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The National Women's Comrnittee
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
SUPPLEMENT ET C(3MPLEMENT
TOME PREMIER
TYPOGr.APHIE nnMIN-DinOT. — MKSML (ElRr
BIOGRAPHIi:
UNIVEliSELLE
DES MUSICIENS
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BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE
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PAR F.-J.'^1:^ETLS
SUPPLEAIENT ET COMPLEAIENT
Piihliés sous la direclinii de
AL ARTHUR POUGIN
TOME PREMIER
PARIS
LIUUAIKIE DE FIRMIN-DIDOT ET C'^
IMI'IÀI.MEUKS DE l'iNSTITUT, KUE JACOB, o6
1878
Tous droils réservés.
Music
Eeferenoe
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t2
PREFACE
Il y a quarante ans que Fétis publiait la première édition de sa
Biographie universelle des Musiciens ; il y en a dix-sept qu'il com-
mençait la publication delà seconde édition, qui constituait presque
un ouvrage nouveau, tellement le travail primitif s'était agrandi ,
amélioré, accru de toutes façons. Chacun sait le succès qui ac-
cueillit, non-seulement en France, mais dans toute l'Europe ar-
tiste et lettrée, ce livre si nouveau, si utile, et si colossalement im-
portant. L'auteur , après avoir passé vingt-cinq années de sa vie
à le faire, en avait employé vingt-cinq autres à le refaire; et je
ne sais trop si l'on trouverait, dans l'histoire de l'art, beaucoup
d'exemples d'un tel labeur et d'une telle persévérance, appliqués
au même ouvrage.
Cependant, un travail biographique général, consacré à toute
une classe d'individus, à toute une catégorie d'artistes, est fatale-
ment destiné à devenir, avec le temps, défectueux et incomplet.
L'esprit et le genre humains marchent sans cesse, l'art se poursuit
et se renouvelle, des hommes et des œuvres, hier inconnus, nais-
sent à la lumière, des artistes, les uns glorieux, les autres distin-
gués, ceux-là simplement honorables, disparaissent au contraire
de la scène du monde, des faits nouveaux se produisent, et chaque
jour, en apportant son contingent à l'histoire intellectuelle de
l'humanité, oblige cette histoire à se modifier et à se compléter.
Pour ne parler que de la musique, nous vivons précisément en
a
Mus l'a
Heference
91463
ii PREFACE.
un temps de troubles, nous traversons une période de transition
qui rendent les manifestations de cet art merveilleux non pas plus
importantes, plus éclatanles que' dans le passé, mais plus actives
parfois, plus militantes si l'on peut dire, et surtout, il faut bien le
reconnaître, plus nombreuses et plus diverses qu'elles n'ont ja-
mais été. On ne doit pas oublier, d'ailleurs, que le goût de la mu-
sique se propage chaque jour davantage et s'étend à toutes les
classes de la société, qu'il crée de nouveaux besoins pour le puJjlic,
et que pour satisfaire ces besoins, pour alimenter la curiosité gé-
nérale, devenue plus pressante, la production doit être activée par
un plus grand nombre d'artistes. Les compositeurs deviennent
donc sans cesse plus nombreux, leurs travaux se multiplient d'une
façon incalculable, et l'annaliste a fort à faire d'enregistrer soi-
gneusement, au jour le jour, chaque fait nouveau qui se présente
dans le domaine de l'art.
Un ouvrage tel que la Biographie universelle des Musiciens doit
donc, pour conserver sa force et son utilité, être remisa jour pério-
diquement. C'est ce que les éditeurs ont pensé, et ils ont voulu,
après quinze ans, livrer au public un Supplément important, qui
vint compléter cet ouvrage et le tenir au courant de tous les faits
qui se sont produits depuis sa dernière édition.
Je n'ai pas été, je l'avoue, médiocrement effrayé de l'importance
de la tâche qu'on me proposait lorsqu'on a bien voulu m'offrir de
me charger de la rédaction de ce Supplément. Peut-être cependant
étais-je mieux préparé qu'un autre à un travail de ce genre. Depuis
longtemps, en effet, je m'occupais de réunir des matériaux néces-
saires à un Dictionnaire biographique général des musiciens français,
ouvrage auquel je dois renoncer aujourd'hui, mais dont les élé-
ments ont naturellement trouvé leur emploi dans celui-ci ; d'autre
part, j'avais étudié avec une attention soutenue le mouvement
musical de l'Italie contemporaine , et enfin mes cartons étaient
pleins de notes et de documents sur les artistes importants qui
depuis vingt ans occupent l'Europe de leur personne et de leurs
œuvres.
Néanmoins, je le répète, j'étais effrayé de la responsabilité qui
allait peser sur moi, non-seulement à cause de l'immensité de la ta-
PRÉFACE. iij
che, mais aussi en raison de la rapidité avec laquelle elle devait être
accomplie. Je ne pouvais pas, on le comprend, travailler à loisir
et prendre tout mon temps ; il fallait me mettre à l'œuvre immé-
diatement, et procéder aussi vite que possible, afin que le Supplé-
ment qu'on me demandait fût bien à jour, et que le commence-
ment n'ait pas trop vieilli lorsque viendrait la fin.
C'est alors que j'eus l'idée, afin de presser le travail et de le
rendre à la fois plus complet, de m'adresser à quelques amis, à
quelques confrères de France et de l'étranger, et de les prier de
m' aider dans la mesure de leurs moyens, selon la spécialité qui
convenait le mieux à chacun. Je les remercie ici, du fond du cœur,
d'avoir répondu si cordialement à mon appel, et je constate avec
joie qu'aucun ne s'est dérobé à mes demandes, tous comprenant
qu'il s'agissait d'une œuvre absolument honorable et qui ne pou-
vait que gagner au concours de tous.
C'est ainsi que, en ce qui concerne l'étranger, M. Casamorata,
l'excellent président de l'Institut royal de musique de Florence, a
bien voulu me fournir un certain nombre de notices fort intéres-
santes sur quelques musiciens italiens contemporains ; que M. Joa-
quim de Vasconcellos, l'auteur d'un livre remarquable , Os musicus
poriuguezes, s'est chargé de tout ce qui avait trait aux artistes por-
tugais, ses compatriotes; que M. Edouard de Hartog, un des com^
positeurs néerlandais les plus distingués de ce temps, m'a confié
de nombreux articles sur les musiciens de son pays; que M. Félix
Delhasse, un érudit aussi obligeant qu'infatigable, a consenti à se
charger de beaucoup de notices relatives aux artistes belges, en mê-
me temps ([u'il me fournissait des notes, des documents et des maté-
riaux innombrables sur les artistes allemands contemporains (1). Ce
(1) Je ne saurais assez exprimer ici la reconnaissance que je dois à M. Del-
hasse, pour l'aide qu'il m'a apportée dans ce travail. Possesseur d'une riclie
bil)liotlicque, ayant accumulé depuis plus de tiuarante ans, avec la passion
éclairée d'un véritable artiste, une foule de notes et de documents précieux
sur tous les musiciens européens. M, Delhasse a mis libéralement tous ces
trésors à ma disposition, et, non content de cette obligeance, il s'est encore
astreint à relire toutes les épreuves de ce Supplément, me signalant avec une
ardeur et une bonté que je ne saurais trop louer toutes les erreurs, les
omissions et les lacunes que son intelligente expérience lui faisait découvrir.
iv PRÉFACE.
n'est pas tout, et je dois signaler aussi le respectable docteur
Abramo Basevi , de Florence , mes excellents confrères MM. Filippo
Filippi, de Milan, et Carlo Caputo, de Naples, M. Edouard Gre-
goir, d'Anvers, enfin M. Pena y Goni , de Madrid, qui ont bien
voulu, sinon me rédiger des notices , du moins me communiquer
sur les artistes de leurs pays respectifs des notes et des rensei-
gnements pleins d'intérêt et d'utilité.
Pour ce qui est de la France, il me faut remercier aussi les écri-
vains et les érudits qui m'ont prêté si obligeamment leur concours :
M. Weckerlin, à qui je dois surtout d'intéressants documents sur
quelques anciens musiciens; M. Gustave Bertrand, qui, connais-
sant parfaitement les compositeurs russes contemporains, a signé
d'excellentes notices sur quelques-uns d'entre eux; M.Jules Gallay
a fait de même pour quelques luthiers, la matière lui étant par-
ticulièrement connue; enfin MM. J. de Filippi, Adolphe JuUien,
Er. Thoinan, se sont occupés de certains artistes dont la vie
leur était familière. Ne voulant pas oublier les musiciens fran-
çais qui vivent loin de Paris et n'en sont pas moins méritants,
je me suis adressé à quelques confrères de province ; ils ont de
la façon la plus courtoise, répondu à mon appel : M. Alexis Rostand
s'est chargé de tout ce qui avait trait à Marseille et au sud-est de
la France; M. Anatole Loquin de tout ce qui concernait Bordeaux
et le sud-ouest; M. Jules Cariez de ce qui touchait la Norman-
die (1).
Ce Supplément est aussi un complément, comme l'indique son
litre. C'est-à-dire que je n'ai pas voulu me borner seulement à
retracer les faits qui se sont produits, à mentionner les artistes
nouveaux qui se sont fait connaître depuis la publication delà Bio-
graphie universelle des musiciens; mais que, faisant un retour sur
le passé, j'ai non-seulement corrigé un certain nombre des erreurs
inséparables d'un ouvrage de ce genre, mais encore augmenté
(I) Je dois ici des remercîraenls particuliers à la direction du secrétariat du
Conservatoire de Paris, qui a mis à ma disposition, de la façon la plus obli-
geante, les registres de cet établissement, et qui m'a prodigué, sur une foule
d'artistes français, les renseignements les plus abondants et les plus précis.
Je ne saurais troj) lui en exprinnîr ma gratitude.
PREFACE. V
cet ouvrage de notices sur des artistes intéressants qui n'y avaient
pas été mentionnés, et complété des notices que l'absence de do-
cuments positifs avait laissées forcément insuffisantes. On verra
d'ailleurs que toutes les fois que j'ai rencontré une œuvre, une date,
un fait nouveau sur tel ou tel artiste , je me suis fait un devoir
de les produire et de compléter ainsi les renseignements existants.
Un certain nombre de vides qui avaient été signalés dans la
Biographie se trouvent donc comblés, au moins en partie, dans le
présent Supplément, où des artistes méritants ont aujourd'hui leur
histoire. On remarquera , entre autres, pour l'ancien personnel
de l'Opéra, les noms d'Albert, Marie Aubry, Marie Brigogne, M"*" Che-
valier, Ghopelet, M'"^ Coupé, Cuvillier, M'"^ Desmàtins , M"« Duplant,
M"" Durancy, Gélin, M"" Grassari, Hardouin, M"^ Jawureck, Rosalie
Levasseur, M"'' Rousselois , M"" Saint-Christophe, Tribou; pour les
anciens artistes delaComédie-Italienne et derOpéra-Comique,M"'^Bil-
lioni, M Carline, M"'® Crétu, Darboville, Dozainville, Féréol,
M""' Laruette, M™^ Lemonnier, M"^ Lescot, Moreau-Sainti, M'"'' Mou-
linghem, Nainville, Narbonne; puis, pour les organistes, Carlos
Baguer, le P. Bréll , Cabo, Casanovas , le P. Coellio, Cuéllar y Al-
tarriba, Desmazures, Ferrer, les frères Miroir; pour les claveci-
nistes, deux membres inconnus de la famille Couperin, Duflitz,
Lindeman , Thomelin; pour les violonistes, lesDumanoir, Imbault,
Pérignon; pour les violoncellistes, Norblin;pour les luthistes, Bal-
lard, Falco; pour les luthiers et facteurs d'instruments, la famille
Banks, John et Edward Betts, les Calido, Carest, Davrainville ,
Dodd, Ducroquet, Fendt, Ferry, les Forster, Gand, Harris, les Henry,
D'iaine, Lafleur, Montai; pour les éditeurs de musique, Breitkopf
et Hœrtel, Ricordi, etc. etc.
Parmi les nombreux ouvrages que j'ai consultés, je citerai par-
ticulièrement les suivants : pour ceux publiés en France, les Mu-
siciens polonais et slaves, de M. Albert Sowinski ; V Histoire du Conser-
vatoire de musique et de déclamation, de Lassabathie; les Essais sur
la musique, de Laborde; le Parnasse françois, de Titon du ïillet;
VÉtat de la France; le Journal de Jean Hérouard; le Siècle littéraire
de Louis XV, de Daquin; la Revue des maîtres de chapelle et Musi-
ciens de la métropole de Rouen, de l'abbé Langlois; les Musiciens
vj PRÉFACE.
bourguignons, de M. Charles Poisot ; les Notes sur quelques musiciens
dans la Brie, de M. Th.Lhiiillier ; l'Histoire des artistes du départe-
ment du Gard, de M. Michel Nicolas ; les Feseurs et les Joueurs d'ins-
truments, de M. Vidal; le Puy de Musique érigé à Évreux, de
MM. Bonnin et Chassant; les Contemporains de Molière, de M. Victor
Fournel ; les Tablettes de renommée des Musiciens (1785); l'Art harmo-
nique, d'Ed. de Goussemaker; le Dictionnaire des artistes, de Charles
Gahet; le Guide-manuel de l'orphéoniste, de M. Poirson; le Catalogue
de la bibliothèque musicale du théâtre de l'Opéra, de M. Théodore de
Lajarte; le Mémorial du Théâtre-Lyrique et V Histoire des Bouffes-
Parisiens, de M. Albert de Lasalle ; De la littérature musicale en France,
de M. Arthur Poiigin; VÀlmanach de la musique, par «un Musicien» ;
V Annuaire des artistes français, de Guyot de Fère; le Dictionnaire
critique de biographie et dliistoire, de Jal ; le Grand Dictionnaire uni-
versel du XIX^ siècle , de Larousse; le Dictionnaire des contempo-
rains, de M. Vapereau,; le Dictionnaire général de biographie fran-
çaise et étrangère, de M. Adolphe Bitard ; la Biographie portative et
universelle des Contemporains
En ce qui concerne les ouvrages français publiés àTétrang-er, je
mentionnerai : V Histoire des sociétés chorales de Belgique, de M. Thys ;
la Musique aux Pays-Bas , de M. Vander Straeten; V Aperçu sur V an-
cienne corporation des Musiciens iiistrumenlistes d'Anvers et les Be-
cherches sur les facteurs de clavecins et les luthiers d'Anvers^ de
M. Léon de Burbure; la Biographie des artistes musiciens belges et les
Musiciens néerlandais, de M. Edouard Gregoir; le Panthéon musical
et les Documents historiques relatifs à l'art musical et aux artistes mu-
siciens, du même auteur; les Mattresde chant et organistes de Saint-Do-
natien et de Saint-Sauveur à Bruges, de M. Van de Casteele; Cinquante
ans de souvenirs, d'A. de Peellaert; le Manuel-annuaire des musiciens
de la ville de Liège; VAlmanach de la comédie française établie à
Bruxelles; les Tablettes du musicien; V Annuaire dramatique belge;
la Musique en Suisse, de M. George Becker ; V Orgue du Palais de
Vlndustrie d'Amsterdam, de M. Philbert.
Pour l'Italie, j'ai eu recours aux écrits suivants : Dizionario bio-
grafico, de Francesco Regli; Cenno storico sulla scuola musicale di
Napoli, de U. Francesco Florimo; Série cronologica de' principi
PRÉFACE. vij
deW Accademia de Filarmonici di Bologna; Atti delV Accademia del
R. Tstiluto musicale di Firenze; Storia del violino in Piemonte, de
Francesco Regli; gli Artisti da leatro, de M. A. Ghislanzoni; Bio-
grafe di scriltori e arlislimusicali, bergamasclii navili od oriundi, de
G. S.Mayr; Cenni storici delVinsegnamenlo délia musica in Lucca e de
più notabili maestri compositori chevi hanno fiorito^ par M. Agostino
Cerù; Memorie risguardanli la storia delV arle musicale in Bologna
alXVI sccolo, par M. Gaetano Gaspari (dans les Atli e Memorie délia
R. depulazione di sloria patriaper le provincie di Romagna) ; Cenni
storici sul R. Conservalorio di musica in Milano (de M. Lodovico
Melzi); Teatro alla Scala, cronologia di tutti gli spettacoli , par
M. Luigi Romani; Rappresentazioni date neireali teatri di 3Iilan0y
^775-'/S73,parM.PompeoCambiasi; Teatro Carlo Felice{àe Gênes),
relazione storico-esplicativa , par M. Cesare da Prato ; Cronistoria
dei teatri di Mof/ena, par Alessandro Gandin-i; Dell" arte e del teatro
di Padova, par M. G. Leoni; Annuario gene/ale délia musica , par
M. Carlo Caputo; Annuario musicale universale , par M. Giovanni
Paloschi.
On sait que l'Allemagne est, plus que tout autre pays, fertile en
bons et solides ouvrages sur la musique et les musiciens. J'ai sur-
tout consulté les publications générales importantes qui y ont été
faites dans ces dernières années : le Musikalisches-Conversations-
Lexicon d'Hermann Mendel, qu'une mort prématurée a empêché
cet artiste distingué de mener à terme, mais qui s'achève rapide-
ment sous la nouvelle direction de M. Reissmann; le Tonkunstler-
Lexicon, de Ledebur; le Theater-Lexicon, de Rlum ; enfin, le petit
manuel encyclopédique et biographique deJulius Schuberth, Klei-
nes musikalisches Conversations-Lexicon.
En ce qui concerne l'Espagne, qui, à l'encontre de l'Allemagne,
est le pays le moins riche de l'Europe en écrits relatifs à la musi-
que, j'ai pu cependant puiser de bons renseignements dans le Dic-
cionario hlografico-bibliografico de efemérides de mùsicos espanoles
de M. Raltasar Saldoni, en éprouvant le regret que la publication
d'un ouvrage si utile n'ait pu être continuée, et dans un opus-
cule substantiel du même auteur, Resena historica de la escolania
0 colegio di musica de la virgen de Montserrat; VAlmanaque mU'
viij PRÉFACE.
sical, de M. Obiols (1868), VAmanaqiie musical y de teatros {i8G8),
et le Caïendario historico musical, de M. Soriano Fuertes (1873),
m'ont fourni aussi quelques détails sur les compositeurs espagnols
contemporains; je ne citerai guère que pour mémoire le Biccîon-
ario tecnico, historico y biografico de la Musica, de M. José Parada y
Barreto, et les Biografias de los musicos mas distinguido de iodos los
paises , de M. Fargas y Soler, qui sont des ouvrages de seconde
main et dans lesquels on trouverait difficilement un seul rensei-
gnement nouveau, ua seul fait intéressant.
Il va sans dire que je n'ai pas négligé les monographies spécia-
les ou les publications intéressantes dont tant de grands artistes ont
été l'objet, depuis quinze ans, en France, en Allemagne ou en Italie ;
j'y ai trouvé souvent les éléments de rectifications importantes ou
d'utiles et nouveaux renseignements, comme on pourra s'en con-
vaincre aux noms d'Adam (Adolphe), Adam de la Halle, Auber, Bee-
thoven, Bellini,Boieldîeu,Cherubini, Donizetti, Gluck, Mendelssolin,
Pacini, Rossini, Schubert, Verdi, Weber, etc. Les journaux de mu-
sique des grandes villes de l'Europe m'ont été aussi fort utiles, et
parmi eux je citerai surtout la Revue et Gazette musicale de Paris ,
le Ménestrel , le Guide inusical de Bruxelles, la Gazzelta musicale de
Milan , la Esparia musical, le Musical World, le Musical Standard,
VEcho de Berlin, les Signale ei le Musikalisches Wochenblalt de Lei-
pzig, la. Neue Berliner Musikzeitung , le Musik-Theater und Literalur-
Journal de Vienne, Cxcilia et la Hollande musicale de La Haye.
Enfin, j'ai mis aussi à contribution, cela va de soi, les catalo-
gues des grandes maisons de publications musicales de l'Europe :
Breitkopf et Haertel, Ricordi, Lucca, Brandus, Lemoine, Heugel,
Flaxland, etc. , ainsi que ceux des grandes bibliothèques musica-
les particulières qui ont été vendues dans ces dernières années,
celles de Fétis, d'E. de Coussemaker, d'Adrien de la Fage, de Far-
renc, et autres. J'ai trouvé dans ces diverses publications la trace
de nombreuses œuvres musicales et d'écrits spéciaux que je ne con-
naissais pas, et qui n'étaient point mentionnés dans la Biographie
universelle des Musiciens.
On se fera une idée du travail que je me suis imposé, en consi-
PRÉFACE. ix
dérant que le Supplément que je présente à cet ouvrage ne com-
prend guère moins de cinq mille noms; cet ensemble formidable
me donne la presque assurance que je n'ai pu oublier qu'un bien
petit nombre d'artistes parmi ceux qui avaient droit à figurer dans
une publication de ce genre. Les jeunes écoles musicales française,
italienne et allemande y sont, j'en ai l'espoir, représentées de la fa-
çon la plus complète, et je crois pouvoir dire que parmi ceux qui
les composent, il en est beaucoup sur la vie desquels le public ne
connaissait rien jusqu'ici et dont la carrière lui est retracée pour
la première fois. Au nombre des artistes qui se sont ainsi mis en
relief dépuis un certain temps, il me suffira de citer, pour la France,
M'"^ de Grandval, MM. Georges Bizet, LéoDelibes, Théodore Dubois,
Alexandre Guilmant, Ernest Guiraud, Joncières, Charles Lecocq, Le-
nepveu, J. Massenet, Salvayre; pour l'Italie, MM. Auteri-Manzocchi,
ArrigoBoito, Gobati, Gomez, Filifpo Marchetti, Ponchielli; pour
l'Allemagne, MM. Abert, Max Bruch, Ignace Brttll, Hermann Gœtz,
Edouard Grieg, Heinrich Hofmann, Jensen , etc. Si je joins à ces
noms ceux de MM. Hamerick et Svendsen pour la Suède, Gui, Davi-
doff et Tchaïkowski pour la Russie, Pierre Benoit et Brassin pour
la Belgique, Gernsheim et Richard IIol pour les Pays-Bas, Barbieri,
Hernando et Obiols pour l'Espagne, Holmes, Brinley-Richards et
Arthur Sullivan pour l'Angleterre, Lysberg pour la Suisse, on verra
que j'ai fait en sorte de n'oublier aucun pays, et que j'ai tâché de
faire à chacun la part qui lui est due.
Pourtant je dois déclarer que, malgré mes soins, malgré mes
recherches minutieuses, malgré mon désir de ne laisser rien échap-
per, je ne me crois nullement à l'abri d'erreurs ou d'omissions in-
volontaires. La perfection n'est pas de ce monde, et dans un ou-
vrage tel que celui-ci, où la matière est à la fois si éparse et si
abondante, on ne peut, en dépit de tous les efforts, parvenir qu'à
être le moins inexact et le moins incomplet possible. Fétis, qui s'y
connaissait, le savait bien, et il l'a prouvé dans une lettre intéres-
sante, que je vais reproduire ici, et qu'il adressait il y a douze ans
à M. Weckerlin, l'excellent bibliothécaire actuel du Conservatoire
de Paris, en réponse à tout un envoi de renseignements que celui-ci
lui avait fait.
X PRÉFACE.
Voici cette lettre :
« Bruxelles, le 16 juillet 1865.
« Mon cher monsieur,
a Je saisis l'occasion d'un moment de repos pour répondre à votre
lettre de dimanche dernier et vous remercier du cadeau que vous
m'avez fait de vos Poèmes de la mer. Je n'ai guère l'espoir de les lire
avant la fin des concours du Conservatoire ; mais lorsque le temps des
vacances sera venu, ce sera une de mes premières occupations.
« Je vous remercie aussi des renseignements bibliographiques qui
remplissent la plus grande partie de votre lettre. Je connais depuis en-
viron 50 ans les volumes de la bibliothèque Impériale dont vous avez
bien voulu me donner l'indication, et j'en ai pris des notes avec tous
les premiers mots des chansons et des auteurs; mais d'une part, on
ne sait rien sur les personnes de ceux-ci, et de l'autre, tout cela est de
si peu de valeur, que j'ai un peu ,de regret d'être obligé de garder le
silence à leur égard. J'ai dépensé récemment quelques milliers de
francs pour l'acquisition de la plus considérable collection de chan-
sons en musique qui, je crois, a jamais été rassemblée, mais j'aurais
pu mieux employer mon argent. Par-ci par-là, je trouve certaines piè-
ces qui ont le mérite d'un sentiment naïf; mais, en général, tout cela
est vulgaire et assez mal écrit.
« Pour quelques noms de valeur qu'on trouve dans ces rarissimes
recueils d'Attaignant, de Jacques Moderne , de Nicolas Du Chenin, d'A-
drian Le Roy, des deux Phalèse, de Jean Bellère et des Ballard, il y a
des centaines de noms obscurs et très-dignes de l'être.
« Les personnes qui prennent la peine de signaler certaines omis-
sions, assez indifférentes, de la Biographie universelle des Musiciens,
ignorent qu'il existe environ 1,500 compositeurs allemands dont le plus
grand nombre ont un mérite réel, et qui néanmoins ne sont pas men-
tionnés dans les biographies musicales publiées dans leur pays. J'ai
dû souvent faire de grands efforts pour les tirer de l'oubli. Tout ce qui
a été publié en Italie sur les musiciens de ce pays fourmille d'erreurs
et d'inexactitudes que j'ai éclaircies et corrigées. Les musiciens belges
des XIV et XVP siècles représentent toute l'histoire de la musique
de ces époques; or, on ne les connaît que par leurs œuvres, ou plutôt
par leurs noms ; c'est la Biographie universelle des Musiciens qui , pour
la première fois, donne sur eux des renseignements complets et fait
connaître leur énorme influence dans toute l'Europe. En Espagne,
PRÉFACE. xj
on ne savait rien en quelque sorte sur les musiciens de cette contrée;
les maîtres de chapelle et les musiciens les plus remarquables de Bar-
celone, de Madrid, de Séville et de Cadix m'ont écrit que c'est par mon
livre qu'ils ont appris à connaître les gloires musicales de leur patrie.
a En France, on ne lit pas mêmes les livres qu'on a sous la main, et
je pose en fait qu'il n'y a pas dans ce pays trois personnes qui se dou-
tent des lumières répandues dans la Biographie universelle des Musiciens
sur toutes les questions importantes d'art, de science et de philosophie
du beau. Un journaliste priait un jour M. Farrenc de lui faire une liste
des principaux articles de ce livre, parce qu'il désirait les citer lors-
qu'il en parlerait dans son journal. « Qu'avez-vous besoin de cela, lui
« dit mon pauvre ami, puisque M. Fétis vous a donné son ouvrage? —
tt Oh ! je n'ai pas le temps de parcourir cette énorme bibliothèque mu-
te sicale. »
« Eh bien ! ce même journaliste, qui ne m'est pas hostile, écrivait
naguère cette phrase, à propos du même ouvrage: travail colossal, mais
incomplet! Qu'en sait-il?
« Un illustre philosophe m'a écrit à propos de ce travail et de mes
autres ouvrages : « L'attention que j'ai mise à vous lire m'a donné sur
« votre art des lumières que je cherchais depuis longtemps et que
« je n'espérais plus; mais cette lecture m'a attristé en songeant que
« vous êtes venu trop tard. La génération actuelle ne peut plus vous
« comprendre au point de vue élevé où vous vous êtes placé : elle est
« occupée d'autre chose, et l'art n'est plus pour elle qu'un amusement,
« dans les moments perdus où l'on ne peut pas s'occuper de sa for-
ce tune ou de sa ruine. Peut-être espérez-vous dans l'avenir? Hélas!
a je crains qu'il n'y ait pas d'avenir pour ce qui vous intéresse : la
« nature me paraît épuisée pour le beau, pour l'idéal chez les peuples
« européens. Si une génération nouvelle peut rentrer dans ce domaine,
(c dans l'avenir, elle viendra de l'Amérique ; mais cela est douteux. »
« Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que la Biographie univer-
selle des Musiciens est imparfaite dans un certain nombre de faits et de
dates : je l'ai dit dans ma préface. Il en est nécessairement ainsi de
tous les ouvrages du même genre. Si dix personnes se mettaient à l'ou-
vrage pour faire disparaître ces imperfections, et si elles y employaient
dix années de recherches, il en resterait encore.
« Veuillez agréer, monsieur, l'assurance de mes sentiments les plus
distingués.
« FÉTIS. »
xij PRÉFACE.
Ces lignes de Fétis devraient être toujours présentes à Fespritde
tout écrivain qui s'occupe de travaux du genre de celui-ci : « Il
est hors de doute que la Biographie universelle des Musiciens est
imparfaite dans un certain nombre de faits et de dates lien
est nécessairement ainsi de toutes les ouvrages du même genre. Si
dix personnes se mettaient à V ouvrage pour faire disparaître ces im-
perfections, et si elles y employaient dix années de recherches^ il en
resterait encore. » J'insiste sur ce point pour qu'on ne croie pas
que j'aie eu la prétention, dans le temps relativement court qui
m'était accordé pour la rédaction de ce Supplément, de corriger
toutes les erreurs, de relever toutes les omissions qu'on pouvait
signaler dans l'ouvrage primitif ; je me tiens pour satisfait d'avoir
redressé quelques-unes des premières, d'avoir réparé un certain
nombre des autres. Ce n'était là, en somme, qu'une partie secon-
daire et absolument arbitraire du travail dont je m'étais chargé.
Quant à ce qui me concerne personnellement , c'est-à-dire la partie
nouvelle de ce travail ^ celle qui a trait aux artistes contemporains,
tous mes efforts ont tendu à ce qu'elle fût aussi exacte, aussi com-
plète, aussi exempte d'erreurs que possible; mais j'avoue que je
ne me tiens pas pour infaillible , et que si j'ai toujours tâché de
faire pour le mieux, j'ai assez d'expérience pour craindre de n'a-
voir pas toujours réussi.
J'appelle donc de tous mes vœux les rectifications , les éclaircis-
sements, les corrections auxquels cette publication pourrait donner
lieu. J'ai la conviction qu'en mettant au jour, si imparfaite qu'elle
puisse être, cette partie supplémentaire d'un ouvrage justement
célèbre, je rends un service signalé à tous mes confrères, artistes
ou écrivains, parce que j'apporte des éléments nouveaux à une
branche singulièrement active aujourd'hui des connaissances hu-
maines, que je viens renforcer, avec des faits encore inconnus,
l'histoire de l'art contemporain. Mais, je le répète , j'appelle de
tous mes vœux la critique de ces confrères, à quelque partie de
l'Europe qu'ils appartiennent, et je les supplie ici, dans l'intérêt
même de l'art, de ne pas négliger de me signaler les erreurs, les
omissions, les inexactitudes de toute sorte qu'ils trouveraient à re-
lever dans mon travail. Ils peuvent tenir pour certain que leurs
PREFACE.
XllJ
ol)servations ne seront pas perdues, que j'en tiendrai compte par la
suite, et que grâce à eux je ne cesserai d'améliorer une œuvre que
je considère comme indispensable à quelques-uns, et utile à tous.
Un dernier mot, et je termine. — Ce livre a été fait avec la plus
entière bonne foi;, et j'ai tâché que la passion en fût absolument
exclue; mon plus vif désir est qu'il soit apprécié de bonne foi et sans
passion.
Arthur Pougin.
SIGNATURES DES AUTEURS
DU PREMIER VOLUME.
MM.
A. L — N LoouiN (Anatole).
Ad. J — K JuLLiEN (Adolphe).
Al. R — D Rostand (Alexis).
Ed. de h Hartog (Edouard de).
Eit. ï TiioiNAN (Ernest).
F. D Delhasse (Félix).
G. R Rertrand (Gustave).
J.-R. W Wegkerlin (J.-B.).
J. G — z Garlez (Jules ).
J. D. F FiLippi (J. de).
J. DE V Vasconcellos (Joaquim de).
J. G Gallay (Jules).
L.-F. G ». . GASAiMORATA (L.-F.).
Y Anonyme.
Tous les articles non signés sont de M. Arthur Pougin.
Tous les noms précédés d'un astérisque sont ceux ([ue l'on trouve dans la Biographie
universelle des Musiciens, et dont les notices ont été rectifiées, corrigées ou complétées.
Les notices qui ne sont accompagnées d'aucun signe sont entièrement nouvelles.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
SUPPLEMENT
ABADIE (Louis), compositeur de musique
légère, s'est fait connaître par une innombrable
quantité de chansons et de romances dont quel-
ques-unes obtinrent , dans les années qui sui-
virent 1848, de véritables succès de popularité.
On peut citer surtout les Feuilles mortes , la
Fille à Jérdme, lesjdus Beaux Yeux de Cas-
tille , l'Amoureux de Pontoisé, D'où viens-
tu, beau nuage? etc., etc. Malgré la vogue de
quelques-unes de ces productions, Abadie,qui
chercha inutilement et pendant longtemps à se
produire au théâtre, finit par tomber dans la
misère et mourut à l'hôpital , vers 1860, lais-
sant trois enfants orphelins. Sept années après
sa mort, le 11 mai 1867, on représentait au
théâtre des Folies- Saint- Germain ie Danseur de
corde, opéra-comique eu deux actes dont il avait
écrit la musique, qui fut retouchée et orchestrée
par M. deViliebichot.
ABBADIA (Luigia), chanteuse fort re-
marquable, née à Gênes en 1821 , reçut d'abord
des leçons de son père, qui était maître de cha-
pelle, et d'un violoniste nommé Bianchi. Elle
était à peine âgée de quinze ans lorsqu'elle dé-
buta d'une façon très-heureuse à Sassari; elle
se rendit ensuite à Manloue, oii son succès fut
complet , et c'est alors qu'elle fut engagée par
Yimpresario Merelli , qui en peu de temps la
produisit dans un grand nombre de villes : No-
vare, Brescia, Monza, Bologne, Turin, Vienne,
Milan, Pailoue, Triesle, Plaisance, etc., où elle
excita l'enthousiasme et fut l'objet d'ovations
multipliées. Certains ouvrages lui étaient parti-
culièrement favorables, tels que Corrado d'Aï-
tam,ura, la Regina di Golconda , il Tem-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL . —
plario, mais c'est surtout la Saf/o de Pacini qui
lui valut ses plus éclatants triomphes, non- seu-
lement comme chanteuse, mais comme tragé-
dienne. Douée par la nature d'une voix de
mezzo-soprano étendue, sympathique, puis-
sante, elle en doublait les effets par l'art
avec lequel elle la conduisait et par la gran-
deur de son sentiment dramatique. Un goût
parfait, une âme expansive, une ardeur brû-
lante, un rare enthousiasme , avec cela des élans
d'inspiration soudains et imprévus, telles étaient
les qualités nombreuses et peu communes qui
faisaient de cette cantatrice remarquable une
artiste exceptionnelle et de premier ordre. Elle
concourut puissamment au succès de Maria Pa-
dilla, que Donizetti écrivit expressément pour
elle, elle était sublime dans la Vestale, de Mer-
cadante, et elle trouvait, au dernier acte de
YErnani de Verdi, des accents d'une puissance
incomparable. Ceux qui ont entendu une fois la
vibration de ses notes inspirées, a dit un bio-
graphe, ne sauraient jamais l'oublier. Vers 1859,
celte grande artiste se rendit en Allemagne et se
fit entendre à Hambourg et à Berlin, où ses succès
ne furent pas moins grands que dans sa patrie.
J'ignore ce qu'elle est devenue depuis lors.
ABEL (Clamer-Heinrich) , musicien de la
chambre du duc George- Guillaume de Hanovre
et d'Ernest-Auguste de Brunswick. Cet artiste,
d'origine hessoise, a vécu dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il a publié un
recueil de pièces instrumentales : allemandes ,
courantes, etc., sous ce titre : ErslUng musika-
lischer Blumen (Premières fleurs musicales).
.Y,
T. I. 1
ABELA — ABERT
ABELA (Don Placido). Le chevalier Caie-
taii Abela, issu d'une illustre famille sicilienne
originaire d'Espagne, colonel de cuirassiers au
service de la République française , étant à Na-
ples en 1814, eut un enfant qu'il appela Joseph-
Hilarion. Le chevalier Abela, envoyé en Sicile
contre les soldats des Bourbons, laissa son fils à
Naples chez les parents de son épouse, morte
peu après la naissance de l'enfant. — Celui-ci
montrant beaucoup de dispositions pour la musi-
que, on l'envoya étudier le solfège comme
externe au collège de musique , dans le ci-de-
vant couvent des Jésuites de San-Sebastiano, à
Naples. Lors delà translation du collège de San-
Sebastiano à San-Pietro a Majella, le jeune
Abela continua d'y étudier la musique, avec Pie-
tro Casella. Mais, en décembre 1826, son père, qui
lors de l'insurrection de la Sicile avait com-
mandé les guérillas des insurgés siciliens et, aban-
donné par les siens, était tombé entre les mains
des soldats des Bourbons, ayant été condamné
à mort et exécuté, le jeune Abela, âgé alors de
treize ans, fut mis par le roi de ISai)les François
1'"' dans le collège royal de Maddaloni, où il
étudia le piano sous un vieux prêtre, ancien
élève du collège de San-Onofrio à Naples. A
l'âge de seize ans il obtint du roi la permission
de se faire religieux dans l'ordre de Saint-Benoit,
au couvent de Monle-Cassino , où il reçut le
prénom de Placido, sous lequel on le connaît à
présent, et où il fitenlSBj sa profession reli-
gieuse. Il devint peu après organiste de l'église
de .Monte-Cassino, et commença à étudier de son
mieux la composition par lui-même. En 1851,
J.-B. de Vecchis, bon maître napolitain, ayant
été appelé à Monte-Cassino pour enseigner la
musique aux séminaristes et aux collégiens,
Abela eut de lui quelques leçons de contre-point ;
mais le soudain départ de de Vecchis vint in-
terrompre le cours de ses éludes, qu'il lui fal-
lut continuer par lui-même à l'aide de hvres,
jusqu'à ce que Philippe Ercolani, élève de Zin-
garelli, s'étant établi pour quelque temps à
San-Germano, au pied du mont sur lequel est
bâti Monte-Cassino, Abela put recevoir quel-
ques leçons même de ce maître. — Nonobstant
l'irrégularité de ses éludes , le père Abela, à
présent Prieur Cassinois [Priore Cassines),
aidé de sa bonne volonté et de ses dispositions
naturelles pour la musique, devint bon harmo-
niste et conlrepointislc, et il y a plusieurs mor-
ceaux de musique sacrée lie sa composition qui
sont très-dignes d'allcnlion. La plus grande
partie de ses œuvres , soit à voix seules , soit
avec accompagnement d'orgue^ a été pubUèe à
Naples par Girard et G". L. F. C.
ABERT (J.-J.), compositeur de sympho-
nies et d'opéras, est né en 1832 à Kacliowiiz,
en Bohême. Grâce à sa jolie voix de soprano,
Abert dut la faveur d'être admis au nombre des
enfants de chœur de l'église hospilalière de sa
ville natale, où il reçut sa première éducation et
apprit les éléments de la musique. 11 avait huit
ans à peine lorsque le prieur des Augustins ,
frappé de ses heureuses dispositions, le prit sous
sa protection et l'emmena , du consentement de
ses parents, dans son couvenl, où il lui lit don-
ner une instruction litléraire et musicale aussi
complète que le comportait le savoir des bons
pères Augustins. Les progrès d'Aberl furent ra-
pides, et ses connaissances musicales furent
bientôt assez étendues pour qu'on put lui contier
la direction de la chapelle du couvent. Il en
profila pour faire exécuter les pièces religieuses
qu'il composait dès cette époque, el pour passer
en revue tous les morceaux de maîtres que
renfermait la bibliothèque de la maîtrise.
Cependant, Abert touchait à sa quinzième
année, et son esprit d'indépendance ne tardait
pas à s'éveiller , en môme temps qu'il sentait
grandir son désir d'étendre le cercle de ses
éludes. Un beau jour il prit la poudre d'escam-
pette, sauta par-dessus les murs de sa piison et
courut se réfugier chez un de ses oncles qui ha-
bilait Prague. En dépit de son escapade d'éco-
lier, Abert fut reçu à bras ouverts, et grâce à la
protection de son oncle il ne tarda pas à entrer
au Conservatoire de Prague, dont il devint en
peu de temps un des plus brillants élèves. Après
trois ans d'études assidues, son éducation était
assez complète pour qu'il put faire exécuter, par
ses camarades, deux ouvertures de sa composi-
tion et une grande symphonie qui lui valut les
suffrages du maître de chapelle P. Lindpaintner.
C'est par la protection de cet artiste qu'Abert
entra en 1852 au service du roi de Wurtem-
berg, en qualité de contre^bassiste. Il occupa ce
poste modeste jusqu'en 1867, travaillant sans
relâche et profitant de tous les loisirs que lui
laissaient ses fonctions, pour se livrer à la com-
position. C'est ainsi qu'il produisit successive-
ment sa Symphonie en ut mineur, exécutée
pour la première fois à la Redoute de Stultgardt
en 1853, sa Symphonie en la majeur, écrite en
en 1 856, et une quantité de quatuors et de lieder.
C'est en 1859 seulement qu'il fit jouer au théâtre
de Stutlgardt son premier opéra : Anna von
Landskron, dont le succès très-honorable ne
dépassa pourtant pas les limites de la ville qui
l'avait vu naître. Son second ouvrage drama-
tique , le roi Enzio, joué en 1862, ne fut guère
plus heureux , mais son poëme symphonique
(
ABERT — AGHARD
Columbiis , écrit ea 1864, popularisa son nom
dans toute l'Allemagne et le lil connaître à Paris
même, lorsque M. Pasdeloup eut mis cette œuvre
intéressante au programme des Concerts populai-
res (1). Le troisième ouvrage dramatique d'Abert,
Astorga, représenté à Stutlgardt en 186G, béné-
iicia de la réputation que s'était faite son au-
teur, et réussit avec éclat sur les principales
scènes allemandes. H a été traduit en français
par M. Victor Wilder, et publié à Paris chez
les éditeurs Durand et Scliœnewerk. L'an-
née 18C7 eut sur la carrière d'Abert une in-
fluence décisive. Pendant la fermeture du théâtre
de Sluttgardt, une partie de la troupe se dirigea
sur Bade pour y donner quelques représenta-
lions. Abert accompagna les comédiens voya-
geurs , et prit la direction de l'orchestre. L'ha-
bileté dont il fit preuve dans ces nouvelles
fonctions lui valut la succession d'Eckert , un
des meilleurs chefs d'orchestre de l'Allemagne et
maître de chapelle du roi de Wurtemberg.
Eckert, à la suite de quelques différends avec son
directeur, ayant jugé à propos de se démettre de
ses fonctions, Aberl fut désigné, par l'opinion
unanime des musiciens, pour le remplacer. Il
troqua sans regret l'archet du contre- bassiste
contre le bâton du chef d'orchestre.
Comme si toutes les bonnes fortunes devaient
lui arriver à la fois, il obtint vers la même
époque la main d'une opulente héritière à qui
ses succès de compositeur avaient tourné la tête.
Depuis ce temps, la muse d'Abert s'estendormie ,
et sa veine productive semble s'être épuisée. On
promet cependant un nouvel ouvrage de lui :
^«:io , qu'il ne faut pas confondre avec son
deuxième ouvrage théâtral , portant à peu près
le même litre. Y.
AlîLXGDOiV (Lokd), amateur distingué de
musique, qui vivait à Londres dans la seconde
moitié (lu dix-huitième siècle , jouait fort bien
de lallùle et composait pour cet instrument. En
(I) La symphonie de Culumbiis faillit coûter la vie à
son auteur, dans les circonstances suivantes. On venait
de l'exécuter à Stuttgardt, où clic lui avait fait décerner
un véritable triomphe, l'rcsque aussitôt Invité àse rendre
à Lœwenberg pour en diriger une exécution à la cha-
pelle du prince, 11 se mit en route; mais, arrivé à une
lieue environ de 1 œwenberg, le cheval attelé à son traî-
neau (c'était au mois de février isg;) prit le mors aux
dents et entama une course folle. Le traîneau fut
bientôt renversé, et l'artiste, qui avait été singulièrement
maltraité par les premiers écarts du cheval, resta évanoui
sur la route, par un froid âpre et rigoureus. Un voya-
geur, l'ayant trouvé en cet état une heure après, s'em-
pressa de le faire conduire à Lœwenberg, ou It s soins d'un
médecin Unirent par le rappeler à la vie. Jlais ce n'esl
qu'au bout de quelques semaines que le compositeur fut
remis de cet accident. — A. P.
1783, il fut mis à la tête d'une grande entreprise
de concerts à laquelle on donna son nom, et dont
le compositeur allemand Frédéric-Hermann Graf
fut nommé chef d'orchestre et compositeur. Le
concert Abingdon était l'un des plus fameux de
toute l'Europe, tant par le grand nombre que par
la supériorité des arlisles qui venaient s'y faire
entendre.
* ABOS (Jérôme). A la liste des ouvrages
dramatiques de ce compositeur, il faut ajouter
deux opéras bouffés, l'un, le Due Zingare, re-
présenté au théâtre Nuovo, de Naples, en 1742;
l'autre, la Moglie gelosa, donné en 1745 au
théâtre des Fiorenlini , de la même ville.
ABRAHAMSOIV ( Werner-Hans-Frédé-
Kic), écrivain esthéticien , naquit à Schlesvvig le
10 avril 1744. Il a composé un assez grand nom-
bre de mélodies, dont plusieurs sont devenues
populaires en Danemark ; mais ce qui le re-
commande spécialement aux lecteurs de ce dic-
tionnaire, c'est la belle collection de Chansons po-
pulaires et guerrières du Danemark (5 volu-
mes, Copenhague, 1812-14), qu'il a publiées en
collaboration avec Nyerup et Ralibek. Abraham-
son est mort avant l'achèvement de ce petit mo-
nument national, le 22 septembre 1812.
Y.
* ABT (François). C'est le Paul Henrion
de l'Allemagne. Destiné par ses parents à l'état
ecclésiastique, il fréquenta pendant quelque
temps la Thomas-Schule de Leipzick. C'est là
qu'il trouva l'occasion d'achever son éducation
musicale. Après quelques années de séjour à
Zurich et à Brunswick, il fit, en 1872, une tour-
née musicale en Amérique , d'où il revint chargé
de dollars. Abt , revenu au pays natal , continue
de se livrer à la production non interrompue do
l'ieder et de chœurs qui ont popularisé son
nom. On a publié de lui à Paris un recueil de
quarante mélodies, avec paroles françaises , chez
Durand et Schœnewerk. Y.
ACEVES ( ), compositeur dramatique
espagnol de l'époque actuelle , s'est fait connaître
par la représentation de plusieurs zarzuelas qui
ont été très-bien accueillies du public, et qui
l'ont mis au rang des bons auteurs en ce genre.
Je ne connais que les suivantes : i" Dos comicos
de jrrovincia; 2" Sensïtiva , deux actes; 3° el
Manco de Lepanto, épisode historique en un
acte écrit pour l'anniversaire de la mort de Mi-
chel Cervantes, Madrid, th. du Cirque, 23 avril
1867 ; 4'' la Bola negra, un acte, 1872 ou 1873;
5" el Testamento azul, trois actes ( en société
avec MM. Barbieri et Oudrid), th. du Buen-
Reliro, 20 juillet 1874.
ACHARD.(Léon}, chanteur distingué, fils
4
AGHARD — ADAM DE LA HALE
d'un comédien qui se (il une grande réputation
au théâtre du Palais-Royal, avec M"e Déjazet, est
né à Lyon le t6 février 1831. Après avoir ap-
l>iis de bonne heure les premiers éléments de la
musique, M. Achard fit ses études littéraires au
collège Henri IV, où il eut pour condisciple
M. Victorien Saniou, puis suivit les cours de l'É-
cole de droit, et se (it recevoir licencié en 1852.
Il entra alors dans une élude d'avoué, et en même
temps devint élève de Bordogni au Conserva-
toire, Ayant obtenu, dans cet établissement, un
second accessit d'opéra-comique en 1853 et le
premier prix en 1854, il fut engagé aussitôt au
Théâtre-Lyrique, et débuta à ce théâtre, le 9 oc-
tobre, dans un opéra de M. Gevaert, le Billet
de Marguerite, qui servait aussi de début à
M™* Deligne-Lauters, devenue depuis M"* Guey-
mard. Fort bien accueilli par le public, M. Achard,
dont la jolie voix de ténor était fraiclie et pleine
de diarme, et chez qui l'on entrevoyait déjà les
qualités d'un bon comédien, (it successivement
plusieurs créations, dans les Charmeurs, de
M. Poise, le Muletier de Tolède, d'Adam, les
Compagnons de la Marjolaine, daM. llignard,
i Habit de noces, de Paul Cuzent, et joua aussi
plusieurs ouvrages du répertoire : le Barbier de
Séville, Ma Tante Aurore, Marie, la Si-
rène, etc.
En 1836, la mort de son père vint éloigner
momentanément M. Achard du théâtre (1). Pour-
tant, après un silence de quelques mois, le jeune
chanteur signa un engagement avec M. Halan-
zier, alors directeur du Grand-Théâtre de Lyon,
et alla tenir dans cette ville l'emploi des pre-
miers ténors légers, jusqu'à l'époque où M. Per-
rin l'appela à l'Opéra- Comique. Il débuta à ce
théâtre, le 4 octobre 1862, dans la Dame blan-
che, joua successivement lluydcc, le Songe
d'une nuit d^èté, le Domino noir, le Pré aux
Clercs, et créa des rôles importants dans le Ca-
(1) Pierre-Frédéric Achard, père du chanteur qui fait
l'objet de cette notice, était à tous ies points de vue un
artiste fort distingué. On s'en rendra compte par ce
seul fait. Fils d'un siii pie ouvrier tisseur en soles, Achard,
qui avait û'abord suivi la profession iiatcrnelle, était en-
suite devenu comédien, avait acquis fort Jeune une vé-
ritable renommée en province, et venait débuter, le 10
juillet 1834, au Palals-Royai, oii son succès n'était pas
douteui un seul Instant; mais, tandis qu'il tenait à ce
théâtre l'emploi des jeunes comiques, Achard, qui était
doué d'une très-jcilie voix et qui sentait le besoin de sa-
voir l'utiliser dans des rôles où le chant tenait alors une
place fort importante, n'hésita pas à se faire admettre au
Conservatoire, où il suivit les cours de vocalisaiion de
Bordogni, et ceux de Nourrit pour léchant proprement
dit. £n 1335, il obtenait le second prix de chant, et l'an-
née suivante 11 partageait le premier avt c ATzard. Né à
Lyon le 4 n ;vcn)bre ISOS, Achard mourut le 14 aoù"^ {%6.
pitaine Henriot, Fior d'Aliza, Mignon, et di-
vers autres ouvrages.
En 1871, M. Achard, qui avait étudié déjà le
chant italien, se rendit à Milan, reprit ces éludes
sous la direction d'un maître habile, puis, après
avoir signé un traité avec le théâtre de la Fenice,
de Venise, alla passer une saison en cette ville,
où il fut fort bien accueilli, et où il chanta, entre
autres ouvrages, Romeo e Giulietta de M. Mar-
chetti, et la traduction italienne de Mignon.
Bientôt .M. Halanzier, devenu directeur de l'O-
péra, l'engagea à ce théâtre pour créer le rôle
de Yorick dans la Coupe du roi de Thulé,
l'ouvrage couronné de M. Diaz (V. ce nom).
Après avoir établi ce rôle, M. Achard se montra
successivement dans les Huguenots , où il ob-
tint surtout du succès, dans \' Africaine, Faust,
Don Juan et la Favorite. Dei)uis lors il est
rentré à l'Opéra-Comique, où il a créé un rôle
important dans un ouvrage de M. Ernest Gui-
raud , Piccolino.
M. Achard a épousé, au mois de juillet 1864,
M'ie Le Poitevin, (ille du peintre de ce nom.
Un de ses frères, chanteur comme lui, est depuis
plusieurs années directeur du Conservatoire de
Dijon.
ACUJXZO (l^iLii'po), compositeur italien, est
l'auteur d'une farsa en un acte, \l Pittore d''un
viorto vivo, représentée à Trani au mois de fé-
vrier 1867.
*ADAM DE LA UALE ou DE LA
HALLE, surnommé le Bossu d'Aukas. —
M. de Coussemaker a élevé un monument à la
mémoire de ce trouvère fameux, qui peut être
considéré comme un novateur et un artiste de
génie, puisqu'il trouva une forme nouvelle de
l'art, que c'est à lui qu'on doit le premier essai
d'opéra comique connu (le Jeu de Robin et de
Marion), et qu'il écrivit tout à la fois les paroles
et la musique de cet ouvrage, qui, comme l'a
fort bien dit l'auteur de la Biographie univer-
selle des Muiiciens, << aurait dû suffire pour
l'immortaliser ». M. de Coussemaker, qui s'est
acquis ainsi de nouveaux titres à l'estime et à
l'affection de tous les amis de l'art, a entrepris
et su mener à bon terme une publication qui jus-
qu'ici, que je sache , n'avait point d'analogue ,
celle de toutes les productions, littéraires et
musicales, du célèbre trouvère artésien -.Œuvres
complètes du trouvère Adam de la Halle
(poésies et musique), publiées sous les auspices
de la Société des sciences, des lettres et des
arts de Lille, par E. de Coussemaker (Paris, Du-
rand et Pedone-Lauriel, 1872,in-4°deLXXIV-440
pages).
Celle édition des œuvres d'Adam de la Halle.
I
ADAM DE LA HALE
aussi pr(?cieuseen ce qui concerne les origines de
notre langue que relativement à celles de notre mu-
sique, est telle qu'on la pouvait attendre de la part
d'iinériiditcommeM.de Coussemaker. L'éditeur a
consulté tous les manuscrits connus pour conte-
nir des productions de notre trouvère, et il a eu
recours anx bibliothèques Nationale et de l'Arse-
nal, à Paris, à celle du Vatican, à Rome, à celles
d'Arras, de Cambrai, d'Aix (Provence), de Sienne
et d'Oxford. C'est ainsi qu'il a pu réunir, avec
une exactitude que la collation de textes multi-
ples rendait souvent difficile, trente-quatre chan-
sons, dix-sept jeux-partis, seize rondeaux, cinq
motets, la pièce de vers intitulée le Congé, le
fragment de poëme qui a pour titre le Roi de Si-
cile, et enfin le Jeu d'Adam, le Jeu de Robin
et de Marion, et le Jeu du Pèlerin (I). Les
chansons, jeux-partis, rondeaux et motets sont
reproduits non-seulement avec la musique, mais
avec une traduction en notation moderne, et il en
est de môme pour la pièce inappréciable de ce
recueil, le Jeu, de Robin et de Marion. J'avais
donc raison de dire que c'est là, à une distance
de six siècles, un véritable monument élevé à la
mémoire d'Adam de la Halle.
M. de Coussemaker a accompagné son édition
d'une esquisse biographique sur Adam , d'une
description sommaire des manuscrits dans les-
quels on retrouve quelques-unes de ses œuvres,
d'une indication des éditions partielles qui ont
été faites de celles-ci,'enfin d'une étude critique de
ses mélodies et de ses compositions harmoniques.
« En examinant, dit M. de Coussemaker, les poé-
sies chantées des trouvères, il est indispensable de
tenir compte de l'élément musical qui, avec toute
évidence, y exerçait une intluence déterminée.
Les œuvres d'Adam de la Halle surtout doivent
être étudiées à ce point de vue, car le trouvère
artésien était à la fois poète et musicien ; musi-
cien mélodiste et harmoniste. Il est même à re-
marquer qu'il a donné à l'harmonie une certaine
impulsion; ce qui semble témoigner qu'il a dû
faire, soit au monastère de Vaucelles, soit à l'U-
niversité de Paris, des études musicales compiè-
« tes et sérieuses... Ses rondeaux et ses motets
présentent un véritable intérêt historique pour
♦ l'art. Le trouvère d'Arras l'emporte souvent sur
ses contemporains par la manière facile et chan-
tante dont les parties sont agencées entre elles.
Mais en quoi il est supérieur, c'est dans les com-
positions mélodiques; quelques-unes offrent ime
originalité, une grâce, une naïveté et une fraî-
(1) Il n'est pas Inutile de faire remarquer que les chan-
sons, jeux-partis, rondeaux et moiets étalent restés Jus-
qu'Ici complètement inédits.
clieur telles, qu'elles sont devenues populaires et
se chantent encore aujourd'hui, sans qu'on sedoute
de leur origine. »
Plus loin, l'éditeur caractérise plus profondé-
ment le génie musical (je crois que le mot n'a rien
d'exagéré) d'Adam de la Halle, et donne les rai-
sons de la double tendance qui se remarque dans
ses œuvres : « Adam de la Halle doit être consi-
déré comme un des musiciens les plus distingués
du treizième siècle. Son mérite est pour le moins
égal à celui des meilleurs déchanteurs de celte épo-
que ; il est incontestablement supérieur à celui des
autres trouvères. Ses productions musicales peu-
vent se diviser endeux classes: lesunesmélodiques,
les autres harmoniques. A la première appartien-
nent ses chansons, ses jeux- partis et les airs dont
il a orné le Jeu de Robin et de Clarion : dans la
seconde se rangent ses rondeaux et ses motets.
Quand on examine les diverses mélodies d'Adam,
qu'on les analyse et les compare entre elles, on
remarque une différence sensible entre celles des
chansons et des jeux-partis et celles du Jeu de
Robin et de Mai-ion. Celles-ci sont naturelles,
faciles, chantantes; les autres, au contraire, sont
souvent maniérées, d'une forme difficile à rete-
nir. Cette différence provient de ce que les mé-
lodies du Jeu de Robin et de Marion sont le
résultat de l'inspiration spontanée, ce qui leur
donne un caractère tout à fait populaire, tandis
que les autres sont des compositions arlisliques,
c'est-à-dire soumises à des règles de convention.
Dans les premières, le musicien pouvait donner
libre carrière à son imagination ; l'inflexion to-
nale et le rhylhme étaient abandonnés à sa spon-
tanéité. Nulle contrainte, nulle obligation de se
renfermer dans un cadre convenu; liberté pleine
et entière dans le mouvement, dans les allures ;
de là le naturel, la facilité qu'on remarque dans
la tournure mélodique de ces airs; de là aussi la
popularité dont ils ont joui immédiatement et
longtemps après. Mais cette popularité tenait en-
core à une autre cause; elle tenait à leur tona-
lité. Pour bien comprendre ce fait particulier et
essentiel, il est nécessaire de remarquer que la
musique religieuse était, à cette époque, la seule
dont les bases fussent réglées par une théorie,
par des principes de tonalité; c'était la musique
artistique. La tonalité diatonique fixée par saint
Grégoire et adoptée par ses successeurs était la
tonalité officielle, si l'on peut s'exprimer ainsi.
Mais, à côté de cette tonalité calme, majestueuse,
si bien appropriée aux chants chrétiens, il en
existait une autre dont les allures et les inflexions
s'adaptaient mieux aux passions mondaines, à la
fougue populaire. Cette dernière est fort ancienne
et son origine semble être septentrionale... Ces
6
ADAM DE LA HALE — AERTS
cette tonalité qu'il est facile de reconnaître dans
les mélodies du Jeu de Robin et de Marion;
c'est encore celte tonalité qu'on remarque dans
plusieurs airs adaptés aux chansons et aux jeux-
partis d'Adam de la Halle... »
On voit que par la publication des oi-uvres d'A-
dam de la Halle, M. de Coussemaker a ouvert
un champ nouveau aux investigations des théori-
ciens, et, par suite, à celles des historiens de
l'art. Il a donc rendu un signalé service, non-
seulement aux admirateurs d'Adam de la Halle,
à ceux qui considèrent à juste titre ce trouvère
comme une des personnalités les plus originales
et les plus éclatantes de la musique française,
mais aussi à ceux qui voudront percer les obscu-
rités et les mystères qui enveloppent encore les
origines de cette musique. A ce double titre,
l'article complémentaire qui est ici consacré à
Adam de la Halle avait sa raison d'être.
*ADAM (AnoLPHE-CuAnLEs). A la liste, déjà
si nombreuse, des ouvrages de ce compositeur,
il faut ajouter les suivants : 1° les Mohicans,
ballet en deux actes, Opéra, 5 juillet 1837 ; 2°
Lambert Simnel (parlilion d'Hippolyte Monpou,
terminée par Adam), Opéra-Comique, 14 sep-
tembre 1843); 3° les Premiers Pas, prologue
pour l'inauguration de l'Opéra-Nafional (en so-
ciété avec Auber, Carafa et Halévy), 15 novem-
bre 1847 ; 4" Grisclidis, ou les Cinq Sens, ballet
en cinq actes. Opéra, 16 février 1S48; 5" les Aa-
tions, diverlis?ement-cantate , Opéra, 6 aoiM
1851; 6° la Fêle des Arts, cantate, Opéra-Comi-
que, 16 novembre 1852 ; 7° le Bijou perdu, trois
actes, Théâtre-Lyrique', fi octobre 1853; S^Cfunit
de Victoire, c^niate, Opéra-Comique et Théâtre-
Lyrique, 13 septembre 1855; 9° Cantate, Opéra,
17 mars 185G. Quant à la Faridondaine, ce n'é-
tait pas un opéra en un acte, comme on pourrait
le croire par la mention qui en a été faite, mais un
grand drame populaire en cinq actes, mêlé de mu-
sique, dans lequel M"'" Hébert-Massy, ancienne
cantatrice de rOpéra-Comique, remplissait un rôle
important. Ence qui concerne les ouvrages très-
nombreux et souvent très-considérables qu'Adam
fit jouer sur divers théâtres de genre (Gymnase,
Vaudeville, Nouveautés) avant d'aborder les
grandes scènes lyriques, je renvoie le lecteur cu-
rieux de les connaître au livre publié par moi :
Adolphe Adam, sa vie, sa carrière, ses Mé-
moires artistiques (Paris, Charpentier, 1876,
în-12). Je dois ajouter qu'on a publié sous ce
titre I : Derniers Souvenirs d'un musicien
(Paris, Lévy, 1859, in-12), un second volume
composé de différents travaux littéraires donnés
par Adam à divers journaux. Ce volume n'est
pas moins intéressant que le premier.
* ADAM (Charles-Ferdinand), composi-
teur, né en Saxe , est mort le 23 décembre 1867.
*ADAi\Il (HeiNRi-Joseph), écrivain musical,
est mort à Vienne le 2 octobre 1865.
ADELBURG (Auguste von), violoniste
et compositeur liongrois , est né à Conslanlino-
ple en 1833. Comme virtuose, il fut l'élève de
Mayseder, avec lequel il travailla à Vienne de
1850 à 1854. Comme compositeur, il a demandé
son instruction aux principaux Conservatoires
de l'Allemagne. Von Adelburg a écrit quatre
quatuors pour instruments à cordes, plusieurs
petites compositions, et un grand opéra sur pa-
roles hongroises, intitulé Zrynyi , qui fut joué
pour la première fois sur le théâtre national de
Pestli en 1866. Cet ouvrage, reçu avec un vé-
ritable enthousiasme par les compatriotes de
von Adelburg, est resté au répertoire. Y.
* ADRIEIV (RlAKTiN-JosEPn), ou plutôt An-
DRiEN. Cet artiste était né à Liège, non en 1766,
mais le 26 mai 1767. Il a écrit la musique d'un
mélodrame de Victor Ducange, Élodie, ou la
Vierge du Monastère, représenté au théâtre de
l'Ambigu-Comique le 10 janvier 1822.
ADYE (jWilket), écrivain anglais, est l'au-
teur d'un opuscule intitulé : Musical Notes
(Londres, Bentley, 1870, in-12 de 112 pp.).
Cet écrit, un peu superficiel et qui semble plutôt
destiné aux dilettantes et aux amateurs qu'aux
travailleurs et aux érudits, est divisé en trois
chapitres: {"les grands compositeurs; ")." les
violonistes et le violon ; 3° le violon et son his-
toire.
AELimECHTS (Jacques) , facteur de cla-
vecins à Anvers au milieu du seizième siècle,
était reçu dans la gilde de Saint-Luc en 1558. Son
fils, Luc Aelbrechts, exerça la même profession
et fut reçu dans la même corporation , comme
fils de maître, en 1588.
AERTS (F ), violoniste, 'professeur et
compositeur belge, né à Saint-Trond le 4 mai
1827, fit ses éludes musicales au Conservatoire
de Bruxelles , puis suivit un cours de composi-
tion sous la direction de C. Hanssens. Devenu
premier violon au théâtre de la Monnaie, il fut »
ensuite chet d'orchestre du théâtre de Tournai,
puisse fixa à Paris pendant plusieurs années.»
De retour en Belgique en 1862, M. Aerts obtint
au concours la place de professeur de musique
à l'École normale de Nivelles , qu'il occupe en-
core. Cet artiste a publié : 1° Méthode théo-
rique et pratique pour Vaccoyiipagnement du
plain-chant, précédée d'un Traité de l'har-
monie consonnante , Liège , Dessain ; 2" Ma-
miel théorique et pratique du plain-chant ,
conforme aux vrais principes du chant gré-
AERTS — AGUIAR
gorien, iM., M.; 3" Éléments complets de mu-
sique, et Solfège gradué, Bruxelles, Schoft;
4° Recueil de six litanies de la Sainte-Vierge
Marie, Liège , Dessain ; 5° [le Chansonnier des
écoles, Nivelles, Desprel ; 6° un grand nombre
de fantaisies pour orchestre , airs variés pour le
violon , romances, etc.
AFFANAJEFF (N ), musicien russe
contemporain , a publié chez l'éditeur Bessel , à
Saint-Pétersbourg , quatre morceaux pour vio-
lon et piano : 1" Allegro; 2" Variations russes;
3° Valse; 4° Adagio. Je n'ai pas d'autres rensei-
gnements sur cet artiste.
AGIVELLI (S\lv\tore), né à Palerme en
1817 , lit ses études musicales d'abord dans un
établissement de cette ville, puis au Conserva-
toire de Naples, où il eut successivement pour
professeur Furno, Zingarelli, Donizetti, et d'où
il sortit en 1834. Il tourna bientôt ses vues du
côté du théâtre, et fit représenter les ouvrages
suivants: 1° i Due Pedanti, (Naples, th.
Nuovo, 1834); 2° il Lazzarone napoUtano
(id., id., 1838); 3° Una Notte di Carnevnle,
opéra bouffe (Palerme, th. Carolino , 1838);
i°iDue Gemelli{\(\.,i(].,iS39);S"iDueForzati
(id., id., 1839); G° la Locandiera, deux actes
(Naples, th. Nuovo, 1839); 7° la Sentinella not-
turna (id., th. Parthenope, 1840); 8" l'Omi-
cido immaginario ( Naples , th. de la Fenice,
1841); g"? Due Pulcinelli simili (id., id., 1841);
10» il Fantasma (id., id., 1842). En 1840,
M. Agnelli vint se fixer à Marseille. Il fit repré-
.senter au Grand-Théâtre de cette ville la Jacqu-
rie, grand opéra en trois actes (22 avril 1849);
Léonore de Médicis, grand-opéra en quatre actes
(23 mars 1855); ^e.s Deux Avares, opéra-co-
mique en trois actes (22 mars 1860) ; la musique
de ce dernier ouvrage fut écrite sur le poëme qui
servit à Grétry pour son opéra du même nom ,
et l'auteur conserva dans sa partition (a Marche
célèbre de Grétry. Outre ces opéras, M. Agnelli
a écrit à Marseille la'mnsique de trois ballets : Ca-
l'isto, Blanche de Naples, la Rose. Cet artiste a
en portefeuille trois autres'opéras inédits : Crom-
welt, dont quelques fragments ont été entendus
il y a une dizaine d'années dans un salon de Paris ;
Stefanin , en trois actes ; et Sforza , en quatre
actes. Enfin il est encore l'auteur d'un Miserere à
double chœur, d'un Stabat Mater à plusieurs
voix avec orchestre, et d'une cantate, l'Apo-
théose de Napoléon l", qui a été exécutée en
1856 à Paris, par trois orchestres, dans le Jar-
din des Tuileries. Al. R-n.
AGIVESI ( Louis - Ferdinxnd - Léopold
AGNIEZ, dit), chanteur distingué, né à Erpent,
province dcNamur, le 17 juillet 1833, est mort
h Londres le 2 février 1S75. Admis do bonne
heure au Conservatoire de Bruxelles, il y étudia
l'harmonie avec M. Bosselet et le contre-point
avec Fétis, y obtint divers prix, et prit part aux
concours de Rome en 1853 et 1855. Devenu
maître de chapelle de l'église Sainte-Catherine et
directeur de l'Union chorale et de la société Lim-
nander, il s'essaya dans la composition dramati-
que parun opéra en deux actes, Harmold le Nor-
mand, qui fut joué au théâtre de la Monnaie le
10 mars 1858, et n'obtint qu'un médiocre suc-
cès. Agne.si se résolut alors à embrasser la car-
rière du chant. Doué d'une belle voix de basse
chantante, qu'il avait déjà travaillée, il vint à
Paris en 1861 pour se perfectionnera l'école de
M. Duprez, puis il s'engagea dans la compagnie
italienne dirigée par M. Merelli, et c'est alors qu'il
modifia son nom et se fit appeler Luigi Agnesi.
11 fit d'abord une grande tournée en Allemagne,
en Hollande et en Belgique, puis fut engagé au
Théâtre-Italien de Paris , ofi il resta plusiev-.rs
années, et où son talent sobre et sûr, quoique
manquant parfois un peu de distinction, fut fort
apprécié. Dans ces dernières années, Agnesi s'é-
tait fixé en Angleterre, où il chantait avec
succès, .soit au théâtre de la Reine, soit dans les
festivals, soit dans les grandes solennités musi-
cales des trois royaumes. Il était devenu un des
meilleurs interprètes des oratorios de Haendel.
Agnesi a écrit un assez grand nombre de mélo-
dies, de motets et de chœurs.
AGOLIi\I-UGOLlNI (G - A), écri-
vain italien, a publié l'ouvrage suivant : VAc-
cordo tra i fisici ed i musici, o nuova teoria
fisico-matematico - naturale délia musica
(Fermo, 1871 ).
AGOSTI ( ), compositeur russe du dix-
huitième siècle, est l'auteur d'un grand nombre
d'opéras-comiques dont la plupart sont encore
au répertoire. L'un d'eux : Une Aventure d^ au-
tomne, a passé avec succès sur les scènes alle-
mandes. Le dictionnaire de Mendel : Musikalis-
ches Conversations- Lexicon , auquel nous em-
pruntons cette courte notice , dit qu'on n'a au-
cun détail sur l'existence de cet artiste.
Y,
AGOSTIXÏ ( ). Un compositeur de ce
nom a fait représenter en 1864, sur le théâtre
de Valence (Espagne), un opéra italien intitulé
Una' Vendetta.
AGUIAR (Alexandre de), musicien portu-
gais, naquit à Porto , vers le milieu du seizième
siècle. Il faisait partie de la chapelle royale (jmm-
sico de caméra) du cardinal-roi D. Ilenrique,
et passa ensuite en Espagne, au service de
Philippe II, Son talent de chanteur était Irès-ap-
8
AGUIAR — ALARY
précié, tant h Lisbonne qu'à Madrid, mais ce
qui rendit sa réputation universelle dans les
Espagnes, ce fut son jeu admirable sur un instru-
ment appelé Viola de sete cordas (instrument
de la famille des luths et qui est encore très-ré-
pandu en Portugal). De retour de Madrid à Lis-
bonne en 1603, il périt d'une façon désastreuse
entre Talaverla et Lobon, snr le passage d'une
rivière, en compagnie d'autres gentilshommes
portugais. Ses LamentaçOes de Jeremias étaient
Irès-estimées à Lisbonne , oii on les chantait pen-
dant la semaine sainte. J.-de V.
AGUIRRE (Abfxino), compositeur drama-
tique espagnol, est l'auteur d'un opéra sérieux
italien, gli Amanti di Teruel, qui a été repré-
senté sur le théâtre principal de Valence le 16
décembre 1865.
AIILEFELDT (M"* la comtesse von),
célèbre pianiste allemande , vivait vers la fin du
siècle dernier. On connaît d'elle la musique d'un
opéra-ballet : Télémaq%ie et Calypso , qui
prouve des connaissances musicales solides.
Y.
AHLSTROEM, compositeur suédois de
la fin du dernier siècle, était attaché à la cour
de Stockholm. 11 a écrit beaucoup de musique
de chamlire et plusieurs opéras, auxquels ses
compatriotes accordent grand mérite. Ahlstrœm
a également composé beaucoup de chansons po-
pulaires suédoises, dont quelques-unes ont été
popularisées plus tard par la célèbre canta-
trice M""^ Jenny Lind. Y.
* AIBLINGER (Joseph-Gasparb), compo-
siteur, est mort à Munich au mois de mai 1867.
AIMOIV (Espkit), père de Léopold Aimon,
dont il est parlé dans l'article suivant , né à
Lisle (Vaucluse) en ITa'i, mort à Paris en 1828,
était un violoncelliste remarquable. Il dirigea
quelque temps la musique du comte de Ranizau,
ministre de Danemark, qui s'était établi dans
le Comtat; puis il vint se fixer à Marseille, où
il vécut plusieurs années. Cet artiste a com-
posé des quatuors et quintettes pour instruments
à cordes, et un opéra de circonstance, l'Aniel
de la Patrie, qu'il fit représenter à Marseille
pendant la Révolution. Al. R-n.
^AIMON (Pamphilk-Léopold-François) est
mort à Paris le 2 février 1866. A la liste de ses
œuvres, il faut ajouter : 1" la Fée Urgèle,
opéra-comique en un acte , joué au Gymnase
(1821) avec un très-grand succès; 2° les Syba-
rites de Florence, pastiche mêlé de musique
tirée de diverses œuvres de Weber, de Meyer-
beer et de Rossini et de musique nouvelle compo-
sée par Aimon et M. Barbereau, et représenté
aux Nouveautés le 8 novembre 1S3I ; 3" des
chœurs remarquables écrits pour une tragédie de
Casimir Deiavigne, le Paria, à la Comédie-
Française. La onzième édition de V Abécédaire
musical d'Aimon a été publiée en 1866 (Paris,
Heugel, in-12).
AIRETOIV (Edward), luthier anglais établi
à Londres dans la seconde moitié du dix-liui-
lième siècle, a produit en grand nombre des vio-
lons et violoncelles qui furent assez estimés. Il
copiait principalement les formes du grand lu-
thier Amati, et son vernis, tirant sur le jaune,
était d'ime belle qualité. Aireton mourut en 1807,
âgé de quatre-vingts ans,
*ALARD (Delphin). Cet excellent artiste a
pris sa retraite de professeur au Conservatoire au
mois d'octobre 1875. Sa classe, qui était une
des plus brillantes de cet établissement, a fourni
un grand nombre d'élèves remarquables, parmi
lesquels onpeut]surtout citer MM. Garcin (Voy.
ce nom), Lancien, Adolphe Blanc, White, Sara-
sate, Paul Martin, Accursi, Paul Jullien, M"'''
Bastin, Tayau, Pommereul, etc. Les dernières
séances de musique de chambre dans lesquelles
M. Alard s'est fait entendre, ont été données par
lui dans la grande salle du Conservatoire, en
1871 et 1872, en compagnie de son vieux par-
tenaire M. Franchomme, et de M. Francis Planté.
