-Bruxelles,  le  15  dé- 
cembre 1858,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans. 
Son  frère  aîné,  Charles  Borremans,  né  à  Bruxel- 
les le  25  avril  1769,  et  mort  en  celte  ville  le  17  juil- 
let 1827,  était  \ioloniste,  et  fut  chef  d'orchestre 
du  théâtre  de  laMonnaie  de  1804  à  1825.  La  fa- 
mille Borremans  était  alliée  à  la  famille  Artot 
{voy.  ce  nom),  la  sœur  de  Joseph  Borremans 
ayant  épousé  Maurice  Artot,  père  du  fameux 
violoniste  Joseph-Alexandre  Artot. 

BORSOM  ( ).   Un  artiste  de  ce  nom  a 

écrit  la  musique  de  quelques  ballets-pantomi- 
mes et  divertissements  représentés  à  r  Ambigu-Co- 
mique en  1772  et  1773;  1"  Arlequin  chez  les 
Patagons;  2°  Rohlnson  Crusoé;  3°  le  Bracon- 
nier anglais. 

BORSSAT  (...,,..),filsd'un  comédien  de  pro- 
vince qui  avait  créé  à  Paris  une  agence  d'affaires 
théâtrales,  naquit  vers  1835.  Il  devint  chef  d'or- 
chestre de  divers  théâtres  secondaires,  entre  au- 
tres le  théâtre  Beaumarchais  et  le  Grand-Théâ- 
tre Parisien,  et  écrivit  pour  ces  scènes  éloignées 
la  musique  de  quelques  opérettes  :  la  Leçon  d'a- 
mour, Grand-Tliéàtre  Parisien,  1865;  les  Amou- 
reux de  Lncette,  Th.  Beaumarchais,  1867  ;  Ça 
brûle',  gare  aux  doigts'  id.,  1869. 


112 


BORTNIANSKY  —  BOSIO 


*  BOIITIXIAXSKY  (  Dmitri-Stepano - 
vitch).  J'ai  acquis  la  preuve  que  ce  compositeur, 
pendant  son  séjour  en  Italie,  a  écrit  au  moins  un 
opéra  italien.  La  Cronistoria  dei  Teatri  cil  Mo- 
dena  (Modène,  1S73),  enregistre,  à  la  date  du 
26  décembre  17/8,  la  représentation  de  Quinto 
.Fabio,  nouvellement  mis  en  musique  par  lui  sur 
le  poëme  de  Métastase.  Je  ne  pense  pourtant  pas 
que  ce  soit  en  cette  ville  qu'il  ait  été  joué  pour  la 
première  fois. 

BORZAGA  (Egyd),  violoncelliste,  naquit  à 
Prague  le  l"^'  septembre  1802.  En  1853,  lorsque 
M.  Vieuxtemps,  le  célèbre  violoniste,  visita 
Vienne,  ce  fut  Borzaga  qu'il  choisit  pour  tenir 
la  partie  de  violoncelle  dans  les  quatuors  qu'il 
faisait  entendre.  Borzaga  ,  qui  était  membre  de 
la  chapelle  impériale,  est  moit  le  15  novembre 
1858.  Y. 

BOS  (Pierre),  professeur  de  musique ,  élève 
d'Emile  Chevé ,  est  l'auteur  du  manuel  intitulé  : 
Cours  de   viusique   théorique    et  pratique, 
principes   élémentaires     (  Paris,   librairie   de 
l'Écho  de  la  Sorbonne,  in-lG).  M.  Bos  lui-même 
caractérise  ainsi  son  traité  :  "  Cet  ouvrage  con- 
tient, non-seulement  toute  la  théorie  élémentaire, 
c'est-à-dire  la  théorie  des  intervalles,  des  modes, 
des  tons,  de  la  modulation,  de   la  mesure,   de 
l'écriture  usuelle,  de  la  transposition  et  du  mé- 
canisme vocal  ou   chant  proprement  dit ,  mais 
encore  des  notions  suffisantes  sur  les  diverses 
méthodes  qui  se  partagent  l'enseignement  mu- 
sical ;  et  si  l'auteur  a  manifesté  ses  préférences 
pour  une  méthode  destinée  à  faciliter  singuliè- 
rement l'étude  de  l'intonation  et  de  la  mesure,  il 
n'en  a  pas  moins  fait  une  exposition  complète  de 
là  notation  usuelle,  et  \n^\q\ié  les  moyens  les  plus 
|)ropres  à  familiariser  avec  la  lecture  sur  toutes 
les  clefs  et  la;transposition  dans  un  ton  quelcon- 
que. »  Ceci  revient  à  dire  que  les  adeptes  mêmes 
de  la  méthode  Chevé  en  arrivent  à  comprendre 
que  si  quelques   parties  de  celte  méthode  peu- 
vent servir  de  moyens  pédagogiques ,  l'ensemble 
du  système  n'en  doit  pas  moins  laisser  la  place 
à  celui  de  la  notation  usuelle  et  rationnelle.  Pour 
notre  part,  nous  n'avons  jamais  dit  autre  chose. 
BOS,  BOSSUS  ou  BOSSIUS  (Hans),  fac- 
teur d'orgues  fort  habile,  naquit  au  commence- 
ment du  seizième  siècle,  probablement  à  Anvers, 
où  il  exerçait  sa  profession  et  où  il  se  maria  en 
1543.  Il  fut  reçu  en  1558  dans  la  gilde  de  Saint- 
Luc,  sous  le  nom  de  <<  maître  Hans  Bos,  facteur 
d'orgues  »,  mais  il  était  aussi  facteur  de  clavecins. 
11  jouissait  d'une  grande  renommée  et  d'une  véri- 
table autorité  à  Anve\  s ,  car  ce  fut  lui  qui ,  en 
1546,  fut  chargé  d'examiner  les  nouvelles  orgues 
de   l'église   Saint- Jacques ,  qui,  peu  de  temps 


après,  déplaçait  les  grandes  orgues  de  la  cathé- 
drale, les  accordait  et  en  réparait  la  soufllerie, 
qui,  enfin,  en  1572,  figurait  aunombre  des  témoins 
qui  assistaient  à  la  signature  du  contrat  relatif 
à  la  reconstruction  de  l'orgue  de  la  chapelle 
de  la  Vierge  à  la  cathédrale. 

BOSCOVVITZ  (F ),  pianiste,  composi- 
teur de  petite  musique  de  piano ,  a  publié  une 
centaine  de  ces  morceaux  de  genre  que  chaque 
jour  voit  éclore,  et  pour  lesquels  il  se  trouve 
toujours  des  amateurs  sans  sévérité  parce  qu'ils 
sont  sans  instruction.  Les  petits  morceaux  de 
M.  Boscowitz  ne  sont  ni  meilleurs  ni  pires  que 
tant  d'autres,  mais  ils  sont  absolument  inconnus 
des  véritables  artistes. 

BOSIO  (Angiolina),  cantatrice  très-distin- 
guée ,  issue  d'une  famille  de  comédiens,  naciuit 
en  1824  et  fit  son  éducation  musicale  sous  la 
direction  du  professeur  V.  Cattaneo.  Elle  dé- 
buta d'abord  au  théâtre  Re,  de  Milan,  dans  i  Due 
Foscari,  et  à  vingt  ans  était  déjà  une  chan- 
teuse di  cariello.  Elle  quitta  l'Italie  de  bonne 
heure,  ses  succès  la  faisant  rechercher  à  l'é- 
tranger, se  fit  entendre  à  Paris  et  à  Londres ,  où 
elle  fut  reçue  avec  la  plus  grande  faveur,  puis 
accepta  un  brillant  engagement  pour  l'Amérique, 
où  elle  épousa  un  Grec  du  nom  de  Xindavelo- 
nis ,  qui  lui  avait  offert  ses  services  comme 
courrier.  Cette  union  ne  fut  pas  malheureuse, 
comme  tant  d'antres,  mais  elle  fut  stérile,  île 
sorte  qu'à  la  mort,  si  prématurée,  hélas!  de  la 
brillante  cantatrice ,  ce  fut  le  mari  qui  profita, 
au  détriment  de  la  famille  ,  des  économies  con- 
sidérables réalisées  dans  une  courte,  mais  pro- 
•luctive  carrière. 

Angiolina  Bosio  a  appartenu,  à  deux  reprises 
différentes,  au Théâtre-Itahen  de  Paris:  en  1846 
dabord  (début  dans  i  Due  Foscari),  et  en  1855 
(rentrée  dans  Matilde  di  Sabran  et  gli  Arabi 
nelle  Gallie).  Son  succès  y  fut  très-grand  (1). 
M"'^  Bosio  brillait  particulièrement  par  l'agilité 
et  l'étendue  de  sa  voix,  surtout  dans  le  haut; 
mais  ces  qualités  n'excluaient  nullement  chez 
elle  le  sentiment  dramatique  dans  Vopera  séria. 
Engagée  en  Russie  à  de  brillantes  conditions, 
elle  dut  au  climat  meurtrier  de  ce  pays  la  courte 

(1)  Mme  Bosio  appartint  aussi  pendant  quelque  temps 
au  personnel  de  l'Opéra.  Le  27  décembre  iosj  elle  créait 
à  ce  théâtre  le  rôle  principal  d'un  ouvrage  en  deux  ac- 
tes. BeUly,  que  Donizetti  avait  écrit  naguère  sur  le  su- 
Jet  du  67ia?c«  et  que,  chose  sini-'ulière ,  Adam  s'était 
chargé  d'adapter  à  la  scène  française.  La  beauté  expres- 
sive et  douce,  la  grâce  exquise,  la  voix  séduisante  et  le 
talent  si  distingué  de  la  cantatrice  restèrent  impuissants 
à  faire  apprécier  du  public  une  œuvre  aimable  sans 
doute,  mais  qui  ne  méritait  pas  les  honneurs  de  la  tra- 
duction. —  A.  P.  ... 


BOSIO 


BOTTE 


113 


mais  cruelle  maladie  qui  mit  fin  à  sa  carrière. 
C'est  en  chemin  de  fer,  en  revenant  de  Moscou 
à  Saint-Pétersbourg,  qu'elle  eut  l'imprudence  de 
baisser  la  glace  de  la  portière  auprès  de  laquelle 
elle  se  trouvait;  il  faisait  un  de  ces  froids  vifs 
et  secs  qui  surprennent  sans  pitié  des  constitu- 
tions plus  robustes  que  ne  l'était  la  sienne.  En 
arrivant  dans  la  capitale  de  la  Russie,  la  pauvre 
artiste  était  mortellement  atteinte!  Malgré  les 
soins  les  plus  dévoués,  elle  expira,  le  13  avril 
1859,  au  milieu  de  la  douleur  universelle.  Un 
monument  lui  a  été  élevé. 

J.  D.  F. 

BOSOIM  (Ercole).  Un  musicien  de  ce  nom 
a  fait  représenter  en  1852  ou  1853,  sur  le  théâ- 
tre de  la  Fenice,  de  Venise ,  un  opéra  intitulé 
la  Prigioniera. 

BOSSARD  (Victor),  né  à  Cham  dans  [le 
canton  de  Zug,  fut  l'un  des  meilleurs  facteurs 
d'orgues  de  la  Suisse  au  dix-huitième  siècle. 
Parmi  les  instruments  sortis  de  ses  ateliers ,  on 
cite  surtout  l'orgue  d'Einsiedeln  ,  celui  de  l'église 
catholique  de  Zurich,  et  celui  de  Saint- Vincent. 
On  rapporte  que  la  commission  désignée  pour 
examiner  ce  dernier  en  fut  tellement  satisfaite, 
qu'elle  fit  à  Bossard  un  don  magnifique  de  cent 
louis  d'or. 

*  BOSSELET  (Charles-François-Marie), 
professeur  et  chef  d'orcheslre,  est  mort  à  Saint- 
Josse-ten-Noode -lez-Bruxelles,  le  2  avril  1873. 
Parmi  les  ballets  dont  il  a  écrit  la  musique  pour 
le  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  on  cite 
les  Dryades,  Arlequin  et  Pierrot,  Terpsy- 
chore  sur  terre.  Aucune  de  ses  nombreuses 
compositions  religieuses  n'a  été  gravée.  Dans 
V Annuaire  de  l'Académie  royale  de  Belgique 
pour  1876,  M.  le  chevalier  Léon  de  Burbure  a 
publié  une  Notice  sur  C.-F.-M.  Bosselet,  dont 
il  a  été  fait  un  tirage  à  part  (Bruxelles,  Hayez, 
1876,  in-16  de  onze  pages,  avec  portrait). 

BOSSENBERGER  (Hexri-Jacob)  ,  com- 
positeur, né  à  Cassel  le  27  octobre  1838,  est 
actuellement  chef  d'orchestre  du  théâtre  An  der 
Wien,  de  Vienne.  Il  a  composé  des  lieder  et 
des  opérettes.  Y. 

BOTE  et  BOCK.  C'est  le  nom  d'une  grande 
maison  d'édition  de  musique  de  Berlin ,  d'ori- 
gine assez  récente.  Elle  a  été  créée  par  les  deux 
associés  Bote  et  Bock  en  1838.  Bote  ne  resta 
pas  longtemps  dans  le  commerce  de  musique,  et 
laissa  promptement  la  direction  unique  des  af- 
faires à  Bock,  qui  l'a  gardée  jusqu'à  l'époque  de 
.sa  mort,  survenue  le  27  avril  1863.  Elle  passa 
alors  aux  mains  de  son  frère,  qui  la  tient  au 
nom  de  son  neveu  Hugo  Bock.  C'est  à  l'un  des 
créateurs  de  la  maison  Gustave  Bock  que  l'on 

HIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    - 


doit  les  premières  éditions  à  bon  marché  de  la 
musique  classique.  Y. 

BOTELHO  (Le  F.  Estevao),  moine  et  musi- 
cien portugais,  naquit  vers  1629  à  Evora,  d'une 
famille  très-distinguée.  Il  entra  dans  l'ordre  de 
S.  Augustin  en  1650  ,  et  devint  prieur  des  cou- 
vents de  Arrondies  et  Loulé.  Il  jouissait  d'une 
bonne  ré|)ufation  comme  musicien  ;  ses  composi- 
tions furent  conservées  en  manuscrit,  de  même 
qu'un  Tratado  de  71/wsice, resté  aussi  inédit. 

J.   DE    V. 

BOTGORSCHEK  (François)  ,  llùtiste  cé- 
lèbre, est  né  à  Vienne  le  23  mai  1812.  Il  a  fait 
de  nombreux  voyages  artistiques  en  Allemagne 
et  dans  les  Pays-Bas.  Y. 

BOTSON'ou  BOTZOX( ),  chanteur 

et  compositeur,  faisait  partie,  en  1770,  des 
chœurs  de  l'Opéra,  oii  il  ne  resta  qu'une  année, 
et  passa  ensuite  dans  les  chœurs  du  Concert  spi- 
rituel, où  il  avait  fait  exécuter,  en  cette  même 
année  1770,  plusieurs  motets  de  sa  composition. 
Le  18  janvier  1775,  on  représentait  sur  le  théâtre 
de  Bruxelles  une  comédie  héroïco-paslorale  en 
trois  actes  et  en  vers,  mêlée  d'ariettes,  Berthe, 
dont  le  livret  était  l'œuvre  de  Pleinchesne,  et 
dont  la  musique  avait  été  écrite  en  collaboration 
par  Gossec,  Philidor  et  Botson.  On  peut  consul- 
ter sur  cet  ouvrage,  jusqu'ici  resté  inconnu,  l'é- 
crit intéressant  de  M.  Ch.  Piof,  Particularités 
inédites  concernant  les  œuvres  musicales  de 
Gossec  et  de  Philidor,  écrit  inséré  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique 
(novembre  1875),  et  dont  il  a  été  fait  un  tirage 
à  part. 

BOTT   (A ),    compositeur  allemand,   a 

écrit  la  musique  d'un  opéra  intitulé  Actœa  ,  la 
jeune  Fille  de  Corinthe,  qui  a  été  représenté 
sur  le  théâtre  royal  de  Berlin  le  11  avril  1862. 
Cet  ouvrage  ,  dont  le  rôle  principal  était  tenu  par 
unegrande  artiste, M'^^HarriersWippern  {Voyez 
ce  nom),  obtint  un  véritable  succès  et  donnait 
grand  espoir  pour  l'avenir  de  son  auteur.  Celui- 
ci,  pourtant,  n'a  plus  fait  parler  de  lui  depuis 
lors. 

*  BOTTE  (  Adolphe-Achille  ),  pianiste  et 
compositeur,  est  né  le  29  (et  non  le  26)  septembre 
1823,  à  Pavilly  (Seine-Inférieure).  Son  grand- 
père,  ancien  élève  de  l'abbaye  de  Fécamp,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  musique.  Admis 
au  Conservatoire  de  Paris  eu  janvier  1837,  il 
obtint  l'année  suivante  un  second  prix  de  sol- 
fège, et  en  1839  un  premier  prix  dans  la  même 
classe.  Il  eut  ensuite  comme  professeurs  Zim- 
mermann  pour  le  piano,  Savard  et  Leborne 
pour  l'harmonie,  le  contrepoint  et  la  fugue.  En 
1842,  il  alla  se  fixer  à  Rouen,  et  ne  tarda  pas 

T.   I.  8 


H4 


COTTE  —  BOUCHEROxN 


à  se  révélcM-  comme  compositeur,  en  publiant 
un  album  de  cliant,  qui  parut  en  1846,  et  fut 
suivi  d'un  second  album,  cette  fois  pour  le 
piano.  Il  fit  exécuter  vers  le  même  temps ,  au 
Théàtredes-Arts,  deux  ouvertures  à  grand  or- 
chestre :  Jocehjn  et  le  Corsaire. 

En  1854,  M.  Adolphe  Botte  vint  s'établir 
comme,  professeur  à  Paris.  Sa  collaboration  à 
divers  journaux  de  Rouen  lui  avait  rendu  fami- 
liers les  procédés  de  la  critique  musicale  ,  ce 
qui  Ini  peimil  d'entrer  au  Messager  des  Théâ- 
tres, oii  il  fit,  pendant  plusieurs  années,  sous 
le  pseudonyme  de  A.  de  PavUlij,  les  comptes- 
rendus  de  l'Opéra  et  des  Italiens.  La  Bévue  et 
Gazette  musicale  lui  ouvrit  à  son  tour  ses 
colonnes,  on  il  a  fait  paraître  de  nombreux  et 
solides  articles  de  critique  et  de  bibliographie. 
M.  Botte  est  depuis  1864  professeur  de  piano 
au  couvent  des  Oiseaux. 

On  a  de  cet  artiste,  outre  les  deux  albums 
cités  plus  haut,  quelques  mélodies  vocales  :  Le 
Chrétten  mourant,  le  Crucifix,  le  Vallon, 
VAnge  gardien  (A.  Leduc,  éditeur),  etc.,  et  im 
assez  grand  nombre  de  compositions  pour  le 
piano,  d'un  style  généralement  soigné,  et  d'un 
goùl  exempt  de  vulgarité.  Nous  citerons  entre 
autres  :  Souvenir  de  l'ange  gardien.  Six  Étu- 
des de  style,  publiées  en  1850  et  rééditées  en 
1868;  deux  nouveaux  albums,  parus  en  1855 
et  1857  ;  Elegia  e  marcia  (Gérard  et  Cie  édit.)  ; 
Souvenir  de  l'ange  et  l'enfant  (id.);  Œuvres 
choisies,  édition  bijou  (A.  Leduc)  ;  Sept  mor- 
ceaux caractéristiques,  un  vol.  in-8°  (Dou- 
niol,  éd.);  Mélodies  et  morceaux  choisis,  (id.), 
etc.  M.  Botte  a  publié  dans  le  Journal  de  l'Ins- 
truction publique  (juin  18G2)  un  travail  sur 
les  œuvres  de  Scudo  (1). 

J.  C  -  z. 

*BOTTESlXI  (Giovanni).  Aux  ouvrages 
dramatiques  de  ce  compositeur  viennent  s'ajou- 
ter :  Marion  Delorme,  opéra  sérieux  repré- 
senté en  1862  à  Palerme,  et  Vlnciguerra,  opé- 
rette en  un  acte  donnée  à  Paris,  au  théâtre  du 
Palais-Royal,  au  mois  d'avril  1870.  M.  Botte- 
sini  a  publié  une  grande  Méthode  complète  de 
contre-basse  (Paris,  Escudier).  —  Le  père  de 
cet  artiste,  clarinettiste  distingué,  est  mort  à 
Crema  en  1874. 

BOTTliXl  (Mari.vnna  ANDREOZZI,  marqui- 
se), musicienne  distinguée,  naquit  à  Lucques  le 
7  novembre  1802.  Douée  d'une  vive  intelligence, 
elle  se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude  des  lettres 
et  de  la  musique,  et  devint  élève  du  compositeur 

(I)  Pendant  son  séjour  à  Rouen,  M.  Boite  eut  une  part 
di;  collaboralion  au  Franc-Juge,  feuille  musicale  fondée 
en  cette  ville  par  Aimé  Paris.  —  A.  P.        .     . 


Domenico  Quilici,  qui  lui  donna  tous  ses  soins, 
reconnaissant  qu'il  y  avait  en  elle  l'étoffe 
d'une  artiste  remarquable.  Ni  son  mariage ,  ni 
ses  devoirs  maternels,  auxquels  elle  ne  faillit 
jamais,  ne  détournèrent  la  signora  Botlini  de  ses 
éludes  musicales;  elle  jouait  bien  de  la  harpe, 
et  bientôt,  s'adonnant  à  la  composition,  elle 
écrivit  un  nombre  d'œuvres  considérable,  en 
divers  genres.  C'est  ainsi  qu'elle  produisit  suc- 
cessivement :  un  Magnificat  à  4  voix  avec  ac- 
compagnement instrumental  ;  un  molet  pour 
la  fête  de  Sainte-Cécile;  un  concerlo  à  grand 
orchestre  ;  une  messe  et  vêpres  à  4  voix ,  avec 
instruments;  une  cantate  écrite  pour  la  noble 
famille  Orsuici;  une  opérette  en  deux  actes, 
intitulée  Elena  e  Gerardo;  un  Stabat  mater  à 
3  voix;  plusieurs  ouvertures;  et  enfin  des  mor- 
ceaux pour  la  voix,  pour  la  harpe  et  pour  le 
piano. 

Le  mérite  de  ces  compositions  attira  sur  la 
marquise  Bottini  l'attention  de  l'Académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne,  à  laquelle  elle 
avait  envoyé  son  Requiem  et  son  Stabat  mater, 
et  qui  lui  répondit,  par  l'organe  du  maestro  Mar- 
chesi  ••  «  *Les  compositions  musicales  que  vous 
avez  bien  voulu  offrir  à  l'Académie  ont  été  ac- 
cueillies, dans  la  séance  du  6  avril  dernier,  avec 
l'expression  de  la  plus  grande  reconnaissance  et 
de  la  juste  admiration  que  mérite  votre  rare 
talent.  »  Peu  de  temps  après ,  le  10  janvier 
1821,  l'Académie  des  Philharmoniques  adressait 
à  la  marquise  Botlini  le  diplôme  de  membre  de 
cette  compagnie ,  et  son  président ,  le  même 
maestro  Marchesi,  lui  écrivait  à  ce  sujet  :  «  Votre 
travail  a  été  loué  et  applaudi  par  les  sommités 
de  l'art,  pour  la  gravité  du  style  et  pour  l'é- 
troite observation  des  préceptes  du  contre-point.» 
—  La  marquise  Bottini  mourut  à  Lucques  le 
24  janvier  1858. 

BOUCHE  (L ),  chanteur  qui  a  fait  pen- 
dant plusieurs  années  partie  du  personnel  du 
théâtre  de  l'Opéra ,  à  Paris ,  est  auteur  de 
l'écrit  suivant  :  De  l'art  du  chant ,  théorie 
nouvelle  basée  sur  l'appréciation  des  éléments 
constitutifs  de  la  voix  (Nogent-le-Rotrou, 
imp.  Gouverneur,  1872,  in-12). 

*  BOUCHER  (Alexandre-Jean),  est  mort 
à  Paris  le  29  décembre  1861. 

*  BOUCHEROi\  (Raymond).  Né  à  Turin  le 
15  mars  1800,  cet  artiste,  après  avoir  été  long- 
temps maître  de  chapelle  à  Vigevano ,  a  occupé 
pendant  vingt-huit  ans  les  mêmes  fonctions  à  la 
cathédrale  de  Milan,  pour  le  service  de  laquelle 
il  a  écrit  d'innombrables  compositions.  Bou- 
cheron a  publié  plusieurs  ouvrages  théoriques 
et    didactiquf;s   :     1"    Scienza  delV  Armonia 


BOUCHERON  —  BOULLARD 


115 


(1856)  ;  2"  Corso  compléta  dl  lettura  musicale; 
3°  Esercizii  di  armonia  (1867).  Membre  de 
l'Académie  de  Sainte-Cécile  de  Rome,  et  de 
celles  de  Bologne  ot  de  Florence ,  Boucheron 
était  un  savant  musicien,  un  artiste  consciencieux 
et  fort  instruit ,  mais  n'ayant  ni  vues  originales 
comme  théoricien,  ni  inspiration  comme  com- 
positeur ;  sous  ce  dernier  rapport,  ses  œuvres, 
tant  sacrées  que  profanes  ,  sont ,  dit-on,  d'une 
banalité  désespérante.  Il  est  mort  à  Milan  le  28 
février  1876. 

BOUGLIA  (Gii'seppe),  compositeur,  mem- 
bre du  corps  de  musique  des  carabiniers  royaux 
d'Italie ,  est  l'auteur  d'un  opéra  en  2  actes , 
AU'  là  !  0  il  Posta  d''onore  ,  représenté  au 
théâtre  Nota ,  de  Turin ,  le  4  août  1866.  Il  est 
mort  au  mois  d'août  de  l'année  suivante. 

BOUILLOIX  (Auguste),  musicien  belge,  était, 
en  1855,  directeur  de  l'école  de  musique  cho- 
rale populaire  créée  par  les  soins  de  l'autorité 
communale  de  Bruxelles.  Outre  un  certain 
nombre  de  chœurs  d'hommes  .sans  accompagne- 
ment, on  doit  à  cet  artiste  une  Méthode  prati- 
que de  chant  d'ensemble,  publiée  par  lui,  en 
1855,  en  société  avec  un  autre  professeur  dont 
j'ignore  le  nom. 

BOUILLY  (Jean-Nicolas)  i  homme  de 
lettres,  né  à  Tours  le  24  janvier  1763  ,  mort 
à  Paris  le  24  avril  1842 ,  est  connu  surtout 
comme  auteur  de  nombi'eux  ouvrages  pour 
l'enfance  ,  et  comme  écrivain  dramatique.  Ou 
lui  doit  de  nombreux  hvrets  d'opéras  comi- 
ques, et  il  a  été  l'un  des  collaborateurs  préférés 
de  Grétry  dans  les  dernières  années  de  la  car- 
rière de  ce  grand  homme.  Bouilly  est  surtout 
•mentionné  ici  comme  auteur  d'un  ouvrage  inti- 
tulé :  Mes  Récapitulations  (Paris,  s.  d.,  Janet, 
3  vol.  in-12),  écrit  sur  la  fin  de  sa  vie,  et  dans 
lequel  il  a  retracé  ses  mémoires.  On  trouve 
dans  ce  livre  des  renseignements  intéressants  et 
que  l'on  chercherait  vainement  ailleurs,  sur  plu- 
sieurs grands  artistes  dans  l'intimité  desquels 
Bouilly  avait  vécu  :  Grétry,  dont  il  avait  dû 
épouser  la  fille ,  Méhul,  M™''  Dugazon,  Auber, 
la  Malibran,  etc. 

*  BOULAIXGER  (Ernest-Hesri-Alexan- 
dre).  Voici  la  liste  complète  des  œuvres  dramati- 
ques de  ce  compositeur  :  1°  le  Diable  à  l'école, 
un  acte.  Opéra -Comique,  17  janvier  1842  ;  2"  les 
Deux  Bergères,  un  acte,  ibid.,  3  février  1843; 
3°  une  Voix ,  un  acte,  ibid.,  28  mai  1845  ;  4"  la 
Cachette,  trois  actes,  ibid.,  août  1847  ;  5°  tes  Sa- 
bots de  la  Marquise,  un  acte,  ibid.,  29  septem- 
bre 1854;  6°  VÉventail,  an  Acle,  ibid.,  4  dé- 
cembre 1860;  7°  Le  15  août  aux  champs, 
cantate,  ibid.,  15  août  1862  ;  8°  le  Docteur  Ma- 


gnus,  un  acte,  Opéra,  9  mars  1864;  9'^  Don 
Quichotte,  3  actes,  Théâtre-Lyrique,  18C9  ; 
10"  Don  Mticarade,  un  acte,  Opéra-Comique, 
10  mai  1875. 

M.  Boulanger,  qui  a  publié  quelques  compo- 
sitions légères  pour  le  piano  et  écrit  un  assez 
grand  nombre  de  mélodies  vocales  et  de  chœurs 
orphéoniques,  a  été  fait  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  au  mois  d'août  1869.  Après  la  mort 
de  Vauthrot,  il  a  été  nommé,  en  1871,  profes- 
seur de  chant  au  Conservatoire.  M.  Boulanger  a 
publié  dans  le  Magasin  des  Demoiselles  deux 
opérettes,  la  Meunière  de  Sans  Souci  et  Marion, 
qui  n'ont  point  été  représentées.  Il  faut  encore 
rappeler  que  cet  artiste  a  arrangé  et  réorchestré  en 
partie  la  partition  de  Wallace  ou  le  Ménestrel 
écossais,  de  Catel,  pour  une  reprise  de  cet  ou- 
vrage qui  fut  faite  à  l'Opéra  -  Comique  vers 
1844. 

BOULEAU-NELDY  ( ),  compositeur 

de  musique  religieuse ,  organiste  de  l'église  de 
Notre-Dame  de  Nantilly  à  Saumur,  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'un  assez  grand  nom- 
bre de  compositions  sacrées,  parmi  lesquelles  on 
remarque  un  Stabat  Mater  considéré  comme  une 
œuvre  distinguée,  plusieurs  messes,  des  motets, 
etc.  Cet  artiste  modeste  et  méritant  a  remporté 
le  prix  dans  le  concours  ouvert  on  1863,  par  la 
Société  de  Sainte-Cécile,  de  Bordeaux  ,  pour  la 
composition  d'une  ouverture  de  concert.  On  a 
publié  aussi  de  M.  Bouleau-Neldy  environ  qua- 
rante morceaux  de  genre  pour  le  piano,  et 
quelques  transcriptions  ou  compositions  origi- 
nales pour  violon  ou  violoncelle  et  orgue,  entre 
autres  un  Ave  Maria,  une  rêverie  intitulée  Voix 
du  Ciel,  un  andante  de  Mozart,  etc.,  etc. 

BOULLARD  (Mauius),  chef  d'orchestre  et 
compositeur,  est  né  à  Gand,  de  parents  français, 
le  27  décembre  1842.  Son  père  avait  tenu  au- 
trefois, à  l'Opéra-Comique,  un  emploi  un  peu  se- 
condaire, après  avoir  chanté  les  basses  en  pro- 
vince, particulièrement  dans  quelques  grandes- 
villes  du  midi.  M.  Boullard  a  fait  ses  études  au 
Conservatoire,  où,  après  avoir  obtenu  un  second 
accessit  de  solfège  en  1853  et  le  premier  prix  en 
1854,  il  devint  en  1860  élève  de  M.  Bazin  pour 
l'harmonie  et  accompagnement,  et  en  1862  de 
Carafa  pour  la  fugue.  En  sortant  du  Conser- 
vatoire, ^M.  Boullard  fut  successivement  che 
d'orchestre  de  divers  petits  théâtres,  les  Folies- 
Marigny,  les  Nouveautés  et  les  Menus-Plaisirs, 
où  il  écrivit  la  musique  de  quelques  opérettes 
sans  conséquence.  Pendant  la  guerre  de  1870-71, 
quoique  marié  et  père  d'un  enfant,  il  s'engagea 
comme  volontaire  dans  un  régiment  de  marche, 
et  fut  grièvement  blessé,  le  19  janvier,  au  combat 


H6 


BOULLARD  —  BOURGAULT-DUGOUDRAY 


de  Biizenval,  au  point  que  l'on  craignit  un  ins- 
tant pour  sa  vie.  Il  guérit  cependant,  et  iors  de 
la   réouverture  des  Variétés,  à  la  (in  de  1871, 
il  entra  comme  premier  chef  d'orchestre   à  ce 
théâtre.  —  M.  Boullard  a  publié  un  certain  nom- 
bre de  morceaux  de  musique  de  danse  pour 
piano.  Parmi  les  petites  pièces  qu'il  fit  repré- 
senter dans  ses  jeunes  années,  je  citerai  les  deux 
suivantes  :  Francesca  da   Rimini,  un   acte. 
École  lyrique,   1866;   et  le  Grillon,  un  acte, 
Nouveautés,  1867.  lia  écrit  aussi  des  airs  nou- 
veaux pour  une  féerie  en  huit  tableaux  jouée  à 
ce  dernier  théâtre  en  1866,  file  des  Sirènes. 
—  Un  frère  de  cet  artiste,    Victor  Boullard, 
né  en  1833,  a  été,  au  Conservatoire,  élève  de 
M.  Laurent  pour  le  piano  et  de  M.   Bazin  pour 
l'harmonie  et  accompagnement.  Un  instant  ciief 
d'orchestre  du  théâtre  du  Palais-Royal ,  il  s'est 
livré  à  l'enseignement  et  a  publié  un  certain  nom- 
bre de  romances  et  mélodies,  ainsi  qne  quel- 
ques petits  morceaux  de  piano.  Il  est  mort  en  1876. 
BOURDEAU  (Emile),  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint- Philippe-du-Roule  et  professeur  de 
musique  au  collège   Chapta! ,   est  l'auteur  des 
deux  ouvrages  théoriques  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Harmonie  et  composition,  Paris,  Lambert, 
1867,  in-8°  (lithographie);  T Bègles  invariables 
sur  la  transposition  musicale  ,^àn&,{'è&\ , m-?)" . 
Le  même  artiste  a  fait  représenter  dans  un  sa- 
lon, en  1867,  une  opérette  intitulée  le  Revenant. 
BOURDOT  (Jean-Sébastien),  luthier,   né 
à  Mirecourten  1530,  était  étabh  à  Paris  en  1555. 
Bourdot  est  considéré  comme  le   fondateur  de 
la  lutherie  lorraine,  qui  depuis  lors  a  pris  une  si 
grande  extension.  Il  travailla  sous  la  direction 
de  Nicolas  et  de  Jean  Médard  ,  de  Nancy ,   qui 
étaient  eux-mêmes  élèves  de  Tywersus,  luthier 
attaché  à  la  maison  des  princes  lorrains. 

J.  G. 
BOURGAULT-DUCOUDRAY  (Lous 
Albert),  compositeur,  est  né  le  2  février  1840 
à  Nantes,  où  sa  famille  était  dans  une  position 
de  fortune  florissante.  Le  futur  artiste  fit  d'a- 
bord de  très-solides  études  littéraires,  suivit 
ensuite  les  cours  de  droit  et  se  fit  recevoir  avo- 
cat en  1859.  Pourtant  il  était  possédé  de  l'amour 
de  la  musique,  et  avait  commencé  l'étude  de  cet 
art  sous  la  direction  d'un  professeur  de  sa  ville 
natale,  M.  Champommier.  A  peine  eut-il  été  reçu 
avocat  que  M.  Boiugault-Ducoudray  se  rendit  à 
Paris,  se  présenta  au  Conservatoire,  et  eut  la 
chance  d'être  admis  dans  la  classe  de  M.  Am- 
broise  Thomas.  Il  se  mit  alors  au  travail  avec 
une  ardeur  surprenante ,  obtint  un  premier  ac- 
cessit de  fugue  en  l86I  ,  et,  s'étant  présenté 
année  suivante  au  concours  de  l'Institut,  rem- 


porta d'emblée  le  premier  grand  prix  de  compo- 
sition musicale.  Les  paroles  de  la  cantate  qu'il 
avait  mise  en  musique,  intitulée  Louise  de  Mé- 
zières,  étaient  d'Edouard  Monnais,  (lui  en  avait 
tiré  le  sujet  d'un  roman  de  M'""^  de  Lafayette, 
Mademoiselle  de  Monipensier.  Le  jeune  lau- 
réat partit  pour  Rome,  où,  pendant  son  séjour,, 
il  écrivit  les  paroles  et  la  musique  d'un  drame 
lyrique  en  trois  actes,  dont  divers  fragments  fu- 
rent adressés  par  lui  à  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  et  constituèrent  ses  «  envois  de  Rome  »  ; 
puis  il  visita  l'Italie,  et  fit  un  voyage  en  Grèce. 
De  retour  à  Paris,  il  fit  exécuter  à  l'église  Saint- 
Eustache,  le  5  avril  1868  ,  un  Slabat  Mater  qui 
fut  fort  bien  accueilli  par  la  critique,  et  qu'il 
fit  entendre  de  nouveau,  quelques  années  après, 
aux  Concerts  populaires  de  M.  Pasdeloup. 

M.  Bourgault-Ducoudray,  qui  a  voué,  on  peut 
le  dire,  sa  vie  à  la  musique,  et  à  qui  sa  position 
de  fortune  laissait  une  entièi'e  indépendance, 
s'était  é[)ris  d'une  passion  pleine  d'enthousiasme 
pour  les  grandes  œuvres  de  Hœndel  et  de  Jean- 
Sébastien  Bach,  et  désirait  les  révéler  au  public 
français,  auquel  elles  étaient  encore  complètement 
inconnues.  Il  fonda  donc  à  Paris  une  société 
chorale  d'amateurs,  composée  de  membres  des 
deux  sexes,  et,  avec  une  ardeur  toute  désinté- 
ressée, il  donna  tous  ses  soins  à  cette  société, 
de  façon  à  la  mettre  à  même  d'exécuter  les 
grands  cliefs-d'o'uvres  de  la  musique  vocale  clas- 
sique, et  particulièrement  les  oratorios  des  maî- 
tres. Il  fit  entendre  ainsi  successivement  la 
Fe'te  d'Alexandre  et  Acis  et  Galathée ,  de 
Hfcndel ,  diverses  cantates  de  Bach ,  puis  la 
Bataille  de  Marignan,  de  Clément  Jannequin, 
et  des  fragments  d'un  des  plus  beaux  opéras  de 
Rameau,  Hippolijte  et  Aricie. 

Pendant  la  guerre  de  1870-71,  M.  Bourgault- 
Ducoudray  s'engagea  volontairement,  et  fit  bra- 
vement son  devoir.  Il  continua  de  servir,  à  Ver- 
sailles, pendant  le  second  siège  de  Paris,  et  fut 
blessé  dans  un  combat  contre  les  défenseurs  de 
la  Commune.  Lorsque  la  paix  fut  enfin  rétablie, 
il  reprit  ses  travaux  ordinaires  et  la  direction  de 
sa  société  chorale.  iMalheureusement  sa  santé, 
profondément  altérée  par  une  maladie  nerveuse, 
vint  l'obliger  à  un  repos  absolu,  et  il  dut  partir 
pour  la  Grèce,  à  la  recherche  d'un  climat  plus 
doux,  laissant  à  M.  César  Franck  le  soin  de 
diriger  les  amateurs  qu'il  avait  recrutés  et 
disciplinés  avec  tant  de  peines. 

M.  Bourgault-Ducoudray  ne  s'est  pas  produit 
au  théâtre  ;  il  a  publié  :  1°  Stabat  Mater  pour 
soprano,  alto ,  ténor  et  basse ,  chœurs  et  grand 
orgue,  avec  adjonction  de  violoncelles ,  contre- 
basses, harpes  et   trombones  (Paris ,  Mackar , 


BOURGAULT-DUCOUDllAY  —  BOVERY 


M7 


in-S")  ;  2°  Dieu  notre  divin  père,  cantique-, 
3°  la  Chanson  d'une  mère,  mélodie;  4"  le 
Chant  de  ceux  qui  s'en  vont  sur  mer,  id.; 
5"  Gavotte  et  Menuet,  pour  piano,  etc.  Il  a 
fait  exécuter  aux  Concerts  populaires,  le  27  sep- 
tembre 1874,  une  suite  d'orchestre  en  quatre 
parties  qu'il  intitulait:  Fantaisie  en  uV  mineur, 
et  il  a  encore  écrit  ime  «  cantate  en  l'honneur 
de  Sainte-Françoise  d'Amboise,  duchesse  de 
Bretagne,  »  qui  a  été  exécutée  à  Yitré,  à  l'ou- 
verture de  la  session  de  l'Association  bretonne  , 
au  mois  de  septembre  1876. 

De  son  dernier  voyage  en  Grèce,  M.  Bourgault- 
Ducoudray  avait  rapporté  des  notes  très-intéres- 
santes sur  la  musique  de  ce  pays.  Il  en  tira  le 
texte  d'un  travail  très-substantiel,  qui,  publié 
d'abord  dans  le  journal  le  Temps  des  6,  9  et  10 
janvier  1876,  parut  ensuite  sous  la  forme  d'une 
brochure  ainsi  intitulée  :  Souvenir  d'une  mis- 
sion musicale  en  Grèce  et  en  Orient  (Paris, 
Baur,  1876,  in-12  de  43  pages).  Depuis  lors, 
M.  Bourgault-Ducoudray  a  publié  l'ouvrage  sui- 
vant, dont  l'intérêt  et  l'importance  sont  considé- 
rables :  Trente  mélodies  populaires  de  Grèce 
et  d'Orient,  recueillies  et  harmonisées  parL.-A. 
Bourgault-Ducoudray,  avec  texte  grec  ,  traduc- 
tion italienne  en  vers  adaptée  à  la  musique,  et 
traduction  française  en  prose. 

*  BOURGEOIS  (Louis-Thomas).  Aux  canta- 
tes citées  au  nom  de  ce  compositeur,  il  faut 
joindre  les  deux  suivantes,  publiées  aussi  chez 
Ballard  :  1°  l'Amour  et  Psyché  (qui  ne  doit  pas 
être  confondue  avec  celle  intitulée  Psyché),  et 
la  Belle  Hollandaise.  Bourgeois  a  écrit  aussi 
la  musique  d'un  divertissement  en  deux  actes, 
le  Comte  de  Gabalis  ou  les  Peuples  élémen- 
taires,  qui  fut  exécuté  à  Sceaux,  sur  le  théâ- 
tre de  la  duchesse  du  Maine,  au  mois  d'octobre 
1714. 

*  BOURGES  (Jean-Maurice).  En  dehors 
de  son  opéra  de  Sultana,  on  doit  à  cet  artiste 
fort  distingué  plusieurs  compositions  intéres- 
santes, parmi  lesquelles  je  signalerai  les  suivan- 
tes :  1°  Premier  Trio  (en  la  mineur),  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  Paris,  Maho.  — 
2"  Deuxième  Trio  (en  si  bémol),  id.,  Paris, 
Brandus.  —  3"  Première  Sonate  (en  ré  mineur), 
pour  piano  et  violon,  id.,  id.  —  4°  Deuxième 
Sonate  (en  'mi  bémol),  id.,  Paris,  Maho.  — 
'j°  Le  Papillon  de  hmj<,  caprice  pour  piano,  id., 
id,  —  6°  Chant  des  rameurs  ,  barcarolle  pour 
piano,  id.,'id.  —  7°  Le  Voile  de  mariée,  valse  de 
salon,  i(i.,  id.  — 8°  Nympha,  romance  sans  pa- 
roles, id.,  id.  —  9°  Fleur  desséchée,  la  Reli- 
gion, le  Pâtre  et  l'Alouette,  le  Lépreux,  la 
Cascade,  la  Belle    Madelon,  le  Pouvoir  de 


Sainte- Catherine  ,  etc.,  mélodies  vocales. 
M.  Maurice  Bourges  est  aussi  l'auteur  d'un  Sta- 
bat  Mater  qui  a  été  exécuté  à  Paris,  dans  la 
chapelle  des  sœurs  de  Saint-Vincent,  en  1863,  et 
on  lui  doit  les  paroles  françaises  d'un  recueil 
de  Mélodies  de  J.  Dessauer,  publié  à  Paris,  chez 
Brandus. 

BOURGET  (Ernest),  compositeur,  s'est  fait 
connaître  par  une  quantité  de  chansons  et  de 
chansonnettes  comiques,  qui  ont  dû  une  bonne 
partie  de  leur  vogue,  il  y  a  trente  ou  quarante 
ans,  aux  paroles  plaisantes  qu'il  mettait  en  mu- 
sique, et  aux  comédiens  ,  tels  que  Levassor,  qui 
chantaient  ces  bluettes  dans  les  théâtres  en 
guise  d'intermèdes.  Ernest  Bourget  est  mort  au 
mois  d'ocfobre  1864. 

BOURIÉ  (Honoré),  instrumentiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Nîmes  en  1795,  et  eut  pour 
maître  son  père,  qui  jouait  du  basson  au  théâtre 
de  cette  ville.  Dès  l'âge  de  dix  ans,  dit-on,  il  de- 
vint premier  basson  à  ce  théâtre,  et  conserva 
cet  emploi  pendant  quarante-cinq  ans.  Il  avait 
dix-sept  ans  lorsqu'il  fit  représentera  Nîmes,  en 
1812,  un*opéra-comique  intitulé  les  Deux  Philo- 
sophes, qui  fut  très-bien  accueilli  du  public. 
Plus  tard  il  fit  connaître  dans  sa  ville  natale, 
qu'il  ne  quitta  jamais,  un  assez  grand  nombre  de 
compositions  de  divers  genres  :  concertos  pour 
le  basson,  quatuors  pour  instruments  à  vent, 
morceaux  de  musique  d'église,  etc.  Tout  cela  est 
resté  en  manuscrit,  à  l'exception  de  quelques 
romances,  les  Seize  ans  de  Claris,  un  lourde 
Printemps,  A  foi.  Poésie,  qui  ont  été  publiées. 
On  doit  encore  à  cet  artiste  une  cantate  écrite 
en  l'honneur  du  peintre  Sigalon ,  son  compa- 
triote, sur  des  vers  du  fameux  boulanger  poète 
Jean  Reboul,  son  autre  compatriote. 

*  BOUTHILIER( ),  né  à  Un,  se  dis- 
tingua parmi  les  bons  facteurs  d'orgue  de  la 
Suisse  au  dix-huitième  siècle.  On  cite  au  nom- 
bre de  ses  meilleurs  instruments  les  orgues  de 
Schwytz,  et  celui  de  l'église  collégiale  à  Einsie- 
deln. 

BOUVAN  ( :.),   nom  d'un  compositeur 

français  du  siècle  dernier,  dont  on  trouve  quel- 
ques morceaux  dans  le  Tome  VII  du  Recueil 
de  Chansons  \m\iv\mé  à  la  Haye  chez  J.  Neaulme 
en  1735.  Y. 

*  BOVERY  (Antoine-Nicolas- JosEniBOVY, 
connu  sous  le  nom  de  JULES),  violoniste,  chef 
d'orchestre  et  compositeur,  est  mort  à  Paris  le 
17  juillet  1868.  Dans  un  ïmû\ftior\  An  Journal  de 
Rouen,  Amédée  Méreaux,  qui  avait  connu  Bo- 
very  alors  qu'il  était  chef  d'orchestre  en  cette 
ville,  en  parlait  en  ces  termes  :  «  Avant  d'avoir 
achevé  ses  études  littéraires,  il  fut  entruiné^vers 


118 


BOVERY  —  BOYNEBURGR 


la  musique  par  un  irrésistible  penchant,  et  n'é- 
coutant que  les  élans  de  sa  vocation,  il  partit 
pour  Paris  sans  argent  pour  subsister,  .encore 
moins  pour  y  payer  les  leçons  dont  il  avait 
besoin,  enûn,  sans  aucune  des  ressources  indis- 
pensables à  l'éducation  musicale  qu'il  venait  y 
chercher.  Cette  éducation,  il  l'a  faite  lui-même, 
dépourvu  de  conseils  et  ne  suivant  que  ceux  de 
son  organisation  naturelle.  Bovery  était,  diins 
toute  la  force  du  terme,  un  homme  de  bonne 
volonté,  un  grand  cœur,  plein  de  courage  et  de 
résolution.  Nous  l'avons  vu,  plus  d'une  fois, 
par  des  temps  de  chômage  théâtral ,  tenir  tète 
aux  positions  les  plus  difliciles  avec  une  rare 
énergie  :  toujours  droit  et  loyal,  il  acceptait,  du 
reste,  toutes  les  conditions  ;  il  copiait  de  la  mu- 
sique, il  se  faisait  choriste  au  théAtre,  chantre 
à  l'église;  il  se  tirait  ainsi  toujours  d'affaire 
avec  conscience  et  dignité.  C'est  par  de  sembla- 
bles expédients  qu'il  a  dû  trouver  les  moyens 
de  vivre  et  de  travailler  à  Paris.  Il  étudia  seul 
le  violon,  avec  des  méthodes,  l'harmonie  dans 
les  traités,  et  il  parvint,  à  force  de  persévérante 
intelligence,  à  posséder  des  connaissances  techni- 
ques qui  pouvaient  le  rendre  apte  à  devenir  ar- 
tiste musicien  et  qui  lui  permirent,  en  passant 
par  tous  les  degrés  de  cette  carrière,  d'y  prendre 
un  rang  élevé.  Sa  position  fut  toujours  modeste, 
il  vécut  péniblement,  mais  entouré  de  la  consi- 
dération publique  et  de  l'estime  des  artistes.  >> 
Ce  portrait  est  ressemblant,  mais  il  est  juste 
d'ajouter  que  si  Bovery,  malgré  son  ambition, 
ne  parvint  pas  plus  haut,  c'est  que  ses  facultés 
s'y  opposaient.  Je  le  connus  vers  ISôC,  lorsque 
tout  jeune  homme  et  sortant  du  Conservatoire, 
j'entrais  comme  deuxième  chef  d'orchestre  au 
petit  théâtre  des  Folies-Nouvelles.  Il  était  en- 
gagé là  comme  premier  violon  et  comme  compo- 
siteur, devant  écrire  chaque  année  la  musiqne 
d'un  certain  nombre  d'opérettes  et  de  ballefs- 
pantomimes.  Bovery,  qui  avait  une  très-grande 
confiance  en  lui-même  et  une  fort  bonne  opinion 
de  son  talent,  considérait  un  peu  la  composition 
à  l'égal  d'un  travail  manuel  ;  c'est-à-dire  que  se 
mettant  à  l'œuvre  à  tel  moment,  il  s'engageait 
à  avoir  fini  à  tel  autre.  On  comprend  ce  que 
peut  devenir  l'inspiration  avec  un  semblable 
procédé  Aussi  la  musique  de  Bovery,  bien 
conçue  d'ailleurs  au  point  de  vue  de  la  forme 
des  morceaux,  suffisamment  instrumentée,  était 
absolument  banale,  sans  saveur  aucune',  et  pré- 
sentait, si  l'on  peut  dire,  un  reflet  de  toutes  les 
écoles.  II  écrivit  ainsi ,  aux  Folies-Nouvelles, 
quelques  opérettes,  Madame  Mascarille,  Zer- 
bine  (sur  le  sujet  de  la  Serva  padrona),  A  la 
brune,  puis  quelques  pantomimes,  Pierrot  bu-  | 


reaucrate,  les  Statues  vivantes.  Mort  et  re- 
mords, Pierrot  Dandin,  etc.  Mais  il  ne  resta 
pas  longtemps  à  ce  théâtre,  et  j'ignore  ce  qu'il  fit 
jusqu'à  l'époque  où  il  devint  chef  d'orchestre  de 
celui  des  Folies-St-Germain  (aujourd'hui  théâ- 
tre Cluny),  c'est-à-dire  jusque  vers  1865  ou 
1866. 

Dans  sa  Galerie  biographique  des  Artistes 
musiciens  belges,  M.  Eil.  Gregoir  ajoute  à  la 
liste  des  œuvres  dramatiques  de  Bovery  un 
opéra-comique  en  un  acte  représenté  à  Liège, 
la  Carte  à  payer,  dont  le  livret  avait  sans  doute 
été  tiré  de  l'ancien  vaudeville  cpii  porte  le  même 
titre.  M.  Gregoir  cite  aussi  une  cantate,  France 
et  Angleterre,  une  ouverture  triomphale,  et  un 
Ave  Regina  exécutés  à  Rouen  en  1854,  à  l'oc- 
casion d'une  grande  fêle  musicale  organisée  par 
Bovery,  et  deux  morceaux  religieux  exécutés  en 
1847  au  festival  de  Gand.  A  tout  cela  il  faut  en- 
core ajouter  un  Cousin  retour  de  Vlnde,  opé- 
rette en  un  acte  représentée  aux  Folies-St-Ger- 
main au  mois  d'avril  1868. 

BOV^IE  (Cliî.uent),  commerçant  et  amateur 
de  théâtre  et  de  musique  à  Anvers,  a  publié 
sous  ce  titre  :  Annales  du  Théâtre- Royal 
d'Anvers  (Anvers,  J.  de  Coninck,  186G-1869), 
un  résumé  historique  et  chronologique  de  ce 
théâtre  de  1834  à  1869.  Le  même  écrivain  a 
publié,  sous  le  couvert  de  l'anonyme,  une  sorte 
d'almanach  des  spectacles  intitulé  le  Théâtre  à 
Paris  en  1868  (s.  1.  n.  d.,  in-16  de  80  pp.). 

*BOYER  (Pascal).  Cet  artiste  intelligent 
avait  fondé  à  Paris,  pendant  la  Révolution,  une 
fouille  spéciale  intitulée  le  Journal  des  Specta- 
cles. Il  dirigeait  encore  ce  recueil  lorsqu'il  fut 
dénoncé  comme  réactionnaire  au  Comité  de  salut 
public.  Incarcéré  et  mis  en  jugement,  il  périt  sur 
l'échafaud. 

BOYF^R  ( ),  ancien  professeur  au  col- 
lège du  Mans,  est  auteur  d'une  notice  lue  par  lui 
dans  la  séance  du  17  mars  1846  de  la  Société 
d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe,  et 
publiée  ensuite  sous  ce  titre  :  De  l'Harmonium, 
son  histoire,  ses  progrès,  dans  le  Bulletin  de 
cette  Société.  Il  a  été  fait  un  tirage  à  part  de  cet 
écrit.  (Le  Mans,  impr.  Monnoyer,  1846,  in-8  de 
24  pp.). 

BOYXqBURGK  (F de),  compositeur 

contemporain,  allemaml  ou  fixé  en  Allemagne,  a 
publié  :  6  Marches  pour  le  piano  à  4  mains,  op. 
13;  2  Airs  favoris  variés  pour  violoncelle  avec 
accompagnement  de  piano  ou  d'orchestre,  op. 
14;  Pot-pourri  pour  piano  et  flûte,  op.  19;  un 
gr.and  nombre  de  valses,  écossaises,  sauteuses, 
cotillons  et  danses  diverses  pour  l'orchestre  ou 
pour  le  piano,  etc.,  etc. 


BOZER  —  BRAGA 


119 


BOZEK  (François),  compositeur,  est  né  à 
Prague  le  23  août  1809.  Il  a  écrit  de  la  musique 
de  danse  et  de  la  musique  vocale.  Y. 

BOZZANO  (EmiLio),  musicien  italien,  a  fait 
jouer  le  20  juin  1872  à  Gênes,  sur  le  théâtre  Do- 
ria,  un  opéra  intitulé  Dje77i  la  Zingara^  qui  a 
été  très  bien  accueilli. 

60ZZELLI  (Gilsei'pe),  compositeur  italien, 
est  l'auteur  de  Caterina  di  Belp,  opéra  en  3 
actes,  représenté  le  4  juin  1872  au  théâtre  Baibo, 
de  Turin. 

*  BRACCIiXl  (Louis).  M.  le  docteur  Abramo 
Basevi,  de  Florence,  possède  en  manuscrit  deux 
ouvrages  de  ce  musicien,  qni  n'ont  pas  été  cités 
parmi  ses  œuvres  :  1°  Responsi  deimorti,  a  ire 
voci  ;  2°  Raccolta  di  varie  Canzonette  scelle, 
con  la  sua  aria  liopolare  in  miisica,  scritte 
e  raccoUe  dalV  abt^  Luigi  Braccini  (Flo- 
rence, 1790). 

BRACHTUIJZER  (Daniel)  ,  musicien 
néerlandais  distingué,  aveugle  de  naissance,  na- 
quit à  Amsterdam  en  1779  et  fut  l'un  des  plus 
habiles  organistes  de  son  temps.  Élève  de  G. 
Focking,  il  obtint  à  quatorze  ans,  à  la  suite  d'un 
concours  et  malgré  son  infirmité,  la  place  d'or- 
ganiste d'une  des  chapelles  d'Amsterdam,  et  com- 
mença dès  lors  à  établir  sa  réputation  en  exé- 
cutant de  grands  concertos,  des  sonates,  ainsi 
que  les  prékules  et  les  fugues  de  Jean-Sébastien 
Bach.  Virtuose  remarquable,  il  était  doué  d'une 
mémoire  pro'ligieuse ,  qui  lui  perrneltail  de  re- 
produire toute  la  musique  qu'il  entendait,  el  sa 
faculté  d'improvisation  n'était  pas  moins  éton- 
nante. A  vingt-deux  ans  il  devint  organiste  de 
la  nouvelle  église  d'Amsterdam  et  carillonneur  à 
la  tour  de  la  Monnaie,  situation  qu'il  conserva 
jusqu'en  1832,  époque  de  sa  mort.  Un  écrivain 
néerlandais,  ,J.  J.  Abbink,  publia  dans  la  même 
année  une  notice  sur  cet  artiste  intéressant. 

BRACHTIIUIJZER  (Jean  Daniel)  ,  pia 
niste  et  compositeur,  fils  aîné  du  précédent,  est 
né  à  Amsterdam  le  5  mai  1804.  Il  se  voua  à 
l'enseignement,  et  fut  pendant  plusieurs  années 
professeur  à  l'Institut  des  aveugles  de  sa  ville 
natale.  Il  a  publié  une  Nouvelle  Méthode  de 
piano  et  plusieurs  morceaux  de  genre  pour  le 
même  instrument. 

BRACHTIIUIJZER  (W -H....),  pia- 
niste et  organiste,  frère  du  précédent,  naquit  à 
Amsterdam  le  29  mars  1806,  et  fut  organiste 
de  l'église  anglaise,  puis  de  la  vieille  église  de 
cette  ville.  11  a  publié  un  certain  nombre  de 
compositions,  parmi  lesquels  on  remarque  Six 
pièces  mignonnes  pour  piano,  et  des  Psaumes 
et  cantiques  avec  préludes  de  piano.  Cet  arti.ste 
mourut  fort  jeune,,  à  Amsterdam,  le  6  août  1832. 


BRADSKY  (Wfazel-Tiiéodoue),  composi- 
teur, est  né  à  R.ikovnic,  en  Bohême,  le  17  jan- 
vier 1833.  Il  a  écrit  beaucoup  de  chœurs  et  de 
lieder.  On  a  également  de  lui  des  opéras  :  Die 
Braut  desWaffenschmieds  {la  Fiancée  du  ma- 
réchal-ferrant),  Krokodil,  Roswiiha  et  deux 
ou  trois  autres.  Enfin,  on  lui  doit  encore  une 
l^artition  scénique  et  symphonique  pour  un  drame 
intitulé  Christine  de  Suède,  dû  à  la  plume  du 
prince  Georges  de  Prusse,  et  que  celui  ci,  sous 
le  pseudonyme  Jî.  Conrad,  Ht  représenter  sur 
le  théâtre  national  de  Berlin ,  au  mois  de  dé- 
ceuibre  1872.  Y. 

BR.^HMIG  (Jules-Bernard),  est  né  à 
Ilirschfeld  le  10  novembre  1822.  Il  a  écrit  beau- 
coup de  musique  vocale,  qu'il  a  publiée  en  re- 
cueils destinés  aux  écoles  ou  à  la  famille.  On 
a  également  de  lui  quelques  écrits  sur  la  musi- 
que, entre  autres  celui-ci  :  Rathgeber  fur  mu- 
siker  bei  der  auswahl  geeigneter  niusiJcalien 
(Conseils  aux  musiciens  dans  le  choix  de 
leurs  morceaux),  Leipzick,  1865. 

BRAGA  (Gaetano),  violoncelliste  et  compo- 
siteur dramatique,  est  né  à  Giulianuova,  dans 
les  Abruzzes,  le  9  juin  1829.  Destiné  d'abord  à 
l'état  ecclésiastique,  les  dispositions  qu'il  montra 
de  bonne  heure  pour  la  musique  engagèrent  ses 
parents,  malgré  leur  pauvreté,  à  l'envoyer  à 
Naples,  oii,  après  quelques  études  préparatoi- 
res, il  fut  admis  au  Conservatoire.  On  voulut 
d'abord  lui  faire  travailler  le  chant,  mais  bien- 
tôt il  se  prit  de  passion  pour  le  violoncelle,  de- 
vint l'élève  de  Gaetano  Ciaudelli  pour  cet  ins- 
trument, de  Parisi  pour  l'harmonie  accompagnée, 
de  Ftancesco  Ruggi  puis  de  Carlo  Conti  pour  le 
contre-point,  et  enfin  de  Mercadante  pour  la  com- 
position. Après  s'être  exercé,  sous  la  conduite 
de  ce  grand  maître,  à  écrire  beaucoup  et  dans 
tous  les  genres,  après  avoir,  entre  autres,  com- 
posé une  cantate  intitulée  Saiil  et  une  messe  à 
4  voix  et  orchestre,  M.  Braga  quitta  le  Conser- 
vatoire en  1852,  et  dès  l'année  suiv.mte  faisait 
représenter  au  théâtre  du  Fondo  son  premier 
ouvrage  dramati([ue,  Alina. 

Mais  le  jeune  musicien  voulait  entreprendre 
un  voyage  artistique.  Il  quitta  bient(Jt  Naples 
dans  ce  but,  partit  pour  Florence,  donna  dans 
cette  ville  son  premier  concert,  puis  se  rendit  à 
Vienne,  où  il  connut  Mayseder  et  fit  pendant 
plusieurs  mois  la  partie  de  violoncelle  dans  .ses 
quatuors,  se  familiarisant  ainsi  avec  les  chefs  ' 
d'œuvre  de  la  musique  allemande.  De  retour 
à  Florence,  il  n'y  resta  pas  longtemps  et  vint 
bientôt  à  Paris,  où  il  arriva  en  1855.  Là,  il  com- 
mença sa  véritable  carrière  de  virtuose,  se  fai- 
sant entendre  chaque  jour,  dans  les  théâtres 


120 


BRÀGA  —  BR A G ANC A 


dans  les  concerts  et  dans  les  salons  particuliers, 
et  faisant  apprécier  un  talent  fin  et  délicat.  Mais 
M.  Braga  songeait  aussi  à  se  produire  comme 
compositeur.  Bientôt  il  fit  représenter  à  Vienne 
(1837)  un  opéra  sérieux  en  2  actes,  Estella  di 
San-Germano,  alla  écrire  à  Naples  un  petit 
ouvrage,  il  Ritratto,  que  le  comte  de  Syra- 
cuse lui  avait  demandé  pour  l'inauguration  du 
théâtre  de  son  palais  (1858),  puis  revint  à  Pa- 
ris, où  il  se  livra  à  l'enseignement  du  chant  et 
où  il  composa  un  opéra  sérieux  en  3  actes, 
Margherita  la  Mendicante,  qui  fut  donné  sans 
succès  à  notre  Théâtre-Italien,  le  2  janvier 
1860,  malgré  la  présence  de  M°"  Borghi- 
Mamo,  qui  remplissait  le  rôle  principal.  On  ne 
trouva  dans  cet  ouvrage  qu'un  ou  deux  morceaux 
dignes  d'éloges  et  d'attention;  le  reste  n'était 
qu'une  imitation  fâcheuse  du  style  de  M.  Verdi. 
En  1862,  M.  Braga  s'en  allait  donner  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  un  opéra  lugubre  en  3  actes, 
Mormile,  qui  eut  moins  de  succès  encore.  De- 
puis lors,  il  a  fait  représenter  à  Lecco  un  ouvrage 
intitulé  Reginella,  qui  a  été  mieux  accueilli,  et 
il  a  donné  au  théâtre  San-Carlos,  de  Lisbonne, 
un  drame  lyrique,  Calirjola,  dont  j'ignore  la  va- 
leur. M.  Braga  a  encore  en  portefeuille  deux 
opéras  complètement  achevés,  Ruij-Blas  et  Don 
César  de  Bazan  (peut-être  bien  les  deux  n'en 
font-ils  qu'un  seul  sous  deux  titres  différents), 
qui  n'ont  pas  encore  été  livrés  au  public.  J'al- 
lais oublier  de  mentionner  un  ouvrage  semi- 
sérieux,  gli  Avvenfurieri,  dédié  par  l'auteur  à 
Rossini,  et  qui  a  été  représenté  en  1867  au  théâ- 
tre Santa-Radegonda,  de  Milan. 

En  dehors  de  ses  ouvrages  dramatiques, 
M.  Braga  a  publié  un  album  de  mélodies  vo- 
cales sur  paroles  italiennes,  un  recueil  du  même 
genre  sur  paroles  françaises,  et  un  troisième  re- 
cueil intitulé  ^'olti  Lombarde.  Il  a  écrit 
aussi  un  assez  grand  nombre  de  pièces  détachées 
pour  léchant,  plusieurs  mélodies  pour  violon- 
celle avec  accompagnement  de  piano,  un  grand 
concerto  en  sol  mineur  pour  cet  instrument,?  et 
enfin  quelques  morceaux  de  musique  religieuse. 

BRAGANÇ.\(Leduc  de),  membre  d'une  fa- 
mille illustre  portugaise  dont  il  était  le  chef,  était 
un  dilettante  passionné.  Son  vrai  nom  dans  l'his- 
toire est  D.  Joâo  de  Bragança,  duc  de  Lafoes.  Le 
duc  figure  dans  ce  dictionnaire  seulement  à  titre 
d'amateur  de  musique  ;  toutefois  ce  titre  d'awia- 
teur  signifiait  au  XVIIF  siècle  tout  autre  chose 
que  ce  qu'il  signifie  aujourd'hui.  Il  suffit,  à  ce 
sujet,  de  citer  les  personnages  célèbres,  grandes 
dames  et  grands  seigneurs  de  la  cour  de  Vienne, 
qui  soutinrent  Haydn,  Mozart,  Beethoven  et 
autres   non- seulement  de  leur  fortune,  de  leur 


influence,  mais  encore  et  surtout  en  mettant  à 
leur  service  le  goût  le  plus  éclairé.  Le  duc  de 
Lafôes  était  l'ami  des  Esterhazy,  desLichnowsky, 
des  Thun  ;  son  salon  à  Vienne  (1767-1778) 
était  aussi  recherché  que  ceux  de  ces  princes, 
et  tout  ce  qu'il  y  avait  de  noms  célèbres,  à  quel- 
que titre  que  ce  fut,  s'y  pressait.  Je  ne  citerai  que 
deux  noms,  Gluck  et  Mozart  (1),  celui-ci  alors  très- 
jeune  (1768).  Gluck  surtout  a  fait  de  grands  éloges 
des  talents  du  duc.  Il  lui  a  dédié  sa  partition  de 
Pande  ed  Elena  (Vienne  1770),  et  lui  a  rendu 
hommage  dans  une  longue  dédicace  qui  se  trouve 
en  tête  de  la  partition  originale  italienne.  Gluck 
y  dit  :  Neldedicare  a  Vostra  Altetza  quesla 
mia  niiova  fatica ,  cerca  mena  d'un  Protêt- 
tore  che  d'un  giudice.  Il  s'expliqua  encore 
davantage  en  précisant  les]  qualités  d'artiste  de 
son  protecteur  :  Un  anima  sicura  contro  i 
pyegiudiz.j  délia  consueiudine,  suf/iciente  co- 
gnizione  de'  gran  principj  delV  arte,  nn  giisto 
formato  non  tanto  su'  gran  modelli,  quanto 
sugli  invariabili  fondamenti  del  Bello,  e  del 
Vero,  ecco  le  qualità  ck'  io  ricerco  nel  mio 
Mecena(e,e  che  rltrovo  rhinite  in  V.  A.  (2).  » 
On  sait  que  Gluck  n'était  pas  facile  aux  éloges  ; 
on  peut  donc  juger  d'après  ce  seul  document  du 
mérite  du  duc  de  Lafôes.  Burney  (3),  qui  le  ren- 
contra à  Vienne  vers  1772  ou  1775,  dit  :  His 
highness  is  an  excellent  judge  of  music.  Il 
vante  ses  connaissances,  son  esprit  fin,  son 
talent  dans  la  conversation,  qui  faisait  les  dé- 
lices des  salons  de  Vienne.  Le  duc  passa  la  plus 
grande  partie  de  sa  vie  à  l'étranger,  et  ne  re- 
tourna en  Portugal  qu'après  la  mort  du  roi  D. 
José  1'='^  (1777),  et  la  disgrâce  du  marquis  de 
Pombal.  Ce  ministre  fut  la  cause  de  son  long 
exil  en  Allemagne;  cependant,  le  marquis  n'eut 
pas  besoin  de  prendre  aucune  mesure  contre 
le  duc,  que  son  rang  et  sa  naissance  mettaient 
sur  les  marches  mêmes  du  trône,  et  qui  allait 
devenir  tout  naturellement  le  chef  du  parti  op- 
posé, de  celui  de  la  haute  noblesse  révoltée  contre 
les  mesures  violentes  du  ministre.  Leduc  s'exila 
volontairement  peu  après  l'avènement  de  Pom- 
bal, et  se  mit  à  voyager  partout.  Il  parcourut 
l'Angleterre,  la  France  (4),  l'Italie,  l'Allemagne 
tout  entière,  une  partie  de  l'Asie,  etc.,  puis  il  se 
fixa  à  Vienne  et  prit  du  service  dans  l'armée 
autrichienne  pendant  la  guerre  de  7  ans  (17ô6- 
1763).   Il    fit  la  campagne  avec  la  plus  grande 

(1)  Voyez  O.  Jahn  :  Mozart,  T.  1.  p.  lO. 

(2)  Cette  préface  a  été  publiée  par  Nohl,  MusiJierbrieJe, 
Leipzig  1867,  pages  8-11. 

(3)  Voyez   The  pmrnt  state    of  Music  in  Germany, 
vol.  I,  22o. 

(4)  Voyez  les  Mémoires  historiques  de  SuarJ. 


BRAGANCA 


BRAHMS 


121 


distinction,  selon  le  dire  même  de  Frédéric-le- 
Grand,  qui  lui  fit,  après  la  paix,  le  meilleur 
accueil  à  Potsdam.  Rappelé  en  Portugal  par  la 
fille  deD.  José  l"",  la  reine  D.  Maria  l<ire^  i|  occupa 
la  présidence  du  conseil,  fut  nommé  généra- 
lissime des  troupes  royales  pendant  la  guerre 
du  Roussillon  et  dirigea  le  gouvernement  de  la 
reine,  sa  nièce,  presque  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie 
(1806).  Le  duc  de  Lafùes  fonda  à  Lisbonne,  au 
milieu  de  la  réaction  qui  se  produisait  autour  de 
lui,  l'Académie  royale  des  sciences,  et  lui  rendit, 
grâce  à  ses  relations  à  l'étranger,  les  plus  grands 
services.  J.  de  V. 

BRAGGI  (Paolo),  écrivain  italien,  a  publié 
le  recueil  chronologique  suivant  :  Série  degli 
spettacoli  rappresentati  al  teatro  Regio,  di 
Torino,  dal  1868  al  présente,  Tm'm,  1872. 

BRAH-MULLER  (  Charles  -  Frédéric- 
Gustave  )  ,  jeune  compos-iteur  sur  lequel  les 
journaux  allemands  semblent  fonder  de  sérieuses 
espérances,  est  né  le  7  octobre  1839  à  Kritschen, 
en  Silésie.  Il  a  déjà  publié  beaucoup  de  musi- 
que dans  tous  les  genres,  et  sa  personnalité 
commence  à  se  faire  jour  dans  ses  dernières 
œuvres.  Y. 

*  BlîAHi\IS(JoHAiSNEs),  compositeur,  direc- 
teur de  la  chapelle  impériale  de  Vienne,est  devenu 
l'un  des  artistes  les  plus  remarquables  de  l'Alle- 
magne contemporaine,  et  est  considéré  dans  sa 
patrie  comme  le  pins  noble  représentant  de  l'art 
en  dehors  du  théâtre,  qu'il  n'a  jamais  abordé. 
Dès  1853,  alors  que  M.  Brahms  était  à  peine  âgé 
de  vingt  ans,  Robert  Schumann  écrivait  à  son  ami 
Maurice  Strakergan  :  «  ....  Nous  avons  aussi  en 
ce  moment,  à  Diisseldorf,  un  jeune  homme  de 
Hambourg,  nommé  Johannes  Brahms ,  d'un  ta- 
lent si  puissant  et  si  original,  qu'il  me  semble 
dépasser  de  beaucoup  tous  les  jeunes  artistes  de 
ce  temps-ci.  Ses  œuvres  si  remarquables,  parti- 
culièrement ses  mélodies,  ne  tarderont  pas  sans 
doute  à  parvenir  jusqu'à  vous.  »  L'admiration  de 
Schumann  pour  le  jeune  compositeur  fut  telle 
qu'il  le  prit  bientôt  pour  élève,  lui  donna  tous 
ses  soins,  et  que  l'année  suivante,  il  le  qualifiait 
un  a  garçon  de  génie.  » 

En  fait,  le  jeune  musicien  a  justifié  les  prévi- 
sions de  son  maître,  et  est  devenu  un  grand 
artiste.  Sans  partager  absolument  l'enthou- 
siasme de  Schumann,  je  reconnais  volontiers  que 
M.  Brahms  est  un  compositeur  doué  de  rares  fa- 
cultés, inégal  et  fantasque  parfois,  mais  parfois 
aussi  véritablement  inspiré  et  animé  d'un  grand 
.souffle.  Il  semble  qu'il  ait  gardé  de  son  maître 
une  certaine  incohérence  de  forme  qui  se  remar- 
que dans  quelques-unes  de  ses  œuvres,  mais  il  a 
le  style  plus  constamment  élevé,  la  pensée  plus 


soutenue,  et,  lorsqu'il  le  veut,  un«  décision  et  une 
netteté  que  n'a  presque  jamais  connues  l'auteur 
de  Manfred  et  des  Amours  dhine  rose.  Moins 
poète  peut-être,  moins  rêveur,  moins  souverai- 
nement idéah'sle,  il  est  plus  foncièrement  musi- 
cien, et  l'emporte  sur  lui  par  la  solidité  du  plan 
de  ses  morceaux  et  par  la  façon  dont  il  manie 
l'orchestre.  Il  m'est  difficile  assurément  de  por- 
ter un  jugement  absolu  sur  M.  Brahms,  dont  je 
ne  connais  pas  toutes  les  œuvres,  mais  si  je  re- 
marque qu'il  a  la  grandeur,  la  puissance  et  l'éclat, 
comme  on  peut  s'en  rendre  compte  à  l'audition 
de  certaines  pages  de  son  Requiem,  je  suis  obligé 
de  constater  aussi  qu'il  est  parfois  sombre  jusqu'à 
l'obscurité  ,  fatigant  à  suivre  et  difficilement 
compréhensible,  comme  dans  la  plus  grande 
partie  de  son  Schicksalslied,  dont  le  sens  géné- 
ral est  très-abstrait,  quoique  l'œuvre  soit  écrite 
avec  vigueur  et  avec  un  rare  talent.  Cette  iné- 
galité de  conception  et  de  pensée  se  fait  jour 
aussi  dans  ses  compositions  de  musique  de  cham- 
bre ;  car  on  pourrait  citer  telles  d'entre  elles  qui 
sont  d'une  audition  difficile,  d'un  caractère  plus 
tourmenté  que  de  raison,  tandis  que  d'autres, 
les  deux  sextuors  par  exemple,  se  distinguent  au 
contraire  par  la  clarté,  l'ordre  et  la  logique  des 
développements. 

Ces  réflexions  ne  sauraient  m'empêcher  de 
rendre  à  M.  Brahms  la  justice  qui  lui  est  due,  et 
de  le  considérer  comme  un  ai  liste  d'un  ordre  su- 
périeur. Est-ce  véritablement  un  homme  de  gé- 
nie, comme  l'affirmait  prématurément  Schumann  ? 
Sur  ce  point,  je  l'avoue,  je  ne  saurais  me  pro- 
noncer. M.  Brahms,  dont  la  quarante-troisième 
année  est  à  peine  accomplie,  est  dans  toute  la 
force  de  l'âge  et  du  talent,  et  je  ne  vois  pas,  néan- 
moins, qu'il  ait  donné  jusqu'ici  ce  qu'on  peut 
réellement  appeler  un  chef-d'œuvre,  une  de  ces 
productions  parfaites  et  accomplies  qui  classent 
un  artiste  et  lui  donnent,  comme  disait  Weber, 
droit  de  classicité  dans  le  domaine  de  l'art. 

M.  Brahms  a  abordé  à  peu  près  tous  les  gen- 
res, hormis  celui  du  théâtre.  Il  a  composé  de  la 
musique  de  piano,  un  nombre  assez  considéra- 
ble d'œuvres  de  musique  de  chambre,  quelques 
morceaux  pour  orchestre,  plusieurs  cantates  pour 
sali,  chœurs  et  orchestre,  beaucoup  de  lieder 
dont  on  vante  le  sentiment  et  le  charme,  et  enfin 
diverses  œuvres  religieuses.  On  ne  saurait  nier 
le  mérite  très-réel  de  ces  compositions,  qui  se 
distinguent  surtout  par  le  style  général,  la  gran- 
deur et  la  hardiesse  de  la  conception,  des  qua- 
lités de  détail  souvent  très-heureuses,  mais  aux- 
quelles, à  mon  sens,  manquent  cette  originalité 
suprême  et  ce  fluide  lumineux  sans  lesquels  il 
n'est  pas  de  véritablrs  chefs-d'œ'uvre.  . 


122 


BRAHMS  —  BRANCOLI 


Fixé  à  Vienne  depuis  longues  années,  M.  Brahms 
y  occupe  une  silualion  artistique  des  plus  consi- 
dérables et  remplit  les  fonctions  de  maître  de 
chapelle  de  la  cour  impériale. 

Voici  une  liste,  incomplète  encore,  mais  pour- 
tant étendue,  des  œuvres  publiées  de  M.  Johannes 
Brahms.  —  A.  Musique  de  chambre.  1°  sextuor 
pour  2  violons,  2  altos  et  2  violoncelles,  en  si 
bémol,  op.  18  ;  2°  sextuor  pour  2  violons,  2  al- 
tos et  2  violoncelles,  en  sol,  op.  36  (tous  deux 
ont  été  arrangés  pour  piano  à  quatre  mains,  par 
l'auteur);  3°  quintette  en  fa  mineur,  pour  piano 
et  instruments  à  cordes,  op.  34  ;  4°  quatuor  en 
sol  mineur,  op.  25,  pour  piano  et  instruments  à 
cordes;  4"  bis,  quatuor  en  la  majeur,  op.  26, 
pour  piano  et  instruments  à  cordes  ;  5°  trio  en 
si  majeur,  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op. 
8  ;  6"  trio  en  mi  bémol,  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  ou  cor,  op.  40  ;  7'^  sonate  en  mi  mi- 
neur, pour  piano  et  violoncelle,  op.  38.  — B.  Mu- 
sioL'E  DE  riANO.  8°  conccrto  en  ré  mineur,  avec 
accompagnement  d'orchestre,  op.  t5;  9"  sonate 
en  îii  majeur,  op.  1;  10°  sonate  en  fa  dièze 
mineur,  op.  2  ;  11°  variations  sur  un  thème  de 
Paganini,  op.  35;  12°  variations  à  quatre  mains 
sur  un  thème  de  Robert  Schumann,  op.  23  ;  13° 
valses  à  deux  mains,  op.  39;  14°  danses  hon- 
groises, à  quatre  mains  ;  15°  sonate  pour  deux 
pianos  (d'après  le  quintette,  op.  34;,  op.  34  bis. 
— C  .  Musique  religieuse.  16°  Jiequiem,  d'a- 
près le  texte  de  la  Bible,  pour  soli,  chœur  et  or- 
chestre, op.  45,  exécuté  pour  la  première  à 
Brème,  au  mois  d'avril,  puis  à  Bàle,  Zurich, 
Rotterdam,  Londres,  Cincinnati,  Paris  (187-5), 
etc.;  17°  Ave  Maria,  chœur  de  femmes  avec 
accompagnement  d'orchestre  ou  d'orgue,  op.  12; 
18"  chœurs  religieux;  19°  chants  funèbres.  — 
■D.  Cantates,  musique  de  chant.  20"  SchicAsals- 
Ued  (Chant  du  destin),  cantate;  21"  Einaldo, 
cantate  de  Gœthe,  pour  soli,  chœur  et  orches- 
tre; 22"  Triumphslied,  chant  de  triomphe  à  la 
gloire  des  armes  allemandes,  dédié  à  l'empereur 
d'Allemagne;  2.3°  deux  sérénades,  pour  chœur  et 
orchestre  ;  24°  quatre  recueils  de  Ueder;  25°  duos 
de  chant,  op.  28;  26°  quatuor  pour  soprano,  alto, 
ténor  et  baryton,  op.  64. — Je  ferai  remarquer  que 
l'œuvre  capitale  de  M.  Brahms,  son  Be^ît/em,  est 
généralement  désignée  sous  le  non  de  Requiem 
allemand,  parce  quelle  a  été  composée  non  sur 
le  texte  même  de  l'office  des  Morts,  mais  sur  une 
paraphrase  allemande  de  cet  épisode  des  saintes 
Écritures.  Lorsque  M.  Pasdeloup  voulut  faire  en- 
tendre à  Paris,  aux  Concerts  populaires,  celle 
composition  remarquable  et  émouvante  (26  mars 
1875),  il  dut  en  faire  faire  une  traduction,  et 
cette  traduction  fut  faite  non  en  vers,  mais  en 


prose  française,  de  la  façon  la  plus  habile  et  la 
plus  intelligente.  Au  mois  de  novembre  1876, 
M.  Brahms  a  fait  exécuter  à  Carlsruhe  une  sym- 
phonie en  tit  mineur  (la  seule  qu'il  ait  écrite  jus- 
qulci),  et  un  quatuor  en  si  pour  instruments  à 
cordes.'Enfin,  on  lui  doit  encore  une  Sérénade 
pour  orchestre,  op.  11,  une  Rhapsodie  pour  alto 
solo,  chœur  et  orchestre,  et  des  variations  pour 
orchestre  sur  un  thème  de  Haydn. 

BRAMBACH  (Charles-Joseph),  composi- 
teur allemand,  est  né  à  Bonn  en  1833.  11  a  écrit 
de  la  musique  de  chambre,  des  Ueder,  des 
chœurs  et  plusieurs  grandes  cantates  parmi  les- 
[uelles  il  faut  citer  :  Die  Machf  des  Gesanges 
(le  Pouvoir  du  chant  ),  et  Velleda.  Dans  un 
concours  ouvert  en  1864  à  Aix-la-Chapelle  pour 
la  composition  d'un  chœur  pour  quatre  voix 
d'hommes  avec  solos  et  accompagnement  d'or- 
chestre, M.  Brambach  a  obtenu  un  premier  prix. 

*BRAMB1LLA  (Paul).  Voici  la  liste  des 
ballets  représentés  au  théâtre  de  la  Scala,  de 
.Milan ,  et  dont  ce  compositeur  écrivit  ou  arran- 
gea la  musique  :  [°  Acbar  gran  Mogol,  1819; 
2°  Saffo,  13  février  1819  ;  3"  Capriccio  e  biiou 
Cuore,  23  février  1819;  4°  Giovanna  d'Arco 
(en  société  avec  Lichtenthal  et  Vigano),  15  août 

1821  ;  5°  iZ  Trionfo  delV  amor  figliale  (avec 
plusieurs   autres  compositeurs),   l""   novembre 

1822  ;  6"  il  Paria  (id.),  1828  ;  7°  Camwa,  1833. 
*  BRAMBILLA    (Marietta),    l'aînée    des 

cinq  sœurs  ciianteuses  de  ce  nom,  est  morle  en 
Italie,  le  6  novembre  1875.  Née  à  Ca.ssano 
d'Adda  en  1807,  elle  avait  débuté  dans  la  car- 
rière en  1828. 

L'une  des  sœurs  de  cette  artiste ,  Joséphine 
Brantbilla,  épousa  il  y  a  une  vingtaine  d'années 
un  compositeur  nommé  Corrado  Miraglia,  au- 
tour d'un  Album  musicale  qui  avait  eu  quel- 
que succès.  Depuis  lois,  on  n'a  plus  entendu 
parler  d'elle.  Une  autre,  Thérèse,  est  depuis 
fort  longtemps  fixée  à  Odessa. 

Une  fille  de  l'une  de  ces  cantatrices,  M"®  Te- 
résina  Brambilla ,  chanteuse  distinguée  elle- 
même,  et  que  le  public  parisien  a  pu  entendre 
au  Théàlre-Italien  il  y  a  quelques  années,  a 
épousé  en  1874  un  compositeur  dramatique  d'un 
réel  talent,  M.  Amilcare  Ponchielli  [Voyez  ce 
nom). 

BRAXCA  (GuGLiELMo),  nom  d'un  composi- 
teur italien  qui  a  fait  représenter  sur  le  théâtre 
de  la  Pergola,  de  Florence,  le  29  janvier  1876, 
un  opéra  intitulé  la  Catalana. 

BllANCOLI  (Cesare),  dilettante  fort  dis- 
tingué, naquit  à  Massa-Pisana,  près  de  Lucques, 
le  11  juin  1788.  Avocat  et  jurisconsulte  remar- 
quable, homme  public  d'un  caractère  noble  et 


BRANCOLI  —  BRAUN 


123 


élevé,  il  cultiva  l'art  en  simple  amateur,  mais 
y  fil  preuve  d'un  talent  véritable.  Élevé  au  sé- 
minaire lie  Saint-Michel,  à  Lucques,  on  croit 
qu'il  eut  pour  professeur  de  musique  Domenico 
Quilici  ;  en  tout  cas,  il  devint  habile  dans  l'art 
d'écrire,  et  produisit ,  dans  le  style  religieux, 
un  assez  grand  nombre  d'œuvres  fort  estima- 
bles ;  on  lui  doit,  entre  antres  compositions,  un 
Stabat  mater,  un  Benedictus  et  un  Miserere 
à  plusieurs  voi\  avec  accompagnement  instru- 
mental, un  Chrislum  regem  à  4  voix,  une 
messe  et  un  motet  à  grand  orchestre  écrits  pour 
la  fête  de  l'exaltation  de  la  croix,  plusieurs 
messes  et  vêpres  à  4  et  8  voix  concertantes 
avec  orchestre ,  enfin  plusieurs  services  reli- 
gieux exécutés,  de  1821  à  1841,  à  l'occasion  de 
la  fête  de  Sainte-Cécile.  Inspecteur,  pendant  [tlu- 
sieurs  années,  de  l'Institut  Pacini ,  il  rendit  à 
cet  utile  établissement  des  services  réels,  et  écri- 
vit sur  la  musique  plusieurs  mémoires  estimés, 
qui  ont  été  insérés  dans  les  Actes  de  l'Académie 
de  Iiucques.  Cet  homme  distingué  mourut  le  9 
juillet  18G9,  à  l'âge  de  81  ans. 

BKAIXDAIM  (Giovanni),  maître  de  chapelle 
et  compositeur,  naquit  à  Florence  le  24  janvier 
1792,  et  eut  pour  maître  un  artiste  nommé  Giu- 
seppe  Buccioni.  De  bonne  heure  il  devint  un  or- 
ganiste distingué,  et  en  1815  11  faisait  exécuter 
une  messe  de  sa  composition.  Successivement 
maître  de  chapelle  dans  diverses  églises  de  Flo- 
rence, Brandani  écrivit  un  grand  nombre  de 
compositions  religieuses  et  de  pièces  pour  l'or- 
gue. Cet  artiste  modeste  et  honorable  est  mort 
à  Florence  le  12  décembre  1873,  âgé  de  près  de 
82  ans. 

BRAXDTi\ERX  (Matth\o),  facteur  d'or- 
gues distingué,  vivait  à  Thorn  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle. 

BRASSIN  (Loms),  pianiste  et  compositeur 
dont  le  nom  véritable  est  de  Brassine,  est  né 
le  24  juin  18.36,  à  Aix-la-Chapelle,  d'une  famille 
d'origine  liégeoise.  Son  père  et  sa  mère  étaient 
deux  chanteurs  dramatiques  distingués,  et  Louis 
Brassin  fut  laîné  des  trois  enfants  qui  survécu- 
rent, sur  sept  issus  de  leur  mariage.  Élevés 
dans  une  atmosphère  purement  musicale,,  les 
dispositions  artistiques  des  trois  frères  se  déve- 
loppèrent avec  rapidité.  Le  jeune  Louis,  qui 
reçut  ses  premières  leçons  de  piano  d'une 
amie  de  sa  famille,  se  fit  surtout  remarquer  par 
ses  aptitudes,  et  devint  bientôt  le  maître  et  le 
guide  de  ses  deux  frères  Léopold  et  Gerhard. 
Tout  jeune  encore ,  il  fit  ses  débuts  de  virtuose 
dans  une  représentation  donnée  au  théâtre  Tha- 
lia,  à  Hambourg,  et  obtint  un  grand  succès; 
deux  ans  après,  dans  un  concert  qu'il  donnait  à 


Stade,  il  se  fit  doublement  applaudir,  comme 
exécutant  et  comme  professeur,  en  produisant 
un  élève  qui  n'était  autre  que  sou  frère  Léopold, 
alors  âgé  de  cinq  ans. 

En  1847,  M.  Brassin  père  étant  engagé  au 
théâtre  de  Leipzig,  son  fils  Louis  entra  au  Con- 
servatoire de  cette  ville,  l'un  des  plus  fameux 
de  l'Allemagne,  et  y  devint  l'élève  de  Moschelès. 
Il  n'en  sortit  qu'au  bout  de  cinq  ans,  après 
avoir  obtenu  toutes  les  récompenses,  et  s'être 
fait  entendre  avec  succès  aux  concerts  de  cet 
établissement.  Après  avoir  quitté  Leipzig, 
M.  Brassin  fit  quelques  excursions  artistiques 
avec  ses  deux  frères,  puis,  après  avoir  passé 
quelque  temps  à  Cologne,  il  se  rendit  en  Bel- 
gique, se  produisit  dans  plusieurs  concerts  à 
Anvers  et  à  Bruxelles ,  alla  passer  ensuite  une 
année  à  Berlin,  comme  professeur  au  Conserva- 
toire, et  enfin  revint  se  fixer  définitivement  à 
Bruxelles,  qu'il  n'a  plus  quitté  que  pour  faire 
quelques  voyages  artistiques  dans  les  provinces 
ou  à  l'étranger. 

Professeur  excellent,  musicien  consommé, 
virtuose  des  plus  remarquables,  M.  Brassin,  qui 
depuis  1869  est  à  la  tête  d'une  classe  de  piano 
pour  hommes  au  Conservatoire  de  Bruxelles, 
s'est  fait  connaître  avantageusement  comme 
compositeur  pour  son  inslrument.  On  remarque, 
parmi  ses  œuvres  :  i°  L'Ecole  moderne  du 
piano,  12  études  de  concert,  en  quatre  livres 
(Bruxelles,  Schott)  ;  2°  Grand  galop  fantastique, 
op.  .5  (id.,  id.)  ;  3"  Valse-caprice,  op.  6  (id.,  id.)  ; 
4°  2*=  Valse-caprice,  op.  11  (id.,  id.)  ;  5°  Prière, 
op.  10  (id.,  id.);  6°  2^  Galop  fantastique, op.  16 
(id.,  id.)  ;  7°  Six  morceaux  caractéristiques,  op. 
21  (id.,  id)  ;  8°  2'^  Grande  Polonaise,  op.  18  (id., 
id.);  9"  Au  bord  de  la  mer,  nocturne,  op.  9 
(id.,  id)  ;  10"  3  Études  de  concert  ,  id.,  id.; 
etc.  M.  Brassin  a  publié  aussi  un  certain  nom- 
bre de  lieder,  et  il  a  écrit  et  fait  représenter 
sur  des  théâtres  d'amateurs  deux  opérettes 
allemandes  :  Der  Tkronfolger  et  Der  Mis- 
sionar.  —  Des  deux  frères  de  M.  Louis  Bras- 
sin, l'un,  Léopold,  est  pianiste  du  duc  de  Saxe- 
Cobourg  et  professeur  de  musique  à  l'Académie 
de  Berne;  le  second,  Gerhard,  est  violoniste  et 
maître  de  concert  à  Gothembourg.  Le  fameux 
llùtiste  Drouet  {yoij.  ce  nom)  était  l'oncle  de  ces 
trois  artistes. 

lîRAUIX  (J... -Daniel),  artiste  de  la  musique 
d'Épernon,  a  publié  un  recueil  de  Sei  sonate 
per  violino  e  basso,  Paris,  1728,  in-fol. 

BR.\UIV  ( ),  chef  d'orchestre  au  théâtre 

Friedrich-WillielmstaJt,  de  Berlin,  a  fait  repré- 
senter sur  ce  théâtre,  au  mois  d'août  1876,  un 
oiiéra-comique  mWhûé  la  Muette  deSéville. 


124 


BRAUTNER  —  BRÉLL 


BRAUTXER  (Wenzel),  compositeur  hon- 
grois, florissait  vers  les  premières  années  de  ce 
siècle.  On  connaît  de  lui  un  certain  nombre  de 
messes  et  de  motels,  qui  ont  été  très-appréciés 
dans  leur  (emps.  Y. 

BREBOS  (Gilles),  nom  d'un  facteur  d'orgues 
qui  vivait  à  Anvers  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle  et  qui  fut  cliargé,en  1572,  delà 
reconstruction  des  orgues  de  la  chapelle  dans  la 
cathédrale  de  cette  ville. 

*BRÉE  (Jean-Bernard  VAN).  Cet  artiste 
distingué  fonda  en  1840  la  société  pour  l'asso- 
ciation des  artistes  musiciens  Cœcilia,  la  meil- 
leure société  symphonique  des  Pays-Bas,  et  celle 
qui  se  distingue  par  la  plus  belle  exécution  des 
œuvres  des  anciens  maîtres.  Il  était  directeur  de 
l'école  de  musique  de  la  Société  pour  rencoura- 
gement  de  Vart  musical  à  Amsterdam,  et  diri- 
geait les  concerts  de  cette  compagnie  artistique. 

Ed.  de  h. 

*  BREIDEIVSÏEIN  (Henri-Charles),  est 
mort  à  Bonn  le  24  juillet  1876. 

BREITING  (Hermvnn),  chanteur  allemand, 
a  joui  dans  son  pays_,  pendant  longues  années, 
d'une  très-grande  réputation,  que  justifiaient 
une  voix  de  ténor  ample,  puissante  et  étendue,  et 
des  qualités  dramatiques  peu  communes.  M  à 
Augsbourg  le  24  août  1804,  M.  Breiting  débuta 
fort  jeune  au  théâtre  de  Mannheim,  et  son  suc- 
cès fut  tel  que,  bien  qu'à  peine  âgé  de  vingt  ans, 
il  fut  aussitôt  engagé  à  Berlin.  Plus  tard  il  se  til 
entendre  à  Vienne,  puis  à  Darmstadt,  et  fut  en- 
suite attaché  au  théâtre  de  Saint-Pétersbourg, 
oii  il  resta  jusqu'en  1842.  En  quittant  cette  ville, 
il  revint  en  Allemagne,  et  se  proiluisit  de  nouveau 
à  Darmsfadt,  où,  en  remplaçant  Watzinger,  il 
excita  l'enthousiasme  du  public.  Les  deux  meil- 
leurs rôles  de  cet  arliste  étaient,  dit-on,  celui  de 
Masaniello  dans  La  Muette  de  Portici,  d'Auber, 
et  celui  de  Fernand  Cortez  dans  le  chef-d'œuvre 
de  Spontini.  Il  prit  sa  retraite  en  1856,  après 
avoir  consommé,  au  dire  d'un  de  ses  biographes, 
"  plus  de  gloire,  d'honneur  et  de  Champagne 
qu'aucun  autre  ténor.  »  Il  mourut  trois  ans  après, 
en  1859,  dans  une  maison  de  santé,  pauvre  et 
oublié. 

BREITKOPF  et  H.ERTEL.  C'est  le  nom 
de  la  plus  grande  maison  d'Allemagne  pour  l'é- 
dition de  la  musique,  et  l'une  des  plus  impor- 
tantes du  monde  entier.  Elle  a  été  fondée  en 
1719  par  Bernard  Christophe  Breitkopf  avec  des 
ressources  pas.sablement  restreintes.  Le  fils  de 
Christophe  Breitkopf,  Johann-Gottlob-Imma- 
nuel,  lui  donna  une  grande  extension  [V.  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens,  t.  II).  En 
1794,   la  maison,  déjà    florissante,    passa  aux 


mainsdu  fds  cadet  de  Breitkopf,  Christophe- Gott- 
lob  {Voyezce  nom),  qui  s'associa  avec  Gottfried- 
Christophe  Hœrtel,  né  à  Schneeberg  en  1763.  A 
dater  de  ce  moment,  la  maison  prit  la  raison  so- 
ciale :  Breitkopf  et  Hœrtel,  qu'elle  a  conservée 
depuis.  A  l'imprimerie  typographique  existant 
déjà ,  les  nouveaux  propriétaires  ajoutèrent 
bientôt  des  ateliers  de  gravure,  une  imprimerie 
lithographique  et  une  fabrique  de  pianos.  En 
1798  ils  fondèrent  V Allgemeinen  musilcalis- 
chen  Zeitung,  dont  ils  confièrent  la  rédaction 
à  Frédéric  Bochlitz  et  à  G.  W.  Finck.  Breitkopf 
mourut  en  1800,  et  Hsertel  resta  seul  proprié- 
taire de  la  maison.  A  sa  mort,  en  1827,  elle 
passa  à  ses  quatre  enfants,  deux  filles  et  deux 
garçons  :  Hermann  Hsertel,  né  le  27  avril  1803, 
et  Baymond  Htertel,  né  le  9  juin  1810,  qui  en 
prirent  [conjointement  Ja  direction.  Grâce  à  leurs 
efforts,  la  création  du  vieux  Breitkopf  prospéra 
de  plus  en  plus,  et  devint  une  maison  vérita- 
blement universelle  ;  elle  comprend  aujour- 
d'hui :  ime  typographie,  une  fonderie  de  carac- 
tères avec  ateliers  de  clichage.un  atelier  de  gra- 
vure, une  lithographie,  un  atelier  de  reliure, 
une  fabrique  de  pianos,  une  Ubrairie  et  un  ma- 
gasin de  musique.  Pour  nous  borner  seulement 
à  la  musique,  la  maison  a  édité  jusqu'à  ce  jour 
environ  13,000  ouvrages  divers,  dont  quelques- 
uns  comprennent  400  planches  de  musique;  son 
dernier  catalogue,  édité  en  1872,  est  un  superbe 
volume  grand  in-8''  de  524  pages.  Il  faut  men- 
tionner d'une  manière  spéciale  la  superbe  édition 
des  œuvres  complètes  de  Beethoven,  celles  de 
Jean  Sébastien  Bach,  de  Haendel  et  de  Mendels- 
sohn,  entreprises  gigantesques  que  la  maison 
Breitkopf  pouvait  seule  concevoir  et  exécuter. 

Y. 
BRELL  (Le  Père  Benito),  moine,  organiste 
et  compositeur  espagnol,  naquit  à  Barcelone, 
probablement  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
et  fit  son  éducation  artistique  au  fameux  collège 
de  musique  du  couvent  de  Montserrat,  dans  la 
Catalogne,  où  il  eut  pour  maître  un  organiste 
des  plus  remarquables,  le  P.  Boada.  Il  devint 
lui-même  un  organiste  de  premier  ordre  et  d'un 
mérite  absolument  exceptionnel,  s'il  faut  s'en 
rapporter  au  témoignage  de  M.  Baltasar  Saldoni, 
dans  son  Résumé  historique  du  collège  de  mu- 
sique  de  Montserrat  :  «  S'il  était  remarquable 
comme  compositeur,  dit  cet  écrivain,  il  ne  l'était 
pas  moins  comme  organiste.  Nous  croyons  même 
que  sous  ce  rapport  il  n'avait  point  son  égal. 
Pendant  cinq  années  consécutives  nous  l'avons 
entendu  chaque  jour,  matin  et  soir,  dans  toutes 
les  fonctions  de  l'église,  et  nous  confessons  ingé- 
nument que  nous  ne  savions  cequ'il  fellait  ad- 


BRELL  —  BRET 


125 


mirer  le  plus  en  lui,  ou  la  richesse  et  la  variété 
de  ses  mélodies  originales,  ou  la  coordination 
d'harmonies  aussi  neuves  que  variées,  foit  dans 
los  versets,  soit  dans  les  sonates,  fantaisies,  va- 
riations, etc.  Et  que  dire  des  fugues  qu'il  impro- 
visait sur  le  plain- chant,  ou  sur  quelque  motif 
donné?  Oli!  si  le  père  Bréll  avait  été  séculier, 
il  est  certain  que  son  nom  aurait  passé  à  la  pos- 
térité avec  la  gloire  qu'il  méritait  ;  les  étrangers 
auraient  érigé  des  statues  à  l'artiste  qui  est 
descendu  dans  la  tombe  au  milieu  de  nous,  pres- 
que inconnu  du  monde  entier,  si  ce  n'est  de  ceu\ 
que  l'admiration  pour  son  talent  attiraient  dans 
le  désert  de  Montserrat,  et  qui  restaient  stupé- 
faits, en  l'entendant,  de  rencontrer  en  un  tel 
lieu  un  artiste  aussi  incomparable.  Toutefois,  il 
existe  beaucoup  de  gens  qui,  comme  nous,  ont 
entendu  le  P.  Bréll,  et  qui  nous  accuseront  sans 
doute,  si  ces  lignes  consacrées  à  la  mémoire 
d'un  grand  artiste  et  d'un  ami  leur  tombent 
sous  les  yeux,  d'être  resté  au-dessous  de  la  vé- 
rité dans  l'appréciation  de  son  talent.  Ce  n'est 
pas  sans  raison  que  ces  admirateurs  pourront  se 
trouver  blessés;  mais  ils  devront  bien  croire 
qu'il  n'y  a  de  notre  part  qu'insuffisance,  et  non 
ingratitude.  Qui  pourrait,  en  effet,  se  sentir 
capable  de  tracer  du  P.  Bréll  l'éloge  qu'il  méri- 
tait ?  —  »  Ce  grand  artiste  mourut  à  Montserrat 
le  3  juin  1850.  Il  avait  écrit  un  grand  nombre  de 
compositions  religieuses  avec  accompagnement 
d'orchestre,  et  beaucoup  de  musique  pour  l'orgue 
seul. 

BREMER  (Jean-Bern.\rd),  pianiste,  orga- 
niste et  compositeur,  né  à  Rotterdam  en  1830,  a 
fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
Leipzig  et  a  été  l'élève  de  l'habile  organiste  Jean 
Schneider.  De  retour  dans  sa  ville  natale,  il  s'y 
fit  connaître  comme  virtuose  sur  le  piano,  et 
devint  organiste  de  l'église  wallonne  en  même 
temps  que  professeur  à  l'école  de  musique  de  la 
Société  musicale  des  Pays-Bas.  En  1862,  il  fit 
un  nouveau  voyage  à  Leipzig,  avec  sa  femme, 
cantatrice  distinguée,  s'y  produisit  avec  elle  dans 
divers  concerts,  et  fit  entendre  quelques-unes  de 
ses  compositions.  L'année  suivante  il  se  rendit 
en  Italie,  et  exécuta  à  Milan,  dans  une  soirée  du 
théâtre  de  la  Scala,  son  premier  concerto  avec 
orchestre.  M.  Bremer  a  publié  un  certain  nombre 
d'œuvres,  parmi  lesquelles  on  cite  :  1"  Quatuor 
pour  piano  et  instruments  à  cordes,  op.  16  ;  So- 
nate pour  piano,  op.  13;  4  pièces  caractéristi- 
ques à  4  mains,  op.  7  ;  Jagdlied,  pour  piano, 
op.  9;  Rondo  capriccio,  op.  11;  Voyage  noc- 
turne, pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  4; 
Knopsen,  6  morceaux  de  piano.  On  doit  encore 
à  cet  artiste  deux  concertos  de  piano  avec  or- 


chestre,   Judith,    grand    oratorio,    etc.,   etc. 

ijREMI  (ToMMAso),  compositeur  qui  jouit  de 
quelque  renommée,  était  né  àLucqueset  y  vivait 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 
On  connaît  de  lui  un  certain  nombre  de  compo- 
sitions estimables,  entre  autres  une  collection  de 
motets  à  deux,  trois  et  six  voix,  qui  fut  publiée 
à  Lucques,  chez  l'imprimeur  Bidelli,  en  1645. 
Dans  la  même  année,  il  fit  représenter  sur  le 
théâtre  de  la  même  ville  une  action  dramatique 
mêlée  de  musique,  inlilulée  la  Psiche.  : 

^  BREIVDEL  (Chakles-François).  A  la 
liste  des  écrits  de  Brendel,  il  faut  ajouter  : 
Franz  Liszt  als  Symphoniker  (  Franz  Liszt 
considéré  comme  symphoniste ,  Leipzig, 
1859),  et  Geist  und  Zecknik  im  Klavierunter- 
richt  {V esprit  et  le  mécanisme  dans  rensei- 
gnement du  piano;  Leipzig,  1867).  Kous  de- 
vons faire  remarquer  aussi  que  la  Geschichte 
der  Musik  a  deux  volumes,  et  non  pas  un  seule- 
ment, comme  il  a  été  dit.  Brendel  est  mort  à 
Leipzig   le  25  novembre  1868. 

Y. 

*  BRENDEL  (Elisabeth  TRAUTMANX, 
épouse),  femme  du  précédent ,  née  à  Saint-Pé- 
tersbourg le  27  août  1814,  est  morte  à  Leipzig 
le    15  novembre  1866. 

BREXXESSEL  (François),  célèbre  har- 
piste, fut  nommé  en  1766  musicien  de  la  cha- 
pelle royale  de  Berlin.  Il  est  mort  vers  1812.  On 
connaît  de  sa  composition  deux  sonates  pour 
harpe  et  flûte.  Y. 

*  BRESLAUR  (Emile),  musicien  allemand 
contemporain,  né  à  Kottbus,  le  29  mai  1836, 
a  composé  de  la  musique  de  piano  et  de  la  musi- 
que vocale  à  une  et  à  plusieurs  voix.  Il  a  aussi 
écrit  sur  son  art  un  grand  nombre  d'articles, 
dans  le  journal  VÉcho,  de  Berlin.  tS  '^  Y. 

BRET  (Emile)  ,  musicien  suisse,  né  vers 
1835,  était  en  1860  organiste  d'une  des  cha- 
pelles protestantes  de  Genève,  et  se  livrait  en 
cette  ville  à  l'enseignement  du  piano.  Marié 
jeune  à  la  fille  du  pasteur  de  sa  chapelle,  il  vi- 
vait dans  une  solitude  presque  absolue,  se  li- 
vrant activement  à  des  travaux  de  composition, 
lorsque  le  hasard  le  mit  en  présence  de  Meyer- 
beer,  qui  lui  adressa  des  éloges  au  sujet  de  quel- 
ques-unes de  ses  productions.  Un  peu  ébloui 
par  ces  encouragements ,  d'ailleurs  sincères  et 
mérités,  le  jeune  artiste  n'eut  bientôt  plus  qu'une 
pensée  :  venir  à  Paris  et  s'y  faire  connaître.  Il 
abandonna  donc  son  orgue,  quitta  Genève  avec 
sa  femme,  après  avoir  réalisé  toutes  ses  petites 
économies,  et  vint  s'installer  à  Paris,  où  il  donna 
deux  concerts  avec  orchestre,  consacrés  à  l'au- 
dition de  ses  œuvres,   et  particulièrement  de 


126 


BREÏ 


BRION  D'ORGEVAL 


fragments  de  deux  opéras  :  la  Victime  de  Mo- 
r'ija  et  la  Châtelaine  de  Lesneven.  La^critique 
se  montra  très-favorable  aux  essais  du  composi- 
teur, mais  il  ne  put  trouver  aucun  éditeur  qui  con- 
sentît à  lespublier,  et  se  décida  à  faire  à  ses  frais 
l'édition  des  morceaux  qu'il  voulait  faire  appré- 
cier. Toutes  ces  dépenses  avaient  absorbé  déjà  la 
plus  grande  partie  de  son  petit  pécule,  la  situation 
devenait  difficile,  la  gène  se  faisait  sentir  dans 
le  ménage ,  lorsqu'un  coup  terrible  vint  frapper 
l'artiste  -.  sa  jeune  femme  tomba  malade,  et  lui 
fut  enlevée  en  peu  de  jours.  La  douleur  de 
M.  Bret  fut  telle  qu'il  devint  complètement  fou. 
Ceci  se  passait  en  1864,  et  depuis  lors  les  ren- 
seiiinemenls  font  absolument  défaut  sur  lui.  Le 
talent  de  ce  compositeur  était  très-réel,  et  les 
morceaux  qu'il  a  publiés  à  Paris  en  témoignent 
d'une  façon  évidente.  Ces  morceaux  sont  les  sui- 
vants :  1"  Ave  Maria  pour  -,  mezzo-soprano, 
avec  accompagnement  de  piano  ou  orgue,  violon 
et  violoncelle,;  2°  Le  Paradis  perdu,  scène  dra- 
matique, morceau  d'un  grand  souffle  et  remar- 
quable par  ses  développements  et  la  puissance 
de  son  inspiration  ;  3°  Berceuse  finlandaise, 
duettinopour  voix  de  femmes  ;  4°  Aubade,  duet- 
tino  pour  ténor  et  contralto  ;  5°  Berceuse  orien- 
tale, composition  poétique  et  charmante  ;  6°  Ma 
mère,  éveille-toi,  mélodie  dramatique  pour  so- 
prano ;  7°  La  Marguerite,  V Hirondelle,  Sans 
retour,  Le  Pêcheur  de  Messine,  Chanson  gali- 
cienne, mé\oiies. 

BRETOIV    ( ),   compositeur   espagnol 

contemporain,  a  fait  représenter  à  Madrid  quel- 
ques ouvrages  dramatiques,  parmi  lesquels  El 
Aima  en  un  hilo,  en  2  actes,  et  Guzman  el 
Bueno,  en  un  acte  (th.  ApoUo,  décembre  1876). 

BRETOIXXIÈRE    (V ),    fliiliste   et 

compositeur,  l'un  des  plus  infatigables  produc- 
teurs de  celte  musique  de  pacotille  recherchée 
de  quelques  amateurs,  mais  si  complètement  in- 
connue des  artistes ,  a  publié  plus  de  400  mor- 
ceaux de  divers  genres,  pour  différents  instru- 
ments, mais  surtout  pour  la  flûte.  On  lui  doit 
aussi  une  Méthode  de  violon,  une  Méthode  de 
Jlùfe  et  une  Méthode  d'harmoniflâle  à  deux 
mains. 

'  BRÉVAL  (Jean-Bvptiste).  Cet  artiste  a 
fait  représenter  à  la  Comédie-Italienne,  le  20  dé- 
cembre 1788,  un  opéra-comique  en  3  actes, 
intitulé  :  Inès  et  Leonore,  ou  la  Sœur  jalouse. 

*  RRIARD  (Jean-Baptiste  ,  dit  Camille), 
violoniste,  est  mort  à  Alençon  le  25  avril  1876. 
On  assure  que  cet  artiste  avait  été  professeur 
de  violon  au  Conservatoire  de  ?Caples.  Il  avait 
fait  partie  naguère  de  la  Société  des  concerts  du 
Conservatoire. 


*  BRICCIALDl  (JiLEs).  Ce  virtuose  n'a  pas 
seulement  fait  apprécier  en  Europe  son  remar- 
quable talent  de  flûtiste  :  il  a  traversé  les  mers 
et  a  parcouru  la  plus  grande  partie  de  l'Amérique, 
où  il  s'est  fait  entendre  avec  beaucoup  de  succès. 
On  assure  que  c'est  à  lui  qu'est  due  l'adaptation 
à  la  flûte  du  système  Boehm  ,  qui  a  transformé 
el  amélioré  le  mécanisme  de  cet  instrument. 
M.  Briccialdi  s'est  produit  une  fois  comme  com- 
positeur dramatique ,  en  faisant  représenter  au 
théâtre  Carcano ,  de  Milan ,  un  opéra  sérieux 
intitulé  Leonora  de'  Medici. 

I3RID1ERS  (AtGusTE  de).  Un  compositeur 
de  ce  nom  a  donné  sur  le  théâtre  de  Poitiers,  au 
mois  de  juillet  1872,  un  opéra-comique  intitulé 
Carlotta  la  Sirène. 

BRIGOGNE  (Marie-Madeleine),  l'une  des 
premières  chanteuses  qui  se  montrèrent  sur  le 
théâtre  de  l'Opéra,  puisqu'elle  y  débuta  dans  les 
Peines  et  les  Plaisirs  de  Vamour  de  Cambert, 
était  fille  d'un  peintre  médiocre ,  et  naquit  vers 
1652.  Petite,  mignonne  et  extrêmement  jolie,  elle 
obtint  un  si  grand  succès  dans  le  rôle  de  Climène 
de  l'opéra  de  Cambert ,  qu'on  la  surnomma  aus- 
sitôt «  la  petite  Climène  »,  et  que  ce  surnom  lui 
resta.  Lorsque  Lully  fut  parvenu ,  par  ses  me- 
nées, à  s'emparer  des  destinées  de  l'Académie 
royale  de  Musique,  il  conserva  dans  sa  troupe 
Mlle  Brigogne,  à  qui  il  donna  un  traitement  an- 
nuel de  1,200  livres  pour  tenir  l'emploi  des  se- 
conds rôles.  Jusqu'en  1680,  époque  où  elle  quitta 
le  théâtre,  elle  créa  les  rôles  de  Doris  dans  Atys, 
d'Hermione  dans  Cadmus,  de  Cléone  dans 
Thésée,  et  d'Hébé  dans  Isis.  M"«  Brigogne,  qui 
paraît  avoir  été  loin  de  posséder  les  vertus  qui 
constituent  une  honnête  femme  ,  s'est  trouvée 
mêlée  au  fameux  procès  intenté  à  Guichard  par 
Lully,  et  a  été  de  la  part  de  Guichard,  dans  les 
factums  publiés  par  lui  à  ce  sujet ,  l'objet  des 
imputations  les  plus  outrageantes. 

BRIALEY  RICHARDS.  —  Voyez  RI- 
CHARDS (Brinley). 

BRIIXSIMEAD  ( )  Un  écrivain  anglais 

de  ce  nom  a  publié  une  Histoire  du  piano,  avec 
un  résumé  sur  la  musique  ancienne  el  les 
,  instruments  de  musique. 

BRIOIV  D'ORGEVAL  (Édouad-  Barthé- 
eemv),  né  à  Saint-Etienne  (Loire),  le  13  mai  1833, 
reçut  de  très-bonne  heure  les  premières  notions 
de  musique.  Sa  famille,  qui  l'avait  produit,  dès 
l'âge  de  cinq  ans,  dans  les  concerts,  en  France 
et  en  Italie,  vint  se  fixera  Marseille  en  1844. 
Il  entra  alors  au  Conservatoire  de  cette  ville,  et 
étudia  sérieusement  le  piano  avec  Barsotti  et  les 
éléments  de  l'harmonie  avec  l'organiste  Schœna- 
gel.  Il  fut  ensuite  placé  sous  la  direction  de  son 


BRION  D'ORGEVAL  —  BRISSON 


127 


oncle  ,  l'abbé  Brion,  maîlre  de  chapelle  à  la  ca- 
thédrale (le  Chanibéry,  qui  lui  fit  tenir  pendant 
quelque  temps  l'orgue  de  cette  église.  En  1852, 
il  se  rendit  à  Paris  et  suivit,  au  Conservatoire, 
les  classes  de  chant  de  Bataille ,  Levasseur  et 
Révial,  et  le  cours  de  contre-point  et  de  compo- 
sition d'Halévy.  En  1856,  il  obtint  un  accessit 
d'opéra.  Après  avoir  fait  partie ,  comme  soliste, 
de  la  maîtrise  de  Notre-Dame-de-Lorelte ,  il 
débuta  au  Tluâtre-Lyrique  en  1857,  dans  le 
rôle  de  Blondel  de  Richard  Cœur-de-Lion.  Il  a 
chanté  aussi  les  rôles  de  basse  chantante  dans 
les  grandes  villes  de  province  et  de  l'étranger. 

M.  Brion  d'Orgeval  s'est  fait  surtout  connaître 
comme  compositeur.  En  1861,  il  a  fait  représen- 
ter à  Anvers  le  Meunier  de  Sans  Souci,  opéra- 
comique  en  un  acte,  et  en  1863  le  Don  Juan  de 
Village,  opéra-comique,  également  en  un  acte. 
En  1867,  il  a  donné  à  Nantes  une  Charge  de 
dragons,  opéra  comique  en  2  actes ,  qui  a  été 
édile  à  Gand  chez  Voyage  et  Lauveryns,  en 
1868,  à  Lille,  le  Chevalier  de  Cordessac,  opéra- 
comique  en  un  acte,  et  en  1876  ,  à  Marseille, 
Ivan  IV  ou  les  Porte-Glaives,  grand  opéra  en 
4  actes. 

On  a  encore  de  cet  artiste  :  Le  Retour,  mé- 
lodie avec  violoncelle  obligé  ;  Impromptu  , 
Trois  pensées  mélodiques,  Écho  de  Séville 
pour  piano  (chez  Heu,  à  Paris);  la  Danse  des 
Djinns  pour  piano  (chez  Lahoussay  à  Paris); 
Tristesse  et  Printemps,  mélodie  (chez  Chou- 
dens); plusieurs  messes;  une  cantate  dédiée  au 
roi  Léopold  ;  deux  opérettes  en  un  acte;  une 
hymne,  Mîisique  et  Poésie,  qui  a  été  exécutée  en 
1857  au  concert  des  jeunes  artistes  à  Paris;  deux 
opéras  inédits;  deschoeurs,des  motets,  des  sona- 
tes ,  un  quintette,  etc. 

IAl.  R  —  d. 

BRISSON  (Frédéric),  pianiste  et  composi- 
teur distingué,  est  né  à  Angoulême  (Charente),  le 
25.décembre  1821.  II  apprit  le  piano  sans  profes- 
seur, et  néanmoins  se  faisait  entendre  pour  la 
première  fois  en  public  à  l'âge  de  douze  ans,  et  à 
quinze  ans  commençait  à  donner  des  leçons  dans 
sa  ville  natale.  Après  avoir  étudié  l'harmonie 
avec  Garaudé,  M.  Brisson  pubhait  en  1840  ses 
premières  compositions,  et  à  la  fin  de  1846  ve- 
nait se  fixer  à  Paris.  Dès  1847,  il  livrait  au  pu- 
blic plusieurs  morceaux  qui  le  faisaient  aussitôt 
remarquer  et  qui  commençaient  sa  réputation  : 
l'Arabesque,  la  Pluie  d'or,  VOndine,  Sans 
amour.  Depuis  lors,  il  a  écrit  plus  de  cent  cin- 
quante morceaux  de  piano,  puis  des  duos,  des 
trios,  et  de  nombreuses  compositions  pour  l'or- 
gue. Ses  travaux  de  composition  n'empêchaient 
pas  M.  Brisson  de  se  livrer  à  l'enseignement,  et 


de  se  produire  fréquemment  comme  virtuose. 
Il  a  formé  de  nombreux  élèves  qui  aujourd'hui 
sont  professeurs  et  propagent  ses  principes  dans 
la  plupart  des  villes  de  France,  et  pendant  quinze 
ans  il  n'a  cessé  de  donner,  à  Paris,  des  concerts 
qui  lui  valaient  les  succès  les  plus  flatteurs. 

M.  Brisson  ne  s'est  pas  fait  remarquer  seu- 
lement par  son  talent  de  virtuose,  mais  encore, 
et  surtout,  par  les  qualités  de  savoir  et  d'inspira- 
tion dont  il  a  fait  preuve  dans  ses  nombreuses 
compositions.  Il  est  l'un  des  artistes  qui  ont  le 
plus  contribué  à  la  vulgarisation  et  à  l'expansion 
de  l'harmonium,  en  faisant  entendre  souvent  cet 
instrument  en  public,  et  en  écrivant  pour  lui  un 
grand  nombre  de  morceaux  élégants,  dans  les- 
quels la  banalité  n'entre  pour  rien,  et  qui  font 
le  plus  grand  honneur  à  sa  bonne  éducation  mu- 
sicale, à  ses  facultés  d'imagination  et  à  sa  cons- 
cience de  compositeur.  Professeur  excellent,  et 
jouissant  sous  ce  rapport  d'une  renommée  légi- 
time, cet  artiste  a  publié  un  ouvrage  fort  im- 
portant :  École  d''orgue  traitant  spécialement 
de  la  soufflerie,  et  contenant  38  exercices,  50 
exemples  et  20  études  (Paris,  Brandus).  Parmi 
ses  compositions  les  plus  intéressantes,  il  faut 
citer  :  1°  Trio  de  Guillaume  Tell,  arrangé  pour 
piano,  violon  et  orgue;  T  grand  duo  caracté- 
ristique sur  Robert  le  Diable,  pour  piano  et 
orgue  ;  3°  trio  pour  piano,  violon  et  orgue  sur 
V Africaine  ;  4°  id.,  surZ«  Somnambule;  5°  id. 
sur  Marta  ;  6"^  id.  sur  Norma;  1°  id.  sur  le 
Pardon  de  Ploùrmel;  8°  fantaisie  de  concert 
pour  le  piano  sur  Norma  ;  9"  id.  sur  les  Porche- 
rons;  10°  id.  sur  Gibbij  la  Cornemuse;  11°  id. 
sur  le  Songe  d'une  Nuit  d'été  ;  12°  id.  sur  un 
Ballo  in  Maschera;  13°  id.  sur  le  Roi  l'a  dit; 
14°  id.  sur  Don  Carlos';  15"  id.  sur  Jérusalem; 
16°  cent  cinquante  morceaux  de  genre  originaux 
pour  le  piano,  divertissements ,  caprices,  études, 
mélodies ,  nocturnes ,  etc.,  se  distinguant  par 
l'élégance  de  la  forme  et  la  grâce  de  l'idée  mu- 
sicale. M.  Brisson  a  fait  jouer  dans  un  concert, 
en  1863,  une  opérette  inlilulée  les  Ruses  villa- 
geoises, et  il  a  publié  quelques  articles  de  criti- 
que musicale  dans  le  Moniteur  des  Travaux 
publics. 

Une  particularité  intéressante  est  à  mentionner 
en  ce  qui  concerne  M.  Brisson.  C'est  cet  artiste 
qui  le  premier  a  eu  l'idée  (attribuée  à  tort  à 
Thalberg)  d'écrire  la  musique  avec  deux  sortes 
de  grosseurs  de  notes.  Le  premier  morceau 
qu'il  a  fait  paraître  en  employant  ce  procédé  est 
intitulé  la  Rose  et  le  Papillon,  et  a  été  publié 
chez  l'éditeur  Escudier  en  1848.  Tout  ce  qui, 
dans  l'esprit  du  compositeur,  se  rapportait  à  la 
Rose  était  écrit  en  grosses  notes,  tandis  que  la 


128 


BRISSON  —  BROSCHI 


partie  du  Papillon  était  tracée  en  notes  plus 
petites. 

BRITSEN  (Georges),  un  des  plus  habiles 
et  des  plus  laborieux  facteurs  de  clavecins  du 
dix-septième  siècle,  vivait  à  Anvers,  où  il  fut 
admis,  vers  1613,  au  nombre  des  maîtres  de  la 
giide  de  Saint-Luc.  On  vendait  encore  en  cette 
ville,  en  1858,  un  clavecin  carré  de  cet  artiste, 
devant  le  clavier  duquel  se  trouvait  le  nom  du 
facteur  :  Georglus.  Britsen.  Fecït.  AntverpLr. 

BRITSEN  (Georges),  sans  doute  fiis  du  pré- 
cédent, suivit  la  même  profession ,  et  fut  reçu 
dans  la  gilile  de  Saint-Luc,  comme  liis de  maître, 
en  1654. 

BRITSEN  (Georges),  dit  le  Jeune,  probable- 
ment frère  du  précédent,  entra  aussi,  en  1638, 
dans  la  corporation  comme  fils  de  maître  et  en 
qualité  de  facteur  de  clavecins. 

BRITSEX  (Alexandre),  quatrième  du  nom, 
fut  le  dernier  membre  de  cette  famille  d'intel- 
ligents artisans.  Il  exerçait  aussi  la  profession 
de  facteur  de  clavecins  à  Anvers ,  et  fut  reçu 
dans  la  gilde  en  1717. 

BROCA  Y  RODRIGUEZ  (Enriqve- 
Aleio  ),  violoniste  et  compositeur,  né  à  Madrid 
le  17  février  1843,  apprit  les  premiers  éléments 
de  la  musique  d'un  artiste  nommé  Manuel  Pam- 
fil,  étudia  ensuite  le  violon  avec  M.  Isidore  de 
la  Vega ,  puis,  au  mois  de  septembre  1855, 
entra  au  Conservatoire  de  Madrid,  y  suivit  un 
cours  d'harmonie  et  un  cours  de  composition, 
et  obtint  la  médaille  d'or  (premier  prix)  au  con- 
cours de  1861.  Tout  en  suivant  ses  classes, 
M.  Broca  était  attaché  en  qualité  de  premier 
violon  à  l'orchestre  de  la  Zarzuela,  où  il  resta 
de  1858  à  1867,  et  il  a  fait  aussi  partie  de  la  So- 
ciété des  concerts  dirigée  par  M.  Barbieri  (Voij. 
ce  nom).  Après  avoir  terminé  ses  études,  ce 
jeune  artiste  se  livra  à  la  composition,  et  écri- 
vit des  messes,  des  psaumes,  des  motets,  des 
ouvertures,  etc.  On  lui  doit  aussi  la  musique  de 
quelques  zarzuelas  dont  j'ignore  les  titres,  si 
ce  n'est  celle  intitulée  Hacer  el  oso  (un  acte), 
écrite  par  lui  en  société  avec  M.  Ignacio  Augus- 
tin Campo  et  représentée  au  théâtre  des  Varié- 
tés le  5  février  1867. 

BRODY  (Alexandre),  professeur  de  mu- 
sique à  Paris,  directeur  de  la  société  orphéonique 
le  Choral  du  Temple,  est  auteur  de  l'ouvrage 
suivant  :  Solfège  pratique  ou  nouvelle  méthode 
de  lecture  musicale,  basée  sur  Vétude  des  in- 
tervalles dans  tous  les  tons  et  sur  la  dictée 
vocale  et  écrite,  renfermant  100  exercices  et 
110  morceaux  à  1,  2,  3  e?  4  parties,  dans  tous 
les  tons  majeurs  et  mineurs,  à  Vusuge  des 
orphéons  et  des  écoles,  Paris  ,  l'auteur,  in-8". 


BROEKHUIJZEN  (Georges-Henri),  dilet- 
tante passionné,  littérateur  musical  distingué, 
né  en  1792,  s'est  fait  remarquer  par  la  bibliothè- 
que musicale  qu'il  avait  su  réunir  et  qui  passait 
pour  Tune  des  plus  belles  de  la  Néerlande.  Par 
son  goût,  ses  grandes  connaissances  et  la  libéralité 
avec  laquelle  il  disposait  de  sa  fortune  pour  le 
service  de  l'art  qu'il  chérissait,  cet  amateur 
éclairé  lui  fit  faire  de  grands  progrès  dans  son 
pays.  Il  a  fondé  ou  réorganisé  plusieurs  sociétés 
uuisicales  importantes,  a  donné  un  grand  essor 
à  l'exécution  des  œuvres  lyriques  les  plus  con- 
sidérables, et  dirigé  pendant  douze  années,  à 
Amsterdam,  les  concerts  d'été,  Kunstgenoegen. 
Cet  homme  intelligent  est  mort  à  Amsterdam  le 
18  décembre  1866. 

BROEKHUIJZEIV  (G -H ),  pianiste 

et  compositeur,  neveu  du  précédent,  né  à  Ams- 
terdam le  25  février  1818,  fit  son  éducation  mu- 
sicale à  l'École  royale  de  musique  de  cette  ville, 
et  eut  pour  maîtres  G.  Fock,  J.  Bertelman  et 
Somner.  Il  se  fit  connaître  de  bonne  heure,  non- 
seulement  comme  virtuose,  mais  comme  compo- 
siteur, et  sa  fécondité  fut  réellement  remarqua- 
ble. Mort  à  Amsterdam  le  23  février  1849,  au 
moment  où  il  allait  accomplir  sa  trente  et  unième 
année,  cet  artiste  bien  doué  n'en  a  pas  moins 
écrit  trois  ouvertures  à  grand  orchestre,  5  qua- 
tuors et  un  quintette  pour  piano  et  instruments 
à  cordes,  4  cantates,  40  valses  pour  orchestres, 
6i  lieder  ei  chants  de  circonstances,  16  chœurs 
à  4  voix,  une  sonate  et  des  fantaisies  pour  piano 
et  violon,  une  fantaisie  pour  le  basson,  etc.,  etc., 
sans  compter  la  musique  de  trois  ballets  repré- 
sentés à  Amsterdam,  et  dont  un,  De  Schoone 
slaapster  in  het  bosch,  n'a  pas  eu  moins  de 
quarante  représentations. 

BROx\SART  (Hans  VON),  pianiste  de  l'é- 
cole nouvelle,  est  né  à  Kœnigsberg  en  1828.  Il  a 
composé  quelques  pièces  qui  sont  écrites  dans  le 
style  ultra-wagnérien.  Il  a  également  publié  une 
brochure  intitulée  :  Musikalisclie  Pjlichten 
{Devoirs  musicaux),  Leipzig,  1858.         Y. 

BROXSART  (M'"^  Ingeburge  VON),  musi- 
cienne allemande,  sans  doute  parente  du  précé- 
cédent,  a  écrit  une  musique  sur  la  petite  pièce 
de  Gothe  :  Jery  und  Bœtely,  qui  donna  na- 
guère à  Scribe  l'idée  du  Chalet.  Ce  petit  ou- 
vrage a  été  joué  avec  succès,  le  26  avril  1873, 
sur  le  théâtre  de  la  cour  grand-ducale,  à  Weimar. 

*  BROSCHI  (RiCH.ARn).  Selon  l'écrit  inti- 
tulé :  Série  chronologica  de'  principi  delV  Ac- 
cademia  de'  Filarmonici  di  Bologna,  cet  ar- 
tiste, après  avoir  été  comme  compositeur  au 
service  du  duc  Alexandre  de  Wittemberg,  serait 
ensuite  devenu,  sans  nu!  doute  par  l'intervention 


BROSCHI  —  BRUCH 


129 


de  son  frère  Faiinelli,  commissaire  de  la  guerre 
et  de  la  marine  eu  Espagne,  sous  le  roi  Ferdi- 
nand VI.  Le  même  écrit  nous  appi'end  (juil 
mourut  en  1756.  11  avait  été  reçu,  en  1730,  avec 
son  frère,  au  nombre  des  membres  de  l'Acadé- 
mie des  Piiilharmoniquos.  Outre  les  deux  opéras 
signalés  à  son  nom,  Richard  Broschi  est  auteur 
d'une  farsa  intilulée  il  Finto  Sordo. 

BltOSAIAI\l\  (Patkr-Damasls),  né  en  1731 
à  Julneck,  mort  à  Freiberg  ie  16  novembre 
179S,  a  composé  une  cinquantaine  de  mes- 
ses et  beaucoup  d'autre  musique  religieuse,  res- 
tée manuscrite  et  éparpillée  dans  les  bibliothè- 
ques des  couvents  de  la  Silésie.  Il  a  écrit  égale- 
ment un  livre  intitulé;  De.  dlrectione  musices 
et  de  reçu  Us  compositionis .  Y. 

lillOU  ( ),  acteur  et  compositeur,  vi- 
vait à  Paris  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Tout  ce  que  j'ai  pu  apprendre 
sur  lui  se  borne  à  cette  courte  notice,  que  Deà- 
boulmiers  lui  a  consacrée  dans  son  Histoire  du 
thcdtre  de  l' Opéra-Comique  :  «  Brou,  acteur  et 
musicien  de  l'Opéra-Comique,  débuta  en  1740 
par  les  rôles  de  père  et  d'amoureux  (l'un  ne 
semble  pourtant  guère  aller  avec  l'autre).  Il  joi- 
gnit à  ce  talent  celui  de  compositeur  de  musique, 
et  fit  plusieurs  vaudevilles  et  divertissements 
qu'il  a  depuis  réunis  dans  un  recueil.  Brou  a 
quitté  le  théâtre  en  1741,  après  la  foire  Saint- 
Germain.  )) 

BROITSTET  (Edouard),  pianiste  et  com- 
positeur, issu  d'une  famille  honorable  et  aisée, 
naquit  à  Toulouse,  le  29  avril  1836.  Son  père, 
notable  conunerçant  de  cette  ville,  désirait  lui 
voir  suivre  la  même  carrière,  mais  un  penchant 
irrésistible  entraînait  le  jeune  homme  vers  la 
musique.  Sa  première  éducation  artistique  fut 
cependant  assez  négligée,  et  ce  n'est  qu'à  partir 
de  l'âge  de  vingt  ans  environ  que  M.  Broustet  com- 
mença à  travailler  sérieusement.  11  vint  pour  la 
première  fois  à  Paris  en  1858,  commença  l'étude 
de  l'harmonie  avec  M.  Maleden,  et  eut  successi- 
vement pour  maîtres  de  piano,  d'abord  Camille 
Stamaty  et  M.  Ravina,  puis  M.  Henri  Litolff,  avec 
lequel  il  entreprit  un  long  voyage  à  l'étranger. 
M.  Broustet  visita  ain.si  Munich,  Vienne,  Pesth, 
Berlin,  Varsovie,  Saint-Pétersbourg,  Dresde, 
etc.,  et  les  relations  qu'il  établit  avec  de  grands 
artistes  tels  que  MM.  Franz  Lachner,  Rubinstein, 
Seroff,  Robert  Volkman  et  autres,  les  grandes 
exécutions  musicales  auxquelles  il  assista,  enfin 
les  conseils  de  son  célèbre  maître  formèrent  ra- 
pidement son  gofit  artistique  et  l'affermirent  dans 
sa  vocation.  De  retour  en  France,  il  publia  quel- 
ques compositions  pour  le  piano  et  donna  plu- 
sieurs concerts.  En  1869,  il  donna  à  Paris,  à  la 

BIOGR.    UNlV.    DES   MUSICIENS.    —   SUl'PL.    — 


salle  Herz,  une  grande  séance  musicale,  dans  la- 
quelle il  fit  entendre  [ilusieurs  de  ses  œuvres,  no- 
tamment une  symphonie  concertante  pour  piano 
et  orchestre  qui  fut  fort  bien  accueillie.  En  1871, 
il  entreprit  un  voyage  en  Espagne  et  en  Portu- 
gal, et  se  produisit  avec  succès  dans  ces  deux 
pays,  comme  virtuose  et  comme  compositeur. 
Depuis  lors  il  est  revenu  à  Toulouse,  où  le  re- 
tient une  longue  et  cruelle  maladie  de  son  père. 

Les  compositions  de  M.  Broustet  dénotent  un 
artiste  de  talent  et  d'imagination,  nourri  à  bonne 
école  et  imbu  des  sains  [)rincipes  de  l'art.  Parmi 
celles  qui  sont  publiées,  les  plus  importantes 
sont  les  suivantes  :  3  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  (op.  42  et  43)  ;  symphonie  concer- 
tante pour  piano  et  orchestre  (op.  38);  tarentelle 
pour  piano,  avec  accompagnement  d'orchestre 
(op.  28)  ;  grande  valse  de  concert  (op.  26);  deux 
romances  sans  paroles  (op.  39)  ;  fantaisie  créole 
(op.  37)  ;  éludes  mélodieuses  (op.  10);  études  de 
style  et  de  perfectionnement,  adoptées  par  le  co- 
mité des  études  du  Conservatoire  (op.  36)  ;  ma- 
zurka pathétique  (op.  44) ,  etc.,  etc.  M.  Brous- 
tet a  en  portefeuille  :  un  concerto  en  mi  bémol 
pour  piano,  avec  accompagnement  d'orchestre  ; 
un  quintette  pour  piano,  2  violons,  alto  et  violon- 
celle; un  4"  grand  trio  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle ;  une  suite  pour  instruments  à  cordes, 
etc. 

BRUCH  (Max),  violoniste,  chef  d'orches- 
tre et  compositeur,  est  l'un  des  membres  les  plus 
actifs,  les  mieux  doués  et  les  plus  distingués  de 
la  jeune  école  musicale  allemande.  Né  à  Colo- 
gne le  6  janvier  1838,  il  reçut  île  sa  mère  ses  pre- 
mières leçons  de  musique,  et  donna  de  très- 
bonne  heure,  dès  l'âge  de  neuf  ans,  dit  on,  des 
marques  certaines  du  talent  qu'il  devait  déployer 
un  joiu'.  Devenu  élève  de  Ferdinand  Hiller,  le 
fameux  maître  de  chapelle  de  Cologne,  il  reçut 
de  lui  une  instruction  étendue  et  solide,  et  ne  s'en 
sépara  qu'en  1865,  pour  devenir  musikdirector 
à  Coblentz,  emploi  qu'il  abandonna  au  bout  de 
deux  ans  pour  prendre  les  fonctions  de  maî- 
tre de  chapelle  de  la  cour  de  Sondershausen. 
C'est  à  partir  de  cette  époque  que  M.  Max  Bruch 
commença  à  se  produire  comme  compositeur , 
en  livrant  au  public,  outi'e  un  concerto  de 
violon,  deux  opéras,  une  symphonie,  et  deux 
grandes  compositions  chorales  et  instrumentales 
qui  sont  comme  des  espèces  d'oratorios  profa- 
nes, ou  plutôt  encore  des  cantates  largement  dé- 
veloppées. 

Le  premier  de  ces  opéras  est  intitulé  Loreley, 

et  est  écrit  justement  sur  le  sujet  de  celui   que 

Mendelssohn  laissa  inachevé  et  dont  l'ouverture 

est  si  connue  ;  le  second,  en  4  actes,  qui  a  été 

T.  I.  9 


130 


BRUCH  —  BRULL 


représenté  à  lOpéia  de  Berlin,  en  mars  1872, 
a  pour  titre  Hennione.  Tous  tleux  paraissent 
n'avoir  que  médiocrement  réussi.  Mais  l'oni- 
vie  sur  laquelle  s'est  fondée,  vers  1866,  la  jeune 
réputation  du  compositeur  est  son  Frilhjof, 
l'une  des  <ieux  grandes  cantates  qui  viennent 
d'être  signalées.  Le  musicien  a  détaclié  du  fa- 
meux poème  Scandinave  qui  porte  ce  titre  et  qui, 
on  le  sait,  a  été  écrit  par  le  célèiire  évèqued'Up- 
sal,  Esaias  Tegner,  un  certain  nombre  de  scènes 
qu'il  a  groupées  et  rattacliées  entre  elles  et  mi- 
ses en  musique.  C'est  là  une  production  remar- 
quable et  inspirée,  comprenant  sept  morceaux, 
presque  tous  fort  importants,  et  dont  M.  Wilder 
a  publié,  il  y  a  deux  ans,  une  très-bonne  tra- 
duction française  (Paris,  Durand-Schœnewerl<). 
Plus  récemment,  en  1873,  M.  Max  BrucU  a  fait 
entendre,  à  Barmen,  une  autre  composition  du 
même  genre,  qu'il  a  intitulée  Odysseus  ;  il  avait 
agi  de  même  pour  ce  qui  concerne  le  texte  de 
cette  œuvre,  en  se  servant  d'une  série  de  scènes 
extraites  par  lui  d'une  traduction  allemande  de 
VOdijssée.  La  seule  production  de  cet  artiste  que 
le  public  fiançais  ait  été  mis  à  même  de  connaî- 
tre est  son  concerto  de  violon,  que  M.  Sarasate  a 
exécuté  successivement,  dans  l'biver  de  1873- 
1874,  au  Concert  National,  aux  Concerts  popu- 
laires et  à  la  Société  des  concerts  du  Conserva- 
toire. Ce  concerto,  qui  affecte  une  forme  nou- 
velle et  plus  concise,  plus  serrée  (pie  la  forme 
Iradilionnelle,  ce  dont  il  faut  féliciter  l'auteur,  ne 
comprend  que  deux  morceaux,  un  adagio  \tvé- 
cédé  d'un  court  prélude,  et  un  allegro-finale  ; 
l'œuvre  ne  l)rillp  point  par  la  nouveauté  des 
idées,  non  plus  que  par  leur  ricliesse,  mais  elle 
est  écrite  avec  soin,  dans  un  style  pur  et  élevé, 
bien  construite,  instrumentée  avec  éclat,  avec 
chaleur,  et  elle  fait  honneur  à  celui  qui  l'a  con- 
çue. 

On  assure  que  M.  Max  Bruch  est  un  des  ad- 
mirateurs les  plus  fervents  de  Robert  Schumann 
et  l'un  des  défenseurs  les  plus  décidés  de  son 
école,  si  tant  est  que  Schumann  ait  fait  école. 
J'avoue  que  cela  me  surprend,  cardans  les  deux 
œuvres  que  je  connais  de  cet  artiste,  Friihof  et 
le  concerto  de  violon,  je  ne  vois  rien  qui  le  rap- 
proclie  de  la  nature  de  ce  musicien  poétique  et 
rêveur,  mais  singulièrement  étrange  et  fantas- 
que; j'y  vois,  au  contraire,  que  rinspiration  de 
M.  Max  BrLich  est  très-claire,  que  la  structure 
et  la  conduite  de  ses  morceaux  sont  très-ration- 
nelles, que  le  compositeur  ne  cherche  point  les 
modulations  tourmentées,  sauvages  parfois,  qui 
distinguent  la  musique  de  Schumann,  et  qu'enfin 
ses  grandes  qualités  sont  l'égalité  dans  le  style  et 
la  sagesse  dans  le  plan.  Il  faut  donc  croire,  en 


tout  cas,  que  l'admiration  de  !M.  Max  Bruch 
pour  Schumann  ne  se  traliit  par  aucune  imitation, 
aucune  recherche  de  la  manière  de  ce  maître. 

Outre  les  œuvres  dont  il  vient  d'être  [)arlé, 
M.  Max  Bruch  a  fait  exécuter  deux  symphonies, 
dont  une  en  mi  majeur,  im  oratorio  intitulé  Ar- 
minius  (Barmen,  décembre  1875);  une  ballade 
pour  chant  et  orchestre  intitulée  Schoën  Ellen 
(Leipzig,  1869),  et  il  a  pul)lié  les  compositions 
suivantes  :  3  duos  pour  soprano  et  contralto, 
avec  piano,  op.  4  ;  Trio  en  ut  mineur  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  5;  6  lieder  avec  piano, 
op.  7  ;  2  quatuors  pour  instruments  à  cordes, 
op.  9  et  10  ;  Fantaisie  pour  deux  pianos,  op. 
11  ;  6  pièces  pour  piano,  op.  12  ;  Hymne  pour 
soprano,  avec  piano,  op.  13;  2  pièces  pour  piano, 
op.  14;  4  lieder  avec  piano,  op.  15;  Kgrie, 
Sanclus  et  Agnus  Dei  pour  deux  sopranos, 
double  chd'ur,  orchestre  et  orgue,  op.  35;  Ju- 
bilate.  Amen  pour  soprano  solo,  chœur  et  or- 
chestre, op.  3;  etc.  Enfin,  on  doit  encore  à  cet 
artiste  une  musique  pour  la  Jeanne  d'Arc  de 
Schiller. 

M.  Max  Bruch,  qui  parle  très-couramment  le 
français,  est  venu  plusieurs  fois  à  Paris  et  est 
très  au  fait  du  mouvement  musical  de  notre 
pays.  C'est,  en  somme,  un  artiste  fort  distingué, 
instruit,  intelligent,  tenant  compte  de  toutes  les 
nécessités  de  l'art,  et  qui  semble  appelé  à  faire 
honneur  à  l'Allemagne  musicale.  Il  est  l'un  des 
rares  musiciens  de  la  jeune  génération  qui  sem- 
blent doués  d'un  vrai  tempérament.  A-t-il  du 
génie?  c'est  ce  que  l'avenir  seul  peut  nous  ap- 
prendre, car  jusqu'ici  il  n'a  encore  donné  que  de 
brillantes  promesses. 

*  liRUGUlÈRE  (Edouard),  est  mort  à  Nî- 
mes, dans  les  derniers  jours  du  mois  de  décem- 
bre 1863.  C'est  par  centaines  que  se  comptent 
les  romances  de  ce  compositeiir,  dont  un  grand 
nombre  obtinrent  jadis  d'énormes  succès.  11  a 
publié  aussi  six  chœurs  religieux  pour  trois  voiv, 
avec  solo. 

BliULL  (Ignace),  jeune  pianiste  et  composi- 
teur allemand,  s'est  produit  à  ce  double  point  de 
vue  en  exécutant  au  Gevvandhaus  de  Leip/ig 
(janvier  1869)  un  concerto  de  piano  dont  il  était 
l'auteur.  Au  mois  de  décembre  1875,  ce  jeune 
artiste  faisait  représenter  un  opéra  intitulé  Dan 
goldene  Kreuz  {la  Croix  d'or),  dont  le  livret 
était  tiré,  comrrie  cela  se  pratique  généralement 
à  l'étranger,  d'une  pièce  française,  Catherine  on 
la  Croix  d'or,  ancien  vaudeville  de  Mélesville  et 
Brazier.  Cet  ouvrage,  qui  était  le  premier  début 
dramatique  du  musicien  et  qui  était  un  peu  conçu 
dans  le  genre  de  l'opéra-comique  français,  réus- 
sit brillamment  et  fut  produit  successivement  sur 


BRÛLL  —  BULOW 


131 


la  plupart  des  scènes  importantes  de  l'Allemagne. 
Depuis  lors,  M.  Ignace  Briill  s'est  occupé,  paraît- 
il  de  la  composition  d'un  nouvel  opéra,  la  Pa- 
cification, qui  n'a  pas  encore  été  représenté. 

BRIJA'EAU  (Jacques),  musicien  qui  vivait  en 
Flandre  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
fut  maître  de  chant  à  l'église  de  Saint-Bavon, 
à  Gand.  Il  écrivit,  en  1566,  quelques  cantiques 
pour  la  confrérie  de  Notre- Dame-aux-Rayons, 
et  composa,  en  1577,  divers  chants  pour  les  fê- 
tes données  à  Gand  à  l'arrivée  du  prince  d'Orange 
en  cette  ville. 

*  BRUXETT!  (Jean-Gualbert).  A  la  liste 
des  ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il 
faut  ajouter  les  suivants  :  1°  Amore  imbralta 
il  senno,  opéra  bouffe  en  dialecte  napolitain, 
Naples,  th.  des  Fiorenlini,  1733  ;  2°  Don  Pas- 
qxiino,  opéra  bouffe,  Naples,  th.  Délia  Pace, 
1735;  3°  Lo  Corrivo,  folie  musicale  {pazzia 
per  mvsica),  id.,  id.,  1736. 

*  BRUAl  (Antoine-Barthélémy).  Aux  ou- 
Trages  dramatiques  de  ce  musicien  fort  distin- 
gué, il  faut  ajouter  Cadichon  ou  les  Bohémien- 
nes, opéra-comique  en  un  acte,  donné  au  théâ- 
tre Fe>deau  en  1792,  et  l'Esclave,  un  acte, 
donné  au  même  théâtre  en  ISOO.  Son  opéra  ita- 
lien ry.so^a  incantata,  traduit  en  français  par 
Sedaine  jeune,  avait  été  représenté  aussi,  à  Fey- 
deau,  le  3  aoiit  1789. 

BRUNI  (Srveuino),  professeur  et  théoricien 
italien,  est  auteur  de  l'ouvrage  suivant  :  Suc- 
cinto  dl  teoria  fondamentale  per  lo  schiavi- 
mento  delV  infonazione  e  per  Vaccordaiura 
istrum enfuie,  Gènes,  1861. 

BRUrMi  (Oreste),  écrivain  italien,  est  auteur 
d'un  ouvrage  ainsi  intitulé  :  Nioolo  Pagamni, 
célèbre  violinista  genovese,  raccon/o  sforico 
(Florence,  Galletti,  1873,  in-8  de  147  pages).  Ce 
récit  ne  manque  pas  de  quelque  intérêt,  mais 
j'en  crois  les  détails  un  peu  romanesques. 

BRUTI  (ViNCENZo),  compositeur  italien  et 
chef  de  musique  militaire,  est  l'auteur  d'une 
opérette  boulfe  intitulée  Macco,  qui  a  été  repré- 
sentée avec  succès,  au  mois  de  juin  1872,  sur  le 
théâtre  Brunetti,  de  Bologne.  M.  Bruti  a  écrit 
aussi  la  partition  d'un  drame  lyrique  en  3  actes, 
la  Fidanzata,  mais  je  ne  crois  pas  que  cet  ou- 
vrage ait  encore  été  représenté. 

BRZOWSKl  (Joseph),  pianiste  et  composi- 
teur polonais,  est  né  à  Varsovie  en  1805.  On  lui 
doit  diverses  compositions  religieuses,  entre  au- 
tres un  Requiem  estimé  des  artistes,  un  certain 
nombre  de  pièces  de  musique  instrumentale  et 
vocale,  et  enfin  un  opéra  représenté  en  1833  à 
Varsovie  avec  un  très-grand  succès  et  qui  avait 
pour  titre  :  Hrabia  Weselinskl  {le  comte  We- 


sellnski).  Cet  artiste,  qui  doit  aussi  être  cité, 
dit-on,  au  nombre  des  bons  écrivains  sur  la  mu- 
sique, dirigeait  dans  sa  ville  natale  une  société 
de  concerts  d'amateurs,  dits  concerts  de  la  Res- 
sourse.  —  Sa  fdle,  Mi'e  Hedwige  Brzowska, 
pianiste  distinguée,  s'est  fait,  à  partir  de  1842, 
une  grande  réputation  comme  virtuose. 

BUAT  (V ),  compositeur  français,  a  écrit 

la  musique  d'un  opéra-comique  en  un  acte,  les 
Noces  bretonnes,  qui  a  été  représenté  au  Casino 
de  Dunkerque,  au  mois  d'août  1868. 

BUCCîîLLATI  ( ),  pianiste  et  cora- 

positeui',  li\é,  je  crois,  à  Turin,  comme  profes- 
seur de  piano,  a  publié  une  bonne  méthode  pour 
cet  instrument,  et  s'est  fait  connaître  aussi  par 
un  certain  nombre  de  morceaux  à  deux,  quatre 
et  huit  mains,  publiés  par  les  éditeurs  Giudici  et 
Strada  :  1°  Galoppo  di  concerto;  2°  il  Carne- 
vale  di  Venezia,  scherzo  brillant;  3°  Ave  Ma- 
ria; 4"  il  Carnevale  di]  NapoU,  scherzo  bril- 
lant et  facile;  5"  Pensiero  elegiaco,  mélodie; 
6°  Scherzo  sur  le  Canto  greco,  de  Cavallini;  7"  6 
Diverdmenti,  à  quatre  mains  ;  enfin,  des  fantai- 
sies, mosaïques  et  arrangements  sur  des  rnotifs 
d'opéras  en  vogue  :  Rigoletto,  il  Trovatore, 
Viftore  Pisani,  VEbreo,  Jone,  un  Ballo  in 
Maschera,  etc.,  etc. 

BUCHET  (Jean-Nicolas),  compositeur  ama- 
teur, né  à  Limbourg,  exerçait  à  Vei'viers  la  pro- 
fession d'avoué  et  donna  en  cette  ville  une  grande 
impulsion  à  l'élude  et  à  la  pratique  du  chant 
choral.  Il  fit  exécuter  en  1854  un  grand  oratorio 
'\n['ûu\é  Judit/t,  et  écrivit,  dit-on,  plus  de  cent 
compositions,  parmi  lesquelles  plusieurs  messe.s, 
un  Te  Deum,  des  motets,  des  cantates,  des 
chœurs,  etc. 

BUCHOLZ  (Charles-Auguste),  facteur  d'or- 
gues estimé  en  Allemagne  et  établi  à  Berlin,  était 
né  en  cette  ville  le  13  août  1796.  Il  est  l'auteur 
des  principales  orgues  qui  existent  aujourd'hui 
à  Berlin  et  dans  l'ancien  royaume  de  Prusse.  Son 
fils,  Charles-Frédéric  Bucholz,\ai  a  succédé  en 
1850. 

BUGUET  (Henri),  vaudevilliste  qui  a  fait 
représenter  un  certain  nombre  de  pièces  sur  di- 
vers petits  théâtres  de  Paris,  a  publié,  dans  une 
série  portant  pour  titre  général  :  Foyers  et  Cou- 
lisses, histoire  anecdotique  de  tous  les  tliéd' 
ires  de  Paris,  un  petit  volume  intitulé  :  Bouf- 
fes-Parisiens (Paris,  Tresse,  1873,  in-l8),  qui 
retrace  â  peu  près  exactement  l'historique  du 
théâtre  fondé  par  M.  Offenbach. 

*  BUIIL    (Joseph-David),  est  mort  à  Ver- 
sailles au  mois  d'avril  1860. 

*  BULOW  (Hans-Guido  DE),  compositeur, 
chef  d'orchestre,   écrivain  musical  et  l'un  de 


132 


BULOW 


plus  grands  virtuoses  pianistes  de  ce  temps,  est 
le  fils  (l'un  ancien  chambellan  du  prince  d'Anhalt- 
Dessau,  très- connu  par  ses  travaux  littéraires, 
et  le  petit- fils  d'un  ancien  major  de  l'armée 
saxonne.  Jusqu'à  l'âge  de  neuf  ans  il  ne  laissa 
soupçonner  aucun  goût,  aucune  aptitude  parti- 
culière pour  la  musique,  et  c'est  seulement  û  la 
suite  d'une  longue  et  douloureuse  naaladie  que 
ses  facultés  artistiques  se  manifestèrent,  prenant 
bientôt  un  essor  extraordinaire.  Après  avoir  étu- 
dié le  piano  d'abord  avec  M"**  Schmiedel,  puis 
avec  Fr.  Wieck  et  M.  Litolff,  après  avoir  tra- 
vaillé l'harmonie  et  le  contrepoint  avec  Ebervvein, 
M.  de  Biilow  ayant  dû  suivre  sa  famille,  qui  de 
Dresde  fixait  sa  résidence  à  Stuttgard,  termina 
ses  éludes  littéraires  au  Gymnase  de  cette  ville, 
fc'y  produisit  comme  amateur  en  exécutant  avec 
succès  le  concerto  en  ré  mineur  de  Mendelssohn, 
et  en  1848  partit  pour  Leipzig  afin  d'y  faire  son 
droit  à  l'Université.  U  demeura  dans  cette  ville 
chez  un  parent,  le  docteur  Frege,  mari  de  la 
cantatrice  Livia  Gerhard,  dont  la  maison  formait 
une  sorte  de  centre  musical  très-actif.  Dans  un 
tel  milieu,  les  aptitudes  du  jeune  artiste  se  dé- 
veloppèrent avec  rapidité,  et,  après  s'être  perfec- 
tionné dans  l'étude  du  contre-point  avec  Maurice 
Ilauplmann,  il  partit  pour  Berlin,  où  il  se  lança 
aussitôt  dans  la  grande  mêlée  qui  mettait  aux 
prises  les  partisans  de  l'ancienne  école  allemande 
et  ceux  de  la  nouvelle,  à  la  tète  de  laquelle  se 
trouvaient  Liszt  et  Uohett  Schumann.  Quoique 
fort  jeune  alors,  puisqu'il  n'avait  pas  encore  vingt 
ans,  M.  de  Biilow  commença  à  écrire  des  arti- 
cles de  critique  dans  le  journal  démocratique 
VAbendposl,  articles  dans  lesquels  il  se  montrait 
l'adversaire  acharné  et  intraitable  des  doctrines 
de  la  vieille  école.  Ayant  entendu  à  Weimar, 
en  ISoO,  le  Lohengrin  de  U.  Richard  Wagner, 
il  renonça  définitivement  à  l'étude  du  droit  pour 
s'occuper  uniquement  de  musique,  et  cela  malgré 
ro|)position  <le  sa  famille. 

Il  se  rendit  alors  à  Zurich,  où  M.  Richard  Wa- 
gner, proscrit  politique,  s'était  réfugié.  Il  apprit 
de  lui  l'art  de  diriger  un  orchestre,  et  devint 
maître  de  musique  aux  théâtres  de  Zurich  et  de 
SamtGall.  Puis,  s'étant  réconcilié  avec  sa  fa- 
mille, il  repartit  en  1851  pour  Weimar,  où  il 
perfectionna  sou  taient  de  pianiste  sous  la  direc- 
tion de  M.  Liszt,  et  où  il  fit  la  connaissance  de 
Berlioz.  C'est  de  celte  époque  que  datent  les  ar- 
ticles très-remarques  qu'il  publia  dans  la  Neue 
Zeitschrift  fur  Musik.  En  1853,  il  fit  .sa  pre- 
mière tournée  artistique  en  Allemagne  et  en  Hon- 
grie, remporta  surtout  de  grands  succès  à  Brème, 
à  Hambourg  et  à  Berlin,  alla  s'établir  qnt'lque 


plusieurs  familles  nobles,  fii,  au  commencement 
de  1855,  une  nouvelle  tournée  dans  le  nord  de 
l'Allemagne,  et  accepta,  dans  le  courant  de  cette 
même  année,  la  place  de  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  de  Stern  et  Marx  à  Berlin,  place 
qu'il  conserva  jusqu'en  1864. 

En  1857,  M.  de  Bùlovv  épousa  la  fille  de  son 
maître.  M""  Cosima  Liszt;  en  1858  il  était  nommé 
pianiste  du  roi  de  Prusse,  en  1861  chevalier  de 
l'ordre  de  la  Couronne,  et  en  1863  docteur  en 
philosophie  à  l'Université  d'Iéna.  Pendant  ce 
temps,  et  malgré  de  très-nombreuses  occupa- 
tions, il  trouvait  encore  le  moyen  d'écrire  dans 
une  foule  de  journaux,  entre  autres  dans  la  Neue 
BerUner  Musikzeitimg  et  dans  la  Feuerspritze, 
et  s'occupait  de  répandre  le  goût  de  la  musique 
en  donnant  de  grands  concerts  symphoniques, 
des  séances  de  musique  de  chambre,  et  même 
en  se  faisant  entendre  fréquemment  seul,  et  tou- 
jours avec  le  plus  grand  succès.  Après  avoir  quitté 
le  Conservatoire  de  Berlin,  il  entreprit  de  nou- 
velles tournées  de  virtuose  en  Allemagne,  en 
Hollande,  en  Belgique,  en  France,  en  Russie.  «  Sa 
préférence  pour  les  (ruvres  de  la  nouvelle  école, 
,dit  un  de  .ses  liiogra|)lies,  lui  attira,  surtout  à 
Berlin,  de  rudes  adversaires  dans  la  presse.  Mais 
on  aurait  tort  de  croire  que  de  Bùlovv  se  montre 
dédaigneux  de  l'ancienne  école  ;  au  contraire,  il 
tâche  encore  aujourd'hui  de  rallier  des  principes 
si  divers  et  si  opposés.  » 

Cependant,  n'ayant  retiré  presque  aucun  fruit 
de  ses  tentatives  et  de  ses  luttes,  il  alla  rejoin- 
dre en  1804,  à  Munich,  M.  Richard  ^Yagner,  et 
l'aida  puissamment  dans  la  mise  à  la  scène  de 
son  opéra  de  Tristan  et  Isolde.  En  1 8G6,  il  se 
reuflit  à  Bàle,  y  donna  des  concerts,  puis,  ayant 
été  rappelé  en  Bavière  par  le  roi  Louis  II,  il  de- 
vint prenùer  chef  d'orchestre  du  tlitâlre  l^oyal 
et  des  concerts  de  Munich,  en  même  temps  qu'il 
était  choisi  comme  directeur  de  l'École  royale 
de  musique,  dont  il  opéra  la  réorganisation  et 
qui,  sous  son  impulsion,  prit  un  très-grand  dé- 
veloppement Ct'pendanf,  tant  de  travaux,  joints 
à  de  graves  chagrins  domestiques,  altéicrent 
profondément  sa  santé,  et  en  I86'J  il  quittait 
Munich  pour  aller  habiter  Florence,  où  il  demeura 
plusieius  annéi-s.  Depuis  lors,  il  a  fait,  en  Angle- 
terre et  en  Amérique,  des  voyages  artistiques  qui 
lui  ont  \aln,  comme  toujours,  les  plus  grands  et 
les  plus  inconleslables  succès. 

Herrnann  Mendel,  dans  son  Musikalisches 
Conversations-Lexicon,  a  caractérisé  le  talent 
de  M.  Hans  de  Bùlovv,  ses  facultés  multiples,  et 
la  situation  qu'il  a  occupée  en  Allemagne  :  «  Cet 
éminent  artiste,  dit-il,  doit  être  classé  parmi  les 


temps  à  Dresde,  où  il  donna  des  leçons  dans  1  phénomènes  les  plus  rares  et  comme  virtuose  et 


BULOW  —  BURACH 


i33 


comme  chef  d'orchestre;  !a  nature,  l'étiule  et  la 
force  de  volonté  lui  ont  donné  une  ténacité,  une 
persévérance  et  une  mémoire  prodigieuses. 
Comme  pianiste,  il  s'est  rendu  maître,  malgré  la 
petitesse  de  sa  main,  de  toutes  les  difficultés 
techniques  imaginables;  il  est  l'interprète  le  plus 
complet  des  différents  styles  et  des  directions 
multiples  de  la  littérature  de  son  instrument  ;  il 
les  reproduit  avec  une  clarté  d'analyse  et  une 
finesse  de  détails,  et,  en  môme  temps,  avec  une 
grandeur  et  une  poésie  dans  la  conception  de 
l'idée  générale  qui  le  placent  au  premier  rang 
sous  ce  rapport.  Il  s'est  d'ailleurs  identifié  si 
complètement  avec  les  œuvres  qu'il  exécute  qu'il 
les  possède  par  cœur,  si  étendues  et  si  compli- 
quées qu'elles  soient;  il  en  est  de  même  pour  les 
compositions  orchestrales  les  plus  difficiles,  qu'il 
dirige  sans  partition,  avec  une  sûreté  impertur- 
bable et  en  observant  rigoureusement  les  moin- 
dres nuances.  Son  éducation  scientifique  et  sa 
pénétration  d'esprit  lui  ont  permis  également  de 
se  distinguer  comme  écrivain  ;  son  style  clair, 
original  et  mordant  lui  a  souvent  suscité  d'ar- 
dents adversaires,  lorsqu'il  cherchait  à  faire  pré- 
valoir ses  idées  de  parti.  Mais  les  ennemis  les 
plus  déclarés  de  ses  idées  et  de  ses  tendances  ar- 
tistiques ne  peuvent  refuser  leur  estime  et  leur 
admiration  à  l'homme  qui  consacre  toutes  ses 
facultés  à  répandre  les  œ^uvres  des  maîtres  an- 
ciens et  modernes.  De  même  que,  dans  son  jeu, 
la  logique  et  l'analyse* raisonnée  l'emportent  sur 
le  sentiinent,  de  même  l'esprit  critique  domine 
l'imagination  dans  ses  travaux  littéraires  aussi 
bien  que  dans  ses  compositions.  Celles-ci  consis- 
tent en  une  vingtaine  d'œuvres,  dont  les  plus  re- 
marquables sont  -le  tableau  symphonique  JSir- 
ivana  (op.  20),  la  musique  du  Jules-César  de 
Shakspeare  (op.  10),  la  ballade  pour  orchestre 
la  Malédiction  du  Chanteur  (op.  16),  neuf  ca- 
hiers de  morceaux  de  piano,  etc.  Les  arrange- 
ments critiques  et  les  éditions  instructives,  les 
transcriptions  d'autres  maîtres  depuis  Scarlatti, 
Bach,  Hœndel  et  Gluck  jusqu'à  Berlioz,  Wagner 
et  Liszt,  sont  de  beaucoup  supérieures  en  nom- 
bre aux  œuvres  originales.  Comme  homme,  de 
Bùlow  est  à  bon  droit  estimé  et  généralement 
aimé,  car  son  caractère  est  ouvert,  loyal  et  che- 
valeresque, son  commerce  agréable,  et  son  amé- 
nité prévient  tout  d'abord  en  sa  faveur.  Avec  son 
maître,  F.  Liszt,  de  Bulow  a  le  plus  contribué, 
par  sa  personnalité,  à  combler,  pour  ainsi  dire, 
l'abîme  entre  l'école  néo-allemande  elles  tendan- 
ces musicales  antérieures.  )i  Aux  œuvres  de  I\r.  de 
Biilow  qui  viennent  d'être  mentionnées,  il  faut 
ajouter  un  grand  concerto,  deux  duos  de  concert 
pour  piano  et  violon,  et  plusieurs  lieder.  C'est  à 


lui  qu'on  doit  la  réduction  avec  piano  de  la  par- 
tition de  Tristan  et  Isolde,  et  celle  de  Vlphigé- 
nie  en  Aulide  de  Gluck  d'après  l'arrangement  de 
M.  Richard  Wagner. 

BUNGERT  (A....),  compositeur  allemand, 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de  lieder  pour  voix  seule  avec 
accompagnement  de  piano.  Sept  recueils  de  ce 
genre,  portant  les  numéros  d'œuvre  1,  2,  3,  4,  5, 
6  et  7,  ont  été  publiés  par  la  maison  Breilkopf  et 
Hârtel,  de  Leipzig. 

BUOA'OMO  (GmoLAMo),  professeur  de  mu- 
sique à  Palerme  et  théoricien,  est  l'auteur  d'un 
traité  intitulé  Nnnva  Sciiola  d'Armonia. 

BUONOIMO  (Alfonso),  compositeur  dra- 
matique, fils  d'un  chef  de  musique  de  l'armée 
napolitaine,  est  né  à  Naples  le  12  août  1829. 
Ayant  perdu  son  père  de  très-bonne  heure,  il 
devint  élève  externe  du  Con.'îervatoire,  où  il  com- 
mença l'étude  du  solfège  avec  Ac4iille  Pistilli,  et 
celle  du  piano  avec  Giovanni  Donadio  ;  il  devint 
ensuite  élève  de  Giuseppe  Polidoro,  puis  de  Luigi 
Siri  pour  le  piano,  de  Pietro  Casella  pour  l'har- 
monie, et  enfin  de  Raffaele  Polidoro  et  d'Alessan- 
dro  Busti  pour  le  chant.  Ayant  perdu  la  voix  à 
la  suite  d'une  maladie,  il  suivit  un  cours  de  com- 
position avec  Giuseppe Lillo.  se  produisit  en  pu- 
blic comme  virtuose  sur  le  piano,  puis  embrassa 
la  carrière  de  la  composition  dramatique  sous 
les  auspices  de  Giovanni  Moretti.  Voici  la  liste 
de  ses  œuvres  théâtrales,  qui  foules  ont  été  Irès- 
bien  accueillies  du  public  :  1°  Cicco  e  Cola  (Na- 
ples, th.  Nuovo,  8  décembre  1857);  2"  le  pre- 
mier acte  de/fl  Donna  romantica  ed  il  Medico 
omeopatico,  ouvrage  écrit  en  société  avec 
MVI.  Campanella,  Ruggi  et  Valente  (id.,  id., 
1858);  3°  ruitima  Domenica  di  Carnevale 
(id.,  id.,  1859)  ;  4°  la  Mmalora  de  Chiaja  (id., 
Jardin  d'hiver,  1862)  ;  5"  Ostie  non  Osti  (id., 
th.  Bellini,  1865)  ;  6"  le  Follie  amorose  (un  acte, 
id.,  id.,  8  décembre  1865);  7"  Tizio,  Cajo  e 
Sempronio  (id.,  th.  de  la  Fenice,  août  1807); 
8°  il  Marito  geloso  (id.,  th.  Rossini,  1871);  9° 
una  Giornaia  a  Napoli  (id.,  th.  Nuovo,  1871). 
Outre  ces  ouvrages,  M.  Buonomo  a  écrit  deux 
opéras,  le  Due  Maschere  et  Bi-Bà-bù,  qui 
n'ont  pas  encore  été  représentés,  et  il  a  publié 
diverses  œuvres  de  musique  vocale  religieuse 
ou  profane.  —  Le  frère  aîné  de  cet  artiste, 
M.  Eduardo  BMonomo,  violoniste,  pianiste,  com- 
positeur et  professeur,  né  à  Napdes  le  22  août 
1825,  est  maître  de  chant  dans  divers  établisse- 
ments d'éducation  de  cette  ville,  et  s'est  fait  con- 
naître par  la  publication  d'un  certain  nombre  de 
compositions  pour  le  chant  et  pour  le  piano. 

BURiVCH  (Juste),  moine  et  compositeur, 


134 


BURACH  —  BUSI 


né  à  Sachsein  (Suisse),  en  1706,  mourut  en  1768. 
A  peine  âgé  de  19  ans  il  entra  au  couvent  d'En- 
sieileln,  et  s'y  consacra  entièrement  à  l'étude  et 
à  la  nratiaue  de  la  musique.  Ce  couvent  possède 
encoie  un  grand  nombre  de  compositions  de 
Buracl),  qui,  dit-on,  témoignent  d'un  grand  sa- 
voir, et  parmi  lesquelles  on  dislingue  surtout 
deux  Ma(jnificat,  dont  l'un  à  quatre  et  l'autre  à 
huit  parties. 

liURALl-FORTI   ( ),   compositeur 

italien,  a  lail  représenter  le  31  octobre  1874,  sur 
le  théâtre  d'Arezzo,  un  opéra  intitulé  :  Piccarda 
Donriti. 

*BUniîURE  DE  WESEMBECK(LÉo>- 
Phiuppe-Marie,  chevalier  DE),  est  né  à  Ter- 
monde  le  16  août  1812,  et  non  le  17,  comme  il  a 
été  imprimé  par  erreur.  M.  du  lîurbure,  que  sa 
grande  situation  de  fortune  n'empèclie  pas  de  se  li- 
vrer avec  l'ardeur  la  plus  intelligente  à  la  culture 
des  arts  et  dos  lellres,  à  qui  l'on  doit  l'excellent 
catalogue  hijloi  ique  du  Musée  d'Anvers,  l'un  des 
meilleurs  ouvrages  de  ce  genre  qui  existent  dans 
toute  l'Europe,  et  plusieurs  autres  travaux  in- 
téressants sur  la  musique  et  sur  les  arts  plasti- 
ques, s'occupe  aussi  sans  cesse  de  composition 
musicale.  A  la  liste  de  ses  œuvres  en  ce  genre, 
il  faut  ajouter  les  suivantes  :  1"  Ouverture  de 
David  Téniers  ou  la  Kermesse  villageoise;  2° 
Divertissement  pour  orchestre,  en  ut  ;  3"  Ouver- 
ture de  Charlemagne,  pour  harmonie  militaire; 
4"  Divertissement  de  festival,  pour  harmonie  mili- 
taire ;  5"  Ilulde  uan  de  Kunst,  ode  syinphoni- 
nique  à  4  voix,  avec  orchestre  ;  6°  Le  Hoop  van 
Belgie,  à  4  voix,  avec  orchestre  -,  7"  Cantanti- 
bus  organls,  en  sol;  8"  In  exitu  Israël, 
psaume,  en  mi  bémol  ;  9"  Deus  firmavit,  en  ré; 
10"  Domine  salvum  fac,  en  ré;  1 1"  Ecce  quam 
honum,  en  si  bémol;  12°  Ave  Maria,  en  ut; 
13"  Ecce  panis,  en  mi  bémol,  avec  instruments 
à  vent;  14"  Responsoria  Passionis  secundum 
Mattheum,  à  4  voix,  en  sol,  sans  accompagne- 
ment :  15"  plusieurs  trios,  quatuors  et  quintettes 
pour  instruiiienls  à  cordes;  16"  plusieurs  Fan- 
taisies pour  violon,  pour  cor,  pour  clarinette  et 
divers  autres  instruments;  17"  plusieurs  mor- 
ceaux de  genre  pour  harmonie  militaire. 

M.  de  Burbure  a  publié  divers  écrits  relatifs  à 
la  musique  et  aux  musiciens  :  1"  Aperçu  sur 
Vancienne  corporation  des  musiciens  instru- 
mentistes d'' Anvers,  dite  de  Saint- Job  et  de 
Sainte-Marie-Madeleine,  Bruxelles,  impr. 
Hayez,  1862,  in-8"  de  19  pp.;  —  2"  Becherches 
sur  les  facteurs  de  clavecins  et  les  luihiers 
d'Anvers  depuis  le  seizième  jusqu'' au  dix-neu- 
■Diènjesirèi'f,  Bruxelles, impr.  ll;i\ez,  1863,  in-8'' 
de  32   pp.  ;  --   3°   ISotice  siir   Ckarles-Louis 


Hanssens,  id.,  id.,  1872,  in-12  de  11  pp.,  avec 
portrait;  —  4°  Notice  sur  C.-F.-M,  Bosselet^ 
id.,  id.,  1876.  in-12  de  11  pp.,  avec  portrait  ;  — 
5"  La  Sainte-Cécile  en  Belgique,  Bruxelles, 
1860,  in-8  ;  —  6"  Notice  sur  Jan  Van  Ockeghem 
(en  flamand),  Anvers,  1856,  in-S  (2' édition.  Ter- 
monde,  1868^  in-8°). 

M.  de  Burbure  a  été  élu  membre  de  l'Acadé- 
mie royale  de  Belgique  le  9  janvier  1862.  M.  Al- 
phonse Goovaerts,  bibliothécaire  adjoint  de  la 
ville  d'Anvers,  a  publié  sur  lui  une  notice  bio- 
graphique en  flamand  (Anvers,  1871,  in-8  de  28 
pp.),  et  il  a  paru  à  Bruxelles  (Hayez,  1874,  in- 
12)  une  ISotice  bibliographique  de  M.  le  che- 
valier Léon-P.-M.  de  Burbure.  —  Un  frère 
de  cet  artiste,  M.  Gustave  de  Burbure,  comme 
lui  dilettante  passionné,  habite  Gand,  où  depuis 
trente  ans  il  a  puissamment  contribué  au  dé- 
veloppement du  goût  musical  et  à  la  culture  in- 
telligente de  l'art.  Il  a  écrit  un  certain  nombre 
de  compositions  estimées,  que  l'on  confond  par- 
fois avec  celles  de  son  frère. 

lîURET  ( ),  compositeur  français  du 

dix- huitième  siècle,  a  publié  chez  Ballard  un  re- 
cueil de  Cantates  françaises,  et,  séparément, 
les  trois  cantates  suivantes  :  Sapho  et  Phaon, 
ode;  le  Bal;  et  Daphné. 

BÛRGEL  (CossT.\>TiN),  compositeur  et  pia- 
niste allemand,  a  publié,  pour  le  piano  ou  pour 
le  chant,  un  certain  nombre  d'œuvres  parmi  les- 
quelles je  citerai  les  suivantes  :  Sonate  pour 
piano,  op.  5  ;  suite  de  quatre  pièces  pour  piano, 
op.  6  ;  six  Zjerfcr  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  9  ;  Deux  ballades  pour  contralto  avec  accom- 
pagnement de  piano,  op.  12;  Fautas iestïicke 
pour  piano,  op.  13. 

RL'RGIO  DI  VILLAFI01UTA( ), 

compositeiu-  italien,  a  fait  représenter  avec  suc- 
cès en  1872,  au  théâtre  de  la  Pergola,  de  Flo- 
rence, un  opéra  sérieux  intitulé  il  Paria. 

*  BURGMÛLLER  (Jean  Fkèdéiîic-Fr.\n- 
çois),  né  à  Ratisbonne  non  en  1804,  mais  en  1806. 
est  mort  à  Beaulieu  (Seine-et-Oise)  le  13  février 
1874.  Cet  artiste  est  l'auteur  d'un  motif  de  valse 
très-gracieux,  mais  très-court,  intercalé  par 
Adolphe  Adam  dans  son  joli  ballet  de  Giselle, 
et  devenu  presque  fameux  sous  le  nom  de 
«  valse  de  Giselle  ».  Ce  motif  a  même  servi  de 
timbre,  il  y  a  vingt  ou  trente  ans,  à  un  grand 
nombre  de  couplets  de  vaudeville. 

BUSI  (Gilseipe),  organiste,  professeur  et 
théoricien,  né  à  Bologne,  de  parents  pauvres,  en 
1808,  apprit  à  lire  et  à  écrire  d'un  prêlre  qui 
lui  enseigna  aussi  le  piano  et  l'orgue.  Dès  son  plus 
jeune  âge  il  gagnait  sa  vie  comme  organiste.  Il 
étudia   ensuite  lliarmonie   avec  Palmerini,    le 


BUSl  —  BUZZI 


135 


contre-point  et  la  composition  avec  Tommaso 
Marches!,  mais  se  forma  surtout  lui-même  par 
la  lecture  des  œuvres  des  grands  maîtres  et  par 
le  soin  qu'il  prenait  de  les  mettre  en  parti- 
tion. C'est  ainsi  qu'il  laissa  une  très- nombreuse 
collection  des  principales  compositions  des 
coiitrapuntistes  Bolonais  de  1500  à  1800, 
foutes  écrites  de  sa  main.  Reçu  en  1832,  à  la 
suite  d'un  brillant  examen,  membre  de  l'Acadé- 
mie des  Philharmoniques  de  Bologne,  il  eut  un 
instant  l'idée  d'écrire  pour  le  tbéàtre  ;  mais  après 
un  essai  pourtant  heureux  fait  sur  une  scène  par- 
ticulière, il  en  revint  à  ses  compositions  reli- 
gieuses, et  se  consacra  à  l'enseignement  avec  d'au- 
tant plus  de  zèle  qu'il  avait  été  nommé  profes- 
seur decontre-point  au  Lycée  musical  de  Bologne 
C'est  pour  ses  élèves  dans  cet  établissement 
qu'il  écrivit  un  Guida  allô  studio  del  contrap- 
punio  fugato,  ouvrage  excellent,  dit-on,  mais 
qu'il  se  refusa  toujours  à  publier.  Busi  est  mort 
à  Bologne  le  14  mars  1871. Unde  ses  fils,  M.Ales- 
sandro  Busi,  son  élève,  lui  a  succédé  comme 
professeur  au  Lycée  musical  ;  un  autre,  M.  Luigi 
Busi,  est  un  peintre  distingué. 

*  BUSSCHOP  (Jules-Augustf.-Guillaume). 
Le  21  juillet  1800,  cet  artiste  a  fait  entendre 
dans  l'église  Sainte-Gudule,  de  Bruxelles,  un  Te 
Dezim  solennel  dont  la  critique  a  fait  l'éloge.  Le 
6  avril  1874,  il  a  fait  exécuter  à  Bruges,  par 
les  soins  de  la  Réunion  musicale,  de  nombreux 
fragments  d'un  drame  lyrique  en  3  actes  écrit 
sur  un  sujet  de  l'histoire  de  cette  ville,  la  Toi- 
son d'or,  qui  produisirent  un  grand  effet  sur  les 
les  assistants. 

BUSSIXE  (Prospeu-Alphonse),  chanteur  re- 
marquable, né  à  Paris  le  22  septembre  1821,  fut 
admis  au  Conservatoire,  dans  la  classe  de  Garcia, 
le  14  décembre  1842,  et  devint  ensuite  l'élève  de 
Moreau-Sainti  pour  l'opéra-comique.  Il  obtint 
un  accessit  de  chant  au  concours  de  1844,  sévit 
décerner  l'année  suivante  les  deux  premiers  prix 
de  chant  et  d'opéra-comique,  et  peu  de  temps 
après  fut  engagé  au  théàti  c  de  l'Opéra-Comique, 
où  il  ne  tarda  pas  à  faire  d'heureux  débuts  et  où 
il  se  fit  bientôt  la  réputation  d'un  excellent  chan- 
teur. Sa  belle  voix  de  baryton,  ample  et  puis- 
sante, mordante  et  corsée,  produisait  le  meilleur 
effet,  et  il  la  rendait  plus  remarquable  encore  par 
ses  rares  qualités  de  style  et  son  excellente  ma- 
nière de  phraser.  Si  Bussine  avait  été  moins  gêné, 
moins  emprunté  comme  comédien,  il  eût  conquis 
peut-être  la  célébrité.  Néanmoins,  et  pendant  les 
douze  années  environ  qu'il  passa  à  l'Opéra-Co- 
mique, il  créa  un  certain  nombre  de  rôles  dont 
quelques-uns  lui  firent  un  grand  honneur,  et 
parmi  lesquels  il  faut  citer  surtout  ceux  dont  il 


fut  chargé  dans  les  Porcherons,  Giralda,  la 
Chanteuse  voilée,  Raymond oa  le  Secret  delà 
Reine,  Gibbij  la  Cornemuse,  V Anneau  d'ar- 
gent, le  ^abab,  les  Sabots  de  la  marquise. 
Vers  1858,  Bussine,  sentant  ses  moyens  faiblir, 
prit  le  parti  d'abandonner  la  carrière  théâtrale; 
il  quitta  l'Opéra-Comique,  et  pendant  plusieurs 
années  se  fit  entendre  avec  grands  succès  dans 
les  concerts. 

Un  frère  de  cet  artiste,  M.  Romain  Bussine, 
né  à  Paris  le  4  novembre  1830,  fut  aussi  élève  de 
Garcia  et  de  Moreau-Sainti  au  Conservatoire,  où 
i!  obtint  les  seconds  prix  de  chant  et  d'opéra- 
comi(|ue  en  1850,  et  le  premier  prix  d'opéra- 
comique  en  1S51.  Il  n'aborda  cependant  pas  le 
théâtre,  et  se  livra  à  l'enseignement.  Il  fut  nommé 
professeur  de  chant  au  Conservatoire  le  30  mai 
1872.  Il  avait  fondé  l'année  précédente  la  So- 
ciété nationale  de  musique  (qui  a  pour  devise  : 
Ars  (jallica),  dont  il  est  demeuré  depuis  lors 
le  président. 

BUSTILLO  ITURRxVLDE  (Ces\ueo), 
conifiositeur  et  maître  de  chapelle,  naquit  à  Val- 
ladolid  le  25  février  1807.  Reçu  comuie  enfant 
de  chœur  à  la  cathédrale  de  cette  ville,  il  fit  ses 
études  de  .solfège,  d'harmonie  et  de  composition 
sous  la  direction  de  deux  artistes  appartenant  à 
la  chapelle  de  celle  église,  Fernando  Haikens  et 
Angel  Marlincbique.  Devenu  militaire  en  1824,  il 
lit  partie  d'abord,  comme  petite  flûte  et  comme 
basson,  de  la  musique  du  1"  régiment  de  ligne, 
puis  fut  employé  dans  les  bureaux  jusqu'en  1828, 
époque  de  sa  libération.  De  retour  dans  sa  ville 
nalale,  il  y  reprit  ses  études  de  composition,  tra- 
vailla avec  Soriano  Fuertes  (père),  et,  en  1832, 
ayant  pris  part  au  concours  ouvert  par  suite  de 
la  vacance  de  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Tolède,  il  l'emporta  sur  ses  ri- 
vaux et  fut  nommé  à  cet  emploi,  qu'il  conserva 
jusqu'en  1804.  Il  devint,  en  cette  dernière  année, 
chapelain  royal  de  la  même  église  Cet  artiste  a 
écrit,  pour  le  service  de  la  chapelle  dont  il  était 
le  directeur,  un  grand  nombre  de  compositions 
religieuses,  telles  que  messes,  vêpres,  lamenta- 
tions, répons,  motets,  cantiques,  psaumes,  mise- 
rere, etc.  La  plupart  de  ces  compositions  sont  à 
deux  chœurs  et  à  grand  orchestre.  M.  Bnslillo  a 
écrit  aussi  plusieurs  pièces  pour  musique  mili- 
taire. 

*  BUTERA  (André).  Ce  compositeur  a  fait 
représenter  au  théâtre  de  la  Canobbiana,  de  Mi- 
lan, le  12  septembre  1854,  un  opéra  sérieux  inti- 
tulé/a  Saracena.  Butera  est  mort  à  Palerme  le 
11  novembre  1862. 

"  BUZZI  (Antonio).  Cet  artiste  est  né  à 
Rome.  Il  a  souvent  abordé  la  scène,  sans  jamais 


d36 


BUZZI  —  BYESSE 


y  obtenir  de  succès,  si  ce  n'est  avec  son  opéra 
de  SaiU.  La  liste  de  ses  ouvrages  dramatiques 
doit  s'augmenter  des  œuvres  suivantes  :  Gus- 
mano  di  Médina  (Rome);  Vindovina  (Plai- 
sance, 1862)  ;  la  Lega  Lomharda,  représentée 
en  Espagne;  Sordello  ;  Denvenuto  Cellini,  bal- 
let ;  V Isola  degli  Amori,  ballet  ;  i  Due  Ciabat- 
tini,  opérette  (Turin,  1867).  L'auteur  du  Dizio- 
naro  biogrofico  italien,  Francesco  Regli,  dit  que 
M.  Buzzi  «a  [)ius  de  doctiine  que  d'inspiralion, 
plus  de  science  que  d'originalité,  »  et  que  la 
plupart  de  ses  opéras  sont  mort-nés.  Depuis  lon- 
gues années  cet  artiste  est  fixé  à  Milan,  où  il  se 
livre  à  l'enseiiinement  du  chant  et  où  ses  leçons 
sont  très-recherchées. 

'  BlIZZOLA  (Anto.mo),  (ils  d'un  artiste  qui, 
pendant  trente  ans,  fut  maître  de  chapelle  et  or- 
gani.ste  de  la  cathédrale  d'Adria,  en  même  temps 
que  premier  \i()lon  au  théAtre,  naquit  en  cette 
ville  vers  1815.  Son  père  lui  enseigna  à  jouer  de 
plusieurs  instruments,  et,  lorsqu'il  eut  atteint  sa 
quinzième  année,  l'envoya  à  Venise  pour  s'y 
perfectionner.  Admis  à  l'orchestre  du  théâtre  de 
la  Fenice  en  qualité  de  premier  violon,  puis  de 
flûte,  il  se  lit  lemarquer  par  son  habileté  à  ac- 
compagner au  piatio,  et  bieutôt  se  livra  à  la  pra- 
tique de  la  compositiou.  Après  avoir  donné  au 
théâtre  Gallo  .son  opéra  de  Ferramondo  (1836j, 
il  se  rendit,  sur  les  con.seils  de  quelques  amis,  à 
Niiples,  où,  sous  la  direction  de  Donizelti,  il  ter- 
mina ses  études  et  perfectionna  son  talent.  Ce- 
lui-ci lui  conlia  un  jour  le  soin  d'écrire  l'ouver- 
ture d'iMie  cantate  de  circonstance  qu'il  doiuiait 
au  théâtre  San-Carlo,  et  le  jeune  Buzzola  com- 
posa aussi  un  certain  nombre  de  morceaux  déta- 
chés pour  différents  théâtres.  En  même  temps  11 


écrivit  des  canzoni  en  dialecte  napolitain,  qui 
obtinrent  un  grand  succès.  Après  un  séjour  de 
deux  années  à  Naples,  il  retourna  à  Venise,  y 
donna  son  second  et  son  troisième  opéra,  il  Mas- 
1/ no  (th.  Gallo,  1840)  etgli  Avcentiirieri  (Fe- 
nice, 18il),  fit  exécuter  à  la  Société  Sainte- Cé- 
cile (1841)  une  messe  à  4  voix  et  à  grand  or- 
chestre, puis  partit  pour  Berlin. 

Après  les  deux  années  qu'il  passa  en  cette 
ville,  Buzzola  parcourut  l'Allemagne,  la  Pologne, 
une  partie  de  la  Russie,  vint  passer  quelque 
temps  à  Paris,  puis,  au  mois  de  septembre  1846, 
retournait  à  Venise,  où  il  faisait  entendre  une 
messe  de  Requiem  à  quatre  parties  avec  or- 
chestre, et  en  1847  donnait  au  théâtre  de  la  Fe- 
nice Amlelo,  opéra  qui  obtint  un  accueil  très- 
favorable,  et  qui  fut  bientôt  suivi  d'un  autre 
ouvrage,  EUsabeila  di  Valois.  C'est  peu  de 
temps  après  que,  Perotti  étant  mort,  il  succéda 
à  cet  artiste  comme  premier  maître  <le  la  clia- 
(»elle  de  l'église  St-Marc.  Il  mourut  lui-même  en 
cette  ville,  au  mois  de  mars  1871,  au  moment 
où  il  venait  de  terminer  un  nouvel  opéra,  la 
l'ula  onoraia.  En  dehors  du  théâtre,  Buzzola 
a  publié  un  assez  grand  nombre  de  compositions 
vocales,  entre  autres  un  album  de  douze  mor- 
ceaux, intitulé  xina  Notte  a  Venezia  (Milan, 
Lucca),  que  Tondit  d'une  inspiration  aimable  et 
pleine  d'élégance. 

lîYKSSE  ( ).  Deux  ouvrages  lyriques 

ont  été  représentés  sous  le  nom  de  cet  artiste  : 
1"  Pancrace  et  Polycarpe,2  actes,  th.  Montan- 
sier,  1797;  T  Sigebert,  roi  d'Austrasie,  ou 
l'Amour  gardois,  3  actes,  th.  des  Jeunes-Elè- 
ves, 4  octobre  1806. 


CABALLERO     (Mam'el    TKRNANDEZ), 

composileur  dramatique  espagnol ,  né  à  Murcie 
le  14  mars  1835,  apprit  les  premiers  éléments  de 
l'art  dans  sa  ville  natale,  puis  se  vendit  à  Madrid 
et  se  fit  admettre  au  Conservaloiie  de  cette  villeo 
Il  y  devint  l'élève  de  M.  Soriano  Fuertes  pour 
l'harmonie,  puis  de  M.  Hilarion  Eslava  pour  la 
composition,  et  obtint,  au  concours  de  1857,  le 
premier  prix  de  composition.  Tandis  qu'il  était 
au  Conservatoire,  M.  Caballeio  prit  part  à  un 
concours  ouvert  pour  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle de  Santiago  de  Cuba ,  et  fut  proclamé  vain- 
queur; l'emploi  ne  lui  fut  pourtant  pas  confié  à 
cause  de  son  jeune  âge,  car  il  n'avait  alors  que 
dix-huit  ans.  Ses  études  terminées,  le  jeune  ar- 
tiste se  livra  à  la  composition.  On  a  leprésenté 
de  lui  à  Madrid,  dans  ces  dernières  années,  un 
certain  nombre  de  zarzuelas  qui  ont  été  bien  ac- 
cueillies du  public;  voici  les  titres  de  celles  qui 
sont  venues  à  ma  connaissance  :  1°  Juan  Lanas  ; 
2°  la  Jardinera;  3°  el  Vizconde  de  Letoricres ; 
4°  el  Cocinero  ;  5"  Frasquilo,  un  acte  ,  th.  des 
Variétés ,  10  mars  1867  ;  G°  el  Primer  Dia  feiiz, 
3  actes,  th.  de  la  Zarzuela ,  30  janvier  1872; 
7°  el  Atrevido  en  la  cor  te,  id.,  1872  ;  8°  lu  Re- 
visla  del  Diablo;  9°  la  Clave,  2  actes  ;  10°  las 
Hijas  de Fulano,  un  acte;  ll°  Luz  y  Sombra; 
12°  el  Vélo  de  encaje;  13°  la  Gallina  ciega,  2 
actes;  13*^  las  Nueve  de  la  Noche,  3  actes  (en 
sociétéavec  M.  Casares)  ;  14°  Entre  el  Alcade 
y  el  Rey,  Madrid,  Mars  1876  ;  15°  la  Marsel- 
lésa,  M;)drid,  juin  1876  ;  16"  Elsiglo  que  viene, 
1876.  M.  Fernandez  Caballero  s'est  lait  connaître 
aussi  comme  compositeur  de  musique  religieuse. 
CABEL  (Makie  -  Josiipeie  DP.EULLETTE, 
épouse  CABU,  dite),  chanteuse  distinguée,  fille 
d'un  ancien  officier  de  cavalerie  de  l'armée  fran- 
çaise devenu  plus  tard  agent  comptable  dans  di- 
vers théâtres  de  Belgique,  est  née  à  Liège  le  31 
janvier  1827.  Elle  montra  dès  ses  plus  jeunes 
années  d'excellentes  dispositions  musicales,  et 
M""'  Pauline  Viardot,  qui  habitait  alors  un  châ- 
teau aux  environs  de  Bruxelles,  ayant  eu  occa- 
sion de  l'entendre  chanter,  lui  prédit  un  brillant 
avenir.  Son  père  étant  mort,  elle  donna  d'abord 
des  leçons  de  solfège  et  soutint  sa  mère  à  l'aide 
de  son  travail.  Bientôt  elle  devint  i'élève  d'un 
jeune  profes.seur  de  chant,  M.  Louis- Joseph  Cabu, 
dit  Cabel,  qui  en  devint  amoureux  et  l'épousa. 


Ce  mariage  ne  fut  pas  heureux ,  car  au  bout  de 
quelques  années  les  deux  époux  divorcèrent. 

En  1847,  M'"''  Cabel  vint  à  Paris  et  se  fit  en- 
tendre au  château  des  Fleurs,  établissement  de 
concerts  situé  aux  Champs-Elysées,  puis  elle 
obtint  un  engagement  à  l'Opéra- Comique,  où  elle 
débuta  au  mois  de  mai  1849  dans  le  rôle  de  Geor- 
gette  du  Val  d'Andorre,  après  (juoi  elle  se  montra 
dans  les  Mousquetaires  de  la  Reine.  Elle  passa 
alors  complètement  inaperçue,  mais  M.  Hanssens, 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  Monnaie,  de, 
Bruxelles,  étant  venu  l'entendre,  la  fit  engager 
à  ce  théâtre,  où  elle  se  produisit  en  1850  et  1851 
avec  un  énorme  succès.  Cependant,  en  1852, 
elle  allait  tenir  l'emploi  des  chanteuses  légères  à 
Lyon ,  aux  appointements  de  3,000  francs  par 
mois,  puis,  l'année  suivante,  se  faisait  entendre 
à  Strasbourg  et  à  Genève.  Enlin,  engagée  au 
Théâtre-Lyrique,  elle  y  vint  débuter  le  6  octobre 
1853,  dans  un  ouvrage  nouveau  d'Adolphe  Adam, 
le  Bijou  perdu,  et  lit  aitluer  la  foule  à  ce  théâtre 
par  la  façon  dont  elle  jouait  et  chantait  le  rôle  de 
Toinon.  Jeune,  fraîche,  accorte,  souriante,  ayant 
le  diable  au  corps,  manquant  à  la  fois  de  goût 
et  de  style  musical,  mais  douée  d'une  voix 
adorable,  d'une  pureté  merveilleuse,  et  dont 
le  timbre  brillant  et  argentin  produisait  un 
effet  étonnant  sur  le  public,  avec  cela  lançant 
les  traits  les  plus  difficiles  avec  une  crànerie  et 
une  sûreté  surprenantes.  M»"»  Cabel  se  fit  raid- 
dement  une  tr^s-grande  réputation,  qui  s'accrut 
encore  avec  la  création  qu'elle  fit  dans  la  Pro- 
mise, de  Claiiisson.  Son  succès  ne  fui  pas  moins 
grand  dans  plusieurs  autres  ouvrages  nouveaux, 
Jaguaritu  l'Indienne,  le  Muletier  de  Tolède, 
la  Chatte  merveilleuse,  si  bien  que  l'Opéra-Co- 
mique jugea  bon  de  .se  l'attacher. 

Elle  reparut  à  ce  théâtre  dans  un  nouvel  opéra 
d'Auber,  Manon  Lescaut,  et  cette  fois  le  public 
ne  lid  marchanda  pas  ses  applaudissements.  Elle 
reprit  alors  plusieurs  pièces  du  répertoire,  l'É- 
toile du  Nord,  V Ambassadrice,  Galatée,  le 
Songe  d'une  nuit  d'été,  et  mit  le  comble  à  sa 
renommée  par  sa  création  de  Dinorah  du  Pardon 
de  Ptoërmel,  bientôt  suivies  de  celles  qu'elle  fit 
dans  C hdteau-Trompette  et  dans  Zilda.  En 
1863,  M"*'  Cabel  retourna  au  Théâtre-Lyrique 
pour  jouer  Peines  d'amour,  traduction  de  Cosi 
fan  tutte,  de  Mozart,  puis  elle  revint  à  l'Opéra- 


138 


CABEL  —  CAFARO 


Comique  établir  le  rôlede  Pliiline  dansla  Mignon 
fie  M,  Anibioise  Thomas.  Peu  aprè>,  elle  quitta 
Paris,  et  depuis  lors  elle  a  donné  des  représen- 
tations en  province,  en  Belgique,  et  à  l'Opéra- 
Comique  de  Londres,  où,  en  1872,  elle  a  obtenu 
de  très-grands  succès. 

*  CABEZON  (Féi.ix-Antoine).  Dans  les 
éphémérides  de  son  CflieJirfano  /t/slorico  mu- 
sical pour  1S73,  M.  Soriano  Fiiertes  (i\e,  d'une 
façon  précise,  la  date  de  la  naissance  de  cet  ar- 
tiste au  30  mars  1510,  et  celle  de  sa  mort  au  26 
mars  1566. 

CABO  (FiiANcisco-JAviER),  or2;aiiiste  et  com- 
positeur espagnol,  naquit  àNagiiera  (province de 
Valence)  en  1768.  Il  étudia  le  solf'ge,  l'orgue  et 
la  composition  à  la  maîtrise  de  l'église  métropo- 
litaine de  cette  ville,  et  eut  terminé  de  bonne 
beure  son  éducation  musicale,  car  il  était  très- 
jeune  lorsqu'il  fut  nouurié  organiste  de  l'église  de 
Santa-Calaiina ,  puis  de  la  cathédrale  d'Orduiela. 
Doué  d'une  excellente  voiv  ,  il  obtenait,  en  1810; 
une  place  de  chanteur  à  la  chapelle  de  la  calhé- 
draledeValcnce,  et  devenait  en  1816  organiste  et 
en  18J0  maître  île  la  chapelle  de  cette  église.  Il 
n'occupa  ces  dernières  fonctions  que  pendant  deux 
années,  car  il  mourut  en  1832,  âgé  de  soixante- 
quatre  ans.  Cabo  lut,  dit-on  ,  un  des  artistes  les 
plus  distingués  de  l'école  de  Valence;  ses  compo- 
sitions nombreuses  ,  qui  consistent  en  messes  , 
vêpres  ,  motets ,  psaumes  et  autres  |)ièces  de  nui- 
.sique  sacrée  ,  se  font  remarquer  |)ar  un  véritable 
caractère  religieux,  par  une  réelle  élégance,  par 
la  spontanéité  de  rins|)iration  et  la  simplicité  du 
dessin  mélodique. 

CABRAL  (Antomo-Lopes),  musicien  portu- 
gais, naquit  à  Lisbonne  en  1634  ,  et  entra  assez 
jeune  dans  l'ordre  militaire  du  Cbiist;  il  fit  en- 
suite partie  de  la  chapelle  royale  sous  D.Alfonso  VI 
et  D.  Pedro  II,  en  qualité  de  chantre.  Après  avoir 
occupé  successivement  plusieurs  charges  impor- 
tantes dans  le  célèbre  couvent  du  Christ  à  Thomar 
et  plus  tard  à  Ponte  de  Lima  ,  il  retourna  à  Lis- 
bonne, oii  il  mourut  en  1698. 

J.  DE  V. 

CABR.VL  (Camillo),  musicien  portugais, 
vivait  au  wni"^  siècle.  Le  gouvernement  du  roi 
D.  José  1"  lui  fournit  les  moyens  de  faire  ses  étu- 
des en  Italie,  en  com[>agnie  d'autres  artistes  por- 
tugais de  talent  :  les  frères  Lima  et  Joâo  de 
Sousa  Carvol ho  {Voyez,  ces  noms), Il  fit  ses  étu- 
des au  Conservatoiie  de  Naples ,  et  de  retour  en 
Portugal  il  obtint  une  place  de  professeur  dans  le 
Seminario  patriarchal,  qui  était  alors  le  meil- 
leur établissement  de  Lisbonne  pour  l'enseigne- 
ment de  la  musique. 

J.   DE  V. 


CACACE  ( ),  compositeur  italien  con- 
temporain, a  fait  représenter  en  1854,  sur  l'un 
des  théâtres  de  Naples,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Elvira  de'Coltradi. 

*  CADAUX  (JiSTiN).  Cet  artiste  avait  abordé 
la  scène  pour  la  première  fois  en  donnant  à  Tou- 
louse, le  12  novembre  1834 ,  un  petit  opéra  co- 
mique en  unacie,  Axel,  qui  fut  fort  bien  accueilli, 
et  dont  les  deux  principaux  rôles  étaient  tenus 
par  deux  chanteurs  qui  se  firent  plus  tard  une 
grande  réputation,  MM.  Lafeuillade  etMocKer. 

Quoiqu'il  soit  parvenu  à  se  faire  jouer  à  Paris, 
l'existence  de  Cadaux  fut  toujours  médiocre  et 
précaire.  Il  avait  en  portefeuille  deux  ouvrages 
qui  ne  purent  jamais  fitre  représentés  :  le  Violon 
de.  Crémone,  d'après  un  conte  d'Hoffmann ,  et 
le  Sicilien,  d'après  la  charmante  petite  comédie 
de  Molière,  il  devint  organiste  du  temple  protes- 
tant de  la  rue  Chauchat ,  puis  un  instant  chef 
d'orchestre  d'une" troupe  lyrique  française  qui 
alla  s'établir  à  Londres  sans  succès.  En  1864,  il 
réorchestra  la  partition  du  Devin  du  village,  de 
Rousseau  ,  pour  la  reprise  qui  en  fut  faite  au 
Vaudeville.  Deux  ans  plus  tard,  à  la  mort  de 
Leborne,  il  fut  nommé  chef  de  copie  à  l'Opéra  , 
mais  ne  put  conserver  cet  emploi ,  qui  lui  fati- 
guait trop  l'esprit.  Bientôt  son  cerveau  s'affaiblit 
sensiblement,  peut-être  par  suite  des  malheurs 
et  de  la  misère ,  et  son  étal  intellectuel  devint  tel 
que  les  artistes  de  l'Opéra  et  de  l'Opéra-Comique, 
émus  de  sa  situation  ,  se  réuniient  po\ir  le  faire 
entrer  dans  la  maison  de  santé  de  Picpus,  où  il 
mourut  le  8  novembre  1874. 

Kn  1872,  l'Académie  des  beaux-arts  avait  attri- 
bué à  Cadaux  ,  avec  divers  autres  artistes  non 
musiciens,  le  prix  fondé  par  M.  Georges  Lambert 
pour  être  décerné  "  à  un  homme  de  lettres,  à  un 
arti.Ue,  ou  à  la  veuve  d'un  artiste,  comme  mar- 
que publique  d'estime  ».  Cadaux  a  publié  quel- 
ques morceaux  de  musique  légère  pour  le  piano. 

C^LESTIiXUS  ( ),  moine-compositeur 

qui  ilorissait  en  Allemagne,  vers  le  milieu  du 
xviii"  siècle,  est  l'auteur  de  quelques  concertos 
d'orgue  qui  ont  été  imprimés.  Y. 

CAERVVARDEIX  (Jonx),  compositeur  an- 
glais, vivait  vers  le  milieu  du  xvii*  siècle.  En 
1640  il  devint  musicien  de  la  chapelle  de  Char- 
les l'^'.  Y. 

C^SAR  (Jean-Michel),  compositeur  alle- 
mand,est  connu  par  l'ouvrage  suivant,  imprimé 
à  Augsbourg  :  Psalmi  vespertini  Dominici  et 
Fesfivi.  Y. 

*  CAFARO  (Pascal).  A  la  liste  des  com- 
positions dramatiques  de  cet  artiste,  il  faut 
ajouter  il  Natal  d'Ai^ollo,  représenté  à  Naples 
en  1775. 


CAFFI  ~  CAGNIARD 


139 


*  <".AFFI  (François),  célèbre'liistorien  musi- 
cal ,  est  mort  à  Pa()oue  au  mois  de  janvier  ou  de 
février  1874,  laissant  inédite  nne  Histoire  du 
thédire.  A  la  liste  de  ses  écrits  on  doit  joindre  le 
suivant  -.  Délia  vita  e  délie  opère  di  Giammateo 
Asola,  Padone,  18C2. 

CAGMARD  DE  LA  TOUR  (Cuarles, 
Ijaron  DE),  pliysicien  distingué,  né  à  Paris  le  31 
mai  1777,  successivement  élève  de  l'éfole  poly- 
teclinique  et  de  l'école  dos  ingénieurs  géograplies, 
consacra  toute  sa  vie  à  l'étude  des  sciences,  fut 
auditeur  au  conseil  d'État ,  et  en  1850  se  vit  élire 
membre  de  l'Académie  des  Sciences.  Outre  plu- 
sieurs inventions  mécaniques,  telles  que  celles 
du  peson  chronométrique,  de  la  pompe  filiforme, 
du  canon-pompe,  etc.,  et  l'exécution  de  divers 
travaux  d'art  dont  il  fut  cbargé  comme  ingénieur, 
on  lui  doit  des  progrès  notables  dans  hs  sciences 
physiques,  principalement  en  ce  qui  concerne 
l'acoustique ,  et  c'est  uniquement  en  raison  de 
ses  tiavaux  relatifs  à  cette  dernière  que  son  nom 
très -honorable  trouve  place  dans  ce  dictionnaire. 
Sous  ce  rapport,  il  convient  de  citer  en  première 
ligne  les  remarquables  expériences  qu'il  a  faites 
sur  le  son  à  l'aide  d'un  instrument  ingénieux 
inventé  par  lui  et  qu'il  baptisa  du  nom  de  sirène. 
La  sirène  est  devenue  populaire  parmi  les  sa- 
vants ,  et  voici  comment  la  décrivait  un  recueil 
spécial ,  le  journal  la  Science,  dans  une  notice 
consacrée  à  son  auteur  : 

«^Làsirène,  qui  datede  1819,  est  un  instrument 
destiné  à  mesurer  les  vibrations  de  l'air  qui  cons- 
titue le  son.  Tous  les  physiciens  la  connaissent; 
il  n'est  même  pas  d'élève  de  collège  qui  ne  l'ait 
vu  fonctionner  lorsqu'on  fait  des  expériences 
d'acoustique.  Voici  sur  quel  principe  s'appuyait 
M.  Cagniard  en  confectionnant  son  appareil  :  si 
le  son  produit  par  les  instruments  est  dû  princi- 
palement, comme  le  croient  les  physiciens,  à  la 
suite  régulière  des  chocs  multipliés  qu'ils  don- 
nent à  l'air  atmosphérique  par  leurs  vibrations, 
il  semble  naturel  de  penser  qu'au  moyen  d'un 
mécanisme  qui  serait  combiné  pour  frapper  l'air 
avec  la  même  vitesse  et  la  même  régularité,  on 
pourrait  donner  lieu  à  la  production  du  son.  Tel 
est,  en  effet,  le  résultat  qu'il  a  obtenu  à  l'aide 
de  son  procédé,  qui  consiste  à  l'aire  sortir  le 
vent  d'un  soufllet  par  un  petit  orifice,  en  face 
duquel  on  présente  un  plateau  cii-culaire  mobile 
sur  son  centre ,  et  dont  le  mouvement  de  rotation 
a  lieu  soit  par  l'action  du  courant,  ou  par  un 
moyen  mécanique.  Le  plateau ,  dans  la  partie  de 
la  surface  qui  s'applique  contre  l'orifice ,  est  percé 
obliquement  d'un  certain  nondjre  d'ouvertures 
rangées  dans  un  même  cercle  concentrique  à  l'axe 
et  espacées  entre  elles  le  plus  également  possible. 


Par  le  mouvement  du  plateau,  ces  ouvertures 
viennent  se  présenter  successivement  devant  l'o- 
rifice qui  se  trouve  ainsi  à  jour  lors  du  passage 
de  la  partie  évidée  du  plateau  et  recouvert  im- 
médiatement après  par  la  partie  pleine  qui  lui 
succède.  Ce  courant ,  par  le  mouvement  rapide 
du  plateau ,  donne  à  Pair  extérieur  une  suite  ré- 
gulière de  chocs  qui  produisent  un  son  analogue  à 
la  voi\  humaine,  et  qui  est  plus  ou  moins  aigu, 
selon  que  le  courant  fait  tourner  le  plateau  avec 
plus  ou  moins  de  vitesse  (1).  » 

En  1829,  Cagniard  de  La  Tour  publia  un  Mé- 
moire sur  le  sifflement  de  la  6ouc/ie,  travail  qui 
lui  servait  à  démontrer  que  ,  dans  l'acte  du  siffle- 
ment ,  les  lèvres  agissent  comme  une  ouverture 
tubulaire  plus  ou  moins  allongée  ,  ouverture  qu'un 
courant  d'air  sortant  des  poumons  ou  y  rentrant 
traverse  avec  une  certaine  vitesse  en  frottant  par 
intermittence  les  parois  de  ce  coniiuit.  C'est  par 
les  expériences  faites  à  ce  sujet  que  Cagniard  de 
La  Tour  fut  amené  à  considérer  le  larynx  comme 
un  instrument  à  anches,  dans  lequel  l'air  mis  en 
vibration  par  le  fi-oltement  contre  les  lèvres  in- 
férieures de  la  glotte  viendrait  choquer  les  lèvres 
supérieures  et  y  formerait  des  sons  plus  intenses 
qu'il  n'aurait  pu  produire  en  y  arrivant  directe- 
ment. Cagniard  de  La  Tour  disait  à  ce  sujet, 
dans  une  notice  publiée  par  lui-même  sur  ses  tra- 
vaux (2)  :  —  «  Les  ventricules  qui  sont  entre  les 
lèvres  supérieure  et  inférieure  ont  une  influence 
très-prononcée  sur  le  timbre  particulier  que  la 
voix  humaine  peut  prendre.  Le  fond  de  l'arrière- 
bouche,  qui  peut  se  contracter  et  se  dilater  entre 
certaines  limites ,  et  la  cavité  buccale  exercent 
aussi  une  action  toute  spéciale  sur  les  sons  que 
l'on  émet,  et  font  de  la  voix  de  l'homme  un  ins- 
trument à  part  ,  bien  distinct  de  tous  les  autres 
instruments.  Par  des  essais  sur  des  individus  vi- 
vants ayant  des  ouvertures  à  la  trachée  ,  M.  Ca- 
gniard a  pu  reconnaître  la  valeur  en  atmosphères 
de  la  pression   exercée  par   les  poumons  dans 
l'acte  de  l'émission  de  la  voix  ,  et ,  par  des  essais 
semblables  dans  le  cas  d'insufflation  dans  des  ins- 
truments à  vent,  M.  Cagniard  a  pu  donner  en 
nombres  la  pression  exercée  aussi  dans  ce  dernier 
cas.  L'étude  de   la  résonuance  des  glottes ,  soit 
membraneuses ,  soit  à  élasticité  de  torsion ,  a 


(1)  La  Science,  année  1857.  Depuis  lors,  Cagniard  de  La 
Tour  a  fait  diverses  applications  de  son  inventio;i  pre- 
mière, et  il  a  imaginé  l.i  sirène  complexe  à  séries  otidu- 
lees,  la  sirène  u  plateau  épais,  les  sirènes  à  deux  sons 
simultanés,  etc.  On  peut  consulter  à  ce  sujet  les  Anna- 
les de  physique  et  de  chimie,  ainsi  que  les  Comptes  ren- 
dus de  l  Académie  des  sciences. 

(5)  N otice  sur  les  travaux  scicntiUquesdeM.  Cagniard- 
Latour,  Paris,  impr.  Bachelier,  1851, 10-4». 


140 


CAGNIARD  —  CAGNONI 


monfré  que,  pour  qu'il  y  ail  un  son  de  produit 
avec  une  certaine  rondeur  et  avec  une  certaine 
facilité,  il  faut  que  les  deux  lèvres  de  la  glotte 
aient ,  en  général,  une  tension  différente.  »  Ca- 
gniard  ne  se  contenta  pas  de  ces  observations  po- 
sitives ;  il  voulut,  à  l'aide  de  larynx  artificiels, 
faire  des  expériences  sur  la  voix  humaine,  et  à 
ce  sujet  Magendie  écrivait  ce  qui  suit ,  dans  son 
Précis  élémentaire  de  physiologie  :  «  M.  Ca- 
gniard-Latour  a  fait  construire  un  jjetit  appareil, 
véritable  larynx  artificiel,  où  deux  lames  minces 
de  gomme  élastique,  tendues  à  l'extrémité  d'un 
tube  évasé  ,  se  touchent  par  l'un  de  leurs  bords; 
quand  on  souffle  doucement  dans  le  tube,  il  se 
produit  un  mouvement  d'anche  semblable  à  celui 
du  larynx,  et  conséqnemment  un  son  qui  a  beau- 
coup danaloj:(ie  avec  la  voix.  Mais  ce  quil  aurait 
été  difficile  de  prévoir,  pour  que  le  son  soit  pur 
et  qu'il  se  forme  aisément ,  les  lames  doivent  être 
inégalement  tendues;  par  exemple,  les  sons 
qu'elles  rendent  isolément  sont- ils  à  la  (juinte 
l'un  de  l'autre,  alors  le  son  commun  est  la 
tierce.  » 

On  conçoit  tout  ce  que  de  semblables  expé- 
riences offient  d'utile  et  d'intéressant  au  pouit 
de  vue  physiologique,  et  en  ce  qui  concerne  le  phé- 
nomène de  la  production  du  son  par  le  gosier  liu- 
main.  D'autres  travaux  sur  l'acoustique  de  Ca- 
gniard  de  la  Tour,  soit  utiles,  soit  ingénieux,  ne 
présentent  guère  moins  d'intérêt;  je  me  bornerai 
néanmoins  à  les  énumérer,  car  leur  analyse  m'en- 
traînerait trop  loin  :  on  trouvera  ,  dans  la  Notice 
citée  plus  haut,  des  détails  suffisants  sur  le  mar- 
teau musical,  sur  Veffet  sonore  produit  par 
les  corps  solides  qui  tournent  avec  une  grande 
vitesse,  sur  la  Fronde  musicale,  sur  la  Sirène- 
fronde,  sur  la  nouvelle  théorie  des  cordes  so- 
nores, sur  la  résonnance  des  liquides,  el  une 
nouvelle  espèce  de  vibration  que  l'auteur  a 
nommée  «  vibration  globulaire,  »  sur  les  effets 
du  recuit  et  de  la  trempe  sur  le  son  produit 
par  les  solides,  sur  faction  de  Veau  dans  la 
production  du  5o?i  par  Vair,  enfin  sur  l'appa- 
reil pour  tracer  les  vibrations  d'un  diapason. 
Ces  divers  travaux  suffiraient  pour  assurer  et 
légitimer  la  renommée  du  digne  savant.  Cagniard 
de  la  Tour  est  mort  le  5  juillet  1859,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-deux  ans. 

Ceux  qui  voudront  se  renseigner  d'une  façon 
plus  étendue  sur  les  travaux  de  cet  homme  dis- 
tingué pourront  consulter,  outre  les  ^Mémoires  de 
l'Académie  des  Sciences ,  les  écrits  suivants  : 
1°  Notice  sur  les  travaux  de  M.  Cagniard- 
Latour,  Paris,  impr.  Bachelier,  1851,  in-4";  — 
2°  Biographie  de  Cagniard  de  Lafour  (signée 
Jacob  et  extraite  du  journal  la  Science),  Paris, 


impr.  Duhuisson,  s.  d.  (1857),  in-S";  —  3»  Ins- 
titut impérial  de  France.  Funérailles  de  M.  le 
baron  Cagniard  de  Latour.  Discours  de 
M.  Becquerel,  prononcé  le  jeudi  7  juillet  1859, 
Paris,  impr.  Didot  (s.  d.),  in-4'';  — 4"  Notice 
des  travaux  du  baron  Cagniard  de  Latour, 
Paris,  impr.  Dondey-Dupré,  s.  d.,  in-4''. 

CAGA'OLA  ( ),  musicien  italien,  a  fait 

représenter  en  1854,  sur  l'un  des  théâtres  de  Mi- 
lan, un  opéra  bouffe  intitulé  il  Podestà  di  Car- 
magnola. 

*CAGI\OJVI(.\NTOMo),run  des  compositeurs 
dramatiques  favoris  de  l'Italie  contemporaine, 
est  né  à  Godiasco,  dans  la  province  de  'X'oghera, 
jjn  1828.  Son  père,  docteur  en  médecine,  ne  s'op- 
posa pas  à  son  penchant  pour  la  musique,  et  le 
jeune  Cagnoni,  après  avoir  reçu  pendant  deux 
années  des  leçons  d'un  professeur  nommé  Felice 
Moretti,  entra  au  Conservatoire  de  Milan,  le 
2  mars  1842,  pour  y  étudier  le  violon  d'abord,  la 
composition  ensuite,  et  en  sortit  le  7  septembre 
1847.  Placé  d'abord  sous  la  direction  du  contre- 
pointiste  Ray,  il  acheva  son  éducation  avec  Frasi. 
Il  était  encore  au  Conservatoire  lorsqu'il  écrivit 
deux  petits  opéras,  Rosalia  di  San  Minialo  et 
/  due  Savfjnrdi,  qui,  je  crois,  ne  furent  pas  re- 
présentés ailleurs  que  sur  le  petit  théâtre  r'e  cet 
établissement.  C'est  encore  au  Conservatoire  qu'il 
com|)osa  son  premier  ouvrage  impoitani.  Don 
Bucefalo,  qui  fut  représenté  sur  le  théâtre  Ue, 
de  Milan,  avec  un  succès  auquel  n'était  pas  étran- 
ger Iç  fameux  bouffe  Botlero,  qui,  chargé  du  rôle 
le  plus  important,  celui  d'un  vieux  maître  de 
(  hapelle,  y  déploya,  outre  de  rares  qualités  de 
chanteur  et  de  comédien,  un  double  lalent  de 
])ianiste  et  de  violoniste  qui  émerveillait  le  public. 
La  |)artition  du  jeune  maître,  tout  en  manquant 
d'originalité,  n'était  pas  d'ailleurs  sans  valeur,  et 
faisait  bien  augurer  de  l'avenir  d'un  compositeur 
à  peine  âgé  de  dix-neuf  ans.  Ce  qui  le  prouve, 
c'est  qu'après  trente  ans  écoulés  ,  Don  Bucefalo 
fait  encore  partie  du  répertoire  de  tous  les  théâ- 
tres italiens,  et  que  le  public  ne  cesse  de  l'ac- 
cueillir avec  faveur. 

Une  fois  entré  ainsi  de  plain-pied  dans  la  car- 
rière, M.  Cagnoni  ne  perdit  point  son  temps,  et 
dans  l'espace  de  neuf  années  écrivit,  toujours 
dans  le  genre  bouffe  ou  semi-sérieux ,  qu'il  n'a 
jamais  abandonné,  six  ouvrages ,  dont  un  surfout, 
il  Testamento  di  Figaro,  obtint  du  succès.  Ce- 
pendant, vers  1856,  il  interrompit  sa  carrièire 
dramatique  pour  accepter  un  emploi  de  maître 
de  chapelle  à  Vigevano.  Pendant  quelques  années, 
il  ne  s'occupa  donc  plus  que  de  musique  reli- 
gieuse, et  l'on  cite  surtout,  parmi  ses  meilleures 
compositions  en  ce  genre ,  une  messe  funèbre  qui 


CAGNONI  —  CAHEN 


141 


fut  écrite  pour  l'anniversaire  de  la  mort  du  roi 
Ciiarles-Albert  et  exécutée  à  Turin  en  1859. 

Le  i  septembre  lSG3,  IM.  Casnoni  rentrait  dans 
la  lice  et  donnait  à  la  Scala,  de  Alilan,  il  Vecchio 
délia  Montagna,  ouvrage  qui  était  joué  par  le 
ténor Prudenza,  le  baryton  Cotogni,et  iaPHJinieri, 
cantatrice  distinguée,  et  qui  tut  accueilli  aussi 
froidement  par  la  critique  que  par  le  public.  Mais 
le  compositeur  devait  prendre  bientôt  sa  revanche 
avec  l'éclalanl  succès  de  Michèle  Perrïn,  qui 
fut  représenté  l'année  suivante  et  qui,  je  crois, 
est  le  |)remier  ouvrage  donné  en  ttalie  sous  l'ap- 
pellation d'o/.e/'a  comica.  Le  boulTe  Bottero  prit 
encore,  en  cette  circonstance,  une  grande  part 
au  succès  de  son  ami ,  mais  l'œuvre  du  musicien 
n'en  était  pas  moins  fort  remarquable.  Depuis 
lors  M.  Cagnoni  n'a  guère  connu  que  des  succès, 
et  ses  derniers  ouvrages ,  particulièrement  Clau- 
dia, la  Tombola  et  Papii  Martin,  ont  tous  été 
reçus  avec  la  plus  grande  faveur.  Il  est  juste  de 
remarquer  que  le  talent  de  M.  Cagnoni  s'affirme 
d'une  façon  indiscutable  ,  et  que  ses  qualités,  qui 
consistent  surtout  dans  la  verve,  la  chaleur,  le 
brio,  l'action  scénique,  une  gaîté  franche  et  com- 
municalive  avec  laquelle  viennent  parfois  con- 
traster des  accents  d'un  sentiment  tendre  ,  mélan- 
colique et  louchant,  sont  précisément  celles  de 
l'ancienne  race  musicale  italienne.  Sa  musique 
est  claire,  facile,  mélodique  et  correctement, 
sinon  élégamment  harmoni.^ée  ;  son  défaut  peut- 
être  est  dans  l'uniformité  des  idéeset  des  rhythmes, 
et  dans  le  procédé  un  peu  banal  de  l'instrumen- 
tation. Mais  ce  défaut  est,  en  somme,  largement 
compensé  par  les  qualités  qui  viennent  d'être 
énumérées. 

Voici  la  liste  complète  des  productions  drama- 
tiques de  M.  Cagnoni  •  —   1"  Rosulia  di  San 
Mlniulo,  Milan,  18ij;  —  2"  /  due  Savojardi, 
Milan,  18iG  ;  —  3"  Don  Ducefalo,  Milan,  théâtre 
Re,  1847;  —  4"  Jl  Teslamenlo  di  Figaro,  id., 
id.,  1848  ;  —  5»  Anwri  e  TrappoU',  Gênes,  th. 
Carlo  Felice,  1850  (refait  en  partie,  rinnovato, 
et  joué  à  Rome,  sous  cette  nouvelle  forme,  en 
18C7;  ;  —  6°  La  Valle  d'Andoria,  Milan,  th.  de 
la  Canobiiina,  isôl  (remanié  aussi  et  ainsi  joué 
à  Gênes  en  1861);  —  7°  Gi)Y/M«,  Milan,  th.  de 
Santa  Radegonda,  1852  -,  —  8»  La  Fioraia,  Tu- 
rin, théâtre  National,  1855  ;  —  9°  La  Figlia  di 
don  Liborio,  Gênes,  th.  Carlo  Felice,  1856;  — 
10°  Il  Vecchio  délia  Montagna,  4  actes,  Milan, 
Scala,  4  septembre  1863;—  ii"  Michèle  Peirin, 
3  actes.  Milan,  7  mai  1864  (donné  d'abord  quatre 
fois  sur  le  théâtre  particulier  de  l'Académie  des 
philodramatiques,  au  bénéfice  des  réfugiés  hon- 
grciis  et  polonais,  et  représenté  ensuite,  avec  les 
mêmes  interprètes,  M""'"  Teresina  Pozzi,  Caterina 


Yalforta,  MM.  Archinti,  Altini,  Bottero,  Tintorer 
et  Anselmi ,  sur  le  théâtre  de  Santa-Radegonda)  • 
—  12''  Claudia,  4  actes,  Milan  ,  th.  de  la  Canob- 
biana,  19  mai  1866;  —  13"  La  Tombola,  Rome, 
th.  Argentina  ,  janvier  1869  (ouvrage  tiré  du  vau- 
deville français  la  Cagnotte  et  merveilleusement 
joué,  pour  le  rôle  principal ,  par  le  bouffe  Fiora- 
vanti);  —  14°  Un  Capriccio  di  donna,  Gênes, 
th.  Carlo  Felice,  mars  1870  ;  —  15°  Papa  Mar- 
tin, Florence,  théâtre  National ,  1871  (tiré  du 
drame  français  les  Crochets  du  père  Martin); 
16"  Il  mica  di  Tapigliano,  Lecco,  lo  octobre 
1874. 

La  carrière  de  M.  Cagnoni  n'a  pas  toujours  été 
facile,  surtout  dans  ses  commencements,  et  ce 
n'est  que  depuis  quelques  années,  à  la  suite  de 
luttes  énergiques,  que  l'artiste  a  conquis  défini- 
tivement les  faveurs  du  public.  Voici  ce  que  di- 
sait à  ce  sujet  un  critique  italien,  M.  d'Arcais 
{Voije:^  ce  nom),  peu  de  temps  après  la  représen- 
tation de  la  Tombola,  une  des  œuvres  les  plus 
heureuses  du  compositeur  -.  «  Aucun  maître  n'a 
éprouvé  comme  M.  Cagnoni  les  caprices  de  la 
fortune.  Après  avoir  débuté  avec  Don  Bucefalo, 
un  des  meilleurs  ouvrages  du  répertoire  bouffe 
italien  ,  il  fut  comme  surfait  parce  brillant  essai. 
Pendant  beaucoup  d'années  il  tâtonna  et  chercha 
sa  voie ,  et  la  Fioraia,  la  Valle  d^Andorra,  il 
Vecchio  délia  Mo)i(agna  ne  furent  point  des 
tentatives  heureuses.  Quelquefois  M.  Cagnoni  fut 
viaiment  poursuivi  par  le  mallieur,  comme  pour 
l'opéra  Amori  e  Trappole,  qui  mériterait  bien 
d'être  repris  plus  souvent ,  et  pour  Claudia,  par- 
tition très-élégante  qui  tôt  ou  tard  devra  repa- 
raître. M.  Cagnoni  doit  être  loué  et  cité  comme 
un  exemple  ,  surtout  pour  sa  persévérance.  Il  est 
resté  sur  la  brèche,  combattant  valeureusement, 
et  acquérant ,  comme  Antée ,  une  nouvelle  vigueur 
chaque  fois  qu'il  touchait  la  terre.  Maintenant  en- 
fin il  commence  à  recueillir  le  prix  dû  à  sa  cons- 
tance. C'est  que  le  théâtre  peut  être  comparé  à  ces 
femmes  un  peu  fantasques,  qui  aujourd'liui  vous 
font  entrevoir  le  troisième  ciel  et  demain  vous 
repousseront  jusque  dans  l'enfer....  » 

Les  derniers  succès  de  M.  Cagnoni  lui  ont  créé 
dans  sa  patrie  une  grande  situation  artistique;  il 
est  juste  de  remarquer  pourtant  que  ses  œuvres 
et  son  nom  n'ont  pas  réussi  jusqu'ici  à  forcer  les 
frontières  ni.  à  s'épandre  au  dehors.  En  ce  qui 
concerne  la  France,  particulièrement,  un  seul 
ouvrage  de  M.  Cagnoni  y  a  été  représenté  :  c'est 
Don  Bucefalo,  joué  il  y  a  une  dixaine  d'années 
à  notre  Théâtre-Italien  et  accueilli  avec  réserve 
par  le  public. 
CAIIEN  (Eunest),  compositeur  et  pianiste, 
I  né  à  Paris  le  18  août  1828,  a  fait  ses  éludes  au 


U2 


GAHEN 


CAMBERT 


Conservatoire  de  cette  ville,  on  il  obtint  en  1845 
un  premier  accessit  d'harmonie  et  accompagne- 
ment, et  le  premier  prix  en  1847.  Deux  ans 
après,  en  1849,  ayant  pris  part  au  concours  de 
l'Institut,  M.  Cahen  remportait  le  second  grand 
prix  de  composition  musicale.  Cet  artiste  a  fait 
représenter  au  petit  théâtre  des  Fohes-Nou- 
velles,  en  1858  ou  1859,  deux  opérettes  en  un 
acte,  dont  l'une  avait  pour  titre  le  Calfat,  et 
l'autre  le  Souper  de  Mezzeiin.  A  cette  époque, 
il  se  livrait  à  l'enseignement.  Depuis  lors,  il  n'a 
point  fait  parler  de  lui. 

CAHEM  (Albert),  compositeur  amateur, 
s'est  fait  connaître  par  l'exécution  de  fragments 
de  deux  œuvres  importantes  :  Jean  le  Précur- 
seur, drame  biblique  (Concert  National,  25  jan- 
vier 1874),  et  Endymion,  pastorale  mytholo- 
gique (Concert- Daubé,  19  janvier  1875).  L'audi- 
tion de  ces  deux  œuvres  a  révélé  chez  leur  au- 
teur une  main  encore  bien  inhabile,  et  une  ima- 
gination qui  a  grand  besoin  d'être  réglée  et  as- 
souplie selon  des  préceptes  sévères.  Sous  ce  titre  : 
Marines,  M.  Albert  Cahen  a  publié  un  petit  re- 
cueil de  mélodies  vocales  avec  acconq)agnement 
de  piano  (Paris,  Hartmann). 

CAJAIXI  ( ),  compositeur  italien,  a  fait 

représenter  à  Fojano,  au  mois  rl'octobre  1874, 
un  drame  lyrique  intitulé  Vellèda. 

CALAIXDUO  (Nicola),  surnommé  Frascia, 
compositeur  napolitain,  né  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  est  l'auteur  de 
plusieurs  ouvrages  dramatiques.  Je  n'ai  pu  dé- 
couvrir aucuns  renseignements  biographiques 
sur  cet  artiste,  et  je  connais  seulement  les  litres 
des  trois  opéras  suivants,  qu'il  a  fait  repré- 
senter à  Naples ,  sur  le  tiiéàtre  délia  Pace  : 
1°  la  Mogliere  cadula ,  1747;  —  2°  li  Dis- 
plette  d'ainmore  (en  société  avec  Logroscino), 
1748  ;  —  3°  lo  Tutore  innamoraio,  1749. 

CALDERONÏ  ( ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  à  Roveredo,  dans  le  cours  du 
mois  d'octobre  1875,  un  opéra  intitulé  Merlino 
da  Patone. 

CALEGARI  (Giuseppe)  ,  compositeur  ita- 
lien, né  à  Padoue,  est  auteur  d'un  opéra  intitulé 
Zenobia,-  cet  ouvrage  était  joué,  mais  non,  je 
pense,  pour  la  première  fois,  à  Modène,  en  1779. 

CALENTAIXO  (LuiGi),  écrivain  italien,  est 
auteur  de  l'opuscule  suivant  :  Intorno  alVarle 
del  caniare  in  Ilalia  nel  secolo  XIX,  Naples, 
1867. 

CALIDO.  —  Deux  facteurs  d'orgues  de  ce 
nom  ont  eu  quelque  célébrité  à  Venise,  entre 
le  dix-huitième  et  le  dix-neuvième  siècle.  — 
Calido  le  vieux  construisit  en  1761  le  grand 
orgue  de  la  basilique  de  Saint-Marc.  —  Caie- 


tan,  son  (ils  et  son  élève,  le  surpassa  de  beau- 
coup en  habileté.  Les  orgues  de  presque  toutes 
les  églises  principales  de  Venise  sont  de  sa 
facture;  on  cite  entre  autres,  comme  méritant 
une  attention  particulière,  celles  des  églises  de 
Sainl-Faustin  et  de  l'ange  Raphaël. —  Calido  tra- 
vailla beaucoup  aussi  dans  la  marche  d'Ancône, 
et  dans  la  seule  ville  de  Fermo,  on  compte  cinq 
orgues  dont  la  construction  lui  est  due.  Toutes 
ces  orgues  sont  construites  d'après  l'ancien  sys- 
tème italien  pour  ce  qui  est  de  l'agencement  des 
jeux,  et  manquent  de  tous  les  perfectionnements 
récents  apportés  au  mécanisme  de  ces  instru- 
ments ;  mais  elles  .sont  néanmoins  remarquables 
par  la  beauté  du  son,  la  rondeur  de  leurs  jeux 
de  fond,  et  la  juste  proportion  entre  la  force  de 
ceux-ci  et  celle  des  jeux  de  mutation.  Calido 
n'était  pas  prodigue  dans  ces  orgues  de  petits 
tuyaux  de  /"oMmi^wre,  ce  qui  donne  à  leurs  grands 
jeux  une  harmonie  douce  qui  les  rend  très  propres 
à  .se  fusionner  avec  les  voix  dans  la  musique  a 
cappella.  On  raconte  de  lui  qu'il  était  très-ja- 
loux de  .ses  diapasons  et  de  la  composition  de 
l'étoffe  dont  il  faisait  usage,  de  telle  sorte  qu'il 
travaillait  tout  seul  à  sa  composition.  Caïetan  Ca- 
lido, déjà  très-vieux,  termina  sa  carrière  d'ar- 
tiste vers  1818.  Parmi  .ses  élèves,  on  compte 
Jacques  Bassani,  bon  facteur  vénitien,  lui  aus.si, 
mort  en  1860.  L.  F.  C. 

CAMAUER  (GoDEFiiOiD) ,  compositeur,  né 
à  Berg-op-Zoom  le  31  mai  182!^  montra  debonne 
heure  un  goùl  musical  prononcé  et  fut  placé  au 
Conservatoire  de  Liège,  où  il  fit  ses  études  sous  la 
direction  de  Daussoigne  et  Jalheau.  Sonéiiucation 
musicale  achevée,  il  s'établit  à  Huy,  devint  maître 
de  chapelle  de  l'église  paroissiale  de  cette  ville, 
et  s'occupa  avec  activité  d'y  propager  le  goût 
et  l'enseignement  de  la  musique  ;  dans  ce  but,  il 
forma  des  classes  gratuites  de  solfège,  fonda  une 
société  de  chant,  une  société  d'amateurs,  et,  par 
tous  les  moyens  en  sou  pouvoir,  contriliua  au 
plus  grand  développement  de  l'art.  Connue  com- 
positeur, M.  Camauer  a  écrit  une  messe  à  4  voix, 
une  ouverture  pastorale,  dédiée  au  roi  de  Hol- 
lande Guillaume  IH,  un  assez  grand  nombre  de 
chœurs,  et  il  a  fait  représenter  à  Huy,  en  1856, 
un  petit  opéra  comique,  Grétry  à  Versailles, 
qui  l'année  suivante  a  été  joué  à  Liège. 

*  CAMBERT  (Robert).  Cet  artiste  fort  re- 
marquable doit  être  considéré,  au  point  de  vue 
musical,  comme  le  véritable  fondateur  de  l'o- 
péra en  France,  de  même  que  l'alibé  Perrin 
{Voyez  ce  nom),  son  collaborateur,  doit  revendi- 
quer le  même  titre  au  point  de  vue  littéraire. 
Cambert  était  un  artiste  de  premier  ordre,  qui  a 
été  frustré  par  Lully  de  la  gloire  à  laquelle  il 


GAMBERT 


143 


avait  droit,  et  qui  aurait  joué  en  France  un  rôle 
prépondérant  si  ce  dernier  ne  l'avait  dépossédé 
à  son  profit.  On  peut  s'en  rendre  compte  en  étu- 
diant les  fragments  qui  nous  restent  de  ses  deu\ 
opéras  :  Pomone,  et  les  Peines  et  les  Plaisirs 
de  l'amour,  l^ar  malheur,  Ballard  n'a  imprimé 
qu'une  partie  du  premier,  et  le  manuscrit  qui 
nous  reste  du  second  (à  la  Bibliotiièque  nationale) 
n'en  contient  guère  que  le  quart.  xMais  ces  frag- 
ments encore  sont  suffisants  pour  nous  donner 
mie  juste  idée  du  génie  de  l'auteur  (1). 

Cambert  avait  commencé  par  se  faire  une 
grande  réputation  comme  compositeur  de  motets 
et  de  petits  airs  profanes  à  une  ou  plusieurs  par- 
ties. «  On  peut  dire  (dit  Boindin  dans  ses  Lettres 
historiques  sur  tous  les  spectacles  de  Paris) 
que  les  premiers  qui  ont  introduit  un  beau  chant 
en  France  sont  Boësset,  Cambert,  Bacilly  et  Lam- 
bert ,  et  que  ceux,  qui  ont  commencé  à  le  bien 
exécuter  sont  Nierz,  M"''  Hilaire,  la  petite  la  Va- 
renne  et  le  même  Lambert.  »  Cambert  se  fit 
donc  connaître,  non-seulement  par  les  motets 
qu'il  écrivait  pour  le  service  de  l'église  de  St-Ho- 
uoié,  dont  il  était  organiste,  mais  par  des  airs  de 
cour,  des  morceaux  de  symphonie  pour  la  mu- 
sique de  la  reine-mère,  dont  il  était  le  surinten- 
dant, et  par  de  nombreuses  chansons  à  boire , 
genre  si  fort  à  la  mode  à  cette  époque.  Dans  le 
livre  de  l'abbé  Perrin  :  Œuvres  de  poésie  (Paris, 
1661,  in-12),  on  trouve  treize  cliansons  qui 
avaient  été  mises  en  musique  par  Cambert. 
Malheureusement,  s'il  produisait  beaucoup,  il 
publiait  peu,  et  jusqu'ici  l'on  ne  connaissait  rien 
de  lui  en  dehors  du  théâtre.  J'ai  eu  la  chance  de 
découvrir,  à  la  Bibliothèque  nationale,  un  petit 
recueil  in-18  oblong,  imprimé  par  Robert  Bal- 
lard  en  1605,  et  dont  voici  le  titre  exact  :  Airs 
à  boire,  à  deux  et  à  trois  parties  ,  de  Mon- 
sieur Cambert,  maistre  et  compositeur  de  la 
musique  de  la  Reyne  Mère  et  organiste  en 
Vécjlise  collégialle  de  Saint-Honové  de  Paris; 
mais  j'ai  le  regret  de  dire  que  la  Bibliothèque  ne 
possède  que  la  partie  de  basse  de  ce  recueil,  et 
qu'on  n'en  peut,  par  conséquent,  établir  la  valeur. 
Toutefois,  j'en  vais  reproduire  la  préface,  qui  ne 
manque  pas  d' intérêt  :  —  «  Ayant  plusieurs  ou- 
vrages de  musique  à  donner  au  jour  comme 
motets,  airs  de  cour,  et  airs  à  boire,  il  eust  esté 
plus  séant  pour  moy,  et  peut-estre  plus  avanta- 
geux de  débuter  par  des  motets,  et  par  des  piè- 
ces graves  et  sérieuses  ;  c'est  aussi,  lecteur,  ce 


(1)  Dans  un  travail  très-important  :  Les  vrais  créa- 
teurt  de  l'Opcra  français,  Perrin  et  Cambert,  publié 
récemment  dans  le  journal  le  Ménestrel  (1873-1876),  et 
qui  parai' ra  prnchaincinent  en  volume,  j'ai  reproduit  deux 
airs  charmants  tires  de  l'upéra  dt Pomone. 


que  j'aurois  fait  si  je  n'avois  esté  extrêmement 
pressé  par  quelques-uns  de  mes  amis,  de  com- 
mencer l'impression  avant  que  j'eus>e  transcrit 
et  mis  en  bon  ordre  mes  motets,  ce  que  j'ay  fait 
pendant  l'impression  de  ces  airs.  J'espère,  lec- 
teur, qu'ils  ne  vous  seront  pas  désagréables ,  et 
que  la  beauté  des  paroles  sur  lesquelles  ils  sont 
composez  suppléera  au  deffaut  de  la  musique, 
puis  que  la  meilleur  partie  est  do  W.  Perrin,  que 
tout  le  monde  reconnoît  pour  excellent  et  incom- 
parable pour  la  composition  des  paroles  de  mu- 
sique. Vous  y  trouverez  quelques  nouveautez 
singulières,  et  qui  n'ont  point  esté  pratiquées  par 
ceux  qui  m'ont  devancé,  comme  des  dialogues 
pour  des  dames,  et  des  chansons  à  trois ,  dont 
tous  les  couplets  ont  des  airs  différents;  vous 
observerez  aussi  que  la  plu  spart  des  airs  à  trois 
se  peuvent  chanter  en  basse  et  en  dessus  sans 
la  troisième  partie,  et  se  jouer  en  symphonie 
avec  la  basse  et  le  dessus  de  viole,  ainsi  que  je 
l'ay  pratiqué  dans  quelques  concerts.  »  J'ai  eu  la 
fortune  de  découvrir  aussi,  dans  une  pièce  du 
comédien  Brécourt,  acteur  de  la  troupe  de  Mo- 
lière, pièce  intitulée  le  Jaloux  invisible  et  re- 
présentée au  mois  d'août  1666  sur  le  théâtre  de 
l'Hôtel-de- Bourgogne ,  un  morceau  de  Cambert 
dont  la  musique  se  trouve  dans  la  pièce  même, 
avec  cette  mention  :  Trio  italien  burlesque, 
composé  par  le  sieur  Cambert,  maistre  de  la 
musique  de  la  feue  Reyne-mère.  Ce  trio,  écrit 
sur  des  vers  italiens  de  style  un  peu  macaro- 
nique,  est  un  intéressant  essai  de  musique  bouffe. 
En  dehors  de  tout  ceci,  et  malgré  toutes  mes 
recherches,  je  n'ai  pu  trouver  d'autre  musique 
de  Cambert,  soit  imprimée,  soit  manuscrite. 

Tous  les  contemporains  sont  unanimes  à  faii'e 
l'éloge  du  talent  de  Cambert.  Saint- Evremond, 
dans  sa  comédie  :  les  Opéras,  après  avoir  loué  ses 
deux  premiers  ouvrages,  la  Pastorale  et  Po- 
mone,  dit,  en  parlant  de  son  Ariane  :  «  La  mu- 
sique fut  le  chef-d'œuvre  de  Cambert.  J'ose  (iire 
que  les  plaintes  d'Ariane  et  quelques  autres  en- 
droits de  la  pièce  ne  cèdent  presque  en  rien  à  ce 
que  Baptiste  (Lully)  a  fait  de  plus  beau.  Cambert  a 
eu  cet  avantage  dans  ses  opéras  que  le  récitatif 
ordinaire  n'ennuyoit  pas,  pour  être  composé  avec 
plus  de  soin  que  les  airs  môme,  et  varié  avec  le 
plus  grand  art  du  monde.  »  Et  plus  loin  :  «  Il 
avait  un  des  plus  beaux  génies  du  monde 
pour  la  musique;  le  plus  entendu  et  le  plus 
naturel  :  il  lui  falloit  quelqu'un  plus  intelligent 
que  lui,  pour  la  direction  de  son  génie.  J'ajou- 
terai une  instruction  qui  pourra  servir  à  fous 
les  savans,  en  quelque  matière  que  ce  puisse 
être  ;  c'est  de  rechercher  le  commerce  des  lion- 
1  nêtes  gens  de  la  cour,  autant  que  Cambert  l'a 


144 


GAMBERT 


GAMERANA 


évité.  Le  bon  goût  se  forme  avec  eux  -.  la  science 
peut  s'acquérir  avec  les  savans  de  profession; 
le  bon  usage  de  la  science  ne  s'acquiert  que  dans 
le  monde.  »  De  son  côté,  le  rédacteur  du  Mer- 
cure  galant  s'exprimait  ainsi,  en  annonçant  la 
mort  de  Cambeil  (avril  1677)  :  —  «  Le  sieur 
Cauiberl  est  mort  à  Londr»'S,  oii  son  génie  estoit 
fort  estimé.  Il  avoit  reçu  force  bienfails  du  roi 
d'Angleterre  et  des  plus  grands  seigm^urs  de  sa 
cour,  et  tout  ce  qu'ils  ont  veu  de  ses  ouvrages 
n'a  point  démenfy  ce  qu'il  a  fait  en  France  ;  c'est 
à  iuy  que  nous  devons  Télablissement  des  opéras 
que  nous  voyons  anjount'buy;  la  musique  de  ceux 
de  Pomone  et  des  Peines  et  des  Plaisirs  de 
l'Amour  estoient  de  Iuy;  et  depuis  ce  temp^-là 
on  ii'a  point  veu  de  récitatif  en  France  qui 
ait  paru  nouveau.  C'est  ce  mesine  Cambert 
qui  a  fait  chanter  le  premier  les  belles  voix  que 
nous  admirons  tous  les  jours,  et  que  la  Gascogne 
lui  avoit  fournies;  c'est  dans  ses  airs  que  Madr- 
rnoiselle  Brigogne  a  paru  avec  le  plus  d'éclat,  et 
c'est  par  eux  qu'elle  a  tellement  charmé  tous  ses 
auditeurs  que  le  nom  de  la  petite  Cliincne  lui  en 
est  demeuré  (1).  Toutes  ces  choses  font  cou- 
noistre  le  mérite  et  le  malheur  du  sieur  Cam- 
bert; mais  si  le  mérite  de  tous  ceux  qui  en  ont 
estoit  reconnu,  la  Fortune  ne  seroit  plus  adorée, 
ou  pour  mieux  dire  on  ne  croiroit  plus  qu'il  y 
en  eust  ;  mais  nous  sommes  tous  les  jours  con- 
vaincus du  contraire  par  des  exemples  trop 
éclatans.  » 

Cette  notice  complémentaire,  utile  en  raison 
des  faits  nouveaux  que  j'avais  à  produire,  ne 
saurait  s'étendre  davantage. 

J'ai  voulu  seulement  revendiquer  en  faveur 
d'un  des  nôtres,  d'un  Français,  le  rôle  et  le  titre 
qui  lui  appartiennent  de  père  et  de  fondateur  de 
notre  opùra  national,  et  démontrer  que  c'est  à 
lui,  et  non  à  Lully,  que  revient  la  gloire  d'avoir 
créé  notre  scène  lyrique.  Si  Lully,  dont  je  ne 
veux  pas  d'ailleurs  méconnaître  le  génie,  a  pu, 
grâce  à  ses  intrigues ,  à  son  astuce,  à  sa  ruse, 
à  son  habileté,  déposséder  Cambert  de  .son  vi- 
vant, il  est  juste  que  la  po.^térité  rende  enfin  à 
celui-ci  l'hommage  qui  lui  est  dû,  et  que,  pièces 
en  mains,  elle  acquière  la  preuve  de  sa  rare 
habileté,  de  sa  grande  valeur  et  de  son  incontes- 
table talent. 

CAMBIAGGIO  (Carlo).  Un  compositeur 
italien  de  ce  nom  a  fait  représenter  sans  succès, 
vers  1835,  une  farsa  en  un  acte  intitulée  un 
Terno  al  Loflo. 

CAMBIASI  (PoMPEo),  conseiller  provincial 
de  Côme,  est  lils  d'un' dilettante,  Isidore  Cam- 

(1)  Du  nom  du  rùle  qu'elle  remplissait  dans  les  Peines 
et  les  Plaisirs  de  l'Amour. 


hiasi,  qui  lui  a  léguéson  goût  profond  pour  toutes 
les  choses  de  la  musique.  M.  Cambiasi  est  l'au- 
teur d'une  utile  publication  faite  par  lui  sous  ce 
titre  :  Rappresentazioni  date  nei  reati  Teatri 
di  Milano,  1778-1872.  (Milan,  Ricordi,  1872, 
in  4.)  On  trouve  dans  ce  recueil  chronologique 
la  liste  de  tous  les  opéras  et  ballets  représentés 
sur  les  deux  théâtres  de  laScala  et  de  la  Canob- 
biana,  avec  les  noms  des  libreltistes  ,  des  com- 
positeurs et  des  principaux  interprèles,  la  date 
de  représentation  des  ouvrages,  et  enfin  tous 
les  renseignements  utiles  pour  établir  l'histoire 
de  la  musique  dramatique  dans  l'une  des  villes 
les  plus  importantes  et  les  plus  intéressantes 
de  l'Italie  sous  ce  rapport.  Le  père  de  M.  Cam- 
biasi ,  qui  avait  |)ris  naguère  une  part  active 
à  la  fondation  de  la  Gazzetta  musicale  de 
Milan,  préparait,  dit-on,  les  matériaux  d'un 
grand  ouvrage  qu'il  devait  publier  sous  ce 
titre  :  IHanuale  biografico- musicale;  on 
assure  que  son  fils  veut  réaliser  ce  projet, 
et  qu'il  veut  tout  au  moins  doter  son  pays 
d'un  vaste  Dictionnaire  biographique  des  mu- 
siciens italiens. 

*  CAMBINI  (Jean-Joseph).  Le  répertoire 
dramatique  de  ce  compositeur  doit  se  compléter 
par  les  ouvrages  suivants  -.  le  Tuteur  avare 
(trois  actes).  Colas  et  Colette  (un acte),  etleBon 
Père  (un  acte),  tous  trois  représentés  au  petit 
théâtre  des  Beaujolais  en  1788.  Au  mois  d'août 
178i,  il  donna  aussi,  sur  le  théâlre  particulier 
de  l'hôtel  de  Montalembert ,  un  opéra-comique 
en  deux  actes,  intitulé  la  Statue.  Enfin,  il  n'e.st 
pas  sans  intérêt  de  savoir  que  les  paroles  de 
son  opéra  les  Trois  Gascoiis  avaient  été  écri- 
tes par  lui. 

Carnhini  ne  fut  pas  seulement  collaborateur  de 
Tablettes  de  Polymnie  ;  dix  ans  avant  la  fon- 
dation de  ce  journal,  il  avait  donné  d'assez  nom- 
breux articles  à  une  autre  feuille  spéciale,  la 
Correspondance  des  amateurs  musiciens,  de 
Cocatrix. 

CAMKRAIVA  (Luigi),  compo-siteur  italien, 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Savoiie,  né  en 
Piémont  en  1846,  s'est  fait  connaître  comme 
musicien  dramatique  par  les  ouvrages  suivants  : 
1"  Patatrich  e  Patntrach,  opérette  bouffe  en 
deux  acte>,  1872  ;  2°, Don  Fabiano  dei  corbclli, 
opéra  bouffe  en  trois  actes,  théâtre  Baibo,  de 
Turin,  21  mai  1874  ;  3"  Gabriella  Chiabrera, 
opéra  sérieux  en  quatre  actes,  Savone,  22  fé- 
vrier 1876.  M.  Camerana  a  écrit  la  musique  d'un 
mélodrame,  Alberto  de  Prussia,  représenté  en 
1875,  et  il  a  publié  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  musique  vocale  et  instrumentale. 

J.  D.  F. 


CAMMARANO  —  CAMPENHOUT 


14c 


CAMMARANO  (Liuci),  compositeur  dra- 
matique, né  dans  les  premières  années  de  ce  siè- 
cle, a  fait  représenter  quelques  ouvrages  qui  de- 
puis longtemps  déjà  sont  oubliés.  Je  ne  connais 
les  titres  que  de  deux  d'entre  eux:  i  Ciarlatani, 
donné  au  théâtre  du  Fondo,  de  Naples,  en  1839, 
et  il  Ravvedimento.  Cet  artiste  était  le  frère 
d'un  poète  de  talent,  Salvalore  Cammarano,  qui 
prit  en  quelque  sorte  la  succession  de  Felice 
Romani  comme  librettiste ,  et  à  (|ui  l'on  doit 
de  nombreux  livrets  doperas  mis  en  musique 
par  Donizetti,  Paclni,  Mercadante,  Coccia,  Per- 
siani,  M.  Verdi  et  autres  compositeurs  :  Poliulo, 
Maria  di  Rudcnz ,  la  Vestale,  il  Trovuiore, 
Luisa  Miller,  gli  Orazii  e  Curiazii,  Saffo,  la 
Fidanzata  corsa,  Belisario,  Inez  de  Castro, 
Roberto  Devereux,  Maria  di  Rohan,  Alzira, 
Cristina  di  Svezia,  etc.,  etc. 

CAMPAJOLA  (FiiANCESco) ,  compositeur 
et  professeur,  né  à  Naples  le  8  mai  1825,  com- 
mença dès  Page  de  sept  ans,  sous  la  direction 
de  Pasquale  Mandù,  l'étude  du  chant  et  du 
piano,  puis  devint  élève  externe  du  Conserva- 
toire,  où  il  eut  pour  maîtres  Y.  Fiodo,  Mario 
Aspa,  Carlo  Conli,  Busti,  Guglielmi  et  Merca- 
dante. Après  avoir  terminé  son  éducation  musi- 
cale, il  se  livra  à  l'enseignement  du  piano  et  du 
chant,  tout  en  s'occupant  de  composition.  Outre 
une  messe  exécutée  dans  une  église  de  Naples  et 
diverses  œuvres  de  .musique  religieuse,  outre 
plusieurs  pièces  vocales  et  instrumentales,  on 
doit  à  M.  Campajola  deux  opéras  représentés  à 
Naples  :  Papa  Mulinotto,ell' Olimpo,  et  un  troi- 
sième opéra,  jusqu'ici  inédit  :  Igilda. 

*  CAMPANA  (Fabio),  compositeur  et  pro- 
fesseur, est  depuis  assez- longtemps  fixé  à  Lon- 
dres, cil  il  continue  sa  carrière  de  compositeur 
tout  en  se  livrant  à  l'enseignement  du  chant.  Il 
a  fait  représenter  en  cette  ville  deux  opéras  ita- 
liens, dont  l'un,  Almina,  avait  pour  principale 
inter|fi'ète  la  fameuse  cantatrice  Ml'e  Piccolo- 
mini,  et  dont  l'autre,  Esmeralda,  obtint  un  vif 
succès.  Yoici,  telle  que  j'ai  pu  l'établir,  et  sans 
la  prétendre  donner  pour  complète,  la  liste  des 
ouvrages  dramatiques  de  M.  Campana  :  1°  Ca~ 
terina  di  Guisa ,  Livourne,  1838;  —  2'  Giulio 
d'Esté,  Rome,  th.  Apollo,  1841  ;  —  3"  Vanina 
d'Ornano,  Florence,  th.  de  la  Pergola,  1842;  — 
4°  Luisa  di  Francia,  Rome,  1844  ;  —  5°  Al- 
mina. Londres,  1860;  —  6°  Esmeralda,  Lon- 
dres. Mais  M.  Campana  ne  s'est  pas  borné  à  la 
composition  dramatique,  et  il  a  publié  en  Italie, 
h]  Paris,  et  à  Londres,  un  grand  nombre  de  ro- 
mances, canzonettes, mélodies  vocales,  duos,  etc., 
parmi  lesquels  je  citerai  les  suivants  :  Douze 
mélodies  italiennes,  Paris,  Heugel  (avec  paroles 

BIOGR.   UMIV.    DES   MCSICIENS.    —    SUPPL.    — 


italiennes  et  françaises)  ;  la  Fille  de  Bohême, 
la  Première  Violette,  Si  j'avais  unecouronne. 
Toujours  toi,  le  Soir,  mélodies,  Paris,  Heugel  ; 
la  Rose  d'' Avril,  mélodie  avec  accompagnement 
de  piano  et  violoncelle  id.,  id.  ;  la  Danza,  duo, 
id.,  iiL;  Dolce  parola,  duo,  id.,  id.;  Près  de  la 
mer, duo,  id.,  id.;  Heure  divine,  duo,  id.,  id.  ; 
Aimer,  c'est  vivre,  duetto,  id.,  id.  ;  De  Pro- 
fundis,  id.,  id.  ;  Rimembranze  di  Parigi  (al- 
bum de  7  mélodies),  Milan,  Ricordi;  Ricordo 
di  Milano  (album  de  G  mélodies),  id.,  id.;  Sei 
Solfeggi  per  mezzo-soprano  o  contralto,  id., 
id.  ;  Mazzelto  di  fiori  (album  de  7  mélodies), 
id. ,  id.;  la  Ninna  nanna,  canzone,  id.,  id.  ;  al 
Chiaro  di  luna,  id.,  id.  ;  Ave  Maria,  chant  re- 
ligieux, id.,  id.  ;  Amo,  ariette;  Dante  a  Béa- 
trice; la  Malinconia,  romance;  lo  son  con  te, 
romance;  T'amo  ancora,  Vorrei,  Tuito  per  te, 
Si,  etc.,  etc. 

CAMPAIVELLA  (Francesco),  compositeur 
et  pianiste,  est  né  à  Naples  le  30  septembre  1827. 
Élève  du  Conservatoire  de  cette  ville,  il  y  étudia 
l'harmonie  accompagnée  avec  Gennaro  Parisi, 
le  contre-point  avec  Carlo  Conti  et  la  composition 
avec  Mercadante.  Sorti  du  Conservatoire  en  1849, 
il  se  consacra  à  l'enseignement  du  chant  et  du 
piano,  et  devint,  en  1855,  second  chef  d'orchestre 
au  théâtre  Nuovo.  Professeur  dans  un  grand 
nombre  de  maisons  d'éducation,  M.  Cainpanella 
a  écrit  et  publié  une  assez  grande  quantité  de 
compositions  de  divers  genres,  cantates  sacrées 
et  profanes,  chœurs  sans  accompagnement,  mé- 
lodies vocales,  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
etc.  Il  a  pris  part  à  là  musique  «l'un  opéra  bouffe, 
la  Donna  romantica,  écrit  par  lui  en  société 
avec  MM.  Cuonomo,  Ruggi  et  Valente,  et  re- 
présenté au  théâtre  Nuovo,  de  Naples,  en  1858. 

CAiMPEGGI  (Francesco),  compositeur  et 
l'un  des  meilleurs  organistes  de  son  temps,  na- 
quit à  Bologne  à  la  (in  du  dix-septième  siècle, 
et  devint,  à  la  mort  de  Floriano  Arresli,  orga- 
niste de  l'église  métropolitaine  de  cette  ville. 
Reçu  membre  de  l'Académie  des  Philharmoni- 
ques de  Bologne  en  1719,  il  en  fut  élu  prince  en 
1731.  Campeggi  fut  ua  maître  de  chant  des  plus 
renommés. 

*  CAMPENHOUT  (François  VAN),  chan- 
teur et  compositeur.  Deux  compositions  de  cet 
artiste,  écrites  pendant  son  séjour  à  Rouen, 
n'ont  pas  été  mentionnées  dans  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens.  La  première  est  une 
scène  lyrique.  Hommage  à  Corneille  (paroles 
de  Goujet),  qui  fut  représentée  sur  le  théâtre 
des  Arts  de  cette  ville,  le  29  juin  1809;  la  se- 
conde est  une  cantate  dont  j'ignore  le  titre,  et 
qui  fut  exécutée  au  même  théàlre  en  1811.  Le 
T.  h  '  10 


146 


CAMPENHOUT  —  CAMPS  Y    SOLER 


cahier  de  la  Société  libre  dÉmulation  <le  Rouen 
du  22  juin  1811  mentionne  cette  cantate,  dont 
Campenliout  avait  écrit  à  la  fois  les  paroles  et  la 
musique.  Campenliout  était  né  à  Bruxelles  le  5 
février  1779,  et  mourut  en  cette  ville  le  24  avril 
1848. 

CAMPIAIM  ( )r  compositeur  italien, 

esllauteur  d'un  opéra  sérieux  intitulé  Bernabo 
Visconil. 

CAMPISIAXO    ( ),    compositenr,   a 

publié  quelques  chansons  et  chansonnettes,  et  a 
fait  représenter  au  petit  théâtre  des  Folies-Ber- 
gère deu\  saynètes  musicales  dont  voici  les  ti- 
tres :  1°  rŒil  de  feu,  un  acte,  1872:  2°  Àb- 
salon,  un  acte,  1875. 

Iv  CAMPOS  (JoAO-RiBEino  DE  ALMEIDA  E), 
né  à  Vizeu  (Portugal)  vers  1770,  fit  ses  études 
de  théologie  et  de  droit  à  l'Université  de  Coimbra 
et  y  étudia  aussi  la  musique,  car  dans  un  traité 
sur  cet  art,  publié  en  1786,  il  se  donne  le  titre 
de  maître  de  plain-chant  dans  le  séminaire  épis- 
copal  de  Coimbra.  Il  fut  appelé  ensuite  comme 
maître  de  chapelle  à  Lamego;  il  exerça  en  outre, 
dans  ce  diocèse,  les  charges  de  professeur  et 
examinateur  {exaininador)  de  plain-chant. 
Campos  a  fait  imprimer  :  1"  Elementos  de  Mu- 
sica,  Coimbra,  anno  1786;  pet.  in-S"  de  vn- 
92  pages  et  une  gravure.  Le  prologue  de  cet 
ouvrage  porte  le  nom  de  l'auteur  en  entier, 
tandis  que  le  frontispice  ne  cite  pas  le  nom 
Campos  ;  T  Elementos  de  Cantochdo,  offere- 
cidos  a  S.  A.  R.,  etc.  (offerts  au  prince-régent, 
plus  tard  Jean  VI),  Lisbonne  1800,  petit  in-i° 
de  71  pages.  Ce  traité  a  dû  avoir  un  grand 
nombre  d'éditions,  car  j'en  ai  vu  une  datée  de 
1859,  et  pubhée  à  Porto. 

J.  DE  V. 

*  CAMPRA  (André).  Dans  son  Diction- 
naire critique  de  biographie  et  d'histoire,  Jal 
nous  fait  connaître  un  fait  resté  jusqu'ici  ignoré, 
l'origine  italieime  de  Campra.  «  André  Campra, 
dit-il,  naquit  à  Aix  le  4  déi  embre  1660,  et  fut 
baptisé  le  même  jour,  tils  de  Jean-François 
Campra,  Piémontais  d'origine,  et  chirurgien  à 
Aix,  et  de  Louise  de  Fabre.  Jean-François  Campra 
s'était  marié  le  25  février  1659,  fils  de  feu  Ruflin 
Campra  et  de  Jeanne  André,  de  Gaillet,  diocèse 
de  Turin  (l).  » 

■\"oici  maintenant  quelques  renseignements 
.sur  divers  ouvrages  de  Campra.  —  Le  pastiche 
arrangé  par  lui  sous  le  titre  de  Fragments  de 
Lullij  et  représenté  avec  un  énorme  succès  le 


(1)  Extrait  des  registres  des  insinuations  de  la  scné- 
Cliaussee  o'Aix,  iiblii;eanimeiit  communiqué  par  M.  P. 
Uous,  adjoint  au  maire  de  cette  ville.  {Aote  de  Jal.) 


10  septembre  1702,  subit  successivement  plu- 
sieurs changements  ;  entre  autres,  on  y  ajouta, 
pour  l'une  des  reprises  qui  en  furent  faites,  un 
acte  écrit  tout  entier  par  Campra,  et  ([ui  portait 
pour  titre  la  Sérénade  vénitienne  ou  le  Jaloux 
trompé;  cet  acte  fut  remis,  seul,  à  la  scène,  le 
18  janvier  1731,  sous  son  second  titre.  On  a  cru 
à  tort  que  Télémaque  était  une  production  ori- 
ginale ;  c'était  encore  un  pastiche,  ainsi  que  l'in- 
dique son  titre  complet  :  Télémaque  ou  les 
Fragments  des  modernes,  et  les  éléments  en 
étaient  tirés  des  opéras  suivants  :  Astrée,  Énée 
et  Lavinie,  Canenle,  de  Colasse-,  Arethuse,  le 
Carnaval  de  Venise,  de  Campra;  Circé,  les 
Fêtes  galantes,  de  Desmarets;  iV/erfe'e,  de  Char- 
pentier ;  Ariane,  de  Marais-,  Ulysse,  de  Rebel 
père.  Enfin,  le  Triomphe  de  V Amour  était  un 
ancien  opéra  de  LuUy,  que  Campra  rajeunit  et 
refit  en  partie.  On  trouvera  des  détails  très- 
précis  sur  Campra  dans  l'opuscule  suivant  : 
André  Campra,  par  Arthur  Pougin  (Paris, 
impr.  Chaix,  1861,  in-8°  de  23  p.). 

CAMPRA  (Joseph),  frèie  du  précédent, 
était  chef  d'orchestre  du  théâtre  d'opéra  à  Mar- 
seille, en  1686,  sous  la  direction  de  Pierre  Gau- 
tier (V.  Biographie  universelle  des  Musiciens^ 
ï.  III,  p.  424).  Ce  fut  à  lui  qu'arriva,  dit-on,  le 
plaisant  incident  que  voici.  Pierre  Gautier  refu- 
sait de  payer  son  orchestre,  sous  prétexte  qu'il 
ne  savait  pas  son  métier.  Campra  fit  assigner 
son  directeur  en  justice  demandant  à  plaider  lui- 
même  sa  cause.  Les  juges  y  ayant  consenti,  il 
fit  exécuter  par  son  orchestre  une  ouverture  de 
Lulli,  et  eut  un  tel  succès,  que  le  tribunal  con- 
damna Pierre  Gautier  à  s'acquitter  sur-le-champ. 
Après  avoir  prononcé  le  jugement,  le  président 
s'écria  :  «  Huissier,  appelez  une  autre  cause, 
vous  voyez  bien  que  les  parties  sont  d'ac- 
cord. » 

Al.   R  —  d, 

CAMPS  Y  SOLER  (Oscar),  pidtiiste, 
compositeur  et  écrivain  musical  espagnol,  est 
né  le  2)  novembre  1837  à  Alexandrie  (Egypte), 
où  son  père  remplissait  les  fonctions  de  consul 
général  d'Espagne.  Ayant  suivi  sa  famille  en 
Autriche,  il  commença  dans  ce  pays  ses  études 
littéraires,  qu'il  acheva  plus  tard  à  Florence 
dans  un  établissement  religieux.  C'est  dans  cette 
dernière  ville  que,  ses  dispositions  musicales  s'é- 
tant  manifestées  avec  énergie,  il  devint  l'élève 
de  Doehier  pour  le  piano;  il  fit  de  rapides  pro- 
grès sous  la  direction  d'un  tel  professeur,  et  le 
15  juillet  1850  il  put  donner  son  premier  con- 
cert, dans  lequel  il  reçut  les  aj)plaudissements 
du  public  et  les  félicitations  personnelles  de  Ros- 
sini.  Après  ce  premier  essai  de  sou  talent  de  vit- 


CAMPS  y  SOLER  —  CANOBY 


U7 


tuose,  le  jeune  artiste  se  rendit  à  Naples,  où  il 
étudia  le  contre-point  et  la  composition  avec  Mer- 
cadante.  Il  commença  ensuite  une  série  de  voyages 
arfistiq'ies,  visitant  successivement  l'Italie,  la 
France,  l'Ecosse  et  l'Espagne,  et  se  faisant  en- 
tendre  avec  succès  dans  ces  divers  pays. 
M.  Camps  y  Soler  se  fixa  ensuite  en  Espagne, 
sa  patrie,  et  s'y  consacra  à  l'enseignement,  tout 
en  s'occupant  avec  ardeur  de  travaux  de  compo- 
sition et  de  littérature  musicale,  et  en  prenant 
part  à  la  rédaction  de  plusieurs  feuilles  artistiques 
espagnoles  et  italiennes.  On  doit  à  M.  Camps  y 
Soler  une  Teoria  musical  ilustrada,  une  Mé- 
iodo  de  Solfeo,  un  écrit  intitulé  Estudios  filo- 
soficos  sobre  la  musica,  dont  il  a  été  fait  une 
traduction  en  Italie,  et  la  traduction  espagnole 
du  Grand  traité  d' instrumentation  et  d^or- 
chestration  de  Berlioz.  Comme  compositeur,  ces 
artiste  a  écrit,  outre  un  assez  grand  nombre  de 
mélodies  vocales  et  de  morceaux  de  genre  poin' 
le  piano,  une  Gran  Cantafa  à  trois  voix  qui  a 
été  exécutée  à  Madrid  il  y  a  quelques  années. 

CANA"VASSO( ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  en  1875,  à  Milan,  sur  le  Ihéâfre 
de  Santa  Radegonda,  un  opéra  intitulé  il  Cac- 
ciatore. 

*  CAMDOTTI  (L'abbé  Jean-Baptiste), 
maître  de  chapelle  de  l'église  collégiale  de  Civi- 
dale,  est  mort  en  celte  ville  au  mois  de  mars  ou 
d'avril  1876.  Cet  artiste  s'était  fait  une  grande 
réputation  comme  compositeur  de  musique  re- 
ligieuse. On  lui  doit  un  écrit  intitulé  :  Sul  ca- 
rattere  delta  musica  da  chiesa,  jiensieri  (Mi- 
lan, 1851,  in-S").  Il  a  publié  aussi,  vers  1848, 
dans  la  Gazzetta  musicale  de  Milan,  une  série 
d'intéressanis  articles  biographiques  sur  les  mu- 
siciens du  Frioul,  sa  province  natale. 

CAA!EPA(L ),  compositeur  dramatique, 

a  fait  représenter  à  Milan,  sur  le  théâtre  Carcano, 
au  mois  de  novembre  1872,  son  premier  opéra, 
David  Rizzio.  Deux  ans  après,  le  21  septembre 
1874,  il  abordait  le  théâtre  de  la  Scala,  de  la 
même  ville,  avec  un  second  opéra,  intitulé  i 
Pezzenli. 

CAJ\EVASSO  ( ).  Un  musicien  de  ce 

nom  a  écrit  la  musique  d'un  ballet  intitulé  l'In- 
nocenza  scoperta,  qui  fut  représenté  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  en  1784. 

*  CAIVIS  (Corneille).  Un  article  consacré  à 
ce  musicien  par  Hellin,  dans  son  Histoire  chro- 
nologique des  évéques  et  du  chapitre  exemt 
de  Véglise  cathédrale  de  Saint-Bavon ,  à 
Gand,  fournit  des  renseignements  jusqu'ici  restés 
ignorés  de  ses  biographes,  et  rectifie,  notamment, 
la  date  de  sa  mort.  Voici  ce  passage  du  livre 
d'Hellin  :  «  Corneille  Canis,  dit  d'Uont,  était 


maître  de  musique  de  la  chapelle  royale  de 
Cliarles-Quint,  lorsquc-'le  prévôt  Luc  Munich  le 
nomma  à  cette  prébende  (la  troisième  i)rébende 
royale  de  l'église  de  Saint-Bavon,  à  Gand).  Il  en 
prit  possession  le  19  juin  1551,  et  dix  ans  après, 
le  15  février,  il  décéda  à  Prague,  en  Bohême, 
étant  chapelain  de  l'empereur  Ferdinand.  »  Ceci, 
on  le  voit,  contredit  formellement  Guicciardini, 
d'après  lequel  Corneille  Canis  avait  cessé  de 
vivre  en  1556.  Selon  M.  Edmond  Vander  Straetea 
{la  Musique  aux  Pays-Bas,  t.  1'^'',  p.  45),  «  on 
trouve  des  œuvres  de  Corneille  Canis  dans  un 
recueil  extrêmement  rare,  que  M.  Fétis  n'a  pas 
connu,  et  dont  le  titre  est  ;  Evangelica  Domini- 
corumetFeslorum  dierummusicis  numerispul- 
cherrimi  comprehensa  et  ornata  (Noribergae, 
Joan.  Montanus  et  Ulr.  Neuber,  1554-1556,  in^" 
obi.).  L'ouvrage  forme  30  parties  réunies  en  6 
volumes.  Corneille  Canis  est  cité,  au  tome  III, 
intitulé  :  Evangeliorum  4,  5,  6  et  phtrium 
vocvm,  continens  de  Trinitale,  de  Dedica- 
tione  Templi,  de  Cœna  Bomini;  et  au  tome  VI, 
portant  pour  inscription  :  Evangeliorum  4,  6  et 
8  votum,  continens  de  Pœnitentia.  » 

CAiXiVKTl  (Francesco),  compositeur,  na- 
quit à  Vicence  en  1809.  Issu  d'une  famille  riche, 
il  n'étudia  d'abord  la  musique  que  pour  son 
plaisir,  et  prit  plus  tard,  à  Bologne,  des  leçons 
de  Pilotti,  élève  lui-même  du  P.  Martini.  Mais 
étant  rentré  dans  sa  ville  natale,  et  ayant  vu  sa 
famille  complètement  ruinée  par  suite  des  bou- 
leversements politiques,  il  se  vit  obligé,  pour 
vivre,  de  se  livrer  à  l'enseignement  de  l'art  qu'il 
n'avait  cultivé  que  pour  son  agrément,  et  s'a- 
donna aussi  à  la  composition.  M.  Canneti  a  écrit 
un  opéra,  Francesca  da  Rimini,  qui  a  été  re- 
présenté à  Vicence,  beaucoup  de  pièces  de  mu- 
sique sacrée,  et  il  a  publié  une  Messe  funèbre 
(Milan,  Lucca),  un  Tantum  ergo  à  6  voix  (id,, 
id.),  un  Trattato  di  Contrappunto  (Milan,  Ri- 
cordi),  des  romances,  etc. 

CAJ\0  ( ),  guitariste  espagnol  contem- 
porain, a  publié  chez  l'éditeur  Romero  y  Andia, 
à  Madrid,  une  Méthode  complète  de  guitare, 
avec  un  traité  d'harmonie. 

CANOBY  (L -G ),  compositeur,  né 

vers  1830,  a  fait  une  partie  de  ses  études  musi- 
cales au  Cl  nservatoire  de  Paris,  où  il  obtint,  en 
1849,  un  accessit  d'harmonie  écrite.  Devenu 
maître  d  :  chapelle  de  l'église  de  Passy,  cet  ar- 
tiste se  li  ra  à  l'enseignement,  et  se  fit  connaître 
par  un  cjtain  nombre  de  compositions.  Après 
avoir  fa  représenter  aux  Bouffes-Parisiens,  en 
1865,  dcax  opérettes  en  un  acte,  la  Médaille, 
et  un  Drame  en  Vair,  M.  Canoby  prit  part, 
d'une  façon  très-distinguée,  au  concours  ouvert 


148 


CANOBY  —  CAPECELATRO 


en  1867  pour  la  composilion  de  trois  opéras  des- 
tinés à  nos  trois  grandes  scènes  musicales,  l'O- 
péra, l'Opéra- Comique  et  le  Théâtre-Lyrique. 
Avec  un  grand  ouvrage  très-important,  intitulé 
la  Coupe  et  les  Lèvres,  présenté  par  lui  an 
concours  du  Tiiéàtre-Lyrique  et  dont  le  jury  se 
montra  tout  particulièrement  satisfait ,  M.  Ca- 
noby  obtint  la  seconde  place  tandis  que  le  Ma- 
gni/i'jue,  de  M.  Jules  Philippot  {Voy.  ce  nom), 
était  classé  au  premier  rang. 

CAi\OiXGIA  (Ignacio),  musicien  portugais, 
était  issu  d'une  famille  de  fabricants  de  soie  de 
Manresa.  Son  penchant  l'entraîna  vers  la  mu- 
sique. On  ignore  où  il  fit  ses  études.  Il  .se  trou- 
vait en  1793  à  Lisbonne,  lors  de  l'inauguration 
du  théâtre  de  San-Carlos,  et  sut  conquérir  aus- 
sitôt par  .son  talent  la  place  de  première  clarinette 
à  l'orchestre  dudit  théâtre.  11  fut  surpassé  de 
beaucoup  par  son  flls,  qui  est  l'objet  de  la  notice 
suivante.  J-  de  V. 

CAKOXGIA  (JosÉ-AvELi.No),  virtuose  dis- 
tingué sur  la  clarinette  et  compositeur  pour  son 
instrument,  naquit  à  Oeiras,  près  de  Lisbonne, 
de  parents  espagnols,  le  10  novembre  1784. 
Il  était  attaché  en  1838  au  Conservatoire  de 
musique  de  Lisbonne  comme  professeur  de 
clarinette.  Son  talent  était  très-estimé,  tant  en 
Portugal  qu'à  l'étranger.  11  donna  à  Paris  et  à 
Londres  des  concerts  qui  furent  très-suivis.  Ses 
compositions,  qui  consistent  en  concertos  avec 
accompagnement  d'orchestre,  fantaisies,  varia- 
tions, etc.,  furent  gravées,  pour  la  plupart,  à 
Paris  et  à  Londres,  grâce  à  la  protection  du  cé- 
lèbre amateur  comte  de  Farrobo  (  Voy.  ce  nom). 
Canongia  a  formé  plusieurs  élèves  distingués.  Il 
est  mort  à  Lisbonne,  en  1842.  J.  de  V. 

CAIXUTI  (Giovanni- AiXTOMo),  compositeur 
italien,  né  à  Lucques,  a  fait  représenter  en  1724, 
sur  le  théâtre  de  cette  ville,  un  opéra  intitulé 
Rodelinda. 

*  CAI\UTI  (FiLippo),  conseiller  de  préfec- 
ture, ancien  directeur  de  la  Gazzetta  officiale 
de  Turin,  auteur  d'une  Vita  di  Stanislao 
Mattei,  est  mort  à  Forli,  le  21  août  1866,  âgé 
de  62  ans 

CAP  (Paul-Antoine  GR.\TACAP,  dit),  natu- 
raliste français,  ancien  pharmacien,  membre  as- 
socié de  l'Académie  de  médecine  de  Paris  et 
membre  honoraire  de  celle  de  Belgique,  s'est 
fait  connaître  par  de  nombreux  travaux  liisto- 
riques  et  analytiques  sur  les  sciences  naturelles 
et  par  des  écrits  littéraires  de  divers  genres , 
qui  lui  ont  valu  des  récompenses  de  l'Institut  de 
France  et  de  diverses  Académies.  Parmi  les  tra- 
vaux étrangers  à  l'objet  particulier  de  ses  études, 


il  faut  citer  un  Traité  de  musique  en  deux  par- 
ties, qui  a  trouvé  place  dans  l'ouvrage  intitulé  : 
Encyclopédie  des  connaissances  utiles,  Ins- 
truction pour  le  peuple.  Cent  Traités  (Paris, 
Dubochet,  deux  feuilles  in-8°  de  16  pages  cha- 
cune). Dans  la  première  partie,  l'auteur  traite 
de  la  théorie  de  la  langue  musicale,  du  contre- 
point, de  l'harmonie,  de  la  fugue,  de  la  compo- 
sition, enfin  de  l'esthétique  de  l'art;  dans  la  se- 
conde partie,  il  fait  un  rapide  résumé  historique 
des  diverses  branches  de  l'art  musical  depuis 
l'antiquité  jusqu'à  nos  jours,  et  termine  par  un 
chapitre  sur  le  chant  populaire  (chant  choral)  et 
sur  la  méthode  Wilhem. 

M.  Cap,  qui  est  né  à  Mâcon  le  2  avril  1788, 
est  l'éditeur,  avec  M.  Emile  Chastes,  des  Œu- 
vres choisies  de  Sénecé  (Paris,  Jannet,  1855, 
in-16),  dans  lesquelles  on  trouve,  avec  quelques 
notes  utiles,  la  fameuse  Lettre  de  Clément 
Marot  à  M.  de  ***,  touchant  ce  qui  s'est 
passé  à  l'arrivée  de  J.-B.  de  Lulli  aux 
Champs-Elysées. 

CAPAIXIVA  (Alessandro),  mineur  conven- 
tuel, compositeur,  fixé  depuis  longtemps  à  Bo- 
logne, est  né  à  Osimo,  dans  la  province  d'An- 
cône,  le  10  mars  1814.  Après  avoir  commencé 
l'étude  de  la  musique,  il  prononça  ses  vœux  à 
seize  ans,  et  termina  son  éducation  sous  la  di 
rection  de  divers  professeurs.  Le  P.  Capanna 
n'a  pas  écrit  moins  de  120  compositions  reli- 
gieuses, parmi  lesquelles  on  compte  seize  messes, 
des  hymnes,  vêpres,  litanies,  répons,  etc.,  toutes 
exécutées,  dit-on,  avec  succès.  On  lui  doit  aussi 
de  nombreuses  compositions  vocales  profanes, 
dont  plusieurs  ont  été  publiées,  et  deux  opéras 
restés  inédits  :  la  Sposa  d^Abido  et  Lodovico 
il  Moro. 

*  CAPECELATRO  (Vincenzo),  composi- 
teur dramatique,  né  à  Naples  en  1815,  fut 
amené  en  France  dès  l'âge  de  cinq  ans  par  sa 
famille,  que  les  événements  politiques  de  1820 
avaient  obligée  d'émigrer.  Il  commença  l'étude 
du  piano  sous  la  direction  de  sa  mère,  qui  était 
bonne  musicienne,  et  ses  parents  s'étant  rendus 
à  Rome  en  1825,  lui  donnèrent  en  cette  ville  de 
bons  professeurs.  Étant  retourné  à  Naples  en 
1830,  il  fut  admis  au  Conservatoire,  y  devint  l'é- 
lève de  Ruggi,  et  y  reçut  aussi  des  leçons  de 
contre-point  de  Zingarelli.  En  1834 ,  étant  encore 
au  Conservatoire,  il  écrivit  une  messe  à  huit 
parties  réelles,  avec  chœurs  et  orchestre,  puis, 
ayant  terminé  ses  études,  il  publia  bientôt  (Na- 
ples, Girard)  un  album  de  mélodies  vocales,  quel- 
ques ariettes,  des  duos  et  des  quatuors. 

Capecelatro  ayant  épousé  une  jeune  fille  de 
famille  noble,  M"'  Irène  Ricciardi,  poétesse  dis- 


CAPECELATRO  —  CAPOUL 


i49 


tinguée,  fille  de  M.  Ricciardi,  comte  de  Camal- 
doli,  écrivit  une  opérette  bouffe,  la  SoffUa  degli 
Arfisti,  dont  sa  femme  lui  avait  tracé  le  livret 
d'après  un  vaudeville  français,  la  Mansarde  des 
artistes,  et  fit  représenter  'ce  petit  ouvrage  en 
présence  de  la  cour  en  1837,  sur  le  théâtre  de 
l'Académie  pliilarmonlque  de  Naples.  Quelques 
années  après,  Capecelatro  venait  s'établir  à  Pa- 
ris avec  sa  femme,  y  publiait  un  album  de  chant 
intitulé  Échos  de  Sorrente,  des  mélodies  vo- 
cales séparées,  et  donnait  des  leçons  de  chant. 
De  retour  dans  sa  patrie,  il  faisait  représenter 
au  théâtre  San-Carlo,  de  Naples,  un  opéra  sé- 
rieux intitulé  Morlcdo,  qui  était  ensuite  repro- 
duit à  la  Scala,  de  Milan.  Cet  ouvraj!,e  fut  suivi 
de  Davide  Bizzio,  opéra  sérieux  donné  à  ce 
dernier  théâtre,  et  de  Gastone  di  Chanley,  ou- 
vrage dont  sa  femme  lui  avait  fourni  le  livret, 
et  qui  fut  joué,  je  crois,  à  Palerme,  puis  à  Flo- 
rence, à  I^errare  et  dans  d'autres  villes.  Capece- 
latro a  publié  à  Paris  deux  albums  de  chant, 
les  Murmures  de  VOrèthe,  et  Quisisana,  à 
Vienne  un  autre  album  intitulé  ^^5  Veillées  de 
Baden,  et  en  Italie  divers  recueils  et  un  nom- 
bre considérable  de  morceaux  de  chant  sépan'vs. 
Quelques-unes  de  ces  compositions  ont  obtenu 
beaucoup  de  succès  et  sont  devenues  popu- 
laires. Capecelatro  est  mort  à  Florence,  le  7  oc- 
tobre 1874. 

*  CAPELLETTI  (Charles).  A  la  liste  des 
opéras  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter  celui 
qui  porte  pour  titre  la  Capanna    moscovila. 

*  CAPI:LLI.  Voyez  CAPELLO. 

CAPELLO  (L'abbé  Jean-Marie).  Aux  ou- 
vrages dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  une  pastorale  intitulée  Eiidamia. 

*  CAPOTOR'I'I  fLouis),  compositeur  dra- 
matique, naquit  à   Molfetta  en  1767.  Admis  au 
Conservatoire  de  Saint-Onofrio,    à  Naples,  au 
mois  d'avril  1 778,  il  y  devint  l'élève  de  Nasci  pour 
le  vioion,  de  Giuseppe   Millico   pour  le  contre- 
point, et  de  Piccinni  pour  la  composition.   Sorti 
du  Conservatoire  en  1796,  à  l'âge  de  29  ans ,  il 
songea  aussitôt  à  se  produire,  et  débuta  par  une 
far  sa  intitulée  glï  Sposi  in  rissa,  qu'il  donna 
au  théâtre  Nuovo,  de  Naples.  On  connaît  la  liste 
de  ses  autres  ouvrages,  auxquels  il  faut  ajouter 
gli  Oraziied  i  Curiazii,  repiésentés  au  théâtre 
San-Carlo,  de  Naples.  Nommé  en  1811  exami- 
nateur des  élèves  du  Conservatoire,   Capotorti 
était  devenu  le  mailre  de  chapelle  à  la  mode 
dans  les  monastères  de  Naples,  à  Sainl-Domi- 
nique,  à  Saint-Vincent,  à  Sainte-Thérèse,  pour 
lesquels  il  a  composé  un  grand  nombre  d'œuvres 
de  musique  religieuse;  il  a  fait   aussi  de  bons 
élèves,  parmi  lesquels  il  faut  surtout  citer  Pa- 


ves!, artiste  fort  distingué.  Capotorti  s'é- 
tait retirédans  sa  vieillesse  à  San-Severo,  dans  la 
Capitanate;  c'est  là  qu'il   est  mort  eu  1842. 

CAPOUL  (JosErn-AMÉDÉE-VicTon),  est  né 
à  Toulouse  le  27  février  1839,  et  fit,  je  crois,  ses 
premières  études  musicales  à  la  maîtrise  de  cette 
ville,  qui  est  considérée  comme  une  excellente 
école.  Admis  au  Conservatoire  de  Paris  en  1859, 
il  y  devint  élève  de  Révial  pour  le  chant,  et 
de  Mocker  pour  l'Opéra-Comique  ;  il  fut  admis 
aux  concours  dès  l'année  suivante,  obtint  un  se- 
cond prix  de  chanl  et  un  second  prix  d'opéra-co- 
mique, et  en  1861  remporta  le  premier  prix  d'o- 
péra-comique. Il  fut  engagé  aussitôt  au  théâtre 
de  rOpéra-Comique,  où  il  débuta  assez  modes- 
tement, au  mois  d'août  de  la  même  année,  dans 
le  rôle  de  Daniel  du  Chalet.  Il  reprit  ensuite 
quelques  rôles  du  répertoire  courant,  entre  au- 
tres celui  de  Tonio  de  la  Fille  du  Régiment, 
fit  plusieurs  créations  dans  des  ouvrages  d'im- 
portance secondaire,  la  Colombe,  les  Absents, 
la  Grand'Tante,  puis  se  distingua  dans  plu- 
sieurs reprises ,  entre  autres  dans  celle  de  la 
Part  du  Diable.  Sa  jolie  voix,  d'un  timbre  flat- 
teur et  charmant  quoique  parfois  un  peu  faible, 
son  chant  expressif  bien  qu'un  peu  maniéré,  son 
physique  aimable,  sa  réelle  intelligence  de  la 
scène,  le  firent  bientôt  prendre  en  affection  par 
le  public,  et  surtout  par  la  partie  féminine  des 
spectateurs.  Le  rôle  de  Vert-Vert  dans  la  pièce 
de  ce  nom  le  mit  en  complète  évidence,  et  la 
façon  vraiment  remarquable  dont  il  joua  et  chanta 
celui  de  Gaston  de  Maillepré  dans  le  Premier 
jour  de  bonheur,  d'Auber,  mit  le  comble  à  sa 
jeune  renommée. 

Pourtant,  les  grands  succès  qu'il  obtenait  à 
rOpéra-Comique,  non  plus  que  la  situation  bril- 
lante qui  lui  était  faite  à  ce  théâtre,  ne  purent 
retenir  M.  Gapoul  en  France.  Les  chanteurs 
d'aujourd'hui  sont  ainsi  faits  qu'ils  ne  peuvent 
tenir  en  place,  qu'ils  sacrifient  tout  à  la  question 
d'argent  et  qu'ils  se  donnent  sans  hésiter  au  plus 
fort  enchérisseur;  l'amour  du  lucre  a  remplacé 
l'amour  de  l'art,  et  l'on  risque  ses  moyens  et  sa 
santé  dans  des  voyages  invraisemblables,  à  tra- 
vers les  climats  les  plus  divers,  pour  gagner  ra- 
pidement, au  prix  de  mille  fatigues,  une  fortune 
colossale.  M.  Capoul  fit  comme  tant  d'autres, 
embrassa  la  carrière  italienne,  et  partit  pour  l'é- 
tianger.  11  fut  à  New-York,  ainsi  qu'au  théâtre 
de  Drury-Lane,  à  Londres,  le  partenaire  de 
M'"°  Christine  Nilsson,et  se  produisit  avec  succès 
dans  quelques  rôles  de  demi  caractère,  jouant 
Faust,  Mignon  et  Maria.  En  1873,  il  vint  chanter 
ce  dernier  ouvrage  au  Théàtre-Itahen  de  Paris, 
mais  on  put  s'apercevoir  déjà  que  la  fraîcheur 


150 


CAPOUL  —  CARACCIOLO 


de  sa  voix  frêle  était  entamée,  et  que  celle-ci 
avait  perdu  en  partie  son  charme  pénétrant. 
Depuis  lors,  M.  Capoul,  qui,  en  ménageant  ses 
forces,  aurait  pu  acquérir  à  l'Opéra-Comique  une 
renommée  exceptionnelle,  a  continué  ses  exploits 
à  l'étranger.  Il  ne  revint  en  France  que  pour 
créer  au  Théâtre-Lyrique,  à  la  tin  de  1876,  le 
rôle  de  Paul,  dans  le  dernier  ouvrage  de  M.  Victor 
Massé,  Paul  et  Virginie  (1). 

CAPPA  (Antonio-José),  compositeur  es|)a- 
gnol.  En  1860,  la  Revue  et  Gazette  musicale 
annonçait  l'arrivée  à  Paris  de  cet  artiste,  en  fai- 
sant connaître  qu'il  était  auteur  de  plusieurs 
opéras  italiens  dont  un  intitulé  Giovanna  di 
Castiglia,  et  d'un  oratorio  qui  portait  pour  titre 
il  Diluvio.  Sa  femme,  M""^  Munoz-Cappa,  était, 
paiaif-il,  une  cantatrice  distinguée.  Je  n'ai  trouvé 
aucun  autre  renseignement  concernant  ces  deux 
artistes. 

*  CAPPUS  (Jean- Baptiste).  Il  faut  ajouter, 
à  la  liste  des  compositions  de  cet  artiste,  le  Re- 
tour de  Zéphire,  divertissement,  chanté  à  Dijon 
le  7  mars  1730. 

*  CAPRAIMCA  (M\TTEo).  Au  nombre  des 
opéras  écrits  par  cet  artiste,  il  faut  citer  il  Carlo, 
représenté  au  théâtre  Nuovo,  de  Naples,  en  173C, 
et  l'Olindo,  ouvrage  composé  en  société  avec 
Niccolo  Conti,  et  donné  sur  le  théâtre  des  Fio- 
rentini,  de  la  même  ville,  dans  l'automne  de 
l'année  1753. 

CAPRAIVICA  (Le  marquis  Domenico),  no- 
ble dilettante  italien,  a  écrit  la  musique  d'un 
opéra  intitulé  Ulrico  e  Lida,  qui  a  été  repré- 
senté en  1862  à  Rome,  au  palais  Doria  Pam- 
phili.  11  est  aussi  l'auteur  d'un  oratorio  à  trois 
voix  avec  chœurs,  intitulé  Isacco,  dont  on  a  pu- 
blié la  partition  pour  piano  et  chant  (Rome,  li- 
thographie des  Beaux- Arts). 

CAPUAXO  (Giuseppe),  compositeur  de  mu- 
sique religieuse  et  théoricien,  est  né  à  Naples  le 
3  mars  1830,  et  a  fait  toutes  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  d'un  professeur  nommé 
Giuseppe  Correggio.  M.  Capuano  a  écrit  des 
messes  et  un  grand  nombre  d'œuvres  de  musi- 
que sacrée,  et  il  est  l'auteur  d'un  grand  traité 
général  de  luusique,  intitulé  u?i  Nouveau  Livre. 
Ce  traité,  divisé  en  quatre  parties,  contient  les 
éléments  de  la  musique,  un  cours  d'harmonie, 
de  contrFpoiut,  de  fugue  et  de  composition,  les 
règles  de  l'instrumentation,  une  série  de    721 

(I)  En  18fi4,  tandis  qu'il  appartenait  au  pnrsonnci  de 
rOpéra-Cunilque,  M.  Capoul  parut,  sous  les  traits  du 
comte  A  mav  va,  dans  quelques  repré^pntalinns  du  Bar- 
bier de  Seville  données  à  la  Porte-StMartin,  qui,  en 
Tertu  du  récent  décret  sur  la  liberté  des  tliéâtres,  fai- 
sait une  incursion  dans  le  genre  lyrique. 


basses  à  réaliser,  100  fugues  à  2,  3  et  4  parties, 
et  enfin  une  collection  d'exercices  pour  l'intro- 
duction à  l'étude  du  chant,  précédés  d'un  opus- 
cule théorique  sur  la  voix. 

CAPUTO  (Michele-Carlo),  pianiste,  pro- 
fesseur et  écrivain  sur  la  musique,  est  établi 
depuis  longues  années  à  Naples,  oii  il  se  livre 
à  l'enseignement  et  où  il  s'est  fait  le  renom 
d'nn  excellent  professeur.  Artiste  fort  instruit 
et  d'une  rare  indépendance  d'esprit,  il  s'oc- 
cupe en  même  temps  de  travaux  littéraires  et 
historiques  sur  son  art.  Les  feuilletons  de  criti- 
que musicale  qu'il  publie  chaque  semaine  dans 
le  Giornale  di  Napoli  sont  justement  remar- 
qués, et  se  distinguent  par  un  grand  sentiment 
de  l'art,  par  la  solidité  des  jugements,  en  même 
temps  que  par  la  courtoisie  et  l'urbanité  de  la 
forme.  M.  Caputo  a  publié  en  1875  la  première 
partie  d'un  Anmiario  générale  délia  Musica 
(Naples,  De  Angelis,  in-18),  recueil  très-intéres- 
sant et  fait  avec  beaucoup  de  soin,  dans  lequel 
on  trouve,  avec  de  nombreuses  et  excellentes 
notices  sur  les  musiciens  italiens  contemporains, 
des  notes  nécrologiques  générales  et  des  rensei- 
gnements utiles  sur  les  institutions  et  les  éta- 
blissements musicaux  de  l'Europe  entière.  Mal- 
heureusement, et  j'ignore  pour  quelle  raison,  la 
seconde  partie  de  cet  annuaire  n'a  pas  encore 
paru  jusqu'ici.  M.  Caputo  s'est  fait  connaître 
aussi  par  quelques  compositions. 

*  CAPUZZI  (Joseph- Antoine).  Je  n'ai  pu 
retrouver  le  titre  d'aucun  des  opéras  de  ce  com- 
positeur ;  mais  voici  la  liste  de  quelques  ballets 
dont  il  écrivit  la  musique  pour  le  théâtre  de  la 
Scala,  de  Milan  :  1°  Mafilde,  ossia  la  Donna 
selvaggia,  1800;  2°  Gustavo,  re  di  Svezia, 
1804;  3"  Aniore  ingannato,  1807;  4°  la  Dis- 
fatta  di  Abderamo  (en  société  avec  de  Baillou), 
1809.  En  1787,  il  avait  donné  deux  ouvrages  du 
même  genre  :  à  Vicence,  fno  e  Temisto,  et  à 
Ravenne,  la  Donna  bizzarra. 

CARACCIOLO  (Li  ici),  musicien  italien,  est 
né  à  Andria,  dans  la  province  de  Bari,  le  10  août 
1S49.  Sa  famille  étant  allée  s'installer  à  Bari  l'an- 
née suivante,  c'esten  cette  ville  qu'il  commença, 
à  l'âge  de  dix  ans,  l'étude  de  la  musique.  Admis 
en  1863  au  Conservatoire  de  Naples,  il  y  devint 
l'élève  de  Cesi  pour  le  piano,  de  Carlo  Costa 
pour  l'orgue  et  l'harmonie,  enfin  de  Carlo  Couli, 
puis  de  Mercadante  pour  la  composition.  Après 
avoir  fait  exécuter  au  Conservatoire  une  can- 
tate intitulée  Godefroid  sous  les  murs  de  Jéru- 
salem, il  quitta  l'établissement,  et  se  consacra 
à  l'enseignement.  En  février  1874,  M.  Caiacciolo 
a  fait  représenter  avec  succès,  sur  le  théâtre  de 
Bari,  Maso  il  Montanaro,  son  premier  opéra. 


CARADORI-ALLAN  —  CARAFA  DE  COLOBRANO 


151 


*CARADORl-ALLAIV  (M"><^),  est  morte 
à  Surbiton  (Angleterre),  le  15  octobre  1865. 

*  CARAFA  DE  COLORRAAO  (Michel- 
Henri-François-Vincepct-Aloïs-Paiil)  ,  compo- 
siteur d'origine  italienne,  naturalisé  Français, 
naquit  à  Naples  non  le  28  octobre  1785,  comme 
il  a  été  (lit  par  erreur,  mais  le  17  novembre 
1787.  Second  (ils  du  prince  de  Colobrano  ,  duc 
d'AIvito,  qui  lui-même  était  musicien  et  compo- 
siteur d'église  ou  de  chambre  assez  distingué,  et 
de  Teresa  Beinbo,  qui  épousa  en  secondes  noces 
le  prince  de  Capranica,  Carafa  était,  dit-on,  pa- 
rent de  l'amiral  Caraccioli,  dont  la  fin  (ut  si  tra- 
gique, et  qui,  par  un  ordre  infâme  du  roi  Ferdi- 
nand I"',  fut  pendu  à  une  vergue  de  son  vaisseau. 

La  naissance  de  Carafa  le  destinait  au  métier 
des  armes.  Il  était  donc  officier  dans  l'armée  na- 
politaine lorsqu'il  fut  fait  prisonnier  par  nos  sol- 
dats au  combat  de  Campo-Tenese,  en  1806. 
Doué  d'un  physique  plein  de  grâce  et  d'élégance, 
excellent  cavalier,  il  plut  à  Murât,  qui  se  l'at- 
tacha comme  écuyer  particulier.  C'est  en  qualité 
de  lieutenant  de  hussards  de  son  nouveau  roi 
qu'il  fit  l'expédilion  de  Sicile,  où  il  gagna  les 
épaulettes  de  capitaine;  puis,  en  ,1812,  il  le  sui- 
vit comme  officier  d'ordonnance  dans  la  cam- 
pagne de  Russie,  et  là  fut  fait  chef  d'escadron  et 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Lorsque  les  événements  de  1814  l'eurent  rendu 
à  la  vie  civile,  Carafa,  qui  avait  sérieusement 
étudié  la  musique  dans  sa  jeunesse,  songea  à 
utiliser  ses  talents,  et  quoique  riche,  d'amateur 
voulut  devenir  artiste.  Il  avait  d'ailleurs  fait 
jouer  à  Naples,  en  1802,  par  des  amateurs,  un 
petit  opéra  intitulé  il  Fantasma,  eten  1811  il 
avait  produit  sur  le  théâtre  du  Fondo  un  ou- 
vrage plus  important,  il  Vascello  VOccidente. 
Il  se  mit  donc  à  écrire  divers  opéras  pour  les 
théâtres  de  Naples,  de  Milan  et  de  Venise,  puis 
vint  se  fixer  à  Paris,  qu'il  ne  quitta  plus  guère 
que  pour  faire  un  court  voyage  à  Rome,  où  il 
donna  un  grand  nombre  d'ouvrages,  aujourd'hui 
tout  à  fait  oubliés.  Élu  membre  de  l'Académie 
des  Beaux-Arts  en  remplacement  de  Lesueur 
(1837),  il  fut  nommé  l'année  suivante  directeur 
du  Gymnase  de  musique  militaire,  et  professeur 
de  composition  au  Conservatoire  en  1840.  Pen- 
dant les  dix-huit  années  qu'il  conserva  sa  classe 
du  Conservatoire,  il  forma  un  grand  nombre 
d'élèves,  parmi  lesquels  MM.  Roger,  Mertens, 
Chariot,  Vaucorbeil,  Emile  Jouas,  Jean  Conte, 
Faubert,  Philippot,  Prumier,  Edmond  Membrée, 
Emile  Pessard,  Pilievesse,  Laurent  de  Rillé,  etc. 

Voici  une  liste,  dressée  par  moi  avec  beau- 
coup de  peine,  des  productions  dramatiques  de 
Carafa.  Je  la  garantis  exacte  et  complète  en  ce 


qui  concerne  ceux  de  ses  ouvrages  représentés 
en  France,  mais  je  n'en  saurais  dire  autant  pour 
ceux  qu'il  a  donnés  en  Italie,  car  les  Italiens  se 
sont  montrés  jusqu'à  'ces  derniers  temps  si  peu 
soucieux,  si  peu  soigneux  sous  ce  rapport,  qu'il 
est  impossible  de  trouver  chez  eux  des  docu- 
ments non  pas  même  complets,  mais  à  peu  près 
exacts  et  tant  soit  peu  détaillés.  Quoi  qu'il  en 
soit,  voici  pour  ce  qui  se  rapporte  à  la  carrière 
italienne  de  Carafa  :  1"  Il  Fantasma,  ooerâ 
semi-seria  en  2  actes,  Naples,  vers  1802  ;  2»  t„ 
Vascello  VOccidente,  sérieux,  2  actes,  Naples, 
Fondo,  1811;  3°  laGelosiacorretta,oss'\a  Ma- 
riti,  aprilegli  occhi,  semi-seria,  2  actes,  Naples, 
Fiorentini,  1 815  ;  4°  Gabriella  di  Vergy,  sérieux, 
3  actes,  Naples,  Fondo,  3  juillet  1816;  5°  IJîge- 
nki  in  Tauride,  sérieux,  2  actes,  Naples,  San- 
Carlo,  1817;  &'  Adèle  di  Lusignano,  sérieux, 
2  actes,  Milan,  Scala,  27  septembre  1817; 
7"  Bérénice  in  Siria,  sérieux,  2  actes,  Naples, 
San-Carlo,  1818;  8°  Elisabetta  in  Dcrbyshire 
sérieux,  2  actes,  Venise,  26  décembre  1818  J 
9°  il  Sacrifi&io  d'Epito,  sérieux,  2  actes,  Venise, 
1819;  10°  i  Due  Figaro,  ossia  il  Soggetto  di 
una  commedia,  bouffe,  2  actes.  Milan,  Scala, 
6  juin  1820;  11°  la  Capricciosa  ed  il  Soldato, 
ossia   î/n    Momento  di    lezione ,    semi-seria, 

2  actes,  Rome,  1823;  12°  Eufemia  di  Messina, 
sérieux,  2  actes,  Rome,  1823;  iS"  Abufar  ossia 
la  Famiglia  Arabe,  sérieux,  2  actes.  Vienne, 
Théâtre  Italien,  1823;  14°  il  Sonnambulo,  se- 
mi-seria, 2  actes,  Milan,  Scala,  13|  novembre 
1824;  15»  Aristodemo;  16"  gVItalici  e  gVln- 
diani. 

Voici  maintenant  la  liste  des  opéras  de  Carafa 
représentés    en  France  :   17°    Jeanne   d'Arc, 

3  actes,  Opéra-Comique,  10  mars  1821  ;  18°  le 
Solitaire,  3  actes,  id.,  17  août  1822  ;  19°  [le 
Valet  de  chambre,  1  acte,  id.,  16  septembre 
1823;  20°  V Auberge   supposée,  3    actes,  id., 

26  avril  1824;  21°  la  Belle  au  bois  dormant, 
3  actes.  Opéra,  2  mars  1825;  12°  Sangarido, 
un  acte,  Opéra-Comique,  19  mai  1827;  23°  il/a- 
saniello  oa  le  Pêcheur  napolitain,  4  actes,  id., 

27  décembre  1827  ;  24°  la  Violette  (en  société 
avec  Leborne),  3  actes,  id.,  7  octobre  1828; 
25°  Jenny,  un  acte,  id.,  26  septembre  1829; 
26°  le  Nozze  di  Lamermoor,  Théâtre-Italien, 
12  décembre  1829;  27°  V Auberge  d'Auray  (en 
société  avec  Hérold),  Opéra-Comique,  Il  mai 
1830;  28°  l'Orgie,  ballet  en  3  actes.  Opéra,  18 
juillet  1831;  29°  le  Livre  de  V Ermite,  2  actes, 
Opéra-Comique,  11  août  1831  ;  30°  Nathalie  ou 
la  Laitière  suisse  (en  société  avec  Gyrowetz), 
ballet  en  2  actes.  Opéra,  7  novembre  1832  ; 
31°  la  Prison  d'Edimbourg,  3  actes,  Opéra-Co- 


i52 


CARAFA  DE  COLOBRANO  —  CAREST 


mique,  20  juillet  1833;  32°  ttne  Jouino.e  de  la 
Fronde,  id.,  7  novembre  1833;  33°  la  Grande- 
Duchesse,  4  actes,  id.,  ]C  novembre  1835; 
34°  Thérèse,  2  actes,  id.,  26  septembre  1838. 

Il  faut  encore  ajouter,  aux  œuvres  dramatiques 
de  Carafa,  un  opéra  sérieux  italien,  Tamcrlano, 
écrit  en  !  r22  pour  le  théâtre  San-Carlo,  de  Naples 
et  qui  rc,  fut  point  représenté  ;  deux  cantates 
italiennes,  (t'uvres  d'extrême  jeunesse,  ilNaicde 
di  Giove,  et  Achille  e  Deidamia;  une  scène  lyri- 
que sur  par. 'es  françaises,  Sœur  Agnès  ou  la 
Religieuse  ;  l'i  Marquise  de  Brin  villiers,  opéra 
comique  en  3  ados,  dont  la  musique  fui  composée 
par  Auber,  Batton,  Berton,  Blangini,  Boieldieu 
Carafa.  Cherul)ini,Hérold  etPaër,  c'est-à-dire  par 
cinq  musiciens  français  et  quatre  musiciens  ita- 
liens, dont  le  dernier  survivant  fut  justement 
Carafa  (Opéra-Comique, 31  octobre  1831);  les  Pre- 
miers Pas,  prologue  en  un  acte,  écrit  pour  l'ou- 
Terturo,  de  l'Opera-JNational  (15  novembre  1847), 
par  Adam,  Auber,  Carafa,  Halévj;  enfin  les  réci- 
tatifs et  les  airs  de  ballet  écrits  par  Carafa,  sur 
la  demande  même  de  Rossini,  pour  la  traduction 
de  Sétniramis  faite  par  Méry  et  donnée  à  l'Opéra 
le  4  jijillet  1860.  -  Puis  il  faut  mentionner  quel- 
ques compositions  religieuses;  une  Messn  di 
gloric,  à  quatre  voi\  ;  une  Messa  di  Requiem, 
écrite  à  Paris  ;  un  Stabat  Mater  ;  un  Ave  verum, 
pour  ténor  solo  avec  cluvurs  et  oichestre;  et 
encore  quelques  œuvres  de  divers  genres  :  trois, 
livres  d'harmonies  militaires,  et  des  solos  pour 
divers  instruments  à  vent  (tlùte,  clarinette,  haut- 
bois ,  basson  ou  cor) ,  avec  accompagnement 
d'orcliestre. 

Caiafa  est  mort  le  26  juillet  1872.  Dès  1868,  il 
avait  fait  don  de  tous  les  manuscrits  autogra- 
phes ne  ses  œuvres  à  la  bibliothèque  du  Con- 
servatoire de  Naples,  sa  ville  natale.  Comme  suc- 
cesseur de  Carafa  à  l'Académie  des  Beaux-Arts, 
M.  François  Bazin  a  lu  sur  cet  artiste,  dans 
une  séance  particulière  de  celte  compagnie,  une 
Notice  qui  a  été  publiée  par  la  librairie  Firmin 
Didot  (Paris,  in-4°,  1873). 

CAlîASALI  (Odoardo),  compositeur  ita- 
lien, né  à  Pise,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  et  fut  maître  de  chapelle 
de  la  princesse  de  la  Roccella.  Cet  artiste  a  fait 
représenter  sur  le  théAtre  délia  Pace,  à  Naples, 
en  1736,  un  opéra  bouffe  dont  le  titre,  leMbro- 
glie  f/'nmwio/e,  semble  indiquer  qu'il  était  écrit 
en  dialecte. 

CARCANO  (Raffaele),  chanteur  et  com- 
positeur, né  en  1806,  fit  son  éducation  mu- 
sicale à  la  maîtrise  de  la  cathédrale  de  Milan. 
A  l'âge  de  18  ans,  il  fut  admis  dans  la  cha- 
pelle du  roi  de  Sardaigne,  où  il   resta  jusqu'à 


sa  mort,  arrivée  au  mois  d'octobre  1864.  li 
s'essaya  dans  la  carrière  lyrique,  mais  il  l'aban- 
donna presque  aussitôt  pour  se  consacrer  entiè- 
rement à  la  musique  religieuse,  où  d'ailleurs  sa 
belle  voix,  son  grand  style  et  ses  rares  qualités 
musicales  en  faisaient,  dit-on,  un  digne  émule  des 
meilleurs  chanteurs  dramatiques  italiens.  Har- 
moniste habile  et  contrapuntiste  exercé,  il  a 
laissé,  dans  le  genre  rehgieux,  un  grand  non\bre 
de  compositions,  qui,  si  elles  ne  brillent  pas 
toutes  par  le  génie  de  l'invention,  prouvent  du 
moins  que  Carcano  avait  été  à  bonne  école  et 
s'était  nourri  de  saines  études. 

CAlîELLI  (Benjamino),  compositeur,  pro- 
fesseur et  écrivain,  né  à  Naples  le  9  mai  1833, 
a  fait  au  Conservatoire  de  cette  ville  toutes  ses 
études  musicales,  ayant  pour  professeurs  Lanza 
pour  le  piano,  Parisi  pour  l'harmonie,  Carlo 
Conti  pour  le  contre-point,  Dusiipour  le  chant, 
et  Mercadanle  pour  la  haute  composition.  Avant 
de  sortir  du  Conservatoire,  et  dans  l'un  des 
exercices  annuels  de  cet  établissement,  il  fit  exé- 
cuter une  ouverture  écrite  par  lui.  Il  se  livra  en- 
suite à  renseignement  du  chant  et  à  la  comjio- 
sition,  publia  un  grand  nombre  de  mélodies  vo- 
cales, et  fit  exécuter  en  1864,  au  théâtre  San- 
Carlo,  pour  une  fête  nationale,  une  ode-cantate 
qui  fut  fort  bien  accueillie.  Professeur  de  chant 
aux  écoles  normales  depuis  1873,  au  Conserva- 
toire depuis  1874,  M.  Carelli  s'est  fait  connaître 
comme  écrivain  en  publiant  sous  ce  titre  :  Cro- 
naca  d'unrespiro,  un  livre  original,  écrit  dans 
le  but  de  généraliser  la  connaissance  de  l'oigane 
vocal,  et  qui  lui  a  fait  décerner  une  médaille  par 
le  7*  congrès  pédagogique  italien.  M.  Carelli  a 
publié  aussi  la  première  partie  d'une  méthode 
intitulée  Z'/l;7e  delcanto  (Naples,  Coltrau,  1873). 

CAIIEST,  KAREST  ou  CAREEST 
(Josse),  facteur  de  clavicordes  et  de  clavecins, 
que  l'on  croit  originaire  de  Cologne,  naquit  sans 
doute  dans  les  dernières  années  du  quinzième 
siècle,  car  dès  l'année  1519  il  était  fixé  à  Anvers, 
où  il  se  trouvait  inscrit  dans  la  gilde  de  Saint - 
Luc  et  devenait  élève  de  Pierre  Matihys.  Il  obtint 
la  maîtrise  en  1523.  On  ignore  l'époque  de  sa 
mort,  mais  on  sait  qu  il  existait  encore  en  1558, 
car,  quoique  inscrit  Vlans  la  gilde  de  Siunt-Luc, 
il  n'en  faisait  pas  encore  partie  comme  sociétaire, 
et  il  fut  au  nombre  des  dix  facteurs  de  clavecins 
qui,  en  1557,  sollicitèrent  leur  entrée  simultanée 
dans  la  gilde,  et  virent  agréer  leur  demande 
l'année  suivante.  Josse  Carest  est  considéré 
comme  le  plus  ancien  facteur  de  clavecins  d'An- 
vers. 

Un  autre  facteur  du  même  nom,  Gosuin  Ca- 
rest, né  à  Cologne,  évidemment  parent  de  celui- 


CAREST  —  CARLINI 


153 


ci,  et  comme  lui  fixé  à  Anvers,  fut  reçu  dans  la 
bourgeoisie  de  cette  ville  le  9  mars  1530,  et, 
comme  lui  aussi,  fut  au  nombre  des  dix  facteurs 
qui  en  1557  demandèrent  et  obtinrent  leur  ad- 
mission dans  la  ghilde  de  Saint-Luc. 

CARLEZ   (Jules-Alexis),    com|iositeur   et 
écrivain  musical,  né  à  Caen  le  10  février  1836, 
reçut  de  son  père,  ancien  chef  de  musique  mili- 
taire sous  le  premier  empire,   ses  premières  le- 
çons, puis  devint  élève  du  Conservaloire muni- 
cipal de  sa  ville  natale.  Il  étudia,  dans  cet  éta- 
blissement, le  piano  et  le  violon  sous  la  direc- 
tion de  divers  professeurs,  puis  s'attacha  à  la 
connaissance  de  la  théorie  de  l'art,  se  formant 
seul  à  ce  point  de  vue,  par  l'étude  des  maîtres 
et  la  lecture  assidue  des  grands  ouvrages  didac- 
tiques. Une  fois  son  éducation  terminée,  M.  Car- 
iez, qui  n'a  jamais  quitté   sa  \'ille  natale,   s'y 
voua  à  l'enseignement,    et   devint  organiste  de 
l'église  Saint-Jean,  où  il  exerce  encore  aujour- 
d'hui ces  fonctions.  Il  se  livrait  aussi  à  la  pra- 
tique du  la  composition,  et    publia    successive- 
ment les  œuvres  suivantes  :  1°  Ave  Maria  pour 
ténor,  soprano  et  chœur,  avec^accompagnement 
d'orgue  (Régnier-Canaux)  ;  2°  Venisancte  spiri- 
tus,  prose  à  4  voix  avec  soliet  orgue  (id.);  3"  le 
Vin  de  Jurançon,  chœur  à   4  voix  d'hommes 
(Gambogi)  ;  4°  te  Feu  follet,  id.  (journal  l'Or- 
phéon); 5°  Chant   du  matin,  chœur  à  3  voix 
égales    (Lory);    6°    Insomnie,     andante    pour 
piano,  op.  29,  n"  1  (Jacquot)  ;  7°  Gais  Propos, 
op.  29,  n°  2  (id.);  8°  Menuet  pour  piano,  op.  39 
Gérard);  9"  Trio  pourpiano,  orgue  et  violon,  sur 
des  motifs  d'un  opéra  inédit,  op.  45  (Choudens); 
enfin,  plusieurs  romances  et  mélodies  vocales. 
Entre  temps,  M.  Cariez  s'occupait  d'études  lit- 
téraires sur   l'art  qu'il  affectionnait,  et  publiait 
d'assez  nombreux  articles  de  critique  et   d'éru- 
dition musicale.  C'est  ainsi  qu'il  devint  collabo- 
rateur du  Moniteur  du  Calvados,  du  Ménes- 
trel, de  la   France  musicale,  de  la  Semaine 
musicale,  de  la  Réforme  musicale,  de  YÉcho 
des  Orphéons.  Ces  travaux  attirèrent  sur  lui  l'at- 
tention de  l'Académie  des  .sciences,  arts  et  belles- 
lettres  de  Caen  et  delà  Société  des  Beaux-Arts  de 
la  même  ville,  qui  l'appelèrent  dans  leur  sein.  Il 
publia  divers  écrits  sur  la  musique  dans  les  Mé- 
moires de  la  première  et  dans  les  Bulletins  de 
la  seconde.  Enfin,  M.  Cariez  est  auteur  des  opus- 
cules suivants  :   1"  Les  Musiciens  paysagistes 
(Caen,  LeBlanc-Hardel,  1870,  in-S")  ;  1°  Grinim 
et  la  musique  de  son  temps  (id.,  id.,    1872, 
in-S")  ;  3°  Notices  biographiques  sur   Angèle 
Cordier  et  Yvonne  Morel  (id.,id.,  1873,  in-S")  ; 
4°  VŒuvre  d' Auber  (\d.,  id.,  1874,  in-8°);  5° 
Auber,   aperçu  biographique  et  critique,  la 


statue  projetée,  la  cavalcade  du  3  juin  1875 
(id.,  id.,  1875,  in- 18);  6" la  Musique àCnen,  de 
1066  à  1848  (id.,id.,  1876,  in-8")  ;  7°  te  Chant 
de  Guillaume  de  Fécamp  et  les  maisons  de 
Glosions  (id.,  id.,  1877,  in-S").  Les  travaux  lit- 
téraires de  M.  Cariez  se  distinguent  par  l'exacti- 
tude des  faits,  l'élégance  aimable  de  la  forme, 
et  l'ingéniosité  des  aperçus.  M.  Cariez  est  l'un  des 
collaborateurs  du  supplément  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

CARLINE,  nom  sous  lequel  a  été  connue 
l'une  des  actrices  les  plus  charmantes  et  les  plus 
accomplies  qui  aient  paru  à  la  Comédie-Italienne. 
Née  vers  1758,  elle  débuta  à  ce  théâtre  le  31  jan- 
vier 1780,  dans  lerôle  deLucette  du  Sylvain  de 
Grétry,  et  dans  celui  de  Lisette  d'une  comédiede 
Marivaux,  l'Épreuve.  Reçue  aussitôt  pension- 
naire, elle  fnt  admise  dès  l'année  suivante  au 
nombredes  sociétaires,  etilevint  l'une  des  actrices 
favorites  du  public  difficile  de  la  Comédie.  Fine, 
alerte,  aimable,  spirituelle,  portant  à  merveille 
le  travesti,  elle  élail  aussi  appréciée  dans  les 
rôles  de  pages  qun  dans  ceux  de  soubrettes  ou 
d'ingénues,  et  son  talent  souple,  que  venait  com- 
pléter une  voix  charmante  et  bien  conduite,  se 
prêtait  à  tous  les  genres.  Parmi  les  ouvrages 
dans  lesquels  les  contemporains  la  citaient  sur- 
tout comme  supérieure,  il  faut  mentionner  Fan- 
fan  et  Colas,  le  Souper  de  famille,  les  Deux 
Petits  Aveugles,  Primerose,  les  Ailes  de  VA- 
viour.  Carline  fit  partie  du  personnel  de  l'Opéra- 
Comiqne  lors  de  la  réunion,  sous  ce  titre,  des 
deux  troupes  de  Favart  et  de  Feydeau.  Bien 
qu'occnpant  la  scène  depnis  près  de  vingt-cinq 
ans,  elle  avait  conservé  toute  son  influence  et 
toute  son  action  sur  le  public,  lorsqu'elle  prit 
sa  retraite  en  1804,  avec  la  pension.  Elle  avait 
épousé  Nivelon,  danseur  de  l'Opéra,  et  se  retira  à 
Saint-Martin,  près  de  Gisors,  cù  elle  mourut  le 
IG  octobre  1818,  âgée  de  près  de  soixante  ans. 

CARLIA'I  ( ),  compositeur  italien,  est 

sorti  vainqueur  d'un  concours  ouvert  en  1864, 
à  Florence,  pour  la  composition  d'un  opéra  des- 
tiné à  être  représenté  au  théâtre  de  la  Pergola. 
Cet  ouvrage  avait  pour  titre  Gabriella  di  Fa- 
lesia,  et  fit  en  effet  son  apparition  sur  ce  théâtre 
au  mois  de  juin  1865.  Le  succès  en  fut  absolu- 
ment négatif,  comme  il  arrive  souvent  en  ce 
qui  concerne  les  ouvrages  écrits  dans  de  sem- 
blables circonstances.  Celui-ci  ne  sortait  pas,  pa- 
raît-il, des  banalités  régulières  qui,  sur  le  papier, 
trompent  toujours  l'œil  des  juges  les  plus  experts, 
mais  qui,  devant  le  public,  seraient  remplacées 
d'une  façon  singulièrement  avantageuse  par  un 
peu  de  jeunesse  et  d'inspiration,  la  première  fùt- 
elle  un  peu  fougueuse,  et  la  seconde  parfois  un 


154 


CARLINI  —  CARRER 


peu  incorrecte  et  hardie.  Bref,  le  nom  de  M.  Car- 
lini  retomba  aussitôt  dans  l'ombre  d'où  il  était 
sorti  après  la  proclamation  de  sa  victoire,  et  je 
ne  saclie  pas  que  depuis  lors  ce  jeune  compo- 
siteur ait  trouvé  l'occasion  de  se  reproduire  au 
théâtre. 

CARLOTTI  (Gaetano),  compositeur,  né  à 
Modène  dans  la  première  moitié  du  dix-neuvième 
siècle,  a  fait  ses  études  musicales  à  Naples,  d'où 
il  revint  dans  sa  ville  natale  pour  y  faire  repré- 
senter, le  19  novembre  1853,  un  opéra-bouffe 
intitulé  Rita.  M.  Carlotti  s'est  ensuite  de  nou- 
veau éloigné  de  Modène,  et  je  ne  crois  pas  qu'il 
ait  abordé  le  théâtre  une  seconde  fois. 

CARMINE  ( )  est  le  nom  d'un  compo- 
siteur italien  qui  a  vécu  vers  la  tin  du  dix-sep- 
tième siècle,  mais  dont  la  carrière  n'est  guère 
connue.  On  conserve  de  lui,  à  la  bibliothèque 
de  Vienne,  un  manuscrit  important  :  La  Ninna 
Nonna ,  molette  pastorale  a  4  voci  con  vio- 
Uni,  dont  les  ensembles,  paraît-il,  ne  sont  pas 
indignes  d'être  mis  en  comparaison  avec  ceux 
de  Ha'iidi'l  et  de  Bach.  Y. 

CARAIOLO  (Arcangelo),  est  l'auteur  de 
l'écrit  suivant  :  /  Coristi  (les  Diapasons)  fono- 
metrici  per  la  precisione  del  temperamento 
armonicQ,  Turin,  1873. 

CAROLIiXE  (M"«).  Une  musicienne  de  ce 
nom  écrivit  la  musique  d'un  opéra-comique  en 
un  acte,  V Heureux  Stratagème,  qui  fut  repré- 
senté au  théâtre  Beaujolais  le  19  août  178G. 

CAROÎM  (Camille),  compositeur,  né  à  îRouen 
le  10  mars  1825,  fit  ses  premières  éludes  musi- 
cales à  la  maîtrise  de  la  cathédrale,  où  il  entra 
en  1835.  Admis  au  Conservatoire  de  Paris  en 
1840,  il  y  eut  pour  professeur  de  solfège  M.  Le 
Couppey,  et  se  livra  en  même  temps  à  l'étude 
du  piano  ;  mais  forcé  de  retourner  à  Rouen,  il 
se  mit  alors  sous  la  direction  d'Amédée  Méreaux, 
qui  lui  enseigna  l'harmonie  et  la  composition. 
M.  Caron  s'est  définitivement  fixé  dans  sa  ville 
natale,  où  il  se  livre  au  professorat. 

Il  a  fait  jouer,  au  théâtre  des  .\rts  de  Rouen, 
les  ouvrages  suivants  :  le  Sergent  de  Ovis/re- 
ham,  opéra-comique  en  un  acte  (mars  1863)  ;  — 
la  Naissance  de  Boieldieu,  grande  scène  lyri- 
que (15  décembre  1866)  ;  —  le  TrébucJiet, 
opéra-comique  en  un  acte  (17  décembre  1868). 
Il  a  publié  chez  les  éditeurs  Richault,  Challiot, 
Choudens,  Heugel,  etc.,  une  vingtaine  d'œuvres 
légères  pour  le  piano,  et  des  romances  ou  mé- 
lodies, dont  quelques-unes,  telles  que  la  Nuit, 
chantée  par  Ponchard,  et  A  Soixante  ans,  inter- 
prétée par  Poultier,  ont  eu  du  succès.  M.  Caron 
a  écrit  également  des  chœurs  à  quatre  voix 
d'hommes,  parmi  lesquels  nous  remarquons  la 


Saint-Jean  d'été,  le  Chant  des  derniers  Gau- 
lois, etc.  Enfin,  ses  productions  se  complètent, 
jusqu'à  ce  jour,  par  quelques  morceaux  reli- 
gieux et  deux  marches  pour  orchestre,  qu'il  a 
fait  exécuter  au  lycée  de  Rouen. 

J.-C— z. 

*  CARPAM  (Gaetano),  a  écfrit  la  musique 
des  intermèdes  d'une  tragédie  intitulée  Senna- 
cherib,  représentée  à  Rome  en  1739.  Les  paroles 
de  cette  tragédie  étaient  en  latin,  tandis  que  le 
texte  des  intermèdes  était  en  italien. 

*  CARPEA'ÏIER  (Adolphe-Clair  LE),  est 
mort  à  Paris  le  14  juillet  1869. 

*  C ARRARA  (Giovanm-Michele-Alberto), 
ériidit  du  quinzième  siècle,  est  l'auteur  d'un  livre 
scientifique  dont  un  chapitre,  le  troisième,  est 
consacré  à  la  musique  :  De  Chorcis  Musarum 
(sive  de  scientiariiin  origine).  Cet  écrivain  na- 
quit à  Bergame  en  1438,  et  mourut  le  26  oc- 
tobre 1490.  On  trouve  une  notice  sur  lui  dans 
le  recueil  des  écrits  du  compositeur  Mayr  : 
Biografie  di  scrittore  e  artisti  musicali  Ber- 
gnmasclû  nativi  od  oriundi  (Bergame,  Pagnon- 
celli,  1875,  in-4°). 

CiVRREA'O  (Thérésa),  pianiste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Caracas,  capitale  du  Venezuela, 
le  22  décembre  1853.  Son  père,  qui  était  ministre 
des  finances  de  la  République  de  Venezuela,  et 
qui,  dans  sa  jeunesse,  avait  étudié  la  musique 
et  le  piano  pour  son  agrément,  ayant  été  forcé 
de  s'expatiier  pour  cause  politique  et  de  se  ré- 
fugier aux  États-Unis,  songea  à  tirer  parti  de 
.-^on  tah  nt  comme  professeur,  et  à  lui  demander 
des  moyens  d'existence.  En  môme  temps  il 
formait  sa  fille,  qui  devenait  sa  meilleure  élève, 
et  qui,  dès  l'âge  de  neuf  ans,  se  faisait  entendre 
avec  un  grand  succès  dans  les  grandes  villes 
américaines,  à  New- York,  à  Boston,  à  la  Ha- 
vane, etc.  Ayant  été  présentée  à  Gottschalk, 
celui-ci  fut  charmé  de  ses  dispositions,  lui  donna 
des  leçons,  et  conseilla  à  son  père  de  la  con- 
duire et  de  la  produire  en  France.  Vers  1866, 
en  effet,  la  jeune  Thérésa  Carreno  arrivait  à 
Paris,  se  faisait  entendre  d'abord  dans  quelques 
salons  où  elle  fut  fort  bien  accueillie,  puis  se 
produisit  en  public  avec  un  véritable  succès. 
Depuis  lors,  elle  a  beaucoup  voyagé,  et  partout 
elle  a  été  reçue  avec  la  plus  grande  faveur. 
M""  Thérésa  Carreno,  qui  a  épousé  il  y  a  quel- 
ques années  un  jeune  violoniste  français, 
M.  Emile  Sauret,  a  publié  un  certain  nombre  de 
compositions  pour  son  instrument.  Son  père, 
Manuel-Antoine  Carreno ,  qui  s'était  livré  à 
l'enseignement ,  est  mort  à  Paris  le  28  août 
1874. 

CARRER  (........),  compositeur  dramatique 


CARRER  —  CARVALHO 


153 


dont  j'ignore  l'origine,  est  l'auteur  de  trois  opéras 
sérieux  italiens.  L'un,  intitulé  IsabeLla  d'As- 
pecco,  a  été  donnéàCorfou  en  1854  ;  le  second, 
ayant  pour  titre  i/areo  Botzaris,a  été  joué  pour 
la  première  fois  sur  ie  théâtre  de  Sira  au  mois  de 
janvier  1867  ;  je  ne  sais  où  ni  quand  a  été  repré- 
senté le  troisième,  qui  est  intitulé  Dante  e  Bice. 

CARRERAS  i( ),  compositeur  espa- 
gnol, a  fait  représenter  au  mois  d'Avril  1868,  à 
Madrid,  sur  le  théâtre  de  Jovellanos,  une  zar- 
Zîcela  en  un   acte  intitulée  la  Fïrma  del  Reij. 

CARTIEK  (Henri),  compositeur,  a  fait  re- 
présenter les  deux  opérettes  dont  les  litres  sui- 
vent :  1°  V Homme  entre  deux  âges,  un  acte, 
Bouffes-Parisiens,  6  mai  1862  ;  2°  le  Train 
des  maris,  un  acte,  Athénée,  25  décembre  1807. 

*CARULLI  (Gl'st.we),  professeur  de  chaut 
et  compositeur,  fils  du  fameux  guitariste  Ferdi- 
nand Carulli,  naquit  à  Livourne  le  20  juin  1801. 
Venu  en  France  avec  son  père,  il  y  étudia  le 
piano  sous  la  direction  du  polonais  Mirecki, 
l'harmonie  sous  celle  de  Nicoio  Isouard,  et  enfin 
eut  pour  maître  de  composition  le  célèbre  Paër. 
En  1826,  de  retour  en  llalie,  il  faisait  jouer  au 
théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  un  opéra-bouffe. 
Trois  ans  après  il  revenait  en  France,  et  cher- 
chait inutilement,  pendant  longues  années,  à 
faire  représenter  un  ouvrage  sur  une  de  nos 
scènes  lyriques.  Perdant  courage,  il  se  rendait 
à  Londres  en  1845,  et,  après  un  séjour  de  quel- 
ques années  en  cette  ville,  venait  se  fixer  défi- 
nitivement à  Boulogne  (Pas-de-Calais),  qu'il  n'a 
jamais  quitté  depuis,  et  oii  ses  leçons  de  chant  et 
d'harmonie  ont  toujours  été  très-rechercliées  ;  c'est 
là  qu'il  a  eu  pour  élève  M.  Alexandre  Guilmant 
(Voyez  ce  nom),  actuellement  organiste  de  l'é- 
glise de  la  Trinité.  Carulli,  qui  possédait  na- 
guère une  belle  voix  de  ténor,  et  qui  était  un 
excellent  accompagnateur,  a  publié  un  assez 
grand  nombre  de  compositions  et  d'ouvrages 
didactiques  :  1"  Solfège  à  1  et  2  voix  (dont  il  a 
été  fait  cinq  éditions)  ;  2°  Méthode  de  chant  ; 
3°  Recueil  de  vocalises  pour  les  quatre  principaux 
genres  de  voix  (en  4  livres);  4°  Vocalises  à  deux 
voix  ;  5°  Trois  quatuors  français  et  italiens  ;  C° 
Trois  recueils  de  sérénades  et  morceaux  pour 
quatre  voix  d'hommes  ;  7°  Plusieurs  albums  de 
chant;  8"  enfin,  quantité  de  romances  et  can- 
zonettes  qui  se  font  remarquer  par  l'élégance 
de  la  forme  et  une  grande  fraîcheur  d'inspiration. 
Pendant  dix  ans,  Carulli  s'est  occupé  de  musique 
instrumentale,  et  a  écrit  une  assez  grande  quan- 
tité de  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  et 
de  quatuors  pour  instruments  à  cordes  ;  ces  com- 
positions, que  Rossini  estimait  particulièrement, 
n'ont  pas  été  livrées  à  la  publicité.  Carulli  est 


mort  à  Boulogne,  au  mois  d'Octobre  ou  de  No- 
vembre 1870. 

*CARUSO  (Loiis).  Aux  ouvrages  dramati- 
ques de  ce  compositeur  fécond,  il  faut  ajouter 
les  deux  opéras-bouffes  suivants  :  il  Marchese 
TuUpano,  et  Cosi  si  fa  aile  donne. 

Cx\RVALHO  (.Io\o  DE  Sousa),  compositeur 
dramatique,  né  à  Lisbonne  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  fit  ses  études  musicales  en  Italie 
avec  les  deux  frères  Lima,  Cabrai,  Joaquim  d'O- 
liveira  et  autres,  qui  avaient  obtenu  des  pen- 
sions du  gouvernement  de  D.  José  I  (1750-1777). 
La  plupart  de  ces  artistes  obtinrent,  de  retour 
en  Portugal,  des  emplois  avantageux.  Carvalho, 
le  plus  habile,  fut  nommé  maître  de  musique  de 
la  famille  royale  aussitôt  après  la  mort  de  David 
Ferez  (1778).  De  1769  à  1789,  Carvalho  fit  re- 
présenter sur  les  théâtres  de  la  cour,  aux  palais 
d'Ajuda  et  de  Qneluz  (résidence  d'été),  une 
douzaine  d'opéras  (1),  pastorales,  et  cantates, 
des  serenatas,  etc.,  qui  furent  accueillis  avec 
beaucoup  d'éloges.  La  réputation  de  Carvalho 
se  répandit  même  en  Italie,  où  on  a  repré- 
senté quelques-uns  de  ses  meilleurs  opéras.  On 
ne  connaît  pas  au  juste  la  date  de  sa  mort,  mais 
il  a  dû  vivre  jusqu'en  1793,  car  il  publia  en 
cette  année  beaucoup  de  morceaux  de  chant 
dans  un  Jornal  de  Modinhas  {Recueil  de  mé- 
lodies pour  la  voix)  de  Lisbonne.  Parmi  ses 
élèves  les  plus  distingués,  il  faut  citer  surtout 
Antonio  Leal  Moreira. 

J.    DP.  V. 

CARVALHO  (Caroline   FÉLIX-MIOLAN, 

épouse),  une  des  cantatrices  françaises  les  plus  re- 
marquables de  l'époque  actuelle,  est  née  à  Mar- 
seille le  31  décembre  1827(2).  Son  père,  hautboïste 

(I)  Pour  les  litres  de  ces  ouvrages,  V.  Musicos  Portu- 
giieies,  par  Joaquim  de  Vascoiicellos,  t.  I,  p.  41. 

(J)  Au  mois  de  mai  1S63,  Bénédit  {voyez  ce  nom],  alors 
professeur  au  Conservatoire  de  Marseille  et  critique  mu- 
sical du  journal  le  Sémaphore,  publiait  dans  un  de  ses 
fouilletnns,  à  propos  des  représentations  données  sur  le 
théâtre  de  cette  ville  par  Mme  Carvalho,  les  lignes  sui- 
vantes, qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  reproduire  :  -<  Dans 
l'un  rie  ces  concerts  spirituels  que  la  Société  des  ama- 
teurs donnait  jadis  au  Tliéitre-FrançMls  (de  Marseille), 
pendant  la  con'itructlon  de  la  salle  Thubaneau,  on  vit 
s'avancer  sur  l'estrade  un  jeune  artiste,  de  bonne  mine, 
tenant  en  main  un  cor  anglais,  sur  lequel  il  enécuta  un 
air  varié  de  sa  compusition.  Le  son  agréable  de  l'instru- 
ment et  la  manière  dont  il  fut  Joué  fixèrent  l'attention 
de  l'auditoiie  et  valurt nt  un  succès  unanime  à  l'artiste 
inconnu,  qui,  chaleureusement  applaudi,  se  retira  satis- 
fait, non  sans  avoir  promis  de  se  faire  entendre,  une  der- 
nière fois,  avant  d'aller  reprendre  son  service,  en  sa 
double  qualité  de  deuxième  chef  de  musique  dans  les 
gardes  du-corps  et  de  professeur  au  Conservatoire.  Le 
directeur  du  Grand-Théàire,  M.  Chapus,  avait  assisté  au 
concert  :  séduit  par  le  talent  de  l'artiste,  aussi  exercé 
sur  le  hautbois  que  sur  le  cor  anglais  (naturellement). 


456 


CAUVALHO 


distingué,  avait  qnitlé  Paris  [)0«r  s'élalilir  en 
cette  ville,  où  il  s'était  créé  une  situation  très- 
honorable  et  où  il  avait  commencé  l'éducalion 
musicale  de  ses  trois  enfants,  Ainédée,  Alexandre 
et  la  jeune  Caroline.  Celle-ci  faisait  entrevoir 
des  dispositions  tout  exceplionnelles,  et  son  père 
s'en  montrait  enchanté,  lorsqu'il  mourut  dans 
toute  la  force  de  l'âge ,  laissant  les  siens  sans 
appui.  M°"  Miolan,  qui  semblait  comprendre 
l'avenir  réservé  à  sa  fille,  suivit  les  conseils  de 
quelques  amis,  et  se  décida  à  revenir  se  fixer  à 
Paris  avec  sa  jeune  famille.  C'est  peu  de  temps 
après,  en  1843,  que  M"*:  Caroline  Miolan,  après 
avoir  suivi  un  cours  de  solfège  sous  la  direction 
d'un  professeur  particulier,  et  avoir  commencé 
l'élude  sérieuse  du  chant,  fut  admise  au  Con- 
servatoire, dans  la  classe  de  chant  de  M.  Duprez. 
Elle  y  demeura  jusqu'en  1847,  année  dans  la- 
quelle elle  obtint  an  concours  un  brillant  pre- 
mier prix,  en  chantant  l'air  d'Isabelle  de  Robert 
le  Diable.  M.  Duprez  fut  tellement  enchanté  de 
son  élève  qu'il  n'hésita  pas  à  la  faire  paraître  au- 
près de  lui,  à  l'Opéra,  dans  sa  représentation  de 
retraite,  qu'il  donna  peu  de  temps  après.  Dans 
cette  représentation,  M''^  Félix-Miolan  chanta  le 
premier  acte  de  Lucie  de  Lamermoor  et  le  trio 
du  second  acte  de  la  Juive. 

Cette  première  épreuve  fut  très- favorable  à  la 
jeune  artiste,  qui  bientôt  fut  engagée  à  l'Opéra- 
Comique,  où  elle  débuta,  en  1849,  d'une  façon 
fort  agréable.  Sa  voix  pourtant,  qui  n'a  jamais 
brillé  par  la  puissance  et  la  force,  était  alors 
bien  mince  et  bien  fragile,  mais  elle  la  conduisait 
déjà  avec  un  goût  rare,  et  suppléait  à  la  vigueur 
par  une  excellente  manière  de  phraser  et  d'arti- 
culer. Une  remarquable  création,  celle  de  Gi- 

il  lui  fit  des  propositions  tellement  avantageuses,  qu'an 
lieu  de  retourner  à  Paris,  l'habile  instrumentiste  résolut 
de  se  fixer  panui  nous,  comine  premier  hautbois,  à  l'or- 
chestre du  Grand-Théâtre.  Or,  ce  musicien  de  choix,  qui 
préférait  ainsi  notre  beau  ciel  marseillais  au  séjour  de 
la  capitale,  était  M.  Félix-Miolan  (François),  père  de 
Mme  Miolan-Carvalho,  Marseille  fut  donc  le  berceau 
de  notre  éminente  cantatrice;  elle  y  vint  au  monde  rue 
Paradis,  16,  au  3"  étage  de  la  maison  voisine  de  cell(  de 
M.  Caviaux,  luthier,  et  fut  baptisée  à  l'éslise  Siint-Fer- 
réol,  ayant  pour  parrain  son  frère  Amédée,  mort  naguère 
à  la  Nouvelle  Orléans,  où  il  était  chef  d'orchestre.  » 

On  a  vu  dans  ces  lignes  que  le  père  de  Mme  Carvallio 
était  professeur  au  Conservatoire  de  Paris.  Le  tait  est 
vrai,  car  dans  le  chapitre  :  Perxnnnel  pir  ordre  alpha- 
bétique, de  son  Hittoire  du  Conservntoire,  l.jissabathie 
a  Rientionne  son  nom  ,  sans  l'accompagner  d'ailleurs 
d'aucune  date  et  d'aucune  note.  D'autre  part,  dans  le 
chapitre  où  il  donne,  pour  chaque  année,  la  liste  des 
professeurs  en  exercice,  Lassabathie  n'a  pas  retrouvé 
sous  sa  plume  le  nom  de  Miolan.  Il  me  paraît  résulter  de 
ceci  que  Miolan  avait  été  probablement  nommé  profes- 
seur suppléant  (et  honoraire)  de  hautbois,  Vogt  étant 
alors  titulaire,  et  qu'il  n'a  jamais  exercé. 


ralda,  vint  l'année  suivante  affermir  sa  situa- 
tion, et  celle  des  Noces  de  Jeannette  ne  con- 
tribua pas  peu  à  augmenter  sa  réputation. 
M"e  Féliv-Miolan  fit  encore  une  création  dans 
la  Cour  de  Céltmène,  de  M.  Ambroise  Thomas, 
une  autre  dans  le  Nabab,  d'Halévy,  puis  elle 
reprit  plusieurs  rôles  du  répertoire,  entre  autres 
celui  d'Isabelle  du  Pré  aux  Clercs,  qui  mil  le 
sceau  à  sa  ré|)nt;ilioii,  par  la  façon  incomparable 
dont  elle  chantait  la  romance  du  premier  acte  et 
le  grand  air  du  serond. 

C'est  à  cette  époque  qu'elle  épousa  wn  de  ses 
camarades  de  rOpéra-Comique,  M.  Carvalho(l). 
Presque  aussitôt  celui-ci  devint  directeur  du  théâ- 
tre Lyrique,  qui  agonisait  entre  les  mains  de 
Pellegrin,  ancien  directeur  du  GrandThiâtre  de 
Marseille,  et  auquel,  par  son  intelligence,  son 
activité  et  son  goût  artistique ,  il  sut  faire  une 
destinée  extraordinaircment  brillante.  M'""  Car- 
vallio suivit  tout  naturellement  son  maii,et, 
quittant  l'Opéra-Comiciue,  alla  paraître  sur  la 
scène  du  Théâtre-Lyrique,  où  elle  parcourut  la 
plusmngnitique  partie  de  sa  cari  ière.  Klley  débuta 
en  1856  dans  un  opéra  de  Clapisson,  la  Fan- 
chonnctte ,  où  elle  obtint  un  succès  indescripti- 
ble, et  créa  ensuite  la  Reine  Topaze,  où  la  légè- 
reté de  sa  voix  et  sa  virtuosité  faisaient  merveille. 
Mais  le  talent  de  M'""  Carvalho  prit  toute  son  am- 
pleur et  se  transforma  surtout ,  au  point  de  vue 
du  style ,  lorsqu'elle  aborda  les  rôles  de  Chérubin 
dans  les  Noces  de  Figaro,  de  Pamina  de  la  Flûte 
enchantée,  de  Zerline  de  Don  Juan  et  de  Mar- 
guerite dans  le  Faust  de  M.  Gounod.  Alors,  et 
sans  que  la  virtuo.«e  disparût ,  elle  se  fit  admirer 
des  vrais  connaisseurs  par  l'élégance  et  la  jinreté 
de  son  style,  par  une  incomparable  manière  de 
l>hraser,  par  le  charme  qu'elle  apportait  dans  la 
diction  du  récitatif,  enfin  par  le  naturel  el  la  dis- 
tinction des  ornements  dont  elle  enjolivait  parfois 
la  trame  musicale.  Son  exécution  était  un  vérita- 
ble enchantement,  et  pendant  plusieurs  années 
.son  merveilleux  talent  ne  cessa  de  transporter  le 
public  et  de  l'attirer  en  foule  au  Théâtre-Lyrique. 

Les  succès  que  M""'  Carvalho  remportait  à  Pa- 
ris retentirent  bientôt  par  toute  l'Europe  ,  et  Lon- 
dres surtout  voulait  entendre   et  apprécier    la 


(1)  M.  Léon  Carvaille,  dit  Carvalho,  né  aux  Colonies  en 
1825,  obtint  au  Conservatoire  un  accessit  de  chant  en 
18*8,  et  fut  engagé  ensuite  à  l'Opéra-Comique,  où  il  ne 
joua  que  des  rôles  serondain  s.  Acteur  et  chanteur  mé- 
diocre, M.  Carvalho  ne  donna  carrière,  dans  un  autre 
genre,  à  ses  facultés  artistiques  que  lorsqu'il  fut  devenu 
directeur  du  Théâtre-Lyrique,  qu'il  sut  placer  au  premier 
rang  des  scènes  musicales  de  Paris.  Depuis  lors  II  a  été 
directeur  du  Vaudeville,  el  a  rempli  les  fonctions  de 
directeur  de  la  scène  à  l'Opéra  Depuis  1876,  II  a  succédé 
à  M.  du  Locle  comme  directeur  de  l'Opér  i-Comique. 


CARVALHO  —  CASAMORATA 


157 


grande  artiste.  Chaque  année  ,  elle  prit  donc  l'iia- 
bilude  d'aller  passer  trois  mois  sur  une  des  scè- 
nes italiennes  de  cette  ville,  oii  ses  triomplies  ne 
furent  pas  moins  éclatants.  Dans  les  dernières  an- 
nées de  la  direction  de  son  mari ,  elle  fit  encore , 
au  Tliéàtre-Ljiùiue ,  deux  créations  qui  lui  (irent 
le  plus  grand  honneur  :  Mireille  et  Roméo  et 
Juliette.  Puis ,  M.  Carvalho  ayant  drt  se  retirer, 
en  1869 ,  M™''  Carvalho  fut  engagée  à  l'Opéra  ,  où 
elle  se  (it  surtout  applaudir  dans  le  rôle  de  Mar- 
guerile  des  Huguenots,  et  où  elle  reparut  ensuite 
dans  Faust,  qui  avait  passé  au  répertoire  de  ce 
théâtre ,  et  dans  Hamlet,  où  son  succès  fut  écla- 
tant. En  1872,  M™''  Carvalho  rentra  à  l'Opéra- 
Comique, se  montra  d'abord  dans  ZMwôas.'îarfr/ce 
et  dans  le  Pré  aux  Clercs,  puis  fit  remonter  pour 
elle  deux  des  ouvrages  qui  lui  avaient  été  le  plus 
favorables  au  Théâtre-Lyrique,  Roméo  et  Ju- 
liette et  Mireille.  Enfin  ,  en  1875,  elle  rentra  de 
nouveau  à  l'Opéra. 

La  voix  de  M'""  Carvalho  est  un  soprano  sfo- 
gato  d'une  étendue  de  plus  de  deux  octaves, 
d'un  timbre  délicieux ,  d'une  étonnante  agilité, 
d'une  souplesse  et  d'une  égalité  prodigieuses.  Le 
volume  et  la  puissance  ne  sont  pas  les  qualités 
disUnctives  de  ce  magnifique  instrument,  mais  à 
force  d'art,  de  travail ,  de  goût,  la  cantatrice  ob- 
tient des  effets  véritablement  merveilleux.  La  pose 
et  l'émission  de  la  voix  sont  superbes,  le  style  est 
très-pur,  le  phrasé  magistral ,  et  l'un  des  plus 
puissants  moyens  d'action  de  l'artiste  sur  le  public 
est  dans  les  oppositions  du  forte  au  piano  et 
vice- versa.  Il  faut  ajouter  que  U^"  Carvalho  se 
sert  du  chanta  viezza  voce  avec  un  art  sans  pa- 
reil. On  peut  lui  reprocher  seulement  une  certaine 
dureté  dans  le  passage  du  registre  de  poitrine  à 
la  voix  de  tête ,  qu'elle  exécute  parfois  d'une  fa- 
çon un  peu  brusque  et  un  peu  rauque.  Cette  ré- 
serve faite,  il  est  juste  de  constater  que  M"^  Car- 
valho est  une  artiste  d'un  ordre  absolument 
supérieur,  d'un  talent  si  achevé  qu'on  ne  voit  pas 
trop  qui  pourra  lui  succéder  lorsque ,  dans  un 
temps  qui  ne  peut  être  fort  éloigné,  la  fatigue 
l'obligera  d'abandonner  définitivement  la  scène  et 
de  terminer  sa  brillante  carrière. 

On  a  vu  que  le  frère  aîné  de  M"»  Carvalho , 
Amédée- Félix- Miolan,  était  mort  chef  d'or- 
chestre à  la  Nouvelle-Orléans.  Son  second  frère, 
Alexandre,  qui  avait  acquis  un  talent  distingué 
sur  l'orgue-harmonium  et  qui  fut  longtemps 
attaché  au  Théâtre-Lyrique,  est  mort  à  Vô  is  le 
26  avril  1;873.  Il  avait  publié  un  certain  nombre 
de  compositions  pour  son  instrument. 

CAS  (Hucn),  chef  d'orchestre ,  né  à  Marseille 
le  15  février  1839,  a  fait  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  cette  ville.  Il  a  fait  représenter 


la  Croix  de  Jeannette,  opéra-comique  en  un  acte 
(Grand-Théâtre  de  Marseille,  15  février  1863);  — 
le  W9a^«/rerfeGre«arfe,opéraen4actes(Grand- 
Théâtre  de  Toulon  ,  janvier  1874);  —  M.  Arléry, 
opi^relte  (Gymnase  de  Marseille,  1868); —  l'En- 
fant des  Flots,  1  acte  (Gymnase  de  Marseille, 
1868).  On  lui  doit  aussi  diverses  mélodies  et  piè- 
ces de  concert.  Cet  artiste  est  actuellement  chef 
d'orchestre  au  Grand-Théâtre  de  Toulon. 

Al.  R— d. 

*  CASAMORATA  (Louis-Ferdinand),  pré- 
sident de  l'Institut  musical  de  Florence,  est  né 
à  Wurtzbourg  (Franconie),  le  15  mai  1807,  de 
parents  italiens.  Dès  l'âge  de  cinq  ans ,  il  com- 
mença l'étude  du  piano  sous  la  direction  de 
Frœlich,  maître  de  musique  à  l'Université  de 
Wurtzbourg,  et  l'année  suivante ,  sa  famille  étant 
venue  s'établir  à  Florence,  il  suivit  un  cours 
complet  d'études  musicales  avecLuigi  Pelleschi. 
En  1825  il  obtint  le  prix  de  composition  au  con- 
cours triennal- de  l'Académie  des  Beaux- Arts, 
et  il  termina  .son  éducation  en  étudiant  le  méca- 
nisme des  principaux  instruments. 

Après  avoir  écrit  beaucoupde  musiquede  ballet, 
M.  Casamorata  aborda  sérieusement  la  scène  et 
donna  au  théâtre  de  Pise  un  opéra  intitulé  Iginia 
d'Asti,  qui  obtint  du  succès  en  cette  ville ,  mais 
qui  fut  ensuite  mal  accueilli  à  Bologne.  Bientôt 
il  abandonna,  pendant  quelque  temps,  la  pra- 
tique active  de  la  musique  ,  pour  se  rendre  aux 
désirs  de  .son  père,  qui  voulait  qu'il  se  fît  rece- 
voir avocat.  M.  Ca.'^amorata  s'appliqua  donc  à 
l'étude  du  droit ,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de 
prendre  la  direction  de  la  Gazzeita  musicale 
de  Florence  et  de  collaborer  d'une  façon  active  à 
la  Gazzetta  musicale  de  Milan,  lorsque  celle-ci 
se  fonda  en  1842.  Devenu  docteur  en  droit,  il 
reprit  bientôt  ses  travaux  de  composition ,  mais 
en  abandonnant  l'idée  de  se  produire  au  théâtre 
et  en  tournant  ses  efforts  du  côté  de  la  musique 
religieuse  el  de  la  musique  instrumentale. 

En  1859,  M.  Casamorata  fut  appelé  à  faire  par- 
tie ,  comme  vice-président ,  de  la  commission 
chargée  d'organiser  l'école  de  musique  de  Flo- 
rence ;  lorsque  ,  sur  la  proposition  de  celte  com- 
mission, l'Institut  musical  eût  été  créé ,  il  reçut, 
avec  MM.  Basevi  et  Alamanno  Biagi ,  la  mission 
de  rédiger  le  statut  organique  de  cet  établisse- 
ment, dont  il  fut  ensuite  nommé  président.  Sous 
.sa  direction,  l'Institut  musical  de  Florence  est 
devenu  l'une  des  meilleures  écoles  spéciales  de 
l'Italie  et  l'une  des  plus  justement  renommées. 