Elles produisirent un très-grand effet. Dans ces
dernières années, il a publié encore un grand
nombre de compositions pour son instrument,
consistant surtout en fantaisies sur des motifs
d'opéras célèbres. M. Alard était le gendre de
l'excellent luthier Yuillaume, mort récemment.
*ALARY ( Jcles-Eicène-Abraham). Je
trouve les renseignements suivants sur M. Alary
dans une note autobiographique publiée par lui
(4 pp. in-8'', Paris, imp. Kugelmann). M. Alary
est né en 1814, à Mantoue, de parents français;
élevé au Conservatoire de Milan, il arriva à
Paris en 1833, devint chef du chant au Casino-
Paganini en 1830, et en 1840 alla faire repré-
senter à Florence un opéra sérieux en 2 actes,
intitulé Rosmunda. De retour. aussitôt à Paris,
il acceptait, en 1841, les fonctions de chef du
chant et de bibliothécaire de la Société de mu-
sique religieuse et classique fondée par le prince
(le la Moskowa. En 1850, il faisait exécuter au
Tliéâtre-IlaIien7?e£/ew/j?îow, mystère en cinq par-
ties, et donnait au même théâtre, l'année sui-
vante, un opéra bouffe en trois actes, le TreNozze.
.\ppelé à Saint-Pétersbourg, en 1852, pour y faire
représenter un grand opéra en cinq actes, Sarda-
napale, il était nommé , dès son retour en
France en 1853, accompagnateur de la chapelle
impériale, fonctions qu'il conserva jusqu'à la
chute de l'empire, et en même temps devenait
ALARY
ALBERT
directeur de la musique au Tliéâlre-Italien. De-
puis lors, il a fait jouer les ouvrages suivants :
aux Bouffes-Parisiens (1856), V Orgue de Bar-
barie, opérette en un acte ; à l'Opéra-Coniique
(1861), la Beauté du diable, opéra-comique en
un acte ; au casino d'Ems (1861), le Brasseur
d'Amsterdam, opérette en un acte; à l'Opéra
(1861), laVoix humaine, opérA en deux actes;
enfin, au Théâtre-Italien (1866), Locanda gra-
tis, opéra -bouffe en un acte. Ces divers ouvra-
ges n'obtinrent aucun succès.
M. Alary a publié, soit en France, soit à l'é-
tranger, un grand nombre de compositions vo-
cales, scènes, airs, romances en langue française,
anglaise, italienne ou allemande, duos, trios,
quatuors, etc. Je citerai, parmi les plus impor-
tantes : Jane Shore, la Fille de Jeplité, Ma-
rie Stuart, le Vies irx, le Dernier Son de la
harpe, le Dernier Chant de Sapko, Stance à
l'immortalité, Sulla tomba di Bellini, Eloisa
nel Chiostro, la Preghiera, Paolo a Fran-
cesca da Rimini (duo), Ave Maria (duo), Se-
renata in gondola (duo), la Brigands italiens
(duo ), le Serment des Horaces (trio), la Spe-
ranza (trio en canon), il Brindisi (quatuor),
la Costanza (quatuor en canon).
ALBAIXESI (LuiGi), pianiste et composi-
teur, né à Rome le 3 mars 1821, était fils d'un
peintre en miniature qui voulait lui faire suivre
sa profession. L'enfant avait six ans lorsque, sa
famille étant allée s'établir à Naples , il com-
mença l'étude du piano sous la direction de son
frère et de sa sœur, élèves eux-mêmes d'un Al-
lemand nommé Senderacb, et reçut de sa mère
des leçons de latin. Toutefois, et par la volonté
des siens , la musique n'était pour lui qu'un
passe-temps, et à vingt ans le jeune Albanesi
était portraitiste. Mais à cet âge il voulut abso-
lument se faire musicien. Il reçut alors des con-
seils de M. Ernest Coop, pianiste fort distingué,
étudia riiarmonie avec Giuseppe Polidoro et
Salvatore Lavigna, et, abandonnant définitive-
ment la peinture, il se produisit activement
comme virtuose et se voua à l'enseignement du
piano. M. Albanesi s'est t;iit connaître aussi
comme compositeur, et a publié plus de cent
cinquante œuvres de musique de piano qui se
font remarquer par de réelles qualités. Dans un
genre plus sérieux , il a écrit deux messes, un
oratorio intitulé les Sept Paroles de Jésus-
Christ, et un grand nombre de motets, avec ac-
compagnement d'orgue, ou d'harmonium, ou de
piano avec quelques instruments. — Le fils de
cet artiste, M. Carlo Albanesi, né à Naples au
mois de novembre 1856, est déjà un pianiste
distingué. Élève de M. Sabino Falconi pour
l'harmonie et le contre- point, il a publié pour son
instrument un certain nombre de compositions,
entre autres un recueil intitulé Sei Fogli d'al-
bum, op. 13, Milan, Ricordi.
ALBANO, norn d'une famille assez nom-
breuse de musiciens napolitains. Le premier,
Michèle Albano, chanteur, avait étudié son art
au Conservatoire de la Pietà dei Turchini. —
Son fils aîné, Giuseppe Albano, né à Naples le 26
décembre 1813, étudia d'abord le chant avec
Mosé Tarquinio, castrat de la chapelle Palatine,
qui avait été le condisciple de son père, puis tra-
vailla la llùte avec Belpasso, Sergio Nigri et Giu-
seppe Capecelatro, et devint première flûte au théâ-
tre San-Carlo, puis au théâtre du Fondo, d'où il
revint au San-Carlo, où il se trouve encore au-
jourd'hui. 11 a publié dans sa jeunesse quelques
compositions pour son instrument. — Le frère
de cet artiste, M. Vincenzo Albano, né à Naples
le 22 juin 1S23, fut son élève pour la fiùte, puis,
à l'âge de 17 ans, abandonna cet instrument
pour la harpe, qu'il étudia avec la signora Va-
lérie, et qu'il enseigne depuis longues années,
après avoir fait partie de divers orchestres. On
lui doit la publication d'un grand nombre d'œu-
vres pour cet instrument. — M. Michèle Albano,
fils de M. Giuseppe Albano, né à Naples le 20
mars 18'il, est élève de son oncle Vincenzo
pour la harpe, et tint l'emploi de premier har-
piste au théâtre San-Carlo, de 1860 à 1866. Il
entreprit alors un long voyage, se fit entendre à
Paris, à Londres, à New-York, où il resta plu-
sieurs années, revint à Naples en 1872, passa
ensuite quelque temps à Salerne, puis à Milan
et à Plaisance , et est aujourd'hui à Buenos-
Ayres. Il a publié aussi un assez grand nombre
de morceaux pour la harpe. — Enfin, M. Fran-
cesco Albano, frère de ce dernier, né à Naples le
20 octobre 1853, élève de son père pour la flûte
et de M. B. Cesi pour le piano, se consacre à
l'enseignement.
ALBERli\I (Nicola), musicien italien, a
fait la musique de Don Saverio, opéra semi-sé-
rieuxen trois actes, paroles du comte César Cer-
roni, de Rome, représenté en cette capitale au
mois d'août 1875 avec un certain succès.
J. DE F.
ALBERT ( ), fut l'un des chanteurs les
plus estimés de l'Opéra dans la première moitié
du dix-huitième siècle. Il entra à ce théâtre en
1734, le quitta au mois de novembre 1736 pour
aller passer une saison à Lyon, y revint en
1737, et prit sa retraite en 1751, avec une pen-
sion de 1,000 livres. A partir de ce moment, il
occupa un emploi dans l'administration de l'O-
péra. Albert créa certains rôles importants dans
10
ALBERT - ALDAY
Castor et Poli ut, Zoïde, reine de Grenade,
Dardanns, Nifé/is , le Temple de Gnide, les
Amours de Racjonde, Jsbé, Don Qiiicholle
chez la Duchesse, les Caractcres de la Folie,
Zélindor, Zaïs, le Carnaoal du Parnasse,
Léandre et Héro, etc. On trouve les vers sui-
vants sur cet artiste dans le Calendrier histo-
rique des théâtres pour 1751 :
Albert, par son chant plein de griccs.
S'il n'efface point ses rlvaus.
Par des chemins toujours nouvcaut
Il marche du moins sur leurs traces.
Devenu contrôleur à l'ampliithëûtre de TOpéi-a,
Albert vivait encore en 1775.
ALBERT (Émii.e), pianiste distingué et com-
positeur, né à Montpellier en 1823, a publié pour le
piano une cinquantaine de morceaux de genre
d'une facture soignée et d'une aimable inspiration.
Il avait écrit aussi plusieurs œuvres plus impor-
tantes et d'un caractère plus élevé, des sympho-
nies, des trios pour piano, violon et violoncelle,
des sonates pour piano et violon, mais je crois
que rien de tout cela n'a vu le jour. Pendant
longues années il chercha à se produire à la
scène, sans pouvoir réussir même à forcer les
portes des théâtres secondaires; il avait fini
pourtant par faire recevoir aux Folies-Nouvelles,
en 18;")8, une opérette en un acte, qui, après
avoir été répétée pendant plusieurs semaines,
ne fut jamais jouée; enfin, il parvint à faire re-
présenter au théâtre Saint-Germain, aujourd'hui
Ihéûtre Ciuny, un autre petit ouvrage en un acte,
les Petits du premier (décembre 18G4), qui
fut repris au mois de mars suivant sur celiu' des
Bouffes-Parisiens. Las, découragé de l'inutilité
de ses efforts, cet artiste intelligent, dont l'am-
bition I<*gitime ne trouvait aucune issue, et dont
la santé était délicate, se voyait déjà, à cette
époque, atteint d'une grave affection de poitrine.
Obligé de se rendre dans le Midi pour essayer
d'y rétablir ses forces, il se fixa à Bagnères-de-
Bigorre; il y était à peine depuis quelques mois,
et s'occupait de la représentation, sur le théâ-
tre de celte ville, d'un petit opéra intitulé Jean
le Fol, lorsqu'il fut frappé par la mort, au mois
d'aoïM 186.5.
ALBERTI (C\nLo) , compositeur drama-
tique, né en 1848 ou 1849, a fait ses débuts en
donnant au théâtre des Fiorentini, de ISaples,
dont son père était directeur, un opéra intitulé
Armando e Maria, qui fut bien accueilli. Cet
ouvrage (it son apparition au mois de mai IRno,
l'auteur étant âgé de vingt ans environ. En fé-
vrier 1872, M. Carlo Allierti a fait représenter
au Politeama , de la même ville , son second
opéra, Oreste.
ALBIIM (Francesco-M.\ria), compositeur
italien, est l'auteur d'un opéia bouffe, un Giorno
di quarantena , représenté au théâtre Conta-
valli, de Bologne, le 6 mars 1806. Cet artiste a
écrit la musique d'un autre ouvrage intitulé
Lambcrto Malatcsta, mais je ne crois pas que
celui-ci ait encore été représenté.
*ALBOI\I (Marietta). Nous allons complé-
ter rapidement l'histoire de la carrière de celte
célèbre et admirable cantatrice.' — Lorsque,
après avoir fait une première apparition à
l'Opéra, M""^ Alboni eut été parcourir triom-
phalement l'Amérique, elle rentra au Théâtre-Ita-
lien de Paris pour y jouer la Aina de Coppola,
puis reparut à l'Opéra, où elle créa en 1854 (et
qon en 1851) Zerline ou la Corbeille d'oran-
ges, d'Auber. Elle chanta ensuite à Lisbonne, à
Barcelone, à Londres, à Rouen, puis fut attachée
de nouveau, pendant plusieurs années, à notre
Théâtre-Italien , en même temps qu'elle faisait
les saisons d'été à Londres; c'est alors qu'elle
chanta à Paris Eigoletio, il Giuramento, Maria,
un Ballo in Maschera, Cosi fan tutte, etc.
Vers 1863, au plus fort de ses succès, elle ré-
solut de se retirer, de quitter à jamais la scène,
et aucune instance ne put la faire revenir sur
cette décision. Cependant, en 1869, après la
mort de Rossini, M""" Alboni consentit à repa-
raître sur la scène du Théâtre-Italien pour faire
entendre la « Petite messe solennelle » du maî-
tre qui avait été son gnide et son ami, et fut
engagée par M. Slrakosch pour coopérer aux
exécutions de cette œuvre admirable qui étaient
organisées par lui à l'étranger. Depuis lors,
M'"" Alboni, définitivement fixée à Paris, n'a
pas quitté sa îetraite, et son incomparable talent
n'est plus, pour ceux qui ont eu le bonheur de
l'entendre , qu'un merveilleux souvenir. — On
a publié sur cette célèbre artiste : Marietla Al-
boni, célèbre contralto, biographie, par M""'
Élisa Aciocque, suivie d'une notice sur Fanny
Cerrito, ornée du portrait de M"" Alboni (Paris,
Moquet, 18^8, in-12 de 26 pp.).
*ALDAY ( ). C'est à l'un des deux
frères ainsi nommés, tous deux violonistes,
qu'est due la musique d'un ouvrage lyrique en
troisactes, Geneviève de Brabant, donnésousie
nom d'.Alday, au théâtre Louvois, en 1791. Un
annaliste du temps disait à ce sujet : « M. Alday a
un grand talent pour l'archet; mais il ne connaît
pas as.sez la scène pour composer des opéras. »
Celui des deux frères qui était allé s'établir à
Lyon eut un fils, qui plus tard se (it une grande
réputation comme professeur en cette ville et de-
vint violon-solo au Grand-Théâtre. Celui-ci eut
lui-même un fils violoniste, mais qui ne conti-
ALDAY
ALLEAUMES
i\
nua que rnérliocremenl les traditions de sa fa-
mille; il était, en 1800, attaché à l'orchestre de
l'Opéra-Comique.
ALDRED ( ), luthier anglais du sei-
zième siècle, fut un des premiers fabricants de
violes d'Angleterre, et jouissait d'une grande ré-
putation dans son pays vers l'an 1560.
ALEIX (Ramon), compositeur de musique
religieuse, fut pendant vingt ans maître de cha-
pelle de l'église de Santa-Maria del Mar, à Bar-
celone, et écrivit, pour l'usage de cette chapelle,
un certain nombre de compositions. On ignore
le lieu et la date de naissance de cet artiste,
qui mourut le 1" mai 1850, dans un âge avancé.
ALESSIO ( D'), compositeur italien, a
fait représenter au Politeama, de Naples, dans
les premiers mois de 1875, deux opéras bouffes,
dont l'un intitulé Elena in Troja, l'autre, le
Figlie di Binnca.
* ALEXAIVDRE ( Ciurles^Guillaume) ,
violoniste et compositeur. — Je crois que l'au-
teur de la Biograpliie universelle des Musi-
ciens a été trompé par de faux renseignements
lorsqu'il a dit que cet artiste avait fait recevoir
à l'Opéra, sans les y pouvoir faire jouer, les deux
ouvrages intitulés le Triomphe de Vamour
conjugal et la Conquête du Mogol. Ces deux
ouvrages n'étaient point des productions lyri-
ques, ne convenaient nullement à l'Opéra et ne
furent point écrits pour lui : c'étaient deux
pièces à machines, imaginées par le fameux mé-
canicien théâtral Servandoni, accompagnées d'une
musique descriptive écrite par Alexandre, et qui
furent représentées dans la grande salle des Tui-
leries. Dans son recueil chronologique : Opéras,
ballets et autres ouvrages lyriques, le duc de
la Vallière donne ainsi les titres de ces deux piè-
ces, qui, je l'ai dit, n'étaient nullement lyriques :
1" Le Triomphe de r Amour co7ijugal, ori l'His-
toire d'Admcte et d'Alceste, spectacle orné de
machines, animé d'acteurs pantomimes et accom-
pagné d'une musique quiiexprime les différentes
actions, représenté sur le grand théâtre du palais
des Thuilleries le 16 mars (1755); l'invention est
du S"' Servandoni, la musique du S"" Alexandre;
2° La Conquête du Mogol par Thomas Kouli-
lian, roi de Perse, et son triomphe , spectacle
de l'invention du S'' Servandoni, musique du
Sf Alexandre , représentée (sic) sur le théâtre
du palais des Thuilleries le 4 avril (1756).
ALEXANDRE père et fds, facteurs d'har-
moniums, se sont fait une réputation assez ra-
pide dans la falmcation des orgues de salon,
auxquels ils avaient donné le nom (Vorgues
Alexandre, et surtout par le bas prix auquel ils
donnaient une certaine catégorie de ces instru-
ments, baptisés dans le commerce : orgues à
cent francs. Alexandre père fondait en 1829
un établissement qui prenait bientôt une
grande extension, et plus tard lui et son fds se
rendaient acquéreurs des procédés brevetés de
M. Martin (de Provins), relatifs à un nouveau
système de percussion des orgues. La maison
Alexandre, après avoir sacrifié des sommes con-
sidérables pour employer et répandre ces pro-
cédés, prit part à l'Exposition universelle de
1S55, et obtint une médaille d'honneur. En
1858, MM. Alexandre fondèrent à Ivry, près
de Paris, une usine modèle, qui devint le centre
d'une colonie ouvrière , mais des spécula-
tions étrangères à leur industrie vinrent por-
ter un coup fatal à celle-ci. M. Alexandre fils,
qui avait été décoré en 1860, luttait contre la
mauvaise fortune lorsqu'il mourut, il y a quel-
ques années. La femme de celui-ci (M"'-" Char-
lotte Dreyfus) s'est fait depuis longtemps remar-
quer par son talent délicat et distingué sur l'har-
monium. M. Jacob Alexandre père est mort à
Paris le 11 juin 1876.
On a publié, sous le nom d'Alexandre, une
Méthode pour Vaccordéon (Paris, I8'i0), et
une Notice sur les orgues mélodium d^A-
lexandre et fils, inventeurs (Paris, 1844).
*ALFIERI (l'abbé PiF.ni'.E). On doit à ce sa-
vant musicien la publication d'un choix considé-
rable de compositions sacrées de Palestrina, mi-
ses en notation moderne (Rome, Sprilhover, 7
vol. in- f"), un ouvrage intitulé Prodromo suUa
restaurazione de' libri, di canto ecclesiastico
detto gregoriano (Rome, Monaldi, 1857), et un
opuscule biographique sur le célèbre composi-
teur Jommelli : Notizie biografiche di Nicolo
JommelU (Rome, 1845, in-S"). L'abbé Alfieri a
donné à la Gazzetta musicale de Milan un cer-
tain nombre d'articles biographiques intéressants
sur divers musiciens italiens, et il avait préparé
une collection de toutes les hymnes de l'église
catholique, traduites en notation moderne et me-
surées, avec accompagnement d'orgue; malheu-
reusement, ses ressources ne lui permirent pas
de livrer au public ce travail utile et important.
Comme compositeur, ii s'est fait connaître par la
publication de quelques morceaux de chant re-
ligieux, à voix seule, qui ne sont point sans mé-
rite. Cet artiste estimable et laborieux est mort
fou, il y a quelques années.
* ALIX (l'abbé Célestp:) est auteur d'un
Cours complet de chant ecclésiastique (Paris,
1853, in-S"). On lui doit aussi un Recueil de 15
Motets, avec accompagnement d'orgue ou d'har-
monium (Paris, Repos).'
ALLEAUMES (MoRiTz),violonisteallemand
12
ALLEAUMES — ALPHONSE
et composilenr pour son instrument, naquit
dans les dernières années du dix-liuitième siècle.
Longtemps attaché à la cour de Bavière, il fit
en 1835 un voyage à travers l'Allemagne, qui
lui valut une grande réputation. On ignore jla
date de sa mort, aussi bien que celle de sa nais-
sance. Y.
ALLU ( ), compositeur espagnol con-
temporain, a écrit, en société avec MM. Cepeda
et Oudrid , la musique d'un drame en trois actes
intitulé Dalila, et, seul, celle d'une sarsueZa
représentée sous le titre de la Cola del Diablo.
ALMAGRO (Antomo-Lopez), pianiste et
compositeur espagnol, né à Murcie le 17 sep-
tembre 1839, s'est fait connaître par la publica-
tion d'un certain nombre de compositions pour
le piano. 11 est aussi l'auteur d'une Nouvelle
Méthode complète d'harmonmm, orgue ex-
pressif ou viélodium, Madrid, Romero y An-
dia. Cet artiste a fait ses débuts de compositeur
dramatique en faisant représenter au mois d'oc-
tobre 1875, sur le théâtre de la Zarzuela, de
Madrid , une zarzuela en trois actes intitulée
el Hidalguillo de Fonda,
* ALMEIDA (Antonio de). Je crois que Fétis
s'est trompé en disant (t. I, p. 75), que Almeidaa
composé la musique d'un oratorio : la Humana
sarça abrazada, elGran Martyrs. Laurentio.
(Coimbre, 1556, in-4'', chez Tbomé Carvalho.)
Barbosa Machado , où Fétis a puisé ses rensei-
gnements, parle de son talent de poêle comique
(poêla comico) et cite à l'appui de son dire
l'ouvrage ci-dessus. Il se peut que Ainieida
ait été , en même temps que l'auteur des pa-
roles, celui de la musique , mais je ne saurais
le garantir. Les renseignements de Fétis sur
les autres compositeurs portugais de ce nom
ne sont pas tous exacts. Fr. Fernando de Al-
MEiDA fit profession en 1638 au couvent de
Tbomar, de l'Ordre du Christ (Fétis dit 1636, au
couvent de Saint-Thomas), appartenant à la ville
du même nom. Il mourut dans son couvent (et
non à Lisbonne), où on gardait encore la majeure
partie de ses compositions vers le milieu du dix-
huitième siècle. — Les quatuors de CarlosFran-
cisco de Almeida, publiés chez Pleyel, portent
probablement la date de 1798, car la Gazette
musicale de Leipzig en parle dans son l"^"" vo-
lume (1798, p. 555) avec éloges. Le titre en est :
Six Quatuors pour deux Violons, Alto et
Basse, par C. F. Almeyda, au service du roi
d'Espagne, Op. 2. Premier livre, à Pari?, chez
Pleyel, auteur, etc. Prix 7 livr. 10 s.
J. DE V.
ALMENR^DER (Charles), bassoniste,
compositeur et facteur d'instruments, naquit le
à octobre 1786 à Ronsdorf, près d'Elberfeld.
Parmi ses compositions, on cite quatre concertos
pour basson et un grand nombre de fantaisies
pour musique militaire. Depuis 1822 jusqu'à sa
mort, survenue le 13 septembre 18i3, il a été
placé à la tête de la fabrique d'instruments de
la maison Schott, deMayence. On doit à Almen-
rœder plusieurs perfectionnements dans la cons-
truction du basson.
Y.
ALMERI (GtOYANNi-PAOLo), musicien ita-
lien du dix-septième siècle, fut maître de cha-
pelle de Boccapaduli, nonce du pape à Venise. Il
a publié en cette ville (Gardano, 1654) un recueil
de Motetti a voce sola,
ALOYSIO (Antonio), musicien italien, est
l'auteur d'un nouveau système de notation mu-
sicale', qui renverse de fond en comble le sys-
tème usuel en supprimant tout d'abord la portée
et l'armure de la clef. Il a expliqué son système
dans l'écrit suivant : l^uovo Sistema di nota-
zione musicale, che tende a facilitare la
lettura, la esecuzione e la sfampa delta mu-
sica a tipi vwbili (Venise, Cecchini, 1872,
in^o de 18 pp., avec planches). Aloysio avait
aussi inventé toute une famille d'instruments
qu'il appelait métallicordes et qui, en somme,
n'étaient autre chose que nos instruments ordi-
naires à archet, un peu modifiés dans leur forme
et construits d'après le principe de la viole d'a-
mour, c'est-à-dire avec un jeu de cordes métal-
liques venant renforcer celui des cordes de boyau.
Kn obtenant de ses instruments un volume de
son plus considérable, il avait pour but de di-
minuer le nombre des musiciens d'un orchestre,
et il affirmait qu'un métallicorde soprano éga-
lait en puissance quatre violons ordinaires. Aloy-
sio, qui avait consacré trente ans de sa vie en
essais, en tâtonnements et en perfectionnements
de toutes sortes, n'avait pas obtenu, sous le rap-
port de la qualité du son, des résultats aussi .satis-
faisants qu'en ce qui concerne la quantité ; bien
loin de là. Cet arti.ste est mort à Venise, le 20
septembre 1874, à l'âge de 58 ans. Son frère,
M. Giuseppc Aloysio, musicien aussi, s'occupe,
depuis lors, de la facture et du perfectionnement
des métallicordes, pour lesquels un brevet a été
obtenu. Ces instruments sont d'ailleurs d'un
prix élevé, et on ne les vend pas moins de 300 à
500 francs.
ALPHONSE X, roi de Castille et de Léon,
surnommé le Sage en raison des grandes connais-
sances qu'il sut acquérir dans les sciences, dans
les arts et dans les lettres , élevé au trône en
1252, mort en 1284, se fit la renommée d'un ha-
bile musicien pour les nombreux cantiques qu'il
ALPHONSE — AMADEI
13
composa, et dont on trouve encore des copies
dans la bibliotlièque du palais de l'Escurial et
dans celle de l'église de Tolède. C'est à ce prince
qu'on doit la création, à l'université de Salaman-
que, de la première chaire musicale qui ait été
établie en Europe.
ALPHOIVSE DEL CASTILLO, docteur
de l'Université de Saiamanque , né au quinzième
siècle, a publié un traité intitulé i'/lri du plain-
chant, Saiamanque, 1505, in-4°.
ALSLEBi£I\ (Jules), pianiste, compositeur
et écrivain sur la musique, est né à Berlin le 24
mars 1832. Quoique destiné à la musique dès
son enfance, il lit des études universitaires
très-complètes. Après avoir obtenu le grade de
docteur en philosophie, Âlsleben s'adonna pen-
dant quelque temps à l'étude des langues orien-
tales ; mais il ne tarda pas à revenir à son art
favori, et se fit bientôt connaître dans les con-
certs comme virtuose-pianiste. On a de lui plu-
sieurs compositions pour le chant et pour le
piano, ainsi qu'une histoire de la musique, qui
n'est autre que le recueil de conférences faites
antérieurement par lui. Alsleben a contribué
pour une forte part à la fondation de la Société
des compositeurs de Berlin, dont il est aujour-
d'hui le président.
Y.
ALSTEDT (Jean-Henri), savant mathéma-
ticien et acousticien, est né à Herborn en 1588.
On a de lui deux ouvrages intéressant la musi-
que : r Admirandorum mathematicorum li-
bri IX (Herborn, 1613), dont le livre YII, consa-
cré à l'art des sons, traite : a) de Cantus natura
ùi génère, b) de Cantus natura in specie, c), de
Contrapiincto, d) de Musica instrumentait ;
T Elementalemathematicum{FTaindort, 16! 1),
qui renferme un elementale musicum traitant :
a) de Musica simplicl, b) de Musica harmo-
nica. Y.
ALT (Philippe-Samuel), organiste et compo-
siteur, naquit à Weimar, le 16 janvier 1689, et
mena de front la culture de la musique et la ju-
risprudence. Après avoir terminé ses études de
droit à l'université d'Iéna, il revint dans sa ville
natale, où il fut nommé avocat de la couret or-
ganiste de l'église Saint-Jacques. Dans les loisirs
que lui laissaient ses doubles fonctions, il se li-
vrait à la composition. Ses manuscrits, qui ne
sont pas sans valeur, paraît-il, sont aujourd'hui
à la bibliothèque grand-ducale de \Veimar.
Alt est mort en 1750.
Y.
* ALTÈS (Joseph-Henry), flûtiste et com-
positeur. Cet artiste, qui fait encore aujourd'hui
partie de l'orchestre de l'Opéra, a été appelé, au
mois de novembre 1868, à succéder à M. Dorus
comme professeur de flûte au Conservatoire. Les
compositions publiées par lui s'élèvent au chiffre
de quarante environ, parmi lesquelles un certain
nombre de transcriptions et de fantaisies sur des
motifs d'opéras célèbres.
* ALTES (Ernest-Eugène), violoniste, frère
du précédent. Depuis plusieurs années, cet ar-
tiste, qui est attaché comme premier violon à
l'orcliestre de la Société des Concerts du conser-
vatoire, est devenu second chef de celui de l'O-
péra. 11 a publié quelques fantaisies pour le
violon, avec accompagnement de piano.
ALVARO (...), compositeur portugais, vécut
vers le milieu du quinzième siècle. Il dédia au
roi D. Alfonso V un Officio en plain-chant, qui
célébrait la conquête de Arzilla (1472) : Ves-
perœ, Matutinum et Laudes cum Anti-
phonis et figuris musicis de inclyta ac mira-
culosa Victoria in Africa parle ad Arzillam.
Le manuscrit original de cet ouvrage existait
dans la bibliothèque du célèbre lufant D. Pedro,
qui péril à Alfarrobeira. On n'a pas d'autres ren-
seignements sur ce compositeur.
J. DE V.
ALVERA (Andréa), écrivain italien, est
l'auteur d'un recueil intéressant publié sous ce
tUrc : Canti popolari tradizionali Vicentini,
colla lora musica originaria a pianoforle,
raccoUi e annotati da Andréa Alverà (Vicence,
Longo, 1844).
AMADÉ (Ladislas, baron von), né à Kas-
cliau, en Hongrie, le 12 mars 1703, est l'auteur
d'un grand nombre de chansons nationales hon-
groises dont il d écrit à la fois les paroles et la
musique. Il est mort à Felbar le 22 décembie
1764.
Y.
AMADÉ (Thaddée, comte von), pianiste dis-
tingué, naquit à Presbourg le 10 janvier 1783.
Comme improvisateur, Amadé s'est mesuré avec
J.-N. Hummel, dont il balança longtemps la ré-
putation. Il a eu l'insigne honneur de former et
de révéler au monde le génie musical de Franz
Liszt. Amadé est mort à Vienne le. 17 mai
1845.
Y.
AMADEI (RoBERTo), compositeur et orga-
niste, né à Loreto, dans les Marches, le 29 no-
vembre 1840, a commencé l'étude de la musique
avec son père, après quoi il compléta son éduca-
tion avec le maître de chapelle de Loreto, Luigi
Vecchiotti. Celui-ci étant mort en 1863 et ayant
eu pour successeur M. Amadei père, le jeune
Amadei fut nommé organiste et succéda bientôt
lui-même à son père, qui prit sa retraite. Depuis
14
AMADEI — AMOUROUX
lois, et tout L'ii excluant ces fondions, il s'est
activemenl livré à la composition et à renseigne-
ment. Outre un grand nombre de compositions
religieuses, parmi lesquelles ua motet à 8 par-
lies réelles, en style rigoureux, qui a été cou-
ronné à l'un des concours de l'Institut musical
de Florence , il a publié de nombreux mor-
ceaux de piano et de chant. On lui doit aussi
deux opéras sérieux, l'un, Luchino Visconti, en
3 actes, représentéàLugo (1809), l'autre, Bianca
de' Jiossi, joué à Bari. Il a en porteleuille un
opéra-comique intitulé il BaccheCione.
AMAIXTIUS (B.vKTuoLOMii), né àLandsberg
(Bavièie), vers 1500, et mort en 1355, est l'au-
teur d'une liistoire de la musique que l'on trouve
dans son grand ouvrage intitulé : Flores celebrio-
rum sententiarum (Dilingà, 1556, in-folio).
Y.
* AiVlAT (Paul-Léopold), compositeur de
romances, né à Toulouse en 1814, vint à Paris
vers 1815, et commença aussitôt à s'y faire con-
naître en publiant un assez grand nombre de
romances, mélodies, nocturnes, chansonnetlcs,
dont quelques-unes étaient accueillies dans les
salons avec une faveur marquée. En 1850, Amat
se rendit à Alger, où il fonda une maison de com-
merce de musique ; cette entreprise n'ayant pas
réussi au gré de ses désirs, il revint à Paris, ob-
tint la direction du petit théâtre Beaumarchais en
1856, mais ne put donner suite à cette affaire,
faute des fonds nécessaires à l'exploitation. 11
continua alors de se livrer à la composition.
Outre les nombreuses mélodies vocales qu'il a
publiées, et parmi lesquelles on cite particulière-
ment la Feuille et le Serment, Tu m'oublie-
ras, la Fleur fanée, le Page et la Bachelette,
l'Étoile, Blonds Chérubins, Où vas-tu, petit
oiseau? etc., Amat a donné aux Bouffes-Pari-
siens, le 19 janvier 1856, une opérette en un
acte, intitulée Élodie ou le Forfait nocturne.
11 a fait exécuter aussi au Vaudeville, le 13 juin
1860, à la suite de la réunion de la Savoie et du
comté de Nice à la France, une cantate politi-
que : le Chant des Niçois, qui lui valut la déco-
ration de la Légion d'honneur. Amat est mort à
JNice, le 31 octobre 1872.
* AMBROS(Ai]gcste-Gl'/llalime). Dans une
autobiographie encore inédite, dont nous trou-
vons un court extrait dans le dictionnaire de
Mendel : Musikalisches Conversations- Lexi-
con, nous lisons cette phrase : « Il est assez
singulier de remarquer que Fétis parle avec dé-
tail de mes compositions musicales et ne souflle
mot de mes travaux historiques , tandis qu'en
Allemagne on ne connaît guère que mes travaux
historiques et pas du tout mes compositions. » |
L'observation! est juste. Le véritable mérite
d'Ambros est bien plutôt dans ses écrits ([ue
dans sa musique, qui n'est qu'un rellet de celle
de Schumann. Arnbros a publié : 1" Die Grenzen
der Poésie und Musik {les Limites de la poésie
et de la musique), Prague, 1850 ; 2" Die 3Iusi!c
als Culturmoment in der Geschichte {la Mu-
sique considérée comme élément de civilisa-
tion dans l'histoire); 3° Culturhistorischen
Bilder {Tableaux de civilisation historique),
Leipzig, Matthes ; 4° une grande Histoire de la mu-
sique, dont la publication a commencé en 1801.
Trois volumesde cetouvrageontparu ; on annonce
le quatrième, qui terminera l'histoire du dix-sep-
tième siècle. Ambros a été nonmié professeur de
tbéorie et d'histoire de la musique à l'Université
de Prague, au mois de septembre 1869. Depuis
18/2, il a passé en la même qualité à l'Univer-
sité de Vienne.
Y.
AMETLLER ( le Père Mauro), moine de
l'abbaye de Montserrat, dans la Catalogne, com-
positeur dans le genre religieux, naquit iiGérone
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle.
Doué d'un esprit très-ouvert et d'une intelligence
active, ce religieux se lit remarquer à la fois
comme musicien et comme naturaliste. Sa cel-
lule était comme un véritable musée d'histoire
naturelle , dont il allait chercher lui-même les
éléments dans les campagnes et sur les monta-
gnes environnantes , et qui faisait l'étonnement
de tous les étrangers qui visitaient le couvent.
En même temps il se distinguait comme com-
positeur , et on lui doit , sous ce rapport, plu-
sieurs hymmes remarquables à quatre voix,
ainsi que divers motets à deux chœurs avec
accompagnement d'orchestre. Il eut l'idée sin-
gulière de construire lui-môme un piano d'un
nouveau genre, qu'il a|)pelait Veta-cordio, et
qui affectait la forme d'une voile de navire. Le
roi Charles IV, ayant vu cet instrument dans sa
cellule pendant une visite qu'il faisait au cou-
vent , voulut récompenser son génie inventif en
lui faisant une pension de cinq réaux par jour.
On croit que cet instrument étrange est conser-
vé à Barcelone.
AMMERBACH (Eusèbe), célèbre orga-
niste du commencement du seizième siècle ,
était attaché à la cha[!elle de St-Ulrich d'Augs-
bourg, dont l'orgue renommé était son propre
ouvrage. Y.
AMOUROUX (Charles), compositeur,
organiste de la cathédrale de Bordeaux, s'est
fait connaître par plusieurs œuvres importantes
produites en cette ville. Au mois de novembre
1805, cet artiste faisait entendre , dans un salon.
AMOUROUX
la miisi(|ac d'un opéra en deux actes, la Reine
d'Ellore, ou Reine et Bergère ; le 28 mars 18G7,
il faisait représenter au lliéâtre du Gymnase un
opéra-comique en un acte intitulé : Il a été
perdu un Roi; en 1872, il obtenait une troi-
sième mention honorable au concours ouvert
par la Société de Sainte-Cécile de Bordeaux pour
la composition d'un Slabat Mater; et enfin, en
1873, il faisait exécuter à la cathédrale un At-
tende, Domine, composition fort hnportanle
pour soli, chœurs et orchestre.
AMPERE (Jean-Jacques-AiNTOine) , écri-
vain, membre de l'Institut, né à Lyon le 12
août 1800, est mort le 27 mars 1864. Lorsqu'un
décret en date du 13 septembre 1852 prescrivit
la .formation d'un Recueil des poésies populai-
res de la France et en confia la publication au
comité de la langue, de l'histoire et des arts de
la France, celui-ci publia d'abord sous ce litre :
Instructions relatives aux poésies populaires
de la France (Paris, Impr. impériale, 1853,
in-8° de 64 p.), une brochure substantielle des-
tinée à faire comprendre le but qu'il poursuivait,
et la façon dont il entendait procéder dans le
choix des poésies qu'il jugerait dignes d'intro-
duire dans le recueil projeté. Une note de cette
brochure , dans laquelle il est longuement parlé
des chansons populaiires de la France, apprend
au lecteur que « ces Instructions ont été rédi-
gées par M. Ampère, membre du comité ».
ANCESSY (Joseph- Jacques-Augustin), chef
d'orchestre, naquit à Paris le 25 avril 1800. Après
avoir été, en 1846, second chef d'orchestre aux
Spectacles-Concerts, petit théâtre établi dans les
sous-sols du bazar Bonne-Nouvelle, cet artiste
devint chef-d'orchestrc de l'Odéon, puis du
Théâtre-Français. De 1855 à 1859, il fit jouer au
gentil théâtre des Folies-Nouvelles les trois opé-
rettes suivantes : T Estelle et ISémorin ; 2" Jean
et Jeanne; 3° un Troc. Il a publié aussi, chez
l'éditeur Meissonnier, six sonatines pour violon,
avec accompagnement d'un second violon. L'é-
ducation musicale d'Ancessy était nulle , et ses
productions n'avaient aucune valeur. Il est mort à
Paris, pendant le siège de cette ville , le 2 jan-
vier 1871.
*.AIXDER ou A1\DERL(Je\n), composi-
teur et organiste , né en Bavière , est mort à
Jamnitz , en Moravie, le 19 août 1865, à l'âge
de soixante-dix-huit ans. J'ai lieu de croire que
cet artiste est le même que celui taentionné sous
ce nom : Andert (Q ) au l*'"^ volume de la
Biographie universelle des Musiciens. 11 eut un
fils, Aloys Ander, dont il fut le premier maître,
qui devint un ténor dramatique fort remarqua-
ble) et qui était le chanteur favori des Viennois:
ANDREVI
15
Celui ci, devenu presque complètement fou,
mourut quelques mois avant son père, le 11 dé-
cembre 1864, à Wartembcrg-les-Euux , où les
médecins l'avaient envoyé pour lui faire recou-
vrer la raison et la santé.
* AMDERS (Godefroid-Engelberl), est mort
à Paris le 22 septembre 1866. Ce littérateur mu-
sicien possédait une des plus belles bibliothè-
ques musicales qui se puissent réunir ; cette ri-
che collection a été vendue, à sa mort, à un ama-
teur russe habitant Paris. On assure qu'Anders
s'occupait, depuis longues années, de deux ou-
vrages importants : une Littérature générale de
la musique, et un Dictionnaire de musique
conçu d'après les plans de Wallher, et conte-
nant la technologie et la biographie. Étant don-
nées ses facultés philologiques et sa rare connais-
sance de la matière , nul mieux que lui n'eût pu
mener à bien deux projets aussi vastes, mais son
état de santé, et surtout son incurable paresse
lui interdisaient une tâche semblable. Ce que je
crois pouvoir affirmer, c'est qu'Anders, qui pas-
sait uniquement son temps à lire et à prendre
des notes , n'a pas écrit une seule ligne des deux
ouvrages en question. Cet être singulier avait
l'étrange manie de tracer ses notes personnelles
en caractères hiéroglyphiques que lui seul pou-
vait lire , de telle sorte qu'à sa mort, cet unique
fruit de ses recherches est resté stérile et inu-
tile.
AIXDOLFATI (Andréa), musicien italien ,
vivait au milieu du dix -huitième siècle, et fit
exécuter à Modène, au mois de février 1752,
une cantate intitulée la Gloria cd il Piacere.
ANDRÉ (le d'' Jules ) a publié une biogra-
phie de Hippolyte Duprat (Marseille, Barlatier,
1873, in-18 de 35 pp.) Al.-R—d.
* ANDREOZZI (Gaetano ). Dans son livre
sur les musiciens napolitains, M. Francesco Flo-
rimo mentionne les opéras suivants, qui doivent
prendre place dans le catalogue des œuvres
d'Andreozzi: 1° Arsinoe, opéra sérieux en deux
actes, Naples, th. San-Carlo, 1795; 2° Annida e
Rinaldo,\A., id., id., 1802 ; 3» Piramo e Tisbe,
id., id., id., 1803 ; 4" il Trionfo d'Alessandro,
opéra sérieux, id.,id., 1803; 5° il Finto Cieco,
Naples, th. Nuovo, 1791.
* ANDREVI (François). Dans son Diccio-
nario tecnico, historico y biografico de la
Musica, M. José Parada y Barreto fixe la date
de la naissance de cet artiste distingué au 16
novembre 1786, et celle de sa mort au 23 novem-
bre 1853. Andrevi, qui était prêtre, fut successi-
vement maître de chapelle de la cathédrale de
Ségorbe, de l'église de Santa -Maria del Mar, de
Barcelone, de la cathédrale de Valence, de
'i.,,
16
ANDREVI — ANGER
celle de Sévilie, et enûn devint maître de la
chapelle royale. Après s'être réfugié à Bordeaux,
par suite des événements politiques qui aflli-
geaient son pays, et y avoir occupé aussi les
fonctions de maître de chapelle de la cathé-
drale , il vint se fixer à Paris en 1845 , et enfin ,
en 1849, retourna en Espagne, et devint, à Bar-
celone, maître de chapelle de l'église de la Merci
et directeur de Vescolanie annexée a cette cha-
pelle. Parmi les œuvres les plus importantes de
cet artiste, on cite surtout un oratorio, le Juge-
ment dernier, une messe des morts; écrite.' pour
les funérailles du roi Ferdinand VII , et un
Stabat Mater composé pendant son séjour à
Bordeaux.
ANDREZ (Benoit), graveur de musique ,
qui vivait à Liège au milieu du dix-huitième
siècle , est l'un des premiers qui aient publié ,
dans les Pays-Bas, un recueil périodique de musi-
que. Celui qu'il mit au jour, en janvier 1758,
portait ce titre : VÉcho, ou Journal de musi-
que française, italienne, contenant des airs,
chansons, bninetles, duos tendres ou bachi-
ques, rondes, vaudevilles, contredanses, etc.
(A Liège, chez B. Andrez, derrière Saint-Thomas,
1758, in-i"). Ce recueil paraissait tous les mois,
par livraison de 24 pages, et le prix d'abonne-
ment annuel était de quinze livres de France.
ANDRIKS (JiiAN), violoniste et violoncel-
liste, compositeur, professeur et écrivain sur la
musique, né à Gand le 25 avril 1798 , est mort en
cette ville le 21 janvier 1872. Devenu en 1833
professeur de la classe de violon et des classes
d'ensemble instrumental au Conservatoire de
Gand, cet artiste succéda à Mengal , en 1851 ,
comme directeur de cet établissement, et joignit
alors, à l'enseignement qu'il y professait déjà,
celui de l'harmonie et de la composition. Sa
direction fut, dit-on, particulièrement profitable
à cette école ; pour s'y dévouer entièrement, An-
dries, qui occupait l'emploi de violon-solo au
Grand-Tlièàtre , résigna ces fonctions en 1855.
Cependant, dès l'année suivante il se voyait
obligé de prendre sa retraite, et reçut alors le
titre de directeur honoraire du Conservatoire.
Andries a écrit, pour le violon et pour le vio-
loncelle, un certain nombre de morceaux , qui ,
je crois, sont restés inédits. Comme écrivain
spécial , il a publié un Aperçu historique de
tous les instruments de musique actuelle-
ment en usage (Gand, in-8°), et un Précis de
l'histoire de la musique depuis les temps les
plus reculés, suivi de notices sur un grand
nombre d'écrivains didactiques et théoriciens
de l'art musical (Gand, Busscher, 1862, in-8o),
écrit dont le pian n'est pas très-rationnel et qui
pèche un peu par l'ampleur des vues, mais qui
renferme quelques renseignements intéressants.
Andries avait annoncé la prochaine publication
d'un Manuel des principes de l'harmonie; je
ne crois pas que cet ouvrage ait paru.
ANDRYSOWIC (Lazare), imprimeur po-
lonais, établi à Cracovie dans le milieu du sei-
zième siècle, donna un grand essor à la publi-
cation de la musique, et livra au public un grand
nombre de recueils de chants religieux.
AIVKT (Baptiste), violoniste distingué, or-
dinaire de la musique du roi, avait été élève de
Corelli. Il a publié en 1724 , chez Boiviu, un
Premier livre de sonates à violon seul et la
basse continue.
* Al^iFOSSI (Pascal). Les deux ouvrages
suivants, il Principe di Lagonegro, opéra , et
Sont ^Elena al Calvario, oratorio, doivent pren-
dre place dans la liste des œuvres de ce com-
positeur.
ANGtLI'^RI (Antonio), pianiste et profes-
.seur d'une grande renommée, considéré comme le
Nestor du piano en Italie, est né à Pieve del Cairo
(Piémont), le 26 décembre 1801. Élève du célèbre
Pollini, il a toujours su maintenir les saines et
pures traditions de son maître , aussi bien que
celles de Clementi et de Cramer; c'est dire qu'il
est constamment resté dans les voies du grand
style et de l'élégance classique. Nommé dès le
8 janvier 1829 professeur de piano au Conser-
vatoire de Milan , M. Angeleri ne prit sa retraite
qu'en 1870, et, durant ce long professorat de
quarante années, il donna à l'école de piano de
cet établissement un essor magnifique et une in-
contestable supériorité. On peut citer au nombre
de ses meilleurs élèves Adoifo et Disma Fuma-
galli, MM. Giulio Alary, Sangalli, Liugi Minoja,
Meiners, Fasanolti, etc., etc. L'un des plus dis-
tingués , M. Carlo Andreoli , lui a snccédé dans
sa classe, et continue aujourd'hui ses traditions.
M. Angeleri , qui était professeur au collège royal
de Milan en même temps qu'au Conservatoire,
a couronné sa carrière enseignante en publiant,
vers 1872, sous ce litre : il Piano- forte, un
manuel excellent relatif à la pose des mains sur
l'instrument et à la façon d'attaquer le son. Ce
livre, illustré de plusieurs eaux-fortes superbes,
a été édité avec le luxe et le bon goût que la
maison Ricordi apporte à ses moindres publica-
tions. — Un frère de M. Antonio Angeleri, M. Fi-
lippo Angeleri, est aussi pianiste et compositeur.
AJXGELOIM ( ), compositeur italien, a
fait représenter au mois de janvier 1871 , sur le
théâtre de Lucques, un opéra sérieux intitulé
Osrade degti Abencerraggi.
* AA'GER (Louis), pianiste, organiste et
ANGER — ANNUNGIAÇÂO
compositeur, est mort àLunebourgle 18 janvier
1870.
AIVGERMANIV ( ), célèbre organiste à
Altenburg, vivait vers 1740. 11 est cité par Mat-
theson dans son Arc de triomphe musical :
« Musikalischen Ehrenpforte, » comme un des
meilleurs compositeurs de son temps. Y.
ANGERMANN ( Frédékic) , professeur de
chant, né à Wusterhausen , a beaucoup écrit sur
son art dans les journaux de musique de Berlin
et publié un ouvrage tliéorique dont le titre
m'est inconnu. Il est mort le 13 mars 18.56.
Y.
ANGIOLIIVI ( ) , compositeur et cho-
régraphe italien , était attaché au théâtre de la
Scala, de Milan, comme maître de ballets , vers
la fin du dix-huitième siècle. On lui doit les
scénarios d'un grand nombre d'ouvrages de ce
genre, dont il écrivait parfois aussi la musique ,
ainsi qu'on peut le voir par le catalogue dressé
par M. Cambiasi sous ce titre : Rappresenta-
zioni date nei reali teatri di Milano, 1778-
1872. Voici la liste de ceux de ces ouvrages
dont il composa la musique : 1" Demofoonte,
1780; 2° Divertissement , 1780; 3° Solhnano,
1781 ; 4° gli Scherzi, 1781 ; 5° il Trionfo d'a-
more, 1782; &° il Diavolo a quatlro , 1782;
7" l'Amore al cimento, 1782; 8" Dorinna e
Vuomo ielvatico , 1789; 9" Amore e Psiche ,
1789.
*ANGLEBERT (Jean-Baptiste-Henri
d'), claveciniste de la chambre de Louis XIV,
naquit vers 1628, car il était âgé de soixante-
trois ans lorsqu'il mourut à Paris le 23 avril
1691. Il avait épousé le 12 octobre 1659 une
demoiselle Madeleine Champagne, qui lui donna
une fille et plusieurs fils, dont l'aîné portait les
mêmes prénoms que son père et eut Lully pour
parrain. D'Angleberl fut d'abord organiste du
duc d'Orléans , après quoi il devint « ordinaire
de la musique de la chambre du Roy pour le
clevecin » en même temps que « joueur d'épi-
nette de la chambre de Sa Majesté » en sur-
vivance (1).
AI\GLEBERT (Jean-Baptiste-Henri d'),
fils du précédent, naquit à Paris le 5 septembre
1661. Claveciniste comme son père, il fut sans
doute son élève, et lui succéda dans la charge
de claveciniste de la chambre du roi, qu'il occu-
pait encore en 1699. J'ignore la date de sa mort,
et je ne sais s'il a publié quelques compositions.
ANGLEBERT (Jean-Henri d'), frère ca-
(1) Ces renseignements sur la famille des d'Anglebcrt
sont extraits du Dictionnaire critique de biographie et
d'histoire de Jal, d'après les documents authentlquis
cités par cet écrivain.
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. âUPPL, —
17
det du précédent , fut aussi claveciniste. Je ne
connais pas la date précise de sa naissance ,
mais il était âgé de quatre-vingts ans lorsqu'il
mourut à Paris le 9 mars 1747.
ArVGLOIS (LuiGi), musicien italien, né à
Turin le 25 octobre 1801, était fils d'un contre-
bassiste renommé, Giorgi Anglois, se fit lui-
même une grande réputation par son talent
d'exécution sur la contre-basse , et donna avec
succès des concerts à Paris, à Londres, à Lis-
bonne et en Amérique. Cet artiste, qui a laissé
une Méthode estimée pour son instrument, est
mort à Turin le 24 avril 1872.
AIVIGIllIM (Francesco), compositeur, pro-
fesseur à l'Institut royal de musique de Florence,
s'est fait remarquer à plusieurs reprises dans les
concours ouverts par M. le docteur Basevi pour
la composition d'oeuvres de musique de cham-
bre, principalement de quatuors pour instru-
ments à cordes. Plusieurs des quatuors présen-
tés par M. Anichini dans ces concours ont
obtenu des récompenses , mentions honorables,
seconds ou premiers prix (1862, 1863, 1865), et
l'un d'eux a été publié en partition par l'éditeur
M. Guiiii , de Florence, dans sa jolie collection
d'éditions de poche. M. Anichini a publié aussi
diverses autres compositions , entre autres un
Ave Maria à 4 voix (Milan, Ricordi), et un
Requiem à grand orchestre.
AI\JOS (DOS). Au compositeur portugais
de ce nom, Dionisio dos Anjos, mentionné dans
la Biographie universelle des Musiciens, il
faut ajouter Luiz dos Anjos et Simdo dos An-
jos. Le premier jouissait .d'une grande réputa-
tion à Lisbonne vers le commencement du dix-
liuitième siècle; le second fut un des disciples
distingués du célèbre Manoel Mendes.
J. de V.
ANNA (le P.DoMiNcos de SANT), com-
positeur portugais, né en 1722, était en 1755
Cantor-Mor du couvent de la Trinité à Lis-
bonne, et fut enseveli sous les ruines de ce cou-
vent lors du grand tremblement de terre qui
détruisit la ville (1755). On louait beaucoup son
talent sur la basse (rabecâo). Un autre religieux
du [même couvent , frère Joaquim de SanV
Anna, eut le même sort; il chantait fort bien,
et jouissait d'une grande réputation comme or-
ganiste. Les deux orgues du couvent de la Tri-
nilé^étaient des instruments magnifiques et n'é-
taient surpassées que par celles du couvent de
Notre-Dame de Grâce , qui en possédait trois.
Chacun de. ces instruments .n'avait pas coûté
moins_de 25,000 cruzados en 1569!
J. DE V.
* AMNUNCIAÇÂO (le Fr. Gabriel da ) ,
T. I. 2
18
ANNUNGIAÇÂO — APOLLOiNI
musicien portugais, né en 1G81 à Ovar, où il fit
ses études musicales , entra dans l'ordre de
S. François en 1706. Il acheva ses études à Lei-
via, et occupa ensuite des places importantes
dans les couvents de son ordre à Coimbre , à
Porto, et en dernier lieu à Lisbonne, où il vi-
vait encore en i'il. La Biographie univer-
selle des Musiciens n'a pas mentionné les com-
positions de cet artiste, qui sont tièsnom-
breuses, et qui comprennent des Mesies, des
Antiennes, des Motels, etc. Elle n'a pas cité non
plus son Mnnual e Cérémonial do Canto.
On itjnore , du reste, si cet ouvrage a été pu-
blié. (Pour le reste, \. Musicos Porttfguezes,
t. I'"", page 10.) Un autre musicien du môme
nom , Philippe da ÀnnuHCiaçào , vivait vers le
milieu du dix-huitième siècle à Coimbre, où il
exerçait les fonctions de chanoine dans le célè-
bre couvent de Santa- Cruz (S. Agostinho). Son
talent d'organiste était tiès-estimé. On a de cet
artiste : Acompanliainentos para Orydo ; de
llymnos, Missas, e ttido o mais que se cuuta
no coro dos Conegos Hcguhires Lateranenses
daCongr. Re/ormada deS. Cruz de Coimbra,
Compostas pelo R. D. Ph. da Anniinciacdo,
Conego regidar da mesma Congregaçào.
Anno de 17 j4, gr. in i". L'auteur de cette notice
possède le manuscrit original de cet ouvrage ,
qui n'a pas été imprimé. Les exemples en sont sa-
vamment écrits, et Ton y reconnaît l'inlluence du
stvie de Manuel Rodrigues Coeliio {yoijez ce
nom) et de ses Flores de Mtisica. J. nK V.
* ANSIAUX (Ji:\N-HLi$KiiT-JosF.r'ii). L'ou-
verture de l'Apothéose de Grélry, due à cet ar-
tiste, n'était i)as une simple ouverture de con-
cert; elle faisait partie d'un ouvrage lyrique en
un acte, portant ce titre, et dont la première
représentation eut lieu le jour de l'inauguration
•lu nouveau théâtre de Liège, en novembre
1820. Ansiaux est aussi l'auteur d'une cantate
intitulée la Fête de Sainte-Cécile , et il a écrit
un assez grand nombre de morceaux importants
pour orchestre et pour harmonie militaire.
ANTHIOME ( Elcknf.-JeanBu'tiste),
professeur et compositeur, est né à Lorient le
19 août 183ti. Admis au Conservatoire, d'abord
dans la classe d'harmonie écrite de M. Elwart,
puis dans la classe d'orgue de M. Benoist , il
obtint un second accessit d'harmonie au con-
cours de 1836. Devenu tui peu plus tard élève
de Carafa pour la fugue et la composition, il se
présenta en 1861 au concours de l'Institut et ob-
tint le premier second grand prix de composition.
Nommé en 1863 répétiteur d'une classe d'é-
tude du clavier au Conservatoire, M. An-
Ihiome , qui occupe encore aujourd'hui cet em-
ploi , a fait représenter au petit théâtre des Fan-
taisies-Parisiennes, le 6 mai 1866, une opérette
en un acte, intitulée : Semer pour récolter,
et le 3 février 1876, aux Folies -Bergère, un
autre petit ouvrage du même genre : le Dernier
des Chippeways. II a publié quelques compo-
sitions légères, entre autres une suite de mor-
ceau.\ de piano intitulés 6 Croquis d'album,
Paris, Grus.
AIV'TOLISEÏ ( ). compositeur italien,
n'est encore connu que par la musique de deux
farces en un acte qu'il a fait représenter, an
mois dejuilli't 1875. sur le théâtre de Cingoli.
I^'un de ces petits ouvrages était intitulé i Due
Metaslasiani , le second avait pour titre Li-
setla.
ANTOXIETTI { ), compositeur
italien, a fait représenter à Taganrog, au mois
de janvier 1872 , un opéra intitulé il Franco
Bersagliere.
AXÏOXIl (Giov\N.M-B.\TTisT\) , frère de
Pietra degli .Vutonii, fut un organiste renommé.
Élève de Giacomo Predieri , il a publié diverses
conqiositions juiur violoncelle et clavecin , vio-
lon et violoncelle, des ballets, courantes, gigues
pour trois instruments, et des ver.sets pour l'or-
gue. Va\ 108i, il fut admis au nombre des mem-
bres de l'Académie des Philharmoniques de Bo-
logne.
AKTOMO (le Fr. JosKDK SAMO), théo-
ritien portugais, a puldié un petit traité de mu-
sique : Elemenlos de Musica, Lisbonne, Antonio
Vicente da Silva (imprimeur ou éditeur?), 1761,
in-4" de 16 pages. Ce traité , qui est signé avec
l'anagramme de l'auteur -. Frazenio de Soyto
Jpnalon, est rare La Bibliothè(|ue du couvent
de Jésus , à Lisbonne , en possédait un exem-
plaire. J. DE V.
AOUST (le marquis Jlles d'), composi-
teur amateur, né vers 1825 , s'est fait connaître
par un certain nombre de mélodies vocales et
par la musique de deux opérettes en un acte :
l'Amour voleur, exécutée dans im salon en
1865, et la Ferme de Miramar, représentée
dans un concert donné .au théâtre de l'.Vfhénée le
11 avril 187'i.
* APOLLOXI (Gicseppe) , compositeur
dramatique italien, est né à Vicence, et non
dans le royaume de Naples, comme il a été dit
par erreur. Outre l'Ebreo et Pielro d'Albano,
cet artiste a fait re|!résenter plusieurs autres
opéras, parmi lesquels Adelchi (Venise , th. de
la Fenice, 1856 ou 57;, il Conte di Koenigs-
bcrg ( Florence, th. delà Pergola, 17 mars
1866), et Gustavo Wasa (Trieste, th. Com-
munal, décembre 1872). Bjen qu'ils aient été ac-
APOLLON! — AH.VUJO
i9
■cueillis avec assez de faveur, aucun de ces ou-
vrages n'a retrouvé le succès éclatant qui avait
signalé l'apparition de V Ebreo, et qui avait fait
faire à cet opéra le tour triomphal de l'Italie
entière. C'est que le public, qui avait été tout
à la fois étonné et charmé de la vigueur et de
labondauce d'inspiration qui distinguait cette
partition, n'a plus retrouvé ce Ilot mélodique
dans les œuvres que l'auteur lui offrit par la
suite ; et couinie M. Apolloni est surtout un mu-
sicien d'insîinct, dont le savoir est alsolument
•insuffisant et dont l'instruction manque de so-
lidité, il n'a pas pu renouveler son talent et s'est
vu dans riinpossihililé d'écrire, au point de vue
<le la forme et de la facture, une œuvre d'un mé-
rite sérieux et durable.
APTOALMAS , nom de deux harpistes an-
glais, tous deux compositeurs pour leuriuslru-
ment, nés à Bridgend , l'un en 1S26, l'autre en
1829. L'un d'eux a fait un voyage en Améri-
que, d'où il cU revenu à Londres en 1802; il
vint l'année suivanle à l'aris donner quelques
concerts, dans lesquels sou double talent de
viituose et de compositeur fut très-apprécié ,
rpuis il retourna à Londres, oii il retrouva ses
succès passés et continua de se livrer à l'ensei-
gnment. Le jeu de cet artiste, qui est élégant,
fm et plein de grâce , présente cette particula-
rité que le virtuose, au rebours des harpistes
ordinaires, exécute la partie de chant avec la
main gauche, et celle de la basse avec la main
droite.
ARAGO (M'"^ ViCTonu) , compositeur, s'est
fait connaître par la publication d'un certain
nombre de romances, dont plusieurs ont obtenu
du succès. Sous le règne de Louis-Philippe, à
l'époque où ce genre de compositions jouissait
encore de toute sa vogue, M""" Victoria Arago,
comme Clapisson, comme Masini, comme Fré-
déric Bérat, comme M. Pau! Ilenrion, publiait
chaque année, chez l'éditeur Meissonnier, un
albimi de romances que le public accueillait avec
faveur.
* ARAIVDA (Mathkis de), musicien por-
tugais ou espagnol, futnommé professeur de mu-
sique à l'Université du Coimbre par une résolu-
tion du 26 juillet 15'ii. La chaire de musique
date du temps même de la fondation de l'Univer-
sité (1290). Aranda était en même temps maître
de chapelle de la cathédrale de Coimbre. Il pa-
raît qu'il avait occupé auparavant les mêmes
fonctions à la Se (cathédrale) de Lisbonne. Il a pu-
blié un Tralado decantolluno ycontrupnuto
por Matheo de Aranda , Maestro de C'apiUa
de la Se de Lixhoa. Dirigido al illustrissimo
.seùor D. Alonso cardenal infante de Por-
tugal, Arçobispo de Lixboa y obispo de Eoora,
Comendulario de Alcobaça. Com priiilegio
real. Lisbonne 1533 , GermanGallarde, in-4" de,
1V-14j pages (non numérotées). La partie rela-
tive au c««/o;/«>io (plaiu-chant ) comprend 14-71
pages , celle relative au contrapunto 1Y-6G
pages. Toutes les deux sont impiiinées en ca-
ractères gothiques. Fétis n'a pas vu ce traité, qui
est excessivement rare, et le titre qu'il en donne
est incomplet ; d'ailleurs, il suppose qu'Aranda fut
un musicien espagnol , jugeant d'après le titre de
son ouvrage. On n'est pas encore fixé sur la na-
tionalité de cet artiste. J. de V.
AUAKGUREN (Josi:) , pianiste et profes-
seur espagnol, est né à Bilbao le 25 mai 1821.
Il étudia le solfège et le piano sous la direction
de Nicolas Ledesma , maître de chapelle et or-
ganiste en cette ville , et le violon avec Fausto
Sanz. En 18 i3, il se rendit à Madrid dans le but
d'y étudier la composition, et y devint^ de 1814
à 1848, l'élève de M. Hilarion lislava. M. Aran-
guren se livra ensuite à renseignement , et pu-
blia eu 18.55 une Métliode de piano dont on a
fait cinq éditions, en 1861 un l'ronluario para
los Gantantes é insirmnentistas , et un Traité
complet d'harmonie élémentaire. Ces divers
ouvrages ont paru chez l'éditeur Romero y An-
dia. M. Aranguren, à qui l'on doit encore un
grand nombre de compositions religieuses esti-
mées, est professeur auxiliaire d'harmonie au
conservatoire de Madrid depuis le 2 mars 1807.
* ARAUJO (Fkvncisco Coruêa de), orga-
niste remar(]uable et compositeur pour son ins-
trument. Son nom s'écrit aussi Arauxo; Araujo
en est la forme moderne. Presque tous les au-
teurs qui se sont occupés de cet artiste ont été
mal renseignés. C'est surtout à propos de son
ouvrage sur l'orgue que les erreurs se sont
multipliées; aucun n'en a donné le titre exact :
Libro de tlentos y discursos de musica prac-
tica y theorka de organe, inlilulado Factil-
tad organica : con el quai , y cpn moderado
estudio y perseverança qtcalquier mediano
tancdor puedc salir aventajado enella; sa-
bicndo dcslramenlc cautar, y sobreiodo te-
niendo bueii natural, Alcala, Antonio Ar-
nâo, 1020, in-fol. de Y-204 feuilles , dont 26
pour le texte et le reste en exemples de musi-
que. Cet ouvrage, aussi rare que celui de Coelho
(F. ce nom), et d'ailleurs très- bon , ne peut ce-
pendant lui être comp.iré. J'ai combattu ( Musi-
cos portugnezes, 1. 1, p. 13) l'opinion de M. Es-
\d\ai {Miiseo organico espaùol) à propos de la
nationalité de Correa de Araujo. Ces deux noms
sont portugais .Arauxo est la forme ancienned'A-
raujo, comme Corréa est la forme ancienne d«
20
ARAUJO — D'ARCAIS
Corieia; ces deux noms sont encore très en
usage en Portugal, tandis qu'ils sont fort rares en
Espagne. On a peu de renseignements sur fa vie
de cet artiste distingué ; il a été organiste de l'é-
glise de S. Salvador à Séville, remplit successi-
vement plusieurs fonctions importantes dans la
hiérarchie ecclésiastique , et.finit par occuper l'é-
vêché de Ségovie. Araujo appartenait à une fa-
mille très-distinguée; il naquit vers 1581 , et
mourut dans un âge avancé, en 1663. Araujo
avait écrit .deux ouvrages •• Casos morales de
la musica, et un Uvre : De Versos (probable-
ment un recueil de pièces variées ) dont il
parle dans son Libro de tientos ; mais ces ou-
vrages n'ont pas été publiés. Le premier exis-
tait en manuscrit dans la célèbre bibliothèque de
musique du roi D. Jean IV, ainsi qu'une quantité
àtPsalmos, Motetes t\ Vilhancicos.
J. bEV.
ARBAIV ( Joseph-Jevn-Baptiste-Laurent),
virtuose sur le cornet à pistons et chef d'orches-
tre, naquit à Lyon le 28 février 1825. Admis au
Conservatoire, dans la classe de trompette <le
Dauverné, au mois de décembre 1841, il obtint
le second prix de trompette au concours de
1844 et le premier l'année suivante. C'était l'é-
poque où le cornet à pistons faisait fureur ;
adoptant cet instrument, M. Arban se fit bientôt
remarquer dans les concerts par son jeu brillant
et facile, et obtenait surtout des succès par ses
triples coups de langue. Lors de la création
des concerts de M. Musard fils au boulevard des
Capucines, en 1856, sa vogue fui très-grande.
Peu de temps après, un entrepreneur, ayant fondé
le Casino-Cadet, confia à M. Arbau la direction
de l'orchestre de cet établissement, dans lequel
oB donnait alternativement des bals et des con-
certs de musique légère. Cet artiste se fit alors
une réputation de chef d'orchestres de bals, et
dirigea tour à tour ceux du Casino, de Valentino,
de Frascati, et même de l'Opéra, lors de la re-
traite de M. Strauss et jusqu'à l'incendie de la
salle de la rue Le Peletier.
Le 8 juin 1857, M. Arban avait été nommé
professeur de la classe de saxhorn ouverte au
Conservatoire pour les élèves militaires-, le
r'^ février 1869, une classe régulière de cornet à
pistons étant créée dans cet établissement, il en
fut nommé titulaire, et M. Maury le remplaça
dans celle de sax-horn. Depuis lors, il a donné
sa démission. M. Arban a publié une Grande
Méthode complète de cornet à pistons et de
sax-horn (Paris, Escudier), et un Extrait de
cette méthode (id., id.). On lui doit aussi un
grand nombre de fantaisies et morceaux de
concert pour le cornet à pistons (entre autres
quinze fantaisies sur les opéras de Verdi, publiées
chez l'éditeur Escudier), et une quantité consi-
dérable de morceaux de musique de danse,
polkas, polkas-mazurkas, schotischs, quadril-
les, etc., pour piano ou pour orchestre, presque
tous écrits sur des motifs d'opéras en vogue.
* ARCADELT (Jacques). Outre les éditions
citées du premier livre des madrigaux de ce grand
musicien, il en faut mentionner une, qui sérail
vraisemblablement la quatrième , puisqu'elle est
datée de 1544 : // primo libro de' Madrigali
d'Archadelt a quattro voci, con nuova gionta
xiltimamente impressi (Venetiis, apud Hiero-
nyrnum Scotum, 1544). Cette édition contient 56
madrigaux, c'est-à-dire trois de plus que les pré-
cédents ; les paroles de deux d'entre eux sont de
Michel-Ange ; aussi ces deux derniers ont-ils été
publiés de nouveau à Florence, en 1875, à l'oc-
casion des fêtes du centenaire de ce grand homme,
I)ar les soins et avec un commentaire de M. Leto
Pulili. (V. ce nom.)
ARCAIS (Francesco, marquis d'), critique
musical italien et compositeur, né vers 1830, est
issu d'une ancienne et noble famille de Sardaigne,
aujourd'hui déchue de sa splendeur passée. Il a
fait de bonnes éludes musicales, et depuis près
de vingt ans est chargé du feuilleton musical et
dramatique du journal politique ropiniowe, l'un
des plus estimés de toute l'Italie ; il a suivi ce
journal dans ses pérégrinations diverses , de
Turin à Florence, puis de Florence à Rome, et il
y donne tous les lundis un feuilleton très-lu, tout
en faisant chaque jour une petite chronique des
théâtres. Artiste délicat, homme instruit et de
bonne compagnie, M. d'Arcais a le talent de se
faire lire et comprendre de tout le monde ; ses
articles, écrits dans une langue claire et facile,
sont des modèles d'urbanité et de bon goût. Mal-
heureusement, le tempérament musical de
M. d'Arcais est un peu arriéré, et reste rebelle
non-seulement à toute manifestation artistique
im peu audacieuse, mais encore à toute espèce
de nouveauté et de progrès. Le critique est un
ultra-Italien, et un Italien du passé, un peu
confit dans ,les formules et dans les moules
classiques, et se laissant trop volontiers guider par
le courant paresseux de l'opinion, au lieu de cher-
cher à la guider lui-même et à lui inspirer l'amour
delà liberté et de la personnalité dansl'art . Partisan
acharné de la vieille école italienne, M. d'Arcais ne
s'est pas borné à faire à M. Richard Wagner et àses
œuvres une guerre sans merci, refusant au musi-
cien allemand toute espèce de qualité et de faculté
musicale ; il a encore pris à partie M. Gounod,
et a constamment nié la valeur de Faust, décla-
rant tout d'abord que l'œuvre n'était pas viable
D'ARCAIS — ARDITI
21
el s'obstinant dans son opinion, même quand
Faust, acclamé dans toute Tltalie, comme il l'a-
vait été en France et en Allemagne, eut été
joué partout, jusque dans les plus petites
Tilles de l'île de Sardaigne, sa patrie. En un
mol, M. d'Arcais, dont le jugement est très-
sain lorsqu'il n'a à s'exercer que sur les œuvres
italiennes dont le genre se rapporte à ses préfé-
rences, manque de cet éclectisme vigoureux,
large, ouvert, sans lequel la critique court le
risque de ne pas survivre au moment qui l'a vu
naître.
M. d'Arcais, qui est un des collaborateurs
actifs de la Gazzelta musicale, de Milan, s'est
essayé comme compositeur, et par trois fois,
mais sans succès, a abordé le théâtre, avec
de petits ouvrages bouffes: i Due Preccttorl,
représenté il y a une quinzaine d'années; Sga-
narello , donné au tbéâtre Re, de Milan, au
mois d'avril 1871 ; enfin, la Guerra amorosa,
petit opéra à deux personnages, joué à Florence.
Il a écrit aussi une messe funèbre, qui a été ac-
cueillie favorablement par la presse, et je crois
qu'il a publié quelques romances et mélodies
vocales. Parmi ces dernières, je signalerai sur-
tout une composition importante, PAddlo del
Condannato, scène dramatique pour voix de
baryton, dédiée au chanteur Aldighieri el publiée
à Turin, par les éditeurs Giudici etSlrada.
ARCIIAMBEAU (Jean-Michel d'), orga-
niste et compositeur belge, né à Hervé (province
de Liège), le 3 mars 1823, reçut d'abord des le-
çons de piano el de violon de son père, puis
devint élève de D. Goffin et de Joseph Massarf.
Il étudia ensuite l'harmonie et le contre-point
dans les traités de Cherubini, de Catel et de
Fétis, et à peine âgé de quinze ans il devint pro-
fesseur de musique au collège de sa ville natale.
Dix ans après, il fut nommé organiste à Petit-
Rechain,et il occupait encore ce poste en 1862.
M. d'Archambeau , qui a fait représenter en
1859, sur le théâtre du Gymnase de Liège, une
opérette dont j'ignore le titre, a publié plusieurs
compositions de divers genres : 2 messes solen-
nelles à 3 voix d'hommes, avec accompagnement
d'orgue ; 12 litanies ; 7 motets ; des romances
sans paroles pour piano, et beaucoup de mor-
ceaux de musique légère. — Le frère de cet
artiste, M. Edouard d''Ârchamb eau, né à Hervé
le 8 décembre 1834, commença l'étude du piano
avec son frère, puis devint, au Conservatoire de
Liège, élève de Ledent et de Wanson, et obtint,
en 1852, un premier prix de piano et un second
prix de violon. Il a publié quelques compositions
pour le piano.
ARDITI (le marquis Michèle), compositeur
italien, probablement amateur, naquit en 1745,
et fit représenter à Naples un opéra sérieux,
VOlimpiade, écrit sur le poème de Métastase qui
a servi à tant d'autres compositeurs. Je ne
connais pas d'autres œuvres de cet artiste, qui
est mort en 1838, âgé de quatre-vingt-treize ans.
ARDITI (Lligi), violoniste, chef d'orchestre
et compositeur, est né à Crescentino (Piémont),
le 22 juillet 1822. Il fit ses études musicales au
Conservatoire de Milan , où il entra le 17 mars
1836 et d'où il sortit le 6 septembre 1842, après
y avoir écrit et fait représenter un opéra en deux
actes intitulé i BrignnU. Il se produisit d'abord
comme virtuose, en donnant des concerts à Va-
lèse, à Novare, à Voghera, fut engagé ensuite
comme chef d'orchestre à Verceil, puis remplit
les mêmes fonctions à Milan et à Turin, et enfin
recommença à donner des concerts, en compa-
gnie du fameux contrebassiste Bottesini {voyez
ce nom), jusqu'au moment où il signa un enga-
gement comme chef d'orchestre et concertiste
pour le théâtre de la Havane. De la Havane il se
rendit à New York, où il devint chef d'orchestre
de l'Académie de musique, théâtre pour lequel il
écrivit un grand opéra sérieux, la Spia, qui fut
chanté par M"'° Anna de La Grange, MM. Brignoli
et Morelli, Après avoir passé quelques années en
Amérique, M. Arditi fut appelé à Constantinople,
puis, M. Lumiey l'ayant attiré à Londres, il prit
la direction de l'orchestre du Théâtre italien de
cette ville, où il obtint de grands succès. C'est à
Londres qu'il commença à publier toute une
série de mélodies vocales, qui furent accueillies
avec la plus grande faveur, entre autres celle
intitulée Oinaggio alla Bosio, et la fameuse
valse il Bacio, qui fut le triomphe de M'" Pic-
colomini, et que M""*^ Palti contiibua ensuite à
faire devenir populaire. Depuis lors, M. Arditi
n'a guère quitté Londres, où il se livre à l'en-
seignement, et où, dans ces dernières années,
il était directeur d'une grande enlreprisede con-
certs (1). Parmi les mélodies de M. Arditi qui
ont obtenu le plus de succès, il faut citer l'Orolo-
gio ; Kellog , valse chantée ; Capriccio-Ma-
zurka; VArdita, valse chantée; il Bacio, id.;
la Stella,ià.;la Farfalletta, mazurka chantée ;
Boléro ; la Tradita ; Forosetla, tarentelle chan-
tée; VIncontro, valse chantée; Tréma, o vil!
duo dramatique pour soprano et contralto ; Vuole
am,or un giovin cor, rondo, etc. M. Arditi a
publié aussi un certain nombre de compositions
pour le violon, parmi lesquelles je citerai : il
(i) Au moment oii cette notice est écrite (novembre
1875), M. Arditi dirige encore,autliéâtre deCovenl-Garden,
des promenades concerts qui;obticnnent un grand succès
22
ARDIÏI — D'AHNEIRO
Trovutore, fantaisie brillante, avec accompa-
gnement de piano ,■ Norma, caprice, id.; i Due
i*"05can, fantaisie, id.; Souvenir de Donizetli,
fantaisie, id.; sclierzo liriliant sur divers cliaiits
américains, id.; sclierzo brillant ponr deux vio-
lons, id., etc., etc.
A RENDS (Llopold), né le T"" décembie
1817 à Raliiski, dans le cercle de Wilna, est
connu dans le monde musical par un ouvrage
intitulé : Veber den Sprachgesang der VorzeU
und die llersidlbarkeit der allhebra'ischen
Vocalmusik : Du langage chanté des anciens
et de la restauration de l'ancienne inusique
vocale des Hébreux (Berlin, 1867).
Y.
* ARKTI.XUS (Pail). A la liste des com-
positions de cet arfi.ste, il faut joindre le recueil
suivant : Libro primo delli madrigali croma-
tici ci mcsser Paolo Aretino (Venetiis, apud
Hieronyinum Scufnin, 1 j'i9).
ARGILLIKRES (Rocn n), facteur d'or-
gues, vivait en .Normandie dans la seconde
moitié du seizième siècle. II fut l'un des fonda-
teurs (lu puy de musique érij;é à Évreux, en
1570, en rbonnour de Sainte-Cécile, et s'engagea
à « raccorder » les orgues à chaque solennité de
cette institution.
ARIE\ZO (Nicoi.A »'), compositeur distin-
gué, est né à Naples le '>'» décembre 1S43. Élève
de Pietro Labriola pour le piano et de Vincenzo
l'ioravanti pour l'iiarmonie et le contre-point, il
n'était âgé que de seize ans lorsqu'il lit ses débuts
de compositeur dramatique en donnant, au théâ-
tre Nuovo, au mois de juin ISGO. l'opéra bouffe
en dialecte napolitain intitulé : Monzù Gnozio
o la Fidanzata del Parrucchierp,qm fut tiès-
bien accueilli. -Au mois de février 18G4, il se pro-
duisait à la fois comme compositeur et comme
virtuose, en faisant entendre dans un des con-
certs du cercle Bonamici, un trio en ul majeur.
En février 18C6, il donnait au IhéAtre Bellini un
nouvel opéra en dialecte, avec dialogue, i due
Mariti, qui fut reiiroduit en 1871, au nouveau
théâtre Re de Milan, traduit en italien, avec des
récitatifs remplaçant le dialogue. Il lit représenter
ensuite le Rose LXaples, th. Bellini, février
1868) ijl Cacciatore délie Alpi (2 actes, Naples,
23 juin 1870) ; et il Cuoco (3 actes, Naples, th.
Rossini, Il juin 1873). M. d'Arienzo, qui est au-
jourd'liui professeur d'harmonie et de composi-
tion à YAlbergo de' Poveri et au collège de mu-
sique de San Pietro a Majella, de >'aplcs, s'est
fait connaître encore par diverses autres œuvres :
il a obtenu de la Società del Quartetto de Mi-
lan, en 181)9, un second prix pour quatre Noc-
turnes à *i, 3 et 4 voix ; il a fait exécuter à
Rome, en 1871, un Pensiero sinfonico, dont
une réduction pour le piano à 4 mains a été pu-
bliée à Milan, chez Lucca; enfin, il à publié un
grand nombre de compositions pour le chant,
ainsi qu'un manuel intitulé Elementi di letiura
musicale (Naples, Coftrau). 11 a en portefeuille
un opéra sérieux, Rita di Lister, écrit sur
un poème de son oncle, M. Marco d'Arienzo, un
opéra bouffe, i Viaggi, et une grande cantate
sacrée pour soli, chœur et orchestre, il Cristo
sulla croce.
ARMIA'GAUD (J ), violoni.ste fort dis-
tingué, né vers 1824, s'est acquis à Paris une
réputation méritée par le talent dont il a fait
preuve dans les séances de musique de chambre
qu'il donnait en compagnie de MM. Léon Jac-
quard, Edouard Lalo et Mas. Cette société de
quatuors, que M. .Vrmingaud organisa vers 18."Jà
et dans laquelle il tenait la partie de premier
violon, était certainement une des meilleures de
Paris au point de vue de l'ensemble et de la fer-
meté de l'exécution, et M. Armingaud y brillait
particulièrement par la grâce de son jeu, la soli-
dité de son style et la belle qualité de son qu'il
lirait de son instrument ; elle s'est augmentée
et transformée, par l'adjourtion de quelques
instruments à vent, et a pris depuis lors le titre
de Société classique. Cet artiste modeste et re-
marquable', qui s'est fait applaudir aussi dans
des concerts particuliers, a publié un certain
nombre de morceaux de violon, avec accompa-
gnement de piano : Aubade; Sérénade, op. 9,
Paris, Gérard; Villanelle, op. 10, id., id.;
Chanson vénitienne, id., id.; et différentes fan-
taisies sur des motifs d'opéras célèbres, ainsi que
quelques mélodies vocales.
* ARXAUD (l':TiENNE),est mort à Marseille
au mois de janvier 1863, des suites d'une Ihixion
de poitrine. Cet artiste avait publié plus de deux
cents romances, dont la plupart, empreintes d'un
joli sentiment, eurent de véritables succès.
ARiXElUO (Jo.si;-AuciSToI-ERRi:iRA VI£I-
GA, vicomte d'>, dileltanteet compositeur portu-
gais, appartient à une famille qui s'est distinguée
dans la musique. Ses frères sont des amateurs
plus ou moins habiles, fort bien vus dans les sa-
lons lie Lisbonne, et l'un d'eux, M. Joâo ler-
reira Veiga, a obtenu des succès sur plusieurs
scènes d'Italie; je l'ai entendu il y a quelques
années à Porto, et j'ai pu constater qu'il pos.sé-
dait une voix de baryton fort agréable, quoique
manquant un peu d'accent et d'énergie sur la
scène; son extrême embonpoint nuisait d'ailleurs
beaucoup à l'effet dramatique, et il a dû, [ilus
tard, renoncer au fhéâlre.
M. le vicomte d'Arneiro, fils d'un père Por-
D'AliXElRO
23
tugais el d'une mère Suédoise, est né à Macao,
en Chine, le 22 no\einbie 1838. Après avoir fait
et achevé ses études de droit à Coiinbre, il reprit
avec ardeur, en 1839, les éludes musicales qu'il
avait commencées à l'âge de huit ans : il appiit
l'harmonie avec le professeur ]\Ianoel Joaquim
tJolelho, artiste de l'orchestre du théâtre San-
Carlos, de Lisbonne, étudia le contre-point et la
fugue avec Vicente Schira, chef d'orchestre du
même théâtre, et eut pour maître de piano j'ha-
hile virtuose Antonio José Soares, maître de
chapelle de l'ancien Séminaire patriarcal. Le."! es-
sais de composition de M. d'Arneiro qui. datent
de celte épo(iue sont très-nombreux, el consis-
tent en pièces d'orchestre, entr'actes, morceaux,
romances, duos, auxquels il faut ajouter une
petite comédie : A Quesiâo do Oriente, jouée
avec succès sur le théâtre Académique , une
messe en sol majeur à quatre voix avec accom-
pagnement d'orgue, et plusieurs autres mor-
ceaux de musique religieuse. Lue partie de ces
travaux, notamment ceux qui datent d'a|)rès
1859, ont été enregistrés aux archives de la So-
ciété des auteurs et compositeurs dramatiques
de Paris. En mars 18G0, M. le vicomte d'Ar-
neiro fit représenter au lliéi\tre San-Carlos un
ballet fantastique en un acte et trois tableaux, in-
titulé G?.'m, dont le scénario lui avait été fourni
par M. Luigi Arcieri, et dont le principal lôle
était fort bien tenu par M»' Lamarre. La mu-
sique de cet ouvrage fut très-applaudie, el l'on y
remarqua, outre des idées originales et en maint
enilroit empreintes de poésie, ime facture soi-
gnée et un sentiment délicat des effets d'orches-
tre ; on jugea que c'était là, en somme, une œu-
vre de mérite, et. l'on attendit l'auteur à d'autres
épreuves plus décisives.
Ce fut seulement en 1871 que le compositeur
présenta son ouvrage le plus important, son
grand Te Z>eum, exécuté dans l'église de St-Paul,
à Lisbonne, lors de la fête de Notre-Dame de
la Conception. Malheureusement, l'exécution en
était confiée à une société d'amateurs, qui ne
sut pas faire ressortir toute la valeur de la parti-
tion, les difficultés de celle-ci étant d'ailleurs
très-grandes, tant pour l'orchestre que pour les
chœurs. Dos am.iteurs aussi étaient chargés des
soli, et un seul d'entre eux, le lénor Gazul
(alors premier Aiolon à l'orchestre du théâlre
San-Carlos), se distingua. TaCS chœurs surfout
furent très- faibles, car à Lisbonne, comme dans
tout le Portugal, tout enseignement choral fait
complètement défaut. L'orchestre, auquel étaient
mêlés quelques artistes de celui de San-Carlos,
se conduisit mieux. Plus lard, on reproduisit
dans un concert de bienfaisance donné à San-
Carlos (mai 1871) les pièces les plus iinporfanles
de ce grand Te Deum. Je ne puis parler de celte
seconde audition, n'y ayant pas assisté, mais j'ai
entendu dire qu'elle avait été [ilus satisfaisante.
Peu de temps après la première exécution, M. le
\icomte d'Arneiro me fit la bonne gi Ace de me
prêter .sa partition pour en rendre compte. Obligé
de quitter Lisbonne à l'improviste, je ne pus
alors m'acquitter de ma tSche ; mais je tiens à
rendre justice , ici, à son œuvre si remarquable,
et je n'exagérerai pas en disant que depuis Bon-
tempo on n'a lien produit en Portugal d'aussi
important que ce Te Deum. Après la mort de ce
maître illustre , les musiciens portugais sem-
blaient n'avoir d'autre préoccupalion que de ra-
baisser de |)lus en (dus la musique d'église ;
déjà, de son vivant, Casimiro et ses imitateurs
avaient donné le coup de grâce à cet art admira-
ble, et les canevas sur des thèmes d'opéras ita-
liens, les soli aux variations de petite llùte, les
duos, trios, etc., construits sur des thèmes de
contredanse, faisaient les délices des amateurs de
Lisboime. Chaque jour voyait naître de nou-
veaux imitateurs de Casimiro , qui se moquaient
à qui mieux mieux de Bontempo et de son
style sévère. Après la mort de Casimiro lui-
même on se tut, l'épuisement devint complet,
manifeste; c'est ainsi qu'en Portugal on a pres-
que oublié jusqu'à l'existence de la musique
religieuse, tant nationale qu'éfran;:,ère. Je n'ai
pas entendu les O'uvres de M. Miguel Angelo
Pereira , de Porto, auteur de YEnrico (V. ce
nom), qu'on dit très-sérieuses ; se sont les seules
dont on ait parlé avant l'audilion du Te Deum
de M. d'Arneiro. L'œuvre de celui ci, quoique
mal exécutée, a fait sensation à Lisbonne, et
l'on s'aperçut aussitôt qu'on avait affaire à un
talent remarquable. L'élévation des idées, l'ex-
pression profonde et énergique du dialogue vo-
cal, la richesse de l'orchestre, c'est à-dire l'at-
tention toute particulière accordée à chaque ins-
trument et l'entente rare dans leur emploi, le
caractère grandiose des chœui'S, tout cela pro-
duisit à Lisbonne un elfet dont on ne sut pas
d'abord se rendre compte. Les uns disaient que
c'était de la musique dramatique, d'autres en
parlaient comme d'une sorte d'oratorio, d'autres
encore y trouvaient des éléments symphoni-
ques. Le faites! que le Je Dnim de M. d'Arneiro
touche à tous ces genres divers, par le caractère
des morceaux dont il se compose ; on peut repro-
cher à lœuvre de manquer d'unité dans le style,
on peut dire à l'auteur que son éclectisme lui a fait
adopter et employer des procédés opposés entre
eux, par exemple ceux de l'école allemande pour
les chii'urs, ceux de l'école française (Halévy,
24
D'ARNEIRO — ARNOULD
Gotinod) pour l'oicliestre, enfin ceux de l'école
italienne pour le caractère des morceaux concer-
tants, et que tout cela nuit à l'ensemble de la
composition. Peut-être est-ce pour cela que
M. d'Arneiro a changé le titre de son œuvre lors-
qu'il l'a fait exécuter à Paris, et qu'il a; baptisé
alors son Te Deum Aa nom A& symphonie-can-
tate, titre qui en définissait mieux le caractère et
la portée. L'œuvre de M. d'Arneiro fut très-bien
reçue à Paris, et la critique lui fit un excellent
accueil. MM. Oscar Comettant, Victorin Jon-
cières, de Thémines, Gustave Bertrand et bien
d'autres en rendirent compte d'une manière
très-flatteuse ; quelques journaux anglais, alle-
mands et italiens s'en occupèrent aussi. Leur
opinion fut !a même'; on en parla comme dune
composition très-remarquable, qui dénote des
qualités précieuses chez l'auteur. Cependant
M. le comte d'Arneiro n'est pas encore par-
venu à s'assimiler les qualités de ses modèles à
ce point qu'il ait pu produire une œuvre d'un
style original, à lui. D'ailleurs on fera bien d'at-
tendre que le compositeur nous ait appris, dans
une seconde symphonie-cantate, ce qu'il en-
tend par ce nouveau genre, quelle est son es-
thétique musicale à ce sujet, s'il a en vue de
créer une forme nouvelle ou s'il reviendra tout
bonnement à la forme traditionnelle du Te Deum.
Le programme de l'exécution faite à Paris repro-
duisait les morceaux suivants : t"^' partie: Te
Deum, Tibi Omnes, Tibi Chérubin, Te Glorio-
sus; 2" partie : Pat rem immensx mojestatis,
Tu ad liberandum. Index creder'is ; 3* partie :
Salvum fac populum, Pcr singulos dies, Di-
gnare Domine, Miserere, In te Domine spe-
ravi. Les soli étaient confiés à M"" Mélanie
Reboux, M"" Amanda Hoimberg, MM. Miguel et
Léon Lafont ; les chœurs étaient conduits par
M. Léon Martin, et l'orchestre était placé sous la
direction de M. Danbé, chef d'orchestre des con-
certs du Grand-Hôtel. L'exécution fut bonne de
la part des chœurs et de l'orchestre, mais les
soli, dit-on, laissèrent parfois beaucoup à désirer.
Retourné en Portugal, M. d'Arneiro se remit au
travail ; un Scherzo en 7ni bémol, une Polonaise
de concert, un Recueil de morceaux caractéristi-
ques : Refrains du Printemps, et un opéra
semi-sérieux, EUsire di giovinezza, sont les
fruits de ses derniers travaux. Ce dernier ou-
vrage, qui est en 4 actes, et dont les paroles
ont été écrites par M. Jean-Jacques Magne, a été
mis à l'étude au théâtre San-Carlos, où il doit
être bientôt chanté parM™^ VitalietMM. Corsi,
Rota, Vidal et Rellini (1). J. de V.
(1) Cet ouvrage vient d'ctre représenté (mars i87fi) an
théâtre San Carlos. — A. P.
ARNOLD (YouryYON), compositeur et
écrivain sur la musique, est né à Saint-Péters-
bourg le 1*"^ novembre 1811. Ses parents, qui le
destinaient à la carrière diplomatique, lui firent
faire son droit, mais il ne tarda pas à quitter
cette carrière pour l'état militaire. Entré comme
porte-enseigne dans un régiment de cuirassiers,
il fit en 1831 la campagne de Pologne. Décoré de
l'ordre de Saint-Georges et promu au grade d'of-
ficier, il se retira du service en 1838 afin de s'a-
donner exclusivement à l'étude de la musique,
pour laquelle il avait un penchant qui datait de
ses premières années. Après avoir travaillé quel-
que temps avec Jean-Léopold Fuchs, il se sentit
assez fort pour aborder la composition d'un
opéra russe : la Bohémienne. En 1859, il rem-
porta le prix dans un concours ouvert par la
Société philharmonique de Saint-Pétersbourg
pour la composition de Swsctlana, grande bal-
lade de Schukovvsky. A dater de ce moment,
Youry von Arnold produisit assez rapidement
trois opéras russes et plusieurs petites composi-
tions au nombre desquelles il faut compter quel-
ques chœurs à quatre voix et environ cent vingt
lieder. Il a fait aussi à Saint-Pétersbourg et à
Moscou plusieurs conférences sur l'histoire de 'a
nuisique et sur la théorie musicale, qu'il a pu-
bliées. En 1863 il vint s'établir à Leipzig, où il
fonda un journal de musique intitulé : Allge-
meine neve Zeitschrift fur Theater und Musik
{Souvelle gazette générale pour le théâtre et
la musique), dont les tendances ultra-progres-
sistes ne trouvèrent qu'un écho bien faible dans
le public. Il publia vers la même époque plusieurs
écrits sur la musique. Depuis 1870, Youry von
Arnold est retourné dans sa patrie, ayant été
nommé au conservatoire de Moscou professeur
de la théorie du chant.
Y.
* ARA'OULD ( Madei.xine-Sopuie ) , chan-
teuse célèbre, est morte, non en 1803, comme il
a été dit par erreur, mais le 22 octobre 1802.
Deux écrits ont été publiés sur elle : 1° Arnol-
diana, ou Sophie Arnould et ses contempo-
rains, recueil choisi d'anecdotes piquantes, de
reparties et de bons mots de M'ic Arnould, pré-
cédé d'une notice sur sa vie et sur l'Académie
impériale de musique, par l'auteur du liiévriana
(Paris, Gérard, 1813, in-12 avec portrait); 2° So-
phie Arnould, d'après sa correspondance et ses
Mémoires inédits, par MM. Edmond et Jules de
Concourt (Paris, Poulet-Mahssis, 1857, in-12).
Sophie Arnould a été mise deux fois en scène
par les vaudevillistes, dans deux pièces, chacune
en 3 ai tes, qui portaient son nom : l'une, de
Barré, Radet et Desfontaines, jouée au Vaude-
ARNOULD — ARRIETA
25
ville en 1805 ; l'autre, de MM. de Leuven, de
Forges et Dnmanoir, donnée au Palais-Royal en
1833. Dans la première, Sopliie était personni-
fiée par l'aimable M"" Belmont, qui fit peu d'an-
nées après les beaux jours de l'Opéra-Comique;
c'est M"e Déjazet qui la représentait dans la se-
conde,
ARQUIiMBAU (Domingo), compositeur es-
pagnol , a joui dans sa patrie d'une certaine re-
nommée. On ignore également et la date de sa
naissance et celle de sa mort : on sait seulement
qu'après avoir été maître de chapelle de la ca-
thédrale de Gérone, il remplissait, en 1823, les
mêmes fonctiqns à celle de Séville. Ayant envoyé
une de ses compositions à l'Académie des Phil-
harmoniques de Bologne , cette compagnie s'en
montra tiès-satisfaite et l'admit au nombre de
ses membres.
*ARRESTI (Floruno), et non Aresti,é[ai'\t
fils de Jules-César Arresti. Sa naissance remonte
plus haut que la fin du dix-septième siècle, car
dès 1684 il était reçu membre de l'Académie des
Philharmoniques de Bologne, dont il devint
prince en 1715. Comme organiste, il avait été
élève de Bernardo Pasquini, et fit lui-même
d'excellents disciples.
*ARR1AGA Y BALZOLA (Juan Crisos-
tomo-Jacobo- Antonio), musicien espagnol, na-
quit à Bilbao le 27 janvier 1806. Je rétablis ici
d'une façon précise les noms, prénoms et date
de naissance de cet artiste intéressant, d'après
M- Baltazar Saldoni {Efemerides de musicos
espanoles), qui a eu sous les yeux son acte de
baptême.
*ARRIETA (D. Jian-Emilio), l'un descom-
positeurs dramatiques les plus actifs et les plus
estimés de l'Espagne contemporaine, est né à
Puenfe la Reina, dans la Navarre, le 21 octobre
1823. Il alla faire son éducation musicale en Ita-
lie, partit pour ce pays en 1838, fut admis au
Conservatoire de Milan le 3 janvier 1842, et de-
vint dans cet établissement, où il eut pour con-
disciple M. Antonio Cagnoni, l'élève de Vaccaj
pour la composition. Étant sorti du Conservatoire
après un peu moins de quatre ans d'études, le
3 septembre 1845, M. Arrieta eut la chance de
faire représenter sur un théâtre secondaire de
Milan son premier ouvrage dramatique, Ilde-
gonda, opéra semi-sérieux qui , s'il ne réussit
que médiocrement, donnait cependant de l'espoir
pour l'avenir du jeune compositeur.
Dès les premiers jours de l'année 1848, à la
première approche des événements politiques
qui troublèrent si profondément l'Italie à cette
époque, M. Arrieta revint dans sa patrie. Il son-
gea tout d'abord à y reprendre sa carrière de
compositeur dramatique, aussitôt interrompue
que commencée, et il écrivit la musique d'un
grand opéra espagnol en trois actes, Isabelle In
Catholique, ou la Conquête de Grenade, qui
fut joué avec succès en 1850, et repris en 1855.
On était alors à l'époque où un certain nombre
de jeunes écrivains et de jeunes musiciens, réu-
nissant leurs efforts pour une action commune,
avaient formé le projet de faire revivre et re-
fleurir la zarzuela, ou opéra-comique espagnol.
M. Arrieta vint se joindre à ce petit groupe en-
treprenant, actif et intelligent, dans lequel se
trouvaient déjà MM. Olona, Barbieri et Gaz-
tambide, et, grâce à l'initiative et au zèle de ces
jeunes artistes, le genre de la zarzuela, qui peut
être considéré comme un produit national, prit
un essor surprenant. Pour sa part, M. Arrieta a
écrit, depuis 1852 jusqu'à ce jour, environ qua-
rante ouvrages de ce genre, qui se font, dit-on,
remarquer par la jeunesse, la vivacité, la gaieté,
la véhémence et des qualités tout à fait parti-
culières, et dont quelques-uns, el Domino azul,
la Estrella de Madrid, Marina, el Gnimeie,
ont obtenu des succès retentissants et prolongés.
Voici, d'ailleurs, la liste des productions dra-
matiques de M. Arrieta, liste que je crois assez
près d'être complète : 1" Ildegonda, opéra ita-
lien, Milan, vers 1847; 2° Isabel la Catùlica,
6 sea la Conquista de Granada, grand opéra
espagnol, Madrid, 1850; 3° el Domino azul, 3
actes, 19 février 1853 ; 4° el Grumete, un acte,
17 juin 1853; 5" la Vuelta del Corsario (suite
et seconde partie à'el Grumete), I acte ; 6° Ma-
rina, 2 actes, 21 septembre 1855; 7" la Es-
trella de Madrid, 3 actes ; 8° De tal palo tal
astilla, 1 acte; 9° el Hombre /"eZ/s (monologue) ;
10" el Sonàmbulo, 1 acte, il octobre 1856; 11°
Guerra d muer te, 1 acte; \2° la Dama del
Rey, 1 acte; 13° Un Aijo para el niùo, 1 acte;
14° 1864 y 1865, 1 acte; 15° A Cadena perpé-
tua, 2 actes ; 16° cZ Conjura, un acte (en so-
ciété avec M. Lopez de Ayala), 24 novembre
1866; 17" Un sarao y una soirée, 2 actes, 12
décembre 1866; 18° Quien manda, manda, 2
actes ; 19° Llamada y tropa, 2 actes; 20° Azon
Visconti, 3 actes; 21° Cadenas de Oro, 3 ac-
tes ; 22° Dos Coronas, 3 actes ; 23° eZ CaxUivo en
Argel, 3 actes ; 24° el Capitan negrero, 3 actes;
25° el Agente de mairimonios, 3 actes; 26° el
Caudillo de Baza, 3 actes; 27" el Planeta Ve-
nus,3ades; 28° el Toque de Animas, S actes; 29°
la Insula Barataria, 3 actes; 30° la Carceria
real, 3 actes ; 31° Zct Sxiegra del Diablo, 3 actes,
23 mars 1867 ; 32° la Tabernera de Londres,
3 actes; 33° las Circasianos, 3 actes; 34° un
Trono y un Desengono, 3 actes; 35° el Molin
26
ARRIEÏA — ARTOT
contra Esquilache, 3 actes. A tout cela il faut
ajouter une cantate pour rinauguralion du tlirà-
tre de la Zarzuela, qui eut lieu le 11 octobre
185C, une pari de collaboration dans le prologue
d'ouverture de ce tliéàtre, la Zarztida, donné
le même jour, et une Cantate à liossini, exécu-
tée en 18C4. — Professeur de composition au
Conservatoire de Madrid depuis le 14 déceiidire
1857, conseiller d'instruction publique depuis le
mois de novembre 1875, époque où M. Hilarion
P^slava donna sa démission de cette charge,
M. Arrieta est aujourd'hui directeur du Conser-
vatoire.
ARRIGO (Giuseppe), organiste et composi-
teur, est né à Mede, dans la Lomelline, le 9 sep-
tembre 1838. Klève de Domenico Cagnoni, puis
de Carlo Coccia, et enfin de M. Raimondo Bou-
cheron, il devint, à la suite d'un concours, or-
ganiste de la petite ville de Bardi, dans l'iimilie,
position qu'il échangea plus tard contre celle de
directeur <le l'école musicale de Cassine, qu'il
occupe encore aujourd'hui. M. .\rrigo a fondé
avec Giuseppe de Paoli et dirige seul mainte-
nant un grand recueil de musique sacrée pour
orgue qui, sous le litre de A7'pa Dnvidiça, est
publié depuis 18G9 à Milan par l'éditeur Vis-
mara, et qid a été l'objet d'appréciations élo-
gicusesdela i>art des critiques italiens. Ce recueil,
(jui contient quelques pages estimables, est ce-
pendant médiocre au point de vue général, et
les morceaux qui le composent sont loin d'at-
teindre ce qu'on peut considérer comme l'idéal
de la bonne musicjue d'orgue. M. Arrigo, à cpii
l'on doit aussi une brochure assez insignifiante
sur l'orgue et la musique sacrée, n'a pu réussir
encore à faire représenter un opéra bouffe, qu'il
a écrit sous le titre de Don Stazio.
ARROIVGE (Anoi.i'ui:), compositeur de mu-
sique, né le 8 mars 1838 à Hiimbourg, est l'au-
teur d'un gr.md nombre d'opéras-comiques et
d'opérettes au nombre desquelles on cite : Das
Gespenst (le l'antôme), et Der Zireile Jacob
(le Deuxième Jacob). Depuis 1868 il semble avoir
abandonné la carrière de compositeur draina-
tiqu<\ et s'être adonné plus spécialement à l'en-
seignement du chant. Y.
ARTOT (M.uiîi(;i;MOMAGNi:V,dit), né à
Gray (Haute-Saône) le 3 février 1772, servit sous
la République française comme nuisicien et chef
de musique, puis vint à Bruxelles comme pre-
mier cor au théâtre de la Monnaie, place qu'il
occupa pendant vingt ans; il fut aussi maître
de musique à l'église du Béguinage, professeur
de chant, de guitare et de violon, instrument
sur lequel il excellait ; il était surtout parfait
musicien. En 1811, lors du passage de Napo-
léon 1*^' et de Marie-Louise à Bruxelles, il se fil
entendre dans un concert donné à Laéken à cette
occasion, et l'empereur le nomma premier cor.
Il était marié à Thérèse-Ève Ries, fille d'A-
dam Ries, maître de chapelle du Dôme de Co-
logne, et cousine du célèbre compositeur l'erdi-
nand Ries. 11 est mort à Bruxelles le 8 janvier
1329. F. D.
ARTOT (Jevn-Dksiîié M0NT.\GNEY, dil),
né à Paris le 1er vendémiaire de l'an XII «le la
République (■?3 septembre 1803), fils de Maurice
Arlot, commença à l'âge de six ans son éducation
musicale sous la direction de son père, qui lui
enseigna le chant et le violon, et qui, lorsqu'il
eut atteint sa onzième année, lui donna ses
premières leçons de cor ; il fit de rn|)ides pro-
grès sur cet instrument, et en 1819 entra
comme premier cor au SI»" régiment suisse, sous
la direction de l'hab le chef de uuisique Jacques
Bender. En 1823, il cuira à l'orchestre du théâ-
tre royal de Bruxelles, et en 1829, à la mort de
son père, il fut nommé premier cor de la musi-
que particulière de S. M. le roi des Pays-Bas.
En 18!2, Valenlin Bender l'engagea comme
premier cor et sous-chef de musique au régi-
ment des guides, qu'il quitta en 1835 pour voya-
ger en Allemagne et en France. Revenu en Bel-
gi(iue, il rentra au théâtre de la Monnaie et au
régiment des guides, d'où il prit définitivement
son congé en 1852.
En 1813, il fut nommé professeur de cor au
Conservatoire royal de musique de Bruxelles.
Le 24 mars 1849, S. M. le roi Léopold l'' le
nomma premier cor .solo de sa musique paiti-
culière. Le 29 novembre 1873, il fut mis à la
pension après trente ans de professorat.
Artot s'e.'ît fait connaître comme compositeur
pour son instrument , et voici la liste de ses
(cuvres publiées : 1° Six fantaisies concertantes
pour cor chromatique , avec accompagnement
de piano (Bruxelles, Katto)-, 2" 48 études adop-
tées comme exercices par les Conservatoires et
écoles dcmusique de Belgique (Bruxelles, Scholt);
3" 18 mélodies pour cor ou \ioloncelle, avec
accompagnement.de piano [al., id.); 4° 12 qua-
tuors pour cors chrqmafiq'ies ou cornets à pis-
tons (irf., iil.); 5° 12 trios et 12 quatuors pour
les mêmes instruments {Ut., id.).
F. D.
ARTOT (Cnvni.ES Henri-Napoi.éon MOX-
TAGNEY, dit), frère du précédent, né le 12
avril 1810 à Bruxelles, est mort en celte] ville
le 4 mai 1854. Il s'était fait une réputation
comme tind^alier au théâtre de la Monnaie et
était excellent pianiste et organiste.
Une sœur de cet artiste et du précédent s'est
ARÏOT — ASGHER
27
distinguée comme cantatrice en Delgiqup, en
France, en Allemagne et en Angleterre, oii elle a
donné des concerts en société avec ses trois
frères Alexandre, Charles et Désiré. Elle est
morle, jeune encore, à Bngnères de Luclion.
F. 1).
*ARTOT (Alexandre- Joseph MONTA-
GNEY, dit), violoniste extrêmement remarqua-
ble, naquit à Bruxelles, non le 4 lévrier, mais
le 25 janvier 1815. Ce n'est pdint la croix de
la Légion d'honneur qu'il reçut (lo janvier 1845),
mais celle de l'ordre belge de Léopold (t).
F. D.
ARTOT (Maucuerite - Josépuine- DÉsinià:
MONTAGNEY, dite), cantatrice distinguée, fille
de M. Désiré Arlot, ancien professeur de cor au
conservaloire de Bruxelles, et nièce du fameux
violoniste belge Joseph-Alexandre Artot , naquit
à Paris, le 21 juillet 1835, pendant un voyage de
ses parents en cette ville. L'éducation musicale
de M'"^ Artol fut commencée de bonne heure dans
sa famille, mais sa voix ne se forma et ne se ca-
ractérisa qu'assez tardivement. Devenue élève
de M'"" Viardot, elle resia pendant deux an-
nées sous la direction de celte grande artiste,
et se fit entendre vers 1857, à Bruxelles, dans
quelques concerts oii elle fit sensation. Proté-
gée par iMeyerbeer, à qui M"" Yiardot l'avait
fait connaître, elle fut engagée à Paris, par la
direction de l'Opéra, et débula à ce théâtre,
au commencement de 1858, dans le rôle de Fi-
dès, du Prophète. Sa belle voix de rnezzo-so-
prano, puissante et corsée, ses accents pas-
sionnés, son talent déjà réel de cantatrice, liu
firent obtenir du public parisien un accueil |)ar-
ticulièrement favorable. Cependant, les tiraille-
ments qui se produisent volontiers sur notie
première scène lyrique à l'arrivée d'un nouveau
sujet décidèrent M'''' Artot à quitter rO|)éra
au bout de peu de temps, après y avoir chanté
plusieurs rôles du répertoire, et elle songea à
embrasser la carrière italienne. Avant de réa-
liser ce ])rojet, toutefois, elle alla donner dans
diverses villes de province, à Tîordeaux, à Lyon,
à Orléans, à Montpellier, puis en Belgique, à
Bruxelles, à Anvers, à Liège, à Gand, des re-
présentations qui excitèrent l'enthou-siasme. Elle
se fit entendre aussi en Hollande, à Amsterdam,
et enfin partit pour l'Italie, pour s'y perfection-
ner dans le chant italien.
C'est alors qu'elle fut engagée pour Berlin, et
que commença pour la jeune artiste une carrière
(i) On a VII, par ces'trois nnlicps, que i? nom véritable
do la famille Arlot est Montagnoj, et non VoutcKinij,
comme il a été Imprime par erreur dans la llioijrdiihie
7iniiersrlle des Miisii'iciis.
pleine de succès éclafaiilset de véritables triom-
phes. Après cinq ou six années passées à Ber-
lin, où elle chanta tour à tour en italien et en al-
lemand, elle se fit entendre dans presque toutes
les grandes villes d'Allemagne, puis à Pesth, à
Copenhague, à I.,ondres, sur les deux théâtres
de Covenl Garden et de HayMarkel, et enfin à
Yarsovie , à Sl-P( tershourg et à Moscou , oii
peut-être elle a obtenu ses plus grands succès.
Dans le cours de ses voyages, M"*^ Artot, qui ne
cessait de travailler et d'acquérir, sut donner
plus d'ampleur encore à sa voix et plus d'éten-
due, et, tout en conservant intactes ses belles^
notes du ii;édiuui et du regi.stre grave, lui faire
atteindre dans le haut plusieurs sons aigus qui
lui permirent d'aborder des lôles tels que ceux
de Yalentine des Huguenots et de Rachel ^\e■la
Juive, créés naguère par M»'' Falcon et dans
lesquels ses facultés passionnées pouvaient se
donner librement carrière.
L'existence artistique de M"' Artot a été des
plus brillantes, et cette cantatrice remarquable
n'a cessé jusqu'à ce jour de recevoir et <le mé-
riter les faveurs du public. En 1809, elle a
épousé M. Padilla, chanteur espagnol voué,
comme elle, au chant italien, et qui ne manque
ni de mérite ni de distinction.
AS.\i\TSCHK\VSKY (Micueld'), com^
positeur russe, est né à Moscou en 1838. Il a
séjourné pemlant quelque temps à Leipzig,
où il a terminé ses études musicales .sous la di-
rection de Hauptmann et de Uichfer. En 1806
il vint à Paris, où il fil l'acquisition de la bi-
bliothèque d'Anders , collection qu'il joignit à
la sienne, déjà très- nombreuse, pour l'offrir au
Conservatoire de St-Pétersbourg, dont il venait
d'être nommé le directeur, en remplacement
d'Antoine Rubinslein.
M.d'Asantschevvsky a écrit pour le piano, pour
le quatuor et pour l'orchestre plusieurs com-
positions estimées, Y.
*ASCHER (Joseph), pianiste et compositeur,
est mort à Londres en juin ou juillet 1809, à
la suite d'une maladie qui avait complètement
dérangé ses facultés mentales. Élève de Mendels-
sohn et de Moschelès, ami de Thalberg, Ascher
s'était lance dans la voie ouverte par ce der-
nier, et, avec un talent moins complet, mais
brillant et léger, il avait conquis une véritable
réputation. Ses compositions, dont le nombre
dépasse une centaine, furent un moment très-
recherchées, et l'on citait surtout : les Commè-
res, les Cloches ilu vitlaje , Marche de la
Reine, Sérénade vénitienne, Belle de nui!.,,
les Cont cm plut ions , Rapsodie polonaise ,
Chants de V Ukraine, le Sourire, la Fileuse
28
ASCHER — AUBER
la Prisç de voile, les Hirotidelles, les Gouttes
d'eau, Danse espagnole. Dans ma barque, le
Papillon, etc., etc.
ASIOLI (F ) , compositeur italien, a
fait représenter -sur le théâtre de la Scala, de
Milan, le 10 février 1859, un opéra sérieux inti-
tulé Maria de' Ricci. J'ignore si cet artiste est
un descendant du fameux compositeur et tliéo-
ricien Bonifazio Asioli.
*ASPA (Mario). Ce compositeur n'a pas
écrit et fait représenter moins de quarante-deux
opéras. Il m'a été malheureusement impossible
d'en dresser la liste complète , car beaucoup
déjà sont oubliés, et le seul qui soit resté vrai-
ment populaire et qui se maintienne au réper-
toire des théâtres d'Italie est celui qui a pour
titre : il Murât are di Napoli. Je n'en connais
que quatre parmi ceux qui n'ont pas été men-
tionnés dans la Biographie universelle des
Musiciens : Emo , Margherila d'Aragona,
Gustavo Wasa, et Piero di Calais.
*ASTAR1TA (Janvier). Ce compositeur a
fait représenter les trois opéras suivants, qui
manquent à la liste de ses œuvres : 1° Vlsola
disabdata; T le Cinesi ; Z" l'Imprésario in
scompiglio, farsa en un acte. Cette dernière a
été donnée au théâtre de la Canobbiana, de Mi-
lan, en 1791.
* ATYS ou ATIS ( ). On doit à cet ar-
tiste la publication suivante, qui n'est point la
première, puisqu'elle i)orte le n° 5 comme chif-
fre d'oeuvre -. Clef facile et méthodique pour
apprendre en peu de temps à battre la me-
sure, à distinguer les modulations, à préluder
et àphraser la musique, par le moyen de la
ponctuation grammaticale et typographique-,
ouvrage utile et intéressant pour les commen-
çants, suivi de 6 petites sonates méthodiques,
servant d'exemples pour l'intelligence et la
pratique de cette méthode { Paris, l'auteur).
Cet ouvrage fut publié en 1763, et le Mercure
de France, en l'annonçant, reproduisit l'intro-
duction placée en tête par l'auteur. Atys a en-
core publié une Première Suite de menuets en
symphonies ^ à sept parties, y compris vn
basson obligé ou violoncelle, qui ont été exé-
cutés à la Comédie-Italienne.
AUBE (Paul), compositeur amateur, a fait
représenter sur le grand théâtre de Toulon, au
mois de janvier 1875, un grand opéra en 4 ac-
tes, intitulé Gheysa.
*AUBER (Dahiel-Frasçois Esprit) , est
mort à Paris, le 12 mai 187 1, au plus fort de
l'épouvantable guerre civile qui désolait alors la
capitale de la France. Il était âgé de 89 ans,
étant né à Caen le 29 janvier 1782, ainsi que le
prouve son acte de baptême, publié pour la pre-
mière fois en 1873. C'est M. V. Legentil, qui,
dans un rapport adressé à la Société des Beaux-
Arts de Caen et inséré dans le Bulletin de
cette société, a le premier rendu public ce do-
cument, dont voici l'exacte reproduction :
« L'an mil sept cent quatre-vingt-deux , le
mercredi 30 janvier, nous, curé soussigné, avons
baptisé un fils né d'hier du légitime mariage
de Jean-Baptiste -Daniel Aiiber, officier des
chasses du roi, et de Françoise- Adélaïde-Esprit
Vincent, demeurante Paris, aux petites écuries
du Roi, faubourg Saint-Denis, à Paris, paroisse
Saint-Laurent, lequel a été nommé Daniel-Fran-
çois-Esprit par Daniel Auber, peintre du Roi,
assisté de Françoise-Sophie -Vincent, ledit" par-
rain représenté par J.-B. Normand, et ladite
marraine par Marie Duclos, qui ont conjointe-
ment signé avec nous.
« Desbordeaux,
" curé de Saint-Julien. »
Vn renseignement important, contenu dans
l'acte qui précède, est celui qui nous fait savoir
que le père d'Auber, à l'époque de la naissance
(le son fils, était officier des chasses du roi , et
non point marchand d'estampes, comme on l'a
dit; il ne le devint donc que plus tard, et sans
doute lorsque la Révolution lui eut fait perdre
son emploi. Ce qu'on ignorait encore, c'est que
le père d'Auber était peintre. J'en ai trouvé la
preuve dans le livret de 1808 de îa Société aca-
démique des Enfants d'Apollon, qui, dans la
liste de ses membres, porte ces deux mentions :
« Auber père, amateur de cbant et de violon,
peintre, reçu en 1784; » et « Auber fils, com-
positeur, reçu en 1806. » Ceci nous apprend
en outre que, .si Auber ne s'est produit que fort
tard au théâtre, il n'en fut pas moins musicien
de bonne heure, puisqu'il prenait la qualifica-
tion de compositeur, et se faisait recevoir à ce
titre dans une société artistique. D'autre part,
on peut affirmer que l'aïeul d'Auber était, dans
un autre genre, un artiste de talent. Dans la
Notice du mobilier dépendant de la succes-
sion de M. Auber, notice qui a servi à la vente
effectuée le 26 juillet 1871, on voit inscrits trois
objets d'art importants : 1" bas-relief en bois
sculpté, bouquet de fleurs dans un vase, signé :
Auber fecit, Mil; 2" petit bas-relief en bois
finement sculpté, représentant des fleurs et des
attributs de jardinage, exécuté par le même;
3° très-.beau baromètre en bois finement sculpté et
doré, à feuillages de laurier, guirlandes de fleurs
et médaillon, exécuté par le même. La Aotice,
AUBER
29
évidemment bien informée, ajoute : « Ces trois
objets, d'un rare mérite d'exécution, sont de
l'aïeul paternel de M. Auber. » Enfin, l'acte de
baptême du maître mentionne, comme parrain
de l'enfant, Daniel Auber, « peintre du roi. «
Qu'était celui-ci ? Sans doute un frère de son
père, c'est-à-dire un oncle à lui. Quoi qu il en
soit, on voit que si Auber ne naquit point dans
un milieu musical, il appartenait du moins à
une véritable famille d'artistes, et que ses pre-
mières années durent s'écouler dans une inces-
sante communion intellectuelle.
Je n'entreprendrai pas ici de tracer une ca-
ractéristique du génie d'Auber; un tel travail
excéderait de beaucoup les bornes que je dois
donner à cette notice complémentaire. Je m'en
tiendrai à quelques réflexions, et ferai remar-
quer tout d'abord que l'oeuvre du maître sembi»
se diviser en quatre parties principales, cor-
respondant chacune à quatre périodes distinctes
de sa manière. La première , s'étendant depuis
le Séjour militaire jusqu'h la ISeige (je passe
sous silence Vendôme en Espagne et les Trois
genres, œuvres de commande et de circonstance
écrites en collaboration, et sans valeur person-
nelle), comprend les œuvres de jeunesse, les pre-
miers essais, qui ne faisaient qu'indiquer et don-
ner le pressentiment d'une individualité future ;
avec le Concert à la cour, Léocadie, le Ma-
çon, Auber est entré en pleine possession de
lui-même, et celte seconde partie de sa carrière
se clôt par le succès éclatant, légitime et incon-
testé de la Muette, son début à l'Opéra, coup
d'essai qui put, ou jamais, passer pour un coup
de maître (il faut remarquer que la Muette est
la première œuvre importante et vigoureuse qui
vint après la Vestale et Fernand Cortez, et
qu'elle précéda Guillaume Tell , Roberl-le-
Diable et la Juive) ; viennent ensuite , avec
quelques autres productions moins heureuses,
quoique fort honorables, à l'Opéra, les vrais
chefs-d'œuvre d'Auber dans le genre de l'o-
péra-comique, la Fiancée, Fra Diavolo, Les-
tocq, le Cheval de bronze, le Domino noir,
Zaneita, dans lesquels le génie du maître a ac-
quis toute sa grâce, toute sa souplesse, tout son
charme séduisant ; enfin, avec les Diamants de
la couronne, il entre dans une voie nouvelle,
agrandit ce genre aimé par lui, et lui donne une
ampleur de forme, une grandeur de conception
dramatique, une puissance instrumentale en rap-
port avec les progrès introduits et réalisés dans
le grand drame lyrique ; à cette période ap-
partiennent la Part du Diable, la Sirène et
Haydée, l'une de ses œuvres les plus parfaites.
Quant à ses dernières productions, celles-là, il
faut bien le dire, ne sont plus dignes de lui, et
n'a|)partiennent à aucun classement. Il y a en-
core de jolies pages dans Manon Lescaut, dans
la Circassienneet même dans le Premier jour
de bonheur, mais la Fiancée du roi de Garbe
et /iêves d'amour ne sont autre chose que les
produits de la sénilité.
Quoi qu'il en soit, et quelle que puisse être
la valeur des réserves que l'on peut faire au
sujet de l'influence exercée par Auber sur l'é-
cole française pendant près d'un demi- siècle, on
ne peut nier que ce musicien extrêmement re-
marquable et si essentiellement français ne
tienne une place d'honneur dans les annales de
l'art national. A une fécondité rare, à une va-
riété d'accents que quelques-uns ont vainement
essayé de méconnaître, à un respect incontes-
table et trop peu commun de la langue dont il
s'est servi pendant tani d'années, il joignait des
qualités toutes personnelles et assez brillantes
pour que celui qui les possédait occupe une
place distinguée dans l'histoire de l'art. Cette
place lui sera faite, on n'en saurait douter, et
elle sera tout à l'honneur de- la France, qu'il a
illustrée.
Le répertoire d'Auber doit se compléter par
les ouvrages suivants : 1° Cantate exécutée à
Pau pour la fête d'inauguration de la statue
d'Henri IV (1); 2° les Premiers Pas, prologue
d'inauguration de l'Opéra National (en société
avec Adam, Carafa et Halévy), 15 novembre
1847 ; 3° Cantate en l'honneur de l'armée. Opéra,
12 janvier 1856-, tt° Marco Spada, ballet en 3
actes et 5 tableaux, Opéra, 1" avril 1857 ; b° le
Cheval de Bronze, opéra-ballet en 4 actes (ani -
plification de l'ouvrage donné sous le même titre
à l'Opéra-Comique), Opéra, 21 septembre 1857 ;
6" Magenta, cantate. Opéra, 6 juin 1859; 7° la
Circassienne, 3 actes, Opéra-Comique, 2 février
1861 ; 8" la Fiancée du roi de Garbe, Opéra-
Comique, 11 janvier 18G4 ; 9° le Premier jour
de bonheur, Opéra-Comique, 15 février 1868;
10° Rêves d'amour, 3 actes, Opéra-Comique,
20 décembre 1869.
On a publié sur Auber un certain nombre d'é-
crits. En voici la liste : 1° Auber (Paris, librai-
rie universelle, 1841, in-16, avec portrait), no-
(1) Cette composition est restée Jusqu'ici absolument
ignorée, et je n'en al retrouvé la trace que dans une
collection de programmes des concerts et sprctacles
donnés à la cour, dans les différentes résidences royales,
de 1840 à 1817. 1,'un de ces programmes, i la date du is
noverobie 1843. mentionnait celte cantate, dont l'exécu-
tion à Pau était récente sans doute, et dont les paroles
avalent été écrites par M. LIadères, officier d'ordonnance
du roi Louis- Phllippp, auteur dramatique, et naiif de
cette ville.
30
AUBER — AUBHY
tke comprise dans une série biographique ainsi
iulilulée : Écrivains et artistes vivants, fran-
çais et étrangers , et qui avait pour auteurs
MM. Xavier Eyma et Arliiur deLucj ; a^J»/. Aîc-
6er (Paris, 1842, in-lG, avec portrait), notice qui
fait partie de la collection biographique publiée
sous ce titre : « Galerie des contemporains
illustres, par un homme tle rien, w et dont l'au-
teur était M. Louis de Loménie; 3° Auber, par
Eugène de Mirecourt (Paris, Havard, 1857,
in- 18 avec portrait); 4" D.-F.-E. Auber, sa
vie et ses œuvres, par B. Jouvin (Paris, Heu-
gel, 1864, grand in 8" avec portiait et autogra-,
phes); 5° Une statue à Auber, par Y. Legentil
(Caen, typ. Le Blanc- Hanlel, 1873, gr. in-8");
C* Auber, ses commencements, les origines de
sa carrière, par Arthur Pougin (Paris, Pottier
de Lalaine, 1873, in- 12); 7° l'Œuvre d'Aube,
par Jules Cariez (Caen, lyp. Le Blanc-Hardel, 1874,
in-S°) ; 8" Auber, aperçu biographique et criti-
que, la statue projetée, la cavalcade du 3 juin
1875, par Jules Cariez (id., iil., 1875, in-18). Je
signalerai aussi, parce qu'ils contiennent des
détails intimes et inconnus, deux feuilletons pu-
bliés par l'auteur de la présente notice dans le
Charivari (3 et 6 février 1872), sous ce titre :
les Derniers jours d' Auber.
Je ne terminerai pas cette notice sans rappeler
doux faiis intéressants. Seul des membres de la
section de musique de l'Académie des Beaux -
Arts, Auber fut appelé à faire partie de la com-
mission instituée, en 1838, pour la souscription
«t l'érection du monument à élever à iMolière, à
l'angle de la rue Richelieu et de la rue alors Tra-
versière. — Dans ses dernières années, Auber
avaii formellement promis à la Société des con-
certs du Conservatoire, dont il était le président,
d'écrire une symphonie pour elle. Celle promesse
n'a jamais été réalisée. D'autre \)at[ , Auber a
composé, très-peu de temps avant de mourir,
c'est-à-dire pendant les jours funèbres de mars cl
avril 1871, plusieurs quatuors pour instruments
à cordes. Ces quatuors, d'une forme absolument
libre, ne reprodui^ent en aucune façon les allures
des compositions classiques di; ce genre, et se-
raient plutôt, à proprement dire, des morceaux
pour quatuor d'instruments à cordes. J'ignore ce
qu'ils sont devenus (1).
(1) Je rappellerai, en tcrni'.nniit, les litres de quelques-
unes des premières compnsitions vocales d'Aubcr ;
.4mour et Folie, scène; te Cri de la Charité, s'anccs;
le .Voine, barcarolle; la l'eUte CUinctise, cliansonnelte;
l'.-/sHe, nocturne à deux voix Il f^iut siynaler aussi la
Marche à grand orchestre éc; Itc par lui, en 1S61, pour
rEx|iosiilon de l.ondre<, et la mari lie funèbre compusi'e
pour les funèralllrs de Napoléon f» et exécutée à cette
cérémonie, ic 15 déceiubr* ISVo.
AUIîERT ( ). Un musicien de ce nom
qui pourrait bien être Jacques Aubcrt, surnommé
le Vieux, puisqu'il vivait précisément à l'époque
où celui-ci travaillait pour l'Opéra , a écrit des
divertissements pour les deux pièces suivantes,
représentées à l'Opéra-Comique : Arlequin gen-
tilhomme malgré lui (3 actes, 1716), et Arle-
quin huila ou la Femme répudiée [un acte,
1716).
AUBERT (l'abbé), organiste de la cathédrale
de teigne, est l'auteur d'une Méthode élémen-
taire de plain-chanf , accompagnée de quinze
tableaux, publiée il y a quelques années, à Paris,
par l'éditeur Repos.
AUBEllT DE VIT14Y (Fr\nçois-Ji;an-
l^jMLiri'E). Ua écrivain de ce nom a donné, dans
le Dictionnaire de la Conversation et de la
Lecture, quelques notices biographiques sur des
musiciens, entre autres sur Sacchini et Sarti.
Né à Paris le 2 avril I76j, Aubert de Yitry est
mort au mois de juin 1849.
*AUBi:UY DU liOULLEY (Pride.xt-
Lons), est mort à Veineuii, son pays natal, au
mois de février 1870. Une troisième édition du
grand ouvrage di<iacli(iue de cet artiste a été
faite sous ce titre : Grammaire musicale, ou,
Méthode analytique et raisonnée pour ap-
prendre et enseigner la lecture de la musi-
que, suivie d'observations sur les erreurs,
préjugés et fausses opinions concernant la
musique (Paris, Duvcrger et Richault, in-8").
Les compo.sitions musicalis d'Aubéry du Boulley
ne comportent pas moins dt; 156 numéios d'd'it-
vies, dont on trouve la liste complète et détail-
lée dans l'écrit qui porte ce titre : Société phil-
harmonique de VEurc, de l'Orne et d'Eure-
et-Loir, fondée en 1835 par P.-L. Aubëry du
Boulley (L'Aigle, impr. Ginoux, 1859, in-8° de
t)8 p.), où l'auteur a noyé les comptes-rendus de
cette société au milieu d'un véritable amas de
renseignements sur sa vie et ses ouvrages, lue
édition augmentée de cet écrit a été faite en
1806 (L'Aigle, impr. Ginoux, in-8 ' de 168 p.).
AUliÉRY DU liOULLEY (Émii.e), fils
du précédent, a publié un certain nombre de
compositions musicales, consistant .surtout en
morceaux de danses pour le piano (Paiis, Ri-
chault), et en fantaisies pour fanfare et harmonie
militaire. Il a écrit aussi, en société avec son
père, deux duos pour piano et violoncelle ou vio-
lon : le Départ et le lietour, et le Printemps
et l'Automne (Paris, Richault).
AUBRY (Marik), fut l'une des premières ac-
trices qui parurent sur la scène de l'Opéra. Fille
d'un maître paveur, elle faisait partie de la mu-
sique du duc Philippe d'Orléans lorsque Cambert
AUBllY — AUDLEY
31
lui confia un rôle dans sa pastoialc les Peines
et les Plaisirs de l'amour. Quand Lully fut
jiiiivenu à s'emparer de l'Opéra au détriment de
Cambert et de l'abbé Perrin, il la conserva dans
sa troupe aux appointements annuels de 1,500
livres. Elle se relira en 1G84, après avoir créé
d'une façon admirable, dil-on, le rôle d'Oriane
<lans Amaclii de Gaule ; elle avait établi aupa-
ravant, avec un véritable talent, ceux d'Io dans
Isis, de Proserpine dans l'opéra de ce nom,
d'Églé dans Thésée, de Sangaride dans A(ys, de
Pbilonoé dans ^eWero;>//on, et d'Andromède Jans
Persf'e. L'auteur anonyme de V Histoire de VA-
cadémie royale de musique publiée par le
Constitutionnel dit de Marie Aubry : « C'était
une des bonnes actrices qui aient paru sur ce
tbéàtre. Elle quitta l'Opéra en 1084, après avoir
joué au mieux le rôle d'Oriane. Ce ne fut point
l'âge qui lui fit quitter sa profession-, mais elle
était devenue d'une taille si prodigieuse qu'elle
ne pouvait marcher et qu'elle paraissait toute
ronde. Elle était petite, la peau blanche et les
cheveux noirs; elle mourut vers 1704. » Amie
intime de M">^ Brigogne, Marie Aubry se tiouva
mêlée, comme celle ci, au procès fameux que
Lully intenta à Giiichard, en l'accusant d'avoir
voulu l'empoisonner ; elle ne fut pas plus que sa
compagne ménagée par Guichard, qui, dans les
factums qu'il publia à cette occasion, en fit l'ob-
jet des hnjiutations les plus outrageantes et que
l'on peut croire les plus justifiées.
AUBRYET (Xavier), écrivain français, né
à Épernay (Marne) en 1827, s'est fait remarquer
par son goût pour la musique. l>ans un volume
de critique intitulé : les Jugements nouveaux
(Paris, librairie nouvelle, ISCO, in- 12), M. Au-
bryet a consacré quelques chapitres à divers
musiciens : Mozart, Hoieldieu, Hérold, Rossini,
Grisar, Donizetti, Weber, Adam. Les remarques
de l'écrivain au sujet de ;ces artistes , présentées
peut-être d'un ton un peu doctoral, que ne justi-
fie point la faiblesse ou plutôt l'absence de ses
connaissances musicales, n'en sont pas moins
celles d'un homme de goût et d'un esprit délicat.
AUDICHOIV (Henri d'), archiprêlre de
Lambégère, est l'auteur d'un recueil hitéressant
publié sous ce titre : Recueils de IS'oëls clioisis
sur les airs les plus agréables, les plus con-
nus et les plus en vogue dans la province de
Béarn (Ragnères, Dossun, in-32 de 96 p.).
*AUDIFFRET(Pierre-Hyaci>the Jacques-
Jean-Baptiste). Une erreur a été commise au
sujet de cet écrivain. Ce n'est point pour VAlma
nach des spectacles publié par Barba (de 1822
à 1838) qu'il fut le collaborateur deRagueneau,
mais pour VAnnuaire dramatique publié par
M"'e Cavanagh de 1805 à 1822. Il prit une part
importante à la rédaction des deux premiers vo-
lumes de ce recueil anonyme (180j et 1806) et
contribua aussi à celle de quelques-uns des sui-
vants. En 1809, il rédigea, seul, un Almanach
des Spectacles dont il ne parut que celte année
(Paris, Collin, in- 18).
* AUDIA'OT (Nicol.vsMéd.vrd). Cet artiste,
on le sait, a fait représenicr sous son nom une
comédie à ariettes , le Tonnelier, dont il a tou-
jours été censé avoir écrit les paroles et la mu-
sique. Fort intrigué de ce fait, n'ayant pu dé-
couvrir qu'Audinot eût jamais été réellement
musicien , j'avais longtemps cherché quel avait
|)u être sou colloborateur anonyme, lorsque je
trouvai dans ['Histoire anecdotique du théâtre
et de la littérature (t. I, p. 373) de Charles
Maurice, son contemporain , le petit récit sui-
vant : — » Le directeur de l'Ambigu -Comique
vient de mourir. Il était fils du fameux Audiaot,
fondateur de ce théâtre, et qui, étant acteur à
l'Opéra-Comique, y donna le Tonnelier. Le
mo)cn qu'il a pris pour produire cet ouvrage,
n'étant pas assez musicien pour en faire la par-
tition, fut très-original. Il in\ita tour à tour à
dîner un nombre do compositeurs égal à celui
des morceaux de chant (ju'il avait placés dans
sa pièce, et au desserf, sans paraître y attacher
plus d'importance qu'à un amusement, il de-
manda à chacun de mettre en musique les vers
qu'il lui avait secrètement destinés. De cette
façon, l'oeuvre se trouva complète. On la repré-
senta en septembre 1701, tout uniment sous le
nom d'Audinof, sans que les collaborateurs son-
geassent à revendiquer un travail que leur amitié
traitait volontiers de pure bagatelle. »
Le fait révélé ici par Charles Maurice n'a rien
que de vraisemblable, et le mystère de la compo-
sition du Tonnelier çonïTsAi bien être éclairci
par ces lignes.
Toutefois, on peut croire qu'Audinot, sans
être capable d'écrire une partition d'opéra, était
cependant un peu musicien , et le petit recueil
annuel intitulé les Étrennes de Polymnie a
donné, dnns son volume de 1785, quatre chan-
sons dont la musicjue est inscrite sous son nom.
La fille de cet artiste, chanteuse et claveci-
niste distinguée, se fit entendre à la cour dès
ses plus jeunes années, et fit partie du person-
nel de l'Opéra.
AUDLEY (M""* A.), écrivain musica', a inséré
dans le journal le Français, vers 1809, une sé-
rie d'articles sur le génie de Bcllini, et a publié
les deux ouvrages suivants : 1" Louis Van Bee-
thoven, sa vie et ses œuvres, d'après les plus ré^
cents documents (Paris, Didier, 1807, in-12);
32
ALDLEY — AUDRAN
Franz Schubert, sa vie et ses œuvres (iJ., h\.,
1871, in-12). Ces deux écrits ne peuvent, malheu-
reusement, être d'aucune utilité, car non-seule-
ment l'auteur n'a point fait preuve de sens criti-
que, n'y a point développé les qualités d'analyse
que l'on doit s'attendre à rencontrer dans des
travaux de ce genre, s'altaquant à de si grands
artistes, mais encore on n'y trouve, au point de
vue historique, aucun fait nouveau et aucun ren-
seignement important , parc* que l'écrivain, ne
remontant point aux sources, s'est borné à puiser
les éléments de ses récils dans les grandes publi-
cations faites précédemment. Or, dans létal de
jour en jour plus satisfaisant et plus intéressant
de la science historique en matière musicale, un
livre qui ne possède point quelqu'une des qua-
lités que nous venons d'énumérer à propos des
études superficielles de M™' Audley, nous semble
bien près d'être un livre inutile.
AUDRAN (Marius), chanteur distingué et
professeur au Conservatoire de Marseille, est ué
à Aix, le 26 septembre 181G. Deux ans après sa
naissance, ses parents vinrent se fixer à Mar-
seille, où il fut élevé. Son père, qui était maçon,
le destinait à l'état d'entrepreneur, et lui fit sui-
vre les cours de dessin et d'architecture au
Musée de cette ville. Mais, vers 1834, une cir-
constance foiluite décida autrement de son sort.
Il était alors employé à la construction d'un éta-
blissement de bains de mer : les propriétaires
de cet établissement, qui étaient grands ama-
teurs de musique, entendirent le jeune ouvrier
chanter en travaillant, et furent frappés de la
fraîcheur et du timbre de sa voix de ténor. Ils
l'engagèrent à la cultiver et s'intéressèrent à
lui. Peu de temps après, M. Audran faisait partie
d'un petit groupe d'amateurs qui jouait la co-
médie et l'opéra sur un théâtre de salon. Ce fut
dans une de ces représentations intimes qu'E-
tienne Arnaud le remarqua et se chargea de
lui apprendre le chant. Après un an d'études,
son maître l'envoya à Paris en le recommandant
à Panseron. M. Audran entra au Conservatoire en
qualité d'élève externe, et suivit toutes celles
des classes de l'école où il pouvait compléter son
éducation de musicien et de chanteur. Malheu-
reusement, l'année suivante, en 1836, le jeune
artiste ne put plus compter sur l'appui de sa fa-
mille, et dut solliciter son admission comme pen-
sionnaire. Cherubini, qui avait déjà réservé à
un autre la seule place vacante, repoussa dure-
ment la demande d'Audran, et lui donna le con-
seil d'abandonner une carrière où, disait-il, « il
ne ferait jamais rien. » Leborne, professeur
de solfège, appuya le sévère horoscope du maî-
tre. Panseron, seul, soutint qu'ils se trompaient
tous deux. Cependant M. Audran n'avait plus le
moyen de continuer ses études à Paris : il revint
à Marseille^ attristé, mais non découragé, et se
remit au travail sous la direction dévouée d'É-
tienne Arnaud. En même temps, il se préparait
à affronter le public et se créait des sympathies
et des appuis, en faisant entendre dans le monde
des fragments d'opéras nouveaux. Ces occasions
n'étaient pas rares : car c'était une époque où la
musique dramatique était très-aiméeet le véri-
table art du chant très-cultivé à Marseille. Enfin,
en 1837, M. Audran débuta au grand théâtre de
cette ville dans le Chalet, la Dame blanche et
le Pré aux clercs; il fut accueilli avec faveur
par le public. L'année suivante il eut une audi-
tion à rOpéra-Comique, et alla remplacer au
théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le ténor Thé-
nard qui venait de mourir. Le jeune chanteur
avait à ce moment une voix franche et sympa-
thique , une éducation musicale à peu près
achevée, et ime diction chaleureuse. Il eut beau-
coup de succès , surtout en établissant le rôle
d'Horace du Domino noir, et employa utile-
ment son année, jouant beaucoup , apprenant
sans cesse de nouveaux rôles, et achevant de
se rompre à la scène. L'année suivante, il chan-
tait à Bordeaux, puis en 1840 et 1841, à Lyon.
Il avait encore une saison à passer dans cette
ville, quand Crosnier, ayant entendu parler de
lui, le fit venir à Paris, l'apprécia, et l'engagea
pour trois ans à l'Opéra-Comique. Il débuta à
ce théâtre en mai 1842, en jouant successivement
la Dame blanche, les Diamants de la Cou-
ronne et le Chaperon rouge. Adolphe Adam,
qui avait beaucoup contribué à son engagement,
écrivit pour lui un rôle charmant dans le Roi
d'Yvetot. A ce moment, la prédiction de Che-
rubini se trouvait complètement démentie : Au-
dran était soliste à la Société des concerts du Con-
servatoire, et membre du jury à ce même Con-
servatoire d'où cinq ans auparavant il avait été
éloigné." 11 resta dix ans à l'Opéra-Comique, et y
fournit une brillante et laborieuse carrière. On
peut dire que son succès y a été interrompu.
Son rôle, déjà très-actif avant le départ de Ro-
ger, s'élargit encore quand cet artiste quitta l'O-
péra-Comique pour passer à l'Opéra, et son nom
est resté attaché à bien des créations qui ont
marqué dans l'art lyrique français. En voici la
liste : Le Roi dYvetot, d'Ad. Adam; Angé-
lique et Jfédor, d'Amb. Thomas ; le Ptiits d'A-
mour, de Balfe ; le Mousquetaire et le Con-
seiller, de Bousquet; Sultana, de Bourges; La
Sirène, d'Auber ; la Cachette, de Boulanger ; la
Charbonnière, de Montfort; la Sérafina, de
Clemenceau SI- Julien; le Bouquet de V Infante,
AUDRÀN — AUDUBERT
33
de Boieldieu fils ; Ne Touchez pas à la Reine,
de X. Boisselot; Haydée, d'Auber (rôle d'An-
dréa) ; le Val d'' Andorre, d'Halévy ; Gïralda,
d'Ad. Adam ; la Fée aux roses, d'Halévy ; Ma-
delon, de Bazin ; la Chanteuse voilée, de V.
Massé; Oreste et Pylade, do Thys; enfin (au
Théâtre-Lyrique, après sa sortie de l'Opéra-Co-
mique), la Demoiselle d'honneur, de Semet;
el Christophe Colomb, de Félicien David.
Le nombre des ouvrages qu'il reprit est si
grand qu'il est impossible de les mentionner
tous. On peut pourtant signaler parmi les plus
intéressants : Jean de Paris, Cendrillon, le
Chaperon rouge, Marie, une Folie, le Mule-
tier, Fra Diavolo , le Postillon de Lonju-
meau. Il joua ces deux derniers aussitôt après
Chollet.
En 1852, à la suite d'un désaccord avec la di-
rection Perrin, M. Audran quitta l'Opéra-Comique
et vint donner des représentations à Marseille,
où il fit monter la plupart des opéras qu'il avait
créés. De 1853 à 1856, il chanta à Marseille,
puis à Bordeaux, et, en 1857, retourna à Paris oii
il créa au Théâtre-Lyrique un rôle dans la De-
moiselle d^honneur, de Semet. Pendant les
quatre années qui suivirent, il fit de brillantes
tournées en province et à l'étranger, puis, à la
suite d'une sérieuse maladie, vint définitive-
ment se fixer à Marseille, en 1861. Deux ans
plus tard, il fut nommé professeur au Conserva-
toire de cette ville, où il est encore, et où il
dirige les classes de chant et de décl.nnlion
lyrique. Il a formé de nombreux élèves, parmi
lesquels on peut citer M"" Artot, Praud, Tri-
chon, MM. Mayot, Aumerat, Dauphin, qui ont
suivi la carrière dramatique, ou se sont voués à
l'enseignement.
Cet artiste distingué, qui a rendu tant de ser-
vices à l'art musical, comme chanteur et comme
professeur, a aussi composé beaucoup de mélodies
d'une inspiration gracieuse et facile. Les plus
connues sont : La Colombe du soldat, le Va-
gabond, Marguerite (avec P. Dupont), le
Guide des montagnes, Vous pleurez d'être
heureux, les Œufs de Pâques, l'Amandier
fleuri, etc., etc. Ces romances ont été publiées
à Paris, Bruxelles, Lyon et Marseille.
Al. R-d.
AUDRAN (Edmond), fils du précédent, est
né à Lyon le 11 avril 18 i2. Il fit ses études à
Paris jusqu'à l'âge de l'i ans, et les abandonna
pour entrer à l'École Niedermeyer qui venait
d'être fondée. Il y obtint successivement un ac-
cessit d'orgue, un accessit d'Iiarmonie, un piix
de piano, et, en 1859, le prix de composition. En
186 Ij il vint, avec son père, se fixer à M;irseille
BIOCR. VMV. DIÎS MUSICIENS. SLPPL.
T. r
où il réside encore, et où il est maître de cha-
pelle à l'église St-Joseph. En 1862, il fit jouer au
Grand-Théâtre de cette ville un petit opéra inti-
tulé l'Ours el le Pacha, dont le poëme n'était
autre que le vaudeville de Scribe transformé, et
qui eut cinq représentations. Deux ans après, il
donna au même théâtre la Chercheuse d''es-
prit, opéra en un acte d'après Favart, qui ob-
tint du succès, et où on remarqua notamment un
charmant duettino. Plusieurs morceaux de cet
ouvrage ont été publiés à Marseille par l'éditeur
Carbonel. A l'occasion de la mort de Meyerbeer,
i! écrivit une marche funèbre qui fut également
exécutée au Grand-Théâtre dans une solennité de
circonstance. En 1866, il fit représenter, toujours
à Marseille, mais cette fois, au Gymnase, la
Nivernaise, opéra en un acte, qui eut onze re-
présentations, puis, en 1868, le Petit Poucet,
opérette en trois actes , qui fut accueillie moins
favorablement par le public. En 1873, M. Ed. Au-
dran a faitentendre à l'église Saint-Joseph, à Mar-
seille, puis à Saint-Eustache, à Paris, une messe
pour soli, chœurs et orchestre qui dénote un
sensible progrès dans son talent. Il y a dans
certaines parties, le Kyrie, VAdoro te supplex,
VAgnus Dei, un sentiment mélodique distingué,
des harmonies ingénieuses, et l'entente des ef-
fets.
On connaît encore de cet artiste divers motets
inédits, une mazurka et une romance sans pa-
roles pour le piano, une valse chantée et une
romance rustique, publiées chez Carbonel, à Mar-
seille; 2 mélodies pour la voix, chez Sylvain
St-Étienne, à Paris ; une valse pour le piano, six
mélodies, chansons ou sérénades, chez Langlois ;
enfin chez Pépin frères, à Marseille, Petits Oi-
seaux, romance qu'il a écrite pour être inter-
calée dans une féerie et qui a eu de la vogue.
Al. R-d.
AUDUBERT (Jules), professeur de chant
à Paris, a publié récemment .sous ce titre : l'Arl
du chant, suivi d'un traité de maintien théâ-
tral, avec figures explicatives (Paris, Brandus,
1876, in-8), un ouvrage remarquable, neuf à
beaucoup de points de vue, et dans lequel on
regrette seulement que l'auteur semble vouloir
faire passer en seconde ligne, dans l'éducation
d'un chanteur, l'étude si absolument indispen-
sable du solfège. Cette remarque faite, on ne
peut que louer le professeur de ses excellents
préceptes et de son respect pour un art malheu-
reusement bien déchu aujourd'hui de son an-
cienne splendeur, et à la décadence duquel on
doit en partie la crise qui sévit depuis si long-
temps sur les scènes lyriques de l'Europe en-
tière.
3
34
AUER — AZEVEDO
AUEll (Léofold), violoniste liongrois fort
dislingup, né vers 1846, a fait son éducation
musicale à Vienne , et devint ensuite élève de
M. Joacliim. Dès 1863, il se (it entendre avec
grand succès à Londres, dans les concerts de
l'Union musicale, s'y produisit de nouveau l'an-
née suivante, et y retourna encore en 1873. Le
jeu de cet artiste se fait remarquer par une so-
norité puissante, un excellent mécanisme, beau-
coup de feu et d'expansion, enfin par un grand
sentiment passionné et une rare faculté d'ex-
pression. Depuis plusieurs années déjà M. Auer
est fixé à Saint-Pétersbourg, où il exerce Icsfonc.
lions de professeur au Conservatoire, de maître
de concert et de violon solo au tbéàlre impérial.
* AULETTA (Pierre). A la liste des ou-
vrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter les deux opéras suivants : 1° Il Marchese
Sgrana, Napk's, Ib. Nuovo, 1738: 2" VAmor
costanle, iXaples, tb. des Fiorenlni, 1739.
AUiVE (Â.-J.-B.), instituteur et cliantre à
MaroUes (Calvados), a publié on ISGi une Mé-
thode pour apprendre facilement le nouveau
plain-chanl (Caen, Poisson, in-S"), bon ou-
Trage dont il a été fait plusieurs éditions.
J. C z.
AUTERl-MAXZOCCIII (Salvatore) ,
jeune compositeur italien, a débuté par un coup
d'éclat en donnant au tbéàlre de la Pergola, de
Florence, dans les premiers mois de 187.=i, un
opéra intitulé Dolores, qui a obtenu un très-
grand succès. Fils d'une cantatrice fameuse en
Italie, M"'" Manzoccbi , M. Auteri-Manzoccbi
n'avait d'abord cultivé lamusi(pie qu'en amateur,
et des revers de foitune l'ont seuls forcé à clier-
cber une ressource dans l'exercice d'un art qu'il
n'avait éludié que pour son agrément. Il tra-
vailla sérieusement alors, d'abord à Palerme, sous
la direction de M. Platania, puis à Florence,
avec M. Mabellini. C'est dans cette dernière
ville que devait être représenté son premier ou-
vrage, Hlarcellina, et celui-ci était en pleines
répétitions lorsque la maladie d'un artiste cbarj^é
d'un des rôles les plus importants en empêclia
l'apparition. M. Auleri, sans se décourager, s'at-
tacba alors à un second ouvrage, Dolores, dont
un de ses oncles, M. Micbele Auleri -Pomar, qui
est à la fois sculpteur de beaucoup de talent et
poète dramatique babile, lui avait confié le livret.