Les  compositions  de  M.  Casamorata,  qui  sont 
très-nombreuses,  se  font  remarquer  par  d'excel- 
lentes qualités  :  un  style  noble  et  pur,  une  har- 
monie élégante,  une  forme  très-châtiée,  et  une 


158 


CASAMORATA  —  CASELLA 


lieureuse  inspiration.  Parmi  ces  coiiiposilions  ,  il 
faut  mentionner  :  1°  messe  en  ut  (N»  1),  pour 
2  ténors  et  basse ,  chœur  et  orchestre  ;  2"  messe 
en  sol  (N"  2  ) ,  pour  soprano ,  ténor  et  basse,  avec 
petit  ou  grand  orchestre  ;  3°  messe  en  si  bémol 
(N»  3),  id.;  4"  messe  en  ut  (N°  4),  pour  2  ténors 
et  basse,  chœur  et  orchestre;  5°  messe  en  mi 
bémol  (N°  5),  pour  soprano,  contralto,  ténor  et 
basse,  chœur  et  orchestre  (Milan,  Ricordi);  6° 
messe  brève,  en  ut(S°  6),  pour  ténor  et  basse, 
avec  petit  orchestre;  1"  messe  en  si  bémol  (IN"  7), 
pour  soprano,  contralto,  ténor  et  basse ,  avec  petit 
orchestre;  8°  messe  des  morts  en  sol  mineur 
(N°  1),  pour  2  ténors  et  2  basses,  chœur  et  or- 
chestre; 9"  Libéra  en  ut  mineur,  à  4  voix,  avec 
orchestre  ;  1 0"  messe  des  morts  eu  ré  mineur 
(N°  3),  à  trois  voix  ,  avec  orchestre;  11°  Libéra 
en  soi  mineur,  à  4  voix,  avec  orchestre;  12' messe 
des  moris  en  ut  mineur,  pour  2  ténors  et  basse, 
chu'ur  et  petit  orchestre  ;  13°  quatre  symphonies; 
14°  deux  trios  pour  instruments  à  cordes;  15° 
trois  quatuors,  id.;  16"  album  de  Duetlini per 
caméra  (Milan,  Ricordi);  17°  des  psaumes, 
hymnes,  séquences.  Introït,  motets,  etc.,  à  1, 
2,  3,  4  et  8  voix,  les  uns  avec  orchestre,  les  au- 
tres avec  orgue  seulement  (Milan,  Canti).  M.  Casa- 
morata  est  aussi  l'auteur  d'un  bon  ouvrage  d'en- 
seignement publié  récemment  sous  ce  titre  : 
Manuale  di  armonia,  compilato  per  usa  di  co- 
loro  c/ie  altendono  alla pralica  ddsuonoe  del 
canto  (llorence,  1876,  in- 8°),  et  on  lui  doit  un 
petit  précis  historique  intitulé  :  Origini,  storia  e 
ordinamentodelli.lstitutomusicatefiorentino. 
Comme  président  de  l'Académie  de  l'Institut  royal 
de  musique  de  Florence,  M.  Casamorata  a  publié 
dans  les  Actes  de  cette  Académie  de  nombreux 
morceaux  de  critique  et  d'histoire  musicale,  dis- 
sertations sur  la  poétique  et  l'esthétique  de  l'art, 
etc.  La  langue  française  ne  lui  étant  pas  moins 
familière  que  sa  langue  maternelle,  il  a  bien  voulu 
fournir  un  certain  nombre  de  notices  au  Supplé- 
ment de  la  Biographie  universelle  des  musi- 
ciens; mais  sa  collaboration  s'est  étendue  bien 
au  delà  de  ces  notices,  par  les  renseignements  de 
toutes  sortes  qu'il  a  bien  voulu  nous  communi- 
quer en  abondance  sur  un  grand  nombre  d'artis- 
tes italiens. 

CASANO VAS  (Le  Père  Antonio-Francisco- 
N.\Rciso),  moine,  organiste  et  compositeur  espa- 
gnol, naquit  à  Sabadell  au  mois  de  juin  1737,  et 
fit  son  éducation  artistique  au  célèbre  collège  de 
musique  du  couvent  de  Montserrat.  On  assure 
qu'il  devint  l'un  des  premiers,  sinon  le  premier 
organiste  de  son  temps,  malgré  un  défaut  physi- 
que très-grave  et  qui  eût  semblé  de  nature  à 
l'empêcher  d'acquérir  une  telle    habileté  :  ses 


doigts,  en  effet,  étaient  d'une  telle  longueur  et 
d'une  telle  grosseur,  qu'ils  couvraient  entièrement 
les  touches  de  l'instrument.  En  dépit  de  cette 
quasi- infirmité,  l'exécution  du  Père  Casanovas 
était  merveilleuse,  extraordinairement  limpide, 
et  jamais  il  ne  lui  arrivait  de  frapper  accidentelle- 
ment deux  touches  à  la  fois.  On  cite,  parmi  les 
compositions  de  cet  artiste  qui  sont  conservées 
dans  les  archives  du  couvent  de  Montserrat,  un 
Benedictus,  de  très-remarquables  répons  pour 
la  semaine  sainte,  et  un  Salut  à  quatre  voix  qui 
est  considéré  comme  une  œuvre  d'un  mérite  ab- 
solument exceptionnel. 

CASARES  ( ),  compositeur  espagnol ,  a 

fait  représenter  sur  le  théâtre  de  la  Zarzuela  ,  de 
Madrid,  le  9  mars  1872,  une  zarzuela  en  trois 
actes  intitulée  Beltran  y  la  Pompadour. 

*  CASELLA  (Pierre).  Dans  son  livre  sur  les 
Conservatoires  de  Naples,  M.  Francesco  Florirao 
avance  que  Pietro  Casella  naquit  à  Naples  en 
1776  et  mourut  le  12  décembre  1844.  M.  Florirao 
n'a  éviilemment  pas  eu  connaissance  d'une  bro- 
chure publiée  en  18'j4,  par  le  compositeur  Dome- 
nico  Tritto ,  sous  ce  titre  :  Lacrime  efiori  sparsi 
sulla  tomba  di  Pietro  Cosf//«(Naples,  Trama- 
ter,  1844,  in-S").  Dans  cet  écrit,  publié  au  lende- 
main de  la  mort  de  Casella  par  un  artiste  qui 
l'avait  intimement  connu ,  on  voit  que  Casella 
était  né  non  à  Naples,  mais  à  Pieve,  dans  l'Ora- 
brie,  qu'il  alla  faire  ses  études  à  Spolèle,  où  il 
se  familiarisa  avec  les  littératures  italienne  et  la- 
tine, se  rendit  ensuite  à  Rome  pour  y  terminer 
son  éducation  ,  et  que  c'est  dans  cette  ville  qu'il 
sentit  s'éveiller  en  lui  l'amour  de  la  musique. 
C'est  alors  qu'âgé  de  dix-huit  ans  il  .revint  à 
Naples  et  entra  au  Conservatoire  de  S.  Onofrio, 
oii  il  semble  avoir  eu  pour  unique  maître  Giacomo 
Insanguine,  et  non  Cotumacci  et  Abos,  comme 
le  dit  M.  Florimo.  D'autre  part ,  Casella ,  qui 
mourut  à  Naples  le  12  décembre  1843  (et  non 
1844),  devait  être  né  en  1769  et  non  en  1776, 
puisque  son  inscription  funéraire  porte  qu'il 
mourut  dans  sa  75^  année  ;  voici  celte  inscription  ; 
telle  qu'elle  a  été  rapportée  par  Tritto  :  Pietro 
Casella,  ottimo  di  musica  maestro  compost- 
tore,  in  israriata  letteratura  erudito,  pio, 
onesto,  leale  insfitutore,  congiunto,  amico  per 
eccellenza,  délia  sventura  sempre  pronto  al 
sorcorso,  rispetiato,  amato universalmente,  il 
di  12  décembre  1843,  delVetà  sua  il  70"*°  anno, 
mancé  ai  vivent i,  lasciando  in  lacrime  sorella, 
nipoti,  amici,  alunni,  che  in  questo'  tempio 
atVunima  di  tanto  benemerito  riposo  e  pace 
implorano. 

CASELLA  (M"').  Une  jeune  artiste  italienne 
de  ce  nom  a  écrit  la  musique  d'un  opéra  sérieux. 


CASELLA  —  CASTILLON  DE  SAINT-VICTOR 


159 


Cristoforo  Colombo,  qui  a  été  représenté  sur  le 
théâtre  italien  «ie  Nice ,  l'ans  le  courant  de  l'an- 
née 1S65.  Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur 
cette  artiste,  qui  depuis  lors  ne  s'est  pas  repro- 
duite à  la  scène. 

CASELLI  (xMiciiELK),  compositeur  de  musi- 
que religieuse,  naquit  à  Luc(|ues  vers  1680.  Les 
registres  de  la  compagniede  Sainte-Cécile  de  cette 
ville  constatent  qu'en  1704  oh  exécuta,  pour  la 
fête  de  sa  patronne ,  une  messe  à  quatre  voix  et  à 
grand  orchestre  de  la  composition  de  cet  artiste, 
et  en  1705  une  autre  production  importante. 
M.  Cerù  {Cenni  storici  suU'insegnamento  délia 
miisïca  in  Lucca)  dit  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
ce  musicien  avec  un  autre  Michèle  Caselli,  chan- 
teur, né  aussi  à  Lucques,  et  qui ,  en  1738,  rem- 
plissait sur  le  théâtre  de  cette  ville  l'un  des  prin- 
cipaux rôles  de  l'opéra  Alessandro  in  Persia. 

CASILIiM  ( ).  Sous  le  nom  de  ce  com- 
positeur, on  a  représenté  au  théâtre  Doiia,  de 
Gênes,  en  1872,  un  opéra  sérieux  intitulé  il  Re 
Manfredo.  Le  musicien  était  mort  lorsqu'on 
s'avisa  de  jouer  son  œuvre ,  qui  était  écrite  depuis 
1856  et  qui  subit  d'ailleurs  une  chute  complète. 

*  CASINI  (D.- Jeaps-Marie).  A  la  liste  des 
ouvrages  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter  un 
recueil  de  Canzonette  spirituali,  publié  à  Flo- 
rence en  1703. 

CASORTI  (Alexandre),  célèbre  violoniste, 
naquit  à  Cohourg  le  27  novembre  1830.  Cet  excel- 
lent virtuose,  élève  du  Conservatoire  de  Bruxel- 
les, promettait  un  compositeur  de  mérite  si  la 
mort  ne  l'avait  enlevé  prématurément  à  Dresde, 
le  28  septembre  1867.  Parmi  les  œuvres  qu'il  a 
laissées,  on  compte  quatre  concertos  de  violon, 
plusieurs  quatuors,  et  un  opéra  italien  inédit  : 
Maria.  Y. 

CASPAR  (Charles),  compositeur,  organiste 
de  l'église  Saint-Jacques,  à  Lunéville,  a  fait  exé- 
cuter dans  cette  église,  au  mois  de  juin  186G,  un 
oratorio  intitulé  la  Chute  des  Anges.  Depuis  lors, 
cet  artiste  a  publié  la  partition  pourchant  et  piano 
de  Sainte- Cécile,  poëme  lyrique  en  trois  parties, 
à  quatre  personnages,  avec  chœurs  et  orchestre. 

*  CASPERS  (Louis-Henri-Jean).  Le  réper- 
toire dramatique  de  ce  compositeur  se  complète 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Ma  Tante  dort, 
opéra-comique  en  un  acte,  Théâtre  Lyrique, 
21  janvier  1860  (joli  petit  ouvrage,  écrit  d'une 
plume  élégante  et  fine,  et  repris  un  peu  plus  tard 
à  rOpéra-Comique);  2'  la  Baronne  de  San- 
Fî-anc(sco  ,  opérette  en  un  acte  ,  Bouffes-Pari- 
siens ,  27  novembre  1861  ;  3°  le  Cousin  Babylas , 
opéra-comique  en  un  acte,  Théâtre-Lyrique, 
8  décembre  1864.  A  ces  ouvrages,  il  faut  ajouter 
une  cantate  exécutée  au  théâtre  de  la  Porte-St- 


Martinen  1861.  Depuis  plusieurs  années,  M.  Henri 
Caspers  a  abandonné  la  composition  pour  se 
consacrer  tout  entier  aux  soins  que  réclame  une 
fabrique  de  pianos  dans  la  direction  de  laquelle 
il  a  succédé  à  son  père,  mort  le  19  décembre 
1861. 

CASTEELE  (D.  VAN  DE),  est  l'auteur  d'un 
écrit  ainsi  intitulé  ,:  Préludes  historiques  sur 
la  Ghilde  des  Ménestrels  de  Bruges  (Bruges, 
1868,  in-8"). 

*  CASTEL  (Louis-Bertrand).  On  a  publié 
sous  ce  titre  :  Esprit,  saillies  et  singularités  du 
P.  Castel  (Amsterdam  et  Paris,  1763,  1  vol.  in- 
12),  un  recueil  d'un  certain  nombre  d'écrits  de 
ce  jésuite.  Des  quarante-cinq  fragments  dont  est 
composé  ce  vol  unie ,  six  ont  rapport  à  la  musique  ; 
ce  sont  ceux  qui  portent  les  titres  suivants  :  Du 
son  ;  de  la  musique  ;  de  la  musique  françoise  ; 
de  la  musique  italienne  ;  Clavessin  pour  les 
yeux;  Comparaison  du  son  et  des  couleurs. 

*  CAS  riLETI.  Voyez  GUYOT  (Jean). 
CASTlLLOiX   DE   SAINT  -  VICTOR 

(Alexis,  vicomte  de),  compositeur,  né  en  1829, 
mort  à  Paris  le  5  mars  1873,  était  un  amateur 
riche  et  passionné ,  qui  avait  quitté  la  carrière 
des  armes  pour  se  livrer  sans  réserve  à  ses  goûts 
artistiques.  Son  père  lui  ayant  laissé,  en  mourant, 
une  fortune  qui  lui  assurait  l'indépendance,  de 
Caslillon,  qui  était,  je  crois,  officier  d'état- 
major,  s'était,  en  dépit  de  ses  autres  parents, 
qui  comprenaient  peu  ces  idées,  démis  de  soa 
grade  afin  de  suivre  son  penchant  pour  la  musi- 
que; il  avait  repris  activement  les  études  ébau- 
chées dans  ses  jeunes  années ,  et  s'était  entière- 
ment consacré  à  la  composition. 

Élève  de  MM.  Charles  Delioux  et  César  Franck 
pour  le  piano  ,  de  M.  Victor  Massé  pour  la  théo- 
rie de  l'art ,  de  Castillon  avait  publié ,  en  un  court 
espace  de  temps,  un  nombre  d'œuvres  considé- 
rable. La  nature  même  de  ces  œuvres  indiquait 
de  nobles  aspirations,  et,  si  elles  sont  d'une  va- 
leur très-inégale,  elles  témoignent  du  moins  en  fa- 
veur des  tendances  de  leur  auteur.  Ses  produc- 
tions gravées  sont  les  suivantes  :  Musioue 
d'ensemble  :  Quintette  pour  piano,  deux  violons, 
alto  et  violoncelle;  Quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle;  Trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle.  Musique  de  piano  :  Cinq  pièces  dans 
le  style  ancien;  Suite  pour  le  piano  ;  Detixième 
suite  pour  le  piano;  Fugues  dans  le  style  libre; 
Six  Valses  humoristiques.  Musique  de  chant  : 
Six  Poésies  d'Armand  Sylvestre,  mises  en  mu- 
sique par  Alexis  de  Castillon.  En  1872,  de  Cas- 
tillon av^it  fait  exécuter  aux  concerts  populaires 
un  grand  Concerto  pour  piano  et  orchestre,  e 
quelques  jours  après  sa  mort  la  Société  classique 


160 


GASTILLON  DE  SAINT-VICTOR  —  GAURROY  (Du) 


Armingaiid  faisait  entendre  un  Allegretto  de  sa 
composition  pour  deux  violons,  allô,  violoncelle, 
contrebasse,  llùte,  hautbois,  clarinette,  cor  et 
basson.  Je  ne  crois  pas  que  ces  denx  ouvrages 
aient  été  publiés.  Enfin,  dans  une  liste  de  ses 
œuvres  inédites  que  de  Castillon  m'avait  remise 
personnellement,  je  trouve  mention  des  suivan- 
tes :  Torquato  Tasso ,  symphonie  ouverture  : 
1"  Suite  d'orchesfre,  dans  le  style  de  danse; 
2°  Suite  d'orchestre;  puis,  comme  ouvrages" en 
préparation  :  un  Psaume,  pour  soH,  chœurs  et 
orchestre;  une  Messe  brève;  une  grande  Sym- 
phonie. 

La  santé  de  de  Castillon  n'était  pas  des  plus  ro- 
bustes ;  il  était  phthiîique  ;  au  retour  d'un  voyage  à 
Pau ,  où  il  avait  passé  une  partie  de  l'hiver,  il 
prit  une  fluxion  de  poitrine,  se  vit  obligé  de  s'a- 
liter, et  fut  emporté  en  quatre  ou  cinq  jours.  Son 
tempérament  artistique,  très- volontaire,  très-in- 
telligent et  très-obstiné,  semblait  l'appeler  à  une 
brillante  destinée.  Une  fois  qu'il  aurait  eu  fait  le 
sacrifice  de  certaines  sympathies  fâcheuses ,  de 
certaines  théories  un  peu  vagues,  il  aurait  dé- 
couvert au  public  une  personnalité  vraiment  ori- 
ginale et  généreusement  douée. 

Un  an  après  sa  mort ,  le  16  mai  1874,  la  Société 
nationale  de  musique  exécutait  un  fragment  du 
Psaume  de  de  Castillon  pour  soli,  chœurs  et 
orchestre. 

CASTRO.  Aux  artistes  portugais  de  ce  nom 
cités  dans  la  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens,   il  faut  ajouter   les  trois  suivants   : 

D.  FreiAgostinhode  Castro,  reVi^ku\  cité  par 
MâcUaào {Bibl.  lusit.)  comme  auteur  d'un  traité 
de  musique  resté  en  manuscrit  (XYI»  siècle)  ; 
l'auteur  a  appartenu  probablement  au  célèbre 
couvent  de  Santa-Cruz  (S.  Augustin)  de  Coim- 
bra,  q"i  a  produit  tant  de  musiciens  distingués. 
Gabriel  Pereira  de  Castro,  homme  célèbre 
qui  a  enseigné  l'histoire,  la  philosophie  et  la  mé- 
decine à  Leipzig,  en  Allemagne.  Ses  ouvrages 
sur  le  droit  sont  classiques.  11  a  aussi  cultivé 
la  musique  avec  beaucoup  de  succès  (V.  Joncher, 
Allgemeines  Gelehrten  Lexicon,  Leipzig,  1750). 
Il  naquit  à  Braga  en  1571,  et  mourut  à  Lisbonne 
en  1632. 

Manuel  Antonio  Lobato  de  Castro,  né  à  Bar- 
cellos,  diocèse  de  Braga,  musicien  et  littérateur 
distingué,  qui  a  laissé  plusieurs  ouvrages  esti- 
més, parmi  lesquels  on  cite  Vilhancicos  que  se 
cantavam  na  Se  Cathedral  do  Porto  em  as 
MatinaSy  etc.  (composition  en  l'honneur  de 
sainte  Cécile),  Coimbra,  1712,  in-I2. 

J.  DE  V. 

CASTRO    ( ),     professeur    espagnol 

contemporain,  a  publié  chez  l'éditeur  Romero  y 


Andia,  à  Madrid,  un  Traité  de  transposition, 
et  une  Nouvelle  méthode  de  contre-basse,  ap- 
plicable aux  instruments  à  trois  ou  quatre 
cordes. 

CASTRONE  MARCHESI(SalvatorDE), 
dilettante  italien,  membre  du  jury  du  groupe  XV 
à  l'Exposition  universelle  de  Vienne  de  1873,  est 
l'auteur  de  la  Relazione  sugli  Istrutnenti  mu- 
sicali  quali  erano  rappresentati  alPEsposi- 
zione  universale  di  Vienna  net  Giugno  1873 
pubhée  dans  la  collection  officielle  des  Rapports 
des  jurys  italiens,  il  a  été  fait  de  cet  écrit  un 
tirage  à  part. 

CATAîMEO  (Francesco),  est  auteur  de 
l'ouvrage  suivant  :  Saggio  soprn  l'antica  e 
moderna  musica.  Stanfone  intorno  al  lirico 
stile  de'salmi.  Dissertazione  intorno  alla 
greca,  latina  e  tosoana  poesia  (Naples,  1778, 
in-12). 

•  CATEL  (Charles-Simon).  M.  Jules  Cariez 
a  retrouvé  la  trace  d'une  composition  inconnue 
de  cet  artiste  distingué  :  il  s'agit  d'une  scène  allé- 
gorique ,  sorte  de  grande  cantate  qui  fut  exécutée 
à  Caen  ,  le  24  août  1813,  à  l'occasion  du  passage 
en  celte  ville  de  l'impératrice  Marie  Louise.  La 
musique  de  cette  cantate,  dont  le  poète  est  resté 
anonyme,  était  de  Catel.  On  trouvera  des  détails 
à  ce  sujet  dans  la  brachure  de  M.  Jules  Cariez  : 
la  musique  à  Caen,  de  106C  à  1848. 

CATEMIUSEX  (E ),  compositeur  alle- 
mand, a  fait  représenter  le  11  février  1875  sur 
le  théâtre  de  Lubeck,  dont  il  était  alors  le  direc- 
teur, un  opéra  intitulé  Aennchen  von  Tharau. 
*  C.VrTIGNO  (François),  est  mort  à  Naples 
le  28  mars.  1847.  Selon  M.  Francesco  Florimo 
{Cenno  storico  sulla  Scuola  musicale  di  Na- 
poli),i\  était  né  en  cette  ville  non  en  1780,  mais 
en  1782.  A  la  courte  liste  de  ses  œuvres  théâ- 
trales, il  faut  ajouter  Vlntrigo^di  Pulcinella, 
opéra-bouffe  représenté  au  théâtre  Nuovo.  «  Ca- 
tugno,  dit  M.  Florimo,  ne  peut  être  compté  au 
nombre  de  nos  grands  compositeurs,  car  il  n'a 
jamais  montré  grand  élan,  et  ses  œuvres  ne  se 
distinguent  que  par  la  pureté  du  style  et  non  par 
autre  chose.  Il  est  juste  dédire  que  lui  même 
en    avait    conscience,   puisqu'il    ne  poursuivit 
point  la  carrière  théâtrale,  et  se  borna  à  donner 
des  leçons  de  chant.  Il  était  considéré  comme  un 
bon  accompagnateur.  » 

*  CAURROY  (François-Eustache  DU). 
Dans  l'écrit  intitulé  :  Note  sur  quelques  ar- 
tistes musiciens  dans  la  Brie,  M.  Th.  Lhuil- 
lier  {votj.  ce  nom)  a  donné  quelques  renseigne- 
ments intéressants  sur  la  famille  de  cet  artiste, 
dont  plusieurs  membres  furent  musiciens  comme 
lui.  Cette  famille  se  retrouve  pendant  longtemps 


CAURROY  (DU)  —  CAUSSINUS 


161 


à  Gerberoy,  lieu  de  naissance  d'Eustache.  Louis 
du  Caurroy  figure  parmi  les  bienfaiteurs  du  bu- 
reau des  pauvres  de  Beauvais  ;  Jacques  est  lieu- 
tenant de  la  verderie  de  Gerberoy  dans  la  se- 
conde moitié  du  WIl*  siècle.  En  1625,  Antoine 
du  Caurroy  est  procureur-symiic,  receveur  de 
Gerberoy  ;  puis  il  devient  juge  à  la  châtellenie 
de  Gaulancourt.  Eustache  du  Caurroy  eut  pour 
successeur,  à  Saint-Aygoul  de  Provins,  plu- 
sieurs années  avant  sa  mort,  un  de  ses  parents , 
Claude  du  Caurroy,  protonotaire  du  Saint-Siège, 
baron  de  Saint-Ange;  celui-ci  résigna  à  son 
frère  cadet,  nommé  François,  chanoine  de 
Beauvais,  en  1C62.  Enfin,  un  des  arrière-neveux 
d'Eustache,  François-Toussaint  du  Caurroy,  pi- 
card comme  lui,  fut  comme  lui  musicien,  mais 
sans  réputation,  bien  qu'il  touchât  les  orgues 
avec  habileté;  celui-ci  était,  à  la  fin  du  XVII" 
siècle,  rehgieux  bénédictin  à  Melun. 

CA.UIXE  (Auguste),  amateur  distingué,  est 
né  à  Marseille  le  30  novembre  tS26,  Il  apprit  la 
musique  de  bonne  heure  et  n'a  cessé  depuis  de  la 
cultiver  avec  talent.  Il  a  composé  un  assez  grand 
nombre  de  pièces  pour  le  piano,  dont  quelques- 
unes,  Sw  le  Nil,  la  Magicienne,  Berceuse, 
ont  été  publiées.  Il  a  écrit  plusieurs  motets  , 
des  morceaux  pour  instruments  à  cordes  et 
piano  ,  et  des  pièces  d'orcliestre .  Une  de  ces 
dernières,  le  Pèlerinage  de  Kevlaar,  a  été 
exécutée^avec  succès  aux  concerts  populaires 
de  Marseille.  Ces  œuvres  témoignent  d'une  excel- 
lente éducation  musicale  et  d'un  sentiment  élevé, 
quelquefois  même  austère.  Plusieurs  morceaux 
de  cet  auteur  ont  été  gravés  en  France  et  en  Al- 
lemagne. 

Al.  p..— d. 

C<VUSSL\  DE  PERCEVAL  (Armand- 
Pierre),  orientaliste  français,  membre  de  l'Ins- 
titut, fils  d'un  orientaliste  fort  distingué  lui-même 
qui  était  professeur  au  Collège  de  France,  na- 
quit à  Paris  le  13  janvier  1795.  Envoyé  à  Cons- 
tantinople,  en  1814,  comme  élève  interprète,  il 
parcourut  en  1817  la  Turquie  d'Asie,  passa  une 
année  parmi  les  Maronites  du  Mont  Liban,  rem- 
plit pendant  quelque  temps  l'emploi  de  drogman 
à  Alep,  et,  à  son  retour  en  France,  fut  nommé 
(décembre  1821)  professeur  d'arabe  vulgaire  à 
l'École  des  langues  orientales  vivantes.  Plus 
tard,  professeur  de  langue  et  de  littérature  arabe 
au  collège  de  France,  puis  attaché  en  qualité 
d'interprète  au  dépôt  de  la  guerre,  il  fut  élu 
membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  en  1849,  en  remplacement  de  Le  Prévost 
d'Iray. 

Je  n'ai  pas  à  m'occuper  ici  des  savants  tra- 
vaux de  Caussin  de  Perceval  sur  l'histoire  et  sur 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    SUPPL.    — 


la  littérature  arabe  ;  mais  il  est  un  de  ses  écrits 
qui  intéresse  directement  l'art  musical,  et  qui 
doit  être  mentionné  dans  ce  dictionnaire:  c'est 
celui  qui  a  été  publié  dans  le  Journal  asiatique 
de  novembre  et  décembre  1873,  sous  ce  titre  : 
Notices  anecdotiques  sur  les  principaux  mu- 
siciens arabes  des  trois,  premiers  siècles  de 
l'' Islamisme.  Caussin  de  Perceval  avait  étudié 
la  musique,  et  cela  ne  lui  avait  pas  été  évidem- 
ment inutile  pour  mener  à  bien  ce  travail  inté- 
ressant, qu'il  ne  vit  pas  paraître,  car  il  était 
mort  depuis  quelques  mois  lorsque  ses  Notices 
furent  publiées  dans  le  Journal  asiatique.  Cet 
écrit,  qui  comprend  environ  deux  cents  pages 
in-S",  est  l'un  des  trop  rares  travaux  que  l'on 
connaisse  sur  la  musique  et  les  musiciens  arabes, 
et  l'on  comprend  de  quelle  importance  il  peut 
êlre  pour  l'histoire  générale  de  l'art.  Il  en  a  été 
fait  un  tirage  à  part  (Paris,  imprimerie  nationale, 
in-8°). 

*  CATELAiXl  (Angelo).  Cet  écrivain  mu- 
sical distingué  a  publié  en  1866  (Modène,  Vin- 
cenzi,  in-4°  de  42  pp.)  un  excellent  travail 
analytique  sur  les  œuvres  d'Alexandre  Stradella  : 
Délie  opère  di  Alessandro  Stradella  esisienti 
nelVarchivio  musicale  délia  R.  Btblioteca  pa- 
latina  di  Modena,  elenco  con  prefazione  e 
note.  Ce  travail,  dédié  à  Rossini,  et  dans  lequel 
l'auteur  loue  justement  un  écrit  précédemment 
publié  sur  Stradella,  dans  le  Ménestrel,  par 
Paul  Richard,  ancien  conservateur  h]  la  Bi- 
bliothèque impériale  de  Paris,  est  remarquable 
non-seulement  par  sa  préface,"  mais  par  les  notes 
evcellentes  et  étendues  qui  accompagnent  le  ca- 
talogue des  œuvres  du  grand  musicien.  Il  avait 
été  inséré  d'abord  dans  le  troisième  volume 
des  Atti  e  Memorie  délie  RR.  Deputazioni  di 
Storia  patria  per  le  provincie  modenesi  e 
parmensi.  Catelani  est  mort  peu  de  mois  après 
avoir  publié  cet  opuscule,  le  5  septembre  1866. 

CAUSSINUS  (J0SEPH-L....-V....),  virtuose 
sur  l'ophicléide,  est  né  à  Montélimart  (Drôme), 
le  6  décembre  1806.  Fils  d'un  chef  de  musique 
militaire  qui  fut  son  premier  professeur,  il  était  à 
peine  âgé  de  quatorze  ans  lorsqu'il  devint  pro- 
fesseur de  solfège  au  collège  de  .sa  ville  natale, 
où  il  resta  jusqu'à  l'époque  où  ,  étant  tombé  au 
sort ,  il  fut  incorporé  dans  le  corps  de  musique 
du  5«  régiment  de  ligne.  Il  fut  un  des  premiers 
artistes  qui ,  lors  de  l'invention  de  l'ophicléide, 
se  livrèrent  à  l'étude  de  cet  instrument,  et  son 
régiment  ayant  été  envoyé  à  Paris ,  il  se  fit  en- 
tendre avec  un  grand  succès  dans  les  concerts  , 
et  devint  particulièrement  l'un  des  solistes  les 
plus  renommés  des  concerts  de  Musard  père, 
Lorsque  Berr,  qui  avait  été  son  chef  de  musique, 
I.  11 


162 


CAUSSINUS  —  CAYAILLÉ-GOLL 


fut  nommé  directeur  du  Gymnase  musical  mili- 
taire, il  attacha  M.  Caussinus  à  cet  élablissement 
en  qualité  de  professeur  d'opliicléide,  et  pendant 
seize  années  celui-ci  y  forma  de  nombreux  et 
excellents  élèves.  M.  Caussinus,  qui  avait  étudié 
la  composition  au  Conservatoire  avec  Carafa,  et 
qui  a  été  membre  de  la  Société  des  concerts, 
s'est  fait  connaître  aussi  comme  compositeur 
pour  son  instrument,  et  a  publié  une  quarantaine 
d'œuvres  pour  l'ophicléide,  parmi  lesquelles  une 
série  de  duos  et  beaucoup  de  transcriptions  d'airs 
d'opéras  italiens.  On  lui  doit  aussi  des  Métbodes 
pour  le  piano,  l'ophicléide,  la  trompette  et  le 
cornet  à  pistons.  M.  Caussinus  vit  aujourd'hui 
retiré  à  St-Mandé,  près  Paris. 

*  CAVAILLÉ-COLL  (DoMii\iQtiE-HY.4ciN- 
the),  est  mort  à  Paris  au  mois  de  juin  1862. 

*  CAVAILLÉ-COLL  (Aristide),  facteur 
d'orgues  à  Paris,  fils  du  précédent.  JNous  croyons 
devoir  consacrer  une  notice  complémentaire  à 
cet  artiste,  qui  est,  on  peut  le  dire  sans  em- 
phase et  sans  exagération,  le  premier  en  son  genre 
dans  le  monde  entier,  et  dont  le  nom  est  une 
des  gloires  de  la  France.  Par  son  génie,  par  sa 
puissance  inventive,  par  son  activité,  par  sa 
haute  probité  et  son  désintéressement  reconnu, 
M.  Cavailié-Coll  a  bien  morité  de  son  pays  et  a 
droit  à  une  place  à  part  dans  les  riches  annales 
de  cet  art  admirable  de  la  fabrication  des  orgues, 
où,  dès  ses  plus  jeunes  années,  il  était  passé 
maître.  M.  Cavaillé-Coll  était  à  peine  âgé  de 
vingt  ans  lorsque,  travaillant  chez  son  père,  à 
Toulouse,  il  appliqua  son  activité  à  la  création 
d'un  instrument  qu'il  appelait  pnïfnforgxte,  et 
que  l'on  décrivait  ainsi  :  «  Le  poïkilorgue  e«t  à 
claviers  et  à  anches  libres  ;  il  diffère  néanmoins 
de  tous  les  instruments  que  l'on  a  faits  d'après 
le  même  principe  sonore  (tels  que  pbitz-harmo- 
niques,  pianos  à  soufllets,  etc.),  par  la  puissance 
du  son,  qui,  surtout  dans  la  basse,  a  quelque 
chose  d'imposant,  et  qui,  susceptible  d'être  di- 
minué et  renflé  à  volonté,  se  prête  à  l'expression 
la  plus  variée.  »  C'était,  on  le  voit,  le  principe  de 
l'harmonium  ou  orgue  expressif. 

Peu  de  temps  après,  M.  Aristide  Cavaillé-Coil 
était  chargé  de  la  construction  de  l'orgue  de  la 
basilique  de  Saint-Denis,  et  ce  fait  se  produisait 
dans  des  circonstances  particulièrement  intéres- 
santes, qu'un  écrivain  très-compétent,  Adrien  de 
la  Fage,  rapportait  en  ces  termes  :  «  M.  Aris- 
tide Cavailié  s'était  transporté  à  Paris  pour  pren- 
dre connaissance  des  orgues  de  la  capitale,  et 
surtout  dans  le  but  d'y  étudier  l'acoustique;  il 
était  recommandé  au  respectable  Lacroix,  de 
l'Institut,  qui  le  mit  aussitôt  en  rapport  avec 
M.  le  baron  Cagnard  de  La  Tour  et  avec  ses  col- 


lègues Savart  et  Prony.  Ce  dernier  lui  fit  con- 
naître l'excellent  Berton  (mort  le  22  avril  1844, 
doyen  des  compositeurs  français),  qui  faisait 
partie  de  la  commission  nommée  pour  choisir 
entre  les  projets  proposés  pour  l'orgue  de  Saint- 
Denis  ;  il  engagea  M.  Aristide  Cavaillé-Coll  à  se 
mettre  sur  les  rangs.  L'expiration  du  terme  fixé 
pour  la  présentation  des  projets  arrivait  dans 
deux  jours,  et  M.  Aristide  Cavailié  n'avait  pas 
même  vu  l'église  de  Saint-Denis;  cependant,  en- 
couragé et  animé  par  les  conseils  du  vieux  com- 
positeur si  bienveillant  pour  les  jeunes  gens  et  si 
enclin  à  aider  à  leurs  succès,  il  se  rendit  immé- 
diatement sur  les  lieux,  et  après  avoir  examiné 
la  tribune,  travaillant  jour  et  nuit,  el  appuyant 
son  projet  par  des  calculs  et  des  développe- 
ments étendus,  il  parvint  à  le  terminer  dans  le 
temps  voulu.  Autre  embarras  :  ce  projet  devait 
être  accompagné  d'un  devis,  et  M.  Aristide  Ca- 
vailié n'en  avait  jamais  fait;  .son  père,  sous  la 
direction  duquel  il  avait  jusqu'alors  travaillé, 
s'occupait  de  ce  soin;  pas  plus  que  pour  le  pro- 
jet, il  n'avait  le  temps  de  recevoir  de  Toulouse 
une  réponse  de  sa  famille  et  de  s'entendre  avec 
elle.  Il  vint  pourtant  à  bout  de  présenter  le  tout 
en  temps  utile,  et  la  commission  s'éfant  rassem- 
blée, il  eut  le  bonheur  de  voir  ses  plans  approu- 
vés et  adoptés,  et  la  construction  de  l'orgue  de 
Saint-Denis  adjugée  après  concours  à  MM.  Ca- 
vailié père  et  fils.  M.  Aritisde  Cavailié  n'avait 
alors  que  vingt-deux  ans.  Depuis  ce  moment  la 
direction  de  l'établissement  lui  a  été  dévolue.  » 
Non-seulement  le  projet  de  M.  Aristide  Ca- 
vailié élait  excellent,  mais  l'exécution  ne  laissa 
rien  à  désirer,  et  la  commission  chargée  de  la 
réception  de  l'instrument  le  constata  en  ces 
termes,  qui  font  ressortir  ce  que  je  disais  plus 
haut  de  la  loyauté  et  du  désintéressement  du 
célèbre  facteur  :  «  Vos  commissaires  sont  unani- 
mement convaincus  que  les  obligations  souscri- 
tes par  les  facteurs  ont  été  plus  que  remplies 
par  eux C'est  donc  avec  la  plus  vive  salis- 
faction  qu'ils  résument  leur  opinion  sur  l'œuvre 
de  ces  habiles  et  consciencieux  facteurs,  en  dé- 
clarant que  l'honneur  beaucoup  plus  que  le 
bénéfice  semble  les  avoir  préoccupés  pendant  la 
longue  (jurée  de  l'accomplissement  de  leurs  obli- 
gations; aussi  émettent-ils  unanimement  le  V(pu 
de  voir  restituer  à  ces  facteurs  désintéressés  la 
réduction  qui  leur  a  été  imposée  sur  !e  prix  de- 
mandé par  eux....  Un  soin  extrême  d'exécution, 
poussé  jusque  dans  les  plus  petits  détails,  une 
fidélité  rigoureuse  à  réaliser  tous  les  perfection- 
nements annoncés,  une  abnégation  complète 
de  tout  intérêt  d'argent  ;  telles  sont  les  qua- 
lités honorables  dont  MM.  Cavailié  n'ont   cessé 


CAVAILLÉ-COLL 


163 


de  faire  preuve  pendant  toute  la  durée  de  l'exé- 
cution de  leur  traité.  » 

Voici  comment ,  vingt  ans  après  ,  Fétis 
lui-même,  le  savant  'auteur  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  s'exprimait,  dans 
son  rapport  du  jury  de  l'Exposition  universelle 
de  1855,  sur  M.  Cavaillé-Coll  et  ses  travaux  :  — 
»  La  première  innovation  faite  par  M.  Cavaillé, 
dans  la  facture  des  orgues,  est  une  des  plus  im- 
portantes, la  plus  importante  même  que .  le 
siècle  présent  ait  vu  naître  pour  l'amélioration 
de  ce  grand  instrument  ;  car  elle  a  eu  pour  effet 
de  mettre  en  équilibre  la  force  productrice  du 
son  et  la  capacité  absorbante  des  agents  de  ré- 
sonnance.  L'observation  avait  démontré  à  M.  Ca- 
vaillé que  les  sons  aigus  des  instruments  à  vent 
ne  se  produisent  que  sous  une  pression  d'air 
beaucoup  plus  forte  que  celle  des  sons  moyens 
et  graves.  On  sait,  en  effet,  qu'un  clarinettiste, 
un  hautboïste,  un  corniste,  ne  parviennent  à  faire 
entendre  avec  pureté  les  sons  de  leurs  instru- 
ments, qu'en  comprimant  l'air  de  leur  poitrine 
et  le  poussant  avec  force  dans  le  tube.  La  con- 
clusion était  facile  à  trouver  pour  les  tuyaux 
d'orgue-,  mais  comment  faire  exécuter,,  par 
une  machine,  ce  que  les  poumons  et  les  lèvres 
de  l'homme  semblent  seuls  pouvoir' faire  sous  la 
direction  de  la  volonté?  Il  était  de  toute  évi- 
dence  que  les  dessus  étaient  trop  faibles  dans 
toutes  les  orgues  et  surtout  dans  les  grands  ins- 
truments ;  il  fallait,  pour  mettre  toute  l'étendue 
de  leurs  claviers  en  égalité  de  résonnance,  éta- 
blir des  pressions  d'air  différentes  pour  les  trois 
divisions  naturelles  de  leurs  séries  de  tuyaux,  à 
savoir  :  la  basse,  le  médium  et  le  dessus.  Au 
mérite  d'avoir  posé  le  problème,  M.  CavaiUé 
ajoute  la  gloire  de  l'avoir  résolu  par  le  moyen 
très-simple  de  plusieurs  réservoirs  d'air  à  di- 
verses pressions,  l'une'  de  faible  densité,  l'autre 
moyenne,  et  la  troisième  forte.  Ces  réservoirs 
sont  superposés  et  alimentent,  eu  raison^  de 
leur  destination,  les  tuyaux  de  la  basse ,.  du 
médium  ou  'du  dessus  de  tous  les  registres. 
De  là  résulte  la  parfaite  égalité  qu'on  admiré 
dans  les  instruments  de  M.  Cavaillé,  et  qui  était 
inconnue  avant  lui.  N'eût-il  fait  que  cette  heu- 
reuse découverte,  il  laisserait  un  nom  que  n'ou- 
blierait pas  la  postérité.  Il  en  a  fait  le  premier 
essai  dans  le  grand  orgue  de  Saint -Denis,  essai 
dont  le  succès  fut  immédiatement  complet, 
parce  que  l'œuvre  tout  entière  était  la  consé- 
quence d'un  principe  inattaquable.  Tout  avait 
été  prévu  dans  cette  savante  disposition,  pour 
qu'aucim  inconvénient  ne  résultât  de  cette  di- 
vision du  vent  en  plusieurs  réservoirs  placés 
sous  des  pressions  différentes  ;  car  ils  sont  réunis 


par  des  conduits  élastiques  munis  de  soupapes 
régulatrices,  et  s'alimentant  réciproquement, 
sans  que  leurs  pressions  diverses  puissent  en 
être  altérées. 

«  Nous  passons  à  une  autre  invention  non 
moins  importante,  qui,  seule,  ferait  la  réputation 
d'un  facteur  d'orgues.  Certaines  séries  de  tuyaux 
d'orgue,  qui  composent  les  registres  aigus  de  ce 
grand  instrument,  ont  des  dimensions  étroites 
correspondantes  à  leur  longueur.  Or,  on  sait  que 
les  tubes  étroits  produisent  des  .sons  qui  ont  un 
certain  éclat  perçant,  mais  qui  sont  maigres  et 
secs.  Dans  ses  recherches  pour  donner  à  ces  re- 
gistres plus  de  rondeur  et  de  véritable  sonorité, 
M.  Cavaillé  fut  frappé  de  cette  considération  que 
les  cordes  vibrantes,  ainsi  que  les  colonnes  d'air 
des  tubes  sonores,  forment,  dans  l'impulsion 
qui  leur  est  donnée,  des  nœuds  de  vibration  qui 
produisent  les  harmoniques  plus  ou  moins  sai- 
sissables  du  son  principal,  tels  que  l'octave,  la 
double  quinte  ou  douzième,  la  triple  tierce  ou 
dix -septième,  etc.  De  plus,  il  savait  qu'on  fait 
octavier  un  tube  mis  en  vibration  si  l'on 
ouvre  un  trou  de  petite  dimension  dans  la  pa- 
roi du  tuyau,  à  l'endroit  où  se  forme  l'harmo- 
nique de  l'octave  ;  il  tira  de  ces  faits  la  coa. 
clusion,  aussi  simple  qu'ingénieuse,  que,  si  l'on 
veut  avoir,  par  exemple,  l'intonation  d'un  tuyau 
de  quatre  pieds,  avec  un  son  plus  puissant, 
plus  rond,  plus  intense,  on  le  peut  obtenir  avec 
un  tuyau  de  huit  pieds  qu'on  fait  octavier.  Par 
ce  procédé,  M.  Cavaillé  a  fait,  pour  l'orgue  de 
Saint-Denis  et  pour  les  instruments  construits  a 
une  époque  postérieure,  des  registres  complets 
auxquels  il  a  donné  les  noms  de  Jlùtes  harmo- 
niques de  huit,  de  quatre  et  de  deux  pieds.  Par 
le  même  principe,  appliqué  aux  jeux  d'anches,  il 
a  fait  des  trompettes  et  des  clairons  harmoni- 
ques. Du  mélange  de  ces  registres  avec  les  jeux 
des  dimensions  ordinaires,  résulte  la  sonorité  si 
belle,  si  puissante,  si  égale  des  instruments  de 
M.  Cavaillé.  .Ajoutons  que,  saisissant  toujours 
le  point  vrai  des  choses,  il  a  très-bien  compris 
que  les  parois  minces  des  tuyaux  ne  peuvent 
produire  que  des  sons  de  mauvaise  qualité.  Le 
premier,  entre  ■  les  fabricants  'd'orgues  fran- 
çaises, il  a  donné  à  ces  grands  tuyaux  une  épais- 
seur proportionnée  àj  leur  taille.  C'est  ainsi 
que,  dans  le  tuyau  de  Yut  de  seize  pieds  en  étain 
de  l'orgue  de  Saint-Denis,  il  a  porté  au  qua- 
druple des  proportions  ordinaires  le  poids]  du 
métal,  c'est-à-dire  à  cent  quatre-vingts  kilo- 
grammes. De  là  une  plénitude,  une  puissance 
de  son  qu'on  n'avait  jamais  entendue  dans  un 
instrument  de  cette  espèce. 

«  Si  nous   voulions    parler  de  tout   ce  qui 


d64 


CAVAILLÉ-COLL  —  CEBALLOS 


donne  aux  instruments  de  M.  Cavaillé  le  cacliet 
de  la  perfection,  de  la  bonne  entente  des  dispo- 
sitions, de  l'élégance  du  fini  et  du  mécanisme, 
ainsi  que  dune  multitude  de  détails  où  les  soins 
les  plus  minutieux  ont  présidé,  nous  serions 
entraînés  fort  loin.  Nous  dirons  seulement  qu'a- 
près le  grand  orgue  de  Saint-Denis,  il  a  cons- 
truit deux  autres  instruments  plus  parfaits 
encore  et  dont  la  réputation  est  européenne, 
ceux  de  l'église  de  la  Madeleine  et  de  Saint-Vin- 
cent-de-Paul, à  Paris.  » 

Fétis  avait  raison  de  dire  que  la  réputation  de 
M.  Cavaillé-Coll  était  européenne;  il  aurait 
même  pu  ajouter  qu'elle  était  universelle,  car 
M.  Cavaillé-Coll  n'a  pas  seulement  fourni  d'ad- 
mirables instruments  à  Paris  et  à  toute  la 
France,  mais  les  pays  étrangers,  l'Angleterre  et 
la  .Belgique  surtout,  lui  sont  redevables  de 
nombreux  chefs-d'œuvre,  ;et  il  a  construit  des 
orgues  même  pour  l'Amérique  et  l'Australie. 
Parmi  ses  instruments  les  plus  remarquables,  il 
il  faut  citer,  pour  Paris  :  l'orgue  de  Sainl-Sul- 
pice,  considéré  comme  le  plus  beau  qui  existe 
dans  le  monde  entier,  les  orgues  de  la  Made- 
leine, de  Notre-Dame  de  Lorette,  de  Saint-Vin- 
cent-de-Paul, de  la  Trinité,  de  Notre-Dame,  de 
Sainte-Clotilde;  pour  la  province,  les  orgues  de 
la  chapelle  du  château  de  Versailles,  de  la  basi- 
lique de  Saint-Denis,  de  Notre-Dame  de  Saint- 
Orner,  de  Saint-Paul  de  Nîmes,  des  cathédrales 
de  Perpignan,  de  Nancy,  de  Carcassjnne  ,  de 
Saint-Brieuc  ;  pour  la  Belgique,  l'orgue  de  Saint- 
Nicolas,  de  Gand;  pour  l'Angleterre,  les  orgues 
de  la  salle  Colslon,  à  Briston,  des  salles  de  con- 
certs de  Willis  et  de  Sheffield,  l'orgue  du  château 
de  Brocewell,  résidence  de  M.  Hopwood,  etc. 
etc. 

L'éclatante  et  incontestable  supériorité  des  ins- 
truments construits  par  M.  Aristide  Cavaillé- 
Coll  est  reconnue  de  toutes  parts  aujourd'hui,  et 
je  crois  inutiled'insister  sur  ce  sujet.  Plusieurs  de 
ces  instruments  ont  fait  l'objet  de  publications  fort 
intéressantes,  parmi  lesquelles  jementionnerai  les 
suivantes  :  1°  Orgue  de  l'église  royale  de  Saint- 
Denis,  construit  par  MM.  Cavaillé-Coll  père 
et  fils,  facteurs  d'orgues  du  roi ,  rapport  fait  à 
la  Société  libre  des  Beaux-Arts,  par  J.  Adrien  de 
la  Fage  (Paris,  Imprimeurs  unis,  184  5,  in-S", 
avec  gravure)  ;  2°  Étude  sur  Vorgue  monu- 
mental de  Saint-Sulpice  et  la  facture  d'orgue 
moderne,  par  M.  l'abbé  Lamazou  (Paris,  Repos, 
s.  d.,  in-8°,  avecgravure);  3'  Le  Grand  Orgue 
de  la  nouvelle  salle  de  concert  de  Sheffield, 
en  Angleterre,  construit  par  Aristide  Ca- 
vaillé-Coll, à  Paris  (Paris,  typ.  Pion,  187'<, 
gr.  in-8°  avec  gravures).  M.  Cavaillé-Coll  a  pu- 


blié lui-même,  dans  des  revues  et  recueils 
scientifiques,  différents  mémoires  ayant  trait  à 
l'orgue  et  à  sa  construction.  Je  ne  connais  que  les 
trois  suivants  :  1"  Études  expérimentales  sur 
les  tuyaux  d'orgues,  mémoire  lu  à  la  séance  de 
l'Académie  des  Sciences  du  24  février  1849;  2° 
De  Vorgue  et  de  son  architecture,  écrit  publié 
dans  le  14'  volume  (1856)  de  la  Revue  générale 
de  V architecture  des  travaux  publics,  et  dont 
il  a  été  fait  un  tirage  à  part  ;  une  seconde  édition, 
augmentée,  de  cet  opuscule  a  été  faite  en  1872 
(Paris,  Ducher,  m-S");  S"  Projet  d'orgue  monu- 
mental pour  la  basilique  de  Saint- Pierre  de 
Rome  (Bruxelles,  imp.  Rosse!,  1875,  in-8°). 

*  CAVALLLXI  (Ernesto),  est  mort  à  Milan, 
sa  ville  natale,  le  7  janvier  1873.  En  1852,  il 
avait  été  appelé  à  St-Pétersbourg,  pour  y  rem- 
plir les  triples  fonctions  de  professeur  de  cla- 
rinette au  Conservatoire,  et  de  1"  clarinette 
au  théâtre  impérial  et  à  la  chapelle  de  la  cour. 
Après  un  séjour  de  quinze  ans  en  Russie,  il  était 
revenu  à  Milan,  et  en  1870  il  avait  été  nommé 
professeur  suppléant  de  clarinette  au  Conserva- 
toire. A  la  liste  de  ses  compositions,  il  faut  ajou- 
ter :  1°  six  grands  duos  pour  deux  clarinettes, 
dédiés  à  Mercadante  ;  2°  i  Fiori  rossiniani, 
concerto  pour  clarinette  ;  3"  Variazioni  in  sol, 
pour  clarinette;  4°  Album  vocale  (Milan,  Canti). 

*  CAZOT  (François-Félix),  est  mort  en 
1858.  Cet  artiste  avait  épousé,  le  8  janvier  1814, 
une  chanteuse  de  l'Opéra,  M"^  Joséphine  Ar- 
mand, dont  le  talent  était  remarquable,  et  qui 
faisait  aussi  partie  de  la  chapelle  impériale.  En 
1815,  tous  deux  allèrent  se  fixer  à  Bruxelles,  où 
M""^  Cazot  fit,  pendant  dix  années,  les  beaux 
jours  du  théâtre  royal.  En  1825,  ils  revinrent  à 
Paris,  et  c'est  alors  que  Cazot  fonda  une  école 
de  piano,  d'où  sont  sortis  un  très-grand  nombre 
d'artistes  fort  distingués.  —  M™"  Cazot  ne  sur- 
vécut que  peu  de  temps  à  son  mari,  qui  était 
presque  mort  de  chagrin  de  la  perte  successive 
de  sa  fille  et  de  sa  petile-fille  :  elle  mourut  au 
mois  de  juillet  1859,  âgée  de  72  ans. 

*CAZZATI  (Maurice).  Une  édition  des 
Messe  e  Salmi  a  5  voci  da  cappella,  op.  17,  de 
ce  compositeur,  a  été  publiée  à  Venise  en  1655. 
Fétis  a  mentionné  en  effet  comme  une  réimpres- 
sion celle  de  1667,  la  seule  dont  il  eût  eu  con- 
naissance. 

CEBALLOS  (Fr.ancisco),  compositeur  es- 
pagnol du  seizième  siècle,  né,  à  ce  que  l'on  croit, 
dans  la  vieille  Castille,  était  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Burgos  en  1535,  et  mourut  en 
cette  ville  en  1571.  Beaucoup  de  compositions  de 
cet  artiste  sont  conservées  dans  diverses  églises 
d'Espagne,  et  la  bibliothèque  de  l'Escurial,  aussi 
bien  que  les  archives  de  la  cathédrale  de  Tolède, 


CEBALLOS 


CELLARIER 


165 


possèdent  un  grand  nombre  de  ses  motets.  On 
trouve  à  i'église  de  Notre-Dame  del  Pilar,  de 
Saragosse,  une  fort  belle  messe  de  Ceballos,  et 
M.  Hilarion  Eslava  a  reproduit,  dans  sa  Lira  sa- 
cro-hispana,  un  motet  de  ce  maître  :  Inter 
vestibulim,  qui  est  une  œuvre  de  grand  mérite, 
aussi  bien  pour  l'élégance  de  la  forme  que  pour 
la  pureté  du  style. 

CECCHERIIVI  (Ferdinand),  chanteur  et 
compositeur,  naquit  à  Florence  en  1792.  Doué 
d'une  magnifique  voix  de  ténor  serio,  de  deux 
octaves  entières  de  poitrine  avec  des  notes  de 
fausset  d'une  grande  puissance,  il  étudia  la  musi- 
que et  le  chant  avec  l'abbé  Philippe  AUegri,  bon 
maître  florentin,  et  arriva  en  peu  de  temps  à  un 
degré  remarquable  de  perfection.  11  interprétait  en 
maître  tous  les  genres,  mais  excellait  surtout  dans 
le  genre  large  et  majestueux  de  la  vieille  école 
du  chant  italien,  dont  on  trouve  des  exemples 
dans  le  grand  air  de*  Misterl  Eleusini  de  Mayr, 
celui  de  i  Baccanali  di  Roma  de  Generaii,  etc. 
De  tontes  parts  on  le  pressait  d'embrasser  la 
carrière  théâtrale,  mais,  soit  timidité  de  carac- 
tère, soit  préjugé  religieux,  il  s'y  refusa  constam- 
ment et  s'adonna  à  la  musique  sacrée,  oratorio 
ou  musique  d'église.  Personne  peut-être  n'a  chanté 
mieux  que  lui  l'air  du  ténor  dans  la  seconde  par- 
tie de  la  Création  de  J.  Haydn. 

Ceccherini,  chanteur  d'un  mérite  supérieur  et 
bon  musicien,  fut  également  prolesseur  de  chant 
distingué  et  fit  de  nombreux  et  bons  élèves, 
tant  amateurs  qu'artistes,  parmi  lesquels  il  faut 
citer  le  prince  Joseph  Poniatowski.  Il  fut  aussi 
compositeur  de  quelque  mérite.  On  a  de  lui 
quatre  oratorios  :  Saûl,  David,  San  BenedeUo 
et  Debora  e  Giaele,  exécutés  plusieurs  fois  avec 
succès  à  Florence  :  ce  sont  de  bonnes  composi- 
tions, mais,  malgré  leur  titre,  ce  sont  plutôt  des 
opéras  de  sujet  sacré  que  de  véritables  oratorios 
dans  la  rigoureuse  acception  du  moi.  Ceccherini 
composa  aussi  beaucoup  de  musique  d'église-,  des 
mentions  spéciales  sont  dues  à  son  Requiem, 
ainsi  qu'à  sa  grande  messe  à  deux  chœurs  et 
orchestre.  Sa  musique  se  distingue  par  la  jus- 
tesse d'expression,  la  noblesse  des  pensées,  le 
bon  goût  ainsi  que  la  bonne  facture  ;  mais  elle 
manque  généralement  de  ce  cachet  personnel  qui 
fait  que  les  œuvres  d'un  compositeur  ont  leur 
place  assignée  dans  l'histoire  de  l'art  musical. 

Ceccherini  était  professeur  de  chant  aux  éco- 
les de  musique  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de 
Florence,  dont  la  direction  lui  fut  confiée  pen- 
dans  quelque  temps,  premier  ténor  dans  la  mu- 
sique de  chambre  et  de  chapelle  de  l'ancienne 
cour  de  Toscane,  maître  de  chupelle  de  la  Mé- 
tropolitaine,  et  un  des  six  maîtres  de  chapelle 


du  collège  des  musiciens  sous  l'invocation  de 
Sainte-Cécile  dans  l'église  des  SS.  Michel  et 
Gaétan  à  Florence.  Il  est  mort  en  cette  ville  le 
12  janvier  1858. 

L.-F.  C. 
CECERE  (Carlo),  violoniste  et  composi- 
teur, né  dans  le  royaume  de  Naples,  vivait  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  fit 
représenter  à  Naples  les  deux  ouvrages  suivants  : 
1°  lo  Secretista,  folie  m\js,\cA\e' {pazzia  per 
musica),  th.  Nuovo,  1738;  2°  la  Tavernola 
abentorosa. 

'M.  CELAÎ\I  (GiusEPPE-CoRSo),  compositeur  ita- 
lien, vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  résida  successivement  à  Rome,  à 
Parme  et  à  Ancône.  On  lui  doit  un  oratorio  à 
neuf  voix,  sur  paroles  latines,  et  un  autre  orato- 
rio, Ismaele  ed  Âgar,  exécutés  à  Rome  ;  un 
troisième  ouvrage  du  même  genre,  Santa  Teo- 
dora,  fut  écrit  par  lui  sur  la  demande  du  prince 
de  Toscane,  Ferdinand  de  Médicis,  en  16S8.  Il 
écrivit  encore,  pour  ce  prince,  27  responsori  et 
un  Miserere  pour  le  service  de  la  semaine  sainte, 
trois  cantates  et  deux  madrigaux. 

CELLARIER  (Hil\riox),  compositeur,  est 
né  à  Florensac  (Hérault)  le  12  mars  1818.  Il  se 
destinait  d'abord  à  la  marine  et  fit  de  sérieuses 
études  pour  suivre  cette  carrière.  Mais  un  goût 
très-vif  pour  la  musique  l'en  détourna  et,  à  l'âge 
.le  quinze  ans,  il  se  décida  à  partir  pour  l'Italie 
afin  d'y  développer  ses  connaissances  musicales. 
11  venait  de  composer  un  opéra,  Don  Japhet,  où 
se  trouvait  la  trace  de  dispositions  assez  heu- 
reuses pour  que  son  admission  immédiate  fût 
décidée  au  Conservatoire  de  Viaregijio,  près  Lac- 
ques, placé  sous  la  direction  du  compositeur  Pa- 
cini.  Pacini  prit  son  jeune  élève  en  affection  et 
lui  donna  une  solide  éducation  technique.  A  l'âge 
de  18  ans,  M.  Celiarier  écrivit,  avec  les  conseils  de 
son  maître,  un  opéra  intitulé  la  Secchia  rapita. 
Pacini  étant  tombé  malade,  il  eut  occasion  de  le 
remplacer  pour  la  composition  d'une  messe  à 
quatre  parties  et  à  grand  orchestre,  que  l'auteur 
<le  Saffo  avait  été  chargé  d'écrire.  Cette  messe, 
annoncée  comme  étant  de  Pacini,  fut  exécutée 
avec  succès,  sous  le  nom  de  son  véritable  auteur, 
dans  la  cathédrale  de  Saint-Martin  à  Lucques. 
M.  Celiarier  s'essayait  en  même  temps  dans  le 
genre  difficile  du  quatuor  et  de  la  symphonie.  Deux 
ans  plus  tard  il  terminait  un  opéra  en  deux  actes, 
i  Guelfi,  qui  allait  être  donné  à  Naples,  en  même 
temps  que  la  Saffo  de  son  maître,  quand  des 
atfaires  de  famille  le  rappelèrent  subitement  en 
France,  oii  il  est  resté.  11  s'est  fixé  définitive- 
ment à  Montpellier,  et  s'y  est  voué  à  l'ensei- 
gnement. 


166 


CELLARIER  —  CENCI-BOLOGNETTI 


M.  Cellarierafaitentendredanscette  ville  divers 
morceaux  de  musique  religieuse  et  une  messe  à 
grand  orchestre  en  ut  mineur,  qui  fut  exécutée 
en  1845  au  profit  des  inondés  de  la  Loire.  On  a 
aussi  de  lui  plusieurs  pièces  pour  le  piano,  des 
fantaisies  originales,  de  la  musique  de  danse,  etc. 

Al.    R— d. 

CELLER  (Lunovic)  est  le  pseudonyme  litté- 
raire d'un  écrivain  né  à  Paris  le  8  février  1828, 
et  dont  le  nom  véritable  est  Lotus  Leclercq. 
Grand  amateur  de  théâtre  et  de  musique,  M.  Lu- 
dovic Celler  a  publié  depuis  une  dizaine  d'an- 
nées plusieurs  ouvrages  intéressants  par  les  re- 
cherches d'une  érudition  consciencieuse,  aussi 
bien  que  par  la  sûreté  et  quelquefois  la  nou- 
veauté des  documents  employés.  En  ce  qui  con- 
cerne particulièrement  la  musique,  M.  Celler  a 
donné  successivement  -.X"  la  Semaine  sainte  au 
Vatican,  étude  musicale  et  pittoresque  (Paris, 
Hachette,  1867,  in- 12),  livre  à  la  fois  utile  et 
attrayant,  dans  lequel  l'auteur  fait  coiinailre  les 
pratiques  religieuses  et  les  coutumes  musicales 
qui  caractérisent  la  célébration  de  la  semaine 
sainte  à  Rome;  2°  les  Origines  de  l'Opéra  et 
«■  le  Ballet  de  la  Reine,  »  étude  sur  les  danses, 
la  musique,  les  orchestres  et  la  mise  en  scène  au 
XVI"  siècle,  avec  un  aperçu  des  progrès  du  drame 
depuis  le  XIIP  siècle  jusqu'à  Lully  (Paris,  Di- 
dier, 1868,  in-12),  écrit  intéressant,  dans  lequel 
cependant,  insulfisamment  informé  relativement 
aux  premiers  essais  de  l'abbé  Perrin  et  de  Cam- 
bert,  l'auteur  n'a  pas  eu  l'occasion  de  rendre  à 
ces  deux  pères  de  l'opéra  français  la  justice  qui 
leur  est  due  et  la  place  qui  leur  appartient;  3° 
MoLiÈRE-LuLLY.  Le  mariage  forcé,  comédie- 
ballet  en  3  actes,  ou  le  Ballet  du  Roi,  dansé 
par  Louis  XIV  le  29*  jour  de  janvier  1664,  nou- 
velle édition  publiée  d'après  le  manuscrit  de 
Philidor  l'aîné,  avec  des  fragments  inédits  de 
Molière  et  la  musique  de  Lully  réduite  pour 
piano  (Paris,  Hachette,  1867,  in-12),  publica- 
tion faite  d'après  le  fameux  recueil  manus- 
crit de  Philidor  faisant  partie  de  la  Bibliothèque 
du  Conservatoire  de  musique  de  Paris,  et  dont 
ou  comprend  tout  l'intérêt. 

En  dehors  de  ces  trois  ouvrages  spéciaux, 
M.  Celler  a  publié  deux  autres  volumes,  ceux-ci 
relatifs  au  théâtre  proprement  dit,  mais  dans  les- 
quels pourtant  la  musique  a  sa  part  :  Les  dé- 
cors, les  costumes  et  la  mise  en  scène  au 
XV IF  siècle,  1615-1680  (Paris,  Liepmannssohn 
et^Dufour,  1869,  in-12),  et  les  Types  populai- 
res au  théâtre  (id.,  id.).  Enfin,  cet  écrivain 
prépare  en  ce  moment  une  édition  du  Pour- 
ceaugnac  de  Molière  avec  la  musique,  et  un 
livre  sur  la  danse. 


CELLIER  (.......),  compositeur  anglais,  a 

fait  représenter  au  théâtre  Saint-James,  de  Lon- 
dres, au  commencement  de  1876,  une  opérette 
intitulée  the  Sultan  of  Mâcha.  Peu  de  mois 
après,  dans  le  cours  de  la  même  année,  il  a 
donné  à  Manchester  un  autre  petit  ouvrage  du 
même  genre,  dont  j'ignore  le  titre. 

CELLIKI  (François),  musicien  italien,  na- 
quit le  5  mai  1813  à  Fermo,  dans  la  marche  d'An- 
cône.  Dès  son  jeune  âge,  il  commença  à  étudier 
la  musique  sous  la  direction  de  son  oncle  Augus- 
tin CelJini,  de  Raphaël  Monelli  et  de  Charles 
Morra.  Arrivé  à  un  âge  plus  avancé,  il  fut  en- 
voyé par  ses  parents  à  Bologne,  pour  étudier 
sous  la  direction  de  Pilotti,  après  la  mort  duquel 
il  passa  au  Conservatoire  deNaples,  où  il  suivit 
les  leçons  de  chant  de  Crescentini,  et  apprit  la 
composition  avec  Zingarelli,  puis  avec  Mercadante. 
Ayant  terminé  son  instruction  musicale,  il  re- 
tourna dans  sa  ville  natale,  où  il  obtint  en  1842 
la  maîtrise  de  la  cathédrale.  En  1860,  il  se  rendit 
à  Londres  avec  son  élève  Antoine  Giuglini,  et  y 
resta  quelque  temps  à  donner  des  leçons  de 
chant.  De  retour  à  Fermo,  il  y  mourut  le  19 
août  1873,  accablé  par  des  chagrins  domesti- 
ques et  des  luttes  regrettables  suscitées  par  la 
malignité. 

Cellini  composa  beaucoup  de  musique  d'église, 
et  des  chœurs  patriotiques  de  circonstance  qui 
eurent  quekjue  succès.  Sa  musique,  faible  de 
conception,  quoique  de  bonne  facture,  ne  s'élève 
pas  au-dessus  de  la  médiocrité.  Sa  spécialité 
était  l'enseignement  du  chant,  dans  lequel  il  ex- 
cellait. De  son  école  sont  sortis  une  foule  de  bons 
chanteurs  de  théâtre,  parmi  lesquels  les  frères 
François  et  Ludovic  Graziani,  Henry  Fagotti, 
Antoine  Giuglini,  M""'  Morgiali,  Mme  Biancolini- 
Rodriguez,  etc. 

L.-F.  C. 

CELLOT  (Hexri),  compositeur  amateur,  est 
né  vers  1835,  d'une  famille  aisée,  et  est  entré  de 
bonne  heure  dans  la  banque,  tout  en  étudiant  la 
musique  pour  son  agrément.  M.  Cellot  a  publié 
quelques  romances,  et  a  fait  représenter  quelques 
opérettes,  parmi  lesquelles  on  peut  citer  :  Dix 
contre  xin  (Palais-Royal,  4  mai  1865);  l'Ile 
des  Singes (E^àoraiôo,  isoclobre  1868)  ;  l'Amour 
charlatan  (Folies-Marigny).  Il  a  donné  aussi 
plusieurs  articles  de  critique  au  journal  Zaf/OHce 
musicale. 

CELSCHER  (Jean),  confrepointiste  hon- 
grois de  la  lin  du  seizième  siècle,  a  fait  impri- 
mer un  assez  grand  nombre  de  comi)ositions, 
qui  sont  conservées  à  la  bibliothèque  de  Ber- 
lin. #  Y. 

CENCI-JBOLOGA'ETTI  (Le  comte),  noble 


CENCI-BOLOGNETTI 


CERU 


167 


amateur  de  musique,  est  l'auteur  d'un  opéra  en 
4  actes,  Lorenzo  Soderinl,  qui  a  été  représenté 
au  théâtre  Pagliano,  de  Florence,  le  3  août  1867. 
D'autre  part,  les  journaux  italiens  ont  rendu 
compte,  en  1871,  de  l'exécution  à  Rome  de  deux 
compositions  :  une  ouverture  et  une  cantate  pa- 
triotique, la  Redenzione  di  Roma,  dont  l'au- 
teur était  la  signora  Aspri-Cenci-Bolognetti. 

CEjVTOLAIXI  (Ambrogio),  compositeur  ita- 
lien, est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux ,  Isabella 
Orsini ,  qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre  de 
Lugo  le  17  septembre  1867. 

CE PEli A  ( ),  compositeur  espagnol  con- 
temporain, s'est  fait  connaître  par  la  publica- 
tion de  quelques  morceaux  de  chant  et  par  la 
représentation  de  quelques  zarznelas  dont  il 
a  écrit  la  musique.  Je  ne  connais  le  titre  que 
d'un  seul  de  ses  ouvrages  en  ce  genre,  los  Pi- 
ratas.  M.  Cepeda  a  écrit,  avec  MM.  Allù  et 
Oudrid,  la  musique  d'un  drame  en  trois  actes, 
intitulé  DalUa. 

*  CERACCHJiVl  (Francesco).  Ce  compo- 
siteur a  abordé  la  scène  au  moins  une  fois,  car 
op  connaît  de  lui  un  opéra  intitulé  Antigono,  re- 
présenté à  Florence  en  1794. 

CERECEDA  (Giullermo),  compositeur 
dramatique  espagnol,  s'est  fait  connaître  par  les 
zorzuelas  ou  opéras  comiques  suivants,  qui  ont 
été  représentés  à  Madrid,  dans  le  cours  de  ces 
dernières  années  :  1°  Pascal  Ballon,  un  acte  ; 
2"  Tocar  el  violon,  un  acte  ;  3"  Pepe-Hillo  ;  4° 
Trayo;  5°  Mefistofeles,  3  actes  ;  6°  Esperanza, 
ballade  lyrique  et  dramatique  en  2  actes,  théâ- 
tre delà  Zarzuela,  1872.  En  cette  dernière  an- 
née, M.  Cereceda  remplissait  les  fonctions  de 
chef  d'orchestre  au  théâtre  de  la  Zarzuela. 
'  CEREROLS  (Le  P.  Juan),  moine  et  compo- 
siteur espagnol,  vivait  à  l'abbaye  de  Monlserrat 
dans  les  dernièrr s  années  du  dix-huitième  siècle. 
On  conserve  dans  les  archives  du  célèbre  collège 
de  musi(iue  de  ce  couvent  les  œuvres  suivantes, 
dues  à  cet  artiste  :  une  messe  à  trois  chœurs  et 
à  douze  voix,  dite  Messe  de  la  Bataille;  les 
psaumes  Dixit  Dominus,  Confitebor,  Beatus 
vir,  Laudate  pueri  Dominum,  Letalus  sum, 
Msi  Dominus,  Credidi,  l'hymne  Ave  Maris 
Stella,  et  le  cantique  Magnificat.  Presque  toutes 
ces  compositions  sont  à  dix  voix. 

CERFRERU  DE  M5iDELSHEIM(A...), 
écrivain  français,  est  autour  d'un  petit  éci'it  in- 
titulé :  les  Orgues  expressifs  (sic),  Paris,  Paul 
Dupont,  1867,  in-16  de  16  pp. 

CERlAiXI   ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  au  Politeama,  deNaples,  en  1875, 
un  opéra  bouffe  intitulé  Don  Luigi  di  Toledo. 

CERTAIN  (M.vuie-Françoise),  claveciniste 


du  dix-huitième  siècle,  célèbre  par  son  talent 
d'abord,  ensuite  par  les  réunions  musicales  qu  i 
se  tenaient  chez  elle  et  auxquelles  les  plus  grands 
virtuoses  et  compositeurs  du  temps  tenaient  à 
honneur  d'assister  et  de  se  produire,  na([uit  vers 
1662.  Elevée  par  Pierre  de  Nyert,  premier  valet 
de  chambre  de  Louis  XIV,  qui  la  regardait 
comme  sa  fille,  Marie  Certain  fut  un  enfant  pro- 
dige et  devint  une  artiste  fort  remarquable.  De 
Nyert  avait  chargé  Lully  de  son  éducation  musi- 
cale, et  la  jeune  fille,  qui  avait  à  la  fois  du  pen- 
chant pour  les  lettres,  pour  la  peinture  et  pour 
la  musique,  était  à  peine  âgée  de  quinze  ans  lors- 
que, dans  une  épître  adressée  précisément  à  son 
protecteur,  à  De  Nyert,  La  Fontaine  en  parlait 
ainsi  : 

Avec  mille  autres  bien  le  jubilé  fera 

Que  nous  serons  un  temps  sans  parler  d'Opéra; 

Mais  aussi  de  retour  de  mainte  et  mainte  église. 

Nous  Irons,  pour  causrr  de  tout  avec  Irancliise 

Et  donner  du  relùclie  à  la  ilévotton. 

Chez  l'illustre  Certin  (1|  faire  une  station  :  ■ 

Cerlin,  par  mille  endroils  égilement  cliarraante, 

Et  dans  mille  beaux  arts  également  savante,  ! 

Dont  le  rare  génie  et  les  brillantes  mains 

Surpassent  Chamboniiiôre,  Ilardel,  les  Couperains. 

De  cette  aimable  enfant  le  clavecin  unique 

Me  touche  plus  qu'lsis  et  toute  sa  musi(|ue  : 

Je  ne  veux  rien  rie  plus,  Je  ne  veux  rien  de  mieux 

Pour  contenter  l'esprit,  et  l'oreille,  et  les  yeux. 

Le  salon  de  M"*  Certain  était  le  rendez-vous 
de  tous  les  grands  artistes,  et  jusqu'à  son  der- 
nier jour  cette  femme  distinguée  jouit  de  la  plus 
brillante  réputation,  au  double  point  de  vue  de 
l'esprit  et  des  talents.  Elle  mourut  à  Paris,  le 
1"  février  1711,  et  fut  inhumée  dans  l'église 
Saint-Roch,  sa  paroisse. 

CERU  (DoME.MCo-AcosTiNo)  naquit  à  Lucqiies, 
en  Toscane,  le  28  août  1817;  il  est  ingénieur  de 
son  état  et  bon  amateur  de  musique.  Il  publia, 
en  18G4,  un  mémoire  sur  la  vie  et  les  œuvres 
de  L.  Boccherini;  en  1870,  une  lettre  à  son  ami 
André  Bernardini,  maître  compositeur  estimé  de 
Buti,  en  Toscane,  sur  la  musique  allemande  com- 
parée à  la  musique  mélodique  italienne;  et  en 
1871  «  Cenni  storici  deW  iasegnaniento  delta 
musica  in  Lucca  e  dei  piu  notabili  maestri 
compositori  che  vi  hanno  fiori/o  (Lucques , 
impr.  Giusti,  in-8")  «,  ouvrage  de  peu  d'étendue, 
mais  d'un  véritable  intéièt  pour  l'histoire  de  la 
musique  en  général,  et  en  particulier  dans  la 
ville  de  Lucques,  autrefois  capitale  d'une  riche 
république  où  la  musique  a  toujours  été  tenue 
en  honneur  et  où  les  études  musicales  se  main- 

■  L'acte  morluaire  de  Marie  Certain,  publié  par  Jal  dans 
son  Dictionnaire  critique  de  biographie  et  d'histoire, 
donne  à  son  nom_rorlhographe  que  j'ai  cru  devoir  adop- 
ter :  Certain.} 


168 


CERU 


CHAMPEIN 


tiennent  toujours  (lorissante?  ,  quoique  Lucques 
soit  réduit  aujourd'hui  à  l'état  de  ciief-lieu  de 
province. 

M.  D.  A  Cerù  est  membre  de  l'académie  des 
Phylomates.  On  a  de  lui  un  mémoire  sur  le 
mélodrame  et  plusieurs  pièces  détachées,  poésies, 
épigraphes ,  épitres ,  elc. ,  qui  attestent  toutes 
une  intelligence  cultivée. 

L.-F.  C. 

CESTARI  (AiGUSTo).  Un  musicien  de  ce 
nom  a  fait  représenter  en  1859,  sur  le  théâtre 
d'Udine,  un  drame  lyrique  intitulé  Cleto. 

CEUPPI'^XS  (Victor),  compositeur,  né  à 
Bruxelles  le  28  juillet  1835,  a  eu  pour  niHîtns 
MM.  Goossens,  Jourdan,  Bosselet,  Lemmens  et 
Fétis,  puis  est  devenu  successivement  organiste 
des  églises  de  Saint-Joseph,  des  Minimes  et  de 
Sainte-Catherine,  et  enfin  maître  de  chapelle  de 
Saint- Boniface  en  même  temps  que  professeur  à 
l'école  de  musi(|ue  de  Saint- Josse-ten-Noode, 
commune  de  la  hanlieue  de  Bruxelles.  M.  Ceup- 
pens  a  publié  un  certain  nombre  de  compositions 
religieuses,  parmi  lesquelles  plusieurs  messes 
(dont  une,  à  4  voix,  a  été  exécutée  solennellement 
le  19  janvier  18GI),  un  Ave  verum'a  4  voix,  un 
Salve  Regina  avec  orchestre,  un  Lmidale  Do- 
mimun,  chœur  à  4  voix,  un  Tantum  ergo,  un 
Pie  Jesu,  un  0  salutaris  ,  une  prière  et  3  Elé- 
vations pour  orgue.  On  connaît  aussi  quelques 
romances  de  cet  artiste. 

CEZAA'O  (Paul).  Lors  de  l'inauguration  de 
la  nouvelle  salle  de  l'Opéra,  en  1875,  on  a  publié 
une  brochure  ornée  de  vignettes  et  ainsi  intitulée  : 
Visite  au  nouvel  Opéra,  |)ar  Paul  Cézano  (Paris 
1875,  in-4°).  Le  nom  de  l'auteur  de  cet  écrit  nous 
paraît  être  un  pseudonyme  ;  du  moins  ne  le 
connaissons-nous  point  dans  la  littérature  con- 
temporaine. 

CnAALO\S-D'AI\GE  (Augcste  -  Phi- 
libert), ailministrateur  et  écrivain,  né  à  Paris 
le  29  juillet  1798  ,  est  mort  au  mois  de  murs 
1869.  Il  fut  successivement  attathé  aux  biireiiiix 
du  ministère  de  la  guerre,  puis  du  minisièic  de 
l'intérieur,  puis,  sur  la  fin  de  sa  vie,  au  minis- 
tère de  la  maison  de  l'empereur,  où  il  remplis- 
sait les  fonctions  d'archiviste  à  la  section  <îes 
Beaux-Arts.  Secrétaire  général  du  théâtre  de  10- 
déon  de  1!<2S  à  1S35,  il  avait  fondé  en  1829  le 
Journal  de^  Comédiens,  qui  est  devenu  depuis 
]à  Revue  et  Gazette  des  théâtres.  Il  est  men- 
tionné ici  pour  l'ouvrage  suivant  :  Histoire  cri- 
tique des  théâtres  de  Paris  pendant  1821, 
pièces  nouvelles,  reprises,  debuls,  rentrées  (Pa- 
ris, Petit,  1822,  in-8"),  qu'il  publia  sous  le  voile 
de  l'anonyme  ,  en  société  avec  Ragueneau.  Il 
publia  ensuite,  seul ,  cette  fois,  et  en  y  mettant 


son  nom,  V Histoire  critique  et  littéraire  de 
théâtres  de  Paris,  années  1822-1823  (Paris, 
Pollet,  1824,  in-8°).  Ces  deux  volumes  forment  le 
résumé  historique  et  critique  du  mouvement 
théâtral  pendant  la  période  indiquée,  mouvement 
dont  la  musique  pi;end  une  part  import.infe,  et 
donnent  des  renseignements  utiles,  (pii  auraient 
gagné  cependant  à  être  un  peu  moins  délayés. 

*CllABAXOM  (MiCBEL-P.UL-Gn  nE),  a 
écrit  les  paroles  et  la  musique  d'un  divertisse- 
ment sans  titre  qui  a  été  exécuté  deux  fois,  en 
17C9  et  1770,  dansdeux  concerts  donnés  au  profit 
de  l'École  gratuite  de  dessin. 

''  CHAÎrVE  (EiGÈNE).  Cet  artiste  fort  esti- 
mable, qui  depuis  longtemps  brille  à  Paris  dans 
l'exécution  de  la  musique  de  chambre,  a  obtenu, 
dans  ces  dernières  années ,  de  sérieux  succès 
comme  compositeur.  En  1860,  il  a  fait  exécuter 
à  Poitiers,  aux  fêtes  données  par  l'Association 
musicale  de  l'Ouest,  une  messe  à  4  voix,  clionirs 
et  orchestre,  qui  a  produit  un  très-grand  elfet; 
'  sa  f*  symphonie  (en  fa)  a  été  couronnée  au  con- 
cours ouvert  en  18C4,  en  Hollande,  par  la  so- 
ciété pour  l'avancement  des  études  musicales  ; 
sa  2"^  sym|)honie  (en  ré  mineur)  a  été  l'objet  de 
la  même  distinction,  en  1860,  de  la  part  de  la  so- 
ciété de  Sainte-Cécile,  de  Bordeaux;  une  ouver- 
ture à  grand  orchestre,  envoyée  par  M.  Chaîne 
au  concours  de  l'académie  de  l'Institut  royal 
de  musique  de  Florence,  obtenait  aussi  la  pre- 
mière récompense;  enfin,  en  1872,  la  société  de 
Sainte-Cécile  de  Bordeaux  accordait  le  second 
prix  à  son  Stahat  mater.  En  dehors  de  ces  œu- 
vres fort  importantes,  et  d'un  troisième  concerto 
de  violon,  M.  Chaîne  a  fait  entendre,  en  ces  der- 
nières années  ,  une  fantaisie-caprice  pour  violon 
sur  les  Huguenots  (Paris,  Brandus),  une  fan- 
taisie sur  iVo/'Hia  et  i  Puriiani  (id.,  id.),  et  une 
autre  sur  la  Juive.  Il  a  publié  une  quarantaine 
de  fantaisies  et  de  morceaux  de  gonie  [lour  vio- 
lon, avec  accompagnement  de  piano.  Au  mois 
d'octobre  1875,  AI.  Chaîne  a  été  nommé  profes- 
seur d'une  des  deux  classes  préparatoires  de 
violon  rétablies  an  Conservatoire  de  Paiis. 

*  CHA'\IPEI.\  (Stamslas).  r.e  répertoire 
dramatique  de  ce  musicien  aimable  doit  se  com- 
pléter par  les  ouvragi^s  suivants  :  1°  les  Amours 
de  Colomijine  ou  Cassaridre  j.leureur,  o\)éra. 
comique  joué  à  la  Comédie-Italienne  en  1783, 
et  dont  la  chute  fut  si  complète  que  sa  première 
et  unique  représentation  ne  put  même  être  ache- 
vée; 2"  les  Soces  cauchoises  ,  2  actes,  th.  Mon- 
tansier,  1790;  3°  les  Hussards  en  cantonne- 
ment, 3  actes,  Opéra-Comique,  28  juin  1817. 
Champein  a  écrit  aussi  la  musique,  assez  impor- 
tante, de  deux  [liècos  représentées  à  la  Comédie- 


CHAMPEIN 


CHARBONNIER 


169 


Française  ;  4°  le  Chevalier  sans  peur  et  sans 
reproche  ou  les  Amours  de  Bayard,  comédie 
<;n  3  actes,  mêlée  d'intermèdes,  de  Monvel  (24 
août  1786);  5"  Lanval  et  Viviane  ou  les  Fées 
et  les  Chevaliers,  comédie  héroï-féerique  en  5 
actes  et  en  vers  de  dix  syllabes,  avec  chants  et 
danses,  de  Murville  (13  septemln-e  1788).  Enfin, 
on  a  imprimé,  mais  non  représenté,  la  pièce 
suivante  :  les  Deux  Seigneurs  ou  V Alchimiste , 
pièce  en  2  actes,  en  vers,  par  MM.  A.  et  H. 
(Anson  et  Hérissant),  «  avec  deux  airs  nouveaux 
de  M.  Champein.  » 

*  CHAi\lPEII\  (Marie-Frakçois-Stanislas), 
fils  du  précédent, naquit  à  Paris  le  20  juillet  1799. 
Après  avoir  quitté  l'Italie  pour  revenir  en  France, 
il  publia  en  1869,  à  Paris,  un  journal  qui  avait 
pour  titre  la  Fraternité ,  et  mourut  en  celte 
ville  le  8  mars  1871. 

On  a  représenté  au  Gymnase,  le  10  avril  1821, 
un  opéra  comique  en  un  acte  intitulé  :  Une 
Française,  musique  de  Champein  «  fils.  »  J'ignore 
s'il  s'agissait  ici  de  cet  artiste  ou  d'un  autre  fils 
de  Stanislas  Champein. 

CIIAMPFLEURY  (Jules  FLEUR  Y,  dit), 
critique  et  romancier,  naquit  à  Laon  le  10  sep- 
tembre 1821.  Dans  ses  nombreux  écrits,  de  gen- 
res très-divers ,  M.  Champtleury  s'est  beaucoup 
occupé  de  musique,  imitant  en  cela  Charles  Bar- 
bara, son  ami  de  jeunesse,  avec  qui  il  fit  souvent 
des  séances  de  quatuors  dans  lesquelles  il  tenait 
la  parlie  de  violoncelle.  Malheureusement,  si 
M.  Champtleury  avait  quelque  pratique  musicale, 
ses  coimaissances  théoriques  étaient  absolument 
nulles  ;  cela  ne  l'a  pas  empêché  de  vouloir,  à  l'oc- 
casion, trancher  du  magister  et  le  prendre  de 
haut  avec  les  critiques  de  profession,  selon  ce 
principe  cher  à  tous  les  dilettantes  forcenés  que 
les  musiciens  seuls  sont  impropres  à  la  critique, 
et  que  celle-ci  ne  peut  être  bien  faite  que  par  des 
ignorants.  C'est  ce  principe  qui  a  poussé 
M.  Champfleury  à  prendre  la  défense  de  M.  Ri- 
chard Wagner  en  essayant,  bien  en  vain,  de  je- 
ter le  ridicule  sur  certains  critiques  accrédi- 
tés, et  il  a  donné  la  mesure  de  sa  compé- 
tence en  pareille  matière  en  niant  la  valeur 
musicale  de  Berlioz,  dont  la  gloire  n'a  été  que 
médiocrement  atteinte  par  ses  sarcasmes.  Les 
prétentions  musicales  de  M.  Champfleury  se  font 
jour  surtout  dans  sa  traduction  des  Contes  pos- 
thumes d'Hoffmann  (Paris,  Lévy,  1856,  in- 12), 
et  dans  une  brochure  intitulée  Richard  Wa- 
gner, dédiée  à  Charles  Barbara,  qu'il  a  repro- 
duite dans  ses  Grandes  Figures  d'hier  et  d'au- 
jourd'hui (Paris,  Poulet-Malassis,  1861,  petit 
in-8°). 

CHAÎMPS  (Ettore  DE),  pianiste  et  compo- 


siteur dramatique,  né  à  Florence  le  8  août  1835, 
étudia  la  flûte  avec  un  de  ses  oncles,  le  piano 
avec  Gioaccliino  Gordoni,  l'harmonie  et  le  con- 
trepoint avec  Ciilson,  et  la  composition  avec  Ma- 
bellini.  Il  se  livra  de  bonne  heure  à  l'enseigne- 
ment, publia  de  nombreuses  et  élégantes  compo- 
sitions pour  le  piano,  et  finalement  aborda  le 
théâtre  avec  succès  en  donnant  à  la  Pergola, 
de  Florence,  deux  opéras-bouffes  qui  furent  bien 
accueillis  :  i  Tutori  e  le  Pupille  (1869),  et  il 
Califfo  (1870).  Il  produisit  ensuite  plusieurs 
farse  qui  ne  furent  pas  moins  bien  reçues  :  Gosto 
e  Mea  (1872),  la  Serchia  rapita  (en  société 
avec  MM.  Gilardini,  Felici  et  Tacchinardi,  1872), 
et  l'idolo  Cinese  {en  société  avec  MM.  Tacchi- 
nardi, Gialdini,  Felici,  Usiglio  et  Baccbini,  1874). 
On  lui  doit  aussi  la  musique  de  deux  ballets,  re- 
présentés au  théâtre  P.igliano',  il  Genio  délie 
Colline  (ISài),  et  il  N au fragio  délia  Fregata 
La  Peyrouse  (1859).  Enfin,  M.  de  Champs  a 
écrit  encore  deux  messes  a  cappella,  deux  autres 
messes  avec  orchestre,  et  un  grand  nombre  de 
morceaux  détachés  de  tout  genre. 

*  CHAPPELL  (William).  —  Cet  érudit  dis- 
tingué  a  commencé  récemment  la  publica- 
tion d'un  ouvrage  extrêmement  important  :  The 
Historij  of  music  (art  and  science),  l'Histoire 
de  la  Musique,  dont  le  premier  volume  a  paru 
récemment  à  Londres  (Chappell  and  C",  in-8, 
s,  d.  [1875]).  L'Histoire  de  la  Musique  de 
M. "^  Chappell  doit  former  quatre  volumes;  on 
comprend  donc  qu'il  ne  saurait  être  question  ici 
(l'une  analyse  complète  du  seul  qui  ait  été  publié 
jusqu'à  ce  jour,  l'ensemble  d'un  tel  travail  étant 
indispensable  à  qui  voudrait  porter  sur  lui  un 
jugement  motivé.  Je  me  bornerai  à  dire  que  ce 
premier  volume  est  i)resque  entièrement  con- 
sacré à  l'étude  de  la  musique  grecque,  sans 
que  l'auteur  paraisse  avoir  ajouté  un  contingent 
bien  nouveau  et  bien  appréciable  aux  connais- 
sances réunies  sur  ce  sujet  par  les  écrivains  qui 
l'ont  précédé. 

*  CHAPELLE  (Jacques-Alexandre  DE  LA) 
Ce  compositeur  a  écrit  la  musique  d'un  opéra 
en  trois  actes  et  un  prologue,  Isac,  qui  fut  re- 
présenté le  27  mars  1734  par  les  écoliers  du  col- 
lège Louis-le-Grand,  et  qui,  en  cette  circons- 
tance, servait  d'intermède  à  une  tragédie  latine 
intitulée  Tigrane. 

<  HARBOWIER  (L'ahbé  Étienne-Paul), 
né  à  Marseille  le  29  frimaire  au  11.(19  décembre 
1793),  fut  reçu  enfant  de  chœur  de  la  métro|)ole 
d'Aix  en  Provence  en  1810 ,  et  fit  à  cette  maî- 
trise ses  premières  études  musicales.  Il  fut  or- 
donné prêtre  en  1821,  et  nommé  l'année  suivante 
organiste  de  la  catliédrale  d'Aix.  Il  conserva  ce 


no 


CHARBONNIER  —  CHARLES  H 


poste  jusqu'en  juin  1867,  époque  à  laquelle  il  se 
retira  pour  être  nommé  quelque  temps  apiès 
chanoine  honoraire.  Il  mourut  à  Aiv  le  7  octobre 
1872.  L'abbé  Charbonnier  s'était  voué  de  très- 
bonne  heure  à  la  musique  sacrée  et  à  l'étude  de 
l'orgue.  Comme  organiste,  il  acquit  une  noto- 
riété locale,  qui  paraît  avoir  été  exagérée.  Comme 
compositeur,  il  a  beaucoup  écrit;  c'est  surtout 
dans  l'étude  de  la  vieille  musique  provençale, 
qu'il  s'était  (ait  une  véritable  spéciahté.  Il  a 
publié  chez  Remondet-Aubin,  à  Aix,  un  volume 
intitulé  Npëls,  Magnificats,  Marche  des  Rois , 
arrangés  pour  Torgue  et  l' harmonium  (in-4"). 
11  avait  fait  paraître  également  en  1835  un  livre 
intitulé  :  Des  Principes  de  Musique,  qui  fut 
assez  estimé.  On  lui  doit  la  musique  d'une 
pastorale  provetiçale,  40  motets  en  latin,  50  can- 
tiques et  morceaux  français  d'une  mélodie  peu 
distinguée  mais  assez  gracieuse,  un  recueil  pour 
orgue,  puis  deux  Passions,  l'une  pour  le  diman- 
che des  Rameaux,  l'autre,  assez  curieuse,  pour 
le  Vendredi  saint,  avec  de  petits  chœurs  figurant 
les  cris  de  la  foule,  et  accompagnement  de  vio- 
loncelles, contre-basses  et  orgue.  Enfin  il  a  écrit 
un  Petit  traité  d' harmonie  mise  en  pratique 
pour  le  piano,  qui  a  été  édité  à  Paris. 

Al.  R— d. 
*  (JïARDIXY  (LoDis-ARMAND).En  annon- 
çant la  mort  de  cet  artiste,  le  Journal  des 
Spectacles  du  3  octobre  1793  s'exprimait  ainsi  : 
«  Louis-Claude-Armand  Chardiny,  artiste  de  l'O- 
péra, capitaine  de  la  garde  nationale  de  la  sec- 
tion du  Théâtre-Français,  dite  de  Marat,  natif 
de  Fécamp,  en  Normandie ,  âgé  de  35  ans,  est 
mort  le  premier  de  ce  mois,  et  a  été  inhumé  le 
lendemain  dans  l'église  de  Saint-André-des-Arcs, 
sa  paroisse.  Nous  nous  empresserons  de  trans- 
mettre à  nos  lecteurs  les  anecdotes  et  Ips  notices 
biographiques  qui  pourront  nous  parvenir  sur 
cet  artiste.  »  Cette  note  est  très-précise,  on  le 
voit,  dans  sa  rédaction,  et  les  renseignements 
qu'elle  donne  diffère  quelque  peu  de  ceux,  con- 
tenus dans  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens; je  n'ai  pu  me  renseigner  d'une  façon 
absolue  sur  son  exactitude.  Cinq  jours  après,  le 
8  octobre,  le  Journal  des  Spectacles  insérait  les 
vers  suivants ,  qui  lui  étaient  envoyés  par  «  le 
citoyen  Piis,  »  le  vaudevilliste,  au  sujet  de  Char- 
diny : 

L'Opéra  perd  un  bon  artiste, 

I.a  Musique,  un  bon  hariuonistc, 

I,e  Vaudeville  un  bon  soutien. 

Le  dieu  Cornus  un  bon  convive  ; 
Mais  ce  qui  cause  à  tons  une  douleur  plus  vive, 
La  République,  en  lui,  perd  un  bon  citoyen. 

Un  fait  peu  connu,  et  constaté  par  le  MercureX 


de  France  du  29  septembre   1787,   c'est  que 
c'est  Chardiny  qui  écrivit  les  récitatifs  du  Roi 
Théodore  à  Venise,  de  Paisiello,  lorsque  cet  ou- 
vrage, traduit  par  Moline,  fut   repréenté  à  l'O- 
péra le  11  septembre  de  celle  année.   11   faut 
ajouter  aussi  à  la  liste  de  ses  productions  dra- 
matiques V Amant  sculpteur,  opéra  comiiiue  en 
un  acte  qui  fut  représenté  au  Théâtre-Comique  et 
Lyrique  en  1790.  Lorsqu'en  1792,  Piis  et  Barré 
fondèrent  le  théâtre  du  Vaudeville,  ils  engagè- 
rent Chardiny  comme  «  instituteur  »  de  leurs 
jeunes  artistes,  et  comme  compositeur  et  arran- 
geur de  la  musique  de  leurs  pièces.  «  Peu   de 
personnes,  disait  à  ce  sujet  le  rédacteur  de  \^Al- 
manach  des  Spectacles,  étoient  plus  en  état 
que  cet  artiste  de  travailler  pour  ce  spectacle  : 
le  vaudeville  étoit  son  genre  favori,  et  il  étoit 
fait  pour  enrichir  son  théâtre  d'une  foule  d'airs, 
([ue  les  auteurs  ont  mis  partout,  et  qui  sont  dans 
la  bouche  de  tout  le  monde.  »  Cet  emploi  n'em- 
jiècha  point  Chardiny  de  continuer  à  faire  partie 
<lu  personnel  de  l'Opéra,  mais  il  lui  donna  la  fa- 
cilité de   placer  un  sien  parent,  peut-être  son 
frère  (J.  Chardiny),  à  l'orchestre  du  Vaudeville, 
où  celui-ci  jouait  la  partie   de  violoncelle.   — 
Dans  son  Dictionnaire  néologiqve,  dont  la  pu- 
blication a   été  interrompue  ajirès  le  troisième 
volume,  le  Cousin-Jacques  a  consacré  une  notice 
à  Chardiny 

CHARLEMAGNE.  —  Voyez  HEN- 
RIO\  (Paul). 

CHARLES  I",  roi  d'Angleterre,  deuxième 
souverain  de  la  famille  des  Stuai-ts ,  était  un 
grand  amateur  de  musique  et  lit  tous  ses  efforts 
pour  l'encourager  dans  ses  États.  Il  jouait,  dit-on, 
fort  habilement  de  la  basse  de  viole,  et  tenait 
très-bien  sa  partie  dans  les  Fantaisies  de  Co- 
perario,  compositeur  distingué  qui  lui  a  «lédié 
une  suite  de  pièces  de  ce  genre.  Charles  V"^ 
était  l'ami  d'un  autre  musicien  remarquable, 
William  Lawes,  artiste  de  sa  chapelle,  qui  lui 
rendait  son  affection  et  qui,  pour  le  lui  prouver, 
prit  les  armes  en  sa  faveur  et  se  lit  tuer  brave- 
ment au  siège  de  Cliester.  Pour  honorer  sa  mé- 
moire, le  roi  porta  publiquement  le  deuil  du  mu- 
sicien. Ce  prince ,  qui  était  né  à  Dumferling 
(Ecosse),  en  1600,  mis  en  jugement  à  la  suite  de 
sa  guerre  contre  le  parlement,  périt  sur  l'ecba- 
faud  le  30  janvier  1649. 

CHARLES  H,  fils  du  précédent,  grand  ama- 
teur de  musique  comme  lui,  fut,  dil-on,  Tintro- 
ducteur  du  violon  en  Angleterre.  Ce  prince,  qui, 
après  le  supplice  de  son  père  et  la  ^défaite  que 
lui  avait  fait  subir  Cromwell  à  Worcester,  avait 
dii  se  réfugier  et  résider  en  France,  y  avait  pris 
les  habitudes  musicales  de  notre  pays.  Il  aimait 


CHAULES  II  —  CHARNACÉ 


171 


surtout  nos  petits  violons  à  la  française,  qui 
commençaient  à  remplacer  chez  nous  les  dessus 
de  viole,  et  lorsqu'il  rentra  dans  ses  États,  il  créa 
une  bande  de  vingt-quatre  violons,  à  l'imitation 
de  celle  qu'il  avait  vu  manoeuvrer  à  Versailles 
et  à  Paris  sous  la  direction  de  Lully.  En  tout  ce 
qui  concernait  la  musique,  Charles  II  introduisit 
à  Londres  les  pratiques  françaises,  en  dépit  des 
efforts  prolongés  de  son  secrétaire  Williams, 
qui  tenait  pour  la  musique  nationale.  Le  roi  finit 
par  avoir  raisonde  son  secrétaire,  comme  on  le 
pense,  mais  pourtant  ce  ne  fut  pas  sans  peine,  et 
bien  longtemps  après,  Roger  North,  qui  fut  attor- 
ney  général  sous  Jacques  II,  parlait  de  cette  lutte 
dans  ses  Mémoires  avec  une  sorte  d'amertume. 
Lorsque  l'infortuné  Cambert,  malgré  les  succès 
obtenus  par  ses  opéras  ,  les  premiers  qu'on  eût 
entendus  en  France ,  eût  été  réduit  au  silence 
par  les  intrigues  de  Lully  et  crut  devoir  s'expa- 
trier, c'est  à  Londres  et  auprès  de  Charles  II 
qu'il  alla  chercher  un  refuge.  Les  uns  disent  que 
ce  prince  le  mit  à  la  tête  de  sa  bande  de  violons, 
ce  qui  ne  paraît  pas  probable,  Cambert  n'étant 
pas  violoniste,  que  l'on  sache;  les  autres,  et 
ceux-ci  semblent  avoir  raison ,  affirment  que 
Cambert  devint  surintendant  de  la  musique 
royale,  et  conserva  cet  emploi  jusqu'à  sa  mort. 
Ce'  qui  paraît  certain,  quoiqu'à  cet  égard  On 
n'ait  aucune  preuve  absolue,  c'est  que  Charles  II, 
qui  avait  cordialement  accueilli  le  grand  mu- 
sicien français  ,  fit  représenter  à  sa  cour  les 
opéras  de  Cambert,  entre  autres  Ariane,  qui 
n'avait  pu  voir  le  jour  à  Paris. 

Charles  II,  qui  était  né  le  20  mai  1630,  mourut 
en  1685. 

CHARLEVOIX  (Pierre-François-X  vvier 
DE),  savant  jésuite  français,  naquit  à  Saint- 
Quentin  en  1684.  On  trouve  d'intéressantes  no- 
tices sur  les  instruments  de  musique  japonais 
dans  le  tome  1  de  son  ouvrage  :  Histoire  et 
Description  générale  du  Japon  (Paris,  1726). 

CHARLY  ou  DE  CHARLY,  claveciniste 
et  compositeur,  était  professeur  de  clavecin  à 
Valenciennes  en  1777  ,  année  où  il  publia  un 
Premier  recueil  de  romances,  avec  accompa- 
gnement de  harpe  ou  de  clavecin.  J'ignore  si  cet 
artiste  a  mis  au  jour  d'autres  compositions. 

CHARLOT  (Joseph-Auguste),  musicien 
très-instruit,  très-distingué,  né  à  jN'ancy  le  21 
janvier  1827,  donna  l'une  des  preuves  les  plus 
éclatantes  de  la  situation  lamentable  dans  la- 
quelle les  administrations  lyriques  mettent  en 
France  les  jeunes  artistes,  môme  ceux  qui  don- 
nent le  plus  d'espoir  et  qui  semblent  appelés  à 
parcourir  la  carrière  la  plus  brillante.  Il  est  dif- 
ficile, en  effet,  d'obtenir  de  plus  nombreux  et  de 


plus  brillants  succès  d'école  que  n'en  avait  rem- 
portés Chariot.  Entré  au  Conservatoire  de  fort 
bonne  heure,  d'abord  dans  la  classe  de  Zimmer- 
mann,  puis  dans  celle  de  Carafa,  il  se  voyait  dé- 
cerner en  1838,  à  peine  âgé  de  onze  ans,  un  pre- 
mier prix  de  solfège  et  un  accessit  de  piano  ; 
l'année  suivante,  on  lui  donnait  le  second  prix 
de  piano;  en  1841,  il  enlevait  le  premier  prix 
pour  cet  instrument,  en  même  temps  qu'un  se- 
cond prix  d'harmonie  et  accompagnement,  et  en 
1842  il  remportait  le  premier  prix  d'harmonie. 
En  1846,  concourant  à  l'Institut,  il  obtenait  une 
mention  honorable,  se  faisait  décerner  le  second 
prix  au  concours  suivant,  et  enfin  couronnait  sa 
carrière  d'élève,  en  1850,  par  le  premier  grand 
prix  de  Rome. 

Après  de  tels  succès,  on  eût  pu  croire  que 
Chailot  parviendrait  rapidement  au  théâtre,  ou 
du  moins  qu'on  mettrait  à  l'essai  ses  jeunes  ta- 
lents, en  lui  permettant  de  les  produire  en  public. 
Il  n'en  fut  rien  ;  le  jeune  artiste  eut  beau,  comme 
tant  d'autres,  courir  après  un  poème  pendant 
nombre  d'années,  il  ne  put  jamais  l'obtenir,  et 
dut  enfin  renoncer  à  l'espoir  qu'il  avait  si  long- 
temps caressé.  Devenu  accompagnateur,  puis 
chef  du  chant  à  l'Opéra-Comique,  ce  qui  aurait 
dû  lui  faciliter  la  route,  il  fut  obligé  de  s'en 
tenir  à  cette  situation  indigne  de  lui,  mais  qui 
du  moins  lui  assurait  l'existence. 

Chariot  a  publié  quelques  compositions  de  peu 
d'importance,  quelques  mélodies  vocales,  des 
chœurs  orphéoniques,  et  il  en  a  laissé  un  assez 
grand  nombre  en  manuscrit.  Son  nom  figure  mo- 
destement sur  quelques  partitions  dont  il  avait 
exécuté  la  réduction  au  piano.  Cet  artiste  fort 
estimable  est  mort  à  Sèvres,  au  mois  d'août  1871. 
L'éditeur  M.  Hartmann  a  publié,  depuis  sa  mort, 
un  recueil  de  Dix  mélodies  dues  à  la  plume  de 
ce  musicien  distingué;  on  peut  signaler  particu- 
lièrement dans  ce  recueil,  de  tout  point  intéres- 
sant, la  pièce  intitulée  le  Géant,  écrite  sur  des 
vers  de  Victor  Hugo,  et  qui  est  d'une  inspira- 
tion large,  mâle  et  puissante. 

CHARA'ACÉ  (Le  comte  Guy  DE),  écrivain 
musical,  né  vers  1825,  a  tourné  son  esprit  vers 
les  choses  de  la  musique,  après  s'être  longtemps 
occupé  d'agriculture  et  d'agronomie.  Il  a  colla- 
boré, pour  ces  questions  d'art,  à  divers  jour- 
naux ,  entre  autres  au  Paris-Journal  et  au 
Bien  public,  dont  il  a  rédigé,  pendant  les  an- 
nées 1871,  1872  et  1873,  le  feuilleton  musical. 
Malheureusement,  les  études  artistiques  de 
M.  Guy  de  Charnacé,  beaucoup  trop  superfi- 
cielles, ne  lui  permettaient  point  de  juger  en  cri- 
tique, mais  en  simple  dilettante,  et  ce  manque 
de  connaissances  enlevait  beaucoup  de  valeur  à 


172 


CHARx\ACÉ  —  CHARTON-DEiMEUR 


ses  apprécialions.  M.  de  Charnacé  a  publié  les 
•^crits  suivants  :  1°  les  Étoiles  (hi  chant  (Ade- 
lina  Patti,  Chrisline  Niisson,  Gabrielle  Krauss), 
Paris,  Pion,  1868-69,  in-8°  avec  portraits  ;  trois 
livraisons  seulement  ont  paru  de  cette  publica- 
tion, qui  ne  s'est  pas  continuée;  2°  les  Compo- 
siteurs  français  et  les  théâtres  lyriques  sub- 
ventionnés,Psirh,Deriiu,  1870, in-S";  3"  Lettres 
de  Gluck  et  de  Weber,  publiées  par  M.  L. 
NohI,  traduites  par  Guy  de  Charnacé,  Paris,  Pion, 
1870,  in-12avec  portraits  et  autographes;  4°  Mu- 
sique et  Musiciens,  Paris,  Pottier  de  Lalaine, 
1873,  2  vol.  in-12.  Ce  dernier  ouvrage  est  un 
recueil  fait  avec  trop  de  complaisance,  et  sans 
les  corrections  et  suppressions  indispensables, 
d'articles  précédemment  publiés  par  l'auteur. 

CHARREIRE  (Paul),  imisieienaveugle,  or- 
ganiste à  Limoges,  est  auteur  d'un  opuscule  pu- 
blié sous  ce  titre  :  Aperçu  philosophique  sur 
la  musique  (Lmos^as,  impr.  Chapouland.  1860, 
in-8").  Cet  artiste  est  mort  il  y  a  quelques  années. 

CHARRIAT  (PiERKE-JosEpn),  chansonnier, 
auteur  dramatique  et  romancier,  tout  en  étant 
employé  au'ministère  de  la  guerre,  naquit  à  Lyon 
le  2  février  1784.  Il  fut,  avec  Warez,  l'un  des 
auteurs  du  Mémorial  dramatique  ou  Alma- 
nach  théâtral,  dont  il  parut  treize  années,  de 
1807  à  1819  (Paris,  Hocquet,  in-24).  Quoique 
assez  mal  fait,  ce  redieil  n'en  est  pas  moins 
utile  pour  les  renseignements  qu'il  donne  sur 
les  théâtres  de  Paris.  Charrin  est  mort  à  Paris 
au  mois  de  mai  1863. 

CIIAIITIER  (Cn\RLEs-JEAN),  amateur  de 
musique.  Le  nom  de  cet  homme  honorable  doit 
trouver  sa  place  dans  ce  dictior.naire,  en  raison 
de  la  libérable  intelligente  dont  il  a  fait  preuve 
envers  l'art  qu'il  aimait.  M.  Chartier,  qui  habi- 
tait la  commune  de  Breteil,  dans  le  département 
il'Ille-et- Vilaine,  était  possesseur  d'une  impor- 
tante collection  de  lettres  autographes  du  Pous- 
sin, dont  il  avait  offert  l'acquisition  à  la  Biblio- 
thèque impériale.  Lorsque  cette  offre  lui  fut  faite, 
cet  établissement  n'avait  point  de  fonds  disponi- 
bles pour  un  achat  de  ce  genre,  et  répondit  à 
M.  Chartier  qu'il  ne  pouvait  l'effectuer  immé- 
diatement. jM.  Chartier  attendit  patiemment,  et, 
au  bout  de  quelques  années,  par  suite  d'une 
combinaison  de  paiement  dans  laquelle  le  dé- 
partement des  manuscrits  et  celui  des  estampes 
entraient  chacun  pour  moitié,  l'acquisition  put 
être  effectuée.  Le  prix,  d'ailleurs  modique,  était 
de  quatre  mille  francs  environ,  et  pour  cette 
somme  modeste  la  Bibliothèque  se  trouvait  mise 
en  possession  d'une  collection  de  documents 
inappréciables  pour  l'histoire  de  l'art  et  d'un  des 
plus  grands  artistes  qui  aient  illustré  la  France. 


Mais  si  M.  Chartier  avait  volontiers  consenti, 
pour  ne  pas  laisser  passer  en  des  mains  merce- 
naires ou  hors  de  son  pays  des  documents  qui 
intéressaient  celui-ci  à  un  si  haut  degré,  à  at- 
tendre que  l'administration  de  notre  plus  grand 
dépôt  littéraire  fût  en  état  d'en  devenir  acqué- 
reur, il  ne  voulait  point  profiter  personnellement 
du  produit  de  cette  vente.  Grand  amateur  de 
cette  forme  merveilleuse  de  musique  instrumen- 
tale à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  musique  de 
chambre,  il  songea  à  encourager  les  artistes  qui 
se  livrent  à  la  composition  de  ce  genre  de  mu- 
sique, et  voulut  utiliser  à  leur  profit  la  somme 
qu'il  avait  retirée  de  la  vente  des  lettres  du 
Poussin.  C'est  dans  ce  but  qu'il  rédigea  ainsi  un 
article  de  son  testament  :  «  Je  donne  et  lègue, 
à  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  l'Institut  de 
France,  une  rente  annuelle  de  sept  cents  francs, 
pendant  cent  ans,  en  faveur  des  meilleures  (ou- 
vres de  musique  de  chambre,  trios,  quatuors,  etc., 
qui  approcheront  le  plus  des  cliefs-d'a-uvre  en 
ce  genre.  »  C'est  en  1861  que  l'Académie  des 
Beaux-Arts  fut  mise  en  possession  de  ce  legs, 
et  comme  deux  annuités  s'en  trouvaient  alors  à 
sa  disposition,  elle  décerna  deux  prix  cette  pre- 
mière année,  l'un  à  M.  Charles  Dancla,  l'autre 
à  M™*^  Farrenc,  tous  deux  professeurs  au  Con- 
servatoire de  musique  de  Paris.  Depuis  lors,  le 
prix  Chartier  a  été  décerné  à  plusieurs  artistes 
distingués. 

CHARTOX-DEAIEUU  (M'"''),  née  Anne- 
Arsène  Charton,  cantatrice  extrêmement  dis- 
tinguée, est  née  à  Sanjon  (Charente),  le  5  mars 
1827.  Douée  d'excellentes  dispositions  musicales, 
elle  fut  confiée  de  bonne  heure  par  ses  parents, 
alors  établis  à  Bordeaux,  aux  soins  d'un  pro- 
fesseur nommé  Bizot,  et  à  peine  âgée  de  seize 
ans  elle  débutait  sur  le  grand  théâtre  de  cette 
ville  dans  Lucie  de  Lamermoor,  de  Donizetti 
(mai  1843).  Douée  d'une  belle  voix  de  soprano, 
forte,  souple  et  étendue,  d'une  intelligence  scé- 
nique  incontestable,  la  jeune  artiste  se  vit  ac- 
cueillir avec  faveur  par  le  public,  et  se  montra 
successivement  dans  plusieurs  rôles  importants, 
Isabelle  de  Robert  le  Diable,  Eiidoxie  de  la 
Juive,  et  Pauline  des  Martyrs,  qui  ne  firent 
qu'affermir  son  succès.  L'année  suivante , 
Mlle  Charton  fut  engagée  à  Toulouse  pour  y 
tenir  l'emploi  de  première  chanteuse  d'opéra- 
coniique,  et  en  1846  elle  faisait  les  beaux  jours 
du  théâtre  de  la  Monnaie  de  Bruxelles.  C'est  en 
cette  ville  qu'elle  épousa,  le  4  septembre  de 
l'année  suivante,  M.  Demeur,  flûtiste  belge  dis- 
tingué ,  et  depuis  cette  époque  elle  est  connue 
au  théâtre  sous  le  nom  de  M""  Charfon-Demeur. 

En  1849,  la  jeune  cantatrice  fit  une  première 


CHARTON-DEMEUR  —  CHASTILLON  DE  LA  TOUR 


173 


et  courte  apparition  à  i'Opéra-Comiqiie,  où  les 
hasards  du  répertoire  ne  la  favorisèrent  pas 
comme  elle  le  méritait.  Elle  prit  alors  le  parti 
d'adopter  la  carrière  italienne,  et  se  produisit 
avec  les  succès  les  plus  éclatants  sur  les  plus 
importantes  scènes  de  l'étranger,  à  Saint-Péters- 
bourg, à  Madrid,  à  New-York,  à  Bade,  à  la  Ha- 
vane. En  1853,  elle  rentrait  pour  un  instant  à 
rOpéra-Comique,  s'y  montrait  dans  le  Caïd,  le 
Domino  noir  et  quelques  autre>  ouvrages,  mais 
le  quittait  bientôt  une  seconde  fois  pour  retourner 
à  l'étranger.  En  1862,  M'"*  Charton-Demeur  dé- 
butait sur  le  Tliéàtre-Italien  de  Paris  par  le  rôle 
de  Desdemona  à'Otello,  et  méritait  les  éloges  les 
plus  llatteurs  du  public  et  de  la  critique.  Dans 
le  courant  de  la  même  année,  elle  créait,  sur  le 
théâtre  que  dirigeait  alors  à  Bade  M.  Bénazet,  le 
rôle  de  Béatrice  dans  l'opéra  de  Berlioz  :  Béa- 
trice et  Bénédict,  et  Berlioz  était  si  charmé  du 
talent  qu'elle  y  avait  déployé  que  bientôt  il  l'ap- 
pelait à  son  aide  pour  venir  établir  celui  de  Didon 
dans  l'œuvre  magnifique  et  malheureuse  qu'il 
donnait  au  Théâtre-Lyrique  :  les  Troyens.  La 
beauté  sculpturale  et  noble  de  la  grande  artiste, 
son  énergie  dramatique  et  passionnée,  son  grand 
sentiment  poétique,  l'éclat  et  la  puissance  d'une 
voix,  dont  elle  était  absolument  maîtresse  et 
qu'elle  savait  diriger  avec  le  goût  le  plus  sur, 
convenaient  merveilleusement  au  personnage 
qu'elle  était  chargée  de  représenter,  et  si,  pour 
des  raisons  particulières,  les  Troyens  ne  réus- 
sirent pas  à  la  scène,  la  cantatrice  ne  s'y  montra 
pas  moins  admirable  et  pleine  d'un  enthousiasme 
qu'elle  puisait  dans  son  admiration  pour  l'œuvre 
et  pour  l'auteur.  Peu  de  temps  après,  M'"*  Char- 
ton  reparaissait  sur  notre  Théâtre-Italien,  mais 
bientôt  elle  s'éloignait  de  nouveau  de  Paris  pour 
aller  retrouver  ses  succès  sur  les  scènes  étrangè- 
res. Depuis  lors  ,  elle  n'a  plus  reparu  en  France. 

CHASSAIGNE  (Francis),  compositeur,  a 
fait  représenter  à  Paris,  dans  des  cafés-concerts, 
les  opérettes  ou  saynètes  suivantes,  toutes  en 
un  acte  :  1°  les  Horreurs  du  carnaval.  Eldo- 
rado, 1873  ;  2°  le  Professeur  de  tyi'olienne, 
1874;  3°  la  Bergère  de  Bougival  en  Suisse; 
4°  une  Double  clef;  5°  un  Coq  en  jupons, 
Alcazar,  187C;  6°  Deux  mauvaises  bonnes, 
Eldorado,  1876.  M.  Chassaigne  a  publié  aussi 
quelques  romances,  chansons  et  chansonnettes 
comiques,  ainsi  que  des  morceaux  de  danse  pour 
le  piano. 

CHASSANT  ( ),  archiviste,  membre  de 

la  Commission  des  Archives  historiques,  est, 
avec  M.  Bunnin,  l'éditeur  de  l'intéressante  pu- 
blication faite  sous  ce  titre  :  P-uy  de  musique 
érigé  à    Évreux  en  l'honneur  de  madame 


sainte  Cécile,  publié  d'après  un  manuscrit  du 
XVP  siècle  (Évreux,  impr.  Ancelle,  1837,  in-S" 
de  88  pages). 

CHASTAIIV  ( ),  est  auteur  d'un  ou- 
vrage historique  et  pratique  sur  le  plain-chant, 
publié  sous  ce  titre  :  Essai  sur  la  tradition  du 
chant  ecclésiastique  depuis  saint  Grégoire, 
suivi  d'un  tonal  inédit  de  Berton  de  Beiche- 
neau,  Toulouse,  18G7,  un  vol.  in-12,  avec 
planches. 

CHASTAN  (JcLEs),  né  à  Marseille  le  30 
avril  1837,  fit  ses  premières  études  musicales 
au  Conservatoire  de  celte  ville  et  les  poursuivit 
en  Italie,  où  il  se  rendit  en  1854.  Il  séjourna  suc- 
cessivement à  Florence,  où  il  écrivit  divers  mor- 
ceaux de  danse  et  de  chant,  et  à  Naples,  où  il  fit 
exécuter  une  messe  de  sa  composition.  Cette 
audition  lui  valut  la  décoration  du  roi  de  Naples. 
Il  reçut  également  vers  la  même  époque  la  croix 
de  Saint-Grégoire  le  Grand  et  l'ordre  du  Nicham. 
De  retour  à  Marseille,  il  s'y  est  fait  connaître 
par  diverses  publications  pour  le  piano  et  la  voix. 
En  1874,  il  a  donné  au  Gymnase  de  cette  ville 
un  opéra-comique  en  un  acte.  Don  José  de  Gua- 
diana,  qui  a  été  monté  ensuite  à  Toulon  et  Avi- 
gnon. Il  a  fait  aussi  entendre  des  morceaux 
d'orchestre,  introduction,  marche  et  ballet  bâti 
sur  de  vieux  airs  provençaux,  destinés  à  accom- 
pagner le  drame  le  Roi  René,  qui  a  été  joué  à 
Marseille,  au  théâtre  Valette. 

On  a  publié  de  cet  artiste  :  Recueil  de  dix 
mélodies  (Guidi,  à  Florence)  ;  Souvenir  de 
Roche-Heureuse,  violoncelle  et  piano  (Ricordi, 
à  Milan);  L'Émir  de  Bengador,  romance 
(Heugel);  Chant  Circassien;  Chant  d'au- 
tomne; le  Gondolier;  la  Feuille  envolée;  la 
Mère  du  Cosaque  ;  les  Pâquerettes  ;  V Hymne 
de  V enfant  à  son  réveil,  romances  (Carbonel,  à 
Marseille);  premier  nocturne  (Carbonel); 
deuxième  nocturne  (Heugel),  et  divers  mor- 
ceaux de  danse  (Heugel  et  Carbonel). 

Al.  R— d. 

CHASTILLON  DE  LA  TOUR  (Guil- 
laume DE),  musicien  français,  vivait  à  Caen  à 
la  fin  du  seizième  .siècle.  Il  publia  en  1593  un 
recueil  important  d'airs  et  de  chansons  de  sa 
composition,  donné  par  lui  sous  ce  titre  :  Airs  de 
l'invention  de  G.  D.  C.  Sr  de  la  Tour,  de  Caen, 
sur  plusieurs  poèmes  saints  et  chrétiens  re- 
cueillis de  divers  auteurs  et  divisés  en  trois 
livres  :  I"  De  la  grandeur  de  Dieu  et  de  se 
réjouir  en  lui;  11^  De  V Amour  divin  et  du 
Mariage;  IIP  Du  Mépris  du  monde  et  de 
l'Espérance  en  Dieu,  Caen,  Jacques  Mangeant, 
in-8°  ohlong.  Ces  airs  étaient  à  quatre  parties  ; 
dessus,  haute-contre,  taille  et  basse. 


174 


CHAUMET  —  GHAUVET 


CHAUMET  (William),  compositeur  de 
musique,  est  né  à  Bordeaux  le  26  avril  1842. 
Son  père  !e  destinait  à  la  carrière  commerciale, 
mais  le  jeune  Cliaiunet  avait  pour  cet  état  fort 
peu  d'aptitudes;  et,  tout  jeune,  il  prélevait  sur 
ses  économies  mensuelles  la  somme  nécessaire 
pour  prendre  des  leçons  d'harmonie  et  de  con- 
trepoint. L'idée  du  théâtre  le  tourmenta  de  honne 
heure  ;  et  il  n'avait  pas  beaucoup  plus  de  23  ans 
quand  il  écrivit  la  musique  du  Coche,  un  petit 
acte  dont  le  poète  Hyppolyte  Minier  composa 
pour  lui  les  paroles.  Cette  pièce  n'a  jamais  vu 
le  jour.  Très  refroidi,  parce  qu'il  ne  put  parvenir 
à  la  faire  représenter  à  Bordeaux,  M.  Chaumet 
fit  alors  des  morceaux  de  piano  et  violon,  un 
quatuor  pour  instruments  à  cordes,  des  roman- 
ces, etc.  Puis,  l'envie  du  théâtre  le  reprit,  et  il 
écrivit  le  Péché  de  M.  Gérante,  opéra-comique 
en  un  acte,  représenté  à  Paris,  au  Théâtre-Ly- 
rique de  l'Athénée,  le  30  décembre  1872. 

Au  mois  de  janvier  suivant,  le  directeur  de 
l'Athénée  confia  à  M.  Chaumet  une  autre  pièce  à 
mettre  en  musique,  Méhul  chez  Gluck,  opéra- 
comique  tiré  de  la  nouvelle  d'Adolphe  Adam.  .\u 
jour  dit,  le  jeune  compositeur  se  présentait  avec 
sa  partition  dans  le  cabinet  du  directeur,  mais  le 
théâtre  était  en  déconfiture. 

Pendant  l'été  de  1873,  M.  Chaumet  a  donné 
à  Bordeaux,  au  théâtre  des  Folies-Bordelaises  et 
sous  un  nom  d'emprunt ,  un  intermède  en  un 
acte,  intiinlé  Idéa.  J'ai  assisté  à  plusieurs  re- 
présentations de  cet  ouvrage,  qui  n'émane  cer- 
tainement pas  du  premier  venu.  M.  Chaumet  est 
un  admirateur  sincère  de  MM.  Gounod  et  Bizet, 
et  sa  musique  se  ressent  de  la  double  influence 
des  auteurs  de  Faust  et  de  Carmen.  11  n'est 
jamais  trivial ,  et  manie  l'orchestre  avec  habi- 
leté (1).  A.   L.— x. 

CHAUSSIER  (l'abbé),  partisan  de  la  doc- 
trine de  Pierre  Galin,  qu'il  a  adaptée  à  Tétude 
du  plain-chanl,  est  l'auteur  d'un  manuel  ainsi  in- 
titulé :  le  Plain-chant  enseigné  d'après  la  mé- 
thode du  Méloplaste,  Paris,  Périsse,  in-12.  Il 
a  été  fait  trois  éditions  de  cet  ouvrage. 

CHAUVET  (Charles-Alexis),  compositeur 
et  organiste,  artiste  extrêmement  remarquable 
qu'une  mort  prématurée  a  enlevé  à  la  gloire  qui 
l'attendait,  naquit  à  Marnies  (Seine-et-Oise)  le 
7  juin  1837.  Admis  dans  une  classe  de  piano  du 

(1)  Le  jury  du  concours  Cressent  {Voyez  ce  nom), 
réuni  pour  !a  dernière  fois,  le  lundi  6  décembre  1873, 
sous  la  présidence  de  M.  Amlroise  Thomas,  membre  de 
l'Institut,  et  en  présence  de  M.  de  Beauplan,  chef  du 
bureau  des  théâtres  au  ministère  des  Beaux-Arts,  a  dé- 
cerné le  prix  à  la  partition  écrite  sur  le  poème  de  Ba- 
thijle,  portant  le  n"  27  et  les  initiales  H.  O.  L'auteur  de 
cette  parliiion  est   M.  William  Chaumet.  —  A.  P. 


Conservatoire  de  Paris  à  l'âge  de  dix-sept  ans, 
il  avait  déjà  le  sentiment  de  sa  vocation,  ainsi 
que  le  prouve  cette  mention,  placée  sur  le  re- 
gistre des  entrées  de  cet  établissement,  à  côté 
de  son  nom  :  «  Se  destine  à  l'orgue.  «  Devenu 
plus  tard  élève  de  M.  Ambroise  Thomas  pour  la 
fugue  et  la  composition,  et  de  M.  Benoisl  pour 
l'orgue,  il  remporta  le  second  prix  pour  cet  ins- 
trument en  1859,  elle  premier  en  1860.  Il  entra 
peu  après  comme  organiste  à  l'église  St-Thoinas 
d'Aquin,  puis  remplit  les  mêmes  fonctions  à  St- 
Bernard  et  à  St-j\lerry.  Très-remarque  dans  ces 
différentes  églises,  où  il  donna  rapidement  la 
mesure  de  sa  valeur  et  où  il  lit  montre  de  qua- 
lités absolument  hors  ligne,  il  fut  choisi,  lors  de 
la  construction  de  l'église  de  la  Trinité  (1869), 
pour  tenir  le  grand  orgue  de  cette  riche  paroisse. 

Chauvet,  cependant,  n'avait  pas  quitté  le  Con- 
servatoire après  avoir  terminé  son  cours  chez 
M.  Benoist  ;  il  avait  continué  de  fréquenter  la 
classe  de  M.  Ambroise  Thomas,  et,  là  encore,  il 
avait  déployé  des  facultés  tellement  extraordi- 
naires, que  ce  dernier  l'avait  choisi  comme  ré- 
pétiteur. Il  exerçait  ces  fonctions  sans  titre  offi- 
ciel, mais  ses  rares  aptitudes  de  contrepointiste 
et  l'excellence  de  ses  démonstrations  indicpiaicnt 
qu'il  y  avait  en  lui  l'étoffe  d'un  professeur  de 
premier  ordre.  Il  eût  conquis  certainement  avec 
rapidité  la  grande  situation  que  lui  assuraient 
d'avance  les  dons  heureux  dont  la  nature  l'avait 
comblé,  sans  une  grave  maladie  de  poitrine  qui 
tout  d'un  coup  vint  alarmer  sa  famille,  ses  élèves 
et  ses  amis.  Les  terribles  événements  qui  signa- 
lèrent l'année  1870  vinrent  aggraver  encore  cette 
maladie,  et  affecter  d'une  façon  inquiétante  l'âme 
toute  française  de  Chauvet  :  les  émotions  qu'il 
ressentit  alors,  des  souffrances  toujours  de  plus 
en  plus  vives,  le  voyage  que  lui  prescrivit  son 
médecin,  qui  ne  voulait  pas  lui  laisser  subir  l'é- 
preuve du  siège  de  Paris,  tout  cela  vint  activer 
le  mai  qui  devait  l'emporter.  Il  mourut  à  Ar- 
gentan (Orne),  précisément  à  la  date  funèbre  du 
28  janvier  1871. 

Chauvet  a  laissé  quelques  compositions  dont 
voici  la  liste,  par  ordre  de  publication  :  1°  Vingt 
Morceaux  pour  orgue,  en  4  suites,  Paris,  Graff  ; 
—  2°  Quatre  Morceaux  de  genre,  pour  piano, 
id.,  F.  Mackar  ;  —  3°  Quatre  Offertoires  de 
rAvent  à  Noël,  pour  orgue  sans  pédales  ou 
harmonium,  id.,  Piégel  ;  —  5°  Cinq  Feuillets 
d'album,  id.,  Mackar;  —  6"  Quinze  Études  pré- 
paratoires aux  œuvres  de  Bach,  id.,  id.;  — 
7"  Cinq  Offertoires  de  Noël  à  l'Epiphanie, 
pour  orgue  ou  harmonium,  id.,  Piégel  ;  —  8°  Six 
Pièces  pour  piano,  en  2  cahiers,  id.,  Hartmann; 
plus,  divers  morceaux  publiés  dans  la  Maîtrise 


CHAUVET  —  CHÉRT 


n; 


et  autres  recueils  de  ce  genre.  Quelque  temps 
avant  sa  fui  prématurée,  Cliauvet  fit  entendre  à 
plusieurs  amis  six  grandes  fugues  pour  piano  à 
pédales,  qui  pouvaient  se  comparer  à  ce  que  l'on 
connaît  de  mieux  en  ce  genre;  malheureusement, 
ces  compositions  superhes  ne  se  sont  pas  retrou- 
vées dans  ses  papiers,  et  sont  probablement  per- 
dues pour  toujours. 

Comme  organiste,  Chauvet  se  taisait  remar- 
quer par  une  facilité  d'improvisation  qui  tenait 
du  prodige  ;  il  appelait  à  son  aide  toutes  les 
ressources  de  l'art  du  contre-point,  qui  lui 
étaient  étonnamment  familières,  et  qu'il  savait 
accommoder  aux  exigences  de  l'harmonie  mo- 
derne avec  une  originalité  piquante ,  .tout  en 
restant  fidèle  au  caractère  sévère  de  l'instru- 
ment et  au  respect  dû  à  la  sainteté  du  temple. 
Comme  professeur,  un  vif  sentiment  de  la  forme, 
une  grande  souplesse  d'esprit,  une  parole  claire 
et  d'une  rare  facilité  en  faisaient  un  didacticien 
accompli.  Ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  d'être  ses 
élèves  ont  conservé  de  lui  un  souvenir  qui  ne 
s'effacera  pas. 

CHAVAGNAT    (Anne-Pierre-Édouard), 
compositeur,  est  né  à  Paris    le  17  octobre  1845. 
Aveugle  de  naissance,  il  a  accompli  la  plus  grande 
partie  de  ses  études  mu.sicales  à  l'Institution  na- 
tionale des  Jeunes- Aveugles,  dont  il  était  l'élève, 
puis  s'est  fait  admettre  au  Conservatoire  (1866), 
dans  la  classe  de  composition  de  M.  Victor  Massé. 
Après  avoir  obtenu  un  3«  accessit  de  fugue  en 
1867,  le  second  accessit  en  1868  et  le  premier 
accessit  ensuite,  M.  Chavagnat  quilta   le  Con- 
servatoire, et  se  livra  à  la  composition.  Cet  ar- 
tiste a  publié,  outre  divers  morceaux  de  chant  et 
un  certain  nombre  de  cliœursorphéoniques,  un  re- 
cueil de  douze  mélodies  vocales  intitulé  Mignonne 
(Paris,  Gambogi,  in-8°),  qui,  à  part  quelques  dé- 
fauts de  détail,  se  distingue  par  une  inspiration 
d'uue  rare  fraîcheur  et  un  véritable  sentiment 
poétique.  M.  Chavagnat  a  épousé  une  jeune  pia- 
niste, M'":  de  Massas,  qui  avait  fait  ses  études 
au  Conservatoire. 

*  ClIELARD (Hippolyte-André-Je\n-Bàp- 
tiste),  est  mort  à  Weimar  le  12  février  1861. 
On  a  représenté  au  théâtre  de  la  Scala  ,  de 
Milan,  trois  ans  après  sa  mort,  le  10  mars  1864, 
un  opéra  sérieux  de  ce  compositeur,  le  AquiU 
Romane,  qui  fut  défavorablement  accueilli. 
Je  suppose  que  cet  ouvrage  devait  avoir  au 
moins  un  point  de  contact  avec  une  vaste  com- 
position, les  Aigles,  «  héroï  le  lyrique  »  que  Che- 
lard  fit  entendre  à  Paris,  dans  un  concert,  au 
mois  de  novembre  1853,  et  qui  produisit  un 
grand  elfet,  étant  chantée  par  MM.  P*oger,  Merly, 
Guignol,   M'"=  Nau   et  M'"*   Tedesco.   Chelard 


avait  dirigé  pendant  quelque  temps  à  Paris*, 
aux  environs  de  1830,  les  concerts  de  l'Athénée 
musical. 

CHEREST  (Aimé),  est  l'auteur  d'un  écrit 
publié  sous  ce  titre  :  Notice  sur  les  musiciens 
du  département  de  VYonne,  Auxerre,  impr. 
Gailot,  in-8".  Cet  écrit  a  été  publié  en  deux 
parties,  formant  chacune  une  brochure  ;  j'ignore 
la  date  de  la  première;  la  seconde  a  paru  en 
1858. 

CHÉRET  (Pierre),  compositeur,  né  dans 
les  dernières  années  du  dix-huitième  siècle,  s'est 
fait  connaître  par  la  publication  d'un  grand 
nombre  de  romances  et  de  mélodies  dramatiques, 
dont  quelques-unes  se  faisaient  remarquer  par 
leur  accent,  leur  vigueur  et  le  bon  sentiment  dont 
elles  étaient  empreintes.  On  cite  entre  autres, 
parmi  ces  compositions,  celles  qui  ont  pour  titre 
V Heureux  Pilote,  Sur  la  falaise,  la  Mère  de 
VÉcossais,  Petite  Fille,  le  Pauvre  Marin,  la 
Folle  de  Venise,  les  Adieux  d'une  sœur,  la 
Créole,  Matelot  et  Mousse,  etc.  Cliéret  est 
mort  au  mois  d'août  1864,  âgé  de  soixante  et 
onze  ans. 

CHÉRI  (Victor  CIZOS,  dit),  chef  d'orches- 
tre et  compositeur,  est  né  à  Auxerre  le  14  mars 
1830.  Fils  d'un  comédien  de  province,  frère  de 
deux  actrices  extrêmementdistinguées,  M"" Rose 
et  Anna  Chéri  (devenues  plus  tard  AP^^Montigny 
et  Lesueur),  M.  Chéri  vint  de  bonne  heure  à 
Paris,  et  fit  au  Conservatoire  des  études  bril- 
lantes. Élève  de  M.  Massart  pour  le  violon,  il 
obtint  un  accessit  en  1846,  un  2^  prix  en  1848,  et 
le  l'=''en  1849.  Étant  devenu  ensuite  élève;d'Adol- 
phe  Adam  pour  la  composition,  il  concourut  à 
l'Institut  en  1855,  et  remporta  le  second  grand 
prix.  Depuis  plusieurs  années  déjà,  à  cette  épo- 
que, M.  Chéri  faisait  partie  de'rorchestre  de 
l'Opéra  en  qualité  de  premier  violon.  Vers  1857, 
il  fut  vainqueur  d'un  concours  ouvert  à  Bor- 
deaux pour  la  composition  d'  un  opéra-comique 
en  un  acte,  une  Aventure  sous  la  Ligue,  et 
son  ouvrage  fut  représenté  au  Grand -Théâtre 
de  cette  ville. 

M.  Chéri  ne  s'est  pas  produit  à  Paris  comme 
compositeur,  du  moins  sur  nos  théâtres  lyriques. 
Depuis  quinze  ans  environ,  il  a  quitté  l'Opéra, 
et  est  devenu  successivement  chef  d'orchestre 
des  Variétés,  du  Châtelet,  et  en  dernier  lieu  du 
Gymnase,  où  il  se  trouve  encore  aujourd'hui. 
Au  théâtre  du  Châtelet,  il  a  écrit  la  musique, 
fort  élégante  et  justement  remarquée,  d'un  cer- 
tain nombre  de  féeries  dans  lesquelles  on  dis- 
tinguait surtout  des  airs  de  ballet  charmants  et 
pleins  de  grâce.  Un  certain  nombre  de  ces  mor- 
ceaux ont  été  publiés,  réduits  pour  le  piano. 


1  76 


CHERI  —  CHERUBINI 


On  connaît  aussi  de  cet  artiste  un  concerto  de 
violon,  avec  accompagnement  d'orchestre  ;  mais 
je  ne  crois  pas  que  cette  œuvre  importante  ait 
été  gravée. 

*  CHEROX  (Augustin-Athanase),  clianteur 
de  l'Opéra.  Il  faut  croire  que  cet  artiste  fort  re- 
marquable eut,  ainsi  que  sa  femme,  qui  appar- 
tenait aussi  au  personnel  de  l'Opéra,  des  dé- 
mêlés assez  graves  avec  l'administration  de  ce 
théâtre,  car  on  publia,  en  1790,  un  factum  ainsi 
intitulé  :  Mémoire  pour  les  sieur  et  dame 
C héron,  premiers  sujets  du  chant  à  V Acadé- 
mie royale  de  Musique,  contre  VadminiHtra- 
tion  de  ladite  Académie  (Paris,  1790,  in-8°  de 
70  pp.).  Je  n'ai  pas  eu  cette  brochure  entre  les 
mains,  mais  je  l'ai  trouvée  mentionnée  dans  un 
catalogue  de  librairie. 

CHÉROUVRIEU  (Edmond-Marie),  com- 
positeur, naquit  à  Sablé  le  7  février  1831.  Il  fit 
sa  première  éducation  musicale  en  province, 
et  dés  l'âge  de  six  ans,  jouait  déjà  bien  du  piano. 
Placé  au  collège  de  Yaugirard,  près  de  Paris,  il 
s'exerça  à  la  composition  sans  en  avoir  appris 
les  règles,  et  à  quatorze  ans  il  faisait  exécuter 
dans  cet  établissement  un  Ave  Maria.  Fixé  plus 
tard  au  Mans  avec  sa  famille,  il  continua  de  se 
se  livrer  à  son  goût  pour  la  musique  en  écrivant 
pour  la  société  pbiliiarmonique  de  cette  ville  un 
certain  nombre  de  morceaux  symphoniques  qui 
étaient  exécutés  par  elle.  Cependant,  c'était  contre 
le  gré  des  siens  que  M.  Chérouvrier  se  lançait 
ainsi  dans  la  carrière  artistique,  et  une  de  ses 
tantes  le  lui  fit  sentir  en  le  désiiéritant  d'une 
fortune  d'environ  300,000  francs.  Cela  ne  l'em- 
pêcha pas,  étant  revenu  à  Paris,  de  travailler 
la  fugue  et  la  composition  avec  Leborne,  alors 
professeur  au  Conservatoire  ;  mais  je  ne  crois 
pas  qu'il  se  soit  fait  admettre  dans  cet  établisse- 
ment, car  je  n'ai  pas  trouvé  son  nom  sur  les  re- 
gistres de  réception  des  élèves.  Quoi  qu'il  en  soit, 
M.  Chérouvrier  prit  part,  en  1857,  au  concours 
de  l'Institut,  obtint  une  mention  honorable,  et 
l'année  suivante  remporta  le  second  grand  prix 
de  Rome,  ce  qui  apaisa  le  mécontentement  de 
sa  famille.  Après  avoir  publié  quelques  mélo- 
dies vocales,  il  fit  représenter  au  Théâtre-Ly- 
rique, le  22  septembre  1865,  un  opéra  en  3  actes, 
intitulé  le  Roi  des  Mines,  qui  n'eut  qu'un  petit 
nombre  de  représentations;  cet  ouvrage  devait 
être  suivi  de  Quentin  Metzys,  opéra-comique  en 
2  actes,  qui  était  reçu  au  même  théâtre,  mais 
qui  n'a  pas  été  joué. 

On  connaît  de  M.  Chérouvrier,  en  dehors  du 
théâtre,  uncertain  nombre  de  compositions  parmi 
lesquelles  une  Messe  solennelle  pour  quatre  voix 
d'hommes,  un  Tantnm  ergo  à  3   voix,  un  Ave 


Maria  et  un  Tota  pulchra  es  à  voix  seules, 
œuvres  qui  ont  été  publiées  chez  l'éditeur 
M.  Clioudens,  ainsi  qu'un  agréable  recueil  de 
mélodies  vocales,  qui  porte  le  titre  de  Fleurs 
d'automne.  Cet  artiste,  auquel  sa  situation  de 
fortune  laisse  une  indépendance  complète,  était 
adjoint  au  maire  du  14"  arrondissement  de  Paris, 
lorsqu'à  la  suite  du-  siège  de  cette  ville  éclata 
l'insurrection  communaliste.  Arrêté  le  18  avril 
1871  par  les  fédérés,  il  fut  enfermé  à  la  Concier- 
gerie, et  ne  dut  qu'au  hasard  de  ne  point  subir 
le  sort  réservé  aux  otages.  Après  le  rétablisse- 
ment du  gouvernement  régulier,  il  fut  nonwné 
maire  de  son  arrondissement,  qu'il  administre 
encore  aujourd'hui.  Il  n'a  pas  pour  cela  renoncé 
complètement  à  ses  travaux  artistiques,  car  il  a 
écrit  depuis  lors  la  musique  d'un  opéra  en  quatre 
actes  intitulé  Gilles  de  Bretagne,  et  il  a  fait 
exécuter  en  1876,  dans  l'église  de  Montrouge, 
une  messe  de  sa  composition.  M.  Chérouvrier  a 
encore  en  portefeuille  les  partitions  d'un  opéra 
en  2  actes,  la  Fiancée  de  Corinihe,  et  de  Ni- 
colas Flamel,  opéra-comique  en  3  actes. 

*  CHERUBIiVl  (Marie-Lolis-Charles-Ze- 
nobi-Salvador).  Il  n'est  sans   doute  pas  inutile 
de  dresser  ici  une  liste  complète  et  détaillée  des 
ouvrages  dramatiques    de   cet  artiste  célèbre, 
d'autant  plus  que  les  titres  de  quelques-uns  de 
ces  ouvrages  ne  sont  pas  mentionnés  dans  la 
notice  publiée  sur  cet  artiste  par  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens.  —  Opéras  italiens  : 
1"  il  Quinto  Fabio,  3  actes,  Alexandrie-la-Paille, 
1780;   2°  Armida,  3  actes,     Florence,   1782; 
3"  Adriano  in  Siria,  3  actes,  Livourne,  1782; 
A"  il  Messenzio,  3  actes,  Florence,   1782;  3"  il 
Quinto  Fabio  (nouvelle  musique),  3  actes,  1783  ; 
G"  lo  Sposo  di  tre,  marito  di  nessuna,  2  ac- 
tes, Venise, -1783;  7°   l'idalide,  2  actes,  Flo- 
rence, 1784;  8°  Alessandro  nelV Indie,  2  actes, 
Mantoue,  1784;  9°  la  Finta  Principessa,  2  ac- 
tes, Londres,  1785;  10"  Giulio  Sabino,  2  actes, 
Londres,  1786;^  11°  Ifigenia  in  Aulide,  3  actes, 
Turin,  1788  ;  12°  Faniska,  3  actes,  Vienne,  25  fé- 
vrier,'1806  ;  13"  Pimmalione,  un  acte,  Paris  (pa- 
lais des  Tuileries),  30  novembre  1809.  —  Opéras 
FRANÇAIS  :  1°  Démophon,  3  actes.  Opéra,  5  dé- 
cembre  1788  ;  2°  Lodoïska,  3  actes,  théâtre  de 
Monsieur,  18  juillet  1791  ;  3°  Ëlisa  ou  le  Mont 
Saint- Bernard^     2    actes,    théâtre   Feydeau, 
13  décembre   1794;    4°   Médée,  3    actes,   id., 
13  mars  1797;  5°  V Hôtellerie  portugaise,  un 
acte,  id.,  25  juillet]  1798;  6°  la  Punition,  un 
acte,  id.,  23  février  1799;   7°  la  Prisonnière, 
un  acte  (en  société  avec  Boieldieu),  th.  Montan- 
sier,  12  septembre  1799  ;  8°  les  Deux  Journées, 
3  actes,  th.  Feydeau,  16  janvier  1800;  9°  Épi- 


CHERUBINI  —  CHEVALIER 


177 


sure,  3  actes  (en  société  avec  Méhul),  th.  Favail, 
14  mars  1800;  10"  Anacréon  ou  V Amour  fu- 
gitif, 2  actes,  Opéra,  4  octobre  1803  ;  11°  Achille 
.  à  Scyros,  ballet,  Opéra,  1804  ;  12°  le  Crescendo, 
un  acte,  Opéra-Comique,  I^'' septembre  1810; 
13"  les  Abencérarjes,  3  actes,  Opéra,  6  avril 
1813;  14"  Bayard  à  Mézières,  un  acte  (en  so- 
ciété [avec  Boieldieu,  Catel  et  Nicolo),  Opéra- 
Comique,  12  février  1814  ;  15"  Blanche  de  Pro- 
vence, un  acte  divisé  en  trois  parties  (en  société 
avec  Berton,  Boieldieu,  Kreutzer  et  Paër),  à  la 
Cour  le  1"  et  à  l'Opéra  le  3  mai  1821  ;  16"  .1//- 
Baba,  4  actes  et  un  prologue,  Opéra,  22  juillet 
1833.  —  A  tout  cela  il  faut  ajouter  :  Introduction 
pour  la  Marquise  de  Brinvilllers,  ouvrage  en 
3  actes  écrit  par  dix  compositeurs,  Opéra-Co- 
mique, 1831;  il  Ginocatore,  intermède  joué  à 
Florence  sur  un  théâtre  de  société  ;  la  Pubblica 
Félicita,  cantate,  Florence,  1774  ;  Amj)hion, 
id.;  Circé,  id.,  Paris,  concert  de  la  Loge  Oiym- 
pi(|ue,  1789;  trois  chœurs  écrits  pour  un  drame, 
la  Mort  de  Mirabeau,  th.  Feydeau,  1791  ; 
Clytemnestre,  cantate;  Chant  sur  la  mort 
d'Haydn,  Paris,  Conservatoire,  1810;  Ode 
pour  le  mariage  de  l'empereur,  Paris,  1810; 
Cantate  "  pour  la  Goguette  »,  Paris,  16  décem- 
bre 1812;  Cantate  à  3  voix,  pour  l'étatmajor  de 
la  garde  nationale,  Paris,  20  juillet  1814;  Can- 
tate avec  chœurs,  pour  une  fête  donnée  par  la 
ville  de  Paris,  29  aoiU  1814  ;  Inno  alla  Pri- 
mavera,  Londres,  mai  1815  ;  Cantate  avec 
chœurs,  pour  un  banquet  militaire,  Paris,  5  fé- 
vrier 1816;  le  Mariage  de  Salomon,  cantate 
pour  le  mariage  du  duc  de  Berry,  Paris,  17  juin 
1816;  Cantate  avec  chœurs,  pour  le  baptême  du 
duc  de  Bordeaux,  2  mai  1821  ;  un  oratorio,  exé- 
cuté à  Florence  en  1777;  enfin  Koukourgi, 
opéra  non  représenté  ;  Selico,  opéra  non  achevé  ; 
les  Arrêts,  opéra-comique  commencé  et  non 
achevé;  un  autre  opéra  et  un  autre  opéra-comi- 
que, commencés  aussi  et  non  achevés. 

Je  vais  compléter  maintenant  la  liste  des 
écrits  qui  ont  été  publiés,  en  France,  et  en  Italie, 
sur  Clierubini  :  1"  JSotice  historique  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  M.  Cheriibini,  par 
M.  Raoul-Rochette,  secrétaire  perpétuel  de  l'A- 
cadémie des  Beaux-Arts  (Paris,  Didot,  1843, 
m-i"];  2"  Notice  sur  Cherubini,  par  M.  Miel 
(s.  1.  n.  d.  [Paris,  imp.  Duverger],  in-8°)  ;  ce 
n'est  point  le  même  travail  que  celui  que  men- 
tionne sous  le  même  nom,  à  l'article  Cheru- 
bini, la  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens; celui  que  je  cite  ici  est  extrait  de  l'En- 
cyclopédie des  rjens  du  monde,  taudis  que 
l'autre  est  extrait  du  Moniteur  universel; 
2"  Intorno  alla  vita  ed  aile  opère  di  Luigi 

BIOGR.    IJNIV.    DES   MUSICIENS.    SUPPL.    —    X. 


Cherubini,  Fiorentino,  ed  al  monumcnto 
ad  esso  innalzato  in  Sun/a'  Croce,  cenni  di 
Btildassare  Gamucci  (Firenze,  tip.  Barbera, 
1869,  in-S"  avec  portrait);  4"  Cherubini,  sa  vie, 
ses  travaux,  leur  influence  sur  l'art,  par 
Dieudonné  Denne-Baron  (Paris,  Heugel,  1862, 
in-8")  ;  5"  Cherubini,  Memorials  illustrative  of 
his  life,  par  Edward  Bellasis  (Londres  1876, 
in-8")(l). 

Trois  semaines  après  la  mort  de  Cherubini, 
le  7  avril  1842,  le  théâtre  de  l'Opéra-Comique 
reprenait  avec  éclat  son  opéra  français  le'  plus 
célèbre,  les  Deux  Jour'nr'cs,  et  un  hommage  so- 
lennel était  rendu  au  maître  sur  celte  scène  qu'il 
avait  illustrée. 

CHESSI  (Luigi),  compositeur  italien,  est 
l'auteur  des  deux  ouvrages  suivants  :  1°  la 
Nuova  Pianella  perduta  nella  neve,  opérette 
dialoguée,  représentée  au  théâtre  de  la  Com- 
inenda,  de  Milan,  au  mois  d'août  1865;  2°  la 
Conlessa  di  Médina,  opéra  sérieux  donné  à 
Plaisance  au  mois  d'avril  1867.  Ce  dernier  ou- 
vrage fut  reproduit  à  la  Scala,  de  Milan,  en  1873, 
mais  avec  un  tel  insuccès  qu'il  n'en  put  être 
donné  qu'une  seule  représentation. 

CHEVALIER  (M'"^^),  l'une  des  bonnes 
chanteuses  que  posséda  l'Opéra  au  dix-huitième 
siècle,  entra  à  ce  théâtre  en  1741,  et  y  tint  pen- 
dant longtemps  le  premier  emploi.  «  Elle  joi- 
gnait, dit  Laborde,  à  une  belle  voix,  une  belle 
représentation,  un  jeu]  noble,  et  une  manière 
aisée  de  chanter  la  musique  de  son  temps.  » 
M"'' Chevalier  se  retira  vers  1765,  avec  une  pen- 
sion de  1,500  livres,  et  épousa  alors  un  nommé 
Duhamel.  Parmi  les  rôles  les  plus  importants 
créés  par  elle,  il, faut  cilerZirphée  dans  Zélindor, 
Erinice  dans  Zorofls^re,  Almasis  dans  Almasis, 
Hécube  dans  Polixène;  elle  joua  aussi  dans  les 
Caractères  de  la  Folie,  les  Fêles  de  Polymnte, 
Canente,  Titonet  l'Aurore,  Léandre  et  Héro, 
le  Carnaval  du  Parnasse,  et  les  Fêles  de 
l'hymen  et  de  Vamour.  On  trouve  dans  le  Ca- 
lendrier historique  des  Théâtres  pour  1751 
les  vers  suivants,  à  l'adresse  de  M"^  Chevalier  : 

r.lievalier,  quelles  sûres  armes 

Pour  mettre  un  amant  sous  vos  loix! 

Vous  séduisez  par  votre  voix 

Lts  cœurs  échappés  à  voz  charmes. 

jVlue  Chevalier  vivait  encore  en  1775. 

(1)  Dans  le  Dictionnaire  ncoloqiqiie  du  Cousin-Jac- 
ques, CD  lit  la  notesuivante  :  «  Cherubini,  né  à  Florence, 
ncituralisé  Français,  l'un  des  inspecteurs  du  Conservatoire 
de  musique,  est  sans  contredit  un  de  nos  plus  savants, 
(le  nos  plus  ingénieux  et  de  nos  plui  aimables  composi- 
teurs. »  Le  Cousin-Jacques  écrivant  son  Dictionnaire  en 
1797  ou  1798,  nous  savons  donc  qu'à  cette  époque  Cheru- 
bini était  déjà  naturalise.  C'est,  à  ma  connaissance,  le  seul 
renseignement  qu'un  possède  «ur  ce  sujet. 

'•  12 


178 


CHEVÉ  —  GHIAROMONTE 


*  CHEVÉ  (EMILE- Joseph-Maurice),  le  pro- 
pagateur et  le  défenseur  infatigable  du  système 
de  la  musique  en  chiffres,  est  mort  le  26  août 
1864.  Voici  une  liste  supplémentaire  des  ouvrages 
et  des  écrits  de  cet  homme  bien  doué,  dont  l'in- 
telligence et   l'activité  auraient  pu  rendre  de 
grands   services  si    elles   avaient  trouvé  pour 
s'exercer  un  aliment  plus  utile;  je  ne  saurais 
affirmer  que  cette  liste  soit  complète,  tellement 
Clievé  était  âpre  à  la  polémique  :  1°   Une  lettre 
de  M.  Adam.  Réfutation  (Paris,  l'auteur,  1855, 
in-S")  ;  2°  Réponse  à  l'effort  suprême   de   la 
routine  musicale  (id.,  id.,  1856,  in-8");  3°  Le 
Dernier  mot  de  la  science  officielle,  examen 
des  Leçons  de  lecture  musicale  de  M.  F.  Halévy 
(id.,  id.,  1858,  in-8°)  ;  4"   Exercices  éléinen- 
taires  de  lecture  musicale  à  l'usage  des  écoles 
primaires  (Paris,   1860,  in-8");  5°  Simple  ré- 
ponse  à   MM.  Auber,  Gounod,  Halévy,  etc. 
(Paris,  l'auteur,  1860,  in-8").  Après  la  mort  de 
son  mari,  M"""  Chevé  publia  les  Onze  dernières 
lettres    d'Emile   Chevé  (Paris,  veuve  Chevé, 
in-8",  1866). 

*  CHEVÉ  (Nanine  paris,  femme),  est 
morte  à  Bois- Colombes,  près  Paris,  le  28  juin 
1868  (et  non  le  6  juillet,  comme  le  dit  le  Dic- 
tionnaire des  contemporains).  M'""  Chevé 
avait  signé  avec  son  mari  la  Méthode  élémen- 
taire de  musique  vocale.  Elle  avait  publié  per- 
sonnellement, outre  sa  JSouvelle  Ihéorie  des 
accords,  les  deux  ouvrages  suivants  :  Musique 
vocale,  et  Tableau  du  doigté  des  gammes 
pour  le  piano.  Femme  intelligente  d'ailleurs, 
pleine  d'énergie,  elle  prit  toujours  une  part  très- 
active  à  tous  les  travaux  de  son  mari,  Emile 
Chevé,  et  de  son  frère  Aimé  Paris,  et  ne  cessa 
amais  de  lutter  avec  ardeur  pour  le  triom|)lie 
de  leur  système,  avec  une  ténacité  et  un  courage 
dignes  d'un  meilleur  but. 

CHEVÉ  (Amand),  lils  des  précédents,  di- 
recteur dune  société  chorale  qui  porte  son  nom, 
s'est  voué  à  l'enseignement.  Moins  exclusif  que 
son  père,  il  emploie,  dit-on,  quelques-uns  de 
ses  moyens  pédagogiques,  mais  en  se  servant  du 
c  hiffre  seulement  comme  procédé  préliminaire, 
et  non  comme  base  essentielle  et  définitive 
d'un  système  poussé  à  outrance.  M,  Amand 
Chevé- est  le  fondateur  et  le  directeur  d'un  jour- 
nal qui  a  pour  titre  l'Avenir  musical. 

"  CHEVILLARD  (  Pierre-Alexandre- 
François),  violoncelliste  fort  distinguée!  composi- 
teur pour  son  instrument,  aété  appelé,  en  1859,  à 
.succéder  à  M.  Vasiin  comme  professeur  de  vio- 
loncelle au  Conservatoire.  On  lui  doit  une  Mé- 
thode complèfe  de  violoncelle,  contenant  la 
théorie  de  Vinsirument,  des  gammes,  leçons 


progressives,  études,   airs  variés  et   leçons 

pour  chacune  des  positions,  Paris,  Gérard 

Un  fils  de  cet  artiste  est  élève  de  piano  au  Con- 
servatoire, dans  la  classe  de  M.  Georges  Mathias. 

*  CHIAR0\10MTE  (Francesco)  (1), chan- 
teur et  compositeur  dramatique,  né  en  1814  à 
Castrogiovanni  (Sicile),  reçut  une  très-bonne 
éducation  littéraire  et  se  livra  d'abord  à  l'étude 
du  droit.  Reçu  avocat  à  l'âge  de  dix- sept  ans, 
il  abandonna  bientôt  la  carrière  du  barreau  pour 
se  livrer  à  son  goût  pour  la  musique,  devint 
l'élève  de  Pragusa,  puis  travailla  la  composi- 
tion avec  Raimondi.  Doué  d'une  très-jolie  voix 
de  ténor,  il  entra  comme  chanteur  à  la  cha- 
pelle royale  de  Palerme,  et  pendant  un  voyage 
qu'il  fit  en  cette  ville  le  roi  Ferdinand  II,  ayant 
eu  l'occasion  de  l'entendre,  lui  proposa  devenir 
se  fixer  à  Naples.  Le  jeune  artiste  ayant  accepté, 
se  rendit  à  Naples,  y  connut  Donizetti,  lui  soiunit 
plusieurs  de  ses  compositions,  une  messe,  des 
canons,  quelques  fugues,  fut  encouragé  par  le 
jeune  maître,  et  termina  avec  lui  son  éducation 
musicale. 

Dès  ce  moment,  M.  Cliiaromonte  prit  le 
théâtre  pour  objectif,  et  songea  sérieusement  à 
écrire  pour  la  scène.  Il  avait  trente  ans  lorsqu'il 
fit  ses  débuts  de  compositeur  dramatique  en 
donnant  au  Ihéàtiedu  Fondo  son  premier  opéra, 
Fenicia,  drame  lyrique  en  quatre  actes,  qui 
était  chanté  par  Basadonna,  Tamherlick,  Colelti 
et  la  Gruitz,  et  qui  fut  assez,  bien  accueilli  pour 
pouvoir  être  reproduit  peu  de  temps  après  au 
grand  théâtre  San-Carlo,  dont  M.  Cliiaromonte 
était  devenu  le  chef  d'orchestre.  Mais  la  révolu- 
tion française  de  1848  ayant  eu  son  contre-coup 
à  Naples  comme  ailleurs,  et  M.  Cliiaromonte 
s'élant  avisé  d'écrire  dans  des  journaux  libé- 
raux, il  fut,  lors  de  la  victoire  de  la  réaction, 
arrêté  et  retenu  en  prison  pendant  vingt-deux 
mois.  Lorsqu'il  fut  remis  en  liberté,  il  avait  na- 
turellement perdu  tous  ses  emplois  de  chef  d'or- 
chestre, de  ténor  à  la  chapelle  royale  et  de 
professeur  de  chant  au  Conservatoire,  et,  de 
plus,  sa  voix  avait  complètement  dis[)aru.  Dans 
la  situation  difficile  qui  lui  était  faite,  un  ami  lui 
vint  en  aide,  grâce  auquel  il  put  écrire  et  faire 
représenter  an  théâtre  San-Carlo  (27  juillet  1850) 
un  second  opéra,  CaicriHa  C/ewi.qui  fut  chanté 
par  la  Gabussi,  Miraglia  et  de  Bassini,  et  qui 
obtint  un  grand  succès.  Mal  lui  en  prit  pourtant, 
car  après  la  quatrième  représentation  le  gouver- 
nement napolitain,  toujours  impitoyable  et  cruel, 
selon  la   tradition,    fit  arrêter  de   nouveau    le 

(1)  Et  non  pas  Chiaramonte,  comme  il  a  été  imprimé 
par  erreur.  Celte  notice  est  entièrement  refuite,  d'après 
des  documents  nouveaux.  -^  -^ 


CHIAROMONTE  —  CHICRERING 


179 


compositeur   secrètement   et    nuitamment ,   et 
l'exila  a  perpétuité. 

M.  Chiaromonte  se  rendit  à  Gênes,  où  un 
ami  le  reçut  à  bras  ouverts,  et  où  il  put  faire 
jouer  en  1851,  sur  le  tliéàtre  Carlo- Felice,  son 
troisième  ouvrage,  il  Gondolier.e,  dont  les 
deux  principaux  rôles  étaient  tenus  par  Mal- 
vezzi  et  la  Cruvelli,  et  dont  le  succès  fut  écla- 
tant. Il  donna  au  même  théâtre,  l'année  suivante, 
Giovanna  di  Castiglia,  qui  fut  moins  heureuse, 
puis  fit  jouer  successivement  :  Manfredo 
(Trieste,  1853,  peu  de  succès),  lelSozze  di  Mes- 
sina  (Venise,  th.  de  la  Fenice,  1853),  Inès  di 
Mendoza  (Milan,  th.  de  la  Scala,  14  février 
1855,  chute),  Fingal  (1855),  et  una  Burla  per 
correzione  (Gênes,  th.  Paganini,  1855).  S'occu- 
pant  alors  de  l'éducation  musicale  de  sa  fille, 
qui  devint  une  chanteuse  dramatique  distinguée, 
M.  Chiaromonte  se  rendit  à  Paris,  accepla 
l'emploi  de  chef  du  chant  au  Théâtre-Italien, 
puis  bientôt  remplit  les  fonctions  de  chef  des 
chœurs  à  ce  théâtre  et  à  celui  de  Londres.  Ce- 
pendant, fatigué  bientôt  de  la  vie  théâtrale,  il 
y  renonça  complètement,  et,  en  1862,  s'établit  à 
Bruxelles  comme  professeur  de  chant.  Son  en- 
seignement produisit  d'excellents  fruits,  et  en 
1871  il  était  nommé  professeur  au  Conserva- 
toire de  cette  ville.  M.  Chiaromonte  a  fait  exé- 
cuter il  y  a  quelques  années,  dans  l'église  de 
Sainle-Gudule,  de  Bruxelles,  une  messe  dont 
les  journaux  ont  fait  l'éloge,  et  il  a  publié  une 
Méthode  de  chant  en  trois  parties,  dont  on  dit 
le  plus  arand  bien. 

CIIICKERING  (JoNAS),  facteur  de  pianos 
américain,  né  à  Boston  au  commencement  de  ce 
siècle,  s'est  acquis  une  grande  renommée  aux 
États-Unis  par  la  bonne  fabrication  de  ses  ins- 
truments. Il  associa  plus  tard  son  fils  à  son  exploi- 
tation industrielle,  et  la  maison  Cliickering 
envoya  à  l'Exposition  universelle  de  Londres, 
en  1851,  le  premier  piano  construit  en  Amérique 
qui  eût  paru  en  Europe.  Malgré  ses  qualités 
réelles,  cet  instrument  ne  produisit  pas  l'effet 
qu'on  en  avait  atttendu,  et  ses  auteurs  laissèrent 
passer  l'Exposition  universelle  de  Paris  (1855) 
sans  y  rien  envoyer.  Cependant,  le  succès  obtenu 
à  Londres,  en  1862,  par  MM.  Steinway,  de  New- 
York,  et  les  encoiu'agements  et  les  éloges  qu'ils 
reçurent  de  plusieurs  grands  virtuoses,  tels  que 
Gottschalck  et  Tiialberg,  qui  jouèrent  leurs 
instruments  aux  États  -  Unis,  déterminèrent 
MM.  Chickering  à  prendre  part  à  l'Exposition 
universelle  qui  s'ouvrait  à  Paris  en  1867.  Ils  s'y 
trouvèrent  en  présence  de  leurs  rivaux,  MM. 
Steinway,  et  l'on  peut  s'en  fier  aux  procédés  en 
usage  aux  États-Unis  pour  savoir  que  la  lutte 


s'établit  bientôt  entre   les  deux  maisons  avec 
une  sorte  d'acharnement,  dont  ceux  qui  ont  vu 
de  près  les  faits   n'ont  pas  perdu  le  souvenir. 
Fétis,  rapporteur  de   la  classe  10  du  groupe  II 
(instruments  de  musique),  s'exprimait  ainsi  à  ce 
sujet  :  «   La  lutte  entre  les  deux  plus  grands 
établissements  de  fabrication  de  pianos  améri- 
cains, à  savoir  de  MM.  Steinway  et  Chickering. 
s'est  produite  avec  un  caractère  fiévreux  dans 
l'Exposition  universelle  actuelle  de  Paris  :  elle 
n'a  pas  eu  toujours  la  dignité  convenable  ;  on  a 
usé  et  abusé   des  réclames  de  journaux  ;   mais 
on  ne  peut  méconnaître  le  vif  intérêt  qu'a  pris 
à  cette  lutte  la  foule  prodigieuse  qui  n'a  cessé  de 
se  réunir  autour  de  ces  instruments  lorsqu'on  y 
jouait.  Évidemment,  il  y  avait  là  quelque  chose 
de    nouveau  qui  impressionnait  le  public;   ce 
nouveau  était  une  puissance  de  son  auparavant 
inconnue.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  ce  son  formi- 
dable ne  rencontrât  que  des  éloges  ;   les  parti- 
sans de  la  facture  européenne  de  pianos  repro- 
chaient aux  Américains   de    lui    avoir   sacrifié 
toutes  les  autres  nécessités  de  l'art  :  le  moelleux, 
les  nuances  délicates  et  la  clarté.  D'autres  di- 
saient que  ce  grand  son  non-seulement  n'est  pas 
nécessaire  pour  exécuter  la  musique  de  ftlozart, 
de   Beethoven  et  d'autres   maîtres   du   premier 
ordre,  mais  qu'il  y  serait  nuisible.  On  peut  ré- 
pondre à  ces  amateurs  de  la  musique  classique 
par  ces  paroles  du  rapporteur  de  la  classe  des 
instruments  de  musique  à  l'exposition  de  1855  : 
—  «  Il  y  a  toujours  quelque  chose  à   faire  en 
«  ce  qui   tient   aux    besoins  de  l'humanité,    à 
«  quelque  point  de  vue  qu'on  se  place  dans  l'in- 
«  dustrie,  dans  la  science  et  dans  l'art.  L'art,  la 
«  musique  surtout,  se:transforme  à  de  certaines 
«  époques  et  veut  des  moyens  d'effet  conformes 
«  à  son  but  actuel  :  or,  le  développement  de  la 
«  puissance  sonore  est  la  tendance  donnée  à  l'art 
«  depuis  le  commencement  du  XIX*"  siècle.   La 
'<  facture  du  piano  a  suivi  cette  tendance,  parîi- 
«  culièrement  le  piano  de  concert,  qui  doit  sou- 
«  vent  lutter  avec  des  orchestres  considérables, 
«  et  dont  les  sons  doivent  se  propager  dans  de 
"  vastes  salles.  » 

Après  avoir  caractérisé  en  ces  termes  la  qualité 
maîtresse  qui  distinguait  les  pianos  de  provenance 
américaine,  le  rapporteur  s'exprimait  ainsi  rela- 
tivement aux  produits  sortant  de  la  maison 
Chickering:  «  Les  pianos  de  MM.  Chickering  et 
fils  sont  de  puissants  et  magnifiques  instruments 
qui,  sous  la  main  d'un  virtuose,  produisent  de 
grands  effets  et  frappent  d'étonnement.  Leur 
vigoureuse  sonorité  se  propage  au  loin,  libre  et 
claire.  Dans  une  grande  salle,  et  à  certaine  dis- 
tance, l'auditeur  est  saisi  par  l'ampleur  du  son 


180 


CHICKEUIXG  —  CHORON 


fie  ces  instriimenls.  De  piè-,  il  faut  Men  le  dire, 
à  ce  son  puissant  se  joint  l'impression  du  coup 
de  marteau,  qui  finit  par  produire  une  sensation 
nerveuse  par  sa  fréquente  répétition.  Ces  pianos 
orchestres  conviennent  aux  concert?;  mais,  dans 
les3lon,  et  surfout  en  les  appliquant  à  la  musique 
des  grands  maîtres,  il  y  manquerait,  par  l'etïet 
même  de  ce  coup  de  marteau  trop  prononcé,  le 
charme  que  requiert  ce  genre  de  musique.  Il  y 
a  là  quelque  chose  à  faire,  sur  quoi  le  rapporteur 
croit  devoir  appeler  l'attention  de  l'intelligent 
fabricant  de  ces  grandioses  instruments,  sans 
toutefois  diminuer  leur  mérite  dans  le  reste.  » 
Le  triomphe  de  MM.  Chickering  fut  complet  à 
l'Exposition  de  1867,  et  le  chef  habile  de  cette 
importante  maison  fut  récompensé  par  la  mé- 
daille d'or  et  la  croix  de  clievalier  de  la  Légion 
d'honneur. 

*  CI1I0CCHI-:TTI  (Pierre- Vincent).  Ce 
compositeur  naquit  à  Lucquesen  1080.  Outre  les 
œuvres  qui  ont  été  citées  à  son  nom  ,  il  a  écrit, 
dans  les  années  1710,  1713  et  1715,  des  services 
religieux  àquatrevoix,  avec  instruments,  pour  la 
célébration  de  la  fête  de  Sainte-Cécile  à  Lucques. 
On  croit  que  vers  cette  époque  il  quitta  sa  ville 
natale  pour  se  rendre  à  Venise ,  où  il  demeura 
pendant  plusieurs  années.  Il  mourut  le  2  février 
1753. 

CHISSOTTI  ( ),  musicien  italien,  a 

donné  au  théâtre  Alfieri,  de  Turin  ,  le  30  sep- 
tembre 1874,  un  opéra  sérieux  intitulé  Raffaellu 
e  la  Fornarina.  Cet  ouvrage  n'a  obtenu  aucun 
succès. 

CIIMELEXSK  Y  (Wexceslvs),  compositeur 
de  musique  religieuse,  naquit  en  1736  à  Bavorov 
(Bohême),  où  il  mourut  en  1793.  Y. 

CHMELEXSKY  (François),  fils  aîné  du 
précédent,  né  le  2  décembre  1775  à  Bavorov,  où 
il  est  mort  en  1803,  s'est  également  adonné  à  la 
composition  de  la  musique  religieuse.        Y. 

CHMELEXSKY  (Jean),  fils  cadet  de  Wen- 
ceslas  et  compositeur  renommé  de  chansons  na- 
tionales, est  né  à  Bavorov  le  12  avril  1778  et 
mort  le  4  février  1864.  Y. 

CHOMET  (H ),  docteur  en  médecine, 

est  auteur  de  l'écrit  suivant  :  Effets  el  Influence 
de  la  musique  sur  la  santé  et  sur  la  maladie 
(Paris,  Germer- Baillière,  1874,  in-S°). 

CÏIOPELET  ( ),  chanteur  qui  tint  à 

l'Opéra,  dans  les  premières  années  du  dix- sep- 
tième siècle,  l'emploi  des  hautes-contre  ,  avait 
débuté  comme  danseur  du  temps  de  Lully  ,  mais, 
sans  doute  sur  les  conseils  decelui-ci,  qui  s'aperçut 
qu'il  avait  de  la  voix  ,  avait  quitté  la  danse  pour 
le  chant.  Il  doubla  d'abord  Dumény,  puis,  à  la 
retraite  de  ce  dernier,  lui  succéda  dans  le  grand 


emploi;  c'est  ainsi  qu'il  créa  Télarnon  dans  Hé- 
sione  (1700),  Dardanus  à&vis  Scylla  (1701),  et 
qu'il  reprit  Phaélon  en  1702.  Vers  cette  é|ioque 
il  tomba  malade,  perdit  sa  voix  en  grande  partie, 
et  se  vit  obligé  de  se  confiner  dans  les  petits 
rôles;  le  dernier  dont  il  fut  chargé  fut  celui  de 
Mercure  dans  la  reprise  de  Psyché  qui  eut  lieu 
en  1713.  Il  quitta  rOpéra  peu  de  temps  après,  et 
mourut  |)aralytique.  «  Cliopelet,  dit  un  contem- 
porain, était  petit  et  avait  le  visage  long,  les  yeux 
beaux  et  la  voix  assez  gracieuse.  » 

*  CIIOPIIV  (Frédéric-Fr.ançois).  Les  trois 
écrits  suivants  ont  été  publiés  sur  cet  artiste 
célèbre  :  1°  F.  Chopin,  par  F.  Liszt  (Paris,  Es- 
cudier,  1852,  in  8°)  ;  2°  Chopin,  essai  de  critique 
mu.sicale,  par  H.  Barbedette  (Paris ,  Lieber,  1861, 
in-S").  Une  seconde  édition  de  cette  dernière  no- 
tice a  paru  en  1869  (Heugel,  gr.  in-8"),  considé- 
rablement augmentée ,  et  accompagnée  d'un  por- 
trait et  d'autographes;  3"  Friedrich  Chopin, 
sein  lebcn,  seine  werkc  und  briefe  [Frédéric 
Chopin,  sa  vie,  ses  œuvres  et  ses  lettres),  par 
Moritz  Karasowski  (Dresde  ,  F.  Ries,  1877,  2  vo- 
lumes, in-8").  Chopin  était  né  le  1"  mars  1809,  et 
non  le  8  février  1810. 

*  CIIORLEY  (Hexry-Fotuergill),  écrivain 
musical  distingué,  était  né  à  Ashton-le-AVillo\vs 
(Lanchasliire),  le  15  décembre  1808,  et  est  mort 
à  Londres  le  16  février  1872.  Il  collaborait  prin- 
cipalement à  l'excellent  recueil  VAthenœum,  qu'il 
ne  quitta  qu'en  1808,  alors  qu'il  y  fut  forcé  par  le 
mauvais  état  de  sa  santé.  Il  a  donné  quelques 
articles  à  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Pa- 
ris ;  du  moins  ce  journal  en  a-t-il  publié  plusieurs 
qui  portent  sa  signature,  sans  mentionner  qu'ils 
fussent  traduits  de  l'anglais.  Chorley,  dont  le 
talent  était  très  prisé  de  .ses  compatriotes,  écrivit 
des  romans,  des  chansons,  et  aussi  des  livrets  de 
cantates  et  d'opéras  ;  parmi  ces  derniers  il  faut 
signaler  Kenilicorth,opérai  àeM.  Arthur  Sulli- 
van, the  Amher  Witch,  opéra  de  Wallace,  Hohj 
Rood,  cantate  de  M.  Henry  Leslie,  Saint-Peter, 
May  Queen,  Sainte-Cécile,  cantates  de  M.  Julius 
Benedict.  C'est  à  Chorley  qu'on  doit  aussi  la 
traduction  anglaise  du  Domino  noir.  Enfin,  il 
faut  encore  citer  ses  trois  écrits  suivants  sur  la 
musique:  Un  Prorf/f/e,  histoire  musicale  (3  vol.); 
Trente  ans  de  souvenirs  musicaux  (Thirty 
years  of  musical  recollections,  3  vol.)  ;  et  Etu- 
des sur  Hœndel  {Handel  studies).  Après  sa 
mort,  a  paru  l'ouvrage  dont  voici  le  titre  :  Auto- 
biographie, mémoires  et  lettres  de  Henry 
Fothergill  Chorley,  compilés  par  K.  Hewlett 
(Londres,  W.  Reeves,  2  gros  volumes  avec  por- 
trait. ) 

*  CHOROX  (Alexandre-Etienne).  M.  Hip- 


'     CHORON  —  CHOUQUET 


181 


■polyte  Réty,  membre  de  l'Académie  de  Màcon,  a 
publié  une  Notice  historique  sur  Choron  et  son 
école  (Paris,  Douiiiol,  1873,  ia-8").  Depuis  quel- 
ques années,  on  a  donné  à  l'une  des  rues  de  Paris 
le  nom  de  ce  grand  arlisle. 

CHOTAS  (Makimiuen),  compositeur  de  mu- 
sique religieuse  et  cboraie ,  est  né  à  Cliotesan, 
en  Boliéme,  le  8  mai  1831.  Y. 

CHOUDEXS  (ântony),  compositeur,  fils 
aîné  de  l'éditeur  de  musique  de  ce  nom  ,  est  né  à 
Paris  en  1849.  Dès  sa  jeunesse  il  montra  de 
grandes  dispositions  pour  la  musique,  disposi- 
tions que  son  père  était  peu  disposé  à  encourager, 
connaissant  mieux  que  personne  les  difficultés 
qui  entravent  la  carrière  des  compositeurs.  Ce- 
lui-ci désirait  d'ailleurs  que  son  fils  partageât  avec 
lui  la  direction  des  affaires  de  sa  maison.  Pour- 
tant, Georges  Bizel  (Fo?/e«  ce  nom)  ayant  un  jour 
entendu  quelques-uns  des  essais  du  jeune  Cliou- 
dens,  et  trouvant  dans  ces  productions  juvéniles 
de  réelles  qualités ,  offrit  de  lui  donner  des  leçons 
d  liarmonie  et  de  se  charger  de  son  éducation 
musicale.  Après  quelques  débats,  cette  offre  fut 
acceptée,  et  dès  lors  M.  Antony  Cboudens  put 
.se  consacrer  à  la  carrière  qu'il  désirait  suivre.  En 
1870,  il  publia  cbez  son  père  un  recueil  de  Dix 
Mélodies  qui  furent  bien  accueillies,  et  dont  une 
surtout ,  intitulée  :  Un  dernier  Baiser,  obtint 
beaucoup  de  succès  ;  trois  ans  après,  dix  autres 
mélodies  étaient  jointes  aux  premières,  et  for- 
maient un  Recueil  de  vingt  mélodies;  une  de 
ces  dernières  :  A  une  étoile,  orchestrée  par 
l'auteur,  fut  chantée  avec  succès  aux  Concerts- 
Danhé.  Quelques  essais  symplioniques  et  un  cer- 
tain nombre  de  morceaux  de  piano  complètent  le 
bagage  musical  de  M.  Antony  Chouilens.  Nous 
ajouterons  cependant  que  le  jeune  compositeur  a 
écrit ,  sur  un  livret  de  M.  Jules  Barbier,  un  opéra 
en  un  acte  intitulé  Graziella',  et  qu'il  s'occupe 
en  ce  moment  (1875)  d'un  opéra  en  3  actes,  la 
Jeunesse  de  Don  Juan,  dont  le  poëme  lui  a  été 
confié  par  M.  Louis  Gallet. 

CHOUQUET  (Adolphe-Gdstwe),  écrivain 
français,  né  au  Havre  le  16  avril  1819,  montra 
de  bonne  heure  un  goût  prononcé  pour  la  musi- 
que. Pendant  les  six  années  qu'il  passa,  à  Paris, 
à  l'institution  Massin,  il  consacrait  presque  toules 
ses  récréations  à  l'élude  du  chant  et  du  piano  et 
suivait  assidûment  les  concerts  du  Conservatoire. 
Reçu  bachelier  es  lettres  en  1836,  il  retourna  au 
Havre,  où  son  père,  banquier  en  cette  ville,  de- 
vait bientôt  trouver  la  ruine  en  créant  la  compa- 
gnie du  chemin  i!e  fer  de  Paris  à  la  mer.  Eu  1840, 
M.  Chouquet  se  rendit  avec  sa  fauiilie  aux 
États-Unis ,  et  c'tst  à  New-York  qu'il  produisit 
ses  premiers  essais  de  critique  musicale.  Pendant 


seize  ans  il  se  consacra  à  l'enseignement,  mais 
une  grave  maladie  des  voies  respiratoires  lobli- 
gea  de  renoncer  à  celte  carrière  fatigante  et  d'ha- 
biter un  climat  tempéré  ;  il  revint  donc  en  France , 
passa  plusieurs  hivers  dans  le  midi,  puis,  en 
1860,  se  fixa  définitivement  à  Paris. 

M.  Chouquet  devint  l'un  des  collaborateurs  les 
plusactifs  de  la  France  musicale  et  de  VArtjnii- 
sical,  et  se  fit  connaître  par  les  paroles  d'un  assea 
grand  nombre  de  romances,  cantates,  scènes  cho- 
rales et  chœurs  orphéoniques.  Ayant  pris  part  à 
un  concours  ouvert  par  l'Académie  des  beaux- 
arts,  il  se  vit ,  en  1864,  décerner  le  prix  Bordin 
pour  une  Histoire  de  la  musique  depuis  le 
XI y  siècle  jusqu'à  la  fin  du  XVIll"  siècle, 
restée  jusqu'à  ce  jour  inédite.  La  môme  compa- 
gnie ayant  mis  au  concours,  en  1868,  le  pro- 
gramme suivant  :  Définir  la  musique  drama- 
tique :  faire  connailre  ses  origines  et  ses 
divers  caractères  ;  déterminer  les  causes  sous 
Cinjluencedesquelles  prédomine  ous'affaiblit, 
dans  l'art  musical,  l'élément  dramatique, 
et,  à  ce  point  de  vue,  donner  un  aperçu  som- 
maire de  l'histoire  de  la  musique  dramatique 
en  France,  depuis  et  y  compris  Lullij  Jusqu'à 
nos  jours,  M.  Chouquet  concourut  de  nouveau 
et  de  nouveau  fut  couronné.  Après  avoir  été 
ainsi  récompensé  ime  seconde  fois,  M.  Chou- 
quet n'eut  qu'à  revoir  son  travail  et  à  en  dé- 
velopper la  (in,  pour  donner  une  véritable  His- 
toire de  la  musique  dramatique  en  France, 
depuis  ses  origines  jusqu'à  nos  jours  (Paris, 
Didot,  1873,  in-8°j.  Cet  ouvrage  important,  qui 
est ,  en  somme ,  le  premier  de  ce  genre  que  la 
France  ait  vu  naître,  puisqu'il  est  le  seul  qui  em- 
brasse dans  leur  ensemble  et  dans  leur  dévelop- 
pement les  différentes  phases  par  lesquelles  a 
passé  dans  notre  pays  la  musique  dramatique , 
fait  honneur  à  son  auteur.  Le  plan  eu  est  judi- 
cieusement établi,  le  sentiment  de  l'art  qui  s'en 
dégage  est  élevé,  les  recherches  historiques  en 
.sont  exactes,  et,  de  plus,  il  est  écrit  dans  une 
langue  correcte  et  châtiée.  M.  Chouquet  n'a  peut- 
être  pas  échappé  complètement  au  danger  de  la 
monotonie  qui  résulte  du  classement  et  de  l'ana- 
lyse lie  plusieurs  centaines  d'ouvrages  de  même 
nature,  mais  c'est  là  ,  il  faut  dire,  un  écueil  in- 
hérent au  sujet.  Je  lui  reprocherai  seulement, 
malgré  la  sympathie  qu'il  accorde  à  ces  deux  ar- 
tistes, de  n'avoir  pas  mis  complètement  à  leur 
place  Cambert  et  Philidor,  ces  deux  houmies  de 
génie  si  longtemps  méconnus.  Pour  qui  a  profon- 
dément étudie  l'histoire  de  l'art  musical  en  France 
dans  ses  rapports  avec  le  théâtre,  Cambert  n^ 
pas  été  seulement  le  précurseur  de  Lully,  il  a  été 
son  maître,  maître  dépouillé  par  lui ,  mais  qui  lui 


182 


CHOUQUET  —  CHRYSANDER 


resfe  supérieur  en  beaucoup  de  points  ,  et  à  qui 
revient  véritablement  la  gloire  d'avoir  créé  l'opéra 
français.  Quant  à  Philidor,  génie  étouffé  par  celui 
de  Gluck,  ii  avait  eu  l'honneur  de  pressentir  la 
réforme  que  celui-ci  devait  opérer,  et  ses  œuvres , 
aussi  bien  que  ce  qui  nous  reste  de  sa  correspon- 
dance ,  prouvent  que  si  on  ne  l'avait  pas  injus- 
tement sacrifié  au  grand  musicien  allemand ,  il 
était  de  taille  à  "mener  à  bien  cette  réforme  qu'il 
avait  entrevue  dès  ses  plus  jeunes  années  et  que 
certains  passages  de  son  Ernelinde  tendaient  à 
opéier  sur  notre  première  scène  lyrique.  A  part 
quelques  réserves  de  ce  genre ,  on  peut  affirmer 
que  V Histoire  de  la  musique  dramatique  en 
France  est  un  livre  utile,  et  que  sa  valeur  ne  dé- 
ment pas  son  titre  (1). 

En  1871,  M.  Chouqiiet  fut  nommé  conserva- 
teur du  Musée  instrumental  du  Conservatoire  , 
Musée  dont  le  premier  fond  avait  été  formé  de  la 
collection  Clapisson,  acquise  naguère  par  l'État. 
Dans  cette  nouvelle  situation ,  il  rendit  de  véri- 
tables services ,  en  même  temps  qu'il  fut  favorisé 
par  les  circonstances.  Tandis  qu'il  s'ingéniait, 
malgré  l'insuffisance  des  ressources  mises  à  sa 
disposition ,  à  augmenter  le  nombre  et  la  valeur 
des  pièces  qui  composaient  le  Musée,  et  que  ses 
efforts  étaient  souvent  couronnés  de  succès,  il 
eut  la  fortune  de  recevoir  des  mains  de  M.  Schœl  • 
cher,  député  à  l'Assemblée  nationale,  une  collec- 
tion fort  intéressante  d'instruments  sauvages  re- 
cueillis en  Afrique  et  en  Amérique  ,  et  il  fut  assez 
heureux  pour  pouvoir  effectuer  l'acquisition  de 
la  belle  collection  de  M.  le  docteur  Fau.  Ce  n'est 
pas  tout  :  iM.  Cbouquet ,  depuis  qu'il  avait  été 
chargé  de  la  garde  et  de  la  conservation  de  ce 
précieux  dépôt,  songeait  à  dresser  un  catalogue 
descriptif  et  raisonné  des  richesses  qu'il  conte- 
nait; ce  n'était  point  là  chose  facile,  et  l'entre- 
prise était  délicate  et  laborieuse.  M.  Chouquet 
s'en  tira  à  son  honneur,  et  bientôt  fut  en  état  de 
livrer  au  public  son  catalogue  ,  qui  parut  sous  ce 
titre  :  Le  Musre  du  Conservatoire  de  musique, 
catalogue  raisonné  des  instruments  de  cette 
collection  (Paris,  Didot,  1875,  in-8°).  Entre  au- 
res  qualités ,  ce  livre  nous  démontre  que  le  Musée 
du  Conservatoire,  avec  les  630  pièces  dont  il  se 
compose,  est  aujourd'hui  des  plus  intéressants, 
et  qu'il  peut  soutenir  dignement  la  comparaison 
avec  le  Musée  instrumental  de  Vienne  et  celui  de 

(Il  On  trouvera  la  preuve  de  ce  que  j'avance  ici  dans 
deux  écrits  publiés  récemment  par  moi  et  remplis  de  do- 
cuments nouveans  :  l'un,  ^ndi-é  Philidor,  dans  la 
Chronique  musicale  (i874  et  1875);  le  second,  intitulé /es 
frais  créateurs  de  l'Opcra  français,  Perrin  etCambert, 
dans  le  ménestrel  {i87â  et  ii)76).  Ces  deux  ouvrages,  revus 
et  augmentés  encore  de  documents  inédits,  paraîtront 
incessamment  sous  forme  de  volumes. 


Soulh-Kensington ,  à  Londres.  —  Parmi  les  can- 
tates dont  M.  Gustave  Chouquet  â  écrit  les  pa- 
roles, on  peut  citer  David  Rizzio,  avec  laquelle 
M.  Massenet  remporta  en  1863  le  grand  prix  de 
Rome;  1867,  dont  M.  Laurent  de  Riilé  fit  la  mu- 
sique et  qui  fut  exécutée  à  l'Opéra- Comique; 
enfin  ,  V Hymne  à  la  Paix,  qui  gagna  le  prix  de 
poésie  au  concours  de  l'Exposition  universelle  de 
1867. 

CHRISTIANI  (Ph.),  clarinettiste  très-dis- 
tingué, né  à  Amsterdam  en  1787,  fils  d'un  riche 
luthier  de  cette  ville ,  et  élève  de  MM.  Plauque  et 
Springer,  est  entré  à  l'âge  de  14  ans  à  l'orchestre 
de  l'Opéra  français  d'Amsterdam,  où  il  occupa 
l'emploi  de  clarinette  solo  jusqu'en  1840.  Il  a 
tenu  le  même  emploi  pendant  quarante  ans  à  la  cé- 
lèbre société  philarmonique  connue  sous  le  nom 
de  Félix  Meritis.  En  1805,  il  était  directeur  d'un 
des  corps  de  musique  du  roi  Louis-Bonaparte,  en 
1811,  chef  de  la  musique  de  la  garde  nationale  de 
Napoléon  V%  et,  en  1812,  il  faisait  partie  du  corps 
mobile,  avec  lequel  il  assistait  à  la  bataille  de 
Naarden.  Pendant  de  longues  années,  il  a  donné 
dans  les  principales  villes  des  Pays  Bas  de  nom- 
breux concerts,  et  les  dilettantes  néerlandais 
avaient  son  beau  talent  en  haute  estime.  M.  Chris- 
tiani  est  chevalier  de  l'ordre  de  la  Couronne  de 
chêne.  Il  s'est  retiré  complètement  de  l'arène 
musicale ,  et  vil  de  ses  rentes  dans  un  petit  coin 

d'Amsterdam. 

Ed.  de  h. 

CIIRISTIAXOWITSCII  (Alexandre), 
amateur  de  musique,  a  publié  en  français  l'ou- 
vrage suivant  :  Esquisse  historique  de  la  mu- 
sique arabe  aux  temps  anciens,  avec  dessins 
d'instruments  et  quarante  mélodies  har- 
monisées (Cologne,  Dumont  Scbauberg,  1863, 
in-4°).  On  trouve  dans  cet  écrit  quelques  notions 
sur  la  musique  arabe  et  trois  ou  quatre  notices 
biographiques. 

♦  CHRYSANDER  (Frédéric),  est  né  à 
Liibtheen,  dans  le  Mecklemhourg,  le  8  juillet 
182Ô,  et  a  fait  ses  études  à  Rostock,  où  il  obtint 
le  grade  de  docteur  en  philosophie.  Admirateur 
passionné  des  anciens  maîtres  de  la  musique,  qu'il 
a  étudiés  et  qu'il  sait  apprécier  à  leur  juste  valeur, 
non  moins  ardent  dans  son  admiration  pour  les 
grandes  œuvres  modernes,  M.  Chrysander  n'a 
cessé  de  défendre  ses  idées  dans  VAlIgemeine 
Musik  Zeitung.  De  fréquents  voyages  en  Angle- 
terre n'ont  fait  qu'augmenter  l'ardeur  de  son 
enthousiasme  pour  les  productions  gigantesques 
de  Hœndel,  et  l'ont  amené  à  publier  sur  ce  maître 
incomparable  un  étude  biographique  qui  est  un 
monument  de  l'intelligence  allemande,  et  qui  peut 
èlie  mise  en  parallèle  avec  le  livre  célèbre  d'Otto 


CHRYSANDER  —  CIMOSO 


483 


Jahn  sur  Mozart.  Cette  biographie  de  Haendel, 
qui  ne  comporte  pas  moins  de  trois  volumes  in- 
8',  a  été  publiée  à  Leipzig,  chez  les  éditeurs 
BreitkopfetHaertel. 

CHVVALIBOG  (J -K ),  compositeur 

polonais,  né  dans  les  premières  années  de  ce 
siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  assez  grand 
nombre  d'œuvres  de  musique  religieuseexéculées, 
à  partir  de  1844,  dans  les  différentes  églises  de 
Varsovie.  On  cite  de  lui  environ  douze  messes , 
parmi  lesquelles  une  Messe  pastorale  à  cinq 
voix,  du  uieilleur  effet  ;  un  oratorio  en  deux  par- 
ties, le  Sacrifice  d'Abraham,  paroles  de  Ros- 
tkowski,  exécuté  en  1848  chez  les  PP.  Francis- 
cains; plusieurs  Kolendas  (noëls);  Jésus  mou- 
rant, morceau  à  cinq  voix  ;  l'Ange  gardien,  trio 
pour  deux  ténors  et  basse,  etc.,  etc.  La  plupart 
des  compositions  de  M.  Chwalibog  ont  été  pu- 
bliées à  Varsovie. 

CIAMPALAXTI  ( ),  compositeur,  atta- 
ché à  la  musique  de  Louis  XV,  a  publié  en  1764 
un  recueil  de  Six  Ariettes  françaises  dans  le 
goût  italien  avec  accompagnement  d'un  violon 
et  d^une  basse,  suivies  d'une  cantate  déta- 
chée, à  grande  symphonie. 

*  CIAMPI  (Legrenzo-Vincenzo).  A  la  liste 
des  ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste  ,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  1°  Da  un  disordine  nasce 
un  ordine,  opéra  bouffe,  Naples,  th.  des  Fioren- 
lini,  1737;  2°  la  Béatrice,  id.,  th.  Nuovo, 
1740;  3"  la  Lionora  (en  société  avec  Logros- 
cino),  id.,  th.  des  Fiorentini,  1742  ;  4°  VAmore 
ingegnoso,  id.,  id.,  1745. 

CIAXCHI  (EiiiLio),  compositeur,  né  à  Flo- 
rence le  21  mars  1833,  a  étudié  la  théorie  de 
l'art  avec  Ignazio  Colson,  puis  avec  Ermanno 
Picchi.  Dès  1854,  à  peine  âgé  de  21  ans,  il  se  (it 
connaître  par  l'exécution,  dans  une  des  églises 
de  Florence,  de  son  oratorio  Giuditta.  Il  aborda 
ensuite  le  théâtre,  et  fit  représenter  les  ouvrages 
suivants  :  1°  Salvator  Rosa  (Florence,  th.  Pa- 
gliano,  1855);  2°  il  Saltimbanco  (id.,  id., 
1856);  3°  la  Vendetta  (id.,  id.,  1857);  4°  Leone 
Isauro  (Turin,  th  Regio,  1862).  En  1873,  il  fit 
exécuter  dans  l'église  de  Santa-Croce,  de  Flo- 
rence, pour  l'anniversaire  du  roi  Charles-Albert 
et  des  martyrs  de  l'indépendance  italienne,  une 
messe  de  Requiem  qui  produisit  un  effet  consi- 
dérable. M.  Cianchi,  qui  est  un  artiste  fort  dis- 
tingué et  fort  intelligent,  est  secrétaire  du  Royal 
Institut  musical  et  de  l'Académie  musicale  Flo- 
rentine. 

CIBOT  ou  CYBOT,  musicien  du  seizième 
siècle,  dont  le  nom  se  trouve  écrit  de  ces  deux 
façons  dans  le  fameux  recueil  de  chansons  fran- 
çaises à  quatre  voix  publié  vers  1530  par  l'im- 


primeur Pierre  .\ttaignant,  a  fourni  à  ce  recueil 
la  musique  des  deux  chansons  suivantes  :  Ayer 
ne  puis  celle,  et  Amye,  tu  as  sur  moi  trop. 

CIBULOVSKY  (Lucas),  compositeur  de 
musique  religieuse,  né  en  Bohême,  florissait  vers 
1617.  Y. 

CICCARELLl  (Angelo),  compositeur,  na- 
quit à  Terarao,  dans  les  Abruzzes,  le  25  janvier 
1806.  Il  reçut  d'abord,  à  Lanciano,  des  leçons 
d'un  organiste  nommé  Filippo  Gianni,  et  devint 
plus  tard,  à  Naples,  l'élève  de  Crescentini  pour 
le  chant  et  de  Zingarelli  pour  la  composition. 
Ses  études  terminées,  il  alla  s'établir  à  Dresde 
comme  professeur  de  chant,  devint  le  maître  à  la 
mode  et  se  fit  en  cette  ville  une  position  bril- 
lante, qu'il  n'a  cessé  d'occuper  depuis.  On  doit 
à  cet  artiste  un  Stabat  Mater  à  4  voix  de  fem- 
mes, une  Messe  de  Requiem  à  4  voix,  deux 
Messes  de  Gloria,  un  Te  Deum,  et  un  assez 
grand  nombre  de  mélodies  vocales;  une  grande 
partie  de  cette  musique  a  été  publiée.  Il  n'en  est 
pas  de  même  d'un  drame  lyrique,  Catherine  de 
Guise,  qui,  par  suite  de  circonstances  particu- 
lières, n'a  jamais  pu  être  représenté. 

CICCONETTl  (Filippo),  avocat  et  musico- 
graphe italien,  est  né  à  Rome  le  18  juillet  1820. 

11  étudia  la  musique  en  amateur,  et  ses  relations 
avec  quelques  grands  artistes  lui  donnèrent  plus 
tard  l'idée  de  retracer  la  vie  de  quelques-uns 
d'entre  eux.  C'est  ainsi  que  M.  Cicconetti  publia 
successivement  les  ouvrages  suivants  :  Vita  di 
Vincenzo  Bellini  (Prato,  Alberghetti,  1859,  in- 

12  avec  portrait);  Vita  di  Gaetano  Donlzetti 
(Rome,  typ.  Tiberina,  1864,  in-t2);  Memorie  in- 
torno  a  Pietro  Raimondi  (id.,  id.,  1867,  in-12); 
Le  Mie  Memorie  aiiistiche,  di  Giovanni  Pa- 
cini,  continuate  (Rome,  Sinimberghi,  1872,  in- 
12).  Ces  divers  écrits,  dans  lesquels  on  trouve 
d'ailleurs  d'utiles  documents  et  des  renseigne- 
ments intéressants,  manquent  de  valeur  au  point 
de  vue  de  la  critique,  qui  n'y  est  même  pas 
abordée,  et  ne  sont  qu'une  longue  apologie  du 
talent  des  artistes  qui  en  font  l'objet.  Ils  seront 
précieux  néanmoins  pour  ceux  qui  voudront, 
par  la  suite,  tracer  une  véritable  histoire  de  la 
vie  et  de  la  carrière  de  ces  artistes,  parce  que 
l'auteur  est  doué  d'une  qualité  rare  chez  la  plupart 
di's  écrivains  artistiques,  principalement  en  Italie, 
je  veux  dire  l'amour  et  le  souci  de  l'exactitude 
historique.  Pour  ma  part,  je  me  suis  servi  utile- 
ment, lors  de  la  publication  de  mon  livre  ;  Bel- 
lini, sa  vie,  ses  œuvres,  de  l'opuscule  consacré 
par  M.  Cicconetti  à  ce  compositeur.  M.  Cicco- 
netti a  publié  encore  quelques  brochures  dont 
j'ignore  les  titres. 

*  CIMOSO  (GuiDO,)  fils  d'un   organiste  ha- 


184 


CIMOSO  —  CLAPISSON 


bilo  qui  était  né  à  Vienne  le  1 1  avril  1780  et  qui 
mourut  à  Venise  le  G  mars  1850,  naquit  à  Vi- 
cence  le  10  février  1804.  C'est  par  erreur  qu'on 
i'a  dit  élève  d'Asioli  et  du  Conservatoire  de  Mi- 
lan,  sur    les  registres   duquel   son  nom  ne  se 
trouve  pas  mentionné.  Dès  l'âge  de  sept  ans  il 
reçut  de  son  père  ses  premières  leçons  de  violon, 
deux  ans  après  il  commença  l'étude  du  piano 
sous   la  même  direction,  et  il  avait  à  peine  at- 
teint sa  onzième  année  qu'il  se  produisait  comme 
violoniste  et  comme  organiste,  dans  les  princi- 
pa'e>  églises  de  Venise,  où  son  père  était  alors 
fixé.   Ayant  ensuite  travaillé  la  composition,  il 
occupa  successivement  dans  diverses   villes,  à 
Thiene,  à  Zara,  à  Trieste,  les  fonctions  d'orga- 
niste, de  chef  d'orclieslre,  de  directeur  de  Socié- 
tés philharmoniques,   elc.  11  se  fixa  enfin  dans 
cette  dernière  ville,  oii  il  occupe  depuis  long- 
temps une  situation  artistique  très-importante. 
M.  Cimoso  est  l'auieur  d'une  centaine  de  com|.o- 
sitions  de  divers  genres,  profanes  ou  religieuses, 
parmi  lesquelles  on  cite   particulièrement  -.   1" 
Grande  Studio  di  allégorie  armonico  religiose 
à  grand  orchestre,  dédiée  à  l'impératrice  Elisa- 
beth d'Autriche,  et  qui  lui  a  valu,  en  1871,  une 
médaille    d'or    à   ^Expo^ition    de   Trieste  ;    2  " , 
Grande  Studio  allegorico  musicale  à  grand 
orchestre,  dédiée  aux  trois  Conservatoires  de  Co- 
logne, Milan  et  Naples.  Une  réduction  au  piano 
a  été  publiée  de  ces  deux  ouvrages  (Udine,  Ber- 
letti). 

CSXI  (Giuseppf.-Ottavio),  prêtre  et  musicien 
italien,  vivait  au  dix-septième  siècle.  On  a  publié 
après  sa  mort  l'ouvrage  suivant  ;  Solfeggiamcnti 
adue  voci,  opéra postnma delmoUo reverendo 
Giuseppe  Otlavio  Cini,  sacerdote,  dati  in  lace 
dal  sacerdote  Tommaso  Redi,suo  nipote,  Luc- 
ques  1708. 

CIjVjXA  (Oscar  DE  LA),  pianiste  et  compo- 
siteur espagnol  contemporain,  s'est  fait  connaî- 
tre par  la  publication  d'un  certain  nombre  de 
pièces  légères  et  de  morceaux  de  genre  pour  le 
piano,  parmi  lesquels  figure  ime  Grande  Mar- 
che héroïque  (hongroise)  pour  deux  pianos  à 
quatre  mains. 

C3POLLOXE  (Mattiv),  musicien  italien, 
est  auteur  d'un  ojiuscule  ainsi  intitulé  :  Opinioni 
sullc:  musica  coniemporanea  (Sulmona,  lb73). 
Cet  artiste  a  écrit  aussi  la  musique  d'un  opéra  en 
trois  actes,  Eugenia  d'Albassini,  qui  a  été  joué 
le  2  Tj  février  1876  à  Sulmona,  parles  élèves  de 
l'école  magistrale. 

tJRKT  ( ),  est  le  nom  d'un  composi- 
teur français  dont  il  est  fait  mention  dans  le  ca- 
talogue de  Boivius,  lequel  lui  attribue  deux  livres 
de  Pièces  de  Clavessin.  Y.    __ 


CISOTTI  (Prospero),  compositeur  italien, 
a  tait  repré.'^enter  à  Milan,  au  théâtre  Santa-Ra- 
degonda,  le  18  avril  1866,  un  opéra  intitulé  Zw- 
leika.  Cet  ouvrage  a  été  reçu  froidement,  quoi- 
que le  rôle  principal  en  fût  chanté  par  une  ar- 
tiste de  talent,  M"'^  Massini. 

CLAIRVAL(M»«).  Foye^LESCOT  (M»^). 

CLAIRVILLE  ,Ed.  NICOLAIE,  dit),  fils 
de  l'auteur  dramatique  connu  sous  ce  nom,  a  écrit 
la  musique  des  deux  opérettes  suivantes  :  1"  Char- 
bonnier est  maître  chez  lui,  th.  du  Chàteau- 
d'Eau,  1874;  2"  Une  rue  sous  Louis  XV,  Folies- 
Bobino  ,  15  février  1875. 

*  CLAPISSOX  (ANTONiiN-Louis),  est  mort  à 
Paris  le  19  mars  1866.  Son  père,  attaché  au  ser- 
vice du  roi  Mural,  professeur  au  Conservatoire 
de  Ndples  et  premier  cor  au  théâtre  San-Carlo, 
dut  rentrer  en  France  à  la  suite  des  événements 
politiques  de  1815.  Dès  cette  époque,  le  jeune 
Clapisson  parcourut  le  midi  de  la  France  sous 
la  conduite  de  l'excellent  violoncelliste  Hus-Des- 
forges,  en  donnant  des  concert?,  et  étonnait  ses 
auditeurs  par  un  talent  précoce  sur  le  violon.  Sa 
famille  s'etant  fixée  à  Borde.uix,  les  succès  de 
l'enfant  le  firent  remarquer  d'un  arli>te  distin- 
gué, Hippolyte  Sonnet,  auteur  de  la  musique  de 
plusieurs  ballets  représentés  en  celte  ville.  Celui- 
ci  lui  donna  des  leçons  d'harmonie,  et,  un  peu  plus 
tard,  Clapisson  entra  en  qualité  de  premier  vio- 
lon à  lorcheslredu  Grand-Théâtre.  Lorsqu'il  vint 
terminer  ses  études  à  Paris,  il  devint  successive- 
tnent  premier  violon  aux  Italiens  et  second  vio- 
lon à  l'Opéra.  Après  avoir  quitté  le  Conserva- 
toire, il  se  fil  connaître  d'abord  comme  compo- 
siteur par  six  quatuors  pour  voix  d'hommes  qui 
furent  exécutés  aux  concerts  du  Conservatoire 
par  MM.  Puig,  Dérivis,  Ferdinand  Prévost  et 
Alexis  Dupont,  puis  par  une  suite  de  six  mor- 
ceaux à  deux  voix,  intitulés  le  ]'ieux  Paris.  Ce 
fut  alors  qu'on  lui  confia  le  poëme  de  la  Figu- 
rante, opéra-comique  en  cinq  actes  dont  Mon- 
pou  avait  refusé  d'écrire  la  partition  parce  qu'elle 
devait  être  livrée  dans  le  délai  de  deux  mois, 
sous  peine  d'un  dédit  de  20,000  francs  !  Clapis- 
son accepta  ces  conditions,  écrivit  son  ouvrage 
dans  le  temps  fixé,  et  le  vit  représenter  avec 
succès  à  rOpéra-Comique,  le  24  août  1838,  par 
Roger,  Moreau-Sainti,  Leroy,  Grignon,  Desian- 
des,  Mlles  Rossi  et  Jenny  Colon. 

Aux  ouvrages  cités  de  son  répertoire  drama- 
tique, il  faut  ajouter  les  suivants  :  Don  Qui- 
chotte et  Sancho ,  pochade  musicale  écrite  pour 
le  bénéfice  d'Hermann-Léon  et  jouée  à  l'Opéra- 
Comique  le  11  décembre  1847;  Dans  les 
Vignes  (Théâtre-Lyrique,  1854)  ;  le  Coffret  de 
Si-Dominique,   opéra     de    salon    (salle  Herz  , 


CLAPISSON 


CLAVEL 


183 


1855);  les  Amoureux  de  Perrcite  (tliéâtie  de 
Bade,  1855);  le  Sylphe  (idem,  1856);  Madame 
Grégoire  (Théâtre- Lyrique,  1860).  Ciapisson  a 
publié  aussi  un  très-grand  nombre  de  romances 
(200  environ),  dont  il  paraissait  un  album  cha- 
que année,  et  il  a  écrit  encore  beaucoup  de 
chœurs  orpiiéoniques  :  les  Enfunts  du  désert, 
Paris,  la  Parole  de  Dieu,  Voici  le  port,  les 
Chants  de  nos  pères.  Au  point  du  jour,  le 
Bronze,  les  Harmonies  de  la  Aiiit,  la  Puis- 
sance de  Sainte-Cécile,  les  Rémouleurs,  les 
Enfants  des  ombres,  Aux  armes,  etc.  En  1861, 
il  avait  été  nommé  professeur  d'harmonie  au  Con- 
servatoire. 

Ciapisson  avait  formé,  à  force  de  soins,  de  pa- 
tience et  de  recherches,   une  collection  très- cu- 
rieuse d'instruments  de  musique  de  tous  temps, 
de  tous  genres  et  de  tons  pays.  En  1861,  il  avait 
cédé  cette  collection  à   l'État  moyennant   une 
somme  de  30,000  francs,  une  pension  de  3,000 
francs,  dont  moitié  réversible  sur  sa  veuve,  et 
Je  titre   de  conservateur  de  ce  Musée,  avec  lo- 
gement  au  Conservatoire,  auquel   l'État  en   fit 
don  et  dans  l'un  des  bâtiments  duquel  il  a  trouvé 
place.  La  collection  Ciapisson  est  devenue  le  fonds 
premier  et  important  du  Musée  instrumental  du 
Conservatoire,  aujourd'hui  l'un  des  plus  riches 
de  l'Europe.  Cependant,  son  propriétaire  n'avait 
pas  tout  vendu  ;  il  avait  conservé  encore  une 
quantité  assez  considérable  d'objets,  pour  qu'ime 
vente  en  pùi  être  faite  après  sa  mort,  vente  dont 
on  publia  le  catalogue  sous  ce  titre  :  Collection 
de  sifflets,  instruments  de  musique  et  curiosi- 
tés diverses  de  feu  M.  Ciapisson,   membre  de 
l'Institut  et  professeur  au  Conservatoire  (Pa- 
ris, Delange,  1806,  in-8°).  Ciapisson  mourut  pres- 
que subitement;  à  la  suite  d'un  malaise,  il  s'é- 
tait purgé,  et  n'avait  pas  attendu,  pour  prendre 
un  peu  de  nourriture,  l'effet  de  la  médecine,  par 
laquelle  il  fut  étouffe  (1). 

CLARIBEL,  est  le  pseudonyme  adopté  par 
une  dame  compositeur,  M">«  Charles  Barnard, 
qui  s'est  fait  connaître  par  un  grand  nombre  de 
romances  et  de  ballades  devenues  populaires  en 
Angleterre.  Cette  artiste  est  morte  à  Douvres  le 
30  janvier  1869. 

(1)  V Annuaire  dramatique  belge  pour  i8i4  mentionne 
comme  ayant  été  ex  cutee  au  théâtre  de  l.i  Monniie,  de 
Bruxelles,  le  îo  m.irs  1843,  «  l'ouverture  inéillte  de  fré- 
deyonde,  de  M.  Ciapisson,  »  alors  présent  en  cette  ville. 
J'ignore  s'il  s'agit  ici  de  la  préface  in-truraentale  d'un 
opéra  resté  inélit,  ou  simplement  d'une  ouverture  de 
concert.  -  H  faut  encor.'  citer  à  l'actif  de  Ciapisson  la 
Poularde  de  Caujt,  opéreiie  en  un  acte  représentée  au 
théâtre  du  Palais-R„.v,-,1  ,o,s  15.S6,  et  dont  .1  écrivit  la 
mu.ique  en  société  avec  MM.  Buzille,  Gautier,  Gevaert,  Jo- 
nas,  Mangeant  et  F.  Polse. 


CLAUSS  (Victor),  com|;osilcur,  né  à  Bern 
bourg  le  24  novembre  1805,  a  écrit  des  mor- 
ceaux d'orgue  et  de  piano,  ainsi  que  des  lieder. 

Y. 
CLAUSSE\  (Wilhelm),  compositeur  alle- 
mand, naquit  à  Schwerin  en  1843.  En  1868  il 
remporta  le  prix  fondé  à  Berlin  par  Meyerbeer, 
et  visita  à  l'aide  de  sa  pension  la  France  et  l'Ita- 
lie. Ce  jeune  musicien,  qui  donnait  de  grandes 
espérances,  a  été  enlevé  par  une  mort  prématu- 
rée en  1869.  Il  a  laissé  quelques  morceaux  de 
piano  et  plusieurs  lieder  qu'on  a  publiés  après  sa 
mort.  Y. 

CLAV'E  (José-Anselmo),  compositeur  espa- 
gnol, naquit  à  Barcelone  le  21  avril   1824.  Cet 
artiste,  dont  on  a  représenté  à  Madrid  quelques 
zarzuelas  qui  ont  été  bien  accueillies  mais  dont 
j'ignore  les  titres,  s'est  surtout  acquis  une  répu- 
tation comme  compositeur  de  chan.sons  et   de 
chœurs    populaires  qui    ont  rayonné   sur  toute 
l'Espagne.  C'est  d'ailleurs  aux  efforts  intelligents 
de  Clavé  que  ce  pays  doit  l'introduction  et  la' 
création  du  chant  choral,  tel  qu'il  y  exi,ste  au- 
jourd'hui ;  c'est  lui  qui  forma  en  Espagne  la  pre- 
mière société  orphéonique,  société  qui  se  fit  cn- 
tenilre  pour  la  première  fois  en    1851,   et  c'est 
lui  qui  organisa  à  Barcelone  le  premier  festival 
populaire,  festival  qui  eut  lieu  le  17   septembre 
1860  et  qui  réunit  cinq  sociétés  formant  un  en- 
semble de  200  chanteurs.  En  1804,  57   .sociétés 
comprenant  2,091  membres,  se  préseulèrent  au 
festival  des  4,  5  et  6  juin,  organisé,  comme  ceux 
qui    l'avaient    précédé,   par    José  Clavé.    Mais 
ce  nombre  de  57  sociétés  est  loin  de  donner  le 
total  de  celles    qui   existaient  alors,   car  on  en 
comptait  en  tout  85.  Clavé  est  mort  à  Barcelone, 
au   mois  de  février  1874., Un  de  ses  compatrio- 
tes, M.  Apeles  Mestres,  a  publié  sur  lui,  en  1876, 
une  notice  biographique   intéressante.    D'autre 
part,  M.  Joaquin  Riera  y  Bertran  a  écrit  les  pa- 
roles et  AI.  Obiols  la  musique  d'une  cantate  dé- 
diée à  la  mémoire  de  ce  compositeur. 

*  CLAVEL  (Joseph),  violoniste,  né  à  Nan- 
tes le  20  décembre  1800,  est  mort  à  Sillé-le- 
Guillaume  le  31  août  1852.  Nommé  répétiteur 
d'une  classe  de  violon  au  Conservatoire  le  1" 
janvier  1824,  réformé  le  i''  septembre  1831, 
rentré  en  qualité  de  professeur-adjoint  le  1^'' 
janvier  1837,  enfin  devenu  professeur  titu- 
laire d'une  classe  préparatoire  le  1'^'  janvier 
1839,  cet  artiste  avait  pris  sa  retraite  le  1'"^  octo- 
bre 1846.  —  Une  artiste  nommée  M"*  Bénigne 
Clavel,  probablement  sœur  ou  cousine  de  Joseph 
Clavel,  puisqu'elle  était  née  à  Nantes  en  1808, 
obtint  au  Conservatoire  un  premier  prix  de  sol- 
fège en  1823,  et  fut  nommée  en  1826  professeur 


i86 


CLAVEL  —  CLÉMENT 


adjoint  âe  solfège  dans  cet  établissement.  Je 
n'ai  pu  trouver  sur  elle  d'autres  renseigne- 
ments. 

CLA.YTO!\  ( ).  Un  écrivain  anglais  de 

ce  nom  a  publié  un  ouvrage  en  deux  volumes, 
intitulé  les  Reines  du  chant. 

CLÉDEÇOL.  Sous  ce  pseudonyme,  on  a  pu- 
blié en  1836  (in-18,  W'^  Goullet,  éditeur)  un 
petit  livre  facétieux  ainsi  intitulé  :  Dictionnaire 
aristocratique,  démocratique  et  misligorieux 
de  musique  vocale  et  instrumentale .pu- 
blié en  Lanternois  par  Krisostauphe  Clédeçol, 
docteur  ferré,  marqué  et  patenté,  professeur  de 
castagnettes  dans  tous  les  conservatoires  na- 
tionaux, étrangers  et  autres,  etc.,  traduit  par 
Ydâlôhtùstiphèjâldenpéâb,  ràcleur  de  boyau. 
Quelques  bibliographes  attribuent  ce  petit  livre  à 
Adolphe  Ledliuy. 

*  CLÉMEXT  (Jacques),  dit  Clemens  non 
papa.  On  trouve  seize  chansons  de  cet  artiste 
célèbre  dans  le  recueil  divisé  en  six  livres  que 
Pierre  Phalèse  publia  à  Louvain  en  1555-1556, 
et  dont  le  premier  parut  sous  ce  titre  :  Premier 
livre  des  chansons  à  quatre  parties,  nouvel- 
lement composez  (sic)  et  inises  en  musicque, 
convenables  tant  aux  instruments  comme  à 
la  voix  (Louvain,  1555,  in-4°). 

*  CLÉMEXT  (Félix).  Depuis  1860,  cet  ar- 
tiste a  publié  plusieurs  traités  didactiques  et 
plusieurs  ouvrages  littéraires.  Voici  les  titres  des 
premiers  :  1°  Méthode  d'orgue,  d'harmonie  et 
d'' accompagnement,  comprenant  toutes  les 
connaissances  nécessaires  pour  devenir  un 
habile  organiste  (Paris,  Hachette,  in-4")  ;  T  le 
Livre  d'orgue  du  Paroissien  romain,  conte- 
nant l'accompagnement  des  messes,  vêpres, 
compiles,  saints,  proses,  hymnes,  antiennes 
des  dimanches  et  fêtes  de  l'année  (Paris,  Ha- 
chette, in- 12)  ;  3"  Méthode  de  musique  vocale 
graduée  et  concertante,  pour  apprendre  à 
solfier  et  à  chanter  à  une  et  plusieurs  voix 
(Paris,  Hachette,  in-4");  4»  Choix  des  princi- 
pales séquences  du  moyen  âge,  tirées  des 
inanuscrits,  tradxiites  en  musique  et  mises  en 
parties  avec  accompwjnement  d'orgue  (Paris, 
1S61,  in-4").  Les  écrits  nouveaux  de  M.  Clément 
sont  les  suivants  :  1"  Histoire  générale  de  la 
musique  religieuse  (Paris,  Adrien  Le  Clère, 
1801,  in-8°)  ;  2°  les  Musiciens  célèbres,  depuis 
le  seizième  siècle  jusqu'à  nos  jours  (Paris,  Ha- 
chette, 1868,  gr.  in-S"  avec  44  portraits  à  l'eau- 
forte);  3°  Dictionnaire  lyrique,  ou  Histoire 
des  opéras,  contenant  Vanalyse  et  la  nomen- 
clature de  tous  les  opéras  et  opéras  comiques 
représentés  en  France  et  à  l'étranger  depuis 
Vorigine  de  ce  genre  d'ouvrages  jusqu'à  nos 


jours  (Paris,  Boyer,  s.  d.  [1869],  gr.  in-S")  (1)  ;  4" 
Lettre  à  M.  Rupert,  rédacteur  du  Monde,  sur 
l'accompagnement  du  plain-chant,  à  propos 
de  la  Méthode  d'accompagnement  publiée  par 
M.  Moncouteau  (Paris,  Ad.  Le  Clère,  1864, 
in- 8°).  (2) 

De  ces  divers  ouvrages,  le  plus  important  et 
le  plus  original,  à  coup  sûr,  est  l'Histoire  géné- 
rale de  la  musique  religieuse;  c'est  aussi  le 
meilleur,  et  de  beaucoup,  bien  qu'il  ne  justifie 
pas  absolument  son  titre,  et  que,  ainsi  que  l'a 
remarqué  Félis,  il  présente  plutôt  une  série  de 
recherches  historiques  sur  la  musique  religieuse 
qu'une  Histoire  véritable,  au  sens  strict  du  mot. 
Les  Musiciens  célèbres  et  le  Dictionnaire  ly- 
rique ne  sont  que  de  volumineuses  compilations; 
je  ne  dis  point  cela  en  manière  dédaigneuse,  at- 
tendu que  les  compilations,  lorsqu'elles  son 
faites  avec  soin,  intelligence  et  discernement,  peu- 
vent être  d'une  grande  utilité.  Mais  celles-ci,  il 
faut  le  déclarer,  prêtent  en  plus  d'un  endroit  le 
liane  à  la  critique,  parce  que  l'auteur,  s'il  a  fait 
preuve  d'intelligence,  n'a  pas  toujours  procédé 
avec  tout  le  soin  désirable.  Dans  les  Musiciens 
célèbres,  qui  auraient  pu  former  un  livre  sédui- 
sant, M.  Clément  a  négligé  de  remonter  aux 
sources,  et,  se  bornant  à  consulter  les  biogra- 
phies ayant  cours  sans  contrôler  leurs  rensei- 
gnemenls,  a  reproduit  tout  naturellement  les  er- 
reurs de  ses  devanciers  ;  le  livre  n'en  est  pas 
moins  aimable  sans  doute,  mais,  au  point  de  vue 
historique,  les  assertions  de  l'écrivain  ne  peu- 
vent être  acceptées  que  sous  bénéfice  de  l'inven- 
taire le  plus  scrupuleux.  La  part  de  l'erreur  est 
bien  plus  forte  encore,  et  cela  n'est  pas  étonnant, 
dans  le  Dictionnaire  lyrique  (3).  C'est  ici  sur- 
tout que  serait  de  mise  notre  vieux  proverbe  : 
Qui  trop  embrasse  mal  étreint.  Insuffisam- 
ment renseigné  déjà  sur  la  France,  à  laquelle  il 
aurait  dû  borner  ses  recherches,  M.  Clément  a 
eu  la  prétention  fâcheuse  de  cataloguer  tous  les 


;i)  L'auteur  a  publié,  depuis,  plusieurs  suppléments  à 
ce  Dictionnaire,  pour  le  tenir  au  courant  du  mouvement 
artitiqueet  y  menllonner  les  ouvr.iges  Douvellenient  re- 
présentés. 

(2)  Comme  compositeur,  on  doit  à  M.  Félix  Clément  un 
recueil  de  Nouveaux  cantiques  des  enfants  de  Marie  en 
Vkonneur  du  Saint-Sacrement  et  de  la  Sainte  Fierge,  à 
une,  deux  et  trois  parties,  avec  accompagnement  d'orgue 
ad  libitum,  l'aris,  Régis-Buffet,  |863,  petit  in-8°. 

(3|  Ce  livre  est  fort  loin  d'être  «  le  premier  dece  genre 
qui  ait  paru  Jusqu'à  ce  Jour,  »  comme  le  dit  l'avertisse- 
ment. S'il  en  itaiî  ainsi,  que  seraient  donc  la  Dramatur- 
gia  d'Allacri,  le  recueil  de  la  Valliére  :  Ballets,  opérât 
et  autres  otivraues  lyriques,  la  Bibliothèque  det  Thcâ- 
tres  de  Maupnint,  le  Dictionnaire  des  IheAtret,  de  l.é- 
rls,  k  Dictionnaire  dramatique  de  Chamfort  et  de  l'abbé 
de  Laporte,  et  dix  autres  qu'on  pourrait  citer? 


CLÉMENT  —  GLODOMIR 


187 


ouvrages  lyriques  qui  se  sont  produits  dans  toute 
l'Europe  depuis  plus  de  deux  siècles.  11  en  est 
résulté,  tout  naturellement,  outre  d'incalculables 
omissions,  d'innombrables  erreurs  de  titres,  de 
dates  et  d'attributions ,  et  même  de  curieux 
doubles  emplois  produits  par  ce  fait  que  l'auteur 
inscrit  souvent  deux  fois  le  même  ouvrage  sous 
deux  titres  différents.  Même  pour  la  France,  ces 
erreurs  sont  nombreuses,  et  parfois  tellement 
grossières  qu'elles  en  sont  impardonnables.  Quant 
à  la  partie  critique  de  l'ouvrage,  elle  est  souvent 
de  nature  à  étonner  et  à  dérouter  le  lecteur  ;  c'est 
ainsi  que  M.  Clément,  qui  consacre  soixante-dix 
lignes  à  un  prétendu  opéra-comique  de  M.""-'  Per- 
rière-Pilté,  le  Sorcier,  qu'il  paraît  considérer 
comme  une  sorte  de  petit  chef-d'œuvre,  étran- 
gle en  peu  de  mots  le  Chalet,  d'Adolphe  Adam, 
dont  un  ou  deux  morceaux  trouvent  à  peine 
grâce  à  ses  yeux  :  «  Tout  le  reste,  ajoute- t-il, 
est  commun  et  trivial  ;  d'ailleurs  orchestré  avec 
ingéniosité,  à  la  portée  des  intelligences  musica- 
les les  plus  bornées  ;  c'est  de  la  musique  fran- 
çaise dans  le  sens  assez  abaissé  du  mot.»  Quoi  qu'il 
en  soit,  et  malgré  ses  défauts,  le  Dictionnaire 
lyrique  est  un  ouvrage  utile  à  consulter,  mais 
seulement,  en  ce  qui  concerne  les  travailleurs,  à 
titre  de  point  de  départ  et  de  premier  renseigne- 
ment. 

M.  Félix  Clément,  qui  est  du  reste,  à  tous  les 
points  de  vue,  un  artiste  laborieux,  mais  qui, 
découragé,  comme  tant  d'autres,  en  ce  qui  con- 
cerne le  théâtre,  semble  avoir  renoncé  à  s'y  pro- 
duire comme  compositeur,  s'en  est  pourtant  oc- 
cupé naguère.  Outre  les  chœurs  d'Athalie,  nou- 
vellement mis  en  musique  par  lui  et  exécutés  en 
diverses  circonstances,  il  a  écrit  un  opéra  comi- 
que en  un  acte,  les  Deux  Savants,  qu'il  a  fait 
jouer  dans  un  concert  le  20  mars  1858,  et  un  ou- 
vrage en  trois  actes ,  le  Dormeur  éveillé  ou 
Abou-Hassan,  reçu  naguère  au  Théâtre-Lyrique, 
mais  qui  n'a  jamais  été  représenté. 

CLÉMEA^T  Y  CAVEDO  (Manuel),  mu- 
sicien espagnol,  né  à  Gandia,  dans  le  royaume 
de  Valence,  le  1^''  janvier  1810,  fit  ses  études  litté- 
raires et  musicales  au  chapitre  d'une  église  de  sa 
ville  natale.  L'organiste  de  cette  église  étant  tombé 
malade,  il  fut,  à  peine  âgé  de  onze  ans,  jugé  assez 
capable  pour  le  remplacer  pendant  une  année.  A 
quinze  ans,  il  concourut  pour  la  place  d'organiste 
et  de  maître  de  chapelle  de  la  ville  d'Algemesi, 
et  obtint  cet  emploi,  qu'il  quitta  au  bout  de  cinq 
années  parce  qu'il  ne  voulait  point  entrer  dans 
les  ordres.  Pendant  ce  temps  il  composa,  pour 
la  cathédrale  de  Valence,  oîi  elle  fut  exécutée, 
une  messe  avec  accompagnement  d'orchestre. 
Devenu  organiste  d'une  paroisse  de  cette  dernière 


ville,  il  y  demeura  plusieurs  années,  puis,  en 
1840,  vint  s'établir  en  France,  à  Guéret,  oîi  il  se 
livra  à  l'enseignement  du  piano  et  du  chant,  tout 
en  étudiant  les  œuvres  des  grands  maîtres  et  en 
les  analysant  au  double  point  de  vue  musical  et 
philoso|ihique. 

En  1852,  M.  Clément  retourna  en  Espagne,  se 
fixa  à  Madrid,  publia  un  ouvrage  élémentaire 
intitulé  Gramatica  musical,  qu'il  dédia  à  l'in- 
fante Lsabelle,  écrivit  l'année  suivante  un  opéra- 
féerie,  las  Basas  magicas,  fut  chargé  en  1855 
par  le  général  Espartero  de  lui  fournir  un  plan  de 
réforme  des  études  du  Conservatoire,  et  en  1856 
composa  une  zarzuela.  Très  para  uno.  Ces  di- 
vers travaux  ne  l'empêchaient  pas  de  se  livrer  à 
l'enseignement  du  français,  et  de  donner  encore 
quelques  rares  leçons  de  piano.  En  1862  et  1863, 
il  fournit  un  certain  nombre  d'articles  sur  la  mu- 
sique au  journal  el  Rubi,  de  Valence,  et  depuis 
cette  époque  il  s'occupe  surtout  de  fournir  aux 
éditeurs  Ronchi  et  Cie  des  traductions  du  fran- 
çais et  de  l'italien,  tout  en  composant  des  ro- 
mances et  des  ballades  pour  la  Biblioteca  mu- 
sical publiée  par  M.  Echevarria.  M.  Clément  a 
collaboré  assez  activement  à  une  feuille  musi- 
cale, el  Artiita,  qui,  je  crois,  n'existe  plus  au- 
jourd'hui. 

*  CLÉRAMBAIILT  (Louis-Nicolas).  Outre 
ses  cinq  livres  de  Cantates  françaises,  ce  mu- 
sicien a  publié  chez  Ballard  quatre  cantates  sé- 
parées dont  voici  les  titres  :  la  Muse  de  VOpc'ra, 
le  Bouclier  de  Minerve,  Abraham,  et  le  So- 
leil vainqueur. 

*  CLÉRAMBAULT  (César-François-Ni- 
coLAs),  fut  organiste  de  la  maison  royale  de 
Saint-Cyr,  ainsi  que  son  père,  auquel  il  succéda 
vraisemblablement  dans  cet  emploi.  Il  écrivit  une 
musique  nouvelle  pour  VAthalie  de  Racine,  mu- 
sique qu'il  fit  précisément  exécuter  à  Sainl-Cyr, 
le  20  mars  1756,  dans  une  représentation  de  ce 
chef-d'œuvre  qui  eut  lieu  en  présence  de  la 
reine  et  des  dames  de  la  cour.  Ces  deux  faits  res- 
sortent  du  compte-rendu  que  le  Mercure  de 
France  publiait  de  cette  représentation  d'Atha- 
lie :  «  La  musique  des  intermèdes  qu'on  a  don- 
nés avec  cette  tragédie  a  été  refaite  à  neuf  par 
M.  de  Clérambault,  organiste  de  cette  maison  : 
elle  a  été  très-goûtée,  ainsi  que  l'exécution.  Ce 
compositeur,  après  la  pièce,  a  été  présenté  à  la 
reine,  qui  a  paru  aussi  satisfaite  de  sa  musique 
que  de  la  manière  intéressante  et  noble  dont  ces 
demoiselles  ont  rendu  le  chef-d'œuvre  de  Ra- 
cine. » 

CLODOMIR  (Pierre-François),  instrumen- 
tiste, compositeur  et  écrivain  musical,  a  fait 
longtemps  partie  de  divers  orchestres  de  Paris 


488 


GLUUOMIR  —  COCCON 


en  qualité  de  cornet  à  pistons,  et  s'est  ensuite,  je 
crois,  associé  à  une  fabrique  d'instruments  de 
cuivre.  Connaissant  parfaitement  le  mécanisme 
de  ces  instruments,  il  a  organisé  à  Aiilony, 
près  de  Paris,  une  fanfare  dont  il  est  le  direc- 
teur, et  il  a  entrepris  la  publication  de  toute  une 
série  de  Méthodes  élémentaires  à  l'usage  des  fan- 
fares et  des  collèges;  il  a  donné  ainsi  (Paris,  Le- 
duc), des  méthodes  de  cornet  à  pistons,  de  sax- 
horn soprano,  alto  et  basse,  de  trombone  à 
coulisses  et  de  trombone  à  pistons,  d'o|iliicléide, 
de  néocor,  de  cor  de  chasse,  de  cor  à  pistons,  de 
cor  d'harmonie,  de  clairon  et  de  trompette  à  pis- 
tons. M.  Ciodomir,  qui  a  publié  aussi  sous  ce  ti- 
tre :  Répertoire  des  fanfares  et  musiques  mi- 
litaires (Paris,  Leduc),  plusieurs  séries  de  mor- 
ceaux originaux  ou  transcrits,  est  encore  l'au- 
teur d'un  bon  manuel  intitulé  Traité  thécrique 
et  pratique  de  Vorganisation  des  sociétés  mu- 
sicales, harmonies  et  fanfares  (Paris,  Leduc, 
in-8"),  dans  lequel  il  donne  de  bons  conseils  sur 
la  formation  des  sociétés  d'exécution  musicale, 
sur  leur  composition,  sur  les  connaissances  que 
doit  jiosséder  un  chef  de  nmsique,  etc.,  etc.  En- 
lin,  M.  Ciodomir  a  publié,  pour  le  cornet  à  pis- 
tons, plus  de  cent  œuvres  d'études,  mélodies, 
fantaisies,  transcriptions,  avec  ou  sans  accom- 
pagnement de  piano. 

*  COCCHI  (.Ioachim).  Les  ouvrages  suivants, 
qui  n'ont  pas  été  compris  dans  la  liste  des  opéras 
écrits  |)ar  cet  artiste,  doivent  y  être  ajoutés  :  t" 
l'Elisa,  Naples,  th.  des  Fiorentini,  1744;  2"  la 
Serva  hacchettona,  id.,  id.,  1749  ;  3°  Farseita 
in  m/isica,  Rome,  Ih.  Yalle,  1749;  4"  la  Gis- 
monda,  iNaples,  th.  des  Fiorentini,  1750;  à"  // 
Bernardone,  représenté  à  Palerme,  sur  le  théâ- 
tre particulier  de  Valguarneri,  marquis  de  Sanla- 
Lucia.  L'ouvrage  indiqué  sous  le  titre  de  la  Gou- 
vernante rusée,  et  dont  le  vrai  titre  italien  est 
la  Serva  astuta,  a  été  écrit  par  Cocchi  en  so- 
ciété avec  Errichelli  et  représenté  au  th.  des 
Fiorentini,  de  Naples,  en  1753.  Enfin,  im  opéra 
bouffe  intitulé /a  Mesiraa  été  écrit  par  lui  avec 
plusieurs  autres  compositeurs,  mais  j'ignore  la 
date  et  le  lieu  de  représentation  de  ce  der- 
nier. 

COCCI.4  (M\r.i\-RosA),  musicienne  fort  dis- 
tinguée, née  à  Rome  en  1759,  s'est  fait  remarquer 
par  un  talent  de  premier  ordre  qui  lui  valut  les 
éloges  des  plus  grands  hommes  de  son  temps. 
On  publia  sur  elle  l'ouvrage  suivant  :  Elogio 
storico  dclln  signnra  Maria  Rosa  Coccia,  Ro- 
mana,  maeslra  pubblica  di  cappella,  Accade- 
mica  Filarmonica  di  Bologna,  e  tra  i  forti  di 
Borna  Trevia,  colFaggiiinta  di  varie  letlere 
a  Lei  scritte  da  uoinini  illuslri,  ed  erudili. 


e  di  vari  componimenti  poeiici  consacraii  al 
di  lei  vierito  (Rome,  1780).  On  trouve  dans  ce 
livre  des  lettres  de  Métastase,  du  père  Martini, 
de  Carlo  Broschi,  etc.,  et  on  y  lit  le  passage 
suivant  :  "  A  l'âge  de  quinze  ans,  cette  jeune 
tille  avait  atteint  dans  la  musique  un  tel  degré 
de  perfection  qu'elle  fut  en  état  de  soutenir,  le 
28  novembre  1774,  un  très-rigoureux  examen 
aux  applaudissements  et  à  l'étonnement  des  maî- 
tres de  l'art,  et  qu'elle  fut  aussitôt  placée  au 
nombre  des  maîtres  de  chapelle  les  plus  renom- 
més qui  se  trouvaient  à  Rome.  » 

''  COCCIA  (C.\RLo),  compositeur  très-fécond, 
né  à  INaples  non  en  1789,  mais  le  14  avril  1782, 
est  mort  à  Novare  le  13  avril  1873,  la  veille  du 
jour  où  il  devait  accomplir  sa  quatre-vingt- 
onzième  année.  Après  avoir  commencé  l'étude 
de  la  musique  avec  Visocchi,  puis  avec  Pittro 
Casella  (et  non  Capelli,  comme  on  a  imprimé  par 
erreur),  il  était  entré  à  l'âge  de  12  ans  au  Con- 
servatoire de  la  Madone  lie  Lorette,  oii,  tout  en 
faisant  un  cours  de  compo.Mtion  avec  Fenaroli  et 
Paisiello,  il  avait  travaillé  le  chant  avec  Saverio 
Yalente.  A  la  liste  des  œuvres  dramatiques  de 
Coccia,  il  faut  ajouter  les  opéras  suivants  :  1° 
VEqvivoco,  o  le  Vicende  di  Mnrtinaccio,  opéra 
bouffe,  Cologne,  th.  Marsigli,  1809;  2"  Medea  e 
Giasone,  Turin,  Ih.  Regio,  1815;  3"  Her  Mc.r- 
cantonio,  Bologne,  1834;  4"  i)/a/-/a,  Naples, 
th.  San-Carlo,  1834;  5"  Ero  e  Leandro,  farce 
jouée  à  Londres;  plus,  une  dixaine  île  cantates 
écrites  pour  diverses  circonstances  politiques,  et 
exécutées  soit  en  Italie,  soit  à  Lisbonne.  Le  ca- 
talogue dee  compositions  religieuses  de  Coccia  est 
lies-considérable,  et  ne  comprend  pas  moins  de 
25  messes,  dont  la  plupart  avec  accompagne- 
ment d'orchestre,  15  motets,  21  vêpres,  17  Tan- 
tum  ergo,  3  Miserere,  un  Te  Deum  avec  or- 
chestre, un  Stabat- Mater  à  4  voix  avec  orgue, 
le  132"  psaume,  et  une  demi-douzaine  d'autres 
morceaux.  Enfin,  Coccia  a  encore  écrit  une  ou- 
verture à  grand  orchestre  ;  Ero,  monologue  avec 
accompagnement  d'orchestre;  un  duo  pour  flûte 
et  piano  ;  et  quelques  études  pratiques  de  contre- 
point. 

Deux  écrits  ont  été  publiés  sur  cet  artiste  : 
1°  Un  Occhiata  aW  I.  R.  ieatro  alla  Scala  nel 
carnovale  1833,  o  piuttosto  due  Parole  sulla 
«  Caterina  di  Gnisa,  »  nuova  musica  del  maes- 
tro Coccia,  osservazioni  di  D.  B.  S,  Milan,  s. 
d.  (1833),  impr.  Manini,  in-l8;  2"  Biografia  di 
Carlo  Coccia,  maestro  di  cappella  délia  cat- 
tedrale  di  Novara  (par  l'avocat  G.  Carolli), 
Turin,  impr.  Borgarelli,  1873,  in-8"  avec  por- 
trait. 

COCCOX   (iSicoi.6),  pianiste,    organiste   et 


COCCON  —  CŒDÈS 


189 


compositeur,  né  à  Venise,  a  été  pendant  longues 
années  organiste  de  l'église  Saint-Marc,  dont  il  est 
aujourd'hui  le  premier  m;ufre  de  chapelle.  Il  a 
écrit,  pour  le  service  de  cette  chapelle,  un  grand 
nombre  de  compositions  importantes,  parmi  les- 
quelles on  cite  six  messes  à  quatre  voix  avec  or- 
cliestre,  une  grande  messe  de  Requiem,  un  Pen- 
siero  funèbre  à  grand  orchestre,  etc.  M.  Coccon 
est  aussi  l'auteur  de  deux  opéras  -.  Uggero  il  Da- 
nese  et  Zaira  ;  j'ignore  si  ces  deux  ouvrages  ont 
été  représentés. 

*COCIIE  (Marie- Anna  MAZELIN,  épouse), 
veuve  du  lliltiste  de  ce  nom,  née  à  Paris  le  10 
mai  1.S11,  est  morte  en  cette  ville  au  mois  de 
mars  1866.  Elle  était  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  depuis  le  12  février  1829. 

*COC!IEREAU( ).  L'auteur  de  l'/7is- 

toire  deV Académie  royale  de  miisiqUe  [\)nh\\('ii 
par  le  Constitutionnel)  donne  les  détails  sui- 
vants sur  cet  artiste  :  «  Cochereau,  d'àssez 
bonne  famille,  étant  encore  jeune,  s'engagea  dans 
les  troupes;  il  obtint  son  congé  à  Lille,  en  Flan- 
dre, et  entra  à  l'Opéra  de  celte  ville,  pour  chan- 
ter dans  les  cluours.  Il  épousa  une  jeune  actrice 
assez  jolie,  qu'il  amena  ensuite  à  Paris.  Coche- 
reau et  sa  femme  furent  reçus  à  rO[iéra.  D'a- 
bord le  mari  ne  joua  que  de  petits  rôles  ;  mais 
enfin,  se  trouvant  seul,  il  fit  pendant  plusieurs 
années  le  destin  des  opéras.  Avec  beaucoup  d'es- 
prit et  de  goût,  il  ne  put  jamais  vaincre  une  ti- 
midité qui  le  prenait  aussitôt  qu'il  paraissait  au 
théâtre  ;  ce  qui  mettait  beaucoup  de  froid  dans 
son  jeu.  A  l'égard  de  M'"^  Cochereau,  elle  s'en 
tint  aux  confidentes  et  aux  airs  détachés,  dans 
lesquels  elle  brilla  beaucoup.  Elle  mourut  assez 
jeune.  Cochereau  joua  ju>qu'en  1719,  qu'il, se  re- 
tira. »  L'un  des  rôles  qui  firent  le  plus  d'honneur 
à  Cochereau  fut  celui  de  Plutus,  qu'il  créa  dans 
le  Carnaval  et  la  Folie.  Il  avait  débuté  mo- 
destement, le  23  juillet  1702,  en  chantant  quel- 
ques petits  airs  dans  les  divertissements  de  iMé- 
dus,  opéra  de  lîouvard. 

COCHET  (Robert),  compositeur  du  seizième 
siècle,  a  écrit  la  musique  de  la  chanson  :  Plus 
vous  que  moi/  servi  ay-je,  insérée  par  l'impri- 
meur Pierre  Attaignant  dans  le  recueil  de  chan- 
sons françaises  à  4  voix  publié  par  lui  vers  1530. 

COCLICUS  (Adrien  PETIT,  surnommé), 
musicien  du  seizième  siècle.  Une  erreur  assez 
étrange  s'est  produite,  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens,  au  sujet  de  cet  artiste, 
qui  est  inscrit  tout  à  la  fois  au  nom  de  Coclius 
(au  lieu  de  Coclicus)  et  à  celui  de  Petit,  ce  qui 
en  ferait  deux  personnages  distincts,  tandis  qu'il 
s'agit  en  réalité  d'un  seul  et  même  individu.  Les 
deux  articles  qui  le  concernent  doivent  donc  être 


fonilus  en  iiii  seul,  et  l'on  verra  d'ailleurs  que  le 
même  ouvrage,  son  Compendiunï  viusices,  est 
mentionné  sous  les  deux  noms. 

CODESACA  (Catarina  SAPORITI,  femme), 
cantatrice  italienne,  naquit  vers  1768.  Elle  pos- 
sédait un  talent  fort  distingué,  et  c'est  elle  qui 
créa  à  Prague,  en  1787,  le  rôle  de  Zerline  dans 
le  Don  Giovanni  de  Mozart.  Elle  était  alors  la 
femme  de  Bondini,  le  directeur  de  la  troupe,  et 
c'est  sous  ce  nom  qu'elle  figure  sur  le  livret  im- 
primé de  la  pièce.  Mozart  l'embrassa  avec  trans- 
port après  qu'elle  eut  chanté  l'air  :  Batli,  balti, 
qu'elle  disait  d'une  façon  adorable,  et  [  le  len- 
demain, déjeûnant  avec  elle  et  Constance  Weber 
à  l'hôtel  des  Trois-Rois,  il  lui  dit  :  «  Vous  me 
voyez  rire,  parce  que  je  pense  à  un  ()auvre  mu- 
sicien français  que  j'ai  rencontré  à  Paris,  et  qui, 
un  soir,  m'a  singulièrement  rabroué  à  propos  de 
mon  intention  de  mettre  Don  Juan  en  musique. 
L'idée  n'était  pas  si  mauvaise,  après  tout.  »  Au 
mois  de  novembre  1869,  les  journaux  italiens 
annonçaient  la  mort  de  M™''  Codesaca  ;  mais  la 
nouvelle  était...  prématurée.  Ce  n'est  qu'au  mois 
de  mars  1870  que  mourut  à  Milan  cette  artiste, 
âgée  alors  de  cent  deux  ans. 

(.OEDES  (Augiste),  compositeur,  né  vers 
1835,  a  rempli  pendant  plusieurs  années  les  lonc- 
tious  de  souffleur  de  musique  à  l'Opéra,  fonc- 
tions dont  il  s'est  démis  au  commencement  de 
1875.  Après  avoir  publié  un  assez  grand  nom- 
bre de  romances,  de  chansons  et  de  morceaux 
de  musique  de  danse,  M.  Cnedès  fit  pour  le  petit 
théâtre  des  Folies- Bergère  la  musique  d'un  bal- 
let en  un  acte,  le  Bouquet  de  Lise,  et  écrivit, 
en  compagnie  de  MM.  Hervé  et  Raspail,  celle 
d'une  féerie  en  4  actes  et  16  tableaux,  la  Co- 
cotte aux  œufs  d'or,  qui  fut  jouée  au  petit 
théâtre  des  Menus-Plaisirs  au  mois  de  janvier 
1873;  cela  n'était  que  de  peu  d'importance. 
Bientôt  il  aborda  la  scène  avec  un  ouvrage  plus 
considérable,  la  Belle  Bourbonnaise,  opéra- 
comique  en  3  actes,  qui  fut  représenté  aux  Fo- 
lies-Dramatiques le  11  avril  1874  et  assez  bien 
accueilli.  Il  n'en  fut  pas  de  même  de  Clair  de 
Lune,  autre  ouvrage  en  3  actes,  qui  fut  donné 
au  même  théâtre  le  11  mars  1875,  et  qui  subit 
une  chute  si  complète  qu'il  fut  à  peine  joué  cinq 
fois.  M.  Ciedès,  qui  a  publié  sous  ce  titre  :  Soi- 
rées d'automne,  chez  l'éditeur  Leduc,  un  recueil 
de  quinze  mélodies  vocales,  a  fait  recevoir  aux 
Variétés  une  opérette  en  un  acte,  le  Trouba- 
dour de  Pendule,  qui  n'a  pas  encore  été  repré- 
sentée, et  il  a  en  portefeuille  un  ouvrage  impor- 
tant, la  Grande  Demoiselle,  destiné  par  lui  à 
rOpéra-Comiquc.  Il  est  aujourd'hui  chef  du 
chant  au  Théâtre-Lyrique  (Gaîté).  


190 


GOELHO  —  COHEN 


COELHO  (Le  P.  Manoel-Rodrigces),  orga- 
niste célèbre,  naquit  à  Elvas  (Portugal),  vers  15S0. 
Fétis  lecite  sens  le  nom  de  Bodrigues,  ce  qui 
n'est  pas  exact-,  les  renseignements  qu'il  donne 
sur  cet  artiste  renferment  aussi  quelques  erreurs. 
Coelho  fut  organiste  de  la  cathédrale  d'Elvas, 
puis  de  celle  de  Lisbonne,  et  quitta  en  1603  ce 
dernier  emploi  pour  aller  occuper  les  mêmes 
fonctions  à  la  chapelle  royale,  où  il  était  encore 
en  1620,  lors  de  la  publication  de  ses  Flores  de 
Mvsica.  La  réputation  de  Coelho  était  univer- 
selle en  Portugal  vers  le  milieu  du  XV1I'=  siècle, 
et  les  plus  grands  maîtres,  entre  autres  Manoel 
Cardoso,  accueillirent  ses  travaux  avec  la  faveur 
la  plus  marquée.  Il  a  fait  imprimer  :  Flores  de 
Mvsica  pera  o  instrvmento  de  Tecla,  et 
Harpa,  Lisbonne,  Pedro  Craesbeeck  (1620),  gr. 
in-folio  de  VI-233  p.  Sur  le  verso  de  la  sixième 
page  se  trouve  une  gravure  sur  bois  représen- 
tant Sainte-Cécile  touchant  de  l'orgue. 

Les  Flores  de  Mvsica  ne  renferment  pas 
moins  de  57  morceaux  de  dilférent  caractère, 
pour  voix  seules,  ou  avec  accompagnement  d'or- 
gue et  de  harpe.  Ces  compositions  mériteraient 
d'être  plus  connues,  et  il  serait  à  désirer  qu'on 
en  fît  une  édition  nouvelle  ;  elles  sont  pour  la 
plupart  très-remarquables  D'ailleurs,  on  ne  pos- 
sède que  fort  peu  de  compositions  des  organis- 
tes portugais,  et  le  livre  de  Coelho  est  devenu 
extrêmement  rare. 

J.  DE  V. 

COE\EX(Je\x-M ), virtuose  sur  le  basson 

et  compositeur,  né  à  Amsterdam  dans  la  première 
moitié  de  ce  siècle ,  a  fait  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  la  Haye.  Exécutant  remarquable 
sur  le  basson ,  cet  artiste ,  qui  paraît  doué  d'une 
grande  fécondité  comme  compositeur,  était,  en 
1864,  chef  d'orchestre  du  Grand-Théàfre  hollan- 
dais d'Amsterdam.  Parmi  les  nombreuses  produc- 
tions de  M.  Coenen,  je  signalerai  les  suivantes  : 
Ada  van  Ilolland  op  Tessel,  cantate  pour  solo, 
chœurs  et  orchestre;  symphonie  à  grand  orches- 
tre ;  ouverture  de  Floris  V ;  ouverture  du  Roi  de 
Bohême;  ouverture  fantastique;  musique  pour 
les  drames  suivants  :  DeBerggeesi,  Het  Spook, 
De Amslerdanische  jongen,  Dezwarte  diiivel; 
sonate  pour  basson  ou  violoncelle  et  piano;  ou- 
verture nationale  ;  ouverture  de  concert  -,  concerto 
pour  basson  ;  fantaisies  pour  cor  et  clarinette; 
6  morceaux  de  concert  pour  cornet  à  pistons;  fan- 
taisies pour  orchestre,  etc.,  etc.  M.  Jean  Coenen, 
qui  est  aujourd'hui  et  depuis  une  douzaine 
d'années  chef  d'orchestre  du  Palais  de  l'Indus- 
trie, à  Amsterdam,  est  aussi  l'auteur  d'une  granle 
cantate  intitulée  Chant  de  Fe'te,  pour  voix, 
orchestre  et  orgue,  qui  a  été  exécutée  dans  une 


solennité  donnée  en  ce  palais,  le  27  octobre  1875, 
pour  célébrer  le  600'  anniversaire  de  la  fondation 
d'Amsterdam. 

COENEN  (Franz),  violoniste  de  grand  mé- 
rite, violon-solo  de  S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas, 
professeur  de  violon  et  d'harmonie  à  l'école  de 
musique  de  la  Société  pour  l'encouragement  de 
l'art  musical  à  Amsterdam ,  e.«it  né  à  Rotterdam 
le  26  décembre  1826.  Fils  d'un  organiste,  il  a 
commencé  ses  études  musicales  avec  son  père , 
et  les  a  terminées  avec  Molique  et  M.  "Vieux- 
temps.  C'est  un  musicien  distingué,  et  c'est  sur- 
tout comme  violoniste  de  musique  de  chambre 
qu'il  s'est  fait  remarquer  à  Amsterdam  ,  où  il  a 
fondé  la  meilleure  société  de  quatuors  qui  existe 
en  cette  ville.  M.  Coenen  a  formé  aussi  de  bons 
et  nombreux  élèves. 

Avant  dé  se  fixer  à  Amsterdam,  M.  Franz 
Coenen  a  voyagé  pendant  six  ans  en  Amérique 
et  aux  Indes,  d'abord  avec  M.  Henri  Herz, 
ensuite  avec  le  grand  pianiste  Ernst  Lubeck, 
et  il  a  parcouru  avec  eux  les  États-Unis,  le 
Mexique,  le  Pérou  ,  le  (Miili,  le  "Venezuela  et  les 
Indes  occidentales,  en  donnant  de  nombreux, 
concerts  où  son  talent  de  violoniste  lui  a  valu  de 
grands  succès.  M.  Coenen  s'occupe  aussi  de  com- 
position, et  il  a  écrit  et  publié  de  nombreux  ou- 
vrages (le  32*  psaume,  pour  orchestre  et  chœurs, 
plusieurs  cantates ,  une  symphonie ,  des  quatuors, 
et  différentes  pièces  pour  violon) ,  parini  lesquels 
il  ne  se  trouve  rien  de  bien  saillant.  M.  Coenen 
travaille  et  produit  beaucoup;  il  aspire  à  devenir 
un  compositeur  de  premier  ordre,  sans  pouvoir 
y  parvenir  jusqu'ici ,  et  il  est  à  craindre  que  chez 
lui  le  compositeur  ne  soit  jamais  à  la  liauteur  du 
virtuose.  M.  Franz  Coenen  est  chevalier  des  or- 
dres de  la  Couronne  de  chêne ,  de  Gustave  Wasa 
et  de  Charles  III  d'Espagne.  (1) 

Ed.  de  H. 

*  COIIEN  (Henry).  Fixé  de  nouveau  à  Paris, 
cet  artiste,  qui  possède  des  connaissances  étendues 
en  nuiiii.-matiqne,  est  employé  au  Cabinet  des 
médailles  de  la  Bibliothèque  nationale  ,  ce  qui  ne 
l'empêche  pas  de  se  livrer  à  l'enseignement  du 
chant.  Dans  ces  ilernières  années,  M.  Cohen  a 
publié  :  r  Traité  d'harmonie  pratique  et  fa- 
cile, T  édition  ,  suivie  d'un  abrégé  des  règles  de 
la    composition    musicale    (Paris,    Escudier); 


(1)  Deux  frères  ca'lets  de  cet  artiste  ont  aussi  suivi  la 
carrière  musicale.  L'un.!\I.  Lniiis Coenen.  ne  à  Rotterdam 
vers  182S,  partit  pour  l'Amérique  en  1836,  se  rendit  à 
Bostiin,  et  se  fixa  en  "ette  villr  ciirame  organiste  et  comme 
profe-seur:  le  second,  M.  Henri  Coene?!,  né  aussi  à  Rotter- 
dam, en  iSil,  fut  élèvp  rie  son  père  pour  le  piano  et  se 
livra  ensuite  à  lenseipnenient.  J'ijnori-  si  i'iin  ou  l'autre 
de  ces  deux  artistes  s'est  produit  coœmi;  compositeur. 


COHEN  —  COLIN 


191 


2°  Traité  élémentaire  et  facile  de  contrepoint 
et  de  fugue,  dédié  à  M.  Anibroise  Thomas  (id., 
d.);  3"  Les  Principes  de  la  musique;  la  mu- 
sique apprise  en  12  leçons  (id.,  id.).  M.  Cohen 
s'est  essayé  dans  la  critique  de  l'art,  et  il  est  l'un 
des  collaborateurs  les  plus  assidus  de  deux  re- 
cueils spéciaux,  la  Chronique  musicale  et  l'Art 
musical.  Il  a  publié  quelques  morceaux  de  chant, 
parmi  lesquels  la  Voix  de  la  nature,  hymne, 
l'Œillet  de  la  falaise,  mélodie.  Adieu,  Paris, 
barcarolle,  etc. 

COIIEÎV  (Léonce),  violoniste  et  compositeur, 
né  à  Paris,  le  12  février  1829,  fit  ses  études  au 
Conservatoire,  où  il  eut  pour  professeur  de  fugue 
Leborne.  Il  obtint  le  deuxième  second  grand  prix 
de  composition  musicale  à  l'Institut  en  1851,  et 
le  premier  l'année  suivante,  avec  une  cantate  de 
M.  Rollel,  intitulée  le  Retour  de  Virginie. 
M.  Cohen,  qui  appartenait  alors  à  l'orchestre  du 
Théàlre-ltalien ,  avait  déjà  publie  quelques  ro- 
mances. A  son  retour  de  Rome,  il  rentra  aux  Ita- 
liens, et,  comme  tant  d'autres,  fit  tous  ses 
efforts  pour  aborder  le  théâtre,  sans  pouvoir  y 
réussir.  Il  fit  paraître  alors  sous  ce  titre  :  Ecole 
du  Musicien,  un  ouvrage  théorique  extrêmement 
volumineux,  mais  qui  n'eut  guère  de  retentisse- 
ment. Ne  pouvant  se  faire  jouer  sur  une  grande 
scène,  il  donna  aux  Bouffes -Parisiens,  le  17  fé- 
vrier 1858,  Mam'zelle  Jeanne,  opérette  en  un 
acte,  et  aux  Fantaisies- Parisiennes,  le  11  juin 
1S66,  une  autre  opérette  intitulée  ^e^^wa.  Depuis 
lors  ,  il  n'a  cessé  de  se  livrer  à  renseignement. 

*  COIIEN  (Jl'les),  pianiste  et  compositeur. 
Cet  artiste,  plus  instruit  qu'inspiré,  et  qui  ne 
paraît  pas  en  possession  des  qualités  qui  doivent 
distinguer  le  compositeur  dramatique,  a  écrit 
pour  le  théâtre  quelques  ouvrages  dont  le  succès 
a  été  médiocre  et  dont  aucun  n'a  pu  se  maintenir 
à  la  scène  :  1°  Maître  Claude,  un  acte,  Opéra- 
Comique,  18  mars  1861;  2"  José  Maria,  3  ac- 
tes ,  id.,  16  juillet  1866  ;  3°  les  Bleuets,  4  actes, 
Théâtre- Lyrique,  23  octobre  1867,  opéra  qui 
obtint  à  peine  dix  représentations,  en  dépit  de 
l'influence  que  M^"'  Niisson ,  qui  en  remplissait 
le  principal  rôle,  exerçait  alors  sur  le  public; 
4^  Déa,  2  actes,  Opéra-Comique,  30  avril  1870. 
M.  Jules  Cohen  a  écrit  aussi  la  musique  de  deux 
cantates  ;  l'Annexion,  exécutée  à  l'Opéra  le 
13  juin  1860  à  l'occasion  de  la  réunion  de  la  Sa- 
voie et  du  comté  de  Nice  à  la  France ,  et  Vive 
r Empereur  !  exécutée  à  l'Opéra- Comique  le 
1  j  août  de  la  môme  année.  Enfin,  cet  artiste  a 
conq)osé  de  nouvelle  musique  pour  les  chuMirs 
d'Atlinlie,  pour  ceux  A'Esther  et  pour  ceux  de 
Psyché,  à  l'occasion  de  reprises  de  ces  ouvrages 
qui  furent  faites  à  la  Comédie- Française,  Tout 


cela  est  déjà  bien  oublié,  et  le  public  ne  connaît 
guère  le  nom  de  M.  Jules  Cohen,  qui  est  aussi 
l'auteur  d'une  messe ,  exécutée  à  l'égiise  de  Jouy- 
en  Josas  le  21  août  1859.  Depuis  1870,  cet  artiste 
est  professeur  de  la  classe  d'ensemble  vocal  a» 
Conservatoire. 

*  COKKEIV  (JEAN-FRANçois- Barthélémy), 
est  mort  à  Paris,  le  13  février  1875. 

*  COLET  (Hippolyte-Raymond).  On  doit  à 
cet  artiste  l'accompagnement  de  piano  de  la  pu- 
blication des  Chants  et  Chansons  populaires  de 
la  France  faite  par  l'éditeur  Delloye  vers  1841 
(3  vol.  in-8'').Ce  travail  est  loin  de  lui  faire  hon- 
neur, et  l'on  peut  en  prendre  pour  preuve  l'ac  - 
compagnement  qu'il  a  placé  sous  le  Chant  du 
départ,  de  MéhuI,  lequel  est  un  chef-d'œuvre 
de  mauvais  goût  et  de  non-sens  tiarmonique. 

COLIiV(CHARLEs-JosEPH),professeur  de  haut- 
bois au  Conservatoire  de  Paris,est  né  à  Cherbourg, 
le  2  juin  1832.  Excellent  professeur  et  musicien 
fort  distingué ,  M.  Colin  a  fait  de  brillantes  études 
au  Conservatoire,  où  il  fut  élève  de  Vogt  pour 
le  hautbois ,  de  M.  Benoît  pour  l'orgue ,  d'Adolphe 
Adam  et  de  M.  Ambroise  Ttiomas  pour  la  com- 
position, et  où  il  obtint  les  récompenses  sui- 
vantes :  2®  prix  de  hautbois  en  1851,  et  l"'  prix 
en  1852  ;  1"  accessit  d'Iiarmonie  et  accompagne- 
ment en  1851,  2*  prix  en  1852,  et  1"  prix  en 
1853;  3'  accessit  d'orgue  en  I8.j3,  et  P'  prix  en 
1854;  i"  accessit  de  fugue  en  1854.  Enfin, 
M.  Colin  s'étant  présenté  en  1857  auconcoiu's  de 
l'Institut,  il  obtint  le  deuxième  premier  grand 
prix  de  Rome ,  pour  la  cantate  Clovis  et  Clo- 
tilde,  de  M.  Amédée  Burion.  Parmi  les  envois 
de  Rome  qu'il  fit  à  l'Académie  des  beaux-arts, 
selon  les  prescriptions  du  règlement ,  on  a  remar- 
qué, pour  la  première  année,  une  messe  solen- 
nelle, qui  a  été  exécutée  depuis  à  plusieurs  re- 
prises ,  et  pour  la  quatrième  un  opéra-comique 
en  un  acte,  qui  dénotait  de  sérieuses  et  solides 
qualités. 

Pourtant,  et  malgré  cette  brillante  carrière 
scolaire,  M.  Colin  n'a  point  recherché  les  succès 
du  compositeur,  et  il  ne  s'est  point  produit  au 
théâtre.  Nommé  vers  1868  professeur  de  hautbois 
au  Conservatoire  en  remplacement  de  Berthélemy, 
qui  lui-même  venait  de  succéder  à  Triebert  et 
qui  était  mort  peu  de  temps  après,  il  a  consacré 
tous  ses  soins  à  sa  classe,  qui  est  devenue  l'une 
des  meilleures  de  cet  établissement.  Dans  un 
temps  où  nos  virtuoses  d'instruments  à  vent  sont 
si  peu  musiciens,  et  où  la  plupart  sont  incapables 
d'écrire  avec  correction,  sinon  avec  élégance,  un 
morceau  même  peu  développé ,  M.  Colin  se  fait 
remarquer  par  le  soin  et  le  talent  qu'il  apporte 
dans  la  composition  des  solos  de  concours  qu'il 


192 


COLIN  -  COLOMBIER 


écrit  chaque  anrée  pour  ses  éièves,  et  dont  plu- 
sieurs ont  été  publiés.  —  M.  Charles  Colin  est, 
je  crois,  orf^nniste  de  l'église  Saint-Denis  du  Saint- 
Sacrement. 

*  COLLA  (Joseph).  Aun  trois  opéras  cités  de 
ce  compositeur  il  en  faut  joindre  un  quatrième, 
Andromeda,  représenté  vers  1778. 

COLLET  (N ),  prolesseur  de  musique 

à  Paris ,  est  l'auteur  d'une  brociiure  dirigée  contre 
l'enseifinement  de  la  musique  en  chiffres.  Cet 
artiste  s'était  lui-même,  pendantplusieurs  années, 
consacré  à  cet  enseignement,  et  après  avoir,  im 
peu  tardivement  peut-être,  reconnu  l'inanité  du 
système,  était  revenu  à  la  notation  usuelle  et 
s'était  tourné  contre  les  défenseurs  et  les  ajiôtros 
de  la  doctrine  de  Galin.  Voici  le  titre  de  l'opuscule 
publié  par  lui  :  La  Supériorité  de  la  notation 
musicale  usuelle  avouée  par  M.  le  docteur 
Emile  Chevé,  impuissance  du  chiffre  procla- 
77iéepar  J.J. -Rousseau,  Galin,  Aimé  Lemoine, 
Edouard  Jiie,  Emile  Chcvé,  etc.,  avec  îin  fac- 
similé  de  l'écriture  de  Galin,  etc.,  observations 
lues  à  la  Société  pour  Vinstruction  élémen- 
taire, par  N.  Collet.  (Paris,  Penotin,  1865,  in-S° 
de  Ci  pp.) 

COLLIIX  (CHARLEs),organistede  la  cathédrale 
de  Saint-Brieuc  et  compositeur,  est  l'auteur  «l'une 
grande  cantate,  la  Bienvenue,  pour  soprano, 
solo,  chœur  et  orchestre,  éciite  et  exécutée  à 
l'occasion  de  la  réunion  du  Congrès  scientifique 
de  France  en'1872,  d'une  autre ,  composée  pour  la 
réunion  du  Congrès  catholique  ,  enfin  de  la  Can- 
tate du  Congrès  celtique  international  (sur 
paroles  françaises  et  bretonnes).  La  réduction 
pour  chant  et  piano  des  partitions  des  deux  pre- 
mièiesaété  publiée  cliezl'éditeur  M. Flaxhnd.celle 
de  la  troisième  chez  M.  Schott.  M.  Charles  Collin 
est  encore  l'auteur  des  compositions  suivantes  : 
Six  morceaux  pour  le  grand  orgue  ,  op.  10,  Paris, 
Régnier- Canaux;  F  Orgue  à  Z'e^/ise,  collection 
de  morceaux  pour  le  grand  orgue,  id.,  id;  6 
Bluettes  pour  harmonium,  id.,  id.;  Communion 
(extrait  du  journal  la  Maîtrise),  Paris,  Heugel; 
Elévation  (id.),  id.,  id.;  Recueil  de  cantiques  à 
Notre-Dame  d'Espérance  ,  à  3  et  4  voix  et  chœur, 
avec  orgu?,  Paris,  Graff;  Litanies  de  la  Sainte- 
Vierge,  pour  solo  et  chœur,  id.,  id.;  motets  à  3 
et  4  voix  (Lacr'jmosa  et  Oro  supplex,  Ave  ve- 
rum,  Tantum  ergo,  Kyrie,  Languentibus, 
Vivat),  id.,  id.;  Hymne  à  la  Bannière,  chœur 
à  4  voix  d'hommes ,  avec  solo ,  id.,  id.;  le  Chant 
du  franc-tireur,  chœur  avec  solo;  Souvenir 
du  pensionnat,  collection  de  16  morceaux  à  1, 
2  et  3  voix  égales  et  chœur,  avec  accompagne- 
ment, Paris,  Lemoine  ;  les  Fêtes  du  pension- 
nat, collection  de  8  morceaux  à  1,  2  et  3  voix  éga- 


les, avec  accompagnement,  Paris,  Graff;  Rêverie, 
pour  piano  ,  op.  5,  Paris,  Heugel;  Caprice  pasto- 
ral, id.,  op.  6,  id.,  id.;  le  Hameau  d'or,  caprice- 
mazurk,  id.,  op.  11,  id.,  id.;  les  Batteurs  de  blé, 
id.,  op.  18, id.,  id.;  Nocturne,  id.,op.  19,  id.,  id.; 
Nocturne,  id.,  op.  7,  Paris,  Lemoine;  Rondo  de 
salon,  id.,  op.  8,  id.,  id.;  Fantaisie-valse,  id., 
op.  9,  id.,  id.;  le  Chant  du  Souvenir,  id.,  op.  15, 
id.,  id.;  Fêtes  bretonnes,  deux  fantaisies,  id., 
id.,  etc.,  etc.  On  doit  encore  à  M.  Charles  Collin 
un  recueil  ainsi  intitulé  :  Cantiques  bretons, 
hymnes  et  légendes  pieuses  [Kantikou  bre- 
zoneli),  transcrits  pour  orgue-harmonium,  à  l'u- 
sage de  l'office  divin  (  Saint-Brieuc,  l'auteur, 
in-S")- 

COLLli\A(F -S },  compositeur  italien, 

est  l'auteur  de  Maria  Properzia  de'Rossi , 
«  scènes  lyriques  en  trois  actes  avec  prologue.  » 
Cet  ouvrage  a  été  exécuté  au  Cercle  philodrama- 
lique  de  Rome,  le  12  février  1876,  accompagné 
par  un  oicbestre  composé  seulement  d'un  piano 
et  d'instruments  à  cord's. 

COLO.AlliAT  (E.. ....),  docteur  en  médecine, 

fils  du  docteur  Marc  Colomb«t,  se  fait  appeler, 
comme  son  père  ,  Colombat  [de  V Isère).  Pro- 
fesseur d'orthophonie  à  l'Institution  nationale  des 
Sourds-Muets,  chargé  d'un  cours  spécial  au  Con- 
servatoire de  Paris,  M.  Colombat  est  l'auteur 
d'un  écrit  ainsi  intitulé  :  De  la  Musique  dans 
ses  rapports  avec  la  santé  pitblique  [Paris, 
Asselin,  1873,10-8"  de  32  pp.). 

COLOiMIilLR  ( )  aîné,  éditeur  de  mu- 
sique à  Paris,  est  auteur  de  l'écrit  suivant,  pu- 
blié lors  d'une  discussion  qui  eut  lieu  au  Corps- 
législatif  sur  certains  points  relatifs  à  la  pro- 
priété littéraire  et  musicale,  notamment  sur  la 
reproduction,  par  les  orgues  et  serinettes,  de 
morceaux  considérés  comme  étant  la  propriété 
de  leurs  auteurs  et  de  leurs  éditeurs  :  Lettre 
adressée  à  monsieur  le  marquis  d'Andelarre 
sur  la  loi  des  instruments  de  musique  méca- 
niques (Paris,  typ.  Laine  et  Havard,  1865,  in-8' 
de  16  pp.).  Comme  éditeur  de  musique,  M.  Co- 
lombier a  publié  les  partitions  des  ouvrages  dra- 
matiques de  M.  Hi'nri  Reber  et  plusieurs  de  ses 
compositions  instrumentales,  ainsi  que  quelques- 
uns  des  meilleurs  opéras  de  Grisar,  les  Amours 
du  Diable,  les  Porcherons,  la  Chatte  merveil- 
leuse, le  chien  du  Jardinier,  etc.,  puis  encore 
le  Médecin  malgré  lui  de  M.  Gounod  et  la  sym- 
phonie en  ré  du  même  maître.  C'est  aussi  lui 
qui,  pendant  environ  vingt-cinq  ans,  a  publié 
l'album  de  chant  de  M.  Paul  Henrion,  qui  obte- 
nait tant  de  succès  chaque  année  et  dont  la  vente 
était  assurée  d'avance.  M.  Colombier  a  ainsi  livré 
au  public  plus  de  troiscents  mélodies,  romances, 


COLOMBIER  —  COLONNE 


193 


chansons  ou  chansonnettes  de  cet  artiste,  si 
fécond  en  son  genre. 

COLOiV  (Marguerite,  dite  Jenny),  actrice  et 
chanteuse  aimalile,  qui  jouit  à  Paris,  pendant 
plusieurs  années,  d'une  trè^-grande  réputation  , 
naquit  à  Boulogne-sur  Mer,  le  5  novembre  1808, 
d'une  famille  de  comédiens  obscurs.  Douée  d'une 
voix  charmante  et  d'une  rare  intelligence  scéni- 
que,  elle  avait  déjà  joué  la  comédie  en  province 
lorsqu'elle  vint,  encore  enfant ,  débuter  à  l'Opéra- 
Comique,  le  17  avril  1822,  en  compagnie  de  sa 
sœur  aînée,  Éléonore  Colon.  Toutes  deux  se  pré- 
sentèrent en  public  dans  les  Deux  Petits  Sa- 
voyards, de  Dalayrac,  Jenny  jouant  le  rôle  de 
Joset ,  Eléonore  celui  de  Michel.  Peu  de  temps 
après,  le  14  septembre,  M'"^  Colon  mère  venait 
débuter  à  son  tour  dans  l'emploi  des  mères-Du- 
ga/oiî,  en  jouant  M"*  Hubert  de  l'Épreuve  vil- 
lageoise. Le  succès  de  la  jeune  Jenny  Colon  avait 
été  très-grand;  cependant,  tandis  que  sa  mère  et 
sa  sœur  restaient  à  l'OpéraComique,  où  elles 
occupaient  une  situation  secondaire,  elle  quittait 
bientôt  ce  théâtre  pour  contracter  un  engagement 
avec  celui  du  Vaudeville,  où  elle  se  produisait 
en  1823.  Un  an  plus  tard,  elle  allait  donner  une 
série  de  repiésentiUions  en  Angleterre  avec  son 
camarade  Lafont ,  l'épousait  à  Gretna-Green ,  ren- 
trait avec  lui  au  Vaudeville  en  1825,  sous  le  nom 
de  M'"*"  Lafont ,  et  au  hout  de  peu  de  temps  s'a- 
dressait à  la  justice  pour  faire  casser  un  mariage 
qui  ne  pouvait  rester  valable  devant  aucun  tri- 
bunal. Elle  quitta  alors  le  Vaudeville,  après  y 
avoir  créé  avec  éclat  la  Laitière  de  Montfermeil, 
de  Paul  de  Kock,  fit  une  courte  apparition  au 
Gymnase,  et  fut  engagée  aux  Variétés,  où  elle 
obtint  des  succès  retentissants,  et  où  les  auteurs 
s'empressèrent  de  travailler  pour  elle  de  façon  à 
faire  briller  sa  voix  et  son  goût  pour  le  chant. 
Parmi  les  pièces  dans  lesquelles  elle  fit  courir  le 
public  soit  au  Gymnase,  soit  aux  Variétés,  il 
faut  citer /f5  Trois  Maîtresses,  la  Prima  donna, 
une  Fille  d'Eve,  Madame  d'Egmont,  le  Ma- 
riage par  ordre,  Clémence  et  Caroline,  les 
Amours  de  Paris,  la  Camarade  de  pension, 
Madelon  Friquet,  et  un  petit  opéra-comique 
expressément  écrit  à  son  intention  par  M.  Pilati 
(Voyez  ce  nom),  le  Mylord  et  la  Modiste. 

Son  ambition  pourtant  était  de  reparaître  sur 
la  scène  où  elle  s'était  montrée  pour  la  première 
fois  à  Paris.  Sa  beauté  s'était  accomplie,  sa  voix 
s'était  tout  à  fait  formée,  ainsi  que  son  talent  de 
chanteuse,  et  elle  était  devenue  une  comédienne 
d'un  mérite  supérieur,  au  jeu  plein  de  distinction, 
de  finesse  et  de  grâce.  C'est  alors  que  Crosnier, 
directeur  de  l'OpéraComique,  vint  combler 
ses  vœux  en  lui  offrant  un   engagement.   Elle 

BIOGR.    UiMV.    DES  MUSICIENS.    SUPPL.    —    T. 


rentra  à  ce  théâtre,  le  26  avril  183G,  dans  le 
premier  ouvrage  de  Grisar,  Sarah,  y  fut  accueillie 
avec  la  plus  grande  faveur,  se  montra  bientôt  aux 
côtés  de  M'"*  Damoreau  dans  V Ambassadrice, 
et  créa  successivement  plusieurs  rôles  importants 
dans  Piquillo  et  le  Planteur,  d"Hippolyte  Mon- 
pou,  dans  le  Fidèle  Berger,  d'Adam,  le  Perru- 
quier de  la  Régence,  de  M.  Ambroise  Thomas, 
la  Mantille,  de  M.  Luigi  Bordèse,  ^iles  Treize, 
d'Halévy.  Cependant,  le  caractère  inconstant  de 
cette  artiste  charmante  l'empêcha  de  se  maintenir 
sur  une  scène  où  l'avaient  suivie  la  sympathie  et 
l'affection  du  public.  En  1840  elle  quittait  l'Opéra- 
Comique, allait  faire  une  brillante  tournée  en 
province  ,  et,  désireuse  d'aborder  le  grand  genre 
lyrique,  acceptait  un  engagement  de  «  première 
chanteuse  à  roulades  »  de  grand  opéra  pour  le 
théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles.  Très-bien 
accueillie  "en  cette  ville  dans  le  nouvel  emploi 
qu'elle  abordait,  elle  n'y  put  cependant  rester 
plus  de  quelques  mois,  pour  raisons  de  santé.  Elle 
y  chantait  pour  la  dernière  fois,  le  6  juin  1841, 
le  rôle  de  Valentine  des  Huguenots  ,  obtenait  le 
lendemain  un  congé  pour  cause  de  maladie,  re- 
venait aussitôt  en  France,  el  mourait  juste  un  an 
après,  à  Paris,  le  5  juin  1842,  à  l'âge  de  trente- 
trois  ans.  —  Pendant  son  second  séjour  à  l'Opéra- 
Comique, Jenny  Colon  avait  épousé  un  artiste 
fort  distingué,  Leplus,  flûtiste  de  ce  théâtre. 

*  COLONiXA  (Jf..\n  Paul). Cet  artiste  a  écrit 
la  musique  d'un  oratorio  qui  fut  exécuté  à  Modène 
en  1688  :  la  Caduta  di  Gerusalemme  sotto 
l'imperio  di  Sedecia,  ultimo  re  d'Israele. 

COLOJXXE  (Jules),  violoniste  et  chef  d'or- 
chestre, né  à  Bordeaux  le  23  juillet  1838,  a  fait 
son  éducation  musicale  au  Conservatoire  de 
Paris ,  où  il  fut  élève  de  Girard  et  de  M.  Sauzay 
pour  le  violon,  de  M.  Elwart  pour  l'harmonie, 
et  de  M.  Ambroise  Thomas  pour  le  contrepoint 
et  la  fugue.  Il  obtint  un  second  accessit  de  violon 
et  un  premier  accessit  d'harmonie  en  1857,  le 
premier  prix  d'harmonie  en  1858,  un  premier 
accessit  de  violon  en  1860,  le  second  prix  en  1862 
et  le  premier  prix  l'année  suivante.  Devenu  pre- 
mier violon  à  l'orchestre  de  l'Opéra ,  M.  Colonne 
abandonna  cette  position  pour  fonder,  en  1871, 
le  Concert  national,  devenu  depuis  l'Associa- 
tion artistique,  dont  les  séances  eurent  lieu 
chaque  dimanche,  pendant  la  saison  d'hiver 
d'abord  dans  la  salle  du  théâtre  de  l'Odéon,  puis 
dans  celle  du  théâtre  du  Châtelet.  C'est  au  Con- 
cert national  et  à  l'Association  artistique,  où 
M.  Colonne  accueillit  volontiers  quelques-uns  des 
jeunes  compositeurs  de  la  nouvelle  école  fran- 
çaise, que  furent  exécutées  certaines  de  leurs 
œuvres  importantes,  Marie-Magdeleine  et  les 
I.  13 


194 


COLONNE  —  CONCEICAO 


Scènes  pittoresques  de  M.  Massenet ,  le  concerto 
de  violon,  la  Fantaisie  espagnole  et  des  fragments 
du  Fiesque  de  M.  Edouard  Lalo,  les  Pièces  Wor- 
^hcstre  t\e  M.  Théodore  Dubois,  Rome  et  Na- 
pies  de   M.   Ributeaii  ,   Mazcppa,  cantate   de 
M.  Paul  Puget,  enfin  diverses  œuvres  de  MM.  BL- 
aet,  Albert  CaUcn ,  etc.,  etc.  M.   Colonne,  dont 
le  talent  de  clief  d'orchestre  est  très-réel  et  dont 
les  qualités  de  musicien  sont  incontestables ,  a  su 
créer,  à  côté  des  Concerts  populaires  de  M.  Pas- 
deloup ,  une  entreprise  analogue  mais  non  sem- 
blable, dans  laquelle  il  a  fait  au  jeune  art  français 
tine  place  fort  honorable  et  fort  importante;  grâce 
à  l'accueil  qu'il  reçoit  du  jeune  chef  d'orchestre, 
celui-ci   peut  se  développer  dans  des  conditions 
qui  jamais  encore  ne  lui  avaient  été  si  favorables, 
«t  s'impose  chaque  jour  davantage  à  l'attention 
et  aux  sympathies  du  public. 

COLYAS  (Jeats-Baptiste),  violoniste  belge, 
né  à  Bruxelles  le  2J  novembre  1834,  a  fait  de 
bonnes  études  au  Conservatoire  de  Bruxelles  ,  où 
il   eut  pour  maître   Wéry,  et    où  il   obtint  un 
-second  prix  au    corn  ours  de   1849,   et  ensuite 
le'  premier.    M.    Co'jns,  après  avoir   terminé 
son  éducation  artistique,  se  livra  à   l'enseigne- 
ment et  à  la  composition.   Devenu  violonsolo 
aux  Concerts  populaires  de  Bruxelles,  il  y  fit 
exécuter, il  y  a  quelques  années,  un  schrrzo  sym- 
phonique  qui   fut    accueilli  avec   faveur;    puis, 
son  talent  de  virtuose  se  développant  de  plus  en 
plus,  il  fut  nommé  professeur  dans  l'établisse- 
ment dont  il  avait  été  l'élève.  Vers  187'2,  cet  ar- 
tiste vint  se  faire  entendre  à  Paris,  et  fit  appré- 
cier aux  Concerts  populaires,  dans  un  concerto 
de  Rode,  un  talent  fin,  délicat,  distingué,  auquel 
on  aurait  souhaité  peut-être  un  peu  plus  d'am- 
pleur et   d'animation.  Depuis  lors,  il  a  voyagé 
en  Angleterre,  en  Hollande  et  en  Allemagne,  et 
il  a  obtenu  des  succès,  particulièrement  à  Dresde, 
où ,  dans  la  seconde  séance  donnée  par  lui  en 
compagnie  de  son  compatriote,  M.  Fischer,  il  a 
joué  un  concerto  de  sa  composition.  M.  Colvns  a 
donné  au  théâtre  de  la  INhinnaie,  de  Bruxelles,  en 
1877,  un  petit  opéra  intitule  Sir  William. 

COMBI    (P ),  compositeur  italien,  est 

l'auteur  d'un  opéra  sérieux  intitulé  Gincvra  di 
Monreale. 

*  COIllETTANT  (Jean-Pierre-Oscar), 
compositeur  et  écrivain  musical,  a  succédé  de- 
puis plusieurs  années  à  M.  Gustave  Chadeuil 
comme  feuilletoniste  musical  du  journal  le  Siè- 
cle, auquel  il  était  attaché  déjà  depuis  plusieurs 
années  ;  il  a  d'ailleurs  fourni  un  grand  nombre  d'ar- 
ticles à  beaucoup  d'autres  journaux  et  recueils, 
parmi  lesquels  il  faut  citer  le  Musée  des  famil- 
4es,  la  Gazette  musicale,  la  Mélomanie,  le 


Ménestrel,  la  France  musicale,  l'Art  musical, 
le  Luth  paiçais,   l'Almanach  musical,  etc. 
Aux  publications  littéraires  de  M.  Comeltant  rela- 
tives à  la  musique,  il  faut  ajouter  les  suivantes  : 
r  Musique  et  Musiciens  (Paris,  Pagnerre,  Ï862, 
in- 12°);   2°  la  Musique,  les  viusiciens  et  les 
instiumenfs  de  musique  chez  les  différents 
pcupli  s  du  monde,  archives  complètes  de  tuiis 
les  dQCU)nenis  qui  se  rut  tache  ut  à  l'Exposition 
internationale  de  1867  (Paris,  Lévy,  1809,  grand 
in  8";  ;  3°  les  Musiciens,  les  phihisophes  et  les 
gaites  de  la  musique  en  chiffres,  réponse  à 
M.  Francisque  Sarcey  (Paris,  Dentu,  1870,  bro- 
chure in-S")  ;  4"  Francis  Planté,  portrait  musical 
à  la  plume  (Paris,  impr.  Chaix,  (874,  brochure  in- 
8").A  ces  divers  écrits  on  peut  joindre  encore  le  vo- 
lume intitulé  le  Danemark  tel  qu'il  est,  dans  le- 
quel on  trouve  des  renseignements  sur  la  musique 
et  le  théâtre  en  ce  pays  (1).  Au  nombre  des  com- 
positions musicales  publiées  par  M.  Comettanf, 
on  doit  citer  :  1°  Heures  d'harmonie,  petites 
pièces  pour  piano  (Paris,  Heugel)  ;  2"  trois  livres 
d'études  pour  piano;  3"  plusieurs  morceaux  re- 
ligieux pour  voix  lie  soprano ,  avec  accompagne- 
ment de  piano  ou  d'orgue  :  0  Salutaris,  Ace 
Maria,  Ad  te  levavi,  Ecce  panis.  Veni  sancte; 
4°  Ave  Maris  Stella,  duo;   5°   Tantum  crgo 
pour  voix  de  basse;  6°  Hymne  à  la  Vierge,  pour 
trois  yoi\  de  femmes  et  soli ;  7"  VInde  révoltée, 
symphonie  vocale  en  5  parties  ;  8°  les  Voix  de 
Jeanne  d'Arc,  morceau  à  deux  chœurs  et  à  huit 
parties,  etc.,  etc. 

COKCEIÇAO  (et  non  CONCEIÇAM).  — 
Aux  musiciens  portugais  de  ce  nom  mentionnés 
dans  la  Biographie  universelle  desMusiciens, 
il  faut  ajouter  les  quatre  suivants  : 

Antonio  du  Couceiçâo  fut  un  des  plus  célè- 
bres chanteurs  de  musique  sacrée  qui  aient  existé 
en  Portugal.  Il  naquit  à  Lisbonne  en  1579,  et  fit 
en  cette  ville  son  éducation  musicale;  ses  disposi- 
tions étaient  si  remarquables  qu'on  l'employa  dans 
les  offices  de  la  chapelle  royale  dès  sa  premièie 
jeunesse,  et  qu'il  se  fit  une  réputation  à  Lisbonne 
même  avant  d'avoir  atteint  sa  quinzième  année.  A 
l'âge  de  quinze  ans  il  entra  au  couvent  de  l'ordre 
trinitaire  à  Lisbonne  ,  et  la  haute  société  de  cette 
ville  se  donnait  rendez- vous  dans  l'église  de  la 
Trinité,  pour  admirer  la  voix  incomparable  et  le 
talent  extraordinaire  du  jeune  religieux.  Il  paraît 
cependant  que  l'excès  de  travail  porla  atteinte 
à  se-:  facultés;  il  perdit  bientôt  la  voix  à  tel  point 
qu'il  ne  pouvait  presque  pas  parler.Toutefois,  lors- 


(1)  Le  livre  intitulé  Portefeuille  clUiii  musicien  a  été 
signalé  à  tort  au  iiora  Je  M.  Con-.eltant,  qui  n'a  rien  pu- 
blié sous  ce  ii  rc. 


CONCEIÇAO 

qu'il  moiiiul  en  1655,  sa  renommée  était  telle 
que  toute  la  cour  se  (it  un  lionneur  d'assister  aux 
splendides  funérailles  que  lui  fit  faire  la  comtesse 
de  Serem.  Macliado  ne  loue  pas  moins  l'exfrôme 
agilité  que  la  douceur  et  la  justesse  remarquable 
de  la  voix  de  cet  artiste  fameux. 

Felipe  du  Conceiçdo,  religieux  de  l'ordre  mi- 
litaire espagnol  de  N.  S.  f/as'  Merçês,  naquit  à  Lis- 
bonne vers  la  fin  du  XVF  siècle.  Ses  Vilhan- 
Cicos  (1)  étaient  très-estimés  ,  surtout  ceux  2qu'il 
avait  écrits  pour  les  fêtes  du  Sacramento  et 
Nalal  et  qui  existaient  dans  la  bibliotbèque  de 
musique  du  roi  D.  Jean  IV. 

J.  deV. 

Frère  Manocl  da  Conceiçâo,  religieux  fran- 
ciscain du  couvent  de  Xabregas,  près  de  Lisbonne, 
fut  vigario  do  coro  (chef  du  cbant)  dans  ce 
monastère.  Il  a  écrit  :  Manuale  scraficum  et 
ronutrmmjuxia  usum  frairum  Minorum almx 
provincix  Algarbiorum  ordinis  Sancti  Fran- 
cisai,etc.,  Uiyssipone,  1732,in-4''en  deux  parties 
de  XIV-  317  pages  et  II  r  332  pages.  C'est  la 
deuxième  édition  de  ce  traité.  Il  y  a  eu  une 
édition  antérieure,  que  je  ne  connais  pas,  et  une 
postérieure,  faite  en  1746,  fort  augmentée  et  avec 
quelques  changements  sur  le  titre.  Ce  traité  est 
une  compilation  de  toutes  les  cérémonies  reli- 
gieuses en  usage  dans  l'ordre  des  Fransciscains, 
ti.'xte  et  musique  en  regard. 

Frère  Bernardo  da  Cnticekâo,  théoricien 
renommé,  vécut  vers  le  milieu  du  XVIII'  siècle, 
à  Lisbonne.  On  connaît  de  lui  :  0  ecclesiastico 
instruido  scieniificamcnte  na  Art.',  do  Canfo- 
chdo  e  Modo  facil  e  claro  para  aprenier 
Cantochdo.  Lisbonne,  1788,  in-4°  de  XII-1091 
pages,  dont  cinq  de  planches  (2). 

*  COXCOXE  (Joseph),  est  mort  à  Turin  au 
mois  de  juin  1861.  Cet  artiste  aimable  était  re- 
tourné dans  sa  patrie  après  un  séjour  en  France 
de  dix  ans  environ.  Peu  de  temps  après  son  ar- 
rivée à  Turin,  il  s'était  vu  confier  la  charge  d'or- 
ganiste de  la  chapelle  royale,  mais,  malgré  cette 
situation,  il  ne  put  parvenir  à  faire  représenter 
un  opéra  qu'il  avait  en  portefeuille,  Graziella. 

*  COXFORTO  (NicoLo),  compositeur  dra- 
matique, né  dans  le  royaume  da  Naples.  Avant 

(1)  J'ai  donné  dans  mon  Ensaio  (paj.  18-19},  une  liste 
de  96  composileurs  de  P'ilkanrieos  dont  les  œuvres  exis- 
taient dan*;  l;i  bibliothèque  du  roi. 

(2)  Ce  gros  ouvrage  est  un  des  meilleurs  traités  de  plain- 
chant  que  je  connaisse,  très-complet,  très-riche  en  bons 
exemples  et  plein  d'érudition.  Malheureusement,  l'ouvrage 
est  fort  rare,  car  on  n'a  broché  qu'une  très-pelite  partie 
del'éJiton;  Ir  reste  a  été  détruit.  Les  quelques  exem- 
plaires qui  existent  en  Portugal  n'ont  pas  de  frontispice. 
11  parait  que  l'auteur  a  pulil  é  un  résumé  de  son  grand 
ouvrage  sdus  ce  titre  ;  Modo  facil  parx  ap.endcr  Can- 
tochào,  l'î89. 


CONINCK. 


195 


de  donner  à  Londres  son  Anligono ,  cet  artiste 
avait  fait  représenler  les  deux  ouvrages  suivants  : 
1°  la  Finta  T'erfoca, Naples,  th.  des  Fiorentini 
1746;  2"  la  Aitieli,  opéra  donné  à  Madrid,  en 
1756,  pour  le  jour  de  naissance  du  roi  d'Espagne. 
Le  livret  de  ce  dernier  ouvrage,  qui  est  de  Mé- 
tastase, porte  en  tète  une  dédicace  au  grand 
chanteur  Farinelli  (Carlo  Bioschi),  alors  tout 
puissant  à  la  cour  de  Madrid  ;  celte  dédicace  est 
accompagnée  d'un  sonnet  qui  n'a  jamais  été  re- 
produit dans  les  œuvres  de  l'illustre  poète. 

CO\I\CK  (Jacques-Félix  DE),  pianiste 
distingué  et  compositeur  ,  né  à  Anvers  le  18  mai 
1791,  recul  ses  premières  leçons  de  deux  orga- 
nistes de  cette  ville.  De  Trazegnies  et  Hœfnagels. 
Il  vint  ensuite  à  Paris,  fut  admis  au  Conserva- 
toire d'abord  dans  une  classe  de  piano ,  puis 
dans  la  classe  d'harmonie  de  Perne,  et  obtint  1« 
premier  prix  d'harmonie  en  1813.  De  retour  à 
A:ivers  en  1818,  il  en  repartit  en  1826  pour  l'A- 
mérique, visita  successivement  les  principales 
villes  lies  États-Unis,  où  il  devint  l'accompagna- 
teur de  M"'*  Malibran,  séjourna  assez  longtemps 
à  Philadelphie,  puis  revint  en  Europe,  passa  plu- 
sieurs années  à  Paris,  et  enfin  retourna  dans  sa 
ville  natale,  où  il  fonda  la  Société  de  l'HHrmonie. 
Il  mourut  à  Schaerbeek-lez-Bruxelles,  le  25  avril 
186S.  J.-F.  de  Coninck  a  publié  en  France  plu- 
sieurs compositions  pour  le  piano,  entre  autres 
des  concertos,  des  sonates  et  des  airs  variés. 

COXINCK  (Josepu-Bern.vrd  DE),  né  à 
Ostende  (Belgique)  le  10  mars  1827,  suivit  fort 
jeune  sa  famille,  qui  allait  s'établir  à  Anvers,  et 
fut  élevé  dans  cette  ville,  où  il  fit  de  bonnes 
études  classiques.  Son  père  le  destinait  à  la  car- 
rière scientitique,  et  voulait  en  faire  un  ingé- 
nieur civil;  mais  le  goût  de  la  musique  et  des 
belles-letlres  se  développa  chez  le  jeune  homme, 
qui',  au  sortir  du  collège,  débuta  par  un  succès 
lihéraire  :  son  Essai  sur  Vhistoire  des  arts  et 
des  sciences  en  Belgique  fut  coui'onné  au  con- 
cours de  1845  par  la  Société  royale  pour  l'encou- 
ra^ierui^nt  des  Beaux-Arts  à  Anvers.  A  partir'de 
ce  moment,  il  s'adonna  exclusivement  à  la  mu- 
si(|ue,  travailla  le  piano,  l'orgue,  l'harmonie  et 
le  contrepoint  sous  la  direction  d'un  artiste  fort 
dislingué,  do  Leun,  maître  de  chapelle  de  l'église 
Saint- And  ré,  et  bientôt  écrivit  plusieurs  sonates 
pour  le  piano  et  mit  en  musique  les  chœurs  du 
Paria,  de  Casimir  Delavigne. 

Désireux  de  compléter  ses  études,  M.  de  Co- 
ninck vint  à  Paris  en  1851,  se  fit  présenter  à  Au- 
ber,  et  lui  soumit  sa  partition  des  (b(Purs  du 
Paria.  Auber  reconnut  des  qualités  dans  cette 
œuvre,  car  il  choisit  trois  de  ces  chœi.Ms  et  les 
fit  exécuter  par  les  élèves  du  Conservatoire,  dans 


196 


CONINCR  —  CONSTANTIN 


un  exercice  public  dirigé  par  Batton.  En  même 
temps  il  engagea  le  jeune  artiste  à  poursuivre  ses 
travaux ,  et  le  fit  entrer  dans  la  classe  de  Le- 
borne  ,  avec  lequel  il  étudia  pendant  trois  années 
la  composition  et  la  fugue.  M.  de  Coninck  se 
fi\a  ensuite  définitivement  à  Paris,  où  il  se  livra 
à  l'enseignement  et  à  la  composition. 

Cet  artiste  a  publié  chez  différents  éditeurs  des 
romances,  des  mélodies,  des  chœurs  sans  accom- 
pagnement et  des  morceaux  de  piano.  Il  a  signé 
seul  la  musique  d'un  opéra-comique  en  deux  ac- 
tes ,  Maure  Pathelin,  écrit  par  lui  en  société 
avec  INI.  Théodore  de  Lajarte  {Voyez  ce  nom), 
et  représenté  au  théâtre  Tivoli,  et  a  donné  au 
même  théâtre  une  opérette  en  un  acte,  le  Rat  de 
ville  et  le  Rat  des  champs.  Il  a  eu  aussi  un  ou- 
vrage reçu  à  l'Opéra-Comique,  mais  qui  n'a  ja- 
mais été  représenté,  et  a  fait  répéter  h  l'Athénée 
un  opéra-comique  en  un  acte,  la  'Fille  de  Fi- 
garo, que  le  désastre  subi  par  ce  théâtre  a  ra- 
mené dans  les  cartons  de  son  auteur.  Depuis 
plusieurs  années,  M.  de  Coninck  s'est  occupé  de 
critique  musicale,  et  il  a  collaboré  ,  sous  ce  rap- 
port ,  à  divers  journaux  et  recueils  :  la  Chro- 
nique, la  Vérité,  la  Constitution,  la  Gazette 
de  Paris,  la  Revue  nationale  et  étrangère, 
l'Echo  et  la  Revue  de  la  Musique.  *f-- 

*  CONRAD  DE  MURE,  chanoine  et  pre- 
mier chanteur  de  l'église  principale  de  Zurich. 
Outre  son  traité  :  De  Musica,  M.  George  Becker 
cite  un  autre  ouvrage  de  cet  artiste  :  I\'ovus 
Grœcimus,  dans  lequel  il  donne  la  description 
de  différents  instrumenis,  tels  que  l'orgue,  le  na- 
bium,  le  psaltériou,  la  cjthare,  la  lyre,  le  fifre, 
le  tympanuin,  etc. 

*  COXRADI  (Adguste).  A  la  liste  des  ou- 
vrages dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  1°  La  Madone  Sixline, 
Berlin,  théâtre  Victoria  ,  septembre  1804  ;  — 
2°  Le  valet  Rupert,  opéra-féerie,  Berlin,  théâtre 
Kroll,  novembre  1865;  —  3"  Voilà  bien  les 
femmes,  opérette  en  trois  actes,  Berlin,  théâtre 
\\alner,  septembre  1867  ;  —  4°  Dans  les  vignes 
du  Seigneur,  opérette,  Berlin,  théâtre  Frédéric- 
AVilhehii ,  novembre  ou  décembre  1867;  —  4" 
La  plus  belle  fille  du  bourg,  opéra-comique  en 
deux  actes,  id.,  il,  juin  1868.  Conradi  est  mort 
à  Bi'rlin  le  26  mai  1873. 

COI\RADIl\  (C...  F...),  compositeur  au- 
trichien ,  établi  à  Vienne,  a  fait  représenter  en 
cette  ville  les  trois  ouvrages  suivants  ;  1°  Goliath, 
opérette,  Karl  théâtre,  mai  i86i  ;  —  2"Un  Jeune 
Candidat,  opérette,  théâtre  de  l'Harmonie,  20 
octobre  1S66;  3"  Turandot,  opérette,  même 
théâtre,  29  novembre  1806.  M.  Conradin  a  donné 
aussi,  au  théâtre  populaire  de  Munich,  en  1866, 


une    opérette  intitulée  "  iin    Premier    Essai. 

COXRARD¥  (JuLE.';),  né  à  Liège  le  27  jan- 
vier 1836,  apprit  la  musique  avec  un  bon  pro- 
fesseur,M.  Decharneux.  Dés  l'âge  de  quinze  ans, 
i!]élait  organiste  à  l'église  Sainte  Marguerite,  et 
passa  successivement  en  la  même  qualité  à  Saint- 
Servais,  puis  à  Saint- Antoine,  oîi  il  exerce  encore 
aujourd'hui.  A  dix-neuf  ans,  ilsuivit  au  Conser- 
vatoire ,  sous  la  direction  de  Daussoigne-Méhul, 
un  cours  d'harmonie,  de  contre-point  et  de  fugue. 
A  vingt-trois  ans,  il  obtenait  à  Bruxelles,  au  grand 
concours  de  composition  musicale ,  le  second 
grand  prix  de  Rome ,  pour  sa  cantate  intitulée  : 
le  'Meurtre  d'Abel.  Revenu  à  Liège,  il  s'occupa 
spécialement  de  composition,  'abordant  tour  à 
tour  la  musique  religieuse  et  la  musique  théâ- 
trale. En  1864,  il  fut  nommé  professeur  de  sol- 
fège au  Conservatoire.  Ses  œuvres  religieuses, 
dont  plusieurs  ont  été  publiées  à  Liège,  chez 
Muraille,  se  composent  d'une  messe  solennelle  à 
grand  orchestre,  de  deux  Te  Deum,  île  litanies, 
d'antiennes,  de  plusieurs  messes  à  trois  et  quatre 
voix ,  etc.  Il  a  fait  représenter  avec  succès  sur 
les  théâtres  de  Liège  quatre  opéras- comiques  en 
un  acte,  savoir  :  le  Père  Làjoie  (1858),  Annibal 
et  Scipion,  (1860),  Jeanne  et  Jeannot  (1861), 
le  Bot  de  l'arbalète  (1862).  Un  autre  opéra  en 
un  acte,  leLoup-Garou,  a  remporté  le  prix  à  un 
concours  ouvert  en  1872  par  la  Société  d'émula- 
tion, et  a  été  donné  sur  le  théâtre  royal  de 
Liégé  le  20  mars  1874. 

M.  Conrardy  a  'publié  ,  en  outre,  un  album 
de  romances,  des  danses  pour  le  i)iano,  etc. 

F.  D. 

COXROT  (Alice),  musicienne  qui  s'est  con- 
sacrée à  l'enseignement,  est  l'auteur  d'une  bro- 
chure qui  a  été  [uibliée  sous  ce  titre  :  Abrégé 
de  Vhistoire  de  la  musique  et  des  principaux 
compositeurs,  à  l'usage  de  la  jeunesse  (Lisieux 
impr.  Lajoye-Tissol,  1876,  10-8°  de  36  pp.)  Ce 
petit  écrit,  d'ailleurs  sans  prétention,  est  d'une 
faiblesse  et  d'une  inutilité  absolues. 

CONSOLLM  ( ),  compositeur  italien , 

est  l'auteur  d'un  opéra  bouffe  intitulé  la  Finta 
Pazza. 

COXSOXI  (GiROL\Mo),  organiste  et  compo- 
siteur, vivait  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Ses  deux  lils,  Giovanni-Battista 
Consoni  et  Giuseppe  Consoni,  organistes  et  com- 
positeurs comme  lui,  prêtres  tous  deux,  furent 
agrégés,  en  1758,  à  l'Académie  des  Philharmo- 
niques de  Bologne.  Le  premier  surtout,  Gio- 
vanni-Battista, jouissait  d'une  grande  réputation 
comme  organiste. 

*  COXSTAXTIX  (Louis),  violon  de  la  mu- 
sique de  Louis  XIII  et  roi  des  Ménétriers,  suc- 


CONSTANTIN  —  CONSUL 


19t 


céda  dans  cette  charge  singulière  à  François  Ri- 
chomme.  On  ne  connaît  pas  la  date  de  sa  nais- 
sance, mais  on  sait  ([n'i!  se  maria  le  20  janvier 
1610,  à  la  paroisse  Saint-Mcrri -,  on  peut  donc 
supposer  qu'il  naquit  entre  1580  et  1585,  et  qu'il 
était  septuagénaire  lorsqu'il  mourut  en  1657. 

COi\STANTL\  (Titus  Cuarles),  chef  d'or- 
chestre, violoniste  et  compositeur,  est  né  à  Mar- 
seille le  7  janvier  1835.  Après  avoir  commencé 
son  éducation  musicale  en  province,  il  \int  à 
Paris  et  fit,  comme  tous  nos  jeunes  violonistes, 
partie  de  l'orchestie  de  divers  théâtres,  entre 
autres  du  Théâtre-Italien  et  du  Théâtre- Lyrique. 
En  même  temps  il  se  faisait  admettre  au  Con- 
servatoire, dans  la  classe  de  M.  Amhroise  Tho- 
mas (l'^''juin  1858),  et  au  bout  de  quelques  années 
d'études  se  présentait  au  concours  de  l'Institut  ; 
Jl  obtint  une  mention  honorable  au  concours  de 
1861,  et  le  second  grand  prix  en  18C3,  pour  la 
cantate  David  Rizzio,  paroles  de  M.  Gustave 
Chouquet.  Lorsque  M.  Martinet  fonda  sur  le  bou- 
levard des  Italiens,  en  1866,  l'aimable  théâtre 
des  Fantaisies-Parisiennes,  M.  Constantin  en  de- 
vint le  chef  d'orchestre,  et  c'est  à  son  influence, 
à  son  action  intelligente,  à  ses  goiUs  réellement 
artistiques,  qu'on  dut  de  ne  pas  voir  verser  ce 
théâtre  dans  l'ornière  de  l'opérette  prétendue 
bouffe,  alors  si  fort  à  la  mode,  et  qu'on  le  vit  au 
contraire  s'engager  résolument  dans  la  voie  du 
véritable  opéra- comique,  accueillant  à  bras  ou- 
verts les  jeunes  compositeurs,  mettant  au  jour 
d'intéressantes  traductions  d'opéras  éliangers, 
tels  que  l'Oie  du  Caire,  de  Mozart,  la  Croisade 
des  Dames,  de  Schubert,  il  Campancllo,  de 
Donizetti,  Sylvana,  de  Weber,  et  enfin  repre- 
nant d'adorables  chefs-d'œuvre  du  vieux  réper- 
toire français,  dont  l'Opéra-  Comique  semblait 
ne  plus  se  soucier  :  les  Rosières,  le  Muletier, 
d'Hérold  ;  le  Déserteur,  de  IMonsignv  ;  le  Sor- 
-cier,  de  Philidor;  le  Nouveau  Seigneur  du  vil- 
lage, le  Calife  de  Bagdad,  la  Fête  du  village 
voisin  ,  de  Boieldieu ,  etc. ,  etc.  Avec  un  or- 
cheslre  incomplet,  des  chœurs  insuffisants ,  un 
personnel  de  chanteurs  très-secondaires,  mais 
auxquels  il  savait  communiquer  sa  flamme  et 
son  ardeur,  M.  Constantin  ,  qui  ne  ménageait 
ni  son  temps  ni  sa  peine,  obtenait  des  résultats 
surprenants  au  point  de  vue  de  l'exécution,  et 
attirait  l'attention  générale  sur  ce  petit  théâtre, 
dont  il  était  en  réalité  le  moteur  et  le  soutien. 

A  la  suite  de  la  fermeture  de  l'Atiiénée, 
M.  Martinet  ayant  transporté  son  théâtre  dans 
le  local  de  ce  dernier,  M.  Constantin  trouva  un 
nouvel  élément  à  son  activité.  La  direction  vou- 
lait transformer  son  répertoire  en  l'agrandissant, 
et  l'on  joua  à  l'Athénée  de  véritables  grands  opé- 


ras, sérieux  ou  bouffes,  tels  que  les  Brigands, 
de  Verdi,  les  Masques]  {Tutti  in  Maschera), 
de  M.  Pedrotti,  le  Docteur  Crispin,  des  frères 
Ricci.  L'exécution  était  toujours  excellente,  et 
c'était  toujours  M.  Constantin  qui  était  à  sa  tête. 
Cependant,  des  difficultés  étant  survenues  entre 
lui  et  l'administration,  le  jeune  artiste  quittait 
l'Athénée,  en  septembre  1871,  pour  aller  diriger 
les  concerts  du  Casino,  dont  M.  Métra  dirigeait 
les  bals.  Là  encore  son  influence  se  fit  sentir,  et 
il  donna  à  ces  concerts  un  caractère  plus  sérieux,  ' 
plus  vraiment  musical  que  par  le  passé.  Néan- 
moins il  rentrait  à  l'Athénée  au  mois  de  janvier 
1872,  mais  bientôt,  ce  théâtre  ayant  fermé  ses 
portes,  M.  Constantin  devenait  chef  d'orchestre 
du  nouveau  théâtre  de  la  Renaissance,  fondé 
par  M.  Hostein.  Lorsque  celui-ci,  qui  était  en 
même  temps  directeur  du  Chàtelet ,  voulut  es- 
sayer d'acclimater  l'opéra  sur  cette  vaste  scène, 
et  y  monta  la  Belle  au  bois  dormant  de  M.  Li- 
tolff,  c'est  M.  Constantin  qu'il  chargea  de  l'or- 
ganisation musicale  du  Chàtelet  et  de  la  direction 
de  l'orchestre.  L'essai  n'ajant  pas  réussi,  l'ex» 
cellent  artiste  retourna  à  la  Renaissance.  De- 
puis lors,  il  a  été  appelé  (septembre  1875)  à  suc- 
cé<ler  à  M.  Deloffre  dans  la  direction  de  l'or- 
che>lre  de  l'Opéra-Comiquë  ;  mais  lors  du  chan- 
gement d'administration  qui  fit  succéder  M.  Car- 
valho  à  "SI.  du  Locle  comme  directeur  de  ce 
théâtre,  l'engagement  de  M.  Constantin  ne  fuf 
pas  renouvelé. 

Au  milieu  de  ses  travaux  multiples,  M.  Cons- 
tantin n'oubliait  c<^pendant  pas  complètement 
qu'il  élait  compositeur.  Il  écrivit  les  partitions 
de  Bak-Bek,  ballet  en  deux  actes  représente  au 
Grand-Théâtre  de  Lyon  eu  janvier  1867  :  de 
Salut,  cantate  exécutée  à  l'Atiiénée  le  15  aoul 
de  la  même  année;  et  de  Dans  la  Forêt,  opéra 
comique  en  un  acte  joué  à  l'Athénée  le  2  né- 
cembre  1872,  11  a  composé  aussi  plusieurs  mor- 
ceaux importants  pour  les  concerts  du  Casmo 
lorsqu'il  en  était  directeur,  entre  auties  Rolla, 
ouverture  exécutée  en  janvier  1872,  et  une  Ou- 
verture villageoise,  exécutée  au  mois  de  février 
de  la  même  année. 

CONSUL  (J ).  Un  musicien  de  ce  nom 

a  publié  un  certain  nombre  de  compositions  re- 
ligieuses ,  dont  voici  les  titres  :  r  Trois  can- 
tiques sacrés  pour  la  Communion ,  à  3  voix  éga- 
les ;  2"  Hymne  et  Oraison,  deux  chants  sacrés  à 
3  voix  égales;  3°  Domine  non  secundum,\mère 
à  3  voix  égales  ;  4°  Descends  du  haut  des 
deux!  invocation,  chant  à  2  voix  ;  5°  Cantique 
de  sainte  Thérèse ,  après  la  Communion,  pour 
2  sopranos  et  chœur;  6°  le  Nom  de  Marie, 
cantique  avec  solo,  duo  et  chœur;  '"Prémices 


198 


■?    CONSUL  —  CONTI 


du  Printemps,  cantique  avec  solo  et  chœur  ; 
8°  Motet  pour  la  fête  des  Saints,  solo  et  chœur 
à  3  voix  ;  9°  Hymne  à  rÉteri<el,  récitatif  pour 
basse,  prière  et  cliœur  à  4  voix.  Toutes  ces  œu- 
vres ont  été  publiées  à  Paris,  chez  Heugcl. 

*  CONTANT  D'ORVILLE.  VHistuire  de 
l'opéra  bouffon  publiée  en  1768  n'était  pas 
l'œuvre  d'un  seul,  mais  bien  de  deu\  écrivain;!, 
les  frères  Contant  d'Orviile.  La  préface  du  livre 
le  dit  expressément,  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  croiie 
là  à  une  supercherie,  dont  l'utilité  serait  nulle  : 
«  Cet  ouvrage  est  l'amusement  de  deux  frères, 
qui,  forcés  par  état  de  passer  alternativement 
six  mois  à  Paris  et  six  mois  en  province,  et  tou- 
jours séparés  l'un  de  l'autre',  se  sont  rendu 
compte  des  bagatelles  qui,  par  leur  nouveauté, 
fixoient  l'altention  du  public;  ils  ont  cru  que  les 
amateurs  d'anecdotes  théâtrales  ne  seroient  pas 
fâchés  de  voir  réunies  sous  un  même  point  de 

vue  toutes  les  pièces  du  nouveau  genre » 

Cette  dernière  phra^e  donne  lieu  à  une  remarque. 
Les  «  pièces  du  nouveau  genre,  »  ce  sont  les  co- 
médies à  arietles,  les  pièces  en  musique,  les  opé- 
ras bouffons,  comme  on  les  qualifiait  parfois 
alors,  celles  qui.se  jouaient,  soit  à  l'Opéra-Co- 
niique,  soit  à  la  Comédie-Italienne,  où  elles  ve- 
naient seulement  de  naître  et  de  prendre  leur 
vol.  En  effet,  les  frères  Contant  d'Orviile  ne 
parlent  que  de  celles-là,  et  passent  absolument 
sous  silence  les  comédies,  ballets,  divertissements 
ou  vaudevilles  (ces  derniers  qualifiés,  à  celte 
époque,  d'opcias-comiques).  Les  deux  frères 
n'ont  donc  point  fait,  comme  Desboulmiers  ou 
les  frères  Parfait,  l'histoire  d'un  théâtre,  soit 
Comédie-Italienne,  soit  Opéra-Comique,  mais 
l'histoire  d'un  genre  de  pièces  qui  se  produisaient 
à  la  fois  sur  deux  scènes  importantes,  le  genre 
des  pièces  à  ariettes,  illustré  dès  ses  premiers 
essais  par  Duni,  Philidor  et  Monsigny,  Leur  li- 
vre, consacré,  presque  dès  sa  naissance,  à 
r«  opéra  boutfon,  »  peut  nous  donner  une  idée 
du  plaisir  que  celui-ci  procurait  au  public. 

CONTK  (Aîstomo-Ernesto),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  Salerne  le  23  octobre  1826,  étudia 
le  piano  avec  Giuseppe  Lillo,  l'harmonie  avec 
Son  père  et  avec  Giuseppe  Barberi,  et  la  com- 
position avec  Fenaroli  et  Carlo  Assenzio.  Il  se 
produisit  de  bonne  heure  comme  virtuose,  puis 
se  consacra  à  l'enseignement  tout  en  se  livrant 
à  d'actifs  travaux  de  composition.  M.  Conte  n'a 
pas  publié  moins  d'une  centaine  d'œuvres  de  di- 
vers genres  pour  le  piano,  sans  compter  un  assez 
grand  nombre  de  mélodies  vocales,  et  beaucoup 
de  morceaux  de  musique  religieuse  avec  accom- 
pagnement d'orche.stre. 

CONTE  (Jean),  violoniste  et  compositeur, 


naquit  à  Toulouse  le  12  mai  1830,  et  s'adonna 
de  bonne  heuie  à  l'étude  du  violon,  puis  à  celle 
de  l'harmonie  et  de  la  composition.  Devenu  élève 
de  Carafa  au  Conservatoire  de  Paris,  il  était 
chef  d'orchestre  au  petit  théâtre  Comte,  lors- 
qu'en  1855  il  remporta  le  premier  grand  prix  de 
composition  'musicale  à  l'Institut  ;  les  paroles  de 
la  cantate  qui  lui  avait  valu  ce  prix  étaient  de 
M.  Camille  du  Locle,  qui  fut  depuis  directeur  de 
rOpéra-Comiqne,  et  cette  cantate  avait  pour 
titre  Acis  et  Galatée.  Pendant  son  séjour  à 
Rome,  M.  Conte  adressa  à  l'Académie  des  beaux- 
arts,  pour  ses  envois  réglementaires,  une  messe 
solennelle  (i"^"  année),  des  fragments  d'un  opéra 
italien  intitulé  Isabella  di  Lara  (2'  année), 
et  enfin  un  Dies  irx  en  sept  morceaux  et  luie 
symphonie  (3*  année)  ;  îles  fragments  de  cette 
synqthonie  furent  exécutes  en  lSô9,  à  la  séance 
publique  annuelle  de  l'Académie. 

A  son  retour  d'Italie,  M.  Conte  chercha,  comme 
tant  d'aulres,  à  se  faire  jouer  sans  pouvoir  y 
parvenir.  Il  se  livra  alors  à  l'enseignement,  de- 
vint professeur  à  l'école  des  frères  de  Passy,  et 
entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra  en  qualité  d'alto, 
ainsi  qu'à  la  Société  des  concerts  du  Conserva- 
toire. jM.  Conte  publia  ensuite  une  Méthode  de 
violon,  plusieurs  livres  de  duos  de  violons,  et 
un  certain  nombre  de  petits  moiceaux  et  fantai- 
sies pour  piano  et  violon  qui  furent  particuliè- 
rement bien  accueillis  des  artistes  et  des  ama- 
teurs. On  lui  doit  aussi  plusieurs  morceaux  de 
chant,  la  Charité,  hymne,  Oh  donc  vont  les 
hirondelles?  rêverie, ie  Grand  Fcnewr, légende, 
la  Marchande  de  plaisirs,  chansonnette,  ainsi 
qu'un  Duo  concertant  pour  piano  et  violon  sur 
des  airs  italiens,  écrit  en  société  avec  M.  Adrien 
Barthe.  Dans  ces  derniers  temps,  M.  du  Locle  s'est 
souvenu  de  son  ancien  collaborateur,  et  lui  a 
confié  le  livret  d'un  petit  ouvrage  en  un  acte, 
Beppo,  dont  M.  Conte  a  écrit  la  musique,  et  qui 
a  été  représenté  à  l'Opéra-Comique  le  30  no- 
vembre 1874.  Malheureusement,celivret  était  dé- 
testable ,  et  a  porté  tort  à  l'inspiration  du  compo- 
siteur. Beppo  n'a  pu  se  soutenir  à  la  scène,  et  a 
disparu  après  un  petit  nombre  de  représentations. 

*  CONTI  (Francesco).  a  la  liste  des  œuvres 
de  ce  compositeur,  il  faut  joindre  il  Martirio  di 
San  Lorenzo,  oratorio  qui  fut  exécuté  en  1710 
à  Vienne,  à  la  chapelle  de  l'empereur  Joseph  I«^ 

CONTI  (1Vicol6)  ,  compositeur  dramatique 
italien,  né  dans  le  royaume  de  Naples,  vivait  au 
dix-huitième  siècle.  Cet  artiste  fit  représenter 
sur  le  théâtre  des  Fiorentini,  de  >'aples,  les  deux 
ouvrages  suivants  :  Vlppolila  (1733) ,  et /'O- 
lindo  (1753) ,  ce  dernier  écrit  en  société  avec 
Matteo  Capranica. 


CONTI 


199 


*  COiXTI  (CriARLEs),  un  des  arlisics  l.s  plus 
<li.->liiigués  (le  ce  siècle,  sinon  par  le  génie,  du 
moins  par  iVsprit,  par  l'éducalion  el  [lar  le  sa- 
voir, na(|uit  à  Arpino,  piès  de  Naplcs,  non  en 
1799,  mais  le  14  octobre  1797.  Il  n'étudia  en 
quelque  sorte  la  musique  que  contre  le  gré  de 
son  [lère,  qui  aurait  voulu  en  f.iiie  un  médecin, 
et  il  abandonna  de  bonne  lieure  la  carrière  mi- 
iitaide  du  compositeur.  La  Bioijruph'ie  univer- 
selle des  Musiciens  a  donné  la  liste  de  ses  œu- 
vres dramatiques,  liste  à  laquelle  il  faut  ajouter 
Bartolomeo  délia  Cavallo,  opéra  semï  serai 
(Rome,  th.  Valle,  1827),  et  une  farsa  intitulée 
iMetaslasiani.  Le  dernier  opéra  de  Carlo  Conti 
fut  Glovanna  S/iore,  auquel  le  dernier  acte  du 
livret  de  Romani  fut  fatal  ;  cet  ouvrage ,  qui  fut 
donné  nu  tlu'àtre  de  la  .Scala,  de  IMilan,  et  dont 
la  première  partie  avait  été  bien  accueillie,  ne 
réussit  point  à  cause  de  la  scène  fmale,  dans  la- 
quelle on  voyait  l'iiéroïne  de  la  pièce  mourir  de 
faim,  ce  qui  n'est  ni  scéniqne  ni  musical.  Les  au- 
teurs essayèrent  de  reméiiier  au  mauvais  eiftt 
produit  par  ce. dénouement,  et  remanièrent  pro- 
fondément toute  cette  partie  de  leur  œuvre  ; 
mais  elle  n'en  réussit  pas  mieux,  n'obtint  à  M  Un 
qu'un  succès  d'estime,  et  ne  fut  jouée  sur  aiicim 
autre  lliéàlre  d'Italie.  C'est  à  celte  époque,  et 
Rossini  n'ayant  pu  tenir  la  promesse  par  lui  faiie 
à  ce  sujft,  que  Conti  écrivit,  sur  des  vers  d'An- 
dréa Maffei,  la  cantate  qui  devait  être  exécutée 
au  théâtre  des  Philharmoniques  ,  pour  l'inaugu- 
ration du  buste  du  grand  poêle  Vincenzo  Monli. 
Celte  cantate,  admirablement  ciiantée  par  la 
Pasta,  lui  fil  le  plus  grand  honneur. 

Cependant,  et  quoique  son  fi's  eût  remporté 
de  brillants  succès,  le  (lère  de  Conti  souffrait  (!e 
lui  voir  continuer  la  carrièie  qu'il  avait  erdre- 
prise.  Imbu  sans  doute  d'un  préjugé  étrange  et 
inintelligent  contre  les  artistes,  il  n'avait  d'auire 
désir  que  de  le  voir  auprès  de  lui,  partageant  le 
bien-être  dont  le  faisait  jouir  une  lionorable  fur- 
tune.  Conti  finit  par  se  rendre  à  ses  vœux,  et 
alla,  plein  de  jeunesse  et  d'espoir,  se  retirer  à 
Arpino.  Dienlôt  il  se  maria  avec  une  jeune  fille 
charmante,  devint  trois  fois  père,  mais  eut  la 
douleur  de  perdre  sa  femme  après  quatre  années 
de  maiiage.  Ce  coup  le  fra])pa  cruellement,  et  le 
rendit  p'^ndant  quelque  temps  insensible  à  tout. 

Le  temps  cependant  amortit  sa  douleur. 
Nommé,  à  la  mort  de  Zin;^arelli,  membre  de  l'A- 
cadémie des  beaux-arts  de  Naples ,  dont  il  de- 
vint plus  tard  le  secrétaire  perpétuel,  il  profitait 
du  peu  de  di^ance  qui  le  séparait  de  cette  ville 
pour  y  faire  de  fréquentes  excursions,  s'y  mêler 
à  la  vie  active  et  se  tenir  au  courant  de  tous  les 
faits  ai  tistiques  de  quelque  importance.  En  1846, 


il  est  nommé  professeur  de  contrepoint  et  de 
composition  au  Conservatoire  de  cette  ville,  mais 
en  1868  des  raisons  l'obligent  à  résigner  ces  lonc- 
tions.  Pourtant,  en  1862,  et  sur  des  instances- 
très-honorables,  il  consent  à  rentrer  dans  cet 
établissement  pour  y  remplacer  son  successeur,.. 
Lillo,  «levenu  fou,  et  pour  suppléer  le  directeur 
Mercadante,  devenu  aveugle.  Pendant  plusieurs 
années  il  se  prodigua,  d.ms  cette  double  siluation, 
avec  un  zèle,  une  activité  et  un  dé>iidéi'essemeut  . 
au-dessus  de  tout  éloge.  iMais  ces  fatigues  et  ces 
travaux  furent  fatals  à  sa  saidé.  Au  commence- 
ment de  1868,  il  tomba  dangereusement  malade 
au  Conservatoire,  dut  être,  avec  toutes  les  pré- 
cautions possibles,  transporté  chez  lui,  à  Arpino,. 
et  là,  malgré  les  .soins  les  plus  dévoués,  cessa 
de  vivre  le  10  juillet.  L'adinini'^tralion  du  Con- 
servato're  obtint  l'autorisation  de  faire  célébrer 
ses  funérailles  à  l'église  de  San-Pielro  a  Majella, 
et  il  fut  l'objet  d'honneurs  exceptionnels. 

Conti  n'était  pas  un  homme  de  génie,  mais  c'é- 
tait un  artiste  extrêmement  disiingué ,  remar- 
quable par  son  savoir  et  sa  profonde  connaissance 
de  l'art.  Il  pa^siit  pour  le  premier  contra[.un- 
tisfe  de  son  temps.  M.  Florimo,  à  qui  j'ai  em- 
prunté les  détails  qui  précèdent,  s'exprime 
ainsi  à  son  sujet,  dans  son  Cenno  storico  sulla 
Scuola  musicale  di  Napoli  :  «  Les  (lualilés  de 
la  musique  de  Conti  consistent  dans  une  per- 
fection scolastique,  un  style  correct  et  recherché, 
des  idées  spontanées  et  simples,  mais  non  ori- 
ginales, un  sentiment  toiijiiurs  exact  de  l'expres- 
sion des  paroles  et  absolument  irréprochable 
dans  la  musique  religieuse.  Il  n'a.il  point  conmie 
Mercadante,  Donizetti,  Pacini,  qui  commencèrent 
leur  carrière  en  imitant  Rossini,  et  qui  cherchèrent 
ensuite  plus  ou  moins  à  s'en  élo'gner  et  à  se  former 
un  stjle  personnel  ;  au  lieu  de  cela,  il  resta  tou- 
jours fidèle  imitateur  du  grand  Pésarais,  et  c'est 
pourquoi  sa  musique  offre  peu  de  nouveauté, 
mais  est  seulement  correctement  écrite,  bien  tra- 
vaillée, excellemment  ili'iposée  pour  les  voix,  con- 
servant toujours  l'unité  de  style  et  de  coloris, 
la  vérité  de  conception ,  et  une  aimable  et  élé- 
gante façon  d'instrumenter  sans  exagération; 
souvent  on  voit  poindre,  <lans  ses  compositions, 
une  veine  de  sentiment,  peu  éloignée  de  la  pas- 
sion ,  qui  produit  une  heureuse  et  agréable  im- 
pres-ion  sur  l'esprit  du  public.  Marchant  sur  les 
traces  de  son  maître  Zingarelli,  il  eut  du  goût  et 
de  1  inclination  pour  les  lettres,  et  leur  culture, 
non  moins  que  sa  réputation  de  grand  musicien, 
lui  valurent  cette  estime  universelle  et  ce  respect 
qui  l'accompagnèrent  jusqu'au  tombeau.  Jamais 
d'ailleurs  il  ne  lirait  vanité  de  son  savoir,  et 
lorsqu'il  faisait  l'éloge  des  autres  maîtres,  .ses- 


200 


CONTI  —  COQUARD 


émules  et  ses  collègues,  il  parlait  de  lui  le  moins 
qu'il  pouvait,  et  toujours  avec  la  plus  grande 
modestie  ;  témoin  ces  paroles,  qu'il  adressait  un 
jour  à  l'un  de  ses  amis,  M.  Santini,  en  se  repor- 
tant à  l'année  182",  époque  de  ses  plus  grands 
succès  :  «  Je  me  croyais  grand  aussi,  en  celle 
«  année  d'espérance  et  de  vie.  Je  composai  en- 
«  suite  autre  chose,  mais  il  en  faut  bien  d'autres 
a  pour  être  un  génie.  Enfin  je  cessai  d'écrire, 
«  sans  me  laisser  vaincre  par  les  plus  honorables 
«  sollicitations,  d  Paroles  qui  firent  naître  la 
vénération  chez  celui  qui  les  entendit,  parce  que 
la  qualité  la  plus  rare  et  presque  miraculeuse 
d'un  bon  jugement  est  celle  de  se  juger  soi- 
même  sans  passion  et  sans  prévention  aucune.  » 

Conti  a  joui  pendant  quarante  ans,  dans  toute 
l'Italie ,  de  la  réputation  d'un  grand  maître  et 
d'un  profond  théoricien.  Sous  ce  rapport,  Ros- 
sini ,  qui  l'aimait  beaucoup ,  avait  pour  lui  la 
plus  haute  estime.  Il  a  fait  d'excellents  élèves, 
parmi  lesquels  il  faut  siirtont  citer  MM.  Paolo 
Serrao,  Filippo  Marcheiti,  Erneslo  Viceconte, 
Erennio  Gaminieri ,  etc.  Espi  it  honnête  et  sin- 
cère, homme  loyal  et  désintéressé,  il  joignait 
aux  qualités  du  cœur  celles  de  l'esprit  le  plus 
cultivé.  Ses  nolxes  et  ses  travaux  sur  la  mu- 
sique et  les  musiciens,  comme  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  beau\-arfs  de  Nnples, 
sont,  dit-on ,  fort  remarquables.  Carlo  Conti 
était  membre  correspondant  de  l'insfilul  de 
France. 

CO\TI  (Claudio),  professeur  et  composileur, 
est  né  à  Capracolta,  dans  l'ancien  royaume  de 
Naples,  en  1836.  Conduit  de  bonne  heure  à  Na- 
ples,  il  fut  admis  au  Conservatoire  de  cette  ville, 
et  y  lit  de  très-bonnes  études  théoriques,  d'a- 
bord sous  la  direction  de  Parisi,  puis  sous  celle 
de  Mercadanle.  Après  plusieurs  essais  de  mu- 
sique dramatiipie  et  religieuse  faits  par  lui  au 
Conservatoire,  il  fit  ses  débuts  de  compositeur 
dramatique  en  donnant  au  théâtre  Bellini,  le  30 
avril  18G4,  un  opéra  en  4  actes  intitulé  la  Figlia 
del  Marinaio,  qui  obtint  un  véritable  succès. 
Depuis  lors,  M.  Conti  s'est  voué  à  l'enseigne- 
ment, et  a  produit  un  certain  nombre  de  com- 
positions vocales  et  instrumentales,  parmi  les- 
quelles on  remarque  deux  Hymnes  exécutés  au 
théâtre  San-Carlo  en  1859  et  1869,  quatre  al- 
bums de  chant,  un  recueil  de  six  petites  pièces  de 
piano,  trois  mélodies  pour  violoncelle  et  piano, 
un  Elogio  funèbre  en  forme  de  marche  à  grami 
orchestre  pour  la  mort  de  Meyerheer,  etc.,  etc. 
M.  Conti,  à  qui  l'on  doit  aussi  plusieurs  conqio- 
sitions  religieuses,  entre  autres  ime  Messe  à  ô 
voix  avec  accompagnement  d'orchestre  et  un 
Bequiem  pour  voix  de  baryton,  a  été  nommé 


en  1872,  à  la  suite  d'un  concours,  directeur  de 
l'Instilut  musical  de  VAlbergo  de'  Poveri. 

COWERÇAM  (Frère  P.aymundo  DA),  mu- 
sicien portugais,  n'est  connu  que  comme  auteur 
du  traité  suivant  :  Manual  de  iudo  o  que  se 
canta  fora  do  clioro ,  confoime  ao  vzo  dos 
relifjiosos  et  religiosas  da  sagrada  ordem  da 
Penitencia  (ordre  de  St-Françoi.s),  etc.,  Coim- 
bre,  1675,  in-4"  de  VlII-485  pages  et  5  pages 
d'index.  J.  de  V. 

COOP  (ERNESTO-ANTOMO-LtiGi),  musicicn 
italien  dont  le  nom  trahit  une  origine  britannique, 
est  né  à  Messine,  le  l*"""  juin  1812.  Fils  d'un  mu- 
sicien amateur  qui  ne  lui  ménagea  pas  les  bous 
conseils,  il  apprit  d'un  ténor  nommé  Liicchini 
les  premiers  éléments  de  la  musique,  et  eut  en- 
suite (tour  professeurs  les  compositeurs  Mario 
Aspa  et  Mazza.  Il  se  fit  connaître  de  bonne  heure 
comme  virtuose  sur  le  piano,  et,  s'étant  livré  à 
l'enseignement,  il  devint,  en  1806,  professeur  au 
Conservatoire  de  Naples.  M.  I^rnest  Coop  a  pu- 
blié, chez  les  principaux  éditeurs  d'Italie,  plus 
de  cent  compositions  pour  son  instrument. 

(OOPEIl  (George),  organiste  remarquable, 
l'un  des  premiers  artistes  en  ce  genre  qu'ait  pro- 
duits l'Angleterre,  naquit  vers  1820  et  mourut  à 
Londres  le  2  octobre  1876,  à  l'âge  de  cinquante- 
six  ans.  George  Cooper  a  formé  un  grand  nom- 
bre délèves,  qui  tous  sont  devenus,  grâce  à  ses 
soins,  des  organistes  distingués.  J'ignore  si  cet 
artiste  s'est  livré  à  la  composition. 

COOPER    (J....-B ),   musicien   anglais 

contemporain,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra- 
comique,  Jiianita  ou  une  Nuit  à  Séville,  qui 
a  été  représenté  à  Liverpool,  par  une  société 
d'amaleurs,  le  2  avril  1872. 

COQUARD  (A ),  composileur,  né  vers 

1828,  lit  dans  ses  jeunes  années  des  études 
musicales  qu'il  aurait  désiré  continuer,  mais 
que  sa  famille  l'obligea  d'interrompre  |)our  se  li- 
vrer à  l'étude  du  droit.  11  se  fit  en  effet  recevoir 
avocat,  mais  dès  qu'il  fut  maître  de  ses  actions, 
il  renonça  à  la  carrière  du  barreau  et  alla  trouver 
M.  César  Franck,  aujourd'hui  professeur  d'orgue 
au  Conservatoire,  sous  la  direction  duquel  il  fit 
un  cours  complet  d'harmonie  et  de  contrepoint. 
Comme  il  lui  fallait  vivre,  il  accepta  des  fonc- 
tions d'employé  auxiliaire  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, et  put  ainsi  se  livrer  sans  contrainte  à 
ses  goûts  artistiques.  Le  premier  fruit  de  ses 
travaux  qu'il  fit  connaître  au  public  fut  le  Chant 
des  cpces,  ballade  extraite  du  premier  acte  de  la 
Fille  de  Rolajid,  tragédie  de  M.  Henri  de  Bor- 
nier,  et  mise  par  lui  en  musique.  Celte  compo- 
sition fut  exécutée  au  concert  du  Châlelet  (As- 
sociation artistique),  le  16  janvier  1876. 


COQUET  —  GORETTE 


201 


COQUET  ( ),  musicographe  fiançais  de 

la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle  ,  a 
laissé  un  ouvrage  intitulé  :  La  Musique  rendue 
sensible,  avec  un  traité  du  monochorde. 

CORliESIEU  (Antomo),  musicien  italien 
dont  le  nom  trahit  évidemment  une  origine  fran- 
çaise, naquit  à  Naples  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  et  fit  représenter  en  cette 
ville  les  deux  ouvrages  suivants  :  il  Mercante 
innamorato,  opéra  qualifié  invenzione  per  mu- 
sica,  th.  des  Fiorentini,  1750  ;  et  «/  Finto  in- 
namorato, id.,  1751. 

CORDELLA  (Gerommo),  compositeur  et 
organiste  italien,  né  dans  le  royaume  de  Naples, 
vivait  au  dix-huitième  siècle  et  fit  représenter  en 
1747  à  Naples,  sur  le  théâtre  des  Fiorentini,  un 
opéra  intilulé  la  Faustina.  Cet  artiste  vécut 
vieux  sans  doute,  car  en  1783,  c'est-à-dire  trente- 
six  ans  plus  tard,  il  remplissait  les  fonctions 
d'organiste  à  l'archiconfrérie  de  Sauf  Anna  di 
Palazzo,  à  Naples. 

*  CORDELLA  (Jacques),  (ils  du  précédent, 
«si  mort  à  Naples,  le  8  août  1846.  Bon  profes- 
seur de  chant,  organiste  habile,  excellent  accom- 
pagnateur, compositeur  distingué  surtout  dans  le 
genre  bouffe,  cet  artiste  était  professeur  de  sol- 
fège au  Conservatoire  de  Naples,  maître  de  cha- 
pelle dans  plusieurs  couvents  de  celte  ville, 
et  fut  pendant  longues  années  directeur  de  la 
musique  au  théâtre  San-Carlo.  Il  faut  noter  que 
son  opérette  i  Finti  Savojardi,  jouée  à  Venise 
^n  1820,  n'était  qu'une  réédition,  sous  un  nou- 
veau litre,  de  celle  qu'il  avait  donnée  longtemps 
auparavant,  dans  la  même  ville,  sous  celui  d'il 
Ciarlatann. 

CORUERO  Y  FEIÎXANDEZ  (Antonio), 
chanteur  espagnol,  né  à  Séville  le  30  mars  1823, 
reçut  une  bonne  éducation  musicale,  embrassa 
bientôt  la  carrière  du  théâtre,  fit  apprécier  sa 
jolie  voix  de  ténor  sur  les  scènes  de  Grenade, 
Malaga,  Cadix  et  Séville,  puis,  en  1849,  étant 
entré  à  la  suite  d'un  concours  à  la  chapelle 
royale  de  Madrid,  se  fixa  en  cette  ville,  aban- 
donna le  théâtre  el  se  consacra  à  l'enseignement. 
Cet  artiste  a  publié,  en  1858,  un  traité  de  chant 
sous  ce  litre  :  Ehcvela  compléta  de  canto  en 
todos  sus  généras  y  principalmenle  en  el  dra- 
matico  espanol  é  italiano.  M.  Cordero  a  pris 
part  à  la  rédaction  de  plusieurs  journaux  de  mu- 
sique, dans  lesquels  il  a  publié  un  grand  nombre 
d'articles  de  doctrine,  d'histoire  ou  de  critique 
spéciale. 

CORDIALI  ( ),  compositeur  italien,  a 

écrit,  en  société  avec  M.  Denina,  la  musique 
d'un  opéra-ballet  en  4  actes  et  7  tableaux,  Ro- 
berto  di  Normandia ,  qui   fut  représenté  au 


mois  d'aoïU  1864,  sur  le  théâtre  Alfieri,  de  Tu- 
rin, avec  un  médiocre  succès.  Depuis  lors,  aucun 
de  ces  deux  artistes  ne  s'est  produit  de  nouveau 
à  la  scène. 

CORDOxWIER  (  MARiE-Lons-URBAiN  ) , 
clerc  du  diocèse  d'Amiens,  compositeur,  né  en 
cette  ville  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
commença  par  en.seigner  la  musique  à  Paris,  où 
il  eut,  dit-on,  pour  élève  le  célèbre  chanteur 
Garât.  Devenu  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale d'Évieux,  il  fut  appelé,  en  1783,  à  rem- 
plir les  mêmes  fonctions  à  la  cathédrale  de 
Rouen,  oii  il  admit  au  chœur,  en  17S6,  un  en- 
fant dont  la  renommée  devait  être  plus  tard  eu- 
ropéenne, le  jeune  Adrien  Boioldien  (1).  Dans 
.son  discours  de  réception  à  l'Académie  de  Rouen 
{Revue  des  maîtres  de  chapelle  et  musiciens 
de  la  métropole  de  Rouen),  M.  l'abbé  Langlois 
donne  les  détails  suivants  sur  cet  artiste  :  «  De- 
venu commerçant  et  père  de  famille  après  la 
Révolution,  Cordonnier  continua  de  cultiver  son 
art.  Sous  l'emjiire,  il  diiigea  pendant  quelques 
années  la  musique  de  la  cathédrale  de  Valence. 
Une  de  ses  dernières  œuvres  est  le  psaume 
Beati  omnes....  exécuté  à  l'hôtel  de  ville  de 
Rouen,  le  20  mais  1811,  à  l'occasion  de  la 
naissance  du  roi  de  Rome.  C'est  à  l'obligeance 
de  sa  veuve  que  nous  devons  ces  détails.  » 

CORETTE  ( ),  compositeur,  vivait  à 

Paris  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  et  écrivit  pour  le  théâtre  de  l'Opéra-Co- 
mique,  rival  de  la  Comédie-Italienne,  la  musique 
d'un  grand  nombre  de  ballets,  de  pantomimes  et 
de  divertissements.  Je  n'ai  pu  découvrir  aucun 
renseignement  biographique  sur  cet  artiste,  mais 
voici  la  liste  de  ses  compositions  telle  que  la 
donnait  l'almanach  intitulé  les  Spectacles  de 
Paris  :  —  «  Les  Ages,  ballet-pantomime  ;  le  Ju- 
gement de  Midasj  Nina,  pantomime  italienne-, 
Arlequin  Versée,  Armide,  pantomimes  à  ma- 
chines; Arlequin  boulanger,  pantomime  en 
vaudevilles;  Diane  et  Endtjmion,  ballel-panto- 
mime  exécuté  à  Paris  et  à  Londres;  Concertos 
comiques,  dansés  à  l'Opéra-Coinique  ;  les  Tri- 
cotés ,•  Ma  mie  Margot;  la  Béquille  du  père 
Baniabas;  tes  Pantins,  ballet  général;  la 
Tourière,  pantomime.  Il  a  aussi  composé  la 
musique  de  la  Fête  infernale  de  Valois,  et  de 
plusieurs  divertissements  des  opéras-comiques 
de  MM.  Pannard,  Carolet,  Favarl,  Lagrange, 
Laffichard  et  Vadé.  >>  Je  ne  crois  pas  qu'il  faille 
confondre  cet  artiste  avec  Michel  Corretle,  men- 

(I)  J'ignorais  ce  fait  lorsque  )'ai  publié,  en  1879,  la  bio- 
graphie de  ce  gr.in(l  artiste  :  PoiKi  dieu,  sa  vie.  ses  œu- 
vres, son  ruracUre,  sa  corresponiiunce  ;  je  n'ai  donc  pu 
le  mentionner. 


202 


CORETTE  —  CORSI 


tionné  au  2«  volume  de  la  Biographie  univer- 
selle des  Musiciens;  celui-ci  était  urgaiiisfe  du 
grand  collège  des  Jésuites,  qui  ne  lui  auraient 
pas  permis,  sans  aucun  doute,  de  travailler  ainsi 
pour  le  théâtre. 

CORAELIUS  (Peter),  compoiiteur  alle- 
mand, neveu  du  cé'èbre  peintre  de  ce  nom,  na- 
quit à  Mayence  en  1820,  et  fit  ses  étudt  s  musi- 
cales à  Berlin,  sous  la  diiection  de  M.  Delin.  H 
ernljrassa  de  bonne  lieure  les  doctrines  de  M.  Ri- 
chard Wagner,  qu'il  défendit  avec  ardeur  dans 
plusieurs  journaux,  entre  autres  l'Écho  et  la 
Nouvelle  Gazette  musicale,  tout  en  les  prati- 
quant comme  compositeur.  On  s'en  aperçut  dans 
le  Baibier  de  Bagdad,  opéra  qu'il  fit  repré- 
senter à  Weimar  en  1858.  De  1859  à  1862  il  ré- 
sida à  Vienne,  où  il  écrivit,  pour  la  plus  grande 
partie,  les  paroles  et  la  nuisique  d'un  autre  ou- 
vrage dramatique,  le  Cid,  qu'il  alla  achever  à  Mu- 
nich en  18()3,  et  qui  fut  joué  à  Weimar  au  mois 
damai  1865.  Cornélius,  qui  dans  sa  jeunesse  avait 
reçu  des  conseils  de  M.  Li.szt,  est  mort  le  26  oc- 
tobre 1874.  Il  a  publié  quel'ines  morceaux  de 
chant,  à  une  ou  plusieurs  voix,  avec  acc(  nijWgne- 
inent  de  piano. 

CORNIER  (l'abbé  E )  est  auteur    d'un 

système  de  notation  aussi  étrange  que  nouveau, 
dans  lequel  il  emploie  trois  couleurs  différentes. 
Il  a  fait  l'exposition  de  ce  système  dans  un  ou- 
vrage ainsi  intitulé  :  Traité  de  Varl  musical, 
précédé  de  Échelle  (riculore  (Paris,  1856, 
in-8"). 

COROXA  ( ),  compositeur  italien,  né  à 

Livdurne,  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  Avva- 
lorati,  de  cette  ville,  au  mois  de  janvier  1863, 
un  opéra  sérieux  intitulé  Zaira.  Cet  ouvrage  fit 
un  fiasco  si  complet  qu'd  dut  être  abandonné 
après  sa  seconde  représentation. 

CORONARO  (Gaetano),  compositeur,  a 
fait  son  éducation  musicale  au  Conservatoire  de 
Milan,  d'où  il  est  sorti  en  1873,  après  avoir 
passé  son  examen  de  licence  d'une  façon  excep- 
tionnellement brillante.  Dans  les  exercices  (sagiji) 
annuels  qui  eurent  lieu  alors,  il  fit  entendre,  en 
en  dirigeant  lui-même  l'exécution  ,  une  scène 
lyrique,  un  Tramonto ,  écrite  parlai  sur  des 
paroles  de  M.  Arrigo  Boito  {Voij.  ce  nom),  et  ce 
début  du  jeune  compositeur,  quoique  fait  d'une 
façon  tout  intime  et  dans  un  établissement  sco- 
■  laire  ,  eut  un  très-grand  succès  et  fit  presque 
événement  dans  la  ville  de  Milan,  où  l'on  en  parla 
durant  plusieurs  semaines.  L'éditeur  Ricordi 
s'empressa  de  publier  la  partition  de  son  petit 
ouvrage,  et  lui  confia  aussitôt  le  livret  d'un  opéra 
séria  important,  la  Créole,  qid  jusqu'ici,  cepen- 
dant, n'a  pas  été  représenté.  Un  autre  éditeur  de 


musique  de  Milan,  M™*'  Lucca,  avait  mis  à  la 
dis|iosilion  de-  l'administration  du  Conservatoire 
une  somme  destinée  à  faciliter  le  voyage  à  l'é- 
tranger de  l'élève  qui  semblerait  le  plus  apte  à 
profiter  de  cette  faveur.  M.  Conmaro  fut  appelé 
à  bénéficier  de  cette  libéralité  intelligente,  et 
grâce  à  elle  il  put  visiter  plusieurs  des  grands 
centres  artistiques  de  l'Europe  :  Paris,  Vienne, 
Berlin,  Cologne,  Leipzig  et  Dresde.  De  retour  à 
Milan,  il  se  livra  à  des  travaux  de  composition, 
et  publia  un  Album  vocal  (Ricordi, in-4''),  que 
la  critique  a  accueilli  favorablement  et  qui  con- 
lient  six  morceaux  :  Due  Fiori,  0  Padre  nosiro, 
Barcarola,  Vllimo  Votn,  la  Spiriiello,  ISot- 
turno  a  due  voci.  M.  Coronaro,  qui  a  publié 
aussi  une  petite  pièce  pour  violon,  ?\innereUn, 
avec  accompagnement  de  piano  (Milan,  Ricordii, 
est  devenu  en  1876  viacslro  concerlatore  en 
second  au  théâtre  de  la  S(ala. 

COROMIXI  (Paolo),  chef  d'orchestre,  vio- 
loniste et  compositeur  pour  son  instrument,  né  à 
Vicence  en  1796,  reçut  une  bonne  éducation  mu- 
sicalp,  devint  un  virtuose  distingué  sur  le  violon,. 
fit  dans  sa  jeunesse  (lueUpies  voyages,  puis,  à 
l'âge  de  32  ans,  se  fixa  à  Trieste,  où  il  devint 
chef  d'orchestre  du  Grand-Théâtre  et  premier 
violon  de  la  chapelle  de  Saint-Just.  Cet  artiste, 
qui  est  mort  le  14  janvier  1875,  a  laissé  un  assez 
grand  nombre  de  compositions  pour  son  instru- 
ment, parmi  lesquelles  on  dislingue  :  1°  Collec- 
tion de  gammes  et  exercices  mécaniques  ;  2"  Exer- 
cices, avec  accompagnement  conlrepointé  d'un 
second  violon  ;  3"  Gammes  mélodiques  avec 
adagi ;  4°  42  Éludes  ;  5°  Caprice  brillant;  6°  2 
Thèmes  originaux  variés,  l'un  avec  accompagne- 
ment d'orchestre  ou  de  piano  ;  7"  Grandes  varia-  • 
lions  sur  un  thème  de  Bellini,  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ;  b"  Fantai-ie  alla  Paga- 
nini,  avec  accompagnement  de  piano  ;  9"^  Gi  and 
Rondo  avec  accompagnement  de  quatuor;  10° 
Polonaise  brillante  avec  accoinpagnemei'.t  d'or- 
chestre, etc. 

COIîHADO  ( },  composileur  italien, 

chef  de  musique  militaire,  a  fait  représenter  à 
Casalmonferrato,  en  février  1872,  un  0|iéra  in- 
titulé :  Evelina. 

CORSI  (Giovanm\  baryton  distingué,  né  à 
Vérone,  où  sa  famille  occupait  une  situation  ho- 
norable, fit  de  bonnes  études  littéraires  et  suivit  . 
les  cours  de  droit  de  l'Université  de  Padoue. 
Mais  il  avait  le  goût  de  la  musique,  et  le  théâtre 
l'attirait  invinciblement.  Il  abandonna  donc  l'é- 
tude du  droit  pour  celle  du  chant,  et  bientôt  il 
débuta  au  théâtre  Re,  de  Milan,  où  son  succès, 
fut  tel  qu'il  fut  immédiatement  engagé  à  la  Scala. 
La  voix  de  baryton  de  M.  Corsi  n'était  ni  vo» 


CORSI 


COSTA 


203 


lumineuse,  ni  bien  puissante,  mais  il  s'en  servait 
avec  goût,  il  en  était  le  maître  absolu  et  il  la 
guidait  à  #a  convenance.  Bien  que  cette  vuix  fût 
agile  et  que  la  vocalisation  en  fût  brillante,  c'est 
surtout  dans  les  rôles  dramatiques  que  brillait 
l'artiste,  dans  ceux  oii  il  pouvait  faire  ressortir 
sa  remarquable  pui>sance  d'expression,  et  com- 
muniquer aux  spectateurs  l'émotion  qu'il  res- 
sentait lui-même.  Les  habitués  du  Théâtre- Ita- 
lien de  Paris  se  rappellent  encore  l'effet  qu'il 
produisait  dans  Lucrezia  Borgia,ilaiis  Rigolelto, 
Béatrice  di  Tenda,  Poiiutn,  Maria  di  Kohan 
et  quelques  autres  ouvrages.  Après  avoir  passé 
quatre  années  à  Paris,  de  1856  à  1859,  M.  Corsi 
retourna  en  Italie,  où  il  poursuivit  sa  carrière. 
Depuis  lors,  il  a  quitté  le  théâtre,  pour  se  con- 
sacrer à  l'enseignement  du  chant. 

CORTKSI  (Francesco),  compositeur  dra- 
matique italien,  est  l'auteur  des  ouvrages  sui- 
vants :  1"  Almina  (Rome,  janvier  1859);  2"  le 
Dame  a  servire  (1859)  ;  3°  la  Colpa  dvl  Ciiore, 
i  actes  (Florence,  (h.  de  la  Pergola,  novembre 
1870)  ;  4°  Mariulizza  (id.,  id.,  27  avril  1874). 
:  *  CORTICCIO  (Francesco).  Je  dois  à  une 
obligeante  communication  de  M.  le  docteur  Ba- 
sevi  la  connaissance  de  l'ouvrage  suivant,  qui 
doit  prendre  place  au  nom  de  ce  compositeur  : 
Eesidicum  Cantici  Zachariee  Prophelx  et 
Psalmi  Davidis  qmnqtiagesimi  pro  secundo 
choro  a  Francisco  Cor/icin,  musices  serenisx . 
Cosmo  Medices  magni,  Elriirix  Dttcis  Prx- 
fecto,  etc.  Venefiis,  apud  filias  Gardani,  1570. 

COSENTIM   ( ),   compositeur  italien, 

a  fait  représenter  en  1854,  sur  l'un  tles  théâ- 
tres de  Florence,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Rogicro. 

COSTA  (Antomo  Corrêa.  DA),  né  à  Villa- 
'Viçosa  (Portugal),  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  fut  un  mathématicien  remarquable  et  un 
musicien  de  mérite.  Il  fit  de  longs  voyages  en 
Italie  et  dans  les  Flandres,  et  ne  retourna  en 
Portugal  que,  dans  un  âge  avancé.  Il  mourut  à 
Vllla-Vicosa  en  1617. 

J.  DE  V. 

COSTA  (Sebastiao  DA),  musicien  distingué, 
chevalier  de  l'on're  du  Christ,  fut  maître  de 
chapelle  des  rois  D.  Alfonso  VI  et  D.  Pedro  -Il  ; 
il  avait  fait  aussi  partie  de  la  chapelle  royale  de 
D.  Joào  IV,  après  1C40.  Il  était  né  à  Azeitào  vers 
le  commencement  du  XVIF  siècle,  et  moinut 
à  Lisbonne  en  1696.  La  mort  du  roi  Jean  IV, 
qu'il  estimait  beaucoup,  lui  causa  un  chagrin  si 
vif  qu'il  se  retira  en  Espagne,  où  il  prit  les  armes. 
La  reine  veuve,  qui  faisait  grand  cas  de  ses  ta- 
lents, le  rappela  à  Lisbonne.  Ses  compositions, 
dont  la  plupart  étaient  conservées  dans  la  biblio- 


tiièque  de  musique  du  roi  D.  Joûo  IV,  étaient 
répandues  à  Lisbonne  en  un  grand  nombre  de 
copies,  tant  elles  étaient  recherchées. 

J.   DE  V. 

COSTA  (Pier-Antonio),  compositeur  italien, 
vivait  à  Gênes  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  et 
écrivit  pour  le  prince  Ferdinand  de  Médicis  et  à 
l'occasion  de  son  mariage  (1G89),  une  cantate  ou 
divertissement  intitulé  :  Vna  Zinghcra. 

COSTA  (l'abbé),  artiste  portugais,  vivait  au 
dix  huitième  siècle.  Aucun  biograpiie  n'a  fait  men- 
tion de  cet  homme  remarquable  ;  il  est  vrai  qu'on 
ne  sait  presque  rien  sur  les  circonstances  de  sa  vie. 
Néanmoins  je  lui  consa<  rerai  (juelques  lignes  ici, 
en  attendant  un  travail  plus  complet  que  je  pré- 
pare sur  lui.  C'est  Burney  (1),  le  cilèbre  écrivain 
anglais,  qui  le  rencontra  à  Vienne  (1772  1773\ 
qui  a  conservé  sa  mémi)ire;  aussi  c'est  le  seul 
qui  s'occupe  de  lui.  En  Portugal,  dans  sa  patrie, 
l'abbé  Costa  est  re>té  tout  à  fait  inconnu.  D'a- 
près des  lettres  de  lui  que  M.  le  docteur  J.  R.  Gui- 
maràes  [Voy.cs.  nom)  vient  de  découvrir  à  la  bi- 
bliothèque de  Lisbonne,  Costa  aurait  dû  quitter  le 
Portugal  assez  jeune;  il  s'occupait  alors  de  mu- 
sique et  de  critique,  et  jouissait  déjà  d'une  cer- 
taine réputation.  Sa  critique  n'était  pas  seulement 
artistique,  elle  s'attaquait  à  tous  les  abus,  et 
n'épargnait  personne,  pas  même  les  plus  grands 
seigneurs.  D'ailleurs,  sa  vie  extrêmement  sobre, 
ses  habitudes  modestes,  permirent  à  Costa  de 
conserver  une  indépendance  presque  farouche, 
qui  était  mal  vue  à  la  cour  de  Lisbonne,  où  tout 
le  monde  officiel  s'amusait  à  merveille.  Seul,  le 
marquis  de  Pombal  travaillait.  Le  roi  Joseph  P'' 
ne  vivait  que  par  son  opéra  italien,  dont  Durney 
parle  avec  tant  d'admiration  {Historij  of  Music,  j  ^ 
vol.  IV- 470).  Costa,  travadlant  sans  cesse  contre  / 
tous  les  abus  et  se  livrant  de  plus  en  plus  à  sa 
critique  mordante,  se  trouva  donc  plus  grand 
travailleur  en  face  du  marquis  tout  puissant  ;  on 
sait  de  quelle  façon  le  ministre  accueillait  ceux 
qui  osaient  ciitiquer  ses  plans.  Le  marquis  s'a- 
perçut que  Costa  devinait  ses  instructions  ;  il 
comprit  combien  cet  homme,  qu'il  ne  pouvait 
compter  au  nombre  de  ses  amis,  pouvait  devenir 
dangereux  ;  il  le  poursuivit  en  conséquence, 
et  Costa  dut  fuir  du  Portugal.  C'est  ce  qui  ressort 
du  contenu  de  ses  lettres.  Il  n'y  cite  pas  de  noms 
pour  ne  compromettre  personne,  car  il  écrivait 
à  un  ami  en  Portugal,  mais  quiconque  connaît 
l'époque  du  règne  de  Joseph  1"  en  Portugal  et  le 
système  politique  du  marquis  de  Pombal  ne  peut 
douter  des   faits  mentionnés  ci-dessus.    Costa 


(1)    The  présent  state  of  Mutic   in  Germany,  etc., 
London,  n:3,  s  toi. 