Le jeune compositeur donna connaissance du rôle
principal à une cantatrice de grande valeur et
de grand renom, M™^ Galletti-Gianoli, et celte
artiste voulut aussitôt s'en charger. Dolores fut
donc jouée à la Pergola, et l'œuvre^ charmante
par elle-même et rendue plus aimableencore par
le merveilleux talent de .«a principale interprète,
remporta un succès éclatant. Elle fut reproduite
aussitôt à Milan, à Palerme, et dans d'autres
villes, et partout rencontra la même fortune.
« M. Auteri, m'écrit- on d'Italie, est une des plus
belles promesses de la jeune école italienne. Sa-
musique est facile, bien faite, claire, et elle a
pour principales qualités la faculté mélodique,
l'expression sentimentale et passionnée. Sicilien
comme Bellini, M. Auteri est un des musiciens
qui ressemblent le plus à ce maître. » M. Auteri
travaille en ce moment à un nouvel opéra, ?/ A'c-
griero, dont son oncle lui a encore fourni le
livret.
AYOLIO (..........), compositeur napolitain,
est l'auteur d'un opéra bouffe en 3 actes, Rosetta
la Giardiniera, qui a été représenté avec quel-
que succès, sur le théâtre Rossini, de Naples, au
moi? d'avril 1872.
AZEVEDO (Alkxis-J\cob), critique et écri-
vain musical, est né à Bordeaux le 18 mars
1813. Après avoir acquis avec son père la con-
naissartce des premiers principes du solfège, il
enireprit l'étude du violon, puis celle de la llùte.
Au mois d'octobre 1832 il vint à Paris, et passa
quelque temps, au Conservatoire, dans la classe
de Tulou, tout en Aiisant partie de l'orchestre
de quelques théâtres secondaires, tels que l'Am-
bigu, le Cirque et les Folies-Dramatique.s. Bientôt
il quitta la musique pour les affiiires, puis y
revint, au bout <le quelques années, pour s'oc-
cuper de critique. Il donna d'abord quelques ar-
ticles au Siècle, à la France musicale, puis,
vers 1846, fonda lui-même un journal spécial, la
Critique musicale, qni n'eut qu'une existence
éphémère. Après avoir passé à la Presse, il
entra comme feuilletoniste musical à VOpinion
nationale, et y resta depuis 1859, époque de la
création de cette feuille, jusqu'en 1870. C'est là
surtout que M. Azevedo a donné carrière à son
tempérament batailleur, recherchant avec ardeur
les polémiques, frappant d'estoc et de taille, à
tort et à travers, et s'inquiétant peu d'avoir rai-
son pourvu qu'il criât fort et qu'il fit beaucoup
de bruit. Il serait injuste de ne pas convenir
pourtant que sur certains points de Ihistoire de
la musique il a souteuu avec succès quelques
discussions.
Malheureusement, et en ce qui concerne la-
critique des œuvres et des artistes, M. Azevedo
était doué de deux grands défauts : d'une part,
son instruction musicale était complètement in-
suffisante et le mettait dans l'impossibilité de
recourir à toute espèce d'éluile analytique, sans
laquelle il n'est point de critique sérieuse et va-
lable; de l'autre, passionné à l'excès, il ne re-
connaissait qu'un genre de musique, restait
AZEVEDO
35
complètement sourd aux beautés répandues
dans les œuvres qui ne procèdent point de l'é-
cole italienne, et considérait comme ennemi qui-
conque ne pensait pas comme lui. Pendant vingt
ans M. Azevedo a déversé l'injure sur de grands
artistes tels que Moyerbeer, Berlioz, Halévy,
M. Gounod, les traînant aux gémonies, et pré-
férant à leurs chefs-d'œuvre n'importe quelles
platitudes signées d'un nom ultramontain. En ce
qui concerne les productions musicales, aussi
bien que leur interprétation, quand M. Azevedo,
qui est un néologisle forcené, avait parlé de l'é-
cole du civet sans lièvre, du casserolage, de
la braillardocralie, etc., il croyait avoir tout
dit et trouvait superflu de donner les raisons de
son mépris.
Tout le monde ne juge pas que ce soit tout à
fait ainsi que doive s'exercer la critique ; quel-
ques-uns pensent qu'elle doit être instructive, et
qu'elle ne perd rien de sa valeur à revêtir des
formes courtoises. Or, M. Azevedo traitait dé
Turc à More tous ceux qui ne partageaient pas
sa fureur contre certains artistes, son adoration
irraisonnée pour Rossini, dont il estimait les po-
chades de jeunesse à l'égal de Guillaume Tell ou
du Barbier, ou qui osaient soutenir que le sys-
tème Chevé est à la notation musicale ce que le
dessin linéaire est à la peinture. Il est vrai qu'à
force d'exagérations de toutes sortes, M. Azevedo
perdit assez rapidement son crédit, et qu'aujour-
d'hui il n'est plus guère question de toutes les
grandes batailles qu'il a livrées.
Voici la liste des productions de cet écrivain -.
1" Sur le livre inlilvlé : Critique et littérature
musicales de M. P. Scudo (Paris, 1852, in-12)-,
2° Félicien David, sa vie et son œuvre (Paris,
Heugel, 1863, gr. in-8'^ avec portrait et autogra-
phes) ; 3° G. Rossi7ii,sa vie et ses œuvres (Pa-
ris, Heugel, 1865, grand in-S" avec portraits et
autographes) ; 4° Sur un nouveau signe proposé
pour remplacer les trois clefs de la notation
musicale (Paris, Escudier, 1868, in-8°); 5° Dic-
tionnaire musico-humoristique, par le doc-
teur Aldo, membre de la Fourchette harmo-
nique et de plusieurs autres sociétés savan-
tes, précédé dhm avertissement par Alexis
Azevedo (Paris, Gérard, 1870, in 12), écrit en-
tièrement dû à M. Azevedo ; 6° M. Aimé Paris
et ses inventions, trois feuilletons de M.Alexis
Azevedo dans VOpinion nationale, 25 août,
l«''et8 septembre 1863 (Dieppe, impr. Delevoye,
s. d. [186.'i], in-8'') ; 7° la Transposition par
les nombres (Paris, l'auteur, in-8°).
M. Azevedo a collaboié au Ménestrel (où il a
publié d'abord, sous forme d'articles, ses deux
études sur Rossini et M. Félicien David), à VArt
musical, à la Politique universelle, au Soleil,
à la Réforme musicale , et h la Méloma-
nie. En 1874, il a publié un petit recueil critique
périodique , « les Doubles-croches malades,
petite revue bi-mensuelle de critique musicale »,
rédigé par lui seul et dont il a paru douze nu-
méros (1). ^
(i; Au moment où Je corrige les épreuves décide no
ticp, on annon;e la mort de M Azevedo, à Paris (2i dé-
cembre 1873;.
B
B. (Madame J. DE). Sous ces initiales, une
dame a publié en 1863 un Annuaire spécial
des altistes musiciens, i" année, 1863 (Paris,
77, Faubourg Poissonnière, in-12), livre conçu
sur un plan absolument défectueux et incom-
plet.
BABIC (Benko) naquit à Raguse au com-
mencement (lu seizième siècle. Musicien et re-
lijjjeu.v dominicain, il introduisit le premier le
chant grégorien dans son ordre.
Y.
BxVCCE (DojiEiMCo), célèbre chanteur ita-
lien, naquit à Crémone le 27 janvier 1549.
Y.
BACCELLI (le P. Matteo), compositeur
de musique religieuse, né à Lucqnes vers 1680,
fut maître de musique au séminaire de San-Gio-
vanni. Les registres de la Compagnie de Sainte-
Cécile de cette ville attestent que, de 1717 à 1734,
cet artiste écrivit pour la fête de la patronne de
cette Société plusieurs services religieux consis-
tant en messes, graduels , motets et psaumes à
quatre voix concertantes. On trouve aussi, dans
les archives du séminaire de San-Martino, un
Domine, un Dixit et un Magnificat à 4 voix,
avec accompagnement instrumental, de sa com-
position. Baccelli mourut à Lucques en 1756.
BACCHIiVI (Ces\re), compositeur, est
né à Florence en 1846, et fut élève de M. Ani-
chini pour le piano et l'harmonie, de M. Gio-
vacchino Giovacchini pour le violon , et de
M. Mabellini pour la composition. Ce jeune ar-
tiste a fait représenter en 1871 , à Florence, un
opéra intitulé il Quadro parlante, qui fut assez
bien accueilli. L'année suivante , il écrivit, en
société avec plusieurs autres jeunes composi-
positeurs, MM. De Champs, Fehci, Gialdini,
Tacchinardi et Usigiio, la musique d'une bouf-
fonnerie, la Secchia rapita (Florence, th. Gol-
doni, avril 1872). Enfin, M. Bacchini a donné
au théâtre Pagliano, de la même ville, le l4 fé-
vrier 1874, un opéra sérieux, la Cacciata del
duca d'Atene, qui fut très-froidement accueilli
du public.
BACCIIM (Maria), célèbre chanteuse ita-
lienne, douée d'une belle voix de contralto, na-
quit vers 1750 et mourut à Brème en 1782.
Y.
BACH (Samuel). Foye; Ferrière-le-Vaïer
(le marquis DE).
BACH (Otto), compositeur, né à Vienne en
1833, est actuellement directeur du Mozarleum
de Salzbourg. 11 a écrit des symphonies , de la
musique de chambre et des opéras, parmi lesquels
on cite Sardanapale et die Liebesprobe {VÉ-
preuve amoureuse). Y.
BADABZEWSKA (Thécla), pianiste dis-
tinguée et compositeur, née à Varsovie en 1838,
est morte en 1862. Elle a écrit plusieurs com-
positions pour son instrument , notamment une
Prière à la Vierge qui a eu du succès et qui est
connue par toute l'Europe.
Y.
BADEB (Daniel) , facteur d'orgues et de
clavecins , né en Allemagne dans la seconde
moitié du seizième siècle^ s'établit à Anvers, où,
dès les premières années du dix-septième siècle,
il fut reçu dans la corporation de Saint-Luc.
* BADIA (CuARLES-AtGusTiN ). Trois ora-
torios doivent être ajoutés à la liste des œuvres
de ce compositeur, tous tiois exécutés à la cha-
pelle impériale de Vienne : 1° la Clemenza di
Davide, 1703; — 2" San Romoaldo, 1704;
- 3° Santa Teresa, 1706.
* BADIA (Louis). Cet artiste a donné au
théâtre de la Pergola, de Florence, en 1851, un
drame lyrique intitulé il Conte di Leicester.
C'est sans doute cet ouvrage qui a été men-
tionné comme n'ayant eu qu'une seule repré-
sentation.
* BADIALI (Cesare), chanteur renommé,
était né vers 1800, et mourut le 18 novem-
bre 1865. C'est sur les conseils de Rossini,
de Sampieri et de Tadolini qu'il avait aban-
donné la carrière administrative pour em-
brasser celle du théâtre. Il ne parcourut pas
seulement l'Autriche et l'Italie, l'Espagne et le
Portugal, mais se fit entendre encore avec suc-
cès à la Havane, à Mexico, à New- York, à Phi-
ladelphie, à Boston, à la Nouvelle-Orléans, à
Paris, à Londres , à Manchester, à Dublin, etc.
Il s'était, après plus de trente ans de triomphes,
retiré à Imola, mais avait consenti à quitter
momentanément sa retraite pour chanter à Pe-
saro, lors des fêtes qui eurent lieu en celte
ville pour l'inauguration de la statue de Rossini,
du vivant de celui-ci. Il mourut à Imola le 18
novembre 1865, et Rossini, en apprenant la mort
de son vieil ami Badiali, écrivit à son fils : «....
Vousavez perdu le meilleur des pères, et moi je
BADIALI — BAILLY
37
suis du même coup privé du plus cher de mes
amis, du plus vaillant de mes interprètes.... ->
B^DEKERL (Cu\rles), tromboniste,
mort à Berlin en 1849. On a de lui des danses
et des variations pour le trombone. Y.
ByENDER (Jean-Henri), virtuose sur le
basson et sur la contre-basse, né à Rœhrenfort,
dans la Hesse électorale, en 1785, a joui d'une
certaine réputation. Y.
B^UAIEL (Frédéric Henri) , violoniste
célèbre en son temps, né vers 1730 à Wurz-
bourg, mourut à Bamberg en 1796. Y.
BAGAUS (Charles), célèbre virtuose sur
la trompette, naquit à Berlin le 5 novembre
1799. On ignore l'époque de sa mort. Y.
BAGLIONCELLA (Francesca), musi-
cienne italienne, compositeur, naquit à Pérouse
et vivait au seizième siècle. Elle a écrit un grand
nombre de madrigaux. Y.
BAGUER (Carlos), compositeur et orga-
niste espagnol, surnommé Carlets par ses con-
temporains, était né vers 1768. Organiste de la
cathédrale de Barcelone, cet artiste , dont le ta-
lent paraît avoir été extraordinaire , a été oublié
par tous les biographes, de telle sorte que les
détails de sa vie sont absolument inconnus.
M. Baltasar Saldoni , le seul qui ait rappelé son
nom ( dans ses Efemérides de mûsicos espa-
fioles) , n'en a parlé que d'après les souvenirs
d'un de ses amis , Mateo Ferrer ( voij. ce nom ),
musicien fort distingué lui-même , qui avait été
l'élève de Baguer, et qui conservait pour lui une
admiration pleine d'enthousiasme. D'après Fer-
rer, Baguer était un organiste d'une nature et
d'une valeur absolument exceptionnelles , origi-
nal dans les idées , harmoniste accompli , fu-
guisle merveilleux , possédant une exécution ra-
pide et supérieure, et tirant de son cerveau
des mélodies enchanteresses , toujours emprein-
tes du plus pur sentiment religieux , en un mot
un artiste dont on ne pouvait expliquer et com-
prendre le talent sans l'avoir entendu , et supé-
rieur à tout ce qu'on pouvait imaginer. Je laisse,
bien entendu, à Ferrer, la responsabilité de ses
assertions ; mais, en admettant même que son
admiration fût quelque peu exagérée, on ne peut
considérer comme un artiste ordinaire celui qui
laisse une telle impression dans l'esprit de ceux
qui ont été à même de l'entendre et de l'appré-
cier. Il n'en est que plus regrettable de consta-
ter qu'un tel artiste n'ait laissé qu'un souvenir
fugitif, et que son nom soit pour ainsi dire perdu
pour l'histoire de l'art. Je crois qu'il ne reste
rien des œuvres composées pour l'orgue par Ba-
guer, que M. Soriano Fuertes, dans son Historia
de la Mûsica espaùola , dit être l'auteur d'un
oratorio intitulé la Muerte de Abel. Baguer
est mort à Barcelone , le 29 février 1808 , à l'âge
de quarante ans seulement.
BAILLE (Gabriel), compositeur, directeur
du Conservatoire de Perpignan, a publié pour
divers instruments des compositions dont le
nombre s'élève à plus de cinquante. Parmi ces
compositions se trouvent, outre divers morceaux
de genre pour piano, une série de pièces élé-
mentaires et progressives pour deux violons por-
tant pour titre École concertante de violon
(Paris, Brandus). M. Baille publie aussi un re-
cueil permanent, intitulé : Piccludium, recueil
de musique pour orgue. Cette collection, dont
il paraît chaque année deux livraisons, en compte
déjà sept.
BAILLET ( ) , est auteur d'un opus-
cule ainsi intitulé : Musique en lettres , idée
sur l'étude de la musique vocale, ou Exposé
d'une méthode nouvelle (Toulouse, 1864,
in- 8°).
'*^ BAILLOT (PierreM.\rieFr4nçois de
Sales). On a publié en 1872 un écrit posthume
de ce grand artiste, ainsi intitulé: Observations
relatives aux concours de violon du Conser-
vatoire de musique (Paris, Didot, in-8° de
34 pp. ). On doit signaler aussi les deux notices
suivantes, dont Baillot était l'objet : 1° Baillot ,
par Ad. Guéroult ( Paris, s. 1. n. d. [Extrait de
la Gazette musicale] , in-8° de 7 pp. ) ; 2° Hom-
mage à la mémoire de Baillot , discours pro-
noncé par M. D. Tajan-Rogé à la soirée musi-
cale qui a eu lieu dans la petite salle du Con-
servatoire national de musique le 4 avril 1872 ,
pour l'inauguration de la statuette en bronze de
Baillot (Paris, Le Chevalier, 1872, in-12). En-
fin il faut mentionner encore , pour ceux qui
voudraient se renseigner d'une façon complète
sur l'admirable violoniste, la notice publiée dans
les Annales de l'Académie des Beaux-Arts
(t. XII ) par M. Charles du Rozoir, et celle pu-
bliée en 1872, dans le Ménestrel, par M. Ar-
thur Pougin.
BAILLOT (René-Pacl), fils du précédent,
est né à Paris le 23 octobre 1813. Après avoir
travaillé le violon avec son père , il se livra à
l'étude du piano, sous la direction de Desor-
mery et de Pleyel. Use consacra ensuite à l'ensei-
gnement, et publia un certain nombre de compo-
sitions pour le piano. En 1848 , M. René Baillot
devint professeur de la classe d'ensemble ins-
trumental au Conservatoire , classe créée pour
lui , mais dont il ne fut pourtant nommé titu-
laire que le 1"" janvier 1851.
* BAILLY (Henri de), surintendant de la
musique de Louis XIII. On trouve des notes in-
38
BAILLY — BALBI
téressantes sur la famille de cet artiste dans
l'écrit de M. Tli. Lhuiliier : Note sur quelques
musiciens dans la Brie ( Meaiix , typ. Carro ,
1870, in 8°).
Je crois que cet artiste ne faisait qu'un avec
Bailly, chanteur et joueur de luth de Louis XIII
enfant, très fréquemment cité par JeanHéroard
dans son Journal sur Venfance et la jeunesse
de Louis XIII. BaiMy, qui jouait aussi de la lyre,
endormait le soir le jeune prince au son de sa
musique, que pourtant celui-ci écoutait avec un
vif plaisir.
* BAJETTI (Jean), compositeur, ancien
maestro concertaiore du théâtre de la Scala au
temps de la Pasta et de la Malibran, est mort à
Milan le 28 avril 1876. A la liste des ouvrages de
cet artiste, il faut joindre le ballet de Faust (Mi-
lan, Scala, 12 février 1848), dont il écrivit la
musique conjointement avec Coster et Panizza.
BALAIÎIREFF (M ), compositeur
russe contemporain , a écrit pour le drame de
Sliakspeare le Roi Lear une partition qui com
prend une ouverture, une marche et quatre
entr'actes, et qui a été publiée chez l'éditeur
Bessel, à Saint-Pétersbourg. M. Balakireff a pu-
blié aussi un arrangement pour deux pianos d'un
quatuor de Beethoven.
BALAR T (Gabkiei,), compositeur espagnol,
est né à Barcelone le 8 juin 1824. Il commença
l'étude de la musique dans sa patrie, dès ses
plus jeunes années, puis vint à Paris pour com-
pléter son éducation. De retour en Espagne en
1832 , il se fit connaître d'abord par la publica-
tion d'un certain nombre de pièces de musique
vocale et instrumentale, et écrivit aussi quelques
zarzuelas, qui furent généralement bien accueil-
lies. Parmi les ouvrages de ce genre de M. Ba-
lart, je citerai les suivants , qui seuls sont venus
à ma connaissance : 1° Uîi Rapacin de Can-
daSf un acte, Barcelone, août 18G6; 2" los Guar-
dias del Rey de Siam, id., id., 3" el Tulipan
de los Mares ; 4" Amor y Arte. M. Balart a été
chef d'orchestre des principaux théâtres de Bar-
celone et de quelques-uns de Madrid.
* BALBI (Melchioiî). L'auteur de la B/oyra-
phie universelle des Musiciens a été évidem-
ment trompé, au sujet de cet artiste, par de
faux renseignements. Voici ceux que je trouve sur
M. Baibi dans l'intéressant Annuario générale
delta Musica de M. Caputo ( voy. ce nom) pour
1875.
M. BaIbi est né à Venise, de famille pa-
tricienne, le 4 juin 1796. Son père s'étant ré-
fugié à Padoue' par suite des événements poli-
tiques, le jeune homme étudia le piano et
l'orgue d'abord avec Alessandro Nini, puis
avec Gaetano Valeri , el fit ensuite une élude
sévère des partimenti, de l'harmonie et de
la fugue avec Antonio Calegari. Nommé , en
1818, maestro concerlatore dans les deux
théâtres, il conserva cet emploi jusqu'en 1853,
époque à laquelle il fut nommé maître de cha-
pelle de la basilique de Sanl'Antonio. Élu , en
1868, académicien correspondant de l'Institut
musical de Florence , il écrivit trois Mémoires
sur la question posée par cette académie : « s'il
est possible et pratique d'inventer un système
d'harmonie fondé sur la division de l'octave en
douze demi-tons. » Aux trois Mémoires l'acadé-
mie répondit par trois délibérations dans les-
quelles elle félicitait M. BaIbi et l'encourageait
à poursuivre et à conduire à terme la tâche qu'il
avait entreprise. A la suite de ce fait , M. Balbi
fut nommé chevalier de la couronne d'Italie et
élu membre d'un grand nombre de sociétés ita-
liennes et étrangères.
Outre une messe solennelle et une messe de
Requiem exécutées à Saint-Antoine de Padoue ,
la première en 1831 , la seconde en 1869 ,
M. Balbi en a produit une troisième (le 8 dé-
cembre 1871), pour chœurs, orchestre , et qua-
tre orgues. Comme théoricien, cet artiste a pu-
blié : 1° Sistema armonico d'Antonio Calegari,
avec notes et appendice de Melchior Balbi ( Mi-
lan, Ricordi, 1829); 2° Grammatica ragionata
délia musica sotto Vaspetto di lingua (i845);
3° Auova Scuola basala sul sistema semi-
tonato equabile , T' partie ( Milan , Vismara ,
1872). Quanta l'ouvrage dont M. Balbi aurait
été l'éditeur posthume, Trattato armonico
di Antonio Calegari, Fétis a fait évidemment
à son sujet une double confusion , dont on peut
se rendre compte en lisant les trois noiices qu'il
a consacrées à François-Antoine Calegari,' k
Antoine Calegari et à M. Melchior Balbi.
Dans la première, il attribue cet ouvrage à
François-Antoine Calegari , et dit qu'il fut pu-
blié fort longtemps après sa mort, en 1829, par
M. Balbi ; dans la seconde, il fixe la mort d'An-
toine Calegari au 22 juillet 1828; enfin, dans la
troisième , il attribue le même ouvrage à
M. Balbi, qui aurait exposé lui-même la mé-
thode de son maître Antoine Calegari dans l'é-
crit en question, et qui l'aurait laissé manuscrit
à sa mort, arrivée en juillet 1828, de telle façon
qu'on l'aurait publié l'année suivante. Or, on peut
saisir la confusion par le rapprochement des
dates, dont une est fausse, puisque M. Balbi est
encore vivant. Voici ce qui me semble devoir
être la vérité -. le Trattato del sistema armonico
est d'Antoine Calegari et non de François-An-
toine Calegari; cet artiste l'aura laissé inédit à
BALBI — BALTHASAR-FLORENCE
39
-sa mort , le 22 juillet 1828 , en chargeant son
élève, M. Balbi , de le publier; enfin, celui-ci se
sera ponctuellement acquitté de ce si)in. On voit
combien la lumière est difficile à faire en ma-
tière d'histoire , et à quel point un faux rensei-
gnement peut engendrer d'erreurs.
BALDI (JoÂo-JosÉ), musicien portugais, est
né à Lisbonne de parents italiens établis depuis
longtemps en cette ville. En 1781, à peine âgé
de onze ans, il entra au séminaire patriarcal,
d'où il sorlit au mois de septembre 1789 pour
aller occuper la place de maître de chapelle à la
cathédrale de Guarda; il fui ensuite appelé à
Lisbonne, et nommé organiste de la chapelle
du palais royal de Bemposta. Il a écrit une grande
quantité de musique d'église , à laquelle on ac-
corde du mérite; on cite surtout une Litania
■en la , comme particulièrement remarquable.
J. DE V.
* BALFE (MicnEL-GmLLu:MEB.\LPH, dit)
est mort le 21 octobre 1870, à sa maison de cam-
pagne de Rowney-Abbey. Au répertoire drama-
tique de ce compositeur, si populaire en Angle-
terre , et qui d'ailleurs, s'il manquait d'originalité,
était loin de manquer de talent, il faut ajouter
les opéras suivants, représentés à Londres :
the PurUcui's daughter (1861), ihe Armurer
of Nantes iiS63), Blanche de Nevers (18G3),
la Rose de Casdlle, et Bianca, la Fiancée du
Bravo.
Une fille de cet artiste , cantatrice d'un talent
remarquable , élève de son père , avait débuté
avec succès à Londres, le 28 mai 1857, dans le
rôle d'Amina de la Sonnambula. Mariée, peu
d'années après, à sir John Crampton, dont elle
se sépara en 1863 à la suite d'un procès étrange
et qui eut un grand retentissement, elle épousa
en secondes noces un noble Espagnol , le duc
de Prias. La duchesse de Prias mourut jeune, à
Madrid, peu de mois après son père, en janvier
ou février 1871 (1).
BALIUS Y VILA(Jaisie), compositeur es-
pagnol, vivait dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. On ignoi e le lieu et la date de sa
mort, et l'on sait seulement que vers 1780 il rem-
plissait les fonctions de maître de chapelle de la
cathédrale de Gerona, fonctions qu'il occupa
plus tard à Cordoba et au monastère de l'Incar-
nation, de Madrid. Cet artiste s'est fait connaître
par de nombreuses composilions religieuses ,
parmi lesquelles on remarque surtout ses La-
mentations pour le jeudi-saint, ainsi queTliym-
(1) L;i veuve ducompnsi'eur Palfe a fait don an Bri-
Ush miiseiiin, de Londres, des manuscrits autographes
•de toutes les œuvres publiées de son raarl.
ne : Dcus tuorum militum, qu'il écrivit pour
le concours de la maîtrise de Cordoba.
BALLARD, joueur de lutli dislingui-, fut le
maître de Louis XIII, alors dauphin de Prancc,
pour cet instrument, ainsi qu'on le voit dans le
Journal de Jean Iléroard sur Venfance et
la jeunesse de Louis XIH, lequel dit, à la
dale du T"^ septembre 1612, en parlant du jeune
prince : « Il commence à apprendre à jouer du
luth par Ballard. » Il me semble que cet artiste
pourrait bien être Pierre Ballard, fils du chef
de la dynastie des imprimeurs de musique de ce
nom, qui succéda à son père comme seul impri-
meur de la musique de la chambre, chapelle
et menus-plaisirs du roi. On peut supposer
aussi qu'il est l'auteur ou du moins l'arrangeur
du recueil publié par lui, en 1617, sans nom
d'auteur et sous ce titre : Airs de différens
auteurs, mis en tablature de luth.
BALLICOl]RT( ),composileur et flû-
tiste français du dix-huitième siècle, a passé sa
vie en Angleterre , où son talent de virtuose
était estimé, ainsi que ses compositions.
Y.
BALTHASAR • FLORENCE ( Henri
Mathias BALTHASAR, dit), compositeur belge,
est né à Arlonle 21 octobre 1844. Musicien dès
l'âge le plus tendre, il se produisit pour la pre-
mière fois en public à neuf ans, comme pianiste,
dans sa ville natale. Admis en 1857 au Conser-
vatoire de Bruxelles , il y fut élève de M. Au-
guste Dupont pour le piano, de M. Lemmens
pour l'orgue, de M. Adolphe Samuel pour l'iiar-
monie , de Fétis pour le contre-point et la fugue,
et obtint successivement tous les premiers prix
des cours qu'il suivait avec ces professeurs.
Marié en 1863 à M"'' Clémence Plorence, fille
d'un facteur de pianos dont il ajouta le nom au
sien, il alla , quelques années plus tard, s'établir
à JNamur comme dépositaire des produits de la
fabrique de son beau-père, ce qui ne l'empêcha
pas de se livrer avec ardeur à la composition et
de se produire souvent comme virtuose dans les
concerts. En 1868, il faisait exécuter aux Con-
certs populaires de Bruxelles une grande ouver-
ture dramatique; peu après, il donnait au lliéàtre
de la Monnaie , de cette ville, un opéra-comique
intitulé Une Croyance bretonne, et au Casino des
GaleriesSaiut Hubert une opérette en un acte, le
Docteur Quinquina. En 1870, il fait entendre
aux Concerts populaires des fragments symphoni-
ques, et exécute dans une séance donnée au
théâtre de Namur un grand concerto sympho-
niquc pour piano et orchestre, qui lui vaut un
double succès de virtuose et de compositeur. En
1872, dans l'église du collège de la Paix, de la
40
BALTHASAR-FLORENCE — BANIÈRES
même ville, il produit une messe solennelle pour
chœur et orchestre , dont l'effet est très grand ,
et successivement il fait entendre deux Bénédic-
tions et un Landate Dommian, également pour
chœur et orchestre. M. Balthasar-Florence, dont
le talent est très-goûté en Belgique , a écrit en-
core la musique d'un ballet en deux actes, non
représenté jusqu'ici, divers morceaux de carac-
tère pour le piano, un concerto pour la trom-
pette, un quintette pour instruments à cordes,
des fantaisies pour violoncelle, pour cor, etc.
Lors de l'exécution de sa messe solennelle à Na-
mur, une appréciation très-élogieuse de cette
œuvre parut dans le journal VAmi de V Ordre,
de cette ville, et fut ensuite publiée sous forme
de brochure : Messe solennelle de Balthasar-
Florence par le R. P. Louis Girod, de la com-
pagnie de Jésus (Namur, impr. Doux tils, 1872,
in 8"). Enfin, en 187 j, la municipalité de Lille
ayant mis au concours une cantate en l'honneur
de Notre-Dame delà Treille, pourvoi/, chœurs
et orchestre, et M. Balthasar ayant pris part à
à ce concours, il en fut proclamé vainqueur. Son
œuvre fut exécutée à Lille avec un véritable
succès, et fut l'objet de grands éloges.
tt BALVAiXSKY ( ), compositeur hon-
grois, a vécu vers la fin du siècle dernier et le
commencement de celui-ci. Il a écrit des duos
pour piano et violon. Y.
* BAMBLXI (Félix). A la liste, assez peu
nombreuse d'ailleurs, des œuvres de cet artiste,
il faut ajouter Suzanne, oratorio exécuté avec
succès au Concert spirituel , et deux livres de
chacun trois sonates pour jnano et violon (Pa-
ris, Leduc). Banibini, dont la vie fut obscure et
la carrière peu brillante , avait été cependant une
sorte d'enfant prodige, et voici ce qu'en disait
J.-J. Rousseau , dans sa Lettre sur la musique
française, à l'époque où, son père étant direc-
teur de la troupe de bouffons italiens qui don-
nait des représentations à l'Opéra, le petit Bam-
bini était l'accompagnateur de cette troupe : —
« Vous ressouvenez- vous, monsieur, d'avoir en-
tendu quelquefois, dans les intermèdes qu'on
nous a donnés cette année, le fils de l'entrepre-
neur italien, jeune enfant de dix ans au plus ,
accompagner quelquefois à 1 Opéra? Nous fûmes
frappés, dès le premier jour, de l'effet que pro-
duisait sous ses petits doigts l'accompagnement
du clavecin; et tout le spectacle s'aperçut, à son
jeu précis et brillant, que ce n'était pas l'accom-
pagnement ordinaire.... »
* BA^'DERALI (David). Dans son His-
toire du Conservatoire, Lassabathie , qui écri-
vait d'après les registres de cet établissement ,
où Banderali a été professeur, fixe Palazzo et le
15 janvier 1789 comme lieu et date de la nais-
sance de cet artiste. Je me borne à mentionner
le fait, n'ayant pas les moyens d'établir laquelle
a raison, de V Histoire du Conservatoire ou de
la Biographie universelledes'TMusiciens. Je dois
constater cependant qu'un compatriote de Ban-
derali, le docteur Francesco Regli, dans son Di-
zionario biografico , le dit né à Palazzolo le
12 janvier 1789. — La fille de cet artiste, chan-
teuse de goût et de style qui s'est fait une réputcf-
tion dans les concerts parisiens, a épousé un com-
positeur distingué, M. Barthe. (Foy. ce nom.)
BANESTRE (Gilbert), contrcpoinliste an-
glais qui jouit d'une grande renommée, floris-
sait vers 1490. ; = Y.
BANEUX ( ), artiste qui semble de-
voir être le père et le grand-père des deux vir-
tuoses cornistes mentionnés dans la Biographie
universelle des Musiciens , a écrit , en so-
ciété avec Navoigille, la musique de trois dra-
mes-pantonimes représentés au théâtre du Pa-
lais : 1° Naissance de la Pantomime (un acte,
1798) ; 20 V Héroïne suisse, ou Amour et cou-
rage (Irois actes, 1798) ; 3" l'Empire de la Fo-
lie, ou la Mort et l'Apothéose de Don Qui-
c/io/^<? (trois actes, 1799).
BAi\K (Jean-Charles-Henri), organiste et
compositeur de lieder, a vécu dans la dernière
moitié du dix-huitième siècle. En 1806, il était
encore organiste du Domchor de Magdebourg.
Y,
BANKS (Benjamin), chef d'une famille de
luthiers anglais, naquit en 1727 et mourut en
1795. Il s'était établi à Salisbury, et produisit
beaucoup de violons et de violoncelles, réussis-
sant surtout ces derniers. Quelques-uns de ses
instruments sont marqués en plusieurs endroits
de ses initiales : B. B.; d'autres portent son éti-
quette , avec ses nom et prénom en toutes let-
tres et la date de leur fabrication. Benjamin
Banks , qui est considéré en Angleterre comme
un des premiers luthiers de ce pays, copiait prin-
cipalement Nicolas Amali. Son vernis, très-beau,
se reconnaît facilement.
BANKS (Benjamin), fils du précédent, na-
quit au mois de septembre 1754, et mourut en
1820. Il travailla longtemps avec son père à Sa-
lisbury, puis alla se fixer à Londres.
BANKS (James et Henry), second et troi-
sième fils de Benjamin Banks 1", continuèrent en-
semble les affaires de leur père après la mort de
celui-ci, et quittèrent plus tard Salisbury pour
aller s'établira Liverpool. Les instruments signés
de leurs deux noms sont estimés en Angleterre.
BANIÈRES (Jean), savant français, vivait
dans la première moitié du dix-huitième siècle.
BANIÈaES — BARBEDETTE
41
On a de lui un Traité physique de la lumière et
des couleurs, des sons et des différents tons,
qui a été inséré dans le Journal des Savants
de 1737. ^'•
BAPTISTA (leFr. Francisco), compositeur
portugais du dix-septième siècle, est né à Campo-
Maior, dans la province d'Alemtejo. Il eut pour
maître le célèbre Antonio Pinlieiro, et jouissait
vers lemilieu dudix septième siècle (1620-1G60)
d'une telle réputation qu'il fut appelé à Cor-
doba (Espagne) en qualité de maître de cha-
pelle d'un couvent de son ordre (Saint- Augus-
tin), Ses compositions, très-nombreuses, étaient
conservées dans la Bibliothèque de musique du
roi D. Jean IV.
J. DE V. i
BARBA (José), compositeur espagnol , na-
quit à Barcelone le 15 avril 1804. A l'âge de
huit ans il entra comme enfant de chœur dans
une église de sa ville natale , y fit toute son édu-
cation musicale sous la direction d'an artiste
nommé Francisco Sampera , et eut terminé ses
études au bout de dix années. En 182i, il devint
maître de chapelle de la cathédrale de Gerona ,
qu'il quitta , dans la même année, pour celle de
Valladolid , retournant bientôt à Gerona , où on
lui offrait un traitement plus considérable. En
1850, il passa en la même qualité à l'église de
de Santa-Maria del Mar de Barcelone, et con-
serva ses fonctions jusqu'en 1866. Cet artiste a
écrit un assez grand nombre de compositions re-
ligieuses pour les diverses chapelles qu'il a oc-
cupées.
BARBARA (Pierre-Henri), piani.ste et
compositeur de musique de piano, né à Orléans
(Loiret) le 28 avril 1823, mourut à Libourne (Gi-
ronde) le 9 mai 1S63.
Dès son enfance, le jeune Barbara ayant ma-
nifesté les plus heureuses dispositions pour le
piano, son père, luthier à Orléans, l'envoya à
Francfort-sur- le-Mein prendre des leçons d'Aloys
Schmitt, alors célèbre en Allemagne comme pro-
fesseur. Revenu dans sa ville natale en 1838,
Barbara y donna un concert qui lui procura de
suite de nombreux élèves de piano. Il continua
de suivre la carrière du professorat, fixant tour
à tour sa résidence à Montpellier, à Narbonne,
à Avignon , et finalement à Libourne où il réunit
une fort belle clientèle.
A partir de 1843^ Barbara commença à faire
paraître quelques morceaux de piano qui attirè-
rent de suite sur lui l'attention des dilettantes-,
une valse brillante (Bernard-Latte), Ondine,
étude de salon (Fleury), Amélie (Ravayre-Raver),
le Retour, et surtout Iduna, lêverie en forme
de valse (Colombier), obtinrent un succès de
vente considérable. Malheureusement , l'auteur
de ces œuvres distinguées, fort peu remuant de
sa nature, tout en composant toujours de temps
en temps , ne cherchait pas à publier ses pro-
ductions et à les faire valoir. Aussi n'a-t-il pas
paru de lui, en tout, plus de douze ou quinze mor-
ceaux de piano.
Henri Barbara était le frère cadet du roman-
cier Charles Barbara, l'auteur de VAssassinat
du Pont-Rouge et des Histoires émouvan-
tes (1). — Une notice étendue a été consacrée à
ce pianiste de talent dans le Progrès, Revue de
Bordeaux, q° du V mars 1867.
A. L— N.
BARBATI (Aniello), professeur et compo-
siteur, fils d'un riche commerçant, est né à Na-
ples le 4- septembre 1824, et n'étudia la musique
qu'au point de vue de son agrément , suivant un
cours d'harmonie avec Francesco Catugno , et
étudiant ensuite le contre-point et la composition
avec Salvatore Pappalardo. Des revers de fortune
vinrent l'obliger à utiliser des talents qu'il n'a-
vait acquis que par plaisir, et à vingt-deux ans
il se consacra à l'enseignement de, la théorie de
l'art. Cela ne l'empêcha pas d'écrire trois opéras,
qui furent représentés au théâtre Nuovo, de Na-
ples : la Bottega da caffè (1852), la Marchesa
e il Tamburino (mars 1857), el Maria la fioraia
(mai ! 859). On doit encore à M. Barbali un cer-
tain nombre de compositions jusqu'ici restées
inédites, ouvertures, messes, vêpres, etc., et ie
Quattro Stagioni , recueil de quatre soli pour
soprano, contralto , ténor et basse, avec accom-
pagnement de quatuor et de quelques autres ins-
truments obligés.
BARBEDETTE (H... ), amateur dis-
tingué de musique et écrivain musical , né vers
1825, a fait de fortes études littéraires et juridi-
ques, et n'a cultivé l'art qu'en vue de son agré-
ment. Devenu juge au tribunal de la Rochelle,
M. Barbedette , qui était en même temps prési-
dent de la Société philharmonique de cette ville
et à qui sa situation de fortune assurait l'indé-
pendance, s'est démis il y a quelques années de
ses fonctions de magistrat pour pouvoir se livrer
sans réserve à ses travaux favoris sur l'bistoire
de la musique et des grands hommes qui l'ont
illustrée. Pianiste exercé, il n'avait pas négligé
(1) Charles Barbara: qui était musicien lui-même, et
qui, dans ses Jeunes années, ava t appartenu à l'or-
chestre de différents théâtres de Paris, aimait beaucoup,
comme Hoffmann, à faire intervenir la musique dans ses
récits littéraires, ainsi qu'il le ûl notamment dans r.^j-
sassinat du Pont-Rouge et dans VEsquisse de la vie diin
virtuose. Né à Orléans en lS2ï,CUarlcs Barbini est
mori fou, à Paris, en 1?66. — A. P.
42
BARBEDETTE — BARBIER
l'élude de l'iiarmonie , et a mis au jour un cer-
tain nombre de compositions, parmi lesquelk's
un sextuor instrumental qui a été publié. De-
puis une quinzaine d'années, M. Barbedette a
publié dans le journal le Mcnesti\l plusieurs
•notices importantes sur de grands musiciens ,
particulièrement sur les maîtres de l'école alle-
mande, notices qui ont paru ensuite sous forme
de brochures. Dans ces travaux, M, Barbe-
dette a fait preuve d'un goût réel et d'un bon
sentiment musical ; on peut regretter toutefois
que les études qu'il a consacrées à d'illustres
artistes laissent à désirer, au point de vue bio-
graphique, en ce qui concerne l'abondance des
faits et la façon de les enchaîner. La littérature
allemande est si riche aujourd'hui en études bio-
graphiques, en recueils de correspondances, en
catalogues d'oeuvres publiées ou inédites , en
documents de toutes sortes sur les grands com-
positeurs d'outre-Rhin , que les écrivains étran-
gers à ce pays doivent se montrer particulière-
ment soucieux d'avoir recours à ces publications
si nombreuses, de puiser directement à ces
sources auxquelles on pourrait parfois reprociier
leur surabondance, mais dont il n'est pas permis
de ne tenir compte qu'à demi. Cette réserve
faite, on ne peut disconvenir que les travaux de
M. Barbedette sont intéressants. En voici la
liste: 1" Beethoven, esquisse musicale, la
Rochelle, Siret, 1859, in-S" [Beethoven, sa vie
et ses œuvres, 1'^ éAWÀKm, Paris, Heugel, 1870,
gr. in-8°avec portrait); 1" Chopin, essai de cri-
tique musicale, Paris, Lieber, '1861 , in- 8°
( f. Chopin, essai de critique musicale, V édi-
tion, Paris, Heugel, 1869, gr. in-8" avec portrait
et autographes) ; 3° Weber, essai de critique
musicale, Paris, Heugel, 1862, in 8° (Ch.-M.de
^yeber, sa vie et ses œuvres, 2'^ édition, Paris,
Heugel, 1874, gr. in 8° avec portrait et auto-
graphes) ; 40 F. Schubert, sa vie, ses œuvres,
son temps, Paris, Heugel, 1866, gr. in-8° avec
liortrait et autographes ; 5° Félix Mcndelssohn-
Bartholdy, sa vie et ses œuvres, Paris, Heu-
gel, 1869, gr. in-8'' avec portrait et autographes ;
6° Stephen Ueller, sa vie et ses œuvres, Pa-
ris, Malio, 1876, in-8 avec autographe.
Deux autres études de M. Barbedette, sur Haydn
et sur Gluck, insérées dans le Ménestrel , n'ont
pas encore été publiées à part.
* BARBELLA. (Emmanuel). Ce violoniste
fort distingué s'est essayé au mo'ms une fois
comme compo.siteur dramatique, et a écrit, en
société avec Logroscino , Elmira generosa,
opéra de demi-caractère qui fut représenté à Na-
<>Ies, sur le théâtre Nuovo, pendant le carnaval de
1753.
* BARBEUEAU ( Mathlrin-Augcste-
Balthasar), fut désigné après la mort d'Auber,
par M. Ambroise Thomas, le nouveau directeur
du Conservatoire, comme titulaire d'une des
classes de composition de cet établissement, mais
il échangea cette situation contre celle de pro-
fesseur de la chaire d'histoire musicale, qui ve-
nait d'être créée et dont il prit possession au
mois de février 1872. Malheureusement, il ne
réussit pas, malgré ses grandes et solides con-
naissances en cette matière, dans la lâche qui
lui était dévolue, le talent de la parole lui man-
quant absolument, et il dut céder la place à
M. Eugène Gautier, qui fut appelé à lui succéder.
Vers 1852 ou 1853, lorsque M. Seghers donna sa
démission de chef d'orchestre de la Société ^de
Sainte-Cécile, M. Barbereau le remplaça dans ses
fonctions, qu'il conserva jusqu'à la dissolution
de la Société. Je dois f.iire remarquer qu'avant
de remporter, en 1824, le premier grand prix de
composition musicale, M. Barbereau avait ob-
tenu le second prix en 1822, et une mention en
1820. En 1813, un second prix de violon lui
avait été décerné.
BARBIER (Frédéric-Etienne) , "composi-
teur, né à Metz (Moselle) le 15 novembre 1829,
fit ses études littéraires au collège de Bourges,
en même temps qu'il recevait des leçons de sol-
fège, de piano, d'harmonie et de contre-point de
Darondeau {V. ce nom), alors organiste de cette
ville. Son père, officier du génie, désirait le voir
entrer à l'École polytecbniqne, dont lui-même
avait été l'élève -, mais le gouvernement de 1848
ayant créé une nouvelle école, dite d'administra-
tion, le jeune Barbier préféra concourir pour
cette dernière, et y fut admis. Celte école ayant
été dissoute peu de mois après, il reçut comme
dédommagement des inscriptions de droit, et
commença ses éludes de droit. Mais la musique,
qu'il n'avait jamais abandonnée au milieu de
travaux d'un ordre bien différent, reprit bientôt
le dessus dans son esprit. M. Barbier, qui avait
déjà écrit et fait représenter à Bourges un petit
opéra- comique en un acte, le Mariage de Co-
lombine, songeait à se produire à Paris, sur
une scène musicale. Présenté par des person-
nages influents à [Séveste, alors directeur du
Théâtre-Lyrique, il fil à ce théâtre la connais-
sance d'Adolphe Adam, qui s'intéressa à lui, lui
donna d'abord des conseils, puis des leçons par-
ticulières, et enfin lui fit recevoir son premier
ouvrage, une Xuil à Séville, opéia-comique en
un acte joué au Théâtre-Lyrique le 14 septembre
1855 et très-favorablement accueilli. Deux mois
après, le 21 novembre, M. Barbier donnait au
même théâtre un nouvel ouvrage en un acte in-
BARBIER — BARBIERI
43
titulé Rose et Narcisse. Depuis lors, et dans
un espace de vingt années, il a fait représenter
sur toutes les petites scènes lyriques de Paris et
dans des cafés-concerts plus de soixante ou-
vrages plus ou moins importants, opéras-comi-
ques, opérettes ou ballets. On peut regretter que
M. Barbier, qui est bien doué au point de vue de
l'imagination, qui a de la verve et qui "sait
écrire, ait ainsi gaspillé ses forces sans profit
pour son nom, tandis qu'il aurait pu sans doute ,
avec un peu moins de fièvre et de hâte dans la
proluction, acquérir une situation plus en-
viable
Voici la liste des ouvrages dramatiques de ce
compositeur: Théâtre de Bourges. Le Mariage
de Colombine, un acte. — Théâtre-Lyrique.
Une Nuit à Sihille, un acte, 1855; Rose et
Narcisse, id., 1855. — Folies Nouvelles. Le
Pacha, un acte, 1858 ; Francastor, id.. M.; le
Page de 31>"e iMalbrough, id., id.; le Faux
Faust, parodie en trois actes, 1858 ; le Docteur
Tam-Tom, 1 acle, 1859. — Théâtre Déjazet.
Monsieur Deschalumeaux, deux actes, 1859; le
Grandroid'Yvetot,lrohac{es, 1851) ; le Loupet
V Agneau, un acte, 1869. ; Simon Terre-Neuve,
id., 18G3; Deux Permissions de dix heures,
id., 1864 ; Panneaux Airs, parodie en un acte.
— Théâtre DU Chalet des Iles (Bois de Boulo-
gne). Les Amours d'un shah, deux actes, 1861 ;
Flamberge au vent, un acte, 1861. — Folies-
Marigny. Versez, marquis, un acte, 1862; la
Cigale et la Fourmi, id., id.; la Gamine du
Village, id., 1863; les Trois Normandes, id.,
kl.; Achille chez Chiron, iil., 186i. — Théâ-
tre Saint-Germain. La Bouquetière de Tria-
non, deux actes, 1864. — Bouffes-Parisiens.
M>"e Pugmalion, un acte, 1863 ; Un Congrès de
modistes, un acte, 1865 ; Une Femme qui a
perdu sa clef, id., 1866. — Théâtre Interna-
tional (à l'Exposition de 1867). Gervaisc, un
acte, 1867. — Fantaisies Parisiennes. Les Oreil-
les de .Vidas, un acte, 1866 ; les Légendes de G a-
varni, trois actes, 1807 ; le Soldat malgré lui,
deux actes, 1868. —Folies-Bergère. ManVzelle
Pierrot, un acte, 1869. — Variétés, Mam'zelle
Rose, un acte, 1874.^ Concert de l'Eldorado.
Le Souper d'Arlequin ; Balladine et Casquen-
(cr ; un Mariage au gros sel ; Don Ferocio;
le Beau Chasseur; Fermé le dimanche; un
Procès en séparation; On demande îtn pi-
tre; un Souper chez la Contât; l'Acteur om-
nibus; un Lendemain de noce; la Bonne de
ma tante; une Cause célèbre; le Nez de car-
ton; le Coq est mort! la Nourrice d'Hercule;
Millionnaire ! les Points jaunes; M. l'Alcade;
Mam' Nicolas; le Champagne de ma tante
la Fermière et son garçon ; les deux Cho-
ristes ; Marion de rornje, parodie ; Lucrèce
d'Orgeat, id.; le Trésor de Cassandre, panto-
mime; les Cascades de Pierrot, id.; la Batte
enchantée, id. — Alcazar (Champs-Elysées).
La Fe'te de M>ne Denis; un Scandale à l' Al-
cazar; l'Orchestre des Danoises; les Piffe-
rari, ballet.
II. faut ajouter à tout cela : le Miroir, opé-
rette en un acte, non représentée, publiée dans
le Magasin des Demoiselles; la Veuve Om-
phale, id., publiée chez l'éditeur M. Vieillot; la
Chaumière indienne, opéra comique en un
acle, reçu naguère à l'Opéra- Comique et non re-
présenté ; Corinne, opéra-comique en trois actes,
et les Incroyables, opéra bouffe en trois acles,
non représenté; environ 300 duos, romances,
mélodies vocales , chansonnettes , de nombreux
morceaux de musique de danse pour le piano,
des marches de concert et des fantaisies pour
orchestre sur des motifs d'opéras, etc., etc.
M. Frédéric Barbier a été, en 1867, chef d'or-
chestre du Théâtre International, et il remplit
aujourd'hui les mêmes fonctions au concert de
l'Alcazar. Cet artiste s'est essiyé aussi dans la
critique, et a collaboré à quelques petits jour-
naux, enire autres r^ycnJr musical (1853), et
l'Indépendance dramatique.
BARBIERI (A.MERICO), théoricien, professeur
et musicographe italien, né dans la première
moitié de ce siècle, est mort à Milan au mois de
juillet 1869. Auteur d'une Scïe?i:a nuovadeW
armonia de' suoni, qui est plutôt un traité d'a-
coustique que de musique et dans lequel, à côté
d'aperçus assez heureux , d'idées parfois re-
marquables, on rencontre mainte utopie ex-
travagante, cet artiste avait entrepris la
publication d'une grande encyclopédie musi-
cale à laquelle il avait donné le titre suivant :
Dizionario ar/istico scientifico-storico-iecno-
logico -musicale, con nozioni di estetica, di
poesia epica, lirica e drammatica, e di quanta
collegasi colla nmsica (Miian, Giacomo Pirola,
in-8°). Il avait fait paraître à peine quelques li-
vraisons de cet ouvrage fort important, lorsqu'il
fut surpris par la mort. Celui-ci dut être repris
et continué par M. Giovanni Batlista Beretta. Je
n'ai pu me procurer de renseignements biogra-
phiques sur ce musicien instruit et laborieux.
BARBIERI (GiROLAMo), organiste et com-
positeur, né à Plaisance le 2 octobre 1808, étudia
dans sa jeunesse plu.Ueurs instruments, et ac-
quit une réelle habileté sur le piano et surtout
sur l'orgue. Il se livra d'abord à l'enseignement,
puis, à la suite d'un concours, devint organiste,
maître de chapelle et directeur de l'école de
BARBIERI
chant de Caravaggio ; au bout de cinq années,
et à la suite d'un autre concours, il passa en la
même qualité à Crémone ,1842), et enfin, en
1847, revint dans sa ville natale, où il se livra à la
composition de nombreuses œuvres de musique
religieuse et fit briller son beau talent d'organiste.
Parmi ses compositions, assez faibles en général, il
faut surtout citer le recueil qu'il a publié sous
ce titre : le Mois de Mai dédié à Marie, qui
renferme une suite de chansons spirituelles, mo-
tets ellitanies pour chaque jour du mois, à une,
deux et trois voix, avec accompagnement d'orgue
ou piano. Cet artiste mourut à Plaisance, le 4 juin
1871, à la suite d'une longue et douloureuse ma-
ladie. M. Giovanni Bianclii a publié sur lui une
notice biographique: Délia vita e délie operedi
Girolamo Barbieri, Plaisance, 1871.
* BARBIEIÎI (Charles, ou plutôt Louis de),
compositeur italien , était né à Gènes en 1822, et
avait été élève de Crescentini pour le chant et
de Mercadaiite pour la composition. Chef d'or-
chestre non-seulement à Berlin et à Vienne, mais
encore à Hambourg, à Brème, à Bio-Janeiro et
à Pesth, il avait fait jouer, outre Christophe Co-
lomb, deux autres opéras: Perdita ti Arabella,
et avait composé plusieurs messes. Ctt artiste
est mort à.Pesth le 29 septembre 1867.
* BARBIEIII (Francisco ASENJO),rundes
compositeurs espagnols les plus féconds, les plus
populaires et les plus distingués de l'époque ac-
tuelle, est né à Madrid le 3 août 1823. Après
avoir fait d'excellentes études littéraires et scien-
tifiques, s'être familiarisé avec les mathémati-
ques, la physique, la chimie, M. Barbieri, qui
devait d'abord embrasser la carrière de méde-
cin, puis celle d'ingénieur, se sentit pris un jour
d'un goût passionné pour la musique, dont il
avait commencé l'étude avec un musicien du
théâtre de la Cruz, nommé José Mayorito. 11
entra au Conservatoire de Marie-Christine, et là
travailla simultanément le piano avec Pedro Al-
beniz, la clarinette avec Ramon Broca, le chant
avec M. Baltazar Saldoni, et plus tard la com-
position avec Carnicer.
Lorsqu'il eut terminé ses études, M. Barbieri
se trouva seul à Madrid. Sa mère, veuve d'un
courrier de cabinet qui s'était fait tuer, un jour
de combat, en portant un pli important à un
général de l'armée libérale, s'était remariée et
avait quitté la capitale pour aller se fixer en
province. Réduit aux seules ressources qu'il
pourrait se procurer, le jeune musicien, qui avait
déjà le goût et le désir de se produire au théâ-
tre, dut commencer par chercher les moyens
d'assurer son existence, ce qui ne lui fut pas d'a-
bord très-facile. Premièrement, il s'engagea
comme clarinettiste dans le 5' bataillon de la
milice nationale ; mais, comme la solde n'était
que de trois réaux par jour, il prit en même
temps une place dans un théâtre, fit de la copie
de musique, joua dans les bals, donna des le-
çons de piano à dix sous le cachet, fit enfin ce
que font tous les jeunes artistes qui doivent ga-
gner leur vie tout en travaillant à leur avenir.
Bientôt il publie quelquas chansons et romances,
et devient choriste au théâtre du Cirque, où il
supplée le chef de chœurs. C'est alors qu'il écrit
le livret et la musique d'une zarzuela en ua
acte, Felipa, qui devait être jouée dans une re-
présentation extraordinaire donnée au bénéfice
des choristes de ce théâtre, mais qu'il ne put
terminer pour l'époque indiquée. Au bout de
quelque temps, M. Barbieri quitte Madrid et
s'engage comme chef de chœurs et souffleur
d'une troupe d'opéra italien qui allait exploiter
quelques villes du Nord de l'Espagne, Pampe-
lune, Vittoria, Bilbao; c'est dans cette troupe
qu'un jour, l'artiste qui devait jouer Basile du
Barbier de Séville se trouvant indisposé, il se
présente à sa place et chante le rôle à l'impro-
viste. Après cette première campagne, il en fait
d'autres dans les mêmes conditions, et visite
Murcie, Carlhagène, Almeria, Alicante.
De retour à Madrid en 1847, il écrit la mu-
sique d'un opéra italien en deux actes, il Buon
Tempo, qu'il fait recevoir an théâtre du Cirque,
mais qu'il ne peut parvenir à faire jouer. Bientôt
il est reçu dans une société qui se fonde dans le
but de provoquer à Madrid la création d'une
scène hrique espagnole, d'un théâtre de zarzue-
las, devient secrétaire de cette société, et est
chargé de la rédaction d'une foule de mémoires,
de projets, de communications de toutes sortes.
Intelligent, actif, laborieux, il était d'ailleurs
toujours prêt à saisir l'occasion de se produire.
C'est ainsi qu'il se charge de la traduction es-
pagnole d'un opéra italien de M. Arrieta, Ilde-
gonda, et qu'en 1849 il devient critique musical
du journal la ïhistracion. Tout cela ne l'em-
pêchait pas d'écrire de nombreux morceaux
pour les orchesties civils et militaires, et de
commencer sa réputation de professeur.
Enfin, l'année 1850 voit ses débuts de compo-
siteur dramatique. Il donne au théâtre des Va-
riétés son premier ouvrage, Gloria y Peluca,
zarzuela en un acte qui obtient un énorme suc-
cès et devient aussitôt populaire. Il fait suivre
cette aimable production de plusieurs petites
pièces du même genre, et enfin fait représenter,
le 6 octobre 1851, une grande zarzuela en trois
actes, Ju'jar con fiiego, qui est accueillie avec
enthousiasme et qui fait courir tout Madrid.
BARBIERI
45
Celle fois le compositeur est lancé, son avenir
artistique est assuré, et il devint l'un des zar-
zuelerox les plus aimés du public et les plus
recherchés des administrations. théâtrales. Dans
l'espace de vingt-cinq ans, il donne ainsi 60 ou-
vrage'^, dont 12 en coilaboration, ei écrit plus
de cent actes d'opéra-comique.
Voici la liste complète des productions drama-
tiques de M. Barbieri : 1" Gloria y Peliica, un
acte, th. des Variétés, 9 mars 1850 ; 2° Tramoya,
un acte, 27 juin 1850 ; 3° Escenas de Cfiamberi,
un acte ( en société avec MM. Oudrid, Her-
nando et Gaztambide), Variétés, 19 novembre
1850 ; 4° la Jacara , ballet en un acte avec
chœurs, Cirque, 15 mars 1851 ; 5° la Picaresca,
2 actes (avec Gaztambide), 29 mars 1851 ; 6"
Jugar con fuego, 3 actes. Cirque, 6 octobre
1851 ; 7° Por seguir à xma mujer, quatre actes
(avec MM. Oudrid, Inzenga et Gaztambide), id.,
24 décembre 1851 ; 8'^ la Hechicera, trois actes,
id., 24 avril 1852 ; 9" el Manzanares, un acte,
id., 19 juin 1852; 10" Gracias à Bios que esta
puesia la mesa, un acte, id., 24 décembre
1852 ; il° la Espada de Bernardo, trois actes,
id., 14 janvier 1853 ; 12° el Marqués de Cara-
vaca, deux actes, id., 8 avril 1853 ; 13° Z>o?iSim-
plicio Bobadilla, trois actes (avec Gaztambide,
MM. Hernando et Inzenga), id., 7 mai t833; 14°
Galanteos en Venecia, trois actes, id., 24 décem-
bre 1853; 15° un Dia de reinado, trois actes
(avec Gaztambide, MM. Inzenga et Oudrid),
id., 11 février 1854 ; 16° Aventura de un can-
iante, un acte, id., 16 avril 1854; 17° los
Diamantes de la Corona, trois actes, id., 15 sep-
tembre 1854 ; 18° Mis dos mujeres, trois actes,
id., 26 mars 1855, 19° los Dos Ciegos, un acte,
id., 25 octobre 1855 ; 20° el Vizconde, un acte,
id., 1" décembre 1855; 21° el Sargento Fede-
rico, quatreactes, id., 22 décembre 1855 ; 22° En-
tre dosaguas, trois actes (avec Gaztambide), id.,
4 avril 1856; 23° Gato por liebre, un acte, id.,
21 juin 1856; 24° la Zarzuela, un acte (avec
Gaztambide et M. Arrieta), th. de la Zarzuela
(pour l'inauguration), 10 octobre 1856 ; 25° el
Diabloen elpoder, trois actes, id., 11 décembre
1856 ; 26° el Relampago, trois actes, id., 15 oc-
tobre 1857 ; 27° Por Conquista, un acte, id.,
5 février 1858 ; 28" Amar sinconocer, trois actes
(avec Gaztambide), id., 24 avril 1858 ; 29° wn
Caballero particiilar, un acte, id., 28 juin
1858 ; 30° el Robo de las Sabinas, deux actes, id . ,
17 février 1859; 31° el I\'ino, un acte, id., 15
juin 1859; 32° Compromisos del no ver, un
acte, id., 14 octobre 1859; 33° Entre mi mujer
y el negro, deux actes, id., 14 octobre 1859 ; 34°
un Tesoro escondido, trois actes, id., 12 novem-
bre 1861; 35° los Herederos, un acte, id., 5
juin 1862 ; 36° el Secrelo de una Dama, trois
actes, id., 20 décembre 1862 ; 37° Dos Picho-
nes del Turia, un acte, id., 28 novembre 1863;
38° Pan y Toros, trois actes, id., 22 décembre
1864; 39° et 40° Gibraltar en 1890, un acte,
el Rabano parlas hojas, un acte, id., 22 jan-
vier 1866; 41° Revista de un muerto, juicio
del ano 1865, un acte (avec M. Rogel), 3 fé-
vrier 1866; 42° De tejas arriba, un acte, th.
des Variétés, 22 décembre 1866 ; 43° el Pavo
de Aavidad, un acte, id., 24 décembre 1866;
44° el Pan de la boda, deux actes. Cirque, 24 oc-
tobre 1868; 45° el Soprano, un acte, Zarzuela,
23 février 1869 ; 46" la Maya, trois actes, th. del
Priiicipe, 12 octobre 1869, 47" 7îo6m.so«, trois ac-
tes. Cirque, 18 mars 1870 ; 48» los Holgazanes,
troisactes, Zarzuela, 25marsl871 ; 49''et50°Z)ort
Pacifico, un acte, el Hombre es délil, un acte,
id., 14 octobre 1871 ; 51° e^ Tribulo de lascien
Doncellas, troisactes, id., 7 novembre 1872 ; 52°
SMCûoscfeoro, troisactes, id., 21 décembre 1872 ;
53° el Proceso de Can-can, deux actes, th. des
jardins du Buen-Reliro, 10 juillet 1873; 54° los
Comediantesde a?i;«/îo,deux actes, Zarzuela, 13
février 1874; 55° la Despedida, monologue ly-
rique, th. royal, mars 1874; 56° e^ Domador
de fieras, un acte, Zarzuela, 14 avril 1874 ; 57"
el Testamento azul, trois actes (avec MM. Ou-
drid et Aceves), tli. du Buen-Retiro, 20 juillet
1874; b%° el Barberillo de Lavapiés, trois actes,
Zarzuela, 19 décembre 1874 ; 59° la Vuelta al
munrfo, quatre actes (avec M. Rogel), Cirque, 18
août 1875.
Quelle qu'ait été sa fécondité à ce point de
vue, et l'on voit qu'elle est remarquable, l'exis-
tence artistique de M. Barbieri est loin de
s'être concentrée dans la production de ses
œuvres dramatiques. Esprit pénétrant et large,
intelligence ouverte et vive, tempérament plein
de souplesse et d'initiative, cet artiste .s'est
trouvé mêlé d'une façon très-active à tous les
essais, à toutes les tentatives intéressantes dont
Madrid était le théâtre dans le domaine de l'art.
En 1848, il fait partie de la société formée sous
le nom de Lycée artistique et littéraire de Ma-
drid, et en 1851 il devient l'un des membres les
plus actifs de l'association de poètes et de com-
positeurs qui s'organise pour l'exploitation du
genre de la zarzuela au théâtre du Cirque, et
ensuite au nouveau théâtre de la Zarzuela ; il est
en même temps chef des chœurs, puis chef
d'orchestre de l'entreprise. En 1857, il est
nommé membre de la junte consultative du Con-
servatoire, et l'année suivante il coopère à la
fondation de la Société artistique et musicale de
46
BARBIERI — BARBIROLLI
secours mutuels. En 1859, il organise au théâtre
de la Zarzueia des concerts spirituels, qu'il dirige,
à la tête de 200 exécutants. En 1863, il fait
exécuter à IVglise de la Trinité, dans une céré-
monie célébrée pour l'anniversaire de la mort de
Cervantes, diverses compositions de musiciens
espagnols des XVI« et XVII' siècles. En 1864,
lors de l'inauguration du théâtre Rossini aux
Champs-Elysées, il est chargé de la formation de
la troupe, fait un voyage en France et en An-
gleterre pour recruter des artistes , revient à
Madrid, est nommé directeur artistique de l'en-
treprise, monte avec un soin extrême Faust
et Guillaume Tell tt dirige l'orchestre aux ap-
plaudissements du public, puis organise et dirige
dix-huit concerts en plein air, nouveauté qui
obtient un immense succès. En 1866, il fonde
et dirige les concerts de musique classique, dont
il fait en 1867 la Société des concerts de Ma-
drid, donne la première année vingt six, et la se-
conde cinquante séances, dans lesquelles il fait
exécuter les plus grandes œuvres instrumentales
et vocales des grands maîtres de l'école alle-
mande. En 1868, il est nommé simultanément
professeur d'harmonie et d'histoire de l'art mu-
sical au Conservatoire, et refuse d'accepter ces
fonctions. Enfin, en i8r.9, il dirige l'orchestre du
théâtre royal, et en 1873 est nommé membre
de la section de musique de l'Académie des
beaux-arts.
Tout cela n'a pas emiiêché M. Barbieri d'é-
crire, en dehors du théâtre, un grand nombre de
compositions plus ou 'moins importantes : ou-
vertures, marches triomphales, hymnes, motets,
chansons espagnoles, fantaisies instrumenta-
les, etc., etc., exécutées en diverses circons-
tances, non plus que de prendre part à la ré- .
daction d'une foule de journaux dans lesquels il
s'occupait d'histoire, de littérature et de critique
mu>icales : la Iluslracion, las Novedades, la
Zarzueia, el Constilucional, la Gacela mu-
sical Barcelonesa, la Espaùa, las ^îoticias,
el Eco de Aragon, la IVacion, la lîevisia de
Archivas, Bibliotecas y Museos, la Revistade
Espnna, la Espaùa musical, la Revis ta Eu-
ropea, et bien d'autres encore. Au reste, les
questions historiques et critiques relatives à la
musique ont toujours intéressé beaucoup M. Bar-
bieri, qui les étudie avec ardeur, qui a fait à ce
sujet plusieurs voyages en France , en Angle-
terre, en Belgique et en Allemagne , et qui,
dit-on, possède une bibliothèque musicale de
premier ordre, réunie avec beaucoup de soins,
contenant beaucoup de manuscrit^, et riche sur-
tout en œuvres espagnoles. Enfin, comme détail
curieux re'atif à la physionomie véritablement
intéressante de cet artiste si distingué, je dirai
que M. Barbieri est l'un des fondateurs de la
Société des Bibliophiles espagnols, constituée
en 1866 (I).
B.\RBIERI-\I.\I (M™' Anna), cantatrice
distinguée, née à Florence, fut élève de Ro-
mani, et iicquit dans sa patrie une renommée
considérable, qu'elle n'obtint pas cependant sans
efforts. Douée d'un physique peu flatteur, man-
quant de ce prestige que certaines artistes,
grâce à leurs qualités extérieures, exercent im-
médiatement sur le public, elle eut à vaincre de
nombreux obstacles avant de conquérir la situa-
tion à laquelle son talent lui donnait droit. Elle
y parvint cependant, grâce à la puissance el à
l'étendue de sa belle voix de soprano, à l'agilité
qu'elle sut lui donner, au sentiment profond dont
elle sut l'empreindre. Lorsqu'après plusieuis
années passées dans une demi-obscurité, elle fut
appelée à déployer ses brillantes et solides qua-
lités sur la scène du théâtre de la Pergola, de
Florence, elle eut enfin les succès qu'elle méri-
tait, et bientôt excita chez ses compatriotes
l'enlhousiasmc expansif et bruyant qui leur est
habituel. Elle retrouva ces succès à Rome, à
Venise, à la Scala, de Milan, à Barcelone, à Ma-
drid et ailleurs.
La Barbieri-Nini brillait surtout dans le genre
dramatique, où elle trouvait des accents pathéti-
ques, des élans passionnés qui transportaient
ses auditeurs. Elle était surtout remarquable,
dit on, ilans la Lucrezia Borgia, de Donizetti,
où la puissance tragique était par elle poussée
au comble. Plusieurs compositeurs travaillèrent
expressément à son intention, et c'est pour elle
q'ie Mabellini écrivit il Conte di Lavagna, Pa-
cim Lorenzino de 'Medici, M, Xerd'i Macbeth ,
i Due Foscari et la Batfaglia di Legnano.
M'"* Barbieri-Nini se fit entendre au Théâtre-
Italien de Paris en 1851, mais je crois qu'elle n'y
resta pas longtemps.
Celte artiste fort distinguée épousa en premiè-
res noces le comte Barbieri, de Sienne, dont elle
eut deux fils , puis , devenue veuve , se remaria
avec un pianiste autrichien, M. Léopold Hacken-
sollner. Elle a renoncé depuis plusieurs années à
h carrière dramatique, et demeure aujourd'hui
à Florence.
BARBIROLLi (Lorenzo), compositeur ita-
lien, a fait représenter en 1837, au théâtre
(t) J'ai tiré une grande partie des éléments de cet ar-
ticle d'une notice vive et intéressante publiée récem-
ment en Espagne : Barbieri, par M. Antonio Pciia y
Goni (Sladrid, Ducaical, 1875, In-sodeei page.s.avcc por-
trait).
BARBIROLLI — BARBOT
4T
Apollo, de Venise, un opéra intitulé i Trojani in
Laurento.
BARBOT (Joseph Théodore-Dksirk), clian-
teur et professeur, est né à Toulouse le \2
avril 1824. Son éducation musicale se fit à la
maîtrise de la cathédrale de Toulouse , et il
commença par apprendre le violon, qu'il étudiait
d'ailleurs sans enthousiasme. Pourtant, à cette
époque, il ne songeait nullement à devenir un
chanteur, car il n'avait que très peu de voix, et
elle était d'un timbre défectueux. M. Barbot
vint à Paris , et fut admis au Conservatoire
comme élève d'harmonie, le 25 mars 1843, dans
la classe de M. Elwart. Peu de jours api es, sur le
conseil de ce dernier, il demandait à entrer dnns
une classe de chant, et en effet, le 25 mars sui-
vant, il devenait l'élève de Garcia, et un peu
plus tard de Morin et de Moreau-Sainti 'pour
l'opéracomique, et de Michelot pour l'opéra. De-
venu pensionnaire en 1846, il ne prit part, je
crois, à aucim concours, ce qui ne rem|)écha pas
d'être engagé à l'Opéra à la fin de 1848, lorsqu'il
quitta le Conservatoire. Chanteur remarquable à
beaucoup d'égard«, quoique sa voix fût incom-
plète, M. Barbot sut obtenir des succès, et l'un
des plus brillants qu'il remporta lui fut procuré
par le rôle de Faust, qu'il créa avec beaucoup de
talent au Théâtre-Lyrique dans le chef-d'œuvre
de M. Gounod. Mais la plus grande partie de .«a
carrière active s'écoula à l'étranger, oii il avait
abordé le genre italien, et qu'il parcourut pen-
dant longues années avec sa femme. On n'en-
tendait plus parler de l'î. Barbot, lor.squ'un ar-
rêté du ministre des beaux-art'', en date du
l" octobre 1875, le plaça à la tête de la classe
de chant laissée vacante au Conservatoire par la
démission de M""* Pauline Viardot.
M'"' Caroline Barbot, femme de cet artiste,
née à Paris vers 1830, est une cantatrice d'un
talent remarquable. Élève de Delsarte et de son
mari, elle a obtenu en France et à l'étranger de
légitimes succès. Après avoir tenu l'emploi dos
chanteuses légères, elle aborda le chant drama-
tique, fut très-bien accueillie à l'Opéra, oii elle
était en 1859, puis embrassa avec son mari la
carrière italienne. Douée d'un beau physique,
d'une voix ample, d'une grande énergie, d'un
sentiment passionné, avec cela pourvue d'une
éducation musicale très-sérieuse, enfin comé-
dienne intelligente et chaleureuse, M'"' Barbot
s'est fait vivement applaudir à Bologne, à Tu-
rin, à Rom,^, à Milan, à Saint-Pétersbourg et
dans beaucoup d'autres villes fort importan-
tes.
BARBOT (François Cécile-Paul), pianiste
et compositeur, cousin des précédents, et né à
Toulouse en 1828. Il commença l'étude du piano
sous la direction de M"'* Rey, puis entra au Con-
servatoire de Toulouse, d'oii il sortit en 1842
avec un premier prix, ayant composé lui-même
son morceau de concours avec accompagnement
d'orchestre. A la fin de la même année il fut
admis, au Conservatoire de Paris, dans la classe
de Zimmermann ; mais bientôt, se voyant en
possession d'une belle voix de fort ténor, il quitta
cet établissement, et, au . mois de septembre
1844, partit pour Naples, où il se fit recevoir
au collège de musique de S. Pielro a Majella, et
où il commença l'étude du chant sous la direction
de Cresceiitiiii. Six mois après, le ténor Tam-
berlick ayant rompu l'engagement qui le liait au
théâtre du Fondo, M. Pau! Barbot fut engagé
par Vimpresario Flaulo en qualité de premier
ténor double, ayant pour chefs d'emploi Don-
zelli et Fraschini, et débuta à ce théâtre dans
le Cantatiici villane. Il travailla alors avec
Donzelli, qui fut son véritable professeur, et
|)assa l'année suivante au théâtre San-Carlo, où
il fut lien accueilli et encouragé.
De retour en France en 1846, M. Barbot
éprouva, pendant la traversée, un accident qui
lui fit perdre à tout jamais la voix, et l'obligea à^
modifier sa carrière. Après une année de tâton-
nements et d'indécision, il reprit avec ardeur ses
études de piano et de composition, et se fixa
définitivement à Toulouse, où il se fit rapidement
une excellente position comme professeur et
comme exécutant. Bientôt il écrivit, sur le sujet
de l'École des Femmes, de Molière, les paroles
et la musique d'im opi'ra-bouffe avec récits à
l'italienne, qui , représenté à Toulouse, y obtint
un assez vif succès. Depuis lors, M. Barbot a
composé et publié plus de cent morceaux de
[)iano, 'parmi lesquels on peut surtout signaler
ceux dont les titres suivent : le Réveil-matin,
la Danse des Treilles, les Soirées d'' Espagne,
Souviens-toi, Fleur des Alpes, Pinson et
Fauvette, etc. Ces morceaux ont paru chez les
éditeurs Choudens, Heugel, Heu, Colombier^
Prilipp et Langlois. M. Paul Barbot, qui a fait
avec ses enfants (V. ci-après) des tournées artis-
tiques en Angleterre, en Hollande et en Belgique,
a organisé, à Toulouse, des soirées d'élèves d'un
genre nouveau, qui ont produit en cette ville une
grande impression, et dans lesquelles il faisait
exécuter par un orchestre composé de six pia-
nos, à vingt-quatre mains , les chefs-d'œuvre
symphoniques de Beethoven, de Weber, de
Meyerbeer, etc., spécialement arrangés par lui à
cet effet.
B.\RBOT (Je.vn-François-Gaston), pianiste
et violoncelliste, fils du précédent, est né à Tou-
48
BARBOT — BARONI
louse en 1847. Élève d'abord de son père pour
le piano, il fut admis au Conservatoire de sa
ville natale, dans la classe de M. Carreau, d'où
il sortit avec un brillant premier prix. Il vint
alors à Paris, entra an Conservatoire, où il devint
élève de ^M. Marmontel pour le piano, de
Franchomme pour le violoncelle, puis retourna à
Toulouse, où il est aujourd'hui fixé.
BARBOT (Madelaine-Philipplne -Andrée),
sœur du précédent, est née à Toulouse en 1854.
Douée d'une belle voix de mezzo- soprano, elle a
travaillé le chant avec son père, et Laget, alors
professeur au Conservatoire de Paris, l'ayant
fait entendre à l'Opéra, elle fut engagée à ce
théâtre pour trois ans et y débuta, dans le Trou-
vère, le 13 mars 1872. Quoique ce début ait été
bien accueilli, le père de M"° Barbot jugea qu'il
était prématuré, et s'entendit avec l'administra-
tion de l'Opéra pour faire chanter sa fille dans
plusieurs villes de la province et de l'étranger,
et la faire travailler encore avant de lui laisser
tenir son emploi sur notre première scène ly-
rique. C'est ainsi que M"« Barbot a été suc-
cessivement engagée et fort bien reçue à la
Haye, à Anvers, et enfin à Rouen, où elle se
trouve aujourd'hui (1875).
* BARCA (Francisco), compositeur portu-
gais, naquit à Evora vers 1603. Il entra en 1625
dans l'ordre militaire de S. Jacques, en faisant
profession dans le couvent de Palmella, où il
était entré en 1624. En 1640 il était maître de
chapelle de ce couvent , et remplit plus tard les
mêmes fonctions à l'hôpital royal de Todos os
Sancios , de Lisbonne, où il mourut. Tous ses
ouvrages étaient conservés, en manuscrit, dans
la bibliothèque de musique du roi D. Jean IV.
Dans sa notice sur ce musicien, Gerber a commis
plusieurs erreurs, qui ont été reproduites dans
la Biographie universelle des Musiciens.
J. DE V.
* BARCA (le Père Alexandre). On trouve
une notice intéressante sur ce théoricien dans le
recueil qui a été fait récemment des écrits de
Mayr : Biografie di scrittori e artisti musi-
cali Bergamaschi nativi od oriundi (Ber-
game, Pagnoncelli, 1875, in-4''). L'éditeur de ce
recueil, M. l'abbé Antonio Alessandri, y a joint
quelques notes fort utiles.
BARCELO.XA (le P. José de), composi-
teur espagnol, moine de Guadalupe, fit au com-
mencement de ce siècle ses études artistiques au
collège de musique de l'abbaye de Montserrat,
dans la Catalogne. On lui doit un certain nombre
d'œuvres de musique religieuse, parmi lesquelles
un office de vêpres pour la Vierge, avec accom-
pagnement d'orchestre et d'orgue obligé.
BARECHA(leP. Fr. Bernardo), musi-
cien espagnol, naquit à Vinacet, en Aragon, ou
ne sait en quelle année. Il était, en 1623 maître
de musique au collège établi au monastère fa-
meux de Montserrat, dans la Catalogne. Doué
d'une superbe voix de basse , il était premier
chanteur dans cette abbaye, et jouissait de la
réputation d'un excellent musicien.
BARECHA (le P. Fr. Miguel), sans doute
frère du précédent, naquit, comme lui, à Vina-
cet. Apiès avoir servi dans la marine sous les
ordres du prince de Savoie, il prit, en 1617,
l'habit de moine au monastère de Montserrat.
Musicien habile et laborieux, il écrivit un recueil
d'antiennes pour le service religieux de la Sep-
tuagésime jusqu'à Pâques. Cet artiste mourut en
1628.
BARGIEL (Woldemar), compositeur, est
né à Berlin le 3 octobre 1828. Il est le fils du
professeur de musique Auguste-Adolphe Bargiel,
qui épousa la femme divorcée de Frédéric Wieck,
père de M""' Clara Schumann. Il a écrit de la
musique de piano, de la musique de chambre
et d'orchestre. Dans ces derniers temps, il s'est
également essayé dans la musique vocale. Bar-
giel, dont les compositions sont très estimées
en Allemagne, suit les tendances de son beau-
frère Robert Si:humann, mais sans abdiquer
toutefois son individaalité. En 1859, Bargiel fut
attaché au Conservatoire de Cologne. Il a quitté
ce poste en 1865 pour prendre la direction de
l'école de musique de Rotterdam. Parmi ses
meilleures o'uvres, on cite ses ouvertures de
Médée et de Promélhée, une symphonie, et
trois trios pour piano, violon et violloncelle.
Y.
RARILLAULT { ), musicien vivant au
seizième siècle, était au service d'un sieur de
Roville. Il remporta en 1576, au concours du
puy de musique d'Évreux, le prix du triomphe,
pour une chanson française intitulée ; Bace de
royt.
BARIOKA (Madelka-Simon ), composi-
teur, vivait au seizième siècle. La bibliothèque
de Munich possède de lui : Sepiem Psahni pœ-
nitentiales 5 vocuin (Altorf, 1586).
Y.
BARIVABD (M"' Charles). Foye; Claribel.
BARNEVVITZ ( ), violoniste distingué,
est né à Berlin le 12 novembre 1800. C'est aussi,
dit-on, un compositeur de mérite. Y.
BARONI ( ), compositeur italien con-
temporain, a fait représenter il y a quinze ou
vingt ans, sur un théâtre de la Péninsule, un
opéra sérieux intitulé Bicciarda, dont le re-
tentissement a été médiocre.
BARRETT — BARTHE
49
BARRETT (Joh*«), luthier anglais, était
établi à Londres au commencement du dix-hui-
tième siècle. Ses instruments, imités de Stainer,
sont recherchés aujourd'hui dans son pays.
* BARROILHET (Paul), est mort à Paris,
au mois d'avril 1871. Pendant son séjour à Na-
ples, cet artiste remarquable avait créé les
rôles de baryton dans deux opéras de Merca-
dante, Elena da Felire et la Vestale , repré-
sentés au théâtre San-Carlo. C'est dans cette
ville qu'il connut Nourrit, avec qui il se lia d'une
vive amitié. Lorsque ce grand chanteur eut ter-
miné sa vie par un suicide, Barroiiheten conçut
un tel chagrin qu'il fit une maladie grave , par
laquelle ses jours furent mis en danger ; après
son rétablissement, il voulut à toute force quitter
Napleset revenir en France. Ce fut alors qu'il fut
engagé à l'Opéra, où il débuta , le 3 décembre
1840, par le rôle d'Alphonse de la Favorite, il
fut aussitôt accueilli par le public, et son succès
fut assuré par les reprises de Guillaume Tellel
de Don Juan. Il créa ensuite la Reine deChypre,
Charles F/ et le Lazzarone, d'Halévy, Dom
Sébastien de Portugal, de Donizetti, Richard
en Palestine, d'Adam , et Marie Stuart, de
Niedermeyer, puis se retira en 1847, par suite
de difficultés survenues entre lui et l'administra-
tion de l'Opéra. Il abandonna bientôt complète-
ment la carrière dramatique pour se livrer sans
réserve à ses goûts capricieux pour la peinture,
faisant, vendant, refaisant et revendant sans
cesse ses collections de tableaux. Barroilhet
mourut subitement à Paris , en jouant aux do-
minos. Par son testament olographe , il léguait
une somme de 800 francs « aux blessés de l'ar-
mée du Rhin natifs de Bayonne », et exprimait
le désir que son corps fût transporté à Bayonne,
sa ville natale.
M. Francis Roch a publié en 1845 , dans la
Revue générale biographique et nécrologi-
que, une Notice sur Barroilhet (Paris, ia-8°).
Je ne sache pas qu'on ait jusqu'ici relevé ce fait,
que Barroilhet avait composé et publié un cer-
tain nombre de romances.
RARSAiXTI (DoNATo), compositeur de mu-
sique religieuse, naquit auprès de Lucques le
18 septembre 1759, et fut élève du séminaire de
Saint-Michel. Doué d'un goût particulier pour la
musique, il l'étudia avec ardeur, sans négliger
aucunement l'étude des lettres , sous la direction
dePasquale Soffi, et se livra de bonne heure à
la composition. On connaît de lui un assez grand
nombre d'œuvres de musique religieuse, parmi
lesquelles une messe de Requiem, une autre
messe à quatre voix concertantes , une troisième
messe à deux chœurs , un grand motet à huit
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. StPPL. — T.
voix, un autre à quatre voix : 0 sacrum con-
vivium, des psaumes, etc. Encore jeune, Bar-
santi se retira dans une propriété qu'il possédait
auprès de Lucqnes , y ouvrit une sorte d'école
de musique vocale pour les paysans, et forma
ainsi une espèce de chapelle avec laquelle il allait
faire des exécutions de musique .religieuse dans
les églises voisines. A l'âge de soixante-quatre
ans, le !«' novembre 1823, il fut frappé mortel-
lement d'apoplexie.
* BARSOTTI (TH0MAS-GA.SPARD-F0HTrNÉ),
est mort à Marseille au mois d'avril 18G8. Depuis
le mois d'octobre 1852 il avait abandonné la
direction du Conservatoire de celte ville, fondé par
lui, et cette direction avait passé dans les mains
de M. Auguste Morel. (Voyez ce nom.)
BARTA (Joseph), organiste et compositeur,
naquit en Bohême l'an 1744. Il a écrit 6 so-
nates pour piano, 6 quatuors, des lieder et plu-
sieurs opéras italiens ou allemands, qu'il fit re-
présenter à Vienne, où il s'était établi dès 1778.
Parmi ses ouvrages dramatiques, on cite: il
Mercàto di Malmantile, Der adelige Tage-
lœhner {VOuvrier noble) et Die donnernde
Légion {la Légion tonnante). Barta est mort à
Vienne dans les premières années de ce siècle.
Y.
* BARTH (Henri), maître de chapelle à
Gand. Dans son Historique des sociétés cho-
rales de Belgique, M. Auguste Thys dit que ce
compositeur alla étudier en Italie sous la direc-
tion du fameux Durante, et donne sur lui les
détails suivants • « La vie de cet artiste fut
marquée par une particularité qui mérite d'être
mentionnée : étant devenu veuf, il embrassa
l'état ecclésiastique, et lors de la célébration de
sa premike messe ses deux ;fils remplirent l'of-
fice d'enfants de chœur assistants Avant de se
marier il avait été militaire. Henri Barth, suc-
cessivement musicien de profession et soldat,
père de famille, maître de chapelle et finale-
ment prêtre, a dû parcourir une carrière sinoR
agitée, au moins singulièrement variée. La ca-
thédrale de Gand conserve de Barth des vêpres
pour toutes les fêtes de l'année, compositions
qui s'exécutent encore aujourd'hui. Elle pos-
sède aussi les Lamentations de Jérémie et des
messes mises en musique par le même compo-
siteur. Mais ces dernières pièces sont dépa-
reillées. '>
BARTHE (Nicolas-Thomas), poëte dra.
matique, né à Marseille en 1734, fit leprestnler
à la Comédie-Française plusieurs comédies, dont
deux surtout, [la Mère jalouse et les Fausses
Infidélités, furent très-bien accueillies du pu-
blic. Il n'est cité ici que pour un poëme plai-i
I. 4
50
BARTHE — B A SEVI
sant, les Statuts de VOpéra, qu'il écrivit en
1777 et qui commençait ainsi :
Nous qui régnons sur des coulisses,
Et dans de magiques palais,
Nous, Juges de rorchestre, intendants des ballets,
Preinicrs inspecteurs des aetriccs :
A tous nos fldélcs sujets,
Vents, fantômes, démons, déesses infernales,
Dieui de l'Olympe et de la mer,
Habitants des bois et de l'air,
Monarques et bergers, satyres et vestales.
Salut, a notre avènement
Chargés d'un grand peuple à conduire,
De lois à réformer et d'abus à détruire,
Et voulant signaler notre gouvernement ;
Ouï notre conseil sur chaque cbangcmcnt
Que nous désirions introduire,
Nous avons rédigé ce nouveau règlement.
Conforme au bien de notre empire,
La plaisanterie se poursuivait sur le même
Ion, et les Statuts, divisés en vingt-deux ar-
ticles, se continuaient en deux cent cinquante
vers. Cette facétie eut un succès fou.
Barthe est mort à Paris, des suites d'une opé-
ration douloureuse, le 17 juin 1785.
BARTHE (Grat-Norbert , dit Adrien ),
compositeur, naquit à Bayonne le 7 juin 1828. Il se
livra d'abord à l'étude du piano, puis à celle de la
composition, et|devint, au Conservatoire de Paris,
élève de Lehorne pour la fugue. Il remporta en
1854 le premier grand prix de composition à
l'Institut, avec une cantate intitulée Francesca
de Rimini, écrite sur des paroles de M. Bou-
naure. Pendant la troisième année de son séjour
à Bome, M. Barthe ayant fait à l'Académie des
beaux-arts son envoi réglementaire, et cet envoi
consistant en un oratorio intitulé Judith , la
partition de cet ouvrage parut si remarquable à
l'Académie -que celle-ci décerna aussitôt au jeune
compositeur un des plus importants parmi les
prix mis à sa disposition par d'intelligentes
libéralités; le prix Edouard Bodrigues(l). L'année
piécédente, M. Barthe avait envoyé à l'Acadé-
mie un opéra intitulé Don Carlos, et le rapport
du secrétaire perpétuel (Halévy) constatait que,
(1 bien écrit, instrumenté avec soin, indiquant un
vif sentiment scénique, cet ouvrage, malgré
quelques parties un peu prétentieuses , donne
de véritables, espérances pour l'avenir de
M. Barthe. »
Cependant, à son retour de Rome, le jeune ar-
tiste faisait comme tant d'autres : il essayait
inutilement d'aborder le théâtre, et il se voyait
malgré lui réduitau silence, lorsqu'en 1864 un
U) Ce prix, d'une valeur de 1500 francs, a été institué
par son fondateur «pour le meilleur ouvrage ; dans le
style choral, tel que oratorio, messe ou motet, »
concours fut ouvert au Théâtre-Lyrique entre
tous les prix de Rome qui n'avaient eu encore
aucun ouvrage joué. Cinq concurrents s'étant
présentés, on leur remit le livret choisi, qui
était celui d'un opéra en trois actes, la Fiancée
d'Abydos, dû à M. Jules Adenis. M. Barthe sortit
vainqueur de la lutte, et son œuvre fOl produite,
le 30 décembre 186â, au Théâtre-Lyrique, Elle
n'obtint, un peu par la faute du poème , que ce
qu'on appelle un succès d'estime , et ne réussit
pas à se maintenir au répertoire. Depuis lors,
M. Barthe, qui avait sans doute espéré davan-
tage, semble [avoir renoncé complètement à la
carrière de compositeur, et s'être livré d'une
façon absolue à l'enseignen^ent. Cet artiste a
épousé une femme charmante, M"e Banderali,
(ille du chanteur de ce nom , qui s'est fait elle-
môine une réputation très-légitime et très-dis-
tinguée comme chanteuse de conceits.
BARTHOLOMLUS(J....-N ),musicien
hollandais contemporain, était, en 1864, orga-
niste et maître de chapelle de l'église Saint-
Servais, à Maestricht. Entre autres compositions
religieuses, on lui doit une messe solennelle à
trois voix, un Ave Maria (chœur à trois voix),
et un grand salut solennel comprenant quatre
motets.M. Bartholomeus a publié aussi à Bruxelles
(Meyne)et à Liège (Muraille) quelques morceaux
de genre et fantaisies légères pour le piano.
* BASE VI (le docteur Abramo), est né; à Li-
vourne au mois de décembre 1818. Depuis la
disparition , en 1859 , du journal VArmonia,
fondé par lui, il a collaboré activement au
lioccherini, feuille musicale appartenant à l'édi-
teur M. Guidi, et dont il a été pendant plusieurs
années le rédacteur en chef. En 1869, M. Basevi
a organisé à Florence des Matinées BeethO'
veniennes, qui furent le germe de la Socielà del
Quartetto, dans les séances de laquelle furent
exécutés les quatuors couronnés aux concours
institués par lui, à ses propres frais, à l'Institut
musical. Appelé à faire partie de la commission
nommée en 1859 par le gouvernement provi-
soire toscan dans lej but d'amener la création
de cet .Institut, M. Basevi publia à ce sujet une
brochure intéressante. En 1863, il provoqua la
fondation des concerts populaires de musique
classique, dont le premier fut donné au théâtre
Pagliano le 26 mars de cette année. Outre son
intéressant>uvrage : Studio suite opère di G.
Verdi, M. Basevi a publié : 1° Introduzione
ad un nuovo sistema d'armonia (Florence
Tofani, 1862, in- 8"), écrit dédié à Meyerbeer et
dont une traduction française a été faite par
M. Louis Delâtre (Florence, Guidi, 1865, in-8") ;
2° Stuc^ suW Armonia (id ,rid.,y;id.,;id.,)/
BASEVI — BATAILLÉ
M
S" Compendio délia Storia délia Musica (id.,
id,, 1866, in-12endeux parties). Depuis plusieurs
années, M. Basevi a abandonné ses études sur
la musique pour se livrer sans réserve à d'im-
portants travaux philosophiques. L'auteur de
cette notice doit cependant à son obligeance des
notes nombreuses et intéressantes qui lui ont
servi pour la rédaction de divers articles de ce
dictionnaire (1).
* BASLER (Charles). Une traduction fran-
çaise de la Méthode [d'harmonie de ce professeur
a été faite par M. Johannès Weber, sous ce titre :
Carie routière des modulations harmoniques,
ou Plan figuratif des relations des tons, Pa-
ris, Perrotin, 1850, in-folio de 11 pages avec
2 planches.
i * BASSANI (Jean-Baptiste). Il existe, des
Armonici Entusiasmi di Davide, une édition
antérieure aux deux éditions de 1695 et 1698,
mentionnées au nom de ce compositeur; celle-ci,
qui est probablement la première, est de Venise,
1690.
BASSINI (Achille BASSI, dit DE), cl»an-
teur fameux en Italie : par. sa belle voix de
basso contante et sentaient dramatique, naquit
à Milan en 1819. Il tit de bonnes études litté-
raires et philosophiques au lycée de Saint-
Alexandre de sa ville natale, puis devint l'é-
lève de l'ingénieur Paganini ; mais la musique,
qu'il avait étudiée pour son plaisir, l'attirait in-
vinciblement, et, après avoir pris des leçons de
chant pendant une année avec le compositeur
Perelli, il débutait en 1837, à Pavie, dans un
opéra de cet artiste, Manfredi. Dès ses pre-
miers pas dans la carrière, ses succès furent
éclatants, et ils se poursuivirent dans toutes
les villes qu'il parcourut, à Rome, à Milan, puis
à Vienne, à Londres et à Saint-Pétersbourg,
où il obtint de véritables triomphes. Artiste in-
telligent, plein d'âme et de feu, doué d'un beau
physique et d'un rare sentiment pathétique, ac-
teur non moins que chanteur, M. de Bassini, avec
un geste, un regard , un élan de voix inattendu
et opportun, excitait l'enthousiasme du public
et soulevait une salle entière , en produisant sur
les masses une impression indescriptible. Ses
compatriotes le surnommèrent il seconda Ron-
coni. Depuis quelques années il s'est retiré, fort
riche, dans une magnifique villa qu'il possède à
Portici.
*BASTIAA!XS (J....— G.,;,..), l'un des
meilleurs organistes néerlandais, né à Wilp
(1) Le litre d'un des opéras de M. Basevi a été Inexacte-
ment transcrit : ce n'est point Enrico Odoardo, mais
Enrico Howard.
(Gueldre), en 1812, prit d'abord des leçons de
musique d'un nommé Rohner, à Devenler, et se
rendit ensuite à Dessau, où il reçut des -leçons
de Fr. Schneider. De là, il fit un voyage à Leip-
zig, se fit présenter à Mendelssohn-Bavtholdy,
et fit auprès du célèbre maître une tentative
pour qu'il voulût consentir à ce qu'il pût
achever son éducation musicale auprès de lui.
Mendeissohn posa comme condition la composi-
tion d'une double fugue dans un délai déterminé,
et, quand Bastiaans lui apporta la fugue, Men-
deissohn l'accepta d'emblée comme élève.
Après avoir fini ses études à Leipzig, it vint se
fixer à Amsterdam , y fut nommé organiste du
Zuiderkerk, puis devint professeur d'orgue à
l'Institut des aveugles. En 1868, il quitta cette
ville pour aller résider à Harlem , où il obtint la
place d'organiste à l'église de Saint-Bavon, église
dans laquelle se trouve le plus bel orgue du
royaume des Pays-Bas, si fameux depuis long-
temps sous le nom de l'orgue d'Harlem. Bas-
tiaans demeura à Harlem jusqu'à l'époque de sa
mort (1874) ; il y forma de bons élèves comme
pianistes et comme organistes, et y donna aussi
des leçons d'harmonie et de contre-point.
II publia aussi quelques compositions , des
lieder (Amsterdam , Roolhaan), un recueil de
chorals à quatre parties ( Amsterdam , der
W'iel), et laissa en manuscrit un hymne pour
orgue, chœur et orchestre, des motets et des
pièces d'orgue (1).
Ed. de II.
* BASÏON (JosQuiis). On trouve plusieurs
chansons de cet artiste dans le recueil divisé
en six livres que Pierre Phalèse publia à Lou-
vain en 1555-1556, et dont le premier livre
parut sous ce titre -. Premier livre des chan-
sons à quatre parties, nouvellement composez
(sic) et mises en musique, convenables tant
aux instruments comme à la voix ( Louvain ,
1555, in-4°).
* BATAILLÉ (Gabriel), et non BATAILLE,
luthiste fort distingué, aurait été, d'après l'écrit
de M. Th. Lhuillier ( V. ce nom) : Note sur
quelques musiciens dans la Brie, surintendant
(1) Le 31 juillet 1S51, à l'occasion du 101* anniversaire
de la mort de Jean-Sébastien Bach, BasUaans donna à
Amsterdam un grand concert historique d'orgue, dans
lequel il fit entendre différentes œuvres du grand Cach
lui-même, de J.-L. Krebs, Guillaumc-Friedmann Bach,
J.-C. Kitte),M.-G. Fischer, Ch.-H. Rinck, Mendeissohn,
Kiihnistedt, Fr. Schneider, Jean Schneider, A. Rltlcr,
C.-F. Becker, J.-A. Van Eyken, et quelques-unes de ses
propres compositions.
La Dllcdecet artiste, M"* Marie Bastiaans, planiste
distinguée, née à Amsterdam et élève de son père, s'est
produite avantageusement dans les coq certs, — A. P.
52
BATAILLÉ — BATISTE
de lamusiqaede la reine Anne d'Autriche, etau-
raîteuunfilSjConimelui musicien distingué. « Les
anciens actes paroissiaux de Gtiérard, canton
de Coulommiers, dit M. LhuiHier, constatent que
le fameux compositeur des fêtes de Louis XIII
était pourvu de la surintendance de la musique
de la reine Anne d'Autriche, et qu'il habitait la
paroisse Saint-Paul à Paris. Il eut im fils qui fut
son élève et à qui Louis XIII avait accordé en
survivance la surintendance de sa musique;
aussi, à la mort de Bataillé, ce fils, tout jeune
encore , fut-il bien venu à la cour et réussit-il
pleinement dans l'exercice de sa charge, jus-
qu'au moment oîi la perte d'une personne qui
lui était chère le détermina subitement à se
vouer au culte du Seigneur. Gabriel Bataillé fils
avait quarante ans. Délaissant son emploi, ses
biens et plusieurs bénéfices qu'il avait obtenus,
il se lit ermite et se retira à Saint-Blandin, ora-
toire isolé situé sur la paroisse de Guérard,où il
est mort le 30 avril 1676, à l'âge de soixante ans.
L'ermite de Saiut-Blandin, qui faisait vœu de
chasteté, pauvreté et obéissance, n'était attaché
à aucun ordre religieux ; il se trouvait simple-
ment sous la dépendance de l'évêque de Meaux. »
M. Lhuiliier reproduit l'acte d'inhumation de
Bataillé fils, qui confirme les faits avancés par
lui : — « Ce premier may 1076, dit cet acte, a
« été inhumé en la chapelle de Saint-Blandin ,
« par moy curé soussigné , frère Gabriel Ba-
« taillé, décédé en l'hermitage le 30 avril etaagé
« de soixante ans ou environ , homme d'une
« haute vertu et singulière probité, lequel a
« esté admiré pandant sa vie, et regretté après
« sa mort de tous ceux qui le congnoissoient à
« à cause de ses rares qualité?.; il estoit naj
« en la paroisse de Saint-Paul de Paris; son
« père étoit maître Gabriel Bataillé, intendant
« de la musique de la reine Anne d'Autriche; 'sa
« mère s'api>eloit Catherine Carré. Il eust l'hon-
« neur d'estre reçu en la charge de son père en
« survivance par le Roy Louis treize, d'heureuse
« mémoire, immédiatement après son décès,
« quoy qu'il fut encore fort jeune; aymé de toute
« la cour à cause de son esprit et honesteté ,
« il a exercé cette charge avec honneur jusqu'au
K décès de sa bonne maîtresse, lequel arrivé, il
« songea à sa retraite, à cause de quoi il se dé-
« pouiila généreusement de tousses biens patri-
« moniaux et autres assez considérables, mesme
«d'un canonicatde la Sainte-Chapelle de Dijon,
■< d'un autre de Châteauvillain , ensemble de
K quelques prieurez simples, comme deJouarre
« et autres, desquels le Roy l'avoit bien voulu
o honorer, pour embrasser la vie bérémitique,
a laquelle il a exercée en toute simplicité et
« pauvreté, n'y ayant rien de si humilié que liiy ;
« il passa les dix derniers ans de sa vie en cest
« estai le plus abject de tous, après avoir res-
« pire l'air de la cour l'espace de 40 années con-
« sécutives. »
Il n'y a pas à douter des faits contenus dans
cet acte authentique. Il faut donc croire que le
poste de surintendant de la musique de la reine
Anne d'Autriche n'était pas dévolu à un seul in-
dividu, puisque, à l'époque oii Bataillé père et
fils l'exercèrent successivement, Cambert (F. ce
nom) en était aussi pourvu, et l'on doit supposer
que ces fonctions s'exerçaient , de même qu'à la
chapelle du roi, soit par quartiers, soit par se-
mestres.
BATISTE '(Antoine-Edouard), organiste H
professeur, né à Paris le 28 mars 1820, est le fils
de l'excellent chanteur et comédien de ce nom
qui jouit pendant si longtemps d'une grande re-
nommée à rOpéra-Comique. Admis au CJonser-
vatoire en 1828, comme page de la Chapelle
royale, il y fit de brillantes études et fut succes-
sivement élève de Leborne et de Bienaimé pour
le solfège, de M. Le Couppey, puis de Dourlen
pour l'harmonie et accompagnement, d'Haiévy
pour la composition, enfin de M. Benoist pour
l'orgue. Ses succès d'école furent tiès-grands, et
voici la liste des récompenses qu'il obtint : 2« prix
de solfège en 1832 et 1er prix en 1833; 2« prix
d'harmonie et accompagnement en 1836 et
1«' prix en 1837; 2« prix de contre-point et
fugue et 2« prix d'orgue en 1838 ; 1*' prix de con-
tre-point et fugue et 1«' prix d'orgue en 1839;
enfin, second grand prix de Rome en 1840.
M. Batiste n'a jamais quitté le Conservatoire,
où il était déjà professeur bien avant d'avoir ter-
miné ses études. En effet, de 1836 à 1838 il était
accompagnateur des classes de chant et de dé-
clamation lyrique; en 1836, il était nommé pro-
fesseur adjoint de solfège; en 1839, professeur
de la classe de chœurs (hommes) ; en 1850, pro-
fesseur de chant simultané, classe supprimée
en 1870, et qui, dans l'espace de vingt ans, avait
été fréquentée par 5,000 élèves; le 1<" octobre
1852, il devenait professeur de la classe de sol-
fège collectif, et, le 8 octobre 1872, il prenait
possession d'une classe d'harmonie et accompa-
gnement pour les femmes. Ses occupations de
professeur n'empêchaient pas M. Batiste de
suivre sa carrière d'organiste , et, après avoir
tenu, de 1842 à 1854 , l'orgue de l'église Saint-
Nicolas-desChamps, il devenait, le le' juillet de
cette dernière année, organiste du grand orgue
de Saint-Eustache. En même temps, M. Batiste
se livrait à la composition, publiait un nombre
considérable d'œuvres pour l'orgue, donnait une
BATISTE — BATTAILLE
53
nouvelle édition, en douze volumes, des Solfèges
du Conservatoire, annotée par lui, avec accom-
pagnement de piano ou orgue d'après la basse
chiffrée (Paris, Heugel), et enfin livrait au public
un Petit Solfège harmonique (id., id.), qui
éfait l'objet d'un rapport très-élogieux de la part
du comité des études du Conservatoire. La nou-
velle édition des Solfèges du Conservatoire et
Res ouvrages personnels sur l'enseignement ont
valu à M. Batiste, en 1867, une récompense
exceptionnelle : le jury de la classe 89, appré-
ciant le mérite de l'oeuvre, ne voulut point se
borner à accorder une médaille de première
classe à l'éditeur exposant, mais il décerna la
même récompensera l'auteur non-exposant.
* BATKA ( Jean-Népoml'Cène ), fils de Mi-
chel Batka, est mort à Pr(;sbourg le 13 août
1874.
* BATTA (Alexandre). Fixé depuis plu-
sieurs années à Versailles , cet artiste, qui a
donné danslun journal de cette ville, l'Union li-
bérale et démocratique de Seine- et-Oise , un
certain nombre d'articles de critique musicale, a
été nommé chevalier de la Légion d'honneur au
mois d'août 1875. Dans la série biographique
publiée sous ce titre : Écrivains et Artistes vi-
vants, français et étrangers, par MM. Xavier
Eyma et.Ârthur de Lucy, on a donné une notice
sur M. Alexandre Botta (Paris, Librairie uni-
verselle, 1840, in-16 avec portrait).
BATTAILLE (Charles-Amable), chanteur
distingué, naquit à Nantes le 30 septembre 1822.
Son père était médecin en cette ville , et résolut
de lui faire embrasser la même profession. Après
avoir été faire ses études à Caen et s'y être fait
recevoir docteur, Battaille revint donc s'établir
dans sa ville natale. Mais la clientèle n'arrivant
pas assez vite à son gré, il résista aux nouvelles
instances de son père, qui avait toujours con-
trarié son goût pour le théâtre, et s'en vint
tenter la fortune à Paris. Un biographe contem-
porain affirme qu'il fut refusé à l'unanimité , en
novembre 1845, aux examens d'admission du
Conservatoire. Ceci est évidemment inexact,
puisque, dès le concours de 1846, Battaille obte-
tenait un accessit de chant. En 1847, il rem-
portait simultanément les trois premiers prix de
chant, d'opéra et d'opéra-comique, et se voyait
couronner en même temps que Balanqué, Meillet
et M. Gueymard, et en compagnie d'une jeune
fille appelée à devenir l'une des premières
artistes de son temps. M"' Félix-Miolan, aujour-
d'hui M"* Carvalho. Au Conservatoire, Battaille
avait été l'élève de Manuel Garcia.
Il fut engagé presque aussitôt à l'Opéra -Comi-
que, où ses débuts, qui devaient avoir lieu le
23 février 1848, furent retardés par les événe-
ments. Ce n'est que le 22 juin suivant qu'il fit
son apparition sur la scène Favart, où il se
montra pour la première fois dans un rôle secon-
daire, celui de Sulpice de la Fille du Régi-
ment. Mais sa voix de basse chantante était
belle, guidée avec un goût remarquable, il mon-
trait déjà de l'intelligence comme comédien, et
Halévy, qui se connaissait en artistes et qui
s'apprêtait à donner son Val d'Andorre, n'hé-
sita pas à lui confier la création d'un des rôles
les plus importants de cet ouvrage, monté d'une
façon presque exceptionnelle, et qui était joué,
pour les autres personnages , parMM. Audran,
Jourdan, Mocker, M"«' Lavoye , Darcier et fié-
villy.
Le succès de Battaille fut complet dans ce rôle
de Jacques Sincère, le vieux chevrier, dont il
sut faire un type, et dans lequel il déploya des
qualités dramatiques vraiment remarquables.
Bientôt il montra toute la souplesse et la flexi-
bilité de son talent, en en jouant un autre d'un
caractère tout opposé, celui de don Belfior dans
le Toréador, d'Adolphe Adam.i Ici, Battaille
fut plein de rondeur, de bonhomie, de gaîté, fit
voir qu'au point de vue du chant il comprenait
aussi bien le genre bouffe que le genre dramati-
que, et réunit tous les suffrages. Je ne ferai que
donner les titres de ses autres créations, qui
sont les suivantes : la Fée aux Roses (Atalmuc),
le Songe d'une nuit d'Été (Falstaff), la Dame
dépique (Roskow), leCarillonneur de Bruges
(Malhéus), le Père Gaillard (Gaillard), Marco
Spada (Torrido), VÉtoile du Nord (Pierre), la
Cour de Célimène (le Commandeur), le Hus-
sard de Berchini (Gédéon), les Saisons (Ni-
colas), Valeniined'Aubigny (Gilbert), et Psyché
(Mercure).
Il faut avoir vu jouer à Battaille le Toréador
et VÉtoile du Nord pour se rendre bien compte
de la souplesse de son jeu comme comédien ; il
feut lui avoir entendu chanter la cavatine de
douBelflor: Oui, la vie n'est jolie et l'ad-
mirable romance du czar Pierre : Pour fuir
ton souvenir, qui semble mé poursuivre, pour
comprendre quelle était son intelligence des di-
vers styles musicaux et avec quelle aisance,
quelle facilité, quelle sûreté il passait de l'un à
l'autre. Sa belle voix de basso cantante, ronde,
pleine, bien timbrée, flatteuse et caressante par-
fois, énergique et puissante en d'autres cas, fai-
sait merveille dans les genres les plus opposés.
Vers la fin de 1857, je crois, l'excellent artiste,
atteint d'une grave affection de larynx, se crut
obligé de renoncer à une carrière dans laquelle
il n'avait rencontré que des succès. Pourtant,
54
BATTAILLE — BATTISTA
après avoir pris'iluelqtle repos,; il entra en 1860
au Théâtre-Lyrique, y reprit son rôle de Jacques
Sincère du Val d'Andorre, fit une de ses plus
importantes créations àansPhilémon etBaucis,
de M. Gounod , puis retourna pour un instant
sur la scène de ses premiers succès. Mais bientôt
il abandonnait définitivement le théâtre, bornant
son action artistique au professorat qu'il exerçait
au Conservatoire depuis le 1" février 1851.
Battailie s'était occupé d'études sur la cons-
truction, la nature et les facultés de l'appareil
vocal. Il publia sur ce sujet une brochure im-
portante, dont voici le titre complet : « Nou-
velles recherches sur la phonation, Mémoire
présenté etlu à l'Académie des sciences le 15 avril
I86I, par Ch. Battailie, ex-interne des hôpi-
taux, ex-prosecteur d'anatomie à l'École de
médecine de Nantes, professeur de chant au
Conservatoire impérial de musique et de décla-
mation (Paris, V. Masson, 1861, in-So avec
planches). » Ces recherches constituaient, comme
Il le disait lui-même dans le dernier chapilre,
« la première partie d'un ouvrage ayant pour
titre ; De l'enseignement du chant, lequel sera
publié incessamment en entier. » Deux ans après,
en effet, il lançait une nouvelle publication :
« De V enseignement du chant, 2« partie. De
la physiologie appliquée à l'étude du méca-
nisme vocal. » Mais tout cola ne formait pas un
corps d'ouvrage complet. Je ne sache pas pour-
tant que Battailie ait terminé cette publica-
tion.
Battailie aimait beaucoup à parler en public.
Sa belle tête, fière, fine et intelligente , couverte
de cheveux noirs, abondants et ondulés, son re-
gard fixe et scrutateur, bien qu'atteint de
myopie, sa parole élégante, facile et ornée, sa
grande habitude du public, lui donnait sur son
auditoire une autorité véritable. En 1865, 1866
et 1867, il fit, tantôt dans les salons de la rue de
la Paix ou dans ceux du Grand-Orient, tantôt
dans l'Amphithéâtre de l'École de médecine ou
à l'Association philotecbnique, un certain nombre
de conférences, qui furent remarquées : sur
la musique et ses transformations, sur le Don
Juan de iMozart, sur le Pré aux Clercs d'Hé-
rold, etc. Le texte d'un'de ces entretiens fut
même publié , dans les Conférences de VAsso'
dation philotechnique, année 1865 (Paris,
V. Masson, 1866, in- 12).
En réalité, Battailie fut un artiste extrêmement
distingué, auquel la perte précoce de sa voix ne
laissa pas le temps d'arriver à la célébrité, ni
même peut-être d'atteindre à l'apogée de son
talent, mais qui a laissé un nom honorable sous
tou9 les rapports, et qui a;;été à la fois chanteur
remarquable, comédien bien doué, professeur
accompli et théoricien distingué.
Une particularité de sa vie est assez curieuse :
Battailie, à la suite des événements du 4 sep-
tembre 1870, avait été nommé sous-préfet d'une
petite ville du département de la Loire-Infé-
rieure, Ancenis. Il professait d'ailleurs des opi-
nions libérales, et prit au sérieux son nouveau
rôle, mettant toute son] intelligence au service
de ses fonctions et déployant beaucoup de zèle
et d'activité dans l'organisation et l'armement
des corps levés dans son district. Il se signala
même d'une façon toute particulière , dans des
circonstances exceptionnelles : la petite- vérole
s'étant déclarée dans une commune des environs,
qui se trouvait cruellement ravagée par le fléau,
Battailie se souvint qu'il était médecin, se joignit
à ses confrères, et s'en allait chaque soir porter
ses soins aux malades, après avoir passé sa
journée à gérer les affaires de sa sous-préfecture.
Battailie est mort à Paris le 2 mai 1872, en-
levé en trois jours par une fièvre muqueuse.
* BATTISTA ('Vincent), compositeur dra-
matique, est mort à Kaples le 14 novembre
1873. Il était né en cette ville le 5 octobra
1823. Élevé au collège royal de musique de Na-
ples, Battista était seulement âgé de vingt ans,
lorsque, pendant le carême de 1844, il fit ses
débuts'd'une façon très-brillante en donnant au
théâtre San-Carlo sa partition d'Aniia la Prie,
qui obtint un très-vif succès et qui est restée
l'un de ses meilleurs titres à l'estime de ses
contemporains. Cet ouvrage était chanté par
Fraschini, Tamberlick, Beneventano et la Gruilz.
A l'exception de Rosvina de la Forest, donnée
à la Scala de Milan, toutes les productions dra-
matiques de Battista ont vu le jour dans sa villo
natale, la plupart au théâtre San-Carlo, les au»
très aujFondo ou au Nuovo. En voici, je crois,
la liste bien complète : 1" Anna la Prie, San
Carlo, 1844; 2° Margherita d'Aragona, id..
1845; 3° Rosvina delà Forest, Milan, Scala,
1845; 4° £mo, San Carlo, 1846; 5" Irène,
Fondo; 6° Leonora Dort, San Carlo, 7° Mu-
darra, id.; 8° il Corsaro, Nuovo, 1853 ; 9" Er^
melinda; 10» Giovannà di Castiglia, San
Carlo, 1863; 11 "Alba d'Oro, id., 1869. Tous
ces ouvrages sont du genre sérieux, et Battista
ne s'est jamais essayé dans la musique bouffe.
Cet artiste a laissé deux autres partitions com-.
plètement achevées, mais qui, je crois, sont ab-
solument inédites ; Maria Tudor et la Pentita.
Battista était estimé en Italie, et les Napolitains,
ses compatriotes, en faisaient grand cas. Il est
cependant mort, dit-OD, dans un état voisin de
la misère.
BATTMANN — BATTU
6S
BATTMANN (Jacques-Louis), organiste et
compositeur, est né à Massevaux (Haut-Rliin),
le 25 août 1818. 11 n'était point destiné à la car-
rière musicale , et fit ses études d'abord au col-
lège deBelfort, puis à l'École normale de Col-
mar, pour être instituteur. Il le devint en effet,
mais plus tard s'adonna complètement à la mu-
sique, qu'il avait cultivée dès sa plus tendre en-
fance. Il avait reçu ses premières leçons de
solfège, de piano et de violon de son grand-père
maternel, organiste à Belfort, et ensuite, à Col-
mar, travailla l'harmonie et la composition avec
Th. Schlosser, professeur de musique à l'École
normale, en même temps qu'il étudiait l'orgue
avec Martin Vogt, organiste de la cathédrale.
Un hasard, qui le mit en présence du célèbre
médecin Orfila, grand amateur de musique , fut
sur le point de l'amener à Paris, où ce dernier
voulait le faire entrer au Conservatoire ; mais,
au moment de quitter l'École normale, M. Batt-
mann vit pleurer son maître, qui l'aimait beau-
coup, et se refusa à parlir.
Ses études terminées , et son brevet obtenu,
M. Battmann fut envoyé comme instituteur à
Thann. Cette carrière lui plaisait peu , mais il
s'était résigné à la suivre pour obéir aux ins-
tances de son père, lorsqu'un nouveau hasard
vint le ramener à la musique. Il était à Thann
depuis dix-huit mois, quand un de ses amis,
apprenant que la place d'organiste à Belfort était
vacante, l'appelle en cette ville. Le jeune insti-
tuteur se présente, est mis en rapport avec le
curé, touche l'orgue à la messe, et un quart-
d'heure après est nommé organiste. C'était en
1840, Depuis lors, M. Battmann a été appelé à
remplir les mêmes fonctions à Vesoul, où il se
trouve encore aujourd'hui.
' P ndant les loisirs que lui laissaient ses fonc-
tions", M. Battmann s'est beaucoup occupé de
composition. Outre une Méthode d'harmonium
(une des premières qui aient paru), une Mé-
thode de piano et un grand Traité d''harmonie
spécialement appliquée l'étude de l'accompagne-
ment du plain-chant, cet artiste a publié jus-
qu'à ce jour un nombre d'oeuvres qui atteint
presque le chiffre de 400. Dans ce nombre il faut
distinguer : 1" Premières études pour le piano,
avec Préludes pour les petites mains, Paris,
Heugel; 2" 24 Études mélodiques pour les pe-
tites mains, op. 67, id., id.; 3° la Petite Cha-
pelle, 100 morceaux faciles pour orgue de salon
ou grand orgue, id., id.; 4° 25 Offertoires pour
orgue, id., id.; 5" le Trésor^ des organistes,
100 morceaux faciles pour orgue ou harmo-
nium, op. 240, Paris, Leduc; 6" 15 Études fa-
ciles pour harmonium , op. 68, Paris, Le-
moine; 7° 50 Leçons pour harmonium, id.,
id.; 8° 72 Morceaux faciles pour harmonium,
pouvant servir aux différentes parties du service
divin, op. 60, Paris, Colombier; 9° 400 Versets
courts et faciles, dans tous les tons, pour har-
monium, op. 88, id., id.; 10" 1'% 5e, 9«, 21% 24«
et 25» suites de l'Arène des organistes , op. 30,
43, 54, 85, 93 et 136, id., id. A tout cela, il faut
ajouter des motets, des messes, des choeurs re-
ligieux ou profanes, sans accompagnement, des
transcriptions et des arrangements pour piano et
pour harmonium, des duos et trios pour 2 et
3 violons, des morceaux de genre pour le piano,
enfin des romances, chansonnettes, et un nom-
bre infini de valses, polkas, mazurkas, quadril*
les, etc., etc.
* BATTU (Pantaléon), ancien second chef
d'orchestre à l'Opéra, d'où Jil {avait pris sa re-
traite depuis plusieurs années, estmort à Paris le
17 janvier 1870.
BAITU (M'i" Marie), fille du précédent,
chanteuse distinguée, est née vers 1840. Élevée
dans un milieu très- artistique , elle fut musi-
cienne de bonne heure, et fit ses études vocales
sous la direction de M. Duprez, qui sut lui don*
ner la noblesse d'accent et la grandeur de style
à l'aide desquelles il s'était créé lui-même une
renommée si considérable et si légitime. Son
éducation terminée, M"* Battu débuta d'une
façon très-heureuse au Théâtre-Italien de Paris,
le 12 janvier 1860, par le rôle d'Amina dans
la Sonnambula de Bellini. Douée d'une voix
mordante et corsée, d'une beauté régulière et
pure, d'une tournure élégante et aisée, elle
réussit à souhait, ses qualités musicales étant
rehaussées encore par une intelligence trcs-sftre
et un bon sentiment de la scène. Elle chanta
successivement, sur notre scène italienne, Eli-
setta d'iZ Matrimoniojegreto, Gilda de Rigo-
letto, le page d'un Ballo in maschera, Zerlina
de Don Giovanni, Ekonorad' il. Furioso, Despina
de Cosi fan tutte, puis, au bout de quelques
années, se décida, sur les conseils de Rossini,
à aborder la scène française. |
Engagée à l'Opéra , M"e Battu y parut poilr
la première fois, avec un très-grand succès, dans
la reprise de Moïse qui eut lieu le 7 décembre
1864. Sa belle voix sonore et pleine, ses voca-
lises légères et perlées, son trille parfait et serré,
son style nerveux et pur, toutes ses qualités
enfin produisirent sur le public la plus vive im-
pression, à ce point que son début fut presque
un triomphe. Moins de cinq mois après ce dé-
but, elle eut le bonheur de faire une création fort
importante, celle du fôled'Inès dam V Africaine,
qui lui fit beaucoup d'honneur. Elle se montra
56
BATTU — BAUMANN
ensuite dans Matliilde de Guillaume Tell, dans
la reine des Huguenots, et joua avec le mt e
succès la Zerline de D071 Juan, au moment où
M"« Patti el M™" Carvalho se faisaient applaudir
dans ce rôle, la première aux Italiens, la seconde
au Théâtre-Lyrique. Enfin, la reprise d'AlcesIc
vint la mettre tout à fait hors de pair, et la
plaça au premier rang des cantatrices de notre
première scène lyrique,'; elle ne craignit pas,
après cela, de reprendre le rôle de Lydia,"créé
dans Herculanum par M^e Gueymard, et celui
de Sélika, créé dans l'Africaine par M™» Marie
Sass. Cependant, si M"* Battu faisait toujours
preuve d'un très-grand talent dans l'art du chant
proprement dit, ces grands rôles inspiraient io
regret qu'elle ne fût pas douée de la qualité su-
prême sans laquelle il n'est pas de véritable can-
tatrice dramatique dans toute l'étendue de ce
mot ; je veux dire l'émotion. Toute artiste qu'elle
se montrât à beaucoup d'égards, M'" Battu res-
tait toujours un peu froide, un peu sèche, et ne
montrait en aucun cas cette expression de ten-
dresse qui émeut, ou ces élans de passion dé-
bordante qui soulèvent une salle et la tiennent
suspendue aux lèvres d'un chanteur. Cette cri-
tique pourtant ne doit pas être exagérée, et ne
saurait porter atteinte au talent très-réel, très-
correct et très-distingué de M'" Marie Battu.
Cependant la jeune artiste quitta l'Opéra au
bout de quelques années. Elle fit partie de la
compagnie qui, en province et à l'étranger, se
donna pour mission de faire connaître , après la
mort de Rossini , la messe du maître immortel,
puis alla tenir l'emploi de première chanteuse
au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles. Entre
temps, elle lit une courte apparition au théâtre
de rOpéra-Comique, où elle joua le rôle de la
comtesse dans les Noces de Figaro (février
1872). Depuis lors, on ne l'a plus entendue à
Paris.
BATZ( ), facteur d'orgues néerlandais,
artiste fort distingué, chef de la maison Bafz et
Witte, d'Utrecht, est l'auteur des orgues de la
cathédrale et de l'église de Zuider à Rotterdam,
ainsi que de celles d'Amsterdam, de la Haye et
d'Utrecht, qui sont particulièrement estimées.
MM. Batz et Witte portent le titre de facteurs
de S. M. le roi des Pays-Bas.
BAUDELAIRE (Charles-Pierre), poète et
critique, particulièrement connu pour sa traduc-
tion française des œuvres d'Edgar Poe, naquit à
Paris au mois d'avril 1821, et mourut dans la
même ville, au mois de septembre 1867, dans
une maison de santé où il avait dû être placé à
la suite d'une maladie qui avait atteint .ses fa-
cultés mentales. A l'époque de la représentation
à Paris du Tannhxuser de M. Richard Wagner,
Baudelaire publia, pour la défense de l'un et de
l'autre, une brochure intitulée : Richard Wagner
et Tannhxuser (Paris, Dentu, 1861, in-12 des
70 pages). Cet écrit absolument inutile ne peut
rien apprendre à ceux qu'intéresse la question,
et n'est qu'un plaidoyer entrepris en faveur de
l'œuvre par un avocat inhabile à en discuter la
valeur, c'est-à-dire ignorant jusqu'aux préceptes
les plus élémentaires de l'art.
BAUDOIIV (Jules). Un écrivain de ce nom
a publié, lors de la reprise i'Alceste qui eut lieu
à l'Opéra en 1861, une brochure ainsi intitulée :
l'Alceste de Gluck, étude déJiée à M"* Pau-
line Viardot (Paris, Lebigre-Duquesne, 1801,
iu-12 de 65 pp.). Cette étude, faite acte par acte,
est précédée d'une courte r« notice historique »
sur Gluck.
lîAUDlUiUOXT ( Alexandre-Edouard),
éminent chimiste et polygraphe remarquable. Né
à Compiègne (Oise) le 7 mai 1806, professeur
agrégé à la faculté de médecine de Paris, cheva-
lier de la Légion d'honneur, etc., M. Baudrimont
occupe, depuis de longues années, la chaire de
chimie à la faculté des sciences de Bordeaux. Il
a publié en 1869, chez Gounouiiliou (Bordeaux),
un résumé substantiel de ses Travaux et Pu-
blications, formant une brochure in-4'' de 86-X
pages.
D'après M. Baudrimont, « le son n'est pas
« produit seulement par les ondes qui, par-
« lies du corps sonore, vont frapper l'oreille, mais
« par une réaction de la sphère sonore sur elle-
K même, avant qu'elle atteigne cet organe. »
Les ouvrages sur la musique de M. Baudri-
mont sont les suivants : 1* Lois générales de
Y acoustique, analyse et discussion des princi-
paux phénomènes physiologiques qui s'y rappor-
tent, in- 4°, Paris, Paul Renouard, 128 pages
(sans date). — 1° Observations sur la produc-
tion du son, dans les comptes-rendus de V Aca-
démie des sciences, tome XXXIII, pages 428 et
suivantes. — 3° Conférence sur la théorie de la
musique, faite à la faculté des sciences de Bor-
deaux le 16 mars 1869, un volume grand În-S",
de 100 pages, avec planches et tableaux.
A. L-jy.
* BAUDRON (Antoine-Laurent). Parmi
les ouvrages pour lesquels cet artiste écrivit de
la musique, il faut citer le Roi de Cocagne,
comédie de Legrand, pour laquelle il composa un
divertissement (19 février 1781), et Pijrame et
Thisbé, scène lyrique dont les paroles avaient
pour auteur le célèbre comédien Larive (2 juin
1783).
B.\Ul\IAiVN (Louis), violoniste, né à Lille
BAUMANN — BAY (DE)
57
en 1789, fut d'abord soldat, et, après avoir ob-
tenu son congé, entra en 1815 au Conservatoire,
dans ia classe de Baillot. Après avoir obtenu un
premier prix en 1818, il alla se fixer à Lyon et
s'y livra à l'enseignement, maintenant intactes
et pures les belles traditions qu'il tenait de son
illustre maître. Baumann ne quitta plus Lyon
jusqu'à sa mort, arrivée au mois de mai 1861.
Cet artiste a écrit un concerto de violon dédié
à Baillot, et un recueil d'études remarquables.
BAUMAI\I\ (Joseph), flûtiste fameux, na-
quit àCarlsruhe le 16 décembre 1799. Il a écrit
pour son instrument des compositions esti-
mées.
Y.
BAUMAIVIX (Emmanuel), pianiste et com-
positeur français, né vers 1825, s'est fait con-
naître par la publication d'un certain nombre
d'agréables morceaux de genre pour le piano.
Cet artiste a fait jouer en [1874, à l'Alcazar de
Marseille, une opéiclte en un acte intitulée
Clairette Angot en Turquie.
BAUMER (Erdmanw), corniste de talent,
naquit à Cassel en 1734, et mourut en 1796.
Y.
BAUMER (Frédéric), compositeur de mu-
sique de piano et de musique de danse, frère du
précédent; né à Cassel en 1736, mourut en
1802.
Y,
BAU\IFELDER(FRÉnÉuic-AuGusTE-GuiL-
lauhe), compositeur de musique , est né le 28
mai 1836 à Dresde. Il a composé tour à tour
des pièces faciles et de la musiiiue sérieuse : sym-
phonies, ouvertures et concertos. Ce jeune mu-
sicien cherclie encore sa voie.
Y.
BAUMGART (Ernest rRÉDÉRic), profes-
seur d'orgue et de théorie de la musique à
l'Institut musical de Breslau, est né vei« 1800.
Il s'est fait connaître par une édition des œuvres
de clavecin de Philippe-Emmanuel Bach.
Y.
* BAUMGARTNER (Guillaume), direc-
teur de musique à Saint-Gall, est mort à Zurich,
au mois; de mars 1867, âgé de quarante-sept
ans.
BAUR ( ), compositeur, né à Parme, a
fait ses études musicales à Milan, devint ensuite
chef de musique du régiment des hussards de
Plaisance, et commença à se faire connaître par
de jolis airs de danse. Il a donné à Parme, sans
succès, un premier opéra don! j'ignore le titre, et
a l'ail représenter ensuite à Milan, en 1857, un
second ouvrage, mtitulé le Due Fidanzate, qui
fut mieux accueilli, et dont l'éditeur Canti pu-
blia quelques morceaux détachés avec accom-
pagnement de piano. M. Baur est surfout con-
sidéré, dans sa patrie, comme un compositeur de
ballabile fort distingué.
BAUWlilIVS (Jacques), musicien belge, né
à Bruges dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, fut maître de chapelle de l'église Saint-
Jacques de cette ville, et a composé un grand
nombre de messes et de motets qui, dit-on, ne
sont pas sans valeur.
BAUX (Léon) est auteur de] l'écrit suivant :
A la Musique, poëme, par Léon Baux, deChar-
leville (Charleville, l'auteur, 1854, in-32).
BAVIIM (Claude), musicien distingué et
compositeur de musique religieuse, fut maître
de chapelle de la cathédrale de Rouen de 1598 à
IGOl.
* BAWR(Alexandrine-Sophie GOURY DE
CHAMPGRAND, comtesse DE), fille dumarquis
de Champgrand et d'une actrice de l'Opéra, na-
quit, à Paris le 8 octobre 1773, et mourut en celte
ville le 31 décembre 1860, à l'âge de quatre-
vingt-sept ans. Cette femme intelligente, dont
les aptitudes artistiques étaient remarquables,
surtout par leur diversité, avait reçu dans sa
jeunesse des leçons de composition de Grétry,
en même temps qu'elle travaillait le chant avec
Boieldieu, EUeviou et Garât. Elle écrivit à celte
époque un certain nombre de romances, aux-
quelles ce dernier donna une grande vogue en les
chantant dans les salons fameux sous le consu-
lat. Dans un livre publié par elle : Mes Souve-
nirs (Paris, Passard, 1823, in- 12), on trouve
quelques détails utiles sur Grétry et plu-
sieurs autres artistes. On ignore assez générale-
ment que cette femme intéressante, avant de
devenir M™' de Bawr, avait épousé le comte de
St-Simon, le fondateur de la secte saint-simo-
nienne, de qui elle s'était ensuite séparée par le
divorce. Elle a été l'objet de la notice suivante,
pleine de renseignements précis à son sujet :
Madame de baior, élude biographique sur sa
vie et ses ouvrages, par M"" l'Ilise Gagne (Élise
Moreau), Paris, Didier, 1861, ùi-12 de 66 pages.
BAY (l'abbé DE), musicien du dix-huitième
siècle, était maître de chapelle de l'église métro-
politaine de Cambrai, et se fit une certaine ré-
putation comme compositeur de musique reli-
gieuse. Les événements révolutionnaires obligè-
rent-cet artiste à quitter Cambrai, et à se ré-
fugier dans un couvent de Paderborn (Bas-
Rhin). C'est là qu'il fit des recherches sur les lois
de l'harmonie, et qu'il établit une théorie basée
sur les faits que lui avaient livrés ces recherches.
M. Brun-Lavainne, apparenté à l'abbé de Bay, a
publié en 1844, dans la France musicale^ une
58
BAY (DE) — BAZZINI
étude détaillée de la théorie musicale de celui-ci.
BAZILLE (Augustr-Ernest), organiste et
compositeur, né à Paris le 27 mai 1828, a fait
son éducation musicale au Conservatoire de cette
ville, où il fut admis dès ses plus jeunes an-
nées, et- où il remporta les récompenses suivan-
tes ; en 1840, le second prix de solfège ; en
1841, le premier prix; en 1842, un accessit d'har-
irionie et accompagnement; en 1843, le second
prix ; en 1845 , le premier prix, avec un second
prix d'orgue ; en 1846, le premier prix de fugue ;
en 1847, le premier prix d'orgue. Ayant pris
part, en 1848, au concours de l'Institut, il obtint
le premier second grand prix de composition mu-
sicale. Peu de temps après il entrait à l'Opéra-
Comique en qualité d'accompagnateur ; il remplit
aujourd'hui les fonctions de premier chef du
chant à ce théâtre, en même temps qu'il est or-
ganiste du grand orgue à l'église Sainte-Élisa-
belh. M, Bazille a écrit naguère un certain
nombre de couplets pour les scènes de vaude-
ville, et il a publié quelques mélodies vocales.
On lui doit la réduction au piano d'un grand
nombre de partitions. Enfin, cet artiste distingué
a eu une part, avec Clapisson, MM. Gautier,
Gevaert, Jonas, Mangeant et Poise, dans la mu-
sique de la Poularde de Caux, opérette en un
acte représentée au théâtre du Palais-Royal.
* BAZI^J (François-Emmanuel- Joseph). Le
répertoire dramatique de ce compositeur se
complète par les deux ouvrages suivants : 1° le
Voyage enC/i2»e,opéra-comiqueen trois actes re-
présenté à rOpéra-Comique le 9 décembre 1865 ;
2° VOws et le Pacha, ancien vaudeville de
Scribe [arrangé en opéra-comique et représenté
îu même théâtre vers 1869. M. Bazin, qui a
écrit de) nombreux chœurs orphéoniques , est
jussi l'auteur d'une opérette non représentée,
Marianne, qui a été publiée dans le journal le
Magasin des Demoiselles. — Lorsque M. Am-
broise Thomas eut été nommé directeur du Con-
servatoire après la mortd'Auber (1871), M. Bazin
lui succéda comme professeur de composition,
et abandonna sa classe d'harmonie et accompa-
gnement. Après la mort de. Carafa, il fut élu
membre de l'Académie des beaux-arts en rem-
placement de cet artiste.
M. Bazin a en portefeuille les partitions de
3eux opéras-comiques, chacun en trois actes,
\m n'ont pas encore été représentés : Masca-
ille, et la Belle au bois dormant.
BAZZIIVI (Francesco et Natale), musiciens
taliens du dix-septième siècle, se firent remar-
quer par leur triple talent d'organistes, de
chanteurs et de compositeurs. Ces deux frères
étaient nés à Lovere. Natale raoufut à Bergarae
en 1639, et Francesco le 15 avril 1660. Ce der-
nier, dont la renommée semble avoir été la plus
brillante, peut-être parce qu'il a vécu plus long-
temps, a été successivement attaché aux cours
de Modène, de Vienne, de Venise, de Parme et
de Florence. En 1628, l'imprimeur Bartolomeo
Magni, de Venise, publiait les œuvres suivantes
de Natale Bazzini : 1° Messe, mottetii e diU'
loghi [a cinque, concertati ; 2° Libri due di
mottetti ad una, due, tre e quaitro voci;
3° Messe e salmi a tre, concertati; 4° Arie
nuove, e diverse. Francesco a, dit-on, composé
davantage, mais on ne connaît aujourd'hui de
lui que les œuvres suivantes : 1° La rappre-
sentazione di S. Orsola, con diversi stru-
inenti; 2° Suonate di trb a; 3* Canzonette
a voce sola.
M. Antonio Bazzini, l'admirable violoniste
dont il est parlé dans la notice suivante, descend
directement de ces deux musiciens, ainsi que
M. Alfredo Piatti, le violoncelliste renommé.
* BAZZIIVI (Antonio). C'est le 10 mars
1818, que ce grand artiste est né àBrescia. S'il
faut en croire un de ses biographes, Francesco
Regli, il avait à 'peine treize ans lorsqu'il publia
sa première composition, et à dix-sept ans il avait
déjà fait exécuter au théâtre de Brescia six ou-
vertures à grand orchestre. A cette époque, il
était maître de chapelle de l'église St-Philippe,
pour laquelle il écrivit une messe et des vêpres.
En 1836, il joua devant Paganini, qui, enchanté
de son talent, le pressa dans ses bras, et lui dit :
Voyagez vite! L'année suivante, il se rendit à
Milan, où il publia diverses compositions pour
le violon, et quelques romances, et où il se fit
entendre à plusieurs reprises avec un grand suc-
cès; dès ce moment, il manifesta sa prédilec-
tion pour la musique de chambre, et surfout son
admiration pour les chefs-d'œuvre de Beetho-
ven. En 1840, son parrain, l'avocat Buccelloni,
lui fournit les moyens d'entreprendre un grand
voyage artistique, et M. Bazzini se mit alors à
parcourir une partie de l'Europe, se faisant en-
tendre successivement à Venise, Trieste, Dresde,
Berlin, Vienne, Peslh, Copenhague, Varsovie,
Leipzig, etc., et se faisant applaudir à la fois
comme compositeur et comme virtuose. De re-
tour en Italie en 1846, il k parcourut en entier,
donnant des concerts à Turin, Gênes, Florence,
Rome, Naples, Palerme, Parme, et partout ex-
citant l'enthousiasme. 11 visita ensuite la France
et l'Espagne, se rendit à Marseille, Bordeaux,
Madrid, Séville, Cadix, Valence, Barcelone,
Malaga, puis, revenant sur ses pas, s'arrêta
enfin à Paris. [C'était vers 1852, et, outre les trois
auditions qu'il donna au Xhi^âtre-Italien, il se fit
BAZZINI — BEAULIEU
39
entendre une vingtaine de fois au Gymnase dra-
matique. Toi't jeune artiste alors, je faisais par-
tie de l'orchestre de ce tliéâtre, et je me rappelle
l'impression que le talent de M. Bazzini produi-
sit sur ma jeune imagination, l'admiration que
faisait naître en moi ce [style noble et lier, si
pur et si chaleureux, cet archet si solide et si
varié, ce jeu pathétique et passionné.
M. Bazzini est certainement l'un des ' plus
grands violonistes qu'ait produits l'Italie. Pour-
tant, depuis plusieurs 'années, il semble avoir
voulu modifier sa carrière. J'ai eu le plaisir de
le rencontrer à Milan en 1873, et j'ai vu qu'il ne
s'occupait plus guère que de composition. Il ve*
nait d'ailleurs d'être nommé professeur de con-
tre-point et de haute composition au Conserva-
toire de cetle ville. Au reste, et sous ce rap-
port, peu de musiciens en Italie peuvent lui être
comparés pour la profondeur et la pureté du
style. Ses Psaumes, parmi \Qsq\ie\s la Résurrec-
tion du Christ peut être considérée comme une
œuvre hors ligne, ses Symphonies-cantates, ses
ouvertures, surtout celle de Saiil (dont la par-
tition a été publiée à Florence, par l'éditeur
Guidi), le prouvent surabondamment, et cette
dernière œuvre , particulièrement, est pleine de
chaleur, de noblesse et de passion expansive. Si
l'opéra que M. Bazzini a donné il y a quelques
années à la Scala, Turandoû (13 janvier 1864) ,
n'a pas réussi, on en pourrait conclure seule-
ment que l'auteur ne possède peut-être pas le
véritable sentiment scénique ; ce n'est pas d'ail-
leurs sur un seul essai de ce genre qu'on peut
juger un compositeur, et M. Bazzini ne se croit
sans doute plus assez jeune pour renouveler une
telle épreuve. Il n'en est pas moins vrai que, à
quelque point de vue qu'on envisage son talent,
M. Bazzini est un très-grand.artiste, respectueux
de lui-même, ferme en ses principes, richement
doué par la nature, et qui n'a jamais sacrifié (au
mauvais goût et à la légèreté de la foule.
Parmi les compositions que M. Bazzini a
écrites pour son instrument, je citerai les sui-
vantes : 1° Deuxième fantaisie sur la Sonnam-
bula, op. 26 ; — 2" Fantaisie de concert sur il
Pira(a,op. 27 ; — 3" Le Carillon d'Arras, air
flamand varié, op. 36 ; — 4° Fantaisie sur la
Straniera, opAO ; — 5" Trois morceaux lyriques
{i, Nocturne, 2. Scherzo, 3. Berceuse), op. 41;
— 6" Concerto militaire, op. 42 ; ■— 7° Deux
morceaux fantastiques ( 1. Ballade, 2. Danse
des Gnomes), op. 43; — - 8° Trois morceaux en
forme de sonates (1. Allegro, 2. Romance, 3.
Finale), op. 44. On doit aussi à M. Bazzini
quelques compositions vocales : IlpoveroFan'
ciullo* Chi ami ? Ostriche del fusaro, etc.
BAZZONI (Je\n-Louis) , compositeur et
professeur italien qui a longtemps vécu en
France, était né à Milan en 1816. Il fit ses études
musicales et commença sa carrière dans sa ville
natale, où il donna d'abord, le 24 juin 1836, au
théâtre de la Canohbiana, une far sa intitulée
i Tre Mariti, qu'il fil suivre , le 27 juin de
l'année suivante, de Salvator Rosa, opéra sé-
rieux représenté au même théâtre avec un succès
absolument négatif. Quelques années après,
Bazzoni vint s'établir à Paris, où il se livra à
l'enseignement du chant et où, vers 1852, il se
vit chargé des fonctions de chef du chant au
Théâtre-Italien. Il publia alors un certain nombre
de mélodies vocales, le Naufrage, Seule au
inonde, la Fille de Vhdtesse, le Sommeil de
l'enfant, Basquinette , Voici la neige, V Hi-
rondelle, quelques morceaux de genre pour le
piano : Rimprovero, romance sans paroles , la
Farfalla, valse poétique, Lagrima d'addio,
rêverie, et une série de six duos italiens pour
chant : le Zingare, la Sera, il Brindisi, la
Costanza, la Pietà, la Fuga délia Schiava.
Vers 1858, Bazzoni fit représenter au petit théâ-
tre des Folies-Nouvelles une opérette en un acte,
le Quart-d'' heure de Rabelais, dont la musique
était loin d'être bonne ; quelques] années après,
il retournait en Italie, et faisait jouer sur le
théâtre Regio, de Turin, un opéra sérieux en 4
actes, il Rinnegato Fiorentino, dont la chute
fut lamentable et qui n'eut qu'une seule repré-
sentation. Cet artiste infortuné revint alors à
Paris, où il mourut, au mois de septembre 1871,
dans une situation misérable.
BEAUGOIS ( ) est auteur d'une Nou-
velle Méthode de plain-chant, de musique et
de serpent (Amiens, 1827, in-8°).
* BEAULIEU (Marie-Désiré-Martin), Cet
artiste distingué, dont le cœur, comme l'esprit)
était ouvert à tous les grands sentiments, est
mort au mois de décembre 1863. L'Association
musicale de l'Ouest, fondée par Beaulieu dans
le 'but de propager dans cette région de la
France, à l'aide de belles exécutions, le goût de
la grande musique classique, a été créée par lui
dans ,des conditions qu'il a fait connaître lui-
même par une lettre adressée à son ami Ha-
lévy. Possesseur d'une soixantaine de lettres
originales du Poussin, de son testament et de
nombreuses notes autographes sur les missions
dont le grand artiste avait été chargé pendant
son séjour en Italie par l'intendance générale des
beaux-arts en France, Beaulieu avait cru devoir
céder ces idocuments précieux à la Bibliothèque
impériale (vers 1859), moyennant une somme
de 5,000 francs, q^\ était loin de représenter
60
BEAULIEU — BEAUMARCHAIS
leur valeur; mais il ne voulut même pas profiter
personnellement de cette somme ni en grossir
son héritage, et il résolut d'en tirer parti, d'une
façon fort intelligente, pour le bien de l'art,
et d'en faire le point de départ delà fondation qu'il
rêvait. «Mes revenus ordinaires, disait-il dans sa
lettre, ne me permettant pas de donner suite à
ma pensée, je me suis décidé, non sans quelque
peine, à vendre ma portion du bien que m'a
laissé mon père, et, au moyen du capital que j'ai
retiré de cette vente, je puis, dès à présent, es-
sayer, étudier, réaliser même, au moins en
partie, mon projet Je ferai tous les frais de
ces séances, et le produit se partagera en deux
parts égales, dont l'une entrera dans la caisse
de l'Association des artistes musiciens, et l'autre
viendra s'ajouter au capital que je destine dès
aujourd'hui à continuer après moi mon entre-
prise. Ce capital est de 100,000 francs. De mon
vivant, je dois nécessairement prélever sur les
intérêts de cette somme l'équivalent de ce que
j'ai de moins en revenu territorial, mais le sur-
plus est, je crois, très-suffisant pour commen-
cer.... »
Beaulieu commença, en effet, dès 1860, et
Dientôt l'Association musicale de l'Ouest d'une
part, et, de l'autre, la Société de chant classique
à Paris, toutes deux fondées par lui, fonctionnè-
rent régulièrement. A sa mort, la somme de
100,000 francs annoncée par lui fut léguée à
lette double fondation, et son testament portait
que le produit des concerts donnés à Paris se-
rait partagé entre l'Association des artistes mu-
siciens et la Société de chant classique. Ce sont
les conditions de cette création à la fois artis-
tique et bienfaisante qui me faisaient dire que
le cœur, comme l'esprit de Beaulieu,, était ouvert
à tous les grands sentbnents.
Aux écrits sur la musique publiés par Beau-
lieu, il faut ajouter les deux suivants : 1" Mé-
moire sur quelques airs nationaux qui sont
ians la tonalité grégorienne (Niort, impr.
Favre, 1858, in-S") ; 2° Mémoire sur Vorigine
de la musique (Paris, 1859, in- 8° de 27 pp.).
On a publié à Niort (1865, in-8°) -Notices sur
Dés.-Marlin Beaulieu et Pierre-Th. Segré-
iain.
BEAUMARCHAIS (Pierre-Augustin CA-
RON DE), né à Paris le 24 janvier 1732, fut cé-
lèbre à divers titres, mais surtout pour les deux
chefs-d'œuvre qu'il donna à la scène française,
le Barbier de Sécille et 7e Mariage de Fi-
garo, qui plus tard enrichirent la scène lyrique,
grâce au génie de Mozart et à celui de Rossini. Il
n'est mentionné ici que pour la partie de ses
travaux qui se rapporte à la musique, car la
vaste intelligence de cet homme remarquable lu
permit de s'occuper des choses les plus diverses.
« Il fit d'excellentes études (dit l'auteur de la no-
tice qui lui est consacrée dans la Biographie
universelle et portative des Contemporains),
se livra à la littérature et aux mathématiques,
et fit de rapides progrès dans les sciences méca-
niques. L'horlogerie lui doit l'invention d'un
nouvel échappement approuvé par l'Académie des
sciences. Malgré ce succès, il quitta l'état de son
père, et se livra à l'étude de la musique, pour
laquelle il était passionné ; des compositions gra-
cieuses, et un talent supérieur sur la guitare et
sur la harpe, dont il avait perfectionné le méca-
nisme, fixèrent l'attention sur lui ; les filles de
Louis XV devinrent ses écolières, et l'admirent
dans leur société intime , dont son esprit le
rendait aussi digne que ses talents... «
Beaumarchais était en effet un excellent mu-
sicien, ne se bornant pas à être un virtuose sur
la harpe, mais s'occupant aussi de composition.
Il a écrit, on le sait, les paroles et la musique
d'un assez grand nombre de chansons et de ro-
mances; dans un voyage que M. Edouard Four-
nier fit à Londres vers 1862, cet écrivain fut
assez heureux pour acquérir, au compte de la
Comédie-Française, sept volumes de manuscrits
inédits de Beaumarchais, parmi lesquels se
trouve un volume de chansons, ^paroles et mu-
sique. Cette précieuse collection fait partie au-
jourd'hui des archives de notre grande scène lit-
téraire.
Une fois au moins, dans ses écrits, Beaumar-
chais s'est occupé directement de musique.': c'est
dans la préface de l'opéra de Tarare, représenté
en 1787, et dont il avait construit le poème pour
Salieri. Cette préface, qui ne compte pas moins
de 26 pages, et qui porte pour titre : Aux abon-
nés de VOpéra qui voudraient aimer l'opéra,
est une sorte de poétique du drame lyrique, tel
que le concevait et l'aurait voulu Beaumarchais.
Elle est un peu équivoque, un peu incohérente,
mais elle peut, au fond, se résumer dans ces quel-
ques lignes que Beaumarchais écrivait lui-même
dans la préface du Barbier de Séville : « Moi, qui
ai toujours chéri la musique, sans inconstance, et
même sans infidélité, souvent aux pièces qui
m'attachent le plus je me surprends à pousser
de l'épaule, à dire tout bas avec humeur : Va
donc, musique! Pourquoi tant répéter ? N'es-
tu pas assez lente? Au lieu de narrer vive-
ment, tu rabâches : au lieu de peindre la
passion, tu t'accroches oiseusement aux
mots ! » Il y a dans ces réflexions, relatives au
style musical alors en faveur 'pour l'opéra, un
fonds véritable de justesse.