204 


COSTA 


Toyagea  un  peu  partout.  Ses  lettres  sont  datées 
de  diverses  villes  d'Italie,  et  aussi  de  Vienne. 
Elles  renferment  des  détails  très-curieux  sur 
l'art  musical  en  Italie,  ainsi  qu'une  critique 
très-vive  sur  les  artistes  et  non  moins  vive  sur 
la  société  en  général.  Costa  s'y  révèle  obser- 
vateur profond  et  critique  impitoyable  ;  il  y  re- 
vient sans  cesse  sur  les  affaires  ilu  Portugal,  sur 
la  société  portugaise  et  sur  ses  anciens  amis  et 
ennemis  qu'il  n'a  nullement  oubliés.  A  Vienne, 
il  ne  fit  que  continuer  la  vie  qu'il  avait  menée  à 
Lisbonne.  Burney  l'appelle  a  kind  of  Rousseau, 
but  still  more  original  (1-256),  il  raconte  une 
foule  de  traits  curieux  sur  lui,  mais  il  loue  aussi 
sa  complaisance  extrême.  Costa  conduisit  Burney 
partout  ;  il  lui  fit  voir  les  trésors  artistiques  de 
Vienne;  il  le  présenta  cbez  les  musiciens  et  les 
compositeurs  les  plus  célèbres  ;  aussi  Burney  lui 
prodigue  les  expressions  les  plus  amicales.  Il 
vante  ses  connaissances  sur  la  théorie  de  la  mu- 
sique, l'originalité  de  ses  idées  musicales,  son 
grand  talent  sur  la  guitare,  et  parle  avec  les  plus 
grands  éloges  de  son  caractère  et  de  ses  mceurs. 
Nous  ne  savons  rien  sur  l'existence  de  l'abbé 
Costa  après  le  départ  de  Burney  de  Vienne.  Re- 
tourna-t-il  en  Portugal  après  la  disgrâce  du  mar- 
quis de  Pondwl  (1777);  alla-t-il  rejoindre  son 
ami,  l'excellent  duc  de  Lafôès  (Voyez  Bra- 
gança),  son  protecteur  à  Vienne?  Costa  jouait 
un  rôle  important  à  Vienne,  il  était  de  toutes  les 
parties,  dans  tous  les  salons,  il  était  très-lié  avec 
Gluck  et  Métastase,  on  le  fêtait  partout  ;  ce  n'é- 
tait donc  pas  un  homme  ordinaire.  11  faudra 
tenir  compte  de  lui  aussi  bien  que  du  duc  de 
Bragança  quand  on  fera  l'histoire  de  la  société 
de  Vienne,  de  cette  même  société  qui  créa  peu 
de  temps  après  la  réputation  et  l'existence  même 
de  Haydn,  Mozart  et  Beethoven. 

J.  DE  V. 
COSTA  (Jo'Âo-Etangehsta-Pereir,\  DA), 
compositeur  dramatique  de  talent,  naquit  en 
1805,  à  Lisbonne,  où  il  fit  ses  études  musicales 
dans  le  séminaire  patriarcal.  Un  des  registres  de 
cet  établissement  porte  une  note  de  laquelle  il 
résulte  que  Costa  abandonna  l'école  de  musique 
avant  d'avoir  achevé  ses  études  ;  il  y  était 
entré  en  1815.  On  ne  sait  pas  ce  que  P.  da 
Costa  fit  jusqu'en  1827  ;  mais  il  est  mentionné  à 
cette  époque  comme  chef  d'orchestre  du  théâtre 
de  San-Carlos,  et  l'on  sait  qu'il  partageait  ces 
fonctions  avec  le  célèbre  Mercadante,  qui  lit  un 
long  séjour  à  Lisbonne  vers  1820-1830.  Il  fit  re- 
présenter, vers  la  fin  de  1 827  ou  au  commencement 
de  1828,  son  opéra  Egilda  de  Provença  au 
théâtre  San-Carlos,  et  peu  de  temps  après  y  fit 
exécuter  une  cantate,  Tnbuto  à  virtude.  Une 


critique  qui  parut  sur  l'opéra  de  Cosia  dans  un 
journal  de  Lisbonne  (0  Constitucional)  donna 
lieu  à  une  polémique  entre  lui  et  Mercadante. 
Le  même  journal  excita  ensuite  la  jalousie  du  com- 
positeur portugais  par  un  article  qu'il  publia  sur 
l'opéra  Adriano  in  Stria  de  Mercaiianle.  P.  da 
Costa  répondit  au  ConsU(i(cionalpnr  une  analyse 
très-malicieuse  de  cet  ouvrage,  et  Mercadante  lui 
répondit  aussitôt.  Quelques  musiciens  de  Tor- 
chestre  prirent  part  ensuite  à  cette  affaire,  et  la 
polémique  devint  de  plus  en  plusirritante.il  est 
Juste  de  dire  que  P.  da  Costa,  d'ailleurs  compo< 
siteur  remarquable,  ne  pouvait  pas  lutter  avec 
un  maître  tel  que  Mercadante  ;  il  n'est  pas  dou- 
teux, d'autre  part,  que  le  compositeur  portugais 
eut  recours  en  cette  circonstance  à  des  intri- 
gues qui  nuisirent  beaucoup  à  sa  cause.  Costa 
émigra  pendant  le  gouvernement  de  D.  Miguel, 
qui  le  poursuivit  à  cause  de  ses  idées  très-libé- 
rales. Il  se  fixa  à  Paris,  où  il  se  lia  avec  Rossini. 
On  ne  sait  rien  sur  cette  période  de  sa  vie;  il 
est  certain  toutefois  qu'il  ne  retourna  pas  en  Por- 
tugal, car  il  mourut  fort  jeime  à  Paris,  en  1830. 
Costa  composa  en  1828  un  Te  Dcum  à  8  voix, 
dont  les  répétitions  eurent  lieu  à  Lisbonne,  dans 
le  cours  de  cette  année,  sous  sa  propre  direction, 
mais  dont  l'exécution  fut  empêchée  par  l'avéne- 
ment  de  D.  Miguel;  elle  n'eut  lieu  qu'en  1873 
(24  juillet).  Cet  ouvrage  fut  alors  très-remarque. 
Son  o|)éra  Egilda  de  Provença  (1828)  est  écrit 
sous  l'influence  de  Rossini,  alors  tout  puissant, 
mais  on  ne  peut  nier  le  talent  personnel  de  l'au- 
teur; Mercadante  lui-même  a  cité  dans  sa  bro- 
chure (1)  plusieurs  pièces  de  V Egilda,  comme 
étant  très-remarquables  et  vraimentoriginales. 

J.  DE  V. 
COSTA  (Francisco-Edcardo  DA),  compo- 
siteur portugais,  naquit  à  Lamego  le  15  mai 
1818.  Ses  parents  vinrent  s'établir  en  1822  à 
Porto,  où  il  se  fit  remarquer  du  duc  de  Bragança 
(D.  Pedro  IV).  D.  Pedro  eut  d'abord  l'intention 
d'envoyer  le  jeune  artisle-piani.'ite  en  France 
pour  qu'il  y  achevât  ses  études  musicales,  mais 
les  troubles  politiques  détournèrent  l'attention 
du  prince.  Lorsque  celui-ci  retourna  en  1835  à 
Porto,  accompagnant  sa  fille,  la  jeune  reine  D. 
Maria  II,  Costa  fut  chargé  de  la  composition  d'un 
Te  Deum  à  grand  orchestre  dont  il  s'acquitta 
fort  heureusement ,  malgré  sa  jeunesse  (il  avait 
h  peine  dix-sept  ans).  En  1836  il  était  maître 
de  chant  du  théâtre  italien  (S.  Joâo)  de  Porto, 
et  peu  de  temps  après  il   parvint  à  organiser 

(1)  Resposta  a  tim  impreaso  intitiilailo  «  Juizo  critieo, 
etc.  »  Cette  brochure  est  signée  :  Sarerio  Mercadante, 
U  de  Marçn  de  182S.  —  Le  Judo  eritico  est  le  titre  du 
premier  pamphlet  de  Costa. 


COSTA 


205 


la  première  Société  pliiiharmonique  decetle  ville, 
société  d'amateurs  qui  eut  une  grande  vogue, 
grâce  au  zèle  et  aux  talents  si  variés  de  Costa. 
Sa  réputation  lui  procura  ensuite  la  place  de 
maître  de  chapelle  et  d'organiste  de  la  cathédrale, 
qui  lui  fut  offerte  parj'évéque  D.  Jeronymo  Re- 
bello.  Il  ne  jouit  pas  longtemps  de  ces  avan- 
tages, car  il  mourut  fort  jCMne  en  18ij4.  Sa  perte 
causa  de  vifs  regrets,  car  on  ne  louait  pas 
moins  son  caractère  que  ses  talents.  Les  amis 
du  compositeur  lui  élevèrent  un  monument 
dans  le  cimetière  du'  Repouso,  à  Porto.  Costa 
a  laissé  une  quantité  de  messes  avec  accom- 
pagnement d'orgue  et  d'orchestre,  des  Credo, 
un  Libéra  me,  des  Répons  et  beaucoup  de 
morceaux  d'orchestre.  Quoiqu'il  ait  mis,  en 
général,  peu  de  soin  dans  la  facture  de  ses  com- 
positions, on  ne  peut  contester  les  qualités  re- 
marquables d'invention  et  d'originalité  qui  dis- 
tinguent plusieurs  de  ses  ouvrages. 

J.  deV. 
*  COSTA  (Michèle).  Dans  son  livre  sur  les 
musiciens  et  les  conservatoires  napolitains, 
M.  Francesco  Florimo  a  publié  sur  cet  artiste 
des  détails  très-précis  qui  permettent  de  com- 
pléter sa  biographie.  M.  Costa  est  né  à  Naples 
le  4  février  1807;  son  père,  Pasquale  Costa, 
compositeur  et  maître  de  chapelle  de  plusieurs 
couvents  de  cette  ville,  avait  étéélève  de  Leonardo 
Léo,  et  sa  mère  était  la  fille  du  grand  composi- 
teur Giacomo  Tritto.  Dès  sa  plus  tendre  enfance, 
le  jeune  Costa  commença  l'élude  de  la  musique 
et  du  piano  sous  la  direction  de  son  père,  et, 
quelques  années  plus  tard,  fut  admis  au  Conser- 
vatoire de  San-Sebastiano,où  il  devint  l'élève  de 
Giovanni  Furno  pour  1  harmonie  accompagnée  , 
de  Crescentini  pour  le  chant,  de  son  grand -père 
Tritto  pour  le  contrepoint,  et  enfin  de  Zingarelli 
pour  la  co:nposition.  Il  avait  à  peine  dix-sept  ans 
lorsqu'en  1824  il  écrivit,  pour  une  cérémonie  de 
prise  de  voile,  une  messe  à  voix  avec  orchestre  ;  en 

1826  il  fit  représenter  sur  le  théâtre  du  Conserva- 
toire une opéretlei  ntilulée  ilSospetlo  fun esto,  en 

1827  une  autre  opérette,  ïl  Delitlo  punito,  puis 
il  composa  un  Dixit  Dominus  à  4  voix  et  trois 
ouvertures  à  grand  orchestre.  Il  était  encore  sur 
les  bancs  de  l'école  lorsqu'il  donna  au  théâtre 
Nuovo  son  premier  véritable  ouvrage  dramatique, 
il  Carcere  cPIlderjonda,  opéra  ,sémi-sérieux 
(1828),  et  lorsque  le  fameux  imprésario  Bar- 
baja  lui  commanda  un  autie  opéra  en  deux 
actes,  Malvina,  qui  fut  représenté  au  mois  de 
janvier  1829  sur  le  théâtre  San-Carlo. 

C'est  en  celte  année  lS29queM.  Costa  se  rendit 
pour  la  prem'ière  fois  en  Angleterre,  dans  des  con- 
ditions particulièrement  honorables.  Son  maître 


Zingarelli  avait  été  prié  d'écrire  pour  le  grand 
festival  de  Birmingham  une  composition  impor- 
tante, qui  devait  être  exécutée  par  200  voix  et 
200  instruments,  et  il  n'avait  accepté  qu'à  la  con- 
dition expresse  que  l'exécution  serait  dirigée  par 
M.  Costa.  Le  jeune  artiste  partit  donc  pour  Bir- 
mingham, s'acquilt  »  de  sa  tâche  à  la  satisfaction 
générale,  et  commença  ainsi  Cftte  carrière  de 
chef  d'orchestre  qui  devait  le  rendre  célèbre.  De 
Birmingham,  il  se  dirigea  sur  Londres,  on  il  fit 
un;  premier  séjour,  et  c'est  là  qu'il  publia  ses 
premières  compositions  vocales,  entre  autres  le 
quatuor  Ecco  quel  fiera  istantc,  que  son  exé- 
cution à  la  cour  par  la  Pasta  et  la  Malibran, 
Rubini  et    Tamburini,  rendit  aussitôt  fameux. 

Je  crois  qu'à  cette  époque,  M.  Costa  lit  une 
ou  plusieurs  tournéesdansles  provinces  anglaises, 
comme  cheffl'orchestre  d'une  compagnie  d'opéra. 
Toujours  est-il  que,  vers  1835,  Laporte,  alors 
directeur  du  Théâtre-Italien  de  Londres,  lui 
confia  la  direction  de  l'orchestre  de  ce  théâtre, 
où  il  se  fit  rapidement  remarquer.  C'est  après 
la  représentetion  à  Paris  de  son  opéra  Malek- 
Adel,  après  l'apparition  à  Londres  de  son  autre 
opéra  Don  Carlos,  que,  Laporte  étant  mort,  et 
des  difficultés  s'étant  élevées  entre  M.  Lumiey, 
successeur  de  celui-ci,  et  M.  Costa,  ce  dernier 
devint  chef  d'orchestre  d'un  second  théâtre 
italien  établi  à  Covent-Garden  par  le  chanteur 
Persiani.  Ici,  M.  Costa  se  init  en  pleine  lumière, 
et  bientôt  la  direction  des  concerts  de  la  Société 
philharmonique,  et  surtout  celle  des  séances 
d'oratorios  de  la  Sacred  harmonie  Society  et 
des  grands  festivals^qui  sont  si  fréquents  en  An- 
gleterre, lui  firent  une  situation  unique  et  un 
renom  européen.  Directeur  des  concerts  de  la 
cour,  professeur  de  chant  de  tous  les  membres 
de  la  famille  royale,  organisateur  de  toutes  les 
séances  musicales  qui  se  donnent  dans  la  haute 
société  de  Londres,  conducteur  des  gigantesques 
festivals  du  Palais  de  Cristal,  on  peut  dire  que 
M.  Costa  est  l'arbitre  de  l'art  uiusical  en  Angle- 
terre, où  il  est  à  juste  titre  considéré  comme  un 
artiste  de  premier  ordre  et  où  il  occupe  une  po- 
sition absolument  exceptionnelle.  En  récompense 
de  ses  services,  M.  Costa  a  été  fait  citoyen  an- 
glais, et  la  reine  Victoria  l'a  nommé  chevalier  des 
Trois-Royaumes,  titre  qui  constitue  la  noblesse 
et  lui  permet  de  s'appeler  Sir  Michaël  Costa. 

M.  Costa,  à  qui  l'on  doit  la  musique  de  deux 
ballets  représentés  à  Londres,  Kenilworth  et 
une  Heure  àNaples,  a  composé,  en  dehors  du 
théâtie:  Elij,  oratario  (festival  de  Birmingham, 
29  août  1855)  ;  Naaman,  oratorio,  id.,  7  septem- 
bre 1864;  ihe  Dream,  cantate  écrite  pour  le 
mariage  de  la  princesse  royale  d'Angleterre  avec 


206 


COSTA  —  COTTRAU 


le  prince  royal  de  Prusse;  un  Hymne  exécuté 
en  18G7  au  tliéàtre  Covenf-Garden,  à  l'occasion 
de  la  visite  du  Sultan  ;  enfin  un  Hymne  exécuté  en 
1869,  à  Berlin,  pour  l'anniversaire  de  la  naissance 
du  roi  de  Prusse. 

COSTA  (PiERRF,),  compositeur,  pianiste  et 
professeur,  est  auteur  de  plusieurs  opéras  ita- 
liens et  d'un  opéra-comique  français  en  deux  actes, 
le  Chevalier  Jucqnot,  qui,  je  crois,  n'a  pas 
été  représenté.  M.  Cosia  est  aussi  l'auteur  des 
deux  ouvrages  didactiques  suivants  :  1°  Kou- 
Ville  Méthode  théorique,  pratique,  analyti- 
que et  rhyth'iiique,  ou  Nouvelle  École  facile, 
amusante,  brève  et  complète,  en  langues  ita- 
lienne et  française,  pour  le  piano  (Paris,  Devienne, 
in-4")  ;  2°  l'Art  du  piano  à  la  portée  de 
tout  le  monde,  ou  Analyse  de  la  Nouvelle 
École  de  piano  [K\c?,  impr.  Caisson  et  Mignon, 
s.  d.,in-12).  En  1873,  le  feuilleton  musical  pé- 
riodique de  l'Italie,  journal  français  de  Rome, 
était  signé  P.  Costa.  Il  y  a  lieu  de  supposer  que 
le  critique  qui  signait  ainsi  est  le  même  que 
l'artiste  qui  fait  l'objet  de  cette  notice. 

COSTA  (l'^NRico),  compositeur  italien,  a  fait 
représenter  sur  le  Ih'^àtre  de  Cagliari,  en  18C9, 
un  opéra  sérieux  intitulé   Eleonora  d'Arborea. 

COSTE  ( ),  compositeur,  a  écrit  les  pa- 
roles et  la  musique  d'un  opéra-comique  en 
trois  actes,  la  Quenouille  de  la  reine  Berthe, 
qui  a  été  représenté  au  mois  de  mai  1858  sur  le 
tliéâtre  de  Perpignan. 

COSTE  (JiLRs),  compositeur  amateur,  est 
né  en  Lorraine  vers  1828.  Possesseur  d'une  bril- 
lante fortune,  il  emploie  ses  loisirs  à  écrire  la 
musique  de  quelques  pièces  sans  conséquence , 
qui  sont  jouées  dans  des  salons,  et  quelquefois 
même  sur  de  vrais  théâtres.  Voici  la  liste  de 
ses  productions  :  1°  Jacqueline,  opéra-comique 
en  un  acte  (en  société  avec  un  autre  amateur, 
M.  le  comte  d'Osmond),  représenté  au  Théàtre- 
Halien,  au  mois  de  mai  1855,  dans  une  soirée 
de  bienfaisance,  et  ensuite  une  ou  deux  fois  à 
l'Opéra-Comique:  2°  Une  pleine  Eau,  opérette 
en  un  acte  (avec  M.  le  comte  d'Osmond),  Bouf- 
fes-Parisiens, 29  août  1855;  o"  les  Horreurs  de 
la  guerre,  opérette  en  deux  actes,  représentée 
d'abord  au  cercle  dit  des  Mirlitons,  et  plus 
tard  à  l'Athénée,  le  9  décembre  1808  ;  4"  la 
Paix  armée,  opérette  en  un  acte,  représentée 
au  même  cercle  le  16  avril  1868  ;  5°  Au  Harem, 
ballet  en  un  acte,  représenté  chez  M.  le  comte 
d'Osmond  le  5  juin  1873;  6°  Cent  mille  francs 
et  ma  fille,  opérette  en  4  actes,  théâtre  des 
Menus-Plaisirs,  27  avril  1874;  7°  le  Dada, 
vaudeville  en  3  actes,  Variétés,  18  février  1875  ; 
8"  les  Charbonniers,  un  acte,  id.,  avril  1877. 


COTTl-CACCIA    ( },      compositeur 

dramatique  italien,  a  écrit  les  paroles  et  la  mu- 
sique d'un  opéra  bouffe,  //  Vino  di  Barbera,  qui 
a  été  joué  à  Pignerol  au  mois  de  mai  1866.  Le 
même  artiste  a  donné  au  théâtre  Doria,  de  Gênes, 
en  oclobre  1873,  une  opérette  intitulée  Don  Fi- 
nocchio. 

COTTIIV  ( ),  compositeur,  a  fait  re- 
présenter deux  opérettes  qui  se  faisaient  remar- 
quer par  une  heureuse  factur.;  et  un  bon  senti- 
ment mélodique  :  1"  un  Duo  de  Ser/icnts,  Bouf- 
fes-Parisiens, 1856;  2°  la  Revanche  de  Vulcain, 
Folies-Nouvelles,  vers  la  même  époque.  Cette 
dernière  pièce  a  été  le  premier  essai  et  le  point  de 
départ  de  toutes  les  parodies  musicales  mytholo- 
gt(|ues  qui  ont  eu  un  si  grand  succès  et  qui  nous 
ont  valu  Orphée  aux  Enfers,  la  Belle  Hélène, 
et  autres  productions  du  même  genre.  Je  crois 
que  M.  Cottin  est  mort  depuis  plusieurs  années. 

COTTRAU  (Giillaime),  compositeur,  né  à 
Paris  en  1797,  fut  emmené  dès  l'âge  de  quatre  ans 
à  Naples  par  sa  famille,  et  y  passa  toute  sa  vie.  Il 
mourut  en  cette  ville  le  31  octobre  1847.  Après 
avoir  étudié  le  chant  avec  le  célèbre  sopraniste 
Crescentini,  il  se  fit  une  véritable  renommée  par 
la  publication  d'un  grand  nombre  de  canzoni  na- 
politaines qui  devinrent  rapidement  populaires 
non-seulement  à  Naples,  mais  par  toute  l'Italie,  et 
qui  furent  chantées  dans  le  nionde  entier.  En 
même  temps  que  la  musique  il  écrivait  souvent 
les  paroles  (en  dialecte  napolitain)  de  ces  petites 
compositions,  toutes  pleines  de  couleur  et  d'o- 
riginalité. De]1829  à  1845,  il  publia  ainsi,  sous  le 
titre  de  Passalempi  7«ws/caZi,  six  recueils  de 
canzoni,  qui  parurent  chez  Girard  et  Cie  et 
parmi  les  plus  célèbres  desquelles  il  faut  citer 
surtout  :  Fenesta  che  lucivi,  Raziella,  la  Ve- 
dova  romana,  Fenesta  vascia  e  patrona 
crudele.  Un  grand  nombre  de  ces  jolies  mélo- 
dies ont  pris  place  dans  un  recueil  abondant 
publié  récemment  sous  ce  titre  :  Eco  del  Vesu- 
vio,  scella  di  celebri  canzoni  napolitani  (Na- 
ples.  Th.  Cottrau,  in-4").  On  en  trouve  aussi 
quelques-unes  dans  le  deuxième  volume  des 
Échos  d'Italie  publiés  à  Paris,  chez  Flaxiand. 

COTTRAU  (Théodore),  compcsiteur  et 
éditeur  de  musique,  fils  du  précédent,  est  né  à 
Naples  le  7  novembre  1827.  Après  avoir  tra- 
vaillé le  piano  d'abord  avec  sa  mère,  puis  avec 
Philippe  Pesta,  il  étudia  la  composition  avec 
Pappalardo,  et,  comme  son  père,  se  distingua 
par  la  publication  d'un  grand  nombre  de  canzoni 
napolitaines,  dont  parfois  aussi  il  lui  arrivait 
d'écrire  les  paroles  en  même  temps  que  la  musi- 
que, et  qui  devinrent  popuinires  et  fameuses 
autant  que  les  précédentes.  Il  faut  remarquer 


COTTRAU  —  COUDERC 


207 


particulièrement  celk-s  qui  ont  pour  titre  :  lo  ti 
vidi  a  Piedigrotta,  la  Sorrentina,  Àddio  mia 
bella  Napoii,  Risssa  in  piazza  Serra.... 
Plusieurs  d  entre  elles  ont  été  insérées  dans  le 
recueil  dont  il  est  parlé  au  précédent  article  : 
Eco  del  VentiHO.  Les  moins  réussies  de  ces  com- 
positions ont  été  puiiliées  par  leur  auteur  sous 
le  pseudonyme  â  Eufalindo  MartelU.  Depuis 
l'âge  de  vingt  ans,  M.  Théodore  Cottrau  a  suc- 
cédé à  son  père  dans  la  direction  d'un  établis- 
sement d'i'dition  musicale  qui  est  prospère  et 
fliirissant.  C  est  à  lui  qu'on  doit  la  traduction 
italienne  du  chef-d'œuvre  d'tleioM,  le  Pré  avx 
Clercs,  qui  a  élé  représentée  sous  ce  titre  :  Un 
Duello  al  Pré  aux  Clercs,  au  théâtre  piiiiiiar- 
nionique  de  Nai)les,  au  printemps  de  1872. 

(iOrXlîAU  (Jules),  compositeur  et  pro- 
fesseur de  chant,  frère  du  précédent  et  deuxième 
iils  de  Guillaume  Cottrau,  est  né  à  Naples  en 
1836.  Il  a  étudié  l'harmonie  et  la  composition 
d'abord  à  N.iples  même,  sous  la  direction  de  Luigi 
Gordi<;iani,  puis  à  Paris,  où  il  étail  venu  pour  se 
perfectionner,  avec  M.  Samuel  David  {Voyez  ce 
nom).  M.  Jules  Cottrau  a  publié  à  Naples  et  à  Pa- 
ris environ  tiente morceaux  de  chant  sur  paroles 
italiennes:  mélodies,  canzoni,  duos,  etc.,  dont 
un  surtout,  la  Serenaia  spagnuola  (Paris, 
Flaxland)  a  obtenu  un  grand  succès.  Il  a  com- 
posé aussi  plusieurs  opéras  :  Une  Sentinelle 
perdue,  opéra-comique  français  en  un  acte  (pa- 
roles de  Saint-Georges),  Griselda,  opéra  sérieux 
italien  eu  quatre  actes  (paroles  de  Golisciani),  le 
Moi  Lear,  la  Princesse  Georges,  la  Mouche 
blanche.  Je  ne  crois  pas  qu'aucun  de  ces  ou- 
vrages ait  été  représenté. 

COUCHET  (Jkah),  facteur  de  clavecins  et 
accordeur  d'orgues,  vivait  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle  à  Anvers,  où  il  se 
faisait  recevoir,  en  IG41,  dans  la  gildede  Saint- 
Luc.  Il  mourut  en  cette  ville  au  mois  d'avril 
1655, 

COUCHET  (Joseph),  fds  ou  neveu  du  pré- 
cédent, était  coniine  lui  facteur  de  clavecins  à 
Anvers,  et  devint  membre  de  la  corporation  de 
Saint-Luc  en  1663.  5 

COUCHE  r  (Abraham),  vraisemblablement 
frère  du  précédent,  facteur  de  clavecins  et 
peintre  distingué,  fut  reçu  en  1666  au  nombre 
des  membres  de  la  même  corporation. 

COUCHET  (Jean),  fils  de  Joseph  ou  d'A- 
braham, et  comme  eux  facteur  de  clavecins,  fut 
reçu  en  1696  dans  la  gilde  de  Saint-Luc. 

COUDElîC(JosEPH-ANTOiNE-CnARLEs),chan- 
teur  et  coinédien  distingué,  l'un  des  artistes  les 
plus  originaux  qu'ait  jamais  possédés  le  théâtre  de 
rOpéra-Comique,  naquit  à  Toulouse,  le  10  mars 


1810,  d'une  famille  de  négociants,  céda  de  bonne 
heure  a  son  goût  pour  le  théâtre,  et  vint  à  Paris 
pour  le  satisfaire.  Admisau  Conservatoire  en  1829, 
il  devint  l'un  des  élèves  favoris"  de  Nourrit,  et 
quitta  l'école  pour  débuter,  le  7  juillet  1834,  à 
l'Opéra  Comique,  dans  le  rôle  de  Rodolphe  du 
Pelit  Chaperon  rouge,  qu'aucun  artiste  n'avait 
abordé  depuis  la  retraite  de  Martin.  Accueilli 
favorablement  tout  d'abord,  sa  jolie  voix,  son 
excellente  tenue,  son  physique  distingué  et  ses 
rares^ aptitudes  de  comédien  lui  valurent  rapi- 
dement de  nombreux  succès.  Les  auteurs  pri- 
rent aussitôt  confiance  en  lui,  et  il  créa  succes- 
sivement avec  un  talent  de  premier  ordre  un 
grand  nombre  de  rôles,  dans  lesquels  ses  facultés 
scéniques  n'étaient  pas  moins  remarquées  que 
ses  qualités  de  chanteur.  C'est  ainsi  qu'il  se  fit 
applaudir  en  jouant  Daniel  du  Chalet,  Georges 
de  r  Éclair,  Bénédict  de  V  Ambassadrice,  Ho- 
race du  Domina  noir,  Don  Henrique  des  Dia- 
mants [de  la  Couronne,  puis  Marguerite,  la 
Double  Échelle,  la  Jeunesse  de  Charles- 
Quint,  etc. 

Pourtant,  malgré  ses  succès,  Couderc  quitta 
en  1842  l'Opéra-Comique,  alla  donner  quelques 
représentations  en  province,  puis  fut  engagé  au 
théâirede  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  et  ensuite 
se  fit  entendre  à  Londres.  Après  huit  ans 
d'absence,  il  revint  à  Paris,  et  rentra  à  l'Opéra- 
Comique  par  le  rôle  de  Shakespeare  dans  un 
ouvrage  nouveau  de  M.  Ambroise  Thomas,  le 
Songe  d'une  nuit  d'été.  A  partir  de  ce  moment, 
sa  voix,  qui  s'était  fatiguée  dans  ses  voyages, 
commença  non-seulement  à  faiblir,  mais  à  baisser, 
et  de  ténor  se  transforma  en  un  baryton  qui 
manquait  un  peu  de  timbre  et  de  couleur.  Cou- 
derc modifia  alors  sa  carrière,  et  les  auteurs 
écrivirent  pour  lui  des  rôles  en  conséquence. 
Devenu  un  comédien  d'un  ordre  exceptionnel, 
aus.si  remarquable  dans  les  rôles  de  tenue  que 
dans  ceux  où  devait  se  déployer  la  plus  grande 
passion  dramatique,  et  dans  ceux  ci  que  dans 
les  personnages  du  caractère  le  plus  comique  et 
même  le  plus  excentrique,  Couderc,  grâce  àl'é- 
tounante  souplesse  d'un  talent  qni  savait  prendre 
à  volonté  toutes  les  formes,  conserva  toute  la  fa- 
veur du  public  en  jouant  tour  à  tour  Louis  XI  de 
Quentin  Durward,  Jean  des  Noces  de  Jean- 
nette, Henri  IV  du  Capitaine  Henriot,  Crispin 
du  Docteur  Mirobêlan,  le  chevalier  du  Joail- 
lier de  Saint-James,  Pathelin  de  Maître  Pa- 
thelin,  André  des  Papillottes  de  M.  Benoist, 
Pompéry  du  Voyage  en  Chine,  et  bien  d'autres 
qu'il  serait  impossible  d'énumérer  ici.  Tous  ceux 
qui  l'ont  vu  dans  Joseph  se  rappellent  encore 
quelle  puissance  dramatique  il  apportait   dans 


208 


COUDERG  —  COUPEKIN 


le  personnage  de  Siméon,  et,  d'autre  part,  avec 
quel  sentiment  comique  irrésistible  il  jouait 
V Illustre  Gaspard  ou  le  Voyage  autour  de 
ma  chambre. 

Vers  1865,  Couderc  avait  été  nomme  profes- 
seur d'opéra-comique  au  Conservatoire,  et  nul 
plus  que  lui  n'élail  aple  à  former  d'excellents 
élèves.  Peu  d'années  après,  la  fatigue  et  une 
maladie  du  larynx  l'obligèrent  à  renoncer  à  la 
scène  et  à  quitter  un  tbéàtre  où,  pendant  plus 
de  trente  ans,  il  n'avait  connu  que  des  succès. 
Bientôt,  il  lui  fallut  s'éloigner  du  Conservatoire 
et  se  condamner  au  repos  le  plus  absolu.  Il  n'en 
fit  pas  moins  son  devoir,  comme  tant  d'autres, 
à  l'époque  du  siège  de  Paris,  mais  les  fatigues 
et  les  privations  qu'il  eut  à  subir  alors  détrui- 
sirent complètement  sa  santé.  Après  avoir  langui 
pendant  quelques  années,  il  mourut  à  Paris, 
dans  une  maison  de  santé,  le  16. avril  187 j. 

COULY(PLACinE),  est  auteur  de  l'écrit  sui- 
vant :  la  Musique,  èpître  à  Peter  Cavalio  (Paris, 
Boucquin,  1857,  in-8»  de  huit  pages).  <= 

*  COUPART  (Antoine  M\rie),  n'est  peint 
mort  en  185i,  comme  il  a  été  dit  par  erreur, 
mais  seulement  le  17  octobre  1864.  L'Âlma- 
nach  des  Spectacles,  réiiigé  par  lui  et  Mer- 
Tille  sous  le  couvert  de  l'anonyme,  de  1822  à 
1838,  est  fort  bien  fait  et  très-utile  pour  l'his- 
toire du  théâtre  et  de  la  musique  à  cette  époque. 

COUPÉ  ou  COUPÉE  (Mil'-),  fut  l'une  des 
plus  aimables  actrices  de  l'Opéra  au  dix- hui- 
tième siècle,  et  partageait  les  faveurs  du  public 
de  ce  théâtre  avec  M'ii^s  pel.  Chevalier  et  Jac- 
quet. Entrée  à  l'Opéra  vers  173C,  Ml'e  Coupé 
prit  sa  retraite  vers  1756,  avec  une  pension  de 
1,500  livres,  c'est-à-dire  avec  le  maximun  de  ce 
que  notre  première  scène  lyrique  accordait  alors 
à  ses  artistes  après  vingt  années  de  service. 
Douée  d'une  beauté  rare,  elle  avait  créé  le  rôle 
de  l'Amour  dans  le  PygmuUon  de  Rameau  et 
dans  Tïton  et  V Aurore  de  Mondonville,  celui 
de  Colette  qui  formait  le  principal  personnage  <lu 
joli  opéra  de  Mouret,  les  Amours  de  Ragonde, 
et  avait  établi  plusieurs  autres  rôles  plus  ou 
moins  importants  dans  Isbé  et  le  Carnaval  du 
Parnasse,  de  Mondonville  ;  dans  les  Fêtes  de 
Polymnie,  Platée,  ^'aïs,  Zoroastre  et  les 
Fêles  de  l'hymen  et  de  l'amour,  de  Rameau  ; 
dans  Zaïde,  reine  de  Grenade,  les  Caractères 
de  la  Folle,  Daphnis  et  Chloé,  Ismène,  Zé- 
l'mdor,  roi  des  Sylphes,  etc. 

Parmi  les  nombreux  vers  que  ses  admirateurs 
adressèrent  à  M<ie  Coupé,  je  citerai  le  quatrain 
suivant  : 

Coupé,  mille  arao;irssur  vos  trace* 
Viennent  entendre  vos  cbansons; 


Vous  les  attirez  par  vos  »ons, 
Et  les  retenez  pjr  vus  grâces  ; 

et  celui-ci,  dont  la  fadeur  n'est  pas  relevée  par 
le  jeu  de  mots  qui  le  termine  : 

Charmante  nymplie,  à  l'œil  finet. 

Mignonne  comme  une  poupée, 

La  langue  qui  ne  te  loùrait 

Mériterait  d'être  coupée. 

COUPÉ  (H ),  compositeur,  né  à  Botte- 

laere,  près  de  Gand,  le  7  juin  1827,  reçut  de 
son  |)ère,  musicien  de  profession,  sa  première 
éducation  musicale,  puis  fut  admis  an  Conser- 
vatoire de  Gand,  où  il  obtint,  en  1855,  les  pre- 
miers prix  de  cliant  et  d'harmonie.  M.  Coupé, 
qui  avait  étudié  simultanément  le  piano,  le  violon 
et  la  fliile,  devint,  peu  de  temps  après  avoir  fini 
ses  études,  sous-maiire  de  chapelle'  de  l'église 
Saint-Bavon,  à  Gand,  puis  maître  de  chapelle  de 
celle  de  Saint-Michel.  Apiès  avoir  publié,  sous  le 
pseudonyme  de  C.  Henri,  un  certain  nombre  de 
morceaux  de  piano,  cet  artiste  donna,  sons  son 
nom  véritable,  une  messe  à  3  voix,  une  série 
de  Sept  cantiques  de  Noël,  et  une  quantité 
de  motets  à  une  ou  plusieurs  voix. 

*  COUPEl\L\  (Cnuii.ES),  frère  de  Louis  et 
de  François  Couperin,  ses  aînés.  On  avait  cru 
jusqu'ici  que  ce  troisième  Couperin,  originaire, 
comme  ses  deux  fières ,  de  la  petite  ville  de 
Chaumes,  y  était  né  en  1632.  Son  acte  de  bap- 
tême, publié  pour  la  première  fois  par  M.  Th. 
Lhuillier  {Voy.  cenom)  dans  son  écrit  :  Note  sur 
quelques  musiciens  dans  la  Drie,  nous  apprend 
que  sa  naissance  est  du  9  avril  1638.  Voici  ce 
document,  qui  nous  donne  en  même  temps  les 
noms  de  ses  père  et  mère  :  «  Le  samedi  neuf- 
viesme  jour  du  mois  d'avril  1638  fut  baptisé 
Charles,  fils  de  Charles  Couperin  et  de  Marie 
Andry,  ses  père  et  mère.  Son  parrain,  M.  Charles 
Bourdin,  marchand,  et  sa  marraine.  Barbe 
Andry,  demeurant  à  Chaumes.  —  Broichot, 
curé.  »  Charles  Couperin  était  donc  âgé  seule- 
ment de  trente  et  im  ans,  et  non  de  trente-sept, 
lorsqu'il  mourut  en  1669.  Il  y  avait  alors  sept 
ans  qu'il  était  marié,  car  il  avait  épousé,  le  20 
février  1662,  à  l'église  Sainl-Gervais,  M"e  Marie 
Guérin. 

*  COUPElilX  (François),  dit  'le  Grand, 
fils  du  précédent.  D'après  l'éci-it  de  M.  Th. 
Lhuillier,  qui  vient  d'être  cité,  le  professeur  de 
cet  artiste  s'appelait  Thomelin,  et  non  Tolin. 
«  Charles,  en  mourant,  dit  M.  Lhuillier,  avait 
laissé  au  berceau  un  fils,  qui  eut  pour  professeur 
un  ami  de  son  père,  Tliomelin,  d'une  famille  qui 
a  fourni  deux  organistes  à  Saint-Aspais  et  à 
Notre-Dame  de  Melun  au  [XVIIF  siècle,  Louis- 
Antoine  Thomelin  (1746)  et  Louis-Jacques  Tho- 
melin (1764).  » 


COUPERIN 


209 


De  son  côté,Jal,  qui,  dans   son  Dictionnaire 
critique  de  biographie  et  d'histoire,  cite  nombre 
de  documents  authentiques,   nous  fournil   sur 
■François  II   Couperin  et  sur   quelques   autres 
■membres  de  la  famille,  des  renseignements  pré- 
cieux. François  naquit  {rue  du  Monceau  Sl-Ger- 
vais)  le  10  novembre  1668,  et  il  épousa  Marie- 
Anne  Ansaulf.  Sur  l'acte  de  baptême  de  sa  fille 
Marguerite-Antoinette,  dont  il  sera  question  plus 
loin,  il  prend  les  titres  de  «  cbevalier  de  l'ordre 
de  Latran,  organiste  de  la  chapelle  du  Roy,  et 
.professeur  de  Monseigneur  le  duc  de  Bourgogne.  » 
A  ces  détails,  Jal  ajoute  ceux-ci,  qui  ne  sont 
«pas  sans  intérêt  :   «  Le  musicien  qui  avait  la 
charge  d'organiste  de  la  chapelle  du  roi   étant 
mort,  dans  les  derniers  mois  de  l'année  1693, 
plusieurs  mu.siciens  se  présentèrent  pour  recueillir 
sa  succession  ;   François  II  Couperin  prétendit 
comme  les  autres  à  cette  charge.  Il  avait  vingt- 
cinq  ans,  et  déjà  on  le  connaissait  à  Saint-Gervais 
et  dans  toutes  les  églises  de  Paris,  où  sa  réputa- 
tion s'était  établie  parmi  les  organistes.  Le  con- 
cours fut  jugé,  et  voici  ce  que  je  lis  à  ce  sujet  : 
«  Aujourd'huy,  26  décembre  169.3,  le  Roy  estant 
«  à  Versailles,  après  avoir  entendu  plusieurs  or- 
«  ganistes,  pour  juger  de  celuy  qui  seroit  le  plus 
«  capable  de  remplir  la  charge  d'organiste  de  sa 
«  chapelle,   vacante  par  le  déceds  de  Jacques 
«  Thomelin  (1),  Sa  Maj.  a   fait  choix    de  Fran- 
«  çois   Couperin,  comme  le  plus   expérimenté 
«  en  cet  exercice,  et  pour  cet  effet  l'a  retenu  et 
«  retient  audit  estât  et  cliarge  d'un  des  orga- 
«  nistes  de  sa  chapelle,  pour  y  servir  en  cette 
«  qualité  pendant  le  quartier  de  janvier  et  jouir 
«  de  ladite  charge,  aux  honneurs,  prérogatives 
«  y  attachés  et  aux  gages  de  600  livres,  droits, 
<<  profits,  revenus,  etc.  »   (Bibliothèque  natio- 
nale, Ms.  Clairamb.  560,  p.  889).  Plus  loin,  Jal 
nous  apprend  que  François  Couperin  ne  dédaigna 
pas  de  se  faire  faire  des  armoiries  :  «  Lorsque 
Louis  XIV,  dit-il,  en   1G96,  permit  à  tout  le 
monde  de  prendre  des  armoiries,  François  II 
Couperin  ne  se  refusa  pas  l'innocent  plaisir  de 
se  retirer  vers  les  commissaires  de   Sa  Majesté 
et  de  se  faire  composer  un  blason  par  d'Hozier. 
11  paya  vingt  livres,  et  un  de  messieurs  les  com- 
missaires écrivit  sur  le  registre  des  procès-ver- 
baux de  la  commission  :  «  François  Couperin, 
«  organiste  de  la  chapelle  du  Roy,  porte  d'azur 
«  à  deux  tridents  d'argent  passés  en  sautoir,  ac- 
"  costé  de  deux  étoiles  de  mesme,  et  accom- 
<'  pagné  en  chef  d'un  soleil  d'or,  et  en    pointe 
«   d'ime  lyre  de  mesme.  » 
'  COUPERI\  (Louise),  cantatrice  et  cl«- 

(1)  Celui  précisément  qui  avait  été  son  professeur. 

BIOGR.    UMV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


veciniste  habile,  était  fdie  de  François  I"  Cou- 
perin, et  naquit  à  Paris  non  en  1674,  mais  vers 
1676.  Celte  artiste,  qui  était  digne  de  la  famillp 
à  laquelle  elle  appartenait,  mourut,  dit-on,  en 
1728,  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans.  Jal  ne 
produit  aucun  renseignement  concernant  Louise 
Couiterin. 

ClOUPERIiV  (Marie-Anne),  organiste  et  cla- 
veciniste, sœur  de  la  précédente.  Cette  artiste, 
qui  se  fit  religieuse  (t  devint  organiste  de  son 
couvent,  n'était  point  fille  de  François  II  Cou- 
perin, comme  l'a  dit  l'auteur  de  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens,  trompé  par  la  si- 
militude des  noms,  mais  de  François  \"  Cou- 
perin. Ce  qui  le  prouve,   c'est  qu'elle  naquit  à 
Paris  le  11  novembre  1677.  quelle  fut  baptisée 
à  l'église  Saint-Louis-en-l'IsIe  le   14  du  même 
mois,    et  qu'elle   eut  ju.slement   pour   parrain 
François   II  Couperin,  .son   cousin  et  non  son 
père,  fils  de  Cliailes  Couperin,  organiste  de  St- 
Gervais.  Marie-Anne  Couperin  était  fille,  non  de 
Madeleine  Joutteau ,  première  femme  de  Fran- 
çois l"^  Couperin,  mais  de  Louise  Bongard,  sa 
seconde  femme. 

*  COUPERIM  (Nicolas),  frère  des  deu\ 
précédentes  et  fils  de  François  I*"^  Couperin,  na- 
quit à  Paris  le  20  décembre  1680.  11  épousa 
Mlle  Françoise  de  La  Coste. 

COUPERIN  (Marglekite-Antoinette),  tille 
de  François  II  Couperin,  claveciniste  fort  dis- 
tinguée, naquit  à  Paris  le  19  septembre  1705. 
On  sait  qu'elle  obtint  la  charge  de  claveciniste 
de  la  chambre  du  roi,  et  qu'elle  fut  la  première 
femme  chargée  de  ces  fonctions.  Voici  ce  que 
dit  Jal  à  ce  sujet  :  «  Marguerite-Antoinette  sup- 
pléait son  père  depuis  assez  longtemps,  quand, 
en  févijer  1730,  le  roi  lui  donna  le  brevet  de 
survivance  d'ordinaire' de  la  musique  de  S.  M. 
à  la  place  de  son  père.  Elle-même  eut  pour 
survivancier,  le  25  novembre  1741,  Bernard 
Bury-,  mais  elle  garda  jusqu'à  sa  mort,  comme 
d'Anglebert  et  François  Couperin,  le  titre  et  b's 
traitements  de  claveciniste  de  la  chambre  (1). 
Je  n'ai  pu  connaître  l'époque  de  la  mort  d'Au- 
toinette-Marguerite  Couperin.  » 

*  COUPERIN  (Armand-Louis),  fils  de  Ni- 
colas, naquit  à  Paris  le  25  février  1725,  et  non 
le  11  janvier  1721.  C'est  Jal  qui  produit  cette 
date,  en  faisant  connaître  qu'il  fut  baptisé  le  len- 
demain à  l'église  Saint-Gervais,  dont  son  père  était 
alors  organiste.  Le  même  écrivain  donne  encore 
les  détails  suivants  :  «  Armand-Louis  Couperin 
épousa  Elisabeth-Antoinette  Blanchet,  qui  lui 
donna  plusieurs  enfants.  On  dit  qu'il  mourut  dcs 
suites  d'un  accident ,  ce  qui  était  arrivé  à  sou 

(1)  Archives  de  l'Empire- Secrétariat,  E  3416,  p.  ce. 
T.   I.  14 


2iO 


COUPERIN  —  COUPPEY  (LE) 


grand-père  François  1"  Couperin;  le  inercrefli, 
4  février  1789,  il  fut  inhumé  dans  la  cave  de  la 
chapelle  de  la  Providence,  en  l'église  de  Saint- 
Gervais.  Il  était  décédé  rue  du  Monceau,  dans  le 
logis  ancien  des  Couperin.  Son  enleneinent  eut 
lieu  en  prt^sence  de  Pierre-Louis  Couperin,  orga- 
niste du  roi,  et  de  François-Gervais  Couperin, 
organiste  de  la  Sainte-Chapelle,  qui  signèrent 
Couperin  Caîné,  Couperin  le  jeune. 

COIIPERIX  (Elisabeth-Antoinette  BLAX- 
CHET,  épouse),  femme  d'Arinand-Louis  Cou- 
perin, artiste  extrêmement  remarquable,  digne, 
par  son  double  talent  de  claveciniste  et  d'orga- 
niste, de  la  famille  célèbre  à  laquelle  elle  s'était 
alliée,  était  né«  vers  1728,  et  mourut  à  Paris, 
au  milieu  du  mois  de  septembre  1815,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-sept  ans.  Le  16  de  ce  mois,  la  Ga- 
zette de  France  annonçait  cette  nouvelle  à  ses 
lecteurs,  en  publiant  la  lettre  suivante,  qui  lui 
était  adressée  par  le  fils  de  la  défunte,  dernier 
représentant  du  grand  nom  des  Couperin  : 

«  Messieurs,  accordez-moi,  je  vous  prie,  une 
place  dans  votre  journal,  pour  faire  conii.ulre  au 
public,  aiiialenr  des  arts,  la  gramle  perle  qu'ils 
viennent  <le  faire  dans  la  personne  de  Madame 
Couperin,  veuve  d'Armand-Louis  Couperin,  or- 
ganiste <l(i  roi.  W^  Couperin,  née  Blancbet,  fit 
ses  étu  les  en  musique  comme  aiiniil  fait  un 
jeune  homme  destiné  à  cet  art.  Llle  acquit  un 
talent  supérieur  pour  l'exécution ,  pour  l'har- 
monie ei  pour  improviser  sur  l'orgue  «les  mor- 
ceaux d'une  composition  remaripiable.  Elle 
épousa,  en  1751,  M.  Couperin,  organiste  du  roi 
(comme  l'avaient  été  ses  ancêtres  depuis  deux 
cents  ans)  ;  elle  eut  de  ce  mari  quatre  erdants,  dont 
un  seul  lui  survit  dans  ce  nom.  Elle  a  fait  d'cNcel- 
lents  e  eves,  entre  autres  son  neveu,  M.  Pascal 
Taskin,  processeur  de  piano  à  Paris.  Il  y  a  cinq 
ans  qn  ,  se  trouvant  à  l'église  de  Saint-Louis 
de  Yeisai.les,  lorsqu'on  essayait  l'orgue.  Monsei- 
gneur I  evêipie,  M.  le  préfet  et  les  autorités  l'in- 
vitèreiii  a  en  toucher,  et  elle  enleva  tous  les 
suffra  <.  Elle  avait  alors  quatre-vingt-d'  ux  ans. 
Sa  mo  i<  siie  la  fit  se  cacher,  au  po'nl  qu'on  ne 
put  ja'iais  la  retrouver  pour  la  complimenter. 
Huit  JDi'rs  avant  l'attaque  qui  vient  de  la  con- 
duire ai'  tombeau,  elle  fit  les  délices  d'une  société 
qui  l'axait  priée  de  toucher  un  piano  que  l'on 
voulaii  iu;ier;  elle  avait  pour  lors  quatre-vingt- 
sept  ai«-  Ses  vertus,  ses  qualités  aiieables  et  ses 
rares  i  .  s  la  font  vivement  regrettei.  Sans  que 
mon  l  ".(lignage  soit  suspect,  je  crois  ([u'il  est 
diftkili   de  trouver  une  femme  plus  accomplie. 

'<  Couperin,  Organiste,  du  Loi    » 

*     C      IJPERIIV        (  ANTOINETTE-ANGÉHyllCJ  , 


fille  d'Armand-Louis,  nommée  Antoinette-"Vic- 
TOiRE  par  Choron  ft  Fayolle  et  par  l'auteur  de 
la  liiographie  universelle  des  Musiciens.  C'est 
Jal  qui  lui  donne  comme  second  prénom  Angé- 
lique, d'après  l'acte  de  son  baptême,  qui  eut 
lieu  à  l'église  Saint-Gervais  le  5  avril  1754.  Son 
époux,  Pierre-Marie  Soûlas,  fils  du  trésorier  de 
France,  était  «  commis  de  la  grand 'poste  aux 
lettres.  » 

*  COUPERIX  (PiERUE-Loiis),  fils  d'Ar- 
mand-Louis, naquit  à  Paris  le  14  mars  1755,  et 
mourut  (rue  du  Pourtour  St-Gervais)  le  10  oc- 
tobre 178!),  âgé  seulement  de  trente-quatre  ans. 
«  Il  fut  inhumé,  dit  Jal,  le  12,  dans  la  cave  où 
avait  été  déposé  le  corps  de  son  père  huit  mois 
auparavant.  » 

*  COUPERIX  (François-Gervais),  fils 
d'Armand-Louis.  On  ignore  les  dates  de  la  nais- 
sance et  de  la  mort  de  cet  artiste,  et  l'on  sait 
seulement  qu'il  épousa  le  22  décembre  1792,  en 
l'église  Saint-Sauveur,  M"'  Hélènc-?*^rcisse  Fay, 
«  lille  mineure  de  feu  Louis-Maxiinilien  Fay, 
ancien  officier.  »  Ce  renseignement,  tiré  par  Jal 
d'un  acte  authentique,  nous  fait  voir  que  les  au- 
teurs du  Dictionnaire  historique  des  Musi- 
ciens se  sont  trompés  en  donnant  le  nom  de 
Frey  à  la  femme  de  François-Gervais  Couperin. 
Ces  écrivains  nous  apprennent  qu'elle  était  l'é- 
lève de  celui-ci  avant  de  devenir  sa  femme,  et 
que  son  père,  ancien  chevalier  de  St-Louis,  avait 
été  lieutenant-colonel  du  régiment  suisse  de 
Salis-Samade.  François-Gervais  Couperin ,  qui 
existait  encore  en  1815,  eut  une  fille,  Céleste 
Couperin ,  qui  était  musicienne  et  douée  d'une 
fort  jolie  voix. 

*  COUPPEY  (FEUX  le;.  Cet  artiste  dis- 
tingué a  fiublié,  il  y  a  quelques  années,  un  petit 
manuel  intéressant,  que  sa  longue  et  honorable 
carrière  dans  l'enseignement  le  rendait  plus  apte 
qu'aucun  autre  à  concevoir  et  à  mener  à  bien. 
Sous  ce  titre  -.  De  l' enseignement  du  piano, 
conseils  aux  jnines  professeurs  (Paris,  Ha- 
chette, 1865,  in-12),  il  a  écrit  une  sorte  de  guide 
pratique  et  intelligent,  qui  devrait  être  dans  les 
mains  de  tous  ceux  qui  se  consacrent  à  cette 
difficile  et  laborieuse  carrière  du  professorat, 
qui  exige  tant  de  qualités  diverses,  on  pourrait 
dire  tant  de  vertus,  et  une  si  grande  sou[)lesse 
d'esprit  et  de  talent.  Sur  les  qualités  générales- 
que  doit  posséder  un  bon  maître,  on  ne  saurait 
dire  plus  juste  que  M.  Le  Couppey  :  «  Quelque 
talent  d'exécution  qu'il  possède  d'ailleurs,  celui 
qu'une  vocation  décidée  ne  porte  pas  vers  l'en- 
seignement ne  sera  jamais  qu'un  professeur  mé- 
iliocre.  Ce  don  de  transmission  si  rare  et  si 
précieux,  cette  .sorte  d'intuition  qui  fait  pénétrer 


COUPPEY  (LE)  —  GOUSSEMARER 


21  fi 


tout  d'abord  le  raradère  d'un  élève  ;  ce  juge- 
ment sûr  et  rapide  qui  découvre  à  propos  les 
moyens  de  réussir,  soit  l'affection,  soit  la  dou- 
ceur ou  la  fermeté  ;  cette  clarté  dans  la  démons- 
tration, si  nécessaire  surtout  avec  les  enlianls  ; 
en  un  mol,  cet  art  difficile  d'instruire  en  inté- 
ressant toujours,  tout  cela  ne  s'apprend  guère  : 
c'est  un  don  de  la  nature  plutôt  qu'tm  fruit  de 
l'étude.  Néanmoins  le  goût  de  l'enseignement 
fait  quelquefois  naître  et  développer  peu  à  peu 
ces  qualités  essentielles  :  appliquez-vous  donc  à 
les  acquérir,  sur  toute  chose,  faites  en  sorte,  en 
présence  de  votre  élève  ,  de  montrer  conslam 
ment  une  aimable  égalité  d'humeur,  car  rien 
n'est  conlagieux  comme  l'ennui.  Que  peul-on 
espérer  d'une  leçqn  prise  avec  fatigue,  avec  dé- 
goût ?  Si  la  forme  en  est  attrayante,  cette  leçon, 
bien  au  contraire,  sera  toujours  acceptée  comme 
un  plaisir  ou  comme  un  délassement.  Sachez 
TOUS  faire  aimer,  c'est  la  moitié  du  succès.  » 
On  doit  encore  à  M.  Le  Couppey  la  publication 
suivante  :  L'Art  du  piano,  50  études  prisesdans 
les  œuires  des  maîtres  et  annotées  (Paris, 
Maho,  in-4°  . 

COUIiTAT( ),est  l'auteur  de  l'opu-^- 

cule  suivant  :  la  Musique ,  poème  d'humo- 
riste (Paris,  Laine  et  Havard,  !803,  in -8"  de 
40  pages). 

COUSIIV-J  \CQUES(Le).— T  oye;  BEF- 
FROY  DE  REIG.W. 

*  COUSSEAl.MÎER  (  Ch.\rles-Edmond- 
Henri  DE),  écrivain  musical  fort  distingué  et 
qui  a  rendu  à  l'art  des  services  signalés,  est  né 
le  19  avril  1805,  et  non  1795,  comme  il  a  été 
dit  par  erreur,  et  est  mort  à  Boui  bourg  (Nord), 
le  12  janvier  187C.  Ce  travailleur  infatigable, 
poursuivant  incessamment  ses  recherches  sur  la 
musique  du  moyen  âge,  avait  acquis  di;  nouveaux 
droits  à  l'estime  publique  par  la  publication  d'ou- 
vrages pleins  d'intérêt,  dont  quehiues-uiis,  mal- 
heureiisemtnt,  n'ont  pu  être  achevés  p;ir  lui. 
Le  plus  inipoitant,  sans  conlredit,  est  celui  q  i 
avait  pour  titre  :  Scripiores  de  mnsica  medii 
scvi  nova  séries  a  Gerberlina  altéra  (Lille, 
Lefebvre-Ducrocq,  1866-69,  3  vol.  in-4"),  qui, 
ainsi  que  l'indique  son  titre,  est  une  suite  de  la 
publication  entreprise  au  XVIII'  siècle  par  Ger- 
bert,  laquelle  a  été  «  le  point  de  départ  de  tous 
les  travaux  solides  sur  le  chant  ecclésiasli()ue  et 
la  musiq\ie  mesurée  qui  se  sont  succède  depuis 
lors.  «  L'abbé  Geiberl  était  loin  d'avor  épuisé 
la  matière  loivqu'il  publia  son  recueil  de  traités  sur 
la  musique,  dans  lequel  le  XII«  et  le  XIII»  siècle 
surfout  étaient  insiifiisamment  représentes,  quoi- 
que les  traités  de  celle  époque  fussent  noml)reux. 
Aussi  est-ce  par  eux  que  M.  de  Coiissemaker 


commença  sa  collection  complémentaire  :  «  Ces 
traités,  dit-il,  dans  lesquels  il  y  a  aussi  beau- 
coup à  puiser  pour  l'histoire  du  chant  ecclé- 
siastique, sont  ceux  de  Jérôme  de  Moravie,  de 
Jean  de  Garlande,  de  Francon  de  Cologne,  de 
Pierre  Picard,  de  Waller  Odington,  du  nommé 
Aristote,  de  Jean  Balloce,  de  Robert  de  Handio, 
de  Jean  Hanboys  et  de  sept  anonymes  (qui  for- 
ment le  1"  volume).  Le  tome  II  des  ScriptoreSy 
dont  l'émission  a  suivi  de  près  celle  du  tome  P' 
auquel  il  sert  de  complément  sur  plus  d'un  point,, 
contient  le  Tonal  de  Reginon  de  Prum  en  fac- 
similé,  un  fragment  de  Hucbald,  des  traités  iné- 
dits de  Gui  d'Aiezzo  et  d'Odon  de  Cluny,  le 
traité  de  Guy  de  Chàlis,  le  Spéculum  masicx 
de  Jean  de  Mûris  (liv.  VI  et  VII)  et  deux  ano- 
nymes). Le  tome  lit  renferme  quarante  traités 
inédits  du  XIV^  siècle,  entre  autres  ceux  de 
Philippe  de  Vitry,  de  Jean  de  Mûris,  de  J. 
Holhby,  de  Prosdocime,  de  Beldemande,  de  Th. 
de  Campo,  de  Chrétien  Sadze,  de  Nicaise  Weyis, 
de  Verulus  d'Anagnia,  de  Phili(>pe  André,  de 
Philippe  de  Caserle,  d'Egidius  de  Miirino,  de 
Guillaume  Moine  et  d'Antoine  de  Leno,  etc.  Un 
quatrième  volume  contiendra  les  œuvres  de  Jean 
Tinctoris,  de  Jean  le  Chartreux,  dit  de  M.mtoue, 
de  Simon  Tunstede,  de  Tlieinred  et  de  quelques 
autres  auteurs  du  XV'  siècle.  »  La  mort  a  sur- 
pris M.  de  Coussemaker  avant  qu'il  lui  ait  été 
possible  de  faire  paraître  ce  quatrième  et  dernier 
volume,  destiné  à  compléter  un  ouvrage  aussi 
précieux.  «  Je  termine  en  ce  moment  (m'écri- 
vait M.  de  Coussemjiker  peu  de  temps  avant  sa 
mort)  le  tome  IV  et  dernier  de  mes  Écrivains 
sur  la  musique,  ouvrage  capital.  Je  désire  aussi 
publier  VArt  harmonique  au  XIV  siècle, 
formant  le  trait  d'union  entre  l'Art  harmonique 
aux  Xll"  et  XIIl"  siècles  et  les  œuvres  théo- 
riques des  maîtres  du  XV^  siècle.  »  11  n'a  pas 
eu  le  temps  de  faire  paraître  non  plus  ce  dernier 
ouvrage,  auquel  il  travaillait  depuis  longues  an- 
nées. Quant  à  fArt  harmonique  aux  XI le  et 
Xin^  siècles,  M.  de  Coussemaker  l'avait  publié 
en  1865  (Lille,  Lefebvre-Ducrocq,  in-i")  ;  ce  livre 
important  est  divisé  en  trois  parties,  dont  la 
première  contient  un  exposé  rapide  de  l'origine, 
de  la  constitution  et  des  premiers  développe- 
ments de  la  musique  harmonique,  la  seconde  le 
résultat  des  recherches  relatives  aux  composi- 
teurs (déchanteurs,  didacticiens  et  trouvères),  et 
la  troisième  une  série  de  cinquante  et  une  corn» 
positions  à  deux,  trois  et  quatre  parties,  repro- 
duites en  notation  originale  d'après  le  célèbre  et' 
inappréciable  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  la 
Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  et  accom- 
pagnées d'une  traduction  en  notation  moderne^ 


212 


COUSSEMARER  —  COWEN 


;  M.  de  Coussemaker  a  publié  encore  deux  ou- 
Trages  fort  importants;  l'un  a  pour  titre  :  Dra- 
mes liturgiques  du  moyen  âge  (Paris,  Didron, 
1860,  in-4°),  et  l'autre  :  Œuvres  complètes  du 
trouvère  Adam  de  la  Halle,  itoésles  et  musique 
(Paris,  Durand,  1872,  in-4'').  Pour  ce  dernier, 
qui  comprend  en  effet  toutes  les  œuvres  poéti- 
ques et  musicales  d'Adam  de  la  Halle,  je  renvoie 
au  nom  de  ce  trouvère,  qui  peut  être  considéré 
comme  le  père  de  notre  opéra-comique,  et  dont 
on  n'avait  reproduit  jusqu'ici  que  des  fragments. 
Quant  aux  Drames  liturgiques  du  moyen- 
âge,  ce  livre  comprend,  après  une  introduction 
substantielle,  la  reproduction  de  vingt-deux 
drames  (dont  huit  entièrement  inédits,  douze 
inédits  pour  ce  qui  concerne  la  musique,  et  deux 
précédemment  publiés  par  l'auteur),  et  |)lusieurs 
notices  donnant  l'âge,  l'histoire  et  le  contenu  des 
divers  manuscrits  qui  ont  fourni  à  l'iiislorien  la 
matière  de  son  ouvrage.  Dans  le  compte-rendu 
consacré  à  celui-ci  dans  le  Journal  des  Suivants, 
Charles  Magnin  s'exprimait  ainsi  :  «  ...  M.  de 
Coussemaker  a,  pour  la  |)lus  grande  commodité 
des  lecteurs,  donné  le  texte  de  ses  vingt-deux 
drames  sous  une  double  forme,  il  a  d'abord 
placé  les  paroles  sous  la  mélodie;  puis  il  a  re- 
produit le  texte  à  part,  ce  qui  permet  d'em- 
brasser plus  aisément  l'ensemble  de  la  composi- 
tion. La  notation  est,  dans  tout  le  cours  du 
volume,  celle  du  plain-chant.  Quant  aux  pièces, 
en  assez  grand  nombre,  dont  les  mélodies  sont 
écrites  sur  quatre  lignes  en  neumes  guidoniens, 
ou  même  sans  aucune  portée,  selon  le  système 
antérieur  à  Gui  d'Arezzo,  l'auteur  les  a  rame- 
nées à  la  forme  carrée  des  XIII'  et  XIV  siè- 
cles, en  conservant  exactement  la  valeur  des 
notes  et  des  ligatures  originales.  Enfin ,  pour 
mettre  tout  le  monde  à  môme  d'apprécier  à  la 
fois  l'âge  des  manuscrits  et  la  manière  dont  il  a 
traduit  l'ancienne  notation  en  plain-cliant,  M.  de 
Coussemaker  a  faft  graver  un  feuillet  de  chaque 
pièce  en  fac-similé  avec  toute  l'exactitude  qu'on 
peut  attendre  actuellement  de  la  lithographie  et 
de  la  lithochromie.  » 

Si  l'on  joint  les  publications  qui  viennent  d'être 
décrites  à  celles  dont  la  liste  raisonnée  se  trouve 
déjà  dans  h  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens, on  acquiert  facilement  la  preuve  que 
l'existence  laborieuse  et  féconde  de  M.  de  Cous- 
semaker est  loin  d'avoir  été  inutile  à  l'ait  qu'il 
chérissait.  Ses  travaux,  au  contraire,  qui  por- 
tent la  trace  d'un  esprit  à  la  fois  pratique  et  dis- 
■tingué,  auront  singulièrement  servi  à  dégager  de 
l'obscurité  certains  points  très  importants  de 
l'histoire  de  la  musique  au  moyen  âge  ;  de  plus, 
les  monuments  restitués  par  lui,  avec  les  gloses 


dont  il  les  a  accompagnés,  sont  d'inappréciables 
témoignages  en  faveur  d'un  art  jusque-là  impar- 
faitement connu,  et  enfin  les  résultats  solides  de 
ses  recherches  patientes  permettent  de  constater 
la  véritable  valeur  de  cet  art  et  nous  font  con- 
naître un  grand  nombre  d'artistes  remarquables 
auxquels  on  n'avait  pu  accorder  encore  toute 
l'attention  qu'ils  méritaient.  A  ces  divers  titres, 
M.  de  Coussemaker  a  droit  à  l'estime  et  à  la 
reconnaissance  de  tous  ceux  que  ces  questions 
intéressent. 

'*  COUSU  (Antoine  DE).  Un  de  nos  biblio- 
graphes musicaux  les  plus  distingués,  M.  Er. 
Thoinan  (,\'oy.  ce  nom),  a  puldié  sur  cet  artiste  un 
opuscule  précieux  à  plus  d'un  tilre  :  Antoine  de 
Cousu  et  les  singulières  destinées  de  son  livre 
rarissime  :  «  la  Musique  universelle  »  (Paris, 
Claudin,  1866,  in-12  de  23  pages,  tiré  à  50 
exemplaires).  Cette  brochure  donne  les  détails 
les  plus  curieux,  les  plus  utiles  et  les  plus  in- 
connus sur  Antoine  de  Cousu  et  sur  son  livre, 
dont  on  supposait  jusqu'à  ce  jour  qu'il  n'existait 
que  l'exemplaire  en  la  possession  de  Fétis,  puis- 
.que  celui  de  la  Bibliothèque  nationale  avait  dis- 
paru. M.  Nisard  avait  trouvé  un  autre  exem- 
I)laire  dans  une  bibliothèque  publique  de  Paris; 
mai<  malgré  les  instances  qui  furent  faites  près 
de  lui,  il  se  refusait,  à  l'époque  où  M.  Thoinan 
publia  sa  brochure,  à  indiquer  le  dépôt  qui  pos- 
sédait ce  rarissime  ouvrage.  Depuis,  M.  Potlier 
de  Lalaine  a  pénétré  ce  secret  si  bien  gardé  et  l'a 
dévoilé  dans  son  Bibliographe  musical  (N"  4, 
juillet  1872).  Le  livre  de  Cousu  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  Mazarine  sous  le  n°  4727  D. 

COUTURIER   ( )    est   auteur   d'un 

écrit  ainsi  intitulé  :  Décadence  et  restauration 
de  la  musique  religieuse  (Paris,  1862,  in-S"  de 
145  pp.). 

COUZA  (Th ),  violoniste  et  compositeur 

contemporain,  a  publié  un  certain  nombre  de 
morceaux  de  genre  pour  le  violon  avec  accom- 
pagnement de  piano.  On  lui  doit  aussi  un  Trio 
de  concert,  pour  piano,  violon  et  violoncelle 
(Paris,  Prilipp),  et  quelques  morceaux  pour 
piano  seul,  entre  autres  une  Grande  Marche 
triomphale,  op.  20,  dédiée  à  Guillaume  III,  roi 
des  Pays-Bas. 

COWEN  (Frédéric-Hymen),  pianiste  et 
compositeur  anglais,  né  à  Kingston  (Jamaïque),  le 
29  janvier  1852,  fut,  paraît-il,  un  enfant  pro- 
dige. A  six  ans  il  jouait  déjà  bien  du  piano  et 
composait  sa  première  valse.  Il  n'en  avait  que 
quatre  lorsqu'il  fut  amené  en  Angleterre,  où,  ses 
dispositions  musicales  paraissant  extraordinaires, 
il  fut  confié  aux  soins  de  deux  artistes  distingués, 
MM.  Goss  et  Julius  Bénédict.  En  1865,  il  partit 


COWEN  —  GRAS 


213 


pour  l'Allemagne,  alla  terminer  ses  études  aux 
conservatoires  de  Leipzig  et  de  Berlin,  et  revint 
à  Londres  en  1868.  La  fortune  alors  sembla  le 
prendre  par  la  mafn,  et  se  plaire  à  aplanir  de- 
vant lui  tous  les  obstacles  :  il  écrivit  beaucoup, 
et  ses  compositions,  recherchées  et  publiées  par 
les  principaux  éditeurs,  étaient  exécutées  partout, 
dans  les  salons,  dans  les  concerts,  dans  les  fes- 
tivals, et  par  les  meilleurs  orchestres.  Il  produi- 
sit ainsi  une  sonate  pour  piano,  un  trio  et  un 
quatuor  instrumental,  un  concerto  de  piano,  une 
symphonie  en  ul  mineur,  une  opérette  inlilulée 
Garibaldi,  puis   une  grande  cantate,  i/ie  Rose 
maiden  {la  Rose  virginale),  qyn  fut  chantée  dans 
Saint- James   Hall,  le  30  novembre   1870,   par 
M"""  Tietjens  et  Paley,  MM.  Norblom  et  Stock- 
hausen.  M.  Cowen,  qui  s'était  produit  en  premier 
lieu  comme  virtuose  pianiste,  d'abord  à  Londres, 
puis  en  Allemagne,  obtint  surtout  un  grand  suc- 
cès avec  sa  symphonie  en  «^mineur,  qui,  exécu- 
tée pour  la  première  fois  dans  un  concert  donné 
par  lui,  fut  ensuite  entendue  au  Palais  de  cristal. 
Enfin,  au  mois  de  novembre  1876,  ce  jeune  ar- 
tiste a  fait  représenter  sur  le  théâtre  du  Lyceum, 
de  Londres,  un  opéra  anglais  intitulé  Pauline, 
qui  reçi^  du  public  l'accueil  le  plus  favorable  et 
le  plus  encourageant.  Certains  critiques,  à  l'ap- 
parition de  cet  ouvrage,  ne  craignirent  même  pas 
de  placer  son  auteur  à  côté,  sinon  au-dessus  de 
Wallace  et  de  Balfe,  les  deux  compositeurs  dra- 
matiques les  plus  renommés  de  l'Angleterre  au 
dix-neuvième  siècle.  M.  Cowen  a  publié  un  as.sez 
granri  nombre  de  mélodies  vocales,  parmi  les- 
quelles il  faut  citer  :  So  faraway,  The  old  love 
is  the  new,  Wliy  ?  Aubade,  Il  vms  adream, 
Onlij  a  violet,  Paat  and  f attire,  Marguerite, 
Spinning,   If  everij  late,  etc.    On   mentionne 
encore  de  M.  Cowen  une  cantate,  t/ie  Corsair, 
écrite   expressément    pour  le   festival  de  Bir- 
mingham, oii  elle  fut  exécutée  le  29  août  1876. 
On  ne  doit  p-is  confondre  cet  artiste  avec  un 
autre  artiste  du  même  nom,  pianiste  et  com- 
positeur aussi,   établi  comme  lui    à  Londres, 
M.  Frédéric  Auguste  Cowen.  Celui-ci  est  né 
vers  1820.  Je  n'ai  pu  recueillir  sur  lui  aucun 
renseignement. 

COYSSARD  (Michel),  de  la  compagnie  de 
Jésus,  naquit  en  1647,  à  Besse  en  Auvergne.  Cet 
auteur  d'un  grand  nombre  d'ouvrages  étrangers 
à  la  musique  n'est  cité  ici  que  pour  son  Traïdé 
du  profit  qu'on  tire  de  chanter  les  Hymnes  et 
Chansons  spirituelles  en  vulgaire,  inséré  à  la 
suite  de  son  Sommaire  de  la  Doctrine  chres- 
tienne,  mis  en  vers,  avec  les  Hymnes  et  Odes 
spirituelles  qu'on  chante  devant  et  après  la 
leçon  d'icelle,  etc.,  etc.,  édition  de  Lyon,  1708, 


in-12.  M.  Er.  Thoinan  a  publié  sur  cet  éciitde 
Coyssard  une  brochure  très-intéressante  et  de- 
venue rare;  elle  est  intitulée  :  Curiosités  musi- 
cales et  autres,  trouvées  dans  les  œuvres  de 
Michel  Coyssard,  de  la  Compagnie  de  Jésus 
(Paris,  Claudin,  1866,  hwl2  de  31  pages,  tiré  à 
50  exempt.). 

CRAEIJVAAGER  (K -A ),  chan- 
teur, violoniste,  guitariste,  cHef  d'orchestre  et 
compositeur,  né  à  Ulrecht  en  1817,  est  mort  en 
cette  ville  le  29  juillet  1858.  Cet  artiste,  dont  la 
notoriété  n'a  pas  dépassé  les  frontières  de  la 
Hollande,  s'est  fait  entendre  avec  succès  comme 
chanteur  et  comme  virtuose  sur  le  violon  et  la 
guitare.  Directeur  de  plusieurs  sociétés  musi- 
cales :  Symphonia,  Aurora,  Duce  Apolline, 
il  a  souvent  dirigé  de  grandes  exécutions,  et  a 
contribué  au  progrès  de  l'art  dans  son  pays.  Il 
a  composé  des  lieder,  des  chœurs  pour  voix 
d'hommes,  des  motets,  des  fantaisies  pour  la 
guitare ,  et  un  quatuor  pour  instruments  à 
cordes. 

CRAMA  (Hubert),  carillonneur,  né  à  Mon- 
tigny  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  fut  en  son 
genre  l'un  des  artistes  les  plus  distingués  de  la 
Belgique.  Il  remplaça  en  1624  Jacques  Reuslyn, 
excellent  virtuose  lui-même,  comme  carillonneur 
de  la  cathédrale  d'Anvers,  et  c'est  lui  qui  inau- 
gura trente  ans  plus  tard,  en  1654,  le  nouveau 
et  fameux  carillon  placé  dans  la  tour  par  les 
frères  Hémony.  Après  avoir  occupé  ses  fonctions 
pendant  soixante  années,  Hubert  Crama,  qui 
avait  obtenu  le  titre  de  bourgeois  d'Anvers  le  26 
octobre  1635,  mourut  en  cette  ville  le  22  juin 
1686  et  fut  enterré  dans  la  cathédrale. 

CRAMER,  est  un  pseudonyme  adopté  d'un 
commun  accord  par  le  commerce  de  musique  de 
Paris,  pour  la  publication  d'une  foule  de  mor- 
ceaux de  piano  sans  importance,  transcriptions , 
«  bouquets  de  mélodies,  »  etc.,  tirés  des  opéras 
en  vogue,  et  que  leurs  auteurs  ne  veulent  point 
signer.  Il  ne  manque  pas  cependant,  en  France 
pas  plus  qu'ailleurs ,  de  musiciens  médiocres 
toujours  prêts  à  mettre  leur  nom  sur  des  pu- 
blications de  ce  genre.  Toutefois,  il  se  publie 
chaque  année,  sous  ce  pseudonyme  de  Cramer, 
des  centaines  de  morceaux  dont  il  est  impos- 
sible de  connaître  la  provenance  directe. 

CRARD  ( ),  musicien  français,  est  l'au- 
teur de  f  Astronome  en  voyage,  opéra-comique 
en  deux  actes  dont  il  a  écrit  les  paroles  et  la 
musique,  et  qui  a  été  joué  au  théâtre-concert 
Tivoli,  à  Paris,  en  1876. 

CRAS  (P -J ),  organiste  et  compo- 
siteur belge,  né  le  13  septembre  1795,  fut  élève 
de  l'abbé  André,  chanoine  de  la  métropole  de 


214 


CRAS  —  CRESSENT 


Ttfalines  et  l'un  des  meilleurs  organistes  de  son 
temps.  D'abord  organiste  de  l'église  de  Saint- 
Jean,  à  Malines,  de  1817  à  1840,  Cras  remplit 
ensuite  les  mêmes  fonctions  à  l'église  de  Saiiile- 
Catlierine,  à  laquelle  il  resta  attaché  jusqu'à  sa 
«lort,  arrivée  le  4  novembre  1871.  Comme  com- 
,  positeur,  on  doit  à  cet  artiste  onze  messes,  dont 
«inq  solennelles  et  six  pour  les  dimanches  ordi- 
naires, trois  Tanlum  ergo,  trois  Ave  Maria, 
douze  morceaux  pour  orgue,  etc.  Cras  avait  fait 
d'excellentes  éludes  latines;  aussi  «es  composi- 
tions chorales,  d'ailleurs  remarquables,  se  dis- 
tinguaient-elles par  la  rigoureuse  observation  de 
la  prosodie  et  l'application  heureuse  du  texte  à 
la  musique. 

CR.\Y WIXCKEL  (  Ferdinand-Manlel- 
MxiiTiN  Louis-Barthélemy  DE),  compositeur  de 
musique  sacrée,  né  à  Madrid  (Espagne)  le  24 
août  1820,  habite  Bordeaux  depuis  1825,  et  y 
a  f;iit  ses  éludes  musicales  sous  la  direction  lie 
M.  Bellon,  professeur  d'harmonie  et  de  compo- 
sition, élève  de  Reicha. 

M.  de  Crajwinckel  procède  directement  de 
Weber,  mais  sa  musique  se  distingue  (dutôt  par 
le  (harme  et  la  naïveté  des  mélodies  que  par  la 
'  facture,  qui  est  souvent  négligée.  Sa  deuxième 
ines'>e  (en  sol  mineur)  est  une  œuvre  remarquable 
'par  le  sentiment  et  la  couleur.  Ses  deux  recueils 
de  cantiques  renferment  de  vraies  beautés. 
M.  de  Craywinckel  est  l'auteur  de  quatre 
messes  solennelles  à  trois  voix,  soli  et  orchestre, 
exécutées  à  l'église  Saint-Bruno,  dont  il  est  maître 
•<le  chapelle.  La  troisième  de  ces  messes  a  été 
•exécutée  il  y  a  peu  d'années,  sous  la  direction 
■de  son  auteur,  à  l'église  Nolie-Danie  de  Bor- 
deaux, par  la  Société  de  S;*inte-Cécile.  M.  de  Cray- 
winckel est  le  seul  artiste  bordelais  auquel  cette 
société  ait  jamais  accorde  un  pareil  honneur. 
On  a,  en  outre,  de  la  composition  de  cet  ar- 
tiste distingué  et  original  :  1°  vingt  motets  et 
saluts  solennels  ;  1°  deux  recueils  de  canti- 
ques (chœurs  à  trois  voix);  3°  Stabat  avec  chœur 
principal,  versets,  soli  et  accompagnement  de  2 
violoncelles,  contrebasse  et  orgue  ;  4"  les  c  nq 
principales  messes  de  l'année  (plain-thant  ro- 
main) et  les  Antiennes  de  la  sainte  Vierge, 
harmonisées  à  trois  voix,  contre- basse  et  orgue, 
ainsi  que  plusieurs  hymnes,  et  les  deux  célèbres 
proses  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte. 

M.  de  Craywinckel  possède  encore  en  por- 
tefeuille une  foule  de  compositions  religieuses 
qui  seraient  bien  dignes  d'être  publiées,  et  qui 
tenteroni  sans  doute,  un  jour  ou  l'autre,  un  édi- 
teur intelligent.  A.  L — n. 

CRÉMOJXT  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom, 

.(frère  cadet  de  celui  qui   fut  chef  d'orchestre 


de  rodéon,  était  chef  d'orchestre  du  théâtre 
de  Caen,  pour  lequel  il  écrivit  la  musique  d'un 
petit  ouvrage,  Lascaris  et  Zélia  ou  une  Fa- 
mille grecque,  représenté  au  mois  de  janvier 
1829,  et  celle  d'un  opéra-comique,  la  Rosière 
suisse,  donné  le  4  mars  1834. 

CRi;Oi\TI   ( ),  compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'un  opéra  bouffe,  Ser  Barnaba,  o 
la  Aotte  degli  Innamorati,  représenté  au 
théâtre  Gerbino,  de  Turin,  le  5  juin  1867. 

CREPOUX(A -M ),  pianiste  et  pro- 
fesseur belge,  fixé  à  Charleroi,  où  il  se  livre  à 
l'enseignement  du  piano,  a  publié  en  1875  un 
ouvrage  ainsi  intitulé  :  Traité  fondamental  du 
piano,  exercices  dans  tous  les  tons,  avec  un 
doigté  uniforme  et  l'explication  de  Vharmo- 
nie  sans  basse  chiffrée,  Bruxelles,  Schott, 
in- fol. 

*  CRÉQUILLOM  (Thomas).  Cet  artiste  fa- 
meux a  fourni  quarante-neuf  chansons  au  recueil 
divisé  en  six  livres  que  Pierre  Phalèse  publia  à 
Louvain  en  1555-1556,  et  dont  le  premier  parut 
sous  ce  titre  :  Premier  livre  des  chansons  à 
quatre  parties,  nouvellement  compose:^  (sic) 
et  mises  en  tnusicque,  convenables  tant  aux 
intrumenfz  comme  à  la  voix  (Louvain,  1555, 
in-4"). 

CRESCIMAiXNO  (Le  baron),  compositeur 
amateur  fort  riche,  issu  de  la  famille  des  ducs 
d'Albafiortta,  est  l'auteur  d'un  opéra  représenté 
en  1862,  à  Caltagirone,  sous  le  titre  d'Angiola 
di  Ghemme.  Plus  tard,  ce  dilettante  eut  la  sin- 
gulière idée  de  mettre  entièrement  en  musique 
les  cinq  actes  d'une  tragédie  d'Alfieri,  Filippo, 
et,  le  21  avril  1875,  il  en  faisait  exécuter  trois 
dans  une  soiiée  donnée  par  lui  au  théâtre  de 
la  Pergola,  de  Florence.  Cette  œuvre,  paraît-il, 
était  absolument  au-dessous  de  toute  critique,  et 
l'auteur  ne  jugea  pas  à  propos  de  renouveler 
l'expérience. 

*  CRESPEL  (Jean).  Sept  chansons  de  ce 
maître  sont  in.sérées  dans  le  recueil  divisé  en  six 
livres  que  Pierre  Phalèse  publia  à  Louvain  en 
1555-1 556,  et  dont  le  premier  parut  sons  ce  titre  : 
Premier  livre  des  chansons  à  quatre  par- 
ties nouvellement  composez  (sic)  et  mises  en 
musicque,  convenables  tant  aux  instrumentz 
comme  à  la  voix  (Louvain,  1555,  in-4"). 

CRESSEIXT  (Axatole),  avocat  et  amateur 
de  musique  distingué,  né  à  Argenteuil  (Seine-et- 
Oise)  le  24  avril  1824,  mort  à  Paris  le  28  mai 
1870,  des  suites  d'une  chute  de  cheval,  mérite 
une  place  dans  ce  Dictionnaire  pour  la  preuve 
d'affection  intelligente  qu'il  a  donnée  à  l'art  mu- 
sical. Élève  de  Lefébure-Wély  et  de  M.  Paul 
Bernard,  Anatole  Cressent  avait  étudié  la  mu- 


CRESSENT 


215 


sique  pour  son  agrément,  mais  ses  éludes  avaient 
été  solides  et  il  était  devenu  liabile  pianiste  et 
compositeur  élégant.  Avocat  non  plaidant,  devenu 
associé  d'agent  de  ctiange,  la  fortune  lui  avait 
souri  et  lui  avait  permis  de  se  livrer  sans  con- 
trainte, en  ses  lnures  de  loisir,  à  la  culture  de 
l'art  qu'il  chérissait.  Il  avHit  composé  un  assez 
grand  nombre  de  chœurs  d'un  heureux  caractère, 
qui  étaient  souvent  chantés  dans  les  réunions  du 
grand  monde,  des  mélodies  vocales  d'un  tour  ai- 
mable et  distingué,  et  de  fort  jolis  morceaux  de 
musique  de  danse  pour  le  piano.  Quelques-unes 
de  ces  compositions  ont  été  publiées. 

Mais  ce  n'est  point  là  ce  qui  rend  la  figure  de 
Cressent  intéressante  ;  c'est  un  projet  vaste  autant 
que  généreux,  qui  lui  assure  un  nom  honorable 
parmi  les  bienfaiteurs  de  l'art  musical  en  France, 
et  dont  son  ami  et  l'un  de  ses  exécuteurs  testa- 
mentaires, M.  Paul  Bernard,  parlait  en  ces  termes 
dans  l'article  nécrologique  qu'il  insérait  à  son 
sujet  dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  du 
5  juin   1870  : 

«  Préoccupé  de  longue  date  des  intérêts  et  de 
l'avenir  de  l'art  musical  dramatique,  il  lui  était 
venu  à  la  pensée  qu'un  concours  annuel  et  per- 
pétuel, faisant  appel  à  tous,  et  instituant  comme 
complément  l'exécution  publique  de  l'œuvre  cou- 
ronnée, pourrait  avoir  quelque  chance  d'ouvrir 
un  débouché  nouveau  aux  compositeurs  si  peu 
'  favorisés  sous  ce  rapport,  servirait  peut  être  de 
baptême  dans  un  temps  donné  à  un  homme  de 
génie  et,  dans  tous  les  cas,  entretiendrait  celte 
étincelle  divine  qui  doit  féconder  les  adep- 
tes de  l'art  par  l'espérance  d'être  écoutés  un 
jour. 

'<  Il  s'était  mis  à  l'œuvre  alors.  Payant  de  sa 
personne  pour  la  combinaison  d'un  vaste  pro- 
gramme, payant  de  sa  fortune  pour  en  rendre 
' la  réalisation  possible,  il  vtnait  de  présenter,  à 
S.  Exe.  M.  le  ministre  des  Beaux-Arts,  un  pmjet 
de  fondation  perpétuelle  avec  affectation  à  un 
concours  annuel  et  permanent  pour  la  composi- 
tion d'un  opéra  ou  d'un  opéra-comique  en  un 
ou  deux  actes,  avec  chœurs  d'hommes  et  de 
femmes,  remplissant  toutes  les  conditions  sceni- 
ques,  et  devant  être  exécuté  au  moins  trois  fois 
publiquement.  Pour  cela,  il  offrait  une  somme 
de  120,000  francs  à  l'Académie  des  Beaux  Arts, 
à  la  charge,  par  elle,  d'établir  ce  concours  sur 
toutes  le?  bases  fixées  par  son  mémoire  et  selon 
les  améliorations  étudiées  et  réglées  par  lui 
Forcé  de  s'appuyer  sur  une  institution  active 
pour  établir  l'exécution  nécessaire  à  son  sens  de 
l'œuvre  couronnée,  il  avait  pensé  à  utiliser  les 
forces  vives  dont  dispose  le  Conservatoire  au 
^louble  point  de  vue  de  son  personnel  de  chan- 


teurs et  d'instrumentistes,  et  aussi  de  sa  grande 
salle  de  concerts,  «  « 

Ce  projet  n'était  point  un  projet  en  l'air,  Cres* 
sent  avait  pourvu  à  tout,  et  sa  mort  tragique  ne 
devait  pas  empêcher  l'art  et  les  artistes  de  béné- 
ficier de  ses  généreuses  intentions  :  un  article  de 
son  testament  donnait  un  corps  matériel  à  l'idée 
qu'il  avait  poursuivie  pendant  sa  vie,  et  un  legs 
de  100,000  francs  fait  par  lui  à  l'État  assurait  la 
création  du  concours  qu'il  avait  projeté.  Le  tes- 
tament s'exprimait  ainsi  à  ce  sujet  :  «  Le  culte 
des  Beaux-Arts  —  et  de  la  musique  en  pai  ticulier 
—  a  toujours  été  l'objet  le  plus  clier  de  mes  pré- 
dilections. Les  hasards  de  la  vie  m'ont  empêché 
d'y  consacrer  mes  facultés  et  mon  temps.  Mais 
s'il  ne  m'a  été  donné  de  prendre  rang  parmi  les 
fidèles  d'un  art  auquel  je  dois  mes  plus  délicates 
jouissances,  j'ai  pu,  du  moins,  assister  de  près 
à  leurs  efforts  et  à  leurs  luttes.  Cette  fiéquen* 
talion  assidue  des  artistes  m'a  fourni  la  convic- 
tion que  le  sort  des  com|)ositeurs  de  musique 
était,  oar  un  état  d'infériorité  relative,  digne 
des  plus  ardentes  sympathies  et  m'a,  en  même 
temps,  inspiré  le  désir  de  travailler,  dans  la 
mesure  de  ma  fortune,  à  leur  fournir  des  moyens 
de  production  et  d'initiation  de  leurs  œuvres  aussi 
favorables  que  ceux  dont  les  peintres,  sculpteurs 
et  ar(  hitectes  sont  si  largement  dotés.  De  cette 
conviction  profonde  et  de  ce  désir  réfléchi  est 
née  la  pensée  de  cette  fondation.  » 

La  famille  de  Cressent  ne  se  montra  pas  au- 
dessous  de  lui-même,  et,  désireuse  de  s'associer 
à  ses  intentions  pour  faciliter  la  complète  exé- 
cution des  volontés  exprimées  par  lui,  elle 
v<iulut  ajouter  une  somme  de  20,000  francs  à 
celle  qu'il  avait  léguée  à  l'État.  Ces  deux  som- 
mes réunies  permirent  d'acheter  un  titre  de 
rente  de  3  0/0  de  6,188  francs,  et  le  ministre  des 
Beaux  Arts,  d'accord  avec  les  exécuteurs  testa* 
mentaires  du  défunt,  décida  que  les  arrérages 
de  cette  rente,  accumulés  pendant  trois  années, 
serviraient  à  foi'der  un  double  concours  triennal 
pour  le  poème  et  la  musique  «  d'un  ouvrage 
lyrique,  bouffe,  de  demi-caractère  ou  dramatique, 
opéra  ou  opéra-comique,  en  un  ou  deux  actes, 
avec  chœurs  et  ouverture  (1).  » 

La  longueur  du  rapport  présenté  à  ce  sujet 
au  ministre  par  le  directeur  des  Beaux-Arts  ne 
me  permet  pas  de  le  reproduire  ici,  malgré  son 
intérêt.  Je  dois  me  borner  à  dire  que  les  cora- 


(1)  Ce  sont  le.s  termes  du  Rapport)  au  ministre  da 
l'Instruction  publique  et  des  Beaux-.4rts  présenté  par 
M.  I  hurles  RIjiic,  directeur  des  Beauv.^rts,  et  qui  ajoute  : 
«  L'ouverture  detra  être  un  des  niorceaui  capitaux  de 
l'ouvrage.  L'acle  comique  pourra  être  divisé  en  deux  ta- 
bleaux, u 


216 


CRESSENT  —  CRETU 


posileiiis  et  lilléraleurs  français  ou  naturalisés 
tels  peuvent  seuls  prendre  part  au  concours  ; 
que  l'àuteur  ou  poème  et  celui  de  la  partition 
couronnés  reçoivent  cliacun,  immédiatement , 
une  prime,  de  2,500  francs;  enfin  qu'une  somme 
de  10,000  francs  est  allouée  au  théâtre,  choisi 
par  les  auieurs,  «  qui  aura  monté  l'ouvrage  et 
qui,  par  une  belle  exécution,  se  sera  montré  à 
la  tiauieur  du  but  que  s'est  proposé  le  fonda- 
teur, «  somme  qui,  néanmoins,  ne  lui  sera  ac- 
quise et  comptée  qu'après  la  cinquième  repré- 
sentation publique  On  voit  combien  sont  libé- 
rales les  dispositions  adoptées,  grâce,  d'ailleurs, 
aux  idées  exposées  à  ce  sujet  dans  le  testament 
du  donateur. 

Au  moment  où  cette  notice  est  écrite  (décem- 
bre 1875),  le  concours  Cressent  est  ouvert  de- 
puis plusieurs  mois,  et  le  jury  nommé  pour 
examiner  les  œuvres  présentées  doit  arriver  au 
terme  de  ses  travaux.  On  se  plaint  déjà  de  len- 
teurs fâcheuses,  sans  songer  peut-être  à  l'im- 
porîance  du  travail  de  ce  jury  et  à  la  responsa- 
bilité qui  pèse  sur  ses  membres.  Quoi  qu'il  en 
soit,  le  nom  de  Cressent  doit  être  désormais 
cher  à  tous  les  artistes,  et  la  renommée  de  cet 
hotnme  de  bien  restera  impérissable  (1). 

CRESSOM.XOIS  (Joles-Alfr  ed)  ,  composi- 
teur et  chef  de  musique,  naquit  à  Mortagne 
(Orne),  le  17  avril  1823.  Élève  de  Fessy  pour 
l'harmonie,  de  Georges  Kastner  pour  le  contre- 
point et  la  composition,  il  entra  an  Gymnase 
militaire  en  1845  et  fut  reçu  chef  de  musique 
eu  1847.  Depuis  cette  époque  jusqu'en  1865, 
M.  Cressonnois  a  dirigé  successivement  les  mu- 
siques des  cuirassiers  de  la  garde  impériale,  des 
■guides  et  de  la  gendarmerie. 

M.  Cressonnois  (it  ses  délnits  de  compositeur 
en  donnant  à  l'Opéra-Comique,  le  18  juin  1858, 
"Un  petit  ouvrage  en  un  acte  intitulé  Chapelle  et 
Barhaumont .  En  1862,  il  publiait  sous  ce  titre  : 
Harmonies,  un  recueil  de  six  mélodies  vocales 
avec  accompagnement  de  piano,  qui  méritait 
et  qui  reçut  de  la  critique  un  excellent  accueil, 
«t  qui  fut  suivi,  en  1863,  1864  et  1865,  de  trois 
recueils  semblables  portant  le  même  titre.  Les 
pièces  qui  composent  ces  quatre  volumes  sont 
fort  distinguées  au  point  de  vue  de  la  forme,  et 
révèlent  un  musicien  nourri  de  bonnes  éludes,  à 
qui  l'inspiration  ne  fait  pas  défaut.  M.  Cres- 
sontiois  a  publié  aussi,  séparément,  un  certain 
nombre  de  romances  et  mélodies,  parmi    les- 

r  (1)  Depuis  que  ces  lignes  sont  écrites,  le  concours  Cres- 
sent a  (tonne  un  premier  résultat,  en  faisant  couronner 
un  opéia-coiiiifuie  intitulé  liathyle,  dont  la  musique 
est  l'œuvre  de  m.  VViiUam  Cliaumet  lyf-'oy.  ce  nom).  Cet 
ouvrage  n'a  pas  encore  été  représenté. 


quelles  nous  citerons  le  Cavalier  et  l'Écho,  ES' 
pérance,  Nuit  d'étoiles,  etc.  Ou  trouve  encore, 
dans  le  volume  de  M.  Théodore  de  Banville, 
Trente-six  Ballades  joyeuses  (Paris,  Lemerre, 
1873,  in-12),  deux  ballades  mises  en  musique 
par  ce  compositeur,  qui  a  écrit  aussi  quelques 
morceaux  pour  une  comédie  du  même  auteur, 
Deidamia,  représentée  à  l'Odéon  au  mois  de 
novembre  1876,  et  qui  a  publié,  la  même  année, 
un  recueil  de  Mélodies  chant  et  piano  (Paris, 
Schœn,  in-8").  Depuis  1868,  M.  Cressonnois 
dirige  l'orchestre  des  concerts  des  Champs- 
Elysées,  et  il  a  dirigé  aussi  les  festivals  popu- 
laires qui,  vers  1869,  furent  données  dans  la 
salle  du  théâtre  du  Chàtelet, 

Un  fils  de  cet  artiste,  M.  Panl  Cressonnois, 
a  obtenu  au  Conservatoire,  en  1874,  un  second 
accessit  d'harmonie  et  accompagnement ,  et  a 
fait  jouer  deux  opérettes  en  un  acte  :  un"  Nuit 
à  Séville  (théâtre  des  Familles,  1875),  el  Mac- 
Hnlott  (Fo'ies-Bergère,  1877). 

CRESTE  (JiLKs),  compositeur,  s'est  fait 
connaître  d'ahord  par  la  publication  d'un  certain 
nombre  de  mélodies  vocales,  et  a  fait  repré- 
senter ensuite  à  l'Opéra-Comique  un  petit  ou- 
vrage en  un  acte,  les  Fourberies  de  Mnrinette 
(2  juin  1858).  M.  Creste  a  écrit  aussi,  en  société 
avec  M.  Nargeot,  alors  chef  d'orchestre  des  Va- 
riétés, la  musique  des  Trois  Sultanes,  de 
Favart,  transformées  en  opéra-comique  et  repré- 
sentées à  ce  tlu'âtre,  et  il  a  publié  plusieurs  mé- 
lodies vocales  et  quelques  morceaux  de  musique 
pour  le  piano. 

CRÉTU  (M"*  SIMON  ET,  épouse),  célèbre 
artiste  de  la  Comédie-Italienne  et  de  l'Opéra- 
Comique,  naquit  vers  1772  et  commença  sa 
carrière  en  province.  Elle  était  attachée  au 
Grand  Théâtre  de  lîordeaiix,  où  son  succès  était 
très-vif,  lorsqu'elle  vint  débuter  à  la  Comédie- 
Italienne,  le  26  mai  1788,  dans  l'emploi  difficile 
que  M'"'  Dugazon,' atteinte  d'un  embonpoint 
précoce,  allait  laisser  vacant  pour  prendre  celui 
des  jeunes  mères,  dans  lequel  son  admirable 
talent  ne  devait  pas  briller  d'un  moins  vif  éclat. 
M'""  Crélu  se  montra  d'abord  dans  Biaise  ei 
Babel  el  l'Épreuve  villageoise,  et  joua  ensuite 
le  Droit  dit  "Seigneur,  la  Dot,  VAmant  jaloux, 
CAmoureuD  de  quinze  ans,  le  Déserteur,  la 
Colonie,  le  Tableau  parlant,  le  Conte  d'Al- 
bert, et  même  Nina,  où  elle  sut  ne  pas  suc- 
comber sous  le  souvenir  écra.sant  de  sa  devan- 
cière. Douée  d'une  beauté  riche  et  remarquable ,. 
d'une  voix  séduisante  dont  elle  se  servait  avec 
beaucoup  dégoût,  possédant  de  rares  qualités- 
de  comédienne.  M'"'  Crélu  prit,  si  l'on  peut 
dire,  possession  du  public,  et  fut  bientôt  l'un 


CRÉTU  —  CRISTOFORI 


217 


des  sujets  les  plus  distingués  de  cette  mer- 
veilleuse troupe  de  la  Comëdie-Italienne,  si 
fertile  en  talents  de  tous  genres. 

A  kl  retraite  île  M*"'  Dugazon,  M'"'  Crélu, 
prenant  à  son  tour  l'emploi  des  jeunes  mères, 
lui  succéda  complélement,  et,  grâce  à  son  beau 
talent,  sut  atténuer  les  regrets  que  cette  retraite 
causait  au  public.  Depuis  deux  ou  trois  ans, 
elle'avail  joué  quelques-uns  des  rôles  de  cet 
emploi,  et  voici  comment  un  critique  en  parlait 
alors:  n  Quelques-uns  des  avantages  physiques 
que  M"""  Crélu  possède  ont  cédé  aux  atteintes 
du  temps,  mais  il  lui  reste  encore  des  qualités 
précieuses,  et  qui  doivent  la  rendre  chère  au 
public  et  à  ses  camarades.  Elle  remplace  ac- 
tuellement M""  Dugazon,  qu'elle  doubla  long- 
temps dans  les  rôles  marqués  qui  conviennent 
à  son  âge  ;  c'est  une  bonne  actrice  au  lieu  d'une 
qui  était  excellente;  bien  des  échanges  sont  plus 
désavantageux  que  celui-là.  Elle  e^t  parfaitement 
placée  dans  le  Secret,  Enphrosine  et  Cora- 
din,  l'Hal'it  du  chevalier  de  Grammont,  et 
même  dans  des  rôles  plus  jeunes,  tel  que  celui 
qu'elle  remplit  dans  Palma.  Je  me  rappellerai 
toujours  l'impression  que  me  firent  les  deux 
jeunes  personnes  du  Jugement  de  Midas, 
quand  elles  paraissaient  sous  les  traits  de  mes- 
dames Saint-Aubin  et  Crétu,  qui  pourtant  ap- 
prochaient l'une  et  l'autre  de  la  trentaine.  Je 
n'ai  plus  rien  vu  de  semblable.  » 

M""  Crétu  finit  par  prendre  l'emploi  des 
duègnes,  et  y  conserva  toute  sa  réputation,  en 
même  temps  que  l'affection  sincère  du  public. 
Elle  se  retira  en  1818,  après  trente  années  de 
services  non  interrompus,  et  laissa  d'universels 
regrets.  Sa  représentation  de  retraite  eut  lieu 
avec  un  grand  éclat,  le  16  avril  de  cette  année. 
Elle  mourut  au  moisde  février  1829,  âgée  de  cin- 
quante-six ans.  Son  mari,  excellent  comédien, 
avait  parcouru  la  province  avec  elle;  il  fit  partie 
delà  troupe  du  théâtre  Montansier,  devenu  plus 
tard  celui  des  Variétés,  et  fut  pendant  longues 
années  l'un  des  directeurs  associés  de  ce 
théâtre! 

CRISTAL  (Maurice  GERMA,  dit),  écri- 
vain musical,  est  né  à  Narbonne  en  1827.  11 
étudia  la  musique  de  bonne  heure,  avec  les 
organistes  .et  maîtres  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale de  sa  ville  natale  :  Couche  (  dont  plus  tard 
il  épousa  la  fille).  Vola  et  Villa,  et  travailla 
successivement  le  piano,  l'orgue,  l'harmonie  et 
la  composition.  11  fit  ensuite  son  droit  à  Tou- 
louse, et,  pendant  son  séjour  en  cette  ville,  fit 
représenter  une  saynète  dont  il  avait  écrit  la 
musique.  N'ayant  pas  réussi  dans  cet  essai,  il 
renonça  complètement  à  la  composition,  s'oc- 


cupa pendant  plusieurs  années  de  jurisprudence 
et  d'études  historiques,  puis  s'élant  établi  h 
Paris,  se  voua  à  la  littérature ,  et  se  consacra 
surtout  à  des  recherches  historiques  sur  la  mu- 
sique. M.  Maurice  Cristal  a  publié  depuis  lors 
un  assez  grand  nombre  de  travaux  de  ce  genre 
dans  différents  recueils  :  la  Revue  contempo- 
raine, le  Correspondant,  la  Revue  britannique, 
le  Contemporain,  la  Gazette  des  Beaux-Arts, 
le  Musée  des  Deux-Mk)7ides,  la  Chronique  mu- 
sicale,  le  Ménestrel,  la  Bévue  et  Gazette  musi- 
cale, l'Art  musical,  etc.  Parmi  ses  travaux,  il 
faut  signaler  surtout  les  suivants:  Hxndel  et 
la  musique  en  Angleterre,  Boccherini  et  la 
musique  en  Espagne,  Histoire  de  la  sympho- 
nie, Weber  et  l'Opéra  allemand,  l'École  d'or- 
cheste  et  les  maîtres  dechapelle allemands,  les 
Écoles  musicales  de  la  Bohême  et  de  la  Hon- 
grie, etc.  Dans  ces  écrits, dont  quelques-uns  méri- 
tent des  éloges,  mais  qui  gagneraient  considérable- 
ment à  être  plus  serrés,  l'auteur  porte  à  son  point 
extrême  le  système  des  nationalités  appliqué  à  la 
production  artistique,  et  s'attache  plus  que  de 
raison  à  ce  qu'il  appelle  l'ethnograiihie  musicale. 
A  mon  sens,  la  lecture  en  serait  beaucoup  plus 
profitable  si  l'auteur  ne  rapportait  pas  tout  à 
cette  idée,  juste  dans  son  point  de  départ,  mais 
exagérée  par  lui,  et  s'il  consentait  à  être  plus 
bref  et  à  ne  point  sortir  de  son  sujet  pour  se 
plonger  dans  des  considérations  secondaires  et 
parfois  chimériques.  Ces  études,  classées  et 
méthodiquement  réunies,  doivent  paraître  pro- 
chainement sous  ce  titre  :  Tableau  de  l'histoire 
musicale  par  écoles  et  par  nationalités,  et 
former  un  ouvrage  d'ensemble  comprenant 
quatre  volumes.  Jusqu'ici,  M.  Maurice  Crislal 
n'a  publié  que  l'opuscule  suivant  :  L'Art  scnn- 
dinave,  la  musique  dans  le  Danemark,  en 
Irlande,  en  ISorwége  et  en  Suède,  Paris,  Di- 
dier, 187'4,  in -8". 

CRiSTIAiXI  ( )•  Un  musicien  italien 

de  ce  nom  a  fait  représenter  en  1798,  au  théâtre 
de  la  Scala,  de  Milan,  un  opéra  bouffe  intitulé 
la  Città  nuova. 

CRISTOFALÎ,  CRISTOFAIM,  CRIS- 
TOFFOLl,  ou  CRISTOFOLI  (Bartho- 
LOMÉ).  Voyez  CRISTOFOUl  (Bartholomé). 

*  CRISTOFORI  (Bartholomé)  (1),  célèbre 
facteur  declavecms,  naquit  à  Padoue,  en  Italie. 
Les  écrivains  qui  ont  parlé  de  ce  facteur  ne 
sont  pas  d'accord  sur  l'orthographe  de  son  nom. 
Quelques-uns  écrivent  Cristofali,  d'autres 
Crisiofoli,  ou  Cristoffoli  ;  son  acte  de  nais- 


|i)  Cette  notice   est  entièrement  refaite,  d'après   des 
documents  nouveaux. 


218 


CRISTOFORI 


sance  porte  Cristofani,  tandis  que  celui  de  sa 
mort  porte  Cristo/ori,  et  que  sa  signature  au- 
tograplie,  placée  au  bas  d'un  reçu  portant  la 
date  du  23  septembre  1716  et  conservé. dans  les 
archives  de  la  cour  grand  ducale  des  Médicis 
(dossier  n"  1241,  2»^),  est  Bartolomeo  Cristo/ori. 
Cette  diversité  ne  doit  pas  surprendre,  par  ce 
fait  même  qu'elle  est  générale  en  Italie  à  propos 
de  noms  qui  se  sont  formés  en  ajoutant  au  pré- 
nom du  fils  celui  du  père  en  qualité  de  nom  ; 
ce  prénom  devenu  nom,  étant  généralement  le 
nom  d'un  saint  du  culte  catholique,  on  a  l'ha- 
bitude de  le  prononcer  suivant  l'usage  du  dia- 
lecte qui  se  parle  dans  le?  différentes  provinces, 
de  sorte  que  tandis  "que  dans  certaines  localités, 
on  dit  Cristofano  au  lieu  de  Cristoforo,  dans 
d'autres,  et  particulièrement  dans  les  provinces 
vénitiennes,  on  dit  Cristofalo,  Cristofolo  ou 
Cristoffolo. 

Du  reste,  la  biographie  de  Cristofori  est  pres- 
que toute  entière   à  relaire.  On  disait   (et  l'on 
ignore  sur  quelle  preuve  se  basait  cette  asser- 
tion) qu'il  était  né  à  Padoue  en  1683.    Félis  a 
adopté  celle  date   dans  l'article   Cristofali  de 
la  Biographie  universelle,  tandis  que  la  décou- 
verte faite  récemment  dans  les  registres  de  l'an- 
cienne paroisse  de  Saint-Luc  de  la  ville  de  Pa- 
doue, par  M.  le  comte  P.  Suman,  de  son  acte 
de  naissance,  nous  fait  connaître  qu'il  naquit  à 
Padoue  le    4  mai   1653.  On  a  dit,   et  Félis  l'a 
répété,  qu'il  s'établit  à  Florence  en  1710  et  y 
fonda  une  manufacture  de  clavecins  et  d'épinettes, 
tandis  qu'il  alla  simplement  s'établir  à  Florence 
pour    répondre  à    l'appel    du  grand  prince  de 
Toscane,  Ferdinand  de  Médicis,    fils  du  grand- 
duc  Côme  III,  qui  le  prit  à  son  service  en  qua- 
lité de  son  facteur   particulier  de  clavecins.  Il 
travailla  auprès  de  ce  prince  avec  Giovanni  Per- 
rini,  son  aide,  probablement  dans  les   ateliers 
de  mécanique  in.-tallés  dans  le  bâtiment  dit  fVg'/i 
Uffizzi.    On  ignore  la  date  précise  de  la  venue 
de  Cristofori  à  Florence:  celle  de  1710,  assignée 
par    Félis    d'après  Pelrucci  (Biografia   degli 
artisli  Padovani)  est  évidemment  erronée.  Ro- 
bert Papafava,  commissaire  de  la  République  de 
Venise,  adressait  du  Lido,  le  30  mai  1693,  une 
lettre    au  prince  Ferdinand,   pour  lui    rendre 
compte  d'une  commission  dont  il  l'avait  chargé 
au  moyen  d'une  lettre  qu'il  lui  avait  fait  écrire 
par  Cristofori  ;  on  peut  donc  en  conclure  qu'à  cette 
époque,  Cristofori  se  trouvait  auprès  du  prince  à 
Florence.  Feu  M.  L.  Puliti,  dans  son  savant  mé- 
mémoire  :  Délia  vitadel  Ser.  Ferai nando  de' 

Mediciet  délia  origine del piano  forte  (V.  Affi 
de  l'Académie  de  l'Inslilut  royal  de  musique  de 

Florence,   tome  XII,  p,  92  ),  suppose   que   ce 


prince  engagea  personnellement  Cristofori  à 
Padoue,  lors  du  voyage  qu'  il  fit  en  1687  dans 
les  états  de  la  République  de  Venise.  En 
acceptant  cette  hypothèse,  qui  n'est  pas  dé- 
pourvue de  probabilité,  la  venue  de  Cristofori  à 
Florence  aurait  eu  lieu  entre  1687  et  1693. 

Ce  fut  dans  les  premières  années  du  XVI  II«  siècle 
que  Cristofori,  occupé  à  corriger  le  défaut  prin- 
cipal du  clavecin,  celui  de  ne  pouvoir  y  graduer 
la    force  du  son,   imagina   de  substituer    auv 
sautereanx,  qui  par  leurs  languettes  de  plume 
ou  de  cuir  pinçaient  les  cordes  du  clavecin,  des 
petits  marteauv  mus  par  les  touches,  et  réalisa 
son  idée  en  construisant  des  clavecins  à  mar- 
teaux,  qui,    en   raison   de   la    propriété  qu'ils 
avaient  de  donner  des  sons  tantôt  piano,  tantôt 
forte,  furent  appelés  graiicembalicol  piano  e 
forte,  d'où,  par  raccourcissement,  le  nom  mo- 
derne de  pianc-forte.  De  nos  jours,  on  abrège 
encore,  et  l'on  dit  simplement   piano,  ce  qui 
contraste  d'une  manière  singulière  avec  les  ef- 
forts incessants  que  l'on  fait  pour  accroître  la 
sonorité  de  cet  instrument.  Le  comte  Scipione 
Maffei,  Véronais,  étant  de  passage  à  Florence 
en    1709,  y    fit    la  connaissance  de  Cristofori. 
Dans  cette  circonstance,  il  eut  l'occasion  de  voir 
et  d'entendre  trois  de  ses  nouveaux  instruments, 
dont  il   fit  une    description  détaillée   qu'il  ac- 
compagna d'un  dessin  du  mécanisme  intérieur, 
et  qu'il  publia  dans  son  Giornale  dei  letterati 
d'italia,    t.  IV  (Venise,  chez  Ertz).  Cristofori, 
outre  les  trois  piano-forte  dont   il  est  question 
ci-dessus,    en  construisit  bien  d'autres  durant 
sa   vie,  en  y  apportant  toujours  de    nouvelles 
améliorations,  et  M"'  veuve  Noëmie  Marleili, 
de  Florence,  en  possède  un  signé  de  l'auteur  et 
portant  la  date  de  1720,  dont  le  mécanisme  est 
bien  supérieur  à  celui  décrit  par  Maffei.  Cepen- 
dant, ces  améliorations   successives  concernent 
seulement  les.détails,  car  le  mécanisme  fut  conçu, 
dès  le  principe,  par  Cristofori,  avec  tous  les  ca- 
ractères d'une  perfection  tout  au  moins  relative  : 
triple  système  de  leviers,  échappement,  repous- 
soirs, étouffoirs,  etc.,  rien  n'y  manque  de  ce  qui 
constitue  l'ensemble  du  mécanisme  des  piano- 
forte  modernes.  Ce  qui  le  distingue  de   l'ancien 
mécanisme  allemand,  dans  lequel  les  marteaux 
sont  attachés  par  une  fourche  à  la  queue  de  la 
tige  des  touches,  c'est  que  les  marteaux  y  sont 
séparés  et  indépendants  des  touches,    comme 
dans  les  pianos  du  système  français.  On  a  con- 
testé   longtemps    à    Cristofori  l'invention    du 
piano-forte    pour   l'attribuer    à     Marins    et    à 
Schroèder;    mais,    outre    que    le   projet  pré- 
senté par  le  premier  à  l'Académie  de  France  et 
les  modèles  du  second  sont  postérieurs  de  quel- 


CRISTOFORI  —  CROFF 


219 


ques  années  aux  travaux  de  Cristofori,  l'état  in- 
forme de  leurs  conceptions  fait  qu'on  ne  peut 
pas  les  comparer  à  son  invention.  Reste  Silber- 
man,  qu'on  a  regardé  longtemps  en  Allemagne 
comme  le  véritable  inventeur  du  piano-forte  ; 
mais  lui-même  est  venu,  avec  ses  instruments, 
postérieurement  à  Cristofori.  Cependant,  la  jus- 
tice veut  que  l'on  accorde  à  l'habile  facteur  al- 
lemand la  qualité  d'inventeur,  car,  même  en  ad- 
mettant que  Silberman  ait  puisé  la  donnée  de  son 
problème  dans  ce  qu'il  avait  appris  de  l'invention 
de  Cristofori,  ce  qui  est  probable,  la  différence 
de  mécanisme  prouve  qu'il  a  chercbé  avant  de 
le  résoudre. 

L'invention  de  Cristofori  eut  le  sort  de  pres- 
que toutes  celles  qui  viennent  heurter  les  habi- 
tudes des  artistes.  Tandis  que  les  littérateurs  et 
les  poètes  la  prônaient,  les  clavecinisles  italiens 
lui  étaient  hostiles,  et,  au  commencement  de 
ce  siècle  même,  il  ne  manquait  pas  en  Italie  de 
maîtres  qui  préféraient  le  clavecin  au  piano- 
forte,  au  moins  pour  l'accompagnement  du  chant. 

Le  grand  prince  Ferdinand  étant  mort  en  1713, 
le  grand-duc  Côme  III,  quoique  ennemi  mortel 
de  la  musique  et  des  musiciens,  retint  Cristofori 
à  son  service  et  le  chargea  de  la  conservation  de 
la  riche  collection  d'instruments  de  musique  de 
toute  espèce  réunie  autrefois  par  son  fils  :  Cris- 
tofori remplit  cet  emploi  jusqu'à  la  fin  de  ses 
jours,  et  mourut  le  17  mars  1731  ;  il  fut  enterré 
dans  l'église  de  la  paroisse,  aujourd'hui  suppri- 
mée, de  San-Jacopo  frà  Fossi  (1). 

L.-F.  C. 

'CROESCHenri-JacquesDE).  Desdocuments 
récemment  découverts  aux  archives  générales 
de  Bruxelles  établissent  que  cet  artiste  ne  fut 
point,  comme  il  a  été  dit  par  erreur,  directeur 
de  la  musique  du  prince  de  la  Tour  et  Taxis,  à 
Ratisbonne,  car  il  succéda  en  1753  àN.  de  Croes 
(probablement  son  père)  comme  maître  de  la 
chapelle  royale  de  Bruxelles,  et  il  remplit  sans 
interruption  cet  emploi  jusqu'au  16  août  1786, 
époque  de  sa  mort. 

Voici,  dressée  par  lui-même  et  écrite  de  sa 
main,  une  Liste  des  pièces  de  musique  tant 
vocale  qu'instrumentale,  composée  pour  le 
service  de  son  Altesse  Royale,  par  H.  J.  de 
Croes,  maure  de  musique  de  la  chapelle  royale. 
1.  Missa  brevis  et  solemnis,  à  4  voc.  col.  ins- 
trum;  2,  Id.;    3,  Id.;  4,  Id.;  S,  Jd.;  6,  /d.;  7, 


(1)  Au  mois  de  mai  18T6,  de  grandes  fêtes  solennelles 
ont  été  célébrées  à  Horence  en  l'honneur  de  Cristofori, 
€t  une  pierre  sur  laquelle  était  tracée  une  inscription 
comraéDiorative  de  son  invention  était  placée,  par  les 
«oins  du  comité  spécial,  dans  le  cloître  de  Santa  Croce. 
—    A.  P. 


fd.;  8,  Id.;  9,  Id.;  10,  Id.;  11,  Id.;  12,  Id.;  13, 
Id.;  14,  Id.;  15,  Id.;  16,  /d.,pro  defunctis.  — 
Motets  à  grand  chœur  et  4  voc.  col.  instrum. 
1,  Caierva  venit  cum  gaudio;  2,  Summi  to- 
nantis  gloriam  ;  3,  Omnes  gentes;  4,  Confite- 
bor  tibi,  Domine  j  5,  Magnus  Dominus;  6, 
Gaudete,  cantate;  7,  Dominus,  dominus  nos- 
ter;  8,  Exurgat  Deus;  9,  Venite,  exultemus; 
10,  0  fidelrsexullate;  11,  Lxtx  tubœ;  12,  Ju- 
lilate  Dec;  V3,Qaare  fremuerunt;  14,  Vktimee 
paschali;  15, Âctusamoris;  16,  Actus  timoris ; 
17,  A  facie  Domini  mota est  terra;  18,  Lauda 
Sion;  19,  Ecce  panis;  20,  Veni,  sancte Spirilus; 
21,  0  chorus  angelorum;  22,  Hodie  nobis,de 
Nalivilate;  23,  Exultandi,  de  Nativitate;  2i,Eia 
snrgile,  de  Nativitate  ;  25,  Lux  novain  Oriente, 
<ie  Nativitate  ;  26,  i\unc  dimittis,  de  Purifica' 
tione  ;  27,  Almaredempioris ;  2^,  Ave  Regina; 
29,  Regina  ceci i  ;  30,  Salve  Regina;  31,  Te 
Deum  laudamus;  32,  Id.;  33,  Id.;  34,  Venite 
gentes.  —  Grandes  symphonies  pour  les  concerts 
des  jours  des  Galles  (sic).  1,  Sonata  à  2  violons, 
alto  è  basso,  2  oboe,  2  trom.  e  tymp.  ;  2,  sonata 
à  2  violons,  alto  e  basso,  2  oboe,  2  cor.;  3,  sonata 
à  2  violons,  alto  e  basso,  2  oboe,  2  cor.;  4,  Sonata 
à  2  violons,  alto  e  basso,  2  oboe-,  5,  sonata  à  2 
violons,  allô  e  basso,  2  oboe,  2  trom.  è  tjmp  ; 
6,  sonata  à  2  violons,  allô  e  basso,  2  oboe.;  7,  Id.; 
8,  Id.;  9,  Sonata  à  2  violons,  alto  e  basso,  2  oboe, 
2  cor.;  10,  yd.;  11, /d.;  12, /rf.;  13, /d-;  14,/d.; 
15,  Id.;  16,  Id.  —  Symphonies  d'église.  1,  so- 
nata à  4  instrum.,  col.  oboe,  ad  libitum;  2,  so- 
nata à  4  instrum.,  2  oboe,  ad  libitum;  3,  Id.; 
4,  Id.;  5,  Id.;  6,  Id.;  7,  Id.;  8,  Id.;  9,  Id.; 
10,  Id.;\{,Id.;  \2,Id.;  13,  /d.;  14,  Sonata 
p;islorale  à  4  instrum.,  oboe,  ad  libitum;  15, 
Id.;  16,  Id.  (1). 

CROFF  (Giovanni-Battista),  compositeur 
et  professeur  italien,  né  au  commencement  de  ce 
siècle,  fut  nommé  professeur  d'harmonie  au 
Conservatoire  de  Milan  en  1850,  et  conserva  ces 
fonctions  jusqu'au  mois  de  février  1868,  époque 
de  sa  mort.  Cet  artiste  estimé  avait  publié  des 
romances,  des  fantaisies  pour  piano,  des  duos 
pour  piano  et  harmonium  ;  de  plus,  il  avait  écrit 
la  musique  d'un  opéra-bouffe.  Quanti  Casi  in 
un  sol  giorno  !  qui  avait  été  représenté  au  théâtre 
de  la  Scala,  dans  l'automne  de  1834,  et  celle 
d'un  ballet  intitulé  Giovanni  di  Leida,  ossia 
il  falso  Profeta  ;  enfin,  il  avait  obtenu  une  ré- 
compense dans  l'un  des  concours  de  composi- 
tion ouverts  à  Florence  par  M.  le  docteur  Basevi. 


(1)  Ce  document  a  été  publié  par  M.  Edmond  Vander 
Straelen.  dans  le  premier  volume  de  son  ouvrage:  la 
Musique  aux  l'ays-Dat. 


220 


CRONTHAL  —  CUNIEWICZ 


CROi\TIIAL(Wiiuam).  —  Foyes  GROSS 
(Pierre). 

CROZE   (J -B....),    compositeur,  a    fait 

représenter  au  Granii-Tliéàtre  de  Marseille,  le 
30  mai  1854,  un  opéra  en  un  acte  intitulé  Louise 
de  Charolais.  Cet  artiste  a  beaucoup  d'autres 
ouvrages  dramatiques  inédits,  notamment  Ha- 
rold,  opéra  fantastique  en  5  actes,  et  la  Moabife, 
opéra  biblique  en  5  actes;  ce  dernier  a  été  joué 
à  Marseille  sur  une  scène  d'amateurs,  le  tliéàtre 
Michel.  M.  J.  B.  Croze  a  publié  un  certain  nom- 
bre de  morceaux  pour  piano  et  violon  ,  pour 
chant,  et  de  la  musique  de  danse  pour  le  piano. 

Al.  R  —  d. 

CROZE  (Ferdinand  DE),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  à  Marseille  vers  1828,  s'est  livré  de 
honne  heure  à  l'enseignement ,  en  même  temps 
qu'il  écrivait,  pour  les  principaux  éditeurs  de  Pa- 
ris, une  foule  de  morceaux  de  genre  d'une  grâce 
assez  facile,  qui  obtenaient  du  succès  auprès  des 
amateurs  de  ce  genre  de  musique.  Il  y  a  de  tout 
dans  les  productions  de  M.  de  Croze,  des  polo- 
naises, des  sérénades,  des  tyroliennes,  des  mar- 
ches, des  élégies,  des  méditations,  des  pasto- 
rales, des  galops,  des  caprices,  des  études,  des 
rêveries,  des  chansons,  des  esquisses,  avec  les 
titres  les  plus  chatoyants  et  les  plus  étranges  : 
Tnanon,il  Corso,  Séville,  En  chemin  de  fer. 
Ciel  et  Terre,  la  Derbonka,  les  Oiseaux  mys- 
tiques (?},  la  Razzia,  les  Ombres,  En  Aérostat, 
Crescendo,  le  Ratnier,  etc.,  etc.  Le  nombre 
de  ces  bagatelles  ne  s'élève  pas  aujourd'hui  à 
moins  de  cent  cinquante,  et  rien  n'annonce  que 
la  fécondité  de  l'auteur  soit  près  de  se  lasser. 

CRQZET  (F ),  avocat  et  riche  amateur 

de  musique  ii  Grenoble,  est  auteur  de  l'ouvrage 
suivant  :  Bévue  de  la  musique  dramatique  en 
France,  contenant  un  essai  abrégé  de  l'histoire 
de   l'opéra,    des  notices,  par  ordre    alphabéti- 
que, de  tous  les  opéras  ou   opéra-comiques  qui 
ont  été    représentés  en  France  sur  nos  divers 
théâtres  lyriques,  y  compris    le  Théâtre-Italien, 
et  enfin  des  notices,  aussi  par   ordre  alphabé- 
tique, sur  les  compositeurs  dont  les  œuvres  ont 
été   représentées  en    France,  avec  la  liste    de 
tous   leurs  ouvrages   (Grenoble ,    Prudhomme, 
1867,  un  vol.  in-8").  Ce  livre,  qui  aurait  pu  être 
utile,  est  malheureusement  fort  incomplet,  fort 
inexact,  et  ne  saurait  être  consulté  avec  fruit, 
parce  qu'il  en  faut  contrôler  avec  soin  tous  les 
renseignements.  Quant  aux  aptitudes  critiques 
de    l'auteur,    elles    sont     absolument    nulles. 
M.  Crozet  a  publié  un  Supplément  à  la  Bévue 
de  la  musique  dramatique  en  France  (Gre- 
noble, Prudhomme,  1872,  in-8"  de  39  pp.). 
^  *  CRUVELLI    (FRÉDiRiQUE  Marie  CRU- 


VVELL,  dite),  est  morte  à  Bielefeld,  sa  ville  na- 
tale, le  26  juillet  186S. 
CUÉLLAR  Y  ALT.\RRIRA(Ramon-FÉ- 

Lix),  compositeur  et  organiste  distingué,  né  à 
Santiago  (Galice)  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
fut  enfant  de  chœur  à  l'église  de  la  Seu,  de  Sa- 
ragosse,  el  apprit  la  musique  et  la  composition 
sous  la  direction  de  Garcia,  dit  l'Espagnolet.  Il 
devint  maître  de  chapelle  de  plusieurs  églises,  . 
entre  autres  de  la  cathédrale  d'Oviedo  (1817), 
fut  nommé  ensuite  musicien  de  la  chambre  royale, 
et  en  1828  prit  possession  de  l'orgue  de  l'église 
métropolitaine  de  Santiago,  sa  ville  natale,  où  il 
mourut  le  7  janvier  1833.  «  Cuéllar,  dit  M.  Bal- 
tasar  Saldoni  dans  ses  Efemérides  de  musicos 
espanoles,  fut  un  des  meilleurs  représentants 
de  l'école  de  VEspagnolet  :  avec  moins  d'origi- 
nalité que  son  condisciple  Prieto,  moins  de  pro- 
fondeur que  Secanilla,  mais  avec  plus  de  feu  et 
d'enthousiasme  que  tous  deux,  et  avec  un  savoir 
égal,  il  fut  un  maître  digne  de  tout  éloge.  »  Parmi 
ses  nombreuses  compositions,  on  remarque  seize 
messes,  neuf  psaumes,  cinq  Magnificat,  des  La- 
mentations, des  Te  Deum,  et  beaucoup  de  can- 
tiques et  de  motets,  qui  sont  dispersés  dans  di- 
verses églises  d'Espagne,  et  notamment  dans 
celles  de  Saragosse.  Le  docteur  D.  J.  P.  et  U., 
professeur  de  littérature  à  Oviedo,  a  publié  sur 
cet  artiste  une  élégante  et  importante  notice  bio- 
graphique. 

i^  CUI,  ou  KUI (César),  musicien  russe  contem- 
porain, est  l'auteur  de  trois  opéras,  dont  l'un,  en 
3  actes,  est  intitulé  William  Ratcliff,  et  a  été 
joué  à  St-Pétersbourg  le  26  février  1869,  dont  le 
second  a  pour  titre /e  Prisonnier  du  Caucase,  el 
dont  le  troisième,  Angelo,  inspiré  par  le  drame 
de  M.  Victor  Hugo,  a  été  représenté  à  Saint- 
Pétersbourg  le  13  février  1876.  Quelques  mor- 
ceaux des  deux  premiers  ont  été  publiés  chez 
l'éditeur  Bessel,  à  Saint-Pétersbourg.  Le  même 
éditeur  a  publié  de  M.  Gui  six  romances  avec  ac- 
compagnement de  piano.  M.  Cui  n'est  pas  un 
musicien  de  profession,  car  il  est,  je  crois,  ingé- 
nieur militaire,  et  il  exerce  les  fonctions  de 
professeur  de  mathématiques  à  l'Académie  im- 
périale des  ingénieurs  de  Saint-Pétersbourg  ;  il 
n'en  est  pas  moins  doué,  dit-on,  d'nn  talent  véri- 
table, sinon  d'une  grande  inspiration,  et,  entre 
autres  qualités,  manie  l'orchestre  d'une  façon 
remarquable  et  toute  personnelle.  Il  s'est  exercé 
aussi  dans  la  critique  musicale. 

CUIXIEWICZ  ( ),  compositeur  po- 
lonais, est  l'auteur  d'une  grande  œuvre  lyrique 
et  symphonique,  intitulée  la  Captivité  babylo- 
nienne, qu'il  a  fait  exécuter  à  Lemberg  le  3  fé- 
vrier 1867.  Cette  œuvre  importante  était  divisée 


CUNIEWICZ  —  CUVILUER 


221 


«n  six  parties,  comme  suit  :  n"  1  :  Aux  fleuves 
de  Babylone;  n°  2  :  la  Prière;  n"  3  :  les  Or- 
phelins de  la  Judée;  n°  4  :  Chœur  des  Pré- 
ires; n'  5:  le  Dépari;  n"  6  :  V Arrivée  au  pays 
de  la  Judée. 

CUi\IO  (Angelo),  pianiste  et  compositeur, 
né,  je  crois,  à  Milan,  fit  ses  études  au  Conserva- 
toire de  celte  ville,  où  il  entra  au  mois  de  février 
1848  pour  en  sortir  au  mois  de  septembre  1852. 
Il  publia  d'abord,  à  Milan,  chez  Ricordi,  quel- 
ques morceaux  de  piano  :  la  Belle  Vendan- 
geuse, Adeline,  un  divertissement  à  quatre 
mains  sur  un  Rallo  in  Maschera,  etc.,  et,  plus 
lard,  alla  s'établir  en  Angleterre,  oii  il  réside  en- 
core aujourd'hui  et  où  il  s'est  consacré  à  l'ensei- 
seignement,  sans  toutefois  abandonner  ses  tra- 
vaux de  composition.  Depuis  son  établissement 
en  ce  pays,  M.  Cunio  a  publié  soit  à  Londres, 
soit  à  Paris,  un  assez  grand  nombre  de  morceaux 
de  genre  pour  le  piano,  qui  ont  été  bien  accueil- 
lis du  public.  Je  citerai  particulièrement  un  al- 
bum, les  Succès  d'Italie  (Paris,  Heugel),  com- 
posé de  six  pièces  d'une  forme  élégante  et  d'une 
heureuse  inspiration.  -  '"  '  • 

*  CURCI  (GiusEPf'E),  compositeur  et  profes- 
seur de  chant,  (ils  d'un  notaire  de  Barletta,  est 
né  en  cette  ville  le  15  juin  1808.  Il  commença  par 
étudier  la  guitare  avec  un  de  ses  oncles,  tra- 
vailla au§si  le  piano,  puis,  en  1823,  se  fit  ad- 
mettre au  Conservatoire  de  Naples,  oii  il  reçut 
des  leçons  de  G.  Furno  pour  l'harmonie,  de  Rai- 
mondi  et  de  Zingarelii  pour  le  contrepoint  et  la 
fugue,  et  de  Crescentini  pour  le  chant.  11  écrivit, 
«u  cours  de  ses  éludes,  deux  messes  à  4  voix  et 
orchestre,  plusieurs  compositions  religieuses 
moins  importantes,  un  chœur,  trois  ouvertures 
à  grand  orchestre,  et  deux  opérettes  jouées  sur 
le  petit  théâtre  du  Conservatoire  :  un'Ora 
di  prigïone  et  un  Malrimonio  conchiuso  per 
le  btigie.  Tandis  qu'il  était  encore  sur  les  bancs 
de  l'école,  d'où  il  ne  sortit  qu'à  l'âge  de  27  ans, 
il  fit  représenter  au  théâtre  Nuovo  (septembre 
1833)  un  opéra  bouffe  intitulé  il  Medico  e  la 
Morte,  au  théâtre  du  Fondo  un  autre  ouvrage 
du  même  genre,  i  dodici  Tabarri,  et  fit  exécu- 
ter le  l*^"^  janvier  1835,  pour  la  représentation  de 
gala  de  la  grande  scène  de  San-Carlo,  la  cantate 
Ruggiero. 

En  sortant  du  Conservatoire,  M.  Curci  se 
rendit  à  Milan,  puis,  n'ayant  pu  réussir  à  faire 
jouer  un  opéra  en  cette  ville,  partit  pour  Turin, 
donna  au  théâtre  d'Angennes,  en  1837,  il  Pros- 
critto,  alla  écrire  à  Venise,  pour  le  théâtre 
Apollo,  Don  Desiderio,  fit  exécuter  à  là  Société 
pliilliarmonique  Camploy  une  scène  intitulée 
VUragano,  retourna  ensuite  à  Milan,  où  il  pu- 


blia quelques  mélodies  vocales,  et  alla  se  fixer 
pendant  plusieurs  années  à  Vienne,  où  il  obtint 
une  véritable  vogue  comme  professeur  de  chant. 
De  Vienne,  M.  Curci  entreprit  un  voyage  en  Alle- 
magne et  en  Belgique,  et  arriva  à  Paris  au  com- 
mencement de  1848.  Après  un  séjour  de  huit  an- 
nées en  France,  il  alla  passer  quelque  temps  en 
Angleterre,  et,  sur  les  instances  de  son  père, 
alors  octogénaire,  retourna  dans  sa  ville  natale. 
Il  passa  une  année  à  Bari,  comme  directeur  de  la 
musique  au  théâtre  Piccinni,  et  revint  à  Barletta, 
qu'il  n'a  plus  quittée  depuis. 

On  doit  à  M.  Curci,  outre  ses  ouvrages  dra- 
matiques, six  messes  à  3  ou  4  voix,  avec  accom- 
pagneinent  d'orgue,  quatuor  et  orchestre  ;  une 
messe  funèbre  à  3  voix  et  orchestre  ;  plus  de 
soixante  compositions  religieuses  de  moindre  im- 
portance, soit  avec  orgue,  .soit  avec  orchestre  ; 
quatre  sonates  pour  orgue  ;  plusieurs  cantates  ; 
un  grand  nombre  de  mélodies  vocales  ;  enfin 
deux  recueils  de  solfèges,  l'un  publié  en  Hon- 
grie sous  le  titre  de  Piccolo  Solfeggio,  l'autre 
intitulé  il  Bel  Canlo,  et  publié  à  Londres,  chez 
l'éditeur  Wesfel. 

CURCIO  (ViNCENZo),  compositeur  italien  qui 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  naquit  dans  le  royaume  de  Naples  et  fit 
représenter  en  1776,  sur  le  théâtre  des  Fioren- 
tini,  de  cette  ville,  un  opéra  intitulé  i  Sciocchi 
presuntuosi.  ^ 

CURTI  (ViNCENzo),  compositeur  et  profes- 
seur de  piano,  né  à  Naples  le  t8  septembre  1836, 
fut  élève  externe  du  Conservatoire  de  cette  ville, 
et  eut  pour  professeurs  particuliers  Francesco 
Lanza,  Alessandro  Busti  et  Vincenzo  Fiodo.  Son 
éducation  terminée,  il  se  livra  à  .l'enseignement 
et  à  la  composition.  M.  Curti  a  publié  jusqu'à 
ce  jour  une  ouverture,  une  messe,  deux  albums 
de  mélodies  vocales,  3  albums  de  musique  de 
danse,  sans  compter  un  certain  nombre  de  trans- 
criptions et  de  réductions  pour  le  piano.       -^-^ 

CUSINS  (W -G....),  pianiste  et  compo- 
siteur anglais  contemporain,  s'est  fait  connaître 
par  un  certain  nombre  d'œuvres  estimables,  dont 
la  plus  importante  et,  dit-on,  la  mieux  réussie, 
est  un  oratorio  intitulé  Gédéon,  écrit  expressé- 
ment pour  le  grand  festival  de  Gloccster  et  exé- 
cutée à  ce  festival  le  7  septembre  1871.  Cet  ou- 
vrage a  été  accueilli  par  le  public  avec  une  vive 
sympathie.  M.  Cusins  est  maître  de  chapelle  de 
la  reine,  et  chef  d'orchestre  de  la  Philarmonic 
Society,  de  Londres. 

CUVILLIER,  est  le  nom  de  deux  chanteurs 
qui  appartinrent  au  personnel  de  l'Opéra  de  1725 
à  1755.  «  Cuvillier,  ditLahorde,  avait  une  (voix 
de)  taille  assez  belle.  Il  entra  à  l'Opéra  en  1725, 


222 


CUVILLIER  —  CZARTOhYSRI 


et  fut  mis  à  la  pension  en  1750.  Son  fils,  entré  à 
l'Opéra  haute-contre  en  1738,  quitta  en  novembre 
1740,  et  y  rentra  basse  taille  en  1749. 11  sortit  de 
France  sans  rien  dire,  en  1755,  et  passa  à  Bruxel- 
les.» Cuvillier  père  fit  quelques  créations,  particu- 
lièrement dans  Pyrame  et  Thisbé,  Hippolyte  et 
Aride,  les  Caractères  de  l'Amour,  les  Amours 
de  Ragonde  (Ragondë),  Don  Quichotte  che:.  la 
Duchesse  (Sancho).  C'est  son  fils  qui  créa  le 
rôle  du  devin  dans  le  Devin  du  Village,  de 
J.-J.  Rousseau.  Ou  trouve  les  vers  suivants  sur 
ce  dernier,  dans  le  Calendrier  historique  des 
Théâtres  pour  1731  : 

Ta  voix,  ton  g^fte  el  ta  figure. 
En  toi,  tout  plait  au  spectateur; 
L'art,  d'iccorJ  avec  la  nature, 
Ont  formé  le  chantre  et  l'acteur. 

CUZAS  (Vincent),  compositeur  espagnol, 
mort  à. Barcelone  le  7  mars  1839,  avait  fait  re- 
présenter le  23  juillet  1838,  sur  le  théâtre  Santa- 
Cruz  de  cette  ville,  un  opéra  italien  dont  je  trans- 
cris ici  le  titre  inexact,  tel  que  je  l'ai  trouvé 
dans  un  livre  espagnol  :  la  Fatachiera.  Ce  titre 
est  évidemment  tronqué,  le  mot  chiera  n'exis- 
tant pas  dans  la  langue  italienne. 

CUZEA'T  (Paul),  ancien  écuyer,  musicien 
amateur,  a  fait  représenter  au  Théâtre-Lyrique 
le  29  décembre  1855,  un  opéra-comique  en  un 


acte  intitulé  l'Habit  de  noce.  La  sœur  de  cet 
artiste  a  épousé  M.  Montjaoze,  chanteur  qui 
tet)ait  alors  l'emploi  des  forts  ténors  au  Théâtre- 
Lyrique. 

CZARTORYSKI  (Adam-Casimir,  prince), 
chef  d'une  des  plus  grandes  familles  polonaises, 
fut  staroste-général  des  terres  de  Podolie,  grand 
protecteur  des  sciences  et  des  arts,  et  auteur  de 
plusieurs  œuvres  dramatiques  représentées  avec 
succès  à  Varsovie.  M.  Albert  Sowinski,  dans  son 
livre  sur  les  Musiciens  polonais  et  slaves,  dit 
que  ce  prince  composa  un  petit  dictionnaire  de 
noms  d'anciens  instruments  de  musique  polo- 
nais, qui  fut  inséré,  en  1828,  dans  le  premier  nu- 
méro d'une  revue  intitulée  Czasopismo  et  pa- 
raissant à  Léopol.  Dans  cet  écrit,  il  donnait  les 
noms  de  vieux  instruments  peu  connus  de  nos 
jours,  en  les  accompagnant  d'explications  claires 
et  précises  sur  leur  forme,  leur  sonorité,  leur  em- 
ploi dans  les  orchestres,  enfin,  sur  la  manière  de 
les  jouer,  depuis  l'orgue  jusqu'au  fifre,  depuis 
la  guindsba  jusqu'au  benbenek  (lainbourin). 
Cette  description  comprenait  en  tout  quarante- 
cinq  instruments,  dont  treize  à  cordes  pincées, 
sept  à  cordes  frottées,  et  vingt-cinq  à  vent,  y 
compris  la  kobza,  le  plus  ancien  instrument  dans 
le  genre  du  biniou  breton. 


D 


*  DABADIE  (Henri  Bernard),  chanteur  de 
l'Opéra  de  Paris,  était  né  à  Pau  (Basses-Pyré- 
nées), le  19  janvier  1797,  et  mourut  à  Paris  au 
mois  de  mai  1853. 

DACCI  (GiusTo),  professeur  et  compositeur 
italien  contemporain,  a  publié  les  ouvrages  théo- 
riques suivants  :  Grammaire  musicale,  Milan, 
Lucca,  in-8°;  le  Parfait  musicien,  traité  théo- 
rique et  pratique  pour  la  lecture  et  la  division 
musicale.  Milan,  Lucca,  in-16;  Eléments  î?im- 
5icat<x  (extraits  de  l'ouvrage  précédent),  avec  un 
appendice  contenant  des  notions  préliminaires 
d'harmonie  et  12  exercices  de  lecture  et  division 
des  principales  mesures,  Milan,  Lucca  ;  Traité 
théorique  et  pratique  d'harmonie  simple  et 
composée,  avec  Vexposition  des  exercices  pra- 
tiques utiles  aux  dilettantes,  Milan,  Lucca. 
M.  Dacci  a  publié  aussi  quelques  romances,  et  un 
certain  nombre  de  fantaisies  pour  le  piano  écriles 
sur  des  thèmes  d'opéras  en  vogue. 

DACHSELT  (Chrétien-Gottlieb),  célèbre 
organiste,  né  à  Kamenz  le  16  décembre  1737, 
mourut  à  Dresde  en  1804.  Ses  compositions 
n'ont  pas  été  publiées.  Y. 

*  DACOSTA  (Isaac-Franco),  est  mort  le 
12  juillet  1866  à  Bordeaux,  sa  ville  natale,  où  il 
s'était  retiré,  et  où,  depuis  trois  ans,  il  avait 
perdu  la  vue.  Dacosta  fut  l'un  des  fondateurs 
de  la  Société  des  concerts  du  Conservatoire.  Il 
avait  épousé  jadis  la  fUle  du  célèbre  comédien 
Fleury,  dont  il  avait  eu  plusieurs  enfants,  mais 
dont  il  se  sépara  plus  tard. 

DAIIL  (Emma),  née  Freyse,  chanteuse  de  ta- 
lent, naquit  le  6  avril  1S19  à  Plœn,  dans  le  Hols- 
lein.  A  son  nom  de  demoiselle  elle  joignit  celui 
de  sa  mère  adoptive,  et  débuta  sous  le  nom  de 
Freyse-Sessi.  Cette  artiste  de  mérite  a  composé 
un  certain  nombre  de  lieder  qui  ont  été  publiés 
à  Copenhague,  à  Stockholm  et  à  Christiania,  Elle 
a  également  publié  un  recueil  de  vocalises  esti- 
mées. Y. 

DAHLER    (J -G ),  est   auteur  d'un 

Dictionnaire  des  Beaux-Arts  qui  a  paru  à  Gœttin- 
gue  en  1790.  Y. 

DAHLWITZ  ( ),  compositeur  contem- 

imrain,  a  écrit  la  musique  d'un  drame  lyrique 
en  cinq  actes,  Galileo  Galilei,  qui  a  été  repré- 
senté au  mois  de  janvier  1877  sur  le  théâtre  de 
Gobourg,  où  il  a  été  assez  favorablement  ac- 
cueilli. 


*  DALA\RAC  (Nicolas).  Le  répertoire  des 
ouvrages  de  Dalayrac,  tel  qu'il  a  été  publié  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  pré- 
sente quelques  omissions  et  un  assez  grand  nom- 
bre d'inexactitudes.  Nous  croyons  utile  de  le  re- 
constituer entièrement,  et  avec  tous  les  détails 
qu'il  comporte  ;  nous  le  pensons  exact  et  complet, 
tel  qu'il  suit]:  1°  V Eclipse  totale,  un  acte,  Comé- 
die-Italienne, 7  mars  1782;  2°  le  Corsaire,  trois 
actes,  id.,  17  mars  1783  ;  3»  les  Deux  Tuteurs, 
deux  actes,  id.,  8  mai  1784  (cet  ouvrage  avait 
été  joué  d'abord  à  la  cour,  sous  ce  titre  :  les  Deux 
Soupers;  il  fut  réduit  plus  tard  en  un  acte);  4° 
V Amant  statue,  un  acte,  id.,  4  août  1785  (trans- 
formation d'une  pièce  jouée  au  même  théâtre, 
sous  forme   de  coméilie,   au   mois   de   février 
1781);  5°  la  Dot,  trois  actes,  id.,  21  novembre 
1785;  &«  Nina  ou  la  Folle  par  amour,  un  acte, 
id.,  15  mai   1786;  '"  Azémia  ou  les  Sauvages 
trois  actes,  id.,  2  ou  3  mai  1787  (ouvrage  joué  au 
théâtre  de  la  cour,  à  Fontainebleau,  en  décembre 
1786,  sous  ce  titre  :  le  Nouveau  Robinson,  et 
profondément  remanié  pour  sa  représentation  à 
Paris,  surtout  en  ce  qui  concerne  le  troisième 
acte,  qui  fut  presque  entièrement  refait)  ;  8°  iîe- 
nawrf  d'^s^,  deux  actes,  id.,  19  juillet  1787;  9° 
les  Deux  Sérénades,  deux  actes,  id.,  23  janvier 
1788  ;  10"  Sargines  ouTÉlève  de  l'amour,  qua- 
tre actes,  id.,  14  mai  1788;  11°  Fanchette,  deux 
actes,  id.,  13  octobre  1788;  12"  les  Deux  Pe- 
tits Savoyards,  un  acte,  id.,  14  janvier  1789;  13" 
Baoul,  sire  de  Créqui,  trois  actes,  id.,'3i  octobre 
1789;  14"  la  Soirée  orageuse,  un  acte,  id.,  29  mai 
1790;  15"  le  Chêne  patriotique,  deux  acles,  id., 
10  juillet  1790;  16"  Vert-Vert,  un  acte,  id.,  11 
octobre  1790;  17"  Camille  ou  le  Souterrain, 
trois  actes,  id.,  19  mars  1791  ;  18"  Agnès  et  Oli- 
vier, trois  actes,  id.,  10  octobre  1791  ;  19"  Phi- 
lippe et  Georgette,  un  acte,  id.,  28  décembre 
1791;   20°   Tout  pour  Vamour  ou  Juliette  et 
Roméo,  id.,   6  juillet    1792;  21"  Ambroise  ou 
Voilà  ma  journée,  un  acte,  id.,  12  janvier  1793  ; 
22"  Asgill,  ou  le   Prisonnier  de  guerre,  un 
acte,  id.,  l^"'  mai  1793;  23"   Urgande  et  Mer- 
lin, trois  actes,  id.,  4  octobre  1793  ;  24°  la  Prise 
de  Toulon,  un  acte,  th.  Feydeau,  1^'  février 
1794  ;  25"    le  Congrès  des  rois,  trois  actes  (en 
société  avec  une  dizaine  de  compositeurs),  th.  Fa- 
vart  (Comédie-Italienne),  26  février  1794;   26» 
l'Enfance  de  J.-J.  Rousseau,  un  acte,  id.,  23 


11 


224 


DALAYRÀG  —  D'ALBERT 


mai  1794  ;  27"  le  Détenu  ou  Cange,  commission- 
naire de  Lazare,  un  acte,  18  novembre  1794; 
28»  la  Pauvre  Femme,  un  acte,  th.  Favart,  8 
avril  1795;  29"  Adèle  et  Dorsan,  trois  actes, 
id.,  27  avril  1795;  30"  Marianne]  un  acte,  id., 
7  juillet  17'J6  ;  31"  la  Maison  isolée  ou  le  Vieil- 
lard des  Vosges,  à^u\  actes,  id.,  11  mai  1797; 
32°  la  Leçon  on  la  Tasse  de  glace,  un  acte,  th. 
Feydeau,  24  mai  1797;  33"  Gulnare  ou  l'Es- 
clave persane,  un  acte,  th.  Favart,  9  janvier 

1798  ;  34"  Alexis  ou  V Erreur  d'un  bon  père, 
un  acte,  tli.  Feydeau,  24  janvier  1798  ;  3j°  Léon 
ou  le  Château  de  Monténéro,  trois  actes,  th. 
Favart,  15  octobre  1798  ;  36°  Adolphe  et  Clara 
ou  les  Deux  Prisonniers,  un  acte,  id.,  10  février 
1799;  37°  Laiire  ou  l'Actrice  chez  elle,  un  acte, 
id.,  26  septembre  1799;  38°  Arnill  ou  le  Pri- 
sonnier américain,  un  acte,  id.,  22  novembre 

1799  (ouvrage  qui  n'est  qu'une  seconde  édition, 
remaniée,  à'Asgill  ou  le  Prisonnier  de  guerre)  ; 
39°  le  Pocher  de  Leucade,  un  acte,  id.,  13  fé- 
vrier 1800  ;  40"  une  Matinée  de  Câlinât  ou  le 
Tableau,  un  acte,  th.  Feydeau,  28  septembre 
1800;  41°  Maison  à  vendre,  un  acte,  th.  Fa- 
vart, 22  octobre  1800;  42"  Léhéman  ou  la  Tour 
de  Aeicstadt,  trois  actes,  Opéra-Comique,  1 1 
décembre  iSOl  ;  43"  l'Antichambre  ou  les  Va- 
lets maîtres,  un  acte,  id.,  26  février  1802;  44° 
la  Boucle  de  cheveux,  un  acte,  id  ,  27  octobre 
1802  (ouvrage  tombé  le  soir  de  la  première  re- 
présentation, refait  par  ses  auteurs  et  rejoué 
avec  succès  le  23  novembre  suivant);  ib"  Pica- 
ros  et  Diego  ou  la  Folle  Soirée,  un  acte,  id.,  2 
mai  1803  (seconde  édition,  remaniée,  de  l'Anti- 
chambre, qui,  pour  cause  politique,  n'avait  eu 
qu'une  seule  représentation);  46"  la  Jeune  Prude 
ou  les  Femmes  entre  elles,  un  acte,  id.,  14  jan- 
vier 1804  ;  47°  îine  Heure  de  mariage,  un  acte, 
id.,  19  mars  1804;  48"  le  Pavillon  du  Calife, 
deux  actes,  Opéra,  11  avril  1804  ;  49"  Gulistan 
ou  le  Huila  de  Samarcande,  trois  actes,  Opéra- 
Comique,  29  septembre  1805  ;  50°  Deux  Mots 
ou  une  Nuit  dans  la  forêt,  un  acte,  id.,  9  juin 
1806;  51"  Koulouf  o\x  les  Chinois,  trois  actes, 
id.,  18  décembre  1806;  52"  Lina  ou  le  Mystère, 
trois  actes,  id.,  8  octobre  1807  ;  53"  Élise-IIor- 
tense  ou  les  Souvenirs  de  l'Enfance,  un  acte, 
id.,  25  octobre  1809;  54"  le  Poète  et  le  Musi- 
cien ou  Je  cherche  un  sujet,  trois  actes,  id., 
30  mai  1811  ;  55"  le  Pavillon  des  Fleurs  ou 
les  Pécheurs  de  Grenade,  un  acte,  id.,  13  mai 
4822  (tranvformation  du  Pavillon  du  Calife,  re- 
présenté précédemmentà  l'Opéra).  Ces  deux  der- 
niers ouvrages  sont  posthumes,  Dalayrac  étant 
morten  1809.  Ce  compositeur  avait  écrit  quelques 
xouplets  pour  une  comédie  de  Colin  d'Harleville, 


Rose  et  Picard  ou  la  Suite  de  «  l'Optimiste,  » 
jouée  à  la  Comédie-Française  en  1794  ou  1795. 
Selon  les  renseignements  donnés  par  Guilbert  de 
Pixerécourt  dans  son  Théâtre  choisi,  il  aurait 
aussi  fait  la  musique  de  deux  opéias-comiques 
restés  inédits  :  le  Héros  en  vogage,  et  Zozo  ou 
le  Mal  avisé. 

Élève  de  Langlé,  Dalayrac  reçut  aussi  sinon 
des  leçons,  du  moins  des  conseils  de  Grétry; 
c'est  ce  qui  résulte  des  paroles  de  celui-ci  dans 
ses  Essais  sur  la  musique  :  «  Sans  être  mon 
élève,  dit-il,  Dalayrac  est  le  seul  artiste  qui, 
avant  d'entrer  dans  la  carrière,  a  fréquenté  long- 
temps mou  cabinet.  » 

Dalayrac  avait  épousé  une  jeune  comédienne 
qui,  sous  le  nom  d'Adeline,  avait  joué  les  amou- 
reuses au  théâtre  de  Montpellier,  de  1789  à  1791, 
était  venue  ensuite  au  théâtre  Louvois  lors  de  son 
ouverture  en  cette  dernière  année,  et  y  était  res- 
tée jusqu'au  mois  d'août  1792.  Elle  était  tort  jo- 
lie, très-artiste,  et  douée  d'une  rare  intelligence. 
Quelques  années  après  la  mort  de  Dalayrac,  elle 
épousa  en  secondes  noces  l'architecte  Jaunetz, 
dont  elle  se  sépara  au  bout  de  peu  de  temps,  et 
elle  mourut  le  30  juin  1819,  âgée  t^e  50  ans. 

On  trouve  dans  le  volume  d'Adolphe  Adam  in- 
titulé Souvenirs  d'un  Musicien  une  petite  étude 
sur  Dalayrac.  M.  Amédée  de  Bast  a  publié  dans 
un  journal  de  Bordeaux,  la  Guienne  (N"*  des  2, 
3,  4,  5,  6,  7,  8  et  9  mai  1865),  une  série  de 
feuilletons  sous  ce  titre  :  Nicolas  D'Àlayrac  (on 
sa't  que  c'est  ainsi  que  le  nom  doit  s'orthogra- 
phier). Enfin,  il  existe  une  brochure  de  M.  Alexan- 
dre Fourgeaud,  intitulée  :  les  Violons  de  Da- 
layrac (Paris,  Leclère,  1856,  in-8  de  29  pp.). 

D'ALBERT  (Ch.^rles),  danseur,  chorégra- 
phe et  musicien  anglais,  d'origine  française,  na- 
quit près  de  Hombourg  en  1815.  A  la  mort  de 
son  père,  ancien  capitaine  de  cavalerie  dans 
l'armée  de  Napoléon,  le  jeune  D'Albert  partit 
avec  sa  mère  pour  Londres,  oii  il  s'adonna  sé- 
rieusement à  l'étude  du  piano  sous  la  direction 
de  Kalkbrenner,  et  vint  ensuite  à  Paris,  oii  il 
travailla  simultanément  la  musique  et  la  danse. 
De  retour  à  Londres  après  une  absence  de  plu- 
sieurs années,  il  devint  premier  danseur  et  maî- 
tre de  ballets  au  théâtre  de  Covent-Garden  ; 
mais  il  abandonna  bientôt  la  scène  pour  se  li- 
vrer à  l'enseignement  et  à  la  composition,  et 
parvint,  dit-on,  à  rendre  son  nom  populaire  en 
Angleterre.  C'est  dans  la  musique  de  danse  sur- 
tout que  M.  D'Albert  s'est  distingué  ;  ou  cite, 
parmi  ses  productions  les  plus  oiiginales  en  ce 
genre  :  la  Chasse  des  ny7nphes,  la  Péri,  Faust, 
la  Reine  du  bal,  Fascination,  le  Lys  de  la  val- 
lée, Sweethearts,  valses;  la  Polka  du  Sultan, 


D'ALBERT  —  DALL'ARGINE 


2-25 


Coquette  Isabelle,  Hclena,  King  Pippin,  la 
Noce,  Iq  Polka  du  soldat,  polios  ;  Rink  galop, 
r Express,  Pclissier,  galops;  etc. 

DALBESIO  ( ),  pianiste  et  composi- 
teur pour  son  instrument,  est  depuis  longues  an- 
nées établi  à  Turin,  où  son  enseignement  est  tiès- 
recherché,  et  où  il  fait  entendre  périodiquement 
ses  élèves  dans  des  séances  qui  obtiennent  de  vé- 
ritables succès.  M.  Dalbesio  a  publié  un  assez 
grand  nombre  de  compositions  pour  le  piano,  et 
il  a  fait  représenter  en  1870  à  Turin,  sur  un 
théâtre  d'amateurs,  un  petit  opéra  bouffe  intitulé 
Progetto  di  melodramma. 

DAL  COlîrMETTO  (Antonio),  compositeur 
italien  du  seizième  siècle,  a  fait  la  mu.sique  de 
VEgle,  pastorale  écrite  sur  des  paroles  de  Jean- 
Baptiste  Giraldi-Cinfhio,  de  Ferrare,  qui  fut  re- 
présentée dans  la  maison  de  l'auteur  et  aux  frais 
de  l'Université,  en  présence  de  toute  la  cour  du- 
cale, les  24  février  et  4  mars  1345. 

On  ne  doit  pas  confondre  ce  genre  de  pasto- 
rale avec  ce  qu'on  a  appelé  plus  tard  l'opéra. 
Dans  l'Egle,  comme  dans  l'Aretusa,  jouée  éga- 
lement à  Ferrare,  en  lôflS,  avec  la  musique 
d'Alphonse  Vivola,  la  musique  ne  servait  que 
comme  accompagnement  et  pour  annoncer  cer- 
tains personnages.  Le  premier  drame  chanté 
reste  toujours  la  Dafne  de  Rinuccini,  musique 
deCaccini  et  de  Péri  (Florence,  1594). 

J.  D.  F. 
DALLA  BARATTA  ( ),  composi- 
teur italien,  s'est  fait  connaître  dans  sa  patrie  par 
plusieurs  opéras  qui  ont  été  représentés  sans 
qu'aucun  d'eux  fit  sortir  le  nom  de  leur  auteur 
de  son  obscurité.  Voici  ceux  dont  je  connais  les 
titres  :  r  il  Cuoco  di  Parig i,  o\)érA  bouffe; 
2°  Bianca  Cappelln,  sérieux  ;  3°  le  Avventure 
d'wn  ^oe/a,  opéra  comique  (Padoue,  1869).  M. 
Dalla  Baratta  a  écrit  aussi  la  musique  de  deux 
ballets,  dont  l'un  Azemi,  a  été  représenté  à  Flo- 
rence au  mois  d'août  1864,  et  dont  l'autre,  la 
Lanterna  del  Diavolo,  a  été  donné  au  théâtre 
Vicfor-Emmannel,  de  Turin,  en  octobre  1867. 
Quant  à  l'opéra  bouffe  intitulé  Ludro,  dont  M. 
Dalla  Baratta  est  aussi  l'auteur,  j'ignore  s'il  a  été 
représenté  jusqu'ici. 

*  DALLA  CASA  (Lotis).  Cet  artiste  est  au- 
teur de  l'ouvrage  suivant:  Vanarchie  musicale 
réprimée  par  le  despotisme  de  la  gamme  dia- 
tonique, ou  nouvelle  Table  thématique  pour 
être  exécutée  à  quatre  voix  avec  accompa- 
gnement de  piano   (Paris,  Pacini,  in-f"). 

DALL'ARGLXE  (Costantino),  compositeur 
dramatique  italien,  s'est  fait  connaître,  depuis  une 
douzaine  d'années,  par  plusieurs  opéras  et  un 
très-grand  nombre  de  ballets  donnés  sur  divers 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


théâtres  de  la  Péninsule,  mais  surtout  par  la  sin- 
gulière idée  qu'il  a  eue  de  remettre  en  musique 
il  Barbiere  di  Siviglia.  Dès  l'année  1864,  ce 
jeune  artiste  écrivait  coup  sur  coup  la  musique 
de  quatre  ballets  :  la  Visione  d'un  poeta  a 
Rome  (Turin),  Velleda  (Milan,  Scala,  mars), 
Anna  di  Masovia  (Turin,  mai),  et  un  Concorso 
coreogrdfico  (Turin,  th.  Victor-Emmanuel,  octo- 
bre). Au  mois  de  septembre  1865,  le  théâtre  de 
la  Scala,  de  Milan,  représentait  un  nou\eau  bal- 
let, il  Diavolo  a  quattro,  dont  la  musique  avait 
pour  auteurs  MM.  Daii'Argine  et  Pio  Bellini,  et 
dans  la  même  année,  M.  DaU'Argine  donnait  à 
Fermo  un  ouvrage  du  même  genre,  Enrico  di 
Guisa.  Enfin,  au  mois  de  février  1867,  le  jeune 
compositeur  produisait  au  petit  théâtre  de  Santa- 
Radegonda,  à  Milan,  son  premier  opéra,  i  Due 
Orsi,  bouffonnerie  en  trois  actes  dont  M.  Ghis- 
lanzoni  avait  tiré  le  livret  du  vieux  vaudeville  de 
Scribe  intitulé  rOurs  et  le  Pacha  ;  cet  ouvrage 
fut  bien  accueilli,  d'autant  que  les  rôles  princi- 
paux en  étaient  tenus  par  deux  bouffes  excellents, 
M.  Boltero,  fameux  depuis  plus  de  trente  ans  en 
Italie,  et  M.  Altini.  Au  mois  de  juin  de  la 
même  année,  M.  DaU'Argine  donna  à  Ferrare  un 
ballet  intitulé  Amina,  puis,  le  10  décembre  sui- 
vant, il  fil  représenter  au  petit  théâtre  Fossati, 
de  Milan,  une  revue-opéra  qui  avait  pour  titre 
il  Diavolo  zoppo;  il  se  reprit  ensuite  au  genre 
du  ballet,  et  donna  coup  sur  coup  Zelia  (Turin, 
th.  Regio,  janvier  1868),  la  Camargo,  (Milan, 
Scala,  11  janvier  1868),  et  ISissa  e  Saïb  (Turin, 
th.  Regio,  7  mars  1868),  ce  dernier  écrit  en  so- 
ciété avec  M.  Baur. 

C'est  alors  que  cédant,  dit-on,  aux  sollicitations 
du  directeur  du  théâtre  communal  de  Bologne, 
il  consentit  à  remettre  en  musique  le  sujet  que 
Paisiello  avait  illustré  sur  la  scène  lyrique  et  que 
Rossini  avait  immortalisé.  Mais  en  celte  occasion 
il  paya  d'audace,  et,  avant  même  la  représenta- 
tion de  son  ouvrage,  il  écrivit  à  Rossini  pour  le 
prier  de  vouloir  bien  accepter  la  dédicace  de  la 
partition.  Je  ne  connais  pas  la  lettre  par  laquelle 
M.  DaU'Argine  adressa  sa  demande  au  maître, 
mais  je  connais  la  réponse  de  celui-ci,  qui  fut 
publiée  à  cette  époque  par  les  journaux  italiens, 
et  dont  je  donne  ici  la  traduction  : 

«  Passy,  8  août  1858.  —  Je  crois  devoir  vous 
aviser  que  j'ai  reçu  votre  aimable  lettre  du  2  cou- 
rant. Votre  nom  ne  m'était  nullement  inconnu, 
d'autant  que  depuis  quelque  temps  le  bruit  est 
venu  jusqu'à  moi  du  brillant  succès  que  vous 
avez  obtenu  dans  votre  opéra  /  due  Orsi ,-  il  ne 
m'est  donc  que  plus  agréable  de  voir  que  vous 
me  tenez  en  quelque  estime,  puisque  vous  vou- 
lez bien  (et  vous  vous  trouvez  audacieux  pour 
T.  I.  15 


226 


DALL'ARGINE  —   DALL'OLIO 


cela!)  me  dédier  l'œuvre  à  laquelle  vous  mettez 
la  dernière  main.  —  Ce  seul  mot  audacieux,  je 
le  trouve  superflu  dans  votre  charmante  lettre.  Je 
ne  me  suis  (  ertainement  pas  cru  audacieux  alors 
que  je  mis  en  musique,  en  douze  jours,  après  le 
papa  Paisiello  (dopo  il impà  Paisiello),  le  gra- 
cieux sujet  de  Beaumarchais,  Pourquoi  le  seriez- 
voiis  en  venant,  après  un  demi-siècle  et  plus, 
mettre  nouvellement  en  musique  un  Barbier  ?  — 
On  a  représenté,  il  y  a  peu  de  temps,  sur  un 
théâtre  de  Paris,  celui  de  Paisiello  (1)  :  brillant 
comme  il  est  de  mélodies  spontanées,  d'esprit 
scénique,  il  a  obtenu  un  succès  très-vif  et  bien 
mérité.  Beaucoup  de  polémiques,  beaucoup  de  dis- 
"Cussions  ont  été  soulevées  et  le  sont  encore  entre 
les  amateurs  de  l'ancienne  et  de  la  nouvelle  mu- 
sique. Vous  devez  vous  en  tenir  (du  moins,  je 
vous  le  conseille)  à  l'ancien  proverbe  qui  dit  : 
Entre  deux  plaideurs  un  troisième  profite. 
Prenez  pour  certain  que  je  désire  que  vous  soyez 
cetroi>ième.  Puisse  donc  votre  nouveau  Barbier 
réussir  comme  je  le  souhaite,  et  assurer  à  son 
auteiu'  et  à  notre  commune  patrie  une  gloire  im- 
périssable !  Tels  sont  les  souli;iits  que  vous  offre 
Je  vieillard  Pésarais  qui  a  nom 

RossiM. 

«  Comme  je  l'ai  dit  ci-dessus,  il  me  sera  cher 
d'accepter  la  dédicace  de  notre  nouveau  travail. 
Je  vous  prie  d'en  recevoir,  par  anticipation,  mes 
remerciments.  » 

Je  ne  sais  si  le  ton  un  peu  ironique  qui  carac- 
térise la  fin  de  cette  lettre  aura  échappé  à  l'au- 
teur du  nouveau  Barbier.  Toujours  est-il  que 
l'ouvrage  fut  joué  à  Bologne  le  11  novembre 
1868,  et  que  la  représentation  donna  lieu  à  di- 
vers incidents  entre  une  partie  des  spectateurs, 
qui  tenaient  bon  pour  le  chef-d'œuvre  de  Rossini, 
et  l'autre  partie,  qui  voulait  voir  réussir  ['(cuvre 
nouvelle.  C'était  la  répétition  de  la  lutte  qui  s'é- 
tait produite  jadis  entre  les  partisans  de  Paisiello 
et  ceux  de  Rossini.  Mais  M.  Dall'Argine  n'avait 
point  le  génie  de  l'auteur  de  Tancredi,  et  bien- 
tôt il  put  voir  que  son  audace  n'avait  été  que  de 
la  présomption.  Peu  de  jours  après,  en  effet,  le 
bruit  s'était  calmé,  et  la  nouvelle  partition  ren- 
trait dans  l'ombre  la  plus  complète,  incapable 
qu'elle  était  de  soutenir  la  comparaison  avec 
■celle  de  Rossini.  Un  journal  s'exprimait  ainsi  à  ce 
sujet  :  «  On  commence  à  pouvoir  porter  un  juge- 
ment impartial  sur  le  nouveau  Barbierede  Dall'- 
Argine, et  ce  jugement  est  bel  et  bien  une  con- 
<lamnation  sans  appel.  Le  jeune  et  présomptueux 

(I)  Une  mignonne  scène  musicale,  trop  lot  disparue, 
l€s  Fanais  es  Parisiennes,  avait  en  effet  exhumé  l.i  par- 
tliion  du  lieimer  Barbier  et  donné  uni;  traduction  de 
l'ouvrage  de  Palsiedo. 


maestro  aurait  pu  essayer  de  faire  non  pas  mieux 
mais  autretnent  que  Rossini,  comme  Rossini  avait 
fait  autrement  que  Paisiello;  il  a  préféré  prendre 
le  sujet  corps  à  corps,  sans  changer  une  syllabe 
au  libretto  dont  sest  servi  l'illustre  Pésarais, 
qu'il  a  revêtu  d'une  musique  prétentieuse  et 
lourde,  presque  mélodramatique.  La  plupart 
des  caractères,  celui  de  Figaro  en  première  li- 
gne, sont  manques.  L'unité  est  absente  de  cette 
œuvre  indigeste,  et  tous  les  styles  s'y  heurtent. 
M.  Dair.\rgine  a  une  bonne  mt'moire,  mais  point 
d'originalité  ni  de  finesse  Quelipies  morceaux  as- 
sez réussis  ne  rachètent  point  ces  graves  défauts.  » 

Le  résultat  de  cette  tentative  téméraire  sembla 
décourager  le  jeune  musicien  ;  car  je  ne  sache  pas 
que  depuis  lors  il  se  soit  de  nouveau  présenté  au 
theàlre,  si  ce  n'e.st  pour  y  produire  encore  quel- 
ques ballets,  tels  q"e  Brahma,  la  Baltaglia  di 
Legnano  et,  je  crois  au.ssi,  la  Snniramis  du 
i\urd.  On  a  cependant  cité  les  titres  de  plusieurs 
opéras  qu'il  avait  en  portefeuille.  Pieiro  Micca, 
Garello,/Jigenia,  mais,  à  ma  connaissance,  aucun 
de  ces  ouvrages  n'a  été  représenté  jusqu  ici.  M. 
DaU'Argiiie  a  rempli  dans  plusieurs  théâtres  les 
fonctions  de  maestro  concertatore  ;  en  1864,  il 
occu[»aitcet emploi  aulheàtieZiziniad'.^lexandrie 
(Egypte),  et  en  IS75  à  celui  de  Valence  (Espagne), 
Au  commencement  de  1877,  il  remplissait  les 
mômes  fonctions  au  théâtre  de  Mantoue,  lors- 
qu'un soir,  en  dirigeant  la  représentation  de  la 
Confessa  d'Avial/i,  il  fut  frappé  d'apoplexie  et 
tomba  presque  mourant.  On  le  transporta  chez 
lui,  et  il  se  remit  en  apparence  de  cet  accident. 
Mais  sétaut  rendu  à  Mdan  jmur  surveiller  les 
études  d'un  nouveau  ballet,  JS'erone.  il  mourut  en 
cette  ville  le  l*""  mars  1877,  cinq  jours  apiès  l'ap- 
parition de  cet  ouvrage  au  tbéàire  de  la  Scala  (24 
février).  Il  était  âge  seulement  de  trente-quatre 
ans.  Parmi  les  nombreux  ballets  dont  il  a  écrit  la 
musique,  il  faut  encore  citer  un  t'pisodio  délia 
vitn  di  una  Ba/lenua,  Attea,  et  Ane/da. 

*  DAIX'OLIO  (Jean-Baptistf,).  Au  nombre 
des  écrits  de  ce  littérateur,  il  faut  mentionner 
la  Musica,  poemelto,  Modène,  1794.  Dans  cet 
opuscule,  l'auteur,  sous  forme  d'une  lettre  à  lui 
adressée,  trace  une  sorte  <le  biographie  de  Pai- 
siello. 

DALL'OLIO  (Ces.\re),  jeune  compositeur 
italien,  est  l'auteur  d Un  ojiéra  sérieux,  Eltore 
Fieramosca,  qui  a  été  représenté  au  théâtre  com- 
munal de  Bologne  dans  les  premiers  jours  du 
mois  de  novembre  1875.  Cet  ouvrage,  qui,  avant 
son  appaiilion,  a»  ait  fait  concevoir  de  grandes 
espérances  pour  l'avenir  de  son  auteur,  n'a  pas 
été  heureux  à  la  scène  et  n'a  obtenu  que  quatre 
représentations. 


DALL'OREFICE  —  D'ALVIMARE 


227 


DALL'OREFICE  (Giuseppe),  compositeur, 
oé  dans  l'ancien  royaume  fie  Naples,  a  fait  repré- 
senter en  cette  ville,  sur  le  théâtre  Mercadanle, 
le  23  juin  1874,  un  opéra  sérieux  intitulé  Ro- 
vnlda  de'Bardi.  En  1875,  cet  artiste  était  maes- 
tro concertatore  et  chef  de  l'orchestre  de  ce 
théâtre. 

*  D'ALVIMARE  (MAKTiN-PiERRE).Des ren- 
seignements abondants  ont  été  publiés  par  Jal, 
dans  son  Dictionnaire  critique  de  biographie 
et  d'histoire,  sur  cet  artiste  intéressant.  Ces 
renseignements  lui  ont  été  fournis  par  ia  famille 
même  de  l'artiste,  et  je  vais  les  mettre  à  profit 
pour  rectifier  et  compléter  sa  biographie. 

Fils  d'un  avocat  au  parlement  qui  était  en 
même  temps  receveur  des  gabelles  à  Dreux  , 
d'Ahimare  naquit  en  cette  ville  non  en  1770, 
mais  le  18  septembre  1772,  ainsi  que  le  constate 
son  acte  de  baptême.  Il  reçut  une  excellente  édu- 
cation, apprit  de  bonne  heure  le  clavecin  et  la 
harpe,  et,  ayant  été  entendu  du  duc  de  Penlbiè- 
vre,  fut  mené  par  lui  à  Versailles,  à  l'âge  de  sept 
ans  et  demi,  et  joua  devant  la  reine,  qui  en  fut 
enchantée.  Ici,  je  laisse  parler  Jal  : 

«  En  même  temps  que  Martin- Pierre  d'Alvi- 
mare  poussait  ses  études  musicales  et  ses  études 
d'écolier  latiniste,  il  dessinait,  et  c'était  un  de  ses 
goûts  dominants  que  le  dessin.  Il  avait  pris  le 
crayon  à  neuf  ans  et  demi.  A  quatorze  ans,  il  fut 
pourvu  de  la  charge  de  receveur  des  gabelles  en 
survivance  de  son  père  ;  mais  sa  recette  ne 
l'occupa  point  alors.  Il  était  tout  à  son  éduca- 
tion, où  l'on  fil  entrer  bientôt  les  éléments  de  ia 
composition  musicale.  Le  premier  résultat  un 
peu  sérieux  de  son  applicalion  à  ce  nouvel  exer- 
cice de  l'esprit  fut  la  composition  d'un  petit  opéra, 
intitulé  Égté,  dont  les  paroles  étaient  peut-être 
de  lui.  Il  avait  seize  ans  alors,  et  l'on  était  en 
1788.  La  recette  des  gabelles,  comme  tant  d'au- 
tres charges,  pouvait  se  faire  par  procureur.  Il 
ne  plaisait  guère  à  notre  jeune  artiste  de  passer 
sa  vie  sur  des  registres  et  dans  l'atmosphère 
nauséabonde  de  l'administration  :  il  chercha  une 
carrière  qui  lui  permît  de  donner  satisfaction  à 
ses  penchants  pour  les  arts.  L'état  militaire  était 
fort  compatible  avec  la  mu>ique  et  ta  peinture, 
il  demanda  à  prendre  l'épée,  sans  laisser  la  plume 
du  compositeur,  le  clavecin  et  la  liarpe  du  vir- 
tuose, le  crayon  du  dessinateur.  On  lui  procura 
l'entrée  de  la  maison  militaire  du  roi,  et  il  devint 
garde  du  corps  de  Louis  XVI.  C'était  le  temps  où 
la  Chabeaussière  e»  Dala>  rac,  l'un  poète  et  l'autre 
musicien,  étaient  gardes  du  corps  de  Monsieur. 
«  La  Révolution  trouva  d'Alvimare  auprès  du 
trône;  il  était  à  son  poste  à  la  cruelle  journée 
du  10  août  92.  Il  échappa  miraculeusement  au 


massacre,  sortit  des  Tuileries  et  se  réfugia  chez 
le  portier  d'un  de  ses  amis,  qui  lé  coucha  dans  son 
lit  et  le  fit  passer  pour  son  fils  malade,  quand 
les  commissaires  chargés  des  visites  domiciliaires 
vinrent  dans  la  loge  de  cet  honnête  homme  qui 
risquait  sa  tête  pour  sauver  un  étranger.  Il  sortit 
enfin  de  sa  retraite,  cachant  son  nom,  ne  pou- 
vant retourner  à  Dreux  où  il  aurait  été  reconnu, 
et  porté  sur  la  liste  des  émigrés.  Il  fallait  vivre'; 
il  essaya  de  faire  de  son  côté  ce  qu'Isabey  faisait 
du  sien,  des  portraits  en  niiniature  à  vingt-quatre 
et  à  trente  sols.  La  fortune  de  son  père  avait  été 
à  peu  près  détruite  par  la  révolution,  et  s'il  lui 
en  restait  quelque  chose,  comment  pouvait-il  la 
réclamer,  lui  qui  n'était  plus  lui,  et  qui  était 
censé  à  l'étranger .'  Enfin,  les  plus  mauvais  jours 
passèrent  ;  des  ternps  plus  doux  succédèrent  à  la 
tempête.  Une  fabi'ique  de  mouchoirs  de  coton 
imprimés  s'établit  aux  environs  de  Dreux,  il  en 
aida  les  fondateurs  et  devint  dessinateur  de  la 
maison.  Ce  fut  alors  que  ses  amis  travaillèrent  à 
le  faire  rayer  de  la  liste  des  émigrés;  c'éta'it  dif- 
ficile, mais  on  y  réussit  :  le  consulat  venait  de 
remplacer  la  pentarchie  directoriale.  » 

On  sait  ce  que  devint  d'Alvimare  pendant  l'em- 
pire; apiès  l'avoir  rappelé,  Jal  ajoute  :  «  Un 
heureux  retour  de  fortune  rendit  à  d'Alvimare 
une  partie  de  ce  que  lui  avaient  enlevé  les  évé- 
nements ;  il  songea  alors  à  chercher  le  repos 
dans  son  pays  natal.  La  biographie  Félis  dit  à  ce, 
sujet  que  le  12  mars  1812  il  se  démit  de  ses  pla- 
ces, et  partit  pour  Dreux  ;  elle  ajoute  qu'on  pré- 
tendait qu'il  avait  la  faiblesse  de  ne  point  aimer 
qu'on  lui  parlât  de  sa  vie  d'artiste.  Les  faits  don- 
nent un  démenti  à  cette  assertion.  D'Alvimare 
ne  rougit  jamais  d'avoir  dû  à  son  talent  une  vie 
honorable,  d'il'iistres  amitiés,  et  de  hauts  pro- 
tecteurs, non  pour  lui,  mais  pour  les  personnes 
qui  eurent  souvent  recours  à  son  obligeance,  et  le 
trouvèrent  toujours  empressé  a  servir,  et  charita- 
ble. Quand  il  eut  quitté  Paris,  il  continua  à  compo- 
ser et  a  peindre.  Il  existe  de  lui  une  grande  quan- 
tité de  musique  restée  inédite,  bien  des  romances 
très-jolies,  plusieurs  morceaux  remarquables  sur 
les  Méditations  de  M.  de  Lamartine,  et  des 
pièces  de  musique  religieuse.  Après  avoir  aban- 
donné la  harpe  pendant  vingt-cinq  ans,  il  la  re- 
prit |K)ur  jouer  avec  sa  fille  des  duos  composés 
à  l'intention  de  cette  dame.  La  Kestauiation 
faite,  l'ancien  garde  du  corps  devint  colonel  de 
la  garde  nationale  de  Dreux,  retrouvant  dans 
son  cœur  un  ancien  attachement  pour  les  Bour- 
bons, mais  n'oubliant  pas  sans  doute  qu'il  avait 
eu  beaucoup  à  se  louer  de  ses  rapports  avec  la 
maison  impériale,  que  les  rois  jaloux  venaient  de 
ruiner.  »  -, 


228 


D'ALVIMARE  —  DAMSE 


D'Alvimare  mourut  à  Paris  le  13  juin  1839,  à 
l'âge  de  soixante-six  ans. 

DAM  (Mads  Gregers),  violoniste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Swenborg  (Danemark)  d'une  fa- 
mille pauvre,  le  2  avril  1791,  et  montra  des  dis- 
positions précoces  pour  le  violon.  Devenu,  à  l'âge 
de  douze  ans,  élève  du  violoniste  Gregers  Si- 
monson,  il  se  fit  entendre  dans  des  concerts  à 
Copenhague,  et  fut  admis  au  nombre  des  musi- 
ciens de  la  chapelle  royale.  En  1841  il  se  rendit 
à  Berlin,  où  son  talent  le  fit  recevoir  aussi  dans 
la  chapelle  du  roi  de  Prusse,  et  il  resta  en  cette 
ville  jusqu'à  sa  mort,  ai  rivée  vers  1859.  On  a 
gravé,  de  la  composition  de  cet  artiste,  des  qua- 
tuors puur  instrumeats  à  cordes,  deux  duos  de 
violons,  un  adagio  et  une  polonaise  pour  le  même 
instrument. 

DAM  (Hermann-George),  fils  du  précédent, 
violoniste  et  compositeur  comme  lui,  naquit  à 
Berlin  le  5  décembre  1815,  et  fut  élève  de  son 
père  pour  le  violon  et  la  composition.  Musicien 
de  chambre  à  la  chapelle  royale  à  partir  de 
1840,  il  conserva  ses  fonctions  jusqu'à  sa  mort , 
arrivée  le  27  novembre  1858  à  Berlin.  Outre  des 
ouvertures,  des  cantates  et  des  lieder,  on  doit  à 
cet  artiste  les  quatre  opéras  suivants  :  1°  Das 
fisc/iermddchen  {la  Fille  du  Pécfieur),i8'dl  ; 
2"  Cola  Rienzi;  3°  der  Geisterruig  [la  llonde 
du  Sabbat),  1842  ;  4°  die  Englischen  Waaren 
{les  Marchandises  anglaises),  1844.  Hermann- 
Georges  Dam  a  écrit  aussi  deux  oratorios  :  das 
Eallelujah  der  Schopfung  (VAllelaia  de  la 
Création),  1847,  et  die  Gundjlertli. 

DAMAS  ( ),  guitariste  espagnol  con- 
temporain, a  publié  récemment  une  Méthode 
de  guitare,  Madrid,  Romero  y  Andia. 

*  DAMCKE  (Berthold),  est  mort  à  Paris  le 
15  février  1875.  11  avait  été  l'un  des  plus  inti- 
mes amis  et  des  plus  fervents  admirateurs  de 
Berlioz,  qui  le  nomma  l'un  de  ses  exécuteurs 
testamentaires.  Depuis  quelques  années,  Damcke 
donnait  tous  ses  soins  à  l'admirable  édition  des 
partitions  françaises  à  orchestre  de  Gluck,  si 
généreusement  entreprise  par  M"^Pellelan.  {\'oy. 
ce  nom.) 

DAMM  (F ),  compositeur  allemand,  a 

publié  pour  le  piano  une  cinquantaine  d'œuvres 
de  nmsique  de  genre,  parmi  les(iuelles  on  remar- 
que des  menuets,  idylles,  fantaisies,  mélodies, 
pièces,  impromptus,  etc.,  etc.  Tout  cela  n'esl,  je 
crois,  que  de  valeur  très  secondaire. 

*DAMOREAU  (M"«  Lalre-Cinthie  MON- 
TALANT),  est  morte  à  Paris  le  ?5  février  1863.  Le 
feuilletoniste  Fiorenfino  a  publié  dans  le  Moni- 
teur universel  des  mois  de  mars  et  avril  sui- 
vants (sous  le  pseudonyme  :  A.  de  Rovray)  une 


notice  intéressante  sur  cette  célèbre  cantatrice 
notice  pour  laquelle  il  avait  eu  à  sa  disposition 
des  documents  particuliers  et  inédits. 

Le  mari  de  cette  grande  artiste,  Vincent 
Charles  Damoreau  ,  qui  avait  été  chanteur  lui- 
même,  mais  que  la  gloire  de  sa  femme  n'avait 
pu  réussir  à  tirer  de  l'obscurité,  ne  lui  survécut 
que  de  quelques  mois  :  il  mourut  à  Écouen  le  10 
octobre  1863.  Il  était  né  le  3  juin  1793. 

DAMROSCII  (LÉopoLD) ,  violoniste  distin- 
gué, chef  d'orchestre  et  compositeur,  est  né  à 
Posen  en  1832.  Il  étudia  la  musique  en  même 
temps  que  la  médecine,  travailla  le  violon  avec 
Hubert  Ries,  et  apprit  de  Dehn  la  tliéorie  de 
l'art  et  la  composition.  Après  avoir  pratiqué  la 
médecine  jusqu'en  1854  dans  sa  ville  natale,  il 
alla  s'établir  à  Magdebourg,  puis  à  Berlin,  oii  il 
se  fit  entendre  comme  violoniste.  En  1856,  ^il 
était  attaché  à  la  chapelle  de  la  cour  de  Wei- 
mar,  et,  partisan  déclaré  des  idées  de  M.  Liszt, 
il  exposait  ses  doctrines  dans  la  Nouvelle  Ga- 
zette musicale  de  Leipzig.  De  retour  à  Posen, 
il  s'y  lit  connaître  comme  chef  d'orchestre,  puis, 
en  1866,  alla  remplir  les  mêmes  fonctions  à 
Breslau,  oii  il  dirigea  l'exécution  des  œuvres  les 
plus  jmportanles  de  Berlioz,  de  M.  Liszl  et  de 
M.  Richard  Wagner.  Enfin,  en  1871,  M.  Dam- 
rosch  partit  pour  l'Amérique,  dirigea  à  New- 
York  la  société  de  chant  Arion,  et  bientôt  prit 
en  cette  ville  la  direction  delà  Gazelle  musicale 
afin  d'y  propager  les  doctrines  de  M.  Richard 
Wagner.  Comme  compositeur,  M.  Damrosch 
a  écrit  des  ouvertures,  des  sérénades,  des  lieder 
et  plusieurs  concertos  de  violon.  —  M""'  Hé- 
lène Damrosch,  femme  de  cet  artiste,  est  con- 
sidérée comme  une  excellente  chanteuse  de 
lieder. 

DAMSE  (Joseph),  chanteur,  comédien,  ins- 
trumentiste   et    compositeur,    naquit    dans    la 
Russie  rouge,  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  et 
montra,  dès  ses  plus  jeunes  années,  des  ap- 
titudes toutes  particulières  pour  la  musique.  Il 
étudia  d'abord  la  clarinette ,  et  se  vit  fort  bien 
accueilli  en  se  faisant  entendre  sur  cet  instru- 
ment dans  un  concert  qu'il  donna  à  Varsovie 
en  1815  ;  il  travailla  ensuite  le  trombone-basse, 
puis  aborda  la  carrière  théâtrale  en  jouant  les 
rôles  comiques  dans  les  opérettes,  bientôt  se  fit 
applaudir  comme  compositeur  en  écrivant  ua 
grand  nombre  de  maziircks,  de  polonaises  et  de 
cracowiaks   qui  étaient  fort  goûtées  du   public 
polonais,  et  enfin  songea  à  écrire  pour  l'orchestre 
et  pour  la  scène.  S'élant  essayé  dans  la  mu>ique 
d'un  ballet  qui  fut  accueilli  avec  favpui,  il  se 
vit  ouvrir  les  portes  du  grand  théâtre  de  Var- 
sovie, pour  lequel  il  composa  deux  opéras. 


I 


DAMSE  —  DANEL 


229 


A  dater  de  ce  moment,  la  fécondité  de  Damse 
ne  connut  plus  de  bornes  ;  doué  d'une  grande 
facilité  naturelle,  il  se  produisit  dans  tous  les 
genres,  efpresque  toujours  rencontra  le  succès. 
Il  écrivit  des  chants  à  une  et  plusieurs  voix, 
des  messes  et  autres  compositions  religieuses 
dont  il  dirigeait  lui-même  l'exécution  dans  les 
différentes  églises  de  Varsovie,  des  morceaux 
pour  orchestre  parmi  lesquels  une  polonaise,  in- 
titulée la  Soirée  de  Saint-Sylvestre  ,  produisit 
une  vive  impression,  et  se  fit  remarquer  enfin 
pour  ses  compositions  de  musique  militaire, 
entre  autres  pour  une  grande  marche  sur  des  airs 
nationaux  qui  fit  fureur. 

Api  es  avoir  fait  exécuter  en  1837,  dans  l'église 
des  Augustins,  une  messe  qui  fut  fort  bien  ac- 
cueillie, il  fit  représenter  un  opéra-comique  : 
Przykas  (Ordre),  qui  ne  fut  pas  moins  heureux. 
Il  donna  ensuite  plusieurs  autres  ouvrages  dra- 
matiques :  Spis  icnjs/i  (1841),  la  Sœur  de  lait, 
Annette,  un  ballet,  le  Diable  boiteux,  sur  un 
scénario  de  Taglioni,  et,  en  1844,  un  grand  opéra 
intitulé  le  Contrebandier.  En  1842,  il  avait  fait 
entendre  aux  Augustins  un  Offertoire  qui  mar- 
quait un  progrès  considérable  dans  .son  style; 
en  1848,  il  produisait  une  messe  solennelle,  et 
enfin  il  ne  cessait  de  tenir  le  public  en  haleine 
par  une  foule  de  compositions  toujours  nouvelles. 
Damse  a  été,  on  peut  le  dire ,  l'un  des  artistes 
polonais  les  plus  féconds  et  les  plus  applaudis  ; 
il  a,  dit-on,  écrit  la  musique  de  vingt-six  opéras 
ou  opéras-comiques,  de  sept  ballets,  d'une  ving- 
taine de  vaudevilles  et  d'une  trentaine  de  mélo- 
drames, sans  compter  ses  nombreuses  compo- 
sitions dans  d'autres  genres. 

Damse  est  mort  le  15  décembre  1852,  à 
Rudno,  près  de  Varsovie ,  dans  une  maison  de 
campagne  appartenant  à  sa  fille,  qui  s'est  rendue 
célèbre  comme  artiste  dramatique. 

DAJVBÉ   (Jules)  ,    violoniste  et   chef  d'or- 
chestre, né  à  Caen  le  15  novembre   1840,  vint 
de  bonne  heure  à  Paris  et  fit  ses  études  musi- 
cales au  Conservatoire,  oii  il  devint  l'élève  de 
M.  Savard  pour  le  solfège  et  de  Girard  pour  le 
violon.  Après  avoir  fait  pendant  plusieurs  an- 
nées partie  de  Porchestre  de  l'Opéra ,  il  fonda, 
à  la  fin  de  1871,  une  entreprise  de  concerts  à  la- 
quelle il  donna  son  nom  ;  les  Concerts-Danbé, 
dirijjés  par  leur  fondateur,  avaient  lieu  dans  la 
grande   salle  du  Grand-Hôtel,   les  programmes 
en  étaient  dressés  avec  goût  et  intelligence,  et 
pendant   trois    hivers    le    petit   orchestre    de 
M.  Danbé,  bien  choisi  et  bien  discipliné,  obtint 
de  réels  succès. 

M.  Danbé,  qui  a  publié  quelques  morceaux  de 
genre  et  quelques  transcriptions  pour  le  violon, 


est  aujodrd'hui  chef  d'orchestre  du  Théàtre-Ly- 
rique.  Il  fait  partie  de  la  Société  des  concerts  du 
Conservatoire. 

*  DANCLA  (Charles).  Le  catalogue  des 
compositions  de  cet  arliste  atteint  aujourd'hui 
le  chiffre  de  plus  de  140  œuvres,  parmi  lesquelles 
on  peut  surtout  citer  les  suivantes  :  C École  de 
r expression,  18  mélodies  pour  violon  seul,  op. 
82  ;  l'École  de  la  mélodie,  6  pièces  pour  2  vio- 
lons avec  piano,  op.  t29  ;  Petite  École  de  la 
mélodie,  12  petites  pièces  pour  violon  avec 
piano,  op.  123;  r  Utile  et  l'Agréable,  24  mélo- 
dies dans  tous  les  tons  avec  piano,  op.  115; 
l'Art  de  moduler  sur  le  violon,  165  préludes 
(en  société  avec  Panseron)  ;  12  petits  airs  variés, 
op.  89  et  118;  6  duos  pour  deux  violoncelles, 
op.  26  ;  9  romances  sans  paroles,  pour  violon, 
op.  46,  57  et  76  ;  6  petits  trios  pour  trois  vio- 
lons, op.  99;  3  petits  divertissements,  op.  106 ;rf 
6  petites  fantaisies  originales  et  faciles  pour  vio- 
lon, avec  piano,  op.  127;  3  sonates  pour  violon, 
avec  accompagnement  d'un  2^  violon,  op.  138  ; 

3  quatuors  pour  instruments  à  cordes,  op.  101, 
113  et  125  ;  3  fantaisies  pour  violon,  op.  28,  42 
et  47;  symphonie  pour  deux  violons  et  violon- 
celle, op.  105  ;  Hymne  à  l'Agriculture,  choeur 
à  4  voix  d'hommes;  la  Résurrection,  id.  ;  le 
Vengeur,  id.;  Christophe- Colomb,  scène  dra- 
matique instrumentale  pour  orchestre;  Charles- 
Quint,  ouverture;  symphonie  en  sol  majeur, 
pour  orchestre;  Ave  Maria  pour  baryton  ou  so- 
prano, avec  orgue  ou  orchestre  ;  Laudate  Domi- 
num,  cantique  avec  violon  et  orgue;  etc.  — 
M.  Charles  Dancla  est  l'auteur  des  deux  écrits  sui- 
vants :  Les  Compositeurs  chefs  d'orchestre,  ré- 
ponse à  M.  Charles  Gounod,  membre  de  l'Insfi- 
tut  (Paris,  Chatot,  1873,  in-8"  de  7  pp.),  et  Mis- 
cellannées  musicales  (Paris,  18'7,  in- 8°).  En 
1861,  l'Académie  des  Beaux-Arts  a  partagé  entre 
cet  artiste  et  M"'  Farrenc  le  prix  créé  par 
M.  Chartier  «  en  faveur  des  meilleures  œuvres 
de  musique  de  chambre,  trios,  quatuors,  etc  ,  qui 
appiocheront  le  plus  des  chefs-d'œuvre  en  ce 
genre.  »  M.  Dancla  est  chevalier  de  la  Légion 
d'honnneur. 

*  DANCLA  (Arnaud),  est  mort  au  mois  de 
février  1862,  à  Bagnères-de-Bigorre,  sa  ville  na- 
tale, où  il  s'était  rendu  pour  raisons  de  santé. 

*  DANEL  (  Lolis-Alrert-Joseph  ),  ancien 
imprimeur  à  Lille,  grand  amateur  de  musique, 
auteur  d'une  Méthode  simplifiée  pour  l'ensei- 
gnement populaire  de  la  nivsir/ue  vocale,  est 
mort  à  Lille  le  12  avril  1875.  Cet  homme  de 
cœur,  si  dévoué  et  si  désintéressé,  fut  l'objet 
d'hommages  tout  particuliers,  et  des  députa- 
tions  des  différentes  localités  du  département  du 


230 


DANEL  —  DANIEL 


Kord,  de  Paris,  de  plusieurs  grandes  villes  de 
France  et  de  diverses  villes  de  la  Belgique,  tinrent 
à  honneur  d'assister  à  ses  funérailles.  Danel 
était  né  le  2  mars  17S7,  et  non  1789,  comme 
il  a  été  imprimé  par  erreur  dans  la  Biographie 
•universelle  des  Musiciens, 

DAIVHAUSER  (Adolphe-Léopold)  ,  pro- 
fesseur et  compositeur,  est  né  à  Paris  le  26  fé- 
vrier 1835.  Il  fit  ses  études  au  Conservatoire,  on 
ileut  pour  professeur  d'harmonie  et  accompagne- 
ment M.  Bazin,  pour  professeur  de  fuaue  et  de 
composition  Halévy  et  M.  Henri  Reber.  Après 
avoir  remporté  les  premiers  prix  d'harmonie  et 
de  fugue,  il  prit  part  au  grand  concours  de  l'Ins- 
titut, et  obtint  le  second  prix  de  Rome  en  1862. 
M.  Danhauser  s'est  livré  fort  jeune  à  l'enseigne- 
ment; il  est  aujourd'hui  professeur  de  solfège 
au  Conservatoire  (classe  des  élèves  chanteurs),  et 
41  a  publié  un  ouvrage  intitulé  :  Théorie  de  la 
musique  (Paris,  Lemoine,  in^").  Cet  artiste  a 
écrit  la  musique  du  Proscrit,  drame  musical  en 
un  acte  avec  chœurs,  représenté  par  les  élèves 
de  l'institution  de  JNoIre-Dame  des  Arts,  à  Au- 
teuil,  le  31  décembre  1860;  il  avait  fait  recevoir 
au  théàlre  de  l'Athénée  un  opéra  en  trois  actes, 
Maures  et  Castillans,  qui  ne  put  être  joué  par 
suite  de  la  disparition  de  ce  théâtre.  Depuis  le 
mois  d'août  1875,  M.  Danhauser  est  inspecteur 
de  l'enseignement  du  chant  dans  les  écoles  de  la 
ville  de  Paris.  Il  a  publié  sous  le  titre  de  Soirées 
orphéonigues  un  recueil  de  12  chœurs  à  trois 
Toix  égales,  et  a  donné  aussi  quelques  mélodies 
vocales. 

DAJXIEL  ■■( ),    luthier,  exerçait   cette 

profession  à  Anvers  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle.  En  1636 ,  il  construisait , 
pour  la  chapelle  du  Saint- Sacrement  de  la  cathé- 
drale de  cette  ville ,  une  contrebasse  avec  son 
étui.  C'est  sans  doute  un  des  premiers  instru- 
ments de  ce  genre  qui  furent  fabriqués,  car  on 
sait  que,  en  France  tout  au  moins,  l'usage  de 
la  contrebasse  dans  les  orchestres  ne  date  que 
des  premières  années  du  dix-huitième  siècle. 

*  DANIEL  (Don  Salvador).  On  doit  à  cet 
artiste  le  traité  publié  sous  ce  titre  :  Cours  de 
plain-chant  dédié  aux  élèves  maures  des 
écoles  normales  primaires  (Paris  et  Bourges, 
1845,  gr.  in-8°) ,  ainsi  qu'une  brochure  relative 
aux  deux  ouvrages  antérieurement  publiés  par 
lui  :  Commentaires  de  l'Alphabet  musical  et 
de  la  Grammaire  philharmonique  (Paris , 
1839,  in-8°).  C'est  par  erreur  qu'il  a  été  dit 
dans  la  Biographie  universelle  des  Musiciens 
que  le  premier  volume  de  ce  dernier  ouvrage 
avait  seul  paru  ;  les  deux  volumes  qui  compo- 
sent la  Grammaire  philharmonique  ont  bien 


été  publiés  tousdeux,  ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer 
à  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris,  qui 
possède  l'ouvrage  complet.  J'ignore  l'époque 
de  la  mort  de  Salvador  Daniel. 

DAXIEL  (Salvador),  musicien  obscur  qui 
a  joué  un  rôle  particulier  pendant  l'épouvantable 
insurrection  qui  a  désolé  Paris  à  la  suite  de  la 
guerre  de  1870-71,  était  né  vers  1830  et  était 
le  fils  de  Don  Salvador  Daniel,  dont  il  vient 
d'être  parlé.  Ce  personnage,  qui  s'était  lancé  à 
corps  perdu  dans  le  mouvement  communaliste, 
s'était  fait  nommer,  à  la  mort  d'Auber,  direc- 
teur du  Conservatoire.  Je  ne  puis  mieux  faire 
que  de  reproduire  ici ,  à  son  sujet,  les  rensei- 
gnements donnés  par  moi  dans  un  long  travail 
c[\xG  le  Ménestrel  publia  sous  ce  titre  :  Tablettes 
artisiiques  de  1870-1871,  et  dont  le  dernier 
chapitre  était  intitulé  le  Théâtre  et  la  Musique 
à  Paris  pendant  la  commune  : 

«  Auber  était  fort  malade  depuis  quel- 
ques jours.  On  ne  l'ignorait  pas  dans  les  régions 
communales,  et  les  hommes  qui  tenaient  Paris 
sous  leur  coupe  avaient  pris  leurs  précautions 
et  lui  avaient  d'avance  choisi  un  successeur 
parmi  eux.  • 

«  Il  me  faut  dire  avant  tout  que,  une  ambu- 
lance ayant  été  établie  au  Conservatoire  dès  les 
premiers  jours  du  siège,  la  rentrée  des  classes 
n'avait  pu  s'opérer  dans  cet  établissement  à  l'é- 
poque ordinaire,  c'est-à-dire  au  mois  d'octobre 
1870.  A  cette  époque,  !M.  Auber,  accompagné  de 
M.  Emile  Réty,  l'excellent  secrétaire  de  l'École, 
s'était  rendu  chez  M.  Saint-René-Taillandier,  se- 
crétaire du  ministère  de  l'Instruction  publique  et 
des  Beaux-Arts,  et  avait  obtenu  de  ce  dernier 
la  faculté  d'autoriser  les  professeurs  à  faire  leurs 
classes  à  leur  domicile.  J'ajouterai  que,  sur  la 
totalité  des  professeurs,  '17  étaient  présents  à 
Paris,  tandis  que  26  avaient  jugé  à  propos  d'aller 
respirer,  loin  du  bruit  du  canon,  l'air  pur  de  la 
campagne.  Les  classes  n'avaient  pu  être  régu- 
lièrement reprises  encore  lorsque  se  produisit 
le  coup  de  main  du  18  mars,  et  c'est  peut-être 
l'inactivité  forcée  de  notre  grande  école  musicale 
qui  fit  que  messieurs  de  la  Commune  ne  s'en  oc- 
cupèrent pas  plus  tôt. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  Auber  était  à  peine  mort 
que  son  successeur,  désigné  d'avance ,  recevait 
sa  nomination.  Je  ne  .«ais  si  cela  se  fit  par  dé- 
cret ou  par  simple  arrêté,  mais  ce  que  je  puis  af- 
firmer, c'est  que,  soit  décret,  soit  arrêté,  cette 
nomination  ne  fut  mentionnée  d'aucune  sorte  au 
Journal  officiel  insurrectionnel.  Le  nouveau  di- 
recteur s'appelait  Salvador  Daniel,  et,  pour  ceux 
qui  ne  l'ont  point  connu,  qnelques  renseigne- 
ments à  son  sujet  ne  seront  pas  superflus. 


DANIEL 


23Î 


«  Agé  d'une  quarantaine  d'années  environ,  ce 
pseudo-fonctionnaire  était  fils  dun  ancien  ré 
iugié  es|iagnol,  don  Salvador  Daniel,  liomine 
distingué  et  d'un  esprit  fort  cultivé.  Bon  musi- 
cien,  jouant  lrès-passat)lement  du  violon,  il 
avait  été  attaché  à  l'orchestie  du  Théâtre-Lyri- 
que, puis  avait  habité  plu^ieurs  années  l'Algérie, 
où ,  devenu  professeur  de  musique  à  l'École 
arabe  et  directeur  d'une  société  orphéonique,  il 
s'était  occupé  avec  ardeur  de  l'élude  de  la  musi- 
que arabe.  Revenu  en  France,  il  publia,  au  sujet 
de  cette  musique ,  des  détails  curieux,  se  fit  l'é- 
diteur d'un  certain  nombre  de  mélodies  arabes, 
auxquelles  il  avait  joint  des  accouipagnements 
faits  avec  une  certaine  habileté  ,  et,  en  1867  ,  fit 
entendre  quelques-uns  de  ces  airs  arrangés  par 
lui  pour  orchestre.  Ces  auilitions,  que  la  presse 
avait  encouragées,  eurent  lieu  dans  la  fameuse 
maison  Pompéienne  que  le  prince  Napoléon  s'étuit 
fait  construire  à  si  grands  frais,  aux  Champs- 
Elysées. 

«  Je  connus  Salvador  il  y  a  quelques  années 
à  la  Société  des  compositeurs  de  musique,  dont, 
ain«i  que  moi,  il  était  membre,  et  où  ,  si  j'ai 
bonne  mémoire,  il  fit  un  jour  ime  conférence  sur 
son  sujet  favori,  la  musique  arabe.  Je  le  retrouvai 
ensuite,  à  diverses  reprises,  aux  réunions  in- 
times de  M.  Gouffé,  où  il  faisait  volontiers  sa 
partie  d'alto  dans  un  quatuor.  Je  causai  plusieurs 
fois  avec  lui ,  et  je  trouvai  en  lui  un  homme 
bien  doué  au  point  de  vue  de  l'iulelligence,  ar- 
demment épris  des  choses  de  l'arl,  dans  la  dis- 
cussion desquelles  il  apportait  beaucoup  d'exal- 
tation. 

«  Salvador  gagnait  sa  vie  assez  péniblement  -, 
j'ai  dit  qu'd  avait  un  emploi  d'orchestre;  il  joi- 
gnait à  cela  la  correction  d'épreuves  musicales. 
Mais  ce  travail  lui  pesait.  Il  avait,  m'a-t-on  dit, 
jusqu'à  l'orgueil  la  conscience  de  son  intelligence, 
et  se  considérait  comme  un  déclassé,  sans  avoir 
peut-être  l'énergie  morale  et  la  force  d'esprit  né- 
cessiiires  pour  obliger,  par  des  efforts  opiniâtres. 
la  fortune  à  lui  être  plus  favorable;  il  cherchait 
pourtant  à  utiliser  ses  facultés,  et,  à  diverses 
reprises,  essaya  de  se  lancer  dans  la  critique 
musicale.  11  publia  un  certain  nombre  d'articles 
dans  une  feuille  orphéonique  et  devint,  pour  sa 
spécialité,  collaborateur  de  M.  Rocbefort  à  la 
Marseillaise,  après  avoir,  en  1867,  commencé 
la  publication  d'une  Hisloiie  de  la  Chanson. 

>c  Cette  collaboration  de  Salvador  à  la  Mar- 
seillaise, quoique  toute  arli.stique,  pouvait 
donner  une  idée  de  ses  tendances  en  matière  po- 
litique. Il  faut  croire  que  sous  ce  rapport  ses 
opinions  ne  se  calmèrent  point,  puisque  nous  le 
retrouvons,  pendant  la  Commune,  tout  dévoué 


à  l'ordre  de  choses  établi  en  vainqueur  dans  Paris. 
J'ai  souvenance  d'avoir  vu  un  article  sii!,né  de 
son  nom  dans  l' Homme,  journal  fomlé  à  la  suiffr 
du  siège,  et  qui  continua  sa  publication  pendant 
la  dictature  de  l'Hotel-de- Ville;  mais,  bien  qu'à 
cette  époque  je  lusse  attentivement  toutes  les. 
feuilles    empourprées   que    chaque  jour   voyait 
éclore,  je  ne  retrouvai  plus  nulle  part  sa  signa- 
ture jusqu'au  2  mai,  jour  où  je  fus,  après  et 
comme  tant  d'autres,  obligé  de  fuir  Paris  pour 
échapper  au   service  militaire ,  trop  obligatoire, 
que  la  Commune  voulait  imposer  à  tous  ceux 
même  qui  ne  partageaient  point  ses  principes  en 
matière  de  gouvernement.  Ce  n'est  qu'à  mon  re- 
tour que  j  appris  la  direction  éphémère  de  Sal- 
vador  Daniel   au  Conservatoire,  et  que  je  pu& 
me  procurer  à  ce  sujet  quelques  renseignements. 
«  Dès  qu'on  lui  eut  donné  connaissance  de  la 
mort  d'Auber,  qui  le  rendait  maître  de  la  situa- 
tion ,  Salvador  fit  convoquer  au  Conservatoire 
tous  les   professeurs  de  l'établissement,  en  les 
prévenant  charitablement  que  tous  ceux  qui  ne 
se  rendraient  pas  à  cette  convocation  seraient 
immédiatement  destitués.  Ce  moyen  inusité  de 
conciliation  ne  produisit  cependant  qu'un    mé- 
diocre.effet,  car,  sur  tout  le  personnel  enseignant, 
cinq  personnes  seulement  se  présentèrent,  parmi 
lesquelles  un  profiîsseur  féminin.  Le  «  fonction- 
naire »  avait  fait  un  faux  pas  ;  mais,  voulant  sau- 
ver iasitualion,  il  s'en  tira  avec  habileté,  en  disant 
aux  cinq  professeurs  qui  avaient  répondu  à  son 
appel  que  les  sentiments  de  deuil  et  de  regret  que 
chacun  d'eux  devait  éprouver  avaient  sans  doute 
empêché  leurs  collègues  de  se  rendre  à  l'invitation 
faite  à  tous ,  qu'il  comprenait  ces  sentiments  et' 
qu'il  remettait  la  séance  de  présentation  au  sa- 
medi suivant,  qui  se  trouvait  être  le  20  mai.  On 
se  sépara  assez  courtoisement. 

«  Salvador  s'était  présenté  au  Conservatoire 
avec  deux  ou  trois  acolytes  d'une  physionomie 
peu  engageante,  et  leur  premier  soin  avait  été 
de  se  faire  remettre  les  clefs  de  la  caisse.  Heu- 
reusement, M.  Emile  Rély,  qui  est  méfiant  par- 
nature,  avait  d'avance  paré  le  coup  et  mis  en  sû- 
reté la  somme  relativement  considérable  dont  \\ 
élaitle  dépositaire.  Un  état  de  caisse  fantastique 
avait  été  préparé  par  lui,  et  il  présenta  aux  «  ci- 
toyens »  délégués  une  somme  tellement  minime 
que  ceux-ci  ne  jugèrent  pas  utile  de  se  l'appro- 
prier. 

«  Salvador  ne  se  tint  pas  pour  battu  par  l'é-^ 
chec  qu'il  avait  éprouvé,  et  il  voulait  vaincre  1» 
force  d'inertie  des  excellents  artistes  que  la  Com- 
mune avait  placés  sous  sa  coupe.  A  cet  effet,  'û 
lança  un  nouvel  appel  aux  professeurs,  mais  cette 
fois  par  la  voie  des  journaux  ,    qui  publièrent 


232 


DANIEL  —  DA  PALERMO 


l'avis  suivant  :  «  Les  citoyens  professeurs  au  Con- 
«  servatoire  de  musique  sont  invités  à  se  réunir 
«  au  Conservatoire  same<li,  20  courant ,  à  deux 
«  heures,  à  l'effet  de  s'entendre  avec  le  citoyen 
«  délégué  par  la  délégation  à  l'enseignement,  sur 
«  les  réformes  à  apporter  dans  cet  établisse- 
«  ment.  » 

Mais  Salvador  s'y  était  pris  trop  fard.  Celle 
seconde  réunion  du  20  mai,  à  laquelle,  cette  fois, 
deu\  professeurs  seulement  avaient  jugé  à  propos 
àâ  se  présenter,  n'eut  pas  d'autre  résultat  que  la 
première.  Il  est  inutile  d'ajouter  qu'il  ne  lit 
point  de  nouvelle  convocation.  Le  lendemain, 
dimanche,  les  troupes  régulières  faisaient  leur 
entrée  à  Paris,  et  donnaient  de  la  tablature  à  la 
Commune  et  à  ses  adhérents.  » 

Au  dernier  moment,  Salvador  prit  les  armes 
pour  se  réunir  aux  siens.  L'insurrection  se  trou- 
vant chaque  jour  de  plus  en  plus  refoulée,  il  dut , 
après  avoir  été  combattre  aux  portes  de  Paris, 
revenir  dans  le  centre,  et  se  réfugier  dans  le  petit 
hôtel  garni  qu'il  habitait  au  numéro  13  de  la  lue 
Jacob,  tout  auprès  de  la  rue  Bonaparte.  Une  bar- 
ricade était  établie  au  bas  de  sa  maison,  et,  lors- 
que les  troupes  vinrent  pour  s'en  emparer,  il  tira 
sur  elles,  des  fenêtres  mêmes  de  sa  chambre, 
aidé  d'un  de  ses  compagnons.  Les  soldats  mon- 
tèrent alors,  les  trouvèrent  tous  deux  avec  leurs 
fusils  encore  fumants,  s'en  emparèrent,  les  en- 
traînèrent au  pied  de  la  barricade,  et  là  les  exé- 
cutèrent sommairement.  C'était  le  23  mai.  Sal- 
vador, dit-on,  mourut  avec  un  grand  courage  (1). 

Si  je  me  suis  tant  étendu  sur  ce  jiersonnage,  ce 
n'est  point  par  l'intérêt  artistique  qui  s'attache 
à  lui,  et  qui  est  fort  secondaire;  c'est  parce 
que,  par  le  fait  de  la  situation  éphémère  qu'il 
a  occupée,  sa  physionomie  ajipartient  dès  aujour- 
d'hui à  l'histoire  du  Conservaloire,  comme  Cflle 
de  tout  usurpateur  appartient  à  l'histoire  d'un 
pays. 

Il  me  faut,  maintenant,  dire  quelques  mots  des 
publications  faites  par  Salvador.  L'ouvrage  donné 
par  lui  sur  la  Chanson,  divi;;é  en  trois  parties 
dont  les  deux  premières  seules  ont  paru,  portait 

(1)  Pendant  le  sidge  de  Paris,  Salvador  avait  pris  part 
au  mouvement  insurrectionneldu  31  octobre  1870,  qui  fut 
comme  la  préface  du  soulèvement  communaliste  du  is 
mars  1871,  et  il  avait  été  blessé  au  bras  devant  l'Hôtel- 
de- Ville.  —  On  m'a  dit,  depuis  tous  ces  faits,  que  Salva- 
dor avait  été  victime  d'un  événement  qui  aurait,  sinon 
dérangé  sa  raison,  du  moins  violemment  ébranlé  ses  fa- 
cultés intellectuelles.  Étant  en  Ali;érie,  il  s'était  éperdu- 
ment  épris  d'une  Jeune  lille  fort  belle,  qui  partageait  son 
amour  et  dont  il  avait  demande  la  main.  Le  jour  même 
ou  la  veille  du  jour  fixé  pour  le  mariage,  cette  jeune  fille 
était  morte  subitement,  et  Salvador  en  avait  conservé  un 
sombre  désespoir.  C'est  depuis  lors  qu'il  était  revenu  à 
Paris.  " 


pnur  titre  général  :  A  propos  de  chansons,  et 
était  publié  sous  forme  de  Lettres  à  71/"'"  Thé 
résa,  de  VAlcazar.  La  première  partie  était  in- 
titulée :  le  Personnage  régnant  ;  la  seconde 
la  Complainte  de  l'Ogre;  la  troisième  devait 
s'appeler  la  Fête  de  la  Saint- Jean.  Sur  le  dos 
de  chacune  des  deux  premières  brochures  (im- 
primées à  Alger  et  publiées  à  Paris,  chez  Noirot, 
in- 12),  on  lisait  l'avis  suivant  :  —  «  Ces  trois 
lettres,  réunies  en  un  volume,  donneront  l'his- 
toire de  la  chanson  sous  ses  trois  formes  les 
plus  usitées  :  1°  la  chanson  guerrière,  dans  le 
Personnage  régnant;  2°  la  chanson  religieuse, 
dans  la  Complainte  de  l'Ogre  ;  3°  la  chanson 
d'amour  ou  de  travail,  dans  la  Fête  de  la 
Saint-Jean.  Avec  la  première,  l'auteur  étudie  la 
chanson  guerrière,  principalement  durant  le 
XVIir"  et  le  XIX*  siècle;  avec  la  deuxième, 
la  chanson  religieuse  est  présentée,  surtout  au 
moment  où  elle  a  un  rôle  actif,  c'est-à-dire  pen- 
dant le  moyen  âge  et  la  renaissance  ;  dans  la 
troisième,  l'auteur  s'est  proposé  d'établir  un  pa- 
rallèle entre  les  chants  de  l'antiquité  et  les  pro- 
ductions du  même  genre  de  noire  époque.  Les 
trois  lettres  justifient,  on  le  voit,  le  titre  prin- 
cipal de  l'œuvre  :  A  propos  de  chansons.  « 

Précédemment,  Salvador  Daniel  avait  publié 
les  deux  ouvrages  suivants  :  i°  la  Musique 
arabe,  ses  rapports  avec  la  musique  grecque  et 
le  chanl  grégorien,  suivi  d'un  Essai  sur  l'origine 
des  instruments  (Alger,  Bastide.  1863,  in-8°  de 
84  pp.)  ;  2°  Album  de  diansons  arabes,  mau- 
resques et, habiles,  transcrites  pour  chanl  et 
piano  (Paris,  Richault). 

*  D.WJOU  (JEAji-Louis-FÉLix),  est  mort 
le  4  mars  1866  à  Montpellier,  qu'il  n'avait  pas 
quitté  depuis  longues  années. 

DANMSTROEM  (Jean),  compositeur  sué- 
dois, a  fait  jouer  à  Stockholm  plusieurs  opéras- 
comiqui'S.  Il  a  également  écrit  un  grand  nombre 
de  lieder,  dont  la  plupart  sont  très-pcpulaires 
dans  son  pays.  y 

DAXYSZ  (Casimir),  compositeur,  né  à  Posen 
le  24  mars  1840,  a  publié  des  morceaux  de  piano, 
des  chœurs  et  des  lieder  qui  ont  attiré  l'atten- 
tion sur  lui.  Ce  jeune  artiste,  qui  donne  de  gran- 
des espérances,  est  actuellement  établi  à  Berlin. 

DA  PALERMO  (Makc-Antonio)  ,  compo- 
siteur, \ivail  à  la  fin  du  dix-septième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-huitième.  Il  séjourna  suc- 
cessivement à  Palerme,  qui  était  sans  doute  sa 
ville  natale  et  dont  il  prit  peut-être  le  nom, 
C'irame  le  firent  Palestrina  et  Pergolèse,  à  Rome 
et  à  Arez/o,  et  fut  l'un  des  protégés  du  prince  de 
Toscane,  Ferdinand  de  Médicis ,  pour  lequel  il 
écrivit  de  nombreuses  œuvres  dont  voici  la  liste  : 


DA  PALERMO  —  DARGIER 


233 


Argenide,  opéra  (1699);  San  Francexco  di 
Paola,  oralorio  (t696i  ;  il  Convilo  d'Assalone, 
id.  (1703;;  un  troisième  oratorio  (1/04);  32  can- 
tates, dont  une  intitulée  Cleopdtre;  un  psaume  ; 
un  duo  religieux  pour  la  fête  de  Noël  ;  deux  sé- 
rénades ;  une  ariette  ;  un  dialoghetto  ;  et  enfin 
des  duos  per  caméra. 

DA  PRATO  (Cesare),  écrivain  italien,  est 
l'auteur  d'une  liistoire  chronologique  du  théâtre 
Carlo-Felice,  la  première  scène  lyrique  de  Gênes, 
histoire  faite  avec  soin  et  publiée  sous  ce  titre  : 
Teatro  Carlo-Felice,  relazione  stoiico  esplica- 
,  iiva  dalla  fondazionee grande  apertara  [anno 
Î828)  fino  alla  invernale  stagioue  1874-1875, 
Gènes,  Fîeretta,  1875,  petit  in-8°.  Déjà,  vingt  ans 
auparaviint,  un  anonyme  avait  publié  un  histo- 
rique du  même  genre  sur  le  même  théâtre  :  Il 
Teatro  Carlo-Felice ,  annuario  dei  Tealri  di 
Genova  dal  1  aprile  1828  al  lô  dicembre  1844- 
offerto  agli  amalori  degli  spettacolï  (Gênes, 
Pagano,  1844,  in-12j,  et  cet  histoiique  avait  été 
complété  dix  années  après  par  un  supplément  : 
Annuario  dei  Teatri  di  Genova  dal  1845 
al  1855  (Gênes,  Ponthenier,  1856-57,  in- 12).  Il 
serait  à  souhaiter  que  des  monographies  sem- 
blables fussent  publiées  sur  toutes  les  grandes 
scènes  musicales  de  l'Italie,  comme  l'ont  fait  ré- 
cemment, |)our  les  théâtres  de  Milan,  Modène,  Pa- 
doue,  MM.  Pompeo  Cambiasi,Luigi Romani,  Ales- 
sandro  Gandini,  Leoni  (  Foy.  ces  noms),  etc., etc. 
Alors  seulement  on  pourrait  entreprendre,  avec 
quelques  chances  d'exactitude  et  de  précision  , 
une  liistoire  générale  de  la  scène  lyrique  italienne 
et  des  grands  artistes  :  compositeurs,  poêles  et 
chanteurs,  qui  l'ont  illustrée. 

DARIiOVILLE  (Jules  -  Etienne  -  Jean 
CLERGET  dit),  né  à  Montpellier  le  7  dé- 
cembre 1781,  d'une  famille  d'artistes,  servit 
dans  la  marine  de  l'État  de  13  à  29  ans,  et  fit 
partie  de  l'expédition  d'Egypte.  Il  se  fit  remarquer 
dès  cette  époque  dans  des  représentations  théâ- 
trales, qui  avaient  été  organisées  au  camp.  De 
retour  en  France,  encouragé  par  l'amiral  Gan- 
teaume  ,  il  résolut  de  se  consacrer  à  la  carrière 
dramatique  :  il  chanta  d'abord  à  Toulon  en  qua- 
lité d'Elleviou,  puis  dans  les  principales  villes  de 
province.  Il  débuta  à  l'Opéra- Comiq'.ic,  à  Paris, 
le  2  juillet  1811,  dans  l'emploi  de  Martin,  qu'il 
conserva  depuis.  Darboville  était  à  Lyon,  quand 
survinrent  les  événements  de  1814.  Dévoué  à 
Napoléon,  qu'il  admirait  profondément,  il  courut 
les  plus  grands  dangers  par  suite  de  son  refus 
de  chanter  des  vers  de  circonstance  injurieux 
pour  le  souverain  déchu.  Il  fut  obligé  de  quitter 
la  France,  et  se  rendit  à  Bruxelles,  où  il  chanta 
pendant  cinq  ans,  jusqu'au  moment  où  il  rentra 


dans  son  pays  pour  remplacer  Martin  à  l'Opéra- 
Comique.  11  y  resta  pendant  plusieurs  années, 
avec  un  succès  soutenu.  Cet  artiste  fit  ensuite 
partie  des  troupes  d'opéra  à  Marseille  en  1829, 
1830,  1832 ,  1833  et  1834.  Il  y  chantait  les  ba- 
rytons, et  certains  rôles  de  ténor.  Il  y  créa  no- 
tamment le  Guillaume  Tell  de  Grétry,  Masa- 
niello  de  Carafa  (rôle  de  Masaniello),  Fiorella, 
le  rôle  de  Pietro  dans  la  Miieite,  la  Fiancée, 
les  Deux  i\'uits,  le  Comte  Orij,  Fra  Diavolo, 
Zampa  (rôle  de  Daniel),  le  Pré  aux  Clercs 
(Cantarelli) ,  Guillaume  Tell  (Melchtal  père), 
et  un  des  principaux  rôles  dans  El  Gituno,  opéra 
composé  pour  la  scène  de  Marseille  par  M.  de 
Fonlmichel.  Il  mourut  à  Marseille  le  22  septem- 
bre 1S42. 

Le  fils  de  cet  artiste,  Georges  Darboville,'[>\à' 
niste  remarquable  par  la  vigueur  et  la  dextérité 
de  son  mécanisme,  habite  Marseille,  où  il  s'est 
voué  à  l'enseignement  :  il  a  été  nommé  profes- 
seur au  Conservatoire  en  1874  ;  il  a  publié  pour 
le  piano  divers  morceaux  de  genre  et  fantaisies 
sur  des  motifs  d'opéras. 

Al.   R— d. 

DARCIER  (M""),  chanteuse  distinguée,  née 
vers  1818,  élève  d'un  professeur  peu  connu, 
M"'"  Béreither,  s'est  fait  remarquer  au  théâtre 
de  rOpéra-Comique,  pendant  une  dizaine  d'an- 
nées, par  un  talent  aimable  et  plein  d'une  gra- 
cieuse originalité.  Elle  débuta  à  ce  théâtre  en 
1840,  dans  un  petit  opéra  de  M.  Luigi  Bordèse, 
la  Mantille,  où  elle  reprenait  le  rôle  créé  peu 
de  mois  auparavant  par  Jenny  Colon,  et  conquit 
aussitôt  les  sympathies  du  public,  grâce  à  la  fraî- 
cheur de  sa  voix  et  à  son  double  talent  de  co- 
vnédienne  et  de  chanteuse.  Parmi  ses  nombreuses 
créations  à  l'Opéra-Comiqne,  il  faut  citer  avant 
tout  les  deux  rôles  de  Berthe  de  Simiane  dans 
les  Mousquetaires  de  la  Reine  et  de  Rose  de 
Mai  dans  le  Val  d'Andorre ,  qui  lui  firent  le 
plus  grand  honneur  ;  puis  ceux  de  Diana  des  Dia- 
mants de  la  couronne,  de  Zoé  du  Code  noir, 
d'Kstrelle  du  Kiosque,  de  Casilda  de  la  Part 
du  Diable,  d'Henriette  de  la  Nuit  de  Noël,  du 
page  du  Puits  d'amour,  de  Catherine  de  Lam- 
bert Simnel',  et  d'autres  encore  dans  le  Roi 
(TYvetot,  V Esclave  du  Camoens,  les  Porche- 
roiis,  les  Quatre  fils  Aymon,  etc.  Le  12  mai 
1847,  à  la  suite  d'un  différend  survenu  entre 
elle  et  la  direction  de  l'Opéra-Comique,  M"*  Dar- 
der débutait  au  Vaudeville  dans  la  première  re- 
présentation d'un  ouvrage  en  trois  actes,  la  Vi- 
comtesse LoIoKe,  mais  le  6  septembre  suivant 
elle  reparaissait,  dans  une  repri.se  de  la  Fiancée 
sur  la  scène  de  .ses  premiers  succès.  Vers  1850, 
à  la  suite  d'un  riche  mariage,  M"'  Darcier,  de- 


234 


DARGIER  —  DARGOMIJSRY 


venue  M"*^  Mamignard  (1),  sembla  quitter  (iéfiui- 
tivement  l'Opéra-Comique;  elle  y  rentra  toute- 
fois un  instant,  au  commencement  de  1852,  pour 
y  remplir    un   rôle   dans  le  Carillonnèiir   de 
Bruges,  de  Grisar,  puis  elle  abandonna  pour  ja- 
mais la  scène,  au  mois  d'août  de  la  même  année. 
Celte  artiste  est  morte  à  Paris,  le  11  mars  1870. 
DAKCIER  (Joseph),  chanteur  et  composi- 
teur, frère  de  la  précédente,  est  né  vers  1820 
Touten  étudiant  la  musique,il  commençad'abord, 
dit-on ,   par  jouer    la  comédie  dans  les  petits 
théâtres  de  la  banlieue  de  Paris ,  oij  il  remplis- 
sait les  rôles  d'amoureux  (18i2-1846).   Bientôt 
il  se  livra  à  la  composition,  et  publia  ses  pre- 
mières chansons  :   Larmes  d'amour,  le  Pre- 
neur du  roi.   Après  lu  bataille,  les  Gabiers, 
Aux  armes  !  En  même  temps  il   donnait  des 
leçons  de  piano.  Mais  les  événements  de  1848 
approrhaient,  une  vive  émotion  politique  se  ma- 
nifestait dans  Paris,  et  M.  Darcier  commença  à  se 
créer  une  grande  réputation  dans  des  concerls 
popidaires  et  dans  les  cafés-chantants,  en  faisant 
entendre,  avec  une  énergie  mâle  et  un  accent  re- 
marquable, soit  des  chansons  politiques  dont  la 
population    parisienne   se  montrait    alors  très- 
friande,  soit  des  chants  rustiques  qu'il  savait 
scandt-r  et  rhythmeravec  un  talent  incontestable. 
C'était   l'époque  des  premiers  succès  de  Pierre 
Dupont  {Voy.  ce  nom),  et  M.  Darcier  obtenait  de 
grands  applaudissements  en  se  faisant  l'interprète 
intellig'  nt  et  convaincu  de  ce  chansonnier  ;  (;'est 
ainsi  qu'il  fit  connaître  les  Bœufs,  les  Louis 
d'or,  et  plusieurs  autres  de  ses  productions.  Un 
jour   même,   au  concert  du   passage  Joulfroy  , 
comme  il  disait  pour  la  première  fois  la  fameuse 
chanson  du  Pain,  l'effet  produit  fut  tel  sur  l'as- 
sistant e  que,  dès  le  lendemain,  la  police  jugeait 
utile  d'interdire  l'exécution  de  ce  chant. 

M.  Darcier  se  fit  entendre  ainsi,  successive- 
ment, au  passage  Jouffroy,  à  la  salle  de  la  Fra- 
ternité (rue  Martel),  au  café  de  France,  etc.,  et 
hientôt,  devenant  son  propre  interprète,  lit  con- 
naître au  public  un  giand  nombre  de  chansons 
dont  il  écrivait  la  musique.  Quelques-unes  de  ces 
chansons,  dont  la  forme  était  souvent  un  peu 
cherchée  et  manquait  de  naturel,  mais  dont  la 
mélodie  était  généralement  heureuse  et  bien 
venue,  obtinrent  un  vrai  succès  de  popularité;  il 
est  juste  d'ajouter  que,  lorsque  le  sujet  le  com- 
portait, M.  Darcier  savait  donner  à  ces  composi- 
tions une  allure  énergique,  un  caractère  plein 
d'ampleur,  et  les  empreindre  d'un  souffle  ins- 
piré. Il  n'est  aucun  de  ceux  qui  les  ont  enten- 

|1)  Uans  le  livre  que  j'ai  publié  en  18"o  sur  Albert  fiii- 
sar,  j'ai  écrit  Monmignard  le  nom  de  femme  de  Mlle  Dar- 
cier. C'est  une  erreur. 


dues  qui  ne  se  rappelle,  sous  ce  rapport,  les 
deux  cbaiils  intitulés  le  Balaîllon  de  la  Moselle 
et  la  32'"  Demi  Dr  gade.  D'ailleurs,  M.  Daicier, 
comme  chanteur,  était  doué  au  plus  haut  point 
de  la  faculté  d'expression,  du  sentiment  drama- 
tique, il  plirasalt  avec  cela  d'une  façon  incompa- 
rable, et  il  lui  arrivait  souvent  de  tirer  des  lar- 
mes des  yeux  les  plus  rebelles  et  de  soulever 
l'enthousiasme  d'une  salle  entière.  Dans  d'autres 
genres,  nous  citerons  p:irmi  ses  compositions  les 
Doublons  de  ma  ceinture,  Madelaine,  le 
Chemin  du  Moulin,  Toutes  les  femmes  c'est 
des  trompdises  ,  VAmi  Soleil,  le  Chevalier  • 
Printemps,  la  Mère  Providence... 

En    1855,  lors  de   la  créatidu  par  M.  Offen- 
bacb  de  la  scène,  alors  si  moiieste,  des  Bouffes- 
Parisiens,  M.   Darcier  entra   à  ce  tbeàlre,  et  y 
remplit  le  principal  rôle  dans  deux  opérettes  de 
ce  compositeur,  ïine  Nuit  blanche  et  le  Vio- 
loneux.  11   n'y  resta   pas  longtemps.   En  1837, 
on  le  retrouve  au  théâtre   Beaumarchais  ,  où  il 
remplit  un  rôle  chantant  dans  un  drame  intitulé 
les  Compagnons  du  tour  de  France,  puis  aux 
Delassemenls-Comiques,    où   il  joue   dans  une 
pièce  destinée  aussi  à  faire  valoir  ses  talents  de 
chanteur  :  les  Portes  de  la  treille.  Mais  M.  Dar- 
cier ambitionnait  les  doubles  succès  du  chan- 
teur et  du  compositeur  dramatique,  et  pour  at- 
teindre  sou  liut,   il  signa   un  i  ngagement  avec 
le  gentil  petit  théâtre  des  Folies-Nouvelles,  où  il 
fil  représenter  coup  sur  coup,  en  1858,  les  trois 
opérettes  suivantes,  dans  lesquelles  il  remplissait 
le  principal  rôle  ;  \Hes  Doublons  de  7na  cein- 
ture (mise  en  oeuvre  de  la  chanson  éciite  par 
lui  sous  ce  titre,  et  qui  était  intercalée  dans  la 
pièce);  2°  le  Roi  de  la  Gaudriole  ;  3"  Pornic  le 
Hibou.  La  première  de  ces  pièces  fui  assez  bien 
accueillie,  mais  les  deux  autres  n'oblmrent  au- 
cun succès.  Depuis  lors,  M.  Darcier  a  conlinué 
de  faire  des  chansons,  il  a  encore  fait  représenter, 
en   1874,  à  l'Eldorado,  une  opérette  intitulée  : 
Ah!  le  divorce!  qui  n'a  pas  été  plus  heureuse 
que  les  précédentes,  et  il  a  écrit  des  airs  nou- 
veaux  pour   un   grand   vaudeville,  Ces  petites 
Dames  du  Temple,  joué  au  théâtre  Déjazet  en 

1875. 

Une  fille  de  cet  artiste,  qui,  vers  1859,^avait 
été  attachée  un  instant  au  théâtre  des  Folies- 
Nouvelles,  débuta  sans  succès,  peu  d'années 
après,  sur  celui  de  l'Opéra-Comique. 

DARD  ( ),  compositeur,  a  fait  représenter 

au  mois  de  mars  1860,  sur  le  théâtre  de  Saint- 
Étienne ,  un  opéra-comique  en  un  acte,  intitulé 
la  Charmeuse. 

*  D.\RGO.VIIJSKY  ( Alexandre  Serguié- 
viTCH),  né  en  1813,  est  mort  le  17  janvier  1868  à 


DARGOMIJSKI 


235 


Saint-Pétersbourg.  Ce  compositeur  russe,  illustre 
en  son  pays,  a  fourni  la  parlie  la  plus  brillante  de 
sa  carrière  à  partir  de  l'époque  où  s'arrêtaient  les 
renseignements  de  M.  Fétis.  La  «  remarquable 
originalité  d'idées  »  attribuée  à  son  premier  opéra, 
Esméralda,  et  à  sa  cantate  le  Triomphe  de  Bac- 
chus,  a  marqué  surtout  les  œuvres  suivante*  et 
s'y  est  davantage  accentuée  dans  le  sens  du  génie 
national.  Esméralda,  opéra  à  grand  spectacle  et 
mêlé  de  divertissements,  était  taillé  sur  le  patron 
des  ouvrages  favoris  de  Rossini,  d'Auber,  d'Ha- 
lévy  ;  elle  s'y  référait  aussi  par  les  formes  va- 
riées du  style.  Représentée  à  Moscou  le  5  dé- 
cembre 1847,  Esméralda  parut  en  1851  au 
théâtre  Alexandra  de  Saint-Pétersbourg,  et  fut 
sur  le  point  d'être  traduite  et  transportée  à  l'O- 
péra italien  sur  la  demande  de  Tamburini;  mais 
la  direction  des  théâtres  impériaux  maintint  la 
décision  antérieurement  prise  de  ne  plus  laisser 
se  produire  sour  forme  italienne  aucune  œuvre 
de  compositeur  russe.  Après  1859  cet  opéra 
quitta  le  répertoire,  et  la  partition  n'en  est  pas 
gravée.  La  Fête  de  Bacchus ,  cantate-billet 
dont  le  poënie  est  de  Pousclikine,  attendit  très- 
longtemps  les  honneurs  d'une  audition  publique 
qui  ne  lui  furent  accordés  qu'en  1867  à  Moscou. 
Entre  1850  et  1855  Dargomijsky  composa  une 
centaine  de  romances,  d'airs  et  de  duos,  presque 
tous  publiés  à  Saint-Pétersbourg,  et  ces  publica- 
tions firent  plus  pour  sa  renommée  que  son  pre- 
mier opéra.  Mais  la  passion  du  théâtre  le  reprit  : 
et  cette  fois;  ce  fut  d'un  sujet  national  qu'il 
voulut  s'inspirer,  et  il  l'emprunta  encore  à  Pou- 
schkine  :  le  poëme  de  la  Roussdlka  (VOndine) 
étant  dialogué  et  très-heureusement  composé 
pour  l'effet  tbéâiral,  il  n'eut  que  peu  de  retou- 
ches ou  d'additions  à  demander,  et  travailla 
presque  partout  sur  les  vers  mêmes  du  grand 
poète.  La  Roussdlka  fut  jouée  pour  la  première 
fois  le  4  mai  1856  au  Théâtre-Cirque  qui ,  re- 
bâti depuis,  est  devenu  le  splendide  Théâtre- 
Marie  ,  voué  spécialement  à  l'opéra  russe  et  au 
drame  national  à  grande  mise  en  scène.  Le  succès 
en  fut  complet  dans  la  nouveauté,  et  l'on  cite  la 
reprise  de  1866  comme  ayant  eu  un  éclat  décisif: 
depuis  lors  la  Roussâlka  est  œuvre  de  répertoire 
dans  tous  les  théâtres  d'opéra  russe,  à  Péters- 
bourg,  à  Moscou,  à  Kiev,  à  Odessa.  Le  personnage 
'  du  vieux  Meunier  est  une  des  belles  créations  de 
la  basse  Pétrov  qui  n'a  cessé  de  le  jouer,  et  en 
grand  artiste,  jusqu'à  plus  de  soixante  ans  (1875). 
Sans  offrir  jamais  ni  le  grand  souflle  général 
ni  la  vive  originidité  des  opéras  de  Glinka,  celui 
de  Dargomijsky  jouit  d'une  popularité  presque 
égale.  Le  sentiment  dramatique  y  est  sincère  et 
souvent  chaleureux,  la  déclamation   récitative 


très- vraie;  pour  les  airs,  les  duos  et  trios,  les 
finales,  l'auteur  ne  répudiait  nullement  les  for- 
mes traditionnelles  de  l'opéra  franco-italien.  Le 
style  est  d'un  travail  consciencieux  et  ingénieux, 
qui  sent  parfois  l'école,  mais  la  bonne  école  :  à 
travers  tout  cela  le  tempérament  personnel 
s'aflirme  assez  souvent,  comme  aussi  le  senti- 
ment national.  C'estensommeunexcellenI  opéra, 
qui  pourrait  se  traduire.  Dargomijsky  avait  en- 
trepris un  autre  opéra  plus  expressément  tourné 
à  la  comédie  fantastique,  Rogdana  (il  ne  l'a  pas 
achevé,  et  l'on  n'en  connaît  que  deux  chci'urs).  Il 
composa  en  outre  plusieurs  fantaisies  pour  or- 
chestre :  Kostttchek,  la  Danse  finnoise,  Baba 
laza,  etc.  Il  publia  encore  bien  des  romances 
d'un  style  plus  fort  et  d'une  inspiration  plus  cu- 
rieuse que  celles  des  premières  séries  (entre  au- 
tres le  Paladin).  En  1867,  la  Société  musicale 
russe  l'élut  pour  président.  Dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  sa  maison  devint  le  centre  de 
réunion  d'une  jeune  école  russe  qui  avait  pris  pour 
inspirateurs  Schumann,  Berlioz,  Wagner  et  Liszt» 
et  s'est  efforcée  de  renchérir  sur  leurs  hardiesses 
les  plus  discutables.  Devenu  bon  gré  mal  gré  le 
patriarche  de  la  nouvelle  secte,  il  écrivit  un  der- 
nier opéra,  qui  d'  vait,  s'il  eût  réussi,  démentir 
logiquement  le  succès  de  la  Roussdlka.  Il  prit 
tel  quel  tout  un  poëme  dialogué  de  Pouschkine 
qui  n'est  nullement  destiné  au  drame  lyrique,  et 
il  y  attacha  mot  à  mot  une  sorte  de  récitatif  per- 
pétuel ,  se  refusant  tous  les  développements , 
toutes  les  ressources  de  la  musique  proprement 
dite  que  Wagner  admet  encore.  Sous  prétexte  de 
vérité  absolue,  c'est  la  plus  bizarre  abdication  de 
l'art  musical  qui  ait  jamais  été  tentée.  Dargo- 
mijsky fut  d'ailleurs  surpris  par  la  mort  avant 
d'avoir  achevé  l'Hôte  de  Pierre  :  M.  Rimsky- 
Korsakov  fut  chargé  par  lui  d'instrumenter  tout 
l'ouvrage,  et  M.  César  Cui  de  mettre  la  dernière 
main  à  une  scène  inachevée.  Une  souscription 
publique  aida  à  publier  la  partition  ,  et  d'abord 
k  faire  représenter  l'opéra  même,  la  direction  des 
théâtres  et  les  héritiers  n'ayant  pu  s'entendre  sur 
certains  détails  d'intérêt.  La  première  représen- 
tation eut  lieu  en  février  1872,  quatre  ans  après 
la  mort  de  l'auteur.  Toute  la  popularité  qui  s'at- 
tachait d'ailleurs  à  sa  mémoire  et  tous  les  efforts 
de  la  nouvelle  école  n'ont  pu  faire  adopter  fina- 
lement cette  œuvre  au  grand  public.  Durant  sa 
carrière,  qui  ne  fut  pas  bien  longue,  Dargomijsky 
a  donc  tout  pratiqué ,  depuis  l'imitation  des 
formes  les  plus  faciles  de  la  musique  occidentale, 
jusqu'aux  innovations  les  plus  hasardeuses.  Mais 
ce  qui  survit  le  plus  sûrement  de  lui,  c'est  en- 
core son  opéra  la  Roussdlka ,  quelques  fantai- 
sies symplioniques  ou  chorales,   et  un  certain 


236 


DARGOMIJSRI  —  DAUTRESME 


nombre  de  romances,  à  une  ou  deux  voix,  vrai- 
ment fort  belles  et  dignes  de  l'universelle  admi- 
ration. G.  B. 

*  DATTARI  (GniNOLFo).  On  doit  à  ce  musi- 
cien un  recueil  de  Canzoni  villanesche  a 
quattro  voci  imprimées  à  Milan,  en  1564,  par 
Fiancesco  Moscheni. 

DAUTRESME  (Auguste-Lugien),  composi- 
teur, est  né  le  21  mai   1826  ,  à  Elbeuf  (Seine- 
Inférieure).  Fils  d'un  manufacturier  de  cette  ville, 
il  fit  ses  étales  au  collège  royal  de  Rouen,  et  y 
apprit  en  même  temps  la  musique,  pour  laquelle 
il  monirait  des  dispositions  exceptionnelles.  Son 
professeur   de   piano,  M.   Antoine    Neukomm  , 
frère  du  compositeur  Sigismond  Neukomm ,  sut 
lui    inculquer  le  goût  des   maîtres  classiques, 
dont  la  fréquentation  exerça   une  heureuse  in- 
fluence sur  l'imagination  du  jeune  collégien.  En 
1846,  M.  Lucien  Dautresme  entra  à  l'École  po- 
lytechnique ;  la  révolution  de  1848  le  trouva  au 
premier  rang  parmi  cette  phalange  enthousiaste, 
qui  secondait  avec  tant  d'ardeur  le  mouvemmi 
libéral.  Il  suivit  à  Lyon,  en  qualité  de  secrétaire, 
M.  Emmanuel  Arago,  qui  venait  d'être  nommé 
commissaire    extraordinaire   du    gouvernement 
provisoire   pour  le  département  du  Rhône.  En 
juillet,  il  subit  les  examens  de  sortie  de  l'École 
polytechnique,  .se  trouva  classé  dans  la  marine, 
et  fut  promu  au  grade  d'aspirant  de  première 
classe,  avec  ordre  d'embarquer  immédiatement. 
La  profession  de  marin  ne  lui  souriant  aucune- 
ment, il  donna  sa  démission,  se  relira  à  Elbeuf, 
et  essaya  de  .se  livrer  à  l'industrie.  Mais  sa  pas- 
sion pour  la  musique  s'était  réveillée  avec  le  sen- 
timent de  son  indépendance  ;  il  pensa  alors  à 
compléter  son  instruction  musicale,  et  s'adressa 
à  cet  effet  à  Amédée  Méreaux,  qui  lui  fit  suivre 
un   cours   complet   d'harmonie,    contrepoint  et 
fugue.  Frappé  des  progrès  rapides  de  son  élève, 
Méreaux  le  pressait  vivement  d'entrer  au  Con- 
servatoire, afin  de  se  préparer  à  concourir  pour 
le  prix    de  Rome  ;  M.  Dautresme  ne  crut  pas 
devoir  déférer  à  cet  avis  ;  il  lui  fut  plus  agréable 
de  nouer  des  relations  avec  Meyerbeer,  à  qui  il 
fut   présenté   par  Amédée  Méreaux,  et   dont  il 
reçut  de  précieux   conseils   sur  ses  essais  de 
composition. 

En  18r)4,  il  envoya  au  concours  ouvert  par  la 
Société  Sainte-Cécile ,  deux  pièces  madrigales- 
ques,  une  Villanelle  et  une  Chanson  dans  le 
goût  d'Orlando  de  Lassus  ,  l'ime  et  l'autre  à 
quatre  voix.  Ces  deux  morceaux  furent  exécutés, 
d'après  la  décision  du  jury ,  au  premier  concert 
de  la  Société,  le  17  décembre  de  la  même  année. 
Ils  ont  été  publiés  par  Richault ,  à  Paris. 
M.  Dautresme  fil  paraître  ensuite,  chez  le  même 


éditeur,  une  sonate,  dédiée  à  Amédée  Méreaux, 
(op.  2,  en  mi  mineur),  œuvre  magistrale  où  se 
révèlent,  avec  un  véritable  tempérament  d'ar- 
tiste, un  soin  constant  de  la  forme,  et  une  con- 
naissance sérieuse  des  procédés  usités  par  les 
compositeurs  classiques  ;  puis,  un  recueil  de  six 
mélodies,  dont  voici  les  titres  :  Auhade,  Bar- 
carolle,  Si,  Chanson  de  Forlunio,  le  Chant 
de  Jocelyn,  et  Enfant,  re've  encore. 

Le  29  mai  1 862,  M.  Lucien  Dautresme  fit  repré- 
senter au  Théâtre-Lyrique  Sous  les  chormitles, 
opéra-comique  en  un  acte;  la  partition,  très-re- 
commandable,  quoique  un  peu  touffue,  était  alliée 
malheureuseuienl  à  un  livret  des  plus  médiocres  ; 
l'ouvrage  n'eut  qu'un  petit  nombre  de  représen- 
tations. Quelques  mois  après ,  une  médaille 
d'honneur  fut  décernée  au  jeune  compositeur 
par  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et 
arts  de  Rouen.  L'année  suivante,  il  mil  au  jour 
le  Bon  temps,  [icût  drame  musical  que  M.  Ismaël 
chanta  avec  succès  à  Paris  et  à  Rouen.  De  la 
même  époque  datent  quelques  chœurs  ,  écrits 
par  M.  Dautresme  pourles  orphéons,  entreautres 
le  Baptême  et  le  Chant  des  conscrits.  En  1865, 
il  avait  conclu  avec  M.  Carvalho,  directeur  du 
Théâtre-Lyrique,  un  traité  relatif  à  la  prochaine 
représentation  ,  sur  cette  scène,  d'un  opéra-co- 
mique en  trois  actes  :  Cardillac ,  poème  de 
MM.  Nuitler  et  Beanmont.  Cependant  le  temps 
marchait,  et  rien  ne  sendilait  devoir  hâter  la 
mise  à  exécution  de  ce  traité  ;  fatigué  de  la 
longue  attente  que  subissait  son  oeuvre,  alors 
qu'il  voyait  passer  avant  lui  des  compositeurs 
dont  les  droits  étaient  postérieurs  aux  siens, 
M.  Dautresme  se  considéra  comme  atteint  dans 
sa  dignité  d'artiste  ;  il  envoya  des  témoins  à 
M.  Carvalho;  mais  celui-ci  ayant  refusé  de  se 
battre,  le  compositeur  se  porta  sur  lui  à  des 
voies  de  fait,  qui. eurent  pour  conséquence  une 
condamnation  à  six  mois  d'emprisonnement. 
Cardillac  n'en  vil  pas  moins  le  feu  de  la  rampe, 
et  fut  accueilli  avec  tout  le  succès  que  méritait 
une  œuvre  consciencieusement  élaborée,  et  très- 
intéressante  au  double  point  de  vue  mélodique 
et  scénique.  Quelques  coupures  habilement  pra- 
tiquées eussent  débarrassé  cette  partition  de  ce 
qu'elle  offrait  de  superflu  ;  mais  hélas  !  dès  le 
lendemain  de  la  première  représentation,  M.  Dau- 
tresme entrait  à  Sainte-Pélagie,  et  quelques  jours 
après,  son  opéra  disparaissait  de  l'affiche  (1). 

(Il  Cardillac,  di)nt  le  rôle  principal  fut  une  dos  plus 
belles  créations  de  M.  Ismaël,  et  qui  fut  représenté  le 
11  décembre  1867,  reste  certainennent ,  au  double  point 
de  vue  de  la  valeur  musicale  et  de  l'entente  scéni- 
que, l'une  des  œuvres  les  plus  remarquables  qui  se  sont 
produites  au  Théâtre-Lyrique  sous  la  direction  de  M.  Car- 


DAUTRESME  —  DASSOLCY 


237 


Rendu  à  la  liberté  ,  M.  Dautresme  a  rédigé 
pendant  quelque  temps  le  feuilleton  musical  de 
Parts- Magazine.  Les  événements  de  1870-71 
l'ont  enlivé,  au  moins  momentanément,  à  la 
vie  artistique;  néanmoins,  il  a  pris  en  1875,  en 
qualité  île  président  de  la  commission  musicale 
du  Centenaire  de  Boielilieu,  une  part  des  plus 
actives  à  l'organisation  de  cette  grande  mani- 
festation artistique  et  patriotique.  Conseiller 
général  du  canton  d'Elbeuf  depuis  1871,  M.  Lu- 
cien Dautresme  ne  compose  |)lus  qu'en  ama- 
teur ;  espérons  pourtant  qu'il  n'aura  pas  re- 
noncé pour  toujours  au  plaisir  de  rendre  le 
public  confident  de  ses  (l'uvres  (1). 

J.  C  —  z. 

*  DAROiXDEAU  (Henri).  Cet  artiste,  qui 
avait  lié  délroiles  relations  d'amitié  avec  nombre 
de  musiciens  distingués,  Tulou  ,  Désaugiers  ,  Ha- 
beneck,  Adolphe  Adam,  Sclineittzhœflér,  Doche 
père  et  tils,  s'était  retiré  à  Bojirges  en  1836,  puis, 
vers  1860,  était  revenu  à  Paris.  C'est  dans  celte 
ville  qu'il  est  mort,  le  30  juillet  1865,  âgé  de 
quatre  vingt-six  ans.  Outre  les  ouvrages  cités 
dans  la  Biographie  unherselle  des  Musiciens , 
Darondeau  avait  (ait  représenter  pendant  la  Ré- 
volution, à  l'Ambigu-Comique,  deux  opérasco- 
niiques  en  un  acte ,  Adèle  et  Fulbert,  le  17  (to- 
réai an  VIII,  et  la  Surveillance  en  défaut,  le 
24  prairial  an  IX.  Il  avait  aussi  écrit  la  musique 
d'un  certain  nombre  de  drames  joués  sur  les 
théâtres  des  boulevards  ,  entre  autres  Malvina 
ou  la  Grotte  des  Cyprès  (avec  Gérardin-Lacour), 
Adélaïde  de  Bavière,  Philippe  d'Alsace  et  la 
Chatte  merveilleuse.  Enfin  il  avait  composé , 
avec  Alexandre  Piccinni ,  la  musique  de  Faublas, 
ballet  représenté  à  la  Porte-Saint-Martin  le  12  juin 
1835.  A  l'époque  où  il  fut  attaché  comme  com- 
positeur aux  Variétés  (en  1822  il  était  mentionné 
sous  ce  litre  dans  le  personnel  de  ce  théâtre), 
Darondeau  écrivit  nombre  d'airs  charmants  qui 
trouvèrent  leur  place  dans  la  Clef  du  Caveau, 
et  parmi  lesquels  on  en  peut  citer  deux  qui  furent 
longtemps  célèbres  :  Colalto,  et  En  amour 
comme  en  amitié. 

DASSIER( ),  compositeur  de  musique 

légère,  s'est  fait  connaître,  il  y  a  une  trentaine 
d'années ,  par  la  publication  d'un  assez   grand 

valho.  Il  est  singulièrement  fàclieux  que  des  circons- 
tances particulières  soient  venues  arrêter  clans  son  essor 
le  talent  d'un  compositeur  qui,  on  peut  le  dire  sans  exa- 
gération, semblait  promettre  un  maître  à  la  scène  fran- 
çaise. —  A.  P. 

(I)  Au  mois  de  février  1873,  M.  Dautresme  s'est  présenté 
comme  c.ndidat  aux  élections  1  gislatives  dans  une  des 
circon'iciiptions  du  dcp.irtemcnt  de  la  Seine  Inférieure. 
Nomme  à  une  forte  uiajorité,  ilén  le  premier  tour  de  scru- 
tin, il  siège  à  la  gauche  delà  Chambre  des  députés.-  A. P. 


nombre  de  romances  et  mélodies  vorales ,  dont 
quelques-unes  obtinrent  un  certain  sutcès  dans 
les  salons  et  dans  les  concerts.  A  l'époque  oîi 
Masini ,  iMcdéric Bérat ,  Clapisson  ,  A.  de  Latour, 
M.  Paul  Henrion  ,  M""  Victoria  Arago,  Théodore 
Labarre  publiaient  chaque  année  un  album  de 
romances  ,  Dassier  faisait  comme  eux  et  publiait 
un  recueil  périodique.  Ses  productions  sont  au- 
jourd'hui bien  oubliées. 

Le  fils  de  cet  artiste ,  M.  Alfred  Dassier,  suit 
la  même  voie  que  son  père,  et  a  publié  un  cer- 
tain nombre  de  romances  et  chansons  qui  ont 
été  assez  bien  accueillies. 

*  DASSOUCY  (Charles  COYPEAU,  dit). 
Un  érudit  bibliographe,  M.  Emile  Colombey,  a 
publié  en  1858  une  nouvelle  édition  des  Aven- 
tures burlesques  de  Dassoucij  (Paris,  Delahays, 
in-16,  avec  portrait),  avec  une  préface  et  des 
notes  importantes.  Il  nous  manque  encore  une 
bonne  notice  biographique  sur  Dassoucy  consi- 
déré comme  musicien  ,  mais  la  notice  publiée  en 
forme  de  préface  par  M.  Colombey,  et  qui  ne 
comporte  pas  moins  de  23  pages,  est  précieuse 
à  plus  d'un  titre.  Elle  nous  révèle  d'abord  un  fait 
inconnu  jusqu'ici,  à  savoir  :  que  Dassoucy  serait 
l'auteur  de  la  musique  d'.4  ndromède ,  la  fameuse 
«  pièce  à  machines  »  de  Pierre  Corneille.  En 
second  lieu,  elle  rectifie,  en  la  précisant,  la  date 
de  naissance  de  ce  personnage  singulier,  qui  a 
toujours  été  placée  à  tort  en  1604.  M.  Colombey 
publie  en  effet,  d'après  la  communication  qui  lui 
en  a  été  faite  par  M.  Ravenel,  l'extrait  de  nais- 
sance de  Dassoucy,  tel  qu'il  a  été  trouvé  dans  les 
papiers  delà  paroisse  de Saint-Étienne-du-Mont. 
Voici  la  reproduction  de  ce  document  :  —  «  Du 
dictjour(samedy,  xxn«  d'octobre  1605).  Charles, 
filz  de  Grégoire  Coippeau ,  advocat  en  Pailement, 
et  de  Chrestienne  Damama ,  sa  femme,  né  le 
dimanche  précéilent ,  seiziesme  du  dict  mois  sur 
les  neuf  heures  du  soir,  baptizé  par  nous  et  tenu 
sur  les  fontz  par  noble  homme  M*  Charles  Dulis, 
conseiller  du  roy  et  son  advocat  général  en  sa 
cour  des  aydes  ,  lequel  lui  a  imposé  [son  nom], 
et  M"  Eslienne  Reillon  ,  procureur  au  Parlement, 
et  damoivelle  Isabeau  d'Herbis,  femme  de  noble 
homme ^r  Jehan  Lanoue,  gentilhomme.  »  M.  Co- 
lombey ajoute  :  «  Cet  acte  fait  plus  que  rectifier 
une  date  :  il  prouve  que  l'empereur  du  Burlesque 
ne  s'est  appelé  Dassoucy  que  par  droit  de  con- 
quête. Pouvait- il,  en  conscience ,  s'intituler  Coip- 
peau ,  comme  un  simple  avocat  au  parlement.'  » 

La  date  de  la  mort  de  Dassoucy  est  restée 
longtemps  douteuse,  comme  celle  de  sa  naissance, 
et  aucun  biographe  ne  l'avait  donnée  exactement, 
M.  Er.  Tlioinan  l'a  heureusement  découverte 
sur  les  registres  de  l'état  civil  de  Paiis,  alors 


238 


DASSOUGY  —  DAUSSOIGNE-MEHUL 


qu'il  y  faisait  des  recherches  po'.ir  établir  la  gt^- 
néalogiedes  Philidor.  Voici  l'extrait  morluiiire  lie 
la  victime  He  Chapelle  et  Bachaumont,  tel  que  ce 
musicographe  l'a  publié  dans  le  recueil  Vlnter- 
médifiire  du  25  décembre  t«68  ;n°  96.  p.  388)  : 
—  «  Enteirement  de  Dassoucy,  pensionnaire  de 
la  musique  du  Roy,  le  30  octobre  lfi77,  décédé 
le  29,  rue  de  la  Calande,  a  la  Clef  d'argent  (St- 
Germain  le-Viel;.  » 

DAUPHIN  (Léopold),  jeune  artiste  qui  a  fait 
représenter  aux  Bouffes- Parisiens  ,  en  1874,  une 
opérette  en  un  acte  intitulée  un  Mariage  en 
Cliine.  M.  Dauphin  a  écrit  aussi ,  pour  une  petite 
pièce  de  MM.  Ch.  Monselet  et  Paul  Arène,  V Ilote, 
jouée  au  Théâtre  -  Français  (l>s75),  quelques 
morceaux  de  musique  de  scène,  et  il  a  publié 
quelques  chansons,  un  recueil  de  mélodies  voca- 
les (Paris,  Girod),  et  un  autre  recueil  ayant  pour 
titre  :  Jiondeb,  petites  études  de  piano.  .M.  Dau- 
phin est  encore  auteur  d'un  opéra  comi()ue  en  un 
acte,  les  Deux Loups-garoiis ,  qui  jusqu'ici  n'a 
pas  été  représenté,  du  moins  à  Paris. 

*  DAIjPUAT{Loliis-François),  ancien  pro- 
fesseur de  cor  au  Conservatoire  de  Paris ,  est 
mort  en  cette  ville  le  16  juillet  186S.  Il  avait  été 
nommé  professeur  adjoint  en  1802,  était  devenu 
titulaire  de  sa  classe  le  1"  avril  1816,  et  avait  pris 
sa  retraite  le  15  novembre  1842. 

*DAUSSOIGi\E  MÉIHJL(Loiis  JosEiii). 
Cet  artiste  fort  distingué,  héritier  d'un  gi  and  nom, 
est  mort  à  Liège  le  10  mars  1875  (1).  Un  journal 
spécial  lie  tJrnxelles,  le  Guide  musical ,  a  publié 
sur  lui,  à  cette  époque,  la  notice  su' vante,  qui 
complète  heureusement  celle  de  la  Biographie 
universelle  da  Musiciens  : 

«  En  1797,  Méhul  reçut  sa  double  nomination 
d'inspecteur  au  Conservatoire  el  de  meud)re  de 
l'Institut.  Il  se  rendit  à  Givet  et  pria  sa  vieille 
tante  de  venir  à  Paris ,  pour  gouverner  sa  maison. 
Elle  y  consentit  ;  mais  elle  ne  put  :  etenir  ses  lar- 
mes en  jetant  les  yeux  sur  un  enfant  de  se|>t  ans 
qu'elle  tenait  endormi  sur  ses  genoux.  Elle  ne 
l'avait  jamais  quitté,  c'était  pour  lui  pne  .seconde 
mère  :,la  première  était  morte.  «  Voila,  dit-elle, 
«  mon  cher  .Méhul ,  le  plus  vd"  de  mes  regrets.  — 
«  Eh  liien ,  l'entant  sera  du  voyage  ;  je  le  [)lacerHi 
«  dans  une  classe  de  solfège,  et,  s'il  est  intelli- 
«  gent  et  honnête  homme,  il  se  tin  ra  d'affaire 
«  commetantd'autres.»  Louis-Joseph  Daus-oigne 
était  cet  enfant.  MehuI  n'a  point  été  trompé  :  les 
condilions^ipi'il  semblait  exiger,  les  résultats  qu'il 
attendait  des  soins  paternels  donnés  à  son  neveu, 
ont  été  payés  par  une  tendresse  filiale,  le  dévoue- 
ment d'un  cœur  reconnaissant ,  joints  d  la  si  vérité 

(1)  Il  était  né  à  Givet  non  le  2+,  inais  le  lO  juin  l'90. 


des  principes  d'honneur  et  de  probité  dont  son 
oncle  lui  avait  offert  le  précieux  exemple.  Daus- 
soigne  s'est  aussi  montré  digne  dune  illustre  pa- 
renté. Élève  de  son  oncle,  il  en  a  terminé  les 
œuvres  posthimies.  La  belle  partition  de  Valen- 
tine  de  Milan  renferme  beaucoup  de  morceaux 
de  sa  main;  la  critique  exeicée  n'a  pu  les  recon- 
naître et  les  signaler  :  la  touche  de  l'élève  se 
confond  avec  celle  du  maître;  on  ne  saurait  louer 
Méhul  .sans  applaudir  au  talent  de  son  neveu. 
Daussoigne  avait  donné,  en  1820,  Aspasie ,  à 
l'Académie  royale  de  musique  de  Paris ,  opéra 
qui  le  lit  connaître  avantageusement.  Plus  tard  , 
il  exécuta  avec  beaucoup  d'intelligence  le  travail 
nécessaire  pour  la  mise  en  scène  de  Stratonice, 
au  même  théâtre. 

«  Après  un  autre  opéra  qui  eut  peu  de  succès , 
les  Deux  Salem,  Daussoigne  renonça  définitive- 
ment au  théâtre.  Malgié  la  situation  honorable 
qu'il  avait  au  Con.servatoire  de  Paiis  ,  où  il  était 
professeur  d'harmonie,  il  désira  quitter  cette 
ville  et  accepta  la  direction  du  Conservatoire  de 
Liège,  où  il  arriva  en  1827.  Il  avait  laissé  au 
Conservatoire  de  Paris  de  bons  souvenirs  et  y 
avait  entre  autres  introduit  des  cours  d'harmonie 
el  d'accompagnement  pour  femmes. 

«  Arrivé  à  Liège,  Daussoigne  prit  une  grande 
part  à  l'orsanisalion  du  Conservatoire,  qui  rem- 
plaçait l'ancienne  école  de  musique  de  MM.  Hen- 
rard  ,  Jaspar  et  Duguet.  H  se  réserva  les  cours 
d'harmonie  et  décomposition,  et  s'occupa  acti- 
vement de  l'organisalion  des  autres  cours  ;  il 
donna  une  très-forte  impulsion  à  l'établissement 
(|ui,  grâce  à  lui ,  prit  bientôt  une  place  très-ho- 
norable dans  le  pays.  Depuis  son  séjour  en  Bel- 
gique, il  composa  peu;  on  lui  doit  queli|ues 
morceaux  de  circonstance,  entre  autres  deux 
cantates  ,  Tune  à  l'occasion  du  retour  à  Liège  dil 
cœur  de  Grétry  en  1828,  et  uni  caidate  nationale, 
tine  Journée  de  la  Révolution  ,  «pii  fut  jouée  à 
Bruxeles,  en  1834.  Daussoigne  n'était  pas  seu- 
lement un  musicien  et  un  oiganisateur  :  c'était 
un  esprit  lilléraire  et  très  cultivé.  Il  écrivait  avec 
beaucoup  de  finesse  et  de  fermeté.  Il  a  formé  à 
Liège  des  élèves  qui  ont  singulièrement  rehaussé 
notre  renommée  artistique:  nous  citerons  surtout 
les  lauréats  des  grands  prix  de  composition , 
Souhre  et  Radoux,  ses  deux  successeurs  à  la 
direction  du  Conservatoire,  J.  B.  Rongé,  Auguste 
Dupont,  L.  Terry  et  Ledent ,  sans  com|iter  une 
noriibreuse  et  brillante  pléiade  d'ariistes  qui  ont 
fait  honneur  à  la  ville  de  Liège. 

«  Depuis  1862,  Daussoigue  avait  pris  sa  re- 
traite ;  mais  malgré  son  âge  avancé,  il  avait 
conservé  un  esprit  actif  et  animé  du  goût  des 
belles-lettres  et  des  beanx-arts.  Suivant  sa  dernière 


DAUSSOIGNE-MP'HUL  —  DAVID 


239 


volonfé,  son  corps  a  été  conduit  à  Givet,  lien  de 
naissance  du  défunt,  et  sans  céiéinonies  offi- 
cielles. » 

Metnlue  associé  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique depuis  le  6  février  1846,  Daussoigne  Méliul 
avait  fait  insérer  dans  les  Bulletins  de  cette 
compagnie  les  écrits  suivants  :  1°  Projet  d'un 
musée  fiour  les  inslrumenls  de  musique  dont 
les  Européens  firent  successivement  usarje 
depuis  le  XI r  siècle;  —  2"  De  l'enseignement 
du  chant  aux  enfants  dans  les  écoles  pri- 
maires de  la  Belgique  ;  —  3"  Rapport  sur  les 
trois  Mémoires  envoyés  au  concours  de  1847, 
relatifs  à  la  notation  musicale;  —  4°  Rapport 
sur  le  Mémoire  de  M.  le  comte  de  Robiuno, 
concernant  la  musique  antique  de  la  Grèce; 

—  5°  Projet  d'un  concours  national,  en  1856, 
pour  la  composition  d'une  si/mphonie;  —  6" 
Be  l'indifférence  des  jeunes  musicie  s  à  l'é- 
rjard  des  lois  qui  leur  sont  imposées  par  les 
giands  concours  de  composition  ; —  7"  Be 
l'importance  des  voyages  imjiosés  aux  pen- 
sionnaires parle  règlement  des  grands  cowovrs 
(le  composition  musicale;  —  8°  De  l'impossi- 
bilité de  certains  mots  employés  par  Catel 
dans  son  Traité  théorique  de  l'harmonie  inoderne  ; 

—  9"  Essai  philosophique  sur  l'origine,  le  ca- 
ractère et  les  transformations  de  la  musique 

*  théâtrale. 

Daussoigne-Méliul  était  chevalier  de  la  [.égion 
d'honneur.  —  Un  fils  de  ce  compositeur,  pi;misle 
habile,  vint  à  Paris  en  1854  et  s'y  lit  connaître 
avantageusement  dans  les  concerts.  Adolplie  Ad.iin 
en  a  parlé  avec  éloges  dans  un  de  ses  feuilletons 
de  V Assemblée  nationale. 

*  DAUVERiVÉ  (François -Georges -Au- 
guste), est  mort  à  Paris  le  5  novembre  1874.  On 
doit  à  cet  excellent  artiste  les  pulilicalions  sui- 
vantes :  1"  Cent  mélodies  ou  fanfares  en  forme 
d'études,  pour  deux  trompettes,  op.  4,  Paris, 
Colombier;  —  2°  24  mélodies  gracieuses,  pour 
cornet  à  pistons,  id.,  id.;  —  3"  8  duos  faciles  et 
chantants,  pour  deux  cornets  à  pistons,  id.,  id.; 

—  i  "  un  certain  nombre  de  fantaisies  et  morceaux 
de  genre  pour  trompette  ou  cornet  à  pistons, 
avec  accompagnement  de  quatuor  ou  de  piano. 

*DAUVtLLIElîS  (Jacques-Marin).  On  doit 
à  cet  artiste  l'ouvrage  théorique  dont  voici  le 
titre  :  Traité  de  composition  élémentaire ,  les 
accords,  dédié  à  monsieur  Lesueur,  Paris,  s.  d. 
(la  dédicace  est  datée  de  1834),  in-S"  de  148 
pages. 

D'AVESNES  ( ),  violoncelliste  et  com- 
positeur, vivait  à  Paris  au  dix  huitième  siè(  le. 
Dès  1750  il  faisait  partie  de  l'orchestre  dn  l'Opéra, 
et  quelques  années  plus  tard  il  devint  aussi  sym- 


phoniste du  Concert  spirituel  ;  mais  il  n'avait  pas 
attendu  ce  moment  pour  se  laireconnaîlre  comme 
compositeur,  et  déjà  il  avait  fait  exécuter  à  ce 
Concert,  avec  beaucoup  de  succès,  plusieurs  mo- 
tets à  grand  chœur  :  Venite  exullemus,  Can- 
tate Domino,  Laudate,  Deus  misereatur  nos- 
tri,  etc.  Le  petit  almanacli  les  Spectacles  de 
Paris  donnait  sur  lui  cette  courte  notice  en 
1754  :  —  «  M.  d'Avesne,  ordinaire  de  l'Académie 
royale  de  musique,  dont  les  motets  ont  été  écou- 
tés au  Concert  spirituel  avec  plaisir,  a  fait  plu- 
sieurs bonnes  ouvertures  de  l'Opéra-Comique ,  et 
travaille  actuellement  à  la  musique  d'un  opéra.  » 
Cet  ouvrage  n'a  jamais  été  représenté.  D'Avesnes 
quitta  le  service  de  l'Opéra  en  1766,  avfc  une 
pension  de  300  livres.  Il  vivait  encore  en  1784. 
—  C'est  sans  doute  un  frère  de  cet  artisie  qui  est 
indiqué,  en  tète  de  la  liste  du  personnel  de  l'or- 
chestre de  l'Opéra-Comique  publiée  par  les  Spec- 
tacles de  Paris  de  1754,  comme  <<  cumfiositeur  » 
et  vraisemblablement  comme  chef  de  cet  orches- 
tre. 

DAVID  (Pâli),  neveu  de  Délia  Maria,  naquit 
à  Marseille  vers  180G.  Écrivain  spirituel  et  incisif, 
il  publia  sur  divers  sujets ,  dans  le  journal  minis- 
tériel le  Garde  national ,  des  articles  qui  furent 
très-remarques.  Il  créa  aussi,  en  collaboratioa 
avec  Eugène  Guinot,  le  Mistral,  feuille  très- 
mordanle,  où  il  put  donner  libre  carrière  à  sa 
verve,  malheureusement  un  peu  trop  agressive. 
Sa  conversation  était  vive  et  biillante.  C'est 
comme  critique  musical  qu'il  doit  être  mentionné 
ici.  Son  jugement  était  sain  et  solide,  sa  forme 
littéraire  excellente.  Il  aurait  certainement  pris 
une  place  prépondérante  parmi  les  critiques  de 
province,  si  sa  carrière  n'eût  été  brusquement 
interrompue  par  une  déplorable  calastrophe,  Paul 
David  fut  tué  en  duel  en  1834,  à  la  suite  d'une 
querelle  politique  suscitée  par  sa  polémique. 

Al.  R— d. 

*  DAVID  (Ferdinand),  violoniste  et  compo- 
siteur, est  mort  à  Klo.ster,  en  Suisse,  dans  le 
canton  des  Grisons,  le  19  juillet  1873.  Cet  artiste 
remarquable  n'avait  pas  occupé  pendant  moins 
de  trente-six  ans  les  fonctions  de  concertmcister 
de  la  célèbre  société  du  Gervandhaus,  de  Leipzig, 
car,  chargé  de  ces  fonctions  le  l""'  mars  1830,  il 
s'en  démit  seulement  en  1872,  pour  aller  prendre 
sa  retraite  à  KIoster,  où  il  ne  devait  pas  jouir 
longtemps  d'un  repos  qu'il  avait  si  bien  gagné. 

David  ne  se  faisait  pas  seulement  applaudir 
comme  chef  d'orchestre  aux  concerts  du  Ge- 
wandhaus  ;  il  y  faisait  souvent  apprécier  son  grand 
talent  de  violoniste  ,  et  toujours  avec  le  plus  grand 
succès.  Comme  professeur  aussi  il  se  fit  beiucoup 
remarquer,  et  entre  autres  élèves  i!  forma  le  grand 


240 


DAVID 


virtuose  Joachim  {voyez  ce  nom),  qui  fut  accueilli 
avec  tant  de  chaleur  à  Paris,  il  y  a  quelques 
années,  aux  Concerts  populaires.  La  haute  posi- 
tion qu'il  occupait  lui  procura  les  plus  helles 
relations  artistiques;  il  fut  lié  d'amitié  avec  la 
plupart  des  grands  maîtres  de  l'école  allemande 
contemporaine,  et  tout  particulièrement  avec 
Mendelbsohn,  à  qui,  dit-on  ,  il  donna  de  précieux 
conseils  pour  son  concerto  de  violon. 

La  ville  de  Leipzig,  où  son  corps  avait  été 
rapporté,  fit  à  Ferdinand  David  des  funérailles 
splendides.  Le  convoi  funèbre ,  que  suivait  une 
foule  immense,  était  précédé  d'une  bande  de 
musique  militaire,  derrière  laquelle  venaient 
trois  élèves  du  Conservatoire,  portant  des  bran- 
ches de  palmier  et  une  couronne  en  argent.  On 
voyait  ensuite  les  autorités  municipales,  des 
représentants  de  toutes  les  institutions  et  de  toutes 
les  sociétés  musicales  ,  puis  l'immense  cortège  de 
tous  ceux  qui  avaient  voulu  accompagner  le 
grand  artiste  à  sa  dernière  demeure.  La  Soi  iélé 
universitaire  PaïUus  et  le  Tfiomaner  Verein 
faisaient  à  tour  de  rôle  entendre  des  chants  fu- 
nèbres. Un  pasteur,  le  docteur  Altfeld,  avHil , 
selon  la  coutume  protestante,  prononcé  dans  la 
maison  mortuaire  un  discours  dans  lequel  il  avait 
retracé  les  qualités  de  David  comme  homme , 
comme  artiste  et  comme  père  de  famille.  Ferdi- 
nand David  était  en  elfet  non-seulement  un  artiste 
de  grand  talent ,  mais  nn  homme  du  monde,  fort 
instruit ,  bienveillant,  et  qui  avait  su  se  concilier 
l'estime  et  l'affection  de  ses  concitoyens. 

*DAVID(FÉLiciEN),est  mortàSaint-Germain- 
en-Laye,  le  39  août  1876.  Il  était  né  à  Cadenet, 
non  le  8  mars,  mais  le  13  avril  1810.  Cet  artiste 
d'un  talent  fort  distingué  et  fort  original,  maisdont 
le  tempérament  rêveur  et  contemplatif  ne  convenait 
que  médiocrement  au  théâtre ,  a  abordé  deux 
fois  la  scène  de  l'Opéra-Comique  après  avoir 
donné Herculannm  àl'Opéra.  Les  deux  ouvrages 
qu'il  a  donnés  à  ce  théâtre  sont  Lalla-Rouhh 
(2  actes,  12  mai  1862),  et  le  Saphir  (3  actes, 
9  mars  1865).  Lalla-Roukh  obtint  un  très-grand 
succès  ,  dû  à  plusieurs  jolis  morceaux,  à  des  mé- 
lodies charmantes ,  et  à  la  couleur  poétique  qui 
était  répandue  sur  l'œuvre  entière  et  qui  convenait 
merveilleusement  au  sujet;  la  critique  pourtant, 
quoique  très-favorable  au  compositeur, crut  devoir 
faire  quelques  réserves  en  ce  qui  concernait  l'en- 
tente et  le  sentiment  dramatique,  qualités  qui 
n'étaient  évidemment  pas  celles  de  Félicien  David, 
et  un  plaisant,  voulant  caractériser  la  nouvelle 
partition  de  l'auteur  du  Désert,  dans  laquelle 
dominaient  surtout  la  rêverie  et  l'extase,  |>ré- 
lendit  que  LallaRoxikh  était  «  un  hamac  en 
deux  actes  ».  Au  point  de  vue  du  succès,  David 


fut  beaucoup  moins  heureux  avec  le  Saphir 
œuvre  médiocre  et  sans  couleur,  où  l'on  distin- 
guait seulement  un  quatuor  délicieux  et  écrit  de 
main  de  maître.  Depuis  lors ,  le  compositeur  ne 
se  produisit  plus  à  la  scène ,  bien  qu'il  ait  fait 
répéter  encore  au  Théâtre-Lyrique  un  ouvrage 
intitulé  la  Captive,  qu'il  retira  peu  de  jours 
avant  l'époque  où  il  devait  être  représenté ,  et 
qu'il  ait  écrit  la  musique  d'un  grand  drame  lyri- 
que, dont  j'ignore  le  titre,  mais  dont  un  fragment 
choral,  intitulé  Chant  de  guerre  des  Palicares, 
a  été  exécuté  au  Grand-Théâtre  de  Lyon,  le  21 
novembre  1871,  dans  un  concert  donné  au  profit 
des  orphelins  de  la  guerre.  Il  a  aussi  transformé 
en  grand  opéra  et  renouvelé  en  grande  partie  sa 
partition  de  la  Perle  du  Brésil^  représentée  na- 
guère sous  forme  d'opéra  dialogué. 

Félicien  David ,  qui ,  en  1860,  avait  reçu 
de  l't'mpeteur  Napoléon  m  le  brevet  d'une  pension 
de  2,400  francs  sur  sa  cassette  ,  et  qui  en  1862,  à 
la  suite  du  succès  de  Lalla-Roukh,  avait  été 
promu  au  grade  d'ofiicier  de  la  Légion  d'honneur, 
se  vit  décerner  en  1867,  par  l'Académie  des 
Reaux-.\rts,  le  grand  prix  biennal  de  20,000  francs 
fondé  par  l'empereur  dans  le  but  de  récompenser 
«  l'œuvre  ou  la  découverte  la  plus  propre  à  ho- 
norer le  pays ,  et  produite  dans  les  dix  dernières 
années.  »  Tout  en  visant  surtout ,  à  ce  sujet,  la 
partition  â'Herculanum,  l'Académie  des  Beaux- 
Arts,  en  cette  circonstance,  rendait  ainsi  hommage 
au  talent  et  à  la  carrière  entière  de  Félicien 
David  :  »  La  personnalité  d'un  artiste,  disait-elle, 
ne  se  décompose  pas;  et,  si  l'on  sépare  ses  œu- 
vres à  l'aide  des  dates,  on  ne  peut  détacher  de 
lui  ni  le  reflet  des  succès  de  sa  jeunesse,  ni  le 
souvenir  des  inspirationséclatantes  qui  ont  révélé 
son  talent  et  constitué  .sa  gloire.  Nous  couronne- 
ronsdu  même  coup  toute  la  carrière  de  M.  Félicien 
David,  et  on  en  trouvera  peu  où  le  mérite  de 
l'artiste  soit  mieux  rehau.-sé  par  la  noblesse  du 
caractère,  par  la  constance  dans  l'adversité,  par 
l'amour  désintéressé  du  beau,  par  le  respect  de 
soi-même  et  par  le  respect  de  la  dignité  de 
l'art  (1).  » 

En  18t>9,  Félicien  David  fut  élu  membre  de 
l'Académie  des  beaux-arts,  où  il  succéda  à  Ber- 
lioz. A  cette  occasion  il  prononça,  selon  la  cou- 
tume, en  séance  particulière  de  l'Académie,  un 


fi)  Félicien  David  ses  trouvait,  en  celte  circonstance, 
en  présence  de  deux  concurrents  :  M.  Charles  Blanc, 
pour  sa  Grammaire  des  arts  du  dessin,  et  M.  Labrouste, 
architecte,  pour  sa  restauration  de  la  Bibliothèque  im- 
périale. Le  vnte  de  l'Académie  des  beaux-arts  donna  les 
résultats  suivants  :  Félicien  David,  23  voix;  M.Charles 
Blanc,  lî;  M.  Labrouste,  5.  Dans  le  vote  géni'ral  de  l'Ins- 
titut, Félicien  David  obtint  60  voix  sur  104  votants. 


DAVID 


241 


éloge  de  Berlioz  qui  a  été  imprimé  (Paris,  Firmin- 
Di(lot).  C'est  aussi  en  remplacement  de  ce  grand 
artiste  qu'il  fut  nommé  bibliothécaire  du  Conser- 
vatoire. 

Sous  ce  titre  :  Félicien  David,  sa  vie  et  son 
œuvre  (Paris,  Heugel,  1863,  gr.  in-8°  avec  por- 
trait et  autographe),  M.  Alexis  Azevedo  a  publié 
sur  cet  artiste  une  notice  médiocre  en  ce  qui  con- 
cerne la  critique,  mais  utile,  étendue  et  détaillée 
au  point  de  vue  historique.  Plusieurs  années  au- 
paraviinf,  M.  Sylvain-St-Étienne  avait  publié  une 
biographie  beaucoup  plus  concise  de  ce  coInpo^i- 
teur  [Biographie  de  Félicien  David,  Marseille, 
1845,in-I2de32  p.avec  portrait). L'éditeur  Gérard 
a  fait  paraître  un  Recueil  des  cinquante  mé- 
lodies de  Félicien  David,  chant  et  piano.  Ce 
recueil  n'est  pas  un  des  moindres  titres  de 
l'auteur  à  l'estime  et  à  la  sympathie  des  artis- 
tes ,  on  y  trouve  le  Rliin  allemand,  chant 
composé  sur  les  vers  immortels  de  Musset,  et  qui 
a  été  chanté  en  1870,  par  M,  Léon  Achard,  sur  la 
scène  de  l'Opéra- Comique. 

Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  qu'en  1864, 
Félicien  David, quien  1851  avaitdirigé  lesconcerts 
de  1  Union  musicale,  eut  l'idée  de  fonder,  avec 
MM.  D.  Magnus ,  Léopold  Deulz  et  Ch.  de  Lorbac, 
une  grande  entreprise  artistique  qui  porterait  le 
titre  de  Société  du  Grand-Concert,  et  dont  le 
but  était  de  faire  entendre  des  œuvres  vocales  ou 
instiumentales  de  compositeurs  modernes,  les 
chefs-d'œuvre  des  mnitres  classiques,  et  de  pro- 
duire devant  le  public  les  virtuoses  les  plus  fa- 
meux comme  chanteurs  et  instrumentistes,  le 
tout  sans  distinction  ni  parti  pris  de  pays  ou 
d'école.  Un  pros[)ectus  détaillé  de  la  nouvelle 
entreprise  fut  publié,  et  déjà  l'on  désignait  le  local 
où  devait  s'établir  le  Grand-Concert,  local  qui 
n'était  autre  que  celui  occupé  aujourd'hui  par 
un  établissement  d'un  toiitautre  genre,  les  Folies- 
Bergèie  (rue  Richer,  en  face  la  rue  Geoffroy- 
Marie).  L'affaire  n'eut  pas  de  suites,  bien  qu'on 
en  ait  parlé  longuement  durant  plusieurs  mois. 

DAVID  (Er7<est),  musicographe  français, 
né  vers  1825,  s'est  beaucoup  occupé,  dans  ces 
dernières  années  ,  de  travaux  relatifs  à  l'histoire 
de  certains  grands  artistes  du  passé,  particuliè- 
rement de  plusieurs  maîtres  de  l'école  italienne. 
Ces  travaux,  estimables  et  faits  avec  soin,  mais 
qui  laissent  uu  peu  à  désirer  au  point  de  vue  de 
!a  nouveauté  des  documents,  ont  été  publiés  dans 
la  Revue  et  Gazette  musicale  et  dans  le  Ménes- 
trel, dont  M.  Ernest  David  est  le  collaborateur 
assidu.  Cet  écrivain  a  publié  aussi  sous  ce  titre  : 
la  Musique  chez  les  Juifs  (Paris,  Pottier  de  La- 
Jaine,  1873,  in-8°  de  62  pp.),  une  élude  intéres- 
sante et  qui  a  été  remarquée. 

nrOGR.    LNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


DAVID  (SAMUiîL),  compositeur,  né  à  Paris 
le  12  novembre  1836,  fit  de  brillantes  études  au 
Conservatoire  de  cette  ville.  Après  avoir  obtenu 
en  1850  un  premier  prix  de  solfège  ,  il  entra  dans 
la  classe  d'harmonie  et  accom()agnement  de 
M.  Bazin,  y  remporta  un  second  prix  en  1853,  le 
premier  en  1854,  puis^  l'année  suivante,  étant 
devenu  élève  d'Halévy,  se  vit  décerner  le  premier 
prix  de  fugue.  Devenu  en  1836  chef  du  chant  au 
Théâtre-Lyrique,  M.  Samuel  David  concourut  en 
1858  à  l'Institut,  et  remporta  le  premier  grar«i 
prix  de  Rome-,  la  cantate  qu'il  avait  mise  en 
musique  avait  pour  titre  Jepidé,  et  pour  auteur 
M.  Emile  Cicile.  La  même  année,  le  jeune  ar- 
tiste sortait  vainqueur  d'un  autre  concours ,  et 
obtenait  une  médaille  d'or  pour  une  cantate  inti- 
tulée le  Génie  de  la  terre,  destinée  au  grand 
festival  orphéonique  international  de  1859,  et  qui 
fut  exécutée  par  une  masse  de  6,000  orphéonistes. 

A  sou  retour  de  Rome,  en  1861,  M.  Samuel 
David  entra  comme  professeur  au  collège  Sainte- 
Barbe,  et  entreprit  la  rédaction  d'un  ouvrage 
théorique  et  pratique  :  CArt  dejotier  en  mesure, 
qui  fut  publié  l'année  suivante.  En  même  temps 
il  cherchait  à  se  faire  jouer  à  l'Opéra- Comique, 
mais,  comme  tous  les  jeunes  compositeurs, 
voyait  les  obstacles  accumulés  sur  son  chemin. 
Cependant,  le  décret  de  1864  relatif  à  la 
liberté  des  théâtres  semblait  devoir  ouvrir  aux 
musiciens  de  nouveaux  débouchés.  En  effet, 
M.  Samuel  David  fit  recevoir  au  théâtre  Saint- 
Germain  (aujourd'hui  théâtre  Cluny)  un  opéra- 
comique  en  2  actes  ,  les  Clievaliers  du  poignard. 
qui  (ut  mis  aussitôt  en  répétitions  et  qui  allait 
être  joué  lorsque  la  direction  fit  faillite.  Il  se  ra- 
battit alors  sur  quelques  petits  thi'àtres,  où  il 
ilonna  trois  ou  quatre  opérettes  sans  conséquence. 
L'Opéra- Comique  ayant  enfin  consenti  à  lui  jouer 
un  ouvrage ,  M.  David  mit  en  musique  un 
livret  qui  lui  avait  élé  confié  par  M.  Narcisse 
Fournier,  et  qui  n'était  autre  qu'une  ancienne 
coméiie  en  un  acte  de  cet  écrivain,  jouée  naguère 
sous  le  titre  de  Tiridale.  Tirida  te  âeyiut  Made- 
moiselle Stjtvia,  qui  fut  représentée  le  17  avril 
1868.  Malgré  le  bon  accueil  fait  parle  public  à  sa 
partition,  M.  David  ne  put  réussira  se  faire  jouer 
de  nouveau ,  et  il  avait  un  acte  reçu  et  en  répé- 
titions au  théâtre  Ventadour,  nn  Caprice  de 
A'irtoH,  lorsque  ce  th'âtre,  dans  lequel  M.  Bagier 
vou'ait  réimir  l'opéra  français  à  l'opéra  italien 
vint  à  fermer  inopinément  (1874). 

M.  David,  qui  a  été  nommé  en  1872  à  la  di- 
rection générHlede  la  musique  des  temples  israéli- 
tes  de  Paris,  a  en  poitefeuille  plusieurs  autres 
ouvrages  lyriques  :  t°  la  Fée  des  Bruyères,  opéra- 
comique  en  3  actes  sur  un  livret  de  Scribe;  2" 
T.  I.  16 


242 


DAVID  —  DAYIDOFF 


la  Gageure,  opéra -comique  en  3  actes;  3"  les 
Chevaliers  du  poignard,  opfira-comique  en 
2  actes;  4°  i  Maccabei,  grand  opéra  italien  en 
4  actes;  5°  une  Diagonnade,  opéra- comique  en 
un  acte;  6"  VÉducation  dhin  prince,  id.;  ~° 
Absalon,  id.;  8°  les  Changeurs,  id.  Cet  artiste 
distin<;ué  a  publié  un  assez  grand  nombre  de 
compositions,  parmi  lesquelles  il  faut  citer  surtout 
quatre  symphonies  (réduction  pour  le  piano  chez. 
Leduc,  éditeur),  des  chœurs,  des  mélodies  voca- 
les :  le  Gué,  Si  j'étais  le  Seigneur,  A  ConcliUa, 
Sonnet,  le  Soutien,  Chantez  encore,  le  Souve- 
nir, etc.  Son  premier  ouvrage  dramatique  a  été 
représenté  avant  son  départ  pour  Rome;  c'était 
une  opérette  en  un  acte ,  intitulée  la  Peau  de 
VOurs,  dont  le  livret  était  imité  de  celui  des  Deux 
Chasseurs  et  la  Laitière,  et  qui  fut  donnée  au 
petit  théâtre  des  Folies-Nouvelles,  en  1857  ou 
1858. 

DAVIDE  (Le  Père),  da  Bergamo.    Félix 

Moretti,  connu  sous  le  nom  ci-dessus,  naquit  à 

Zunica,  petit  bourg  de  la  province  de  Bergame  , 

le  21  janvier  1791.  En  1804,  il  suivit  ses  parents, 

qui  allaient  s'établir  à  Bergame.  Passionné  dès  son 

jeune  âge  pour  la  musique,  il  reçut  ses  premières 

leçons  de  D.  Blanchi,  qui  passait  alors  pour  un 

habile  organiste.   En  1808,  il  entra  à  l'école  de 

A.Gonzalès,professeur  de  piano  au  Conservatoire 

de  Bergame,  dont  le  directeur,  J.  S.  Mayr,  frappé 

par  le  talent  précoce  et  le  caractère  heureux  de 

l'enfant ,  lui  voua  une  affection  toute  particulière 

et  l'aida  de  ses  précieux  conseils.  A  l'élude  du 

piano  et  de  l'orgue,  le  jeune  Moretti  joignit  celle 

du  cor  de  chasse ,  de  la  trompette,  de  la  guitare 

et  du  chant.  Ce  fut  en  chantant  dans  les  chœurs 

du  théâtre  et  dans  des  églises  de  Bergame  qu'il 

connut  le  célèbre  ténor  Rubini ,  à  cette  époque 

simple  choriste  lui-même,  et  qu'il  se  lia  avec  lui 

d'une  amitié  qui  ne  se  démentit  jamais.  Organiste 

à  Torre-Baldone,  ensuite  à  Gandino,  en  1818,  le 

jeune  Moretti  prit  l'habit  de  cordelipr  dans  le 

couvent   de   Santa  Maria   di  campagna,    à 

Plaisance ,  et  reçut  en  religion  le  nom  de  Fr. 

Davide  da  Bergamo. 

En  1819  il  reçut  les  ordres  sacrés;  mais  son 
nouvel  état,  dont  il  remplit  jusqu'à  sa  mort 
tous  les  devoirs  avec  une  pieuse  ferveur,  ne 
l'emi  êcha  pas  de  cultiver  la  musique  avec  la 
même  ardeur.  Il  devint  l'organistedeson  couvent, 
et  quoique  les  orgues  en  fussent  dans  un  état 
pitoyible  de  délabrement,  il  s'y  fit  tellt-menl  re- 
marquer que  les  marguilliers  consentirent  en  182,) 
à  des  réparations  et  des  agrandissements  d'après 
ses  idées.  Ces  réparations  furent  exécutées  par 
je  cé'èbre  facteur  Charles  Serassi,  de  Bergame. 
Ce  fui  sur  cet  instrument  ainsi  modifié  que  le 


Père  Davide  déploya  une  telle  habileté  qu'en  peu 
de  temps  son  nom  se  répandit  dans  toute  l'Italie. 
Il  n'y  avait  fête  religieuse  de  quelque  importance 
en  Piémont,  en  Lombardie,  en  Emilie,  sans  que 
le  père  Davide  y  fût  appelé  en  sa  qualité  d'orga- 
niste, ni  orgues  à  réparer  ou  à  construire,  qu'on 
ne  le  consultât  préalablement  ;  c'était  toujours  à 
lui  qu'on  avait  inévitablement  recours  lorsqu'il 
s'agissait  de  recevoir,  expertiser  ou  inaugurer  un 
instrument  nouveau. 

Ces  séances  d'inauguration  prenaient  toujours 
le  caractère  de  véritables  solennités  musicales , 
par  la  foule  qui  y  accourait  et  y  assistait  enthou- 
siaste. Mais  la  santé  de  ce  bon  religieux  s'affai- 
blissait peu  à  peu;  déjà, en  1842, ilavait commencé 
à  souffrir  de  migraines ,  quand  se  manifestèrent 
en  lui  les  premiers  symptômes  d'une  cardialgie 
qui  le  conduisit  au  tombeau  le  24  juillet  1863, 
après  de  longues  souffrances  supportées  avec  une 
patience  et  une  résignation  admirables. 

Le  renom  dont  jouissait  le  père  Davide  était 
vraiment  mérité.  La  netteté,  le  brillant,  le  moel- 
leux de  son  jeu,  son  bon  goût  dans  l'usage  des 
registres,  la  verve  de  .son  improvisation,  même 
lorsqu'elle  s'exerçait  sur  les  thèmes  les  plus 
arides  qu'on  s'amusait  parfois  à  lui  donner,  toutes 
ces  qualités  lui  assuraient  à  juste  titre  une  place 
honorable  parmi  les  meilleurs  organistes.  Il  fut 
aussi  compositeur,  et  l'on  possède. de  lui,  outre 
quelques  morceaux  de  musique  sacrée  pour  le 
chant ,  un  certain  nombre  de  pièces  pour  l'orgue, 
dont  une  grande  partie  a  été  publiée  à  Milan  par 
les  éditeurs  Ricordi,  Canti  et  Vismara.  Mais 
toutes  ces  compositions,  quoique  régulièrement 
écrites,  et  parfois  très-agréables,  manquent  en 
général  de  ce  caractère  de  noble  sévérité  qui  ne 
doit  jamais  faire  défaut  à  la  musique  religieuse. 

Félis,  qui  probablement  ignorait  l'existence 
de  ce  musicien  religieux,  la  confondu  dans  sa 
Biographie  universelle  avec  le  célèbre  ténor 
Jacques  David,  de  Bergame,  qu'on  appelait  en 
Italie  Davide  padre  (Davide  le  père),  pour  le 
distinguer  de  son  fils  Jean  Davide,  ténor  lui  aussi, 
en  attribuant  à  ce  chnnteur,  quoique  dune  ma- 
nière  dubitative,  toutes  les  sonates  pour  l'orgue 
dues  au  Padre  Davide  ti  publiées  à  Milan  par 
Ricordi  (1).  L.-F.  C. 

DAVIDOFF  (Charles),  violoncelliste  dis- 
tingué et  compositeur  pour  son  instrument,  est 
né  à  Goldingen,  dans  la  Courlande,  le  15  mars 
1838.  Sa  famille  l'emmena  de  bonne  heure  à 
Moscou,  oii,  à  l'âge  de  douze  ans,  il  devint  élève 


(1)  M.  Giuseppp  Prospero  Gatloni  a  publié  sur  cet  ar- 
tiste tinnuriiblf  l'ecril  ^uiv.^nt  :  (cnni  biografici  dct 
P.  Davide,  da  Bergamo,  Bologne,  1863.  -  A..  1'. 


DAVIDOFF  —  DAVISON 


243 


de  H.  Schmidt,  premier  violoncelliste  au  théâtre 
de  cette  ville,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  suivre 
pendant  quatre  ans,  de  1854  à  1858,  les  cours 
de  l'Université.  Il  partit  ensuite  pour  Saint-Pé- 
tersbourg, se  perfectionna  sous  la  diiection  de 
de  Charles  Schuberth  dans  l'étude  de  son  instru- 
ment, puis  alla  passer  quelque  temps  à  Leipzig, 
où  il  travailla  la  composition  avec  Hauptmann. 
C'est  en  cette  ville,  dans  une  des  séances  de  la 
société  du  Gewandhaus,  que  M.  Davidoff  se 
fit  entendre  pour  la  première  fois,  le  15  décem- 
bre 1859,  et  son  succès  fut  tel  qu'il  fut  presque 
aussitôt  engagé  comme  violoncelle-solo  de  celte 
société,  et  que  peu  après  il  remplaçait  Grûlzma- 
cher  comme  professeur  au  Conservatoire.  Il  ne 
resta  cependant  pas  à  Leipzig,  et  après  un 
voyage  artistique  en  Allemagne  et  en  Hollande, 
il  retourna  en  Russie.  L'empereur  l'ayant 
entendu,  et  s'élant  montré  charmé  de  son  ta- 
lent, M.  Davidoff  fut  nommé  successivement 
violoncelle-solo  de  la  musique  de  la  cour  et  de 
l'orchestre  de  la  Société  de  musique  russe,  puis 
professeur  au  Conservatoire  de  Saint-Péters- 
bourg (1862).  Cette  brillante  situation  ne  l'a  pas 
empêché  de  voyager,  et  M.  Davidoff  a  mis  à  profit 
ses  c'jngés  pour  aller  se  faire  entendre  en  Alle- 
magne et  à  Londres,  puis  à  Bruxelles  et  à  Paris. 
Pendant  l'hiver  de  1874,  il  s'est  produit  deux 
fois,  dans  cette  dernière  ville,  aux  séances  de  la 
Société  des  concerts  du  Conservatoire.  Son  ta- 
lent de  virtuose  y  a  été  très-apprécié,  mais  le 
public  n'a  pas  paru  très-satisfait  du  concerto  de 
sa  composition  que  M.  Davidoff  lui  a  fait  en- 
tendre. Les  qualités  principales  de  cet  artiste 
sont  une  très-grande  justesse  et  une  rare  aisance 
dans  l'exécution  des  difficultés  les  plus  ardues; 
mais  on  peut  reprocher  à  son  style  de  manquer 
d'ampleur   et  d'être    parfois    un  peu   maniéré. 

M.  Davidoff,  qui  a  fondé  avec  MM.  Auer  et 
Léchetitzky  {Voyez  ces  noms)  une  société  de 
musique  de  chambre  dont  les  séances  sont  très- 
suivies,  est  devenu  en  1876  directeur  de  la  So- 
ciété impériale  russe  de  musique  et  a  été  nommé, 
dans  le  cours  de  la  même  année,  directeur  du 
Conservatoire  de  Saint-Pétersbourg.  Outre  plu- 
sieurs concertos  de  violoncelle,  dont  un  en  si 
mineur,  outre  une  Ballade  (op.  25)  et  une  Ro- 
mance sans  paroles  (op.  23)  pour  le  même  ins- 
trument, M.  Davidoff  a  écrit  des  lïcdcr,  et  un 
certain  nombre  de  morceaux  de  piano. 

DAVIDOR  (ÉTiENNE-IvANOwicn),  compo- 
siteur russe,  né  vers  1777,  s'est  exclusivement 
consacré  à  la  musique  religieuse.  Il  est  mort  à 
Moscou  en  1823.  Y. 

DAVRAIKVILLEC ),  père  du  facteur 

d'orgues  et    de  serinettes  dout   il  est  question 


au  T.  II  de  la  Biographie   universelle   des 
Musiciens.    Fétis    a    sans    doule    été  trompé- 
par  de  faux  renseignements  lorsqu'il  a  dit  de  ce 
dernier  que  «  son  éducation  fut  négligée,  »  et  que 
<(  son  instinct  pour   la  mécanique  triompha  de 
l'insuffisance  de  son  instruction.  »  Il  sernlile  au 
contraire  que  Davrainville  père  ouvrit  la  voie  à 
son  fils,  et  que  ce  dernier,  en  les  perfectionnant 
sans  doute,  mit  à  profit  les  travaux  et  les  dé- 
couvertes de  son  père.  Voici  en  effet  comment, 
en  1782,  deux  ans  avant  la  naissance  de  Da- 
vrainville fils,  Luneau  deBoisjermain,  dans  son 
Almanach  musical,  rendait  compte  d'un  instru- 
ment  imaginé  par  Davrainville  père  (/.  Hetiri 
d'Avrainville  ou    Davrainville,   établi  alors 
facteur  de  serinettes,  place  de  Grève)  :  «  Mon- 
sieur Davrainville,    facteur  d'orgues  et  de  seri- 
nettes, a  fait  voir  au  public  un  jeu  de  llrtte,  qui 
doit  être  placé  sous  une  pendule.  Ce  jeu  renferme 
trois  jeux  qui  peuvent  faire  entendre  successive- 
ment, séparément  ou  en  partie,  treize  airs  diffé- 
rents, qui  éprouvent  chacun  huit  changements 
Ce  jeu  n'a  que  quatorze  pouces  de  long  sur  six 
de  large;  c'est  le  premier  en  ce  genre  que  le 
génie  des  facteurs  ait  présenté  à  la  curiosité 
publique.  »    Il  est  facile  de 'voir  que  cette  in- 
vention  ingénieuse  a  dû  être  le  point  de  départ 
des  travaux  intelligents  de  Davrainville  fils,  et 
lui  donner  l'idée  des  instruments  qu'il  imagina 
par    la  suite. 

DAVISOi\  (J....-W...),  écrivain  musical 
très-renommé,  né  à  Londres  vers  1820,  est  le 
fils  d'une  actrice  qui  acquit  une  grande  notoriété, 
d'abord  sous  son  nom  de  demoiselle  (Miss  Dun- 
can),  puis  sous  celui  de  son  mari.  Destiné  par 
sa  famille  au  barreau,  M.  Davison  finit  cepen- 
dant par  se  livrer  sans  réserve  à  son  goût  pour 
la  musique,  et  il  s'est  fait,  de  l'autre  côté  du  dé- 
troit, une  immense  réputation  par  le  talent  de 
critique  qu'il  a  déployé  dans  le  journal  the  Times 
dont  il  est  le  collaborateur  spécial  depuis  environ 
vingt-cinq  ans.  La  renommée  de  M.  Davison 
est  unique  en  Angleterre,  son  autorité  est  in- 
contestée, et  l'influence  qu'il  exerce  dans  les 
colonnes  du  premier  journal  de  Londres  sert 
puissamment  les  intérêts  d'une  excellente  feuille 
musicale,  the  Musical  World,  qui,  depuis  long- 
temps déjà,  est  placée  sous  sa  direction.  Il  est 
juste  d'observer,  d'ailleurs,  que  M.  Davison  est 
excellent  musicien,  qualité  que  ne  semblent  pas 
considérer  comme  indispensable,  en  France  un 
certain  nom'ire  de  journaux  qui  confient  leur 
partie  musicale  à  des  écrivains  qui  ne  connaissent 
pas  le  premier  mot  des  choses  dont  ils  doivent 
parler.  M.  Davison  a  publié  un  certain  nombre 
de   compositions  qui    ne    manquent   point  de 


244 


DAVISON  _  DEBILLEMONT 


mérite.  Cet  écrivain  a  épousé  une  pianiste,  miss 
Arabella  Gxlilard  (Voyez  ce  nom),  artiste  de 
premier  ordre,  justememt  célèbre  en  Angleterre 
et  dans  tous  les  pays  qu'elle  a  parcourus. 

DEADDE  (Edouard),  auteur  dramatique  et 
romtincier  français,  né  vers  1810,  est  mort  à 
Paris  en  1870  ou  1871.  Cet  écrivain,  qui  se  tit 
d'abord  connaître  par  un  grand  nombre  de  vau- 
devilles représentés  sur  des  théâtres  secondaires, 
prenait  généralement  le  pseudonyme  de  D.  A. 
D.  Saint-  Yves,  est  c'est  sous  ce  nom  d'emprunt 
qu'il  rédigea  pendant  longues  années  les  revues 
de  théâtres  de  la  Revue  et  Gazffte  musicale  de 
Paris.  A  la  mort  d'Anders,  il  avait  été  chargé 
de  dresser  les  excellentes  tables  annuelles  de  ce 
journal.  Déaddé  est  l'auteur  anonyme  de  /'An- 
nuaire  des  Lettres,  des  Arts  et  des  Théâtres 
publié  par  le  journal  le  Constitutionnel,  et  dont 
il  n'a  paru  qu'une  seule  année,  donnée  en  prime 
par  ce  journal  à  ses  abonnés  (Paris,  typ.  La- 
crampe,  184G-1847,in-8°  avec  gravures);  comme 
cet  Annuaire  était  aussi  donné  en  prime  par  le 
journal  VÈpoque,  une  partie  des  exemplaires 
portent  sur  le  titre  et  sur  la  couverture  le  nom 
de  ce  dernier  au  lieu  de  celui  du  Constitutionnel. 

DEBAR  (C....-C ),  violonisteet  composi- 
teur, fut  attaché  en  qualité  de  premier  violon  à 
l'orchestre  de  l'Opéra,  où  il  entra  vers  17C6,  et 
qu'il  quitta  en  1783,  avec  la  pension.  Cet  artiste 
a  publié  plusieurs  recueils  de  duo^  de  violons. 

DE  BASSIi\I.  Voyez  BASSIM  (Acuille 
BASSI  dit  DE). 

DEBAY   (A ),    écrivain    français,    est 

l'auteur  d'un  livre  ainsi  intitulé  :  Hygiène  et 
gymnastique  des  organes  de  la  coix.  Histoire 
de  la  musique  et  de  la  mimique,  Paris,  1861, 
in-12. 

*  DE  BEGiXlS  (Joseph),  chanteur  italien 
renommé  dans  le  genre  bouffe,  est  mort  à  New- 
York  en  1849.  C'est  pour  cet  artiste  que  Rossini 
avait  écrit  le  rôle  de  Dandini  dans  la  Ceneren- 
iola. 

*  DE  BEGMS  (Joséphine  RONZI,  épouse), 
femme  du  précédent,  n'était  point  française, 
comme  Fétis  en  a  émis  l'hypothèse.  Née  à  Mi- 
lan en  1800,  elle  avait  débuté  fort  jeune  à  Na- 
ples,  sur  le  petit  théâtre  des  Fiorentini,  et  se  fit 
rapidement  une  renommée  dans  sa  patrie  et  à 
l'étranger,  où  elle  suivit  son  mari.  Elle  se  faisait 
surtout  remarquer,  dit-on,  dans  Norma,  de  Belli 
ni,  et  dans  Y  Anna  Bolena,  deDonizetti.  Ce  der- 
nier écrivit  expressément  pour  elle  Roberto 
Devereux  et  Gemma  di  Vergy.  M""'  Ronzi  de 
Begnis  mourut  à  Florence,  le  7  juin  1853,  lais- 
sant une  fortune  considérable  à  sa  fille,  qui  avait 
épousé  le  grand  chanteur  Fraschini  {Voyez  ce 


nom),  et  qui  n'avait  pas  suivi  la  carrière  mater- 
nelle. 

*  DEBILLEMOA'T  (Jean-Jacques).  Fixé 
définitivement  a  Paris  depuis  plus  de  quinze 
ans,  cet  artiste  a  partagé  ses  travaux  entre 
l'enseignement,  la  composition  et  la  conduite 
des  orchestres,  tout  en  se  livrant  parfois  à  la 
critique  musicale.  M.  Debillemont  a  fait  repré- 
senter les  ouvrages  suivantes  :  1°  C'était  moi, 
opérette  en  un  acte.  Bouffes- Parisiens,  27  mars 
1860;  2°  Asiu  déjeuné,  Jacquot?  id.,  th.  Dé- 
jazet,  29  octobre  18C0;  Z"  Astaroth,  opéra-co- 
mique en  un  acte,  Théâtre-Lyrique,  25  janvier 
1861;  6°  Un  Premier  r/ ni/,  opérette  en  un 
acte,  Bouffes-Parisiens,  6  mai  1862;  5°  les  In- 
valides du  travail,  cantate.  Porte- St-Marlin, 
15  août  1866;  6"  la  Vipérine,  opérette  en  un 
acle,'Folies-Marigny,  19  octobre  1866;  7°  Na- 
poléon devant  les  peuples,  cantate,  Porte-St- 
Martin,  13  aoiU  1867;  8°  Roger  Bontemps, 
o|)i'ra-comique  en  2  actes,  Fantaisies-Parisiennes, 
18  mars  1869;  9°  le  Grand-Duc  de  Matapa, 
opérette  en  ;}  actes,  Menus-Plaisirs,  16  no- 
vembre 1868;  10"  Mousseline-Club,  vaude- 
ville-opérette en  un  acte ,  Menus-Plaisirs , 
22  novembre  1868;  11"  la  Revanche  de  Can- 
danlc,  opérette  en  un  acte,  1869;  12°  le  Panta- 
lon de  Casimir,  opérette  en  un  acte,  café-con- 
cert de  l'Eldorado,  31  mai  1873;  13"  le  13"=  Coup 
demimdt,  opéra  féerie  en  3  actes,  th.  du  Châ- 
teau-d'Eaii,  fir  septembre  1874;  \k°  Le  Miroir 
magique,  féerie- ballet  en  3  actes,  Porte- 
Saint-Martin,  17  août  1876;  15"  les  Trois  Sul- 
tanes. A  tous  ces  ouvrages  il  faut  ajouter  les  sui- 
vants, que  M.  Debillemont  tient  en  portefeuille,  et 
qui  n'ont  pas  encore  été  représentés:  les  Noces  de 
Panurge,  opéra-bouffe  en  3  actes,  reçu  naguère 
aux  Variétés  :  la  tlorinde,  opéra-comique  en 
2  actes,  rnçu  au  Théâtre -Lyrique;  les  Péchés 
de  M.  Jean,  opéra -comique,  commandé  par 
M.  Perrin  lorsqu'il  était  directeur  de  l'Opéra- 
Comique;  les  Esclaves  d'Athys,  opéra-comi- 
que; Vercingctorix,  grand  opéra  ;  Bocchoris, 
opérette  en  un  acte;  la  Cour  de  Tulipano, 
opéra  bouffe  en  3  actes. 

M.  Debillenjont  a  dirigé,  vers  1865,  les  con- 
certs de  la  Société  des  Beaux-Arts,  dans  le  local 
occupé  plus  tard  par  le  théâtre  des  Fantaisies- 
Parisiennes;  il  est  aujourd'hui  (1876)  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  de  la  Porte-St- Martin.  Il  a 
donné  d'assez  nombreux  articles  de  critique 
musicale  à  la  Revue  et  Gazette  des  Théâtres, 
au  Boulevard,  au  Courrier  artistique,  à  l'Ave- 
nenir  miisical,  à  l'Événement.  Lne  fille  de  cet 
artiste  a  obtenu  un  second  prix  de  piano  au 
Conservatoire,  en  1874,  et  le  premier  en   1876. 


DEBROIS  VAN  BRUYCK  —  DECOUKCELLE 


245 


DEBROIS  VAN  BRUYCK  (Chari.es), 
littérateur  musicien  d'origine  belg«,  est  né  à 
Briinn  le  14  mars  1828.  Il  a  fait  des  études 
musicales  sérieuses  à  Vienne,  où  sa  famille 
est  établie  depuis  1830.  Plusieurs  de  ses  com- 
positions ont  été  publiées,  mais  ses  travaux 
de  littérature  musicale  lui  ont  créé  des  titres 
plus  sérieux  à  l'estime  des  artistes.  Son  ouvrage 
capital  a  été  publié  à  Leipzig  en  1867,  sous  ce 
titre  :  Techmschen  und  asslhelischen  anaUjsen 
des  wohHemperirien  Klaviers  (Analyses  teck- 
niques  et  esthétiques  du  Clavier  bien  tem- 
péré). Y. 

DEDUIRE  (L...),  est  l'auteur  d'une  Notice 
historique  sur  les  Société  chorales  et  aidres 
réunions  musicales  de  Lille,  Lille  1858,  in  12. 

DE  CHAMPS  (Ettore).  Voyez  CHAMPS 
(Ettore  DE). 

*  DECKER  ^Constantin),  compositeur.  L'o- 
péra écrit  par  cet  artiste  sous  le  litre  :  les  Gueux 
à  Bréda,  n'a  pas  été  représenté,  comme  l'a  dit 
Fétis,  non  plus  qu'un  aulre  intitulé  Giafjir, 
l'ennemi  des  Femmes,  bien  que  tous  deux  fus- 
sent terminés  lors  d'un  voyage  que  M.  Decker  lit 
en  Russie.  Après  avoir  passé  quelque  temps  à 
Saint-Pétersbourg,  il  revint  à  Berlin,  oii  il  donna 
des  concerts.  Le  seul  ouvrage  dramatique  que, 
à  ma  connai.ssance,  M.Decker  ait  faii  représenter, 
est  l'opéra  intitulé  Isolde,  Grafin  von  Tou- 
louse [Isolde,  comtesse  de  Toulouse),  qui  n'ob- 
tint aucun  succès  lors  de  son  apparition  à  Kœnigs- 
berg  en  1852. 

DECKER  (Pauline),  musicienne  allemande, 
.s'est  fait  connaître  par  la  publication  d'un  cer- 
tain nombre  de  lieder  à  une  ou  plusieurs 
voix. 

DE  COMBLE  (Ambroise),  et  non  DE- 
COMBRE,  lulliier,  naquit  à  Tournai  (Belgique). 
Au  sujet  de  cet;artiste  estimable  et  de  l'article  qui 
lui  a  été  consacré  au  tome  deuxième  de  la  Bio- 
gra/diie  universelle  des  Musiciens,  j'ai  reçu  de 
M.  J.  Galiay,  collaborateur  de  ce  Supplément,  qui 
s'est  beaucoup  occupé  des  questions  relatives  à 
la  lutherie  et  des  luthiers  célèbres,  communica- 
tion de  la  note  suivante  :  «  Il  y  a  lien  de  rectifier 
le  nom  de  Decombre,  dont  l'orlhographe  cor- 
recte est  De  Comble;  j'ai  en  ma  possession 
des  étiquettes  qui  ne  laissent  aucun  doute  à  cet 
égard.  La  date  de  1665,  fixée  pour  sa  naissance, 
me  paraît  au  moins  contestable  -.  les  étiqueltes 
dont  je  parle  portent  les  dates  de  1735  et  1750. 
Si  De  Comble  était  né  effectivement  en  1665,  il 
aurait  donc  encore  travaillé  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-cinq  ans.  Cela  n'est  pas  impossible,  sans 
doute,  puisque  Stradivari  faisait  encore  des 
violons  à  quatre-vingt-douze  ans,   mais  le  fait 


est  peu  probable,  et  Stradivari  doit  être  consi- 
déré comme  une  exception.  » 

DECOURCELLE  (Jean-Louis),  peintre  et 
musicien,  étudia  d'abord  la  llûte,  instrument  sur 
lequel  il  acquit  un  certain  talent,  puis  s'adonna 
à  la  peinture  sans  renoncer  à  ses  goûts  pour  la 
musique.  Né  en  1791,  il  fonda  en  1827  une 
société  d'artistes  et  d'amateurs  à  laquelle  il 
donna  le  nom  de  Gymnase  musical,  et  dont 
les  premières  séances  eurent  lieu  dans  son 
atelier,  rue  du  Faubourg  Saint-Denis,  n"  14. 
Les  programmes  du  Gymnase  musical  ne  com- 
prenaient d'abord  que  des  morceaux  de  chant 
et  des  fantaisies  pour  divers  instruments,  avec 
accompagnement  de  piano.  Au  bout  de  quelques 
mois  la  société,  mieux  organisée,  donna  des 
concerts  mensuels  à  l'aide  d'un  petit  orchestre 
d'amateurs  que  dirigeait  M.  Tilmant  aîné  {Voy. 
ce  nom),  qui  fut  plus  lard  chef  d'orchestre 
du  Théâtre-Italien  et  de  l'Opéra-Comique;  elle 
comptait  parmi  ses  membres  Urhan,  Claudel, 
Cladel,  Halma,  Vogt,  Willent,  Gebauer,  Mengal, 
Callaut,  Tilmant  jeune,  Nargeot,  etc.  On  n'exé- 
cutait pas  au  Gymnase  musical  les  grandes 
œuvres  classiques;  le  répertoire  se  composait 
surtout  d'oeuvres  de  jeunes  compositeurs,  et 
chaque  concert  comprenait  deux  ou  trois  mor- 
ceaux et  quelques  solos  ;  c'est  là  qu'ont  com- 
mencé quelques-uns  de  nos  meilleurs  virtuoses, 
M"^  Moke  (qui  fut  depuis  M'""  Pleyel),  M"«  Hé- 
lène Robert-Mazel,  M""  Croisilles,  MM.  Codine, 
Dorus,  enfin  toute  la  jeune  génération  artistique 
de  l'époque. 

En  1828-1829,  les  réunions  eurent  lieu  dans 
la  salle  Molière,  rue  Saint-Martin, puis, le  nombre 
des  sociétaires  ayant  augmenté,  le  Gymnase 
obtint  l'autorisation  de  donner  ses  séances  à 
l'Hôtel  de  Ville,  dans  la  salle  Saint-Jean.  Mal- 
heureusement, vers  1832,  la  discorde  se  mit 
parmi  les  associés  ;  une  trentaine  d'entre  eux  se 
séparèrent  des  autres  et,  se  joignant  aux  mem- 
bres de  la  société  du  Wauxhall,  fondèrent  avec 
ceux-ci  l'Athénée  musical;  le  compositeur  Che- 
lard  était  à  la  tête  des  dissidents.  A  la  suite  de 
celte  petite  révolution,  le  Gymnase  musical, 
œuvre  intelligente  et  utile,  où  les  jeunes  compo- 
siteurs pouvaient  se  produire,  où  les  jeunes  vir- 
tuoses pouvaient  se  faire  connaître  tout  en 
voyant  leur  talent  rétribué,  dut  disparaîlre. 
Decourcelle  reprit  ses  pinceaux,  et  continua  de 
faire  de  la  peinture  jusqu'en  1857,  époque  de  sa 
mort. 

DECOURCELLE  (Maurice-Henri),  pia- 
niste et  couiposileur,  fils  du  précédent,  naquit  à 
Paris  le  11  octobre  1815.  Après  avoir  commencé 
de  bonne  heure  l'étude  de  la  musique,  il  devin  j 


246 


DECOURCELLE  —  DE  FERRARI 


pour  le  piano  l'élève  de  M,  Herz,  qui  l'entendit 
Jouer  dans  un  concert  et  le  prit,  en  affection. 
Plus  tard,  il  suivit  un  cours  d'harmonie  et  de 
composition  avec  M.  Barbereau.  M.  Decourcelle 
fut  pendant  nombre  d'années  l'accompagnateur 
en  vogue  de  Paris,  et  pas  un  artiste  important  ne 
se  faisait  entendre  sans  avoir  recours  à  lui.  Cela 
ne  l'empêchait  pas  de  donner  lui-même  un  con- 
-cert  chaque  année,  et  de  se  livrer  à  la  composi» 
tlon.  A  partir  de  1848,  il  se  voua  à  l'enseigne- 
ment, tout  en  continuant  d'écrire  pour  le  piano 
•un  assez  grand  nombre  d'ouvrages,  dont  la  plu- 
part ont  été  publiés  chez  MM,  Brandus,  Le- 
moine,  Gérard  et  Richaull.  Ses  compositions  ou 
arrangements  forment  un  total  de  plus  de  cent 
ceuvres,  parmi  lesquelles  il  faut  citer  surtout  : 
1°  12  Études  mélodiques,  op.  6,  Paris,  Lemoine; 
2°  Exercices  progressifs,  op.  II,  Paris,  Gérard; 
3°  Répertoire  d'exercices  dansions  les  tons  ma- 
jeurs et  mineurs,  op.  30  ibid.;  4°  20  Études 
■caractéristiques,  op.  33,  ibid.;  5°  Exercices  ^et 
préludes  dans  les  tons  les  plus  usités,  op.  41, 
ibid.;  6°  3  Nocturne*,  op.  8  et  10,  Paris,  Le- 
moine; 7*^  Fantaisie  élégante,  op.  21,  Paris, 
Gérard  ;  8"  Galop  brillant,  op.  25,  Paris,  Le- 
moine; 9°  Le  Couvre-feu,  Villanelle,  mélodies, 
op.  38,  Paris,  Géiard;  10°  L'Aulomne,  mélodie, 
op.  31,  Paris,  Gregh  ;  II*  Chant  du  malin,  op. 
46,  Paris,  Gérard;  12"  Dix  mélodies  de  Mozart 
transcrites  pour  le  piano,  op.-  51,  ibid.; 
13"  Série  de  seize  ouvertures  célèbres,  trans- 
crites pour  deux  pianos  à  S  mains. 

DECOURCELLE  (Hemii-Adoi.i'he\  pia- 
niste et  professeur,  frère  du  précédent,  est  né  le 
5  octobre  1821.  Professem-  de  piano  au  lycée 
Louis-le  Grand  et  au  collège  Chaptal,  il  ;i  publié 
diverses  compositions  pour  son  instrument,  enire 
autres  un  utile  recueil  d'exercices  élémentaires. 

DE  CROZE  (Ferdinand).  —  Voyez  CRC- 
ZE  (Ferdinand  DE). 

DÉDÉ  (Edmond),  compositeur,  a  écrit  la 
•musique  de  deux  ballets  qui  ont  été  représentés 
sur  le  Grand-Théâtre  de  Bordeaux  :  NénaJia, 
reine  des  Fées  (un  acte,  vers  18r)2),  et  la  Sen- 
sitive  (2  actes,  1877).  Cet  artiste  a  donné  aussi 
quelques  opérettes  à  l'Alcazar  de  Bordeaux,  dont 
il  est  le  chef  d'orchestre  :  //  faut  passer  le 
pont.  Le  Voisin  de  Thérèse,  etc. 

DEDIEU    ( ).    Un   compositeur    ainsi 

nommé  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  la 
Cité,  en  1793,  un  opéra-comique  un  un  acte 
inlitulé  Midas  au  Parnasse. 

DE  UOMMIIXECO    (Gian-Paolo),   musi- 
cien italien  qui  vivait  à  la    lin  du  dix-septième 
siècle  et  au   commencement   du  dix-huitième, 
-était  virtuose  di  caméra   de    la  duchesse  de  | 


Laurenzano  et  fit  représenter  à  Naples,  sur  le 
théâtre  des  Fiorentini,  un  opéra  intitulé  li 
Slravestimiente  afforttmate. 

DE  FERRARI  (Serafino),  compositeur 
dramatique,  né  à  Gênes  en  1824,  fit  ses  pre- 
mières études  musicales  en  cette  ville  sous  la 
direction  de  M.  Bevilacqua,  travailla  ensuite 
avec  MM.  Serra  et  Sciorati,  puis  alla  terminer 
son  éducation  à  Milan  avec  M.  Mandanici.  En- 
gagé comme  wiaes/ro  concertatore  à  Amster- 
dam, il  voulut  dès  lors  se  produire  au  théâtre 
et  écrivit  la  partition  d'un  ouvrage  intitulé  Cuti- 
//»a;  mais  celui-ci  ne  vit  jamais  le  jour.  De 
retour  dans  sa  patrie,  M.  De  Ferrari  devint 
successivement  directeur  du  chant  dans  plusieurs 
théâtres,  entre  autres  au  théâtre  Pagliano,  de  sa 
ville  natale,  et  au  théâtre  Carignan,  de  Turin. 
En  1853,  il  fit  ses  débuts  de  compositeur  dra- 
matique en  donnant  au  théâtre  Carlo-Felice,  de 
Gênes,  un  opéra  sérieuxintitulé  Don  Carlo,  qui 
fut  très-bien  accueilli,  et  qu'il  gâta  en  le  refai- 
sant en  partie  et  en  le  reproduisant  plus  tard, 
au  même  théâtre,  sous  le  litre  de  Fllippo  H. 
Il  écrivit  ensuite  trois  opéras  bouffes  :  Pipelè, 
sur  un  livret  tiré  des  Mystères  de  Paris  d'Eu- 
gène Sue,  ouvrage  qui  lui  fit  une  véritable  ré- 
putation et  qui  est  resté  au  répertoire  de  tous  les 
théâtres  d'Italie;  il  Matrimonio  per  concorso, 
à  la  musique  duquel  un  livret  exécrable  porta 
le  plus  grand  préjudice,  quoique  le  rôle  princi- 
pal en  ait  été  créé  au  lliéàtre  de  la  Fenice,  de 
Venise  (1858),  par  M"*  Virginia  Boccabadati  ;  et 
il  Menestrello,  aimable  et  gracieuse  production 
qui  conserve  toujours  la  faveur  du  public,  bien 
qu'elle  ait  été  donnée  pour  la  première  fois  à 
Gênes,  au  théâtre  Paganini,  le  23  juillet   1861. 

Tout  en  faisant  représenter  ces  divers  ou- 
vrages, M.  De  Ferrari,  qui  n'est  pas  seulement 
un  bon  pianiste,  mais  aussi  un  organiste  distin- 
gué, s'exerçait  dans  le  genre  sacré,  et  faisait 
exécuter  plusieurs  messes  qui  prouvaient  en 
faveur  de  la  souplesse  de  son  talent.  En  même 
temps,  il  publiait  un  certain  nombre  de  mélodies 
vocales,  parmi  lesquelles  deux  surtout  méritent 
d'être  distinguées  :  la  Crocè  délia  Mamma,  et 
une  mazurka  chantée  qu'on  dit  charmante, 
Fiori  d'.lp)77e.  Bientôt  il  reparaissait  à  la  scène 
et  donnait  au  théâtre  Carlo-Felice  de  Gênes, 
le  9  novembre  1864,  il  Cadette  di  Guascogna, 
opéra  bouffe  qui  obtint  un  véritable  succès 
auprès  du  public  et  de  la  critique,  bien  que 
celle-ci  reprochât  à  la  partition  d'être  un  peu 
trop  fournie  de  motifs  de  danses,  va'ses,  pulkas, 
mazurkas  et  le  reste.  Mais  l'ensemble  de  l'œuvre 
était  si  aimable,  si  vif,  si  gracieux,  qu'on  passa 
facilement  condamnation  sur  ce  défaut.  Depuis 


DE  FERRARI  —  DÉJAZET 


241 


lors,  et  malgré  ses  succès,  je  ne  sache  pas  que 
M.  De  Ferrari  ait  de  nouveau  abordé  le  lliéâlre. 
Je  crois  cependant  qu'il  est  l'auteur,  avec  quel- 
ques autres  musiciens,  de  la  partition  d'un 
ballet  intiluté  Délia.  Ses  ouvrages  les  niieuv 
réussis  sont  Pipelè,  Don  Carlo  et  il  iMenes- 
tretlo ;  ce  dernier,  sans  être  hors  ligne,  est,  selon 
les  critiques  italiens,  une  œuvre  déforme  élé- 
gante, dans  laquelleon  rencontre  trop  peu  de  nou- 
veauté et  d'originalité,  mais  qui  est,  en  somme, 
bien  faite,  bien  comlnife  et  surtout  bien  instru- 
mentée ;  on  cite  parmi  les  morceaux  les  plus 
réussis  de  la  partition,  le  chœur  du  Rafaplan,  le 
finale  du  premier  acte,  et  tout  particulièrement, 
au  second  acte,  un  duo  entre  le  ménestrel  et  une 
duègne  dans  lequel  il  a  fait  une  sorte  de  parodie 
parfaitement  réussie  de  l'opéra  sérieux,  d'un  très- 
bon  effet  sans  qu'elle  tombe  dans  la  caricature. 

DEFFÏILL  (Charles),  compositeur  amateur 
anglais,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra  en  trois 
actes,  the  Corsair,  qui  a  été  représenté  au 
Crystal  Palace,  de  Londres,  le  là  mars  1873. 
Cet  ouvrage,  dont  le  livret  était  imité  du  fameux 
poëme  de  Byron  connu  sous  le  même  titre, 
n'a  point  obtenu   de  succès. 

*  DEFFÈS  (Pierre  Loufs).  Le  répertoire 
dramatique  de  ce  compositeur  élégant  et  délicat 
se  complète  par  les  ouvrages  suivants  :  1"  le 
Café  du  roi,  un  acte,  Théâtre-Lyrique,  16  no- 
vembre 1861  (repris  à  l'Opéra-Coiniqneen  1868); 
2°  les  Bourguignonnes,  un  acte,  Opéra-Comi- 
que, 16  juillet  1863  (écrit  pour  le  Iviu'saal  d'Ems, 
et  représenté  d'abord  en  cette  ville  en  1S62); 
3°  Passé  minuit,  un  acte  (d'après  un  ancien 
vaudeville),  Bouffes-Parisiens,  24  novembre  1864  ; 
4°  la  Boite  à  surprise,  un  acte,  id.,  3  octobre 
1865  (représenté  à  Ems  le  30  juillet  de  l'année 
précédente);  5"  la  Comédie  en  voyage,  un 
acte,  Kursaal  d'Ems,  juillet  1867;  6°  Zes  Cro- 
queiises  de  pommes,  «  opérette  »  en  5  actes, 
Menus-Plaisirs,  29  septembre  1868;  7"  Petit 
Bonhomme  vit  encore,  2  actes,  Bouffes-Pari- 
siens, 19  décembre  1868  ;  8"  Valse  et  Menuet, 
un  acte,  Athénée,  16  avril  1870  (joué  précé- 
demment à  Ems,  en  juillet  1865).  M.  Deflès  a  en 
portefeuille  les  ouvrages  suivants  :  la  Nuit  de 
noces,  opéra-comique  en  3  actes,  sur  un  hvret 
de  M.  Victorien  Sardou;  Riquet  à  la  houppe, 
opéra-comique  féerie  en  3  actes  ;  le  Marchand 
de  Venise,  opéra  en  3  actes.  Il  a  publié,  dans 
le  Magasin  des  Demoiselles,  une  opérette  en 
un  acte,  Lanterne  magique,  qui  n'a  pas  été  re- 
présentée (1).  M.  Deflès  a  écrit  aussi  quelques 

(1)  Une  erreur  s'est  produite  au  sujet  d'un  des  ouvra- 
ges de  IM.  DL'ffcs,  la  Clé  des  champs,  qui  a  elé  repré- 
senté uun  aux  Bouffes-Parisiens,  maisà  l'Opéra-Comique. 


chœurs  orphéoniques  :  la  Forge,  le  Retour  du 
drapeau,  le  Réveil  des  chasseurs,  etc. 

DE  GIOVAlViM  (NicoLA),  violoniste,  com- 
positeur pour  so:i  instrument  et  chef  d'orchestre 
fort  remarquable,  naquit  à  Gênes  en  1804,  se 
distingua  d'abord  comme  virtuose,  et  donna  sous 
ce  rapport  des  preuves  d'un  talent  exceptionnel. 
H  se  mit  aussi  liienlôt  en  évidence  comme  chef 
d'orchestre,  et  fut  placé  par  le  duc  de  Parme 
à  la  tête  de  celui  du  théâtre  ducal  de  Parme, 
oii  il  se  fit  remarquer  par  son  énergie  et  ses 
grandes  qualités,  et  dont  il  fit  rapidement  un 
des  premiers  de  l'Europe.  Cel«rliste,  qui  s'était 
fait  une  situation  brillante  et  un  grand  renom 
en  Italie,  mourut  à  Parme  en  1856  et  laissa  de 
grands  regrets  en  cette  ville. 

*  DEGOLA  (GiocoNDo),  compositeur  drama- 
tique, était  fils  de  Louis  Degola,  et  naquit  vers 
1803.  Il  fit  ses  premières  études  musicales  avec 
son  père,  reçut  ensuite  des  leçons  d'un  artiste 
polonais  nommé  François  Mirecki,  puis,  soa 
éducation  terminée,  se  fit  une  bonne  réputation 
comme  professeur  de  chant,  en  même  temps 
qti'il  publiait  chez  Artaria,  à  Novare,  et  chez 
Bicordi,  à  Milan,  un  certain  nombre  de  noc- 
turnes et  de  romances  qui  étaient  bien  accueillis 
du  public.  En  dehors  de  ses  ouvrages  dramati- 
ques, ondoità  ce  compositeur  une  grande  cantate, 
il  Trionfo  di  Davide,  qu'il  fit  entendre  à  Gênes, 
et  une  messe  à  deux  chœurs,  avec  deux  orgues 
d'accompagnement,  qui  fut  exécutée  à  la  ca- 
thédrale de  Milan  au   mois  de  septembre  1842. 

DE  GR  t  îiN  (Jean),  violoniste  néerlandais, 
né  à  Amsterdam  le  9  septembre  1852,  commença 
l'élude  du  violon  dès  l'âge  de  quatre  ans,  et  à 
six  ans  se  faisait  entendre  avec  succès  dans  les 
concerts.  Élève  d'abord  de  MM.  C.  Fischer  et 
Fr.  Coenen,  il  prit  plus  tard  des  leçons  de 
M.  Joachim,  qui  le  considérait  comme  un  de  ses 
meilleurs  élèves.  Enfant  prodige,  le  jeune  de 
Graan  devint  plus  tard  un  artiste  fort  remar- 
quable, auquel  le  public  ne  ménageait  ni  sa 
sympathie  ni  ses  applaudissements.  Il  était  encore 
à  l'aurore  d'ime  carrière  qui  promettait  d'être 
exceptionnellement  brillante  et  qui  semblait  lui 
promettre  la  célébrité,  lorsqu'il  mourut  à  La 
Haye  le  8  janvier  1874,  âgé  seulement  de  vingt 
et  un  ans.  11  a  été  l'objet  de  la  notice  suivante, 
publiée  en  1875  par  un  de  ses  compatriotes, 
M.  J.  Kneppelliout  :  Een  beroemde  hnaap,  ter 
herinhering  van  Jan  De  Graan  (Un  Enfant 
célèbre,  souvenir  à  Jean  De  Graan). 

Ed.  de  h. 

DÉJAZET   (Eugène),"  compositeur,  fils  de 

la  célèbre  actrice  de  ce  nom,  est  né  vers  182». 

I  Après  avoir  publié  quelques  compositions  vocales 


248 


DÉJAZET  —  DE  LANGE 


légères,  après  avoir  écrit  pour  sa  mère  un  assez 
grand  nombre  d'airs  qu'elle  chantait  dans  les 
pièces  créées  par  elle  au  lliéâtre  des  Variétés, 
M.  Déjazet  fit  représenter  au  Théâtre-Lyrique, 
le  11  janvier  1852,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  :  Un  Mariage  en  Vair.  Ayant  acheté 
de  MM.  Huart  et  Altaroche,  à  la  fin  de  1839, 
le  gentil  petit  théâtre  ries  Folies-Nouvelles,  il 
lui  donna  le  nom  de  théâtre  Déjazet  et  en  con- 
serva la  direction  jusqu'en  1870.  C'est  là  qu'il  fit 
jouer  plusieurs  ouvrages  dont  il  écrivait  la  mu- 
sique, et  parfois  aussi  les  paroles;  en  voici  la 
liste,  que  nous  croyons  à  peu  près  complète  : 
Fanchetle,  un  acte  (paroles  et  musique),  1860; 
Double-deux,  un  acte,  1861  ;  la  Rosière  de 
quarante  ans,  un  acte,  1862  ;  l'Argent  et  PA- 
viour,  3  actes,  1863;  la  Nuit  de  la  Mi-Ca- 
rême, un  acte;  1864  ;  Monsieur  de  Belle-Isle, 
un  acte,  18G5;  la  Tentation  d'Antoine,  un  acte 
(paroles  et  musique),  1863;  les  7  Baisers  de 
Buckingham,  un  acte,  1866.  Il  faut  ajouter  à 
ces  productions,  d'ailleurs  d'une  valeur  médiocre, 
quelques  cantates  de  circonstance  et  la  musique 
de  plusieurs  vaudevilles,  le  Royaume  de  la 
bêtise,  les  Vacances  de  l'Amour,  etc.  M.  Dé- 
jazet fut  obligé  d'abandonner  la  direction  de  son 
théâtre  après  y  avoir  fait  d'assez  mauvaises 
affaires.  Depuis  lors,  il  ne  s'est  plus  produit  en 
pnblic.  —  Une  sœur  de  cet  arliste.  M"'  Hermine 
Déjazet,  &  écrit  la  musique  d'une  opérette  en  un 
acte,  le  Diable  rose,  représentée  au  théâtre 
Déjazet  en  1859. 

DELABOKDE  ( ).  On  a  publié  sous 

ce  nom  un  opuscule  ainsi  inlituié  :  Le  Clavecin 
électrique  (Paris,  1761,  in-12). 

DELABORDE  (Eraïm-Mip.iam),  professeur 
de  piano  au  Conservatoire  de  Pari>,  est  né  en 
cette  ville  le  7  février  1839.  11  commença,  dès 
l'âge  de  cinq  ans,  ses  études  musicales,  sous  la 
direction  de  M.  Charles-Valentin  Alkan,  et  mena 
de  front  ces  études  avec  ses  humanités,  qu'il  fit 
au  Ucée  Bonaparte.  Une  fois  muni  de  ses  di- 
plômes de  baccalauréat,  il  entreprit  un  grand 
voyage  artistique  en  Allemagne,  et  séjourna  long- 
temps dans  ce  pays.  Il  compléta,  se\d,  son  édu- 
cation à  Berlin,  à  Weimar,  à  Leipzig  et  à  Dresde. 
La  guerre  de  1870  le  surprit  en  Allemagne,  qu'il 
s'empressa  de  quitter.  En  1873,  il  fut  nommé 
professeur  de  piano  au  Conservatoire. 

M.  Delaborde  possède  un  très-remarquable  fa- 
lent  de  virtuose,  qu'il  a  fait  apprécier  en  plus 
d'une  occasion,  notamment  à  la  Société  des  con- 
certs, et  qui  se  distingue  surtout  par  une  rare 
solidité  de  mécanisme  et  une  grande  fermeté  de 
style.  Il  s'est  peu  produit  comme  compositeur, 
et  a  publié  seulement  quelques  lleder,  des  ca- 


denze  pour  les  concertos  de  Bach  et  de  Bee- 
thoven ,  et  quelques  pièces  pour  piano  seul. 
Paimi  ces  dernières,  se  trouve  une  marche  vil- 
lageoise extraite  d'un  opéra  inédit  de  M.  Dela- 
borde, intitulé  Maître  Martin. 

DELACROIX  ( ).  Un  compositeur  de  ce 

nom  a  fait  représenter  au  mois  de  mars  1859,. 
sur  le  théâtre  d'Orléans,  un  opéra-comique  en 
deux  actes,  intitulé  les  Chevaii-légers. 

*  DELAIRE  (JACQLEs-AtciSTE),  est  mort  à 
Paris  au  mois  de  septembre  1864.  Cet  artiste 
amateur  fit  pendant  trente  et  un  ans  partie  de  la 
Société  libre  des  Btaux-Arts,  dont  il  fut  élu  pré- 
sident pendant  sept  années  consécutives,  et  il 
publia  sur  la  musique,  dans  les  Annules  de  cette 
compagnie,  un  cirtain  nombre  de  travaux  dont 
voici  la  liste  :  1"  De  la  défense  d'admettre  des 
femmes  dans  les  chœurs  de  musique  d'église 
(1835);  2"  Des  amateurs  de  musique  et  des 
concerts  d'amolcnrs  (1830);  3"  Rapport  sur 
une  Méthode  élémentaire  de  musique,  offerte 
à  la  Société  libre  des  Beaux-Arts  par 
M.  Adrien  de  la  Page  (1838-39);  4"  Histoire 
de  la  Romance,  considérée  comme  œuvre  lit- 
téraire et  musicale  (1840-41);  5°  Rapport  sur 
les  deux  premiers  rolumes  de  /'Histoire  de  la 
musique  et  de  la  danse,  de  M.  Adrien  de  lu 
Page  (1844-45).  —  Peu  après  la  mort  de  son 
maître  Reicba,  Delaire  avait  publié  aussi  un  écrit 
intitulé  :  ISotice  sur  Reicha,  vmsicien-compo- 
siteur  et  théoriste  (!).  L'affection  du  disciple 
avait  cette  fois  entraîné  un  j)eu  trop  loin  l'écri- 
vain, qui  ne  craignit  pas  de  formuler  cette  ap- 
préciation liardie  :  «  Aujourd'hui  l'on  considère 
généralement  les  quintettes  de  Reicha  comme  des 
chefs-d'œuvre  dignes  de  rivaliser  avec  ceux  de 
Haydn,  de  Mozart  et  de  Beethoven.  »  Je  dois  à  la 
vérité  de  déclarer  que  les  autres  écrits  de  l'au- 
teur ne  contiennent  aucune  énormité  de  ce 
genre. 

DE  LAIVGE  (Hermann-François),  violo- 
niste et  compositeur  belge,  né  à  Liège  en  1717, 
fit  ses  études  musicales  en  cette  ville,  et  alla 
ensuite  perfectionner  son  talent  en  Italie.  Après 
un  assez  long  séjour  hors  de  sa  patrie,  il  revint 
à  Liège,  qu'il  ne  quitta  plus  et  oii  il  mourut  le 
27  octobre  1781.  On  doit  à  cet  artiste  un  cer- 
tain nombre  de  compositions,  dont  quelques-unes 
ont  été  citées  par  M.  Edouard  Gregoir  :  1°  Se» 
ovcrture  camerali  a  quatro  stromenti,  cioe 
viutino  primo,  violino  seconda,  alto  e  basse, 
del  signore  Ermanno  F.  de  Lange,  di  Liegi, 
op.  2.  Liège,  Benoît  Andrez;  2°  Sei  overture 
a  due  violini,  alto  viola,  basso  continua  e 
due  corni  ad  libitum,  op.  6.  Liège,  B.  Andrez; 
3"  Six  grandes  symphonies  à  8  parties,  op.  9. 


DE  LANGE  —  DELATRE 


249 


1766;  4°  Six  grandes  symphonies  à  8  parties, 
op.  10,  1767;  5"  Le  Rossignol,  recueil  de  chan- 
sons, 1765;  6"  plusieurs  messes,  motets,  etc. 
De  Lange  a  fait  représenter  en  1776,  à  Liège,  un 
opéra  intitulé  iMcetle  à  recelé  de  la  verlu. 

DE  LANGE  (Samcel),  pianiste  et  oiganiste 
néerlandais,  est  né  à  Rotlerdam  le  9  juin  ISll, 
et  a  été  l'élève  de  J.-B.  Bremer  et  de  Mulhenfoldt 
pour  le  piano,  de  Hummert  pour  l'harmonie  et 
le  contre-  point.  C'ariUoiineur  de  la  ville  de  Rot- 
terdam depuis  1830,  cet  artiste  exerçait  encore 
cet  emploi  en  1864,  et  il  était  en  même  temps 
organiste  de  l'église  du  Sud  et  professeur  à  l'é- 
cole de  musique  de  la  Société  musicale  des 
Pays-Bas.  11  a  publié  une  sonate  pour  orgue, 
des  variations  pour  orgue  sur  le  chant  national 
hollandais,  des  variations  pour  orgue  sur  le  chant 
populaire  Vive  le  Roi  !  des  nocturnes  et  quelques 
morceaux  de  musique  légère  pour  piano. 

DK  LAÎVGE  (Samuel),  pianiste,  organiste  et 
compositeur,  fds  du  précédent,  est  né  vers  1835. 
Après  avoir  fait  d'excellentes  éudes,  il  entreprit 
avec  son  fière  un  grand  voyage  artistique  en 
Autriche  et  en  Gallicie,  où  tous  deux  obtinrent 
des  succès,  et  où  M.  Samuel  de  Lange  se  fit 
surtout  remarquer  comme  organiste.  Les  deux 
jeunes  arlisles  passèrent  trois  années  à  Lemberg, 
où  ils  furent  nommés  professeurs  au  Conser- 
vatoire. Au  bout  de  ce  temps,  ils  revinrent  dans 
leur  patrie,  et  en  1864  M.  Samuel  de  Lange  était 
organiste  de  l'église  wallonne  de  Rotterdam 
et  professeur  à  l'école  de  mu.-iique  de  cette  ville. 
En  1875,  il  vint  se  fixer  à  Paris  dans  l'espoir 
de  s'y  créer  une  situation  solide,  mais  n'ayant 
pas  réussi  assez  rapidement  au  gré  de  ses  désirs, 
il  accepta,  à  la  fin  de  1876,  de  se  rendre  à  Co- 
logne pour  y  remplir  les  fonctions  de  professeur 
d'orgue  et  de  piano  au  Conservatoire.  Il  avait 
néanmoins  profité  de  son  séjour  à  Paris  pour 
s'y  produire  comme  virtuose  et  comme  com- 
positeur, et  à  ce  double  point  de  vue  avait 
obtenu  des  succès  sérieux  et  très-honorables. 

Je  signalerai  les  compositions  suivantes  de  cet 
artiste  distingué  :  2  Quatuors  pour  instruments 
à  cordes,  op.  15  et  18;  Trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  op.  21;  Sérénade  pour  piano  et 
instruments  à  cordes;  Symphonie  pourorcbp.stre, 
en  mi  bémol;  2  Sonates  pour  orgue,  op.  5  et  14  : 
Légendes  {Marchenbilder)  pour  piano,  op.  7  ; 
3  Impromptus  pour  piano,  op.  3;  4  Impromptus 
pour  piano,  op.  9;  Morceaux  carac.téri.stiques 
pour  piano  à  quatre  mains;  Concerto  pour  vio- 
loncelle, op.  16;  Romance  pour  violon. 

DE  LANGE  (Dainiel),  violoncelliste  et 
compositeur,  frère  du  précédent,  a  fait,  comme 
lui,  de   sérieuses  études,  l'a  accompagné  dans 


son  voyage  en  Autriche  et  en  Gallicie,  et  ainsi 
que  lui  est  resté  trois  ans  à  Lemberg  en  qualité 
de  professeur  au  Conservatoire.  De  retour  à 
Rotterdam,  il  y  est  devenu  professeur  de  violon- 
celle à  l'école  de  musique.  M.  Daniel  de  Lange  a 
publié  quelques  compositions,  dont  la  plus  im- 
portante est  une  symphonie  en  ut  mineur  (op.  4). 

DELANNOY  (L ),  chef  d'orchestre  du 

grand  théâtre  et  professeur  de  solfège  au  Conser- 
vatoire de  Lille,  a  fait  représenter  en  cette  ville 
un  opéra-comique  intitulé  le  Siège  de  Lille. 
Cet  artiste  est  mort  à  Lille  au  mois  de  septembre 
1869. 

DELAXNOY  (Victor-Alphonse),  sans 
doute  parent  du  précédent,  né  à  Lille  le  25  sep- 
tembre 18'28,  est  devenu,  à  Paris,  l'élève  d'Ha- 
lévy,  et  a  remporté  en  1854 ,  au  concours  (k 
l'Institut,  le  second  grand  prix  de  Rome.  De- 
puis lors  il  n'a  fait  en  aucune  façon  parler  de 
lui. 

DE  LANNOY  (J....-B....),  compositeur 
belge,  né  à  \\'avre  (Brabant),  le  12  février  1824, 
étudia  d'abord  la  clarinette,  puis  travailla  l'har- 
monie avec  son  frère,  chef  de  musique  à  Saint- 
Ghislain.  Il  remplit  pendant  plusieurs  années  les 
fonctions  de  clarinette-solo  dans  divers  corps  de 
musiijue  de  l'armée  belge,  puis  s'adonna  à  la  com- 
position. M.  De  Lannoy  a  fait  exécuter  à  Louvain 
un  grand  Te  Deum,  a  écrit  six  messes  avec  or- 
chestre, une  cantate  intitulée  :  le  Vallon,  qui 
a  été  entendue  à  Louvain  en  1874,  et  il  a  publié 
quelques  œuvres  de  moindre  importance. 

DELASEURIE  (A ),  pianiste  et  com- 

positeur,  a  publié  une  cinquantaine  de  petits 
morceaux  de  musique  légère,  parmi  lesquels 
plusieurs  fantaisies  sur  des  thèmes  d'opéras  cé- 
lèbres. On  sait  ce  que  vaut  ce  genre  de  musique, 
pour  lequel  on  trouve  toujours  des  amateurs  à 
qui  leur  manque  d'instruction  ne  laisse  pas  le 
droit  d'être  très-difficiles. 

DELATOUR    (U -P ),   est   auteur 

d'une  brochure  ainsi  intitulée  :  Aérographe, 
système  universel  de  communication  d'idées  au 
moyen  de  signaux  sonores  et  visuels,  mis  à  la 
portée  de  tout  le  monde,  par  U.-P.  Delatour,  an- 
cien officier,  Paris,  1833,  in-S"  de  62  pp.  avec 
neuf  planches. 

*  DELATRE  (Cl\ude-Petit-Jain).  Vers  le 
milieu  du  seizième  siècle,  Pierre  Phalèse  publiait 
à  Louvain  un  recueil  de  chansons  à  quatre  par- 
ties, divi.sé  en  six  livres,  dont  les  trois  premiers 
parurent  en  1554,  bientôt  suivis  des  trois  autres. 
Delàtre  fournit  la  musique  de  six  chansons  des 
premiers  livres,  et  le  sixième,  qui  en  contient 
vingt-neuf,  est  entièrement  de  sa  composition. 
Voici  le  titre  de  ce  dernier  livre  :  Sixiesme  livre 


250 


DELATRE  —  DELECLUZE 


des  chansons  à  quatre  parties,  nouvellement 
composez  (sic)  et  mises  en  musicque par  mais- 
tre  Jehan  de  Latre,  maistre  de  chapelle  du 
reverendiss.  évesque  de  Liège,  etc.,  convena- 
bles tant  aux  instrumenfz  comme  à  la  voix 
(Loiivain,  1555,  in-4°).  Ceci  nous  apprend  qu'a- 
vant d'être  maître  des  enfants  de  chœurs  de  l'é- 
glise cathédrale  de  Verdun,  Delàlre  était,  en 
1655,  maiti*  de  chapelle  de  i'évêque  de  Liège. 

DELATTRE  (Joseph-Marie),  né  à  Mar- 
seille en  1751,  étudia  d'abord  en  vne  d'entrer  au 
barieau.  Il  quitta  de  très-bonne  heure  cette  voie 
pour  se  livrer  à  la  musique.  Il  fut  successive- 
ment chef  d'orchestre  des  tliéâlres  d'opéra  à 
Lyon  et  à  Marseille.  Il  acquit  aussi  de  la  noto- 
riété comme  professeur  de  chant,  d'harmonie  et 
de  violoncelle ,  et  pendant  sa  longue  carrière 
forma  beaucoup  d'élèves,  parmi  lesquels  on  peut 
citer  la  célèbre  cantatrice  madame  St- Aubin, 
madame  Nathan-Treillet,  Bénéilit,  le  compositeur 
Reymoneiiq,  etc.  11  fut  un  des  fondateurs  des 
concerts  Thubaneau.  qu'il  dirigea  comme  chef 
d'oicliestre  pendant  toute  leur  durée,  de  1805  à 
18.S9.  Il  fut  reçu  membre  de  l'Académie  de  Mar- 
seille le  20  pluviôse  an  IX,  dans  la  section  de 
musique  que  venait  de  créer  cette  compagnie. 
Legrand  et  lui  furent  les  deux  premiers  musi- 
ciens admis.  Delatlre  mourut  à  Marseille  au  mois 
de  novembre  18.il.  Al.  R— d. 

DELAVAULT  (Eugène),  riche  dilettante, 
fixé  dans  l'Ouest  de  la  France,  à  Niort,  je  crois, 
emploie  les  loisirs  que  lui  lais.se  sa  situation  de 
fortune  à  la  culture  assidue  de  l'art  musical.  Il  a 
fait  représenter  au  Théâtre-Lyrique,  le  11  avril 
1862,  un  opéra-comique  en  un  acte  intitulé 
l'Oncle  Tranb,  et  a  publié  ensuite  une  messe 
solennelle  pour  soZ/,  chœurs  et  orchestre  ou  orgue 
(Paris,  Lavinée).  Depuis  lors,  M.  DelavauU  a 
écrit  encore  plusieurs  ouvrages  importants, 
parmi  lesquels  un  oratorio  en  deux  parties  in- 
titulé les  Captifs  d'' Israël,  et  deux  opéras, 
Sapho  et  le  Chevalier  noir.  Il  a  fait  entendre 
des  fragments  de  ces  divers  ouvrages  dans  un 
concert  <lonné  à  Paris  le  13  décembre  1876. 

DEL  CARLO  (Giuseppe),  compositeur  de 
musique  religieuse,  né  à  Lucques  vers  1815,  fut 
élève  de  Domenico  Quilici  et  de  M.  M^ssimiliano 
Quilici.  On  connaît  de  lui  plusieurs  compositions 
a  cappella,  des  motets  à  2  et  à  4  voix  avec  ac- 
compagnement instrumenhil,  des  ariettes,  des 
cantates  da  caméra,  et  enfin  une  me>se  à  4  voix 
et  à  grand  orchestre  écrite  et  exécutée  à  l'occa- 
sion de  la  fête  de  sainte  Cécile.  Cet  artiste  mou- 
rut, à  peine  âgé  de  28  ans,  le  14  octobre  1843. 

DELCOIIOIVA  (LtiGi),  compositeur  italien, 
est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux  ,  Carme^a, repré- 


senté à  Pistoia  le  15  février  1874.  Cet  artiste 
s'était  fait  connaître  par  la  publication  d'un  cer- 
tain nombre  de  morceaux  de  piano,  de  ro- 
mances et  de  mélodies  vocales. 

*  DELDE'VEZ  (Édouard-Marie-Ernest). 
Cet  artiste  fort  distingué  occupe  aujourd'hui  les 
fonctions  de  premier  chef  d'orchestre  à  l'Opéra 
et  à  la  Société  des  concerts  du  Conservatoire 
Lorsqu'en  1872  George  HainI  [Voyez  ce  nom), 
déjà  très- fatigué,  renonça  à  l'honneur  de  diriger 
les  concerts  de  l'illustre  Soci^é,  M.  Deldevez, 
qui  depuis  1859  en  était  le  second  chef,  fut,  par 
un  vote  unanime  de  ses  collègues,  appelé  à  le 
remplacer;  et  lorsque,  l'année  suivante,  George 
HainI  mourut  subitement,  ce  fut  encore  à  M.  Del- 
devez, qui  depuis  plusieurs  années  avait  pris  sa 
retraite  de  sous-chef  d'orchestre  à  l'Opéra,  qu'é- 
chut sa  succession  à  ce  théâtre.  Entre  ces  deux 
faits,  il  avait  publié  sous  ce  titre  :  Curiosités 
musicales,  noies,  analyses,  interprétation  de 
certaines  particularités  contenues  dans  les 
œuvres  des  grands  maîtres  (Paris,  Didot,  1873, 
in  8°),  un  livre  hnportant,  d'un  caraclère  abso- 
lument technique,  et  dont  la  lecture  peut  être 
surtout  utile  et  fructueuse  pour  les  chefs  d'or- 
chestre et  les  maîtres  de  chapelle,  pour  tous  ceux 
qui  sont  appelés  a  diriger  l'exécution  des  o'uvres 
des  maîtres  de  la  symphonie;  il  rend  compte  des 
hésitations  relati\  es  à  l'interprétation  de  certains 
passages  de  ces  n'uvres,  cherche  à  éclaircir  les 
points  obscurs,  aide  ou  combat  la  tradition  par 
le  moyen  du  raisonnement,  et  conclut  en  consé- 
(|uence.  C'est  l'œuvre  d'un  musicien  instruit  et 
•  l'un  homme  de  bonne  foi. 

A  la  liste  des  compositions  ou  publications  de 
M.  Deldevez,  il  faut  ajouter  les  suivantes  :  1°  6 
Romances  sans  paroles  pour  le  piano,  op.  24  ;  — 
2"  3  Préludes  pour  le  piano  ;  —  3°  Hymnes  à  3 
voix  (1.  0  Fons  arnoris  ;  2.  Jam  solis}  ;  Hymnes 
à  4  voix  (3.  In  noctis  umbra  ;  4.  0  Splendor)  ; 
—  4°  La  notation  de  la  musique  classique 
comparée  à  la  notation  de  la  musique  mo- 
derne, et  de  l'exécution  des  petites  notes  en 
général;  —  5"  Trilogie  (1.  Principes  des  inter- 
valles et  des  accords;  2.  Réalisation  des  par- 
timenti  de  Fenaroli;  3«  Œuvres  des  violonistes 
célèbres,  :ib  Œuvres  des  compositeurs  célèbres, 
3c  Transcriptions  et  réalisations  d'œuvres  an- 
ciennes); —  6"  Cantate,  exécutée  à  l'Opéra  le 
15  février  1853. 

M.  Deldevez,  qui  est  aujourd'hui  professeur 
de  la  classe  d'orchestre  au  Conservatoire,  est 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

DELECLUZE  (Etienne-Jean),  peintre,  ro- 
mancier el  critique  français,  né  à  Paris  le  20  fé- 
vrier 1781,  est  mort  en  juillet  1863.  Il  avait 


DELECLUZE  —  DELIEES 


251 


commencé  par  s'adonner  à  la  peinture,  était  de- 
venu l'élève  de  David,  et  avait  obtenu  des  succès 
dans  les  expositions.  Malgré  cela,  il  abandonna 
la  pratique  de  l'art  au  bout  de  quelques  années, 
pour  se  livrer  à  la  littéralure  d'imagination  et  à 
la  critique.  Pendant  longues  annéC'^,  Deiécinze 
fut  chargé,  dans  le  Journal  des  Débats,  de  la 
revue  annuelle  du  salon  de  peinture,  ainsi  que 
des  comptes  rendus  des  représentations  du  Théâ- 
tre-Italien. Plusieurs  séjours  à  Rome,  dont  il  a 
raconté  les  incidents  dans  un  volume  de  Mé- 
moires intitulé  :  Souvenirs  de  soixante  années 
(Paris,  1862,  in- 12),  lui  avaient  donné  un  gortt 
très-vif  pour  l'étude  de  tous  les  arts,  y  compris 
la  musique,  qu'il  ne  connaissait  cependant  que 
d'une  façon  un  peu  superficielle.  Deiécinze  a  pu- 
blié dans  la  fievue  de  Paris,  en  1842,  une  no- 
tice en  deux  articles  sur  Pale^trina  ;  un  tirage  à 
part  a  été  fait  de  cette  notice,  sous  ce  titre  : 
Palestrina  (Paris,  1842,  in-8"). 

*  DELÉHELLE  (Jean-Charles-Alfred), 
compositeur,  grand  prix  de  Rome,  n'a  pu  encore, 
malgré  les  titres  que  lui  valait  cette  distinc- 
tion, aborder  la  scène  de  l'Opéra-Comiqne.  Il 
a  fait  représenter  aux  Bouffes  Parisiens,  le  8 
juin  1859,  une  opérette  en  un  acte  intitulée  : 
l'Ile  d'amour,  et  à  l'Athénée,  le  15  janvier  1873, 
un  opéra-comique  en  2  actes.  Monsieur  Poli- 
chinelle, ouvrage  charmant,  plein  de  grâce,  de 
verve,  de  fraiciieur,  et  empreint  d'un  vrai  sen- 
timent scéniqae,  dont  le  succès,  partout  ailleurs 
qu'en  France,  lui  aurait  immédiatement  facilité 
l'accès  d'une  scène  plus  relevée.  —  M.  Deléhelle 
a  tenu,  une  lois  au  moins,  la  plume  du  critique; 
il  a  publié,  dans  la  Correspondance  littéraire 
du  10  juin  1861,  une  étude  intéressante  et  fine 
sur  le  génie  d'^uber. 

DELESCHAMPS  (Albert),  docteur  en 
médecine,  est  auteur  d'un  éciit  intitulé  :  Études 
physique  des  sons  de  la  parole,  Paris,  Savy, 
1869,  in-S". 

DELESTOCART  (Pascal),  compositeur 
qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  prit  part  en  1584  au  concours  du  puy  de 
musique  d'Évreux,  et  y  remporta  le  prix  de  la 
harpe  d'argent  pour  le  motel  :  Ecce  quam 
bonum. 

*  DELÉZE\\\E  (Charles-Édouard-Jo- 
seph),  est  mort  le  20  août   1866. 

DEL  FAi\TE  (Antoine),  et  non  Delfante. 
Ce  compositeur  a  écrit  au  moins  un  second 
opéra,  la  Morte  di  Sisara,  que  l'on  jouait  à 
Rome  (j'ignore  si  c'est  pour  la  première  fois)  en 
1820. 

DELFICO  ( ),  compositeur  drama- 
tique italien,  est  l'auteur  de  plusieurs  opéras. 


dont  le  premier  a  été  représenté  en  1850.  Je 
connais  seulement  les  titres  des  trois  derniers  : 
la  Fiera,  ouvrage  joué  sans  grand  succès  sur  le 
tfiéàtre  Mercadante,  de  Naples,  au  mois  d'août 
1872;  Parigi  dopo  la  guerra,  donné  à  la  So- 
ciété philharmonique  de  la  même  ville,  dans  le 
cours  de  la  même  année;  et  il  Parafulmine, 
opéra  bouffe  donné  à  la  même  société  au  mois 
de  mars  1876. 

DELI  AIN  ( ),  musicien  français  du  dix- 

huilième  siècle,  est  l'auteur  d'un  ouvrage  d'en- 
seignement publié  sous  ce  titre  en  1781  :  Nou~ 
veau  Manuel  musical,  ouvrage  qui  a  pour  objet 
de  mettre  la  théorie  de  la  musique,  des  agré- 
ments du  chant  et  de  l'accompagnement  du  cla- 
vecin à  la  portée  des  jeunes  personnes,  leur  en 
faciliter  l'étude  par  une  marche  moins  longue, 
moins  pénible  et  moins  rebutante  que  celle  que 
l'on  emploie  ordinairement  (Paris,  Ballard). 

DELIBES  (Léo),  compositeur,  l'un  des  re- 
présentants les  plus  distingués  et  les  plus  actifs 
de  la  jeune  école  musicale  française,  est  né  à 
Saint-Germain  du  Val  (Sarihe)  en  1836.  Venu  à 
Paris  en  1848,  il  entrait  au  Conservatoire,  dans 
une  classe  de  solfège,  puis  s'attachait  successi- 
vement, comme  enfant  de  chœur,  à  diverses 
maîtrises,  entre  autres  à  celle  de  l'église  de  la 
Madeleine.  Après  avoir  obtenu  un  .second  prix 
de  solfège  en  1849  et  le  premier  l'année  sui- 
vante, il  fut  admis  dans  la  classe  de  piano  de 
M.  Le  Conppey,  puis  dans  celle  d'harmonie  et 
accompagnement  de  M.  Bazin ,  remporta  un 
second  accessit  d'harmonie  en  1854,  et  devenait 
bientôt  élève  d'Adam  pour  la  composition  et  de 
M.  Benoist  pour  l'orgue. 

Dès  1853,  M.  Delibes  devenait  accompagna- 
teur au  Théâtre-Lyrique,  par  l'influence  d'Adam, 
qui  s'était  fait  son  protecteur,  et  vers  la  même 
époque  il  entrait  en  qualité  d'organiste  à  l'église 
Saint-Jean  et  Saint  François.  C'est  aussi  à  partir 
de  ce  moment  qu'il  commença  à  se  livrer  à  la 
coiTiposition.  Il  commença  d'abord  par  donner  au 
petit  théâtre  des  Folies-Nouvelles,  en  1855,  une 
o|iérette  en  un  acte,  Deux  sous  de  charbon, 
dont  le  principal  rôle  était  tenu  par  M.  Hervé 
{Voy.  ce  nom),  et  dès  l'année  suivante  il  donnait 
deux  petits  ouvrages  du  même  genre  aux  Bouf- 
fes-Parisiens, Deux  vieilles  gardes  {8  août  1856), 
et  Six  demoiselles  à  marier  (12  novembre 
1856).  Le  3  octobre  1857,  il  faisait  représenter 
au  Théâtre  Lyrique  un  opéra-comique  intitulé 
Maître  Griffard,  et  ce  petit  acte  leste  et  pim- 
pant, qui  b' illait  par  une  gaîté  franche  et  un  boa 
sentiment  de  la  scène,  faisait  pressentir  ce  que 
son  auteur  pourrait  devenir  un  jour  et  donnait 
la  mesure  de  son  tempérament,  qui  le  portait 


252 


DELIEES 


précisément  vers  le  genre  de  la  comédie  musi- 
cale. 

Pendant  plusieurs  années,  M.  Delibes  multiplie 
ces  petites  productions,  aimables,  fines,  spiri- 
tuelles, et  qui  commençaient  à  faire  connaître 
avantageusement  son  nom  :  c'est  ainsi  qu'il  fait 
jouer  successivement  V Omelette  à  la  Fotlem- 
buche  (un  acte,  Boulfes-Parisiens,  8  juin  1859), 
Monsieur  de  Bonne-Étoile  (id.,  id.,  4  février 
1860),  les  Miliciens  de  Corchestve  (deux  actes, 
en  société  avec  MM.  Erlanger  et  Higiiard,  Bouf- 
fes-Parisiens, 23  janvier  1861),  le  Jardinier  et 
son  Seigneur  (un  acte.  Théâtre  Lyrique,  1"  mai 
1863),  la  Tradition  (prologue  pour  une  réou- 
verture des  Bouffes-Parisiens,  à  janvier  1864), 
le  Sarpent  à  jilumes  (un  acte,  Bouffes-Parisiens, 
16  décembre  1864),  enfin  le  Bœuf  Apis  (deux 
actes,  id.,  25  avril  1865).  A  tout  cela  il  faut 
ajouter  deux  autres  opérettes  écrites  pour  le 
théâtre  du  Kursaal  d'Iims,  Mon  ami  Bierrot 
(un  acte,  juillet  1862)  et  les  Eaux  d'Enis  (un 
acte),  plus  une  cantate,  Alger,  composée  sur 
des  vers  de  Méry  et  exécutée  à  l'Opéra  le  15 
août  1865. 

A  celte  époque,  M.  Delibes  venait  de  quitter 
les  fo.iclions  d'accompagnateur  qu'il  remplis^iit 
au  Tiiéàlre  Lyrique  pour  occuper  celles  de  second 
chef  des  chœurs  à  l'Opéra,  et  l'on  peut  dire 
qu'une  nouvelle  carrière  s'ouvrit  alors  pour  lui. 
Le  12  novembre  1866,  ce  théâtre  donne  la  pre- 
mière représentation  de  la  Source,  ballet  en  3 
actes  et  4  tableaux,  dont  la  partition  avait  été 
composée  en  collaboration  par  U.  Delibes,  qui 
en  avait  écrit  les  deuxième  et  troisième  tableaux, 
et  un  jeune  musicien  russe,  M.  Minkous.  L'au- 
dition de  la  musique  de  la  Source  fut  comme 
une  sorte  «le  révélation,  et  le  talent  de  M.  De- 
libes s'y  affirma  du  premier  coup  et  d'une  façon 
si  éclatante  comme  compositeur  de  ballet  qu'on 
reconnut  aussitôt  en  lui,  sous  ce  rapport,  un  suc- 
cesseur direct  d'Hérold  et  d'Adam,  son  maître 
regretté.  Aussi  l'administration  de  l'Opéra,  qui 
songeait  alors  à  une  reprise  d'un  des  meilleurs 
ouvrages  en  ce  genre  d'Aiiam,  le  Corsaire,  ne 
crut-elle  pouvoir  mieux  faire  que  de  demander 
au  jeune  artiste  la  musique  d'un  diverlissenunt 
nouveau  qu'on  y  voulait  ajouter  ;  celle  reprise 
n'en  fut  que  plus  heureuse  (21  octobre  1867)  (1). 

C'est  à  cette  époque  que  M.  Delibes  prit  part 
à  une  petite  débauche  artistique  :  il  écrivit,  en 
société  avec  Georges  Bizet,  MM.  Emile  Jonas  et 
Legouix  la  partition  d'une  grande  opérette  en 
quatre  actes,  Malbrough  s'en  va-t-en  guerre, 

(i)  On  a  jnué  à  la  Scala,  de  Milan,  au  mois  do  fevrifr 
J876,  av(  c  j;rand  succès,  le  ballet  de  la  Source  {la  Sor- 
gente),  avec  la  musique  de  MM.  Léo  Delibes  et  Minkous. 


dont  le  quatrième  acte  lui  était  échu,  et  qui  fut 
représentée  au  théâtre  de  l'Atliénée,  le  13  dé- 
cembre 1867.  Il  retourna  ensuite  sur  la  scène  de 
ses  premiers  succès,  et  donna  aux  Bouffes-Pa- 
risiens (16  janvier  1869)  une  fantaisie  en  un  acte, 
V Écossais  de  Chaton,  bienbJt  suivie  d'un  opéra- 
bouffe  en  3  actes,  la  Cour  du  roi  Pdtaud,  joué 
aux  Variétés  le  24  avril  1869.  Puis  il  donna  pour 
la  première  (ois  foule  la  mesure  de  son  talent  ea 
écrivant  pour  l'Opéra  la  musique  de  Coppclia 
ou  la  Fille  aux  yeux  d'émail,  ballet  en  2  actes 
qui  fut  représenté  à  ce  théâtre  le  25  mai  1870. 
La  partition  de  Coppelia  est  une  œuvre  exquise 
et  charmante,  qui  se  liistingue  par  l'abondance 
mélodique,  la  (ranchise  des  rhythmes,  l'intelli- 
gence scénique,  la  richesse,  l'éclat  et  la  variété 
de  l'instrunientalion.  ' 

Enfin,  la  liirection  de  l'Opéra-Comique,  qui 
depuis  longtemps  aurait  dû  songer  à  attirer  à 
elle  im  talent  aussi  souple  et  aussi  délicat,  confia 
au  jeune  compositeur  le  livret  d'un  ouvrage  en 
trois  actes  intitulé  le  Roi  l'a  dit.  Dès  que  la 
partition  fut  achevée,  cet  ouvrage  fut  mis  à  l'é- 
lude, et  la  première  représentation  eu  eut  lieu 
le  24  mai  1873.  Bien  que  l'œ.uvre  fût  très-heu- 
reuse en  quelques-unes  de  ses  parties,  le  surcès 
ne  fui  pas  aussi  complet  qu'on  l'avait  espéré,  et 
cela  par  suite  de  son  inégalité,  causée  par  la  va- 
leur secondaire  du  poème.  Le  premier  acte  du 
Roi  l'a  dit  était  charmant  d'un  bout  à  l'autre, 
mais  les  deux  autres  étaient  moins  bien  venus, 
parce  que  le  compositeur  ne  s'y  trouvait  pas 
soutenu  par  les  situations  scéniques  et  que  l'ac- 
tion y  devenait  froide  et  languissante.  Néanmoins, 
le  public  accueillit  avec  une  évidente  sympathie 
la  musique  du  Roi  Va  dit,  qui  était  une  brillante 
promesse  d'avenir,  et  dans  laquelle  on  retrouvait 
les  qualités  ordinaires  de  M.  Delibes,  c'est-à-dire 
la  grâce  des  contours,  le  jet  mélodique,  la  science 
de  l'instrumentation  et  ime  vive  compréhension 
de  la  scène.  Du  reste,  cet  opéra,  traduit  en  alle- 
mand et  représenté  à  Vienne  en  1874,  y  fut  reçu 
avec  la  plus  grande  faveur.  M.  Delibes  a  obtenu 
son  dernier  succès  au  théâtre  avec  Sylvia  ou 
la  Nymphe  de  Diane,  ballet  en  trois  acles  et 
cinq  tableaux,  qui  a  été  représenté  à  l'Opéra  le 
l'i  juin  1876,  et  dont  la  partition,  extrêmement 
remarquable,  pleine  de  verve,  de  couleur,  de 
chaleur  et  d'entrain,  fut  accueillie  avec  toute 
la  faveur  qu'elle  méritait. 

Mais,  quelle  que  soit  la  valeur  de  ses  œuvres 
en  ce  genre,  les  amis  du  jeune  compositeur  le 
verraient  avec  peine  négliger  celui  de  la  comédie 
musicale,  pour  lequel  il  semble  vraiment  né. 
Artiste  intelligent  et  bien  doué,  digne  continua- 
teur de  cette  brillante  lignée  de  musiciens  fran- 


DELIBES  —  DELIOUX  DE  SAVIGNAG 


253 


çais  qui  se  sont  illustrés  dans  l'opéra-comique, 
M,  Delibes,  que  son  tempérament  naturel  porte 
surtout  de  ce  côté,  paraît  précisément  appelé  à 
renouveler  les  exploits  de  ses  devanciers;  il  faut 
ajouter  toutefois  que  M.  Delibes,  qui  a  le  senti- 
ment très-vif  de  la  période  de  crise  et  de  renou- 
vellement que  traverse  en  France  l'art  musiol, 
ne  croit  pas  le  genre  de  l'opéra-comique  à  l'abri 
de  ce  renouvellement,  et  songe,  sans  pouvoir 
les  exactement  définir,  aux  réformes  et  aux  mo- 
dificalion^  qu'il  serait  utile  et  désirable  d'y  voir 
apporter. De  là,  dans  l'esprit  du  compositeur,  des 
incertitudes, (les  liésitations, exagérées  sans  doute, 
mais  (|ui  ontju-qu'à  un  certain  point  leur  raison 
d'être  dans  les  hésitations  du  public  lui-même.  11 
semble  cependantque  ces  dernières  sont  plus  ap- 
parentes que  réelles, et  je  suis  d'avis  quequand  un 
artiste  est  en  possession  d'un  talent  aussi  formé, 
d'un  tempérament  aussi  sain,  aussi  généreux 
que  celui  de  M.  Delibes,  il  doit  trouver  en  lui 
la  volonté,  l'énergie,  la  force  nécessaires  pour 
montrer  la  voie  au  public  et  Tentraîner  à  sa 
suile.  M.  Delibes  est  assurément  l'un  des  jeunes 
musiciens  sur  qui  la  France  a  le  plus  droit 
de  compter  ;  qu'il  ne  se  laisse  pas  arrêter  plus 
que  de  raison  par  des  scrupules  dont  l'impor- 
tance et  la  légitimité  ne  doivent  pas  être  exa- 
gérées, et  qu'il  suive  sans  remords  le  chemin 
que  lui  trace  sa  nature  artistique.  La  succession 
de  BoieMieu,  d'Hérold  et  d'Auber  est  ouverte; 
il  est  un  de  ceux  qui  ont  droit  d'aspirer  à  la  re- 
cueillir. ' 

Quoique  le  théâtre  ait  surtout  été  son  objec- 
tif, M.  Delibes  pourtant  ne  s'y  est  pas  consacré 
d'une  façon  absolument  exclusive,  et  on  lui  doit 
quelques  compositions  en  dehors  de  la  scène. 
Membre  de  la  commission  pour  l'enseignement 
du  chant  dans  les  écoles  de  Saint-Denis  et  de 
Sceaux,  il  a  écrit  pour  les  enfants  de  ces  écoles 
une  messe  et  plusieurs  chœurs;  dévoué  à  l'œu- 
vre orphéonique,  il  a  composé  aussi  un  certain 
nombre  de  chœurs  à  quatre  voix  d'hommes  sans 
accompagnement,  parmi  lesquels  il  faut  citer 
surtout  :  les  Lansquenets,  les  Pifferari,  C'est 
Dieu  !  Avril,  Marche  des  soldais,  Pastorale, 
Trianon,  etc.;  quelques-uns  de  ces  morceaux 
ont  été  couronnés  aux  concours  de  la  ville  de 
Paris.  M.  Delibes  a  écrit  aussi  toute  une  série 
de  chœurs  pour  voix  de  femmes,  avec  accom- 
pagnement d'orchestre,  et  il  a  publié  (Paris, 
Hartmann)  un  recueil  de  Quinze  mélodies  avec 
accompagnement  de  piano  ;  les  pièces  de  ce  re- 
cueil se  distinguent  par  un  dessin  très-élégant, 
une  tournure  pleine  de  grâce,  des  harmonies  très- 
fines  (à  qui  l'on  peut  reprocher  parfois  d'être  un 
peu  trop  cherchées  )  et  des  accompagnements 


écrits  avec  le  soin  le  plus  délicat.  Par  leur  sen- 
timent poétique,  par  leur  clarté,  par  la  distinc- 
tion de  la  forme,  ces  mélodies  tiennent  à  la  fois 
de  la  romance  française  et  du  lied  allemand, 
et  elles  sont  pleines  de  charme,  de  saveur  et  de 
jeunesse  ;  trois  surtout  sont  remarquables  à  di- 
vers titres,  celles  qui  sont  intitulées  Myrto, 
Avril,  et  Bonjour  Suzon.  Enfin,  M.  Delibes  a 
fait  entendre  avec  beaucoup  de  succès,  le  22 
février  1877,  dans  un  concert,  une  œuvre  re- 
marquable, la  Mort  d'Orphée,  scène  lyrique, 
qui  révélait  un  côté  oouveau  de  son  talent,  et 
le  montrait  musicien  pathétique,  puissant  et 
passionné. 

On  assure  que  M.  Delibes  a  écrit  la'  musique 
d'un  nouvel  opéra-comique  en  trois  actes,  le  Roi 
des  Montagnes.  On  avait  annonce  naguère,  au 
théâtre  de  l'Athénée,  deux  ouvrages  de  lui  qui 
n'ont  pas  été  joués  :  le  Don  Juan  suisse,  opéra 
bouffe  en  quatre  actes,  et  la  Princesse  Ravi- 
golle.  en  trois  actes.  Je  n'oserais  affirmer  que  ces 
deux  partitions  ont  été  écrites;  mais  je  dois  si- 
gnaler l'existence  d'un  autre  petit  ouvrage  du 
compositeur,  bien  que  celui-ci  n'ait  pas  été  re- 
présenté :  c'est  une  opérette  en  un  acte,  la 
Fille  dxi  Golfe,  dont  la  musique  a  été  publiée 
dans  un  journal,  le  Magasin  des  Demoiselles. 
M.  Léo  Delibes,  qui  a  épousé  la  fille  d'une  an- 
cienne artiste  de  la  Comédie  Française,  M'"'  De- 
nain  ,  s'est  démis  depuis  quelques  années  des 
fonctions  de  chef  des  chœurs  qu'il  occupait  à 
l'Opéra. 

DELIIV  (Albert),  facteur  de  clavecins ,  vi- 
vait à  Tournai  (Belgique),  dans  la  seconde  moi- 
tié du  dix-huitième  siècle.  M.  César  Snoeck, 
notaire  à  Renaix,  possesseur  d'une  des  plus  in- 
téressantes collections  d'instruments  de  musique 
qui  existent  en  Belgique,  a  réuni  quatre  clave- 
cins de  ce  facteur,  d'ailleurs  médiocres,  dont  le 
plus  ancien  porte  la  date  de  1750,  et  le  plus  ré- 
cent celle  de  1770. 

DELIOUX  DE  SAVIGNAG  (Charles), 
pianiste  et  compositeur,  né  à  Lorient  au  mois 
d'avril  1830,  a  reçu  les  premières  notions  musi- 
cales de  son  père,  qui  exerçait  les  fonctions  de 
commissaire  de  la  marine  en  cette  ville,  et  s'est 
ensuite  formé  lui-même  comme  pianiste,  sans  le 
secours  d'aucun  autre  professeiu'.  Tout  enfant  il 
acquit  un  véritable  talent,  qui  lui  permit  dé  se 
faire  entendre  avec  succès,  dès  18,'J9,  devant  la 
famille  royale,  aux  Tuileries,  puis  à  la  cour 
d'Angleterre. 

Devenu,  à  Paris,  élève  de  M.  Barbereau  pour 
l'harmonie,  il  entra  en  1845  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  de  composition  d'Halévy,  y  ob- 
tint un  premier  accessit  de  contrepo  nt  et  fugue, 


254 


DELIOUX  DE  SAVIGNAC  —  DELOFFRE 


et  prit  part,  en  1847,  au  concours  de  Rome. 
Sorti  du  Conservatoire  en  1849,  M.  Delioux  se 
livra  aussitôt  à  l'enseignement  du  piano,  tout  en 
s'occupant  de  travaux  de  composition,  et  fit 
jouer  au  théâtre  du  Gymnase,  en  1854,  un  petit 
opéra-comique  en  un  acte,  Yvonne  et  Loïc, 
dont  le  principal  rôle  était  tenu  pnr  M""^  Anna 
Chéri,  et  qui  se  faisait  remarquer  par  de  jolies 
idées  mélodiques  conduites  avec  goût. 

Depuis  lors,  M.  Delioux,  qui  n'a  pas  abordé 
de  nouveau  le  théâtre,  a  beaucoup  écrit  pour 
son  instrument,  et  le  nombre  de  ses  œuvres  pour 
le  piano  atteint  le  chiffre  d'une  centaine  environ. 
Je  citerai,  parmi  ces  œuvres  ;  Marche  hon- 
groise (op.  14);  Fête  à  Seville  (op.  23);  le 
Ruisseau  (op.  25)  ;  Mandoline  (op.  28)  ;  le  Son 
du  cor  (op.  34);  le  Carnaval  espagnol  (op. 
38);  les  Bohémiens  (op.  39);  les  Matelots  (op. 
40)  ;  Fantaisie  sur  Faust  (op.  54);  le  Lac  (op. 
8S);  &  Pensées  musicales  (op.  89);  Allegro 
agilalo  (op.  94).  Il  faut  mentionner  encore  un 
Eecueil  pour  le  piano  (op.  71-80),  publié  chez 
Scbott,  et  un  Cows  complet  d'exercices,  excel- 
lent ouvrage  didactique,  publié  chez  Flaxiand  et 
adopté  pour  les  classes  du  Conservatoire.  Les 
qualités  qui  recommandent  les  compositions  de 
M.  Delioux  sont  le  goût,  le  style  et  l'élégance 
de  la  forme.  M.  Delioux  a  écrit  aussi  un  certain 
nombre  de  mélodies  vocales  :  ISalure,  Rap- 
pelletoi,  le  Rhin  allemand  {chanié  par  M.  Faure, 
à  l'Opéra,  en  1870),  les  Filles  de  Cadix,  le  Re- 
tour, etc. 

DELISSE  (Paul),  né  à  Longwy  (Moselle)  le 
12  avril  1817,  se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude 
de  la  musique.  Admis  au  conservatoire  de  Pa- 
ris le  23  mai  1839,  dans  la  classe  de  trombone 
de  Dieppo  ,  il  fut  admis  au  concours  dès  l'an- 
née suivante,  se  vit  décerner  un  second  prix,  et 
obtint  le  premier  en  1841.  M.  Delisse  remplis- 
sait depuis  longues  années  les  fonctions  de  pre- 
mier trombone  à  l'orchestre  de  l'Opéra-Comique, 
lorsque,  par  arrêté  ministériel  en  date  du  20  oc- 
tobre 1871,  il  fut  nommé  professeur  de  la  classe 
de  trombone  au  Conservatoire.  Il  fait  partie  de 
l'orchestre  de  la  Société  des  concerts. 

DELL'x\.Qt!IL.\  (R ),  compositeur  ita- 
lien contemporain,  a  (ait  représenter  à  Milan, 
sur  le  théâtre  Dal  Verme,  le  14  juin  1876,  un 
opéra  sérieux  intitulé   il  Conte  di  Montecristo. 

DELI.E  SEDIE  (Enkico),  clianleur  italien 
fort  remarquable,  est  né  vers  1828  à  Livourne. 
Son  père,  négociant  en  celte  ville,  voulut  d'a- 
bord lui  faire  embrasser  la  même  carrière  ;  mais 
sa  vocation  l'entraînait  ailleurs.  Il  prit  d'abord 
des  leçons  de  musique  d'im  maître  nommé  Ce- 
sario  Galeffi,  puis  étudia  ^la  déclamation  avec 


Persanola  et  Domeniconi,  célèbre  tragédien.  Le 
mouvement  national  de  1848  fit  du  jeune  musi- 
cien un  volontaire  des  plus  enthousiastes  ;  dès 
les  premiers  événements.  Délie  Sedie  s'engagea, 
et,  devenu  lieutenant,  se  battit  notamment  à 
Curtatone,  oîj  les  étudiants  toscans,  sous  le 
commandement  de  leur  professeur  Montanelli, 
soutinrent  le  choc  de  plusieurs  régiments  autri- 
chiens. Prisonnier  de  guerre  pendant  quelque 
temps,  et  ne  pouvant  plus,  une  fois  rendu  à  la 
liberté ,  songer  à  la  carrière  des  armes  dans  l'é- 
tat de  (irostration  où  ses  défaites  avaient  plongé 
l'Italie,  Délie  Sedie  reprit  ses  études  musicales, 
un  instant  interrompues,  et  songea  définitive- 
ment à  aborder  la  scène.  Il  débuta  en  1851  sur 
le  petit  théâtre  de  San  Casciano,  près  Florence, 
dans  Nabucco  de  Verdi.  Remarqué  par  un  in- 
telligent imprésario,  il  fut  immédiatement  en- 
gagé à  Pistoie,  puis  à  Florence  (1852),  où  il 
s'empara  du  rôle  de  Rigoletto  sans  redouter  la 
comparaison  de  Varesi  et  de  Corsi.  Dès  lors  sa 
carrière  fut  fixée,  et  le  jeune  baryton  marcha 
de  succès  en  succès.  'Vienne  en  1859,  Londres 
en  1860,  Saint-Pétersbourg,  Paris  l'applaudirent 
tour  à  tour.  C'est  par  le  rôle  de  Renato  (I'mm 
Ballo  in  Maschera  qu'il  débuta  à  notre  Théâtre- 
Italien  le  17  of'tobre  1861,  et  parmi  les  meilleurs 
rôles  qu'il  joua  par  la  suite,  il  faut  citer  Don 
Juan,  la  Traviata ,  il  Barhiere  di  Siviglia, 
Don  Pasquale,  et  surtout  Rigoletto,  où,  mal- 
gré la  faiblesse  de  sa  voix,  son  incomparable 
talent  de  chanteur  et  ses  rares  facultés  de  co- 
médien excitaient  l'admiration  de  tous  les  au- 
diteurs. 

Nommé  professeur  de  chant  au  conserva- 
toire de  Paris,  emploi  auquel  il  renonça  peu 
d'années  après,  décoré  de  la  Légion  d'honneur, 
M.  Délie  Sedie,  qui  a  renoncé  au  théâtre  et  qui 
consacre  tout  son  temps  à  l'enseignement,  a 
mis  le  sceau  à  sa  réputation  en  publiant  sous  ce 
titre  :  PArt  lyrique  (Paris,  Escudier,  in-folio), 
une  excellente  méthode  de  chant  pur  et  de 
chant  déclamé,  dans  laquelle  ses  théories  sur 
cet  art  sont  exposées  avec  une  remarquable 
clarté.  Les  comptes-rendus  faits  sur  cet  ouvrage 
ont  été  recueillis  et  publiés  en  Italie  (Livourne, 
Vigo,  1875,  in-S"). 

J.  D.  F. 

DELOFFRE  (Louis-Michel-Adolphe),  vio- 
loniste, chef  d'orchestre  et  compositeur,  né  à  Pa- 
ris le  28  juillet  1817,  était  fils  d'un  musicien  à  la 
fois  violoniste  et  guitariste,  avec  lequel  il  com- 
mença son  éducation  musicale  Doué  de  disposi- 
tions remarquables  pour  le  violon,  il  fut  successi- 
vement élève  de  Rellon,  de  Lafont  et  de  Baillot, 
et  se  fit  connaître  d'abord  comme  virtuose,  en 


DELOFFRE  —  DELSARTE 


235 


remplissant  les  fonctions  de  violon-solo  dans  les 
concerts  de  Valentino  et  dans  ceux  de  Musaid 
père.  Plus  tard,  il  partit  pour  Londres,  avec  le 
fameux  ciief  d'orchestre  Jullien,  et  devint  vio- 
lon-solo au  théâtre  de  la  Reine,  puis  à  la  Phi- 
larmonic  socïety,  à  la  Sacred  harmonie  So- 
ciety et  à  la  Musical  Union.  Cela  ne  l'empê- 
chait pas  de  venir  donner  chaque  année  à  Paris, 
en  compagnie  de  sa  femme,  pianiste  distinguée, 
et  de  M,  Pilet,  violoncelliste  attaché  à  l'orches- 
tre de  l'Opéra,  des  concerts  dans  lesquels  ces 
trois  virtuoses  étaient  favorablement  accueillis 
par  le  public.  Deloffre  était  du  reste  un  violo- 
niste habile,  bien  que  son  jeu  fût  parfois  un  peu 
miévrenx  et  un  peu  efféminé. 

Après  plusieurs  années  passées  en  Angleterre- 
Deloffre  revint  se  fixer  à  Paris  en  1851,  et  de- 
vint second,  puis  presque  aussitôt  premier  chef 
d'orchestre  au  Théàlre-Lyrique.  C'est  lui  qui  eut 
l'honneur  de  diriger  à  ce  théâtre,  pendant  la  bril- 
lante direction  de  M.  Carvalho,  l'exécution  non- 
seulement  des  grandes  œuvres  de  Gluck,  de  Mo- 
zart et  de  Weber,  mais  encore  celle  des  belles 
productions  d'Halévy,  de  Berlioz,  de  MM.  Gou- 
nod,  Victor  Massé,  Ernest  Reyer  :  Jaguarila, 
Faust,  le  Médecin  malgré  lui,  la  Reine  To- 
paze, la  Statue,  les  Troijens,  Roméo  et  Ju- 
liette, etc.  Lorsque,  en  1868,  M.  Tilmant  prit 
sa  retraite,  Deloffre  fut  appelé  à  le  remplacer  à 
la  tête  de  l'orchestre  de  l'Opéra-Comique,  et  il 
conserva  cette  situation  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée le  8  janvier  1876. 

Deloffre  avait  une  façon  fâcheuse  de  marquer 
la  mesure,  en  ce  sens  que  son  archet,  conduit 
avec  mollesse  et  une  indécision  apparente,  n'in- 
diquait jamais  nettement  quel  temps  il  battait  ; 
mais  c'était  tm  artiste  soigneux,  soucieux  des 
moindres  détails,  très-expéiimenté,  excellent 
musicien,  et  sachant  faire  travailler  et  étudier 
une  pHrIilion.  Il  était  compositeur  aussi,  et  sous 
ce  rapport  était  fort  loin  de  manquer  de  talent. 
Sans  parler  des  fantaisies  sur  des  motifs  d'opé- 
ras, des  duos  pour  piano  et  violon  qu'il  écrivait 
jadis  pour  sa  femme  et  pour  lui,  dans  un  genre 
fort  heureusement  passé  de  mode  aujourd'hui, 
Deloffre  a  été  couronné  deux  fois  dans  les  con- 
cours de  quatuors  d'instruments  à  cordes  ouverts 
par  la  Société  des  compositeurs  de  musique,  et 
ses  œuvres  en  ce  genre  révèlent  un  talent  véri- 
table de  facture,  une  inspiration  facile  et  une 
réelle  élégance  de  forme.  Il  a  laissé  en  manus- 
crit deux  symphonies  pour  orchestre,  plusieurs 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  et  quel- 
ques morceaux  pour  violon  avec  accompagne- 
ment de  piano. 

DE  LOISE  ( ),  compositeur,  a  écrit  la 


musique  à' Agnès  de  Châtillon  ou  le  Siège  de 
Saïnl-Jear  d''Acre,  «  opéra  héroïque  »  en  trois 
actes,  repiésenté  au  théâtre  Louvois  le  12  mai 
1792.  Je  n'ai  pu  découvrir  aucun  autre  rensei- 
gnement sur  cet  artiste. 

DELPR  AT  (Charles),  professeur  de  chant, 
élève  de  Ponchard  père,  est  auteur  d'un  livre 
intitulé  l'Art  du  chant  et  Vécole  actuelle.  Il 
n'y  a  rien  de  bien  nouveau  dans  cet  écrit,  dans 
lequel  cependant  les  jeunes  chanteurs  pourront 
puiser,  au  point  de  vue  général,  quelques  bons 
préceptes.  D'ailleurs,  ce  livre  n'est  pas  donné 
par  l'auteur  comme  uu  traité  de  l'art  du  chant, 
et  se  home  à  présenter  une  série  de  remarques 
et  de  réflexions  sur  l'état  de  cet  art  dans  le 
passé  et  dans  le  présent.  Je  ne  puis,  toutefois, 
m'empêcher  d'y  signaler  une  erreur  an  moins 
singulière  sous  le  rapport  historique.  Dans  son 
prélude,  et  en  parlant  du  chant  appliqué  au 
théâtre,  M.  Delprat  dit  :  «  Ce  ne  fut  qu'au  dé- 
but dn  dix-hutième  siècle,  à  l'époque  de  Per- 
golèse,  que  l'on  forma  des  combinaisons  d'en- 
semble dans  lesquelles  entraient  les  voix  de 
basse.  »  Voilà  une  assertion  étrange.  M.  Del- 
prat ignore-t  il  donc  que,  pour  ne  parler  que  de 
Lully,  il  y  avait  toujours  au  moins  un  rôle  de 
basse,  et  quelquefois  deux,  dans  les  opéras  de  ce 
compositeur.' 

JVI.  Delprat  a  fourni  un  certain  nombre  d'ar- 
ticles au  journal  VArt  musical,  et  il  a  publié 
une  brochure  sous  ce  titre  :  Le  Conservatoire 
de  musique  de  Paris  et  la  commission  du 
ministère  des  Beaux-Arts  en  1870  (Paris,  typ. 
Morris,  1872,  in-8"  de  36  pp.). 

*  DELSARTE  (François-Alexandre-Nico- 
las-Chéri), artiste  un  peu  étrange,  quoique  d'un 
mérite  incontestable,  doué  de  facultés  très-di- 
verses et  de  toutes  les  qualités  nécessaires  à  l'en- 
seignement ,  fut  —  sans  voix  !  —  un  chanteur 
véritablement  remarquable  et  presque  un  pro- 
fesseur de  premier  ordre. 

Venu  de  bonne  heure  à  Paris,  Delsarte  étudie 
la  musique  dès  son  enfance,  et  bientôt  veut  se 
consacrer  à  la  carrière  du  chant,  bien  que  pour 
cela  le  fonds  principal,  c'est  à-dire  la  voix,  lui 
fasse  presque  entièrement  défaut.  A  force  de 
travail  pourtant  et  d'intelligence,  il  parvient, 
après  avoir  passé  par  l'excellente  école  de  Cho- 
ron, à  remporter  un  second  prix  au  Conserva- 
toire, oîi  il  avait  pour  professeurs  Garaudé  et 
Ponchard  |ière.  L'année  suivante  il  manque  son 
premier  prix,  mais  il  a  la  consolation  d'entendre 

M"""^  Sonlag  le  féliciter  et  Nourrit  lui  dire  : 

«  On  ne  vous  a  pas  compris,  mais  je  vous  ai 
donné  ma  voix,  et  jamais  mes  enfants  n'auront 
d'autre  maître  que  vous.  »  Cependant  Delsarte 


256 


DELSARTE  —    DEMARQUETTE 


veut,  comme  tous  les  autres,  essayer  du  théâtre, 
ef,  après  de  grands  efforts,  pnrvient  à  se  faire 
engager  à  l'Opéra-Comique.  Il  débute  dans  Mai- 
son à  î^eHfZ/T,  de  Daiayrac  ;  mais  lui,  l'artiste  aux 
accents  nobles  et  touchants,  ne  pouvait  réussir 
dans  ce  qu'on  pourrait  appeler  un  vaudeville  à 
couplets.  Il  ne  plaît  que  médiocrement,  et,  bien 
que  Chollet  lui  confie  l'éducation  musicale  de  fa 
fille,  il  juge  à  propos  de  quitter  le  théâtre  Favart 
pour  s'engager  à  l'Ambigu.  Là,  il  crée  deux  ou 
trois  rôles  de  mélodrame,  puis,  le  théâtre  faisant 
faillite,  il  se  réfugie  aux  Variétés.  Voilà  donc  le 
futur  chantre  de  Lully,  de  Rameau  et  de  Gluck 
sur  le  point  de  donner  la  réplique  et  de  servir 
de  compère  à  Vernet  et  à  Odry  !  Pourtant,  il 
touche  aux  Variétés  ses  appointements  durant 
trois  ans,  sans  qu'on  songe  aie  taire  jouer.  Mais, 
pendant  ce  temps,  il  travaille  solitairement,  si- 
lencieusement, se  livre  à  des  études  profondes 
sur  la  déclamation  parlée  et  lyrique,  et,  pour 
mieux  se  rendre  compte  des  effets,  il  étudie 
aussi  la  physiologie  et  l'anatomie,  et,  chen  he  à 
se  rendre  familière  la  construction  du  larynx  et 
à  appiofonilir  le  phénomène  de  la  phonation.  En 
un  mot,  il  se  rendait  maître,  petit  à  petit,  de 
tous  les  secrets  de  son  art. 

Mais  Delsarte  était  un  homme  étrange.  Bientôt 
il  quitta  les  Variétés  pour  se  (airesaint-sim.onien, 
puis,  du  saint-simonisme,  en  vint  à  l'église  de 
l'abbé  Châtel.  Dans  cette  dernière,  il  fut  appelé 
à  la  direction  des  chœurs,  et,  pour  la  première 
fois  de  sa  vie,  se  trouva  livré  à  un  travail  digne 
de  lui,  et  qui  lui  plaisait.  On  le  voit  alors  ouvrir 
des  cours,  donner  des  concerts  historiques,  dans 
lesquels  il  fait  apprécier  un  style  dramatique  sin- 
gulier mais  puissant,  mélangé  de  grandeur  et 
d'emphase,  de  noblesse  et  d'exagération,  en  inter- 
prétant quelques-uns  des  chefs-d'œuvre  des 
vieux  maîtres  de  l'école  française.  Il  fait  connaître 
au  public  des  concerts,  par  fragments  bien  choisis, 
VArmide  de  Lully  et  celle  de  Gluck,  Castor  et 
Pollux  de  Rameau,  les  deux  Iphigéme,  mettant 
en  relief  les  principales  beautés  de  ces  divers 
ouvrages,  et  faisant  courir  tout  Paris  à  leur  au- 
dition. Bientôt  les  élèves  aftluenl  à  ses  cours. 
C'est  d'abord  Darcier,  c'est  Ali/.ard,  c'est  M"'' Bar- 
bot,  puis  M'"=  Marie  Dussy,  puis  M"*'  Gueymard 
et  Carvalho  à  leur  début,  et  tant  d'autres  que  je 
ne  saurais  nommer.  La  notoriété,  presque  la  célé- 
brité vient  enfin  à  Delsarte,  et  tandis  que  M"'=|Ra- 
chel  veut,  dit-on,  l'avoir  pour  partenaire  à  la 
Comédie-Française,  le  Théâtre- Italien  songe  à 
lui  pour  remplacer  Bordogni.  C'est  ainsi  que  la 
tragédie  et  l'opéra  se  disputent  cet  artiste  fan- 
tasque, étrange,  mais  d'une  si  étonnante  en- 
vergure. 


Mais  lui  ne  veut  plus  entendre  parler  de 
théâtre.  Avec  l'aisance  il  a  conquis  la  liberté, 
qui  pour  lui  n'est  que  la  liberté  de  s'instruire, 
et  il  la  veut  conserver.  Car  Delsarte  travaillera 
toute  sa  vie,  et  jusqu'à  son  dernier  jour,  jusqu'à 
son  dernier  souffle,  s'enquerra  des  moyens  et 
recherchera  les  causes.  Tout  en  continuant  de 
professer,  il  se  livre  avec  plus  d'ardeur  à  ses 
études  d'ontolotiie,  de  physiologie,  de  psycholo- 
gie, d'anatomie.  Puis,  comme  son  cerveau  n'est 
exempt  ni  de  fantaisie  ni  de  bizarrerie,  que  du 
saint-simonisme  son  esprit  s'est  trouvé  ramené 
aux  pures  doctrines  chrétiennes,  les  spéculations 
philosophiques,  les  méditations  religieuses  con- 
tribueront à  accaparer  son  existence.  Si  l'on 
ajoute  à  cela  qu'il  notait  foules  ses  impressions, 
qu'il  préparait  les  matériaux  innombrables  de 
traités  qu'il  projetait  toujours  sans  les  faire 
jamais,  qu'il  se  livrait  enfin  à  des  recherches 
incessantes  sur  la  philosophie  et  l'esthétique  de 
l'art,  on  comprendra  que  cet  homme  extraordi- 
nairement  laborieux  n'ait  jamais  eu  une  minute 
à  lui. 

Delsarte  a  publié  un  certain  nombre  de  mé- 
lodies, dont  quelques-unes  (une  entre  autres,  les 
Stances  à  l'Eternité),  se  faisaient  remarquer 
|)ar  un  grand  caractère.  On  lui  doit  aussi  un 
important  recueil  intitulé  les  Archives  du 
chant,  dans  lequel  il  a  reproduit,  entre  autres 
chefs-d'œuvre,  quelques-unes  des  magnifiques 
pages  lyriques  pour  lesquelles  il  professait  une 
si  grande  et  si  juste  admiration.  Le  malheur  est 
que  cette  publication  a  été  faite  par  lui  avec  le 
parti  pris  de  n'aider  en  rien  à  la  bonne  interpré- 
tation de  ces  chefs-d'œuvre,  qu'il  voulait  ré- 
pandre. Non-seulement  il  se  refusait  à  indiquer 
aucune  nuance,  aucun  mouvement  précis  pour 
les  morceaux  qu'il  reproduisait,  mais  il  poussa 
même  le  scrupule  du  texte  primitif  jusqu'à  res- 
pecter les  fautes  de  gravure  des  éditions  ori- 
ginales. Il  avait  retrouvé  à  Lyon  un  certain 
nombre  de  vieux  poinçons  dont  il  se  servit  tel- 
lement quellemeut,  pour  les  nouvelles  planches 
qu'il  faisait  faire,  de  telle  sorte  que  sa  publica- 
tion représentait  avec  une  fidélité  absolue  les 
anciennes  éditions,  à  cela  près,  pourtant,  qu'il  en 
avait  réalisé  au  piano  les  basses  chiffrées,  ou  ré- 
duit les  accords  d'orchestre. 

Delsarte  est  mort  à  Paris,  le  20  juillet  1871, 
dans  sa  soixantième  année.  M'""  Angélique 
Arnaud  a  publié  à  son  sujet  la  brochure  sui- 
vante :  Delsar/e,  ses  cours,  sa  méthode  (Paris, 
Denfu,  1859,  in-18  de  57  p.). 

DEMARQUETTE  (F ),   compositeur, 

né  vers  1845,  a  publié,  outre  quelques  mélodies 
vocales    et  plusieurs  transcriptions  de  grands 


DEMARQUETTE  -  DE  MOL 


257 


maities  pour  piano  et  violoncelle,  un  quatuor  pour 
instruments  à  cordes,  un  trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle  sur  le  Promethée  de  Beethoven, 
et  un  2"  trio,  pour  les  mêmes  instruments,  sur 
l'entr'acte  d»  comte  d'Egmont.M.  Demarquelte 
a  écrit  aussi  la  musique  de  deux,  opérettes,  les 
Brioches  du  Doge,  représentée  en  1873  sur  le 
petit  théâtre  des  Folies- Bergère,  et  Ze  Trouba- 
dour jonquille,  donnée  en  1876  aux  Folies  iMa- 
rigny. 

DEMERSSEMAIV  (  Jl'les  -  Auguste - 
Édouaeid),  virtuose  des  plus  remarquables  sur 
la  llùte  et  compositeur  distingué,  naquit  à  Honds- 
choote  (Nord)  le  9  janvier  1833.  Admis  au  mois 
d'octobre  1844  au  Conservatoire  de  Paris,  il  y 
devint  succes>ivement  élève  de  Tariol  pour  le 
solfège,  de  Tulou  pour  la  ilûte,  de  Colet  pour 
l'harmonie,  et  de  Leborne  pour  le  contrepoint  et 
la  fugue.  Dès  le  concours  de  1845,  il  obtint,  avec 
un  accessit  de  solfège,  le  premier  prix  de  flOte; 
il  était  alors  âgé  de  douze  ans  seulement.  Le 
premier  prix  de  solfège  lui  fut  décerné  l'année 
suivante.  En  1852,  il  obtint  un  premier  accessit 
de  fugue,  puis  subit  sans  succès  l'épreuve  pré- 
paratoire pour  le  concours  de  Rome;  admis  à  ce 
concours  l'année  suivante,  il  ne  fut  l'objet  d'au- 
cune récompense. 

La  réputallon  de  Demersseman  comme  vir- 
tuose commença  surtout  à  s'établir  aux  concerts 
fondés  par  M.  Musard  fils  en  1856,  et  se  con- 
tinua ensuite  à  ceux  du  Casino,  créés  par  M.  Ar- 
ban,  ainsi  qu'à  ceux  des  Champs  Élysées.  Son 
talent  était  à  la  fois  très-fin,  très-brillant  et  très- 
distingué.  Comme  compositeur,  Demersseman 
s'était  d'abord  fait  connaître  par  des  fantaisies 
fort  bien  écrites  pour  son  instrument,  et  par  une 
opérette  en  un  acte,  la  Princesse  Kaïka,  re- 
présentée au  petit  théâtre  des  Folies-Nouvelles  le 
6  mai  1859.  Il  fit  exécuter  ensuite  au  Casino 
diverses  compoi^itions  pour  orchestre,  publia  un 
certain  nombre  de  méloilies  charmantes,  et  écri- 
vit toute  une  série  de  morceaux  de  divers  genres 
pour  les  instrumenls  du  système  Sax.  Cet  artiste 
fort  estimable  aurait  sans  doute  fait  parler  de 
lui  comme  compositeur,  si  la  mort  ne  l'avait 
frappé  dans  toute  la  force  de  la  jeunesse,  à  Paris, 
le  l^'  décembre  1866.  Parmi  ses  productions  les 
plus  importantes,  il  faut  citer  un  concerto  de 
flùle  avec  accompagnement  d'orchestre. 

DE  MEY  (Jacques-François)  ,  prêtre  et 
musicien,  né  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  fut  maître  de  chant  à  l'église 
Saint-Jacques,  à  Gand,  et  remplit  ensuite  les 
mômes  fondions  à  l'église  de  Sainte-Walburge,  à 
.\udenarde,  en  1726.11  mourut  en  1733,  laissant 
à  cette  dernîère,  par  testament,  toutes  ses  collec- 

BIOGR,    UNIV.    DES   MUSICIENS.    SUPPL.    —   1 


lions  musicales.  On  connaît  de  la  composition 
de  cet  artiste  un  Ave  Maria  et  un  Tanlum 
ergo  à  quatre  voix. 

DE  MOL  (Pierre),  compositeur  et  profes- 
seur belge,  a  fait  ses  études  musicales  au  con- 
servatoire de  Bruxelles,  où  vers  1847  il  obtenait 
un  premier  prix  d'harmonie,  et  quelques  années 
après  le  premier  prix  de  contrepoint.  En  1853, 
s'étant  présenté  au  concours  de  Rome,  il  remporta 
le  second  prix  avec  la  cantate  intitulée  les  Pre- 
miers Martyrs,  et  deux  ans  après  ,  en  1855,  le 
premier  prix  lui  était  décerné  pour  sa  cantate 
le  Dernier  Jour  d'Herculnnum.  M.  De  Mol  en- 
treprit alors  un  voyage  en  Allemagne  et  en  France, 
puisselixaàBesançon.où  il  devint  violoncellesolo 
au  théâtre  et  professeur  à  l'Ecole  de  musique;  il 
occupait  encore  cette  situation  en  1867.  Je  crois 
que  depuis  lors  il  est  retourné  en  Belgique. 

M.  De  Mol  a  écrit  plusieurs  œuvres  importan- 
tes, entre  autres  un  oratorio,  les  Chrétiens  mar- 
tyrs, qui  a  été  exécuté  à  Bruxelles  avec  un  grand 
succès  (peut-être  n'est-ce  là  qu'une  amplification 
de  sa  première  cantate  de  concours),  et  un  opéra- 
comique, Qj/î/i/i/i  3Msis, dont  plusieurs  fragments 
considérables  ont  été  entendus  dans  la  même  ville 
au  mois  de  lévrier  1877.  On  doit  encore  à  cet  ar- 
tiste un  Te  Deum  ,  une  messe  que  l'on  dit  fort  re- 
marquable, et  diverses  autres  compositions.  M. 
De  Mol  s'est  consacré  aujourd'hui  à  l'enseigne- 
ment. 

DE  MOL  (François-Marie),  neveu  du  précé- 
dent, né  à  Bruxelles  le  3  mars  1844,  a  fait  ses 
études  au  Conservatoire  royal  de  cette  ville.  Il 
y  a  remporté  successivement  différents  prix,  dont 
les  principaux  ont  été  :  le  premier  prix  de  lecture 
musicale  en  1859,  le  2*"  prix  d'harmonie  en  1862, le 
1"  prix  de  composition  (contrepoint  et  fugue)  et 
le  premier  prix  d'orgue  en  1868.  Après  avoir  tenu 
l'orgue  à  l'église  de  Saint-Jean-Baptiste  du  Bé- 
guinage à  Bruxelles,  il  a  été  appelé  à  Marseille 
pour  y  occuper,  sur  la  recommandation  de  Fétis, 
le  poste  d'organiste  à  l'église  Saint-Charles.  Il 
,s'est  fixé  dans  celte  ville  depuis  cette  époque,  et 
s'y  est  livré  à  l'enseignement.  En  1872  il  est  de- 
venu chef  d'orchestre  de  la  Société  des  concerts 
populaires,  et  a  conservé  ces  fonctions  pendant 
trois  ans.  Le  9  janvier  1875,  il  a  été  nommé  profes- 
seur d'harmonie  au  Conservatoire  de  Marseille, 

Cet  artiste  a  fait  entendre  avec  succès  au.'c 
Concerts  populaires  de  Marseille  une  ouverture, 
Ambiorix,  et  une  charmante  bluette  pour  or- 
chestre, intitulée  Trastullo.  Il  a  écrit  également 
divers  motets,  des  morceaux  d'orgue  (fugue- 
offertoire,  etc.),  deux  bluettes  et  une  polonaise 
pour  piano,  une  romance  sans  paroles  pour  vio- 
loncelle et  piano,  un  adagio  pour  piano,  violon 
I.  17 


258 


DE  MOL  —  DEPAS 


et  violoncelle,  et  des  fragnienls  de  quatuors  pour 
instruments  à  cordes  (1). 

Al.  R— d.' 

DE  MOL  (Guillaume),  frère  du  précédent , 
né  à  Bruxelles  le  1^"^  mars  1846,  mort  à  Mar- 
seille le  9  septembre  i874,  avait  fait  de  brillantes 
études  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  oii  il  était 
entré  de  très- bonne  heure.  A  l'âge  de  17  ans, 
il  fut  nommé  organiste  de  l'église  Sainl-Rocli 
(banlieue  de  Bruxelles)  ;  il  prit  part  en  1869  et 
1871  au  grand  concours  de  cœnposition  musi- 
cale, et  obtint  à  la  seconde  épreuve  le  grand 
prix  de  Rome.  Il  était  en  route  pour  accomplir 
le  voyage  réglementaire  en  Italie,  quand  une 
maladie  foudroyante  le  surprit  à  Marseille  et 
l'emporta. 

Cet  artiste  avait  fait  entendre  aux  Concerts 
populaires  de  Marseille  quelques  parties  d'une 
symphonie  intitulée  Za  Guerre,  qui  témoignaient 
de  remarquables  aptitudes  musicales.  Il  a  laissé 
un  certain  nombre  de  fragments  inédits  (2). 

Al.  R— d. 

DE  \IUi\CK  (Ernest),  violoncelliste  belge 
distingué,  né  en  1841,  fut  d'abord  élève  de  son 
père.  Dès  l'âge  de  huit  ans  il  se  faisait  entendre  en 
public,  et  à  dix  ans  il  obtenait  de  grands  succès 
à  Londres.  De  retour  en  Belgique,  il  devint  élève 
de  Servais,  retourna  à  Londres  en  1855,  lit,  avec 
le  fameux  chef  d'orchestre  Julien,  une  grande 
tournée  artistique  dans  les  principales  villes  de 
l'Angleterre,  de  l'Ecosse  et  de  l'Irlande,  et,  un 
peu  plus  tard,  .s'établit  à  Londres,  où  sa  réputa- 
tation  de  virtuose  augmentait  chaque  jour.  En 
186s,  il  vint  à  Paris,  fit  partie  de  l'excellent 
quatuor  de  M.  Maurin,  et  l'année  suivante  se 
produisit  avec  succès  dans  une  des  séances  de 
la  Société  des  concerts  du  Conservatoire.  En 
1871,  M.  de  Munck  fut  appelé  à  faire  partie  de 
la  chapelle  du  grand-duc  de  Saxe  Weiraar,  d'où 
une  maladie  douloureuse  vint  l'éloigner  au  bout 
de  deux  années.  Depuis  lors,  et  sa  santé  s'étant 
rétablie,  il  a  repris  ses  fonctions  à  Weimar. 

*  DEXEF  VE  (Jlles).  Cet  artiste  s'est  démis, 
depuis  quelques  années,  de  ses  fonctions  de 
directeur  de  l'École  de  musique  de  Mons. 

DEA^lIVA  ( ),    compositeur  italien,  a 

fait  représenter  au  mois  d'août  1864,  sur  le 
théâtre  Alfieri  de  Turin,  un  opéra-ballet  en 
4  actes  et  7  tableaux,  Roberto  di  yormandia, 
dont  il  avait  écrit  la  musique  en  société  avec 


(1)  A  la  fin  de  1876,  M.  Fr.  De  Mol  a  quitté  iMarseille 
poui'  retourner  à  Bruxelles,  où  il  a  pris  la  direction  de 
l'orclieslre  du  Théâtre-National  (flamand).  —  A.  P. 

(2)  Guillaume  de  Mol  avuit  écrit  deux  oratorios,  de 
Levenstyden  et  de  Laatste  Zonneslraal,  dont  divers 
fragments  ont  clé  eiécutés  à  liruxellcs.  —  A.  P. 


M.  Cordiali.  Depuis  lors,  aucun  de  ces  deux 
artistes  n'a  reparu  à  la  s<  eue.  Il  est  vrai  que 
leur  premier  ouvrage  n'avait  obtenu  qu'un  succès 
à  peu  pi  es  nul. 

DEiX'IS  (THÉoruiLE),  est  l'auteur  d'un  petit 
écrit  publié  sous  ce  litre  :  Le  corps  de  musique 
de  la  v'dla  de  Douai,  Douai,  1862,  in-8°. 

*  DE\\\E-B.\ROX  (Reiné-Dieldonné), 
compositeur  et  écrivain  musical,  né  à  Paris  le  l*'' 
novembre  1804,  est  mort  en  cette  ville  le  If  no- 
vembre 1865.  Fils  d'un  homme  qui  avait  acquis 
une  certaine  notoriété  dans  les  lettres,  il  reçut 
des  leçons  <ie  Porta  et  de  Clierubini,  et  se  voua 
de  bonne  heure  à  la  pratique  de  la  composition 
et  de  la  littérature  musicale;  cependant  il  ne  le 
fit  jamais  qu'en  amateur,  et  resta  25  ans  attaché 
comme  employé  au  ministère  des  travaux  publics. 
Comme  musicien,  il  a  composé  un  assez  grand 
nombre  d'airs  nouveaux  pour  les  pièces  intitulées 
Vert-Vert,  le  Brigand,  Hog  le  charpentier, 
l'Alcôve,  la  Tarentule,  etc.,  représenlées  au 
Vaudeville  et  aux  Variétés;  ime  grande  messe 
en  ut,  à  quatre  voix  et  orchestre;  des  hymnes 
et  canti(|ues;  des  chœurs,  ballades,  romances, 
nocturnes,  pour  différentes  voix  ;  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux,  soit  pour  orchestre,  soit 
pour  orgue,  soit  pour  piano.  —  Comme  écrivain, 
il  a  publié  :  Aperçu  général  sur  l'art  musical, 
dans  l'ouvrage  intitulé  :  Enseignement  élémen- 
taire universil  (Paris,  1844);  —  /Tistoire  de 
Vart  mtisical  en  France,  dans  Patria,  ou  la 
France  ancienne  et  moderne  (Paris,  Garnier, 
1846,  in-8°  );  —  Clierubini,  sa  vie,  ses  tra- 
vaux et  leur  influence  sur  Vart  (Paris,  Heugcl, 
18()2,  in-8").  Il  a  collaboré  à  la  Revue  et  Gazette 
muncale,  au  Ménestrel,  au  Dictionnaire  de 
la  Conversation  et  de  la  Lecture,  et  à  la  Nou- 
velle Biogra/ihie  générale  de  M.M.  Firmiu  Didot, 
à  laquelle  il  a  Ibiirui  la  plupart  des  articles  con- 
cernant les  musiciens.  11  a  laissé  inachevée  une 
Histoire  de  la  musique  à  laquelle  il  travalliait 
assidûment  lorsqu'il  est  mort.  Ses  manuscrits  et 
ses  autogiaphes  ont  été  légués  par  lui  à  la  bi- 
bliolhètpie  du  Conservatoire  de  Paris. 

DE.\ZA  ( ),  compositeur  italien,  a  fait  re- 
présenter sur  le  théâtre  Mercadanfe,  deNaples, 
le  13  mai  1876,  un  opéra  sérieux  intitulé  Wal- 
lenstein. 

DEPAS  (Ernest),  violoniste  et  compo.siteur, 
a  fait  son  éducation  musicale  au  Conservatoire 
de  Liège,  et  s'est  f.iit  connaître  par  un  grand 
nombre  de  publications  pour  son  instrument, 
publications  dont  quelque.s-unes  .sont  estimables, 
mais  qu'il  semble  multiplier  chaque  jour  avec  un 
peu  trop  de  complaisance  et  de  facilité.  Je  me 
bornerai  à  en  citer  quelques-unes  :  1"  Méthode 


DEPAS 


DESBROSSES 


559 


cowplàte  de  violon,  op.  28,  Paris,  Leduc; 
2"  20  Études  de  mécanisme,  op.  105,  id.,  id.; 
3"  8  Études,  id.,  id.;  4"  École  élémentaire  du 
style  moderne,  12  mélodies,  op.  36,  id.,  id.; 
5°  École  italienne  du  style  moderne,  12  fan- 
taisies, id.,  id  ,•  6°  le  Décaméron  des  jeunes 
violonistes,  20  petites  fantaisies,  id.,  id.;7''8  5o- 
los  en  forme  de  caprices,  op.  40,  id.,  id.; 
8"  6  Caprices  en  forme  de  nocturnes  op.  81, 
id.,  id,;  9"  3  Duos  brillants  et  faciles,  op.  73, 
id.,  id.;  10°  20  Morceaux  en  forme  de  fan- 
taisies, op.  103,  id.,  id.;  11°  8  Petits  Duos  pour 
violon  et  flûte  (avec  J.  Rémusal  ),  id.,  id.; 
12"  e>Duos  (avec  J.  Rémusal),  id.,id.;  13°  4  Duos 
id.  (avec  Leduc),  id.,  id.  M.  Depas  a  encore 
publié:  Souvenirs  du  Théâtre-Italien,  10  mor- 
ceaux; Souvenirs  du  théâtre  allemand,  10  mor- 
ceaux; le  Violoniste  romancier  ;  un  nombre 
infini  de  fantaisies,  thèmes  variés,  morceaux  de 
genre  sur  des  airs  célèbres  ou  des  motifs  d'o- 
péras en  vogue,  des  trios  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  etc.,  etc.,  etc.  Je  ne  sais  si  celte 
production  infatigable  intéresse  le  public,  mais 
elle  laisse  les  artistes  profondément  indifférents. 

DEPELSEMER   (J ),  virtuose  sur    la 

harpe  et  marchand  d'instruments  de  musique, 
qui  vivait  à  Bruxelles,  d'où  il  était  sans  doute 
originaire,  a  publié  une  «  Méthode  raisonnée  de 
harpe,  ouvrage  classique,  dédiée  à  S.  A.  B. 
M9r  le  prince  Edouard  d'Angleterre,  par 
M.  J.  Depelsener,  musicien  de  S.  A.  R.,  à 
Bruxelles,  cliez  l'auteur,  marchand  d'instru- 
ments. » 

DEPRET  (Edmond),  chanteur  et  composi- 
teur, né  à  Virelles  (Belgique)  en  1827,  fit  ses 
études  musicales  au  Conservatoire  de  Bruxelles 
où  il  obtint  un  premier  prix  de  chant  en  ls45,  fit 
un  voyage  à  Londres  en  1859,  alla  passer  ensuite 
deux  années  en  Italie,  puis  revint  à  Londres, 
où,  quoique  n'étant  plus  à  l'âge  des  études,  il 
prit,  pour  se  perfectionner,  des  leçons  de  compo- 
sition de  B.  Molique.  M.  Depret  a  publié  à 
Londres  un  septuor  instrumental,  un  nocturne 
pour  le  piano,  deux  trios  pour  le  chant,  et 
quelques  morceaux  de  moindre  importance.  En 
1873,  à  l'occasion  de  la  fête  du  roi  Léopold,  il 
a  fait  exécuter  à  Bruxelles,  dans  l'église  Saiiite- 
Gudule,  un  grand  Te  Deum  evec  orchestre. 

DEPROSSE  (A ),  pianiste  et  compositeur 

allemand  contemporain,  a  publié,  pour  le  chant 
et  pour  le  piano,  un  assez  grand  nondire 
d'oeuvres  parmi  lesquelles  je  citerai  les  sui- 
vantes :  3  lieder,  op.  9;  3  Ueder  à  deux  voix, 
op.  16;  7  lieder,  op.  2fi  ;  4  lieder  pour  voix 
de  basse,  op.  31;  12  Éludes  romantiques  pour 
piano,  en  deux  livres,  adoptées  par  le  Conser- 


vatoire de  Leipzig,  op.  17;  Mazurka  appassion- 
mita  pour  piano,  op.  15,  etc.  On  doit  aussi  à 
M.  Deprosse  la  Harpe  de  David,  msXovio  ea 
trois  parties. 

DERG1\Y  (DiEUDONNÉ),  écrivain  français, 
est  l'auteur  d'un  ouvrage  publié  sous  ce  titre  : 
Les  Cloches  du  Pays  de  Bray,âvec  leius  dates, 
leurs  noms,  leurs  inscriptions,  leurs  armoiries, 
le  nom  de  leurs  fondeurs  (Paris,  Derache,  vers 
1866,  2  vol.  in-8"). 

DERX  (J -W ),  organiste  et  compo- 
siteur néerlandais,  né  à  Nimègue  en  1801,  fut 
élève  de  F.  Hauff,  qui  lui  enseigna  le  piano, 
l'harmonie  et  la  composition.  Nommé,  à  l'âge  de 
dix  huit  ans,  organiste  de  l'église  wallonne  de 
sa  ville  natale,  il  obtint  en  1830,  à  la  suite 
d'un  concours,  le  même  emploi  à  l'église  de« 
Mennonites  de  Harlem.  Cet  artiste  a  publié  un 
Recueil  de  50  préludes  pour  orgue,  des  pièces 
de  divers  genres  pour  cet  instrument,  des  Psau- 
mes avec  préludes,  des  mélodies  chorales  avec 
accompagnement  d'orgue  ou  de  piano,  des  sona- 
tines, variations,  divertissements,  impromptus 
pour  piano,  des  duos  pour  piano  et  violon,  etc. 
On  lui  doit  encore  le  Psaume  LXVU  pour 
solo,  chœur  et  orgue  (couronné  par  la  Société 
musicale  des  Pays-Bas) ,  une  collection  de 
12  chorals  à  4  voix  (id.),  une  autre  collection 
de  12  nouvelles  mélodies  chorales,  et  diverses 
autres  compositions. 

DESARBRES  (Nérée),  écrivain  français, 
né  à  Viilefrancbe  le  12  février  1822,  devint  se- 
crétaire de  l'administration  de  l'Opéra  au  mois 
de  juin  1856,  sous  la  direclion  d'Alphonse Royer, 
et  demeura  chargé  de  ces  fonctions  jusqu'au 
mois  de  février  1863.  Jusqu'alors  il  n'avait  été 
connu  que  comme  vaudevilliste  et  fabricant  de 
livrets  d'opérettes.  A  la  suite  de  son  séjour  à 
l'Académie  de  musi(]ue,  il  publia  les  deux  vo 
lûmes  suivants  :  Sept  ans  à  l'Opéra  (Paris, 
Denlu,  in  12,  1864);  et  Deux  siècles  à  l'Opéra 
(Paris,  Dentu,  in-12,  1868).  C'est  là  de  l'histoire 
fantaisiste,  qui  ne  doit  être  lue  qu'avec  la  (dus 
extrême  réserve,  et  dont  les  détails  ne  doivent 
être  acceptés  que  sous  bénéfice  d'inventaire. 
Desarbres  fst  mort  à  Paris   le   16  juillet   1872. 

*  DÉS.'\UGIERS(\Urc-Amoine).  Aux  œu- 
vres dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut 
ajouter  les  deux  suivantes  :  Jeannette  et  Lucas 
(2  actes),  et  la  Jeune  Veuve  (un  acte),  toutes 
deux  représentées  au  petit  théâtre  des  Beaujo- 
lais en  1788. 

*  DESBROSSES(RoRERT).  Outre  les  quatre 
ouvrages  lyiiipies  donnés  par  lui  à  la  Comédie- 
Italieune,  cet  artiste  a  encore  écrit  la  musique 
des  trois  ballets  suivants,  représentés  au  même 


260 


DESBROSSES   —  DESHAYES 


théâtre  :  1°  les  Amusements  champêtres,  1749; 
2°  VAmour  piqué  par  vne  abeille  et  guéri 
par  un  baiser  de  Vénus,  1753;  3°  Vénus  et 
adonis,   1759. 

DESCHAMPS  (Madomoiselle),  violoniste 
fort  distinguée,  élève  de  Capron,  obtint  de  j;rands 
succès  au  Concert  spirituel,  en  1778  et  1779,  en 
exécutant  piuMeurs  concertos  de  son  maître,  de 
Jarnowii  k  et  de  Bach. 

DES  COMMUiXES  (J ),  musicien  néer- 
landais dont  le  nom  indique  une  origine  fran- 
çaise, naquit  à  Gouda  en  1759.  Fils  d'un  cl)an- 
teur  qui  appartennit  à  la  chapelle  du  prince 
Charles  d'Autriche  à  Bruxelles,  et  qui  lui  en- 
seigna les  premiers  éléments  de  la  musique,  il 
s'adonna  à  l'étude  du  violon,  entra  à  l'âge  de 
quatorze  ans  dans  l'orchestre  du  théâtre  alle- 
mand d'Amsterdam,  et  plus  tard  se  fixa  à  Leu- 
warden,  où  il  donna  une  vive  impulsion  à  l'art 
musical  et  fonda  une  société  artistique  intitulée 
Audi  et  Tace,  dont  il  fut  le  directeur  de  1783  à 
1832.  C'est  au>si  lui  qui  créa  l'éi  oie  de  musique 
de  cette  ville,  dont  il  eut  la  direction  depin's  1826 
jusqu'en  1830.  Des  Communes  a  composé  |>lu- 
sieurs  messes,  des  motets,  une  symphonie,  un 
concerto,  et  il  a  écrit  la  musique  de  deux  opéras  : 
Bel  melkmeisje  van  Bercy,  et  Het  dorp  iii't 
gebergle.  Il  est  mort  en  1841,  à  l'âge  de  82  ans. 

DESFOi\TAI\ES(Jean),  prêtre  et  musi- 
cien, était  chanoine  à  Cambrai  en  1384.  On  con- 
serve dms  la  biblioth*>que  de  cette  ville  des 
chants  religieux  à  plusieurs  voix  de  la  com- 
position de  cet  artiste. 

DESrORt.ES   ( ).    Un   artiste  de  ce 

nom  a  écrit  la  musique  d'une  Cantate  à  Rofrou, 
exécutée  à  Dreux,  le  30  juin  1807,  pour  l'inau- 
guration en  cette  ville  de  la  statue  de  Rotrou. 

DESFOSSEZ  (Achule),  violoni  le  amaleur 
et  écrivain  sur  la  musique,  né  à  Douai  vers  1810, 
est  mort  à  La  Haye,  où  il  étnit  fixé  depuis  [nés 
de  trente  ans,  au  mois  île  mars  1871.  Les  exi- 
gences de  la  profession  commerciale  qu'il  exer- 
çait en  cette  ville  ne  l'empêchaient  pont  de  se 
livrer  à  son  go  t  très  vif  pour  le  théâtre  et  la 
musiquf,  et  pendant  de  longues  années  il  fut  le 
correspondant  artistique  spécial,  à  La  Haye,  dedi- 
vers  journaux  parisiens  :  le  .Ménestrel,  la  France 
Viusicale,  la  Rerue  et  Gazette  des  Théâtres. 
Il  a  rédigé  et  pulilié  aussi,  dans  cette  ville,  pen- 
dant toute  l'année  1856,  une  feuille  mensuelle 
écrite  en  français,  la  Hollande  musicale,  qu'il 
reprit  dix  ans  après  et  dont  il  donna  encore  un 
certain  nombre  «le  numéros  en  1866  et  1867. 
On  lui  doit  encore  les  deux  écrits  suivants  : 
X"  Festival  de  Rolterdam,  hommage  à  la  .mo- 
delé de  Toonkunsl  (La  Haye,  s.  d.  [1854],  in  8°); 


2°  Henri  Wieniaioshi,  esquisse  biographique 
(La  Haye,  1856,  in  8°).  Les  facultés  mentales  de 
Desfossez  s'étaient  dérangées  dans  les  dernières 
années  de  son  existence,  et  il  mourut  complète- 
ment fou. 

*  DESHAYES (PROsPER-DmiEn).  Lesdélails 
de  l'ex  stence  de  ce  compositeur  sont  complète- 
ment inconnus,  et  après  fait  jouer  une  quinzaine 
d'ouvrages  dont  plusieurs  obtinrent  un  brillant 
succès,  il  disparut  si  complètement  du  mouve- 
ment artistique  parisien  que  le  lieu  et  la  date  de 
sa  mort  sont  demeurés  absolument  inconnus. 
Cela  est  fâcheux,  car  Deshayes  était  un  artiste 
fort  intéressant,  dont  le  talent  est  incontestable; 
mais,  pour  ma  part,  les  efforts  que  j'ai  tentés 
pour  découvrir  ce  qu'il  avait  pu  devenir  après 
la  Révolution  sont  restés  tout  à  fait  infructueux. 
Sa  mort  pourtant  n'a  pas  été  mystérieuse,  car  un 
de  ses  follaboratenrs,  Alexandre  Duval,  la  rap- 
pelle <lans  la  préface  d'une  de  ses  pièces,  Bella 
ou  la  Femme  à  deux  Maris,  dont  Deshayes  fit 
la  musique.  Voici  comment,  dans  cette  préface, 
Duval  parle  de  son  collaborateur  :  «  On  venait  de 
donner  au  théâtre  Louvois  une  pièce  du  iVari  à 
rfeuj;fe?H»îes,  dont  la  musique  était  de  Deshayes, 
compositeur  jusqu'alors  inconnu  ,  mais  estimé 
comme  un  homme  à  talent  et  un  parfait  honnête 
homme.  J'avais  l'occasion  de  le  voir  à  peu  près 
tous  les  mois;  nous  nous  trouvions  de  garde  au 
môme  poste  :  on  suppose  bien  que  dans  de  pa- 
reilles rencontres  un  auteur  et  un  musicien  ont 
tout  le  temps  de  parler  d'un  art  qui  réunit  d'une 
manière  si  intiine  leurs  affections  réciproques.  Je 
lui  fis  les  compliments  qu'il  méritait  sur  son  opéra 
de  Zélia  ou  le  Mari  à  deux  femmes,  et  je  lui 
dis  à  ce  sujet  que  je  connaissais  une  tragédie 
anglaise  qui  en  offrait  la  contre-partie.  Il  me  pria 
avec  tant  d'instance  de  l'arranger  pour  le  même 
théâtre,  que  quelque  difficulté  que  m'offrît  un 
sujet  qui  me  forçait  de  placer  une  femme  entre 
deux  maris,  je  lui  promis  de  le  tenter.  En  effet, 
d'une  tragédie  très-noire,  je  fis  un  drame  assez 
intéressant.  L'ouvrage  fut  reçu  par  le  théâtre  et 
mis  en  musique  par  mon  camarade  dans  la  garde 
nationale.  Soit  qu'il  y  eût  de  sa  faute  ou  de  celle 
du  poète,  cet  ouvrage,  tout  en  ayant  du  succès, 
n'augmenta  ni  sa  réputation  ni  la  mienne.  11  con- 
tribua même"  si  peu  à  la  prospérité  de  l'entreprise, 
que  peu  de  temps  après ,  de  nouveaux  adunnis- 
trateurs  changèrent  le  genre  des  pièces  que  l'on 
jouait  à  ce  théâtre,  et  que  notre  Bella  fut  en- 
gloutie avec  tant  d'autres  dans  le  fleuve  d'oubli, 
qui  emporterait  dans  son  cours  les  travaux  du 
monde  entier,  si  quelques  pêcheurs  adroits  n'en 
sauvaient  de  temps  en  temps  quelques  débris.  Si 
je  préserve  pour  un  instant  notre  héroïne  de  sa 


DESHAYES  —  DESMATINS 


261 


perle  cerlaine  ,  c'est  moins  par  intérêt  pour  elle, 
que  pour  remplir  une  espèce  fie  devoir  envers  ce 
bonDeshayes,  que  la  mort  nous  a  pour  toujours 
ravi.  Estimé  pour  ses  talents  et  pour  son  carao- 
tère,  il  a  laissé  peu  d'ouvrages  et  beaucoup 
d'amis  :  en  imprimant  le  seul  que  j'aie  composé 
avec  lui,  je  me  suis  acquis  le  droit,  aux  dépens 
de  mon  amour-propie  peut-être  ,  de  donner  un 
éloge  à  son  talent  et  une  larme  à  sa  mémoire.  » 

Voilà  le  seul  renseignement  direct  qu'il  m'ait 
été  possible  de  rencontrer  sur  cet  artiste  estima- 
ble. Alexandre  Duval  écrivait  cette  préface  pour 
l'édition  de  ses  œuvres  complètes  qui  parut  chez 
Barba  (1822),  en  9  vol.  in-8°.  —  A  la  liste  des 
productions  de  Desliajes,  il  faut  joindre  les  cinq 
ouvrages  suivants  -.  1"  le  Sacrifice  de  Jephté, 
oratorio,  exécuté  au  Concert  spirituel  le  15  août 
1786  ;  2"^  Nantilde  et  Dagobert,  tliéàlre  Louvois, 
novembre  1791  ;  3"  Mélite  ou  le  Pouvoir  de  la 
A'o^wre,  opéra- comique  en  trois  actes,  donnée  la 
Comédie-Italienne  le  19  mars  1792  ;  4"  la  Fin  du 
jour,  opéra-comique  en  un  acte,  théâtre  de  la 
Cité,  1793;  5°  Henri  de  Bavière,  opéra-comique 
en  trois  actes,  th.  Molière,  1803. 

DESLAIVDRES (Adolphe-Edouard  Marib), 
organiste  et  compositeur,  est  né  à  BatignoUes- 
Monceaux  (Paris),  le  22  janvier  1840.  Entré 
jeune  au  Conservatoire ,  il  y  devint  élève  de  Le- 
borne  pour  le  contrepoint  et  la  fugue,  et  de 
M.  Benoist  pour  l'orgue;  après  avoir  obtenu  un 
premier  accessit  d'orgue  en  1856,  le  second  prix 
l'année  suivante,  avec  le  premier  accessit  de  fugue^ 
il  se  vil  décerner  en  1858  les  deux  premiers  prix 
d'orgue  et  de  fugue.  S'étant  présenté  en  1859  au 
concours  de  l'Institut ,  il  se  vit  accorder  une 
mention  honorable,  et  l'année  d'ensuite  il  rem- 
portait le  second  prix.  Peu  après,  il  devenait 
organiste  de  l'église  de  Sainte-Marie  des  Bati- 
gnolles ,  dont  son  père  était  maître  de  chapelle, 
et  tout  en  occupant  ces  fonctions,  qu'il  a  conser- 
vées jusqu'à  ce  jour,  il  consacrait  une  partie  de 
.son  temps  à  la  composition  qu'il  étudiait  avec 
ardeur.  Vers  1865,  M.  Deslandres  faisait  exécuter 
à  Sainte-Marie  une  messe  qui  fut  remarquée,  et 
il  publia,  pendant  les  années  qui  suivirent, 
un  certain  nombre  de  jolies  productions  qui 
se  distinguaient  par  leur  élégance,  leur  style 
aimable  et  leur  sentiment  délicat.  Parmi  ces 
œuvres,  on  peut  citer  surtout  :  Ode  à  Charmo- 
nie,  belle  composition  vocale,  d'un  accent  plein 
d'ampleur;  Feuillets  xV album,  recueil  de  six 
mélodies  vocales;  la  Barque  brisée,  sorte  de 
chant  de  douleur  patriotique  d'une  belle  couleur 
et  d'une  large  inspiration;  puis  des  motets,  des 
mélodies  voca.les  et  d'agréables  morceaux  de 
piano.  M.  Deslandres  a  fait  exécuter  sous  le  titre 


de  Méditations,  au  Casino-Cadet  et  aux  Concerts- 
Danbé,  de  fort  jolis  morceaux  concertants  pour 
divers  instruments  ;  je  mentionnerai  particulière- 
ment la  troisième,  pour  cor,  violon,  violoncelle, 
harpe,  contrebas.se  et  orgue,  comme  une  inspi- 
ration du  plus  heureux  effet.  On  lui  doit  aussi  un 
oratorio,  les  Sept  Paroles  du  Christ,  pour  ba- 
ryton solo  et  chœur,  avec  accompagnement  de 
violon-solo,  violoncelles,  harpe  et  orgue,  et  une 
cantate  :  Sauvons  nos  frères,  pour  voix  seu- 
les, chœur  et  orchestre.  Enfin ,  ce  jeune  ar- 
tiste a  donné  le  21  octobre  1872,  au  théâtre  de 
l'Athénée,  un  petit  opéra-comique  en  un  acte, 
Dimanche  et  Uindi,  dont  la  musique,  très- 
soignée  au  point  de  vue  de  la  forme ,  était  d'un 
tour  lesle,  pimpant ,  plein  de  grâce,  de  jeunesse 
et  de  fraîclipur^  et  il  a  fait  représenter  à  l'Alcazar 
«l'hiver  deux  opérettes  en  un  acte  :  le  Chevalier 
Bijou  (22  oclobre  1875),  et  Fridolin  (!"'  mars 
1876). 

Un  frère  de  cet  artiste,  Georges-Philippe  Des- 
landres, comme  lui  organiste  et  compositeur, 
e.st  mort  à  Paris,  le  12  octobre  1875,  à  l'âge  de 
26  ans.  Il  avait  publié  un  certain  nombre  de  com- 
positions religieuses.  ' 

*  DESLOUGES  (Philippe).  En  dehors  des 
motets  que  ce  musicien  a  fournis  au  recueil  de 
compositions  de  ce  genre  publié  par  Pierre  Atlai- 
gnant,  il  a  fait  encore  la  musique  de  quelques 
chansons  que  celui-ci  a  insérées  aussi  dans  son 
recueil  de  chansons  françaises  à  4  parties  ,  publié 
en  1530. 

DESLYONS  (Jean),  né  à  Pontoise  en  1615 
et  mort  à  Seuils  le  26  mars  1700,  est  auteur  d'un 
écrit  intitulé  :  Critique  d'un  docteur  de  Sor^ 
bonne  sur  les  deux  lettres  de  messieurs  Des- 
lyons,  ancien,  et  de  Bragelongne,  nouveau 
doyen  de  la  cathédrale  de  Sentis,  touchant 
la  si/mphonie  et  les  instruments  qu'on  a  voulu 
introduire  dans  leur  église  aux  leçons  de 
Ténèbres  (1698).  Y. 

DESMABAIS  (Cyprien),  est  auteur  d'un 
écrit  publié  sous  ce  titre  :  Les  dix-huit  poèmes 
de  Beethoven,  essai  sur  le  romantisme  musical 
(Paris  ,  1839,  in-12).  Il  a  publié  encore  un  opus- 
cule intitulé  :  Archéologie  du  violon,  descrip- 
tion d'un  violon  historique  et  monumental 
(Paris,  1826,  in-8<')-  ..,| 

DES\1ÂTII\S  (M'i^),  chanteuse  d'un  grand 
talent ,  brilla  à  l'Opéra  après  la  retraite  de  M"'  Le 
Rochois,  dans  les  dernières  années  du  dix-sep- 
lième  siècle.  Castil-Blaze  prétend  qu'avant  d'em- 
brasser la  carrière  artistique,  elle  avait  été  «  la- 
veuse d'écuelles  »  à  l'auberge  du  Plat-d'étain, 
située  au  carré  Saint-Martin;  j'ai  plus  de  con- 
fiance,  je  l'avoue,   dans   les   renseignements, 


262 


DESMATINS  —  DESNOIRESTERRES 


toujours  si  précis ,  et  généralement  si  exacts , 
de  l'auteur  anonyme  de  V Histoire  de  l'Académie 
royale  de  musique  (publiée  par  le  Consli'ution- 
nel),  qui  nous  apprend  que  M'"'  Desmàtins  était 
fille  d'un  violon  de  la  musique  du  roi  et  nièce 
du  fameux  danseur  Beauchamps.  H  ajoute  : 
«  Elle  débuta  à  l'âge  de  douze  ans  dans  l'opéra 
de  Persee  (18  avril  1683)  pour  la  danse  et  pour 
Je  chant;  maiselie  quitta  bientôt  le  premier  talent 
pour  s'attacher  au  dernier,  où  elle  s'éleva  au 
plus  haut  degré ,  jouant  également  bien  les  rôles 
tendres  et  ceux  de  fureur.  »  Elle  ne  fut  d'abord 
chargée  que  de  rôles  peu  importants,  tels  que 
celui  (le  Sidonie,  l'une  des  confidentes  il'Armide, 
dans  l'ouvrage  de  ce  nom,  dont  M'"  Le  Rochois 
remplissait  le  personnage  principal.  Mais  lorsque 
celle-ci  eut  pris  sa  retraite,  et  que  M"'^  Desmà- 
tins eut  travaillé  sous  sa  dii^ction ,  elle  parvint 
bientôt  au  premier  rang ,  et  si  elle  n'égala  pas  sa 
devancière,  il  paraît  certain  néanmoins  qu'elle 
acquit  un  talent  remarquable  et  très  prisé  du 
public.  Ce  qui  le  prouve  bien,  c'est  qu'elle  était 
et  resta  le  chef  d'emploi  de  M'"^  Maupin,  qui 
n'était  point,  on  le  sait ,  une  artiste  ordinaire.  Les 
rôles  importants  qu'elle  créa  sont  ceux  de  Vénus 
dans  Hésione,  de  Sapho  et  de  Niobé  dans  le 
Triomphe  des  Arts,  d'Argine  dans  Omphale, 
de  Tomyris  dans  Médus,  d'Iphigénie  dans  Ip/d- 
génie  en  Tauride,  d'Alcine  dans  Alcine,  d'AI- 
cyone  dans  Alcyone,  et  d'Orithie  dans  les 
Sai<ions. 

Douée  d'une  rare  beauté.  M"*  Desmàtins  était 
grande,  bien  faite,  d'une  tournure  majestueuse, 
et  son  physique  convenait  merveilleusement  à 
l'emploi  des  reines  et  des  princesses.  Un  embon- 
point un  peu  précoce  vint,  il  est  vrai,  porter 
tort  à  la  noblesse  de  sa  taille.  D'ailleurs  elle 
mourut  jeune  (en  1708),  d'un  ulcère  au  foie.  Elle 
avait  une  sœur  cadette ,  qui  était  dans  les  chœurs 
de  l'Opéra. 

DESMAZURES  (Laurent),  organiste  dis- 
tingué, né  à  Marseille,  devint  en  1758  organiste 
de  la  cathédrale  de  Rouen  ,  emploi  dans  lequel  il 
succéda  à  Dagincourt ,  artiste  lui-même  d'un  rare 
talent.  L'un  des  meilleurs ,  sinon  le  meilleur  élève 
de  Desmazures,  fut  Broche,  qui  fut  le  premier 
maître  de  Boieldieu  et  qui  lui  succéda  en  1777. 
C'est  sans  doute  à  celte  année  1777  qu'il  faut 
placer  la  mort  de  Desmazures. 

Un  artiste  de  ce  nom  a  écrit  la  musique  d'un 
opéra-ballet  en  un  acte  et  un  prologue,  inlilulé 
les  Fêles  de  Grenade,  qui  a  été  exécuté  au  con- 
r.cert  de  Dijon  le  12  janvier  1752.  Il  me  paraît 
bien  probable  que  ce  doit  être  le  même  dont  il 
est  ici  question  (1). 

(1)  Dans  sa  notice   sur  Desmazures,  La  Borde   {Essai 


DES1\OIRESTERRES(GustaveLEBR1- 

SOYS),écrivain,est  né  le  20  juin  1817  à  Bayeux, 
oii  il  a  fait  ses  études.  Passionné  pour  les  hom- 
mes et  la  littérature  du  dix-huitième  siècle, 
M.  Desnoiresterres  s'est  proposé  de  les  faire 
revivre  dans  une  série  de  travaux  pleins  d'intérêt. 
«  Prenant  le  xvin«  siècle  pour  l'objet  de  ses 
recherches,  dit  un  biographe,  il  s'est  proposé 
d'en  reproduire  la  physionomie  variée  dans  mie 
série  d'études  à  laquelle  appartiennent  les  Inté- 
rieurs de  Voltaire,  la  Jeunesse  de  Voltaire, 
Voltaire  au  château  de  Cirey.  W  doit  les  réunir 
plus  tard  sous  le  titre  général  de  :  Voltaire  et  la 
société  française  au  XVIII^  siècle.  »  Il  est 
bien  difficile  de  s'occuper  sérieusement  de  celte 
époque  féconde  sans  rencontrer  la  musique  sur 
son  chemin  ;  aussi  M.  Desnoiresterres  sétant 
avisé ,  au  cours  de  sefs  recherches  ,  de  noter  tous 
les  faits  qui  se  rapportaient  aux  deux  immortels 
artistes  qui  vinrent  se  livrer  en  France  un  combat 
de  géants,  Gluck  et  Piccini,  se  vit-il,  au  bout 
de  quelques  années ,  en  possession  d'une  masse 
formidable  de  documents  sur  la  vie  et  la  carrière 
de  ces  deux  grands  hommes  pendant  leur  sijour 
à  Paris.  L'écrivain  songea  donc  à  utiliser  ces 
documents ,  et ,  en  les  groupant ,  en  les  coordon- 
nant avec  soin  et  sagacité,  il  en  tira  les  éléments 
d'un  livre  fort  curieux  ,  extrêmement  utile,  qui 
se  trouva  retracer  avec  une  rare  exactitude  toutes 
les  phases  de  la  lutte  entre  l'auteur  di'Armidc 
et  l'auteur  de  Roland,  ainsi  que  les  mille  inci- 
dents de  ce  qu'on  a  appelé  la  guerre  des  Gluckis- 
tes  et  des  Piccinistes. 

11  est  fâcheux  assurément  que  M.'  Desnoires- 
terres n'ait  pas  été  musicien,  pour  pouvoir,  à 
l'aide  de  la  critique  et  de  l'analyse  ,  tirer  un  parti 
plus  complet  des  richesses  qu'il  avait  acquises 
pour  l'histoire  musicale  de  cette  époque;  il  aurait 
pu  lui-même  tracer  cette  histoire ,  en  faire  res- 
sortir les  côtés  grandioses ,  et  en  tirer  les  déduc- 
tions nécessaires.  Néanmoins ,  si  ce  travail  reste 
à  faire,  si  l'édifice  est  encore  à  élever,  les  maté- 
riaux sont  la ,  prêts  à  être  utilisés  ,  et  se  trouvent 
aussi  abondants  et  aussi  complets  qu'on  le  puisse 

sur  la  musique)  raconte  une  étrange  histoire,  dont  je  lui 
laisse,  bien  entendu,  toute  la  responsabilité  :  —  «  M.  Des- 
mazures a  joui  avec  justice  d'une  grande  célébrité.  Son 
exécution  était  aussi  rapide  que  sa  facilité  pour  jouer  de 
tête.  La  passion  de  la  chasse  balançait  souvent  son  amour 
pour  la  musique.  Ce  goût  lui  coûta  cher;  un  lusil  crevé 
entre  ses  mains  lui  emporta  les  trois  derniers  doigts  de  la 
m.iin  gauche.  Iliureuscment  les  premières  phalanges  ne 
fureni  pas  coupées  tout-à-fait;  et  il  en  resta  assez  pour 
que  Desmazures  put  y  adapter  des  faux  doigts,  dont  il 
apprit  à  se  .■■ervir  presqu'aussi  bi'  n  que  des  véritables. 
Cet  exemple  unique  ne  peut  être  révoqué  en  doute  :  nous 
en  avons  été  témoin;  et  si  non»  n'eussions  vu  les  faux 
doigts.  Jamais  nous  n'aurions  pu  le  croire.  » 


DESNOUIESTERRES  —  DESPLANQUE 


263 


désirer.  Le  livre  de  M.  Desnoiresterres ,  intitulé  : 
Glnck  et  Piccini ,  1774-1800  (Paiis,  Didier, 
1872,  in-8°),  sera  indispensable  dans  l'avenir  à 
tons  ceux  qui  voudront  s'occu|ier  de  cette  époque 
si  intéressante  en  ce  qui  concerne  la  musique , 
et  il  sera  désormais  impossible  d'en  retracer  la 
moindre  |)artie  sans  avoir  recours  à  cet  écrit  si 
utile  et  si  substantiel. 

DESi\OSl!^  ( )  violoniste,  vivait  dans 

la  seconde  moitié  du  dix-buitiènie  siècle  à  Tou- 
louse, oii  il  se  livrait  à  l'enseignement.  Il  a  pu- 
blié dans  cette  ville,  vers  1774,  un  recueil  de 
Six  quatuors  dialogues  d'un  genre  nouveau, 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  dédiés  aux 
amateurs  de  l'harmonie,  œuvre  deuxième. 

DESiXOYERS  (Louis-CLAur.E-JosF.rn-Fu)- 
KE^cl;),  journaliste  français  ,  ne  à  Replonges  (Ain) 
en  IbOâ,  est  mort  à  Paris  le  17  décembre  1868. 
Ayant  de  bonne  heure  embrassé  la  carrière 
littéraire,  il  signa  en  1830  la  protestation  des 
journalistes  contre  les  ordonnances  de  juillet, 
collabora  à  un  grandnonibre  de  feuilles  politiques, 
fonda  en  1832  le  Charivari  avec  Charles  Phi- 
lippon,  et  en  1836  concourut  à  la  création  du 
Siècle  et  resta  jusqu'à  sa  mort  directeur  de  la 
partie  littéraire  de  ce  journal.  Malgré  son  ignorance 
complète  des  choses  de  la  musique,  Louis  Des- 
noyers avait  succédé  à  F.étis  comme  feuilletoniste 
musical  du  National,  et  plus  tard  il  s'adjugea  la 
même  position  au  Siècle.  En  dépit  de  son  esprit 
très-réel  et  très- (in  ,  sa  critique  fut  toujours 
absolument  nulle ,  par  le  fait  de  son  incompétence 
radicale.  En  1847,  il  publia  une  brochure  ainsi 
intitulée  :  De  l'Opéra  en  1S47  «  propos  de  Ro- 
bert Bruce,  des  directions  passées ,  de  la  direc- 
tion présente  et  de  quelques-unes  des  500  di- 
récitons  futures. 

*  DESORMERY  (Léopold-Bastien).  On 
ignorait  jusqu'ici  que  ce  compositeur  eût  été 
chanteur  et  comédien.  Le  fait  n'est  pourtant  pas 
douteux,  comme  on  va  le  voir.  Desormery  était 
à  Strasbourg  lorsqu'il  sortit  vainqueur  d'un  con- 
cours de  composition  ouvert  au  Concert  spirituel, 
et  dont  il  était  ainsi  rendu  compte  dans  le  Mer- 
cure de  France  de  juin  1770  :  «  Le  prix  double 
de  musique  latine,  qui  devait  être  donné  cette 
année  1770  au  Concert  spirituel  de  la  quinzaine 
de  Pâques,  et  qui  consistait  en  deux  médailles 
d'or  de  la  valeur  de  300  livres  chacune ,  a  été 
adjugé  à  M.  Desormery,  comédien ,  demeurant  à 
Strasbourg,  chez  M.  de  Ilautemer,  musicien  de 
la  cathédrale.  »  L'œuvre  couronnée  était  un  motet 
sur  texte  latin. 

Deux  ou  trois  ans  après,  Desormery  venait  à 
Paris  et  débutait  à  la  Comédie-Italienne,  où  il 
était  engagé,  et  où  il  restait  jusqu'en  1778.  11 


écrivait  alors  la  musique  d'un  opéra-comique  ea 
deux  actes,  la  Fêle  du  Village,  qu'il  faisait  re- 
présenter à  ce  théâtre  le  28  juin  1775.  Le  10  fé- 
vrier précédent,  il  avait  donné  à  l'Opéra  un  petit 
ouvrage  en  un  acte ,  Hylas  et  Eglé,  écrit  par 
lui  en  société  avec  Legros  (l)  ;  bientôt  il  faisait 
exécuter  un  nouveau  motet  au  Concert  spirituel, 
et  ce  n'est  qu'après  ces  premiers  travaux  qu'il 
ofirait  au  public  de  l'Opéra  ses  deux  pastorales  : 
Euthynie  et  Lyris  et  Myriil  et  Lycoris. 

Au  mois  d'octobre  1 774,  le  Mercure  de  France 
annonçait  une  souscription  pour  la  publication 
prochaine  d'un  Recueil  d'airs  et  de  duos  de  la 
composition  de  MM.  le  Gros,  pensionnaire 
du  roi  et  de  l'Académie  royale  de  musique, 
et  Desormery,  acteur  du  Théâtre-Italien-  Ce 
recueil  devait  contenir  seize  airs  et  huit  duos, 
avec  accompagnement  de  violon ,  alto  et  basse. 
J'ignore  s'il  a  été  effectivement  publié,  et  j'en 
douterais  volontiers. 

DESORMES  (L -C ),   compositeur 

français,  a  écrit  la  musique  de  quelques  opérettes 
et  saynètes  musicales  qui  ont  été  représentées  à 
Paris:  1°  Deux  Beautés  d'autrefois  ;  2"  Maître 
Luc;  3"  Prunelle  et  Pif  fard;  4°  le  Menu  de 
Georgette  (Folies-Bergère,  1874);  5"  les  Dia- 
mants de  Florinette  (Concert  de  la  Pépinière  , 
1875)  ;  6°  une  Lune  de  miel  normande  (Eldo- 
rado, 1876);  7°  le  Rêve  d'Yvonnette  (Alcazar, 
1876).  Cet  artiste  a  publié  quelques  chansons  et 
chansonnettes ,  ainsi  que  des  morceaux  de  danse. 

DESPLAI\QUE  (A ),  écrivain  français, 

ancien  élève  de  l'École  des  chartes,  conservateur 
des  archives  de  Lille,  membre  de  la  Société 
nationale  des  sciences  de  cette  ville,  est  l'auteur 
d'un  écrit  publié  sous  ce  titre  :  Étude  sur  les 
travaux  d'histoire  et  d'archéologie  de  M.  E.  de 
Coussemaker  (Lille,  irapr.  Lefebvre-Ducrocq, 
1870,  in-8"  de  67  pp.,  avec  portrait).  Cette  bro- 
chure est  le  développement  d'un  article  publié 
dans  le  Correspondant  du  25  juin  1869,  et  dont 
il  avait  été  fait  un  tirage  à  part  (Paris,  Douniol , 
1869,  in-8°  de  13  pp.)  sous  ce  titre  :  Archéologie 
musicale.  M.  Desplanque  a  publié  aussi  une 
Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  feu  M.  A)'- 
thur  Dinaux  (Lille,  1865).  Je  ne  connais  pas  ce 
dernier  écrit,  mais  il  intéresse  vraisemblablement 
l'art  musical,  au  moins  d'une  façon  indirecte, 
car  on  sait  qu'Arthur  Dinaux  s'est  beaucoup 
occupé  de  l'histoire  des  trouvères  et  qu'il  a  fait 
plusieurs  publications  sur  ce  sujet, 

(I)  Dans  son  Histoire  de  la  musique  dramatique, 
M.  Chouquet  mentionne  cet  ouvrage  sous  le  titre  A'Hylas 
cl  Sylvie,  et  sous  la  date  du  26  septembre  ms;  c'est  une 
erreur,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par  le  Catalogue 
de  la  bibliothèque  musicale  de  l'Opéra  de  M.  Théodore 
de  Lajarte. 


264 


DESPRÉAUX  —  DESVIGNES 


*  DESPREAUX  (GuiLrAUMEROSS-).Outre 
le  Souper  du  mari,  cet  artiste  a  fait  encore  re- 
présenter à  Paris  la  Dame  d'honneur,  ouvrage 
en  un  acte  joué  sans  succès  à  l'Opéra- Coniique, 
le  4  octobre  1838. 

*  DESQLIESKES  (Jean).  Des  documents 
nouvellement  découverts  étalilissent  que  cet  ar- 
tiste était  au  service  de  la  dnciiesse  Marguerite 
de  Parme,  gouvernante  des  Pays-Bas,  en  qualité 
de  diantre,  et  que,  par  l'intercession  active  de 
cette  pi  incesse,  il  obtint  de  son  fils,  Alexandre 
de  Parme,  la  jouissance  de  deux  prébendes  à 
Tournai  et  à  Aire,  laissées  vacantes  par  la  mort 
de  Gérard  de  Turnliout.  On  peut  consulter  à  ce 
sujet  l'ouvrage  de  M.  Vander  Slraeten,  la  Mu- 
sique aux  Pays-Bas. 

DESSANE( ),  sans  doute  fils  de  l'artiste 

mentionné  an  T.  III  de  la  Biograp/iie  univer- 
selle des  Musiciens,  né  vers  1830,  a  été  d'abord 
organiste  à  Saint-Snlpice,  et  occupe  aujourd'hui 
les  mêmes  fonctions  à  l'église  Notre-Dame  d'Au- 
teuil ,  en  même  temps  qu'il  est  professeur  de 
musique  au  collège  Sainte-Barbe.  M.  Dessane  a 
publié  sous  ce  titre.  :  École  primaire  de  chant 
choral,  manuel  de  l'orphéoniste  (Paris,  Bran- 
dns),  un  ouvrage  utile  et  bien  fait,  dont  le  titre 
indique  suffisamment  l'objet  et  la  portée,  et  il  a 
composé  plusieurs  symphonies  et  une  messe  de 
Requiem. 

*  DESSAUER  (Joseph),  compositeur,  est 
mort  à  Modling,  près  de  Vienne,  le  9  juillet  1876 
Aux  deux  ouvrages  dramatiques  mentionnés  au 
nom  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  deux  opéras- 
comiques  :  Paquita,  et  Domingo.  Un  recueil  de 
mélodies  choisies  de  Dessauer  a  été  publié  à 
Paris,  par  l'éditeur  M,  Brandus,  avec  paroles 
françaises  de  M.  Maurice  Bourges. 

DESSLER  (Wolfoang-Christophe),  compo- 
siteur de  chants  religieux,  naquit  en  1660  à 
Nuremberg,  et  mourut  en  celte  ville  en  1722. 

Y. 

DESSOF  (Othon-Félix),  compositeur  dis- 
tingué et  chef  d'orchestre  renommé,  est  né  le 
14  janvier  1835  à  Leipzig.  Il  a  successivement 
dirigé  l'orchestre  des  théâtres  d'Altenburg,  de 
Dusseidorf,  d'Aix-la-Chapelle ,  de  Magdebourg 
et  de  Cassel.  En  1860,  il  a  été  appelé  à  diriger 
l'orchestre  de  l'Opéra  impérial  de  Vienne.  Dès  la 
même  année  il  fut  choisi  pour  diriger  les  concerts 
de  la  société  philharmonique,  fondés  par  Nicolaï, 
et  nommé  professeur  de  composition  an  Conser- 
vatoire. En  1873,  M.  Dessoff  a  donné  sa  démission 
de  ces  différents  emplois  et  s'e:-t  retiré  à  la  suite 
de  son  directeur,  M.  Eckert.  Il  a  été  remplacé  par 
M.  H.insRichter.  M.  Dessoff  est  considéré  comme 
un  des  meilleurs  chefs  d'orcbestre  de  l'Allemagne. 


Comme  compositeur,  il  a  peu  produit  ;  il  a  publié 
seulement  quelques  morceaux  de  piano  et  quel- 
ques lieder.  Y. 

DESSY  (Battista),  chef  d'orchestre  et 
compositeur,  né  à  Cagliari,  a  fait  représenter  sur 
le  théâtre  de  sa  ville  natale  deux  opéras  sérieux, 
Don  M artino d' Aragonaeiun  Cuoredi  Marmo. 
Cet  artiste,  qui  a  rempli  dans  plusieurs  théâtres, 
particulièrement  à  celui  de  Cagliari,  auquel  il  est 
encore  attaché  «  ce  titre ,  les  fonctions  de  chef 
d'orchestre  et  de  inaestro  concertalore,  a  écrit 
un  troisième  opéra,  Suor  Teresa,  qui,  je  crois , 
n'a  pas  été  joué  jusqu'à  ce  jour. 

DE  STEFAi\l  ( ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  le  \"  juillet  1874,  sur  le  théâtre 
Manzoni,  de  Milan,  un  o|)éra  sérieux  intitulé 
Celi  ste. 

*  DESTOUCHES  (André-Cardinal).  Ce 
compositeur  a  publié  chez  Ballard  deux  cantates 
écrites  sur  paroles  françaises  :  Œnone,  et  Se- 
mé lé. 

DESTOURXELLES  ( ).  On  a  repré- 
senté à  l'Opéra-Comique,  le  3  juin  1815,  sous  le 
nom  de  ce  compositeur  resté  obscur,  un  ouvrage 
en  un  acte  intitulé  le  Procès. 

DESTRIBAUD  ( ),  compositeur,  né 

vers  1828,  a  fait  ses  études  au  Conservatoire  de 
Paris,  où  il  était  élève  d'Hippolyte  Colet.  Après 
avoir  publié  quelques  romances ,  il  a  fait  repré- 
senter aux  Bouffes-Parisiens  (31  mai  1S56)  une 
opérette  en  un  acte.  Venu."  au  moulin  d''Ampi- 
phros,  et  à  l'Opéra-Comique  (15  mai  1861)  un 
second  ouvrage  en  un  acte,  intitulé  Sylvio-.Sy/via. 
Mais  déjà  M.  Destribaud  avait  abandonné  la 
pratique  sérieuse  de  la  musique  pour  se  livrer  à 
des  opérations  de  bourse^  et  depuis  lors  il  a 
continué  de  s'occuper  d'affaires  financières. 

DESVIGKES  (Victor-François),  musicien 
français,  né  à  Trêves  le  5  juin  1805,  était  fils  de 
comédiens  de  province.  Il  apprit  jeune  le  violon, 
et  commença  par  être  chef  d'orchestre  de  vaude- 
ville, d'abord  à  Amiens,  puis  à  La  Rochelle, 
Chartres,  Metz,  Clermont  et  Moulins.  Après  un 
séjour  à  Paris  pendant  lequel  il  compléta  ses 
études  d'harmonie,  il  reprit  sa  vie  nomade  de 
chef  d'orchestre,  jusqu'au  jour  où  il  se  fixa 
définilivemf>nt  àMefz.  Devenudirecteurduthrâtre 
(lecette  ville  (où  il  avait  |)assé  son  enfance), comme 
gérant  d'une  compagnie  d'actionnaires,  Desvignes, 
qui  avait  toutes  les  qualités  du  professeur  et  qui 
aimait  son  art  avec  passion,  n'eut  plus  qu'une 
idée  fixe  :  fonder  à  Metz  une  école  de  musique. 
A  cette  époque,  où  la  musique  était  loin  d'être 
encouragée  dans  nos  piovinces,  cette  idée  géné- 
reuse n'était  point  d'une  réalisation  fHcile.  A  force 
d'énergie  pourtant ,  de  volonté,  de  persévérance 


DESVIGNES  —  DESZCZYNSKI 


263 


Desvignes  finit  par  atteindre  son  but.  Il  obtint  en 
1835,  en  même  temps  que  l'introduction  de  l'étnde 
du  cbanl  dans  les  écoles  primaires  de  la  ville , 
la  création  d'une  école  de  musique  ,  dont  il  fut 
nommé  directeur,  et  dont,  grâce  à  ses  soins,  les 
progrès  et  l'accroissement  furent  si  rapides  que  , 
par  une  ordonnance  royale  en  date  du  10  août 
1841,  elle  put  être  érigée  en  succursale  du  Con- 
servatoire de  Paris. 

Le  Conservatoire  de  Metz  fut  la  préoccupation 
constante  lie  Desvignes  pendant  tout  le  cours  de 
son  existence  modeste  et  laborieuse.  Il  fonda 
aussi  en  cette  ville  une  Société  de  concerts,  dont 
il  dirigeait  les  séance^^,  et  qui  pendant  de  longues 
années  fut  florissante.  C'est  en  grande  partie  pour 
ces  deux  institutions  qu'il  écrivit  un  grand  nombre 
de  compositions  ,  dont  plusieurs  ont  été  pidjliées, 
dont  d'autres  sont  restées  manuscrites.  Parmi 
les  premières ,  il  faut  signaler  -.  l"  2  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle;  —  2° Trio  pour  harpe, 
violon  et  violoncelle;  —  3"  Duo  pour  harpe  (ou 
piano),  et  violon;  — 4°  Adagio  pour  harpe  (ou 
piano),  violon  et  violoncelle;  —  5"  Six  duos  con- 
certants pour  piano  et  violon ,  sur  Richard'Cœur- 
de-Lion,  la  Vestale,  il  Giuramento,  Linda  di 
Chamouni,  Maria  Padilla  et  Otello;  —  6° 
3  suites  de  canons  sans  paroles;  —  7"  i  suites  de 
canons  avec  paroles;  —  8"  un  grand  nombre  de 
ciiœurs  religieux  sur  paroles  laiines,  et  de  chœurs 
religieux  et  profanes  sur  paroles  françaises;  — 
9"  des  romances  et  mélodies  vocales.  Les  com- 
positions inédites  de  Desvignes  comprennent  :  un 
Stabat  Mater  exécuté  à  Met/,  en  1833;  un  opéra- 
comique  en  un  acte.  Lequel  des  trois;  un  opéra- 
féerie  en  2  actes,  la  Belle  au  bois  dormant; 
une  symphonie  en  ré;  neuf  ouvertures  à  grand 
orchestre  ;  plusieurs  œuvres  de  musique  de 
chambre  ;  des  romances,  mélodies, chansonnettes, 
chœurs  ,  sérénades  ,  duos  et  trios  pour  voix  di- 
verses, etc. 

Desvignes  mourut  le  30  décembre  1853.  On  a 
publié  sur  lui  :  V.  F.  Desvignes,  fondateur  de 
VÉcole  de  musique  de  Metz,  par  M.  Eugène 
Gaudar  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  de 
Metz,  dont  Desvignes  était  membre),  Metz,  impr. 
Lamoit,  18;}4,  in-8"  de  32  pp. 

DE  SWERT  (Hkrmann),  musicien  beige,  né 
à  Louvain  en  1803,  (it  ses  études  à  l'église  Saint- 
Pierre,  de  cette  ville,  et  plus  tard  devint  profes- 
sgur  à  l'Académie  de  musique  et  à  l'École  moyenne 
de  l'État.  Il  a  fait  exécuter  à  Louvain,  en  1853, 
une  cantate  de  sa  composition. 

DE  SWERT(IsiDORE),  fils  aîné  du  précédent, 
né  i.  Louvain  le  6  janvier  1830,  s'adonna  à  l'étude 
du  violoncelle  et  devint,  au  Conservatoire  de 
Bruxelles,  élève  de  M.  Demunck,  dans  la  classe 


duquel  il  obtint  un  premier  prix  en  1846.  En 
1850,  il  fut  nommé  professeur  de  violoncelle  à 
l'École  de  musique  de  sa  ville  natale,  et  en  1856 
il  accepta  l'emploi  de  violoncelle-solo  au  théâtre 
de  la  Monnaie,  de  Bruxelles.  11  est  aujourd'hui 
professeur  au  Conservatoire  de  cette  ville. 

DE  SWERT  (Jean),  frère  du  précédent, 
violoniste  et  pianiste,  naquit  à  Louvain  en  1832 
et  fut  d'abord  élève  de  son  père.  Dès  l'âge  de 
huit  ans,  il  se  fit  entendre  en  public,  et  plus 
tard  il  s'occupa  de  composition.  A  peine  âgé  de 
vingt-quatre  ans  il  fut  atteint  d'une  douloureuse 
maladie,  et  mourut  à  Louvain  le  2  juillet  1856. 
Peu  de  temps  avant  sa  mort ,  et  connaissant  sa 
situation,  il  écrivit  pour  ses  funérailles  une  marche 
funèbre,  qui  fut  exécutée  en  effet  à  ses  obsèques. 
L'année  suivante  ,  on  exécuta  à  Louvain  une  ou- 
verture de  sa  composition. 

DE  SWERT  (Jules),  frère  des  deux  précé- 
dents, violoncelliste  distingué,  est  né  à  Louvain 
le  15  août  1843.  Il  montra  des, dispositions  préco- 
ces pour  la  musique,  se  produisit  en  public  avant 
d'avoir  accompli  sa  neuvième  année  ,  et  en  1856 
fut  envoyé  par  son  père  à  Bruxelles,  où  il  entra,  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  de  Servais.  Devenu 
l'un  des  meilleurs  élèves  de  ce  maître,  il  obtint, 
au  concours  de  1858,  le  premier  prix  de  violon- 
celle à  l'unanimité.  Peu  de  temps  après  il  entre- 
prit ,  en  compagnie  de  M.  Leenders ,  violoniste, 
un  voyage  artistique  dans  les  Pays-Bas ,  et  depuis 
lors  s'est  fait  entendre  fréquemment,  et  avec 
succès,  en  Belgique,  en  Hollande,  eu  Allemagne 
et  en  Angleterre.  M.  Jules  de  Swert,  qui  a  le  titre 
de  violoncelliste-solo  de  l'empereur  d'Allemagne, 
s'rst  fait  connaître  comme  compositeur  pour  son 
instrument;  il  a  publié,  entre  autres:  1"  concerto, 
avec  aciompagnement  d'orchestre  ou  de  piano 
(Mayence,  Schott)  ;  2'^  concerto,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre  ou  de  piano  (id..  ih.)  ;  Romances 
sans  paroles,  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  4(Brême,Cranz);  Fantaisie  avec  accompagne- 
ment d'orchestre  ou  de  piano ,  op.  25  (Mayence, 
Schott;  ;  Fantaisie  de  .salon  sur  des  airs  Scandi- 
naves, op.  26  (id.,  ib.)  ;  3  duos  de  salon,  pour 
violoncelle  et  piano  (Barcarolle,  Capriccio, 
ilfa;ureA),op.29(Cassel,Leuckardt);  3  morceaux 
[lour  violoncelle,  avec  accompagnement  de  piano 
{Brème,  Prœger),  etc. 

DESZCZYIXSKI  (Joseph),  compositeur  po- 
lonais, né  à  Wilnaen  1781,  s'établit  plus  tard  à 
Varsovie.  U  s'est  fait  d'abord  connaître  par  la 
musique  qu'il  écrivit  sur  le  chant  historique  de 
Sigismond  111,  contenu  dans  la  grande  Épopée 
nationale  de  J.  U.  Niemcewicz,  et  fit  ensuite 
apprécier  son  talent  dans  d'assez  nombreuses 
œuvres  de  musique  de  chambre.  On  cite  surtou. 


266 


DESZGZYNSKI  —  DEVIENNE 


de  lui  un  remarquable  quatuor  en  la  mineur  (op. 
39)  pour  piano  et  instruments  à  cordes,  un  sextuor 
pour  deux  violons,  alto,  deux  -violoncelles  et 
contrebasse,  et  une  très-belle  polonaise  pour  le 
piano,  à  quatre  mains.  On  doit  encore  à  cet  artiste 
fécond  deux  messesde  /fe7M(e?H, plusieurs  opéras- 
comiques  et  un  certain  nombre  de  Ueder. 
Deszczynski  est  mort  en  1844. 

DETHOU  (Amédée),  amateur'érudit,  est  né 
à  Saint  Amand  (Nièvre)  le  22  avril  1811.  Après 
avoir  habité  successivement  Saint-Amand,  Paris 
et  Cosne,  il  s'est  fixé  à  Marseille,  oii  il  réside 
encore  au  moment  oîi  cette  notice  est  écrite. 
Esprit  élevé  et  laborieux,  il  s'est  appliqué  à  plu- 
sieurs ordres  de  travaux.  On  a  notamment  de 
lui  de  bonnes  traductions  en  vers  français 
d'florace,  de  Tliéocrite,  de  Virgile  et  de  poésies 
des  temps  homériques.  Il  ne  doit  être  question 
ici  que  de  ceux  de  ses  écrits  qui  se  rattachent  à 
la  musique.  En  voici  la  liste  : 

Chanson  de  l'Ane,  prose  de  la  fête  des  Fous 
(xiii«  siècle)  avec  accompagnement  de  piano,  texte 
latin,  et  traduction  en  vers  français  (chez  Lavinée, 
à  Paris)  ;  Chanson  à  4  voix  du  roi  Louis  Xlll, 
remise  en  lumière  avec  notice  (ibid.);  4  pièces 
de  clavecin  de  G.  Frescobaldi  avec  notice, 
spécimen  de  notation  et  transcription  en  clefs 
modernes  (ibid.)  ;  25  pièces  de  clavecin  de  divers 
auteurs  des  wii»  et  xviii*  siècles  avec  notice  et 
transcription  en  clefs  modernes  (il)id.)  ;  un  traité 
de  plain-cbanl  (ibid.);  Adieuxde  Marie Stuart, 
mélodie  avec  accompagnement  de  piano  (ibid.); 
Ave  Maria  (ibid.)  ;  Pater  noster  (ibiil.);  0  Sa- 
luiaris  (ibid.);  Douze  mélodies  sur  des  poésies 
anciennes  (xvi*  siècle)  avec  accompagnement  de 
piano  (ibid.);  enfin  un  grand  nombre  de  trans- 
criptions et  arrangements,  entre  autres  la  réduc- 
tion pour  piano  et  chant  d'Éc/to  et  Narcisse, 
de  Gluck,  éditée  par  M'""  veuve  Launer. 

Al.  R— d. 

DETHOU  (Lotis),  cousin  du  précédent,  a 
publié  chez  Lavinée,  à  Paris,  une  méthode  suc- 
cincte d'instrumentation  pourmusiques  militaires. 

Al.  R— I). 

DEURER  (Ernest),  compositeur,  est  né  à 
Giersen  en  1847.  Ce  jeune  artiste,  qui  semble 
promettre  un  avenir  brillant,  s'est  déjà  fait  con- 
naître par  plusieurs  trios  et  quatuors.       Y. 

DEVEMET  ( ),  flûtiste,  musicien  de 

la  chambre  et  de  la  chapelle  royale,  vivait  vrai- 
semblablement à  la  fin  du  dix-septième  siècle  ou 
au  commencement  du  dix-huitième.  Il  a  publié 
un  livre  de  «  Sonates  pour  deux  flûtes,  par 
M.  Devenet,  ordinaire  de  la  musique-chapelle 
et  chambre  du  Roy,  oeuvre  1  (Paris,  in-fol.).  » 

DE  VICEATI  ( ;.  Un  musicien  de  ce 


nom  écrivit  la  musique  d'un  ballet  intitulé  la 
Svezzesa  in  Candia,  qui  fut  représenté  au 
théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  en  1787. 

DEVIEiXNE  (^RA^çols).  Quelques  inexac- 
titudes s'étant  produites  au  sujet  du  répertoire 
dramatique  de  ce  compositeur,  nous  allons  le 
reconstituer  en  entier.  Voici  donc  la  liste  exacte 
et  complète  de  ses  opéras:  1"  le  Mariage  clan- 
destin, un   acte,  th.   Montansier,  11   iiovendire 
1790   (traduit  en  allemand   et  joué  en   1798,  à 
Hambourg,  sous  ce  titie  ;  l'Amour  risque  tout); 
2°  les  Précieuses  ridicules,  un  acte,  comédie 
de  Molière  arrangée  en  opéra-comique  |)ar  Mo- 
line,  th.  Montansier,  9  août  1791  (1);  3°  Encore 
des  Savoyards,  th.  Favart,  8  février  1792  (petit 
ouvrage  qui  avait  été  représenté  d'aboi  d    sous 
forme  de  comédie,  au  même  théâtre,  le  25  sep- 
tembre 1789)-,  4°  les  Visiiandines,  2  actes,  th. 
Feydeau,  7  juillet  1792  (un   troisième  acte   est 
ajouté  à  cet  opéra,  (|ui  est  représenté  sous  cette 
nouvelle  forme  le  .'ijuin  1793  ;  «léfen-lu  plus  lard 
à  cause  de  son  sujet,  des  modifications  sont  faites 
au   poème,  et   il   est  repris  à  l'Opéra-Comique, 
sous  ce  titre  :  le  Pensionnat  déjeunes  Demoi- 
selles,  le  .j   mars   1825,  tandis   que    TOdéon , 
transformant  tout   à  fait   la  pièce  et  réduisant 
l'ouvrage  en  un  acte,  le  joue  à  son  tour  sous  ce 
titre  :  les  Français  au  Sérail,  le  28  juin  de  la 
même  année)  ;   5°    les    Quipropos    espagnols, 
2  actes,  th.  I^eydeau,  10  décembre   1792  ;  6° /<? 
Congrès  des  Ilois,  3  actes  (en  société  avec  Rer- 
ton,  Blasius,  Chernbini,    Dalayrac,     Deshayes, 
Grétry,   Jadin,  Kreutzer,  MéhuI,   Solié  et  Trial 
filsi,  th.  Favart,  26   février    1794;    7"  Rose    et 
Aurèle,  un  acte,  th.    Feydeau,   9    août   1794; 
8»  Agnès  et  Félix,  ou  les  Deux  Espiègles,  Ih. 
Feydeau,  22  août  1795  ;  9°  Volécourow  un  Tour 
de  page,  un  acte,  th.   Favart,  22   mars   1797-, 
10°  les   Comédiens  ambulants,  2    actes,    th. 
Feydeau,  28  décembre  i798;  W"  le    Valet  de 
deux  maîtres,  un  acte,  th.  Feydeau,  3  novem- 
bre 1799. 

On  savait  que  Devienne  était  né  en  1759, 
mais  la  date  précise  de  sa  naissance  n'avait  ja- 
mais été  donnée.  Elle  a  été  publiée  pour  la  pre- 
mière fois,  d'après  l'acte  de  naissance  de  l'arti.ste, 
dans  la  brochure  suivante  :  Devienne,  par  Ar- 
thur Pougin  (Paris,  imp.  Chaix,  1864,  in-8"),  oii 
l'on  verra  qu'elle  est  fixée  au  31  janvier  1759. 
On  trouvera  d'ailleurs,  dans  cette  brochure,  des 
renseignements  nomltreux  et  inconnus  sur  De- 
ll) Cet  ouvrage  est  resté  inconnu  de  tous  les  blograpties 
de  Devienne.  On  peut,  en  ce  qui  le  concerne,  con^iulter 
V Annuaire  dramatique  (de  Ragiieneaui  pour  1821  1822, 
p.  349,  et  l'almanach  intitulé  les  Spectacles  de  Paris,  an- 
née 1792,  p.  2ôV. 


DEVIENNE  —  DEZÉDE 


267 


vienne,  qui  fut  l'un  des  artistes  les  plus  intéres- 
sants et  les  mieux  doués  de  la  fin  duxviii''  siècle. 
DEVILLERS  (Léopold),  écrivain  belge,  est 
l'auteur  d'une  monographie  ainsi  inl'tulée  :  Essai 
sur  rhistoire  de  la  musique  à  Mons  (Mons , 
impr.  Dequesne-Masquillier,  1868,  in-8°  avec 
planches). 

DEVliV-DUVIVlEH  ( ),  compositeur, 

est  né  en  1827  à  Liverpool,  de  parents  français. 
Ayant,  à  l'âge  de  douze  ans,  suivi  sa  famille  à 
Berlin,  où  il  resta  jusqu'à  la  fin  de  1847,  M.  De- 
vin-Duvivier  fit  de  bonnes  études  en  cette  ville 
sous  la  direction  du  fameux  professeur  Dehn , 
élève  de  Gottfried  Weber  et  de  l'abbé  Voglec, 
puis  travailla  le  piano  avec  Moschelès  et  le  chant 
avec  Manuel  Garcia.  11  vint  à  Paris  terminer  son 
éducation   au   Conservatoire,  dans  la  classe  de 
composition   d'Halévy ,   puis   publia  un    certain 
nombre  de  mélodies  ,  écrites  sur  des  vers  de 
Théophile  Gautier,  qui   se  faisaient  remarquer 
par  un  rare  sentiment  poétique  et  une  inspira- 
tion  vraiment  originale.   Le   14  janvier   1867  , 
M.   Devin-Duvivier  donnait  au  Théâtre-Lyrique 
une  œuvre  importante,  Deborah,  opéra  en  trois 
actes,  dont  le  livret  était  emprunté  aux  Chroni- 
ques de  la   Canongale,   de  Walter-Scott ,   et 
dans  lequel  se  produisait  pour  la  première  fois  à 
ce  théâtre  une  cantatrice  distinguée.  M™'  Talvô- 
Bedogni.  La  partition  de  Deborah  était  remar- 
quable sous  le  rapport  de  la  franchise  et  de  la 
puissance  de  l'inspiration,  aussi   bien  que  sous 
celui  de  la  facture  et  du  sentiment  dramatique. 
L'ouvrage  pourtant  ne  se  maintint  pas  à  la  scène, 
et  depuis  lors  son  auteur  n'a  plus  travaillé  pour 
le  théâtre.  Il  est  aujourd'hui  fixé  en  Angleterre, 
et  il  a  fait  exécuter  récemment  (novembre  1875), 
à  l'un  des  concerts  d'Alexandra-Palace,  à  Lon- 
dres, un  morceau   pour  orchestre,  intitulé    le 
Triomphe  de  Bacchus,  qui  a  produit  un  vif 
plaisir. 

DKVOLDER  (Pierre-Jean).— FoyesVOL- 
DER  Pierre-Jean  DE). 

DE  VRIES  (DiRK  ou  Thierri),  facteur  de 
clavecins,  exerçait  sa  profession  à  Anvers  dans 
la  première  moitié  du  dix-septième  siècle,  et 
mourut  en  cette  ville  en  1628.  On  croit  qu'il 
était  parent  de  Catherine  de  Vries,  femme  du 
célèbre  facteur  André  Ruckers,  dit  le  vieux. 

DE  VRIES  (Madame  VAN  OS,  née  Rosa), 
chanteuse  néerlandaise  fort  distinguée,  est  née  à 
De  venter  le  25  février  1828.  De  même  que 
M'"^  Marie  Sass  et  plusieurs  autres  artistes  re- 
nommés, elle  a  commencé  par  chanter  dans  les 
cafés  et  aussi:  dans  les  petites  sociétés  Israélites 
des  Pays-Bas,  où  tout  d'abord  elle  se  rendit  fort 
populaire  parmi  ses  coreligionnaires.  Plus  tard 


elle  devint  choriste  au  Théâtre-Royal  de  La 
Haye,  et  en  1845  le  roi  Guillaume  II  l'envoya  à 
Paris,  aux  frais  de  sa  cassette  particulière,  pour 
y  taire  son  éducation  musicale.  De  retour  à  La 
Haye,  elle  fut  engagée  pour  y  tenir  l'emploi  des 
fortes  chanteuses,  et  se  produisit  ensuite  sur  les 
théâtres  de  Lyon  et  de  Toulouse.  Elle  était  à 
Paris  en  1848,  et  allait  débuter  à  l'Opéra  lors- 
qu'éclala  la  révolution  de  février.  Elle  partit 
alors  ponr  les  États-Unis,  et  resta  plusieurs  an- 
nées en  Amérique,  où  elle  fit  sensation,  particu- 
lièrement à  New-York.  De  retour  en  Europe  en 
1856,  elle  fut  engagée  à  Londres,  où  son  succès 
ne  (ut  pas  moins  vif,  puis  elle  se  rendit  à  Turin, 
et  de  là  à  Milan,  où  elle  brilla  dans  plusieurs 
opéras  de  Verdi,  partit  ensuite  pour  Barcelone, 
où  elle  excita  l'enthousiasme,  letourna  un  ins- 
tant en  Italie,  revint  eu  Hollande,  où  son  re- 
tour fut  un  triomphe,  fut  engagée  au  théâtre  S«n- 
Carlo,  de  Naples,  el  enfin  se  fit  entendre,  je  crois, 
eu  Allemagne,  avec  le  même  bonheur.  M™*  de 
Vries  est  une  chanteuse  de  premier  ordre,  douée 
d'une  voix  admirable  et  étendue,  et  possédant 
un  talent  d'une  grande  puissance  dramatique. 

Les  deux  filles  de  cette  artiste  ont  entrepris 
aussi  la  carrière  du  chant  dramatique.  L'aînée, 
M'"'  Jeanne  de  Vries,  parut  il  y  a  quelques  an- 
nées à  Paris,  au  Théâtre-Lyrique,  y  passa  à  peu 
près  inaperçue,  puis  se  produisit  en  province , 
fit  de  très-grands  progrès,  et  acquit  un  remar- 
quable talent.  Elle  est  aujourd'hui  (1875)  attachée 
au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  où  elle  ob- 
tient de  très-grands  succès  (l).  La  cadette.  M""  Fi- 
df's  de  Vrips,  a  appartenu  pendant  trois  ans,  de 
1871  à  1874,  au  personnel  de  l'Opéra,  où  elle 
s'était  acquis  rapidement  une  réputation  bril- 
lante et  légitime  par  sa  beauté,  sa  distinction, 
la  fraîcheur  et  le  ve  outé  de  sa  voix,  son  talent 
de  cantatrice  et  son  intelligence  scénique.  Son 
succès  était  surtout  très-grand  dans  les  deux 
rôles  de  Marguerite  de  Faust,  et  d'Ophélie 
d'Hamlet.  A  la  suite  de  son  mariage  avec  un 
dentiste,  M.  Ad  1er,  M""  Fidès  de  Vries  a  renoncé 
au  théâtre,  qui  semblait  lui  promettre  un  avenir 
plein  d'éclat.  Ed.  de  H, 

*  DE  VROYE  (TnÉoDORE-JosEPir).  Voy. 
VROYE  (Théodore-Joseph  UE). 

*  DEZEDE.  Ce  compositeur  est  un  des  plus 
intéressants  à  étudier  parmi  ceux  qui  ont  occupé 
la  scène  lyrique  française  pendant  la  seconde 
moitié  du  dix  huitième  siècle.  J'ai  réuni  sur  lui 
un  assez  grand  nombre  de  renseignements  utiles 


(I)  Mlle  Jeanne  De  Vries  a  épousé  en  1876  un  jeune  ténor. 
M.  Dereinis,qiii  a  débuté  en  |8"7,  à  i'Opéra-Comique,  dan* 
le  Cinq-Mars  de  M.  Gounod. 


268 


DEZÈDE  —  DIAZ  DE  LA  PENA 


el  innonnus,  qui  m'ont  fourni  les  éléments  d'un 
travail  assez  important  :  Vezède,  par  Arlliur 
Pougin  (I^aris  impr.  Cliaix,  1862,  in-8°  de  38  p.). 
Je  vais  reconsllluer,  à  l'aide  de  ce  travail,  le 
lépprloire  dramatique  de  cet  artiste  charmant , 
répertoire  qui  n'a  jamais  été  donné  dune  façon 
complète  :  1"  Julie,  3  actes,  Comédie-Ilalienne, 
22  septembre  1772  ;  2°  l'Erreur  d'un  mojnent 
ou  la  Suite  de  «  Julie  »  ,  un  acte,  id.,  14  juin 
1773  ;  3°  le  Stralngème  découvert,  2  acles,  id., 
4  octobre  1773  ;  4"  les  Trois  Fermiers,  2  actes, 
id-,  24  mai  1777  ;  5"  Fatmé  ou  le  Lamjage  des 
Fleurs,  2  actes.  Opéra,  5  décembre  1777  ;  6° 
Zulima,  3  actes,  Comédie-Italienne,  9  mai 
1778;  70  le  Porteur  de  chaise,  2  acles,  id., 
10  décembre  177H  (réduit  en  un  acte  et  repris 
sous  ce  litre  :  Jérôme  et  Champagne  ou  le 
Porteur  de  chaise,  le  11  janvier  1781);  8°  Cé- 
cile, 3  actes,  id.,  26  janvier  1780;  9°  A  trom- 
peur, trompeur  et  demi,  un  acte,  id.,  3  mai 
1780;  10°  Péronne  sauvée,  i  actes.  Opéra,  27 
mai  1783;  11°  Biaise  et  Babet ,  2  actes,  Co- 
médie-Italienne, 30  juin  1783;  12°  Alexis  et 
Justine,  2  acles,  id.,  17  janvier  1785;  13" /IZ- 
cindor,  3  actes,  Opéra,  17  avril  1787;  14"  Au- 
guste et  Théodore  ou  1rs  deux  Pages,  2  acles, 
Comédie-Française,  6  mars  1789;  15"  les  Trois 
Noces,  un  acte,  Comédie-Française,  23  février 
1790;  16°  Ferdinand  ou  la  Suite  des  «  Deux 
Pages,  »  Comédie-Française,  19  juin  1790; 
17°  Paulin  et  Clairette,  ou  les  Deux  Espiègles, 
2  actes,  Comédie-Française,  5  janvier  1792; 
18°  la  Fêle  de  la  cinquantaine ,  2  actes,  th. 
Louvois,  janvier  179G  (ouvrage  posthume); 
19"  Fin  contre  fin,  un  acte,  joué  seulement  en 
société, etdont  le  poé;iie  a  été  publié  dans  letome 
V  des  Après-soupés  de  société,  de  Sauvigny. 

Les  quatre  ouvrages  indiqués  comme  ayant  été 
donnés  à  la  Comédie  Française  étaient  de  véri- 
tal)les  opéras-comiques,  dont  Dozède  avait  écrit 
tout  à  la  fois  les  paroles  et  la  musique,  au  moins 
en  ce  qui  concerne  les  trois  derniers,  car  pour 
Auguste  et  Tliéodore  ou  les  Deux  Pages,  il 
n'avait  sous  ce  rapport  qu'une  part  de  colla- 
boration. La  petite  pièce  intitulée  Paulin  et 
Clairette  était  restée  inconnue  de  tous  les  bio- 
graidies  de  Dezède,  et  je  suis  le  premier  qui  en 
ait  retrouvé  la  trace.  Quant  à  la  Fête  de  la 
Cinquantaine,  c'est  un  ouvrage  posthume,  qui 
n'a  été  représenté  que  trois  ou  quatre  ans  après 
la  mort  du  compositeur.  Pour  tous  les  détails  re- 
latifs à  ces  ouvrages,  on  voudra  bien  se  reporter 
à  la  brochure  citée  plus  haut.  Dezède  a  laissé 
deux  opéras  et  un  opéra-comique  inédits;  les 
deux  premiers  avaient  pour  titres  Amadis  et 
/ne-   de    Castro;  le   second    était   intitulé  le 


Véritable  Figaro,  et  avait  été  écrit  sur  un  poënae 
de  Billardon  de  Sauvigny. 

D'HACK  (Alfred),  compositeur,  a  publié  un 
certain  nombre  de  romances  ,  chansons  et  chan- 
sonnettes ,  et  a  fait  représenter,  dans  des  con- 
certs ou  dans  des  salons,  les  trois  opérettes  dont 
les  titres  suivent  :  1"  le  Revenant,  un  acte,  1865  ; 
2"  le  Coquelicot,  un  acte,  1867;  3°  le  Secret 
de  Simonett e,  un  ac{e,  1871. 

DIACHE(Ecgî;ne),  violoniste,  né  vers  1835, 
a  été  pendant  plusieurs  années  chef  d'orchestre 
du  théâtre  du  CluUeau-d'Eau,  où  il  a  fait  repré- 
senter, au  mois  d'octobre  1872,  une  opérette  en 
un  acte  intitulée  le  Saut  de  Leucade.  Précédem- 
ment, au  mois  de  mars  1870,  cet  artiste  avait 
donné  au  théâtre  des  Variétés  une  petite  pièce  du 
même  genre ,  aussi  en  un  acte  :  Deucalion  et 
Pyrrha. 

DIAS  (Gabriel),  compositeur  portugais  du 
XVIP  siècle.  On  ne  sait  presque  rien  sur  la  vie 
de  ce  maître  si  fécond.  M.  Soriano  Fuerles  {His- 
toriade  lamusica  espaùola,T.  II,  p.  185), dit 
qu'il  fut  d'abord  chantre  de  la  chapelle  de  Phi- 
lippe IV  à  Madrid,  puis  maître  de  chapelle  du 
couvent  de  las  Franciscanas  descalzas  de  la 
même  ville.  Ce  couvent  avait  été  fondé  par  D. 
Joanna  d'Autriche,  sœur  de  Philippe  II  et  veuve 
de  l'infant  D.  Juan  de  Portugal.  Il  ne  serait  pas 
étonnant  que  Gabriel  Dias  eut  passé  en  Espagne 
au  service  de  la  veuve  de  l'Infant,  car  beaucoup  de 
musiciens  portugais  abandonnèrent  leur  patrie 
pendant  la  domination  espagnole  et  passèrent  en 
Espagne,  où  ils  furent  fort  bien  accueillis  et  où 
ils  trouvèrent  des  positions  avantageuses. 

Le  catalogue  de  la  bibliothèque  musicale  du 
roi  D.  Jean  IV  fait  mention  d'une  grande  quantité 
de  musique  religieuse  de  Gabriel  Dias.  En  ce  qui 
concerne  les  Vithancicos,  une  forme  favorite  des 
musiciens  portugais  et  espagnols,  il  n'y  en  a  pas 
moins  de  497  sous  le  nom  de  Dias  ;  on  y  trouve 
en  outre  quantité  de  messes,  motets,  etc.  Fran- 
cisco de  Santiago  et  Dias  ont  à  eux  seuls  compo- 
sé presque  la  moitié  des  Vithancicos  qui  se 
trouvent  dans  le  catalogue  du  roi,  et  dont  le 
nombre  total  s'élève  à  1071,  dont  574  reviennent 
à  Santiago  (Foi/.  ce  nom). 

On  connaît  encore  un  musicien  du  même  nom, 
Diogo  Dias,  qui  a  joui  d'une  certaine  réputation 
vers  le  milieu  du  XVF  siècle.  Il  fut  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  d'Evora,  où  il  avait 
appris  la  musique.  Ses  compositions  en  manus- 
crit sont  restées  à  Evora.  Diogo  Dias  était  né  à 
Erato,  dans  la  province  d'Alemtejo. 

J.   DE  V. 

DIAZ  DE  LA  PEXA  (Eugènf.-Émile  ), 
compositeur,  né  à  Paris  le  27  février  1837,  est 


DIAZ  DE  LA  PENA  —  DIÉMER 


269 


fils  du  peintre  de  ce  nom,  qui  fut  un  des  plus 
fervents  a.leptes  de  l'école  romantique.  Admis  au 
Conservatoire,  le  6  octobre  1852,  dans  la  classe 
de  M.  Reber,  il  obtint  un  premier  accessit  d'har- 
monie au  concours  de  1856,  et  un  second  prix 
en  1858.  Il  passa  ensuite  quelque  temps  dans  la 
classe  de  composition  d'Halévy.  Après  avoir 
quitté  l'école ,  il  se  livra  à  la  composition  ,  et  fit 
représenter  au  Théâtre-Lyrique,  le  9  juin  18C5, 
un  opéra-comi(|ue  en  deux  actes  intitule  le  Roi 
Candaule,  dont  la  musique  était  empreinte  d'une 
certaine  grâce.  Lorsqu'en  1867  un  triple  con- 
cours fut  ouvert  par  l'État  pour  la  composition 
de  trois  ouvrages  destinés  à  nos  trois  grandes 
scènes  lyriques ,  M.  Diaz  prit  part  au  concours 
de  l'Opéra,  pour  lequel  un  poëme  portant  le  titre 
de  la  Coupe  du  roi  de  Tliulé  était  imposé  aux 
compositeurs  ;  il  l'emporta  sur  tous  ses  concur- 
rents, parmi  lesquels  se  trouvaient  MM.  Masse- 
net,  Th.  Dubois,  Wekerlin,  le  prince  de  Polignac, 
etc.,  et  son  ouvrage  fut  par  conséquent  désigné 
pour  être  représenté.  Les  événements  politiques 
de  1870-71  semblèrent  devoir  ruiner  ses  espé- 
rances. En  effet,  à  la  suite  de  ces  événements , 
la  direction  de  l'Opéra,  changeant  de  mains,  a\ait 
passé  de  celles  de  M.  Perrin  à  celles  de  M.  lla- 
lanzier,  et  ce  dernier,  en  prenant  possession  du 
théâtre,  n'avait  voulu  accepter  aucune  des  obli- 
gations de  son  prédécesseur.  Cependant ,  à  la 
sollicitation  du  ministère,  qui  se  trouvait  mora- 
lement engagé  envers  M.  Diaz,  M.  Halanzier  con- 
sentit à  entendre  la  partition  de  la  Coupe  du  roi 
de  Tiiuléj  le  compositeur  se  rendit  donc  un  jour 
à  l'Opéra,  et  là,  en  présence  du  directeur  et  de 
tous  les  chefs  de  service,  se  plaça  au  piano  et  se 
mit  en  devoir  de  chanter^  seul^  sa  partition.  On 
devine  le  résultat  que  pouvait  produire  une  au- 
dition faite  dans  des  conditions  semblables  :  per- 
sonne n'avait  rien  compris.  M.  Halanzier,  heu- 
reusement, ne  voulut  point  se  contenter  d'une 
épreuve  aussi  incomplète;  une  seconde  audition 
fut  organisée,  avec  des  éléments  fournis  par  le 
personnel  de  l'Opéra ,  à  la  suite  de  laquelle 
M.  Diaz  (ut  informé  que  son  œuvre  serait  repré- 
sentée. La  Coupe  du  roi  de  Thulé  fui  offei  te 
en  effet  au  public  le  10  janvier  1873,  et  malgré 
la  présence  d'artistes  tels  que  M"''  Gueymard, 
MM.  Faure,  Achard  et  Belval,  malgré  les  splen- 
deurs d'une  mise  en  scène  pour  laquelle  on  n'a- 
vait rien  négligé,  malgré  le  soin  qu'on  avait  ap- 
porté à  tous  les  détails  de  l'exécution,  l'ouvrage 
fut  trouvé  faible  et  languissant ,  au  double  point 
de  vue  du  poëme  et  de  la  musique.  Il  ne  put  se 
soutenir  à  la  scène  au-delà  d'une  douzaine  de  re- 
présentations.—  En  dehors  de  ses  deux  produc- 
tions dramatiques,  M.  Eugène  Diaz  a  publié  un 


certain   nombre  de  mélodies  vocales ,   et  a  fait 
exécuter  aux  concerts  Danhé,  le  23  février  1875 
un  «  entr'acte  inédit.  '>  La  partition  de  la  Coupe 
du  roi  de  Thulé  a  paru  chez  l'éditeur  Léon 
Grus. 

DIDROJV  (Adolphe-Napoléon),  archéologue 
français,  connu  sous  le  nom  de  Didron  aîné, 
est  né  à  Hantvilliers  (Marne)  en  1806.  Titulaire  de 
la  chaire  d'archéologie  nationale  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Paris  (1836-i843j,  Didron,  qui  crôa 
ensuite  une  librairie  spéciale,  est  surtout  connu 
comme  fondateur  et  comme  éditeur  des  Annales 
archéolocjiqiips,  encyclopédie  de  l'arlau  moyen- 
âge,  qu'il  a  dirigée  lui-même  jusqu'en  1.S66;  ce 
recueil  remarquable  renferme  un  bon  nombre 
de  travaux  intéressants  relatifs  à  la  musique.  Il 
a  publié  l'Office  du  Xfir  siècle,  publié  en  fac- 
similé,  d'après  le  manuscrit  original,  repro- 
duisant les  huit  tons  du  plain  chant,  Vordi- 
naire  de  la  messe,  les  fêles  de  Noël,  Pâques, 
Ascension,  Pentecôte,  Fête-Dieu  (Paris,  Victor 
Didron,  in-4°  de  3i  pages  de  texte  et  de  34  plan- 
ches). Didron  est  mort  le  13  novembre  1867.  — 
Son  neveu,  M.  Edouard  Didron,  architecte  et 
dessinateur,  né  à  Paris  en  1836,  a  publié  chez 
lui  une  Iconographie  de  l'Opéra  (Paris,  1864, 
in-8"). 

DIEMER  (Louis),  pianiste  fort  distingué  et 
compositeur,  est  né  à  Paris  le  14  février  1843,  et 
a  fait  au  Conservatoire  de  cette  ville  des  études 
particulièrement  brillantes.  A  peine  âgé  de  treize 
ans,  il  se  voyait  décerner  à  l'unanimité,  en  1856, 
le  premier  prix  de  piano  dans  cet  établissement  ; 
en  1859  il  obtenait  un  premier  prix  d'harmonie 
et  accompagnement ,  puis  enfin  remjwrtait  un 
premier  prix  de  contrepoint  et  fugue  et  un  second 
prix  d'orgue.  Les  professeurs  de  M.  Diemer  au 
Conservatoire  ont  été  M.  Emile  Durand  pour  le 
solfège,  M.  Marmontel  pour  le  piano,  M.  Bazin 
pour  l'harmonie,  M.  Ambroise  Thomas  pour  la 
fugue,  et  M.  Benoist  pour  l'orgue. 

Après  avoir  terminé  ses  études,  M.  Diémer  ob- 
tint de  grands  succès  comme  virtuose.  Il  devint 
le  pianiste  préféré  de  M.  Alard  pour  ses  séances 
de  musique  de  chambre ,  exécuta  d'une  façon 
très-brillante,  à  la  Société  des  concerts  du  Con- 
servatoire (1864),  le  concerto  en  sol  mineur  de 
Mendelssohn,  fit  entendre  aux  Concerts  populai- 
res de  M.  Pasdeloup  la  sérénade  du  même  maître, 
et,  avec  M.  Alard,  le  grand  duo  de  Weber  pour 
piano  et  violon.  Le  jeu  de  M.  Diémer  est  fin,  dis- 
tingué, et  se  fait  remarquer  tout  à  la  fois  par  un 
excellent  mécanisme  et  par  un  style  d'une  rare 
pureté. 

M.  Diémer  ne  paraît  pas  préoccupé  parle  désir 
de  se  produire  au  théàlre  comme  compositeur, 


270 


DIÉMER  —  DI  GTULIO 


mais  il  a  beaucoup  écrit  pour  le  piano  et  pour  le 
chant,  et  ses  nombreuses  productions  se  distin- 
guent par  une  grâce  aimable  qui  n'exclut  pas  la 
solidité.  Nous  citerons,  parmi  ses  compositions  : 
1"  sonate  pour  piano  et  violon  (Flaxland);  2"  trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle  (Benoist  aîné); 
3"  six  pensées  musicales;  4°  trois  valses  de  sa- 
lon ;  5°  2  caprices;  puis,  des  pièces  de  divers 
genres  :  polonaise  de  concert ,  élégie  ,  berceuse  , 
mazurka  de  salon,  itnpromptu-valse,  impromptu- 
caprice,  le  Chant  du  Nav.tonier,  caprice,  etc. 
Pour  le  chant,  M.  Diémer  a  publié  un  certain 
nombre  de  mélodies  :  le  Bal  et  le  Berceau , 
r Amour  qui  passe.  Adieu  la  Marguerite,  Es- 
méralda,  à  Ninon,  la  Fauvette ,  Pastorale , 
Il  m'aimait  tant,  Chanson  pour  Alreste,  etc. 
Enfin,  sous  ce  titre,  Ecole  classique  concertante , 
M.  Diémer  a  donné,  avec  MM.  .Mard  et  Fran- 
chomme  (chez  Heugel),  nne  édition  doigtée  et 
accentuée  des  œuvres  complètes  pour  piano,  vio- 
lon et  violoncelle  d'Haydn,  Mozart  et  Beethoven; 
il  a  publié  en  outre  18  tran.scriptions  pour  piano 
de  fragments  sympbonitpies  des  mêmes  maîtres, 
et  aussi  diverses  tianscriptions  i\eCosifan  tutte, 
de  la  Flùie  enchantée  et  du  Don  Juan  de 
Mozart. 

DIERICXEN  (Jean),  facteur  de  clavecins  à 
Anvers  au  milieu  du  seizième  siècle,  fut  reçu  dans 
la  gilde  de  Saint-Luc  en  1558. 

DIETRICH  (Albekt-Heiuunn),  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  est  né  à  Golk,  près  Meis- 
son,  le  28  août  1829.  Élève  de  l'Université  de 
Leipzig,  où  il  a  appris  la  philosophie,  l'bistoire 
et  l'estbétiqiie,  il  étudia  la  musique  avec  Julius 
Otto,  Rietz  etHau[)tiiiann.  Élnnt  à  Dusseldorf  en 
1851,  il  y  connut  Robert  Schumann,  ressentit 
pour  lui  une  vive  alfection,  et  c'est  sous  l'in- 
fluence de  ces  relations  qu'il  commença  à  se  li- 
vrer à  la  compos'ition .  De  retour  à  Leipzig  en 
1854,  il  y  fit  exécuter  sa  première  symphonie  , 
et  l'année  suivante  se  ren  lil  a  Bonn,  où  il  exerça 
les  fonctions  de  chef  d'orchestre.  Quelques  an- 
nées plus  tard,  en  1861,  il  se  fixait  à  01  lenbourg, 
où  il  devenait  maître  de  chapelle  du  grand-duc, 
visitait,  en  1871,  Cologne  et  plusieurs  autres 
villes  rhénanes  ,  et  en  1S72  se  rendait  de  nou- 
veau à  Leipzig,  où  son  talent  de  chef  d'orchestre 
est,  dit-on,  très-apprécié.  Parmi  les  compositions 
assez  nombreuses  de  M.  Albert  Dietrich,  je  ci- 
terai les  suivantes  :  Symphonie  en  ré  majeur, 
exécutée  au  Gewandliaus,  de  Leipzig,  en  1869  ; 
Ouverture,  exécutée  au  Gewandliaus  en  1872; 
les  Aormanrf.v ,  ouverture;  Hymne  du  malin, 
pour  chœur  d'hommes  et  orchestre,  exécute  au 
GewHndhausen  1872;  Rheinmorgen,  ^  concavt- 
stuck  »  pour  chant,  chœur  et  orchestre,  op.  31  ; 


concerto  de  violon,  avec  orchestre,  op.  30  ;  con- 
certo de  violoncelle ,  avec  orchestre ,  op.  32  ; 
concerto  de  cor,  avec  orchestre,  op.  27  ;  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  9  ;  quatre  pièces 
pour  piano,  op.  2;  six  lieder,  avec  piano,  op. 
10,  etc.  M.  Dietrich  a  écrit  aussi  un  opéra  inli- 
tidé  Robin  Hood;  j'ignore  si  cet  ouvrage  a  été 
représenté. 

*.DIETSCH  (Pierre-Louis-Phiuppe),  com- 
positeur, ancien  chef  de  l'orchestre  de  l'Opéra , 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  la  Madelaine, 
professeur  d'orgue  à  l'École  de  musique  religieuse, 
est  mort  à  Paris  le  20  février  1865.  Après  trois 
ans  de  service  comme  chef  d'orchestre  de  l'Opéra, 
Dietsch  avait  été  brutalement  mis  ,à  la  retraite 
par  le  directeur  de  ce  théâtre,  M.  Perrin,  lors 
de  l'intronisation  de  celui-ci  en  1863.  A  partir  de 
ce  moment ,  il  ne  s'occupa  plus  que  de  sa  maî- 
trise de  la  Madelaine.  Il  était  en  visite  chez 
un  de  ses  amis ,  le  pasteur  Athanase  Coquerel , 
lorsqu'il  fut  frappé  d'une  attaque  d'apoplexie  qui 
le  foudroya.  Outre  ses  vingt-cinq  messes,  outre 
d'autres  et  très-nombreuses  compositions  reli- 
gieuses, Dietsch  a  laissé  plusieurs  ouvrages  di- 
dactiques qui  sont  consacrés  dans  l'enseignement  : 
Répertoire  de  forganiste;  Manuel  du  maître 
(te  chapelle  ;  Accompagnement  pour  l'orgue 
du  plain-chant  romain  de  la  commission  de 
Reims  et  de  Cambrai;  Accompagnement  d'or- 
gue du  graduel  et  de  Vantiphonaire  ro- 
mains; Répertoire  des  maîtrises  et  chapel- 
les. 

Lors  de  la  fondation  de  l'École  de  musi(|ue  re- 
ligieuse, Niedermeyer,  créateur  et  directeur  de 
cette  école,  s'était  aussitôt  attaché  Dietsch  comme 
professeur  d'harmonie,  de  contrepoint  et  de 
fus;ue,  et  l'avait  nommé  peu  de  temps  après  ins- 
pecteur des  études.  A  la  mort  de  Nieiierrneyer, 
Diets(  h  fit  preuve  du  plus  grand  dévouement  pour 
l'œuvre  de  son  ami,  et  se  chargea  aussi  de  la  classe 
de  composition  et  d'instrumentation,  qu'il  con- 
serva jusqu'à  sa  mort. 

Le  17  mars  1808  est,  selon  les  renseignements 
qui  m'ont  été  donnés  par  la  famille,  la  date 
exacte  de  la  naissance  de  Dietsch.  Cet  artiste 
estimable  avait  été  nommé,  en  1856,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur. 

DIÈZE  ( ),    musicien  obscur,    vivait  à 

la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et  a  écrit  pour 
le  théâtre  Montansier  la  musique  de  deux  opé- 
ras-comiques :  Polycarpe  et  Pancrace,  deux 
actes,  paroles  de  Grétry  neveu,  représenté  le 
ta  ventôse  an  V  (4  mars  1797),  et  les  Trois 
Prétendus,  un  acte,  paroles  de  Pein,  représenté 
le  h  lloréal  an  IX  (25  avril  1801). 

DI  GIULIO  (Angëlo),  compositeur,  né  à 


UI  GIULIO  —  DJEMILÈ 


271 


Lucqiies  vers  IS09,  étudia  de  bonne  heure  la 
musique  et  fut  élève  de  Domenico  Quilici.  De- 
venu maître  de  chant  et  de  piano  à  l'InsUtut 
Saint-Nicolas,  il  se  livra  à  la  composition,  et  écri- 
vit plusieurs  œuvres  de  divers  fleures  :  une 
forsa  à  trois  personnages  avec  chœurs  et  accom- 
pafinpment  d'orche^re  ,  jouée  dans  cet  établis- 
sement; la  musique  du  13*^  chant  du  Dante 
[la  mort  cCVgolin),  pour  voix  de  baryton  avec 
accouipagnernent  de  piano;  plusieurs  composi- 
tions religieuses  à  quatre  voix,  avec  aciompa- 
gnement  instrumental ,  qui  furent  exécutées  en 
1831,  lS35et  lH36,pour  ia  fête  de  Sainte- Cécile; 
enfin,  un  hynme,  deux  motels ,  et  des  litanies  à 
2  et  4  voix.  Cet  artiste  mourut  dans  toute  la 
force  de  la  jeunesse ,  le  14  juillet  1838,  à  peine 
âgé  de  29  ans.  Après  sa  mort,  on  publia  sa  can- 
tate sur  la  mort  dUgolin. 

DIJKHUIJZEiV   (D -H ),    l'un    des 

meilleurs  organistes  des  Pays-Bas,  est  né  à 
Twello,  dans  la  province  deGueIdre,  le  28  avril 
1821.  A|)rès  avoir  été  faire  ses  études  à  Dessau , 
sous  la  direction  du  fameux  V .  Schneider,  il  re- 
vint dans  sa  patrie ,  fut  nommé  organiste  à  El- 
burg,  et  en  1845  fut  appelé,  à  la  suite  d'un  con- 
cours ,  à  tenir  le  grand  orgue  de  l'église  de 
Nimègue,  l'un  des  instruments  de  ce  genre  les 
plus  parfaits  et  les  plus  complets  qui  existent 
dans  les  Pays-Bas.  C'est  là  que  M.  Dijkhuijzen 
donna  carrière  à  son  remarquable  talent,  et  qu'il 
acquit  une  renommée  légitime.  Cet  artiste  a  pu- 
blié un  certain  uoinbre  de  compositions,  parmi 
lesq\ielles  on  remarque  une  sonate  pour  orgue, 
une  sonate  pour  piano  el  violon ,  et  plusieurs 
lieder.  Il  a  mis  aussi  en  musique  le  Psaume 
XXI II ,  pour  chœurs  et  orchestre,  et  il  a  fait 
exécuter  à  Utrecht  une  ouverture  de  concert 
(1855)  et  une  symphonie  en  ti^  (18')6). 

DIKUAK  TCHIIIADJIAAT, compositeur 
arménien,  a  écrit  la  nmsique  de  Shérif'Agha , 
opéra-comique  en  trois  actes,  en  langue  tur(iue, 
qui  a  été  représenté  à  Consfautinople,  sur  le 
théâtre  Osmanié,  au  mois  de  décembre  1872  ou 
de  janvier  1873. 

Dl  POGGIO  (Lelio-Ignazio),  compositeur, 
naquit  à  Lucques  le  19  janvier  1735,  et  mourut 
dans  la  même  ville,  frappé  d'apoplexie,  le  19 
octobre  1787.  On  lui  doit  un  oratorio  intitulé  : 
le  Saint-Sacrement ,  plusieurs  actions  dramati- 
ques représentées  à  l'occasion  de  la  grande  fête 
des  Comices,  et  un  certain  nombre  de  composi- 
tions religieuses  fort  estimées.  Très- honoré  de 
sei  concitoyens,  di  Poggio  fut  uonuné,  en  1784, 
gonfalonier  de  la  ville  de  Lucques. 

DISSOiX  ( ),  musicien  bourguignon,  est 

l'auteur  d  un  opéra-comique  intitulé  la  Magie 


inutile,  qui  fut  rerpésenté  sur  le  théâtre  de 
Dijon  le  25  juillet  1751. 

r  A  > 

DJCiVIILE,  célèbre  cantatrice  arabe,  deMé- 
dine,  vécut  pendant  le  premier  siècle  de  l'hégire 
et  le  septième  de  l'ère  chrétienne.  Son  latent  était 
admirable,  parait-il,  et  produisait  une  étonnante 
impression  sur  ceux  qui  avaient  le  bonheur  d'en 
pouvoir  jouir.  Elle  fit  un  grand  nombre  délèves, 
qui  devinieut  eux-mêmes  fameux  pour  la  plu- 
part, et  parmi  lesquels  on  cite  Mabed,  Khouleyda, 
Sellàmat  el-Cass  ,  Ibn  Souraydj ,  Ibn-Aicha  et 
Habbâba.  L'un  d'eux  ,  Mabed,  disait  de  sa  maî- 
tresse :  «  Dans  l'art  du  chant,  Djémîlè  est  la 
tige,  et  nous  sommes  les  branches.  Sans  elle, 
nous  ne  serions  pas  des  artistes.  « 

A  quelqu'un  qui  lui  demandait  couiment  elle 
avait  acquis  ce  talent,  qui  faisait  l'admiration  gé- 
nérale, elle  répondit  :  —  «  Ma  foi!  ce  n'est  ni  par 
inspiration,  ni  par  enseignement;  Voici  ce  qui 
m'est  arrivé.  Lorsque  j'étais  esclave  de  la  famille 
de  Bahz,  Saïb  Kbâtbir  était  notre  voisin.  Je 
l'entendais  chanter  et  jouer  du  luth.  J'ai  saisi  et 
retenu  les  sons  qui  frappaient  tnon  oreille,  et  j'en 
ai  formé  des  airs  qui  se  sont  trouvés  meilleurs 
que  ceux  de  Saïb.  Un  jour,  mes  maîtresses  me 
surprirent  chantant  toute  seule  dans  ma  chambre. 
Elles  me  dirent  :  «  Tu  as  un  talent  que  tu  ca- 
ches ;  nous  t'adjurons  de  nous  le  montrer.  » 
Alors,  je  leur  chantai  deux  vers  de  Zohayr,  fils 
d'Abou  Solma,  sur  lesquels  j'avais  composé  un 
air.  Elles  fiu'ent  charmées,  et  me  produisirent 
devant  d'autres  personnes.  Bientôt  j'eus  une  ré- 
putation. De  toutes  parts  on  venait  m'enlendre. 
Je  me  mis  à  donner  des  leçons.  Le  nombre  des 
jeunes  filles  esclaves  que  l'on  m'amenait  chaque 
jour  pour  les  instruire  était  si  considérable,  que 
la  plupart  d'entre  elles  se  retiraient  le  soir^  sans 
que  j'eusse  eu  le  temps  de  m'occuper  d'elles  et 
sans  avoir  pu  profiter  autrement  qu'en  écoutant 
les  chants  que  j'enseignais  à  d'autres.  Par  ces 
leçons,  qui  étaient  bien  payées,  je  procurai  à  mes 
maîtres  des  bénéfices  auxquels  ils  étaient  loin  de 
s'attendre.  Ils  m'affranchirent';  je  les  avais  en- 
richis et  je  m'enrichis  à  mon  tour.  Au  reste,  ils 
étaient  bien  dignes  de  cette  fortune,  et  moi 
aussi  (1).  >< 

Djémîlè  devint  puissamment  riche,  en  effet, 
grâce  à  son  double  talent  de  virtuose  et  de  pro- 
fesseur. Elle  épousa  un  affranchi  nommé  Ibn  el- 
Khazradj,  qui  comme  elle  hahilait  Médine,  s'é- 
tablit avec  lui  dans  le  faubourg  de  Sounh,  et  là 
tint  une  maison  splendide,  servie  par  un  nom- 
breux domeslique,  dans  laquelle  les  amateurs 
venaient  l'entendre  et  l'admirer,  les  élèves  solli- 

(1)  ^(jhuni,  11,  134  v°,  133. 


272 

citer  et  prendre  ses  leçons,  et  les  musiciens  et 
les  poètes  de  Médine  et  de  la  Mekke  lui  soumettre 
leurs  œuvres  et  la  prier  de  its  vouloir  bien 
chanter. 

«  La  plus  belle  époque  de  la  carrière  «ie 
Djémilè  ,  dit  Caussin  de  Perceval  dans  son  inté- 
ressant travail  sur  les  musiciens  arabes,  lut  sar.s 
doute  celle  d'un  pèlerinage  qu'elle  fit  à  la  Mecque. 
Ce  pèlerinage  fut  pour  elle  une  véritable  ovation. 
Elle  partit  entourée  de  tous  lesjjrincipaux  arlistes 
ses  compatriotes  et  de  plusieurs  poètes  de  ses 
amis.  On  remarquait,  parmi  les  chanteurs,  iMà- 
bed,  Mâlik,  Ibn  Aïcha,  Nàfé  ibn  Tonboura,  Nàfé 
el-Khavr,  Badîhel-Mclîli;  parmi  les  chanteuses, 
Azzè-t-el-MeyIâ,  El-Fariha,  Habbàba,  Sellamat 
el-Cass,  Khoulayda,  Rabihà,  Salda;  parmi  les 
poètes,  Cothayyir-Azzè,  Abdallah  el-Ahwas,  Ibn 
Abi-Atîk  ,  Abou  Melidjan  ^'ossayb.  Des  person- 
nages ,  même  de  haute  naissance,  admirateurs 
du  talent  de  Djémîlè  ,  avaient  voulu  être  ses 
compagnons  de  voyage,  et  cinquante  musiciennes 
esclaves,  appartenant  à  de  grandes  dames  de  Mé- 
dine, avaient  été  envoyées  par  leurs  maîtresses 
pour  grossir  son  cortège  et  lui  faire  honneur.  La 
magnificence  des  haudedj  (litières  de  femmes),  la 
richesse  et  la  variété  des  costumes  rendaient 
cette  troupe  de  pèlerins  la  plus  brillante  que  l'on 
pût  voir. 

«  A  quelque  distance  de  la  Mekke,  Djémîlè  et 
sa  compagnie  furent  reçues  par  une  réunion  con- 
sidérable de  Mekkois,  dans  laquelle  figuraient 
avec  beaucoup  de  gens  de  la  première  noblesse, 
des  musiciens  tels  qu'Ibn  Mouçaddjih,  Ibn  Mou- 
hriz,  Ibn  Souraydj,  ElGharîdh,  et  îles  poètes 
tels  que  Omar  ibn  Abi-Rabia,  Hàrith  ibn-KLàlid 
el-Makhzoumi,  El-Ardji  et  autres. 
!|  »  Lorsque  les  cérémonies  du  pèlerinage  furent 
terminées  et  que  Djémîlè  eût  fait  autour  de  la 
ca'ba  ses  dernières  tournées,  les  Mekkois  la 
prièrent  de  leur  donner  une  séance  avant  de  les 
quitter.  «  Est-ce,  demanda  Djémîlè,  une  séance 
«  de  musique  ou  de  conversation  que  vous  dési- 
„  rez?—  De  l'une  et  de  l'antre,  lui  répondit-on. 
;<  —  Cela  est  impossible,  dit-elle.  Je  ne  mêlerai 
«  pas  à  l'acte  sérieux  de  religion  que  je  suis  ve- 
«  nue  accomplir  l'exercice  d'un  art  frivole  et 
«  profane.  —  Eh  bien!  s'écria  Omar  ibn  Abi- 
«  Rabîa,  que  tous  ceux  qui  veulent  entendre 
«  Djémîlè  se  joignent  à  moi  et  la  reconduisent 
«jusqu'à  Médine!  »  La  plupart  des  assistants 
accueillirent  cet  avis  avec  enthousiasme  et  se 
mirent  en  roule  à  la  suite  de  la  cantatrice. 

«  La  nouvelle  du  retour  de  Djémîlè  causa  une 
vive  sensation  de  joie  dans  Médine.  Un  grand 
nombre  d'habitants ,  de  tout  rang  et  de  tout  âge, 
sortirent  à  sa  rencontre ,  et  Djémîlè,  au  milieu 


DJÉMÎLÈ  —  D'LAINE 


de  son  immense  cortège  ,  fit  dans  la  ville  une 
entrée  triomphale.  Les  Mt  kkois  qui  l'avaient  ac- 
compagnée se  logèrent  chez  leurs  amis  ou  con- 
naissances. Après  avoir  consacré  dix  jours  à 
recevoir  les  visites  de  félicitations  que  tout  le 
monde  s'empressait  de  lui  faire,  Djémîlè  annonça 
une  séance  solennelle  de  musique  à  l'intention 
des  hôtes  mekkois.  Cette  séance,  dont  elle  fit 
les  principaux  frais ,  fut  des  plus  grandioses  et 
dura  trois  jours.  L'auditoire,  composé  dune  foule 
d'hommes  de  distinction  qui  remphssaient  les 
appartements  et  même  la  cour  de  la  maison,  se 
séparait  vers  le  soir  et  se  réunissait  le  lendemain 
à  l'heure  indiquée. 

«  Pendant  les  deux  premières  journées ,  l'on 
entendit,  alternativement  avec  Djémîlè,  les  chan- 
teurs Ibn  Mouçaddjih,  Ibn  Mouhriz,  Ibn  Souraydj, 
Màbèd,  Màlik,  El  Gharîdh  ,  Ibn  Aicha,  les  deux 
Nàfé,  les  trois  Hodhali,  Badih  el-Melîh,  Raddja, 
Touvvays,  Delâl,  Berd  el  Fouàd ,  Naumet  ed- 
Dhoha,  Hebat-Allah,  et  Fend.  Les  uns  chantèrent 
seuls,  les  autres  deux  ou  trois  ensemble  à  l'u- 
nisson. 

«  Le  troisième  jour,  Djémîlè  fit  tendre  dans  le 
fond  de  son  salon  un  rideau,  derrière  lequel  elle 
plaça  des  musiciennes  au  nombre  de  cinquante, 
chacune  avec  un  luth.  Elle-même,  un  luth  à  la 
main,  chanta  la  première,  en  s'accompagnant  de 
son  instrument,  tandis  que  les  cinquante  autres 
luths  jouaient  le  même  accompagnement.  Cet 
orchestre  soutint  également  les  voix  de  idusieiirs 
cantatrices  qui  se  firent  entendre  ensuite,  cachées 
par  le  rideau  aux  yeux  de  l'assemblée.  C'étaient 
Azzèt-el-  Mey  là ,  Habbàba,  Sellamat  el-Cass,  Khou- 
layda, Rabîha,  El-Fariha,  Bulbulè,  Lezzet  el- 
Aych  et  Sa'da.  Elles  exécutèrent  des  morceaux 
de  chant,  les  unes  en  solo,  les  autres  en  duo  ou 
en  trio,  toujours  à  l'unisson.  Jamais  on  n'avait 
vu  une  pareille  fête  musicale.  » 

Djémîlè,  on  peut  le  dire,  fut  l'une  des  gloires 
musicales  de  l'Orient. 

D'LAIiXE  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom,  qui 

vivait  à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle  ,  fut  l'inventeur  d'un  instrument 
dont  Luneau  de  Boisjermain,  dans  son  Alma- 
nach  musical  de  1781,  donnait  la  description 
suivante  :  «  M.  D'Laine  a  imaginé  un  nouvel 
instrument  musical  qu'on  pounoit  appeller  y^o- 
lon- vielle,  avec  lequel  on  accompagneroit  aisé- 
ment la  voix  sans  transposer  la  musique.  En 
voici  la  description.  M.  D'Laine  a  adapté  \me 
loue  et  un  clavier  de  vielle  à  un  corps  de  par- 
dessus de  viole.  Le  clavier  a  24  touches  :  il  est 
traversé,  dans  sa  longueur,  par  deux  cordes 
comme  la  vielle.  Ces  deux  cordes  ne  rendent  pas 
à  la   fois  un  son  toujours  obligé,   parce  que 


D'LÂINE  —  DOBRZYNSKI 


273 


M.  D'Laine  a  attaché  à  la  table  du  clavier  deux 
bascules ,  qui  éloignent  les  cordes  de  la  roue  à 
volonté ,  ou  qui  les  en  rapprochent.  L'usage  al- 
ternatif de  ces  deux  cordes  donne  beaucoup  d'é- 
tendue à  cet  instrument.  Il  n'a  point  les  bour- 
donnements de  la  vielle",  ses  sons  nasards  :  on 
n'entend  point  le  cliquetis  du  clavier,  qui  fatigue 
presque  toujours  l'oreille.  M.  D'Laine  a  placé  sur 
la  table  de  son  instrument  douze  cordes  de  cla- 
vessin ,  qui  lui  communiquent  un  son  plus 
nourri  et  plus  argentin.  La  roue  peut  être  dé- 
placée ou  changt^e.  Le  violon-vielle  peut  servir 
dans  tous  les  concerts ,  et  surtout  à  accompagner 
les  voix.  M.  D'Laine  a  eu  l'honneur  de  jouer  du 
violon-vielle  en  présence  de  Madame,  de  Madame 
la  comtesse  d'Artois  et  de  Madame  la  Duchesse 
de  Chartres.  L'Académie  des  sciences  a  honoré 
cett^  invention  de  son  suffrage.  On  peut  ap- 
prendre, en  très-peu  de  temps,  à  jouer  du  violon- 
vielle.  Quelques  mois  d'étude  et  quelques  leçons 
données  par  M.  D'Laine  suffisent  pour  exécuter 
de  petites  sonates  ou  des  duos.  » 

Je  ne  sache  pas  que  D'Laine  fit  partie  d'aucun 
orchestre  de  Paris  ,  ni  qu'il  fût  compté  au  nom- 
bre des  luthiers  de  cette  ville.  Voici  seulement  la 
mention  que  je  trouve  à  son  sujet  dans  les  Ta- 
blettes de  renommée  des  musiciens  (1785)  : 
«  D'Laine,  maître  de  vielle,  est  renommé  par 
les  agréments  qu'il  a  ajoutés  à  cet  instrument , 
en  lui  prêtant  des  sons  aussi  moelleux,  aussi 
Uattcurs  à  l'oreille  et  aussi  longtemps  filés  qu'ils 
peuvent  l'être  sur  le  violon.  » 

DLUGOSZ  ( ),  facteur  d'instruments  à 

Varsovie,  est  l'inventeur  d'un  piano-orgue 
baptisé  par  lui  du  nom  d'Œolopantalon  ,  qui 
fit  un  certain  bruit  à  l'époque  de  son  apparition 
en  1825  et  qui  fut  joué  par  plusieurs  artistes  de 
talent,  entre  autres  par  Chopin.  Cet  instrument 
fut  produit  surtout  avec  succès  dans  un  concert 
donné  à  Varsovie  ,  où  il  servit  à  accompagner 
les  chœurs  de  Faust  du  prince  Radzywill,  ainsi 
qu'une  cantate  d'EIsner.  La  Gazette  musicale 
de  Leipzig,  en  faisant  connaître  l'invention  de 
Dlugosz,  disait  que  son  Œolopantalon  ressem- 
blait beaucoup  à  YŒolomelodikon  précédem- 
ment imaginé  par  Brnnner. 

DLUZEWSRI  (Stanislas),  facteur  d'orgues 
distingué,  est  né  en  Pologne  dans  les  premières 
années  de  ce  siècle.  Il  a  construit,  entre  antres, 
pour  la  nouvelle  église  de  la  ville  de  Dukszty, 
en  Lithuanie  (1856),  un  orgue  qu'on  dit  extrê- 
mement remarquable. 

*  DOBET  ( ),  professeur  de  clavecin  à 

Blois,  a  publié  à  Paris,  en  1771  :  1°  Sonate  en 
symphonie  pour  le  clavecin  ,  faite  pour  être 
exécutée  par  deux  personnes  sur  le  même 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    SUPPL.    —  T. 


instrument;  2»  Le  Printemps,  ariette,  avec 
accompagnement  de  clavecin  ,  violon  et  basse , 
ad  libitum.  -.^g 

DOBRUÇKl  (Matthieu),  luthier  polonais  , 
exerçait  sa  profession  à  Cracovie,  où  il  mourut 
en  1602.  L'établissement  qu'il  dirigeait  était  con- 
sidérable, et  tout  porte  à  croire  que,  loin  de 
travailler  seul,  il  employait  un  certain  nombre 
d'ouvriers.  En  effet ,  un  inventaire  dressé  après 
sa  mort  et  qui  donnait  l'état  du  matériel  de  sa 
maison,  en  bois  travaillés  et  en  instruments  ina- 
chevés ,  comprenait  :  un  grand  coffre  contenant 
des  formes  pour  les  basses  ;  un  autre  coffre  avec 
du  bois  pour  faire  des  violons  ;  une  caisse  remplie 
de  chevilles  pour  les  violons  ;  trois  soixantaines  de 
tables  d'harmonie  pour  les  cithares  ;  onze  formes 
de  cithares  ;  six  formes  de  dessus  ;  trois  formes 
de  ténors;  trois  formes  de  quarante  violons  ina- 
chevés; vingt-trois  tables  inférieures;  quarante- 
six  couvercles  de  dessus  pour  les  violons;  un 
atelier  pour  faire  des  violons  ;  douze  planches  de 
platane  pour  la  fabrication  des  violons;  quarante 
têtes  de  cithares  ;  une  marque  de  cithare.  Un 
tel  assorliment  semble  iniliquer  que  le  commerce 
de  la  lutherie  était  fort  important  en  Pologne  à 
cette  époque. 

DOBRZYIXSKI  (Ignace),  violoniste  très- 
distingué,  compositeur  de  talent  et  professeur 
renommé,  naquit  dans  la  province  de  Wolhynie, 
en  1777  ou  1778  (1).  Pendant  dix-huit  ans  il 
resta  attaché  comme  i)remier  violon  à  l'orchestre 
du  sénateur  Ilinski,  à  Romanow,  écrivant  la 
musique  de  plusieurs  opéras  et  ballets  pour  le 
théâtre  particulier  de  ce  grand  personnage.  Il  s'é- 
tablit ensuite  comme  professeur  à  Winniça,  puis 
à  Krzemienieç,  et  enfin  alla  se  fixer  à  Varsovie, 
où  son  fils  occupait  déjà  une  grande  situation. 
Dobrzynski  termina  sa  carrière  en  cette  ville,  où 
il  mourul  en  1841,  âgé  d'environ  soixante-quatre 
ans.  Cet  artiste  s'était  distingué  d'une  façon  toute 
particulière  dans  la  composition  des  Polonaises, 
sachant  donner  à  ce  genre  de  morceau  son 
rhythme  véritable  et  son  ai'cent  national.  Son 
fils  devait,  après  sa  mort,  publier  une  collection 
de  ces  Polonaises.  J'ignore  si  ce  projet  a  étéexé- 
cuté. 

■^  DOBRZYlXSIÎI  (Ignage-Félix),  et  non 
J( an- Félix  ,  comme  il  a  été  dit  par  erreur  dans 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  est 
mort  à  Varsovie  le  10  octobre  1867.  Dans  sa 
jeunesse,  il  s'était  lié  d'une  façon  intime  avec 


(I  Cet  artiste  était  le  père  de  celui  que  Fétis  appelle 
Jp;in-I"clix,  pi  auquel  M  Albert  Suwinski,  dans  ses  Mw 
sicieus  polonais  et  slaves,  donne  les  prénoms  d'igauce- 
Félix.  /  ■  -  * 

T.  18 


274 


DOBRZYNSRI  —  DCERSTLING 


Chopin,  qui,  comme  lui,  était  élève  d'EIsner 
pour  la  composilion.  «  Travaillant  ensemble  sous 
le  même  maître,  dit  M.  Albert  Sowinski,  ayant 
la  même  manière  de  voir  et  de  sentir,  Frédéric 
Chopin  et  I.-F.  Dobrzynski  se  lièrent  d'une 
étroite  amitié;  la  même  communauté  de  vues, 
la  même  tendance  artistique  à  chercher  i'm- 
connu,  caractérisaient  leurs  efforts  ;  ils  se  com- 
muniquaient leurs  idées  et  leurs  impressions , 
suivaient  différentes  routes  pour  arriver  au  même 
but.  »  Dobrzynski  est  considère  comme  nn  des 
musiciens  les  pins  remarquables  qu'ait  produits 
la  Pologne.  —  Sa  femme,  M"""  Dobrzynska  ,  née 
Jeanne  Miller,  était  une  cantatrice  de  talent, 
élève  du  professeur  Matuszynski.  Elle  ne  fit  au 
théâtre  qu'une  courte  apparition,  en  1841,  quitta 
presque  aussitôt  la  scène,  mal<;ré  le  succès 
qu'elle  y  avait  obtenu,  et  devint  professeur  à 
l'école  dramatique  de  Varsovie. 

*  DOCHE  (Joseph -Denis).  Cet  artiste  a  pu- 
blié :  1"  Recueil  contenant  quarante  airs  et 
romances ,  avec  accompagnements  de  guitare , 
op.  4;  2°  Trois  Recueils  de  romances  ;  3°  Ron- 
deau italien;  'v  Collection  de  romances  et 
chansons  de  L.-P.  Ségur  l'aîné,  avec  des  airs 
nouveaux  et  accompagnements  de  piano  de  J.-D. 
Docbe.  Il  faut  encore  citer  de  lui  un  opéraro- 
miqueen  un  acte,^es  Deux  Sentinelles,  i)aroles 
deHenrion,  qui  fut  représenté  au  théâtre  de  la 
Gaîlé  le  4  vendémiaire  an  XII  (26  .septembre 
1803). 

Une  faute  d'impression  a  fait  dire  que  cet  ar- 
tiste avait  été  maître  de  la  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Constance,  tandis  que  c'est  à  celle 
deCoutances  qu'il  remplit  ces  fonctions.  C'est  en 
1794  qu'il  entra  à  l'orcliestre  du  théâtre  du  Vau- 
deville. Il  y  occupait  l'emploi  de  contrt-bassiste 
lorsqu'en  1810  il  fut  apjielé  à  en  être  le  second 
chef,  continuant,  comme  il  en  était  cliargé  de- 
puis plusieurs  années,  à  arranger  les  partitions 
des  pièces  nouvelles  et  à  composer  pour  ces  piè- 
ces de  jolis  airs  qui  obtenaient  un  grand  succès; 
on  a  surtout  cité  ceux  de  la  Belle  au  bois  dor- 
mant, de  Haine  aux  femmes,  des  Deux  Ed- 
mond, de  Lonlara,  etc.  Docbe  ne  d.xinl  pre- 
mier chef  de  l'orchestre  du  Vaudeville  qu'en 
1815;  il  prit  sa  retraite  en  1823,  et  mourut  à 
Sois«oi)s  le  20  juillet  1825. 

*  DOCHE  (Alexainure-Pierre-Joseph)  ,  fils 
du  précèdent.  11  n'est  pas  tout  à  fait  exact  de 
dire  que  cet  artiste  a  succédé  à  son  père  comme 
chef  de  l'orchestre  du  Vaudeville.  Entré  à  cet 
orchestre,  vers  1820,  en  qualité  de  premier  vio- 
lon, il  en  devint  le  seconl  chef  en  ls23,  lors  de 
la  retraite  de  celui-ci,  et  ce  n'est  qu'à  partir  de 
1828  qu'il  occupa  les  fonctions  de  premier  chef. 


11  n'est  pas  non  plus  exact  que  Doche  ait  rempli 
le  même  emploi  au  Gymnase ,  auquel  il  ne  fut 
jamais  attaché  à  aucun  tilre.  Docbe  ne  quitta  le 
Vaudeville  que  vers  1848,  pour  se  rendre  à 
Saint-Pétersbourg,  où  il  avait  accepté  l'emploi 
de  chef  d'orchestre  au  théâtre  français  ;  il  ne  le 
conserva  pas  longtemps ,  car  il  mourut  peu  de 
inois  après  son  arrivée  en  celte  ville ,  frappé ,  si 
j'ai  bonne  mémoire,  d'une  attaque  de  choléra. 

Doche  avait  été  le  digne  continuateur  de  son 
père  dans  le  rang  modeste  et  honorable  où  il 
s'était  trouvé  placé.  Ses  airs  de  vaudeville,  em- 
preints d'une  grâce  aimable  et  d'une  réelle  élé- 
gance, ont  justement  contribué  à  la  fortune  des 
pièces  pour  lesquelles  il  les  écrivait.  Cet  artiste 
avait  épousé  une  jeune  comédienne  qui  depuis  plus 
de  trente  ans  s'est  acquis unegrande réputation, et 
dont  la  sœur,  M"^  Plunkett,a  été  attachée  ^pen- 
dant plusieurs  années  à  l'Opéra  en  qualité  de 
première  danseuse. 

DODD  (Thomas),  luthier  anglais,  ou  plutôt 
marchand  d'instruments,  était  fils  d'Edward 
Dodd ,  de  Sheffield,  et  exerçait  sa  profession  à 
Londres  5  la  fin  du  dix-huitième  et  au  commen- 
cement du  dix-neuvième  siècle.  Les  instruments 
à  cordes  qui  portent  sa  marque  ont  presque 
tous  été  construits  par  John  Lott  ou  Bernard 
Fendl(  Voyez  ces  noms).  Dodd  ,  qui  prétendait 
posséder  le  secret  de  l'admirable  vernis  des  lu- 
thiers crémonais,  se  bornait  à  vernir  les  violons 
ou  violoncelles  auxquels  il  donnait  sou  nom 
et  qu'il  faisait  fabriquer  par  d'autres.  Comme  il 
vendait  fort  cher  (  jusqu'à  40  ou  50  livres  une 
basse,  c'est-à-dire  1,000  ou  1,250  francs),  et  qu'il 
était  d'ailleurs  très-connaisseur,  il  était  très-diffi- 
cile pour  les  instruments  qu'on  lui  livrait  et 
n'acceptait  que  ceux  qu'il  trouvait  complètement 
réussis.  Les  violons  et  les  violoncelles  de  sa 
provenance  commencent  à  être  très-appréciés  en 
Angleterre.  —  Le  fils  de  Dodd ,  qui  s'appelait 
Thomas,  comme  lui,  travailla  avec  Lott  et 
Fendt. 

DOERFFEL  (Alfred)  ,  pianiste  distingué 
et  mu>icien  instruit,  est  né  le  24  janvier  1821  à 
Waldenbourg ,  en  Saxe.  Il  a  fait  ses  éludes  à 
Leipzig,  où  il  a  travaillé  sous  la  direction  de 
Mendelssohn  et  de  Robert  Schumann.  Il  a  été  le 
collaborateur  assidu  de  ce  dernier  maître  dans 
la  Neuen  Zeilschrift  fiirmusik.  Dœrffelest  at- 
taché depuis  longues  années  à  la  maison  Breit- 
kopf,  et  a  donné  ses  soins  à  la  plupart  des  grands 
ouvrages  publiés  par  cette  maison.  C'est  à  lui 
également  qu'on  doit  les  grands  catalogues  thé- 
matiques des  œuvres  de  Schumann  et  de  Men- 
delssohn.  Y. 

DOERSTLLXG  (Gistave-Robert),   finan- 


DOERSTLTNG  —  DOMINGUEZ  DE  GIRONELLA 


275 


cier  allemand ,  a  étudié  la  musique  pour  son 
agrément ,  et  est  l'un  des  dilettantes  les  plus  es- 
timés de  l'Allemagne.  Né  à  Chemnitz  le  26  dé- 
cembre 1821,  il  a  travaillé  l'orgue  avec  Siegel  à 
Annaberg,  et  la  composilion  avec  W.  Tauberl  à 
Berlin.  Tout  en  s'occupant  d'affaires  financières, 
en  dirigeant  une  banque  à  Golha,  et  plus  lani  une 
autre  à  Sondershausen,  M.  Dœrstling  s'est  livré 
avec  ardeur  à  la  pratique  de  la  composition  :  on 
lui  doit  non-seulement  des  lieàer,  des  cantates, 
des  marches,  mais  encore  deux  opéras,  dont  l'un 
est  intitulé  dcr  Grafvon  Gleichen  {le  Comte  de 
Gleichen),  et  l'autre  der  Liebesring  {V Anneau 
des  fiançailles). 

DOERSTLIIMG  ( ),  compositeur  bohé- 
mien, a  (ait  représenter  à  Prague ,  au  mois  de 
novembre  1862,  un  opéra  intitulé  Eva  Hlyna. 
Cet  ouvrage,  traduit  en  allemand,  a  été  joué  en- 
suite sans  succès,  en  mai  1864,  sur  le  théâtre  de 
la  cour,  à  Gotha. 

DOIS  Y  (....),  artiste  du  dix-huitième  siècle , 
a  publié  l'ouvrage  suivant  :  «  Éléments  de  mu- 
sique en  forme  de  dialogue,  servant  d'intro- 
duction au  solfège  d'Italie,  par  Doisy,  profes- 
seur de  musique  et  de  guitare  »  (Pnris,  Doisy, 
auteur,  éditeur,  marchand  de  musique  et  d'ins- 
truments, in-4"  oblong).  Il  est  évident  que  cet  ar- 
tiste est  le  mime  que  celui  qui  est  mentionné , 
au  tome  III  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  sous  le  nom  de  Charles  Doisy- Lin- 
iant;  toutefois  je  constate  qu'il  n'a  pris,  comme 
auteur  et  comme  éditeur,  que  le  nom  de  Doisy 
sur  l'ouvrage  que  je  viens  de  mentionner.  Les 
pages  5.5  à  72  de  cet  ouvrage  sont  consacrées  à 
un  dictionnaire  rudimentaire  de  musique. 

DOMBROVVSKI  (Henri),  pianiste  et  com- 
positeur polonais,  né  à  Zwiniacz,  en  Voihynie 
(Russie),  en  1838,  est  élève  de  M.  Liszt,  et,  après 
avoir  terminé  son  éducation  musicale,  a  entrepris 
de  grands  voyages  artistiques  dans  lesquels  il  a 
obtenu  de  véritables  succès  de  virtuose.  Après 
avoir  parcouru  la  Russie,  il  a  visité  l'Italie,  l'Es- 
pagne et  la  France,  et,  je  crois,  est  fixé  depuis 
plusieurs  années  à  Paris.  Les  compositions  de 
M.   Dombrowski  pour  son  instrument  se  font 
remarquer  par  de  sérieuses  qualités,  et  leur  ca- 
ractère tranche  avec  le  Ion  de  fadeur  et  de  ba- 
nalité qu'on  rencontre  si  souvent  diins  les  pro- 
ductions d'artistes  qui  pourtant  obtiennent  de 
certains  succès  auprès  du  public  ;  je  signalerai 
surtout  celles  dont  les  titres  suivent  :  Le  26  no- 
vembre, Chant  magyare,  Saltaretla,  les  Con- 
trastes, étude  de  genre,  Romances  sans  pa- 
roles, Grande  Polonaise,  Polonaise  historique, 
Marche  des  Tartares,  Impressions  de  voyage, 
Conte  de  salon,  Soirées  de  Versailles,  Dans 


les  nuages,  les  Castagnetles,  Mazurkas,  Re- 
frain de  sir  Hume,  etc.  En  dehors  de  ceux  qui 
ont  paru  sous  son  nom  véritable,  M.  Dombrowski 
a  publié  un  certain  nombre  de  morceaux  de  piano 
sous  le  pseudonyme  d'^ry  de  Bogota. 

DOMERGIJE  (Claude),  né  à  Beaucaire  en 
1734,  violoncelliste  distingué,  ne  quitta  jamais 
son  pays  natal.  Il  acquit  pourtant  assez  de  noto- 
riété pour  que  le  célèbre  violoncelliste  Diiport 
s'arrêtât  à  Beaucaire ,  pendant  un  de  ses  voyages, 
pour  faire  sa  connaissance.  Il  était  particulière- 
ment lié  avec  l'abbé  Gauzargue ,  maître  de  la 
chapelle  royale,  et  avec  J.  B.  Rey,  qui  lui  dédia 
une  de  ses  œuvres  :  Six  airs  variés  pour  violon 
et  violoncelle,  Paris,  Siéber.  Avocat  au  parle- 
ment, doué  d'une  intelligence  cultivée,  Domergue 
fut  choisi  en  1790  pour  être  président  du  district. 
Il  périt,  en  1794,  sur  1  echafaud  révolutionnaire, 
à  Nîmes,  avec  trente  de  ses  concitoyens. 

Al.  R— d. 

DOMERGUE  (Charles-Mathieu),  petit-fils 
du  précédent,  né  à  Beaucaire  en  1824,  membre 
de  plusieurs  sociétés  littéraires  et  du  Congrès 
tenu  à  Paris  en  1860  pour  la  restauration  du 
plain- chant,  s'est  occupé  particulièrement  de 
musique  religieuse.  Il  a  publié  divers  articles 
de  critique  et  de  bibliographie  musicales,  et  un 
volume  d'impressions  musicales  sous  le  titre  : 
les  Jeudis  de  Monte-Carlo  (Nice,  1875,  imprimé 
à  Avignon  par  F.  Seguin,  in-18).  Cet  ouvrage  est 
la  collection  de  divers  articles  écrits  pour  rendre 
compte  des  auditions  symphoniques  données 
pendant  la  saison  1874-75  par  le  remarquable 
orchestre  que  dirige  M.  Lucas  à  Monaco.  C'est 
un  des  bons  travaux  de  littérature  musicale  pu- 
bliés en  province.  Il  contient  des  aperçus  ingé- 
nieux, et  est  conçu  dans  un  excellent  esprit  cri- 
tique (1).  Al.  R— d. 

DOiVIINGUEZ  DE  GIROAELLA 
(EnuARno),  compositeur,  né  à  Barcelone  le  6  fé- 
vrier 1814,  d'une  famille  très-distinguée ,  reçut 
une  très  bonne  éducation  littéraire,  et,  en  même 
temps  qu'il  s'attachait  avec  ardeur  à  l'étude  des 
sciences  naturelles ,  menait  de  front  celle  de  la 

(1)  nepuis  que  cette  notice  est  écrite,  M.  Domergue  a 
publie  sons  ce  titre  :  la  Saison  musicale  à  Nice  (  Nice, 
imiT.  Faraud  et  Conso,  187d.  ln-8°',  un  nouveau  volume 
de  mc'Ianges  historiques  et  critiques  qui  n'est  pas  moins 
intéressant  que  le  premier.  Sur  un  suji-t  très-neuf  et 
très  ingénieux,  il  a  donné  aussi  le  petit  écrit  suivant  : 
architecture  et  Musique  L'Evtre-colonnement  et  la 
fiamme  iMiirseille,  Ivp  Cayer,  1577,  petit  in-g"  tleâJpp.). 
M  Charles  Mathieu  DomeVgue  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  lin  artiste  du  même  nom,  M.  Charles  Do7nergue, 
dont  il  n'est  point  le  paren' ,  et  qui,  successivement  chef 
d'orehestre  à  Alexandrie,  au  Caire  et  dans  diverses  villes 
d'eau  de  France,  a  publié  quelques  romances  et  corapo- 
I   sillons  légères.—  A.  P. 


276 


DOMINGUEZ  DE  GIRONELLA  —  DONIZETTI 


musique',  qu'il  aimait  passionnément,  et  recevait 
d'un  excellent  professeur,  Vicente  Marti,  des 
leçons  de  solfège,  de  piano  et  de  contrepoint  sé- 
vère, travaillant  ensuite  l'harmonie  avec  Ramon 
Vilanova.  En  1835,  le  jeune  étudiant  recevait  de 
la  junte  de  commerce  de  Barcelone  une  distinc- 
tion que  lui  avait  méritée  la  façon  dont  il  venait 
de  passer  l'examen  du  cours  de  chimie  appliquée 
aux  arts,  ce  qui  ne  l'empêchait  pas  d'écrire,  peu 
de  temps  après,  un  opéra  bouffe  intitulé  la  Vedo- 
'vella.  11  lui  fallut  de  grandes  protections  et 
trois  années  d'efforts  incessants  pour  obtenir  la 
représentation  de  cet  ouvrage,  qui  fut  joué  à 
Barcelone  en  1840,  mais  qui  ne  lui  rapporta  au- 
cun profit.  Deux  ans  après  il  composa  un  nou 
vel  opéra,  la  Dama  del  Castello,  et,  ayant  ob- 
tenu des  lettres  de  recommandalion  pour  Carafa, 
il  fit  le  voyage  de  Paris  pour  voir  ce  maître  et  lui 
soumettre  sa  partition. 

Obligé  de  retourner  bientôt  à  Barcelone, 
M.  Dominguez  entreprit  en  cette  ville  la  publi- 
cation d'une  feuille  spéciale,  el  Mundo  musical, 
qui  n'eut  que  quelques  mois  d'existence,  fit  une 
traduction  espagnole  du  Traité  d'harmonie  de 
Reiclia,  et  écrivit  quelques  compositions  légères. 
Après  de  nouveaux  efforts,  il  parvint,  non  sans 
peine,  à  faire  jouer  son  second  opéra,  la  Dama 
del  Castello  (3  actes),  qui  fournit  une  série  de 
neuf  représentations  ,  mais  ne  lui  rapporta  pas 
plus  que  le  précédent.  Découragé,  et  voyant 
qu'il  ne  pouvait  compter  sur  sa  plume  de  com- 
positeur pour  subvenir  à  son  existence,  M.  Do- 
min^uez  reprit  ses  études  chimiques  et  géolo- 
giques, el  se  lança  dans  l'industrie.  Plus  tard,  et 
pour  se  distraire  de  travaux  qui  ne  laissaient  pas 
assez  de  place  à  son  imagination,  il  se  reprit 
parfois  à  faire  de  la  musique,  et  écrivit  une  zar- 
zuela  restée  jusqu'ici  inédite,  une  prière  à  Ma- 
rie un  cœur  à  trois  voix  d'hommes,  une  valse 
espagnole  pour  piano  et  deux  violons ,  qui  fut 
exécutée  au  théâtre  du  Lycée,  de  Barcelone,  un 
hymne  à  la  Vierge ,  la  Cru-: ,  pour  trois  voix  de 
femmes ,  etc.,  etc.  M.  Dominguez  a  pris  part 
au  concours  ouvert,  à  l'Exposition  universelle 
de  Paris  (1867),  pour  un  Hymne  àla  Paix. 

DOMIMICETI  ( ),  compositeur  italien, 

a  écrit  la  musique  d'un  opéra  bouffe,  la  Mas- 
chera,  qui  a  été  donné  sans  succès,  le  2  mars 
1854,  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan.  Au  mois 
de  décembre  1873,  le  même  compositeur  donnait 
au  théâtre  Dal  Verme,  de  la  même  ville,  un 
autre  opéra  intitulé  Morovico,  qui  ne  fut  pas 
plus  heureux.  On  doit  encore  à  M.  Dominiceli  la 
masique  d'un  troisième  ouvrage  dramatique, 
Due  Mogli  in  una,  mais  j'ignore  si  jusqu'ici  ce 
dernier  a  été  représenté. 


DOMINIK  (JosEPri),  virtuose  remarquable 
sur  le  violon  ,  le  piano  et  la  clarinette,  est  né  à 
Dresde  en  1S21.  Attaché  pendant  plusieurs  an- 
nées, en  qualité  de  premier  alto,  à  l'orchestre  du 
théâtre  de  Dresde  et  à  celui  de  la  chapelle  royale, 
il  s'est  fait  entendre  fréquemment  sur  les  divers 
instruments  qui  viennent  d'être  cités,  et  il  a  écrit 
un  certain  nombre  de  compositions  qui,  dit-on  , 
sont  loin  de  manquer  de  mérite. 

DOMMER  (Arrey  VON) .historien  et  littéra- 
teur musical,  est  né  à  Dantzick,  le  9  février 
1828.  Il  a  fait  de  sérieuses  études  au  Conserva- 
toire de  Leipzig.  Après  s'être  fait  remarquer 
par  des  articles  de  journaux  et  différentes  pu- 
blications ,  M.  Arrey  von  Dommer  s'est  établi  à 
Hambourg ,  où  il  s'est  fait  connaître  par  quel- 
<pies  compositions  et  par  des  travaux  théo- 
riques. Ses  deux  ouvrages  capitaux  sont  son 
dictionnaire  de  musique  «  Musikalisches  Lexi- 
con  »,  Heidelberg  1863-1865,  et  son  Manuel  de 
l'histoire  de  la  musique  depuis  ses  origines 
ju&qiCà  lamort  de  Beethoven  (ffandbuch  der 
miisikgesrhichte  von  den  ersien  Aufœngen 
bis  stun  Tode  Beethoven  s),  Leipzig  1867.  Y. 

DOA'ADIO( ),  compositeur  italien,  a  fait 

représenter  en  1877,  sur  le  petit  théâtre  de  la  Fe- 
nice,  de  Naples,un  opéra  intitulé  il  Marinaro  de 
Mergellina. 

DONAOUROFF  (S ),   compositeur 

russe  contemporain,  est  l'auteur  d'un  certain  nom- 
bre de  romances  et  mélodies  vocales,  qui  ont  été 
publiées  en  ces  dernières  années  à  Saint-Péters- 
bourg, et  dont  quelques- unes  ont  obtenu  du  succès. 

DOIXIS  ( ),   prêtre  et  musicien  français 

contemporain,  curé  de  l'église  de  Saint  Louis  à 
Bordeaux,  a  publié  sous  ce  litre  :  l'Eucharistie, 
un  recueil  de  15  cantiques  à  2  ou  3  voix  avec 
accompagnement  d'orgue  ou  de  piano  (Paris, 
Régis-Rnffet,  in-8"). 

*  DOKIZETTI  (Gaetano).  M.  l'avocat  Fi- 
lippo  Cicconetti  a  publié  sous  ce  titre  :  Mta  di 
Gaetano  Donizetti  (Rome,  1864,  in-i2),  un  livre 
insignifiant  au  point  de  vue  critique,  mais  très- 
intéressant  au  point  de  vue  historique,  rempli  de 
faits  et  de  dates,  et  qui  était,  jusqu'à  ces  derniers 
temps ,  le  seul  écrit  important  qu'on  eût  con- 
sacré au  grand  artiste  bergamasque.  M.  Cicco- 
netti a  rectifié  la  date  de  naissance  de  Donizetti, 
qui  doit  être  fixée  au  29  novembre  1797,  et  il  a 
donné  une  liste  complète  des  œuvres  com- 
posées par  le  maître,  soit  pour  le  théâtre,  soit 
en  dehors  du  théâtre.  Cette  liste  comprend  les 
opéras  laissés  en  manuscrit  par  Donizetti  :  Rita 
ouïe  Maribalttt{i),qm  fut  représenté  à  l'Opéra- 

(1)  Que  M.  Cicconetti  intitule  inesactement;  HitJ,  ou 
Deux  Hommes  et  une  Femme. 


DONIZETTI  —  DOPPLER 


277 


Comique  en  1860,  et  le  Duc  d'Albe,  resté  jus- 
qu'ici inédit ,  ainsi  que  les  cantates  suivantes  : 
laPartenza  d'Ugo,  Teresa  e  Gianfaldoni,  Aci 
e  Galatea,  Colombo,  Niso  e  Violetta,  une  can- 
tate sans  titre  et  quatre  hymnes  écrits  pour  des 
fêtes  officielles  ;  parcontre,  elle  ne  mentionne  pas 
le  Nouveau  Pourceuuytiac,  qui  me  semble 
avoir  été  compris  par  erreur  dans  le  catalogue 
des  œuvres  de  Donizetti.  La  date  de  la  mort  du 
grand  artiste  est  le  8  avril  1848. 

Les  12,  13  et  14  septembre  1875,  de  grandes 
solennités  ont  eu  lieu  à  Bergame ,  à  l'occasion 
de  la  translation  des  cendres  de  Donizetti  et  de 
Mayr,  son  maître,  dans  la  basilique  de  Sainte- 
Marie-Magdeleine  (1).  Des  spectacles,  des  con- 
certs, des  exécutions  musicales  ont  signalé  ces 
trois  journées,  et  le  second  jour,  c'est-à-dire  le 
lundi  13,  une  grande  cantate  écrite  par  le  com- 
positeur Poiichielli  (Foe/.  ce  nom)  sur  des  paroles 
de  M.  Ghislanzoni,  a  été  entendue  au  théâtre 
Riccardi.  Ces  fêtes  donnèrent  lieu  à  plusieurs 
publications  intéressantes,  relatives  aux  deux 
grands  artistes  qui  en  étaient  l'objet.  L'ime  d'entre 
elles,  formant  un  fort  volume  grand  in-octavo 
de  plus  de  400  pages,  avait  pour  titre  Donizetti- 
Muyr,  notizie  e  documenti ,  et  pour  auteurs 
MM.  Federico  Alborghetli  et  Michelangelo  Galli 
(Bergame,  Gaffuri  et  Galti ,  1875).  Ce  livre  est 
précieux  par  l'abondance  des  documents  et  des 
renseignements  qu'il  renferme,  surtout  en  ce  qui 
se  rapporte  à  Donizetti  ;  entrepris  avec  un  soin 
religieux  par  deux  hommes  distingués  habitant 
Bergame,  qui  n'ont  négligé  aucune  peine,  au- 
cune recherche  pour  reconstituer,  avec  l'exacti- 
tude la  plus  scrupuleuse ,  l'enfance  et  l'adoles- 
cence du  grand  artiste  dont  ils  voulaient  retracer 
la  vie  et  la  cai  riète ,  il  sera  désormais  indispen- 
sable à  tous  ceux  qui  voudront  s'occuper  de  ce 
maître  ,  et  qui  trouveront  là  seulement  une  foule 
de  faits  intéressants,  ignorés  des  précédenis  bio- 
graphes. Et  ce  qui  rend  ce  livre  plus  utile  et 
plus  précieux  encore,  c'est  la  reproduction  de 
cent  douze  lettres  de  Donizetti,  dont  26  adressées 
à  son  père,  21  à  son  maître  Mayr,  58  à  son  intime 
ami  Antonio  Doici,  et  les  autres  à  divers  per- 
sonnages. On  conçoit  l'intérêt  qui  s'attache  à  une 
telle  correspondance,  lorsqu'elle  émane  d'un 
artiste  de  la  valeur  et  de  l'intelligence  de  Doni- 


(1)  Diins  l'urne  qui  contenait  les  re,stes  de  Donizetti, 
on  plaça  unparrliemin,  roulé  dans  un  tube  de  verre  ;  sur 
ce  parclieniin  se  trouvait  le  portrait  du  maître,  aveocette 
inscription  :  A  rfl  26  aprite  i»i:i,nel\cimitero  di  f^al- 
tesse,  qiieste  preziose  reliqide  di  Caetano  Donizetti, 
gloria  deW  art c  musicale  italiana,che  moriva  in  Her- 
gamo,  patria  sua,  a<ili  8  aprile  184?,  vennero  in  quesV 
urna  composte  a  curadel  municipio  di  Bergumo. 


zefti.  Il  reste  à  faire  maintenant  une  bonne  étude 
biographique  et  critique  sur  l'auteur  de  Don 
Pasquale  et  de  Lucia  di  Lamermoor;  mais 
l'historien  qui  voudra  l'entreprendre  aura  à  sa 
disposition,  avec  la  notice  étendue  de  M.  Cicco- 
netti  et  le  volume  de  MM.  Alborgheti  et  Galli, 
tous  les  éléments  nécessaires  (1). 

En  1876,  la  municipalité  romaine  a  fait  placer 
sur  la  maison  portant  le  n°  78  de  la  via  delta 
Murata  l'inscription  suivante  :  In  questa  casa 
abito  Gaetano  Donizet/i,  di  Bergamo ,  e  vi 
compose  «  ilFurioso  »  e  il  «  Torqualo  Tasso.  » 
S.P.Q.R. 

*  DOAIT  (J.\CQUEs),  violoniste  très-renommé 
dans  l'exécution  de  la  musique  de  chambre  et 
excellent  professeur,  est  né  à  Vienne  le  22  mars 
1815.  C'est  au  Conseivatoire  de  cette  ville  qu'il 
a  fait  ses  études  sous  la  direction  de  Boelun  et 
de  Hellmesberger.  Il  apitartient  encore  aujour- 
d'hui à  la  cliapelle  impériale.  Parmi  les  com|tusi- 
tions  que  cet  artiste  a  publiées  pour  son  instru- 
ment, il  faut  citer  en  première  ligne  tonte  une 
série  d'études  (op.  35,  37  et  38)  données,  je  crois, 
sous  le  titre  général  de  Gradus  ad  Parnassum, 
qui  étaient  très- estimées  de  Spohr  et  qui  sont 
recommandées  par  MM.  Joachim ,  Ferdinand 
Laub  et  Jean  Becker  ;  puis,  un  livre  de  duos  de 
violons,  op.  26;  variations  brillantes,  op.  21; 
introduction  et  variations,  op.  36;  3  caprices  de 
concert,  op.  40,  etc.  M.  Dont  a  écrit  des  concer- 
tos, ainsi  que  des  quatuors  pour  instruments  à 
cordes.  — Le  père  de  cet  artiste,  Josepli-Va- 
lentin  Dont,  violoncelliste  distingué,  qui  avait 
été  élève  de  Stiasny  à  Prague,  naquit  à  Geor- 
genlhal  (Bohême)  le  15  avril  1776,  et,  fixé  à 
Vienne,  fit  partie  de  l'orchestre  du  théâtre  de  la 
Porte  de  Carinthie,  puis  de  celui  du  Burgtheater. 
Il  mourut  en  cette  ville  le  14  décembre  1833. 

*  DO\ZELLI  (Dominique),  chanteur  célèbre 
dans  les  premières  années  de  ce  siècle,  l'un  des 
plus  excellents  ténors  qu'ait  produits  la  grande 
école  de  chant  italienne,  est  mort  à  Florence  le 
31  mars  1873.  Donzelli  avait  épousé  une  chan- 
teuse dramatique,  M"'^  Antoinette  Diipin,  qui  sans 
doute  était  française  ;  cette  artiste  ne  survécut 
que  peu  de  mois  à  son  mari,  et  mourut  à  Bolo- 
gne, le  4  octobre  de  la  même  année ,  à  l'âge  de 
78  ans. 

*  DOPPLER  (Albert-François).  A  la  liste 
des  ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il 


(1)  Je  sign.ile  seulement  pour  mémoire  une  notice  inti- 
tulée Cuëlano  Donizetti,  et  publiée  dans  une  série  bio- 
graphique qui  a  paru  sous  ce  titre  g  neral  :  Écrivains  et 
Artistes  vivants,  français  et  étrangers ,  par  MM.  Xavier 
E.vma  et  Artiiur  de  Lucy  (  Paris, Librairie  nouvelle,  1840, 
iii-i6  avec  portrait). 


f 


278 


DOPPLER  —  DOUAY 


faut  ajouter  un  opéra  intitulé  Alexandre  Stra- 
délia,  et  un  autre,  qui,  sous  le  titre  de  Judith,  a 
été  représenté  avec  un  très-grand  succès  à  Vienne, 
le  31  décembre  1870.  L'opéra  liongrois  Wanda, 
traduit  en  allemand  ,  avait  été  donné  précédem- 
ment en  cette  ville  en  1862.  En  1863,  on  a  exé- 
cuté aussi  à  Vienne,  pour  la  cérémonie  de  la  pose 
de  la  première  pierre  du  nouveau  théâtre  de 
l'Opéra ,  une  cantate  écrite  expressément  pour 
cette  circonstance  par  M.  Doppler. 

♦  DORATI  iNicoLAs).  Dans  ses  Cenni  sto- 
rici  delV  insegnamento  délia  musica  in  Lucca, 
M.  Cerù  a  donné  les  dates  de  la  naissance  et 
de  la  mort  de  cet  artiste,  le  premier  compositeur 
lucquois  dont  on  ait  connaissance.  Nicolas  Do- 
rati  est  né  à  Granaiola,  terre  de  la  commune  de 
Bagno  di  Lucca,  vers  1513,  et  est  mort  en  1593. 
Outre  les  deux  recueils  de  madrigaux  publiés 
par  lui  en  1559  et  1567,  il  en  fit  paraître  un  troi- 
sième recueil  (à  5  voix)  en  1579,  et  en  1609, 
seize  ans  après  sa  morl,  parut,  toujours  à  Venise, 
un  recueil  de  psaumes  à  8  voix  de  la  composition 
de  Dorai  i. 

DORATI  (JÉRÔME)  et  non  DORATIUS.  M.  A- 
gostino  Cerùjdans  l'ouvrage  qui  vient  d'être  cité, 
fait  connaître  la  date  de  la  mort  de  cet  artiste, 
qui  doit  être  fivée  à  l'année  1649.  Outre  .son  re- 
cueil de  psaumes  à  4  voix,  publié  à  Venise  en 
1609,  Dorati  publia  la  même  année,  dans  la 
même  ville,  un  recueil  île  psaumes  à  8  voix. 

DORDA  Y  LLOREIVS  (Baltasar),  prêtre 
espagnol ,  organiste  et  compositeur,  naquit  le 
6  janvier  1802  à  Mataro  ,  d'une  famille  noble  et 
distinguée,  et  mourut  le  15  novembre  1839.  Il 
montra  dès  sa  plus  tendre  enfance  une  double 
vocation  pour  l'art  musical  et  pour  l'état  ecclé- 
siastique ,  entra  dès  l'âge  de  sept  ans  à  la 
chapelle  de  l'église  paroissiale  de  sa  ville  natale, 
et  y  fut  chargé  ,  fort  jeune,  des  fonctions  d'or- 
ganiste. Après  avoir  exercé  ces  fonctions  pendant 
quelques  années,  il  se  rendit  à  Barcelone,  étudia 
l'harmonie  et  la  composition  avec  Francisco  An- 
drevi,  perfectionna  son  talent  d'organiste  sous  la 
direction  de  Mateo  Ferrer,  puis,  s'étant  fait 
ordonner  prêtre,  retourna  à  l'église  de  Mataro, 
et  se  consacra  à  l'enseignement  en  même  temps 
qu'il  écrivait  un  grand  nombre  de  compositions 
pour  le  service  de  cette  église.  On  cite,  parmi  les 
meilleures  de  ces  compositions,un  S<a6«<  Mater, 
deux  messes  solennelles,  une  messe  de  Requiem, 
des  lamentations,  motels,  etc.  Mais  les  œuvres 
de  Dorda  sont  aujourd'hui  oubliées,  par  suite  de 
la  singulière  résolution  prise  par  leur  auteur, 
qui  exigea  qu'elles  fussent  toutes  brûlées  après 
sa  mort. 

*  DORIOT  (L'abbé).  L'ouvrage  théorique  de 


cet  auteur  n'est  pas  intitulé  :  Traité  d'harmonie 
selon  les  prinnpes  de  Rameau,  mais  simple- 
ment :  Principes  de  composition.  La  Biblio- 
thèque du  Conservatoire  de  Paris  possède  de  ce 
traité  deux  exemplaires  manuscrits  {in-4°),  et  il 
n'en  existe  probalilement  pas  d'autre,  l'ouvrage 
n'ayant  pas  été  imprimé. 

J.-B.  W. 

*  DORIV  (Henri-Louis-Edmond),  chef-d'or- 
chestre de  l'Opéra  de  Berlin,  a  fait  représenter 
sur  le  théâtre  de  la  cour,  à  Dresde,  au  mois 
de  juillet  1865,  un  opéra  en  un  acte,  intitulé 
rOrage  pendant  Péclat  du  soleil.  Au  mois 
d'octobre  de  la  même  année,  il  reproduisait  cet 
ouvrage  au  théâtre  Friedrich-VVilhelm,  de  Ber- 
lin. Le  28  juillet  1876,  M.  Dorn  fêtait,  à  Berlin, 
le  cinquantième  anniversaire  de  sa  carrière  de 
compositeur. 

*  DORUS-GRAS  (M-e  Julie  -  Aimke). 
Voyez  GlîAS  (M™"   DORUS-). 

*  DORVAL  (P ),  connu  sous  le  nom  de 

Dorval-Valentino,  a  étudié  léchant  au  Con- 
servatoire de  Paris,  sous  la  direction  de  Pon- 
chard  et  sous  celle  de  Bordogni,  et  s'est  fixé 
ensuite  à  Versailles  pour  s'y  livrer  à  l'enseigne- 
ment. Il  a  publié,  chez  les  éiliteurs  Lemoine  et 
Heugel,  un  certain  nombre  de  romances  et  mé- 
lodies vocales  qui  ont  été  bien  accueillies  dans 
les  salons  :  Mes  Solitudes,  les  Champs,  Départ 
et  Souvenir,  Deux  Chemins  dans  la  vie,  la 
Prise  de  voile,  le  Dieu  d'or,  le  Bâton  de 
vieillesse,  la  ISuit,  le  Pays  t'appelle,  etc. 
Une  seconde  édition  de  son  manuel  :  L'Art  de 
la  prononciation  appliquée  au  chant,  a  para 
en  1866  (Paris,  l'auteur,  in-S").  M.  Dorval  a 
épousé  la  fille  de  Valentino,  l'ancien  chef  d'or- 
chestre de  l'Opéra  et  de  l'Opéra- Comique. 

DOSS  (Le  R.  P.  Adolphe  DE),  prêtre  et 
compositeur,  né  en  Allemagne,  est  depuis  long- 
temps attaché  au  collège  saint  Servais,  de  Liège, 
dirigé  par  les  jésuites.  Auteur  d'un  recueil  de 
mélodies  religieuses  publié  chez  l'éditeur 
M.  Katto,  à  Bruxelles,  il  a  fait  exécuter  par  les 
élèves  de  ce  collège  un  opéra  en  3  actes  intitulé 
Maurice  (1876),  et  le  19  novembre  de  la  même 
année,  dans  l'église  de  saint  Joseph  du  même 
établissement,  une  messe  avec  chœur  et  orches- 
tre, dont  les  journaux  ont  rendu  compte  de  la 
façon  la  plus  favorable. 

*  DO'IZAUER  ( Juste- Jcan-Frédéric), est 
mort  à  Dresde  le  6  mars  1860. 

*  DOTZAUER  (Juste-Berisard-Frédéric), 
fils  du  précédent,  est  mort  à  Hambourg  le  30  no- 
vembre 1874. 

*  DOUA  Y  (Emile).  Outre  une  Aventure  de 
Faublas,  ce  compositeur  a  encore  fait  repré- 


DOUÂY  —  DOZAINVILLE 


279 


senter  au  Gymnase  (6  juillet  1822)  un  opéra- 
comique  en  un  acte  intitulé  la  Bonne  Mère.  Il 
a  publié  aussi,  à  Paris,  cliez  Legouix,  un 
ic  trio  en  fa,  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle. 

DOUAY  (Georges),  compositeur  amateur, 
qui  jouit  par  sa  fortuned'une  position  absolument 
indépendante,  et  qui  a  fait  jouer  un  grand  nom- 
brede  pièces  sur  des  théàtresKi 'ordre  inférieur,  est 
né  à  Paris  le  7  janvier  1840.  ÉlèvedeM.  Duprato, 
M.  Douay,  qui  avait  débuté  par  un  opéra-comi- 
que représenté  au  Théâtre-Lyrique,  s'adonna 
ensuite  aux  petites  scènes  qui  s'occupaient  ac- 
cessoirement de  musique,  et  ne  dédaigna  même 
pas  de  produire  ses  oeuvres  dans  les  cafés- 
concerts.  Yoici  la  liste  des  opérettes,  toutes  en 
un  acte,  qu'il  a  fait  jouer  jusqu'ici  :  —  \°  la 
Fleur  du  Val-Suzon,  Théâtre-Lyrique,  1862  ; 
2°  la  Barbe  de  £(!ia5so«,  Folies-Marigny,  1864  ; 
3°  Jérôme  Pointu,  Bouffes-Parisiens,  1864; 
4°  les  Amoureux  de  Fanchon,  Folies-Marigny, 
1864  ;  5°  les  Crêpes  de  la  Marquise,  Bouffes- 
Parisiens,  1865;  6°  les  Gammes  d'Oscar,  Fo- 
lies-Marigny ;  7"  Vaunavet  l'empailleur,  Dé- 
lassements-Comiques, 1866;  8°  Un  Bureau  de 
nourrices,  th.  Lafayette,  1867;  9°  VÉcaillére 
africaine,  Ih.  Cluny,  1867;  10°  Un  Merlan 
frit,  Folies-Marigny,  1868  ;  11" Ze  Double  Piège, 
salie  Herz,  1868;  \T  Ce  bon  roi  Dacjobert, 
Folies-Marigny,  1869;  13°  la  Première  Escar- 
mouche, avril  1870;  14°  le  Phoque  à  ventre 
6/«nc,Alca7,ar  d'été,  1871  ;  ih"  Crème  fouettée, 
Tertiilia,  1871;  16'^  le  Petit  Vert-Vert,  1872; 
17°  le  Garnisaire,  1872;  18"  le  Pommier 
des  Amours,  Tertulia,  1872  ;  19"  le  Trésor  de 
la  tante  Béchu,  id.,  id.;  20"  le  Tonneau  de 
Mignonne,  id.,  id.;  21°  la  Tunique  fatale,  id., 
1873  ;  22°  le  Piège,  1874  ;  23°  le  Hanneton  de 
la  Châtelaine,  salle  Taitbout,  1875  ;  24"  les 
Valets  modèles,  id.,  id.;  25°  les  Mules  de  Su- 
c-e/<e,  Bouffes-Parisiens,  1875;  26°  Oh!  c' Pa- 
ladin, Folies-Marigny,  1875  ;  27°  Un  Trio  d'af- 
famés, Fantaisies-Oller,  1876  ;  28°  Le  Pays  des 
bijoux  (2  actes),  Folies-Marigny,  1876.  A  tout 
cela,  il  faut  ajouter  encore  quelques  opérettes  de 
salon,  sans  plus  de  conséquence  que  toutes  celles 
qui  viennent  d'être  énumérées  :  les  Deux  Fian- 
cés, un  Mariage  d'autrefois,  etc.,  etc.,  et 
enfin  un  assez  grand  nombre  de  romances,  chan- 
sons et  chansonnettes  écrites  pour  les  cafés- 
concerts. 

*  DOURLEl\I(ViCT0R-CHARLEs-P\tL).  Quel- 
ques erreurs  .se  sont  produites  dans  la  notice  re- 
lative à  cet  artiste  fort  distingué.  Dourleii  était 
né  à  Dimkerque  le  3  novembre  1780  ;  il  obtint, 
au  concours  de  l'Inslitut,  le  deuxième  second 


prix  de  Rome  en  1804,  et  le  premier  grand  prijs. 
en  1805.  Auparavant,  il  avait  été  nommé  répéti- 
teur d'une  classe  de  solfège  au  Conservatoire  le 
28  décembre  1800,  et  avait  rempli  ces  fonctions 
jusqu'au  7  avril  1802.  Dix  ans  après,  le  8  avril 
1812,  il  devenait  professeur  adjoint,  et  le  1*^' 
avril  1816,  professeur  titulaire  d'harmonie,  et 
conservait  sa  classe  jusqu'au  15  novembre  1842, 
époque  à  laquelle  il  prenait  sa  retraite.  —  A  la 
liste  des  ouvrages  dramatiques  de  Dourlen, 
il  faut  ajouter  la  Vente  après  décès,  opéra-co- 
mique en  un  acte,  représenté  au  Gymnase  le 
1"  août  18'îl.  —  Cet  artiste  distingué,  dont 
l'enseignement  a  formé  école ,  est  mort  au  mois 
de  janvier  1864. 

DOYKIN  (Joseph),  musicien  flamand,  vi- 
vait à  la  fin  du  quinzième  siècle.  Il  mit  en  mu- 
sique diverses  pièces  de  poésie  pour  être  chan- 
tées, en  1496,  dans  les  fêtes  qui  signalèrent 
l'entrée  de  Philippe-le-Deau  à  Gand. 

DOZAIK'VILLE  ( ),   acteur  qui   se 

fit  une  grande  réputation  à  l'Opéra-Comique  en 
succédant  à  Trial,  venait  sans  doute  de  la  pro- 
vince lorsqu'en  1792  il  se  produisit  à  Paris,  en 
débutant  au  théâtre  Monlansier.  Au  bout  d'une 
année  environ,  il  fut  engagé  au  théâtre  Louvois, 
où  il  se  distingua,  mais  sans  pouvoir  marquer  sa 
place  d'une  façon  nette,  obligé  qu'il  était  de 
jouer  dans  l'opéra,  dans  la  comédie  et  même  dans 
la  tragédie.  Il  s'était  fait  assez  remarquer,  néan- 
moins, pour  qu'à  la  mort  de  Trial  (février  l795), 
le  théâtre  Favart,  qui  avait  besoin  de  remplacer 
cet  artiste,  appelât  à  lui  Dozainville  et  l'ins- 
tallât dans  l'etn[>loi  resté  vacant,  sans,  chose 
étonnante,  l'astieindre  à  ta  formalité  des  débuts. 
Dozainville,  qui  était  excellent  dans  cet  emploi 
des  niais  d'opéra  comique,  pour  lequel  il  ne 
faut  qu'un  petit  volume  de  voix  employé  avec 
adresse,  fut  aussitôt  agréé  du  public,  et  la  re- 
traite de  Thomassin  vint,  un  peu  plus  tard,  af- 
fermir sa  position.  Deux  rôles  qu'il  créa  dans 
le  Secret  et  dans  le  Jockey  le  mirent  tout  à  fait 
en  vogue.  «  Depuis  cette  époque,  dit  un  annaliste 
contemporain,  il  ne  fit  que  marcher  de  succès  en 
succès;  son  répertoire  s'agrandit,  et  les  faiseurs 
d'opéras-comiques  ne  travaillaient  plus  que  pour 
Dozainville.  Baillis,  financiers,  paysans,  rôles  à 
manteau  et  à  tablier  firent  partie  de  son  do- 
maine. Niais  bonasse  dans  le  Château  de  Mon- 
tenero  et  la  Maison  isolée,  niais  à  prétention 
dans  le  Tableau  des  Sabines,  sot  impudent 
dans  le  Jugement  de  Midas,  avare  égoïste  et 
dur  dans  la  Famille  américaine,  poltron  pi- 
teux dans  les  Deux  Chasseurs,  brusque,  sen- 
sible et  bon  dans  Adolphe  et  Clara,  grime 
chargé  dans  le  Locataire,  une  Folie^  etc.,  il 


280 


DOZAINVILLE 


DREUILH 


s'iienlifiait  de  la  manière  la  plus  parfaite 
avec  chacun  de  ses  personnages  (1).  » 

Fort  instruit,  très-spirituel,  particulièrement 
estimé  du  public  et  de  ses  camarades  parce 
qu'il  était  étranger  à  toutes  les  cabales  et  ne 
travaillait  pas  ses  succès,  Dozainville  mourut, 
au  plus  fort  de  sa  renommée,  dans  les  derniers 
jours  du  mois  de  décembre  1805. 

DRAESEKE  (Feux),  compositeur  d'un 
talent  très-excentrique,  dii-on  ,  est  né  à  Cobouig 
en  1835,  et  a  étudié  à  l'Université  de  Leipzig. 
Étant  à  Weimar,  il  se  lia  avec  M.  Liszt  et  ses 
partisans,  particulièrement  avec  M,  Hans  do 
Bùlow,  et  devint  l'un  des  collaborateurs  de  la 
Nouvelle  Gazette  musicale  de  Leipzig.  Il  sé- 
journa successivement  à  Dresde,àLausanne(l  868), 
où  il  alla  rejoindre  M.  Hans  de  Biilow,  puis  à 
Munich,  où  il  devint  professeur  à  l'École  de  mu- 
sique et  écrivit  beaucoup  dans  divers  journaux. 
Il  est  retourné  plus  lard  en  Suisse,  où  il  s'est 
fixé  définitivement.  M.  Draeseke  a  publié  diffé- 
rents petits  morceaux  pour  le  chant  ou  pour  le 
piano,  et  il  a  en  manuscrit  des  compositions  plus 
considérables,  entre  autres  un  opéra,  qui,  je 
crois,  n'a  pas  été  représenté. 

DRAHORAD  (Joseph),  compositeur,  né 
le  5  novembre  1816  à  Bohusla\ic,  en  Bohême,  a 
écrit  beaucoup  de  musique  religieuse  et  a  publié 
diverses  collections  de  chants  nationaux  bohé- 
miens. 

DREIXTIl  (E ),  instituteur  à  't  Waar 

(Pays-Bas),  a  publié  sous  ce  titre  :  Beknopte 
hanOleiding  tôt  de  hennis  van  de  théorie  dcr 
viuziek  {Instruction  concise  pour  ta  connais- 
sance de  la  théorie  de  la  musique,  Amster- 
dam, Brinkman,  1875),  un  manuel  assez  volu- 
mineux, contenant  des  notions  de  tout  ce  qui 
concerne  la  théorie  de  l'art  :  notation,  harmonie, 
mélodie,  contrepoint,  imitation,  canon,  fugue, 
formes  lyriques,  etc.  L'auteur  déclare  lui-même 
qu'il  a  utilisé,  pour  son  traité,  les  ouvrages  al- 
lemands, et  en  particulier  le  livre  de  B.  VA'id- 
mann,  qui  jouit  d'un  grand  succès. 

Ed.  de  h. 

DRESEL  (Otto),  pianiste  et  compositeur  dis- 
tingué, né  en  1826  à  Andernach,  sur  le  Rhin  ,  a 
fait  ses  études  musicales  sous  la  direction  de 
M.  Ferdinand  Hiller,  et  les  a  complétées  au  Con- 
servatoire de  Leipzig,  avec  Mendelssohn.  A  la 
mort  de  ce  dernier,  il  se  rendit  aux  États-Unis, 
résida  à  New-York,  comme  professeur,  de  1848 
à  1851,  et  en  1852  se  rendit  à  Boston,  où  il  a  fondé 
un  Institut  musical.  M.  DreSel  a  publié  un  cer- 
tain nombre  de  compositions  pour  le  piano  et 

(I)  Opinion  du  parterre,  1806. 


pour  le  chant ,  ainsi  que    plusieurs  œuvres  de 
musique  de  chambre,  trios,  quatuors,  etc. 

DREUILH  (J -J ),  violoniste  et  com- 
positeur, né  à  Bordeaux  en  1773,  entra  dès 
l'âgé  de  huit  ans,  en  1781,  à  la  maîtrise  de  la  ca- 
thédrale de  cette  ville,  où  il  commença  son  édu- 
cation musicale.  Il  étudia  l'harmonie  avec  un 
ancien  élève  de  Rameau  nommé  Giraud,  puis  le 
contrepoint  et  la  fugue  avec  François  Beck,  qui 
fut  sans  doute  aussi  son  professeur  de  violon. 
En  1790,  il  succéda  à  son  maître  Giraud  comme 
maître  de  chapelle,  et  la  première  œuvre  qu'il 
fit  exécuter  fut  un  Te  Deum  solennel  qui  lui  fui 
demandé  pour  la  fête  de  la  Fédération,  et  qui 
est  resté  la  propriété  de  la  cathédrale.  Appelé 
sous  les  drapeaux  en  1792,  il  servit  jusqu'en 
1794,  époque  à  laquelle  il  rentra  à  Bordeaux,  et 
peu  de  temps  après  il  succédait  à  son  autre 
maître  François  Beck,  comme  chef  d'orchestre 
du  Grand-Théâtre. 

Dreuilh  était  un  arlisle  distingué;  une  ambi- 
tion bien  naturelle  l'amena  à  Paris,  où  il  connut 
Mehul,  qui  lui  donna  des  conseils  et  fut  son 
ami.  Il  devint  un  instant  chef  d'orchestre  du 
théâtre  de  la  Cité,  et  donna  à  la  Gaîté,  le  5  no- 
vembre 1802,  un  petit  opéra-comi()ue  en  un 
acte  intitulé  le  Point  d'honneur.  Deux  ans 
après,  il  avait  quitté  Paris  pour  aller  occuper 
les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  Grand- 
Théâtre  de  Marseille,  et  faisait  représenter  sur 
ce  théâtre  Valaski  et  Ophélie  ou  le  Passage  de 
ruerniitoge,  opéra-comique  en  trois  actes.  Il 
revint  ensuite  à  Paris,  avec  l'espoir  d'aborder 
comme  compositeur  la  scène  de  l'Opéra.  11  n'y 
put  parvenir,  malgré  des  protections  et  un  talent 
véritable,  et  se  vit  obligé,  pendant  plusieurs  an- 
nées, d'écrire  la  musique  d'un  grand  nombre  d»; 
drames  et  de  pantomimes  pour  les  théâtres  des 
boulevards;  je  citerai  entre  autres  Iina  ou  les 
Deux  Mondes,  Kallick-Fergus ,  la  Nouvelle 
Jeanne  d'Arc,  Sophie  et  Linska,  Rachel  ou  la 
Belle  Juive,  Claire  et  Lovelace  ou  le  Séduc- 
teur (ce  dernier  ouvrage,  joué  en  1815,  écrit  en 
société  avec  un  autre  artiste  nommé  Henry), 
etc.,  etc. 

Dans  son  désir  de  se  produire  sur  une  scène  ,& 
inq)ortante,  Dreuilh  avait  refusé  les  offres  d'em-  ' 
ploi  les  jilus  avantageuses,  entre  autres  celle 
de  la  place  de  chef  d'orchestre  du  théâtre  impé- 
rial de  Saint-Pétersbourg-  Il  finit  pouitant  par 
se  décourager,  el,  lassé  d'attendre,  par  prendre 
la  résolution  de  retourner  en  province;  il  reprit 
ses  fonctions  de  chef  d'orchestre  dans  quelques 
graniles  villes,  puis,  en  1824,  fatigué  d'une  vie 
qui  n'offrait  plus  aucun  essor  à  son  andjilion,  il 
s'établit  à  Mort,  où  il  atteignit  la  vieillesse  en 


DREUILH 


DROUET 


284 


se  laissant  oublier.  C'est  là,  sans  avoir  jamais 
pu  donner  la  mesure  de  sa  valeur,  que  mourut 
cet  artiste  honorable,  au  mois  de  novembre  ou 
de  décembre  1858.  Il  était  âgé  de  quatre-vingt- 
cinq  ans. 

*  DREUX  (R -J....),  connu  sous  le  nom 

de  Dreux  le  jeune,  fils  du  llùtiste  Jacques- 
Philippe  Dreu\  (V.  Biographie  universelle  des 
JUusiciensJ.  111),  a  publié,  outre  les  morceaux 
signalés  à  son  nom,  un  concerto  de  piano,  avec 
accompagnement  de  <ieux  violons,  alto,  basse  et 
cor.  Dreux  entreprit  aussi,  avec  l'organiste  Las- 
ceux,  la  publication  d'un  recueil  périotlique  sans 
titre,  composé  de  |)ièces  de  clavecin  et  de  mor- 
ceaux de  chant,  dont  l'éditeur  était  M"*  Girard. 
Ce  recueil  paraissait  à  raison  de  vingt-quatre 
numéros  par  an,  et  Dreux  en  fournissait  douze 
pour  sa  part. 

DBKXKL  (F ),  guitariste  et  composi- 
teur allemand,  a  publié,  pour  le  chant  et  pour 
la  guitare,  un  grand  nombre  de  compositions 
parmi  lesquelles  je  signalerai  les  .'suivantes  : 
12  .Marches  pour  guitare,  op.  12  ;  Petil  bouquet 
mélodieux,  12  pièces  faciles  pour  guitare,  op. 
15;  6  Polonaises  pour  guitare,  op.  18  et  19; 
Recueil  de  pièces  faciles  et  agréables  pour  la 
guitare,  à  l'usage  des  commençants,  op.  31; 
12  Exercices  instructifs  et  amusants  pour  la  gui- 
tare, op.  46  et  47  ;  8  Polonaises  pour  guitare  ; 
9  Rondos  pour  la  guitare,  op.  60  ;  6  Cotillons 
pour  guitare  avec  piano,  op.  28  ;  6  lieder  avec 
accompagnement  de  guitare,  op.  15;  6  lieder, 
id..  op.  20  ;  20  lieder,  id.,  op.  32;  8  lieder,  id. 
t  *  DREYSCHOCK  (Alexandre).  Cet  ar- 
tiste extrêmement  distingué  est  mort  à  Venise, 
le  1"  avril  1869.  Depuis  1862  il  était  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  Saint-Pétersbourg, 
et  depuis  1865  pianiste  de  l'empereur  de  Russie, 
en  même  temps  que  maître  de  chapelle  du 
grand-duc  de  Hesse-Darmsladt.  Les  œuvres 
publiées  par  lui  pour  le  piano  sont  au  nombre 
de  140  environ. 

*  DREYSCHOCK  (Raymond),  frère  du 
précédent,  l'a  précédé  de  peu  de  semaines  dans 
la  tombe.  11  est  mort  à  Leipzig,  le  6  février 
1869. 

*  DROUET  (Louis-François-Peiilippe),  flû- 
tiste fort  distingue  et  compositeur  pour  son  ins- 
trument, est  mort  à  Berne,  où  il  s'était  retiré 
depuis  plusieurs  années,  au  mois  d'octobre 
1873.  Je  n'aurais  pas  à  m'étendre  davantage  sur 
cet  artiste,  si  des  documents  d'im  genre  parti- 
culier n'étaient  venus,  à  son  sujet,  faire  revivre 
une  question  qui,  d'ailleurs,  n'est  pas  sans  quel- 
que intérêt.  —  On  sait  que  la  reine  Hortense, 
femme  du  roi  de  Hollande  Louis  Bonaparte  et 


mère  de  Napoléon  III,  avait  sinon  des  aptitudes, 
du  moins  des  prétentions  musicales,  et  qu'elle  a 
publié  sous  son  nom  un  certain  nombre  de  ro- 
mances et  de  chants  dont  elle  aurait  composé  la 
musique,  et  dont  l'un  :  Partant  pour  la  Syrie, 
a  acquis,  par  suite  du  caractère  politique  qu'on 
lui  a  attaché,  une  sorte  de  célébrité.  Mais  on  sait 
aussi  que  la  paternité  de  ce  chant  prétendu  na- 
tional lui  a  été  contestée  plus  d'une  fois  et  qu'il 
a  été  attribué  à  plusieurs  artistes,  entre  autres 
au  fameux  harpiste  Dalvimare.  Or,  s'il  fallait 
en  croire  le  témoignage  de  Drouet  en  personne, 
nul  autre  que  lui  ne  serait  l'auteur  de  la  musi- 
que de  Partant  pour  la  Syrie.  Schilling,  qui 
écrivait  il  y  a  trente-cinq  ans,  et  qui  tenait  ses 
ren.seignements  de  Drouet  lui-même ,  l'avait 
donné  à  entendre  lorsqu'il  disait  :  «  Drouet  a 
été  le  secrétaire  musical  de  la  princesse  Pauline, 
sœur  de  l'empereur  Napoléon.  Cetie  princesse 
composait  des  romances,  mais  elle  ne  savait  pas 
les  écrire,  et  Drouet  était  chargé  de  cette  tâche. 
La  vie  de  la  princesse  Pauline  a  été  assez  com- 
mentée par  les  faiseurs  de  Mémoires,  mais  non 
point  de  telle  façon  qu'il  ne  restât  quelque 
obscurité  dans  les  détails.  On  en  peut  dire  au- 
tant en  ce  qui  concerne  Dronet.  Parfois  il  était 
appelé  vers  une  heure  de  l'après-midi  chez  la 
princesse,  celle-ci  se  trouvant  encore  au  lit;  elle 
fredonnait  quelques  notes  :  «  Comment  trouvpz- 
«  vous  cela,  monsieur  Drouet?  —  Charmant, 
«  princesse.  — Vraiment.'  Mettez-le  dune  sur  le 
■■<■  [lapier.  »  —  Et  Drouet  écrivait  aussitôt  quel- 
que chose  de  ses  propres  idées,  car  la  princesse 
ignorait  absolument  ce  qu'il  y  avait  à  faire  de 
trois  ou  quatre  modulations  dont  se  compose  une 
romance.  Drouet  occupa  aussi  les  fonctions  de 
secrétaire  musical  de  la  reine  Hortense,  et  ce 
serait  sous  la  dictée  de  la  reine  qu'il  aurait  écrit 
la  romance  :  Partant  pour  la  Syrie.  Drouet 
n'a  pas  été  récompensé,  ainsi  qu'on  l'a  dit,  de 
tout  le  temps  qu'il  a  consacré  à  la  reine.  y>{Uni- 
versal-Lexiconder  Tonkunsf.  Supplementbiatt, 
von  G.  Schilling,  Stuttgart,  1841.) 

Drouet  a  été  lui-même  bien  plus  explicite 
lorsque,  plus  tard,  —  il  y  a  quelques  années,  — 
il  publia,  dans  un  journal  allemand,  des  Mé- 
moires ou  des  fragments  de  Mémoires  sur  sa 
vie  artistique.  Je  n'ai  pas  eu  ce  journal  à  ma 
disposition,  mais  j'ai  eu  sous  les  yeux  trois 
numéros  d'une  feuille  spéciale  de  Chicago,  tfie 
Musical  Indépendant  (novembre  et  décembre 
1872  et  janvier  1873),  contenant  une  traduction 
anglaise  de  la  partie  des  Mémoires  de  Drouet 
qui  a  trait  à  Partant  pour  la  Syrie.  La  reine 
Hortense,  on  le  sait,  vivait  en  mésintelligence 
presque  continuelle  avec  son  époux,  le  roi  Louis, 


282 


DROUET  —  DUBOIS 


et  résidait  la  plupart  du  temps  à  Paris,  n'allant 
que  rarement  en  Hollande.  Pendant  les  courts 
séjours  que,  de  loin  en  loin,  elle  faisait  à  la  cour 
d'Utreclit,  son  passe-temps  favori  était  de  s'es- 
sayer à  mettre  en  musique  des  vers  que,  géné- 
ralement, elle  avait  elle-même  écrits.  «  Comme 
elle  était,  dit  Drouct,  absolument  ignorante  des 
règles  de  la  composition  et  même  de  la  notation, 
elle  suivait  en  cela  son  caprice,  et  cherchait  ces 
mélodies  en  fredonnant  et  en  faisant  des  rou- 
lades. Mais  comme  elle  était  même  incapable  de 
transcrire  correctement  ces  mélodies,  elle 
m'envoya  chercher  un  jour  pour  mettre  ses 
idées  sur  le  papier  et  leur  donner  une  forme  à 
peu  près  acceptable.  C'est  en  1807  que  je  reçus, 
pour  la  première  fois,  l'ordre  de  venir  auprès  de 
la  reine,  dans  son  appartement  particulier;  je 
n'avais  alors  que  quinze  ans,  et  je  parlais  libre- 
ment, en  vrai  Hollandais.  Elle  me  montra  quel- 
ques vers  faits  par  elle,  et  que  voici  : 

Partant  pour  la  Syrie 
Le  jeune  et  beau  Ounois 
(Rrr-rr  ta  plan!) 
Venait  prier  Marie 
De  bénir  ses  exploits. 
Faites,  reine  imnaorteUe,  :    '"■ 

Lui  dit- il  en  partant. 
Qu'aimé  de  la  plus  belle 
.le  sois  le  plus  vaillant. 
,  (Krr-rr  ta  plan  !) 

«  Elle  était  assise  devant  une  table,  et,  es- 
sayant de  chanter  quelques  notes,  elle  aurait 
bien  voulu  trouver  une  mélodie  qui  s'adaptât 
sur  ces  paroles.  Tout  en  s'occupant  de  cela,  elle 
mangeait  du  sucre  candi  et  arrangeait  de  cer- 
taine façon  un  paquet  de  cartes  étalé  devant 
elle.  C'était  à  moi  maintenant  de  construire  une 
romance  ou  une  ballade  avec  les  quelques  notes 
qu'elle  venait  de  chanter,  ou  plutôt  de  composer 
moi-même  une  mélodie  en  me  servant  des  frag- 
ments inventés  par  la  reine.  C'est  ainsi  qu'est 
né  l'air  bien  connu  :  Partant  pour  la  Syrie.  Si 
cette  petite  ballade  avait  été  publiée  comme 
étant  l'œuvre  d'un  obscur  garçon  de  quinze  ans, 
elle  aurait  passé  sans  doute  inaperçue;  mais 
venant  de  la  reine  Hortense,  elle  fut  bientôt 
l'objet  de  l'admiration  générale,  et  chacun  voulut 
l'avoir.  Le  succès  fut  immense,  et  Partant  pour 
la  Syrie  devint  pour  l'empire  ce  que  la  Mar- 
seillaise, avait  été  pour  la  république.  » 

Je  ne  saurais  entrer  ici,  à  ce  sujet,  dans  des 
détails  qui  dépasseiaient  les  bornes  que  je  dois 
consacrer  à  cette  notice.  Je  renvoie  ceux  qui 
voudraient  se  renseigner  plus  complètement  à 
un  article  que  j'ai  publié,  relativement  à  ce  fait, 
dans  ]&  Chronique  7nusicale  dut""  juin  1874. 
Ils  y  trouveront,  entre  autres  choses  curieuses. 


les  diverses  versions  musicales,  rapportées  par 
Droaet,  des  motifs  qui  composent  la  trop  fa- 
meuse romance  dont,  sans  s'en  exagérer  en  au- 
cune façon  l'importance,  il  revendique  la  pater- 
nité. Mais  il  ne  m'a  pas  semblé  inopportun  de 
rappeler,  d'après  lui,  l'enfantement  et  les  origines 
de  Partant  pour  la  Syrie.  A  moins  que  cet 
artiste  n'ait  voulu  se  rendre  coupable,  sur  ses 
vieux  jours,  d'une  immense  mystification,  à 
laquelle  il  n'avait  d'ailleurs  aucun  intérêt,  son 
amour-propre  n'ayant  que  médiocrement  lieu 
d'être  tlalté  de  la  composition  qu'il  s'attribue, 
je  pense  qu'on  peut  tenir  pour  exacts  et  vrais 
les  détails  qu'il  donne  à  son  sujet.  En  tous  cas, 
ces  détails  m'ont  paru  assez  intéressants  pour 
n'être  pas  ignorés  en  France. 

Drouet  a  (lublié  une  Méthode  estimée  pour 
son  instrument. 

DUBARROIS  ( ),  compositeur,  vi- 
vait à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Il  a  écrit 
la  musique  de  deux  opéras-comiques  repré- 
sentés au  théâtre  des  Jeunes-Artistes  :  Lolotte 
et  Fanfan,  trois  actes,  le  9  ventôse  an  xi 
(28  février  1803)  ;  et  les  Faux  Parents,  un 
acte,  le  9  fructidor  suivant  (27  août  1803). 

*  DUBOIS  (Amédée),  violoniste,  directeur 
de  l'école  communale  de  musique  de  Tournay, 
est  mort  en  cette  ville  le  1*'  octobre  1865. 

*  DUBOIS  (CH\RLEs-VicroR),  professeur 
d'harmonium  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  est 
mort  à  Ixelles-lez-Briixelles  le  11  février  1869. 

DUBOIS  (Paul),  frère  de  madame  Casimir 
qui  créa  le  Préaux- Clercs  à  l'Opéra-Comique, 
a  occupé  à  Marseille  les  fonctions  de  violon-solo 
au  Grand -Théâtre.  Il  prit  part  à  la  création  de 
la  Société  des  quatuors  (Quatuor  Millont),  qui 
depuis  l'année  1849  a  propagé  dans  cette  ville 
le  goût  et  la  parfaite  connaissance  de  la  musique 
de  chambre  :  il  y  jouait  l'alto.  Paul  Dubois  était 
aussi  compositeur  :  il  a  écrit  trois  quatuors 
pour  instruments  à  cordes,  qui  furent  sucessi- 
vement  exécutés  par  la  Société  de  quatuors 
dans  le  courant  des  années  1849-1852-1853. 
Ceux  qui  les  ont  entendus  leur  reconnaissent 
une  réelle  valeur.  Deux  de  ces  quatuors  sont 
inédits;  le  troisième,  en  mi  bémol,  dédié  à 
M.  Bonnefoy,  a  été  gravé  à  Marseille.  Paul 
Dubois  quitta  Marseille  vers  1854. 

Al.  R— n. 

DUBOIS  (Clément-Frvnçois-Théodore),  un 
des  jeunes  maîtres  qui  semblent  devoir  être 
l'honneur  et  le  soutien  de  la  jeune  école  musi- 
cale française,  est  né  à  Rosnay  (Marne),  le 
24  août  1837.  Il  vint  jeune  à  Paris  et  entra  au 
Conservatoire,  où  il  fit  de  brillantes  études, 
60US  la  direction  de  M.  Laurent  pour  le  piano, 


DUBOIS 


283 


de  M.  Bazin  pour  l'harmonie  et  accompagne- 
ment, fie  M.  Benoist  pour  l'orgue,  enfin  de 
M.  Ambroise  Thomas  pour  la  fogue  et  la  com- 
position. En  1855,  il  obtenait  un  premier  acces- 
sit d'harmonie  et  accompagnement;  en  t856, 
le  premier  prix  d'harmonie  et  un  troisième 
accessit  de  piano;  en  1857,  un  second  acces^sit  de 
piano,  un  premier  accessit  d'orgue  et  le  premier 
prix  de  fugue;  en  1858,  le  second  prix  d'orgue; 
en  1859,  le  premier  prix  d'orgue  et  le  second 
prix  de  Rome  à  l'Académie  des  Beaux-Arts  ; 
enfin,  en  1861,  le  premier  grand  prix  de 
Rome.  Le  concours  de  Rome  était  particulière- 
ment brillant  en  cette  année  1861,  puisque, 
outre  le  premier  prix  décerné  à  M.  Théodore 
Dubois,  l'Acadi^mie  jugea  à  propos  de  donner 
deux  seconds  prix,  l'un  à  M.  Salomé,  l'autre  à 
M.  Antliiome,  et  qu'une  mention  honorable  fut 
attribuée  à  M.  Charles  Constantin.  Et  pourtant 
M.  Dubois  fut  couronné  dans  des  circonstances 
tout  exceptionnelles  ;  à  peine  entré  en  loge  il 
tombait  malade,  atteint  de  la  petite  vérole,  et 
était  contraint  de  s'aliter.  Tout  le  monde  le 
croyait  hors  de  concours,  mais  on  comptait  sans 
son  courage  et  son  énergie  ;  à  peine  convales- 
cent, il  sollicita  un  sursis,  qui  lui  fut  naturelle- 
ment accordé,  et  c'est  dans  de  telles  conditions 
qu'il  acheva  sa  cantate  de  façon  à  mériter  le 
premier  prix. 

Chantée  en  séance  publique  par  M'^"  Monrose, 
MM.  Warot  et  Battaille,  celte  cantate  di^passait  la 
moyenne  ordinaire  des  œuvres  de  ce  genre,  et 
Toici  comment  en  parlait  un  journal  spécial,  la 
Revue  et  Gazette  musicale  :  «  La  cantate  de 
M.  Dubois  est  certainement  l'une  des  meilleures 
que  nous  ayons  entendues.  Le  texte  poétique 
avait  pour  sujet  et  pour  titre  Atala.  M.  Victor 
Roussy  n'en  a  pas  tiré  des  situations  bien 
fortes,  mais  elles  fournissaient  au  compositeur 
une  carrière  suffisante,  et  M.  Dubois  en  a  pro- 
fité avec  un  vrai  t;ilcnt.  Son  prologue  instrumental 
est  d'un  style  excellent,  d'un  coloris  gracieux 
et  tendre;  ses  morceaux  de  chant  ont  le  tour 
mélodique  et  se  distinguent  par  une  certaine 
liberté  qui  annoncent  le  maître....  » 

Parti  pour  Rome,  M.  Dubois  y  travailla  avec 
ardeur,  et  envoya  à  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  ,  outre  une  messe  solennelle  et  une  pre- 
mière ouverture,  une  seconde  ouverture  de 
concert,  en  ré,  qui  fut  exécutée  au  Conserva- 
toire en  1866.  De  plus,  c'est  d'Italie  qu'il  prit 
part  au  concours  ouvert  au  Théâtre-Lyrique 
(1864)  pour  la  composition  d'un  opéra  en  trois 
actes,  la  Fiancée  cfAbydos.  Ce  concours, 
exclusivement  réservé  aux  grands  prix  de 
l'institut  qui  n'avaient  eu  encore  aucun  ouvrage 


représenté,  réunit  MM.  Barthe,  l*"^  prix  de  1854, 
Jean  Conte  (1855),  Samuel  David  (1858),  Pa- 
ladithe  (1860)  et  Th.  Dubois  (1861).  Ce  fut 
M.  Barthe  (Voyez  ce  nom)  qui  fut  couronné. 
Depuis  lors,  M.  Dubois  a  fait  exécuter,  dans 
quelques  concerts,  des  fragments  de  sa  partition 
de  la  Fiancée  d'Abydos,  et  je  me  souviens 
d'en  avoir  entendu  un  chœur  dansé  qui  est  d'un 
eflet  charmant. 

De  retour  en  France  en  1866,  M.  Dubois  se 
livra  à  l'enseignement,  tout  en  cberchant  inuti- 
lement à  se  faire  jouer,  comme  il  arrive  à  tous 
nos  jeunes  compo.-iteurs.  Il  devint  maître  de 
chapelle  à  l'église  Sainte-Clotilde,  et,  ne  pou- 
vant se  produire  au  théâtre,  se  tourna  du  côté  de 
la  musique  sacrée  et  fil  exécuter  en  cette  église, 
le  vendredi  saint  de  l'année  1867,  une  œuvre 
très-importante  et  très-soignée,  les  Sept  Pa~ 
rôles  du  Christ,  oratorio  pour  soli,  chœurs  et 
orchestre,  dont  la  Société  des  concerts  du  Con- 
servatoire fit  entendre,  quelques  années  plus 
tard,  deux  fragments  fort  remarquables  et  qui 
décelaient  un  maître  à  venir.  Bientôt  M.Dubois 
produisait,  dans  les  concerts,  plusieurs  compo- 
sitions de  divers  genres  :  à  la  Société  nationale 
de  musique  quatre  jolies  mélodies  vocales,  trois 
morceaux  de  piano,  et  un  chœur  religieux  avec 
soli,  Deus  Abraham,  d'un  excellent  effet;  et 
au  Casino  une  ouverture  de  concert  en  si  mi- 
neur. 

Cependant,  depuis  quatre  ans,  le  jeune  artiste  l 
avait  fait  recevoir  à  l'Opéra-Comique  un  ou- 
vrage en  un  acte,  la  Guzla  de  VÉmir.  Impa- 
tienté de  voir  que  ce  théâtre,  manquant  à  sa 
mission  et  à  ses  engagements,  ne  se  décidait 
pas  à  le  jouer,  il  retira  sa  partition  et  la  porta 
au  petit  théâtre  de  l'Athénée,  qui  la  mit  aussitôt 
à  l'étude  et  où  la  Guzla  fut  représentée  avec 
un  vif  succès  le  30  avril  1873.  La  Guzla  de 
VÉmir  est  un  ouvrage  charmant  et  plein  de 
distinction,  écrit  dans  le  vrai  ton  de  l'opéra  co- 
mique, et  qui,  partout  ailleurs  qu'en  France,  où 
les  musiciens  sont  si  peu  encouragés,  aurait  ou- 
vert à  son  auteur  les  portes  des  théâtres  les  plus 
importants. 

M.  Dubois  avait  prit  part  en  1867  au  concours 
ouvert  pour  la  partition  du  Florentin  ;  il  n'y 
avait  pas  été  plus  heureux  qu'à  celui  de  la 
Fiancée  d'Abydos,  car  cette  fois  l'heureux 
vainqueur  fut  M.  Ch.  Lenepveu  {Voyez  ce  nom). 
Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  jeune  compo- 
siteur semble  posséder  toutes  les  qualités  qui 
constituent  le  music  ien  dramatique  :  le  senti- 
ment de  la  scène,  l'abondance  mélodique,  et  la 
science  de  la  modulation  et  de  l'instrumentation 
Cependant,  ne  trouvant  pas  à  se  reproduire  au 


284 


DUBOIS  —  DUCHEMIN-BOISJOUSSE 


théâtre,  il  ne  se  découragea  point  et  tourna  ses 
Tues  ailleurs.  Il  fit  exécuter  aux  concerts  du 
Cliàleiet  (9  février  1874)  de  jolies  Pièces  d'or- 
chestre,  aux  Concerts  populaires  (l'"'  novembre 
1874)  un  air  de  ballet  élégant,  à  la  Société  na- 
tionale de  musique  (13  février  1875),  uu  motet  : 
Tu  es  Petrus,  pour  chœur  et  solo  avec  accom- 
pagnement d'orgue,  harpe,  violoncelle  et  conire- 
basse,  et  publia  un  joli  recueil  de  12  Petites 
pièces  pour  piano  (Paris,  Hartmann).  Eiilin,  il 
écrivit  un  grand  oratorio,  le  Paradis  perdu, 
qui  n'a  pu  être  exécute  jusqu'ici,  mais  que  le 
nou\eau  Théàtre-Lynque  doit  produire  inces- 
samment dans  une  de  ses  intéressantes  matinées 
musicales. 

Heureusement  pour  lui,  M.  Th.  Dubois  n'est 
pas  à  la  meici  des  ilirecleurs  de  théâtres,  l'oit 
jeune  encore,  il  a  su  se  faire  une  situation 
honorable  et  indépendante.  Devenu  d'aboid 
maître  de  chapelle  à  la  Madeleine,  dont  il 
est  aujourd'hui  organiste,  il  a  été  appelé,  en 
1871,  à  recueillir  la  succession  de  M.  Elwait 
comme  professeur  d'harmonie  au  Conserva- 
toire. Il  occupe  donc  une  situa  lion  enviable,  et 
telle  que  bien  des  prix  de  Rome,  hélas  !  revenus 
aujourd'hui  de  leurs  illusions  premières,  seraient 
heuieux  de  la  posséder.  Il  n'en  est  pas  moins 
douloureux  de  voir  qu'un  artiste  ti  bien  doue  ne 
puisse  se  produire  plus  fréquemment  devant  le 
public,  et  qu'il  n'ait  pu  jusqu'ici  donner  qu'une 
seule  fois  la  preuve  de  ses  rares  faculté»  scéniques. 

En  dehors  des  œuvres  énumerees  ci-dessus, 
M.  Dubois  a  publié,  chez  l'éditeur  i\I.  Heugel, 
plusieurs  jolies  pièces  de  piano:  Chœur  et  Ddnse 
des  lutins,  op.  7;  Marche  orientale,  op.  8; 
Scherzo,  op.  10;  liluetle  pastorale,  op.  11; 
Rêverie-prélude,  op.  12;  Allegro  de  bravoure, 
op.  13;  Scherzo  et  choral,  op.  18;  Divenisse- 
rneut,  op.  19  ;  Intermezzo,  op.  20. 

M.  Théodore  Dubois  a  épousé  M"'  Duvinage, 
lille  du  chef  d'orchestre  de  l'ancien  théâtre  de 
la  Renaissance. 

DUBOULLAI( ).  Sous  le  nom  de 

ce  compositeur,  resté  d'ailleurs  complètement 
inconnu,  on  a  représenté  uu  théâtre  Feydeau, 
le  23  juin  1792,  un  opéra-comique  intitulé  les 
Plaideurs. 

DUJiUAT  ( ).  Un  musicien  de  ce  nom 

a  écrit,  en  société  avec  quatre  autres  artistes, 
Dugazon  his,  Bertaud,  Pradher  et  Quinebaud,  la 
partition  d'un  petit  ouvrage  en  un  acte,  le  Voi- 
sinage, qui  fut  représenté  au  théâtre  Favart  en 
1800.  L'année  suivante,  le  même  compositeur 
donnait,  mais  seul  cette  fois,  au  théâtre  des 
Jeunes-Artistes,  un  autre  opéra-comique  en  un 
acte,  intitulé  la  Fausse  Apparence. 


DUBUISSON  (MATHLRm),  musicien  dis- 
tingué, était  attaché  à  la  chapelle  du  roi  Louis  XII 
dans  les  premières  années  du  seizième  siècle. 
Le  chapitre  de  l'église  métropolitaine  de  Rouen 
voulant  se  l'attacher  pour  diriger  sa  maîtrise, 
lui  fit  un  présent  de  vingt  écus  d'or  qui  décida 
l'artiste  à  accepter  celte  situation  en  1506,  sous 
la  promesse  d'un  bénéfice  que  le  cardinal-ar- 
chevêque ne  lui  fit  pas  longtemps  attendre. 

DU  BUISSON  ou  DUBUISSOiX  ( ), 

compositeur  du  dix-septième  siècle,  ne  m'est 
connu  que  parce  qu'en  dit  Titon  du  Tillet  dans 
son  Parnasse  français.  Parlant  des  musiciens 
qui  se  distinguèrent  du  temps  de  Michel  Lam- 
bert, cet  écrivain  cite  ain.-i  Du  Buisson  :  «  Du 
Buisson  peut  bien  paraître  encore  ici  ;  celait  un 
fameux  buveur,  qui  donnoit  volontiers  des  leçons 
de  musique  et  de  table  à  MM.  les  étrangers,  et 
surtout  aux  Allemands  qui  venoient  passer 
quelque  tems  à  Paris  ;  il  a  composé  un  grand 
nombre  d'airs  bacchiques  des  plus  agréables.  » 
On  trouve  des  airs  de  Du  Buisson  et  de  beau- 
coup d'autres  musiciens  de  son  temps  dans  les 
recueils  publiés  par  Christophe  Ballard. 

DUCASSI  Y  OJEDA  (Ignacio),  prêtre  et 
compositeur,  naquit  à  Barcelone  le  18  janvier 
1775.  11  reçut  une  bonne  éducation  musicale,  et 
fut  maître  de  chapelle  de  l'église  de  l'Incarnation 
de  Madrid,  en  même  temps  que  compositeur  et 
organiste  surnuméraire  de  la  chapelle  royale, 
Les  nombreuses  compositions  religieuses  de 
Ducassi,  écrites  généralement  dans  le  style  mo- 
derne, ou  libre,  sont  très-estimées  ;  elles  consis- 
tent en  messes,  psaumes,  motets  et  autres  œu- 
vres importantes,  pour  la  phipart  à  plusieurs 
voix  avec  accompagnement  instrumental.  Quel- 
ques pièces  pour  voix  seules,  en  style  rigou- 
reux, sont  aussi  fort  appréciées.  Cet  artiste, 
«également  distingué  sous  le  rapport  du  talent 
et  du  caractère,  est  mort  en  1824,  âgé  seule- 
ment de  quarante-neuf  ans.  Il  avait  un  frère, 
Manuel  Ducassi,  qui  fut  prêtre  et  basse  de  la 
chapelle  royale. 

DUCHALIOT  (Charles),  chanteurfrançais, 
qui  tenait  en  Italie  l'emploi  des  basses  comiques, 
a  fait  représenter  sur  le  théâtre  italien  de  Cons- 
tantinople,  en  1857,  un  opéra  bouffe  intitulé 
una  i\oite  di  terrore,  dont  il  avait  écrit  la  mu- 
sique. 

DUCHEMIIV  -BOISJOUSSE     ( ), 

théoricien  et  professeur,  a  publié  en  1858  l'ou- 
vrage suivant  ;  La  musique  en  60  leçons,  mé- 
thode complète,  précédée  d'un  nouveau  traité 
élémentaire  de  mélodie  et  d'harmonie,  avec 
des  exemples  rhythmés,  à  trois  et  quatre  par- 
ties, Paris,  Benoît. 


DUCRAY-DUMINIL  —  DUFRESNY 


285 


*  DUCRAY-DUMIIVIL  (  François- 
GwifcAUME).  Dans  son  intéressante  collection 
des  Chants  et  chansons  populaires  de  la 
France,  Du  Mersan  a  reproduit  la  Marmotte 
en  vie,  chanson  dont  Ducray-Duminil  a  écrit 
les  paroles  et  la  musique,  et  il  l'a  acconnpagnée 
d'une  notice  dans  laquelle  se  trouvent  ces  li- 
gnes :  :<  ....  On  trouve  dans  ses  romans  beau- 
coup de  romances  et  de  chansons  dont  il  frti- 
.sait  lui-môme  les  paroles  et  les  airs  ;  Ducray- 
Duminil,  avant  de  se  faire  littérateur,  avait  élé 
maître  de  musique,  et  donnait  des  leçons  de 
guitare,  ce  qu'il  a  prouvé  lui-même,  dans  une 
Chanson  à  Mademoiselle  Roy...,  qui  me  re- 
prochait d'être  distrait  en  lui  donnant  une 
leçon  de  musique,  imprimée  dans  VAlmanach 
des  Grâces  de  1788.  Ses  airs  et  ses  chansons 
eurent  beaucoup  de  vogue,  et  ce  fut  probable- 
ment le  succès  de  la  Danse  du  petit  Marmot, 
dans  Petit-Jacques  et  Georgetie,  qui  lui  fit  faire 
les  Aventures  de  la  Marmotte.  Cette  chanson, 
qui  a  paru  dans  les  Étrennes  lyriques  et  ana- 
créontiques  de  1793,  est  restée  populaire  jus- 
qu'à présent,  et  l'air,  qui  est  naïf  et  original,  a 
été  employé  avec  succès  dans  la  lameu  se  an- 
chon  la  Vielleuse.  On  a  souvent  employé  dans 
les  vaudevilles  l'air  de  la  Croisée,  qui  est  de  cet 
auteur.  Les  almanachs  chantants  sont  remplis 
de  ses  productions,  dont  Rivarol  se  moquait.  » 
Ducray-Duminil  donnait  en  effet  des  leçons  de 
musique,  car  on  trouve  la  qualification  de  pro- 
fesseur accompagnant  son  nom  en  tête  de  plu- 
sieurs chansons  insérées  dans  le  recueil  :  Étren- 
nes de  Polymnie,  chansons  dont  il  avait  écrit  la 
musique  sur  des  paroles  qui  n'étaient  point  de 
lui. 

Ducray-Duminil  est  l'auteur  d'un  volume  du 
célèbre  almanach  théâtral  publié  sous  ce  titre  : 
Les  Spectacles  de  Paris,  par  le  libraire  Du- 
chesne.  Dans  la  notice  nécrologique  que  lui  a 
consacrée  le  rédacteur  de  V Annuaire  dramati- 
que de  1820,  il  est  dit  que  «  Ducray-Duminil 
fut  incarcéré  pendant  la  Terreur,  »  et  que  «  c'est 
en  prison  qu'il  a  rédigé  l'un  des  almanachs  des 
spectacles  de  Duchesne,  en  deux  parties.  »  Il 
s'agirait  donc  ici  de  l'Almanach  de  1794,  si  utile 
pour  l'histoire  du  théâtre  et  de  la  mu.sique,  et 
avec  lequel  la  collection  fut  interrompue. 

DUCROC( ).  Sous  lenom  dece  composi- 
teur, resté  absolument  inconnu,  on  trouve,  dans 
le  recueil  de  chansons  à  quatre  parties  publié 
vers  1530  par  l'imprimeur  Pierre  Attaignant,  la 
musique  du  motet  :  Ecce  tu  pulchra  es. 

DUCROQUET  ( ),   facteur   d'orgues 

distingué,  a  construit  pour  plusieurs  églises  de 
France  des  instruments  remarquables,  parmi 


lesquels  on  cite  en  première  ligne  le  bel  orgue 
de  l'église  Saint-Eustache,  à  Paris,  dont  l'inau- 
guralion  eut  lieu  .en  1854.  La  fabrique  d'orgues 
de  Ducroquet  fut  vendue  en  1855  à  la  société 
Merklin-Schtiltze,  de  Belgique,  qui  se  trouva 
ainsi  posséder  deux  grandes  maisons ,  l'une  à 
Bruxelles,  l'autre  à  Paris. 

DUESIÎEIIG  (Henri-Joseph-Maria),  né  à 
Munster  (Prusse),  le  20  septembre  1793,  est 
mort  à  Paris,  où  depuis  longtemps  il  s'était  fixé, 
le  fi  juillet  1864.  Il  s'occupait  de  littérature  mu- 
sicale, et  fut  pendant  plusieurs  années  l'un  des 
actifs  collaborateurs  de  la  Revue  et  Gazette 
musicale  de  Paris  et  de  la  Revue  française,  à 
qui  il  fournit  un  grand  nombre  d'articles  consis- 
tant en  traductions  de  livres  et  de  travaux  alle- 
mands spéciaux. 

DUFAY  (l'abbé),  prêtre  et  musicien,  est 
l'auteur  d'un  manuel  intitulé  :  Science  théorique 
et  pratique  du  plain-chant  et  de  la  psalmo- 
die, à  l'usage  des  séminaires,  des  collèges  et 
des  écoles  chrétiennes,  Paris,  Repos. 

DUFLITZ  ( ),  organiste  et  claveciniste 

français,  vivait  au  dix-huitième  siècle.  Élève  de 
Dagincourt  pour  l'orgue,  il  remplit  d'abord  les 
fonctions  d'organiste  dans  l'une  des  nombreuses 
églises  de  Rouen.  Plus  tard  il  modifia  sa  carrière, 
vint  à  Paris,  et  s'y  livra  entièrement  à  l'exécu- 
tion du  clavecin,  sur  lequel  il  paraît  avoir  ac- 
quis une  réelle  habileté.  «  On  lui  trouve,  disait 
Daquin  dans  son  Siècle  littéraire  de  Louis  XV, 
beaucoup  de  légèreté  dans  le  toucher  et  une 
certaine  mollesse,  qui,  soutenue  par  des  grâces, 
rend  à  merveille  le  caractère  de  plusieurs  de  ses 
pièces.  »  Dutlilz  a  composé,  en  effet,'un  certain 
nombre  de  pièces  pour  le  clavecin. 

DllFRESNE  (Alfred),  compositeur  dra- 
matique, fit  de  bonnes  études  au  Conservatoire, 
où  il  fut  élève  d'Halévy.II  a  fait  représenter  les 
ouvrages  suivants,  tous  en  un  acte  :  ^Revenant 
de  Pantoise,  Bouffes  Parisiens,  19  février  1856; 
1°  Maure  Bâton,  id.,  31  mars  1858  ;  3°  les  Va- 
lets de  Gascogne,  Théâtre-Lyrique,  2  juin  1860; 
4°  V  Hôtel  de  la  Poste,  Bouffes -Parisiens, 
2:^  novembre  1860.  Il  y  avait  du  goût,  une  ins- 
piration aimable  et  de  bonnes  qualités  scéniques 
dans  ces  compositions.  Dufresne  est  mort  au 
mois  de  mars  1863,  âgé  seulement  de  41  ans.  II 
avait  débuté  par  la  publication  de  plusieurs  mé- 
lodies vocales  d'un  contour  aimable  et  d'une 
heureuse  inspiration,  entre  autres  une  série  de 
douze  morceaux  intitulée  Soirées  d'automne 
(Paris,  Gérard). 

DUFRESl\Y  (Charles),  sieur  DELA  RI- 
VIÈRE, poète  dramatique,  émule  et  collabora- 
teur de  Regnard,  avec  lequel  il  travailla  pour  la 


286 


DUFRESNY  —  DUJARDIN 


Coraédie-Italieone  et  pour  la  Comédie-Française, 
naquit  à  Paris  en  1648.11  n'est  point  mentionné 
ici  pour  ses  jolies  comédies  Za  Coquette  de  Vil- 
lage, le  Mariage  rompu,  le  Double  Veuvage 
et  la  Réconciliation  normande,  mais  pour 
certaines  aptitudes  musicales  naturelles,  dont 
l'abbé  de  Laporte  a  parlé  ainsi  dans  ses  Anec- 
dotes dramatiques  :  «  Dufresny  avoit  reçu  de  la 
nature  beaucoup  de  gortt  pour  tous  les  arts,  pein- 
ture, sculpture,  architecture,  jardinage.  Il  avoit 
un  talent  naturel  et  particulier  pour  la  musique 
et  pour  le  dessin.  Les  airs  de  ses  chansons  de 
caractère,  qui  sont  gravés  à  la  fin  du  recueil  de 
ses  œuvres,  sont  de  sa  composition.  Cependant 
il  n'eut  jamais  de  principes  de  musique,  et  il 
étoit  obligé,  lorsqu'il  avoit  composé  un  air,  de 
le  venir  chanter  à  Grandval,  qui  avoit  la  bonté 
de  le  lui  noter,  il  est  fâcheux  qu'il  nous  en 
reste  si  peu  de  sa  façon,  puisqu'il  convient,  dans 
un  de  ses  Mercures ,  d'en  avoir  fait  plus  do 
cent.  >•  Dufresny  avait  fait,  entre  autres,  les  airs 
de  sa  comédie  le  Double  veuvage,  représentée 
en  1702.  Il  est  mort  à  Paris  le  6  octobre  1724. 

*  DUGAZOM  (Louise  Rose  ou  Rosalie  LE- 
FEVKE,  dame). On  trouvera,  surcetleadmirable 
artiste,  une  notice  très-étendue  et  très-complète 
dans  l'ouvrage  suivant  :  Figures  d'opéra-co- 
mique, par  Arthur  Pougin  (Paris,  Tresse,  in  8°, 
1875).  Bouilly,  dans  divers  chapitres  du  pre- 
mier volume  de  ses  Récapitulations  {Second 
essai  dramatique.  Première  entrevue  avec 
Grétry,  Première  représentation  de  Pierre  le 
Grand),  a  donné  aussi  des  détails  peu  connus 
et  pleins  d'intérêts  sur  M""^  Dugazon. 

*  DUGAZOX  (Gustave).  Cet  artiste  avait 
fait  ses  débuts  de  compositeur  dramatique  en 
écrivant,  en  société  avec  Bertaud,  Dubuaf, 
Pradher  et  Quinebaud,  la  musique  d'un  petit 
ouvrage  en  un  acte,  le  Voisinage,  représenté  au 
théâtre  Favart  en  1800. 

DUGUET  (DiEUDONSÉ),  organiste  et  compo- 
siteur de  musique  religieuse,  né  à  Liège  en 
1794,  fut  sous  ce  double  rapport  l'un  des  ar- 
tistes les  plus  distingués  de  la  Belgique.  Devenu 
organiste  de  l'église  Si-Denis  de  sa  ville  natale, 
puis  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale,  il 
fonda  avec  Jaspar  et  Henrard  une  école  de  mu- 
sique qui  fut,  lors  de  la  création  du  Conserva- 
toire, annexée  à  cet  établissement.  Dnguet  exerça 
une  influence  considérable  sur  l'étude  de  la  mu' 
sique  relijii  use  à  Liège,  et  dès  1830,  c'est-à- 
dire  à  l'époque  où  les  grandes  œuvres  en  ce 
genre  des  maitresallemands  et  de  l'école  de  Che- 
rubiiii  étaient  absolument  inconnues  au  reste  de 
la  Belgique,  l'ext^cntion  en  était  fréquente  en 
cette  ville  et  s'y  faisait  dans  d'excellentes  condi- 


tions. Il  composa  pour  le  service  de  la  cathé- 
drale une  messe  et  un  Te  Detim  que  l'on  dit 
fort  remarquables,  et  dont  les  manuscrits  sont 
conservés  à  la  maîtrise  de  cette  église.  Parmi 
ses  œuvres  publiées  (Liège.  Muraille),  on  re- 
marque une  série  de  Préludes  et  Versets  pour 
orgue,  des  litanies  à  une,  deux  et  trois  voix,  un 
Livre  d'orgue  contenant  l'accompagnement  du 
plainchant  pour  les  principaux  offices  de  l'an- 
née, et  plus  de  trente  motets.  Duguet,  qui,  à  la 
suite  d'une  ophtalmie,  était  devenu  complète- 
ment aveugle,  mourut  à  Liège  en  1849. 

DUHAUPAS  (Albert),  organiste  et  com- 
positeur, né  à  Arras  (Pas-de-Calais)  le  22  avril 
1832,  apprit  de  son  père,  organiste  de  la  cathé- 
drale et  chef  de  la  société  philharmonique  de 
cette  ville,  les  premiers  éléments  de  la  musique, 
puis,  devenu  orphelin,  reçut  des  leçons  d'un  ar- 
tiste allemand  nommée  Neuland,  et  vint  ter- 
miner son  éducation  au  Conservatoire  de  Paris, 
oii  il  (ut  élève  de  M.  Marmontel.  De  retour  dans 
sa  ville  natale,  il  y  devint  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale,  directeur  de  la  Société  des  Orphéo- 
nistes d'Arras ,  qu'il  sut  rendre  l'une  des  meil- 
leures de  France ,  et  .se  livra  à  l'enseignement 
et  à  la  composition.  Comme  compositeur  reli- 
gieux, M.  Duhaupas  a  écrit  une  messe  à  quatre 
voix  d'hommes,  des  chants  d'églises  de  divers 
genres,  et  de  nombreux  motets,  entre  autres  un 
recueil  de  Dix  violets  au  Très-Saint-Sacre- 
ment  pour  2  sopranos, ténor  et  basse  (Paris,  Be- 
pos).  On  a  puldié  de  lui  plusieurs  morceaux  de 
piano,  des  chœurs  orphéoniqiies  :  la  Chasse, 
Christophe  Colomb,  le  Réveil  de  l'Aurore, 
Justicia,  Tout  dort,  et  un  album  de  mélodies 
vocales  intitulé  les  Chants  du  soir  (Paris,  Heu- 

gel). 

DUHOT  (Charles),  compositeur,  a  fait  re- 
présenter sur  le  théâtre  de  Douai,  au  mois  de 
février  1861,  un  opéra  en  un  acte  intitulé 
David. 

*  DUJARDIiV  (Dominique),  prêtre  et  com- 
positeur, maître  de  chapelle  de  la  calhédrnle  de 
Rouen,  vivait  au  seizième  et  non  au  dix- sep- 
tième siècle,  comme  il  a  été  dit  par  erreur. 
C'est  en  1536,  et  non  en  1636,  qu'il  fut  placé 
à  la  maîtrise  de  Rouen,  où  il  resta  jusqu'en 
janvier  1548;  c'est  en  mars  1559  qu'il  y  fut 
rappelé,  et  c'est  en  1565  qu'il  mourut.  Dans 
sa  jeunesse,  et  alors  qu'il  était  enfant  de 
chœur  à  la  cathéilrale,  en  1517,  sa  voix  était 
si  belle  que  les  gens  de  François  h'  l'enlevè- 
rent à  la  faveur  des  ténèbres,  avec  un  de  ses  ca- 
marades, pour  l'emmener  à  la  chapelle  du  roi. 
Les  chanoines  plaiièrent  pour  les  recouvrer,  et 
non- seulement  gagnèrent  leur  procès,  mais  re- 


DUJARDIN  —  DUMONT 


287 


curent  à  ce  sujet,  du  maréchal  de  Lautrec,  une 
lettre  d'excuses.  On  peut  consulter  sur  tous  ces 
faits  l'intéressant  «  Discours  de  réception  de 
M.  l'abbé  Langlois,  contonant  la  revue  des 
maîtres  de  chapelle  et  musiciens  de  la  métropole 
de  Rouen,  '•  prononcé  dans  la  séance  du  28  juin 
1850  de  lAcadéinie  des  sciences,  belles-lettres 
et  arts  de  Rouen,  et  publié  dans  le  Précis  ana- 
lytique des  travaux  de  cette  académie. 

DUKE  (Richard),  l'un  des  iuliiiers  anglais 
les  plus  fameux,  était  établi  à  Londres  en  1768. 
Sa  réputation  fut  très-grande  en  Angleterre, 
où  son  nom  était  plus  connu  que  celui  de  Stra- 
divarius, et  où  tous  les  artistes  et  les  amateurs 
voulaient  posséder  un  Duke  véritable.  Aussi  ses 
produits  ont-ils  été  aus.si  contrefaits  dans  son 
pays  que  ceux  des  grands  luthiers  italiens  l'é- 
taient dans  toute  l'Europe.  Duke  lui-même  n'é- 
tait pourtant  qu'un  copiste,  comme  tous  ses 
confrères  anglais,  et  imitait  de  préférence  les 
instruments  d'Amali  et  de  Stainer.  Ses  copies  du 
premier  sont  plus  estimées  que  celles  du  second. 
—  Cet  artiste  eut  un  fils,  portant  le  même  pré- 
nom qr.e  lui,  qui  fut  aussi  luthier  à  Londres. 

DULLO  (Gustave),  compositeur,  a  écrit  la 
musique  d'un  drame  lyrique  intitulé  Harold, 
le  dernier  roi  saxon,  qu'il  a  fait  représenter  à 
Kœnigsberg,  sur  le  théâtre  de  la  ville,  le  2  dé- 
cembre 1872.  Le  24  mars  1876,  cet  artiste  don- 
nait sur  le  môme  théâtre  un  autre  ouvrage  im- 
portant, Eben-Ari,  opéra-comique  en  trois  actes. 

DULOT  ( ),   compositeur  inconnu  de 

la  première  moitié  du  seizième  siècle,  a  fourni 
au  recueil  de  chansons  françaises  à  quatre  voix 
publié  vers  1530  par  l'imprimeur  Pierre  Atlai- 
gnant,  la  musique  de  la  chanson  :  En  espérant 
le  printemps. 

*  DU  MANOIlî.  —  Les  recherches  faites 
et  les  documents  authentiques  produits  par  Jal, 
dans  son  Dictionnaire  critique  de  biographie 
et  d'histoire,  pei'metlent  d'augmenter  l'ensemble 
de  renseignements  relatifs  à  cette  famille  de  mu- 
siciens. 

Mathieu  Du  Manoir,  le  premier  en  date, 
connu  en  1615  comme  maître  joueur  d'instru- 
ments, était  en  1640  violon  ordinaire  de  la  cham- 
bre de  Louis  XIII.  On  ne  sait  rien  de  plus  sur 
son  compte. 

Claude  Du  Manoir,  sans  doute  fils  ou  neveu 
du  précédent,  exerçait  la  même  profession.  C'est 
lui,  et  non  pas  Guillaume,  comme  il  a  été  dit  par 
erreur,qai,  à  la  mort  de  Louis  Constantin  (  Foy.  ce 
nom),  lui  succéda  en  qualité  de  premier  violon 
du  cabinet  du  roi  et  de  roi  des  violons  et  maître 
des  ménétriers.  L'ordonnance  royale  qui  le  nom- 
mait à  ce  double  emploi,  datée  du  20  novembre 


1657,  fut  enregistrée  au  Parlement  le  31  janvier 
1658. 

Guillaume  Du  Manoir,  fils  de  Mathieu,  fa- 
meux par  son  factum  :  le  Mariage  de  la  musi- 
que avec  la  dance,  naquit  le  16  novembre 
1615,  épousa  le  27  septembre  1639  Catherine  du 
Prou,  fille  d'un  violon  ordinaire  du  roi,  et  en 
secondes  noces  Marie  Chevalier,  dont  il  eut  plu- 
sieurs enfants ,  entre  autres  celui  dont  il  est 
question  ci-après.  Suivant  les  registres  du  Tré- 
sor royal,  Guillaume  Du  Manoir  avait  365  livres 
de  gages  annuels,  plus  50  livres  de  récompense 
pour  chaque  quartier.  C'était,  on  le  voit,  une 
royauté  peu  coûteuse.  Il  avait  succédé  en  1659 
à  Claude,  qui  mourut  sans  doute  à  cette  époque 
et  dont  le  règne  n'avait  pas  été  de  longue  du- 
rée. 

Guillaume- Michel  Du  Manoir,  fils  du  pré- 
cédent, continua  cette  dynastie  musicale.  II  fi- 
gura avec  son  père  dans  une  des  entrées  du 
ballet  de  Psyché,  jouant  de  son  instrument  à  la 
suite  de  Bacchus.  En  1677,  il  était  avec  lui  en 
tète  de  la  liste  des  violons  du  roi,  et  avait  obtenu 
la  survivance  de  sa  charge  de  roi  des  ménétriers. 
Il  lui  succéda  en  effet,  mais  fut  le  dernier  qui 
monta  sur  ce  trône  fragile.  La  souveraineté  dis- 
parut lors  de  son  abdication. 

DUMESIXIL  (Alfred),  Cet  écrivain  distin- 
gué, qui  s'est  fait  connaître  par  plusieurs  tra- 
vaux de  critique  et  de  philosophie:  l'Art  italien, 
Bernard  Palissy,  Molière,  l' Immortalité, etc., 
est  l'auteur  d'un  écrit  anonyme,  intitulé  :  La  Foi 
nouvelle  cherchée  dans  Vart,  de  Rembrandt 
à  Beethoven  {Pahs,  Comon,  1850,  in-12). 

DUMOIXT  (Raclin),  compositeur,  né  à 
Rouen  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  prit  part 
en  1589  au  concours  du  puy  de  musique  d'É- 
vreux,  et  y  remporta  le  prix  de  la  lyre  d'argent 
pour  une  chanson  française  :  Rosyignolet  du 
boys. 

DUMONT  (Félix),  pianiste,  professeur  et 
compositeur,  fils  de  M""  Mélanie  Dumont,  au- 
teur dramatique,  est  né  à  Paris  le  14  août  1832, 
et  a  fait  ses  études  au  Conservatoire  de  cette 
ville.  A  peine  âgé  de  seize  ans,  il  faisait  exécu- 
ter aux  Champs-Elysées  un  Hymne  à  la  paix  de 
sa  composition.  Après  avoir  terminé  son  éduca- 
tion musicale,  il  se  livra  a  l'enseignement,  et  se 
ut  une  réputation  distinguée  comme  professeur. 
En  deliors  d'un  certain  nombre  de  n)orceaux  de 
genre  pour  le  piano,  M.  Dumont  a  publié  sous 
ce  titre,  V École  du  piano,  un  ouvrage  fort  im- 
poriant,  dont  il  n'a  pas  été  fait  moins  de  sept 
éditions  et  dont  le  succès  n'est  pas  épuisé.  Parmi 
ses  autres  compositions,  on  remanjue  une  Mar- 
che trtomphale  à  grand   orchestre,  qui  a  été 


288 


DUMONT  —  DUPLANT 


exécutée  en  1867  au  palais  de  l'Exposition  uni- 
verselle. Sous  ce  titre  :  le  Panorama  éUmen- 
tairedu  piano  à  quatre  mains,  M.  Félix  Du- 
mont  a  aussi  publié  (Paris,  Marcel  Colombier), 
une  colleclion  de  60  transcriptions  de  morceaux 
faciles,  d'après  des  chants  populaires  ou  des 
airs  d'opéras  célèbres  ;  cet  ouvrage  est  divisé  en 
six  livraisons. 

DU.\  (Alewndrk).  Dans  la  nombreuse  fa- 
mille de  musiciens  qui  portaient  le  nom  de  Dun 
et  qui  furent  pendant  si  long'emps  attachés  à 
l'Opéra  en  qualité  de  chanteurs,  il  y  avait  au 
moins  un  instrumentiste  :  c'est  le  violoniste 
Alexandre  Dun,  qui  fit  partie  de  l'orchestre  de 
ce  théâtre  (son  nom  se  trouve  dans  le  person- 
nel, de  1762  à  1776)  et  de  celui  du  Concert  spiri- 
tuel. Cet  artiste,  qui  composait  aussi  pour  son 
instrument,  a  publié  :  1"  Sei  sonate  a  violino 
solo,  col  basso  (Paris,  Le  Menu,  in-fol")  ;  2"  Me- 
nuet d'Kxaudet  et  la  Fursteuberg,  avec:  des  va- 
riations de  différents  mouvements  sur  le  même 
air  pour  un  violon  seul  (Paris,  Michaud,  in-fol"). 

DUXIECIU  (Le  chevalier  Stanislas),  com- 
positeur contemporain,  a  fait  représenter  les  trois 
opérettes  suivantes  :  1"  Pokitso,  Varsovie, 
1866  ;  2"  Der  Teufel  istlos  {le  Diable  déchaîné), 
Berlin,  Ihéâlie  Kroll,  1866;  3"  Lucifer, 
Vienne,  théâtre  OH  der  W'je«,  janvier  1868. 

DUI\KLEI\  (FKANçms),  fils  d'un  artiste  al- 
lemand qui  était  chef  de  musique  d'un  régiment 
prussien,  naquit  à  Rastadt  le  17  mai  1779.  Ha- 
bile virtuose  à  la  fois  sur  le  basson,  le  cor,  la 
flûte,  la  clarinette  et  le  hautbois,  il  quitta  sa  pa- 
trie pour  enlreren  181ô  an  service  des  Pays-Bas 
comme  chef  de  musique  du  deuxième  régiment 
des  carabiniers  à  cheval.  Artiste  distingué  à 
beaucoup  de  points  de  vue,  il  ne  tarda  pas  à  se 
faire  remarquer,  et  se  signala  surtout  par  l'ex- 
cellente organisation  du  corps  de  musique  du  ré- 
giment des  grenadiers-chasseurs,  que  son  fils 
plus  tard  devait  rendre  célèbre.  En  1849,  arrivé 
à  l'âge  de  soixante-dix  ans',  Dunkler  prit  sa 
retraite,  et  c'est  alors  que  son  fils  lui  succéda 
dans  la  direction  de  ce  corps.  Dunkler  est  mort 
à  la  Haye,  en  1861. 

DUiXKLKR  (François),  fils  du  précédent, 
né  à  Namurle  2'i  janvier  1816,  chef  de  musique 
du  régiment  des  grenadiers  et  chasseurs  de  la 
Haye,  est  un  des  artistes  les  plus  éminents 
dans  son  genre  que  les  Pays-Bas  possèdent  en 
ce  moment.  Les  arrangements  nombreux  qu'il 
a  faits  de  tous  les  ouvrages  classiques  (sympho- 
nies de  Beethoven,  Mozart,  Mendelssohn,  Schu- 
mann,  ouvrages  de  Liszt,  Wagner,  etc.)  sont  de 
■vrais  chefs-d'œuvre  dans  leur  genre,  et  les  com- 
positions que  M.  Dunkler  a  écrites  lui-même  pour 


musique  militaire  lui  font  aussi  le  plus  grand 
honneur.  Personne  ne  comprend  mieux  que  lui, 
j'ose  même  dire  personne  ne  comprend  aussi 
bien  queluil'art  d'écrire  pour  lesmasses  orches- 
trales militaires.  Cela  sent  toujours  le  grand 
maître,  soit  comme  combinaisons,  soit  comme 
dispositions  d'orchestre ,  soit  enfin  comme 
mariage  de  timbres  ou  comme  effet  de  sono- 
rités, et  l'on  ne  saurait  trop  insister  sur  l'im- 
mense mérite  de  ce  grand  artiste  ,  aussi  ap- 
pivcié  à  l'étranger  qu'acclamé  dans  les  Pays-Bas. 
M.  Dunkler  a  remporté  à  l'Exposition  universelle 
de  1867,  à  Paris,  le  3"  prix  et  obtenu  la  croix  de 
la  Légion  d'honneur  lors  du  grand  concours  in- 
ternational de  musiques  militaires.  Il  est  décoré 
de  presque  tous  les  ordres  qui  existent  en  Eu- 
rope, et,  depuis  1870,  S.  M.  le  Roi  Hes  Pays- 
Bas  l'a  élevé  au  rang  de  capitaine-directeur  et 
au  grade  de  premier  lieutenant.  M.  Dunkler  est 
en  outre  un  chef  d'orchestre  de  premier  ordre, 
et  le  corps  de  musique  militaire  des  chasseurs 
et  grenadiers  de  la  Haye  doit  à  sa  savante  di- 
rection d'être  devenu  et  demeuré  un  des  pre- 
miers qui   existent  en  Europe  (1). 

EnnEH. 

DUPART  (Charles),  est  l'auteur  d'une  Mé- 
thode polyphonique  destinée  à  l'enseignement 
des  instruments  à  vent,  et  particulièrement  de 
ceux  dont  se  compose  la  musique  militaire. 
Cette  méthode  a  pour  objet  de  donner  au  pro- 
fesseur la  possibilité  d'enseigner  simultanément 
à  deux,  trois  ou  quatre  élèves,  qui  travaillent 
ensemble  et  s'acrompagnent  mutuellement. 

DUPLAIXT  (Rosalie),  l'une  des  bonnes 
chanteuses  qu'ait  possédées  l'Opéra  au  dix-hui- 
tième siècle ,  débuta  à  ce  théâtre  au  mois  de 
mars  1763,  et  se  fit  dès  l'abord  remarque)' par 
l'ampleur  et  l'étendue  de  sa  voix.  Elle  fournit 
une  carrière  de  plus  de  vingt  années,  car  elle  ne 
se  retira  que  vers  1785,  ai)rès  avoir  fait  un  cer- 
tain nombre  de  créations  importantes  dans  les 
ouvrages  .suivants  :  Ernelinde,  Thésée  (Médée), 
l' Union  de  V Amour  et  des  Arts,  Iphigénie  en 
Aitlide  (Clytemnesfre),  Céphale  et  Procris, 
Atijs,  etc.  M'"^  Duplant  était  surfout  une  chan- 
teuse de  force,  et  brillait  dans  le  genre  tragique. 
Voici  ce  qu'en  disait  en  1785  le  rédacteur  des 
Tablettes   de    renommée    des    musiciens   : 

(1)  l,e  fils  de  cet  artiste,  Emile  Dunkler,  virtuose  ha- 
bile sur  le  violoncelle  et  sur  lesaxophone,  né  en  1841, 
quitta  son  pays  à  l'aie  de  s.^lze  ans  pour  venir  en 
Frcince,  se  fixa  à  l'aris,  et  dev  nt  violuncelli,(e  de  l;i  cha- 
pelle de  Napoléon  III.  En  i'î59  il  fit,  en  qualité  de  to- 
lontaire,  la  campagne  d'Italie,  et  prit  part  aux  deux 
grandes  batailles  de  cette  campagne,  celles  de  Magenta 
et  de  Solferino  Après  être  retourné  en  Hollande,  ce 
jeune  artiste  fort  distingué  mourut  à  la  Baye,  le  6  fé- 
vrier 131 1.  —  A.  P. 


DUPLANT  —  DUPONT 


289 


«  M"«  Duplant  est  superbe  dans  les  rôles  à  ba- 
guette et  dans  les  reines.  Une  taille  avantageuse, 
une  voix  d'une  vasie  étendue,  un  jeu  [ilein  de 
noblesse,  on  ne  peut  guère  réunir  à  un  plus  haut 
degré  les  dons  de  la  nature  et  les  perfections  de 
l'art.  »  M""  Duplant  avait  commencé  par  taire 
partie  des  chœurs  de  l'Académie  rojide  de 
musique,  et  avait  débuté  d'une  façon  t'ès-mo- 
deste,  en  chantant  quelques  airs  dans  les  frag- 
ments ou  divertissements  dont  l'exécution  était 
si  fréquente  alors  à  ce  théâtre. 

DUPONT  (Pierre  Auguste,  dit  Alexis), 
chanteur  plein  de  charme  et  d'élégance,  naquit 
en  1796  ,  et,  après  avoir  fait  ses  éludes  au  Con- 
servatoire de  Paris,  qui  portail  alors  le  nom  d'É- 
cole royale  de  musique,  entra  à  l'Opéra  comme 
ténor  en  double  (1),  vers  1818.  Il  quitta  ce  théâ- 
tre pour  débuter  à  l'Opéra- Comique,  le  4  jan- 
vier 1821 ,  dans  le  rôle  d'Azor  de  Zémire  et 
Âzor,  et  après  deux  années  passées  sur  cette 
scène  il  partit  pour  l'Italie  dans  le  but  de  s'y 
perfectionner  dans  son  art.  De  retour  en  France, 
il  reparaissait  à  l'Opéra,  le  24  mai  1826,  dans  le 
rôle  de  Pylade  d'Iphigénie  en  Tauride ,  et  y 
restait  jusqu'en  1840  environ,  époque  où  il  re- 
nonçait au  chant  dramatique  pour  borner  exclu- 
sivement sa  carrière  à  ses  succès  de  concert  et 
de  salon.  La  voix  d'Alexis  Dupont,  d'nn  charme 
pénétrant  et  d'une  exquise  suavité,  était  conduite 
par  lui  avec  un  style  rare  et  un  goût  parlait  ; 
mais  le  volume  n'en  était  pas  étendu,  et  elle  man- 
quait de  puissance  pour  la  vaste  scène  de  l'O- 
péra. C'est  pourquoi,  en  dépit  d'un  talent  in- 
contestable et  incontesté,  cet  artiste  ne  put 
jamais  se  mettre  en  évidence  sur  ce  théâtre, 
malgré  les  créations  qui  lui  furent  confiées  dans 
divers  ouvrages,  entre  autres  dans  la  Muette 
(Alphonse),  la  Tentation  (Asmodée),  le  Lac 
des  Fées  ^  le  Dieu  et  la  Bayadere^  etc.  Au  con- 
traire, sa  voix  charmante,  flexible,  onctueuse, 
convenait  merveilleusemenl  au  concert,  et  sur- 
tout à  l'ég'ise,  où  Alexis  Dupont  charmait  jus- 
qu'aux auditeurs  les  plus  délicats  et  les  plus  dif- 
ficiles. Attaché  à  la  maîtiise  de  Saint-Roch,  il 
attirait  la  foule  en  cette  église  lorsque  les  ama- 
teurs savaient  qu'il  y  devait  chauler.  Il  lui  ap- 
partenait encore  en  1856,  lorsqu'un  procès  scan- 
daleux, qui  aboutit  à  une  condamnation,  vint 
brusquement  terminer  sa  carrière. 

Alexis  Dupont  est  mort  au  mois  de  juin  1874. 
Pendant  son  second  séjour  à  l'Opéra ,  il  avait 
épousé  une  charmante  danseuse,  M'"  Lise  No- 

(1)  Les  renseignements  donnés  sur  cet  artiste  par  le 
Dictionnaire  des  contemporains  manquent  d  exaclilude 
et  de  préci>ii  n.  Ceux  que  je  donne  ici  sont  puises  aux 
sources  les  plus  sûres. 

BIOGR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    SUPPL.   —  T. 


blet,  l'une  des  deux  sœurs  qui  obtenaient  alors 
de  si  gran  is  >uccès  à  ce  théâtre. iM"'  Dupont  est 
morleen  1877. 

DCPOIVT  (Joseph),  violoniste  et  composi- 
teur, professeur  de  violon  au  Consiervatoire  de 
Liège,  ét.iit  né  en  celte  ville  le  21  août  1821,  et 
y  mourut  le  13  février  1861.  Il  reçut  de  son 
père,  amateur  distingué,  ses  premières  leçons  de 
musique,  entra  ensuite  au  Conservatoire  de  sa 
ville  naiale,  y  devint  élève  d'Antoine  Wanson  et 
de  François  Pruuie,  et  à  peine  âgé  de  dix-sept 
ans  fut  lui-même  nommé  professeur  dans 
cet  élablissement.  On  a  publié  de  cet  artiste  : 
1°  3  Études  et  une  romance  sans  paroles  pour 
le  violon  (Liège,  Muraille);  2"  8  Études  pour 
violon,  avec  accompagnement  d'un  second  vio- 
lon (id.,id.);  3°  Ave  Maris  stella  à  2  voix  (id., 
id.);  4°  Ave  Maria  à  voix  seule  (id.,  id.); 
5°  Tantum  ergo  a  voix  seule  (id.,  id.)  ;6"  Osalu- 
taris  à  voix  seule  (id.,  id  );  7°  8  Litanies  pour 
voix  de  basse  (id.,  id.).  —  Il  a  écrit  encore  un 
Credo,  un  Kyrie,  un  Ar/nns  Dei,  un  quatuor  et 
un  quintette  pour  instruments  à  cordes,  un  an- 
dante  symphonique,  deux  fantaisies  pour  vio- 
lon, des  chœius,  des  romances  el  mélodies  vo- 
cales, quelques  morceaux  de  n)u>ique  de  danse, 
et  enfin  un  opéra-comique  en  2  actes,  Ribeiro 
Pinto,  qui  fuljo'ié  an  cercle  artistique  de  Liège, 
en  1858,  par  plusieurs  membres  de  la  société 
chorale  la  Legia. 

DUPONT  (Pierre),  chansonnier- poëfe  à  qui 
un  grand  nombre  de  ses  productions  firent  une 
renommée  méritée,  naquit  à  Lyon  le  23  avril 
1821.  Sa  famille  était  pauvre,  et  après  avoir 
reçu  quelque  éducation  au  séminaire  de  Largen- 
tière,  il  fut  tour  à  tour  apprenti  canul ,  clerc  de 
notaire,  puis  employé  dans  une  maison  de  ban- 
que. Venu  à  Paris  en  1839,  il  y  devint  le  pro- 
tégé de  l'académicien  Lebrun,  et  après  avoir  vu 
son  premier  poëme,  les  Deux  Anges,  couronné 
par  l'Académie  française  (1842),  il  obtint,  grâce 
à  son  protecteur,  une  place  (Vaide  au  Diction- 
naire publié  par  cette  compagnie.  C'est  à  partir 
«le  1846  qu'il  commença  à  écrire  un  grand  nom- 
bre de  chansons  d'une  poésie  saine,  fprlile  et  vi- 
goureuse, dans  lesquelles  on  remai-qnail  un  grand 
sentiment  de  la  nature,  un  accent  viril  et  une 
couleur  éclatante.  Il  donna  ainsi,  successive- 
ment, les  Bœufs,  la  Vigne,  la  Mère  Jeanne, 
les  Louis  d'or,  les  Sapins,  le  Meunier,  les 
Taureaux,  le  Braconnier,  le  Chien  de  ber- 
ger, la  Musette  neuve,  et  bien  d'autres  qui  ac- 
quirent rapidement  une  grande  popularité.  En 
I84S,  Dupont,  modifiant  sa  manière,  se  mit  à 
composer  de  nombreuses  chansons  politiques, 
dans  lesquelles  il  exaltait  surtout  la  fraternité 

19 


290 


DUPONT 


sociale,-  quelques-unes  eurent  un  retentissement 
énorme,  entre  autres  celle  intitulée  le  Pain, 
dont  la  police  crutilevoir  interdire  l'exécution  en 
public.  Lors  du  coup  d'État  de  18f)l,  Pierre  Du- 
pont se  vit  persécuté  pour  ce  fait,  et  fut  con- 
damné à  sept  ans  d'exil  à  Lambessa.  Plus  lard 
il  r»  vint  en  I-'rance,  mais,  «juoique  recommen- 
çant à  éciire,  il  ne  reirouva  plus  sa  veine  pre- 
mière ni  les  sincères  accents  qui  avaient  fait 
son  suc(  es,  et  \\  se  survécut  à  lui-même.  11  mou- 
rut à  Lyon  le  24  juillet  1870. 

Bien  qu'absolument  ignorant  des  choses  de  la 
musique,  Pierre  Dupont  composait  lui-même  les 
airs  de  toutes  ses  chansons.  Tout  en  écrivant  ses 
vers,  il  cherchait  et  fredonnait  le  motif  sur  le- 
quel il  les  voulait  chanter;  puis,  quand  il  l'avait 
trouvé,  il  le  faisait  noter  par  un  musicien.  11 
eut  la  chance  de  connaître  et  d'avoir  pour  ami, 
à  l'époque  de  sa  grande  production,  un  véritable 
artiste,  M.  Reyer  (  Voyez  ce  nom),  qui  pendant 
longtemps  lui  servit  ain.^i  de  secrétaire.  Il  est 
facile,  en  lisant  la  plupart  des  airs  de  Pierre  Du- 
pont, de  voir  qu'ils  ne  sont  pas  l'œuvre  <i'un  mu- 
sicien ;  cert.iines  étrangetés  ou  monotonies  de 
tonalités,  ceitains  rhythmes  bizarres,  manquant 
de  franchise  ou  de  régulariti';,  révèlent  ce  fait  à 
une  oreille  ou  à  un  o'il  un  peu  exercé.  Mais  ces 
défauts  sont  rachetés  par  une  largeur  d'inspira- 
tion, une  sincérité  d'accent,  une  originalité  de 
forme  incontestable,  et  il  n'est  que  juste  de  dire 
que,  généralement,  la  musique  s'accorde  on  ne 
peut  mieux  avec  la  poésie  et  fait  pour  ainsi  dire 
corps  avec  elle.  On  sent  que  la  double  inspira- 
tion est  venue  d'un  seul  jet,  et  l'effet  produit  est 
souvent  saisissant  et  d'une  rare  vigueur.  M.  Er- 
nest Reyer  l'a  dit  lui-même  quelque  part  : 
«  Pierre  Dupont  a  tracé  un  double  sillon,  et, 
quoi  qu'en  disent  certains  musiciens  dédaigneux 
des  dons  naturels,  le  coloris,  le  seniiment,  la 
verve,  la  naïveté  de  ses  inspirations  sont  bien 
quelque  chose « 

Vers  1849,  on  commença  la  publication  des 
Chants  et  Chansons  de  Pierre  Dupont.  Cette 
publication,  qui  comprenait  environ  cent  cin- 
quante chansons,  forme  quatre  volumes  petit  in- 
8°,  et  comprend  les  paroles  et  la  musique,  sans 
accompagnement.  Chaque  pi«ce  était  accompa- 
gnée d'une  gravure  sur  acier,  et  le  premier  vo- 
lume contenait  une  préface  de  M.  Théodore  de 
Banville  et  le  portrait  de  l'auteur.  Je  ne  sais  si 
cette  édition  est  absolument  complète. 

DUPOIXT  (Jean-François)  ,  compositeur  et 
chef  d'orchestre,  né  à  Rotterdam  en  1822,  se 
destinait  d'abord  à  la  médecine  et  n'étudia  la  mu- 
sique qu'en  amateur.  Cependant,  comme  il  mon- 
trait pour  cet  art  des  dispositions  exception- 


nelles, sa  famille  résolut,  lorsqu'il  eut  atteint  sa 
dix-septième  année,  de  lui  faire  abandonner  la 
médecine  pour  la  musique.  Élève  d'abord  de  De 
Lange  et  de  Tours  ,  devenu  organiste-adjoint  de 
l'église  catholi(iue  de  sa  ville  natale,  ayant  déjà 
composé  quel()ues  morceaux  religieux,  il  se  dé- 
cida à  aller  terminer  son  éducation  artistique 
en  Allemagne  et  partit  pour  Leipzig ,  où  il  se  fit 
admettre  au  Conservatoire  et  reçut  des  leçons  de 
Mendelssolin,  Hanptniann,  Ferdinand  David  et  F. 
Bœlime.  Ses  progrès  furent  rapides  ,  et  bientôt  il 
lit  exécuter  dans  cet  établissement  des  frag- 
ments d'un  quatuor  et  d'une  symphonie  de  sa 
coinposiliou.  De  retour  à  Rotterdam  ,  il  s'y  livra 
à  l'enseignement,  et  fonda  des  concerts  philhar- 
moniques dans  lesquels  il  dirigea  l'exécution  de 
grandes  œuvres  classiques.  Pendant  ce  temps  il 
écrivait  de  nombreuses  œuvres,  parmi  lesquelles 
figure  un  opéra  en  trois  actes,  Bianca  Siffredi, 
qui  fut  représenté  sur  plusieurs  scènes  de  l'Al- 
lemagne. Bientôt  il  retourna  dans  ce  pays  1852), 
devient  cappellmeister  du  théâtre  de  Halle,  et 
exerça  successivement  le  même  emploi  au  théâ- 
tre de  la  cour  de  Detmold,  puisa  ceux  de  Linz, 
de  Ftamhiiurg  et  de  Nuremberg,  où  il  se  trou- 
vait en  1860.  J'ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis. 

Cet  artiste  a  publié  :  3  recueils  de  liedcr  à  voix 
seide;  3  recueils  de  chœurs  à  4  voix,  sur  pa- 
roles allemandes  ;  un  quatuor  pour  instruments 
à  cordes  op.  6  ;  un  trio  pour  piano ,  violon  et 
violoncelle,  op.  13;  Ballade  et  Scherzo  i)Our 
piano,  op.  16;  Polonaise  pour  piano,  op.  9; 
Souvenir  de  Hartzbourg,  pour  piano,  op.  12; 
grande  scène  pour  soprano  ,  avec  accompagne- 
ment d'orchestre.  Il  a  fait  exécuter  en  Allemagne 
et  en  Hollande  deux  symphonies  et  plusieurs 
ouvertures  de  concert. 

*  DUPOA^T  (Auclste)  ,  pianiste,  composi- 
teur et  professeur  au  Conservatoire  de  Bruxelles. 
Cet  artiste  est  venu  se  faire  entendre  à  Paris  il  y 
a  deux  ou  liois  ans,  et  s'est  produit  aux  concerts 
de  l'Association  artistique  (  théâtre  du  Cliâtelet). 
Voici  une  liste  complémentaire  de  ses  composi- 
tions pour  le  piano  :  1"  Pastorale,  op.  4  (  lier- 
lin,  Simrock);  2"  La  Danse  des  Aimées,  étude 
fantastique,  op.  25  (Mayence,  Scliolt)  ;  3"  Tocca- 
telle,  op.  26,  id.,  id.  ;  4°  Sérénade  espagnole, 
op.  28,  id.,  id.  ;  5°  Staccato  perpétuel,  étude 
de  concert,  op.  31  (Leipzig,  Breitkopf  et  Hàrtel); 
6°  Berceuse,  op.  35,  (Mayence,  Schott);  7°  Trois 
danses  dans  le  style  ancien  (  1,  Gavotte;  2, Sa- 
rabande ;  3,  Bourrée),  op.  37,  id.,  id.  ;  s"  Fan- 
taisie et  Fugue  pour  la  main  droite  seule,  op.  41 , 
id.,  id.;  9°  Romnn  en  dix  pages,  op.  48,  id., 
id.  ;  10°  Ballade  héroïque,  id.,  id. 

DUPOiVr  (Joseph),  frère  cadet  du  précé- 


DUPONT  —  DUPRATO 


291 


dent,  est  né  à  Ensival  (province  de  Liège) 
le  3  janvier  1838,  et  reçut  de  son  père,  vio- 
loncelliste, organiste  et  compositeur  distinguf', 
ses  premières  leçons  de  musique.  Il  fut  admis 
ensuite  au  Conservatoire  <le  Liège,  oii  il  entreprit 
l'étude  du  violon  et  de  la  conifiosition ,  puis  alla 
terminer  son  éducation  musicale  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  où  il  obtint  en  1862  1e  pre- 
mier prix  de  violon  et  en  1863  le  grand  prix  de 
composition  musicale,  dit  prix  de  Rome.  Selon 
les  conditions  attachées  à  ce  prix,  il  voyagea  pen- 
dant quatre  ans  en  France,  en  Italie  et  en  Alle- 
magne, puis  devint  chef  d'orchestre  du  théâtre 
italien  de  Varsovie  (1867-1870),  qu'il  quitta 
pour  passer  en  la  môme  qualité  au  théâtre  im- 
périal de  Moscou  (1871).  De  retour  en  Belgique, 
M-  Dupont  fut  nommé  professeur  d'harmonie 
théorique  au  Conservatoire  de  Bruxelles,  et 
presque  en  même  temps  fut  chargé  des  fonctions 
de  chef  d'orchestre  an  théâtre  de  la  Monnaie  et 
à  l'Association  des  artistes  musiciens.  Les  suc- 
cès qu'il  obtint  dans  la  direction  de  l'orchestre 
de  la  Monnaie  le  firent  choisir,  en  1873,  comme 
directeur  des  Concerts  populaires  de  musique 
classique,  en  remplacement  du  grand  violoniste 
Henri  Yieuxtemps,  qui  venait  de  donner  sa  dé- 
mission pour  cause  de  santé. 

M.  Dupont,  qui  est  un  artiste  fort  distingué, 
a  écrit  un  grand  nombre  de  compositions, 
jusqu'ici  presque  toutes  restées  inédites  : 
ouvertures,  suites  d'orchestre,  fragments  sym- 
phoniques  ,  cantates  pour  soli ,  chœurs  et  or- 
chestre, morceaux  de  musique  religieuse,  mélo- 
dies vocales  sur  parol.es  françaises  ou  italien- 
nes, etc.,  etc.  A  peine  âgé  de  trente-neuf  ans , 
M.  Dupont  occupe  une  des  premières  situations 
artistiques  dans  la  capitale  de  la  Belgique. 

LUPRAT  (HipP0L\TE>,  né  à  Toulon  le  31  oc- 
tobre 1824,  apprit  la  musique  comme  complé- 
ment d'éducation.  Après  avoir  terminé  ses  études 
littéraires,  il  entra  dans  la  marine  de  l'État,  dont 
il  lit  longtemps  partie  en  qualité  de  chirurgien. 
Pendant  la  campagne  du  Sénégal ,  il  fut  décoré 
delà  Légion  d'honneur.  Sa  carrière  était  déjà  as- 
sez avancée,  quan<i  il  se  décida  à  se  vouer  com- 
plètement à  la  composition  musicale,  à  laquelle 
il  s'était  depuis  longtemps  essayé.  H  donna  sa 
démission,  et  vin!  se  fixer  à  Paris,  où  il  écrivit 
la  musique  de  Pétrarque,  grand  opéra  en  cinq 
actes,  dont  il  avait  écrit  également  le  livret  avec 
M.  Dharmenon.  Son  œuvre  terminée,  il  appli- 
qua toute  son  énergie  à  la  faire  représenter.  Re- 
poussé d'abord  par  M.  Perrinà  l'Opéra,  il  renou- 
vela successivement  ses  démarches  auprès  de 
MM.  Carvalho ,  Pasdeloup  et  Martinet,  direc- 
teurs du  Théâtre-Lyrique.   Il  paraissait  avoir 


quelque  chance  d'aboutir,  lorsque  survint  la 
guerre  de  1870,  puis  la  Commune,  pendant  la- 
quelle eut  lieu  l'incendie  duTliéàtre-Lyri.iue,  qui 
ruina  les  espérances  de  M.  Duprat.  Il  se  décida 
alors  à  donner  son  œuvre  en  province ,  et  Pé- 
trarque fut  enfin  joué  au  Grand-Théàlre  de 
Marseille  le  19  avril  1873.  Après  avoir  obtenu 
un  assez  grand  nombre  de  représentations,  cet 
ouvrage  fut  repris  l'année  suivante,  et  monté  à 
Lyon,  Toulouse,  Avignon  et  Toulon.  —  Pétrar- 
que a  eu  des  panégyristes  que  lui  ont  surtout 
valus  la  persistance  et  la  force  de  volonté  de 
M.  Duprat.  Si  on  le  juge  en  dehors  de  ces  con- 
sidérations, une  critique  impartiale  peut  en  ré- 
sumer ainsi  les  qualités  et  les  défauts.  L'auteur 
a  eu  l'imagination  vivement  frappée  par  les  beau- 
tés des  ouvrages  qu'il  alfeclionnait  ;  c'est  de 
cette  impression  qu'est  née  son  œuvre.  Il  lui  a 
mani|ué  une  première  éducation  musicale  .suffi- 
sante. Il  ne  pos-ède  pas  l'art  de  développer  une 
phrase.  Son  harmonie  est  lâchée  et,  en  plus  d'un 
passage,  incorrecte.  L'orchestration,  qui  est 
bruyante,  ne  s'appuie  pas  assez  sur  le  quatuor. 
Enfin  le  slyle  n'a  pas  d'unité,  et  rappelle  fré- 
quemment les  mauvais  côtés  de  l'école  ilalienne. 
En  résumé  ,  Pétrarque  pèche  par  l'absence  de 
personnalité,  l'inexpérience  et  le  défaut  de  style. 
Par  contre,  on  y  trouve  d'heureux  dons  naturels, 
une  veine  mélodique  facile,  qui  gagnerait  à  un 
choix  |ilus  sévère  de  motifs,  une  ceitaine  vie  qui 
se  soutient  dans  tout  l'ouvrage,  enfin,  et  sur- 
tout, le  sentiment  de  la  scène  à  un  assez  vif  de- 
gré. Al.  R  —  D. 

*  DUPRATO  (  JULESLAURENT-AiNACHARSIS), 

est  l'un  des  compositeurs  les  plus  distingués  de 
ce  temps,  et  l'un  de  ceux  qui  ont  eu  le  moins  de 
bonheur  au  théâtre,  malgré  un  début  presque 
éclatant.  Cet  artiste  fort  honorable  est  un  exem- 
ple frappant  de  la  malechance  qui  peut  pour- 
suivre un  musicien  dramatique,  en  dépit  de  son 
talent,  lorsqu'il  est  mal  servi  par  ses  collabo- 
rateurs, et  que  les  livrets  qui  lui  sont  confiés 
n'offrent  point  les  qualités  qu'exige  impérieuse- 
ment la  scène.  Voici  la  liste  complète  des  ou- 
vrages que  M.  Duprato  a  fait  re|)résenter  jus- 
qu'ici :  1"  les  Trovatelles ,  un  acte,  opéra-co- 
mique, 28  juin  1854;  2°  Pâquerette,  un  acte, 
id.,  20  juin  1856;  3°  M'sieu  Landry,  un  acte, 
Bouffes- Parisiens,  24  novembre  1856  (parti- 
lionnette  charmante  et  pleine  de  bonne  hu- 
meur) ;  4°  Salvator  Rosa,  3  actes,  opéra-comi- 
que, 30  avril  1861  (œuvre  manquée,  écrite  sur 
un  livret  exécrable);  5"  la  Déesse  et  le  Berger, 
2  actes,  id.,  21  février  1863;  6°  et  7°  le  baron 
de  Groschaminet ,  i  acte,  Sacripant,  2  acles  , 
Fantaisies- Parisiennes,    24     septembre  1866; 


292 


DUPBATO  —  DUPREZ 


&°  le  Chanteur  florentin,  scène  lyrique,  id., 
29  novembre  1866  ;  9»  la  Fiancée  de  Corinthe, 
un  acte,  Opéra,  21  octobre  1867  ;  10"  la  Tour 
du  chien  vert,  3  actes,  Folies-Dramatiques, 
28  décembre  1871;  ll°  le  Cerisier,  un  acte, 
Opéra  Comique  ,  15  mai  1874.  A  cela  il  faut 
ajo'iter  trois  cantates,  exécutées,  les  deux  pre- 
mières à  iOpéra-Comique  le  15  août  1859  et  le 
15  août  1861,  la  troisième  à  l'Opéra  le  15  août 
1804  ;  enfin,  une  cantate  pour  l'inauguration  de 
l'Athénée  musical  ,  au  mois  de  janvier  1864. 

On  peut  dire  que  M.  Duprato  est  l'un  des  ar- 
tistes les  pins  ingénieux  et  les  plus  aimables  qui 
se  soient  produits  depuis  vingt  ans  sur  nos  scè- 
nes lyriques.  Avec  MM.  Th.  Semet,  Boulanger, 
Deflès  et  Ferdinand  Poise ,  il  fait  partie  de  ce 
petit  groupe  de  compositeurs  distingués  qui, 
semble-t-il,  n'ont  pu  donner  ni  les  uns  ni  les 
autres  la  mesure  exacte  de  leur  valeur,  par  suite 
du  peu  d'encouragements  qu'ils  ont  trouvé  au- 
près des  directeurs.  Ce  n'est  point  le  tout ,  en 
effet,  de  produire  de  temps  à  autre  un  musi- 
cien, de  lui  accorder  une  pièce  tous  les  quatre 
ou  cinq  ans,-  encore  faudrait  il  le  faire  intelli- 
gemment, de  façon  à  lui  être  profitable,  et  pour 
cela  il  serait  bon  de  consulter  ses  aptitudes, 
son  tempérament,  de  lui  donner  des  poèmes 
qui  convinssent  à  sa  nature,  et  surtout  qui  con- 
vinssent à  la  scène.  Or,  sous  ce  rapport ,  nul  n  a 
été  plus  mal  servi  que  M.  Duprato,  et  j'uisiste 
sur  ce  fait  parce  que,  si  l'on  avait  pris  la  peine 
de  s'oicuper  de  lui  avec  intelligence  et  sincérité, 
l'artiste  était  doué  de  manière  à  fournir  une 
carrière  sinon  brillante ,  du  mo  ns  fort  honora- 
ble et  profitable,  non-seulement  pour  lui,  mais 
pour  les  |ilaisirs  du  public  et  pour  le  tliéàtre  qui 
aurait  eu  l'esprit  et  le  bon  goût  de  se  l'attacher. 

Au  mois  de  janvier  1804,  M.  Duprato  fui  choisi 
pour  diriger  l'orchestre  d'une  entreprise  qui  se 
fondait,  sur  le  boulevard  St-Germain,  sous  le  ti- 
tre d'Athénée  musical.  11  n'y  resta  pas  long- 
temps, et  la  salle  de  l'Aihénée  devint  bientôt 
celle  (lu  théâtre  des  Folies-Saint-Germain,  aujour- 
d'hui théàlre  Cluny,  En  18G7  ,  le  ministère  des 
beaux  arts  ayant  misa  la  disposition  du  direc- 
teur des  Fantaisies-Parisiennes  une  somme  de 
1,000  francs  destinée  à  être  donnée  en  prix  à 
r'anleur  de  la  meilleure  partition  qui  aurait  vu 
le  jour  sur  ce  gentil  théâtre,  trop  tôt  disparu,  le 
jury  nommé  à  cet  effet  décerna  à  l'unanimité  le 
prix  à  M.  Duprato,  pour  sa  partition  de  Sacri- 
panl.  En  1866,  M.  Duprato  fut  nommé  profes- 
seur agrégé  d'harmonie  écrite  au  Conservatoire  , 
et  il  est  devenu,  en  1871,  titulaire  d'une  classe 
d'harmonie  et  accompagnement  pratique. 

M.  Duprato  a  publié  un  certain  nombre  de 


mélodies  vocales,  qui  se  font  remarquer  par  un 
grand  souci  de  la  forme  et  une  rare  délicatesse  de 
sentiment.  Je  citerai,  entre  autres  :  la  Plainte; 
Mou  cœur  que  faut-il  faire?  la  Rivière;  la 
Maisonnette;  C'est  tout  le  contraire;  la  Petite 
Madelon  ;  le  Dépit  amoureux;  Tout  rend  hom- 
mage à   la  beatité;  Adieux  à  Suzon;  la  Fon- 
taine   de  Palerme;    et  surtout   six  Sonnets, 
compositions  fort  remarquables,  qui  ont  obtenu 
un  très-grand  succès.  M.  Duprato  a  écrit  encore 
la  Heine  Mozab,  opérette  non  représentée,  pu- 
bliée dans  un  journal,  le  Magasin  des  Demoi- 
selles^ une   Promenade  de   Marie-Thérèse, 
et  Marie-Siuart  au  château  de   Lochleven, 
autres  opérettes  non  représentées,  destinées  à 
être  jouées  dans  les  salons,  et  dont  la  musique  a 
été  publiée  par  l'éditeur  Schott.  On  lui  doit  en- 
core trois  cliflpurs  à  3  voix  égales  :  les  Palmes , 
la  double  Fête,  les  Vacai^ces ,  écrits  pour  les 
distributions  de  prix  ,  trois   morceaux  mélodi- 
ques pour  piano  et  violon,  et  six  romances  sans 
paroles  pour  le  piano.  Enfin,  il  a  en  portefeuille 
un  opéra  comique  en  un  acte,  intitule  Gr/:;owi^- 
lelte,  qui,  après  avoir   longtemps  langui  dans 
les   cartons   de  l'Opéra-Coinique ,  venait  d'être 
reçu  au  théâtre  de  l'Athénée  au  moment  où  ce- 
lui ci  dist)arut  (1). 

DUPRK  ( ),  claveciniste  ,  compositeur  et 

orofesspur,  était  organiste  de  l'église  Saint-Mar- 
tin, de  Tours,  en  1773,  et  occupait  encore  cette 
(losilion  en  1783.  Il  a  publié:  ï°  Six  sonates 
pour  le  clavecin  ou  piano-forte,  avecaccompa- 
gnementd'un  violon  ou  violoncelle,  ad  libitum, 
op.  1  ;  2°  Six  sonates  pour  le  clavecin  ou  forte- 
piano,  avec  accompagnement  de  violon  ad  libi' 
tum  ,  op.  2,  Paris,  Consineau. 

*  DUPREZ  (GiLBEKT-Louis),  chanteur  ad- 
mirable, s'est  consacré  à  l'enseignement  et  à  la 
composition  depuis  l'époque  où  il  s'est  définiti- 
vement retiré  du  théâtie.  Il  a  ouvert  à  Paris 
une  école  de  chant  dramatique,  dans  laquelle  il 
a  formé  de  nombreux  et  excellents  élèves  dont 
quelques-uns  sont  parvenus  à  une  grande  re- 
nommée. Déjà  M.  Duprez  avait  été  professeur 
au  Conservatoire,  de  1842  à  1850,  mais  le  re- 


(I  iLor.squ'en  I8f2,  le  Ihéûtre  des  Arts,  à  Rouen,  donna 
un  exemple  de  décentralisation  artistique  eii  représen- 
tant un  opéra  de  Balte  inconnu  alors  à  Paris,  la  Bohé- 
mienne, M  Dupralo  fut  chargé  d'écrire  les  récitatifs  et 
(le  fa  re  lesraccor  is  nécessaires  à  l'adapiation  française  de 
cet  ouvraie.  11  augmenta  iiiênie  la  partition  de  'leux  airs 
nouveaui,  eIpre^.^énlent  compOKéspar  lui  pmir  Mme  Galli- 
Marié,  qui  Jouait  le  rôle  principal.  M  Duprato  a  aussi 
écrit  des  récitatifs  pour  un  opéra-rom  qne  d'HéroId,  i'/i- 
liision,  en  vue  de  l'adaptation  de  cet  ouvrage  au  genre 
d°  l'Opéra  et  de  sa  représentation  sur  ce  tliéàtre.  Jus- 
qu'ici pourtant,  ce  travail  n'a  pas  été  utilisé. 


DUPREZ 


293 


nom  de  son  enseignement  date  surtout  de  la 
création  de  son  école  particulière ,  où  il  forma  , 
en  dehors  de  sa  fille,  M™''  Vandenlieuvel-Dii- 
prez,  des  élèves  (elles  que  M™"'  Miolan-C  .r- 
■vallio  ,  Marie  Battu ,  M""  Marimon  ,  Monrose  , 
et  bien  d'antres  dont  les  noms  m'écliappent.  C'est 
à  son  fils  et  son  élève  M.  Léon  Duprez,  qu'il  a 
rerais,  depuis  quelques  années,  la  direction  de 
cette  école.  M.  Léon  Duprez ,  chanteur  fort  dis- 
tingué, a  essayé  inulilement  de  se  produire  à  la 
scène  et  a  fait  une  courte  apparition  au  ïliéàtre- 
Lyrique  ;  sa  voix  était  trop  faible  ,  en  dépit  de 
son  talent,  et  il  a  dû  renoncer  à  la  carrière  dra- 
matique. 

Tout  en  se  consacrant  à  ses  élèves,  M.  Du- 
prez ,  qui  avait  fait  dans  sa  jeunesse  île  bonnes 
études  théoriques,  voulut  se  livrer  à  la  compo- 
sition ;  mais  il  ne  fut  pas  heureux  sous  ce  rap- 
port, et  les  œuvres  qu'il  a  produites  ne  sortent 
pas  de  la  médiocrité;  les  ouvrages  dramaliques 
de  AI.  l)u[)rez  se  font  reniai  quer  par  des  défauts 
de  prosodie,  des  excentricités  harmoniques,  des 
banalités  d'instrumentation  qui  surprennent  à 
bon  droit  chez  un  artiste  habitué  à  interpréter 
des  chefs-d'œuvre  et  dont  l'oreille  devrait,  stm- 
ble-til ,  être  particulièrement  exercée  et  délicate. 
Voici  la  liste  de  ses  productions  en  ce  genre  :  1" 
L'abi'me  de  la  Maladclla,  Opéra-comique  en 
3  actes,  Bruxelles,  théâtre  de  la  Monnaie,  19  no- 
vembre 1851  ;  2°  Joanita,  ou  la  Fillv  des  Bou- 
caniers, opéra  en  3  actes,  joué  d'abord  à  Bruxel- 
les, puisa  Paris,  au  Théâtre-Lyrique,  le  11  mars 
1852  (je  crois  que  ces  deux  ouvrages  n'en  (ont 
qu'un,  et  (|ue  l'auteur  en  a  seulement  changé  le 
titre  pour  la  représentation  à  Paris);  3°  La 
Lettre  au  bon  Dieu  ,  2  actes.  Opéra- Comique  , 
28  avril  1853;  4"  Jeanne  d'Arc,  grand  opéra 
en  4  actes,  Grand  Théâtre-Parisien,  12  octobre 
1865;  —  5°  La  Cabane  du  Pécheur,  opéra 
comique  en  un  acte,  th.  de  Versailles;  —  6" 
Jélyotte,  un  acte;  —  7°  Samson,  grand  opéra 
en  4  actes;  — 8°  Amelina ,  2  actes;  —  9°  Zé- 
phora  ,  grand  opéra  en  5  actes;  —  10°  Tariotti, 
grand  opéra  (je  crois  qu'aucun  de  ces  cinq  der- 
niers ouvrages  n'a  été  représenté)  ;  1 1°  la  Pazza 
delta  Regina,  opéra  italien  en  2  actes,  dont  la 
musique  a  été  exécutée  en  1877,  dans  un  salon. 
M.  Duprez  a  voulu  se  produire  aussi  comme  corn 
positeur  religieux  ;  il  a  écrit  une  grand'  messe  de 
la  Pentecôte,  une  messe  de  Requiem  et  une  messe 
pastorale, et  il  a  fait  exécuter  au  cirque  des  Cliamps- 
Élysées,  le  28  mars  1868,  un  oratorio  en  3  par- 
ties, le  Jugement  dernier,  dont  il  avait  écrit  les 
paroles  et  la  musique.  Enfin  ,  il  a  publié  encore 
un  assez  grand  nombre  de  morceaux  de  musi- 
que vocale,  mélodies,  romances,  airs,  duos,  trios, 


quatuors ,  parmi  lesquels  une  saynète  bouffe, 
Trois-Étoiles  chez  un  directeur,  qui  a  été  fré- 
quemment chaulée  dans  les  salons.  Pour  faire 
suite  à  sa  méthode  intitulée  l'Art  du  chant  ^ 
M  Duprez  a  publié  sous  ce  titre  un  second  ou- 
vrage didactique  :  Ln  Mélodie  ,  études  compté' 
menlaires  vocales  et  dramatiques  de  «  VArt 
du  chant,  «  Paris,  Heugel,  in  P. —  M.  Elwart 
a  publié  sur  ce  grand  artiste  l'écrit  suivant  :  Du- 
prez. sa  rie  artistique,  avec  une  biographie 
authentique  de  son  maître  Alexandre  Cho- 
ron (Paris  ,  Magen,  1833,in-t6  avec  portrait). 
On  trouve  aussi  une  biographie  de  M.  Duprez, 
avec porhMil, dans  la  Galerie  des  artistes  drama- 
tiques de  Paris  (Paris,  Marchand,  1840,  in-4)(l)* 

M'"'^  Duprez,  née  Duperron,  femme  de  cet 
arti>te,  fut  une  cantatrice  fort  distinguée.  Elle 
enira  à  lOdéon,  alors  théâtre  semi-ljrique ,  à 
l'époque  de  son  mariage,  en  1827,  et  suivit  ea 
Ilalie  son  mari ,  où  elle  partagea  ses  succès  et  fit 
preuve  d'un  talent  fort  remarquable.  Elle  quitta 
le  théâtre  de  bonne  heure,  et  mourut  il  y  a  quel- 
ques années. 

DL^PREZ  (Caroline),  fille  du  précédent, 
chanteuse  remarquable,  naquit  à  Florence  en 
1832  ,  à  l'époque  des  grands  succès  que  son  père 
obtenniten  Italie.  Elle  fut  son  élève,  et  lorsque 
M.  D\q)rez,  après  avoir  quille  l'Opéra ,  parcou- 
rut quelque  temps  la  province ,  il  fit  jouer  sa 
fille  avec  lui  et  l'accoutuma  ainsi  à  la  scène.  En 
1850,  Mi'=  Caroline  Duprez  debuiait  avec  bon- 
heur au  Théâtre-Italien  de  Paris;  elle  se  faisait 
intendre  ensuite  à  Londres,  puis  à  Bruxelles  , 
où  elle  remplissait  le  rôle  principal  d'un  opéra 
écrit  par  son  père,  Joanita  ,  et  était  bientôt  en- 
gagée au  Théâtre  Lyrique  pour  jouer  le  même 
ouvrage.  Du  Théâtre-Lyrique  elle  passa  à  l'O- 
péra-Comiqne,  où  elle  resta  plusieurs  années  et 
où  elle  fit  des  créations  très-importantes  dans 
Marco  Spnda,  l'Etoile  du  Nord,  Valeniine 
d'Aubignti.  Jenntj  Bell,  les  Saisons,  etc.,  puis 
entra  à  l'Opéra  pour  y  tenir  l'emploi  des  chan- 
teuses légères.  En  1858  elle  était  engagée  de 
nouveau  au  Théâtre-Lyrique  pour  y  jouer  le 
rôle  de  la  comte>se  dans  les  Noces  de  Figaro , 
et  elle  rentra  un  peu  plus  tard  à  l'Opéra-Comi- 
que pour  y  créer  le  principal  personnage  d'un 
opéra  de  M.  Victor  Massé,  Fior  d'Aliza.  Ce  fut 
la  dernière  fois  qu'elle  parut  à  la  scène  ;  douée 
d'une  santé  Irès-délitate,  que  les  fatigues  du 
théâtre  avaient  fortement  ébranlée,  elle  dut,  sur 
l'avis  des  médecins,  aller  s'établir  dans  le  midi 

(I)  M.  Diinn  z  n'ét.iit  encore  àsc  que  de  treize  ans  lors- 
qu'il publia  '3  première  composition;  c'était  un  ctiant 
sur  la  uiort  du  duc  de  Berry  «  par  G.  Duprez,  âgé  de 
13  ans  ».  t 


294 


DUPREZ  —  DURANCY 


de  la  France,  et  se  fixa  en  effet  à  Pau,  où  elle 
parut  >e  rétablir,  et  où  même  elle  pnt  bientôt  se 
livrer  à  l'enseignennent.  Cependant,  au  bout  de 
quelques  années,  l'affection  plitisique  dont  elle 
était  atteinte  reparnt  plus  violente  que  jamais , 
et  un  iiiver  rigoureux  vint  achever  de  miner  son 
tempérament.  Cette  artiste  vraiment  distin- 
guée mournt  à  Pau  au  mois  d'avril  1875. 

M'i'  Caroline  Duprez  avait  épousé  un  pianiste 
accompagnateur  fort  habile,  M.  Amédée  Van- 
denheuvel. 

DUPUIS  (Jacques),  violoniste  fort  distingué, 
et    l'un  des   meilleurs  représentants  de   l'école 
belge   pour  Cft  instrument,    naquit  à  Liège   le 
21  octobre   1830,  et  fit  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  cette  ville  ,  où  il  fut  admis  en 
1839.  Élève  de  M.  Lignac  pour   le  solfège  ,  de 
M.  Ledent  pour  le  piano,  de  M.  Joseph  Dupont, 
puis  de  Prume  pour  le  violon,  il  obtint  successi- 
vement le  !<"■  prix  de  solfège  en  1841,  le  second 
prix  de  violon  en  1842,  le  1"  prix  de  violon  et 
le  second  prix  «le  piano  en  1847,  enfin  le  1*"^  prix 
de  piano  en  1848.  En  1850,  à  peine  âgé  de  vingt 
ans,  il  était  appelé  comme  profes.seur  dans  l'éta- 
blissement où  il  avait  fait  son  éducation,  et  chargé 
d'une  classe  de  violon  qui  devint  bientôt  l'une 
des  meilleures  du  Conservatoire.    Ses  fonctions 
de  professeur  n'empêchèrent  pas  Dnpuis  de  se 
produire  comme  virtuose,  et  son  jeu  sûr,  précis, 
son  mécanisme  habile ,  son  archet  souple ,  son 
style  remarqtiable  et  vaiié  lui  valurent  de  bril- 
lants succès.  Fidèle  interprète  des  o'uvres  des 
grands  maîtres,  il  exécutait  avec  leur  style  propre 
les  compositions  si  difficiles  de  Bach,  les  grandes 
sonates  de  Beethoven,   les  quatuors  de  Mozart, 
de  Beethoven  et  de  Mendelssohn.  Après  s'être  fait 
apprécier  dans  sa  ville  natale,  il  se  fit  applaudir 
successivement   aux     Concerts    populaires    de 
Bruxelles  et  de  Paris,  aux  belles  séances  de  la 
société  Félix  Mentis  à  Amsterdam  ,  aux  con- 
certs de  la  ville  à  Aix-la-Chapelle,  etc.  Les  exi- 
gences de  l'enseignement  ne  l'empêchaient  pas 
non  plus  de  se   livrer  à  de  sérieux  travaux  de 
composition ,  et  Dnpuis,  qui  avait  fait  de  bonnes 
études  de  contrepoint  et  de  fugue  avec  Daus- 
so'igne-Méhul, écrivit,  entre  autres  oeuvres,  deux 
concertos  pour  le  violon,  plusieurs  sonates,  et  un 
certain  nombre  de   fantaisies    et  morceaux  de 
genre   pour  piano  et  violon.  Malheureusement, 
les  plus  importantes  de  ces  œuvres  sont  restées 
inédiles,  leur  auteur  ayant  été  frappé  prématu- 
rément  par   la  mort,  dans   sa  ville  natale ,  le 
20  juin    1870.  Jacques  Dupuis  était    un   artiste 
d'une  véritible  valeur,  et  un  homme  distingué  à 
tous  les  points  de  vue. 
Le  frère  cadet  de  cet  artiste,  M.  Joseph  Du- 


puis, étudia  la  musique  dès  ses  plus  jeunes  an- 
nées, et  jouait  du  cornet  à  pistons.  Ayant  le  goût 
du  théâtre,  i!  s'engagea  dans  une  troupe  de  co- 
médiens de  province,  puis  vint  à  Paris,  au  petit 
théâtre  des  Folies-Nouvelles ,  où  il  se   montra 
avec  succès  dans  plusieurs  opérettes  de  M  M  Hervé, 
Pilati  et  Laurent  de  Rillé  :  Toinetle  et  son  ca- 
rnl)iaier,  Jean  le  Sot,  Vile  de  Cahjpso,  le  Ju- 
gement  de  Paris,  etc.  Au  bout  de  peu  d'années 
il  fut  engagé  aux  Variétés,   qui  transformaient 
leur   genre  et  se  consacraient  à  l'opérette,  et 
devint  l'interprète  favori  des  pièces  de  M   Offeu- 
bach,  qui   lui  valurent  une  très  grande  réputa- 
tion comme  acteur  et  comme  chanteur  comique  : 
Barbe- Rleue ,  la  Belle  Hélène,  la  Grande  Du- 
chesse de  Gérolstein  et  tant  d'autres  qu'il  est 
inutile  de  citer. 

DUQUKS.XOY.  —  Voyez  LANCTIIV. 

DURAI\CY  (Céleste),  l'une  des  cantatrices 
les  plus  justement  fameuses  de  l'Opéra  au  dix- 
huitième  siècle ,  était  fille  de  comédiens  de 
province,  et  naquit  en  1746.  Son  père,  qui 
jouait  les  premiers  couu'ques,  et  sa  mère,  qui 
tenait  l'emploi  des  premiers  rôles  de  Iraaédie  et 
de  comédie,  étaient  des  acteurs  de  grand  talent. 
En  1752,  Durancy  père  devenait  directeur  du 
théâtre  français  de  Bruxelles,  dont  lui  et  sa 
femme  étaient  au  nombre  des  premiers  sujets  , 
et  la  jeune  Céleste,  exercée  de  bonne  heure  à  l'art 
du  comédien,  montrait  déjà  des  aptitudes  pré- 
coces pour  le  théâtre.  Le  petit  ouvrage  intitulé 
Almanach  historique  et  chronologique  de  la 
comédie  française  établie  à  Bruxelles  (\7î>i) 
était  rempli  de  louanges  à  l'adresse  de  M.  et 
M°"  Durancy,  et  contenait  ces  vers  «  à  M""  Cé- 
leste, âgée  de  .sept  ans  ou  environ  ,  fille  de  M.  et 
de  M"*  Durancy,  qui  par  ses  talents  et  ses  grâces 
enchante  tous  les  spectateurs  »  : 

Cclesle,  ainsi  que  la  brillante  Aurore, 

Qui  devance  le  plus  beau  jour, 

Dans  un  âge  im  l''  nfance  encore 

Ne  connaît  ce  que  c'est  qu'Amour, 
Nous  peint  mvcc  tant  de  grâces,  de  ctiarnics. 

Ce  petit  Uii  u  dans  notre  cœur. 
Que  tout  le  monde, en  lui  rendant  les  armes , 

Dit  qu'elle  in  est  la  jeune  sœur. 

Mil""  Durancy  était  si  bien  douée  pour  le  théâtre, 
qu'avant  môme  d'avoir  accompli  sa  treizième 
année,  le  19  juillet  1759,  eUe  débutait  à  la  Comé- 
die-Française, sur  la  première  scène  du  monde, 
parle  rôle  de  Dorinedu  Tartuffe.  Comme  à  son 
talent  .scénique  elle  joignait  une  voix  remarqua- 
blement belle,  trois  ans  après  ,  le  19  juin  1762, 
elle  faisait  une  première  apparition  à  l'Opéra, 
qu'elle  quittait  pour  rentrer,  le  13  octobre  1766, 
à  la  Comédie-Française  ;  enfin,  le  23  octobre  de 


DURANCY  —  DURAND 


295 


l'année  suivante,  flans  Hippolyfect  Ar/cie,  elle 
faisait  retour  à  l'Opéra,  où  elle  resta  jusqu'à  sa 
mort.  Parmi  les  rôles  qui  lui  firent  le  pins  d'hon- 
neur, on  cite  surtout  ceux  de  la  Haine  dans 
Orphée ,  d'Alceste,  de  IMédusedans  !e  Persi'e  de 
Philidor,  et  d'Ernelinde  dans  la  seronde  reprise 
qui  eut  lieu  de  cet  ouvrage  du  même  maître. 
Elle  était  laide,  et  sa  voix  était  simplement  suffi- 
sante ;  mais  son  âme  ardente ,  la  passion  lu  fi- 
lante qui  l'animait,  nn  sentiment  patliétiijue 
qui  allait  jusqu'au  sublime,  en  firent  une  des  plus 
admirables  cantatrices  dramatiques  qu'on  eût 
jamais  vues  sur  notre  grande  scène  musicale.  Ces 
qualités  exceptionnelles  furent  justement  cause 
de  sa  moit  prématurée.  M'''=  Durancy  relevait  à 
peine  d'une  maladie  grave  lorsque  Philidor  lui 
confia  le  rôle  important  de  Méduse  dans  son 
Persée.  EUe  ne  se  ménage.i  pas  pendant  les 
études,  et,  une  fois  en  présence  du  public,  se 
livra  si  complélement  et  lai^^sa  tellement  débor- 
der sa  passion  ,  que  de  pareils  efforts  lui  fu- 
rent f.itals.  Elle  donnait  surtout  un  accent  in- 
comparable à  l'air  si  magnifique  :  J'ai  perdu  In 
beauté  qui  vie  rendait  si  vaine.  Mais  bientôt 
elle  n'eut  plus  la  force  de  lutter  contre  un  tem- 
pérament artistique  qui  l'emportait  outre  me- 
sure :  elle  retomba  malade,  et  cette  fois  si  jira- 
vement,  qu'elle  mouiut  le  28  décembre  1780, 
deux  mois  après  avoir  fait  cette  dernière  créa- 
tion. 

«  Cette  excellente  actrice,  disait  VAImanach 
musical  de  1781,   se  dislinguait   dans  tous  les 
rôles  par  la  sensibiliié  de  son  âme,  par  la  vérité 
de  ses  gestes,  par  la  grâce  de  sa  démarche,  la 
noblesse  de  son  maintien,  et  par  une  infinité  de 
petits  détails  qui  ne  pouvoient  être  aperçus  que 
dans  une  actrice  du  premier  mérite.  »  Un  aulre 
recueil  spécial,  les   Spectacles  de  Paris  (pour 
1782),  disait  de  son  côté  :  «...  Avec  une  figure 
marquée,  elle  avoit  trouvé  le  secret  de  plaire 
dans  le  rôle  de  Colette  (du  Devin  du  Village); 
tendre  et  noble  dans  Ernelinde,  toucbanle  dans 
Castor,  elle  étoit  sublime  dans  Clylemnestre  et 
se  faisoit  encore  admirer  dans  les  rôles  de  la 
Haine   et  de  Méduse.   Elle   étoit    si   passionnée 
dans  les  rôles ,  qu'elle  faisoit  oublier  sa  figure. 
Si  elle  n'a  pas   été  la   meilleure    chanteuse  de 
l'Opéra,  elle  en  a  été  sûrement  la  plus  grande 
actrice.  Il  ne  lui  a  manqué  que  de  la  beauté  pour 
faire  rendre  plus  de  justice  à  ses  talens  concer- 
nant la   déclaration   et  pour    exciler  l'enthou- 
siasme. »  Peu  de  semaines   avant  sa  mort,  et  à 
propos  de  son  admirable  interprétation  du  rôle 
d'Ernelin'te,  M"e  Durancy,  à  qui    le  public  avait 
déjà  témoigné  sa  satisfaction,  recevait  de  Favart 
les  vers  suivants  : 


O  Ourancy,  pnr  queh  cliarmps  puissans, 
Par  quel  lÉciircux  prestigi.-  iibuse-i-tu  nos  sens? 

C'i  st  l'effet  de  ton  art  suprême 
Je  cours  à  l'Opéra  pourtVntendreet  te  voir; 
L'action  disparait,  tu  trompes  mon  espoir  : 

Je  ne  vois  plus  qu"Ernelinde  ellc-meraf.  •. 

DUR.^ND  (Emile),   professeur  et  composi- 
teur, né  à  Snnt-Brieuc  (Côtes-du-Nord)  le  16  fé- 
vrier 1830,  vint  de  bonne  heure  à  Paris,  et  fut 
admis  au  Conservatoire  de  cette  ville  en  1845* 
Il  y  fit  de  bonnes  études,  et  fut  successivement 
élève  de  M.  Napoléon  Alkan  pour  le  solfège,  de 
M.  Bazin  pour  l'harmonie ,  et  d'Halévy  pour  la 
composition.  Après  avoir  obtenu  un  premier  prix 
de  solfège  en   1847,  un  accessit  et  un   premier 
prix  d'harmonie  et  accompagnement  eu  ISaO  et 
1851,  il    se  présenta  en  1853  au  concours   de 
l'Institut  et  se  vit  décerner  le  second  grand  prix 
de  Rome.  M.  Emile  Durand  se  livra  alors  à  l'ensei- 
gnement; déjà,  depuis  1850,  et  bien  qu'étant  en- 
core élève  du  Conservatoire  pour  la  composition, 
il  avait  été  nommé  professeurd'une  classe  de  sol- 
fège.  Il  conserva  cette  situation  jusqu'en  1871, 
é|)oque  à  laquelle  il  devint  professeur  d'harmouie 
et  accompagnement  en  remplacement  de  M.    Ba- 
zin, qui  devenait  professeur  de  fugue  et  de  com- 
position.  M.   Durand  a  publié   un   assez  grand 
nombre  de  mélodies  vocales  dont  quelques-unes 
sont  empreintes  d'un  sentiment  délicat,  et  dont 
une  entre  autres,  Comme  à  vingt  ans,  a  obtenu 
un  succès  populaire  et  firolongé.  Il  a,  en  outre, 
fait  re|»résenter  deux  petits  ouvrages  :  iTEUxir 
de  Cornélius,  opéra-comique  en  nn  acte  (Fan- 
taisies-Parisiennes, 3  février  18f)8  )  d'un    tour 
aimable  et  élégant  ;  2°  Y  Astronome  du  Pont~ 
Neuf,  pochade  musicale  en  un  acte   (Variétés, 
18  février  1869).  M.  Durand  prépare  en  ce  mo- 
ment un  Traité  d'harmonie,  A\n&\(^\ï\\n  Traité 
d'accompagnement  delà  base  chiffrée  et  du 
chant  f/o;mp',qui doivent  paraître  prochainement. 
DtlRAlXD   (Marie- Auguste),   compositeur 
et  éditeur  de  musique  à  Paris,  est  né  en  cette 
ville  le  18  juillet  1830.  Fils  d'un  artiste  qui  élait 
professseur  de  musique  au  collège  Rollin,  il  fit 
d'excellentes  études  littéraires  dans  cet  établis- 
sement, et  comme  il  avait  étudié  déjà  la   mu- 
sique avec  son  père,   il  se  livra,  une  fois  muni 
de  .son  diplôme  de  bachelier,  à  l'étude  de  l'har- 
monie et  de  la  fugue  sous  la  direction  particu- 
lière de  MM.  Bazin  et  Savard.  Il  ne  fit  que  passer 
au   Conservatoire,    dans  la    classe   d'orgue  de 
M.    Benoist ,  mais  y  re<ta   cependant   assez  de 
temps  pour  puiser  dans  les  excellentes  leçons  de 
ce  professeur  un  amour  sérieux  de  cet  admi- 
rable instrument,  et  pour  en  retenir  les  bonnes 
traditions  de  son  enseignement.  Après  avoir  ter- 
miné son  éducation  musicale,  M.  Durand  devint 


296 


DURAND  —  DUROGHER 


successivement  organiste  des  éalises  Saint- Am- 
hroise  (1849),  Sainte-Geneviève  (1853J,  Saint- 
Roch  (1857;  et  Saint-Vincent  île  Paul  (]8C2- 
1874).  En  même  temps  ,  il  éiait  un  des  artistes 
qui  contribuaient  le  plus  à  la  vulgarisation  de 
l'orgue-harmonium,  fit  dans  ce  but  plusieurs 
voyages  artistiques  en  Italie,  en  Angleterre  et  en 
Russie,  et  composa  be.iucoup  de  musique  pour 
cet  instrument.  S'occupant  aussi  de  littérature 
musicale, M.  Duraml  collabora,  de  1858  à  lb65,eu 
qualité  de  critique  spécial,  à  plusieurs  journaux 
dirigés  par  M.  Ilippolyte  Castille,  entre  autres 
le  Courrier  de  Paris  et  la  ISouvelle. 

En  1870,  abandonnant  le  professorat,  M.  Du- 
rand s'associa  avec  M.  hchœnewerk  pour  acqué- 
rir le  fonds  delà  maison  d'édition  musicale  créée 
parM.  Fiaxiand  {Voij.  ce  nom).  Continuant  les 
errements  de  son  prédécesseur,  il  mil  la  der- 
nière main  à  l'édition  française  des  œuvres  de 
Scbumann  et  de  M.  Richard  Wagner,  et  s'ef- 
força toujours  de  dislin.uer  en  Allemagne  les 
œuvres  des  artistes  qui,  par  leurs tend-mces,  lui 
semblaient  avoir  un  caractère  international.  C'est 
ainsi  qu'on  lui  doit  les  éditions  françaises  de 
plusieurs  œuvres  impoi tantes  de  MM.  Max 
Brucb,  Johaunes  Brahms,  Raff,  H.  Huffmann, 
"Woikmann ,  etc.  Mais  à  côté  de  ces  noms  ,  la 
maison  qu'il  dirige  a  fait  une  belle  part  à  la 
jeune  école  française,  en  publiant ,  entre  autres, 
les  partitions  à  orchestre  des  œuvres  les  plus 
intéressantes  de  MM.  Massenet,  Ernest  Gui- 
raud,  Lalo,  Widor,  Joncières,  etc. 

Le  nombre  des  compositions  publiées  de 
M.Durand  s'élève  à  quatre-vingts  environ.  Parmi 
elles  on  distingue  :  une  messe  à  3  voix  mixtes 
(Régnier-  Canaux)  ;  une  messe  à  4  voix  (Flaxlandj  ; 
beaucoup  de  morceaux  originaux  pour  l'harmo- 
nium ;  des  duos  et  des  fantaisies  sur  des  airs 
d'opéras  pour  harmonium  et  piano;  de  nom- 
breuses mélo  lies  vocales;  enfin,  toute  unesérie 
d'airs  de  danse  dans  le  style  amien  pour  le 
piano,  tels  que  chacones,  gavottes,  pastorales, 
qui  ont  obtenu  un  succès  de  vogue. 

DURAND  (L ),  est  l'auteur  d'une  bro- 
chure qui  a  é'.é  publiée,  en  1864,  sous  ce  titre  : 
Découverte  et  démonstration  de  la  similitude 
des  gammes,  ou  les  physiciens  wis  d'accord 
avec  les  musiciens  au  sujet  de  la  musique, 
par  L.  Durand,  sous  lieutenant  au  27*  de  ligne. 

DUREAU  (Alexis),  amateur  de  musique 
et  de  tbeàlre,  est  l'auteur  d'un  livre  ainsi  inti- 
tulé :  ISutes  pour  servir  à  l'histoire  du  théâtre 
et  de  la  musique  en  France,  publiées  par 
Alexis  Dureau,  l"  année,  18^50  {Paris,  Claudin, 
1"  jan\ier  18GI,  in  J2  ).  C'est  une  sorte  d'alma- 
nach  spécial,  qui   aurait  pu   avoir  son  utilité, 


mais  dont  il  n'a  paru  que  cette  seule  année.  Les 
milières  y  étaient  d'ailleurs  disposées  sans 
ordre  et  d'une  façon  un  peu  confuse. 

DURET  (Marcel),  violoniste,  naquit  vers 
1785.  Elève  de  Rode  au  Conservatoire,  cet  ar- 
tiste fut  couronné  au  concours  de  1803,  où  il  obtint 
un  premii-r  prix  de  violon.  Peu  d'années  après  il 
épousa  M"°  Cécile  Saint- Aubin,  fille  aînée  de  la 
célèbre  chanteuse  de  l'Opéra- Comique,  et  qui 
brilla  elle  même  à  cethéàlre  pendant  plusieurs 
années.  Le  6  mai  1815,  Duret  faisait  représenter 
a  ropéra-Comique  un  ouvrage  en  un  acte,  inti- 
tulé la  Leçon  d'une  jeune  femme.  Il  était,  à 
cette  époque ,  second  violon  à  l'orchestre  de 
ropera,  et  occupait  emore  ct-l  emploi  en  1830. 