BEAUMARCHAIS — BEAUVOIR
61
Beaumarchais l^mourut subitement, le 19 mai
1799. On dianta pendant longtemps à Paris une
de ses cliansons : Cœurs sensibles, cœurs fi-
dèles, dont l'air était, dit-on, charmant. Choron
et Fayolle, dans leur Dictionnaire historique
des Musiciens, disent que la musique de Beau-
marchais valait mieux que ses vers.
* BEAUMESNIL (Henriette-Adélaïde-
VILLARD DE). Cette artiste, plusieurs années
après qu'elle eut pris sa retraite à l'Opéra, écri-
vit la musique d'uà opéra-comique en 2 actes :
Plaire, c'est commander, qui fut représenté au
théâtre Montansier le 12 mai 1792.
BEAUMOIXT {......), compositeur aujour-
d'hui inconnu, qui vivait dans la première moitié
du seizième siècle, a fourni au recueil de chan-
sons françaises à quatre parties publié vers 1530
par l'imprimeur Pierre Attaignant, la musique de
la chanson : Ma povre bourse.,
BEAUPUIS (GiusEppE DE), compositeur
italien, dont le nom trahit une origine française,
est né à Napies le 5 mars ,1820. Dès sa plus
tendre jeunesse il s'appliqua à l'étude du violon,
et il avait à peine 17 ans lorsqu'il fut chargé des
fonctions de chef d'orchestre au petit théâtre de
la Fenice, fonctions qu'il remplit ensuite à Bari,
à Lecce, et dans diverses autres villes. C'est dans
ces commencements de sa carrière qu'il écrivit
et fit représenter quelques opérettes bouffes :
i Due Pedanti (Caserta), Monsieur des Cha-
lumeaux (Trani), Miss Baba (Napies, th. de
la Fenice), et qu'il composa aussi de nombreux
morceaux [pour musique militaire. De retour à
Napies, il entra comme violoniste à l'orchestre
du théâtre San-Carlo, mais en sortit bientôt,
après avoir vainement essayé de se produire
comme compositeur de ballets. C'est alors,
qu'ayant fait exécuter dans un couvent une
messe de Gloria, il devint maître de chapelle de
diverses maisons religieuses, et écrivit un grand
nombre de compositions de musique sacrée,
consistant en messes, motets, vêpres, etc.
Aujourd'hui, et depuis [dix ans environ, M. de
Beaupuis a tourné presque exclusivement ses ef-
forts du côté de l'enseignement. Cet artiste a
publié dans la Gazzetta musicale de Napies un
Mémoire divisé en 29 articles, sur la décadence
des études musicales au Conservatoire de cette
ville; iil a donné au journal Napoli musicale
(1871) plusieurs articles destinés à soutenir la
candidature de M. Lauro Rossi à la direction de
ce Conservatoire, et il a été collaborateur d'une
autre feuille, VArtista.
BEAUQUIER (Charles), écrivain français,
né vers 1830, s'occupa d'abord de politique et
prit part à la rédaction de plusieurs journau^:
de Paris ou de la province. Plus tard, et un
gofit prononcé le portant à s'occuper des choses
de la musique, il prit, comme on dit, le taureau
par les cornes, et, pour son coup d'essai en ces
matières, écrivit et publia une Philosophie de
la musique (Paris, Germer-Baillière, 1855,
in-12) (1). Je ne voudrais pas assurer que ce
titre ne soit un peu ambitieux, et que nous pos-
sédons aujourd'hui une véritable philosophie de
la musique ; un tel livre m'a toujours semblé
terriblement difficile à faire, et il me paraît que
pour le mener à bien il est besoin de connaissances
musicales plus étendues que celles que possède
M. Beauquier, connaissances qui donnent en
plus d'un endroit prise à la critique. Toutefois
ce livre, écrit avec soin par un homme intelli-
gent, qui sait ce qu'il veut dire et qui trouve
l'expression juste, est un essai qui n'est point
sans mérite. Peu de temps après sa publication,
l'auteur devint l'un des collaborateurs de la
Bévue et Gazette musicale de Paris. En 1870,
après la chute de l'empire, !M. Beauquier fut
nommé sous-préfet dans un de nos départements
de l'Est. Il ne conserva que peu de temps cette
situation, et a repris, depuis, ses travaux litté-
raires.'
C'est [M. Beauquier qui a écrit le livret de
Fiesque, opéra de M. Edouard Lalo (V. ce
nom) qui a obtenu une mention très-honorable
au concours ouvert au Théâtre- Lyrique en 1867.
* BEAÏJVAllLET- CHARPENTIER
(Jacques-Marie). Cet artiste a publié un petit
recueil de chansons et romances sans aciîompa-
gnement, comme il s'en faisait tant alors, ainsi
intitulé : le Troubadour, ou les Étrennesd'Ê-
rato, avec la musique des airs nouveaux, choisis
ou composés par M. Beauvarlet-Charpentier
(Paris, librairie économique, 1806, in- 18). Ce
recueil contenait en effet beaucoup d'airs écrits
par lui-même ; j'ignore s'il en a continué la
publication pendant plusieurs années.
BEAUVOIR (ÉDouARD-RoGER DE BULLY,
dit ROGER DE), écrivain français, né à Paris
le 28 novembre 1809, mourut en 1866. Parmi ses
nombreux écrits, nous avons à signaler les deux
suivants : 1° l'Opéra (Paris, Havard, 1854,
in-18), petit volume compris dans une publica-
tion qui portait pour titre général : Paris his-
torique, pittoresque et anecdotique ; 2° le Che-
valier de St-Georges (Paris, 1840, 4 vol.),
roman d'imagination dont le héros est ce fa-
meux mulâtre si j-echerché à Paris vers le milieu
du dix-huitième siècle, et qui se fit remarquer
(1) Le titre du volume porte ia U«te de 1865, et la
couverture celle de 1866,
62
BEAUVOIR ^ BECKER
comme violoniste et compositeur. Roger de
Beauvoir a tiré de ce roman une pièce qu'il fit
représenter sous le même titre et qu'il avait
écrite en société avec Mélesville.
BEAUX (J -J ), est auteur d'un écrit
publié sur ce sujet singulier : De l'influence de
la magnétisation sur le développement de la
voix et du goût en musique (Paris, 1855,
in-l2).î
BÈCHEFORT ou BOUCHEFORT ( ),
musicien aujourd'hui inconnu, qui vivait au
commencement du seizième siècle, a écrit la
musique de plusieurs des chansons à quatre
parties contenues dans le fameux recueil de
Pierre Attaignant (V. ce nom dans la Biogra-
phie), publié vers 1530. Son nom ee trouve
ainsi écrit, de deux manières, dans ce recueil,
auquel il a fourni la musique des chansons sui-
vantes : J'ay souhaité depuis trois mois, Ta
grand' beauté a tant, Tous compaignons qui
buvez, Tant que vivray en âge, Trop de re-
grets pour voîis. Trop longuement avez terni,
Trop se fier aux promesses.
J.-B. W.
BÉCHEM (Charles). Un écrivain de ce
nom a donné à la seconde édition du Diction-
naire de la Conversation et de la Lecture un
certain nombre d'articles sur la musique.
BECUEH (Joseph), compositeur, est né le
1*' août 1821 à Neukirchen, en Bavière. Il a
écrit beaucoup de musique religieuse : 12 messes
solennelles et 50 petites messes, 24 grandes et
13 petites litanies, 23 Requiem, 8 vêpres, 100
graduels et offertoires, sans compter plusieurs
Te Deum, hjmnes, motets, etc.
Y.
BECHSTEIN (Frédéric.Guillatjme-Char-
LEs), né à Gotha le I" juin 1826, est le fonda-
teur de la grande fabrique de pianos de Berlin
qui porte son nom. Après avoir passé comme
ouvrier dans les principales fabriques de l'Alle-
magne, il alla travailler à Londres et à Paris
dans les ateliers de Pape et de Kriegelstein, Sa
maison eut les origines les plus modestes. En
1850, il ouvrit ses ateliers avec une douzaine
d'ouvriers ; cinq ans plus tard, il en employait
déjà plus de 200. Les pianos de Bechstein, pa-
tronnés par Hans de Bûiow, Liszt, Tausig et
Dreyschock, ont figuré avec honneur aux expo-
sitions universelles de Londres et de Paris,;
Y.
BECK (Jean-NéI'Omucène), premier baryton
de l Opéra impérial de Vienne, est né à Pesth le
5 mai 1828. C'est un artiste doué d'une voix
puissante et duo remarquable talent de comé-
dien, ^y.
BECKER (Jêân-Tobias), compositeur de
musique d'église, né à Grulich, en Bohême, l'an
1G99 ou l'an 1700, est mort à Leldsberg, dans
la basse Autriche, le 5 juillet 1779.
Y.
BECKER (Vincent-Ernest), né en 1833 à
Wurzbourg, où il est regens chori, a composé
des lieder et des chœurs pour voix d'hommes,
devenus populaires.
Y.
BECKER (Jean), violoniste fort distingué et
brillant surtout dans l'exécution de la musique
de chambre, est né à Manheim le 11 mai 1836.
Il ùl son éducation musicale en cette ville, et
devint violon solo au théâtre. Après avoir fait
ensuite un séjour de deux années à Paris, sans,
je crois, s'y faire entendre, il se rendit à Lon-
dres, oii il se produisit avec un grand succès
dans les séances de l'Union mtisicale dirigée
par M. John Ella (1860;. Il retourna ensuite
dans sa patrie, et y commença sa réputation en
se présentant fréquemment dans les concerts,
après quoi il revint en France et demanda à Paris
la consécration de sa jeune renommée. Les suc-
cès qu'il. y obtint furent très-grands, et le public
parisien, toujours enthousiaste lorsqu'il se sent
en présence d'une grande individualité, ne mar-
chanda ni ses éloges ni ses bravos à un artisie
d'un talent vraiment exceptionnel , chez lequel
une imagination poétique autant que passionnée
et une inspiration incontestable venaient se
joindre à une instruction vaste et aux plus nobles
comme aux plus rares qualités du virtuose. M.
Becker alla s'établir en 1865 à Florence, à l'époque
où, grâce à l'initiative intelligentelde M, ledocteur
Basevi et aux efforts de la Società del Quar-
tetto, la musique de chambre pour instruments
à cordes prenait en cette ville une extension
étonnante. M. Becker y fonda une société de
quatuors qui se fit aussitôt remarquer par son
excellente exécution, et dont les succès furent
tels que, sous le nom de Quatuor florentin,
cette société entreprit une série de voyages artis-
tiques et se fit entendre dans les premières
villes de l'Europe au milieu da'pplaudissements
unanimes.
M. Jean Becker est non-seulement un vir-
tuose de premier ordre, mais un musicien solide,
dont le talent s'est nourri et fortifié aux sources
les plus pures de l'art, et qui est l'un des inter-
prètes les plus remarquables des chefs-d'œuvra
classiques des grands maîtres.
BECKER (George), musicographe suisse
est l'auteur d'un livre publié récemment sous ce
titre un peu trop ambitieux : la Musique en
Suisse, depuis les temps les plus reculés jus.
BEGKER — BEETHOVEN
63
qu'à la fin du dix-huitième siècle, — notices
historiques, biographiques et bibliographi-
ques (Genève, Richard, 1874, in.l2).Une partie
de ce livre avait paru, par fragments, dans dif-
férents journaux, et ces fragments ont été repro-
duits tels quels, avec quelques chapitres ajour
tés; c'est ce qui explique qu'il est conçu sans
plan ni méthode. La Musique en Suisse n'est
qu'une collection de notices recueillies et pu-
bliées non par époque, ce qui eût paru plus lo-
gique, mais par contrées et par localités, sys-
tème hostile à toute espèce de vues d'ensemble.
Encore ces notices sont-elles parfois tellement
incomplètes, qu'elles n'offrent qu'un bien mé-
diocre intérêt. En somme, le côté utile de ce
modeste volume peut être caractérisé ainsi : c'est
un recueil de documents pouvant servir plus
tard de base à un petit Dictionnaire biographique
des musiciens suisses. A ce titre, le travail de
M. George Becker est encore digne d'estime.
Cet artiste a publié quelques petits morceaux
de piano, qui se distinguent par d'aimables qua-
lités.
* BECQUIÉ DE PEYRE VILLE (Jean-
Marie), est mort à Paris, au mois de janvier
1876. Il avait été pendant de longues années at-
taché à l'orchestre du Théâtre-Italien, d'abord
comme premier violon, ensuite comme alto.
BEER (Jules), dilettante distingué, est le
propre neveu du grand homme qui fut Meyer-
beer. M. Jules Béer est un musicien amateur
dont l'ambition vise sans doute un peu trop
haut, mais qui, en somme,'a fait de bonnes étu-
des et qui a presque le droit d'être considéré
comme un artiste. Il s'était d'abord essayé en
écrivant la musique de deux opéras-comiques
en un acte, En état de siège et les Roses de
M. de Malesherbes, qu'il avait fait exécuter
chez lui, le premier en 1859, le second en 1861.
M. Béer voulut alors aborder une véritable
scène, etil fit représenter au Théâtre-Lyrique, le
23 avril 1862, un ouvrage en deux actes, inti-
tulé la Fille d'Egypte, qui n'obtint qu'un médio-
cre succès. Au mois de mars 1871, il donna à
Bruxelles, au théâtre de la Monnaie, un grand
opéra en quatre actes, Elisabeth de Hongrie,
qui fut accueilli avec la plus complète indiffé-
rence. M. Jules Béer a encore en portefeuille un
grand opéra, qui a pour titre le Paria, et qui
n'a pas encore été représenté. Il a mis aussi en
musique le psaume CXXXVII de David, vaste
composition pour soli, chœurs et orchestre,
qu'il a fait exécuter chez lui, le 23 janvier 1868,
avec M"' Mauduit, MM. Caron etWarot pour prin-
ïipaux interprètes. Enfin, M. Jules Béer a composé
UD cçrtaio nombre de mélod!Q3vocaks,dont quel-
ques-unes ont été publiées : A une jeune mère,
la Résurrection, la Chute des Feuilles, le
Chant du dimanche, Ballade orientale, la
Marguerite, Gondoline, les Plaintes de la
jeune fille, A une rose. Prière, etc.
* BEETHOVEN (Louis Van). Les livres et
les écrits relatifs à la vie et aux travaux de ce
grand homme se sont singulièrement multipliés
dans ces dernières années, et ont fini par former
comme une sorte de littérature spéciale, qui
n'est pas sans analogie avec celle qui s'est pro-
duite chez nous au sujet de Molière. Aux an-
ciennes biographies de Wegeler et Ries, de Schlos-
ser, de Schindier (traduite en anglais par Mos-
cheles, et dont une 2* édition allemande a été
faite à Miinster en 1845 et une 3° en 1860), de
Marx (dont une 2 édition a paru en 18C3), d'Où,
libicheff, il faut ajouter les ouvrages suivants ;
1° Biographie de Beethoven, par W. Neumann,
Cassel, 1834; 2° Beethovcn's Leben {Vie de Bee-
thoven), l" \o\. (ta jeunesse de Beethoven),
Vienne, 1864, 2' \o\. (Beethoven à l'âge viril),
Leipzig, 1867; S* vol. (Beethoven et ses
œuvres) , étude biographique et bibliographique
par O. Miihlbrecht, Leipzig, 1866; 4° Ludwirj
van Beethovcn's Leben (Vie de Louis Van
Beethoven), par A.-VV. Thayer, Berlin, 18G6,
(ouvrage commencé d'une façon remarquable,
qui doit comprendre trois volumes, mais dont le
premier seul a paru); 5" 83 Nouvelles Lettres
originales de Beethoven à {l'archiduc Rodol-
phe, publiées par L. de Kochel, Vienne, 1865 ;
&" Beethoven et Marie Pachler-Koschak, par
le docteur F. Pachler, Berlin, 1866 ; 1° les
Lettres de Beethoven à la comtesse Marie Er-
dôdy et à Madeleine Brauchle, publiées par le
docteur Alfred Schône, Leipzig, 1867 ; 8° les
Lettres de Beethoven avec quelques composi-
tions de circonstance non imprimées, extrai-
tes de son journal de notes et de ses lectures,
publiées par L. NohI, Stuttgard, 1868; 9° Étu-
des sur Beethoven, par G. Nottebohm, Leipzig,
1865; iO"^ Louis Van Beethoven comme com-
positeur dramatique, par C.-E. Alberti, Steftin,
1858; 11° les Symphonies de Beethoven et
d'autres maîtres célèbres, par F. deDùrenberg,
Leipzig, 1863; 12" les Sonates de Beethoven
expliquées, par E. d'Elterlein, 2* édition, Leip-
zig, 1857, 3*, Leipzig, 1866 ; 13° les Symphonies
de Beethoven d'après leur portée idéale, par
le même, 2*= édition, Dresde, 1858; U° Intro-
duction pour l'exécution des œuvres de piano
de Beethoven, par A.-B. Marx, Berlin, 1863;
1.5° les Sonates depianode Beethoven, ^ds un
impartial, Berlin, 1863. A ces divers ouvrages,
U faut ajouter eflcçre le volumineux catalogue
64
BEETHOVEN — BÉGUJN-SALOMON
critique de De Lenz (Hambourg, 1860), le Cata-
logue thématique avec des observations chro-
nologiques et biographiques de G. Nottebohm
(Leipzig, 1868), et le Catalogue chronologique
dressé par A.-W. Thayer (Berlin, 1868).
En France aussi, quelques notices et quelques
traductions de biographies allemandes ont été
publiées dans ces dernières années. En voici la
liste : 1" Beethoven, esquisse musicale, par H.
Barbedette , la Rochelle, Siret, 1859, in 8°
(2'= édition : Beethoven, sa vie et ses œuvres,
Paris, Heugel, 1870, in-8° avec portrait) ; 1" No-
tices biographiques sur L. Van Beethoven , par
le Dr F. -G. Wegeler et Ferdinand Ries, suivies
d'un supplément publié à l'occasion de l'inaugu-
ration de la statue de L.-V. Beethoven à Bonn,
sa ville natale, traduites de l'allemand par A. -F.
Legentil, Paris, Dentu, 1862, in-12 ; 3° Notice
sur Vorigine du célèbre compositeur Louis
Van Beethoven, suivi {sic) du testament de
l'illustre maître, par Edouard-G.-J.-Gregoir,
Anvers, impr. Jorssen, 1863, in-S"; 4° Histoire
de la vie et deV œuvre de Ludwig.Van Beetho-
ven, par Antoine Schindler, traduite par Albert
Sowinski, Paris, Garnicr, 1865, in-8° avec por-
trait; 5° Beethoven, sa vie, son caractère, sa
musique, par Edouard de Pompery, Paris, lib.
du Petit-Journal, 1865, in-12 de 50 pp.-, 6° Sur
le Beethoven de M. A. de Lemud, par M. Em.
Michel, Metz, Blanc, 1865,in-8° ; 7" Louis Van
Beethoven, sa vie et ses œuvres, d'après les
plus récents documents, par M"^ A. Audley,
Paris, Didier, 1867, in-12.
* BEFFROY DE REIGNY (Louis-Aef.l),
dit le Cousin- Jacques. Au répertoire dramati-
que de cet artiste excentrique, il faut ajouter les
3uvrages suivants : 1° la Fédération du Par-
nasse, un acte (paroles et musique), th. Beaujo-
lais, 1790; 2° Jean-Bête, « comédie en 3 actes,
avec ouverture nouvelle , ronde et vaudeville »
(paroles et musique), th. des Grands-Danseurs du
roi (Nicolet), 1790; 3° Louis XII, 3 actes,
« mêlés d'airs, » Délassements-Comiques,' 1790 ;
4" les Folies dansantes, 2 actes (paroles et
musique), Délassements-Comiques, 1790; 5° Al-
lons, ca va, on le Quaker en France, un acte
(paroles et musique), th. Feydeau, 1793 ; 6° Un
Rien, ou V Habit de noces, un acte (id.). Am-
bigu, 1798 ;7° le Grand Genre, un acte (id.),
Ambigu, 1799; 8° les Deux Charbonniers, 2
actes (id.), th. Montansier, 1799; 9" le Bon-
homme, ou PoiUot et Fanchon, un acte (iti.),
th. Montansier, 1799. Je ne sais s'il y avait de la
tousique dans le Retour dît Champ-de-Mars,
divertissement en un acte du Cousin-Jacques,
donné en 1790 au théâtre Beaujolais. Il a écrit
en effet plusieurs pièces sans musique, telles que
Démosthènes, Emilie ou les Caprices, les Ca-
pucins, de même qu'il lui est arrivé de faire
les paroles de deux opéras dont Leinoyne com-
posa la musique : le Compère Lue, ou les Dan-
gers de l'ivrognerie, et Toute la Grèce, ou Ce
que peut la Liberté. C'est aussi lui qui a fait
les compliments de clôture du théâtre Favart en
1787, 1788 et 1789, ainsi que le discours d'ou-
verture du théâtre Montansier. Quant à ses
écrits en dehors du théâtre, je ne puis que ren-
voyer à la très-substantielle et charmante notice
que M. Charles Monselet a consacrée au Cousin-
Jacques dans son excellent livre : les Oubliés
et les Dédaignés. Cette nolice est d'ailleur!
très-utile à lire, le musicien, dans le Cousin-Jac-
ques, s'enchevêtrant parfois singulièrement avec
l'écrivain. A tout prendre, cet artiste présente
une physionomie curieuse et intéressante à étu-
dier. Dans une notice publiée par moi sur De-
vienne (Paris, 1864), j'ai inséré une longue
lettre du Cousin-Jacques.
* BEGUEZ (PiERRE-lGN\CE), chanteui
belge, fixé à Londres depuis longues années,
est mort en cette ville le 13 décembre 1863,
peu de jours avant d'accomplir sa soixante-
seizième année. C'est en 1815 que cet artiste fut
attaché au Théâtre du Roi. de cette ville, en qua-
lité de premier ténor. Ses succès furent considé-
rables, non-seulement à ce théâtre, mais aussi
dans les salons de la haute aristocratie an-
glaise, qui l'avait pris en grande affection, el
qui ne lui marchandait ni les applaudissements
ni les guinées. Au bout de dix années environ,
il renonça complètement à la scène pour n€
plus chanter que dans les concerts publics ou
parliculiers, qui lui donnaient le succès et la
fortune. Il assura d'abord le bonheur de sa
famille, fit une pension à ,son vieux père, puis
maria ses deux sœurs en leur faisant des dots.
Il s'acheta ensuite un hôtel magnifique, et enfin
se donna le luxe d'un riche équipage. Sa vogue
était telle qu'elle portait préjudice aux succès
des autres artistes, même des plus justement
glorieux. On raconte à ce sujet que le dernier
concert donné à Londres (26 mai 1826) par We-
ber, alors mourant, n'attira personne, parce que,
ce jour-là même, Begrez chantait chez le duc de
Saint-Albans, et que toute l'aristocratie de h
grande métropole s'était donné rendez-vous poui
entendre son chanteur favori. Weber, l'immorte
auteur d'Oberon et du Freischutz, ne couvrit
même pas ses frais, tandis que Begrez, le chan-
teur à la mode, fit une recette de près de cinq
cents guinées !
BÉGUIN-SALOMON (Louise-Frédéri-
BÉGUIN — BELLAPART
65
QUE COHEN, dite SALOMON, épouse BÉGUIN,
connue sous le nom de M""'), pi.iniste et profes-
seur, née à Marseille le 9 août 1831, fut aiimise
le 7 juillet 1843 au Conservatoire de Paris, dans
la classe de clavier de M"'' Jousselin, et passa
ensuite dans la classe de piano de M'"<^ Farrenc,
dont elle est restée l'une des meilleures élèves.
Elle suivait aussi un cours de solfège, et, dès
l'année 1846, obtenait dans les concours un
premier prix de solfège et un accessit de piano ;
le second prix pour cet instrument lui était
décerné l'année suivante, et, après avoir rem-
porté en 1850 un second prix d'harmonie et ac-
compagnement, elle se voyait attribuer le pre-
mier en 1851. Ses études terminées, M™^ Bé-
guin-Salomon se consacra à l'enseignement, où
elle conquit rapidement une notoriété justifiée,
tandis qu'elle faisait fréquemment apprécier
dans les concerts un solide talent d'exécution,
rendu plus remarquable encore par ses rares
qualités de musicienne. C'est surtout, en effet,
dans l'interprétation des grandes œuvres clas-
siques que brillait tout à la fois le jeu net, élé-
gant et limpide de la jeune artiste, son style
ferme, sobre, mesuré, enfin son tempérament
empreint de grâce féminine et de passion ner-
veuse. M*"* Béguin-Salomon devint bientôt une
des meilleures pianistes de Paris, une des ar-
tistes les plus aimées du public et de celles dont
l'autorité s'impose à lattention. Il est juste
d'ajouter que chez elles les qualités de l'artiste
étaient complètes, en ce sens qu'elle était tou-
jours prête à mettre son talent à la disposition
des jeunes compositeurs, et à les aider à pro-
duire leurs œuvres. Plus d'un lui a dû ses pre-
miers succès, et j'en sais qui ont conservé pour
elle, à ce sujet, un sentiment de véritable re-
connaissance. M™* Béguin-Salomon, dont ;le re-
nom de professeur est très-grand à Paris, est
elle-même compositeur , et a publié pour son
instrument quelques morceaux de genre d'un
sentiment aimable et délicat.
* BEHREi\S ou BERENS (Hermanj»).
Cet artiste, né en Allemagne, est établi depuis
longues années à Stockholm, où, en 1860, il a
été nommé chef d'orchestre du second théâtre.
J'ignore quelle est aujourd'hui sa situation, et
je n'ai pu réunir .sur ce compositeur d'autres ren-
seignements que ceux qui se rapportent aux
opéras qu'il a fait représenter à Stockholm, et
qui, à ma connaissance, sont au nombre de
quatre : i» Violeda, grand opéra, dont l'effet
fut médiocre et qui n'obtint que ce qu'on appelle
un succès d'estime-, 2" Le Songe d'une iSuit
d'été, opéra-comique en 2 actes, qui fut accueilli
plus favorablement et qui obtint vingt représen-
BIOGR. CNIV. DES MUSICIENS. SUl'PL. — T.
talions consécutives ; 3" Lidly et Quinault,
opéra-comique en 2 actes , dont le succès fut
plus marqué encore, et dont le livret était imité
de celui que Nicolo mit naguère en musique
sous le même litre; celui-ci fut représenté au
mois dedécenibre 1859; 4" i?/cc«rdo, opéra en
3 actes, représenté au mois de février 1869; les
paroles de ce dernier, imitées d'un ouvrage de
Scribe, étaient l'œuvre d'un chanteur du théâtre
royal de Stockholm, M. Fr. Arlberg, qui rem-
plissait le principal rôle. M Behrens a publié
un certain nombre de morceaux de genre pour
le piano ; ces compositions se montent au chif-
fre de soixante environ , dont plusieurs ont été
éditées par la maison Schott (Mayence, Bruxelles
et Londres).
liEHREIVDT (NicoLAï), compositeur da-
nois, a fait représenter sur le théâtre royal de
Copenhague, au mois de novembre 1860, un
opéra qui avait pour titre l'Épreuve du cœur.
Je n'ai pas d'autres renseignements sur cet ar-
tiste.
REHKER (Jean-Henri), violoniste et orga-
niste néerlandais, né à Windschoken, dans la
province de Groningue, le 5 janvier 1826, fit ses
études à l'école de musique de La Haye, où il
reçut des leçons d'orgue de M. F. Smit, orga-
niste de la cour. Nommé en 1847 organiste à
Meppel, dans la province de Drenlhe , il devint
en 1851 maître de musique de la ville de Gouda.
Il a publié plusieurs cantates, des morceaux de
piano, entre autres trois sonatines, un recueil de
14 cliants d'enfants, etc. On connaît aussi de lui
deux ouvertures de concert, une marche triom-
phale pour orchestre, un hymne à 4 voix et dif-
férentes autres compositions.
BELARI (Emilio), chanteur italien, est l'au-
teur d'une brochure publiée sous ce titre : La
voix à tout le monde (Paris, 1875). Dans cet
opuscule, l'écrivain se flatte d'être possesseur
d'un secret merveilleux pour la découverte et la
culture de la voix chez les individus qui semblent
le plus complètement déshérilés^sous ce rapport.
Ce n'est pas la première fois que pareille utopie
aura été mise en cours, et ce ne sera vraisem-
blablement pas la dernière.
*BELCKE (Frédéric-Auguste), est mort à
Lncka, sa ville natale, le 10 décembre 1874.
BELLA (Jean-Léopold), compositeur, est
né à Saint-Nicolas, dans la haute Hongrie, en
1843. Il a principalement écrit de la musique
d'église, qu'on dit très-remarquable. Y.
BELLAPART (Francisco), musicien espa-
gnol, a fait exécuter le 10 avril 1868, en l'église
Saint- Augustin, de Barcelone, un Stabat Mater,
de sa composition,
f. 5
66
BELLASIS — ]3ELLL\I
BELLASIS (Edward), écrivain musical
anglais, est l'auteur d'un ouvrage publié sous ce
titre : Cherubini, memorïnls illustrative of
Jiis lifp, Londres, Burns et Oatcs, 1874, in-8".
BELLEIîMAMiV (Henri), fils de Jean-
Frédéric Bellerniann (V. Biographie univer-
selle des Musiciens, t. I'""), est né à Berlin le
10 mars 1832. Comme toute sa famille, il s'est
adonné à la musique ., et a spécialement étudié
celle du moyen âge. Depuis 1866, il est profes-
seur de musifjueà l'Université de Berlin, où il a
remplacé A. B. Marx. Il a publié plusieurs Ira-
vaux scientifiques, qui ont paru dans les Jahr-
bûcher fur niusikalische Wissenscha/l {An-
nuaïre de la science musicale) de Chrysander,
ou dans \' Allgemeinen musi kalischen Zeilung
(Gazelle générale de la musique de Leipzig). 11
a publié .séparément à Berlin, en 1S58 -. Die men
Sîiral Soten und Taclzeicfien des 15 und 16
Jahrhunderts {les signes de durée et de me-
sure du quinzième et du seizième siècle).lie\\er-
mann a également publié un ouvrage de théorie
sur le contre-point « Der Contrapunct » (Berlin,
1802) et écrit plusieurs compositions musicales :
oratorios, psaumes, motets, ouvertures, etc., sans
compter les chœurs et les mélodrames qu'il a
faits pour plusieurs tragédies de So|)hocle. — Y.
* BELLI (Jui.es). m. Brigidi a publié sur cet
artiste (Modène, 186.'i, in-8") une notice ainsi in-
titulée : Cenni sulla vita e sulle opère di Giu-
lio Belli, Longianese, maestro e scrittore di
musica del secolo XVI.
* BELLIXI (Vincent). Nous complétons ici
la liste des écrits publiés sur Beliini : 1" Osser->
vazionisul merito musicale dei maestri Bel-
Uni e Rossini, in risposta ad un parallelo tra
mcdesinilpiibblicato in Palermo (Bologna,1834,
in-8'');2" In morte di Vincenzo Beliini, da
Luigi Scovazzo (Napoli, s. d., in-8") ; 3" Dis-
corso e componimenti poetici inoccasione del
ritorno in patria delV esimio maestro di
musica Vincenzo Beliini, reàthW neWa gran sala
casa comunale di Catania, nel 18 marzo 1832
(Catania, 1832, in-8"} ; i" Rossini et Beliini,
réponse de M. le marquis de San-Jacinto à un
écrit publié à Palerme, revue, réimprimée à Bo-
logne et traduite en français par M. le Chevalier
de Ferrer (Paris, impr. Everat, 1835, in-8") ;
5 ' Vita di Vincenzo Beliini, scritta dall' avvo-
cato Filippo Cicconetti (Prato, lip. Alberghetti,
1859, in-12 avec portrait) ; 6" Beliini, par
M. Labat (Bordeaux, Gounouilhou, 1865, in-8);
T Beliini, sa vie, ses œuvres, par Arthur Pou-
gin (Paris, Hachette, 1868, in-12 avec portrait et
autographes).
On ne doit pas oublier de mentionner ici les
cérémonies grandioses qui eurent lieu en 1876
pour la translation des cendres de Beliini sur la
terre natale du maître. Beliini, on le sait, était
mort à Puteaux le 23 septembre 1835, et avait
été inhumé à Paris, dans le cimetière du Père-
Lachaise. Le gouvernement italien ayant fait
demander au gouvernement français la remise
de ses restes mortels, et celui-ci ayant aussitôt
consenti, une députation de la Tille de Catane se
rendit à Paris, où la cérémonie de l'exhumation
eut lieu le 15 septembre 1876; le corps fut
immédiatement dirigé sur l'Italie, où toutes les
villes par lesquelles passa le convoi lui firent
un accueil enthousiaste, et arriva à Catane le
'23 septembre, jour qui était le quarante et unième
anniversaire de la mort de Beliini. Là, de grandes
fêtes furent célébrées, et la cérémonie funèbre
fut entourée d'une pompe et d'un éclat indes-
criptibles. L'Italie entière fit aux mânes du
grand artiste un accueil digne d'elle et de lui.
A cette occasion plusieurs écrits furent encore
[lubliés, qui doivent être mentionnés ici : 1" Vin-
cenzo Beliini, scène intime in cinque parti,
da Nicola Argenti (Rome, Riccomanni, 1876);
T Parole su Vincenzo Beliini, dette da
Gaetano Ardizzeni nelpalazzo municipale di
Catania ildl2^ settembre 1876 (Catane, Ga-
latola, 1876);'}" Vincenzo Beliini, racconto
slorico di Carlo Zappalà Scammacca (Catane,
1876); y Ricordi délie fsste belliniane (Ca-
tane, 187G). Au moment même où les cendres
de Beliini arrivaient à Catane, un journal mu-
sical se fondait en cette ville, sous le titre de
Beliini (i).
* BELLIXI (Pio). Au nombre des ballets
dont cet artiste a écrit la musique pour le théâtre
de la Scala, de Milan, il faut citer la Duchessa
di Mazarino {I8'i~), et le Villanelle di Cham-
bèrtj (26 décembre 1846).
BELLllM (GiiNTi). Cet artiste a fait repré-
senter les ouvrages suivants : i" Le 15 Août en
Algérie, cantate, IFolies Sainl-Germain, 15 août
1865; 2° les Chevrons de Jeanne, opérette en
un acte, Folies-Marigny; 2 octobre 1865; 3" Gla-
ces et Coco, opérette en un acte, théâtre Saint-
Germain, 5 octobre 1865; 4" Raphaél, grand
opéra en cinq actes. Athénée, 28 mai 1873. Tout
cela était de la musique d'orgue de Barbaiie, et
le « grand opéra » intitulé Raphaël a obtenu
l'un des succès de fou-rire les plus complets que
(i) Sous ce lltrfi : Un dernier hommage à Beliini, J'ai
publié dans le journal le Meneslrel (!«' 8 et 15 octobre
1876) un compte-rendu itrè-i-complet et détaillé de la
cérémonie de l'exhumation des cendres de Beliini, de
leur transport en Italie et de leur arrivée à Catane.
BELLINl — BENDER
67
les annales du théâtre aient jamais eu à enre-
gistrer.
6ELLISI (FiLii'PO-C.vRLo), violoniste dis-
tingué et compositeur, né à Bologne vers le mi-
lieu du dix-septième siècle, a publié un certain
nombre de compositions consistant en ballets,
courantes, gigues, etc., à trois instruments. En
1685, il fut reçu à l'Académie des philharmoni-
ques de sa ville natale.
* BKLLOLI (Loiis). Cet artiste était attaché
en qualitéde premier cor à l'orchestre du Ihéàlre
de la Scala, de Milan.
* BELLOLI (Augustin), qui était peut-être
le frère, ou le fils du précédent, remplit, après
lui, l'emploi de premier cor au théâtre de la
Scala (1819-1829). A la liste des ballets dont il
écrivit la musique pour ce théâtre, il faut ajouter
les suivants : 1" Maometto , 11 juin 1822;
2° Gabriella di Vergy ( en société avec P. Ro-
mani), 24 août 1822 ; 3" Adelasia di Guesclino
(et non Adélaïde di Guesclino), 1 juin 1823 ;
4" / Baccanali aboliti, 23 août 1823; 5" la Ve-
dova spiritosa, 1823.
BELLOUR (Ferdinand). Un écrivain de ce
■nom a publié une brochure ainsi intitulée :
Explication des applications du gammomètre
universel transpo'siteur, ou la Science de
l'art musical expliquée et appliquée par
tout le inonde (Paris, 1865, in-4" de 23 pp.,
avec facsimile d'une lettre de Rossini adressée
à l'auteur).
* BELOSËLSKY (le prince Alexandre).
Une confusion s'est produite dans la notice con-
sacrée à cet écrivain par l'auteur de la Biogra-
phie universelle des Musiciens. Loin d'injurier
Gluck, le prince Beloselsky fait au contraire en
assez bon termes, dans sa brochure : De la Mu-
sique en Italie, l'éloge du grand com|)ositeur,
tout en ne lui consacrant que vingt-cinq lignes.
Ce n'est point dans l'écrit du prince russe que se
trouve le jugement textuellement rapporté par
Fétis, et voici l'expiicalion de ce malentendu
singulier.
Marmontel, on le sait, fit dans le Mercure de
Jî'rance de juillet 1778 une analyse delà brochure
de Beloselsky, et il en profita pour dire que le
P. Martini n'était pas aussi enthousiaste de Gluck
que les partisans de celui-ci voulaient le faire
croire. Suard répondit à Marmontel dans le
Mercure d'août, et s'exprima ainsi, après avoir
cité les passages de Martini ayant trait à Gluck :
« Il n'y a certainement point d'excès dans ces
éloges; mais encore ne sont-ils pas si éloignés
de l'enthousiasme des admirateurs de M. Gluck,
que du mépris impitoyable avec lequel il a été
raité par ses détracteurs. Le Père Martini est
bien loin de penser que ce soit un barbare qui
eût fallu renvoyer dans les forêts de la Germa-
nie ; que ceux qui l'applaudissent sont des bar-
bares ; qu'il a reculé l'art d'un siècle; qu'il n'a ni
chant, ni mélodie, etc., etc. » On le voit, les pa-
roles injurieuses attribuées à tort à Beloselsky ne
sont nullement de lui, et appartiennent au con-
traire à un défenseur de Gluck, qui les prête au
figuré aux détracteurs du maître. Marmontel
répondit à Suard dans le Mercure du 5 septem-
bre 1778, et ce dernier répliqua une seconde fois
et assez longuement dans le numéro du 5 octobre
suivant du même journal. {Voyez Gluck.)
Er. t.
BENDAZZl (LuiGiA), chanteuse fort dis-
tinguée, qui s'est fait en Italie une réputation
solide et rapide, est née à Ravenne en 1833.
Après avoir travaillé avec M. Piacenti à Milan,
puisa Bologne avec M. Dallara, elle débuta en
1850 au théâtre San-Benedetto, de Venise; ses
qualités de style, son sentiment pathétique, et
en même temps la nature de sa voix, remarqua-
ble par un rare velouté et par une puissance
étonnante, lui valurent aussitôt de très-grands
succès, qui se reproduisirent dans les diverses
villes où elle se fit entendre par la suite : Ro-
vigo, Trieste, Naples, Florence, Parme, Vienne,
Rome, Bergame, Gênes, Bologne , etc. Pendant
plusieurs années, cette cantatrice fut l'idole du
public, qui l'accueillait toujours avec enthou-
siasme. Elle a épousé un musicien piémontais,
M. Benedelto Secchi.
* BENDEL (Charles), compositeur, est né à
Prague le 16avrill838. Il a composé des messes,
des chœurs, et environ 200 mélodies pour voix
seule, qui sont populaires par toute la Bohême.
Il a également abordé le théâtre, et l'on connaît de
lui un opéra romantique, Lejlo, représenté avec
grand succès sur le théâtre national de Prague,
le 4 janvier 1868. Un autre drame musical de sa
composition porte le titre de Bretislav. Y.
BEXDEL (François), pianiste et composi-
teur, est né en Bohême le 3 mars 1833. C'est un
des virtuoses les plus remarquables de notre
époque. Il a écrit une messe, et une foule de
compositions pour son instrument. Il est actuel-
lement fixé à Berlin. Y.
* BEIVDEK (Jean-Valentin), inspecteur des
musiques de l'armée belge, directeur de la mu-
sique de la maison militaire du roi et de celle du
régiment des guides, est mort à Bruxelles le
14 avril 1873. Il était né à Bechtheim (Hesse-
Darmstadt) non en 1800, mais le 19 septembre
1801, et avait été naturalisé Belge en 1842. —
Un neveu de cet artiste, Adam Bender, fils de
Jacques Bender, est mort au mois de septembre
68
BENDER — BÉNÉDJT
1873, à Hasselt ; c'était, ainsi que son père et son
oncle, un clarinettiste distingué, et il avait dirigé
pendant quelque temps l'orchestre du casino des
Galeries-Saint-Hubert de Bruxelles, ainsi que la
société ï Harmonie royale de Vilvorde; il était
en dernier lieu chef de musique du 11» régi-
ment des grenadiers. — Un frère de celui-ci ,
M. Constantin Bcnder, est chef de musique du
régiment des grenadiers.
BEI\DIX (Charles), compositeur, est né à
Stockholm en 1818. On connaît de lui un opéra,
la Fée du Rhin, qui a brillamment réussi sur
les scènes suédoises. Y.
BEIXEDETTI (Giovanin-i-Fr.\ncesco), com-
positeur de musique religieuse, né à Lucques ,
fut maître de musique au service de la cour de
Mantoue , et publia à Venise, un recueil de
psaumes à quatre voix concertantes, avec accom-
pagnement de violons. On connaît aussi de lui
une messe concertée à quatre voix avec instru-
ments. Cet artiste est mort vers le milieu du
dix-huitième siècle.
* BÉNÉDICT (JiLEs). Le temps n'a fait
que consolider et rendre plus brillante la situation
presque exceptionnelle que cet artiste fort dis-
tingué a su se créer à Londres. En 1859, il était
tout à la fois chef d'orchestre du théâtre italien
de Covent-Garden , chef-directeur de la Vocal
Association, et directeur des Concerts populaires
du lundi {Monday popular Concerts), en même
temps qu'il était chargé de la direction des fa-
meux festivals de Norwich , si célèbres en Angle-
terre. En 1865, une souscription fut ouverte pour
offrir à M. Bénédict un magnifique testimonial
à l'occasion de la trentième année de son séjour en
Angleterre. Les œuvres suivantes doivent être
ajoutées à la liste des compositions importantes
de cet artiste : 1° Undine, légende lyrique,
exécutée au festival triennal de Norwich , en
septembre 1860; — 2" Le Lac de Glenaston,
opéra représenté avec grand succès au théâtre
de Covent-Garden, en février 1862; —3° The
Lilly of Killerney (Le lys deKillerney), opéra
joué vers la même époque à l'Opéra anglais, et
qui n'obtint pas moins de soixante représenta-
tions; joué ensuite en Allemagne sous le titre de
la Rose d'Erin, cet ouvrage, traduit en fran-
çais par MM. D'Enneryet Hector Crémieux, de-
vait être représenté à Paris, au Théâtre-Lyrique,
en 1865, avec M™' Carvalho comme principale
interprète ; — 4° The Bride of Song, opéra en
un acte, joué au théâtre de Covent-Gar den le
3 décembre 1864 ; — 5" Richard Cœur-de-Lion,
oantale exécutée avec un énorme succès au fes-
tival triennal de Norwich, en septembre 1863 ; —
6» Sainte-Cécile, cantate exécutée au festival
triennal de Norwich, en novembre 1866 (chantée
à l'Opéra de Paris, quelques années plus tard,
par M"^ Christine Niisson); — 7" Saint-Peter,
oratorio , exécuté au festival triennal de Nor-
wich, en 1872; — 8"Symphnoie en sol mineur,
exécutée au même festival ; 9° Cantate pour les
fêtes du retour du prince de Galles de son
voyage aux Indes, Porismouth, 11 mai 1876;
— 10" concerto de piano (nouveau), avec ac-
compagnement d'orchestre, exécuté par l'auteur
en 1863; — 11" Sonate pour piano et violon, op.
88. M. Bénédict a écrit des récitatifs pour la
version italienne de VOberon de AYeber, qu'il fit
exécuter au théâtredeDrury-Lane en 1859 ou 1860,
BÉIVÉDIT (Pierre-Gustave), né à Marseille
le 7 avril 1802, apprit la musique à la maîtrise
des Pénitents-bleus de cette ville. Ayant perdu
de bonne heure son père , capitaine au long
cours, il tenta d'abord la carrière commerciale.
Il y renonça vers l'âge de vingt ans, et se rendit
à Paris, où il entra au Conservatoire pour com-
pléter son éducation musicale. Il en sortit en
1827, avec le premier prix de déclamation lyrique
et un accessit de vocalisation. Il ht aussitôt après
son début réglementaire à l'Odéon dans le rôle
de « Figaro » du Barbier, en même temps que
Duprez qui jouait « .\linaviva ». Acteur lourd et
sans verve, il eut le bon esprit de sentir lui-
même ses défauts, et renonça au théâtre. De
retour dans sa ville natale, il se mêla activement au
mouvement politique et littéraire qui se produi-
sit vers la fin de la Restauration. Il fut journaliste
militant, et écrivit des satires politiques en vers
français. Quelque temps employé à la préfecture
des Bouches-du-Rhône, en 1830, il devint bientôt
définitivementprofesseurde chant et critique dra-
matique musical. 11 prit une part suivie comme
chanteur soliste aux concerts Thubaneau, qui
exerçaient une grande influence sur le mouve-
ment musical à Marseille. Nommé professeur de
chant. et de déclamation au Conservatoire de
cette ville, il conserva ces fonctions jusqu'à sa
mort, et forma de nombreux élèves , qui ont
marqué dans la carrière dramatique : la liste en
serait trop longue pour quelle puisse être rappor-
tée ici. Enfin , comme critique musical , il rédigea
également jusqu'à sa mort le feuilleton musical
du journal le» Sémaphore », dans lequel il avait
acquis une réelle autorité. Plusieurs de ses ar-
ticles, écrits avec sagacité sur la question du
diapason, ont été réunis et publiés en brochure
sous le titre : le Diapason nortnal (Marseille,
impr. Barlatier, 1860, in- 18). Il mourut le 8 dé-
cembre 1870, laissant d'unanimes regrets, que
lui valaient la bonté de son cœur et la loyauté
de son caractère.
BÉNÉDIT — BENOIST
69
Les véritables titres de Bénédit à la notoriété
sont ses poèmes en patois provençal : il a laissé
dans ce genre de petits chefs-d'œuvre, notam-
ment le Chichois, peinture spirituelle et exacte
des mœurs populaires provençales. En français,
Bénédit perdait une bonne part de sa verve et de
son esprit : ses feuilletons sont écrits lourde-
ment et non sans une certaine alTectation pé-
dantesque. Il était en outre assez ignorant de
tout ce qui en musique sortait du domaine pu-
rement dramatique. Son jugement n'était pas
éclairé par des connaissances techniques suffi-
santes : il connaissait mal la'musique de cham-
bre et les chefs-d'œuvre symphoniques. Mais il
jugeait très- sainement les choses du théâtre
dont il avait l'expérience. Comme professeur il
a rendu de longs et réels services. — Al. R — d.
BEIMTO (CosjieDE), violoncelliste espagnol
contemporain, a publié chez l'éditeur Romeo y
Andia, à Madrid , une Nouvelle Méthode élé-
mentaire de violoncelle.
* BENiXETT (William STEKADALE).
Cet artiste remarquable est mort à Londres le l"
février 1875, à l'âge de cinquante-neuf ans. Il s'était
fait une grande situation en Angleterre, et ce qui le
prouve, c'est que c'est lui qui fut choisi pour mettre
en musique l'ode de M. Tennyson destinée à être
exécutée lors de la cérémonie de l'inauguration
de l'Exposition universelle de Londres en 1802,
inauguration pour laquelle trois compositions
instrumentales avaient été demandées à Meyer-
beer, à Auber et à M. Verdi. M. Bennett était
donc considéré, en cette circonstance, comme le
champion de l'école musicale anglaise, les écoles
allemande, française et italienne étant repré-
sentées par les trois compositeurs qui viennent
d'être nommés. Bennett, qui était à cette époque
principal (directeur) de la Rotjal Acadenvj of
music, chef d'orchestre de la Philharmonie-
Society etde \a Bach-Society, se vitconférer dans
la grande salle du sénat de l'Université de Cam-
bridge, le 31 octobre 1867, le grade de Mastcr
of Arts. Il était professeur de musique à cette
Université depuis 1856. En 1871, la reine d'An-
gleterre l'avait créé baronnet, en même temps que
deux autres musiciens, M. Julius Benedict et le
docteur Elvey.
La ville de Londres fit à Bennett des funérailles
splendides, et son corps fut déposé dans l'abbaye
de Westminster, ce panthéon des hommes illus-
tres de l'Angleterre. Au mois de décembre 1875,
son buste, œuvre du sculpteur Malampré, fut
inauguré dans la belle salle de concert de Shef-
field, et sur le piédestal fut placée l'inscription
suivante -. « Sir William Sterndale Bennett,
docteur en musique, professeur de musique à
l'Université de Cambridge, et principal de
V Académie royale de musique, né à Sheffield
le 13 avril 1816, mort le f*^ février 1875,
inhumé à l'abbaye de Westminster. »
Parmi les œuvres de Bennett, il faut signaler,
outre celles qui ont été mentionnées dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens : 1° Sym-
phonie en mi mineur; 2° Symphonie en sol mi-
neur, considérée comme son chef-d'œuvre : 3° la
Femme de Samarie, oratorio exécuté en 1867
au festival de Birmingham-, 4° Ouverture du Pa-
radis et la Péri ; 5° Ouverture, chœurs et mar-
che funèbre à'Ajax; 6° de nombreuses mélodies
vocales, entre autres les suivantes : Musing on
the roaring océan, May dew, Forget me not.
Ta Chloe, the Past, Gentle zéphyr, formant le
recueil op. 23; Indian love, Winter's gone,
Dawn, gentle Jlower, Castle gorden. As lone-
some through the ivoods, Sing, maiden, sing
formant le recueil op. 35 ; Maiden mine, Sun-
set, Dancing lightly, Staymy, charmer, for-
mant le recueil posthume op. 47.
BEMXEWITZ (WiLHELM), compositeur al-
lemand contemporain, a fait représenter sur le
tliéâtre de Chemnitz, le 24 mars 1876, un opéra
intitulé Die Rose von Woodstock.
* BENOIST (François), professeur d'orgue
au Conservatoire de Paris, est né à Nantes le
10 septembre 1794 (et non 1795, comme il a été
dit par erreur). C'est le 1" avril 1819 qu'il fut
nommé professeur de la classe d'orgue au Conser-
vatoire, classe qui n'existait pas et qui fut créée
pour lui. Il a pris sa retraite au mois de février
ou de mars 1872, après cinquante-trois années
d'exercice, seul exemple d'une aussi longue car-
rière dans cet établissement. Ses principaux élè-
ves ont été, pendantce long professorat, Adolphe
Adam, Fessy, Lefébure-Wély, Alexis de Ga-
raudé, Vauthrot, Chauvet, MM. Edouard Batiste,
Renaud de Vilbac, Alkan aîné, Bazin, Edmond
Hocmelle, Duvernoy, Bazille, César et Joseph
Franck, Georges Bizet, Charles Colin , Deslan-
dres, Salomé, Théodore Dubois, Paladilhe,
Henri Fissot, Lavignac.
Le répertoire dramatique de M. Benoist, d'ail-
leurs peu nombreux, se compose des ouvrages
suivants : 1" Léonore et Félix, un acte, Opéra-
Comique, 1821 ; 2° la Gipsy, ballet en trois actes,
en société avec Marliani et M. Ambroise Tho-
mas, Opéra, 1839; 3" le Diable amoureux,
ballet, en société avec M. Henri Reber, Opéra,
1840; 4" l'Apparition, opéra en 2 actes. Opéra,
1848; 5" Nisida. ou les Amazones des Açores,
ballet en deux actes. Opéra, 1848; 6" Pâquerette,
ballet. Opéra, 1851. Eu dehors de ses travaux de
compositeur et de professeur, M. Benoist a su
70
BENOIST — BENOIT
trouver le temps de se mêler aussi à la littéra-
ture musicale , ce qu'aucun biographe n'a re-
marqué jusqu'ici. Il a collaboré pendant assez
longtemps à la Gazelle musicale, et j'ai noté,
dans le Dictionnaire de la Conversation et
de la Lecture, les mots suivants, qui sont signés
de lui : Consonnance, Da Capo, Déchiffrer,
Decrescendo, Délia ilia/'ia (biographie), Des-
sus, Détonner, Diatonique, Dissonance,
Do, Doigter, Enharmonique. Cet artiste ho-
norable et distingué est chevalier de la Légion
d'honneur depuis le 18 novembre 1851. Il a été,
pendant plusieurs années, chef des chœurs à
l'Opéra.
* BEIXOIT (Pierre-Lkoard-Léopold), com-
positeur, directeur de l'école flamande de inusi
que d'Anvers (1). Cet artiste très-actii et très-bien
doué s'est fait en Belgique une situation parti-
culière et considérable, grâce à son talent d'a-
bord , talent sérieux et inconteslable , ensuite
grâce à l'habileté qu'il a mise à se placer à la
tête du parti musical flamand, parti que ses ten-
dances portent du côté de l'Allemagne et qui
considère l'art français avec une sorte de com-
misération dédaigneuse. Ce n'est pas ici le lieu
d'établir une discussion de principes à ce sujet.
En rendant l'hommage le plus complet aux
grandes et nobles traditions de l'Allemagne mu-
sicale, en constatant les immenses services que
ce pays a rendus à l'art, nous ne serons pas
sans doute taxé d'outrecuidance en affirmant
que la France n'a pas été tout à fait étrangère à
la grande évolution qui s'est produite dans la
musique depuis un siècle, évolution que les
artistes étrangers sont venus opérer chez nous,
sachant que notre public était plus prêt que le
leur à les écouter, à les comprendre et à les
admirer. Nous croyons donc pouvoir dire que la
France n'a jamais été en arrière du progrès mu-
sical, qu'elle l'a, au contraire, plus accéléré
peut-être que les autres pays, en acceptant d'être
le champ-clos oii les étrangers viendraient se
mesurer entre eux et produire leurs plus grands
chefs-d'œuvre.
Ceci dit, il nous sera permis de trouver étran-
ges les idées et les prétentions d'une certaine
école belge à vouloir fonder un art prétendu
flamand, dont l'existence nous paraît impos-
sible et chimérique. Cette école, en effet, n in-
nove rien au point de vue purement musical;
son génie l'éloignant de l'esprit français, elle
(1) Le nom du pa;s natal de M. Benoit a été défiguré à
l'impression dans le !«'' volume de la Biographie iiiii-
verselle des Musiciens. C'est à Ilarlebeke qu'est né cet
artiste.
cherche à se rapprocher le plus possible de l'es-
prit allemand. Ceci est affaire de tempérament,
et de telles tendances sont absolument indiscu-
tables. Quelle est donc la théorie de l'école néo-
flamande, et quel moyen entend-elle employer
pour devenir un art national, un art suigeneris,
un art flamand en un mot ? Ce moyen est bien
simple, et consiste uniquement à écrire de la
musique sur des paroles flamandes ! Voilà,
en vérité, une jolie découverte, et l'on peut se
demander si les qualités purement musicales de
l'art belge seront transformées coiume par en-
chantement parce que certains musiciens abju-
reront la langue française pour composer sur un
idiome différent.
A supposer que les tendances de l'école dont
M. Benoit est aujourd'hui le chef le plus accré-
dité viennent à prévaloir, qu'arrivera-t-il en
Belgique en ce qui concerne la musique drama-
tique, c'est-à-dire celle qui ne peut se passer du
secours d'un texte écrit? Il arrivera que les
compositeurs, travaillant pour un public extrê-
mement restreint et dont la langue n'est com-
piise nulle part, travailleront en jiurc perte , ne
laisseront à leurs œuvres la possibilité d'aucune
e\i)ansion, et les condamneront à un éternel
oubli. Est-ce là ce qu'ils veulent? Ce n'est pas
supposabie. SiGrétry, siGossec,siGrisar avaient
voulu s'astreindre à n'écrire (lue sur des paroles
flamandes, ils ne seraient point devenus célè-
bres, et depuis longtemps leurs œuvres seraient
tombées dans l'oubli; pour mieux dire même, la
plupart de ces œuvres n'existeraient pas. Il faut
bien que les artistes belges se rendent exacte-
ment compte qu'ils ne peuvent rien par eux-
mêmes, c'est-à-dire par leur i)ays, dont le peu
d'étendue les condamne à une notoriété toute
locale et sans rayonnement possible; si, au point
de vue musical, ils veulent la gloire, la renom-
mée, la foi tune, il faut, de toute nécessité, qu'ils
les aillent chercher à l'étranger, comme plusieurs
l'ont déjà fait, car, encore un coup, leur pays est
inhabile à les leur procurer. Pour ce qui est de
la musique dramatique, ils n'ont que deux
partis à prendre , selon que leur tempérament les
porte de l'un ou de l'autre côté : faire des opé-
ras allemands , ou faire des opéras français.
Quant à l'opéra flamand , à l'opéra prétendu na-
tional , c'est une pure utopie.
Ces réflexions n'étaient pas inutiles du moment
qu'il s'agissait de faire connaître l'œuvre et la
carrière de M. Benoit, le champion le plus
décidé de l'art flamand et l'un des musiciens les
plus remarquables delà Belgique contemporaine.
Or, si M. Benoit, malgré sa grande valeur, n'est
pas parvenu à faire percer son nom au-delà des
BENOIT
71
frontières de son pays, s'il est resté inconnu du
public allemand comme du public français (je
dis : du public, parce que si la critique instruite
et éclairée connaît l'artiste, la masse ignore jusqu'à
son nom), c'est que M. Benoit a voulu précisé-
ment se confiner dans l'art flamand , qui ne pou-
vait le mener à rien. Si M. Gevaert avait fait
comme lui, il n'occuperait pas aujourd'hui , en
dépit de ses grandes facultés, la haute position
qu'il a conquise.
Et cependant l'activité de M. Benoit ne s'est
jamais démentie, et son talent, quelques réserves
qu'on ait pu faire au sujet de telle ou telle œuvre,
n'a jamais été contesté. Après de grands succès
d'école, il fit un voyage en Allemagne, d'où il
envoya à l'Académie royale de Belgique un écrit
intitulé : De l'École de musique flamande et de
son avenir, et une Petite cantate de Noël, que
Daussoigne-Méliul , dans son rapport à ce sujet,
qualifiait de » composition remarquable à plus
d'un titre». A son retour en Belgique, il fit exé-
cuter, à Bruxelles et à Gand , une messe solen-
nelle, « grande composition, disait à son tour
Fétis, digne de fixer l'attention sous les deux
points de vue qui embrassent toute la valeur
d'une œuvre d'art, à savoir, la pensée et sa réa-
lisation ». C'est encore Fétis qui disait : « Ce qui
frappe au premier abord dans la musique du
jeune compositeur, c'est l'accord du style avec
l'objet religieux de l'œuvre. Ce style est grave.
Mais ce n'est pas dire que ce soit celui de la
musique d'église des maîtres qui ont écrit dans
la seconde moitié du dix-huilième siècle ni dans
la première moitié du dix-iieu\ième, car le jeune
artiste marche dans une voie qui est la sienne ,
et n'accepte pas l'autorité de la tradition. »
C'est après ce premier succès obtenu dans son
pays que M. Benoit vint à Paris (18G1) avec
l'espoir d'y faire jouer un opéra en trois actes ,
le Roi des Aulnes, qui, dit-on , fut reçu au
Théâtre-Lyrique , mais ne fut jamais représenté.
En attendant la mise à la scène de cet ouvrage,
il accepta — qui le croirait aujourd'hui ! — la
place de chef d'orchestre aux Bouffes-Parisiens
(avril 18'J2), et remplit pendant quelque temps
ces fonctions, dont le seul souvenir doit lui être
singulièrement amer! Mais bientôt il retourna
à Bruxelles, et reprit ses travaux de composition
avec une activité qui depuis lors ne s'est ja-
mais ralentie. C'est de cette époque que da-
tent ses tendances ultra-flamandes, et ce sont
ces tendances qui le firent choisir, en 1867, pour
occuper le poste de directeur de l'école flamande
de musique d'Anvers, qu'il a conservé jusqu'à
ce jour.
La liste des œuvres de M. Benoit est très-
fournie, et la fécondité du musicien est d'autant
plus remarquable que ces œuvres sont, pour la
plupart, fort importantes. En voici la nomencla-
ture, que je crois bien près d'être complète (1) :
1" Petite cantate de Noël, 1860; — 2" Messe so-
lennelle, exécutée à Bruxelles et à Gand, 1862 ;
— 3" Te Deum, 1863 ; — 4° Messe de Requiem.
1863; — 5" Quadriloyie, exécutée à Anvers au
mois d'avril 1861; cette œuvre, divisée en
quatre parties, n'était que la réunion des quatre
compositions précédentes , formant une sorte de
vaste oratorio; elle obtint un grand succès ; —
6" Concerto de piano, avec accompagnement
d'orchestre, exécuté à Bruxelles eu 1866; —
7" Concerto de flûte, avec orchestre, exécuté à
Bruxelles en 1866; — 8" Lucifer, oratorio fla-
mand, Bruxelles, 30 septembre 1866; — 9" Isa,
opéra flamand en trois actes, Bruxelles, théâtre
flamand, 24 février 1867 ; — 10" l'Escaut, ora-
torio flamand, 1869; — 11" Cantate, 1869; —
12" l'Église militante, souffrante et triom-
phante, drame religieux pour soli et chœurs
avec orgue, violoncelles, contre-basses, trom-
pettes et trombones, exécuté à Anvers en 1871 ;
cet ouvrage a dorme lieu à une brochure pseu-
donyme de M. Goovaerts ( Voyez- ce nom), publiée
sous ce titre : Une nouvelle œuvre de Pierre
Benoit analysée par Pierre Phalèse (Anvers,
Sermon, 1871, in-8" de 19 pp.), et qui a paru aussi
en flamand. — 13" De Oorlog {la Guerre), sorte
de grand oratorio-cantate, exécuté à Anvers le
16 août 1873 , et peu de temps après à Bruxelles ;
— 14" ;« Colonne du Congrès, cantate, Bruxel-
les;— 15" Cantate en trois parties, Liège ; —
16" P/'o?«(^^^ée, oratorio, Gand; — 17° Hymne
à l'Harmonie, Anvers ; — 18° Chant de la Lys,
cantate exécutée dans une représentation de gala
donnée à Courtrai en présence du roi (1875); —
19° Les Faucheurs, symphonie chorale; — 20°
Musique pour Charlotte Corday, drame his-
torique en S tableaux, de M. Ernest 'Van der
Yen, représenté au théâtre flamand d'Anvers
le 18 mars 1876.
La plupart des ouvrages qui viennent d'être
mentionnés se distinguent par une grande puis-
sance de conception, de réelles qualités d'inspi-
ration, une science rare de l'orchestre et de
l'emploi des grandes masses. Il est certain que le
talent de M. Benoit fait honneur au pays qui l'a
vu naître, mais il n'est pas moins certain que ,
par suite de la singularité que je signalais au
commencement de cette notice, ce talent se con-
fine volontairement dans un milieu trop étroit et
(I) En y ajoutant celles qui sont déjà citées dans la
Biographie universelle des Musiciens.
72
BENOIT — BÉRARD
se condamne à l'obscuiité de propos délibéré.
Les convictions flamandes de M. Benoit sont
telles, du reste, qu'il a abjuré le prénom de
Pierre, sous lequel il avait toujours été connu, et
que depuis quelques années il est devenu M. Pe-
ter Benoit.
Aux œuvres dont on vient de lire les titres, il
faut ajouter deux opéras français inédits, le Bol
des Aulnes, dont l'auteur a fait exécuter parfois
l'ouverture, et l'Amour mendiant; puis des
ballades, des lieder et un certain nombre de
chœurs sans accompagnement, un recueil de
20 motets avec accompagnement d'orgue
(Bruxelles, Scliott), etc. M. Benoit s'est produit
aussi comme écrivain spécial, et a fourni des ar-
ticles à divers journaux et recueils publiés à
Bruxelles : le Messager des arts ( revue fla-
mande), le Guide musical et VArt universel.
M. Benoit est officier de l'ordre de Léopold.
BEIVSA ( ), jeune compositeur italien, a
ait représenter sur le théâtre de la Pergola, de
Florence, au mois d'avril 1872, un opéra inlitulé
Asiolfo Cavalcanti, qui n'a obtenu qu'un mé-
ocre succès.
BEi\TAYOUX (Frédéric), compositeur,
est né à Bordeaux le 14 juin 1840. Admis au
Conservatoire de Paiis au mois de décembre
1853, dans la classe de piano de M. Marmontel,
puis dans celle de M. Emile Durand pour le sol-
fège, il obtint un premier accessit de solfège en
1855, le second prix en 1856, un troisième
accessit de piano en 1857, et un second accessit
en 1S59. Devenu élève de M. Colin , puis de
M. Bazin, pour l'Iiarmonie et l'accompagnement,
il entra ensuite dans la classe décomposition de
Carafa. A peine sorti du Conservatoire, M. Ben-
t;iyou\ (qui écrit son nom Ben-Tayoux, sans
doute pour lui donner quelque étrangeté) se li-
vra à la composition, et écrivit une foule de
morceaux de piano d'une valeur médiocre, ainsi
que de nombreuses romances et chansons que
volontiers il faisait entendre lui-même en public.
Cet artiste a fait représenter les trois opérettes
suivantes, toutes trois en un acte : i° Patchou-ly,
Folies-Bergère, 1875; 2" le Dompteur de Bou-
glval, Folies-Marigny, 1875 ; 3" Bobine, Folies-
Bergère, 1876.
BEiXVENUTI (ToMJiASo), compositeur ita-
lien, né vers 1832, a fait représenter en 1856,
au théâtre social de IVIantoue, un drame lyrique
en quatre actes intitulé Valenzia Candiano,
C'était, je crois, son début au théâtre. A cet ou-
vrage succédait un second opéra sérieux, Sha-
kespeare, que le jeune musicien produisait au
théâtre de Parme en 1861, et quelques années
après M. Benvenuti écrivait son troisième opéra.
la Stella di Toledo, dont le livret avait été tiré
par M. Ghislanzoni du Don Juan d'Autriche de
Casimir Delavigne, car on sait que les librettistes
italiens puisent rarement leurs sujets dans leur
propre fond et mettent incessamment notre
théâtre à contribution. La Stella di Toledo de-
vait être représentée à la Scala, de Milan, mais
le jeune compositeur se vit en butte à toutes
sortes d'ennuis ; l'administration de la Scala
préférant à son ouvrage, on ne sait pourquoi, une
œuvre posthume de notre compatriote Chelard ,
le Aquile romane, qui du reste n'eut aucun
succès, l'obligea à se rabattre sur une scène de
second ordre, celle de la Canobbiana, dont la
troupe, déplorablement faible à ce moment, n'of-
frait aucun élément suffissaut d''exécution. C'est
cependant dans ces conditions très-fâcheuses,
avec des interprètes impossibles , avec une mise
en scène ridicule et sordide, que M. Benvenuti
se vit forcé, en 1864, d'affronter le jugement du
public. 11 n'eut pas à s'en repentir; en dépit de
tout, comme sa partition, malgré des défauts de
forme et un manque évident d'expérience, con-
tenait .de fort beaux morceaux, et que le compo-
siteur y avait fait preuve de jeunesse, de vail-
lance et d'inspiration , le succès fut très-grand
et retentit bientôt au delà de Milan même. Pour-
tant, malgré ce succès très-sincère, M. Benve-
nuti n'a pas reparu depuis lors à la scène, et n'a
plus fait parler de lui.
BExXZ (JEAx-BAi'TiSTE),"compositeur de mu-
sique religieuse , est né à Lauehheim, dans le
Wurtemberg, le 17 juin 1807. Outre plusieurs
mcssesj motets, etc., il a publié une Harmonia
sacra qui renferme les principaux chorals du
culte catholique, avec accompagnement d'orgue.
Y.
BEAZAîV (Siegfried), musicien danois, est
né dans le Schleswig septentrional en 1793. Il a
composé des", duos, des quatuors , des sonates,
des variations , et une foule de petites pièces de
différents genres. En- 1823 il est parti pour l'A-
mérique, et depuis lors on a perdu sa trace.
Y.
* BÉRARD (Jean- Baptiste), ténor de l'O-
péra d'abord en 1733, puis de 1736 à 1745, n'é-
tait pas seulement chanteur, mais était aussi
virtuose distingué sur le violoncelle, sur la gui-
tare et sur la harpe, et faisait grand plaisir
quand il chantait en s'accompagnant lui-même.
Il composait aussi, et a publié plusieurs livres
de brunettes avec accompagnement de harpe
et guitare. Son fils unique devint en 1762 pre-
mier violoncelle à la Comédie-Italienne , et occu-
pait encore cet emploi en 1785; il avait épousé
une excellente actrice de ce théâtre, M'"' Des-
BÉRARD — BERETTA
73
champs, qui avait appartenu d'abord à l'Opéra-
Comique, et qui prit sa retraite en 1776.
BÉRAT (Iïlstache), auteur de ctiansons
dont quelques-unes sont devenues très-popu-
laires, était le troisième des sept fils d'un négo-
ciant de Rouen, oii il naquit le 4 décembre 1791.
Frère aîné de Frédéric Bérat , il composait,
comme lui, les paroles et la musique de ses
chansons. Il étudia le violon dans sa jeunesse,
puis l'abandonna pour la guitare , sur la-
quelle il acquit un talent étonnant et bizarre ;
il écrivit pour cet instrument un certain nombre
de morceaux qui furent publiés^à Paris, mais il
employait un doigté si étrange et si diflicile que
ces morceaux étaient injouables pour d'autres
que lui. La renommée d'Eustache Bérat comme
chansonnier a été absorbée par celle de son
frère, à qui même on a attribué à tort quel-
ques-unes de ses compositions, entre autres la
chanson : J'ai perdu mon coutiau , dont le
succès fut énorme il y a quarante ans. Il pu-
blia ainsi un assez grand nombre de romances et
de chansonnettes , dont quelques-unes d'un co-
mique achevé, et qu'il chantait volontiers lui-
même, dans le monde, avec une verve prodi-
gieuse : la Lanterne magique, Tac-Tac, le
Rieur, la Musette, f Amour ménétrier, les
Souvenirs d'enfance, Babet, Ma Colette, l'A-
mour marchand de meubles, etc., etc. J'ai
connu Eustache Bérat vers 1SG5; il avait quitté
Rouen depuis une dizaine d'années, et vivait
paisiblement retiré à Neuilly, près de Paris. Il
songeait alors à la publication d'un recueil de
poésies légères , mais ce projet n'a pas eu de
suites. Je crois que cet excellent homme, qui
avait conservé de son frère un souvenir attendri,
est mort dans ces dernières années. Il a été
l'objet de deux notices biographiques : 1" Eus-
tache Bérat,' par C. Boissière (S.l. n. d. [Dar-
nétal, impr. Frucharl], in-8" de 11 pp.); 2° Eus-
tache Bérat, ou le Moderne Trouvère,é\n\.xQ à
M. le marquis de R. par le docteur Prosper Yiro
(Paris, impr. Tbunot, 1861, ia-S" avec portrait).
Le sculpteur Dantan fit la charge d'Eustache
Bérat, et son portrait a été gravé par Gelée, an-
cien prix de Rome , d'après Melotte, peintre
rouennais. Il est juste de remarquer que, des
deux frères, c'est Eustache qui se produisit le
premier comme chansonnier, el que Frédéric,
qui devait en quelque sorte l'éclipser, ne fit
pourtant que suivre son aîné dans cette voie.
* BERAT (Frédéric), naquit le 11 mars
1801. Une notice biographique a été publiée
sur cet aimable chansonnier : Frédéric Bérat,
par C. Boissière (S. 1. n. d. [Dainétal, impr.
Fruchart, 1857], in-8° de 11 pp.). On en trouve
une aussi dans la Galerie de la presse, de
la littérature el des beaux-arts. Un choix
de ses chansons, fait par lui, a été publié sous
ce titre; : Chansons, paroles et musique de
Frédéric Bérat (Paris, Curmer, s. d., in- 8° avec
portrait et vignettes) ; il serait injuste de ne pas
reconnaître que dans ces productions légères,
mais parfois émues , on rencontre de la poésie,
de la mélancolie et une certaine élégance : le
Berger normand, Jean le Postillon, le Mar-
chand de chansons, la Lisette de Béranger,
Bérénice, Ma Petite Toinette, sont d'heureuses
inspirations, tant au point, de vue mélodique
qu'au point de vue poétique. — Après la mort de
Bérat, le conseil municipal de Rouen lit exécuter
son buste en marbre et le plaça au musée de la ville.
* BERE\S(Hermann). Yogez BEHREMS
(Herm\nn).
BERETTA (Giovanni-B.\ttista ), théori-
cien, professeur et musicographe italien , ancien
directeur du Lycée musical de Bologne, membre
correspondant de l'Institut royal de musique de
Florence, naquit à Vérone d'une famille liche,
étudia la musique en amateur, et s'adonna tout
d'abord à la critique et à l'histoire de l'art. Ayant
perdu d'un coup toute sa fortune, il se vit obligé
de demander à cet art qu'il aimait les ressources
nécessaires à son existence. Ce fut alors qu'il
se vit appelé [à la direction du Lycée musical de
Bologne, où il ne demeura pas longtemps, ces
fonctions ne lui laissant pas assez de temps
pour ses études de prédilection. Il préféra vivre
pauvre à Milan, où on lui confia bientôt la con-
tinuation d'un grand ouvrage encyclopédique en-
trepiispar Americo Barberi, et dont la publica-
tion menaçait d'être interrompue par la mort de
celui-ci. Cet ouvrage porte le titre suivant :
Dizionario artistico- scient ifico-stor ico-tecno-
logico-musicale, con noùoni di estelica, di
pocsia epica, lirica e drammatica, e di
quanta collegasi colla musica, incominciato
suite tracce délie più accreditate opère aii-
tiche e moderne dal de/unto professore Ame-
rico Barberi, e'conlinuato, dalla pagina 177
inpoi, dal Giovanni Battista Bcretta, con-
sidtando {specialmente per la compilazione
degli articoli sugli strumenii musicali anti-
chi, sulla tragedia, sulla co)nmedia, sul ballo
slorico, suite danze, sulla mimica, sulle mas-
chere e suite feste popolari) opère diligente-
mente citate in apposite schede dal signor
Carlo Molossi (Milano, Giacomo Pirola, in-8").
Ce dictionnaire très-considérable, dont la moitié
à peine a été publiée, devait former au moins
trois volumes de 1000 pages cliacun. Malheu-
reusement Beretta lui-même est mort le 28 avril
74
BERETTA — BÉRIOT
1876, en le laissant à son tour inachevé, la pu-
blication n'étant parvenue qu'à la lettre G.