DURET  (M"*  Anne-Cécile  d'HERBEZ, 
dite  SAL\r-AUBlN),  femme  du  précédent,  est 
morte  à  Paris  le  29  novembre  18G2  (I). 

*  I  URIEU  ( ).  Ou  trouve  dans  le  petit 

livre  intitulé  :  Tablettes  de  roiommée  des 
Musicifus  (Paris,  1785),  la  petite  notice  que 
voii  i  sur  cet  artiste  :  «  Durieu,  excellent  maître 
de  violon,  ci  devant  attaché  au  Concert  spirituel 
et  à  celui  des  Amateurs,  et  marchand  de  mu- 
sique, est  éditeur  d'un  Journal  d'arietles  ita- 
liennes du  meilleur  choix,  parodiées,  et  dédiées  à 
M"""  la  duchesse  de  Bourbon.  » 

DUROCHER  (  E  LEBOURDAIS  ),  pia- 
niste et  compositeur  amateur,  né  à  Laval  en  1830, 
a  cultivé  la  musique  au  point  de  vue  de  son  agré- 
ment. Il  a  reçu  sous  ce  rapi>orl  une  excellente 
éducation,  et  a  beaucoup  contribue  aux  progrès 
de  l'art  dans  quelques-uns  de  nos  départements 
de  l'Ouest.  Associant  dans  une  même  action, 
dans  un  effort  unique,  les  trois  grandes  sociétés 
philharmoniques  des  villes  du  Mans,  de  Laval 
et  de  Rennes,  M.  Durocher  sut  donner  une  vive 
impulsion  aux  travaux  de  ces  sociétés,  se  fit 
l'oiganisateuret  l'ordonnateur  de  leurs  concerts, 
ne  reculant  devant  aucune  peine  pour  rendre 
ceux-ei  plus  brillants,  allant  lui-même  à  la  re- 
cherche des  virtuoses  qu'il  voulait  faire  entendre, 
prenant  soin  des  études,  choisissant  les  œuvres 
qu'il  jugeait  les  plus  dignes  d'être  exécutées,  se 
faisant  à  la  fois  chef  d'orchestre  et  accompagna- 
teur, étant  enfin  l'àme  des  belles  séances  musi- 
cales qui  se  donnaient,  non-seulement  dans  les 
trois  villes  qui  viennent  d'être  nommées  ,  mais 
encore  dans  beaucoup  d'autres,  moins  impor- 
tantes, où  il  transportait  son  persoimel  et  où  il 
faisait  entendre  d'excellente  musique.  Depuis 
vingt-cinq  ans  environ  ,  M.  Duro(  ber,  qui  jouit 

(i)  L'auteur  de  la  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens l'app'Ue  Anne-Cécilf  Doriise,  mais  c'est  sous  ce 
nom  àe  d'fJerbez,  dite  SaiiU-AuUin,  veuve  Diiret,  que  les 
journaux  ont  annoncé  la  mort  de  la  célèbre  artiste. 


DUROCHER  —  DUVERNOY 


297 


d'une  situation  indépendante,  joue  ce  rôle  intelli- 
gent, au  profit  de  l'art  et  de  tous  ceux  qui  en 
ont  le  cuite  dans  la  réj^ion  qui  est  le  théâtre  de 
ses  efforts. 

M.  Durorher,  qui  s'est  beaucoup  occupé  de 
composition  et  qui  a  publié  une  cinquantaine  de 
morceaux  de  genre  pour  le  chant  et  pour  le 
piano,  s'est  aussi  essayé  dans  la  critique.  Il  a 
rédigé  pendant  plusieurs  années,  sous  le  pseu- 
donyme de  Délia  Rocca,  la  partie  musicale  d'un 
journal  français  de  Londres,  l'International. 

*  DlIRCTTE  (Lecomte  François  Camille- 
Antoine),  ne  s'est  pas  fait  connaître  seulement 
comme  tiiéoricien  ,  mnis  aussi  comme  composi- 
teur. Dès  1858,  il  obtenait  une  médaille  d'or 
au  concours  ouvert  par  la  Société  d'harmonie 
d'Anvers  pour  la  composilion  d'une  ouverture; 
en  1837,  il  faisait  exécuter  à  Metz,  où  il  s'était 
fixé,  le  finale  d'une  symphonie  en /a;  il  écrivait 
ensuite  deux  messes  pour  orchestre  et  chœurs, 
qui  furent  entendues  dans  la  cathédrale  d'Ypres, 
sa  ville  natale ,  puis  plusieurs  oeuvres  de  mu- 
sique de  chambre,  sonates,  trios,  etc.  En  1844, 
s'étant  rencontré,  dans  im  grand  congrès  tenu  à 
Cologne,  avec  Mendelssohn,  et  celui-ci  lui  ayant 
proposé  un  sujet  de  fugue,  M.  Durutte  écrivit  la 
fugue  et  l'adressa  au  maître  allemand,  qui  lui 
écrivit  à  ce  propos  :  «  Je  ne  puis  vous  dire 
toute  ma  satisfaction  au  sujet  de  la  grande  fuiiue 
que  vous  avez  composée  sur  mon  sujet.  J'en  ai 
admiré  de  bien  nombreux  passages,  mais  surtout 
un,  où  vous  avez  su  mettre  une  idée  qui  anime 
le  morceau  en  entier,  et  donne  une  élévation  à 
mon  thème,  dont  je  ne  l'aurais  pas  jugé  ca- 
pable... »  Ce  souvenir  a  inspiré  plus  tard  à 
M.  Durutte  une  grande  cantate  dédiée  par  lui 
aux  mânes  de  Mendelssohn,  et  qui,  dit-on,  a  été 
e.xécutée  à  Leipzig. 

M.   Camille  Durutte  a  encore  écrit  plusieurs 
chœurs,  des  romances ,    un  album  de  mélodies 
italiennes ,  quelques  morceaux   religieux,   entre 
autres  un    Ave  Maria  et  un   Pater  nosfer,  et 
enfin  plusieurs  opéras  ,  dont  un  seul,  je  crois,  a 
été  représenté,    le   Violon  de  Crémone,  o[)éra- 
comique  en  deux  actes  qui,  reçu    d'abonl,    en 
1856,  au  Tliéâtre  Lyrique,  et  retiré  par  l'auteur, 
impatienté  de  ne  point  voir  paraître  son  œuvre, 
fut  joué  à  Metz  le  10  mars  186.5.  Les  autres  ou- 
vrages dramatiques  de  M.  Durutte,  restés  tous 
inédits,  sont  au   nombre  de  cinq  :  1"  Sardana- 
pale,    grand   opéra  en  3   actes,   écrit  dans    le 
style   italien;  2°  le  Boulanyer  dti  roi,  opéra- 
comique  en  un  acte;  3"  Muilre    'îartin,  opéra- 
comique  en  3  actes;  4°  Stefano  ou  V Enchan- 
tement, opéra-comique  en  2  actes;  b"  les  Saxons, 
grand  opéra  resté,  je  crois,  inachevé. 


M.  Durutte  a  publié  récemment  un  ouvrage 
théorique  qui,  comme  son  tilre  l'indique,  est  à 
la  fois  le  résumé  et  le  complément  du  grand  traité 
qu'il  avait  précédeuiment  donné  sous  celui  de 
Technie  ou  Lois  générales  du  système  harmo- 
nique. Celui  ci  est  intitulé:  Résumé  élémen- 
taire de  la  Technie  iiarmonique  et  Complément 
de  cette  Technie  ,  suivi  de  l' Exposé  de  la  loi 
de  l'enchaînement  dans  la  mélodie,  dans 
l'harmonie  et  dans  leur  concours,  Paris,  Gau- 
Ihier-Yillars,  1876. 

DUSCH  (Jean-Hubert),  organiste  et  compo- 
sileur,  né  à  Wyiré,  dans  le  Limbouig,  le  7  mars 
1829,  est  mort  le  5  décembre  1876  à  Spa,  où  il 
occupait  les  fonctions  d'organiste  et  de  professeur 
de  musique  à  l'école  moyenne.  Auteur  de  plu- 
sieurs compositions  religie'ises,  parmi  les- 
quelles une  messe  et  des  motets,  Dusch  a  publié 
quelques  morceaux  de  musique  légère  pour  le 
piano. 

DUVAL  ( ),  maître  de  chant  à  Paris  au 

dix-huitième  siècle,  est  l'auteur  d'une  «  Métl'ode 
agréable  et  utile  pour  apprendre  facilement 
à.  chanter  juste,  avec  qoùt  et  précision,  par 
M.  Duval ,  maître  de  musique  et  de  goût  » 
(Paris,  l'auteur,  in-4o).  Je  crois  que  Fétis  a  été 
trompé  par  un  faux  renseignement  lorsqu'il  a 
attribué  à  M"''  Duval  un  ouvrage  portant  exacte- 
ment le  même  titre  que  celui-ci ,  et  daté  de 
1741. 

*  niT'VAL  (Edmond).  —  Voyez  BO- 
GAERTS. 

DU  VERGES  (J ),  tlùtiste  et  composi- 
teur, est  auteur  de  quelques  puhl  cations  pour 
son  instrument  :  1°  Grande  Métho'le  complète 
deflûie  Boehm  cylindrique  ;  2"  L\Art  de  chan- 
ter appliqué  à  la  flûte  ;  3°  un  certain  nombre 
d'airs  variés  et  fantaisies  avec  accompagnement 
de  (liano,  sur  des  thèmes  populaires  ou  des 
motifs  d'opéras  en  vogue. 

DUVERXCJY  (Charles-François),  acteur 
de  l'Opéra  Comique,  lit  d'abord  partie,  comme 
instrumentiste,  de  l'orchestre  de  divers  théâtres 
de  Paris.  Il  débuta  comme  chanteur  à  l'Opéra- 
Couiique  eu  1830,  n'y  resta  que  peu  de  temps, 
alla  tenir  l'emploi  des  premiers  ténors  successive- 
ment à  Toulouse,  au  Havre,  à  La  Haye,  et  fut  di- 
recteur des  théâtres  de  ces  deux  dernières  villes. 
De  retour  à  Paris,  il  rentra  à  d'Opéra-Comique 
en  1843,  et  pendant  plus  de  vingt  ans  y  lint  un 
emploi  un  peu  effacé,  mais  très-utile;  il  y  rem- 
plit aussi,  pendant  plusieurs  années,  les  fonc- 
tions de  directeur  de  la  scène.  Nommé  profes- 
seur de  déclamation  lyriipie  au  Conservatoire  le 
l*"^  juin  18'>1,  il  devint  chef  du  pensionnat  des 
élèves  chanteurs  de  cet  établissement  le  1"'  dé- 


298 


DUVERNOY  —  DWIGHT 


cembre  1856.  Duvernoy  éîait  né  à  Paris  le 
16  avril  1796,  et  moiirul  en  cette  ville  au  mois 
de  no^'emhre  1S72. 

*  DUVERNOY  (Henri-Lolis-Cbakles). 
Depuis  l'époque  où  sa  notice  a  été  publiée  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  cet  ar- 
tiste fort  distingué  a  publié  jilusieurs  ouvrajies 
importants  :  1"  50  Leçons  de  solfège  à  chcni- 
gements  de  clefs;  2°  15  Vocalises  pour  voix  de 
soprano  ou  de  ténor  ;  3"  École  conrerlante  de 
solfège,  ou  20  Études  de  style  et  de  perfection- 
nement  pour  deux  voix  égales,  sans  accompagne- 
ment, à  l'usage  des  Conservatoires,  des  écoles  de 
musique  et  des  orphéons-,  4"  Solfège  mélo- 
dique, théorique  et  pratique.  Le  succès  obtenu 
par  les  ouvrages  didactiques  de  M.  Duvernoydans 
les  écoles  et  dans  les  Conservatoires  «le  France 
et  de  Belgique,  lui  a  valu  les  nominations  d'offi- 
cier d'Aciidéniie  et  de  chevaii  r  de  l'ordre  de 
Léoj)old.  En  1870,  M.  Duvernoy  fut  cbargé  par 
Auber,  alois  directeur  du  Conservatoire,  de  pré- 
senter un  rapport  sui-  l'enseignement  du  solfège 
dans  cet  établissemint  à  la  commission  de  ré- 
vi'^ion  des  études  nommée  par  le  ministre  des 
Beaux-Aits.  Deux  ans  après,  M.  Ambroise  Tho- 
mas, succédant  à  Auber,  appela  cet  artiste  à 
faire  partie  du  comité  des  éludes  de  piano,  et  un 
peu  plus  lard,  lui  confia  l'une  des  deux  classes 
créées  pour  l'enseignement  supérieur  du  solfège 
et  dn  style  au\  élèves  chanteuses. 

DUVERNOY  (Victor-Alphonse),  pianiste 
et  compositeur,  né  à  Paris  le3n  noût  1842,  a  fait 
son  éducation  musicale  au  Conservatoire  de  cette 
Tille,  où  il  devint  élève  de  M.  Mannonfel  et  où 
il  remporta  un  .second  prix  de  piano  en  1854,  el 
le  premier  en  1S55.  Admis  ensuite  dans  la  classe 
de  M.  Bazin,  M.  Duvernoy  obtint  en  1859  un  se- 
cond accessit  d'harmonie  et  accompagnement.  Il 
se  livra  ensuite  à  l'enseignement,  tout  en  se  pro- 
duisant comme  virtuose  et  en  s'occupant  de 
composilion.  Vers  1869,  il  fonda  une  société  de 
de  musi(|ue  de  chambre,  avec  le  concours  de 
MM.  Léonard  (1"^  violon),  Sliehle  (2'  violon), 
Tromhetta  (alto)  et  Léon  Jacquard  (violoncelle). 
M.  Alphonse  Duvernoy  a  fait  entendre  aux  con- 
certs du  Chàtelel,  le  20  février  1876,  deux  frag- 
ments symphoniques  charmants  (romance  et 
scherze(io),  qui  ont  été  très  bien  accueillis,  et  le 
11  mars  suivant  il  exécutait,  dans  une  séance  de 
la  Société  nationale  de  musique,  un  concerto  de 
piano  (  concert-stiick)  de  sa  composition.  Il  a  fait 
entendre  aussi  un  morceau  de  concert  pour  piano 
et  orchestre,  ainsi  qu'une  suite  d'onheslre, 
qui  tous  deux  ont  été  reçus,  de  même  que  les 
précéilenls,  avec  une  faveur  légitime.  M.  Al- 
phonse Duvernoy,  dont  le  talent  de  pianiste  est 


plein  du  délicatesse  et  d'élégance ,  a  obtenu  à 
Londres  de  grands  succès  de  viituose.  Comme 
compositeur,  il  a  publié  un  joli  recueil  de  Six 
Mélodies  avec  accompagnement  de  piano  (Paris, 
Girod,  in-S")  et  un  certain  nombre  de  morceaux 
de  genre  |>our  le  piano,  d'une  inspiration  aimable 
et  d'une  forme  distinguée. 

Le  frère  puîné  de  cet  artiste,  M.  Edmond  Du- 
vernoy, a  fait  aussi  d'excellentes  études  au  Con- 
servatoire, est  devenu  un  pianiste  habile  et 
s'est  ensuite  livré  à  l'enseignement.  Dans  ces 
dernières  années  il  s'est  mis  à  étudier  le  chant, 
et  a  débuté  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique  dans 
l'emploi  des  barytons,  qu'il  remplit  encore  au- 
jourd'hui. Il  a  épousé  une  jeune  artiste  de  ce 
théâtre,  M""  Fianck. 

DUVOIS  (CnxiiLEs),  organiste  et  compo-si- 
teur,  né  à  Strasbourg  vers  1830,  commença  de 
bonne  heure  l'étude  de  la  musique,  et  dès  l'âge 
de  seize  ans  était  organiste  de  l'église  Saint- 
Louis,  à  Strasbourg,  et  cbargé  de  l'enseigne- 
ment du  chant  d,ins  les  écoles  de  sa  paroisse.  En 
18.M,  il  devint  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale d'Aulun,  et  jilus  taid  fut  appelé  à  remplir 
les  mêmes  fonrtions  à  Moulins  (Allier),  où  il  or- 
ganisa, en  1862.  une  maîtrise  qui  est  justement 
considérée  comme  une  des  meilleures  de  toute 
la  France.  Aujourd'hui,  et  depuis  plusieurs  années 
déjà,  M.  Du  vois  est  organiste  de  la  cathédrale 
de  cette  dernière  ville. 

'  Depuis  longtemps  frappé  de  ce  fait  que  beau- 
coup de  jeunes  pianistes  ne  sont  souvent  que  des 
exécutants  habiles  et  non  de  véritables  musi- 
ciens, M.  Duvois  a  pensé  qu'il  y  avait,  au  moyen 
de  procédés  didacli  lues  particuliers,  un  progrès 
à  réaliser  sous  ce  rapport.  C'est  dans  ce  but 
qu'il  a  conçu  la  pensée  d'un  ouvrage  important, 
publié  par  lui  sous  ce  titre  :  le  Mécanisme  du 
piano  appliqué  à  l'élude  de  V harmonie  (  Pa- 
ris, Heugel),  et  qui  semble  appelé  à  ouvrir  une 
voie  nouvelle  à  l'enseignement  du  piano.  On  doit 
encore  à  cet  artiste  :  r  Principes  de  musique 
vocale  (Strasbourg,  1S45);  2°  Nouvelle  Mé- 
thode d'accompagnement  du  plain-chant 
(Paris.  Leduc)  ;  3"  Plusieurs  compositions  re- 
ligieuses, parmi  lesquelles  un  Ave  Maria  à 
trois  voix  avec  orgue,  un  0  Salutaris  à  deux 
voix  égales,  un  Tnntum  ergo  à  deux  voix  éga- 
les, etc.,  etc. 

DWIGHT  (Joh\-Sullivain),  musicographe 
américain,  e4  né  le  13  mai  1813  à  Boston. 
Élevé  au  collège  d'Harvard  et  au  séminaire  de 
Cambridge,  il  fut,  en  1840,  ordonné  pasteur 
d'une  congrégation  unitariste  de  Noitliamptou 
(Massachuseits),  mais  donna  bientôt  sa  dém's- 
sioif  pour  se  livier  sans  réserve  à  ses  goûts  pour 


i 


DWIGHT  —  DYKHUYZEN 


299 


la  liftéralure,  et  surtout  la  littérature  musicale. 
Après  avoir  publié  une  traduction  «nnotée  des 
PeHis  Poèmes  choisis  de  Goethe  et  de  Schiller, 
M.  Dwight  prit,  commo  critique  musical,  une 
part  active  de  collaboratioD  à  divers  journaux, 
et  donna  toute  une  série  de  conférences  très- 
suivies  sur  Beellioven,  Hœndel,  Mozart  et  au- 
tres musiciens  illustres.  Enfin  il  a  fondé  à  Bos- 


ton, en  1872,  le  Dwighfs  Journal  of  miisic, 
qu'il  dirige  enrore  aujourd'hui. 

DWOROZK  ( ,  compositeur  contem- 
porain ,  a  t'ait  représenter  sur  le  théâtre  tchèque 
de  Prague  ,  au  mois  d'avril  1876,  un  opéra  inti- 
tulé yVanda. 

DYKHIJYZEIX  (D.H).  —  Voyez  DU - 
KHUYZEI\\ 


E 


EAUSDEIV  (John),  compositeur  anglais,  est 
connu  seulement  par  la  mention  qu'en  fait  ftaw- 
kins  dans  le  4'  volume  de  son  histoire  de  la  musi- 
que; il  vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  Toutefois  on  a  encore  de  lui  un  recueil  de 
morceaux  decliant  imprimé  à  Londres  en  1618. 

Y. 

*  EBERVVEIN  (CHARLEs),compositeur  dra- 
matique distingué^  directeur  de  musique  à  Wei- 
mar,  est  mort  en  celte  ville  le  2  mars  1868. 
Virtuose  remarquable  sur  le  violon,  il  était  né  à 
Weimarle'lO  novembre  1784. 

EBA^ER  (Charles),  virtuose  violoniste,  na- 
quit en  1812  dans  le  royaume  de  Hongrie.  Après 
avoir  parcouru  l'Allemagne  et  la  Russie  ,  il  a  été 
attaché  pendant  quelque  temps  à  la  chapelle  du 
roi  de  Prusse ,  poste  qu'il  abandonna  pour  se 
rendre  à  Paris,  où  il  est  mort  en  1836.      Y. 

ECCLESTON  (ÉDotARo),  compositeur  an- 
glais du  dix  septième  siècle,  a  fait  la  musique 
d'une  cantate  exécutée  à  Londres  et  imprimée 
en  1697  sous  ce  titre  :  la  Joie  de  l'Europe  à 
Voccasion  de  la  paix.  On  a  publié  aussi  de  lui, 
en  1679,  un  ojiéra  inliluié  ;  Le  déluge  de  JS'oé 
ou  la  Destrudion  du  monde.  Y. 

ECCLIN  ( ),  docteur  ès-rausique  anglais, 

a  vécu  au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Il  est  connu  seulement  par  la  composition  d'une 
cantate  satirique,  écrite  sur  un  texte  de  Swift, 
et  dans  laquelle  il  a  parodié  d'une  manière  co- 
mique le  style  de  ses  contemporains.  Y. 

ECHCR  (Charles),  compositeur  de  lieder 
et  de  chœurs,  est  né  le  13  mars  1813  à  Fribourg 
en  Brisgau.  Fils  d'un  chirurgien ,  il  avait  été 
destiné  à  la  carrière  du  droit,  mais  une  vocation 
irrésistil)le  l'entraîna  vers  la  musique,  qu'il  eut 
l'occasion  d'étudier  sérieusement  pendant  le  sé- 
jour qu'il  fit  à  Vienne  pour  y  poursuivre  sa  car- 
rière universitaire.  Comme  auteur  de  composi- 
tions vocales  il  s'est  fait  une  belle  réputation, 
mais  il  a  également  écrit  des  pièces  d'orcliestre 
dont  on  dit  i;rand  bien.  Y. 

*  ECÏ\ERT(CHARLES-ANTOINEFLORIAN).Get 

artiste,  après  avoir  quitté  Vienne,  fut  appelé  en 
1862  à  remplir  les  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle à  Stuttgard ,  d'où  îl  passa  ensuite  en  la 
même  qualité  à  Munich,  après  quoi  il  se  (i\a  pen- 
dant assez  longtemps  à  Bade.  Depuis  1868,  il  est 
devenu  chef  d'orchestre  de  l'Opéra  de  Berlin  et 


directeur  des  concerts  de  la  cour  de  Prusse. 

EDE  ( ).  Sous  ce  nom,  qui  paraît  être 

un  pseudonyme,  un  artiste  a  fait  représenter  au 
petit  théâtre  des  Folies-Bergère  trois  opérettes 
en  un  acte,  dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la 
musique  :  1°  les  Deux  Cocottes  du  n"  22, 
15  septembre  1874;  2°  une  Nuit  au  poste  f 
30  mars  187.'j;  3°  Quand  on  n'a  pas  de  para- 
pluie, octobre  1875. 

*  liDELMAiX  (Jean-Frédéric).  —  Avant  de 
faire  jouer  à  l'Opéra  l'acte  du  Few  dans  les  Élé- 
ments, et  Ariane  dans  l'Ile  de  Naxos  (ou- 
vrage qui  fut  repris  au  théâtre  Montansier  en 
1797),  ce  compositeur  avait  donné  au  Concert  spi- 
rituel un  oratorio  intitulé  Esther,  et  fait  exécu- 
ter au  château  des  Tuileries,  les  20  et  24  juillet 
1781,  sa  scène  lyrique  :  la  Bergère  des  Alpes. 
Plusieurs  années  après  sa  mort,  en  1802,  on 
donna  au  petit  théâtre  des  Jeunes-Élèves  un 
opéra- ballet,  Diane  et  l'Amour,  dont  il  avait 
naguère  écrit  la  musique  siu'  un  pnëme  de  Mo- 
line.  Au  sujet  du  rôle  politique  joué  par  Edel- 
mau  pendant  la  Révolution  ,  on  peut  consulter 
les  Souvenirs  de  la  Révolution  et  de  l'Empire 
de  Charles  Nodier,  dans  lesquels  il  est  longue- 
ment parlé  de  lui. 

EDOLO.  Trois  frères  de  ce  nom,  Henrique 
Edolo,  Joâo  Francisco  Edolo,  et  José-Francisco 
Edolo,  ont  vécu  à  Porto  (Portugal)  où  ils  culti- 
vèrent la  musique  (1820-1840).  Henrique,  violo- 
niste distingué,  était  chef  del'orchestre  du  théâtre 
italien  de  cette  ville,  tandis  que  sou  frère,  José 
Francisco,  était  attaché  à  cet  orchestre  en  qua- 
lité de  ch(if  des  seconds  violons  (1820).  Cette 
époque  fut  une  des  plus  brillantes  de  ce  théâtre; 
ce  fut  le  temps  de  l'enthousiasme  rossinien  à 
Porto.  Cimarosa,  Paisiello,  Mayr,  Generali  et 
les  autres  maîtres  plus  ou  moins  célèbres  de  la 
fin  du  dix-huitième  siècle  avaient  encore  leurs 
œuvres  au  répertoire,  l'exécution  était  soignée, 
et  les  représentations  étajent  très-suivies.  Une 
grande  partie  du  succès  revenait  sans  doute  aux 
trois  frères  et  surtout  au  chef  d'orchestre.  Le 
troisième  frère,  Joâo  Francisco,  avait  un  beau  ta- 
lent sur  l'aKo  et  n'était  pas  moins  estimé  que 
les  précédents.  José  Francisco  Edolo,  le  chef 
d'orchestre,  a  publié  en  1819  et  1820  quelques 
compositions  ,  des  fantaisies  sur  des  opéras  ita- 
liens, des  arrangements  des  partitions  deRossini, 


EDOLO  —  EHRLICH 


301 


ainsi  qu'une  certaine  quantité  de  petits  mor- 
ceaux pour  le  piano  (valses  etc.),  qui  ont  vu  le 
jour  dans  des  recueils  {J ornai  de  Modinhas 
(1820).  Ces  petites  compositions  ne  manquent 
pas  de  grâce;  ses  Modinhas  (mélodies  pour  la 
voix,  sorte  de  romances)  étaient  surtout  très- 
reclierchées. 

J.  DE  V. 

EDWARDS  (H S....),  écrivain  musical 

anglais,  est  l'auteur  d'une  Vie  de  Rossini  {Ros- 
sini's  life),  Londres,  in-S"  avec  portrait,  et 
d'une  Histoire  de  l'opéra,  en  deux  volumes. 

EGGHARD  (Jules),  est  le  pseudonyme 
artistique  sous  lequel  s'est  fait  connaître  le  comte 
Jules  de  Hardegen,  pianiste  et  compositeur 
ponr  son  instrument,  né  à  Vienne  le  24  avril 
1834,  et  mort  en  cette  ville  le  23  mars  1867. 
Élève  de  Charles  Czerny  pour  le  piano  et  de  G. 
Preyer  pour  la  composition ,  il  devint  un  vir- 
tuose distingué  et  un  professeur  fort  estimé.  Il 
se  livra  aus>i  à  la  composition,  et  publia  pour 
le  piano  un  grand  nombre  de  morceaux  de  genre 
dont  le  total  s'élève  à  plus  de  deux-cents.  Ces 
morceaux  consistent  en  fantaisies ,  caprices, 
thèmes  variés,  impromptus,  méditations,  mélo- 
dies, berceuses,  rêveries,  nocturnes,  bluettes,  et 
airs  de  danse  ^le  divers  genres. 

*  EHLERT  (Louis),  pianiste,  compositeur 
et  écrivain  musical,  est  né  à  Kœnigsberg  le  13 
janvier  1825.  Élève  du  Conservatoire  de  Leipzig, 
il  y  étudia  avec  Finck.  Après  divers  voyages  à 
Vienne  et  à  Fîerlin,  il  alla  passer  deux  ans  en 
Italie  M863-I86ri),  et  fut  plus  tard  avec  Tausig, 
en  1871,  le  fondateur  d'une  haute  école  de  mu- 
sique pour  le  piano  à  Berlin.  Parmi  ses  nom- 
breuses compositions,  on  distingue  des  sympho- 
nies (particulièrement  sa  Symphonie  de  Prin- 
temps), des  ouvertures,  une  Sonate  romanti- 
que, des  lieder  et  des  pièces  de  piano  écrites 
dans  le  style  de  Schumann,  dont  il  est  un  des 
fervents  admirateurs.  M.  Elilert  a  publié  de 
nombreux  articles  dans  la  'Nouvelle  Gazette 
musicale  de  Berlin  ,  et  une  seconde  édition  de 
son  petit  livre  :  Briefe  iiber  Musik  an  eine 
Freundin,  a  été  faite  en  1867.  C'est  d'après 
cette  seconde  édition  que  M.  Félix  Grenier(  Voijez 
ce  nom)  doit  <lonner  prochainement  une  traduc- 
tion de  cet  écrit. 

EHREiXFRIED  ( ),  flûtiste  allemand, 

a  vécu  à  Mayence  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  li  est  connu  par  des  arrangements  publiés 
de  1794  à  1798,  et  intitulés  :  Recueil  de  diffé- 
rentes pièces  choisies  d'opéras-comiques  à 
deux  flûtes.  Y. 

EUllIIART  (LÉON),  compositeur,  naquit  à 
Mulhouse  (Haut- Rhin)  le  11  mai  1854.  Il  com- 


mença l'étude  de  la  musique  à  onze  ans  et  demi, 
dans  sa  ville  natale,  sous  la  direction  de  M   Hey- 
berger,  aujourd'hui  chef  du  chant  à  la  Société 
des  concerts  du  Conservatoire.  Doué  de  rares 
dispositions,  il  fut  envoyé  à  Paris,  y  reçut   d'a- 
bord des  leçons  de  Chauvet,  artiste  extrêmement 
distingué  qui  était  alors  organiste  de  l'église  de 
la  Trinité,  puis  entra  au  Conservatoire,  où  il  fut 
admis  dans  la  classe  de  M.  Benoist  pour  l'orgue, 
dans  celle  de  M,  Reber  pour  la  fugue  et  la  com- 
position. En   1870,  il  obtenait   au   concours  un 
premier  accessit  d'orgue  et  un   second  accessit 
de  fugue,  et  en  1872,  à  peine  âgé   de  dix-huit 
ans  et  prenant  part  au  concours  de  l'Institut,  il 
se  voyait  décerner  le  second  prix  de  composition 
musicale.  Il  concourut  sans  succès  l'année  sui- 
vante, mais   en  1874   il  remportait  le    premier 
grand  prix  de  Rome,  pour  la  cantate  Acis  et  Ga- 
latée,  paroles  de  M.  Eugène  Adenis.  C'était  le 
moment  où  le  théâtre  du  Châtelet,  essayant  une 
transformation  dans  le  genre  lyrique,  allait,  pour 
peu     de     temps,    devenir     l'Opéra    populaire. 
M.  Ehrhart  écrivit,  sur  la  demande  de  l'adminis- 
tration, un  prologue  musical  d'inauguration  inti- 
tulé la  Muse  populaire,  mais,   par  suite  de 
diverses  circonstances,  ce  prologue  ne  put  être 
représenté.  Le  jeune  musicien  partit  alors  pour 
Rome  peu  de  temps  après,  et  là,  se  mit  au  tra- 
vail avec  ardeur,  écrivant  les   partitions  d'un 
opéra-comique,    Monsieur    Martin,    et    d'un 
grand  oratorio.  Vers  le  mois  de  septembre  1875, 
craignant,  vu  sa  complexion  délicate,  d'être  ex- 
posé aux  fièvres  qui  sévissent  souvent  à  Rome 
pendant  l'automne,  il  s'éloigna  de  cette  ville  et 
se  rendit  à  Venise.  L'infortuné  n'avait    fui   un 
danger   que    ponr   tomber    dans   un    autre;   à 
peine  était-il  installé  à  Venise,  qu'il  y  fut  pris  par 
les  fièvres  des  lagunes.  Ne  voulant  pas  rester, 
seul  et  malade,  dans  une  ville  où  il  ne  connais- 
sait  personne  et  où  il  ne  saurait  comment  se 
faire  soigner,  Ehrhart,  malgré  son  état  de  souf- 
france, prit  le  chemin  de  fer  pour  retourner  à 
Rome.  Hélas  !  il  n'eut  même  pas  le  temps  d'y 
arriver.  Pendant  ce  court  voyage,  le  mal  fil  des 
|)rogrès  d'une  rapidité  effroyable,   des    progrès 
tels  qu'Ehrhart  fut  obligé  de  s'arrêter    à  Par- 
retta,  petit  pays  situé  près  de  Florence,  et  qu'il 
mourut  là,  à  l'âge  de  21  ans,  le  lundi  4  octobre 
1875. 

EHRLICH  (Henri),  pianiste  de  talent  et 
écrivain  sur  la  musique,  est  né  en  1824  dans  le 
Hanovre.  Depuis  plusieurs  années  il  est  profes- 
seur au  Stern's  chen  Conservaiorium  de  Ber- 
lin. Ehrlich  s'est  fait  aussi  connaître  comme 
compositeur,  et  il  a  écrit  plusieurs  pièces  pour 
le  piano.  Y.  , 


302 


EHRLIGH  —  ËLBEL 


EIIRLICH  ( ),"  compositeur,  était  clief 

d'orchestre  du  théâtre  de  Magdebourg  lorsqu'il 
fit  représenter  à  Fribourg,  en  1870,  uu  opéra 
intitulé  If  s  Rosières, 

*EICHBERG  (Jules),  violoniste  et  compo- 
siteur, est  né  à  Dusseldorf  en  1828.  Il  perfec- 
tionna ses  études  au  Conservatoire  de  Bruxelles, 
où  il  devint  élève  de  Meerts  pour  le  violon  et  de 
Félis  pour  la  composition,  et  où  il  remporta  en 
1844  les  deux  premiers  prix  pour  ces  deux  cours 
d'études.  Devenu  concertmeister  au  théâtre  de 
Francfort,  c'est  en  1848  qu'il  fut  appelé  à  Ge- 
nève comme  professeur  au  Conservatoire  de  cette 
ville.  En  1857,  il  partit  en  qualité  de  chef  d'or- 
chestre pour  Boston,  où  il  réside  encore  aujour- 
d'hui, et  où  il  a  fait  représenter  deux  opérettes  : 
the  Doclor  of  Aleandra,  et  ihe  Rose  of  Ty- 
rol.  11  a  fait  graver  en  Europe  des  duos,  des 
trios  et  des  étmles  pour  le  violon. 

EICHBERG  (Oscar),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  à  Berlin  le  21  janvier  1845,  se  fit  en- 
tendre en  public  dès  l'âge  de  dix  ans.  Élève  de 
M.  A.  Loescliorn  pour  le  piano  et  de  M.  Frédéric 
Kiel  pour  la  composition,  il  devint  un  virtuose 
distingué  en  même  temps  qu'il  fut  très  apprécié 
comme  professeur.  Créateur  en  1871  d'une  so- 
ciété de  cliant,  M.  Oscar  Eichberg  a  publié  un 
certain  nombre  de  lieder,  des  chœurs,  ainsi 
que  des  morceaux  de  piano  qui  dénotent  un 
talent  sérieux.  Il  a  aussi  donné  des  articles  à 
Y  Écho,  de  Berlin,  et  à  la  Nouvelle  Gazette  mu- 
sicale, Y. 

EICHLER  (Jean-Léopolp),  compositeur, 
naquit  a  Voilsdorf  en  Bohême.  Vers  le  milieu  du 
dix  huitième  .siècle,  il  était  violon-solo  de  la  cha 
pelle  du  roi  de  Saxe.  Il  s'est  acquis  une  réputa- 
tion solide  comme  professeur  de  chant.  Eichler 
est  mort  à  Leitmeritz,  le  25  mai  1775.         Y. 

*  EICHORIX  (Edolard),  violoniste  et  com- 
positeur, né  vers  1823,  s'est  fait  connaître  par 
plusieurs  productions  instrumentales  importantes, 
notamment  un  concerto  de  violon  avec  accom- 
pagnement d'orchestre.  Il  est  depuis  longues  an- 
nées maître  de  concert  à  Cobourg. 

EILERS  (Albert),  chanteur  et  compositeur 
allemand,  était  attaché  comme  chanteur  au 
théâtre  de  la  cour,  à  Cobourg,  lorsqu'il  écrivit  la 
musique  d'un  opéra  romantique  en  trois  actes, 
la  Nuit  de  la  \Saint-Jean,  qui  fut  représenté 
sur  ce  théâtre  au  mois  de  novembre  1867,  et 
reproiluil  l'année  suivante  sur  celui  de  Golha. 

EISEXHOFER  (François-Xavier),  remar- 
quable compositeur  de  lieder,  naquit  le  29  no- 
vembre 1783  à  Ilmmunster,  dans  la  Haute  Ba- 
vière. Fils  de  pauvres  paysans,  cet  artiste  dis- 
tingué doit  à  son  intelligence  et  à  sa  persévé- 


rante application  le  nom  qu'il  s'est  fait.  Un 
grand  nombre  de  ses  compositions  sont  restées 
inédites,  mais  on  a  de  lui  24  œuvres  comprenant 
des  morceaux  pour  voix  seule,  avec  accompa- 
gnement de  piano  ,  qui  ont  été  fort  goûtés.  Il  a 
fait  imprimer  aussi  une  ode-cantate  pour  chœur 
et  orchestre  ,  intitulée  la  Fête  des  Rois.  11  est 
mort  le  15  août  1855,  à  Wurzbourg.  >      Y. 

EISFELD  (Théodore),  compositeur,  pia- 
niste, violoniste  et  théoricien,  né  à  Wolfenbuttel 
en  1816,  a  fait  ses  premières  études  avec  Reis- 
siger.  En  1840  il  fut  nommé  maître  de  chapelle 
à  Wiesbaden,  mais  jugeant  son  éducation  musi- 
cale insuffisante,  il  abandonna  bientôt  ce  poste 
et  vint  travailler  à  Paris,  où  il  obtint  la  place 
de  chef  d'orchestre  des  C  oncertsVivienne.  Il 
ne  resta  pas  longtemps  titulaire  de  ce  nouvel 
emploi,  qu'il  quitta  pour  aller  en  Italie  se  per- 
fectionner dans  l'étude  du  chant.  En  1848  il 
partit  pour  New-York,  où  il  s'acquit  une  grande 
et  légitime  réputation.  Y. 

KITAIER  (Robert),  compositeur  et  savant 
musicien,  est  né  le  22  octobre  1832  à  Breslau. 
En  1855  il  alla  se  fixer  comme  professeur  à 
Berlin,  où  il  se  fit  connaître  en  même  temps 
comme  virtuose.  Il  publia  vers  la  même  époque 
une  Cantate  pour  Im,  Pentecôte,  un  Stabal  ma- 
ter, un  opjra  biblique  :  Judith,  et  une  ouver- 
ture du  Cid.  Les  travaux  de  littérature  musi- 
cale d'Eitner  sont  nombreux  et  comprennent  : 
un  dictioimaire  biographique  des  compositeurs 
hollandais ,  la  biographie  de  Peter  Sweelinck, 
dont  il  a  également  publié  différenles  composi- 
tions, un  guide  du  professeur  de  piano,  et  diffé- 
rentes études  éparpillées  dans  les  journaux,  de 
niu-iquede  l'Allemagne.  Eitner  est  le  rédacteur 
en  chef  de  la  Revue  mensuelle  pour  Vhtstoire 
de  la  musique,  et  l'un  des  principaux  collabo- 
rateurs de  la  société  fondée  pour  la  publication 
des  ouvrages  théoriques  et  pratiques  des  maî- 
tres du  quinzième  et  du  seizième  siècle, 

Y. 

ELREE  ( D'),  militaire  français,  capi- 
taine instructeur  au  2"  régiment  de  cuirassiers, 
était  en  garnison  à  Arras  lorsqu'il  publia,  en 
1852,  une  brochure  ainsi  intitulée  :  Nouvelle 
organisation  des  musiques  de  cavalerie. 

ELBEL  (Victor),  compositeur,  né  en  Alsace 
au  commencement  de  ce  siècle,  a  longtemps  ha- 
bité Paris,  où  il  se  livrait  à  l'enseignement  et  où 
il  a  cherché  vainement  à  produire  ses  œuvres, 
malgré  leur  valeur,  dit-on,  très-réelle.  M.  Elbel 
a  fait  exécuter  sur  le  théâtre  de  Strasbourg  un 
grand  oratorio  en  quatre  parties,  der  Mûnster- 
bau  (la  Construction  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg),  dont  le  poème,  écrit  en  allemand, 


ELBEL  —  ELWART 


303 


était  l'œuvre  de  M.  Louis  Spach,  archiviste  da 
département  du  Bas-Rhin  La  parlilion  de  cet 
ouvrage,  vasle  et  imissante  dans  ses  propor- 
tions, était,  parait-il,  aussi  remarquable  au 
point  de  vue  de  la  forme  que  de  l'inspiralinu,  et 
produisit  sur  le  public  une  impres-ion  iirofonde. 
L'auteur  s'était  déjà  fait  connaître  de  ses  compa- 
triotes par  deux  symplionies  descriptives,  l'une 
intitulée  l'Océan,  l'autre  Berlin  la  nuit,  qui 
avaient  été  très-bien  accueillies. 

*ELER  (Andhé).  On  doit  mettre  au  compte 
de  cet  artiste  le  Chant  des  Vengeances,  inter- 
mède lyrique  écrit  par  lui  sur  des  paroles  de 
Rouget  de  Lisle,  et  exécuté  à  l'Opéra  le  7  mai 
1798. 

EL-GHARÎDH  (ABD-EL-MÉLIIC,  connu 
sous  le  nom  d),  chanteur  arabe  qui  vécut  pen- 
dant le  premier  siècle  de  l'hégire,  était  un  af- 
franchi, et  devint  élève  du  fameux  chanteur  et 
compo.-iieur  IbuSouraydj,  avec  lequel  il  en- 
treprit plus  d'une  (ois  par  la  suite  une  lutte  très- 
vive,  et  qu'il  égala  à  divers  points  de  vue.  Les 
avantages  physiques  d'EI  GharMh,  qui  était  jeune 
et  beau,  le  firent  préférer  parfois  à  son  maître, 
dont  les  traits  étaient  disgracieux  et  qui  louchait 
d'un  œil.  Cependant,  EIGharîdli  finit  par  être 
vaincu  par  Ibn  Souraydj,  et  l'on  verra,  dans 
l'article  consacré  à  ce  dernier,  tous  les  détails 
relatifs  à  leur  longue  rivalité. 

Les  qualités  morales  d'EI-Gliarîdli  étaient 
loin  de  répondre  à  son  talent  ;  il  menait  une 
existence  dissolue,  et  son  immoralité  était  no- 
toire. Sa  mauvaise  conduite  finit  par  l'obliger  à 
quitter  la  Mekke,  sa  ville  nntale,  iiour  se  réfugier 
dans  le  Yanian.  Il  vécut  pendant  plusieurs  an- 
nées dans  cette  retraite,  triste  et  morose,  et 
mouiut  dans  un  âge  assez  avancé,  vers  l'an 
98  de  l'hégire  (716  7t7  de  l'ère  chrétienne),  sous 
le  califat  de  Souleymân,  fils  d'Abd-el-Mélik. 

ELISABETH,  reine  d'Angleterre,  compte 
au  nombre  des  souverains  (|ui  chérirent  le  plus 
la  musique,  qui  la  cultivèrent  avec  talent,  et 
qui  firent  tous  leurs  effor-ts  pour  la  protéger  et 
en  répainiie  le  goût  et  l'étude.  Non-.-eulement 
cette  princesse  jouait  de  la  vir-ginale  avec  une 
rare  habileté  (son  Virginal  Bouk,  qui  a  été  con- 
serve ,  renferme  des  moi'ceaux  très-dilticiles), 
mais  elle  tit  tout  pour  encourager  la  mirsique  et 
les  musiciens,  que  les  efforts  de  la  secte  puri- 
taine tendaient  à  proscrire  et  à  faire  disparaître. 
C'est  pour  elle  et  pour  satisfaire  sa  rare  vanité, 
que,  dans  un  dessein  politique  resté  jrrsqn'à  ce 
jour  inconnu,  lord  Notlingham  commtnda  un 
jour  à  Thomas  Morley,  excellent  artiste  de  la 
chapelle  de  la  reine,  un  ouvrage  auquel  furent 
appelés  à  prendre  part  les  meilleurs  poètes  et 


les  premiers  musiciens  du  royaume,  et  qui  de- 
vait être  exclusivement  consacré  à  chanter  les 
mérites  et  les  perfections  de  celle  qui  se  faisait 
appeler  la  Grande  Vierge  de  V Occident.  Une 
année  suflil  à  peine  ù  la  préparation  de  cet  ou- 
vrage, qui  parut  en  1601  sous  ce  trti'e  :  the 
Triumphs  nf  Oriana,  to  jive  and  six  voyces, 
composed  bij  several  authors.  C'était  la  reine 
elle-même  qui  élait  personnifiée  sous  ce  nom 
d'Oriana,  emprunté  à  l'héioine  du  fameux  ro- 
uraiî  de  chevalerie  Amadis  des  Gaules,  et  qui, 
dans  ce  roman,  était  le  type  de  toutes  les  vertus 
et  de  tous  les  enchantements.  Toirtes  les  pièces 
des  Triumphs  of  Oriana,  au  nombi'e  de  vingt- 
neuf,  se  terminaient  par  ces  mots  :  Long  live 
fair  Orianii!  Vive  la  belle  Oriana  ! 

Fille  de  Henri  VIII  et  d'Anne  Boleyn,  Elisa- 
beth, qui  était  née  en  1533,  mourut  en  1603. 

*  ELLA  (JoHNi.  Cet  excellent  artiste,  qui 
continue  de  diriger  à  Londres  les  intéressantes 
séances  de  la  Musical  Union,  fondées  par  lui  il 
y  a  plus  de  trente  années,  a  publié  les  écrits 
suivants:  l^  Lectures  on  dramatic  muslcand 
éducation;  2°  Musical  sketches  abroad  and 
at  home;  3"  Personal  Memoir,  vntli  portrait 
of  Meyerbeer,  and  anal ysis  o/"  les  Huguenots; 
4°  The  harmonius  Blacksmith,  its  history.  La. 
co  lection  de  VAnnual  Record  of  the  Musical 
Union,  très-interessant  par  ses  analyses  critiques 
et  ses  notices  artistiques,  forme  aujourd'hui 
tr-ente  et  im  cahiers  in-8°. 

*ELLEIl  (Lours',  violoniste,  est  mort  à  Pau 
au  mois  de  jrrillet  1862. 

*  ELLERTON  (.lourf-LoDCE),  compositeur, 
est  mort  à  Londres  le  3  janvier  1873. 

*  ELLEVIOU  (JrîAN).  On  trouvera  dans 
l'ouvrage  suivant  :  Figures  d'opéra  comique, 
par  Arihrrr  Pougin  (Paris,  Tresse,  in  8°,  1875), 
une  notice  li'ès  étendue  sur  cet  artiste  célèbre, 
accompagnée  d'un  portrait  à  l'eau-forfe  d'après 
celui  dessiné  parRiesener,  gravé  par  Saint- Aubin 
et  publié  vers  1810. 

EL"VEY  (Sir),  or-ganiste  et  compositeur  an- 
glais, ne  ilarrs  les  pi'emièi'es  années  de  ce  siècle, 
a  fait  d'excellentes  études  musicales,  et  a  reçu 
de  rUniver  ilé  d'Oxford,  en  1S31,  le  diplôme  de 
docteur  eu  musique.  Auteur  d'un  grand  nombre 
d'œuvres  de  musi()ue  religieuse  fort  estimées 
dans  sa  patrie,  il  exerce  depuis  longires  années  les 
fonctions  d'organiste  de  la  clia|)elle  St-Georges 
de  la  résidence  royale  de  Win  Isor.  En  1871,  la 
reine  Victoria,  en  témoignage  de  sa  satisfaction, 
a  conféré  à  M.  Elvey  des  titr'es  de  noblesse  et  l'a 
cr-éé  chevalier,  en  même  temps  que  MM.  Stern- 
dale  Benrrett  et  Jirlius  Benedict. 

*  ELWART  (Antoine-Elie).  Cet  excellent 


304 


ELWART  —  ENGEL 


artiste  a  pris  sa  retraite  de  professeur  au  Con- 
servatoire après  trente  et  un  ans  de  service,  an 
mois  d'octobre  1871.  C'est   en  1840,  en   effet, 
que  Clierubini,  alors  directeur  de  cet  établisse- 
ment, avait  créé  une  seconde  classe  d'iiarmonie 
écrite   et  l'en  avait   nommé  titulaire.  L'année 
même  de  sa  retraite,  M.  Elwart  recevait  du  mi- 
nistre  les  palmes  d'oflicier  d'académie,   et  en 
1872  il  était  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'iion- 
neur.  A  la  liste  nombreuse  de  ses  ouvrnges,  il 
faut  ajouter  les  .suivants  :   1°  Solfège  du  jeune 
âge  (texte  français  et  anglais).  Pari*,   Yernot  ; 
2°  le  Contrepoint  et  la  fugue  appliqués  au 
style  idéal,    Paris,    Joly  ;    3»    Petit  Manuel 
d'instrumentation,  Paris,  Colombier  ;  A''  Ma- 
nuel des  aspirants  aux  grades  de  chef  et  de 
sous-chef  de  musique  dans  l'année  Jrançaise; 
5»  Lutrin  et  Orphéon,  grammaire   musicale 
dans    laquelle  le  plain-chant  et  la  musique 
sont  appris  en  chantant  des  chœurs,  enrichie 
d'ai's  fiançais  arrangés  à2,  3  et  i  voix  éga- 
les, etc.,  Paris,  Gérard  ;  6"  Essai  sur  la  com- 
pos  lion  chorale,  Paris,  Esciidier  ;  1"  le  Concert 
choral,  15  cliœurs  à   3   et  4    voix  d'hommes; 
8°  Mosaïque  chorale,  12  cliœurs  à  3  et  4  voix 
d'hommes,  arrangés  d'après  les  opéras  les  plus 
célèbi  es  ;  9°  les  Heures  de  l'enfance,  recueil  de 
chœurs  à  3  et  4  voix,  à  l'usage  des  jeunes  su- 
jets des  deux  sexes;  10°  le  Salut  impérial,  can- 
tate; ir  le  Pouvoir   de  lliarmonie,  cantate; 
12°  Pc^nd/o/^fi,  scène  lyrique;  13°  Bichat, scène 
chorale;  14°  Hymne  à  la  bemité,  cantate  clio- 
rale;   15»  Messe  de  SteCecile  ;  U>°  Pas  d'or- 
chestre, opérette  chorale;  17°  Histoire  de  la  So- 
ciété des  concerts  du  Conservatoire  impérial 
de  musique,  Paris,  Caste),  1860,  in-12  ;    18° 
Histoire  des  Concerts  populaires  de  musique 
classique,  id.,id.,  1864,  in-12. 

M.  Elwart  avait  entrepris,  en  1867,  la  publi- 
cation de  ses  Œuvres  inusicales  choisies,  dont 
l'enseml'le  devait  comporter  six  volumes,  mais 
dont  trois  seulement  ont  paru,  cette  publication 
ayant  été  interrompue  par  les  événements  de 
1S70.  Le  premier  volume  contient  ô4  mélodies 
vocales  et  la  cantate  le  Pouvoir  de  l'harmo- 
nie ;  le  second  renfeime,  en  partition,  trois  'iuh- 
tuors  pour  instruments  à  cordes  et  un  quatuor 
pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle .  entin,  le 
troisième  comprend  la  grande  partition  de 
YHymme  à  samte  Cécile,  quatre  mélodies  vo- 
cales, et  une  scène  antique,  \  Enlèvement  de 
Ganymède,  pour  clarinette  ou  violoncelle  solo 
avec  accompagnement  de  piano. 

Pamii  les  nond^reux  élèves  formés  par  M.  El- 
wart au  cours  de  son  long  enseignement,  il^con- 
Tient  de  ci  1er  surtout  Albert  Grisar,  Aimé  Mail- 


lart,  Georges  Bousquet,  Emile  Prudent, 
MM.  Théodore  Gouvy,  Wekerlin,  Laurent  de 
Rillé,  Verrimst,  Olivier  Métra,  Adolphe  Blanc, 
Edmond  Hocmelle,  Alfred  Mutel,  etc.,  etc. 

ELZE  (Clément-Thomas),  violoniste,  pia- 
niste, organiste  et  compositeur,  est  né  en  1830 
à  Oranienbaum,  dans  le  duché  d'Anhall-Dessau. 
Des  l'âge  de  sept  ans  il  touchait  de  l'orgue. 
Après  avoir  reçu  des  leçons  de  Frédrric  Schnei- 
der, il  alla  compléter  ses  études  au  Conserva- 
toire de  Leipzig,  oii  il  eut  pour  maîtres  Ferdi- 
nand David  pour  le  violon,  Plaidy,  Dreyschock 
el  Moschelès  pour  le  piano,  enfin  Hauptmanu 
pour  la  composition.  Dès  1852,  fixé  à  Laibach 
comme  organiste,  M.  EIze  se  faisait  une  véri- 
table renommée  sous  ce  rapport.  En  tant  que 
compositeur,  on  doit  à  cet  artiste  plusieurs 
symphonies,  des  quatuors  pour  instruments  à 
cordes,  des  sonates  pour  piano  et  violon,  parmi 
lesquelles  .«a  .sonate  op.  10  est  considérée 
comme  la  plus  importante,  ries  lieder,  etc. 

E.\Ii\lLRlClI  (Robert),  compositeur  alle- 
mand contemporain,  s'est  fait  connaître  par  la 
publication  d'un  grand  nombre  de  recueils  de 
lieder  à  une  ou  plusieurs  voix,  dont  quelques- 
uns  avec  chœurs.  Cet  artiste  s'est  ensuite  produit 
au  théâtre,  sans  que  ses  succès  en  ce  genre 
aient  été,  je  crois,  bien  appréciables.  C'est  ainsi 
qu'il  a  donné  à  Weimar,  en  1874,  un  opéra  in- 
tiiulé  DerSchwedensee,  et  à  Stetlin,  le  13  mars 
1875,  un  autre  ouvrage  dramatique  ayant  pour 
titre  Van  Dyck. 

ENEA  (Elia),  compositeur  italien,  est  l'au- 
teur d'un  ojiéra  séru-ux  qui  a  pour  titre  O/waro, 
et  d'un  opéra  bouffe  intitulé  l'Operaiodi  Saint- 
Ctoud.  Je  n'ai  aucun  renseignement  sur  la  date 
et  le  lieu  de  représentation  lie  ces  deux  ouvrages, 
et  j'ignore  même  s'ils  ont  été  joués  jusqu'ici, 
n'en  ayant  rencontré  les  litres  que  dans  le  ca- 
talogue d'un  éditeur  italien;  or,  il  faut  .savoh" 
que  les  éditeurs,  en  Italie,  ont  l'habitude  d'ins- 
crire sur  leurs  catalogues  tous  les  ouvrages  dont 
ils  se  sont  rendus  acquéreurs,  même  avant  que 
ceux  ci  aient  paru  sur  aucun  théâtre. 

EKGEL  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom  (peut- 
être  est-ce  Charles  Engel,  dont  il  est  parlé  au 
tome  III  de  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens)  a  écrit  la  musique  d'un  opéra  comi- 
que en  trois  actes,  le  Prince  Carnaval,  qui  a 
été  représenté  sur  le  théâtre  Friedrich- Wilhelm, 
de  Berlin,  an  mois  de  mars  1862. 

EASGEL  (L....),  organiste  distingué  et  com- 
positeur, est  l'un   des  artistes   qui  se  sont  le 
plus  attachés  à   répamire  en  France  le  goftt  et 
l'usage  de  l'humonium  ou  orgue  expressif.  Vir- 
uose    fort  habile,  il  sait  tirer  de   cet  instru- 


I 


ENGEL  —  ERMEL 


305 


ment  des  effets  particuliers,  soit  par  la  diver- 
sité (le  la  combinaison  des  jeux,  soit  par  un  re- 
marquable emploi  de  la  soufflerie,  de  façon  à 
faire  naître  l'émotion  ou  la  rêverie  dans  l'âme 
ou  dans  l'esprit  de  ses  auditeurs  M.  Engel  n'est 
pas  seulement  avantageusement  connu  du  public 
français  ;  il  a  obtenu  aussi  de  grands  succès  en 
Angleterre,  on  son  talent  est  tenu  en  grande  es- 
time. Cet  artiste  a  publié,  outre  un  Traiié  pra- 
tique d'harmonium  (Paris,  Clioudens),  un 
grand  nombre  de  morceaux  pour  cet  instru- 
ment ;  ces  morceaux  consistent  en  fantaisies, 
dont  quelques-unes  sont  charmantes  et  d'une 
forme  très-distinguée,  et  en  transcriptions  de 
tlièmes d'opéras  ou  de  mélodies  célèbres. 

*EJ\GEL  (DAvm-HERiHANN),  organiste  re- 
nommé et  compositeur,  est  mort  à  Merseburg  le 
3  mai  1877.  On  lui  doit  une  Histoire  de  la  cons- 
truciinn  des  orgues. 

EiVGEL  (Carl),   liistorien  musical  anglais, 
s'est  fait  connaître  par    les  ouvrages  sidvanis, 
publiés  dans  ces  dernièi'es  années  :  1°  The  Mu- 
sic  ofthe  most  ancient  nations,  particularly 
of  the    Asst/rian,   Egyptian ,  and  Hebrev)s, 
with  spécial  referer.ee  to  récent  discoveries 
in  Western  Asia  and  inEgypt,  many  illustra- 
lions.  (La  Musique  des  plus  anciennes  nations, 
particulièrement  celle  des  Assyriens,  des  Égyp- 
tiens et  des  Hi'breux,  spécialement    d'après   les 
découvertes  récentes  faites  dans  l'Asie  occiden- 
tale et  en  Egypte,  avec  de  nombreuses  illustra- 
tions), un  fort  vol.  in-8°  ;  2°  Introduction   to 
the   study  of  national  music  (Introduction  à 
l'étude  de  la  musique  nationale),  un  vol.    avec 
planches  ;   3°    Refleclions    on  church    music 
(Réflexions   sur    la  musique    d'église),  un   vol. 
in-S"  ;  4°  A  descriptive  Catalogue  of  the  musi- 
cal instruments  in  the  South  Kensington  Mu- 
séum, precede'l  by  an  Essay  on  the  history 
of  musical  instruments.  (Catalogue  descriptif 
des  instruments  de  musique  du  Musée  de  South 
Kensington,  précédé  d'un  Essai  sur  l'histoire  des 
instruments),   un  vol.   in-S»,  avec  vignettes  et 
I)liotographies. 

EI\GELIIAR!)T  (Féodor),  pianiste,  orga- 
niste et  compositeur  allemand,  était  en  1850 
élève  a  l'Académie  royale  des  Arts  de  Berlin.  En 
1853  il  y  obtint  des  distinctions,  et  le  23  juin  de 
.  l'année  suivanle  il  faisait  exécuter  sous  sa  di- 
rection, en  séance  publique  de  cette  Académie, 
le  90«  psaume  mis  par  liù  en  musique  pour 
soli,  chceurs  et  orchestre.  En  1855  ,  il  se  fit  en- 
tendre en  public  comme  pianiste,  et  dans  le 
cours  de  la  même  année  il  fut  nommé  orga- 
niste de  l'église  Saint-Marc,  nouvellement  cous-  1 
truite  à  Berlin.  Cet  artiste  est  moit  dans  toute  I 

BIOGB.    UNIV.    nKS   MUSICIENS.    SUPPL.    —    T. 


la  force  de  l'âge,  à  Arnstadt,  le  10  juin  1876. 
EREiVliWS  OU  ERBEMAÎVS  (M"-),  chan- 
teuse de  rOpera,  entra  à  ce  théâtre  vers  1720,  et 
prit  sa  retraite  le  1"  janvier  1743,  Elle  fit  de 
nombreuses  créations,  dont  quelques-unes  étaient 
importantes,  dans  les  ouvrages  suivants  :  Piri- 
thoils,  les  Fêtes  grecques  et  romaines,  les 
Éléments ,  Pyrame  et  Thisbé,  les  Amours 
des  Dieux,  Tarsis  et  Zélie,  les  Amours  des 
Déesses,  le  Parnasse,  la  Pastorale  héroïque, 
les  Sens,  les  Grâces,  les  Indes  galantes, 
Scanderberg,  le  Triomphe  de  VHarmonie, 
Castor  et  Pollux,  les  Caractères  de  l'Amour, 
Zaïde,  reine  de  Grenade,  Dardanus,  Nitetis 
et  Isbé.  M"«  Eremans,  qui  avait  épousé  un  ac- 
teur de  l'Opéra  nommé  Lepage,  mourut  en 
1761.  Elle  fut  considérée  de  son  temps  comme 
l'une  des  meilleures  artistes  de  ce  théâtre,  et 
jouit  d'une  grande  réputation. 

''  ERKEL  (François).  Ce  compositeur,  très- 
popuiaire  en  Hongrie,  sa  patrie,  a  fait  représen- 
ter sur  le  théâtre  national  de  Pesth,  au  mois  de 
mai  1874,  un  opéra  en  langue  hongroise,  intitulé 
Brankovics  Gyorgy.  Cet  ouvrage  a  obtenu  un 
très- grand  succès. 

ERLAi\GER  (Jules),  compositeur  drama- 
tique, né  à   Vissembourg  (Bas-Rhin),  le  25  juin 
1830,  a  fait  une  partie  de  ses  éludes  musicales 
au  Conservatoire  de  Paris,  où  il  fut  élève  d'Ha- 
lévy,  et  où  il   obtint  un  accessit  de    fugue  au 
concours  de   1850.  11   a  publié  quelques  mor- 
ceaux de  genre  pour  le  piano,  et  fait  représenter 
au  théâtre  des  Bouffes  Parisiens  les  quatre  ou- 
vrages suivants  :  1"  Mesdames  de  Coeur-Vo- 
lant, un  acte,  16  avril  1859  ;  2"   les  Musiciens 
de  Vorchestre,  2  actes  (en  société  avec  M VI.  Hi- 
gnard  et  Léo   Delibes),  25  janvier  1861  ;  3°  la 
Servante  à  Nicolas,   un  acte,  11  mars  1801; 
4"  l'Arbre  de    Rotnnson,   un  acte,   19  octobre 
1867.  Quoique  ses  débuts  aient   été  assez  favo- 
rablement accueillis,   M.  Erlanger    abandonna 
l'art   pour  les  affaires.  Il  est  depuis    plusieurs 
années  fixé  en  Angleterre,  où  il  s'occupe  unique- 
ment de  commerce. 

*  ER.\1EL  (Louis-Constant),  est  mort  à  Pa- 
ris en  1870,  pendant  le  siège  de  cette  ville. 
Avant  de  remporter  le  grand  prix  de  composi- 
tion à  l'Institut,  il  avait  fait  au  Conservatoire 
des  études  brillantes,  et  .s'était  vu  décerner  en 
1820  un  second  prix  de  piano,  en  1821  le  pre- 
mier prix  et  un  accessit  de  fugue.  Comme  tant 
d'autres,  il  chercha  inutilement  à  se  produire  à 
rOpéra-Comique-,  n'y  pouvant  réussir,  il  fit  re- 
présenter à  Liège,  le  6  mars  1836,  un  petit  ou- 
vrage en  un  acte,  le  Testament,  qui  fut  ensuite 
joué  à  Bruxelles  en  1838.  En  1840,  il  fut  cou- 
I.  20 


306 


ERMEL  —  ESCHMANN 


ronnéà  Gand,  sa  ville  natale,  pour  un  Slabat 
mater  mis  au  concours,  et  en  1846  il  obtint  à 
Paris,  en  partage  avec  MM.  ChoUet  et  Nicou- 
Choron,  une  nouvelle  récompense  pour  la  com- 
position (Je  chants  religieux  et  historiques.  Enfin, 
en  1848  ,  le  gouvernement  de  la  République 
française  ayant  ouvert  un  concours  pour  la  com- 
position d'un  chœur  national  {Gloire  à  la  noble 
France,  paroles  de  M,  Fournier),  800  artistes 
prirent  part  à  ce  concours,  et  Ermel,  couronné 
de  nouveau,  obtint  une  médaille  de  bronze.  De- 
venu membre  de  la  commission  municipale  pour 
l'enseignement  du  chant  dans  les  écoles  de 
Paris,  Ermel  faisait  partie  de  la  Société  des  com- 
positeurs de  musique.  Il  est  l'auteur  d'un  Sol- 
fège choral  transposUeur,  pour  faciliter 
renseignement  du  chant  sans  accompagne- 
ment par  les  exercices  fondamentaux  d'in- 
tonation dans  tous  les  tons  et  dans  toutes  les 
mesures  (Paris,  Brandus,  in-8").  Je  crois  qu'il  a 
publié  aussi  un  certain  nombre  de  compositions 
de  divers  genres. 

Un  frère  aine  d'Ermel,  musicien  aussi,  se  sui- 
cida en  1840  (1).  Leur  père,  né  à  Mons  en  17(J2, 
et  établi  à  Gand  dès  ses  plus  jeunes  années, 
était  un  pianiste  fort  distingué,  en  même  temps 
qu'un  compositeur  et  un  chanteur  aimable. 
«  Personne  (dit  l'Annuaire  dramatique  belge 
pour  1843)  ne  chantait  la  romance  avec  plus  de 
goût  et  de  pureté;  sa  méthode  d'enseignement 
était  excellente  et  éprouvée,  et  nombre  de  nos 
pianistes  les  plus  brillants  dans  les  classes  dis- 
tinguées de  la  société,  étaient  ses  élèves.  Ermel 
a  également  écrit  la  musique  et  souvent  les  pa- 
roles deplu.sieurs  cantilèneset  aria  qu'on  entend 
quelquefois  clianter,  et  qui  plaisent  sinon  par  la 
fougue  et  la  verve  du  compositeur,  du  moins  par 
la  vérité  et  les  grâces  de  l'expression  et  du  sen- 
timent. »  Cet  artiste  mourut  à  Mons  le  22  avril 
1842. 

*  ER1\EMA1\J\  (Mai'kice),  est  mort  à  Bres- 

lau  au  mois  d'août  1866.  Cet  artiste  était  né  à 

Eisleben^  non  en  1810,  comme  il  a  été  dit  par 

erreur,  mais  en  ISOO. 

ERIXOUF  (Le   baron),  écrivain  français,  a 


(1)  Il  s'appelait  Auguste- François-Edouard  Ermel.  Né 
à  Gand  ea  1793,  établi  à  Bruxelles  comme  professeur  de 
piano,  cet  artiste,  lors  d'un  voyage  qu'il  lit  à  Anvers,  se 
pendit  dans  la  chambre  qu'il  occupait  à  l'hôtel  du  Com- 
merce (8  novembre  18V0|. 

Un  autre  artiste  du  même  nom,  et  vraisemblablement 
de  la  même  famille  (quoique  je  ne  puisse  pas  l'afDrmer), 
Alexis  Ermel,  vivait  dans  le  même  temps  à  Bruxelles, 
où  il  lit  représenter  un  opéra  intitulé  la  Feillèe  dc.t 
Touristes.  On  lui  doit  aussi  des  mélodies,  des  cantates, 
et  des  chœurs  dont  Jun  surtout  est  devenu  très-popu- 
jaire  sous  le  titre  de  Chant  des  Carabiniers. 


consacré  une  partie  de  ses  travaux  à  quelques 
études  musicales  dans  lesquelles  il  a  fait  preuve 
de  goût  et  d'un  bon  sentiment  artistique.  Suc- 
cessivement rédacteur  de  la  Revue  contempo- 
raine et  de  la  Revue  de  France,  où,  sous  le 
pseudonyme  :  0.  Mercier,  il  était  chargé  de  la 
chronique  musicale,  il  a  publié,  dans  le  premier 
de  ces  recueils  et  sous  son  nom  véritable,  quel- 
ques résumés  fort  intéressants  de  la  vie  de  plu- 
sieurs grands  artistes  :  Beethoven  (31  décembre 
1864),  Mendelssohn  (31  octobre  1864),  Meyer- 
beer  (15  mai  1864),  Robert  Schiimann  (31  jan- 
vier 18G4),  et  Rossini  (15  décembre  1868).  Ces 
notices,  utiles  surtout  au  point  de  vue  histori- 
que, bien  qu'il  s'en  dégage  un  sentiment  critique 
et  poétique  généralement  juste,  sont  précisément 
conçues  dans  le  Sfns  <ies  travaux  auxquels  on 
donne  en  Angleterre  le  nom  A' essais,  et  elles 
peuvent  être  consultées  avec  d'autant  plus  de 
fruit  qu'elles  ne  sont  pas  de  simples  disserta- 
lions,  et  qu'elles  ont  été  écrites  à  l'aide  de  do- 
cuments originaux  et  des  derniers  travaux  pu- 
blies dans  leur  pays  sur  les  artistes  qui  en  font 
l'objet.  Il  est  fâcheux  que  M.  Ernouf  n'ait  pas 
eu  l'idée  jusqu'ici  de  réunir  en  un  volume  celte 
série  d'études  d'un  genre  tout  spécial.  A  une 
époque  où  la  littérature  musicale  est  infestée  do 
travaux  sans  valeur,  hâtifs,  bâclés  à  la  hâle  et 
écrits  sans  conscience ,  il  serait  bon  de  ne  point 
laisser  enfouis  dans  les  colonnes  d'un  journal 
des  écrits  sains,  honnêles,  et  dont  la  lecture  ne 
peut  qu'être  profitable. 

*  ERNST  (Henri-Wilheui),  est  mort  le 
7  octobre  1865  à  Nice,  dont  les  médecins  lui 
avaient  recommandé  le  séjour,  à  la  suite  d'une 
profonde  altération  de  sa  santé.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  plusieurs  <puvres  de  musique  de 
chambre.  Parmi  ses  compositions  publiées,  il 
faut  signaler  particulièrement  une  série  de  mor- 
ceaitx  pour  piano  et  violon,  intitulés  Douze  peu- 
sées  furji/ives  (Paris,  Brandus),  et  écrits  par  lui 
en  société  avec  M.  Stéphen  Heller. 

ERRICHELLI    ( ).  Un   compositeur 

italien  de  ce  nom  a  écrit,  en  .société  avec  Jérôme 
Cocchi,un  opéra  bouffe  intitulé  la  Serra  astutu, 
qui  fut  représenté  au  tliéàtre  des  Fiorentini,  de 
Naples,  en  1753. 

ESCIIMAJVN  (Jules-Charles),  compositeur 
de  talent,  est  né  à  AVinterthur  vers  1825,  a  fait 
ses  étiides  musicales  à  Cassel,  où  il  est  resté 
pendant  longues  années  et  où  il  a  publié  des 
compositions  fort  distinguées  pour  piano  seul 
et  pour  piano  et  violon,  ainsi  que  des  mélodies 
vocales.  M.  Eschinann,  qui,  dit-on,  s'est  surtout 
inspiré  de  Robert  Schuinann  dans  ses  produc- 
tions musicales,  est  aujourd'hui    fixé  à  Zurich, 


i 


ESCHMANN  —  ESPENT 


307 


où  il  est  fort  estimé  comme  professeur  de  piano. 
Parmi  ses  compositions,  on  peut  citer  une  Fan- 
tasiestiicke  pour  violon  et  piano,  op.  9  ,  un  Di- 
vertissement sur  le  Freischiltz  pour  les  mêmes 
instruments,  op.  67,  une  Fantasiestûcke  pour 
violoncelle  et  piano,  op.  .3,  deux  lieder  avec  vio- 
loncelle et  piano,  une  Ballade  pour  violoncelle 
avec  accompagnement  d'orchestre,  op.  10,  etc., 
etc. 

ESCRIBANO  (Juan),  uuisicien  espagnol  du 
seizième  siècle,  fit  ses  premières  éludes  musi- 
cales à  l'Université  de  Salamanque,'puis  se  rendit 
à  Rome,  où  il  acheva  son  éducation  et  où  11  de- 
vint ciiapelain  chantre  de  la  chapelle  pontificale. 
Quelques  compositions  religieuses  de  cet  artiste 
sont  conservées  dans  les  arciiives  de  la  chapelle 
Sixtine. 

*  ESCUDIER  (Lkon),  éditeur  de  musique,  a 
fondé  en  18()2,  après  s'être  séparé  de  son  frère, 
le  journal  l'Art  musical,  qui  continue  de  pa- 
laitre  aujourd'hui,  tandis  que  la  France  mu- 
sicale A  cessé  sa  publication  en  1870.  Il  a  pu- 
blié sous  ce  tilre  :  !\tes  Souvenirs  (Paris,  Dentu, 
2  vol.  in  12,  1863-18G8),  deux  volumes  conte- 
nant un  certain  nombre  de  biographies  musica- 
les sans  intérêt  et  sans  valeur.  Au  mois  d'a- 
vril 1876,  M.  Léon  Escudier  a  pris  la  direction 
du  Tiiéàtre-Italien,  dont  la  fermeture  prolongée 
était  très-préjudiciable  à  ses  intérêts  d'éditeur  ; 
il  a  d'ailleurs  frappé  un  coup  d'éclat  en  offrant 
au  public  parisien  la  représentation  du  dernier 
ouvrage  de  M.  Verdi,  Aida,  encore  inconnu  en 
France,  et  en  entourant  la  représentation  de  cette 
œuvre  importante  de  tout  le  prestige  d'une  in- 
terprétation remarquable  et  d'une  mise  en  scène 
.somptueuse. 

ESPADERO  (N.  Rui/),  pianiste  et  compo- 
siteur, instrumentiste  de  premier  ordre  et  musi- 
cien plein  de  talent,  est  né  en  1835  à  la  Havane  ; 
élève  d'Arizti,  ses  œuvres  pour  piano  ont  toute 
la  saveur  de  la  musique  de  Gottschalk  ,  avi  c 
quelque  chose  de  plus  puissant  et  de  plus  pro- 
fond . 

Nous  connaissons  de  M.  Espadero  les  mor- 
ceaux suivants,  édités  à  Paris  chez  l'>cudier  : 
Souvenir  d'' autrefois ,  op.  li;  Chant  de 
l'âme,  op.  13  ;  Plainte  du  poète,  op.  14;  Par- 
tez, ingrate,  mélodie,  op.  15;  Barcarolle,  op. 
18;  Cantnène,  op.  19  ;  Ballade,  op.  20  ;  In- 
nocence, caprice,  op.  23  ;  Tristesse,  nocturne, 
o|).  53  ;    Ossian,  polka  de   salon  ;    Deuxième 

{i)  On  ne  Ura  |i;i<  sans  intérêt  ce  fragment  d'une  lettre 
(le  Ciottsclialk,  relative  à  M.  Kspadero,  et  publiée  par  un 
journal  franrais  en  I8G1  :  —  «  Éloigné  du  théâtre,  des 
luttes  artistiques,  Espadero  a  pu  se  préserver  de  tout 
contact,  bon  ou  mauvais,  qui  aurait  pu  altérer  les  qua- 


Ballade,  op.  57  ;  Scherzo ,  op.  .58  ;  Valse 
idéale,  op.  60;  Chant  du  Guargiro,  grande 
scène  caractéristique  cubaine,  op.  61  (1). 

A.  L  —  N. 
ESPEIVT  (Pierre),  organiste  et  compositeur 
aveugle,  né  à  Marseille  le  28  août  1832,  fut  élevé 
à  l'institution  des  Jeunes-Aveugles  de  Paris,  où 
en  1851  il  fut  couronné  par  Ad.  Adam  pour  le 
grand  prix  de  composition  instrumentale.  Ses 
professeurs  de  musique  furent  MM.  Rémy,  Rous- 
sel, Gautliier  et  Collât.  Au  sortir  de  l'Institution, 
il  mérita  le  prix  de  600  francs  fondé  par  M™* 
Montgrol  pour  l'élève  qui  avait  eu  le  plus  de 
succès  dans  ses  études.  Rentré  dans  sa  famille, 
il  donna  d'abord  des  leçons  de  solfège  et  de 
piano  à  des  élèves  voyants.  Eu  1858,  il  fut  chargé 
de  l'enseignement  mitsical  dans  une  institution  de 
jeunes  aveugles  qui  venait  de  se  créer  à  Nancy. 
M.  l'abbé  Dassy,  fondateur  de  l'Institut  des 
Jeunes-Aveugles  de  Mar.seille,  lui  confia  en  1865 
ses  premières  classes  de  musique,  et  le  fit  nom- 
mer en  même  temps  organiste  à  l'église  Notre- 
Dame  de  la  Garde.  Il  occupe  encore  ces  deux 
postes.  Excellent  professeur,  organiste  de  talent, 
M.  Espent  a  écrit  diverses  compositions,  qui 
n'ont  pas  été  publiées,  mais  qui,  surtout  au  point 

lites  naturelles  qui  caractérisent  sun  talent.  Ce  jeune 
créole  n'a  encore  connu  ni  la  mode,  ni  les  séductions  du 
public,  comme  .si  la  muse  des  tropi(|ues  avait  voulu 
éloigner  de  son  favori  toutes  les  inflnencis  impures  qui 
pourraient  flétrir  la  fleur  divine  qu'elle  avait  mise  dans 
son  sein,  la  fleur  mystérieuse  qui  ne  pou-^se  que  dans  la 
solitude,  qui  s'appelle  le  beau  idéal,  et  n'a  de  parfum 
que  pour  le  poëte.  Avant  d'avoir  étudié  les  règles  de 
l'art,  Espadero  avait  composé  de  ravi.ssante  musique, 
mais  comme  M.  Jourdain  faisait  de  la  prose,  sans  s'en 
douter.  D'un  caractère  pensif  et  inquiet,  défiant,  excen- 
trique, au  point  quelquefois  d'inspirer  de  l'éloigncment  à 
ceux  qui  ne  le  connais.sent  pas,  il  a  livré  à  .son  piano 
toute  l'eipansion  et  la  mélancolie  qu'il  avait  amassées 
en  son  âme  11  étudia  sérieusement  la  théorie  île  l'art,  et, 
après  s'être  pénétré  des  modèles  classiques,  il  se  hâta, 
comme  rcux  qui  n'ont  pas  le  privilège  d'écrire  sans 
idées,  de  laisser  reposer  Fétis  et  Reicha.  11  écrivit  des 
compositions  oriiinalcs,  reflétant  tontes  une  fraîcheur  de 
mélodie,  une  élégance  d'harmonie,  une  sonorilé  et  une 
connaissance  de  rinstrumcnt  qui  assurent  à  Espadero 
un  Tans  à  part  dans  la  multitude  des  compositeurs  con- 
tempnrains.  Espadero  peut  dire,  comme  Alfred  de  Mus- 
set :  .1/0(1  vei're  n'est  pas  grand,  mais  je  bois  dans  mon 
vi'rre,  et,  quoi  qu'en  puissent  dire  les  savants  inféconds, 
1  c  n'est  pas  peu  de  chose  par  le  temps  qui  court.  La 
rtainte  du  Poëte,  la  dernière  œuvre  d'Espadero,  est  un 
petit  poëme  qui  traduit  raieu.ic  que  ne  le  ferait  la  parole 
les  plaintes  du  Ta«se  à  son  immortelle  adorée.  Ce  mor- 
ceau est  dédié,  par  le  compositeur,  à  son  ami  et  ancl' n 
maître  don  Fernando  Arisii.  11  semble  que  l'auteur  ait 
voulu  concentrer  dans  ce  morceau  ses  meilleures  inspi- 
rations, afin  de  le  rendre  plus  digne  de  l'éminent  et 
modeste  artiste,  de  l'homme  distingué  et  sympathique  à 

qui  il  l'a  dédié » 

!\1.  Espaile:o  jouit  depuis  longtemps  d'une  grande  re- 
nommée à  la  Havane.  —  a.  v. 


308 


ESPENT  —  ESSIPOFF 


de  vue  de  la  facture,  témoignent  de  qualités  sé- 
rieuses, que  la  condition  particulière  de  l'auteur 
rend  plus  dijjne.!  d'attention.  Les  principales 
sont  :  un  allegro  pour  septuor  (  violon  ,  alto, 
violoncelle,  contrebasse,  clarinette,  cor,  basson), 
une  symphonie  à  f;rand  orchestre,  deux  ouver- 
tures à  grand  orchestre,  et  deux  fantaisies  à 
grand  orchestre  exécutées  à  Nancy  ;  une  grande 
cantate  en  l'honneur  de  Valentin  Haiiy,  le  fon- 
dateur de  la  première  école  des  Jeunes- Aveugles, 
exécutée  à  l'institution  de  Paris  ;  six  messes 
exécutées  à  Nancy. 

Il  existe  dans  le  Midi  un  autre  compositeur 
aveugle,  M.  Gustave  Cézanne,  organiste  de  l'é- 
glise Saint-Louis,  à  Toulon.  Une  modestie  extrême 
l'a  emtiêché  de  publier  des  œuvres  dislinguées, 
notamment  un  quatuor  pour  instruments  à  cor- 
des et  des  morceaux  religieux.  Il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  mentionner  son  nom  à  côté  de  celui 
deM.Espent.  Al.  R — d. 

ESriIV  Y  GUILLEIV  (Joaquin),  pianiste, 
organiste  et  compositeur,  est  né  à  Velilla,  dans 
l'évéché  de  Siguenza,  le  4  mai  1812.  Les  ren- 
seignements manquent  sm  la  première  par- 
tie de  sa  carrière,  et  l'on  sait  seulement  que 
M.  Espin  y  Cuillen  commença  par  faire  repré- 
senter à  Madrid  quelques sr/r;;!^^^^.";.  En  1842,  il 
entreprit  en  cette  ville  la  publication  d'un  jour- 
nal spécial,  la  Iberia  musical,  le  premier  de  ce 
genre  qui  voyait  le  jour  en  Espagne,  dont  il  fut 
le  directeur  et  l'un  des  plus  actifs  collaborateurs, 
et  dans  lequel,  durant  l'espace  de  six  années, 
il  inséra  un  grand  nombre  de  travaux  d'hisloire, 
de  critique,  de  biographie  et  d'estliéli(|ue  qui  se 
faisaient  remarquer  autant  par  la  lucidité  du 
style  que  par  l'érudition  et  les  connaissances  va- 
llées qu'y  déployait  l'écrivain.  Au  mois  de  juil- 
let 1845,  M.  Espin  y  Guillen  faisait  représenter 
au  théâtre  du  Cirque,  de  Madrid,  un  opéra  es- 
pagnol intitulé  Padilla,  ô  cl  Asedio  île  Médina, 
qui  fut  très-favorablement  accueilli  ;  dix  ans 
après,  en  1855,  il  était  nommé  second  organiste 
de  la  chapelle  royale  et  professeur  de  solfège  au 
Conservatoire.  En  1872,  il  était  chef  des  cho'urs 
au  théâtre  royal.  M.  Espin  y  Guillen  a  fait  ap- 
précier son  enseignement  en  dehors  du  Conser- 
vatoire, et  parmi  les  élèves  des  deux  sexes  qui 
lui  doivent  leur  éducation  musicale,  on  cite 
d'excellents  chanteurs  et  de  très-habiles  orga- 
nistes. 

Deux  enfants  de  cet  artiste,  un  fils  et  une 
fille,  se  sont  livrés  aussi  à  la  pratique  de  l'art 
musical.  M.  Joaquin  Espin  y  Ferez,  élève  de 
son  père,  a  fait  exécuter  au  théâtre  royal  de 
Madrid  plusieurs  compositions  à  grand  orchestre, 
et  il  est  l'auteur  d'une  cantate  à  la  Paix  dont 


l'exécution  a  eu  lieu  en  juin  1860  au  théâtre  de 
la  Zarzuela.  En  1868,  cet  artiste  a  été  engagé 
comme  chef  d'orchestre  du  théâtre  italien  de 
Bucharest.  Sa  sœur,  M"^  Julia  Espin  y  Ferez, 
élève  aussi  de  son  père  et  douée  d'une  belle 
voix  de  soprano,  s'est  consacrée  à  la  carrière 
dramatique.  Engagée  en  1867  comme  prima 
donna  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan ,  elle  y 
a  été  bien  accueillie,  et  est  allée  ensuite  tenir 
son  emploi  sur  divers  théâtres  de  Russie,  entre 
aulres  à  Nijni-Novogorod. 

ESPOAJA  (N...),  prêtre  et  compositeur  es- 
pagnol, lut  maître  de  chapelle  de  l'église  de  la 
Seu  d'Urgel.  11  avait  fait  ses  études  artistiques 
au  collège  de  musique  de  l'abbaye  de  Montser- 
rat,  vers  17.^)0,  et  l'on  conserve  dans  la  biblio- 
thèque de  ce  collège  quelques-unes  de  ses  com- 
positions, qui  se  distinguent,  dit-on,  par  la  sim- 
plicité et  le  bon  goût. 

*ESSER  (Hknri),  violoniste,  chef  d'orchestre 
et  compositeur,  est  mort  à  Salzbonrg  le  3  juin 
1872.  Il  avait  été  appelé,  en  1857,  à  diriger 
l'orchestre  de  l'Opéra  impérial  de  Vienne ,  et 
était  devenu,  presque  en  même  temps,  direc- 
teur du  Concert  philharmonique  de  celte  ville. 
Parmi  ses  compositions  instrumentales,  il  faut 
citer  deux  suites  d'orchestre  qui  ont  obtenu  du 
succè^^. 

ESSEX  (M'""^  la  comtesse).  Voyez  STE- 
PIIEt\S  (Katuerinr.). 

ESSIPOFF  (M°"^Ai\NETTE),  pianiste  russe, 
a  fait  ses  'études  musicales  dans  sa  patrie,  où 
elle  a  été  l'élève  d'un  artiste  fort  distingué , 
M.  Léchétitsky.  Après  s'être  fait  connaître  à 
Saint-Pétersbourg  et  y  avoir  acquis  comme  vir- 
tuose une  solide  notoriété,  elle  entreprit  un 
grand  voyage  artistique  et  se  rendit  tout  d'a- 
bord en  France,  où  elle  voulait  faire  consacrer 
sa  renommée.  Elle  vint  à  Paris  vers  la  lin  de 
1875,  et  s'y  lit  entendre  plusieurs  fois  avec  un 
réel  succès,  d'abord  aux  Concerts  populaires, 
puis  dans  quelques  séances  de  musique  de 
chambre  données  par  elle  avec  M.  Davidoff, 
violoncelliste,  et  M.  Henri  Wieniavvski.  Le  jeu 
de  M""'  Essipoff,  inégal  et  parfois  un  peu  tour- 
menté, n'en  est  pas  moins  plein  de  charme  et 
de  grâce,  et  révèle  une  véritable  organisation 
d'arliste  servie  par  de  sérieuses  études  ;  mais 
la  virtuose  n'est  pas  toujours  maîtresse  d'elle- 
même,  et  l'ardeur  de  son  tempérament  l'emporte 
quelquefois  au  delà  des  bornes  qu'un  goût  épuré 
ne  doit  jamais  franclnr.  D'ailleurs  on  a  remar- 
qué avec  raison  qu'elle  se  montre  plus  supé- 
rieure, parce  que  sa  personnalité  s'y  déploie 
plus  à  l'aise,  dans  l'interprétation  des  maîtres 
poétiques  ou  rêveurs,  lels  que  Chopin,  Schu- 


ESSIPOFF  —  EXAUDET 


309 


inann ,  Scliubert,  que  dans  celle  des  grands 
maîtres  de  l'art  classique,  qui  réclament  une 
exécution  plus  nette,  plus  ferme  et  plus  précise. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  talent  de  M"""  Egsi()off 
est  non-seulement  très-réel,  mais  très-fin,  très- 
élégant,  et  a  été  apprécié  à  sa  juste  valeur  d'a- 
bord en  France ,  où  le  succès  ne  lui  a  pas 
fait  défaut,  et  aussi  en  Allemagne  et  en  An- 
gleterre ,  où  elle  s'est  produite  ensuite  avec  suc- 
cès. En  1876,  elle  a  parcouru  l'Amérique,  en  y 
donnant  des  concerts  qui  ont  été  très-suivis. 

ESTIENJVE  (C ).    Un  livre  publié  en 

1854  (Paris,  Fontaine,  in-t2),  était  ainsi  inti- 
tulé :  Lettres  sur  la  musique,  réunies  et  pu- 
bliées par  C.  Estienne.  C'est  un  recueil  de  ba- 
nalités .sans  valeur,  dans  lequel  on  ne  rencontre 
pas  une  idée  nouvelle,  ingénieuse  ou  originale, 
le  passe-temps  d'un  esprit  distingué  sans  doute, 
mais  qui  répète  ce  que  cent  autres  ont  dit  avant 
lui  et  mieux  que  lui. 

ESTOCJRiMEL  ( ).  Un  compositeur  de 

ce  nom  a  fait  représenter  à  l'Opéra- Comique, 
le  29  novembre  1813,  un  petit  ouvrage  en  un 
acte,  intitulé  le  Colonel  ou  VHonncur  mili- 
taire, dont  Alexandre  Duval  avait  écrit  les  pa- 
roles. Celles-ci  étaient  si  mauvaises,  que  le  pu- 
blic ne  voulut  même  pas  connaître  le  nom  des 
auteurs,  et  la  pièce  fut  si  mal  reçue  qu'on  ne 
jugea  pas  à  propos  de  la  rejouer  une  seconde 
fois. 

ETCHEVERRY(J -E ,  chevalier  D"), 

ancien  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Bordeaux,  actuellement  professeur  de  mu- 
sique à  la  Psalette  et  organiste  de  l'église  Saint- 
Paul,  a  fait  exécuter  dans  la  cathédrale  de  cette 
ville,  vers  1864,  un  Stabat  Mater  pour  plu- 
sieurs voix  et  chœurs.  Cet  artiste  a  publié  (Pa- 
ris, Heugel)  :  1°  Trois  motets  pour  soprano  ou 
ténoT  {Osalutaris,  Ave  Maria,  Ave  verum); 
2°  Trois  nouveaux  motels  (  Ecce  panis,  0 
subtuum  prœsidmm,  0  snlutaris);  3°  Cantate 
pour  le  couronnement  de  ISotre-Dame  d'Ar- 
cachon  ;  4°  Cantique  à  Notre-Dame  de  Lour- 
des. 

ETTLIIVG  (Emile),  violoniste  et  composi- 
teur, fils  d'un  conseiller  du  grand-duc  de  Hesse, 
est  né  eu  Allemagne  vers  1820,  et  depuis  long- 
temps établi  en  France.  Cet  artiste  s'est  fait 
connaître  d'abord  par  la  publication  d'un  assez 
grand  nombre  de  morceaux  de  musique  de  danse 
pour  le  pi;mo.  11  a  ensuite  fait  jouer  quelques 
opérettes  dont  voici  les  titres  :  Vn  jour  de 
noce,  un  acte  (dans  un  salon)^   1864;  le  JSain, 


un  acte,  ïertulia,  1873;  le  Tigre,  un  acte.  Ter- 
tulia,  1873;  CŒil  de  monsieur  l'expert,  un 
acte,  Eldorado,  1874;  Le  Meunier,  son  fils 
et...  l'autre,  un  acte.  Casino  de  Contrexéviile, 
1875;  En  Wîaraî<rffi,  Boulfes- Parisiens,  1877. 
Tout  cela  est  sans  valeur  aucune. 

*  EIJCLIDE.  Nous  croyons  utile  de  rectifier 
ainsi  le  titrée!  l'indication  bibliographique  de  la 
traduction  française  qui  a  été  faite  du  traité  de 
et  écrivain  :  Le  livre  de  la  musique  d'Eu- 
clide,  traduit  par  P.  Forcadel,  lecteur  du  Roy 
es  mathématiques.  A  Paris,  chez  Charles  Périer, 
au  Bellérophon,  rue  St-Jehande  Beauvais,  1566, 
in  12  de  24  feuillets  non  paginés. 

EURY  ( ),  habile  fabricant  d'archets,  vi- 
vait à  Paris  dans  la  première  moitié  du  dix- 
neuvième  siècle.  On  assure  que  certains  de  ses 
produits  pouvaient  rivaliser  avec  ceux  de  Fran- 
çois Tourte,  ce  qui  est  le  plus  bel  éloge  qu'on 
en  puisse  faire.  Eury  marquait  souvent  ses  ar- 
chets de  son  nom,  à  côté  de  la  hausse,  au- 
dessous  de  la  garniture. 

EVERAERTS  (Pierre- François),  musi- 
cien militaire  et  compositeur,  né  à  Louvain  en 
1816,  fut  élève  de  Brigode,  maître  de  chapelle 
de  l'église  Saint- Pierre  de  celte  ville.  En  1834,  il 
entrait  comme  musicien  gagiste  au  3''  régitnent 
de  chasseurs  belges,  et  deux  ans  après  il  deve- 
nait chef  de  musique  au  3^  régiment  d'artillerie. 
Ce  corps  ayant  été  supprimé  en  1842,  M.  Eve- 
raerts  était  nommé,  en  1844,  professeur  de  bu- 
gle,  de  tiompette  et  de  cornet  à  pistons  au 
Conservatoire  de  Liège.  Il  se  livra  alors  avec  ar- 
deur à  la  composition,  écrivit  un  opera-comique 
en  un  acte,  l'Avalanche,  une  ouverture  dra- 
matique intitulée  Hommage  à  Grétry,  une  ou- 
vertme  militaire,  plusieurs  morceaux  pour  mu- 
sique militaire,  un  concerto  de  cornet  à  pistons, 
des  chœurs,  des  romances  ,  et  un  grand  nombre 
de  morceau.x  religieux,  parmi  lesquels  on  re- 
marque un  Ave  Maria,  un  Pange  imgua,  un 
0  Salufaris,  un  Bealus  vir,  deux  Verbum 
caro,  un  Pater  noster,  un  Ave  Regina,  un  Be~ 
nedictus ,  un  Ecce  Panis,  un  Regina  cœli , 
deux  Tantmn  ergo,  un  Exultate  Deo,  etc.,  etc. 
La  plupart  de  ces  compositions  ont  été  publiées 
à  Liège,  chez  l'éditeur  Muraille. 

*  EVERS  (Charles),  pianiste  et  composi- 
teur, est  mort  à  Vienne  le  31  décembre  1875. 

*  EXAUDET  (Josei'h).  Cet  artiste  ne  s'est 
pas  borne  à  composer  le  menuet  resté  fameux 
sous  son  nom  ;  il  a  publié  un  livre  de  six  sonates 
pour  violon  et  basse  (Paris,  Boivin,  in-fol.). 


FABRETTI  (Annibale)  ,  organiste  de  la 
collégiale  de  San-Petronio,  avait  appris  les  pre- 
miers éléments  de  la  musique  avec  Agoslino 
Filipuzzi,  et  étudié  le  contrepoint  avec  Paolo 
Colonna.  Admis  au  nombre  des  membres  de 
l'Académie  des  philharmoniques  de  Bologne  dès 
sa  fondation  en  1666,  il  en  fut  élu  prince  en 
1677. 

*FAB1\IZI  (Paul),  et  non  FABRIZZI, 
naquit  dans  l'Ombrie,  à  Spolète,  en  1809  (1). 
Il  sortit  du  Conservatoire  de  Naples  en  1831, 
et  fit  représenter  successivement  bs  ouvra- 
ges suivants  :  1°  la  Vedova  di  un  vivo, 
opéra  bouffe  en  2  actes  (.Naples,  tb.  Partenope, 
1833);  2"  la  Festa  di  Cardiliello  (id.,  tb. 
Nuovo,  1833);  3°  il  Blondcllo  (id;,  id.,  1834); 
4°  ilConte  di  Savenia  (\i\.,v\.,  1835);  5°  Vin- 
ganno  non  dura  (id.,  id.,  1836);  6°//  Giorno 
degll  eqnivoci  (id.,  i<l.,  1837);  7"  il  Porlalor 
d'acqua  (1840);  8°  Crisdna  di  Svczin  (Spo- 
lète, 1844).  Tout  cela,  paraît-il,  était  très-mé- 
diocre, et  tomba  rapidement  dans  l'oubli.  Mais 
Fabiizi,  inconsistant  et  sans  valeur  comme  ar- 
tiste, était  un  homme  habile  et  intrigant  ;  il  sut 
se  faire  protéger  par  un  haut  fonctionnaire,  et 
en  peu  d'années  accumula  sur  sa  tête  tous  les 
emplois  lucratifs  que  la  musique  pouvait  lui 
procurer  dans  les  établisseiiienls  d'éducation 
d'une  grande  ville  comme  Naples.  11  se  fil  ainsi 
une  position  brillante,  au  détriment  d'artistes 
distingués  qui  auraient  rempli  beaucoup  mieux 
que  lui  les  itmombrables  fonctions  dont  il  était 
httéralement  accablé.  Il  me  semble  inutile  de 
dresser  ici  la  liste  des  nombreuses  et  médiocres 
compositions  religieuses  de  ce  musicien,  qui 
mourut  à  Naples  le  3  mars  1869. 

FACCIO  (Franco),  compositeur,  chef  d'or- 
chestre et  professeur,  né  à  Vérone  le  8  mars 
1841,  est  le  fils  d'un  simple  garçon  d'auberge. 
Comme  il  montrait  de  rares  dispositions  pour 
la  musique,  ses  parents,  quoique  fort  pauvres, 
s'imposèrent  encore  les  plus  dures  privations 
pour  pouvoii'  subvenir  aux  frais  de  son  éilucation. 
J'ignore  avec  qui  il  fit  ses  premières  études. 
Admis  au  Conservatoire  de  Milan  au  mois  de 
novembre   1855,    il    devint,   en   même   temps 

(1)  Je  rectilie  et  je  complète  la  notice  de  cet  arti^te 
d'après  celle  qu'a  publiée  IVI.  Francesco  Florimo  dans 
son  livre  :  Cenno  storico  sulla  sciiola  musicale  di  !\'a- 
poli. 


(]u'un  pianiste  foit  habile,  l'tm  des  meilleurs 
élèves  de  composition  de  M.  Ronchetti,  et  attira 
pour  la  preniière  fois  l'attention  sur  lui  en  fai- 
sant exécuter  dans  un  essai  d'élèves,  en  1860, 
une  ouverture  de  concert  qui  fut  très-remarquée 
et  qui,  disait-on,  se  distinguait  par  une  grande 
puissance  d'imagination,  une  réelle  indépendance 
de  forme  et  une  richesse  rare  d'instrumenta- 
tion. 

A  partir  de  ce  moment ,  la  fortune  sembla 
sourire  à  M.  Faccio.  Sorti  du  Conservatoire  en 
1861,  il  obtint  du  gouvernement  un  subside  qui 
lui  permit  de  faire  un  voyage  à  l'étranger,  et 
de  se  perfectionner  dans  son  art  par  l'audition 
et  la  comparaison  des  O'uvres  des  différentes 
écoles.  De  retour  à  Milan,  il  y  trouva  un  édi- 
teur intelligent,  M.  Ricordi,  qui  eut  confiance 
en  lui  et  se  chargea  de  la  publication  <le  ses  pre- 
mières compositions;  enfin,  il  eut  la  chance 
d'être  appelé,  Irès-jeune,  à  faire  ses  débuts  de 
musicien  dramatique  sur  la  première  scène  de 
celte  ville  et  l'une  des  plus  importantes  de  l'Ilalie, 
celle  de  la  Scala.  En  effet,  le  10  novembre 
1863,  ce  théâtre  donnait  la  première  représen- 
tation d'un  drame  lyrique  eu  trois  actes,  i  Pro- 
fiighi  Fiamminghi  {les  Proscrits  Flamands), 
dont  le  livret  était  dû  au  poète  Emilio  Praga 
et  dont  M.  Faccio  avait  écrit  la  musique.  Ce 
premier  ouvrage  accusait  une  originalité  très- 
marquée,  une  véritable  hardiesse  de  conception 
et  des  tendances  nouvelles  en  ceTqui  concerne 
l'application  de  la  pensée  musicale  à  la  pensée 
dramatique.  Mais  il  faut  dire  que  le  public  mi- 
lanais n'était  pas  prêt  pour  les  tentatives  de  ce 
genre,  et  que  l'accueil  fail  au  jeune  compositeur 
s'en  ressentit  :  le  succès  de  l'œuvre  fut  mé- 
diocre. Celle-ci  fut  néanmoins  discutée  par  la 
critique  avec  une  ardeurqiii  attestait  que  le  tem- 
pérament de  l'artiste  était  de  ceux  avec  lesquels 
il  faut  compter. 

Mais  M.  Faccio  avait  le  triste  avantage  d'être 
en  avance  sur  ses  contemporains,  et  sa  chance 
on  diminua  d'autant.  Sa  seconde  épreuve  dra- 
matique, qui  eut  lieu  dans  des  conditions  toutes 
particulières,  fut  moins  heureuse  encore  que  la 
première.  M.  Faccio  avait  eu  pour  condisciple 
an  Conservatoire  un  jeune  artiste  fort  intelli- 
gent, d'une  nature  un  peu  exubérante  et  d'une 
imagination  ardente,  M.  Arrigo  Boiio  (Voy.  ce 
nom).  Tous  deux  avaient  été  élèves  de  M.  Ron- 


FACCIO  —  FAGO 


3H 


chetti  et   un  peu  de  M.   Mazzucato,  et  étaient 
sortis  de  l'école  à  peu  près  en  même  temps.  A 
la  fois  poète  et  musicien,  M.  Boito  se  montrait, 
à  ce  double  point  de  vue,  d'un  romantisme  qui 
effarouchait  un  public  quelque  peu  timoré.  Son 
Mefistofele,  dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la 
musique,  avait  fait  pousser  aux  spectateurs  de 
véritables  hurlements,  et  la  représentation  en 
avait  été  des   plus  orageuses.  C'est  pourtant  en 
compagnie  de  son  ami  M.   Boito  que  M.  Faccio 
se  produisit  pour  la  seconde   fois.  Le  premier 
avait  écrit  le  livret,  le  second  la  musique  d'un 
Amleto  qui,  représenté  d'abord  à   Florence,  y 
fut  bien  accueilli,  mais  qui,  lorsqu'il  fut  donné 
à  la  Scala,  le  9  février  1871,   y  fut  outrageuse- 
ment siftlé,  en  raison  de  certaines  audaces  que 
s'étaient  permises  tout  à   la  fois  le  poète  et  le 
musicien.  Il  est  vrai  que  les  circonstances  sem- 
blaient se  liguer  contre  les  jeunes  auteurs,  et 
que  ceux-ci,  cette  fois,  jouaient  de  malheur.  Le 
ténor  Tiberini ,  qui   les  avait  merveilleusement 
servis  à  Florence ,  et  qui  était  encore  chargé 
du  rôle  d'HamIet  à  Milan,  se  trouvait  indisposé 
et  absolument  sans  voix  le  jour  de  la  première 
représentation  en  cette  ville.  De  plus,  cet  artiste, 
que  l'on  dit  doué  de  qualités  dramatiques  ex- 
ceptionnelles, et  que  les  Italiens  mettent,  sous 
ce  rapport,  presque  à  la  liauteur  de  leurs  plus 
grands  comédiens,  les  Rossi  et  les  Salvini,  in- 
terdit par  sa  fâcheuse  disposition  vocale  et  par 
l'hostilité  brutale  que  le  public  déployait  à  l'é- 
gard de  l'ouvrage,  était  comme  anéanti  et  sem- 
blait incapable  de   faire  un  pas  ou  de  dire  un 
mot  ;  il  se  montra  donc  complètement  nul  dans 
ce  rôle  si  écrasant  et  si  difficile  d'HamIet,  qui, 
plus  que  tout  autre,  exige  de  grandes  qualités 
scéniques,  et  une  rare  possession  de  soi^iême. 
La  déroute,  on   le  conçoit,   n'en  fut  que  [dus 
complète. 

On  a  donc  reproché  à  M.  Faccio  d'être  de  l'é- 
cole de  la  musique  de  l'avenir,  et  de  pencher 
beaucoup  trop  du  côté  des  théories  de  M.  Ri- 
chard Wagner.  Si  j'en  crois  poiu'tant  ce  que 
certains  artistes  fort  distingués  m'ont  dit,  à  Mi- 
lan même,  ceci  ne  serait  pas  tout  à  fait  exact. 
M.  Faccio  n'a  de  parti  pris  ni  dans  un  sens  ni 
dans  l'autre,  et  se  contente  d'aimer  tout  ce  qui 
est  beau  ou  lui  semble  tel  ;  mais,  appréciant  le 
beau  sous  quelque  forme  qu'il  se  produise,  il 
est  de  son  temps,  il  accepte  et  met  à  profit  les 
progrès  qui  se  sont  réalisés  dans  l'art,  et  pré- 
tend ne  point  se  traîner  dans  la  vieille  ornière 
italienne.  En  un  mot,  M.  Faccio  est  d'avis  que 
l'ail  ne  doit  pas  s'immobiliser,  et  que  tout  en 
maintenant  les  saines  traditions ,  on  peut  néan- 
moins le  renouveler  et  le  faire  marcher  en  avant. 


Il  est  à  croire  et  à  espérer  d'ailleurs  que  cet 
artiste  fort  distingué  n'a  pas,  en  tant  que  com- 
positeur, dit  son  dernier  mot  ;  il  est  dans  toute 
la  force  et  la  vigueur  de  la  jeunesse,  et  l'avenir 
lui  appartient  encore.  Mais  ses  occupations  ac- 
tuelles l'absorbent,  malheureusement,  au  point 
de  lui  faire  négliger  la  composition.  En  effet, 
M.  Faccio,  qui  a  été  nommé  professeur  d'har- 
monie au  Conservatoire  de  Milan  à  la  mort  de 
Craff,  en  1868,  et  qui  est  aujourd'hui  profes- 
seur de  contrepoint  et  fugue ,  est  en  même 
temps  maestro  concertatore  et  chef  d'orchestre 
à  la  Scala,  après  avoir  rempli  pendant  plusieurs 
années  les  mêmes  fonctions  au  théâtre  Carcano. 
On  comprend  à  quel  point  ces  occupations  sont 
absorbantes.  M.  Faccio  est  d'ailleurs  considéré, 
depuis  la  mort  d'Angelo  Mariani  (Voy.  ce  nom), 
comme  le  premier  chef  d'orchestre  de  l'Italie, 
et  je  crois  que  c'est  à  juste  titre,  car,  pour  ma 
part,  j'ai  vu  rarement  un  conducteur  posséder 
de  telles  qualités  :  il  a  la  main,  l'autorité,  l'en- 
traînement, la  chaleur  et  la  décision.  De  plus, 
on  dit  qu'il  excelle  à  diriger  les  études  et  à  or- 
ganiser l'exécution  des  œuvres.  En  réalité , 
M.  Franco  Faccio  est,  à  beaucoup  de  points  de 
vue,  un  artiste  de  l'ordre  le  plus  élevé.  C'est 
lui  qui  a  fait  en  Italie  ce  que  Berlioz  avait  fait 
en  France  pour  le  Freischûtz  de  'Weber,  et 
qui  a  écrit  des  récitatifs  pour  cet  ouvrage , 
lorsque  la  représentation  en  eut  lieu  à  la  Scala, 
de  Milan,  il  y  a  quelques  années. 

Parmi  les  compositions  de  M.  Faccio  en  de- 
hors du  théâtre,  je  ne  connais  que  deux  re- 
cueils de  chant,  l'un  intitulé  Album  melodico, 
l'autre  Cinque  canzoneite  veneziane ,  tous 
deux  publiés  à  Milan,  chez  Ricordi.  Il  y  a  de 
charmantes  choses  dans  ces  deux  recueils,  et  la 
première  pièce  du  premier,  la  ninnerella  qui 
a  pour  titre  Ad  un  Bamblno,  est  un  petit  bi- 
jou empreint  d'une  grâce  exquise  et  d'une  vé- 
ritable poésie.  M.  Faccio  a  écrit  aussi,  en  so- 
ciété avec  son  ami  M.  Arrigo  Boito,  un  «  mys- 
tère »  intitulé  le  Sorelle  d'italia. 

*  FAGO  (Nicolas),  surnommé  II  Tarantino. 
Dans  son  livre  sur  les  Conservatoires  et  les 
musiciens  napolitains ,  M.  Francesco  Florimo 
fixe  à  l'année  1674  la  date  de  la  naissance  de 
cet  artiste ,  et  fait  connaître  qu'avant  d'entrer 
au  Conservatoire  de  la  Pietà  et  d'y  travailler 
avec  Provenzale,  il  fut  admis  au  Conservatoire 
dei  Poveri  di  Gesù  Cristo,  où  il  étudia  avec 
Alexandre  Scaiiatti.  Fago  a  formé  lui-même 
de  bons  élèves,  parmi  lesquels  il  faut  surtout 
citer  Nicola  Sala  et  Leonardo  Léo.  Il  mourut  à 
Naples,  on  ne  sait  en  quelle  année.  M.  Florimo 
mentionne  les  compositions  suivantes  de  Fago, 


312 


FAGO  —  FALGO 


qui  sont  conservées  dans  les  Archives  du  Con- 
servatoire de  Naples,  et  qui  doivent  être  ajoutées 
à  la  liste  de  ses  œuvres  -.  1°  Cred/di,  psaume 
à  9  voix  obiijiées  ,  avec  violons,  alto,  baisse 
et  orgue;  2°  Amen  et  Sicut  erat  a  4  voix,  avec 
basse;  3°  12  cantates  à  voix  seule,  avec  basse; 
4°  Toccate  pour  piano.  D'autre  pnrt,  31.  le  doc- 
teur Basevi,  de  Florence,  possède  dans  sa  riche 
bibliothèque  musicale  la  partition  manuscrite 
d'un  ouvrage  qui  ne  se  trouve  point  dans  les 
archives  napolitaines,  et  qui  est  resté  inconnu 
de  tous  les  biographes  :  Faraone  sommet  so, 
oratorio  à  quatre  voix,  avec  instruments.  Enlin, 
on  doit  joindre  encore  au  catalogue  des  œuvres 
de  Fago,  Astarto,  draine  lyrique  représenté  en 
1709  à  Naples,  sur  le   théâtre  San-Bartolomeo. 

FAHRB.ACH  (Joskph),  (lùliste  et  compo- 
siteur allemand,  est  né  à  Vienne  le  25  août 
1804.  Il  devint  de  bonne  heure  un  virtuose 
distingué,  fut  chef  d'un  orchestre  de  danse,  et 
se  fit  connaître  par  la  publication  d'un  grand 
nombre  de  morceaux  de  genre  pour  thite  et  di- 
vers instruments  à  vent,  et'  de  morceaux  de 
musique  de  danse.  Parmi  les  compositions  de 
M.  Joseph  Falirbach,  on  di>tiiigue  les  suivantes  : 
1°  Méthode  de  hautbois,  op.  27;  2°  Divertisse- 
ments pour  tlùte  et  i)iano,  op.  30  et  31;  Le 
carnaval,  valses,  polKas  et  mazurkas,  op.  32, 
33,  34,  35,  et  36;  Une  Botte  de  fleuri,  suites 
de  valses,  op.  37,  38,  39,  40,  41  et  42  ;  Sur  les 
Alpes,  fantaisie  |)our  flûte,  op.  43;  Variations 
de  concert  pour  deux  flûtes,  avec  piano,  sur 
un  Ballo  in  Maschera,  op  56  ;  Deux  fantaisies 
pour  flûte,  violon  et  piano  sur  le  même  opéra, 
op.  64;  Feuilleton  musical,  collection  pério- 
dique de  fanlaisie.s-étuiies  pour  llûte  sur  des 
motifs  d'opéras  (34  morceaux  publiés),  op.  90; 
Revue  théâtrale,  collection  périodique  de  fan- 
taisies élégantes  pour  2  flûtes  sur  des  motifs 
d'opéras  (52  morceaux  publiés),  op.  15;  Musée 
théâtral ,  fantaisies  élégantes  pour  flûte  et 
hautbois  sur  des  motifs  d'opéras,  op.  28  et  29  ; 
Les  deux  Virtuoses,  fantaisies  élégantes  pour 
flûte  et  clarinette  sur  des  motifs  d'opéras,  op. 
57  ;  le  Télégraphe  musical,  recueil  périodique 
de  pots-pourris  pour  flûte,  clarinette  (ou  haut- 
bois) et  bas.son,  sur  des  motifs  d'opéras,  op.  21  ; 
Trio  pour  trois  flûtes,  op.  58;  deux  fantaisies 
pour  3  flûtes  sur  Aida,  op.  78  ;  deux  Fantaisies 
pour  4  flûtes  sur  Aïda,  op.  60;  deux  fantaisies 
pour  2  clarinettes  sur  un  Ballo  in  Masche- 
ra; etc.,  etc. 

FAHRB  \CH  (Philippe),  fils  du  précédent, 
compositeur,  chef  d'un  orchestre  de  danse,  et 
capellnieisler  du  23e  régiment  d'infanterie  ba- 
ron Ajroldi,  est  né  à  Vienne  en  1843.  Il  se  li- 


vra de  bonne  heure,  et  sous  la  direction  de  dif- 
férents maîtres,  à  l'étude  du  piano,  du  violon 
et  de  la  flûle,  puis  apprit  l'harmonie  d'un  orga- 
niste de  Wolfsburg.  Il  acheva  ensuite  .<on  édu- 
cation musicale  avec  son  père,  et  entra  dans 
l'orcliestre  de  celui-ci  d'abord  comme  premier 
violon,  puis  comme  première  flûte.  Il  avait  à 
peine  dix-sept  ans  lorsqu'il  produisit  ses  pre- 
mières compositions  dansantes,  qui  imliquaient 
un  talent  vif,  primesHutier  et  vraiment  original. 
Veis  1805,  il  partagea  avec  son  i)ère  la  direc- 
tion de  sou  orcliestre,  et  peu  de  temps  après 
devint  chef  d'un  autre  orchestre  à  Vienne;  son 
habileté  sous  ce  rapport  et  le  charme  des  com- 
positions lui  valurent  rapidement  une  grande 
notoriété.  En  1870  il  accepta  !  emploi  de  ca- 
pcllmeisteir  du  régiment  baron  Ajroii,  et  de- 
puis 1872  il  habile  Pesth  (Hongrie),  où  ses 
concerts  de  danse  sont  devenus  extrêmement 
populaires  et  oii  sa  musique  a  fait  une  très- 
granile  sensation. 

Les  compositions  de  M.  Philippe  Farbach  sont 
d'une  couleur  très-caractéristique,  et  se  font  re- 
marquer par  la  grâce  et  l'entrain,  la  nouveauté 
lies  rhjtlimes  et  la  recherche  piquante  de  l'har- 
monie. Le  nombre  de  ses  compositions  ne  s'é- 
lève pas  à  moins  de  trois  cents,  et  elles  consis- 
tent eu  pots-pourris,  valses,  polkas,  mazurkas, 
galops,  marches,  schotischs,  quadrilles.  Leur 
succès  est  immense  en  Autriche  et  en  Hongrie, 
où  le  nom  des  deux  Fahrbach  est  devenu  aussi 
l)opulaire  que  celui  des  quatre  Strauss,  et  l'on 
commence  à  les  connaître  même  à  l'étranger. 
A  Paris,  l'éditeur  M.  Heugel  a  publié  récem- 
ment sous  ce  titre  :  les  6o?/ees  de  Pesth,  un 
choix  heureux  de  trente  morceaux  de  M.  Phi- 
lippe Fa^hbach  ,  valses ,  polkas ,  mazurkas  et 
galops.  Milheureusement  la  transcription  au 
piano  ne  rend  pas  complètement  l'effet  orches- 
Iral,  surtout  quand  cet  effet  est  obtenu  par  une 
bande  dirigée  p^r  l'auteur  en  personne,  avec  les 
nuances  sonores  et  rhjlhmiques  qui  donnent  à 
cette  musique  tout  son  relief  et  toute  sa  valeur. 

FALCO   ( ),  luthiste    fort    distingué, 

'ivait  à  la  fin  du  dix-septième  et  au  commen- 
«^■'meiit  du  dix  huitième  .siècle.  Titon  du  ïillet 
•■n  parie  en  ces  termes  dans  son  Parnasse  fran- 
çois  :  «  Le  luth  est  un  instrument  d'une  har- 
monie étendue,  gracieuse  et  touchante  ;  mais  la 
difficulté  de  le  bien  jouer,  et  son  peu  d'usage 
dans  les  concerts  l'ont  presque  fait  abandonner, 
et  je  ne  crois  pas  qu'on  trouve  dans  Paris  plus 
de  trois  ou  quatre  vieillards  vénérables  qui 
jouent  de  cet  instrument.  Jeu  rencontrai  un 
l'année  dernière  :  c'est  M.  Falco,-  doyen  des 
secrétaires  de  JMM.  du  Conseil,  qui  me  confirma 


FALCO  —  FARGAS  Y  SOLER 


313 


qu'à  peine  esf-il  quatre  luthériens,  ou  joueurs 
de  luth  dans  Paris.  Il  nvengagea  à  monter  chez 
lui ,  où  après  m  avoir  placé  dans  un  fauteuil 
antique,  il  me  joua  cinq  ou  six  pièces  de  lutii, 
me  regardant  toujours  d'un  air  tendre,  et  ré- 
pandant de  temps  en  temps  quelques  larmes 
sur  son  lulli.  Il  me  tira  ensuite  une  fort  belle 
pièce  de  vers,  de  la  composition  de  feue  M"« 
Masquière  :  c'est  l'éloge  ou  la  déification 
même  du  lutli.  On  voit  dans  cette  pièce  la  iné- 
tamorpliose  d'un  roi  Samos,  savant  musicien, 
changé  en  luth.  M.  Falco  me  lut  cette  pièce 
d'un  ton  si  touctiant,  et  me  parut  si  pénétré  de 
son  sujet,  que  je  ne  pus  rn'empêcher  de  mêler 
quelques  larme-s  aux  siennes  ;  et  ainsi  nous 
nous  quittâmes.  » 

FALGUÉRA  (Le  Père  José),  compositeur 
espagnol,  moine  de  l'Escurial,  fit  ses  études  ar- 
tistiques au  collège  de  musique  de  l'abbaye  de 
Montserrat,  où  il  resta  de  1789  à  1794,  et  où 
il  eut  pour  maîtres  le  P.  Casanovas  et  le  P. 
Viola.  Organiste  et  violoniste  fort  distingué,  il 
se  fit  remarquer  par  plusieurs  compositions  es- 
timables, entre  autres  une  messe  pour  la  fête 
de  la  Circoncision,  et  des  matines  des  Apôtres, 
avec  accompagnement  d'orchestre,  qu'il  fit  chan- 
ter le  27  octobre  1821,  en  présence  du  roi  Fer- 
dinand VII,  pour  la  fête  des  SS.  Simon  et  Ju- 
das. Il  mourut  à  Belmonte,  dans  la  Manche,  en 
1823  ou  1824,  à  l'âge  d'environ  cinquante-deux 
ans. 

*  FALLOUA  RD    (  Pierre- Jean-Michel  ), 
est  mort  )e  6  avril  1865. 

FAMI1\TSINE  ( ),  compositeur  russe, 

s'est  fait  connaître  dans  sa  patrie  par  la  publi- 
cation d'un  certain  nombre  de  morceaux  de 
piano  et  de  pièces  de  musique  de  chambre  (|ui 
ont  été  favorablement  accueillis  par  le  public. 
Cet  artiste  a  fait  ses  débuts  au  théâtre  en  fai- 
sant représenter  dans  le  courant  du  mois  de 
décembre  1873,  sur  la  scène  du  théâtre  Marie, 
de  Saint-Pétersbourg,  un  grand  opéra  en  3  actes 
intitulé  Sanlanapiile.  Cet  ouvrage  a  été  reçu 
avec  une  sorte  d'enthousiasme  par  les  specta- 
teurs moscovites,  toujours  empressés  d'applau- 
dir un  de  leurs  compatriotes  et  désireux  de 
voir  se  produire  parmi  euv  un  musicien  de  gé- 
nie. M.  Famintsine  ne  paraît  cependant  pas  de- 
voir recueillir  la  succession  de  Glinka;  son  Sar- 
danapale  est,  paraît-il,  une  œuvre  estimable, 
mais  dans  laquelle  l'élan  drainatiqiie  et  l'inspi- 
ratir.n  ne  tiennent  qu'une  place  restreinte.  M.  Fa- 
mintsine remplit  les  fonctions  de  critique  mu- 
sical dans  un  des  princii)an\  journaux  de  St- 
Pétersbourg,  et  ses  articles,  <lit-on,  sont  ceux 
d'un  homme  de  goût  et  de  savoir. 


FANTONI  (Gabriel),  écrivain  italien,  issu 
d'une  famille  llorentine,  est  né  à  Vicencele  16 
février  1833.  Tout  en  exerçant  la  piolession  de 
notaire,  M.  Fantoni  s'est  livré  à  de  nombreux 
travaux  littéraires,  a  abordé  la  politique  et  l'his- 
toire, et  a  publié,  entre  autres  écrits,  un  ouvrage 
intitulé  Storia  unicer&ule  del  Canlo  (Milan, 
Battezzati,  1873,  2  vol.  in-12).  Malheureuse- 
ment, et  malgré  .son  titre  un  peu  ambitieux,  cet 
ouvrage  est  de  médiocre  valeur,  aussi  bien  au 
point  de  vue  historique  proprement  dit  que  sous 
le  rapport  de  l'esthétique  et  de  la  critique,  et 
donne  la  preuve  que  l'auteur,  en  l'entreprenant, 
était  insuffisamment  pénétré  de  son  sujet  et  in- 
complètement pourvu  des  connaissances  néces- 
.saires  pour  le  traiter. 

FANUCCHI  (DoMENico),  organiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Lucques  vers  1795.  Voué  de 
bonne  heure  à  l'étude  de  la  musique,  il  devint 
élève  de  Domenico  Quilici  pour  la  com|)Ositiou 
et  de  Domenico  Puccini  pour  l'orgue,  et  fut  l'un 
des  meilleurs  organistes  de  son  temps.  Maître 
de  musique  pendant  de  longues  années  au  sé- 
minaire de  San-Marlino,  il  tenait  aussi  chez  lui 
une  école  particulière,  dans  laquelle  il  forma  de 
nombreux  élèves  chanteurs.  Ses  compositions, 
d'un  style  facile  et  mélodique,  consistent  en 
messes,  psaumes,  motets,  hymnes  et  graduels, 
soit  à  2  et  4  voix  en  style  alla  cappella,  soit 
à  quatre  voix  avec  accompagnement  instrumental . 
On  lui  doit  aussi  de  nombreuses  pièces  religieuses 
de  divers  genres,  exécutées,  de  1820  à  1846,  soit 
pour  la  fête  de  Sainte-Cécile,  soit  pour  la  Santa 
Croce.  Accablé  d'infirmités  dans  sa  vieillesse, 
cet  artiste  mourut  à  Lucques  le  24  juin 
1862. 

FARIA  (Luiz  DA  COSTA  E),  né  à  Guarda 
(Portugal),  en  1679,  fit  en  cette  ville  ses  études  de 
théologie.  Il  prit  les  ordres  en  1724,  et  occupa 
plusieurs  emplois  importants  dans  la  province  du 
Minho.  Barbosa  Machado  cite  |)lusieurs  ouvrages 
de  cet  auteur  qui  ont  rapport  à  la  musique  :  des 
pastorales,  des  Zarzuelas  et  des  Vilhancicos, 
mais  il  ne  dit  pas  si  Faria  en  a  composé  aussi 
la  musique.  Ces  ouvrages  sont  les  suivants  : 
Fabula  de  Alfeo  e  Aretusa  fiesta  harmonica  , 
etc.,  Lisbonne,  1712,  in-4°  ;  El  poder  de  la 
Hurmonia  fiesta  de  Zarzuela....  Lisbonne,  1713, 
n-4»;  Vilh  ancicos  que  se  cantaron,  etc.,  (pour 
les  fêtes  de  S. -Vincent),  Lisbonne,  1719,  1721  , 
1722,  1723,  quatre  collections  in-8".  J'en  ai 
donné  ailleurs  [Musicos  portuguezes ,  t.  T'', 
p.  98),  les  litres  détaillés.  J.  de  V. 

FARGAS  Y  SOLER  (Antonio),  écrivain 
musical  espagnol,  est  l'auteur  d'un  long  Diction- 
naire biographique  donné  par  lui  sous  ce  titre  : 


314 


FA KG A S  Y  SOLER  —  FARRENC 


Biogrofias  de  los  Musicos  mas  dislïnguido  des 
todos  los  paises.  La  publication  de  cet  ouvrage, 
qui  doit  comprendre  cinq  volumes  petit  in-8°,  est 
loin  d'être  terminée,  quoiqu'elle  ait  été  commen- 
cée dès  1866;  la  raison  en  est  quelle  est  faite 
par  une  feuille  spéciale,  la  Espana  musical, 
qui  le  donne  chaque  semaine  par  fragments,  sous 
forme  de  feuilletons  séparés  et  paginés  à  part. 
Au  reste,  le  Dictionnaire  de  M.  Fargas  y  Soler 
laisse  i)eaucoup  à  désirer.  L'écrivain  s'est  borné, 
pour  l'étranger,  à  choisir  et  à  copier  les  notices 
de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
en  les  écourtant  dune  façon  si  singulière  et  si 
fAcheuse  qu'il  lui  arrivait  même  de  supprimer  la 
plupart  des  prénoms  des  artistes.  C'est  là  le  seul 
document  qu'ait  consulté  l'auteur ,  sans  tenir 
compte  des  publications  similaires  et  plus  récen- 
tes des  autres  pays  ,  non  plus  que  des  innom- 
brables monographies  que  cliaciue  jour  voit  éclore 
sur  tel  ou  tel  artiste.  Quant  à  la  bibliographie, 
si  importante  en  pareille  matière  ,  il  n'en  est 
même  pas  question  dans  son  livre.  On  pourrait 
supposer,  tout  au  moins,  que  la  partie  relative  à 
l'histoire  de  l'arlet  des  artistes  espagnols  présen- 
terait dans  un  tel  livre  un  intérêt  réel  et  parti- 
culier. Or,  il  n'en  est  rien,  et  cet  attrait  si  na- 
turel d'un  ouvrage  publié  en  Es[)agne  est  à  peu 
près  nul.  L'auteur  s'est  borné  à  donner  quel- 
ques renseignements  sans  valeur  et  sans  au- 
thenticité sur  les  artistes  ses  compatriotes,  ren- 
seignements qui  même  ,  la  plupart  du  temps , 
sont  complètement  erronés ,  de  telle  sorte  que 
les  Biograjias  de  M.  Fargas  y  Soler  ne  peuvent 
même  pas  servir  de  point  de  départ  à  des  re- 
cherches intelligentes  et  consciencieuses  sur  les 
artistes  qui,  de  l'autre  côté  des  Pyrénées,  se  sont 
fait  un  nom  plus  ou  moins  honoral)le.  J'en  parle 
à  bon  escient,  car,  a  de  très-rares  exceptions 
près,  je  n'ai  pour  ainsi  dire  pas  pu  me  ser\  ir, 
pour  le  présent  supplément,  du  travail  de  M. 
Fargas,  dont  les  erreurs  et  les  négligences  ne 
sauraient  se  compter. 

M.  Fargas  y  Soler  a  publié  aussi  un  Diccio- 
nario  deMusica,  dont  je  ne  puis  apprécier  la 
valeur,  car  je  n'en  ai  pas  eu  connaissance. 

FARINA  ( ),  musicien  italien  contem- 

contemporain,  a  fait  représenter  en  1854,  sur 
le  théâtre  de  Padoue,  un  opéra  sérieux  intitulé 
l'Or  fana. 

FARINEL  ( ),  compo,siteur,  vivait  à  la 

Hn  du  dix-septième  et  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle.  Dans  son  recueil  :  Ballets  , 
opéras  et  autres  ouvrages  lyriques,  le  duc  de 
la  Vallière  lui  attribue  la  musique  des  ouvrages 
suivants  :  1°  Concert  divisé  en  deux  parties 
(deux  actes)  et  précédé  d'un  prologue,  représenté 


en  1870;  2"  les  Chants  de  la  paix,  «  concert  » 
(c'est-à-dire,  sans  doute,  cantate),  exécuté  à 
Lyon  en  1704  ;  3"  l'Union  de  la  France  et  de 
l Espagne,  exécuté  à  Lyon  en  1704. 

*  FARIMELLI  (Joseph).  A  la  liste  des  ou- 
vrages de  ce  maître ,  il  faut  ajouter  une  farsa 
giocosa  intitulée  l'Effetto  naturale,  et  la  Giu- 
lietta ,  opéra  semi-sérieux. 

*FARRE]XC  (Jacques-Hippolyte-Aristide), 
est  mort  à  Paris  le  31  janvier  1863.  On  doit  à 
cet  artiste  très-laborieux  une  petite  brochure  in- 
téressante :  Les  Concerts  historiques  de  M.  Fé- 
tis  à  Paris  (s.  1.  n.  d.,  in-8°  de  23  p.).  Farrenc 
possédait  une  bibliotiièque  musicale  extrême- 
ment riche,  qui  a  été  vendue  après  sa  mort,  et 
dont  le  catalogue  instructif  a  été  publié  :  Cata- 
logue de  la  bibliothèque  musicale  théorique  et 
pratique  de  feu  M.  A.  Farrenc,  ancien  profes- 
seur et  éditeur  de  musique  (Paris,  Delion  , 
1866,  in-S").  "  Farrenc  a  été  un  homme  utile , 
comme  l'a  très-justement  dit  Amédée  Méreaux 
dans  un  article  nécrologique  publié  dans  le  Jour- 
nal de  Rouen,  et  c'est  à  ce  titre  que  son  nom 
doit  être  recommandé  à  la  postérité.  Ces  hommes 
modestes  ont  besoin  qu'on  les  place  au  rang  qu'ils 
méritent  ;  car  si  l'on  se  trouve  bien  de  leurs 
services,  si,  pendant  leur  vie,  on  met  à  contri- 
butionleur  érudition  et  leur  dévouement, souvent 
on  les  oublie  bien  vile  après  leur  mort.  » 

Ad.  J— n. 

*  FARRENC  (M""^  Je.\nne-Louise)  ,  femme 
du  précédent ,  est  morte  subitement  à  Paris  le 
15  septembre  1875,  à  l'âge  de  71  ans.  Elle  avait 
pris  sa  retraite  de  professeur  au  Conservatoire , 
après  trente  ans  d'exercice,  en  janvier  1873,  et 
avait  été  remplacée  par  M.  Delaborde.  Depuis  la 
mort  de  son  mari,  elle  s'était  occupée  activement 
de  continuer  le  Trésor  des  Pianistes;  dans 
l'hiver  de  1870,  elle  donna  même  une  série  de 
séances  publiques  où  ses  élèves  préférées  et  des 
artistes  choisis  firent  entendre,  sous  sa  direction, 
de  nombreuses  pièces  extraites  de  cette  collec- 
tion, et  des  trios  et  quintettes  de  sa  composition. 
Elle  eut  enfin  le  bonheur  de  terminer  cette  belle 
publication,  véritable  monument  él.vé  à  la  gloire 
des  maîtres  du  clavecin  et  du  piano  des  trois 
derniers  siècles,  et  qui  ne  comprend  pas  moins 
de  23  volumes.  Dans  ces  derniers  temps, 
j^pc  Farrenc  avait  retrouvé  quelques  occasions, 
encore  trop  rares,  d'entendre  exécuter  en  public 
certaines  de  ses  compositions  qui  témoignent  d'une 
force  et  d'une  richesse  d'imagination ,  d'une 
science  qui  ne  furent  jamais ,  au  même  degré  , 
l'apanage  d'une  femme.  C'est  ainsi  qu'en  l'hiver 
de  1875,  le  Concert  national  rejoua  le  bel  an- 
dante  de  sa  symphonie  en  sol  mineur,  entendue 


FARRENC  —  FARRERAS 


.i'I 


15 


autrefois  en  entier  aux  concerts  du  Conservatoire, 
et  que  M'^'Béguin-Salomon,  MM.Taffanel  et  Gary 
exécutèreni  à  la  salîe  Erard  son  trio  pour  piano, 
flûte  et  violoncelle  (op.  45),  œuvre  très-remar- 
quable par  la  pureté  du  style,  l'élégance *.et  la 
distinction  des  idées,  et  d'une  forme  si  classique 
qu'elle  ne  souffrit  nullement  d'être  entendue 
après  un  quatuor  de  Mozart.  L'Institut  a  décerné 
deux  fois  à  I\I""  Farrenc  en  1861  et  en  1869, 
le  prix  Chartier  destiné  à  récompenser  les  meil- 
leures compositions  de  musique  de  chambre  ;  et 
cette  distinction  si  justifiée  dut  consoler  un  peu 
l'auteur  du  silence  immérité  qui  se  faisait  autour 
de  ses  œuvres.  M'""  Farrenc  ,  qui  avait  eu  de 
bonne  heure  conscience  de  la  nature  sérieuse  de 
sentaient,  nesuivait'pas,  par  conviction,  la  route 
des  succès  faciles  ;  mais  si  le  gros  du  public 
ignorait  son  nom  ,  les  plus  grands  artistes  le 
connaissaient  bien  et  lui  accordaient  toute  leur 
estime.  Schumann  notamment  avait  distingué 
dès  le  début  le  rare  talent  de  cette  femme  hors 
ligne.  «Si  un  jeune  compositeur,  écrivait-il  en 
1836,  me  présentait  des  variations  semblables  à 
celles  de  L.  Farrenc  (op.  17),  je  lui  ferais  tous 
mes  compliments  sur  les  heureuses  dispositions 
et  sur  la  solide  éducation  dont  ces  morceaux 
témoignent  à  chaque  page.  Je  ne  fais  que  d'ap- 
prendre la  situation  du  musicien ,  ou  plutôt  de 
la  musicienne,  qui  est  la  femme  du  célèbre  édi- 
teur de  musique  deParis,  etje  crains  dès  lors  que 
ces  lignes  encourageantes  ne  parviennent  difficile- 
raentà  sa  connaissance.  Il  s'agit  de  petites  études, 
vives  et  piquantes,  terminées  peut-être  encore 
sous  l'œil  du  maître  ,  et  qui  pourtant  sont  si 
fermes  de  contour,  si  sages  d'exécution,  si  ache- 
vées en  un  mot  qu'elles  vous  tiennent  sous  le 
charme,  d'autant  mieux  qu'il  s'en  dégage  un 
léger  parfum  romantique.  On  sait  que  les  thèmes 
qui  se  prêtent  aux  imitations  sont  particulière- 
ment propres  à  être  variés,  de  façon  que  la  mu- 
sicienne a  pu  se  répandre  en  jeux  de  toutes  sortes 
et  en  canons  pleins  d'élégance.  Il  n'y  a  pas  jus- 
qu'à une  fugue  exacte,  avec  sujet,  contresujet, 
etc.,  qu'elle  n'ait  réussie  à  souhait  et  où  l'on  ne 
distingue  partout  une  grande  légèreté  de  main 
et  une  heureuse  veine  mélodique.  »  C'est  aux 
artistes  qui  connaissent  le  mérite  de  ces  ouvra- 
ges, qui  savent  ce  que  valait  cette  artiste  émi- 
nente,  à  lui  rendre  hommage  de  la  manière  la 
plus  utile  pour  sa  mémoire ,  en  faisant  entendre 
de  temps  à  autre  les  créations  de  cet  esprit  si 
distingué,  dans  lesquelles  les  jeunes  compositeurs 
;  pourront  apprendre ,  aussi  bien  que  chez  les 
maîtres  classiques,  comment  on  allie  le  charme 
à  la  correction  de  la  forme  et  la  grâce  à  l'Iiabi- 
leté  technique.  La  femme  a  disparu ,  mais  le 


professeur  revit  dans  ses  élèves  et  le  composi- 
teur dans  ses  œuvres. 

Ad.  J— n. 

FARRERAS  (Le  P.- Pedro-Pascal),  moine 
et  musicien,  naquit  en  1775  à  Bddalona,  dans  la 
province  de  Barcelone.  Fils  d'humbles  artisans, 
il  entra,  à  l'âge  de  quinze  ou  seize  ans,  au  cou- 
vent des  pères  de  la  Merci.  Le  goût  de  la  musique 
se  développa  en  lui  assez  tard,  mais  avec  une 
grande  force,  et  comme  ses  supérieurs  ne  vou- 
laient lui  permettre  d'apporter  aucune  distrac- 
tion à  ses  études  religieuses ,  il  fut  obligé  de 
s'exercer  en  secret ,  sans  aide  d'aucune  espèce , 
et  put  à  grand'peine  apprendre  les  pi'cmiers 
éléndents  de  l'art.  Après  avoir  pris  les  ordres,  il 
passa  au  couvent  de  Berga  ,  où  il  entreprit  la 
carrière  de  prédicateur,  mais  en  se  livrant  en 
même  temps  à  une  étude  sérieuse  de  la  musique, 
pour  laquelle  son  goût  allait  toujours  croissant. 
Dans  ce  couvent,  il  apprit  à  jouer  de  la  flûte,  du 
basson  ,  du  hautbois  et  du  piano ,  et ,  après 
avoir  pris  quelques  leçons  de  l'organiste,  il  s'es- 
saya à  écrire  diverses  pièces  de  musique  reli- 
gieuse, et  bientôt  commença  à  se  livrer  à  l'ensei- 
gnement de  la  musique.  La  force  de  volonté  et 
la  patience  que  le  P.  Farreras  déploya  à  ce  sujet 
finirent  par  attirer  l'attention  de  ses  supérieurs, 
si  bien  qu'en  1814  il  fut  mis  à  la  tête  de  l'école 
qui  depuis  quelques  années  existait  au  couvent 
de  la  Merci ,  de  Barcelone ,  et  dont  le  directeur 
venait  de  mourir. 

Malgré  son  peu  d'expérience  dans  la  pratique 
de  l'enseignement,  malgré  ses  minces  connais- 
sances dans  l'art  de  la  composition,  le  P.  Farreras 
ne  se  borna  pas  à  s'occuper  de  la  direction  de 
son  école  de  musique ,  mais  confiant  dans  son 
intelligence  et  dans  la  puissance  de  sa  vocation 
pour  l'enseignement,  d'ailleurs  étudiant  toujours, 
il  professa  lui-même  avec  bonheur,  et  s'occupa 
de  doter  le  couvent  des  compositions  qui  lui 
étaient  nécessaires  pour  le  service  du  temple. 
C'est  à  celte  époque  qu'il  reçut  des  leçons  d'un 
contrapuntiste  renommé,  Francisco  Queralt,  alors 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale. 

Il  étudiait  ainsi  en  enseignant,  et  ses  progrès 
furent  tels  que  bientôt  les  élèves  afnuèrent,et  qu'il 
fut  en  état  de  les  instruire  solidement  dans  les 
différentes  branches  de  l'art.  Avec  une  patience 
et  une  persévérance  que  rien  ne  décourageait,  il 
se  rendait  compte  du  tempérament  intellectuel 
de  chaque  élève,  modifiait  ses  procédés  selon  la 
nature  de  ceux-ci,  et  linit  par  former  un  chœur 
remarquable  d'entants,  dont  l'exécution  attirail 
la  foule  à  l'église  de  la  Merci  lors  de  la  célébra  - 
lion  des  oflices.  En  même  temps  il  exerçait  ces 
enfants  dans  l'étude  des  instruments,  leur  faisait 


316 


FARRERAS  —  FAU 


exécuter  des  œuvres  de  Haydn  et  de  Mozart  ,  et 
enfin  les  initiait  aussi  à  l'étude  du  piano,  de  façon 
à  eu  (aire  d'Iiabiles  accompagnateurs.  Bientôt, 
il  écrivit  à  leur  intention  plusieurs  drames  reli- 
gieux, V Enfant  prodigiie,  le  Sacnfice  d'Isaac, 
etc.,  qui  furent  chantés  et  représentés  par  eux  , 
avec  les  costumes  et  décors  nécessaires,  sur  un 
petit  théâtre  qu'il  avait  fait  aménager  dans  l'école 
même.  Ces  représentations  eurent  beaucoup  de 
succès,  le  bruit  s'en  répandit  dans  toute  la  ville 
de  Barcelone,  si  bien  que  toule  la  société  s'em- 
pressa d'y  vouloir  assister.  L'école  du  couvent  de 
la  Merci  devenait  ainsi  comme  une  sorte  de  |)etit 
conservatoire,  digne  émule  de  l'école  fameuse 
du  couvent  de  Montserrat,  et  qui  donna  à  l'Es- 
pagne un  grand  nombre  d'artistes  et  de  profes- 
seurs habiles. 

Le  P.  Farreras  avait  commencé  trop  tard  son 
éducation  musicale  pour  pouvoir  devenir  un 
grand  compositeur  ;  ses  études  ,  d'ailleurs,  n'a- 
vaient pas  été  poussées  assez  loin.  Pourtant, 
grâce  à  son  amour  de  l'art,  à  ses  facultés  naturel- 
les, à  l'ardeur  qu'il  avait  apportée  dans  la  lecture 
et  l'examen  des  œuvres  des  grands  maîtres,  il 
avait  écrit ,  pour  le  service  du  monastère  de  la 
Merci,  un  certain  nombre  d'œuvres  qui  n'étaient 
point  sans  valeur  ;  malheureusement,  ces  O'uvres 
furent  perdues  et  dispersées  lors  de  la  suppi  es- 
sion  des  couvents  en  1835.  A  cette  époque,  le 
P.  Ferraras,  chassé  de  son  école,  continua  de  se 
livrer  à  l'enseignement  de  la  musique,  en  accep- 
tant les  élèves  que  les  familles  voulaient  bien 
lui  confier,  et  forma  de  nouveau,  quoi(]ue  dans 
des  proportions  moins  nombreuses,  un  choeur 
d'enfants  semblable  à  celui  qu'il  avait  créé  naguère 
chez  les  pères  de  la  Merci.  Ce  digne  artiste  est 
mort  dans  les  derniers  jours  du  mois  de  juin 
1849,  après  avoir  accompli  sa  soixante-quator- 
zième année,  et  après  avoir  rendu  à  l'art  de  Irès- 
réels  services. 

FARROBO  (CoiNDE  do),  amateur  très-distin- 
gué de  musique  et  compositeur.  Ce  gentilhomme 
portugais,  mort  il  y  a  quelques  années,  a  exercé 
une  II  es- grande  influence  sur  l'art  musical  à 
Lisbonne.  La  protection  qu'il  accordait  aux  ar- 
tistes, sa  direction  si  brillante  du  théâtre  de  San- 
Carlos  pendant  plusieurs  années,  les  représen- 
tations artistiques  qu'il  organisait  chez  lui,  à 
Lisbonne  et  dans  ses  palais  des  environs,  l'ac- 
cueil.si  généreux  qu'il  fit  à  toutes  les  notabilités 
artistiques  qui  visitèrent  Lisbonne  de  1830  à 
1860,  toutes  ces  choses  ne  peuvent  jamais  être 
oubliées.  Je  n'ai  pas  l'intention  d'entrer  ici  dans 
desdéiailsbiograpbiquesqui  m'entraîneraient  trop 
loin;  d'ailleurs  je  réunis  depuis  quelque  temps 
des  matériaux  pour  une  biographie  détaillée  du 


comte  de  Farrobo;  c'est  presque  l'histoire  musi- 
cale de  Lisbonne  pendant  30  ans,  tant  cet  homme 
remarquable  a  travaillé  aux  progrès  de  l'art.  Son 
influence  sur  la  politique ,  les  finances,  le  com- 
merce et  l'industrie  de  sa  patrie  ,  a  été  encore 
bien  plus  grande.  J.  de  V. 

FASx\XOTTl  (Fiuppo), pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Milan  le  19  février  1821,  a  publié  envi- 
ron deux-cents  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
qui  consistent  particulièrement  en  transcriptions, 
arrangements  et  fantaisies  sur  des  thèmes  d'o- 
péras célèbres.  Ou  lui  doit  aussi  un  recueil  de 
50  préludes  dans  tous  les  tons  majeurs  et  mi- 
neurs, publié  sous  ce  titre  :  L^Arte  di  prelu- 
diare  (Milan,  Ricordi). 

FASTRE  (Joseph),  musicien  néerlandais, 
né  à  Flessingue  le  2'?  juin  178.5,  étudia  plusieurs 
instruments,  entre  autres  le  violon.  Incorporé  en 
1803  dans  un  régiment  français,  il  suivit  l'armée 
eu  Allemagne,  assista  à  la  bataille  d'Austerlitz, 
puis  revint  en  1806  dans  sa  ville  natale,  et  se 
fixa  l'année  suivante  à  Middelbourg,  oii  il  diri- 
gea le  corps  de  musique  de  la  milice  bourgeoise. 
Plus  tard,  après  avoir  passé  quelque  temps  à 
Alkraaar,  il  s'établit  définitivement  à  La  Haye, 
où  il  devint  meml)re  de  la  chapelle  royale  et 
professeur  à  l'École  de  musique.  Fasfré  a  con- 
tribué d'une  façon  importante  au  développement 
du  chaut  pojiulaire  et  aux  progrès  de  l'exécution 
musicale  en  cette  ville.  Il  a  publié  une  trentaine 
d'u^uvres  pour  le  violon,  le  piano,  la  il ù te  et  la 
clarinette,  et  aussi  plu.sieurs  recueils  de  musique 
vocale  parmi  lesquels  on  cite  :  Morceaux  de 
chant  à  2  voix  à  l'usage  de  la  jeunesse ,  12 
Morceaux  de  chant  ù  3  voix,  et  6  Chants  ù  3 
voix  pour  deux  sopranos  et  contralto.  Fastré 
est  mort  le  13  aviil  1812.  —  Un  de  ses  fils,  vir- 
tuose sur  la  flilte  et  la  guitare,  mourut  aux  Indes 
vers  1835. 

FAU  (Le  docteur  Julien),  violoniste  amateur 
distingué,  s'est  fait  depuis  longtemps  une  répu- 
tation dans  le  monde  musical  parisien  par  la 
passion  qu'il  avait  pour  les  beaux  instruments 
de  musique  anciens,  dont  il  forma  une  collection 
peu  nombreuse,  mais  renfermant  de  véritables 
merveilles.  Cette  collection ,  très  vantée  p;ir 
M.  Viollet-Lediic  dans  son  Dictionnaire  rai- 
sonné du  mobilier  français,  et  qui  comprenait 
une  centaine  de  pièces  choisies  avec  un  gortt 
parfait,  a  été  cédée  par  son  possesseur  au  minis- 
tre des  Beaux-Arts ,  qui  en  a  enrichi  le  Musée 
instrumental  déjà  si  remarquable  du  Conserva- 
toire de  musique.  Dans  son  numéro  du  27  février 
1874,  le  Journal  officiel  donnait  quelques  dé- 
tails très-curieux  sur  la  riche  collection  du  doc- 
teur Fau;  comme  ces  détails  n'ont  été  reproduits 


FAU  —  FAUGONIER 


317 


nulle  part,  il  n'est  pas  sans  utilité  de  les  donner 
à  celte  place,  car  ils  sont  intéressants  pour  l'his- 
toire (le  la  lutherie  et  des  siècles  antérieurs.  Les 
voici  donc  : 

«  M.  le  docteur  Fau  avait  déjà  rassemblé  un 
certain  noud)re  d'instruments  de  musique,  s'at- 
tachant  particulièrement  à  trouver  des  types  purs 
et  des  pièces  intactes  ,  lorsqu'il  se  rendit  en 
Italie  au  commencement  de  1869.  Pendant  un 
assez  long  séjour  qu'il  fit  à  Venise ,  il  eut  la 
bonne  fortune  d'entrer  en  relations  avec  le 
comte  Pietro  Correr,  qui  lui  permit  d'examiner 
dans  les  combles  de  .son  palais  les  instr'une.nts 
que  ses  ancêtres  y  avaient  relégués.  En  dépit  de 
la  poussière  séculaire  qui  les  couvrait,  le  savant 
collectionneur  eut  bien  vite  reconnu  que  la  chance 
le  favorisait  au  delà  de  toutes  ses  espérances,  et 
qu'il  avait  là  sous  les  yeux  les  trésors  artistiques 
les  plus  rares.  En  effet,  ces  pièces  qui  excitaient 
son  admiration  secrète,  provenaient  de  la  suc- 
cession des  Conlarini,  et  il  se  rappela  aussitôt 
que  Simon  Contarini,  tour  à  tour  ambassadeur 
de  la  république  de  Venise  auprès  du  duc  de 
Savoie,  du  roi  d'Espagne  Philippe  II,  du  sultan 
Mahomet  III,  du  pape  Paul  V  et  de  l'empereur 
Ferdinand  V\  se  faisait  accompagner  dans  ses 
ambassades  par  une  bande  de  musiciens  distin- 
gués. Il  n'y  avait  pas  à  en  douter,  ces  magnifi- 
ques instruments  de  musique  avaient  servi  aux 
virtuoses  de  la  chambre  de  Simon  Contarini,  el 
dataient,  par  conséquent,  du  seizième  siècle  et 
du  commencement  du  dix-septième.  M.  le  doc- 
teur Fau  s'empressa  de  choisir  les  plus  précieux 
de  tous,  et  fut  heureux  de  pouvoir  acquérir  ainsi 
quinze  pièces  historiques,  dont  il  avait  en  vain 
cherché  l'équivalent  dans  les  principales  villes 
d'Italie,  et  dont  plusieurs  sont  pentêlre  uniques 
au  monde. 

«  C'est  d'abord  un  barbiton  du  célèbre  luthier 
Gaspard  de  Salo ,  admirable  spécimen  de  cette 
petite  basse  de  viole  à  six  cordes  que  le  |)èrc 
Mersenne  appelle  barbitos  major  dans  son  ou- 
vrage latin  intitulé  Hannonicorum  Libri.  Puis, 
ce  sont  cinq  arcbiluths  ou  chitarrones  de  diffé- 
rents modèles  et  du  plus  beau  travail ,  chefs- 
d'œuvre  de  la  lutherie  vénitienne,  signés  Matteo 
Sellas  et  Cristofero  Cocbo.  Viinnenl  ensuite  des 
instruments  en  bois  ou  en  cuir  noir  de  la  plus 
grande  rareté  ;  entre  autres ,  un  serpent  d'une 
forme  excessivement  pittoresque,  instrument  rlu 
seizième  siècle  et  miuii  de  clefs,  pièce  des  plus 
curieuses  el  des  plus  intéressantes  pour  l'histoire 
de  la  facture  instrumentale  ;  un  tournebout,  autre 
instrument  datant  également  du  seizième  siècle, 
pièce  véritablement  introuvable  ;  des  cornets  de 
plusieurs  sortes,  dont  un  à  double  jeu  de  trous  et 


un  autre  orné  d'arabesques  d'or  du  dessin  le  plus 
élégant.  Enfin,  une  corne  d'appel  qu'on  a  taillée 
dans  une  défense  d'éléphant  longue  d'un  mètre  et 
demi  :  l'extrémilé  fermée  de  l'instrument  se  ter- 
mine en  pointe  à  quatre  pans,  comme  certains 
fers  de  lance  ;  ainsi  cette  corne  pouvait  servir 
d'épieu  de  chasse 

«  Mais  les  pièces  provenant  de  la  famille  des 
Contarini  ne  sont  pas  les  seules  qui  méritent 
d'être  mentionnées.  M.  le  docteur  Fau  possédait 
bon  nombre  d'instruments  qui  manquaient  en- 
core au  musée  du  Conservatoire  :  les  deux  luths 
de  sa  collection,  de  belles  timbales  de  cavalerie 
du  temps  de  Louis  XIII ,  un  grand  keruangeh 
avec  monture  en  ivoire,  une  balaïka  achetée  à  la 
vente  Sollikoff,  un  ché  à  treize  cordes,  une  vielle 
organisée,  et  bien  d'autres  instruments  dignes 
d'une  mention  spéciale,  comblent  aujourd'hui 
des  lacunes  que  les  visiteurs  du  Conservatoire 
national  de  musique  auraient  signalées  à  regret. 

«  Il  n'est  pas  possible  de  terminer  cette  revue 
rapide  des  objets  qui  viennent  d'entrer  au  mu- 
sée de  notre  école  supérieure  de  musique,  sans 
noter  encore  une  délicieuse  petite  vielle  du  sei- 
zième siècle,  la  superbe  liasse  de  viole  deZanetto, 
que  Norblin  a  fait  monter  en  violoncelle;  une 
autre  basse  de  viole  sculptée  sur  des  éclisses,  un 
grand  dessus  dé  viole  à  sept  cordes,  et  une  ra- 
vissante épinette  française  ornée  de  jolies  pein- 
tures à  la  gouache  et  signée  Philippe  Denis,  qui 
l'a  faite  en  1672.  » 

*  FAUCOA^IER  (  Benoist- Constant  ) ,  et 
non  Fauconnier.  Aux  ouvrages  cités  de  ce  com- 
positeur, il  fciiit  ajouter  les  suivants  :  r  Cinq 
messes  à  gran(i  orchestre  (dont  trois  seulement 
ont  été  publiées  jusqu'à  ce  jour;  chez  l'éditeur 
Schott);  2°  Messe  solennelle,  dédiée  à  l'arche- 
vêque de  Paris  :  3^  Cantaie  exécutée  au  théâtre 
de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  pour  les  fêtes  de 
septembre  1838;  4°  Le  Hoi  est  mort,  vive  le 
Roi  .'cantate  exécutée  au  même  théâtre,  en  1867; 
5"  Guide  des  chefs  de  sociétés  de  chœurs; 
6"  Douze  morceaux  d'harmonie  ;  7"  Nouvelle 
méthode  abrégée  et  sommaire  pour  alto  mi  bé- 
mol ,  op.  106  ;  8°  Nouvelle  méthode,  etc.,  pour 
bugleii  bémol,op.l07;9°Nouvelleméthode,  etc., 
pour  trombone  à  cylindre,  op.  108;  10'^  Nou- 
velle méthode,  etc.,  pour  basse  si  bémol,  op. 
109;  11"  Nouvelle  Méthode,  etc.,  pour  cor  à  cy- 
lindre, op.  110.  M.  Fauconier  est  membre  de 
l'Académie  de  sainte  Cécile  de  Rome.  —  Le  père 
de  cet  artiste,  M.  Consfant- Joseph  Fauco- 
nier, professeur  très-estimé,  fondateur  de  plu- 
sieurs sociétés  musicales  ,  est  mort  à  Thuin  ,  le 
16  février  1877,  à  l'âge  de  88  ans.  Il  était  né  à 
Fontaine-l'Évêque. 


318 


FAURE 


FAURE  (Jean-Baptiste),  chanleur  fran- 
çais, est  né  à  Moulins  (Allier),  le  15  janvier 
1830.  Fils  d'un  simple  chantre  d'église,  il  avait 
Irois  ans  lorsque  son  père  vint  se  fixer  à  Paris, 
et  sept  lorsque  celui-ci  mourut ,  laissant  une 
veuve  avec  trois  orplielins.  La  situation  de  la 
petite  famille  était  difficile.  Faure,  qui  avait 
déjà  une  jolie  voix  de  soprano  et  qui  montrait 
du  goût  pour  l'étude  de  la  musique ,  se  présenta 
à  la  maîtrise  de  Notre-Dame ,  où  il  ne  fut  pas 
admis  par  les  examinateurs.  Il  était  alors  âgé 
de  neuf  ans;  l'organiste,  touché  de  sa  gentil- 
lesse, lui  offrit  l'emploi  de  souflleur  d'orgue  qu'il 
accepta  et  qui  lui  valait  deux  cents  francs  par 
an ,  et  lui  donna  ses  premières  leçons  de  piano. 
11  travailla  assidûment,  et  en  1843  se  présenta 
au  Conservatoire  ,  où  il  fut  admis  dans  la  classe 
de  solfège  de  Tariot;  celui-ci,  qui  était  chef  des 
chœurs  au  Théâtre-Italien ,  le  fil  entrer  dans  son 
personnel ,  et  en  même  temps  le  jeune  Faure  de- 
venait enfant  de  chœur  à  l'église  St-Nicolas-des- 
Champs.  Mais  c'est  surtout  à  partir  de  son  en- 
trée à  la  maîtrise  de  la  Madeleine,  que  son 
éducation  musicale  devint  sérieuse.  Il  eut  le  bon- 
heur de  rencontrer  là  un  hoinnie  excellent ,  un 
véritable  artiste  ,  le  maître  de  chapelle  Trévaux, 
qui  s'intéressa  vivement  à  lui,  le  prit  en  amitié, 
et  en  fit  son  élève  de  prédilection.  C'est  sous 
la  direction  de  Trévaux  que  M.  Faure  devint 
réellement  musicien  ;  c'est  aux  conseils  pater- 
nels, aux  soins  affectueux  de  cet  homme  de  bien 
qu'il  a  dft  de  devenir  plus  tard  un  artiste.  Aussi 
en  a-t-il  conservé ,  dit-on ,  une  profonde  recon- 
naissance pour  son  vieux  maître,  mort  récem- 
ment. 

Malheureusement ,  il  vint  un  moment  oîi  la 
petite  position  que  l'enfant  s'était  faite  s'écroula 
tout  à  coup.  Ce  moment  fut  celui  de  la  mue.  Sa 
voix  de  soprano  disparut  subitement,  pour  ne 
laisser  de  place  qu'à  des  sons  rauques ,  sans 
timbre  et  sans  caractère.  Plus  de  théâtre,  plus 
de  chapelle,  partant  plus  d'appointements,  si 
médiocres  fussent-ils  !  Que  faire  ?  Il  avait  de  la 
volonté,  de  l'énergie,  et  ne  se  découragea  pas. 
Il  s'en  alla  louer  une  contrebasse  chez  un  luthier, 
et  se  mit  à  travailler  cet  instrument  pour  se  créer 
une  ressource.  Au  bout  de  peu  de.  temps,  il 
était  eu  état  de  tenir  sa  partie  dans  un  orches- 
tre. Il  entra  d'abord  dans  un  bal  de  barrière, 
celui  du  Grand  Vainqueur,  et  bientôt  après 
trouva  une  place  à  l'orchestre  de  l'Odéon ,  ce 
qui  ne  rempêchait  pas  de  continuer  l'étude  du 
piano,  qu'il  entendait  ne  pas  négliger. 

Lorsque  le  travail  de  la  mue  fut  accompli .  sa 
voix  reparut,  transformée  en  un  barylon  pur  et 
sonore.   11  quitta   alors    l'orchestre  de  l'Odéon 


pour  rentrer  dans  les  chœurs  du  Théâtre-Italien, 
et  commença  à  s'appliquer  sérieusement  à  l'é- 
tude du  chant.  Au  bout  d'un  an,  il  se  pré.^enta 
de  nouveau  au  Conservatoire,  qu'il  avait  depuis 
longtemps  quitté  comme  élève  de  solfège,  et  de- 
manda à  entrer  au  pensionnat  des  chanteurs-, 
admis  d'abord  comme  élève  externe  dans  la 
classe  de  Ponchard,  le  25  novembre  1850,  il 
entra  le  31  janvier  1851  dans  ,1a  classe  d'opéra- 
comique  de  Moreau-Sainti ,  et  le  16  mars  sui- 
vant devint  enfin  pensionnaire.  Bon  musicien 
comme  il  l'était  déjà,  ses  progrès  furent  rapides; 
dès  le  concours  de  1851  il  obtenait  le  premier 
accessit  d'opéra-comique,  et  l'année  suivante  il 
se  voyait  décerner  le  premier  prix  pour  cette 
partie  de  ses  études ,  en  même  temps  que  le  pre- 
mier prix  de  chant. 

Engagé  aussitôt  à  l'Opéra-Comique ,  il  y  dé- 
buta le  20  octobre  1852  par  le  rôle  de  Pygma- 
lion  dans  Galathée,  et,  bien  que  ce  début  fût 
heureux ,  rien  ne  faisait  présager  encore  la  car- 
rière brillante  et  féconde  que  l'artiste  était  ap- 
pelé à  remplir  11  arrivait  d'ailleurs  en  seconde 
ligne,  avec  des  chefs  d'emploi  tels  que  Baltaille 
et  Bussine,  tous  deux  dans  tout  l'éclat  de  leur 
talent,  bien  posés  dans  l'estime  du  public,  et  en 
possession  des  rôles  du  répertoire.  Bientôt  ce- 
pendant il  reprit  plusieurs  rôles  importants, 
tels  que  ceux  de  Max  du  Chdlet  et  de  Michel 
du  Caïd ,  et  quelques  heureuses  créations  lui 
furent  confiées  ,  qui  l'aidèrent  à  se  mettre  en  lu- 
mière. C'est  ainsi  qu'il  joua  un  charmant  petit 
opéra  de  M.  Ambroise  Thomas,  trop  oublié  de- 
puis, la  Tonelli,  puis  le  Chien  du  Jardinier, 
de  Grisar,  vlJenmj  Bell,  d'Auber.  A  cette  épo- 
que, lartiste  était  encore  un  peu  lourd  au  poiul 
de  vue  physique;  il  manquait  naturellement 
d'expérience  comme  comédien,  et  si  sa  voix 
était  déjà  d'un  velours  superbe  et  d'une  belle 
étendue,  le  chanteur  était  loin  de  la  faire  va- 
loir comme  il  le  fil  plus  tard. 

M.  Faure  remporta  l'un  de  ses  premiers  suc- 
cès dans  un  ouvrage  d'Auber,  Manon  Lescaut  ; 
peu  de  teinfis  après,  la  double  retraite  de  Bus- 
sine et  de  Battaille,  en  le  plaçant  au  premier  rang 
dans  sou  emploi ,  vint  tout  à  la  fois  l'obliger  à 
travailler  et  lui  permettre  de  développer  ses  heu- 
reuses qualités.  Il  reprit  successivement  plu- 
sieurs rôles  de  l'ancien  et  du  nouveau  réper- 
toire, entre  autres.  Haijdée,V  Étoile  du  Nord, 
Joconde ,  et  ce  dernier  ouvrage  lui  fut  tout  par- 
ticulièrement favorable,  en  prouvant  que  sous 
le  rajiport  du  style  ses  progrès  étaient  extrême- 
ment considérables.  Enfin ,  la  création  du  rôle  de 
Crèvecœur,  dans  Quentin  Duruard,  et  de  celui 
d'Hoël,  dans  le  Pardon  de  Ploërmcl,  vint  le 


FAURE 


319 


mettre  hors  de  page  et  le  montrer  supérieur  en- 
core à  ce  qu'il  avait  été  jusqu'alors  ;  le  dernier 
surtout  lui  fit  conquérir  tout  à  fait  les  bonnes 
grâces  du  public  et  de  la  critique,  et  mit  en  re- 
lief ses  meilleures  qualités,  c'est-à-dire  une  émis- 
sion de  voix  franche  et  naturelle,  une  rare  lar- 
geur de  style  et  une  puissance  remarqualMe  d'ex- 
pression. 

Je  crois  que  ce  rôle  est  le  dernier  que  M.  Faure 
établit  à  l'Opéra-Comique.  Environ  deux  ans 
après ,  il  fut  engagé  à  l'Opéra ,  et  l'on  ne  man- 
qua point  de  dire  ,  comme  il  arrive  toujours  en 
pareil  cas ,  qu'il  avait  grand  tort  de  quitter  le 
théâtre  Favart  pour  une  scène  plus  vaste ,  que 
sa  voix,  excellente  pour  l'Opéra-Comique,  se 
briserait  dans  l'immense  vaisseau  de  l'Opéra,  et 
qu'en  changeant  de  théâtre  il  perdrait  le  meilleur 
de  son  talent  et  ses  plus  précieuses  qualités. 

Ces  fâcheuses  prédictions  furent  loin  de  s'ac- 
complir. M.  Faure  débuta  avec  éclat  sur  notre 
première  scène  lyrique,  vers  latin  de  1861,  dans 
Pierre  de  Médicis ,  où  il  reprit  le  rôle  créé 
l'année  précédente  par  ]\r.  Bonnehée.  Il  parut 
ensuite  avec  le  même  bonheur  dans  Guillaume 
Tell,  puis  dans  la  Favorite,  où  il  déploya  un 
talent  de  premier  ordre.  Enfin ,  par  une  sorte  de 
coquetterie  bien  rare ,  et  comme  pour  montrer 
tout  le  parti  qu'un  grand  artiste  peut  tirer  d'un 
rôle  secondaire,  il  se  présenta  au  public  dans 
le  personnage  effacé  de  Nevers,  des  Huguenots. 
Son  élégance ,  son  talent  de  comédien  et  ses  raies 
qualités  de  chanteur  firent  merveille  dans  ce  rôle, 
dont  l'importance  sembla  révélée  pour  la  pre- 
mière fois. 

La  première  création  de  M.  Faure  à  l'Opéra 
ne  fut  pas  très-heureuse ,  à  cause  du  peu  de  va- 
leiu-  de  l'ouvrage  à  l'exéculion  duquel  il  concou- 
rait. Cet  ouvrage  était  un  petit  opéra  de  genre, 
la  Mule  de  Pedro,  soiti  de  la  |)lume  ordinaire- 
ment plus  fortunée  de  M.  Victor  Massé,  et  qui 
n'eut  que  peu  de  représentations.  Mais  le  chan- 
teur trouva  bientôt  un  rôle  à  sa  taille,  celui  de 
Nelusko  dans  l'Africaine ,  et  il  contribua  puis- 
samment au  succès  de  l'œuvre  nouvelle.  Après 
s'être  montré  dans  MoUse ,  il  parut  dans  la  le- 
prise  de  Don  Juan,  et  c'est  surtout  à  partir  du 
jour  où  il  s'empara  de  ce  rôle,  qu'il  devint ,  on 
peut  le  dire,  l'idole  du  public.  Depuis  lors  i!  n'a 
cessé  d'exercer  une  influence  considérable  sur  les 
destinées  de  l'Opéra,  et  il  est  permis  d'affirmer 
que  depuis  la  retraite  de  M.  Duprez,  aucun  ar- 
tiste n'a  joui  d'un  tel  crédit  et  d'une  telle  renom  • 
mée.  A  ces  divers  ouvrages  joués  par  M.  Faure 
sur  notre  première  scène  lyrique  ,  il  faut  ajouter 
Don  Cai'los,  Hamlet ,  Faust ,  la  Coupe  du 
roi  de  Thulc  et  Jeanne  d'Arc;  le  rôle  du  mar- 


quis de  Posa  dans  Don  Carlos  lui  fit  le  plus 
grand 'honneur,  mais  celui  A' Hamlet  a  mis  le 
comble  à  sa  réputation,  et  l'a  montré  aussi 
grand  comédien  que  chanteur  incomparable. 

Ce  n'est  pas  seulement  en  France  que  M.  Isuire 
a  conquis  une  renommée  légitime,  bien  qu'il  ait 
toujours  refusé ,  pour  rester  à  Paris  ,  les  engage- 
ments brillants  qui  lui  étaient  offerts  en  Russie 
et  en  Amérique.  Depuis  quinze  ans  il  a  pris  l'ha- 
bitude de  passer  tous  les  étés  à  Londres,  soit 
au  théâtre  italien  de  Drury-Lane,  soit  à  celui 
de  Covent-Garden,  et  son  action  n'est  pas 
moins  grande  sur  le  public  anglais  que  sur  le  pu- 
blic français;  la  variété  du  répertoire  de  ces 
théâtres  lui  permet  d'ailleurs  de  déployer  toute 
la  souplesse  de  son  talent,  et  de  se  montrer  dans 
des  rôles  où  les  spectateurs  parisiens  n'ont  ja- 
mais été  à  même  de  l'applaudir.  C'est  ainsi 
qu'il  a  joué  à  Londres  Mignon  (Lotario) ,  les 
Huguenots  (Saint-Bris),  la  Somnambula  ,  les 
IS'oces  de  Figaro ,  rii'lisire  d'Amore,  il  Gua- 
rang,  etc.  En  Belgique  aussi ,  M.  Faure  a  ob- 
tenu des  triomphes  éclatants. 

Le  talent  de  M.  Faure  est  certainement  des 
plus  remarquables,  à  tous  les  points  de  vue,  et 
la  valeur  de  l'artiste  est  telle  qu'aucun  chanteur 
français  ne  peut  lui  être  comparé.  Je  sais  bien 
qu'on  n'est  pas  sans  lui  adresser  quelques  repro- 
ches, et  sans  lui  trouver  des  défauts;  tout  ar- 
tiste a  les  siens,  et  le  beau  absolu  n'est  pas  de 
ce  monde.  Le  principal  est  que  la  somme  des 
qualités  l'emporte  sur  celle  des  imperfections. 
On  n'a  pas  tout  à  fait  tort,  en  vérité,  quand  on 
reproche  à  M.  Faure  un  peu  de  prétention  et 
d'afféterie,  quand  on  lui  en  veut  de  viser  un 
peu  trop  à  l'effet ,  d'abuser  de  certains  porta- 
menti,  de  prolonger  outre  mesure  certains  sons 
favorables  à  sa  voix  et  d'alférei-  parfois  le 
rhythrae  d'une  façon  fâcheuse  ;  mais  à  côté  de 
ces  faiblesses,  je  trouve  des  facultés  naturelles 
et  des  qualités  acquises  qui  me  semblent  les  ra- 
cheter amplement  -.  c'est  une  voix  merveilleuse, 
admirablement  posée,  d'une  grande  étendue, 
d'une  justesse  rare  et  d'une  étoffe  superbe,  avec 
une  étonnante  égalité  dans  les  registres,  c'est 
un  style  généralement  très-pur  et  souvent  ma- 
gistral ,  une  articulation  remarquable  par  son 
ampleur,  un  phrasé  plein  de  netteté,  de  gran- 
deur et  d'élégance ,  une  diclion  irréprochable  , 
une  unité  parfaite  de  sonorité,  et  enfin  ,  —  chose 
si  rare  !  —  un  talent  de  comédien  presque  égal 
à  celui  du  chanteur,  souple,  nerveux,  vivant  et 
coloré.  L'ensemble  de  ces  qualités,  jointes  à  une 
grande  élégance  physique  et  à  un  .sentiment  de 
la  plastique  assez  rare  à  rencontrer  même  chez 
les  comédiens  les  plus  illustres,  peut,  à  mon 


320 


FAURE  -  F AURIE -DEVIENNE 


sens,  faire  passer  conrlamnation  sur  certaines 
faiblesses,  faiblesses  passagères  après  tout,  et 
qui  ne  doivent  pas  rendre  injuste  envers  un  ar- 
tiste si  bien  doué  sous  tant  de  rapports.  En  ré- 
sumé, M.  Faureestun  artiste  hors  ligne,  dont 
le  talent  rare,  divers,  plein  de  souplesse,  est 
digne  de  toutes  les  sympathies. 

M.  Faure,  qui  avait  été  nommé  professeur  de 
chant  au  Conservatoire  le  l'"^  janvier  1857  ,  n'a 
conservé  que  peu  de  temps  cette  situation.  Il 
s'est  exercé  depuis  quelques  années  dans  la  com- 
position, et  a  publié  chez  l'éditeur  M.  Heugel  un 
certain  nombre  de  mélodies  qui  pour  la  plupart 
ont  été  bien  accueillies  par  le  public,  et  dont  il  a 
été  formé  ensuite  deux  recueils. 

FAURK  (Coisstance-Caroline  LRFEBVRE, 
épouse),  femme  du  précédent,  fut  pendant 
quinze  ans  environ  l'une  des  meilleures  artistes 
du  théâtre  de  l'Opéra-Comique ,  où  elle  remplit 
de  la  façon  la  plus  distinguée  l'emploi  des  Du- 
gazons.  Née  à  Paris  le  21  décembre  1828,  M"^  Le- 
febvre  fut ,  au  Conservatoire ,  l'élève  de  Bande- 
rali  pour  le  chant  et  de  Moreau-S.iinti  pourl'o- 
péra-cohiique.  Après  avoir  obtenu  un  accessit 
de  chant  en  1849,  et ,  l'année  suivante,  les  deux 
premiers  prix  de  chant  et  d'opéra-comique,  elle 
fut  engagée  à  l'Opéra-Comique,  y  débuta  sans 
granil  éclat,  mais  se  révéla  bientôt  dans  la  créa- 
tion du  joli  rôle  de  Palomita  dans  le  premier  ou- 
vrage de  M.  Victor  Massé,  la  Chanteuse  voilée. 
Douée  d'une  voix  charmante  et  plus  souple  que 
puissante  ,  d'une  grâce  aimable  et  pleine  de  dis- 
tinction ,  avec  cela  chanteu-c  habile,  comédienne 
fine,  intelligente  et  .spirituelle,  elle  obtint  bien- 
tôt de  grands  succès,  soit  en  reprenant  certains 
ouvrages  du  répertoire  qui  convenaient  particu- 
lièrement à  son  talent  délicat,  tels  i]yu\  Jnconde, 
le  Préaux  Clercs,  le  Petit  Chaperon  rouge, 
VÉpreuve  villageoise ,  Haydêe,  les  Mousque- 
taires de  la  Heine,  soit  en  créant  des  rôles  nou- 
veaux dont  chacun  était  l'occasion  d'un  nouveau 
succès,  tels  que  ceux  de  Psyché,  du  Songe 
d'une  nuit  d'été,  de  Raymond  ou  le  Secret 
(le  la  reine,  du  Chien  du  Jardinier, eic.  Elle 
se  montra  aussi  dans  le  Val  d'Andorre,  l'Étoile 
du  Sord,  le  Toréador,  la  Dame  de  pique  et 
divers  autres  ouvrages. 

Peu  de  temps  après  avoir  épousé  M.  Faure, 
vers  1862,  M""=  Faure-Lefebvre  quitta  l'Opéra- 
Comique.  Elle  fit  alors  une  courte  apparition  au 
Théâtre  Lyrique,  où  on  la  revit  dans  VÉpreuve 
villageoise  el  dans  la  traduction  d'un  opéra  de 
Mendeissolui ,  Lisbelh,  puis  renonça  définitive- 
ment à  la  scène,  au  grand  regret  de  tous  les 
amateurs  de  son  jeu  si  vrai ,  si  tin ,  si  aimable  et 
si  discret. 


FAURE  (Gabriel),  pianiste,  organiste  et 
compositeur  français,  a  fait  son  éducation  artis- 
ti(iue  à  l'École  de  mu.sique  religieuse,  où  il  a  ob- 
tenu en  1860  un  premier  prix  de  piano  et  un  prix 
d'harmonie,  el  en  1861  un  prix  de  composition. 
Il  a  publié  un  petit  recueil  de  Quatre  Mélodies 
(Paris,  Hartmann,  in-8°),qui  se  font  remar- 
quer par  un  heureux  souci  de  la  forme  aussi 
bien  que  par  un  rare  sentiment  mélancolique  et 
poétique,  et  il  a  fait  entendre,  dans  les  intéres- 
santes séances  de  la  Société  nationale  de  musi- 
que, une  synijibonie  à  grand  orchestre,  un 
Cantique  de  Racine  (chœur),  deux  duos  pour 
voix  de  femmes  (  Tarentelle ,  Puisque  ici-bas 
toute  dme...),  et  une  sonate  pour  violon  et 
piano.  Outre  le  petit  recueil  cité  plus  haut, 
M.  Fauré  a  publié  des  mélodies  vocales  déta- 
chées :  Barcarolle ,  Chanson  du  pécheur.  Ici- 
bas,  Dans  les  ruines  d^  une  abbaye.  Rêves  d'a- 
mour. Tristesse,  le  Papillon  et  la  Jleur ,  les 
Matelots,  etc. 

FALlRIE-DEVIEIVi\E(JosEPH-BAKNABÉ), 
économiste  distmgué,  né  à  Bordeaux  en  1851, 
fut  directeur  des  fermes  du  roi ,  puis,  de  1785 
jusqu'en  1823,  époque  où  il  prit  .sa  retraite,  di- 
recteur des  douanes  à  Besançon.  Faurie-De- 
vienne ,  qui  brilla  parmi  les  beaux  esprits  de  la 
fin  du  dix-huitième  siècle,  était  passionné  pour 
tous  les  arts ,  mais  particulièrement  pour  la 
musique ,  qu'il  cultiva  lui-même  avec  ardeur , 
ainsi  qu'on  le  voit  par  ce  pas.sage  de  la  notice 
que  lui  consacrait  il  y  a  près  d'un  demi-siècle  la 
Biographie  universelle  et  portative  des  Con- 
temporains : —  «  Passionné  pour  la  musique, 
il  la  cultiva  dès  l'enfance,  et  a  composé  plu- 
sieurs œuvres,  dont  une  des  plus  remarquables 
est  une  scène  pieuse  el  dramatique  :  VOraison 
dominicale  et  la  Salutation  angélique.  Ses 
oratorios,  d'une  composition  large  et  d'un  grand 
effet,  ont  laissé  de  profondes  traces  dans  la  mé- 
moire de  ceux  qui  ont  eu  le  plaisir  de  les  enten- 
dre. L'auteur  s'est  créé  un  système,  le  seul  pro- 
pre à  étendre  à  l'infini  la  puissance  de  l'art.  Il 
débute  par  une  brillunte  paraphrase  du  Pater  et 
de  Y  Ave,  dont  il  donne  l'idéal  en  style  plein 
d'images  et  du  coloris  le  plus  vif.  C'est  cet  idéal 
seul  qui  l'a  inspiré,  sans  que  jamais  le  poète  se 
soit  écarté  de  son  sujet;  car  ici,  M.  Devienne 
s'est  montré  aussi  bon  poète  que  bon  musicien. 
On  connaît  plusieurs  opéras  de  M.  Devienne  ,  un 
en  deux  actes,  dont  il  a  fait  la  musique  et  les  pa- 
roles, et  qui  a  pour  titre  :  Madame  de  Beau- 
mont;  un  autre  en  quatre  actes,  intitulé:  Col- 
gard  et  Sullalin ,  sujet  écossais.  On  admire 
dans  ce  dernier  une  scène  de  sorciers,  d'une 
grande  étendue  et  d'une  vigueur  telle  que,  pour 


FAURIE-DEVIENNE  —  FECHNER 


321 


en  bien  ju;er.  il  faudrait  l'enfendre  à  l'Acadé 
mie  royale  de  musique.  M.  Faurie  a  composé  en 
outre  plusieurs  morceaux  à  j;rand  orchestre,  un 
Domine  salvum,  des  symphonies,  dont  une 
concertante  pour  deux  violons ,  un  nocturne 
scène  de  nuit  espagnole,  production  fort  origi- 
nale. L'auteur,  toujours  rempli  du  même  sujet, 
a  voulu  pro'iver  que  la  musique,  vague  de  sa 
nature  ,  pénèlre  plus  a'vant  dans  le  coeur,  est 
plus  propre  à  exprimer  ces  sensations  délicates 
et  confuses  d'une  passion  naissante,  et  est  d'un 
effet  plus  rapide  que  la  parole.  Aussi  n'a-t-il  em- 
ployé ici  la  parole  que  comme  indication,  sous 
la  forme  élégante  d'une  espèce  de  mélopée  que 
développe  la  musique.  Il  a  composé  dans  le  même 
système,  sans  emidoyer  de  paroles,  une  aubade, 
où,  joyeux  enfant  du  midi,  il  a  ra.ssemblé,  avec 
un  rare  bonheur,  les  souvenirs  et  les  premières 
sensations  de  sa  jeunes.se.  Enfin,  il  est  l'auteur 
de  la  musique  des  coui>lets  tirés  du  roman  poé- 
tique à'iseult  de  Dole;  c'est  le  seul  œuvre 
qu'il  ait  consenti  à  faire  graver,  par  amitié  pour 
le  traducteur  et  par  égard  pour  la  mémoire  de 
l'archevêque  Turpin;  encore  n'y  a-l-il  mis  que 
les  lettres  initiales  de  .<on  nom.  Partout  on  re- 
trouve la  même  verve,  le  même  esprit,  la  force 
unis  à  la' grâce,  à  celte  grâce  plus  belle  que  la 
beauté...  ..  On  conçoit  qu'il  est  impossible  au- 
jourd'hui de  discuter  la  valeur  des  théories  es- 
thétiques de  Faurie-Devienne  et  d'apjirecier  son 
talent,  ses  œuvres  n'ayant  pas  été  livrées  à  la 
publicité.  Cet  amateur,  d'ailleurs  fort  distingué  , 
est  mort  le  l*^"^  juillet  1840,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-quinze  ans. 

FAUST  (Carl),  compositeur  allemand  ,  est 
né  le  18  février  1825  à  Neisse,  dans  la  Silésie. 
Devenu  chef  de  musique  au  36'  régiment  d  in- 
fanterie prussienne  en  1833,  il  passa  en  la  même 
qualité  (1859)  au  \l^  régiment,  en  garnison  à 
Francfort,  puis  à  Breslau.  Il  quitta  le  .service 
militaire  en  1863  ,  devint  maître  de  chapelle  dans 
le  Holslein  ,  et  en  1869  alla  occuper  le  même 
emploi  à  Waldenburg ,  où  il  est  encore  aujour- 
dhui  (1877).  M.  Cirl  Faust  a  obtenu  de  grands 
succès  dans  sa  pairie  par  la  publication  d'une 
innombrable  quantité  de  morceaux  de  musi- 
que légère  et  de  musique  de  danse  pour  le  piano. 
Le  nombre  de  ses  œuvres  en  ce  genre  ne  s'élève 
guère  à  moins  de  trois  cents,  et  il  en  paraît 
chaque  jour  de  nouvelles.  On  lui  doit  aussi  des 
marches  qui  sont  très-estimées.  Une  polka-ma- 
zurKa  de  M.  Carl  Faust,  intitulée  la  Violette  et 
publiée  à  Paris  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  par 
l'éiiiteur  Ricliault,  a  obtenu  un  succès  de  vogue 
qui  s'est  propagé  par  toute  l'Europe,  et  s'est 
vendue  par  milliers  d'exemplaires. 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    SUPPL.    —   T.    I 


FAVA  (Alessandro),  compositeur  italien  , 
a  fait  représenter  en  1875,  à  Bologne,  sur  le 
théâtre  particulier  de  la  villa  Talon,  un  opéra 
bouffe  intitulé  Colomba. 

FAVARGER  (René),  pianiste  et  compo- 
siteur français,  naquit  vers  1815.  Il  se  livra  d'as- 
sez  bonne  heure  à  la  composition,  et  publia  un 
grand  nombre  de  morceaux  «le  genre  pour  le 
piano,  dont  quelques-uns  obtinrent  de  vérita- 
bles succès.  Il  faut  citer,  parmi  ceux  qui  ont 
été  le  mieux  accueillis,  le  Boléro  (op.  1),  Ella, 
rêverie  (op.  2),  Sérénade  espagnol^  (op.  21), 
la  Fuite,  galop  (op.  ^9),  et  ses  fantaisies  sur 
Obcron,  le  Barbier  de  Séville ,  la  Somiam- 
bula,  et  Don  Juan.  Fixé  depuis  longues  années 
à  Londres,  où  il  s'était  formé  une  très-belle  clien- 
tèle d'élèves,  Favarger  avait  épousé  une  jeune 
anglaise  qui  lui  avait  apporté  une  assez  belle 
foi  tune,  et  chaque  année  il  venait  passer  quel- 
ques semaines  en  France.  Sa  musique  n'avait 
pas  moins  de  succès  en  Angleterre,  et  même  en 
Allemagne,  que  dans  son  propre  pays.  Attaqué 
d'un  mal  très-douloureux  ,  un  cancer  à  la  langue, 
il  vint  se  faire  soigner  en  France  ;  une  opération 
fut  reconnue  nécessaire  ,  mais  el  e  réussit  mal , 
et  FavMrger  mourutà  Elretat,  au  moi^d'aoùl  1808. 

■*  FA  Y  (Etienne).  Aux  productions  dramati- 
ques de  cet  artiste  distingué,  il  faut  ajouter  : 
la  Bonne  Aventure,  opéra-comique  en  deux 
actes,  repré.senté  au  théâtre  des  Jeunes-Élèves 
le  l'"^  avril  1802.  En  1794 ,  on  avait  aussi  repré- 
senté au  théâtre  Favart  l'Intérieur  d'un  mé- 
nage réptitilicain,  vaudeville  en  un  acte,  «  avec 
accompagnements  >>  de  Fay  Ce  com()Ositeur  ai- 
mable eut  deux  tilles  ,  Léontine  et  Élisa  ,  qui  fu- 
rent coméiiieunes  dès  leur  enfance,  obtinrent 
ainsi  de  grands  succès  dans  leurs  jeunes  années, 
et  dont  l'aînée  acquit  plus  tard  une  célébrité 
européenne  :  la  première  devint  M°"  Voinys,  et 
la  seconde  M"'^  Génot. 

*  FaYOLLF  (François-Joseph-Marie)  a 
la  liste  des  publications  faites  |)ar  cet  écrivain 
relativement  à  la  musique,  il  faut  «jouter  l'o- 
puscule suivant  :  Sur  les  drames  lyriques  et 
leur  exécution  ,  Paris,  imp.  Sajou,  1813,  in-8°. 
Celte  brochure  était  extraite  du  N"  de  juin  1813 
du  Magasin  pncijclopédigue. 

FliRVRE  ( ),  contrebassiste  au  théâtre 

d'Angers,  a  fait  représenter  sur  ce  théâtre,  le 
30  mars  1876,  un  opéra-convque  en  deux  actes, 
int'tulé  le  Paludier  du  Bourg  de  Batz. 

FECfliXER  (iM"'=  Pauline),  compo.sileur  et 
pianiste  dislintiuée,  commença  à  se  produire 
vers  ISiO  à  Varsovie,  où  elle  obtint  d'agréables 
succès.  M""*  Fechner  a  publié  un  grand  nombre 
de  compositions  de  piano. 

21 


322 


FEL  —  FËMY 


*  FEL  (Marie),  ou  DE  FEL.  On  n'est  pas 
d'acconl  sur  la  date  de  la  naissance  de  cette  ai  tisle 
aimable  et  disliriguée,  qui  entretint  pendant  lun- 
gues  années  nne  liaison  avec  le  fameux  pasiellisie 
Maurice    Quentin  de  la  Tour.    L'auteur  de   la 
Biographie  universelle  des  Musiciens  donne 
l'année  1716;  MM.  Edmond  et  Jules  de  Concourt, 
dont  le  soin  va  jusqu'au  scrupule  en  matière  his- 
torique,  ayant  à   parler  de  M"'*  Fel  dans   leur 
étude  sur  de  La  Tour  et   rappelant  le   porirait 
qu'en  a  fait  ce  peintre,  la  font  naître  en  17iO  : 
«  M"«   Fel,  disent-ils,  à  tort  appelée  Fay  par 
plusieurs  biographes  de  La  Tour,  fut  la  bien-ai- 
mée  du  peintre,  qui  fit  et  exposa  son  portrait  en 
1757,  Elle  se  nommait  Marie,  était  née  à  Bor- 
deaux en  1710,  débuta  à  l'Opéra  en  173.3  et  se 
retira  <le  la  scène  en  1759.  On  admire  encore  au 
musée  de  SI  Quentin  cette  tête  levantine,  avec 
son  front  pur,  ses  lon^s  sourcils,  se<  yeux  noir.-; 
veloutés  de  cils,  son  nez  aquilin  ,  ses  traits  grecs, 
avec  celte  coiffure  de  gaze  liserée  d'or,  rompant 
le  front  et  descendant  sur  Tceil  droit.  »  D'autie 
part,  M.  Charles  Desmaze,  dans  son  Rrliqitaire 
de  M.  Q.  de  La  Tour  (Paris,  Leroux,  1574,  in- 
12),  place  en  1706  la  naissance  de  M'"=  Fel   Je 
n'ai  pu  vérifier  l'exactitude  de  ces  diverses  as- 
sertions. Je  puis  seulement  faire  remarquer  qu'on 
trouveia  dans  l'icrit  de  MM.  de  Concourt  et  dans 
le  petit  livre  de  M.  Th.  Desmaze  quelques  détails 
intéressants  sur  cette  charmante   artiste,  dont 
Grimm  et  Cahusac  furent  vivement   épris,   et 
même  <)uelques  lettres  (Pelle. 

Je  n'aurais  pas  cru  devoir  ajouter  ces  lignes 
à  la  notice  déjà  consacrée  à  M"<=  Fel,  s'il  ne  s'é- 
tait agi  d'une  des  actrices  et  des  rhaiitenses  les 
plus  vraiment  intéressantes  qui  aient  jamais  paru 
sur  la  scène  de  l'Opéra  ;  mais  en  présence  d'une 
nature  artistique  de  cette  valeur,  il  ne  m'a  pas 
semblé  inutile  de  faire  ressortir  sinon  la  vérité, 
du  moins  les  renseignements  divers  qui  peu* eut 
en  amener  la  connaissance.  Parmi  les  nombreu- 
ses créations  que  M"'  Fel  fit  à  l'Opeia,  il  faut 
surtout  citer  les  rôles  de  l'Amour  d.ins  Castor 
et  Poilu r,  de  Chioé  dans  Dafihnis  et  Chl&é, 
de  Nais  dans  A'aJs  d'Ani'^lite  dans  Zoroasfre, 
de  lAurore  dans  Titan  et  l'Aurore,  et  tout  par- 
ticul  élément  encore  celui  de  Colette  du  Derin 
du  villugi;,  <\uà  lequel  elle  fit  tourner  tuntcs 
les  télés.  Remarquons  en  passant  que  la  vrai- 
semblance donne  ici  raison  à  Félis  lurs(]u'il  fait 
naître  M"*^  l'el  en  17t6,  car  le  Derin  duvilloge 
ayant  été jdué  en  1753,  elle  aurait  été  âgée  déjà 
de  tiente  sept  ans  lorsqu'elle  créa  ce  rôle  d  in 
génue  n;iïve,  tandis  qu'elle  en  aurait  eu  qua 
ranle  trois  si  l'on  s'en  ra|)porte  à  MM.  de  Cou 
court,  ci  'quarante- sept  fis  Von  en  croit  M.  Des 
maze.  Ceci  est  vraiment  peu  présuma ble.  L'un 


des  rôles  dans  lesquels  cette  artiste  produisit  le 
plus  grand  effet  fut  celui  d'Alcimadure  dans 
Daplinis  et  Alcimadure,  pastorale  languedo- 
cienne dont  Mondonville  avait  éciit  les  paroles  et 
la  musique.  Les  trois  interpiètes  de  cet  ouvrage 
étaient  Jélyotte,  Latoiir  et  elle-même;  tous  trois 
étaient  laii^;uedociens,  et  l'on  comprend  le  suc- 
cès qu'ils  purent  exciter  dans  une  pièce  écrite 
dans  un  dialecte  qu'ils  parlaient  naturellement  et 
qui  leur  avait  toujours  été  familier. 

Parmi  les  nombreux  vers  écrits  en  l'honneur 
et  à  la  louange  de  M"'  Fel,  je  me  bornerai  à  ci- 
ter le  quatrain  suivant  : 

Si  l'amour  Jouit  de  sa  gloire, 
llelle  Kcl,  il  la  tient  de  v^us  : 
Sun  eiii[iire  semble  plu^  doux 
lorsque  vous  rhaiitezsa  victoire. 

*  FELICI,  compositeur  diamatique.  Je  crois 
que  le  prénom  de  cet  artiste  était  Alessnndroat 
non  Bartolomeo  ;  toujours  esl-il  que  c'est  celui- 
là  qui  est  joint  à  son  nom  sur  le  livret  de  la  Ca- 
meriern  aslitta,  opéra  bouffe  dont  il  avait  fait 
la  musique  et  qui  fut  représenté  au  théâtre  du- 
cal de  Milan  en  1769.  Peut-être,  après  tout, 
avait-il  les  deux  prénoms  d'Alessandro  et  de  Bar- 
tolomeo. 

FELICI     ( ),    compositeur,  italien, 

é  ève  du  chef  d'orchestre  Teodulo  Mabellini ,  a 
pris  ime  part  à  la  composition  de  deux  ou- 
vrages écrits  par  lui  en  société  avec  plu.-ieurs 
autres  élèves  «lu  même  maître  :  \''  la  Secc/iia 
rapifa  {n\fc  MM.  Bacchini,  De  Champs,  Gial- 
dini,  Tacchinanli  et  Usiglio),  représenté  au 
théâtre  GoMoni ,  de  Florence,  au  mois  d'avril 
1872  ;  2"  ridola  Ciïiese  (avec  MM.  De  Champs, 
Gilardini  et  Tacchinarii),  donné  au  théâtre  des 
Lo;:es,  de  la  même  ville,  le  25  février  1874. 

FÉIJX  (Le  Fr  Jo'ao  DES.;,  religieux, 
comjiositeur  de  mérite  et  oruanisle  oistingué, 
fut  une  des  victimes  du  tremblement  de  terre 
qui  détruisit  en  1755  une  grande  partie  de  Lis- 
bonne Il  était  né  en  1689.  J.  nr.  V. 

FELL  (Antonio),  professeur  et  com|)ositeur, 
fixi»  à  Païenne,  où  il  est  mort  au  mois  de  no- 
vembre 1867,  est  l'auteur  de  pusi^urs  opéras 
p.irmi  lesquels  on  cite  particulièrement  Eufemia 
et  la  Sposn  d'Abtdo.  Élève  du  célèbre  Rni- 
mondi,  cet  artiste  avait  pioduif  aiirsi  un  certain 
nombre  de  messes  et  beaucoup  d'autres  composi- 
tions de  divers  genres. 

FEMY  fAMBRoiSE),  musicien  belge,  fils  d'un 
chantre  de  la  cathédrale  de  Saint  Bavon,  à 
Cand,  naquit  en  cette  ville  et  y  fit  ses  études 
musicales.  Il  remplit  successivemi-nt  les  fonc- 
tions de  chef  d'orchestre  dans  les  théâtres  de 
plus'euis  di's  plus  grandes  villes  de  France, 
Lille,    Bordeaux,    Marseille  et  Nantes,  devint 


FÉMY  —  FEO 


323 


ensuite  (1806-1809)  directeur  de  celui  de  sa 
ville  natale,  puis,  jusqu'en  1820,  fut  aussi  di- 
recteur de  plusieurs  théâtres  des  «iéparlcments 
français.  On  ignore  la  date  de  la  mort  de  cet  ar- 
tiste. 

FÉMY  (Henri),  frère  du  précédent,  fut  un 
violoniste  remarquable,  et  après  avoir  été  atta- 
ché pendant  quatre  ans  au  théâtre  de  Lille  en 
qualité  de  premier  vio'on,  se  produisit  comme 
virtuose,  et  excita,  dit-on,  l'admiration  non-seu- 
lement en  France,  mais  en  Angleterre  et  en  Ita- 
lie Une  mort  prém  iturée  arrêta  à  son  aurore  la 
carrière  de  cet  artiste,  qui  promettait  d  èhe 
extrêmement  brdiaute. 

*  FÉMY  (Frans  ou  François),  fils  aîné 
d'Ambroise.  On  a-sure  qu'en  1811,  il  obtint  un 
emploi  à  la  chapelle  du  roi  de  Westpbalie.  Le 
22  mars  1813,  il  Oiisail  représentera  Anvers  un 
opéra-comique  en  2  actes,  les  Trois  Hussards, 
écrit  peut-être  sur  le  même  livret  que  celui  que 
Cliampein  avait  donné  à  Paris,  sous  le  même 
titre,  quelques  années  auparavant.  Fixé  plus 
tard  en  Hollande,  il  y  passa  pour  le  premier  vio- 
loniste de  ce  pavs. 

FÉAIY  (Joseph),  frère   du  précédent,   troi- 
sième fils  d'Ambroise  (1),   fut  un  fiiitiste  exlrê 
mement  distingué  Les  renseignemenis   biogra- 
phi  (lies  font  complètement  défaut  sur  cet  artiste. 

FÉMY  (AnÈLE),  sœur  des  deux  précédents, 
fut  à  la  fois  une  cantatrice  et  une  violoniste  des 
plus  remarquables.  Elle  acquit  en  France,  en 
Angleterre,  mais  surtout  aux  États  Unis  une 
répntat'on  colossale.  Elle  habitait  eneoreen  18i7 
ce  dernier  pays,  où  elle  est  morte  sans  doute. 

FÉMY  (ALtxANDRE-JosEPH),  profcsscur  de 
musique  semble  avoir  appartenu  à  la  même  fa- 
mille <pie  les  précédent'>.  Celui  ci  a  été  condamné 
à  la  peine  de  mort  par  le  tribunal  du  déparle- 
ment  du  Nord,  impliqué  qu'il  était  comme  agent 
de  l'étranger  dan-  une  conspiration  ourdie  à 
lépoquedu  18Fru(tidoranVi  (4  .septembre  1797). 

FEXUT  (BERN\r,D),  luthier,  né  en  17of)  à 
Inspnicl»,  dans  le  Tyrol,  était  probablement  fils 
d'un  luthier  de  ce  pays.  On  croit  qu'il  resida 
quelque  temps  à  Paris,  après  quoi,  fort  jeune 
encore,  il  passa  en  Angleterie.  Dès  .son  arrixée 
à  Londres,  il  fut  employé  par  Dodil  (  liiyez  ce 
nom;,  et  ayant  décide  sou  compatriote  Fréderik 
Loti,  tiès  bai  ile  ébéniste  déjà  établi  en  celte 
ville,  à  (luitter  son  état  pour  faire  des  violons,  il 
travailla  longtemps  avec  lui  pourDodd  et  sous  la 
direction  de  cclid-ci  Plus  tard,  Fendt  fil  pour 
John  Belts  des  copies  d'Amati  qui  sontaujoui- 
d'bui  très-prisées  des  Anglais. 

(1)  I,.- .seo.'nl  Qls  d'Ambroise  et .  t  Henri  Fémy.  (Voyez 
Biographie  universelle  des  iVusiciens,  1. 111.) 


FEXDT  (Bernard-Simon),  premier  fils  du 
précéiient,  né  à  Londres  en  1800,  fut  aussi  un 
liabile  ouvrier.  Mallieui'eu.sement,  le  désir  de 
produire  rapidement  lui  fit  moins  soigner  son 
ti avait  que  ne  le  faisait  son  père  ;  la  quantité  de 
violons,  d'altos,  de  violoncelles  et  de  contrebas- 
ses qui  sont  sortis  de  ses  mains  est  incalculable, 
et  ses  copies  de  Guarnerius,  particulièrement,  se 
comptent  par  centaines.  Néantnoins  Fendt  pro- 
duisit, à  l'Exposition  universelle  de  18ôl,  un 
quatuor  qui  fut  remarqué.  —  Un  fils  de  cet  ar- 
tiste, William  Frndl,  travailleur  tiès-liabile,  l'a 
beaucoup  aidé,  surtout  dans  la  construction  des 
contrebasses. 

FEMDT  (Martin),  second  fils  de  Bernard 
Fendt,  ne  inan'iua  pointde  talent  et  fut  l'un  des 
bons  luthiers  qui  Iravaillèrent  pour  John  Betts. 

FEi\D  r  (Jacor),  troisième  fils  de  Bernard, 
fut  le  plus  habile  de  ses  enfants.  On  considère 
comme  fnrt  remarquables  .ses  copies  dC'*  maîtres 
italiens,  et  l'on  regrette  seulement  qu'il  se  soit 
cru  obligé,  par  une  mode  b  àmable  et  qui  a  duré 
trop  longtemps,  d'imiter  jusqu'à  l'usure  du 
vernis  à  la  place  du  menton  et  des  doigts. 

FE1XI>T  (Francis),  quatrième  fils  de  Ber- 
nard, a  aussi  exercé  à  Londres,  comme  son 
père  et -^es  trois  frères,  la  profe.ssion  de  luthier. 

Fï^A'ZI  ( ),  composdenr  italien,    a  fait 

représenter  à  Taganrog,  au  mois  de  janvier  Is72, 
un  opéra  sérieux  intitulé  i  J'iodi  di  Mosca, 
dont  l'insucc  es  a  été  complet. 

*  FEO  (François).  Dans  la  notice  que 
M.  Fran(-escoFloiinio  a  consacrée  à  ce  grand  ar- 
tiste (Cenno  slorico  suUa  Scuola  musicale 
di  i\a/JGli),  on  lit  les  lignes  .suivantes  :  «  Bii'n 
(|ue  les  biogia|)bPs  l'appellent  tantôt  di  Feo, 
tantôt  de  F  o,  pourtant  dans  les  autographes  et 
dans  les  livrets  imprimés  qu'il  a  mis  en  imi- 
siqu'-  et  qui  existent  au  conservatoire  de  Na- 
ples,  il  est  appelé  simplement  Francesco  Feo. 
D'antre  part,  et  quoique  M.  Fétis  ait  fixe  Tan- 
née de  .sa  nais.-ance  à  1699,  nous  devons  imiter 
Vil  arosa  et  nous  taire  sur  la  date  de  sa  nais- 
sance Cl  celle  lie  sa  mort,  parce  qu'elles  ne  ré- 
Miltent  d'aucun  document.  Il  est  certain  que  Feo 
n'a  pu  naître  en  1699,  car  il  existe  dans  notre 
Conservatoire  le  livret,  imprimé  à  Naples,  de 
\.\iiwr  tirannico,  représenté  au  théâtre  .San 
Bartolomeo  le  18  janvier  171.3.  Il  est  donc  à  sup- 
poser que  sa  nai-sance  est  bien  antérieure  à  l'é- 
poipie  in  liquee,  puisqu'il  n'aurait  certainement 
pu,  à  l'âge  de  trtize  ans,  écrire  un  opéra  pour  la 
piendère  scène  musicale  qui  exista  t  alors.  »  On 
voit  que  le  premier  ouvrage  dramatique  de  Feo 
lut  VAiiior  iiranvico,  ossia  Zenohia,  repré- 
sente au  théâtre  San- Bartolomeo  en  1713;  le  se- 


1 


324 


FEO  —  FERNANDES 


cond  (alSiface,  re  di  Numidia,  qui  fut  joué  au 
niêine  tliéâtre  en  1723.  Ces  deux  opéras  n'avaient 
pas  été  mentionnés  dans  la  notice  de  la  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens,  non  plus  que 
les  trois  intermezzi  suivants,  dont  je  ne  con- 
nais ni  le  lieu  ni  la  date  de  représentation  :  Don 
Chisciotle  délia  Mancia,  Coriandolo  Spe- 
ziale,  et  il  Vedovo. 

"  FÉRÉOL  (Louis  SECOiXD,  dit),  artiste  ex- 
cellent, tint  à  l'Opéra-Coniique,  pendant  près  de 
vingt  ans,  l'emploi  des  Trials,  et  se  distingua 
surtout  par  ses  deux  créations  remarquables  de 
Dickson   dans  la    Dame  blanche  et  de  Canla- 
reili  dans  le  Pré  aux  Clercs.  Après  avoir  com- 
mencé sans  doute  sa  carrière  dramatique  en  pro- 
vince, Féréol  fut  engagé  en  1818  à  l'Opéra-Comi- 
que,  où  il  débuta  le  9  juin  de  cette  année  dans 
les  deux  rôles  de  Thomas,  du  Secret,  et  d'Ali, 
de  Zémire  et  Azor.  Son  apparition  fut  des  plus 
modestes,  et  il  ne  joua  d'abord  que  de  tous  pe- 
tits rôles,  mais   il  y  montra  assez  d'intelligence 
po^ir  que  bientôt   de    plus   importants,    et  en 
grand  nombre,  lui  fussent  confiés  dans  les  ou- 
vrages du  répertoire  courant.  La  retraite  de  Le- 
sage  vint  rapidement  le  fortifier  dans  son  em- 
ploi, et  les  auteurs  se  décidèrent  à  lui  couder  dos 
créations,  dont  quelques  unes  lui  firent  le  plus 
grand  honneur.  C'est  ainsi  qu'il  joua  successive- 
ment dans  Pierre  et  Catherine,   V HabU  re- 
tourné,   Danilowa,    le  A'éfjociant    de   Ham- 
bourg,   Joséphine,  Jennij  la  Bouquetière,  le 
Muletier,  la  Dame  blanche,  le  Grand  prix, 
Marie,  une  Heure  d'absence,  le  Itoi  et  le  Ba- 
telier, une  Bonne  fortune,  le  Pré  aux  Clercs, 
Micheline,  le  Colporteur,  Zampa,  lu  Violette, 
VExil  de  liochesler,  les  Rencontres,  etc.,  etc. 
Voici  ce  qu'un  chroniqueur  disait  de  Féréol  en 
1833  :  —  «  Ancien  élève  de  l'école  de  Saint-Cyr, 
il  promettait  à  l'armée  un  bon  officier.  Depuis 
dix  ans  Féréol   a   beaucoup  travaillé.  C'est    un 
digue  successeur  de  Dazincourt.  Il  est  d'un  co- 
mique   achevé   dans    les   Rendez-vous   bour- 
geois,  Fra    Diuvolo,  Fiorella,    le  Pré   aux 
Clercs  et  autres  charmants  ouvrages  du  réper- 
toire de  rOpéra-Comique.  Dans  la  Marquise  de 
Brinvilliers  et  Ludovic,  il  a  déployé  un  talent 
d'un  autre  genre,  car  il  a  joué  avec  beaucoup  de 
profondeur  des  rôles  très-dramatiques,  el  dont 
la  nature  est  tout  à  fait  opposée  à  son  emploi  or- 
dinaire. Amateur  des  arts,  Féréol  excelle  dans 
la  peinture  de  genre  ;  il  a  exposé  de  fort  jolis  ta- 
bleaux,  qui  ont  obtenu  le  suffrage  des  ama- 
teurs (1). 

Il)    Petite   Biographie   des  acteurs    et  actrices    des 
théâtres  de  Paris.  (Paris,  i83i,'in-i8.) 


PourtantFéréolnerestapasàl'Opéra-Comique, 
qu'il  venait  de  quitter  lorsque,  à  la  fin  de  1838, 
la  Renaissance  se  fonda  sous  la  direction  d'An- 
lénor  Joly.  Le  nouveau  théâtre  s'empressa  d'en- 
gager un  si  excellent  artiste,  et  il  n'y  joua  pas 
seulement  des  rôles  chantants  ,  car,  à  côté  de 
Lady  Melvil  et  de  l'Eau  merveilleuse,  pour 
lesquelles  Grisar  eut  recours  à  son  talent,  il  y 
créa  le  Don  Guritan  du  Ruy  Blas  de  Victor 
Hugo.  Quand  la  Renaissance  eut  succombé  en 
présence  d'obstacles  insurmontables,  Féréol 
abandonna  définitivement  le  théâtre,  et  se  retira 
peu  de  temps  après  à  Orléans,  qu'il  ne  quitta 
plus,  et  où  il  se  signala  par  de  très-nombreux 
services  rendus  en  qualité  de  capitaine  de  pom- 
piers. Lors  du  banquet  qui  fut  donné  il  y  a 
quelques  années,  par  M.  Adrien  Boielilieu,  à 
l'occasion  de  la  millième  représentation  de  la 
Dame  blanche,  Féréol  vint  à  Paris ,  sur  l'invi- 
tation qui  lui  en  fut  faite,  et  l'on  put  le  voir  re- 
vêtu de  son  uniforme,  et  la  poitrine  toute  cons- 
tellée  de  médailles  de  nombreux  actes  de  cou- 
rage et  de  dévouement. 

Le  pauvre  artiste  ne  put  survivre  à  nos  dé- 
sastres, qu'il  vit  de  près  lors  de  la  guerre 
franco-allemande,  aux  émotions  que  lui  causa 
cette  longue  campagne  de  la  Loire,  dont  Or- 
léans était  en  quelque  sorte  l'objectif,  et  il  mou- 
rut à  la  fin  de  f87o,  peu  de  temps  après  la  re- 
prise de  cette  ville  par  l'armée  ennemie.  Il  de- 
vait èlre  fort  âgé ,  puiscpie  .ses  débuts  remon- 
taient à  plus  d'un  demi-siècle. 

*  FERLIGA  ( ),  compositeur  italien, 

vivait  dans  les  premières  années  de  ce  siècle  et 
écrivit  pour  le  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  la 
mu.sique  des  trois  ballets  dont  voici  les  titres  : 
1"  il  Conte  di  Lennox,  1808  ;  2°  Eloiza  e  Ca- 
millo,  1808  ;  3"  la  Morte  di  Whaijtsong  (celui 
ci  en  société  avec  Pontelibero),  1809. 

FER.XAA'DI-^S  (Antonio),  professeur  de 
musique  et  théoricien  portugais,  naquit  à  Souzel 
(Portugal ,  province  d'Alemtejo).  Il  jouissait 
d'nne  grande  réputation  en  Portugal  vers  le  mi- 
lieu du.WIP  siècle,  et  fui  certainement  un  des 
«lisciples  les  plus  distingués  de  Duarte  Lobo.  Ce 
que  Fétis  dit  au  sujet  des  ouvrages  de  A.  Fer- 
nandes  renferme  plusieurs  inexactitudes,  et  les 
titres  qu'il  cite  ne  sont  pas  toujours  exacts.  Pour 
ce  qui  concerne  l'un  d'eux,  en  voici  l'indication 
bibliographique  fidèle  :  «  Arie  de  Musica  de 
Canto  de  Oryam  e  Cantocham  proporçoés 
da  musica  divididas  harmonicamente.  Di- 
rigida  ao  insigne  Duarte  Lobo,  quarlanario  e 
mestre  de  musica  na  se  de  Lisboa.  >.  (Lisbonne, 
chez  Pedro  Craesbeck,  fOJ'j,  petit  in-4"  de 
XII-125  feuilles.)  L'arbre  généalogique,  surmonté 


FERNANDES  —  FERRARI 


323 


du  portrait  de  Duarte  Lobo  ne  se  rencontre 
que  dans  quelques  exemplaires  de  cette  publica- 
tion. Félis  assure  que  le  manuscrit  de  cet  ou- 
vrage existait  dans  la  bibliothèque  de  Francisco 
de  Valliadolid  (Voij.  ce  nom),  ce  qui  est  inexact. 
Yalliadolid  ne  possédait  que  les  trois  manus- 
crits, 2,  3  et  4,  comme  le  dit  Barbosa  Machado 
dans  son  passage  de  sa  Bibliotheca  Lusiiana 
(vol.  I,  p.  269). 

Voici  les  titres  des  ouvrages  inédits  de  Fer- 
nandes  : 

1"  Explicaçâo  de  Scgredos  da  Musica 
em  a  quai  brevemenle  se  expende  as  causas 
das principaes  causas  que  se  contém  na  mesma 
arie  (manuscrit  in-fol.).  On  faisait  de  grands  éloges 
de  ce  traité,  dont  le  manuscrit  existait  dans  la 
bibliotiièque   de  musique   du    roi    D.  Jean  IV. 

2°  Arte  de  Musica  de  Canto  de  Orgâo  com- 
posta por  um  modo  muit.o  différente  do  costu- 
mado,por  um  velko  de  85  annos  desejoso  de 
evitar  0  oscio .  (Manuscrit  in-folio.) 

3"  Theoria  do  Manicordioe  sua  explicaçâo. 

4°  Mappa  universal  de  qunlquer  causa  as- 
sim  natural  como  accidentai  que  se  coniem 
na  Arie  da  Musica  com  os  sens  generos  e  de- 
monstraçces  mathematicas  (Manuscrit  in-fo- 
lio). Il  est  à  regretter  que  ces  ouvrages  n'aient 
pas  été  publiés,  car  le  seul  traité  de  Fernandes 
que  nous  connaissons  a  un  mérite  réel  ;  cet  ou- 
vrage est  écrit  avec  clarté,  sans  le  pédantisme 
et  l'érudition  indigeste  alors  à  la  mode. 

Nous  citerons  encore  deux  autres  musiciens 
du  même  nom  : 

Le  P.  Diogo  Fernandes  et  le  P.  Manoel 
Fern\ndes.  Le  premier,  né  à  Faro  (Algarve), 
vers  le  commencement  du  XVI^  siècle,  était 
chantre  de  la  chapelle  royale  de  Philippe  II  et  de 
celle  de  Pliilippe  lit,  roi  d'Es[)agne.  Il  mourut  à 
Lisbonne,  en  1599,  dans  un  âge  très-avancé.  Le 
second  vécut  vers  le  milieu  du  XVP  siècle  dans 
l'île  de  Madère,  où  il  occupait  une  place  de 
chanoine  dans  une  église  de  Funclial  (capitale). 
Il  fut  le  maître  de  l'excellent  compositeur  Fran- 
cisco de  Valhadolid.  J.  de  V. 

Ffc:RXAI\DEZ( .),  compositeur  dra- 
matique espagnol,  est  l'auteur  d'un  grand  opéra 
intitulé  la  Venganza,  qui  a  été  représenté  à 
Madrid  le  31  mai  1871.  Précédemment,  le  même 
artiste  avait  donné  sur  un  théâtre  secondaire  de 
la  même  ville  une  zarzuela  en  deux  actes,  qui 
avait  pour  titre  Travesuras  amorosas. 

FERXAXDEZ  (Manuel),  compositeur  es- 
pagnol contemporain,  a  écrit  la  musique  d'une 
zarzuela  en  un  acte,  représentée  sous  ce  titre: 
Po    ccharlas  de  tenorio. 

FERRAXD    ( ),      fermier  général, 


grand  amateur  de  musique,  vivait  au  milieu  du 
dix-huitième  siècle  et  écrivit  la  musique  d'un 
opéra-ballet  en  un  acte,  Zélïe,  qui  fut  joué  à 
Versailles,  surlethéâtredes  Petits  Appartements, 
le  13  février  1749.  Les  rôles  de  ce  petit  ouvrage 
étaient  remplis  par  la  marquise  de  Pompadour, 
le  duc  ri'Ayen  et  M'"®  de  Marchais,  et  voici  la 
note  qn'on  trouve  à  son  sujet  dans  le  recueil  de 
La  Vallière,  Ballets,  opéras  et  autres  ouvrages 
lyriques  :  «  Monsieur  Ferrand  jouait  du  cla- 
vessin  dans  l'orchestre  du  théâtre  des  Petits- 
Appartements;  il  était  fort  ami  de  Tiionsienr  le 
duc  de  la  Vallière,  qui  avait  la  direction  de 
ces  spectacles,  et  qui  connaissait  tous  ses  la- 
tents pour  la  musique;  il  (la  Vallière)  l'engagea 
à  faire  celle  d'un  ballet  en  un  acte,  dont  M.  de 
Curés,  intendant  des  Menus,  et  fort  lié  avec  eux, 
avait  fait  les  paroles.  M.  Ferrand  s'y  prêta  avec 
|)laisir,  et  le  succès  justifia  l'opinion  qu'on  avait 
de  sou  goût  et  de  ses  connaissances  ;  c'est  un 
des  jolis  ouvrages  qui  ayent  paru  sur  ce  théâ- 
tre; les  auteurs,  par  modestie,  n'ont  jamais 
voulu  le  rendre  public.  » 

FERIÎANDEIRO  (Fernando),  guitariste 
espagnol  distingué,  vivait  à  Madrid  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  ignore 
la  date  de  sa  naissance  et  celle  de  sa  mort.  Cet 
artiste  a  publié  une  Méthode  de  guitare,  sous  ce 
titre  :  Arte  de  tocar  la  guitarra  por  musica 
(Madrid,  1799,  in-4°  avec  gravures). 

FERRARESE  (Gennaro),  pianiste  et  com- 
positeur italien,  a  publié  pour  le  piano  plus 
d'une  centaine  de  morceaux  de  genre,  qui  con- 
sistent surtout  en  transcriptions,  arrangements 
et  fantaisies  sur  des  thèmes  d'opéras  célèbres. 
Cet  artiste  est  mort  à  Naples  le  18  avril  1850. 

FEHRARI  (Carlotta),  artiste  d'un  talent 
remarquable,  qui  s'est  proiluite  à  la  fois  comme 
poète  et  comme  compositeur,  est  la  (ille  d'un 
maître  d'école  de  Loili,  où  elle  est  née  le  27  jan- 
vier 1837.  Initiée  aux  principes  de  l'art  par  deux 
professeurs  nommés  Strepponi  et  Panzini,  elle 
fut  admise,  flans  les  derniers  jours  de  l'année 
1844,  au  Conservatoire  de  iMilan,  y  étudia  le 
chant  et  le  piano,  et  en  soi'til;  à  la  fin  d'août 
1850.  Ne  pouvant  embrasser  la  carrière  lyrique 
par  suile  de  l'instabilité  de  sa  voix,  que  ses  pro- 
fesseurs qualifiaient  de  «  nerveuse  »,  elle  se  li- 
vra à  l'enseignement  et,  en  même  temps,  suivit 
un  cours  complet  de  composition  sous  l'excel- 
lente direction  de  M.  Mazzucalo,  aujourd'hui 
directeur  du  Conservatoire  de  Milan  II  lui  fal- 
lait, (lès  cette  époque,  subvenir  aux  besoins  de 
sa  mère  et  de  sa  jeune  sœur,  qui  n'avaient 
qu'elle  pour  unique  soutien.  Heureusement,  le 
courage  ne  lui  manquait   point.  Mais   avec  le 


326 


FERRARI  —  FERRER 


courage,  elle  avait  l'ambilion,  et  elle  songeait  à 
aborder  le  tliéâlre  à  la  fois  comme  poète  et 
comme  compositeur.  Bientôt,  en  eftet,  elle  se  fil 
connaître  au  public,  el  le  2j  juillet  1857,  elle 
donnait  au  théâtre  Santa-Radegonda,  de  Milan, 
son  premier  ouvrage,  Ugo,  dont  elle  avait  érrit 
les  paroles  et  la  musique,  et  qui  fut  accueilli 
avec  la  (ilus  grande  faveur. 

Neuf  années  se  passèrent  pourtant  avant  que 
l\]iie  Ferrari  se  produisît  de  nouveau  à  la  scène. 
Enfin,  en  1S66,  eliedonnnit  au  théâtre  d.'sa  ville 
natale  sa  seconde  œuvre  dramatique,  So/?«,  qui 
obtint  douze  représentitions  consécutives  et  fut 
reprise  ensuite  à  Milan  et  à  Turin.  Elle  fut  alors 
priée  d'écrire  pour  la  cathédrale  de  Lodi  une 
messe  solennelle,  qui  fut  exécutée  le  19  janvier 
1868,  et  le  succès  qu'obtint  cette  composition 
la  fit  charger,  par  le  ministère  de  l'intérieur, 
d'écrire  la  messe  de  Requiem  qui  devait  être 
exécutée  dans  l'église  métropo  itaine  de  Turin 
(le  22  juillet  1868)  pour  l'anniversaire  du  roi 
Charles  Albert  Enfin,  M"'  Ferrari  donna  à  Ca- 
gliari,  en  1871,  son  troisième  opéra,  Eleonnrn 
d'Arborea,  qui  obtint  un  vif  succès,  et  en  celte 
même  année,  pour  les  fêtes  qui  furent  données 
à  Turin  à  l'occasion  de  l'arrivée  de  la  députa 
lion  romaine,  elle  fut  chargée  par  le  municipe  de 
fomposeï  un  hymne  de  circonstance; cet  hymne, 
dont  l'exécution  au  théâtre  Carignan  produisit 
une  impression  profonde,  fut  reproduit  ensuite 
à  Rome  avec  le  même  bonheur.  —  Cette  artiste, 
dont  le  talent  poétique  est,  dit-on,  des  plus  re- 
marquables, et  qui,  outre  les  livrets  de  ses  opé- 
ras, a  écrit  une  énorme  quantité  de  vers,  a  pu- 
blié aussi  un  assez  grand  nombre  de  mélodies 
vocales.  Elle  jouit  en  Italie  dune  grande  et  so- 
lide réputation. 

FERUARl  (Ferruccio),  compositeur,  né  à 
Lucques,  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  Brunetli, 
deBologne,  le  13  mai  1875,  un  opéra  sérieux  inti- 
tulé Maria  e  Fernanda.  Deux  ans  plus  tard,  au 
mois  de  juin  1877,  il  donnait  a  Reugio  d'Emilie  un 
second  ouvrage.  Marin  Menzi/ioff,  qui  n'obte- 
nait pas  plus  de  retentissement  qm-le  précédent. 
Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur  cet  artiste. 

FERRARIS  (Francesco),  pianiste,  profes- 
seur et  compositeur  italien  contemporain,  est  né 
à  Vaienza,  et  a  fait  ses  études  à  Milan ,  sous  la 
direction  de  M.  Angeleri.  Il  s'est  adonné  ensuite 
à  l'enseignement,  tout  en  publiant  un  assez  grand 
nombre  <ie  morceaux  de  genre  pour  le  piano  : 
b:illades,  nocturnes,  variations,  sérénades,  ca- 
prices, et  quelques  transcriptions  et  fantaisies 
écrites  sur  îles  airs  célèbres  ou  des  thèmes  d'o 
péras  en  vogue.  Il  a  publié  aussi  un  ouvrage  im- 
portant relatif  à  l'enseignement  du  piano  :  Stu- 


dii  di  itile  classico,  Metodo  per  piano  forte, 
armonia  e  mecrjinisme  riuni(l{'ï»Y\n,  Giudici 
el  Strada).  Depuis  quelques  années,  M.  Francesco 
Ferraris  s'est  (ixé  à  Paris. 

Un  autre  artiste  du  même  nom,  et  peut  être 
appartenant  à  la  même  famille,  M.  Plelro  Fer- 
raris, pianiste  et  compositeur,  comme  le  pré- 
cédent, s'est  fait  connaître  aussi  par  la  publica- 
tion de  quelques  productions  légères  pour  lepiano. 

FERRFR  (Mateo),  chef  d'orchestre,  com- 
positeur et  organiste  espagnol  d'un  grand  renom, 
connu  sous  le  pseudonyme  de  Matenef,  na- 
quit à  Barcelone  le  25  février  1788.  Il  s'adonna 
dès  sa  plus  tendre  jeimesse  à  l'étude  de  la  mu- 
sique, travailla  plusieurs  instruments,  entre  au- 
tres la  flûte  et  la  contrebasse,  puis  le  piano  et 
l'orgue,  et  devint  l'élève  d'un  artiste  distingué, 
Francisco  Queralt.  Ses  progrès  furent  rapides, 
et  il  fut  plus  tard  non-seulement  un  excellent 
organiste,  mais,  s'il  faut  en  croire  un  de  ses  bio- 
graphes, <'  l'un  des  plus  grands  conlrepointistes 
du  siècle  ». 

Jeune  encore ,  il  fut  appelé  à  tenir  l'emploi 
d'organisie  à  la  calhédrale  de  Barcelone,  el  joi- 
gnit bientôt  à  ces  fonctions  celles  de  maître  de 
chapelle  de  la  même  égli<e  ,  à  laquelle  il  resta 
attaché  pendant  cinquante-six  ans.  En  même 
temps  il  tenait,  à  l'orchestre  du  théâtre  deSanta- 
Cruz,  l'emploi  de  contrebasse  al  cembafo,  qu'il 
échangea  en  1827,  lors  du  départ  de  Carnicer 
pour  Madrid,  contre  le  poste  de  chef  d'orchestre, 
qu'il  conserva  pendant  près  de  trente  ans,  se 
fitisant  remarquer,  paraît-il,  par  des  qualités 
éminentes  et  tout  à  fait  supérieures. 

Dans  ses  Ffeméridfs  de  mu^icos  espaùoles  , 
M.  Baltasar  Saidoiu' ,  qui  fut  l'élève  de  Ferrer, 
fait  un  éloge  absolument  enthousiaste  de  son 
talent  d'organisie,  louant  ses  harmonies  hardies 
et  surprenantes  en  même  temps  que  gracieuses 
el  émouvantes,  son  génie  fécond,  spirituel,  re- 
ligieux el  toujours  neuf,  la  fraîcheur  de  ses  idées, 
son  exécution  rapide  et  tout  ensemble  claire, 
limpide  et  brillante  !  En  enlevant  à  ces  éloges  une 
partie  de  leiu'  exagération,  on  peut  croire  encore, 
en  effet,  que  Ferrer  était  un  artiste  reman)uable 
et  peut  être  exceptionnel.  Ce  qui  est  certain, 
c'est  que  lorsqu'il  mourut  à  Barcelone,  le  4  jan- 
vier 1864,  âgé  de  près  de  soixante-seize  ans, 
tous  les  grands  artistes  de  l'Espagne  .se  rendirent 
en  cette  ville  pour  lui  rendre  les  derniers  devoirs, 
et  lui  firent  des  funérailles  vraiment  royales,  qui 
témoignaient  «le  leur  respect  et  de  leur  admiration 
pour  le  doyen  des  musiciens  barcelonais.  M.  Bal- 
tasar Saldoni  parle  de  la  fécondité  de  Ferrer 
comme  compositeur  dans  le  genre  sacré  et  dans 
le  genre  profane ,  mais  il  ne  dit  pas  en  quoi  con- 


FERRER  —  FERRY 


327 


sislent  ses  œuvres,  n'en  donne  Buciine  liste,  et 
cite  seulement  deux  morceaux  écrits  par  lui 
pour  être  intercalés  dans  un  opéra  de  Merca- 
dante  et  dans  un  autre  opéra  de  Général!. 

Bon  et  généreux.  Ferrer  a  formé  un  grand 
nombre  d'élèves  auxquels  il  pro'iigu  dl  ses  soins 
sans  rétribution  aucune ,  et  l'on  assure  que  sa 
maison  était  comme  une  sorte  de  Conservatoire 
où  tous  les  jeunes  musiciens  de  Barcelone  ve- 
naient s'abreuver  à  l'arbre  de  science. 

FERRETTI  (Vikcenzio-Cesare),  musicien 
napolitain,  exerçait  les  fonct  ons  de  maître  de 
chapelle  dans  la  seconde  moitié  du  dix-liuitième 
siècle.  Il  a  publié  le  recueil  suivant  :  Raccolfn 
di  notlurni  oxnia  terzetti  vocali,  op.  1,  Flo- 
rence, Stecclii.  1772. 

PERRIÈRE  LE  VAYER  (Le  marquis 
J -TuÉoPHiLE-A....  DEi,  diplomate,  fut  en- 
voyé extraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire 
de  la  France  près  le  roi  des  Belges.  Avant  d'en- 
trer dans  la  diplomatie,  le  marquis  de  Per- 
rière, qui  était  un  amateur  passionné  de  mu- 
sique, avait,  sous  le  pseudonyme  de  Samuel 
Bach,  fourni  à  la  Revve  et  Gazette  musicale 
un  certain  nombre  d'articles  humoristiques  à  la 
manière  d'Hoffmann.  En  1836,  à  l'occasion  de 
la  représentation  des  Hugnenots,  il  avait  publié 
dans  ce  journal  l'histoire  du  château  de  Chenon- 
ceaux,  où  se  passe  le  second  acte  du  chef- 
d'œuvre  de  Meyerbeer.  Le  marquis  de  Ferrière- 
le-Vayerest  mort  à  Bruxelles  le  19  juin  1864. 

FERRIGMI-PISOXE  (Andr.)  écrivain  ita- 
lien, est  r.'îuteur  d'une  publication  faite  sous  ce 
titre  :  Tre  Dissert  a  zi  ont  Unirgiche  {sult'idcn 
générale,  i  sensi  e origine  délia  musica  sacra), 
s.  I.  n.d  .in-8°  de  2.39  pp. 

FERRO  (Antomo),  compositeur  portugais  cé- 
lèbre du  seizième  siècle,  naquit  à  Portalegre  et 
fut  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette 
ville.  Il  a  formé  beaucoup  de  musiciens  portu- 
gais des  plus  remarquables,  et  l'on  cite  parmi  ses 
disciples  Joâo  Gotnes,  Manoel  Leilam  deAvilez, 
Manoel  Tavares.  etc.  J.  de  V. 

FERROUD  (J.  Denis), compositeur  français, 
neveu  lUi  baryton  Dernbelle,  est  né  vers  1810. 
Ferroud  lit  des  éludes  sérieuses  an  Conservatoire 
de  Paris,  sous  la  double  direction  de  Reicha  et 
de  Félis.  En  1846,  il  étail  établi  à  Bordeaux, 
comme  professeur  d'harmonie  et  de  composition. 
Nommé  directeur  du  cours  (léchant  de  la  société 
philomatique,  il  fit  paraître,  de  1830  à  18.i4, 
plusieurs  petits  caliiers  de  chœurs  notés  en  chif- 
fres, d'après  le  système  Galin,  à  l'usage  des 
élèves  de  ces  cours.  Parmi  ces  chœurs,  il  en  est 
deux,  pleins  de  couleur,  le  Papillon  (  paroles 
de  Lamartine)  et  le  Retour  aux  montagnes 


(paroles  d'ElzéarTourrou),  qui  sont  devenus  po- 
pulaires dans  le  midi  de  la  France. 

Protégé  par  M.  Haus>mann,  alors  préfet  de  la 
Gironde,  Ferroud  parvint  à  faire  exécuter,  — 
non  sans  difficultés,  et  en  payant  lui  même  tous 
les  frais  de  copie  —  une  ode-symphonie  en  quatre 
parties  de  sa  composition,  intitulée  Clovis. 
C'est  en  mars  1853  que  cet  ouvrage  fut  chanté 
an  Grand-Tliéâtre  de  Bordeaux  par  M''*^  Sophie 
.lulien  ,  et  par  MM.  Reynald,  Kouhly,  Fétilhié  et 
Lacroix,  sous  la  direction  de  M.  Van  den  Heu- 
vel  père.  L'introduction  :  «  Les  temps  sont 
accomplis  »,  ini  beau  chœur  de  coryphées  : 
«Tressons  des  festons  »,  furent  particulièrement 
remarqués  des  connaisseurs.  La  pariilion  est 
inédite.  Un  seni  air  pour  baryton  a  été  publié  à 
Paris,  chez  l'éditeur  Challiot. 

Ferroud  quitta  Bordeaux  sers  1856,  et  depuis 
cette  époque  on  n'a  plus  entendu  parler  de  lui. 
Il  est  à  présumer  qu'il  est  mort.  Outre  Clovis,  il 
avait  en  portefeuille  une  autre  ode-symphonie  :  Jé- 
rusalem, un  opéra-comique  :  l'Écossais,  et  des 
ouvrages  de  théorie  musicale.  Il  a  écrit  la  mu- 
sl()ue  de  plusieurs  ballets  composés  par  Blache 
fils,  une  cantate  sur  des  paroles  latines  de  Sauteul , 
couronnée  en  1855  par  la  Société  de  Sainte-Cé- 
cile de  Bordeaux,  un  Stabat  pour  la  caihédrale 
Saint  André,  qu'on  y  exécute  encore  de  temps  à 
autre,  et  enfin  de  fort  beaux  chœurs  pour  la 
synagogue  bordelaise.  Il  a  fait  imprimer  une 
Théorie  de  la  tonalité  du  mode  majeur  et  du 
mode  mineur  (in-18,  1846),  et  une  Méthode 
élémentaire  de  plain-chant  (in-r2,  même  an- 
née). A.     L— N. 

FERRUA  (G ),  compositeur  italien,  né  à 

Cherasco,  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de 
(elle  ville,  au  mois  d'octobre  1876,  un  opéra  sé- 
rieux intitulé  Adalgisa  di  Manzano. 

FERRY  (François),  fabricant  d'instruments 
à  veut ,  exerçait  sa  profession  à  Paris  au  com- 
mencement de  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
.siècle.  Il  eut  quelque  peine  à  entrer  dans  la  cor- 
poration, ainsi  qu'on  le  voit  par  une  pièce  que 
mentionne  M.  de  Pontécoulant  duns  son  Essai 
sur  ta  facture  instrumentale,  et  que  cet  écri- 
vain a  découverte  dans  un  carton  des  Archives 
nationales  :  «  C'est  une  requête  présentée,  en 
1752,  par  le  gendre  du  luthier  Leclerc,  deman- 
dant la  main-levée  d'une  opposition  formée  à  sa 
maîtrise  par  cinq  maîtres  luthiers,  Charles  Bizet, 
Thomas  Lof,  Paul  Yillars  ,  Denis  Vincent,  Jac- 
ques Lusse,  les  seuls  maîtres  luthiers  construc- 
teurs d'instruments  à  vent  existant  et  exerçant 
dans  Paris,  François  Ferry,  le  réclamant,  de- 
mandait sa  maîtrise,  sans  être  obligé,  comme 
gendre  de  maître,  de  rapporter  des  lettres  d'ap- 


328 


FERRY  —  FETIS 


pientissage,  et  il  produisait  des  certificats  cons- 
tatant qu'il  avait  travaillé  chez  feu  Leclerc  et 
cliez  deux  autres  maîtres  ;  il  offrait  de  faire  chef- 
d'œuvre  et  proposait  même  un  défi  d'exécution 
aux  cinq  maîtres  opposants.  Cette  requête  fut 
admise  et  le  postulant  reçu ,  malgré  l'opposi- 
tion. » 

Un  autre  Ferry,  portant  les  prénoms  d'An- 
toine-Norbert, peut-être  fils  du  précédent,  élidt 
établi,  en  17s2,  facteur  de  serinettes  au  faubourg 
Saint-Antoine,  à  Paris. 

FElîTIAULT  (François),  écrivain  français, 
né  à  Verdun  (Saône  et-Loire)  le  25  juin  1814, 
est  cité  ici  pour  l'ouvrage  suivant  :  «  Les  Noëls 
bourguignons  de  Bernard  de  La  Monnaye  (Gui- 
Barozai),  de  l'Académie  française,  publiés  pour 
la  première  fois  avec  une  traduction  littérale  en 
regard  du  texte  pglois  et  précédés  d'une  Notice 
sur  La  Monnaye  et  de  l'histoire  des  Noëls  en 
Bourgogne,  par  F.  Fertiault  »  (Paris,  Lavjgne, 
1842,  in  12).  Ce  volume  est  suivi  du  texte  mu- 
sical de  trente-ï^i\  airs  de  Noëls,  sans  accompa- 
gnement. M.  Fertiault  est  aussi  l'auteur  d'une 
Histoire  anecdotiqiie  et  pittoresque  de  ta 
danse  chez  les  peuples  anciens  et  modernes 
(Paris,  Aubry,  IS.Vi ,  in-i8) .  Cet  écrivain  a  col- 
laboré au  journal  l'Arcnir  musical  (1833),  et 
à  la  Mélomnnie  (1842), 

FESTEAU  ([,oiis),  chansonnier,  né  dans 
les  dernières  années  du  dix-huitième  siècle, 
était  commerçant  en  bijouterie.  Il  obtint  de  vé- 
ritables succès  en  publiant,  sous  la  Restauration 
et  sous  le  gouvernement  de  Juillet,  plusieurs 
recueils  de  chansons  dont  il  écrivait  à  la  fois 
les  paroles  et  la  musique.  Il  publia  ainsi  cinq 
petits  volumes  in-32  ,  dans  lesquels  la  musique 
sans  accompagnement,  était  gravée  à  la  suite  des 
chansons.  L'un  était  simplement  intitulé  Chan- 
sons et  Musique,  un  autre  les  Éphémères,  etc. 
Tel  de  ces  petits  recueils  se  débitait  à  10  et 
15,000  exemplaires  ,  bien  qu'à  tout  prendre  le 
contenu  en  fi"it  médiocre.  La  vogue  de  Louis 
Festeau  disparut  avec  le  second  empire,  qui  sup- 
prima toutes  les  goguettes  et  les  sociétés  clian- 
sonnières  ,  en  ne  laissant  guère  subsister  que  le 
Caveau.  Festeau  était  déjà  bien  oublié  lorsqu'il 
mourut,  au  mois  de  février  1869,  âgé  de  72  ans. 

FÉTIS  (François),  père  de  l'auteur  de  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens ,  était , 
dit-on,  un  artiste  modeste  et  di>;tingué.  Dans  la 
ire  partie  de  ses  Documents  historiques  relatifs 
à  l'art  musical  et  aux  artistes  musiciens, 
M.  Eilouard  Gregoir  (voy.  ce  nom)  dit  qu'il  na- 
quit en  17  J8  à  Mons,  où  il  fut  professeur  de  mu- 
sique, organiste  et  directeur  de  concerts.  L'écii- 
\ain  ajoute  ;  «  Félis  avait  un  beau  talent  de  vio- 


loniste, et  il  apprit  la  musique  chez  un  maître 
obscur.  Vers  17'J8,  il  se  fit  entendre  aux  Concerts 
des  amateurs  de  la  ville  de  Mons,  et  c'est  alois 
qu'il  joua  un  concerto  pour  violon  composé  par 
son  fils  à  l'âge  de  neuf  ans.  Fétis,  relativement  à 
ses  moyens ,  a  rendu  quelques  services  à  l'art 
musical.  11  mourut  à  Mons,  le  19  novembre  1833, 
âgé  de  75  ans.  ■> 

Ce  sont ,là  les  seuls  renseignements  qu'il  m'ait 
été  donné  de  découvrir  sur  le  père  de  l'illustre 
écrivain  dont  je  continue  ici  l'un  des  ouvrages  les 
plus  importants.  Je  ferai  remarquer  que  ^L 
Edouard  Gregoir, qui,  dans  le  livre  que  je  viens  de 
citer,  fixe  la  mort  de  Felis  père  au  19  novembre 
1833,  l'avait  enregistrée  dans  une  publication  anté- 
rieure :  Galerie  biographique  des  artistes  musi- 
ciens belges  (IJruxelles,  1802),  à  la  date  du  mois 
de  mars  1840,  et  que  cette  date  avait  été  donnée 
dans  l'Annuaire  dramatique  (belge)  de  1847. 
Je  consigne  ici  l'une  et  l'autre,  sans  être  à  même 
de  rien  aKiiiner  à  cet  égard. 

*  FÉTIS  (Fk\nçois-Josepu  ) ,  est  mort  à 
Bruxelles  le  20  mars  1871,  le  lendemain  du  jour 
où  il  avait  accompli  sa  quatre-vingt-septième  an- 
née. Cet  homme  remarquable,  qui  adonné  une 
si  puissante  impulsion  à  la  lifteralurc  musicale 
en  Europe,  n'a  pas  eu  le  temps  d'achever  le  der- 
nier ouvrage  dont  il  avait  entrepris  la  publication  : 
son  Histoire  de  la  Musique^  fruit  d'un  demi- 
siècle  de  recherches  et  de  méditations,  est  resté 
interrompue  par  sa  morlj  et  il  n'a  |)u  la  (onduire 
que  jusqu'au  cinquième  volume,  alors  qu'elle  en 
devait  comporter  huit. 

Félis  est  lun  des  exemples  les  plus  éclatants 
de  la  puissance  laborieuse  d'un  homme  bien 
constitué,  alors  que  cet  homme  consacre  chaque 
jour  au  travail  un  temps  déterminé.  On  a  peine 
à  conq)rendre  qu'une  seule  existence  ail  suffi  à 
mctire  au  jour  tant  de  travaux  divers,  même  une 
existence  de  quatre-vingt-sept  ans;  et  lorsque 
ces  travaux  embrassent  toutes  les  branches  d'un 
art  aussi  étendu  et  aussi  complexe  que  la  musi- 
que :  composilion,  théorie,  philosophie,  technie, 
ciilique,  histoire,  pédagogie,  etc.,  l'esprit  reste 
viritablement  confondu.  11  l'est  plus  encore  lors- 
qu'on .songe  qu'à  cet  effroyable  labeur  venait 
s'adjoindre  celui  si  absorbant  du  professeur,  et 
lorsqu'on  se  rappelle  que  pendant  près  de  qua- 
rante ans  Fétis  a  été  le  directeur  d'une  des  plus 
importantes  écoles  musicales  de  l'Europe,  en 
même  temps  que  l'un  des  membres  les  plus  ac- 
tifs, les  plus  dévoués  et  les  plus  infatigables  d'une 
grande  compagide  savante  (1). 

Il  y  avait  plus  de  vingt  ans  que  les  faits  re- 

(1)  L'Académie  royale  des  Deiux-Arts  de  Belsiqi;e. 


FETIS 


329 


latifsà  l'histoire  générale  delà  musique  préoccu- 
paient son  esprit  lorsque  l'élis  fil  ses  fiéluits 
dans  la  carrière  littéraire,  dans  cette  carrière 
qu'il  devait  illustrer  et  où  il  était  appelé  à  rendre 
de  si  jjrands  services.  En  effet,  c'est  vers  180G 
qu'il  avait  conçu  la  pensée  de  publier  un  jour  sa 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  dont 
la  première  édition  commença  de  paraitie  en 
1834,  et  ce  n'est  qu'en  1827  qu'il  lança  dans  le 
monde  les  premiers  numéros  de  s;i  Revue 
musicale,  journal  fondé,  dirigé  et  presque  en- 
tièrement rodijié  par  lui  seul.  A  partir  de  ce 
moment  jusqu'au  jour  de  sa  mort,  c'est-à-dire 
pemlant  quarante-cinq  ans,  Félis  no  devait  plus 
s'arrêter,  et  dans  ce  long  espace  de  temps  il  a 
touché  de  sa  main  puissante  à  loules  les  ques- 
tions qui  intéressaient  de  près  ou  de  loin  l'art 
musical,  il  a  élucidé  une  foule  de  problèmes, 
créé  véritablement  en  France  une  iiltératute 
toute  spéciale,  et  formé  par  son  exemple  toute 
une  génération  d'écrivains-artistes  qui  ont  mar- 
c!ié  à  sa  suite  et  fécondé,  de  concert  avec  lui, 
le  sillon  qu'il  avait  préalablement  et  si  labo- 
rieusement creusé.  Ce  sont  là  ses  titres  à  notre 
reconnaissance,  litres  assez  sérieux  pour  qu'on 
ne  les  oublie  point. 

Je  ne  puis  refaire  ici  la  biographie  de  cet 
artiste  si  bien  doué  à  beaucoup  de  points  de 
vue;  la  notice  qu'il  a  dû  se  consacrer  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens  est 
d'ailleurs  aussi  complète  que  possible,  et  ne 
me  lai.sserien  à  dire  sur  les  faits  qui  ont  marqué 
son  existence.  Je  dois  déclarer  seulement  que 
mon  respect  pour  ce  travailleur  infatigable  s'est 
accru  encore  dejtuis  le  moment  où  l'on  m'a  fait 
l'bonneur  de  me  charger  de  compléter  et  de 
mettre  à  jour  l'un  de  ses  ouvrages  les  plus  im- 
portants. C'est  en  étudiant  dans  tous  ses  détails 
la  Biographie  universelle  des  Musiciens,  afin 
de  rédiger  le  présent  Su|)plément,  c'es  en  con- 
sultant incessamment  ses  nombreux  écrits,  que 
j'ai  pu  me  rendre  un  compte  exact  de  la  sûreté, 
de  la  variété  et  de  la  surprenante  étendue  des 
connaissances  que  Fétis  avait  acquises  en  tout 
ce  qui  se  rapporte  à  la  musique  (1)    C'est  là  le 

(I)  Pour  ma  pirl,  je  puis  dire  que  la  constatation 
de  ce  fait  m'a  découragé  un  instant  et  a  jeté  le  troubk* 
dans  mon  esprit.  On  a  pu  reprocher  avec  quel(|iie  raison 
ù  Fétis  d'avoir  voulu  trop  gi>néraliser  ses  tr:ivau\,  d'avoir 
embrassé  avec  trop  d'ardeur  toutes  les  parties  de  l'art  qu'il 
étudiait  sans  cesse  avec  une  perséver3nce  que  rien  ne  pou- 
vait lasser.  La  perfection  n'tilant  pis  de  ce  monde,  il  est 
certain  qu'on  pouvait  trouver  en  lui  quelque  point  faible. 
Ma's  il  n'en  est  pas  moins  vrai,  je  le  répète,  que  l'étendue 
de  ses  connais inces  était  étonnamment  remarquable, 
et  j"  ne  crois  pas  que  jamais  artiste  Intellisent  ait 
mieux  connu  la  musique   sous  tous   ses  aspects.  Je   ne 


côté  remarquable  de  sa  personnalité,  et  c'est  par 
là  qu'il  me  paraît  mériter  les  sympathies  de  tous 
les  amis  de  l'art. 

JN'ayant  rien   à  dire  de    sa   personne,  je  ne 
m'attarderai  pas  davantage  a  faire  l'éloge  de  ses 
grands  travaux  littéraires  et  historiques.  Je  sais 
ce  qu'on  peut    reprendre   dans    quelques-uns, 
mais  je  sais  aussi  les  services   que    tous  ont 
rendus.  La   Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens est  l'ouvrage  de  ce  genre  le  plus  étendu 
qui  existe  en  Europe  ;  la    Musique   mise  à  la 
portée  de  tout  le  monde  est  un  livre  original, 
sans  précédent,  qui  a  l'ait  beaucoup  pour  l'expan- 
sion de  l'art;  les  Curiosités  historiques  de  la 
musique  forment  un   recueil  intéressant,   plein 
de  variété,  et  dont   la    lecture  est  attachante; 
enfin,  la  Revue  musicale  est  le  premier  jour- 
nal de  musique  digne  de   ce  nom  qui   ait  été 
fondé  en  France,  et  il  a  le  mérite  d'avoir  ouvert  la 
voie  à  un  grand  nombre  de  publications  du  même 
genre,  dont  l'utililé  n'a  pas  besoin  d'être  démon- 
trée. Quanta  V  Histoire  générale  de  la  Musiqzte, 
il  serait  bien  difficile  de  la  juger  à   un  point    de 
vue  absolu,  l'auteur  n'ayant  pas  eu  le  temps  de 
l'achever  et  de   la   mener  à  terme.  Parmi  les 
autres  écrits  de    Fétis,  plusieurs  présentent,   à 
différents   points  de  vue,  un  intérêt  tout  parti- 
culier :  tels  sont  surtout  ses  deux  grandes  No- 
lices  sur  Paganini  et  sur  Stradirari,  et  ses 
remarquables    rapports  sur  l'état  de  la  facture 
instrumentale  aux  diverses  Expositions. 

Depuis  l'apparition  de  la  2"=  éd  tion  de  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens  (Paiis, 
F.-Didot,  18G0-1863,  8  vol.  in-S"),  Fétis  a  [)u- 
blié  :  1°  Exposition  universelle  de  Paris  en 
1867.  Rapport  sur  les  instruments  de  mu- 
sique (Pans,  et  Bruxelles,  un  vol.  in-8°)  ; 
2"  Histoire  générale  de  la  Musique  depuis 
les  temps  les  plus  anciens  jusqv^à  nos  jours 
(Paris,  F.-Diilot,  1809-1876,  5  vol.  in-8°,  avec 
nombreux  dessins,  planches  et  exemples  de 
musique);  le  1"  volume  de  cet  ouvrage  con- 
tient, apiès  un  Aperçu  général  de  l'histoire 
de  la' musique,  l'histoire  de  cet  att  chez  les 
Égyptiens,  chez  les  Chaldéens,  Babyloniens, 
Assyriens  et  Phéniciens,  et  chez  les  Hébreux  ; 
le  2"=  traite  de  la  musique  chez  les  Arabes,  les 
Mauies  et  les  Kabyles,  chez  "les  habitants  de 
l'Inde,  et  chez  les  peuples  de  la  Perse  et  de  la 
Turquie;  le  3'=  offre  1  histoire  de  la  musique 
chez  les  peuples  de  l'Asie  mineure  et  de  la 
Grèce,    chez  les   peuples   Italiques,    chez    les 

fais  point  de  fausse  modestie  en  déclarant  ici  eorabion, 
à  beaucoup  d'égrds,  je  me  trouve  au-des.îous  de  mon 
niodéle,  et  en   rendant  à  Fetis  l'tiommage  qui  lui  est  dù_ 


330 


FÉTIS  —  FICHER 


Étrusques,  dans  la  grande  Grèce,  chez  les  Ro- 
mains, et  chez  les  peuples  tle  la  Sicile  ;  dans  le  4"^, 
l'auteur  traite  du  chant  dans  leséj^lises  d'Orient 
et  d'Occi  lent ,  et  fait  connaître  la  situation  de 
l'art  musical  en  Europe  depuis  le  cinquième  siècle 
jusqu'à  la  fin  du  onzième  ;  enfin,  le  5"^  présente 
l'état  de  l'art  en  Europe  pendant  les  douziè- 
me, treizième,  quatorzièm»' et  quinzième  siècles. 
—  Il  est  à  regretter  que  Fétis  n'ait  point  publié 
l'ouvrage  annoncé  par  lui  sons  le  litre  de  Sou- 
venirs d'un  vieux  musicien  (Mémoires  sur  la 
Tie  de  l'auteur  et  sur  ses  relations  avec  les 
hommes  les  plus  célèbres  dans  l'art  et  dans  la 
science,  pendant  soixante  ans) .  non  plus  que 
celui  (jue  la  librairie  Michel  Lévy  a  annoncé 
pendant  plus  de  dix  ans,  dans  ses  catalogues, 
sous  le  titre  de  Causeries  musicales  (1). 

M.  L'uis  Alvin,  membre  de  l'Académie  royale 
de  Belgique,  a  publié  une  Notice  sur  François- 
Joseph  Fëds  (Bruxelles,  Hayez.  1874,  in  8°  de 
46  pages  avec  tiès-beau  portrait  à  l'eau  forte), 
qui  avait  été  dabord  insérée  dans  l'Annnunire 
de  CAcndémie.  L'auteur  de  cette  Notice  men- 
tionne comme  étant  publiées  les  compositions 
suivantes  de  Fétis:  1"  Te  Deum  en  plnin-chant 
mesuré  et  rliylhu  é...,  tel  qu'il  a  été  exécuié  le 
21  jiMllel  1856,  pourle2â'  anniversaire  de  l'i- 
nauguration de  Léopold  P"",  roi  des  Belles 
(Paris,  l8o6)  ;  2"  Cantique  pour  voix  d'hommes, 
chante  le  16  décembre  iXGb  aux  obsèques  du  roi 
Léopold  (Bruxelles,  in-4'')  ;  3°  Domine  salvum 
fac  regem,  exécuté  le  19  décembre  1.S65  à 
Bruxehes.  M.  Àlvin  signale  aussi  une  composi- 
tion, non  publiée,  que  Fétis  n'a  pas  comprise 
dans  le  catalogue  de  ses  œuvras  :  Musique  ins 
truinentale  pour  l'inspiration  de  David  dans 
5f(U^  tragédie  de  Soumet  représentée  au  théâtre 
de  rodéon  le  9  novembre  1822.  Eidin,  aux  ani- 
vres  musicales  gravées  de  Fétis  qui  n'ont  pas 
été  mentionnées  dans  la  Biographie  universeUe 
des  Musiciens ,  il  faut  ajouter  les  suivanies  : 
3*^  quinlelle  pour  2  vioions,  2  altos  et  violoncelle, 
Majence,  Schott;  1'  symphonie  à  grand  orches- 
tre (en  mi  bémol),  Bruxelles,  Schott,  in  8"  ; 
2*  symphonie  à  grand  orchestre  (en  50/  mineur), 
Bruxelles,  Schott,  in-8"  ;  Fantaisie  symphonique 
pour  orgue  et  orchestre,  composi''e  pour  le  cin- 
quantième anniversaire  du  rétablissement  de 
l'Académie  royale  des  sciences ,  des  lettres  et 


(1)  Dans  In  liste  de  se«  écrit»,  Fétis  a  omis  de  mentionner 
la  Galerie  (les  lilusiciens  célèbres,  ànnt  il  ;ivail  commencé 
0  la  piiblira  îoii  que  ques  années  avant  celle  de  In  Bioqra  ■ 
phie  iinirerselle  des  lUiisiriens.  Tro4s  livraisons  senle 
ment  de  cet  ouvrage  avaient  paru  (format  in-folio,  avec 
poaraits  liihiis;r;iphie»),  consncrées  à  Palestriua  et  aux 
deux  violonistes  CorelU  et  Viotti. 


des  Beaux-Arts  de  Belgique  ,  Bruxelles,  Schott, 
in-s°. 

FÉTIS  (Adolphe),  frère  du  célèbre  auteur 
de  la  Biographie  universelle  des  Musiciens, 
fournit  en  Belgique  une  longue  carrièrre  admi- 
nistrative et  fut  fonctionnaire.  Il  n'en  était  pas 
moins  animé  de  l'amour  des  arts  et  de  la  pas- 
sion de  la  musique,  qu'il  avait  étudiée  fort  jeune, 
comme  son  frère,  et  avait  consacré  à  la  compo- 
sition une  pariie  des  loisirs  que  lui  laissaient 
ses  fonctions.  Quelques  œuvres  musicales  pu- 
bliées par  lui  étaient,  dit-on,  fort  remarquables. 
Adolphe  Fetis  mourut  à  Liège,  le  22  août  1871, 
à  l'âge  de  soixante  dix-huit  ans. 

*  FÉTIS  (Adélaïde-Louise-Catherine,  née 
ROBERT),  femme  de  l'auteur  de  la  Biographie 
untvfrselle  des  Musiciens,  auquel  elle  était 
unie  depuis  près  de  soixante  ans,  est  morte  à 
Boisfort,  près  Bruxelles,  le  3  juin  1866,  des 
suites  d'une  chute  malheureuse  qu'elle  avait 
faite  l'année  précédente.  Française  de  naissance 
et  d'origine,  cette  femme  intelligente  et  distin- 
guée était  tille  de  P.-F.-J.  Robert,  ancien  ré- 
dacteur du  Mercure  national,  député  de  Paris 
à  la  Convention  nationale  et  ami  de  Danton, 
lequel  avait  épousé  la  fille  du  chevalier  de  Ké- 
ralio,  M"^  Louise-Félicité  Guinement  de  Kéralio, 
l'amie  intime  et  l'admiratrice  de  Robespierre  (1). 
Née  le  23  septembre  1792,  M"'  Fétis  était  âgée 
de  73  ans  lorsqu'elle  mourut. 

*  FÉTIS  (Adolphe-Louis-Elcène),  compo- 
siteur, est  mort  à  Paris  le  20  mars  1873.  C'est 
par  erreur  qu'il  a  été  désigné  comme  ayant 
remporté  un  second  prix  au  concours  de  Rome 
(Belgi(|ue)  de  1844;  il  n'avait  obtenu  qu'une 
mention  honorable. 

FKUILLET  ( ),  musicien  du  dix- 
huitième  siècle,  est  auteur  de  l'ouvrage  suivant: 
La  Musique  théorique  et  pratique,  dans 
son  ordre  naturel.  Nouveaux  principes  (Paris, 
Ballant,    1746,  in-4"). 

*  FÉVRIER  ^Jacques,  et  non  Henri-Louis), 
organiste,  naquit  à  Abbeville,  sur  la  paroisse 
du  Saint-Sépulcre,  et  mourut  à  Paris  en  1780. 
Il  eut  pour  élèves  Balbastre  et  l'un  des  Miroir. 
Je  tire  ces  renseignements  d'un  écrit  anonyme 
publié  sous  ce  titre  :  la  Musique  à  Abbeville, 
1785-1856  (Abbeville,  1876,  in-S"),  et  dans  le- 
quel l'auteur  .ijoiite ,  en  parlant  de  Février  :  — 
«  On  le  voit  représenté  dans  le  tableau  îles  hom- 
mes illu.stres  d'Abbeville  par  Choquet,  sous  le 
n°  65.   » 

FICHER 'Ferdinand),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Leipzig  en  1821,  s'est  fait  connaître 

(1)  p.  F.  J.  Robert  mourut  en  exil  à  Bruxelles,  en  1826. 


FICHER  —  FILIPPI 


331 


par  la  publication  d'un  grani  nombre  d'cRuvres 
de  genre  pour  le  piano.  S'étant  embarqué  en 
1847  pour  l'Amérique,  il  s'était  fixé  à  New- York- 
11  est  mort  en  cette  ville  en  1865. 

*FIELD  (Joun)  m.  Franz  Liszt  a  écrit, 
pour  une  édition  allemande  d'un  certain  nombre 
des  Nocturnes  de  cet  artiste,  une  petite  étude 
critique.  Cette  étude,  publiée  ensuite  à  part, 
avec  texte  français  et  allemand,  a  paru  sous  ce 
titre  :  Vber  John  FiekVs  uoctume,  ion  Franz 
Liszt,  Hambourg,  Leipzig  et  New-York,  Scliu- 
bertli,  18o9,   in- 16. 

*  FIENi\ES  (Henri  DU  BOIS  DE),  est 
mort  à  Anderleclit,  le  15  février  tHG3.  Cet 
artiste  était  i:>su  d'une  famille  noble  dont  l'ori- 
gine remonte  au  onzième  siècle,  et  un  de  ses 
,  oncles,  Louis  de  Fiennes,  oKicier  général  dans 
l'armée  autricbienne  et  chambellan  de  l'empe- 
reur, fut  tué  à  la  bataille  de  Wagram. 

FIEVET    ( ),  compositeur,   a  écrit    la 

musique  d'un  ballet,  Faune  et  Bergère,  qui  a 
été  représenté  sur  le  théâtre  de  la  Monnaie,  de 
Bruxelles,  le  21  janvier  1868. 

FIGHERA  (Salvatore),  compositeur,  r.é  à 
Gravina,  dans  les  Poniiles,  en  1771,  lit  ses 
études  musicales  au  Conservatoire  de  Sainte- 
Marie  de  Lorette,  àNapies,  où  il  fut  l'é'ève  d'In- 
sanguine  pour  le  chant  et  le  contrepoint,  et  de 
Fenaroli  jiour  la  composition.  Après  sa  sortie 
du  Conservatoire,  il  se  rendit  à  Milan,  fit  re- 
présenter au  théâtre  de  la  Scala  un  opéra  bouffe 
inlilulé  la  Sorpresa,  et  écrivit  encore  dans 
cette  ville  deux  cantates,  la  Fin/a  Istoria  et 
lo  Sdegno  e  la  Pace.  Il  retourna  ensuite  à  Na- 
ples,  et  y  devint  maître  de  chapelle  de  plusieurs 
couvents,  pour  lesquels  il  écrivit  un  assez  giand 
nombre  de  compositions  religieuses  dont  il 
n'existe  plus  de  vestiges  aujourd'hui.  Voici  une 
liste  de  ces  compositions  -.  1"  2  messes  à  deux 
chœurs,  avec  orchestre;  2°  2  messes  funèbres 
à  deux  chœurs,  avec  orchestre;  3°  2  messes  à 
4  voix,  avec  orche.stre;  4°  plusieurs  messes 
alla  Palestrina  ;  5°  Miserere  à  8  parties 
réelles,  alla  Palestrina;  5"  Miserere  à i  voix, 
avec  orchestre  ;  7°  un  oratorio  à  4  parties,  avec 
orchestre  ;  8°  un  oratorio  avec;  chœurs  ;  9"  2  Creilo 
à  8  voix,  en  style  madrigalesque;  10"  un  Mono- 
logue pour  voix  de  soprano;  II»  un  traité  di- 
dactique. Studio  di  canlo,  conçu  selon  les  pré- 
-  ceptes  de  Porpora.  Fighera  mourut  à  Napies  en 
1836. 

Un  fils  de  cet  artiste,  qui,  ainsi  que  lui,  exer- 
çait à  Napies  la  profession  de  maître  de  chapelle, 
mourut  quatre  ans  seulement  après  son  père, 
en  1840 
FIGUERAS  ( ),  compositeur  espagnol 


du  dix -huitième  siècle,  fit  exécuter  dans  l'é- 
glise S.nnt-François,  de  Barcelone,  le  13  juin 
1739,  jour  de  la  fêle  de  saint  Antoine  de  Pa- 
doue,  un  oratorio  qui  portait  pour  titre  le  nom 
de  ce  saint. 

FIGUEirU  DO.  On  connaît  deux  person- 
nages portugais   de    ce    nom   :  José    Antonio 
de  Figueiredo,  habile  organiste,  qui  jouissait 
d'une    certaine     réputation    à    Lisbonne    vers 
le   commencement   de  ce  siècle  ;  et  Luiz  Bo- 
telho    Froes    de    Figueiredo,    pliilosoiihe    et 
jurisciinsulle  distingué,  né  à   Lisbonne  en   1675 
d'une  famille  noble.   N'ayant  pu   faire  admettre 
des  prétentions  qu'il  considérait  comme  légitimes, 
ce  dernier  se   retira  au    couvent  de   Varalojo, 
et  partit  peu  de  temps  après  en  1715  pour  l'Es- 
pagne, où  il  parvint  à  une  situation  très-consi- 
d  Table.  Il  mourut  en  1720  à  Aiicante.  Cet   au- 
teur a  publié  sur  la  vie  et  la  mort  de  Santa  Bita 
un  poëine  en  vers  qui  porte  un  titre  très-curieux 
et  qui  paraît,  au  premier  coup  d'œil,  avoir  rap- 
port à  la  musique  :    Coro  cetfste:    Vida  Mu- 
sicoemsol  a  metrica,  etc.,  Lisbonne,  1714,  in-4° 
de  VIII- 176  pages.  Deux  autres  auteurs,  Limpo 
et    Varella.  ont  aussi  choisi  des  titres  extrava- 
gants pour  des  ouvrages  qui  n'ont  d'ailleurs  au- 
cun rapport  avec   la  musique  (Dose   Fugas  de 
Pamd,  par  Ballhasar  Limpo,  et  ISumero  Vocal 
par  Sébastien   Pachico    Varella).    Ces  ouvrages 
sont  remplis  de  termes  tec  hniques  et  d'expres- 
sions relatives  à  l'art  musical,  mais  les  uns  et  les 
autres  ne  servent  qu'à  masquer  des  allégories  de 
mauvais  goilt  qui  étaient  fort  goûtées  des  admi- 
rateurs du  style  goujoresque. 

J.    DE  V. 

FILIPPI  (FiLLiPo),  critique  musical  et  com- 
positeur, est  né  à  Vicence  le  13  janvier  1833  (1). 
Fils  d'un  négociant  aisé,  il  fut  envoyé  à  Padoue 
ponr  y  faire  son  droit  à  l'Université  de  cette  ville, 
fut  reçu  docteur  en  1853,  et  l'année  suivante 
entrait  dans  les  bureaux  d'un  avocat  de  Venise 
pour  y  étudier  la  pratique  des  affaires.  A  cette 
époque,  l'amour  de  la  musique  et  de  la  liltéra- 
turemusicale,  qui  le  travaillait  depuis  longtemps, 
l'emporta  sur  toute  autre  préocupation,  et  M.  Fi- 
lippi,  après  avoir  étudié  la  musique  à  Vienne  et 
à  Venise,  devint,  dans  cette  dernière  ville,  le 
correspondantde  la  Gazzetla  musicale Ae^  Milan, 
dont  le  propriétaire  était  le  fameux  éditeur 
M.Tito  Ricordi.  M.  Mazzucato  ayant  abandonné 
la  direction  de  ce  journal  en  1858,  M.  Filippi 
fut  appelé  par  M.  Ricordi  pour  le  remplacer,  et 
conserva  cette  position  pendant  plusieurs  années. 

(0  Celle  date  m'a  été  donnée  par  M.  Kilippi  lui- 
même  Dans  son  Jnnuario  musicale  nniversale  (Milan, 
137C},  IM.  U.  ralosclii  donne  celle  du  13  janvier  1832. 


332 


FlLIPPl 


M.  Filippi  se  trouvait  depuis  une  année  envi- 
ron placé  à  la  tête  de  la  Gazzettn  musicale, 
lorsque  se  fomla  à  Milan,  au  mois  de  novembre 
1859,  un  journal  polilique  qui  devint  bientôt  le 
premier  de  l'Italie,  et  qui,  par  ses  allures  très- 
littéraires,  par  son  ton  de  bonne  cQmpagnie,  par 
les  formes  de  sa  polémique,  tient  aujourd'iuii 
dans  ce  pays  une  place  qui  n'est  pas  sans  analo- 
gie aven  celle  qu'occupe  en  France  le  Journal 
des  Débats.  Ce  journal,  qui  avait  pour  titre  la 
Perseveranza,  attira  à  lui  M.  Filippo  Filippi, 
et  lui  confia  son  feuilleton  musical  et  drama(i(|ue. 
Le  jeune  écrivain  s'y  fit  aussitôt  remarquer  et 
depuis  lors,  malgré  les  nombreux  cbangenieiits 
survenus  dans  la  rédaction,  est  resté  ferme  à  son 
poste,  discutant  toujours  les  questions  musicales 
et  llipàtrales,  et  s'occupant  même  de  peinture  et 
faisant  parfois  le  compte-rendu  des  salons.  Aii- 
jourd'liui,  M.  Fiiippo  Filippi  est  resté  le  seul  des 
rédacteurs  qui  ont  fondé  la  Persevcronza,  et  il 
a  publié  dans  ce  journal,  outre  plusieurs  notices 
biogra[ihiques  intéressantes  sur  divers  musiciens 
des  relations  de  ses  voyages  artistiques  à  Paris, 
à  Londres,  à  Vienne,  à  Weimar,  au  Caire,  etc. 
Un  choix  de  ces  articles  a  été  fait  par  leur  auteur, 
pour  former  un  volume  qui  a  paru  récemment 
sous  ce  titre:  Musica  e  Musicisli  (.Milan,  l'.ii- 
gola,  1876),  et  qui  contient  des  études  sur  Haydn, 
Beethoven,  Meyeerbeer,  Rossini,  Verdi,  Wagner, 
Schumann,  etc.  Déjà,  M.  Filippi  a  publié  il  y  a 
quelques  années,  chez  l'éditeur  Ricordi,  une 
notice  biographique  sur  le  remarquable  pianiste 
Adolfo  Fumaualli.  Mais  il  ne  s'est  pas  contenté 
de  se  faire  connaître  comme  critique,  et  il  a 
voulu  se  produire  aussi  comme  composileur. 
C'est  ainsi  qu'il  a  fait  exécuter  à  Milan,  il  y  a 
une  douzaine  d'années,  deux  quatuors  pour  ins- 
truments à  cordes,  et  qu'il  a  publié,  en  Italie  et 
en  France,  un  certain  nombre  de  mélodies  vo- 
cales. 

On  a  fait  à  M.  Filippo  Filippi  une  réputation  de 
vvagnérien  qu'il  ne  me  paraît  pas  mériter  entière- 
ment. Il  est  facile  de  voir,  en  lisant  sa  criliijue, 
qu'il  est  attiré  du  côté  de  M.  Wagner  en  tant 
que  musicien,  mais  qu'il  ne  partage  pas  du  tout 
ses  vues  esthétiques,  qu'il  apprécie  à  leur  juste 
valeur,  c'est-à-dire  à  leur  peu  de  valeur  ses 
théories  nébuleuses,  et  qu'il  ne  professe  aucune 
estime  pour  les  pamphlets  du  maître  saxon  et 
.ses  opinions  sur  tout  ce  qui  n'est  pas  lui.  Au 
reste,  M.  Filippi  semble  être  surtout  un  éclec- 
tique en  matière  d'art. 

FILIPl*!  (GiusEPPE  de'),  médecin  italien,  né 
en  1781  à  Varallo-Pombia  (Piémont),  fit  ses 
études  et  reçut  ses  grades  à  l'Université  de 
Pavie,  après  quoi  il  servit  dans  l'armée  et  prit 


part  à  toutes  les  campagnes  de  Napoléon,  à 
partir  du  camp  de  Boulogne.  Il  avait  étudié  la 
musique,  et  jouait  du  violon  en  amateur;  en 
1809,  le  chef  de  la  musique  des  vélites  de  l'ar- 
mée italienne  étant  mort,  il  prit  la  direction  de 
cette  musique  (sans  conduire,  vu  sa  siluation  de 
médecin  en  chef),  et  composa  pour  elles  quelques 
marches  militaires  dont  les  manuscrits  ont  été 
conservés  dans  sa  famille.  En  1814,  Giuseppe 
de'  Filippi  refusa  de  servir  l'Autriche,  qui  lui 
supi)rima  sa  solde  de  retraite.  Il  se  fixa  alors  à 
Miian,  où  sa  maison  devint  le  rendez- vous  des 
amateurs,  des  compositeurs  et  des  artistes  ita- 
liens, et  même  des  artistes  étrangers,  qui  tous 
s'y  faisaient  présenter.  Élu  membre  de  l'Institut 
des  sciences  de  Lombardie,  il  fut  à  trois  reprises 
rayé  par  le  gouvernement  autrichien,  et  réélu  à 
trois  reprises  par  ses  confrères.  Nommé  en  1848 
président  du  Comité  de  santé  publii|ue,  qui  com- 
prenait le  service  de  santé  de  l'armée,  il  se 
relira  à  Varèse  lors  du  retour  des  Autrichiens  en 
Lombardie,  tomba  malade  en  cette  ville  el  y 
mourut  en  1856,  après  deux  années  de  cruelles 
souffrances.  Cet  homme  distingué  a  donné  dans 
la  Dihlinleca  italiann,  recueil  publié  à  Milan, 
un  écrit  intitulé  Snggio  siilV  estrtica  musicale, 
qui  a  été  reproduit  ensuite  sous  forme  de  bro- 
chure (Milan,  1847,  in-»8"). 

FILIPPI  (Giusepi'ede'),  fils  du  précédent,  né 
à  Milan  le  12  mai  1825,  s'adonna  de  bonne  heure 
à  la  culture  des  lettres,  principalement  en  ce  qui 
concerne  l'histoire  du  théâtre  musical  italien, 
vint  en  France  en  18')6,  et  collabora  à  plusieurs 
journaux  de  Paris  en  même  temps  qu'il  était  le 
correspondant  de  diverses  feuilles  artistiques 
italiennes.  M.  de  Filippi  forma  à  Paris  une  bi- 
bliothè<iue  théâtrale  qui  ne  comptait  pas  moins 
de  10,000  volumes  et  de  10,000  estampes,  et 
qu'il  lut  obligé  de  vendre  en  I8C3,  après  eu  avoir 
distrait  environ  2,000  volumes  en  double  qu'il 
offrit  généreusement  à  la  Comédie-Française  et 
à  l'Opéra;  à  la  même  époque,  il  vendit  à  la  Bi- 
bliothèque impériale  un  commencement  de  bi- 
bliographie et  de  biographie  de  l'Opéra- Italien, 
formant  déjà  un  précieux  recueil  d'environ 
4,000  cartes.  Il  a  publié  deux  ouvrages  impor- 
tants, dans  lesquels  la  musique  a  .sa  part  : 
1°  Guide  dans  les  Théâtres  (en  société  avec 
l'architecte  Chaudet),  Paris,  1857,  in-4"  oblong; 
2"  Parallèle  des  théâtres  modernes  de  l' Eu- 
rope, Paris,  1800,  in-folio  (2"  édition,  Paris, 
1801,  gr.  in-4'',i.  L'introduction  de  ce  dernier 
ouvrage  est  une  histoire  de  l'architecture  théâ- 
trale ;  cette  importante  publication  renferme  134 
planches,  dessinées  en  partie  par  Contant,  an- 
cien machiniste  de  l'Ooéra.  —  M.  de  Filiiipi.  qui 


FIUPPI  —  FIORAVANTI 


333 


est  très-versé  dans  l'histoire  de  l'opéra  italien 
et  de  ses  grands  clianteurs,  est  l'un  des  collabo- 
rateurs du  supplément  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens.  Il  est  aussi  l'un  des  ré- 
dacteurs assidus  du  journal  VEntr'acte,  et  a 
donné  d'intéressants  articles  à  la  Chronique 
musicale. 

FILIPPI3ÎI  (Etienne),  surnommé  l'Argen- 
tina.  A  la  liste  des  œuvres  de  ce  compositeur, 
il  faut  ajouter  le  recueil  suivant  :  Salmi  brevi 
a  8  voci,  op.  12,  Bologne,  Giacomo  Monti,  1680. 

FINCK  (Henri),  compositeur  d'origine  polo- 
naise, était,  vers  la  lin  du  quinzième  siècle, 
maître  de  chapelle  du  roi  de  Pologne  Jean- 
Albeit,  et  jouissait  d'une  grande  réputation  en 
Allemagne.  «  Les  ouvrages  de  Henri  Fincksont 
fort  rares,  dit  M.  Albert SowinsUi  :  on  en  trouve  un 
dans  la  bibliothèque  de  Zwickau,  sous  ce  titre  : 
Schœne  ausserlesene  lieder  des  hochherum- 
plen  Heinrici  Kinckens  sauit  andern  neuen 
Liedern  von  den  fuernemsten  diesen  Runst- 
gesetzt,  lustig  zu  singen  und  auff  die  instrit- 
ment  dienlich,  vnr  nie  druck  ausgegnngen 
(Jolies  chansons  choisies  du  célèbre  Henri  Fiiick, 
avec  d'autres  nouvelles  chansons  mises  en  mu  - 
sique  par  le  même,  pour  être  chantées  ou  jouées 
sur  un  instrument,  non  encore  imprimées), 
petit  in-4°  sans  date.  Selon  Gerber,  cette  collec- 
tion aurait  été  imprimée  vers  1550  ;  elle  contient 
cinquanle-cin(i  chants  à  voix  seule.  D'autres 
pièces  du  même  compositeur  se  trouvent  dans 
le  Concenfus  à  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix, 
de  Saiblingfr  (Augsbourg,  1545,  in-4").   » 

FiNCK  (Hermann),  neveu  du  précédent, 
théoricien  remarquable  etcompositeur  renommé, 
habitait  la  Pologne  au  seizième  siècle.  On  lui 
doit  un  ouvrage  théorique  important,  publié 
sous  ce  titre  :  Practica  musica. 

FliXCJCCI  (Le  P.  Gii'sepi'e),  compositeur  de 
musique  religieuse,  naquit  à  Lucques  vers  1743. 
Un  grand  nombre  de  ses  œuvres  sont  conservées 
dans  les  archives  des  familles  Puccini  elQuilici, 
de  cette  ville.  En  1773,  1780  et  1781,  on  exécuta 
des  motets  à  quatre  voix  avec  accompagnement 
d'orchestre,  composés  par  Finucci  pour  la  célé- 
bration de  la  fête  de  sainte  Cécile.  Cet  artiste 
mourut  le  21  février  1784. 

*F10CCHI  (Vincenzo).  Cet  artiste  est  l'au- 
teur des  cantates  suivantes,  qui  peut-être  n'ont 
pas  été  publiées,  mais  dont  M.  le  docteur  Basevi 
possède  des  copies  manuscrites  dans  sa  riche 
bibliothèque  :  1"  VAddwd'Ellore  cantate,  1797  ; 
2°  Piramo  e  Ti\he,  cantate  à  2  voi\  ;  .3"  Fran- 
cesca  rf'/l r>mi?/o,  cantate;  ^°  Aci,  cantatille. 

*  FIODO  (Vincent).  Dans  son  livre  sur  les 
Conservatoires  de  iN'aples,  M.  Florimo,  (dont  les 


renseignements  ne  sont  pas  toujours  très-exacts), 
donne  des  détails  circonstanciés  sur  la  jeunesse 
de  Fiodo,  qui,  selon  lui,  .serait  né  non  à  Bari, 
mais  àTarente,  le  2  septembre  1782.  Après  avoir 
écrit  son  troisième  opéra,  C'iro,  qui  fut  repré- 
senté à  Florence  en  IblO,  s'être  fixé  en  1S12  à 
Pise  comme  professeur  de  chant,  il  aurait  re- 
noncé à  la  musique  pour  le  commerce,  et  se 
serait  fait  négociant  jusqu'en  1820.  C'est  à  cette 
époque  qu'il  serait  revenu  à  Naples,  et  se  serait 
de  nouveau  livré  a  l'en-seignement,  tout  en  deve- 
nant maître  de  chapelle  dans  divers  couvents  et 
églises.  Ici  les  renseignements  deviennent  cer- 
tains :  en  1846,  Fiodo  est  nommé  inspecteur  des 
écoles  externes  du  Conservatoire,  et  en  1858  il 
devient  professeur  de  solfège  dans  cet  éta- 
blissement. Il  mourut  en  t863,  à  l'âge  de 
81  ans. 

Fiodo  était  un  artiste  instruit,  mais  sans  génie 
et  sans  l'ombre  d'inspiration;  sa  musique  d'église 
est  écrite  correctement,  mais  sans  goût  et  sans 
idées,  et  M.  Florimo,  qui  a  été  à  même  de  l'étu- 
dier, est  dune  sévérité  rare  à  son  égard.  Je 
crois  donc  inutile  de  dresser  ici  le  catalogue  assez 
fourni  des  compositions  religieuses  de  Fiodo, 
tout  en  faisant  remarquer  qu'il  voulait  sans 
doute  remplacer  le  génie  par  les  excentricités. 
C'est  là  probaiilemenl  cequi  lui  a  fait  écrire  une 
messe  funèbre  à  deux  chœurs  et  deux  orchestres, 
une  autre  à  trois  chœurs  et  deux  orchestres, 
une  autre  enfin  à  trois  chœurs  et  trois  orches- 
tres. 

*  F!01ÎAVAi\TI  (Vincenzo),  l'un  des  der- 
niers compositeurs  bouffes  italiens  qui  aient  joui 
dans  leur  patrie  d'une  véritable  renommée,  était 
le  fils  de  Valenlino  Fioravanti,  qui  fut  presque  le 
rival  de  Paisiello  et  de  Cimarosa,  et  était  né  à 
Rome  le  5  avril  1799  Son  père,  dont  la  carrière 
de  compositeur  avait  été  très-brillanie,  voidait  en 
faire  un  médecin.  Mais  le  jeune  homme  ne  l'en- 
tendait pas  ainsi,  et  voulait  précisément  suivre 
la  carrière  paternelle.  C'est  donc  contre  le 
gré  de  sa  famille  qu'il  étudia  la  musique,  d'a- 
bord avec  un  vieux  maître  nommé  Jannacconi, 
qui  avait  été  celui  de  son  père.  Lorsqu'il  se  crut 
assez  fort  pour  voler  de  ses  propres  ailes,  il  s'a- 
dre.ssa  au  directeur  d'une  scène  de  Rome,  le 
théâtre  Yalle,  et  celui  ci  le  chargea  d'écrire  un 
duo  qui  devait  êlre  intercalé  dans  un  opéra  du 
répertoire.  Mais  le  jour  de  la  répélion  arrivé,  le 
duo  en  question  se  trouva  être  si  mauvais,  que 
le  chef  d'orchestre,  po.sant  tranquillement  son 
bâton,  et  s'adressant  à  Fioravanli,  lui  dit  sim- 
plement :  3/oh  cher  enfant,  travaillez  encore, 
et  puis  vous  pourrez  peut-être  écrire  de  la 
musique. 


334 


FIORAVANTI  —   FIORENTINO 


L'apprenti  compositeur,  un  peu  lionteiix,  s'en 
alla  trouver  alors  Uonizetti,  qui  se  trouvait  à 
Rome  pour  la  mise  en  scène  de  son  opéra  Zo- 
raide  di  Granala,  et  lui  fl.-inanda  des  leçons 
que  celui-ci  lui  accorda  volontiers.  Après  avoir 
travaillé  pendant  quelque  temps  avec  ce  maître,  se 
sentant  plus  siir  de  lui,  il  sonoea  à  aborder  se 
rieusement  la  scène,  et  écrivit  un  opéra  bouffe 
intitulé  Pulcinella  molnuiro,  qui  servit  non- 
seulement  aux  débuis  du  compositeur,  mais  aussi 
à  ceux  de  son  principal  interprèle,  lequel  n'était 
autre  que  Luigi  Lablaclie,  le  chanteur  <'ont,  au 
bout  fie  peu  d'années,  la  célébrité  était  si  jurande. 
Tous  deux  obtinrent  un  très  vif  succès,  et  il  ne 
fallut  rien  moins  que  ce  succès  pour  rapprocher 
complètement  tioravanti  de  son  père,  qui  lui 
tenait  rigueur  de  ses  velléités  musicales.  C  est  en 
1819  que  Pulcinella  mobnaro  lut  lepréseiité 
par  le  ptlil  théâtre  SanCarlino,  de  Na()les,  et 
le  jeune  compositeur  le  fit  suivre  d'un  grand 
nombre  d'autres  ouvrages  qui  lui  valurent  une 
renommée  brillante.  En  voici  la  liste,  queje  crois 
bien  près  d'être  complète  :  t"  Lu  Paslorella  ra- 
pita,  semi  sérieux,  Rome,  théâtre  V<ille;  2"  lio- 
binson  Crusoé,  bouffe,  Naples,  théâlre  Nuovo; 
3"  Jl  Sarco/ngn  scozze^e,  semi  séiieux,  Naples, 
Feniie;  k"  Col()))ibo  alla  scopeita  délie  /ndie, 
sérieux,  Naples,  Fenice;  5°  //  Follello  mnniiio- 
rato,  bouffe,  Na(iles,  théâtre  Parthénope  ;  G"  Aon 
iuWi  jiazzi  sdiio  aU'ospedalc,  bouffe,  Naples, 
Fenice  ;  7" /t mo/e  e  Dis/iigatino,  semi-sérieux, 
Naples,  théâtre  Nu'vo  ;  8"  Jl  Parrucduere  e  la 
Crestam,  bouffe,  Nnples,  théâtre  Nuii\o;  d"  La 
Larva,  semi-serieu\,  Naples,  ihéàlre  Nuo\o; 
10°  La  Fiylia  del  t'abbro,  boulfe  Home, 
théâtre  Valle;  11°  Chi  c/ienerà,  bouffe,  R.ime, 
théâtre  Argentiiia  (écrit  it  re{)réseiilé  en  un  acte, 
et  plus  tard  refait  en  deux  actes  et  repré.senlé  au 
théâtre  Nuovo  de  Naples,  sous  leliirede  la  Pa- 
dronae  la  Caïuerier.i)  ;  12"  Un  Hlalriiiioiiioin 
prigione,  bouffe,  un  acte,  Naples,  theàlre  Nnovo; 
13°  /  Disperati  per  non  poier  andar  carce- 
raii,  farce,  Naples,  Fenice-,  14°  Un  Padre  coin- 
pralo,  ossia  X,  Y  e  Z,  bouffe,  Turm,  llieàtie 
d'Angennes;  15°/^  JiUornn  di  PalriîieUu  da 
Padova,  bouffe,  Naples,  tliéàlre  Nuovo;  tc"  La 
Dama  e  lo  Zoccolaio,  liouffe,  Nnples,  Femce; 
17°  La  Siu)i7))ia  bn-sUiana,  bouffe,  Niples,  Fe- 
niie;  18»  GZi  Zingaii,  Naples,  théâtre  Nuo\o  ; 
19"  Pnlcin  lia  e  la  sua  faniiglia,  bouffe,  Na- 
ples, théâlre  Nuovo;  20"  Pidcmella  e  la  For- 
tiina,  bouffe,  Niiples,  théâtre  Nuovo;  21"// 
Folldio,  Semi  séiieux, écrit  pour  le  théâtre  San- 
Carlo,  de  Naples,  mais  non  représenté  par  suite 
de  la  fai  lile  de  l'entreprise  ;  la  p.irtition  a  éie 
perdue;  22"  1  Due  Capotait,  semi-sérieux,  Na- 


ples, théâtre  Nuovo  ;  23"  Jacapo  lo  Scordchino, 
semi-sérieux, Naples,  théâtre  Nuovo  ;  24°  llCieco 
del  Dnio,  sérieux,  Na|)les,  Fenice;  25°  La  Pi- 
rata, semi-'érieux,  Naples,  théâtre  Nuovo;  26° 

I  Vecchi  burlali,  boulfe;  27°  Il  Aolaio  d'U- 
beda,  bouffe,  Naples,  théâtre  Nuovo,  reproduit 
par  toute  l'Italie,  avec  un  immense  succès,  sous  le 
titre  de  Don  Procopio;  28°  La  Lotleria  di 
Vienna.  bouffe,  Naples,  théâtre  Nuovo;  29"  i4n- 
nellu,  laveinaru  di  porta  Cnpuana,  bouffe, 
Naples,  théâlre  Nuovo.  A  tout  cela  il  faut  ajouter 
quatre  opéras  qui,  je  crois,  n'ont  pas  été  repré- 
sentés :  la  Strega,  il  Cast-'llo  degli  spiriti, 
Pulcinella  erede  senza  crédita,  e\  la  Testa  di 
Mercurio;  puis  deux  oratorios  :  Scitla,  et  il 
Sacrifizio  di  Jefte;  et  enlin  une  grande  messe 
funèbre. 

Fioravanti  e.st  mort  à  Naples,  âgé  de  78  ans, 
le  28  mars. 1877. 

IJOREA'TINO  (Pieu-Ançelo),  écrivain 
artistique,  naquit  à  Naples  en  1806,  reçut  une 
bonne  inslniclion,  et  débuta  dans  la  carrière 
lilléraire  par  de  nombreux  articles  de  journaux. 

II  publia  ensuite  quelques  nouvelles,  un  roman 
historique,  Corradinn,  un  recueil  de  poésies,  le 
S( re d'aiituiVio{Nii[)\ei,  Tramater,  1834,  m-l6;, 
lit  repre.senler  un  drame  intitulé  ta  Furnarina, 
puis  vint  à  Paris  pour  y  chercher  foitune.  Il 
parvint  rapidement  non-seulement  à  parler,  mais 
à  écrire  la  langue  française  avec  élégnuie,  et 
collabora  à  divers  Journaux,  entre  autres  au 
Corsaire,  où  il  «tonnait  des  articles  pleins  de 
fantaisie,  de  verve,  et  de  gaîté.  En  1S49,  il  fut 
appelé  au  Cunslitationnel  pour  y  taire  le  feuil- 
leton dramatique  et  musi(al,  et  peu  <le  temps 
après,  sans  quitter  ce  joui  nal,  il  lut  (hargédu 
feuibelon  exclusivement  musical  du  Moniteur 
viiivei.^et,  qu'il  .signa  du  pseudonyme:  A.  de 
Itovray.  Un  scandale  l'ayant  obligé  d'alMudonner 
le  Coiislifutiuniiel,  il  entra  bientôt  à  i^  France 
pour  y  lemplir  le  même  office.  Il  mourut  à 
Paris  le  31  mai  1864. 

Je  u'ai  pas  a  apprécier  ici  certaines  pratiques 
fâcheuses  qui  ont  été  re(trochees  à  Fiorentino, 
dans  l'exercice  de  sa  profession.  En  tant  qu'é- 
crivain et  critique,  il  avait  de  l'esprit,  de  la  lé- 
gèreté, du  goill,  mais  au  point  de  vue  musical, 
il  manquait  des  connaissances  lecbniqui-s  et 
hisiori(pies  .sans  le.squelles  il  n'est  pas  de  véri- 
table ci  itique  Toutefois,  comme  il  avait  beau- 
coup connu  et  pratiqué  les  artiste»,  surtout  ses 
compatriotes,  on  trouvait  souvent  dans  ses 
ti-u'll.  ions  des  anecdotes  et  des  renseignements 
bioga[thiques  nouveaux  et  inléressanls.  Après 
sa  mort,  on  a  fait  et  publie  deux  recueils  de  ses 
articles  :    l'un,   intitulé   les  Grands    Guignols 


FIORENTINO  —  FISSOT 


335 


(Paris,  Lévy,  2  vol.  in-12),  l'autre  porlant  pour 
titre  Comédies  et  Comédiens  (Paris,  Lévy,  2  vol. 
in-12). 

FIORl  (Ettore),  compositeur  italien,  a  fait 
représenter  avec  succès  le  19  février  1868,  au 
théâtre  Carcano,  de  Milan,  un  opéra  en  trois 
actes  intitulé  Pietro  da  Padova.  Un  artiste  du 
même  nom  —  j'ij^nore  si  c'est  le  même  —  avait 
écrit,  en  société  avec  un  autre  compositeur 
nommé  Piwhi,  la  musique  d'un  opéra  bouffe, 
Don  Crescendo,  qui  fut  joué  à  Modène  le  17 
avril  1H54,  et  celle  d'un  drame  lyrique,  Rit- 
zardo  da  Milano,  dont  quelques  morceaux  ont 
été  publiés  cliez  Ricordi,  à  Mdan.  Enfin,  M.  Fiori 
a  publié,  chez  le  même  éditeur,  plusieurs  «Ibums 
de  romances  et  mélodies  [Homa,  Pisu,  Allntm 
vocale,  etc.),  et  il  a  fait  entendre  à  Londres,  il 
y  quatre  ou  cinq  ans,  un  quintette  pour  piano 
et  instruments  à  cordt's. 

FISCER.  Deux  frères  de  ce  nom,  luthiers 
tous  deux,  vivaient  à  Milan  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Dans  son  livre 
intéressant  :  Les  Instruments  à  archet,  M. 
Antoine  Vidal  reproduit  ainsi  une  étiquette  d'un 
de  leurs  violons,  instrument  de  bonne  facture 
et  d'heureuses  proportions  :  Giuse/jpe  Carlo 
fralelU  Fiscer,  fabbricatori  d'iiistrumenti,  in 
Milano,  vicino  alla  balla,  1764. 

FISCHER  (CHAULES-AiiGi'STE),  l'uH  des  or- 
ganistes les  plus  diMiiigués  de  l'Allemagne,  est 
né  à  Ebersdorf,  près  de  Chemniiz,  en  1829.  Il 
devint  de  bonne  heure  un  artiste  remarquable, 
et  voyagea  avec  succès,  de  1852  a  1855,  pour  se 
faire  entendre  sur  l'orgue.  Il  remplit  aujourd'hui 
les  fonctions  d'organiste  à  la  maison  des  orplie- 
lins,  à  Dresde.  Malgré  son  talent  d'exécutant, 
M.Fischer  a  peu  écrit  pour  son  instnunent,  et 
son  œuvre  la  plus  importante  sous  ce  rapport  est 
une  grande  symphonie  pour  orgue  et  orchpsire. 
11  est  aussi  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Lorcley. 

FISCHETTI  (Matteo-Luici),  pianiste  et 
composdeur,  est  né  à  Martim  Frauca,  dans  la 
province  de  Lecce,  le  28  février  1830.  Il  com- 
mença dès  l'âge  de  six  ans  l'étude  du  piano,  se 
perfectionna  ensuite  sur  cet  instrument  par  les 
soins  de  Michèle  Cerimele,  puis  entreprit  l'élude 
préliminaire  de  I  harmonie  avec  Raeinîroph,  et 
compleia  son  éducation  avec  MM.  Petrella,  Mo- 
relti,  Lillo  et  l'apjjalardo.  Il  se  livra  alors  à 
l'enst-ignement  du  p  ano,  en  même  temps  qu'à  la 
composition,  et  publia  plus  de  200  moiceaux 
pour  cet  instrument,  parmi  lesquels  on  compte 
de  nombreuses  transcriptions,  ainsi  que  diverses 
compositions  vocales.  M  Fischelti  s'est  produit 
aussi  au  théâtre,  avec  les  trois  opéras  dont  les 
litres  suivent  :  r  Aida  di  Scafati  (Naples,  Fe- 


nice,  11  juin  1873),  ouvrage  qui  fournit  d'abord 
une  série  de  plus  de  cent  représentations,  et  fut 
ensuite  repris  au  Politeama;  2"  la  Sorrentina 
(id.,  id.,  6  septembre  1873);  3°  vu'  Al/ra  Fi- 
glin  di  Mndama  Angol  (id.,  th.  Mercadante, 
17  mai  1874). 

FISrjllETTI  (Dominique).  La  liste  des 
ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur  doit 
s'augmenter  des  deux  opéras  suivants:  VAbbate 
CoUarone,  1749,  et  il  Finto  Fralello. 

FISSOT  (Alexis  Henuy),  |tianiste,  organiste 
et  compositeur,  né  à  .\iraines  (Somme),  le  24 
octobre  1843,  commença  l'élude  de  la  musique 
dès  sa  plus  tendre  enfance,  et  avant  même  d'a- 
voir accompli  sa  neuvième  année  était  admis  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  5  octobre  1852,  dans 
la  classe  de  solfège  de  M.  Emile  Jonas.  Il  (il  de 
la  façon  la  pluf.  brillante  toutes  ses  études  dans 
cet  établissement,  oii  il  fut  successivement  élève 
de  M.  Marmontel  pour  le  piano,  de  M.  Benoist 
pour  l'orgue,  de  M.  Bazin  pour  l'harmonie  et 
accompagnement,  et  de  M  Ambroise  Tliomas 
pour  le  coidrepoint  et  la  fugue.  Voici  la  liste 
des  récompenses  qu'il  obtint  d«ns  les  concours 
annuels:  1853,  1'='"  accessit  de  solfège;  1854, 
premier  prix  de  solfège  et  second  prix  de  piano  ; 
1855,  premier  prix  de  piano;  1856,  troisième 
accessit  d'harmonie  et  accompagnement,  et 
premier  prix  l'année  suivante;  1858,  premier 
acce-sit  de  fugue  et  premier  accessit  d'or- 
gue; 1859,  second  prix  de  fugue  et  premier 
second  prix  d'orgne;  ls60,  premier  prix  de  fugue 
et  premier  prix  d'orgue.  Ainsi,  M  Fissot  avait 
complètement  terminé  le  cours  de  ses  études, 
en  obtenant  toutes  les  distinctions  possibles, 
avant  même  d  avoir  accompli  sa  dix-huitième 
année. 

Le  jeune  artiste  se  livra  alors  à  l'enseigne- 
ment, tout  m  s'essayant  dans  des  travaux  heu- 
reux de  composition,  ce  qui  ne  rempêcliait  pas 
de  devenir  rapidement  un  pianiste  extrêmement 
remarquable  et  l'un  des  meilleurs  orgai.isles  de 
Paris.  M.  Fissot  est  malheuieusement  trop  mo- 
deste, et  la  rareté  de  ses  appariticuis  en  public 
lait  qu  il  éprouve  pai  fois  une  émotion  qui  ne 
laisse  pas  à  son  t'es  beau  talent  toute  la  sûreté 
et  toute  la  sérénité  désirable-.  Il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que,  comme  pianiste,  M.  Fissoi  se  fait 
remarquer  p^tr  un  son  magni(ii|ui'  et  d'une  rare 
puissance,  par  les  qualités  d'un  mécanisme  irré- 
proclinble,  par  un  style  d'une  réelle  é  évat  on,  et 
en  même  temps  par  un  charme  indefinis.'jable 
dans  certaines  parties  de  son  exéculion.  C'est 
suitout  dans  les  belles  séances  de  mu.^ique 
de  cliambre  fondées  par  M  Cli.  Lamoureux 
{Voyez  ce  nom),  que  M.  Fissot  a  fait  apprécier 


336 


FISSOT  —  FLÉGIER 


d'abord  son  talent,  de  même  que  dix  ans  après, 
dans  les  concerts  de  la  Société  de  l'harmonie 
sacrée,  fondée  par  le  môme  artiste,  il  a  fait 
ressortir  la  puissance  de  son  jeu  comme  orga- 
niste. M.  Fissot  est  titulaire  du  grand  orgue  de 
l'église  Saint-Vincent  de  Paul. 

Non  moins  distingué  comme  compositeur  que 
comme  exécutant,  cet  artiste  remarquable  a 
publié  pour  le  piano  un  certain  nombre  de  pro- 
ductions qui  se  signalent  par  de  réelles  qualités 
de  forme,  de  style  et  de  pensée.  Je  citerai,  entre 
autres  :  2  galops  et  2  valses,  op.  1  (Paris,  Heu); 
Fantaisie  et  variations  .sur  la  romance  :  Le  temps 
que  je  regrette,  op.  2  (id.,  id.)  ;  Divertissement 
sur  le  choral  des  Huguenots,  op.  3  (id.,  id.); 
F'antaisie  sur  la  cavat.ine  et  la  marche  de  Ao;- 
j«a,  op.  4  (iJ.,  id.);  !>  préludes  (Paris,  Malio) 

3  morceaux  (Nocturne,   Boutade,  lîéverie,  op. 

4  (id.,  id.);  Adagio  e  Presto,  op.' 5  (id.,  id.); 
FantaisieImpromi)tu,  Idylle,  op.  G  (id.,  id.); 
Deux  Ballades,  op.  7  (id.,id.);  Romance,  Fmi- 
tasietta,  op.  8  (id.,  id.);  Mélodie  Landler, 
Capriccio,  op.  9  (id.,  id.);  Arabesques,  1"  et 
2"  livre,  op.  10  (id.  id.)  ;  Scènes  de  la  vie  rusti- 
que, op.  11  (id.,  id.);  2  Morceaux  de  salon 
(Gondoliera,  Chamon  mauresque),  op.  12  (id., 
id.);  Quatre  Morceaux  de  genre,  op.  13  (id.,i(l.); 
Scherzo,  op.  14  (id.,id.);  Élégie,  op.  15  (id., 
id.);  Trois  Feinllets  d"album  :  1,  En  coïque, 
barcarolle  ;  2,  Un  soir  dans  la  campagne,  idylle; 
3,  Les  Pnpiltons,  scherzettino  (Paris,  Heugel). 

FITTO.X  ( ),  est  auteur  d'un  Manuel 

pratique  et  élémentaire  cVtiarmonie  à  l'usage 
des  pensionnats,  approuvé  par  le  Conserva- 
toire de  Paris  (Paris,  1857,  in-4"). 

FLAXLAIVD (Gustave  ALEXAxmtK), éditeur 
de  musique  français,  né  à  Strasbourg  en  1821, 
étudia  de  bonne  heure  la  musique  et  reçut  ses 
premières  leçons  de  piano  de  M.  J.  Loybacli 
()'o(/.  ce  nom).  Venu  à  Paris  à  l'A^ije  de  seize  ans, 
il  entra  bientôt  au  Conservatoire,  dans  une  classe 
d'harmonie,  puis,  au  bout  de  quelques  années, 
se  livra  à  l'enseignement.  En  18'*7,  il  créa,  dans 
de  modestes  conditions,  un  fonds  de  commerce 
de  musique  situé  place  de  la  Madeleine,  et  com- 
mença par  publier  un  certain  nombre  de  recueils 
de  chant  intéressanis, qu'il  arrangeait  lui-même; 
ces  recueils,  intitulés  Échos  de  France,  Echos 
d'' Allemagne,  Echos  d'Italie,  Échos  du  monde 
religieux,  etc.,  se  composaient  de  morceaux 
choisis  dans  les  œuvres  les  plus  célèbres  des 
grands  maîtres  et  putiliés  avec  accompagnement 
de  piano,  et  formaient  des  sortes  d'anthologies 
musicales  qui  méritaient  l'accueil  sym(tathiqiie 
qu'elles  reçurent  du  public.  M.  Flaxland  forma 
ensuite  des  recueils  de  musique  classique  pour 


le  piano,  entre  autres  celui  qui  avait  pour  titre 
les  Bonnes  Traditions  du  pianiste. 

Grâce  à  son  intelligence  et  à  son  activité,  le 
commerce  du  jeune  éditeur  prospérait.  Bientôt, 
il  entreprit  plusieurs  voyages  en  Allemagne,  pour 
apprécier  par  lui-même  et  bien  connaître  la 
jeune  école  allemande.  C'est  alors  qu'il  se  prit 
d'une  grande  admiration  pour  les  œuvres  de 
Robert  Schumann  et  de  M.  Richard  Wagner  et 
qu'il  se  décida  à  en  faire  des  éditions  françaises, 
tâche  laborieuse,  qui  ne  fut  pas  sans  l'obliger  à 
des  luttes  énergiques.  Lorsque,  vers  1860, 
M.  Wagner  vint  à  Paris  pour  y  donner  ses  pre- 
miers concerts  au  Théàlre  Italien,  M.  Flaxland 
lui  acheta  la  propriété  de  quatre  de  ses  opéras  : 
Hienzi,  le  Vaisseau  fantôme,  Tannhau^er  ^X 
Lohengrin;  puis,  peu  de  temps  api  es,  et  mal- 
gré l'antipathie  que  le  public  français  semldait 
éprouver  pour  le  musicien  saxon,  les  éditeurs 
allpmamls  ayant  revendiqué  la  propriété  de  ses 
œuvres  en  France,  M.  Flaxland,  dont  l'admira- 
tion pour  M.  Wagner  ne  faiblissait  point,  s'assura 
d'une  façon  incontestable  cette  propri(;té  en  dé- 
sintéressant les  éditeurs  d'outre-Rliin. 

Quelle  que  soit  l'opinion  que  l'on  professe 
pour  le  génie  de  Schumann  et  de  M.  Wagner, 
on  ne  peut  méconnaître  le  service  trè^-réel  epie 
M.  Flaxland  a  rendu  à  .son  pays  en  lui  faisant 
connaiire  les  productions  de  ces  deux  artistes, 
et  le  courage  dont  il  a  fait  preuve  en  celte  cir- 
constance. Le  succès,  d'ailleurs,  finit  par  cou- 
ronner ses  efforts,  et  sa  maison  devint,  au  bout 
de  quelques  années,  l'une  des  plus  importantes 
du  commerce  de  musique  de  Paris.  En  1870, 
M.  Flaxland  céda  son  ton  Is  à  MM.  Aug.  Durand 
(  Voy.  ce  nom)  et  Schœncwerk,  avec  l'intention  de 
se  retirer  complètement  des  affaires;  mais  de- 
puis ce  tenqis,  et  dans  le  but  surtout  de  faire  une 
silualion  à  son  fils,  il  a  entrepris  de  fonderavec 
lui  ime  fabrique  de  pianos. 

*  FLECIliV  (Matthieu).  Dans  les  éphémérides 
de  son  Calendario  historico  musical,  M.  Soriano 
Fuertes  enregistre,  à  la  date  du  6  décembre  I5G1, 
la  première  représentation,  au  Palais  royal  de 
Madrid,  d'un  opéra  espagnol  intitulé  et  Parnaso, 
dont  la  musique  aurait  été  écrite  par  ce  compo- 
siteur. S'il  en  est  ainsi,  c'est  probablement  là  le 
premier  ouvrage  de  ce  genre  qui  ait  vu  le  jour 
en  Espagne. 

Le  portrait  de  ce  compositeur,  peint  à  l'htiile, 
se  trouve  aujourd'hui  dans  la  salle  des  manus- 
crits de  la  Bibliothèque  nationale  de  Madrid, 
catalogué  sous  le  n"  4.  Derrière  le  cadre,  on  lit 
cette  inscription  :  Flécha,  musico  de  Felipe  II. 

FLEGIER  (Ange),  compositeur,  est  né  à 
Marseille  le  22  février  1846.  Après  avoir  reçu 


FLÉGIER  —  FLORIMO 


337 


des  leçons  de  piano  de  M.  de  Croze,  Il  devint 
élève  de  Conservatoire  de  Marseille  et  continua 
à  cette  école  son  éducation  musicale.  En  1866, 
il  entra  au  Conservatoire  de  Paris  dans  la  classe 
d'harmonie  de  M.  François  Bazin.  Deux  ans  plus 
tard  il  passa  dan*  la  classe  de  composition  de 
M.  AmbroiseTliomas,  et,  en  1869,  fut  admis,  après 
l'épreuve  préparatoire  d'usage,  à  concourir  pour 
le  prix  (le  Rome.  Dans  la  même  année,  il  fut  dé- 
coré d«  l'ordre  de  Charles  III  d'Espagne,  pour 
une  composition  dédiée  à  la  régente  de  ce  pays. 
En  1870,  une  dangereuse  maladie  le  força  à 
quitter  Paris  pour  changer  de  climat,  et  les  ter- 
ribles événements  qni  se  succédèrent  à  cette 
époque  le  tinrent  éloigné  de  son  centre  d'études. 
Ces  divers  contre-temps  le  firent  renoncer  à 
poursuivre  le  prix  de  Rome,  et  le  déciilèrent  â 
se  fixer  auprès  de  sa  famille,  à  Marseille.  Il  y  est 
resté  jusqu'à  ce  jour. 

On  a  de  cet  artiste  les  œuvres  suivantes  : 
Françoise  de  Ritnini,  cantate  écrite  pour  le 
concours  du  |nix  de  Rome.  —  Deux  ouvertures 
et  une  marche  {le  Cortège)  à  grand  orchestre. 
—  Six  pièces  pour  le  piano  (publiées  chez  Colom- 
bier à  Paris).—  Méditation  pour  violoncelle, 
et  Prélude  et  danse  pour  violon  (chez  Carboiicl 
à  Marseille).  —  La  Nuit  et  le  Tirage  au  sort, 
chœurs  avec  accompagnement  d'orchestre  (chez 
Colomliier).  —  Un  assez  grand  nombre  de  mélo- 
dies, dont  12  ont  été  publiées  en  album  chez 
Escudieretd'aulrt'schez  Colombier  ou  chez  Car- 
bonel  {les  bords  du  Léman,  le  Paysan  et  le 
Grillon,  Bonsoir  JS'inon, etc.);  enfin  de  la  musi- 
que de  danse  :  2  pas  redoublés  et  polkas  pour 
musique  militaire  :  8  valses  pour  piano  (dont  4 
chez  Colombiei),  2  mazurkas  et  2  polkas.  — 
En  avril  1875,  M.  Flegier  a  fait  représenter  au 
Grand-Théâtre  de  Marseille  un  opéra-comique  en 
un  acte,  intitulé  Fatma,  qui  a  eu  du  succès,  et 
dont  on  a  remarqué  surtout  l'ouverture  et  un 
bon  duo  bouffe.  La  partition  (piano  et  chant)  de 
cet  ouvrage  a  été  publiée  chez  Carbonel,  à  Mar- 
seille. 

Il  y  a  dans  ces  diverses  productions  une  bonne 
facture,  l'entente  des  procédés  et  un  sentiment 
mélodique  clair  et  facile. 

Al.  R— d. 

FLEURY  (Jean),  musicien  distingué  qui  vi- 
vait dans  la  secon^ie  moitié  du  quinzième  siècle, 
fut  le  premier  organi>te  qui  fut  chargé,  à  1  église 
métiopiililaine  de  Rouen,  déjouer  le  grand  orgue 
que  l'archevêque  Robert  de  Croixmare  venait  de 
faire  construire  et  placer  dans  celte  basilique. 
Jean  Fleury  remplit  ces  fonctions  d'organiste  de 
1467  à  14S3,  époque  où  il  mourut  sans  doute. 

FLEURY  (Benoît),  luthier,  faisait  partie,  en 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —   SUPPL.      — 


1 755,de  la  corporation  des  luthiers-maîtres-jurés- 
comptables  de  Paris,  et  exerçait  encore  sa  pro- 
fession dans  cette  ville  en  1785.  A  cette  dernière 
époque,  un  luthier  du  même  nom,  appartenant 
évidemment  à  la  même  famille,  Jean-François 
Fleuri/,  était  aussi  établi  à  Paris. 

*  FLOQUET  (Etienne- Jo.sEPH).  On  trouvera 
des  renseignements  nombreux  sur  ce  composi- 
teur dans  l'opuscule  suivant  :  Floquet,  par  Ar- 
thur Pougin  (Paris,  imp.  Chaix,  1863,  in-8°  de 
24  pp.). 

*  FLORIMO  (Francesco),  archiviste  du 
Conservatoire  de  Naples,  est,  sous  divers  rap- 
ports, l'un  des  artistes  les  plus  méritants  de  l'I- 
talie contemporaine.  Passionné  d'une  part  pour 
l'établissement  où  il  a  été  élevé  et  qu'il  n'a  pour 
ainsi  dire  jamais  quitté,  de  l'autre  pour  le  dépôt 
dont  la  garde  et  la  diiectiou  lui  sont  confiées,  il 
a  passé  plusieurs  années  de  sa  vie  à  écrire  l'his- 
toire du  premier,  et  ne  cesse  de  multiplier  les  ef- 
forts pour  rendre  le  .second  l'un  des  plus  importants 
et  des  plus  précieux  de  l'Europe  musicale.  Depuis 
qu'il  est  à  la  tête  de  la  hibliolhèque  du  Conserva- 
toire deNaples,  M.  Florimo  l'a  enrichie  d'iuie  façon 
incomparable,  ne  redoutant  aucun  effort,  ne  né- 
gligeant aucune  démarche,  ne  se  laissant  rebuter 
par  aucun  refus,  et  ne  passant  pas  un  jour  sans 
avoir  à  se  louer  de  son  activité.  C'est  ainsi  que 
la  biblioihèque  lui  est  redevable  non-seulement 
d'une  foule  d'ouvrages  importants  dans  tous  les 
genres,  mais  encore  d'une  merveilleuse  collec- 
tion d'autographes  et  de  manuscrits  de  fous  les 
maîtres,  grands  ou  petits,  qui  ont  illustré  l'école 
napolitaine  et  qui  ont  appartenu  au  Conservatoire 
soit  comme  élèves,  soit  comme  professeurs,  et 
d'uue  autre  collection,  non  moins  intéressante, 
non  moins  précieuse,  de  portraits  de  ces  mêmes 
maîtres. 

M.  Florimo  a  publié  il  y  a  quelques  années, 
sous  ce  titre  :  Cenno  storïco  sulla  Scuola 
musicale  di  A'apoh  (Naples,  1869-1871,  2 
vol  in-8°),  un  volumineux  ouvrage  dans  lequel  il 
a  retrace  l'histoire  des  divers  Conservatoires  de 
Naples,  réunis  et  résumés  aujourd'hui  dans 
celui  de  San-Pietro  a  Maje  la,  et  celle  de  tous 
les  maîtres  napolitains.  On  trouve  de  très- 
utiles  renseignements  dans  ce  livre,  surtout  en 
ce  qui  concerne  l'époque  contemporaine;  mal- 
heureusement, et  pour  ce  qui  se  rapporte  à  un 
passé  un  peu  éloigné,  il  faut  remarquer  que 
M.  Florimo  a  souvent  manqué  de  documents 
originaux,  et  qu'il  a,  sans  piendre  la  peine  de 
bien  chercher  autour  de  lui,  puisé  un  peu  com- 
plaisHiiimeiitdans  des  ouvrages  connus,  dontcer- 
tains  passages  sont  traduits  pour  ainsi  dire  mot 
k  mot,  sans  que  l'auteur  soit  jamais  cité  que 
T.  I.  23 


338 


FLORIMO  —  FLOTOW 


qiianii,  par  hasard,  il  s'agit  de  le  contredire. 
Néanmoins,  et  ne  fil l  ce  que  par  l'ensemble  des 
documents  réunis,  qu'ils  sdent  originaux  ou 
non,  le  livre  de  M.  Florimo  tst  utile  à  consulti r 
et  présente  un  grami  intéiêt.  On  doit  seulement 
accepter  ses  renseignements  sous  certaines  ré- 
serves, car  l'auteur  cite  rarement  ses  sources,  et 
il  lui  arrive  parfois  de  donner  comme  certains 
des  faits  qui  ne  sont  lien  moins  qu'exacts.  J'ai 
dft  le  déinonlrer,  entre  autres,  dans  la  notice  re- 
lative à  Pietro  Caseila  (Voy.  ce  nom). 

Comme  compositeur,  M.  Florimo  a  publié  un 
grand  nombre  d'albums  de  chants,  dont  les  mé- 
lodies sont  écrites  .-ur  des  paroles  en  dialecte 
napolitain,  et  qu'il  adonnés  avec  une  traduction 
italienne  accompagnant  le  texte  oiigiual  -,  je  .sigua- 
lerai  les  suivants  :  l"  le  Moniannie  (10  pièces), 
Milan,  Ricordi  ;  2°  i  Canti  délia  CoUma  (lO 
pièces),  id.,  id.  ;  Z"  le  liirzze  niarine  (lO  piè- 
ces), H.,  id.;  4"  Isc/iia  e  Sot-tente  (lo  pièces), 
id.,  id.;  5°  te  Nupotettine  {2i  pièces),  id  ,  id.  ; 
6°  le  Popolnne  (lO  pièces;,  iNaples,  Coitrau  ; 
7°  Serenale  di  S.  Elmo  (10  pièces),  id.,  id..; 
8"  le  A'otte  di  Aapoii  (10  pièces),  i-i.,  id.; 
9"  Canti  del  golfo  (1>)  pièces),  id.,  id.  L'édi- 
teur Ricordi,  de  Milan,  a  fait  une  >e'  onde  édition 
de  la  méthode  de  cliaiit  (Metodn  di  canto)  de 
M.  Franc.esco  Florimo.  qui  a  été  approuvée  par 
l'Académie  des  Beaux-Arts  et  adoptée  pour  ren- 
seignement dans  les  classes  du  Conservatoire 
de  INaples. 

M.  Francesco  Florimo,  à  qui  l'on  doit  encore 
une  brochure  intitulée  liiccarrio  W<igner  ed 
i  Wagner isti  (Naples,  1876),  et  un  autre  opus- 
cule relatif  à  la  translition  des  cendres  de  Bel- 
lini  à  Calane,  est  né  à  San-Giorgio  iMorgelo,  non 
en  1806,  inaisie  12  octolire  1800.  C'est  du  moins 
la  date  que  je  trouve  dans  VAnnuario  musicah' 
(Milan,  i876)  de  M.  G.  Paio^chi,  qui  s'est  ren- 
seigné directement  auprès  des  artistes  dont  il 
avait  à  parler. 

*FLO  rOVV  (Frédéric-Ff.rdinand-Adolphe, 
comte  UE),  et  non  UE  FLOÏTOW.  Ou  ignore 
généralement  que  c'est  sur  une  .scène  parisienne 
de  vauleville,  c'est-à-dire  au  llieâire  du  Paiais- 
Royal,  que  cet  artiste  amateur  a  fait  ses  débuts 
de  compositeur  dramatique.  Au  mois  de  novem- 
bre ou  de  décembre  1836,  ce  théâtre  représentait 
une  pièce  intitulée  le  Comte  de  Charolais,  |  our 
laquelle  M.  de  Flotow  avait  écrit  plusieurs  mor- 
ceaux de  musique  nouvelle.  «  Parmi  les  mor- 
ceaux que  M.  de  Flotow  a  intercalés  dans  le 
Comte  de  Charolais,  d  sait  à  ce  sujet  la  Gazftte 
musicale,  nous  citerons  avec  de  justes  éloges 
une  valse  fort  originale  et  un  choeur  de  chasse 
d'une  bonne  facture.  »  Quinze  mois  après,  le  11 


février  1837,  M.  de  Flotow  abordait  une  autre 
scène  du  même  genre,  et  le  Vaudeville  donnait 
la  première  repré.«eiitation  de  ta  Ctiampineslé^ 
petit  ouvrage  pour  lequel  it  avait  écrit  un  grand 
air  que  ch  inlait  M""  Albert,  actrice  et  canl.drice 
aimable  qui  avait  appartenu  au  Iheàlre  des  Nou- 
veautés alors  qu'où  y  jouait  l'opei  a-comique.  Le 
livret  de  cette  pièce  estropiait  même  le  nom  de 
compositeur,  et  portail  cette  m  niion  :  Musique 
nouvelle  de  M.  de  Flotteavx.  l'armi  les  ouvra- 
ges écrits  par  M.  de  Flotow  à  l'origme  de  sa 
carrièie,  pour  des  théâtres  de  société,  il  en  faut 
citer  un  qui  a  été  omis  par  la  liiognipliie  uni- 
verselle des  Musiciens  ;  c'^sl  Séra/i/inia,  ou 
Seraphita,  opera-comique  repié.senté  le  30  oc- 
tobre i836,  chez  le  marquis  de  Beliissen,  à  son 
château  de  Rovaumont,  et  dont  le  livret,  i\ù  à 
Fredénc  Soulié,  avait  été  précédemment  publié 
par  cet  écrivain  dans  une  revue  liiteraire. 

Au  suiet  d  un  autre  ouvrage  du  même  genre, 
mais  plus  important,  qui  fut  repié.senté  dans 
une  soirée  particulière  donnée  au  théâtre  Ven- 
taiiour  (3  avril  1840),  au  benelice  des  Polonais 
malheureux,  je  trouve  dans  la  Gaiet  e  musicale 
du  2  avril  les  renseignements  suivants,  qui  ne 
sont  pas  sans  intérêt  :  —  «  On  sait  comment  nos 
dames  de  haut  parage  prennent  patente  de  bou- 
ticpiières  et  de  maichaiides  jiour  venir  au  se- 
couis  de  l'indigence.  La  soirée  de  demain  nous 
offiira  un  speciacle  n^n  mo'ns  làquanl  :  ces 
mômes  dames  se  mettront  acliires,  choristes, 
figurantes  et  habilleuses  de  Ih'  âtre  pour  .soulager 
Une  autre  infortune  non  moins  ropedible  :  c'est 
au  3  avril  qu'est  fixée  la  re|ire>eniation  il'ama- 
teurs  au  benelice  des  Polonais  sans  travail.  On 
sait  que  c'esi  une  partition  de  M.  de  Fotow  qui 
«lefra  ein  ce  te  magnifi  |ue  soirée.  La  Duchesse 
(le  Guise,  tel  est  'e  titre  d  cet  ouvrage,  dont  les 
paro  es  ont  été  arrangées  par  M.  le  comte  de  la 
|j.  (liouillerie),  (l'ai'iès  le  drame  d'//fnn ///de 
iM.  Alexandre  Dumas.  Les  répétitions  rie  cette 
pièce  ont  prouve  que  toutes  nos  illustralions 
chantantes  n'étaient  pas  sur  la  scène,  et  que  nos 
>aloiisla>hiouables  recèlent  îles  trésors  qui  feraient 
envie  a  plus  d'une  admmistration  Iheàtiale  Le 
nom  de  M"*  de  Lagrange  circule  de  bouche  en 
bouche  parmi  tous  le>  initiés.  M*''  de  Lagrange 
oos.sède  les  trois  registres  de  la  voix  féminine  : 
soprano,  viezzosnprano  et  contralto;  elle 
jo  nt  à  une  prodigieuse  flexibilité  un  sentiment 
musical  très-proloud  et  une  mélho  te  exquise. Il 
est  inutile  de  dire  que  M"^  de  Lagrange  remplit 
le  principal  rôle  dans  la  Duchesse  de  Guise. 
Le  rôle  du  duc  est  échu  en  parla:;e  à  M.  Panel. 
M.  Lac,  premier  ténor,  re|)resenle  Saint-Mégnn. 
M.  Lawrence  s'est  chargé  du  rôle  de  l'astrologue 


FLOTOW  —  FODOR 


339 


Ruggieri.  Tous  les  rôles  secondaires,  ainsi  que 
les  chœurs,  ont  été  égalemeni  confiés  à  des  ama- 
teurs, à  des  gens  du  monde.  Les  chœurs  se  coin 
posent  de  110  voix   réparties  delà  manière  sui- 
vante :  30  premiers  sopranos,  20  seconds  so|tia- 
nos,  15  premiers  ténors,  15  deuxièmes  ténors,  30 
basses  tailles.  Les  ciiœ.urs  sont  dirigés  par  M""'  de 
Koniski,  lasœurdes  frères  de  Kontski,  cette  noble 
famiile  d'artistes  qui  fait  les  délices  de  nos  con- 
certs. Le  chef  des  comparses  apparlient  à  la  pie- 
mière  noblesse  de  France,  et  pour  peu  que  vous 
osiez  regarder    atleniivement    l'Iiabillense    du 
théâtre,  vous  reconnaîtrez    M"^"  la  baronne  de 
Malaret.  Il  faut  vous  attendre  à  toutes  ces  sur- 
prises et  à  bien  d'autres  encore  ;  car  vous  n'ou- 
blierez pas  que  la  troupe  a  été   recrutée   par 
M""' la  princesse  Czartoiiska,  et  que  c'est  sous  le 
patronage  de  la  noble  Polonaise  que  notre  fête 
philanihropique  s'est  organisée....  »  1^"=  de  La 
grange,  doni   il  e**t  question  dans  ce  récit,  n'é- 
tait antre  que  M"*  Anna  de  Lagran^e,   qui,  de 
simple  amateur,  devint  par  la  suite  une  artiste 
si  distinguée.  Quant  à   la   Duchesse  de  Guise, 
elle  fil  jouée  l'année  suivante  à  Schwerin,  sur 
le  théâtre  de  la  cour,  à  l'occasion  de  l'anniver- 
saire «le  la  grande-duchesse  de  Mecklenibourg- 
Schwerin. 

Depuis  quelques  années,  M.  de  Flolow  a  mul- 
tiplié ses  prohictions  draimliques,  abordant 
parfois  les  plus  grands  théâtres,  mais  ne  dédai- 
gnant pas,  à  l'occasion,  «le  se  produire  sur  les 
scènes  les  plus  modestes,  et  se  faisant  joii  r 
tour  à  tour  en  Allemagne,  en  France  et  en  Ita- 
lie. Voici  la  liste  de  ses  derniers  ouvrages  : 
1»  Vfiive  Grapin,  opérette  en  un  acte.  Bouffes 
Parisiens,  Il  septemiire  1859; —  2°  Pianella, 
opérette  en  un  acte,  écrite  sur  le  sujet  de  la 
Serva  padtoitn,  \Uek\re  Déjazet,  H   mai  1860; 

—  3"  Un  conte  d'hiver,  opéra.  Vienne,  sep- 
tembre 1862  ;  —  4°  Indra,  opéra  allemand. 
Vienne,  vers  1864;  —  5°  La  Libellule,  ballet, 
Vienne,  8  mars  1866;  —  6°  Zilda.  opéra-co- 
mique, en  2  actes,  Pari-*,  Opéra-Comique, 
28  mai  1866,  ouvrage  qui  n'obtint  aucun  succès; 

—  7"  Tannkœuig,  baliet,  Dirmstalt.  février 
1867;  —  8°  Ani  Bunenstein,  opéra  en  2 
actes,  écrit  en  société  avec  M .  Ri<  bard  Gênée, 
Prague,  13  avril  1868;—  9°  VOnbre,  opera- 
coniique  en  3  actes,  Opéra  Comi(pie.  7  juillet 
1870,  partition  qui  a  été  accueillie  avec  la  plus 
grande  faveur,  à  Pari-*,  dans  toute  la  France  et 
à  l'étranger;  —  10°  Aairfa,  opéra  en  3  actes, 
Milan,  théâtre  Manzoni,  juin  1873  (i-e  dernier 
ouvrage  avait  été  écrit  sur  un  livret  français  de 
Sainl-Oorges  et  M.  LéonHalévy,  et  rtçuaulbéâ 
tre  de  I  Oprra  dès  1854;  j'ignore  cominent  il  se- 
fait  que  la  repi  ésentalion  n'en  eut  pas  lieu  ;  tou- 


jours est-il  que  M.  de  Fiotow  le  fit  traduire  en 
italien  et  représenter  à  Milan);  —  il"  n  pior 
il'Harlem,  opéra  en  3  actes,  Turin,  théâtre 
Vie.tor-Kinnianuel,  18  novembre  1876.  (Cel  opéra 
avait  aussi  été  conçu  en  vue  de  la  scène  fran- 
çaise, et  le  livret  original,  qui  avait  pour  tilre 
la  Tulipe  noire,  en  était  dû  encore  à  de  Saint- 
Georges.)  —  Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  que 
l'opéra  italien  intitulé  Marta,  traduit  en  fran- 
çais et  joué  au  Théâlre-Lyrique  le  18  décembre 
1S65,  obtint  un  succès  éclatant. 

M.  de  Flotovv  a  été  élu,  en  1864,  membre  cor- 
respondant de  l'Institut  de  France. 

FOA  (M'°'=  Eugénie),  écrivain  et  romancier, 
est  auteur  d'un  petit  livre  intitulé  les  Petils 
Musiciens  (Paris,  Janet,  s.  d.  [vers  1840], 
in- 16),  qui  contient  des  notices  biographiques  sur 
Palestrina,  Michel  Lambert ,  Tarlini ,  Jo.seph 
Haydn,  Am.  Naumann  et  Mozart.  Ce  petit  vo- 
lume, destiné  aux  enfinfs,  décrit  surtout  l'en- 
fance de  ces  artistes  célèbres  ;  les  récits  en  sont 
écrits  d'une  main  aimable,  mais  la  prétention  de 
l'auteur  n'a  pas  été  jusqu'à  cherchei  à  être  utile 
d'une  façon  quelconque  à  l'histoire  de  l'art. 

*  FODOR  (Charles).  Dans  son  livre  :  les 
Artistes  musiciens  néerlandais,  M  Edouard 
Gregoir  mentionne  un  assez  grand  nombre  de 
compositions  importantes  et  originales  de  cet 
artiste  qui  n'ont  pas  été  signalées  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens;  ce  sont 
les  suivantes  :  1"  Concerto  pour  clavecin  (Ber- 
lin) ;  2°  Concerto  pour  clavecin,  en  ré;  3°  Con- 
certo pour  clavecin,  en  si  bémol  ;  4°  6  Solos 
pour  clavecn  (Pari>)  ;  5"  6  Sonates  pour  clavecin 
(Oflénbach);  6°  2  Sonates  pour  clavecin  et  violon 
(Amsterdam)  ;  7°  1«  Sonate  pour  violon  et  violon- 
celle (Olfenbach);  8°  Sonate  à  4  mains;  9"  3e 
Sonate  à  4  mains;  10°  Airs  variés  pour  clavecin 
(Offenl)ach)  ;  11"  Symphonie  à  grand  orchestre, 
en  ré  (Amsterdam). 

*  FODOR  (Antoine).  Dans  le  livre  qui  vient 
d'être  cité,  M.  Gregoir  donne  au.ssi  quelques 
renseignements  intéressants  sur  cet  artiste.  An- 
toine Fodor  a  écrit,  paraîlil,  les  paroles  et  la 
musiipie  du  premier  opéra  national  représenté 
en  Hollande;  cet  ouvrage  avait  pour  litre  Numa 
Pompilius.  Comme  compositeur,  il  fut  appelé  à 
faire  jiartie  de  l'Institut  des  Pays  Bas,  et  en 
cette  qualilé  il  rédigea,  avec  Wilms,  tous  les 
rapports  sur  la  musique  qui  furent  lus  à  cette 
compagnie.  Fodor  fut  charj-é,  en  1814.  des  fonc- 
tions de  chef  d'orchestre  au  théâtre  allemand 
d'Amsterdam.  Enfin  c'est  lui  qui,  avec  Jacobsen, 
Wilms,  Mann  et  Baidnecker,  avait  fonde  en  1811 
les  concerfs  du  mardi  à  la  Monnaie. 

*  FODOR   (W"'  Joséphine  MAINVIEL- 


340 


FODOR  —  FOIGNET 


LK-).  On  a  publié  de  cette  grande  artiste  un  opus- 
cule intitulé  t  Réflexions  et  Conseils  sur  fart 
du  chant  (Paris,  Penolin,  1857,  in-S"  de  15  pp  ). 
*  FOGGIA  (Francesco).  Une  erreur  s'est 
glissée  dans  l'article  relatif  à  cet  artiste,  où  se 
trouve  cata'o^ué  en  ces  termes  le  recueil  suivant: 
<c  Messe  e  offei  torii  à  2,  3,  4,  5  voci,  ouvrage 
dédié  à  l'auteur  niéiue  par  Jean-Baptiste  Cuifa- 
bri,  Rome,  1673.  »  Ce  n'est  pas  à  Francesco 
Foggia,  mais  à  Antonio  Foggia,  son  fils,  que  ce 
recueil  est  dédié  par  l'éditeur.  Je  dois  ajouter 
que  des  six  messes  que  l'on  trouve  dans  ce  vo- 
lume, cinq  seulement  sont  de  Francesco,  et  que 
la  première  est  <ie  son  fils  Antonio.  Ce  rensei- 
gnement m'est  fourni  par  M.  le  docteur  Basevi, 
qui  possè  le  cet  ouvrage  rare. 

*  FOIGKET  (Charles-Gabriel)  Cet  artiste, 
intelligent  et  bien  doué,  a  donné  des  preuves 
d'une  activiié  peu  commune.  En  1785,11  était  ce 
qu'on  appelait  alors  professeur  de  goût  dédiant. 
Dès  que  la  liberté  des  tliéàtres  eut  été  reconnue 
par  un  décret  de  la  Convention,  il  s'empressa 
d'en  profiter,  d'abord  en  écrivant  la  musique 
d'un  grand  nombre  de  petits  opéras  pour  les 
théâtres  Ijriques  secondaires  qui  se  fondaient  de 
tous  côtés,  ensuite  en  devenant  lui-même  direc- 
teur de  spectacle. 

Vers  1797,  en  effet,  Foignet  devint  directeur 
du  théâtre  des  Jeunes  Artistes  de  la  rue  de 
Bondy,  auquel  il  imprima  bientiM  une  activité 
sans  égale,  et  dont  il  sut  faire  une  des  scènes 
musicales  les  plus  aimables  et  les  plus  estimées 
de  Paris  dans  un  oriire  inférieur,  sachant  y  at- 
tirer le  public  et  le  retenir  à  l'aide  de  bonnes 
pièces,  d'une  bonne  troupe  et  d'une  sage  admi- 
nistration. Au  bout  de  quelque  temps,  il  s'em- 
para aussi  d'un  théâtre  con^truit  dans  la  rue  du 
Bac  et  connu  précédemment  sous  le  titre  de 
théâtre  des  Vicloires-Nationales,  et  le  géra  con- 
jointement avec  sa  première  entreprise.  Et 
comme  si  ce  n'éldit  encore  assez  pour  lui  de  la 
direction  de  ces  deux  établissements,  il  prit 
bientôt  une  part  dans  celle  du  théâtre  Montan- 
sier,  et  devint  un  des  cinq  administrateurs  as- 
sociés de  ce  théâtre.  Tout  cela  ne  l'empêchait 
pourtant  pas  de  composer  des  opéras,  dont 
quelques  uns  obtenaient  de  véritables  succès. 

Voici  une  liste  de  ses  ouvrages  que  je  crois  à 
peu  prés  complète,  bien  que  beaucoup  de  détails 
me  manquent  à  leur  sujet  :  1°  la  Boiteuse,  un 
acte  (en  société  avec  Simon,  musicien  absolu- 
ment inconnu),  th.  Montansier,  17  octobre  1791  ; 
2°  le  Roi  et  le  Pèlerin,  3  actes,  th.  Montan- 
gier,  2  juin  1792  (réduit  plus  tard  en  2  actes, 
sous  ce  titre  :  la  Gageure  du  Pèlerin);  3°  le 
Mont  Alphéa,  ou  le  Français  Jalabite,  3  ac- 


tes, th.  Montansier,  décembre  1792;  4*  Michel 
Cervantes,  3  actes,  th.  des  Amis  de  la  Patrie, 
24  décembre  1793;  5"  la  Femme  qui  sait  se 
taire,  un  acte,  th.  National,  30  décembre  1793; 
6°  VApoihicaire,  2  actes  (en  société  avec  Si- 
mon), th.  Montansier,  1793;  7"  le  Projet  de 
fortune,  un  acte,  th.  delà  Cité,  1793;  8"  les 
Petits  Montagnards,  3  actes,  th.  de  la  Cité,  17 
janvier  1794;  9"  la  Discipline  républicaine,  un 
acte,  th.  Favart,  20  avril  1794  ;  10"  le  Plan 
d'opéra,  th.  de  la  Cité,  28  octobre  1794  ;  11"  /e 
Franc  Marin,  ou  la  Gageure  indiscrète,  ï 
actes,  th.  des  Amis  de  la  Patrie,  3  décembre 
1795;  12°  le  Gascon  tel  qu'il  est,  3  actes,  th. 
Montansier,  10  juillet  1797,  13°  les  Brouille- 
ries,  un  acte,  th.  Montansier,  14  janvier  1798; 
14° /es  Prisonniers  français  en  Angleterre, 
2  actes,  th.  Montansier,  8  avril  1798;  15°  l'O- 
rage, un  acte,  th.  Montansier,  9  juin  1798; 
16°  V Antipathie,  un  acte,  th.  Montansier,  II 
décembre  1798  ;  17°  les  Jugements  précipités, 
un  acte,  th.  Montansier,  25  mars  1799  ;  \%°  Jac- 
ques lUgaud,  un  acte,  Ih.  Montansier,  13  juillet 
1800;  19°  le  Duel  de  Bambin,  th.  Montansier, 
1800;  20°  Raymond  de  Toulouse,  ou  le  Retour 
de  la  Terre-Sainte,  3  actes  (en  société  avec 
son  fils  François),  th.  des  Jeunes-Aitistes,  15 
septembre  1802;  21°  et  22o  Èéléaa,  te  Cri  de 
la  Vengeance,  deux  ouvrages  dont  je  ne  connais 
ni  la  date  ni  le  lieu  de  représentation. 

Foignet  abandonna  en  1807,  probablement  à 
ré|)oque  de  l'ouverture  de  la  salle  du  boulevard 
Montmartre  ,  la  part  de  direction  qu'il  avait  au 
théâtre  Montansier  (où  l'un  de  ses  associés  était 
le  Simon  qui  collabora  avec  lui  pour  deux  des 
ouvrages  cités  ci-dessus).  \  la  même  époque, 
le  décret  restrictif  de  1807,  qui  su|>primait  à 
Paris  une  ilouzaiiie  de  théâtres,  lui  enlevait  la 
direction  de  ceux  des  Jeunes-Artistes  et  des  Vic- 
toires-Nationales ,  compris  dans  la  proscription. 
Je  ne  sais  ce  que  lit  alors  Foignet  ;  je  signalerai 
seulement  trois  ouvrages ,  pantomimes  on  mélo- 
drames ,  représentes  peu  après  sur  des  lliéâtres 
du  boulevard,  et  dont  il  écrivit  la  musique  : 
Walther  le  Cruel  (conjointement  avec  La- 
nusse) ,  Gaîlé  ,  1809  ;  la  Fille  mendiante ,  Am- 
bigu, 1809;  Stanislas  Leczinski  ou  le  Siège  de 
Dantzick,  Gaîié,  1811.  A  partir  de  ce  moment, 
je  ne  vois  plus  de  traces  de  Foignet. 

Je  ferai  remarquer  que  deux  opéras-comiques 
mis  par  Fétis  sur  le  compte  de  ce  compositeur  ne 
sont  pas  de  lui  :  l'un,  les  deux  Charbonniers, 
est  du  Cousin-Jacques  ;  l'autre,  les  Sabotiers, 
est  de  Bruni. 

Foignet  a  fait  paraître,  vers  1780,  un  recueil 
ainsi  intitulé  :  Les  Plaisirs  de  la  Société,  re- 


POIGNET  —  FOLIO 


341 


cueil  d'ariettes  choisies  des  meilleurs  opéras , 
opéras-comii)ues  et  autres ,  arrangées  pour  le 
forte  piano  ou  le  clavecin  ,  avec  un  accompagne- 
ment de  violon  ad  libitum  (  Paris,  chez  M'°"  Le- 
menn  et  Buyer  )  (1). 

*  FOIGIN'ET  (François),  fils  du  précédent, 
fut  un  des  acteurs  les  plus  aimés  du  petit  théâtre 
des  Jeunes- Arlistes ,  dont  son  père  était  le  di- 
recteur. Il  passait  pour  être  l'associé  de  celui-ci, 
et  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  que  la  direction 
Poignet,  iiabile,  active  et  intelligente,  fit  de 
cette  scène  secondaire  un  théâtre  musical  très- 
aimé  du  public  et  largement  ouvert  aux  jeunes 
compositeurs.  On  appelait  les  Jeunes-Artistes 
«  le  théâtre  lyrique  du  boulevard,  »  et  Poignet 
fils,  particulièrement,  y  obtenait  de  véritables 
succès  comme  acteur,  comme  chanteur  et  comme 
compositeur  ;  il  jouait  les  Arlequins  avec  beau- 
coup de  grâce  et  de  légèreté ,  et  la  musique 
qu'il  écrivit  pour  un  certain  nombre  de  pièces 
était  très-bien  accueillie.  Voici  les  titres  de  celles 
qui  sont  venues  à  ma  connaissance  :  1°  la  Noce 
de  £î/ce/^e_, opéra-comique  en  un  acte,  th.  Mon- 
tansier,  4  janvier  1799;  2"  le  Gondolier,  ou  la 
Soirée  vénitienne,  opéra-comique  en  un  acte, 
th.  Montansier,  6  mai  1800;  3°  le  Chat  botté, 
ou  les  24  heures  d''Àrlequin,  féerie  en  4  actes, 
Jeunes  Artistes,  19  mars  1802;  4°  le  Retour 
inattendu  ,  ou  le  Mari  revenant ,  opéra-comi- 
que en  un  acte,  ib.,  9  mai  1802;  5°  Raymond 
de  Toulouse ,  ou  le  Retour  de  la  Terre  sainte, 
opéra  en  3  actes  (en  société  avec  son  père  ) ,  ib., 
15  septembre  1802;  6°  Riquet  à  ta  houppe, 
opéra-féerie  en  3  actes,  ib.,  12  décembre 
1802  ;  7°  la  Naissance  d'Arlequin ,  ou  Arlequin 
dans  2in  cruf,  opéra-féerie  en  h  actes,  ib., 
15  juillet  1803  (ouvrage  qui  obtint  un  énorme 
succès  et  qui  eut  plus  de  cent  représentations); 
8'  Arleqtùn  à  Maroc,  ou  la  Pyramide  en- 
chantée, opéra- féerie  en  3  actes,  ib.,  29  juil- 
let 1804;  9°  l'Oiseau  bleu,  opéra-féerie. 

François  Foignet  doit  être  né  avant  1783,  et 
je  pense  que  c'est  à  fort  que  cette  date  a  été  at- 
tribuée à  sa  naissance ,  car  il  aurait  eu  à  peine 
seize  ans  lors  de  la  représentation  de  son  pre- 
mier ouvrage  au  théâtre  Montansier,  ce  qui  me 


(i)  Cette  publication  fut  continuée,  et  le  Mercure  de 
mai  i'S3,  en  annonçant  le  3*'  V.ecne\\àe9,  Plaisirs  de  la 
Société,  ajoutait  :  —  «  Ce  recueil  sera  suivi  de  plusieurs 
autres.  Les  personnes  qui  ne  sont  pas  fiirtes  sur  le  p'ano 
y  trouveront  une  grande  facilité  pour  s'accompajiner.  Il 
n'y  a  que  deux  lignes,  celle  du  chant  et  celle  de  la  basse. 
tes  notes  du  ctinnl  sont  plus  grosses  pour  les  distiniuer 
de  celli-s  de  l'acccimpagnement,  donl  on  peut  se  passer  si 
Ion  veut,  la  basse  étant  assez.  trav:il!ée  pour  y  suppléer. 
Il  y  a  dansée  iravail  deux  airs  de  l'éditeur  fort  Jolis  et 
d'un  choix  de  paroles  agréables.  » 


semble  difficile  à  admettre.  Néanmoins,  lorsque 
le  décret  impérial  de  1807  vint  limiter  le  nombre 
des  théâtres  à  Paris  et  faire  fermer,  avec  tant 
d'autres,  celui  des  Jeunes-Artistes,  Foignet  dut 
chercher  ailleurs  remploi  de  ses  talents.  [1  lui 
fallut  aller  en  province,  où  il  s'engagea  pour 
chanter  les  barytons  et  jouer  les  Martin,  les 
Laïs  et  les  Solié ,  comme  on  disait  alors.  En 
1818,  il  est  en  Belgique,  et  fait  partie  de  la 
troupe  de  Liège;  l'année  suivante,  il  est  sans 
doute  à  Bruges,  car  il  écrit  pour  le  théâtre  de 
cette  ville  la  musique  d'une  scène  tragi-lyrique  : 
l'Heure  du  supplice  ou  les  Remords  ducrime, 
qui  est  représentée  le  5  février  1819;  en  1822, 
on  le  trouve  au  grand  théâtre  de  Marseille,  en 
1824  à  Nantes  ,  où  sa  femme  joue  les  mères  Du- 
gazons,  en  1826  à  Lille,  puis  su(cessivement  à 
Montpellier,  à  Gand  ,  à  Tournay  et  dans  d'autres 
villes.  Enfin,  en  1845  il  est  à. Strasbourg,  où  il 
meurt  le  22  juillet  de  cette  année.  Sa  mort  était 
ainsi  enregistrée  par  l'Annuaire  dramatique  belge  : 
«  Foignet  aûié,  artiste  dramatique  de  talent  et 
de  réputation ,  meurt  de  misère  à  l'hôpital  (  de 
Strasbourg),  par  suite  de  son  imprévoyante 
conduite.  »  C'est  ainsi  que  disparut  un  artiste 
bien  doué ,  et  qui ,  mieux  servi  par  les  circons- 
tances, aurait  peut-être  acquis  une  renommée 
durable. 

FOLEGGIATI  (Ercole),  est  auteur  d'un 
écrit  récemment  publié  .sous  ce  titre  :  Il  Vio- 
lino  esposto  geometricamenie  nella  sua  cos- 
truzione  (en  deux  parties),  Bologne,  1873- 
1874. 

_J  FOLIO  ou  FOLIOT  (Edme).  Une  erreur 
typographique  s'est  évidemment  glis.sée,  au  sujet 
delà  date  de  sa  mort,  dans  le  petit  article  con- 
sacré à  cet  artiste  |iar  la  Biographie  uniierselle 
des  Musiciens.  Folio  a  dû  mourir  bien  avant 
1777  ,  puisqu'il  vivait  sous  Louis  XIV.  J'ai  re- 
trouvé dans  le  livre  de  Daquin  -.  Siècle  littéraire 
de  Louis  XV,  les  lignes  suivantes  relatives  à  ce 
musicien  :  —  «  Folio,  fort  connu  à  la  cour  sous 
Louis  XIV ,  mais  dont  le  caractère  singulier  a 
étouffé  pour  ainsi  dire  la  réputation,  a  brillé  un 
temps  dans  Paris,  surtout  dans  les  musiques 
que  faisoient  alors  les  Pères  Jésuites  dans  leur 
maison  professe.  Tout  le  monde  y  accouroit ,  et 
trouvoit  admirables  ces  mêmes  motels,  ignorés 
totalement  à  présent ,  et  qui  sont  tombés  par  hé- 
ritage à  des  gens  qui  par  état  n'y  connoissent 
rien.  Il  y  a  lien  de  penser  que  les  ouvrages  de 
Folio  sont  prdus,  ou  vendus  à  vil  prix  -.  suite 
fânheuse  de  son  indolence.  Il  a  été  pendant 
quelques  années  maître  de  musiijue  de  Saint- 
Paul,  el  il  est  le  seul  dont  cette  grande  paroisse 
puisse  se  faire  honneur.  »  Ces  renseignements 


342 


FOLIO  —  FORESTIER 


donnent  à  penser  que  Folio  était  un  artiste  dis- 
tingué. 

FOLZ  (  Michel)  ,  flûtiste  et  compositeur  pour 
son  instrument,  e!>t  né  à  >'apips,  de  parents 
italiens,  le  lejuiilel  1820.  Élève  de  son  père , 
également  flrttiste  ,  il  débuta  en  public  encore 
enfant,  et  à  l'âge  de  huit  ans  il  avait  déjà  donné 
deux-cents  concerts  dans  les  principales  villes 
d'Italie.  A  dix  ans,  il  élait  engagé  dans  Torches 
tre  du  llieâlre  du  Fondo,  de  Nazies;  à  dix-sept 
ans  il  vint  à  Paris ,  et  fut  reçu  au  concours  comme 
première  flûte  au  Gymnase  music;'l  du  boule- 
vard Bonne-Nouvelle,  dirigi^  par  M.  Tilmant. 
Protégé  par  Rossini ,  il  parcourut  l'Angleter  re  et 
d'autres  pays  avec  grand  succès.  Il  a  publié 
pour  1h  flûte  :  Air  varié  sur  Costa  Diva,  de 
Norma;  Fantaisie  sur  le  même  opéra;  6  exer- 
cices artistiques;  Pot-pourri  valaque,  Variations 
sur  la  prière  de  Moïse  ;  le  Caruaval  de  Venise  ; 
le  Carnaval  de  Naples ,  variations  brillantes 
sur  un  air  nupolitain;  Fantaisie  sur  Sarnfi,  de 
Grisar;  Fantaisie  sur  une  chanson  bretonne,  etc., 
etc.  J.  D.  F. 

FOXCLAUSE  (JosEi'H),  dit  le  Matjeu.r , 
fut  im  tiès-iiabile  fabricant  d'archets.  Né  en  1800 
à  la  Conté,  il  fit  son  apprentissage  à  Mirecourt, 
chez  Pajot,  vint  à  Paris  vers  1825,  entra  chez 
J.-B.  Vuillaume ,  et  devint  rapidement  un  des 
ouvriers  les  plus  distingués  dans  la  f;icture  des 
archets.  Il  s'établit  plus  tard  à  son  compte,  et 
mourut  à  Paris,  après  une  longue  carrière,  en 
1865  Fonclause  marquait  habituellement  ses 
produits  de  son  nom. 

FONSCOLOMBE  (F -E ,  baron 

de),  amateur  distingué  de  musique,  né  vers 
1810,  s'est  livré  pemlant  longtemps  à  la  com- 
position ,  a  fait  exécuter  à  Marseille  et  à  Ai\  des 
motets  et  plusieurs  messes ,  et  a  fait  représen- 
ter dans  la  première  de  ces  deux  villes  un  opéra- 
comiiiue  inlitidé  le  Prisonnier  de  Crimée.  M.  de 
Fonscolomhe,  qui  est  mort  à  Aix  le  21  mars 
1875,  avait  écrit  aussi  des  romances  et  mélodies 
vocales,  la  Danse  des  morts,  le  Forban,  etc., 
et  une  série  de  six  Motets  religieux  avec  ac- 
compagnement de  piano  ou  d'barmonium  {\,  Ave 
Marin;  2,  Ave  verum  ;  3,  Litanies  en  fa;  4, 
Litanies  en  si  bémol;  5,  Litanies  en  ut;  6,  0 
salularis  hoslia  ) ,  qui  ont  été  publiés  chez  l'é- 
diteur M.  Gérard.  Il  a  laissé  une  traduction  fran- 
çaise des  Memorie  storico-critiche  de  l'abbé 
Baini  sur  Palestrina  ,  ainsi  qu'une  édition  criti- 
que du  Miserere  de  Carissimi,  ouvrages  que  sa 
famille,  dit-on,  se  propose  de  publier. 

FOIXT  ( ),  compositeur  espagnol  con- 
temporain, a  fait  représenter  à  Madrid  ,  en  1876, 
une  zarzuela  en  un  acte  intitulée  Apuras  de 


una  patrona.   Je  n'ai  pas  d'autres  renseigne- 
ments sur  cet  artiste. 

*  FOi\TA.Il\E    (ANT0INE-NrC0L\S-V1,\RIB)   , 

est  mort  à  Saint-Clond  au  mois  d'avril  1866. 

*  FOKTAM  A  (  Ur.vnio).  Fixé  à  Paris  depuis 
plusieurs  ani'ées,  cet  artiste,  qui  est  né  à  Isco 
au  mois  de  novembre  1815,  fut  nommé  profes- 
seur de  chant  au  Conservatoire  le  l'"^  novembre 
1856.  Il  se  démit  de  ces  fonctions  en  1865. 

FO\TA.\ELLI  (GiAM-JosEFo),  luthier 
italien,  vivnil  à  Bologne  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  On  trouve  au  Musée  ins- 
trumentai ilu  Conservatoire  de  musique  de  Pa- 
ris, sous  les  n°"  160  et  161  du  catalogue,  deux 
mandolines  de  cet  artiste,  datées  de  1771  et  1772. 

*  FO\TEAELLE(i\I  GRA\GES  DE). 
Médéeet  Jason,  opéra  en  3  actes  de  ce  comi)osi- 
teur,  indiqué  par  erreur  comme  n'ayant  pas  été 
joué  .  a  été  représenté  à  l'Opéra  le  10  août  1813. 
Fontenelle  a  donné  encore  à  ce  tliéâlre  un  ou- 
vrage en  un  acte,  la  Montagne,  ou  la  Fonda- 
tion du  temple  de  la  Liberté  (25  octobre  1793), 
qui  fut  son  début  au  théâlre. 

*  FOI\TI\ll<:HEL   (  HlI'POI.YTE-HONORÉ-JO- 

SEPu  COURT  DE),PStnéle5  mai  1799.  Après 
avoir  obtenu  à  l'Institut,  en  1822,  le  second 
grand  prix  décomposition  musicale,  il  alla  visi- 
ter l'Italie  à  ses  frais,  et  fit  représenter  en  ce 
pays  deux  opéras  :  à  Gênes,  Amedeoil  Grande, 
et  à  Livourne,  /  due  Forza/i.  Après  l'écliec  du 
Chevalier  de  Conolle,  ouvrage  donné  par  lui 
à  ropéra-Comique ,  cet  artiste ,  que  sa  po.silion 
de  fortune  rendait  indépendant ,  alla  se  fixer  à 
Grasse,  où  il  s'occupa  de  travaux  agricoles.  Il 
a  pourtant  encore  écrit  la  musique  des  chceurs 
des  Amalécites,  de  Chateaubriand,  et  celle  d'un 
opéra  italien  en  cinq  actes,  .4/«ie^o,  qui  n'a  pas 
été  représenté.  J'ignore  si  M.  de  Fonlmichel  est 
encore  vivant. 

*  FORESTIER  (Joseph).  Cet  artiste  dis- 
tingué a  publié  il  y  a  quelques  années  un  ouvrage 
fort  utile,  qui  a  paru  sous  le  litre  suivant  :  Mo- 
nographie des  instruments  à  six  pistons  et 
tubvs  indépe  danis,  études  pratiques  et  théO' 
riqurs  pour  le  nouveau  système  de  M.  Adol- 
phe Sax  (Paris,  Sax,  s.  d.,in  8°).  M.  Forestier 
a  occupé  longtem|is  l'emploi  de  premier  cornet  à 
postons  à  l'orcliestre  de  l'Opéra,  il  a  été  profes- 
seur de  cet  instrument  au  Conservatoire  et  chef 
de  musique  d'une  des  subdivisions  de  la  garde 
nationale  de  Paris. 

l'n  frère  de  cet  artiste,  7.  M.  Forestier,  s'est 
fait  remarquer  par  son  talent  sur  la  flûte.  An- 
cien élève  de  Tuh>u  au  Conservatoire,  il  avait 
remporté  un  premier  pix  en  1835,  et  plus  tard 
était  devenu  flûte-solo  au  Théâtre-Italien  et  chef 


FORESTIER  —  FORQUERAY 


343 


de  musique  de  la  5*  subdivision  de  la  garde  na- 
tionale. C'est  pendant  une  r<^p»^tilion  qu'il  faisait 
faire  à  son  corps  de  musique  nu'ii  mourut  snl)i- 
ternenl  à  Pari>,  le  18  décembre  1867  ,  à  l'âge  de 
cinquante  quatre  ans. 

FORGIJES  (V[CTOR-EspRiT-ÉMir.E),  pianiste 
et  compositeur,  ne  à  Paris  le  26  septemhre  1823, 
a  fait  son  éducation  musicale  au  Conservatoire 
de  celte  ville,  où  il  fut  admis  le  9  novemiire 
1835,  et  où  il  devint  successivement  élève  de 
Goblin  pour  le  solfège,  de  Lauient  et  de  Zim- 
mermann  pour  le  piano ,  et  de  Leborne  pour  le 
conliepoint  et  la  fugue.  Après  avoir  obtenu  un 
accessit  de  solfège  en  1836,  M.  Forgues  se  vit 
décemer  le  second  prix  de  piano  en  1839,  et  le 
premier  l'année  suivante.  Depui-;  lors,  cet  ar- 
tiste s'est  produit  comme  virtuose ,  et  a  olilenu 
de  véritables  succès,  à  Paris  et  à  l'étranger, 
grâce  à  la  distinction  et  à  la  facilité  de  son  jeu. 
M.  Forgues  s'est  fait  connaître  aussi  comme  com- 
positeur; on  a  de  lui  un  assez  grand  nombre  de 
morceaux  de  genre  :  Ballade,  Sérénade,  Mou- 
vement perpétuel.  Tarentelle  de  concert, 
Souvenirs  et  Regrets,  pensée  élégia(|ue, /l/o/'- 
che  funèbre,  M  arche  des  ombres,  le  Trémolo, 
Scherzo  en  sixtes ,  Solo  de  concert ,  Romance 
dramatique ,  Canzonetlu,  etc.,  et  un  recueil 
de  12  Études  intitulées  les  Pathétiques  {  Paris , 
Flavland). 

FORKAS(EDMONn),  musicien  contemporain, 
est  l'aulenr  d'un  opéra  intitulé  la  Bnyudère, 
quia  été  représenté  à  Pesthan  moisd'aoùt  1h76. 

FOR.VIAGLIO  (LuiGi),  compositeur  .)ra- 
matique  italien,  est  l'auteur  des  deux  ouvrages 
suivants  :  Brenno  ail'  Assedio  di  Chiiisi ,  re- 
présenté au  théâtre  San-Benedelto ,  de  Venise, 
eu  1852;  et  G«mo«fl'a  rfijyenrfr/.vio,  drame  ly- 
rique en  3  actes,  donné  au  théâtre  Apollo,  de  la 
même  ville,  en  1854. 

FOR.VIICHI  (PiETRO), pianiste  et  composi- 
teur italien  ,  né  à  Sinalnnga  le  7  juin  1829  ,  a  pu- 
blié une  centaine  environ  de  morceaux  légers 
pour  le  piano,  parmi  lesquels  on  rencontre  une 
assez  grande  quantité  de  transcriptions  et  de 
fantaisies  écrites  sur  des  airs  populaires  et  des 
thèmes  d'o|)éras  célèbres. 

FORNARI  (ViNCENzo),  chef  d'orchestre  et 
compositeur,  né  à  Naples  le  11  mai  1848,  fut 
élève  de  M .  Luigi  Sii  i  pour  le  piano  et  de  !M.  Bat- 
tista  ponr  la  composition.  Cet  artiste  s'est  fait 
connaître  par  une  messe  exécutée  à  Naples,  et 
par  un  opéra  sérieux.  Maria  di  Torre ,  repré- 
senté avecsurcès,  en  1871  ou  1872,  au  théâtre 
Philharmonique  de  cette  ville.  On  lui  doit  aussi 
quelques  compositions  de  moindre  importance. 
—  Le  frère  aîné  de  cet  artiste ,  M.  Ferdinando 


■  Fornnri,  né  à  Naples  le  18  juillet  1835,  élève  de 
M.  Busti  pourléchant,  de  M.  Battista  pour  le 
piano,  débuta  en  1856,  dansl'emploides  barytons, 
au  théâtre  San-Ferdinando  de  sa  ville  natale,  et 
parut  ensuite  sur  plusieurs  autres  scènes.  Les 
ciiconstances  l'obligèrent  plus  tard  à  aliandonner 
la  carrière  dramaJque  et  a  se  livrer  à  l'ensei- 
gnement. 