Cet artiste s'est fait connaître comme compo-
siteur par quelques messes et divers fragments
de musique religieuGe. Il a laissé plusieurs tra-
vaux inédits, entre autres un grand traité d'ins-
trumentation.
■■• BEBETTl ( ). Un compositeur de ce
nom a mis en musique et fait exécuter, dans la
première moitié du dix-liuitièrne siècle, lora-
torio de Métastase intitulé Gioas.
BERGAKCiMI (Joseph), artiste dont le
nom indique une origine italienne, a publié le
petit traité suivant : La Basse raisonnée , ou
Abrégé dViarmome pour la composition ou
contre-point, composé et dédié à M'" Henriette
de Montmorency, op. 1. Paris, chez l'auteur,
in-4° oblong de 26 pages.
BERGER ( ), violoniste et composi-
teur, né en 1827, fut nommé professeur-adjoint
de solfège et de violon au Conservatoire de Metz
le 1*' octobre 1858, et professeur titulaire le
11 février 1860. 11 a î^ fait 'représenter sur le
théâtre de Metz, au mois de mars 1867, un opéra-
comique en quatre actes, intitulé Anita.
* BER(U«REEi\ (A^DRÉ-PIERRE), composi-
teur et musicographe danois, est né à Copenha-
gue, le 2 mars 180). Il s'adonna de bonne heure
à l'étude de la musique, et dès l'âge de quatorze
ans se livrait à des travaux de composition qui
ne virent le jour que plus tard ; c'est ainsi qu'il
écrivit toute une collection de Chaiits avec ac-
compagnement de guitare, qui fut publiée
seulement en 1822 et 1823. Ses parents ayant
désiré lui voir étudier le droit, il se rendit à
leurs instances, mais revint bientôt à la pratique
de la musique, pour laquelle son penchant était
irrésistible. 11 se livra alors avec ardeur à la
composition, et devint en 1838 organislede l'é-
glise de la Trinité, de Copenbague, et en 1843
maître de chapelle de l'église métropolitaine de
cette ville .M. Berggreen a publié successive-
ment : 1° Bomances, Copenhague, 1823; ï' Bal-
lades et Bomances, 1824; 3" Thèmes variés
pour la guitare, 1825; 4° Chantsà Vusage
des écoles, 1 83 't- 1839, 7 parties in-4";ô" Chants
populaires et Mélodies nationales et étrayi-
gères, pour le piano, 1842-1847,4 vol. in-4" ;
6" 12 Chants suédois, 1846; 7" Chants natio-
naux, 1848 ; 8" 27 Chants sur des paroles de
Bellmann, 1850 ; 9" 6 Chants suédois de J.-L.
Runeberg, 1852; 10° enfin, M. Berggreen a
écrit la musique de diverses cantates d'Œlilens-
chlager, de Blicher et d'Ingemann, ainsi que des
mélodies pour un nouveau psautier. En 1854,
M. Berggreen a entrepris la publication d une
feuille musicale rédigée par lui, Heimdal, qui
n'a eu qu'une courte existence.
BERGMAI\I\ (Charles), pianiste et violon-
celliste, est né en 1821 à Ebersbach , dans la
Saxe. Il est parti en 1850 pour les États-Unis, où
il est devenu successivement directeur de la so-
ciété Germania et de la société Arion. — Y.
BERGMAIXiV (Joseph), compositeur^ est
né à Cernochov, en Bohême, le 26 juillet 1822.
Il a écrit de la musique de piano et de la mu-
sique vocale , entre autres des mélodies natio-
nales qui ont beaucoup de caractère. Y.
* BERGSOIV (Michel), compositeur et pia-
niste, n'a quitté Paris, où il était fixé depuis assez
longtemps , qu'en 1863, pour aller prendre au
Conservatoire de Genève la direction de la
classe supérieure de piano. Peu de temps après,
il devenait directeur de cet établissement, mais
au bout de quelques années il allait se fixer à
Londres, où il se livre encore aujourd hui à
l'enseignement. Pendant son séjour à Paris,
M. Bergson fit jouer, dans un concert, une opé-
rette en un acte. Qui va à la chasse perd sa
place (1859), et en*1861 il faisait recevoir au
Théâtre-Lyrique un opéra-comique en deux actes
qui pourtant n'a pas été représenté. Parmi les
nombreuses compositions pour piano de M. Berg-
son, je signalerai : un concerto en mi mineur;
les Nouvelles Études caractéristiques ,• Jadis,
menuet ; Genève, grande valse ; Études de
style et de mécanisme; puis, quelques mor-
ceaux de genre, un Orage dans les lagunes,
la Tatamaque, la Zingara, Berceuse, Bar-
carolle, Stgrienne, Sicilienne, Danse hava-
naise, etc., et enfin quelques mélodies, laPéche
aux fiancés, la Fioraja, etc.
* BÉRIOT(Charles-Augcste DE). Ce vio-
loniste justement célèbre est mort à Bruxelles
le 8 avril 1870, à l'âge de .soixante-huit ans.
Il était devenu complètement aveugle depuis
plus de quinze ans, et, dans ses dernières an-
nées, une paralysie du bras gauche vint lui in-
terdire complètement l'exercice du violon. On
sait que de Bériot avait épousé en 1835 la Ma-
libran, et que de ce mariage était né un enfant
unique, M. Charles- Wiifrid de Bériot, aujour-
d'hui pianiste distingué. Plus tard, il avait épou.sé
en secondes noces une sœur deTlialberg'; (;elle-ci
lui avait donné un autre fils, qui mourut quel-
ques années avant son père, officier dans l'armée
belge. Peu de jours après la mort de ce grand
artiste, un journal de Bruxelles publiait sur lui
les détails suivants : « De Bériot avait une ac-
tivité en quelque sorte universelle. Son génie em-
brassait les sujets les plus variés. Il a laissé des
dessins tout à fait remarquables. 11 s'est fait
BÉRIOT — BERLIOZ
75
aussi sculpteur une fois dans sa vie, et il a bril-
lamment réussi du premier coup. C'est lui, en
effet, qui a modelé le busfe , très-ressemblant,
de sa première femme, M"" de Bériot-Malibran,
buste qui orne le théâtre des Italiens à Paris. Il
était au besoin artisan habile. Il a fabriqué de
ses propres mains, sans le concours d'aucun ou-
vrier, un violon imité de Magini. Ce violon
avait des propriétés excellentes. Il fait aujour-
d'hui partie, à Pétersbourg, des collections du
prince Youssoupoff, dont de Bériot fut l'ami.
Alors qu'il était aveugle, et que la nécessité de
dicter au violon lui rendait très-difficile la com-
position musicale, il imagina plusieurs appareils
pour fixer ses idées. El enfin, quand la paralysie
de la main l'empêcha de se servir de son cher
violon, il consacra ses loisirs forcés à écrire, sur
des sujets philosophiques ou religieux, des pages
éloquentes et profondes, que sa famille a [)ieu-
sement recueillies (I) »
BÉRIOT (Charles-Wilfrid DE), pianiste
distingué et compositeur, fils du précédent et de
Marielta Garcia-Malibran, est né à Paris le 12 fé-
vrier 1833. Héritier du talent musical de ses
illustres parents, M. de Bériot, qui est un artiste
de style et qui se fait remarquer dans l'exécution
de la musique classique, était à peine âgé de
dix ans lorsqu'il débutait, comme pianiste, dans
un concert donné à Louvain. Cependant, il
était bientôt envoyé à Paris, au collège Louis-
le-Grand, pour y faire ses études , et il y resta
jusqu'à la révolution de 1848. I! partit alors pour
Bruxelles, où en 1850 il était reçu à l'école mi-
litaire (armes spéciales); mais cette carrière ne
[louvait lui convenir, et il se remit bientôt à l'é-
tude du piano et de la composition. Son œuvre
comprend, à l'heure actuelle : deux concertos
de piano avec accompagnement d'orchestre, une
trentaine de morceaux de genre pour le même
instrument (parmi lesquels : Tarentelle , Rê-
veuse, Fantaisie, Polonaise, VAmiUé,Serchzo,
Valse-caprice, Fantaisie de concert, etc.),
deux fragments symphoniques, un trio, et enfin
(1) Le Guide musical de Bruxelles a rappelé que de
Bériot,» par arrêté royal du 16 avril 18o3, avait obtenu
reconnaissance de noblesse. Ses armes étaient d'or àtrois
tèles de renard de gueules. — Cimier : une tète de renard
de l'écu. » Le même journal a fait connaître que, lors
delà révolution belge, de Bériot avait miscn musique
« la Marche des Belges , chant patriotique, paroles de
Bocquet, dédié aui braves défenseurs de la liberté (Ma-
yence, Anvers et Bruxelles, chez lesfils de B. Schott). De
Bériot tenait discrètement dans l'ombre cet acte de sa
vie, qui iui valut la croix de fer qu'il ne porta ja-
mais. » Rappelons, à ce propos, que de Bériot, qui n'a
jamais abordé le théâtre, a écrit une cantate qui fut exé-
cutée à l'Opéra, le 16 juin 185G, à l'occasion du buptôine
du prince impérial.
un grand nombre de mélodies pour léchant (1).
J. D. F.
BÉRIOT (FraiNz DE), frère du précédent, fils
issu du second mariage de Charles de Bériot,
était élève de son père et avait acquis sur le
violon un talent qui semblait promettre pour
l'avenir un virtuose remarquable. Cet artiste est
mort à la tleur de l'âge, quelques années avant
son père, au mois d'octobre 1865.
* BERLIOZ (Hector), est mort à Paris le
8 mars 1869. La postérité a commencé pour ce
grand artiste, et, il faut le dire à sa louange, elle
est plus juste pour lui que ne l'ont été ses con-
tem[)orains, fatigués du reste, on ne saurait le
méconnaître, par son tempérament batailleur,
par l'àprelé de sa critique, par ses allures cas-
santes et son mépris affecté du public. Il n'en
est pas moins vrai que Berlioz était un artiste
d'une rare envergure, d'une trempe peu com-
mune, d'un génie inégal et déréglé sans doute,
mais grandiose, poétique, varié, et d'une origi-
nalité qu'il est bien rare de rencontrer à un
pareil degré. Que de pages tantôt magnifiques
et superbes, tantôt étincelantes et vives, tantôt
émues et frissonnantes, que d'épisodes admirables
ne rencontre-ton pas dans la plupart de ses
œuvres ! Le public s'est tenu longtemps en garde
et en défiance contre ses sympathies, mais un
revirement considérable s'est pi'oduit en ces der-
nières années, et la foule accourt aujourd'hui aux
auditions des œuvres de Berlioz, qu'elles se
produisent aux Concerts populaires, aux concerts
du Chàtelet, ou même au Conservatoire. Quoi de
plus suave, en effet, et de plus touchant que
cette adorable Enfance du Christ, dont quel-
ques-uns ont vainement essayéde nier le charme
exquis et pénétrant.' Quoi de plus poignant et
de plus pathétique que certaines pages de
Roméo et Juliette, de Béatrice et Eénédict et
de la Symphonie fantastique ? Quoi de plus poé-
tique, de plus tendre, de plus rêveur que cer-
tains tableaux de la Damnation de Faust?
Quoi déplus fier, de plus hardi, de plus éclatant,
de plus chevaleresque que les grands épisodes
iVHarold, des Troijens, que les fulgurantes
ouvertures du Roi Lear et du Carnaval ro-
main ?
Longtemps avant que la France ne lui eût
(1) M. de Bériot a publié avec son père les deux ou-
vrages suivants : 1° Méthode d'accompagnement pour
piano et violon ; exercices chantants en forme de diiet-
tini. Paris, Heugel ; 2° L' Art de l'accompagnement ap-
pliqué au piano , méthode pour apprendre aux chan-
teurs à s'accompagner, id., id. Sous le titre : Opéras
sans paroles, M. de Bériot a écrit aussi, en société avec
son père, toute une série de duosconcertants pour piano
et violon.
76
BERLIOZ
rendu justice, la renommée de Berlioz s'était
établie à l'étranger. On sait les succès, ou, pour
mieux dire, les triomphes qu'il remporta en
Allemagne et en Angleterre. En 1867, deux ans
avant sa mort, il fit en Allemagne un dernier
voyage «lui mit le comble à sa gloire, et, pous-
sant jusqu'en Russie, il donna à Saint-Péters-
bourg et à Moscou une série de concerts qui ne
réunissaient pas moins de dix à douze mille
auditeurs et dans lesquels l'enthousiasme du
public était porté à son comble.
Mais les jours de Berlioz étaient comptés.
Sa santé, depuis longtemps délabrée, ne put ré-
sister à l'écliec immérité que reçurent ses
Troyens au Théâtre-Lyrique, et depuis lors il
ne fit que décliner et dépérir. Il travaillait
depuis plusieurs années à cet ouvrage lorsqu'il
donna, sur le théâtre cosmopolite de Bade, en
1862, un joli opéra en deux actes, dont il avait
tiré lui-même le livret de la jolie comédie de
Shakespeare: Beaucoup de bru il pour rien.
Cet opéra avait pour titre Béatrice et Bénédicl,
et fut accueilli avec la plus grande faveur. Berlioz
songea alors à offrir au public la première
partie de ses Troyens, qui formaient deux ou-
vrages, l'un intitulé les Troyens à Cartilage,
l'autre la^Prise de Troie. 11 proposa à M. Car-
valho, là cette époque directeur du Théâtre-
Lyrique, de monter les Troyens à Carthuge;
celui-ci y consentit, monta la pièce avec un
grand luxe, confia le rôle d'Énée à M. Mont-
jauze, celui de Didon à la belle M"» Charton-
Demeur, l'amie éprouvée du compositeur, qui
fut engagée spécialement pour cette création, et
les Troyens virent le jour le 4 novembre 1863.
Mais, outre que le public n'était pas encore mûr
pour une musique si mâle, si hardie et si auda-
cieuse, Berlioz s'était créé de nombreux enne-
mis, et son œuvre, admirée par quelques-uns,
conspuée par d'autres, discutée par le plus
grand nombre, fut reçue avec une rigueur exces-
sive. Bref, le succès fut négatif, et au bout de
vingt et une représentations les Troyens dispa-
rurent du répertoire (1).
Ce fut un coup terrible pour Berlioz, qui
espérait, avec cet ouvrage, établir définitivement
sa renommée dans sa patrie, jusqualors rebelle
à son génie. 11 crut devoir, à la suite de cet
(i) Berliozn'avait épargné personne ; on ne lui épargna,
en celle occasion, ni les critiques anières, ni les sarcasmes
cruels. Voici un échantillon des nombreuses épigramnies
qui lui furent adressées au sujet des Troyens :
La race des Troyens aux Uectors est funeste ;
L'un périt en héros sans pouvoir les sauver.
L'autre tombeétouffé î-ans les plis d'une veste
En voulant les ressusciter.
échec, briser sa plume de critique, et aban-
donna le feuilleton musical du Journal des
Débats, qui passa aux mains de son admirateur
et de son ami, M. Ernest Reyer. Mais bientôt
de cruelles douleurs, des chagrins domestiques
vinrent envenimer la blessure qu'il avait reçue :
Berlioz perdit sa femme, et peu après son fils
unique, jeune officier de marine, qu'il aimait à la
folie. 11 ne put résister à tant de secousses; sa
santé, déjà fortement ébranlée, vint à s'altérer tout
à coup, et à la suite de longues souffrances, le
8 mars 1869, Berlioz rendait le dernier soupir.
Au lendemain de cet événement, M. Ernest
Reyer, rendant au maître l'hommage qui lui était
dû, écrivait dans le Journal des Débats ces
lignes émues et éloquentes, (émoignage de jus-
lice et de réparation envers l'admirable artiste
qui venait de disparaître :
« Le bronze n'a pas tonné, les cloches n'ont
pas fait entendre leur carillon funèbre, les jour-
naux de musique qui paraîtront demain ne se-
ront même pas encadrés de noir en signe de
deuil. Et pourtant un grand artiste vient de
mourir, un artiste de génie qu'ont poursuivi les
haines les plus violentes, qu'ont entouré les té-
moignages de l'admiration la plus vive. Si le
nom de Berlioz n'était pas de ceux que la foule
a appris à saluer, il n'en est pas moins illustre,
et la postérité l'inscrira parmi les noms des plus
grands maîtres. Son o'uvre est immense, l'in-
tluence qu'il a exercée sur le mouvement musical
de son époque est plus considérable qu'on ne le
croit aujourd'hui. Laissez faire le temps et la
justice des hommes. 'L'Allemagne le considérait
comme une de ses gloires; dans la patrie de
Beethoven, on l'appelait le Beethoven français,
et il était allé à Vienne, à Weimar ou à Berlin,
pour oublier les outrages que ses compatriotes
ne lui épargnaient guère. 11 vous racontera lui-
mêmejlans ses Mémoires posthumes ses chutes
les plus imméiitées et ses triomphes les plus
éclatants; il vous dira avec -le même accent de
naïveté sincère : Telle oîuvre fut siftlée à Paris,
et à Vienne elle excita de tels transports, que
les musiciens de l'orchestre baisaient les pans
de mon habit.
<( Je ne saurais aujourd'hui, tant ma douleur
est profonde, écrire quoi que ce soit qui res-
semblât à une étude sur le rôle joué par Berlioz
et sur ses œuvres impérissables; l'admiration
que j'avais pour l'artiste égalait mon affection
pour l'ami dont les défauts m'attachaient autant
que les qualités. Je l'ai vu mourir, et pas une
plainte ne s'est échappée de ses lèvres avant
qu'elles ne fussent glacées par les premières
approches de la mort. Il s'est éteint doucement.
BERLIOZ — BERLYN
77
ayant perdu, pendant les dernières heures, l'u-
sage de ses facultés. Aux quelques amis qui sont
venus lui serrer la main, il n'a même pu ré-
pondre par une étreinte, par un regard ; mais
c'était presque une consolation pour ceux qui
pleuraient à son chevet que cette expression de
douleur vaincue et de sérénité répandue sur son
beau visage. La mort a donc été douce pour ce
grand artiste, dont la vie avait été traversée par
de si dures épreuves. »
Pour compléter la liste des œuvres musicales
de Berlioz, telle qu'elle a été donnée par Fétis,
il faut ajouter les ouvrages suivants : 1" Béa-
trice et Bénédict, opéra en 2 actes (partition
au piano, Paris, in-S"); 2" les Troyens à
Cartilage, opéra en 5 actes et un prologue (id.,
Paris, Choudens) ; 3° la Prise de Troie, opéra
en 3 actes (id., Paris,\Choudens); 4" Vlmpé-
riale, cantate avec chœurs et orchestre; 5" Huit
scènes de Faust, tragédie de Gœthe (ouvrage
qu'il ne faut pas confondre avec la Damnation
de Faust, et dont la grande partition manus-
crite se trouve au Conservatoire de Paris)-, e^Ze
Temple universel, chœur à quatre voix d'hom-
mes. Prière du matin, chant à deux voix avec
accompagnement de piano, la Belle Isabeau,
conte pendant l'orage, avec chœur, le Chasseur
danois, air pour voix de basse (1); 7" Récitatifs
pour le Freischiitz de W'eber, lors de la re-
présentation de cet ouvrage à l'Opéra. De plus,
Berlioz a écrit un accompagnement d'orchestre
pour la fameuse ballade de Schubert, le Hoi
des Aulnes, et un accompagnement de petit
orchestre pour la romance célèbre de Martini,
Plaisir d'amour. La bibliothèque du Conser-
vatoire, à qui Berlioz avait légué tous ses ma-
nuscrits, possède encore de lui les morceaux
suivants, qui constituent les envois réglemen-
taires qu'il fit à l'Académie des Beaux-Arts,
comme prix de Rome, lors de son séjour en
cette ville : Resurrexit et iterum venturus,
grands chœurs avec orchestre (Rome, 1831);
Quartetto e Coro dei Maggi, pour voix mixtes,
avec^orchestre (Rome, 1832); Intrata di Rob-
Roy Mac Gregor (Rome, 1832).
D'autre part, on doit joindre, aux productions
Littéraires déjà signalées de Berlioz, les écrits
suivants : 1° les Grotesques de la musique, Paris,
librairie nouvelle, 1859, in-12 (ce livre avait paru
précédemment, par fragments, dans un journal
dirigé par Jules Lecorate, la Chronique pari-
(1) Ces quatre compositions ont été indiquées par
M. Mattiieu de Monter dans la longue étude que cet eeri-
vain a publiée sur Berlioz dausla Bévue et Gazette mu-
sicale de Paris (1870-1871); J'ignore si elles ne font pas
partie d'un de ses recueils de chœurs et de mélodies.
sienne) ; 2" A travers chants, Paris, Michel
Lévy, 1862, in-12 (volume formé d'articles ou
de fragments d'articles publiés dans le Journal
des Débats); 3" Mémoires d'Hector Berlioz,
comprenant ses voyages en Italie, en Alle-
magne, en Russie et en Angleterre, 1803 -1865,
Paris, Michel Lévy, 1870, gr. in-8° avec por-
trait (des fragments de ces Mémoires avaient été
publiés, du vivant de l'auteur, dans le journal le
Monde illustré) ; 4" le Retour à la vie, mélo-
logue faisant suite à la symphonie fantastique
intitulée Épisode de la vie d'un artiste, iParis,
Schlesinger, 1832, in-8" de 20 pp. (c'est le livret
de cet ouvrage, dont Berlioz avait écrit les pa-
roles et la musique) ; 5" la Damnation de
Faust, légende en 4 parties (les paroles de ce
livret, publiées sans nom d'auteur, étaient de
Gérard de Nerval, A. Gaudonnière et Berlioz) ;
6° les Troyens à Cartilage, opéra en 5 actes,
avec un prologue (Berhoz avait écrit aussi le
livret de cet opéra).
Les écrits suivants ont été publiés sur Berlioz :
i\, Berlioz {àjxm une galerie biographique inti-
tulée : Écrivains et artistes vivants, fran-
çais et étrangers, biographies avec portraits,
par Xavier £yma et Arthur de Lucy), Paris,
Librairie universelle, 1840, in-16; 2" Ber-
lioz, par Eugène de Mirecourt, Paris, Havard,
1850, in-32 avec portrait et autographe; 3° L'o-
péra les Troyens au Père-Lachaise, lettre de
feu Nantho, ex-timbalier soliste, ex-membre
de la société des Buccinophiles et autres so-
ciétés savantes {M. }Lr. Thoinan), Paris, Towne,
1863, in-8"; 4" Berlioz, son œuvre, par Georges
de Massougnes, Paris, Richault et Dentu, 1870,
in-8".
BERLIOZE (Victor). Sous ce pseudonyme,
M. Emile Badoche a publié une notice biogra-
phique sur une jeune chanteuse russe qui s'est
produite avec succès au Théâtre-Italien de Paris,
pendant la courte direction de M. Strakosch -.
Anna de Belocca (Paris, Librairie nouvelle,
1874, gr. in-8'' avec poi trait ).
* BERLYIX (A -\V....), compositeur
néerlandais, né à Amsterdam le 2 mai 1817, est
mort en cette ville le 10 janvier 1870. Il avait
reçu, dès ses plus jeunes années, des leçons de
piano et de violon d'un artiste nommé Bernard
Koch, étudia ensuite la composition avec Louis
Erck, et fut aussi l'élève du docteur Finck, ha-
bile contre-pointiste, rédacteur de la Gazette gé-
nérale delà musique, qu'il connut à Leipzig. Son
éducation musicale se comi)léta par un grand
voyage qu'il fit dans quelques-unes des villes
les plus importantes de l'Allemagne, Berlin,
Dresde, Hambourg, etc. Il m'a été impossible
78
BERLYN — BERNARDI
de trouver la liste complète des œuvres de Ber-
lyo, dont la fécondité était vraiment exagérée,
et qui paraît avoir joui de plus de facilité que
d'inspiration véritable. Cet artiste a écrit un
nombre incalculable doperas, oratorios, ballets,
cantates , symphonies , concertos , ouvertures,
cliœurs, fantaisies d'orchestre, quatuors d'ins-
truments, nocturnes, etc. Toute cette musique,
assez pure au point de vue de la forme, manque
essentiellement d'originalité. L'existence artis-
tique de Berlyn a néanmoins été des plus heu-
reuses : il eut des relations pleines de cordialité
avec plusieurs grands artistes, Mendeissohn,
Liszt, Ch. deBériot, Kalliwoda, ses succès dans
sa patrie furent considérables, il reçut des témoi-
gnages de bienveillance de plusieurs souverains,
et enfin il fut nommé membre de diverses so-
ciétés artistiques importantes , entre autres de
l'Académie de Sainte-Cécile, de Rome. Berlyn
fut pendant quelque temps chef d'orchestre du
théâtre royal d'Amsterdam , et il s'occupa un peu,
dit-on, de littérature musicale.
BEUIVARD (Paul), compositeur, professeur
et critique musical, né à Poitiers le 4 octobre
1827, a fait à Paris son éducation artistique.
Élève, pour le piano, de Gambaro et de Thalberg,
il entra en 1843 au Conservatoire, dans la classe
d'harmonie de M. Elwart, d'où il passa, en 1845,
dans la classe de fugue et de composition d'Ha-
lévy. Après avoir pris part, en 1847, au con-
cours de Rome, il ne put renouveler une se-
conde fois cette épreuve, s'élant marié au mois
d'avril de l'année suivante. M. Paul Bernard,
qui s'était fait entendre avec succès dans les
concerts, s'adonna alors au professoral, et se fit
dans cette carrière un nom honorable tandis
qu'il se distinguait aussi, comme compositeur,
par la publication de nombreuses œuvres pour
le piano, qui ont dépassé aujourd'hui le chiffre
de cent. Il a écrit encore les paroles et la musique
d'un assez grand nombre de mélodies vocales, et
fait exécuter quelques opéras de salon. Loin du
bruit, V Accord parfait, etc., dans lesquels on a
remarqué d'heureuses qualités d'inspiration et de
facture. Les circonstances de sa vie artistique ne
lui ont pourtant pas permis de se produire au
théâtre. M. Paul Bernard , auquel on doit d'a-
gréables articles de critique publiés depuis une
quinzaine d'années dans le Ménestrel et dans la
Revue et Gazette musicale, a vu son nom at-
taché à la fondation du concours Cressent (Foy.
ce nom), dont il a été, d'après la volonté expresse
du donateur, auquel le liait une amitié frater-
nelle, l'un des principaux organisateurs.
BER!\ARD (Joseph-Ferdinand), chanteur,
a tenu l'emploi des ténorsgdans quelques villes
de province et de l'étranger, puis s'est fixé à
Paris comme professeur de chant, et y a publié
l'opuscule suivant : Manuel d'hygiène. La
Gymnastique pulmonaire, ori Vart de respi-
rer dans tous les actes de la vie physique. Je
ne connais de cet écrit que la 4' édition (Paris,
Baillière, 1875, in-8° de 70 pp.), « revue et cor-
rigée et contenant des exercices spéciaux pour
développer et perfectionner les organes de la
respiration et de la voix. « Une note de cette
4* édition porte que la T'a paru en 1868, la
2e en 1869 et la 3= en 1871. Par surcroît de pré-
caution, l'auteur annonce que " la 5* édition du
présqnt ouvrage contiendra le Thermomètre de
la vie et de, la mort, avec planches anatomi-
ques reproduisant la marche ascendante et des-
cendante du mouvement respiratoire et la trans-
formation de l'air en ondes sonores, dans la
production de la voix. »
BERX ARDEL ( Auguste -Sébastien-Phi -
lipi'e), luthier français, naquit à Mirecourt, le
12 Janvier 1802, fit son apprentissage dans sa
ville natale, puis vint à Paris et entra comme
ouvrier d'abord dans l'atelier de Nicolas Lupot,
puis dans celui de Gand père. Après six années
passéesainsi, il s'établit à son compte en 1826,
et commença à se faire une réputation honorable
par la bonne facture de ses instruments (1). Bien-
tôt il s'attacha à la reproduction de violons, al-
tos, basses et contrebasses des anciennes écoles,
et inventa un genre de cordes en double trait
pour la contrebasse à quatre cordes. Il prit part à
diverses expositions, et obtint successivement
une médaille de bronze (Paris, 1839), une médaille
d'argent (Paris, 1844), une médaille d'or (Paris,
1849), et enfin une médaille de prix à l'exposi-
tion universelle de Londres en 1851. En 1859,
il s'associa ses deux fils aînés, Ernest-Auguste et
Gustave- Adolphe, et se retira en 1866. Il mou-
rut le 6 août 1870, à Bougival. Ses deux fils s'as-
socièrent alors avec M. Eugène Gand, et les deux
maisons Gand et Bernardel n'en formèrent plus
qu'une seule, sous la raison sociale Gand et
Bernardel frères. Un troisième fils de Bernar-
del, M. Anatole Bernardel , est professeur de
piano et a publié quelques compositions pour cet
instrument.
BER.\ARDI (Enrico), chef d'orchestre et
compositeur italien, s'est fait connaître par la
musique de quelques ballets, entre autres Ze-
liska, représenté à la Scala, de Milan, en 1860,
(1) Dans son livre : Les Instruments à archet, M. Vidal
a reproduit, en môme temps que le portrait de Bernardel,
l'étiquette d'un de ses premiers violons, écrite de sa pro-
pre main: Bernardel,luthier, ex ouvrier du sieur Lui-
pot, rue CoquiUiére, n" 44, « Paris, l'an 1826.
BERNARDI
Marco Viscond, joué au théâtre Regio, de Turin,
au mois de décembre 18G2, Ilda et Don Pa-
checo, donnés au théâtre communal de Trieste en
janvier 1868, enfin Ate, joué au théâtre Castelli,
de Milan, en avril 1876. II est aussi l'auteur d'une
opérette bouffe, il Granduca di Gerolstein,
donnée en 1871 sur un petit théâtre de Milan.
Cet artiste a publié un certain nombre de mor-
ceaux de musique de danse pour le piano. Il
était, en 1876, maestro concertatore et chef
d'orchestre au théâtre Dal Verme, de Milan.
BERNARDI (Antonio), compositeur, a fait
jouer sur le théâtre de Spa, le 20 août 1862, un
opéra-comique en un acte, intitulé Llndamire.
BERJXARDIIV (Bekn.\rd COURTOIS, dit),
violoniste et chef d'orchestre, né vers 1826, ob-
tint uu second pri\ de violon au Conservatoire,
au concours de 1841, et s'acquit aussitôt une
sorte de réputation en jouant dans les concerts
Devenu plus tard second chef d'orchestre au
Vaudeville, il fut ensuite choisi par M. Hervé
pour remplir les fonctions de premier chef au
petit théâtre des Folies-Concertantes, qui chan-
gea bientôt son nom en celui de Folies-Nou-
velles, puis de théâtre Déjazet. Bernardin ne
possédait aucune instruction musicale, mais il
avait les qualités pratiques du chef d'orchestre,
et il dirigeait avec goût l'exécution des opéret-
tes et des petits ballets que l'on jouait à ce
théâtre mignon. Il fut successivement chef d'or-
chestre de plusieurs théâtres du même genre,
les Bouffes Parisiens, l'Athénée, et enfin les Fo-
lies-Dramatiques. Il écrivit la musique, — sans
conséquence — de quelques petites pochades mu-
sicales : 1° Polkette, Folies-Nouvelles, 1856; 2°
Nous n'irons plus au bois , id., 1857 ;VP'titfi,
p'tit mignon, id.; 4° i\'îCrt/se, Bouffes-Parisiens,
1867 ; ainsi que de quelques pantomimes, entre
autres celles intitulées : une Razzia galante , et
Après la noce. Il a publié aussi, chez l'édi-
teur Meissonnier, une Fantaisie pour violon,
avec accompagnement de piano, sur deux ro-
mances de M"*^ Loïsa Puget. Bernardin est
mort à Paris, pendant le siège de cette ville, à
la fin de 1870 ou au commencement de 1871.
BERNARDIIVI (Andréa), amateur distin-
gué, né à Buti (Toscane), étudia la musique dès son
jeune âge avec Meliani, di Calcinaja, et Naldi, de
Pescia. C'est dans cette petite ville, oii il dirigea
pendant quelque temps la musique communale,
qu'en 1846 il produisit sa première messe. Se
rendant ensuite aux conseils de Pacini, il alla
perfectionner ses études à Bologne, où Rossini,
qui dirigeait alors le Lycée musical de cette ville,
s'intéressa à lui et l'aida de ses conseils. La mort
de son père le, rappela dans son pays, et les af-
BERR
79
faires lui firent négliger durant quelque temps
la musique, jusqu'au jour où, sur les instances
réitérées de Pacini, son ami personnel, il com-
posa un Credo, que le même Pacini, directeur
de la chapelle ducale de Lucques, fit exécuter
par les musiciens de cette chapelle. L'heureuse
réussite de ce Credo lui procura un engagement
pour composer, en 1808, une grand'messe pour
la fête patronale de la ville de Lucques. Dès ce
moment, Bernardini continua à produire de ses
compositions aux fêtes sacrées, soit à Lucques,
soit à Pescia, et toujours avec beaucoup de
succès. Il est fâcheux que Bernardini, occupé
dans le petit pays qui l'a vu naître à administrer
son riche patrimoine^ ne tire pas tout le profit
qu'il pourrait du talent distingué dont il est
doué, en s'élançant hors des étroites limites de
sa province. L. F. C.
BER\'ICAT (Firmin), compositeur, a écrit
la musique de quelques opérettes ou saynètes
représentées sur de petits théâtres ou dans des
cafés concerts : Derix à deux, un acte, Tertulia,
1872 ; la Queue du Diable, id., id., 1873 ; Ali !
c't Indien, id., Folies-Bergère, 1874; Parla
fenêtre, id., id., 1874; Ali pot d'rfium, ii.;
les Deux Omar, id., Fantaisies-Oller, 1876; le
Voyage du petit Marquis, id., id., 1876; la
Jeunesse de Béranger, Eldorado, 1877.
* BERNIER (Nicolas), a publié chez Ballard
une cantate intitulée les ISymphes de Diane.
* BERR (Frédéric). La date de la mort de
cet artiste est le 24 septembre 1838.
Voici ce qu'un recueil spécial {l'Agenda mu-
sical pour 1837) disait de lui et du Gymnase
musical militaire à l'époque où cet utile établis-
sement, aujourd'hui disparu, venait d'être fondé,
et où la direction venait de lui en être confiée :
— « Dans les premiers temps de la fondation du
Conservatoire, cet établissement fournissait pen-
dant les guerres presque tous les musiciens né-
cessaires au service de quatorze armées, mais
les grands développements qu'on a donnés de-
puis à l'instruction musicale l'éloignèrent du but
pi'imilif; tandis qu'on formait des sujets pour le
théâtre lyrique, les musiques militaires se re-
crutaient dans les régiments mêmes, où les exi-
gences du service ne laissent point au chef de
musique le temps de former de bons élèves. Il y
a plus, tous ces chefs ne sont pas capables ; et
l'on explique ainsi pourquoi, lors des inspec-
tions, plusieurs colonels ont demandé la sup-
pression de leur musique. C'est d'après des
rapports circonstanciés que M. le ministre a
formé le projet de fonder une école dans la-
quelle de jeunes soldats déjà musiciens et de-
vant encore plusieurs années de service, vien-
80
BERR — BERTHELEMON
dront pendant deux ans, dans le Gymnase mili-
taire, pour se perfectionner sur un instrument et
y étudier l'art si difficile de conduire les orclies-
tres, et retourneront ensuite à leur corps jusqu'à
l'expiration de leur engagement pour y enseigner
et propager les bons principes qu'ils auront
reçus. Ils pourront former des élèves et les pro-
poser pour le Gymnase musical. Ce projet aura
pour résultat d'améliorer les harmonies mili-
taires, et en outre d'offrir aux jeunes soldats
qui auront acquis un talent spécial une carrière
qu'ils ne pouvaient jamais espérer de suivre.
M. le ministre a choisi M. Berr pour diriger le
Gymnase musical. On ne peut qu'applaudir à un
pareil choix. Depuis plus de vingt ans, cet ar-
tiste s'est distingué par ses oeuvres de musique
militaire et d'harmonie. Son talent de composi-
teur et une longue expérience dans l'enseigne-
ment offrent toutes les garanties qu'on avait
droit d'exiger d'un homme chargé d'une sembla-
ble direction. ■>>
BERRC (Ferdinand;, compositeur belge, né
le 5 février 18'i3 à Ganshoren, près de Bruxelles,
commença l'étude de la musique sous la direction
de M. Godineau, et à l'âge de vingt ans suivit un
coursde composition avec M. Bosselet fils. Il avait
déjà, à cette époque, écrit plusieurs morceaux de
violon, et publié quelques mélodies vocales. Après
avoir fondé, à Bruxelles, le Cercle symphonique
et dramatique, il y fit jouer deux ouvrages de sa
composition : V Orage au moulin, opéra-comi-
que en un acte, 1867 (joué avec paroles flaman-
des, sous ce titre : Hlarliies op Jacht, le 12 oc-
tobre de la même année, au théâtre du Cirque),
et le Couteau de Castille, opéra-bouffe en un
acte, qui fut donné ensuite, le 22 avril 18G8, au
théâtre des Galeries Saint-Hubert. M. Berré, qui
a publié à Bruxelles, chez Schott, une cinquan-
taine de romances, a en portefeuille quatre autres
ouvrages dramatiques : le Dernier des Mohi-
cans, 3 actes; Madame Putiphar, 3 actes; les
Poltrons, un acte; et Lowely, grand opéra en 3
actes.
BERTAUD ou BERTEAU ( ). Un ar-
tiste de ce nom a fait représenter au théâtre
Favart, en 1800, unopéra-comiqueenun acte, le
Voisinage, dont il avait écrit la musique en so-
ciété avec Dugazon fils, Dubuat,Pradberet Qui-
nebaud. L'année suivante, il donnait à l'Ambigu,
seul cette fois, un autre petit ouvrage en un
acte, intitidé le Mari d''emprunt.
BERTELMAIX (J -G ), professeur de
piano, d'harmonie et de contrepoint à l'École
royale de musique d'Amsterdam, est né en cette
ville en 1782 et mort eu 1854, à l'âge de soixante-
douze ans. La carrière de cet artiste, qui fut l'un
des musiciens néerlandais les plus sérieux du
dix neuvième siècle, fut très-honorablement
remplie, très-laborieuse et tout entière consacrée
à l'art qu'il affectionnait. Comme compositeur, il
manqua d'idées et d'originalité dans ses ouvra-
ge>, qui sont nombreux; mais il avait le travail
facile, beaucoup de savoir-faire, et possédait son
contrepoint sur le bout des doigts. 11 forma
d'excellents élèves, entre autres MM. Van Brée,
Ed. de Hartog, Richard Hol, etc.
Il était chevalier de l'ordre du Lion Néerlan-
dais, membre de l'Académie de Sainte-Cécile de
Rome et membre d'honneur de la Société pour
l'encouragement de l'art musical dans les Pays-
Bas, qui publia à ses frais l'une de ses meilleures
partitions, une messe à quatre voix et chœur.
Un grand nombre de ses ouvrages sont gravés.
Les meilleurs sont un Bequiem (Amsterdam,
Tlioune), une cantate avec orchestre (id., id.),et
un quatuor pour instruments à cordes (Paris,
Richault). Il a laissé en manuscrit une quantité
de compositions, entre autres un Traité d'harmo-
nie, deux ouvertures, deux quatuors, un con-
certo de clarinette, des motets, et des chorals
harmonisés. Ed. de H.
* BERTELSMANN ( Chari.es-Alcuste ) ,
professeur de musique à Amsterdam et composi-
teur, est mort en celte ville le 20 novembre 1861 .
Les compositions de cet artiste sont nombreuses
et se montent à plus de cinquante œuvres.
BERTHA (Alexandre DE), compositeur,
est né à Pesth, en Hongrie. Son irrésistible pen-
chant pour la musique lui fit abandonner de
bonne heure les carrières juridique et politique,
dans lesquelles plusieurs membres de sa famille
s'étaient particulièrement distingués. Son père
appartenait à la haute magistrature, et Fr. Déàk
était de ses parents. Il commença ses études mu-
sicales à Pesth, sous les auspices de M. Mosouyi
et de M. A. Feley, et les acheva à Leipzig et à
Berlin près de Hauptmann, le célèbre conlra-
pimtiste, de Moschelès et de Hans de Biilow. Il
se fixa ensuite à Paris pour y épurer son goût
et y faire connaître la musique hongroise, dont
certains motifs pleins de verve et d'originalité
ont, par une étrange loi des contrastes, le carac-
tère rêveur des mélodies du Nord et la couleur
d'une œuvre orientale. Nous citerons parmi ses
principales productions : une symphonie, en ré,
des quatuors, des sonates et particulièrement
des Hongroises et des Palotas (danses mouve-
mentées de son pays) qui font ressouvenir heu-
reusement des Polonaises. M. de Bertha a aussi
composé un Hymne national, qui lui a valu
une médailled'or de l'empereur d'Autriche.
BERTHELEMON (FrançoisHippolyte),
BERTHELEMON — BERTINI
81
cortipositeiir dramatique dont le nom semble in-
diquer une origine française, vivait en Italie dans
la seconde moitié du di\-liuitième siècle. On a
représenté de lui , à Londres , un opéra intitulé
Pelopida, et à Florence on a exécuté un orato-
rio, Jefte in Mas fa.
BERTHÉLEMY (F....-C ), liautboïste
distingué, fit ses études au Conservatoire de Pa-
ris, où il obtint un accessit de hautbois en
1847, le second prix en 1848 et le premier prix
en 1850. Il fit partie des orcliestres de l'Opéra et
de la Société des concerts, et au mois de juillet
1867 fut nommé professeur de hautbois au Con-
servatoire, où il remplaça son ancien maître Trie-
bert. 11 ne remplit que peu de temps ces fonc-
tions, car il mourut subitement le li février
1868, en faisant son cours au collège Louis-le-
Grand, où il était aussi professeur.
BERTHOLD (Cuarles-Frédéiuc-Théo-
DOREj, musicien saxon, est né à Dresde le 18 dé-
cembre 1815. Depuis 1849 cet artiste réside en
Russie, où il a fondé une Société chorale qui donne
périodiquement des exécutions d'oratorios. Il a
écrit des messes, une symphonie et un oratorio
intitulé Petrus, plus différentes compositions re-
ligieuses de moins longue haleine. — Y.
*BERTIi\ (Ml"" LoDiSE-ANGÉLrQUE), a publié
nn recueil de Six Ballades {\ . le Matelot; i.
laFleur; 3.1a 3Iule;i.le Page;à. laChasse;
G. le Soir], et un trio pour piano, violon et vio-
loncelle. Parmi ses compositions inédites, nous
signalerons cinq symplionies de chambre, et un
assez grand nombre de chœurs : Prière, Hymne
à Apollon, VEnfant des Fées, les Esprits, le
Retour d'Agamemnon, les Chasseurs, les Juifs,
la Chasse et la Guerre, le Départ du comte,
Ronde de jeunes filles, etc. L'ouvrage que
j\iue Berlin a fait représenter à l'Opéra avait
pour titre £'smera/c/a, et non pas Notre-Dame
de Paris; écrit d"abord en cinq actes, il fut
joué en quatre, car on en supprima un avant la
représentation. M''« Berlin s'est occupée aussi
de poésie : elle a publié un volume de \evs,\les
Glanes (Paris, 1842), qui fut couronné par l'A-
«atiémie française, et un second volume intitulé
Nouvelles Glanes (Paris, Charpentier, 1876,
in-12).
* BERTINI (Henri-Jérôme), pianiste et
compositeur français, est mort le 1'^'^ octobre
1876 dans la propriété qu'il possédait à Meylan,
près Grenoble (1). Il setaitretiré dans cette pro-
priété depuis plus de vingt ans, et, quoique ne
(1) Le prénom de yerô/n*', omisdanslalnoticcde la Bio-
iiraphie universelle des Musiciens, est inscrit sur les let-
tres de décès de Bcriini.
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T.
composant plus pour le public, il avait encore
écrit pour une société orphéonique, dont il était
le président, quelques messes et des chœurs que
l'on dit charmants.
Les œuvres publiées de Bertini s'élèvent à
près de deux cents, parmi lesquelles il faut sur-
tout citer : 1°25 Études, op. 29; — 2" 25 Étu-
des, op. 32 ; — 3" Études caractéri.stiques, dé-
diées au' Conservatoire de musique, op. 66; —
4° 25 Caprices-Études, op. 94 ; — 5° Éludes
musicales à 4 mains, op. 97 ; — 6" 23 Études fa-
ciles, op. 100; — 1° 24 Leçons mélodiques, op.
101 ; — 8"^ 25 Études artistiques de première
force, op. 122; — 9" 25 Études, op. 134,— 10°
25 Études musicales à 4 mains, op. 135; — 11"'
25 Études élémentaires, op. 137 ; — 12° 50 Étu-
des et Préludes mélodiques, op. 141 et 142; —
13° 25 Études très-faciles, op. 149; — 15° 25
Études faciles, op. 150; — 15° V Art de la me-
sure, 25 leçons en partition, op. 160; — 16° 25
Études priÈiaires pour les petites mains, op. 166;
— t7° 25 Etudes préparatoires, op. 175; — 18° 25
Études intermédiaires, op. 176; — 19° 25 Éludes
spéciales de la vélocité, du trille et de la main
gauche, op. 177; — 20° 25 Études normales et
classiques, op. 178; — 21° 25 Études, op. 179;
22° Rudiment, ou réunion des exercices les
plus indispensables pour acquérir un mécanisme
parfait, op. 84 ; — 23° École de la musique
d'ensemble, études spéciales du style élevé, de
la mesure et de toutes les combinaisons les plus
difficiles du rhythme, collection des fugues et
préludes de Sébastien Bach, arrangés à 4 main* ,
— 24° La Semaine du pianiste, études journa-
lières de la gamme dans tous les tons ; — 25"
Premières leçons doigtées et arrangées pour les
petites mains; — 26° Leçons progressives, suite
aux précédentes; — 27° Leçons récréatives,
suite aux précédentes ; — 28° Méthode élémen-
taire et facile de piano, dédiée aux élèves; —
29° Méthode complète et progressive de piano,
dédiée aux professeurs, etc., etc.
A ces œuvres, depuis longtemps connues et
appréciées , il faut ajouter un grand nombre de
compositions restées jusqu'à ce jour inédites, et
que le gendre de Bertini, M. Nickiès, organiste
de St-Eloi à Bordeaux, doit livrer prochainement
à la publicité ; on cite , parmi ces dernières :
1° 3 Nonettos pour piano et instruments à vent ;
2° 3 Symphonies pour piano et orchestre; 3°
deux livres d'Études à quatre mains; 4° une
série d'Études spéciales pour le double-dièze et
le double-bémol; 5° une vingtaine de morceaux
pour piano seul ; 6" des Études de solfège pour
neuf voix d'hommes ; 7° un Pie Jesu que Ber-
tini avait composé pour ses propres funérailles,
6
82
BERTINl — BERTON
et qui, par les soins de son gendre, a été exécuté
à Bordeaux pour le service funèl^re célébré en
son honneur.
On assure que Bertini avait refusé, sous le
gouvernement de juillet, la décoration de la Lé
gion d'iionneur, qui lui avait été offerte.
BERTIiXI (DOME-Mco), compositeur et pro-
fesseur, né à Lucques le 26 juin 1829, est issu
d'une famille dans laquelle la musique était tenue
en grande affection. Ses frères et ses sœurs cul-
tivaient tous la musique pour leur plaisir, sa
mère possédait un véritable talent de chanteuse
amateur, et son père, directeur du journal offi-
ciel du duché de Lucques, lui lit apprendre dès
sou plus jeune âge les premiers principes de l'art.
Doué d'une fort jolie voix, chantant avec ex-
pression, il fui à douze ans reçu à l'Institut mu-
sical de sa ville natale, alors dirigé par Giovanni
Pacini, et y remporta successivement tous les
premiers prix.
En 1848, lors du soulèvement naticyal de l'I-
talie, il s'engagea comme volontaire, se battit
dans plusieurs rencontres, et se distingua tout
particulièrement dans la journée du 29 mai. Mais
après la restauration des princes, et lorsque les
Autrichiens eurent envahi le pays, il dut se re-
tirer à la campagne pour se mettre en sûreté.
C'est alors qu'il reprit ses études musicales, cette
fois sous la direction de Michèle Puccini. Il les
mena avec assez d'activité pour être en état de
faire exécuter, le 25 juillet 1850, une mes.se et
une cantate de sa composition, et deux ans après,
le 22 novembre 1852, un Magnificat à 4 voix
avec accompagnement d'orchestre. Nommé en
1853 maître décomposition de la congrégation de
Sainte- Cécile de Lucques et maestro concerta-
tore au théâtre, il devint, en 1857, directeur de
l'Institut musical de Massa-Carrara et maître de
chapelle. Enfin, en 1862, il alla se fixer à Flo-
rence, où depuis lors il n'a cessé de se. livrer à
l'enseignement du chant, et où il est devenu di-
recteur de la Société Cherubini.
M. Bertini a fait paraître en 1866 un manuel
musical conçu d'après un nouveau système, sys-
tème mis en usage par lui et qui a produit, pa-
raît-il, d'excellents résultats; cet ouvrage a pour
titre : Compendlo di principii di musica se-
conda un nnovo sïstema, et a été approuvé par
MM. Mercadante, alors directeur du Conserva-
toire de Naples, Lauro Rossi, directeur de celui
de Milan, Platania, directeur de celui de Palerme,
et Gaetano Gaspari. M. Bertini est l'auteur de
deux opéras, Non ti scordar di me et Cinzica
Sismondi, qui n'ont point été représentés jus-
qu'ici (1876;, mais dont l'éditeur Morandi, de
Florence, a publié quelques morceaux, et il a
livré au public quelques compositions moins im-
portantes, entre autres un sonnet écrit sur des
vers de Michel-Ange à l'occasion du quatrième
centenaire de ce grand homme, et qui passe pour
une de ses meilleures productions. M. Bertini,
qui s'occupe aussi de littérature musicale, prend
part à la rédaction des journaux la Scena, de
Venise, et le Boccherini, de Florence, et il a
exercé les fonctions de critique dans une grande
feuille politique, VEpoca, pendant tout le temps
qu'a duré sa publication.
BERTII\I (Ernesto), compositeur drama-
tique, né à Macerata, a fait représenter sur le
théâtre de celte ville, il y a quelques années, un
drame lyrique intitulé Caterïna di Francia.
BERTIIXI (Natale), chef d'orchestre et
compositeur dramatique, né à Palerme, a fait
représenter en celte ville, sur le théâtre Belliui,
le 4 avril 1867, un opéra sérieux en trois actes,
intitulé Elrira da Fiesole. En 1872, cet artiste
était chef d'orchestre et maestro concerlaiore
au théâtre impérial d'Odessa.
* BERTIA^OTTI (Tni:i!i;sE), cantatrice re-
marquable, née à Savigliano en 1776 et non en
1780, est morte à Bologne le 12 février 1864.
BERTO\ (Pierre MONTAN-). Cet artiste
distingué s'était donné, à l'Opéra, une sorte de
spécialité : celle de rafraîchir, par l'aiijonction
de quelques morceaux nouveaux, les opéras an-
ciens que l'on jugeait à propos de remettre à la'
scène. C'est ainsi qu'il écrivit des airs, des
scènes, des airs de ballet pour Camille, reine
des Yolsques de Campra, pour Iphigénie en
Tauride de Campra et Desmarets, pour Castor
et Pollux et Dardaniis de Rameau, etc. Cela
lui donna l'occasion de publier (1762) un Recueil
de différents airs à grande symphonie,
composés et ajoutés dans plusieurs opéras et
exécutés au concert français des Tuileries
(Paris, La Chevardière). J'ignore si plusieurs
volumes de ce recueil ont paru, mais le premier
portait cette mention : « On donnera incessam-
ment le second et le troisième recueil. »
Berton mourut le 14 mai 1780.
*BERTOIX (Henri MONTAN-). Un assez
grand nombre d'erreurs s'étant produites' au sujet
des œuvres de ce compositeur célèbre', je crois
utile de reconstituer ici, par ordre chronologique,
son répertoire dramatique, en l'accompagnant
de quelques observations ; je ne m'occuperai ni
des oratorios exécutés au Concert spirituel, ni
des opéras restés inédits, mais seulement des
ouvrages représentés. En voici la liste :
1" Les Promesses de mariage, suite de l'É-
preuve villageoise, 2 actes, Comédie-Italienne,
4 juillet 1787 ; 2° l'Amant à l'épreuve, 2 actes.
BERTON
83
id., 5 décembre 1787 ; 3" les Brouilleries, 3
actes, id., 1" mars 1790 ; 4" les Rigueurs du
Cloître, 2 actes, id., 23 août 1790; ^y" le Nou-
veau d'Assas, 1 acte, id., octobre 1790; 6" les
Deux Sentinelles, un acte. Th. Favart (ex-Co-
médie-Italienne), 27 mars 1791 ; 7° Eugène, 3
actes, th. Feydeau, 11 mars 1793; 8° le Con-
grès des Rois, 3 actes (en société avec Blasius,
Cherubini, Dalayrac, Deshayes, Devienne, Gré-
try, Jadin, Kreutzer, MéhuI, Solié et Trial fils),
th. Favart, 26 février 1794 (cet ouvrage n'est
point cité par Fétis) ; 9" Agj'icole Viala ou le
Héros de la Durance,vin acte, th. Feydeau, 9
octobre 179i ; 10° Ponce de Léon, 3 actes, th.
Favart, mars 1797 (paroles et musique de Ber-
ton);ir le Rendez-Vous supposé ou le Souper
de famille, 2 actes, th. Favart, 5 août 179S
(ouvrage représenté précédenunent, le 11 no-
vembre 1788, sous forme de comédie et sous ce
titre : les Dangers de V absence, ou le Souper
de famille); 12° Montana et Stéphanie, 3 ac-
tes, tb. Favart, mars ou avril 1799 (ouvrage
défendu par la police après sa première repré-
sentation, joué pour la seconde fois le 20 avril,
et repris le 4 mai 1800 avec un troisième acte
nouveau); 13° la Nouvelle au camp de l'as-
sassinat des ministres français à Rastadt,
« scène patriotique, » Opéra, 14 juin 1799; 14°
l'Amour bizarre, ou les Projets dérangés, 3
actes, th. Favart, 30 août 1799 ; 15" le Délire,
ou les Suites d'une erreur, un acte, th. Favart,
6 décembre 1799 ; 16° le Grand Deuil, un acte,
th. Favart, 20 janvier 1801 ; 17" les Deux sous-
lieutenants o\i le C^cert interrompu, un acte,
th. Feydeau, 29 mai 1802 (Fétis a fait ici con-
fusion et a cru voir dans cet opéra deux ou-
vrages distincts, dont l'un aurait été représenté
sous ce titre : les Deux sous-lieutenants,
1 autre sous celui-ci : le Concert interrompu:
cette pièce avait été représentée précédemment
au th. Favart, le 19 mai 1792, sous forme de
comédie); 18° Aline, reine de Golconde, 3
actes, Opéra-Comique, 3 septembre 1803 ; 19° la
Romance, un acte, id., 2i janvier 1804; 20°,
Trusibule, " cantate scénique, » exécutée à
l'Hôtel de Ville (et non au Théâtre-Olympique,
comme l'a dit Fétis), le 16 décembre 1804; 21°
le Vaisseau-Amiral ou Forbin et Delville, un
acte, Opéra-Comique, 1'=' avril 1803 ; 22° Délia
et Verdikan, un acte, id., 8 mai 1805 (les pa-
roles de ce petit ouvrage étaient du chanteur
EUeviou) ; 23° les Maris garçons, un acte, id.,
15 juillet 1806; 24° le Chant du retour, can-
tate, id., 28 juillet 1807; 25° le Chevalier de
Sénanges, 3 actes, id., 23 juillet 1808; 26°
Ninon chez M>»e de Se vigne, un acte, id., 26
septembre 1808; 27° Françoise de Foix, 3
actes, id., 28 janvier 1809 ; 28° le Charme de
la Voix, un acte, id., 24 janvier 1811 ; 29° la
Victime des Arts ou la Fête de Famille, 2
actes (en société avec Nicolo et Solié), id., 28
février 1811 ; 30° V Enlèvement des Sabines,
ballet en 3 actes, représenté au palais impérial
de Fontainebleau le 4 novembre 1810, et à
l'Opéra le 25 juin 1811 ; W l Enfant prodigue,
ballet en 3 actes. Opéra, 28 avril 1812; 32° le
Laboureur chinois, pastiche en un acte, avec
récitatifs de Berton, Opéra, 5 février 1813 ; 33°
Valentin ou le Paysan romanesque, 3 actes,
Opéra-Comique, 13 septembre 1813 (repris et
réduit en 2 actes le 4 décembre 1819); 34°
/' Oriflamme, un acte (en société avec Kreut-
zer, Méhul et Paër), Opéra, r' février 1814;
35" l'Heureux Retour, ballet en un acte, id.,
25 juillet 1815 ; 36° les Dieux rivaux ou la
Fête de Cythère, opéra-ballet en un acte (en
société avec Kreutzer), Persuiset Spontini), id.,
21 juin 1816; 37° Féodor on le Batelier du
Don, un acte, Opéra-Cornique, 15 octobre 1816 ;
38° Roger de Sicile ou le Roi troubadour, 3
actes. Opéra, 4 mars 1817 ; 39° Corisandre ou
la Rose magique, 3 actes, Opéra-Cornique, 29
juillet 1820; 40° Blanche de Provence ou la
Cour des Fées, un acte (en société avec Boiel-
dieu, Cherubini, Kreutzer et Paër), représenté
à la cour le 1" mai et à l'Opéra le 3 mai 1821 ;
41° Virginie ou les Décemvirs, 3 actes. Opéra,
11 juin 1823 ; 42" les Deux Mousquetaires ou
la Robe de chambre, uu acte, Opéra-Comique,
22 décendire 1824; 4.3° Pharamond, 3 actes
( en société avec Boieldieu et Kreutzer), Opéra,
10 juin 1825 ; 44" les Créoles, 3 actes, Opéra-
Comique, 14 octobre 1826 (ouvrage non men-
tionné par Fétis) ; 45° les Petits Appartements,
un acte, Opéra-Comique, 9 juillet 1327 ; 46° la
Marqtiise de Brinvilliers, 3 actes (en société
avec Auber, Batton, Blangini. Boieldieu. Carafa,
Cherubini, Hérold et Paër), Opéra-Comique, 31
octobre 1831 (non mentionne par Fétis en ce
qui concerne Berton).
Il faut ajouter que Berton a modifié et ar-
rangé un ouvrage de Gluck et un de Grétry
pour deux reprises qui en furent faites à l'Opéra
et à l'Opéra-Comique. Écho et Narcisse, de
Gluck, ainsi remanié par lui, fut repris à l'O-
péra le 25 mars 1806, et Guillaume Tell, de Gré-
try, fut donné à l'Opéra-Comique le 24 mai 1828.
■* BERTOIV (Henri), fils du précédent (1).
Aux ouvrages dramatiques de ce compositeur, il
faut joindre le Présent de noces ou le Pari,
(t) Et non François, comme il a élc dit par erreur, i
84
BERTON — BERTRAND
ouvrage en un acte qui fut représenté à l'Opéra-
Cornique le 2 janvier 1810. Quant au Château
d'Urtuby (et non d'iturbide, comme il a été
dit), il fut donné au même théâtre le 14 jan-
vier 1834, dix-huit mois après la mort du com-
positeur, qui fut l'ime des premières viclimes
de l'épidémie cholérique de 1832. En lête du
livret de cette pièce, les auteurs, MM. de Lu-
rieu et Raoul, ont placé une pièce de vers « aux
mânes de Henri Berton fils, » pièce de vers qui
fut lue sur la scène, le jour de la première re-
présentation, et qu'il ne me semble pas inutile
de reproduire ici :
Un fléau d'jffreiise mémoire
Naguère époiivantait Paris;
Vertus, beauté, talens et gloire,
Rien ne put le fléchir : il fut sourd à nos cris....
Henri Beuton, tenant la lyre.
Tomba foudroyé sous ses coups;
I,c.s derniers chants, enfans de son délire,
L'infortuné les modulait pour vous.
Bientôt vous allez les entendre.
l,ui seul, hélas! il manque au rendez-vous.
Qu'il eût été joyeux d'être au milieu de nous!...
Ses amis empressés seraient venus lui prendre
La main, en lui disant : « C'est bien. »
Cotte main s'e t glacée... Et de ce cœur si digne.
De ce feu créateur, il ne reste plus rien....
Ces chants pleins d'avenir étaient le chant du cygne.
Vous les adopterez, oui, messieurs, car son nom
Du succès fut toujours le gage;
Oui, son aïeul, Pierre Berton,
Par ses accords, enivrant un autre âge.
De Gluck lui-même obtenait le suffrage.
Plus fier, plus maïc en ses accens,
De son CIs le brillant génie
Grandit encore avec les ans,
Et dans la France enlière on répète les chants
Et i'Jline et de Stéphanie.
Ainsi la gloire, aimant à proclamer ce nom,
Sur ses tables d'airain grava trois fois : Berton.
Henri, console-toi, puisqu'en mourant tu bisses
Pour héritage à tes enfans.
Trois générations de talens;
C'est la plus belle des noblesses.
De ses travaux lorsqu'il n'a pu jouir,
Pour un artiste qui succombe,
C'est, hélas! bien plus que mourir.
Ce fut le sort d'Henri... Grâce à vous, sur sa tombe,
Que ses enfans, quand ils iront prier.
Puissent porter demain quelques brins de laurier.
Fétis a été trompé par un faux renseignement
lorsqu'en parlant du fils de cet arlisfe, Adolphe
Berton, mort en 1857, il a dit : « En lui s'est
éteinte la quatrième génération d'une famille qui
s'était illustrée dans la musique. » La famille
était loin d'être éteinte, car Adolphe laissait un
frère, Charles-Francisque Montan-Berton, qui,
né à Paris le 16 septembre 1820 , embrassa la
carrière théâtrale, entra au Conservatoire dans la
classe de Samson, et devint l'un des premiers
comédiens de ce temps. Celui-ci épousa une fille
de son maître, M'^' Caroline Samson, qui s'est fait
connaître comme écrivain par des romans et des
pièces de théâtre, et il appartint successivement
au personnel de la Comédie-Française,du Vaude-
ville, des théâtres de Vienne et de St-Pétersbourg,
et plus tard de ceux du Gymnase, delà Gaîté, de
rodéon et de laPorte Saint-Martin. Charles-Fran-
cisque Berton est mort fou, le 18 janvier 1874,
laissant un fils, M. Pierre Berton, comédien fort
distingué lui-même et auteur dramatique, qui
s*est fait applaudir au Gymnase et à la Comédie-
Française et qui a fait représenter^quelques pièces
agréables, entre autres les Jurons de Cadillac,
la Vertu de ma femme, etc.
* BERTOiM (Ferdinand-Josepii). Aux ou-
vrages dramaliques de ce compositeur, il faut
ajouter Antigono.
lîERTRAXD (H -G ), violoniste et
compositeur français ou belge, a publié à Liège,
en 1768, un recueil de Sir. trios de violon,
op. 1.
BERTRAXD (JE.\iN- Gustave), écrivain mu-
sical distingué, est né à Vaugirard (Paris) le 24
décembre 1834. Bon helléniste, et, à ce titre,
membre de la Société d'encouragement des études
grecques, M. Bertrand, après avoir fait d'excel-
lentes études au lycée Louis le Grand, suivit les
cours de l'école ,des Chartes et sortit de cette
institution avec le diplôme d'archiviste-paléo-
giaphe. Sa thèse portait sur un point d'archéo-
logie musicale : l'Histoire de l'orgue dans
l'antiquité et au moyen âge, et des fragments
eu furent publiés dans le journal la Maîtrise.
L'auteur avait travaillé seul la théorie musicale
et l'harmonie.
Devenu en 1859 rédacteur en ' chef d'une
feuille théâtrale, M. Bertrand se vit bientôt
chargé de la critique musicale à la Revue ger-
manique (plus tard Revue moderne), puis, en
1862, prit possession du feuilleton dramatique
et musical du journal le Nord. Il a collaboré
successivement à la Revue et Gazette musi-
cale, au Ménestrel, au Moniteur universel,
au Journal des Débais, à la Patrie, au Soir,
au Journal de Paris, à l'Ami de la France, au
Journal officiel, etc.
Membre du comité des travaux historiques
(section d'archéologie), M. G. Bertrand fut, pen-
dant plusieurs années, chargé par le ministère
de l'instruction publique de missions scientifi-
ques en Russie, et en profita pour étudier,
avec l'intérêt qu'il mérite, l'art musical de ce
pays, si peu connu dans l'Europe occidentale.
Il prépare une histoire de l'Opéra national russe.
Ses observations, jointes à celles qu'il avait rap-
portées de ses précédents voyages en Allemagne
BERTRAND — BEST
85
et en Ilalie, lui permirent de publier un livre à
la fois très-ingénieux et très-substantiel : les
Aationalités musicales étudiées dans le
drame lyrique, livre dans lequel on rencontre
des aperçus neufs et des remarques fort utiles.
La crifiijue de M. Gustave Bertrand se fait d'ail-
leurs remarquer par une grande élévation de
pensée, des connaissances solides, et en même
temps par une urbanité de formes qu'on vou-
drait toujours retrouver sous la plume des écri-
vains dignes de ce nom.
Les écrits de M. G. Bertrand relatifs à la mu-
sique sont les suivants : \" Histoire ecclésias-
tique de l'Orgue (Paris, Cli. de Mourgues,
1859, in 8°); 2° Essai sxir la musique dans
l'antiquité [Pdirh, Didot, s. d., in-8"), tirage à
part d'un article fort important publié dans le
Complément de l Encijclopédie moderne; 3"
les Origines de Vharmonie (s. 1. n. d.), tirage
à part d'un article inséré dans la Reiue mo-
derne, du f"" septembre 1866 ; 4" de la Réforme
des études du chant au Conservatoire (Paris,
Heiigel, 1871, in-8"), travail plein d'intérêt,
écrit par l'auteur à la suite de visites faites par
lui aux conservatoires de Naples, de Milan, de
St-Pétersbourg et de Bruxelles ; 5° les Nationa-
lités musiccdes étudiées dans le drame ly-
rique (Paris, Didier, 1872, in-12). La publica-
tion de ces divers ouvrages a créé à leur auteur
une situation très-solide dans la critique, et lui
a donné une autorité incontestable. M. Bertrand
est l'un des collaborateurs du Supplément de la
Biographie universelle des Musiciens. Tout ré-
cemment il a pris posses-sion, sous le nom de
Jean Bertrand, du feuilleton dramatique et
musical du journal la République française.
*BERWALD (Je\n-Fkédéric), est mort
au mois de septembre 1861.
BEllWALD ( ). Un artiste de ce nom
a fait représenter à Stockholm , au mois d'avril
1862, un opéra intitulé Estrella de Soria, qui
a été très-favorablement accueilli par le public.
J'ignore, quoique cela paraisse probable , si cet
artiste appartient à la famille du précédent.
* BESAKZOAJ (Ferdinand). Cet artiste,
qui s'était établi à Paris, où il demeura plusieurs
années, fit représenter à l'Opéra-Comique , eu
1856, un petit ouvrage en un acte, intitulé te
Chercheur d'esprit, qui passa complètement
inaperçu et n'obtint qu'un petit nombre de re-
présentations. Besanzoni est mort à Venise, le
5 décembre 1868.
BESEKIRSKIJ (Vasil-Vasilevic), violo-
niste russe, membre de la chapelle impériale,
est né à Moscou en 1836. Cet artiste a complété
son éducation au Conservatoire de Bruxelles ,
sous la direction de M. Léonard. Après s'être fait
entendre à Bruxelles et à Paris, il retourna en
1860 dans sa patrie, où il a fondé une société
de quatuors. Il a écrit pour son instrument plu-
sieurs compositions qui ont été publiées en Alle-
magne. Y.
* BESSEj\1S (Antoine-Acgust&), violoniste
et compositeur, né à Anvers et fixé à Paris de-
puis 1852, est mort en celte dernière ville le 19
octobre 1868.
BESSOIV (Gustave- Auguste), facteur d'ins-
truments de musique en cuivre et l'un des in-
dustriels français les plus renommés en ce
genre, est né à Paris en 1820, et étudia fort
jeune loutes les questions relatives à la cons-
truction et au mécanisme de ces instruments :
cors, trompettes, trombones, cornets à pistons,
bugles, etc. Fort jeune encore, il présenta à
l'exposition de 1844 plusieurs produits qui fu-
rent récompensés, et depuis lors il n'a guère
laissé passer de solennités de ce genre sans y
prendre part et sans y obtenir des succès. Il a
été récompensé par une médaille de prix à l'Ex-
position universelle de Londres (1831) et par une
médaille de première classe à celle de Paris
(1855).
BEST (W -T \ organiste fameux en
Angleterre, et actuellement considéré comme le
premier de ce pays, est titulaire des grandes et
des plus belles orgues de concert du royaume,
celles de Royal-Albert- Hatl, à Londres, de
Saint- George' s- Hall, à Liverpool, enfin de la
nouvelle et superbe salle de Shelfield. Il a été,
je crois, organiste dune des plus importantes
églises de Birmingham. M. Best, qui est
âgé aujourd'hui d'environ cinquante ans, et qui
est considéré par ses compatriotes comme le pre-
mier organiste de l'Angleterre, est cependant
inférieur à plusieurs de ses confrères, et parti-
culièrement à M. Henry Smart, l'aveugle, artiste
extrêmement distingué. Très-habile au point de
vue du mécanisme comme exécutant, très-rompu
à la pratique comme compositeur, avec cela fort
instruit, M. Best possède un talent véritable,
mais un talent sans charme et qui n'est pas
échauffé par l'inspiration. On le voit parfois,
assis devant son instrument , s'arrêter au beau
milieu d'une phrase pour disposer et arranger
ses registres, prendre longuement son temps, puis
poursuivre ensuite tranquillement son petit dis-
cours interrompu. D'autre part, M. Best, quia
transcrit un certain nombre de concertos de Ilaîn-
del pour orgue et orchestre, n'a pas reculé devant
ce sacrilège de changer, quand cela lui convenait,
l'harmonie du maître. On voit ce qu'il faut pen-
ser d'un artiste qui en prend ainsi à son aise
86
BEST — BEZDECR
dans l'exercice d'un art qui exige le plus profond
respect de lui-même et du public. Il est certain
que la valeur de M. Best a été singulièrement
exagérée dans son pays , et qu'elle reste de
beaucoup au-dessous de sa renommée.
M. Best, qui s'est fait entendre plusieurs fois
à Paris dans les séances intimes d'orgue données
cbez nos grands facteurs , a publié un nombre
incalculable de transcri|jtions des diefs-d'œiivre
des grands maîtres. On lui doit des compositions
originales dont la valeur est mince, entre autres
une Collection of organe pièces, en plusieurs
livres.
* BÉTIIISY (Jea!s-Laure\t DE). L'Enlè-
vement d'Europe, tragédie-opéra dont cet ar-
tiste avait écrit tout à la fois les paroles et la
musique, fut jouée à Versailles, an concert de
la reine , au commencement du mois de juin
1739.
BETTS (John), lutbier anglais de la fin du
dix-huitième et du commencement du dix-neu-
vième siècle, naquit à StamTord en 1755 et mou-
rut en 1823. Établi à Londres, il y lit, dit-on,
d'importantes affaires, mais c'était plutôt un
marchand d'instruments qu'un lutbier véritable,
car on assure qu'il travaillait peu par lui-même.
Un luthier nommé John Carter, qui habitait
Londres en 1789, lui .fabriqua un grand nombre
d'instruments.
BETTS (Edward), luthier anglais de la fin
du dix-huitième siècle, fut élève du luthier Ri-
chard Duke [Voyez ce nom), fameux dans son
pays, et qu'il sut imiter habilement. Cependant,
les instruments sortis de ses mains, très-soignés
ettrès-finis dans leurs détails, laissaient, dit-on,
à désirer au point de vue de l'ensemble.
BETZ (I'rançois), premier baryton de l'Opéra
impérial de Berlin, est né à Mayence le 19
mars 1835. C'est un des chanteurs favoris de
M. Richard Wagner, et il faisait partie de
ceux qui ont chanté la fameuse tétralogie de
ce compositeur à Bayreuth, en 1876. Aussi
distingué, dit-on, comme comédien que comme
virtuose, il s'est fait surtout remarquer en Al-
lemagne dans le rôle de Hans Sachs des Maî-
tres chanteurs , dont il a fait une création
pleine de puissance et d'originalité , puis dans
le FreischiUz, Lohengrin, Tristan et Isolde,
Ipliigénie en Tauride, Hamlet , Aida, etc.
M. Betz s'est fait entendre parfois à l'Opéra
impérial de Vienne.
BEULE (Charles-Ernest), archéologue,
écrivain et homme politique français, né à Sau-
mur le 29 juin 1826, mort à Paris le 4 avril 1874,
n'est mentionné ici que pour les « éloges » con-
sacrés par lui à quelques musiciens en sa qua-
lité de secrétaire perpétuel de l'Académie des
beaux-arts. Il avait succédé sous ce rapport à
Halévy, et il eut ainsi l'occasion de lire à l'A-
cadémie des notices sur Halévy lui-même , sur
Meyerbeer et sur Rossini. Ces notices ont été
publiées à la librairie Firmin-Didot , en 1862,
1865 et 1869.
BEUMEB (Henri), violoniste et composi-
teur pour son instnmient, né à Leuwarden
(Pays-Bas), en 1831, fit -ses études musicales
sous la direction de son père, qui était chef de
musique de la 2*^ division d'infanterie. Dès l'âge
de douze ans il se faisait entendre avec succès
dans les concerts, et en 1849, ayant eu l'occasion
de se produire à Spa, devant Charles de Bériot,
ce maître le complimenta et lui proposa d'entrer
dans la classe supérieure de violon dont il était
titulaire au Conservatoire de Bruxelles. M. Beu-
mer accepta cette offre, entra au Conservatoire,
et au bout de deux années y remporta le prix
(l'honneur. Peu de temps après il devenait lui-
même professeur dans cet établissement, en
même temps que violon-solo au théâtre de la
Monnaie. Cet artiste s'est aussi livré à la com-
position; il a écrit la musique d'un ballet repré-
senté au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, et
a publié, entre autres œuvres : 6 études pro-
gressives pour le violon; 50 études pour le
\iolon, dédiées 'à Charles de Bériot; Caprice
pour le violon, sur le God save the Quren ;
12 romances; une ouverture ; quatre fantaisies
pour orchestre , etc.
BE'VIGNAIXI (Enrico), chef d'orchestre et
compositeur dramatique, a fait représenter en
1802, sur un théâtre deNaples, un opéra inti-
tulé Caterina Blum. En 1872, M. Bevignani
était, conjointement avec M. Liiigi Arditi, chef
d'orchestre des théâtres italiens de Saint-Pé-
tersbourg et de Moscou, et en 1876, il remplissait
les mêmes fonctions au lliéâtre italien de Cu-
vent Garden, à Londres.