*  FORIVASîNI  (Nicola),  compositeur  dra- 
matique, naquit  à  Bari  le  l7  aotU  1803.  Admis 
dès  l'âge  «le  douze  ans  au  Consetvatoire  île  Na- 
ples, il  y  devint  l'élève  de  Furno,  de  Tritloet 
de  Zingarelli,  et  en  1822,  à  peine  âgé  de  dix- 
neuf  ans,  il  faisait  représenter  sui  le  petit  théâtre 
du  Conservatoiie  ime  opérette  intitulée  il 
Marnin.  Il  écrivit  ensuite  plusieuis  composi- 
tions religieuses,  messes,  vêpres.  Te  Deum , 
litanies,  puis,  ayant  terrru'né  ses  études,  il  fut 
nommé  chef  de  musique  d'abord  au  i""  régiment 
suisse,  ensuite  au  2"  'égiraent  de  grenadiers  de 
la  garde  royale.  Cela  ne  l'empêcha  pas  de  faire 
représenter  quelques  ouvrages  dramatiques  : 
O/i  ■'  quanle  imposture,  opéra  bouffe  en  2  actes 
(Naples,  th.  Nuovo,  1829  ;  un  Matrimonio 
per  medicina  (ib.,  ib.,  i829);  VAvvocato  in 
angustie,  farce  en  un  acte  (ili.,  ib.,  1831  );  la 
Fedova  scaltra ,  2  actes  (ib.,  ib.,  1831);  Ro- 
berlo  diCostanzo  (M.,  th  San-Carlo,  1839). 
Nomme,  quelques  années  plus  tard,  directeur 
de  toutes  les  musiques  et  fanfares  de  l'armée 
royale,  puis  inspee.ieur  des  cla.sses  il'instruments 
à  vent  au  Conservatoire,  Fornasini ,  qui  n'était 
pourtant  qu'im  artiste  médiocre  et  pourvu  d'une 
éducation  incomplète,  fut  chargé  d'écrire  une 
énorme  quant'té  de  musique  pour  les  orchestres 
militaires,  en  même  temps  qu'il  comi  osait, 
avec  une  déploralile  facilité,  non  seulement  les 
partitions  de  plusieurs  ballets  leprésentés  au 
théâtre  San  Carlo  :  Caterina  Cornaro,  gli  Spa- 
gnuoli  in  Africa,  Margherita  Pusferle,  UE- 
roe  cinese ,  mais  encore  de  nombreuses  mélo- 
dies vocales  et  beaucoup  d'œnvres  de  musique 
religieuse.  Musicien  sans  savoir,  sans  goût  et 
sans  imagination,  cet  artiste  possédait,  dit-on  , 
d'excellentes  qualités  comme  professeur.  Il  mou- 
rut à  N^iples  ,  le  24  juin  1861 . 

*  FORQUERAY  (Antoine).  Le  talent  de 
ce  virtuose  ,  célèbre  sur  la  basse  de  viole,  a  été 
ainsi  appréciée  par  Daquin  (Siècle  littéraire  de 
Louis  XV  ),  lequel  nousapprend  en  même  temps 
que  Forqueray  était  compositeur  :  «  On  peut 
dire  que  personne  n'a  surpassé  Marais  :  un  seul 
homme  l'a  égalé,  c'est  le  fameux  Forqueray.  Il 
n'a  point  été  l'écolier  de  Marais,  comme  le  bruit 
en  a  couru,  il  n'a  jamais  eu  de  maître  (jue  sou 
génie.  En  effet ,  que  son  père  aurait-il   pu  lui 


344 


FORQUERAY  —  FORSTER 


apprendre  ?  C'étoit  un  homme  médiocre.  For- 
queray  parut  dans  le  monde  au  moment  que  les 
Italiens  excitèrent  en  France  une  émulation  éton- 
nanle  vers  Tannée  1698.  Il  tenta  de  faire  sur  sa 
viole  tout  ce  qu'ils  faisoient  sur  leur  violon ,  et  il 
vint  à  bout  de  son  entreprise.  Les  cordes  singu- 
lières et  les  traits  les  plus  frappants  des  bons  au- 
teurs d'Italie  lui  étoient  tellement  familiers,  que 
dans  toutes  ses  pièces  on  trouve  un  certain  sel, 
qui  n'assaisonne  point  celles  de  Marais  même  les 
plus  travaillées  :  celui  ci  s'en  tehoit  aux  grâces 
naturelles,  Forqueray  en  avoit  de  plus  reclier- 
cbées ,  mais  son  art  ne  gàtoit  jamais  la  belle 
nature.  » 

*  FORQUERAY  (Jean-Baptiste-Antoine), 
fils  du  précédent.  Daquin  ,  dans  le  même  ou- 
vrage ,  parle  aussi  de  cet  artiste,  en  rappelant  le 
souvenir  de  son  père  :  «  NouS;  possédons  à 
présent  le  fils  de  ce  grand  maître,  il  a  tons  les 
talens  de  son  père  :  à  la  plus  grande  exécution 
il  joint  les  grâces  les  plus  aimables.  Les  pièces 
les  plus  difficiles  ne  lui  coulent  aucune  peine,  il 
les  joue  avec  cette  aisance  qui  caractérise  le  grand 
homme  :  tout  devient  sous  ses  doigts  un  chef- 
d'œuvre  de  délicatesse  et  d'élégance,  et  quoique 
la  viole  ait  perdu  de  ses  droits,  elle  retrouve  avec 
lui  ses  anciens  admirateurs.  Is'otre  nation  assez 
changeante  est  toujo^irs  avide  de  semblables  pro- 
diges. M.  Forqueray  a,  si  j'ose  parler  ainsi,  des 
phrases  music:iles  d'un  nouveau  tour,  et  dont  il 
sait  toute  la  valeur.  Entre  ses  mains  elles  ont 
l'art  de  plaire,  parce  qu'il  en  fait  usage  avec 
goiU  et  sans  affectation.  » 

FORQUER.W  (  XicoL\s-GiLLEs;,  membre 
jusqu'ici  inconnu  delà  famille  des  musiciens  de  ce 
nom  ,  naquit  à  Chaumes  en  1702.  L'existence  de 
cet  artiste  m'a  été  révélée  par  l'écrit  si  subs- 
tantiel,  malgré  son  peu  d'étendue,  de  M.  Th. 
Lliuillier  {Voy.  ce  nom).  Noie  sur  quelques  vni 
sicicHS  dans  la  Brie ,  et  je  ne  crois  pouvoir 
mieux  faire  que  de  rcpioduire  textuellement  la 
notice  que  lui  consacre  cet  écrivain  -.  «  Nicolas- 
Gilles  Forqueray  était  Ids  d'un  aubergiste  de 
Chaumes,  qui  tenait  l'hôtellerie  de  la  Pomme 
de  Pin.  A  25  ans ,  il  se  recommandait  par  son 
talent  et  obtenait  un  emploi  modeste  dans  la  mu- 
sique  du  roi,  grâce  à  la  protection  de  M.  Louis- 
Augu.ste  Le  Tonnelier  de  Breleiiil ,  qui,  à  la  di- 
gnité d'évêque  de  Rennes  et  d'abbé  commenda- 
taire  de  Chaumes,  réunissait  le  titre  de  grand- 
maître  de  la  chapelle  et  musique  de  Louis  XV. 
Forqueray  remplaça  plus  tard  l'un  des  Couperin 
à  l'église  Sl-Séverin  (1757)  ;  il  fut  encore,  mal- 
gré sa  mauvaise  santé  ,  organiste  de  Saint-Méry, 
des  Saints  Innocents  et  de  Saint-Laurent.  Ni- 
colas Séjan ,  qui ,  à  treize  ans ,  en  1758  ,  accom- 


pagnait un  Te  Deum  à  Saint-Méry,  et  obtenait 
au  concours  l'orgue  de  cette  église  en  1760, 
était  élève  de  F"orqueray.  Ce  maître,  affaibli  par 
des  pratiques  austères  ,  accablé  par  la  fatigue  et 
la  maladie,  était  venu  chercher  un  repos  salu- 
taire dans  son  village  natal  lorsqu'il  y  mourut  le 
22  octobre  1761.  Les  registres  paroissiaux  de 
Chaumes  fournissent  son  acte  de  baptême  et  ce- 
lui de  son  inhumation;  nous  citerons  seulement 
le  second  :  «  L'an  1761  ,  le  23  octobre,  a  été 
«  par  nous,  prêtre  vicaire  soussigné,  mhumé 
«  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  le  corps  de 
«  sieur  Nicolas- Gilles  Forqueray,  organiste  de 
«  Saiut-Séverin  de  Paris,  décédé  hier,  âgé  de 
"  59  ans,  époux  d'Elisabeth  Segeanl  (I).  Ladite 
"  inhumation  fdile  en  présence  de  .Michel  Vin- 
»  cent,  de  Paul  Luce,  de  Jean  Bonnard,  d'É- 
«  tienne  Vincent ,  ses  neveux  ;  Pierre  Forqueray. 
«  sieur  Louis  Grossier,  ses  cousins  ;  de  M'^'^Jean- 
«  Baptiste  Deslon,  curé  d'Aubepierre  ;  de  P"^® 
«  Pelletier,  desservant  de  Beauvoir  ;  de  sieur 
«  Rochette ,  vie.  d'Ozouer-le-Voulgis  ,  et  autres 
«  soussignés.  » 

Le  père  de  Nicolas-Gilles  Forqueray,  auber- 
giste à  Chaumes  ,  était-il  frère  ou  cousin  d'An- 
toine Forqueray  ?  Cela  me  paraît  probable.  En 
tout  cas,  il  me  parait  bien  évident  que  l'artiste 
dont  il  est  ici  question  appartenait  à  la  même 
famille  que  les  précédents,  d'autant  que  pour  le 
distinguer  on  l'appelait  Forqueraij  le  jeune. 
Voici,  au  point  de  vue  de  son  talent,  ce  qu'en  di- 
sait Daquin  dans  l'ouvrage  cité  ci-dessus  -.  — 
«  M.  Forqueray  conserve  encore  le  beau  toucher 
et  les  grâces  qui  lui  ont  attiré  taut  d'applaudis- 
semens  dans  sa  jeunesse.  » 

FORSTER  (William),  né  en  1713àBramp- 
ton,dansle  Cumberland  ,  fut  le  chef  d'une  fa- 
mille de  luthiers  dont  les  produits  sont  très  ap- 
préciés en  Angleterre.  Exerçant  dans  sa  ville 
natale  le  métier  de  fabricant  de  rouets  ,  il  occu- 
pait les  quelques  loisirs  qu'il  avait  à  réparer  les 
violons  on  d'autres  instruments  qu'on  lui  confiait, 
et  c'est  ainsi  que  commencèrent  en  ce  genre  les 
travaux  de  cette  nombreuse  famille  de  luthiers. 

FORSTER  (William),  fils  du  précédent,  né 
en  1739,  exerça  la  même  profession  que  son 
père ,  et  l'aidait  aussi  dans  ses  réparations 
d'instruments.  Il  joi;:nait  même  à  ces  deux  mé- 
tiers, assez  étrangers  l'un  à  l'autre,  celui  de 
ménétrier  dans  les  fêtes  du  village.  S'étant  rendu 
à  Londres  en  1759,  il  laissa  bieniôt  de  côté  les 
rouets  pour  se  livrer  exclusivement  à  la  luthe- 
rie. Il  s'établit  peu  de  temps  après,  et  s'acquit 
rapidement  une  bonne  réputation  parmi  les  ama- 

(t)  Tante  de  Nicolas  Séjan,  dont  le  nom  est  mal  ortho- 
graphié. 


FORSTER  —  FOUQUE 


345 


leurs  pour  ses  imitations  de  Slainer,  maître 
très  en  faveur  à  cette  époque.  Ce  n'est  qu'en 
1770  qu'il  commença  à  copier  Amati ,  ce  qu'il 
fit,  dit-on,  avec  un  rare  bonheur.  Le  fameux 
violoncelliste  Robert  Lindley  ne  voulait  jouer 
que  ses  instruments,  ce  qui  leur  procura  un  très- 
grand  succès.  Forster  ne  fit,  dans  tout  le  cours 
de  sa  cariière,  que  quatre  contrebasses,  dont 
trois  lui  avaient  été  commandées  pour  la  musique 
particulière  de  Georges  III.  —  Le  fils  de  cet  ar- 
tiste, qui  s'appelait  ^Yiliiam  ,  comme  son  aïeul 
et  son  père ,  a  fait  aussi  de  bons  instrinnents  , 
égalant  parfois  ceux  de  ce  dernier.  Né  en  1764, 
il  mourut  en  182 i ,  laissant  deux  fils  dont  l'un 
portait  aushi  le  nom  de  William  ,  et  l'autre  ceux 
de  Simon-André.  Le  premier  ne  (it  qu'un  petit 
nombre  d'instruments;  le  second  travailla  non- 
seulement  avec  son  père,  mais  encore  avec  Sa- 
muel GilUes,  et  il  a  laissé,  de  1828  à  1840, 
quelques  heureux  spécimens  de  son  habileté. 
Je  crois  que  c'est  l'un  des  deux  qui  est,  con- 
jointement avec  un  autre  luthier,  M.  Sandys, 
l'auteur  d'un  livre  intéressant  publié  sous  ce 
titre  :  The  History  of  the  Violin  (Londres, 
1864,  in-S"),  et  dans  lequel  on  trouve  d'utiles 
détails  sur  la  structure  et  la  fabrication  du  vio- 
lon. 

*  FOUTUA'ATI  (Francesco).  Un  des  opé- 
ras de  ce  compositeur  avait  pour  litre  Ipermes- 
tra. 

FOSCIIIM  (G ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  en  1864  ,  sur  le  théâtre  italien 
de  Constantinople,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Giorgio  il  Bandito.  Cet  artiste  a  publié  une  cin- 
quantaine de  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
dont  la  plupart  sont  des  fantaisies  et  variations 
sur  des  thèmes  d'opéras  en  vogue. 

FOSSAÏI    (J -L -A ),  docteur 

en  médecine,  naquit  à  Novare  en  1786,  et  dès 
1815  vint  se  fixer  à  Paris,  où  il  se  fit  le  piopa- 
gateur  enthousiaste  de  la  doctrine  de  Gall.  Mé- 
decin (lu  Theâlre-ltalien  de  Paris  pendant  plus 
de  quarante  ans,  le  docteur  Fossati  a  écrit  di- 
vers articles  sur  l'hygiène  des  artistes,  spéciale- 
ment en  ce  qui  concerne  la  voix ,  et  il  a  publié 
sous  ce  titre  :  Sur  le  talent  de  la  viusique , 
une  brochure  qui  était  la  reproduction  d'un  dis- 
cours prononcé  par  lui  dans  la  séance  annuelle 
du  22  août  1834  de  la  Société  phrénoiogique,  dont 
il  était  vice-président  (s.  1.  n.  d.  [Paris,  1835], 
in-S"  de  23  pp.).  Une  traduction  ititlienne  de 
cet  écrit  a  paru  en  1836  dans  les  Effemeridi  fi- 
sico-mediche  de  Turin,  une  autre,  faite  par  le 
professeur  Sannicala  ,  de  Naples ,  dans  le  Seve- 
rino  et  dans  le  Giornale  degli  Abbruzzi  en 
1837  ,  et  la  Revisia  frenologica  de  Barcelone 


en  a  donné  une  traduction  espagnole,  faite  par 
M.  Fers.  L'auteur  a  reproduit,  trente  années 
plus  tard  ,  cet  o[mscule,  dans  l'ouvrage  suivant  : 
Questions  philosophiques  traitées  d'après  les 
principes  delà  physiologie  du  cerveau  (Paris, 
Amyot,  1869). 

FOSSATI  (Le  comte  Carlo),  riche  dilettante 
italien,  a  écrit  la  musique  d'une  opérette,  la 
Guardia  notturna,  qui  a  été  représentée  sur 
le  théâtre  Balbo,  de  Turin  ,  en  1876. 

FOSSEY  (LÉON  )  ,  chef  d'orchestre,  né  à 
Paris  le  17  mars  1829,  fut  admis  en  1845  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  de  M.  Eiwart,  ob- 
tint un  accessit  d'harmonie  au  concours  de  1847, 
et  le  second  prix  en  1849.  Devenu  deuxième, 
puis  premier  chef  d'orcbestre  au  théâtre  de  la 
Gaité,  il  conserva  ces  fonctions  pendant  longues 
années,  et  remplit,  à  partir  de  1868  ou  1869,1e 
même  emploi  au  théâtre  de  l'Ambigu.  Fos- 
sey  a  écrit  la  musique  de  deux  opérettes  en  un 
acte  :  Pomme  d'' api  (Gaîté ,  mars  1859),  et 
Marcel  et  Cie  (Bouffes-Parisiens,  15  octobre 
1867).  Il  est  mort  au  mois  de  février  1877. 

FOULOX   DE   LA    CHAUME   (J - 

B )  ,  chanoine  de  Saint-Etienne  ,  né  à  Dijon 

en  1624,  mort  en  1665,  était  musicien  et 
compositeur.  «  On  a  de  lui,  dit  M.  Ch.  Poisot 
dans  ses  Musiciens  bourguignons ,  des  Noëls 
bourguignons ,  et  Lucifar  pris  au  baytan 
(Dijon,  J.  Grangier,  1660).  » 

FOUQUE  (Pierre-Octave),  compositeur, 
né  à  Pau  (Busses  Pyrénées)  le  12  novembre 
1844  ,  vint  de  bonne  heure  à  Paris  ,  y  reçut  des 
leçons  et  des  conseils  de  l'excellent  organiste 
Chauvet  {Voy.  ce  nom),  fut  admis  en  1869  au 
Conservatoire,  dans  la  classe  de  composition  de 
M.  Ambroise  Thomas,  et  prit  part  l'année  sui- 
vante au  concours  de  l'Institut  pour  le  prix  de 
Rome.  Cet  artiste  a  publié  un  certain  nombre 
de  compositions  pour  le  chant  et  pour  le  piano. 
Pour  le  chant  il  a  donné  :  Ballata  ;  Ave  Maria, 
motet  (  Paris,  Mackar);  Amour  passé,  les  Ru- 
bans, la  Croce  del  Lido,  mélodies  ;  Renouveau  ; 
Sur  sa  mule;  la  Dernière  rose  ;  Cantique;  ib., 
ib.);  Echo  du  soir,  valse  chantée  (ib.,  ib.); 
Chant  dumatin, les  Vendanges,  clKPursà4  voix 
d'hommes,  sans  accompagnement  (ib.,  ib.);  le 
Réveil  des  fleurs,  chœur  pour  2  voix  de  femmes, 
avec  accompagnement  depiano  (ib.,  ib.)  ,•  Que  le 
jour  me  dure,  mélodie;  —  pour  le  piano:  Prélude 
et  fugue  en  sol,  op.  6  (ib.,  ib.);  Nocturne,  op.  7 
(ib.,  ib.);  Soir  d'été,  morceau  de  genre,  op.  8 
(  ib.,  ib.);  Deux  Préludes,  op.  10  (Paris,  Maho)  ; 
Près  du  /ac, nocturne  (  Paris,  Mackai  );  Doux 
regard,  romance  sans  paroles  (ib.,  ib.);  enfin 
quelques  morceaux  de  danse,  M.  Fouque  a  fait 


346 


FOUQUE  —  FRANCESCHI 


exécuter  aux  Concerts  Danbé  (1874)  un  préInde 
pour  orchestre,  et  il  a  donné  deux  on  trois  opé- 
rettes, parmi  lesquelles  r Avocat  noir,  repré- 
sentée à  l'Aicazar  le  9  décembre  1874,  et  Deux 
Vieux  Coqs. 

M.  Fouque  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment aussi  conume  écrivain  :  il  a  été  en  1873  le 
rédacteur  musical  du  journal  l'Avenir  natio- 
nal,  il  est  un  des  collaborateurs  actifs  de  la 
Bevnc  et  Gazette  musicale  de  Paris,  et  il  est 
anjourd'liuL  chargé  du  feuilleton  spécial  de  VÉ- 
cho  universel.  Il  a  donné  aussi  quelquesaiticles 
à  la  République  des  Lettres.  Au  mois  d'oclo- 
bre  ls76,M.  Fouque  a  été  nommé  préposé  à  la 
Bibliothèiiue  du  Conservatoire. 

FOUQUET  (Jean),  mandoliniste  et  com- 
positeur, vivait  à  Paris  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Cet  artiste  a  publié  un 
recueil  de  Six  Duos  pour  deux  violons  ou  deux 
mandolines ,  coinposés  dans  le  goût  italien. 

FOURDY  (Abraham),  compositeur,  né  à 
Orléans  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  prit 
part  en  1857  au  concours  du  puy  de  musique 
d'Évreux  ,  et  s'y  vil  récompenser  par  le  prix  de 
la  harpe  d'argent ,  qui  lui  fut  décerné  pour  le 
motet  Dum  aurora. 

FOURGEAUD  (Alexandre).  Un  écrivain 
de  ce  nom  a  f>ublié  une  brocbute  intitulée  les 
Violons  de  Dalayrac  (Paris,  Leclère,  1856,  in- 
8°  de  29  pp  ). 

*  FOURiXEAUX  (Napoléon),  a  publié,  il 
y  a  quelques  années,  un  livre  ainsi  intitulé  : 
Instrunieniologie.  Traité  théorique  et  prati- 
que de  raccord  des  instruments  à  sons  fixes  , 
l'harmonium  ,  l'or/jue  à  tuyaux  et  le  piano, 
contenant  une  théorie  complète  du  tempé- 
rament musical  et  des  battements,  par  l'in- 
génieur N  Fourneaux  fils,  facteur  d'orgues 
(Paris,  Repos,  s  d.  in-8°).  Le  même  écrivain  avait 
publié  précédemment  un  Petit  Traité  sur  l'or- 
gue expressif  {Paris,  1854,  in-12  avec  deux 
planches  ). 

FOlIR^^EL  (François-Victor),  érudit  et  cri- 
tique français,  est  né  à  Cheppy,  prèsde  Varennes, 
le  8  février  1829.  Dans  les  nombreux  ouvrages 
publiés  par  lui,  M.  Fournel  a  eu  plus  d'une  fois 
et  incidemment  l'occasion  de  s'occuper  de  musi- 
que, et  il  l'a  toujours  fait  avec  le  goût  et  la  dis- 
crétion commandés  à  ceux  qui  n'ont  pas  fait  df 
cet  art  une  étude  particulière.  Je  citerai  quel- 
ques-uns de  cesouvrages  qui  renferment  sous  ce 
rapport  des  renseignements  et  des  détails  vrai- 
ment intéressants,  et  parfois  très-nouveaux  : 
les  Contemporains  de  Molière  (Pari-i,  Didot , 
3  vol.  in-8'') ,  dans  lesquels  on  trouve  (t.  II)  une 
excellente  Histoire  du  ballet  de  cour;    Les 


Spectacles  populaires  et  les  Artistes  des  rues 
(Paris,  Dentu.  i863,  in-12),  où  l'auteur  a 
p'acé  un  bon  chapitre  sur  les  jongleurs,  trou- 
vères et  ménestrels  populaires;  Curiosités  théâ- 
trales anciennes  et  modernes,  françaises  et 
éf> angères  (ParU,  Delahays,  1859,  in-t6),  pe- 
tit recueil  d'anecilotes  dans  lequel  la  musique 
trouve  tout  naturellement  sa  part;  enfin.  Ce 
qu'on  voit  dans  les  rues  de  Paris  (Paris,  De- 
lahays, 1858,  in- te),  petit  livre  qui  contient 
deux  études  pittoresques  sur  les  Musiciens  am- 
butants  et  l'Art  dramatique  en  plein  vent. 

FOURNIE  (Le  docteur  Édouako),  méde- 
cin qui  s'est  heaucou(>  oicupé  des  affections  de 
l'organe  vocal ,  est  l'auteur  d'un  livre  qu'il  a  pu- 
blié sons  ce  tilie  ;  Physiologie  de  la  voix  et  de 
la  parole  ,  Paris,  Delahays,  1866,  in-8". 

FOURiXlER  (Edouard),  écrivain  français, 
né  a  Orléans  le  15  juin  1819,  s'est  beaucoup 
occupé  de  théâtre ,  au  point  de  vue  de  la  criti- 
que et  de  l'hisloire.  Il  est  cité  ici  pour  les  deux 
opuscules  suivants  :  1°  la  Musique  chez  le  peu- 
pie,  ou  l'Opéra  national,  so?i  passé  et  son 
avenir  (Paris,  l84",  in  12);  2°  Essai  sur  Tort 
lyrique  au  théâtre  (Paris,  1849,  in-12),  écrit 
en  soci'té  avec  Léon  Kreutzer  et  extrait  de 
V Encyclopédie  du  dix-neuvième  siècle. 

Fil  A  DEL  (Charles),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Vienne  en  1»21,  a  fait  son  éducation 
musicale  en  celte  ville.  Fixé  comme  professeur 
à  Hambourg  en  1850,  il  y  resta  jusqu'en  1858, 
époque  à  laquelle  il  fixa  sa  résidence  à  Londres. 
Après  un  séjour  de  quelques  années  en  Angle- 
terre, il  s'embHrqua  pour  l'Amérique  et  se  rendit 
à  New-York,  où  il  s'établit  définitivement  et  où 
il  se  trouve  encore  à  l'heure  présente  (juin  1877). 
M.  Fradel  a  composé  un  certain  nombre  de  lieder 
et  de  morceaux  de  piano, 

FRAAÇA  (Le  P.  Ltiz  GO.XZAGA  E), 
chantre  atiaché  à  lactiapelle  de  l'église  patriarcale 
de  Lisbonne  vers  ls30,  se  retira  a|>rés  l'abdica- 
tion de  D.  Miguel  I"",  auquel  il  était  très-dévoué 
et  qui  l'avait  traité  avec  beaucoup  de  distinction. 
Il  dirigea  aussi  l'école  de  plain-chant  qui  était 
établie  itans  la  cathédrale.  On  connaît  de  lui  : 
Compendio  ou  explicaçâo  melhodica  das  re- 
yras  geraes  mais  importantes  e  necessarias 
para  a  intelligencia  do  Canlo-chdo  tanto 
theorico  como  pratico,  e  para  saber  escrever. 
e  compor,  etc.,  Lisbonne,  1831,  in-4"  de  viii- 
132  pages.  França  avait  été  nommé  par  D.  Mi- 
guel chevalier  de  l'ordre  de  N.  S.  da  Conceiçâo 
et  décoré  d'une  médaille  d'or  pour  ses  services. 

J.   DE  V. 

FRAA'CESCHI  (E ),  avocat  italien,  a 

publié  à  Milan,  chez  l'éditeur  Agnelli,  en  1876- 


FRANCESCHI  —  FRANCK 


347 


1877,  un  opuscule  ainsi  intitulé  :  VArte  délia 
porola  nel  discorso,  nella  drammatica  e  nel 
canlo. 

*  FRA\CESCIIINI  (Petromo).  Cet  ar- 
tiste était  lefière  du  peintre  Marc-Antonio  Fran- 
sechinl.  Il  apprit  le  contrepoint  avec  Lorenzo, 
Perii ,  maître  de  chapelle  <le  la  métropole  de  Bo 
logne ,  puis  se  rendit  à  Narni  et  se  mit  sous  la 
direction  de  Giuseppe  Corso,  dit  Celano.  En 
1673,  étant  revenu  à  Bologne,  sa  ville  natale, 
il  fut  élu  prince  de  l'Acailémie  des  Philharmoni- 
ques. 

FRANCHEVILLE    ( ).  Un  artiste  de 

ce  nom  a  donné  en  1797  ,  au  petit  théâtre  Laz- 
zari ,  les  deux  opéras-comiques  suivants:  1°  le 
Contrat  de  mariage  (1  acte)  ;  2°  Estelle  et  !Sé- 
morln  (  2  HCtes). 

FRAXCHiM  (Giovanni),  compositeur 
dramatique,  a  fait  représenter  en  1841  avec  peu 
de  succès,  sur  le  lliéàlre  Carlo  Felice ,  de  Gê- 
nes, un  opéra  intitulé  gli  Empiricl.  En  1857, 
le  même  artiste  donnait  au  théâtre  SanCarlos, 
de  Lisbonne,  Francesca  da  Hhnini,  drame 
lyrique  en  3  actes. 

*  FRANCK  (César-Auguste).  Cet  artiste 
fort  distingué,  qui  avait  été  l'élève  de  M.  Benoist 
au  Conservatoire  et  qui  avait  remporte  un  second 
prix  d'orgue  en  1841  (1).  s'est  fait  une  grande 
réputation  comme  organiste  et  comme  compo>i- 
teur.  A  la  retraite  de  M.  Benoist,  son  ancien 
maître  ,  il  a  été  appelé  à  lui  succéder  comme 
professeur  d'orgue  au  Conservatoire,  et  dans  le 
même  ttmps  |)lusieurs  auditions  de  son  oratorio 
de  Ruth  ,  qui  avait  passé  presque  inaperçu  , 
lors  de  sa  première  apparition  vingt-cinq  ans  au- 
paravant, obtinrent  le  plus  grand  succès.  La 
partition  de  Ruth  est  une  œuvre  charmante, 
pleine  de  grâce,  de  délicatesse  et  de  distinction, 
qui  se  fait  remarquer  par  une  inspiration  abon 
dante  et  soutenue,  et  par  une  instrumentation 
riche,  élégante  et  parfois  très- neuve.  Un  autre 
ouvrage  du  même  genre.  Rédemption,  exécuté 
à  rOdéon,  le  jeudi  saint  10  avril  1873,  a  «.bte-iu 
un  moindre  succès.  M.  César  Frank,  qui  n'a  pu 
réussir  à  se  produire  au  théâtre,  est  l'auteur 
d'un  grand  opéra  de  genre,  le  Valet  de  ferme , 
écrit  par  lui  pour  l'Opéra  national  d'Adoi[ilie 
Adam,  et  qui  est  encore  dans  les  carions  du 
compositeur.  M.  Franck  est  depuis  plusieurs  an- 
nées organiste  de  l'église  de  Sainte-Clotilde. 

(t  )  la  mention  de  ce  prix  n'a  pas  été  faite  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens,  où  une  erreur  s'est 
glissée  au  sujet  de  M.  Francis  :  ce  n'est  paste  second  <  t  le 
premier  pi  ix  de  composition,  mais  le  second  et  le  premier 
prix  de  contrepoint  et  fugue  que  M.  Franck  obtint  en 
1839  et  18i0. 


La  liste  des  œuvres  de  cet  artiste  se  complète 
delà  façon  suivante  :  1°  Andantino  [)qut  vio- 
lon ,  avec  accompagnement  de  piano  ;  2°  4  Mé- 
lodies de  Schubert,  transcrites  pour  le  piano  ;  3° 
Ballade  pour  piano;  4°  Ruth,  églogne  biblique 
en  3  parties,  pour  soli ,  chœurs  et  orchestre 
(Paris,  Hartmann);  5°  3  Oflértoires,  \>Oi\v  soli 
et  chœurs  ;  6°  chants  de  l'Église,  harmonisés  à 
3  et  4  parties ,  avec  accompagnement  d'orgue 
(1'^  partie,  Messes;  2'^ partie.  Hymnes;  3"=  par- 
tie, Chants  pour  le  salut);  7°  Fantaisie  pour 
piano,  sur  des  airs  (lolonais  ;  8°  Six  pièi  es  d'or- 
gne(l  Fantaisie;  2  Grande  pièce  s\mphonique; 
3.  Prélude,  fugue  et  variations;  4.  Pastorale; 
5.  Prière;  6.  Final),  compositions  très-remar- 
quables et  d'un  grand  style;  9"  Rédemption, 
poème  symphonique  en  2  paities,  pour  soH, 
rhcrurs  et  orchestre  (Paris,  Hartmann  );  10"  Cinq 
pièces  pour  harmonium;  1 1"  Quasi  Marcia,  pièce 
pour  harmonium;  12"  Mélodies  vocales.  Parmi 
les  compositions  inédites  de  M.  Franck  ,  je  ci- 
terai :  les  Béatitudes ,  grand  oratorio,  les  Êo- 
lirles,  pièce  pour  orchestre, et  une  Messe  à  trois 
voix  seules.  a\ec  chœurs  et  orchestre. 

*  FRAIV<'K  (Joseph),  organiste  et  composi- 
teur, se  faisait  désigner  h  P;iris  sous  le  nom  de 
Joseph  Frank,  de  Liège.  A  la  liste  des  ouvrages 
de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  les  suivants  :  1° 
Traite  d'finrmonif  ;  2°  L'art  d'accompagner 
le  plain-chant  de  huit  manières  différentes 
sans  faltérer,  on  Manuel  théorique  et  prati- 
que de  chant  ecclésiastique ,  arec  50  exem- 
j>lps,les  psaumes,  toutes  leurs  terminaisons, 
et  des  faux-bonrdotis  à  quarreparties  ;  3°  i\'ou- 
velle  Met  ho  e  de  piano  facile  et  progressive 
pour  les  commençants  ;  4»  Becîteil  de  322  mar. 
chrs  d''harmonie  pour  orgue  ou  harmonium  , 
à  l'usage  des  personnes  qui  veulent  appren- 
dre en  peu  de  teni'S  à  improviser  sur  ces 
instruments  ;  5°  Six  Préludes  et  Fugues  pour 
orgue,  avec  pédales  ad  libitum;  ù°  25  Étuiles 
très-faciles,  pour  le  piano;  7°  25  Études  de 
force  moyenne ,  id.  ;  8°  25  Études  de  force  su- 
péiieiire,  id.;  9°  Six  recueils  lie  motets  aune 
ou  plusieurs  voix  ,  avec  accompagnement  d'or- 
gue ou  d'harmonium;  10°  Sept  recueils  de  pe- 
tits mon  eaux  pour  orgue  ou  harmonium,  pu- 
bliés sous  les  titres  suivants  :  Les  Bergers  à  la 
crèche,  les  Délices  du  sanctuaire,  une  Cou- 
ronne à  Marie,  l'Encens  du  parvis.  Fleurs  et 
Prières,  Une  heure  d'adoration,  la  Lyre  cé- 
leste ;  11"  Deux  Recueils  de  préludes  et  fugues 
de  J.-S.  Bach,  transcrits  et  réduits  pour  harmo- 
nium; 12°  Les  Feuilles,  les  fleurs  et  les  bou- 
quets, collection  de  84  préludes  faciles  et  pro- 
gressifs pour  orgue  (3  volumes);  13°  l'Union 


348 


FRANCK  —  FRASCHINI 


des  cathédrales,  ou  Mosaïque  des  maîtres  de 
chapelle,  coïïecWon  de  motets  ou  morceaux  reli- 
gieux à  une  et  à  plusieurs  voi\,  tirés  des  œu- 
vres de  Beethoven,  J.-S.  Bach,  Piccinni ,  Sac- 
chini,  Gluck,  Mozart,  etc.,  Iranscrits  avec 
accompagnement  d'orgue. 

*  FRANCK  (Edouard),  pianiste  et  compo- 
siteur, est  né  non  à  Berlin  vers  1818,  mais  à 
Bresiau  en  1824.  Professeur  à  l'École  de  musi- 
que rhénane,  à  Cologne,  jusqu'en  1859,  il  fut 
attaché  ensuite  à  l'École  de  musiquede  Berne.  De 
retour  à  Berlin,  où  il  avait  fait  précédemment  un 
long  séjour,  il  succéda  en  1869  à  M.  Louis  Bras- 
sin  comme  professeur  au  Conservatoire  de  Stern, 
où  il  exerce  encore  aujourd'hui  ces  fonctions 
(juin  187;).  Quoiqu'il  ait  beaucoup  composé, 
entre  autres  des  symphonies,  des  ouvertures,  des 
quatuors  pour  instruments  à  cordes,  des  concer- 
tos pour  le  piano,  des  lieder  et  divers  morceaux 
de  chant,  M.  Edouard  Franck  n'a  publié  qu'un 
petit  nombre  de  ses  productions. 

*  FRANCOEUR  (Louis-Joseph).  Cet  ar- 
tiste a  laissé  une  sorte  de  Mémorial  quotidien 
des  faits  qui  se  produisaient  à  1  Opéra  à  l'épo- 
que de  son  administration.  Ce  registre  manus- 
crit forme  deux  volumes  qsù  ont  été  reliés  sous 
ce  titre  :  Acaiémie  roijnle  de  Musique.  Som- 
maire général  (T.  1,  1785  à  1788;  T.  II,  1788 
à  1790).  On  trouve  là-dedans,  sans  aucun  ap- 
parat de  rédaction  (  il  s'en  faut  !),  tout  ce  qui  a 
trait  aux  premières  représentations,  débuts, 
engagements,  séances  du  comité  administratif, 
lectures  de  pièces,  répétitions,  correspondances, 
réclamations  des  artistes,  détails  de  mise  en 
scènes,  etc.  C'est,  en  somme,  un  document  sec 
et  décharné,  mais  utile  à  consulter  pour  cette 
période  de  l'histoire  de  notre  première  scène  ly- 
rique. Ce  manuscrit  est  placé  dans  les  Archives 
de  l'Opéra. 

FRAXÇOIS  (Louis).  Un  artiste  de  ce  nom 
a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Dijon  les 
deux  opéras  comiques  en  un  acte  dont  les  titres 
suivent  :  les  Orangs-Outaiigs,  mai  1864,  et  le 
Cabaret  de  Moritnont,  mars  1866. 

FRANÇOYS  ( ),  compositeur  in- 
connu ,  qui  vivait  au  commencement  du  seizième 
siècle,  a  fourni  à  Pierre  Atteignant,  pour  le  re- 
cueil de  chansons  françaises  à  4  parties  publié 
par  celui-ci  vers  1530,  la  musique  des  chan.sons 
suivantes  :  Puisque  donc  via  maîtresse,  Possi- 
ble n'est  d'avoir  plus,  Pis  ne  peut  me  venir, 
Philomena ,  motet. 

*  FRA!\Z  (Robert)  ,  compositeur  de  lieder, 
célèbre  dans  toute  l'Allemagne,  est  aussi  pia- 
niste distingué  et  chef  d'orchestre  habile.  Pourvu 
d'une  instruction  musicale  solide,  il  a  surtout 


formé  son  talent  par  la  lecture  et  l'élude  des 
œuvres  des  maîtres,  et  particulièrement  de 
celles  de  Jean-Sébastien  Bach  ,  pour  le  génie  du- 
quel son  admiration  ne  connaît  pAs  de  bornes. 
Il  a  contribué  puissamment  dans  sa  patrie  à  la 
propagation  et  à  la  popularisation  des  chefs- 
d'œuvre  de  ce  maître  immortel,  un  |teu  négligés 
il  y  a  une  quarantaine  d'années,  et  a  domé  une 
excellente  édition  de  quelques-uns  d'enire-eux. 
C'est  lui  qui  écrivait  un  jour  à  M.  Étouard  Hans- 
lick,  l'un  des  meilleurs  critiques  de  musique  de 
Vienne,  une  lettre  contenant  ces  lignes  enthou- 
siastes :    —  « Lisez  sans  arrière-|)ensée  les 

cantates  de  Bach,  je  ne  doute  point  un  seul 
instant  que  l'inspiration  dont  elles  dé'bordent  ne 
parvienne  à  vous  émouvoir;  approchez-vous  du 
grand  maître  dans  la  simplicité  de  votre  Ame, 
et  le  charme  pénétrant  de  son  cœur  trouvera  le 
chemin  de  voire  cœur.  Je  serais  binn  heureux 
si  je  pouvais  vous  le  faire  aimer  davantage.  Vous 
étant  une  fois  enveloppé  de  son  style  comme  d'un 
manteau ,  il  enchaînera  votre  âme  comme  il  a 
fait  de  celles  de  nos  grands  compositeurs,  Mo- 
zart, Beethoven,  Schumann  et  Mendels^ohn;  il 
ne  les  a  entourées  de  liens  que  pour  leur  permet- 
tre de  s'épanouir  avec  plus  de  liberté.  »  M.  Ro- 
bert Franz  a  publié  jusqu'à  ce  jour  plus  de  qua- 
rante recueils  de  lieder.  dont  la  plupart  se  font 
remarquer  par  l'excellence  de  la  factura,  la  pro- 
fondeur de  la  pensée  et  un  chnrme  pénétrant. 

Cel  artiste  extrêmement  distingué  a  été  frappé 
récemment  de  la  façon  la  plus  douloureuse.  A  la 
date  du  mois  de  mai  1877,  les  journaux  ont  an- 
noncé qu'il  s'était  vu  obligé  de  résigner  ses  fonc- 
tions de  professeur  de  chant  à  l'Académie  de 
Halle,  et  cela  par  .suite  d'un  grave  acciilent  :  il 
était  devenu  complètement  sourd  à  la  suite  de 
l'ébranlement  nerveux  produit  sur  lui,  à  la  gare 
de  Halle,  par  le  sifflet  strident  d'une  locomotive. 

FRA\Z,  e.st  le  p.seudonyme  sous  lequel  s'est 
fait  connaître,  comme  musicien  dramatique, [un 
compositeur  Allemand  contemporain,  M.  le  comte 
de  Hochberg.  C'est  sous  ce  nom  d'emprunt  que 
M.  de  Hochberg  a  fait  représenter  les  deux  ou- 
vrages suivants  :  1°  Claudine  de  Villa-Bella, 
opéra  romantique  en  3  actes,  écrit  sur  un  texte 
bien  connu  de  Gœthe,  joué  sur  le  théâtre  de  la 
cour,  à  Schwerin,  au  mois  de  mars  1864;  2°  die 
Falkensteiner,  drame  lyrique  donné  en  1876 
sur  le  théâtre  de  Hanovre.  J'ignore  si  cel  artiste 
amateur  s'est  fait  connaître  par  d'autres  travaux. 

FRA1\ZI!\I  ( ),  compositeur  italien  , 

a  fait  représenter  au  mois  d'octobre  1874  ,  sur  le 
thf^âtre  Alfieri,  de  Florence  ,  un  opéra  sérieux 
intitulé  la  Comtessa  di  San  Romano. 

*  FRASCHIM  (Gaétan).  Fétis  a  été  trompé 


FRASCHINI  —  FRELON 


349 


par  un  faux  renseignement  lorsqu'il  a  parlé  fie 
l'impression  profonde  que  ce  grand  chanteur 
avait  produite  à  ia  Scala,  de  Milan.  La  vérité 
est  que  celte  impression  fut  au  contraire  très- 
fâcheuse,  malgré  le  talent  de  l'artiste,  et  que 
Frascliinl  en  éprouva  un  tel  ressentiment  conire 
la  ville  de  Milan  qu'il  jura  de  n'y  plus  jamais 
chanter.  Il  tint  parole. 

Après  avoir  fait  apprécier  son  incomparable 
talent  et  sa  voix,  merveilleuse  sur  la  plupart  des 
théâtres  de  sa  patrie,  Frascliini  vit  sa  renommée 
s'étendre  bientôt  hors  de  l'Italie,  et  les  journaux 
du  temps  nous  apprennent  qu'en  1847,  il  était 
question  de  lui  tout  à  la  fois  pour  le  théâtre  ita- 
lien de  Londres  et  pour  l'Opéra  de  Paris.  C'est 
Londres  qui  l'emporta,  et  après  y  avoir  obtenu 
de  grands  succès  et  être  retourné  un  instant  en 
Italie,  il  alla  se  (aire  entendre  à  Vienne,  d'où  il 
se  rendit  en  Espagne  et  en  Portugal,  où  il  de- 
meura plusieurs  années  et  fit  litléraiement  fureur. 

Paris  n'a  connu  ce  chanteur  prodigieux  qu'au 
déclin  de  sa  carrière,  en  1863,  alors  qu'il  était 
âgé  de  près  de  cinquante  ans,  et  cependant  la 
puissance  de  ses  moyens,  son  phrasé  magistral, 
la  netteté  surprenante  de  son  articulation,  l'élé- 
vation et  la  correction  de  son  style,  la  noblesse 
et  la  sobriété  de  son  accent  dramatique  lui  ac- 
quirent aussitôt  non-seulement  la  sympathie, 
niai!<  l'a'tmiralion  du  public,  et  les  éloges  una- 
nimes de  la  critique.  Bien  que  Fraschini  fût  un 
peu  froid  comme  comédien ,  un  sentiment  de 
passion  concentrée  lui  faisait  trouver  parfois, 
sous  ce  rapport,  des  effets  d'une  rare  puissance. 
Pour  ma  part,  je  ne  puis  jamais  me  rappeler 
.sans  une  sorte  de  frisson  sa  majestueuse  entrée 
en  scène  au  second  acte  de  Lucia  di  Lamer- 
moor,  lorsque  pénétrant  dans  la  salle  des  fian- 
çailles et  s'arrêtant  un  instant,  avant  d'en  fran- 
chir le  seuil,  au  haut  des  marches  qui  y  condui- 
sent, il  laissait  tomber  son  manteau,  lançait  au 
loin  sa  coilfuie,  et,  se  croisant  lentement  les 
bras,  promenait  sur  les  assistants  un  regard 
froid,  dédaigneux  et  implacable.  Outre  le  senti- 
ment (le  la  plastique  qui  s'en  dégageait,  il  y 
avait  dans  ce  jeu  de  .scène  muet  un  effet 
d'une  simplicité  et  d'une  énergie  extraordinaires. 

Il  serait  impossible  de  raiipeler  ici  tous  les 
ouvrage'*  que  Fraschini  a  créés  en  Italie,  où, 
entre  autres,  Donizeiti  écrivit  pour  lui  Catarina 
Cornoro,  Pacini  Saffo  Meiope  et  la  Stella  di 
Nopoli,  Verdi  un  Hallo  in  maschera.  A  Paris 
il  établit  les  rôles  principaux  de  deux  ouvrages 
inconnus  du  |)ublic  français,  la  Leonara  de 
Mfrcadante.  et  la  Duc/iessa  di  San  Giuliano  de 
M.  Graffigna.  Il  joua  aussi  d'une  façon  admira- 
ble, avec  M"°  Krauss,  sa  digne  partenaire,   le 


Fidelio  de  Beethoven.  Malheureu.sement.  une 
infirmité  particulièrement  grave  et  douloureuse 
pour  un  musicien  est  venue,  depuis  quelques 
années,  interrompre  tout  à  coup  la  carrière  de 
ce  grand  artiste,  et  cela  avant  que  ses  facultés 
vocales  l'eussent  abandonné.  C'est  l'ouïe  qui  a 
décliné  chez  lui,  et  l'on  conçoit  san^  peine  que 
lorsque  l'oreille  devient  rebelle  ou  insensible  et 
ne  perçoit  plus  nettement  les  sons,  la  voix  du 
chanteur  le  trahit  et  cesse  d'élre  juste.  D'ail- 
leurs, chanter  sans  entendre  serait  assurément 
l'un  des  plus  durs  supplices  que  l'on  put  infliger 
à  un  artiste  de  talent. 

Fraschini,  qui  a  été  le  dernier  et  l'un  des  plus 
remarquables  représentants  de  l'art  du  chant 
italien  dans  ce  qu'il  a  de  plus  complet  et  de  plus 
parfait,  avait  épousé  la  fille  de  la  fameuse  can- 
tatrice M™^  Ronzi  de  Begnis  ;  lorsque  cette  cé- 
lèbre artiste  mourut  à  Florence,  en  1853,  elle 
laissa  toute  sa  fortune,  qui  était  considérable,  à 
sa  fille,  et  Fraschini  devint  ain«i  puissamment 
riche.  Je  crois  qu'il  vit  aujourd'hui  retiré  à  Pa- 
vie,  sa  ville  natale,  qui  lui  a  rendu  hommage  en 
donnant  son  nom  à  son  princi|)al  théâtre,  lequel 
s'appelle,  depuis  plusieurs  années  déjà,  théâtre 
Fraschini. 

FREIXAS  (José),  compositeur  espagnol,  a 
fait  exécuter  le  5  avril  1868,  en  l'église  Sainte- 
Anne  de  Barcelone,  un  Slnbat  Mater. 

FRELON  (Louis  FRAi^çois-ALEXANnitE),  pia- 
niste, organiste  et  compositeur,  né  à  Oiléans 
vers  1825,  a  fait  ses  études  musicales  en  cette 
ville  et  s'y  livra  ensuite  à  l'enseignement.  Il  y 
fonda  en  1847,  sous  les  auspices  de  l'Institut 
musical  d'Orléans  et  d'après  uu  système  d'édu- 
cation imaginé  par  lui,  un  cours  gratuit  de  mu- 
sique pour  les  ouvriers  qui  bientôt  reçut  l'appu 
matériel  et  moral  de  l'autorité  municipale.  C'est 
à  cette  époque  qu*"  l'on  commençait  à  parler  de 
l'harmonium  ou  orgue  expressif;  M.  Frelon  s'at- 
tacha à  l'étude  de  cet  instrument,  dont  il  devait 
être  l'un  des  propagateurs  les  plus  actifs  elles 
plus  intelligents.  Il  vint  à  Paris,  et  la  fréquence 
avec  laquelle  il  fit  entendre  l'harmonium  en  ré- 
pandit rapidement  l'usage.  En  1851,  il  se  rendit 
à  Londres,  et  lit  connaître,  à  l'Exposition  univer- 
selle, les  orgues  que  la  maison  Alexandre  (Voy. 
ce  nom  )  construisait  alors  en  grand  nombre.  De 
retour  à  Paris,  M.  Frelon  publia  sous  ce  titre  ; 
l'Art  de  Torgue  expressif,  une  excellente  mé- 
thode pour  cet  instrument,  et  im  peu  plus  lard 
fonda  avec  M.  Jouvin  un  jpurnal  de  pièces  d'or- 
gue, l'Orgue,  qu'il  fit  paraître  pendant  quatre 
ans  et  qui  obtint  un  véritable  succès. 

Cet  artiste  a  écrit,  soit  pour  harmonium  seul, 
soit  pour  harmonium  et  piano,  un  grand  nombre 


350 


FRELON  —  FRICCI 


de  morceaux  de  genre,  fantaisies,  etc.,  sur  des 
airs  connus  et  des  thèmes  d'opt^ras  en  vo;iuo;  ces 
morceaux  ont  été  («ibliés  chez  MM.  L  on  dus, 
Bran<)us,  Lemoine,  etc.  Parmi  les  publicat ons 
qu'on  doit  encore  à  M.  Frelon,  il  faut  citer  sur- 
tout le  recueil  ifititulé  Triinscrifitions  potir  or- 
gue expressif  (Pa\i&,  Flaxiand,  in-S"),  recueil 
fait  avec  soin  et  dans  lequel  il  a  adapté  à  cet 
instrument  soixante  fragmeni s  choisis  parmi  les 
œuvres  de*  plus  grands  maîtres. 

FRE\ER  (Laukent),  compositeur,  né  à  Lu- 
cerne  en  1769,  mort  en  1840,  a  publia  à  Au;;s- 
bourg,  chez  l'édileur  Bœiim,  un  cerlain  nomhre 
de  compositions  religieuses  parmi  lesquelles  il 
faut  signaler  une  messe  eu  allemand,  à  quatre 
parties,  nvec  accompagnement  d'orgue. 

FREUBEL  (J.-L-P.-L),  compositeur  et 
chef  d'orche.sire  (I),  naquit  à  Namur  en  1763. 
Il  était  (ils  de  Jean -Ernest  Freubel,  musicien 
distingué,  qui,  né  à  Rudolstadt  en  1728  et  mort 
à  Berg-op-Zoom  en  1770,  lut  succe.ssivemcnl 
organi>te  eu  sa  ville  natale,  à  Flessingue,  à  Miil- 
deibourg  et  à  Berg-o  -Zodin.  Il  reçut  ses  pre- 
mières leçons  de  son  père,  lra\ ailla  ensuite  avec 
Van  Hansen,  liabie  pianiste  de  Rotterdam,  qui 
avait  épousé  sa  sœur,  el  eut  quehpies  leçons 
d'orgue  de  l'abbé  Voglei  ;  mais  il  s  adonna  sur- 
tout à  l'étude  du  violon,  et  devint  un  virtuose 
distingué  sur  cet  in-trument.  Il  avHit  aussi  du 
talent  comme  c  tmpositeur,  et  fut  pendant  long- 
temps chef  dorcliestie  du  théâtre  hollardais 
d'Amsterdam,  où  il  mourut  le  21  mai  1828. 
Voici  la  liste  des  compositions  de  cet  ai  liste  : 
l»  De  vrouwelijke  liecruten,  ballet  (1788;, 
2°  De  Trioinpli  der  liefde,  symphonie  (1793;; 
30  het  vreede-fersl,  composition  importante 
dont  dix-huit  exécuiions  eurent  lieu  »u  théâtre 
d'Ainsierdam  (1802;  ;  4°  quatorze  cantates,  dont 
une  fut  composée  pour  le  roi  Louis  Bonaparte 
(1806);  5°  plusieurs  autres  b.illets dont  j'ignore 
les  titres;  6°  3  concertas  de  vio'on  ;  7"  concer- 
to* de  basson  ;  8°  sonate  pour  piano  ;  9"  p  usieuis 
ouvertures,  et  eidin  des  psaumes,  des  chants  po 
pulaires  et  autres  proiUictions  de  moindre  impor- 
tance. 

Fft  lUDEMBKRG  (Wilhelm),  composi- 
teur allemand,  a  fait  r|)résenler  a  Mayence,  au 
mois  de  mars  IH77,  un  opéra-comique  intitulé 
Amor  Titus  Scfiwddronikvs. 

FREYER  (Augdstk),  organiste  fort  distin- 
gué, né  en  1803  à  Mulda,  près  de  Dresde,  ap- 
prit le  (  hant,  le  piiino  «t  l'orgue  avec  le  canlor 
Geissler,  el  dès  l'âge  de  dix  ans  rempWiçait  soii- 

|i)  Je  refa  s  cptip  notirf  d';iprès  relie  inséréi"  dan^  son 
livre  •  les  Itlnsicienu  Néerlandais,  par  M.  KdouarU  Gre- 
golr,  que  J'ai  lieu  de  croire  bien  informé. 


vent  son  maître  à  l'orgue.  Amené  en  Pologne 
par  une  suite  de  circonstances  particulières,  il 
se  fixa  à  Var.sovie,  oii  il  suivit  un  cours  de  con- 
trepoint avec  EIsner.  Tout  en  donnant  des  le- 
çons de  [liano  pour  vivre,  sa  passion  pour  l'or- 
gue était  si  gran  le  qu'il  ne  cessait  de  travailler 
cet  instrument,  s'appliquait  surtout  à  l'étude  des 
pédalo,  et  pour  y  mieux  réussir  se  faisait  cons- 
truiie  un  orgue  à  pédales  qu'il  installait  dans  sa 
chambre.  C'est  ainsi  qu'à  l'aide  de  bons  ouvrages 
el  d'un  exercice  opiniâtie,  il  acquit  une  grande 
habileté. 

En  1834,  Freyer  entreprit  un  grand  voyage 
artistique  à  travers  l'Allemigne,  se  rendit  d'a- 
bord à  Breslau,  ou  il  fit  connaissance  avec  l'ex- 
cellent organiste  Adolphe  Hesse,  qui  l'encoura- 
gea vivement,  et  visita  suixessiveinent,  en  s'y 
faisant  entendre,  Dresde,  Leipzig,  Berlin,  Ham- 
b  (uit!,  Francfort  sur  le  Mein,  Cassel,  où  il  vit 
S|  olir,  Du>seldorf,  où  il  connut  Menilels>ohn,  etc., 
parloul  se  voyant  bien  accueidi  et  établissant 
d'excedentes  relations  artistiques.  Rentré  à  Var- 
sovie à  la  suite  de  ce  vovage,  Kreyer  lut  nommé 
organiste  de  l'église  évangeii  iue,  en  remplace- 
ment d  Einert.  IJienlôt  il  fonda  une  .société  de 
chant  composée  d'ami'eurs  et  d'artistes,  dans 
le  but  d  exécuter  des  oratorios,  et  fit  entendre 
lu  (Jonvcrsion  de  saml  /^au/,  de  Mendeissohn, 
el  des  compositions  de  Schneider,  d'EIsner,  de 
Bernard  Kiein ,  el  de  lui  mène,  augmentant 
ainsi  sa  renommée  el  se  rendant  de  plus  en 
plus  populaire.  En  même  temps  il  se  livrait  à 
l'eiiseignemeiil  du  chant  du  piano  et  de  l'har- 
monie, el  formait  un  grand  nombre  d'excellents 
élèves. 

Fieyer  a  publié  une  assez  grande  quantité  de 
Ciim,  ositions  pour  l'orgue^  el  il  est  l'auteur 
d'un  livre  de  chant  [(  kurulbuch),  qui  (enferme 
les  chants  u'eglise  et  tout  ce  t|ui  est  nécessaire  à 
un  bon  organiste  pour  accompagner  en  plaiii- 
chaiil  r(>fli<:e  religieux. 

FRIC<:i  (A^T0METIA  FRIETSCHE,  connue 
."■ous  le  nom  de),  cantatrice  remarquable,  née  à 
Vienne  (Auliiche)  ver»  1840,  a  fait  son  éducation 
musicale  au  Conservatoire  de  cette  ville,  .sous  la 
direction  de  M"""  Marchesi,  et  depuis  lors  a  par- 
couru une  brillante  carrière  en  s'alonnanl  au 
«  hant  italien,  s'est  fait  une  giande  renommée,  et 
est  considérée  comme  l'une  des  premières  artistes 
de  ce  temps.  J'ignore  où  et  comment  elle  a  ef- 
fectué .ses  débuts,  uiais  je  sais  qu'au  mo's  de  fé- 
vrier 186I,  ayant  depuis  peu  de  temps  abordé  la 
S(  ène,  file  fai.sail  partie  île  la  troupe  du  lliéâlre 
San-Car'os,  de  Lisbonne,  où  elle  obtenait  déjà 
de  Irès-grands  succès.  Un  journal  rcnrlait  compte 
ainsi  des  faits  qui  se  produisirent  le  jour  de  sa 


FRICCI  —  FROMENTAL 


351 


représentation  à  bénéfice  :  —  «  Suivant  la  cou. 
tume  du  pays,  on  làclia  des  [ùgeons  dans  la  salle, 
et  l'on  distii'uia  le  portrait  pliotojjrapliié  de  la 
prima  donna  dans  les  loges;  elle  retourna  chez 
elle  dans  une  voiture  de  la  cour,  accompagnée 
de  deux  corpus  de  musique.  » 

Au  mois  de  janvier  de  l'année  suivante,  la 
jeune  artiste  paraissait  pour  la  première  fois  sur 
le  théâtre  de  Moscou,  et  six  mois  après  elle  dé- 
butait sur  celui  du  Covent-Garden,  de  Londres, 
dans  le  rôle  de  Valentine  des  Huguenots.  En 
1863,  elle  épousait  en  celte  ville  un  de  ses  cama- 
rades, le  ténor  italien  Neri-Baraldi.  Pendant  plu- 
sieurs années,  elle  fait  ainsi  régulièrement  les 
saisons  de  Londres  et  de  Moscou.  En  Is66,  on 
la  retrouve  à  la  Sr.ala,  de  Milan,  où  elle  crée  l'Â- 
fricaine,  et  son  succès  est  tel  qu'à  la  dernière 
repiésentation  de  cet  ouvrage,  dit-on,  à  la  suite 
d'un  morceau  dans  lequel  elle  av.tit  provoi|ué 
l'enthousiasme,  plus  de  trois  cents  bouquets  tom- 
bèrent à  ses  pieds,  et  qu'on  vit  une  dame  placée 
dans  une  loge  détacher  le  br;icelel  qu'elle  portait 
et  le  lui  euvdyer.  M""^  Pricci  se.  fit  entendre  en- 
suite à  Turin  (llieâtre  Regio),  à  Bologne  (  héà- 
tré  communal),  à  Trieste,  à  Crémone,  hu  Caire, 
tout  en  se  pio  luisant  <le  nouveau  à  Lisbonne,  à 
Londres  et  à  Milan,  où  elle  créa  (IS74)  le  rôle 
piincipal  d'un  des  meilleurs  ouvrages  de  M.  Pon- 
chielli,  i  Liluiini. 

Douée  par  la  nature  d'une  superbe  voix  de  so- 
prano, puissante  et  expressive,  qu'elle  sait  diriger 
avec  art,  tiè— inlelligente  au  point  de  vue  scé 
nique  et  ayant  le  don  d'émouvoir  ses  au  iiteurs, 
]y]me  |H-,icci,  dit  on,  brille  surtout  dans  les  rôles 
palheti(|ues,  et  se  montre  particulièrement  re- 
marquable dans  i\orma  >i  dans  S<-rumuli'.  Les 
autres  ouvrages  qui  constituent  son  répertoire 
sont  les  Huguenots,  la  Iraviata,  Macbeth, 
il  Irova/ore,  Maria,  Robert  le  Diable,  Don 
Juan,  Don  Carlos,  l'Africaine,  un  Ballo  in 
maschere,  el  la  Juive. 

FKITSCHE    ( ),   luthier  allemand  de 

Leip?.  g,  exeiçait  son  artà  la  lin  du  dix-litiiijème 
siècle  et  au  commencement  du  dix-neuvième. 
C'était,  parail-il,  un  artiste  habile,  qui  construisit 
de  bons  insliuments  el  qui  se  lit  surtout  une 
grande  réputation  comme  réparateur. 

F>ilTZ(W ),  compositeur  allemand   qui 

a  été  l'élève  de  deux  tliéorieiens  tort  distingués 
de  Berlin,  MM.  Dehn  et  Weil/mann,  a  fait  exé- 
cuter à  Liegnitz,  le  4  mars  1873,  un  oratorio 
intitulé  David,  dont  la  musique  était,  dit-on, 
fort  remarquable. 

*  FR  ZZI  (BbNoÎT).  Cet  écrivain  a  publié  un 
opuscule  intitulé  :  Dissertazione  sulla  portala 
dei    musicali  islrumenti    con    malematiche 


annloghe  riflessioni  (Trieste,  Weiss,  1802, 
in-12) 

FROJO  (Giovanni),  compositeur  et  musico- 
graphe, né  à  Catanzaro  le  l'^'^juin  1847,  com- 
mença l'étude  de  la  musique  sous  la  direction 
d'un  professeur  nommé  Giuseppe  Bassi,  puis,  à 
la  fin  de  1866,  entra  au  Conservatoire  de  Naples, 
où  il  ne  fit  qu'un  court  séjour.  Il  étudia  ensuite 
le  |>iano  avec  M.  Cesi,  I  harmonie  avec  M.  Pap- 
palardo,  et,  après  avoir  terminé  son  éducation, 
retourna  se  fixer  dans  sa  ville  natale.  M.  Frojo  a 
publié  un  certain  nombre  de  compositions, 
parmi  lesquelles  on  remarque  une  messe  de  glo- 
ria  à  trois  voix  ,  avec  orchestre.  On  lui  doit 
aussi ,  sous  le  titre  (VEcole  du  mécanisme 
(Milan,  Vismara),  une  méthode  de  piano  d'un 
genre  nouveau,  et  les  deu\  écrits  suivants  : 
Saggio  siorico-critico  intorno  alla  Musica 
(Caianzaro,  1873),  et  Osservazioni  sulla  Mu- 
sica (il.  id.). 

FROMENT  (,...,..),  violoniste  et  composi- 
teur, vivait  à  Paris  à  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  Cet  artiste  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra 
en  t774,  en  qualité  de  second  violon,  et  devint 
ensuite  premier  violon  ;  il  était  enco'e  attaché  à 
ce  théâtre  en  1794.  Après  avoir  fait  exécuter 
deux  symphonies  au  Concert  spirituel,  il  écrivit 
la  musique  de  plusieurs  petits  opéras  pour  des 
théâtres  secondaires  :  1°  Le  Vieux  Soldat  et  sa 
pu/iillr,  un  acte,  th.  des  Beaujolais,  1785  ; 
I"  Cij (lippe,  un  acte,  ib.,  1785;  3»  la  Suite  du 
Vieux  Soldat,  un  acte,  ib.,  1786  ;  4°  Goburge 
dans  l'isledes  Falots  (parodie  de  Panurge  dans 
liste  des  Lanternes),  3  actes,  th.  des  Jeunes- 
Artistes,  10  janvier  1797  ;  5°  Pierre  Luc  ou  le 
Culliral''ur  du  Mont  Blanc,  1  actes,  ib., 
1").  août  1799  ;  6°  fnir'ce  ou  la  Fille  de  la  Na- 
ture, ut   acte,  ib.,  29  décembre  1800. 

l'ROMEIVT  (Kustique).  Sous  ce  nom,  qui 
nous  paioît  être  un  pseudonyme,  on  a  publié  un 
livre  dont  voici  le  titre  :  Mcyerbeer  et  son  œu- 
vre, Haydn,  Mozart,  Beetlioven,  Hossini,  tes 
concerts  populaires,  Tkérésu,  lettres  d'un 
campagnard  à  propos  de  Y  Africaine,  par  Rusti- 
que Froment  (Paris,  Faute,  s.  d.  [186(i],  in-8°). 

FUOMENTAL  (LouIs-^I^.oLAsj,  composi- 
teur, né  ilans  les  pi  entières  années  du  dix-hui- 
tième siècle,  fit  ses  études  mus  cales  à  la  maî- 
trise de  la  cathédrale  de  Riuen,  où  il  était  enfmt 
de  chœur.  C'est  tandis  qu'il  était  le  doyen  des 
enfants,  qu'il  offrit  et  lit  entendre  cinn  ou  six 
motets  à  grande  symphonie;  éblouis,  dit-on,  nar 
je  latent  précoce  dont  il  avait  fait  preuve  dans 
ces  motets,  les  chnnoines  le  nommèrent  aussitôt 
premier  maître  de  la  chapelle  (avril  1728).  Fro- 
mental  prit  bientôt  les  ordres,  et,  par  la  suite, 


352 


FROMENTAL  —  FURNO 


fit  enfendre  d'autres  compositions,  entre  antres 
plusieurs  messes.  Il  mourut  à  la  Heur  de  l'âge, 
en  1737. 

FRO\'DOÎ\I   ( ),     compositeur     italien 

contemporain,  a  fait  représenter  il  y  a  une  ving- 
taine d'années,  sur  un  théâtre  de  sa  patrie,  un 
petit  ouvrage  intitulé  n«  Terno  al,  Lotlo.  C'é- 
tait une  farsa  à  un  seul  personnage  avec 
chœurs. 

FKOI\DOi\l  (Angelo),  compositeur,  a  fait 
représentera  Lisbonne,  sur  le  théâtre  du  Prince 
royal,  le  5  mai  1875,  un  opéra-comique  en  3 
actes  intitulé  le  Fils  de  Madame  Avgof.  Cet 
ouvrage  était  évidemment  une  imitation  de  la 
Fille  de  Madame  Angot.  de  M.  Lecocq  {Voyez 
ce  nom),  qui  était  alors  au  plus  fort  de  son  suc- 
cès à  l'étranger,  et  dont  on  donnait  une  traduc- 
tion porluga  se  sur  un  autre  théâtre  de  Lisbonne, 
celui  de  la  Trinité. 

FBO\Tli\l   ( ),    compositeur   italien, 

est  l'auteur  de  la  Fidanzala  di  Marco  Bozzari, 
opéra  sérieux  qui  fut  représenté  à  Palerme,  en 
1863. 

FRY  ( ),  compositeur  américain,  a  écrit 

la  musique  d'un  drame  lyrique,  Noire-Dame  de 
Paris,  qui  a  été  représenté  à  Philadelphie  au 
mois  d'octobre   186i. 

'r  *  FUCHS  (Ferdinand-Charles),  composi- 
teur, était  né  à  Vienne  le  11  février  1811,  et 
mourut  en  cette  ville  le  7  janvier  1848. 

FUCUS  (J -N ),  chef  d'orchestre  du 

théâtre  de  Briinn ,  a  fait  représenter  sur  ce 
théâtre,  le  5  mars  1872,  un  opéra  romantique  en 
trois  actes,  intitulé  Z ingara. 

FLÎCIIS  (Robert),  autre  compositeur  alle- 
mand, a  fait  exécuter  en  1871,  dans  lim  des 
concerts  de  la  celèlire  société  musicale  de  Leip/-ig 
connue  sous  le  nom  de  Gewandhaus,  unesjin- 
phonie  en  îit  mineur.  On  doit  aussi  à  cet  artiste 
une  Sérénade  pour  orcht  stre,  un  quatuor  pour 
piano,  violon,  alto  et  violoncelle  (op.  15)  et  di- 
verses autres  compositions. 

*  FUMAGAI-LI  (ADOLFo).  M.  le  docteur 
Filippo  Filippi  {f'oy.  ce  nom)  a  publié  sur  cet  ar- 
tiste la  notice  suivante  :  Délia  vita  e  délie  opère 
di  Ad'dfo  FH/«a(7a/Z/,  Milan,  Ricordi. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  tous  les  artistes  dont 
les  noms  suivent  sont  les  frères  et  sœur  d'A- 
dolfo  Fumagalli,  étant  nés  dans  le  même  pays 
et  ayant  reçu  leur  éducation  musicale  dans  le 
même  établissement. 

M.  Distna  Fumagalli,  né  à  Inzago  le  8  sep- 
tembre 1826,  a  fait  ses  études  au  Conservatoire 
de  Milan,  où  il  est  aujourd'hui  professeur  de 
piano.  Compositeur  très-fécond  pour  son  ins- 
trument, il  a  publié  plus  de  deux  cent  cinquante 


morceaux  de  piano,  consistant  en  nocturnes,  ca- 
prices, sclierzi,  divertissements,  et  surtout  en 
transcriptions  et  arrangements  d'airs  d'opéras. 

M.  Polibio  Fumagalli,  né  à  Inzago  le  26  oc- 
tobre 1830,  est  aussi  un  excellent  pianiste, 
élève  du  Conservatoire  de  Milan,  et  s'est  fait  sur- 
tout la  réputation  d'un  organiste  habile.  On  lui 
doit  plus  de  deux  cents  morceaux  de  piano, 
conçus  dans  les  mêmes  conditions,  et  un  recueil 
de  quinze  pièces  pour  orgue,  A'icctica  musicale 
(op.  235),  publié  à  Milan,  chez  l'éditeur;  Lucca. 

M.  Luca  Fumagalli,  né  à  Inzago  le  29  mai 
1837,  est  dftveni  un  pianiste  distingué.  Je  n'ai 
pas  vu  son  nom ,  comme  ceux  des  précédents, 
sur  la  liste  des  élèves  du  conservatoire  de  Milan 
donnée  par  M.  Lodoxico  Melzi  dans  son  résumé 
historique  sur  cet  établissement.  Je  crois  néan- 
moins qu'il  a  fait  ses  études  en  cette  ville.  En 
I8C0  il  vint  à  Paris,  s'y  fit  entendre  a  plusieurs 
repr  ises  en  exécutant  quelques  unes  de  ses  pro- 
ductions, et  obtint  un  ilouhle  succès  de  virtuose 
et  de  compositeur.  De  retour  dans  sa  patrie,  il 
commença  à  publier  à  son  tour  un  grand  nom- 
bre de  morceaux  de  |)iano,  qui  se  distinguaient 
par  une  fncture  eléganie,  et  dont  un  certain  nom- 
bre étaient  des  productions  originales,  tandis 
que  d'autres  étaient  îles  paraphrases  d'airs  d'o- 
péras. Mais  l'ambition  du  jeune  cimpositeur 
était  plus  haute,  et  il  rêvait  les  succès  du  théâ- 
tre. 11  lit  ses  débuts  de  musicien  dramatique  en 
1875,  en  donnant  au  théâtre  de  la  Pergola,  de 
Flor-ence,  irn  ;;ranil  drame  lyrique  en  qiratr'e  actes 
intitulé  Luigi  XI,  orrvrage  qiir  fut  accueilli  avec 
une  certaine  faveur  par  la  critique,  mais  qui  pa- 
rait avoir  été  reçu  du  public  avec  quelque  froi- 
deur. 

M.  Carlo  Fumagalli,  pianiste  comme  les 
pi-écédents,  n'est  pas  porté  sirr  la  liste  des  élèves 
du  Conservatoir-e  de  Milan.  Il  a  publié  une  cen- 
taine de  morceaux  de  genre,  fanlasies,  trans- 
criptions, etc.,  pour  son  instrrrment. 

M.  Giulio  Fumagalli,  pianiste,  est  élève  du 
Conservatoii'e  de  Milan.  J'ignore  s  'il  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur'. 

M'"  Amalia  Fumagalli,  pianiste,  sort  aussi 
des  classes  de  cet  établissement. 

FUiXGOi\l  (PArEBiiociiio).  Un  mir.sicien  de 
ce  nom  a  écrit  la  musique  de  la  Teodnra, 
".  di-ame  sacré  »  qui  fut  exécuté  au  monastère 
de  Sainte-Claire,  à  Naples,  en  1737.  L'année 
suivante,  le  même  artiste  faisait  représenter  au 
théâtre  Nuovo,  de  la  même  ville,  un  ouvrage 
qui  elait  (pialifié  d'invention  musicale  et  qui 
avait  pour  titre  la  Bosa. 

FUR\0  (Giovanni),  contrappuntiste  et  pro- 
fesseur, né  à  Capoue  le  1"  janvier  1748,  entra 


FURNO  —  FUSNIER 


3S3 


au  Conservatoire  de  Sant'  Onofrio,  à  Naples,  en 
1755,  et  y  accomplit  tout  le  cours  de  ses  éluiles 
d'harmonie,   de  contrepoint  et  de   composition 
sous  la  direction  de  Carlo  Cotnmacci.  Celui-ci 
ayant  été  faire  un  voyage  à  l'étranger,  lui  confia 
le  soin  de  faire  sa  classe  en  son  absence  ;  mais 
Cotumacci  n'élant  |)oint  revenu,  Furno  se  tiouva 
professeur  tout  en  étant  encore  élève,  et  con- 
serva toute  sa  vie  les  fonctions  qu'il  avait  com- 
mencé à  remplir.  11  écrivit  pour  le  petit  théâtre 
du   Conservatoire  un   opéra  bouffe,  VAUegria 
disturbala,    qui    fut     ensuite    représenté   au 
théâtre    Nuovo,    et   composa  deux   autres   ou- 
vrages dramatiques  dont  les  titres  sont   aujour- 
d'hui oubliés.  Mais  Furno  n'était  pas  ambitieux  ; 
c'était  un   homme   simple,   modeste,  paisible, 
qui  se  contenta  de  sa  position  de  professeur,  et 
qui  l'exerça  pendant  plus  d'un  demi-siècle,  d'a- 
bord au  Conservatoire  de  Sant'  Onofrio,  puis  à 
ceux  de  la  Pietà  de'  Turchini,  de  San  Sehas- 
tiano  et  de  San  Pietro  a  Majella.  Un  jour,  à  la 
fin  de  sa  carrière,   comme  Zingarelii,  alors  di- 
recteur de  ce  dernier ,   l'engageait,  vu  son  âge 
avancé,  à  se  dispenser  à  l'avenir  de  donner  ses 
leçons,  le  vieux  maître  répondit  :  «   Tant  que 
mes  jambes  ne  refuseront  pas  de  me  porter,  je 
continuerai  de   donner  mes  soins  à  ces  chers 
jeunes  gens,  que  j'aime  comme  mes  enfants,  et 
j'entrerai  toujours  pénétré  de  respect  et  de  vé- 
nération dans   ce  saint  asile  de   la  charité  ci- 
toyenne où  j'ai  reçu  mon  éducation  artistique, 
et  à  qui  je  dois  mon  état  dans  la  société  civile, 
les  honneurs  et  la  modeste  fortune  que  je  pos- 
sède  (1).   »   Cet  excellent  homme  mourut   en 
quelques  heures,  le  20  juin  1837,  d'ime  attaque 
foudroyante  de  choléra,    lors  de    la   première 
apparition   de   cette   horrible  maladie   dans   le 
royaume  de  Naples. 
Furno  n'était  pas  ce  qu'on  peut  appeler  un 

(1)  Francesco  Vlonmo  ,'^Cenno-storico   sulla    Scuola 
musicale  di  Napoli. 


théoricien.  Comme  la  plupart  des  professeurs 
de  son  temps  çn  Italie,  il  ignorait  ce  que  c'était 
que  les  bases  d'un  enseignement  logique  et  rai- 
sonné, et  se  laissait  uiii(|uement  guider,  dans 
les  leçons  qu'il  donnait,  pir  la  délicatesse  de  son 
oreille  et  le  sentiment  en  quelque  sorte  naturel 
de  l'harmonie.  Il  n'en  fit  pas  moins  de  bons 
élèves,  parmi  lesquels  il  faut  surtout  citer  Man- 
froce,  Mercad  inte,  Carlo  Conii,  Bellini,  les  frè- 
res Ricci,  Costa,  Lillo,  MM.  Lauro  Rossi,  Curci, 
Errico  Petrella,  etc.,  etc. 

Un  artiste  du  même  nom ,  M.  Giovanni 
Furno,  s'est  fait  connaître  par  la  publication  de 
quelques  petits  morceaux  faciles  pour  le  piano, 
parus  dans  ces  dernières  années.  J'ignore  si  c'est 
un  parent  du  précédent.  Il  est  né  à  Naples  le 
26  octobre  J840. 

FUSCO  (Michèle),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur, né  à  Naples  vers  1770,  fit  ses  études 
musicales  en  cette  ville.  Vers  1809  il  se  trou- 
vait à  Mot^ène,  et  l'année  suivante,  décidé  à  s'y 
fixer,  il  acceptait  les  fonctions  de  maestro  al 
cembalo  au  théâtre.  Il  conserva  cet  emploi 
pendant  plusieurs  années,  y  donnant  des  preu- 
ves de  talent  et  de  goût,  composant  et  faisant 
exécuter  des  cantates,  des  scènes,  des  ouver- 
tures qui  étaient  fort  bien  accueillies.  Il  écrivit 
aussi  un  oratorio ,  les  Sept  Paroles  du  Christ, 
une  messe  de  Req^iiem  que  l'on  dit  fort  belle 
et  qu'on  entend  encore  aujourd'hui  avec  plaisir, 
et  plusieurs  autres  messes.  Cet  artiste  mourut 
à  Modène,  âgé  de  58  ans,  le  23  août  1828. 

FUSNIER  (Jean),  musicien  belge  du  temps 
de  la  Renaissance,  naquit  à  Ath,  dans  le  Hai- 
naut.  M.  Auguste  Thys,  dans  son  Historique 
des  sociétés  chorales  de  Belgique,  dit  qu'il 
est  ci'é  par  Guicciardini  comme  un  savant  et 
excellent  musicien,  qu'il  fut  maître  de  chapelle 
de  Jean  Gebhard,  archevêque  de  Cologne  et 
précepteur  des  pages  de  l'empereur  Charles- 
Quint,  qu'il  accompagna  dans  son  expédition 
contre  Tunis. 


BIOCR.    liNIV.    DKS  MUSICIENS.    —    SUPPL.    —    T.    I. 


23 


GABET  (Charles),  peintre  miniaturiste,  né 
à  Courbevoie  en  1793,  a  publié  le  livre  suivant  : 
Dictionnaire  des  artistes  de  V  école  française 
au  XIX^  siècle,  peinture,  sculpture,  architec- 
ture, gravure^  dessin,  lithographie  et  composi- 
tion musicale  (Paris,  Vergne,  1831,  in-8°).  Bien 
que  ce  livre  soil  fort  incomplet  en  ce  qui  concerne 
les  musiciens,  puisque,  parmi  ceux-ci,  on  cher- 
che vainement  les  noms  de  Derton  tils,  Henri 
Blanchard,  Champein,  DaWimare,  Fr  Duvernoy, 
Habeneck,  Ladurner,  INorblin,  l'iantade,  Sallen- 
tin,  Solié,  Tulou,  Vogt,  etc.,  cependant  on  y 
trouve  sur  certains  artistes  quelques  renseigne- 
ments utiles  et  peu  connus. 

*  GAbRIELLI  (Le  comte  Nicolas),  est  né 
à  jNaples  le  21  février  1814,  et  a  étudié  l'harmo- 
nie et  la  composition  avec  Zingarelli  et  Duni- 
zetti.  On  a  peine  à  comprendre  comment  un  mu- 
sicien aussi  médiocre  à  tous  égards  a  pu  fournir 
une  carrière  aussi  active,  et  comment  il  s'est 
trouvé  tant  de  théâtres  importants  pour  accueil- 
lir les  fruits  de  son  imagination  débile.  M.  le 
comte  Gabrielli  n'a  pas  fait  jouer,  en  effet,  moins 
de  vingt-deux  opéras,  dont  dix-neuf  représentés 
à  Naples  et  trois  à  Paris,  et  il  n'a  pas  écrit  moins 
de  soixante  partitions  de  ballet,  toutes  sans 
mouvement,  sans  vie,  sans  couleur  et  sans 
grâce.  A  la  liste  de  ses  opéras  italiens,  il  faut 
ajouter  au  moins  Ester  et  il  Bugiardo  veri- 
tiero,  et  à  celle  de  ses  ouvrages  français  les  Mé- 
moires de  Fanchette,  un  acte  donné  au  théâtre 
Lyrique  en  1865.  Quant-  à  ses  ballets,  il  serait 
absolument  impossible  d'en  citer  les  titres  ; 
ceux  qui  sont  venus  à  ma  connaissance  sont 
Edwige,  la  Sposa  Veneziana,  Paquita,  ISa- 
dan,  il  Rayât  di  Benares,  donnés  à  Naples, 
l'Étoile  de  Messine  (Paris),  Yoite  (Vienne),  les 
Aimées  (Lyon),  l^Assedio  di  i>chiraz  (Milan, 
th.  de  la  Scala,  1840),  etc.,  etc. 

GABST  (A ),  compositeur  allemand,  est 

l'auteur  d'un  drame  lyrique,  le  Dernier  Jour 
de  Pompéi,  qui  a  été  représenté  à  Breslau  le 
16  avril  1864. 

*  GABUSSI  (ViNCENzo).  Le  sentiment  pé- 
nétrant des  nombreuses  mélodies  vocales  pu- 
bliées par  ce  compositeur,  l'avait  fait  surnom- 
mer en  Italie  il  miovo  Schubert.  Son  premier 
opéra,  i  Furbi  al  cimento,  fut  représenté  à  Mo- 
dène  le  12  février  1825.  Parmi  ses  autres  ou- 


vrages, il  faut  citer  Ernani,  représenté  en 
1834,  auThi^àtre-ltalien  de  Paris,  pour  lequel  il 
avait  été  expressément  écrit.  Gabussi  est  mort  à 
Londres,  le  12  septembre  1846.  Sa  sœur, 
M"»  Rita  Gabussi,  obtint  en  Italie  de  grands  suc- 
cès comme  cantatrice  dramatique;  née  en  182'J!, 
elle  épousa  un  chanteur  renommé,  le  baryton 
De  Bassini,  et  quitta  la  scène  fort  jeune,  pour 
se  retirera  Naples. 

*  GADE  (NiELs-GiiiLLAiME) ,  compositeur 
danois,  est  depuis  longues  'années  déjà  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  royal  de  Copenhague,  direc- 
teur de  la  société  des  concerts  l'Union  musicale, 
et  maître  de  la  chapelle  royale  de  Danemark. 
C'est  en  1862  qu'il  fut  appelé  à  exercer  ces  der- 
nières fonctions,  et  en  1875  il  célébra  le  vingt- 
cmquième  anniversaire  de  son  entrée  comme 
chef  d'orchestre  à  l'Union  musicale,  qui  lui  (ît,  à 
cette  occasion,  un  cadeau  de  9,000  kronen. 
L'année  suivante,  M.  Gieis  Nade  reçut  de  ses 
compatriotes,  qui  sont  justement  fiers  de  la  re- 
nommée qui  s'est  attachée  à  son  nom,  un  hom- 
mage peu  commun  :  dans  le  budget  de  1876,  le 
Foikething  lianois  (Chambre  des  députés)  vota 
deux  pensions  viagères  de  3,000  couronnes  cha- 
cune en  faveur  de  deux  compositeurs  nationaux 
dont  les  travaux  avaient  fait  la  gloire  de  leur 
pays  :  ces  deux  compositeurs  étaient  M.  Berg- 
griin  et  M.  Niels  Gade.  Deux  ans  auparavant,  ce 
dernier  avait  été  élu  membre  étranger  de  r.\ca- 
démie  des  Arts  de  Berlin. 

On  sait  que  la  popularité  de  cet  artiste  fort 
distingué  a  commencé  [d'abord  en  Allemagne. 
Lorsqu'après  la  guerre  du  Sleswig  il  crut  devoir 
retourner  dans  sa  patrie  et  s'y  établir  définitive- 
ment, il  fut  l'objet  des  sympathies  générales; 
mais  cela  ne  l'empêcha  pas  de  faire  de  fréquents 
voyages  en  Allemagne,  et  surtout  à  Leipzig, 
pour  y  faire  entendre  ses  œuvres,  qui  obtenaient 
toujours  beaucoup  de  succès.  Le  nom  du  compo- 
siteur se  répandit  aussi  en  Angleterre,  où  il  a 
été  appelé  plusieurs  fois  et  où  il  écrivit,  pour  un 
festival,  une  cantate  intitulée  the  Crusaders. 
Peu  connu  en  France,  il  nous  est  difficile  de 
juger  la  valeur  de  l'artiste,  dont  on  n'a  guère 
exécuté  que  l'ouverture  d'Ossian,  une  ou  deux 
symphonies,  et  son  andante  sostenuto  pour  or- 
chestre (op.  15),  qui  ont  figuré  sur  les  program- 
mes des  Concerts  populaires. 


GADE  —  GAIL 


355 


M.  Niels  Gacle  est  un  artiste  extrêmement 
laborieux,  dont  la  fécondité  est  peu  commune. 
A  la  liste  de  ses  œuvres  qui  figure  dans  la  Bio- 
graphie  universelle  des  Musiciens,  il  nous 
faut  joindre  les  suivantes  :  1»  sixième  sympho- 
nie à  grand  orcliestre  ;  2°  septième  symphonie  ; 
3°  huitième  symphonie  (en  si  mineur)  ;  4°  Die 
Kreuzfahrer,  cantate  écrite  sur  un  texte 
d'Andersen  ;  5°  Kalanus,  composition  (harna- 
tique  en  3  parties,  pour  voix  seules,  chœurs  et 
orchestre  ;  6°  la  Nuit  sainte,  cantate  pour 
chœur  et  orchestre,  écrite  sur  un  texte  de  Pla- 
ten  ;  7°  Message  du  Printemps,  cantate  pour 
chœur  et  orchestre  ;  8"  Sion,  cantate  sacrée  ; 
9"  the  Crusaders,  cantate  composée  pour  un 
festival  anglais;  lO"  In  the  Highlands,  ouver- 
ture; 11°  Hamlet,  ouverture;  12°  Michel. 
Ange,  ouverture;  13°  Novelletten,  4  pièces 
d'orchestre,  op.  53;  14"  1"=  et  2<=  sonates  pour 
piano  et  .ïiolon  (en  la  majeur  et  en  ré  bémol), 
op.  6  et  21  ;  15"  sonate  pour  piano  (en  mihé- 
mol) ,  op.  28  ;  16"  Arabesque,  pour  piano  (en 
fa  majeur),  op.  27;  17°  Volkstànze,  i  pièces 
pour  piano,  op.  31  ;  18°  octuor  pour  4  violons,  2 
altos  et  2  violoncelles,  op.  17  ;  19"  trio  pour 
piano^  violon  et  violoncelle,  op.  42  ;  etc.,  etc.  A 
tout  cela,  il  faut  ajouter  un  opéra  intitulé  3to- 
rioita,  le  seul  qu'on  connaisse  de  son  auteur.  Cet 
ouvrage  a  été  représentée  à  Copenhague  il  y  a 
longtemps  déjà,  et  je  crois  qu'il  n'a  obtenu  que 
peu  de  succès,  car  il  n'a  été  reproduit  nulle  autre 
part. 

,■  Le  fameux  sculpteur  Vilhelm  Bissen,  mort  il  y 
a  quelques  années,  a  fait  un  excellent  buste  de 
son  compatriote  Niels  Gade. 

G^ïHRICH  (Wenzel)  ,  pianiste,  chef  d'or- 
chestre et  compositeur,  naquit  le  16  septembre 
1794  à  Zercliowitz,  en  Bohème.  Il  reçut  une 
bonne  éducation  musicale,  et  se  produisit  comme 
compositeur,  écrivant  plusieurs  symphonies  et 
d'assez  nombreux  morceaux  de  piano.  Devenu 
chef  d'orchestre  pour  le  ballet  à  l'Opéra  royal 
de  Berlin,  il  conserva  cet  emploi  pendant  plus 
de  trente  ans,  et  écrivit  la  musique  de  plusieuis 
ballets  qui  obtinrent  du  succès  et  parmi  lesquels 
on  cite  particulièrement  ceux  intitulés  Don  Qui- 
chotte, Aladin  et  le  Corsaire.  Gœhrich  avait 
pris  sa  retraite  depuis  quelques  années  lorsqu'il 
mourut  à  Berlin,  le  15  septembre  1864,  au  mo- 
ment d'accomplir  sa  soixante-dixième  année. 
Parmi  ses  compositions  instrumentales,  il  faut 
surtout  citer  sa  i"  symphonie  à  grand  orches- 
tre, en  mi  majeur,  op.  1,  sa  2*^  symphonie,  en 
ré  majeur,  op.  3,  et  un  quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  violoncelle,  op.  4. 

*  GAFORI  (Franchino).  On  trouve  une  no- 


lice  biographique  étendue  sur  cet  artiste  juste- 
ment célèbre  dans  le  recueil  qui  a  été  lait  ré- 
cemmentdes  écrits  du  compositeur  Mayr  :  Bio~ 
grafie  di  scrittore  e  arlisti  musicali  Berga- 
maschi  na/ivi  od  oriundi  (Bergame,  Pagnon- 
celli,  1875,  in-i"). 

.*  GAGUARDI(DiONisio-PoLiANi).  Aux  ou- 
vrages dramatiques  mentionnés  au  nom  de  ce 
compositeur,  il  faut  ajouter  les  suivants  :  1°  le 
Perrière  di  Marenima ;  2'^  la  Barcajuola  sviz- 
zera  ;  3"  il  Coscritto. 

*  GAIL  (Edmée-Sophie  GARRE,  femme), 
n'est  pas  née  à  Melun  en  1776,  comme  on  l'a  cru 
jusq'i'ici,  mais  à  Paris,  le  28  août  1775.  C'est 
M.  Th.  Lhuillier  (Voy.  ce  nom),  qui,  dans  son 
écrit  intitulé  :  Note  sur  quelques  musiciens 
dans  la  Brie,  a  rectifié  cette  erreur  d'après  un 
document  authentique  :  «  Tous  les  biographes, 
dit  M.  Liiuillier,  font  naître  cette  dame  à  Meluis 
en  1776.  Recherches  faites,  nous  pouvons  cons- 
tater qu'il  y  a  eu  confusion.  Claude-François 
Garre,  son  père,  était  en  effet  originaire  de 
Melun.  Né  le  30  avril  1730,  d'un  épicier  de  la 
paroisse  Saint  Aspais  (1),  il  devint  chirurgien- 
major  de  l'école  royale  militaire  de  la  grande  et 
de  la  petite  écurie  de  S.  M.,  conseiller  du  comité 
peipetuel  de  chirurgie,  chirurgien  ordinaire  du 
roi,  memhre  du  collège  de  chirurgie,  l'un  des 
vingt  de  l'Académie  et  associé  de  celle  des 
sciences  d'Angers.  Ou  le  retrouve  avec  ces  divers 
litres  sur  les  registres  paroissiaux  de  notre  ville, 
à  la  mort  de  ses  père  et  mère,  le  17  mai  1770  et 
22  juin  1778  (2).  Le  docteur  Garre,  qui  était, 
comme  on  voit,  un  homme  distingué,  dont  Me- 
lun peut  s'honorer,  habitait  à  Paris  la  rue 
Bourbon,  paroisse  Saint-Sulpice,  et  c'est  là  qu'est 
née  Edmée-Sophie  Garre,  le  28  août  1775.  » 

Voici,  en  effet,  l'extrait  du  registre  de  1775, 
v"  125,  paroisse  Saint-Sulpice  :  —  «  Ledit  jour 
29  d'août  mil  sept  cent  soixante-quinze,  a  été 
baptisée  Edmée  Sophie,  née  de  hier,  fille  de 
M.  Claude-François  Garre,  docteur  en  médecine, 
major  de  l'École  royal  (5«c)  militaire,  etc.,  et  de- 
moiselle Marie-Louise-Adélaïde  Colloze,  son 
épouse,  demeurants  rue  de  Bourbon.  Le  parein 
Jean  Colloze,  chancelier  honoraire  du  duché 
souverain  de  Bouillon  et  grand  baillif  de  Créqui, 

(1)  Henri  Garre,  épicier,  à  Tliôtei  Saint-Christophe.  (Ar- 
chives (le  Seine  et-Marne,  H.  2bl.) 

(2)  I-e  docteur  Garn'  fisure  au  décret  de  liquidation  du 
2  Juillet  179-,  inséré  au  Bulletin  des  Lois,  comme  rhlrur- 
gicn  ordinaire  de  l'écurie  du  roi;  il  reçoit  l'arriéré  de  ses 
gaaes,  soit  l!,603  1.  2  s.  6  d.  —  L'année  suivante,  on  le 
porta  sur  la  liste  des  émigrés,  mais  comme  il  n'avait  pas 
quitte  son  doraicilf,  alors  transféré  rue  de  Grenelle, 
n°  333,  section  du  Bonnet  rouge,  il  obtint  facilement,  sa 
radiation. 


356 


GAIL  —  GALLAY 


représenté  par  M.  Charles-Godefroy  Co'loze, 
avocat  (M  parlement,  conseiller  du  Roy,  expéii"^ 
en  cour  de  Rome  et  délégdtion,  Jils  du  susdit 
parein.  La  rnareine  daine  Ed me  Marguerite 
Blancliiird  Colloze,  femme  du  susdit  parein,  re- 
présentée par  Aone-Dorotliée  Collo/e,  épouse  de 
M.  Claude  Christophe  Courtin,  avocat  en  par- 
lement, tille  des  susdits  parein  et  rnareine.  » 

GAILLARD  ( ),  luthier  français  con- 
temporain, fut,  à  la  suite  de  son  appreniissage, 
employé  comme  premier  ouvrier  chez  Gand 
{Voy.  ce  nom).  11  s'établit  ensuite  à  son  compte, 
vers  IH52,  et  construisit  un  assez  gram)  nombre 
de  violons  dont  le  vernis  était  un  peu  cru,  mais 
dont  les  proportions  étaient  heureusement  étu- 
diées et  dont  la  sonorité  n'était  point  sans  qua- 
lités. Gaillard  est  mort  il  y  a  quelques  années. 

(iAJETAl\  (Fabrice),  musicien  italien,  s'é- 
tablit en  France,  où  il  devint  maître  de  la 
chapelle  du  duc  de  Guise.  Il  obtint  en  157C,  au 
concours  du  puy  de  musique  d'Evreux,  le  prix 
du  cornet  d'argent  pour  une  chanson  française  : 
C'est  mourir  mille  foys  le  jour. 

GALITZIIV  (Le  Prince  Georges),  composi- 
teur russe,  né  à  Saint-Pétersbouig  en  1823, 
descend  d'une  très-ancienne  famille  moscovite 
dont  les  deux  représentants  les  plus  illustres 
'  furent  le  prince  Soltikoff  et  le  prince  Michel  Ga- 
litzin.  C'est  à  son  père,  Michel  Galifzin,  grand 
amateur  de  musique  lui-même  et  violoncelliste 
distingué,  que  Beethoven  dédia  une  de  ses  der- 
nières oeuvres.  Élevé  au  corps  impérial  des 
pages,  M.  Georges  Gaiitzin,  qui  alla  compléter 
en  Allemagne  des  études  heureusement  commen- 
cées dans  sa  patrie,  préfera,  en  dépit  des  coutu- 
mes et  des  traditions  de  la  noblesse  russe,  la 
carrière  administrative  à  l'état  militaire,  et  cela 
peut-être  parce  qu'il  y  trouvait  plus  de  liberté 
pour  se  livrer  à  son  goiit  passionné  pour  la  mu- 
sique. Ce  goût  était  tel  qu'il  établit  dans  son 
palais  un  excellent  quatuor  d'instruments  à  cor- 
des, et  qu'il  se  forma  et  entretint  pendant  près 
de  vingt  ans  une  chapelle  qui  fournit,  dit-on,  k 
une  grande  partie  de  l'Europe  des  choristes  so- 
lides et  merveilleusement  exercés. 

Le  prince  s'occupait  beaucoup  de  composi- 
tion ;  mais  il  professait  en  politique,  paraît-il,  des 
idées  fort  avancées  qui  le  firent  très-mal  voira 
la  cour.  Il  avait  entrepris  li'écrire  la  musique 
d'un  grand  drame  lyrique  que  son  seul  titre,  VÉ- 
mancipation  des  serfs,  l'obligea  d'abandonner, 
et  qui  lui  valut  de  l'empereur  un  ordre  d'exil.  Il 
partit  alors,  visita  d'abord  l'Allemagne  en  don- 
nant des  concerts  qu'il  dirigeait  lui-même  et 
dans  lesquels  il  faisait  principalement  exécuter 
sa  musique  et  celle  de  son  compatriote  Glinka. 


Il  parcourut  ensuite  l'Angleterre  ,  l'Ecosse  et 
l'Irlande,  toujours  donnant  des  concerts  (Priti' 
cess'  Galilzin  concerts),  propageant  et  faisant 
connaître  la  musique  russe,  vivant  de  son  ta- 
lent d'artiste,  supportant  avec  une  énergie  vi- 
rile et  une  rare  constance  les  difficultés  maté- 
rielles et  morales  de  la  situation  qui  lui  était 
faite,  et  se  livrant  avec  ardeur  à  la  production 
d'un  grand  nombre  d'ceuvres  fort  importantes. 
En  1862,  il  \int  en  France,  et  le  17  juillet  de 
cette  année  il  donna  à  la  salle  Herz,  au  profit  des 
incendiés  de  Saint-Pétersbourg,  un  grand  concert 
dans  lequel  sa  musique  et  celle  de  Glinka  obtin- 
rent un  succès  considérable. 

Cependant,  le  prince  rentra  en  grâce  et  obtint 
l'autorisation  de  retourner  à  Saint-Pétersbourg. 
Ses  fonctions  de  chambellan  de  l'empereur  et  de 
grand  maréchal  de  la  noblesse  du  gouvernement 
de  Tainbow  ne  purent  l'empêcher  de  continuer 
à  suivre  son  penchant  pour  l'art  qu'il  chérissait. 
Il  avait  assisté,  à  Paris,  aux  commencements  et 
aux  succès  des  Concerts  populaires  fondés  par 
M.  Pasdeloup  [Voyez  ce  nom);  il  n'eut  point  de 
cesse,  une  fois  de  retour  dans  sa  patrie,  qu'il 
n'y  eiit  introduit  et  naturalisé  cette  belle  insti- 
tution. Dans  l'hiver  de  1865-66,  il  organisa  donc 
dans  la  salle  du  Grand-Manége,  à  Moscou,  des 
concerts  populaires  de  musique  classique  sur  le 
modèle  des  nôtres,  avec  des  places  à  20  kopeks 
(environ  75  centimes).  L'orchestre  de  ces  con- 
certs, soigneusement  formé  par  lui,  était  excel- 
lent, et  il  y  avait  ajouté  une  partie  chorale  des- 
servie par  des  chantres  au  nombre  de  cinq- 
cents. 

Parmi  les  nombreuses  œuvres  composées  par 
le  prince  Georges  Gaiitzin,  on  cite  particulière- 
ment :  r  une  messe  en  fu  ;  2"  une  messe  en  ut  ; 
3"  2  Fantaisies  pour  orchestre;  4°  18  romances 
ou  Ballades;  5"  un  assez  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  concert  pour  llùte,  pour  hautbois,  et 
pour  cornet  à  pistons;  G"  plus  de  vingt-cinq 
morceaux  de  danse;  7"  des  duos,  des  trios  et  des 
chœurs  ;  8"  enfin  deux  méthodes  de  chant,  dont 
une  avec  des  exercices  pour  chceur  à  quatre  voix. 
On  assure  que,  pendant  son  séjour  à  Paris,  le 
prince  Gi'orges  Gaiitzin  av^iit  reçu  de  l'adminis- 
tration de  l'Opéra  la  mission  d'écrire  un  drame 
lyrique  sur  le  sujet  illustré  par  Michel  de  Glinka  : 
la  Vie  pour  le  czar. 

En  1869,  le  bruit  courut  de  lamortdu  prince 
Georges  Gaiitzin ,  qui  aurait  été  assassiné  dans 
les  circonstances  les  plus  étranges.  Cette  nouvelle 
était  fausse.  Le  prince  est  mort,  des  suites  d'un 
refroidissement,  au  mois  de  septembre  1872. 

*GALL.'\Y  (J\CQUEs  François),  est  mort  à 
Paris,  au  mois  d'octobre  1864.  Cet  artiste  dis- 


GALLAY  —  GALLETTI-GIANOLI 


357 


tingué,  qui  avait  été  nommé  professpui-  de  cor 
au  Conservatoire  âe  Paris  le  16  novembre  1842, 
a  occupé  ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort.  A  la  liste 
(lèses  compositions  pour  son  instrument,  il  faut 
ajouter  les  suivanti^s  :  I"  Préludes  mesurés  et 
non  mesurés,  op.  27,  Paris,  Colombier;  2°  12 
Grands  Caprices,  op  32,  ib.,  ib.;  li"  12  Duos 
faciles,  op.  14,  ib.,  il).;  4"  ISoclurne  concer- 
tant avec  piano,  op.  3fi,  ib.,  id.;  5"  3  Grands 
Trios,  pour  troiscors,  op.  24,  ib..  ib.;  6»  Grand 
Quatuor  pour  quatre  cors  en  différents  tons, 
op.  20,  ib.,  ib.;  7"  24  Exercices  dans  tous  les 
tons  majeurs  et  mineurs,  op.  37,  Paris,  Sclio- 
nenberger;  8°  i2  Grandes  Études  brillantes, 
op.  43,  ib.,  ib.;  9°  12  Éludes  pour  le  deuxième 
cor,  op.  57,  ib.,  ib  ;  10"  Méthode  complèlede 
cor,  ib.,  ib. 

G.\LLA  Y  (Jules),  violoncelliste  amateur  et 
dilettante  passionné,  né  à  Saint-Quentin  (Aisne) 
en  1822,  s'est  fait  connaître  par  plusieurs  publi- 
cations intéressantes  relatives  à  la  musique,  et 
particulièrement  à  la  lutherie.  Ces  [)ublicati'>ns 
.sont  les  suivantes  :  1°  les  Instruments  à  archet 
à  VExposition  universelh:  de  1867  (Paris, 
imp.  Jouaust,  1867,  in-12  de  67  pp.);  —  2°  les 
Luthiers  italiens  aux  X  Vile  et  XVIII"  siècles, 
nouvelle  édition  du  Parfait  Lulhier  {la  Ché- 
lonomie)  de  Cabbé  Sibire,  suirie  de  notes  sur 
lesmaîtresdes  diverses  écoles  (Paris,  Académie 
des  Bibliophiles,  1869,  in-12),  réimpression 
textuelle  de  l'ouvrage  bien  connu  de  l'abbé  Si- 
bire, avec  une  préface  et  des  annotations  impor- 
tantes;—  3°  le  Mariage  de  la  Musique  avec 
la  Dance  (réimpression  de  cet  écrit  fameux  de 
Guillaume  du  Manoir),  précédé  d'une  introduc- 
tion historique  et  accompagné  de  notes  et 
éclaircissements  (Paris,  Académie  des  Biblio- 
philes, 1870,  in-12);—  4o  les  Instruments  des 
écoles  italiennes,  catalogue  précédé  d''une  in- 
troduction et  suivi  de  notes  sur  les  principaux 
maures  (Paris,  Gand  et  Bernardel,  1872,  in-12). 
M.  Gallay,  qui  est  adjoint  à  la  mairie  du  V1II<=  ar- 
rondissement de  Paris  et  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  a  été  désigné  comme  membre  du 
jury  internalioiial  à  l'Exposition  universelle  de 
Vienne  (Autriche)  de  1873;  c'est  en  cette  qualité 
qu'il  a  rédigé  le  Rapport  sur  les  instruments 
de  musique  (à  archet)  publié  en  1873  (Paris, 
Imprimerie  nationale,  in-4  de  14  p|i.).  M.  Gallay 
est  l'un  des  collaborateurs  du  supplément  de  la 
Biographie  nninerselle  des  Musiciens. 

GALLEAMI  ( ).  Un  musicien  de  ce  nom 

a  fait  représenter  en  1877,  sur  le  Théâtre  Prin- 
cipal, de  Barcelone,  une  opérette  en  3  actes,  inti- 
tulée Fiordirosa,  dont  le  sujet  était  emprunté, 
ainsi  que  cela  arrive  neuf  fois  sur  dix  à  l'étran- 


ger, de  la  pièce  française  connue  sous  le  titre 
de  Fleur  de  Thé. 

GALLEGOS  (J ),  mécanicien  espagnol, 

est  l'invcntf'ur  d'un  inslnimt  nt  baptisé  par  lui  du 
nom  de  harpe  philharmonique,  et  que  M.  Paul 
Lavigne  (Anatole  Loqiiin)  décrivait  ainsi,  au  mois 
de  mai  1866,  dans  le  feuilleton  musical  du  jour- 
nal la  Gironde  :  «  M.  J.  Gallegos  est  l'auteur 
(i'un  instrument  de  musique  des  plus  cuiieux, 
qui  nous  païaît  destiné  à  remplacer,  si  son  au- 
teur parvient  à  le  répandre,  les  différents  instru- 
ments à  cordes  pincées  qui  sont  encore  employés 
à  noire  é|)oque.  Cet  instrument,  auquel  son  in- 
venteur a  'omé  le  nom  de  harpe  philharmo- 
nique, contient  à  la  fois  les  cordes  graves  du 
violoncelle,  une  guitare  complète,  et  toute  la 
série  aiguë  des  cordes  de  la  harpe.  Jl  a  deux 
manches  :  l'un  de  basse,  l'autre  de  guitare,  ce 
qui  n'empêche  pas  sa  forme  d'être  des  plus  élé- 
gantes. )' 

GALLETTI  GIAÏVOLI  (Isabelle),  canta- 
trice fort  remarqual)le,  née  vers  1835,  s'est  fait 
une  grande  réputation  dans  sa  patrie  et  est  con- 
sidérée [lar  les  Italiens  comme  la  plus  grande 
chanteuse  dramatique  qu'ils  possèdent.  Cette  re- 
nommée ne  me  paraît  pas  exagérée,  car  j'ai  en- 
tendu M'"^  Gallelli  en  1873  à  Milan,  au  théâtre 
dal  Verme,  d  ms  la  Favorite,  et  j'ai  reconnu  en 
elle  une  artiste  de  premier  ordre,  douée  d'une 
voix  sonore,  grasse,  souple  e(  étendue,  sachant 
conduire  cette  voix  avec  le  goût  le  plus  parfait, 
et  possédant  en  même  temps  irn  grand  sentiment 
de  la  scène  et  d'incoiiteslables  qualités  dr-amati- 
ques.  Il  est  fàcheirx  qu'un  embonpoint  exagéré 
vienne  porter  tort  aux  f.icultés  de  la  virtuose,  dont 
h  respiration  est  parfois  gênée  et  embarrassée. 
Toutefois,  M"""  Galletti-Gianoli^  qui  n'a  connu 
jusqu'ici  que  des  succès,  a  conservé  toute  son  in- 
fluence et  son  autorité  sur  le  public,  et  la  supé- 
riorité de  son  talent  n'a  pas  été  étrangère  au 
gi-and  succès  qui  a  accueilli  l'an  dernier  (1875), 
à  Florerrce,  la  Dolores  du  jeune  compositeur 
Aiiteri-Manzocchi  {Voyez  ce  nom).  On  aura 
d'ailleurs  une  idée  de  la  valeur  que  les  Italiens 
atlacherrt  au  talent  de  cette  grande  artiste  par 
l'aimonce  que  faisaient  récemment  les  journaux 
de  la  Péninsule,  qui  affirmaient  que  la  dii-ection 
du  théâtre  Apollo,  de  Rome,  l'avait  engagée 
pour  une  série  de  rcpr-ésenlations  à  1,800  francs 
l'une,  chiifre  peu  habituel  en  Italie. 

M'""  Galletti-G'anoli  comrn  'uçait  sa  carrière 
lor'squ'en  1860  elle  était  à  Brescia,  oii  on  lui  pré- 
disait uu  brillant  avenir  et  où  on  la  comparait  à 
la  Malibr-an  et  à  la  Cnrvelli.  L'année  suivante, 
elle  était  engagée  au  théâtre  San-Cario,  tic  Na- 
ples,  où  elle  se  montrait  avec  succès.  En  1865, 


358 


GALLETTI-GIANOLI  —  GALLI-MARIÉ 


on  la  retrouve  à  Lon<]res,  où  Ip  public  l'accueille 
chaleureusement  dans  iVorma.  En  1866,  elle  est 
à  Madrid,  et  n'est  pas  moins  bien  reçue;  puis 
elle  retourne  en  Italie,  reparaît  à  la  Scala ,  va 
créera  Modène,  en  1872,  un  opéra  nouveau  de 
M.  Pedrotti,  Olema  la  Schiava,  revient  à  Mi- 
lan, cette  fois  au  théâtre  Dal  Vernie,  dont  elle  ne 
peut  pourtant  conjurer  la  mauvaise  fortune,  va 
faire  une  brillante  saison  au  théâtre  San  Carlos 
de  Lisbonne,  et  en  1876  se  montre  de  nouveau 
à  la  Scala.  Malheureusement,  depuis  plusieurs 
années,  la  santé  de  M""'  Galletti-Gianoli  est  très- 
précaire,  et  de  graves  indispositions  viennent 
fréquemment  la  mettre  dans  l'impossibilité  de 
satisfaire    à  ses  engagoments. 

GALLI  (EcGENio),  compositeur,  né  à  Luc- 
ques  le  12  février  1810,  fut  élève  en  cette  ville 
du  chanoine  Marco  Sanlucci.  Envoyé  à  Vienne 
pour  y  terminer  son  éducation,  il  devint  un  ex- 
cellent contra|iuntiste,  et  à  son  retour  à  Luc- 
ques  se  vit  confier  la  chaire  de  contre-point  à 
l'Institut  musical,  oii  il  enseigna  pendant  de 
longues  années.  Devenu  maître  de  la  chapelle 
ducale,  il  écrivit  plusieurs  messes  à  quatre  voix 
avec  accompagnement  d'orchestre,  une  messe  de 
Requiem  qui  fut  à  sa  mort,  et  selon  son  désir,  dé- 
posée dans  les  archives  de  l'institut,  et  publia 
des  fugues  pour  orgue  dont  on  dit  le  plus  grand 
bien.  Il  mourut  le  premier  septembre  1867, 
après  avoir  complètement  abandonné,  depuis 
quelques  années,  l'exercice  de  son  art. 

GA'LLI  (R\ffaele),  flûtiste  italien,  compo- 
siteur pour  son  instrument,  a  publié  plus  de 
cent  œuvres  de  divers  genres,  parmi  lesquelles 
je  me  bornerai  à  citer  les  suivantes:  6  concer- 
tinos,  avec  accompagnement  de  piano  ;  les  Élè- 
ves en  Société,  dix  Divertissements  brillants  et 
faciles  pour  flûte  et  piano  concertants^  tirés  des 
motifs  des  opéras  de  Verdi;  Y  Ami  des  Dilet- 
tantes ^  suite  de  fantaisies  sur  des  airs  d'opi'-- 
ras  ;  duos  concertants  pour  deux  flûtes  ;  airs 
variés,  fantaisies,  divertissements  pour  tlùle 
seule,  avec  accompagnement  de  piano. 

GALLI  (Amintore),  compositeur  et  musico- 
graphe italien,  est  né  à  Riinini  le  12  octobre 
1845.  Après  avoir  étudié  le  dessin,  les  mathéma- 
tiques et  la  philosophie  au  Gymnase  de  sa  ville 
natale,  il  finit  par  s'adonner  à  la  musique,  entra 
au  Conservatoire  de  Milan,  où  il  devint  l'élève 
de  M.  G.  lî.  Croff  pour  la  composition,  et  en 
1867  fit  exécuter  dans  cet  établissement  une 
cantate  intitulée  r£'5;;m:;/o/ie.  Après  avoir  passé 
quel(pie  temps  dans  la  province  de  Modène 
comme  directeur  d'une  école  de  musique,  le 
jeune  artiste  commença  à  se  livrer  avec  ardeur 
à  la  composition  et  à  la  littérature   musicale. 


Il  écrivit  quelques  opéras  :  César e  al  Rnbicone, 
représenté  avec  succès,  il  Risorgimento,  donné 
à  Piome,  il  Corno  iVoro,  puis  plusieurs  messes, 
un  Stabat  mater,  et  enfin  un  oratorio,  Cristo 
al  Golgota,  qui  fut  très-bien  accueilli  ;  en 
même  temps  il  publiait  ses  premiers  travaux  lit- 
téraires, VArte  foneiica,  et  un  volume  intitulé  la 
Musica  ed  i  Musicisti  dol  secolo  X  sino  ai 
nostri  giorni,  ovvero  Biografie  cronologiche 
d'illustri  macstri  (Milan,  Canti,  1871,  in-8"). 
Ce  livre,  en  tête  duquel  l'auteur  a  placé  pour 
épigraphe  cette  phrase  de  Fétis  :  «  La  musique 
est  l'œuvre  idéale  de  l'humanité,  »  a  été  écrit 
dans  le  but  de  compléter  l'instruction  musicale 
des  élèves  des  écoles  de  chant  choral  de  Milan; 
il  n'y  faut  donc  chercher  ni  renseignements 
nouveaux,  ni  documents  inédits,  ni  discussions 
esthétiques,  ni  vues  philosophiques  particuliè- 
res ;  mais  il  est  conçu  avec  intelligence,  écrit 
avec  soin,  et,  tel  qu'il  est,  peut  rendre  d'utiles 
services.  On  peut  seulement  lui  reprocher  quel- 
ques définitions  un  peu  brèves  et  un  peu  singu- 
lières du  génie  de  certains  artistes,  comme,  par 
exemple,  lorsque  l'écrivain  se  hasarde  à  dire  que 
Berlioz  est  «  réputé  le  champion  de  la  musique 
à  programme ,  »  que  M.  Stefano  Golinelli  est 
'<  le  Bach  de  l'Italie,  »  enfin  que  M.  Ambroise 
Thomas  «  est  l'heureux  disciple  de  Wagner.  » 

M.  Gain  dirige  actuellement  à  Milan  le  grand 
établissement  musical  de  M.  Edoardo  Sonzo- 
gno,  qui  s'occupe  surtout  de  répandre  et  de  pu- 
blier en  Italie  tous  les  chefs-d'ceuvre  de  l'école 
française,  et  il  écrit  les  notices  historiques  de 
toutes  les  partitions  qui  composent  la  collection 
de  la  Musi);a  per  tutti,  publiée  par  cette  impor- 
tante maison  ;  il  est  en  même  temps  rédacteur 
musical  du  journal  il  Secolo.  Ce  jeune  artiste 
prépare  en  ce  moment  la  publicition  d'un  opus- 
cule intitulé  rortofonia,  et  celle  d'un  livre  à 
la  fois  historique  et  tbi^orique  qui  aura  pour 
titre:  la  Musica  militare  in  Europa. 

GALLI-MARIÉ  (M"-^),  chanteuse  drama- 
tique, est  fille  de  M.  Marié,  baryton  qui  fil  pen- 
dant plus  de  quinze  ans  partie  du  personnel  de 
rOpéra.  Douée  d'une  voix  de  mezzo-soprano 
assez  courte,  mais  d'aptitudes  scéniques  incon- 
testables, elle  embrassa  de  bonne  heure  la  car- 
rière théâtrale  et  tint  successivement  l'emploi 
de  fortes  chanteuses  d'opéra  dans  plusieurs 
villes  importantes.  En  1859,  on  la  trouve  à 
Strasbourg,  en  1860  à  Toulouse,  d'oii  elle  se 
rend,  en  1861,  à  Lisbonne,  pour  chanter  le  ré- 
pertoire italien  au  théâtre  San-Carlos.  De  Lis- 
bonne elle  revient  en  France,  accepte  un  enga- 
gement pour  Rouen,  où  elle  obtient  un  grand 
succès,  et  crée  en  cette    ville ,  au  mois  d'avril 


GALU-MARIÉ  —  GAMBINI 


359 


1862,1e  rôle  principal  d'un  opéra  de  Balfe,  fia 
Bohémienne,  qui  n'avait  pas  encore  été  joué  à 
Paris.  La  représentation  de  cet  ouvrage  ayant 
eu  un  certain  retentissement,  M.  Perrin,  alors 
directeur  de  l'Opéra-Comique  ,  se  rendit  à 
Rouen  pour  y  entendre  M""'  Galli-Marié,  eu  fut 
très-satisfait,  et  l'engagea  séance  tenante. 

La  jeune  artiste  débuta  donc  à  l'Opéra-Comi- 
que, au  mois  d'août  1862,  dans  la  Servante 
maîtresse,  de  Pergolèse,  qui  n'avait  pas  été 
jouée  depuis  près  d'un  siècle,  et  que  l'on  avait 
remontée  à  son  intention.  Son  goût  musical, 
la  justesse  de  sa  diction,  son  vrai  talent  de 
comédienne  lui  valurent  de  la  part  de  la  critique 
et  du  public  un  succès  très-vif  et  de  très-bon 
aloi.  Mais  comme  son  engagement  à  Rouen  n'é- 
tait pas  expiré,  M™''  Galli-Marié  se  partagea,  pen- 
dant toute  la  fin  de  la  saison  théâtrale,  entre  cette 
ville  et  Paris.  Bientôt,  cependant,  elle  fit  exclu- 
sivement partie  du  personnel  de  l'Opera-Coniiqup, 
et  fit  à  ce  théâtre  plusieurs  créations  importantes 
qui  montrèrent  toute  la  souplesse  et  la  flexibilité 
de  son  talent.  Également  propre  à  exciter  le  rire 
et  à  provoquer  les  larmes,  douée  d"im  tempéra- 
ment artistique  très-original  et  très-personnel  qui 
lui  permettait,  sans  imiter  personne,  o'e  faire  Hes 
types  véritablesjdes  rôles  qui  lui  étaient  conliés, 
M'"^  Galli-Marié  se  fit  applaudir  dans  toute  une 
série  d'ouvrages  où  elle  représentait  des  per- 
sonnages de  nature  et  de  caractères  essentielle- 
ment opposés  :  Lara,  le  Capitaine  Henriot, 
Fior  d'Aliza,  la  Petite  Fadeite,  José  Marin, 
Robinson  Crusoé,  Fantasio,  l-  Passant,  Don 
César  de  Bazan,  Carmen;  elle  reprit  aussi 
quelques  pièces  de  répertoire,  Marie,  les 
Porcherons,  les  Amours  du  Diable,  les  Dra- 
gons de  Villars,  etc.  Après  une  courte  absence, 
pendant  laquelle  elle  parcourut  la  Belgique, 
cette  artiste  distinguée  est  rentrée  à  l'Opéra- 
Comique   au  mois  d'octobre   1874. 

M"""  Galli  Marié  doit  prendre  place  au  rang 
des  artistes  nombreux  qui,  bien  que  doués  d'une 
voix  médiocre,  ont  rendu  depuis  un  siècle  à  ce 
théâtre  des  services  signalés  par  leur  talent  scé- 
nique  et  leur  incontestable  valeur  au  point  de 
vue  dramatique. 

GALLIERI  ( ),  compositeur  et  impré- 
sario italien,  a  fait  représenter  le  G  juin  1S67,  à 
Milan,  sur  le  théâtre  de  la  Canobbiana,  dont  il 
était  alors  le  directeur,  un  opéra  intitulé  Za- 
granella;  cet  ouvrage  tomba  si  lourdement, 
m«lgi  é  la  situation  de  son  auteur,  qu'on  ne  put  le 
jouer  que  deux  fois,  en  dépit  de  modifications 
nombreuses  qui  y  avaient  été  apportées  pour  la 
seconde  représentation.  Je  crois  qu'un  peu  plus 
tard,  M.  Gallieri   prit   la  direction   d'un  autre 


théâtre  de  Milan,  et  qu'il  5y  fit  jouer  encore 
une  opérette  qui  n'obtint  qu'un  médiocre  suc- 
cès. 

GALLIGMAjVI  (Giuseppe),  jeune  composi- 
teur italien,  qui  a  fait  son  éilucation  musicale  au 
Conservatoire  de  Milan,  avait  quitté  l'école  de- 
puis cinq  ans  environ  lorsqu'il  fit  représenter  sur 
le  théâtre  Carcano,  de  cette  ville,  le  30  mars 
1876,  un  opéra  sérieux  en  trois  actes,  intitulé 
Atala,  dont  le  sujet  était  emprunté  au  roman 
célèbre  de  Chateaubriand.  Ce  début  ne  fut  pas 
heureux,  et  l'ouvrage  n'eut  pas  de  succès. 

'*  G  ALLO  (IcNAzio).  Selon  M.  Fraucesco 
Floriino,  le  consciencieux  historien  des  Conser- 
vatoires de  Naples,  cet  artiste  serait  né  dans 
cette  ville  en  1789,  et  c'est  au  Cori.servatoire 
dei  Povt'ri  di  Gesii  Cristo  qu'il  serait  devenu 
l'élève  d'Alessandro  Scarlatti.  On  ignore  l'épo- 
que de  sa  mort,  mais  on  sait  par  tradition  qu'il 
fut  le  maître  de  David  Perez. 

GALLUS  ou  GALLI  (Antoine),  composi- 
teur qui  vivait  dans  les  Pays-Bas  au  milieu  du 
seizième  siècle,  a  fourni  quatre  chansons  au 
recueil  divisé  en  six  livres  que  Pierre  Phalèse 
publia  à  Louvain  en  1555-1556,  et  dont  le  pre- 
mier parut  sous  ce  titre  :  Premier  livre  des 
chansons  à  quatre  parties,  nouvellement com- 
posez  (sic)  et  mises  en  musique,  convenables 
tant  aux  instritmenfz  comme  à  la  voix  (Lou- 
vain, 1555,  in-4°). 

GALLYOT  (Théodore),  violoncelliste  et 
compositeur,  ancien  élève  du  Conservatoire  de 
Metz,  où  il  fut  ensuite  professeur  de  violoncelle, 
vint  plus  lard  s'établir  à  Paris,  et  fut  violoncel- 
liste au  Théâtre-Lyrique  et  aux  Fantaisies-Pari- 
siennes. Il  a  fait  représenter  à  ce  dernier  théâtre, 
le  16  mars  1867,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  l'Amour  mannequin. 

GAMBINI  (Le  P.  Andréa),  compositeur  de 
musique  religieuse,  naquit  vers  1665  à  San  Lo- 
renzo  aVaccoli,  près  de  Lucques.  Les  registres 
de  la  compagnie  de  Sainte-Cécile  de  cette  ville 
attestent  que  de  1700  à  1713,  sept  services  reli- 
gieux à  4  voix  et  à  grand  orchestre,  de  la  com- 
position de  Gambini,  furent  exécutés  à  l'occasion 
de  la  fête  que  célébrait  chaque  année  la  classe 
philharmonique  de  cette  société,  en  l'honneur  de 
sa  patronne.  On  n'a  point  d'autres  renseigne- 
ments sur  cet  artiste ,  qui  mourut  à  Lucques 
en  1725,  et  dont  toutes  les  œuvres  ont  été  per- 
dues. 

*  GA^IBINI  (Carlo-àindrea),  pianiste  et 
compositeur,  était  né  à  Gênes,  non  en  1818,  mais 
le  22  octobre  1819.  Outre  son  opéra  Eufemio  dï 
Messina,  il  a  fait  représenter  il  Nnovo  Tartufo 
(Gênes,   th.    Apollo,    1854),    et  Don  Grifone 


360 


GAMBINI  —  GAND 


(Turin,  th.  Rossini,  1856),  el  a  «'crit  encore  i 
Tessalï  et  la  Vendetta  délia  Sc/iiavn,  qui,  je 
crois,  n'ont  pas  éié  joués.  Son  Cristof'oro  Co- 
lombo est  une  sorte  de  grande  sympiionie  drn- 
maliqne,  dont  des  fragments  seulement  ont  été 
exécutés.  On  doit  encore  à  Garniiini  ime  messe 
à  grand  orcliestre,  exécutée  en  1840,  plusieurs 
autres  messes,  des  hymnes,  des  cantates,  heau- 
coup  de  morceaux  de  concert,  pour  voix  ou 
pour  instruments,  <ieux  recueils  d  Éludes  pour 
le  piano  (op.  36  et  70),  et  enfin  la  musique  de 
la  Passion,  de  Manzoni,  pour  4  voix,  ch(Rur  et 
orchestre.  Cet  ai  liste  esi  m^rt  à  Gênes  le  14  fé- 
vrier 1865.  Les  compositions  de  Gambini  sont 
au  nombre  de  phis  de  cent  cinquanie. 

GAMBOA  (Pero  de),  abbé,  compositeur  et 
professeur  de  musique  portugais,  appaitenait  a 
l'ordre  de  Saint-Denoît  vers  1640.  Leào  de  Saint- 
Thomas  (dans  sa  Benedic'ina  Lusitanù,  t.  II, 
p,  42)  fait  des  éloges  de  ce  religieux,  dont  les 
compositions  sont  restées  inédites.  J.  de  V. 

GAMIiOGI  (Le  P.  Francesco),  compositeur 
de  musique  religieuse,  né  vers  1713  à  Camaiore, 
dans  le  duché  de  Lucques,  moumt  en  1781.  Il 
fut  maître  de  musique  au  séminaire  de  Saint- 
Miche!  in  foro,  puis  maître  de  cliapelle  à  l'église 
collégiale  de  Camaiore.  Une  de  ses  œuvres  les 
plus  importantes  est  un  oratorio,  Giuscppe  ri- 
conosciulo,  dont  la  partition  est  encore  aujour- 
d'hui conservée  dans  les  archives  de  la  Congréga- 
tion des  Anges  gardiens,  à  Lucques,  tandis  que 
plusieurs  autres  de  ses  composilion^  se  trouvent 
dans  les  archives  des  héritiers  Puccini.  De  1743 
à  1778,  Gambogi  écrivit  une  vingtaine  de  servi- 
ces religieux  à  4  voix,  avec  accompagnement 
instrumental,  qui  étaient  exécutés  à  la  fêle  de 
Sainte- Cécile. 

GAMMIERI  (Erenmo),  compositeur,  né  à 
Campobasso  le  11  mars  1836,  fut  é  evé  au  Con- 
servatoire de  Naples,  où  il  reçut  des  leçons  de 
Busti  pour  le  chant  et  de  Carlo  Conti.  pour  la 
composition.  Après  dix  ans  d'études,  il  sortit  de 
i'écoie,  en  1859,  pour  aller  remplir  au  théâtre 
de  Saint-Pétersbourg  les  fonctions  de  maestro 
concertatore ,  et  c'est  sur  ce  théâtre  qu'il  fit 
représenter,  au  mois  de  février  186'7,  un  opéra 
sérieux,  Chatterton,  qiiifut  chaulé  parM"°  Bar- 
bot,  MM.  Caizolari,  Poloniniet  Everanli,  elbien 
accueilli  du  public.  Depuis  lors,  M.  Gainmieri  a 
écrit  un  second  ouvrage  dramatique,  r Assedio 
di  Flrenze,  qui  n'a  pas  été  joue  jusqu'ici.  Cet 
artiste  a  composé  aussi  un  assez-  grand  nombre 
de  mélodies  vocales,  dont  quelques-unes  ont  été 
•  publiées. 

GAMUCCI  (Baldassare),  compositeur    et 
écrivain  sur  la  musique,  est  né  à  Florence  le  14 


décembre  1822.  Après  avoir  accompli  ses  études 
de  littérature  et  de  philosophie  au  séminaire  de 
cette  ville,  et  avoir  li-availlé  le  piano  avec  Carlo 
Fortini,  il  suivit  un  cours  de  contre-point  et  de 
composition  sous  la  direction  deLuigi  Picchianti. 
Il  s'adonna  ensuite  à  l'enseignement  et  à  la  com- 
position, el,  tout  en  écrivant  des  œuvres  nom- 
breuses et  importantes,  fon.la,  en  1849,  la  Société 
chorale  del  Carminé ,  qui  eut  une  existence 
longue  et  prospère,  et  dont  un  grand  nombre 
d'élèves  furent  plu^  tard  incorporés  dans  l'école 
chorale  de  l'inslitut  musical  de  Florence,  Ecole 
dont  M.  Gamucci  est  actuellement  le  directeur. 
La  liste  des  compositions  de  cet  ai  liste  estima- 
ble comprend  :  six  messes  de  Gloria  à  3  ou  4 
voix,  qui  ont  été  exécutées  dans  diverses  églises 
de  l'Iorence;  une  Me^se  de  Hequiemk  4  voix 
d'hommes,  avec  orchestre;  plusieurs  autres 
messes  à  plusieurs  voix,  a  cappella;  Béatrice, 
gli  Esuii  in  Babilonia,  et  une  paraphrase  ita- 
lienne du  Psaume  XIV,  cantates  exécutées  dans 
la  salle  de  la  Société  philharmonique  de  Flo- 
rence; des  psaumes,  motets,  cantiques,  introits, 
graduels,  litanies,  hymnes  et  autres  compositions 
religieuses,  soit  a  cappella,  soit  avec  orchestre; 
enfin,  un  assez  grand  nombre  de  morceaux  de 
piano  et  de  chant.  M.  Gamucci  a  écrit  aussi  la 
musique  d'un  opéra  en  quaUe.  actes,  Ghismonda 
di  Salerno,  non  représenté  jusqu'à  ce  jour. 
Comme  écrivain  musical,  il  a  collaboré  à  divers 
journaux  ,  entre  autres  au  Bocchcrini,  auquel 
il  a  doimé  de  nombreux  articles,  et  il  a  publié 
l'opuscule  suivant  :  Inlorno  alla  vita  ed  aile 
opère  di  Luigi  CheruOmi,  Fiorenlino,  ed  al 
monumento  ad  esso  innalzato  in  Santa  Croce 
(Florence,  Barbera,  1869,  in-8°  de  60  pp.,  avec 
portrait).  Enfin,  M.  Gamucci  a  communiqué  à 
l'Académie  de  1  Institut  musical  de  Florence, 
dont  il  est  membre  résident,  plusieurs  travaux 
intéressants  qui  ont  été  insérés  dans  les  Actes  da 
cette  compagnie,  et  il  a  publié  un  manuel  élé- 
mentaire de  musique  ainsi  intitulé  :  Rudhnenti 
di  lef  tara  musicale  pcr  usodi  tutti  gV  Istiîuti 
si  pubblici  che  privati  d''ltalia.  Ce  petit  ou- 
vrage a  eu  deux  éditions. 

GAA'D  (Charles-François),  luthier  à  Paris 
et  l'un  des  artistes  français  de  ce  genre  dont  les 
produits  sont  le  plus  estimés,  entra  en  1806 
comme  apprenti  dans  l'atelier  de  Nicolas  Lupot, 
le  célèbre  luthier  parisien.  Il  devint  son  gendre 
après  avoir  été  son  meilleur    élève. 

C'est  en  1824  que  Charles-François  Gand  suc- 
céda à  son  beau-père.  Il  travailla  avec  un  grand 
succès  jusqu'en  1845,  année  de  sa  mort;  il  eut 
ses  deux  lils  pour  collaborateurs  et  dignes  con- 
tinuateurs. 


GAND  —  GANDOLFI 


36t 


Gand  père  a  eu  l'honneur  de  terminer  pour 
la  chapelle  royale  des  Tuileries  les  instruments 
commencés  par  Lupof,  et  que  la  mort  avait  em- 
pêché celui-ci  d'achever.  Devenu  luthier  du 
Conservatoire  de  musique,  il  a  pendant  de  lon- 
gues années  fourni  les  instruments  (violons  et 
violoncelles)  décernés  aux  élèves  lauréats  (1). 

J.  G-y. 
*  GANDIN!  (Le  chevalier  Antonio),  artiste 
issu  d'une  famille  noble,  était  né  non  à  Bologne, 
vers  1780,  comme  il  a  été  dit  par  erreur,  mais 
à  Modène  le  20  août  1786,  et  il  étudia  le  contre- 
point au  lycée  de  Bo'ogne,  sous  la  direction  de 
du  P.  Matfei,  ayant  pour  condisciples  Morlac- 
chi  et  Rossiui.  De  retour  dans  sa  ville  natale,  il 
y  fit  exécuter,  le  16  juillet  I8t4,  pour  l'arrivée 
du  duc  et  de  la  duchesse  de  Modène,  une  can- 
tate de  circonstance,  la  Caduta  dei  Gigantl, 
qui  lui  valut  la  nomination  de  maître  de  cha- 
pelle de  la  cour.  Le  21  octobre  i818,  il  faisait 
représenter  un  opéra  sérieux,  Ennlnia,  suivi 
bientôt  de  Buggiei'o  (ZO  octobre  1822),  et  à'An- 
tigona  (28  octobre  1824).  Eu  1825  et  en  1829, 
il  produisit  deux  nouvelles  cantates  de  circons- 
tance, et  en  1832  il  était  appelé  à  faire  partie  du 
comité  de  direction  du  théâtre  de  Modène.  Cet 
artiste,  qui  fonda  dans  sa  ville  natale,  sous  le 
titre  de  Caisse  de  subvention  des  Philharmoni- 
ques, une  société  de  secours  et  de  retraite  pour 
les  musiciens  à^és  ou  infirmes,  mourut  dans  sa 
villa  de  Formigione,  le  10  septembre  1842.  Les 
quatre  opéras  suivants  :  Zaira,  Isabella  di 
Lara,  Adélaïde  di  Borgogna  et  Maria  di  Bra- 
bante,  qui  lui  ont  été  attribués  à  tort,  ne  sont 
pas  de  lui,  mais  de  son  fils  Alexandre. 

GANDINI  (Alessandro),  fils  du  précédent, 
né  en  1807,  à  Modène,  fut  placé  d'abord  au  col- 
lège de  San  Carlo,  puis  à  l'Académie  militaire. 
Dès  ses  plus  jeunes  années,  son  père  lui  fit  étu- 
dier la  musique  et  lui  enseigna  ensuite  la  corn- 
position,  avec  le  désir  de  le  voir  lui  succéder 
plus  tard  dans  ses  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle de  la  cour.  En  1827,  le  jeune  Gandiui  fit 
représenter  à  Modène  son  premier  opéra,  Deme- 
i?'io,  qui  fut  bien  accueilli  et  à  la  suite  duquel  il 
fut  nommé  maître  de  chapelle  adjoint  ;  le  7  no- 
vembre 1829,  il  donnait  au  même  théâtre  Zaira, 
(1)  G;ind  père  avait  le  fit^e  de  «  luthier  du  Roi  et  du 
Conservatoire,  »  qui,  à  sa  ninrt,  passa  à  ses  fils  et  succes- 
seurs, MM.  Charles- Adolplie  et  EuRéne  Gand.  L'aîné  de 
ceux-ci,  Adolphe  Gand,  est  mort  à  Paris,  à  l'ùie  de  54 
ans,  le  24  Janvier  1866;  le  second,  M.  Eugène  Gand,  s'est 
associé  depuis  lors  avec  M.  Bernardel.  —  Les  instru- 
ments superbes  et  d'une  qualité  rare  qui  avaient  élé  coin- 
uiencés  par  Lupot  et  achevés  par  G;ind  père  pour  la  clia- 
pelle^ro.vale  des  Tuileries,  ont  été  détruits  en  1871,  lors 
de  l'incendie  de  ce  palais.  C'est    une  perte   irréparable. 

A.  F. 


et  le  17  octobre  1830,  fsabella  di  Lara.  En 
1832,  il  faisait  exécuter  une  cantate,  laFedcltà 
bientôt  suivie  d'un  nouvel  opéra,  Maria  di 
Bradante  (octobre  1833),  et  â' Adelai.de  di  Bor- 
gogna  {ISii}.  Il  ne  j)roduisit  plus  ensuite  que 
quelques  cantates  de  circonstance  -.  la  Fata 
(1842),  et  il  Genio  di  Modène  (1857). 

Alessandro  Gandini,  qui  avait  succédé  défini- 
tivement à  son  père,  et  à  qui  l'on  doit  aussi  un 
assez  grand  nombre  «l'd'uvres  de  musique  reli- 
gieuse et  de  musique  de  chambre,  a  occupé  les 
dernières  années  de  sa  vie  à  la  rédaction  d'un 
historique  complet  des  théâtres  de  Mo'tène.  Cet 
écrit,  complété  par  deux  plumes  amies,  a  été  pu- 
blié après  sa  mort  sous  ce  titre  :  Cronisleria 
dei  Teatri  di  Modena  dal  1539  al  1871,  del 
maestro  Alessandro  Gandini,  arrichiia  d'in- 
teressanti  notizie  e  confimtala  sinn  al  pré- 
sente, da  Luigi-Francesco  Valdrig/ii  e  Gior- 
gio Ferrari-Moreni(Mo(\èiw.,  1873,  3  vol.  in-18). 
Cet  ouvrage  a  fotirni  les  éléments  de  cette  notice 
et  de  la  précédente.  Alessandro  Gandini  est 
mort  à  Modène  le  17  décembre  1871. 

GANDOLFI  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom  a 

fait  représenter  à  Naples,  en  1854,  un  opéra  sé- 
rieux intitulé  il  Sul/ano. 

GANDOLFI  (RiccAKDo),  né  à  Voghera  (Pié- 
mont), en  1839,  montra  dès  ses  premières  années 
un  tel  penchant  pour  la  musique  que  ses  parent* 
se  décidèrent  à  le  conduire  à  N.qiles,  où  il  étudia 
l'harmonie  et  le  contre-point  sous  la  dinclion 
particulière  de  Carlo  Conti.  Des  raisons  de  fa- 
mille l'obligèrent  à  quitter  Naples  pour  retourner 
dans  sa  ville  natale  et  s'établir  ensuite  à  Florence, 
où  il  termina  ses  études  sous  la  direction  de 
Mabellini.  En  1863,  M.  Gandolfi  débuta  avec 
succès  au  théâtre  de  Santa  Radegonda,  à  Milan, 
avec  un  opéra  sérieux  :  Aldina.  En  1865,  il  fit 
représenter  au  théâtre  Regio,  de  Turin,  son  opéra 
//  Paggio,  et  en  1872.  il  donna  au  théâtre  Carlo- 
Felice,  de  Gênes,  il  Conte  di  Monreal. 
M  Gandolfi  s'est  fait  connaître  favorablement 
aussi  dans  le  genre  sacré  et  symphonique  :  en 
1866,  il  fit  exécuter  à  Florence  un  Bequiem  à 
grand  orchestre  qui  fut  entendu  peu  de  temps 
après  dans  la  cathédrale  de  Turin,  à  l'occasion 
des  funérailles  du  roi  Charles-Albert,  et  de  non- 
veau  à  Florence  pour  celles  du  général  Druetli; 
eu  1869,  il  fit  exécuter  une  grand'  messe  à  Chia- 
vari,  pour  la  fête  solennelle  du  centenaire  de 
Notre-Dame  delPorto.  Dans  la  même  année,  il 
produisit  aux  concerts  de  la  Società  Del  Qiiar- 
telto,  à  Florence,  une  symphonie  à  grand  or- 
chestre, à  la  Société  philharmonique  (t<S72)  un 
psaume,  en  1875  une  cantate,  H  battesimo  di 
Santa  Cecilia,  et,  enfin,  à  la  société  Orfco,  une 


362 


GANDOLFI  —  GARCIA 


élégie  pour  violoncelle  avec  accompagnement  de 
quatuor,  harpe  et  harmonium,  exécutée  plu- 
sieurs fois  avec  beaucoup  de  succès  aux  con- 
certs de  cette  société.  M.  Gandolfi  a  publié  chez 
Lucca ,  à  Milan ,  un  album  de  chant  intitulé 
Penyieri  ed  affetti.  Dans  les  atti  de  l'Académie 
royale  de  musique  de  Florence,  se  trouvent 
aussi  quelques  mémoires  remarquables  dûs  à  la 
plume  de  M.  Gandolfi,  qui  est  littérateur  à  ses 
heures  et  occupe  même  une  place  dans  la  presse 
périodiijue  musicale.  M.  R.  Gandolfi  est  chevalier 
de  l'ordre  des  Saints-Maurice  et  Lazare,  et  mem- 
bre de  plusieurs  académies,  entre  autres  de  l'A- 
cadémie musicale  de  Florence,  où  il  exerce  les 
fonctions  de  conseiller-censeur  (1).  —  L.-F.  C. 

GANLEIXO  (LoTAP.ro),  musicien  poëte,  a 
publié  l'ouvrage  suivant:  L'Arfe  ciel  contrap- 
punto,  pnssalpinpo  armonico-poetico  in  ot- 
lavn  rimn.  Sienne,  1828. 

*  GA.\Z  (Maurice),  violoncelliste  remarqua- 
ble et  compositeur,  est  mort  à  Berlin  le  9.2  jan- 
vier 1868.  Il  élail  né  à  Mayence  non  en  1804, 
mais  le  13  septembre  1806. 

GARANI  (MicuELANCELo),  luthier  italien, 
vivait  à  Bologne  dans  les  dernières  années  du 
dix-septième  siècle  et  dans  les  premières  années 
du  dix-luiitième. 

GARBEROGLIO(G ),  écrivain  italien, 

est  l'auteur  d'une  compilation  chronologique  pu- 
bliée sous  ce  litre  :  Série  dcgli  spettacoli  rap- 
presentnti  aï  teatro  Tieg'w  di  Torino,  dal 
1668,  cpoca  délia  sua  fondazione,  al  présente, 
Turin  (vers  1875).  On  sait  que  le  théâtre  regio 
ou  royal  est  le  plus  important  de  Turin  au  point 
de  vue  musical. 

GARCIA  (José-Maukicio-Nlnes),  composi- 
teur distingué,  était  maître  de  la  chapelle  royale 
de  Rio  de  Janeiro  (Brésil)  pendant  le  séjour  que 
Jean  VI  fit  dans  cette  ville.  On  sait  que  presque 
toute  la  cour  de  Portugal  abandonna  Lisbonne 
lors  de  l'invasion  de  l'armée  française  comman- 
dée par  Junot(1807)  et  se  rendit  au  Brésil.  La 
plupart  des  artistes  de  la  chapelle  royale  accom- 
pagnèrent le  roi  et  sa  famille.  Garcia  se  trouvait 
déjà  à  Rio  de  Janeiro  lorsque  le  roi  y  arriva,  car 
il  n'est  jamais  sorti  du  Brésil.  Il  était  né  dans  la 
capitale  de  cet  empire  en  1767  et  y  mourut  en 
1830.  Ses  compositions  n'ont  pas  été  publiées, 

Cl)  Depuis  que  cette  notice  est  écrite,  M.  Gandolû  a 
composé,  pour  les  cérémonies  qui  ont  eu  lieu  à  Catanc 
lors  delà  translation  en  cette  ville  des  cendres  de  Bcllini 
(1876),  une  Marche  funèbre  qui  a  été  publiée  à  Milan, 
étiez  l'éditeur  de  Giorgi.  On  doit  à  M.  Gandolfi  b  publi- 
cation d'un  écrit  ainsi  intitulé  :  Sulla  reluzione  délia 
poesia  colla  inuaUa  mclodrammatica  (1868).  Enfin,  à  la 
liste  de  ses  ouvrages  dramatiques,  il  faut  ajouter  Cata- 
rirui  di  Ciiisa,  opéra  représenté  ù  Catane  en  1872.  —  a.  p. 


mais  on  les  dit  très-remarquables.  Garcia  avait 
fait  son  éducation  musicale  dans  une  espèce  de 
Conservatoire  que  les  Jésuites  avaient  établi  aux 
environs  de  Rio  pour  l'enseignement  des  nègres 
des  deux  sexes.  Cet  établissement  était  .xitué  à 
Santa-Cruz,  dans  une  propriété  immense  que 
l'ordre  y  possédait.  Voici  ce  qu'en  dit  Balbi  (1)  : 

«  Lors  de  l'arrivée  du  roi  à  Rio  de  Janeiro, 
Santa-Cruz  fut  convertie  en  maison  royale.  Sa 
Majesté  et  toute  la  cour  furent  frappées  d'éton- 
nement,  la  première  fois  qu'elles  entendirent  la 
messe  dans  l'église  de  Saint-Ignace  de  Loyola  à 
Santa-Cruz,  de  la  perfection  avec  laquelle  la 
musique  vocale  et  instrumentale  était  exécutée 
par  des  nègres  des  deux  sexes,  qui  s'étaient 
perfectionnés  dans  cet  art  d'après  la  méthode 
introduite  plusieurs  années  auparavant  par  les 
anciens  propriétaires  de  ce  domaine,  et  qui  heu- 
reusement s'y  était  conservée.  Sa  Majesté,  qui 
aime  lieaucoup  la  musique,  voulant  tirer  parti 
de  cette  circonstance ,  étalilit  des  écoles  de  pre- 
mières lettres,  de  composition  musicale,  de 
chant  et  de  plusieurs  instruments  dans  sa  maison 
de  plaisance  et  parvint  en  peu  de  temps  à  former 
parmi  ses  nègres  des  joueurs  d'instruments  et 
des  chanteurs  très-habiles.  Les  deux  frères 
Marcos  et  Simâo  Portugal  (  Votj.  ces  noms)  ont 
composé  tout  exprès  des  pièces  pour  ces  nou- 
veaux adeptes  de  Terpsichore,  qui  les  ont  parfai- 
tement exécutées;  plusieurs  ont  été  agrégés 
parmi  les  musiciens  des  chapelles  royales  de 
Santa  Cruz  et  de  San  Christovào.  Quelques-uns 
même  sont  parvenus  à  jouer  des  instruments  et 
à  chanter  d'une  manière  vraiment  étonnante.  » 

Balbi  dit  encore  :  «  Nous  regrettons  de  ne  pou- 
voir donner  les  noms  du  premier  violon,  du  pre- 
mier fagot  (basson),  du  premier  clarinettiste  de 
San  Christovào,  et  de  deux  négresses  qui  se  dis- 
tinguent parmi  leurs  compagnes  par  la  beauté  de 
leurs  voix  et  par  l'art  de  l'expression  qu'elles 
déploient  dans  le  chant.  Les  deux  frères  Marcos 
et  les  plus  grands  connaisseurs  de  Rio  de  Ja- 
neiro en  font  le  plus  grand  cas.  Sa  Majesté  a  as- 
sisté bien  des  fois  à  des  cérémonies  religieuses 
où  toute  la  musique  a  été  exécutée  par  ses  es- 
claves musiciens.  «  On  fit  si  bien  qu'on  parvint 
à  faire  exécuter  même  des  opéras  tout  entiers 
par  ces  Africains,  aux  applaudissements  de  fous 
les  connaisseurs  qui  «  les  ont  entendus,  »  dit  en- 
core Balbi.  Marcos  et  Simâo  Portugal  étaient 
chargés  d'écrire  ces  compositions  dramatiques. 
Garcia  fut  un  des  élèves  les  plus  distingués  de 
cet  établissement  ;  le  roi  lui  donna  le  titre 
d'abbé,  le  nomma  chevalier  de  l'ordre  du  Christ 

(1)  Essai  statistique,  vol.  II,  pages  Si3-214. 


GARCIA  —  GARIBOLDI 


363 


et  le  chargea  de  la  direction  de  sa  cliapelie, 
fonctions  qu'il  partageait  avec  le  célèbre  Marcos 
Portugal.  Garcia  était  fort  instruit  dans  son  art 
et  possédait  la  plus  riche  collection  musicale  qui 
existât  au  Brésil,  collection  qu'il  avait  formée 
en  achetant  tout  ce  qu'on  publiait  de  plus  re- 
marquable en  Europe  en  fait  de  musique.  On  cite 
un  Te  i)eif?n  chanté  à  Rio  de  Janeiro  en  1791, 
comme  un  de  ses  meilleurs  ouvrages.  M.  Porto- 
Alegrc  a  fuit  l'éloge,  de  ce  compositeur  {Revista 
trimensal  do  JnstUuto,  vol.  XIX,  pp.  354- 
378).  J.  deV. 

GARCIA  (Mariano),  compositeur  espagnol, 
né  à  Aoiz,  dans  la  Navarre,  le  26  juillet  1809, 
entra  comme  enfant  de  chœur  à  la  cathédrale  de 
Pampelune  en  1817.  Il  y  étudia  le  solfège  et  le 
chant  sous  la  direction  de  Mateo  Gimenez,  puis, 
s'éfant  livré  à  l'étude  du  violon,  il  obtint  une 
place  de  violoniste  dans  la  chapelle  de  la  même 
église.  Ayant  ensuite  travaillé  l'harmonie  et  la 
composition  avec  un  artiste  distingué,  José  Guel- 
benzu,  organiste  de  la  paroisse  de  Saint-Satur- 
nin, il  fut  nommé,  au  bout  de  quelques  années, 
professeur  à  la  chapelle  de  la  cathédrale,  et  de- 
vint plus  tard  directeur  de  l'école  de  musique  de 
sa  ville  natale.  Cet  artiste  a  écrit  un  grand  nom- 
bre de  compositions  religieuses,  fort  estimées,  et 
qui  se  font  remarquer,  dit-on,  par  la  clarté  et 
l'élégance  des  idées,  par  la  bonne  structure  des 
morceaux,  par  la  facilité  d'exécution,  et  surtout 
par  un  goi'it  très-pur. 

GARCIA  (......).  Un  musicien  de  ce  nom   a 

fait  représenter  en  1854,  sur  le  théâtre  de  Ca- 
gliari  (Sardaigne),  un  opéra  bouffe  intitulé  Fu- 
nerali  e  Danze. 

*  GARCIA  (M"^  EiiGÉNiE),  née  AIAYER,  a 
terminé,  je  crois ,  sa  carrière  dramatique  à  Ma- 
drid, et  faisait  partie, 'en  1858,  de  la  troupe  du 
théâtre  italien  de  cette  ville.  Elle  avait  fait  sa 
première  apparition  en  1836,  à  Nuvare,  sous  les 
yeux  et  sous  les  auspices  de  sa  bdle-sœur,  la 
Malibran,  qui  l'avait  prise  en  tendre  affection. 
Aujourd'hui,  et  depuis  longues  années  déjà, 
jyjme  Eugénie  Garcia  est  considérée  comme 
un  des  meilleurs  professeurs  de  chant  de  Paris. 
Elle  a  publié  quelques  romances,  la  Leçon  du 
Rossignol ,  Dors ,  mon  enfant ,  Romance 
dramatique,  etc.,  dont  elle  a  écrit  les  paroles 
et  la  musique.  M™"  Eugénie  Garcia  a  reçu  du  roi 
des  Pays-Bas  la  grande  médaille  d'or  du  Mérite, 
décoration  tout  artistique,  qui  se  porte  en  sautoir, 
et  que  le  même  monarque  avait  donnée  jadis  à 
M'"''  Malibran. 

GARCIN(JiLES-AuGUSTESALOMOIV,dit), 
■violoniste,  est  né  à  Bourges  le  11  juillet  1830. 
Dès  l'âge  de  neuf  ans  il  était  admis,  au  Conser- 


vatoire de  Paris,  dans  la  classe  de  solfège  de  Pas- 
fou  ;  en  1843  il  devenait  élève  de  Clavel  pour  le 
violon,  et  passait,  en  1846,  dans  la  classe  de 
M.  Alard  ;  enfin  il  eut  encore  pour  professeurs, 
dans  cet  établissement,  M.  Bazin  pour  l'harmo- 
nie et  accompagnement,  et  Adam  pour  la  com- 
position. Voici  la  liste  des  récompenses  qu'il 
obtint  au  Conservatoire  :  2®  prix  de  solfège  en 
1843  et  !'■'  prix  en  1844  ;  accessit  de  violon  en 
1848  ;  V  accessit  d'harmonie  et  accompagnement 
en  1849;  enfin,  T  prix  de  violon  en  1851  ,  et 
l*"'  prix  en  1853.  Attaché  à  l'orchestre  de  l'O- 
péra en  qualité  de  second,  puis  de  premier  vio- 
lon ,  M.  Garcin  devint  ensuite  deuxième  violon 
solo,  et  est  aujourd'hui  troisième  chef  d'orchestre 
et  premier  violon  solo.  Son  jeu  pur,  correct  et 
élrgant  a  fait  choisir  M.  Garcin  comme  professeur 
dune  des;  deux  classes  préparatoires  de  violon 
rétablies  au  Conservatoire  en  1875;  l'arrêté  mi- 
nistériel qui  le  nommait  à  cet  emploi  est  du 
14  octobre  de  cette  année.  Cet  artiste  distingué, 
qui  fait  partie  de  l'orchestre  de  la  Société  des. 
concerts,  a  exécuté  dans  une  des  séances  de  cette 
société  un  concerto  de  sa  composition,  qui,  sans 
être  une  œuvre  absolument  supérieure,  se  faisait 
remarquer  cependant  par  la  grâce  du  style  et 
la  distinction  de  la  forme.  M.  Garcin  a  écrit  en- 
core, outre  un  concertino  d'alto,  diverses  autres 
compositions  pour  son  instrument, dont  quelques- 
unes  ont  été  publiées  chez  l'éditeur  M.  Lemoine. 

*  GARDl  (Fp.ai>*çois),  était  né  à  Venise  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  A  la 
liste  de  ses  ouvrages  dramatiques,  il  faiU  ajouter 
une  farsa  intitulée  la  Pianella  perduta  ,  qui, 
représentée  à  Modène  en  même  temps  qu'une 
autre  farce  de  lui,  la  Donna  vc  la  fà,  le  14  mars 
ISOI,  n'obtint  pas  moins,  avec  celle-ci,  de  vingt- 
quatre  représentations  .consécutives. 

GARIBOLDI  (Grsevpe),  flûtiste  et  com- 
positeur d'origine  italienne,  a  publié  en  France 
un  grand  nombre  de  compositions  pour  la  flûte. 
Il  faut  citer  entre  autres  les  suivantes  :  Vingt 
études  chantantes,  op.  88  (Paris,  Leduc)  ;  Petite 
école  de  la  musique  d'ensemble  et  d'accompagne- 
ment pour  piano  avec  flûte  ou  violon,  ad  libitum, 
(Bruxelles,  Schott)  ;  le  Repos  de  l'étude,  dix 
fantaisies,  op.  49  (id.,  id.);  le  Décaméron  des 
jeunes  flûtistes,  dix  petites  fantaisies  (id.,  id.); 
r Indispensable,  grande  étude-caprice,  op.  48 
(id.,  id.  )  ;  Illustrations  élégantes  et  faciles  sur 
dix  opéras  (Paris,  Brànàus);  Soirées  du  fliltiste 
amateur,  14  transcriptions  mélodiques  sur  les 
opéras  de  Verdi,  op.  72,  (Paris,  Escudier)  ;  Yàn- 
ims\esar  Faust  (Paris,  Choudens)  ;  Fantaisie  sur 
Roland  à  Roncevaux  (id.,  id.);  etc.,  etc.  M.  Ga- 
riboldi  a  écrit  aussi  la  musique  de  deux  opéras- 


364 


GARIBOLDI  —  GASPARINI 


comiques  en  un  acte  :  Au  clair  de  la  Lune, 
et  la  Jeunesse  de  Hoche,  représentés  tous  deuv 
sur  le  thfàire  de  Veisailles,  le  5  septembre  1872, 
et  celle  d'une  optM'elte,  le  Rêve  d'un  écolier, 
jouée  dans  un  concert  en  1868.  Enfin,  ce  com- 
positeur a  publié  un  certain  nombre  de  romances 
et  mélodies  vocales  :  Chanson  de  la  brise,  le 
Crucifix,  Souvenir,  Loin  de  toi,  la  Cloche  dît 
soir.  Elle  était  là,  etc.,  etc. 

GARl.MOXD  (H -X ),  hautboïste,  né 

vers  1820,  a  fait  ses'études  musicales  au  Con- 
servatoire de  Paris,  où  il  fut  élève  de  Vogl.  Il 
obtint  le  second  prix  de  hautbois  au  concours 
de  1840,  et  le  premier  l'année  suivante.  Il  se 
produisit  ensuite  avec  quelque  succès  dans  les 
concerts,  et  devint  premier  hautbois  soïo  à  l'or- 
chestre du  Théâtre-Italien.  Cet  artiste  a  publié  : 
1°  Mélliode  élémentaire  de  haulb(\is ,  Paris, 
Leduc;  2°  Récréations  musicales,  20  petits 
morceaux  pour  hautbois,  en  deux  suites,  id.,id.  ; 
3"  12  faritai>ies  pour  hautbois  et  piano  (en  société 
avec  Alphonse  Leduc),  id.,  id. 

GARNI ER  ( ),  organiste,  vivait  dans 

la  preniièie  moitié  du  dix-huitième  siècle,  et  pa- 
raît avi)ir  été  un  artiste  habile  en  son  art.  Je 
n'ai  pu  trouver  d'autres  renseignements  sur  lui 
que  ces  quelques  mots  que  lui  consacre  Titon  du 
Tillei,  dans  son  Parnasse  François  :  —  «  Parmi 
nos  organistes  les  pfus  habiles  que  la  mort  a 
enlevés,  on  ne  doit  pas  oublier  Garnier,  organiste 
de  la  chapelle  du  roi. . ..  »  J'ignore  si  Garnier  s'est 
livré  à  la  composition. 

GARiXIblU  (Edouard),  compositeur  et  écri- 
vain musical,  rédige  depuis  quelques  années  la 
partie  musicale  du  journal  le  Phare  de  la  Loire, 
publiée  Nantes.  11  a  formé  une. brochure  d'im 
article  in-eré  dans  ce  journal  sous  ce  titre  -.  le 
Conceri - Ullman  i'SdnXes,  impr.  Mangin,  187?., 
in-18),  et  avait  déjà  donné,  dans  les  mêmes  con- 
ditions, l'opuscule  suivant  :  Ilamlet,  Iragédie  ly- 
rique, musique  d'Aristide  Hignard.  Analyse  de 
Zajtia/7i/ion  (Nantes, irapi-.Mangin,  1868,  in-S'-"). 
Après  avoir  publié,  dès  1854,  un  albusn  de 
chant  auquel  il  avait  donné  le  titre  de  Larmes 
et  Sourires  ,  M.  Edouard  Garnier  s'est  fait  de 
nouveau  connaître  comme  compositeur  par  deux 
autres  recueils  de  mélodies  vocales,  l'un  intitulé 
Rêves  de  Jeunesse ,  dont  il  a  écrit  les  paroles 
et  la  musique,  l'autre.  Roses  et  Cyprès,  dont 
quelques  poésies  aussi  sont  sorties  ce  sa  plume. 
Il  y  a  de  la  facilité  et  une  inspiration  élégante 
dans  ces  deux  recueils,  qui  ont  été  publiés  chez 
l'éditeur  Alphonse  Leduc,  et  qui  ont  été  suivis 
des  Chants  d'automne,  six  romances  sans  pa- 
roles pour  piano  ,  publiés  chez  M.  Grus.  On 
connaît  encore,  du  même  artiste,  Claudine,  «  ro- 


man musical,  m  publié  chez  M.  Heu.  M.  Edouard 
Garnier,  que  ses  travaux  de  composition  et  de 
critique  spéciale  n'empêchent  pas  de  se  livrer  à 
l'enseignement,  est  depuis  quelques  années  pro- 
fesseur d'harmonie  au  Conservatoire  de  Nantes. 

*  GASPARI  (Gaetano).  Cet  artiste  fort  dis- 
tingué a  publié  les  deux  opuscules  suivants  : 
1°  Ricerche,  documenti  e  memorie  risguar- 
danli  la  storia  delVartemusicale  in  Bologna, 
(Bologne,  1867,  in-f");  2°  Ragguagli  sulla  cap- 
pella musicale  délia  basilica  di  S.  Petronio 
in  Bologna  (Bologne,  1869,  in-P).  En  1862, 
M.  Gaspari  fit  vendre  à  Paris  sa  riche  bibliothè- 
que musicale,  dont  le  catalogue  fut  publié  à  cette 
occasion  :  Catalogue  des  livres  rares,  en  par- 
tie des  XV^  et  XVP  siècles,  composant  la  bi- 
bliothèque musicale  de  M.  Gaetano  Gaspari, 
(Paris,  Potier,  1862,  in-8°).  Outre  les  fonctions 
de  bibliothécaire  qu'il  remplit  au  Lycée  musical 
de  Bologne,  M.  Gaspari  est  encore  chargé  du 
cours  d'histoire  de  la  musique  dans  cet  établis- 
sèment.  Il  adonné,  dans  le  recueil  officiel  publié  ^ 
sous  ce  titre:  Allie  Memorie  délia  regia  De- 
putnzione  di  storia  patria  per  le  provincie  di 
Romagna  {2"  série,  vol.  I,  )87.'),  in-8"),  un  tra- 
vail plein  d'intérêt  historique  intitulé  Memorie 
risguardanli  ta  storia  deW  artc  musicale  in 
Bologna  al  XVI  secoto.  Ce  travail,  fertile  en 
renseignements  et  en  documents  complètement 
inédits,  ne  comporte  pas  moins  de  120  pages  in- 
octavo.  Parmi  les  compositions  musicales  de 
M.  Gaspari,  je  ne  puis  citer  que  les  suivantes  : 
1°  le  psaume  Miserere  mei  Deus  à  5  voix,  avec 
accompagnement  d'orgue;  2°  Ave  Maria  pour 
voix  d'enfants,  avec  accompagnement  de  piano; 
3°  Miserere  k  2  voix  pour  la  semaine  sainte,  avec 
jK'tit  orchestre;  4°  Messe  en  si  bémol  ,  pour  té- 
nors et  basses,  avec  orchestre  ou  orgue. 

*  GASPARINI  (Francesco).  La  liste  déjà 
nombreuse  des  ouvrages  dramatiques  de  cet  ar- 
tiste doit  s'augmenter  des  opéras  suivants  :  1"  il 
Ptrro,  Rome  Ih.  Ca|)ranica,  1717  ;  T  il  Trace 
in  catena,  u].,id.,  1517;  3°  Lncio  Vero,  id., 
th.  Aliberf,  1719;  i'  Astianatle,  id.,  id.,  1719; 
5°  il  Farajnondo,  id.,  id.,  1720;  6°  Amore  e 
Maestà,  id.,  th.  Alibert,  1720  ;  7°  laZoe,  ovvero 
il  comando  non  inteso,  id.,  th.  délia  Face, 
1721;  8°  jSina,  opéra  dont  il  écrivit  le  second 
acte  seulement,  tandis  que  le  premier  était  écrit 
par  Capello  et  le  troisième  par  Antonio  Bonon- 
cini.  J'ignore  le  lieu  et  la  date  de  représentation 
de  ce  dernier  ouvrage,  sachant  seulement  qu'à 
l'époque  où  il  vit  le  jour,  Gasparini  était  au  ser- 
vice du  prince  Borghèse.  La  Cronisloria  dei 
Teatri  di  Modena,  à  qui  j'emprunte  ce  double 
renseignement ,  met  sur  le  compte  de  Michel- 


GASPARINI  —  GASTINEL 


365 


Ange  Gasparini,  et  non  de  Francesco  Gasparini, 
l'opéra  intitulé  la  Fede  tradita  e  vendicata  ; 
l'auteur  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens aurait  donc  fait  confusion  au  sujet  de  cet 
ouvrage,  et  l'aurait  placé  à  tort  sous  le  nom  de 
ce  dernier.  D'autre  part,  M.  Cerù,  qui,  dans  ses 
Cenni  siorici  delL'insegnamento  délia  musica 
in  Lucca,  écrit  le  nom  de  cet  artiste  :  Francesco 
Guasparini,  (i\e,  d'une  façon  précise,  le  lieu  de 
sa  naissance  à  Camaiore ,  et  la  date  au  5  mars 
1668. 

GASPERLXI  (A.  DE),  écrivain  musical  fran- 
çais, s'est  fait  remarquer  par  ses  tendances  vers 
la  prétendue  musique  de  l'avenir.  Après  avoir  été 
chirurgien  de  maiine,  de  Gasperini,  qui  était  né 
vers  1825,  s'était  lancé,  comme  tant  d'autres,' 
dans  la  critique  musicale  ,  sans  avoir  pris  la 
peine  d'acquérir  les  connaissances  spéciales  né- 
cessaires à  quiconque  entreprend  cette  lâche  dif- 
ficile; aussi  se  bornait-il  forcément  à  des  géné- 
rantes nébuleuses,  ce  manque  de  savoir  lui 
interdisant  toute  espèce  de  discussion  serrée  et 
d'analyse.  Il  s'était  acquis  pourtant,  grâce  à  la 
vigueur  avec  laquelle  il  brisait  toutes  les  vitres 
poss'ibles,  une  sorte  de  demi-notoriété,  et  avait 
été  chargé  successivement  de  la  partie  mu'^icale 
de  plusieurs  journaux  :  la  Nation,  la  Liberté 
le  Figaro  (1861-1867).  Collaborateur  de  la 
France  musicale  et  du  Ménestrel,  il  avait  pu- 
blié dans  cette  dernière  feuille  un  travail  étendu 
sur  M.  Richard  Wagner,  travail  qu'il  fit  paraître 
ensuite  en  volume,  sous  ce  titre  :  La  Nouvelle 
Allemagne  Vinsicale.  Richard  Wagner  (Pàv\f., 
Heugel,  1866,  gr.  in-8°,  avec  portrait  et  autogra- 
phes). De  Gasperini  fonda  en  1867  un  journal 
hebdomadaire,  V Esprit  nouveau ,  qui  nt  vécut 
que  peu  de  mois,  et  dans  lequel  il  défendit ,  du 
reste  avec  vigueur,  honnêteté  et  un  certain  talent 
littéraire  ,  ses  idées  en  matière  d'art  et  de  litté- 
rature. Doué  d'une  réelle  facilité  de  parole,  il  se 
fit  remarquer  dans  diverses  conférences  faites 
par  lui  sur  des  sujeis  musicaux.  On  assure  que 
c'est  lui  qui  avait  réuni  et  classé  les  matériaux 
d'un  petit  livre  intitulé  :  Almanach  des  Musi- 
ciens de  V avenir  pour  1867  (Paris,  librairie  du 
Petit  Journal,  in-16).  Une  brochure  intitulée  : 
De  Vart  dans  ses  rapports  avec  le  milieu  social 
(Paris,  Guiraudet  et  Jouausl,  1850,  in-s»),  fut, 
je  crois,  son  début  dans  la  carrière  littéraire.  De 
Gasperini  est  mort  le  20  avril  1868. 

GASSIEIl  (Edouard),  chanteur  français,  né 
en  1822,  entra  de  bonne  heure  au  Conservaioire 
de  Paris,  où  il  fit  de  bonnes  éludes,  et  d'où  il 
sortit  après  avoir  obtenu  en  1842  les  trois  acces- 
sits de  chant,  d'opéra  et  d'opéra-comique,  en 
1843  les  deux  seconds  prix  d'opéra  et  d'opéra- 


comique,  et  en  1844  le  second  prix  de  chant  et 
les  deux  autres  premiers  prix.  Engagé  à  l'Opéra- 
Comique,  il  débuta  à  ce  théâtre  au  mois  d'avril 
1845,  mais  n'y  fit  qu'une  fugitive  apfiarition,  et 
bientôt  quitta  la  France  pour  embrasser  la  car- 
rière italienne.  Il  se  fit  entendre  suceos-;ivement 
à  Paiermc,  Milan ,  Vienne,  Venise,  fut  accueilli 
favorablement,  et  épousa  dans  le  cours  de  ces 
voyages  une  jeune  chanteuse  espagnole,  avec  la- 
quelle il  fut  engagé  pour  l'Espagne.  Pendant  trois 
années,  de  1849  à  1852,  tous  deux  oblinrent  de 
grands  succès  à  Madrid,  Barcelone,  Séxille;  au 
mois  de  novembre  1854,  ils  vennient  débuter  au 
Théâtre-Italien  de  Paris  dans  le  Barbier  de  Se- 
ville,  étaient  bien  reçus  du  public,  puis  allaient 
passer  plusieurs  saisons  à  Londres,  de  là  se  ren- 
daient à  Moscou,  et  retournaient  en  Espagne,  où 
M'"'  Gassier  mourait  en  1866.  Ga^sier  ne  sur- 
vécut que  de  quelques  années  à  sa  femme,  car 
lui-même  mourait  à  la  Havane,  le  18  décembre 
1871. 

Cet  artiste  possédait  une  très-belle  voix  de 
baryton,  franche  et  bien  timbrée,  qu'il  conduisait 
avec  talent,  et  il  chantait  avec  une  égale  habileté 
le  genre  bouffe  et  le  genre  dramatique,  bien 
que  le  premier  lui  fût  réellement  plus  favo- 
rable. 

GASSIER  (JosEF\  FERNAADEZ, 
épouse),  femme  du  précédent,  était  néeà  Bilbaoen 
1821.  Son  premier  maître,  le  fameux  lénor  Pasini, 
l'avait  tirée  des  chœurs  du  théâtre  royal  de  Ma- 
drid, où  sa  belle  voix  de  soprano  sf'agnto  était 
comme  perdue,  et  avait  fait  son  éducation  mu- 
sicale. En  1848,  étant  en  Italie,  elle  avait  épousé 
Gassier.  Ses  succès  furent  surtout  retentissants 
à  Milan,  où,  dans  l'espace  de  quelques  mois,  elle 
ne  chanta  pas  moins  de  trente-six  fois  le  rôle  de 
Rosine  du  Barbier,  dans  lequel  elle  était  surtout 
charmante.  C'est  pour  elle  que  le  jeune  maestro 
Venzano  écrivit,  à  Gènes,  la  fameuse  valse  vo- 
cale connue  sous  le  nom  de  valse  de  Venzano, 
qu'elle  intercalait  dans  la  scène  de  la  leçon  de 
cet  ouvrage,  et  que  toutes  les  cantatrices  propa- 
gèrent bientôt  par  toute  l'Europe.  M""^  Gassier 
possédait  un  soprano  très-pur,  d'une  grande 
étendue  et  d'une  étonnante  agilité,  surtout  dans 
le  registre  supérieur,  et  elle  chantait,  sinon  tou- 
jours avec  un  goût  parfait,  du  moins  avec  une 
bravoure  et  une  crânerie  incomjiarables.  Elle 
mourut  à  Madrid,  le  8  octobre  1866,  des  suites 
d'une  maladie  nerveuse  dont  elle  avait  pris  le 
germe  à  Moscou ,  sous  ce  climat  russe  si  meur- 
trier pour  les  chanteurs. 

*  GASTINEL  (LÉ0N-GnsT4VE-CYi'RiEN).  Cet 
artiste  fort  distingué  est  né  le  15,  et  non  le '13 
août  1823.  Il  ne  suivit  point  de  classe  d'harmonie 


366 


GASTINEL  —  GATAYES 


au  Conservatoire,  mais  fut  reçu  d'emblée  dans  la 
classe  de  composition  d'Halévy  (1843),  après 
avoir  fait  lire  à  ce  maître  la  partition  entièrement 
orcliestrée  d'un  oratorio,  Saûl ,  dont  celui-ci  se 
montra  si  satisfait  qu'il  fit ,  séance  tenante , 
inscrire  le  jeune  artiste  au  nombre  de  ses  élè- 
ves (1). 

M.  Gastinel  est  l'un  des  premiers ,  parmi  nos 
prix  de  Rome,  qui,  sans  vouloir  négliger  le  théâ- 
tre, aient  tourné  leurs  vues  du  côté  de  la  grande 
musique,  et  il  est  l'un  des  rares  artistes  français 
qui  se  soient  exercés  à  la  fois  et  avec  succès  dans 
les  genres  si  divers  de  la  musique  religieuse,  de 
la  symphonie,  de  la  musique  de  chambre  et  de 
l'oratorio.  Peut-être  a-t-il  eu  le  tort,  précisément, 
d'arriver  l'un  des  premiers ,  et  alors  que  le  goût 
du  public,  dont  l'éducation  n'était  point  faite  en- 
core ,  n'était  pas  tourné  de  ce  côté.  Le  simple 
catalogue  des  œuvres  <ie  cet  artiste,  que  je  vais 
dresser  ici,  donne  une  idée  de  son  activité  et  de 
l'ampleur  de  son  esprit  :  Voici  ce  catalogue. 
I.  MUSIQUE  DRAMATIQUE.  1°  Le  Mirotr,  un  acte, 
opéra-comique,  19  janvier  1853;  n'Opéra  aux 
Fenêtres,  un  acte,  Bouffes-Parisiens,  5  mai  1857 
(100  représentations  à  Paris  -,  joué  à  Londres  et 
à  Berlin);  3°  Titus  et  Bérénice,  un  acte,  id., 
12  mai  1860  ;  4°  le  Buisson  vert,  un  acte,  Théâ- 
tre-Lyrique, 15  mai  1861  ;  i"  (bis)  Mexico,  can- 
tate, Opéra,  15  août  1863;  5°  Bianca  Capello, 
opéra  italien  écrit  à  Rome,  non  représenté  ;  6°  la 
Kermesse,  opéra-comi<iue  en  3  actes ,  répété  GO 
fois  au  Théâtre-Lyrique  et  non  représenté  par 
suite  de  la  retraite  de  M.  Réty,  directeur  de  ce 
théâtre  ;  7"  les  Daines  des  Prés,  opéra  en  2  ac- 
tes, non  représenté  ;  8"  la  Tulipe  bleue,  opéra- 
comique  en  un  acte,  id.  ;  9»  le  Roi-barde,  opéia 
en  5  actes  (paroles  et  musique),  id.  —  II.  Ora- 
torios. 10°  le  Dernier  Jour,  oratorio  en  2  par- 
lies ,  exécuté  à  Paris  en  1853,  sous  la  direction 
de  l'auteur,  dans  un  concert  donné  par  l'Œuvre 
des  Faubourgs;  11°  les  Sept  Paroles,  exécuté 
deux  fois  à  Paris;  12"  Saùl;  13°  la  Fée  des 
Eaux,  poème  en  4  parties  (traduit  du  suédois), 
Escudier,  éditeur.  —  III.  Musique  religieuse. 
14°  1"  messe  solennelle,  pour  soli,  chœur  et  or- 
chestre, exécutée  à  Rome  et  à  Paris  ;  15°  2«  messe 


(1)  Ce  n'est  pas  à  Lyon,  mais  à  Dijon,  que  les  parents 
de  M.  Gastinel  s'étaient  fixés,  et  c'est  dans  cette  ville 
qu'il  commença  son  éducation  musicale,  —  En  ISVS , 
M.  Gastinel  concourut  pour  le  yr;ind  prix  de  Rome  ;  reçu 
le  deuxième  sur  dix-huit  ,au  concours  d'essai,  il  n'obtint 
pourtant  point  de  récompense  cette  année,  mr.isl'.mnée 
suivante  le  premier  grand  prix  lui  fut  décerné  à  i'unani- 
mité.  De  iSii  à  I8i6,  M.  Gastiuel  fut  attaché  en  qualité 
de  premier  violon  àl'orchestre  de  l'Opéra-Comique  et  fit 
partie  de  celui  de  la  Société  des  concerts  du  Conserva- 
toire. 


solennelle ,  composée  spécialement  pour  l'Asso- 
ciation des  artistes  musiciens  et  exécutée  deux 
fois  à  Paris;  16°  messe  solennelle  à  3  voix  et 
chœur,  avec  accompagnement  d'orgue ,  Pégiel , 
éditeur;  17°  petite  messe  à  2  voix,  avec  ace. 
d'orgue,  id.;  18°  Heures  chrétiennes,  20  motets, 
Richault,  éditeur  ;  18"  {bis)  paraphrase  du  psau- 
me :  Miserere  niei  Deus  ;  19°  environ  30  motets 
et  cantiques  avec  ace.  d'orgue,  Pégiel,  éditeur^ 
—  IV.  Musique  d'orchestre.  20°  1"^*  symphonie  à 
grand  orchestre",  exécutée  parla  grande  Société 
philharmonique  de  Paris ,  fondée  par  Hector 
Berlioz;  21°  2^  symphonie  à  grand  orchestre; 
22°  2  ouvertures  de  concert  (envois  de  Rome), 
exécutées  à  l'Académie  des  Beaux-Arts  en  1851 
et  1852;  23"  symphonie  concertante  pour  deux 
violons ,  avec  orchestre.  —  V.  Musique  instru- 
mentale. 24°  trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle; 25°  3  quatuors  pour  instruments  à  cordes, 
Paris,  Richault  ;  26"  quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle;  27°  2  sextuors  pour  piano, 
2  violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse,  Paris, 
Lemoine  ;  28°  sextuor  pour  |)iano  et  instruments 
à  vent;  29°  Adagio  e  Allegretto  in  gusto  di 
saltarello,  pourdixlinstruments  à  vent;  30°  Heu- 
res de  loisir,  suite  de  5  valses  artistiques  et  con- 
certantes pour  piano  et  violon,  Paris,  Lemoine  ; 
31°  4  sonates  pour  piano  et  violon,  Paris,  Ri- 
chault ;  32°  sonate  pour  piano  et  violoncelle,  id., 
id.  ;  33°  Rimembranze  d'Italia,  Raine  et  J\'a- 
pies,  suite  de  12  liviai.sons  renfermant  plus  de 
30  compositions  pittoresques  et  caractéristiques 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  id.,  id.  —  VI. 
Musique  de  chant.  34°  Heures  de  rc'verie,  re- 
cueil de  6  mélodies,  avec  ace.  de  piano,  Paris, 
Escudier  ;  35°  6  duos  pour  voix  égales,  avec  ace 
de  piano,  Paris,  Pégiel;  36°  te  Bonheur  est  un 
songe,  mélodie  avec  orchestre  et  harpe,  ou  or- 
gue, harpe  et  piano,  i<i.,  id.;  Z~° Hymne  à  la 
Charité,  chanté  en  1875,  au  grand  festival  du 
jardin  des  Tuileries;  38°  chœurs  orphéoniques 
nombreux,  parmi  lesquels  les  Voix  de  V Avenir, 
le  Temple,  la  Lyre  et  le  Glaive,  etc.,  etc. 

*  GATAYES  (Guillau.me-Pierre-Antoine), 
guitariste,  harpiste  et  compositeur,  est  mort  à 
Paris  au  mois  d'octobre  1846. 

*  GATAYES  (Josepii-Léon),  harpiste,  com- 
positeur et  écrivain  musical ,  fils  du  précédent, 
est  mort  à  Paris  le  i"  février  1877.  Depuis  bien 
longtemps  déjà,  Gatayes  ne  s'occupait  plus  de 
musique,  ni  même  de  littérature,  car  il  avait 
abandonné,  depuis  au  fnoins  dix  ans,  les  comptes- 
rendus  de  sport  qu'il  faisait  dans  le  journal  le 
Siècle.  Il  avait  compté  naguère  au  nombre  des 
collaborateurs  de  la  Revue  et  Gazette  musicale 
de  Paris. 


GATINARI  — >  GAUSSOIN 


367 


GATINARI  (Francesco),  luthier  italien  qui 
ne  manquait  point  d'habileté,  était  établi  à  Turin 
dans  les  premières  années  dudix-huitième  siècle. 

GAULTIER  (....),  compositeur  dramatique, 
vivait  dans  les  dernières  années  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  a  écrit  pour  le  théâtre  des 
Jeunes-Artistes  la  musique  de  plusieurs  ouvrages 
dont  voici  les  titres  :  1"  Phénix  ou  l'Ile  des 
Vieilles,  féerie  en  4  actes,  1796  ;  2°  Zéphyr  et 
Flore  ou  Rose  d'amour,  féerie  en  2  actes,  1797  ; 
3°  le  Dédit,  opéra-comique  en  2  actes,  17  juin 
1798  ;  4"  le  iSid  d'amours,  opéra-comique  en  un 
acte,  4  septembre  1798;  5"  Vert-Vert,  ou  le 
Perroquet  de  Nevers,  opéra-comique  en  un 
acte,  3  décembre  1800;  6°  Frosine  ou  la  Né- 
gresse, opéra-comique  en  un  acte,  24  décembre 
1801  ;  7"  le  Petit  Poucet ,  ou  l'Orphelin  de  la 
Forêt,  féerie  en  5  actes;  8°  Joseph,  drame-pan- 
tomime en  5  actes. 

GAUNTLETT  (Le  docteur  HeiNrv- John)  , 
organiste,  compositeur  et  écrivain  musical  anglais, 
naquit  à  Wellington,  dans  le  comté  de  Salop,  en 
1806.  Destiné  à  entrer  dans  les  ordres,  il  fit  ses 
éludes  dans  une  école  tenue  par  son  père,  qui 
était  vicaire  d'Olney  (comté  de  Bucks)  ;  mais  il 
ne  suivit  pas  la  carrière  qu'on  avait  entrevue 
pour  lui,  et  embrassa  la  profession  d'avocat,  qu'il 
exerça  pendant  plusieurs  années  à  Londres. 
Toutefois,  cela  ne  l'empêcha  pas  de  se  livrer  à 
son  penchant  invincible  pour  la  musique,  dont  le 
goût  s'était  manifesté  chez  lui  dès  sa  plus  tendre 
enfance.  En  1827,  il  devenait  organiste  de  l'église 
de  Saint-Olaf,  située  dans  Soulhwark  (Londres), 
mais  il  reconnut  bientôt  que  l'exécution  de  la 
musique  de  Jean-Sébastien  Bach,  dont  il  était 
ardemment  épris,  était  impossible  sur  le  mauvais 
instrument  qu'il  avait  à  sa  disposition,  et  dès 
lors  il  entreprit  une  véritable  croisade  contre 
certaines  orgues  de  Londres,  construites  dans  les 
mêmes  conditions.  Bien  qu'il  eût  à  combattre 
les  effets  d'une  routine  obstinée,  il  en  vint  à  ses 
fins  à  force  d'énergie,  et  fit  placer  de  nouvelles 
orgues  non-seulement  à  Saint-Olaf,  mais  dans 
diverses  églises  de  Londres,  de  Manchester,  de 
Birmingham,  d'Ashton,  de  Liverpool,  et  même 
de  Calcutta. 

IMais  les  idées  réformatrices  de  Gauntlett  ne 
s'arrêtèrent  pas  là,  et  s'exercèrent  bientôt  avec 
autant  d'ardeur  sur  l'accompagnement  des  hym- 
nes et  sur  la  restauration  du  chant  grégorien. 
C'est  alors  qu'il  entreprit  toute  une  série  de  pu- 
blications fort  importantes  qui  valurent  à  son 
nom  une  grande  notoriété,  et  dont  voici  la  liste  : 
1°  the  Psalmist ,  1836-1841  ;  2°  Church  Hijmn 
and  tune  Book,  1843-1851,  sorte  d'encyclopédie 
d'hymnographie  ancienne  et  moderne,  publiée  en 


société  avec  le  Rév.  W.  J.  BIew,  et  dont  toute 
la  partie  spéciale  à  la  musique  est  de  Gauntlett; 
3°  the  Uymnal  for  Matins  and  Evensong , 
1844,  en  société  avec  M.  C.  C.  Spencer;  4"  the 
comprehensive  tune  Book,  1846-1847,  avec 
M.  Kearns;  5»  Psulter  arranged  to  the  nncient 
Tones,  with  harmonies  for  the  Organ,  1847; 
6°  Hallelujah,  1848;  7°  the  Church  Mu- 
sician,  1850;  8"  Congregational  Psalmist, 
\i,b\;  Manual  of  psabnody ,  1860;  9°  Spéci- 
mens ofa  cathedral  Psalter  ;  le"  the  Encyclo- 
pxdia  of  the  chant.  Gauntlett  a  collaboré  aussi 
aux  ouvrages  suivants  :  Office  of  Praise;  Tu- 
nes, New  and  Otd;  Church  Psulter  and  Uym- 
nal (de  Harland);  Parish  Church  Hymnal.  On 
lui  doit  encore  plusieurs  collections  de  Cantiques 
de  Noël  (Christmas  Carols),  des  Antiennes,  des 
Te  Deum,  des  Gloria,  un  volume  A' Hymns  and 
Glorias,  le  Saint  Mark's  Tune  Book,  un  re- 
cueil d'Hymnes  pour  les  petits  enfants  {Hymns 
for  Little  Children),  etc.,  etc.  Enfin,  cet  artiste 
infatigable  a  donné  de  nombreux  articles  aux 
journaux  i/ie  Athenxum  ^i  the  Orchestra, 

En  1842,  l'archevêque  de  Caiiterbury  Howley 
conféra  à  Gauntlett  le  titre  de  docteur  en  musique. 
C'est  la  première  fois,  dit-on,  qu'un  prélat  ait 
usé  du  droit  qui  lui  appartient  de  conférer  ce 
titre  depuis  le  changement  de  religion  survenu 
en  Angleterre,  c'est-à-dire  depuis  le  seizième 
siècle.  —  Gauntlett  était  organiste  à  l'hôpital 
Saint-Barthélémy  lorsqu'il  est  mort  à  Londres, 
le  21  février  1876. 

GAUSSOIIX  (AuGLSTE-Louis),  professeur  et 
compositeur,  né  à  Bruxelles  le  4  juillet  1814,  est 
mort  en  cette  ville,  subitement,  le  11  janvier 
1846.  Son  père,  français  de  naissance  et  d'ori- 
gine, neveu  du  célèbre  mathématicien  Be/out, 
était  devenu  professeur  au  lycée  de  Liège,  puis  à 
celui  de  Bruxelles,  et  s'était  fait  naturaliser  belge 
en  1814.  Le  jeune  Gaussoin  reçut  une  instruc- 
tion littéraire  très-soignée,  ce  qui  ne  l'empêcha 
pas  de  se  livrer  avec  passion  à  l'étude  de  la 
musique.  Il  reçut  d'abord  des  leçons  de  solfi'ge 
de  M.  Masset,  le  futur  ténor  del'Opéra-Comique, 
puis  compléta  son  éducation  musicale  avec 
M.  Snel,  à  l'Athénée  de  Bruxelles.  Après  avoir 
entrepris  l'étude  du  chant,  que  l'état  de  sa  santé 
ne  lui  permit  pas  de  continuer,  il  se  livra  à  la 
composition,  prit  des  leçons  d'harmonie  de  Char- 
les-Louis Hanssens ,  et  apprit  la  fugue  avec 
rétis.  Nommé  répétiteur  de  la  classe  d'harmonie 
au  Conservatoire  de  Bruxelles,  la  maladie  l'o- 
bligea de  renoncer  au  professorat.  Il  partagea 
alors  son  temps  entre  la  production  musicale  et 
des  travaux  littéraires,  composant  de  nombreuses 
romances  et  dirigeant  plusieurs  journaux ,  Y  An- 


368 


GAUSSOIN  —  GAUTIER 


nonce, la  Belgique  litléraire,l' Enclume,  e.{c.Y.n 
1837,  il  créa  à  Bruxelles  les  concerts  fin  peuple, 
ouvrit  ensuite,  à  l'école  communale  de  Saint- 
Josse-leiiNoode,  un  cours  de  chant  d'ensemble 
pour  les  ouvriers,  et  enfin,  en  1843,  devint  pro- 
priétaire du  journal  la  Belgique  musicale,  dont 
il  releva  rimpor lance  artistique,  et  dans  lequel 
il  inséra  une  Histoire  de  la  musique  belge, 
ouvrage  considérable  qui  l'obligea  à  de  laborieu- 
ses recherches  dans  les  bibliothèques  de  Munich, 
Mayence,  Darinstadt  et  Strasbourg,  et  dont  plu- 
sieurs chapitres  furent  reproduits  en  France  et 
traduits  en  Hollande  et  en  Allemagne. 

Outre  de  nombreux  morceaux  de  musique 
légère,  dont  quelques-uns  ont  paru  dans  divers 
recueils  :  V  Artiste,  V  Orphée  ,  V  Album  de 
chant,  on  coimaîl  de  Gaussoin  les  compositions 
suivantes  :  1°  Sérénade  pour  orchestre,  exécutée 
par  les  élèves  du  Conservatoire  de  Bruxelles 
pour  fêler  la  nomination  de  Fétis  à  la  direction 
de  cet  établissement;  2°  Album  lyrique,  publié 
à  Btiis-  le-Dnc  ;3^  la  Chute  des  Feuilles,  élégie, 
exécutée  à  la  Société  de  Sainte-Cécile  ;  4"^  le 
Poète  mourant,  cantate  chantée  en  1836,  par 
Canaple,  à  im  concert  donné  à  la  Société  de 
l'hôtel  d'Angleterre;  5"  la  Mort  du  Contreban- 
dier, cantate  exécutée  à  la  Société  des  Arts  ; 
6°  Album  de  chant,  publié  à  Bruxelles  en  1 843  ; 
7°  Ouverture  à  grand  orchestre,  exécutée  en 
1842  à  un  concert  de  la  Société  philharmonique, 
et  faisant  partie  d'un  opéra  inédit. 

*GAIJTIER(Ei;némond),  surnomméle jeune. 
Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  c'est  de  cet  artiste 
qu'il  est  question  dans  les  lignes  suivantes  du 
Mercure  galant  de  1672  :  «  La  jeune  marquise 
que  vous  connoisscz,  qui  commençoit  à  jouer  si 
bien  du  lut,  est  au  désespoir  depuis  quelques 
jours.  Monsieur  Gaultier,  qui  lui  montroit,  luy 
avoitassuréqu'ellec^  jouerait  dans  peu  de  temps 
aussi  bien  que  Mademoiselle  de  Lenclos  :  c'esloit 
beaucoup  dire,  mais  il  pouvoil  décider  sur  ces 
sortes  <le  choses.  Ce  furent  les  dernières  paroles 
que  ce  grand  maître  dit  en  joiiant  du  lut  :  car  en 
sortant  de  chez  la  jeune  marquise,  il  tomba  ma- 
lade de  la  maladie  dont  il  est  mort.  » 

On  voit  que  dans  ce  passage  le  nom  de  Gantier 
est  écrit  avec  une  l,  tandis  qu'ailleurs  il  est  écrit 
sans  /  ;  mais  il  ne  faut  pas  faire  grande  attention 
à  ces  différences  d'orthographe,  car,  à  cette  épo- 
que, et  l'un  peut  dire  jusqji'au  commencement 
de  ce  siècle,  l'orthographe  des  noms  propres 
était  singulièrement  iriéi^ulière ,  et  ceux  qui  les 
portaient  non  seulement  n'étaient  pas  toujours 
fixés  (ux-mèmes  à  ce  sujet,  mais  même,  la  plu- 
part du  teurps,  signaient  de  différentes  ma- 
nières. 


GAUTIER  (Louis),  compositeur  du  dix- 
huitième  siècle,  évidemment  Français  d'origine, 
mais  qui  semble  avoir  demeuré  en  Hollande, 
car  un  livre  publié  dans  ce  pays  en  1780  fait  son 
éloge  comme  virtuose,  a  publié  à  Amsterdam, 
en  1763,  un  recueil  de  VI  sonates  pour  le 
clavecin. 

GAUTIER  (Théophile),  écrivain  français, 
né  à  ïarbes  le  31  août  1811  et  mort  à  Paris  le 
23   octobre    18" 2,    s'est   beaucoup    occupé  de 
théâtre  au  point  de  vue  de  la  critique,  et  a  signé 
pendant  environ  trente-cinq  ans  les   feuilletons 
dramatiques  d'abord  de  la  Presse,  puis  du  Mo- 
niteur universel.  Bien  que  la  critique  de  cet 
écrivain,  justement  célèbre  à  beaucoup  d'égards, 
fût  nulle  au  point  de  vue  musical,  cependant  ses 
articles  étaient  souvent  intéressants  par  les  dé- 
tails qu'il  donnait  sur  te!  artiste  contemporain  ou 
les  portraits  merveilleux  qu'il  traçait   de   telle 
actrice  en  renom.  A  ce  titre,  on  peut  consulter 
avec  fruit  un  recueil  de  ses  feuilletons  choisis 
par  lui-même  et  publié  sous  ce  titre  :  Histoire 
de  Vart  dramatique  en  France  depuis  vingt- 
cinq  ans  {Vâv'\&,M\che.\Lévy,  1859,6  vol.  in-12). 
Il  faut  signaler  aussi  deux  ouvrages  publiés  après 
sa  mort  ;  1°  Histoire  du  Romantisme,  dans  la- 
quelle on  trouve   deux   notices   sur  Hippolyte 
Monpou  et  sur  Hector   Berlioz;   2"  Portraits 
contemporains,  où  l'on  rencontre  quelques-uns 
des  portraits  mentionnés  ci -dessus,  Jenny  Colon, 
M'""-    Damoreau,   M"«    Falcon ,    M"''    Sonfag, 
M"""  Anna  Thillon,  etc.  Théophile  Gautier  a  écrit 
aussi  un  roman.  Mademoiselle  de  Maupin,  qui 
a  fait  un  grand  bruit  dans  le  monde  littéraire, 
et  dont   riiéroine  était    cette  chanteuse  si  fa- 
meuse à  la  fois  par  son  talent  et  par  ses  vices. 
Enfin,  on  doit  a  cet  écrivain  les   scénarios  de 
quelques  ballets  représentés  avec  succès  à  l'O- 
péra :  GiseLleou  les  Wilis,  la  Péri,  Gemma, 
Sacountala. 

*  GAUTIER  (Jean-François-Eugène).  Le 
répertoire  dramatique  de  ce  compositeur  doit  se 
compléter  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Le 
Mann  de  la  garde,  un  acte,  théâtre  Beaumar- 
chais, 1849;  2°  l'ouverture,  les  entr'acles  et  les 
morceaux  de  chant  du  Lutin  de  la  vallée,  opéra- 
ballet  en  2  actes  donné  au  Théâtre-Lyrique  le 
22  janvier  1853  et  dont  toute  la  musique  était 
attribuée  au  danseur  et  compositeur  Saint-Léon  ; 
3"  pliisieuis  morceaux  pour  le  Danseur  du  Roi, 
opéra-ballet  en  2  actes  donné  au  même  théâtre 
le  22  octobre  1853  et  dont  toute  la  musique  fut 
aussi  altribnéeà  Sà\i\[-Léon;i'^ScliahabahamII, 
un  acte,  Théâtre-Lyric|ue,  1854;  5°  la  Bac- 
chante, 2  actes,  Opéra-Cornique,  6"  Jo- 
crisse, un  acte,  id.,  1862  ;  7"  le  Trésor  de  Pier- 


GAUTIER  —  GAVINIÉS 


369 


rot,  2  actes,  id.,  1864,  (ouvrage  qui  ne  put  être 
joué  plus  de  cinq  fois);  plus  une  cantate  intitulée 
/e  15  Août,  et  exécutée  à  l'Opéra  le  15  août 
1861.  M.  Gautier  est  l'auteur,  avec  MM.  Henri 
Trianon  et  Augustin  Cliallamel,  de  la  traduction 
du  Don  Juan  de  Mozart  donnée  au  Théâtre- 
Lyrique  en  1866,  et,  avec  M.  Trianon  seul ,  de 
celle  du  Freischûtz  de  Weber,  donnée  au  même 
tliéâtre  et  dans  la  même  année.  Il  a  écrit  encore, 
sur  un  livret  de  M.  Octave  Feuillet,  la  musique 
d'un  opéra-comique  en  3  actes,  la  Clef  d'or,  et 
il  a  fait  la  traduction  de  l'Idoînénéede  Mozart; 
ces  deux  ouvrages  n'ont  pas  été  représentés  jus  - 
qu'ici. 

Vers  1864,  M.  Gautier,  qui  avait  occupé  pen- 
dant plusieurs  années  l'emploi  de  chef  du  chant 
au  Théâtre-Italien,  a  été  nommé  professeur  d'une 
classe  d'harmonie  et  accompagnement  pour  fem- 
mes au  Conservatoire;  en  1872,  il  a  abandonné 
cette  classe  pour  prendre  possession  de  la  chaire 
d'histoire  de  la  musique  au  même  établissement. 
Enfin,  M.  Gautier,  qui  joint  la  plume  du  critique 
à  celle  du  compositeur,  et  qui  avait  collaboré 
d'ime  façon  irrégulière  à  un  certain  nombre  dé 
journaux,  le  Ménestrel,  le  Grand  Journal,  le 
Constitïifionnel,  remplit  depuis  1874  les  fonc- 
tions de  critique  musical  au  Journal  officiel.  Il 
a  publié  sous  ce  titre  :  Un  vmsicien  en  vacances 
(Paris,  Leduc,  1873,  in-8"),  un  volume  composé 
d'un  certain  nombre  d'articles  insérés  par  lui 
dans  divers  journaux.  On  connaît  encore  de  cet 
artiste,  qui  a  rempli  pendant  plusieurs  années 
les  fonctions  de  maître  de  chapelle  à  l'église 
Saint-Eugène  et  qui  fait  partie  de  l'orchestre  de 
la  Société  des  concerts  du  Conservatoire,  un  ora- 
torio intitulé  la  Mort  de  Jésus ,  qui  a  été  exé- 
cuté dans  plusieurs  églises  de  Paris  (1). 

GAUTIER  (H ) ,  professeur,  éditeur  de 

musique,  est  l'auteur  des  publications  suivantes: 
1°  Petit  Manuel  pour  l'enseignement  de  la 
musique  et  du  chant  aux  petits  enfants  des 
salles  d'asile,  pensionnats,  écoles  primaires 
(en  société  avec  M.  L.  Girard) ,  Paris,  H.  Gau- 
tier, in-8  ;  2°  Nouvelle  méthode  élémentaire 
de  musique  vocale  (en  société  avec  M.  L.  Gi- 
rard) ,  Paris ,  H.  Gautier,  in-8  ;  3°  Manuel  mu- 
sical des  écoles,  recueil  de  60  chœurs  des  meil- 
leurs auteurs,  à  2  et  3  voix  égales,  classés  par 
ordre  de  difficulté  de  rhythme  et  d'intonation, 
Paris,  H.  Gautier,  in-8. 
GAVARRET  (Louis-Denis-Jules),  méde- 


(1)  M.  Gautier  a  écrit,  en  société  avec  MM.  Bazille,  Cla- 
pisson,  Gevaert,  Jonas,  Mangeant  et  Poise,  la  musique  de 
la  Poularde  de  Caux,  opérette  en  un  acte  représentée 
au  théâtre  du  Palais-Royal  vers  isst. 

BIOGR.   UNIV.   DES   MUSICIENS.   —  SUPPL.    ■ 


cin  français,  né  en  1809,  entreprit  d'abord  la 
carrière  des  armes.  Admis  en  1829  à  l'École  po- 
lytechnique, il  en  sortit  en  1831,  prit  du  service 
dans  l'artillerie,  mais  en  1833  donna  sa  démis- 
sion du  grade  de  lieutenant,  et  se  livra  à  l'étude 
de  la  médecine.  Reçu  docteur  en  1843,  il  obtint 
bientôt  la  chaire  de  physique  médicale  à  la  Fa- 
culté de  Paris.  M.  j:îavarret  est  l'auteur  d'un 
grand  nombre  de  publications  scientifiques  qui 
lui  ont  valu  la  décoration  de  chevalier  (1847), 
puis  d'officier  (1862)  de  la  Légion  d'honneur,  et 
qui  ont  amené  son  élection  de  membre  de  l'Aca- 
démie de  médecine.  L'un  de  ses  ouvrages  les 
plus  récents  et  les  plus  importants  est  celui  qui 
a  pour  titre  :  Acoustique  biologique.  Phéno- 
mènes physiques  de  la  phonation  et  de  l'au- 
dition, Paris,  G.  Masson,  in-8  avec  figures. 

*  GAVAUDAN  (La  famille).  On  trouvera 
dans  l'ouvrage  suivant  :  Figures  d'' opéra-comi- 
que,  par  Arthur  Pougin  (Paris,  Tresse,  in-8, 
1875),  une  élude  complète  sur  la  vie  et  la  car- 
rière de  tous  les  membres  de  cette  intéressante 
famille  de  chanteurs.  Cette  étude ,  intitulée  : 
Une  dynastie  de  chanteurs;  la  tribu  des 
Gavaudan,  est  accompagnée  d'un  portrait  à 
l'eau- forte  de  M"«  Gavaudan  reproduit  d'après 
une  gravure  du  temps  et  représentant  cette  ar- 
tiste dans  son  costume  de  Joconde. 

GAVAZZENI  ( ),  musicien  italien,  a 

fait  représenter  au  théâtre  de  la  Canobbiana,  de 
Milan ,  le  9  juin  1845  ,  un  opéra  intitulé  Jto- 
milda. 

*  GAVEAUX  (Pierre).  Il  faut  ajouter  au 
répertoire  dramatique  de  cet  excellent  artiste 
un  petit  acte  inlitulé  le  Retour,  qui  tomba  avec 
fracas  à  l'Opéra-Comique  le  29  mars  1802,  et 
n'eut  qu'une  seule  représentation.  Gaveaux  avait 
encore  écrit  la  musique  d'un  opéra  bouffon  en 
un  acte  et  en  vers,  le  Mannequin  vivant  ouïe 
Mari  de  bois,  qui  fut  reçu  au  théâtre  Feydeau 
en  1796,  mais  ne  fut  jamais  représenté.  Dans 
son  Théâtre  choisi,  Guilbert  de  Pixerécourt, 
auteur  des  paroles  de  ce  petit  ouvrage ,  donne 
des  détails  à  ce  sujet. 

GAVINIÉS  (François),  luthier,  établi  d'a- 
bord à  Bordeaux,  se  fixa  à  Paris  vers  la  fin  de 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle.  L'au- 
teur de  la  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens ignorait  si  cet  artiste  était  le  père  de  l'il- 
lustre violoniste  de  ce  nom,  bien  que  cela  parût 
probable;  je  n'ai  pu,  pour  ma  part,  découvrir 
rien  de  certain  à  ce  sujet  ;  je  ne  puis  que  cons- 
tater l'affirmation  non  munie  de  preuves  de 
M.  Vidal,  qui,  dans  son  livre  :  Les  Instrwnents 
à  archet,  déclare  qu'en  effet  François  Gavi- 
niés  était  le  père  de  Pierre  Gaviniés ,  et  s'ex. 
T.  I.  24 


370 


GAVINIÉS  —  GAZTAMBIDE 


prime  ainsi  sur  le  compte  de  ce  luthier  :  «  Il  fut 
maître-juré  comptable  de  la  corporation  des 
maîtres  luthiers  faiseurs  d'instruments  de  la 
Tille  de  Paris,  pour  l'année  1762.  Les  instru- 
ments de  lui  que  nous  avons  tus  sont  communs 
et  d'une  facture  plus  que  médiocre.  Son  nom  est 
marqué  au  feu  sur  le  bouton  du  talon  du  man- 
che. Les  mauvais  plaisants  du  temps  disaient 
que  Fr.  Gaviniés  n'avait  jamais  fait  qu'un  bon 
Tiolon,  et  que  ce  violon  était  son  fils.  » 

GAZTAMBIDE  (Joaquin),  compositeur 
très-populaire  en  Espagne,  naquit  à  Tudela, 
dans  la  Navarre,  le  7  février  1822,  et  se  livra 
de  -bonne  heure  à  l'étude  de  la  musique  sous  la 
direction  d'un  maître  de  chapelle  de  son  pays 
natal.  A  peine  âgé  de  douze  ans ,  il  se  rendit  à 
Pampelune ,  et  travailla  le  piano  et  la  composi- 
tion avec  un  organiste  nommé  José  Guelbenzu , 
ce  qui  ne  l'empêchait  pas,  deux  ans  plus  tard  , 
et  quoique  fort  jeune  encore  ,  de  remplir  l'office 
de  contrebassiste  à  l'orchestre  du  théâtre.  De  là, 
le  jeune  Gaztambide  se  rendit  à  Saragosse,  dans 
le  désir  de  s'y  établir,  et  s'y  produisit  comme 
pianiste  ;  mais  il  revint  à  Pampelune ,  où  il  sa- 
Tait  retrouver  le  parent  qui  avait  eu  soin  de  son 
enfance  depuis  l'âge  de  cinq  ans,  époque  où  il 
avait  perdu  son  père ,  et  s'y  fit  professeur.  Ce- 
pendant ,  comme  il  était  ambitieux  et  sentait  que 
son  éducation  musicale  n'était  point  terminée , 
il  prit  le  parti  de  se  rendre  à  Madrid  (1842) ,  et, 
grâce  à  de  bonnes  recommandations ,  il  entra  au 
Conservatoire  de  cette  ville ,  dans  la  classe  d'AI- 
beniz  pour  le  piano ,  et  dans  celle  de  Caruicer 
pour  la  composition.  Peu  après ,  il  entreprenait 
trois  Jvoyages  artistiques  avec  le  flûtiste  Sar- 
miento  et  le  hautboïste  Soler,  et  tous  trois  se 
faisaient  connaître  avantageusement  en  donnant 
des  concerts. 

Mais  Gaztambide  songeait  surtout  au  théâtre. 
11  commença  par  se  faire  chef  de  chœurs  dans 
une  entreprise  secondaire  ,  puis  devint  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  del  Principe  ,  et  enfin  réussit 
à  se  produire  à  la  scène  dans  le  genre  de  la  zar- 
zuela ,  qui  est  l'analogue  de  notre  opéra-comi- 
que. Dans  l'espace  de  vingt-cinq  ans  environ ,  il 
écrivit  quarante  ouvrages  de  ce  genre ,  dont  plu- 
sieurs obtinrent  de  grands  succès  et  firent  à  leur 
auteur  une  véritable  popularité.  Gaztambide  se 
fit  d'ailleurs  directeur  de  théâtre ,  et  pendant  une 
quinzaine  d'années  se  mit  successivement  à  la 
tête  de  deux  des  scènes  les  plus  aimées  du  pu- 
blic de  Madrid ,  sur  lesquelles  il  fit  représenter 
un  grand  nombre  de  pièces.  En  même  temps , 
il  organisait  et  dirigeait  les  concerts  que  donnait 
au  Conservatoire  la  Société  de  secours  mu- 
tuels ,  et  prenait  une  part  active  à  la  fondation 


de  la  Société  des  Concerts.  Chevalier  de  l'ordre 
de  Charles  III ,  commandeur  de  celui  d'Isabelle 
la  Catholique,  professeur  honoraire  au  Conser- 
vatoire de  Madrid,  Gaztambide,  qui  jouissait 
en  cette  ville  d'une  position  flatteuse  et  hono- 
rable, y  est  mort  le  18  mars  1870. 

Voici  une  liste  étendue,  et  que  je  crois  bien 
près  d'être  complète,  des  zarzuelas  de  Gaztam- 
bide :  1°  Esccnas  de  Chamheri,  un  acte  (en 
société  avec  MM.  Barbieri ,  Hernando  et  Ou- 
drid  ),  19  novembre  1850  ;  2°  la  Picaresca,  2  ac- 
tes (en  société  avec  M.  Barbieri) ,  29  mars  1851  ; 
'i°  Par  seguir  a  unamujer,  4  actes  (en  société 
avec  MM.  Barbieri,  Inzenga  et  Oudrid) ,  24  dé- 
cembre 1851  ;  4°  el  Valle  de  Andorra  ,  3  actes, 
5  novembre  1852;  5°  Don  Simplicio  Boba- 
dilla,3  actes  (en  société  avec  MM.  Barbieri, 
Hernando  et  Inzenga) ,  7  mai  1853  ;  6»  un  Lia 
di  reinado,  3  actes  (en  société  avec  M.  Bar- 
bieri), 11  février  1854;  7°  Calalina,  3  actes, 
23  octobre  1854;  8"  el  Sargento  Federico, 
4  actes  (en  société  avec  M.  Barbieri),  22  dé- 
cembre 1855  ;  9°  Entre  dos  Aguas,  3  actes  (id.),. 
4  avril  1856;  10°  la  Zarzuela,  un  acte  (en  so- 
ciété avec  MM.  Arrieta  et  Barbieri  ) ,  10  octobre 
185G;  11"  los  Magyares,  4  actes,  12  avril  1857  ; 
12°  Amor  sin  conocer ,  3  actes  (en  société  avec 
M.  Barbieri),  24  avril  1858;  13°  elJuramento, 
3  actes,  21  décembre  1858;  14"  una  Vieja, 
1  acte,  12  décembre  1860;  15°  En  las  astas 
del  tore,  1  acte ,  30  août  1862  ;  16°  A?  Amane- 
cer,  1  acte;  17°  Anarquia  conyugal,  1  acte; 
17  bis,  Casado  y  sollcro,  1  acte;  18°  El  Amor 
y  el  Almuerzo,  1  acte;  19°  el  Esireno  di  un 
artista,  1  acte;  20"  el  Lancera,  1  acte;  21°  la 
Cotorra,  l  acte;  22°  la  Nina,  1  acte;  23°  la 
Edad  en  la  boca,  1  acte;  24"  uua  Historia[en 
un  meson,  1  acte;  25°  im  Pleito ,  1  acte; 
26°  Tribulaciones,  2  actes;  27"  la  Hija  del 
pueblo,  2  actes;  28°  las  Senas  del  Archidu- 
que,  2  actes;  29°  Del  Palacio  à  la  taberna, 
3  actes;  30°  elDiablo  las  carga;  3 actes;  31°  la 
Mensajera,  3  actes;  32"  Eslebanillo  (  en  colla- 
boration) ;  33"  el  Sueno  de  una  noche  de  ve- 
rano,  3  actes;  34°  la  Cisterna  encantada, 
3  actes  ;  35°  la  Conquista  de  Madrid,  3  actes  ; 
36"  las  Hijas  de  Eva,  3  actes  ;  37°  los  Comu- 
neros,  3  actes;  38°  Matildey  Malek-Adel  (en 
collaboration) ,  3  actes  ;  39°  el  Secreto  de  la 
Beina,  3  actes.  Parmi  ceux  de  ces  ouvrages  qui 
ont  obtenu  le  [plus  de  succès ,  on  peut  surtout 
citer  Catalina,  una  Vieja,  los  Magyares,  el 
Valle  de  Andorra,  el  Juramento,  en  las  As- 
tas  del  Toro ,  qui  ont  dépassé  de  beaucoup  leur 
centième  représentation. 

GAZTAMBIDE.  (Xavier),  chef  d'orchestre 


GAZTAMBIDE  —  GEMUNDER 


371 


et  compositeur,  peut-être  parent  du  précédent, 
composa  des  chœurs  et  des  airs  de  ballet  pour 
un  drame  biblique  en  trois  actes,  la  Estrella 
de  Belen,  qui  fut  représenté  au  théâtre  de  la 
Zarzuela,  de  Madrid,  le  23  décembre  1866.  II 
était  alors  chef  de  l'orchestre  de  ce  théâtre,  et 
n'a  point  cessé  jusqu'à  ce  jour  de  remplir  ces 
fonctions.  Au  mois  d'avril  1868,  cet  artiste  fai- 
sait représenter  sur  le  théâtre  de  Jovellanos  une 
zarzuela  ^n  un  acte  intitulée  No  mas  ciegos. 

*  GAZZANIGA  (Joseph).  Aux  onvrages 
dramatiques  de  ce  grand  artiste,  il  faut  ajouter 
l'opéra  bouffe  intitulé:  la  Donna  che  non  parla, 
et  un  opéra  sérieux  ,  Achille  in  Sciro. 

GAZZANIGA  (Marietta),  cantatrice  ita- 
lienne fort  renommée  dans  sa  patrie,  est  née  à 
Vogheraen  1824.  Par  suite  de  revers  de  fortune, 
ses  parents,  ayant  découvert  qu'elle  était  douée 
d'une  fort  belle  voix  de  soprano ,  lui  firent  ap- 
prendre la  musique  et  la  destinèrent  au  théâtre, 
afin  qu'elle  pût  leur  venir  en  aide.  La  jeune  fille 
fut  confiée  aux  soins  d'un  professeur  nommé  Ame- 
deo  Cetta,  et  elle  finit  son  éducation  de  chan- 
teuse avec  M.  Alberto  Mazzucato ,  aujourd'hui 
directeur  du  Conservatoire  de  Milan.  Elle  dé- 
buta en  1841  ou  42  au  théâtre  San-Benedetto  de 
Venise ,  passa  ensuite  au  théâtre  Re  de  Milan , 
fut  très-bien  accueillie  dès  ses  premiers  pas  et  de- 
puis lors  marcha  de  succès  en  succès ,  se  faisant 
entendre  successivement  à  Côme ,  Varèse,  Luc- 
ques,  Florence,  Palerme,  Gênes, Trieste,  Bres- 
cia,  et  enfin  à  Naples,  où  elle  remporta  de  véri- 
tables triomphes.  C'est  à  Naples ,  en  1849,  qu'elle 
excita  l'enthousiasme  dans  la  Saffo  du  vieux  Pa- 
cini,  et  que  M.  Verdi  écrivit  pour  elle  Luisa 
Miller.  Quelques  années  après ,  elle  partit  pour 
l'Amérique,  et  aux  États  Unis  ,  comme  à  la  Ha- 
vane ,  elle  produisit  un  effet  indescriptible  et  fut 
l'objet  d'ovations  comme  on  en  fait  dans  ces  con- 
trées aux  artistes  qui  savent  charmer  la  fouie. 

La  voix  de  la  Gazzaniga  est  un  soprano  su- 
perbe, clair  et  limpide,  dont  les  notes  basses 
sont,  dit-on,  d'un  timbre  merveilleux.  Sa  voca- 
lisation est  très-agile ,  ce  qui  ne  lui  retire  rien 
de  l'énergie  et  de  la  passion  qu'exigent  les  gran- 
des situations  dramatiques.  Cette  grande  artiste 
avait  épousé  à  Turin,  en  1849,  un  jeune  offi- 
cier de  l'armée  piémontaise,  le  marquis  Malas- 
pina.  Celui-ci  la  suivit  dans  son  voyage  en  Amé- 
rique ,  où  elle  eut  la  douleur  de  le  voir  mourir, 
à  la  Havane,  de  la  fièvre  jaune. 

GAZZERA  ( ),  musicien  italien  contem- 
porain, a  donné  sur  le  théâtre  d'Ivrea ,  le  25  avril 
1876,  un  opéra  bouffe  intitulé  i  Tre  Rivali.  Au 
mois  de  mai  1877,  cet  artiste  fit  représenter 
sur  le  théâtre  de  Savone   un  second  ouvra^ 


du    même  genre.   Don  Peperone.  L'un  n'eut 
guère  plus  de  retentissement  que  l'autre. 

*  GEBAUER  (Michel- Joseph).  Je  pense 
que  c'est  à  cet  artiste  qu'il  faut  attribuer  la  mu- 
sique d'un  opéra-comique  en  un  acte.  Aimée, 
qui  fut  représenté  au  théâtre  Montansier  en  1790, 
l'aîné  de  ses  plus  jeunes  frères  étant  alors  âgé 
de  dix-sept  ans  seulement.  Il  faisait  à  cette  épo- 
que, ainsi  que  ce  dernier,  partie  de  l'orchestre 
du  Théâtre-Français  comique  et  lyrique,  auquel 
il  était  attaché  en  qualité  de  premier  hautbois. 

*  GEBEL  (François- Xavier  ) ,  pianiste  , 
compositeur  et  chef  d'orchestre,  naquit  en  1787 
à  Furstenau,  prèsBreslau,  et  mourut  à  Moscou 
en  1843.  Dès  1810,  à  l'âge  de  23  ans ,  il  remplis- 
sait les  fonctions  de  chef  d'orchestre  au  théâtre 
Léopold,  àVienne;  en  1813,  il  passa  en  la  même 
qualité  àPesth,  et  plus  tard  à  Lemberg.  En  1817 
il  s'établit  à  Moscou,  qu'il  ne  quitta  plus,  je 
crois,  jusqu'à  sa  mort ,  et  là,  à  côté  de  Field', 
sut  se  faire  la  réputation  d'un  excellent  profes- 
seur de  piano,  — Outre  plusieurs  opéras,  dont 
j'ignore  les  titres,  Gebel  a  écrit  de  nombreux 
morceaux  pour  le  piano,  une  messe,  quatre  sym- 
phonies à  grand  orchestre,  plusieurs  ouvertures, 
et  enfin  des  quatuors  et  des  quintettes  pour  ins- 
truments à  cordes. 

r 

GELIN  (Nicolas),  un  des  chanteurs  les  plus 
vantés  de  l'Opéra  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  débuta  à  ce  théâtre  en  1750,  en 
chantant  dans  le  Carnaval  du  Parnasse,  de 
Mondonville,  l'ariette  :  Les  cieux,  la  terre  et 

l'onde Sa  voix  de  basse-taille  était  superbe, 

et  lorsque  Chassé  prit  sa  retraite,  il  fut  chargé 
de  l'emploi  très-important  que  tenait  cet  artiste , 
emploi  qu'il  conserva  jusqu'au  moment  où  lui- 
même  quitta  l'Opéra,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  clô- 
ture de  1779.  Il  se  retira  alors  avec  une  pension 
de  2,000  livres.  Dans  ses  dernières  années  de 
services  ,  il  créa  sinon  l'un  des  plus  importants, 
du  moins  l'un  de  ses  meilleurs  rôles ,  celui  d'Hi- 
draot  dans  VArmide  de  Gluck.  Gélin  mourut  le  22 
ou  le  23  décembre  1810,  dans  un  âge  fort  avancé, 
étant  maire  de  Creil-sur-Oise.  Il  avait  épousé, 
en  1764,  une  jeune  danseuse  distinguée  de  l'O- 
péra ,  M"^  Lany ,  fille  du  maître  de  ballets  de  ce 
théâtre,  qui  mourut  dans  tout  l'éclat  de  la  jeu- 
nesse et  du  talent,  peu  d'années  après. 

GELLERT(Lijdwig),  compositeur  allemand, 
a  écrit  la  musique  de  Pijrame  et  Thisbé,  opéra 
qu'il  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  la  ville, 
à  Francfort-sur-le-Mein ,  au  mois  de  septembre 
1872.  y. 

GEMUNDER  (Georges),  luthier  allemand, 
né  en  1816  à  Ingelfingen,  dans  le  Wurtemberg, 
fut  à  Paris  l'élève  de  Vuillaume,  et  alla, en  1849, 


372 


GEMÙNDER  —  GÉRàLDY 


s'établir  à  New- York.  Il  a  obtenu  des  récompen- 
ses, pour  ses  violons,  dans  diverses  Expositions. 

*  GENAST  (  Fran-çois-Édolard)  ,  chanteur 
distingué,  né  à  Vienne  le  15  juillet  1797  (et non 
en  1789,  comme  il  a  été  dit  par  erreur),  est 
mort  à  Wiesbaden  le  3  août  1866.  Depuis  1829 
jusqu'en  1860,  il  avait  tenu  son  emploi  de  bary- 
ton au  théâtre  grand-ducal  de  Weimar,  et  ce 
n'est  qu'à  partir  de  cette  dernière  année  qu'il  se 
retira  avec  une  pension.  Genast  a  écrit  et  |)u- 
blié  son  autobiographie. 

GÊNÉE  (Richard),  musicien  allemand,  né  à 
Dantzick  le  7  février  1824,  compositeur  et  chef 
d'orchestre ,  a  fait  représenter  avec  succès  sur 
le  théâtre  de  Mayence  ,  au  mois  de  janvier  1861, 
un  opéra-comique  en  trois  actes  qui  avait  pour 
titre  Rosita.  Cet  artiste  a  écrit  ensuite  une  opé- 
rette ,  V Ennemi  de  la  musique,  qu'il  a  fait  re- 
présenter à  Vienne,  sur  le  théâtre  de  l'Harmonie, 
le  Prince  noir,  opéra -comique  en  un  acte  donné 
à  Prague  en  1866,  et,  en  société  avec  M.  de  Flotow, 
un  ouvrage  en  deux  actes,  intitulé  Avi  Itunens- 
tein,  qui  a  été  joué  à  Prague  le  13  avril  1868. 
M.  Gênée  a  occupé  les  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre successivement  au  théâtre  de  Mayence , 
au  théâtre  allemand  de  Prague  et  au  théâtre 
Ander  Wien,  de  Vienne,  et  c'est  en  cette  ville 
qu'il  a  fait  représenter  encore,  en  t876,  cfer 
Seecadet  (  V Aspirant  de  marine  ),  et  en  1877 , 
Nanon  ,  Vhôtesse  de  V Agneau  d'or, 

*  GENERALl  (Pierre).  Aux  ouvrages 
dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
l'opéra  bouffe  intitulé  V Innocenza  premiala. 

GEIXTILI  (Raffaele),  compositeur  dra- 
matique italien,  dont  la  carrière  a  été  brusque- 
ment interrompue  par  la  mort ,  était  né  à  Rome 
vers  1837.  Il  avait  fait  de  bonnes  études,  et  ,  à 
peine  âgé  de  vingt-trois  ans ,  faisait  ses  débuts 
à  la  scène  en  donnant ,  sur  l'un  des  théâtres  de 
sa  ville  natale,  un  opéra  intitulé  Stef'ania 
(1860).  En  1862,  le  jeune  artiste  offrait  au  pu- 
blic romain  un  nouvel  ouvrage,  Werther,  qui 
fut  discuté  par  la  critique  avec  une  certaine  vi- 
vacité et  qui ,  paraît-il ,  était  loin  d'être  sans 
valeur.  Enfin,  le  28  mars  1867,  avait  lieu  au 
théâtre  Apollo  ,  toujours  à  Rome,  la  première 
représ3ntation  de  Rosamonda,  drame  lyrique  en 
quatre  actes ,  dont  Gentili  avait  écrit  la  parti- 
tion sur  un  livret  posthume  de  Marco  Marcello. 
Quatre  mois  après  l'apparition  de  cet  ouvrage, 
le  7  août ,  le  jeune  compositeur  mourait  à  la 
fleur  de  l'âge,  subitement  emporté ,  dans  sa  ville 
natale ,  par  une  attaque  de  choléra. 

*  GEORGE  V  (Frédéric-Alexandre-Ciiar- 
les-Ernest-âuguste),  ex-roi  de  Hanovre,  prince 
royal  de  Grande-Bretagne  et  d'Irlande,  duc  de 


Cumberland  et  de  Brunswick-Lunebourg,  a  été 
détrôné  en  1866,  à  la  suite  de  la  guerre  entre 
la  Prusse  et  l'Autriche,  à  laquelle  il  avait  pris 
part  du  côté  de  celte  dernière,  et  vit  son  royau- 
me annexé  à  celui  de  la  Prusse. 

Grand  amateur  de  musique,  le  prince  George 
avait  étudié  le  piano  à  Londres,  de  1829  à  1833, 
avec  Duicken,  et  plus  tard  avait  travaillé  la  com- 
position avec  Greulich  et  F.  Kucken.  Il  avait 
achevé  ses  études  musicales  à  Hanovre,  sous  la 
direction  de  E.  Wenzel.  Ce  prince  avait  été 
frappé,  dès  ses  plus  jeunes  années,  d'une  cécité 
complète. 

GERALDY  (Jean-Antoine- Just),  chanteur 
et  compositeur  français,  naquit  le  9  octobre 
1808  à  Francfort-sur-le-Mein,  on  son  père  rem- 
plissait les  fonctions  de  conuiiissaire  des  guerres 
de  l'armée  française.  Tout  jeune  encore,  Gé- 
raldy  étudiait  la  musique  en  compagnie  de  ses 
deux  frères  et  de  ses  trois  sœurs ,  et  chantait 
avec  eux  les  plus  beaux  morceaux  des  opéras 
de  Gluck  et  de  Piccinni,  ce  qui  ne  fut  pas  sans 
influence  sur  le  caractère  élevé  que  prit  plus 
lard  son  exécution  musicale.  Le  futur  artiste 
n'en  reçut  pas  moins  une  excellente  éducation 
littéraire,  car  ses  éludes  classiques,  commen- 
cées par  lui  au  collège  de  Nancy,  furent  bril- 
lamment achevées  à  celui  de  Colmar,  d'où  il 
sortit  avec  le  prix  d'honneur  de  rhétorique,  pour 
entrer  ensuite  à  l'Ecole  des  mines  de  Saint- 
Étienne.  Nommé  ingénieur  civil  en  1827,  il  était 
à  Beauvais,  en  qualité  d'inspecteur  des  carrières 
du  département  de  l'Oise,  lorsqu'éclata  la  révo- 
lution de  1830.  Il  partit  aussitôt  à  pied  pour 
Paris,  et,  après  avoir  fait  quinze  lieues  tout 
d'une  traite ,  se  mêla  aux  combattants  qui  s'é- 
taient levés  contre  les  ordonnances  de  Juillet. 

Le  calme  rétabli ,  Géraldy ,  qui  avait  fait  na- 
guère de  bonnes  études  musicales  avec  Massi- 
mino ,  et  qui  avait  en  son  cœur  le  plus  sincère 
amour  de  l'art,  se  résolut  à  quitter  les  emplois 
publics  pour  se  livrer  à  sa  passion  pour  la  mu- 
sique. Son  père,  qui  habitait  alors  Colmar, 
étant  venu  se  fixer  à  Paris ,  ne  chercha  nullement 
à  le  détourner  de  ces  idées,  et  le  conduisit  au 
contraire  chez  Garcia ,  qui ,  moyennant  une 
somme  de  6,000  francs,  consentit  à  se  charger 
de  son  éducation  de  chanteur.  C'est  sous  la  di- 
rection de  cet  admirable  artiste,  près  de  ses 
deux  filles  Marie  et  Pauline,  appelées  à  devenir 
si  célèbres  sous  les  noms  de  M"""  Malibran  et 
Viardot,  que  Géraldy  apprit  ce  qui  lui  manquait 
sous  le  rapport  du  style,  de  la  diction  et  du 
phrasé.  Cependant,  Garcia  étant  mort  le  2  juin 
1832  ,  le  jeune  chanteur  compléta  ses  connais- 
sances avec  son  fils  Manuel ,  puis  passa  quelque 


GÉRALDY  —  GERMAIN 


373 


temps  au  Conservatoire ,  dans  une  classe  d'har- 
monie, et  enfin  se  mit  à  travailler  seul ,  assidû- 
ment ,  sans  le  secours'd'aucun  maître. 

Géraldy  se  fit  entendre  pour  la  première  fois  , 
dans  un  salon ,  en  chantant  l'air  du  comte  des 
Noces  de  Figaro,  et  produisit  un  grand  effet. 
Bientôt,  Meyerbeer,  qui  venait  d'écrire  sa  belle 
mélodie  -.  le  Moine,  lui  en  confia  l'exécution , 
et  Géraldy,  commençant  ainsi  sa  carrière  de 
chanteur  (le  concerts,  qui  devait  être  si  longue 
et  si  brillante,  valut  au  compositeur  un  succès 
qu'il  partageait  lui-même.  C'est  dans  les  séances 
de  la  Société  viusicale ,  nouvellement  fondée 
par  ces  excellents  artistes  qui  s'appelaient  Théo- 
dore Labarre,  Gallay,  Brod,  Henri  Herz,  Franc- 
homme  et  Géraldy  en  personne,  que  celui-ci  se 
révéla  au  public,  et  du  premier  coup  conquit 
ses  sympathies. 

Pourtant ,  après  s'être  fait  ainsi  une  première 
réputation ,  il  voulut  s'essayer  à  la  scène ,  et  ac- 
cepta un  engagement  qui  lui  était  offert  par 
l'entrepreneur  Merelli  pour  le  théâtre  San-Bene- 
detto,  de  Venise.  Il  y  débuta  avec  succès  dans 
le  rôle  de  Dandini  de  la  Cenerentola,  de  Ros- 
sini;  mais  après  avoir  chanté  cinq  fois,  une 
maladie  grave  vint  l'obliger  au  repos,  et  le  fit 
ensuite  revenir  à  Paris.  Il  recommença  alors  à  se 
faire  entendre  dans  les  concerts ,  où  sa  renommée 
augmentait  chaque  jour,  et  se  consacra  à  l'en- 
seignement du  chant.  En  1837 ,  Géraldy  s'élant 
rendu  à  Bruxelles  pour  prendre  part  à  un  con- 
cert que  donnait  le  célèbre  violoniste  Charles  de 
Bériot,  Fétis,  qui  était  à  la  recherche  d'un 
professeur  de  chant  pour  le  Conservatoire  de 
cette  ville,  lui  offrit  cette  position.  Géraldy  ac- 
cepta, à  la  condition  que  son  cours  ne  durerait 
que  trois  mois  chaque  année,  et  à  partir  de 
1843,  il  consacra  six  mois  à  sa  classe.  11 
passait  le  reste  du  temps  à  Paris,  à  donner  des 
concerts  et  à  former  d'autres  élèves.  C'est  ainsi 
qu'en  France  il  faisait  l'éducation  musicale  de 
Mues  ^^yy  ^  jenny  Colon ,  Calinka  Heinefetter, 
tandis  qu'en  Belgique  il  prodiguait  ses  conseils  à 
MM.  Mathieu,  Cabu,  Cornelis,  Agnesi,  Eve- 
rardi ,  Carman ,  à  M™''*  Bonduel ,  Van-Praag-Hil- 
len  ,  etc.  Cet  excellent  artiste  est  mort  à  Paris , 
le  27  mars  1869. 

Géraldy  était,  on  peut  le  dire,  en  dépit  de 
quelques  inégalités  de  style  qui  parfois  déparaient 
son  exécution ,  un  artiste  d'école  et  un  chanteur 
de  premier  ordre.  Il  se  distinguait  par  une  pose 
de  voix  merveilleuse,  une  excellente  pronon- 
ciation, une  articulation  nette  et  franche,  une 
diction  pleine  d'intelligence ,  enfin ,  par  une  va- 
riété d'accent  diflicile  à  rencontrer  à  un  pareil 
degré.  Sévère  et  magistral  dans  l'interprétation 


des  grandes  œuvres  du  style  :drarnatique,  il  ex 
cellait  en  même  temps  dans  le  genre  bouffe,  et 
ceux  qui  l'ont  vu  servir  de  partenaire  à  ces  ad- 
mirables artistes  qui  avaient  nom  Rubini,  Tam- 
burini ,  Lablache,  Giula  Grisi ,  Fanny  Per- 
siani ,  assurent  qu'il  n'avait  nullement  à  souffrir 
de  ce  redoutable  voisinage.  Chanteur  exquis, 
professeur  émérite  et  dévoué,  Géraldy  sut  aussi 
se  produire  comme  compositeur;  il  écrivit  la 
musique ,  et  souvent  aussi  les  paroles ,  d'un 
grand  nombre  de  mélodies 'vocales,  dont  plu- 
sieurs obtinrent  de  véritables  succès  :  la  Zin- 
gara,  Maria,  la  Lettre  au  bon  Dieu,  Amour 
et  Mystère ,  Marguerite  ,  Au  bal,  le  Conscrit, 
le  Contrebandier,  etc.  Il  a  publié  aussi  un  re- 
cueil de  Trente  Études  mélodiques  pour  toutes 
les  voix  (en  2  suites ,  Paris ,  Brandus) ,  et  enfin 
il  il  laissé  en  manuscrit  plusieurs  morceaux  re- 
ligieux ,  ainsi  qu'un  opéra  resté  inédit. 

GÉRARD  ou  GERAERT  (Jean)  ,  com- 
positeur, vivait  dans  les  Pays-Bas  au  milieu 
du  seizième  siècle.  On  lui  doit  la  musique  de 
trois  chansons  insérées  dans  le  recueil  divisé  en 
six  livres  que  Pierre  Phalèse  publia  à  Louvain 
en  1555-1556  ,  et  dont  le  premier  parut  sous  ce 
titre  :  Premier  livre  des  chansons  à  quatre 
parties,  nouvellement  coinposez  {sic)  et  mises 
en  musicque,  convenables  tant  aux  instru- 
mentzcomme  à  la  voix  [l^owv^m ,  1555,  in-4*'). 

GERMAIIX.—  Foyes  GOËRMAIXS. 

GERMAIN  (JosEPH-Loms  ) ,  luthier,  né  à 
Mirecourt  le  23  juillet  1822,  fit  son  apprentis- 
sage en  cette  ville,  vint  à  Paris  en  1840,  entra 
coiume  ouvrier  chez  Gand  père ,  passa  à  la  mort 
de  celui-ci  chez  Vuillaume,  puis,  en  1850,  re- 
tourna dans  la  maison  Gand,  alors  dirigée  par 
es  deux  fils.  En  1862,  il  s'établit  à  son  compte, 
et  au  commencement  de  1870  repartit  pour  Mi- 
recourt, où  il  mourut  le  5  juillet  de  la  même 
année. 

«  Joseph-Louis  Germain ,  dit  M.  Vidal  dans 
son  livre  :  les  Instruments  à  archet ,  fut  un 
luthier  de  grand  talent  et  que  son  extrême  mo- 
destie empêcha  d'être  en  évidence  comme  il  au- 
rait mérité  de  l'être.  Lors  de  l'Exposition  iwter- 
nationale  de  Paris  en  1867  ,  il  avait  été  admis  à 
concourir;  mais,  par  une  fatalité  malheureuse, 
l'emplacement  qu'on  lui  attribua  fut  si  minime 
qu'il  ne  put  réussir  à  y  mettre  ses  instruments , 
et  il  renonça  à  exposer.  Ce  fait  est  d'autant  plus 
regrettable  que  Germain  aurait  vraisemblable- 
ment ajouté  une  mention  de  plus  à  celles  que 
notre  nation  a  obtenues  à  cette  Exposition.  Très- 
habile  dans  les  réparations  des  anciens  instru- 
ments, il  avait  acquis  dans  la  lutherie  neuve  une 
supériorité  remarquable.  » 


374 


GERMAIN 


GERVINUS 


GER]VIAIi\( ),  compositeur  dramatique, 

a  fait  représenter  sur  le  théâtre  du  Capitole,  à 
Toulouse,  en  1861,  un  grand  opéra  intitulé  Sz- 
mon  de  Mont  for  t ,  dont  le  succès,  dit-on,  fut 
considérable,  et  qui  fut  joué  ensuile  dans  plu- 
sieurs villes  du  midi  de  la  France,  où  il  reçut 
le  même  accueil.  Peu  de  temps  après,  M.  Ger- 
main fit  entendre  à  M.  Carvalho,  alors  directeur 
du  Théâtre-Lyrique ,  la  musique  d'un  opéra  qui 
avait  pour  titre  Jeanne  d'Arc ,  et  qui ,  par  des 
considérations  étrangères  au  mérite  de  l'œuvre, 
à  ce  que  disaient  les  journaux,  ne  put  être 
reçu;  mais  le  compositeur  fit  accepter  de  la  di- 
rection du  Théâtre-Lyrique  un  ouvrage  en  deux 
actes,  intitulé  le  Bâtard  de  Cerdagne.  Celui- 
ci  devait  être  mis  aussitôt  en  répétition,  mais 
bientôt  on  n'en  parla  plus, 

GERIXSHEIM  (Frédéric),  pianiste  dun 
immense  talent,  compositeur  de  mérite  et  sur- 
tout d'avenir,  aujourd'hui  fixé  à  Rotterdam  ,  oii 
depuis  trois  ans  il  est  devenu  directeur  de  mu- 
sique de  la  Société  pour  l'encouragement  de  l'art 
musical,  est  né  le  17  juillet  1839  à  Worms. 
dans  le  Palatinat  rhénan.  Il  commença  à  appren- 
dre le  piano  avec  sa  mère  ,  qui ,  bien  que  sim- 
ple amateur,  était  une  pianiste  de  premier  ordre, 
et  montra  dès  son  enfance  un  grand  amour  et 
une  véritable  vocation  pour  la  musique.  En  pré- 
sence de  ces  dispositions,  les  parents  du  jeune 
Gernsheim  (qui  est  de  race  israélile) ,  quoique 
riches  et  appartenant  à  la  clas.se  aisée ,  résolurent 
de  faire  embrasser  à  leur  fils  la  carrière  artisti- 
que, et  lui  donnèrent  d'abord  comme  professeur 
de  piano  M.  Louis  Liebe, directeur  de  musique 
à  Worms.  Plus  tard  ,  il  se  rendit  à  Francfort- 
sur-le-Mein ,  et  de  là ,  après  avoir  fait  une  pe- 
tite tournée  artistique  pour  faire  connaître  son 
talent  de  virtuose,  entra  au  Conservatoire  de 
Leipzig, où  il  reçut  les  conseils  de  Moscheles,  de 
Rietz  et  du  célèbre  Hauptmann,  un  des  profes- 
seurs de  contrepoint  les  plus  éminents  qui  aient 
jamais  existé.         "^ 

De  Leipzig,  M.  Gernsheim  se  rendit  à  Paris , 
où  il  demeura  six  années,  et  en  1861  il  accepta 
la  place  de  directeur  de  musique  à  Sarrebrûck  , 
place  qu'il  conserva  pendant  quatre  ans.  Il  fut 
ensuite  nommé  professeur  de  piano  au  Conser- 
vatoire de  Cologne ,  et  demeura  en  cette  ville  à 
partir  de  1865.  En  1870,  il  eut  l'honneur  de  se 
faire  entendre  à  Paris,  au  Conservatoire,  et  en 
1874  il  se  fixa  enfin  à  Rotterdam ,  comme  direc- 
teur de  musique  de  la  Société  pour  l'encourage- 
ment de  l'art  musical. 

M.  Gernsheim  a  composé  des  ouvrages  impor- 
tants ,  dont  la  plupart  sont  publiés ,  et  parmi 
esquelsnous  citerons:  3  Quatuors  pour  instru» 


ments  à  cordes,  op.  9,  25  et  31;  2  Quatuors 
pour  piano,  violons  et  violoncelle,  op.  12;  une 
symphonie  à  grand  orchestre ,  op.  22  ,  exécutée 
avec  succès  à  Cologne  et  à  Rotterdam  ,  mais  for- 
tement discutée  après  une  exécution  au  Conser- 
vatoire de  Leipzig  sous  la  direction  de  Reinecke; 
une  Ouverture,  op.  13;  un  Concerto  pour  piano 
et  orchestre,  op.  16;  un  Salve  Regina  pour 
choeur  de  femmes,  solo  et  orchestre,  op.  11; 
Nordische  Sommernacht ,  pour  chœur  et  or- 
chestre, op.  21;  Salaviis,  pour  chœur  et  or- 
chestre; plusieurs  recueils  de  liederet  d'ouvra- 
ges pour  le  piano.  M.  Gernsheim  est  un  excellent 
chef  d'orchestre ,  qui  commence  à  prendre  une 
grande  autorité  à  Rotterdam. 

Ed.  de  h. 

GEROLT  (Frédéric).  On  a  représenté  sur 
le  théâtre  de  Nancy,  le  27  janvier  1864,  [nés  de 
Portugal ,  grand  opéra  en  4  actes  dont  la  mu- 
sique avait  été  écrite  par  cet  artiste.  Le  livret 
de  cet  opéra  a  été  imprimé.  M.  Gérolt  était  établi 
comme  flûtiste  à  Nancy. 

*  GEROiVO  (Hyacinthe-Christophe)  ,  flû- 
tiste ,  est  mort  à  Paris  au  mois  de  septembre 
1868. 

GEROSA  (Carlo)  ,  prêtre  et  musicien ,  di- 
recteur de  la  Scuola  teorico-praiica  di  canto- 
fermo  ou  École  de  musique  religieuse  de  Milan, 
est  l'auteur  d'un  Traité  de  plain-chant  estimé  en 
Italie,  et  qu'il  a  complété  par  des  notions  sur  la 
musique  proprement  dite  et  sur  le  contrepoint. 

GERVAIS  (Etienne).  Un  écrivain  de  ce 
nom  a  publié  un  petit  livre  ainsi  intitulé  :  Mo- 
•zart,  ou  la  Jeunesse  d'un  grand  artiste  {Tours, 
Mame,  1866,  in-12  de  186  pp.).  Ce  volume  n'of- 
re  aucun  intérêt,  au  point  de  vue  critique  ou 
historique. 

GERVILLE  (Pascal),  pianiste  et  compo- 
siteur, a  publié  une  centaine  de  morceaux  de 
musique  légère  pour  le  piano ,  qui  paraissent 
avoir  quelque  succès  auprès  des  amateurs  trop 
nombreux  de  ce  genre  de  productions  frivoles, 
mais  qui  sont ,  ainsi  que  le  nom  de  leur  auteur, 
complètement  inconnus  des  artistes.  Dans  le 
nombre  de  ces  morceaux,  se  trouvent  beaucoup 
de  pièces  de  musique  de  danse. 

GERVIiXUS  (Georges-Godefroid),  célèbre 
historien  libéral  et  homme  politique  allemand, 
membre  de  la  Diète  de  1848,  est  né  à  Darms- 
tadt  le  20  mai  1805.  Cet  écrivain  distingué,  ad- 
mirateur enthousiaste  des  œuvres  de  Haendel , 
a  été  l'un  des  promoteurs  de  l'as-ïocialion  for- 
mée en  Allemagne  pour  la  publication  modèle 
des  compositions  de  ce  maître,  et  a  publié  un 
ouvrage  ainsi  intitulé  :  Handel  und  Shakes- 
peare. Zur  Aesthetik  der  Tonkunst  (  Hxndel 


GERVINUS  —  GEVAERT 


375 


et  Shakespeare.  Sur  l'esthétique  de  la  Musi- 
que), Leipzig,  1868,  in-S". 

*  GEVAERT  [(François-Auguste)  ,  compo- 
siteur, est  aujourd'hui  directeur  du  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  emploi  dans  lequel  il  a  suc- 
cédé à  Fétis.  Au\  ouvrages  dramatiques  qu'il  a 
fait  représenter  et  dont  la  liste  se  trouve  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  1°  le  Diable  au  moulin, 
un  acte,  Opéra-Comique,  13  mai  1859  ;  2*  le  Re- 
tour de  l'armée,  cantate  ,  Opéra,  15  août  1859  ; 
3°  Château-Trompette,^  actes,  Opéra-Comi- 
que, 23  avril  1860  ;  4°  les  Deux  Amours,  0[tév9.- 
comiqueen  2  actes  dont  le  sujet  était  emprunté  à 
un  épisode  de  la  vie  de  Hœndel ,  théâtre  de  Bade , 
31  juillet  1861  ;  5°  le  Capitaine  Henriot,  Sactes, 
Opéra-Comique,  29  décembre  1864  (1).  Malgré 
le  grand  succès  obtenu  par  ce  dernier  ouvrage , 
succès  auquel  n'était  pas  étranger,  d'ailleurs  ,  le 
livret  très-amusant  sur  lequel  la  partition  avait 
été  écrite,  M.  Gevaert  n'eut  plus  l'occasion, 
par  la  suite,  de  se  produire  au  théâtre.  Il  est 
vrai  qu'en  1867  il  fut  appelé  à  occuper  un  poste 
important,  celui  de  directeur  de  la  musique  à 
l'Opéra,  emploi  supprimé  depuis  la  mort  de  Gi- 
rard et  rétabli  en  sa  faveur,  ce  qui  ne  fut  pas 
sans  soulever  de  vives  critiques  de  la  part  des 
artistes  français,  justement  froissés  de  se  voir 
préférer  en  cette  circonslance,  malgré  sa  valeur 
très-réelle ,  un  artiste  étranger. 

A  partir  de  ce  moment ,  M.  Gevaert ,  qui 
avait  inutilement  tenté  de  faire  représenter  à 
l'Opéra  unouvrage  en  trois  actes ,  sembla  renon- 
cer à  la  composition  dramatique  pour  s'occuper 
spécialement  de  travaux  de  théorie ,  d'archéo- 
logie et  d'histoire  musicales.  11  avaît  déjà  publié, 
en  1863,  un  Traitéd'instrumentation,  ets'occupa 
ensuite  d'un  recueil  fort  intéressant  dont  il  donna 
le  premier  volume  sous  ce  titre  :  Les  Gloires  de 
l'Italie,  chefs-d'œuvre  de  la  musique  vocale 
italienne  aux  dix-septième  et  dix-huitième 
siècles,  collection  de  morceaux  de  théâtre,  de 
concert  et  de  chambre  recueillis  et  publiés 
avec  accompagnement  de  piano  par  F.  A.  Ge- 
vaert, traduction  française  par  Victor  Wil- 
der,  Paris  ,  1868  ,  in-folio.  Cette  collection,  for- 
mée avec  un  goût  rare,  était  précédée  d'une 
Introduction  historique  et  de  courtes  notices  bio- 
graphiques sur  les  compositeurs  dont  les  œuvres 
avaient  été  mises  à  contribution  par  l'éditeur; 
malheureusement ,  le  premier  volume  est  resté 

(1)  M.  Gevaert  a  eu  une  part  de  collaboration  dans  une 
opérette  en  un  acte,  la  Poularde  de  Caux,  représentée 
au  théâtre  du  Palais  Royal  Ters  i856,  et  dont  la  musique 
avait  pour  auteurs,  outre  lui-raènne,  MM.  Bazille,  Cla- 
pisson,  Gautier,  Jonas,  Mangeant  et  Poise. 


unique  jusqu'ici ,  et  n'a  été  suivi  d'aucun  autre. 
Très-versé  dans  la  connaissance  des  langues  et 
dans  celle  de  l'histoire  de  la  musique,  M.  Ge- 
vaert commença  aussi ,  dès  ce  moment ,  à  s'oc» 
cuper  d'un  grand  ouvrage  historique  sur  la  mu- 
sique grecque,  qui  faisait  depuis  longtemps 
l'objet  de  ses  études';  à  la  même  époque,  il  pu- 
bliait dans  un  recueil  qui  n'eut  qu'une  exis» 
tence  éphémère ,  la  Revue  des  Lettres  et  des 
Arts,  un  travail  sur  les  Commencements  de 
l'harmonie  en  France,  et  faisait  à  la  Société  des 
compositeurs  de  musique  plu.'^ieurs  conférences 
sur  différents  points  de  l'histoire  de  l'art,  qui 
furent  insérées  dans  les  Bulletins  de  cette  So- 
ciété ;  l'un  de  ces  travaux  (  sur  les  Origines  de 
la  tonalité  moderne  )  lui  donna  lieu  de  soutenir 
dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  une  vive 
polémique  contre  Fétis. 

Lorsqu'éclata  la  guerre  de  1870  et  que  Paris 
fut  près  d'être  assiégé,  M.  Gevaert  quitta  la 
France  et  retourna  dans  sa  famille,  à  Gand.  Fétis 
étant  mort  l'année  suivante  ,  il  fut  appelé  à  lui 
succéder  dans  la  direction  du  Conservatoire  de 
Bruxelles  ;  mais  entre  l'époque  de  son  départ  de 
Paris  et  celle  où  il  fut  mis  en  possession  de  ces 
nouvelles  fonctions,  M.  Gevaert  s'occupajavec  ar- 
deur du  livre  sur  la  musique  ancienne  dont  il  avait 
préparé  les  matériaux.  Ce  n'est  toutefois  qu'en 
1875  qu'il  put  livrerau  public  le  premier  volume 
decet  ouvrage  important,  qui  doit  en  comporter 
deux  et  auquel  il  a  donné  ce  titre  :  Histoire  et 
Théorie  de  la  musique  de  l'Antiquité  (Gand, 
typ.  Annoot-Braeckman,  1875,  in-S"  ).  Ce  tra- 
vail fait  le  plus  grand  honneur  au  savoir,  à  l'é- 
rudition et  à  la  sagacité  de  son  auteur,  qui  a  su 
parfaitement  mettre  en  lumière  ce  que  l'on  con- 
naît jusqu'à  ce  jour  de  la  théorie  musicale  des 
Grecs  et  coordonner  les  documents  malheureu- 
sement incomplets  qu'on  possède  sur  ce  sujet, 
sans  se  lancer  plus  qu'il  ne  fallait  dans  le  champ 
de  l'hypothèse  et  de  la  spéculation.  Je  ne  saurais 
donner  ici ,  malgré  mon  désir,  une  analyse  com  • 
plète  de  l'œuvre  de  M.  Gevaert,  puisque  cette 
œuvre  elle-même  n'est  pas  complète,  et  qu'une 
vue  générale  d'ensemble  me  serait  interdite; 
mais  je  puis  bien  dire  que  l'écrivain  a  rendu  un 
grand  service  à  l'histoire  de  l'art ,  en  éclaircis- 
sant  certains  problèmes,  certaines  obscurités 
relatives  à  la  naissance  même  de  cet  art ,  et  en 
réunissant  sous  une  forme  relativement  concise 
et  tout  au  moins  tme,  l'ensemble  des  documents 
se  rattachant  à  la  question  et  qui  jusqu'ici  étaient 
restés  épars  dans  un  grand  nombre  de  publica- 
tions écrites  dans  des  langues  diverses.  L'ou- 
vrage est  fait  d'ailleurs  avec  la  plus  grande  hon- 
nêteté ,  l'auteur  n'omet  jamais  de  citer  ses  textes 


376 


GEVAERT  —  GHERARDESCHI 


et  il  a  soin,  chaque  fois  que  cela  lui  est  possi- 
ble, de  les  éclairer  et  de  les  mettre  en  relief 
par  la  reproduction  de  monuments  authentiques 
qui  leur  donnent  le  caractère  de  la  plus  entière 
certitude. 

Pour  terminer  cette  notice  complémentaire , 
je  donne  ici  la  liste  des  compositions  non  dra- 
matiques de  M.  Gevaert  qui  sont  venues  à  ma 
connaissance   :  Canticum  natalitix,  solo   et 
chœur,  avec  accompagnement  de  piano  et  orgue  ; 
les  Filles  de  Marie,  chœur  religieux  à  3  voix , 
avec  orgue;  les   Cloches  de  Noël,   solo  avec 
orgue  ;  Au  noiiveati  lévite ,  solo  et  chœur  avec 
accompagnemeni  de  piano  et  harmonium;  le  Dé- 
part,   cantate  à  3  voix;    Jérusalem,   double 
chœur  sans  accompagnement;  Chants  lyriques 
de  SaiXl;  Madrid,  le  Mois  de  Mai,  Seigneur, 
protége-nous ,  Sur  Veau,   la  Bienfaisance, 
l'Absence,  l'Adieu  du  brave,  l'Amitié,  Gen- 
tille blonde,   le    Drapeau,  la   Fraternité, 
l'Exode,  le  Chant  du,  crépuscule.  Chanson 
bachique ,  les  Émigranis  irlandais,  la  Veillée 
du  nègre,  la  Grande  route,  Toulouse,  le  Lion 
flatnand,  les  Noriies;  Sérénade,  les  Orphéo- 
nistes, les  Proscrits,  les  Ouvriers,  les  Pécheurs 
de  Dunlierque,  le  Réveil,  chœurs  sans  accom- 
pagnement; Jacques    Van  Artevelde,   cantate 
avec  orchestre,  composée  en  1863,  sur  un  texte 
flamand ,   pour  l'inauguration  de  la  statue  du 
grand  tribun  gantois,  traduite  ensuite  en  français, 
en  allemand,  en  espagnol,  et  exécutéeavec  succès 
à  l'étranger  ;  Philips  van  Artevelde,  Ik  Speek 
van  zoo  zelden,  Aphrodite,  lieder  pubhés  dans 
la  collection  des  Nederlansche  zangstukken  à 
Gand;  Flandre  au  Lion,  ouverture  pour  har- 
monie militaire.  M.  Gevaert,  qui  s'est  fait  aussi 
l'éditeur  d'un  certain  nombre  de  morceaux  de 
musique  ancienne  faisant  partie  du  répertoire  de 
la  Société   des    concerts    du    Conservatoire  de 
Bruxelles,  dont  il  est  le  directeur  (T/anscri/jfio?! 
classiques  pour  petit  orchestre,  par  F.  A.  Ge- 
vaert, directeur  du  Conservatoire  de  Bruxelles, 
Shott,  éditeur),a  eu  une  part  dans  la  publication 
suivante  :  Chansons  du  quinzième  sièclc,\i\x- 
bliées  d'après   le  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
nationale  de  Paris,   par  G.  Paris,   et  accom- 
pagnées de  la  musique  transcrite  en  notation  mo- 
derne par  F.   A.    Gevaert  (Paris,    1875,   in-8). 
Enfin,  on  doit  encore  à  M.  Gevaert,  outre  un 
manuel    pratique  intitulé  Vade-Mecum  de  VOr- 
ganisie  (Bruxelles,    Schott),  outre  un  manuel 
de  plain-chant    écrit  en    flamand  :    Leerboek 
Tan  den  Gregoriaeaschen  zang,  voornamelyk 
ioegepast  op  de  orgelbegeleiding  (  Manuel  du 
chant  grégorien  affecté  surtout  à  Vaccompa- 
gnement  sur  l'orgue,  (Gand,  1856,  gr.  in-8°), 


l'opuscule  suivant ,  excellent  par  les  idées  qui 
y  sont  exposées  :  Académie  royale  de  Belgi- 
que. Discours  prononcé  dans  la  séance  pu- 
blique de  la  classe  des  Beaux-Arts  en  pré- 
sence de  LL.  MM.  le  roi  et  la  reine,  le 
1i  septembre  1876,  par  Fr.  Aug.  Gevaert,  di- 
recteur de  la  classe  (Gand,  typ.  Aniioot-Braeck- 
raan,  1876 ,  in-4°).  Ce  dernier  écrit  a  été  repro- 
duit dans  une  publication  anonyme,  inspirée  par 
M.  Gevaert  et  faite  sous  ses  auspices  :  Annuaire 
du  Conservatoire  royal  de  musique  de  Bru- 
xelles, V^  année,  1877  (Bruxelles,^ Muqardt, 
in-8). 

*  GEYER  (Flodoard),  pianiste  et  composi- 
teur, est  mort  au  mois  d'avril  1872.  Il  était  né 
le  l*''  mars  1811. 

GHEBART  (Gilseppe),  violoniste  italien 
distingué ,  naquit  en  Piémont  le  20  novembre 
1796.  Élève  de  Radicali,  il  fut  admis  à  la  cha- 
pelle royale  de  Turin  en  1814,  en  devint  violon- 
solo  en  1824,  fut  nommé  en  1839  chef  d'orchestre 
en  second ,  et  enfin  en  1846 ,  à  la  retraite  de 
Polledro,  fut  appelé  par  décret  à  la  direction  su- 
périeure de  la  musique  instrumentale  de  la  cha- 
pelle et  de  la  chambre.  Déjà,  depuis  1817,  il 
dirigeait  les  concerts  de  l'Académie  philhar- 
monique, et  en  1832  il  s'était  vu  placer  à  la  tête 
de  l'orchestre  du  théâtre  Regio;  il  conserva  ces 
deux  emplois  jusqu'en  1855. 

Ghebart  forma,  dit-on,  de  bons  élèves;  esprit 
éclectique  et  fort  distingué,  il  fut  le  premier  à 
faire  connaître  à  Turin  les  œuvres  de  musique 
de  chambre  de  Spohr,  de  Mendelssohn  et  de  di- 
vers autres  musiciens  allemands,  ses  contempo- 
rains. 11  se  livra  lui-même  à  la  composition,  et 
écrivit  plusieurs  concertos  de  violon," des  airs 
variés,  des  duos,  des  études,  ainsi  que  quelques 
ouvertures,  des  quatuors  et  des  quintettes.  On 
lui  doit  aussi  deux  messes,  deux  Miserere  dont 
un  à  quatre  voix  avec  chœur,  et  diverses  autres 
œuvres  écrites  pour  le  service  de  la  chapelle 
royale.  Ghebart  est  mort  à  Milan  le  22  janvier 
1870. 

*  GHERARDESCHI  (Joseph),  est  mort  à 
Pistoie  en  1815.  On  a  extrait  des  œuvres  litté- 
raires de  P.  Contrucci  une  ISecrologia  di  Giu- 
seppe  Gherardeschi ,  con  note  di  Luigi  Pic- 
chianti. 

GHERARDESCHI  (LtiGi),  fils  du  précé- 
dent, né  à  Pistoie  le  5  juillet  1791 ,  fut  élève  de 
son  père,  et,  à  la  mort  de  celui-ci,  alla  se  perfec- 
tionner il  Florence,  où  il  devint  élève  de  Disma 
Ugolini  à  l'Académie  des  Beaux-Arts.  Après 
avoir  suivi  pendant  dix-huit  mois  avec  ce  maître 
un  cours  de  contrepoint  et  de  composition  et 
avoir  obtenu  le  premier  prix^de  composition,  il 


GHERARDESGHI  —  GIANETTliNI 


377 


retourna  dans  sa  ville  natale  et  prit  possession 
de  l'emploi  de  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale ,  que  la  mort  de  son  père  avait  laissé  va- 
cant. Il  conserva  ces  fonctions  jusqu'en  18C6, 
tout  en  se  livrant  à  l'enseignement ,  et  écrivit 
pour  le  service  de  la  chapelle  qui  lui  était  confiée 
un  grand  nombre  de  compositions  telles  que 
messes,  psaumes ,  hymnes  et  motels,  soit  dans 
le  style  a  cappella,  soit  avec  accompagnement 
d'orgue  ou  d'orchestre.  On  connaît  aussi  de  lui 
quelques  productions  de  concert,  entre  autres 
une  cantate  intitulé  Cristoforo  Colombo,  qui  fut 
exécutée  dans  une  fête  célébrée  à  l'Académie  des 
sciences ,  lettres  et  arts  de  Pistoie.  Cet  artiste 
vraiment  distingué  et  doué  d'un  talent  remar- 
quable, est  mort  dans  sa  ville  natale,  le  21  mars 
1871,  âgé  de  près  de  80  ans.  —  Son  fils,  M.  Ghe- 
rardo  Gherardsechi,  élève  de  Mabellini,  lui  a 
succédé  en  1866  dans  son  emploi  de  maître  de 
chapelle. 

GHISI  (G -C ),  écrivain  italien,  est  au- 
teur d'un  Elogio  storico  di  Ghiseppe  Haydn  , 
Florence,  1839,  in-8°  de  16  pages. 

GHISLAl\ZOA'l  (Antonio),  écrivain  italien, 
né  à  Lecco  le  25  novembre  1824,  fit  d'excellentes 
études  littéraires,  se  livra  ensuite  à  l'étude  du 
chant,  et  chanta  les  barytons  au  théâtre  Carcano, 
de  Milan.  Mais  il  ne  resta  pas  longtemps  au 
théâtre  comme  chanteur,  et  bientôt  il  embrassa 
la  carrière  des  lettres,  devenant  tout  à  la  fois  ro- 
mancier, journaliste  ,  critique  musical  et  auteur 
dramatique.  Depuis  quelques  années ,  il  s'est 
surtout  fait  remarquer  comme  librettiste,  et  il 
est  devenu  sous  ce  rapport  l'écrivain  le  plus  re- 
cherché des  compositeurs  et  des  impresarii. 
C'est  lui  qui,  entre  autres  ,  a  écrit  le  livret  du 
dernier  opéra  de  M.  Verdi ,  Aïda.  Rédacteui- 
assidu  de  la  Gazzetta  musicale  de  Milan , 
M.  Ghislanzoni  s'est  toujours  occupé  beaucoup 
de  musique  dans  ses  écrits.  Dans  un  roman  en 
trois  volumes  :  Gli  Artisti  da  teatro  (Milan,  1858, 
in-12),  il  a  consacré  plus  de  cent  pages  non  à  des 
notices  proprement  dites  ,  mais  à  des  notes  bio- 
graphiques fort  utiles  sur  les  virtuoses,  les  chan- 
teurs et  les  compositeurs  de  l'Italie  contempo- 
raine. Dans  un  autre  volume,  Beminiscenze 
artistiche,  on  trouve  une  notice  sur  le  pianiste- 
compositeur  AdolfoFumagalli,  un  épisode  intitulé 
la  Casa  di  Verdi  a  Sant'Agata,  et  divers  au- 
tres chapitres  relatifs  à  la  musique.  Parmi  les 
cinquante  livrets  d'opéras  écrits  par  M.  Ghis- 
lanzoni, il  faut  citer  ceux  du  Salvator  Rosa  de 
M.  Gomes,  d'I  Lituani  de  M.  Ponchielli,  d7 
Promessi  sposi  de  M.  Petrella,  de  Papa  Mar- 
tin de  M.  Cagnoni,  etc.  C'est  aussi  lui  qui  a 
écrit  les  paroles  de  la  cantate  Omaggio  a  Do- 


nizetti,   mise  en  musique  par  M.   Ponchielli. 

GHITI  ( ),  compositeur  dramatique  ita- 
lien, a  lait  représenter  sur  le  théâtre  de  Prato, 
en  1867,  un  opéra  bouffe  intitulé  Don  Sussidio. 

GIACOMELLI  (A ),  agent  dramatique, 

né  en  Italie  vers  1825,  est  depuis  longues  années 
établi  en  France ,  où  il  a  fondé  et  dirigé  succes- 
sivement plusieurs  -journaux  :  le  Licih  fran- 
çais, journal  de  la  facture  instrumentale  (1856- 
1857);  la  Presse  théâtrale  (devenue  plus  tard 
la  Presse  musicale)  ;  Petites  affiches  théâtra- 
les (187  i-lS7ô).  Ce  personnage  a  publié  aussi, 
sous  le  couvert  de  l'anonyme,  im  Annuaire  mu- 
sical pour  1857 ,  fait  sans  soin  et  sans  talent 
(Paris,  37,  rue  de  Trévise,  in-12). 

GIACOMELLI  ( ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  en  1875  à  Livourne ,  sur  un 
théâtre  particulier,  un  opéra  bouffe  intitulé  le 
Tre  Zie. 

GIAI  (Giovanm-Antonio),  compositeur,  né  à 
Turin,  a  fait  représenter,  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  un  opéra  intitulé  Idaspe. 

GIALDINI  (GiALDiNo),  compositeur  italien, 
a  fait  de  bonnes  études  sous  la  direction  de 
JM.  Teodulo  Mabellini,  compositeur  et  chef  d'or- 
chestre estimé.  Après  avoir  terminé  son  éduca- 
tion, il  prit  part  à  un  concours  ouvert  par  la 
direction  du  théâtre  de  la  Pergola,  de  Florence, 
pour  la  composition  d'un  opéra  sérieux.  Sorti 
vainqueur  de  ce  concours,  M.  Gialdini  vit  repré- 
senter son  œuvre,  sur  la  scène  de  la  Pergola , 
le  5  mars  1868;  mais  le  public  ne  parut  pas  par- 
tiger  l'avis  des  juges  qui  avaient  couronné  la 
partition,  et  cet  opéra,  intitulé  Rosmunda,  fut 
accueilli  avec  une  froideur  marquée.  Depuis  lors, 
M.  Gialdini  a  écrit ,  en  société  avec  quelques 
jeunes  confrères ,  MM.  Bacchini ,  De  Champs , 
Felici,  Tacchinardi  et  Usiglio,  un  opéra  bouffe, 
la  Secchia  rapifa,  qui  a  été  joué  en  1872  au 
théâtre  Goldoni,  de  Florence.  Deux  ans  après, 
au  mois  d'avril  1874,  le  théâtre  des  Loges,  de  la 
même  ville ,  donnait  un  autre  opéra  bouffe , 
Vidolo  cinese ,  composé  en  collaboration  par 
MM.  Gialdini,  De  Champs,  Felici  et  Tacchinardi. 

*G1A]\ELLA  (Louis).  Un  artiste  du  nom  de 
Gianella  écrivit  en  1790  la  musique  d'un  ballet, 
V Argent  fait  tout,  représenté  au  théâtre  de  la 
Scala,  de  Milan.  Il  me  semble  que  cet  artiste  ne 
devait  être  autre  que  le  flûtiste  Louis  Gianella, 
qui  vint  ensuite  s'établir  à  Paris  et  s'y  lit  con- 
naître comme  compositeur. 

GIANELLI  ( ),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  à  Livourne ,  en  1865,  un  opéra 
intitulé  î<w  Giorno  di  Caccia. 

*  GIAjVETTL\I  (Antoine).  Aux  œuvres  de 
cet  artiste,  il  faut  ajouter  deux  oratorios  :  Jefte 


378 


GIANETTINI  —  GIBELLl 


et  il  Martirio  di  Santa  Giusdna.  Je  trouve 
dans]  la  Cronistoria  dei  teatri  di  Modena 
Voy.  Gandim),  publiée  en  1873,  la  note  sui- 
vante, dont  les  renseignements  sont  en  complet 
désaccord  avec  ceux  donnés  par  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens  :  «  Gianettini  dit 
aussi  Zanetdni,  Vénitien,  naquit  le  f"'  mai  1G86. 
Élu  maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Modène,  il 
occupa  cette  position  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  au 
mois  d'août  1721.  »  Je  serais  disposé  à  croire 
la  Cronistoria  bien  informée  à  ce  sujet,  puis- 
qu'il s'agit  d'un  artiste  qui  a  longtemps  vécu  à 
Modène  et  qui  est  mort  en  cette  ville. 

GIANl\ETTI  (Raffaelk),  professeur  de 
chant  et  compositeur,  né  à  Spolète  le  16  avril 
1817.  commença  l'étude  de  la  musique  sous  la 
direction  d'un  artiste  nommé  Boccetti ,  et  entra 
en  1837  au  Conservatoire  de  Naples,  où  il  fut 
l'élève  de  Francesco  Lanza  pour  le  piano,  de 
Spalletti,  de  Cimarosa  fils,  de  Busti  et  de  Cres- 
centini  pour  le  chant,  de  Francesco  Ruggi  pour 
l'harmonie  accompagnée,  enfin  de  Gennaro  Parisi 
et  de  Donizetli  pour  la  composition.  Sorti  du 
Conservatoire  en  1844,  il  se  consacra  à  l'ensei- 
gnement du  chant,  tout  en  cherchant  à  se  pro- 
duire comme  compositeur,  et  écrivit  successive- 
ment trois  opéras  qui  furent  joués  au  théâtre 
Nuovo,  de  Naples  :  1"  Gilleila,  2  actes,  «850; 
2°  la  Figlia  del  Pilota,  1  actes,  1852;  3°  la 
Colomba  di  Barcellona,  3  actes,  1855.  Je  ne 
crois  pas  qu'il  ait  fait  représenter  aucun  autre 
ouvrage  depuis  cette  époque,  bien  qu'il  ail  écrit 
deux  opéras  nouveaux.  Giannetti  a  publié  un 
assez  grand  nombre  de  mélodies  vocales,  et  il 
e.-.t  aussi  l'auteur  de  plusieurs  compositions  re- 
bilieuses,  parmi  lesquelles  trois  messes  à  4  voix 
dont  deux  avec  orchestre,  une  messe  à  3  voix  et 
orchestre,  un  Stabat  mater  à  4  voix  avec  ace. 
de  tlùte,  2  clarinettes  et  instruments,à  cordes, 
un  Tantum  ergo ,  etc.  Il  a  écrit  aussi  deux  ou- 
vertures à  grand  orchestre.  Cet  artiste  est  mort 
à  Naples  au  mois  d'août  1872. 

GIAIVIXIXI  (GiovAccHiso),  organiste  et  com- 
po.siteur,  né  à  Lucques  le  20  mars  1817  ,  apprit 
les  premiers  éléments  de  la  musique  avec  Do- 
menico  Fanucchi,  et  étudia  ensuite  le  contrepoint 
avec  le  chanoine  Marco  Santucci.  Devenu  pia- 
niste, organiste  et  excellent  accompagnateur,  il 
se  livra  à  l'enseignement  et  à  la  composition.  On 
lui  doit  diverses  pièces  de  musique  sacrée  à  deux 
et  trois  voix,  dans  le  style  a  cappella,  et  quel- 
ques-unes à  quatre  voix,  avec  accompagnement 
instrumental ,  qui  furent  exécutées  de  1840  à 
1843  pour  la  fête  de  sainte  Cécile  et  en  d'autres 
occasions.  11  écrivit  aussi,  pour  le  service  de  la 
semaine  sainte,  deux  cantates  à  plusieurs  voix 


avec  instruments,  et  mit  en  musique  la  belle 
cantate  de  Manzoni,  le  5  Mai,  pour  chant  avec 
accompagnement  de  piano.  En  1843  ou  1844, 
Giannini  quitta  sa  famille  et  son  pays  pour  aller 
chercher  fortune  au  Brésil,  où  il  mourut  en 
1861. 

GIANIVINI  (Saltatore)  ,  pianiste,  compo- 
siteur et  professeur,  fils  d'un  employé  à  Tadrai- 
nistration  des  postes  ,  est  né  à  Naples  le  24  dé- 
cembre 1830.  Son  père  le  destinait  à  la  carrière 
littéraire,  et  c'est  pour  son  seul  agrément  qu'il 
commença,  à  l'âge  de  dix  ans,  l'étude  de  la  mu- 
sique avec  son  frère  aîné,  devenu  depuis  avocat. 
Mais  ayant  perdu  son  père,  il  se  mit  à  travailler 
sérieusement  avec  M.  Giuseppe  Lillo,  qui  perfec- 
tionna son  talent  sur  le  p^ano  et  lui  fit  suivre  im 
cours  complet  de  composition.  M.  Giannini  se 
livra  ensuite  à  l'enseignement,  et  publia  succes- 
sivement, chez  les  principaux  éditeurs  do  l'Italie, 
270  oeuvres  diverses  pour  le  piano,  et  quel- 
ques morceaux  religieux  à  2  voix.  Il  a  écrit 
aussi  un  opéra  sérieux,  Giovanna  di  Montfort, 
qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  représenté.  On  doit  en- 
core à  M.  Giannini  les  publications  suivantes  : 
Elementi  musicali  per  uso  dei  fanciulli  ; 
Nozioni  elementari  di  musica;  la  Prima 
Scuola  di  pianoforte.  —  Deux  fils  de  cet  ar- 
ti.ste.M.  Giacomo  Giannini,  né  à  Naples  le  27 
février  1856,  et  M.  Alberto  Giannini ,  né  dans 
la  môme  ville  le  18  avril  1857,  celui-ci  élève 
de  son  père ,  se  sont  déjà  fait  remarquer,  l'un 
comme  violoncelliste,  le  second  comme  pianiste 

GIAIVIVOTTI  (Antomo),  musicien  italien 
du  dix-septième  siècle,  a  fait  exécuter  le  mardi- 
saint  de  l'année  1685,  dans  un  couvent  de  Mo- 
dène, un  oratorio  intitulé  Maddalena  pentita. 

GIAQUIIXTO  (Giuseppe),  compositeur  ita- 
lien, a  écrit  la  musique  de  plusieurs  ballets  re- 
présentés sur  divers  théâtres  de  la  Péninsule. 
Voici  les  titres  de  ceux  qui  sont  venus  à  ma  con- 
naissance :  1"  il  Corrazziere  di  Brest  (Naples, 
février  1865);  2°  Ferfe  (Naples,  th.  San  Carlo, 
7  avril  1867)  ;  3°  Jdea{\â.,  h\.,  novembre  1867); 
4°  il  Figliuol  pj-odigo  (Milan,  th.  de  la  Scala, 
septembre  1873);  5"  Dyellah;  6"  Messalina 
(Rome.  th.  Apollo,  mars  1877).  A  la  fin  de  1876, 
M.  Giaquinlo  a  été  engagé  au  théâtre  San-Carlo, 
de  Naples,  comme  compositeur  de  la  musique 
des  ballets  destinés  à  être  joués  pendant  le  car- 
naval. 

GIARDINO  ( DE).  Un  artiste  de  ce 

nom,  qui  vivait  vraisemblablement  au  dix-hui- 
tième siècle,  a  publié  six  livres  de  chacun  six 
Sonates  à  violon  seul  et  basse,  op.  1,  4,  5,  8, 
9  et  11. 

GIBELLl  (L ),  musicien  italien  contera- 


GIBELLI  —  GIGOUT 


379 


porain,  a  fait  représenter  à  Milan  ,  sur  le  tliéàtre 
Casteili,  le  27  mai  1876,  un  opéra  sérieux  intitulé 
Sara. 
GIBERT,     GISBERT    ou    GISPERT 

(Fkancisco-Javier),  prêtre  et  compositeur,  né 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle 
à  Granadella,  province  de  Lérida,  fit  ses  études 
musicales  sous  la  direction  d'Antonio  Sala,  maî- 
tre de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville. 
Devenu  lui-même  maître  de  chapelle  à  Taracena, 
où  il  resta  de  1800  à  180^,  il  alla  remplir  ensuite 
les  mêmes  fonctions  dans  un  couvent  de  Madrid, 
où  il  mourut  le  27  février  1848.  Au  sujet  de 
cet  artiste,  M.  Baltasar  Saldoni,  dans  ses  Efemé- 
rides  de  musicos  espanoles,  cilecetteapprécia- 
tion  qu'il  tire  d'un  manuscrit  d'Amhrosio  Ferez, 
dont  il  est  possesseur  :  «  Comme  compositeur 
en  style  de  chapelle,  c'est-à-dire  pour  voix  seu- 
les, il  a  connu  peu  de  rivaux  ;  en  effet,  on  ne  peut 
rien  entendre  de  plus  technique,  de  plus  pur  que 
ses  motets  en  musique  pathétique  et  vraiment 
religieuse;  quelques-unes  de  ces  pièces  sont 
d'une  telle  sévérité  de  formes  qu'elles  pourraient 
passer  pour  des  compositions  du  xvi*  siècle  ; 
elles  sont  nombreuses  et  de  divers  caractères , 
destinées  qu'elles  étaient  aux  différentes  fêtes  de 
l'année.  Gibert  les  écrivait  avec  une  admirable 
facilité,  parce  qu'il  était  réellement  un  savant  en 
ce  genre.  Mais  dans  le  style  d'église  solennel,  au- 
quel appartiennent  les  messes,  vêpres,  Te  Deum, 
lamentations,  litanies,  saluts,  etc.,  etc.,  avec 
orchestre,  dont  il  a  écrit  beaucoup,  il  est  très- 
inférieur  à  lui-même.  Néanmoins ,  son  talent 
n'est  pas  pour  cela  moins  appréciable ,  ni  sa 
réputation  moins  méritée.  » 

*  GIBERT  (Paul-Cés\r).  Cet  artiste  a  pu- 
blié, sous  le  titre  suivant,  un  recueil  décomposi- 
tions vocales  :  Mélange  musical ,  premier  re- 
cueil, contenant  un  duo,  un  trio,  une  scène, 
des  airs,  des  ariettes ,  des  romances  et  des 
chansons  ,  avec  différentes  sortes  d'accom- 
pagnements ,  tant  de  harpe  ou  clavecin  en 
solo  qu'à  grand  et  petit  orchestre,  dédié  à 
M"'  la  vicomtesse  de  Pons  (Paris,  l'auteur, 
s.  d.  in-folio). 

'*  GIDE  (Casimir).  Aux  ouvrages  cités  de  cet 
arti.ste,  il  faut  ajouter  les  suivants  :  1"  La  Chatte 
blanche,  ballet-pantomime  (en  société  avec  Ad. 
Adam),  th.  des  Nouveautés,  26  juillet  1830; 
2°  les  Trois  Catherine,  opéra-comique  en  3  ac- 
tes (en  société  avec  le  même).  Nouveautés ,  18 
novembre  1830;  3°  les  Jumeaux  de  la  Réole, 
drame  musical  en  7  tableaux,  Nouveautés,  22 
février  18.31  ;  4»  Vile  des  Pirates,  ballet  (en  so- 
ciété avec  Carlini),  Opéra,  12  août  1835;  5°  le 
Diable  boiteux,  ballet,  Opéra,  1"  juin  1836; 


6"  la  Volière,  ballet.  Opéra,  5  mai  1838  ;  7"  la 
Tarentule,  ballet.  Opéra,  24  juin  1839. 

En  1847,  Gide  succéda  à  son  père  dans  la 
direction  de  sa  grande  librairie  artistique,  qu'il 
géra  conjointement  avec  M.  Baudry  jusqu'au 
mois  d'août  1857.  Il  mourut  à  Paris,  le  18  février 
1868,  laissant  en  portefeuille  deux  ouvrages  iné- 
dits :  Belphégor,  opéra-comique  en  un  acte,  et 
Françoise  de  Rimini,  opéra  en  3  actes. 

GIELY  (L'abbé),  aumônier  de  l'église  de  la 
Trinité,  de  Paris ,  a  publié  de  nombreuses  com- 
positions religieuses,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que :  1°  Amour  au  Sacré-Cœur,  solos  et  chœurs 
solennels,  avec  accompagnement  d'orgue,  un 
vol.  grand  in-8'',  Paris,  Repos;  2"  Échos  de 
Vâme  pieuse,  chants  solennels  à  la  Sainte- 
Vierge,  avec  ace.  d'orgue,  un  vol.  in-S",  ibid., 
3°  une  Couronne  à  notre  Mère ,  chants  solen- 
nels, solos  et  chœurs ,  avec  orgue,  ibid.  ;  4°  une 
Guirlande  à  Marie,  chants  à  la  Sainte-Vierge, 
ibid.  ;  5°  Soupirs  de  l'Exil,  cantiques,  un  vol. 
in-12,  ibid.;  6"  A  Jésus,  gloire,  amour!  solo 
et  chœur  à  3  voix,  avec  orgue,  ibid.;  7"  Triom- 
phez, roi  des  cœurs,  chant  solennel,  avec  solo 
et  orgue,  ibid.;  8"  Monstra  te  esse  matrem, 
grand  chœur  à  3  voix,  avec  orgue,  ibid.;  9°  Sou- 
venez-vous ,  chaut  avec  ace.  d'orgue,  ibid.; 
10"  Fleurs  de  Mars,  chants  à  Saint- Joseph , 
avec  orgue,  un  vol,  in-8",  ibid. 

GIGLI  (Giulio-Cësare),  luthier  italien,  était 
établi  à  Rome  et  exerçait  son  art  en  cette  ville 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle. 

GIGOUT  (Eugène),  professeur,  compositeur 
et  organiste,  est  né  à  Nancy  le  23  mars  1844.  II 
montra  dès  son  enfance  une  heureuse  organisation 
musicale,  et  vers  l'âge  de  six  ans  le  solfège  et 
les  premiers  éléments  de  l'harmonie  lui  étaient 
onseignés  par  M.  Bazile  Maurice,  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Nancy,  tandis  que  M.  G. 
Mess,  organiste  de  la  même  église,  lui  donnait 
des  leçons  de  piano ,  et  qu'il  recevait  quelques 
conseils  pour  le  chant  d'un  excellent  professeur, 
M"'  Pauline  Millet,  qui  devint  plus  tard  la  com- 
tesse Molitor.  Les  dispositions  musicales  du  jeune 
Gigout  intéressèrent  en  sa  faveur  l'évêque  de 
Nancy,  M.  Menjaud,  excellent  musicienlui-même, 
et  l'enfant  fut  envoyé  en  1857  à  Paris,  où  il  entra, 
comme  boursier  de  sa  ville  natale  et  du  minis- 
tère des  cultes ,  à  l'École  de  musique  religieuse 
fondée  et  dirigée  par  Niedermeyer.  Ce  dernier 
s'intéressa  tout  particulièrement  à  lui,  en  fit  son 
élève  de  prédilection,  et  le  jeune  homme  tra- 
vailla avec  tant  d'ardeur  qu'après  quatre  années 
d'études,  en  1861,  il  avait  remporté  successive- 
ment les  prix  de.'plain- chant ,  d'harmonie,  d'or- 
gue, de  composition  et  de  piano.  Niedermeyer 


380 


GIGOUT  —  GILDEMYN 


étant  mort  au  commencement  de  cette  année 
1861,  M.  Gigout  continua  ses  études  sous  la 
direction  de  Dietsch,  de  MM.  Saint-Saëns  et 
Loret,  et,  à  la  suite  des  épreuves  très-sérieuses 
réclamées  pour  ces  concours ,  se  vit  délivrer  en 

1862  le  diplôme  de  maître  de  chapelle,  et  l'année 
suivante  celui  d'organiste. 

Très-attaché  à  sa  ville  natale,  M.  Gigout  avait 
accepté,  au  commencement  de  l'année  1863,  de 
tenir  l'orgue  du  château  de  M.  le  marquis  de 
Lambertye,  situé  au\  environs  de  Naucy;  ce 
magnifique  instrument,  nouvellement  installé 
par  M.  Cavaillé-Coll,  et  l'agréable  situation  qu'on 
lui  offrait,  avaient  séduit  le  jeune  artiste.  Ce- 
pendant, sur  des  conseils  affectueux  ,  il  renonça 
à  retourner  dans  son  pays,  et  resta  à  l'École  de 
musique  religieuse,  où,  depuis  le  mois  d'octobre 
18G2,  il  était  devenu  professeur  de  plain-chant  et 
de  solfège;  bientôt  il  fut  chargé  du  cours  d'har- 
monie, et,  un  peu  plus  tard ,  de  celui  de  contre- 
point et  fugue,  ce  ([ui  ne  l'empêcha  pas,  en  1872, 
de  tenir  temporairement  la  classe  supérieure  de 
piano ,  lorsque  M.  Besozzi  donna  sa  démission. 
M.  Gigout  a  ainsi  formé  un  grand  nombre  d'é- 
lèves, appelés,  ainsi  que  lui,  à  maintenir  et  à 
propager  les  saines  et  sévères  traditions  du  fon- 
dateur de  l'École. 

Organiste   de  l'église    Saint-Augustin    depuis 

1863  ,  cet  artiste  s'est  tout  d'abord  appliqué  à 
réformer  dans  cette  église  l'harmonisation  et 
l'exécution  duplaiu-cliant,  ainsi  que  ^îicdermeyer 
l'avait  fait  précédemment  à  Saint-Louis-d'Antin 
et  à  Saint-Eugène.  Comme  titulaire  du  grand 
orgue  de  cette  paroisse,  il  s'est  fait  entendre  dans 
plusieurs  séances  et  réceptions  d'orgue.  Ses 
messes  d'une  heure,  le  dimanche,  lui  ont  valu 
une  notoriété  méritée  et  sont  très-suivies. 

En  fait  de  compositions  originales,  M.  Gigout 
n'a  encore  livré  au  public  qu'un  cahier  de  i7-ois 
pièces  pour  orgue  (Paris ,  Richault)  ;  mais  il  a 
en  portefeuille  d'autres  pièces  pour  le  même  ins- 
trument, des  morceaux  pour  le  piano,  d'autres 
pour  l'orchestre ,  une  messe  à  3  voix  avec  ac- 
compagnement d'orgue,  exécutée  plusieurs  fois 
à  l'église  Saint- Augustin  ,  enfin  des  motets,  des 
chœurs  et  des  mélodies  vocales. 

Chargé  en  1864  de  rédiger  le  chant  de  tout  un 
office  nouveau  pour  un  couvent  du  Midi,  M.  Gi- 
gout pensa,  dans  une  tâche  aussi  délicate  et 
difficile,  qu'il  fallait  se  garder,  par  respect  pour 
la  trattition  grégorienne,  de  composer  du  plain- 
chant,  et  se  borner,  en  remontant  jusqu'à  l'ori- 
gine même  du  chant  liturgique,  à  adapter  au 
nouveau  texte  les  formules  mélodiques  consa- 
crées. C'est  ainsi  qu'il  agit.  Vers  la  même  époque, 
il  harmonisa,  pour  la  maîtrise  de  Nancy,  quelques 


messes  qui  furent  publiées  en  celte  ville.  Au 
moment  où  cette  notice  est  écrite  (décembre 
1876),  cet  artiste  fort  intelligent  et  fort  distingué 
vient  de  livrer  au  public  un  ouvrage  intéressant 
et  important  qui  a  paru  sous  ce  titre  :  Chants 
du  graduel  et  du  vespéral  romains,  harmo- 
nisés à  quatre  voix,  avec  réduction  d'orgue 
ad  libitum,  d'après  le  traité  d'accompagnement 
du  plain-chant  de  L.  Niedenneyer  et  J.  d^Orti- 
gue,  (Paris,  Heugel,  3  vol.  in-8").  Enfin,  M.  Gi- 
gout, qui  a  épousé  en  1869  la  plus  jeune  fille  de 
son  maître,  M^'*  Mathilde  Niedermeyer,  a  fait 
pour  le  piano  les  réductions  de  plusieurs  parti- 
tions d'orchestre,  entre  autres  celles  de  la 
Fronde,  opéra  de  Niedermeyer,  et  d'une  .sym- 
phonie du  mêcne  artiste. 

GIL  (Joaiuin),  musicien  espagnol,  né  îi  Va- 
lence le  26  janvier  1767,  fut  professeur  de  plain- 
chant  au  séminaire  de  Saint-Thomas  de  Villa- 
nueva,  et  publia  à  Madrid,  en  1820,  un  opuscule 
intitulé  Brève  instruccion  del  canlo  llano 
[Brève  instruction  sur  le  plain-chant). 

GIL  (F.  Asis),  musicien  espagnol  contempo- 
rain, voué  à  l'enseignement,  a  publié  à  Madrid, 
chez  l'éditeur  Pablo  Martin ,  une  Méthode  élé- 
mentaire d'harmonie ,  et  un  autre  traité  inti- 
tulé :  V Harmonie  à  la  portée  de  loutta  les 
intelligences. 

GIL  Y  LLAGOSTERA  (Gavetan),  dit 
Gilet,  Hùtiste  et  compositeur,  naquit  à  Barce- 
lone le  6  janvier  1807.  Il  acquit  la  connaissance 
du  solfège  avec  Andrevi,  puis  se  livra  à  l'étude 
de  divers  instruments,  mais  particulièrement  du 
violon  avec  Francisco  Berini  et  de  la  flûte  avec 
Ignacio  Calcante.  Pendant  vingt-deux  ans  il  rem- 
plit les  fonctions  de  première  flûte  à  l'orchestre 
du  théâtre  principal  de  Barcelone ,  et  il  appar- 
tint aussi,  en  la  même  qualité,  à  la  chapelle  de 
la  cathédrale  de  cette  ville.  M.  Baltasar  Saldoni 
(Efemérides  de  musicos  espaùoles)  dresse  ainsi 
qu'il  suit  le  catalogue  des  compositions  de  cet 
artiste  ;  1»  un  nombre  incalculable  de  rigodons, 
valses  et  contredanses  à  grand  et  petit  orchestre  ; 
2»  deux  symphonies  à  grand  orchestre;  3°  gran- 
de polka  à  grand  orchestre,  avec  variations; 
4°  deux  messes  de  Gloria ,  à  grand  orchestre  ; 
ô"  messe  de  Bequiem,  avec  instruments  à  vent; 
6°  deux  Rosaires  avec  orchestre;  7"  quatre 
Fantaisies  pour  flûte,  avec  accompagnement  de 
piano  ;  8°  une  sonate  pour  flûte,  avec  accompa- 
gnement de  piano  ;  9°  un  trio  pour  trois  flûtes  ; 
10"  neuf  exercices  pour  flûte  seule. 

GILDE.MYIX  (Charles-Ferdinand),  orga- 
niste et  compositeur,  né  à  Bruges  (Belgique)  le 
18  août  1791,  est  mort  en  cette  ville  le  22  mars 
1854.  Enfant  de  chœur  à  Notre-Dame  de  Bruges 


GILDEMYN  —  GILLIERS 


381 


dès  l'âge  de  huit  aas,  il  fit  ses  premières  études 
musicales  sous  la  direction  de  Govaert  et  tra- 
vailla ensuite  l'harmonie  avec  Thienpont.  Depuis 
1807  jusqu'à  sa  mort,  c'est-à-dire  pendant  pres- 
que tout  un  demi-siècle,  il  remplit  les  fonctions 
d'organiste  à  Notre-Dame.  En  1816,  la  Société 
royale  des  Beaux-Arts  de  Gand  ayant  mis  au 
concours  la  composition  d'une  cantate  sur  la 
bataille  de  Waterloo,  une  troisième  récom- 
pense, sous  forme  de  médaille  d'argent,  fut  attri- 
buée à  Gildemyn.  Cet  artiste  a  fait  représenter  à 
Bruges  un  opéra-comique  :  Edmond  et  Hen- 
riette ou  la  Réconciliation  {15  septembre  1819). 
Il  a  publié  un  0  Salutaris  pour  ténor,  la  réduc- 
tion au  piano  d'une  symphonie  en  ut,  et  a  laissé 
en  manuscrit  un  assez  grand  nombre  de  com- 
positions estimables. 

GILI  (Raimunoo)  ,  compositeur  espagnol,  né 
à  Viliafranca  del  Panades  (Catalogne),  le  21  fé- 
vrier 1815,  fil  son  éducation  artistique  au  collège 
de  musique  du  couvent  de  Montserrat ,  où  il 
demeura  cinq  années,  de  1826  à  1831 ,  et  où  il 
apprit  le  solfège,  l'orgue  et  l'harmonie.  Ses  étu- 
des terminées,  il  devint  organiste  de  l'église  des 
Franciscains  ,  puis  de  celle  des  Trinitaires  ,  de 
Barcelone,  et  ensuite  alla  remplir  les  mêmes 
fonctions  à  l'église  paroissiale  de  sa  ville  natale. 
Pendant  son  séjour  à  Barcelone,  M.  Gili  fut 
nommé  professeur  de  solfège  au  lycée  de  cette 
ville  ;  il  fut  aussi  accompagnateur  au  grand  théâ- 
tre et  à  celui  dit  des  Capucins.  Les  principales 
compositions  de  cet  artiste  consistent  en  une 
messe  de  Requiem,  un  Benedictus  et  divers 
motets. 

GILKES  (Samuel)  ,  luthier  anglais ,  né  en 
1787,  mort  jeune  en  1827,  fut  élève  de  son  parent 
Charles  Harris ,  de  Londres ,  et  devint  ensuite 
ouvrier  chez  William  Forster,  après  quoi  il  s'é- 
tablit à  son  compte.  Ses  instruments  sont  aujour- 
d'hui très-estimés  en  Angleterre.  Gilkes  eut  un 
fils,  nommé  William,  luthier  comme  lui,  et  qui 
produisit  considérablement;  il  est  surtout  connu 
pour  ses  contrebasses. 

*  GILLES  (Jean)  ,  fameux  compositeur  de 
musique  religieuse,  mourut  à  Toulouse  le  5  fé- 
vrier 170.5.  Quoiqu'à  peine  âgé  de  36  ans  lors- 
qu'il mourut,  et  bien  qu'il  paraisse  n'être  jamais 
venu  à  Paris,  Gilles  jouit  en  France,  pendant  plus 
d'un  demi-siècle,  d'une  immense  renommée.  Ses 
motets  étaient  toujours  exécutés  au  Concert  spi- 
rituel avec  le  plus  grand  .succès,  et  en  1764,  près 
de  soixante  ans  après  sa  mort,  on  ne  crut  pou- 
voir mieux  honorer  la  mémoire  de  Rameau  qu'en 
exécutant,  aux  funérailles  de  ce  grand  homme, 
le  Requiem  de  Gilles.  Cette  messe  était  consi- 
dérée comme  un  chef-d'œuvre,   et  l'on  disait 


alors  «  la  messe  de  Gilles,  »  comme  on  dit  au- 
jourd'hui «  le  Requiem  de  Mozart.  » 

Voici  celles  des  œuvres  de  Gilles  qui  sont 
venues  à  ma  connais.sance  :  1°  Te  Deum;  2<> 
Messe  de  Requiem  ;  3"  Diligam  te,  motet  avec 
orchestre;  4°  Domine,  in  te  speravi,  id.;  5"  Ju- 
bilale  Dec  omnis  terra,  id.;  6"  Cantate,  Jor- 
danis  incolœ,  id  ;  7°  Cantus  dent  uberes,  id.; 
8°  Qitemadmodum  desiderat  cervus,  id.;  9* 
Deus,  judicium  tuum  regida,i(i..;  10°  Beatus 
quem  elegisti,  id.;  11°  Dixit  Dominus  Domino 
meo,  id.;  12°  Beatus  vir  qui  timet  Dominum, 
id.;  13°  Deus  venerunt  gentes,  id,;  14°  Confi- 
tebor  tibi,  Domine,  motet  avec  orgue;  Ih'^  Bea- 
tus vir  qui  non  abiit,  yl.;  16°  Dominus,  illu- 
minatio  mea,  id.;  17"  Benedicam  Dominum, 
id.;  18°  Judica,  Domine,  nocentes  me,  id.; 
19°  Cuslodi  me.  Domine,  id.;  20°  Sxpeexpu- 
gnaverunt  me,  id.;  21°  Lauda,  anima  mea, 
Dominum,  id.;  22°  Cum  invocarem,  id.;  23°  3 
Magnificat,  avec  orchestre;  24°  Plusieurs  hym- 
nes ,  avec  orchestre,  etc. 

GILLET-DAMITTE  ( ),  propagateur 

du  système  de  la  notation  musicale  par  le  chiffre, 
est  l'auteur  d'un  écrit  ainsi  intitulé  :  Mémoire 
à  S.  Em.  Mgr.  le  cardinal  Donnet  et  à  NNé 
SS.  les  éve'ques  du  monde  catholique,  sur  un 
moyen  facile  et  économique  de  propager  le 
chant  d'église  parmi  tous  les  fidèles ,  Paris , 
Dramard-Baudry,  in-l8  (vers  1863). 

^GILLIERS  (Jean-Claude),  et  non  Gillier, 
comme  il  a  été  dit  par.  erreur.  Sans  aller  aussi 
loin  que  M.  Charles  Poisot,  qui,  dans  son  Histoire 
de  la  musique  en  France,  assure  que  ce  com- 
positeur a  eu  «  la  gloire  de  fonder  en  France  le 
genre  national  de  l'opéra-comique,  «  je  crois 
néanmoins  que  Gilliers  a  droit  à  une  mention 
toute  spéciale,  comme  l'un  des  premiers  et  des 
plus  féconds  artistes  qui  aient  écrit  de  la  musique 
pour  les  pièces  de  la  Comédie -Italienne.  Les  airs 
de  vaudeville  et  les  airs  de  ballet  de  Gilliers  sont 
charmants  pour  la  plupart,  pleins  de  verve  et 
d'entrain,  et  obtinrent  à  l'origine  de  vrais  succès. 
M.  Poisot  a  retrouvé  les  titres  de  beaucoup  de 
pièces  dont  ce  compositeur  écrivit  la  musique  ; 
je  vais  citer  ici  ces  pièces ,  en  y  joignant  celles 
que  j'ai  retrouvées  moi-même  :  1"  VHijménée 
royal  {1&^%)  ;  2°  Céphale  et  Procris  (1711); 
3°  la  Foire  de  Guibray  (1714);  4°  le  Tombeau 
de  Nostradamus  [17  li);  5°  parodie  de  Téléma- 
que  (1715);  6°  la  Ceinture  de  Vénus  (1715); 
7"  les  Dieux  à  la  Foire  (l'724);  8°  V Amante 
retrouvée  (1727);  9°  Sancho  Pança  gouver- 
neur ou  la  Bagatelle;  10°  le  Bouquet  du  roi 
(1730)  ;  11"  la  Nièce  vengée  ou  la  Double  sur- 
prise (1731);  12°  la  Fille  sauvage  (1732); 


382 


GILLIERS  —  GINOUVÉS 


13°  le  Pot-Pourri  comique  (1732);  14°  Sophie 
et  Sigismond  (1732);   ib"  la  Première  repré- 
sentation (1734);  16°  Lucas  et  Perrette  (1734). 
Mais  Gilliers  ne  travailla  pas  seulement  pour 
la  Comédie-Italienne;  il  fut  pendant  longtemps, 
avec  Grand  val,  le  fournisseur  attitré  de  la  Co- 
médie-Française, en  ce  qui  concerne  la  musique 
des  airs  et  divertissements  qui  entraient  dans  les 
pièces  jouées  à  ce  théâtre.  Voici  une  liste ,  que 
je  crois  à  peu  près  complète,  de  celles  pour  les- 
quelles   il  travailla  -.  les  Eaux  de  Bourbon 
(1694),  la  Foire  de  Bezons,  les  Vendanges  de 
Suresnes  (1695),  le  Moulin  de  Javelle,  les  Va- 
cances (1696),  le  Charivary ,  le  Retour  des 
Officiers  (1697),  les  Curieux  de  Compiègne 
(1698),  la  Fe'ïe  de   Village,  les  Trois  Cousines 
(1700),    Colin  Maillard  (1701),  VOpérateur 
Barry  (1702),  le  Galant  Jardinier  (1704)  ,  la 
Psyché  de  village  {{'0^),  l'Amour  diable  {\'0%), 
VAmoiir  masqué  (1709),  la  Famille  extrava- 
gante (1709),  l'Amour  cJiarlatan  (1710),   les 
Fêtes  du  Cours,  le   Vert-Galant   (1714),   le 
Triple  Mariage  (1716),  etc.,  etc.  Enfin,  à  tout 
cela  il  faut  ajouter  encore  la  musique  qu'il  écri- 
vit pour  quelques  pièces  représentées  sur  des 
théâtres   particuliers ,  telles  que  V Impromptu 
de  Livry ,  le  Divertissement  de  Sceaux,   et 
autres.  Quelques-uns  de  ces  airs  de  Gilliers  fu- 
rent gravés  et  publiés  par  Ballard. 

GILLY  (EM.WANUEL-ANTOINE- Victor),  appelé 
ordinairement  du  môme  prénom  que  son  père. 
Vital  Gilly),  compositeur,  né  à  Marseille  le 
4  thermidor  an  Vlil,  apprit  d'abord  la  musique 
comme  amateur.  A  la  suite  de  revers  de  for- 
tune, il  songea  à  tirer  parti  de  son  talent  et  se 
voua  à  l'enseignement.  Un  grand  nombre  des 
artistes  contemporains  qui  habitent  Marseille  ont 
reçu  de  lui  des  leçons.  Vital  Gilly  a  beaucoup 
écrit,  surtout  des  chœurs  à  3  et  4  voix,  et  de 
la  musique  d'église.  Plusieurs  de  ses  compo- 
sitions, notamment  :  l'Invocation  à  VHarmonip, 
les  motets  à  grand  chœur,  Cantantibus  or- 
ganis,  Domine  salvum  fac,  Vivat  in  œter- 
num,  furent  fréquemment  jouées,  et  avec  succès, 
aux  concerts  Thubaneau,  de  1824  à  1839  :  une 
de  ses  messes  en  la  fut  très-appréciée  à  son 
époque.  Beaucoup  de  ses  motets  ont  été  publiés 
à  Paris  chez  Janet  et  Colelle.  Vital  Gilly  avait 
une  très-grande  facilité,  qui  était  devenue  pro- 
verbiale à  Marseille.  Bien  que  sa  facture  ne  fii( 
pas  supérieure,  il  ne  manquait  pourtant  pas 
d'une  certaine  habileté  :  sa  musique,  qui  est 
claire  et  d'un  sentiment  doux,  était  estimée  de 
ses  contemporains. 

Al.  R— d. 
î   GIMENEZ  IlUGALDE  (Ciriaque),  com- 


positeur de  musique  religieuse  et  organiste,  est 
né  à  Pampelune  le  5  février  1828.  Après  avoir 
appris  de  son  père  les  éléments  de  la  musique,  il 
étudia  le  piano  sous  la  direction  de  José  Guel- 
benzu',  organiste  „de  la  paroisse  Saint  Saturnin, 
travailla  ensuite  l'orgue  et  la  composition,  puis 
alla  achever  son  éducation  musicale  au  Conser- 
vatoire de  Madrid,  où  il  eut  pour  professeur 
M.  Eslava.  Après  avoir  terminé  ses  éludes, 
M.  Gimenez  se  livra  à  la  composition  et  devint, 
en  1865,  maître  de  chapelle  de  l'église  primatiale 
de  Tolède.  Cet  artiste  est  considéré  par  ses  com- 
patriotes comme  un  des  plus  distingués  de  l'Es- 
pagne dans  le  genre  de  la  musique  religieuse. 
Ses  compositions  sont  nombreuses  et  consistent 
en  un  Miserere  de  grandes  proportions,  en  plu 
sieurs  messes,  dont  une  en  mi  bémol  qu'on  dit 
fort  remarquable,  en  psaumes,  répons,  motets, 
litanies,  elc,  etc. 

Gl^i'ER  (Salvador),  compositeur  espagnol, 
est.l'auteur  d'une  zarzuela  en  trois  actes,  Con 
quién  caso  a  mi  mujer  '>  qui  a  été  représentée 
au  théâtre  de  la  Zarzuela,  de  Madrid,  le  10  no- 
vembre 1875.  J'ignore  s'il  avait  donné  précé- 
demment d'autres  ouvrages. 

*  GIXESTET  (François-Regis-Prosper, 
vicomte  DE),  compositeur,  est  mort  en  1860. 
Avant  de  se  livrer  à  la  composition  musicale,  il 
avait  embrassé  ,  comme  on  sait,  létat  militaire; 
d'abord  capitaine-brigadier  des  mousquetaires 
de  la  maison  de  Louis  XVIII,  puis  des  Cent- 
Suisses  de  Charles  X,  il  devint  officier  supé- 
rieur, et  donna  sa  démission  pour  se  livrer  sans 
réserve  à  la  culture  de  l'art  qu'il  affectionnait. 
GIÎVOUVES  (Ferdinand),  né  en  novembre 
1844  à  Cayenne,  reçut  les  premières  leçons  de 
musique  d'un  chef  de  musique  de  l'Infanterie 
de  marine.  En  1856,  sa  famille  étant  venue  se 
fixer  à  Marseille,  il  entra  au  Conservatoire  de 
cette  ville,  et,  après  quelques  années  d'études, 
y  obtint  le  premier  prix  de  piano.  Il  s'est  depuis 
livré  avec  succès  à  l'enseignement.  En  1867,  il 
a  été  nommé  professeur  d'une  des  classes  de 
piano  du  Conservatoire. 

Cet  artiste  a  fait  jouer  au  grand  théâtre  de 
Marseille  un  opéra-comique  en  un  acte,  Wil- 
fride,  dont  l'ouverture,  dans  le  style  d'Ad. 
Adam,  a  été  exécutée  plusieurs  fois  aux 
Concerts  populaires  de  cette  ville.  Il  s'est  fait 
connaître  également  par  un  certain  nombre  de 
romances  pour  la  voix  et  de  morceaux  de  genre 
ou  de  danse  pour  le  piano  :  le  Pays  des  Ré'ves; 
Rossignol  et  Fauvette;  le  Grain  de  Vau- 
mone;  Eurydice;  Menuet;  Romance  sans 
paroles;  les  Canaries;  Tulia;  l'Expan- 
sive,  etc.  —  La  plupart  de  ces    compositions 


GINOUVÉS  —  GIORZA 


383 


ont  été  éditées  par  Carbenel   à  Marseille    (1). 

Al.  R— d 

*  GIORDAj\I(Joseph).  Aux  ouvrages  dra- 
matiques de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  l'opéra 
intitulé  Demetrio.. 

GIORDANI  (E ),  musicien  italien  con- 
temporain, est  l'auteur  d'un  opéra  sérieux,  la 
Regina  di  Casiiglla,  qui  a  été  représenté  à 
Parme  en  1876. 

*  GIORGETTI  (Ferdinando),  est  mort  su- 
bitement, frappé  d'apoplexie,  le  23  mars  1867, 
à  Florence,  où  il  était  né  le  25  juin  1796.  Il  était 
professeur  de  perfectionnement  pour  le  violon  et 
l'alto  à  l'Institut  musical  de  sa  ville  natale.  On  lui 
doit  l'ouvrage  suivant  :  Metodo  ver  [esercitarsi 
a  ben  suonare  Valto-viola,  Milan,  Ricordi. 

GIORGI  (NicoLo),  luthier  italien,  exerçait 
sa  profession  à  Turin,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle. 

GIORZA  (Paolo),  compositeur,  fils  d'un 
chanteur  dramatique  qui  était  aussi  peintre  en 
miniature  et  qui  remplit  à  Desio  les  fonctions 
d'organiste,  est  né  à  Milan  en  1832.  Il  reçut  de 
son  père  ses  premières  leçons  de  musique,  et 
travailla  ensuite  avec  un  artiste  nommé  Lacroix. 
M.  Giorza  s'est  créé  au-delà  des  Alpes  une  spé- 
cialité :  celle  d'écrire  la  musique  des  ballets  dont 
le  public  italien  est  si  friand.  Dans  l'espace  de 
vingt-cinq  ans,  sa  plume  infatigable  a  produit  plus 
de  quarante  partitions  de  ce  genre,  qui  lui  ont 
valu  une  véritable  popularité,  et  dont  quelques- 
unes  se  distinguent,  dit-on,  par  la  grâce,  le  brio, 
la  fougue  et  l'entrain.  Ces  qualités  n'étaient  pas 
précisément  celles  qu'on  a  pu  remarquer  dans 
la  Maschera,  que  M.  Giorza  est  venu  écrire  à 
Paris  et  qui  fut  représentée  à  l'Opéra  au  mois  de 
février  1864  ;  mais  il  serait  injuste  de  juger  sur 
un  seul  ouvrage  un  compositeur  aussi  fécond,  et 
nous  devons  croire  que  les  succès  qu'il  a  obtenus 
dans  sa  patrie  sont  mérités  en  grande  partie.  Il 
est  juste  d'observer  qu'une  seule  fois  M.  Giorza 
a  essayé  d'aborder  le  théâtre  en  dehors  du  ballet, 
et  que  cette  intrusion  dans  un  domaine  qui  n'é- 
tait pas  le  sien  lui  a  été  funeste  ;  son  opéra 
Corrado,  console  di  Mllano ,  dont  le  sujet 
était  tiré  d'un  épisode  de  l'histoire  lombarde,  a 
fait  une  lourde  chute  à  ia  Scala,  de  Milan,  le 
10  mars  1860. 

Voici  une  liste  des  ballets  mis  en  musique 
par  M.  Giorza,  et  représentés  en  Italie  ou  ail- 
leurs; je  ne  la  donne  pas  pour  absolument  com- 
plète, quoiqu'elle  soit  très-fournie  :  1°  un  Fatlo, 

(1)  Depuis  que  celte  notice  a  été  écrite.  M.  Ginouvéi 
a  fait  représenter  survie  théâtre  Michel,  de  Marseille 
(30  juiniST"),  un  opera-comique  en  un  acte,  le  Fiolon 
de  Stradivarius,  qui  a  été  très-bien  accueilli. 


Milan,  Scala,  1853;  2"  i  Eiaachi  ed  i  Negri,  ib., 
ib.,  1853.;  3°  il  Giuocalore,  ib.,  ib.,  14  janvier 
1854;  4"  Shakespeare,  ossia  un  Sogno  di  una 
riotte  d'estate,  ib.,  ib.,  27  janvier  1855;  5*  il 
Conte  di  Monte-Cristo,  ib.,  ib.,  7  février  1857; 
0"  Rodolfo,  ib.,  ib.,  18  février  1858:  7"^  il  Pon- 
ioniere,  ib.,  ib.,  1859;  8°  Cleopatra,  ib.,  ib., 
27  février  1859  ;  9°  Giorgio  Keeves,  1860;  10"  il 
Vampiro,  1861;  11°  la  Contessa  d'Egmont, 
1  mars  1861  ;  12°  un'  Avventura  di  Carnevale 
a  Parigi,  Gênes,  th.  Carlo-Felice,  7  janvier 
18G3;  13°  Farfaletta,  Londres,  1863;  14°  la 
Maschera  ou  les  Nuits  de  Venise,  Paris, 
Opéra,  février  1864;  15°  Leonilda,  Milan, 
Scala,  31  janvier  1865;  16°  Fiammella,  (en  so- 
ciété avec  M.  Meiners),  id.,  id.,  20  janvier  1866; 
17°  Emma  (en  société  avec  M.  de  Bernardi), 
id.,  id.,  4  mars  1866  ;  18°  /a  Capanna  dello 
zio  Tom,  Florence,  th.  de  la  Pergola,  ouvrage 
dont  un  critique  italien  disait  :  «  Le  meilleur  de 
ce  ballet,  c'est  la  musique  de  [M.  Giorza,  élé- 
gante, neuve  et  facile  dans  toutes  ses  parties, 
quoique  peut-être  un  peu  trop  bruyante  ;  dans 
les  moments  où  l'action  dramatique  prend  de 
l'importance,  les  mélodies  de  M.  Giorza  acquiè- 
rent une  ampleur  et  un  prestige  tels  qu'on  les 
croirait  destinées  à  un  genre  de  composition 
plus  élevé  et  plus  important;  19°  Folgore,  o 
l'Anello  infernale;  20°  Nostradamus;  21°  lu 
Silfide  a  Pechino  (en  société  avec  MM.  Mado- 
glio  etSarti);  22°  il  Biricchino  di  Parigi; 
23°  un  Ballo  nuovo  ;  24°  Carlo  il  Guastatore; 
25°  i  Palleschi  edi  Piagnoni;  26°  uno  Spirito 
maligno;  11"  il  Sogno  dell'Esule;  28°  il  Genio 
Anarack;  29"  Ida  Badoer  ;  30°  Zagranella; 
31°  Funerali  e  Danze;  32°  CUltimo  Abence- 
ragio;  33°la  Giocoliera;  34°  Gazelda;  35°  Don 
Cesare  di  Bazan;  36°  Chencbina,  o  la  Rosa  di 
Posilippo;  37°  Salammbô ;3S°  la  Vendetta; 
39°  Pedrilla. 

M.  Paolo  Giorza  a  publié,  en  dehors  de  ses 
ballets,  un  assez  grand  nombre  de  morceaux  de 
musique  de  danse  (surtout  sous  forme  d'albums), 
dont  voici  les  titres  :  Aile  Dame  Milanesi, 
Pierrot  o  la  Settimana  grassa  a  Milano,  Mas- 
chere  italiane.  Petit  Bouquet,  Quatro  Salti, 
Aile  Dame  Florentine,  Valbum  di  Rigoletto  , 
et  on  lui  doit  aussi  quelques  compositions  légères 
pour  le  piano,  des  mélodies  vocales  et  enfin  plu- 
sieurs morceaux  de  musique  religieuse.  Entre 
autres  productions  étrangères  au  théâtre , 
M.  Giorza  a  écrit,  pendant  la  guerre  de  1866  et 
sur  l'invitation  de  Garibaldi,  la  musique  d'un 
hymne  de  guerre  dont  les  paroles  étaient  dues 
à  M.  Plantulli,  secrétaire  du  grand  patriote. 
M.  Giorza  reçut  à  ce  sujet  la  lettre  suivante  de 


384 


GIORZA  —  GIOSA  (DE) 


Garibaldi  :  —  "  Coiue,  15  juin  1866.  Mon  cher 
Giorza,  si,  en  rneltanl  eu  musique  l'iiymne  de 
notre  ami  Plantuili,  vous  avez  puisé  votre  ins- 
piration dans  la  fièvre  d'un  peuple  qui  veut 
briser  les  derniers  anneaux  de  sa  chaîne  et  re- 
devenir digne  de  son  passé,  vous  avez  fait  cer- 
tainement une  œuvre  utile,  et  je  suis  sûr  du 
succès.  Croyez-moi  avec  reconnaissance  votre 
—  Garibaldi.  «  Il  ne  parait  pas  pourtant  que 
l'hymne  de  M.  Giorza  ait  conquis  une  grande 
popularité. 

GIOSA  (NicoLA  DE),  compositeur  dramati- 
que   et  chef    d'orchestre,    est  né  à    Bari  le 
6   mai  1820.  Il  commença  par  étudier  la  flûte 
avec  son  frère  aîné,  Giuseppe  de  Giosa,   puis 
avec  un  artiste  nommé  Enrico  Daniele,  et  entra 
en  1834  au  Conservatoire  de  Naples,  oiiil  conti- 
nua l'étude  de  cet  instrument  avec  Pasquale  Bon- 
giorno  et  devint  bientôt  maestrino  (répéliteu  ) 
de  flùle.   Il  travailla  ensuite  l'harmonie   accom- 
pagnée et  le  contrepoint  avec  F.  Ruggi,  reçut 
quelques  leçons  de  Zingarelli,  et  enfin  devint  l'é- 
lève préféré  de  Donizetti  pour  la  haute  compo- 
sition. Il  écrivit,  au  Conservatoire,  divers  mor- 
ceaux pour  la  flûte,  pour  le  basson  et  pour  le 
violoncelle,  plusieurs    ouvertures  à  grand   or- 
chestre, beaucoup  de  musique  religieuse,  une 
prière  pour  voix  de  soprano  avec  chœur  et  or- 
chestre  et  un  hymne  funèbre   à  4  voix,   aussi 
avec  chœur  et  orchestre,    exécutés   dans   une 
séance  consacrée  à  honorer  la  mémoire  du  comte 
deGallemberg,  compositeur  distingué,  enfin  deux 
opérettes  dont    les  titres   sont   oubliés.    Avant 
d'avoir  terminé  ses  études    et  d'avoir  atteint 
l'âge  fixé   pour  sortir  du  Conservatoire,  M.  de 
Giosa  quitta  cet  établissement  à  la  suite  de  dif- 
ficultés survenues  entre  lui  et  Mercadante,  alors 
directeur   de  l'école,   ce  qui  fut  cause  d'obs- 
tacles considérables  qu'il  eut  à  surmonter  pour 
le  commencement  de  sa  carrière  de  compositeur. 
Il  finit  pourtant,  non  sans  peine,  par  faire  re- 
présenter au   théâtre  Nuovo,  de  Naples,    son 
premier  opéra,  la  Casa  degli  Artisti,  ouvrage 
bouffe  qui  fut  très-bien  accueilli  du  public.  En 
1845,  il  donna  au  même  théâtre  Elvina,  opéra 
semi-sérieux  en  3  actes,  introduisit  l'année  sui- 
vante, pour  les  débuts  d'un  jeune  chanteur,  son 
ancien  condisciple,  deux  morceaux  nouveaux 
dans  un  ouvrage  de  Raimondi,  il  Biglietto  del 
lotto  stornato,  et  en  1850  fit  jouer,  toujours  au 
tliéàtre  Nuovo,  l'opéra  bouffe  Don  Cliecco,  un 
des   plus    grands  succès    obtenus    depuis   un 
quart  de  siècle  par  la  scène  lyrique  napolitaine. 
Cet  ouvrage  est  resté  jusqu'ici  le  meilleur  titre 
de  M.  de  Giosa  à  la  reconnaissance  de  ses  com- 
patriotes ;  il  y  a  fait  preuve  d'une  gaîté,  d'une 


verve,  d'un  brio  que  l'on  rencontre  rarement  à 
un  pareil  degré,  et  son  inspiration  est  restée 
d'une  fraîcheur  toute  juvénile.  On  cite  surtout, 
entre  les  morceaux  les  mieux  réussis  de  la  par- 
tition de  Dow  Checco,  l'air  de  don  Checco  ,  qui 
est  considéré  comme  une  des  meilleures  pages 
de  l'opéra  bouffe  contemporain. 

L'année  suivante,  M.  de  Giosa  aborda  pour  la 
première  fois  le  grand  théâtre  de  San-Carlo  (I) 
avec  un  opéra  sérieux,  Folco  d'Arles',  qui  reçut  un 
assez  bon  accueil  ;  mais  un  autre  ouvrage,  Guido 
Calmar,  donné  par  lui  au  même  théâtre  en  1852, 
fut  reçu  avec  froideur.  Il  revint  alors  au  théâtre 
Nuovo  avec  un  opéra  bouffe,  un  Geloso  e  la  sua 
Vedova  (1855),  mais,  reparaissant  dans  la  même 
année  à  San-Carlo  avec  un  grand  drame  lyrique, 
Etlore  Fieramosca,  il  vit  celui-ci  tomber  avec 
fracas.  Il  partit  alors  pour  Turin,  fit  représenter 
en  cette  ville,  en  1856,  deux  ouvrages  nouveaux, 
l'un,  Ascanioil  G/oie^nere,  au  théâtre  d'Angen- 
nes,  l'autre,  V Arriva  del  signor  Zio,  au  théâtre 
Sutera,  puis  revint  à  Naples  écrire  pour  le  théâ- 
tre du  Fondo  un  opéra-comique  en  3  actes,  Isella 
la  Modista,  qui  n'eut  aucun  succès.  Plusieurs 
années   s'écoulent  alors  sans  que  M.   de   Giosa 
aborde  de  nouveau  la  spène,  bien   que  pendant 
ce  temps  il  ne  cessât  pas  d'écrire,  car  il  com- 
posa en  1858  la  Cristiana  pour  Venise,  Ida  de 
Benevento  pour  l'ouverture  du  théâtre  Piccinni, 
de  Bari,  et  en  1859  il  Gilano,  pour  le  théâtre 
San-Carlo,  sans  compter  un  ouvrage  français, 
la  Chauve-Souris,  qui  devait  être  joué  à  Paris, 
à  i'Opéra-comique.  J'ignore  pourquoi  foutes  ces 
partitions  sont  restées  jusqu'à  ce  jour  inédites. 
Néanmoins,   après   avoir  fait    exécuter  à   Bari 
(1859)  une  cantate  pour  les   fêtes  du    mariage 
du  duc  de  Calabre  avec  la  princesse  Marie-So- 
phie de   Bavière,   le    compositeur    reparut  au 
théâtre   San-Carlo  avec   un   opéra   sérieux,   il 
Bosco  di  Dafnn  (1864),  dont  la  chute  fut  lamen- 
table. M.  de  Giosa  remplit  alors,  pendant  plu- 
sieurs années,  les  fonctions  de  chef  d'orchestre 
à  San-Carlo,  à  la  Fenice,  de  Venise,  à  Buenos- 
Ayres,  au  théâtre  italien  du  Caire  et  au  Politeama 
de  Naples,  et  il  a  fait  encore  jouer,  dans  ces 
derniers  .temps,  plusieurs  autres  ouvrages  :  lo 
Zingaro,  il  Marito  délia  Vedova,  il  Pipistrelle 
(Naples,  th.  Philarmonique,  1875),  et  Napoli  de 
carnevfl/e  (Naples,  th.  Nuovo,  décembre  1876), 
dont   le  dernier  seul    semble    avoir  rencontré 
quelque  faveur. 
M.  de  Giosa  est  un  artiste  distingué,  mais  dont 

(i)  Il  faut  remarquer  pourtant  que  le  succès  de  Don 
Checco  avait  été  si  éclatant  au  théâtre  Nuovo,  qu'on  avait 
Joué  une  fois  cet  ouvrage  à  San-Carlo,  pour  une  repré- 
sentation extraordinaire. 


GIOSA   (DE)    —  GIOVANNINI 


385 


la  carrière  dramatique  est  loin  d'avoir  toujours 
élé  lieureuse.  Un  seul  de  ses  opéras,  Don 
Checco,  a  obtenu  vraiment  un  grand  succès, 
non  seulement  à  Naple>,  lieu  de  sa  naissance, 
mais  sur  tous  les  llieûtres  d'Italie;  deux  ou  tiois 
ont  été  assez  favorablement  accueillis,  et  presque 
tous  les  autres  sont  tombes  ou  à  |)eu  pi  es;  seul, 
Don  C/jecco  est  demeuré  debout  au  milieu  de  ce 
naufrage  général,  et  reste  constamment  au  ré- 
pertoire des  scènes  de  la  Péninsule,  bien  que  je 
ne  sacbe  pas  qu'il  ait  jamais  été  joué  sur  un 
théâtre  étranger.  D'après  l'opinion  de  la  critique 
italienne  à  l'égard  du  compositeur,  on  peut 
croire  que  M.  de  Giosa  est  beaucoup'plus  à  l'aise 
dans  le  genre  bouffe  que  dans  le  genre  sérieux, 
et  que  lorsqu'il  veut  ulteindre  à  l'effet  dramati- 
que il  se  laisse  entraînera  une  imitation  un  peu 
étroite  et  parfois  lâcheuse  de  la  manière  de 
M.  Verdi.  Mais  si  le  musicien  scénique  laisse  à 
désirer  sous  plus  d'un  rapport,  le  compositeur 
de  romances,  de  mélodies  vocales,  de  canzone 
est,  paraît-il,  beaucoup  plus  heureux.  A  cet 
égard,  M.  de  Giosa  est  considéré  comme  un 
artiste  d'une  grande  valeur,  à  l'inspiration  fraî- 
che, poétique  et  pénétrante  ;  tel  de  .«es  albums 
contient,  dit  on ,  de  véritables  petits  chefs- 
d'œuvre,  et  pour  n'en  citer  qu'un,  celui  qui  a 
pour  titre  Aure  Parlennpee  (Milan,  Ricordi),  il 
est  composé  de  pièces  pleines  d'éégance  et  d'o- 
riginalité. M.  de  Giosa  a  publié  plus  de  vingt 
albums  de  ce  genre,  parmi  les(|uels  je  citerai 
les  suivants,  touspubliés  à  Naples,cbez  l'éditeur 
Coltrau  :  1°  la  Celra  capricciosa  (5  mélodies); 
2"  Omaggio  a  Dari  (6  méUxVie'-);  3"  Storndlt 
d'amore  (6  méloilies);  4°  Gloja  e  dolore{6  mé- 
lodies; ;  5°  le  Ccnizoni  d'Kalia  (4  mélodies)  ; 
6"  Omaggio  alla  Princi/jcssa  Margherila 
(id.);  7"  MoncenisioiS  mélodies);  8"  Ore  d'es- 
tabi  (5  mélodies);  9°  Omaggio  a  Donizetti 
(3  mélodie-);  10"  Monlecalini  (4  mélodies); 
11°  A  Stella  mia  (6  melo'lies)  ;  12"  Serennta 
di  .Vlergelli)ia  [ii.);  16°  Grolta  azzurra  (id.j; 
14»  t'alp'to  ancor  (id.);  lb°  Eco  delVOceano 
(3  mélodies).  M.  de  Gio>a  a  éciit  aussi  des 
messes,  des  cantates  et  un  as-^ez  grand  nombre 
de  morceaux  àe  inusique  instnnneritale  de  di- 
vers genres.  En  résumé,  M.  de  Giosa  est  un  ar- 
tiste laborieux,  actif,  intelligent,  digne  d'estime 
et  de  sympathie  (1). 

G.OVAXXI  DA  FIBÎEXZE,    autrement 


(Il  Je  IroHVP,  dans  le,  c.italngue  de  M.  Ricnrdi,  le  gnind 
édiliiir  de  miisi(iiie  de  Milan,  mention  d'un  opéra  de 
M.  de  Giosa,  Ml\>xu,  que  je  n  ai  vu  cite  nulle  autre  part. 
J'isjnore  où  rtqii  nd  cet  ouvr^jgea  it  npr  sent'  M.  de 
Gi  '-a  •  n  a  encore  écrit  un  autre.  Satcina,  jusqu'ici 
nste  inédit. 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    SUPPL.    —   T 


dit  Dacascia  et  GIOVAAWl  {Messere)  DA 
FIREA'ZE,  organiste.  —  Dans  un  manuscrit  de 
la  bibliotlièL]ue  Laureriziana  de  Florence,  qui 
est  connu  des  bibliographes  sous  le  titre  de  il 
libro  délie  Musiche  dello  Squarcialupi,  parce 
qu'il  appartint  à  ce  musicien  célèbre,  on  trouve 
une  chanson  et  le  portrait  du  premier  des  mu- 
siciens dont  il  s'agit,  et  à  la  fin  du  même  manus- 
crit, on  voit  le  portrait  et  le  titre  d'une  chanson 
ou  madrigal  du  deuxième  ;  la  musique  de  cette 
dernière  chanson  n'a  pas  élé  notée  sur  le  parche- 
min, bien  que  celui-ci  ait  été  réglé  pour  la  rece- 
voir. On  ne  sait  rien  de  la  vie  et  des  œuvres  de 
ces  deux  musiciens,  mais,  comme  l'on  sait  que 
Squarcialu|)i  florissait  au  quinzième  siècle,  on  en 
peut  inférer  qu'ils  étaient  ses  contemporains  ou 
tout  au  moins  qu'ils  l'avaient  devancé  de  peu. 

Feu  M.  le  chevalier  L.  Puliti,  en  compulsant 
un  ancien  registre  des  actes  de  décès  de  la  ville 
de  Florence,  y  découvrit  que  Giovanni  di  Niccolo, 
degli  organi  fui  enterré  dans  l'église  âe  Santa 
Maria  Maggiore  de  cette  ville,  le  14  mars  1426. 
La  note  de  cet  enterrement  est  accompagnée  sur 
le  registre  d'un  |ietit  dessin  représentant  la  fa- 
çade d'un  orgue;  ce  qui,  de  même  que  la  qua- 
lification degli  organi  accolée  au  nom  de  ce 
musicien,  prouve  l'estime  dont  il  jouissait  en 
qualité  d'organiste.  Cette  note  d'enterrement  ne 
pourrait-elle  se  rapporter  à  l'un  ou  à  l'autre  de 
ces  deux  artistes  ?  Et,  dans  le  cas  de  raCtir- 
malive,  auquel  des  deux  ?  11  semble  qu'elle  pour- 
rait avoir  trait  plutôt  au  .second  qu'au  pre- 
mier, soit  en  raison  de  la  qualité  d'organiste  qui 
lui  est  attribuée  dans  le  manuscrit  de  Squarcia- 
lu[)i,  soit  par  une  sorte  d'analogie  qui  existe 
entre  le  petit  orgue  dessiné  dans  le  registre  pré- 
cité et  le  portrait  dont  il  est  fait  mention  ci- 
dessus,  dans  lequel  l'artiste  est  représenté  por- 
tant un  petit  orgue  sur  ses  genoux. 

L.-F.  C. 

GIOVANA'IAI  (Alberto),  musicien  italien, 
né  vers  1842,  fit  ses  études  de  composition  au 
Conservatoire  de  Milan,  où  il  fut  admis  au  mois 
de  janvier  1860,etd'oii  il  sortit  au  mois  d'août 
1863,  après  avoir  fait  exécuter,  au  saggio  annuel 
de  l'école,  une  cantate  intitulée  gli  Oppressif  qui 
fut  accueillie  avec  faveur  par  le  public  intime  de 
ces  sortes  de  sé.incps.  En  mars  1867,  il  écrivit 
la  musique  d'une  cantate  patriotique,  la  Lil)era- 
ziotie  di  Venezia,  qui  fut  exécutée  au  théâtre 
Socid  d'Udine.  et  en  1870  il  fit  représenter  à 
Modène  un  opéra  intitulé  Irène.  Deux  ans  après, 
en  1872,  cet  artiste  remplissait  au  théâtre  de 
Plaisance  les  fonctions  de  ma<slro  concertutore. 
M.  Giovannini  a  publié  chez  l'éditeur  Lucca,  à 
Milan,  un  recueil  de  six  mélodies  vocales, 
I.  25 


386 


GIOVANNINI  —  GIUGLINI 


GIOVAIVIVIMI  (C ),  professeur  de  musi- 
que italien,  est  l'auteur  d'un  petit  manuel  inti- 
tulé :  Elementi  di  musica  aduso  délia scuola 
elemontare  privata,  Milan,  Lucca. 

GIR-\LDOi\I  (Lkone),  professeur  italien, 
est  l'auteur  de  l'écrit  théorique  suivant,  publié 
dans  ces  dernières  années  :  Guida  teorico-pra- 
tica  ad  uso  delV  arlista  cantanie,  Bologne, 
Marsiglia  et  Rocca. 

GIRAR!)  (Jehan),  ciiantre  et  chapelain  de 
la  cathédrale  d'Évreux,  était  aussi  un  composi- 
teur distingué,  car  il  remporta  ^n  1580,  au  con- 
cours du  puy  de  musique  d'Évreux,  le  prix  de 
la  lyre  d'argent  pour  une  chanson  française  :  De 
mon  feu,  de  mes  pleurs. 

*  GIRAUD  (FKANçois-JosErn).  Il  faut  joindre 
aux  productions  de  cet  artiste,  la  musique  de 
V Amour  fixé,  ballet  de  Vestris,  donné  à  la  Co- 
médie Française  en  1754. 

GIRAUD  (Frédéiuc),  théoricien  français,  a 
publié  il  y  a  quelques  années  un  vaste  ouvrage 
ainsi  inlitulé  :  Le  Polycorde,  ou  Nouveau  Traité 
théorique  et  pratique  de  musique  vocale  et 
instrumentale  (Grenoble,  l'auteur,  9,  vol.).  Cet 
ouvrage,  sorte  de  manuel  encyclopédique  mu- 
sical, est  divisé  en  deux  parties  distinctes  :  Par- 
tie vocale,  contenant  :  1°  l'exposé  métliodique 
delà  théorie  musicale-,  de  grands  développe- 
ments sur  la  tonalité  et  la  transposition  ;  2°  un 
abrégé  des  principes  du  chant  giégoricn  ou  plain- 
chanl;  3°  230  exercices  très-variés  de  solfège,  de 
morceaux  avec  paroles,  à  une,  deux,  trois  et 
quatre  parties-,  les  sonneries  militaires  d'ordon- 
nance pour  l'infanterie  (!)  ;  4"  L'exposé  de  la 
notation  musicale  en  chiffres  ;  à"  Une  méthode 
élémentaire  d'iiarmonie;  6°  L'acoustique  mu.si- 
cale  appliquée;  — Partie  instrumentale,  conte- 
nant :  7°  La  description,  le  dessin  et  la  tablature 
de  tous  les  instruments  en  usage  dans  nos  mu- 
siques militaires,  fanfares  et  orchestres  moder- 
nes; 8°  Études  sur  quelques  orgues  monumen- 
tales de  notre  époque.  Professeur  de  musique  à 
Grenoble,  M.  Frédéric  Giraud  est  organiste  de 
l'église  Saint-Joseph  de  cette  ville. 

*  GIROD  (Le  Père  Louis),  de  la  compagnie  de 
Jésus,  est  l'auteur  d'un  manuel  publié  sous  le 
titre  suivant  :  Connaissance  pratique  de  la 
facture  des  grandes  orgues,  outrage  indis- 
pensable d  ceux  qui  sont  chargés  de  l'acqui- 
sition d'un  orgue  ou  de  son  entretien,  ^Anwr, 
Wesmael  Charlier,  1875,  in-8°.  Le  même  écri- 
Tain  avait  publié  précédemment,  au  sujet  d'une 
composition  de  M.  Balthasar-Florence  {Voyez  ce 
nom),  une  analyse  critique  qui  avait  paru  dans 
VAmi  de  VOrdre,  journal  de  Namur,  et  dont 
il  a  fait  une  brochure  intitulée  :  Messe    solen- 


nelle de  BaWinsar- Florence,  Namur,   impr. 
Doux  fils,  18T2,  in-8°. 

GIROMPIIM  (P ),  pianiste  et  composi- 
teur italien  contemporain,  a  publié  plus  de  cin- 
quante petits  morceaux  de  genre  pour  le  piano, 
morceaux  qui  sont  pour  la  plupart  des  arran- 
gements et  des  fantaisies  sur  des  thèmes  d'o- 
l>éras  en  vogue. 

GIUGLIi\l  (Antonio),  chanteur  dramatique, 
naquit  à  I<"ano,  dans  les  anciens  États  de  l'Église, 
en  1826  ou  1827.  Après  avoir  fait  son  éducation 
musicale  sous  la  direction  de  Collini,  maître  de 
chapelle  à  Fermo,  il  fit  ses  débuts  en  chantant, 
sur  le  théâlre  de  cette  ville,  deux  petits  inter- 
mèdes dans  lesquels  il  sut  faire  apprécier  les  qua- 
lités d'une  jolie  voix  de  ténor  conduite  avec  goût. 
Giiiglini  fut  bientôt  ap|)clé  à  se  produire  sur  des 
scènes  plus  vastes,  et  se  fit  entendre  successi- 
vement sur  les  plus  grands  théâtres  d'Italie,  la 
Fenice  de  Venise,  San -Carlo  de  Naples,  et  la 
Scala  de  Milan,  où  il  obtint  de  brillants  succès. 
Il  fut  engiigé  ensiiile,  pendant  quatre  saisons 
consécutives,  au  Théâtre  de  la  Reine,  à  Londres, 
pa.ssa  une  année  à  Madrid,  puis  vint  faire  une 
assez  courte  apparition  au  Théâtre-Ilalien  de 
Paris,  d'où  il  retourna  dans  sa  patrie  ;  il  reparut 
alors  à  la  Scala,  et  enfin  signa  un  engage- 
ment pour  le  théâtre  impérial  de  Saint-Péters- 
bourg et  partit  pour  la  Russie.  C'est  la  que  le 
|)auvre  artiste  fut  atteint,  au  commencement  de 
l'année  1805,  d'un  accès  de  folie  subite  et  furieuse 
qui  devait  le  conduire  rapidement  à  la  mort. 
Cependant,  comme  on  ne  perdit  pas,  dès  le 
premier  moment,  tout  espoir  de  le  sauver,  on  le 
transporta  en  dépit  de  tous  les  ob.stacles  à  Lon- 
dres, où  l'appelait  un  traité  avec  la  direction  du 
théâtre  italien.  Au  bout  de  quelques  semaines, 
l'mfortuné,  loin  de  guérir,  était  tombé  dans  un 
état  d'Iiébétement  absolu.  On  .songea  alors  à 
l'envoyer  à  Fano,  sa  ville  natale,  où  résidait  sa 
famille-,  quelques-uns  de  ses  camarades,  M.  Ma- 
rio en  tête,  organisèrent  en  sa  faveur  un  con- 
cert qui  produisit  environ  5,000  francs,  deux 
amis  se  dévouèrent  pour  l'accompagner  jusqu'en 
Italie,  et  ne  le  quittèrent  que  lorsqu'il  fut  au  mi- 
lieu des  siens.  Mais  les  soins  les  plus  dévoués 
ne  purent  vaincre  la  maladie;  bientôt  il  fallut 
enfermer  le  pauvre  fou  dans  une  maison  d'alié- 
nés, et  c'est  là  qu'il  mourut,  le  12  octobre  1865. 

Giuglini  s'était  essayé  dans  la  composition,  et 
avait  fait  exécuter  au  mois  de  mars  1861,  sur 
la  scène  du  théâtre  royal  de  Turin,  une  grande 
cantate  patriotique,  il  Grido  d'Jtalia,  dont  le 
poète  Peruzzini  lui  avait  fourni  les  paroles. 
Cette  cantate,  bien  écrite,  dit-on,  et  qui  con- 
tenait de  beaux  chœurs,  fut  redemandée  le  soir 


GIUGLINI  —  GLINRA 


387 


de  lexécution.  Elle  a  été  publiée  par  les  éditeurs 
Giudici  et  Strada,  en  même  temps  qu'un  slorneilo 
du  même  auteur. 

GIULIANI  (GiovANNi-DoMENtco),  composi- 
teur, naquit  à  Lucques  vers  1670,  et  fut  maitie 
de  ciiapelle  de  l'église  collégiale  de  San  Micliele 
in  foro.  Il  existe  encore  à  Lucques  de  nom- 
breuses compositions  de  ce  maître,  qu'on  exé- 
cute parfois,  et  qui  consistent  en  une  dizaine 
de  messes  à  3  et  4  voix,  en  psaumes  à  4  voix 
«  cappella,  motets,  etc.  De  1700  à  1708,  Giu- 
liani  a  écrit  quatre  services  religieux  à  grand 
orchestre  pour  la  célébration  de  la  fêle  de  Sainte 
Cécile.  Cet  artiste  est  mort  en  1730. 

*  GIULIAi\I  (Antoine-Marie),  auteur  de 
l'opéra  Guerra  in  paie,  était  né  à  Ravenne  vers 
17.37.  Chanteur,  pianiste  et  compositeur  distin- 
gué, il  se  fixa  de  bonne  heure  à  Modène,  où  il 
devint  premier  soprano  de  la  chapelle  ducale, 
claveciniste  accompagnateur  de  l'Académie  des 
Philharmoniques,  et  enfin  chef  d'orchestre.  Il 
mourut  en  cette  ville  le  21  février  1831,  âgé  de 
quatre-vingt  quatorze  ans.  Giuliani  fut  lié  d'une 
étroite  amitié  avec  le  fameux  compositeur  Bo- 
nifazio  Asioli. 

GIULIAM  (N ),  est  auteur  d'un  traité 

ainsi  intitulé  :  Introduction  au  code  d'Iiarmo- 
nie  pratique  et  théorique,  ou  Nouveau  sys- 
tème de  basse  fondamentale,  Paris,  Bossange, 
1847,  in-80. 

GIULIAIM  (Michèle),  chanteur  et  profes- 
seur, naquit  à  Barlelta  (Piémont),  le  16  mai  i801, 
d'un  père  qui  était  guitariste  et  compositeur  dis- 
tingné.  Harmoniste  habile  et  chanteur  remar- 
quable, il  s'adonna  au  professorat,  et,  entre 
autres  élèves,  forma  l'admirable  cantatrice 
jyjme  Fipzzolini.  11  vint  en  France  à  la  suite  des 
événements  de  1848,  et  se  vit  bientôt  nommer 
professeur  de  chant  d'abord  à  l'Opéra,  |)uis  au 
Conservatoire  (1"  novembre  1850).  Giuliani  est 
mort  les  octobre  1867. 

GlUSTI    (C.-V ),  compositeur  italien,  a 

fait  représenter  en  1860,  sur  le  théâtre  Alfieri, 
de  Florence,  un  drame  lyrique  en  deux  actes  et 
un  prologue,  intitulé  Corinna. 

GI.ACHA^ÎT  ( ),  violoniste  et  compo- 
siteur, fut  attaché  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  où  il 
entra  en  1770,  pour  le  quitter  en  1787;  il  avait 
appartenu  aussi  comme  violoniste  au  Concert 
spirituel.  En  1791,  on  le  retrouve,  en  qualité  de 
premier  violon,  à  l'orchestre  du  théâtre  Louvois, 
où  l'on  jouait  alors  l'opéra,  puis  .sa  trace  se  perd. 
Cet  artiste  a  publié  un  certain  nombre  de  trios 
pour  instruments  à  cordes,  ainsi  que  plusieurs 
recueils  de  petits  airs  pour  la  voix,  avec  ou  sans 
accompagnement. 


GLACHANT  ( ),  fils   du   précédent  et 

sans  doute  son  élève,  violoniste  et  compositeur 
comme  lui,  était,  en  1790,  chef  d'orchestre  du 
petit  théâtre  du  Délassement-Comique.  Il  écrivit 
pour  ce  théâtre  la  musique  des  deux  ouvrages 
suivants,  qui  y  furent  représentés  en  cette  année 
1790  :  l"  P/iaramond,  âr^me  en  5  actes,  «  avec 
chœurs  et  chants;  »  2°  l'Homme  à  la  minute, 
opéra  comique  en  2  actes.  L'année  suivante, 
Glacliaut  fils  était  remplacé  dans  ses  fonctions 
par  un  artiste  nommé  Le  Roy,  qui  avait  précé- 
demment rem[)li  cet  emploi  à  l'élégant  théâtre 
des  Beaujolais. 

GLADSTOIME  (Francis-Edward),  orga- 
niste et  compositeur  anglais,  s'est  fait  connaître 
par  quelques  morceaux  de  musique  religieuse, 
et  par  la  publication  d'un  manuel  intitulé  The 
organ  sludenfs  (le  Guide  de  l'élève  orga- 
niste), Londres,  Augener.  Cet  ouvrage  a  eu  trois 
éditions. 

*  GLOSER  (François),  compositeur,  est 
mort  à  Copenhague  le  25  aoi'it  1861. 

*  GLI.XHA  (MiCHEL-lvANOviTCH^DE),  né  le 
20  mai  1804  au  village  de  Novo-Spaskoïé,  gou- 
vernement de  Smolensk  ,  est  mort  à  Berlin  dans 
la  nuit  du  2  au  3  février  1857.  Pour  qui  voudrait 
compléter  la  biographie  donnée  par  Fétis  de  ce 
grand  compositeur,  il  n'existe  actuellement  que 
des  sources  d'informations  en  langue  russe  : 
d'abord  les  Mémoires  de  Glinka  lui-même,  puis 
une  étude  biographique  de  M.  Stanoff,  et  plus 
récemment  une  autre  étude  publiée  par  M.  Solo- 
vieff  dans  le  journal  Mousi/talny  Listok  (1872). 
Il  ne  nous  paraît  que  plus  urgent  aujourd'hui  de 
doimer  la  liste  des  œuvres  de  Glinka  et  d'esquis- 
ser une  appréciation  de  son  génie.  Voici  d'abord, 
parordre chronologique,  la  liste  de  ses  œuvres  : 

1822.  Variations  sur  le  thème  en  %it  majeur 
de  l'opéra  de  Weigl,  la  Famille  suisse  (premier 
essai  de  Glinka)  ;  Variations  pour  harpe  et  piano 
sur  un  thème  de  Mozart  ;  Valse  en  fa  majeur 
pour  piano  (original).  —  1823.  Septuor;  Ailagio 
et  rondo  pour  orchestre.  —  1824.  Quatuor  pour 
instruments  à  cordes  ;  Symphonie  en  ré  mi- 
neur (non  terminée)  ;  Romance  :  Ma  harpe. — 
1825.  Romance  :  ISe  me  tente  pas;  Variations 
sur  la  romance  «  Benedelta  sia  la  madré  » 
(c'est  la  première  œuvre  imprimée  de  Glinka); 
Musique  d'un  prologue  écrit  à  l'occasion  de  la 
mort  d'Alexandre  V^  et  de  l'élévation  au  trône 
de  Nicolas,  (com(ioséepour  être  exécutée  chez  le 
général  Apoukhtine  à  Smolensk). —1826.  Roman- 
ce :  la  Lune  brille;  id..  Pauvre  chanteur. — 
1827.  Romances  :  le  Baiser,  Que  j'ai  de  tristesse; 
Scènes  théâtrales  pour  chant  et  orchestre  (duo 
avec  récitatif  en  la  majeur  ;  Chœur  sur  la  mort 


388 


GLINKA 


d'un  héros;  Air  pour  baryton;  Prière  à  trois 
voix).  —  1828.  Sérénade  sur  les  paroles,  0  mia 
dulce{sic);  Quatuor  en /"a  majeur;  Deux  qua- 
tuors pour  voix  avec  accomp.  d'instruments,  en 
ut  majeur  et  en  sol  bémol  ;  Romances  :  Souvenir 
du  cœur;  Un  momeni ;  Dis-moi  pourquoi; 
0  nuit  ;  Des  jeunes  filles  m'ont  dit  ;  Ne  chante 
pas,  enchanteresse.  —  18i9.  Romances  :  Om- 
blierai-je;  Nuit  d'automne  j  Voix  de  l'autre 
inonde.  —  18S0.  Quatuor  pour  instruments  à 
cordes,  en /a  majeur;  Six  études  pour  contralto. 
(Voyage  à  l'étranger,  maladie,  retour  en  1834. 
11  se  met  à  travailler  à  son  opéra  »  Ivan  Sous- 
sanine  »,  c'est-à-dire  la  Vie  pour  le  tzar.  183G. 
L'ouverture  et  le  premier  acte  de  la  Vie  pour  le 
tzar  sont  terminés  et  exécutés  chez  le  Prince 
loussoupof ,  puis  chez  le  comte  Vielhorsky.  La 
première  représentation  de  l'opéra  entier  au 
théâtre  de  l'Opéra  russe  est  fixée  au  27  novem- 
bre 1836). 

1831.  Variations  sur  im  motif  d'i4?ma  Bolena; 
Variations  sur  deux  thèmes  du  ballet  Chav  Kong  ; 
Rondo  sur  un  thème  des  Montecchi  e  Capuletii. 

1832.  Sérénade  sur  un  motif  de  laSonnam- 

bula  (pour  piano,  deux  violons,  alto,  violoncelle 
et  contrebasse)  ;  Romance  sur  les  paroles  :  Ah  l  se 
tu/ossi  mia  ;  Impromptu  en  galop,  sur  un  motif 
de  fElisir  d'amore ;  Sexluor.  —  1833.  Trio 
pour  piano,  clarinette  et  hautbois.  —  1834.  Ro- 
mances :  La  forêt  de  chêne  gronde  ;  Ne  me  dis 
pas  que  monamour  finira  ;  Variations  sur  le 
thème  du  Rossignol;  Pot-pourri  sur  quelques 
airs  russes,  à  quatre  mains;  Étude  d'ouverture 
symphonie  sur  un  thème  russe;  Romances  :  Ne 
l'appelle  pas  ange;  Inéùlle;  Dès  que  je  fui 
c»nnue.  —  1834-36.  la  Vie  pour  le  tzar,  opéra. 

—  1836(27  novembre),  première  représentation 
de  la  Vie  pour  le  tzar.  —  1836-37.  Scène  ajoutée 
à  Topera  la  Vie  pour  le  tzar;  Fantaisie  (la  revue 
nocturne)  pour  voix  ;  Polonaise  avec  chœur,  pour 
le  bal  donné  par  la  noblesse  de  Smolensk  à 
l'occasion  du  passage  du  Csarévitch  ;  Hymne 
•chérubique;  Deux  romances  :  Ouest  notre  rose? 
et  Zéphyr  nocturne.  —  1838.  Romances  :  le 
Doute,  et  Dans  mon  sang  bride  le  feu  du  désir. 

—  1839-40.  Valse  et  polonaise  en  mi  majeur 
pour  orchestre  ;  Romance  :  Si  je  te  rencontre; 
^ocinrne  :  la  Séparation  (.^ur  paroles  françaises); 
Romance  :  Je  me  souviens  de  cette  heure  di- 
vine ;  la  Kamarinskaïa,  pour  piano  à  3  mains, 
(non  terminé) ,  et  toute  une  série  de  romances 
publiée  sous  ce  titre  :  Adieux  à  Pétershourg. 

—  1840.  Pour  le  drame  de  Koukolnik,  le  Prince 
Kholmsky,  Glinka  écrit  l'air  -.  Le  vent  souffle 
à  la  porte;  Romance  :  le  Songe  de  Rachel; 
Tarentelle  pour  orchestre,  avec  chant  et  danses. 


—  1841.  Chœur  de  sortie,  en  mi  majeur,  pour  les 
demoiselles  de  rinstit;ii-Catherine.  —  1842.  Pre- 
mière représentation  de  Rousslane  et  Lioul- 
mila,  le  27  novembre,  six  ans,  jour  pour  jour, 
après  le  premier  opéra  de  Glinka,  —  1843.  Ro- 
mances -.  Je  t'aime,  charmante  rose,  et  A  elle; 
Tarentelle  en  la  mineur,  pour  piano.  —  De  1844 
à  1847.  Voyages  en  France  et  en  Espagne,  Glinka 
ne  compose  pas. —  1847.  Collection  d'airs  po- 
pulaires espagnols  :  Jota  aragonaise  ;  Sou- 
venir d'une  mazurka  et  Barcarolle  (publiées 
sous  le  titre  ;  Salut  à  mon  pays)  ;  Variations 
sur  un  thème  écossais  ;  Romances  :  Ma  char- 
mante! Quand  j'entends  ta  voix;  le  Toast; 
la  Chanson  de  Marguerite;  La  Kamarinskaïa, 
pour  orchestre;  Recuordes  de  Casiilla ,  pour 
orchestre.  —  1849-51.  0  charmante ,  fille  ; 
Adèle  et  Mary  ,  chœur  de  sortie  en  si  majeur, 
pour  les  élèves  du  couvent  de  Smolna  ;  Seconde 
ouverture  espagnole;  le  Golfe  de  Finlande, 
avant-dernière  romance  de  Glinka.  —  1852.  A 
Paris  ,  Glinka  écrit  la  première  partie  (allegro  en 
ut  mineur)  d'une  symphonie  de  l'Ukraine,  Tarass 
Boulba;  il  en  commence  la  .seconde  partie,  puis 
abandonne  ce  travail. —  1854-55.  Orchestration 
de  V Invitation  à  la  valse,  du  Nocturne  de 
Huinmel  en  fa  majeur,  de  sa  Revue  nocturne  , 
et  du  ctiant  :  Ne  l'appelle  pas  ange;  arrange- 
ment de  sa  Prière  pour  voix  seule  avec  ciicpur 
et  orchestre  ;  Polonaise  solennelle  pour  le  cou- 
ronnement de  l'empereur  Alexandre  II.  —  1856. 
Essai  d'accompagnement  des  mélodies  religieuses 
russes  selon  leur  caractère  :  Glinka  arrange  à  trois 
voix  une  prière  pendant  la  messe,  et  le  chant  : 
Que  ta  volonté  s'accomplisse;  ces  deux  mor- 
ceaux sont  exécutés  au  couvent  deSt-Serge.  Ne 
dis  pas  que  ton  cœur  souffre,  dernière  ro- 
mance de  Glinka. 

Il  n'y  a  pas  à  insister  sur  les  œuvres  de  jeu- 
nesse qui  précédèrent  le  premier  retour  de 
Glinka  en  Russie  vers  la  (in  de  1834;  lui- 
même  y  attachait  peu  d'importance;  mais  c'est 
à  la  fréquentation  d'artistes  tels  que  Nozzari, 
M""^  Mainvielle-Fodor  et  à  l'admiration  où  il 
vécut  durant  quatre  années  de  tous  les  grands 
virtuoses  du  même  temps,  qu'il  dut  d'acquérir 
l'art  de  bien  écrire  pour  les  voix,  art  trop  né- 
gligé dans  la  nouvelle  école  russe.  Ce  long  sé- 
jour en  Italie  et  l'influence  avouée  par  Glmka 
des  opéras  français  de  MéhuI  et  de  Chérubin! 
doivent  être  rappelés  pour  expliquer  ]&  prédomi- 
nance encore  très-sensible  des  formes  de  l'opéra 
franco-italien  dans  le  premier  opéra  de  Glinka^ 
la  Vie  pour  le  tzar. 

Ces   formes  n'em|)eclient    pourtant   pas  que 
l'œuvre  ne  soit  bien  nationale  d'inspiration.  Elle 


GLINKA 


389 


ne  l'est  pas  seulement  par  le  sujet,  qui  se  rap- 
porte au  moment  critique  on  la  Russie  reprit 
enfin  j'avantage  dans  son  <1uel  séculaire  avec  la 
Pologne  :  c'est  le  style  même  qui  s'inspire  sou- 
vent des  mélodies  populaires  russes,  et  Glinka 
sait  faire  passer  et  pénétrer  à  travers  tous  les 
développements  de  la  composition  musicale  ce 
sentiment,  cette  essence  originale  et  vraiment 
nouvelle  dans  le  monde  de  l'art.  Pour  mieux  en 
faire  saillir  le  caractère,  Glinka  eut  l'idée  gé- 
niale d'opposer  l'élément  polonais  à  l'élément 
russe  dans  la  musi  jue  même  :  le  contraste  est 
marqué  de  maindemaitre.  Le  caractère  polonais, 
hardi,  provoquant,  cavalier,  s'exprime  en 
rhythmes  pointés,  eu  motifs  brillants;  le  carac- 
tère russe  durant  les  premiers  actes  semble  d'a- 
bord condamné  aux  rhythmes  syncopés,  inquiets, 
à  la  modalité  mineure,  exprimant  la  mélancolie, 
les  sentiments  contenus  ou  tourmentés  ;  mais  il 
a,  lui  aussi,  son  explosion  de  joie  cordiale  dans  le 
grandiose  finale  «  Ilavsia  »  de  l'épilogue.  On  peut 
trouver  une  analyse  du  drame  et  de  la  partition 
de  la  Vie  pour  le  Izar  dans  notre  livre  :  les 
Nationalités  musicales  (libr.  académ.  de  Didier, 
1872).  La  première  représentation  eut  lieu  le 
•27  novembre  1836.  Fétis  a  nommé  les  artistes 
qui  créèrent  l'ouvrage  et  le  chef  d'orchestre  qui 
€n  conduisit  les  éludes  :  pour  ce  dernier,  il  est 
curieux  d'ajouter  que  Kavos  avait  composé  un 
opiTa  russe  sur  le  même  sujet ,  Soussanine,  le- 
quel avait  en  dans  son  temps  un  grand  succès , 
mais  que  celui  ^de  Glinka  mil  définitivement  à 
néant. 

La  première  représentation  de  Rousslan  et 
Lioudmila  fut  donnée  le  27  novembre  1842,  six 
ans  jour  pour  jour  après  la  Vie  pour  le  tzar.  Le 
succès  en  fut  un  peu  plus  laborieux  au  début  ; 
c'est  la  faute  du  livret.  Le  sujet  vient  pourtant 
d'un  très-beau  conte  fantastique  de  Pouchkine, 
mais  Pouchkine  n'était  plus  là  pour  transformer 
son  œuvre  lui-même;  Glinka,  dans  s*  s  Mémoires, 
avoue  qu'il  écrivit  sa  partition  par  fragments,  et 
qu'on  ne  s'avisa  d'un  plan,  d'un  lien  logique  que 
dans  les  derniers  temps.  Mais  les  beautés  de  la 
musique  sont  si  éclatantes  qu'elles  ont  fini  par 
trionqiher  des  défectuosités  du  poëme  ;  aujour- 
d'hui Rousslan  est  joué  aussi  fréquemment  que 
la  Vie  pour  le  tzar,  et  le  vaste  hémicycle  du 
théâtre  Marie  est  toujours  plein  dès  qu'on  reprend 
l'un  des  chefs-d'œuvre  de  Glinka.  L'opéra  de 
Rousslan  a  été  analysé  dans  une  courte  série 
d'articles  publiés  en  janvier  1874  par  le  journal 
le  Nord. 

■Si  la  Vie  pour  le  tzar  est  plus  populaire  en 
Russie  et  a  plus  de  chance,  de  par  son  drame, 
d'être  représentée  à  l'étranger,  Rousslan,  en  tant 


que  partition,  est  un  événement  plus  considérable 
dans  l'histoire  de  la  musique.  Glinka  en  écrivant 
cet  ouvrage  était  très-préoccupé  de  taire  du  nou- 
veau, d'échapper  aux  traditions  de.  l'art  européen. 
Il  avait  recherché  les  mélodies  orientales,  et  cou- 
lait son  inspiration  dans  des  modèles  curieux , 
tantôt  imaginant  des  gammes  différentes  des 
modes  diatoniques,  tantôt  soudant  intimement  les 
deux  modalités  (comme  dans  la  Lezglinka),  tantôt 
employant  la  gamme  des  six  ton^  entiers,  comme 
il  a  fait  au  premier  acte  au  moment  où  Lioud- 
mila est  enlevée  dans  le  char  du  magicien,  gamme 
vraiment  diabolique,  d'une  solennité  massive  et 
stupéfiante.  Il  faut  ajouter  que  la  mise  en  œuvre 
est  aussi  magistrale  qu'inspirée,  que  cette  gam- 
me en  tons  entiers  par  exemple  n'est  qu'un  in- 
cident fugitif  dans  un  finale  admirablement  conçu 
et  traité.  Il  y  a  des  morceaux  à  cinq  temps, 
d'un  caractère  vivace;  il  y  a  de  curieux  procé- 
dés de  rhythme  comme  dans  le  chœur  des  filles 
persanes,  des  partis-pris  harmoniques  qui  veu- 
lent rappeler  le  moyen-âge;  mais  c'est  par  la 
seule  vertu  de  l'inspiration  que  le  compositeur 
arrive  à  nous  donner  la  sensation  des  temps 
légendaires  dans  la  ballade  du  sorcier  finnois  ou 
dans  la  scène  du  chevalier  Farloff  avec  la  fée, 
scène  accompagnée  d'une  symphoniette  exquise. 
L'air  de  Rousslan  dans  la  steppe,  ceux  de  Lioud- 
mila au  4*  acte  et  de  Gerislava  au  3*,  ceux  de 
Lalmir  établiraient  l'originalité  de  Glinka  comme 
mélodiste  s'il  n'y  avait  bon  nombre  de  romances 
détachées,  de  ballades  et  de  duos  pour  l'affirmer. 
On  se  rendra  compte  aussi  de  la  souplesse  d'ima- 
gination du  symphoniste  en  comparant  à  la  mar- 
che de  Tchernomor  et  aux  danses  circassiennes 
de  Rousslan.  le  ballet  polonais  de  la  Vie  pour 
le  tzar,  la  Kamarinsksïa  inspirée  de  deux  airs 
populaires  grand-russiens,  et  les  symphonies  tout 
espagnoles  :  la  Jota  aragonese,  les  Recuerdos 
rie  Castilla,  les  Souvenirs  d'une  nuit  d'été  à 
Madrid....  Il  faut  en  effet  bien  marquer  que 
c'est  la  Russie  méridionale  des  temps  fabideux 
que  l'opéra  de  Rousslan  fait  revivre.  Tandis 
que  dans  son  premier  opéra  Glinka  regarde  en- 
core vers  l'occident  où  il  a  fait  ses  humanités 
musicales,  et  donne  un  couronnement  final  à  la 
période  de  semi-nationalisme  essayé  par  ces  pré- 
décesseurs, Kavoss,  Titoff,  Werstowsky,  dans 
Rousslan  il  oriente  l'inspiration  vers  le  Caucase 
où  il  avait  passé  une  de  ses  années  de  jeunesse, 
vers  là  Russie  asiatique  inconnue  de  nous,  mé- 
connue de  bien  des  Russes,  et  il  découvre  par  là 
tout  un  monde  musical  inattendu.  C'est  cette 
partition  surtout  que  les  musiciens  russes  pren- 
nent pour  leur  point  de  départ.  Des  controver- 
ses fécondes  se  sont  établies  à  l'entour;  Alexan- 


390 


GLLNIvA  —  GLOVER 


dre  Séroff,  en  prenant  à  part  «  les  Rousslanistes  » 
a  provoqué  de  remarquables  répliqiiçs ,  celles 
entr'antres  de  M.  Hermann  Laroche.  Soit  par 
l'imitation,  soit  par  de  libres  divergences,  l'école 
nationale  a  pris  carrière  :  Dargomij>ky  a  continué 
Glinka  non  sans  un  grand  talent,  Séroff  non  sans 
quelque  génie;  nous  connaissons  I^ubinslein  , 
mais  nous  ne  connaissons  pas  assez  MM.  Tcbaïko- 
wsky,  Balakireff,  Rim^^ky  Korstikorf...  Tonte  cette 
école  militante  salue  en  Glinka  son  initiateur  vé- 
néré, et  personne  en  Europe  ne  doit  ignorer  qu'il 
est  le  père  d'une  nouvelle  nationalité  musi- 
cale (1).  G.  B. 

*  GLOEGGL  (François),  professeur,  théo- 
ricien et  écrivain  musical,  est  mort  à  Vienne  le 
23  janvier  1872. 

GLOVEU  (Howard),  musicien  anglais  fort 
distingué,  à  la  fois  compositeur,  chef  d'orchestre, 
chanteur  dramatique,  virtuose  sur  le  violon, 
pianiste  accompagnateur  et  critique  musical  , 
naquit  à  Kilburn  le  6  juin  1819.  Deu\ième  fds 
d'une  actrice  célèbre,  mistress  Glover,  il  eut 
d'abord  pour  professeur  l'excellent  violoniste 
M.  Wagstaff,  chef  d'orchestre  de  l'Opéra  anglais 
établi  alors  au  théâtre  dn  Lyceum,  et  à  l'âge  de 
quinze  ans  entra  en  qualité  de  premier  violon 
dans  l'orchestre  de  son  maître,  h*  meilleur  de 
Londres  à  cette  époque.  Peu  après,  il  fut  envoyé 
par  sa  mère  sur  le  continent ,  et  voyagea  pen- 
dant plusieurs  années  en  Italie,  en  Allemagne  ^t 
en  France,  apprenant  les  langues  des  pays  qu'il 


(I)  I.e  26  novembre  1876  (calendrier  russe),  on  célébra 
avfC  éclat  au  théâtre  Marie,  de  Sainl-Peter^bour.■,  avec 
la  44S=  représentation  de  lu  f-'ic  pour  le  tzar,  le  qua- 
ranlièine  annivers  ire  de  ce  clicf-d'reiivre  d>-  Glinka,  qui 
avait  été  joue  pour  la  première  fois  le  27  novembre 
1836.  Legrani  chanteur  Pétrow,  créateur  du  rôle  île 
Souss.inine,  l'avait  repris  pour  celle  solenniié,  consi- 
dérée C'mrae  une  fête  nationale,  et  il  n'es",  pas  besoin 
de  dire  que  le  sucuès  de  l'œuvre  et  celui  de  l'art  ste 
lurenl  iuiinenses.  Ao  lever  •  u  ri  leaii,  la  scène  du  théâtre 
Marie  présent.iit  un  speclacle  impi>saiit.  I'  aeé  sur  un 
haut  piédestal,  le  buste  de  l'illustre  coinpo-iiieiir  étiit 
entouré  de  tous  les  artistes,  re\ètus  des  costumes  iies 
iôles  remplis  par  eux  dans  la  fie  pour  le  tzar  et  dans 
^ousstan.  Due  seule  personne  était  en  coslume  de  ville  : 
c'était  M'""  Pétrow.  l'épouse  du  célèbre  ehaiiti  ur,  qui, 
étant  a  loi  s  Mlle  Vorobiew,  avait  créé  naguère  1-  rOle  de 
l'orph'  lin  Vania  Sur  le  piedesal  on  lisaii  le  mon  du  maî- 
tre :  Michel  Ivanoiilch  de  (,Hnka,  )80'.-i85"  ;  à  dioi;e: 
Jour  dn  quarantième  aniiirersaire  de  lapera  i-la  fie 
pour  le  tznr,  »  2R  novembre  1S36-18  6,  et  à  gauche:  yju 
grand  compositeur  russe,  tes  Russes  reconnaissanis. 
C'est  Mme  i  étrow  qui  eut  l'honneur  de  déposer  au  picil  du 
buste  de  Glinka  la  première  couronne  de  l-iurier;  après 
quoi  M.  Pétrow  monta  lui-même  sur  l'estrade  et  ceiu'uit 
d'une  autre  couronne  le  front  m  compositeur.  A  cette 
vue,  le  public,  tant  au  parterre  que  dans  les  loges,  se 
leva  ifuii  mouvement  un  iiiiine  et  ncclima  avec  enihou- 
stasme  limage  du  maiire  regretté.  Ce  fut  un  moment 
d'émotion  iDdcseriptible.  —  A.  P 


visitait,  étudiant  le  violon,  le  piano,  le  chant  et 
la  composition  avec  les  meilleurs  maîtres,  et  se 
familiarisant  avec  les  chefs-d'œuvre  des  diverses 
écoles.  Avant  d'entreprendre  ce  voyage,  il  avait, 
à  seize  ans,  fait  ses  débuts  de  compositeur  en 
taisant  exécuter  à  la  Société  des  Brilish  Mii- 
sicians  une  scène  dramatique  avec    accompa- 
gnement d'orchestre,  intitulée  Oh!  fatal  hour 
{Oh!  heure /al  aie).  A  son  retour  en  Angleterre, 
il  se  produisit  comme  virtuose  violoniste,  et  fut 
très-accueilli,  dè>  sa  première  séance ,  en  exé- 
cutant une  sonate  de  Beetfioven  et  une  autre 
sonate  de  sa  propre  composition.  Il  devint  aussi, 
à  partir  de  ce  moment,  l'un  des  pianistes  accom- 
pagnateurs  les  plus  recherchés  de  Londres ,  et 
.se  fit  une  réputation  pour  les  jolies  mélodies 
vocales  qu'il  écrivait  sur  les  paroles  de  Shelley. 
BienttM,  Glover  entreprit  une  tournée  artisti- 
que en  compagnie  du  chanteur  Brabam,  et  peu 
après  se  produisit  comme  chef  d'orchestre,  corn» 
positeur  et  accompagnateur  dans  les   concerts 
donnés  en  Ecosse,  à  Edimbourg,  à  Perth,  à  Glas- 
cow  ,  etc.,  par  la  grande  cantatrice  M"*  Jenny 
Lind.  De  retour   à  Londres,  il  y  fonda,   avec 
M'"*  Glover,  l'Académie  musicale  et  dramatique, 
première  école  de  ce  genre  que  l'on  connut  en 
Angleterre,  donna,  avec  l'uniiiue  concmirs  des- 
élèves de  cette  institution,  foute  une  série  de 
concerts  qui  furent  liès-remarqués,  entre  antres 
celui  où  il  fit  exécuter  VIphigénie  en  Tanride 
de  Gluck,  et  conduisit  ces  mêmes  élèves  à  Man- 
chester, oii,  avec  la  coopération  de  Miss  Rain- 
forth,  de  MM.    Sims  Reeves  et  Wliitwortli.  il 
donna,  avec  le  plus  brillant  succès,   un  grand 
nombre   de   représentations   d'œuvres    lyriques 
importantes.   Il  s'associa  alors  avec  .«on  frère, 
Edmond  Glover,  mort  depuis,  et  tous  deux  firent 
le  premier  essai  de  l'établissement  régulier  d'un 
Opéra  dans   les  provinces  anglaises,   essai  qui 
reposait  exclusivement  sur  les  élèves  de  l'Aca- 
démie musicale  et  dramatique.  C'est  à  cette  oc- 
casion qu'Howard  Glover  monta  pour  la  première 
fois  sur  hi  scène  :'un  jour  que  le  ténor  de  .s» 
jeune  troupe  ,  pris  d'une  indisposition  siihite,  se 
trouvait  dans  l'impossibilité  de  paraître  sur  le 
Ibéâtre,  Glover  quitta   son  bâton   de  clief  d'or- 
che.stre,  et  remplit  à  l'improvistele  rôle  d'Edgar 
dans  la  Fiancée  de  Lamermoor.  Dans  le  môme 
temps,  il  confiait  à  l'exécution  de  ses  élèves  un 
opéra-comique  de  sa  composition,  the  Coquette, 
qui  produisit  le  meilleur  effet.    Un   peu  après, 
Glover,  cette  f  lis  en  compagnie  de  Miss  Annie 
Romer  (devenue  Mistress  W.  Brougli,  et  morte 
depuis),  conduisit  ses  élèves   à  Liverpool  ,   et 
donna  pendant  plusieurs  mois  en  cette  ville  des 
représentations  d'opéras.  Là,  il  fit  trêve  parfois 


GLOVEll  -   GLUCK 


391 


à  ses  fonctions  de  directeur  musical  pour  monter 
sur  la  scène,  et  se  montra  comme  premier  té- 
nor dans  plusieurs  ouvrages,  notamment  dans 
la  Fiancée  de  Laviermoor  et  dans  son  opéra  , 
the  Coquette. 

Glover,  dont  l'activité  infellcctuelle  et  physi- 
que était  remarquable,  reçut,  à  son  retour   à 
Londres,  l'offre  de  devenir  rédacteur  du  journal 
the  Morning-Post  pour  la   partie  musicale  ;  il 
avait  déjà  fourni  un  certain  nombre  d'arlicles 
de  divers  genres  à  ce  journal,  et  il  inaugura  de 
la  façon  la  plus  brillante  cette  nouvelle  carrière, 
qu'il  devait  parcourir  pendant  plus   de  quinze 
ans  avec  un  réel  huccès.  Mais  il  ne  renonça  |)as 
pour  cela  à  d'autres  occupations ,  et  c'est    au 
contraire  de  cette  époque  de  sa  vie  que  datent 
ses  plus  importants  travaux  comme  compositeur. 
Il  produisit  d'abord  un  assez  grand  nombre  de 
romances  ,  puis  se  lit  une  véritable  renommée 
avec  les  ouvrages  suivants  :  Héro  et  Lcandre, 
scène  dramatique  ;  ouverture  de  Manfred^  exé- 
cutée en  1850  aux  concerts  nationaux  du  théâtre 
de  Sa  M;ijesté;  Aminla,  opéra-comique   repré- 
senté è    Hay-Maiket;  Tarn  O'Shuuter,  cantate 
éciite  sur  le  texte  de  Robert  Burns,  que  l'on  dit 
admirable,  dontMeyerbeer,  assure-t-on  ,  pensait 
le  plus  grand  bien  ,  et  qui  fut  exécutée  à  l'un  dts 
grands  festivals  de  Birmingham;  cantate  de  fes- 
tival en  l'honneur  du   mariage  de   la  princesse 
royale  \Comala,  cantate  dramatique;  Ruy-lilas, 
grand  opéra  représenté  au  théâtre  de  Covent- 
Garden  en  1861  ;  enfin  une  opérette  charmante. 
Once  ioo  ofien,  donnée  à  Drury-Lane  dans  le 
cours  de  la  même  année  et  dont  il  avait,  ainsi 
que  pour  l'ouvrage  précédent,  écrit  les  paroles 
et  la  musique.  «   Que    le  compositeur  de  ces 
divers  ouvrages  (disait  alors  un  biographe,  son 
compatriote)  ail  droit  à  une  haute  position,  per- 
sonne ne  le  niera  de  ceux  qni  sont  capables  de 
juger.  La  carrière  de  M.  Glover  a  été  aussi  variée 
que  véritablement  distinguée.  Mais  nous  devons, 
avant  tout,  attacher  une  grande  importance  aux 
rares  services  que,  par  ses  connaissances  éten- 
dues et  son  enthousiasme  artistique,  il  a  rendus 
en  ce  pays  à  la  cause  de  la  bonne  musique.  La 
situation  qu'il  occupait  comme  critique  dans  un 
journal  aussi  important  et  aussi  influent  que  le 
Morning-Post  le  mit  à  même  de  le  faire.  Il  n'ar- 
rive pas  toujours,  cependant,  que  tout  le  monde 
agisse  de  même  dans  les  mêmes  circonstances. 
Mais  M.  Glover,  artiste  lui-même,  a  toujours 
montré  par  dessus  tout  son  amour  et  sa  vénéra- 
tion pour  l'art....  (1)  ». 

Glover  quitta  pourtant,  j'ignore  pour  quelles 

(i)  The  Musical  Jf^orld,  i6  août  i833. 


raisons,  la  brillante  situation  qu'il  s'était  faite 
dans  sa  patrie.  En  1868,  il  s'embarqua  pour 
l'Amérique,  et  alla  se  fixer  à  New-Yoïk.  Là,  la 
malechance  s'attacha  à  lui  et  ne  cessa  de  le  pour- 
suivre, en  dépit  du  talent  et  de  l'activitéqu'il  dé- 
ployait. Il  écrivit  plusieurs  compositions  impor- 
tantes, publia  (chez  les  éditeurs  Peters  ,  Diston, 
Pond  et  Hall)  de  nombreuses  romances  et  bal- 
lades dont  la  valeur  était  incontestable,  mais 
fut  découragé  par  le  fâcheux  résultat  et  l'inutilité 
de  ses  efforts.  Au  bout  de  quelques  années,  et 
malgré  une  existence  antérieure  honorable  et 
presque  brillante,  Glover  tomba  dans  la  misère. 
Le  chagrin  qu'il  ressentit  d'une  situation  si  im- 
méritée et  si  douloureuse  non-seulement  pour 
lui  ,  mais  pour  sa  jeune  et  nombreuse  fandlle  , 
altéra  rapidement  sa  santé;  il  tomba  gravement 
malade,  et,  après  de  longues  et  terribles  souf- 
frances ,  il  mourut  à  New-York ,  le  28  octobre 
1175,  dans  sa  cinquaiite-septième  année.  — 
L'une  des  filles  de  cet  artiste,  miss  JSellïe  Glo- 
ver, élève  de  son  père,  possède,  dit  on  ,  un  re- 
marque tnlent  musical. 

GLOVER  (Miss  Sarah),  musicienne  anglaise, 
a  attaché  son  nom  à  l'invention  d'un  système 
particulier  de  notation  employé  par  1  Associidioa 
chorale  dite  Tonic-sol-fa,  laquelle  remporta  un 
prix  d'honneur  exceptionnel  iiu  grand  concours 
orphéonique  de  l'Exposition  universelle  de  Paris, 
en  1867.  Miss  Glover  est  morte  à  Malvern  le 
20  octobre  de  la  même  année. 

*  GLUCK  (Christophe- Willibald).  Comme 
compléuient  nécessaire  à  la  nofice  sur  Gluck  in- 
sérée dans  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens, nous  allons  nous  occuper  spécialement 
ici  des  écrits  auxquels  a  donné  lieu  sa  rivalité 
avec  Piccinni. 

Il  est  assez  difficile  d'établir  un  peu  d'ordre 
dans  labiblio-iraphiede  la  guerre  des  Gluckistes 
et  des  Picfinnistes;  car  jusqu'à  présent  les  au- 
teurs qui  se  sont  occupés  de  ces  débats  ont  reculé 
devant  les  recherches  à  faire  et  sf  sont  bornés  à 
fournir  quelques  indications  sans  précision  et, 
dans  tons  les  cas  fort  incomplètes.  C'est  poip 
remédiera  celte  lacune  que  nous  allons  essayer 
de  grouper  ici,  dans  un  ordre  aussi  logique  qu'fl 
nous  sera  possible  de  le  faire ,  les  nombreux, 
écrits  polémiques  publiés  dans  le  feu  de  la  lutte 
et  sans  la  connaissance  desquels  on  ne  saurait 
écrire  l'histoire  de  cette  grande  querelle  musi- 
cale. 

Il  nous  faut  tout  d'abord  parler  d'un  ouvrage 
qui,  par  la  date  de  son  apparition,  ne  devrait 
être  mentionné  qu'à  la  fin  de  notre  travail,  puis- 
qu'il s'agit  d'un  recueil  du  plus  grand  nombre  de 
ces  écrits ,  lequel   ne  fut  publié  qu'à  l'issue  des 


392 


GLUCK 


hostilités;  mais  comme  ces  fameuses  brochures 
et  les  journaux  de  l'époque  renfermant  des  lettres 
et  articles  sur  la  (juestion  sont  pour  ainsi  dire 
impossibles  à  trouver,  il  est  au  mieux,  pour  é\i- 
ter  aux  lecteurs  des  recherches  longues,  péni- 
bles et  souvent  infructueuses,  de  lui  imiiquer  au 
passage  les  pièces  qu'il  trouvera  à  coup  sûr  dans 
ce  précieux  volume.  On  en  doit  la  publication 
à  l'abbé  Leblond  et  en  voici  le  titre  :  Mémoires 
pour  servir  à  l'hisloire  de  la  révolution  opé- 
rée dans  la  musique  par  M.  le  chevalier 
Gluck.  ANaples  et  à  Paris,  Bailly,  1781 ,  iu-8". 
Nous  ferons  précéder  d'un  astérique  les  bro- 
chures et  les  articles  importants  de  journaux 
réimprimés  dans  ce  recueil,  sur  lequel,  du  reste, 
nous  reviendrons  plus  loin  ,  c'est- à  dire  à  la  date 
de  son  apparition.  —  1.  De  Chabanon.  Sur  la 
musique  à  Coccasion  de  Castor.  Mercure  de 
France,  avril  1772,  p.  159  à  179.  Nous  croyons 
qu'il  y  a  eu  des  tirages  à  part.  Cet  écrit  ne  vise 
Gluck  en  aucune  façon,  mais  l'auteur  de  la 
lettre  ci-après  s'en  est  autorisé  pour  recom- 
mander au  Mercure  la  lettre  du  bailli  Du  Roul- 
let ,  puis  011  y  répondit  par  une  brochure  (voy. 
n^e)  faisant  bien  partie  de  la  jiolémique  glucKiste. 
C'e^t  pourquoi  Tarlicie  de  Chabanon  appartient . 
suivant  nous  ,  à  cette  polémique,  dont  il  est  pour 
ainsi  dire  l'avant-coureur.  —  2.  L.  D.  L.  Sur  lu 
Musique.  Mercure  de  France,  octobre  1772, 
p.  167  à  1C8.  Lettre  signée  L.  D.  L  ,  associé  à 
l'Académie   de   Villefranche.  —  3.  Du  Roullet. 

*  Lettre  à  M.  D.,  un  des  directeurs  de  VO- 
péra  de  Paris.  Merc.  Fr.  octobre  1772,  p.  109 
à  174.  Leblond  n'a  pas  reproduit  un  alinéa  du 
posl-scri[ituiii ,  alinéa  curieux  et  à  considérer. 
—  4.  De  Chabanon.  Lettre  de  M.  de  Chabanon  , 
sîcr  les  propriétés  musicalesde  la  taiiguefjan- 
çaisp.  Merc.  Fr.  janvier  1773,  p.  171  à  IJI.  11  y  a 
eu  un  tirage  à  part  et  à  petit  nombre.  —  5.  Gluck. 

*  Lettre  de  M.  le  chevalier  Gluck,  sur  la  Mu- 
sique. Merc.  Fr.  février  1773,  p.  I82à  184.  — 
6.  Réponse  à  la  critique  de  l'opéra  de  Cas- 

tr ;  Paris,  1773,  in-12  de  70  p.  —  7.  Ai'naud. 
Lettre  de  M.  l'A.  A*"  à  Madame  D*** 
(d'Augny).  Gazette  de  littérature,  1774.  On 
trouve  aussi  cette  lettre  dans  le  tome  2*,  p.  363, 
des  œuvres  complètes  de  l'abbé  .\rnaud  (1S08, 
in-8",  3  vol.)  —  8.  De  la  Touraille.  Letireà  Ma- 
dame la  Marquise  de  **',  dans  ses  terres 
près  de  Mantes,  sur  fopéra  d'Iphigénie.  Ge- 
nève, 1774,  in-8''de31  pp.,  datée  du  1 7  avril.  Nous 
attribuons  cette  brochure  à  de  la  Touraille,  d'a- 
près un  recueil  de  pièces  gluckistes  fait  à  l'é- 
poque et  qui  se  trouve  dans  notre  collection. 
Toutes  les  attributions  d'auteur  données  manus- 
rites  dans  ce  recueil  et  que  nous  avons  pu  con- 


trôler étant  exactes,  nous  sommes  porté  à 
compter  celle-ci  comme  vraie.  — 9.  De  Vismes  de 
Saint-Alphonse.  Lettre  à  Madame  de***,  sur 
fopéra  d'Iphigénie  en  Aulide.  Lausanne, 
1774,  in-8°,  23  p.,  datée  du  26  avril.  Même  ob- 
servation que  ci-dessus  à  l'épard  de  l'attribution 
d'auteur.  —  10.  Un  clou  chasse  l'autre,  te/tre 
sur  l'Opéra  d'Iphigénie,  Berlin,  1774,  in-8'>, 
16  p.  —  11.  De  Yisrnes  <le  St-Alphonse. 
Lettre  à  M.  l"  chevalier  de  M***,  sur  l'o- 
péra d'Orpliée.  Lausanne  et  Paris,  1774,  in- 
8",  30  p.,  datée  du  2  aoiM.  —  12.  J.-J.  Rous- 
seau. *  Extrait  d'une  réponse  du  j  élit  faiseur 
à  son  prêle-nom,  sur  un  morceau  de  l'Or' 
phée  de  M.  le  chevalier  Gluck.  Leblond  ,  en 
reproduisant  cette  pièce  en  1781,  dit  qu'elle 
n'avait  jamais  été  imprimée,  mais  il  est  à  peu 
près  certain  qu'elle  circulait  maniiscrile  et 
qu'elle  fut  connue  des  combattants.  On  la  trouve 
dan.s  presque  toutes  les  éditions  des  œuvres 
de  l'auteur.  —  13.  M***.  Dialogue  entre 
Lulli ,  Rameau  et  Orphée,  dans  les  Champs- 
Elysées,  Amsterdam  et  Paris ,  1774,  gr.  in  8", 
30  p.,  avec  une  très  belle  gravure  où  l'on  voit 
Lulli  et  Rameau  écoutant  Orphée  qui  tient  à 
la  main  la  partition  (Y Iphigénie.  —  14.  Tîe- 
Jlexions  sur  le  merveilleux  de  nos  opéras 
français,  et  sur  le  nouveau  genre  de  musique, 
Londres  et  Paris,  1774,  in-8>',  45  p.  —  15.  Le 
C.  de  S.  A.  Lettre  à  M.  de  Chabanon,  pour 
servir  de  réponse  à  aile  qu'il  a  écrite  sur  les 
propriétés  musicales  de  la  langue  française. 
Merc.  Fr., février  1775,  p.  192  à  208.—  16.  Du 
Roullet.  Lettre  sur  les  Drames-Opéra,  kir.stcv- 
dam  et  Paris,  1776,  in  8°,  55  p.  —  17.  Lasalle 
d'Ofl'émont.  Réponse  à  l'auteur  de  la  lettre 
sur  les  Drames-Opéra.  Londres,  1"76,  in-8°, 
24  p.  On  ne  paile  que  fort  peu  de  musique  dans 
ces  deux  brochures.  —  18.  .\rnaud.  *  La  Soirée 
perdue  hl'Opérn.  Avignon  et  Paris,  1776,  in-S", 
26  p  Cette  brochure  a  été  réimprimée  d.ms  le 
2«  vol.  des  œuvres  complètes  de  l'abbé  Arnaud 
(1808,  p.  380);  d'autre  part,  elle  est  mentionnée 
dans  le  recueil  de  l'alihé  Leblond  comme  élant  de 
'SI.  L.  A.  ;  c'est  pour.juoi  nous  croyons  à  une  er- 
reur deQuérard  lors(iu'il  attribue  ce  petit  écrit  à 
Pascal  Boyer.  —  19.  Framery.  *  Lettre  à  l'au- 
teur du  Mercure.  Merc.  Fr.  sept.  1776,  p.  181 
à  184  Gluck  répondit  à  cette  lettre  dans  le 
Mercure  de  novembre  de  la  même  année, 
p.  18'i.  —20.  Arnaud.*  Le  Souper  des  En- 
thousiastes; Amsterdam  et  Paris,  1776,  in-S", 
41  p.  — 21.  J.-J.  Rousseau.*  Lettre  à  M.  Bur- 
neii  sur  la  mu-yique,  avec  fragments  d'obser- 
vations sur  V Àlceste  italien  de  M.  le  chevalier 
Gluck.  Celle  lettre   fut  imprimée  pour  la  pre- 


GLUCK 


393 


mière  fois  dans  l'édition  des  œuvres  de  Rous- 
seau publiée  à  Genève  en  1782,  mais  il  est 
supposable  que,  comme  le  n°  12,  elle  circula 
manuscrite  et  qu'elle  fut  au  moins  connue  des 
fidèles  de  Gluck.  On  la  trouve  dans  toutes  les 
éditions  des  œuvres  de  l'auteur.  —  22.  L7n- 
promptu  du  Palais- Royal.  Dialogue. StU-oasa 
dans  le  n"  VII,  1'""  juillet  1776,  du  Journal  de 
Théâtre  de  Le  Fuel  de  Méricourt.  Cet  article  a 
24  p.,  et  quoique  tiès-inléressant  n'a  jamais  été 
cité.  — 23.  DeRossi.  Preuve  sans  réplique  du 
progrès  inconlestable  que  les  Français  ont  fuit 
en  musique.  Venise  et  Paris,  1777,iii-8",  15  p.  — 
24.  De  la  Touraille.  Lelire  à  M.  le  baron  de  la 
Vielle  Croche,  nu  sujet  de  Castor  et  Pollux, 
donné  à  Versailles  le  10  mai  1777.  Sans  lieu  ni 
date,  in  8,  8  p.  — 25.  Mannontel  *  Essai  sur  les 
révolutions  delà  musique  en  France.  Sans  lieu 
ni  date.  (Paris,  1777  j,  in-S",  38  \k  Cet  ouvrage  se 
trouve  dans  les  diverses  éditions  des  œuvres  de 
Martnontel.  La  réimpression  faite  dans  les  Mé- 
moires de  l'abbé  Leblond  a  été  copieusement  an- 
notée en  manière  de  réfutation,  el  est  accomj'a- 
gnéedunedouzained'articlescritiquesextraitsdu 
Journal  de  Paris  de  juin  et  juillet  1777.  —  2G. 
Lesuire.  Lettre  de  M.  Camille  Trillo,  fausset 
de  la  cathédrale  d''Auch  ,  sur  la  musique 
dramatique  Paris,  1777,  in-12,  43  p.  —  27. 
A.  Gouilar.  Le  Brigandage  de  la  Musique 
Italienne.  Sans  nom  de  lieu,  1777^  in-S°, 
156  p.  Uneépîlre  placée  en  tète  de  l'ouvrage  est 
signée  Jean-Jacques  Sonnette.  Une  seconde  édi- 
tion de  173  p.  et  dans  le  format  in-12  à  été  pu- 
blié sous  la  rubrique  :  Amsterdam  et  Paris,  en 
1780.  —  28.  Problème  qui  occupe  la  capitale 
de  la  monarchie  française  :  on  demande  si 
Glouck  (%\c)  est  plus  grand  musicien  que  Pic- 
cini,  1777,  \n-8°.  —29.  J.  B.  Nougaret. •£'£■- 
néide ,  opéra  français,  pour  être  représenté 
quand  il  sera  en  état.  Suivi  d'Armide  à  son 
tailleur,  héroïde.  Londres  et  Paris,  1778,  in-8", 
68  p.  Plaisanterie  sans  sel.  —  30.  Marmontei.  De 
(a  musique  en  Italie,  par  le  prince  Beloselski. 
Merc.  Fr.,25  juillet,  1778,  p.  272  à  286. —31. 
Suard.  Musique.  Lettre  à  M.  Panckoucke.  Merc. 
Fr.,  août  1778 ,  p.  172  à  192.  —  32.  Marmontei. 
Musique.  Lettre  de  M.  Marmontei  à  M.  de  la 
Harpe.  Merc.  Fr.,  5  sept.  1778,  p.  161  à  186. 
—  33.  Suai-d.  Musique.  Réponse  à  la  lettre  de 
M.  Mannontel,  insérée  dans  le  Mercure  du 
5  septembre.  Merc.  Fr.,  5  octobre  1778,  p.  156 
à  169.  Dans  sa  brochure  :  delà  Musique  en  Ita- 
lie (à  la  Haye,  1778,  in-8°),  le  prince  Belo- 
selsky  ne  parlait  qu'incidemment  de  Gluck  et 
de  Piccinni ,  c'est  pourquoi  nous  ne  la  fai.sons 
pas  figurer  ici  au  nombre  des  écrits  relatifs  à  la 


guerre  des  gluckistes  el  des  piccinnisles;  mais 
il  n'en  est  pas  de  même  de  l'analyse  qui  en  fut 
faite  dans  le  Mercure  par  Mannontel.  Celui-ci 
n'eut  garde  de  ne  pas  profiler  de  la  circonstance 
pour  décocher  quelques  malignités  à  l'ailresse 
(le  Gluck;  Suard  lui  répondit,  et  il  en  résulta  les 
quatre  articles  polémiques  ci-dessus,  qui  ne  sont 
pas  les  moins  curieux  à  lire  de   toute  la  série. 

—  34.  Coquéau.  De  la  .Mélopée  chez  les  An- 
ciens et  de  la  Mélodie  chez  les  Modernes;  Pa- 
ris, 1778,  Ln-8".  Il  a  été  fait  de  grands  éloges  de 
celle  brochure,  que  nous  n'avons  pu  nous  procu- 
rer jusqu'à  ce  jour  et  qui  est  peut-être  la  plus 
rare  de  toute  la  collection,  aveclen''  28  cité  plus 
haut.  —  35.  Coquéau.  Entretiens  sur  Vélat  ac- 
tuel de  ropéra  de  Paris.  Amsterdam  et  Paris, 
1779,  in-8",  174  p.—  36.  Suard.  Les  entre/iens 
de  l'état  actuel  de  l'Opéra.  Mercure  Fr.,  juillet 
1779,  2  articles,  p.  113  à  126  et  301  à  313.  — 
37.  Coquéau.  Lettre  de  l'auteur  des  Entretiens 
sur  rétat  actuel  de  l'Opéra,  à  M.  S.  Merc. 
Fr.,  août  1779,  p.  80  à  93.  Panckoucke  ayant  mu- 
tilé la  réponse  de  Coquéau  en  l'insérant  dans  son 
journal,  celui-ci  publia  la  brochure  suivante, 
dans  laquelle  il  rétablit  les  passages  supprimés. 

—  38.  Coquéau.  Stiile  des  Entretiens  sur  l'é- 
tat actuel  de  l'Opéra  de  Paris,  ou  Lettres  à 
M.  S...  auteur  de  l'extrait  de  cet  ouvrage 
dans  le  Mercure.  S.  I.  n.  date  (Paris,  1779), 
in-8°,  48  p.  Malgré  le  dédain  exprimé  par  quel- 
ques auteurs  sur  Coquéau ,  ses  deux  brochures 
non  moins  que  sa  première  publication  ,  mé- 
ritent d'être  lues  avec  attention.  —  39.  Be- 
metzrieder.  Le  Tolérant isme  musical.  Paris, 
1779,  in-8°,  32  p.  —  40.  Leblond.  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  de  la  Révolution  opé- 
rée dans  la  musique  par  M.  le  chevalier 
Gluck.  Naples  et  Paris,  1781,  in-8",  491  p.,  avec 
un  portrait  de  Gluck  dessiné  et  gravé  par  Saint- 
Aubin.  Si  le  Mercure,  comme  on  l'a  vu,  publia 
pas  mal  d'écrits  relatifs  à  la  guerre  des  gluckistes, 
le  Journal  de  Paris,  dans  lequel  l'a!)bé  Arnaud 

et  Suard  inséraient  leurs  articles,  en  publia  un  U 
plus  grand  nombre  encore.  Suard  signait  ses  ar- 
ticles :  l'Anonijme  de  Vaugirard  et  avait  fort 
à  faire  pour  se  défendre  contre  les  réponses  et 
les  attaques  d'un  certain  Mélophile,  qui  n'était 
autre  que  Ginguené.  A  très-peu  de  chose  près, 
tous  les  grands  et  petits  articles  de  ce  jour;  «  {con- 
cernant notre  sujet  et  dus  à  Arnaud  ou  à  Suard 
ont  été  reproduits  dans  le  volume  de  l'abbé  Le- 
blond ,  ainsi  du  reste  que  ceux  publiés  dans  le 
Journal  de  Politique  et  de  Littérature  et  dans 
le  Courrier  de  l'Europe.  Il  sérail  trop  long  de 
donner  ici  tous  les  titres  de  ces  articles ,  dont 
le  nombre  touche  la  centaine,  s'il  ne  la  dépasse. 


394 


GLLCK  —  GNOCCHI 


On  sait  maintenant  où  en   trouver  au  moins  la 
plus  grande  partie,  à  défaut  des  journaux  même 
où  ils  avaient  d'abord  paru;  mais  il  n'en  est  pas 
ainsi    pour  les  articles  de  Ginj^nené  (le  Mdo- 
phile),  que  le  compilateur  tant  soit  peu  partial  de 
ces  fameux  Mémoires    semble  avoir  délaissés 
avec  intention.  Pour  les  lire,   il  faut  avoir  re- 
cours à  la  collection  du  Journal  de  Paris.  Fé- 
tis ,   à    son   article   Ginguené ,     annonce    bien 
comme  ayant  paru  à  part,  à  la  date  de   1783  et 
dans  le  format  in-8'^,  les  Lettres  et  Articles  pu- 
bliés dans  les  journaux  fàvleUlélophile  en  1780, 
1781,  1782  et  1783,  mais  nous  croyons  qu'il  y  a 
là  erreur  ou  confusion,  celte  publication  ayant 
échappé  à  toutes  nos  recherclies  faites  avec  soin 
dans   les   Catalogues  spéciaux  et  dans  tous  les 
Dictionnaires    bibliogiapiiiqnes.  Il   est  possible 
qu'il  s'agisse  ici  de  la  brocliure  figurant  plus  bas 
sous  le  n"  43.  —  41.  Réflexions  sur  la  musique 
théâtrale,  adressées  au  Rédacteur  des  arti- 
cles Opéra,  dans  le  Journal  de  Paris.  Naides 
et  Paris,  1781,  in  8°,  36  p.  —  42.  E.  Biilardon 
de  Sauvigiiy.  Les  Après-soupers  de  société,  ou 
Petit  Théâtre  lyrique  et  moral.  Paris,  1781, 
t.   II,  p.  16.  Les  Piccinnis/es  et  les  Gluckistes. 
Petite  pièce  où  l'on  voit  la  réconciliation  des  an- 
tagonistes.  —    43.   Mélophile  à  l'homme  de 
lettres  chargé  de  la  rédaction  des  articles  de 
r Opéra  dans  le  Mercure  de  France.  Naples  et 
Paris,  1783,  in  8"  de  27  p.  Nous  pensons  ferme- 
ment que  celte   brochure  est  de  Ginguené.    — 
44.    De  Chabanon.  L'Esprit  de  parti  ou  les 
Querelles  à  la  mode.  Comédie  en  5  actes,  non 
représentée,  qui  se  trouve  dans  le   volume  inti- 
tulé :   Œutres  de   théâtre  et  autres  poésies 
par    M.   de  Chabanon.    Paris,   1788,    in-8', 
443   p.   —  45.   Marmontel.    Polymnie,  poème 
posthume.  Paris,  1818,  iii-12,  180  p.  avec  gra- 
Yures.  Cette  publication,  due,  dil-on,  à  Fayolle, 
fut  poursuivie  pur  Marmonlel  fils  comme  fautive 
et  faite  sans  autorisation.  Il  en  obtint  la  saisie, 
et  les  exemplaires  en  furent   détruits.  Depuis, 
»     une  version  modifiée  de  ce  poëme  satirique  a  re- 
^     paru,  avec  la  iS'etivaine  de  Cythère,  dans  un 
volume  intitulé  :  Œuvres  posthumes  de  Mar- 
montel, de  l'Académie  française.  Paris,  1820, 
in-8",  avec  un  portrait  de  Piccinni.  Le  poëme  rie 
Polymnie  é\A\i  connu  du  vivant  de  l'auleur,  qui 
le  récitait  dans  le  monde;  il  en  avait  même  paru 
desfragmenls  dansdiversrecueilslitléraires. Mais 
la  nièce  de  Morellel,  qui  connaissait  l'amitié  que 
son  oncle  porta't  à  l'abbé  Arnaud  ,  très-malmené 
dans  les  vers  du  poêle,  ayant  été  demandée  en 
mariage  par  celui-ci ,  elle  ne  lui  accorda  sa  main 
qu'à  la  condition  de  la  non-publication  de  ses 
Ters  satiriques.  Marmontel  tint  sa  promesse. 


Comme  complément  de  la  liste  ci-dessus,  nous 
devons  indiquer   ici  quelques  ouvrages  contem- 
porains dans  lesquels  on  trouvera  de  très-utiles 
renseignements  pour  l'histoire  de  cette  fameuse 
querelle  musicale.  Les  Mémoires  secrets  de  Ba- 
cbaumont  viennent  en   première  ligne;  puis  le 
Journal  de  littérature  et  des  Beaux-Arts  (pe- 
tit in-l2)  ,1e  Journal  de  Musique  par  une  So- 
ciété d'amateurs,  le  Journal  du  Théâtre  d& 
Le  Fuel  de  Mericourt,  une  brochure  de  Corancez 
intitulée  :  De  J.-J.  Rousseau.  On  y  a  joint  quel- 
ques  opinions  du  même  auteur,  in-8°;  Coup 
d'œil  sur  la  littérature  etc.,  de  Dorât,  2vol.  in- 
8»,  1780.  La  Correspondance  de  Grimm  et  Dide- 
rot; Iv:  Cours   de  littérature  de  La  Harpe;  les 
Œuvres   philosophiques,  littéraires,  historl~ 
ques  et  morales  du  C*  D'Escberny,  etc.,  etc.  La 
ISotice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  deN.  Piccinni, 
par  Ginguené  (Paris,  an  IX,  in-s"),  est  encore  une 
très  bonne  source  d'informations  à  consulter,  et 
peut  servir  de  palliatif  à  la  compilation  presque 
exclusivement  gluckiste  de  l'abbé  Leblond  (l). 

Er.  —t. 

*  GXECCO  (François).  Il  faut  joindre  à  la 
liste  des  œuvres  dramatiques  de  ce  compositeur 
les  trois  opéras  suivants  :  Adetaide  di  Gués- 
ctino,  il  Nuovo  Potestà,  et  la  Testa  riscal- 
data. 

GXOCCIII    ( ),  compositeur  italien, 

(1)  La  liiblioaraphie  franç;iise  relative  à  Gluclt  resterait 
iiiioniplêle  si  nous  ne  donniiins  pas  ici  la  liste  des  écrits 
[lubliés  sur  ce  grand  hoiniue  en  ces  dernières  années  ; 
vo  cl  celte  liste  :  l»  L'Orphée  rie  Cluch,  par  Prosper  Mi- 
snard,  Paris,  Li-vy.  s.  d.,  in-12  de  24  pp.;  a»  L'  Jrniide  de 
(Jiick,  par  le  président  lYoplong  (Esirait  de  la  Hevue 
contemporaine  du  31  décrnibie  1858],  Paris,  1869,  in-S^de 
31  pp.  ;  3°  L' Alccste  de  (Jliick,  étude  dédiée  à  M"'«  Pau- 
line Viardot,  par  Jules  Baudoin,  Paris,  Lebigre-Duquesne, 
18Ki;  in-lî;  4°.  Ix.i  deux  Iphit/énie  de  Gluck,  par  F.  de 
Viliars,  Paris,  Liepmannssohn  et  'iufour,  1368,  in-S"  ;  5* 
lettres  de  Gluck  et  de  H'eber.  publiées  par  M.  L.  NohI, 
professeur  à  l'Univi  rsile  de  Municii,  traduites  par  Guy 
de  Charnacé,  Paris,  Plun,  1870,  in-lî  ;  6»  Gluck  et  Pic- 
cinni, i'i'i-M^^,  par  Gustave  Ue^noiresterres,  Paris,  Di- 
dier, 1873,  in-8».  Ce  dernier  ouvrage  est  de  la  plus  haute 
inipoi  tance,  quoique  n'étant  pas  l'œuvre  d'un  musicien, 
en  raison  des  faits  et  des  documents  nouveaux  qu'il  rap- 
por  e  sur  le  séjour  de  Giuck  à  Paris,  et  il  rst  impossible 
maintenant  d'érrire  une  liisloire  ne  Gluck  sans  le  con- 
sulter avec  le  plus  grand  soin  M.  H.  Barbedette  a  pu- 
blie dans  le  journal  le  .Vcnestrel,  il  y  a  quelques  années, 
une  élude  tiès-élendue  sur  Gluck.  Nous  ajouterons  enfin 
que  Mlle  Fanny  Pellelan  {frayez  ce  nom)  avait  commencé 
une  édilion  modèle  des  partitions  des  cii  q  grandes  œu- 
vres françaises  de  Gluck,  monument  vrameiit  admirable 
élevé  à  sa  gloire  ;  elle  n'a  pas  eu  le  bonlieur  de  pouvoir 
achever  celte  entreprise  véritablement  anistque,  ra^'is 
elle  a  pris  du  moins  ses  mesun  s  pour  qu'elle  pût  être 
terminée  après  elle.  —  Reetltions,  en  termin.  nt,  une  er- 
reur typographique  imporiante  qui  s'est  glissée  dans  la 
Biooraphie  universelle  des  musiciens  :  Gluck  est  mort 
non  le  îi,  mais  le  15  novembre  nai.  —  k.  t. 


GNOCCHI  —  GODARD 


395 


est  l'auteur  «l'un  opéra  boulfe  intitulé  Lucinda, 
qui  a  été  représenté  à  Najilesen  1863. 

GOBATl  (Stefano),    compositeur  italien, 
est  né  vers  1850,  dans  un  village  de  l'Italie  sep- 
tentrionale.  J'ignore  de  quelle  façon  il  lit  ses 
étuites  ;  mais  on  a  raconté  qu'après  avoir  écrit 
son   premier  opéra ,  i  Gotl,  le  jeune  musicien 
s'en  alla  tout  droit  frapper  à  la  porte  du  Ihéàlre 
de  la  Scala,  de  Milan,   d'où   il   fut    rapidement 
éconiluit,  attendu  qu'il  n'e.st  pas  plus  facile,  quoi 
qu'on  en  dise ,  aux  jeunes  compositeurs  de  se 
faire  jouer  eh  Itaiie  qu'en  France.  Peu  chanceux 
de  ce  côté,  M.  Gobati,  qui  avait  pour  lui  la  jeu- 
nesse, la  foi  et  l'espérance,  partit  pour  Bolo- 
gne, avec  le  désir  d'y  produire  son  ouvrage.  Il 
eut  la  fortune  de  rencontrer,  lians  Vimpresario 
du  théâtre  communal  de  cette  ville,  un  directeur 
qui  avait  besoin  d'un  opéra  nouveau  et  qui  n'en 
avait  point  sous  la  main.  Quoique  peu  confiant 
dans  la  valeur  de  l'œuvre  d'un  artiste  forcément 
inexpérimenté,  il  consentit,  faute  de  mieux,  à 
monter  celle-ci,  tout  en  ne  fondant  pas  sur  elle 
de   grandes   chances  de    succès.  L'imprésario 
avait  tort,  paraît-il,  et  le  public   se  chargea  de 
le  lui  prouver.  La  première  représentation  iVi 
Goti  fut  un  véritable  triomphe  pour  le  jeune  mu- 
sicien ,  et  son  nom  ,  inionnu  la  veille ,  fut  pres- 
que fameux  au  bout  de   huit  jours;  toute  l'Ita- 
lie parla  pendant  plusieurs  mois  de  M.  Gobati , 
et  son  opéra,  joué  à  Bologne  à   la  lin  de  1873  , 
fut  reproduit  ensuite,  avec  le  même  succès,  sur 
plusieurs   grands  théâtres   de  la  Péninsule.   Le 
directeur  du  théâtre  communal  de  Bologne  lui 
commanda  aussitôt  un  second  ouvrage,  dont  le 
sujet  était  pris  dans  un  épisode  de  l'hisloire  de 
la  domination  espagnole  à  Naples  après  la  mort 
de   Masanielto,    et   qui    devait    être   joué    par 
M™"  Brambilla-Poncbielli,  femme  du  composi- 
teur  de  ce  nom,   Mi'e    Ermiiiia  Borghi-Mamo  , 
MM.  Campanini ,  Storti  et  Nanetti.   Ce  nouvel 
opéra,  intitulé  Luce,  et  qui   ne  comportait   pas 
moins  de  cinq  actes,  fut  représenté  (  ffeclivement 
à  Bologne,  le  20  novembre   1875;  il  ne  fut  pas 
moins  heureux  que  le  précédent,  et  son  grand 
succès  augmenta  encore  la  réputation  naissante 
du  jeune  compositeur. 

GOBBAERTS  (Jean-Louis),  compositeur, 
né  à  Anvers  le  28  stptc\iibre  1835,  a  fait  ses 
études  de  piano  au  Conservatoire  de  Bruxelles, 
et  a  été  l'élève  de  M.  Meyeux  jioiir  la  composi- 
tion. Dès  l'âge  de  14  ans,  il  obiint  le  premier 
prix  dans  un  concours  <le  composition  ouvert 
par  l'Académie  de  Louvain.  Par  ma'lieur,  il  com- 
mença di^s  lors  à  donner  des  preuves  d'une  fé- 
condité trop  précoce  et  qui  ne  connut  jamais  <le 
frein,  et  se  mit  à  considérer  la  musique  comme 


un  métier  beaucoup  plus  que  comme  un  art. 
Producteur  infatigable,  cet  artiste  publie  par  cen- 
taines, depuis  une  vingtaine  d'années,  soit  sous 
son  nom  véritable,  soit  surtout  sous  le  pseudo- 
nyme de  ^^rea^ftor/,  qui  en  est  l'anagramme,  de 
pelilsmorceaux  de  piano,  dont  la  valeur  est  mince, 
mais  dont,  paraît- il,  le  succès  commercial  est 
très  grand  ,  non-seulement  en  Belgique,  mais  à 
l'étranger  et  jusqu'en  Allemagne,  où,  quoi  qu'on 
en  dise,  la  bonne  musique  n'est  pas  toujours  la 
plus  recherchée.  11  ne  restera  rien  de  tout  cela, 
et,  avec  de  réelles  facultés,  M.  Gobbaerts  se 
condamne,  alors  qa'il  pourrait  faire  mieux,  au 
rôle  de  simple  commerçant  en  musii|ue,  ce  qui 
n'est  pas  absolument  l'idéal  de  l'art  qn'd  exerce. 
On  assure  qu'il  travaille  en  ce  moment  à  la  com- 
position d'un  opéra- comique.  —  La  sœur  de 
cet  artiste,  M""  Virginie  Gobbaerts,  née  aussi 
à  Anvers,  est  douée  d'une  jolie  voix  de  soprano 
qu'elle  dirige  avec  goût.  Elle  a  obtenu  un  pre- 
mier prix  de  chant  et  de  déclamation  lyrique 
an  Conservatoire  de  Bruxelles,  et,  après  avoir 
appartenu  un  instant  au  théâtre  des  Fantaisies- 
Parisiennes  dirigé  à  Paris  par  M.  Martinet  et 
aujourd'hui  disparu  ,  elle  s'est  montrée  avec  suc- 
cès, dans  l'emploi  des  dugazons,  sur  les  princi- 
pales scènes  de  la  Belgique. 

GOBETTI  (Francesco),  lulhier  italien  de 
l'école  lie  Crémone ,  était  établi  à  Venise  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle.  On 
croit  qu'il  avait  été  élève  d'Antoine  Slradi- 
vari.  ' 

GODARD  (BEiNJAHix  Lolis-Paul),  violo- 
niste et  compositeur,  né  le  18  août  1849  à  Pa- 
ris, a  étudié  le  violon  sous  la  direction  de  M.  Ri- 
cliard  Haminer,  et  est  entré  au  Conservatoire, 
en  1863,  dans  la  classe  d'harmonie  de  M.  Reber. 
Il  a  pris  pari,  en  1866  et  1867,  au  concours  de 
composition  pour  le  prix  de  Rome ,  sans  obtenir 
de  récompense.  Sorti  du  Conservatoire  en  cette 
dernière  année,  M.  Godard  s'est  livré  à  la  com- 
position ,  et  a  publié  plusieurs  mélodies  :  Ber- 
ceuse, Je  ne  veux  pas  cT autres  choses ,  Chan- 
son de  Florian,  Ninon,  Viens,  Automne,  Chan- 
son du  berger.  Fille  à  la  blonde  chevelure. 
Suis- je  belle?  Printemps ,  Menuet,  Vaude- 
ville, Chanson  de  Malherbe,  J'ai  perdu  ma 
tourterelle,  puis  quelques  petits  morceaux  de 
piano,  une  f*"  mazurke,  une  V  valse,  etc.  Il 
s'est  fait  connaître  ensuite  par  quelques  produc- 
tions plus  développées  et  plus  sérieuses,  un  Con- 
certo de  violon,  un  second  concerto  romanti- 
que, avec  accompagnement  d'orchestre,  exécuté 
aux  Concerts  populaires  par  I\P'«  Marie  Tayau, 
un  trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  un 
quatuor  pour  instruments  à  cordes.  11  a  orches- 


396 


GODARD  —  GOERMANS 


tré  et  fait  exécuter  aussi  les  Scènes  d'enfants 
de  Scliumann.  M.  Godard  a  fait  partie,  en  qua- 
lité (l'alto,  de  diverses  sociétés  de  inusi(iue  de 
chambre. 

GODDARD   (M"»^  DAVISON  ,  née  Ara 
BELLA  ),  pianiste  foi tdistingiiée,  est  née  à  Saint- 
Servan  (Bretagne),  pi  es  de  Sainf-Malo,  de  pa- 
rents  anglais,  en  janvier  1836.  Douée  d'excel- 
lentes dis|)ositions  musicales  qui  se  firent  jour 
dès  ses  plus  jeunes  années,  elle  fut,  à  peine  âgée 
de  six  ans,  conduite  à  Paris ,  où  elle  devint  élève 
de  Kalkbrenner,  le  meilleur  maître  qu'on   pi^l 
trou^er  alors  pour   développer  chez   un   élève 
toutes  les  qualités  du    mécanisme.  Après  deux 
ou  trois  années  d'études,  la  jeune  Arabella  put 
se  faire  entendre  en  public,   dans   un  concerto 
deHummel,  et  en   1846,   ses  parents  l'emme- 
nèrent à  Londres,  où  elle  développa  son  talent 
sous  la  direction  de  M™'  Anderson ,  pianiste  lie 
la  reine.  Appelée  à  jouer  devant  la  reine  et  le 
prince  Albert,  qui  furent  cliaimés  de  son  talent 
précoce,  elle  devint  ensuite  l'élève  favorite  de 
Thalberg,   qui   s'en   montrait    particulièrement 
fier,  puis  s'adonna  à  l'élude  de  la  grande  musi- 
que classique  et  alla  faire  un  voyage  en  .\lleiiia- 
gne  |)our  se  perfectionner.  De  retour  en  Angle- 
terre, miss   Ar;ibella  Goddard  sui\it   un   cours 
d'iiarmonie  et  de  composition  avec  M.  Macfarren, 
et  commença   sa  brillante  carrière  de  virtuose. 
Ce  n'est  qu'en  1850  qu'elle  commença  à  se  pro- 
duire sérieusement  en  public,  mais  sa  première 
apparition  aux  concerts  de  Ilay-Market  lit  une 
énorme  sensation ,  et  son  jeu  à  la  fois  clair,  bril- 
lant et  limpide,  ses  grandes  qualités  de  style,  la 
perfection  qu'elle  apporte  ilans  l'exécution  de  la 
musi()ue  classique,  lui  valurent  bientôt  les  plus 
grands  succès.   Celui   qu'elle  obtint  en  1853  en 
jouant ,  dans  une  séance  de  la  nouvelle  Société 
Philharmonique,  un  concerto  inédit  de  Sierndale 
Benneit,  fait  époque  dans  la  vie  d'un   artiste. 
Depuis  lors,  miss  Arabella    Goddard  n'a    cessé 
de  se  faire    entendre   à   Londres   et    dans   les 
grandes  villes  de  l'Angleterre,  prenant  une  part 
active  à  toutes  les  grandes  solennités  musicales, 
et  prodiguant  son  talent  en  toutes  circonstances. 
Elle  n'obtint  pas  moins  de  succès  dans  le>  voya- 
ges qu'elle  fit  sur  le  continent,  en  se  faisant  en- 
tendre successivement  à  Paris,  Leipzig,  [Jerlin, 
Vienne,  Florence  et  un  grand  nombre  d'autres 
villes.  C'est  eu  1860  que  cette  artiste  fort  remar- 
quable épousa  M.  Davison ,  le  critique  musical 
renommé  du  journal  le  Ti/ne.?.  En  1873,  elle  en- 
treprit un  grand  voyage  artistiqu»'  au  delà  des 
mers, et  parcourut  pendant  trois  années  l'Améri- 
que et  l'Australie  en  donnant  des  concerts  qui  lui 
vabirent  de  véritables  triomphes.  De  retour  en 


Europe,  M"^  Arabella  Goddard  s'est  fait  enten- 
dre de  nouveau  à  Paris,  au  mois  d'avril  1877. 
GODDIXG  (Théodore-Cuarles),  corniste 
distingué,  professeur  de  cor  a  l'École  royale  de 
musique  d'Anvers,  est  né  en  cette  ville  en  1822. 
Élève  du  Conservatoire  de  Bruxelles,  il  y  rem- 
porta en  1840  le  premier  prix  de  cor,  puis  par- 
tit pour  Paris ,  où  il  (it  pendant  quelque  temps 
pai lie  de  l'orchestre  des  concerts  de  Musard  père, 
devint  en  1842  professeur  à  l'Académie  de  mu- 
sique de  Valenciennes,  retourna  à  Anvers  en 
1848,  fit  un  nouveau  voyage  eu  France,  où  il 
fut  successivement  premier  cor  au  Théâtre-Ly- 
rique, puis  à  ceux  de  Rouen,  du  Havre  et  de 
Lyon,  et  enfin  alla  se  fixer  définitivement  dans 
sa  ville  natale.  L'éditeur  Gevaert,à  Gand ,  a 
publié  de  cet  artiste  un  certain  nombre  de  coni- 
posiiions  poui'  son  instrument  :  40  Morceaux 
de  salon-.  Exercices  et  Préludes;  5  Airs  va- 
riés; Trois  Mélodies;  plus  des  duos,  trios  et 
quatuors  pour  cors,  (jlusieurs  Fantaisies  pour 
fanfare,  deux    pas  redoublés,  etc.,  etc. 

*  GODKFliOlO    (DlELDONNÉ  JOSEI'H-GCIL- 

L\LMi:-FÉi.ix).  Cet  artiste  a  été  chargé  d'éciire 
la  musique  de  la  cantate  historique  qui  a  été  exé- 
cutée à  JNamur,  en  1869,  lors  des  fêtes  célébrées 
en  celte  ville  pour  l'inauguration  de  la  statue  du 
roi  Léopold  1"'. 

<;OUEFHOY  (L'abbé  L....-Fr.  ..),  curé 
de  I  ailly,  ancien  maître  de  chapelle  au  petit  sé- 
minaire d'Orléans  ,  est  l'auteur  des  paroles  et  de 
la  riuisi(pic  d'im  recueil  de  cantiques  à  la  Vierge 
\nh\\x\é,C liants  de  iUci  (Paris,  Hartmann,  in-S", 
s.  d    [1877]). 

GOËUM AI\S,  dit  GERMAIM ,  facteur  de 
clavecins  et  de  pianos,  sans  doute  d'origine  alle- 
mande ou  llamande  ,  était  établi  à  Paris  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huiticmc  siècle.  Cet  ar- 
tiste imagina  un  clavecin  dans  lequel  il  avait 
supprimi  le  système  du  tempérament,  et  qui, 
par  la  multiplicité  des  touches  et  des  cordes, 
donnait  tous  les  demi-tons  majeurs  et  tous  les 
demi-tons  mineurs.  "  Ce  clavecin,  disait  à  ce 
sujet  VAlmanach  musical  de  (782  ,  présente  le 
même  système  de  sons  que  la  harpe  de  M.Cou- 
sineau.  Il  y  a  pour  chaque  octave  21  touches  qui 
entonnent ,  sçavoir  ;  sept  sons  ou  sept  notes  na- 
turels, sept  notes  bémols,  et  sept  notes  dièses; 
ainsi,  au-dessus  et  au-dessous  de  chaque  ton 
naturel,  on  trouve  un  demi-ton  majeur  et  un 
demi  ton  mineur.  »  Il  doit  y  avoir  une  erreur 
dans  cette  éniunéralion  ,  car  la  gamme  compre- 
nant deux  intervalles  de  demi-ton,  il  n'était  be- 
soin, pour  chacun  de  ces  deux  intervalles,^  que 
de  deux  touches,  et  non  de  trois  comme  pour 
chacun  des  intervalles  de  ton.   Le  nombre  to- 


GOËRMANS  —  GOFFIN 


397 


tal  (les  foudies  devait  donc  être  de  dix-neuf  et 
non  de  vinat  et  un. 

GCffiRNEK  (  JofiANN-GoTTLiEB  ) ,  musicien 
allernanri  du  dix  huilièine  siècle,  était  directeur 
de  innsique  à  ré^'isf^  Saint  Paul  de  Leipzig,  et 
organiste  de  Saint-Ttiornas,  à  l'époque  où  Jean- 
Sébastien-Bacti  élait  précisément  directeur  de 
l'école  de  musique  de  cette  église.  Chacun  d'eux 
dirigeait  une  sociélé  de  concerts,  di>nt  les  séan- 
ces avaient  lieu  [lériodiquement,  et  dont  les  mem- 
bres étaient  pour  la  plupart  des  étudiants  de 
l'Université  ou  des  élevés  des  différentes  écoles 
de  la  ville,  parmi  les(|uels  plusieurs  devinrent 
par  la  suite  d'excellents  musiciens.  Gœrner  pa- 
raît ne  point  avoir  été  sans  mérite;  son  talent 
pâlissait  pourtant,  on  le  comprend,  à  côté  du 
génie  de  Bach,  et  comme  celui-ci,  malgré  son 
excellente  nature,  n'était  pas  toujours  commode, 
surtout  lorsqu'il  s'agissait  de  son  art,  il  en  ré- 
sulta un  jour  une  scène  assez  singulière.  Gœr- 
ner était  à  son  orgue,  tandis  que  Bach  procédait 
à  une  répétition;  l'infoituné  eut  le  malheur 
de  laisser  échapper  un  accord  peu  orthodoxe, 
et  l'on  vit  Bach ,  entrant  alors  en  fureur,  ar- 
racher violemment  sa  perruque,  la  lui  lancera  la 
tête  sans  plus  de  façon ,  et  s'écrier,  lilême  de  co- 
lère :  Vous  auriez  dii  être  savetier  plutôt 
qu'organiste  ! 

GOETSCtlY  ((J ),  pianiste,  professeur 

et  compositeur,  a  pub  ié  plus  de  cent  cinquante 
morceaux  de  genre  pour  le  piano,  qui  semlilent 
assez  bien  accueillis  des  amateurs,  miiis  qui  sont 
absolument  inconnus  des  artistes  et  du  public 
vraiment  musical.  M.  Gœischy  a  pubié  au-si  : 
École  du  pianiste-amateur,  études  mélodi- 
ques expressément  composées  pour  développer 
le  mécanisme  des  doigts  et  aplanir  les  dillicultés, 
en  présentant  le  Iravad  sous  une  forme  attrayante 
(Paris,  Benoit). 

GOE  rZ  (Cakl)  ,  compositeur  allemand,  était 
simple  choriste  an  théâtre  de  Weimar  lorsqu'il 
fit  représenter  sur  ce  tlieàfre,  au  mois  df  janvier 
1868.  un  opéra  lomantiqne  en  5  actes  intitule 
Gustave  Wasn,  le  héros  du  !Sor<t.  Ct^t  artiste 
est  devenu  depuis  lors  iraîire  de  chapelle  à  Bres- 
lau,  où  il  a  reproduit  cet  ouvrage  en  1K75. 

GCffiTZ  (H^:RMA^N),  compositeur  et  orgain">;te 
allemand  ,  né  à  Kd'iiigsl.erg  le  7  iléreinhre  1840, 
commença  relativement  lard  l'etuile  de  la  musi- 
que, et  se  plaça  d'abord  sous  la  direction  île 
M.  Louis  Kœhler.  Il  entra  ensuite  au  Conserva- 
toire de  Stem,  à  Berlin,  et  termina  son  éduca- 
tion dans  cet  étahhs  ement,  où  il  eut  pour  pro- 
fesseurs MM.  Hans  de  Bùlow  et  Ulrich.  A  l'âge  de 
23  ans  il  acceptait  à  Winlerthur  la  place  d'<ir- 
ganisle  laissée  vacante  par  Kircher,  et  plus  tard 


passait  en  la  même  qualité  à  Zurich.  Tout  en 
remplissant  ces  fonctions  et  en  consacrant  la 
plus  grande  partie  de  son  temps  à  l'enseigne- 
ment du  piano,  Hermann  Gœtz  se  livrait  avec 
ardeur  à  de  sérieux  travaux  de  composition, 
pour  laquelle  il  semblait  doué  de  facultés  parti- 
culières. 11  se  fit  connaître  d'abord  par  plusieurs 
productions  instrumentales  distinguées ,  puis 
écrivit  un  opéra,  la  Sauvage  apprivoisée,  qu'il 
réussit ,  non  sans  peine ,  à  faire  représenter  sur 
le  théâtre  de  Mannheim,  le  11  octobre  1874.  Cet 
ouvrage  fut  accueilli  avec  une  faveur  telle  que, 
peu  de  mois  après,  il  était  reproduit  sur  le 
théâtre  impérial  de  Vienne,  et  de  là  rayonnait 
sur  la  plupart  des  grandes  scènes  allemandes, 
reçu  paitout  avec  une  sorte  d'enlhous'asme. 
Bientôt  le  Jeune  compositeur  faisait  paraître  une 
symphonie  en  fa  majeur,  qui,  exécutée  dans 
tous  les  conceris,  n'obtenait  pas  moins  de  suc- 
cès. La  fortune  enfin  semblait  s'attacher  à  lui 
lorsqu'une  mort  prématurée,  due  à  l'excès  du 
travail ,  vint  l'enlever  à  une  carrière  qui  promet- 
tait de  devenir  brillante.  Hermann  Gcelz  mou- 
rut à  Hotliugen  ,  près  de  Zurich,  le  3  décembre 
1870,  au  moment  où  il  allait  accomplir  sa  trente- 
sixième  année. 

Parmi  les  œuvres  de  Hermann  Gœtz,  il  faut 
signaler  surtout  les  suivantes  :  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  1  ;  3  pièces  pour  piano 
et  violon,  op.  2;  Quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle,  op.  6;  2  Pièces  pour  piano, 
op.  7;  ISenie,  suite  d'orchestre  avec  chœurs, 
op.  12;  Tal'leaux  de  genre  {Genrebildei),poar 
piano,  op.  13  ;  Symphonie  en  fa  majeur;  3  Lie- 
der  avec  accompagnement  de  piano.  Le  jeune 
artiste  a  laissé,  presque  achevé,  un  second  opéra, 
Françoise  de  Ri  m  mi ,  dont  on  a  annoncé  la 
prochaine  représentation  sur  un  tlit-âtre  alle- 
maml;  les  deux  premiers  actes  de  cet  Oùvrage 
étaient  complètement  prêts,  et  l'on  a  retrouvé 
des  esquisses  très-importantes  pour  le  troisième 
qui  sera,  dit  on,  tenrnnépar  M.  Johannès  Brahms 
et  M.  Franck,  cnpetlmeisler  du  théâtre  de  Mann- 
iieim,  sur  la  demande  faite  à  ce  sujet  par  Gœtz 
lui-même  dans  son  testament. 

GOE3ZE   (F ),    violoniste,    élève    de 

Spohr,  est  né  le  10  mai  1814  à  Neustadt.  Fixé 
depuis  longtemps  comme  professeur  de  musique 
à  Weimar,  il  a  fait  représenter  en  I8(i6  ,  sur  le 
théâtre  de  cette  ville,  un  opéra  intitulé  les  Cor- 
saires. 

GOFFIPM  (DiEunoNNÉ),  compositeur  belge, 
direcleui'  honoraire  de  la  société  choiale  de  Ver- 
viers,  la  plus  ancienne  de  tontes  celles  qui  exis- 
tent en  Belgique,  s'est  fait  connaître  par  un  cer- 
tain nombre  de  cantates  :  le  Lever  du  Soleil, 


398 


GOFFIN  —  GOLTERMANN 


Christophe  Colomb,  les  Croisés,  le  Combat 
naval,  etc.,  et  par  uù  opéra-comique,  le  Pic 
du  Diable,  représenté  sur  le  théâtre  de  Ver- 
viers  le  1*'  janvier  1861.  On  cite  comme  portant 
un  véritable  caractère  d'originalité  une  série  de 
chants  wallons  dus  à  cet  artiste. 

GOFFUILLKR.  Deux  luthiers  de  ce  nom, 
Matteo  et  Francesco ,  probablement  frères  , 
travaillèrent  à  Venise  de  1720  à  1740.  On  a  vu 
à  Paris  quelques  violons  de  Matteo,  qui  étaient 
des  instruments  d'une  bonne  facture. 

GOLDBECK  (Robert),  pianiste,  composi- 
teur, professeur  et  écrivain  sur  la  musique,  est 
né  à  Potsdam  en  1835.  Il  fut,  à  Brunswick,  élève 
de  M.  Lilolff,  et  en  1851  vint  à  Paris,  où  il  ter- 
mina son  éducation.  En  1856  il  se  rendit  à  Lon- 
dres, où  il  se  vit  particulièrement  bien  accueilli 
parle  duc  de  Devonshire,  et  où  il  fit  représenter 
une  opérette  intitulée  le  Retour  du  Soldat. 
Après  avoir  publié  une  série  de  12  Aquarelles  pour 
le  piano,  il  partit  pour  l'Amérique  en  1857,  vi- 
sita New- York,  puis  Boston,  et  se  fixa  à  Chi- 
cago, où  il  créa  un  Conservatoire  à  la  tôle  du- 
quel il  est  encore  placé.  Il  fonda  aussi  en  cette 
ville,  en  1870,  un  journal  spécial ,  tfie  Musical 
Indépendant ,  dont  \\  est  le  directeur,  et  qui  est 
rédigé  avec  soin.  Parmi  les  compositions  de 
M.  Rol)ert  Goldbeck,  on  cite  plusieurs  sympho- 
nies et  des  concertos  de  piano. 

GOLD.MAKH  (Caul)  ,  compositeur  alle- 
mand, né  à  Wesztbely  le  18  mai  1830,  .s'est 
fait  connaître  par  la  publication  et  l'exécution 
de  plusieurs  œuvres  intéressantes,  parmi  les- 
quelles il  faut  citer  une  ouverture  de  Sa'coun- 
tala,  une  symphonie  {Làndliche  Hochzeit),  un 
scherzo  poui'  orchestre,  un  quatuor  instrumen- 
tal en  si  majeur,  un  conccrlo  de  violon,  une 
sonate  pour  piano  et  violon  (op.  25),  une 
suite  pour  les  mêmes  instruments,  une  série 
de  danses  pour  le  piano  à  i  mains,  etc.,  etc. 
En  dernier  lieu,  M.  Goldmark  a  attiré  l'alten. 
lion  sur  lui  en  faisant  représenter  à  Vienne ,  en 
1874,  un  grand  opéra,  la  Reine  de  Saba,  dont  le 
succès  paraît  avoir  été  sincère  et  retentissant,  et 
qui  a  été  reproduit  avec  boidieur  sur  d'autres 
scènes  allemandes.  M.  Golilmark,  qui  est  un 
artiste  bien  doué,  et  sur  lequel  ses  compatriotes 
paraissent  fonder  de  grandes  et  lésitimes  espé- 
rances, a  écrit  depuis  un  second  ouvrage  drama- 
tique,/e.î  Argonautes ,  qui  n'a  pas  encore  été 
produit  devant  le  public. 

GOLIXELLI  (Stefano),  pianiste  et  compo- 
siteur distingué,  professeur  au  Lycée  musical  de 
Bologno,  est  né  en  cette  ville  le  26  octobre  1818, 
et  s'est  fait  en  Italie  une  très-grande  réputation, 
non -seulement  pour  son  talent  remarquable  de 


virtuose,  mais  encore  par  les  rares  facultés  dont 
il  fait  preuve  dans  les  compositions  qu'il  consacre 
à  son  instrument.  Les  œuvres  publiées  jusqu'à 
ce  jour  par  M.  Golinelli  sont  au  nombre  de 
deux-cents 'environ,  et  se  distinguent,  dit-on, 
autant  par  l'élégance  et  la  grâce  de  la  forme 
que  par  l'élévation  du  style  et  de  la  pensée.  Ce 
qui  peut  donner  une  idée  de  la  valeur  de  cet  ar- 
tiste, c'est  qu'avec  l'exagération  habituelle  en 
son  pays,  quelques-uns  de  ses  compatriotes  ont 
été  jusqu'à  l'appeler  le  Bach  de  l'Italie.  Parmi 
les  compositions  de  M.  Golinelli,  on  remarque 
les  suivantes  :  5  sonates,  op.  30,  53,  54,  70, 140  ; 
3  toccates,  op.  38,  48,  186;  2  fantaisies  roman- 
tiques, op.  58,  76  ;  Album,  dédié  à  Mercadante, 
op.  11;  Esquisses  pianistiques,  op.  120;  Vitlo- 
ria!  Mttoria!  marche  triomphale,  op.  141; 
Due  Canti  patetici,  op.  142  ;  Pensieri,  op.  155; 
Fantasia  lirica,  op.  163;  Italia,  marche,  op. 
191;  Dolori  ed  AWgrezze  (20  morceaux,  en 
deux  livres);  12  Études,  op.  15;  24  Préludes, 
op.  23;  24  préludes, op.  69; Deux  Études  de  con- 
cert, op.  47  ;  Ai  giovani  Pianisti,  24  préludes, 
adoptés  par  le  Lycée  musical  de  Bologne,  op. 
177;  le  Viole  mammole,  préludes  et  mélodies, 
op.  39;  etc.,  etc. 

*  GOLLMICK  (Chaules),  compositeur  et 
musicographe  allemand,  est  mort  à  Francfort- 
sur-le-Mein  le  3  octobre  1866.  On  doit  à  cet 
écrivain,  outre  les  deux  ouvrages  mentionnés 
par  la  biographie  universelle  des  Musiciens, 
un  Dictionnaire  portatif  de  musique  (Hand- 
lexicon  der  JohAu/isO,  Offenbach,  André,  1857, 
in-S",  une  Notice  nécrologique  sur  Gûhr,  Franc- 
fort, 1849,  in-S",  et  quelques  opuscules  moins 
importants. 

GOL\ICK  (Adolphe),  compositeur  contem- 
porain, a  fait  représenter  à  Londres,  dans  la 
.salle  St-Georges,  au  mois  de  juin  ou  juillet  1877, 
un  opéi  d  intitulé  les  Héritiers  de  Lynn. 

GOLTERMAXN  (Lolis-Julils),  violon- 
celliste distingué  et  compositeur,  naquit  à  Ham- 
bourg en  1825.  Il  fit  d'excellentes  études,  devint 
im  virtuose  remarquable,  et  se  fit  sous  ce  rap- 
port une  grande  réputation,  qui  lui  valut  d'être 
nommé  professeur  au  Conservatoire  de  Prague, 
où  il  demeura  pendant  plusieurs  années.  La  no- 
toriété que  Goltermann  s'était  acquise  comme 
violoncelliste  s'augmenta  par  la  publication  des 
compositions  nombreuses  qu'il  publiait  pour  son 
instrument,  compositions  qui  obtinrent  un  réel 
.succès.  Bientôt  il  était  appelé  à  Stuttgard(1861), 
où  une  brillante  position  lui  était  offerte,  et  où  il 
devint  virtuose  de  la  chambre  royale,  et  con- 
cevtmeister  de  la  cour  de  Wurtemberg.  C'est 
en  cette  ville  qu'il  est  mort,  le  5  avril    1876, 


GOLTERMANN  —  GOMEZ 


39  y 


dans  toute  la  force  de  l'âge  et  du  talent,  étant 
à  peine  âgé  de  cinquante  et  un  ans. 

*  GOLTERMAXM  (Éoouard-Georges), 
violoncelliste  et  compositeur,  est  né  à  Hanovre 
non  en  1832,  mais  vers  1825.  Les  oeuvres  pu- 
bliées de  cet  artiste  s'élèvent  aujoiird  liui  au 
nombre dequatre-vingts  environ,  parmi  lesquelles 
on  distingue  un  concerto  de  violoncelle  avec 
orchestre,  op. 14,  un  T  concerto  pour  le  même 
instrument,  op.  30,  3  morceaux  caractéristiques 
pour  le  même  insirumont,  op.  41,  4  morceaux 
caractéristiques,  id.,  48,  danses  allemandes,  id., 
op.  42  et  47,  une  marche  héroïque  pour  piano  à 
4  mains,  violon  et  harmonium,  op.  73,  une  sym- 
phonie pour  orchestre,  op.  20,  et  un  grand  nom- 
bre de  lieder. 

GOMEZ  (EuGEMo),  organiste  et  compositeur 
espagnol,  est  né  à  Alcanices  en  1802.  D'abord 
enfant  de  chœur  à  la  cntiiédrale  de  Zamora,  il 
étuilia  l'orgue  et  l'harmonie  sous  la  direction  de 
Luis  Blasco  et  de  Manuel  Dancha,  maître  de 
chapelle  et  organiste  de  cette  église,  et  .ses  progrès 
furent  si  rapides  qu'à  l'âge  de  douze  ans,  la 
place  de  second  organiste  étant  venue  à  vaquer, 
il  l'obtint.  Plus  tard,  il  devint  organiste  à  la  ca- 
thédrale de  Séville,et,  comme  il  était  fort  habile 
pianiste,  cela  ne  l'empêcha  pas  de  se  produire 
avec  beaucoup  de  succès  comme  virtuose.  M,  Co- 
rnez a  puldié  un  grand  nombre  de  compositions, 
bien  qu'im  nombre  presque  aussi  considérahle 
soit  encore  inédit.  Parmi  les  premières,  il  faut 
citer  un  grand  offertoire  poiu'  deux  orgues,  qui 
a  souvent  été  exécuté  à  Séville,  lors  des  grandes 
solennités  religieuses;  des  sonates  pourl'oigue; 
des  versets  pour  tous  les  tons  du  plain  chant; 
plusieurs  mélodies  vocales,  écrites  sur  des  pa- 
roles de  Méta.stase  ;  un  recueil  de  six  valses  ori- 
ginales de  salon,  pour  le  piano;  beaucoup  de 
morceaux  de  genre  pour  piano.  On  doit  aussi  à 
M.  Gomez  un  recueil  important,  Reporlorio  de 
organistas,  qui  ne  forme  pas  moins  de  trois  vo- 
lumes in  folio. 

GOMES  (PiETRo),  compositeur  dramatique, 
naquit  dans  le  royaimie  de  Naples,  et  lit  repré- 
senter en  cette  ville,  sur  le  théâtre  délia  Pare, 
les  deux  ouvrages  suivants  :  In  Taverna  de 
Mostaccio,  oiiérette  bouffe  (1740),  et  le  Fen- 
zenne  abbenforate  (1745).  Il  eut  aussi,  avec 
Cecere,  Logroscino  etTraetta,  une  part  de  colla- 
boration dans  ia  Ro.smonda,  opéra  qui  fut  joué 
en  1755,  sur  le  théâtre  Nuovo,  de  Naples. 

GO.VIEZ  (A -Carlos),  compositeur    dra- 

mati(pie,  né  à  Campinos  (Brésil),  le  11  juillet 
1839,  a  commencé  son  éducation  musicale  dans 
ce  pays,  où  il  a  fait  représenter,  je  crois,  son 
premier  opéra.    Envoyé  par  l'empereur  en  Eu- 


rope, pour  y  compléter  ses  études,  il  se  rendit 
à  Milan,  où  M.  Lauro  Rossi  était  alors  directeur 
du  Conservatoire,  et  travailla  assidûment  avec 
cet  artiste  distingué.  M.  Gomez  fit  ses  débuts  de 
compositeur  dramatique  en  celle  ville,  en  écri- 
vant la  musique  d'une  revue  de  l'année  qui  fut 
jouée  au  petit  théâtre  Fossati  au  mois  de  janvier 
1867.  Cette  revue,  dont  le  titre  en  patois  mila- 
nais était  Se  sa  mimja  {On  ne.  sait  pas .'),  fut 
bien  accueillie,  et  une  certaine  chanson,  dite  du 
fusil  à  aigtidle  (c'était  après  la  campagne  de 
Sadowa),  eut  un  succès  énorme.  M.  Gomez 
avait  conquis,  du  coup,  la  popularité.  La  sym- 
pathie des  Milanais  s'accusa  d'une  façon  plus 
vive  encore,  peut-être,  en  faveur  du  composi- 
teur, lors  de  l'apparition  àlaScala(19  mars 
1870)  de  son  Guarany,  opéra-ballet  en  4  actes, 
dans  lequel  les  belles  choses  et  les  platitudes, 
une  originalité  réelle  et  l'imitation  servile  du 
style  de  M.  Verdi  se  croisent  et  s'entremêlent 
d'une  façon  vraiment  .singulière.  La  partition  de 
Guarany  était  écrite  sur  un  sujet  américain, 
et  l'on  assure  que  toutes  les  pages  qui  se  rap- 
portent à  des  épisodes  farouches  et  sauvages 
sont  de  beaucoup  les  mieux  réussies.  D'ailleurs, 
ime  interprétation  remarquable,  à  laquelle  pre- 
naient partM"""  Marie  Sass,  MM.  Villani,  Storti 
et  Maurel,  ne  nuisit  pas  sans  doute  au  succès 
de  l'ouvrage. 

Trois  années  après,  M.  Gomez  rentrait  dans  la 
lice  en  donnant,  à  ce  même  théâtre  de  la  Scala, 
un  nouvel  opéra  sérieux  intitulé  fosca,  lequel 
était  chanté  par  le  ténor  Buiierini,  par  M"^  Ga- 
brielle'Krauss,  le  baryton  Maurel  et  la  basse 
Maini.  Ce  second  ouvrage  fit  un  fiasco  colossal  ; 
et  cependant,  malgré  l'évidente  imitation  qu'on 
y  rencontre  des  procédés  de  Meyerbeer,  de 
3IM.  Gounod  et  Verdi,  et  le  manque  d'unité  qui 
doit  en  résulter  pour  le  style  général,  les  crili- 
ques  sérieux  considèrent  la  partition  de  Fosca 
comme  la  meilleure  qu'ait  produite  jusqu'ici  le 
compositeur,  surtout  en  ce  qui  concerne  la 
forme  heureuse  et  parfois  nouvelle  des  mor- 
ceaux. Les  mêmes  critiques  trouvent  cet  ou- 
vrage infiniment  supérieur  à  Salvaior  Rosa, 
opéra  en  4  actes  que  M.  Gomez  a  donné  au 
théâtre  Carlo  Felice,  de  Gênes,  le  21  février 
1874,  et  qui,  après  avoir  obtenu  un  grand  succès 
sur  ce  théâtre,  s'est  répandu  ensuite  sur  diverses 
autres  scènes  de  l'Italie,  où  il  a  toujours  été  fort 
applaudi.  —  En  réalité,  M.  Gomez  est  un  musi- 
cien instruit,  dans  lequel  on  rencontre  parfois 
l'originalité,  mais  qui,  le  plus  souvent,  .se  traîne 
à  la  remorque  de  M.  Verdi  et  de  ses  imitateurs. 
Sur  l'invitation  de  l'empereur  du  Brésil,  son  sou- 
verain, et  sous  ce  titre  :  Il  saluto  del  Brasile. 


400 


GOMEZ  —  GOOVAERTS 


cet  artiste  a  écrit,  à  l'occasion  des  fêles  du  cen- 
tenaire de  l'indépendance  américaine  et  de 
l'Exposition  universelle  de  Piiiladelphie  (l876), 
un  grand  hymne  patriotique  qui  a  été  exécuté 
dans  le  palais  de  l'Exposition. 

GOMION  (L ),  pianiste  et  compositeur, 

était,  11  y  a  vingt-cinq  ou  trente  ans,  l'un  des 
fournisseurs  les  plus  accrédités  auprès  des  édi- 
teurs de  Paris,  pour  ces  pelits  morceaux  de  piano 
faciles  dont  les  jeunes  amateurs  des  deux  sexes 
se  montrent  si  friands.  Cet  artiste  à  publié  ainsi 
plus  de  deux-cents  morceaux  de  musique  frivole, 
qui  n'ont  pas  réussi  à  faire  sortir  son  nom  de 
l'obscuiité.  Tandis  que  certains  compositeurs  de 
ce  genre  mettent  à  contribution  les  opérai  en 
vogue  pour  en  tirer  ce  qu'on  appelle  d'ordinaire 
des  Fantaisies,  Gomion,  moins  exigeant  encore, 
s'en  prenait  aux  chansons,  aux  romances  à  succès, 
et  en  faisait  le  prétexte  de  variations,  de  ba- 
gatelles plus  ou  moins  réussies.  C'est  ainsi  (pi'il 
a  paraphrasé  ingénument  un  grand  nombre  des 
mélodies  vocales  de  M'"=  Loïsa  Puget,  de  Masini, 
de  Grisar,  de  Carulli,  de  Gabussi,  de  Planlade, 
de  Bérat  et  de  bien  d'autres  encore. 

*  GOMIS  (Joseph-Melchiou).  Il  faut  joindre 
aux  ouvrages  mentionnés  au  nom  de  ce  compo- 
siteur Rock  le  Barbu,  opéra-comique  repré- 
senté à  rOpéra-Comique  le  13  mai  1836,  deux 
mois  et  demi  avant  sa  mort.  Gomis  a  écrit  aussi 
la  musique  d'un  drame  intitulé  Aben-Humeija, 
donné  à  la  Porte  Saint-Martin  en  1830,  et  il  a 
laissé  en  mourant  la  partition,  complète,  d'un 
ouvrage  qu'il  destinait  à  l'Opéra  et  qui  avait  pour 
titre  le  Comte  Julien.  —  Gomis  était  né  à  On 
teniente,  non  en  1793,  mais  le  6  janvier  1791. 

GOMPAERTS  (Gullaime),  facteur  de 
clavecins  à  Anvers,  naquit  dans  la  première 
moitié  du  seizième  siècle,  et  fut  inscrit  dans  la 
corporation  de  Saint- Luc  en  1560.  Dans  ses 
Recherches  sur  tes  fadeurs  de  clavecins  et 
les  luthiers  d'Anvers,  M.  Léon  de  Burbure  dit 
que  Gompaerts  était  probablement  le  parent  ou 
l'allié  de  la  famille  Ruckers,  «  car,  le  30  mars 
1593,  il  fut  parrain  de  Catherine,  fdle  de  Jean 
Ruckers  le  vieux, et,  le  31  octobre  1610,  il  tint, 
avec  Elisabeth  Waelrant,  sur  les  fonts  baptismaux 
la  fille  de  Jean  Ruckers  le  jeune  et  de  Marie 
Waelrant,  portant  le  même  prénom  d'Elisabeth.  » 

GONCOUUT  (Edmond-Louis  Antoine  et 
Jcles-Alfred  HUOT  DE),  écrivains  français, 
nés  le  premier  à  Nancy  le  26  mai  1822,  le  se- 
cond à  Paris  le  17  décembre  I8:î0,  et  connus 
dans  les  lettres  sous  les  noms  A' Edmond  et  Ju- 
les de  Goncourt,  dont  ils  signaient  foutes  leurs 
publications,  se  sont  fait  connaître  par  de  très-in- 
téressants travaux  de  critique  artistique  dans  les- 


quels ils  ont  parfois,  quoique  exceptionnellement, 
touché  au  théâtre  et  accessoirement  à  la  musique. 
Parmi  leurs  écrits,  il  faut  signaler  sous  ce  rap- 
port :  1°  Sophie  Arno'  Id  d'après  sa  correspon- 
dance et  ses  Mémoires  inédits  (Paris,  Poulet- 
Malassis,  1857,  in-12),  ouvrage  dont  il  a  été  fait 
une  nouvelle  édition,  in-4'',  en  1877  ;  2°  Mystères 
des  Théâtres,  1852,  en  société  avec  M.  Cornélius 
Holff(Paris,  Librairie  nouvelle,  1853,  in-8"),  re- 
vue critique  de  tous  les  théâtres  de  P.nis; 
3°  Portraits  intimes  du  XVI 11^  siècle,  l"^*  série, 
dans  lesquels  se  trouve  un  chapitre  intéressant 
sur  la  fameuse  danseuse  Camargo  et  l'Opéra  à 
celte  époque.  —  Jules,  le  plus  jeune  des  frères 
de  Goncourt,  est  mort  il  y  a  quelques  années. 

GOMTIER  (A )  est  auteur  d'un  ouvrage 

«lidactique  ainsi  inlitulé  :  Méthode  raisonnée 
de  plainchanl.  Le  plain-chant  considéré 
dans  son  rhijthme,  sa  tonalité  et  ses  modes 
(185'.),  in-8°). 

GONZALEZ  Y  RODHIGUEZ  (José-Ma- 
I'.ia),  organiste  et  compositeur,  est  né  à  Alcala 
le  5  février  1822.  Admis  comme  enfant  de  chœur, 
à  l'âge  de  dix  ans,  dans  la  chapelle  de  San  Lsi- 
dro,  de  Madrid,  il  y  lit  |ses  études  de  solfège, 
d'orgue,  d'harmonie  et  de  composition  sous  la 
direction  du  premier  organiste  de  cette  église^ 
Roman  Jimeno.  Dès  qu'il  eut  atteint  sa  dix  hui- 
tième année,  il  commença  à  remplir  les  fonc- 
tions d'organiste,  et  en  1844  il  devint  professeur 
au  collège  des  écoles  près  de  San-Fernando, 
emploi  qu'il  occupait  encore  à  la  lin  de  1867. 
M.  Gonzalez,  qui  fait  régulièrement  partie  des 
jurés  du  concours  d'orgue  au  Conservatoire  de 
Madrid,  a  beaucoup  composé  dans  le  genre  re- 
ligieux; parmi  ses  œuvres  les  plus  importantes, 
il  faut  citer  :  4  tnes.ses  à  plusieurs  voix,  dont 
une  avec  accompagnement  d'orchestre  ;  4  motels 
avec  orchestre;  24  litanies  à  2,  3  et  4  voix, 
avec  orgue;  un  salut  à  4  voix,  avec  orchestre; 
plusieurs  offertoires  et  élévations;  deux  fugues 
pour  orgue;  plusieurs  Stabat  Mater;  un  hymne 
avec  orchestre,  des  motets  avec  orgue  ou  orches- 
tre, des  litanies  à  4  voix  et  orchestre,  etc.,  etc. 

GOORMACIITIGH  (L ),  prêtre,  pro 

fesseur  de  mnsii|ue  au  collège  de  Conrirai  (Bel- 
gique), est  l'auteur  d'un  traité  ainsi  intitulé  : 
Principes  élémentaires  du  plain-chant,  suivis 
des  règles  delà  psalmodie  et  des  formules  du 
canins  accentus,  Bruges,  1860.  Ce  manuel, 
fait  avec  soin,  est  divi.se  en  cinq  chapitres  qui 
portent  les  titres  suivants  :  \°  Des  caractères; 
2^  De  la  tonalité  ;  :i°  De  Cexéculion  ;  4°  Psal- 
modie; 5°  Cantus  accentus. 

GOOVAERTS  (Alphonse),   bibliothécaire 
adjoint  de  la  ville  d'Anveis,  né  en  cette  ville  le 


1 


GOOVAERTS  —  GORDIGIANI 


401 


25  mai  1847,  s'occupe  beaucoup  de  coniposilion 
et  de  litléialure  musicale.  En  1869,  sans  con- 
naître encore,  dit-on,  aucune  notion  d'iiarmonie, 
il  écrivit  et  fit  exécuter  une  messe  solennelle. 
Depuis  lors,  il  est  devenu  l'élève  de  M.  Pierre 
Benoît  (l'oj/M  ce  nom).  M.  Goovaerts  a  composé 
aussi  des  chœurs,  des  lieder  sur  paroles  fla- 
mandes et  un  certain  nombre  de  motets  ;  on  lui 
doit  une  réduction  pour  orgue  des  Lamenta- 
tions de  Palestrina  pour  la  semaine  sainte, 
aussi  bien  que  des  responsoria  qui  se  chantent 
d'ordinaire  entre  ces  Lamentations  et  qui  sont 
l'œuvre  d'Asola,  Croce,  Viadana,  Orliz,  Hnnd 
et  autres  gramls  artistes  du  XYI^  siècle.  Colla- 
borateur musical  de  divers  journaux  flamands 
ou  fiançais  de  Belgique,  M.  Goovaerts  a  publié 
les  opuscules  suivants  :  1°  Aotice  biographique 
et  bibliographique  sur  Pierre  Phalèse,  im- 
primeur de  musique  à  Anvers  au  XVP  siècle, 
suivie  du  catalogue  chronologique  de  ses  im- 
pressions (Bruxelles,  impr.Toint-Scohier,  1869 
in-S");  2°  Une  nouvelle  œuvre  de  Pierre  Be- 
noit, analysée  par  Pierre  Phalèse  (Anvers 
Sermon,  1871,  in-8°),  publié  aussi  en  flamand; 
3°  Levensschets  van  ridder  Léo  de  Burbure 
(Anvers,  Fontaine,  1871,  in-8").  Le  dernier  et 
le  plusimporlant  écrit  de  M.  Goovaerts  est  celui 
qui  a  pour  titm  la  Musique  d'église,  considé- 
rations sur  son  état  actuel  et  histoire  abrégée 
de  toutes  les  écoles  de  l'Europe  (Anvers,  1876, 
in  8"),  publié  aussi  en  flamand.  Cet  ouvrage  ne 
donne  pas  une  haute  idée  des  connaissances 
historiques  de  l'auteur,  qui  affirme  cavalière- 
ment que  la  France  n'a  jamais  possédé  une  école 
de  musique  religieuse,  et  qui  —  ceci  est  à  re- 
marquer —  prétend  constater  qu'elle  a  été  par- 
ticulièrement pauvre  en  ce  genre  pemlant  le 
18"=  siècle.  Or,  M.  Goovaerts  paraît  n'avoir  au- 
cune connaissance  des  œuvres  admirables  de 
Campra  et  de  Rameau,  non  plus  que  de  celles 
de  Mondonville,deMouret,  d'André  Philidor,  de 
Boismortier,  de  Lalande,  de  Dernier,  de  Gilles, 
de  Fanion,  de  Cordelet,  de  Gervais,  de  Madin, 
de  Blanchard,  de  Minoret,  etc.,  qui  tous  vi- 
vaient précisément  au  dix-huitième  siècle.  En 
réalité,  cet  ouvrage  de  M.  Goovaerts  est  écrit 
avec  une  ce' laine  élourderie,  et,  quoique  intéres- 
sant sous  divers  rapports,  ne  doit  être  consulté 
qu'avec  précautiou. 

GORDIGIAlXI  (Antoine),  père  de  Jean- 
Baptiste  et  de  Louis  Gordigiani,  fut  un  ténor 
renommé  en  Italie,  et  fit  partie,  sous  le  premier 
empire  français,  de  la  chapelle  de  Napoléon.  Il 
se  livrait  aussi  à  la  composition,  écrivit  la  mu- 
sique de  quelques  cantates  dramatiques,  et  sur 
la  fin  de  sa  vie  fut  directeur  de  spectacle  à  Flo- 

BIOGR.    UNIV.    DES   MUSICIENS.    —     SUPPL.    - 


rence,  où,  le  premier,  il  fit  représenter  les 
grandes  œuvres  de  Mozart  :  Don  Giovanni,  le 
Nozze  di  Figaro  et  il  Flauto  magico.  11  mourut 
eu  cette  ville  à  la  fin  de  l'année  1820. 

*  GOUDIGIAi\I  (Jean-Baptiste),  est  mort 
le  1^""  mars  1871  à  Prague,  où  il  était  fixé  de- 
puis longues  années  comme  professeur  au  Con- 
servatoire, et  où  il  avait  épousé  la  baronne  Cres- 
cenzia  Imsiand.  Il  laissa  inédit  un  opéra  bouffe 
intitulé  Piccolino.  Gordiginni  était  né,  non  à 
Modène,  vers  1800,  comme  il  a  été  dit  par  er- 
reur, mais  à  Mantoue  en  1795. 

*  GORDIGIAIVI  (Louis).  La  biographie  de 
cet  artiste  original  et  distingué  ayant  été  l'objet 
d'erreurs  assez  nombreuses,  nous  allons  la  rec- 
tifier ici  et  la  compléter  dans  ses  points  essen- 
tiels, d'après  une  notice  publiée  récemment  en 
Italie  (1). 

Luigi  Gordigiani  naquit  à  Modène  le  21  juin 
1806,  et  montra  de  bonne  heure  un  goût  pro- 
noncé pour  la  musique.  Tout  enfant,  son  père 
lui  faisait  chanter,  sur  les  théâtres  auxquels  il  ap- 
partenait, des  cantates  qui  lui  valaient  beaucoup 
de  succès.  Le  jeune  Luigi  voyageant  continuel- 
lement avec  sa  famille,  étudia  successivement  le 
piano  à  Brescia  avec  Gava,  à  Rome  avec  Sirletti, 
à  Pise  avec  Benveniiti,  puis  il  travailla  l'accom- 
pagnement avec  Pietro  Romani,  et  la  composition 
avec  Disma  Ugolini.  Il  était  à  peine  âgé  de 
treize  années  lorsqu'il  écrivit  une  cantate,  il 
Ratto  d'Etruria,  qu'il  dédia  à  l'empereur 
d'Autriche.  Trois  ans  plus  tard,  il  en  écrivit 
une  seconde,  Comala,k  quatre  voix,  chœur  et 
orchestre,  puis  une  troisième,  Aci  e  Galatea. 
Ayant  perdu  son  père  en  1820,  Luigi,  quoique 
bien  jeune  encore,  dut  songer  à  gagner  sa  vie  ; 
il  se  mit  à  composer  de  nombreuses  pièces  de 
piano,  mais  étant  naturellement  inconnu,  il  ne 
trouvait  aucun  éditeur  pour  les  publier;  il  s'en 
rencontra  un,  cependant,  qui  consentit  à  s'en 
charger,  à  la  condition  que  le  nom  de  l'auteur 
serait  remplacé  par  des  noms  allemands  de  fan- 
taisie. C'est  ainsi  que  les  premiers  morceaux  de 
Gordigiani  obtinrent  un  grand  succès  sous  les 
pseudonymes  de  Zeuner  et  de  Furstemberger. 

Ce  fut  alors  qu'il  fit  la  connaissance  du  comte 
Nicolas  Demidoff,  qui  se  constitua  son  protec- 
teur, et  qui  facilita  ses  premiers  pas.  Gordi- 
giani écrivit  bientôt  un  opéra  bouffe,  le  Rendez- 
vous,  qui  fut  heureusement  accueilli  au  Ihéàtie 
Cocomero.  Encouragé  par  cet  essai,  il  produisit 

(t) /■.«iV/s  6o)"dipia»i  (Florence,  Guidi,  1873,  in-18  de  19 
pp.).  Ce  petit  écrit  anonyme,  publié  d'abord  en  1853  d3ns 
la  Gazzelta  mmicale  de  Florence,  reproduit  ensuite  dans 
V  -Irmonia  et  d.ins  le  Boccherini,  parut  enfin,  en  isTS, 
sous  la  forme  d'une  [ctite  brocliure. 
T.  r.  2H 


402 


GORDIGIANI  —  GOSS 


deux  autres  partilions,  Velleda  et  RosmunJc, 
mais  celles-ci  ne  virent  jamais  le  jour.  En  1où5, 
il  donna  à  la  Pergola,  de  Florence,  un  toi'sl 
qui  n'eut  aucun  succès,  et  en  1840  il  fit  r*  pré 
senter  sur  un  théâtre  particulier  de  celtî  ville, 
le  théâtre  Standish,  un  o|iéra  intitulé  Filipfio, 
dont  le  prince  Joseph  Poniatowski  lui  avait 
fourni  le  livret,  et  dont  les  principaux  rôles  fu- 
rent chantés  par  le  prince  lui-même,  par  le 
prince  Charles  et  la  princesse  Poniatowska.  En 
.1841  et  1843  il  donne  an  tluâlre  Léopold,  tou- 
jours à  Florence,  gli  Aragonesi  in  Napoli  et  i 
Ciarlalani,  en  1846  il  fait  exécuter  dans  l'église 
de  San  Giovannino  un  oratorio,  Eslher,  et  si- 
multanément écrit  un  ballet,  Ondina,  qui  lui 
avait  été  demandé  pour  le  théâtre  de  Saint-Pé- 
iersbourg,  et  une  cantate  restée  inédite,  la  Gor- 
digianiana.  Enfin,  en  1847,  il  fait  jouer  au 
théâtre  Cocomero  una  Vendetta  corsa,  en 
1849,  il  produit  avec  un  grand  succès  l^Avven- 
turiero  à  Livourne,  et  il  écrit  deux  autres 
opéras  :  l'Assedio  di  Firenze  et  Carmela,  qui 
n'ont  jamais  été  représentés. 

Mais  ce  n'est  point  à  ses  opéras  que  Gordi- 
giani  doit  la  grande  renommée  qu'il  s'est  faite  ; 
c'est  à  ses  canzonelle,  à  ses  canti  popotari, 
à  toutes  ses  mélodies  si  charmantes,  d'un  tour 
si  mélancolique,  d'un  parfum  si  suave  et  si  pé- 
nétrant, édites  pour  la  plupart  soit  sur  de  vieux 
chants  populaires,  soit  sur  des  paroles  tracées 
par  lui-môme.  C'est  là  ce  qui  lui  a  mérité  le 
surnom  de  Schubert  de  l'Italie,  et  ce  qui  lui  a 
valu  les  éloges  sincères  de  tant  de  musiciens, 
entre  autres  de  Rossini,  de  Meyerbeer  et  d'A- 
'lolplie  Adam,  qui  le  tenaient  en  très-grande  es- 
ime.  Le  nombre  de  ses  compositions  en  ce 
»enre  s'élève  à  près  de  trois-cents,  et  elles  ont 
ité,  on  peut  le  dire,  traduites  dans  foutes  les 
langues  (1).  Luigi  Gordigiani,  qui  était  d'un  ca- 
ractère Don-senlement  mélancolique,  mais  étrange 
et  fantasque,  est  mort  à  Florence  le  1"  mai  1860. 
Outre  l'écrit  que  j'ai  mentionné  ci-dessus,  on  a 
encore  publié  sur  cet  artiste  l'opuscule  suivant  : 
L.  Gordigiani,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  Gus- 
tave Langlade,  Florence,  1863. 

GORDON  (Antomo),  compositeur  espagnol 
contemporain,  a  fait  représenter  sur  l'un  des 
théâtres  de  Barcelone,  le  11  octobre  1866,  une 

(l)  Voici  les  tilrcs  dps  principaux  albums  de  Luigi  Gordi- 
giani :  Mélodie  sacre  (10  cliants  religieux);  Mosaico- 
Etrusco  (lO  mélodipsi  ;  In  rua  alV  Arm  (10);  Le  Pen- 
sionnat {\ù;  l.e  Belle  Toscane  [k)  ;  -Jlbum/antasiico  7); 
Ispirazioni  Fiorentine  (8)  ;  Riinembranze  di  Lnndra 
(10);  Rimenbrume  di  Paritii  (8);  (inqiie  Pezii;  In 
Cimà  al  Monte  1.6)  ;  Sotto  gli  Albert  (7)  ;  Iris  h'Iorentinii 
(10);  Le  Farfalle  di  Firenze  ClO);  San-  Uonato  (10); 
Album  (6) ,  etc. 


zarzuela  en  deux  actes  intitulée  :  Si  us  plaça 
per  for  sa. 

GOKRITI  (Felipe),  compositeur  et  orga- 
niste espagnol  contemporain,  a  publié  plusieurs 
sonates  pour  l'orgue,  des  élévations  pour  le 
même  instrument,  et  un  recueil  complet  de  ver- 
sets pour  les  vêpres  sur  les  huit  tons  du  plain- 
cliant. 

GOSCIILER  (L'abbé  J ),  chanoine  ho- 
noraire, ancien  directeur  du  collège  Staiii>laSf 
e\-aumônier  de  l'armée  d'Orient  en  1853-54,  né 
dans  les  premières  années  de  ce  siècle,  mourut 
à  Paris  au  mois  de  juillet  1866.  On  lui  doit  la 
traduction  françai.^e  d'une  partie  de  la  corres- 
ponilaiice  de  Mozart,  publiée  sous  ce  litre  :  Mo- 
zart, vie  d'un  artiste  chrétien  au  XVII l'  siè- 
cle (Paris,  Douniol,  1857,  in-12).  Cette  traduc- 
tion n'est  point  d'une  fidélité  absolument  scru- 
puleuse, et  l'écrivain  a  souvent  forcé  la  note 
pour  jiistilier  la  qualification  d'«  artiste  chrétien  « 
qu'il  lui  plaît  de  donner  à  Mozart,  et  ([ue  celui- 
ci,  (lui  ne  semble  s'en  être  jamais  soucié,  n'a 
guère  plus  méritée  que  tant  d'autres.  L'abbé 
Goschler  a  encore  publié  une  brochure  intitulée  : 
Mozart,  d'après  de  nouveaux  documents  (Pa- 
ris, Douniol,  iu-8°,  1866).  Il  préparait  des  tra- 
vaux critiques  et  biographiques  sur  Beethoven 
lorsqu'il  fut  surpris  par  la  mort. 

*  GOSS  (Sir  John),  organi^te  de  l'église  Saint- 
Paul,  à  Londres,  est  né  non  vers  1810,  mais  en 
1800,  à  Farthain  (Hants),  oii  son  père  était  lui- 
même  organiste.  En  1811  il  entrait  à  la  clia- 
pelle  royale  de  Saint  James,  sous  la  direction  de 
John  Slafford  Smith,  et  devenait  ensuite  élève 
de  Thomas  Altwood.  Quelques  années  après  il 
entrait  comme  organiste  à  l'église  Saint-Luc 
(Chelsea),  remplaçait  en  la  même  qualité  son 
maître  AtLwood  à  l'église  Saint-Paul  en  1838,  et 
en  1856,  à  la  mort  de  William  Knyvett,  se  voyait 
nommer  compositeur  de  la  chapelle  royale. 

Outre  les  publications  théoriques  mentionnées 
dans  la  Biograpliie  universelle  des  Musiciens, 
on  doit  à  sir  John  Goss  un  certain  nombre  de 
compositions  :  une  ouverture  pour  orchestre,  en  fa 
mineur;  une  autre  en  mi  bémol;  plusieurs 
chants  funèbres,  entre  autres  celui  composé 
pour  les  funérailles  du  duc  de  Wellington 
en  1852;  l'antienne  Fraise  the  Lord,  0  my 
soûl!  (Loue  le  Seigneur,  ô  mon  âme!),  écrite 
pour  le  bicentenaire  des  Enfants  du  Clergé;  un 
Te  Deum,  et  une  autre  antienne  :  the  Lord  is 
my  sirenglli  (le  Seigneur  est  ma  force),  exécutés 
le  27  février  1872,  à  l'église  Saint-Paul,  dans  un 
service  d'actions  de  grâces  célébré  à  l'occasion 
du  rétablissement  du  prince  de  Galles,  qui  re- 
levait d'une  dangereuse  maladie.  C'est  à  ce  sujet 


GOSS  —  GOTTSCHALK 


403 


que  M.  Goss  fut  créé  chevalier  par  la  reine  Vic- 
toria. Son  âge  avancé  lui  fit  donner  sa  démis- 
sion d'organiste  de  Saint-Paul  vers  la  fin  de  la 
môme  aimée. 

*  GOSSEC  (François-Joseph).  Dans  une  no- 
tice intéiessante  consacrée  à  ce  musicien  remar- 
quable et  publiée  dans  le  journal  la  Fédération 
artistique,  de  Bruxelles,  du  26  novembre  1875, 
M.  Eilouard  Gregoir(T'o(/e5  ce  nom)  a  reproduit 
son  acle  de  baptême.  Il  résulte  de  ce  docu- 
ment que  le  vrai  nom  de  Gossec  était  Gossé, 
particularité  que  les  biographes  les  mieux  infor- 
més avaient  ignorée  jusqu'à  ce  jour.  Le  nom  de 
Gossec  appartenant  à  l'histoire  de  l'art,  je  ne 
crois  pas  devoir  le  modifier  ici,  mais  il  n'en  est 
pas  moins  utile  de  faire  connaître  sa  forme  vé- 
ritable. 

A  la  liste  des  ouvrages  de  ce  grand  artiste,  il 
faut  ajouter  l'Arche  d'alliance,  oratorio  exécuté 
au  Concert  spirituel ,  et  Rosine  ou  l'Épouse 
abandonnée,  opéra-comique  en  3  actes,  repré- 
senté à  la  Comédie-Italienne  le  14  juillet  1786. De 
plus,  Gossec  a  écrit  les  chœurs  d'une  tragédie  de 
Rochefort,  Electre,  qui  fut  jouée  à  la  cour,  sans 
aucim  succès,  au  mois  de  janvier  1783,  et  qui  ne 
tut  jamais  représentée  à  Paris.  Grimm  men- 
tionne ce  fait,  resté  ignoré,  dans  sa  correspon- 
dance. Enfin,  on  a  récemment  retrouvé  la  trace 
de  deux  autres  ouvrages  de  Gossec,  restés  in- 
connus jusqu'ici  ;  le  Périgourdin,  opéra-comi- 
que en  un  acte  composé  par  lui  pour  le  prince 
de  Conli  et  joué  seulement  chez  ce  personnage, 
et  Berthe,  opéra-comique  en  3  actes,  écrit  en 
société  avec  Philidor  et  Botson,  et  représenté  à 
Bruxelles  le  18  janvier  1775.  M.  Charles  Piot, 
membre  correspondant  de  l'Académie  de  Belgi- 
que, qui  a  découvert  ce  double  fait,  grâce  à  quel- 
ques lettres  de  Gossec  et  de  Philidor  dont  il  a 
eu  connaissance,  en  a  fait  l'objet  d'une  lecture 
intéressante  dans  une  des  séances  de  cette  com- 
pagnie (1). 

Le  9  septembre  1877,  le  buste  de  Gossec  a  été 
inauguré  sur  la  place  principale  du  village  de 
Vergnies,  son  pays  natal. 

GOSSELIN  ( ),  luthier  amateur  qui  vi- 
vait à  Paris  au  commencement  de  ce  siècle,  a 

(1)  Le  travail  de  M.  Piot  a  été  inséré  sous  ce  titre  :  Par- 
ticularités médites  concernant  les  œuvres  tnusicales  de 
Goisec  et  de  Philidor,  dans  les  Bulletins  de  l' Académie 
royale  de  Belgique  (Ime  série,  tome  XL,  n°  ii.noveoibre 
1875).  Il  en  a  elé  fuit  un  tirage  à  part,  qui  fornje  une  bro- 
chure (le  32  pages  (s.  1.  n.  d.,  in-S"!.— Le  livret  de  Berthe, 
qui  était  de  Pleinchesne,  a  été  imprimé  à  Bruxelles  en 
1774,  et  indique  seulenient  ehililor  et  Gossec  comme  :iu- 
teurs  de  la  musique  «le  cet  ouvr.ige;  mais  la  correspon- 
dance raise  au  jiur  par  M.  Piot  ne  laisse  aucun  doute  sur 
a  part  importante  qu';  prit  Botson. 


produit  un  certain  nombre  de  violons,  d'altos  et 
de  violoncelles  qui  ne  sont  point  sans  qualités. 
Intimement  lié  avec  Koliker,  luthier  qui  s'était 
fait  une  réputation  méritée  comme  réparateur 
d'instruments,  il  en  reçut  des  avis  et  des  conseils 
qui  furent  loin  de  lui  être  inutiles.  Gosselin  tra- 
vailla surtout  de  1815  environ  à  1830.  H  mar- 
quait ainsi  ses  instruments  ;  Fait  par  Gosselin, 
amateur.  Les  deux  demoiselles  Gosselin,  qui  fu- 
rent danseuses  à  l'Opéra  sous  la  Restauration  et 
dont  l'une  était  encore  attachée  à  ce  théâlre  en 
1830,  étaient  ses  tilles. 

*  GOTTSCHALK(Locis-MoREAu),  pianiste 
et  compositeur  original,  naquit  à  la  Nouvelle-Or- 
léans le  2  mai  1829,  d'un  père  anglais,  docteur 
es  sciences  de  l'Uni vei  site  de  Cambridge,  et 
d'une  mère  française,  fille  du  comte  Antoine  de 
Brusié,  colonel  de  cavalerie  sous  Louis  XV  et 
gouverneur  de  Saint-Domingue  lors  de  l'in- 
surrection de  celte  colonie.  Sa  famille  était  ri- 
che, et  le  jeune  Gollschaik  se  livra  fort  jeune, 
pour  son  plaisir,  à  1  étude  du  piano.  Il  avait  à 
peine  douze  ans,  et  s'était  déjà  fait  remarquer 
par  son  talent  d'exécutant,  lorsqu'on  l'envoya  en 
France,  sur  sa  demande,  pour  se  perfectionner. 
A  Paris,  il  eut  d'abord  pour  maître  Charles 
Halle,  puis  Camille  Slamaty,  et  étudia  ensuite  la 
composition  avec  M.  Maleden.  Son  intelligence 
était  Irès-vive,  sa  facilité  prodigieuse,  et  la  mu- 
sique ne  faisait  point  tort  à  ses  autres  études;  on 
assure  qu'à  dix-sept  ans  il  parlait  avec  une  ai- 
sance égale  le  français,  l'anglais,  l'espagnol  et  l'i- 
talien. 

Cependant,  et  tandis  qu'il  était  en  Europe,  des 
revers  de  fortune  ayant  compromis  la  situation 
des  siens,  il  songea  à  tirer  parti  du  talent  qu'il 
avait  acquis  et  à  embrasser  résolument  la  car- 
rière artistique.  Jusque-là  il  ne  s'était  fait  en- 
tendre que  dans  les  salons  ;  il  commence  alors  à 
donner  des  concerts,  et  produit  autant  d'impres- 
sion comme  compositeur  que  comme  virtuose. 
Bientôt  il  quitte  Paris  et  va  faire  un  voyage  ar- 
tistique dans  les  départements,  puis  en  Savoie, 
en  Suisse,  et  enfin,  vers  1852,  en  Espagne,  où  il 
obtient  des  succès  éclatants.  A  cette  première 
partie  de  sa  carrière  appartiennent  les  composi- 
tions intitulées  le  Siège  de  Saragosse,  la  Chaise 
du  jeune  Henri,  le  God  save  the  Queen;  quel- 
ques années  auparavant,  il  avait  publié  la  Bam- 
boula, le  Bananier  (qui  est  devenu  célèbre,  on 
peut  le  dire,  dans  les  deux  mondes),  la  Danse 
ossianique,  la  Savane,  la  Moissonneuse,  mor- 
ceaux écrits  en  1845,  alors  qu'il  avait  à  peine 
seize  ;ms. 

En  1853  ou  1854,  Gottschalk,  rappelé  par  son 
père,  retourna  /  !a  Nouvelle-Orléans,  et  bientôt 


404 


GOTTSCHALK  —  GOUFFÈ 


entreprit,  à  travers  l'Amérique,  un  voyage  triom- 
plial,  se  faisant  entendre  successivement  à  New- 
York,  à  la  Havane,  à  Santiago  de  Cuba,  à  Porto- 
Rico,  à  la  Guaileloupe,  à  la  Martinique,  etc.  C'est 
à  la  Havane  qu'il  donna  un  grand  festival  auquel 
prirent  part,  dil-on,  800  musiciens,  qui,  sons  sa 
direction,  exécutèrent  plusieurs  de  ses  œuvres 
importantes,  une  symphonie  intitulée  la  Nuit  des 
Tropiques,  une  cantate  triomphale,  une  ouver- 
ture, et  des  fragments  d'un  opéra  inédit.  Peu  de 
temps  après,  Gottschalk  était  engagé  par  un  de 
CCS  spéculateurs  musicaux  comme  on  n'en  trouve 
qu'en  Amérique,  M.  Max  SIrakosch,  qui  lui  fai- 
sait faire  une  immense  tournée  dans  les  états  de 
l'Union  américaine.  Le  reste  de  l'existence  de 
Gottschalk  se  résume  dans  ses  fructueux  voya- 
ges et  dans  les  titres  de  ses  œuvres.  Cet  artiste 
vraiment  distingué  est  mort  à  Rio  de  Janeiro,  le 
18  décembre  1869. 

Gottschalk  était  un  artiste  d'une  nalureétrange, 
d'une  imagination  poétique,  rêveuse  et  mélanco- 
lique. Chez  lui,  le  compositeur,  comme  le  vir- 
tuose, était  absolument  original.  Fortement  im- 
pressionné, dès  son  plus  jeune  âge,  par  les 
beautés  grandioses  et  souvent  sauvages  de  la  na- 
ture des  tropiques,  ému  par  l'incomparable 
spectacle  qu'il  avait  sans  cesse  sous  les  jeux,  il 
sut  en  quelque  sorte  faire  passer  dans  sa  musi- 
que les  sentiments  qui  agitaient  son  âme  à  la  vue 
de  tant  de  merveilles,  et  lui  donner  une  cou- 
leur, une  saveur  et  une  originalité  toutes  person- 
nelles. Ses  innombrables  compositions  se  font  en 
effet  remarquer  par  des  accents  nouveaux,  des 
chants  singuliers,  des  combinaisons  rhythmiques 
inhabituelles,  et  l'ensemble  de  ces  qualités  pro- 
duit souvent  un  effet  saisissant,  un  charme  indé- 
finissable. Gottschalk  est  un  de  ces  artistes  ori- 
ginaux, qui  ne  peuvent  être  imités,  qui  ne  sau- 
raient faire  école,  et  dont,  il  faut  bien  le  dire, 
la  tradition  se  perd  facilement  lorsqu'ils  dispa- 
raissent, parce  qu'après  tout  leur  procédé  n'est 
pas  naturel  et  qu'ils  emportent  avec  eux  leur  se- 
cret. Je  ne  saurais  citer  ici  les  titres  de  toutes 
les  œuvres  de  Gottschalk;  en  voici  seulement 
quelques-uns  :  les  Murmures  coliens,  Prin- 
temps  d'amour ,  la  Dunza,  le  Banjo,  the  Last 
Bope,  Polonia,  Valse  poétique,  le  Chant  du 
soldat,  la  Marche  de  Nuit,  la  Jota  Arago- 
nesa,  Souvenirs  d'Andalousie,  Jérusalem,  la 
Bamboula,  le  Bananier,  Colombia,  Man- 
chega,  la  Savane,  3finuit  à  Séville,  la  Gita- 
nilla,  la  Moisson» euse,  les  Yeux  créoles,  la 
Chule  des  feuilles,  la  Danse  cssianique , 
Pasiorellae  Cavalière,  Fantôme  de  bonheur, 
etc.,  etc. 

Sous  ce  titre  :  Souvenirs  devoyage  d'un  pia- 


niste, Gottschalck  a  publié  en  1863,  dans  le 
journal  l'Art  musical,  une  série  d'articles  qui 
ne  manquent  pas  d'intérêt. 

GOTTWALD  (Henri),  compositeur  alle- 
mand et  écrivain  musical  fort  distingué,  naquit 
le  24  octobre  182t  à  Reichenbach,  en  Silésie. 
Fils  d'un  organiste,  Franz  Gotlwald,  il  reçut  de 
lui  son  éducation  musicale,  et  à  l'âge  de  douze 
ans  était  déjà  assez  habile  pour  pouvoir  slipidéer 
parfois  son  père  à  l'église.  En  1839,  il  était 
placé  à  l'école  du  séminaire  de  Breslau,  qu'il 
quitta  bientôt  pour  entrer  au  Conservatoire  de 
cette  ville  et  se  vouer  définitivement  à  la  mu- 
sique. Il  resta  au  Conservatoire  jusqu'en  1843, 
y  étudiant  le  violon  avec  Pixis,  et  y  travaillant 
aussi  le  cor,  qui  devint  son  instrument  <le  pré- 
dilection. En  1844,  il  devenait  chef  de  musique 
à  Hohenolbe,  et  en  1846  il  entrait  comme  pre- 
mier cor  à  l'orchestre  du  théâtre  An  der  Wien, 
à  Vienne. 

De  retour  à  Hohenolbe  en  1847,  il  se  fixait 
définitivement  à  Breslau  en  1857.  Il  se  produi- 
sit en  (îette  ville  comme  virtuose  sur  le  piano, 
s'y  livra  à  l'enseignement  de  cet  instrument, 
puis  se  fit  connaître  comme  compo.«ittur  et 
comme  écrivain  sur  la  musique.  En  tant  que 
compositeur,  il  a  écrit  des  symphonies,  des  ou- 
vertures, des  messes,  des  morceaux  pour  cor 
et  piano,  mais  on  n'a  gravé  de  lui  qu'un  trio 
instrumental,  une  sonate  pour  piano,  un  lied 
.sans  paroles  pour  cor,  une  messe,  une  cantate, 
un  certain  nombre  de  lieder,  et  des  arrange- 
ments, qu'on  dit  excellents,  de  symphonies  de 
Mozart  pour  piano  et  violon. 

A  partir  de  1850,  Goltwald  soutint  vigoureu- 
sement, à  l'aide  de  sa  plume,  le  mouvement  en 
faveur  de  Wagner  et  de  Liszt,  dans  la  Neue- 
Zeitschrift  fur  Musik  (Nouvelle  Gazette  mu- 
sicale), et  l'on  peut  lire  à  ce  sujet  la  polémique 
dirigée  par  lui  contre  le  docteur  Viol,  sous  les 
titres  :  Un  Oculiste  de  Breslau,  et  la  Nouvelle 
Ecole  musicale. 

Gottwald  est  mort  à  Breslau  le  17  février 
1876.  ^  Y. 

GOUFFÉ  (AcuilleHfnry-Victor),  né  à 
Pontoisele4  septembre  1804  (I),  était  destiné  à 
la  magistrature  et  s'était  préparé  à  cette  carrière 
par  de  solides  études  ;  mais  l'amour  de  la  musi- 
que décida  autrement  de  son  existence.  Il  s'a- 
donna à  la  contrebasse,  acquit  sur  cet  insfru- 
ment  un  talent  véritable,  et  pendant  trente-cinq 
ans    fut  attaché  à  l'orchestre  de   l'Opéra   et  à 


(i)  A  la  mort  de  Gouffé  ,  on  a  donné  le  27  août  I80t 
camrae  date  de  sa  naissance.  Je  rectifie  celte  date  d'a- 
près les  registres  de  r.\ssociation  des  artistes  musicien» 


GOUFFÉ  —  GOUNOD 


405 


celui  de  la  Société  des  concerts  du  Conserva- 
toire, où  il  tenait  la  première  place.  C'est  lui  qui 
introduisit  en  France  l'usage  de  la  contrebasse  à 
quatre  cordes,  qu'il  imposa  en  quelque  sorte  à 
l'Opéra,  et  il  inventa,  avec  le  luthier  Bernardel, 
un  système  de  cordes  galvaniques  dites  à  double 
traif,  qui|sont  aujourd'hui  universellement  adop- 
tées. Gouffé  avait  organisé  chez  lui  des  séances 
de  musique  de  chambre  qui  ont  duré  pendant 
quarante  ans,  et  dans  lesquelles  il  tenait  à  hon- 
neur d'exécuter  le;>  œuvres  des  jeunes  composi- 
teurs. Lui-même  a  écrit  un  certain  nombre  de 
morceaux  pour  son  instrument^  un  concertino, 
une  sicilienne,  un  rondo,  diverses  fantaisies,  et 
aussi  quelques  morceaux  de  chant,  parmi  les- 
quels un  O  Salutaris  d'un  heureux  effet.  Enfin, 
Gouffé  a  pui)lié  une  Méthode  de  contrebasse, 
qui  est  un  des  bons  ouvrages  de  ce  genre.  Cet 
excellent  artiste  est  mort  le  31  août  1874,  lé- 
guant à  l'Association  des  artistes  musiciens,  du 
comité  de  laquelle  il  était  un  des  membres  les 
plus  laborieux,  une  somme  de  mille  francs. 

GOUGELET  (Madame),  professeur  de  cla- 
vecin à  Paris  pendant  la  seconde  moitié  du  dix- 
huilièine  siècle,  a  publiéen  1771  une  Méthode,  ou 
Abrégé  dps  rrgles  d'accompagnement  du  clave- 
cin, et  Recueil  d'airs  avec  accompagnement 
d'un  nouveau  genre,  œuvre  troisième,  Paris, 
Cousineau.  J'ignore  quelles  étaient  les  précédentes 
publications  de  cette  artiste,  qui  était  probable- 
ment la  femme  de  l'organiste  Gougelet,  sous  le 
nom  duquel  Félis  a,  par  erreur,  mentionné 
l'ouvrage  Cl  dessus  (V.  Biographie,  t.  iv). 

GOULLEY  ou  GOULE  (Jacques  Nicolas), 
professeur  de  chant  et  compositeur,  né  vers 
1774  à  Saint-Jean  du  Cardonnay,  mourut  à 
Rouen  le  30  mai  1818.  Doué  d'une  voix  char- 
mante et  de  rares  aptitudes  musicales,  il  entra, 
par  la  protection  du  marquis  d'Herbouville , 
comme  enfani  de  chœur  à  la  maîtrise  de  la  ca- 
thédrale de  Rouen,  où  il  eut  pour  condisciple 
Boieldiou,  pour  maîtres  Cordonnier  et  Brocha. 
«  A  quinze  ans,  dit  M.  l'abbé  Langlois  dans  son 
Discours  de  réception  à  l'Acailémie  de  Rouen, 
il  composa  et  fit  exécuter  une  messe  à  grand  or- 
chestre. Plus  tard  ,  il  donna  plusieurs  ouver- 
tures, un  Te  Deum,  son  beau  inolet  Incipite 
Domino,  morceaux  à  grand  orchestre,  et  une 
cantate  dédiée  à  M.Berton,  de  l'Inslitut.  I!  ex- 
cellait surtout  dans  les  romances  du  genre 
grandiose;  il  en  composa  au  moins  trente,  à 
deux  ou  trois  voix.  Une  est  devenue  très-popu- 
laire : 

Om:i  pairie  ! 

O  raon  bonheur  !  ., 

Boieldieu  promettait  les  plus  grands  succès  à 


son  ancii'n  condisciple,  s'il  eût  quitté  la  province. 
On  peut  dire  que  Goulley  tenait  le  sceptre  de  la 
musique  à  Rouen  sous  l'empire.  »  Il  fit  plusieurs 
bons  élèves,  parmi  lesquels  M.  A.  Godefroi,  qui 
fut  organiste  de  la  cathédrale  de  Rouen  et  maître 
de  musique  des  enfants  de  chœur  pendant  vingt 
ans,  de  182i  à  1844.  C'est  ce  dernier  qui  a 
fourni  à  M.  l'abbé  Langlois  les  renseignements 
qui  sont  reproduits  ici. 

*  GOUiXOD  (Charles  François),  le  plus 
grand  musicien  de  l'école  française  contempo- 
raine, est  le  petit-fils  d'un  artisan  fort  habile  qui 
avait  le  titre  de  <■  fourbisseur  du  roi  »  et  pour  ce 
fait  logeait  au  Louvre,  et  le  fils  d'un  peintre  de 
talent,  François-Louis  Gounod,  qui  fit  son  édu- 
cation artistique  dans  l'atelier  de  Lépicié  fils,  où 
il  se  lia  d'une  vive  amitié  avec  Carie  Vernet,  et 
qui  obtint  le  second  prix  de  Rome  en  1783.  Le 
père  de  M.  Gounod  épousa,  étant  déjà  âgé,  une 
jeune  femme  charmante  et  d'un  esprit  fort  distin- 
gué, et  mourut  lorsque  son  fils  était  encore  en 
bas  âge.  C'est,  dit-on,  avec  sa  mère,  excellente 
musicienne,  que  le  futur  auteur  de  Faust  et  du 
Médecin  malgré  lui  apprit  les  premiers  élé- 
ments de  l'art  qu'il  devait  illustrer  un  jour. 

Depuis  l'époque  où  son  nom  a  été  inscrit  dans  la 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  M.  Gou- 
nod, à  qui  ses  premiers  travaux  avaient  créé 
une  renommée  légitime,  a  acquis,  on  peut  le 
dire,  une  gloire  incontestée,  grâce  à  l'abondance, 
à  la  variété  et  à  la  valeur  des  œuvres  offertes 
par  lui  au  public.  Ce  n'est  pas  seulement  en 
France  que,  depuis  quinze  ans,  le  génie  de 
M.  Gounod  est  apprécié  comme  il  mérite  de 
l'être  ;  la  renommée  du  maître  rayonne  aujour- 
d'hui sur  l'Europe  entière,  et  non-seulement 
l'Allemagne  et  l'Angleterre  le  considèrent  comme 
un  des  plus  grands  artistes  de  ce  temps,  mais 
l'Italie  elle-même,  si  longtemps  rebelle  aux  ma- 
nifestations et  à  l'influence  de  l'art  français,  a 
acclamé  son  Faust  avec  un  véritable  élan  d'ad- 
miration. On  a  d'ailleurs  peu  d'exemples  d'une 
vogue  aussi  complète,  aussi  universelle  ,  aussi 
constante  que  celle  qui  a  accueilli  cet  ouvrage. 
D'une  part,  Faust,  traduit  dans  toulesles  langues, 
a  fait  fortune  jusque  sur  cette  terre  italienne, 
d'ordinaire  si  inhospitalière  pour  notre  musique, 
et  il  a  détrôné,  dès  son  apparition  en  Allema- 
gne, le  Faust  de  Spohr,  qui  avait  joui  jusque- 
là  d'une  grande  popularité,  s'imposant,  malgré 
sa  provenance  française  et  les  susceptibilités  na- 
tional :s,  à  l'admiration  de  tous;  de  l'autre,  le 
succès  de  Faust  fut  tel  chez  nous  qu'au  bout 
de  quelques  années  l'Opéra  songea  à  s'appro- 
prier et  à  faire  entrer  dans  son  répertoire  une 
œuvre  si  fortunée.  Faust  passa  donc,  dix  ans 


406 


GOUNOD 


après  sa  création,  du  répertoire  du  Théâtre  Ly- 
rique à  celui  ie  notre  première  scène  musicale, 
qui  suivait  ainsi  i'exem()le  tant  de  fois  donné  par 
la  Comédie-Française,  laquelle  s'est  fort  souvent 
emparé,  lorsque  ceux-ci  lui  en  semblaient  dignes, 
d'ouvra>jes  représentés  sur  des  scènes  secon- 
daires. L'Opéra  avait  agi  ainsi  une  première  fois 
au  sujet  de  la  traduction  de  Lucie  de  Lamer- 
moor,  donnée  d'abord  à  la  Renaissance  ;  mais  ja- 
mais pareil  fait  ne  sVlait  produit  pour  une  œuvre 
française,  et  il  appartenait  à  IM..  Gounod  d'être 
l'objet  d'un  tel  honneur  (1). 

Pour  reprendre  maintenant  le  récit  de  la  car- 
rière artistique  de  M.  Gounod  à  l'époque  où  il  a 
été  forcément  interrompu  par  l'auteur  de  la  Bio- 
grap/iie  uni  verse/le  des  Musiciens,  il  faut  tout 
d'abor.l  enregistrer  la  représpntation  delà  Bcine 
deSabn,  qui  fut  donnée  à  l'Opéra  le  29  février 
1862.  Cet  ouvrage  ne  fut  point  heureux  à  Paris, 
où  l'on  trouva  le  livret  fort  médiocre  et  la  mu- 
sique d'une  couleur  uniforme  et  manquant 
d'inspiration  ;  il  fut  cependant  accueilli  en  Alle- 
magne avec  une  sorte  d'eniliousiasme,  parlicu- 
lièrement  à  Dinnsiadt,  où, monté  avec  un  grand 
luxe  de  mise  en  scène,  il  obtint  un  éclatant 
succè>.  A  la  suile  de  cet  échec,  M.  Gounod  re- 
tourna au  Théâtre-Lyrique,  où  il  donna  Mireille 
(1864),  opéra  dialogué  en  cinq  actes  dont  le  su- 
jet était  emprunté  au  joli  romMn  de  M.  Frédéric 
Mistral.  Il  y  avait  des  ()ages  exqui-^es  dms  Mi- 
reille, notamment  le  premier  acte,  qui  formait 
un  tableau  tout  ensoleillé,  plein  de  jeunesse,  de 
grâce  et  de  poésie,  mais  l'œuvre  était  inégale, 
mal  venue  dans  son  ensemble,  et  la  partie  dra- 
matique était  loin  d'être  heureuse  ;  après  un  petit 
nombre  de  re|)résentations,  on  réduisit  la  pièce 
à  trois  actes  sans  qu'elle  réussît,  sous  cette nou- 

(1)  A  cett"  occasion,  les  auteurs  durent  supprimer  li' 
dialogue  parlé,  et  le  musicien  dut  remplacer celiii-cl^p.ir 
des  récitatifs,  qui  d'ailleurs  avaient  été  écrits  en  p.irtie 
pour  la  traduction  italienne.  D'autres  remaniements 
aussi  furent  opères  'ans  l'uuvrage.  Lorsque  Faxist  dis- 
parut ainsi  lUi  TheAtre-l.yr  que,  il  y  avait  été  représente 
plus  de  quatre-cents  fois  ;  le  rhiffre  des  représentjtions 
fu'ila  obtenues  ensuit  ■  à  l'Opéra  en  porte  le  nombre  to- 
tal à  b'MUConp  pins  de  c  nq  cents. 

Voici  nue  larticularite  inconnue  au  sujet  di'  Faust. 
Le  fameux  chœur  d  s  solil  its  :  Gloire  immortelle  de 
nos  aïeux,  qui,  mal^'ré  son  succès,  n'est  pas  un  des 
meilleurs  morceaux  de  la  partition,  n'a  pas  été  écrit 
pour  les  paroles  qu'il  porte,  ce  dont  il  est  facit-  de  s'a- 
percevoir'à  la  faç. in  doni  il  est  prosodie.  Cotait,  dans 
l'origine,  un  ctiœur  de  cosaque^  (ais;int  partie  d'un  opéra 
Intitule  Ivan  le  terrible,  dont  le  pnëme  avait  pour  au- 
teur M  Henry  Tiianon  M.  Gounod  avait  écrit  presque 
entièrement  la  partition  de  cet  opéra  lorsque,  j'ignore 
pour  quelles  r;ii5(ins,  il  crut  devoir  y  renoncer  Mais 
comme  il  trouva  que  les  morceaux  en  étaient  bons,  il  en 
utilisa  plusieurs    par  la  suite,  entre  autres  celui  dont  il 

Ici  question. 


velle  forme,  à  attirer  les  sympathies  du  public. 
yjn   petit  ouvrage  en    deux   actes,  écrit  d'abord 
pour   le  théâtre  de  Bade,  la  Colombe,  ne  fut 
guère   plus  heureux   à  l'Opéra-Comique,  où   il 
parut  en  1866.  Mais  M.  Gounod   allait  prendre 
sa   revanche    en    donnant    au  Théâtre- Lyrique 
(Il  avril  1867)  Roméo  et  Juliette,  ti  en  s'alta- 
quant  au  chef-d'œuvre  de  Shakespeare  après  que 
tant  d'artistes  illustres  l'avaient  transporté  sur 
la  scène  musicale.  Celte  fois  il  obtint  un  succès 
éclatant,  qui  retentit  par  tonte   l'Europe,  et  qui 
rappela  les  beaux  jouis  de   Faust.  Quelle  que 
soit  l'opinion  que  certains  artistes  un  peu  tiop 
timorés  aient  pu  porter  sur  ce  produit  de  son 
génie,  on  ne  peut  nier  que  la  partition  de  Roméo 
ne  soit  écrite  dans  un  style  admirable,  empreinte 
dune  couleur  pleine  de  poé.sie,  chaude  et  géné- 
reuse, et  que  les  lignes  en  soient  aussi  élégantes 
que  grandioses.  C'est  là  une  œuvre  largement 
inspirée,    d'un    caractère    chevaleresque,    pas- 
sionné,  hardi  et  contenu  tout  à  la  fois,  et  qui 
comptera  parmi  les  plus  belles  et  les  plus  nobles 
productions  de  la  musique  dramatique  du  dix- 
ncuviémesiècle.  Bien  des  gens  placent  la  pirtilion 
de  lioméo  sur  le  même  plan  que  celle  de  Faust, 
et  j'avoue  que  pour  moi  ceux-là  n'ont  pas  tout 
à  fait  tort,  en  dépit  des  objections  soulevées  par 
certains  esprits  réservés  dont  je  parlais  tout  à 
l'heure. 

Après  un  long  silence,  M.  Gounod  reparut 
à  la  scène  avec  deux  productions  d'un  ca- 
ractère particulier  ;  je  veux  parler  de  la  musi- 
que écrite  par  lui  pour  deux  diaities  en  vers, 
l'un,  les  Deux  Reines,  représenté  au  théâtre 
Ventadour  en  ls72,  l'autre,  Jeanne  d'Arc, 
donné  à  la  Gaîlé  l'année  suivante;  les  partitions 
de  ces  deux  ouvrages  consistent  en  chœurs,  in- 
termèdes syinphoniqiies,  chansons,  etc.  Au  reste, 
M.Gouno  1  a  touché  à  presque  tous  les  genres  ; 
dans  différents  ordres  d'idées,  il  faut  mentionner 
ses  symphonies,  ses  nombreuses  mélodies  vo- 
cales, qui  se  rapprochent  du  lied  allemand  et 
dont  quelques-unes,  particulièrement  la  Séré- 
nade, ont  eu  lant  de  vogue,  enfin  ses  cbamrs 
orphéoniques ,  ses  cantates,  et  ses  chœurs 
avec  orchestre.  Mais  c'est  surtout  comme  com- 
positeur de  musique  religieuse  que  le  maître  a 
droit  de  fixer  aussi  l'attention  du  public  ;  là  sur- 
tout les  tendances  my.stiqiies  de  son  esprit,  les 
ferventes  ardeurs  de  sa  jeunesse,  l'ont  servi  avec 
un  rare  bonheur;  aussi  son  talent  et  sa  fécon- 
dité se  sont  affirmés  sous  ce  rapport  avec  un  vé- 
ritable éclat.  Il  suffira  de  citer,  parmi  les  œu-- 
vres  écrites  par  lui  pour  l'église,  les  Sept  Pa- 
roles du  Christ,  sa  messe  de  Requiem,  ses 
messes  solennelles,  son  petit  oratorio  de  Tobie 


GOUNOD 


407 


la  paraphrase  française  du  psaume  Super  /lu- 
mina  Bahylonis,  et  ses  nombreux  inolets.. On 
a  môme  parlé,  il  y  a  quelques  années,  d'un 
grand  drame  sacré,  intitulé  Sainte  Genevicve, 
dont  M.  Gounod  avait  écrit  la  musique  sur  un 
poème  de  M.  Freppel,  aujourd'hui  évéque  d'An- 
gers, alors  doyen  du  chapitre  de  Sainte-Gene- 
viève à  Paris.  Mais,  jusqu'ici,  cet  ouvrage  im- 
portant n'a  pas  vu  le  jour. 

M.  Gounod  est  revenu  aujourd'hui  à  Paris, 
après  un  séjour  de  quelques  années  à  Londres, 
où  il  s'élait  rendu  pendant  la  guerre  de  1870- 
1871.  A  cette  époque  il  s'était  établi  en  celte 
ville,  et  y  avait  formé  un  chœur  d'amateurs  des 
deux  sexes  {Gounod's  Choir),  à  l'aide  duijiiel  il 
donna  de  nombreuses  séances  musicales  et  pour 
lequel  il  écrivit  de  nombreuses  compositions.  Le 
public,  anglais  témoigna  à  l'auteur  de  Faust  une 
sympathie  presque  ardente,  qui  n'était  pas  sans 
analogie  avec  celle  que,  plus  d'un  siècle  aupara- 
vant, il  avait  témoignée  à  Haemlel  ;  l'enthou- 
siasme en  sa  faveur  s'affirmait  en  toute  occasion, 
et  la  preuve  s'en  trouve  surtout  dans  l'accueil 
qui  lui  fut  fait  à  Albert-Hall  lorsque,  pour  l'inau- 
guration de  l'Exposition  universelle,  le  I"  mai 
1^71.  il  fit  entendre,  sous  sa  direction,  sa  grande 
cantate  Gallin,  écrite  expressément  pour  la  cir- 
constance (1).  Heureux  de  posséder  parmi  eux 
un  si  grand  artiste,  les  Anglais,  dit-on,  espéraient 
que  M.  Gounod  se  fi\er;ùt  pour  toiijotus  dans 
leur  pays  et  deviendrait  leur  en  quelque  sorte. 
En  France  même,  on  taxa  t  volontiers  M.  Gou- 
nod (l'indifférence  etd'ingialifude  envers  sa  patrie 
malheureuse,  si  bien  qu'en  1872  il  crut  devoir 
écrire  deSpa,  où  il  se  trouvait  alors,  la  lettre  sui- 
vante au  directeur  d'un  journal  de  Paris  : 

'<....  Un  de  mes  amis,  en  me  conununiquant  le 
numéro  d'aujourd'hui  (20  septembre)  de  votre 
estimable  journal,  où  je  suis  qualifié  «  l'Anglais 
Gounod  ",  ajoute  que  ce  n'est  pas  la  première 
fois  que  le  Gaulois  a  la  délicate  attention  de  me 
défigurer  ainsi. 

«  Assurément,  si  je  n'étais  Français,  je  vou 
draisêtre  Anglais,  et  je  mentirais  à  la  justice  au- 

(:)  Quatre  grandes  coniposUions  avaient  été  den);in- 
décs,  en  cette  orcasion,  à  quatre  art  istes  différents  : 
M.Sullivan  pour  l'Angleterre,  M.  G  unodpour  li  Franci", 
M.  Feriinand  Hlller  pour  l'Alleinaane,  ei  M.  PinsutI 
pour  l'Iialie.  Voici  le  titre  inser  t  sur  le  ininuscrit  ori- 
ginal de  ta  partition  de  M  Gniin^d  :  «  Callia,  élégie'  bi- 
bliqui'  avec  chœurs,  .çoij,  orctiestre  et  orgur,  composée 
pour  l'duverture  de  l'Exposition  inlernation  île  de  Lon- 
dres et  exécutée  pour  la  i>«  foi^  Je  l*^'  mai  1871  dans 
Royal-Albert  Hall.  Cbart.es  (iou»OD.  »  —  M.  Uounod 
avait  trailnit  lui-même  un  épisode  des  Lamentation^  de 
Jérémie,  appliciué  dans  son  es|.rit  à  la  situation  cruelle 
de  la  France  à  celte  épotiue,  et  c'est  sur  res  paroles 
qu'il  avait  écrit  sa  musique. 


tant  qu'à  l'amitié,  si  je  ne  profitais  pas  de  l'oc- 
casion qui  m'est  offerte  de  rendre  hommage  à 
tout  ce  que  j'ai  rencontré  de  noble,  de  délicat  et 
de  profondément  sûr  et  dévoué  dans  les  affec- 
tions qui  m'attendaient  en  Angleterre.  Mais  je  ne 
sache  pas  qu'aucun  acte  ou  aucune  parole  de  ma 
vie,  privée  ou  publique,  ait  donné  à  qui  que  ce 
soil  le  droit  de  me  fabriquer  un  acte  de  naturali- 
sation. Je  n'ai  pas  à  juger  les  personnes  qui  se 
font  naturaliser;  ePes  peuvent  avoir  pour  elles 
des  raisons  que  je  n'ai  pas  qualité  pour  appré- 
cier. Ce  que  je  puis  dire,  c'est  que  la  notion  de 
patrie  n'est  nullement,  à  mes  yeux,  une  notion  géo- 
graphique, mais  une  notion  morale  :  c'est  qu'on 
peut  rester  Français  et  très-Français  en  vivant 
ailleurs  qu'en  France;  c'est  qu'on  n'e.st  pas  dé- 
serteur ni  renégat  pour  être  voyageur  ;  c'est 
qu'un  homme  appartient  à  son  pays  par  le  nom 
qu'il  en  a  reçu  et  qu'il  tâche  de  lui  laisser  le 
plus  honorable  et  le  plus  illustre,  en  retour  de 
sa  naissance;  c'est  qu'enfin  H;endel  a  passé 
trente  ans  de  sa  vie  en  Angleterre,  comme  Ros- 
sini  et  Meyerbeer  en  France,  pour  la  gloire  de 
leur  patrie. 

«  Je  m'étonne.  Monsieur,  que  dans  ce  temps 
où  nous  avons,  d'une  part,  si  cruellement  souf- 
fert, et  où,  de  l'autre,  tant  d'efforts  s'accomplis- 
sent, en  dépit  de  l'horreur  des  guerres,  pour  ar- 
river à  ce  que  l*s  peuples  voient  dans  les  idées 
de  solidarité  autre  chose  qu'un  vain  mot,  je  m'é- 
tonne, dis-je,  qu'à  une  telle  époque  un  Français 
qui  a  laborieusement  consacré  sa  vie  à  l'honneur 
de  l'ai  t  français,  trouve  chez  ses  compatriotes  un 
journal  qui  se  charge  de  le  mettre  au  ban  de 
son  pays  et  à  l'index  de  ses  concitoyens. 

«  Je  vous  prie  de  vouloir  bien,  par  l'in- 
sertion de  cette  lettre  dans  votre  journal,  me 
permettre  de  rectifier,  aux  yeux  de  vos  lecteurs, 
la  méprise  dont  j'ai  été  l'objet,  et  dont  je  désire 
que  le  désaveu  soit  public  comme  l'a  été  l'er- 
reur. 

«  Recevez,  etc. 
«  Charles  Gounod.  « 

C'est  pendant  son  séjour  en  Angleterre  que 
M.  Gounod  termina  sa  partition  de  Poli/eucte, 
depuis  longtemps  commencée,  et  qu'il  écrivit 
celle  de  Georges  Dandin,  sur  la  prose  même 
de  Molière  (1).  Ces  deux  ouvrages  n'ont  pas  en- 
core été  représentés,  et  si  leur  caractère  profon- 
dément dissemblable  a  trouvé  néanmoins  le  mu- 


(1)  M.  Gounod  a  fait  connaître  ses  Idées  sur  l'emploi  de 
la  prose  en  musique,  par  une  préface  écrite  pour  cette 
partition  de  Ceorçies  Dandin.  Cette  préface  a  été  pu- 
bliée par  plusie  irs  joiirn  lui,  entre  autres  par  la  Re- 
vue et  Gazette  musicale,  dans  son  numéro  du  17  octo- 
bre 1875. 


408 


GOUNOD 


sicien  à  la  liauteur  de  la  tâche  qu'il  s'est  imposée 
en  les  écrivant,  on  peut  compter  sur  deux  œu- 
vres qui  auront  leur  large  part  dans  l'éclat  de  sa 
renommée.  Mais  l'artiste  s'e>t  produit  une  fois 
encore,  et  d'une  façon  importante,  depuis  son  re- 
tour en  France.  Lorsqu'en  1876  M.  Carvallio 
fut  appelé  à  la  direction  de  l'Opéra-Comique,  il 
n'eut  garde  d'oublier  qu'il  devait  à  M.  Gounod 
une  partie  de  la  prospérité  dont  le  Théâtre-Ly- 
rique avait  joui  naguère  sous  sa  direction  ,  et 
que  c'est  à  ce  théâtre  qu'avaient  vu  le  jour  Faits/, 
le  Médecin  malgré  lui,  Mireille,  Philémon  et 
Baucis  et  Roméo  et  Juliette.  11  demanda  donc 
à  M.  Gounod  un  nouvel  ouvrage,  et  celui-ci 
écrivit,  avec  un  peu  de  hâte  peut  être,  la  parti- 
tion de  Cinq- Mars,  qui  parut  à  l'Opéra-Comique 
le  5  avril  1877.  L'ieuvre  était  inégale,  par  suite 
de  la  précipitation  avec  laqueife  elle  avait  été 
conçue,  mais  elle  renfermait  de  grandes  beautés 
et  des  parties  puissantes,  dignes  en  tout  point 
du  gt'nie  de  l'auteur.  Si  le  succès  de  Cinq-Mars, 
d'ailleurs  très-réel,  n'a  pas  été  plus  considérable 
encore,  je  crois  qu'il  faut  s'en  prendre  à  la  trop 
grande  rapidité  qui  a  présidé  à  sa  mise  à  la  scène, 
et  au\  imperfections  qu'on  a  pu  relever  dans 
l'exécution  de  cette  œuvre,  qui  aurait  exigé  des 
interprètes  de  premier  ordre. 

Quelque  peu  d'entraîntinent  que  ses  détrac- 
teurs —  car  il  en  a  —  puissent  éprouver  pour  le 
génie  de  M.  Gounod,  ils  ne  peuvent  du  moins 
nier  ce  génie,  sa  puissance,  son  action  sur  le  i>u- 
blic.  D'ailleurs,  les  artistes  ain.si  discutés  ne  sont 
que  ceux  qui  possèdent  une  véritable  valeur. 
Plus  noble  que  majestueux,  plus  tendre  que  pa- 
thétique, plus  rêveur  qu'enthous'iaste,  plus  ré- 
fléchi que  spontané,  l'immense  talent  de  l'auteur 
de  Faust  brille  par  un  assemblage  de  qualités 
bien  rares,  et  dans  ce  talent  on  peut  presque  dire 
que  l'étude,  une  étude  constante  et  infatigable, 
a  presque  autant  de  part  que  l'inspiration.  Non- 
seulement  M.  Gounod  est  un  lettré  fin,  délicat, 
singulièrement  instruit,  versé  dans  la  connais- 
sance des  langues  et  des  chefs-d'œuvre,  mais,  au 
point  de  vue  musical,  peu  d'artistes  se  sont, 
comme  lui,  nourris  de  la  moelle  des  lions.  Il  n'est 
pas  un  grand  musicien  que  M.  Gounod  ne  sache 
pour  ainsi  dire  par  cœur,  et  il  exprime  son  ad- 
miration à  l'égard  des  maîtres  avec  un  véritable 
enthousiasme.  C'est  lui  qui,  un  jour,  venant  d'en- 
tenlre  au  Conservatoire  la  Symphonie  avec 
chœurs  de  Beethoven,  court  à  un  ami  et  lui 
crie,  le  visage  en  feu  et  tout  en  agitant  la  parti- 
tion :  C'est  la  Bible  du  musicien  .'C'est  lui  qui 
encore,  dans  un  salon  où  l'on  causait  musique  et 
où  l'on  discutait  sur  le  rang  qu'il  fallait  attri- 
buer  à  chaque  compositeur,  prit    la  parole  et 


exprima  ainsi  sa  pensée  :  «  Si  les  plus  grands 
maîtres,  Beethoven,  Haydn,  Mozart,  étaient 
anéantis  par  un  cataclysme  imprévu,  comme 
pourraient  l'être  les  peintres  par  un  incendie,  il 
serait  facile  de  reconstituer  toute  la  musique 
avec  Bach.  Dans  le  ciel  de  l'art,  Bach  est  une 
nébuleuse  qui  ne  s'est  pas  encore  conden- 
sée. » 

J'ai  dit  que  l'étude  a  presque  autant  de  part 
que  l'inspiration  dans  le  talent  de  M.  Gounod,  ce 
qui  est  le  fait  de  tous  les  artistes  vraiment  su- 
périeurs ;  on  peut  ajouter  que  ce  talent  acquiert 
une  couleur  toute  personnelle,  toute  particulière, 
par  l'alliance  des  sentiments  presque  mystiques 
de  l'arlisle  avec  une  compréhension  très-vive 
fies  passions  humaines  et  des  orages  du  cœur. 
11  est  resté  à  M.  Gounod,  dans  le  cours  de  sa 
carrière,  comme  une  sorte  de  ressouvenir  de  ses 
premières  années  vouées  par  lui  aux  études 
Ihéologiques,  de  son  penchant  pour  la  vie  mo- 
nastique et  pour  le  séjour  du  cloître  ;  peut-être 
est-ce  là  ce  qui  caractérise  son  génie  d'une 
fHÇon  toute  spéciale,  ce  qui  lui  donne  son  origi- 
nalité, sa  couleur  propre  et  sa  saveur  exception- 
nelle, bien  qu'il  soit  difficile,  on  le  comprend,  de 
déterminer  avec  précision  la  i)art  d'influence  que 
les  idées  et  les  aspirations  de  sa  jeunesse  ont  pu 
conserver  plus  tanl  sur  son  imagination,  au 
profit  ou  aux  dépens  de  sa  personnalité  artisti- 
que. 

Musicalement ,  et  en  ce  qui  se  rapporte  au 
théâtre,  M.  Gounod  est  plus  spirituahste  que  ma- 
térialiste, plus  poète  que  peintre,  plus  élégiaque 
et  plus  nerveux  que  foncièrement  pathétique. 
Ci  st  peut-être  là  ce  qui  a  fait  dire  qu'il  manque 
de  sens  dramatique  ;  en  quoi  l'on  s'est  trompé, 
car  ce  n'est  point  le  sens  dramatique,  c'est-à- 
dire  la  perception  passionnée',  qui  parfois  fnit  dé- 
faut à  M.  Gounod  -.ce  serait,  à  proprement  parler, 
le  tempérament.  Toujours  est-il  que  l'auteur  de 
Faust,  de  Roméo  et  du  Médecin  malgré  lui 
reste  un  vrai  poète,  un  créateur  inspiré,  un  ar- 
tiste de  premier  ordre  et  de  haute  lignée,  et 
sinon  de  ceux  qui  éclairent  le  monde  et  l'illumi- 
nent dune  lueur  radieuse,  du  moins  de  ceux  qui 
le  charment  et  qui  l'émeuvent,  qui  le  touchent, 
l'attendrissent  et  le  font  penser. 

Le  catalogue  des  compositions  de  M.  Gounod, 
extrêmement  abondant,  n'est  point  facile  à  dres- 
ser, surtout  à  cause  de  ce  fait  que,  pendant  son 
séjour  en  Angleterre,  l'artiste  a  écrit  et  publié  à 
Londres  un  grand  nombre  de  morceaux  de  chant 
sur  paroles  anglaises,  morceaux  dont  la  liste 
exacte  et  complète  est  malaisée  à  produire. 
Voici  cependant  la  nomenclature  la  plus  étendue 
qui  ait  encore  été  faite  des  œuvres  de  M.  Gou- 


GOUNOD 


409 


nod.    —  A.  MisiQUE   dramatique,    l"   Sapfio, 
grand  optera  en  3  aclPS,  Opéra,  16  avril  1851  ;  — 
2»  Chœurs  pour  Ulysse,  tragédie  en  5  actes  de 
Ponsard,  Comédie-Française,  18  juin  1852;  — 
3°  la  iSonne  sanglante,  grand  opéra  en  5  ac- 
tes. Optera,   18  octobre  IsS'i  ;  —  4"  le  Médecin 
malgré  lui,  opéra-comique  en  3  actes,  Théâtre- 
Lyrique,    15  janvier    1858   (repris  plus    tard   à 
rO(iéia-Comiqut')  ;  —  5°  Faust,  opéra  dialogué 
en  5  actes,  Théâtre- Lyriq\ie,  19  mars  1S59  (re- 
pris à  l'Opéra,  avec  des  récifalifs  remplaçant  le 
dialogue  et  quelques  modifications  dans  la  parti- 
tion, le  3  mars  1869);  —  6"  Philémon  et  Bau- 
cis,  opéra  en   3  actes,  Théâtre-Lyrique,   18  fé- 
vrier 1860  (repris  à  l'Opéra-Comique,  réduit  en 
2  actes,  en  1876);   —  7"   la   Reine  de  Saba, 
grand  opéra  en  4  actes,  Opéra,  29  février  1862  ; 
—   8*    Mireille,    opéra    dialogué  en    5    actes, 
Théâtre-Lyrique,  19  mars  186i  (réduit  à  3  actes 
le    15  décembre  de  la  même  année,  et  repris  à 
rOpéra-Comique,  sons  celte  dernière  forme,  en 
novembre  1874);  —9"  la  Co/omftp,  opéra-co- 
mique en  2  actes  (écrit  pour  le  théâtre  de  Bade 
et  représenté  en  cette  ville  en  1860),  Opéra-Co- 
mique, 7  juin  1866  ;  —   10°  Hoiupo  et  Juliette, 
grand    opéra    en     5    actes,    Théâtre-Lyrique, 
27  avril  1S67  (reprisa  i'Opéra-Coiniquele  20 jan- 
vier 1873:  —  11°  Chœurs  et  musique  sympho- 
nique  pour/^s  Deux  Reines  de  France,  drump 
en  4  actes  de  M.  Ernest   Legouvé,  théâtre  Ven 
tadnur,  27    novembre  1872;  —  12"  Chd'urs  et 
musique    symphonique    pour    Jeanne    d'Arc, 
drame  de  M.  Jules   Barbier,  théâtre  de  la  Gaîté, 
8  novembre  1873;  —  12  bis.  Cinq- Mais,  opéra 
dialogué  en  4  actes,   Opéra-Comique,   5  Avril 
1877;    —     13"    et  14"     Pohjeucte,     Georges 
Dandin,   opéras  non    représentés.  —  B.  Musi- 
que   RELIGIEUSE.     15"    Messe      de     Requiem, 
exécutée  à  l'église  Saint  Charles,  devienne,  en 
1842  ;  —  16°  Messe  solennelle,  exécutée  à  Paris, 
en  l'église  Saint-Eusfache,  en  1849; —  17°  Messe 
brève;    —   18°  Deuxième   messe   de   Requiem 
(Londres,    Goddard)  ;  —  19°  Deux   messes  ;  — 
19  bis.  Messe  du  Sacré-Cœur  de  Jésus,  pour 
quatre  voix,  chœur,  orchestre  et  orgue,  exécutée 
à  Paris,  en  l'église  Saint  Enstache,  le  22  novem- 
bre 1876;  —  20°  Stabat  Mater;  —  21°  Tnbie, 
«  petit  oratorio;  »  —  22°  Ze.?  Sept  paroles  du 
Christ  ;  —  23"  Messe  Angeli  Custodes;  —  24° 
Pater  noster  ; —  25°  Près  du  fleuve  étranger, 
chœur    avec   accompagnement    d'orchestre;  — 
26°  Jésus  de  Nazareth;—  27°   Ave   verum  ; 
—  28°  0  Sahitnris  hostia,  pour  voix  seule  avec 
chœur  et  orgue  ;  —  29"  Te  Deum  ;  —  29"  bis. 
Jésus  sur  te  lac  de  Tibériade,  «  scène  tirée  de 
l'Évangile,  »  pour  baryton  solo,  chœur  et  orches- 


tre, exécutée  à  Paris  en  1876;  —  30"  Magni- 
ficat; —  31°  Vexilla  régis.  —  32°   Christus 
faclus  est,    offertoire  à  une   voix;  —  33°  Six 
nouveaux  cantiques,  pour  solo  ou  chœur  (1.  Le 
ciel  a  visité  la  terre;  2.  Le  nom  de  Marie; 
3.  Chantez,  voix  bénies  ;  4.   Le  Départ  des 
Missionnaires  ;b.  L'Anniversaire  des  martyrs  ; 
6.   Notre-Dame  des    Petits-Enfants),  Paris, 
Choudens.  —  C.  Musique  sympiionique.    34°  1* 
Symphonie,  en  ré;  —  35°  2"  Symphonie,  en  mi 
bémol,  Paris,  Choudens  ;  —  36°  La   Reme  des 
Apôtres,  symphonie;  —  37"  Marche  romaine, 
Paris,  Choudens;  —  38°  Prélude  de  Bach,   or- 
chestré (exécuté  aux  Concerts  populaires  le  8  dé- 
cembre 1867).  —  D.  Musique  instrumentale.  39" 
Méditation  sur  le  1"='  prélude  de  Bach,  pour  voix 
de  soprano,  violon,   piano   et  orgue  ;  —  40°  le 
Calme,  méditation  pour   violon   solo,  avec  or- 
chestre ;  —  41°  /a  Pervenche,  le  Ruisseau,  le 
Soir,  le  Calme,   Chanson  de  printemps,  ro- 
mances sans  paroles,  pour  piano  (Paris,  Chou- 
dens);   —  41°   bis.    Dix    morceaux  originaux 
pour  piano  (1.  L'Angélus,  impromptu;  2.  Me- 
nuet; 3.  Les   Pifferari,   impromptu;  4.  Mu- 
sette, impromptu  ;  5.  Le  Bal  d'enfants,  val.se  ; 
6.  Sérénade  ;  7.  Royal-Menuet  ;  &.  Nazareth, 
chant  évangelique;  9.  Prélude:  «  Près  du  fleuve 
étranger»;  10.  Invocation),  Paris,  Le   Beau. 
—   42"   Marche    pontificale,    pour  piano   (  ib., 
ib.)  ;  —  43°  1'   Valse,  pour   piano  (ib.,  ib.)  ;  — 
44"  Valse  des  fiancés,    id.    (ib.,  ib.);   45"   le 
Rendez-vous,  suite  de  valses,  id.  (ib.,ib.);  — 
46°  Souvenance,   nocturne,   id.    (ib  ib.);   — 
47"  Ivy  (le  Lierre),  id.  (Londres,  Goddard  ;  — 
48°  Convoi  funèbre   d'une  marionnette,   id. 
(ib.,    ib.);    —  49"    Dodelinelte,    berceuse  à  4 
mains  (ib.,  ib.)  50"  Méthode  de  cor  à  pistons, 
contenant  un  exposé  des  avantages  des  pistons, 
les  principes  élémentaires   de  l'instrument,  huit 
mélodies  connues  et  quatre  morceaux  d'études 
(Paris,  Colombier).  —  E.  Musique  vocale.  51o 
Gallia,  élégie  biblique  avec  chœurs,  soli,  or- 
clie.stre  et  orgue,  composée  pour  l'ouverture  de 
l'Exposition  internationale  de  Londres  et  exécu- 
tée pour  la  première  fois,  le  1*"^  mai  1871,  dans 
Royal-Albert-Hall  (Paris,  Choudens);  —  52°  A 
la  Frontière,   cantate  exécutée  à  l'Opéra  le  8 
août  1870  ;  —  53°  Douze  chœurs  et  une  cantate 
(1.  Le  Vendredi  Saint,  à  6  voix  ;  2.  La  Nuit,  à 
6  voix;  3.  Ave  verum,  à  5  voix  ;  4.  La  Chasse, 
à  4  voix;  5.  Noél,  à 3  voix  ;  6.  D'un  Cœur  qui 
<'fli)ne,  double  chœur;   7.  Stabat   Mater,  h  6 
voix;  8.    L'Affût,  à  4  voix  ;  9.  Sicut  servus, 
motet  à  4  voix;  10.  Prière  du  soir,  à  6  voix  ; 
11.  £e  Crucifix,  à  6  voix  ;  12.  Matinée  dans  la 
montagne,  à  6  voix  ;  Le  Temple  de  Vharmo, 


410 


GOUNOD  —  GOUVY 


nie,  cantate  avec  chœurs),  avec  accompagne- 
ment, lin  vol.,  Paris,  Cliourlens  ;  —  34°  Clnpiirs 
orpliéoniqnes  à  4  voix  d'hommes,  sans  accom- 
pagnement (la  Cigale  et  la  Fourmi,  le  Corbeau 
et  le  Renard,  la  Danse  de  l'épée.  Chœur  de 
Chasseurs,  le  Vin  des  Gaulois,  Vive  l'Empe- 
reur !  Hymne  à  la  France,  l'Enclume,  Cliaur 
des  Amis,  etc.); —  5j"  Dans  uneélable,  chci'ur 
avec  accompagnement  (rorcliestre;  —  56"  Lps 
Gaulois,  i(\.;  —  57°  En  /Iro^i/ /  chanson  mih- 
taire  pour  solo  et  chœur,  avec  accompagnement 
d'orchestre-,  —  58°  Chants  lyriques  de  Saiit; 
09°  Pastorale  sur  un  Noël  du  dix  huitième  siècle. 
chœur  avec  orchestre;  —  60"  Chœurs  dédiés  à 
la  Société  chorale  d'Albert-Hall  (Londres,  God- 
dard,  3  vol.);  —  61°  Vingt  mélodit-s  pour  rhant 
et  piano,  t"  recueil  (Paris,  Choudens)  ;  —  62° 
Vingt  mélodies  pour  chant  et  piano,  2'  recueil 
(4h.,  ib.);  63°  Vingt  mélodies  pour  chant  et 
piano,  3^  recueil  (ib.,  ib..'i;  —  64"  Vitgt  mélo- 
dies pour  chant  et  pinnu,  à'  recueil  (ib.,  ib.); 
—  65°  Quinze  duos  pour  chant  et  |)iano  (ib.,ib.), 
extrarfs  pour  la  plupart  dcsd'uvres  dramatiques 
de  l'auteur;  —  66"  Biondina,  petit  poëme  ly- 
rique comprenant  douze  mélodies  écrites  sur  des 
paroles  italiennes  de  M.  Zaffira  conçues  dans  le 
st>l«  du  slornello  toscan  ;  —  67"  Enfin  un  grand 
nombre  d'autres  mélo  lies  écrites  sur  paroles  an- 
glaises ou  françaises,  publiées  à  Londres  (God 
dard)  et  à  Paris  (Lemoine),  et  parmi  lesquelles 
je  citerai  les  suivantes  :  Tf  Ihnu  art  sleeping 
Maiden,  O!  hnppy  home,  Eoening  song,  Sweet 
Baby,  0  that  ve  tivo  (avec  accompagnement 
d'alto),  April  Song.  the  Worker,  Maid  of 
Athens,  Thy  Will  be  done,  Uly  beloved  spake 
(avec  accompagnement  de  violoncplle),  My  true 
tore  hafh  my  honrl,  Odille  tu,  the  Fovnfain 
mingles  u'ifh  t he  river,  The  sen  hath  itsprnrls, 
To  God,  y  choir  above,  There  is  dew,  Whm 
in  the  early  Morn,  Qnecn  nf  love.  Loin  du 
pays.  Ma  belle  amie  est  morte,  la  Fauvette, 
Si  vous  n'ouvrez,  le  Pays  bienhe  'Veux,  Heu 
veux  sera  le  jour,  the  Message  of  the  Breeze 
(duo),  Litile  Celaudine  (duo)  ;  —  68"  Enfin, 
plusieurs  mélodies  italiennes  à  une  ou  deux  voix  : 
Perché  piangil  Quanti  mai,  Barcarola  {<\ao), 
la  Sipsfa  (duo),  Sotto  un  cappella  rosa,  etc., 
etc. 

M.  Gounod,  qui  est  commandeur  de  la  Légion 
d'honneur,  a  été  élu  membre  de  l'Institut  de 
France  (.\cadémîe  des  Beaux-Arts)  le  19  mai 
1866,  en  remplacement  de  Clapisson.  Les  deux 
écrits  suivants  ont  été  publiés  sur  M.  Gounod  : 
\"  Ch.  Gnunod,  |>ar  Jules  Claretie  (dans  sa  série 
de  Portraits  contemporains),  Paris,  Librairie 
illustrée,  1875,  in-S"  de  16  pages  avec  portrait; 


2"  Autobiographie  de  Cli.  Gounod,  et  articles 
sur  la  7'outine  en  matière  d'art,  édités  et  com- 
pilés avec  une  préface  parM"^''  Georgina  Weldon, 
Londres,  William  Recves,  in-S",  s.  d.[l875](l). 
Je  signalerai  aussi  deux  articles  publiés  sous 
ce  titre  :  «  Charles  Gounod,  par  Arthur  Pou- 
gin,]»  dans  le  journal  VArt  des  T""  et  8  avril 
1877  ;  on  trouvera  dans  ces  articles  des  détails 
inconnus  et  particulièrement  intéressants  sur  le 
grand  artiste,  ainsi  que  la  reproduction  d'un 
portrait  jusqu'alors  inédit  de  M.  Gounod^  peint 
par  Ingres  en  1844,  pendant  son  séjour  à  Rome 
comme  pensionnaire  de  l'Académie  de  France. 

GOUPIL  (l'abbé),  est  l'auteur  des  deux  ou- 
vrages suivants,  publiés  en  1876,  à  Paris,  chez 
TédileurM.  Cartereau  :  1°  Les  débuts  flu  jeune 
organiste,  un  volume;  2"  40  Petites  composi- 
tions religieuses,  un  volume. 

''GOUVY  (TiiÉonoRE).  Nous  allons  complé- 
ter le  catalogue  des  œuvres  publiées  jusqu'à  ce 
jour  (1870)  pu-  cet  artiste  fécond  et  distingué. 
Tous  les  ouvrages  mentionnés  ci-après  ont  paru 
<à  Paris,  chez  l'éditeur  M.Richault.  — Sérénade 
en  quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violon- 
celle, op.  31  ;  Trois  chipurs  a  cappella  (cantiques 
de  Rousseau)  pour  deux  sopranos,  ténor  et  basse, 
avec  accompagnement  de  piano  ad  libitum,  op. 
32;  5°  Trio  (tour  piano,  violon  et  violoncelle, 
op.  33  ;  Cinq  Duetlos  pour  piano  et  violon,  op. 
34  ;  Hymne  et  Marche  dans  la  forme  d'une  ou- 
verture, op.  35;  Sonate  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  36  ;  Six  Odes  de  Ronsard,  pour  voix 
de  ténor  avec  piano,  op.  37  ;  Trois  Sérénades 
pour  piano  seul  (10%  IP  et  12''),  op.  38;  Trois 
Sérénades  pour  piano  seul  (13*,  14*=  et  15*),  op. 


(11  M""  Weldon,  chez  qui  M.  Gounod  avait  fixé  sa  de- 
meure lors  du  séjour  qu'il  fit  en  Angleterre,  qui,  la  pre- 
mière, a  chatité  à  Paris,  aux  cnncerts  du  Conservatoire, 
sa  cantate  Callia,  et  avec  qui  il  a  eu  ensuite  d'  s  démê- 
les  que  je  n'ai  |i;is  à  .ipprecler  ici,  s'est  servi,  pour  cette 
publ  cation,  de  plu-ieur-  écrits  de  M.  Goiimid  qui  lui 
ét.iient  restés  entre  les  iiMin-  Ce  petit  recueil  est  donc 
f(irme  de  plusieurs  articles  de  M  Gounod,  qui  portent 
les  tiires  suivants:  le  l'iil  lir  ;  la  Critique  ;  la  l'ropiicté 
artistique  ;  les  auteurs;  ht  Critique  mi/siciilr  nnuiuise; 
Pi'cface  d  «  George  Daudin,  »  cumcdie  de  Molièic,  mu- 
sique de  Charles  Gounod  :  les  Interprètes;  l'Enseigne- 
ment; les  Compnsileiirscliefs  d'orchestre  ;  les  Pérès  de 
l'eglise  de  la  musique,  études  esthétiques. 

Hjiue  Weldon,  qui  semble  d'ailleurs  avoir  mis  à  profit 
le  séjour  de  M.  Gounod  en  .\ngleterre,  l'a  pris  encore  pour 
pretex'e  des  public  liions  suivantes,  tuutes  faites  à  Lon- 
dres: 1"  Mon  orphelinat  et  Connod  en  .-Angleterre,  let- 
tres t  documents  oriainales  ;sic)  ;  2°  Mon  orphelinat  et 
Connod  en  -Angleterre,  récit;  3'  La  destriirtion  du  Po- 
lyeucle  de  Ch.  Connod,  mémoire  justificatif  ;  1°  La  Ré- 
forme musi'ale.  f^s  Concerts  Gounod,  et  autres  articles 
sur  le  «  Métier  musical  •>;  5°  La  Querelle  de  la  compa- 
gnie du  Royal  Albert  Hall  avec  M.  Ch. Gounod;  6»  /,e 
Troisième  «  Faust.  » 


GOUVY  —  GHAEVER 


4H 


39;  Neuf  Poésies  de  Ronsard,  pour  une  voix, 
avec  piano,  op.  41  ;  Six  Poésies  de  Ronsard, 
pour  voix  de  ténor  ou  soprano,  op.  42  ;  Quatre 
Odes  de  Ronsard,  pour  voix  de  baryton,  op.  43  ; 
Huit  Poésies  de  Ronsard,  pour  voix  de  t^nor  ou 
soprano,  op.  44:  Dix -huit  Poésies  de  De.sporfes, 
pour  ténor  ou  soprano,  op.  45  ;  Trois  Elégies  à 
deux  voix,  avec  piano,  op.  46;  Sept  Poésies  de 
Ronsard,  avec  piano,  op.  47;  Ln  Pléiade  fran- 
çaise, 12  poésies  du  seizième  siècle  pour  une 
voix,  avec  piano,  op.  48  ;  Deuxième  Sonate  pour 
piano  à  quatre  mains,  op.  49  ;  Six  Dnetlos  pour 
piano  et  violon,  op.  50;  Troisième  Sonate  pour 
piano  à  quatre  mains,  op.  51  ;  Variations  pour 
piano  à  quatre  mains,  op.  52  ;  Trois  Sérénades 
pour  piano  (16^  17«  et  18"),  op.  53;  Valses  de 
fantaisie  à  quatre  mains,  op.  54;  Quintette  pour 
deux  violons,  alto  et  deux  violoncelles,  op.  55  ; 
Deux  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
op. 56.  Variations  sui'un  airfrançais,pour  piano  ; 
Varialions  pour  piano  ;  Capriccio,  pour  piano  et 
violon  ;  Impromptu,  pour  piano  et  violon  ;  Ro- 
mance |iour  piiinoet  violo;!  ;  Rondo-scherzando, 
pour  piano  et  violon.  M.  Gouvy  a  fait  entendre, 
dans  un  concert  donné  à  Paris  le  30  mars  1876, 
une  grande  .scène  dramatique  pour  voix  de  so- 
prano intitulée  la  Religieuse,  et  un  Requiem 
pour  quatre  voix  principales,  chœur  et  orchestre. 
Cette  dernière  composition,  puissante  et  remar- 
quable à  tous  les  points  de  vue,  a  produit  sur  le 
public  une  impression  profonde. 

*  GOÛY  (Jacques  DE),  et  non  Jean  de 
Goîiy,  comme  il  est  dit  au  t.  IV  de  la  Biogra- 
phie universelle  des  musiciens.  Un  savant 
musicographe  belge,  M.  Edmond  Vanderstraeten, 
a  publié  sur  cet  artiste  un  opuscule  ainsi  inti- 
tulé :  Jacques  de  Goûy,  chanoine  d'Embrun, 
recherches  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  ce  mu- 
sicien du  xvii''  siècle  (Anvers,  Buschinann, 
1863,  in-8"  de  35  pp.).  M.  Vanderstraeten  a  dé- 
couvert, dans  la  bibliothèque  royale  de  Bruxelles, 
les  deux  premiers  volumes  des  psaumes  en  mu- 
sique de  de  Gotiy,  et  il  en  a  transcrit  exacte- 
ment le  titre,  dont  voici  la  reproluction  :  «-Airs 
à  quatre  parties,  sur  la  paraphrase  des  Psaumes 
de  Messire  Antoine  Godeau,  évesque  de  Grasse. 
Composez  par  Jacques  de  Goiiy,  chanome  en 
l'église  cathédrale  d'Ambrun,  et  divisez  en  trois 
parties.  A  Paris,  par  Robert  Ballard,  seul  Impri- 
meur du  Roy  pour  la  Musique.  Et  se  vendent 
chez  l'Aufheur  rue  de  l'Arbre-Sec,  vis-à-vis  la 
ville  de  Rome,  et  le  grand  Henry.  M.  D.  C.  L. 
Avec  Privilège  de  sa  Majesté.  >-  In- 12  oblong. 

Nous  voyons  par  là  que,  quoique  chanoine  de 
la  cathédrale  d'Embrun,  de  Goiiy  habitait  Paris 
à  l'époque  de  la  publication  de  son  ouvrage.  En 


tête  de  celui-ci  se  trouve  une  introduction  longue 
et  curieuse  à  plus  d'un  point  de  vue,  que  M.  Van- 
dei'slraeten  a  eu  le  bon  esprit  de  reproduire  en 
son  entier. 

*  GRABEN-IIOFFMA^[V\  (Gustave 
HOFFMANN,  connu  sous  le  nom  de),  chanteur 
et  compositeur,  est  né  à  Bnin,  près  Posen,  le  7 
mars  1820.  Il  a  fait  ses  éludes  de  composition  à 
Leipzig,  sous  la  direction  de  Moi  itz  Hau])tmann, 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  dune  iu- 
nomhrable  quantité  de  lieder,  dont  beaucoup 
sont  devenus  populaires,  puis,  après  .s'être  éta- 
bli à  Dresde  en  I85S  comme  professeur  de  chant, 
a  fondé  à  Berlin  (1870)  une  académie  de  chant. 
Il  s'est  de  nouveau  (ixé  à  Dres<le  en  1873. 

Doué  d'une  belle  voix  de  baryton,  M.  Graben- 
HolTm:uin  s'est  acquis  une  légitime  réputation 
comme  chanteur  de  concert.  Son  renom  n'est 
pas  moins  grand  comme  com|)ositeur,  et  il  n'a 
pas  jmblié  moins  de  95  cahiers  d'œuvres  de  mu- 
sique vocale,  liedcr,  chants  à  plusieurs  voix, 
etc.  Sa  ballade  intitulée  500,000  Teafel  (.500,000 
Diables),  traduite  dans  presque  toutes  les  lan- 
gues, a  obtenu  une  vogue  prodigieuse  et  a  fait 
le  tour  du  monde.  On  doit  aussi  à  M.  Graben- 
Hoffmann  quelques  écrits  pédagogiques  dont  j'i- 
gnore les  titres,  et  qui  ont  été  publiés  à  Leipzig 
et  à  Dresde  en  1865,  1872  et  1874. 

GRAEDEA'ER  (C -G -P ),  pro- 
fesseur et  compo-;iteur  allemand,  né  en  1812,  a 
publié  un  certain  nombre  d'œuvres  de  nmsique 
instrumentale  et  vocale,  parmi  lesquels  on  dis- 
tingue :  Quintlete  [)our  piano,  2  violons,  alto  et 
violoncelle,  op.  7  ;  Quatuor  pour  instruments  à 
cordes;  8  lieder  pour  voix  seule  ou  chœur,  op. 
8  ;  sonate  pour  piano  et  violon,  op.  1 1  ;  Concerto 
pour  le  piano;  3  fantaisies  de  concert  pour  piano 
et  violon  ;  Chants  hébraïques  pour  une  ou  deux 
voix.  Je  crois  que  c'est  cet  artiste  (c'est  du 
moins  un  artiste  portant  le  même  nom),  qui,  en 
1861,  a  été  nommé  professeur  de  chant  au  con- 
servatoire de  Vienne,  en  remplacement  de 
^n.e  Marcliesi. 

GRAEVER  (M™"  Madeleine),  piani.ste  dis- 
tinguée, est  née  à  Amsterdam  vers  1830,  et 
commença  de  bonne  heure  l'étude  de  la  musique. 
Successivement  élève  de  Berteisman,  de  D.  Ko- 
ning  et  de  Moschelès,  elle  fut  entenlue  dans  son 
enfance  par  Liszt,  qui  lui  prédit  un  brillant  ave- 
nir. Elle  perfectionna  son  talent  .sous  la  direction 
de  M.  Henri  Litoiff,  se  fit  entendre  avec  un 
grand  succès,  en  1852,  à  Amsterdam,  vint  en- 
siuie  .se  produire  à  Paris,  puis  visita  l'Angleterre 
et  partit  pour  l'Amérique,  où  elle  donna  des  con- 
certs dans  plusieurs  grandes  villes.  Elle  s'était 
établie  comme  professeur  à  New-York,  et  s'y 


U2 


GRAEVER  —  GRAFF 


était  fait  une  position  honorable,  lorsque  éclata 
la  guerre  de  sécession,  qui  l'obligea  de  repartir 
pour  l'Europe.  Elle  se  fit  alors  entendre  de  nou- 
veau à  Paris,  parcourut  la  Belgique,  les  Pays-Bas 
et  une  partie  de   l'Allemagne,  obtint  le  tilre  de 
pianiste  ordinaire  de  la   reine  des  Pays-Bas,  et 
se  vit  partout  accueillie  avec  une  rare  faveur. 
Bientôt  elle  voulut  joindre  à  ses  succès  de  vir- 
tuose ceux  de  toinposileur,  et  se  fit  connaître 
sous  ce  rapport  en  publiant  un  certain  nombre  de 
productions  aimables,  qui  ne  manquaient  ni  de 
grâce,  ni  de  charme  :  la  Bonde  des  FantOma, 
le  Réveil  du  Printemps,  V Attente, ^ic.  M'"  Ma- 
deleine Graeverest  aujourd'hui  M"*  Johnson. 

GHAFF  (Chaules),  compositeur  et  violo- 
niste, est  né  à  Also-Eor  (Hongrie),  le  20  mai 
1833.  Après  avoir  reçu  à  Fùiifkirchen  une  édu- 
cation littéraire  complète,  il  fut  envoyé,  sur  le 
conseil  et  la  recoinmaiidation  de  Liszt,  au  Con- 
servatoire de  Vienne,  où  il  resta  trois  ans.  Il  en 
sortit,  après  avoir  obtenu  le  diplôme  d'«Ar- 
tiste»  (fieier  Kiinstler),  di^tlnclion  qui  le  dispen- 
sait du  service  militaire.  Quelques  mois  plus 
tard  il  fut  engagé  comme  violon-solo  au  théâ- 
tre <<  An  der  Wien  ».  En  même  temps,  il  per- 
fectionnait son  talent  de  viituose  en  prenant  des 
leçons  de  Bœhm,  et  poursuivait  ses  études  de 
contrepoint  et  de  fugue  auprès  de  l'excellent 
contrepointiste  Sechter.  Il  publiait  aussi  ses  pre- 
miers essais  de  composition  :  deux  petites 
pièces  pour  le  piano  et  lui  Taniiun  ergo.  En 
1854,  il  entreprit  un  long  voyage  artistique  <|ui 
ne  dura  pas  moins  de  deux  ans.  Il  parcourut  la 
Hongrie,  l'Autriche,  les  Provinces  Danubiennes 
et  une  partie  de  la  Turquie.  Il  donna  des  con- 
certs (tans  toutes  ces  contrées,  et  joua  devant  le 
prince  do  Serbie  et  les  cours  de  Bucharest  et  de 
Jassy.  Sur  le  conseil  de  Servais,  qu'il  renroiitra 
dans  celte  dernière  ville,  il  renonça  à  celte  vie 
nomade  et  alla  â  Paris  se  mettre  sous  la  direc- 
tion de  Vieuxtemps.  Pendant  deux  ans,  il  voya- 
gea avec  .son  maître,  lui  servant  de  .second  vio- 
lon diins  toutes  ses  audilions. A  Londres,  M.Graff 
se  produisit  comme  soliste  dans  les  concerts  de 
«  Wdlis  Rooms  »  et  de  VaOld  Philarmnnic 
Society  ».  Il  se  lit  entendre  également  à  Paris,  à 
la  salle  Heiz ,  dans  un  concert  où  jouait  le 
piani-te  Fumagalli.  Enfin,  après  avoir  secondé 
Vieuxtemps  dans  de  brillantes  .séances  don- 
nées à  Francfort,  et  à  Vienne  devant  la  cour, 
M.  Graff  se  sépara  de  lui  et  revint  dans 
son  pays.  Il  y  composa  une  ouverture  pour  le 
drame  de  Don  Carloi  de  Scliiller,  qui  fut  exé- 
cutée plusieurs  fois  à  Pesth,  une  douzaine  de 
romances  pour  voix  seule  ou  à  4  voix,  et  son  pre- 
mier quatuor.  En  même  temps  il  faisait  paraître 


à  Vienne  2  morceaux  de  violon  et  6  romance» 
pour  4  voix  mixtes.  En  1858,  en  se  rendant  de 
nouveau    à    Paris  ,    il   s'arrêta   à   Cassel  pour 
y  jouer  dans  un  concert  d'aiionnés  au  théâtre  de 
la  Cour.  Spohr,  qui  dirigeait  l'orchestre,  l'appré- 
cia et  le  fit  engager  comme  premier  violon  solo, 
—  Concert-meister,  —  de  son  altesse  l'électeur 
de  Hesse,  en  remplacement  de  son   élève  Jean 
Bott,  appelée  d'autres  fonctions.  M.Graff  occupa 
ce  poste  pendant  environ  cinq  ans.  Il  employa 
utilement  les  deux  premières  années;  il   reçut 
des  conseils  de  Spohr,  écrivit  plusieurs  choeurs, 
son  second  quatuor,  et  une  opérette,  C Hercule, 
qui  eut  une  dizaine  de  représentations  dans  la 
saison.  Mais,  en  novembre  1859,  Spohr  mourut, 
et  M.  Graff  perdit  en  lui  un  puissant  appui.  Des 
chagrins  privés  aggravèrent  bientôt  ce  premier 
malheur  :  une  maladie  nerveuse  qui  compromit 
la  sûreté  de  son  exécution  et  de  regrettables  ri- 
valités artistiques  vinrent  y  mettre  le  comble.  En 
1863,  Vieuxtemps,  de  passage  à   Cassel,  le  re- 
trouva souffrant  et  découragé.  Il  lui  fit  donner  .sa 
démission  et  obtint  pour  lui  la  place  de  profes- 
seur de  violon  à  Insprùck.  M.  Graff  ayant  reçu  le 
conseil  d'aller  passer  l'hiver  dans  un  climat  plus 
doux,  pour  y  rétablir  sa  santé,  déclina  l'offrequi 
lui  était  faite,  et  ré.solut  d'habiter   le  midi  de  la 
France.  En  septembre  1863,  il    vint  se  fixer  à 
Marseille,  où  il  est  resté  jusqu'en  1870.  Après 
avoir  été  attaché  pendant  une  saison  au  Grand- 
Théâtre  de  cette  ville,  comme  premier  violon, 
M.  Graff  abandonna  cette  position  pour  se  livrer  à 
l'enseignement.  En  1864,  il  fonda,  avec  MM.  Th. 
Thurner  et  Aug.  Tolbecque.  des  Sf'ances  de  mu- 
si(|ue  de  chambre  dans  le  but  de  f.ure  connaître 
les   principales  œuvres  de  l'école   romantique. 
Ces  séances  furent  presque  exclusivement  con- 
sacrées à  l'aud'tion  de  fiagments  de  Schuin^nn, 
Rubinstein,  Brahms,  Raff,  Volkman,    Bargiels, 
Liiollf,  Saint  Saèns,   etc.  —  Vers  la  fin  de  1870, 
M.  Graff  alla  s'établir  à  Menton,  où  il  réside  encore 
au  moment  où  cette  notice  est  écrite.  Ayant  été 
chargé  de  divers  travaux  pour  le  roi  de  Portu- 
gal, il  a  eu  occasion  de  connaître  la  préférence 
de  ce  souverain  éclairé  [tour  le  style  religieux 
des  vieux  maîtres  italiens.  Il  a  écrit  dans  cette 
manière  une  messe  à  2  voix  avec  accompagne- 
ment d'orgue,  qu'il  lui  a  dédiée.  Cette  œuvre  a 
été  exécutée  en  1875  dans  la  chapelle  royale  de 
Lisbonne,  et  a  valu  à  son  auteur  la  croix  de 
commandeur  de  l'ordre  du  Christ. 

Voici  le  relevé  complet  des  compositions  de  cet 
artiste  :  «  An  revoir»;  Idylle,  2  morceaux  de 
piano,  chez  Gloggl  à  Vienne-,  —  Tantumergo, 
chez  Diabelli,  à  Vienne;  —  Fantaisie  dramati- 
que pour  violon  el  piano,  chez  Wagner,  à  Pesth  ; 
— Duo  sur  le  Prophète  pour  piano  et  violon,  chez 


GRAFF  —  GRANDMOUGIN 


413 


Gloggl  ;  —  Romances  pour  4  voix,  chez  Diabelli  ; 

—  4  Lieder  pour  chaut,  chez  Scheel,  à  Cassel  ;  — 
Diver.-es  romances  pour  chant;  —  une  ouver- 
ture pour  le  drame  de  Don  Carlos  ;  —  Con- 
cerstûck  pour  violon  et  orchestre;  —  6  mor- 
ceaux de  salon  pour  piano  ;  —  plusieurs  fan- 
taisies pour  violon  ;  —  Motel  à  4  voix  et  orgue  ; 

—  L'Hercule,  opérette;  —  6  feuillets  d'Album 
pour  piano;  —  2  chœurs  pour  voix  d'hommes; 

—  trois  qu^ituors  pour  instruments  à  cordes  ;  — 
Une  sonate  pour  piano  et  violon  ;  —  2  grandes 
fugues  pour  orgue;  —  2  danses  hongroises 
pour  violon  el  piano  ;  —  transcription  d'une 
mélodie  hongroi-e;  —  une  me&^e  à  2  voix  et 
orgue;  —  une  suite  pour  piano  et  violon. 

La  qu  ilité  maîtresse  de  ces  diverses  composi- 
tions est  la  distinction  :  on  peut  dire  qu'on  n'y 
rencontre  jamais  la  moindre  banalité.  Le  tour  de 
la  pensée,  le  coloris,  le  style,  les  procédés,  sont 
ceux  de  I  école  contemporaine  allemande. 

Al.  R  —  d. 

*  GRAFFIGJXA  (Achille).  Cet  artiste  a  fait 
représenter  au  Théâtre- Italien  de  Paris,  le 
22  mars  1865,  un  opéra  sérieux  intitulé  la  Du- 
chessa  di  San  Giuliano,  qui  n'obtint  aucun  suc- 
cès, et  qui  n'était  qu'une  nouvelle  édition,  re- 
maniée et  modifiée,  d'un  ouvrage  que  l'auteur 
avait  produit  antérieurement  en  Italie,  sous  le 
titre  de  Veronica  Cibo.  Vers  1872,  M.  Graffigna 
revint  à  Paris,  amenant  avec  lui  une  troni)e  ita- 
lienne dont  il  était  à  la  fois  l'imprésario  et  le 
chef  d'orchestre,  et  donna  avec  cette  troupe,  au 
petit  théâtre  de  l'Athénée,  qui  était  alors  sans 
directeur,  quelques  représentations  de  Lucia  di 
Latnernioor,  de  Donizetti.  L'insuccès  fut  com- 
plet, et  les  pauvres  artistes,  sans  ressources  à 
Paris,  eurent  toutes  les  peines  du  monde  à  se 
rapatrier.  En  1875,  M.  Graffigna  était  maestro 
concerlatore  et  chef  d'orchestre  au  théâtre  Gol- 
doni,  de  Florence.  Au  nombre  des  productions 
antérieures  de  cet  artiste,  il  faut  citer  l'Assedio 
di  Malta,  tragédie  lyrique  en  3  actes  représen- 
tée au  théâtre  Social  d'Udine  en  1854,  et  im 
ballet  qui  fut  l'une  de  ses  premières  productions 
dramatiques,  la  Coriquistadi  Granata,  donné 
sans  succès  au  théâtre  de  la  Scala,  de  Milan,  le 
19  octobre  1839.  Il  a  publié  aussi  quelques  ro- 
mances, la  Pipa,  la  Croce,  Al  Lido,  il  Ponte 
del  Diavolo  ,  la  Vita  di  un  fiore,  VAmor  di 
inoda ,  vna  Lapide,  VVltimo  isiante  di  Fe- 
lice  Orsini,  etc. 

GRAGi\Ai\I  (Antonio),  luthier  italien,  vi- 
vait <ians  la  première  moitié  du  dix-hiiilième 
siècle.  On  a  vu  à  Londres,  à  l'Exposition  du 
Kensington- Muséum  (1872),  un  par-dessus  de 
viole  de  cet  artiste,  à  cinq  cordes,  daté  de  1741. 


GRA.VlMAi\i\  (Carl),  compositeur  alle- 
mand contemporain ,  s'est  fait  connaître  en  ces 
dernières  années  par  plusieurs  œuvres  qui  ont 
été  bien  reçues  du  public,  entre  antres  une  sym- 
phonie à  grand  orchestre,  un  quintette  pour  pia- 
no el  instruments  à  cordes ,  et  une  cantate, 
Traver- Cantate,  pour  baryton  solo,  chœur  et 
orchestre.  M.  Grammann  a  heureusement  abordé 
le  théâtre  en  faisant  représenter  à  Wiesbaden  , 
le  25  septembre  18"5,  un  grand  opéra  romanti- 
que intitulé  Mé  usine ,  qui  a  été  accueilli  avec 
une  grande  faveur.  Depuis  lors,  ce  jeune  artiste 
a  écrit  un  second  ouvrage  dramatique,  Thus- 
nelda^  dont  les  journaux  allemands  ont  annoncé 
la-prochaine  apparition,  mais  qui  n'a  pas  encore 
été  produit  à  la  scène. 

*  GRAXCINI  (Michel-Ange).  Un  des  ou- 
vrages de  cet  artiste  porte  le  titre  suivant  :  Dell' 
Armonia  ecclfsiastica  de'  concerti  a  1,  2,  3  e 
4  voci,  con  una  Messa,  Magnificat,  Litanie, 
Falsobnrdoni,  e  canzoni  francesi  parimenti 
a  4,  Milan   Rolla,  1622. 

GRAND  ( ),  compositeur  français,  qui  a 

fait  son  éducation  musicale  sous  la  direction  de 
Niedermeyer,  a  fait  représenter  en  1862,  sur  le 
théâtre  de  Limoges,  un  opéra-comique  en  2  actes 
intitulé  Spavento. 

GRAIVDI  (FLORino  Maria),  chanoine  régulier 
de  San-Salvator,  né  à  Bologne,  fut  maître  de 
chapelle  en  cette  ville,  où  il  avait  été  élève  d'A- 
gostiiio  Filipuzzi.  Il  fut  secrétaire,  puis,  en  1688, 
prince  de  l'Académie  des  Philharmoniques  de  sa 
ville  natale. 

*  GRAADIS  (Vincent  DE).  On  doit  à  ce 
compositeur  la  musique  de  trois  oratorios  :  1°  il 
Nascimento  di  Mosè,  exécuté  à  Modène  en 
1682  ;  2°  la  Caduta  di  Adamo;  3"  il  Matrimo- 
niodi  Mosè.  De  Grandis  fut  un  instant  maître 
de  chapelle  du  duc  de  Modène  François  II,  du 
1"  janvier  1682  au  21  avril  1683.  Ces  renseigne- 
ments, que  je  puise  dans  un  livre  bien  informé, 
la  Cronistoria  dei  Teatri  di  Modena,  me  font 
conclure  à  1  inexactitude  des  dates  données  au 
sujet  de  De  Grandis  dans  le  tome  IV  de  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens. 

GRANDJEAN  (Axel),  compositeur  danois 
dont  le  nom  indique  suffisamment  une  origine 
fiançaisp,  s'est  pioduit  pour  la  première  fois  à  la 
scène  en  donnant  sur  le  théâtre  de  Copenhague, 
au  mois  de  mars  ou  d'avril  1876,  un  opéra  inti- 
tulé les  deux  Bracelets,  dont  il  avait  écrit  les 
paroles  et  la  musique. 

GRA!VDMOUGIi\  (Charles),  écrivain,  est 
né  à  Vesoul  (Haute-Saône),  le  17  janvier  t8ôO. 
Employé  au  ministère  de  la  guerre,  M.  Grand- 
mougin,  après  avoir  livré  au  public  un   volume 


414 


GRANDMOUGIN  —  GRANDVAL 


de  poésies  intitulé  les  Siestes ,  a  publié  une 
Esquisse  sur  Richard  Wagner  (  Paris,  Dii- 
rand-Sciiœneweik,  in-8°  de  75  pp  ),  qui  n'est 
qu'une  apologie  non  raisonnée  du  système  Jet 
des  œuvres  du  fameux  musicien  allemand. 
M.  Granitmous'n  est  aussi  l'auteur  d'un  poënie 
d'oralorio  intitulé  la  Vierge,  que  M.  Massenet 
a  mis  en  musique  et  qui  n'a  pas  encore  été  exé- 
cuté. Il  donne  des  articles  de  critique  musicale 
au  journal  la  Vie  Idiéraire. 

•  GRA1\DV.\L  (  ^IcoL\s  RACOT  DE). 
Ce  n'est  pas  pour  une  troupe  de  comédiens  am- 
bulants ,  mais  bien  pour  la  Comédie- Française 
elle-même ,  que  cet  artiste  écrivit  la  mu.sique 
d'une  foule  d'airs  et  de  divertissements.  Tous  les 
témoignages  contemporains  s'accordent  à  ce  su- 
jet ,  et  le  chevalier  de  Mouby ,  dans  l'im  des 
suppléments  (celui  de  1754  )  de  ses  Tablettes 
dramatiques,  dit  expressément  :  «  Grandvalest 
auteur  d'une  comédie  intitulée  le  Valet  astrolo- 
gue, qui  a  été  représentée  à  Rou-n  en  1C97,  et 
de  la  musique  dune  partie  des  divertissemens 
qui  ont  été  exécutés  au  Tliéàlre-Français  pendant 
environ  40  ans.  »  Voici  une  bonne  partie  des  litres 
des  pièces  pour  lesquelles  Grandval  a  écrit  de  la 
musique:  les  Vendanges  {\G9i),  les  Trois  Gas- 
cons (1701),  le  Port  de  mer  (1704),  le  Diable 
boiteux  {1707),  la  Foire  Saint- Laurent  (1709), 
r Usurier  gentilhomme  (1713),  le  Prix  del'Ar- 
qiiebuze  {1717),  le  Curuux  de  Reims  (1725), 
la  Tragédie  en  prose,  les  Réjouissances  pu- 
bliques (1729),  le  Divorce  (1730),  le  Mari  cu- 
rieux (1731),  les  Acteurs  déplacez,  le  Mariage 
par  lettre  de  change  (1735),  la  Rencontre 
imprévue  (1735),  les  Originaux  (1737),  le  Fat 
puni,  le  Consentement  forcé  (1738),  Ésope  au 
Parnasse  (i7Z9) ,  l'Oracle ,  Joconde  (|740), 
Deucalion  et  Pyrrha ,  les  Masques  ou  le  Bal 
de  Passy,  les  Souhaits  (1741),  la  Fête  d'Au- 
teuil.  Amour  pour  amour  (1742),  Vlsle  sau- 
vage, Zénéide  (1743),  VHeureux  retour,  les 
Grâces,  l'Algérien,  le  Quartier  d'hiver  (1744), 
la  Folie  du  jour,  l'Étranger  [i'/iô),  le  Rival 
de  lui-même  (1746),  le  Plaisir  {,17 k7),  Vlsle 
des  Vieillards  (1748),  l'Heureux  indiscret 
(1751),  etc.,  etc.  On  voit  que  Grandval  a  écrit 
ainsi  pour  le  théâtre  pendant  au  moins  55  ans. 

GRAi\DVAL(MARIE-FÉLlClK-CLÉMENCEDE 

REIStT,  vicomtesse  DE),  compositeur  et  l'un 
des  membres  les  plus  actifs  de  la  jeune  école 
musicale  française,  est  née  au  château  de  la 
Cour-du-Bois  (Sarthe),  propriété  de  la  famille  de 
Reiset,  le  21  janvier  i830.  Quoique  sa  haute  si- 
tuation et  son  état  de  fortune  ne  fassent  consi- 
dérer M"''  de  Grandval  que  comme  un  amateur, 
elle  est  cependant  douée  de  facultés  assez  re- 


marquables et  d'une  puissance  de  production 
assez  rare,  surtout  chez  une  femme,  pour  qu'on 
puisse  sans  complaisance  lui  accorder  le  titre 
d'artiste.  Dès  l'âge  de  six  ans  elle  étudiait  la 
musique,  et  à  douze  ou  treize  ans  elle  s'exerçait 
déjà  à  la  composition  sous  la  direction  de  M.  de 
Flotow,  qui  était  au  nombre  des  amis  de  sa  fa- 
mille. Celui-ci  ayant  quitté  la  France  peu  d'an- 
nées après,  laissa  tiè^-incomplète  l'éducation  de 
son  élève ,  qui  cependant  se  mit  à  composer  de 
la  musique  instrumentale ,  d'assez  nombreuses 
mélodies  vocales,  et  à  ébaucher  quelques  opéras  ; 
mais  ces  essais  étaient  fort  imparfaits,  et  bien 
des  années  furent  perdues  pour  elle,  par  suite 
de  son  inexpérience  dans  l'art  d'écrire  et  d'ins- 
trumenter. 

Cependant,  M"'  de  Reiset,  devenue  vicomtesse 
de  Grandval,  conservait  un  vif  amour  de  la 
musique  ;  elle  résolut  de  refaire  eu  entier  son 
éducation  musicale,  et  se  mit  dans  ce  but  sous 
la  diretlion  de  M.  Camille  Saint-Saëns.  Après 
deux  années  d'etuf!essérieuses  et  ininterrompues, 
elle  avait  atteint  le  résultat  qu'elle  désirait,  et  se 
vit  en  étal  d'écrire  correctement  et  de  rendre 
exactement  ses  pensées.  Depuis  lors,  M*"*  de 
Grandval ,  rattrapant  le  temps  perdu,  n'a  cessé 
de  produire,  et  son  inspiration  s'est  révélée 
sous  les  aspects  les  plus  divers  :  musique  dra- 
matique, symphonie,  musique  religieuse,  mu- 
sique instrumentale ,  elle  a  abordé  successi- 
vement tous  les  genres,  en  faisant  preuve  dans 
chacun  d'eux  sinon  d'un  génie  supérieur,  du 
moins  d'un  talent  véritable,  d'une  imagination 
bien  douée  et  d'une  faculté  productrice  dont 
la  vigueur  est  incontestable. 

Voici  une  li.ste  des  œuvres  de  M"*  de  Grand- 
val que  je  crois  bien  près  d'être  complète.  — 
Musique  dramatique  :  1°  Le  Sou  de  Lise,  opé- 
rette en  un  acte,  BoulTes-Parisiens,  1859  (sous  le 
pseudonyme  de  Caroline  Blangy)  ;  2°  les  Fian- 
cés de  Rasa,  opéra-comique  eu  un  acte,  Théâtre- 
Lyrique,  1^"^  mai  1863  (SOUS  le  pseudonyme  de 
Clémence  Valgrand);  3"  la  Comtesse  Ei a  , 
opéra-comique  en  un  acte ,  théâtre  de  Bade , 
7  août  1864  ;4°  la  Pénitente,  opéra-comique  en 
un  acte,  Opéra-Comique,  13  mai  1868;  5°  Pic- 
colino,  opéra  italien  en  3  actes,  Théàtre-Itaien, 
5  janvier  18G9;  G"  la  Foret,  poème  lyrique  en 
3  parties  (paroles  et  musique)  pour  soli,  chœurs 
et  orcliestre,  exécuté  à  la  salle  Ventadour  le 
30  mars  1875.  —  Musique  religieuse.  1°  Messe 
à  trois  voix ,  chœurs  et  orchestre ,  exécutée  à 
l'Athénée  le  1"  avril  1867  ;  2°  Messe  brève,  pour 
voix  de  soprano;  3"  stabat  Mater,  pour  soli, 
chœurs  et  orchestre,  exécuté  au  Conservatoire  , 
au  profit  d'une  œuvre  de  bienfaisance  ,  au  mois 


GRANDVAL  —  GRAS 


415 


(l'avril  1870;  4"  Sainte- Agnès,  oratorio,  exéculé 
à  rodéon,  dans  un  concert  spirituel,  le  13  avrd 
1876  ;  5"  Pa/er  noster  pour  soprano,  avec  piano 
et  orgue;  G°  Osalutaris,  pour  soprano;  7°  0 
salutaris,  pour  soprano  et  contralto.  —Musique 
INSTRUMENTALE.  1°  EsQuisses  symphoiiiqucs, 
exécutées  aux  Concerts  populaires  le  8  mars 
1874  ;  2°  Suite  pour  flûte  et  piano  ;  3"  l""  Trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  7,  Paris, 
Leraoine;  4"  Grande  sonate  pour  piano  et  violon, 
op.  8,  ib.,  ib.;  5°  1"  et  2^  Nocturnes  pour  piano, 
op.  5  et  6;  6''  Concertino  pour  violon  ;  1°  Musette 
pour  violon.  —  Musique  vocale.  1°  Jeanne 
d'Arc,  scène  pour  contralto,  avec  piano  et  orgue  ; 
2°  Album  de  sept  mélodies  {Barcarolle,  la 
Cloche,  Consolatrix,  Chant  d'hiver,  la  Fleur, 
le  Grillon,  Promenade)  ;  3"  les  Lucioles,  rê- 
verie pour  mezzo-soprano,  violon-solo,  piano  et 
orgue;  4"  Rose  et  Violette,  duo  pour  deux  so- 
pranos ;  5°  le  Bal,  valse  chantée  ;  6°  enfin,  di- 
verses uélodies,  rêveries  et  chansons  :  l'Attente, 
Pâquerette.  Chnjsa,  les  Clochettes,  Trilby, 
Rosette,  Chanson,  Mignonne,  Ne  le  dis  pas, 
Dieu  seul  peut  tout  savoir.  Rappelle- toi,  la 
Jeune  Fille  et  le  Lys,  Chanson  de  la  coquille, 
Si  tu  ni'aimais,  Chanson  de  Barberine,  la  Pi- 
leuse, l'Étoile  du  soir.  Myosotis,  Ne  grandis 
pas,  Juana,  le  Petit  oiseau,  le  Rendez-vous, 
la  Sirène,  la  Source,  etc.,  etc.  Entre  autres 
ouvrages,  M"'"  de  Grandval  a  en  manuscrit  un 
grand  opéra  en  quatre  actes  et  une  ouverture 
de  concert. 

GR  AIMER  ( ),  violoncelliste,  vivait  au 

dix-huitième  siècle.  11  n'est  mentionné  ici  que 
parce  qu'il  est  un  des  artistes  auxquels  on  a 
prétendu  attribuer  la  paternité  de  la  musique  du 
Devin  du  village,  aux  dépens  de  Jean-Jacques 
Rousseau.  Dans  une  brochure  signée  par  un 
comédien  nommé  De  Marigiian  et  publiée  en  ré- 
ponse à  un  article  du  Journal  encyclopédique 
sur  ce  sujet  :  Éclaircissements  donnés  à  l'au- 
teur du  «  Journal  encyclopédique  »  sur  la 
musique  du  «  Devin  du  t  illage  »  (Paris,  Du- 
chesne,  1781,  in-8'') ,  lauteur,  pour  disculper 
Rousseau  de  son  prétendu  vol  de  la  musique  de 
cet  ouvrage,  vol  qui  aurait  été  commis  en  1750 
au  préjudice  d'un  nommé  Garnier  ou  Granier, 
habitant  Lyon,  donne  les  renseignements  sui- 
vants. —  «  Si  elle  (la  musique  du  Devin)  était 
d'un  Garnier,  elle  ne  pouvait  pas  venir  de  Lyon, 
puisqu'il  n'y  avait  à  Lyon  aucim  musicien  com- 
positeur de  ce  nom-là  en  1750.  J'étais  à  Lyon 
en  1749;  j'y  revins  en  1751,  et  j'y  restai  jusqu'en 
1758.  Comme  j'aime  la  musique,  et  que  je  chan- 
tais alors,  je  connaissais  tous  les  musiciens  qui 
pouvaient  avoir  quelque  réputation.  J'y  ai  connu 


ce  Grenet  (qui  était  en  cause  aussi) ,  et  j'y  ai 
connu  un  Granier,  et  non  un  Garnier,  mais  ce 
Granier  était  à  Grenoble  et  à  Chambéry  en  1750, 
où  il  avait  épousé  la  nièce  de  Madame  Legrand, 
épouse  de  Legrand,  comédien  français,  et  pour 
lors  directrice  d'une  troupe  de  comédiens.  Ce 
Granier  ne  vint  à  Lyon  qu'en  1751.  Celait  un 
excellent  violoncelle,  qui  n'avait  alors  que  quel- 
ques faibles  notions  de  la  composition,  (|u'il  ap- 
prit ensuite  de  l'abbé  Roussier.  Ce  Granier  n'a 
de  sa  vie  composé  d'autre  musique  vocale  que 
quelques  vaudevilles.  Il  ne  commença  même  de 
composer  de  petits  airs  de  danse  qu'en  1757  ;  et 
ce  fut  pour  les  ballets  ingénieux  de  M.  Noverre; 
encore  ces  airs  lui  étaient-ils,  pour  ainsi  dire, 
dictés  et  calqués  par  cet  admirable  artiste,  qui 
lui  en  indiquait  ^e^prit  et  le  caractère.  Lorsqu'on 
donna,  pour  la  première  fois,  en  1754,  le  Devin 
du  Village  à  Lyon,  ce  Granier  jouait  de  la 
basse  dans  l'orchestre.  Si  la  musique  eût  été  de 
lui,  il  aurait  pu  s'en  faire  honneur  :  il  n'.y  aurait 
pas  manqué.  Ce  Granier  vint  à  Paris  en  1760; 
Il  entra  musicien  dans  l'orchestre  de  la  Comé- 
die-Italienne; il  y  a  composé  quelques  airs  de 
ballets;  il  resta  quelques  années  à  ce  théâtre, 
après  lesquelles  il  retourna  à  Lyon ,  où  il  est 
mort  il  y  a  environ  quatre  ans....  En  voilà  ,  je 
crois,  suffisamment.  Monsieur,  pour  vous  prou- 
ver que  la  lettre  que  vous  avez  reçue  de  Lyon 
ne  pouvait  pas  être  d'un  homme  qui  n'y  était 
point,  et  que  ce  même  homme,  qui  ne  savait  pas 
la  composition  en  1751,  n'avait  pas  pu  composer 
la  musique  du  Devin  du  Village  en  1750 » 

GRAS  (Victor),  violoniste,  époux  de  la  can- 
tatrice M'""  Dorus-Gras,  naquit  en  1800,  et  s'a- 
donna de  bonne  heure  à  l'étude  du  violon.  Admis 
au  Conservatoire  de  Paiis,  il  y  devint  élève  de 
Baillot,  et  remporta  d'emblée  un  premier  prix 
au  concours  de  1825.  Il  fut  ensuite  attaché  à 
l'orchestre  de  l'Opéra  en  qualité  de  premier  vio- 
lon. Cet  artiste  est  mort  à  Étretat ,  au  mois  de 
juillet  1876. 

*  GRAS  (  Madame  Julie-Aimée-Josèphe 
DORUS),  femme  du  précédent,  est  née  à 
Yalenciennes,  non  en  1807,  mais  le  7  septem- 
bre 1804.  Dans  une  série  de  notices  biographi- 
ques publiées  sous  ce  titre  :  Écrivains  et 
Artistes  vivants,  français  et  étrangers,  par 
MM.  Xavier  Eyma  et  Arthur  de  Lucy,  il  a  été 
donné  une  biographie  de  cette  cantatrice  distinguée 
(Paris,  1840,  in-16,  avec  portrait).  Il  est  utile  de 
signaler  aussi,  ne  fût-ce  que  pour  prémunir  les  his- 
toriens à  venir  contre  toute  fâcheuse  interpréta- 
tion, une  publication  d'un  autre  genre.  En  1874 
a  été  publié  en  allemand  ,  à  Cassel,  un  prétendu 
roman  historique,  intitulé  la  Sibérie  ou  ^e*  Dé- 


416 


GRAS  —  GRASSI 


classés  du  14  décembre ,  par  M.  le  baron  de 
Grasshoff  (2  volumes).  Le  sujet  de  ce  roman  est 
la  grande  conspiration  militaire  rasse  de  1825, 
et  les  «  déclassés  »  sont  les  malheureux  qui  Cu- 
rent internés  en  Sibérie  apr^s  l'effondrement  de 
leurs  projets.  L'auteur  a  jugé  à  propos  d'entre- 
mêler au  récit  du  drame  qu'il  voulait  retracer 
les  incidents  d'une  intrigue  amoureuse  dans 
laquelle,  on  ne  saurait  dire  pourquoi,  se  trouve 
mêlé  le  nom  de  l'artiste  qui  fut  M"»  Dorus,  et 
dont  il  fait  la  maîtresse  d'un  prince  moscovite. 
Ce  manquement  aux  convenances  sociales  les 
plus  élémentaires  a  été  relevé  en  ces  termes  par 
la  Revue  de  Belgique,  qui,  dans  son  n°  du  15 
septembre  1874,  rendait  compte  de  l'écrit  en 
question  :  »  Il  est  regretable  que  M.  de  Grass- 
hoff  soit  allé  choisir  précisément  le  nom  d'une 
artiste  du  plus  grand  talent  et  vivant  encore,  poiu- 
en  faire  une  des  hémines  de  son  drame.  M'""  Do- 
rus, qui  fit,  avant  1830,  ses  débuts  au  théâtre 
royal  de  Bruxelles,  a  été  entourée,  dans  tout  le 
cours  de  sa  carrière  lyrique,  d'estime  et  de 
respect.  Nous  tenons  à  le  rappeler,  à  cause  du  fait 
qui  précède  et  de  ceux  qui  suivent » 

GRASSAKI  (Mademoiselle  GLRARD, 
dite),chanteuse  fort  distinguée,  qui  pendant  douze 
ans  occupa  une  situation  brillante  à  l'Opéra,  na- 
quit à  Tongres(Belgique), vers  1793.  «  Elle  est  (di- 
sait un  biographe  à  l'époque  de  ses  plus  grands 
succès)  l'unique  fruit  d'un  mariage  contracté 
entre  le  baron  Gérard,  lieutenant-général,  et  la 
fille  du  bourgmestre  de  la  ville  de  Tongres.  Par 
suite  d'un  divorce  entre  les  auteurs  de  ses  jours, 
mademoiselle  Gérard  fut  placée  sous  la  surveil- 
lance immédiate  de  sa  mère,  jusqu'en  1814, 
époque  à  laquelle  elle  fut  conduite  à  Paris  au- 
près de  son  père  (i).  » 

Douée  d'heureuses  dispositions,  la  jeune  per- 
sonne avait  étudié  la  musique  tlans  son  pays 
natal.  Arrivée  à  Paris,  elle  entra  au  Conserva- 
toire, où  elle  termina  son  éducation  artistique 
et  où  elle  resta  jusqu'au  commencement  de  lsi6. 
Engagée  à  l'Opéra,  elle  y  débuta  le  13  février  de 
cette  année,  en  adoptant  pour  le  théâtre  le  nom 
de  Grassari,  qu'elle  ne  quitta  jamais  depuis. 

C'est  dans  le  rôle  d'Antigone  iV Œdipe  à  Co- 
lone,  que  M""  Grassari  se  montra  pour  la  pre- 
mière fois  au  public.  Son  succès  fut  très -flatteur 
et  très-vif ,  et ,  après  avoir  ohlenu  le  titre  de 
premier  remplacement,  elle  devenait  au  bout 
de  peu  d'années  chef  d'emploi  et  faisait  succes- 
sivement d'importantes  créations  dans  les  Dieux 
rivaux,  Aspasie  et  Périclès,  Stratonice,  Ala- 
din  ou  la  Lampe  merveilleuse,  les  deux  Sa- 

(I)  Galerie  biographique  des  artistes  dramatiques  des 
théâtres  royaux,  l'aris.  Barba,  1826,  in  &". 


lem,Virginie,  Vendômeen  Espagne, TMsthénie, 
Ipsiboé,  la  Belle  ou  bois  dormant,  Pfiara- 
mond  et  Don  Sanche.  De  la  grâce ,  de  la  no- 
blesse, une  taille  élégante,  une  jolie  figure ,  une 
voix  étendue,  flexible  et  d'une  rare  justesse ,  un 
excellent  sentiment  de  la  scène,  telles  étaient  les 
qualités  qui  distinguaient  M"''  Grassari  comme 
femme,  comme  actrice  et  comme  chanteuse.  Sa 
carrière,  cependant,  n'eut  qu'une  durée  mo\enne, 
et  après  douze  années  de  bons  et  brillants  ser- 
vices, en  1828,  cette  artiste  remar<|uable  quitta 
la  scène  où  elle  avait  obtenu  de  nombreux  siuxès. 
A  partir  de  ce  moment,  on  n'en  entendit  plus 
parler. 

GRASSI  (Gilseppe-Napoleone),  violoniste, 
naquit  à  Casal-Montferrat  (Piémont),  le  7  juillet 
1806.  Fils  d'un  peintre  di.<tingué,  il  devait  em- 
brasser la  même  carrière  que  son  père ,  mais  il 
préféra  apprendre  la  musique.  Il  eu!  pour  profes- 
seur de  violon  un  élève  du  fameux  Pugnani, 
dont  il  prit  des  leçons  pendant  dix -huit  mois, 
puis  il  continua  seul  .ses  études.  Il  avait  quatorze 
ans  lorsque  son  père,  se  rendant  en  Russie,  l'em- 
inena  avec  lui,  et  deux  ans  après  il  entrait  en 
qualité  de  premier  violon  dans  l'orchestre  d'un 
riche  amateur,  le  comte  Goudovitch.  A  vingt  ans 
il  entreprit  un  voyage  artistique  en  Allemagne, 
visita  Vienne  et  plusieurs  autres  grandes  villes, 
puis  retourna  à  Moscou,  où  il  fut  engagé  comme 
violon-solo  au  Théâtre-Impérial.  Il  organi>a  alors 
des  séances  musicales  exclusivement  cmsacrées 
par  lui  à  l'exécution  des  quatuors  de  Beethoven, 
et  il  fut  proclamé  le  roi  de  ces  séances ,  dont  le 
succès  était  énorme.  En  18^0  il  vint  pour  la  pre- 
mière fois  en  France,  se  fit  entendre  à  Paris, 
donna  cinq  concerts  à  Lyon,  puis  se  produisit  à 
Marseille  et  dans  d'autres  grandes  villes.  Il  visita 
ensuite  les  principales  villes  de  l'Italie,  retourna 
en  Russie,  se  rendit  en  Belgique  au  mois  de  dé- 
cembre 1846,  et  au  mois  de  janvier  suivant  re- 
partit de  nouveau  pour  la  Russie.  Depuis  lors, 
on  n'a  plus  entendu  parler  de  lui. 

GRASSI  (Gicsf.ppe),  pianiste  et  compositeur, 
issu  d'une  ancienne  et  noble  famille  bolonaise, 
est  né  à  Pahni,  dans  la  Calabre,  le  2ii  février 
1825.  Dès  l'âge  de  huit  ans,  il  commença  l'étude 
du  piano  sous  la  direction  de  la  signora  Rot>=> 
Savoia,  .sœur  du  fameux  Manfroce,  puis  avec 
Carmelo  Jonila.  Quelques  années  après  il  vint  à 
Naples,  termina  ses  études  avec  un  maître  alle- 
mand resté  inconnu  ,  puis  travailla  l'harmonie  et 
la  composition  avec  Gaetano  Rolondo,  après 
quoi,  ayant  accompli  sa  dix-neuvième  année,  il 
se  consacra  à  l'enseignement  et  à  la  composition. 
M.  Grassi  a  publié  près  de  200  œuvres  pour  le 
piano  et  pour  le  chant,  et  il  a  fait  représenter  ou 


GRASSI  —  GRAZIANI 


417 


exécuter  les  ouvrages  suivants  :  1"  la  Ver'jine 
ciel  Castello,  opéra  sérieux  en  3  actes  (Naples, 
th.  Niiovo,  1845);  2°  Don  Procopio  a  Cardi- 
iiello  ossia  N'aschita  a  ht  Ftisaro  (ib.,  ib.,  10 
mars  38'j9);  3"  i  Tre  Matrimoiiii  (id.,  id., 
25  août  1852)  ;  4°  Melodramma  in  onore  di 
S.  Rocco,  proietiore  délia  città  di  Palmi,  can- 
tate (Palmi,  IG  août  1840)  ;  5°  Caninta  in  onore 
délia  Madonna  délia  Monlagna  (Radicena, 
8  septembre  1850);  6°  la  Guida  e  il  Solitario, 
cantate  pour  la  fête  de  la  madone  des  pauvres 
(Seminaria,  15  août  1857).  —  Le  fils  de  cet  ar- 
tiste, M.  Pieiro  Grossi,  élève  du  Conservatoire 
de  Naples,  est  un  pianiste  distingué. 
-  GRASSOIVI  (Giovanni),  compositeur,  ancien 
professeur  de  cliant  à  l'école  normale  d'Ancôue, 
naquit  en  cette  ville  vers  1819.  Passionné  pour 
la  musique,  il  apprit  les  rudiments  de  cet  art 
avec  un  chanteur  obscur,  tenta  ensuite  de  s'ins- 
truire seul  à  l'aide  de  traités  spéciaux ,  et  enfin 
compléta  ses  connaissances  sous  la  direction 
d'un  professeur  nommé  Giuseppe  Bornaccini.  Au 
bout  de  quelques  années,  il  fit  jouer  sur  le 
théâtre  d'Ancône  un  opéra  intitulé  Matilde  di 
Valdelmo,  dont  le  très-grand  succès  ne  Paida 
pourtant  pas  dans  la  suite  de  sa  carrière.  En 
butte  à  des  infortunes  incessantes,  M.  Grassoni 
fut  réduit  à  accepter  la  situation  de  chef  de 
chœurs  dans  les  théâtres  de  diverses  villes  d'I- 
talie, fonctions  qu'il  exerce  en  ce  moment  (1875) 
à  Manfoue. 

GRAST  (Franz),  compositeur  suisse,  né  vers 
le  commencement  de  ce  siècle,  est  mort  à  Ge- 
nève an  mois  de  mai  1871.  Je  n'ai  d'autres  ren- 
seignements sur  cet  artiste  que  la  courte  notice 
suivante,  qui  fut  publiée  à  l'époque  de  sa  mort 
dans  un  journal  spécial  de  Bruxelles,  le  Guide 
musical  :  «  Franz  Grast  avait  écrit  depuis  cin- 
quante ans  la  musique  de  presque  toutes  les 
grandes  solennités  religieuses  et  patriotiques  de 
la  Suisse,  notamment  des  deux  dernières  Fêles 
des  Vignerons,  de  Vevey.  C'était  un  esprit  très- 
distingué  et  le  meilleur  homme  du  monde;  il 
avait  eu  à  Paris  son  jour  de  fortune,  des  amitiés 
illustre»  et  très-diverses.  Il  était  presque  par- 
venu à  associer,  pour  lui  faire  un  librelto  d'o- 
péra, Scribe  et  George  Sand.  »  Franz  Grast  est 
l'auteur  de  l'ouvrage  suivant  :  De  l'harmonie 
moderne  et  de  son  union  avec  la  mélodie, 
traité  théorique  et  pratique  d'harmonie,  de  mé- 
lodie et  d'accompagnement  (Paris,  Richault, 
in-S"). 

GRAUD  (Albert),  compositeur,  a  fait  re- 
présenter sur  le  théâtre  d'Oran  (Algérie) ,  le  24 
février  1872,  un  opéra  bouffe  en  3  actes,  intitulé 
la  Diffa,  ou  un  Douar  à  Venvers. 

BIOGR.   UNIV.    DES  MUSICIENS.    —    SUPPL.    — 


*  GRAVRAiVD  (Jacques-François-Urbain, 
et  non  Joseph),  violoniste,  est  mort  à  Caen  noa 
en  1847,  mais  le  16  juillet  1854. 

GRAZIANI  (LoDovico  et  Francesco),  chan- 
teurs italiens  renommés ,  le  premier  ténor,  le 
second  baryton,  ont  aci|uis  dans  leur  patrie  et  à 
l'étranger  une  ré()utation  .solide ,  suffisamment 
justifiée  par  leur  remarquable  talent.  Né  à  Fermo, 
dans  les  États-Romains,  au  mois  d'août  1823, 
M.  Lodovico  Graziani,  dont  la  voix  de  ténor  était 
à  la  fois  puissante  et  suave,  débuta  d'abord  au 
théâtre  Valle,  de  Rome,  se  fit  enlendre  ensuite 
avec  le  plus  grand  succès  à  Milan,  Florence, 
Naples,  Palerme,  Turin,  Venise,  puis  fit  un  assez 
court  séjour  à  Paris  (1858),  fut  engagé  à  Lon- 
dres, et  de  là  se  rendit  à  Barcelone,  où  il  de- 
vint l'idole  du  public.  Il  était  surtout  remarqua- 
ble dans  Rigolelto,  il  Giuramento,  un  Ballo 
in  moschera  et  i  Vespri  siciliani ,  et  tout 
particulièrement  dans  le  rôle  d'Alfredo  de  la 
Traviata,  que  M.  Verdi  avait  écrit  expressément 
pour  lui  II  mit  le  comble  à  sa  renommée  par  les 
succès  qu'il  obtint  à  Vienne  en  1860. 

Son  frère,  M.  Francesco  Graziani,  né  à  Fermo 
le  26  avril  1829,  se  distinguait  aussi  par  la  puis- 
sance et  en  même  temps  le  velouté  de  sa  superbe 
voix  de  baryton.  Après  avoir  eu  pour  maître, 
dans  sa  ville  natale,  un  professeur  nommé  Cel- 
lini,  il  débuta  avec  succès  à  Ascoli  dans  la 
Gemma  di  Vergij,  de  Donizetti ,  puis  se  pro- 
duisit sur  les  théâtres  de  Macerata,  de  Chieti, 
de  Pise  et  de  Florence.  II  vint  à  Paiisen  1854, 
fit  presque  aussitôt  un  voyage  à  New-York,  puis, 
de  retour  en  France,  resta  attaché  jusqu'en  1861 
à  notre  Théâtre-Italien,  où  il  passait  toutes  les 
saisons  d'hiver,  tandis  que  le  Ihéàlre  de  Covent- 
Garden,  de  Londres,  l'engageait  pour  les  saisons 
d'été.  Son  talent  de  chanteur,  tout  à  fait  formé 
à  cette  époque ,  était  des  plus  remarquables,  et 
il  ne  se  montrait  pas  moins  habile  sous  le  rapport 
du  jeu  scénique.  Les  amateurs  de  notre  scène 
italienne  n'ont  certainement  pas  oublié  un  artiste 
si  distingué,  et  les  triomphes  qu'il  obtint  dans 
plusieurs  rôles,  notamment  dans  Bi'joletto  , 
ne  se  sont  pas  effacés  de  leur  mémoire.  En 
1861,  M.  Graziani  fut  engagé  pour  trois  années  à 
Saint-Pétersbourg;  en  1866,  il  reparut  à  Paris, 
mais  sa  voix  était  déjà  fatiguée,  et  il  ne  retrouva 
plus  qu'une  partie  des  succès  qui  l'avaient  fait 
acclamer  naguère  dans  il  Trovatore,  Don  Gio- 
vanni, Maria  di  Rohan,  Lucia  di  Lamermoor, 
Ernani,  Otello ,  il  Giuramento,  il  Barbiere, 
la  Traviata,  etc.  Aujourd'hui  il  n'est  plus  que 
l'ombre  de  lui-même,  et  cependant  on  sent  en- 
core, en  l'entendant,  qu'on  est  en  présence  d'une 
intelligence  artistique  de  premier  ordre. 
T.  I.  27 


418 


GRAZIANI 


GREGOIR 


GRAZIAI\I  (Le  comle  Massimiliano),  noble 
araateurita)ien,aécrit  la  musique  de  deux ballets- 
divertisseinents  en  un  acte ,  représentés  tous 
deux  au  Théâtre-Italien  :  il  Basilico  (18  novem- 
bre 1865),  et  la  Fidanza/a  valacca  (19  mars 
J8G6).  M.  le  comte  Graziani  a  publié  un  assez 
grand  nombre  de  morceaux  de  musique  de 
danse. 

GREGOIR  (Jacques-Mathieu-Joseph),  pia- 
niste et  compositeur,  naquit  à  Anvers  (Belgique) 
le  18  janvier  1817.  II  montra  des  dispositions 
précoces  pour  la  musique,  et  à  peine  âgé  de  huit 
ans  il  exécutait  en  public,  avec  succès,  le  con- 
certo en  si  bémol  de  Dussek.  Il  travailla  alors 
avec  un  organiste  distingué,  nommé  Homans, 
puis,  après  la  révolution  de  1830,  fut  envoyé 
par  sa  famille  à  Paris  pour  s'y  perfectionner,  et 
devint  en  cette  ville  l'élève  de  M.  Henri  Herz. 
Une  maladie  grave  l'obligea,  peu  d'années  après, 
à  retourner  auprès  des  siens  pour  y  prendre  un 
repos  nécessaire,  et  bientôt  Gregoir  partait  avec 
son  jeune  frère  pour  l'Allemagne,  afin  d'y  par- 
faire son  éducation  musicale.  Il  prit  en  ce  pays 
des  leçons  du  fameux  pianiste  Chrétien  Rummel, 
et  au  bout  de  deux  années  (1837)  revint  à  Anvers, 
où  il  obtint  de  grands  succès  en  se  faisant  enten- 
dre dans  plusieurs  concerts. 

Depuis  lors,  et  tout  en  consacrant  une  partie 
de  son  temps  à  l'enseignement,  Gregoir  se  livra 
activement  à  la  composition.  Après  avoir  fait 
exécuter  à  Anvers  un  Lauda  Sion  pour  chœur 
et  orchestre,  il  y  fit  entendre,  en  1847,  un  grand 
poème  musical  intitulé  Faust,  ot  l'année  sui- 
vante donna  au  théâtre  royal  de  cette  ville  un 
opéra  en  trois  actes,  le  Gondolier  de  Venise , 
qui  fut  accueilli  favorablement  par  le  public. 
Il  dirigeait  à  cette  époque  l'orchestre  de  ce  théâ- 
tre, et  était  placé  h  la  tête  d'ime  société  cho- 
rale allemande.  En  1848,  il  quittait  sa  ville  na- 
tale pour  aller  s'établir  à  Bruxelles,  devenait  en 
1849  professeur  de  musique  au  pensionnat  an- 
glais de  Bruges,  et  en  1850  se  fixait  de  nouveau 
à  Bruxelles,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  faire  de 
nombreux  voyages  à  l'étranger,  et  de  s'y  faire 
applaudir  comme  virtuose  et  comme  composi- 
teur pour  son  instrument.  Il  obtint  surtout  de 
grands  succès  dans  une  tournée  qu'il  fit  en  Al- 
lemagne, avec  le  célèbre  violoncelliste  Servais. 

Le  nombre  des  œuvres  que  Joseph  Gregoir  a 
publiées  pour  le  piano  s'élève  à  plus  d'une  cen- 
taine. On  doit  surtout  signaler  parmi  les  plus 
importantes  :  1°  Marche  solennelle,  composée 
pour  le  Ib"  anniversaire  tiu  règne  de  Léopold  I"  ; 
—  2°  Marche  triomphale  à  l'occasion  du  mariage 
du  duc  de  Brabant  et  de  l'archiduchesse  Marie 
d'Autriche  ;  —  3''  Aux  mânes  de  Meyerheer, 


marche  funèbre  ;  —  4°  Concerto,  op.  100;  — 
5°  6  Poésies  musicales,  op.  51  ;  —  6°  Méditations 
musicales,  op.  55;  —  7"  12  Compositions  nou- 
velles en  forme  d'études,  op.  66  ;  —  8°  Souvenir 
d'Ostende,  étude  de  concert,  op.  53;  —  9°  l'É- 
tude du  diable,  op.  56;  —  10"  Trois  légendes 
(1.  Pensée  intime;  2.  Conte  d'enfant  ;  3.  In- 
vocation), op.  93  ;  —  11°  les  Feuilles  volantes, 
six  romances  sans  paroles  (1.  Au  loin;  2.  Mer 
calme;  3.  Rêverie;  4.  Oiseau  messager  ;  b. 
r Automne  ;  6.  Mazurka  de  salon),  op.  95  ;  — 
12"  six  morceaux  de  salon,  op.  98  ;  —  13°  Étu- 
des de  moyenne  force;  —  14°  24  Éludes  de 
style  et  d'expression,  en  4  livres,  op.  101;  — 
15°  24  Études  de  style  et  de  mécanisme,  en  4 
livres,  op.  99;  puis  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  genre,  de  transcriptions,  de  fantaisies 
et  mélanges  sur  des  airs  d'opéras,  et  enfin  des 
duos  pour  piano  et  violon  ou  pour  piano  et  vio- 
loncelle, dont  un  écrit  en  société  avec  M.  Henri 
Vieuxtemps  ,  50  avec  M.  Léonard ,  et  24  avec 
Joseph  Servais.  Cet  artiste  extrêmement  distin- 
gué, aussi  exrellent  professeur  qu'habile  exécu- 
tant, est  mort  à  Bruxelles  le  29  octobre  187G. 

GREGOIR  (EDOUARD-  Georges -Jacques), 
pianiste,  compositeur  et  écrivain  sur  la  musique, 
frère  du  précédent,  est  né  à  Turnhout  le  7  novem- 
bre 1822.  Après  avoir  commencé  ses  études  musi- 
cales dans  son  pays,il  alla  les  achever  avec  son  frère 
en  Allemagne,  et  partit  en  1837  pour  Bieberich,  où 
il  reçut  des  leçons  d'un  pianiste  renommé,  Chré- 
tien Rummel ,  maître  de  chapelle  du  duc  de 
ISassau.  En  1841,  il  se  faisait  entendre  avec  succès 
à  Londres,  dans  les  concerts  ;  en  1842,  il  faisait 
un  voyage  artistique  avec  les  célèbres  violonistes 
Teresa  et  Maria  Milanoilo;  en  1847  et  1849,  il 
faisait  entendre  diverses  compositions  à  Amster- 
dam et  à  Paris  ;  peu  de  temps  après,  il  devenait 
professeur  à  l'école  normale  de  Lierre ,  et  enfin 
il  se  fixait  à  Anvers,  qu'il  n'a  pas  quitté  depuis 
plusieurs  années. 

Dès  1844,  M.  Gregoir  s'occupa  de  réformer 
les  méthodes  et  les  systèmes  d'enseignement  en 
usage  dans  les  écoles  populaires,  et  publia  sur 
ce  sujet  différents  ouvrages  qui  eurent  l'appui  du 
gouvernement,  par  lequel  il  se  vit  bientôt  chargé 
d'organiser  l'enseignement  du  chant  d'ensemble 
dans  l'armée  belge.  Il  a  été  aussi  l'un  des  pro- 
pagateurs les  plus  actifs  de  l'harmonium  en  Bel- 
gique, et  donna  à  Anvers,  en  1859,  toute  une 
série  de  séances  publiques  destinées  à  faire  con- 
naître cet  instrument  et  à  en  répandre  l'usage. 

M.  Gregoir  a  fait  preuve  d'une  réelle  fécondité 
comme  compositeur;  il  a  écrit  un  assez  grand 
nombre  d'opéras,  des  odes-symphonies,  des  ora- 
torios, des  ouvertures  ,  des  chœurs,  de«  lieder. 


GREGOIR  —  GREIVE 


419 


de»  chants  populaires,  etc.,  ainsi  que  de  nom- 
breuses œuvres  de  musique  religieuse  :  Te  Deum, 
messes,  motets,  qu'il  a  fait  exécuter  à  la  catiié- 
drale  et  dans  diverses  églises  d'Anvers.  Il  s'est 
aussi  beaucoup  occupé  de  littérature  musicale, 
et,  chercheur  ardent  et  infatigable,  il  s'est  donné 
pour  mission  de  mettre  en  lumière  tout  ce  qui 
pouvait  contribuera  enrichir  l'histoire  de  la  mu- 
sique et  des  musiciens  flamands.  11  serait  à  sou- 
haiter que  dans  son  désir  de  bien  faire  M.  Gre- 
goir,  travaillant  avec  moins  de  rapidité,  prît  un 
peu  plus  de  souci  de  la  forme  littéraire,  fit  par- 
fois un  choix  plus  judicieux  dans  les  documents 
publiés  par  lui,  et  n'accordât  pas  la  même  im- 
portance à  des  faits  [sans  valeur  qu'aux  rensei- 
gnements vraiment  utiles  et  dignes  d'intérêt. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  les  recherches  multipliées 
de  M.  Gregoir  lui  ont  procuré  la  bonne  for- 
tune de  plus  d'une  [découverte  intéressante  et 
heureuse,  ^et,  sous  le  bénéfice  des  réserves  qui 
viennent  d'être  indiquées,  ses  travaux  pour- 
ront être  consultés  avec  profit  par  les  historiens 
de  l'avenir,  à  la  condition  de  rejeter  ce  qu'ils 
contiendront  de  superflu.  M.  Gregoir  possède 
d'ailleurs  une  bibliothèque  fort  riche  non-seule- 
ment en  musique  proprement  dite,  mais  en  ou- 
vrages didactiques  et  historiques  relatifs  surtout 
à  l'art  flamand. 

Voici  une  liste  des  compositions  les  plus  im- 
portantes de  cet  artiste  très-actif  et  très-labo- 
rieux :  1°  Les  Croisades ,  symphonie  historique 
en  4  parties  (Anvers,  1846);  —  2"  la  Vie,  drame 
lyrique  (Anvers,  6  février  1848);  —  3"  le  Dé- 
luge, oratorio  symphonique  (Anvers,  31  janvier 
1849)  ;  —  4°  Hommage  à  Henri  Conscience, 
ouverture  (Anvers,  185t)  ;  —  b"  De  Belgen  in 
1848,  drame  national  avec  ouverture,  airs,  duos 
et  chœurs  (Bruxelles,  1851);  —  6°  la  Dernière 
nuit  du  comte  d'Egmont  (Bruxelles,  1851)  ;  — 
7"  Ouverture  en  ut  majeur  (Nieuport,  1852)  ;  — 
8°  Leicester,  drame  mêlé  de  musique  (Bruxelles, 
13  février  1854);  —  9°  Willein  Beukels,  opéra- 
comique  flamand  en  un  acte  (Bruxelles,  th.  du 
Cirque,  21  juillet  1856).  M.  Gregoir  a  publié  une 
Méthode  théorique  de  l'orgue ,  deux  Méthodes 
de  musique ,  une  centaine  de  chœurs  pour  voix 
d'hommes,  de  nombreuses  compositions  pour  le 
piano,  pour  l'orgue  et  pour  le  violon ,  des  re- 
cueils de  lieder  et  de  chants  populaires,  un  re- 
cueil de  4  morceaux  pour  harmonium  ou  orgue, 
un  autre  recueil  de  6  morceaux  pour  harmonium, 
etc.,  etc.  Il  a  écrit  encore  la  Belle  Bourbon- 
naise, opéra-comique  en  2  actes,  et  Marguerite 
d'Autriche,  grand  opéra  en  3  actes. 

M.  Edouard  Gregoir  a  collabor.é  à  un  grand 
nombre  de  journaux  :  le  Guide  musical .  la 


Belgique  musicale ,  la  France  musicale,  la 
Plume,  la  Fédération  artistique,  etc.  De  plus, 
il  a  publié  un  grand  nombre  d'écrits  ;  1°  Essai 
historique  sur  la  Musique  et  les  Musiciens 
dans  les  Pays-Bas,  Bruxelles,  Schott,  1861, 
in-4°  ; —  2"  les  Artistes  musiciens  néerlan- 
dais, idem.,  idem.,  18C4,  in-8"  (2"=  édition,  aug- 
mentée, de  l'ouvrage  précédent)  ;  —  3°  Galerie 
biographique  des  artistes  musiciens  belges  du 
XVIII'  et  du  A7à'«  siècle,  idem.,  idem.,  1862, 
in-S"  ;  —  4°  Documents  historiques  relatifs  à 
Vart  musical  et  aux  artistes  musiciens, 
idem.,  idem.,  1872-76,  4  volumes  in-8";  — 
5"  les  Artistes  musiciens  belges,  réponse  à  un 
critique  de  Paris,  idem.,  idem.,  1874,  in-S"  ; 
—  6°  Notice  sur  Vorigine  du  célèbre  compo- 
siteur Louis  Van  Beethoven  ,  suivie  du  testa- 
ment de  rUlustre  maître,  Anvers,  Jorsen,  1863, 
in-8°  ;  —  7°  Becherches  historiques  concernant 
les  journaux  de  musique,  depuis  les  temps 
les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours,  Anvers, 
Legros,  1872,  in-S";  —  8°  Histoire  de  l'Orgue, 
suivie  de  la  biographie  des  facteurs  d'orgue 
et  organistes  néerlandais  et  belges,  Bruxelles, 
Schott,  1865,  in-8";  —  9°  Du  chant  choral  et 
des  Festivals  en  Belgique  :  Fédération  chorale 
anvefsoise,  Anvers,  Delamontagne,  1865  in- 
8°  ;  —  10''  Panthéon  musical,  Bruxelles  Schott, 
1876,  6  vol,  in-8°;  etc.,  etc.  (1). 

GREIVE  (Guillaume-Frédéric),  violoniste 
et  compositeur,  naquit  à  Amsterdam  en  1816. 
Après  avoir  étudié  le  violon  avec  Kleine  et  Rob- 
berechts,  il  vint  se  fixer  à  Paris,  où  il  entra 
comme  alto  à  l'orchestre  du  Théâtre-Italien.  De 
1850  à  1860,  il  fit  exécuter,  soit  à  la  société 
Sainte-Cécile,  dirigée  par  M.  Seghers  et  dont  il 
était  membre,  soit  dans  des  concerts  donnés  par 
lui,  divers  morceaux  de  musique  instrumentale 
qui  décelaient  un  talent  solide,  réel  et  sérieux. 
Il  fit  aussi  représenter  sur  le  théâtre  de  Bade, 
en  1863,  un  opéra-comique  en  un  acte,  la  ISeu- 
vaine  de  ta  Chandeleur,  qui  fut  très -bien  ac- 
cueilli. Lorsque,  vers  la  même  époque,  Fé- 
licien David  conçut  le  projet,  ensuite  abandonné, 
de  fonder  une  grande  entreprise  de  concerts 
(dans  la  rue  Richer,  à  l'endroit  où  l'on  a  établi 
depuis  le  spectacle  des  Folies-Bergère),  il  avait 
choisi  Greive  pour  son  chef  d'orchestre.  Atteint 
d'une  gastrite,  cet  artiste  modeste  et  distingué 
est  mort  le  19  septembre  1865,  après  deux  an- 
nées de  souffrances.  On  a  publié  de  lui  :  1°  Vac- 

(1)  Je  dois  à  M.  Edouard  Gregoir  la  communication 
d'un  grand  nombre  de  cotes  qui  m'ont  été  utiles  pour  ce 
Dictionnaire  supplémentaire,  et  j'ai  mis  à  contribution 
plusieurs  de  ses  écrits,  en  lui  laissant  d'ailleurs  la  res- 
ponsabilité de  ses  renseignements. 


420 


GREIVE  —  GRENIER 


cord  du  violon,  avec  accompaguement  de  pia- 
no ,  Paris,  Gérard  ;  2"  La  première  gamme,  id., 
id.,  id.;  3°  La  première  syncope,  id.,   id.,   id. 

*  GRELL  (Edouard-Auguste),  directeur  de 
l'Acadeime  de  chant  de  Berlin,  est  l'un  des  ar- 
tistes les  plus  versés  dans  la  connaissance  de 
l'ancienne  musique  d'église,  surtout  dans  ie  style 
de  Palestrina ,  et  l'un  de  ses  plus  grands  ad- 
mirateurs. Né  à  Berlin  le  6  novembre  1800  (et 
non  en  1799),  il  commença  dès  l'âge  de  six  ans 
l'étuile  de  l'orgue  sous  la  direction  de  J.  Charles 
Kaulfmann ,  devint  à  seize  ans  organiste  de 
l'église  de  Saint-Nicolas,  et  en  1839  fut  appelé  à 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  la  ca'.liédrale. 
M.  Grell  a  formé  un  grand  nombre  d  élèves  dis- 
tingués. Parmi  ses  compositions ,  il  laut  citer 
plusieurs  ouvertures,  et  un  oratorio  :  les  Israé- 
lites dans  le  désert. 

*  GRENET  ( ),  est  l'un  des  musiciens 

auxquels,  en  haine  de  Jean-jHcques  Rousseau, 
on  a  voulu  attribuer  la  musique  du  Devin  du 
Village.  Il  habitait  Lyon  à  l'époque  (1750)  où 
l'on  prétendit  qu'il  avait  écrit  à  Paris  une  lettre 
à  ce  sujet.  En  réponse  i  un  article  paru  sur  ce 
fait  dans  le  Journal  encyclopédique,  un  comé- 
dien nommé  de  Marignan  publia  une  brochure 
destinée  à  défendre  la  mémoire  de  Rousseay  ou- 
tragée :  Éclaircissement  s  donnés  à  Pauleur  du 
«  Journal  encyclopédique  »  sur  la  musique 
du  «   Devin  du   Village   »   (Paris,  Duchesrie, 
1781,  in-S").  Dans   cette  brochure,  écrite  avec 
sincérité  et  vivacité,  l'auteur,  après  s'être  expli- 
qué d'abord  au  sujet  d'un  autre  musicien  nommé 
Granier  [Voyez  ce  nom),  parle  ainsi  en   ce  qui 
concerne  Grenet  :  —  «  J'ai  connu  Grenet  tout 
aussi  particulièrement  que  Granier;  je  l'ai  moins 
fréquenté  ,  puisqu'd  est   mort  vingt   ans  avant 
(ce  dernier).  Il  était  maître  de  musique  du  con- 
cert de  Lyon.  C'était  un  homme  très-vif,  plein 
du  génie  de  son  art  ;  auteur  de  plusieurs  inotets 
et  d'un  opéra  qui  a  pour  titre  le  Triomphe  de 
Vkarmonie.  Il  était   effectivement  grand   har- 
moniste; de  plus,  homme  d'esprit,  et  par  con- 
séquent incapable  d'écrire  une  lettre  aussi  plate 
que  celle  que  vous  avez  reçue,  et  encore  moins 
d'y  avoir  mis  une  suscription  au.ssi  bête.  Il  est 
en  effet  mort  vers  l'année  1752.  Il  fut  remiilacé 
dans  le  Concert  par  un  musicien  nommé  Mathieu 
Billouard,  et  celui-ci  le  fut  par  M.  Mangot,  beau- 
frère  du  célèbre  Rameau.  Je  n'entre  dans  fous 
ces  détails  que  pour  mettre  les  éclaircissements 
que  je  vous  donne  dans  un  plus  grand  jour.  Si 
la  musique  du  Devin  du  Village  pouvait  avoir 
été  faite  par  un  des  deux  musiciens  que  vous 
voulez  indiquer,  il  n'y  a  pas  de  doute  que  ce  se- 
rait Grenet  qui  en  aurait  la  gloire  ;  ayant  fait  le 


Triomphe  de  Vkarmonie,  le  préjugé  serait  en 
sa  faveur.   Mais  la  musique   du  Triomphe  de 
V  harmonie  ne  ressemble  en  rienà  celledu  Devin. 
Il  n'y  a  pas  le  moindre  trait,  il  n'y  a  pas  le  plus 
pelitairde  famille.  Il  est  aisé  de  les  comparer. 
Je  les  ai  entendus  l'un  et  l'autre  :  il  est  vrai  que 
je  ne  m'y  connais  pas  ;  mais  je  doute  que  les 
meilleurs  connaisseurs  puissent  y  trouver  le  plus 
léger  indice  qui  décèle  l'identité  de  génie.  —  Si 
Grenet  avait  fait  la  musique  du  Devin  du  Vil- 
lage, quelqu'im  l'aurait   su  dans  Lyon.  Comme 
maiire  de  musique  du  Concert,  il  était  trop  bien 
répandu  pour  que  toute  la  ville  l'eût  ignoré.  On 
ne  pourra  jamais  s'imaginer  que  l'auteur  d'un 
aussi  charmant  intermède  ait  envoyé  sa  musique 
à  Paris  sans  en  avoir  fait  exécuter  plusieurs  mor- 
ceaux devant  ses  amis,  ou  devant  quelques  ama- 
teurs, dont  le  nombre  est  si  grand  à  Lyon,   et 
qui  plus  est,  sans  l'avoir  entendue  lui-même.  On 
ne  se  persuadera  jamais  qu'il  ail  pu  cacher  pour 
toujours   une  aussi  heureuse  production    à   sa 
femme  et  à  son  fils,  lequel  pouvait  avoir    alors 
vingt-deux  à  vingt-trois  ans.   Enfin,   Mon>ieur, 
ci'tte  musique  n'a  point  été  jetée  dans  un  moule. 
Grenet,  ni  tout  autre  musicien ,   quelque  génie 
qu'ils  pussent  avoir,  ne  l'ont  point  écrite  cou- 
ramment sans  y  faire  des  fautes  et  des  ratures  ; 
ils  l'auraient  copiée  pour  la  mettre  au  net,  afin 
de  l'envoyer;  ils  en  auraient  gardé  les  minutes  : 
que  sont-elles  devenues  ?  La  veuve  Grenet  et  son 
fils  n'ont  certainement  rien  trouvé  qui  pût  leur 
faire  soupçonner  que  le  défunt  eût  jamais  tra- 
vaillé sur  le  sujet  du  Devin  du  Village.  Ils  ont 
entendu  cette  musique,  et  comme  tout  le  monde 
ils  l'ont  admirée  ,  mais  sans  songer  à  la  réclamer, 
stns  la  reconnaître....  » 

J'ai  tenu  à  rapporter  ici  ces  paroles,  parce  que 
la  brochure  de  Marignan  est  extrêmement  rare, 
presque  inconnue,  et  qu'elle  jette  un  jour  parti- 
culier sur  cette  sotie  question  du  vol,  commis 
par  J.-J.  Rousseau,  de  la  musique  du  Devin  du 
Village.  On  sait  combien  cette  question  tenait 
au  cœur  de  Castil  Blaze,  et  les  Ilots  d'encre 
qu'elle  lui  a  fait  répandre. 

GREiVIER  (Félix),  amateur  fort  distingué 
de  musique,  est  né  à  Marseille,  le  27  septembre 
1844,  d'un  père  américain  et  d'une  mère  fran- 
çaise. Il  passa  ses  jeunes  années  en  Bourgogne, 
étudia  la  musique  de  bonne  heure,  et  dès  l'âge 
de  six  ans  eut  pour  maître  de  piano,  puis  d'har- 
monie, un  organiste  alsacien  nommé  Heckmann, 
qui  avait  été  lui-même  élève  de  Hesse  et  de  Dan- 
jou.  Venu  jeune  à  Paris,  il  y  termina  ses  études 
littéraires  à  l'institution  Jubé,  attenante  au  lycée 
Napoléon  (aujourd'hui  Henri  IV),  fit  ensuite  son 
\  droit,  et  à  dix-neuf  ans  fut  reçu  avocat.  Cela  ne 


GRENIER  —  GRETRY 


421 


l'empêcha  pas  de  continuer  à  s'occuper  de  musi- 
que, et  de  travailler  le  piano,  l'orgue,  l'harmonie, 
le  contre-point  et  le  violoncelle  ,  avec  Théodore 
Labarre,  Boëly  et  M.  Franchomme.  Après  plu- 
sieurs voyages  en  Amérique  et  en  Allemagne,  il 
revint  à  Paris  en  1867,  et  y  fonda  une  feuille 
spéciale,  le  Courrier  musical,  qui  n'eut  qu'une 
courte  existence,  et  dans  laquelle  il  signa  des 
articles  du  nom  de  Félix  Sliehler.  En  1869,  à 
la  suite  d'une  grave  maladie,  le  climat  de  iNice 
lui  fut  ordonné  par  les  médecins  ;  depuis  lors  il 
habite  le  midi,  et,  quoique  inscrit  au  tableau  des 
avocats  du  barreau  de  Nice,  il  est  aujourd'hui 
attaché  au  cabinet  du  préfet  des  Bouches- du- 
Rhône. 

M.  Félix  Grenier  est  l'auteur  de  compositions 
assez  nombreuses,  parmi  lesquelles  il  faut  citer  : 

2  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  5  (en  la)  et  0|».  13  (en  si  bémol);  Quatuor 
pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  4  (en 
fa  mineur);  trio  pour  violon,  alto  et  violoncelle, 
op.  1  (en  sol)  ;  2  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  3  (en  ut  mineur  et  en  fa  mineur)  ; 

3  préludes  et  3  fugues  pour  le  piano,  op.  15; 
18  petites  pièces  pour  piano,  op.  li;  12  chants 
pour  soprano,  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  2  ;  6  lieder  avec  piano,  op.  7  (Paris,  Maho); 

4  lieder  avec  piano,  op.  8  (id.,  i'I.)  ;  divers  mor- 
ceaux de  cliant,  avec  piano;  chants  à  4  voix, 
sans  accompagnement  ;  chœurs  pour  Eiiher, 
tragédie  de  Racine ,  à  4  voix  de  femmes ,  avec 
piano  ;  messe  à  4  voix  ,  avec  accompagnement 
d'orgue;  le  psaume  94,  à  double- chœur,  avec 
orchestre  ;  enfin  ,  un  opéra  en  deux  actes,  la 
Roussalka,  qui  jusqu'ici  n'a  pas  été  repré- 
senté. 

M.  Félix  Grenier,  dont  l'esprit  est  très-large, 
très-ouvert  à  toutes  les  manifestations  de  l'art , 
n'a  pas  borné  ses  travaux  à  la  composition  pro- 
prement dite.  11  a  traduit  en  notre  langue,  pour 
son  instruction  personnelle,  les  principaux  ou- 
vrages de  la  littérature  musicale  allemande,  et 
déjà  il  a  offert  au  public  deux  de  ces  traductions, 
accompagnées  de  notes  et  d'éclaircissements  qui 
rehaussent  encore  la  valeur  des  originaux.  Voici 
les  titres  de  ces  deux  publications  :  1°  Vie, 
talents  et  travaux  de  Jean-Sébastien  Bac//, 
ouvrage  traduit  de  l'allemand  de  J.-N.  Forkel , 
annoté  et  précédé  d'un  aperçu  de  l'étal  de  la 
musique  en  Allemagne  aux  XVP  et  XVIF  siècles 
(Paris,  Baur,  1876,  in-16);  2°  Félix  Mendds- 
sohn-Bartholdij,  lettres  et  souvenirs,  traduit 
de  l'allemand  de  Ferdinand  Hiller  et  précédé 
d'un  aperçu  de  divers  travaux  critiques  concer- 
nant ce  maître  (Paris,  Baur,  1877,  in-16).  M.  Gre- 
nier doit  faire  paraître  incessamment  la  traduc- 


tion des  Lettres  sur  la  musique  de  M.  Louis 
Ehlert. 

*  GRENZBACH  (Ernest).  Parmi  les  com- 
positions instrumentales  de  cet  artiste,  je  citerai 
les  suivantes  :  Valse  pour  piano  et  8  instru- 
ments, op.  5;  Làndler  pour  piano  et  divers 
instruments,  op.  6  ;  Études  pour  piano  en  2  livres, 
op.  7  ;  Études  pour  piano  en  2  livres,  op.  8;  Toc- 
cates  pour  piano,  op.  9  ;  6  Marches  pour  piano 
à  4  mains,  en  2  livres,  op.  10;  6  Pièces  de 
piano  à  4  mains,  op.  12;  G  Bagatelles  pour 
piano,  op.  13;  4  Bagatelles  pour  piano,  op.  14. 

*  GRESMICH  (Antoine-Frédéric),  et  non 
Gresnick,  comme  Fétis  l'a  écrit,  et  comme  je 
l'ai  écrit  après  lui  dans  l'opu.scule  suivant  :  Gres- 
nick, par  Arthur  Pougin  (Paris,  impr.  Chaix, 
1862,  in-8°  de  23  pp.).  On  trouvera,  dans  cette 
brochure,  des  détails  intéressants  sur  ce  compo- 
siteur aimable,  qui  méritait  mieux  que  l'oubli 
dans  lequel  est  tombé  son  nom  ;  je  dois  cepen- 
dant tenir  le  lecteur  en  garde  contre  deux  ou 
trois  faits  de  l'exactitude  desquels  je  me  croyais 
certain,  et  dont  je  ne  suis  plus  si  assuré  aujour- 
d'hui. Je  me  bornerai  ici  à  rectifier  la  date  de  la 
naissance  de  Gresnich,  qui  a  été  fixée  à  tort  à 
l'année  1752  :  d'après  son  acte  de  baptême, 
Gresnich  est  né  à  Liège  le  2  mars  1755. 

En  dehors  de  ses  œuvres  dramatiquss,  et 
avant  de  se  faire  connaître  à  Paris  sous  ce  rap- 
port, Gresnich  avait  publié  un  concerto  pour 
clavecin  avec  accompagnement  de  violon,  alto, 
basse,  hautbois  ou  flûtes  et  cors,  ad  libitum, 
œuvre  1,  et  un  recueil  d'airs,  romances  et  duos 
avec  accompagnement  de  clavecin  ou  forte-piano, 
œuvre  2.  On  peut  lire  l'annonce  de  ces  deux  pu- 
blications dans  le  Mercure  de  France  de  sep- 
tembre 1782. 

GRESSET  ( ),  professeur  de  chant    et 

compositeur,  vivait  à  Paris  dans  la  seconde  moi- 
tié du  dix -huitième  siècle.  Il  a  publié  un  certain 
nombre  de  romances  et  mélodies  vocales  avec 
accompagnement  soit  de  clavecin,  soit  de  sym- 
phonie, les  Petits  oiseaux,  la  douce  Erreur, 
l'Amant  timide,  V Agréable  Souvenir,  le  Choix 
raisonnable,  etc.,  et  quelques  duos  à  deux  voix. 

*  GRETRY  (André-Ehnest-Modeste).  Le 
répertoire  dramatique  de  Grétry  doit  se  com- 
pléter par  les  trois  ouvrages  suivants  :  1°  les 
Fausses  apparences  on  V Amant  jaloux,  3  ac- 
tes, Comédie-Italienne,  23  décembre  1778;  2°  la 
Nouvelle  amitié  à  Vépreuve,  3  actes,  même 
théâtre,  30  octobre  1786;  3°  la  Rosière  répu- 
blicaine, un  acte,  Opéra,  2  septembre  1794. 
Grétry  a  été  aussi  l'un  des  dix  ou  douze  auteurs 
musiciens  du  Congrès  des  Rois,  donné  au  théâ- 
tre Favart  en  1794. 


422 


GRÉTRY  —  GRIEG 


Il  est  singulier  que  dans  un  temps  où  l'his- 
toire et  la  biblipgrapliie  musicales  ont  acquis 
une  si  grande  importance,  un  artiste  comme 
Grétry,  dont  l'inlhience  a  été  si  grande  et  la  re- 
nommée si  considérable  ,  n'ait  encore  été  l'objet 
d'aucune  étude  étendue,  sérieuse  et  approfondie. 
Toutefois,  nous  avons  à  signaler,  à  son  sujet , 
quelques  publications,  anciennes  ou  récentes , 
qui  ne  sont  pas  comprises  dans  la  nomenclature 
donnée  par  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens :  i"  Grétrij,  opéra-comique  en  un  acte  , 
paroles  de  Fulgence,  Ledoux  et  Rainoud ,  musi- 
que de  Grétry  (choisie  dans  ses  œuvres),  repré- 
senté au  Vaudeville  le  l""juin  1824;  2''  Zémike 
ET  AzoR,  par  Grétry.  QiiPlques  questions  à 
propos  delà  nouvelle  falsification  de  cet  opéra 
par  J.  Lardin.  (Paris,  Moessard,  1846,  in-8°  de 
32  pp.)  ;  écrit  publié  au  sujet  de  la  réorchestra- 
tion de  la  partition  de  Zémire  et  Azor  faite 
par  Adam  ;  3°  Notice  biographique  sur  À. 
Grétry,  par  L.  D.  S.  (Bruxelles,  office  de  pu- 
blicité, 1869,  in-16)  ;  l'auteur  de  cet  opuscule 
est  M.  de  Saegher  ;  4"  Grétry,  à  propos  de  la 
notice  que  lui  consacre  la  Biographie  univer- 
selle des  musiciens  de  M.  Fétis.  (s.  l.  n.  d. 
[Bruxelles,  imp.  Sannes,  1869],  in-S")  ;  cette 
brochure  est  signée  :  «  Emile  Regnard ,  ancien 
maire  de  Montmorency  »  ;  ô"  Hymne  pour  l'i- 
nauguration de  la  place  Grétry ,  dans  la  ville 
de  Liège,  sa  patrie,  le  3  juin  1811,  par  P.-J. 
Henkart  (Liège,  s.  d.  in-8')  ;  6"  Grétry  chez 
Madame  du  Bocage,  vaudeville  en  un  acte, 
par  Fougas  (Paris  ,  Martinet,  1815,  in-8°). 

Je  ne  puis  terminer  cette  notice  complémen- 
taire sans  rectifier  la  date  de  la  naissance  de 
Grétry,  date  qui  a  été  altérée  non-seulement  par 
les  biographes,  mais  par  Grétry  lui-même,  dans 
ses  Mémoires,  et  qui  doit  être  fixée  non  pas  au 
11,  mais  au  8  février  1741.  C'est  Jal,  qui,  dans 
son  curieux Dictionnairecritique de  biographie 
et  d'histoire,  a  pu  relever  cette  erreur  impor- 
tante en  transcrivant  l'acte  de  baptême  du  grand 
homme,  dont  voici  la  reproduction  :  Andreas- 
Ernestus-Modestus,  filius  Icgidmus  Francisci 
Grétry  et  Marix-Joannx  Dcfossez,  baptisatus 
est  in  ecclesia  nostra  parochiali  B.  V.  Marix 
ad  fontes  Leodii,  anno  Domini  1741,  mensis 
februarii ,  die  undecima;  puer  natus  die 
octava  ejusd.i  mensis;  patrinus  Andreas-Er- 
nestus  Faite,  vexiUator  in  copiis  S.  C.  Leo- 
diensis,  matrina  Maria-Catharina  Bodeur. 
«  Tels  sont,  ajoute  Jal,  les  termes  de  l'acte  de 
baptême  de  Grétry,  inscrit  au  registre  de  l'église 
de  Sainte-Marie,  de  Liège.  Cet  acte  établit  que 
André-Ernest-Modesle  Grétry  naquit  le  8  février 
1741  (et  non  le  11,   comme  l'ont  dit  quelques 


biographes),  fils  de  François  Grétry  et  de  Marie- 
Jeanne  Defossez,  et  qu'il  fut  baptisé  trois  jours 
après.  La  profession  de  François  Grétry  n'est 
point  indiquée  dans  ce  document;  mais  on  sait 
qu'il  était  musicien.  »  L'article  publié  par  Jal 
sur  Grétry  est  curieux  et  utile  à  plus  d'un  titre; 
j'y  renvoie  le  lecteur  désireux  de  connaître  cer- 
tains faits  ignorés  de  l'existence  du  grand  mu- 
sicien. 

GREULICH  (.\dolphe),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  Posen  en  1819,  fit  de  bonnes  étu- 
des musicales,  reçut  sinon  des  leçons,  du  moins 
des  conseils  de  Liszt  à  Weimar,  et  devint  un 
habile  exécutant  en  même  temps  qu'un  bon  pro- 
fesseur. Après  avoir  séjourné  successivement 
dans  plusieurs  villes  de  l'Allemagne,  il  se  rendit 
à  Schitorair,  dans  la  Russie  méridionale,  et  fut 
appelé  peu  de  temps  après  à  remplir  les  fonc- 
tions de  professeur  de  piano  à  l'Institut  Cathe- 
rine, h  Mo.«cou.  Il  mourut  en  cette  ville,  dans  le 
cours  de  l'année  1868,  à  peine  âgé  de  49  ans. 

GRIEG  (Edouard),  compositeur  norvégien, 
est,  après  M.  Severin  Svendsen,  le  musicien  sur 
lequel  la  Norwége  fonde  actuellement  le  plus 
d'espoir.  Il  naquit  le  15  juin  1843,  à  Berghen, 
où  son  père  était  consul.  Il  apprit  avec  sa  mère 
les  éléments  du  piano  et  s'essaya  de  bonne  heure 
à  composer.  Ses  premiers  essais  tombèrent  sous 
les  yeux  d'Ole  Bull,  lorsque  celui-ci  revint  à  Ber- 
ghen, sa  ville  natale,  et  les  instances  du  célèbre 
et  excentrique  violoniste  décidèrent  les  parents 
de  Grieg  à  laisser  leur  fils  embrasser  la  carrière 
artistique.  Il  fit  ses  études  au  Conservatoire  de 
Leipzig,  mais  une  maladie  l'ayant  forcéd'en  sortir 
en  1862,  il  retourna  alors  dans  sa  patrie.  Il  sé- 
journe aujourd'hui  à  Christiania,  où  il  a  fondé 
une  société  de  musique  dont  il  est  directeur,  et 
où  il  a  été,  ainsi  que  M.  Svendsen,  gratifié  par  la 
Diète  norwégienne  d'une  pension  qui  le  met  à  l'a- 
bri du  besoin  et  lui  permet  de  se  consacrer  tout 
entier  à  son  art.  N'ayant  pas  encore  trente-cinq 
ans,  il  a  bien  des  chances  pour  jouir  longtemps  de 
celte  libéralité  de  l'État.  M.  Grieg  compose  sur- 
tout pour  le  piano  :  il  a  produit  notamment  un 
concerto  et  une  sonate  qui  sont  de  ses  meil- 
leures inspirations,  écrites  dans  un  style  excel- 
lent, et  qui  montrent  qu'il  peut  ambitionner  une 
des  premières  places  parmi  les  compositeurs 
modernes  d'oeuvres  pour  piano.  La  qualité  pré- 
dominante de  ses  morceaux  paraît  être  un  bril- 
lant coloris,  car  il  n'est  jamais  à  court  de  pro- 
cédés curieux  et  il  prodigue  les  couleurs  les 
plus  vives.  Ses  sonates  pour  piano  et  violon 
sont  aussi  des  œuvres  de  style  et  de  valeur,  sur- 
tout celle  en  sol  majeur  (op.  13),  qui  forme 
une  composition   vraiment  remarquable.   Mais 


GRIEG  —  GRISAR 


423 


M.  Grieg  n'est  pas  seulement  coloriste,  ses  idées 
musicales  lui  appartiennent  bien  en  propre  et 
sont  empreintes  d'une  poésie  ciiarmanfe.  Ses 
inspirations,  il  est  vrai,  ne  sont  pas  toujours 
également  belles,  et  leur  teinte  poétique  est 
parfois  trop  brumeuse  ;  mais  chacune  de  ses 
œuvres,  jugée  d'ensemble,  est  marquée  d'un 
cachet  spécial,  qui  commande  l'attention,  et  l'on 
y  reconnaît  une  personnalité  très-distincte  qui 
ne  pourra  que  s'accuser  et  se  fortifier  avec  le 
temps. 

Ce  jeune  musicien  produit  d'une  façon  très- 
active,  mais  toutes  ses  œuvres  ne  sont  pas 
encore  publiées.  Parmi  celles  qui  ont  été  gravées, 
nous  mentionnerons  d'abord  les  compositions 
pour  piano  seul  où  à  quatre  mains  :  4  morceaux 
(op.  1),  Tableaux  poétiques  (op.  3),  Humores- 
ques  (op.  G),  la  sonate  en  mi  mineur  (op.  7), 
une  fantaisie  pour  quatre  mains  (op.  Il),  Pièces 
lyriques  (op.  12),  Morceaux  sijmphojiiques  à 
quatre  mains  (op.  14),  les  Scènes  populaires 
(op.  19),  et  une  Ballade,  (op.  24).  Outre  les  deux 
sonates  pour  piano  et  violon,  celle  en  fa  (op.  8)  et 
celle  en  sol  majeur  (op.  13),  il  faut  noter  quatre 
lieder  pour  voix  d'alto  :  [la  Meunière,  Caché 
dans  la  nuit  close.  Au  milieu  de  rêves  obsurs, 
Que  dois-je  dire?),  qui  forment  l'op.  2;  puis, 
comme  compositions  avec  orchest:e,  le  concerto 
de  piano  en  la  mineur  (op.  16),  un  chœur 
pour  voix  de  femme  avec  solo  :  Foran  stjdeits 
filoster,  sa  musique  pour  Sigur  Jorsalfar  (op. 
22),  et  celle  pour  Peer  Gynt  (op.  23). 

Ad.  J — N. 

*  GHIESBACH  (Jean-Henri),  pianiste  et 
compositeur,  est  mort  à  Londres  le  13  janvier 
1875. 

GRIESBACH  (Georges-Adolphe),  frère  du 
précédent,  avait  fait,  comme  lui,  partie  de  la 
chapelle  du  roi  Georges  III,  à  l'époque  où  leur 
père  en  avait  la  direction,  et  yétait  entré  à  peine 
âgé  de  neuf  ans.  Il  était  le  dernier  survivant  de 
cette  chapelle  lorsqu'il  mourut  à  Windsor,  le 
22  mai  1875,  à  l'âge  de  74  ans,  n'ayant  survécu 
que  de  quatre  mois  à  son  frère. 

GRIESSER  (Matthias),  luthier  allemand, 
vivait  à  Inspruck  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Le  lycée  philharmonique  de  Bo- 
logne, dans  son  Musée  instrumental,  possède  de 
cet  artiste  une  viole  d'amour,  garnie  de  sept 
cordes  pour  l'archet  et  de  douze  cordes  harmo- 
niques, et  datée  de  1727. 

GR9LLI  ( ),  musicien  italien  contempo- 
rain, a  fait  représenter  à  Terni,  en  1854,  un 
opéra  sérieux  intitulé  il  Reduce  di  Mosca. 

GBILLIE  (Charles),  compositeur,  organiste 
de  l'église  Saint-Thomas  d'Aquin,  à  Paris,  a  pu- 


blié nn  certain  nombre  de  compositions  reli- 
gieuses, parmi  lesquelles  une  messe  à  3  voix,  ea 
sol  majeur,  avec  accompagnement  d'orgue,  ua 
recueil  de  12  morceaux  faciles  pour  l'orgue, 
sans  pédales,  et  plusieurs  motets  (Paris,  Re- 
pos). 

*  GRIMM  (Frédéric -Melchior,  baron  DE). 
M.  Jules  Cariez  {Voyez  ce  nom)  a  publié  sur  cet 
écrivain,  qui  s'est  si  fort  occupé  de  musique, 
ime  brochure  intéressante  :  Grimm  et  la  mu- 
sique de  son  temps  (Caen,  impr.  Le  Blanc- 
Hardel,  1872,  in-8"  de  41  pp.) 

GRIMM  (Charles-Constantin-Louis),  har- 
piste distingué  et  compositeur  pour  son  instru- 
ment, né  à  Berlin  le  17  février  1821,  fut  l'élève 
du  célèbre  virtuose  Parish-Alvars.  Attaché  de- 
puis longues  années  à  la  chapelle  royale  de  Ber- 
lin, il  a  publié  un  certain  nombre  de  morceaux 
pour  la  harpe. 

GRIMM  (Jules-Otto),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Pernon  vers  1830,  a  fait  de  très- 
bonnes  études  au  Conservatoire  de  Leipzig.  Après 
s'être  fixé  d'abord  à  Gœttingue ,  il  est  devenu 
directeur  de  l'Union  musicale  de  Mimster.  On 
doit  à  cet  artiste  diverses  compositions  pour  le 
piano  et  pour  le  chant,  des  lieder,  et  plusieurs 
suites  en  forme  de  canon,  soit  pour  orchestre, 
soit  pour  instruments  à  cordes  seuls. 

GRIMM  ( ),  luthier  allemand,  est  l'ua 

des  premiers  sinon  le  meilleur  artiste  en  ce  genre 
qui  soit  à  Berlin.  On  vante  ses  violons  et  ses 
violoncelles  pour  leur  bonne  sonorité  et  la  belle 
qualité  de  leur  vernis.  Ses  instruments  ont  été 
remarqués  dans  diverses  expositions,  parliculiè' 
rement  à  Londres. 

*  GRISAR  (Albert).  Cet  artiste  extrême- 
ment distingué.qui  a  fourni  une  carrière  brillante, 
et  qui  a  doté  nos  théâtres  de  tant  d'ouvrages 
charmants,  d'une  inspiration  alerte,  aimable  et 
vive,  est  mort  subitement  à  Asnières,  près  Paris, 
le  15  juin  1869,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Je 
vais  reproduire  ici,  en  le  complétant,  le'  ré- 
pertoire dramatique  de  Grisar:  1°  le  Mariage 
impossible,  2  actes,  Bruxelles,  4  mars  1833; 
2"  Sarah,  2  actes,  Opéra-Comique,  26  avril 
1836  ;  3"  l'An  mil,  un  acte,  Opéra-Comique, 
23  juin  1837  ;  4°  la  Suisse  à  Trianon,  un  acte, 
Variétés,  8  mars  1838  ;  5°  Lady  Melvil,  3  actes. 
Renaissance,  15  novembre  1838;  6°  l'Eau  mer- 
veilletcse,  2  actes,  Renaissance,  30 janvier  1839; 
7"  les  Travestissements,  un  acte,  Opéra-Co- 
mique, 16  novembre  1839;  8"  l'Opéra  à  la 
Cour  (en  société  avec  M.  Adrien  Boieldieu), 
3  actes,  id.,  16  juillet  1840;  9»  Gille  ra- 
visseur, un  acte,  id.,  21  février  1848;  10"  les 
Porcherons,  3>ctes,  id.,  12  janvier  1850;   11° 


424 


GRISAR  —  GRISI 


Bonsoir,  monsieur  Pantalon,  un  acte,  iil.,  19 
février  1851;  12"  le  Carillonneur  de  Bruges, 
3  actes,  id.,  20  février  1852  ;  13°  les  Amours  du 
Diable,  4  actes,  Tiiéâtre-Ly  rique,  1 1  mars  1853  ; 
14°  le  Chien  du  Jardinier,  un  acte,  Opéra-Co- 
mique, 16  janvier  1855  ;  15"  Voyage  autour  de 
ma  chambre,  un  acte,  id  ,  12  août  1859  ; 
16°  le  Joaillier  de  Saint-James,  3  actes,  id.. 
17  février  1862  (deuxième  édition  de  Ladtj  Mel- 
t)?7,  revue,  corrigée  et  augmentée);  17°  la  Chatte 
merveilleuse,  3  actes,  Tliéâtre-Lyriqtie,  18  mars 
1862;  18°  Bégaiements  d'amour,  un  acte,  id., 
8  décembre  1864;  19°  Douze  Innocentes,  un 
acte,  Bouffes-Parisiens,  19  octobre  1865. 

Dans  celle  liste  n'est  pas  compris  le  Nau- 
frage de  la  Méduse,  opéra  en  4  actes  repré- 
senté à  la  Renaissance  le  30  avril  1839;  Grisar 
avait  travaillé  à  cet  ouvrage,  en  société  avec 
MM.de  Flotow  et  Pilati,  mais  sa  part  de  colla- 
boration était  si  mince  qu'il  ne  voulut  jamais 
consentir  à  se  faire  nommer  à  ce  sujet.  Il  écrivit 
aussi  deux  morceaux  pour  une  comédie  de 
M.  Alphonse  Karr,  la  Pénélope  normande, 
représentée  au  Vaudeville  le  13  janvier  18G0. 
Il  a  laissé  en  portefeuille  un  certain  nombre 
d'ouvrages,  dont  quelques-uns  seulement  ébau- 
chés, d'autres  complètement  acbevés.  En  voici  la 
liste  :  1°  Manon  Giroux,  2  acies;  2°  Riquet  à 
la  houppe,  3  actes;  3°  Rigolo,  un  acte; 
4°  VAne  et  le  Prince,  2  actes  ;  5°  l'Oncle  Sa- 
lomon,  3  actes;  6°  les  Contes  bleus,  3  actes; 
7°  Afraja,  3 actes;  8"  le  Parapluie  enchanté, 
3  actes  ;  9°  le  Mariage  forcé,  uu  acte  ; 
10°  la  Beine  Ma b;  11°  la  Mort  du  Cosaque, 
grande  scène  dramatique. 

Grisar  avait  publié  [dus  de  cinquante  mélodies, 
romances,  scènes  dramatiques,  etc.,  parmi  les- 
quelles il  s'en  trouvait  de  charmantes.  Il  en  a 
laissé  quelques-unes  d'inédites,  que  j'ai  eu  l'oc- 
casion de  lire  après  sa  mort,  et  qui  étaient  di- 
gnes de  son  talent.  Au  reste,  on  trouvera  les 
renseignements  les  plus  complets  sur  cet  artiste 
remarquable  dans  une  étude  que  j'ai  publiée  sur 
lui,  avec  l'aide  de  sa  correspondance,  qui  m'avait 
été  ohligemment  communiquée  par  sa  famille  : 
Albert  Grisar,  étude  artistique  (Paris,  Hachette, 
1870,  in-12  avec  portrait  et  autographe).  Peu 
de  temps  après  sa  mort  la  ville  d'Anvers  lui  a 
élevé  une  statue,  œuvre  de  M.  Brackeleer,  qui  a 
été  placée  dans  le  vestibule  du  grand  théâtre. 

GRISART  (Charles),  riche  arnatear  de 
musique,  est  né  vers  1840.  Intéressé  dans  une 
maison  de  banque,  M.  Grisart,  qui  employait  ses 
loisirs  à  l'élude  de  la  musique,  qu'il  travailla 
sous  la  direction  de  M.  Léo  Delibes,  fit  jouer 
d'abord  au  pelit  théâtre  des  Folies- Bergère,  le 


31  décembre  1871,  une  opérette  eu  un  acte  in- 
titulée Memnon  ou  la  Sagesse  humaine.  Après 
cet  essai,  il  ne  tarda  pas  à  obtenir  ce  que  les 
artistes  de  profession  reclierchent  souvent  avec 
si  peu  de  succès  :  le  livret  d'une  pièce  en  trois 
actes.  Celle-ci  avait  pour  titre  la  Quenouille  de 
verre,  et  fut  représentée  aux  Bouffes-Parisiens, 
le  7  novembre  1873.  La  musique  de  la  Que- 
nouille de  verre,  assez  accorte,  était  celle  d'un 
amateur  intelligent,  mais  manquant  absolument 
de  pratique,  d'expérience,  et  surtout  d'inspira- 
tion et  d'originalité.  Il  en  était  de  même  de  celle 
des  Trois  Margot,  autre  opérette  en  trois  actes 
donnée  par  M.  Grisart  au  même  théâtre,  le 
6  février  1877.  Entre  ces  deux  ouvrages,  le 
11  mars  1876,  M.  Charles  Grisart  faisait  repré- 
senter sur  la  scène  intime  du  Cercle  des  Beaux- 
Arts  une  petite  saynète  musicale  intitulée  Mis- 
iress  Pudor. 

*  GRISI  (Giulia).  Cette  admirable  artiste, 
qui  avait  épousé  en  1836  un  Français,  le  comte 
Gérard  «le  Melcy,  et  qui,  après  avoir  fait  rompre 
son  mariage  judiciairement,  s'était  remariée  plus 
lard  avec  le  ténor  Mario,  marquis  de  Candia, 
n'a  pas  échappé  à  une  faiblesse  fâcheuse  et  mal- 
heureusement trop  fréquente.  Ne  voulant  pas 
s'apercevoir  que  l'âge  lui  avait  enlevé  la  plus 
grande  partie  de  ses  moyens  et  de  ses  facultés, 
elle  se  refusait  à  abandonner  une  carrière  (ju'olle 
avait  parcourue  avec  tant  d'éclat,  et  s'obstinait  à 
se  présenter  devant  le  public  avec  les  ruines 
d'une  voix  qui  naguère  avait  été  incomparable, 
mais  que  les  atteintes  du  temps  avaient  complè- 
tement brisée.  Cet  entêtement  lui  fut  fatal  :  a\ant 
accepté  en  1859  un  engagement  pour  Madrid,  elle 
se  présenta  dans  iSorma  sur  la  scène  du  théâtre 
italien  de  cette  ville,  où  sa  grande  renommée  la 
fit  d'abord  écouter  avec  la  plus  grande  attention 
et  le  plus  profond  respect;  mais  au  bout  de  peu 
d'instants,  frappés  de  stupeur  par  la  faiblesse 
absolue  de  la  cantatrice,  les  spectateurs  ne  pu- 
rent s'empêcher  de  manifester  quelques  marques 
de  déplaisir  ;  M""^  Grisi,  dit-on,  se  permit  alors 
certains  propos  qui,  de  la  scène,  furent  bif^ntôt 
rapportés  dans  la  salle.  Courroucé  de  ce  fait,  le 
public  crut  devoir  se  venger,  et  siffla  outrageu- 
sement l'actrice  à  sa  rentrée  dans  l'acte  suivant. 
Malgré  des  explications  équivalant  à  des  excuses, 
que  M™'  Grisi  crut  devoir  donner  le  lende- 
main par  la  voix  de  la  presse,  sa  seconde  re- 
présentation fut  moins  heureuse  encore  que  la 
première  et  le  spectacle  ne  pût  être  achevé. 
M'"°  Grisi  dut  quitter  Madrid.  Malgré  cette  alga- 
rade, elle  eut  le  courage  de  reparaître  encore 
quelques  années  plus  tard,  à  Londres,  au  théâtre 
de  Covent-Garden.  Bientôt,  cependant,  elle  aban 


GRISI  —  GROSJEAN 


425 


donnd  définitivement  la  scène.  M™*  Giisi  est 
morte  le  25  novembre  1869  à  Berlin,  étant  de 
passage  en  cette  ville  pour  se  rendre  à  Saint- 
Pétersbourg  (1). 

La  sœur  aînée  de  cette  grande  artiste,  Ju  ditli 
Grisi,  était  née  à  Milan  le  28  juillet  1805. 

GRISY    (Raphaël   -    Auguste).   —    Voyez 
GRIZY. 

GRIVEL  (Victor),  violoniste,  né  dans  les 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle,  a  été 
pendant  fort  longtemps  attaché  à  l'orchestre  du 
théâtre  de  Grenoble  en  qualité  de  {iremier  vio- 
lon. Cet  artiste  a  publié  une  brochure  ainsi  in- 
titulée :  Vernis  des  anciens  luthiers  d'Kalie, 
perdu  depuis  le  milieu  du  XV IH^  siècle,  re- 
trouvé par  V.  Grivel  (Grenoble,  impr.  Allier, 
1867,  in-S"  de  21  pp.).  Après  beaucoup  de  tra- 
vaux et  de  recherches,  il  croyait  en  effet  avoir 
retrouvé  le  vernis  chaud,  clair  et  limpide  des 
anciens  luthiers  italiens,  qui  sont  restés  des 
maîtres  inimitables,  et  la  société  de  statistique 
des  sciences  et  des  arts  de  Grenoble  a  fait  de  sa 
découverte  l'objet  d'un  très-élo^ieux  Rapport 
sur  le  vernis  inventé  par  M.  Victor  Grivel 
(Grenoble,  impr.  Allier,  1867,  in-8°  de  16  pp.), 
raoport  signé  de  MM.  Emile  Gueymard,  prési- 
dent de  la  société,  Séguin,  Lory  et  Boistel,  mem- 
bres de  la  commission  spéciale.  Grivel  est  mort 
il  y  a  cinq  ou  six  ans,  à  Grenoble,  sans  avoir 
pu  tirer  parti  de  ce  qu'il  appelait  sa  découverte. 
On  a  publié  de  lui  un  ou  deux  morceaux  de  vio- 
lon avec  accompagnement  de  piano. 

GRIZY  (Raphael-Auguste)  (2),  chanteur, 
compositeur  et  organiste,  est  né  à  Paris  le 
24  septembre  1833.  Admis  en  1845  au  Conser- 
vatoire, il  y  devint  successivement  l'élève  de 
MM.  Savard  et  Tariot  pour  le  solfège,  de  Mo- 
zin,  de  M.  Bazin  pour  l'harmonie  et  accom- 
pagnement ,  d'Adam  pour  la  composition,  et 
plus  tard  de  M.  Faure  pour  le  chant,  de  Mo- 
reau-Sainti  et  de  Levas.seur  pour  l'opéra-co- 
mique  et  l'opéra.  En  1849,  il  obtint  un  acces- 
sit de  solfège,  en  1853  et  1854  un  l'^"'  accessit  et 
un  second  prix  d'harmonie  et  accompagnement, 
en  1856  un  2«  prix  de  fugue  et  un  2"=  prix  d'or- 
gue, enfin,  en  1857,  un  second  premier  prix 
d'orgue.  A  cette  époque,  M.  Grizy  était  attaché 

(1)  Dans  sa  sprle  biographique:  les  Contemporains, 
M.  Eugène  de  Mirecnurt  a  publié  un  petit  volume  conte- 
nant deux  notices  -.Julia  Grisi,  Clémence  Hobert  (Paris, 
1871,  in  -32  .  La  notice  consacrée  à  la  GmsI  comporte  six 
pages,  dans  lesquelles,  il  est  vrai,  on  ne  trouve  aucun  fait 
ni  aucune  date.  Cet  opuscule  est  mentionné  ici  par  un 
scrupule  d'exactitude. 

(2)  Les  afûolies  de  théâtre  ont  toujours  écrit  Grisy  le 
nom  de  cet  artiste;  l'orthographe  que  j'adopte  ici  est  celle 
que  J'ai  trouvée  jur  les  registres  du  Conservatoire. 


à  l'orchestre  du  Gymnase  dramatique  en  qualité 
de  contrebassiste.  Ayant  découvert  qu'il  était 
doué  d'une  jolie  voix  de  ténor,  d  rentra  au  Con- 
servatoire pour  y  faire  ses  études  de  chant,  ne 
prit  part  à  aucun  concours,  mais  néanmoins  fut 
engagé  à  l'Opéra,  le  1""  octobre  1861,  pour  y 
tenir  l'emploi  des  seconds  ténors;  c'est  ainsi 
que  depuis  quatorze  ans  il  a  rempli  les  rôles  de 
cet  emploi  dans  Robcrt-le- Diable  (Raimbaut), 
Guillaume  Tell,  V Africaine,  et  bien  d'autres 
ouvrages.  Cela  n'empêcha  pas  M.  Grizy  de  de- 
venir organi.ste  dans  une  église  dont  je  ne  me 
rappelle  plus  le  nom ,  puis  maître  de  chapelle  à 
Id  Trinité,  |)lace  qu'il  occupe  encore  aujourd'hui , 
non  plus  que  de  se  livrer  à  la  composition. 
M.  Grizy  a  fait  jouer  au  petit  théâtre  des  Fo- 
lies-Bergère, au  mois  de  février  1873,  une  opé- 
rette en  un  acte  intitulée  :  Amoureux  de  Zé- 
phijrine,  et  il  a  donné  sur  celui  des  Menus- 
Plaisirs,  le  9  septembre  de  la  même  année,  l'É- 
léphant blanc,  opéra  bouffe  en  4  actes.  Le 
21  novembre  1875,  il  faisait  jouer,  dans  le  salon 
d'un  amateur,  une  opérette  qui  avait  pour  titre 
Brasseur  et  marquise.  Il  a  écrit  aussi  un  cer- 
tain nombre  de  compositions  religieuses. 

GROj\DONA( ),  compositeur  italien, 

a  fait  représenter  en  1872  à  Milan,  sur  le  théâtre 
particulier  du  comte  Boiognini,  un  opéra  bouffe 
intitulé  M«  Marito   in  cerca  délia  moghe. 

GROiXIlIVIAIV  (Antoine),  violoniste,  vivait  à 
Paris  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Je  ne  connais  de  lui  que  le  recueil  dont 
voici  le  titre  :  Six  sonates  à  violon  seul  et 
basse,  œuvre  2,  gravé  par  M"«  Vandôme  (Paris, 
s.  d.,  in-fol.) . 

*  GROSJEAjV  (Jean-Romary).  M.Théodore 
Nisard  a  publié  sur  cet  artiste,  dans  VlUusira- 
tion  musicale,  une  notice  intéressante.  Cette 
notice,  accompagnée  d'un  portrait  et  de  quelques 
morceaux  religieux,  a  été  tirée  à  part  sous  ce 
titre  :  Jean-Romary  Grosjean  (s.  1.  n.  d.  [Pa- 
ris, Repos],  in-8°). 

GROSJEAN  (Erî(est),  organiste, neveu  de 
M.  Romary  Grosjean,  artiste  fort  distingué  et 
lui-même  organiste  de  /a  cathédrale  de  Saint- 
Dié,  est  né  le  18  décembre  1844  à  Vagney, 
commune  de  l'arrondissement  de  Remiremont 
(Vosges).  M.  Grosjean  reçut  de  son  oncle  sa  pre- 
mière instruction  musicale,  et  plus  tard  travailla 
le  piano,  l'orgue,  l'harmonie,  le  contrepoint  etia 
fugue  avec  M.  Henri  Hess,  aujourd'hui  organiste 
de  la  cathédrale  de  Nancy,  et  avec  un  grand  ar- 
tiste mort  trop  jeune  pour  la  gloire  de  l'art 
français,  le  regretté  Chauvet  (Voy.  ce  nom), 
qui  était  un  organiste  de  premier  ordre.  En  der- 
nier lieu,  M.  Grosjean  a  pris  des  leçons  de  piano 


426 


GROSJEAN  —  GRUNEISEN 


de  M.  Camille  Stamaty.  Il  était  âgé  de  vingt  ans 
lorsqu'il  devint  organiste  de  l'ancienne  cathé- 
drale à  Uzès  (Gard),  et  il  remplit  ces  fonctions 
jusqu'en  1868,  époque  à  laquelle,  à  la  suite  d'un 
concours  très-bi  illant,  il  fut  nommé,  à  l'unanimité 
des  voix  composant  le  jury  clioisi  à  cette  occa- 
sion, organiste  de  la  cathédrale  de  Yerdun-sur- 
Meuse,  puis  maître  de  chapelle.  Depuis  lors,  il 
n'a  pas  quitté  cette  ville. 

M.  Ernest  Grosjeana  publié  plusieurs  ouvrages 
importants  pour  l'oigue  :  1°  300  Versets  com- 
posés pour  Vorgiie  dans  les  tons  les  plus 
usités,  précédé  d'un  chapitre  concernant  la  re- 
gistration ,  Verdun,  l'auteur,  in-4°  oblong; 
2°  Théorie  et  pratique  de  Vaccompagnement 
du  plain-chant ,  méthode  très-simple  et  très- 
facile  en  2  gammes  et  3  exceptions,  Verdun, 
l'auteur;  3"  108  Pièces  de  chant  (chœurs  et 
solos  à  3  voix  égales),  avec  accompagnement 
d'orgue,  Paris,  Ikelmer,  4  volumes  (ouvrage  en 
cours  de  publication).  M.  Ernest  Grosjean  a 
donné  aussi  un  certain  nombre  de  morceaux  au 
Journal  des  organistes,  publié  par  son  oncle, 
années  1863,  18Ci,  1866,  1868,  1872,  1874. 
Enfin,  il  a  publié  encore  :  romance  sans  parole, 
ponr  piano,  op.  7  ;  Nocturne  pour  piano  (ou 
piano  et  orgue),  op.  8  ;  Scherzo  pour  piano  (ou 
piano  et  orgue),  op.  9;  Berceuse  pour  soprano 
ou  mezzo-soprano  avec  accompagnement  de 
piano,  op.  10. 

GROSS  (Frédéric-Auguste),  hautboïste  ex- 
trêmement remarquable,  né  le  17  mai  1780,  fut 
élève  de  son  père,  qui  était  aussi  un  artiste  dis- 
tingué (celui-ci  était  né  en  1748  et  mourut  le  8 
juin  1820).  Gross  ne  fut  |»as  seulement  un  excel- 
lent virtuose  sur  le  hautbois  ;  il  possédait  aussi 
un  très-grand  talent  sur  le  piano,  et  forma  des 
élèves  nombreux  et  habiles  sur  les  deux  instru- 
ments. Il  mourut  à  Berlin  en  1861,  âgé  déplus 
de  80  ans.  —  Son  frère,  Henri  Gross,  mort  jeune 
à  Berlin  en  1806,  avait  été  l'élève  de  Duporl  et 
était  devenu  un  violoncelliste  distingué.  Il  a  laissé 
quelques  compositions  pour  son  instrument. 

*  GROSS  (Georges-Auguste,  et  non  Gott- 
fried- Auguste) .,  compositeur  et  écrivain  sur  la 
musique,  était  né  à  Kœnigsberg  le  28  septembre 
1801  (et  non  à  Elbing  en  1799).  Il  est  mort  à 
Hambourg  en  1853. 

GROSS  (Pierre),  professeur  de  musique  à 
l'école  normale  de  Strasbourg,  mourut  en  cette 
ville,  âgé  de  43  ans,  au  mois  de  mai  1867.  Sous 
le  pseudonyme  de  William  Cronthal,  cet  artiste 
publia  une  brochure  ainsi  intitulée  :  Le  Passé, 
le  présent  et  Vavenir  du  chiffre  appliqué  à 
la  notation  musicale  en  Allemagne  (Paris, 
imp.  Chaix,  1863,  in-8°). 


GROSSMAIVN  (Louis),  dilettante  et  com- 
positeur polonais,  est  l'auteur  d'un  opéra  italien 
sérieux,  il  Pescatore  di  Palermo,  qui  a  été 
représenté  à  Varsovie  au  mois  de  février  1867. 
Il  a  donné  dans  la  même  ville,  le  3  novembre 
1873,  un  second  ouvrage  dramatique,  qui  avait 
pour  titre  l'Esprit  du  Yoïvode,  et  qui  a  été 
Joué  ensuite,  en  1876,  sur  le  théâtre  de  l'Opéra- 
Comique  de  Vienne. 

Cet  arliste  ne  doit  pas  être  confondu  avec 
M.  Charles  Grossmann,  pianiste  allemand  très- 
habile  quia  publié  quelques  compositions,  entre 
autres  un  recueil  de  six  Ueder  avec  accompa- 
gnement de  piano. 

GROSSOA'I  ( ).  Un  musicien  italien  de 

ce  nom  a  écrit  la  musique  d'un  ballet  intitulé  Be- 
lisa,  qui  fut  représenté  au  théâtre  de  la  Scala, 
de  Milan,  en  1825. 

GROVVUELS  (Hans  ou  Jean),  facteur  de 
clavecins,  exerçait  sa  profession  à  Anvers  à  la 
fin  du  seizième  siècle. 

GIIUMAIL  ou  GRUiVIAILLE  (L...  F ...), 
virtuose  sur  le  cistre  et  la  mandoline,  vivait  à 
Paris  à  la  lin  du  dix-huitième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-neuvième.  Il  est  ainsi  men- 
tionné dans  les  Tablettes  derenonimée  des  mu- 
siciens publiées  en  1785  :  —  «  Grumaille,  très- 
renommé  |)our  le  cistre,  a  fait  plusieurs  morceaux 
de  musique  avec  accompagnement  pour  cet  ins- 
trument. »  On  a  gravé  en  effet  de  cet  artiste  di- 
verses compositions,  parmi  lesquelles  je  citerai 
les  suivantes  :  r  Grand  Duo  pour  2  lyres  ou 
guitares,  dédié  à  son  élève  M™*  A.  Valentin  ;  2° 
Trois  grands  duos  pour  guitare  ou  lyre  et  violon 
(Paris,  l'auteur);  3"  Recueil  de  duos,  trios  et 
quatuor.s  (Paris,  l'auteur). 

*GRÛAIBAUM  (M-"^  Thérèse),  cantatrice 
qui  fut  fameuse  en  Allemagne,  et  dont  le  père 
était  populaire  à  Vienne  comme  compositeur, 
était  née  en  cette  ville  le  24  août  1791.  Elle 
avait  vingt  ans  lorsqu'elle  épousa  l'organiste 
Griinbaum,  qui  était  aussi  un  bon  professeur 
de  chant,  et  elle  en  avait  trente-deux  lorsqu'elle 
créa  à  Vienne  le  principal  rôle  (V Eurijanthe. 
que  Weber  avait  écrite  son  intentien.  M™*' Thé- 
rèse Griinbaum  est  morte  à  Berlin,  le  30  janvier 
1876,  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans. 

*  GRUJXD  (Guillaume-Frédéric),  est  mort 
à  Hambourg,  sa  ville  natale,  le  24  novembre 
1874. 

GRUiVEISEW  (Charles-Lewis),  publiciste 
anglais,  né  à  Londres  le  2  novembre  1806,  d'un 
père  allemand  naturalisé  anglais  depuis  1796,  a 
pris  part  depuis  1832  à  la  rédaction  d'un  grand 
nombre  de  journaux  :  le  Guardian,  le  British 
Travellcr,  le  Morning  Post,  le  Morning  He- 


GRUNEISEN  —  GUASCO 


427 


raid,  etc.  Cet  écrivain  ne  s'est  pas  borné  à  traiter 
les  questions  politiques  dans  ces  divers  journaux; 
il  s'est  aussi  occupé  de  critique  musicale,  et  a  col- 
laboré sous  ce  rapport  au  Morning  Cbronicle 
(1846),  à  la  Brilannia,  à  Vlllustrated  London 
News  (1853),  et  enfin  à  YAthenxum,  dontilrédif;e 
encore  aujourd'iiui  la  partie  musicale.  M.  Gru- 
neisen  a  été,  en  1847,  l'un  des  promoteurs  et 
des  fondateurs  de  l'Opéra  royal  italien  au 
théâtre  de  Covent-Garden.  On  lui  doit  un  court 
Mémoire  sur  Meyerbeer,  et  une  brochure  in- 
titulée l'Opéra  et  La  Presse. 

*  GRUTSCH  (François-Séraphin),  compo- 
siteur allemand  ,  est  mort  à  Vienne  ,  sa  ville  na- 
tale ,  le  5  avril  1867,  à  l'âge  de  soixante-six 
ans. 

GRUTZMACHEK  (Frédéric),  violoncel- 
liste allemand  distingué  et  compositeur,  est  fils 
d'un  pianiste  habile  qui  mourut  à  Dessau,  le 
l"mars  1862,  à  l'âge  de  cinqnante-liuit  ans, 
M.  Frédéric  Grutzmacher  est  renommé  pour  son 
talent  de  virtuose,  qui  lui  a  valu  de  grands 
succès  en  Angleterre  et  en  Allemagne ,  et  il  a 
publié  un  certain  nombre  de  compositions  inté- 
ressantes pour  son  instrument,  ainsi  que  quel- 
ques pièces  de  piano;  on  remarque,  parmi  ces 
oeuvres  :  1*''  concerto  de  violoncelle,  avec  ac- 
compagnement d'orchestre  ;  2"  concerto  de  vio- 
loncelle, avec  accompagnement  d'orchestre, op. 
42  ;  Variations  pour  violoncelle  sur  un  thème 
original ,  avec  orchestre,  op.  31;  3  Pièces  pour 
violoncelle  et  piano,  op.  30;  2  Pièces  de  concert, 
pour  violoncelle  et  piano ,  op.  32  ;  Mouvemen  t 
perpétuel,  caprice  pour  piano, op.  40;  3  Gran- 
des Marches  pour  piano  à  4  mains ,  op.  39,  etc. 

Un  frère  de  cet  artiste,  M.  Léopold  Qruizma- 
cher,  est  aussi  un  violoncelliste  remarquable , 
et  a  publié  quelques  compositions  de  peu  d'im- 
portance pour  son  instrument, 

*  GUADET  (J ).  Outre  sa  brochure  sur 

les  Aveugles  musiciens,  on  doit  à  M.  Guadet 
une  Notice  biographique  sur  Claude  Montai, 
facteur  de  jiianos  à  Paris  (  Paris,  1845,  in-8"). 

*  GlIAMI  (Joseph).  M.  Cerù  {Cenni  storici 
delV  insegnamento  délia  musica  in  Lucca) 
croit  que  cet  artiste  remarquable  était  né  vers 
1540,  et  qu'il  mourut  en  1626. 

*  GUAMI  (François).  Selon  le  méiue  écri- 
vain ,  François  Guami  serait  né  à  Lucques  vers 
1544,  et  aurait  succédé  en  1596  à  son  frère  Jo- 
seph, comme  maître  de  chapelle  de  la  Républi- 
que de  Lucques. 

GUAMI  (Jean-Dominique),  probablement 
parent  des  précédents  ,  naquit  à  Lucques  vers 
1560,  et  mourut  dans  la  même  ville  le  2  juin 
1631.  C'était  un  organiste  fort  remarquable,  en 


même  temps  qu'un  compositeur  distingué.  On 
lui  doit  un  recueil  de  chansons  latines,  publié  à 
Venise  en  1585,  et  des  motets  avec  accompa- 
gnement de  basse. 

GUAMI  (Valerio),  fils  de  Joseph,  naquit  à 
Lucques  vers  1587  ,  et  se  fit  une  grande  renom- 
mée comme  compositeur.  Devenu  maître  de 
chapelle  de  la  République  de  Lucques ,  il  fut  le 
premier  qui  écrivit  une  œuvre  dramatique  à  l'oc- 
casion de  la  cérémonie  délie  Tasche  {\).\\  com- 
posa aussi  plusieurs  oratorios  qui  furent  exécutés 
à  l'église  de  Santa-Maria  Corte-Orlandini.  Il 
ne  reste  aujourd'hui  aucun  vestige  de  ces  œu- 
vres ,  et  l'on  ne  croit  pas  qu'il  en  ait  rien  été 
publié. 

GUARIVERI    ( ),   compositeur  italien, 

est  l'auteur  d'un  opéra  intitulé  Gulnara,  qui  a 
été  représenté  à  Gênes,  sur  le  théâtre  Carlo- 
Felice,  le  l^"^  mars  1877.  Cet  ouvrage  n'a  obtenu 
aucun  succès. 

GUASCO  (Carlo)  ,  ténor  italien  qui  a  joui 
d'une  légitime  renommée ,  naquit  à  Solero  (Pié- 
mont) le  13  mars  1813.  Tout  enfant,  il  montrait 
(le  rares  dispositions  pour  la  musique  et  apprit, 
seul  et  sans  maître,  à  jouer  de  la  mandoline,  du 
violon  et  de  la  flûte.  Cependant,  ayant  com- 
mencé dans  son  pays  natal  ses  études  littéraires, 
il  alla  les  achever  à  Alexandrie,  où  il  se  prit  de 
passion  pour  les  sciences  exactes ,  et  spéciale- 
ment pour  la  géométrie.  Il  allait  devenir  ingé- 
nieur, lorsqu'un  de  ses  cousins  étant  venu  s'éta- 
blir à  Alexandrie  comme  professeur  de  piano  et 
ayant  découvert  qu'il  était  en  possession  d'une 
superbe  voix  ,  l'engagea  à  étudier  le  chant  et  lui 
offrit  de  le  faire  travailler.  Guasco  accepta ,  sans 
toutefois  renoncer  à  ses  autres  études  ;  mais  un 
peu  plus  tard,  ayant  eu  l'occasion  de  se  faire 
entendre  devant  le  compositeur  Panizza ,  et  ce- 
lui-ci l'ayant  vivement  engagé  à  se  produire  au 
théâtre,  il  se  décida ,  malgré  les  objurgations  de 
sa  famille,  à  suivre  ce  conseil.  Il  se  rendit  donc 
à  Milan ,  travailla  pendant  trois  mois  avec  Pa- 
nizza, et  en  1837  débuta  au  théâtre  de  la  Scala 
dans  le  petit  rôle  du  pécheur  de  Guillaume 
Tell ,  qui  lui  valut  un  grand  succès.  Dans  la 
saison  suivante,  il  chanta  à  la  Canobbiana,  où 
il  aborda  avec  bonheur  plusieurs  rôles  impor- 
tants ,  puis  parcourut  la  plupart  des  principales 

(l|  A  l'occasion  de  cette  ciirémonie,  qui  avait  lieu  cha- 
que année  au  palais  de  la  Soigneuiie  lors  du  tirage  des 
noms  des  citoyens  qui  devaient  faire  partie  du  Conseil,  on 
donnait  une  grande  fête  musicale  dans  laquelle  était 
exécutée  une  action  dramatique  à  plusieurs  voix,  chœurs 
et  orchestre,  ctdont  le  livret,  toujours  dû  à  l'un  des  poè- 
tes les  plus  célèbres  de  la  cité,  était  imprimé.  Beaucoup 
de  ces  livrets  sont  conservés  à  la  bibliothèque  publique 
de  Lucques. 


428 


GUASCO  —  GUÉROULT 


Tilles  de  l'Italie  et  commença  la  biillante  car- 
rière qu'il  était  appelé  à  parcourir.  Bientôt  les 
compositeurs  se  mirent  à  écrire  leurs  ouvrages 
en  vue  de  ce  chanteur  remarquable,  qui  joignait 
à  une  voix  d'une  rare  beauté  un  talent  incon 
testable ,  et  c'est  ainsi  que  Guasco  créa  à  Milan 
Corrado  d'AKamurade  Federico  Ricci,  i  Loni- 
bardi  de  M.  Verdi ,  à  Vienne  Maria  di  Rohan 
de  Donizelti ,  à  Venise  Ernani  et  At/ila  de 
M.  Verdi  et  la  Sposa  d'Abido  du  prince  Ponia- 
towski ,  et  bien  d'autres  ouvrages.  Après  un 
premier  séjour  à  Londres ,  Guasco  fut  engagé  à 
Saint-Pétersbourg,  fit  une  courte  apparition  à 
Paris  en  1851 ,  puis,  étant  retourné  à  Londres  , 
fut  une  des  victimes  de  la  faillite  du  directeur 
Lumley.  Il  se  rendit  alors  à  Vienne,  où  il  avait 
obtenu  déjà  de  très-grands  succès ,  y  fit  encore 
la  saison  de  1853,  et  après  une  carrière  bril- 
lante et  productive  de  seize  années,  se  retira 
définitivement  du  tliéûtre.  Guasco  est  mort  à  So- 
lero,  sa  ville  natale,  le  13  décembre  1876,  fai- 
sant un  noble  emploi  de  la  fortune  qu'il  avait 
acquise.  Il  légua  en  effet  une  somme  de  plus  de 
200,000  francs  au  municipe  de  Solero  pour  créer 
en  celte  ville  un  asile  d'enfants ,  pour  fonder 
plusieurs  bourses  à  l'Universilé  de  Turin  et  à 
diverses  écoles  d'Alexandrie  ,  et  pour  quelques 
autres  œuvres  de  bienfaisance. 

GUELBEIVZU  (José),  compositeur  de  mu- 
sique religieuse  et  organiste  distingué,  né,  je 
crois,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  fut,  pendant 
longues  années,  organiste  de  l'église  paroissiale 
de  Saint-Saturnin,  à  Pampelune.  Je  n'ai  pas  d'au- 
tres renseignements  sur  cet  artiste  honorable  , 
qui  était,  paraît-il,  un  excellent  professeur,  et 
qui  mourut  à  Madrid  le  30  mars  1865. 

GUERCIA  (Alfonso)  ,  professeur  de  chant 
et  compositeur  italien,  est  né  le  13  novembre 
1831  à  Naples,  et  depuis  plusieurs  années  est 
professeur  d'une  des  classes  de  chant  du  Con- 
servatoire de  cette  ville.  Cet  artiste  s'est  fait 
connaître  d'abord  par  un  très-grand  nombre  de 
compositions  vocales  d'une  inspiration  aimable, 
et  a  publié  les  recueils  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Rimembranze  délia  villa  CiUberti  (6  mé- 
lodies); T  II  mio  Canto  (7  mélodies);  3" 
Canti  patriottici  (6  morceaux)  ;  4°  Noiti  estive 
di  lSapoll{6  mélodies)  ;  5°  A  te'.'  (6  mélodies); 
6°  Armonia  (4  quatuors);  7°  Un  Auimino  a 
Portici  (4  mélodies);  8"  VEco  del  mio  pensiero 
(6  mélodies)  ;  9°  Sempre  a  tel  (id.)  ;  10°  /  Pro- 
verbi  ilaliani  (id.);  11°  Speme  a  dvolo  (id.); 
12'»  Rimembranze  délia  villa  Ricciardi  (id.); 
13°  L'Album  di  mia  figlia  (id.);  14°  Rimem- 
branze di  Sorrento  (6  mélodies,  avec  paroles 
italiennes  et  anglaises);  15"  Una  Primavera  a 


Roma  (id.);  16°  Il  primo  Canto  (20  mélodies). 
1 1°  Matinées  (8  mélodies),  M.  Guercia  a  abordé 
pour  la  première  fois  la  scène  en  donnant  au 
tiiéàtre  Mercadante,  deNaples,  le  14  décembre 
1875,  un  opéra  sérieux  intitulé  iî/fa,  production 
honorable,  mais  un  peu  froide,  qui  n'a  guère 
obtenu  plus  que  ce  que  nous  appelons  en  France 
un  succès  d'estime  ;  cet  ouvrage  était  chanté  par 
M"""s  Lablaeh  et  Rossano,  MM.  Panzetta,  Ca- 
bella  et  Boschi ,  et  l'éditeur  milanais  M.  Ricordi 
s'est  rendu  acquéreur  de  la  partition.  Comme 
professeur, M.  Guercia  a  publié  (Milan,  Ricordi) 
un  ouvrage  fort  important,  dont  il  a  été  fait 
deux  éditions  :  L'Arte  del  canto  italiano , 
melodo  per  voce  di  soprano  o  mezzo  soprano, 
adoltalo  nelle  scuole  delregio  Conservatorio 
di  musica  di  Napoli. 

GUÉRIIV  (Paul),  violoniste,  élève  de  Bail- 
lot,  né  à  Paris  le  3  mars  1799,  fut,  en  1824, 
nommé  répétiteur  de  la  classe  de  son  maître,  au 
Conservatoire  de  Paris.  Réformé  le  1*'"  sefitem- 
bre  1831,  il  rentra  comme  professeur-adjoint  le 
le""  janvier  1837,  devint  titulaire  d'une  classe 
préparatoire  le  l*^"^  janvier  1841 ,  et  fut  mis  à  la 
retraite  vers  1865.  Quoiqu'il  ait  été  professeur 
au  Conservatoire ,  premier  violon  à  l'Opéra  et 
membre  de  la  Société  des  concerts,  Guérin  était 
un  artiste  absolument  médiocre,  à  tous  les 
points  de  vue.  Il  est  mort  à  Paris,  au  mois  de 
juin  1872. 

GUI^RINEAU  (M™*),  grand  amateur  de 
musique,  habituée  non-seulement  des  séances 
de  la  Société  des  concerts  du  Conservatoire,  mais 
des  concours  et  distributions  de  prix  de  cet  éta- 
blissement ,  a  légué  par  testament  une  somme 
de  dix  mille  francs  au  Conservatoire,  en  éta- 
blissant que  les  intérêts  de  cette  somme  forme- 
raient un  prix  qui  serait  partagé  chaque  année 
entre  les  élèves ,  hommes  ou  femmes,  qui  auront 
obtenu  les  premiers  prix  de  chant  ou  d'opéra, 
jyjme  yeuve  Guérïneau  est  morte  au  mois  de 
novembre  1872. 

GUÉROULT  (Adolphe),  écrivain  et  homme 
politique  français,  né  à  Radepont  (Eure),  le  29jan- 
vier  1810,  mort  à  Vichy  le  21  juillet  1872,  n'est 
mentioimé  ici  que  pour  quelques  articles  publiés 
par  lui  dans  la  Gazette  musicale,  &i  pour  une 
courte  notice  surBaillot  insérée  dans  ce  journal 
à  la  mort  decet  artiste,  et  dont  il  fut  fait  un  tirage 
à  part  sous  ce  titre  :  Baillot  (s.  I.n.  d.,  in-8''  de 

7  pp.). 

L'un  des  fils  de  cet  écrivain,  M.  Georges  Gué- 
roult,  amateur  de  musique  comme  son  père,  au- 
quel il  a  succédé  comme  rédacteur  en  chef  du 
journal  VOpinion  nationale  ,  et  ancien  élève  de 
l'École  polytechnique ,  est  l'auteur  de  la  traduc- 


GUÉROULT  —  GUEYMARD 


429 


tion  française  du  livre  de  M.  HeIrnhot7.(  Foy.  ce 
nom)  publiée  sous  ce  titre:  Théorie  physiologi- 
que de  la  musique,  fondée  sur  l'étude  des  sen- 
sations auditives  (Paris,  Masson,  1868,  in  8°), 
Celte  traduction  a  été  faite  «  avec  le  concours , 
pour  la  partie  musicale,  de  M.  Wolff,  de  la 
maison  Pleyel ,  Wolff  et  C"=.   » 

GUEROULT  (  Jean-Baptiste-Auguste  ) , 
pianiste  et  compositeur,  né  à  Rouen  en  1836, 
montra  de  bonne  heure  d'assez  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique  pour  que  ses  parents 
crussent  devoir  le  placer,  en  1847,  à  la  maîtrise 
de  la  cathédrale.  Ses  progrès  y  furent  si  rapides  , 
qu'à  peine  âgé  de  treize  ans  il  était  appelé  à 
suppléer  l'organiste  du  grand  orgue  de  cette 
église,  et  que  bientôt  après  il  entrait  comme  or- 
ganiste titulaire  à  l'une  des  principales  paroisses 
de  la  ville.  En  1855,  il  était  appelé  en  la  même 
qualité  à  l'église  Saint- Jean,  d'Elbeiif,  où  la  mu- 
nicipalité le  chargeait  de  la  création  d'une  école 
de  musique,  dont  il  fut  le  directeur  pendant 
une  dizaine  d'années.  Plus  tard  ,  M.  Guerouit 
retournait  dans  sa  ville  natale,  où  il  s'est  livré 
avec  succès  à  l'enseignement  du  piano,  et  où  il 
s'occupe  beaucoup  de  composition,  en  même 
temps  qu'il  donne  d'assez  nombreux  articles  de 
critique  musicale  à  divers  recueils  périodiques. 

Parmi  les  compositions  jusqu'ici  publiées  par 
M.  Guerouit,  il  faut  signaler  :  1°  Trois  chants 
élégiaques  ,  sur  des  poésies  d'Alfred  de  Musset, 
op.  9,  Paris  ,  Durand-Scliœnewerk  ;  2"  Six  chan- 
sons d'Alfred  de  Musset,  op.  3,  id.,  id.;  3°  Six 
Poésies  d'Alfred  de  Musset,  id.,  id  ;  4°  Quatre 
poésies,  pour  chant  et  piano,  Paris,  Choudens; 
5°  Trois  chants  caractéristiques;  puis  des  chœurs 
orphéoniques,  quelques  morceaux  de  piano,  et 
un  certain  nombre  de  motets. 

GUERRE  (P....),  théoricien  fiançais,  est 
l'auteur  d'un  traité  pratique  publié  sous  ce  ti- 
tre :  Intonation  musicale.  L'étude  des  diè- 
zes  et  bémols  réduite  à  sa  plus  simple  ex- 
pression et  appliquée  à  l'enseignement  de  la 
musique  vocale  (Paris,  1850,  gr.  in-8").  t^ré- 
cédemment,  le  même  artiste  avait  pubUé  un 
Solfège  national  (?),  ou  Cours  élémentaire 
de  musique  vocale  (Paris,  Colombier,  2  vol. 
in-8").  Peu  d'années  après  avoir  livré  ces  deux 
ouvrages  au  public,  l'auteur  abandonna  la  pra- 
tique de  l'art  pour  la  carrière  administrative,  et 
accepta  un  emploi  supérieur  dans  l'administra- 
tion des  chemins  de  fer  du  Dauphiné.  En  1863, 
M.  Guerre  découvrit  chez  un  libraire  de  Paris, 
M.  Ciaudin,  et  acquit  de  lui,  pour  la  modeste 
somme  de  seize  francs ,  la  collection  complète 
des  manuscrits  autograghes  de  Pierre  Galin , 
l'inventeur  du  méloplaste  ;  cette  collection  inté- 


ressante, dont  i'ensemble  ne  formait  pas  moins 
de  six  forts  volumes  grand  in-quarto,  est  tou- 
jours, je  pense,  en  sa  possession. 

*  GUERRLRO,  ou  plutôt  GUERUEIRO 
(François)  ,  célèbre  compositeur  religieux  du  sei- 
zième siècle,  n'était  point  espagnol,  comme  on 
l'a  cru  jusqu'à  ce  jour.  Il  naquit  à  Béja,  en  Por- 
tugal, ainsi  que  l'a  prouvé  récemment  son  com- 
patriote M.  Joaquim  de  Vasconcelios  {Voyez  ce 
nom),  d'après  l'historien  Barbosa  Machado.  On 
peut  consulter  à  ce  suje  t  l'intéressant  opuscule 
de  M.  de  Vasconcelios  :  Ensaio  cri'ico  sobre  o 
ca/alogo  d'elrey  D.  Joâo  /F (Porto,  1873,  pe- 
tit in-4°).  Guerreiro  mourut  à  Séville  le  15  janvier 
1600.  Cette  date  est  donnée  par  M.  Soriano 
Fiiertes  dans  les  éphémérides  de  son  Calenda- 
rio  Itistorico  musical  pour  1873. 

GUEYMARD  (M"*  Pauline),  née  Lauters, 
chanteuse  fort  distinguée,  est  fille  d'un  peintre 
de  talent  qui  était  professeur  à  l'Académie  royale 
des  Beaux  Arts  de  Bruxelles.  Née  en  cette  ville 
le  V  décembre  1834,  elle  commença  d'abord 
par  étudier  la  peinture  sous  la  direction  de  son 
père;  puis  ,  comme  elle  était  douée  d'une  voix 
remarquable  par  son  timbre,  son  caractère  et 
son  étendue,  elle  suivit  les  conseils  de  quelques 
amis  el  se  livra  à  la  pratique  du  chant  Admise 
au  Conservatoire  de  Bruxelles,  elle  y  fit  de  très- 
bonnes  études ,  y  obtint  un  premier  prix  de  chant, 
et  api  es  avoir  épousé  un  artiste  du  nom  de  Deli- 
gne,  elle  vint  à  Paris  pour  y  suivre  la  carrière 
du  tliéâtre.  Engagée  au  Théâtre-Lyrique  après 
s'être  fait  entendre  dans  quelques  concerts,  elle 
y  débuta  le  7  octobre  1855 ,  sous  le  nom  de 
j^jme  Deligne  Lauters,  en  même  temps  que 
M.  Léon  Achard  {Voy.  ce  nom),  dans  un  opéra 
nouveau  de  M.  Gevaert,  le  Billet  de  Margue- 
rite.  La  beauté  ingénue  de  la  débutante ,  sa  jeu- 
nesse, sa  grâce,  le  timbre  admirable  de  sa  voix 
lui  valurent  un  succès  complet.  Elle  créa  bientôt 
un  autre  rôle  dans  un  autre  opéra  de  M.  Ge- 
vaert, les  Lavandières  de  Saniarem,  puis  se 
montra  dans  celui  d'Annettede  Robin -des- Bois, 
où  elle  ne  fut  pas  moins  bien  accueillie. 

Engagée  à  l'Opéra  vers  la  fin  de  1856,  elle  y 
parut  le  12  janvier  de  J'année  suivante  dans  le 
Trouvère,  de  M.  Verdi,  et  son  succès  fut  écla- 
tant. Elle  avait  fait  de  grands  progrès,  non-seu- 
lement sous  le  rapport  du  chant  proprement  dit, 
mais  au<si  au  point  de  vue  des  qualités  scéni- 
ques,  et  le  public  de  notre  première  scène  lyri- 
que saluait  en  elle  l'aurore  d'une  grande  artiste. 
Depuis  lors.  M™"  Deligne-Lauters,  devenue 
par  un  second  mariage  M™=  Gueymard ,  a  par- 
couru sur  ce  théàtie  une  carrière  brillante  ,  se 
montrant  successivement    dans  plusieurs  ou- 


430 


GUEYMARD  —  GUICHARD 


vrages  du  répertoire  courant  :  la  Favorite,  les 
Huguenots,  le  Prophète,  Bornéo  et  Juliette, 
Bon  Juan  ,  et  créant  les  rôles  principaux  des 
grandes  œuvres  nouvelles  :  la  Reine  de  Saba, 
la  Magicienne,  Herculanum ,  Pierre  de  Me- 
dicis\  Roland  à  Roncevaux ,  Don  Carlos , 
Hamlet,  la  Coupe  du  roi  de  Thulé.  Cliacun 
de  ces  rôles  était  un  triomphe  pour  l'artiste, 
mais  jamais  peut-être  M"'"  Gueymard  ne  s'éleva 
plus  haut  que  dans  ceux  de  Yalentine  des  Hu- 
guenots et  de  Fidès  du  Prophète ,  prêtant  au 
premier  les  élans  d'une  passion  superbe  et  émou- 
vante, donnant  au  second  un  caractère  d'austé- 
rité touchante ,  d'onction  vraiment  maternelle, 
avec  des  accents  pathétiques  d'une  grandeur 
parfois  déchirante.  M'"'  Gueymard  quitta  l'Opéra 
en  1876,  etfit  une  courte  apparition  au  Theàlre- 
Italien  dans  le  rôle  d'Amneris,  (VAida.  Elle  avait 
remporté  naguère  de  grands  succès  dans  le  ré- 
pertoire italien,  principalement  en  Espagne,  où 
elle  s'était  rendue  pendant  ses  congés  de  l'Opéra. 

La  voix  de  mezzo- soprano  de  M'»"  Gueymard, 
d'un  velours  superbe,  dune  justesse  incompara- 
ble et  d'une  rare  égalité ,  d'une  étendue  de  plus 
de  deux  octaves ,  se  distingue  à  la  fois  par  la 
puissance,  l'ampleur  et  la  qualité  du  son.  Douée 
d'un  prolond  sentiment  dramatique  et  d'une 
réelle  intelligence  musicale,  l'artiste  sait  guider 
ce  merveilleux  instrument  avec  un  goût  très-sûr 
et  en  tirer  les  effets  les  plus  grandioses.  Si  l'ar- 
ticulation est  parfois  un  peu  molle,  le  phrasé 
est  plein  de  grandeur,  le  style  est  remarquable 
par  sa  solidité,  et  l'ensemble  des  qualités  dé- 
ployées par  la  cantatrice  se  résume  en  un  ta- 
lent dont  la  fermeté,  l'éclat  et  l'autorité  sont 
les  signes  distinctifs.  Au  point  de  vue  purement 
scénique,  ce  talent  n'est  guère  moins  digne  d'é- 
loges, et  si  M""^  Gueymard  n'est  pas  toujours 
échauffée  par  cette  flamme  ardente  qui  anime 
les  grandes  tragédiennes  lyriques ,  elle  n'en 
reste  pas  moins  une  artiste  de  grande  valeur  et 
de  premier  ordre ,  dont  les  rares  facultés  vocales 
sont  fortifiées  et  complétées  par  un  jeu  drama- 
tique d'une  puissance  et  d'une  passion  parfois 
très-intenses.  11  faut  remarquer  d'ailleurs  qu'a- 
près vingt  années  dune  carrière  ininterrompue, 
la  voix  de  M"'  Gueymard  n'a  rien  perdu  de  son 
charme ,  de  sa  fraîcheur  et  de  sa  moelleuse  soli- 
dité. 

Mariée  en  1858  à  M.  Gueymard,  M""^  Guey- 
mard ,  dix  ans  après,  s'est  séparée  légalement 
de  son  mari.  Celui-ci ,  né  à  Chapponay  (Isère)  - 
le  17  août  1822  ,  a  fait  ses  études  au  Conserva- 
toire, d'où  il  est  sorti  en  1848  pour  entrer  à 
l'Opéra.  Depuis  cette  époque  jusqu'en  1868  il  a 
tenu  à  ce  théâtre  [l'emploi  des  forts  ténors.  Sa 


voix ,  qui  brillait  plus  par  le  volume  (lue  par  la 
qualité,  lui  a  permis,  pendant  ce  long  espace  de 
temps ,  de  tenir  constamment  la  scène  ,  sans  ja- 
mais faiblir.  Il  a' joué  Guillaume  Tell,  Robert  le 
Diable,  les  Huguenots,  le  Prophète,  le  Trou- 
vère, les  Vêpres  Siciliennes,  Roland  à  Ron- 
cevaux:, la  Magicienne,  Pierre  de  Médias,  la 
Reine  de  Saba,  Sapho  ,  Jeanne  la  Folle, 
Louise  Miller,  le  Maître  chanteur,  la  Aonne 
sanglante,  Roméo  et  Juliette. 

*  GUGLIELMl  (PiERUE).  A  la  longue  liste 
des  ouvrages  dramatiques  de  ce  compositeur,  il 
faut  ajouter  les  deux  suivants  :  Madama  VU- 
morisia  ,  écrit  en  société  avec  Paisiello ,  et  la 
Virtuosa  bizzarra. 

GUIBAL  (Charles-François),  juge  de  paix, 
ancien  élève  de  l'École  polytechnique,  est  l'au- 
teur d'un  écrit  théorique  publié  sous  ce  titre  : 
Introduction  à  l'étude  de  l'harmonie,  Xancy, 
1850,  in-4°. 

'^.GUICHARD  (Henry).  Ce  personnage  écri- 
vit les  paroles  de  deux  opéras  dont  Granouilhet 
de  Sablières  fit  la  musique.  L'un ,  intitulé  les 
Amours  de  Diane  et  d'Endymion  ,  fut  repré- 
senté à  Versailles,  devant  Louis  XIV  et  la  cour, 
le  3  novembre  1671 ,  et  le  second,  dont  le  litre 
est  resté  ignoré ,  fut  joué  aussi  devant  le  roi ,  à 
Saint-Germain,  au  mois  de  janvier  1672.  C'est 
ce  double  fait  qui  fit  éclater  contre  Guichaid  la 
haine  de  Lully,  qui  voyait  en  lui  un  rival  pour 
la  direction  de  l'Opéra,  dont  il  cherchait  alors  à 
s'emparer.  Guichard  ayant  obtenu  ensuite  des 
lettres  patentes  pour  l'établissement  d'ime  Aca- 
démie royale  de  spectacles  ,  la  fureur  de  Lully 
ne  connut  plus  de  bornes ,  et  c'est  alors  que  cet 
homme  infâme,  confiant  dans  la  protection  du 
roi  et  ne  reculant  devant  aucun  moyen  pour  se 
débarrasser  d'un  concurrent  dangereux,  accusa 
publiquement  Guichard  d'avoir  voulu  l'empoi- 
sonner. Une  poursuite  au  criminel  s'en  suivit, 
tout  naturellement,  et  Guichard,  obligé  de  se 
défendre,  publia  contre  Lully  non  pas  un,  mais 
quatre  volumineux  Mémoires  dont  voici  les  ti- 
tres :  1°  Requeste  d' inscription  de  faux,  en 
forme  de  factum,  pour  le  sieur  Guichard,  in- 
tendant général  des  Bastimens  de  Son  Altesse 
Royalle ,  Monsieur,  contre  Jean-Baptiste 
Lully,  faux  accusateur,  Sébastien  Aubry,  Ma- 
rie Aubry,  Jacques  du  Creux,  Pierre  Hugue- 
net,  faux  témoins,  et  autres  complices  (  Pa- 
ris, 1676,  in-4°  de  118  pp.  );  —  2"  Requesle 
servant  de  factum,  pour  Henry  Guichard, 
intendant  général  des  Bastimens  de  Son  Al- 
tesse Royalle,  Monsieur,  appellant,  contre 
Baptiste  Lully  et  Sébastien  Aubry,  intimez, 
et  contre  Monsieur  le  procureur  général  prt- 


GUIGHARD  —  GUILLAUME  III 


43t 


nant  le  fait  et  cause  du  sien?'  de  Roy  ans,  so7i 
substitut  au  Chdtelet ,  appelant  a  niinimà 
(S.  l.  n.  d.,  10-4"  de  73  pp.);  —  3°  Suite  de  la 
Reqiieste  d'Henry  Guichard,  intendant  géné- 
ral des  Bdiimens  de  Son  Altesse  Royalle  Mon- 
sieur. A  Messieurs  les  gens  tenons  le  siège 
présidial  en  la  Chambre  criminelle  de  Van- 
cien  Chastelet  de  Paris  (S.  l.  n.  d.,  in-4°  de 
22  pp.)  ;  —  4°  JResponse  du  sieur  Guichard 
aux  libelles  diffamatoires  de  Jean-Baptiste 
Lully  et  de  Sébastien  Aubry.  A  Messieurs  les 
gens  tenans  le  siège  présidial  en  la  Chambre 
criminelle  de  l'ancien  Chastelet  de  Paris  (S. 
l.  n.  d.,  in-4°  de  32  pp.).  J'ai  donné  sur  ce  long 
procès,  qui  fit  grand  bruit  dans  Paris,  des  dé- 
tails développés  et  circonstanciés  dans  un  long 
travail  publié  sous  ce  titre  :  les  Vrais  Créateurs 
de  r Opéra  français,  Perrin  et  Camberl  (1). 

GUICHARD  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom 

fit  représenter  en  1799  ,  .sur  le  petit  théâtre  Ma- 
reux ,  un  opéra-comique  qui  fut  joué  sous  ce 
titre  :  Nicetteet  Colin,  ou  le  Fat  dans  les  Dé- 
partements. 

GUICHARD    ( ),  \ioloniste  qui  vivait 

au  commencement  de  ce  siècle,  est  auteur  d'une 
École  du  violon,  grande  méthode  complète 
et  raisonnée  pour  le  violon,  à  fusage  du  Con- 
servatoire (Paris,  Schlesinger,  in-P). 

GUICHENÉ( L'abbé),  prêtre  et  musicien, 
curé  de  Saint-Médard  (Landes),  est  l'auteur 
d'une  série  de  trois  tableaux  auxquels  il  a  donné 
ce  titre  :  Triorganum ,  ou  Science  du  plain- 
chant,  de  la  transposition  et  de  l'harmonie 
rendue  facile,  Paris ,  Repos. 

GUIDl  (GiovANNi-GuALBERTo),  éditcur  de 
musique  italien,  est  né  à  Florence  en  1817.  Il 
apprit  la  musique  de  bonne  heure ,  étudia  la' 
contrebasse ,  et  pendant  quinze  ans  fut  attaché 
en  qualité  de  contrebassiste  à  la  chapelle  du 
grand-duc  de  Toscane.  En  1844,  M.  Guidi  fonda 
la  maison  de  commerce  de  musique  qu'il  dirige 
encore  aujourd'hui ,  et  il  donna  une  grande  re- 
nommée à  cette  maison  en  imaginant,  le  pre- 
mier en  Europe ,  de  publier  en  petites  éditions 
de  poche,  très-nettes  et  très-lisibles,  les  parti- 
tions des  œuvres  des  grands  maîtres.  C'est  ainsi 
que ,  sur  les  conseils  de  M.  Basevi  (  Voy.  ce 
nom),  M.  Guidi  publia,  dans  le  format  in-l8, 
les  partitions  des  trios,  quatuors  ,  quintettes  et 
du  septuor  de  Beethoven ,  de  diverses  œuvres 
de  musique  de  chambre  d'Haydn,  Mozart,  Boc- 
cherini,  Mendelssohn  ,  Humrnel,  Spohr,  Weber, 
Cherubini,  Schumann,  et  des  quatuors  couron- 

(1)  Ce  travail  a  paru  dans  le  journal  le  Ménestrel,  an- 
nées 1815  et  18"8,  et  sera  prochainement  publié  en  vo- 
lume. 


nés  annuellement  par  la  Societù  del  Quartetto^ 
de  Florence  -,  dautre  part ,  il  donna,  dans  un  for- 
mat un  peu  plus  développé,  mais  encore  très- 
réduit,  les  partitions  à  orchestre  de  plusieurs 
ouvertures  classiques  célèbres,  celles  des  oeu- 
vres de  musique  religieuse  couronnées  aux  con- 
cours du  duc  de  San  Clémente,  et  enfin,  tout 
récemment,  celles  de  la  Vestale  de  Spontini  et 
du  Stabat  Mater  de  Boccherini.  En  rendant 
ainsi  facile  l'acquisition  et  la  lecture  de  tant  de 
chefs-d'œuvre,  M.  Guidi  a  rendu  un  véritable 
service  à  l'art  et  aux  artistes,  dont  il  a  bien  mé- 
rité. Ses  éditions  mignonnes  s'élèvent  aujour- 
d'hui au  chiffre  de  cent  cinquante  environ  ,  et 
elles  ont  été  récompensées  dans  un  grand  nom- 
bre d'Expositions. 

*GUIDO,  dit'GUIDOD'AREZZO.  En 
1867  ,  de  grandes  fêtes  eurent  lieu  en  Italie  pour 
honorer  la  mémoire  de  cet  artiste  célèbre ,  et  la 
municipalité  de  la  ville  d'Arezzo  décida  l'ouver- 
ture prochaine  d'une  rue  et  d'une  place  qui  por- 
teraient le  nom  de  rue  et  place  Guida  Mo- 
naco, la  première  conduisant  à  la  seconde,  sur 
laquelle  devait  être  érigé  le  monument  qu'une 
souscription  européenne  permettait  d'élever  au 
fameux  moine  musicien.  A  cette  occasion  fut 
publié  l'écrit  dont  voici  le  titre  :  Biografia  di 
Guido  Monaco,  d''Arezzo,  inventore  délie  note 
musicali ,  par  le  chanoine  archi-prêtre  Glovan- 
Battista  Ristori,  Arétin.  Je  ne  connais  de  cet 
ouvrage  que  la  seconde  édition  (Naples,  1868  , 
in-4''  de  79  pp.).  Il  n'est  pas  inutile  de  faire  con  - 
naître  que  le  manuscrit  autographe  du  Micro- 
logue  de  Guido  faisait  partie  de  la  bibliothèque 
célèbre  du  roi  Jean  FV  de  Portugal.  Ce  fait  a 
été  mis  en  lumière  par  M  .  Joaquim  de  Vascon- 
cellos  (Foî/es  ce  nom)  dans  son  Essai  critique 
sur  la  bibliothèque  de  ce  prince  artiste. 

*  GUIDOi\lUS(JE\N).  —  Voyez  GUYOT 
(Jean). 

GUIGOU  (Léopold),  compositeur,  a  écrit  la 
musique  d'un  opéra-comique  en  un  acte,  le  Bar- 
bier du  Roi,  qui  a  été  représenté  sur  le  théâtre 
du  Gymnase,  de  Marseille,  le  19  mars  1875. 

GÛH.RERT    ( ),   est    l'auteur   d'une 

«  Aotice  historique  sur  le  citoyen  Broche, 
lue  par  le  citoyen  Guilbert,  dans  la  séance  du 
15  Frimaire  an  XII>=  de  la  Société  libre  d'Ému- 
lation pour  le  progrès  des  sciences,  des  lettres 
et  des  aits  (de  Rouen)  »  (Rouen,  imp.  Guil- 
bert, an  XII,  in-8°  de  30  pp.)  On  sait  que  Bro- 
che ,  artiste  fort  remarquable  et  organiste  de  la 
cathédrale  de  Rouen,  fut  le  maître  de  Boieldieu. 

GUILLAUME  III,  roi  des  Pays-Bas,  prince 
d'Orange  Nassau,  grand-duc  de  Luxembourg, 
né  à  Bruxelles  le  19  février  1817,   est  un  des 


432 


GUILLAUME  III  —  GUILLEMIN 


rares  souverains  qui  doivent  avoir  leur  place 
marquée  dans  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens,  étant  une  véritable  artiste,  qui  s'oc- 
cupe de  musique  en  vrai  musicien. 

Ce  monarque  est  doué  d'une  organisation  tout 
exceptionnelle,  possédant  une  connaissance  des 
plus  complètes  de  tout  ce  qui  touche  au  domaine 
musical,  un  excellent  jugement,  et  accordant 
aux  arts  et  aux  artistes  la  plus  haute  protection. 
Il  est  compositeur  lui-même,  et  dans  sa  jeunesse 
il  a  pris  des  leçons  de  chant  de  la  célèbre  Ma- 
libran. 

En  1871,  de  son  propre  mouvement,  le  roi  des 
Pays-Bas  a  pris  l'initiative  lie  fonder  une  Insti- 
tution musicale  où  des  pensionnaires,  soumisaux 
ordres  de  ce  prince,  reçoivent  une  éducation 
musicale  complète  dans  le  chant,  l'art  lyrique 
et  dramatique,  le  piano,  le  violon,  le  violoncelle 
et  la  composition,  le  tout  aux  frais  du  roi.  Guil- 
laume 111  a  acheté  à  Bruxelles  un  hôtel  où  les 
pensionnaires  pour  le  chant  (demoiselles)  tra- 
vaillent sous  la  direction  de  M.  G.  Cabel ,  où  elles 
sont  logées  et  placées  sou'^  la  surveillance  d'um- 
dame  de  compagnie ,  et  oii  enlin  t  lies  peuvent 
accomplir  leurs  études  pour  aborder  ensuite  le 
théâtre  et  la  carrière  dramalii|ue. 

Chaque  élève  qui  désire  avoir  l'honneur  de  de- 
venir pensionnaire  du  roi  doit  passer  un  exainen 
préalable  devant  le  commissaire  royal ,  M.  Van 
der  Does ,  et  les  pensionnaires  pour  le  chant 
ne  sont  admises  qu'après  avoir  travaillé  pendant 
six  mois  avec  un  protefseur  désigné  par  ce  der- 
nier, et  après  avoir  fait  preuve  d'aptitudes  réelles 
pour  le  chant  et  pour  la  scène.  S.  M.  le  roi  a 
décrété  qu'un  examen  comparatif  devra  avoir 
lieu  tous  les  trois  ans  ,  de  même  qu'un  concours 
dédiant,  où  sera  décernée  une  médaille  d'or 
eniichie  de  diamants  dite  médaille  Malibran, 
laquelle  ne  sera  donnée  qu'aux  demoiselles  pen- 
sionnaires de  première  classe  pour  l'art  lyrique 
et  dramatique. 

Le  roi  a  institué  aussi  un  concours  triennal 
pour  les  pensionnaires  instrumentistes  et  com- 
positeurs,  concours  où  seront  distribuées  trois 
médailles  -.  une  médaille  d'or  pour  la  meilleure 
composition  d'une  symphonie  ou  d'une  ouverture 
à  grand  orchestre,  une  médaille  d'argent  pour 
la  meilleure  composition  d'une  œuvre  de  musi- 
que de  chambre  (trio,  quatuor  ou  quintette  pour 
piano  et  instruments  à  cordes)  ;  enfin  une  médaille 
de  bronze  pour  le  meilleur  ouvrage  pour  piano 
seul  ou  pour  chant  avec  accompagnement  de 
piano. 

Chaque  année ,  Guillaume  III  donne  à  son 
château  royal  du  Loo  de  magnifiques  fêtes  mu- 
sicales pour  l'audition  des  meilleurs  pension- 


naires, en  présence  d'un  jury  composé  d'artistes 
néerlandais  et  de  maîtres  étrangers,  qui  sont 
conviés  à  ces  solennités  par  invitations  spéciales. 
Déjà,  MM.  Ambroise  Thomas,  Reber,  Victor 
Massé,  Félicien  David,  Liszt,  Co^ta  et  beaucoup 
d'autres  sommités  musicales  ont  trouvé  au  châ- 
teau du  Loo  une  réception  royale  qui  se  renou- 
velle chaque  année ,  et  y  reçoivent  un  admira- 
ble accueil  dont  ils  gardent  souvenance. 

L'art  et  les  artistes  occupent  une  grande 
place  dans  la  vie  de  S.  M.  Guillaume  III ,  qui , 
nous  le  répétons ,  n'a  cessé,  pendant  tout  le  cours 
de  son  règne,  d'accorder  le  plus  grand  encou- 
ragement à  l'art ,  la  plus  éminente  protection 
aux  artistes. 

Ed.  de  h. 

*  GUILLEMAIIV  (Gabriel).  Cet  habile  vio- 
loniste écrivit  la  musique  d'un  ballet  représenté 
le  11  janvier  1749,  à  la  Comédie-Italienne,  sous 
le  litre  de  V Opérateur  chinois. 

GUILLEMIIV  (Amédée)  ,  écrivain  et  savant 
français,  s'est  acquis,  depuis  une  quinzaine 
il'années,  une  notoriété  légitime  par  le  talent 
qu'il  a  déployé  dans  la  discussion  et  la  vulgari- 
sation des  grands  faits  scientifiques  qui  préoc- 
cupent le  monde  moderne.  Il  ne  saurait  être 
question  ici  des  importants  et  intéressants  tra- 
vaux de  M.  Amédée  Guillemin  sur  l'astronomie, 
mais  il  me  faut  signaler  le  livre  qu'il  a  publié 
sous  ce  titre  :  Le  Son,  notions  d'acoustique 
physique  et  musicale  (Paris,  Hachette,  1875, 
in-i2,  avec  figures  nombreuses).  On  peut  repro- 
cher sans  doute  à  l'auteur  de  n'avoir  pas  fait 
tous  les  efforts  possibles  pour  rendre  plus  facile 
et  moins  laborieuse  la  lecture  d'un  tel  ouvrage; 
mais  les  musiciens  lui  sauront  gré,  du  moins, 
de  n'avoir  pas  suivi  l'exemple  qui  lui  était  donné 
par  tous  les  savants.  On  n'ignore  pas  en  effet  que 
ceux-ci,  confomlant  à  tort  et  de  propos  délibéré 
deux  choses  aussi  absolument  distinctes  que  la 
musique  et  l'acoustique,  prétendant  subordon- 
ner la  première  à  la  seconde  alors  que  le  do- 
maine de  l'une  et  de  l'autre  est  essentiellement 
différent,  ont  Ihabitude  de  le  prendre  de  haut 
avec  les  musiciens,  de  leur  fairela  leçon  au  su- 
jet d'un  art  qui ,  dans  ses  manifestations  expres- 
sives, échappe  à  leur  jugement  et  n'a  que  faire 
avec  l'étude  des  lois  de  la  physique  ,  et  veulent, 
sous  prétexte  de  science,  en  remontrer  aux  plus 
grands  génies,  compositeurs  ou  virtuoses.  M.  Amé- 
dée Guillemin  a  eu  la  sagesse  et  le  bon  goût  de 
ne  point  tomber  dans  ce  travers  :  traitant  une 
question  de  physique,  il  est  resté  dans  le  do- 
maine de  la  physique  sans  prétendre  empiéter 
sur  celui  de  l'art,  et  son  traité  y  a  gagné  en  jus- 
tesse, en  clarté  et  en  lucidité. 


GUILLEMINOT  —  GUILMANT 


433 


GUILLEMINOT, ( ).  Un  artiste  de  ce 

nom  a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de  Greno- 
ble, le  11  mai  1780,  un  opéra-comique  en  2  ac- 
tes, intitulé  :  rofficier  français  à  l'armée.  Le 
livret  de  celte  pièce  a  été  imprimé. 

GUILLOT  DE  SAINBIIIS  (Antomn), 
professeur  de  client  et  compositeur,  né  vers 
1820,  fit  de  bonnes  études  musicales  à  l'issue  des- 
quelles il  se  livra  à  l'enseignement  du  chant.  11 
a  publié  un  assez  grand  nombre  de  romances  et 
mélodies  vocales,  et  est  aussi  l'auteur  des  ou- 
vrages suivants  -.  1°  vocalises  pour  soprano, 
viezzo-soprano  et  contralto;  2"  12  Vocalises 
pour  voix  de  viezzo-soprano  ;  3°  Vocalises 
caractéristiques  pour  soprano  ou  ténor;  4" 
Vade-mecum  du  chanteur,  50  exercices  jour- 
naliers, propres  à  rendre  la  voix  agile.  M.  Guillot 
de  Sainbris  a  fondé  une  société  chorale  d'ama- 
teurs (hommes  et  femmes  ) ,  qu'il  dirige  avec 
habileté,  et  qui,  chaque  hiver,  donne  à  Paris  plu- 
sieurs séances  intéressantes. 

*  GUILLOU  (JosEi'ii) ,  flûtiste  et  composi- 
teur. Selon  VHistoire  du  Conservatoire  de 
Lassabalhie,  cet  artiste  était  né  le  4  décembre 
1787.  11  devint  professeur  de  flûte  au  Conserva- 
toire en  1816,  et  abandonna  cette  situation  en 
1830,  époque  à  laquelle  il  fut  remplacé  par  Tu- 
lou. 

GUILMANT  (Félix-Alexandke),  orga- 
niste fort  distingué,  est  né  à  Boulogne-sur-Mer 
le  12  mars  1837.  Son  père,  qui  pendant  cinquante 
ans  fut  organiste  de  l'église  Saint-Nicolas  de 
cette  ville,  fut  son  premier  maître.  A  douze  ans, 
le  jeune  Guilmant  le  remplaçait  souvent  à  l'orgue, 
et  c'est  à  partir  de  cet  âge  qu'il  reçut  des  leçons 
d'harmonie  de  M.  Gustave  Caruili,  fils  du  fa- 
meux guitariste  de  ce  nom,  artiste  d'un  vérita- 
ble talent,  auteur  de  compositions  nombreuses 
et  depuis  longtemps  fixé  à  Boulogne-sur-Mer.  On 
peut  presque  dire  cependant  que  M.  Alexandre 
Guilmant  s'est  formé  seul,  à  force  de  travail , 
de  volonté  et  de  persévérance  intelligente,  lisant 
de  nombreux  traités,  étudiant  les  œuvres  des 
maîtres  et  s'imprégnant  de  leur  génie,  s'enfer- 
mant  chaque  jour  deux  ou  trois  heures  dans 
l'église  pour  y  travailler  l'instrument  qu'il  ado- 
rait, enfin  écrivant  constamment  et  méditant 
sans  cesse  sur  son  art.  A  peine  âgé  de  seize  ans, 
il  était  nommé  organiste  de  l'église  Saint-Joseph 
et  à  dix-huit  ans  il  faisait  exécuter  à  Saint-Ni- 
colas sa  première  messe  solennelle  (en  fa),  bien- 
tôt suivie  de  deux  autres  messes  (en  sol  mineur 
et  en  mi  b  majeur),  et  de  plusieurs  motets,  éga- 
lement avec  orchestre,  œuvres  qui  furent  toutes 
accueillies  avec  une  grande  faveur.  Devenu,  en 
1857,  maître  de  chapelle  de  [Saint-Nicolas,  il 

BIOGR.    tjjilV.    DES    MUSICIENS.    SUPPf .    —     T 


était  peu  de  temps  après  nommé  professeur  de 
solfège  à  l'École  communale  de  musique,  et  en 
même  temps  s'occupait  de  la  création  d'un  Or- 
phéon, qui ,  sous  sa  direction,  remportait  plu- 
sieurs prix  importants  dans  différents  concours. 
Enfin ,  à  la  même  époque,  M.  Guilmant,  qui  ne 
se  contente  pas  d'être  un  organiste  hors  ligne , 
et  qui  n'est  pas  seulement  encore  un  excellent 
pianiste,  tenait  une  partie  d'alto  à  la  Société  phil- 
harmonique. 

En  1860,  le  célèbre  organiste  Lemmens  ayant 
eu  l'occasion  de  l'entendre,  fut  frappé  de  ses 
rares  qualités  et  lui  offrit  le  secours  de  ses  pré- 
cieux conseils  ;  le  jeune  artiste  n'eut  garde  de 
refuser  une  proposition  aussi  utile  et  aussi  flat- 
teuse, et  devint  l'élève  favori  de  ce  grand  maî- 
tre. Bientôt  M.  Guilmant  se  fit  remarquer,  à  de 
nombreuses  reprises,  dans  les  séances  qui  avaient 
lieu  en  différentes  villes  pour  l'inauguration  d'or- 
gues nouvelles,  et  son  talent  s'affirma  avec  un  vé- 
ritable éclat  ;  on  en  jugera  par  ces  lignes  que  lui 
consacrait  Adrien  de  la  Fage,  à  propos  de  l'inau- 
guration   de  l'orgue  d'Arras,  dans  la  Gazette 

musicale  du  3  novembre  1861  :  « Quant  à 

M.  Guilmant,  nous  le  connaissions  déjà  par  quel- 
ques compositions  qui  prouvaient  l'habitude  d'un 
travail  sérieux  et  consciencieux  ,  mais  nous  ne 
l'avions  jamais  entendu  ;  il  a  joué  dans  cette 
même  séance ,  et  ce  serait  déjà  un  assez  consi- 
dérable éloge  de  dire  qu'il  a  su  faire  apprécier 
son  talent  au  milieu  des  artistes  qui  viennent  d'ê- 
tre nommés  et  dont  la  réputation  est  si  bien  mé- 
ritée, mais  nous  devons  entrer  dans  quelques 
détails  à  son  égard,  car  deux  jours  auparavant 
nous  l'avions  entendu  à  une  séance  particulière, 
dans  laquelle  il  avait  joué  sur  ce  même  orgue 
avec  le  plus  grand  succès.  Une  pièce  intitulée  par 
lui-  Méditation  avait  sous  ses  doigts  causé  une 
vive  impression  à  tous  les  auditeurs.  Il  n'en 
pouvait  être  autrement ,  car  en  elle  se  trouvent 
réunis  avec  beaucoup  de  bonheur  les  ressources 
de  la  science  et  les  accents  de  l'inspiration  :  chez 
M.  Guilmant  l'inspiration  semble  gagner  à  se 
prescrire  des  bornes  qui  cependant  ne  la  gênent 
aucunement.  Du  reste  il  ne  s'en  tient  pas  à  jouer 
sa  propre  musique.  II  a  terminé  ses  études  sous 
M.  Lemmens,  c'est  assez  dire  qu'il  se  plaît  à  la 
lecture  des  grands  maîtres  et  paraît  avoir  la 
noble  ambition  de  marcher  sur  leurs  traces;  il 
semble  même  avoir  déjà  trouvé  le  sentier  qui 
conduit  à  eux,  car  M.  Fétis,  entendant  la  Médi-^ 
talion  dont  nous  venons  de  parler  sans  en  con- 
naître l'auteur,  crut  qu'elle  était  l'œuvre  d'un 
de  ces  hommes  à  qui  l'on  n'attribue  jamais  que 
ce  qu'il  y  a  de  meilleur.  » 
I  Un  succès  plus  considérable  encore  était  ré* 
I.  28 


434 


GUILMANT 


serve  à  M.  Guilmant.  Après  avoir,  le  29  avril 
1862,  participé  avec  plusieurs  autres  artistes  à 
l'inauguration  de  Torgue  admirable  de  Saint- 
Sulpice,  à  Paris,  il  [donnait,  seul,  le  2  mai  sui- 
vant, une  séance  particulièrement  intéressante 
sur  ce  merveilleux  instrument,  séance  dont 
M.    Elwart    rendait   compte  en   ces  termes  : 

'«  L'habile  organiste  de  Boulogne  a  joué 

successivement  un   concerto   de  Hœndel,  une 
toccala  et  une  fugue  en  ré  mineur  de  Sébas- 
tien Bach,  une  pastorale  de  Kullak,  et  plusieurs 
morceaux  de  sa  composition,  parmi  lesquels  une 
communion  d'un  sentiment  exquis  a  été  très- 
remarquée.  Pour  finir,   le  jeune  artiste,  qui  est 
élève  de  son  père  et  du  célèbre  Lemmens,  a  tou- 
ché une  marche  d'un  grand  style ,  arrangée  par 
lui  sur  un  thème  de  Hœndel.   L'orgue  de  Ca- 
vaillé-Coll  est  tellement  compliqué,  quand  on 
mélange  les  jeux  innombrables  qui  le  composent, 
qu'il  faudrait  un  travail  de  plus  d'un  mois  pour 
parvenir  à  le  bien  connaître.  Alexandre  Guilmant 
n'avait  eu  que  deux  heures  pour  se  préparer  ! 
Chacun  a  admiré  l'intelligence  de  l'organiste  de 
Saint-Nicolas;  et  après  la  séance,  les  artistes  qui 
s'étaient  rendus  à  son  invitation  l'ont  vivement 
complimenté.  Il  est  beau  à  un  jeune  artiste  de  quit- 
ter ses  affections ,  ses  travaux  pour  venir  deman- 
der à  Paris  le  baptême  d'une  réputation  naissante  ; 
et  Alexandre  Guilmant,  en  retournant  à  Boulogne, 
n'aura  que  des  félicitations  à  recevoir  de  sa  fa- 
mille et  de  ses  concitoyens  pour  l'excursion  glo- 
rieuse qu'il  vient  de  faire  dans  la  caititale.  » 

On  voit  que  bien  avant  son  installalion  à  Pa- 
fis,  qui  n'eut  lieu  qu'en  1871  ,  M.  Guilmant  s'é- 
tait acquis  une  réputation  solide ,  qui  ne  lit  que 
s'accroître  encore  par  les  nouveaux  voyages  qu'il 
eut  l'occasion  de  faire  à  l'étranger,  particulière- 
ment en  Angleterre,  où  son  talent  est  surtout 
apprécié,  pour  l'inauguration  et  la  réception  des 
orgues  de  diverses  églises.  L'une  des  séances  qui 
lui  firent  le  plus  d'honneur,  sous  ce  rapport,  est 
celle  qui  eut  lieu  à  Paris,  pour  l'inauguration 
du  grand  orgue  de  Notre-Dame,  et  dans  laquelle 
il  fit  entendre,  avec  un  grand  effet,  sa  superbe 
marche  funèbre.  Mais  bientôt  le  jeune  organiste 
allait  enfin  trouver  une  situation  digne  de  lui. 
Le  regrettable  Chauvet  (Foy.  ce  nom),  un  artiste 
de  premier  ordre  aussi,  ayant  été  enlevé,  au  mois 
de  janvier  1871,  par  une  maladie  de  poitrine, 
M.  Guilmant  fut  appelé  à  le  remplacer  dans  ses 
fonctions  d'organiste  de  l'église  de  la  Trinité,  et 
depuis  lors  il  a  pris  place  au  notnbre  de  nos 
meilleurs  artistes  en  ce  genre,  et  sa  renommée 
n'a  Cessé  de  grandir.  Cette  renonimée  s'est  éten- 
due à  l'étranger  aussi  bien  qu'à  Paris^  grâce  sur- 
tout aux  belles  compositiorts  dé   M.  Guilmant, 


qui  est  aujourd'hui  considéré  comme  l'un  des 
premiers  organistes  de  l'Europe  (1).  i 

M.  Guilmant  possède  en  effet  toutes  les  qua- 
lités qui  font  les  grands  organistes  :  à  une  ins- 
truction solide,  étendue  et  variée,  à  une  ardeur 
de  lecture  infatigable ,  à  une  mémoire  toujours 
exercée  et  tenue  en  haleine  qui  lui  permet  de  re- 
tenir les  plus  grandes  œuvres  des  maîtres  immor- 
tels de  l'art,  les  Frescobaldi,  les  Bach,  les  iHœn- 
del,  il  joint  les  connaissances  théoriques  et  pra- 
tiques qui  forment  le  musicien  consommé,  qui 
aident  à  l'improvisation  et  donnent  à  celle-ci  son 
charme,  sa  noblesse  et  sa  solidité,  enfin  par  l'é- 
tude constante  qu'il  a  faite  des  ressources  mul- 
tiples de  l'instrument,  de  l'emploi  et  du  mélange 
de  ses  divers  jeux  ,  il  en  sait  tirer  les  effets  les 
plus  opposés,  les  plus  inattendus  et  les  plus  va- 
riés. Son  talent  comme  compositeur  n'est  pas 
moins  remarquahle ,  l'inspiration  chez  lui  jest 
fécondée  par  le  savoir,  elles  œuvres  publiées  jus- 
qu'à ce  jour  par  M.  Guilmant  donnent  les  preuves 
incontestables  de  la  richesse  de  son  imagination 
et  de  l'excellence  de  ses  principes  artistiques. 

Voici  la  liste  des  compositions  les  plus  impor- 
tantes dues  à  la  plume  de  cet  artiste  extrême- 
ment remarquable  et  singulièrement  laborieux  : 
—  1°  Quatre  Messes  à  4  voix,  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ou  d'orgue  ;  —  2"  Motets  à 
4  voix,  avec  orchestre  ou  orgue;  — 3"  12  Mo- 
tets à  1,  2,  3  ou  4  voix,  avec  accompagnement 
d'orgue  ou  d'harmonium,  op.  14,  Paris,  Blériot, 
in-S"  ;  —  4""  Échos  du  mois  de  Marie,  cantiques 
à  une  ou  deux  voix  égales,  avec  accompagne- 
ment d'orgue  ou  d'harmonium,  Paris,  Blériot, 
in-8°  ;  —  b"  Quam  dilecta  (psaume  83),  à  4  voix, 
solos  et  chœurs ,  avec  accompagnement  d'orgue, 
op.  8,  Paris,  Lebeau,  iu-8";  —  6°  Pièces  de  dif- 
férents styles  pour  orgue  (en  12  livraisons), 
recueil  d'une  rarfe  richesse  et  de  la  plus  grande 
valeur,  dont  on  ne  saurait  trop  recommander  la 
lecture  et  l'étude  à  tous  les  organistes,  Paris, 
Schott  ;  —  7°  L'Organiste  pratique,  recueil  de 
pièces  de  moyenne  difficulté  pour  l'orgue  (2  li- 
vraisons parues);  8°  Sonate  pour  le  grand  orgue; 


(!)  Dans  son  Intéressant  travail  sur  VOrgtie  du  Pulalt 
dcl' Industrie  d' Amsterdam  (Amsterdam,  1876), M.  Phil- 
bert  a  écrit  ceci  :  —  ««  M.  Alexandre  Guiliuaut  est  devenu 
l'urganiste  favori  du  public  anglais.  Cliaque  année  il 
passe  plusieurs  fois  la  Manche  pour  aller  donner  des  sé- 
ries de  concerts,  à  Sheffield  surtout,  sur  l'admirable  ins- 
trument qu'y  a  construit  M.  Cavaillé-Coll.  Au  dire  de 
Lemmens,  dont  il  est  un  des  meilleurs  élèves,  il  captive 
tellement  ce  public,  que  d'excellents  organistes  du  pays 
ont  à  redouter  de  se  faire  entendre  après  lui-  »  On  peut 
lire  dans  le  même  ouvrage  le  récit  des  triomphes  (le 
mot  n'est  pas  exagéré)  que  M.  Guilmant  a  obtenus  a 
Amsterdatu  lors  de  sou  voyage  en  cette  ville  pour  l'inau- 
suration  de  l'orgue  du   Palais  de  l'Industrie. 


OniLMANT  —  GUIMET 


435 


—  9"  Morceaux  pour  harmonium  [Prière  et 
Berceuse,  op.  27;  Canzonetta,  op.  28; 
Fughetta,  |0p.  29:  scherzo,  op.  30;  Aspiration 
religieuse  op.  M  ;  Villageoise,  op.  32  ;  Air, 
Gavotte  et  Menuet  deJ.-S.  Bacli,  transcrits;  Al- 
legro, Air  et  Finale  de  Ilœndel  ,  transcrit.s; 
chœur  et  Rondeau  de  Phaéton,  de  Luliy,  trans- 
crits], Paris,  Sfhott;—  10"  Deux  Morceaux 
pour  liarmonium  {Recueillement;  Valse),  id., 
id.;  —  11"  Plusieurs  duos  pour  piano  et  har- 
monium; —  12°  Morceaux  pour  piano  seul  : 
Canzonetta;  Idylle ,  Scherzo-valse  ;  Pauline , 
polka;  Mazurka;  Air  d'une  cantate  de  Jean-Sé- 
bastien Bach,  transcrit,  etc.,  Paris, Schott;  enfin, 
un  assez  grand  nombre  de  morceaux  de  divers 
genres,  pourcliantou  pourdifférentsinstruments. 
M.  Guilmant  a  écrit  aussi,  sur  un  poème  de 
M.  Charles  Barthélémy,  un  oratorio-symphonie 
en  deux  parties,  Geneviève  de  Paris,  qui  n'a 
pas  encore  été  exécuté. 

GUIMARÂES  (  Josii.RiBEino  ),  littérateur 
portugais,  naquit  à  Lisbonne  le  2  octobre  1818. 
Ayant  achevé  ses  études  de  droit  en  18i4  à  l'U- 
niversité de  Coimhre,  il  se  proposa  d'entrer 
dans  la  magistrature.  Toutefois,  ses  opinions  po- 
litiques très-libérales,  les  troubles  qui  éclatèrent 
bientôt  et  des  difficultés  de  toute  sorte  vinrent 
retarder  son  entrée  dans  la  carrière.  Ce  n'est 
que  vers  la  fin  de  l'année  1846  qu'il  se  vit  nom- 
mer juge  (Juiz  de  dircilo)  à  Merlola.  L'inter- 
vention étrangère  mit  fin  à  ses  travaux  officiels , 
et  depuis  lors  jusqu'en  1854  il  refusa  d'accepter 
les  places  que  lui  offrit  le  gouvernement ,  parce 
qu'il  ne  partageait  pas  ses  vues.  En  1854  il  en- 
tre comme  primeiro  officiai  à  la  Bibliothèque 
nationale  de  Lisbonne,  charge  qu'il  occcupe  en- 
core au  moment  où  cette  notice  est  écrite  (Dé- 
cembre 1875).  Le  docteur  Guimarâes  a  droit 
à  une  place  dans  ce  livre  à  cause  des  nombreux 
travaux  de  littérature  musicale  qu'il  a  publiés 
dans  les  meilleurs  journaux  de  Lisbonne,  no- 
tamment dans  le  Jornal  do  Commercio.  Ses 
travaux  dans  la  rédaction  de  ce  journal  si  impor- 
tant datent  de  1854,  mais  il  avait  déjà  travaillé 
auparavant  dans  le  Patriota  (1852).  C'est  lui 
qui  a  éveillé  le  goût  des  études  historiques  sur 
la  musique,  marchant  d'accord  avec  un  autre 
amateur  aussi  distingué,  M.  Joaquim  José  Mar- 
ques, dont  je  parlerai  plus  tard.  Il  est  impossi- 
ble de  dresser  ici  la  liste  complète  des  écrits  de 
M.  Guimarâes,  et  nous  citerons  seulement  les 
plus  importants;  d'abord  une  excellente,  bio- 
graphie de  Marcos  Antonio  Portugal  (I),  connu 

(1)11  est  juste  dédire  que  c'est  M.  Fraucisco  InnoCencIo 
da  Silva,  le  savant  bibtiograpUe,  .qui  a  donné  le  premier 
Une  bonne  biographie  de  Marcos  Portugal.  Ce  que  Kétls 
eti  dit  est  intioiuitlet  et  parfois  inëxrtct. 


sous  le  nom  de  Portogallo(roy.  ce  nom),  une  no- 
tice inédite  .sur  .son  frère  Simào  Portugal,  une 
Historia  do  Tbc.atro  do  Bairro  Alto  où  l'on 
trouve  des  renseignements  utiles  sur  l'histoire  de 
l'Opéra  en  Portugal ,  des  notes  inédites  très-cu- 
rieuses siirAngelica  Catalani,sHr  Mercadante,  et 
sur  une  foule  de  musiciens  portugais  des  dix- 
huitième  et  dix-neuvième  siècles.  En  1873,  le 
D"  Guimarâes  fit  paraître  à  Lisbonne  une  excel- 
lente biographie  de  la  célèbre  cantatrice  M"*"  Todi, 
qui  malheureusement  n'a  pas  été  appréciée  selon 
son  mérite  en  Portugal;  l'auteur  avait  généreu- 
sement abandonné  ses  droits  et  le  produit  de  la 
vente  de  l'ouvrage  en  faveur  des  descendants  de 
l'illustre  cantatrice  qui  vivent  encore  à  Lisbonne. 
M.  E.  David  a  rendu  hommage  à  cet  excellent 
travail  dans  la  Revue  et  Gazette  musicale 
(1875).  Dernièrement,  le  docteur  Guimarâes  a 
fait  paraître  dans  le  Jornal  do  Commercio  des 
Memorias  para  a  historia  dos  theatros  de 
IJsboa,  qui  sont  d'une  grande  valeur  et  qui  ren- 
ferment de  riches  matériaux  sur  l'histoire  de 
l'Opéra  à  Lisbonne.  Son  Suvimario  de  varia 
historia  (1),  sorte  de  mosaïque  littéraire  sur  les 
sujets  les  plus  variés  et  les  plus  curieux,  renferme 
des  notes  fort  utiles  sur  l'histoire  des  arts  et 
métiers  en  Portugal.  M.  Guimarâes  tient  le  feuil- 
leton musical  du  Jornal  do  Commercio  et  y 
exerce  la  critique  d'ime  façon  très-honorable; 
ses  articles  sur  le  théâtre  de  S.  Carlos  (  Opéra 
de  Lisbonne)  .sont  remarqués;  on  trouve  encore 
des  travaux  de  lui  dans  VArchivo  Pittoresco, 
dans  Artes  e  Lettras,  etc. ,  etc. 

J.    Dli    V. 

GUIMET  (Emile),  riche  industriel  et  amateur 
distingué  de  musique,  est  né  à  Lyon  eu  1836. 
Fils  d'un  inventeur  dont  les  nouveaux  procédés 
chimiques  firent  faire  de  grands  progrès  à  cer- 
taines industries  spéciales,  et  qui,  en  exploitant 
lui-même  ces  procédés,  augmenta  d'une  façon 
notable  une  fortune  déjà  considérable,  M.  Gui- 
met,  tout  en  aidant  dans  ses  entreprises  son  père^ 
auquel  il  a  succédé  depuis,  étudia  avec  ardeur 
la  musique,  vers  laquelle  il  se  sentait  attiré  par 
un  goût  irrésistible.  Il  travailla  d'abord  le  piano, 
puis  se  livra  à  l'étude  de  l'harmonie  sous  la  di- 
rection successive  de  MM.  Joseph  Luigini,  De- 
billemont  et  Richard  Lindau.  Dès  1859,  il  pu- 
bliait à  Paris  (chez  Flaxiand)  im  recueil  de  dix 
Scènes  et  Mélodies,  bientôt  suivi  d'une  série  de 
petites  pièces  pour  le  piano,  intitulées  Croquis 
espagnols.  Un  peu  plus  tard,  M.  Guimet  écrivait 
la  musique  d'un  ballet  en  2  actes  et  4  tableaux. 


ft)  C'est  un  choli;  de  ses  raellleurs  articles,  publiés 
autrefois  dans  le  Jornal  do  Commercio.  Quatre  volumes 
en  ont  déjà  paru  ;  le  5*  est  sous  pïesse. 


436 


GUIiMET  —  GUIRAUD 


VŒuf  blanc  et  l'Œuf  rouge,  qui  était  rei>ié- 
senlé  au  Grand -Théâtre,  de  Lyon  le  26  novembre 
1867.  L'œuvre  la  plus  importante  de  M.  Guimet 
est  un  grand  oratorio,  c'est-à-dire  une  «  orien- 
tale symphonique,  »  le  Feu  du  ciel,  vaste  com- 
position pour  soli,  chœurs,  orchestre  et  fanfare, 
écrite  sur  des  vers  de  M.  Victor  Hugo,  que  l'au- 
teur fit  exécuter  pour  la  première  fois  à  Lon- 
dres, dans  Sainl-James's  hall,  au  mois  de  juillet 
1872,  et  ensuite  à  Paris,  au  théâtre  du  Chàtelet, 
dans  deux  concerts  donnés  par  lui  au  mois  de 
février  1873.  La  critique  accueillit  favorable- 
ment la  partition  du  Feu  du  Ciel,  qui  ne  man- 
quait en  vérité  ni  de  talent,  ni  de  verve,  ni  de 
gmndeur. 

M.  Guimet  a  aidé  considérablement,  dit-on,  et 
par  son  activité  et  par  sa  fortune,  au  développe- 
ment du  mouvement  musical  et  du  mouve- 
ment orpliéonique  dans  sa  ville  natale,  ce  qui 
l'a  fait  nommer  officier  d'académie  et  mem- 
bre de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres 
et  arts  de  Lyon,  dont  son  père  a  été  pré- 
sident à  plusieurs  reprises.  Il  manie  d'ailleurs 
la  plume  avec  facilité,  et  après  avoir  publié  deux 
récits  de  voyages,  l'un  en  Espagne,  l'autre  en 
Egypte,  il  a  donné  sous  ce  titre  :  Cinq  Jours  à 
Dresde,  une  relation  intéressante  de  la  grande 
fête  des  chanteurs  qui  eut  lieu  en  cette  ville  du 
22  au  26  juillet  1805  (Lyon,  Méra,  1860,  inl2). 
M.  Guimet  a  public  aussi  quelques  chœurs  or- 
phéoniques  :  l'Hymne  à  la  musique,  le  Cons- 
crit, la  Saint-Jean,  les  Faucheurs,  etc.  En 
1876,  M.  Guimet  a  été  chargé  par  le  gouverne- 
ment français  d'une  mission  scientifique  au 
Japon,  et  s'est  acquitté  de  celte  mission  de  la 
façon  la  plus  distinguée.  Peu  de  temps  après,  il 
était  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  — 
La  mère  de  cet  artiste.  M'"'  Zélie  Guimet,  fille  du 
peintre  Bidault,  a  fait  preuve  elle-même  de  talent 
dans  la  peinture  et  s'est  fait  remarquer  par  quel- 
ques bons  tableaux,  entre  autres  une  Judith 
qui  a  figuré  au  salon  de  1827  (1). 

GUIIVDANI  (E ),  musicien  italien  con- 
temporain, a  fait  représenter  sur  le  théâtre  de 
Parme,  le  16  février  1876,  un  opéra  sérieux  qui 
avait  pour  titre  la  Ileginadi  Castiglia.  Cet  ou- 
vrage n'a  obtenu  aucun  succès. 

GUIRAUD  (Jean-Baptiste),  compositeur  et 
l)rofesseur,  né  à  Bordeaux  en  1803,  fit  ses  études 
au  Conservatoire  de  Paris,  où  il  fut  élève  de 
Reicha  et  de  Lesueur.  Admis  au  concours  de 
l'Institut,  il  remporta  en  1826  le  premier  second 

(1)  Voici  les  titres  des  récits  de  .voyage  publiés  par 
M  .  Éraile  Guimet  :  !■>  A  travers  l'Espagne,  Lyon,  Méra, 
181)2,  in-l2;2°  Croquis  éfiyptiens,  Paris,  Hetzel,  in-lî; 
30  Esquiiscs  Scandinaves,  Paris,  Hetzel,  iu-12,  1816. 


grand  prix  de  composition,  et  l'année  suivante  le 
premier  grand  prix.  Devenu  par  ce  fait  pension- 
naire de  l'Académie  de  France  à  Rome,  il  alla 
passer  plusieurs  années  dans  cette  ville,  et  fit  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts  les  envois  réglemen- 
taires, envois  parmi  lesquels  se  trouvaient  des 
fragments  d'un  opéra  sérieux  italien,  intitulé 
Ruggero  e  Bradamante.  De  retour  à  Paris,  il 
essaya,  comme  tant  d'autres,  de  se  produire  au 
théâtre  ;  voyant  qu'il  n'y  pouvait  réussir,  il  prit 
le  parti  de  quitter  la  France  et  d'aller  s'établir  à 
la  Nouvelle-Orléans,  où  il  se  lit  une  brillante  po- 
sition comme  professeur.  Au  bout  de  quelques 
années,  il  revint  à  Paris,  s'y  maria,  tenta  encore, 
mais  toujours  inutilement,  d'aborder  la  scène,  et 
après  en  avoir  reconnu  de  nouveau  l'impossibilité, 
repartit  pour  la  Nouvelle-Orléans.  Je  crois  que 
c'est  en  cette  ville  qu'il  est  mort,  vers  1864. 

GUIRAUD  (Er.nest),  compositeur,  fils  du 
précédent,  né  à  la  Nouvelle- Odéans  le  23  juin 
1837,  offre  le  seul  exemple  connu  en  France  d'un 
musicien  fils  de  prix  de  Rome  et  ayant  obtenu 
lui-même  le  prix  de  Rome.  Plus  heureux  que 
son  père,  M.  Guiraud  a  pu,  non  sans  difficultés 
toutefois,  se  produire  comme  compositeur  dra- 
matique, et  il^est  un  des  jeunes  artistes  sur  les- 
quels la  nouvelle  école  française  a  le  plus  droit 
de  compter. 

Vivant  dans  un  milieu  très-musical,  M.  Er- 
nest Guiraud,  qui  était  né  avec  de  réelles  fa- 
cultés, vit  ces  facultés  s'accroître  encore  sous  la 
direction  de  son  père,  qui,  tout  naturellement,  se 
chargea  de  son  éducation  artistique.  Lorsqu'il 
fut  âgé  d'une  douzaine  d'années,  celui-ci  l'amena 
à  Paris,  non  ()our  l'y  fixer  encore,  mais  dans  le 
but  de  lui  ouvrir  l'imagination  et  de  lui  préparer 
les  voies  de  l'avenir.  M.  Guiraud  père  repartit 
ensuite  pour  la  Nouvelle-Orléans  avec  son  fils, 
em|)ortant  avec  lui  un  certain  nombre  de  livrets 
d'opéras  qu'il  avait  achetés  dans  le  but  de  l'exer- 
cer à  la  composition  dramatique.  Parmi  ces  li- 
vrets se  trouvait  celui  du  lioi  David,  représenté 
à  l'Opéra  en  1846,  et  qui  avait  été  le  premier 
ouvrage  de  M.  Mermet.  Le  jeune  Guiraud,  attei- 
gnant environ  sa  quinzième  année ,  remit  ce 
poème  en  musique,  et  son  Roi  David,  joué  par 
la  troupe  française  de  la  Nouvelle-Orléans,  ob- 
tint dans  cette  ville  un  succès  véritable. 

La  représentation  de  cet  opéra  fut  l'adieu  jeté 
au  pays  qui  l'avait  vu  naître  par  M.  Ernest  Gui- 
raud, qui  s'apprêlaità  venir  s'établir  définitive- 
ment dans  sa  véritable  patrie.  Il  s'embarqua  en 
effet  pour  la  France,  afin  d'y  continuer  ses  étu- 
des, d'y  parfaire  son  éducation  musicale,  et  de 
s'y  faire  une  position.  Il  y  trouva  tout  naturel- 
lement d'intimes  relations  :  les  amis  de  son  père, 


GUIRÂUD 


43" 


pnis  les  membres  de  sa  propre  famille,  parmi 
lesquels  son  oncle,  M.  Croizilles,  violon-solo  de 
rOpéra-Comique,  qui  en  prit  la  garde  et  qui 
veilla  sur  lui  avec  un  soin  tout  paternel.  Presque 
aussitôt  arrivé  à  Paris,  il  entra  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  de  piano  de  M.  Marmontel,  dont  il 
devint  rapidement  l'un  des  meilleurs  élèves.  Dès 
1855,  ilobtenaitun  premier  accessit,  remportait  le 
second  prix  en  1857,  et  le  premier  en  1858.  En 
même  temps  il  suivait  un  cours  d'harmonie  avec 
M.  Barbereau,  qui  avait  été  chez  Reicha  le  con- 
disciple de  son  père ,  et  entrait  bientôt  dans  la 
classe  de  composition  d'Haiévy.  Ses  progrès  y 
furent  si  rapides  qu'en  1859,  à  son  premier  con- 
cours à  l'Institut,  il  enleva  d'emblée  le  premier 
pri\  de  Rome,  qui  lui  fut  décerné  à  l'unanimité. 
La  cantate  de  concours  avait  pour  auteur 
Edouard  Monnais,  et  pour  titre  Bajazet  et  le 
Joueur  de  flûte. 

M.  Cuiraud,  qui  tenait  alors  à  l'orchestre  de 
rOpéra-Comique  le  modeste  emploi  de  timbalier, 
partit  donc  pour  Rome,  comme  tant  d'autres  ; 
mais  son  séjour  dans  la  ville  éternelle  fit  peut- 
être  plus  d'impression  sur  son  esprit  qu'il  n'en 
fait  d'ordinaire  sur  celui  de  ses  confrères.  Nature 
ardente,  enthousiaste,  doué  d'un  sentiment  ar- 
tistique très-intense  et  très-développé,  il  con- 
serva de  son  voyage  en  Italie,  de  la  vue  de  cette 
nature  généreu.se  et  luxuriante,  de  la  contempla- 
tion de  tant  de  chefs-d'œuvre  accumulés  par  les 
siècles,  un  souvenir  qui,  loin  de  lui  peser,  lui  est 
toujours  resté  cher.  M.  Guiraud,  du  reste,  ne 
faillit  point  aux  obligations  imposées  par  le  règle- 
ment aux  élèves  de  l'école  de  Rome,  et  fit  exac- 
tement à  l'Académie  des  Beaux-Arts  les  envois 
auxquels  il  était  tenu  :  il  envoya  la  première 
année  une  messe  solennelle,  la  seconde  année 
un  opéra  bouffe  italien  en  un  acte,  gli  Avven- 
turieri,  et  la  troisième  un  opéra-comique  en  un 
acte  intitulé  Sylvie. 

M.  Guiraud  commença  sons  d'heureux  auspi- 
ces sa  carrière  de  compositeur.  Au  rebours  de 
tant  d'autres  prix  de  Rome,  qui  ne  peuvent  par- 
venir à  se  faire  jouer,  il  était  à  peine  de  retour  à 
Paris  et  touchait  encore  les  derniers  mois  de  sa 
(tension,  lorsque  l'Opéra-Comique  livra  au  public 
ce  petit  opéra  de  Sylvie,  précédemment  envoyé 
par  lui  à  l'Académie  des  Beaux-Arts.  Représenté 
le  11  mai  18G4,  cet  aimable  ouvrage  fut  favora- 
blement accueilli.  Son  auteur  dut  cependant 
attendre  cinq  ans  une  nouvelle  occasion  de  se 
produire,  et  ce  n'estVpie  le  5  mars  18G9  que  le 
Théâtre-Lyrique  fit  paraître  En  Prison,  nouvel 
ouvrage  en  un  acte  dû  à  la  plume  de  M.  Gui- 
raud ;  encore  ce  dernier  ne  fut-il  joué  que  contre 
le  gré  du  compositeur,  qui,  mécontent  du  livret 


de  ses  collaborateurs,  mécontent  même  de  sa 
partition,  eût  désiré  ne  leur  jamais  laisser  voir 
le  jour.  Le  jeune  musicien  donna,  le  2  juillet  1870, 
à  l'Opéra-Comique,  un  troisième  ouvrage  en  un 
acte,  le  Kobold,  qui  réussit  à  souhait,  mais 
dont  les  événements  vinrent  arrêter  la  car- 
rière. 

La  guerre  survenue,  M.  Guiraud  ne  voulut 
pas  profiter  de  l'exemption  du  service  militaire 
à  laquelle  lui  donnait  droit  son  titre  de  prix  de 
Rome  ;  il  s'engagea  même  dans  un  bataillon  de 
marche,  fit  son  devoir  jusqu'au  bout,  et  fit  bra- 
vement le  coup  de  feu  en  plus  d'une  occasion, 
notamment  dans  les  deux  sanglantes  journées  de 
Champigny  et  de  Montretout,  où  il  vit  bon  nom- 
bre de  ses  compagnons  tomber  autour  de  lui. 
Plus  heureux  pourtant  que  notre  brave  et  cher 
Henri  Regnault,  venu  de  si  loin  pour  se  faire 
tuer  en  héros,  il  ne  fut  pas  même  blessé. 

Une  fois  la  paix  rétablie,  M.  Guiraud  se  remit 
au  travail.  On  le  retrouve  bientôt  aux  Concerts 
populaires,  où,  le  28  janvier  1872,  il  fait  exécuter 
une  suite  d'orchestre  fort  remarquée  et  qui  mé- 
ritait de  l'être  ;  cette  composition  le  classa  aus- 
sitôt dans  l'opinion  des  artistes  et  du  public,  et 
vint  confirmer  les  espérances  qu'on  avait  conçues" 
de  son  talent;  elle  accusait  chez  son  auteur 
une  étude  sérieuse  et  approfondie  des  grands 
maîtres,  principalement  dans  le  prélude,  qui 
est  de  conception  toute  classique,  et  une  grande 
connaissance  des  ressources  de  l'orchestre,  sur- 
tout dans  le  finale  (Carnaval),  page  brillante  et 
entraînante,  morceau  plein  d'action,  de  mouve- 
ment et  de  couleur. 

Le  23  novembre  1872,  M.  Guiraud  donnait  au 
petit  théâtre  de  l'Athénée  un  opéra-comique  en 
deux  actes.  Madame  Turlupin,  dont  la  parti- 
tion extrêmement  distinguée  lui  fit  le  plus  grand 
honneur,  et  qui  mériterait  d'être  repris  sur  une 
scène  plus  importante.  11  écrivit  ensuite  la  mu- 
sique d'un  ballet  en  un  acte,  Gretna-Green,  qui 
fut  représenté  à  l'Opéra  le  5  mai  1873,  fit  exé- 
cuter l'année  suivante  aux  Concerts  populaires 
une  Ouverture  de  concert  (l*"'  mars  1874)  et  un 
air  de  ballet  (6  décembre),  et  enfin  donna  à  l'O- 
péra-Comique, le  11  avril  1876,  un  ouvrage  en 
trois  actes,  intitulé  PiccoUno.  Moins  originale, 
moins  neuve  à  mon  sens  que  celle  de  Madame 
Turlupin,  la  partition  de  PiccoUno ,  qui  a  été 
très-bien  reçue  du  public  et  de  la  critique,  n'en 
est  pas[moins  une  œuvre  remarquable,  dont  l'al- 
lure franche  et  hardie  tranche  d'une  façon  très- 
heureuse  avec  celle  de  certaines  produclions 
contemporaines  dont  les  auteurs,  se  rappro- 
chant des  tendances  anti-scéniques  de  la  nou- 
velle école  allemande,  voudraient  acclimater  au 


438 


GUIRAUD  —  GUYOT 


théâtre  des  procédés  qui  en  sont  précisément  la 
négation  pure. 

Au  reste,  et  musicalement  parlant,  M.  Ernest 
Guiraud  n'est  ni  un  rêveur  ni  un  élégiaque.  C'est 
un  tempéramment  nerveux,  ciiaud,  vivace,  qui 
a  besoin  de  l'entraînement  de  la  scène,  et  qui  est 
visiblement  et  invinciblement  attiré  vers  le  théâ- 
tre, dont  il  a  le  sentiment  inné.  Sa  musique  a 
les  véritables  qualités  |qui  conviennent  au  drame 
lyrique  :  l'action,  le  mouvement,  la  chaleur,  la 
vie,  et  par  conséquent,  au  point  de  vue  techni- 
que, le  rhythme,  qui  est  justement  l'âme  et  l'es- 
sence de  toute  musique  vivante.  Malheureuse- 
ment, et  par  la  faute  de  nos  administrations 
théâtrales,  M.  Guiraud  n'a  pu  donner  encore  la 
mesure  exacte  de  son  talent,  et  produire  une 
œuvre  où  il  se  soit  livré  tout  entier.  Mais  ceci 
viendra  rapidement  maintenant,  il  faut  l'espérer, 
et  M.  Guiraud  ;n'en  reste  pas  moins  l'un  des 
soutiens  les  plus  fermes,  les  plus  intelligents  et 
les  mieux  doués  de  la  jeune  école  française. 

Voici  la  liste  des  œuvres  gravées  de  M.  Gui- 
raud :  l"  Sylvie,  im  acte  (l'aris,  Lernoine);  2" 
Madame  Turlupin,  1  actes  (Paris,  Escudier)  ; 
3"  Gretna-Green,  ballet  en  un  acte  (Paris,  Du- 
rand-Schœnewerk)  ;"4'^  Piccolino,  3  actes  (id., 
id);  5°  Suite  d'orchestre  en  quatre  parties,  par- 
tition d'orchestre  et  arrangement  à  4  mains  (id., 
id.);  Mignonne,  mélodie,  Sérénade  de  Ruy- 
Blas  (Paris,  Choudens)  ;  Crépuscule,  mélodie 
(dans  la  Revue  de  la  musique). 

Au  mois  de  novembre  1876,  M.  Guiraud  a  été 
nommé  profes.seur  d'harmonie  et  accompagne- 
ment au  Conservatoire,  en  remplacement  d'E- 
douard Baptiste,qui5venait  de  mourir. 

(iUISLAIlV  (PiERRK-JosKiii),  violoniste  et 
clief  d'orchestre,  né  à  Berg-op-Zooin  en  1757,  se 
fixa  de  bonne  heure  à  Anvers,  et  tout  en  rem- 
plissant l'emploi  de  violon-solo  au  théâtre,  diri- 
geait les  concerts  nobles,  ceux  de  la  Solidarité 
et  de  la  Société  philharmonique,  ce  qui  le  ren- 
dait en  quelque  sorte  l'arliitre  du  mouvement 
musical  en  cette  ville.  C'est  lui  qui,  le  premier, 
lit  naître  le  goût  de  la  musique  classique  à  An- 
vers, surtout  en  y  faisant  exécuter  les  quatuors 
d'Haydn  et  de  Mo/art,  presque  inconnus  avant 
lui.  Lui-même  se  faisait  remarquer,  comme 
violoniste,  par  son  excellente  exécution  des  con- 
certosde  Yiotti,  Kreutzer  et  Rode.  On  cite  parmi 
les  compositions  de  cet  artiste  un  Concerto  de 
violon  et  un  livre  de  six  Sonates  pour  deux  vio- 
lons, publiés  à  Anvers,  chez  Wauters. 

*  GUMBERT  (Feudinand),  compositeur, 
est  né  à  Berlin  le  21  avril  1818.  Cet  arlisie  n'a 
pas  publié  jusqu'à  ce  jour  moins  de  400  lieder, 
qui  se   font  remarquer  pour  la  plupart  par  un 


sentiment  très-personnel  et  un  charme  pénétrant. 
Il  a  donné  au  théâtre  Armonia,  de  Vienne,  en 
novembre  1867,  une  opérette  intitulée  Caroline 
ou  tme  Chanson  sur  le  golfe  de  Naples. 
M.  Gumbert,  qui  est  très-versé  dans  la  connais- 
sance de  la  langue  française,  s'est  fait  aussi  une 
sorte  de  spécialité  de  la  traduction  de  nos  opé- 
ras, et  c'est  à  lui  que  l'on  doit  les  adaptations 
allemandes  des  Dragons  de  Villars,  de  l'Afri- 
caine, de  Mignon,  de  le  Roi  Va  dit,  etc.,  ainsi 
que  celle  de  la  plupart  des  opérettes  de  M.  Of- 
fenbach.  M.  Gumbert  est  l'un  des  collaborateurs 
actifs  de  la  Nouvelle  Gazette  musicale  de  Ber- 
lin. 

GUMPRECHT  (Otto),  écrivain  musical 
fort  distingué,  né  à  Erfurt  en  1823,  a  fait  ses 
études  à  Breslau,  à  Halle  et  à  Berlin.  Il  est  at- 
taché depuis  1848  à  la  Gazelle  nationale  en 
qualité  de  critique  musical,  et  il  a  acquis  sous 
ce  rapport  une  grande  autorité,  [que  justifie  un 
talent  très-solide  et  trés-sérieux.  Il  a  publié  sous 
ce  titre  :  Musikalische  Charakterhilder  {Por- 
traits d'artistes  musiciens)  une  série  d'études 
fort  intéressantes  sur  Schubert,  Mendelssohn, 
NVeber,  Rossini,  Auber  et  Meyerbeer  (Leipzig, 
1868).  On  lui  doit  encore  l'écrit  suivant  :  Ri- 
chard Wagner  und  sein  Buhnenfestspivl 
(Leipzig,  1873). 

GUJ\G'L  (M""  Vhu-.inie),  lille  du  fameux 
compositeur  de  danse  Joseph  Gung'l,  a  abordé 
la  carrière  lyrique  en  débutant  avec  succès  à  l'O- 
péra de  Berlin,  en  1872,  dans  la  Flûte  enchan  ■ 
tée  de  Mozart  et  dans  le  Faust  de  M.  Gounod. 

GUIMTHER  (Le  docteur),  médecin  établi  à 
Leipzig,  a  écrit  la  musique  d'un  opéra,  l'Abbé  de 
Saint-Gall,  qu'il  a  fait  représenter,  sous  le  pseu- 
donyme de  Hœrther,  au  théâtre  Victoria,  de 
Berlin,  en  juillet  1864.  Cet  ouvrage  a  eu  du  suc- 
cès. 

GUSTO  (J -Z ),  compositeur,  vivait 

vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle  à  Zurich, 
où  il  se  fit  une  grande  popularité,  et  où  il  pu- 
blia le  recueil  suivant  :  Auserlesene  geistliche 
Lieder  aus  den  besten  Dichtern.  Mit  ganz 
neuen  leichten  Melodieen  versehen  von  J.-Z. 
Gusto  (Zurich,  Ziegler,  1769,  in-S").  Ce  recueil 
ne  contient  pas  moins  de  170  chants,  dont  57  à 
une  voix,  6  à  deux  et  107  à  trois  et  quatre  voix, 
dont  la  mélodie  est  généralement  aimable  et  fa- 
cile. 

*  GUYOT  (Jean),  et  non  Guioz.  —  Un  an- 
cien officier  de  l'armée  belge,  M.  Clément  Lyon, 
qui  s'est  épris  d'une  véritable  passion  pour  la 
mémoire  de  cet  artiste,  a  publié  récemment  sur 
lui  une  brochure  intéressante,  qui  complète  et 
rectifie  les  renseignementsconnusjusqu'àcejour, 


GUYOT  —  r.UZMAN 


439 


et  dans  laquelle  il  annonce  la  publication  pro- 
chaine d'une  biographie  étendue  et  complète  de 
son  héros.  La  brochure  de  M.  Clément  Lyon  a 
pour  titre  «  Jean  Guijot,  dit  Castileti,  célèbre 
musicien  wallon  du  xvi''  siècle,  maître  de  cha- 
|)elle  de  S.  M.  l'I-^mpereur  d'Allemagne  Ferdi- 
nand 1",  né  à  Châtelet  en  1512  (Charleroi,  De- 
laere,  1876,  in-8°).  »  Il  résulte  tout  d'abord  des 
renseignements  recueillis  dans  cet  opuscule,  que 
le  nom  véritable  de  l'artiste  est  Giiyot,  et  non 
Gtiyot,  et  qu'il  est  né  en  1512.  «  Jean  (iuyot, 
dit  M.  Lyon,  inspiré  sans  aucun  doute  par  l'esprit 
patriotique,  se  donna,  à  l'étranger  et  même  dans 
.son  pays,  le  nom  de  Joannès  Castileti  ou  Jean 
de  Châtelet.  Nous  verrons  plus  loin  qu'il  latini- 
sera son  nom  d'une  manière  différente  encore  et 
qu'il  en  fera  Joannès  Guidonius,  en  accompa- 
gnant ce  nom  du  mot  «  Castilelanus  »,  ce  qui 
prouve  à  quel  point  il  tenait  à  son  origine.  Jus- 
qu'aujourd'hui ces  divers  noms  ont  fait  prévaloir, 
dans  l'esprit  des  biographes  ,  l'idée  de  deux  per- 
sonnages distincts  ;  mes  investigations  m'ont 
heureusement  permis  de  rétablir  la  vérité  au  plus 
grand  honneur  du  maître  de  chapelle.  Jean 
Guyot,  Joannès  Castileti,  Joannès  Guidonius, 
c'est-à-dire  le  compositeur  de  mu.slque  et  l'écri- 
vain ami  des  arts  ne  sont  bien  réellement  que  les 
noms  différents  d'une  seule  et  même  brillante 
personnalité.  » 

Si  les  détails  donnés  par  M.  Clément  Lyon 
sont  aussi  si1rs  et  aussi  précis  qu'il  le  dit,  l'ar- 
tiste connu  jusqu'ici  sous  le  nom  de  Jean  Gui- 
donius (Voir  Biographie  tiniverselle  des  Mu- 
siciens, t.  iv),  et  considéré  comme  Hollandais 
parce  qu'il  avait  publié  à  Maestricht  l'ouvrage 
intitulé  Minervalia,  n'aurait  jamais  existé,  où 
plutôt  n'était  autre  que  celui  qui  nous  occupe 
ici,  et  doit  être  confondu  avec  lui.  En  effet, 
M.  Lyon  revendique  pour  Jean  Guyot  la  pa- 
ternité de  cet  ouvrage  important. 

A  l'âge  de  vingt-deux*  ans,  selon  son  nouveau 
biographe,  Guyot  suit  les  cours  de  la  Faculté 
des  Arts  de  Louvain.  «  Le  5  décembre  IS^fi,  il 
.soutient  sa  thèse  {respousio  formalis),  sorte 
d'acte  de  préparation  au  grade  de  licencié  ; 
l'année  suivante,  il  prend  part  au  concours  déli- 
nitif,  et,  finalement,  le  22  mars  1537,  lors  de  la 
promotion  générale,  ayant  été  proclamé  22"  sur 
108  concurrents,  il  est  nommé  licencié-ès-arts.  » 
Il  commence  alors  sa  carrière.  En  1546,  on  le 
retrouve  à  Liège,  oii  il  est  chapelain  à  la  collé- 


giale Saint- Paul,  en  même  temps  qu'il  remplit 
aussi  l'office  de  maître  des  chantres  (prxcentor), 
et  bientôt  il  devient  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  Saint-Larnbert  de  la  même  ville. 
Dix -sept  ans  plus  tard,  en  l."»6.'{,  sa  renommée 
l'ayant  depuis  longtemps  fait  mander  et  établir 
à  Vienne,  et  l'emploi  de  maître  de  chapelle  de 
l'empereur  d'Allemagne  étant  vacant,  il  est 
pourvu  de  cet  office,  qu'il  ne  remplit  pourtant 
(\ue  pendant  une  année  (septembre  1563 — 31  août 
1564),  par  .suite  de  la  mort  de  Ferdinand  F*".  Il 
n'avait  point  perdu  son  temps  d'ailleurs,  car  il 
avait  fondé  et  inauguré  à  Vienne,  dès  le  1"  dé- 
cembre 1563,  une  école  musicale  qu'il  soutenait 
en  partie  de  ses  deniers  personnels.  Toutefois, 
Guyot  revint  à  Liège  en  1564,  y  retrouva  son 
emploi  à  la  cathédrale,  et  mourut  en  cette  ville 
le  11  mars  1588,  âgé  d'environ  soixante-seize 
ans,  jouissant  de  la  renommée  d'un  grand  ar- 
tiste, de  l'affection  de  ses  proches  et  de  l'estime 
de  tous. 

GUYOT  DE  FÈRE  (François-Fortuné), 
écrivain  français,  né  à  Paris  le  30  août  1791,  a 
publié,  entre  autres  ouvrages  assez  nombreux  et 
de  caractères  très-divers,  trois  volumes  d'un 
Annuaire  des  Artistes  français,  dont  le  pre- 
mier parut  en  1832  (in-12).  On  trouve  dans 
cette  publication,  consacrée  à  toutes  les  bran- 
ches des  beaux-arts,  quelques  renseignements 
intéressants'  et  quelques  notices  biographiques 
sur  un  certain  nombre  de  musiciens  vivant  à 
cette  époque.  Guyot  de  Fère  est  mort  vers  1865. 

GUZMAN  (JouGE  de),  musicien  espagnol, 
s'est  fait  connaître  par  la  publication  suivante  : 
Curiosidades  del  cantollano,  sacadas  de  las 
obras  del  Reverendo  Don  Pedro  Cerone  de 
Bergamo,  y  de  otros  autores,  dadas  a  luz  a 
costà  de  Jorge  de  Guzman,  natural  de  la 
Ciudad  de  Cadiz,  en  donde  actualmente 
exerce  el  oficio  de  sochantre  de  la  Santa 
Iglesia  cathedral  en  dicha  Ciudad,  Madrid, 
1709,  petit  in-4''  de  272  pages,  avec  un  supplé- 
ment de  quatre  feuillets  non  paginés. 

J.-B.  W. 

GUZMAN  (Floriano),  compositeur  italien, 
vivait  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  fait  représenter  un  opéra  bouffe  inti- 
tulé gli  Uccellatori,  et  un  autre  ouvrage,  la 
Contessina,  écrit  par  lui  en  société  avec  plu- 
sieurs autres  artistes. 


H 


*  HAAKE  (C -WiuiELM),  flûtiste  alle- 
mand et  compositeur,  est  mort  à  Leipzig  le 
25  mars  1875.  Il  avait  fait,  pendant  longues  an- 
nées, partie  de  l'orchestre  du  Gewandhaus  de 
cette  ville. 

HAAS  (F ),  facteur  d'orgues  contempo- 
rain le  plus  renommé  de  la  Suisse,  est  l'auteur 
des  orgues  des  cathédrales  de  Bâie,  de  Berne  et 
de  Lucerne,  qui  se  font  remarquer  par  de  solides 
qualités  et  par  un  fini  d'exécution  peu  com- 
mun. 

HAAS  (Charles),  professeur  de  chant,  est 
l'auteur  d'un  recueil  intitulé  l'Art  du  chant, 
vocalises  faciles  (Paris,  Prilipp),  et  d'un  se- 
cond recueil  publié  sous  le  titre  de  Quinze  Vo- 
ce/Jies-»U'7orfJes,  faisant  suite  à  VAi't  du  chant 
(id.,  id.).  On  lui  doit  aussi  quelques  romances. 
HAIÎEXECK  (Charles),  écrivain  politi- 
que, est  l'auteur  d'une  brochure  ainsi  intitulée  : 
Précis  historique  de  vmsique  classique  (Paris, 
Dentu,  1861,  in- 12  de  35  pp  ).  Il  est  le  petit-neveu 
d'Habeneck ,  qui  fui  directeur  et  l'un  des  plus 
fameux  chefs  d'orchestre  de  l'Opéra. 

*  HABERBIER  (Eiinest),  est  mort  le  12 
mars  1869  à  Bergen  (N'orwége),  où  il  s'était  re- 
tiré depuis  plusieurs  années,  continuant  de  se 
livrer  à  l'enseignement.  Il  avait  annoncé  un  con- 
cert, et,  quoique  se  sentant  très-souffrant,  n'en 
voulut  point  reculer  la  ilate.  Il  se  présenta  donc 
devant  le  public,  et  avait  déjà  exécuté  un  de  ses 
morceaux  d'une  façon  fort  brillante,  lorsque,  au 
moment  de  terminer  le  second,  il  défaillit  et  se 
laissa  tomber  sur  son  piano.  On  s'empressa  de 
lui  porter  secours,  mais  lorsqu'on  voulut  le  re- 
lever, il  avait  cessé  de  vivre. 

HACKEIXSOELLNER  (Léopold),  pianiste 
et  compositeur  autrichien,  est  fixé  depuis  plu- 
sieurs années  à  Florence,  où  il  dirige  les  concerts 
de  la  Société  philharmonique.  Il  a  fait  représen- 
ter, sur  un  théâtre  particulier  de  celte  ville, 
deux  ou  trois  opérettes  écrites  sur  paroles  fran- 
çaises, dont  une  intitulée  le  Dé,  a  obtenu  un  cer- 
tain succès.  Il  a  même  donné  au  théâtre  délie 
Logge,  le  25  avril  1877,  un  opéra-comique  fran- 
çais en  trois  actes,  la  Villa  du  spirite,  écrit  sur 
des  paroles  de  M.  le  duc  de  Dino.  M  Hacken- 
sœllner,  qui  est  très-répandu  dans  la  haute  so- 
ciété de  Florence,  a  épousé  une  chanteuse  dra- 
matique fort  distinguée,  M'"""  ,  Barbieri-Nini 
{Voyez  ce  nom),  aujourd'hui  retirée  du  théâtre. 


*  Hvï:iVDEL'(GEORGES-FRÉuéRic).  Il  n'est  pas 
inutile  de  faire  remarquer  que  l'écrit  de  M.  Vic- 
tor Schœlcher  sur  la  vie  de  cet  artiste  immortel, 
publié  à  Londres  sous  ce  titre  :  Life  of  Handel, 
avait  été  inséré  précédemment  en  français,  par 
fragments    et  presque  en  son  entier,  dans  le 
journal  la  France  musicale.  Depuis  lors,  il  a 
paru  à  Londres  un  livre  de  II.  F.  Chorley  ;  Han- 
del  studies  {Études  sur  Hxndel,   Londres, 
in-8°),el  la  brochure  suivante:  A  short  commen- 
iaryon  H andeVs oratorio  «  the  Messiah  «{Court 
commentaire  sur  Voratorio  de  Hxndel  «   le 
Messie  »)  par  John  Crowdy,  Londres,   William 
Reeves.  En  Allemagne  a  été  publié  aussi,  il  y  a 
quelquesannées,  un  écrit  ainsi  intitulé  -.  Handel 
und  Shakespeare.   Zur  ."Esthetlk    der    Ton- 
kunst  {Hxndel  et  Shakespeare.  Stir  l'esthé- 
tiqne  de  la  Musique),  par  M.  G.  G.  Gervinus, 
Leipzig,  1868,  in-8".  Enfin,  j'ai  moi-même  publié, 
lors  des   superbes  exécutions  du  Messie  don- 
nées à  Paris  par  la  Société  de  l'Harmonie  sacrée, 
sous  l'excellente  direction   de  M.  Charles  La- 
moureux  {Vo>j.  ce  nom),  un  opuscule  ainsi  inti- 
tulé :  A  propos  de  l'exécution  du  Messie  de 
Hxndel  au  Cirque  des  Champs-Elysées ,  te 
19  décembre   1873,   Paris,  imp.  Chaix,   1873, 
in- 12  de  35  pages  (1). 

HAËXEL  DE  CROIXENTHALL  (Loui- 
se-Aucusta-Marie-Jllu,  marquise  D'HÉRI- 
COURT  DE  VALIlNCOURT,  née  DE),  dame  com- 
positeur, descend  d'une  antique  maison  patri- 
cienne de  Gratz,  et  est  née  en  Saxe,  en  1839. 
Elle  montra  de  bonne  heure  de  rares  aptitudes 
pouf  la  musique,  et  ne  commença  cependant 
l'étude  de  cet  art  qu'à  dix-sept  ans,  non  dans  son 
pays,  mais  en  France,  où  elle  était  venue  pour 
terminer,  son  éducation  littéraire,  et  qu'elle  ne 
quitta  plus  depuis  lors.  Elle  fut  successivement 
l'élève  de  MM.  Tariot,  Franchomme,  Camille 
Stamaty,  Eugène  Prévost,  Demerssemann,  fit  de 
rapides  progrès,  et  bientôt  se  livra  avec  ardeur  à 
la  composition.  Le  nombre  des  œuvres  composées 
par  M"""  Haënel  de  Cronenihall  (c'est  sous  ce 
nom  qu'elle  s'est  fait  connaître)  ne  s'élève  guère 
à  moins  d'une  centaine,  dont  une  bonne  partie 

(I)  Les  deux  traductions  de  Judas  Machabée  et  du  .Vej- 
sie  données  par  M.  Victor  Wilder  en  1871  et  187S  (Paris, 
Heugel,  in-t2)  sont  précédées  de  courtes  noticeslhlstorl- 
qufg  sur  ces  deui  ouvrages. 


HAÊNEL  DE  CRONENTHALL  —  HyERTEL 


441 


a  été  publiée.  Voici  la  liste  des  plus  importan- 
tes :  1°  La  Cinquantaine  villageoise  (épisode 
de  la  vie  de  campagne),  1«  symphonie; —  2° 
Salut  au  printemps,  2*  symphonie;  —  3°  La 
Fantastique,  3'  symphonie;  —  4°  Apollonia, 
4"  symphonie  ;  —  5"  Bonheur  pastoral,  1"  so- 
nate ;— G"  La  Simplicité,  2"  sonate  ;  —  7°  Gra- 
ziosa,  3=  sonate  ;  —  8»  La  Bonne  Journée,  5^ 
sonate  ;  —  9"  Vieux  Style,  Q'  sonate,  —  10°  La 
Dramatique,  1^  sonate;  —  11"  Léoncia,  8»  so- 
nate; —  12"  Une  partie  de  chasse,  9"  sonate; 

—  13"  Miltweyda,  11'  sonate  ;  —  14"  Satisfac- 
tion ,  13e  sonate  ;  —  15"  Heureux  Jour,  i\'  so- 
nate; —  10"  La  Pathétique,  15"  sonate;  — 
17"  Naïveté,  16*  sonate;—  18"  Maestosa,  il" 
sonate;  —  19"  Gaieté  classique,  19°  sonate;  — 
20"  L'Enfance  de  Beethoven,  21"  sonate;  — 
n"  Georgina,  22"  sonate  (1)  ;—  22°  Crémone, 
quatuor  pour  instruments  à  cordes  ;  —  23"  Six 
Nocturnes  (A'oc^tnvie,  Regrets  et  Souvenirs,  La 
Patrie  absente,  Ne  m'oublie  pas,  Filins  dolo- 
rosus,  Florence)  ;  —  24"  Romances  sans  pa- 
roles {Au  bord  de  la  mer,  Villanelle,  Médita- 
tion, Fragilité  de  la  vie,  l'Adieu,  Rêves  sur 
l'Océan,  Crépuscule,  l'Horizon,  le  Naufrage 
du  bonheur)  ;  —  25"  La  Naissance  de  Jéstis, 
Noël  pour  piano  et  chant;  —  2fi°  Le  Retour  des 
Moissonneurs,  marche  ;  —  27°  Musettes  gas- 
connes, en  forme  de  rondos;  —  28"  Les  Cloches 
du  soir,  fantaisie  :  —  29"  La  Pastorale,  biuelte; 

—  30°  La  Source,  impromptu  ;  —  31"  Alla  mi- 
litare,  scherzo  capriccioso  ;  —  32"  Ophelia, 
romance  dramatique  pour  piano  et  violoncelle; 

—  33"  Joyeuse  humeur,  rondo;  —  34"  L'Élé- 
gante, polonaise;  —  35°  Jonquille,  gavotte;  — 
36°  enfin  des  valses,  polkas,  mazurkas,  varso- 
vicnnes,  qui,  arrangées  à  grand  orchestre,  font 
depuis  longtemps  partie  du  répertoire  du  con- 
cert des  Champs-Elysées,  et  un  certain  nombre 
de  romances  et  mélodies  vocales. 

jyjme  Haënel  de  Cronenthall,  qui  est  aussi  l'au- 
teur d'un  opéra-comique  jusqu'à  ce  jour  inédit, 
la  Nuit  d'épreuve ,  s'est  fait  remarquer  en 
1807,  lors  de  l'Exposition  universelle  de  Paris, 
en  transcrivant,  pour  l'orchestre  du  Jardin  chi- 
nois, quelques-uns  des  airs  les  plus  populaires  de 
la  Chine,  travail  qui  lui  a  valu  la  grande  mé- 
daille d'honneur  de  l'Exposition  et  celle  des  com- 
missions impériale  et  chinoise.  Quelques-uns  de 
ces  morceaux,  transcrits  pour  le  piano,  ont  été 
publiés;  ce  sont  les  suivants  :  1°  La  Descente 
de  l'hirondelle,  air  chinois  cité  dans  le  recueil 


(1)  tes  sonates  portant  les  n<"  4,  lo,  12,  i8  et  îo,  non 
mentionnées  ici,  sont  extraites  des  symphonies  citées  plus 
baut  et  d'un  quatuor  pour  instruments  à  cordes. 


deschants  populaires  de  Confucius  ;  2°  La  grande 
Tournante,  danse  chinoise  en  l'honneur  des  sa- 
crifices offerts  par  l'Empereur  sur  l'autel  rond  ; 
3°  La  Chanson  du  Thé,  composée  au  dix-hui- 
tième siècle  par  l'empereur  Khien-Long  ;  4"  Le 
Chalumeau,  de  Niou-Va,  pastorale  composée 
par  Ta-Joun,  musicien  de  l'empereur  Hoang-Ti, 
en  l'honneur  de  la  princesse  Niou-Va;  5"  La 
Danse  des  plumes,  ballet  pour  inviter  les  es- 
prits des  quatre  parties  du  monde  à  assister  à  la 
fête  des  lanternes  de  Yang-Cheu  ;  7"  La  Tasse 
d'or,  chanson  à  boire  de  l'empereur  Ouan-Ti  ; 
8°  La  Joueuse  de  flûte  de  Sou -T chou- Fou, 
couplets  et  refrain. 

Hi^RTEL  (CtiRisTOPHE),  l'un  des  chefs  de 
la  puissante  maison  d'édition  musicale  établie  à 
Leipzig  et  connue  depuis  plus  de  quatre-vingts 
ans  sous  la  raison  sociale  Breitkopf  et  Hxrtel, 
naquit  à  Schneeberg  en  1763.  Vers  la  fin  du 
siècle  dernier,  il  s'associa  avec  Christophe-Gotl- 
lob  Breitkopf,  et  les  efforts- de  ces  deux  hommes 
intelligents  firent  de  la  maison  qu'ils  dirigeaient 
l'une  des  premières  de  toute  l'Europe.  A  la  mort 
de  Breitkopf,  en  1800,  Christophe  Hœrtel  resta 
seul  propriétaire  de  l'établissement,  qu'il  dirigea 
seul  jusqu'en  1827,  époque  où  il  mourut  [Voyez 

BREITROI  I'). 

HiERTEL  (Heumann  et  Raymond),  fils  du 
précédent,  naquirent,  le  premier  le  27  avril 
1803,  le  second,  le  9  juin  1810.  A  la  mort  de 
leur  père,  ils  prirent  la  direction  de  la  maison 
dont  il  était  le  chef,'  et  la  gérèrent  conjointe- 
lïient  pendant  près  d'un  demi-siècle,  c'est-à-dire 
jusqu'à  la  mort  de  Hermann,  arrivée  à  Leipzig 
le  4  août  1875.  Depuis  cette  époque,  M.  Ray- 
mond Haertel  est  seul  à  la  tête  de  cette  impor- 
tante librairie  musicale. 

HiEIlTEL  (Gustave-Adolphe),  violoniste 
et  compositeur,  né  à  Leipzig  le  7  décembre 
1836,  mort  à  Hombourg  (les-Bains)  le  28  août 
1876,  se  distingua  de  bonne  heure  comme  vir- 
tuose. Après  avoir  donné  à  vingt  ans  des  con- 
certs dans  différentes  villes  d'Allemagne,  il  de- 
vint en  1857  chef  d'orchestre  à  Brème,  puis  on 
1863  au  théâtre  municipal  de  Rostock,  où  il 
fonda  V Associut'ion  musicale,  qui  existe  encore. 
Le  grand-duc  de  Mecklembourg-Schwerin  voulut 
se  l'attacher  comme  directeur  de  la  musique  de 
la  cour,  mais  en  1873  Hœrtel  préféra  la  direction 
de  Hombourg  comme  plus  lucrative  et  plus  sa- 
tisfaisante au  point  de  vue  de  l'art. 

Haertel  publia,  fort  jeune  encore,  un  trio  bur- 
lesque  pour  trois  violons,  avec  accompagnement 
de  piano,  qui  eut  beaucoup  de  succès.  Vinrent 
ensuite:  une  introduction  et  des  entr'actes  pour 
le  drame  Don  Juan  d'Autriche,  de  Publilz; 


442 


HiEHTEL  —  HAINL 


Les  Carabiniers,  opéra-comique  en  3  acles, 
Schverin,  1866  ;  deux  opérettes  :  Un  fol  ma- 
riage et  Der  Hausirer  {le  Colporteur),  toutes 
deux  représentées  à  Schwerin;  Variations 
pour  le  violon  ;  Fantaisie  sur  une  barcaroUe 
sicilienne,  pour  deux  violons  ;  morceaux  pour 
piano  sur  un  motif  de  Sciiumann  ;  une  Marche 
victorieuse  ;  un  Galop  di  bravura  ;  et  des  pe- 
tites sonates  pour  le  piano  dédiées  à  ta  princesse 
Galit/in.  HaMtel  mourut  des  suites  d'une  fluxion 
de  poitrine,  laissant  une  jeune  veuve  (artiste 
dramatique)  et  trois  entants. 

J.  D.  F. 

*  H^SER  (Chrétif.n-Glillaijmf.),  poète 
dramatique,  compositeur  et  jadis  l'un  des  meil- 
leurs chanteurs  dramatiques  de  l'Allemagne,  est 
mort  à  Slultgard,  le  27  mai  1807,  à  l'dgede  85 
ans. 

*  HjÏ]SER  (Chxrlotte-Hknriette),  canta- 
trice célèbre  au  commencement  de  ce  siècle,esl 
morte  à  Rome  au  mois  de  mai;  1871. 

HAGEMAIV  est  le  nom  d'une  famille  de 
musiciens  néerlandais  qui  se  sont  fait  remar- 
quer depuis  le  commencement  de  ce  siècle.  Le 
clief  de  celte  famille,  François  Hagemun,néh 
Nimègue  en  1802  etd'abord  destiné  au  commerce, 
apprit  la  musique  avec  son  père  et  fut  ensuite 
élève  d'un  professeur  nommé  Hauff.  Nommé  en 
1823  organiste  à  Zutphen,  il  prit  une  part  active 
à  la  propagation  de  l'art  musical  en  celte  ville,  y 
fonda  une  société  pour  la  réforme  du  chant 
choral  et  y  créa  une  société  chantante. 

François  Hageman,  son  fils  aîné,  pianiste  et 
organiste,  né  à  Zutplien  le  10  septembre  1827, 
fut  élève  de  son  père.  Nommé  organiste  royal  à 
Appeldoorn  en  1846,  à  l'Age  de  dix-neuf  ans,  il 
devint,  en  18^8,  organiste  et  chef  de  musique  à 
Nijkerk.  En  1850  il  se  rendit  à  Paris  pour  y  ter- 
miner son  éducation  musicale,  et  se  lit  recevoir 
an  Conservatoire,  mais  une  maladie  de  sa  mère 
le  rappela  presque  aussitôt  dans  sa  patrie.  En 
1852  il  devint,  pour  le  piano,  élève  du  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  se  lixa  ensuite  à  Wagenin- 
gen,  accepta  en  1859  les  fonctions  d'organiste  à 
Leuwarden,  et  peu  de  temps  après  fut  appelé  à 
Leyde  en  qualité  de  directeur  de  musique  à  l'É- 
cole de  celte  ville.  M.  François  Hageman  a  pu- 
blié quelques  morceaux  de  piano,  et  a  donné, 
dans  le  journal  Euterpe,  plusieurs  travaux  rela- 
tifs à  la  musique. 

Son  frère,  Maurice  Hageman,  pianiste  et 
violoniste,  né  à  Zutphen  le  25  septembre  1829,  a 
fait  de  bonnes  études  musicales  au  Conserva- 
toire de  Bruxelles  et  est  devenu  par  la  suite  di- 
recteur de  musique  et  organiste  à  Groningue.  Jl 
a  publié  un  assez  grand  nombre  de  compositions 


pour  le  piano  et  pour  le  chant,  parmi  lesquelles 
on  remarque:  Ouverture  historique,  à  4  mains; 
12  morceaux  pour  piano;  6  morceaux  de  carac- 
tère ;  Étude  d'octaves  ;  Fantaisie  nationale  ;  Pen- 
sées fugitives;  Die  Capelle,  lied  pour  contralto  ; 
Vergieb,  lied  pour  ténor;  Feest-Cantate,  chœur 
pour  voix  de  femmes;  3  lieder  pour  contralto; 
Cantate,  composée  à  l'occasion  du  Congrès 
agricole  (18.^9),  etc.  M.  Maurice  Hageman, 
comme  son  frère,  s'est  occupé  de  littérature  mu- 
sicale, et  a  donné  aux  journaux  Cxcilia  et  Eu- 
terpe plusieurs  écrits  intéressants. 

HAGEMAÎV  (Herm.vn),  artiste  qui  ne  sem- 
ble pas  appartenir  à  la  même  famille  que  les  pré- 
cédents, est  né  en  1812  à  Neerbosch,  et  re»;ut 
des  leçons  d'un  organiste  nommé  Courbois. 
Après  avoir  passé  quatre  ans  au  service,  il  re- 
vint dans  sa  ville  natale,  et  y  remplit  pendant 
plus  de  vingt  ans  les  fonctions  d'organiste.  On  a 
publié  de  lui  un  Traité  de  plain-chant,  un  Re- 
cueil de  pièces  de  plain-chant  harmonisé  avec 
accompagnement  d'orgue,  e^  Douze  Gammes  ma- 
jeures et  mineures  harmonisées.  En  1859  cet  ar- 
tiste était  établi  à  Nimègue,  et  en  1864  il  était 
organiste  à  Grave. 

*HAGEiV  (Théodore),  professeur  de  piano  et 
écrivain  sur  la  musique,  est  mort  à  New-York  le 
27  décembre  1871.  Suivant  les  journaux  qui  ont 
annoncé  ce  fait,  Hagen  aurait  vu  le  jour  non  à 
Dessau,  en  1823,  mais  à  Hambourg  en  1822. 

HAGIIEXS  (CoRNEiELE),  facteur  de  clave- 
cins, exerçait  sa  profes-sion  à  Anvers  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle,  et  mourut 
en  cette  ville  en   1641. 

HAGHEMS  (Simon),  facteur  d'instruments, 
probablement  fils  du  précédent,  et  né  sans  doute 
à  Anvers,  y  fut  reçu  en  1041  au  nombre  des 
maîtres  de  la  gilde  de  Saint-Luc. 

IIAILLOT  ( ),  violoncelliste  et  profes- 
seur, vivait  à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Attaché  comme  violoncel- 
liste à  l'orchestre  de  la  Comédie-Italienne ,  il 
prenait  aussi,  sur  ses  compositions,  le  titre  de 
«  maître  de  musique  vocale  »  de  ce  théâtre.  Il  a 
publié  :  1"  Six  Duos  de  violoncelle,  gui  peu- 
vent se  jouer  avec  un  basson  ou  une  quinte, 
tirés  des  meilleurs  opéras-comiques,  arran- 
gés, dialogues  et  concertants;  2°  Six  Buos  à 
deux  violons  et  un  violoncelle,  dans  lesquels 
Vauteur  a  inséré  des  meilleurs  morceaux 
des  opéras-comiques  les  plus  nouveaux,  et 
traités  avec  le  plus  grand  soin,  pour  la  faci- 
lité et  Vagrément  des  amateurs,  et  avec  les- 
quels ils  pourront  se  faire  entendre  et  paraî- 
tre des  virtuoses. 

*  IÏAI1\L(François-Georce),  violoncellisteet 


HAINL  —  HAREM  EL-WADI 


443 


compositeur,  est  mort  à  Paris  le  2  juin  1873(1). 
Cet  artiste,  qui  depuis  1840  était  premier  chef 
d'orchestre  du  Grand-Théâtre  de  Lyon,  fut  appelé 
en  la  même  qualité  à  l'Opéra,  où  il  vint  prendre  le 
bâton  de' commandement  le  24  juillet  1863,  suc- 
cédant à  Dietsch,  qui  venait  d'être  «  admis  à 
faire  valoir  ses  droits  à  la  retraite  ».  Pendant  les 
dix  années  qu'il  passa  à  l'Opéra,  il  monta  les 
ouvrages  suivants  :  le  Docteur  Magnus,  Bo' 
land  à  Roncevaux,  l'Africaine,  Don  Carlos, 
la  Fiancée  de  Corinthe,  Hamht,  Érostrate, 
la  Coupe  du  roi  de  Thulé,  sans  compter  l'a- 
daptation de  Faust  à  notre  première  scène  lyri- 
que et  la  reprise  du  Freischiitz  ;  puis,  comme 
ballets,7a'JI/flsc/ierrt,  TVe'mea,  le  Roi  d'Yvetot, 
la  Source,  Coppélia,  et  Gretna-Green. 

Pen  de  temps  après  son  entrée  à  l'Opéra,  et 
à  la  retraite  de  M.  Tilmant,  George  HainI  avait  été 
nomméchef  d'orchestre  de  la  Société  des  concerts 
du  Conservatoire  ;  moins  habile  pour  conduire 
la  symphonie  que  l'opéra,  ne  connaissant  pas, 
d'ailleurs,  les  traditions  de  la  Société,  il  ne  brilla 
pas  dans  ces  fonctions,  dont  il  se  démit  au  bout 
de  (rois  ans.  Il  était  aussi  devenu  chef  d'or- 
chestre de  la  chapelle  impériale  et  des  concerts 
de  la  cour,  et  avait  conduit  les  grands  festivals 
de  l'Exposition  universelle,  à  la  suite  desquels 
il  avait  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. 

Un  bras  énergique  et  vigoureux,  une  grande 
précision  dans  les  mouvements,  une  mesure  dont 
les  temps  étaient  solidement  et  distinctement 
marqués,'  l'assurance  en  soi-même,  une  con- 
fiance qu'il  savait  communiquer  aux  artistes 
placés  sous  ses  ordres,  avec  cela  le  regard  fier  et 
une  ferme  volonté,  telles  étaient  les  qualités  de 
George  HainI,  qualités  si  rares  à  rencontrer 
chez  un  conducteur  et  qui  forment  le  vrai  chef 
d'orchestre.  Malheureusement,  son  éducation 
musicale  n'était  pas  à  la  hauteur  de  ses  apti- 
tudes, et  l'organisateur  des  éludes  était  en  lui 
bien  inférieur  au  conducteur.  Or,  dans  un  théâ- 
tre comme  celui  de  l'Opéra  de  Paris,  oîi  la  mise 
à  la  scène  d'un  ouvrage  inédit  exige,  de  la  part 
du  chef  d'orchestre,  des  facultés  complexes,  des 
connaissances  profondes  et  étendues,  il  faut,  pour 
remplir  ces  fondions,  non-seulement  un  «  bat- 
teur de  mesure  »  excellent,  mais  un  musicien 
solide  et  éprouvé.  Sous  ce  dernier  rapport,  il 
faut  l'avouer,  George  HainI  n'était  pas  à  la  hau- 
teur de  son' rôle,  et  c'est  ce  qui  fait  que  l'on  dut 
placer  à  côté,  et  au-dessus  de  lui,  un  «  directeur 

(1)  La  Biographie  universelte  des  Musiciens  donne  le 
19  novembre  1807  comme  date  de  la  naissance  de  (îeorge 
HainI.  Je  ferai  remarquer  que  les  registres  de  l'Associa- 
tion des  artistes  musiciens  portent  celle  du  16  novembre. 


de  la  musique»,  chargé  de  l'organisation  supé- 
rieure des  études  en  ce  qui  concernait  les  ou- 
vrages nouveaux.  L'artiste  chargé  de  celte  mi.<:- 
sion  n'était  autre  que  M.  Gevaert. 

Il  serait  injuste  cependant  d'amoindrir  les  qua- 
lités de  George  HainI  comme  chef  d'orchestre, 
qualités  que  nous  avons  énumérées  plus  haut. 
Berlioz,  qui  s'y  connaissait,  a  rendu  d'ailleurs, 
en  ces  termes,  hommage  à  son  talent  ;  c'était  à 
l'époque  où  il  était  encore  attaché  au  Grand- 
Théâtre  de  Lyon  :  ■ —  «  A  une  supériorité  incon- 
testable sur  le  violoncelle,  il  joint  toutes  les 
qualités  de  chef  d'orchestre  conducteur-instruc- 
teur-organisateur, c'est-à-dire  qu'il  dirige  d'une 
façon  claire,  précise,  chaleureuse,  expressive  ; 
qu'il  sait  faire  la  critique  des  défauts  de  l'exé- 
cution et  y  porter  remède,  autant  que  les  forces 
musicales  dont  il  dispose  le  lui  permettent,  et 
enfin  qu'il  sait  mettre  en  ordre  et  en  action  pro- 
ductive tous  les  moyens  qui  sont  à  sa  portée, 
administrer  son  domaine  musical  et  vaincre 
promptement  les  difficultés  matérielles  dont 
chacun  des  mouvements  de  la  musique,  en  pro- 
vince surtout,  est  ordinairement  entravé.  D'où 
il  résulte  implicitement  qu'il  joint  à  beaucoup 
d'ardeur  un  esprit  pénétrant  et  une  persévé- 
rance infatigable.  Il  a  plus  fait  en  quelques  an- 
nées pour  le  progrès  de  la  musique  à  Lyon  que 
ne  firent  en  un  demi-siècle  ses  prédéces- 
seurs (1).  » 

HAÏTES  (J -J....),  compositeur  anglais, 

né  dans  la  première  moitié  de  ce  siècle,  est  mort 
à  Londres  dans  le  courant  du  mois  d'octobre 
1874.  Je  n'ai  pu  découvrir  aucun  renseignement 
biographique  sur  cet  artiste,  qui  s'est  fait  connaître 
dans  son  pays  par  plusieurs  œuvres  importantes, 
entre  autres  trois  messes,  un  oratorio,  une  can- 
tate, des  symphonies,  des  chœurs,  plusieurs  ou- 
vertures de  concert,  et  deux  opérettes. 

HAIÎEM  EL-WÂDl  (Abou-Yahya),  c'est- 
à-dire  natif  ou  habitant  de  Wâdi-el-Cora,  dans 
le  Hidjaz,  naqidt  vers  l'an  101  de  l'hégire,  ou 
717  de  l'èie  chrétienne.  Fils  d'un  barbier  nommé 
Maymoun,  qui  était  d'abord  esclave,  puis  affran- 
chi du  calife  Walîd  1",  fils  d'Ald-el-Mélik,  et 
qui  devait  aux  libéralités  de  ce  prince  une  pe- 
tite fortune,  Hakem,  qui  était  doué  d'une  belle 
voix  et  d'excellentes  dispositions  pour  la  musique, 
prit  des  leçons  d'un  de  ses  compatriotes,  Omar 
el-Wâdi,    chanteur  renommé,   et  grâce  à  ses 

(1)  Un  des  gendres  de  George  HainI,  M.  Lecorbeiller,  qui 
liabitnit  Rouen  et  qui  a  suivi  de  prés  son  beau-père  dans 
la  tombe,  a  légué  au  Conservatoire  de  Paris,  en  souvenir 
de  lui,  la  somme  nécessaire  pour  instituer  un  prix  annuel 
de  1,000  francs  en  faveur  des  élèves  violoncellistes  de  cet 
établissement. 


444 


HAREM  EL-WADI  —  HÂLÉVY 


soins,  devint  lui-même  un  excellent  chanteur  et 
un  compositeur  distingué.  Il  se  fit  entendre  d'a- 
bord avec  succès  devant  le  calife  Walîd  II,  lan- 
guit ensuite  dans  l'obscurité  sous  le  règne  des 
successeurs  de  ce  souverain,  qui  prenaient  fort 
peu  d'intérêt  aux  questions  d'art,  mais  acquit  la 
vogue  et  la  fortune  en  se  fixant  à  Bagdad  lors 
de  la  création  de  cette  ville  par  El-Mansour. 
Après  être  retourné  dans  sa  ville  natale  pour  y 
jouir  de  ses  richesses,  il  revint  à  Bagdad  sous  le 
califat  de  Mouça  EI-Hàdi,  et,  quoique  déjà  vieux, 
sut  faire  apprécier  son  talent  par  ce  prince,  qui 
aimait  beaucoup  à  l'entendre  chanter.  Plus  tard, 
le  calife  Haroun  el-Rachîd  le  prit  aussi  en  affec- 
tion. Enfin,  de  retour  définitivement  aux  lieux 
de  sa  naissance,  Hakem  fut  attaqué  d'un  ulcère  à 
la  poitrine,  et  rnouiut  à  Wàdi  el-Cora,  âgé  d'en- 
viron 81  ans,  vers  l'an  182  de  l'hégire  (798  de 
Jésus-ChrisI). 

>  Quelques  anecdotes  donneront  une  idée  du 
talent  d'HaKem  el-\Vâdi,  et  de  la  renommée  qu'il 
sut  attacher  h  son  nom.  Présenté  au  calife  -Wa- 
lîd II  par  son  maître  Omar,  qui  était  en  grande 
faveur  auprès  de  lui,  Hakem  parut  devant  ce 
prince  au  moment  où,  monté  sur  un  âne  d'Egypte 
magnifiquement  harnaché,  il  se  promenait  dans 
les  jardins  de  son  palais,  suivi  d'un  groupe  de 
serviteurs  et  de  musiciens,  «  Le  calife  portait 
un  costume  des  plus  riches  :  sa  tunique,  son 
manteau,  sa  chaussure  même,  étaient  de  bro- 
cart d'or  ;  à  .sa  main  gauche  pendait  un  collier  de 
pierreries,  et  il  cachait  dans  sa  manche  droite 
un  objet  qui  semblait  être  d'un  certain  poids.  Il 
dit  à  ses  musiciens  :  —  «  Chantez  l'un  après  l'au- 
tre-, celui  qui  me  fera  plaisir  aura  ce  que  con- 
tient ma  manche,  ce  qui  est  sur  moi  et  ce  qui 
est  sous  moi.  »  Plusieurs  chantèrent ,  sans  qu'il 
parût  satisfait.  Alors,  se  tournant  vers  Hakem  : 
—  «  Chante,  jeune  homme,  »  lui  dit-il.  Hakem 

chanta «  A  la  bonne  heure,  s'écria  Walîd, 

voilà  qui  est  délicieux.  «  En  disant  ces  mots,  il 
tira  ce  qu'il  avait  dans  sa  manche.  C'était  une 
bourse  de  mille  pièces  d'or  (14,000  francs),  qu'il 
jeta  dans  la  main  de  Hakem,  avec  le  collier  de 
pierreries.  Ensuite,  étant  rentré  dans  son  palais, 
il  changea  de  costume,  envoya  au  jeune  chanteur 
qui  lui  avait  plu  l'habillement  complet  de  bro- 
cart d'or,  l'âne  d'Egypte  et  son  harnais  (1).  » 

Lorscjue  Hakem  se  rendit  pour  la  seconde  fois 
à  Bagdad,  il  y  trouva  deux  chanteurs  de  premier 
ordre,  Ibrahim  el-Mauceli  et  Ibn  Djàmi,  tous 
deux  favoris  du  calife  Mouça  El-Hâdi ,   ce  qui 


(1)  ^'otices  anecdotiqucs  sur'  les  principaux  musiciens 
arabes  des  trois  premiers  siècles  de  V Islamisme,  fit 
Caussin  de  Pcrccval.  ^ 


n'empêcha  pas  ce  prince  de  l'accueillir  avec 
bienveillance.  Un  jour  'que  ces  [trois  artistes 
étaient  réunis  en  sa  présence,  le  calife  fit  ap- 
porter trois  bedra  ou  sacs  de  10,000  dirhams 
(7,000  francs)  chacun,  et  dit  :  —  «  Voici  le  prix 
dont  je  paierai  le  chant  qui  me  donnera  de 
l'entrain  et  de  la  gaieté.  »  Ibn  Djàmi  et  Ibrahim 
commencèrent,  et  chantèrent  des  airs  vifs  et 
d'une  facture  savante.  Mouça,  qui  préférait  les 
motifs  simples  et  peu  travaillés,  resta  froid  et 
sérieux.  Hakem  entonna  alors  un  de  ses  hazadj 
légers  et  gracieux,  et  le  calife,  transporté  de 
joie,  cria  bravo  !  se  fit  verser  à  boire,  et  fit  re- 
mettre à  Hakem  les  trois  bedra. 

Pendant  son  dernier  séjour  à  Bagdad,  Hakem 
fut  souvent  appelé  à  chanter  devant,  le  calife  Ha- 
roun el-Rachîd,  dont  il  conquit  l'estime  et  l'ad- 
miration.  Lorsqu'enfin,  ayant  résolu  de  quitter 
la  cour,  il  vint  prendre  congé  de  lui,  Haroun  lui 
dit  :  —  «  Je  t'accorde  300,000  dirhams 
(210,000  fr.).  Sur  qui  veux-tu  que  je  te  donne 
un  mandat  de  cette  somme .'  —  Sur  votre  frère 
Ibrahim,  fils  d'El-Mahdi,  »  répondit  Hakem.  Ha- 
roun lui  remit  le  mandat,  et  Hakem  se  rendit 
à  Damas,  dont  Ibrahim  était  alors  gouverneur. 
Ce  jeune  prince  ,  musicien  lui-même,  était  un 
dilettante  passionné,  cl  fut  charmé  de  voir  ar- 
river chez  lui  Hakem,  dont  il  connaissait  la  re- 
nommée. Non-seulement  il  lui  fit  compter  les 
300,000  dirhams  inscrits  sur  le  mandat  de  son 
frère,  mais  il  y  ajouta  une  seconde  somme  de 
299,000  dirhams  prise  sur  sa  [iropre  cassette,  en 
disant  à  Hakem  :  «  Il  ne  conviendrait  pas  que 
je  t'offrisse  un  présent  égal  à  celui  que  tu  as  reçu 
du  calife.  »  Ceci  prouve  au  moins  que  de  tout 
temps,  et  en  tous  pays,  on  a  fait  des  folies  pour 
les  chanteurs.  t 

HALBERSTADT  (Joseph),  compositeur 
néerlandais,  fixé  à  Amsterdam,  s'est  fait  connaître 
par  un  certain  nombre  de  productions  au  milieu 
desquelles  on  cite  un  quatuor  pour  instruments  à 
cordes,  une  Marche  funèbre  à  la  mémoire  du  roi 
Guillaume  II,  une  élégie  pour  piano  et  violon, 
un  nocturne  pour  piano  et  violon,  plusieurs  airs 
de  ballet,  etc.  Tous  ces  morceaux  ont  été  pu- 
bliés à  Amsterdam. 

*  HALEVY  (Jacques-Fromental-Éue),  est 
mort  à  Nice,  le  17  mars  1862.  A  la  liste  des  pro- 
ductions dramatiques  de  ce  grand  artiste,  il  faut 
ajouter  Attendre  et  courir,  un  acte  (écrit  en 
société  avec  H.  de  Ruolz),  donné  à  l'Opéra-Co- 
mique  le  29  mai  1830;  le  Shérif f,  ouvrage  en 
trois  actes,  représenté  au  même  tliéâtre  le  2  sep- 
tembre 1839,  et  les  Premiers  Pas,  prologue 
écrit  en  société  avec  Adolphe  Adam,  Auber  et 
Carafa,  pour  l'inauguration  de  l'Opéra-National 


HALÉVY 


(1847).  On  lui  attribue  encore,  sous  le  pseudo- 
nyme dU/6e/'?j,  la  paternité  d'un  opéra-comique 
eu  un  acte,  l'Inconsolable^  donné  au  ïiiéâtre- 
Lyrique  le  13  juin  1853.  Enfin,  le  catalogue  de 
ses  œuvres  doit  encore  se  compléter  par  une 
cantate  officielle  :  Italie,  qui  fut  exécutée  à  l'O- 
péra-Comique  le  7  juin  1859.  Halévy  a  laissé  en 
portefeuille  les  partitions,  presque  achevées,  de 
deux  grands  opéras  en  trois  actes,  Valentine 
(TOniano,  sur  unpoëmede  son  frère,  M.  Léon 
Halévy,  et  Noé  ou  le  Déluge,  sur  un  livret  de 
M.  de  Saint-Georges.  On  lui  doit  aussi  quelques 
chœurs  orphéoniques  :  France  et  Italie,  le 
Chant  du  Forgeron,  la  Nouvelle  Alliance,  etc. 

On  peut  dire  que  la  mort  d'Halévy  a  été  pour 
la  France  comme  une  sorte  de  deuil  public;  la 
postérité,  qui  commence  pour  cette  belle  et  mâle 
figure,  doit  rendre  justice  au  génie,  au  talent, 
aussi  bien  qu'aux  fiicullés  si  rares  et  si  diverses 
de  cet  artiste  qui  fut  à  la  fois  l'honneur  de  l'art 
musical  et  des  lettres  françaises.  Halévy  n'a  pas 
été  seulement  un  grand  musicien,  il  n'a  pas  écrit 
seulement  la  Juive,  l'Éclair,  la  Reine  de 
Chypre  et  les  Mousquetaires  de  la  Reine; 
comme  secrétaiie  perpétue!  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts,  on  lui  doit  encore  des  notices  lues 
en  séances  publiques  de  l'Institut  sur  certains 
membres  de  cette  compagnie,  notices  qui  sont, 
dans  leurs  courtes  proportions,  de  véritables 
chefs-d'œuvre  de  style,  délégance  et  de  sens  cri- 
tique ;  il  suffit  de  citer  .celles  sur  Abel  Blouet, 
Onsiow,  Adolphe  Adain,  Simart,  David  d'An- 
gers et  Paul  Delaroche.  Quelques  autres  écrits, 
publiés  dans  divers  journaux  et  recueils,  ne  le 
ce  lent  en  rien  à  ceux-ci,  et  avaient  appelé  sur 
leur  auteur  l'attention  de  l'Académie  française 
elle-même,  qui,  disait-on,  n'attendait  qu'une  oc- 
casion pour  le  recevoir  au  nombre  de  ses  mem- 
bres. (On  lira  avec  fruit,  au  sujet  des  facultés  lit- 
téraires d'Halévy,  les  deux  |articies  publiés  par 
Sainte-Beuve  dans  \q  Constitutionnel  A\x  14  avril 
1862  et  par  M.  Ernest  Vinet  dans  le  Journal 
des  Débats  du  15  mars  1864.) 

En  dépit  des  attaques  haineuses  de  certains 
critiques  malveillants,  qui  n'ont  pas  même  eu  la 
pudeur  de  se  taire  devant  une  tombe,  mais  qui, 
malgré  leurs  efforts,  n'ont  pu  entamer  la  gloire 
du  maître,  la  physionomie  d'Halévy  restera 
comme  une  des  plus  belles,  des  plus  nobles  et 
des  plus  remarquables  de  l'art  français  au  dix- 
neuvième  siècle.  Paris  ne  s'y  est  pas  trompé,  lui 
qui  a  fait  à  l'auteur  de  tant  d'œuvres  puissantes 
et  inspirées  de  si  magnifiques  funérailles,  et  qui, 
en  lui  prouvant  son  respect  et  son  admiration,  le 
vengeait  des  outrages  qui  l'avaient  poursuivi  pen- 
dant tant  d'années. 


Deux  ans  après  sa  mort,  le  27  mai  1864,  joui- 
anniversaire  de  sa  naissance,  le  théâtre  de  l'O- 
péra-Comique  rendait  à  Halévy  un  hommage  so- 
lennel. On  exécutait  ce  jour-là  un  intermède  ly- 
rique, Hommage  à  F.  Halévy,  dont  les  paroles 
avaient  été  écrites  par  son  frère,  et  dont  la  mu- 
sique avait  été  arrangée,  sur  des  thèmes  du  maî- 
tre, par  un  de  ses  élèves,  M.  Jules  Cohen.  Les 
principaux  acteurs  de  cet  intermède  étaient 
MM.  Couderc,  Ponchard,  et  M»-^  Révilly. 

Plusieurs  écrits  ont  été  publiés  sur  Halévy, 
après  sa  mort  :  1"  F.  Halévy,  sa  vie,  ses  œu- 
vres, récits  et  impressions  personnelles,  simples 
souvenirs,  par  Léon  Halévy  (Extrait  du  ^ottniai 
général  de  l'Instruction  publique),  Paris, 
imp.  Paul  Dupont,  1862,  in- 8°;  l'auteur  donna 
l'année  suivante,  dans  le  Ménestrel,  une  seconde 
version,  Irès-augmentée,  de  ce  travail  plein  d'in- 
léiêt,  qui  donna  lieu  à  une  seconde  édition  pu- 
bliée sous  [e  même  titre,  Paris,  Heugel,  1863, 
in-8°,  avec  portrait  et  autographes;  2°  Notice 
fur  la  vie  et  les  ouvrages  de  F.  Halévy,  par 
Beuié  (Éloge  prononcé  à  l'Académie  des  Bchux- 
Arls  par  le  successeur  d'Halévy  comme  secré- 
taire perpétuel  de  cette  compagnie),  Pïris,  imp. 
Didot,  in^"  de  20  pp.;  3"  F.  Halévy,  souvenirs 
d'un  ami,  pour  joindre  à  ceux  d'un  frère,  par 
Edouard  Monnais  (  Extrait  de  la  Revue  et 
Gazette  musicale  de  Paris),  Paris,  imp.  Chaix, 
1863,  iu-8°;4''  F.  Halévy,  écrivain,  par  Arthur 
Pougin,  Paris,  Claudin,  in-8°,  1805. 

On  a  réuni  .sous  ce  titre  :  Derniers  Souvenirs 
et  Portraits  (Paris,  Michel  Lévy,  1863,  in- 12), 
ceux  des  écrits  d'Halévy  qui  n'avaient  point 
trouvé  place  dans  le  volume  intitulé  :  Souvc' 
nirs  et  Portraits.  Ce  second  volume,  que  pré- 
cède une  étude  insignifiante  de  Fiorentino  sur 
Halévy,  contient  les  notices  sur  Mozart,  le  baron 
Boucher-Desnoyers,  Simart,  Adolphe  Nourrit, 
Berton,  les  Lettres  sur  la  musique,  et  un  ro- 
man resté  inachevé,  le  Baron  de  Stora.  On 
trouvera  dans  ma  brochure  :  F.  Halévy,  écri- 
vain, citée  plus  haut,  tous  les  renseignements 
relatifs  à  Halévy  considéré  sous  ce  rapport. 

Cette  notice  complémentaire  resterait  encore 
incomplète  si  je  ne  reproduisais  ces  lignes,  tou- 
chant le  nom  d'Halévy,  tirées  de  la  Notice  de 
M.  Léon  Halévy  sur  son  frère  :  «  Le  vrai  nom 
de  notre  père  était  Lévy.  En  1807,  les  Israélites 
de  France  furent  invités  par  mesure  gouverne- 
mentale, prise  de  concert  avec  une  décision  dja 
grand  Sanhédrin,  convoqué  à  Paris,  à  changer 
ou  à  modifier  leurs  noms  de  famille,  pour  éviter 
la  confusion  qui  résultait  sur  les  registres  de 
l'état  civil  de  la  similitude  d'un  grand  nombre  de 
noms.  Notre  père  ajouta  à  son  nom  l'affixe  hé- 


446 


HALKVY  —  HAMERIK 


braïque  ou  article  liai,  et  s'appela  dès  lors  Ha- 
lévy,  qui  avait  été  le  nom  de  plusieurs  talmu- 
distes  célèbres,  et  notamment  du  poète  Jédédias 
Halévy,  qui  florissait  au  treizième  siècle  de  l'ère 
chrétienne.  » 

HALLAY  (M"''  DU),  virtuose  dilettante  fort 
distinguée,  vivait  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  et  parait  avoir  été  claveci- 
niste aussi  habile  que  cantatrice  remarquable. 
Daquin  en  parle  en  ces  termes  dans  son  Siècle 
littéraire  de  Louis XV  (1753):  —  «Nous  avons 
perdu,  depuis  quelques  années,  Madame  du 
Hailay,  recommandable  par  sa  beauté  et  ses  ta- 
Jens.  Sa  maison,  dont  elle  faisoit  les  lionneurs 
avec  noblesse,  étoit  le  rendez-vousjdes  plus  fa- 
meux musiciens  italiens  et  françois.  Elle  étoit 
écolière  de  M.  d'Aquin,  et  brilloit  dans  l'accom- 
pagnement et  dans  l'exécution  des  pièces.  M.  Ra- 
meau appelloit  les  doigts  de  Madame  du  Hailay 
ses  pelils  marteaux.  Cette  dame  chanjoit  les  airs 
italiens  avec  le  plus  grand  goût  et  la  plus  grande 
légèreté.  » 

Le  peintre  Largillière,  à  l'âge  de  82  ans,  fit  le 
portrait  de  M'""  du  Hailay,  pour  laquelle  il  éprou- 
vait, dit-on,  une  profonde  admiration.  Plusieurs 
Hoètes  chantèrent  cette  aimable  virtuose.  Parmi 
les  nombreux  vers  qui  lui  furent  adressés,  je  ci- 
terai les  suivants,  bien  qu'ils  soient  un  peu  pré- 
tenlieux  : 

En  vain,  par  quelques  traits  aux  vôtres  resscmblans. 
Un  croiroit,  Uu  Hylby,  votre  image  IJnie  ; 
Aux  vertus  d'Artêiiiisc,  aux  grâces  de  Lcsbie, 
Qui  joindroit  de  Sapho  l'esprit  et  les  talcns 
IN'auroit  encore  de  vous  qu'une  foible  copie. 

•  *  HALLE  (Chari.es  HALLE,  dit),  pianiste 
distingué,  est  ne  à  Hagen  (  NVcstphalie),  le 
11' avril  1819.  La  réputation  de  virtuose  de  cet 
artiste  est  immense  en  Angleterre,  où  ses  succès 
n'ont  jamais  été  interrompus,  il  s'y  est  aussi 
produit  fréquemment  comme  chef  d'orchestre, 
et,  particulièrement,  a  dirigé  en  18/6  le  deuxième 
grand  festival  triennal  de  Bristol. 

HALLSTHOKAl  (Ivvr),  musicien  suédois, 
est  le  compositeur  le  plus  populaire  de  son  pays, 
et  s'est  fait  connaître  par  un  assez  grand  nombre 
de  productions  qui,  pour  la  plupart,  ont  Obtenu 
un  vif  succès.  Entre  autres  œuvres  importantes, 
M.  Hallstrœm  a  écrit  plusieurs  opéras.  L'un 
d'eux,  intitulé  Bertig]magnus,  dont  le  sujet  était 
emprunté  à  un  épisode  de  la  Suède  et  qui  fut 
représenté  sur  le  théâtre  de  l'Opérade  Stockholm 
en  1867j  fut  assez  froidement  accueilli,  par  suite 
de  la  tiistesse  et  de  la  monotonie  répandues  sur 
la  partition  du  compositeur  ;  en  effet  vingt  mor- 
ceaux de  celle-ci  étaient  écrits  dans  la  tonalité 
mineure.  Mais  plus  récemment,  au  mois  de  no- 


vembre 1875,  un  opéra  fantastique  deM.'.Halls- 
trœm  a  leçu  du  public  de  Stockholm  l'accueil  le 
plus  enthousiaste.  Ce  nouvel  ouvrage,  qui  a 
pour  titre  la  fiancée  du  Gnome,  et  dont  le 
livret  est  tracé  d'après  une  poétique  légende 
norvvégienne,  est  remarquable,  dit-on,  par  l'élé- 
gance et  la  grAce  exquise  de  l'inspiration.  Un 
an  avant  celui-ci,  au  mois  d'août  1874,  cet  ar- 
tiste avait  fait  représenter  un  autre  ouvrage,  la 
Montagnarde  enlevée,  qui  avait  été  l'objet 
d'une  faveur  marquée.  Enfin,  le  6  juin  1877, 
M.  Hallstioern  a  donné  sur  le  théâtre  royal  de 
Stockholm  ua  opéra  en  3  actes,  les  Vikings, 
écrit  sur  un  sujet  national  et  qui  a  produit,  dit- 
on,  un  très-grand  effet.  Une  «idylle  »  deM.  Halls- 
tiœm,  les  Fleurs,  pour  voix  seules,  chœur  et 
orchestre,  a  été  couionnée  en  1860  dans  un 
concours  ouvert  par  le  Musihverein  de  Stock- 
holm. 

*  HALiVl  (Antoine),  pianiste  et  compositeur 
distingué,  est  mort  à  Vienne  le  6  avril  1872.  Il 
avait  été,  dit-on,  l'un  des  meilleurs  amis  de 
lîeethoven. 

"  HAMAL  (Jean-IVoel).  M.  l':douard  Grc- 
goir  a  transcrit  ainsi  le  titre  d'un  recueil  d'ou- 
vertures de  ce  compositeur,  resté  jusqu'ici  in- 
connu :  Six  ouvertures  da  caméra  a  quatro, 
vlolino  primo,  violino  secondo,  alto  viola, 
violoncello,  e  cimbalo,  del  signor  Giovanni 
Nalale  Hamal,  .maestro  di  capella  délia 
chiesa  cathédrale  a  Liège,  op.  1,  Paris,  chez 
M.  Le  Clerc,  à  la  Croix-d'Or,  1743. 

Il  a  paru  en  1860,  à  Liège,  chez  F.  Renard, 
une  brochure  in-8"  de  26  pages,  portant  ce  titre  : 
Essais  de  biographies  liégeoises.  Les  Hamal. 
Je  n'ai  pas  eu  cet  écrit  sous  les  yeux;  je  sais 
seulement  que  son  auteur  est  M.  Edouard  La- 
vableye,  et  qu'il  complète  les  renseignements 
donnés  sur  la  famille  Hamal  par  la  Biographie 
universelle  des  Musiciens. 

HAMEL  (ÉDOL'ARn),  violoniste,  pianiste, 
professeur  et  compositeur  allemand,  est  né  à 
Hambourg  en  1811.  H  habita  Paris  pendant  plu- 
sieurs années,  et  appartint  comme  violoniste  à 
l'orchestre  de  l'Opéra.  De  retour  à  Hambourg  en 
1846,  il  s'y  livra  à  l'enseignement,  et  se  vit  tiès- 
recherché  comme  professeur  de  violon  et  de 
piano.  Cet  artiste  s'est  produit  comme  composi- 
teur, et  on  lui  doit  sous  ce  rapport,  outre  la  mu- 
sique d'un  opéra  intitulé  Malvina^  des  quatuors 
pour  piano  et  instruments  à  cordes,  des  ballades 
et  des  lieder,  et  un  certain  nombre  de  morceaux 
pour  le  piano. 

HAMERIK  (AsciiR),  musicien  danois  ou 
suédois  contemporain,  compositeur  et  chef  d'or- 
chestre, a  fait  de  bonnes  et  solides  études.  Il 


HAMERIK  —  HANDUOCk 


447 


est  l'auteur  de  plusieurs  opéras,  parmi  lesquels 
on  cite  TovelUle,  dont  il  a  écrit  à  la  fois  les  pa- 
roles et  la  ïaiis\que,el  Hjalmar  et  Ingeborg; 
dans  un  concert  donné  par  lui  à  Paris  au  mois 
de  mai  1865,  il  a  fait  entendre  quelques  frag- 
ments intéressants  du  premier  de  ces  ouvrages. 
En  1873,  M.  Hainerik  faisait  exécuter  au  Giir- 
zenicli,  de  Cologne,  une  suite  d'orchestre  qu'il 
intitulait  Suite  du  Nord,  et  qui  fut  fort  bien 
accueillie;  depuis  lors  il  a  écrit  une  seconde  et 
une  troisième  Suites  du  Nord,  qui  ont  été  pu- 
bliées, ainsi  que  la  première.  On  lui  doit  aussi 
une  grande  Trilogie  judaïque,  et  un  drame 
lyrique  en  cinq  scènes  intiluté  la  Vendetta.  De- 
puis plusieurs  années,  cet  artiste  est  lixé  à  Bal- 
timore, où  il  dirige  un  établissement  d'éducation 
musicale  appelé  Institut  Peabody,  et  oîi  il  s'est 
fait  une  brillante  réputation  comme  directeur  de 
concerts. 

"  IlAiMM  (Valeintin),  chef  d'orchestre  et  com- 
positeur allemand,  avait  acquis  une  réputation 
dans  sa  patrie  par  la  production  d'un  grand  nom- 
bre de  Marches  symphoniques  ,  dont  la  plupart 
obtinrent  un  succès  de  popularité.  Parmi  les 
morceaux  de  ce  genre  dont  il  s'était  fait  une  spé- 
cialité et  qui  furent  le  mieux  accueillis,  il  faut 
citer  surtout  la  Marche  du  Sultan  ;  la  Marche 
des  armées  alliées;  la  Prise  de  Sébastopol  ,•  la 
Nouvelle  Marche  des  zouaves;  la  Ristori;  la 
imianollo;  la  Marche  turque;  Cécile;  Emilie; 
les  Marche»  funèbres  à  la  mémoire  de  Mendels- 
sohn ,  de  Maria MilanoUo ,  de Chopin,de  Spohr  ; 
la  Marche  sur  un  air  populaire  tyrolien  ;  etc.,  etc. 
Valentin  Hamm  est  mort  à  Wurzbourg,  en  Ba- 
vière, le  21  décembre  1875. 

IIAMMA(FRiDOLi?i),  organiste,  compositeur 
et  professeur,  est  né  à  Friedingen,  dans  le  Wur- 
temberg, le  16  décembre  1818.  Établi  comme 
professeur  à  Schaffouse  en  1840,  il  devenait,  en 
1842,  organiste  à  Meersbourg,  petit  pays  situé 
sur  les  bords  du  lac  de  Constance,  et  de  là  se 
rendait  bientôt  en  Italie.  Il  se  fixa  alors  pendant 
plusieurs  années  à  Palerme,  oii  il  lit  représen- 
ter quelques  opéras  et  ballets  qui  furent  bien  ac- 
cueillis du  public.  Lorsque,  en  1848,  éclata  la 
révolution  sicilienne,  M.  Hamma,  qui  professait 
en  politique  les  opinions  républicaines  les  plus 
avancées,  y  prit  une  part  active,  et  écrivit  un 
hymne  patriotique  qui  obtint  le  plus  grand  suc- 
cès et  rendit  son  nom  populaire.  Il  fut  chargé 
par  le  gouvernement  provisoire  de  l'organisation 
de  tous  les  corps  de  musique  militaire.  Mais  le 
mouvement  sicilien,  à  la  tête  duquel  se  trouvait 
le  général  Mieroslawski,  le  grand  patriote  polo- 
nais, ayant  été  étouffé,  M.  Hamma  suivit  ce  der- 
nier dans  le  grand-duché  de  Bade,  oii  il  était  ap- 


pelé à  prendre  le  commandement  de  l'armée  ré- 
volutionnaire allemande.  Là  encore,  M.  Hamma 
se  mit  en  avant,  et  il  composa  une  grande  mar- 
che nationale,  qui,  dit-on,  électrisait  les  troupes 
insurrectionnelles  et  enllammait  leur  courage. 
Celles-ci  pourtant,  après  leurs  premiers  succès, 
ayant  été  définitivement  défaites,  M.  Hamma  se 
vit  obligé  de  se  réfugier  en  Suisse.  Plus  tard  il 
s'établit  à  Slultgard  comme  professeur,  puis  en- 
fin il  alla  se  fixer  à  Neustadt,  sur  le  Haardt,  oii  il 
se  livre  encore  aujourd'hui  à  l'enseignement  du 
piano  et  du  chant. 

C'est  M.  Hamma  qui  a  fait  la  belle  découverte 
relative  à  la  prétendue  origine  allemande  de  la 
Marseillaise.  Ayant  été  à  même,  pendant  un  de 
ses  séjours  à  Meersbourg  (avril  1861),  de  parcou- 
rir les  manuscrits  d'un  ancien  maître  de  chapelle 
de  l'éghse  paroissiale,  nommé  Hollzmann,  il  au- 
rait retrouvé,  dans  le  credo  de  la  4*^  messe  so- 
lennelle dQ  cet  artiste,  le  dessin  musical  complet 
de  l'hymne  de  Rouget  de  Lisle,  que  celui-ci 
n'aurait  eu  que  la  |)eine  de  copier  servilement. 
Si  le  fait  était  authentique,  on  aurait  lieu  de  s'é- 
tonner que  M.  Hamma,  pour  rendre  sa  démons- 
tration indiscutable,  n'ait  pas  publié  le  Credo 
en  question.  Tant  que  cette  preuve  n'aura  pas 
été  donnée,  nous  persisterons  à  considérer  cette 
revendication  comme  une  plaisanterie  ingénue 
et  inoffensive.  (On  peut  consulter  à  ce  sujet  les 
articles  H\mm\,  Holtzmvns  et  Marseillaise  du 
Kleiiies  musikatisc/ies  Conversations' Lexi- 
kon  de  Jules  Schuberth,  Leipzig,  Schuberth, 
1865,  in- 12). 

HAMMA  (Benjamin),  compositeur,  frère  du 
précédent,  est  né  à  Friedingen  le  10  octobre 
1831.  Après  avoir  étudié  la  composition  à  Stutt- 
gard,  avec  Lindpaintner,  il  vint  séjourner  quel- 
que temps  à  Paris,  puis  se  rendit  à  Rome,  où  il 
s'initia  à  la  connaissance  intime  du  chant  grégo- 
rien et  de  l'ancienne  musique  d'église  italienne. 
Après  plusieurs  années  passées  hors  de  sa  pa- 
trie, il  retourna  en  Allemagne  et  s'établit  à  Kiv- 
nigsberg,  où  il  dirigea  la  société  des  concerts  et 
celle  de  chant.  M.  Benjamin  Hamma  est  l'auteur 
d'un  opéra  intitulé  Zarrisco;  on  connaît  aussi 
de  lui  des  chœurs  pour  voix  d'hommes,  des  lie- 
der,  ainsi  que  des  marches  pour  le  piano. 

HAMMA  (François),  [pianiste,  compositeur 
et  organiste,  frère  des  deux  précédents,  est  né  à 
Friedingen,  le  4  octobre  1835.  11  a  reçu  comme 
eux  une  bonne  éducation  musicale^  et  s'est  établi 
à  Oberstadien,  dans  le  Wurtemberg;  où,  je  crois, 
il  se  livre  à  l'enseignement.  On  lui  doit  un  cer- 
tain nombre  de  compositions  estimables  pour 
l'orgue. 

HANDROCtî  (JtLits),  pianiste  et  tiomposi^ 


448 


HANDROCR  —  HANSLICR 


leur  allemand,  né  à  Naunibourg  le  22  juin  1830, 
a  fait  son  éducation  musicale  au  Conservatoire 
de  Leipzig,  et  s'est  établi  ensuite  à  Halle,  où  il 
consacre  une  partie  de  son  temps  à  l'enseigne- 
ment, et  l'autre  à  la  composition  d'œuvres  pour 
le  piano  qui  sont  estimées  du  public  et  bien  re- 
çues des  éditeurs.  Je  n'ai  pas  d'autres  rensei- 
gnements sur  cet  artiste. 

HANEMANN  (Maurice),  violoncelliste  fort 
distingué,  né  à  Lœwenberg  le  28  février  1808, 
reçut  une  bonne  éducation  musicale  et  devint  un 
virtuose  remarquable.  Fixé  à  Berlin,  il  fut  admis 
à  l'orcbestre  de  la  chapelle  royale,  et  organisa 
chez  lui  des  séances  de  musique  de  chambre  qui 
étaient  très-suivies.  Hanemann,  qui  jouait  aussi 
de  la  tlûle  et  du  piano,  n'a  rien  composé.  Il  est 
mort  à  Berlin  au  mois  de  janvier  1875. 

HANOiV  (C -L ,),  compositeur,  pia- 
niste, organiste  et  professeur  à  Boulogne-sur- 
Mer,  né  à  Aire  vers  1825,  est  l'auteur  des  ou- 
vrages suivants  :  1"  Système  nouveau ,  i^rali- 
que  et  populaire  pour  apprendre  à  accompa- 
gner tout  plain-chant  à  première  vue,  en 
6  leçons,  sa7is  savoir  la  musique  (!),  et  sans  le 
secours  d'aucun  professeur  ;  2°  Leçons  été' 
vientaires  d'harmonie,  pour  la  théorie  de  la 
méthode  «.  Système  nouveau»;  3"  Étude  de 
l'orgue  mise  à  la  portée  de  tout  le  monde, 
formant  une  collection  de  morceaux  gradués  en 
18  livres  pour  orgue  ou  harmonium;  k"  Méthode 
élémentaire  de  piano  ;  5"  le  Pianiste  virtuose, 
en  60  exercices  gradués  pour  acquérir  rapide- 
ment l'agilité,  l'indépendance  et  la  plus  parfaite 
égalité  des  doigts  ainsi  que  la  soujilesse  des  poi- 
gnets; 6"  Extraits  des  chefs-d'œuvre  des 
grands  maîtres,  comprenant  50  morceaux.  Les 
ouvrages  didactiques  de  M.  Hanon,  conçus  d'a- 
près un  système  empirique,  sont  d'une  valeur 
au  moins  problématique.  M.  Hanon  a  publié 
aussi  un  recueil  de  50  cantiques  choisis  parmi 
les  plus  populaires,  pour  tous  les  besoins  du 
culte. 

HAIXSOIX  (Matiiis  ),  compositeur  danois 
contemporain,  a  fait  exécuter  à  Copenhague,  en 
1861,  le  Psaume  130,  mis  en  musique  par  lui 
pour  voix  seule,  chant  et  orchestre. 

HAJ\SLICK(Le  docteur  Edouard),  l'un  des 
critiquer  et  des  écrivains  musicaux  les  plus  re- 
nommés de  l'Allemagne  contemporaine,  est  né  à 
Prague  le  11  septembre  1825.  Son  père,  Joseph 
Hanslickjhommefort instruit  et  bibliographe  dis- 
tingué, lui  fit  donner  une  éducation  solide  et 
l'appliqua  à  l'étude  du  droit.  Le  jeune  homme 
se  fit  conférer  le  giade  de  docteur  en  1849,  et 
entra  presque  aussitôt  dans  les  bureaux  du  mi- 
nistère d'État,  à  Vienne,  oii  il  acquit  une  haute 


situation,  qu'il  n'échangea,  dans  ces  dernières 
années,  que  contre  une  chaire  à  l'Université.  En 
même  temps  qu'il  se  livrait  à  l'étude  du  droit,  il 
avait  commencé  son  éducation  musicale,  à  Pra- 
gue, sous  la  direction  de  C.  Tomaschek,  et  il  la 
termina  à  Vienne. 

M.  Hanslick  se  sentait  surtout  attiré  vers  la 
critique  de  l'art  et  les  graves  études  de  l'esthé- 
tique. De  bonne  heure  il  fit  ses  premières  armes 
d'écrivain  spécial  dans  la  Gazette  musicale  de 
Schmidt,  d'où  il  passa  à  la  Feuille  du  dimanche 
{Sonntags  Blàtter)  de  Frankle.  En  18^8,  on  le 
retrouve  à  la  Gazette  de  Vienne,  et  enfin,  en 
1855,  il  entre  au  journal  la  Presse,  qu'il  n'a  pas 
quitté  jusqu'ici,  et  où  la  profondeur  de  sa  criti- 
que, l'étendue  de  ses  connaissances  et  la  solidité 
de  son  jugement  lui  ont  fait  un  renom  qui  a 
rayonné  sur  toute  l'Europe.  Dans  un  temps  où 
les  doctrines  nébuleuses,  où  les  excentricités  vo- 
lontaires de  certains  artistes  ont  jeté  dans  l'art 
un  trouble  profond,  M.  Hanslick  n'a  cessé  de 
prêcher  le  respect  pour  les  principes  sains  et  ra- 
tionnels, l'admiration  pour  les  grands  hommes 
qui  ont  posé  les  bases  du  beau  éternel  et  qui 
ont  porté  la  musique  à  son  plus  haut  point 
de  splendeur.  M.  Hanslick  s'est  toujours  montré 
l'adversaire  implacable,  systématique  et  raisonné 
des  théories  meurtrières  de  M.  Richard  Wagner 
et  de  ses  émules,  surtout  depuis  l'apparition  de 
Lohengrin,  ouvrage  dans  lequel  le  maître  saxon 
a  commencé  l'application  de  ces  théoiiies  jusqu'à 
l'outrance.  L'écrivain  n'est  point  pour  cela,  tant 
s'en  faut,  l'ennemi  du  progrès  ;  mais,  comme 
tous  les  esprits  sensés,  il  ne  voit  pas  le  profit 
que  l'art  pourrait  tirer  d'une  révolution  violente, 
destinée  à  renverser  tout  de  fond  en  comble,  et 
il  lui  semble  que  les  grands  chefs-d'œuvre  du 
passé,  si  manifestement  outragés  et  tournés  en 
dérision  par  quelques  affolés,  sont  dignes  encore 
de  quelque  respect  et  de  quelque  admiration. 
C'est  ce  grand  sentiment  de  la  véritable  beauté 
artistique,  c'est  la  solidité  du  raisonnement  mis 
par  lui  au  service  des  idées  qui  lui  étaient  chères, 
qui  ont  valu  à  M.  Hanslick  le  crédit  et  l'autorité 
incontestables  dont  il  jouit  auprès  du  public. 

Mais  M.  Hanslick  ne  s'est  pas  fait  connaître 
seulement  comme  journaliste,  et  on  lui  doit 
plusieurs  publications  importantes ,  dont  le 
succès  a  été,retentissant.  Il  faut  citer,  en  pre- 
mier lieu,  une  sorte  de  petit  traité  court,  mais 
substantiel,  d'esthétique  musicale,  publié  sous  ce 
titre  :  Das  musikalische  Schœne  (Du  Beau  en 
musique);  ce  petit  livre,  qui  est  devenu  en 
quelque  façon  le  vade-mecum  des  musiciens  et 
dilettantes  allemands,  n'a  pas  eu  moins  de  cinq 
éditions,  dont  la  première  date  de  185 i   et  la 


HANSLICR  —  HARDOUIN 


449 


dernière  de  1876  ;  c'est  sur  celle-ci  que  M.  Char- 
les Bannelier  en  adonné  récemment  (1877),  dans 
la  lievue  et  Gazette  musicale  de  Paris,  une 
très-bonne  traduction  française  (1).  M.  Hanslick 
a  publié  aussi  une  intéressante ^is/o/;e  des  con- 
certs de  Vienne,  ouvrage  rempli  d'études  fort 
utiles  pour  l'histoire  de  l'art,  et  on  lui  doit  encore 
un  livre  très-important,  plein  de  vues  élevées, 
d'idées  fécondes,  sur  l'Opéra  moderne.  C'est 
cet  ouvrage  capital,  dont  le  succès  a  été  écla- 
tant, qui  a  valu  à  son  auteur  l'honneur  d'être 
nommé  professeur  d'esthétique  et  d'histoire  mu- 
sicale à  l'Université  de  Vienne. 

*  HAXSSENS  (Charles-Louis),  est  mort  à 
Bruxelles  le  8  avril  1871.  Cet  artiste  était  né  à 
Gand,  alors  placée  sous  la  domination  française, 
le  23  messidor  an  X  delà  République,  c'est-à- 
dire  le  12  juillet  1802,  et  non  le  10,  comme  il  a 
été  dit  par  erreur.  Il  est  difficile,  ou,  pour  inieuv 
parler,  impossible  de  dresser  une  liste  complète 
et  détaillée  des  œuvres  de  ce  compositeur  fécond, 
car  lui  même  n'en  prenait  que  peu  de  souci. 
«  Les  compositions  de  Hanssens,  dit  M.  de  Bur- 
bure  (2),  nélaient  guère  exécutées  que  dans 
quelques  villes  de  la  Belgique  et  de  la  Hollande: 
il  n'eut  j:imais  assez  de  souci  de  la  publication  ou 
de  la  propagation  de  ses  ouvrages...  Hanssens, 
après  avoir  conçu  le  plan  et  donné  tous  ses  soins 
à  la  composition  d'une  ouverture,  d'un  concerto, 
d'une  symphonie,  d'un  grand  opéra  même,  bor- 
nait son  ambition  à  en  désirer  entendre  l'exécu- 
tion dans  de  bonnes  conditions,  ne  fût-ce  qu'une 
ou  deux  fois.  Puis,  ne  s'en  préoccupant  plus, 
les  abandonnant  en  quelque  sorte,  il  ne  songeait 
plus  qu'à  en  écrire  de  nouveaux,  négligeant  de 
donner  à  leurs  aînés  la  publicité  de  la  gravure 
qui  eût  mis  les  connaisseurs  en  état  de  mieux 
en  approfondir  les  beautés  ou  d'en  signaler  les 
défauts.  ))  Pour  ce  qui  est  des  œuvres  de  Hans- 
sens qui  n'ont  pas  été  signalées  dans  la  Biogra- 
phie universelle  des  Musiciens,  je  ne  puis  donc 
citer  que  les  suivantes  :  1"  Ze  5  Juillet,  ballet 
en  un  acte  (en  société  avec  Snel),  Bruxelles, 
9  juillet  1825;  2°  un  Dimanche  à  Pantoise, 
ballet  et  un  acte,  Bruxelles,  28  juin  1833; 
3°  Valentine,  ballet  ;  4°  le  Château  de  Kenil- 
worth,  ballet;  5°  le  Paradis  du  Diable,  ballet  ; 
6°  Marie  de  Brabant,  opéra  en  5  actes,  resté 

(1)  11  a  été  fait  un  tiré  à  part  de  cette  traduction,  sous 
ce  titre  :  Du  Beau  dans  la  musique,  essai  de  réforme 
de  l'esthétique  musicale,  par  Edouard  Hanslick,  traduit 
de  l'allemand  sur  la  cinquième  édition,  par  Charles  Ban- 
nelier (Paris,  Brandus,  1877,  in-8»). 

(S)  Notice  sur  Charles-Louis  Hanssens,  membre  de 
l'Académie  royale  de  Belgique,  publiée  dans  V Annuaire 
de  l  Académie  et  tirée  à  part  iBruxelles,  impr.  F.  Hayez, 
1872,  in-12  de  11  pages  arec  portrait). 

BIOGR.    UNIV.   DES  MUSICIENS.    SUPPL.   —   T 


inédit,  mais  dont  quelques  fragments  ont  été 
exécutés  dans  des  concerts  ;  7°  le  Sabbat,  can-  • 
tate-oralorio,  exécutée  à  Bruxelles  en  1870; 
8°  Musique  pour  un  drame  de  M.  Gustave  Vaëz, 
Agneessens,  représenté  à  Bruxelles  en  1849; 
9°  Ouverture  jubilaire,  écrite  à  l'occasion  du 
cinquantième  anniversaire  de  la  fondation  de  la 
Société  royale  de  la  Grande-Harmonie  ;  10"  plu- 
sieurs chœurs  sans  accompagnement,  parmi  les- 
quels la  Tristesse  et  les  Janissaires. 

Très-hostile,  par  tempérament  intellectuel, 
à  la  musique  française  et  à  la  musique  italienne, 
Hanssens  sentait  toutes  ses  sympathies  artisti- 
ques se  tourner  du  côté  de  l'Allemagne,  dont 
il  admirait  le  génie  musical,  bien  que  ce  génie 
soit  aujourd'hui  singulièrement  troublé  et  af- 
faibli. Comme  compositeur,  il  manquait  es- 
sentiellement d'originalité,  mais  non  de  force, 
de  grandeur  et  de  puissance.  Hanssens  a  été,  de 
1848  à  1869,  chef  d'orchestre  du  théâtre  de 
la  Monnaie  de  Bruxelles,  et  pendant  trois  an- 
nées, de  1851  à  1854,  il  en  fut  le  directeur.  Ses 
qualités  de  chef  d'orchestre  étaient  très-réelles  : 
il  avait  pour  lui  la  llamrne,  l'expérience  et  la  dé- 
cision ;  mais  dans  ses  dernières  années  d'exer- 
cice, il  était  inférieur  à  lui-même;  j'eus  l'occa- 
sion, en  18G8,  de  le  voir  diriger  deux  ouviages 
importants,  et  je  remarquai  qu'il  n'avait  plus  ni 
précision,  ni  énergie. 

Dès  1845,  et  lorsqu'une  classe,  des  beaux-arts 
fut  créée  et  ajoutée  aux  autres  divisions  de  l'A- 
cadémie royale  des  sciences  et  des  lettres  de 
Belgique,  il  avait  été  nommé,  par  arrêté  royal, 
un  des  cinq  membres  efleclits  de  la  section  de 
musique,  en  même  temps  que  Fétis,  de  Bériot 
et  M.  Vieuxtenq)s. 

HARDEGEIX  (Jules  DE).  —  Voyez  EG- 
GHARD  (Jules). 

HARUOUIN    ( ),    chanteur,    doué 

d'une  belle  voix  de  basse-taille,  entra  à  l'Opéra 
en  1694,  après  avoir  appartenu  aux  maîtrises  de 
différentes  cathédrales  de  province.  Chargé  de 
remplacer  Moreau,  il  tint  le  premier  emploi  jus- 
qu'en 1697,  époque  à  laquelle  Thévenard,  s'em- 
parant  de  plus  en  plus  de  la  faveur  du  public,  le 
liéposséda  du  premier  rang.  Hardouin  se  can- 
tonna alors  dans  les  seconds  rôles.  H  créa  entre 
autres,  dans  le  cours  des  vingt-cinq  années  qu'il 
resta  à  l'Opéra,  ceux  d'Apollon  dans  le  Triom- 
phe des  Arts,  de  Persée  dans  Médvs,  de  don 
Carlos  dans  l'Europe  galante,  de  Jupiter  dans 
Marthésie,  de  Filinde  dans  les  Fêtes  vénitien- 
nes, d'Arbas  dans  Idoménée,  d'Apollon  dans 
Médéeet  Jason,  de  Bacchns  dans  les  Amours  dé- 
guisés, d'Euryte  dans  Télèphe,  d'Argant  dans 
Tancrède,  de  Valère  dans  les  Fêtes  de  l'Été, 
I-  29 


450 


HARDOUIN  —  HART 


enfin  <i'Auiitie  dans  Camille,  reine  des  Vols- 
ques.  Il  prit  sa  retraite  peu  de  temps  après  avoir 
joué  ce  dernier  rôle,  obtint  une  pension,  et  se 
retira  en  Bretagne,  à  Tréguier,  sa  patrie. 

HARDY  (Le  colonel),  officier  français, grand 
amateur  de  musique ,  a  écrit  la  musique  d'un 
opéra-comique  en  trois  actes ,  les  Filles  d'hon- 
neur de  la  Reine,  qui  fut  représenté  sur  le  théâ- 
tre d'Alger,  où  le  colonel  était  en  garnison ,  au 
mois  de  décembre  1854.  Peu  de  temps  après,  son 
régiment  était  appelé  en  Crimée ,  pour  prendre 
part  aux  opérations  du  siège  de  Sébastopol ,  et 
le  colonel  Hardy  se  faisait  bravement  tuer  à  la 
tête  de  ses  soldats,  lors  de  l'attaque  du  Mame- 
lon-Vert. 

HARIA'G  (Charles)  ,  second  chef  d'orches- 
tre du  théâtre  du  Capitole,  de  Toulouse,  a  fait 
représenter  sur  ce  théâtre,  le  15  janvier  1877, 
un  opéra-comique  en  un  acte  intitulé  le  Docteur 
Pyramide.  Cet  artiste  a  fondé  et  dirigé  à  Tou- 
louse une  société  orphéoniqne,  pour  laquelle  il  a 
écrit  plusieurs  chœurs  sans  accompagnement. 

HxVRUlEUS-WIPPERA  (  iMadame  ) , 
chanteuse  fort  remarquable,  a  été  pendant  fort 
longtemps  l'une  des  premières  cantatrices  de  l'O- 
péra royal  de  Berlin,  ce  qui  ne  l'a  pas  empêchée  de 
se  faire  entendre  à  diverses  reprises  soit  à  Vienne, 
soit  à  Kœnigsberg,  soit  même  à  Londres ,  où  elle 
a  fait  deux  ou  trois  saisons.  Douée  d'une  voix 
superbe,  remarquable  par  la  pureté  de  son  tim- 
bre, par  sa  fraîcheur  et  son  étendue.  M"""  Har- 
riers-Wippern,qui  était  fort  intelligente  au  point 
de  vue  scénique,  se  distinguait  aussi  par  le  goût 
et  le  style  qu'elle  apportait  dans  son  chant.  Quoi- 
que le  sentiment  dramatique  fût  loin  de  lui  faire 
défaut,  elle  était  cependant  préférable  dans  les 
rôles  de  grâce  et  de  tendresse ,  comme  ceux  d'A- 
gathe du  Freischiitz,  d'Inez  de  l'Africaine ,  de 
la  reine  des  Hugxienots,  de  ^Suzanne  des  Noces 
de  Figaro,  de  la  princesse  de  Jean  de  Paris. 
jyjme  Harriers-NVippcm ,  qui  était  fort  estimée 
aassi  comme  chanteuse  d'oratorios  et  qui  faisait 
partie  de  la  chapelle  royale  de  Berlin ,  a  brillé 
pendant  plusieurs  années  à  l'Opéra  de  cette 
ville  aux  côtés  de  M™«  Lucca ,  qui  tenait  le  grand 
emploi  dramatique.  Parmi  les  autres  ouvrages 
dans  lesquels  elle  s'est  fait  applaudir  à  ce  théâ- 
tre, il  faut  citer  Don  Juan  (Zerline),  Iphigénie 
en  Aulide,  Rienzi,  Lohengrin,  Tannhauser, 
la  Flûte  enchantée  (Pamina),  Robert  le  Diable 
(Isabelle),  la  Fiancée,  Faust,  Jessonda,  Actœa 
la  jeune  fille  de  Corinthe,  Guillaume  Tell , 
Olympie,  Cosi  fan  lutte,  Oberon,  Euryan- 
the,  etc. 

En  1868,  une  longue  et  grave  maladie  vint 
éloigner   de  la   scène   cette  artiste  distinguée 


dojjt  la  carrière  aurait  pu  être  encore  brillante. 
Elle  dut  faire  un  voyage  en  Italie  pour  recouvrer 
la  santé,  mais  le  soleil  et  le  climat  de  ce  pays 
restèrent  impuissants  à  lui  faire  retrouver  sa 
voix,  l'une  des  plus  belles  qu'on  eûl  jamais  en- 
tendues. Pourtant ,  après  un  long  repos  de  dix- 
huit  mois,  M"' Harriers-Wippern,  de  retour  à 
Berlin ,  voulut  faire  sa  rentrée  au  théâtre  royal , 
au  mois  d'octobre  18C9,  dans  le  rôle  d'Agathe  du 
Freischutz;  mais  son  organe  était  gravement  at- 
teint, etla  voix,  devenue  très-faible  dans  les  notes 
hautes ,  qui  ne  pouvaient  être  attaquées  qu'avec 
les  plus  grandes  précautions ,  avait  perdu  tout 
son  éclat.  Le  public,  dont  l'artiste  avait  toujours 
été  fort  aimée,  eut  pour  elle  les  plus  grands 
égards;  mais  après  deux  ou  trois  tentatives  nou- 
velles, et  aussi  infructueuses,  celle-ci  dut  se 
convaincre  de  l'inutilité  de  ses  efforts.  Au  bout 
de  quelques  mois,  elle  se  vit  obligée  d'abandon- 
ner une  carrière  qu'elle  avait  parcourue  avec 
éclat,  et  prit  sa  retraite  avec  une  pension. 

HARRIS  (Charles),  luthier  anglais,  était 
établi  à  Londres  en  tSOO.  On  trouve  rarement 
sa  marque  sur  les  instruments  construits  par 
lui ,  parce  qu'il  les  fabriquait  généralement  , 
non  pas  directement  pour  le  public,  mais  pour 
des  marchands  en  gros  qui  y  mettaient  la  leur. 
C'est  ce  qui  explique  pourquoi  Harris  fut  peu 
connu.  Tout  en  exerçant  sa  profession  de  luthier, 
il  était  employé  à  la  Douane  de  Londres,  et  c'est 
en  cette  qualité  que,  se  trouvant  journellement 
en  rapport  avec  des  négociants,  il  obtint  d'im- 
portantes commissions  de  violons  pour  l'expor- 
tation. Cependant,  son  commerce  de  lutherie 
finit  par  prendre  une  telle  extension  qu'il  fut 
obligé  de  s'adjoindre  son  parent  Samuel  Gilkes. 
Bien  que  copiant  les  instruments  d'Amati  et  de 
Stradivarius,  il  ne  voulut  jamais  consentir  à 
imiter  ce  qu'on  pourrait  appeler  les  ravages  du 
temps,  c'est-à-dire  l'usure  apparente  du  vernis 
sur  certaines  parties  du  violon.  Les  amateurs 
anglais  prétendent  que  beaucoup  des  copies  de 
Harris  valent  celles  de  Lupot  ;  c'est  peut-être  al- 
ler un  peu  loin. 

HART  (John-Thomas)  ,  luthier  anglais,  né 
le  17  décembre  1805,  fut  d'abord  élève  de  Sa- 
muel Gilkes  (Voy.  ce  nom),  et  s'établit  à  Lon- 
dres. Plus  tard,  il  fit  une  étude  sérieuse  et  atten- 
tive des  instruments  italiens ,  et  devint  sous  ce 
rapport  un  des  plus  fins  connaisseurs  qui  se  pus- 
sent trouver.  Aussi,  lorsque  les  amateurs  anglais 
commencèrent  à  s'éprendre  avec  passion  des 
magnifiques  instruments  des  grands  luthiers  ita- 
liens, ce  fut  Hartqui,  grâce  à  son  expérience, 
sut  réunir  et  vendre  à  de  bauts  prix  les  collec- 
tions qui  se  formèrent  alors  de  l'autre  côté  de  la 


HARÏ  —  HARTOG  (DE) 


451 


Manche.  Ce  commerce  fut  pour  lui  la  soilice 
d'une  fortune  considérable.  Jolui  Tiiomas  Hart 
mourut  le  1"  janvier  1874. 

HART  (George),  fils ,  je  crois, et  successeur 
du  précédent ,  est  l'auteur  d'un  livre  intéres- 
sant publié  sous  ce  titre  :  The  Vlolin,  its  famous 
inakers  and  their  imitators  [Le  Violon,  les  lu- 
thiers célèbres  et  leurs  imitateurs) ,  Londres, 
Dulau,  1875,in-8°.  Cet  ouvrage,  imprimé  avec 
un  grand  luxe  et  accompagné  de  nombreuses 
gravures,  est  sans  contredit  le  plus  important  qui 
ait  paru  jusqu'à  ce  jour  sur  l'art  de  la  lutherie. 
Les  idées  qui  y  sont  émises ,  les  recherches  qu'il 
indique,  prouvent  que  l'auteur,  grand  amaieur 
des  instruments  à  archet ,  a  beaucoup  lu,  beau- 
coup vu,  beaucoup  comparé,  et  qu'il  s'est  voué  de 
tout  cteur  à  l'étude  de  son  sujet.  La  lutherie  ita- 
lienne occupe  tout  naturellement  une  des  meil- 
leures places  duvolume,  et  les  œuvres  admirables 
des  Stradivarius ,  des  Guarnerius,  desAmati,  des 
Bergonzi  et  autres  maîtres  y  sont  très-bien  carac- 
térisées-,,le  chapitre  delà  lutherie  anglaise  offre,  de 
son  côté,  un  intérêt  d'autant  plus  vif  que  les  pro- 
duits de  cette  lutherie  sont  à  peu  près  inconnus 
sur  le  continent ,  où  les  instruments  d'outre- 
Manche  ne  pénètrent  presque  jamais  ;  mais  la 
lutherie  française  a  été  un  peu  trop  légèrement 
traitée  par  M.  Hart,  et  il  faut  reconnaître  qu'il 
y  avait  mieux  et  plus  à  dire  que  ce  qu'il  a  dit 
sur  les  artistes  parisiens  en  ce  genre  ,  les  Pique, 
les  Nicolas,  les  Lupot,  les  Gand ,  les  Vuiliaume 
et  aiitres.  D'autre  part,  il  faut  bien  signaler  une 
lacune  étrange  dans  ce  livre  d'ailleurs  plein  d'in- 
térêt :  cette  lacune  consiste  en  ceci  que  l'écri- 
vain ,  qui  consacre  tout  un  chapitre  aux  cordes 
et  à  leur  fabrication,  néglige  complètement  de 
parler  des  archets.  De  telle  sorte  que,  rien  qu'en 
ce  qui  concerne  la  France,  il  a  passé  sous  si- 
lence les  noms  de  tous  ces  archettistes  fameux , 
Tourte,  Peccate,  Lafleur  et  tant  d'autres,  dont 
les  produits,  devenus  rares,  sont  aujourd'hui 
recherchés  du  monde  entier  et  atteignent  des 
prix  exorbitants.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  ob- 
servation, le  livre  de  M.  Hart  mérite  de  prendre 
place  dans  toute  bibliothèque  musicale  digne 
de  ce  nom  ,  car  il  comble  une  lacune  importante 
et  regrettable  (1). 

*  HARTMANN  (Jean-Pierre-Émile).  Aux 
ouvrages  cités  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  un 
opéra,  la  Fille  du  roi  des  Aulnes,  représenté 
à  Copenhague  au  mois  de  novembre  1867,  les 

0)  Depuis  que  celte  notice'est  écrite,  M.  Vidal  [Voy.  ce 
nom)  a  public  sous  ce  titre:  les  Instruments  à  archet, 
les  deux  premiers  volumes  d'un  ou\rage  extrêmement 
considérable,  consacré  non-seulement  au  violoD,  mais  à 
tous  les  instruments  de  cette  famille. 


ouvertures ,  marches  et  «hœurs  écrits  par  lui 
pour  Ondine,  dame  de  Borggaard,  et  pour  plu- 
sieurs tragédies  et  drames  du  grand  poète  Œh- 
lenschiaeger,  un  certain  nombre  de  cantates  reli- 
gieuses et  profanes  ,  dont  une  fut  composée  pour 
les  funérailles  du  célèbre  statuaire  Thorwaldsen  , 
des  symphonies ,  un  concerto  de  violon ,  et  loute 
une  série  de  chansons  originales  qui  ont  joui 
d'une  grande  vogue  non-seulement  en  Danemark, 
mais  aussi  en  Allemagne.  Membre  de  la  Société 
musicale  de  Copenhague,  M.  Hartmann  fut 
nommé  en  1840  directeur  du  Conservatoire  de 
cette  ville,  et  peu  d'années  après  organiste  de 
l'église  napolitaine.  En  1849,  il  devint  maître  de 
chapelle  particulier  du  roi. 

M.  Hartmann  est  considéré  comme  un  des  plus 
grands  musiciens  dejson  pays,  au  point  de  vue 
dramatique  et  en  ce  qui  concerne  la  puissance 
chorale.  Il  a  fêté  en  1874,  à  Copenhague,  sa 
cinquantaine  artistique  par  un  giand  concert  au- 
quel assistaient  le  roi  et  toute  la  famille  royale. 
Le  produit  de  ce  concert  était  destiné  à  former 
la  base  d'une  fondation  qui  porte  le  nom  de  Hart- 
mann. A  cette  occasion,  le  .souverain  nomma  le 
grand  artiste  chevalier  de  l'ordre  du  Danebrog. 
Le  fameux  sculpteur  danois  Vilhelm  Bissen  a 
fait  un  très-beau  buste  de  son  compatriote  Hart- 
mann. 

*HARTOG  (EDOUARD DE),  compositeur  dis- 
tingué, s'est  vu  obligé  depuis  plusieurs  années, 
après  avoir  étudié  la  musique  en  vue  de  son  .sim- 
ple agrément,  de  chercher  dans  l'exercice  de  cet 
art  les  ressources  que  la  perte  de  sa  fortune  lui 
avait  enlevées.  11  est  aujourd'hui  fixé  à  Paris, 
où  il  se  livre  à  l'enseignement  de  l'harmonie,  du 
contrepoint  et  du  piano  ,  sans  pour  cela  négliger 
la  pratique  de  la  composition.  M.  de  Hartog  a 
fait  représenter  au  Théâtre-Lyrique ,  le  29  mars 
1865,  un  opéra-comique  en  un  acte,  le  Mariage 
de  don  Lope,  qui  a  été  favorablement  accueilli 
parle  public  :  le  30  mai  1868,  il  donnait  aux 
Fantaisies-Parisiennes  (de  Paris) un  autre  ouvrage 
en  un  acte,  V Amour  mouillé ,  qu'il  retira  pres- 
que aussitôt ,  l'interprétation  lui  semblant  insuf- 
fisante, et  qu'il  fit  jouer  ensuite  (1873)  aux  Fan- 
taisies-Parisiennes de  Bruxelles,  où  la  partition 
obtint  un  vif  succès  sous  le  nouveau  titre  de 
l'Amour  et  son  hdle.  Il  a  publié,  dans  ces  der- 
nières années ,  deux  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  violoncelle,  le  Psaume  XLIll,  pour  soli , 
chœurs  et  orchestre,  composition  qui  a  obtenu 
de  grands  succès  en  Allemagne  et  dans  les  Pays- 
Bas,  et  une  Suite  pour  quatuor  d'instruments  à 
cordes  qui  fait  partie  du  répertoire  du  célèbre 
Quatuor  florentin  de  M.  Jean  Becker.  M.  de 
Hartog  a  en  portefeuille  les  compositions  sui- 


452 


vantes,  encore  inédites  :  2 
d'instruments  à  cordes;  Prologue  symplionique 
pour  la  Jeanne  d'^rc  de  Schiller;  Messe  avec 
orchestre;  six  duos  pour  voix  de  femmes.  Il  tra- 
vaille en  ce  moment  à  un  grand  opéra  sur  un  li- 
vret de  M.  Jules  Barbier,  à  une  symphonie  à  grand 
orchestre,  et  à  une  vaste  composition,  la  Fdret, 
pour  soli,  chœurs  et  orchestre. 

M.  Edouard  de  Hartog,  qui  est  membre  de  la 
Société  néerlandaise  pour  l'encouragement  de 
l'art  musical,  est  l'un  des  collaborateurs  du 
Supplément  à  la  Biographie  universelle  des 
Musiciens. 

HASERT  (Rodolvhe),  pianiste  et  docteur 
en  théologie,  né  à  Greifswald  le  4  février  1826, 
fut  élève  de  Kullak  pour  le  piano  et  de  Dehn  pour 
la  composition,  et  travailla  à  Berlin,  sous  la  di- 
rection de  ces  deux  artistes,  de  1848  à  1850.  Il 
acquit  un  véritable  talent  de  virtuose,  et  entre- 
prit bienlôt  un  grand  voyage  artistique,  se  fai- 
sant entendre  successivement  à  Stockholm,  à 
Gotlienbourg,  à  Christiania,  à  Copenhague,  à  Pa- 
ris (1855),  à  Weimar,  auprès  de  Liszt,  puis  enfin 
à  Berlin,  oii  il  se  retrouvait  au  commencement 
de  l'année  ISfiO  et  où  il  se  produisait  à  la  lois, 
dans  trois  concerts  successifs,  comme  virtuose 
et  comme  compositeur.  Il  s'établit  alors  dans  la 
capitale  de  la  Prusse  comme  professeur,  et  y 
resta  jusqu'en  1869.  Depuis  1872,  M.  Hasert  est 
pasteur  de  l'église  évangélique  de  Raltenow. 

*  HASLlA^GElî  (Cu.\RLES),  éditeur  de  mu- 
sique à  Vienne,  e4  mort  en  1868,  à  l'âge  d'envi- 
ron cinquante-deux  ans.  La  maison  qu'il  dirigeait 
fut,  après  sa  mort,  dirigée  par  sa  veuve,  qui  la 
céda,  vers  1876,  à  l'éditeur  Lienau,  de  Beilin. 

lIATTOiX  (J....-L ),  compositeur  an- 
glais contemporain,  est  né  à  Liverpool  vers  1815. 
Après  avoir  reçu  quelques  leçons  élémentaires 
de  musique,  il  s'est,  dit-on,  formé  lui-même,  el 
s'établit  à  Londres  à  l'âge  de  vingt  ans  environ. 
Là,  il  commença  à  se  produire  comme  compo- 
siteur, et  eut  une  part  de  collaboration  dans  un 
ouvrage  intitulé  Acis  et  Gakithée,  représi-nté  au 
théâtre  Drury-Lane  en  1843.  L'année  suivante 
il  donnait  à  ce  théâtre  son  premier  opéra  ,  Qneen 
of  the  Thames  {la  Reine  de  la  Tamise),  puis 
partait  pour  l'Autriche,  et  faisait  représenter  à 
Vienne  un  autre  ouvrage  dramatique,  Pascal 
Bruno.  De  retour  en  Angleterre,  il  donnait  sans 
succès  à  Covent-Garden,  en  1864,  Rose,  or  Lo- 
ve's  Ransom  (Rose,  ou  la  Rançon  de  l'amour) 
et  peu  après  devenait  directeur  de  la  musique  au 
Princess's  Théâtre. 

M.  Halton  a  écrit  encore  plusieurs  autres  opé- 
ras ;  Sardanapale,  Pizarre,  Henri   VIII,  Ri 
chard  ÏI,  le  Roi  Lear;  j'ignore  si  ces  ouvrages 
ont  été  représentés.  Mais  on  doit  aussi  à  cet  ar- 


HARTOG    (DE)  —  HAUFF 
suite  pour   quatuor      tisfe  une  ouverture  et  des    entr'actes  pour  un 


drame  de  Faust  et  Marguerite,  une  cantate  in- 
titulée Robin  Hood,  exécutée  au  festival  de 
Brailford,  diverses  compositions  pour  l'église,  et 
un  grand  nombre  de  murceaux  de  chant,  dont 
plusieurs  sont  devenus  populaires.  Le  nombre 
de  ses  œuvres  s'élève  à  plus  de  cent  cinquante. 

HAUBAULT  (Madame),  virtuose  habile 
sur  la  basse  de  viole,  vivait  au  dix-huitième  siè- 
cle, et  obtint  des  succès  en  se  faisant  entendre  au 
Concert  spirituel.  Daquinen  parle  ainsi  dans  son 
Siècle  littéraire  de  Louis  XV  (l'53)  :  —  «  La 
légèreté,  la  précision,  la  finess^de  son  coup  d'ar- 
cliet,  ses  sons  articulés  et  flatteurs,  lui  ont  attiré 
les  applaudissements  du  public  au  Concert  spi- 
rituel. Les  femmes  à  présent  se/lislinguent  dans 
tous  les  genres,  la  plupart  sont  autant  de  fées 
qui  chacune  ont  leur  pm'ssance  et  leur  emploi; 
voilà  les  véritables  Muses,  celles  du  Parnasse  ne 
sont  que  bien  imaginées.  » 

*  II AUFF  (Guillaume-Gottlieb)  .  M.  Edouard 
Gregoir,  dans  ses  Artistes  musiciens  néerlan- 
dais, fait  naître  ce  musicien  à  Gotha  vers  1755, 
et  dit  qu'il  se  fixa  à  Nimègue,  oîi  il  devint  orga- 
niste <le  la  grande  église  et  où  il  mourut,  d'une  at- 
taque d'apoplexie,  le  14  mai  1817.  Les  jour- 
naux de  1789  firent  l'éloge  d'une  cantate  de  sa 
composition  :  De  dond  van  Jésus  Cluistus.  Cet 
artiste  aurait  composé  aussi  plusieurs  autres  can- 
tates, des  concertos  de  piano,  de  violon,  d'alto, 
de  cor  et  de  trompette,  dont  plusieurs  ont  été 
publiés  à  Utrecht,  chez  G.  Van  Paslenburg. 

HAUFF  (Ferdinand),  frère  du  précédent, 
mort  en  1812,  voyagea  pendant  longtemps  en  Al- 
lemagne et  en  Hollande  en  donnant  des  concerts. 
C'était,  dit-on  ,  un  organiste  de  premier  ordre, 
mais  un  compositeur  médiocre,  quoiqu'il  ait  pu- 
plié  chez  J.  Hummel,  à  Amsterdam,  des  sonates 
pour  clavecin,  violon  et  violoncelle. 

HAUFF  (Giiillai;me-G.  T.),  fils  de  Guil- 
laume-Gotllieb,  né  à  Nimègue  en  1793,  était  si 
bien  doué  pour  la  musique  qu'à  l'âge  de  douze 
ans  il  lui  arrivait  de  remplacer  son  père  à  l'or- 
gue. Plus  tard,  il  devint  organiste  de  l'église  de 
la  Montagne  de  sa  ville  natale,  puis  de  l'église 
Saint-Martin  à  Gioningue,  où  il  mourut  le  31  oc- 
tobre 1838.  Il  a  publié  dans  cette  dernière  ville  : 
les  150  psaumes  avec  saints  et  prières,  pour  or- 
gue ou  piano  ;  6  préludes  et  sorties  pour  or- 
gue; 15  chansons  d'école,  avec  accompagne- 
ment de  piano;  préluiles  pour  l'usage  des 
psaumes;  6  valses  pour  piano.  Ces  compositions 
sontjnédiocres.  —  Le  fils  de  cet  artiste,  M.  Guil- 
laume  Hauff,  élève  de  son  père,  est  devenu  or- 
ganiste de  l'église  de  l'hôpital  de  Groningue, 
puis  de  l'église  réformée  de  Kampen,  où  il  rem- 
plit aussi  les  fonctions  de  carillonneur.  Il  a  faij 


FHAUFF  —  HAYDN 


453 


une  traduction  hollandaise  du  Traité  de  contre- 
point et  de  fugue  de  Cherubini,  mais  je  ne  crois 
pas  que  ce  travail  ait  été  publié. 

HACJFF  (Jouann-Christian), compositeur  et 
théoricien  renommé,  est  né  à  Francfort-sur-le- 
Mein  le  8  septembre  1811.  Il  étudia  la  flûte,  le 
violon  et  le  piano,  et  à  17  ans  faisait  partie  de 
l'orchestre  du  théâtre  de  sa  ville  natale.  Il  tra- 
vailla ensuite  la  composition,  produisit  plusieurs 
œuvres  importantes,  acquit  une  réelle  réputation 
comme  professeur  et  comme  didacticien,  et  enfin 
fonda  à  Francfort  une  école  de  musique  dont  il 
fut  le  directeur  et  l'un  des  maîtres  les  plus  es- 
timés. Outre  un  grand  ouvrage  publié  sous  le 
titre  de  Théorie  de  ta  composition  (Francfort, 
1863,  un  vol.),  on  doit  à  cet  artiste  des  sympho- 
nies, des  quatuors  pour  instruments  à  cordes  , 
des  quatuors  et  des  trios  pour  piano  et  instru- 
ments à  cordes,  des  sonates  pour  piano  seul, 
des  motets,  etc. 

*HAUPTMAIViV  (Maukice),  compositeur 
et  savant  écrivain  sur  la  musique,  est  mort  à 
Leipzig  le  4  janvier  18G8.  Cet  artiste  était  né  à 
Dresde  non  en  1794,  mais  le  13  octobre  1792. 
Sous  ce  titre  :  Les  lettres  de  Moritz  Haupt- 
mann  à  Spohr  et  à  d'autres  compositeurs , 
M.  Ferdinand  Hiller  {Voy.  ce  nom)  a  réuni  en 
un  volume  et  publié  en  1876  la  correspondance 
musicale  de  cet  artiste  intéressant. 

Hauptmann  était  considéré  dans  toute  l'Alle- 
magne comme  un  artiste  de  premier  ordre.  A 
Leipzig,  il  était  l'objet  d'une  véritable  vénéra- 
tion, et  lors  de  sa  mort  les  grandes  sociétt-s  mu- 
sicales de  cette  ville,  Geivandhaus,  Euterpe, 
consacrèrent  des  concerts  à  sa  mémoire  et  à  l'exé- 
cution de  quelques-uns  de  ses  meilleurs  ouvra- 
ges. 

Parmi  les  compositions  nombreuses  de  Haupt- 
mann qui  n'ont  pas  été  mentionnées  dans  la  Bio- 
graphie universelle  des  Musiciens,  je  citerai  les 
suivantes  :  Motels  pour  voix  seule  et  clidurs, 
op.  34,  40  et  41  ;  3  chants  pour  chœur  et  orches- 
tre, op.  43  ;  6  lieder  à  4  voix,  op.  32  ;  canons 
italiens  et  allemands  pour  3  sopranos,  op.  50; 
6  lieder  à  4  voix,  op.  47;  12  lieder,  op.  46; 
12  lieder  sur  des  paroles  de  Riickert,  op.  49; 
6  lieder,  op.  55. 

*  HAUPTiVIAIMV'  (Laurent),  est  mort  à 
Vienne  le  25  mai  1870. 

*  HAUSER  (François),  ancien  directeur  du 
Conservatoire  de  Munich,  est  mort  à  Fribourg  le 
14  août  1870. 

HAUSER  (Michel,  connu  sous  le  nom  de 
de  Misra),  violoniste  et  compositeur  pour  son 
instrument;,  naquit  à  Presbonrg  (Hongrie)  en 
1822.   Dès  l'enfance,  son  goût  pour  la   musi- 


que était  si.  ardent  qu'il  en  oubliait   les  jeux  de 
son  âge.  Il   commença  l'étude   du  violon  avec 
Conraiiin  Kreutzer,  et  à  douze  ans  put  se  pro- 
duire en  public  avec  succès.  Il  se  perfectionna 
au  Conservatoire  de  Vienne  sous  la  direction  de 
Mayseder,  et  devint  pour  la  composition  l'élève 
de  Secliter.  Lorsqu'il  eut  tout  à  fait  formé  son 
talent,  il  entreprit  avec  son  père,   qiii,  comme 
amateur,  était  lui-même  un  violoniste  distingué, 
une  excursion  artistique  un  peu  timide  en  Alle- 
magne. Le  succès  l'ayant  encouragé,  il  se  dirigea 
bientôt  vers  le  nord,  et  visita  successivement  le 
Danemark,  la  Suède,  la  Norwége,  la  Fionie,  et 
traversa  toute  la   Russie  jusqu'à  la  Sibérie.  De 
retour  à  Vienne  en   1848,  il  en  repartit  presque 
aussitôt  pour  l'Angleterre,  et  de  là  s'embarqua 
pour  l'Amérique,  où  il  visita  le  Canada,  les  Étals- 
Unis,  le  Pérou  et  la  Californie,  pénétrant  ensuite 
jusqu'en  Australie ,  et  partout  donnant  des  con- 
certs avec  le  pianiste  Lavencau,  le  chanteur  Gé- 
rold,   et  M"*  Pallinos,  cantatrice  distinguée.  Il 
était  Vimpresario  de  cette  petite  compagnie,  et 
ne  donnait  pas  moins  de  60  dollars  par  jour  à 
chacun  des  artistes  qui  étaient  avec  lui.  De  tous 
les  points  «lu  globe  où  il  s'arrêtait   dans  cette 
tournée  colossale,  Miska  Hauser,  qui  n'est  pas 
seulement  un  virtuose  remarquable,  mais  qui  est 
aussi  un  homme  d'esprit  et  un  observateur,  en- 
voyait à  l'un  des  principaux  journaux  de  Vienne, 
VOstdeusche-Post,  des  lettres  familières,  fines, 
humoristiques,  dans  lesquelles  il  retraçait,  au 
courant  d'une  plume  alerte  et  facile,  les  péripé- 
ties et  les  impressions  de  son  voyage.  Ces  lettres 
eurent   un   grand   retentissement,  passèrent  de 
VOstdeusche-Post  dans   toutes  les  feuilles  alle- 
mandes, et  de  là  dans  un  grand  nombre  de  jour- 
naux étrangers.  A  son  retour  en  Europe,  Miska 
Hauser  mit  en  ordre  cette  correspondance,  et  la 
publia  sous  le  titre  de  Journal  de  voyage  d'un 
virtuose    autrichien  ,    lettres  de  Californie, 
Sud- Amérique,    Australie,  (Leipzig,   1858-59, 
2  vol.).  Depuis  lors,  cet  artiste  a  entrepris  de 
nouveaux  voyages,  a  visité  la  Turquie  et  l'Italie, 
et  s'est  fait  partout  a[)plaudir.  Il  a  publié  pour 
le  violon  un  certain  nombre  de  compositions , 
dont  quelques-unes  ont  été  fort  bien  accueillies. 
*  HAYDJX  (François  Josei'h).  Je  crois  utile 
de  donner  ici  la  liste  des  écrits  publiés  sur  ce 
maître  immortel  depuis  l'apparition  de  la  Bio- 
graphie  universelle  des  Musiciens  :  1°  la 
Jeunesse  de  Haydn,  suivie  d'une  notice  sur 
Auguste  Pajou,  par  M'"*  A.  Grandsard,  Paris, 
1864.  in-8°  de  142  pp.  ;  2°  Joseph  Haydn.  Ein 
lebensbild,   par   C.-A.    Ludwig,    Nordhausen, 
1867  (ouvrage  traduit  et  publié  sous  ce  titre  dans 
le  journal  français    l'Art   musical   de  1869    : 


454 


HAYDN  —  HÉBERT-MASSY 


Joseph  Haydn ,  biographie  d'après  les  sources 
authentiques  par  Charles  Ludwig,  par  F.  Herzog); 
3°  Mozart  und  Haydn  in  London,  par  C.  F. 
PohI,  Vienne,  1867,  2  vol.  ;  4°  Haydn,  sa  vie  et 
ses  œuvres,  par  H.  Barbedette  (inséré  dans  le 
journal  le  Ménestrel  de  1870  et  1871,  mais  non 
publié  en  volume)  ;  5°  Joseph  Haydn  ,  par  C. 
F.  Pohl,  Berlin,  Sacco,  1875,  in-8°  (le  1^^  volume 
seul  est  publié  jusqu'à  ce  jour,  le  second  et 
dernier  paraîtra  prochainement);  6°  Joseph 
Haydn  und  sein  brader  Michael  Haydn, 
zivei  bio-bibliographische  Skizzen  (  Joseph 
Haydn  et  son  frère  Michel  Haydn,  deux  es- 
quisses bio-bibliographiques),  \ieime ,  impr. 
delà  cour  et  de  l'État,  1861. 

*  HAYDI\  (JE4N-MicnEL;).  L'écrit  suivant 
a  été  publié  sur  cet  artiste  :  Biographische 
Skizze  von  Michael  Haydn  (Esquisses  biogra- 
phiques sur  Michel  Haydn  ) ,  par  Scliinn  et 
Otter,  Salzbourg,  1808. 

HAYES  (M'"«  CATHEniNE  BUSHYELL, 
née),  cantatrice  d'un  remarquable  talent,  était  née 
en  Irlande  vers  1825,  et  avait  fait  son  éducation 
musicale  à  Dublin,  sous  la  direction  d'un  profes- 
seur italien  nommé  Sapio.  Elle  acquit  rapide- 
ment une  véritable  popularité  comme  chanteuse 
de  concert,  mais  lorsqu'elle  eut  eu  l'occasion 
d'entendre,  à  Dublin,  Mario  et  la  Grisi,  elle  fut 
tellement  frappée  de  leur  talent  et  de  l'impres- 
sion que  tous  deu\  produisaient  sur  le  public, 
qu'elle  résolut  de  se  perfectionner  et  d'étudier 
en  vue  de  la  scène  lyrique.  Elle  se  rendit  alors 
à  Paris,  oii  elle  travailla  avec  Manuel  Garcia , 
puis  à  Milan,  où  elle  prit  des  leçons  de  Felice 
Ronconi,  après  quoi  elle  alla  débuter  à  Marseille, 
en  1845,  dans  i  Purilani,  de  Bellini.  Son  suc- 
cès ayant  été  très-grand,  elle  ne  craignit  plus 
d'aborder  les  grandes  scènes  de  Vienne,  de  Mi- 
lan, de  Venise  et  des  principales  villes  de  l'Ita- 
lie, où  elle  remporta  de  véritables  triomphes.  En 
1849,  elle  parut  pour  la  première  fois  à  Londres, 
où  elle  ne  fut  pas  moins  bien  accueillie,  puis 
elle  alla  aux  Indes,  en  Amérique,  et  jusqu'aux 
îles  Sandwich  et  en  Australie.  De  retour  en  Eu- 
rope, elle  épousa  on  1857  M.  Bushnell,  qui  la 
laissa  bientôt  veuve;  mais  elle  ne  survécut  pas 
longtemps  à  son  mari,  car  elle  mourut  à  Syden- 
ham,  près  de  Londres,  le  11  août  1801. 

Au  dire  de  Mendelssohn,  l'Angleterre  a  fourni  à 
l'Italie,  au  dix-neuvième  siècle,  trois  grandes  can- 
tatrices :  Clara  Novello,  M""^  Bishop,  et  Cathe- 
rine Hayes.  Celle-ci  était  douée  d'une  voix  pure 
et  suave,  et  de  manières  douces  et  affables,  que 
le  succès  ne  changea  point.  Très- impressionna- 
ble, elle  était  sévère  pour  elle-même,  et  le  moin- 
dre  contre-temps  était  susceptible  de  la  priver 


de  ses  moyens.  Son  soprano  clair  et  argentin  pro- 
duisait un  effet  merveilleux,  et  son  sentiment 
dramatique  était  des  plus  remarquables.  Elle 
était  surtout  incomparable  ,  dit -on,  dans  Lucia 
di  Lamermoor  etdansAmina  de  la  Sonnam- 
bula. 

Le  corps  de  cette  grande  artiste  repose  dans 
le  cimetière  de  Kensal  Green. 

*  HAYM  (Gilles).  L'article  consacré  à  cet 
artiste  et  celui  concernant  Gilles  Hcnnius,  au 
tome  IV  de  la  Biographie  universelle  des  Mu- 
siciens, se  rapportent  à  un  seul  et  même  person- 
nage, dont  le  nom  fut  sans  doute  parfois  latinisé, 
comme  il  arrivait  encore  à  l'époque  où  vivait  cet 
artiste,  c'est-à-dire  au  dix-septième  siècle.  De 
là  l'erreur  commise  à  son  sujet. 

HÉBERT-MASSY  (M'"'' Marie),  chanteuse 
fort  distinguée ,  qui  eut  son  heure  de  vogue , 
sinon  de  célébrité,  s'appelait  Giacomasci,  et  fut 
connue  d'abord  sous  le  nom  de  M""  Massy, 
jusqu'au  jour  où  elle  épousa  le  chanteur  Hébert, 
son  camarade  de  l'Opéra-Comique ,  dont  elle 
joignit  le  nom  au  sien.  M"*^  Massy  débuta  à  ce 
théâtre  vers  1832  ,  et  son  succès  fut  tel  qu'elle 
lut  presque  immédiatement  reçue  sociétaire.  Un 
critique  disait  d'elle  en  1833  :  «  M"^  Massy  dé- 
bute à  peine,  et  sa  réputation  est  déjà  colossale. 
Nous  craiiinons  que  des  éloges  exagérés  ne  nui- 
sent au  développement  du  talent  précoce  de  cette 
jeune  actrice,  dont  la  voix  a  besoin  d'être  mé- 
nagée, et  à  laquelle  on  confie  des  rôles  qui  sont 
un  peu  au-dessus  de  ses  forces.  M"'=  Massy  a  des 
rôles  importants  danstous  lesouvrages  nouveaux. 
Elle  s'acquitte  parfaitement  de  ceux  qui  lui  ont 
été  confiés  dans  le  Pré  aux  Clercs  (c'est  elle 
en  effet  qui  créa  le  joli  petit  rôle  de  Nicette) , 
fAidovic,  la  Prison  d' Edimbourg  et  le  Pros- 
crit; mais  elle  consulte  peut-être  plus  son  zèle 
que  ses  forces  en  se  constituant  ainsi  l'atlas  du 
théâtre  dont  elle  fait  partie.  »  Malgré  son  très- 
grand  succès,  M"*  Hébert-Massy  ne  resta  que 
trois  ou  quatre  ans  à  l'Opéra-Comique,  et  bientôt 
s'en  alla  dans  les  grandes  villes  de  la  province 
et  de  l'étranger,  où  elle  retrouva  la  faveur  du 
public.  En  1847,  elle  revint  à  Paris  et  fit  une 
courte  apparition  à  fOpéra ,  où  elle  se  montra 
dans  Lucie  de  Lamermoor';  puis  comme  elle 
joignait  à  son  talent  de  chanteuse  de  très-réelles 
facultés  de  comédienne,  elle  fut  engagée  au 
théâtre  de  la  Porte  Saint-Martin,  où  l'on  fit  pour 
elle  un  grand  drame  mêlé  de  musique,  la  Fari- 
dondaine,  dans  lequel  Adolphe  Adam  lui  tailla 
un  rôle  musical  très-développé.  La  pièce  et  la 
cantatrice  attirèrent  la  foule  à  ce  théâtre  pendant 
plusieurs  mois,  et  cependant  31™^  Hébert-Massy, 
à  part  une  nouvelle  et  courte  apparition  qu'elle 


HÉBERT-MASSY  —  HEISE 


455 


fit  vers  1853  à  l'Opéra,  où  ,  entre  autres  rôles  , 
elle  chanta  celui  de  Bertha  dans  le  Prophète, 
ne  trouva  pas  le  moyen  de  se  faire  engager  sur 
une  de  nos  grandes  scènes  lyriques.  Elle  se  re- 
tira alors  à  Toulouse,  et  fut  bientôt  nommée  pro- 
fesseur au  Conservatoire  de  cette  ville.  Elle  y 
est  morte  au  mois  de  mai  1875,  âgée  de  soixante- 
deux  ans. 

*  IIÉDOUIIV  (PiEKRE).  Au\  écrits  mention- 
nés ail  nom  de  cet  artiste,  il  faut  ajouter  l'opus- 
cule suivant  :  Esqrtisse  bingraphique  sur 
M""'  Sc/o,  née  Legrand  (Lille,  j857,  in-S"). 
Hédoiiin  est  mort  à  Paris,  au  mois  de  décembre 
1868. 

HEGAR  (Friedrich),  violoniste  et  composi- 
teur suisse,  né  à  Bàle  le  11  octobre  IMi,  a  été 
élève  du  Conservatoire  de  Leipzig  de  1857  à  1860, 
et  fut  ensuite  un  instant  concertmeister  à  Var- 
sovie. Il  vint  à  Paris  en  1861,  et  accepta  en  1865 
l'emploi  de  directeur  de  musique  et  de  chef  d'or- 
chestre au  théâtre  de  Zurich.  On  doit  à  ce  jeune 
artiste  quelques  compositions  intéressantes , 
parmi  lesquelles  il  faut  signaler  un  Hymne  à  la 
musique,  pour  soprano,  contralto,  ténor  et 
baryton ,  avec  accompagnement  d'orchestre,  op. 
2  ;  un  concerto  de  violon,  avec  accompagnement 
d'orchestre  ou  de  piano,  op.  3  ;  un  recueil  de 
lieder  avec  piano,  op.  7  ;  3  chœurs,  op.  8 ,  etc. 

Le  frère  cadet  de  cet  artiste ,  Emile  Hegar, 
violoncelliste  fort  distingué,  né  à  Bâle  le  3  jan- 
vier 1843,  a  été,  comme  lui,  élève  du  Conserva- 
toire de  Leipzig.  Il  est  aujourd'hui  fixé  en  celte 
ville,  où  il  occupe  les  fonctions  de  premier  vio- 
loncelliste au  théâtre  ainsi  qu'à  la  société  du 
Gew.mdliaus. 

IIEIJE  ou  HEYE  (Le  docteur  Jean-Pierre), 
poète  néerlandais  fort  distingué  et  musicien 
amateur,  s'est  fait  un  renom  dans  sa  patrie,  et 
même  dans  la  partie  flamande  de  la  Belgique , 
par  ses  chansons  et  ses  poésies  populaires,  qui 
se  faisaient  remarquer  par  un  esprit  délicat  et 
par  la  peinture  des  sentiments  les  plus  élevés. 
Le  docteur  Heije  était  l'un  des  dilettantes  les  plus 
instruits  et  les  plus  dévoués  à  l'art  que  l'on  put 
trouver  dans  les  Pays-Bas.  Président  pendant 
longues  années  de  la  Société  pour  la  propagation 
du  chant  populaire,  secrétaire  et  le  membre  le 
plus  actif  de  la  Société  pour  l'encouragement  de 
l'art  musical,  il  a  pris  la  part  la  plus  importante 
au  recueil  de  travaux  historiques  publié  par  cette 
dernière,  et  s'est  dévoué  avec  un  zèle  et  une  ar- 
deur dignes  des  plus  grands  éloges  à  la  formation 
de  la  riche  bibliothèque  de  cette  compagnie. 
Traducteur  des  poèmes  d'un  certain  nombre  d'o- 
ratorios célèbres,  le  docteur  Heije  était  aussi 
compositeur,  et  plusieurs  de  ses  mélodies  sont 


remarquables  par  leur  fraîcheur  et  leur  simpli- 
cité. Cet  homme  fort  distingué  est  mort  à  Ams- 
terdam, le  24  février  1876,  âgé  de  67  ans. 

Ed.  de  h. 

HEIi\E  (F ),  compositeur  allemand  con- 
temporain, a  publié  plusieurs  œuvres  intéressan- 
tes ,  parmi  lesquelles  une  symphonie  à  grand 
orchestre,  une  ouverture  de  concert,  un  recueil 
de  lieder  avec  accompagnement  de  piano,  etc. 
Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur  cet 
artiste. 

'  HEI^EFETTEU  (Svrine),  cantatrice 
distinguée,  est  morte  à  Jucbau  le  18  novembre 
1872.  Cette  artiste  avait  épousé  un  commerçant 
de  Marseille  nommé  Marque! ,  et  s'était  retirée 
du  théâtre. 

*  HEIIXEFETTER  (C-vtinrv),  cantatrice, 
sœur  de  la  précédente,  fut  attachée  pendant  quel- 
que temps  à  l'Opéra  de  Paris ,  en  qualité  de 
première  chanteuse.  Sa  beauté  était  resplendis- 
sante. Elle  est  morte  à  Fribourg  en  Brisgau,  le 
20  décembre  1858,  à  l'âge  de  37  ans  seidement, 
des  suites  d'une  maladie  de  cœur. 

HEINEMA1\  (Je.vn),  facteur  de  clavecins, 
quoique  aveugle ,  exerçait  cette  profession  à 
Anvers  dans  les  dernières  années  du  dix-huitième 
siècle.  On  connaît  encore  de  lui  un  clavecin  à 
queue,  qui  porte  l'inscription  suivante  ;  Joanncs 
He'meman  me  fecït  a  °  1793,  Antwerpi^v. 

HEINE.VIEYER  (Chrétien)  ,  flrttiste  alle- 
mand très  estimé,  né  au  mois  de  septembre  1796, 
mort  à  Hanovre  le  6  décembre  1872,  s'est  fait 
une  réputation  méritée  comme  virtuose. 

HEIXEMEYER  (Ernest-Guillaume),  fils 
du  précédent,  né  à  Hanovre  le  25  février  1827, 
fut  élève  de  son  père,  devint  un  flûtiste  extrê- 
mement remarquable  et  acquit  ime  renommée 
qui  surpassa  de  beaucoup  celle  de  ce  dernier.  Il 
fut  pendant  plusieurs  années  professeur  au  Con- 
servatoire de  Saint-Pétersbourg  et  première  flûte 
au  théâtre  de  cette  ville.  Il  mourut  jeune,  à 
Vienne,  le  12  février  1869.  On  lui  doit  quelques 
compositions  pour  son  instrument. 

*HEli\RICHS  (Antoine-Philippe),  musicien 
bohémien,  est  mort  à  New -York  le  23  novembre 
1861. 

HEISE  (P ),  compositeur  danois,  a  fait 

représenter  sur  le  théâtre  de  Copenhague  ,  au 
mois  de  septembre  1869,  un  opéra  intitulé  la 
Fille  du  Pacha.  Cet  artiste,  alors  à  l'aurore 
de  sa  carrière  ,  n'avait  pas  lutté  moins  de  cinq 
années  pour  pouvoir  enfin  présenter  son  œuvre 
au  public.  Celle-ci  obtint  néanmoins  un  grand 
succès ,  et  fut  considérée  comme  extrêmement 
remarquable.  Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements 
sur  ce  compositeur. 


456 


HEISER  —  HELLER 


HEISEU  (Wilhelm),  chanteur  et  composi- 
teur, est  né  à  Berlin  le  15  avril  1817.  Doué  d'une 
belle  voix  de  soprano ,  il  lit  partie  dès  l'âge  de 
douze  ans  des  chœurs  de  l'Opéra  et  de  ceux  de 
la  chapelle  royale.  Après  avoir  fait  de  bonnes 
études  musicales,  il  embrassa  la  carrière  lyrique, 
et  devint  chanteur  au  théâtre  de  la  cour,  à 
Schwerin,  puis  à  Sondersliausen  ;  mais  il  aban 
donna  bientôt  la  scène  pour  se  livrer  exclusive- 
ment à  la  composition.  Devenu  chef  de  musique 
du  régiment  des  fusiliers  de  la  garde  en  1853,  il 
quitta  le  service  militaire  en  1866,  et  depuis  lor.s 
s'est  consacré  à  l'enseignement ,  où  ,  dit-on,  il 
excelle.  On  doit  à  cet  artiste  plus  de  100  iieder 
de  genres  différents,  de  la  musique  de  danse, 
des  marches  pour  le  piano ,  et  enfin  un  petit 
opéra  qui  a  été  donné  avec  succès  sur  l'un  des 
théâtres  de  Berlin. 

HELLE  (Antoine),  compositeur,  a  fait  son 
éducation  à  l'École   de  musique   religieuse   de 
Paris ,  après  quoi  il  est  devenu  maître  de  cha- 
pelle de   la  basilique  de  Saint-Epvre,  à  Nancy, 
où  il  a  fait  exécuter,  le  7  juillet   1875,  pour  la 
cérémonie  solennelle  de  la  consécration  de  celte 
basilique,  une  cantate-oratorio  intitulée  les  Ma- 
gnificences du  culte  catholique.  La    partition 
pour  chant  et  piano  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
à  Paris,  chez  l'éditeur  Richault.   M.  Hellé  est 
directeur  de  la  .société  chorale  Alsace- Lorraine. 
Il  a  publié  quelques  compositions  pour  l'orgue, 
entre  autres  un  grai.d  olferluire  et  deux  éléva- 
tions, (Richault),  un  offertoire  et  trois   messes 
(  id.),  ainsi  qu'un  traité  intitulé  VArt  d'impro- 
viser ou  l'Ami  de  l'organiste  (Paris  et  Bruxel- 
les, Schott ,  in-f»).  On  doit  encore  à  cet  artiste 
une  publication  faite  sous  ce  titre  :  Le  Trésor 
des  maîtrises,  recueil  d'harmonies  faites  sur  des 
morceaux  de  plain -chant  qui  sont  chantés  aux 
messes,  vêpres  et  compiles,  saluts  du  dimanche. 
^  HELLEIXDAAL  (Pierre)  ,  violoniste  néer- 
landais du  dix-hiiilièirie  siècle  ,  se  rendit  vers 
1740  en  Italie,  pour  prendre  des  leçons  de  Tar- 
tini,  et  à  son  retour  se  fixa  à  Amsterdam.  11  a 
publié  en  cette  ville  deux  livres  de  chacun  six 
sonates  pour  violon.  On  ignore  les  dates  de  la 
naissance  et  de  la  mort  de  cet  artiste. 

*  HELLER  (Stephen).  Cet  artiste  extrême- 
ment remarquable  est  depuis  longues  années  fixé 
à  Paris,  où  il  passe  tous  les  hivers  et  d'où  il  se 
rend  chaque  été  en  Suisse.  Stephen  Heller,  un 
des  poètes  les  plus  exquis  du  piano,  a  su  se  faire 
une  place  à  part,  et  des  plus  brillantes,  parmi 
les  compositeurs  pour  cet  instrument,  une  place 
due  à  son  talent  à  la  fois  si  original  et  si  fin ,  si 
délicat  et  si  élevé.  Par  malheur,  le  grand  artiste, 
dont  la  santé  d'ailleurs  est  toujours  un  peu  pré- 


caire ,  met  autant  d'ardeur  à  fuir  le  bruit  et  la 
publicité  que  d'autres  en  mettent  à  les  rechercher; 
néanmoins, la  valeur  de  ses  œuvres  est  telle  qu'elle 
a  fini  par  donner  à  son  nom  la  notoriété  à  biquelle 
il  a  droit,  et  par  lui  créer  un  public  qui  sait  l'ap- 
précier, selon  ses  mérites.  L'existence  calme  et 
retirée  de  Stephea  Heller  a  fait  dire  justement  à 
l'auteur  de  la  Biograjihie  universelle  des  Mu- 
siciens que  sa  vie  était  tout  entière  dans  ses 
œuvres.  Il  ne  me  semble  pas  inutile  de  dresser 
la  liste  de  celles-ci,  aussi  complète  que  possible  ; 
il  en  manque  peu,  dans  la   nomenclature  que 
voici  :  Trois  morceaux  caractéristiques ,  op.  7  ; 
Grande  Étude  en  forme  de  rondo-scherzo,  op.  8  ; 
Trois  morceaux  brillants,  op.  10  ;  Rondo-valse  , 
op.  11  ;  Divertissement  brillant  sur  les  Treize, 
d'Halévy,  op.  13;  Passe-temps,  recueil  de  com- 
positions amusantes,  op.  14;  Six  caprices  sur  le 
Shérif,  d'Halévy,  op.  17  ;  Quatre  Rondos  très- 
faciles  sur  la  Favorite,  op.  22  ;  Quatre  Rondos 
sur  Ze   Guitarero,  op.    23;   Scherzo,   op.   24; 
Deux  Bagatelles  sur  Richard  Cœur-de-Lion , 
op.  25  et  26  ;  Caprice  brillant ,  op.  27  ;  Caprice 
symphonique,  op.  28  ;  la  Chasse,  étude  carac- 
téristique ,    op.    29  ;    Dix    Pensées     fugitives , 
op.  30  ;  Petite  Fantaisie  et  Boléro  sur  la  Juive^ 
op.  31   et  32;  Fantaisie  brillante  et  Caprice  sur 
Charles  VI,  op.  37  et  38  ;  Zo  Kermesse,  danse 
néerlandaise,    op.    39;    Miscellanées ,    op.  40  ; 
Caprice  sur /e  Déserteur,  op.  41;  Valse  élé- 
gante,   op.  42;   Valse  sentimentale,    op.  43; 
Valse   villageoise,   op.    44;  Chant   national  de 
Charles  VI,  op.  48;  Pastorale,  op.  48  bis;  Qua- 
tre Arabesques,  op.  49  ;  Scènes  pastorales,  op. 
50;  Vénitiinne,  op.  52  ;  Tarentelle,  op.  53;  Fan- 
taisie, op.  54;  la  Fontaine,  caprice  sur  une  mé- 
lodie de  Schubert ,  op.  55  ;  Sérénade,   op.  56  ; 
Scherzo  fantastique,  op.  57  ;  Rêveries,  op.  58  ; 
Valse  brillante,  op.  59  ;   Canzonetta,  op.  60  ; 
Deuxième  Tarentelle,  op.  61  ;  Deux  Valses,  op. 
02  ;  Capriccio,  op.  63  ;  Presto  capriccioso ,  op. 
04;  Deuxième  Sonate ,  op.  65;  Caprice  brillant 
sur  le  Val  d'Andorre,  op.  66;  la  Vallée  d'a- 
mour, op.  67  ;  l'Alouette,  caprice  sur  une  mé- 
lodie de  Schubert,  op.  68  ;  Chant  national  de 
Mendelssohn,  fantaisie  en  forme  de  sonate,  op. 
69  ;  Caprice  brillant  sur  le  Prophète,  op.  70; 
Aux  mânes  de  Chopin,  élégie  et  marche  funèbre,, 
op.  71;  le  Chant  du  matin,  le  Citant  du  Trou- 
badour, le  Chant  du  Dimanche,  op.  72;  le 
Chant  du  Chasseur,  l'Adieu  du   Soldat,   le 
Chant  du  berceau,  op.  73  ;  Fantaisie  et  Valse 
brillante  sur  l'Enfant  prodigue,  op.  74;  Rondo- 
caprice  sur  la  Dame  de  Pique  et  romance  va- 
riée, op.  75;  Caprice  caractéristique  sur  deux 
thèmes  de  Mendelssohn,  op.  76;  Saltarello  sur 


HELLER  —  HELMHOLTZ 


457 


uu  tlième  de  Meiulelssolin  ,  op.  77  ;  Promenades 
d'un  solitaire,  op.  78  ;  Quatre  Préludes,  op.  79; 
Promenades  d'un  solitaire,  nouvelle  suite,  op. 
80;  Nuits  blanches,  18  morceaux  lyriques,  op. 
82;  Six  Feuillets  d'album,  op.  83  ;  Impromptu, 
op.  84;  Deux  Tarentelles,  op.  85  ;  Dans  les  bois, 
six  rêveries  et  finale,  op.  86  ;  Scènes  italiennes, 
fantaisie-tarentelle,  op.  87  ;  Troisième  Sonate,  en 
ut  majeur,  op.  88  ;  Promenades  d'un  solitaire, 
troisième  suite,  op.  89  ;  Nouvelles  éludes ,  op. 
90;  Deux  Nocturnes  et  nocturne-sérénade,  op. 
91  ;  Trois  Églogues,  op.  92  ;  Deux  Valses  liril- 
lantes,  op.  93;  Tableau  de  genre,  op.  94  ;  Al- 
legro-pastorale, op.  95;  Grande  Étude  de  concert, 
op.  96;  Douze  Lsendler  et  Valses,  op.  97  ;  Impro- 
visation sur  une  mélodie  de  R.  Scliumann ,  op, 
98  ;  Quatre  Phanlasie  Stuecke ,  op.  99  ; 
Deuxième  Canzonetla,  op.  100;  Rêverie  d'un 
promeneur  solitaire,  op.  101;  Morceau  de 
chasse,  op.  102  ;  Troisième  Nocturne,  op.  103  ; 
Polonaise,  op.  104;  Trois  Romances  sans  paroles, 
op.  105  ;  Trois  Bergeries,  op.  lOG  ;  Quatre  Lsend- 
ler, op.  107;  Quatrième  Sclierzo,  op.  108; 
Feuilles  d'automne,  op.  109;  Deux  Morceaux 
pour  un  album,  op.  110  ;  Morceaux  de  ballet,  op. 
111  ;  Caprice  luimoristique,  op.  112  ;  Fantaisie- 
caprice,  op.  1 13  ;  Deux  Cahiers  (prélude  et  scène 
d'enfants,  Presto,  Scherzo),  op.  114  ;  Trois  Bal- 
lades, op.  115  ;  Préludes  composés  pour  made- 
moiselle Lili,  op.  119;  Licder,  op.  120;  Trois 
Morceaux,  op.  121  ;  Valses-Rêveries,  op.  122; 
Feuilles  volantes,  op.  123;  Scènes  d'enfants,  op. 
124;  Vingt-quatre  Études  d'expression  et  de  rliy- 
thme,  op.  125  ;  Trois  Ouvertures  (1.  Pour  un 
drame  ;  2.  Pour  une  pastorale  ;  3.  Pour  un 
opéra-comique),  op.  126;  Études  sur  le  Freïs- 
chiilz,  de  Weber,  op.  127  ;  Dans  les  bois, 
nouvelle  série,  op.  128  ;  Deux  Impromptus,  op. 
129  ;  23  Variations  sur  un  thème  de  Beethoven  , 
op.  130  ;  Trois  Nocturnes,  op.  131  ;  Deux  Polo- 
naises, op.  132;  21  Variations  sur  un  thème  de 
Beethoven  (Andante  de  la  sonate ,  op.  57),  op. 
133;  Petit  Album,  six  pièces,  op.  134;  Deux 
Intermèdes  de  concert,  op.  135;  Dans  les  Bois, 
troisième  suite,  op.  136  ;  Deux  Tarentelles,  op. 
137;  Album  dédié  à  la  jeunesse,  op.  138  ;  3  Élu- 
des pour  piano,  op.  139  ;  Voyage  autour  de  mu 
chambre,  5  pièces  pour  piano,  op.  140;  4  Barca- 
rolles,  op.  141.  Quelques  compositions  ont  été  pu- 
bliées sans  numéros  d'œuvres  -.Feuillet d'album, 
mélodie;  Églo^ue,  petit  caprice;  Pensée;  Séré- 
nade ;  Églogue  ;  Prière.  —  M.  H.  Barbedette  a 
publié  récemment  :  Stepken  Heller,  sa  vie  et 
ses  œuvres,  Paris,  Maho,  1876,  in-8°,  avec  un 
autographe  musical. 
*  UELLMESBERGER  (Georges),  compo- 


siteur et  ancien  chef  d'orchestre  de  l'Opéra  de 
Vienne,  est  mort  près  de  cette  ville,  à  Neuwal- 
degg,  le  16  août  1873. 

*  IIELOIESBERGER  (Georges),  fils 
aîné  du  précédent,  était  né  à  Vienne  en  1828. 

*  HELLMESBERGER  (Joseph),  frère  du 
précédent,  est  né  à  Vienne  le  3  novembre  1829, 
et  jouit  d'une  très  gramie  réputation  comme  pro- 
fesseur, comme  virtuose  et  comme  chef  d'or- 
chestre. Il  est  professeur  de  violon  au  Conser- 
vatoire de  Vienne  et  directeur  de  (et  établisse- 
ment depuis  1800,  concermeister  à  l'Opéra  de 
cette  ville  depuis  la  même  époque,  et  est  devenu 
en  1865  premier  violon  à  la  chapelle  impériale, 

en  remplacement  de  Mayseder.  Cet  artiste  fort       » 
distingué  a  fondé  en  1849  une  excellente  société 
de  quatuors,  dans  laquelle  son  jeune  fils,  artiste 
aussi  fort  bien  doué,  né  en  1856,  tient  auprès  de 
lui  la  partie  du  second  violon. 

HELMHOLTZ  (  Hermann  -  Louis  -  Ferdi- 
nand), médecin  et  physiologiste  allemand,  né  à 
Potsdam  le  31  août  1821,  fut  d'abord  médecin-ad- 
joint à  l'hospice  la  Charité  de  Berlin,  puis  médecin 
à  Potsdam,  et  successivement  professeur  d'ana- 
tomie  et  de  physiologie  à  Berlin,  à  Heidelberg  et 
à  Bonn.  Ses  importants  travaux  physiologiques 
sur  les  impressions  des  sens  lui  ont  valu  dans 
sa  patrie  et  à  l'éti'anger  une  renotnmée  considé- 
rable. Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  de 
ses  recherches  et  découvertes  relatives  à  l'acous- 
tique, et  suriout  de  sa  théorie  de  la  perception 
des  sons,  théorie  extrêmement  remarquable,  qui 
suffirait  seule  à  lui  faire  un  nom  dans  la  science, 
et  qu'il  a  eu  le  tort  de  vouloir  élager  de  tout  un 
système  harmonique  dont  les  éléments  sont  ab- 
solument inadmissibles.  Comme  tous  les  savants 
qui  se  sont  occupés  d'acoustique,  M.  Helmhoitz 
a  voulu  en  remontrer  aux  musiciens,  il  a  prétendu 
annuler  les  sensations  si  délicates  de  l'oreille 
artistique  au  profit  de  calculs  essentiellement 
brutaux,  et  il  aurait  gâté  ainsi  comme  à  plaisir 
l'excellence  de  son  système ,  si  celui-ci  n'avait 
été  assez  solide  pour  résister  de  lui-même  aux 
erreurs  et  aux  spéculations  au  moins  hasardées 
de  son  inventeur. 

Ce  système  a  été  exposé  par  M.  Helmhoitz 
dans  un  ouvrage  important  publié  par  lui  en 
1863,  et  dont,  en  1868,  une  traduction  française 
a  paru  sous  ce  titre  :  Théorie  physiologique  de 
la  musique  fondée  sur  l'étude  des  sensations 
auditives  (1). 

On  peut  dire  que  la  partie  capitale  des  travaux 

(0  Traduit  de  l'allemand  par  M.  G.  Guéronlt,  ancien 
élève  de  l'École  polytechnique,  a vecle  concours,  pour  la 
partie  muscale,  de  M.  Woltr,  de  la  maison  l'Ieyel,  Wolf 
et  Cie  (Paris,  Victor  Masson,  1868,  in-8°  avec  figures.) 


458 


HELMHOLTZ 


de  M.  Helmhollz  relatifs  à  l'acouslique  consiste 
dans  l'analyse  et  dans  la  définition  du  timbre 
musical.  Cliacnnsait  que  le  timbre,  en  musique, 
est  ce  qu'on  peut  appeler  la  qualité ,  ou  ,  pour 
mieux  dire  encore,  la  couleur  du  son,  cette  par- 
ticularité caractéristique  qui,  en  dehors  de  l'in- 
tonation ou  de  l'intensité,  le  différencie  selon  la 
nature  diverse  des  corps  qui  le  produisent  ;  c'est 
cette  particularité  qui,  par  exemple,  fait  distin- 
guer, à  l'oreille  même  la  moins  exercée,  un  vio- 
lon d'une  flûte ,  un  cor  d'une  harpe,  une  voix 
d'homme  d'une  voix  de  femme,  alors  même  que 
tous  donneraient  la  même  note,  soit  ensemble, 
soit  séparément.  Les  physiciens,  jusqu'ici,  n'a- 
vaient pu  d'une  façon  certaine  expliquer  ce  phé- 
nomène, et  se  contentaient  de  dire  :  Chaque  mo- 
lécule mise  en  mouvement  dans  le  corps  sonore 
décrivant  un  orbite  sensible  ,  la  hauteur,  l'am- 
plitude de  l'onde  sonore  fait  l'intensité ,  la  vi- 
tesse fait  l'intonation,  enfin  la  forme  de  l'onde, 
variable  à  l'infini,  doit  faire  le  timbre.  Mais  cela 
n'était  qu'une  conjecture.  Il  ap|»artenait  à  M. 
Helmholtz  de  découvrir  le  vrai  principe,  de  défi- 
nir la  vraie  cause  du  phénomène.  Or,  d'après  ses 
recherches  et  ses  expériences,  on  sait  aujourd'hui 
à  n'en  pouvoir  douter,  que  la  cause  du  timbre 
est  dans  les  Jwrmoniques  du  son. 

Personne   n'ignore  ce  que  les  physiciens  en- 
tendent   par    les    harmoniques  du   son.   Étant 
donnée  une  corde  mise  en  vibration  ,  une  oreille 
attentive  distinguera,  outre  le  son  principal  pro- 
duit  par  celte  corde,  un  ou  plu<ii'nrs  sons  plus 
aigus  et  beaucoup  plus  faibles  qui  lui  font  cortège, 
pour  ainsi   dire,  et  qui  sont  comme  des  échos 
lointains,  plus  on  i7ioins  concordants,  du  son 
générateur.  C'est  là  ce  qu'on  appelle  les  harmo- 
niques, harmoniques  qui  s'échelonnent  du  grave 
à  l'aigu  dans  un  ordre  toujours  semblable ,  et 
qui  présentent  d'abord  l'octave  supérieure  de  la 
note  fondamentale  ,  puis  la  quinte  au-dessus  de 
cette  octave ,  puis  la  seconde  octave ,   puis   la 
tierce  de  celle-ci.  Or,  on  doit  remarquer  que  ces 
premières  harmoniques  sont  en  consonnance  par- 
faite avec  le  son  primitif  qui  leur  donne  nais- 
sance ,  et  c'est  là  ce  qui  leur  a  valu  leur  nom  ; 
mais  il  faut  ajouter  que  les  suivantes,  celles  qui 
sont  perçues  par  une  oreille  délicate  au-delà  de 
celles  qui  viennent  d'être  énumérées  formeraient 
au  contraire  dissonance  avec  ce  son  primitif,  et 
deviendraient  par  conséquent  insupportables  si 
elles  n'étaient  en  réalité  très-faibles  et  ne  s'ab- 
sorbaient dans  la    résonnance    dominante.  Ce 
phénomène  est  observé  depuis  longtemps  ;  mais 
ce  sera  l'honneur  de   M.  Helmholtz  d'en  avoir 
développé  la  théorie  définitive,  après  avoir  dé- 
couvert le  rôle  véritable  des  harmoniques,  rôle 


qu'on  ne  soupçonnait  même  pas  jusqu'à  ce  jour  : 
en  réalité,  les  harmoniques  servent  à  colorer  le 
son,  à  faire  le  timbre. 

Je  ne  saurais    ici   retracer  par  quelle   suite 
d'expériences  M.  Helmholtz  a  été  amené  à  cette 
découverte  importante;  ceci  me  mènerait  trop 
loin.  II  me  suffira  de  dire  que  l'éminent  physi- 
cien s'est  aidé  dans  ses  recherches  d'un  instru- 
ment de  précision  inventé  par  lui,  et  auquel  il  a 
donné  le  nom  de  résonnateur.  Le  résonnafeur 
est  une  sorte  d'entonnoir  ou  de  pavillon  pyri- 
forme,  construit   sur  des  modèles  de  diverses 
grandeurs,  qui  a  la  propriété  de  ne  recevoir  et 
de  ne  faire  vibrer  que  l'unique  note  qui  répond 
à  sa  construction.  Ainsi,  si  l'expérimentateur  se 
bouche  hermétiquement  une  oreille  et  qu'il  ap- 
plique à  l'autre  le  bout  d'un  résonnateur,  lonte  la 
puissance  sonore  d'un  immense  orchestre  serait 
absolument  nulle  pour  lui  si  la  note  propre  à  ce 
résonnateur  était   absente  de   l'accord   exécuté 
par  la  masse  instrumentale  ;  au  contraire,  chaque 
fois  que  cette  note  trouvera  sa  place  et  se  pro- 
duira dans  l'harmonie,  elle  éclatera  avec  force 
dans  le  résonnateur;  on  pourra  même  la  retrou- 
ver jusque  dans  les  bruits  les  plus  confus,  les 
plus  vagues,  les  plus  indéterminés,  par  exemple 
dans  le  gémissement  du  vent,  dans  les  hurle- 
ments de  la  foule,  ou  dans  le  fracas  de  la  mer 
en  furie.  Il  y  a  plus  encore,  et  le  résonnateur,  qui 
reste  muet  devant  un  son  vigoureusement  frappé 
qui  lui  est  étranger,  pourra  faire  entendre  luie 
des  harmoniques  de  ce  son,  si  cette  harmonique 
est  précisément  la  note  qui  lui  est  propre,  à  lui 
résonnateur.  C'est  donc  avec  une  série  d'instru- 
ments de  ce  genre,  diversement  accordés,    que 
M.  Helmholtz  est  parvenu  à  analyser  tous  les 
sons,  et  non-seulement  les  .sons  qu'on  peut  ap- 
peler générateurs,  mais  encore  leurs  barmoni- 
([ues,  qu'il  a  su  discerner  ainsi  et  tirer  du  mi~ 
lieu  sonore  dans  lequel  elles  étaient  comme  en- 
veloppées. 

Dans  une  analyse  très-intéressante  des  décou- 
vertes de  M.  Helmholtz  (l),  M.  Gustave  Bertrand 
a  caractérisé  ainsi  le  système  du  grand  physi- 
cien : 

«  Ce  système  peut  se  ramener,  ce  me  semble, 
à  deux  théorèmes  principaux  -.  —  1°  d'abord  tous 
les  corps  sonores  ne  sont  pas  égalements  riches 
en  harmoniques.  Quand  le  son  n'a  pas  d'harmo- 
niques, quand  il  se  réduit  strictement  à  la  note 
fondamentale,  il  est  pur,  mais  terne  et  plat  :  il 
prend  au  contraire  plus  ou  moins  de  coloration, 
suivant  que  les  harmoniques  sont  plus  ou  moins 
sensibles.  Ainsi  ce  cortège  de  notes  parasites  en- 

(1)  Revue  moderne  du  \"  janvier  18G8. 


HELMHOLTZ  —  HELWIGKEN' 


4o9 


richit  la  note  fondamentale,  au  lieu  de  la  con- 
trarier. Ces  dissonances  secrètes  et  intimes,  qui, 
à  deconverl,  interviendraient  d'une  manière  hor- 
rible dans  le  style  harmonique,  ainsi  enveloppées, 
ainsi  absorbées,  sont  une  beauté  au  contraire  et 
un  luxe  :  c'est  essentiellement  la  qualité  du 
son,  le  tlinbi-e  en  un  mot.  Il  existait  de  temps 
immémorial  une  preuve  pratique  de  cette  loi  : 
je  veux  parler  des  jeux  de  mutation  dans  les 
grandes  orgues  d'église.  En  voici  le  secret.  Les 
tuyaux  à  bouche  qui  dominent  dans  la  consti-uc- 
tion  des  orgues  et  surtout  les  tuyaux  fermés, 
sont  privés  d'harmoniques  et  ne  rendent  par  con- 
séquent qu'une  sonorité  blanche,  incolore.  Pour 
relever  cette  sonorité  dans  les  passages  de  force, 
on  double  les  jeux  de  tuyaux  à  bouciie  avec  le 
jeu  de  mutation  :  ce  jeu  fait  éclater  sur  ciiaque 
touche  du  clavier,  non  pas  seulement  la  note  que 
le  clavier  dénonce ,  mais  quelques  autres  notes 
accordées  en  tierce,  quinte,  octave,  etc.,  qui  sont 
suffisamment  enveloppées  pour  ne  point  changer 
l'identité  de  la  note  indiquée  sur  le  clavier,  mais 
assez  sensibles  cependant  pour  y  ajouter  ce  tim- 
bre inquiétant,  territile  qui  saisit  notre  oreille 
quand  l'instrument  gigantesque  atta(iue  un  for- 
tissimo. Eh  bien  !  cette  singularité  de  la  facture 
des  orgues  n'est  qu'une  imitation  inconsciente 
du  phénomène  des  harmoniques  :  voilà  bien  l'ap- 
point des  notes  concomitantes ,  et  son  effet  est 
bien  de  prêter  à  la  note  principale  une  puissante 
coloration.  Désormais  on  va  s'étonner  que  cette 
pratique,  naïvement  imaginée  par  les  facteurs  du 
moyen-âge,  n'ait  pas  plus  tôt  donné  l'idée  de  la 
loi  que  formule  aujourd'hui  M.  Helmholtz.  —  2° 
Venons  maintenant  à  ce  que  nous  appelons  le 
second  théorème.  Les  harmoniques,  ainsi  qu'on 
l'a  vu  plus  haut,  s'échelonnent  du  grave  à  l'aigu 
dans  un  certain  ordre  connu,  qui  est  toujours  le 
même.  D'ordinaire,  ce  .sont  les  harmoniques  les 
plus  graves  qu'on  entend  d'abord ,  qui  effacent 
plus  ou  moins  les  autres,  si  mêmes  elles  ne  sont 
les  seules  perceptibles.  Pourtant  ce  n'est  pas 
absolu  :  dans  d'autres  cas  ce  sont  les  plus  aiguës 
qui  prédominent.  Or,  nous  l'avons  dit,  les  [ilus 
graves  sont  en  consonnance ,  et  les  plus  aiuucs 
en  dissonance  à  l'égard  de  la  note  fondamentale. 
C'est  ce  qui  fait  le  timbre  plus  ou  moins  doux , 
plus  ou  moins  mordant,  M.  Helmholtz  l'a  prouvé 
avec  la  dernière  évidence  en  étudiant  avec  ses 
résonnateurs  tous  les  divers  timbres  des  instru- 
ments de  l'orchestre.  » 

Le  malheur  est  que  M.  Helmholtz  ,  ne  se 
tenant  pas  pour  satisfait  d'une  découverte  aussi 
précieuse,  a  voulu  baser  sur  elle  tout  un  sys- 
tème musical,  la  faire  servir  à  une  prétendue 
théorie  nouvelle  de  l'harmonie  i^u'il  n'avait  nul- 


lement mission  d'émettre  ou  de  proclamer.  Re- 
tombant dans  les  erreurs  de  Rameau  (  qui  du 
moins  était  musicien)  ,  il  a  prétendu  trouver,  à 
l'aide  des  harmoniques  ,  une  sorte  d'harmonie 
naturelle,  dont  le  principe  est  pourtant  depuis 
longtemps  condamné.  M.  Helmholtz  n'a  pas 
échappé  à  cette  tendance  ordinaire  des  savants, 
de  vouloir  non-seulement  entremêler  d'une  fa- 
çon trop  étroite  l'acoustique  et  la  musique,  mais 
encore  faire  la  leçon  aux  musiciens  eux  mêmes 
et  substituer  des  calculs  algébriques  à  la  délica- 
tesse de  la  sensation  auditive.  Là ,  le  phvsicien 
s'est  évidemment  et  absolument  fourvoyé.  Mais 
il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  la  découverte 
de  M.  Helmholtz  est  des  plus  importantes ,  par 
elle-même  et  par  ses  résultats,  et  qu'elle  lui  as- 
surera une  renommée  durable. 

HELMOXT  (Charles- Joseph  VAI\),  musi- 
cien flamand,  né  à  Bruxelles  le  19  mars  1715, 
mort  en  cette  ville  le  8  juin  1790,  était,  dès  17-37, 
c'est-à-dire  à  peine  âgé  de  vingt-deux  ans,  or- 
ganiste de  l'église  de  SS.  Michel  et  Gudule  et 
directeur  de  la  chapelle  royale  espagnole,  ce  qui 
peut  donner  une  idée  avantageuse  de  son  talent. 
A  cette  épnque ,  il  avait  déjà  écrit  des  choeurs 
pour  un  drame  en  vers  flamands  intitulé  Grisel- 
dis,  imité  de  l'italien,  et  qui  avait  été  représenté 
au  théâtre  de  la  Monnaie,  de  Bruxelles,  le  23 
janvier  1736.  On  connaîi  de  lui  un  Lauda  Sion 
à  quatre  voix,  et  une  cantate  publiée  sous  ce 
titre  :  «  Le  Retour  désiré,  divertissement  pour 
la  paix,  mis  en  musique,  par  C.  J.  Van  Helmont, 
maître  de  musique  de  l'église  collégiale  de  SS,- 
IMichel  et  Gudule  (Bruxelles,  1749,  in-8°).»  Van 
Helmont  avait  donc  échangé  alors  les  fonctions 
d'organiste  de  cette  église  contre  celles  de  maître 
de  chapelle.  Il  a  publié  aussi  une  suite  de  deux 
pièces  de  clavecin.  Enfin  ,  dans  un  recueil  ma- 
nuscrit de  Préludes  et  versets  dans  tous  les 
tons,  composés  par  divers  auteurs,  recueil  cité 
par  M.  Edmond  Vander  Stracten  dans  son  ou- 
vrage :  la  Musique  aux  Pays-Bas,  on  trouve 
encore  quelques  compositions  de  cet  artiste,  qui 
était  le  père  d'Adrien-Joseph  Van  Helmont,  au- 
quel une  notice  est  consacrée  dans  le  tome  IV 
de  la  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens. 

*  HEL\IOK!T  (Adrien-Joseph  VAN),  fils 
du  précédent,  était  né  à  Bruxelles,  non  le  14  avril 
(comme  il  a  été  dit  par  suite  d'une  erreur  typo- 
graphique), mais  le  14  août  1747. 

HELWIGKEjV  (Hans),  facteur  d'orgues, 
naquit  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle  à 
Neustadt,  dans  le  Holstein.  On  lui  doit,  entre  au- 
tres ,  la  construction  de  l'orgue  de  l'église  de 
Sainte-Marie,  à  Thorn,  qui  fut  terminé  le  6  juillet 


460 


HELWlGKExX 


HENNERINDT 


1609.  Helwingken  habita  pendant  quelques  an- 
nées la  Prusse  polonaise. 

HEMELSOET  (Louis),  compositeur  belge, 
né  à  Garni  le  20  juillet  lb36,  fut  d'abord  élève 
de  son  père,  maître  de  chant  à  l'église  Saint- 
Jacques,  de  cette  ville.  Admis  au  Conservatoire 
de  Gand,  où  il  eut  pour  maîtres  Mengal,  Hende- 
rickx  et  Andries,  il  y  obtint  un  second  prix  dliar- 
monie  et  un  premier  prix  de  piano.  Auteur  de 
plusieurs  compositions  religieuses,  cet  artiste, 
qui  a  publié  un  certain  nombre  de  morceaux  de 
genre  poui  le  piano,  des  romances  et  des  mélo- 
dies, a  écrit  aussi  la  musique  d'un  opéra  flamand, 
De  BoerenKermis,  qui  a  été  représenté  à  Gand 
en  1861. 

HÉMOiXY  (François  et  Pierke)',  fameux 
fondeurs  de  carillons  qui  acquirent  une  immense 
réputation  dans  les  Pays-Bas  ,  étaient  Français 
de  naissance.  L'aîné,  François ,  naquit  à  Lere- 
court,  en  Lorraine,  vers  1597  -,  il  était  versé  dans 
la  mécanique,  et  alla  achever  son  éducation  en 
Allemagne,  où  il  s'occupa  surtout  des  questions 
relatives  à  la  fonderie  des  cloches.  C'est  sans 
doute  aux  environs  de  1640  que  les  deux  frères 
s'établirent  dans  les  Pays-Bas  ;  François  était  le 
chef  de  la  maison,  et  c'est  à  lui  que  les  autorités 
delà  ville  de  Zu|)hen  adjugèrent,  en  1643,  la 
fabrication  d'un  nouveau  carillon  :  «  Adjugé , 
disait  l'acte,  à  François  Hémony,  Français,  fon- 
deur de  cloches,  la  fonderie  des  cloches  pour  le 
carillon  de  la  tour  Wijnhuys,  à  raison  de  seize 
sols  la  livre.  »  Le  travail  des  deux  frères  fut 
conduit  avec  une  telle  habileté ,  que  <lès  son 
achèvement  leur  réputation  fut  faite.  Nombre  de 
villes  s'adressèrent  à  eux  pour  avoir  des  caril- 
lons, et  après  avoir  exercé  pendant  plus  de  dix 
années  leur  art  à  Ziiphen,  ils  allèrent,  en  1654, 
s'installer  à  Amsterdam,  où  ils  furent  reçus  avec 
toutes  sortes  d'égards  ;  on  peut  s'en  rendre 
compte  par  ce  double  fait,  que  la  régente,  con- 
naissant leur  talent  et  leur  probité,  leur  délivra 
une  permission  spéciale  pour  construire  au  Kai- 
zergracht  une  énorme  fonderie  de  cloches,  et  que 
la  ville  leur  accorda  gratuitement  un  terrain  dans 
ce  but.  Celle-ci  les  chargeait  en  même  temps  de 
la  construction  du  carillon  de  la  vieille  église, 
qui  se  composait  de  trente-cinq  cloches  et  y  fut 
placé  par  eux  en  1658. 

La  renommée  des  frères  Hémony  fut  bientôt 
grande  à  Amsterdam.  François  avait  perfectionné 
d'une  façon  particulière  le  mécanisme  de  ses 
instruments  ;  aussi  son  nouveau  carillon  obtint - 
il  le  plus  grand  succès.  De  plus ,  l'habileté  des 
deux  frères  comme  fondeurs  était  telle ,  que 
bientôt  ils  se  virent  chargés  de  nombreux  travaux 
d'un  autre  genre,   et  fondirent  des  canons  et 


même  des  statues.  Enfin,  François  avait  inventé 
un  instrument  nouveau ,  qu'il  appelait  melaal 
harmonica,  qui  fut  très-biin  accueilli,  et  dont 
l'écrivain  Fokkens  a  fait  l'éloge  dans  son  li- 
vre :   Description  de  la  ville  d' Amsterdam 

(1662). 

En  1666,  François  Hémony,  fatigué  d'une  lon- 
gue vie  de  travail,  alla  se  retirer  à  Ufrecht ,  où 
il  ne  jouit  pas  de  son  repos  ,  car  il  mourut  en 
1667.  Son  frère  ,  qui  avait  conservé  la  direction 
de  l'établissement  formé  par  eux,  ne  mourut  que 
vers  1678.  Dans  un  espace  de  trente-cinq  ans 
environ,  les  deux  frères  construisirent  une  foule 
de  carillons,  et  on  leur  doit  particulièrement 
ceux  d'Anvers  (celui-ci  comprenait  quarante 
cloches  et  coûta  plus  de  100,000  francs),  Matines, 
Diest,  Ostende,  Bruxelles,  Groningue,  Zuphen, 
Purmerend  ,  Gand,  Goes,  Basse veld  ,  Eenaeme, 
Deift,  Rotterdam  (  deux  carillons  ),  Medenblik  , 
Karnpen,  Amsterdam  (quatre  carillons),  Tou- 
gerloo,  Harlem,  Weesp,  Utrecht,  Eiikuysen, 
Amesfoort,  Leyde,  Niddelstura,  Arnbem,  Maas- 
tricht,  Ceulemberg  ,  Alkmaar,  Briel  ,  Huist, 
Hoow,  Deventer,  etc.  Les  plus  importants  et  les 
plus  parfaits  de  ces  instruments  sont  ceux  de 
Malines,  d'Anvers,  de  DeIft  et  de  Groningue.  On 
assure  que  la  totalité  des  carillons  construits  par 
les  frères  Hémony  a  dû  coûter  plus  de  trois  mil- 
lions de  francs,  cliiffre  énorme  pour  le  temps. 

*  HENXEKINDT  (Je.vn-François),  chan- 
teur dramatique  connu  sous  le  nom  d'LxcuiNDi, 
qu'il  avait  adopté  pendant  son  séjour  en  Halie, 
est  mort  à  Bruxelles  le  23  août  1876.  Avant  de 
venir  à  Paris  et  de  s'y  faire  admettre  au  Con- 
servatoire, il  s'était  essayé  déjà  sur  le  théâtre 
d'Anvers,  où  II  avait  joué  le  rôle  de  Cinna  dans 
la  Vestale.  C'est  le  1"  octobre  1829  que,  reve- 
nant d'Italie,  il  fit  ses  débuts  au  Théâtre-Italien 
de  Paris  par  le  rôle  d'Assur  de  Semiramide  ; 
après  avoir  chanté  les  ténors,  il  prenait  <ionc 
l'emploi  des  barytons,  et  devenait  le  partenaire 
heureux  de  ces  grands  artistes,  qui  s'appelaient 
Graziani,  Donzelli,  Santini,  Bordogni,  la  Sontag 
et  la  Malibran.  En  1834,  il  entrait  à  l'Opéra-Co- 
mique,  y  créait  des  rôles  importants  di.ns  le 
Chalet  d'Adam,  le  Cheval  de  bronze  d'Auber, 
les  Deux  Reines  de  Monpou,  puis  bientôt  quit- 
tait Paris  pour  aller  donner  des  représentations 
en  province  et  à  l'étranger. 

Inchindi  était  doué  d'une  voix  puissante  et 
souple,  et  son  talent  de  chanteur  était  remarqua- 
ble, mais  c'était  un  médiocre  comédien.  C'est 
pendant  un  court  passage  qu'il  faisait  à  Bruxelles 
qu'il  fut  saisi  par  la  maladie,  et  qu'il  mourut 
dans  un  modeste  hôtel  de  la  rue  des  Longs-Cha- 
riots. Il  laissait  un  fils,  consul  à  Singapore. 


HENREL   —  HENRION 


461 


*  HEiVKEL  (Georges-André),  est  mort  à 
Fulila,  le  5  avril  1871. 

HEIVIX  EIV  (Arnold),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Heerlen  (Hollande),  en  1820,  a  fait  ses  étu- 
des musicales  au  Conservatoire  de  Liège,  où  il 
oblinl  en  1843  un  premier  prix  de  piano.  Il  passa 
ensuite  deux  ou  trois  années  à  Paris,  puis  alla 
s'établir  à  Londres,  où  il  se  fit  entendre  avec 
succès,  et  où  il  publia  divers  compositions  :  des 
éludes  de  concert,  trois  livres  de  mélodies  ca- 
ractéristiques, et  une  dixaine  de  morceaux  de 
différents  genres.  En  1855,  il  fit  une  tournée  ar- 
tistique en  Hollande,  en  compagnie  de  ses  deux 
frères,  dont  il  est  question  plus  loin.  M.  Arnold 
Hennen.  à  qui  l'on  doit  aussi  un  grand  concerto 
de  piano  et  une  messe  avec  orchestre,  vit  retiré 
depuis  quelques  années  dans  sa  ville  natale. 

Ed.  de  h. 

HEI\i\E]\  (Mathieu),  pianiste  et  composi- 
teur, frère  du  précédent ,  est  né  à  Heerlen  en 
1828  et  a  fait  aussi  ses  études  au  Conservatoire 
de  Liège,  où  le  premier  prix  de  piano  lui  fut  dé- 
cerné en  1852.  Établi  depuis  1860  à  Anvers,  il 
s'y  est  livré  à  l'enseignement  et  est  devenu  pro- 
fesseur de  piano  à  l'École  de  musique  de  cette 
ville.  M.  Mathieu  Hennen  a  publié  un  trio  pour 
piano ,  violon  et  violoncelle ,  un  quatuor  pour 
piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  plusieurs  mor- 
ceaux religieux  et  quelques  morceaux  pour  piano 
seul.  On  connaît  aussi  de  lui  une  ouverture  à 
grand  orchestre,  un  quintette  pour  piano  et  ins- 
truments à  cordes,  un  concerto  pour  le  piano 
avec  accompagnement  d'orchestre,  et  quelques 
compositions  pour  le  chant. 

Ed.  de  h. 

HENi\EI\  (Frédéric),  violoniste,  frère  des 
précédents,  né  à  Heerlen  en  1830,  a  été,  comme 
ses  aînés,  élève  du  Conservatoire  de  Liège,  où 
il  obtint  un  premier  prix  de  violon  en  1846.  Venu 
à  Paris  en  1847  avec  son  frère  Arnold,  il  le  sui- 
vit aussi  à  Londres ,  devint  premier  violon  de 
l'orchestre  du  Théâtre  de  la  Reine ,  sous  la  di- 
rection de  Ealfe,  et  se  fit  entendre  avec  succès 
dans  les  concerts.  Depuis  1872,  il  vit  retiré  à 
la  campagne,  auprès  de  sa  ville  natale.  M.  Fré- 
déric Hennen  a  composé  plusieurs  morceaux  de 
violon,  mais  il  n'en  a  publié  aucun. 

Ed.  de  h. 

*  HENiVII^JG  (Charles-Guillaume),  violo- 
niste ,  chef  d'orchestre  et  compositeur,  né  à 
Berlin  le  31  janvier  1784,  est  mort  en  cette  ville 
au  mois  d'avril  1867. 

HEKiVlUS  (Gilles).  —  (^Voyez  HAYM 
(Gilles).     ■ 

HÉNOC  ou  HÊNOCQ  (Jean)  ,  maître  lu- 
thier à  Paris,  était  établi  en  cette  ville  en  1773 


et  faisait  partie  de  la  corporation  des  faiseurs 
d'instruments.  En  1783,  il  demeurait  rue  de 
Seine,  au  faubourg  Saint-Germain.  A  cette  der- 
nière date,  un  autre  luthier  du  même  nom,  Fran- 
çois Hénoc,  était  installé  non  loin  de  là,  rue  des 
Sainte; -Pères. 

HENRARD  (Jean- Joseph),  musicien  belge, 
professeur  de  chant  au  Conservatoire  de  Liège, 
était  né  en  cette  ville  le  24  octobre  1791 ,  et  y 
mourut  le  1^'^mars  1846.  Il  a  publié  un  recueil 
de  solfèges  en  canon  en  société  avec  Duguet  et 
Jaspar,  et  quelques  morceaux  de  musique  reli- 
gieuse. 

HEXRI  (J ),  pianiste,  professeur  et  com- 
positeur de  musique  religieuse,  né  dans  la  pre- 
mière moitié  de  ce  siècle,  a  été  maître  de  chapelle 
de  l'église  Sainte-Gudule,  à  Bruxelles,  et  est 
devenu  ensuite  professeur  de  plain-chant  au  sé- 
minaire de  Malines.  Il  occupait  encore  ces  der- 
nières fonctions  en  1862.  Cet  artiste  a  écrit  un 
grand  nombre  de  compositions,  entre  autres  un 
Te  Deum  à  6  voix,  qui.  dit-on,  est  une  produc- 
tion remarquable.  Parmi  celles  qui  ont  été  pu- 
bliées, on  cite  on  Tantum  ergo  à  8  voix ,  un 
autre  à  6  voix,  un  Ave  verum  à  4  voix  et  solo, 
un  Pie  Jesu  pour  baryton  avec  chœur,  un  re- 
cueil de  messes ,  un  recueil  de  pièces  de  plain- 
chant,  etc.,  etc. 

*  HEiXRION  (Paul).  Cet  artiste,  qui  a 
joui  pendant  si  longtemps  d'une  véritable  popu- 
larité dans  le  genre  de  la  romance  et  de  la  chan- 
sonnette ,  n'a  pas  écrit  jusqu'à  ce  jour  moins  de 
douze-cents  compositions  de  ce  genre.  On  se 
rappelle  la  vogue  qu'ont  obtenue ,  dans  leur 
temps,  Bouquet  fané,  Moine  et  Bandit,  la 
Gitana,  les  Vingt  sous  de  Péiinefte,  Vive  le 
Boi!  le  Pandero,  la  Pavana,  la  Fille  à  Si- 
monette,  Neparspoint,  mon  fils,  la  Reine  des 
Prairies,  Sarah  la  Bohémienne ,  et  tant  d'au- 
tres gracieuses  mélodies  qu'il  e.st  inutile  de  nom- 
mer. M.  Paul  Henrion  a  voulu  s'essayer  un  jour 
dans  la  musique  dramatique ,  et  il  a  donné  au 
Théâtre-Lyrique,  le  16  avril  1854,  un  opéra-co- 
mii|ue  en  2  actes  intitulé  une  Rencontre  dans 
le  Danube,  qui  n'obtint  qu'un  succès  relatif. 
L'artiste  revint  alors  à  ses  compositions  légères, 
où  il  excelle  parfois ,  et  borna  son  ambition  à 
écrire  quelques  opérettes  pour  les  calés-concerts  : 
le  Soleil,  la  Terre  et  la  Lune,  Estelle  et  Némo- 
rin,  A  la  bonne  franquette ,  les  Suites  d'une 
polka,  Balayeur  et  Balayeuse,  l'Étudiant  de 
Heidelberg,  Cupidon,  Paola  et  Pietro,  etc.  Il 
en  a  composé  une ,  la  Treille  du  Roi ,  qui  a 
été  publiée  dans  un  journal  d'éducation,  le  Ma- 
gasin des  Demoiselles,  et  qui  n'a  pas  été  re- 
présentée. Il  a  donné  aussi  au  théâtre  des  Va- 


462 


HENRION  —  HENSKENS 


riélés,  au  mois  de  septembre  1877,  une  saynèt 
en  un  acte  et  à  un  personnage,  Chanteuse  par 
amour.  Quelques-unes  des  premières  compo- 
sitions de  M.  Paul  Henrion  ont  été  publiées  sous 
le  pseudonyme  de  Charlemagne.' 

HEXRY  (Jean-Baptiste),  chef  d'une  nom- 
breuse famille  de  luthiers  établie  à  Paris  depuis 
près  d'un  siècle,  fut  un  artiste  habile.  Né  en  1757 
à  Mataincourt,  près  de  Mirecourt  (Vosges),  il 
vint  jeune  à  Paris  ,  après  avoir  fait  ,-on  a|)pren- 
tissage  dans  sa  ville  natale,  et  s'établit  dans  une 
des  dépendances  du  couvent  des  moines  Saint- 
Martin,  afin  de  jouir  des  privilèges  et  immunités 
attachés  à  cette  époque  à  certaines  corporations 
religieuses  ou  hospitalières,  privilèges  qui  con- 
sistaient surtout  dans  l'exemption  de  tous  impôts 
et  gabelles,  et  qui  permettaient  à  un  artisan  d"è- 
chapper  à  la  formalité  dispendieuse  de  sa  ré- 
ception dans  une  corporation.  En  1788,  ces  fran- 
chises ajant  été  abolies,  Henry  quitta  les  moines 
chez  lesquels  il  travaillait  pour  aller  s'installer 
rue  Saint-Martin,  dans  une  maison  qui  portait 
alors  le  n°  175,  qui  porte  aujourd'hui  le  n°  151, 
et  dans  laquelle,  jusqu'à  ce  jour,  ses  descendants 
n'ont  cessé  d'exercer  leur  industrie.  Les  instru- 
ments sortis  des  mains  de  Jean-Baptiste  Henry 
figurent  d'une  façon  très-honorable  parmi  les 
hons  produits  de  la  lutherie  française  de  la  fin 
du  dix-huitième  siècle.  Cet  artiste  estimable  est 
mort  à  Paris,  en  1831 ,  à  l'âge  de  soixante-qua- 
torze ans. 

HEARY  (Jean-Baptiste-Félix),  fils  aîné  du 
précédent,  né  à  Paris  en  1793,  fut  élève  de  son 
père,  s'établit  en  IM"  rue  Montmartre,  alla  à 
Bordeaux  vers  1823,  et  au  bout  de  deux  ans  de 
séjour  en  cette  ville  fut  se  fixer  à  Marseille,  où 
il  resta  de  1825  à  1844.  11  revint  alors  à  Paris, 
installa  de  nouveaux  ateliers  rue  Fléchier,  et 
mourut  en  1858.  Il  a,  dit-on,  beaucoup  produit. 

HE\RY  (Charles,  dit  Carolus),  second  fils 
de  Jean- Baptiste,  né  en  1803,  fut  aussi  élève  de 
son  père,  auquel  il  succéda  en  1831.  Artiste  ha- 
bile, il  prit  part  aux  deux  Expositions  de  Paris 
de  1849  et  de  1855,  obtint  une  médaille  de  bronze 
à  la  première,  et  une  mention  honorable  à  la 
seconde.  Il  est  mort  en  1859. 

HENRY'  (Octave)  ,  fils  de  Jean-Baptiste- 
Félix,  né  en  1826,  fut  élève  de  Maucolel  et  de 
son  oncle  Carolus.  Il  s'établit  en  1854  à  Grenoble, 
où  il  exerce  encore  aujourd'hui  la  profession  de 
luthier. 

HEXR Y  (Eugène),  fils  de  Carolus,  né  en  1843, 
a  succédé  à  son  père  et  occupe  une  place  hono- 
rable parmi  les  luthiers  parisiens. 

HEA'RY'  ( ).  Un  artiste  de  ce  nom  a  fait 

représenter  sur  le  théâtre  de  la  rue  Vieille-du- 


Temple,  en  1806,  un  opéra-comique  en  un  acte 
intitulé  le  Mari  complaisant.  Il  a  écrit  aussi, 
en  société  avec  Dreiiilh  ,  la  musique  d'une  pan- 
tomime ,  Clarice  et  Lovelace  ou  le  Séducteur, 
jouée  au  Cirque-Olympique  en  1815. 

HEA'RY^  (Antoine-Nicolas),  bassoniste  et 
compositeur,  fut  admis  au  Conservatoire  de  Paris 
dans  les  premières  années  de  la  création  de  cet 
établissement,  et  remporta  un  premier  prix  de 
basson  au  concours  de  1803.  Il  devint  ensuite 
premier  basson  de  l'orchestre  de  l'Opéra-Co- 
mique, et  fut, professeur  adjoint  de  basson  au 
Conservatoire,  de  1835  à  1840.  Cet  artiste  a 
publié  un  certain  nombre  de  compositions  pour 
son  instrument. 

HEXSCIIEL  (Georges),  compositeur,  pia- 
niste et  l'un  des  plus  excellents  chanteurs  d'o- 
ratorios et  de  lieder  de  l'époque  actuelle,  est 
né  à  Breslau  le  IS  février  1850.  Élève  d'abord 
de  L.  Wandelt,  puis  de  Jules  SchccITer,  il  com- 
mença par  se  faire  entendre  à  Berlin ,  comme 
pianiste,  en  1862,  à  peine  âgé  de  douze  ans.  En 
1867  il  quitta  Breslau  pour  se  rendre  à  Leipzig, 
se  fit  admettre  au  Con>ervatoire  de  cette  ville, 
eut  pour  maîtres  dans  cet  établissement  Richter, 
Moschelès  et  Gœtze,  puis  alla  compléter  sou 
éducation  artistique  à  l'École  supérieure  de  mu- 
sique de  Berlin,  où  il  étudia  la  composition  avec 
M.  Frédéric  Kiel  et  se  perfectionna  dans  le 
chant  avec  M.  Ad.  Schulze. 

Doué  d'une  superbe  voix  de  baryton,  sonore 
et  étendue ,  M.  Henschel  se  produisit  comme 
chanteur  dès  qu'il  eut  terminé  ses  études,  et  ac- 
quit rapidement  un  grand  renom  sous  ce  rapport, 
parcourant  l'Allemagne ,  la  Belgique  et  la  Hol- 
lande, se  faisant  entendre  dans  toutes  les  grandes 
fêtes  musicales,  et  partout  remportant  de  bril- 
lants succès.  Cela  ne  l'empêchait  pas  de  se  faire 
connaître  en  même  temps  comme  compositeur 
car,  quoique  fort  jeune  encore,  il  a  publié  déjà 
un  grand  nombre  de  lieder,  des  canons  pour 
le  piano ,  une  sérénade  pour  orchestre,  etc.  Il  a 
même  écrit  un  grand  oratorio,  ainsi  qu'un  opéra 
en  3  actes,  Frédéric-le~Beaii,  dont  les  jour- 
naux allemands  ont  annoncé  la  prochaine  appa- 
rition sur  le  théâtre  de  Munich. 

HEXSCIIEL  ( ),  compositeur  drama- 
tique allemand,  a  fait  représenter  il  y  a  quelques 
années,  sur  le  théûtre  de  Brème,  un  opéra  inti- 
tulé la  Belle  Mélusine 

*  HEXSEL  (Fanny-Cécile),  sœur  de  Félix 
Mendelssohn-Bartholdy,  était  née  à  Hambourg 
le  14  novembre  1805. 

HEXSKEXS  (Jean-Emmanuel)  ,  organiste 
honorable,  nnquit  à  Vertryck  (Brabantj  en  1820, 
Devenu  organiste  de  l'église  Saint -Jacques,   à 


HENSRENS  —  HERMANN 


463 


Anvers,  il  voulut,  en  ce  qui  le  concernait,  con- 
tribuer à  faire  disparaître  des  églises  de  campagne 
la  musique  profane  que  les  organistes  avaient  le 
tort  d'exécuter  pendant  les  cérémonies  du  culte, 
et  entreprit  dans  ce  but  une  publication  intéres- 
sante :  Journal  d'orgue  ou  Manuel  de  Vovga- 
niste ,  qui  reproduisait  des  morceaux  d'orgue 
des  artistes  les  plus  fameux  de  tous  les  temps 
et  de  tous  les  pays.  Cette  publication  fort  utile 
ne  dura  pas  moins  de  sept  années,  et  rendit  de 
très-réels  services.  Malbeureusement ,  Henskens 
fut  atteint  en  1856  d'une  maladie  de  langueur 
qui  le  conduisit  au  tombeau  le  25  mars  1859.  On 
doit  à  cet  artiste  d'assez  nombreuses  composi- 
tions religieuses  :  versets ,  sorties  ,  élévations , 
préludes,  offertoires,  ainsi  que  des  pièces  de 
plain-chant  barmonisé. 

*  HEMTSCHEL  (Théodore),  ou  plutôt 
Henschel,  aujourd'hui  cbefd'orcbestre  du  tbéàtre 
de  Brème ,  a  fait  représenter  sur  ce  théâtre ,  le 
5  mars  1874,  un  opéra-cornique  intitulé  le  Page 
du  roi. 

*  HÉQUET  (CHARLEs-JosErn-GusTAVE), 
et  non  HECQUET,  comme  il  a  été  dit  par  er- 
reur, est  mort  subitement  à  Paris,  de  la  rupture 
d'un  anévrisme,  le  26  octobre  1865.  Il  faut  ajou- 
ter à  ses  œuvres  musicales  un  opéra-comique  en 
un  acte  :  De  par  le  Roi,  représenté  sur  le  théâ- 
tre de  Bade  le  17  juillet  1864.  Outre  les  jour- 
naux mentionnés  à  son  sujet,  il  faut  ajouter  la 
France  musicale,  le  Ménestrel,  la  Presse,  le 
Courrier  du  Dimanche,  àont  il  fut  aussi  le  colla- 
borateur, ainsi  que  VAiinuaire  encyclopédique, 
dont  il  faisait  la  partie  musicale.  A  la  Revue  et 
Gazette  musicale,  Héquet  prenait  assez  généra- 
lement le  pseudonyme  de  Léon  Uurocher.  Il  a 
publié  en  1864  une  notice  intitulée:  Boieldieu, 
sa  vie  et  ses  œuvres  (Paris,  Heugel,  gr.  in-S" 
avec  portrait  et  autographes),  qui  avait  paru  pré- 
cédemment, sous  forme  d'articles,  dans  le  Mé- 
nestrel. Parmi  ses  travaux  littéraires  en  dehors 
de  la  musique,  on  peut  encore  citer  un  Itinéraire 
de  Paris  à  Baie,  par  Troyes,  Chaumont,  Lan- 
gres  et  Vesoul  (Paris,  Hachette,  in-12). 

HERBECK  (Johann),  chef  d'orchestre  et 
compositeur,  né  à  Vienne  le  25  décembre  1831, 
s'est  créé  une  haute  position  artistique  en  cette 
ville,  où  il  est  tout  à  la  fois  chef  d'orchestre  de 
l'Opéra  impérial  (depuis  1869),  directeur  de  la 
Société  des  amis  de  la  musique,  et  chef  de  la  So- 
ciété philharmonique.  Artiste  fort  dislingué,  mu- 
sicien nourri  de  bonnes  études,  M.  Herbeck  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  par  un  certain 
nombre  d'ouvrages  parmi  lesquels  je  citerai  les 
suivants  :  Kunstlerfarht,  pièces  en  cinq  parties 
pour  orchestre  ;  Lied  und  Reigen,  série  de  pe- 


tits morceaux  pour  orchestre  et  chœurs;  Airs  et 
danses  populaires,  pour  soli,  chœurs  et  orches- 
tre; Variations  symphoniques  pour  orchestre; 
Quatuor  en  ré  bémol,  pour  instruments  à  cordes-, 
lieder  a  4  voix;  diverses  œuvres  de  musique 
d'église.  M.  Herbeck  a  arrangé  pour  l'orches- 
tre la  Marche  turque  de  Mozart,  ainsi  qu'Au 
ber  et  M.  Prosper  Pascal  l'ont  fait  en  France. 
L'orchestre  de  la  Société  des  amis  de  la  musique, 
dont  M.  Herbeck  est  le  directeur,  ne  compte  pas 
moins  de  40  violons,  12  altos,  et  le  reste  en  pro- 
portiou  :  le  personnel  dioral  se  compose  de  300 
voiv. 

IIEIIBIIM  ( ),  compositeur,  a  fait  repré- 
senter sur  le  théâtre  de  la  Fenice,  de  Naples,  au 
mois  de  juillet  1872,  un  opéra  intitulée  Tre  Re- 
gni,  0  il  Bene  e  il  Maie.  Depuis  lors,  il  a  écrit 
la  musique  de  deux  ballets  qui  ont  été  joués  an 
théâtre  Rossini  de  la  même  ville,  l'un,  Teka,  o 
la  Fata  délie  onde,  le  19  février  1876,  l'autre,  le 
Feste  carnavalesche  del  1876,  au  mois  de  mars 
suivant. 

HElîlNG  (Charles-Frédéric-Adolphe),  vio- 
loniste et  compositeur,  est  né  à  Berlin  le  2  sep- 
tembre 1819.  Élève  pour  le  violon  de  Lipinski 
selon  les  uns,  de  Hubert  Ries  selon  les  autres,  il 
eut  pour  maître  de  composition  Rugenhagen. 
Après  avoir  fait  divers  voyages,  entre  autres  à 
Vienne  et  à  Leipzig,  il  revint  à  Berlin,  où  il 
fonda  une  école  de  musique  pour  l'enseignement 
du  violon,  du  piano,  du  chant  et  de  la  théorie  de 
l'art.  Comme  compositeur,  cet  artiste  s'est  fait 
connaître  par  des  symphonies,  des  ouvertures, 
des  quatuors  et  quintettes  pour  piano  et  instru- 
ments à  cordes,  des  messes,  des  morceaux  de 
chant,  etc.  Il  a  écrit  aussi  un  oratorio  et  deux 
opéras,  mais  je  crois  que  jusqu'ici  ces  derniers 
ouvrages  n'ont  pas  été  livrés  au  public. 

HERLAi\D  (A...),  théoricien  français,  est 
l'auteur  d'un  ouvrage  publié  sous  ce  titre  :  Lois 
du  chant  d'église  et  de  la  musique  moderne, 
nomothésie  musicale,  ouvrage  utile  à  tous  les 
ecclésiastiques, maures  de  chapelle,  organistes, 
directeurs  de  chant,  à  ceux  qui  étudient  ouen- 
seignent  la  musique  et  qui  veulent  avoir  une 
connaissance  exacte  de  ses  lois,  Paris,  Didron, 
gr.  in-8,  1854. 

HERLIi\(THÉoDORE),est  l'auteur  de  l'écrit  sui- 
vant :  Du  rapport  synclironique  du  ré  de  la 
gamme,  mémoire  couronné  par  la  Société  impé- 
riale des  sciences,  de  l'agriculture  et  des  arts  de 
Lille  (Lille,  impr.  Danel,  1866,  in-8"). 

*  HERMANN  (Constant  HERMANT, 
dit).  Les  Compositions  publiées  de  ce  violoniste 
distingué  s'élèvent  aujourd'hui  au  nombre  de  cent 
cinquante  environ.  On  remarque,  entre  autres  : 


464 


HERMANN  —  HERMANN-LÉON 


1°  École  du  violoniste,  12  morceaux  faciles  sur 
les  opéras  CPlèbres,  avec  ace.  de  piano,  Paris, 
Brandus;  2°  le  Rêce,  caprice,  ibid.;  3°  Perles 
du  violoniste,  6  fantaisies  sur  des  opéras  de 
Verdi,  Paris,  Escurlier;  4"  12  Duos  concertanis 
pour  piano  et  violon,  sur  des  opéras  de  Verdi 
(avec  Ketterer),  ibid;  5°  Fantaisie  styrienne, 
Paris,  Sihoneniierger;  6°  Impromptu-vuhe , 
^■6/rf.;  enfin,  un  grand  nombre  de  fantaisies  impor- 
tantes sur  (les  motifs  d'opéras  céleljies. 

HERMAKN  (Hermann  COHEN,  connu 
sous  le  nom  d'),  naquit  à  Hambourg,  de  parents 
Israélites,  le  10  novembre  182t.  Son  père,  riche 
banquier,  lui  fit  donner  une  brillante  éducation, 
mais  le  jenne  Hermann  aimait  surtout  la  mu- 
sique; à  six  ans,  il  jouait  déjà  bien  du  piano,  et 
à  douze  ans  son  talent  sur  cet  instrument  était 
devenu  très-remarquable.  Des  revers  de  fortune 
ayant  accablé  sa  famille,  l'enfant  donna  dans  sa 
ville  natale  son  premier  concert  public,  qui  lui 
valut  un  grand  succès,  se  fit  entendre  ensuite 
dans  le  Mecklembonrg  et  à  Francfort,  puis  vint 
avec  sa  mère  s'établir  à  Paris,  où  il  arriva  vers 
le  milieu  de  l'année  1834.  Grâce  à  d'excellentes 
lettres  de  recommandation  il  se  vit  accueilli  dans 
le  grand  monde,  et  bientôt  devint  IVlève  favori 
de  Liszt,  qui  était  alors  au  plus  fort  de  ses  succès. 
Celui-ci  s'élant  rendu  à  Genève  pour  y  fonder 
un  Conservatoire  de  musique,  y  emmena  son 
jeune  protégé  et  lui  confia,  dans  l'établissement 
qu'il  organisait,  une  classe  de  piano  que  le  jeune 
artiste  conserva  pendant  une  année,  au  bout  de 
laquelle  il  revint  à  Paris. 

Doué  d'un  esprit  léger  et  d'une  humeur  incons- 
tante, Hermann  quitta  de  nouveau  la  France  au 
bout  de  peu  de  temps,  fit  un  voyage  artistique  en 
Angleterre,  en  Suisse,  en  Allemai;ne  et  en  Italie, 
passa  un  assez  long  temps  à  Venise,  et  fil  jouer 
un  opéra  à  Vérone.  A  la  suite  de  ce  voyage,  il 
revint  encore  à  Paris,  qui  l'attirail  toujours,  s'y 
fit  entendre  avec  le  même  succès  que  par  le  passé, 
y  renoua  ses  relations  mondaines  et  y  retrouva 
de  nouveaux  élèves. 

Il  avait  environ  vingt-cinq  ans  lorsque  ses 
idées  prirent  un  cours  inattendu.  Un  sentiment 
en  quelque  sorte  mystique  s'empara  de  lui,  il  se 
mit  à  fréquenter  les  églises,  et  bientôt  il  voulut 
abjurer  la  religion  juive  pour  se  convertir  au  ca- 
tholicisme. Il  reçut  en  effet  le  baptême  à  Paris  le 
28  août  1847,  et,  comme  si  ce  n'était  pas  assez,  il 
étudia  bientôt  la  théologie  avec  ardeur,  et  voulut 
entrer  dans  les  ordres.  Ordonné  piêlre  à  Agen  le 
19  avril  1851,  il  entra  peu  de  temps  après  dans 
le  clergé  régulier,  et,  sous  le  nom  de  Père  Au- 
gustin-Marie du  Très-Saint-Sacrement,  il  fil  pro- 
fession et  prit  l'habit  de  carme  déchaussé.  Depuis 


lors  il  s'est  montré  prédicateur  ardent,  et  s'est 
distingué  par  la  ferveur  de  .son  zèle  apostolique. 
L'histoire  de  cette  étrange  conversion  a  été  rap- 
portée avec  les  plus  grands  détails  dans  un  petit 
livre  non  moins  étrange,  dont  je  ne  connais  que 
la  troisième  édition  :  Conversion  du  pianiste 
Hermann,  carme  déchaussé,  par  J.-B.  Gergerès 
(Paris,  A.  Bray,  3'  édition,  1856,  in-8)(l). 

Le  P.  Hermann  a  publié  quelques  compositions 
religieuses,  entre  autres  un  recueil  de  cantiques 
intitulé  :  Gloire  à  Marie.  En  1856,  étant  en 
tournée  de  prédication,  il  a  fait  exécuter  une 
grande  messe  à  Bordeaux.  On  lui  doit  encore 
quelques  autres  recueils  de  cantiques,  publiés 
sous  les  titres  suivants  :  Amour  à  Jésus-Christ, 
Fleurs  du  Carmel,  le  Couronnement  de  la 
Madone,  etc. 

HERMAXIV  (Alexandre),  chef  d'orchestre 
et  compositeur,  a  fait  rppré>enter  au  Grand- 
Théâtre  de  Marseille,  le  17  avril  1860,  un  opéra- 
comi'iue  en  un  acte  intitulé  î<n  Effet  électri- 
que, dont  il  avait  écrit  les  paroles  et  la  musique. 
Cet  ouvrage  obtint  un  certain  nombre  de  repré- 
sentations (2). 

Al.  R  — d. 

HERMAKX-LÉOIV  (Léokaud  HER- 
MAJXIV,  dit),  chanteur  et  comédien  distingué, 
était  le  fils  d'un  industriel  de  Lyon,  et  naquit  en 
cette  ville  le  23  juillet  1814.  Destiné  d'abord  au 


(Il  Dans  son  livre  intéressant  :  Joseph.  Carie  et  Horace 
l'ernet  (Paris,  Hetzel,in-12),M.  Amùdee  Uurande  a  repro- 
dtiil  le  fragment  suivant  d'une  lellre  d'Horace  Vernet, 
datée  de  Cette,  20  mai  1853  :  —  «.  .  11  m'est  arrivé  une 
singulière  rencontre  sur  le  bateau  de  Valence  à  Avignon. 
Un  jpune  caruie  s'y  trouvait;  son  air  inspiré  attirait  mon 
attention, lorsque  tout  à  coup  il  est  venu  à  moi  en  me  di- 
sant :  «  Ne  me  reconnaissez-vous  pris?  Je  sois  allé  bien 
0  des  (ois  cliez  vous,  lorsque  j'étais  juif.  Je  suis  le  frère 
o  Hermann.  ci-devant  le  Jeune  Coben,  élève  de  Liszt, ami 
><  de  Thalberg.  Permettez-ir.oi  de  vous  embrasser.  »  Et 
nous  voilà  dans  les  bras  l'un  de  l'autre  comme  deux  pau- 
vres. La  conversation  s'est  blm  vite  engagée  et  elle  a 
tourné  à  la  religion.  Jamais  je  n'ai  entendu  une  telle 
éloquence  accompagnée  d'une  si  noble  inspiration!  Comme 
il  m'adressait  la  parole,  11  a  parlé  de  l'iiinuence  de  la  foi 
sur  les  arts;  tout  le  monde  l'éeoulait,  et  pendant  cinq 
heures  il  n'a  cessé  d'exhorter  son  auditoire  à  former  les 
pensées  les  plus  chrétiennes...  Le  pèrellermann  disait 
ceci,  que  je  crois  vrai,  c'est  que  riiannonie  et  la  mélodie 
en  toutes  choses  disposent  le  cœur  à  aliner  et  n'inspirent 
que  de  nobles  penséesin  portant  l'àme  vers  le  ciel...  » 

(2  '  Ce  petit  ouvrage  fut  reproduit,  en  décembre  iS63,  au 
Grand-Théâtre  de  Bordeaux,  où  le  principal  rôle  féminin 
en  était  tenu  par  M"'^  Teschard,  chanteuse  et  comédienne 
aimable,  qui  s'est  fait  depuis  à  Paris  une  réputation  dans 
ie  genre  de  l'opérette,  aux  Bouffes-l'arisiens  cl  à  la  Re- 
naissance. Précédemment,  au  mois  de  mars  183',  M.  Her- 
mann avait  fait  représenter  à  Rochefort  un  grand  opéra 
en  quatre  actes,  Leila,  qu'il  fit  reprendre  aussi,  en  jan- 
vier 1866,  sur  le  Grand-Théûlre  de  Bordeaux,  en  lui  don- 
nant pour  nouveau  titre  le  Giaour.  —  a.  p. 


HERMANN-LÉON  —  HERNANDEZ 


465 


commerce,  il  avait  étudié  la  peinture  et  la  mu- 
sique, lorsque,  se  sentant  doué  d'une  voix  puis- 
sante et  sonore,  il  songea  à  en  tirer  parti  et  con- 
çut l'idée  d'aborder  le  Ihéâtre.  Ne  pouvant  dé- 
cider sa  famille  à  entrer  dans  ses  vues,  et  bien 
décidé  pourtant  à  mettre  son  projet  à  exécution, 
il  prit  le  parti  de  quitter  furtivement  Lyon  pour 
venir  à  Paris,  et  l'on  assure  que  cette  fuite  prit 
tout  le  caractère  d'une  aventure  romanesque. 
Une  fois  arrivé,  Hermann-Léon  se  mit  à  tra- 
vailler sérieusement;  mais  comme  son  père  lui 
refusait  toute  espèce  de  secours  et  qu'il  n'avait  rien 
pour  vivre,  il  mit  à  profil  son  jeune  talent  de 
peintre,  fit  des  dessins  et  des  aquarelles  qu'il  ven- 
dait pour  se  procurer  le  strict  nécessaire,  et  put 
ainsi  continuer  ses  études.  11  était  devenu  ^élè^'e 
de  Delsarte,  et  sous  la  conduite  d'un  tel  maître 
ses  progrès  ne  lardèrent  pas  à  être  rapides;  il  s'é- 
tait fait  admettre  aussi  au  Conservatoire,  dans  la 
classe  de  vocalisation  d'Henry  (8  juillet  183j), 
mais  il  n'y  resta  que  six  mois  environ. 

Bientôt,  Hermann-Léon  fut  engagé  au  théâtre 
<ie  Versailles,  où  il  débuta  en  1836  dans  la  Dame 
Blanche  et  dans  le  Barbier  de  Séville,  et  où  sa 
belle  voix  de  basse  chantante,  dont  les  notes 
graves  étaient  superbes,  produisit  une  vive  im- 
pression. De  Versailles,  le  jeune  chanteur  alla 
tenir  son  emploi  à  Liège,  puis  au  Havre,  où  An- 
ténor  Joly,  rdors  directeur  de  la  Renaissance,  à 
la  recherche  de  bons  artistes,  l'entendit  et  l'en- 
gagea; mais  lorsqu'Hermann  arriva  à  Paris,  le 
théâtre  avait  fermé  ses  portes,  succombant  sous 
la  malechance.  11  partit  alors  pour  Nantes,  où  il 
resta  une  année,  et  delà  se  rendit  à  Bruxelles,  où 
ses  succès  furent  si  grands  qu'il  fut  engagé  à 
l'Opéra-Comique.  Il  débuta  à  ce  théâtre  de  la 
façon  la  plus  heureuse,  le  15  juillet  1844,  dans 
un  nouvel  ouvrage  de  Balfe,  les  Quatre  Fils 
Aymon,  lit  ensuite  une  excellente  création  dans 
le  Diable  à  l'École,  et  mit  le  comble  à  sa  répu- 
tation par  la  manière  remarquable  dont  il  joua 
et  chanta  le  rôle  du  capitaine  Roland  dans  les 
Mousquetaires  de  la  Reine,  d'Halévy.  Hermann- 
Léon,  en  effet,  n'était  pas  seulement  doué  d'une 
voix  magnifique,  remarquable  par  son  timbre,  son 
étendue  et  sa  solidité,  il  était  encore  un  chanteur 
fort  distingué,  joignait  à  ce  talent  celui  d'un 
comédien  accompli,  et  donnait  d'autant  plus  de 
relief  à  ce  dernier  que  ses  études  de  peintre  lui 
avaient  fait  acquérir  un  grand  sentiment  de  la 
plastique  et  qu'il  savait  s'habiller  comme  per- 
sonne. 

Après  les  rôles  qui  viennent  d'être  mentionnés, 
Hermann-Léon  en  créa  plusieurs  autres  qui  ne 
lui  furent  pas  moins  favorables  :  le  régent  dans 
Ne  touchez  pas  à   la  Reine,   Malipieri  dans 

BIOCR.    UNIV.    DES  MUSICIENS.    —   SUPPL.    — 


Haydée,  le  capitaine  Viala  dans  les  Monténé- 
grins, Desbruyères  dans  les  Porcherons,  le  tam- 
bour-major dans  le  Caïd,  puis  la  Barcarolle, 
Gibby  la  Cornemuse,  Gille  ravisseur,  le  Mou- 
lin des  Tilleuls,  etc. 

Il  passait  ainsi  du  dramatique  au  comique,  et 
montrait  toute  la  .souplesse  d'un  talent  remar- 
quable surtout  par  l'ampleur  et  la  variété.  Au 
boutdequelquesannées  pourtantil  quitta  l'Opéra- 
Comique,  avec  l'espoir  d'entrer  à  l'Opéra.  Il  avait 
chanté,  en  province  et  à  l'étranger,  quelques-uns 
des  ouvrages  du  grand  répertoire  lyrique  :  Ro- 
bert le  Diable,  les  Huguenots,  la  Juive,  et  son 
ambition  était  de  s'y  montrer  sur  la  première 
scène  musicale  de  France.  Il  n'y  put  réussir/en 
dépit  de  ses  désirs,  et  rentra  à  l'Opéra-Comique, 
où  il  créa  encore,  entre  autres  rôles,  celui  du 
soldat  Grilzenko  dans  VÉtoile  du  Nord,  de 
Meyerbeer.  Mais  bientôt  il  quitta  de  nouveau  la 
scène  de  ses  succès,  et  parut  au  Théâtre-Lyrique 
dans  un  petit  opéra  d'Adolphe  Adam,  Falslaff. 

Hermann-Léon  était  devenu  capricieux,  luna- 
tique, et  ne  se  trouvait  bien  nulle  part.  Il  ne  put 
rester  longtemps  au  Théâtre-Lyrique,  demeura 
inoccupé,  et,  pour  charmer  ses  loisirs,  se  remit 
à  faire  de  la  peinture.  Voyant,  par  sa  faute  ou 
celle  des  événements,  les  scènes  lyriques  se  fer- 
mer devant  lui ,  il  songea  à  transformer  sa  carrière 
et  à  se  montrer  sur  un  théâtre  de  genre.  Il  était 
en  pourparlers  avec  celui  des  Variétés  et  allait 
sans  doute  s'y  faire  engager  lorsqu'il  mourut 
presque  subitement,  à  Paris  (Batignolles),  le  3 
novembre  1858. 

Hermann-Léon  a  laissé  un  fils,  qui  jouit  au- 
jourd'hui d'une  certaine  réputation  comme  chan- 
teur de  concert. 

IICKMIER  (Michel),  prêtre  du  diocèse  de 
Rouen  et  musicien  distingué,  fut,  de  1695à  1697, 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  cette  ville, 
où  il  fit  exécuter  plusieurs  messes  de  sa  compo- 
sition. 

IlERIVANDEZ  (Pablo),  compositeur  espa- 
gnol, est  né  à  Saragosse  le  25  janvier  1834,  et  fut, 
dans  ses  jeunes  années,  enfant  de  chœur  à  Notre- 
Dame-del-Pilar.  Il  devint  alors  l'élève  de  Valen- 
tin  Melon,  maître  de  chapelle  et  organiste  de 
cette  église,  qui  lui  enseigna  le  solfège,  le  piano, 
l'orgue  et  l'harmonie,  et  d'Ignace  Rabanals,  pre- 
mier violon  de  la  même  chapelle,  avec  lequel  il 
étudia  le  violon.  En  1848,  à  peine  âgé  de  14  ans, 
il  devenait  organiste  de  l'église  paroissiale  de 
Saint-Gilles,  et  il  con.'îerva  cet  emploi  jusqu'en 
1856,  époque  à  laquelle  il  se  rendit  à  Madrid 
pour  se  faire  admettre  au  Conservatoire  et  s'y 
perfectionner  dans  son  art.  Il  devint,  dans  cet 
établissement,  l'élève  deM.  Hilarion  Eslavapour 
T.  I.  30 


466 


HERNANDEZ  —  HERNANDO 


l'orgue  et  la  composition,  et  obtint  le  premier 
prix  au  concours  de  1861. 

Tout  en  terminant  ses  études  au  Conservatoire, 
M.  Hernandez  était  devenu,  à  la  suite  d'un  con- 
cours, organiste  de  la  basilique  royale  de  Notre- 
Dame  d'Atoclia;  en  1863,  ii  fut  nommé  profes- 
seur auxiliaire  de  solfège  au  Conservatoire.  A 
parUr  de  ce  moment,  il  se  livra  activement  à  la 
composition.  Parmi  ses  œuvres,  qui  sont  nom- 
breuses, il   faut  surtout  distinguer  :    Mdhode 
d'orgue  (introduction  au  Musée  organique  de 
M.  Hilarion  Eslava);  six  fugues  pour  orgue,  en 
forme  d'offertoire  (inédites)  ;  messe  à  3  voix,  avec 
orchestre;  Miserere  à  3  voix,  avec  orchestre; 
Salut  à  3  voix,  avec  orchestre  ;  Te  Dexim,  avec 
ace.  d'orgue;  Messe  pastorale,  id.;  Stabat  Ma- 
ter ;  Lamentations  du  Jeudi  saint,  id.  ;  0  Sa- 
lutaris  hostia,  id.  ;  plusieurs  autres  motets,  id.  ; 
Ouverture  à   Grand  orciiestre  (inédite)  ;  grande 
Symphonie  pour  orchestre  (id.),   écrite  spécia- 
lement pour  la  société  de  concerts  dirigée  par 
M.  Barbieri  [Voy.  ce  nom).  M.  Hernandez  a  fait 
représenter  aussi,  à  Madrid,  quelques  irtriiife/a^ 
en  un  acte,  dont  l'une  avait  pour  titre  :  Un  Se- 
villano  en  la  Habana. 

Il ERiXAIXDEZ(lsiDORo),  jeune  compositeur 
espagnol,  est  l'auteur  de  deux  zarzuelas  en  un 
acte,  quitoules  deux  ont  été  représentées  à  Ma- 
drid, sur  le  théâtre  Breton,  le  1^"^  octobre  1875; 
l'une  avait  pour  titre  Maese  Tallarines,  l'autre 
était  intitulée  Fresco  de  Jordan.  En  1876,  un 
autre  petit  ouvrage  du  même  genre  a  vu  le  jour 
à  Madrid,  sous  le  nom  de  ce  compositeur  et  sous 
ce  titre  ;  Una  Leccion  de  ioreo. 

HERNAiXDO  (Rafaël- José-Maria),  com- 
positeur dramatique, est  né  à  Madrid  le  3  Imai  1822, 
et  après  avoir  reçu  une  bonne  instruction  primaire, 
entra  en  1837  au  Conservatoire  de  cette  ville, 
et  y  fit  toutes  ses  études  musicales  sous  la  direc- 
tion de  Ramon  Carnicer.  Après  avoir  quitté  cet 
établissementien  1843,  il  se  rendit  à  Paris  dans 
le  but  d'y  compléter  son  éducation  musicale  et 
de  s'y  perfectionner.  A  Paris,  M.  Hernando  com- 
mença à  se  livrer  à  la  composition  ;  il  écrivit  un 
Stabat  Mater  et  quelques  autres  œuvres,  qui 
furent  exécutées  dans  les  concerts  de  la  Société 
Ste-Cécile,  puis  composa  la  musique  d'un  opéra 
italien  en  4  actes,  qu'il  ne  put  réussira  faire  jouer 
au  Théâtre-Italien.  Au  bout  de  quelques  années 
passées  en  France ,  M.  Hernando  retourna  à 
Madrid,  et  entre  autres  compositions,  écrivit  une 
saynète,  las  Sacerdotisas  del  Sol,(\\x\  fut  repré- 
sentée sur  le  théâtre  de  l'Institut.  Au  carnaval 
de  1849,  il  livra  au'public  une  zarzuela  en  un 
acte,  Palodeciego,  qui  fut  accueilUe  avec  beau- 
coup de  faveur,  et  le  27  mars  de  la  même  année 


il  donnait  un  autre  ouvrage  du  même  genre, 
Colegiales  y  Soldados,  qui  donna  au  public  l'i- 
dée de  ce  que  pouvait  être  la  musique  dramatique 
espagnole.  La  joie  générale  fut  telle  à  ce  sujet 
qu'une  entreprise  se  forma  aussitôt  dans  le  but 
d'expioiter  le  genre  de  la  zarzuela  au  théâtre  des 
Variétés,  et  que  M.  Hernando  fut  choisi  pour 
compositeur  et  directeur  de  ce  théâtre,  avec  la 
charge  d'écrire  quatorze  actes  de  musique  par 
année. 

Cet  engagement  ne  lui  fut  pas  très-onéreux, 
car  la  première  pièce  qu'il  donna  obtint  un  suc- 
cès tel  qu'elle  le  rendait  jusqu'à  un  certain  point 
inutile.  En  effet ,  cet  ouvrage ,  intitulé  el 
Dueude,  et  donné  le  6  juin  1849,  fut  reçu  si 
favorablement  qu'il  fournit  une  carrière  de  120 
représentations.  H  fut  suivi  d'une  autre  zar- 
zuela en  2  actes,  Bertoldo  y  Comparsa,  qui 
ne  fut  pas  moins  heureuse.  En  1851,  une  société 
d'auteurs  se  forma  pour  cultiver  le  genre  lyrique 
espagnol,  et  le  président  decette  société,  M.  Louis 
Olona,  fut  bientôt  remplacé  par  M.  Hernando, 
qui  mit  toute  son  activité  au  service  de  la  compa- 
gnie, en  ce  qui  concernait  l'administration,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  continuer  ses  travaux  de 
compositeur.  H  écrivit  donc  successivement  plu- 
sieurs autres  zarzuelas-  El  novio  Pasado  por 
agua,  en  3  actes,  Cosas  de  Juan,  en  3  actes,  Una 
Noche  en  el  serallo,  en  l  actes  (non  représentée), 
el  Tambor,  en  un  acte,  donnée  au  bénéfice  des 
soldats  d'Afrique,  enfin  Aurora,  en  3  actes  (non 
représentée),  et  deux  ouvrages  écrits  en  société 
avec  quelques  confrères  :  Escenas  deChamberi 
et  Por  segiiir  a  una  mujer. 

En  1852,  M.  Hernando  fut  nommé  secrétaire 
du  Conservatoire  de  Madrid,  poste  dans  lequel, 
avec  son  intelligence,  son  zèle  et  sou  amour  de 
l'art,  il  sut  rendre  de  très-grands  services.  H  y 
exerça  encore  ses  talents  de  compositeur,  en 
écrivant  plusieurs  œuvres  importantes  :  un  hymne 
inaugural,  chanté  par  les  élèves  au  théâtre  du 
Palais  royal;  el  ISacimiento,  fantaisie  sympho- 
nico- religieuse  pour  la  séance  musicale  donnée 
au  Conservatoire  à  l'occasion  de  la  naissance  du 
prince  des  Asturies  ;  un  second  hynme,  intitulé 
Premios  à  la  virtud,  qui  fut  exécuté  par  les 
élèves,  sous  sa  direction,  pour  la  première  dis- 
tribution des  prix  qui  eut  lieu  au  Conservatoire  ; 
enfin  un  chœur  et  une  marche  triomphale,  que 
ces  mêmes  élèves,  réunis  à  ceux  de  l'Université, 
exécutèrent  lors  du  retour  de  l'armée  qui  venait 
de  combattre  en  Afrique.  M.  Hernando  a  con- 
tribué d'une  façon  considérable  à  améliorer  les 
conditions  artistiques  du  Conservatoire,  en  rédi- 
geant un  projet  de  règlement  organique,  et  en 
provoquant  d'utiles  et  importantes  réformes  de 


HERNANDO  —  HERRMANN 


467 


tout  genre.  D'autre  part,  il  a  songé  aussi  à 
pousser  l'art  national  dans  les  voies  du  progrès, 
en  publiant  sous  ce  titre  :  Proyeclo,  memoria 
para  la  creacion  de  unaAcademia  espanola  de 
mûs/ca  y  de  fomento  del  arie,  un  écrit  qui  a 
été  accueilli  avec  faveur  et  avec  reconnaissance 
par  la  presse  et  par  tout  le  corps  enseignant,  mais 
qui,  malheureusement,  et  par  suite  de  l'inconce- 
vable inertie  qui  règne  en  Espagne  au  sujet  des 
choses  d'art,  n'a  produit  aucun  résultat. 

Nommé  professeur  d'harmonie  supérieure  au 
Conservatoire,  M.  Hernando  a  organisé  et  réglé 
l'enseignement  de  cette  branche  si  importante  des 
études  musicales,  en  suivant  les  errements  de  la 
grande  école  deM.Eslava,  etl'onassurequ'il  a  su 
mettre  la  classe  à  la  lête  de  laquelle  il  était  placé  à 
la  hauteur  des  meilleures  de  cegenre  qui  existent 
dans  les  grandes  institutions  musicales  de  l'Eu- 
rope, accroissant  sans  cesse  le  nombre  des  élèves 
qui  étaient  sous  sa  direction.  D'ailleurs  infati- 
gable, cet  artiste  excellent,  qui  s'était  démis  des 
fonctions  de  secrétaire  qu'il  occupait  pour  pou- 
voir se  consacrer  entièrement  aux  besoins  de  son 
enseignement,  s'occupa  bientôt  de  la  fondation 
d'une  Société  artistique  musicale  de  secours  mu- 
tuels, dont  il  fut  élu  secrétaire  général.  Celte 
Société,  devenue  rapidement  prospère  grâce  à 
son  dévouement  et  à  son  activité,  lui  donna  l'oc- 
casion d'écrire  chaque  année,  pour  ses  séances 
générales,  un  annuaire  ou  mémorial  dans  lequel 
étaient  exposés  d'une  façon  claire  et  lumineuse, 
tous  les  faits  intéressant  les  sociétaires,  et  rela- 
tifs à  l'accroissement  du  capital  social,  aux 
moyens  de  le  maintenir,  aux  secours  distribués 
aux  artistes  malheureux,  enfin  à  tout  ce  qui  con- 
cerne le  règlement  et  la  marche  de  l'institu- 
tion. 

On  voit  tous  les  services  que,  sous  des  rap- 
ports si  nombreux  et  si  divers,  M.  Hernando  a 
su  rendre  sans  cesse  à  l'art,  aux  artistes  et  à  son 
pays  même,  se  multipliant  chaque  jour  pour  être 
utile  à  tous,  et  recherchant  au  lieu  de  les  fuir, 
comme  tant  d'antres,  les  occasions  où  son  dé- 
vouement pouvait  se  déployer.  De  tels  exemples 
sont  rares,  et  l'on  ne  saurait  trop  les  encourager. 
En  ce  qui  concerne  M.  Hernando,  on  sent  que 
derrière  l'artiste  il  y  a  un  homme,  que  derrière 
l'homme  il  y  a  un  caractère,  et  ce  n'est  malheu- 
reusement pas  le  fait  de  tous  ceux  qui  se  font  de 
l'exercice,  d'ailleurs  honorable,  de  leurs  facultés 
artistiques,  un  renom  mérité. 

Comme  compositeur,  M.  Hernando  ne  s'est 
pas  uniquement  exercé  dans  le  genre  dramatique  ; 
on  lui  doit  aussi  un  certain  nombre  d'œuvres  de 
musique  religieuse,  entre  lesquelles  il  faut  sur- 
tout citer  une  messe  votive,  qui  a  été  exécutée 


le  22  novembre  1867,  jour  de  la  fête  de  Sainte- 
Cécile,  dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Lorette, 
de  Madrid. 

*  HEROLD  (Louis-Joseph-Ferdinand).  A  la 
liste  des  ouvrages  dramatiques  de  cet  artiste  im- 
mortel, il  faut  ajouter  la  Fille  mal  gardée, 
ballet  en  deux  actes  représenté  à  l'Opéra  le  17 
novembre  1828,  et  V Auberge  d'Auray,  ouvrage 
écrit  par  lui  en  société  avec  Carafa  et  joué  à 
rOpéra-Comique  en  1830.  Un  opéra  en  un  acte, 
dont  il  avait  composé  la  musique  sur  un  livret 
de  Guilbert  de  Pixérécourt,  fut  reçu  à  l'Opéra  le 
28  mars  1818,  mais  ne  fut  jamais  représenté. 
En  dehors  du  théâtre  il  faut  signaler,  parmi  ses 
productions  inédites,  les  compositions  envoyées 
par  lui  à  l'Institut,  pendant  son  séjour  à  Rome 
comme  pensionnaire  de  l'Académie  de  France  en 
cette  ville;  ces  compositions,  dont  les  manus- 
crits autographes  font  aujourd'hui  partie  de  la 
bibliothèque  du  Conservatoire  de  musique,  sont 
au  nombre  de  cinq  :  1"  Symphonie  à  grand  or 
chestre,  en  ut  majeur;  2°  Symphonie  en  re  ma- 
jeur; 3"  Hymne  à  quatre  voix  et  orchestre  sur 
la  Transfiguration  (texte  latin)  ;  4°  Scena  eda- 
aria,con  cari  {texte  italien);  5°  Trois  quatuors  (1). 

Au  mois  de  novembre  1871,  le  théâtre  de  l'O- 
péra-Comique  donnait  la  millième  représen- 
tation du  Pré  aux  Clercs,  et  peu  de  temps 
après,  cet  incomparable  chef-d'œuvre,  traduit  en 
italien  sous  ce  titre  :  Un  Duello  al  Pré  aux 
Clercs,  par  M.  Félix  Cottrau,  était  joué  avec  un 
grand  succès  au  Théâtre-Philharmonique  de 
Naples.  — M.  B.  Jouvina  publié  sur  Hérold  une 
notice  biographique  :  Hérold,  sa  vie  et  ses  œu- 
vres (Paris,  Heugel,  1868,  in-8  avec  portrait  et 
autographes)  ;  on  trouve  dans  cet  écrit  des  frag- 
ments intéressants  du  journal  qu'Hérold  tenait 
avec  soin  et  sur  lequel  il  consignait  tous  les  faits 
intéressant  sa  vie. 

*  HERRMANIV  (Gottfried),  violoniste, 
pianiste,  organiste  et  compositeur,  est  né  non  à 
Lubeck  ,  comme  il  a  été  dit  par  erreur,  mais  à 
Sondershausen,  le  15  mai  1808.  Élève  de  Spohr 
pour  le  violon  et  de  Hauptmann  pour  la  composi- 
tion, il  se  distingua  doublement,  dès  sa  jeunes- 
se, comme  virtuose  sur  le  violon  et  sur  le  piano, 
en  même  temps  qu'il  essayait  ses  forces  comme 
compositeur.  D'abord  premier  violon  à  la  cha- 
pelle de  Hanovre,  il  alla  ensuite  à  Francfort, 
puis  se  rendit  en  1831  à  Lubeck,  où  il  devint  di- 
recteur de  musique  de  la  ville  et  organiste,  et 
enfin,  en  1844 ,  accepta  les  fonctions  de  maître 


|1)  La  mème'bibliothèque  possède  le  manuscrit  autogra- 
phe de  la  cantate  Mademoiselle  de  la  Vallière,  avec  la- 
quelle Hérold  remporta  le  grand  prix  de  Rome,  en  1812. 


468 


HERRMANN  —  HERVÉ 


de  chapelle  à  Sondershausen.  Outre  plusieurs 
opéras  :  Toussaint- Louverture,  Barberousse, 
le  Feu  de  la.  Saint- Jean ,  M.  Herrmann  s'est 
fait  connaître  par  un  grand  nombre  de  composi- 
tions, parmi  lesquelles  on  cite  des  symphonies  , 
des  ouvertures,  des  concertos  de  violon  ,  un 
double  concerto  pour  deux  violons,  un  octuor 
pour  instruments  à  cordes,  un  autre  octuor 
avec  piano,  des  quatuors,  des  trios  pour  divers 
instruments,  des  Iteder,  etc.  M.  Herrmann  a  \d 
réputation  d'un  excellent  professeur  de  chant. 

HERRMAXN  (Henri),  compositeur,  né  le 
22  mai  1827  à  Francfortsiu'-leMein,  est  devenu 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  cette  ville,  et  s'est 
fait  une  renommée  comme  compositeur  de  mar- 
ches instrumentales  et  de  morceaux  de  musique 
de  danse.  Il  a  publié  plus  de  cent  œuvres  de  ce 
genre. 

HERTEL  (PiERRE-Loris),  compositeur  de 
ballets,  né  à  Berlin  le  21  avril  1817,  étudia  le 
piano  avec  W.  Greulich,  le  violon  avec  Rietz, 
la  composition  avec  J.  Schneider  et  Marx.  Il  se 
consacra  spécialement  à  la  composition  de  la 
musique  de  ballets,  et  écrivit,  soit  pour  l'Alle- 
magne, soit  pour  l'Italie,  un  assez  grand  nombre 
d'ouvrages  de  ce  genre,  parmi  lesquels  je  cite- 
rai les  suivants,  qui  furent  tous  représentés  sur 
le  théâtre  delà  Scala,  de  Milan  :  Ellenor  (1862), 
Fiik  et  Flok  (\8ù2),  leStelle  (iSGS),  I  due  So- 
c«(18C3),  Ballanda{\863),  etc. 

HERTÈSE  (IlE-Mii),  compositeur,  a  publié 
récemmentun  petit  recueil  intitulé  :  Album  mu- 
sical pour   piano  et  chant  (Paris,  in-8°). 

HERVÉ  (Fi.oRiMOND  RONGER,dit),  auteur 
et  compositeur  dramatique,  chanteur,  comédien, 
organiste  et  chef  d'orchestre,  est  né  le  30  juin 
1825,  à  Houdain,  près  d'Arras.  Élevé  à  Paris, 
il  fit  ses  études  musicales  à  la  maîtrise  de  Saint- 
Roch,  et  devint  organiste  dans  diverses  églises. 
Vers  ISfiS,  tourmenté  déjà  du  démon  du  théâ- 
tre, il  fait  une  courte  apparition  à  l'Opéra-Na- 
tional,  et  il  écrit  la  musique  d'une  sorte  d'in- 
termède intitulé  Don  Quichotte  et  Sancho 
Pança,  qu'il  chantait  lui-même  en  compagnie  de 
M.  Joseph  Kelra,  et  trois  ans  après,  en  1851, 
il  devient  chef  d'orchestre  du  théâtre  du  Palais- 
Royal.  En  1854  ou  1855,  il  succède,  comme  di- 
recteur, à  un  nommé  Mayer,  qui  avait  ouvert, 
sur  le  boulevard  du  Temple  et  sous  le  titre  de 
Fol'ies-Mayer,  en  face  du  groupe  de  théâtres 
qui  avaient  rendu  ce  quartier  fameux,  une  sorte 
de  café-concert.  M.  Hervé  obtient  le  privilège 
de  transformer  cet  établissement  en  un  petit 
théâtre  dans  lequel  il  aura  le  droit  déjouer  des 
saynètes  musicales  à  deux  personnages  et  des 
pantomimes,  et  il  ouvre  ce  théâtre  sous  le  litre 


de  Folies-Concertantes.  Tour  à  tour  machiniste, 
décorateur,  auteur,compositeur,  chanteur  et  chef 
d'orchestre,  M.  Hervé,  dont  l'intelligence  et  l'ac- 
tivité étaient  d'ailleurs  indiscutables,  sut,  à  l'aide 
d'efforts  inouis,  faire  de  ce  petit  spectacle  le  ren- 
dez-vous d'une  certaine  société  légère,  écrivant 
lui-même  les  paroles  et  la  musique  de  la  plupart 
des  pièces  qu'il  y  faisait  représenter,  en  jouant 
souvent  le  principal  rôle,  et  se  mettant  à  la  tête 
de  l'orchestre  lorsqu'il  n'était  pas  occupé  sur  la 
scène.  H  donna  ainsi,  en  1855  et  1856,  plusieurs 
petites  pochades  musicales,  d'une  fantaisie  éche- 
velée  quant  aux  paroles,  d'un  tour  assez  aima- 
ble quant  à  la  musique,  qui  lui  firent  une  cer- 
taine réputation  et  préparèrent  le  règne  de  l'o- 
pérette, ce  genre  devenu  malsain,  qui  pèse  sur  la 
France  depuis  tantôt  vingt  ans.  Ces  premiers  es- 
sais s'appelaient  Vadé  au  Cabaret,  un  Drame 
en  1779  (paroles  et  musique),  le  Compositeur 
toqué  (id.),  la  Fine  Fleur  de  l'Andalousie  (id.), 
la  Perle  de  V Alsace  (id.),  la  Belle  espagnole 
(id.),  Fifi  et  Mni.  En  1856,  M.  Hervé  cédait  la 
direction  de  son  théâtre  à  MM.  Huart  et  Alla- 
roche,  mais  en  y  restant  attaché  comme  com- 
positeur et  comme  acteur,  condition  qui  ne  put 
être  remplie  entièrement  par  suite  d'un  procès 
dont  nous  n'avons  pas  à  rendre  compte  ici.  Ce- 
pendant, si  M.Hervé  ne  pouvait,  momentanément, 
reparaître  à  la  scène,  il  continuait  d'écrire  pour 
ce  petit  théâtre,  qui  avait  pris  le  titre  de  Folies- 
Nouvelles,  mais  en  signant  ses  partitions  de  dif- 
férents pseudonymes  ;  c'est  ainsi  qu'il  composa, 
de  18ÔG  à  1858,  la  musique  de  Toinetteet  son 
carabinier  (sous  le  pseudonyme  de  Brémond), 
gentille  petite  partition,  de  Femme  à  vendre 
(id.),  du  Pommier  ensorcelé  (sous  le  pseu- 
donyme de  Louis  Hefl'er),  de  la  Dent  de  sagesse 
(id.),  de  l'Alchimiste  (id.). 

Après  s'être  montré,  en  1858,  sur  le  petit  théâ 
tre  Debureau  et  suf  celui  des  Délassements-Co- 
miques, M.  Hervé  fut  engagé  au  Grand-Théâttre 
de  Marseille  pour  y  jouer  son  répertoire,  en 
compagnie  de  M.  Joseph  Kelm,  qui  lui  avait 
toujours  servi  de  partenaire  à  Paris.  De  là  il  se 
rendit  à  Monipellier,  pour  tenir  l'emploi  des  se- 
conds ténors,  et  l'on  assure  qu'il  joua  en  cette 
ville  les  rôles  de  Cantarelli  du  Pré  aux  Clercs, 
d'Hector  de  Biron  dans  les  Mousquetaires  de  la 
Reine,  et  même  d'Arthur  dans  Lucie  de  lamer- 
moor,  ce  qui  ne  devait  pas  laisser  que  d'être  un 
peu  étrange.  I!  fit  en.suite  un  voyage  au  Caire, 
puis  revint  à  Paris,  et  repai  ut  sur  la  petite  scène 
des  Délassements-Comiques,  oii  il  fit  jouer,  en 
1862,  deux  nouvelles  opérettes  en  un  acte,  le 
Hussard  persécuté  (paroles  et  musique)  et  la 
Fanfare  de  st-Cloud.  Il  ne  resta  pas  longtemps 


HERVE 


469 


à  ce  théâtre,  et  fut  bientôt  engagé  au  café-con- 
cert de  l'Eldorado,  tout  à  la  fois  comme  comé- 
dien, comme  chef  d'orchestre  et  comme  compo- 
siteur; il  écrivit  pour  cet  établissement  une  fouie 
de  chansons  et  de  chansonnettes,  des  saynètes, 
des  opérettes,  quittant  souvent  l'orchestre  pour 
monter  sur  la  scène,  et  revenant  ensuite  se  met- 
tre à  la  tête  de  ses  musiciens.  D'ailleurs  infati- 
gable, et  ne  se  bornant  pas  à  ce  travail,  qui  au- 
rait sufti  à  beaucoup  d'autres,  il  trouvait  encore 
moyen  de  composer  la  musique  de  nombreuses 
pièces  qu'il  faisait  jouer  un  peu  partout  :  les 
Toréadors  de  Grenade  (paroles  et  musique,  un 
acte,  Palais-Royal,  1863),  le  Joueur  dejlùte  (un 
acte.  Variétés,  1864),  une  Fantasia  (id.,id., 
1865),  ^«  Revue  pour  rien  ow. Roland  à  Ronge- 
Veau  (parodie  en  2  actes,  Bouffes-Parisiens, 
1865),  les  Chevaliers  de  la  Table  ronde  (3  ac- 
tes, Bouffes-Parisiens,  1866).  Après  deux  ou  trois 
ans,  M.  Hervé  quittait  l'Eldorado  pour  entrer  au 
Ihéàtre  de  la  Porte-Saint-Martin,  où  il  reparaissait 
comme  comédien  dans  une  ancienne  féerie,  la 
Biche  au  bois,  pour  laquelle  il  écrivait  quel- 
ques airs  nouveaux  (18CÔ),  et  dans  une  grande 
revue  ,  intitulée  1867,  où  se  trouvaient  aussi 
plusieurs  morceaux  de  sa  composition. 

Mais  M.  Hervé  avait  à  la  fois  de  la  jalousie  et  de 
l'ambition.  Il  prétendait,  ce  qui  était  vrai,  avoir 
inventé  ou  tout  au  moins  cultivé  le  premier  en 
France  le  genre  de  l'opérette  ;  et  cependant  un  rival 
plus  heureux  que  lui,  M.  Offenbach,  avait  acca- 
paré, à  l'aide  de  l'opérette,  dont  il  avait  agrandi 
les  proportions,  la  faveur  du  public,  et,  servi 
par  d'adroits  collaborateurs  et  par  son  instinct 
du  théâtre,  remportait   d'énormes  succès   avec 
des  pièces  en  plusieurs  actes,  telles  (\\x'Orphée 
aux  Enfers,  Barbe- Bleue,  la  Grande  Duchesse 
de  Gerolstein,  la  Belle  Hélène,  la  Vie  pari- 
sienne, etc.  M.  Hervé  se  dit  que,  lui  aussi,  il 
pourrait  aspirer  à  des  succès  semblables,  et  se 
faisant  de  nouveau  son  propre  librettiste,  il  écri- 
vit les  paroles  et  la  musique  d'une  véritable  folie 
en  trois  actes,  l'ŒU  crevé,  qu'il  donna  aux  Fo- 
lies-Dramatiques au  mois  d'octobre  1867,  et  qui 
fit  littéralement  courir  tout  Paris  par  son  étran- 
geté  inouïe  et  par  les  qualités  aimables  et  l'en- 
train de  certains  morceaux  de  sa  partition.  Après 
avoir  fait  jouer  encore  au  Palais-Royal  une  pe- 
tite pochade,  le  Roi  d'Amatibou  (1868),  il  repa- 
rut aux  Folies  Dramatiques,  avec  une  nouvelle 
pièce  en  trois  actes,  Chilpéric  (paroles  et  mu- 
sique, 1868),  sorte  de  grande  parodie  historique, 
qui  fut  moins  heureuse  que  VŒU  crevé,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  parodier  —  lui-même  !  —  sa 
parodie,  et  d'écrire  la  musique  de  C/«J^/H^nc,  imi- 
tation donnée  à  l'Eldorado  deux  mois  après  l'o- 


riginal. L'insuccès  à  peu  près  complet  de  Chil- 
péric ne  le  découragea  pas,  et  six  mois  après, 
au  mois  d'avril  1869,  il  présentait  au  public  des 
Folies  Dramatiques  une  nouvelle  pièce  en  trois 
actes,  le  Petit  Faust,  dont  cette  fois  il  n'avait 
composé  que  la  musique,  et  qui  oblint  un  succès 
prodigieux.  Ce  fut  à  peu  près  le  dernier,  et  de- 
puis lors  le  compositeur  n'a  point  retrouvé  de 
vogue  semblable,  quoique  les  Turcs  (3  actes. 
Folies- Dramatiques  ,  1809)  aient  encore  été  ac- 
cueillis favorablement  ;  mais  le  public  a  reçu  avec 
froideur,  et  quelquefois  avec  hostilité,  les  ou- 
vrages suivants  :  le  Trône  d''£cosse{3  actes,  Va- 
riétés, 1871),  le  Nouvel  Aladin  (3  actes,  théâ- 
tre Déjazet,  1871),  pièce  jouée  d'abord  en  anglais, 
à  Londres,  et  dont  le  livret  de  M.  Thompson  fut 
traduit  parle  musicien,  la  Veuve  du  Malabar 
(3  actes.  Variétés,  1873),  le  Hussard  persécuté 
(amplification  en  2  actes  de  la  pièce  déjà  jouée, 
Palais-Royal,  1873),  Alice  de  Nevers  (paroles 
et  musique,  3  actes,  Folies-Dramatiques,  1875), 
la  Belle  Poule  {3  actes,  Folies-Dramatiques, 
1875),  enfin  Estelle  et  Némorin  (3  actes,  Opéra- 
Bouffe,  1876).  En  1870  et  1871,  M.  Hervé,  dont 
l'ambition  est  exagérée,  mais  dont  on  ne  sau- 
rait nier  les  facultés  artistiques,  a  accepté  un  en- 
gagement pour  aller  jouer  à  Londres,  en  an- 
glais, son  répertoire  ;  il  ignorait  alors  com- 
plètement la  langue  anglaise,  et  cependant,  au 
bout  de  quelques  mois  d'études,  il  fut  en  état 
de  paraître  sur  la  scène  qui  l'avait  appelé, 
et  y  obtint  un  très-grand  succès.  Pendant  l'été 
de  1874,  il  retourna  à  Londres,  et  organisa  aa 
théâtre  de  Covent-Garden  des  concerls-prome- 
menade  dans  lesquels  il  conduisait  l'orchestre 
et  qui  attirèrent  le  public  pendant  toute  la  sai- 
son. 

Nous  avons  vu  que  dans  le  petit  théâtre  créé 
par  lui  naguère  au  boulevard  du  Temple,  cet  ar- 
tiste avait  intronisé  l'opérette  à  deux  ou  trois 
personnages  :  on  peut  dire  que  dans  de  petites 
pièces  musicales  réduites  à  ces  proportions,  il 
avait  obtenu  des  succès  mérités.  Je  ne  parle  pas 
de  lui  comme  librettiste;  son  imagination  vaga- 
bonde et  sa  fantaisie  excessive  ont  donné,  sous 
ce  rapport,  des  produits  qui  échappent  à  l'ana- 
lyse, mais  qui  parfois  étaient  vraiment  amusants. 
En  tant  que  musicien,  on  ne  peut  nier  qu'il  n'eût 
quelques  qualités  :  de  la  verve,  des  idées  courtes, 
mais  distinguées,  élégantes  même,  des  rhythmes 
aimables  et  légers,  et  une  instrumentation  après 
tout  suffisante,  roiîie^^e  et  son  carabinier  &\.  Vadé 
au  cabaret,  pour  ne  citer  que  ces  deux  enfants 
de  sa  musette,  étaient  très-gentiment  réussis. 
Le  malheur  est  que  M.  Hervé,  en  élargissant 
son  cadre,  n'a  pas  songé  à  agrandir  sa  manière. 


470 


HERVÉ  —  HESPEL 


Tel  il  était  il  y  a  vingt  ans,  tel  nous  le  voyons 
aujourd'hui,  avec  celte  différence  qu'il  montre 
parfois  une  ambition  que  rien  ne  saurait  justifier. 
Ce  n'est  pas  tout,  en  effet,  que  de  vouloir  faire 
grand;  il  faut  encore  augmenter  ses  procédés, 
se  rendre  maître  de  sa  plume,  et  faire  preuve 
des  qualités  nécessaires.  Or,  il  faut  bien  constater 
qu'en  voulant  écrire  des  opéras  en  trois  actes, 
M.  Hervé  a  négligé  d'acquérir  ce  qui  lui  man- 
quait. Ses  idées  restant  courtes,  il  n'a  pas  appris 
à  s'en  servir,  à  leur  donner  leurs  développements 
logiques,  indispensables  ;  il  a  jugé  au-dessous 
de  lui  d'apprendre  à  moduler  autrement  qu'à 
la  dominante  ou  à  la  tierce  majeure  inférieure  ; 
il  n'a  pas  daigné  songer  à  savoir  ce  que  c'était 
que  de  construire  nn  morceau^  enfin,  il  n'a  pas 
supposé  un  instant  que  l'orchestre  pouvait  se  com- 
poser d'autre  chose  que  de  deux  pistons  et  d'un 
trombone.  De  tout  cela,  il  résulte  que  sa  musi- 
que n'est  que  de  la  musiquette,  musiquette  ai- 
mable et  piquante  parfois  lorsqu'il  lui  arrive, 
ce  qui  n'est  pas  absolument  rare,  de  rencontrer 
un  motif  accort  et  souriant,  mais  qui  est  à  la  vé- 
ritable musique  dramatique  ce  que  le  quadrille 
est  à  la  symphonie ,  ce  que  la  chansonnette  est 
à  la  poésie  (1). 

*  HERZ  (Henri),  a  pris,  en  1874,  sa  retraile 
des  fonctions  de  professeur  au  Conservatoire  de 
Paris.  Cet  artiste  a  publié  un  livre  intitulé  Mes 
Voyages  en  Amériqiie  (Paris,  Faure,  î866,  in- 
12  avec  portrait  photographié),  qui  avait  paru 
d'abord  sous  forme  de  feuilletons  dans  le  Mo- 
niteur universel.  Les  compositions  publiées 
par  M.  Henri  Herz  atteignent  aujourd'hui  le 
chiffre  de  plus  deux-cents  ;  à  celles  qui  ont  été 
déjà  mentionnées,  nous  ajouterons  seulement  les 
suivantes  :  Septième  concerto  (en  si  mineur), 
avec  accompagnement  d'orchestre ,  op.  207  ;  — 
Huitième  concerto,  avec  orchestre,  op.  218  ;  — 
Fantaisie  chevaleresque,  avec  orchestre,  op. 
202  ;  —  Études  de  l'agilité,  op.  179  ;  —  LesCon- 
irastes ,  trois  grandes  études,  op.  214;  —  24 
Leçons  progressives,  à  l'usage  des  jeunes  élèves, 


'  (1)  Pour  être  le  moins  incomplet  possible  en  ce  qui 
concerne  la  liste  des  œuvres  représentées,  je  dirai  que 
M.  Hervé  a  écrit  aux  I-olies  Nouvelles  la  musique  de  plu- 
sieurs pantomimes,  lePosscclc,  les  deux  Rosières,  Pierrot 
amoureux,  Biribi,  etc.;  qu'il  a  composé,  en  société  avec 
MM.  Lecocq  et  Legouis,  sous  le  pseudonyme  collectif 
d'Atcindor,  la  partition  d'une  opérette  en  un  acte.  Deux 
Portières  -pour  un  cordon,  représentée  au  l'alais-Royal 
en  1869,  et  qu'il  est,  avec  MM.  Cœdès  et  Raspail,  l'auteur 
de  la  musique  de /a  Cocotte  aux  œufs  d'or,  féerie  jouée 
au  théâtre  des  Menus -Plaisirs  en  1873.  Enfin,  je  citerai  les 
pochades  musicales  suivantes,  écrites  par  lui  pour  les 
cafés-concerts  :  Entre  deux  vins.  Moldave  et  Circas- 
sienne,  les  Métamorphoses  de  Tartenpion,  Trombolino, 
etc.,  etc. 


op.  206  ;  — •  Les  difficultés  du  piano  résumées 
en  dix  études  spéciales,  op.  216;  —  Récréations 
illustrées,  12  petites  fantaisies  caractéristiques, 
op.  215  ;  —  Mille  Exercices  des  cinq  doigts  ; 
etc  ,  etc. 

HERZOG  (Jexin-Georges},  organiste,  profes- 
seur, théoricien  et  compositeur,  né  le  6  septem- 
bre 1822  à  Schmœlz  (Bavière),  a  fait  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  Bodenschatz  et  de 
Herrling.  A  peine  âgé  de  vingt  ans,  en  1842,  il 
devenait  organiste  de  l'église  évangélique  de 
Munich,  était  nommé  en  1849  cantor  de  la  même 
église,  puis,  en  1850,  professeur  au  Conserva- 
toire. Il  quittait  cette  situation  pour  aller,  en 
1855,  remplir  les  fonctions  de  professeur  de  mu- 
sique à  l'Université  d'Erlangen  ,  où  il  est  encore 
aujourd'hui  et  où  il  dirige  l'Académie  de  chant. 
On  doit  à  cet  artiste  d'assez  nombreuses  com- 
positions pour  l'orgue. 

IIERZOG  (Ferdinand),  compositeur,  pianiste 
et  professeur,  a  publié  à  Paris,  oii  il  se  livre  à 
l'enseignement,  un  certain  nombre  de  morceaux 
de  genre  pour  le  piano,  parmi  lesquels  Caprice 
bohémien.  Introduction  et  Variations  bril- 
lantes sur  un  thème  original,  etc.  Cet  artiste, 
qui  s'est  aussi  occupé  de  littérature  musicale,  a 
donné  dans  les  journaux  le  Ménestrel  et  VArt 
musical,  il  y  a  quelques  années,  plusieurs  travaux 
intéressants ,  entre  autres  la  traduction  d'une 
biographie  allemande  de  Robert  Schumann  et 
d'une  autre  de  Haydn. 

HERZOG  (Chaules),  frère  du  précédent, 
pianiste  comme  lui,  était  aussi  un  organiste  dis- 
tingué, remarquable  surtout  par  son  talent 
comme  improvisateur.  11  remplissait  depuis  vingt 
ans  les  fonctions  d'organiste  de  la  paroisse  Saint- 
Cyr,  à  Issouiiun  (Indre),  lorsqu'il  mourut  en 
cette  ville  au  mois  de  février  1876,  âgé  de  qua- 
rante-neuf ans. 

HERZOGEXRERG  '(  Heinrich  VON  ) , 
compositeur  allemand  contemporain,  a  publié  les 
o'uvres  suivantes  :  Colombus,  cantate  dramati- 
que pour  soli,  chœur  et  orchestre,  op.  11; 
Odysseus,  symphonie  pour  grand  orchestre,  op. 
16;  Quatuor  pour  instruments  à  cordes,  op.  18; 
8  pièces  pour  piano  ,  op.  3  ;  4  fantaisies  pour 
piano,  op.  4;  10  lieder  pour  voix  seules,  voix 
et  chœur,  ou  chœur  seul,  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  14  ;  Quintette  pour  piano  et  ins- 
truments à  cordes,  op.  17  ;  Nocturnes  pour  chant, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  22  ;  Varia- 
tions pour  deux  pianos,  op.  13. 

HESPEL(PiERRE-JosEPii),com.positeurbelge, 
naquit  à  Tournay  au  commencement  de  ce  siècle, 
et  s'est  fait  remarquer  par  une  assez  rare  fa- 
culté de  production.  Outre  une  Méthode  de  piano, 


HESPEL  —  HEUGEL 


471 


une  École  de  l'intonation,  un  Solfège  concer- 
tant à  quatre  voix  pour  l'enseignement  simul- 
tané, une  École  du  phrasé  musical,  on  lui  doit 
quatre  messes  avec  orcliestre  ,  une  messe  sans 
accompagnement ,  un  Stabat  Mater  avec  or- 
chestre, 3  litanies  avec  orchestre,  27  cantates, 
55  morceaux  de  musique  religieuse  avec  orches- 
tre ou  orgue,  20  morceaux  pour  le  violoncelle, 
des  quatuors  pour  instruments  à  cordes,  des 
morceaux  pour  harmonie  militaire,  une  centaine 
de  romances  et  mélodies  vocales ,  plus  de  60 
morceaux  de  genre  pour  le  piano,  des  chœurs 
sans  accompagnement,  etc.,  etc.  Cet  artiste,  qui 
s'était  consacré  à  l'enseignement  dans  sa  ville 
natale,  était  directeur  de  la  Société  chorale  ries 
Oriéonistes  ,  la  première  qui  ait  été  fondée  à 
Tournay, 

HESS  (Charles-Léoin),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Lorient ,  de  parents  alsaciens,  le  28 
janvier  1844,  est  fils  d'un  professeur  de  piano, 
M.  J.  Charles  Hess,  qui  a  publié  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  de  musique  légère  pour 
cet  instrument.  Il  fit  ses  études  au  Conservatoire 
de  Paris,  où  il  fut  admis  dans  la  classe  d'har- 
monie et  accompagnement  de  M.  Bazin,  et  tra- 
vailla ensuite  avec  Chauvet  {Voyez  ce  nom). 
Après  avoir  fait  représenter  sur  le  Théâtre- 
Français  de  Rouen,  en  1875,  un  opéra-comique 
en  un  acte,  la  Cure  merveilleuse,  M.  Hess  fit 
exécuter  à  Paris,  aux  concerts  de  l'Association 
artistique  (théâtre  du  Châtelet),  le  1-3  avril  1876, 
une  œuvre  imporlante,  le  Psaume  LXXYll,  pour 
soli,  choîurs  et  orchestre  ;  cette  composition , 
écrite  sur  une  traduction  française  du  texte  hé- 
breu, se  faisait  remarquer,  malgré  une  certaine 
roideur  de  forme ,  par  un  sentiment  religieux 
très-austère,  une  réelle  habileté  dans  le  manie- 
ment des  voix  et  de  l'orchesire,  et  semblait  in- 
diquer chez  son  auteur  un  tempérament  musical 
d'une  véritable  vigueur.  La  partition  pour  chant 
et  piano  de  cet  ouvrage  a  paru  chez  l'éditeur 
M.  Hartmann,  qui  a  publié  aussi  un  recueil  de 
Dix  Mélodies  du  même  artiste.  M.  Hess  a  donné 
encore  au  public  un  recueil  de  Vingt  psaumes  , 
et  il  est  l'auteur  d'une  suite  d'orchestre,  qui, 
je  crois,  n'a  pas  encore  été  exécutée. 

*  HESSE  (Adolphe-Frédéric)  ,  organiste  , 
est  mort  à  Breslau  le  5  août  1863. 

HETZEL  ( ),  compositeur,  a  fait  re- 
présenter au  mois  de  janvier  1846,  sur  le  théâtre 
de  Montmartre  (commune  de  la  banlieue  de  Paris, 
aujourd'hui  annexée  à  cette  ville) ,  un  opéra- 
comique  en  un  acte  intitulé  la  Jeunesse 
d'Haydn. 

HEUDIER   ( ).  Un  artiste  de   ce  nom 

était  chef  d'orchestre  du  théâtre  des  Jeunes- 


Artistes,  lorsqu'il  fut  fermé  en  1807.  Il  devint 
ensuite  chef  d'orchestre  de  celui  de  Versailles,  et 
fit  représenter  sur  ce  théâtre,  le  5  mai  1810,  un 
opéra-comique  en  un  acte,  intitulé  :  V Heureux 
Jour  ou  les  Cinq  Mariages. 

HEUGEL  (  Jacques-Léopold),  éditeur  de 
musique  à  Paris  et  directeur  du  journal  h  Mé- 
nestrel, est  né  à  La  Rochelle.  Son  père,  natif  de 
Neuchâtel  (Suisse) ,  fixé  plus  tard  à  Brest,  où  il 
tenait  une  maison  de  commerce  de  musique , 
rédigea  avec  lui  une  Méthode  de  musique  dans 
laquelle  le  système  de  Galin  était  combiné  dans 
une  certaine  mesure  avec  les  pratiques  courantes 
de  l'art.  Cet  ouvrage  fut  publié  sous  ce  titre  : 
Nouvelle  3Iéthode  pour  Renseignement  de  la 
musique,  inventée  par  H.  Heugel,  et  dévelop- 
pée par  lui  de  manière  à  permettre  d'appren- 
dre sans  maître  (Brest,  l'auteur,  1833,  in-8°). 
Peu  de  temps  après ,  M.  Léopold  Heugel  allait 
s'établir  à  Nantes  comme  [)rofesseur  de  chant , 
et  au  bout  dé  quelques  années  il  se  fixait  défini- 
tivement à  Paris,  où  il  fondait  et  (iirigeait  d'abord 
des  cours  de  musique  d'après  la  méthode  dont 
il  vient  d'élre  parlé,  et  où  bientôt  il  se  mit  à  la 
tête  d'une  des  premières  maisons  de  commerce 
de  musique. 

Comme  éditeur,  M.  Heugel  s'est  fait  depuis 
longtemps  une  double  renommée," d'abord  par  la 
valeur  et  l'importanci!  des  ouvrages  publiés  par 
lui ,  ensuite  par  les  soins  et  le  bon  goût  qu'il 
apportait  dans  leur  publication.  C'est  à  lui  qu'on 
doit  les  nouvelles  et  excellentes  éditions  de 
toutes  les  grandes  méthodes  écrites  pour  le  ser- 
vice du  Conservatoire,  à  l'époque  de  sa  fonda- 
tion, par  tous  ces  artistes  célèbres  qui  s'appe- 
laient Cherubini,  Baillot,  Mengozzi,  Crescentini, 
Catel,  Dourlen,  etc.  ;  c'est  encore  lui  qui  a  publié 
quelques  uns  des  meilleurs  ouvrages  d'enseigne- 
ment qui  ont  été  donnés  dans  ces  trente  dernières 
années,  la  Méthode  de  chant  de  Garcia ,  celle 
de  M'"^  Cinti-Damoreau ,  VArt  du  chant  de 
M.  Duprez,  la  Méiliode  d'accompagnement  de 
MM.  de  Bériot  père  et  fils,  les  Méthodes  de  piano 
de  Cazot  et  d'Alexis  de  Garaudé,  et  bien  d'autres 
encore.  Parmi  ses  publications  les  plus  impor- 
tantes ,  il  faut  citer  en  première  ligne  l'édition 
splendide  du  grand  ouvrage  d'Amédéc  Méreaux, 
les  Clavecinistes ,  édition  dans  laquelle  le  texte 
imprimé,  le  texte  musical  elles  portraits  luttaient 
de  beauté  et  concouraient  à  produire  un  ensemble 
magistral.  Tontes  ces  publications  valurent  à 
]M.  Heugel  une  série  de  récompenses  qui  lui 
furent  décernées  lors  des  Expositions  universel- 
les de  1855  et  de  1867  ,  non-seulement  dans  les 
claçses  industrielles,  mais  dans  celles  relatives 
aux  progrès  de  l'enseignement,  et  le  firent  porter 


472 


HEUGEL  —  HIGiNARD 


en  première  ligne,  par  le  jury  d'Exposition 
(classe  X)  de  l'année  1867,  pour  la  décoration 
de  la  Légion  d'honneur. 

On  ne  doit  pas  oublier  de  dire  que  M.  Heugel 
fonda  en  1857  un  recueil  d'une  grande  valeur, 
la  Maîtrise ,  qui  ne  vécut  malheureusement 
que  quelques  années,  mais  qui,  placé  sous  la 
direction  de  D'Ortigue  et  de  Niedermeyer,  publia 
d'excellents  travaux  littéraires  sur  la  musique 
religieuse,  en  même  temps  qu'un  nombre  incal- 
culable de  compositions  dues  aux  plus  grands 
maîtres  anciens  et  modernes,  Palestrina,  Roland 
de  Lassus,  Frescobaldi ,  J.  S.  Bach,  Hœndel, 
d'Anglebert,  Clérambault,  Michel  Haydn,  Che- 
rubini,  Lesueur,  MM.  Gounod,  Lemmens,  Halévy, 
Ambroisc  Thomas,  Niedermeyer,  F.  Benoist,  etc. 
Ce  recueil  était  sans  précédent  en  France,  et  sa 
disparition  est  fâcheuse  à  tous  égards  (1). 

HEULHxVR»  (Louis  -  Octave  -  Arthur), 
dilettante  et  écrivain  musical,  est  né  à  Lorines 
(Nièvre),  le  11  mai  1849.  Après  s'être  d'abord 
occupé  de  politique,  M.  Heulliard  a  consacré 
ses  loisirs  à  la  littérature  musicale.  Collaborateur 
de  l'Art  musical,  de  la  France  chorale,  il 
publia  d'abord  une  Étude  sur  une  Folie  à 
Rome,  opéra- bouffe  de  Federico  Ricci  (Pari^, 
Bachelin-Dellorenne,  1870,  in-12  avec  portrait), 
puis  la  Fourchette  harmonique,  histoire  de 
celte  société  gastronomique,  littéraire  et  musi- 
cale, avec  des  notes  sur  la  musicologie  en  France 
(Paris,  Lemerre,  1872,  in-12);  on  trouve  dans 
ce  dernier  écrit  des  renseignements  très  précis 
sur  un  certain  nombre  d'écrivains  qui  se  sont 
fait  une  spécialité  de  la  critique  musicale.  Au 
mois  de  juillet  1873  ,  M.  Heulhard  a  fondé  la 
Chronique  musicale ,  revue  dirigée  par  lui  et 
publiée  dans  des  conditions  littéraires  et  ar- 
tistiques qui  en  faisaient  un  recueil  jusqu'ici  uni- 
que dans  le  monde.  Malheureusement,  cette  pu- 
blication si  utile  et  à  laquelle  présidait  un  goût 
parfait  a  été  interrompue  après  deux  ans  et  demi 
d'existence.  M.  Heulhard  a  rédigé  pendant  en- 
viron une  année  la  partie  musicale  du  journal 
rÉvénement. 

*HEUSCHKEL(JEAN-PiERRE),hautboisteet 
organiste,  est  mort  à  Biberichen  1853.  Il  était  en 
dernier  lieu  organiste  de  la  cour  et  professeur 
de  musique  à  Wiesbaden. 

HEVVITT  (JoH.vH ),  compositeur  amé- 
ricain, né  en  1801  à  New-York,  est  fixé  depuis 

(l)  M.  Ileiigfl,  qui,  depuis  plus  liente-cinq  ans,  est  à 
]a  tête  du  journal  le  Ménestrel,  publia  en  1840  un  petit 
recueil  inensuel,  le  Bulletin  musical,  qui  parut  pendant 
une  année.  On  a  réuni  les  douze  numéros  de  ce  recueil 
avec  une  couverture  et  un  litre  spéciiux  qui  portaient 
ce  titre  :  Lettres  à  Emilie  si(r  la  musique,  par  J.  Léo- 
pold  Heugel  iParis,  Meissonnier  et  Heugel,  18iO,  in  8°). 


1845  à  Baltimore.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
assez  grand  nombre  de  productions  importantes, 
entre  autres  plusieurs  opéras  et  quelques  orato- 
rios, parmi  lesquels  on  cite  surtout  celui  de 
Jephté,  On  doit  aussi  à  cet  artiste  des  ballades 
et  de  nombreuses  mélodies  vocales. 

HEYE  (Le  docteur  Jean-Pierre).  —  Voyez 
IIEIJE. 

HEYLLI  (Georges  d'),  écrivain  qui  s'est 
surlout  occupé  des  choses  du  théâtre,  a  publié 
sous  ce  titre  :  Opéra  (Paris,  Tresse,  1875,  3  vol. 
in-18),  un  livre  qui  semble  accuser  la  prétention 
d'être  une  histoire  de  notre  première  scène 
lyrique,  mais  qui  n'en  est  qu'une  chronique 
sèche,  banale  et  sans  intérêt.  Cet  écrit  n'apprend 
rien  à  ceux  qui  sont  au  courant  de  l'histoire  de 
l'art  musical,  et  il  n'offre  aucun  attrait  au  lec- 
teur ignorant  qui  cherche  à  s'instruire.  Ce  qui 
est  plus  fâcheux  encore,  c'est  qu'il  pèche  en 
plus  d'un  endroit  au  point  de  vue  de  l'exacti- 
tude. 

IIEYSE  (Paul),  musicien  allemand,  est  l'au- 
teur d'une  opérette  en  un  acte,  Adam  et  Eve, 
qui  a  été  représentée  à  Munich  au  mois  de 
mai  1870. 

llIGiXARD  (Je.\n-Louis-Aristide),  compo- 
siteur, est  né  à  Nantes  le  20  mai  1822.  Venu  à 
Paris  pour  y  terminer  son  éducation  musicale, 
il  fut  reçu  en  1845  au  Conservatoire,  dans  la 
classe  de  composition  d'Halevy,  et  remporta 
au  concours  de  l'Institut,  en  1830,  le  deuxième 
second  grand  prix. 

Dès  l'année  suivante  (18  janvier  1851),  M. 
Hignard  faisait  ses  débuts  de  compositeur  en 
donnant,  sur  le  théâtre  de  sa  ville  natale,  un 
petit  opéra-comique  en  un  acte  intitulé  le  Vi- 
sionnaire, et  il  faisait  représenter  ensuite,  à 
Paris,  les  ouvrages  suivants  :  le  Colin-Mail- 
lard (un  acte.  Théâtre- Lyrique,  1853);  les 
Compagnons  de  la  Marjolaine  (ni.,  id.,  1855); 
M.  de  Chimpanzé  (un  acte,  Bouffes-Parisiens, 
1858);  le  Nouveau  Pourceaugnac  (id.,  id., 
1860);  V Auberge  des  Ardennes  (2  actes,  Théâ- 
tre-Lyrique, 1860)  ;  les  Musiciens  de  Vorchestre 
(2  actes.  Bouffes- Parisiens,  ISCl),  en  société 
avec  MM.  Léo  Delibes  et  Erlanger.  Depuis  quinze 
ans,  M.  Hignard  n'a  pu  de  nouveau  aborder  la 
scène;  il  a  écrit  un  grand  opéra  en  cinq  actes, 
Handef,  qui  n'a  pu  être  représenté,  mais  qu'il 
a  fait  entendre  par  fragments  et  en  diverses  oc- 
casions d'une  façon  intime,  et  dont  la  partition 
pour  chant  et  piano  a  été  gravée  chez  l'éditeur 
Heii.  Ilamlet  est  une  oeuvre  remarquable  à 
beaucoup  d'égards,  et  qui  prouve  que  son  auteur 
est  doué  de  grandes  qualités  dramatiques    (1). 

(1)  La  partition  d'Hamlet  est  qualiQée  par  son  auteur 


HIGNARD  —  HILLEMACHER 


473 


M.  Hignard  a  encore  en  portefeuille  deux  opéras- 
comiques  en  un  acte  :  les  Milles  de  Fleurette, 
et  la  Mille  et  deuxième  nuit. 

En  dehors  du  théâlre,  M.  Hignard  a  beaucoup 
écrit.  Ses  compositions  vocales  sont  très-nom- 
breuses, el  l'on  y  distingue,  entre  autres,  deu\ 
recueils  intitulés  :  Rimes  et  Mélodies  (Paris, 
Heu)  ;  plusieurs  chœurs  avec  accompagnement 
d'orchestre  ;  6  chœurs  pour  voix  de  femmes, 
avec  accompagnement  de  piano  à  quatre  mains 
(Heu);  12  chœurs  pour  voix  d'hommes,  sans 
accompagnement  (Crus);  des  duos,  etc.,  et 
enfin  deux  opérettes  de  salon  :  le  Joueur  d''or- 
gue,  et  A  la  porte.  M.  Hignard  a  publié  aussi, 
pour  piano  à  quatre  mains,  des  Valses  concer- 
tantes (Du I and  et  C'«},  et  des  Valses  roman- 
tiques (Hartmann).  En  1871,  l'Académie  des 
Beaux-Arts  lui  a  décerné  le  prix  Trémont. 

HILAIRE  (Mademoiselle),  musicienne  du 
dix-septième  siècle,  était  la  belle-sœur  de  Michel 
Lambert,  le  beau-père  de  Lully,  et  se  fit,  comme 
lui,  une  grande  réputation  par  le  goût  el  la  dis- 
tinction qu'elle  appoitait  dans  sa  manière  de 
chanter.  Son  talent  se  fit  jour  dans  les  ballets 
et  les  divertissements  qu'on  représentait  à  la 
cour  et  chez  les  grands  seigneurs,  et  dans  les- 
quels elle  brillait  comme  chanteuse  de  récits,  à 
côté  de  M"'^'  Christophe,  La  Barre,  Raymond, 
Bergeroti,  les  sœurs  Sercamanan,  etc.  La  Fon- 
taine prisait  beaucoup  le  talent  de  M"*  Hilaire, 
et  c'est  lui,  qui,  dans  son  épître  à  De  Nyert, 
blâmant  le  prétendu  fracas  de  l'Opéra  (que  di- 

de  «  tragédie  lyrique  »,  et  porte  en  tête  une  préface  on 
l'on  lit  ces  lignes  :  —  «  Ilamlet  est  un  drame  psycholo- 
gique qui  parait  rebelle  à  la  forme  musicale,  à  moins  de 
l'adapter  an  moule  b;inal  (?)  des  autres  opéras  et  d'en 
sacrifier  les  parties  les  plus  humaines  et  les  plus  belles. 
Nous  ne  l'avons  p;is  voulu.  Entraîné  irrésistiblement  à 
mettre  en  musique  cette  éiranfre  et  terrible  tragédie, 
nous  venons  après  de  longues  années  de  méditation  et  de 
travail,  soumettre  aux  raies  pcrscnnes  que  les  questions 
d'art  intéressent  encore,  une  œuvre  lyrique  qui  respecti- 
la  pièce  original'  dans  son  majestueux  ensemble,  dans  sps 

détails  et    même  dans  ses  bizarreries Sans  rompre 

la  trame  musicale,  mais  avnns  intercalé  dans  le  chant 
une  déclamiition  sonleniie  par  des  mouvements  d'orches- 
tre, réalisant  ;jiiisi  ce  qu  Shakspeare  semble  demander 
lorsqu'il  écrit  :  Let  music snvnU  uhile  he  dotfi  make  his 
choice  [Merchant  of  f'enicc,  acte  llli.  C'était  là  peut- 
être  le  rôle  spec  al  de  la  musique  dans  le  théâtre  anti- 
que.... Si  périll  use  que  suil  toute  innovation  dans  le 
domaine  de  notre  art,  nous  avons  le  ferme  espoir  que 
celle-ci  sera  acceptée,  et  que  les  lecteurs  qui  voudront 
bien  nous  suivre  dans  ee  chemin  non  frayé  jusqu'ici  ne 
regretteront  pas  leur  bienveillance  à  noire  égard.  »  Cet 
ouvrage  de  M.  Hisinard  a  donné  lieu  à  la  publication 
suivante  :  Hamlet,  tragédie  lyrique  en  5  actes  et  9 
tableaux,  paroles  traduites  de  Shokspeare  par  Pierre  ' 
de  Garai,  musique  de  Aristide  Hignard.  Analyse  de  la 
partition,  par  Edouard  Garnicr  (Nantes,  impr.  Mangin, 
1868,  in-8o  de  8S  pp.\ 


rait-il  aujourd'hui  ?)  et  regrettant  le  bon  temps 
des  concerts  de  la  cour,  s'écriait  : 

Ce  n'est  plus  la  saison  de  Raymond    ni  d'Hilaire  ; 
Il  faut  vingt  clavecins,  cent  violons  pour  plaire» 

M'"'  Hilaire  demeurait  chez  son  beau-frère 
Lambert,  de  qui  elle  eut  sans  doute  des  leçons 
et  des  conseils,  et  c'est  elle  qui,  après  la  perte 
de  sa  sœur,  morte  à  la  fleur  de  l'âge,  prit  soin 
de  sa  nièce,  à  peine  âgée  de  trois  ou  quatre  ans. 
Les  renseignements  précis  manquent  sur  cette 
artiste,  qui  paraît  avoir  été  vraiment  distinguée. 

*  HILL  (William),  l'acteur  d'orgues  très- 
renommé,  est  mort  à  Londres  au  mois  de  jan- 
vier 1871.  Mendelssohn  professait  une  profonde 
admiration  pour  le  talent  de  Hill,  et  répétait 
souvent  que  l'orgue  construit  par  cet  habile 
facteur  pour  l'église  St-Pierre,  de  Londres,  était 
le  plus  bel  instrument  du  monde.  William  Hilt 
portait  le  titre  de  facteur  de  S.  M.  la  Reine  d'An- 
gleterre. 

HILL  (Carl),  né  à  Schwerin,  l'un  des  chan- 
teurs allemands  les  plus  renommés  de  l'époque 
actuelle,  n'est  pas  moins  réputé  pour  son  très- 
grand  talent  dramatique  que  pour  le  style 
extrêmement  remarquable  qu'il  apporte  dans 
l'exécution  des  oratorios  et  pour  le  gotîit  très- 
pur  qui  le  distingue  dans  celle  des  lieder,  de 
telle  sorte  qu'il  n'est  pas  moins  recherché  au 
concert  qu'au  théâtre  et  que  son  succès  est  com- 
plet dans  tous  les  genres.  Au  Gewandhaus  de 
Leipzig  comme  au  Giirzenich  de  Cologne,  M. 
Ilill  s'est  acquis  la  réputation  de  premier  chan- 
teur de  lieder  de  toute  l'Allemagne;  d'autre 
part,  cet  artiste,  dont  la  voix  de  basse  est 
superbe  et  pleine  de  puissance,  s'est  distingué 
d'une  façon  toute  particulière  dans  l'interpréta- 
tion des  ouvrages  de  M.  Richard  Wagner,  qui  a 
conçu  pour  lui  une  très-grande  estime  artistique. 
Il  en  est  résulté  que  ce  maître  s'est  adressé  à 
lui  lors  de  la  grande  manifestation  musicale  de 
Beireulh  en  1876,  et  a  confié  à  M.  Hill  l'un  des 
rôles  les  plus  importants  de  sa  grande  tétralogie 
des  Nibelungen. 

HILLEMACHER  (Pall  -  Joseph -Wil- 
helm),  pianiste  et  compositeur,  est  né  à  Paris 
le  25  novembre  1852.  Admis  au  Conservatoire, 
dans  la  classe  de  M.  Bazin,  il  remporta  en  1870 
un  second  prix  d'harmonie  et  accompagnement, 
et  en  1872,  un  premier  accessit  de  fugue.  L'an- 
née suivante,  après  avoir  obtenu  un  second  prix 
de  fugue,  il  prit  part  au  concours  de  l'Institut 
et  se  vit  décerner  le  second  prix  de  composition 
musicale.  Les  deux  concours  suivants  ne  lui 
furent  pas  favorables,  mais  enfin,  en  1876,  il 
remporta  le  premier  grand  prix  de  Rome  pour 


474 


HILLEMACHER  —  HILLER 


]a  cantate  intitulée  Judith,  dont  les  paroles 
avaient  été  écrites  par  M.  Paul  Alexandre 
(pseudonyme  de  M.  Paul  Delair).  La  partition 
pour  piano  et  chant  de  la  cantate  de  M.  Hil- 
lemacher  a  été  publiée  chez  l'éditeur  M.  Le- 
moine.  M.  Hiliemacher  a  fait  exécuter  aux  Con- 
certs modernes,  en  1876,  un  morceau  sympho- 
nique. 

*  HILLER  (Ferdinand).  Aux  ouvrages 
dramatiques  de  ce  compositeur,  il  faut  ajouter 
les  deux  suivants  :  1°  Les  Catacombes,  opéra 
représenté  avec  succès  à  Wiesbaden,  au  mois 
de  février  1862,  et  reproduit  ensuite  dans  plu- 
sieurs villes  de  l'Allemagne  ;  2°  Le  Déserteur, 
opéra  en  trois  actes,  donné  à  Cologne  le  17 
février  1865.  En  dehors  dr.  théâtre,  cet  artiste 
fort  remarquable  a  fait  connaître,  en  ces  der- 
nières années,  les  compositions  suivantes  :  le 
Printemps,  symphonie;  Symphonie  (1877); 
Nala  et  Damatjanli,  oratorio;  Promct/iée, 
grande  composition  chorale;  Opéra  sans  paroles, 
pour  piano  à  quatre  mains;  la  Pentecôte,  can- 
tate pour  chœur  et  orchestre  ;  le  Psaume  93  ; 
Ouverture  pour  Demetrius,  drame  de  Sciiiller; 
Fantaisie  de  concert,  pour  violon  et  orchestre  ; 
Fantaisie  dramatique  pour  orchestre,  en  5  par- 
ties (1.  Tragédie;  2.  Comédie;  3.  Drame  mo- 
derne; ^  Ballet;  5.  Finale);  Rêve  pendant  la 
nuit  de  Noël,  ouverture  pour  orchestre  ;  deux 
Chœurs  de  femmes;  Quintette  pour  piano  et  ins- 
truments à  cordes;  Suite  pour  piano;  Scènes  de 
la  vie  du  soldat,  pour  piano  (les  Recrues,  En 
faction,  le  Billet  de  loijement,  la  Patrouille, 
Entendement).  En  1871,  M.  Ferdinand  Hitler  a 
passé  toute  une  saison  à  Londres,  où  il  s'est 
produit  tout  à  la  fois  comme  compositeur,  comme 
chef  d'orchestre  et  comme  virtuose,  et  oii  il  a 
donné  toute  une  série  de  séances  de  musique 
de  chambre.  A  cette  époque,  il  avait  été  chargé 
d'écrire,  pour  l'ouverture  de  l'Exposition  inler- 
nationale  de  Londres  (t'"'  mai  1871),  une  com- 
position importante,  dont  j'ignore  la  nature  et 
le  sujet.  Il  représentait  l'Allemagne  à  ce  point 
de  vue,  tandis  que  MM.  Gounod,  Pinsuti  et  Sul- 
livan avaient  été  chargés  dune  tâche  analogue 
pour  la  France,  l'Italie  et  l'Angleterre.  C'est  à 
cette  occasion  que  M.  Gounod  écrivit  sa  cantate 
intitulée  Gallia. 

M.  Ferdinand  Hiller,  qui  est  un  artiste  d'une 
valeur  exceptionnelle  et  d'une  rare  instruction, 
s'est  occupé  aussi  de  littérature  musicale;  il  a 
publié  en  1876  un  livre  intitulé  :  Choses  musi- 
cales et  personnelles  {MusikaUsches  und  Per- 
sœnliches).  Ami  de  Moritz  Hauptmann  {Voy.  ce 
nom),  il  livrait  au  public,  dans  le  cours  de 
la  même  année,  un  recueil  de  la  correspondance 


de  cet  artiste  :  Les  lettres  de  Moritz  Hauptmann 
à  Spohr  et  à  d'autres  coynpositeurs.  Il  a  pu- 
blié encore  un  livre  charmant  sur  Mendelssohn  : 
Félix  Mendelssohn- Bartholdy,  Lettres  et  sou- 
vemrs,eten  1877  iladonnéunintéressantvolume 
intitulé  Briefe  an  eine  Ungenannte  (Lettres 
à  une  innommée).  M.  Hiller  a  collaboré  aussi, 
en  ce  qui  concerne  la  musique,  à  divers  recueils 
et  journaux  allemands.  Ami  de  la  France,  pour 
laquelle  il  n'a  jamais  cessé  de  montrer  ses 
sympathies,  il  n'a  même  pas  hésité  à  la  défen- 
dre, au  point  de  vue  artistique,  quelques  années 
après  la  guerre  franco-allemande,  devant  ses 
compatriotes,  toujours  prêts  à  la  dénigrer,  et 
voici  ce  qu'il  écrivait,  au  mois  de  février  ou  de 
mars  1876,  dans  la  Deutsche  Rundschau  : 
«  On  ne  cesse  d'accuser  Paris  d'être  le  berceau 
des  choses  les  plus  vides  et  de  suivre  tous  les 
caprices  de  la  mode.  Et  pourtant  c'est  dans  ce 
Paris  frivole  qu'on  jouait  en  toute  perfection 
les  symphonies  de  Beethoven,  alors  qu'en  Alle- 
magne on  les  connaissait  à  peine  d'une  façon 
superficielle.  On  y  exécute  les  ouvrages  de  Men- 
delssohn comme  nulle  part  ailleurs.  Haydn  y 
était  l'objet  de  la  plus  grande  et  de  la  plus 
active  admiration  dans  un  temps  où  l'Allemagne 
ne  voyait  encore  dans  les  symphonies  du  maître 
que  de  la  musique  d'enir'actes.  La  plus  noble 
école  de  violon  après  l'école  italienne,  c'est 
l'école  française,  et  jusqu'ici  l'Allemagne  n'a 
pas  un  établissement  digne  d'être  comparé  au 
Conservatoire  de  Paris.  Si  Joachim,  Mendelssohn 
et  bon  nombre  d'autres  Allemands  de  haute 
valeur  ont  subi  l'attraction  de  l'Angleterre,  c'est 
surtout  parce  que  l'.Vngleterre  les  appelait  à 
elle.  Les  Anglais  aiment  plus  la  musique,  mais 
ils  ont  moins  de  talent  que  les  Français;  il  leur 
faut  des  étrangers  pour  satisfaire  leur  passion, 
les  Français  se  suftisent  à  eux-mêmes.  D'ail- 
leurs, depuis  Lulli  jusqu'à  Meyerbcer,  n'ont-iis 
pas  donné  l'hospitalité  la  plus  brillante  et  la 
plus  stimulante  à  des  hommes  comme  Gluck, 
Cberubini,  Spontini  et  Rossini?  Quels  que 
soient  les  dissentiments  présents  ou  à  venir 
entre  Allemands  et  Français,  aucun  Allemand 
de  quelque  intelligence  ne  devrait  à  ce  point 
mépriser  les  Français,  auxquels  en  définitive, 
de  cent  côtés  différents,  l'Allemagne  a  les  plus 
grandes  obligations,  auxquels  il  lui  faut  encore 
aujourd'hui  emprunter  tant  d'œuvres  d'art  et 
de  littérature.  » 

Si  M.  Hiller  aime  et  défend  l'art  français,  il 

n'est,  en  revanche,   que  médiocrement  partisan 

■  de  la  personne  et  des  œuvres  de   M.  Richard 

Wagner.  Lorsqu'en  1872  l'auteur  de  Lohengrin 

manifesta  l'intention  d'aller  diriger  en  personne, 


HILLER  —  HOCMELLE 


473 


à  Cologne,  l'exécution  rie  cet  ouvrage,  la  Ga- 
zette de  Cologne  s'écria  aussitôt  :  «  Nous  admi- 
rons le  courage  de  Wagner,  de  s'aventurer  dans 
le  camp  de  ses  ennemis  les  plus  prononcés.  » 
M.  Hiller,  se  sentant  désigné,  releva  aussitôt  le 
trait  et  répondit  :  —  «  Rien  n'est  moins  héroïque 
de  la  part  de  Wagner,  car  depuis  nombre  d'an- 
nées on  joue  avec  succès,  à  Cologne,  le  Tann- 
havser  et  Lohengrin,  et  Wagner  peut  être^ 
assuré  de  remporter  un  triomphe  complet  en 
venant,  en  personne,  diriger  son  opéra.  Comme 
on  me  fait  l'honneur  de  me  considérer  comme 
l'adversaire  de  Wagner,  et  que  l'on  semble  m'en 
blâmer,  je  dois  rappeler,  fout  en  déclarant  que 
la  majeure  partie  de  ce  que  Wagner  écrit, 
compose  et  entreprend  m'est  antipathique,  que 
j'ai  fait  entendre  dans  mes  concerts,  d'une  ma- 
nière irréprochable,  les  œuvres  de  concert  de 
ce  compositeur,  notamment  les  ouvertures  de 
Faust  et  des  Maures  chanteurs  et  sa  Marche 
impériale.  » 

HILTZ  (Paul),  luthier  allemand,  était  établi 
à  Nuremberg  dans  le  courant  du  dix-septième 
siècle.  Le  musée  instrumental  de  cette  ville 
possède  une  viola  da  gamba  signée  de  cet  ar- 
tiste, et  datée  de  1656. . 

HINGSTON  (John),  musicien  anglais,  vi- 
vait à  l'époque  du  Protectorat  de  Cromwell. 
L'excellent  historien  musical  anglais,  M.  Ed- 
ward Rimbault,  en  a  dit  quelques  mots  dans  la 
préface  placée  par  lui,  en  tête  de  son  édi- 
tion des  Fantasies  in  3  parts  de  Gibbons  : 
«  John  Kingston  était  un  ami  particulier  du 
Protecteur  et  le  professeur  de  ses  filles.  Il  avait 
deux  fils,  et  tous  trois  chantèrent  souvent  devant 
Cromwell,  à  Whitehal,  les  chants  latins  de  Ri- 
chard Deering,  qui  était  la  musique  favorite  du 
Protecteur.  Celui-ci  venait  assidûment  aux  con- 
certs d'amateurs  que  Hingston  donnait  chez  lui, 
dans  sa  maison  du  Parc  Saint-James.  Roger 
l'Estrange,  célèbre  écrivain  royaliste,  faisait  or- 
dinairement une  partie  dans  ces  concerts.  » 
Hingston  s'est  signalé  comme  compositeur,  no- 
tamment en  écrivant  des  fantasies  ou  fondes, 
genre  de  pièces  instrumentales  qui  tenaient  des 
ricercari  italiens,  et  que  le  fameux  violiste 
Christophe  Simson  caractérisait  ainsi  dans  son 
excellent  petit  livre  intitulé  A  compendium  of 
practical  Mustek  (1665)  :  «  Le  genre  le  plus 
honorable  dans  la  musique  d'instruments  et  le 
plus  profitable  à  l'art  est  la  Fantaisie  à  six, 
cinq,  quatre  et  trois  parties,  destinées  commu- 
nément aux  violes.  Dans  cette  sorte  de  musique, 
le  compositeur,  n'étant  pas  limité  par  les  paroles, 
emploie  tout  ce  qu'il  a  d'art  et  d'invention  à 
conduire  et  traiter  des  fugues   suivant  la  mé- 


thode classique...  On  peut  voir  beaucoup  de 
compositions  de  cette  sorte  écrites  autrefois 
en  Angleterre  par  Alfonso  Ferabosco,  Cope- 
rario,  Lupo,  AVliite,  Ward,  Mico,  le  docteur 
Colmann  et  bien  d'autres  plus  récents.  Il  a  été 
aussi  écrit  des  Fantaisies  par  MM.  Jennins  et 
Lock,  et  d'autres  éminents  auteurs  contempo- 
rains. Ce  genre  de  musique,  et  c'est  grand  dom- 
mage, est  aujourd'hui  fort  négligé,  à  cause  de 
la  rareté  des  auditeurs  capables  de  le  compren- 
dre. »  Dans  son  énumération  des  auteurs  de 
fantasies  ou  fancies,  Simson  omet  un  assez 
grand  nombre  de  compositeurs  qui  se  sont  oc- 
cupés de  ce  genre  de  musique,  entre  autres  des 
artistes  célèbres  comme  William  Lawes  et  Chris- 
tophe Gibbons,  et  d'autres  simplement  distin- 
gués comme  John  Hingston  et  Valentin  OIdys. 

HINSCH  (Ernest),  organiste  fort  habile, 
naquit  à  Dantzick  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  et  fut  un  des  bons  élèves  du 
célèbre  Frohberger.  Lorsque  Gaspard  Foerster, 
de  Dantzick,  fut  appelé  à  prendre  la  direction 
de  la  chapelle  de  Frédéric  III,  roi  de  Dane- 
marck,  il  jeta  les  yeux  sur  son  comj  atriote 
Hinsch,  et  le  fit  agréer  lui-même  comme  orga- 
niste de  cette  chapelle. 

HITZ  (Frantz),  pianiste  et  compositeur 
suisse,  est  né  à  Aarau  (canton  d'Argué)  le  17 
juillet  1828,  et  a  fait  son  éducation  musicale  au 
Conservatoire  de  Paris,  où  il  a  été  élève  de 
Zimmermann  et  de  Laurent  pour  le  piano,  et  de 
M.  Henri  Reber  pour  l'harmonie.  M.  Franz 
Hitz  a  publié  près  de  deux-cents  petits  mor- 
ceaux de  moyenne  force  pour  le  piano,  fantaisies, 
variations,  bagatelles,  transcriptions,  etc.,  dont 
quelques-uns  ont  obtenu  un  énorme  succès  de 
vente  et  ont  été  tirés  à  des  milliers  d'exem- 
plaires. Cet  artiste  a  écrit  aussi  une  messe  avec 
accompagnement  d'orgue,  il  a  fait  représenter 
sur  l'un  des  théâtres  du  Havre,  en  1870,  un 
opéra-comique  en  un  acte,  le  Rouet  de  Made- 
line,  et  il  a  donné  à  Paris  (Fantaisies-Oller, 
mai  1877),  une  opérette  intitulée  Zes  Déesses  du 
battoir.  Enfin,  M.  Frantz  Hitz  a  publié  un  petit 
manuel  ainsi  intitulé  :  Questionnaire  musical, 
notions  élémentaires  (Paris,  Avocat,  in-S"). 

IIOCHBEUG  (Le  comte  de).  —  Voyez 
FRANZ. 

*  HOCMELLE  (Pierre-Edmond).  Cet  ar- 
tiste, qui,  à  la  suite  de  ses  études,  s'est  con- 
sacré à  l'enseignement,  a  publié  un  certain 
nombre  de  compositions  de  divers  genres,  beau- 
coup de  romances,  et  a  écrit  la  musique  de 
quelques  opérettes  représentées  dans  des  con- 
certs :  Un  service  d'ami  (1864),  le  Vieux 
Maestro  (1872),  etc.  Sous  le  pseudonyme  à'Ed- 


476 


HOCMELLE  —  HOFMANN 


mond  de  B'issy,  il  fail  des  articles  de  critique 
musicale  insignifiants  dans  un  journal  de  mo- 
des. 

*  HODGES  (Edouard),  docteur  en  musique, 
était  né  à  Bristol  en  1796.  Après  avoir  passé  de 
longues  années  en  Amérique,  il  revint  dans  sa 
patrie  pour  y  mourir  en  1867.  On  doit  à  cet  ar- 
tiste honorable  nn  certain  nombre  de  composi- 
tions estimées  deiriusique  d'église. 

HCffiRTER  (Philippe),  composileur  fran- 
çais, est  l'auteur  d'un  grand  nombre  d  œuvres 
importantes.  Bien  qu'il  soit  mort  il  y  a  peu  d'an- 
nées, sa  personnalité  n'a  été  révélée  au  public 
que  par  le  souvenir  qui  lui  a  été  consacré  dans 
un  de  ses  écrits  par  M.  Ernest  Reyer.  Dans  ses 
Souvenirs  d'' Allemagne  (publiés  dans  le  Moni- 
teur xmiversel  tn  1864-1865  et  réunis  depuis 
dans  le  volume  intitulé  :  Notes  de  musique), 
M.  Reyer  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  cet  ar- 
tiste : 

«  Il  y  a  quelques  mois,  j'assistais  à  Stras- 
bourg à  une  toiicbante  solennité,  à  un  pieux 
hommage  rendu  par  ses  compatriotes  à  la  mé- 
moire d'un  enfant  de  l'Alsace  qui  vécut  pauvre, 
inconnu,  et  qui  fut  cependant  un  grand  musi- 
cien. On  célébrait  l'anniversaire  de  la  naissance 
de  Hœrter  et  on  inaugurait  son  buste  sculpté 
par  le  ciseau  babilc  de  Friedrich,  une  autre 
gloire  de  clocher,  à  qui  l'on  doit  la  statue  d'Erwin 
(l'architecte  de  la  cathédrale  de  Strasbourg)  à 
Steinbach,  le  monument  de  Turenne  à  Saalbacli, 
le  Fossoyeur  du  cimetière  de  Bade,  la  statue 
du  grand-duc  Léopold  à  Aciiern,  celle  de  Franz 
Deack,  le  Cbislophe  Colomb  de  la  pomme  de 
terre,  à  Offenbourg,  et  bien  d'autres  monuments 
devant  lesquels  se  sont  arrêtés  ceux  qui  ont 
parcouru  en  touristes  l'Alsace  et  la  Forêt-Noire. 

'<  Qu'est-ce  que  Hœrter,  et  où  sont  ses  œuvres  ? 
Son  nom  se  révélait  à  moi  pour  la  première  fois 
lorsque  je  fus  concinit  par  un  ami  à  une  fête 
artistique  donnée  par  ['Union  musicale,  et  voici 
ce  que  j'appris  en  écoulant  la  chaude  allocution 
prononcée  par  le  président  de  cette  société  : 
Hœrter  naquit  à  Strasbourg  le  30  août  1795,  et 
il  fut  tour  à  tour  tailleur,  soldat  et  prisonnier 
de  guerre  après  la  capitulation  de  Dantzig,  bro- 
canteur et  contrebassiste.  Les  dix  années  qu'il 
passa  à  l'orchestre  de  Strasbourg  développèrent 
ses  aptitudes  musicales,  et,  grâce  à  un  travail 
obstiné,  il  pénétra  les  secrets  les  plus  difficiles 
de  la  science  dont  il  voulait  se  rendre  maître. 
Placé  à  la  tète  de  deux  importantes  institutions, 
le  gymnase  et  le  séminaire,  il  dirigea  aussi  la 
Société  chorale,  présida  aux  travaux  de  Y  Aca- 
démie de  chant,  et  donna  l'impulsion  à  toutes 
les  manifestations  artistiques  de  sa  ville  natale. 


«  Voilà  donc,  «ajouta M.  Prost,  le  spirituel  bio- 
«  graphe  de  Hœrter,  «  voilà  le  modeste  tra- 
«  fiquant  de  la  rue  des  Tanneurs,  sans  maître, 
«■  sans  conseil,  sans  autre  guiie  que  lui-même, 
«  devenu  le  maître,  le  conseil,  le  guide  de  tous 
«  ceux  qui  demandaient  à  s'initier  aux  secrets 
<c  de  son  art.  »  Hœrter  écrivit  plus  de  cent 
compositions,  tant  dans  le  genre  sacré  que  dans 
te  genre  profane  :  des  oratorios,  des  psaumes, 
des  chœurs  et  des  cantates  dont  la  plus  remar- 
quable est  celle  qui  est  dédiée  à  Gulemberg. 
Mais,  par  une  bizarrerie  inexplicable  chez  un 
musicien,  il  avait  entassé  dans  une  des  salles 
au-dessus  du  cloître  dépendant  du  gymnase 
une  nombreuse  collection  de  partitions  qui, 
selon  son  désir,  ne  devraient  être  produites 
qu'après  sa  mort.  Le  29  juin  1860,  lors  de  l'in- 
cendie du  gymnase,  tout  devint  la  proie  des 
tlammes.  Voilà  où  sont  les  œuvres  de  Hœrter, 
à  l'exception  de  quelques-unes  qui  nous  sont 
restées  pour  témoigner  de  la  science,  de  l'inspi- 
ration, et,  je  dirai  même,  du  génie  du  compo- 
siteur. Parmi  celles-ci,  V Alléluia,  que  j'ai  en- 
tendu exécuter  par  V  Union  musicale  et  par 
un  orchestre  presque  exclusivement  composé 
d'amateurs,  est  une  composition  que  ne  dédai- 
gneraient pas  de  signer  nos  plus  grands  maîtres. — 
L'incendie  qui  engloutissait  en  quelques  heures 
le  travail  de  trente  années  fut  pour  Hœrter  un 
coup  terrible.  »  Spectateur  de  cet  affreux  si- 
«  nistre,  nous  dit  M.  Prost  en  Unissant  sa  no- 
ie tice  biographique,  le  vieillard  versa  de  chaudes 
«  larmes,  et  la  perte  irréparable  qu'il  subissait, 
«  an  moment  de  toucher  au  terme  de  sa  car- 
«  rière,  lui  courba  la  tête  et  le  plongea  dans 
«  un  abattement  dont  il  ne  put  se  relever.  Il 
«.  mourut  le  6  novembre  1863.  » 

Voilà  les  seuls  renseignements  qui  nous  res- 
tent sur  cet  artiste  distingué. 

HOERTIIER.  -  Voijez  GUi\ THER  (Le 
docteur.) 

*  IlOFFMANX  (Erinest-Théodore-Wil- 
helm),  compositeur,  caricaturiste  et  écrivain 
célèbre.  M.  Champlleury  a  publié  sous  ce  titre  : 
Contes  posthumes  d'Hoffmann  (Pari*,  Michel 
Lévy,  1856,  in-12),  un  volume  dans  lequel,  avec 
la  traduction  de  quelques  écrits  d'Hoffmann  en- 
core inconnus  en  France,  il  a  donné  des  rensei- 
gnements intéressants  sur  cet  artiste.  On  trouve 
dans  ce  volume  la  notice  écrite  sur  Hoffmann  par 
Rochlitz,  les  notes  intéressantes  du  libraireFunck, 
quelques  notes  d'Hoffmann  lui-même,  son  testa- 
ment, quelques  lettres  de  lui  relatives  à  la  musi- 
que, enfin  un  article  de  Weber  et  un  de  Marx 
sur  Hoffmann  considéré  comme  musicien. 

liOFMANN  (Hei:<uich),  compositeur  aile- 


HOFMANN 


477 


mand,  né  le  13  janvier  1842  à  Berlin,  où  il  n'a 
pas  cessé  de  séjourner,  a  déjà  su  conquérir  un 
rang  assez  important  parmi  le'*  musiciens  dans 
un  temps  relativement  court.  Son  enfance  et  sa 
jeunesse  furent  celles  de  beaucoup  d'artistes 
devenus  plus  tard  célèbres,  et  elles  s'écoulèrent 
dans  une  situation  .très  difficile.  Sa  vocalion 
musicale  s'annonça  dès  l'âge  de  neuf  ans  :  il  avait 
alors  une  jolie  voix  et  entra  dans  le  Dom  chor 
royal,  où  il  acquit  bientôt  le  rang  de  soliste.  Les 
impressions  qu'il  ressentit  en  exécutant  journel- 
lement la  grande  musique  d'église  classique  lais- 
sèrent une  empreinte  profonde  dans  son  esprit  et 
formèrent  le  fond  même  de  son  talent  bien  que 
d'autres  courants  de  sa  vie  et  une  sensibilité 
naturelle  simple  et  naïve  l'aient  modifié  par  la 
suite  dans  un  sens  plus  original.  A  quinze  ans  il 
fréquenta  la  nouvelle  académie  musicale  de  Théo- 
dore Kuilak  et  apprit  le  piano  sous  ce  professeur 
tout  en  étudiant  la  composition  avec  Debn  et 
Wùeisl.  Il  joua  plusieurs  années  en  public  et 
acquit  un  grand  renom  comme  virtuose ,  mais 
son  goûts  le  poussaient  surtout  à  produire  et  il 
ne  tarda  pas  à  abandonner  le  piano ,  pour  se 
donner  tout  entier  à  la  composition  :  cette  dé- 
termination lui  fut  de  tout  point  favorable,  même 
au  point  de  vue  purement  matériel.  Après  avoir 
fait  jouer  avec  quelque  succès  dès  1869^  sur 
différeides  scènes,  son  opéra-comique  de  Car- 
touche ,  tombé  depuis  dans  l'oubli,  il  écrivit 
en  janvier  1873  sa  suite  hongroise  pour  or- 
chestre, qui  devait  répandre  son  norn  dans  un 
public  très-nombreux  et  le  mettre  d'emblée  hors 
de  pair.  Il  produisit  ensuite  presquecoup  sur  coup 
sa  Chanson  du  Champagne  pour  chœur  d'hom- 
mes et  orchestre,  un  trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  ,  le  Chant  des  Nomes  pour  voix  de 
femmes  avec  orchestre,  un  sextuor  pour  instru- 
ments à  cordes,  plusieurs  compositions  origina- 
les pour  piano  à  quatre  mains,  trois  recueils  de 
lleder,  une  ouverture  de  théâtre,  bien  antérieure 
au  numéro  d'œuvre  qu'elle  porte ,  puis  enfin  la 
grande  symphonie  de  Friliof,  exécutée  d'abord 
avec  un  succès  exceptionnel  à  Berlin  sous  la 
direction  de  Bilse,  qui  se  répandit  rapidement 
dans  diverses  villes  d'Allemagne  ,  et  fut  jouée 
près  de  vingt  fois  dans  la  seule  saison  1874-75. 
En  l'année  1875,  il  obtint  encore  avec  sa  légende 
de  la  Belle  Mélusine  un  succès  tel  qu'on  ne 
peut  le  comparer  qu'à  celui  remporté  par  Gade 
avec  la  Fille  du  roi  des  Aulnes.  Tout  ré- 
cemment, enfin,  il  a  écrit  un  grand  opéra  hé- 
roïque en  quatre  actes,  Arminius  :  le  poëme  de 
Félix  Dahn,  très-diftérent  des  livrets  d'opéras 
courants  et  conçu  sous  rinfluence  évidente  de  la 
poétique  de  Wagner,  a  seul  été  publié,  mais  la 


représentation  de  l'ouvrage  est  attendue  à  Dresde 
et  à  Munich. 

Lasympiionie  de  Fritiof,  une  des  compositions 
les  plus  saillantes  de  M.  Hofmann,  est  vérita- 
blement une  œuvre  de  valeur,  aussi  remarquable 
par  la  chaleur  et  la  puissance  de  l'inspiration  que 
par  la  facture  haimonique  et  la  richesse  de  ses 
développements  symplioniques.  Pour  écrire  cette 
symphonie,  M.  Hofmann  a  procédé  de  la  même 
façon  que  M.  Max  Bruch  pour  composer  son 
beau  poëme  orchestral  et  vocal  sur  le  même  sujet, 
c'est-à-dire  qu'il  a  simplement  pris,  afin  de  s'en 
inspirer,  quelques  scènes  capitales  dans  cette 
légende  Scandinave  dont  l'antique  tradition,  re- 
montant au  vn<=  ou  vin"  siècle,  a  fourni  à  un 
poète  contemporain ,  le  professeur  et  évêque 
Esaias  Tegner,  la  matière  de  la  Légende  ou  Saga 
de  FritioJ.  L'influence  principale  qui  domine 
dans  toute  cette  œuvre  est  l'inlluencede  Wagner 
dont  on  retrouve  des  traces  distinctes  dans  les 
deux  premiers  morceaux  -.Fritiof  et  Ingeborde, 
puis  la  Plainte  d' Ingeborde ,  et  surtout  dans 
le  dernier.  Retour  de  Fritiof,  une  marche  écla- 
tante et  grandiose  comme  il  est  dans  le  tempé- 
rament de  Wagner  d'en  écrire.  Dans  la  troisième 
partie.  Nymphes  et  Géants  déglace,  dont  le 
contraste  entre  ces  deux  puissances  des  régions 
boréales  est  marqué  par  la  lutte  obstinée,  puis 
par  la  réunion  de  deux  motifs  caraclérisques , 
celui-ci  gracieux,  léger  et  bondissant,  celui-là 
d'une  allure  large  et  pesante,  on  pourrait,  à  étu- 
dier de  près,  reconnaître  l'influence  combinée  de 
Mendeissohn  et  de  Brahms  ;  mais  ces  marques 
évidentes  de  l'influence  des  maîtres  qu'on  re- 
trouve dans  les  œuvres  de  M.  Hofmann  ne  vont 
point  jusqu'à  affaiblir  sa  personnalité  propre  qui 
se  dégage  au  contraire  d'une  façon  très-nette. 
Sa  Suite  hongroise  pour  orchestre  ,  dédiée  à 
Johannes  Brahms,  qui  eut  à  l'origine  un  succès 
tel  qu'on  vit  rarement  production  de  jeune  com- 
positeur en  obtenir  d'emblée  un  pareil  et  qui 
établit  du  coup  sa  réputation ,  est  encore  une 
œuvre  également  remarquable  par  l'originalité 
de  l'idée  mélodique  et  par  la  richesse  des  com- 
binaisons instrumentales.  L'auteur  a  dû  seule- 
ment réunir  des  airs  recueillis  dans  le  pays  en 
les  faisant  ressortir  par  de  piquants  contrastes  , 
niais  ce  travail  de  mise  en  œuvre  est  combiné 
avec  une  grande  l'iabileté  de  main  et  une  rare 
entente  des  effets  d'orchestre.  La  musique  or- 
chestrale a  bien  toutes  les  préférences  du  jeune 
compositeur  et  son  talent  s'y  développe  à  l'aise; 
mais  ses  nombreuses  pièces  pour  piano  méritent 
aussi  de  fixer  l'attention ,  car  elles  sont  écrites 
avec  une  connaissance  sûre  de  la  technique  de 
cet  instrument,  et  si  elles  sont  parfois  assez  dif- 


478 


HOFMANN  —  HOGARTH 


ficiles,  comme  est  généralement  la  musique  pour 
piano  des  compositeurs  habiles  à  manier  l'or- 
chestre^  elles  sont  d'autant  plus  intéressantes  à 
jouer  et  à  étudier. Ses  Danses  hongroises  à  quatre 
mains,  composées,  comme  la  Suite  pour  orches- 
tre, d'après  des  mélodies  nationales  du  pays,  et 
les  sept  morceaux  intitulés  Landler  (Chants  du 
imys)  sont  des  plus  jolies  dans  le  nombre  et  se 
font  remarquer  par  une  saveur  étrange  et  une 
grâce  poétique  des  plus  séduisantes.  La  seule 
nomenclature  des  nombreux  ouvrages  composés 
jusqu'à  ce  jour  par  M.  HoHnann  montre  qu'il 
possède  une  grande  facilité  de  production,  et  l'é- 
tude de  ses  œuvres  principales  prouve  qu'il  a 
d'autres  qualités  que  cette  fertilité  d'imagination 
et  qu'il  est  véritablement  doué  pour  la  musique-, 
mais,  sans  vouloir  juger  déjà  d'ensemble  le  talent 
très-réel  d'un  compositeur  qui  ne  fait  que  d'en- 
trer dans  sa  maturité  et  qui  pourra  fournir 
encore  une  longue  série  d'œuvres  sérieuses,  je 
dois  dire  que  M.  Hofmann  me  parait  produire 
trop  vite,  trop  facilement,  et  que  ses  dernières 
œuvres  dont  j'ai  pu  prendre  connaissance,  Prin- 
temps d'amour  ou  Chants  et  danses  deJS'oruè- 
ge,  m'ont  paru  sensiblement  inférieures  aux  pré- 
cédentes. Le  premier  de  ces  recueils  débute  bien 
par  une  page  d'une  poésie  délicieuse,  mais  toute 
la  suite  reproduit  simplement  des  idées  ou  des 
effets  d'harmonie  qui  avaient  déjà  trouvé  place 
dans  d'autres  compositions ,  et  cette  répétition 
ne  fait  que  les  affaiblir. 

Voici  la  liste  très-complète  des  compositions 
de  M.  Hofmann  :  Deux  nocturnes  pour  piano,  op. 
1  ;  —  Deux  valses-caprices  pour  piano,  op.  2  ; 

—  Trois  tableaux  de  genre,  à  quatre  mains,  op. 

3  ;  —  Quatre  lieder  à  deux  voix,  avec  piano.^op. 

4  ;  —  Caprice  ,  pour  piano,  op.  5  ;  —  Grande 
polonaise  pour  piano ,  op.  6  ;  —  Cartouche, 
opéra-comique  en  un  acte,  op.  7  ;  —  Trois  lieder, 
pour  chœur  général,  op.  8;  —  Cinq  morceaux 
caractéristiques,  pour  piano,  op.  9  ;  —  Petite 
fugue,  menuet  et  marche  de  fête,  à  quatre  mains, 
op.  10;  —  Feuilles  d'Album,  pour  piano,  op.  11  ; 

—  En  rêve,  morceau  de  caractère  pour  piano,  à 
quatre  raainSjOp.  12; — Valses  et  marche  cosaque, 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  13;  —  Valses  de 
saZon,  pour  piano, op. 14; — Trois  morceaux  deca- 
ractère,  (Repos  à  l'ombre  d'une  ruine  Ballade,Dans 
l'éclat  du  soleil),  pour  orchestre,  op.  15  ;  —  Suite 
hongroise  pour  orchestre  (Marche  du  couronne- 
ment. Romance,  Au  bord  du  lac  Puszta),  op.  16; 

—  Chant  du  Champagne,  pour  chœur  d'hom- 
mes et  orchestre,  op.. 17  ;  —  Trio  en  lu  majeur, 
pour   piano,  violon   et  violoncelle,  op.  18  ;  — 

—  Nouvelles  d'amour  italiennes,  six  pièces  à 
quatre  mains,  op.  19  ;  —  Quatuors  pour  voix 


d'hommes,  op.  20  ;  —  Chant  des  Nomes,  pour 
chœur  de  femmes,   solos  et  orchestre,  op.  21; 

-  Symphonie  de  Friiiof  {ïniiotei  Ingeborde, 
Plainte  d'Ingeborde,  Nymphes  et  géants  de  glace, 
Retour  de  Friliof),  op  22  ;  —  Landler  sept  piè- 
ces à  quatre  main«,  op.  23  ;  —  Cinq  Cha)Us 
d'amour,  recueil  de  lieder  (op.  24),  composés 
soit  sur  des  poèmes  du  xii''  siècle,  soit  sur  ime 
adaptation  en  langage  moderne  :  Sans  doute , 
Peines  perdues,  du  Sachsendorf,  Viens  avec 
moi,  d'un  poète  inconnu  ;  Tristan  etiseult,  de 
Henri  de  Weldecke,  et  Sous  les  tilleuls,  de  Wal- 
ther  von  der  Wogelweide;  —  Sextuor  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  deux  violoncelles  (op.  25), 
exécuté  avec  succès  à  Dresde,  BerUn,  Breslau, 
etc.;  —  3^  recueil  de  cinq  lieder  sur  des  poèmes 
de  Risch  ,  Heine,  Uhland,  Hœfer  et  Muller,  op. 
26  ;  —  2^  recueil  de  sept  lieder  sur  des  poésies 
de  Eichendorff,  Heine,  Uhland,  Geibel  et  Oster- 
Avald,  op.  27;  —  Ouverture  de  théâtre  pour  or- 
chestre, op.  28  ;  —  Printemps  d'amour,  cinq 
pièces  à  quatre  mains  d'après  des  poésies  de 
Riickert,  op.  29  ;  —  La  Belle  Mélusine,  poème 
de  W.  Oslervvald,  trad.  en  anglais  par  G.  Boyle, 
pour  chtt^ur,  solos  et  orchestre,  op.  30  ;  —  Con- 
certo pour  violoncelle  avec  orchestre,  op.  3(  ;  — 
Peine  et  plaisir  d'amour,  quatre  lieder  pour 
une  voix  avec  piano,  op.  32  ;  —  Figures  de 
femmes ,  d'après  les  drames  de  Shakespeare, 
quatre  chants  de  W.  Ostervald  :  Miranda, 
Ophélia,  Julia,  Desdemona,  op.  33;  — Réminis- 
cences{i''  cahier),  cinq  pièces  pour  piano,  op. 34  ; 
—  Trois  morceaux  de  caractère,  à  quatre  mains, 
op.  35;  —  Cinq  Zierfer  pour  une  voix  avec  piano, 
op.  36;  — Réminiscences  (2*  cahier),  pièces  pour 
piano,  op.  37  ;  —  Sans  numéro  d'ouvré  :  Danses 
hongroises,  2  cahiers  pour  quatre  mains  ;  Sil- 
houettes hongroises,  un  cahier  pour  quatre 
ina.\ns  ;' Danses  et  chants  de  Norwège,  2  cahiers 
à  quatre  mains;  Tableaux  du  Nord,  pour  or- 
chestre (1).  Ad.  J— n. 

*  HOFMEISTER  (Adolphe),  éditeur  de 
musique  et  écrivain  musical,  est  mort  à  Leipzig 
le  26  mars  1870. 

*  HOGARTH  (Georges),  écrivain  musical 
anglais,  est  mort  a  Londres  le  12  février  1870,  à 
l'âge  d'environ  84  ans.  Il  n'était  donc  pas  né  en 
1808,  comme  il  a  été  dit  par  erreur,  mais  en 
178G.  Rédacteur  musical  du  journal  le  Daily 
News,  collaborateur  du  Morning  Chronicle,  de 
ï'Illustrated  London  News,  Hogarlh,  dont  les 
débuts  littéraires  dataient,  dit-on,  de  1830,  était 


(I)  Depuis  que  cette  notice  est  écrite,  M.  Hofmann  a 
fait  réprésenter  à  Dresde,  le  14  octobre  1877,  un  opéra 
intitulé  Armin- 


HOGARTH  —  HOLLAND 


479 


considéré  comme  le  fondateur  et  le  Nestor  de  la 
critique  musicale  en  Ansleterre.  Il  avait  épousé 
la  fille  de  Georges  Tliompson,  à  la  demande  du 
quel  Beethoven  avait  arrangé  les  airs  populaires 
écossais  {Schotfische  L'ieder),  et  lui-même  était 
beau-père  du  célèljre  romancier  Charles  Dickens. 
Il  exerçait  à  la  Philharmonie  Society,  presque 
depuis  la  naissance  de  celle-ci,  les  fonctions  de 
secrétaire,  et  lorsqu'en  1862,  cette  société  célébra 
par  un  concert  extraordinare  son  jubilé  cinquan- 
tenaire ,  Hogartb  publia  un  historique  de  ses 
travaux  que  l'on  dit  bien  fait  et  fort  intéressant. 

HOIIIMSTOCK  (Charles),  artiste  distin- 
gué, à  la  fois  violoniste,  pianiste  et  compositeur, 
est  né  en  1828  à  Brunswick.  Après  avoir  fait 
d'excellentes  études  et  terminé  son  éducation 
musicale,  il  entreprit  vers  1846  un  grand  voyage 
artistique,  puis  partit  en  1848  pour  l'Amérique, 
s'établit  à  Philadelphie  comme  professeur,  et  y 
resta  jusqu'en  1860.  A  cette  époque  il  revint 
en  Europe,  et  il  est  aujourd'hui'fixéà  Brunswick, 
sa  ville  natale.  Comme  compositeur,  M.  Hohns- 
tock  s'est  fait  connaître  par  un  assez  grand  nom- 
bre de  productions  importantes,  consistant  en 
symphonies,  ouvertures,  concertos  et  sonates 
pour  le  piano  et  pour  le  violon ,  morceaux  de 
chant,  etc.  —  Une  sœur  de  cet  artiste,  M"*"  Adèle 
Hohnstock ,  pianiste  remarquable,  a  obtenu)  de 
très-réels  succès  de  virtuose,  et  s'est  fait  en- 
tendre à  Paris  en  1848. 

HOL  (Richard),  pianiste  et  compositeur  néer- 
landais, né  à  Amsterdam  en  1825 ,  est  une  des 
figures  musicales  les  plus  intéressantes  qu'offrent 
en  ce  moment  les  Pays-Bas  et  certainement  l'un 
des  meilleurs  compositeurs  qui  se  trouvent  en  ce 
pays.  Le  mérite  de  cet  artiste  est  d'ailleurs  d'au- 
tant plus  grand  que  c'est  à  lui-même  qu'il  doit 
la  plus  grande  partie  de  ce  qu'il  sait,  et  par  lui- 
même  qu'il  est  arrivé  à  la  belle  position  qu'il 
occupe  aujourd'hui,  nayant  jamais  travaillé  dans 
aucun  Conservatoire  ni  étudié  sous  la  direction 
de  professeurs  étrangers. 

Les  premières  leçons  de  musique  que  Hol  a 
reçues  lui  ont  été  données  par  un  artiste  nommé 
Martens,  organiste  à  Amsterdam  ;  plus  tard,  et 
pendant  plusieurs  années^  il  a  travaillé  avec 
Bertelman,  professeur  d'harmonie  et  de  contre- 
point à  Amsterdam.  Très-jeune  encore,  il  lui 
fallait  déjà  pourvoir  lui-même  à  ses  moyens 
d'existence  en  donnant  des  leçons  de  piano,  car 
son  père  voulait  à  toute  force  qu'il  embrassât  la 
carrière  théologique ,  afin  de  devenir  ministre 
prolestant.  Mais  le  petit  Richard  ne  voulait  pas 
entendre  parler  de  ces  projets  ;  il  ne  comprenait 
et  n'adorait  que  la  musique,  c'était  chez  lui  une 
véritable  vocation,  si  bien  que  son  père  dut  re- 


noncer à  ses  idées  et  se  vit  obligé  de  céder  à 
ses  vœux. 

Après  avoir  énormément  travaillé,  étudié,  après 
avoir  beaucoup  lu,  beaucoup  écouté,  et  surtout 
grandement  profité,  Hol  grandissait  d'année  en 
année  dans  sa  petite  patrie,  commençait  à  y 
faire  parler  de  lui,  et  en  1857  fut  nommé  direc- 
teur de  musique  de  la  Société  pour  l'encoura- 
gement de  l'art  musical  à  Amsterdam,  fonctions 
dans  lesquelles  il  fut  plus  tard  remplacé  par 
Verhulst.  11  était  directeur  de  la  société  chorale 
AmsteVs  mannenkoor,eten  1853  il  fut  nommé 
directeur  de  musique  de  la  ville  à  Utrecht  et 
organiste  de  la  grande  cathédrale  (Domkerk) , 
situation  qu'il  occupe  encore  aujourd'hui. 

Hol  a  énormément  produit,  et  continue  encore 
à  composer  beaucoup.  Il  appartient  à  la  nouvelle 
école  romantique  allemande ,  et  professe  une 
grande  admiration  pour  la  musique  de  Richard 
Wagner,  de  Liszt ,  de  Brahms  ,  de  Wolkmann 
et  de  tous  les  réformateurs  contemporains.  Parmi 
ses  nombreuses  compositions ,  nous  citerons  : 
pour  l'orchestre,  deux  .symphonies,  un  poème 
symphonique  intitulé  Erkldrung,  et  six  ouver- 
tures; pour  chœurs,  sait  et  orchestre,  le  23® 
Psaume,  le  Roi  aveugle,  et  le  Hollandais  vo- 
lant ;  pour  chœurs  d'hommes  et  orchestre,  la 
Délivrance  de  Leyde  et  Vondel;  puis,  deux 
messes  avec  orgue,  un  quatuor  pour  instruments 
à  cordes,  un  trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, une  sonate  pour  piano  et  violon,  plu.sieurs 
recueils  de  lieder  sur  des  paroles  hollandaises  , 
et  une  quantité  de  petits  ouvrages  pour  piano 
seul. 

Richard  Hol  est  chevalier  du  Lion  d'or  de 
Nassau,  chevalier  de  la  Couronne  de  chêne,  et 
membre  de  mérite  de  la  Société  pour  l'encou- 
ragement de  l'art  musical  dans  les  Pays-Bas  (1). 

Ed,  de  h. 

*  HOLLAND  (Jean-David).  Cet  artiste  fut 
maître  de  la  chapelle  du  prince  Radziwill ,  à 
Nieswiez,  et  professeur  de  musique  à  l'Univer- 
sité de  Wilna.  Il  commença  à  se  faire  connaître 
par  la  musique  d'un  opéra  intitulé  Agatka  ou 
V Arrivée  du  Seigneur,  dont  les  paroles  avaient 
pour  auteur  le  prince  Mathieu  Radziwill,  et  qui 
fut  écrit  expressément  pour  le  château  de  Nies- 


(1)  Depuis  que  celte  notice  est  écrite,  M.  Richard  Hol 
a  publié  sous  ce  titre  :  le  Jeune  Chanteur  (De  Jevgdige 
zajiger),  un  ouvrage  intéressant.  Li  tliéorie  exposée  par 
le  maître  dans  ce  manuel  est  présentée  de  la  façon  ;la 
plus  claire  et  la  plus  compréhensible,  les  exercices  sont 
écrits  avec  le  plus  grand  soin,  et  tout  ce  qui  pourrait 
nuire  au  développement  normal  de  l'organe,  si  fragile  et 
si  délicat  de  l'enfant,  est  évité  avec  autant  de  prudence 
que  d'babileté.  C'est  là  un  excellent  ouvrage.— A. P. 


480 


HOLLAND  —  HOLMES 


wiez,  où  il  fut  représenté  à  l'occasion  d'une  visita 
qu'y  venait  faire  le  roi  de  Pologne  Auguste- 
Stanislas  Poniatowski.  Cet  ouvrage  servit  ensuite 
à  l'inauguration  d'un  amphithéâtre  construit  à 
Léopol,  dans  les  jardins  du  comte  Jablonowski, 
et  fut  fort  bien  accueilli. 

Holland  publia  en  1806  \m  traité  académique 
sur  la  véritable  musique  (Breslau,  Grass  et 
Barth).  On  connaît  de  lui  les  compositions  sui- 
vantes :  Deux  Sérénades  pour  deux  violons, 
deux  altos  ,  clarinettes ,  deux  cors  ,  bassons  et 
violoncelfes;  Air  dans  le  genre  d'une  Polonaise, 
pour  deux  violons,  clarinette  obligée,  deux  cors, 
alto  et  violoncelle;  Deux  Airs  pour  violon  prin- 
cipal, deux  clarinettes,  deux  cors,  basson  et  vio- 
loncelle ;  Divertimento  dans  le  genre  de  la  valse, 
pour  deux  violons,  deux  clarinettes,  deux  cors 
«t  violoncelle. 

^  IlOLLANDER  (Jean-Baptiste D'),  com- 
positeur, né  à  Gand  en  1785  ,  mourut  en  cette 
ville  le  19  novembre  1839.  Fondateur  de  la  So- 
ciété de  Sainte- Cécile,  chef  de  la  Société  d'har- 
monie de  Saint-Sauveur,  membre  de  l'Académie 
royale  des  Beaux-Arts,  il  s'est  fait  connaître  par 
plusieurs  compositions  importantes  :  Miserere 
(1813);  Hymne  à  la  reconnaissance  (1814); 
Mesi>e  et  chant  de  Noél  (1818);  Messe  exécutée 
à  la  cathédrale  Saint-Bavon  (22  novembre  1821)  ; 
Messe  écrite  à  l'ocrasion  d'une  fête  artistique 
^1830)  ;  plusieurs  motets,  parmi  lesquels  les  deux 
suivants:  Cantate  Uominum,  et  Quis  sicut 
Dominus;  un  Air  varié  pour  harmonie,  etc. 

HOLMES  (Alkred  et  Henri),  violonistes 
anglais,  commencèrent  à  se  produire  en  public  il 
y  a  seize  ou  dix-huit  ans ,  et  obtinrent  de  véri- 
tables succès,  non-seulement  à  cause  de  leur 
talent  très-réel,  mais  surtout  par  le  fait  de  la 
précision  et  de  l'ensemble  surprenants  qui  dis- 
tinguaient leur  jeu  lorsqu'ils  exécutaient  ensem- 
ble de  grands  duos. En  1860,  les  deux  frères  sont 
€n  Danemark  et  se  font  entendre  à  Copenhague  ; 
en  1861,  ils  se  font  applaudir  à  Amsterdam  ;  et 
en  1864  ils  viennent  à  Paris,  où  ils  reçoivent  un 
excellent  accueil.  Bientôt,  cependant,  l'un  d'eux, 
Henri,  quitte  la  France,  tandis  qu'Alfred  se  fixe 
à  Paris  et  y  fonde,  en  1866,  une  société  de  qua- 
tuors. En  1867,  ce  dernier  entreprend  un  grand 
voyage  artistique  en  Belgique,  en  Hollande,  en 
Allemagne  et  en  Russie,  et  au  mois  d'avril  de 
l'année  suivante,  dans  un  concert  donné  par  lui 
à  l'Opéra  de  Saint-Pétersbourg,  il  fait  entendre 


une  œuvre  importante,  Jeanne  d''Arc,  sympho- 
nie héro'ique  pour  soli,  chœur  et  orchestres 
(paroles  françaises),  qui  obtient  un  .succès  écla- 
tant. De  retour  en  Franc? ,  il  fait  exécuter  aux 
Concerts  populaires  (avril  1869;  des  fragments 
d'une  symphonie  intitulée  la  Jeunesse  de  Sha- 
kespeare, et  obtient  de  la  direction  de  l'Opéra 
l'audition  d'un  grand  ouvrage  en  5  actes,  Inez 
de  Castro,  écrit  par  lui  sur  un  livret  de  M.  Louis 
Ulbach.  Vers  1872,  la  nouvelle  se  répand  de  .la 
mort  d'Alfred  Holmes,  qui  habitait  toujours 
Paris  ;  la  nouvelle  était  fausse ,  et  Holmes 
n'avait  été  que  gravement  malade.  Un  peu  plus 
tard,  il  fit  un  nouveau  voyage  à  l'étranger,  dans 
le  but  de  faire  entendre  deux  symphonies  nou- 
velles :  Robin-Hood,  et  Paris  {Siège  de  1870), 
puis  il  revint  se  fixer  à  Paris,  qui  était  son  prin- 
cipal objectif  et  où  il  voulait  surtout  se  faire 
connaître  comme  compositeur,  après  y  avoir 
obtenu  de  très-réels  succès  de  virtuose.  C'est 
en  cette  ville  qu'il  est  mort,  le  4  mars  1876, 
après  une  courte  maladie  ;  il  était  âgé  seulement 
de  trente  huit  ans,  étant  né  à  Londres  le  28  oc- 
tobre 1837.  Peu  de  temps  après  sa  mort,  qui 
avait  causé  dans  sa  patrie  une  véritable  douleur, 
on  exécutait  à  Londres  deux  de  ses  compositions 
symphoniques,  encore  inédites,  une  ouverture 
dite  du  Cid,  et  une  autre  ouverture,  sa  dernière 
production,  intitulée  les  Muses  (l). 

M.  Henri  Holmes,  définitivement  établi  à  Lon- 
dres, s'est  produit  fréquemment  et  avec  succès 
en  cette  ville,  dans  ces  dernières  années,  soit 
comme  virtuose,  soit  comme  compositeur.  Au 
mois  d'août  1870,  il  faisait  entendre  une  cantate 
sacrée,  Praiseye  the  Lord,  qui  était  favorable- 
ment accueillie  par  le  public  ;  l'année  suivante, 
il  inaugurait  une  longue  série  de  séances  de  mu- 
sique de  chambre,  qui  lui  valaient  de  brillants 
succès,  et  en  1875,  dans  un  grand  concert,  il 
exécutait  un  concerto  de  violon  de  sa  compo- 
sition. Je  crois  que  MM.  Alfred  et  Henri  Hol- 
mes ont  été  tous  deux  élèves  de  Louis  Spohr  ; 
en  tout  cas,  celui-ci ,  si  je  ne  me  trompe,  leur  a 
dédié  ses  trois  grands  duos  de  violons  op.  148, 
150  et  153. 


(1)  Alfred  Holmes  éprouvait  pour  la  France  raffection 
d'un  fils  :  c'est  ce  qui  l'avait  fait  se  fixer  dans  notre 
pays,  et  c'est  ce  qui,  après  la  guerre  franco-allemande, 
lui  avait  fait  écrire  sa  symphonie  Paris,  qu'il  considé- 
rait en  quelque  sorte  corame  une  œuvre  palriolique. 


FIN  DU   TOME  PREMIEIt. 


^/ 


\ 


\v 


'/ 


vV- 


r: 


l,i 


.V 


w:^--5î 


^4 


f 

mj  FOR 

HOME  CIRCULATION 


^  ^  "x  J  O 


V 


/ 


«SS 


\ 


k' 


y 


.•r^> 


\-v 


tf 


1^ 


% 


i  0 


1?'' 


« 


•v 


« 


> 


^  ^ 


• 


^^ete*«f 


'^^^■% 


^ 


.4(fm 


^f* 


"r--^ 


.•^^  •  -ï  /V., 


mi^^^ii 


-'  V>*^.K->...