* BEYER (Ferdinand). Cet infatigable fa-
bricant de musique plus que médiocre, né à
Querfurt, dans la Prusse saxonne, le 25 juillet
1805, est mort à Mayence le 14 mai 1863.
Néanmoins, son commerce était tellement
florissant, qu'il s'est trouvé un artiste assez
avisé pour recueillir sa succession et prendre la
suite de ses affaires. Un compositeur de musi-
quette de piano a en effet adopté le pseudonyme
de Beyer, pour satisfaire le public amateur des
morceaux de ce dernier. H a seulement changé
l'initiale du prénom ; au lieu de F. Beyer, on
met sur le titre S. Beyer, et tout est dit.
BEZDECK (Frédéric-Wenzel), violoniste,
est né le 24 septembre 1804, à Prague. On a de
BEZDECK — BIÂGI
87
lui (\es quatuors pour instruments à cordes,
(les lieder et des morceaux de piano. Y.
BIAGGI (Gerolvmo-Alessandro), critique
et historien musical italien, est né vers 1815 à
Milan et fit ses études musicales au Conserva-
toire de cette ville, oii il entra le 2i octobre
1829 pour en sortir le 16 février 1839, après
avoir suivi les cours de violon et de composi-
tion. Bien que pourvu d'une instruction musicale
sérieuse et solide, M. Biaggi ne songea pas un
instant, dit-on, à suivre la carrière de compo-
siteur, et se livra aussitôt à son gortt pour la
critique, la littérature et lliistoire musicales.
Esprit élevé et indépendant, quoique imbu de
certains préjugés et un peu trop immobilisé dians
l'admiration du passé, il s'est fait dans son pays
une renomuiée véritable , méritée d'ailleurs à
beaucoup d'égards. En 1857, à la suite de lon-
gues méditations sur l'état de décadence dans
lequel se trouvait l'art musical religieux en Ita-
lie, il publia un écrit ainsi intitulé : Délia Mu-
sica religiosa e délie questioni inerenti, dis-
corso i\\i\An, Lucca, 1857, in-8"). Ce discours
de plus de 200 pages donne des preuves d'une
érudition solide, et quoique je sois loin de
partager toutes les idées exprimées par l'auteur,
je n'en dois pas moins rendre hommage à l'élé-
vation de son esprit et à son grand sentiment de
l'art.
C'est, je crois, à l'époque où il publia ce
livre, que M. Biaggi dirigeait à Milan une feuille
spéciale, Vltalia musicale, publiée par l'éditeur
Francesco Lucca. Peu d'années après il quittnit
Milan pour aller se fixer à Florence, où il deve-
nait bientôt le feuilletoniste musical de l'excel-
lent journal politique la jYffi;io?ie, et où, lors de
la création de l'Institut royal de musique, il fut
nommé professeur d'esthétique musicale et d'his-
toire de l'art dans cet établissement. M. Biaggi
est aussi cbargé de la critique musicale à la
Gazzella d'ItaUa, où il signe ses articles du
pseudonyme Ippolito d'Albano, et c'est encore
lui qui fait les revues musicales du grand recueil
littéraire qui a pour titre /a JSuova Aniologia,
lequel tient en Italie la place que la Revue des
Deux-Mondes occupe en France.
La situation littéraire de M. Biaggi, on le voit,
est considérable, et pourtant il est peut-être
juste de remarquer que, malgré l'estime qu'on
fait de son talent et de son caractère, l'autorité
qui s'attache à ses jugements n'est pas à la
hauteur de celte situation. M. Biaggi est consi-
déré comme un érudit, comme un savant, comme
un musicien de premier ordre, ses travaux,
«crits dans une langue élégante et claire, sont
tplus et recherchés, et néanmoins l'on ne peut pas
dire que l'écrivain tienne l'oreille du public et
entraîne ses lecteurs à sa suite. C'est que,
comme je le faisais entrevoir plus haut, M. Biaggi
est un peu trop confiné dans le passé, un passé
brillant et glorieux à la vérité, mais qui, étant
donné le progrès constant et le renouvellement
incessant de l'art, ne satisfait plus le besoin de
l'intelligence humaine. M. Biaggi en est resté à
Rossini ; on pourrait assurément plus mal choisir
son dieu, mais enfin Rossini, qui a été lui-même
un révolutionnaire en musique, a été suivi par
d'autres novateurs qui ont à leur tour renouvelé
ou tout au moins modifié profondément les
formes de l'art, et des travaux desquels il faut
absolument tenir compte. En un mot, M. Biaggi
ne croit qu'aux morts, et professe l'horreur la
plus profonde pour la musique île sou temps.
J'admets parfaitement que l'Italie ne possède
pas en ce moment un seul arliste de la trempe
de Ciraarosa ou de Paisiello, mais est-ce en dé-
courageant les jeunes producteurs qu'on par-
viendra à leur inspirer des chefs-d'œuvre"? Je
ne le crois pas. En tout cas, M. Biaggi pousse
certainement trop loin l'aniiuosité contre
i\I. Verdi, qui est sa bête noire, lorsqu'il traîne
aux gémonies des œuvres aussi mâles, aussi
puissantes qu'.4?fZaet la messe de Requiem. Je
suis fort loin d'admirer, pour ma part, tout ce
qu'a fait M. "Verdi, et je reconnais tout ce que
son génie a d'inégal, de sauvage et de désordonné.
Mais en présence des deux œuvres que je viens
de nommer, mon sentiment se modifie, et si la
critique ne perd pas complètement ses droits, du
moins peut-elle laisser une bonne part à la louange.
En résumé, M. Biaggi est un arliste fort distin-
gué, fort instruit, remarquable à plus d'un titre,
mais qui paraît vivre dans un temps qui n'est pas le
sien, etdont l'esprit est trop sensiblement éloigné,
par des idées surannées, du courant qui emporte
incessamment l'humanité vers l'éternel progrès.
BIAGI (Al\m\nno), excellent violoniste et
compositeur (1), naquit à Florence, le 20 décem-
bre 1800, fit sesétudes musicales dans les classes
de l'académie des beaux-arts de cette ville, et
devint un des meilleurs directeurs d'orchestre de
son temps. C'est en cette qualité qu'il fit long-
te mps partie de la musique de chambre et de
la chapelle de la cour grand-ducale de Toscane.
Il composa dans tous les genres, sauf le genre
théâtral, ce qui paraît tant soit peu étrange,
(1) Trompé par la simililude des noms, l'auteur de la
Biographie universelle des Musiciens a confondu en
une seule personnalité trois artistes distincts : 1\I. Ala-
manno Biagi, M. Alessandro Biagi, son frère, et M. riiio-
lamo Alessandro Biaggi. Nous rétablissons ici les faits
relativement à ees trois artistes. — a. -p.
88
BIÂGI - BIANGHLXI
puisquen sa qualité de chef d'orchestre il passa
la plus grande partie de sa vie au théâtre. Du
reste, ses nombreuses compositions lui auraient
valu, sans doute, la réputation à laquelle il
avait droit, si elles n'étaient restées presque
toutes inédites. Parmi ses compositions instru-
mentales, on ne doit pas passer sous silence un
très-beau quatuor pour deux violons, alto et
violoncelle, qu il présenta peu de temps avant
sa mort à l'un des concours dus à la libéralité de
M. le D"' A. Basevi. Le quatuor obtint le prix,
mais au moment où le jugement était rendu,
l'auteur était déjà mort. A. Biagi a. laissé bon
nombre de motets, psaumes, messes, dont cinq
des morts ; une seule a été imprimée à Florence
par F. Lorenzi. Si, dans la musique sacrée de
A. Biagi, on remarque parfois quelque sécheresse
en ce qui concerne la mélodie, on rencontre
aussi constamment une harmonie pure, une fac-
ture habile, une belle orchestration et surtout
une remarquable noblesse de conception.
Le gouvernement de la Toscane, qui par un
décret du 15 mars 1860 fonda l'Institut royal
de musique de Florence, appela A. Biagi à en
faire partie en qualité de conseiller censeur. Il
collabora avec MM. le D' A. Basevi et L.-F. Ca-
samorata à la rédaction des statuts de l'Institut,
mais il n'eut pas la satisfaction d'assister à son
inauguration, qui eut lieu vers la fin de 1861, car
il était mort le 20 juin de la même année dans
toute la force de l'âge, à la suite d'une longue et
douloureuse maladie. L.-F. C.
BiAGI (Alessandro), compositeur, pianiste
et professeur, est né à Florence le 20 janvier
1819. A 1 âge de dix ans, il commença l'étude
du piano sous la direction d'un de ses frères,
M. Ludovico Biagi, qui devint plus tard un ocu-
liste remarquable, et un an après il entra, à
l'académie des beaux-arts, dans la classe de
Geremia Sboici, puis dans celle de Palafuti. Il
obtint la première médaille au concours, et en
1836 la même récompense lui fut accordée au
concours de contrepoint, qu'il avait étudié avec
Nencini. Ses études terminées, il se consacra à
l'enseignement du piano, et fut appelé, en 1857,
à succéder à son maître Palafuti dans sa
classe de l'académie, devenue plus tard l'Institut
musical. M. Alessandro Biagi jouit d'une grande
notoriété conmie professeur, et ses compositions
pour le chant et pour le piano sont fort estimées.
Il ne s'en est pas tenu, d'ailleurs, à des compo-
sitions instrinnentales, et il a abordé par deux
fois le théâtre, en faisant représenter la Secchia
rapila, opéra-bouffe (Florence, th. de la Per-
gola, 1839), et Gonzalvo di Cordova, opéra
sérieux (id., th. National, 1857), qui tous deux
reçurent du public un heureux accueil. On con-
naît encore, entre beaucoup d'autres moins im-
portantes, deux grandes compositions de AI. Ales-
sandro Biagi : un Cantico di Zaccaria (18.i8),
à 4 voix, chœur et orcliestre, qui a obtenu la
médaille d'or dans un concours académique, et
un Padre Aostro, écrit sur des vers du Dante,
qui a été exécuté par la Société de musique
clas.sique lors des fêtes qui ont été célébrées en
l'honneur de ce grand homme.
BIAL (Charles), pianiste et compositeur ,
est né le 14 juillet 1833 à Habelschwerdt, dans
le comté de Glatz. II a composé de la musique
de piano et des lieder. Y.
BIAL (R ), musicien allemand contempo-
rain, s'est produit plusieurs fois au théâtre, avec
les ouvrages suivants : 1° Monsieur de Papil-
lon, opéra-comique en un acte, Berlin, th.
Wallner, janvier 1870; 2° dei- Liebesring {rAn-
neau d'amour) , opéra-bouffe en trois actes,
Berlin, th. Friedrich-Willielmstadt, 4 décembre
1875; 3° Un homme prudent, opérette, jan-
vier 1876. On a annoncé une opérette de cet
artiste. Pferffepring, comme devant être re-
présentée sur le théâtre Kroll, de Berlin; mais
je ne sais si elle a été jouée jusqu'ici.
* BIA^'CHI (Françoise M. le docteur Ba-
sevi, de Florence , possède de cet artiste le
manuscrit d'un ouvrage ainsi intitulé : De VAt-
fraclion harmonique, ou Système physico-
mathématique de l'harmonie, fondé szcr l'a-
nalyse desphénoinhies que présente la corde
sonore, suivi d'un traité théor'ico-pratique de
contrepoint et de composition idéale. Peut-
être est-ce là le traité théorique sur la nmsique
dont l'auteur de la B'iograplûe universelle des
Musiciens a parlé au nom de François Bian-
chi, et dont la Quarterhj musical Review, de
Londres, aurait donné naguère quelques ex-
traits. En ce qui concerne le catalogue des ou-
vrages dramatiques de ce compositeur, il faut y
ajouter les deux suivants : Venere e Adone,
représenté à Florence en 1781, et Seleuco, donné
à Livourne en 1792.
BIAXCHI (Eliodouo), compositeur italien,
a fait représenter sur le théâtre de Bari, au
mois de juillet 1873, une f'arsa en un acte inti-
tulée Gara d'amore; cet ouvrage obtint un
véritable succès, et, le soir de la première re-
présentation, les spectateurs firent recommencer
l'ouverture. Je n'ai pas d'autres renseignements
sur M. Blanchi, sinon que cet artiste était, pres-
que à la même époque, maestro concerlatore
au théâtre d'Alexandrie.
BIAACHIA'l (Giiski'pe), compositeur, né à
Rome, a fait représenter dans le cours du dix-
BIANCHINI — BIGNAMI
89
huitième siècle un opéra séïieux intitulé Anti-
gona.
BICKIA'G (Alfred), chanteur et composi-
teur, né à Berlin en 1840, avait commencé ses
études musicales dans son pays, puis était allé
en Italie perfectionner son double talent de vir-
tuose et de compositeur. Au commencement de
1864 il faisait représenter, sur le théâtre de la
petite ville de Teramo, un opéra sérieux, Ven-
ceslao, qui était bien accueilli du public; mais
bientôt le jeune artiste, éprouvant les premiers
symptômes d'une maladie grave, crut devoir
quitter l'Italie pour retourner à Berlin, au mi-
lieu de sa famille. Il eut à peine le temps d'y
arriver, et mourut vers le milieu du mois d'août
1864, à peine âgé de 24 ans.
BIDELLI (Matteo), maître de musique et
compositeur, né à Lucques, vivait dans la pre-
mière moilié du dix-septième siècle. Il a publié
plusieurs messes à quatre voix, dont deux so-
pranos et deux ténors, et une Psalmodia ves-
pertina, imprimée à Lucques en 1617. On ignore
la date de la mort de cet artiste.
Des mémoires manuscrits conservés à la bi-
bliothèque publique de Lucques constatent que
dans le courant du seizième siècle existait en
cette ville un nommé Pellegrino Bidelli, qui était
à la fois imprimeur de musique et constructeur
d'orgues. Peut-être était-ce le père de l'artiste
dont il est ici question? En tous cas, il parait
probable que tous deux devaient appartenir à la
même famille.
* BIENAIMÉ (Paul-Emile), est mort subite-
ment le 17 janvier 1869, en donnant une leçon
de musique dans un lycée de Paris : d'après les
registres mêmes du Conservatoire, il était né à
Paris le 6 et non le 7 juillet 1802, comme il a
été dit par erreur. D'abord répétiteur au Conser-
vatoire, puis nommé en 1828 professeur de sol-
fège, enfin professeur d'harmonie et d'accom-
pagnement pratique pour les femmes le 10 juil-
let 1838, Bienaimé n'avait pris sa retraite que
peu d'années avant de mourir, et c'est en tra-
vaillant encore qu'il se reposait d'une existence
toute de labeur commencée en obtenant à vingf-
quatre ans, en 1826, le second grand prix de
l'Institut. De son long séjour au Conservatoire,
Bienaimé avait gardé et transmettait à ses élèves
un vif sentiment de reconnaissance pour Cheru-
bini, une profonde admiration pour le composi-
teur et une grande estime pour l'homme. L'au-
teur de celte notice, qui fut son élève, se rap-
pelle encore avec quelle animation indignée
Bienaimé comparait cette direction si sévère et
.si impartiale à celle qui suivit, et les résultats
produits par ces deux systèmes d'instruction. Au
milieu de ses leçons, Bienaimé avait trouvé le
temps de composer plusieurs messes solennelles
à grand orchestre-, il laisse, publiés ou inédits,
de nombreux morceaux, tant de musique reli-
gieuse que de salon ou de concert, parmi lesquels
plusieurs furent exécutés aux concerts du Con-
servatoire, que Bienaimé contribua à fonder, ou
aux séances publiques de la Société philotech-
niques et delà Société libre des beaux-arts, dont
il était membre. Il ay.iit entrepris dans les der-
niers temps une longue étude qui reste malheu-
reusement inachevée sur l'Histoire du piano
depuis son origine jusqu'à nos jours; mais
sou ouvrage le plus considérable est l'École de
l'harmonie moderne , traité complet de la
théorie et de la pratique de cette science de-
puis ses notions les plus élémentaires jusqu'à
ses derniers développements (3 vol. grand
in 8", Paris, Harand, 1863). Il avait mis vingt
ans à composer ce vaste travail, qui restera le
témoignage le plus sérieux de son solide savoir.
Ad. J — N.
BIFETTO (Francesco), musicien italien, né
à Bergame dans la première moilié du seizième
siècle, a publié le recueil suivant : Madrigali
a Quattro roci,7iovamente postiin lace. Libro
primo (Venise, Gardano, 1547).
BIGl ( ), est auteur d'un écrit sur
Claude Merulo et les organistes de son temps :
Di Claudio Merulo da Correggio, principe
dei contrappuntisti, e degli organisti del XVI
secolo (Parme, 1861, avec portrait).
BIGLIAIM (ViNCENzo), prêtre et composi-
teur italien, né à Alexandrie en 1801, mourut
à Turin au mois d'août 1870. Il avait fait de bon-
nes études au séminaire de sa ville natale, et,
avant de prendre les ordres, avait été professeur
de rhétorique dans un collège et professeur de
littérature à l'Académie militaiie de Turin, dont
il devint plus tard le chapelain tout en conser-
vant sou cours. Bigliani avait étudié la musique
dans sa jeunesse, et ne cessa de la cultiver jus-
qu'à sa mort; il se fit connaître comme compo-
siteur, surtout dans le genre sacré, et l'on cite
parmi se.s œuvres une messe funèbre à 3 voix
d'hommes avec accompagnement d'orchestre,
une ode lyrique intitulée la Gnerra, quelques
Canti Urico-morali, et plusieurs quatuors. On
doit aussi à Bigliani, qui fut l'un des collabora-
teurs àii\AGazzctta musicale de Milan, un pe-
tit livre intitulé la Messa in musica (l'iorence,
1872).
BIGXAMi ( ), compositeur italien, a
fait leprésenter sur le théâtre Paganini, de Gênes,
au mois de novembre 1872, un opéra intitulé
Anna Rasa.
90
BIGNON
BILLEMA
BIGiXOX (Locis), organiste, né à Paris le
12 juillet 1827, est mort à Marseille vers la fin
de l'année 187i. Il apprit la musique à la maî-
trise de Notre-Dame de Paris, où il était enfant
de chœur, et reçut des leçons d'orgue de M. Dan-
jou. En 1847, il fut jugé assez habile pour
suppléer son maître à Saint-Eustache, pendant
un long voyage que M. Danjou fit en Italie, dans
le but de recueillir des documents sur l'histoire
de la musique. Lonis Bignon avait été également
organiste suppléant à Notre-Dame. En octobre
18i7, il vint se fixer à Marseille et fut peu de
temps après nommé organiste de l'église Notre-
Dame-dii-Mont. En 1859, une classe d'harmonie
ayant été créée au Conservatoire de Marseille, il
fut appelé à la diriger. Il a conservé ces fonctions
jusqu'à sa mort. On a de cet artiste une Mé-
thode pratique d' accompagnement du plain-
chant, éditée par Bianchet, à Paris , un rra»7é
d'harmonie à l'usage de ses élèves, qui n'a
pas été publié et qui est conçu d'après le sys-
tème de Fétis, des leçons à réaliser, etc.
Al. R— d.
lîIGOXGIARl (Marco), compositeur, né à
Lucques au commencement du dix-septième siè-
cle, fut maiire de chapelle de l'église collégiale
de San Michèle inforo. On connaît de lui une
messe à huit voix, et deux actions dramatiques
composées en 1654 et 1657 et représentées à
l'occasion de la fête des Comices. Cet artiste
mourut en 1080.
BIGOIVGIAIll (Le P. Giovanni), probable-
ment frère du précédent, né dans le même temps
à Lucques, fut maître de chapelle de l'archevê-
ché de cette ville, où il mourut en 1692. On n'a
connaissance d'aucune composition sortie de sa
lilume.
UIHARI (Jean), violoniste tsigane, de Hon-
grie, naquit en 1769, à Gross-Abonz, dans le
comté de Presbourg. C'est un des instrumentis-
tes les plus habiles qui aient existé dans ce genre.
La bande musicale qu'il avait formée a eu grande
réputation, et n'a guère été surpassée. Bihari est
mort en 1828 à Pesth, oii l'on conserve au mu-
sée son portrait et son violon. Y.
BILBERGFl (Jean), écrivain Scandinave,
naquit à MarienstadI, en Suède, et mourut à
Strœgnœs, en 1717. On a de lui un ouvrage in-
titulé : De orchestra (Upsal, 1685). Y.
BILETTA (Emanuele), compositeur italien,
est né à Casai, dans la province de Montferrat,
le 20 décembre 1825. Pour premier maître il eut
son père, et à quatorze ans il était déjà pianiste
assez habile pour se faire entendre en public avec
succès. Il étudia ensuite l'harmonie et le contre-
point avec M. Turina, élève lui-même de Reicha,
et avant d'avoir atteint sa dix-huitième année il
avait écrit des messes, diverses autres compo-
sitions religieuses et des pièces de musique ins-
trumentale. Il alla passer alors trois années à
Bologne , oii il eut le bonheur de recevoir des
conseils de Rossini, et où, au milieu d'autres
compositions, il écrivit un opéra, Marco Vis-
conti, qui ne fut point représenté, et un Salve
Regina à quatre voix, avec chœur, qui fut très-
bien accueilli , et qui lui valut le diplôme de
membre de la Société philharmonique de Bolo-
gne. M. Biletta quitta cette ville pour venir à Pa-
ris, y publia un assez grand nombre de mor-
ceaux de piano, puis partit pour Londres, où
l'appelait un engagement de compositeur de bal-
lets pour le théâtre Covent-Garden (1848). Il
écrivit en effet, en cette ville, la musique de deux
grands ballets : les Cinq Sens et la Lutine, et
celle d'un opéra intitulé White Magie [la Ma-
gic blanche), qui fut chantée par la célèbre
M^^Louisa Pyne, miss Suzanne Pyne, MM. Har-
risson et Waiss.
De retour en Italie au bout de quelques an-
nées, M. Biletta donnait au théâtre ducal de
Parme son second opéi-a, l'Abbazia di Kelso
(1853); il revenait ensuite à Paris, faisait repré-
senter à l'Opéra un ouvrage en deux actes, la
Rose de Florence (1856), puis retournait à Lon-
dres pour y faire représenter une opérette inti-
tulée Caiight and Caged (1859). Je crois que
depuis lors cet artiste s'est fixé en cette ville, où
il s'est livré à l'enseignement et où il a publié une
Méthode de chant dont on dit beaucoup de
bien. T.L Biletta a composé plus de trois cents
œuvres de tout genre : ouvertures, morceaux de
piano, canzonettes, airs, madrigaux, pièces à une,
deux, trois et quatre voix, etc.
Au mois de septembre 1375, on a donné à Flo-
rence une version italienne de l'ouvrage que
M. Biletta avait fait représenter naguère à Paris,
la Rose de Florence, avec MM. Roger et Bonne-
trée pour principaux interprètes. Cette traduction
a obtenu un très-grand succès, et M. Biletta, en-
couragé par ce résultat, s'est mis aussitôt à écrire
un nouvel opéra, qui doit être prochainement
représenté. Cet artiste a publié, tant à Paris
qu'à Londres et à Milan, toute une collection de
mélodies vocales qui se font remarquer par l'é-
légance de la forme et le tour plein de charme
de l'idée musicale.
BILLEMA (Raphaël et Charles), pianistes
et compositeurs, fils d'un musicien napolitain et
tous deux nés à Naples, vinrent fort jeunes se
fixer en Francs, où ils publièrent un grand nom-
bre de compositions pour le piano à deux, à
quatre et à six mains, qu'ils écrivaient la plu-
i
1
BILLEMA — BINGHAM
91
part du temps en collaboration. On leur doit,
entre antres , une quarantaine de fantaisies à
<]ualre mains sur des motifs tirés des opéras de
Yerdi et de quelques autres musiciens italiens
contemporains. Rapiiael Billema s'était, vers
1855, fixé comme professeur à Saintes, après
avoir passé quelques années à Tunis, au service
du bey, et il mourut en cette ville, le 16 décem-
bre 1874, âgé de cinquante-quatre ans. Son frère,
M. Charles Billema, s'était récemment établi à
Pau, et est revenu depuis se fixer à Paris.
BILLERT ( Charles-Frédéric-Augoste ) ,
compositeur, chef d'orchestre et écrivain sur la
musique, naquit le 14 septembre I82I, à Alt-
Stettin, en Poméranie. Parmi ses' compositions
on cite : une symphonie en ré majeur, un ora-
torio : la Naissance du Christ, et un opéra :
Der Liebesring [V Anneau d'amour). Billert s'est
également occupé de travaux didactiques, et a
collaboré activement au Dictionnaire de Mendel ;
Musikalisches Conversât ions-Lexicon. Cet ar-
tiste est mort à Berlin le 2 janvier 1876.
BILLIONI ( Catherine-Ursule- BUSSA ,
femme), actrice, chanteuse etdanseuse distinguée,
née à Nancy en 1731, montra de très-bonne heure
de rares dispositions pour la danse et pour le chant.
Dès l'âge de quatre ans on lui donna des maîtres,
et tout enfant elle parut comme danseuse à la
Comédie-Italienne. Bientôt on lui confia quelques
petits rôles, dans lesquels le public l'accueillit
avec une rare faveur, et elle avait à peine douze
ans qu'elle faisait, dit-on, par la grâce de son
chant, les délices des concerts particuliers. A
cette époque, elle fut attachée au théâtre royal
de Bruxelles,'pour y tenir l'emploi des premières
danseuses et celui des amoureuses dans les pièces
à ariettes. Quelques années plus tard elle épousa
Billion, dit Billioni, ancien maître des ballets de
rOpéra-Comique et de la Comédie-Italienne, et
bientôt, c'est-à-dire vers 1766, elle revint à ce
dernier théâtre pour y remplir le double em-
ploi qu'elle tenait à Bruxelles. Elle eut l'occasion
de doubler deux actrices fort aimées du public,
M'"" Trial et W^ Laruette, dans quelques-uns
de leurs meilleurs rôles chantants , le Iluron,
le Sorcier, la Servante maîtresse, le Peintre
amoureux de son modèle, la Clochette, et
son succès fut tel comme cantatrice qu'en 1771
l'administration du Concert spirituel l'engagea
en quabté de chanteuse italienne. A partir de
ce moment, elle abandonna complètement la
danse à la Comédie Itahenne, pour ne plus se
montrerque dans les pièces à ariettes, où elle con-
quérait chaque jour davantage la faveur du public
par la grâce et la franchise de son jeu, en même
temps que par la souplesse de sa voix et son ha-
bilelé dans l'art du chant. Quelques créations
qui lui furent confiées dans des ouvrages de ce
genre lui firent le plus grand honneur. Celle
artiste fort distinguée mourut àlafieur de l'âge,
le 19 juin t783, par suite d'un trop grand tra-
vail et de chagrins causés par la perte subite
d'une partie de sa famille. Elle avait été la maîtresse
du fameux Clairval, son camarade de la Comé-
die-Italienne, dont elle était éprise jusqu'à la
folie.
BILS (François), pianiste et organiste de ta-
lent, naquit à Lengfort, sur le Mein, en 1757,
et mourut en 1821 à Caiisruhe. Parmi les élèves
qu'il a formés, on cite surtout sa fille Marguerite
Bils, qui s'est fait connaître dans les grandes
villes de l'Allemagne. Y.
BILSE (Benjamin) chef d'orchestre alle-
mand, est né à Liegnitz le 17 août 1816. Il a
formé lui-même le talent de la plupart des ar-
tistes qu'il a sous sa direction et avec lesquels
il a entrepris de nombreux voyages. Il s'est
fait entendre à Paris lors de l'exposition de 1867»
et a depuis parcouru une grande partie de l'Eu-
rope. Y.
BIMBOXI (GiovACCHiNo), professeur de
trompette et de trombone à l'Institut musical de
Florence, est né en cette ville le 19 août 1810. Il
étudia d'abord la flûte et se fit connaître comme
virtuose sur cet instrument, après quoi, s'élant
engagé comme volontaire dans la musique du
2'= régiment toscan, il se mit à étudier le trom-
bone, sur lequel il devint très-habile et acquit
une grande réputation. M. Bimboni est le pre-
mier en Italie qui, ayant vu une trompette à pis-
tons, songea à appliquer ce système de pistons
au trombone ; il a inventé un instrument appelé
par lui bimboni fono, qu'il est parvenu à cons-
truire d'après les principes de construction des
instruments à vent en bois, sans lui enlever
son caractère spécial. Admis à l'exposition uni-
verselle de Vienne de 1873, le bimbonifono a
valu à son auteur la décoration de la Couronne
d'Ilaiie, et a fait l'objet d'un rapport élogieux
prononcé par M. Casamorata dans une séance
de l'Académie de l'Institut musical de Florence
et inséré dans les Actes de cette Académie.
BINDANGOLl (Gaspare), compositeur
italien, né à Assise, a fait représenter sur le
théâtre de cette ville, au mois de janvier 1863,
un opéra sérieux intitulé Cinzica Sismondi,
qui fut bien accueilli. M. Bindangoli a fait de
bonnes études au Conservatoire de Naples.
BINGHAM ( ), flûtiste habile qui vi-
vait à la fin du dix-septième siècle et au com-
mencement du dix-huitième, a publié chez
Etienne Royer, à Amsterdam : T Quatre livres
A «7«^
BINGHAM — BISHOP
d'airs pour deux flûtes, sans basse; 2° Pièces
pour flûte et basse continue. Je n'ai pas
d'autres renseignements sur cet arllste, qui
n'existait plus en 1730.
BIRKLER (Georges-Giillume), musicien
allemand, est né le 23 mai 1820 à Bucliau, flans
la Haule-Souabe. 11 a composé de la musique
religieuse, et écrit un grand nombre d'articles
dans le Mayazin fur Pœdagogilt et dans la
Cecïlia. Y.
BISCHOFF (Charles-Bernard), composi-
teur allemand, est né le 24 décembre 1807 à
Nieder-Rœblingen, dans le duché de Weimar.
On a de lui deux oratorios : Chrisius et Joas.
Y.
* BISCHOFF (le docteur Ludwig-Frédé-
Ric-CnRisTOPHE), critique musical renommé, est
mort à Cologne le 24 février 1867.
BISCHOFF (Gaspard-Joseph), musicien
allemand, est né le 7 avril 1823 à Ausbacli. On
a de lui de la musique de chambre, des lieder
et un opéra : Maske und Mantitle ( Masque
et J/an<<//e), représenté à Francfort-sur-Ie -Mein
en 1852. Y.
BISCOTTLXI ( ), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra bouffe intitulé il Ma-
trimonio per concorso.
BISHOP (M'"^ A.XiNA), cantatrice anglaise
qui a joui d'une éclatante renommée et dont les
succès ont retenti dans toute l'Europe, est née
en 1814. Ayant remarqué ses rares aptitudes
musicales, sa fomille en voulut d'abord faire
une pianiste, et la confia aux soins du célèbre
Moscheles, alors établi à Londres et sous l'excel-
lente direction duquel elle fit de rapides progrès.
Mais bientôt, une voix exquise et pure de so-
prano sforjato s'étant développée chez la jeune
fille, celle-ci fut admise à la Royal Academij of
Music, grande école musicale récemment fon-
dée par lord \Vestmoreland et dirigée par le fa-
meux harpiste et compositeur français Bochsa,
qui devait exercer plus tard une si grande in-
fluence sur sa destinée. En lS3l,âgéede 17 ans,
elle épousa le compositeur et chef d'orchestre
Bishop, artiste dont la valeur a été singulière-
ment surfaite par ses compatriotes et qui avait
le tort de compter vingt-cinq ans de plus qu'elle.
C'est en 1837 que M'"* Bishop se produisit
pour la première fois en public, et qu'elle se fit
entendre d'abord dans les grands festivals qui
se donnent régulièrement dans les provinces an-
glaises, puis à Londres même, dans les belles
séances de la Philharmonie Society. Elle y
obtint des succès prononcés, mais elle comptait
ne point borner sa carrière à celle d'une canta-
trice de concerts, et prétendait aux triomphes
de la scène. «Accoutumée, dit un biographe, à ce
style classique, large, imposant, habituée à
rendre les sublimes pensées d'un Hœndel , d'un
Haydn, d'un Mozart, d'un Cimarosa, elle s'était
peu ou point occupée du chant italien moderne ;
ce ne fut qu'en 1839, et par les conseils de
Bochsa, qu'Anna Bishop s'y voua sérieusement.
Sa première apparition à Londres dans ce genre
de musique presque nouveau pour elle (elle avait
débuté par dheureux essais à Edimbourg et à
Dublin) eut lieu dans le concert dramatique donné
par Bochsa à l'Opéra-Italien, le 5 juin 1839, con-
cert auquel assistait toute l'aristocratie britan-
nique. Grisi, Pauline Garcia, Persiaui, Rubini,
Lablache chantaient dans celte solenr;ité musi-
cale, Thalberg et Dœliler y tenaient le piano,
Bochsa s'y fil entendre sur la harpe. Malgré le
concours de tant d'artistes célèbres qui semblaient
devoir éclipser la nouvelle débutante, Anna
Bishop obtint le succès le plus éclatant ; elle
chanta des morceaux de musique italienne dans
le costume des opéras dont ils étaient tirés. Le
journal le Post, oracle de la haute société de
Londres, parla avec le plus grand éloge du la-
lent étonnant d'Anna Bishop ; il représenta son
apparition dans celle soirée comme l'événement
[tke chief novdty), il s'étendit longuement sur
le talent qu'elle avait déployé comme cantatrice
dans le genre italien, et comme actrice. Dirigée
par Bochsa, elle avait travaillé en silence; aussi
ce talent, surgissant tout à coup, fit-il un effet
d'autant plus retentissant, et l'organe de l'aristo-
cratie anglaise prédit à la jeune artiste le plus
brillant avenir. »
Mais les relations de Bochsa et de M""* Bishop
n'étaient pas simplement artistiques. Sympathi-
ques l'un à l'autre, une liaison intime s'était éta-
bhe entre le maître et l'élève, et bientôt M"«^ Bis-
hop abandonnait sou mari pour s'enfuir avec
son amant. Tous deux quittèrent ensemble l'An-
gleterre, et entreprirent à travers l'Europe une
grande tournée artistique qui ne fut pour eux
qu'une longue suite de triomphes. Ils parcouru-
rent successivement le Danemark, la Suède, la
Russie, la Tarfarie, la Moldavie, ]'.\utriche, la
Hongrie, la Bavière, et partout la voix mer-
veilleuse de M'"" Bishop était acclamée, par-
tout son chant pur, suave, formé à la meilleure
école, lui valait les plus grands succès.
En 1843, M"'' Bishop arrivait en Halie, et vi-
sitait successivement Vérone, Padoue, Venise,
Rovigo, Ferrare, Florence, Rome, au milieu
d'acclamations unanimes. Bientôt elle se rendit
à Naples, où elle débuta par quelques concerts
donnés au théâtre San-Carlo. Son succès fut tel
que l'administration de ce théâtre l'engagea aus-
BISHOP — BIZET
93
sitôt pour donner quelques représentations de
la Fidanzata Corsa, opéra de Pacini qui jouis-
sait alors de la faveur du public. Cet essai fut
un triomphe, et la direction, qui n'avait traité
avec elle que pour huit représentations, l'engagea
pour huit nouvelles soirées, puis pour vingt-
quatre, et enfin se l'attacha régulièrement en
qualité déprima donna assoluta pour les deux
scènes royales de San- Carlo et du Fondo, Bochsa
devant diriger les représentations de tous les
opéras qu'elle jouerait. M""^ Bishop resta ainsi
vingt-sept mois à Napies et y chanta 327 fois
dans vingt opéras de genres différents, OleUo',
VEUsire d'Amore, la Sonnnmbula, Béatrice
di Tenda, il Barhiere, le Cantatrice vil-
lane, etc., excitant chaque jour davantage l'en-
thousiasme et exerçant sur le public une véri-
table fascination. Pendant ce long séjour, plu-
sieurs ouvrages nouveaux furent écrits expressé-
ment pour elle, entre autres il Vascello di Ga-
ina, de Mercadante; mais c'est surtout dans
YOtello de Rossini que son succès fut le plus
éclatant, et cela est d'autant plus remarquable
que le souvenir de la Mallbran, incomparable
dans le rôle de Desdemona, était encore vivant
chez les Napolitains.
Après s'être fait entendre à Rome, M™^ Bishop
quitta l'Italie, toujours en compagnie de Bochsa,
et tous deux rentrèrent en Angleterre, en se
faisant applaudir à leur passage en Suisse, dans
les villes du Rhin, en Belgique et en Hollande.
Mais ils n'y restèrent que peu de temps, et en-
treprirent un nouveau voyage, cette fois au-delà
des mers. En 1848, ils s'embarquèrent pour
l'Amérique, tirent une immense tournée dans
cette contrée, puis visitèrent l'Australie. C'est
dans ce dernier pays que Bochsa fut frappé par
la maladie, et qu'il mourut dans les premiers
jours de janvier 1856. Peu de temps après,
M'"*" Bishop revenait en Europe, et depuis lors
on n'a plus parlé d'elle.
BIZET (Alexandre-César-Léopold, connu
sous le nom de Georges), compositeur extrê-
mement distingué , né à Paris le 25 octobre
1838, mort à Bougival le 3 juin 1875, dans sa
trente-septième année , était l'un des jeunes ar-
tistes qui semblaient devoir se naeltre à la tête
de l'école musicale française et à qui la gloire pa-
raissait réservée. Fils d'un professeur de chant,
Bizet avait été , au Conservatoire , un triom-
pliateur précoce, et avait fait dans cet établisse-
ment des études exceptionnellement brillantes.
Elève d'abord de M. Marmontel pour le piano, de
M. Benoist pour l'orgue , il était entré ensuite
dans la classe de composition d'Halévy après
avoir travaillé l'harmonie sous la direction par-
ticulière de Zimmermann. Agé d'environ neuf
ans lorsqu'il était admis à suivre les cours de
l'école , il obtenait sa première récompense
avant d'avoir atteint sa onzième année , et voici
la liste de toutes celles qu'il reçut -. 1^' prix de
solfège (1849); 2>^ prix de piano (1851) et
l" prix (1852); 1»^ accessit d'orgue (1853),
2' prix (1854) et 1" prix ( 1855) ; T prix de fu-
gue (1854), et 1'^'^ prix (1855); enfin', deuxième
grand prix de Rome à l'Institut ( 1856), et pre-
mier grand prix en 1857.
Bizet , dont les tendances wagnériennes n'é-
taient un mystère pour personne , et qui ,
pendant de longues années, afficha le mépris le
plus complet pour la forme et le genre de l'o-
péra-comique, fit cependant ses débuts de com-
positeur dramatique d'une façon assez singulière.
M. Offenbach, alors directeur du petit théâtre des
tiouffes-Parisiens, venait d'ouvrir un concours
pour la musique d'une opérette , et le vainqueur
de ce concours devait voir représenter son œuvre
sur cette scène minuscule; soixante-dix-huit com-
positeurs se présentèrent , parmi lesquels, à la
suite d'un épreuve préparatoire, six furent jugés
dignes d'entrer définitivement en lice; ces six
concurrents étaient, par ordre de mérite,
MM. Bizet, Dermerssemann , Erlanger, Charles
Lecocq , Limagne et Maniquet. Tous furent
chargés de mettre en musique un livret intitulé
le Docteur Miracle , et au bout de quelques
semaines le jury chargé de l'examen des parti-
tions proclama vainqueurs, ex œcjiio, MM. Char-
les Lecocq et Georges Bizet. Par une sorte d'i-
ronie du sort, il se trouvait que, de ces deux
jeunes artistes,' l'un, M. Lecocq, devait être le
transformateur du genre de l'opérette , que tous
ses efforts tendraient à faire rentrer dans le gi-
ron de l'opéra-comique , tandis que l'autre, Bi-
zet , devait se montrer le plus mortel ennemi de
cet opéra-comique et professer le plus profond
dédain pour les musiciens qui l'avaient porté à
son plus haut point de splendeur !
Ceci se passait en 1857, et les deux parti-
tions couronnées du Docteur Miracle étaient
exécutées toutes deux aux Bouffes- Parisiens,
celle de M. Lecocq le 8 avril , celle de Bizet le
9 avril, sans que le public fît un accueil bien
chaleureux à l'une ni à l'autre. Trois mois
après, Bizet concourait de nouveau à l'Institut,
obtenait son premier prix , et partait bientôt
pour Rome. D'Italie, où il travailla très-sérieu-
sement, il fit avec exactitude à l'Académie des
Beaux-Arts les envois que chaque élève de l'A-
cadémie de France à Rome est tenu de lui adres-
ser par les règlements. C'est ainsi que la pre-
mière année il envoya un opéra bouffe italien
9i
BIZET
en 2 actes, Don Procopio (1), la troisième an-
née deux morceaux de symphonie et une ouver-
ture intitulée la Chasse d'Ossian , et la qua-
trième année un opéra-comique en un acte, la
Guzla de VÉmir. De retour en France au
bout de quelques années , il s'y livra d abord
au professorat, puis songea à se produire sé-
rieusement au théâtre. Il y réussit plus prorap-
tement que beaucoup de ses confrères, et le
30 septembre 1863 il donnait au Théâtre-Ly-
rique les Pêcheurs de perles, grand opéra en
trois actes, qui fut suivi, le 26 décembre 1867 ,
de la Jolie Fille de Perth , grand opéra en 4
actes et 5 tableaux. Ces deux ouvrages, conçus
dans le style wagnérien, étaient fort remarqua-
bles au point de vue de la facture et de l'instru-
mentation et annonçaient un jeune maître déjà
très-sùr de lui sous ce rapport; mais l'un et l'au-
tre laissaient considérablement à désirer en ce
qui concerne 1 inspiration et la pensée musicale.
Le public fit un froid accueil à ces deux produc-
tions , dans lesquelles l'auteur avait sacrifié à
une sorte de mélopée traînante et indéfinie , par-
semée d'audaces harmoniques un peu trop vio-
lentes, les deux qualités sans lesquelles il n'est
point de véritable musique : je veux dire la vi-
gueur du rhythme et la franchise du sentinaent
tonal.
Bizet prit une revanche en faisant exécuter à
peu près dans le même temps, aux Concerts po-
pulaires, deux fragments d'une symphonie qui
furent reçus avec beaucoup de faveur, et qui se
faisaient remarquer par une bonne couleur et une
rare vigueur de touche. Mais il revint bientôt à sa
première manière en donnant à l'Opéra-Comique
(22 mai 1872) un petit ouvrage en un acte,
Djamileli , prodnclion étrange dans laquelle il
semblait avoir voulu accumuler à plaisir toutes
les qualités les plus anti-scéniques dont un mu-
sicien puisse faire preuve au théâtre. Djamileh
n'eut aucun succès. Cependant, comme Bizet
n'était pas seulement un artiste d'un très-grand
talent au point de vue de la pratique et du sa-
voir, mais qu'il y avait encore chez lui toute lé-
toffe d'un créateur, il revint à un plus juste sen-
timent des nécessités de l'art en écrivant ix»ur
un joli drame de M. Alphonse Daudet, l'Arlé-
sienne, une partition symphoniqne et chorale
(i) Voici comment le rapporteur des travaux envoyés
de Rome appréciait cet ouvrage , dans le compte-rendu
de la séance publique annuelle de l'Académie des Beaux-
Arts de 18S9 . « Cet ouvrage se distingue par une touche
aisée et brillante, un style jeune et hardi; qualités pré-
cieuses pour le genre comique. » Cela parait étrange au-
jourd'hui, à quiconque a pu apprécier le tempéramment
musical de Bi/tet et son horreur, au moins apparente,
pour le genre bouffe ou même tempéré.
qui était un petit chef-d'œuvre de grâce, de
poésie, de fraîcheur et d inspiration. A la musi-
que de l'Arlésienne, qui fut ensuite présentée
dans les concerts avec beaucoup de succès,
sous forme de suite d'orchestre, succéda bientôt
l'ouverture de Patrie, page nerveuse et colorée,
pleine de vigueur et d'éclat, mais dans laquelle le
compositeur avait encore trop sacrifié l'idée à la
forme , le corps au vêtement , la pensée à l'ex-
pression. Cette ouverture fut exécutée avec suc-
cès aux Concerts populaires.
Après tant dessais divers, après de si nom-
breuses tentatives dans des genres différents,
tous ceux qui avaient souci de l'avenir de la
jeune école française et qui pensaient que , mal-
gré ses erreurs passées , malgré ses dédains cal-
culés ou exagérés pour certaines formes musi-
cales, malgré des partis-pris évidents et fâcheux,
Bizet était l'un des soutiens les plus fermes, les
mieux doués et les plus intelligents de cette
école , attendaient avec intérêt ce jeune maître à
sa première o'uvre dramatique importante. Il
s'agissait, pour eux, de savoir si Bizet, s'a-
dressant de nouveau au théâtre, voudrait se
décider enfin à faire de la musique théâtrale ,
ou bien si, s'obstinant dans les théories anti-
dramatiques de M. Richard Wagner et <le ses
imitateurs, il voudrait continuer à transporter à
la scène ce qui lui est absolument hostile, c'est-
à-dire la rêverie, la poésie extatique et l'élément
symphoniquo pur. C'est à ce moment qu'on an-
nonça au théâtre de l'Opéra-Comique la pro-
chaine apparition d'une œuvre importante du
jeune compositeur, Carmen, ouvrage en 4 actes,
dont MM. Henri Meilhac et Ludovic Halévy
avaient tiré le livret d'une nouvelle de Prosper
Mérimée portant le même litre. Or, nul n'igno-
rait que Bizet avait affiché hautement , en mainte
occasion , une étrange antipathie pour le genre
de l'opéra-comique et pour le génie d'un de ses
représentants les plus glorieux dans le passé,
Boieldieu. On se demandait donc avec une cer-
taine anxiété si l'auteur des Pêcheurs de per-
les, roinpant violemment avec des traditions
plus que séculaires, allait essayer d'imposer, à
la scène illustrée par tant d'aimables chefs-d'œu-
vre , une poétique nouvelle et incompréhensible,
ou bien si, se séparant avec éclat de la petite
chapelle composée de quelques impuissants et
dont il était en quelque sorte le chef reconnu, il
en viendrait à faire ce que ces jeunes dédaigneux
par stérilité appelaient « des concessions au pu-
blic », et s'il entrerait résolument dans une voie
féconde et pour lui pleine d'avenir.
Il n'est que juste de déclarer que Bizet ne jus-
tifia en aucune façon les craintes légitimes de
BIZET
95
quelques-uns , et que son œuvre nouvelle , té-
moignage éclatant dune évolution profonde qui
s'était opérée dans son esprit, donnait des preu-
ves de son désir de bien faire et de ses préoccu
pations en faveur d'un art rationnel, sage et pai -
('aitementaccessibleàtous.LapartiliondeCar>M.e/i
n'était pas un tlief-d'œuvre sans doute, ridais
c'était une promesse brillante , et elle semblait,
de la part de son auteur, comme une sorte de
déclaration de principes nouveaux , comme une
prise de possession d'un domaine qui lui avait
paru jusqu'alors indigne de ses désirs et de ses
convoitises. A ces divers égards, elle méritait
de fixer l'attention du public et de la critique,
qui l'accueillirent avec le plus grand plaisir. On
remarqua que celte partition , inégale assuré-
ment, mais très-étudiée, très-soignée, était
écrite dans le vrai ton de l'opéra-comique, bien
que l'auteur n'eût point voulu pour cela faire
abstraction de son rare talent de symplioniste ,
et que cette préoccupation l'eût entraîné parfois
un peu plus loin que de raison ; on lui repro-
cha aussi, assez justement, de n'avoir point
assez de souci de la nature et de la limite des
voix. Mais , à part quelques réserves , on dut
rendre et l'on rendit pleine justice au talent dé-
ployé par le musicien , à l'excellent travail d'or-
donnancement et de mise en œuvre de ses mor-
ceaux , à la couleur et au charme qu'il avait su
donner à la plupart d'entre eux , à la poésie qu'il
avait répandue sur certains épisodes, enfin à
ses jolis effets d'instrumentation et à son rare
sentiment du pittoresque. En résumé, l'élégante
partition de Carmen montrait Bizet à la recher-
che d'horizons nouveaux , et donnait de grandes
et légitimes espérances pour son avenir de com-
positeur dramatique.
C'est à ce moment que la mort vint fou-
droyer le jeune artiste , dans toute la force de
l'intelligence et de la production. Trois mois,
jour pour jour, après la première représentation
de Carmen, le 3 juin 1875, il fut étouffé pres-
que subitement par un rhumatisme au cœur,
dont il était déjà depuis longtemps attaqué . Ha-
bitant Bougival avec sa famille , il rentrait d'une
promenade lorsqu'il tomba tout à coup sans con-
naissance , ayant à peine le temps d'apj)e!er sa
jeune femme , qui accourut à ses cris ; il ne
reprit pas ses sens , et mourut dans la nuit.
Peu d'années après la mort d'Halévy , Bizet avait
épousé l'une des filles de son maître , M"'= Ge-
neviève Halévy ; il la laissa veuve avec un jeune
orphelin de cinq ans.
C'est ainsi que disparut un artiste dont la
carrière promettait d'être brillante, et qui, doué
d'une grande intelligence et de rares facultés ,
aurait peut-être atteint les plus hauts sommets
de la gloire. Sa mort fut uns grande perte pour
l'art français , car elle arriva au moment oii le
jeune maître , devenu complètement sûr de lui-
même, éclairé par une critique bienveillante,
ayant mûrement réfléchi sur les nécessités qui
s'imposent au musicien désireux de se faire un
grand nom, aurait produit sans doute ses œuvres
les plus achevées et les plus accomplies. Bizet ,
on peut le dire, était un artiste de race et de
tempérament.
Bizet a publié, en dehors du théâtre , les
compositions suivantes : Chant ; Feuilles d'al-
bum (1° A une fleur ; 2" Adieux à Suzon;
3° Sonnet de Ronsard; 4° Guitare; ô° Rose
d" Amour ; Ç," Le Grillon), Paris, Heugel. —
Recueil de vingt Mélodies. ( i" Chanson d'A-
vril; 1° Viens, c'est l'' Amour ; 3" Vieille chan-
son ; 4° Les Adieux de l'hdtesse arabe ; 5^ Le
Rêve de la bien- aimée ; &" J'aime l'amour;
7° Vous ne priez pas; 8° Ma vie a son se-
cret ; S'' Pastorale; 10" Sérénade: 11» Ber-
ceuse; 12» La Chanson dujou; 13» Absence;
14° Douce mer ; 15° Après l'hiver; 16» La Coc-
cinelle; il" Chanson d'amour ; 18° Je n'en
dirai rien; 19» L .Esprit saint; 20» Taren-
telle), Paris, Choudens. —Piano. Les Chants
du Rhin, six lieder pour piano ( 1» L'Au-
rore; 2» Le Départ ; 3» Les Rêves; 4" La Bohé-
mienne ; 5» Les Confidences ; 6» Le Retour],
Paris, Heugel. — Jeux d'enfants, douze pièces
(1» L'Escarpolette; 2» Jm Toupie; 3» La
Poupée; 4» Les Chevaux de bois; 5" Le Vo.
tant; 6» Trompette et tambour; 1" Les Bul-
les de savon; S» Les Quatre coins; 9» CoUn-
Maillard; 10» Saule-Mouton; 11» Petit
mari, petite femme; 12" Le Bal ) , Paris, Du-
rand-Schœnevverk. — Six transcriptions sur
Mignon, Paris, Heugel. — Six transcriptions
sur Don Juan, Paris, Heugel. — Neuf trans-
criptions à quatre mains sur Hamlet , Paris,
Heugel. — Danse Bohémienne , Paris, Chou-
dens. — Venise , romance sans paroles, Paris,
Choudens. — Bizet avait fait aussi les réduc-
tions pour piano seul des partitions à' Hamlet
et de l'Oie du Caire, et les arrangements pour
piano à quatre mains des ,' partitions d'//amZe?,
et de Mignon- Enfin, on lui doit une très-inté-
ressante collection publiée sous ce titre : Le
Pianiste chanteur, célèbres œuvres des maî-
tres italiens , allemands et français , transcrites
pour le piano , soigneusement doigtées et ac-
centuées ( 150 transcriptions ) j Paris, Heu-
gel.
Bizet a laissé eu portefeuille un certain nom-
bre de compositions , dont plusieurs fort impor-
96
' BIZET — BLANC
tantes ; parmi ces dernières se trouve un opéra
entièrement terminé, Y van le terrible, écrit
sur un poème de MM. Leroy et Michel Carré
que M. Gounod avait entrepris de mettre en
musique, pour y renoncer ensuite. Parmi ses
œuvres inachevées , il faut citer un grand ora-
torio, Geneviève, patronne de Paris, et un
drame lyrique, le Cid, dont la plus grande
partie du chant seulement était écrite. Cet ar-
tiste fort distingué avait été nommé chevalier de
la Légion d'honneur peu de jours avant l'appari-
tion de sa dernière œuvre dramatique, Carmen,
dont, la veille de sa mort, l'OpéraComique don-
nait la trente-unième représentation , et qui a
obtenu depuis un vif succès à Vienne. Le 31 oc-
tobre 1875, un hommage public lui a été rendu
à la séance de réouverture des concerts de l'As-
sociation artistique ; sous ce titre • A la mé-
moire de Georges Bizet, une partie de ce con-
cert lui était consacrée , comprenant l'ouver-
ture intitulée Pairie, l'une de ses dernières
compositions; un lamento pour orchestre de
M. Jules Massenet, son ami, écrit expressé-
ment à cette occasion ; et une pièce de vers de
M. Louis Gallet, Souvenir, dite par M'"' Galli-
Marié , l'interprète du rôle de Carmen à l'Opéra-
Comique. Cet hommage louchant était digne de
l'artiste (1).
BJOERIÎMAi\ ( Hans ) , artiste suédois,
était directeur de la musique à Calmar vers
1770. Il s'est fait connaître par plusieurs écrits
sur la musique. Y.
BLACHIER (Ali), amateur de musique
distingué, né au commencement de ce siècle
dans le département du Gard , vint jeune à Pa-
ris et entra au Conservatoire, où il étudia le
violoncelle dans la classe de Baudiot et le cor
dans celle de Daupral, tout eh recevant des le-
çons d'harmonie et de composition de Scipion
Rousselot. Fixé ensuite à Nîmes , il fit exécuter
en public un certam nombre de compositions
importantes , parmi lesquelles une messe solen-
nelle, un Stabat Mater avec solo et chœurs,
une ouverture de concert, deux quintettes pour
instruments à cordes, etc. 11 a écrit aussi des
romances sur paroles françaises et plusieurs
mélodies sur des paroles de Métastase , dont
quelques-unes ont été publiées.
(1) Je rapporterai Ici deux faits peu connus. Bizet s'é-
tait livré à une fantaisie en écrivant la musique du pre-
mier acte de MalUrouiih s'en va-t-en guerre, grande
opérette en i actes, représentée au tl éàtre de l'Athénée
le 13 décembre 1867, et dont les autres avaient été faits
par MM. Léo Delibei", Emile Jonas et Legouii. A la
même époque, Bizet donna, sous le pseudonyme trans-
parent de Gaston de Betzi, un certain nombre d'articles
de critique musicale à un recueil important , mais de-
puis lors disparu, la licviie nationale.
BLACKBEE (R...-F.), professeur anglais,
a publié une méthode de chant intitulée IS'ou-
velle Ecole de chant et méthode complète
et pratique pour la culture de la voix.
* BLAISE ( ), bassoniste à la Comédie-
Ilalienne et compositeur. Il serait difficile,
croyons-nous , de dresser le répertoire complet
des ouvrages pour lesquels Biaise écrivit de la
musique à la Ccmédie-Italienne. Voici la liste de
ceux que nous avons pu découvrir, et que l'on
joindra à ceux déjà cités de ce compositeur :
1" les Rendez-vous nocturnes, ballet, 1710;
2" Amadis, parodie mêlée de chants et de danses,
1740; 3° Alcione, parodie mêlée de danses,
1741; i° les Deux Basiles, comédie avec un
divertissement , 1743; 5» le Génie de la France,
1744; 6" les Fées rivales, comédie avec diver-
tissements, 1748; 7° les Ages en récréation,
ballet, 1750; 8° les Berceaux, bnWel, 17 bO.
BLANC (S ), est auteur de l'ouvrage
suivant : iS'ouvelle méthode de cor, contenant
les principes de cet instrument, trente le-
çons pour deux cors et vingt-huit avec ac-
compagnement de basse, suivies de trois so-
nates (Lyon, s. d., Carloux, inf").
*BLAI\'C (Adolphe), violoniste et composi-
teur. Cet artiste, qui fait partie de l'orchestre de
la Société^ des concerts du Conservatoire, n'a
cessé de se livrer activement à la composition de
la musique de chambre, ce qui lui a fait décerner
en 1862, par l'Académie des beaux-arts, le prix
fondé par M. Chartier en faveur des artistes qui
se distinguent dans ce genre de composition.
Voici le catalogue exact des œuvres publiées
jusqu'à ce jour par M. Blanc : 1° Rondinetto
pour piano, op. 2 ; 2° Thème varié pour jiiano,
op. 4 ; 3" 2 sonates pour piano, op. G et 32; 4"
C pensées fugitives pour piano, op. 30 ; 5° 4 so-
nates pour piano et violon, op. 31, 32, 3i et
42 ; 6° 4 sonates pour piano et violoncelle, op.
12, 13 et 17 ; 7" Sonate pour piano et cor, op. 43;
8° 4 Grands Trios pour piano et violoncelle, op.
18, 20, 21 et 35; 9" Trio pour piano, clarinette
et violoncelle, op. 23; 10° Trio pour piano,
flilte et violoncelle, op. 14 ; 11° 4 quatuors pour
piano, violon, alto et violoncelle, op. 28 (dédié
à Rossini, avec une lettre de ce célèbre ar-
tiste), 37 bis et 44 ; 12" 2 quintettes pour piano,
violon, alto, violoncelle et contrebasse, op. 39;
13° Quintette pour piano, flilte,' clarinette, cor
et basson, op. 37; 14° Septuor pour piano, fli:ite,
hautbois, cor, alto, violoncelle et contre bas.se;
15° 2 romances sans paroles, pour violon, avec
accompagnement de piano, op. 9 et 10; 16° Étu-
de pour violon seul, op. 6; 17° Valse de con-
cert pour violon, avec ace. de piano, op. 3; 18°
BLANC — BLAQUIÈRE
97
Tarentelle pour violon, op. S; 19° La Far-
faîla, scherzo pour alto et piano, op. 7 ; 20'' Bar-
carolle pour violoncelle et piano, op. 11;
21° .3 trios pour violon, alto et violoncelle, op.
25 et 41 ; 22° 5 quatuors pour 2 violons, alto et
violoncelle, op. IG, 27 et 38; 23° 4 quintettes
pour 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse,
op. 21, 22, 30 et 40 bis; 24° 3 quintettes pour
2 violons, 2 altos et violoncelle, op. 15, 19 et
29; 25° septuor pour clarinette, cor, basson,
violon, alto, violoncelle et contrebasse, op. 40.
(Tous ces ouvrages ont été publiés chez l'édi-
teur Richault.) ; •m" Andantino capriccioso pour
violon, avec ace. d'orchestre ; 27° Andante pour
violoncelle, id. ; 28° Ouverture espagnole, pour
orchestre ; 29° Sonatines pour piano, pour piano
à 4 mains, et pour piano et violon (collection du
Peiil pianiste et de l'École d'accompagne-
ment) ; 30° Les Beautés dramatiques, grande
collection de morceaux pour piano et violon sur
des thèmes d'opéras célèbres (en société avec
MM. Renaud de Vilbac et Albert Lavignac) ;
31° La Promenade du bauf gras, symphonie
burlesque pour quatuor d'instruments à cordes
et différents instruments d'enfants. (Toutes ces
œuvres ont été publiées chez l'éditeur Lemoine.)
On connaît encore de M. Blanc quelques mor-
ceaux de chant, entre autres les Danses chan-
tées; deux opérettes : les Deux Billets, et les
Rêves de Marguerite, jouées dans plusieurs sa-
lons ; un opéra-comique en un acte, inie Aven-
ture sous la Ligue, écrit pour un concours ou-
vert parla société de Ste-Cécile de Bordeaux,
vers 1857, et qui a été l'objet d'une mention
honorable; enfin, un certain nombre de choeurs
orphéoniques. M. Blanc, qui a été un instant
chef d'orchestre au Théâtre-Lyrique, pendant la
première administration de M. Carvalho, a en-
core écrit deux symphonies, restées inédites,
mais qui ont été exécutées dans plusieurs con-
certs.
BLAXCHINI (Francesco), musicien italien,
né à Vérone le 13 décembre 1062, mourut à
Rome le 2 mars 1729. Il est connu par un livre
publié après sa mort, en 1742, et intitulé : De
tribus generibus inslrumentorum musicœve-
terumorganicx dissertatio. Y.
BLANCKlVlÛLLER (J...-L...), composi-
teur de la première moitié du seizième siècle.
Une collection de chansons à quatre voix de sa
composition est conservée dans la bibliothèque de
Zwickau. Y.
* BLANGIiXI (Joseph-Marie-Fkux). Outre
les ouvrages dramatiques cités à l'actif de ce com-
positeur, il faut mentionner la Fête des souve-
nirs, intermède mêlé de chants et de danses,
BIOGR. LMV. DES MUSICIENS. SIPPL.
ï.
joué à rOpéra-Comique le 16 avril 1818, pour la
représentation de retraite de Mme Crétu, lune
des meilleures actrices de ce théâtre, et Figaro
ou le Jour des Noces, pastiche arrangé sur la
musique des Noces de Figaro de Mozart et du
Barbier de Séville de Rossini, et donné aux ?s'ou-
veautés le 16 août 1827. On cite encore, comme
ayant été composés par Blangini, mais n'ayant
pas été représentés, les trois ouvrages suivants :
les Fêtes Lacédémoniennes , en 3 actes,
Inez de Castro, en 3 actes, et Marie-Thérèse
à Presbourg (la partition de ce dernier a
été gravée). Enfin, il faut remarquer que les
deux petits opéras signalés sous ces deux titres
distincts : Zélie et Terville, et Chimère et Réa-
lité, n'en forment qu'un seul, représenté sous ce
titre : Zélie et Terville ou Chimère et Réalité. '
— M. Arsène Houssaye a publié, dans la Revue
de Paris du 2 janvier 1842, un assez long ar-
ticle sur Blangini.
Blangini avait deux sœurs, toutes deux musi-
ciennes, dont il est ainsi parlé dans le Diction-
naire des Musiciens de Choron et FayoUe :
— « M"^ Blangini est née à Turin en 1780. Elle
reçut d'abord des leçons de violon du célèbre
Pugnani, et ensuite de MM. Piippo et Alexandre
Boucher. M. Rarni l'a dirigée dans l'étude de la
composition. On n'a publié qu'un seul de ses
ouvrages, savoir : un trio pour deux violons et
violoncelle. Elle a joué des concertos de violon
dans des conceris publics, à Turin, à Milan, à
Vienne et à Paris. Elle est, depuis quelques an-
nées, attachée à S. M. la reine de Bavière, en
qualité de maîtresse de chant. Sa scur cadette,
attachée en ce moment à la princesse Borghèse,
a reçu des leçons de chant de M. Barni, et pro-
met un sujet capable de faire honneur à son
maître. »
BLAXGINJ (Théodore), fils du précédent, a
fait jouer les ouvrages suivants: 1° la Vengeance
de Pierrot, opérette en un ac(c, Palais-Royal,
octobre 1861 (reprise aux Bouffes-Parisiens le
17 mars 1865); ?.° Didon , opéra -bouffe en 2
actes et 4 tableaux. Bouffes- Parisiens, 5
avril 1866; 3° une Visite à Bedlam, opéra-co-
mique en un acte, Lyon, janvier 1872. Il y avait
du talent et une fraîche inspiration dans les
deux premiers de ces ouvrages , mais le musi-
cien , mal servi par ses collaborateurs , a porté
la peine des fautes commises par eux.
BLAQUIERE (Paul), compositeur, né vers
1830 à Clairac, se fit une sorte de réputation dans
les cafés-concerts de Paris, en écrivant pour une
chanteuse en vogue, M"'= Thérésa, la musique d'un
certain nombre de chansons auxquelles celle-ci,
par son débit franc et sa diction nette, fil un
I. 7
98
BLAQUIÉRE — BLASIS
grand succès de popularitt-. On peut citer entre
autres la Femme à barbe, la Fiancée du bœuf-
gras et la Vénus aux Caro/^e^, compositions
dont les titres indiquent suffisamment le degré
de distinction. Blaquière fit représenter aux
Bouffes-Parisiens, le 30 août 18 j6, une opérette
en un acte intitulée le Guetteur de nuit, suivie
d'une autre, le Magot de Jacqueline, donnée
au petit théâtre Debureau en 1858. Cet artiste,
qui avait fait au Conservatoire une fugitive ap-
parition y mais dont l'éducation musicale était
restée nulle, est mort à Paris le 13 avril 1868.
BLASERNA (PiETRo) , professeur à l'U-
niversité romaine, est l'auteur d'un livre inti-
tulé la Teoria del suono nei suoi rapporii
colla musica (Florence, 1875). Ce volume a
été formé du texte de dix conférences faites
sur ce sujet par l'auteur.
BLASIS (Fr\scesco-Amomo DE), composi-
teur et professeur de musique italien, fils d'un
homme fort <iistingué qui avait été vice-amiral
dans la marine espagnole, naquit à Naples en
1765 et fil ses études musicales au Conservatoire
de cette ville , sous la direction de Fenaroli. Les
renseignements manquent de précision sur cet
artiste, qui paraît n'avoir pas été sans mérite,
et ceux qui m'ont servi à écrire celte notice sont
surtout extraits d'un article publié le 2 jan-
vier 1868 dans une feuille musicale et théâtrale
de Venise, la Scena. On sait que Blasis fit repré-
senter en Italie un certain nombre d'opéras et
de ballets, Arminio, Didone, Adone e Venere,
Zulima, lo Sposo in periglio, il Burbero di
buon cuore , la Donna capricciosa, il Geloso
ravveduio, l'Isola di Bella Marina, il Finto
Feudatorio, etc., qu'il fut organiste à Venise,
qu'il s'enfuit de Naples en 1799 pour échapper
aux effets possibles de la sauvage réaction bour-
bonienne, et qu'il se réfugia en France et s'é-
tablit d'abord à Marseille. Il paraît qu'il a fait
jouer sur nos scènes départementales plusieurs
opéras français, car les rares biographes italiens
qui se sont occupés de lui citent les titres de ces
ouvrages, « représentés en France, » et dont Pa-
ris n'a jamais eu connaissance : Omphale, Al-
manzor ou r Épreuve de la jeunesse, le Cour-
roux d'Achille , Débutade ou VOrigine du
Dessin, les Trois Sultanes , le Triomphe de
la Paix, Méprise sur Méprise, la Fête du vil-
lage, etc. Le titre de ces compositions drama-
tiques constitue tout ce qu'on sait à leur sujet,
et il serait , je crois, fort difficile aujourd'hui de
fixer la date et le lieu de représentation de cha-
cune d'elles. Blasis écrivit encore, dit-on, plu-
sieurs oratorios, des messes, des ouvertures, des
quatuors, et, professeur habile, il a laissé aussi une
Méthodede violon,une Méthode depiano, nr.e
Méthodedechant,elun Traité d'harmonie et de
contrepoint. Enfin, on assure qu'outre plusieurs
livrets d'opéras et des Mémoires politiques sur
la révolution de Naples, Blasis avait encore écrit
des biographies artistiques et une Histoire de la
musique. Cet artiste actif et distingué est mort à
Florence le 22 août 1851, à l'âge de quatre- vingt
six ans environ. Un monument lui a été élevé
dans le couvent de Sainte-Croix.
BLASIS (Carlo DE), danseur, chorégraphe,
compositeur et écrivain italien, fils du précédent,
a été d'abord premier danseur, puis professeur à
l'école de ballet instituée près du théâtre de la
Scaia, de Milan. D'après une biographie jmbliée
à Londres en 1847 et insérée dans son ou-
vrage anglais sur la danse, Carlo Blasis serait né
à Naples le 4 novembre 1803, mais nous faisons
nos réserves quant à l'exactitude de cette date ,
car nous lisons dans une notice sur son père que
celui-ci se rendit à Marseille avec sa femme et^
ses enfants lors de la grande persécution bour-
bonienne de Naples, qui eut lieu en 1799 ,.
et qu'il passa ensuite à Bordeaux, où son lils
Carlo débuta comme premier danseur eni
1818.
Après avoir parcouru les principales villes des
départements, Carlo Blasis fut engagé à l'Opéra,
où il se perfectionna avec Gardel. Il y créa Té-
lé in aque , Paris, Achille à Scijros, mais bien-
tôt des intrigues de coulisses le mirent dans la
nécessité de donner sa démission. C'est alors
qu'il parut à la Scala, de Milan, et dans d'autres
grandes villes de l'Italie, mais au bout de quel-
ques années sa carrière se trouva brusquement
terminée à Naples par suite d'une foulure du
pied, qui l'empêcha de reparaître jamais au
théâtre. Il s'adonna alors à l'enseignement et à
la composition des ballets.
En 1837, Blasis et sa femme (née Ramaccini)
étaient appelés à diriger la fameuse école de
danse de la Scala, d'où sont sorties toutes les
notabilités dansantes que nous avons vu figurer
à notre grand Opéra de Paris. C'est alors que
Blasis se mit à tracer des scénarios de ballets,
dont il a fait un nombre incalculable , et c'est
alors aussi qu'il écrivit la musique d'un grand
nombre de pas et de ballabili.
Blasis s'est livré aussi à de nombreux travaux
littéraires, consacrés à la danse ou à la musique.
Son Traité élémentaire théorique et pratique
de la Danse a été publié à Paris, en français, en
1820, et reproduit plus tard, avec des additions,
dans la collection des Manuels-Roret. Parmi ses
autres écrits , nous signalerons les suivants :
1° Notes upon dancing, Londres, Novello,.
BLASIS — BLAZE DE BURY
99
1820; 2° Studii sulle arti imitatrici, Milan,
1844 ; 3° Del Carattere délia musica sacra
e del sentimento rcUgioso; 4° Biogrufia
di Virginia Blasis e onori poetici, notice qui
paraît être aussi son œuvre, Milan, 1853, in-8".
Enfin, en 1854, Blasis a publié à Milan une
brochure intitulée : Délie composizioni coreo-
graftche e délie opère letlerarie di Carlo Bla-
sis, colVaggiiinta délie lestimonianze, etc.,
in-8' avec portrait. C'est un exposé de ses œu-
vres inédites , et une suite d'articles publiés à
diverses époques sur ses œuvres parues. Blasis
a donné aussi une Biographie de Pergolesi et
une Dissertation sur la musique italienne en
France; mais toutes nos recherches ne nous
ont pas fait découvrir ces deux brochures ,
mentionnées par l'auteur dans son catalogue (1).
J. D. F.
* BLASIS (Virginie DE), sœur du précé-
dent. Une notice biographique, accompagnée de
nombreuses pièces de vers, et ornée d'un por-
trait, a été publiée en Italie sur celle chanteuse
distinguée : Biografia di Virginia Blasis e
onori poetici (Milano, tip. Centenari, 1853,
in-8). Nous remarquerons que, dans cette bro-
chure, la date de la naissance de Virginie Bla-
sis est fixée au mois d'août 1807. — La sœur
aînée de cette artiste, Teresa de Blasis, s'est
teil une réputation comme professeur de piano,
et a composé des sonates , des variations et des
morceaux de genre pour son instrument. Elle
est morte à Florence, le 20 avril 1868.
* BLASIUS (Mathieu-Frédéric). Cet artiste
a fait représenter à la Comédie-Italienne , le
28 août 1788, un opéra comique en 3 actes, la
Paysanne supposée, ou la Fête de la Moisson.
Il a eu une part de collaboration dans le Congrès
des Rois, ouvrage écrit par une douzaine de
compositeurs et joué au même théâtre en 1794.
Enfin, il a composé la musique de plusieurs mé-
lodrames donnés au boulevard : Africo et Men-
zola. Don Pèdre et Zulika, Adelson et Sal-
vini, etc.
BLASSMANIV (Adolpiie-Joseph-Marie) ,
compositeur et pianiste, est né à Dresde le 27 oc-
tobre 1823. II a produit très-peu, mais ses ou-
vrages sont généralement estimés. Y.
(1) Dans une liste des écrits de Blasis publiée récem-
jnent par un journal italien, se trouvait mentionné l'ou-
•vrage suivant, publié à Milao, Trattato storico-biof/ra-
fico délia Musica italiana e délia, Mnsira francese, et
encore celui-ci. Jusqu'à ce jour inédit : Lo Spirito fllo-
softco délia Musica. An reste, peu d'écrivains sont aussi
prolifiques que M. Blasis, qui collabore à oAus de vingt
journaux de théâtre et de musique italiens, dans lesquels
la publicatiiin d'un de ses travaux dure parfois plusieurs
années. — a. p.
BLATH\VAYT( ), claveciniste remar-
quable, mit au commencement du dix-huitième
siècle tout Londres en émoi par son talent
précoce et tran.scendant. Il était élève d'Ales-
sandro Scarlatti. Tout ce qu'on connaît de lui
aujourd'hui, c'est son portrait, qui est conservé
à l'école de musique d'Oxford. Y.
* BLAVET (Michel). Parmi les œuvres de
musique instrumentale publiées par cet artiste
distingué, il faut citer un premier (et deuxième)
Recueil de pièces, petits airs, bruneitcs, me-
nuets, elc, avec des doubles variations, accom-
modé pour les flûtes Iraversières, violons, par-
dessus de viole, etc. (PariSj's. d., 2 vol. in-4"
oblong.)
* BLAZE (FRANÇOIS-HENRI-JoSEPH).ditCAS-
TIL-BLaZE. Quelques erreurs et quelques
omissions sont à signaler dans la liste des travaux
llittéraires de cet écrivain fécond. L'écrit indi-
qué sous ce titre : l' Académie royale de musi-
que, depuis Cambert, etc., n'a point été tiré à
part sous celui de Mémorial du Grand-Opéra /
ce dernier travail, qui n'a aucun rapport avec le
précédent, forme non un volume, mais une bro-
chure in-S". L'ouvrage intitulé : Le Piano, his-
toire de son invention, etc., n'a jamais été non
plus publié à part. En revanche, trois publi-
cations de Castil-BIaze manquent à la nomencla-
ture de ses œuvres : 1" VArt des vers lyriques
(Paris, Deiahays, 1838, in-8") ; 1" Sur VOpéra,
vérités dures, mais utiles (Paris, l'auteur,
1856, in-8°); 3° Physiologie du Musicien
(Bruxelles, 1844, in-32). Le manuscrit de VNis-
toire de V Opéra-Comique, annoncée souvent,
par Castil-Blaze et qu'il n'eut pas le temps de
publier, fait aujourd'hui partie de la Bibliothèque
de l'Opéra, pour laquelle il a été acquis par
M. Nuitter, archiviste de ce théâtre.
* BLAZE DE BUBY (Henri BLAZE, dit),
fils du précédent, apubhé Meyerbeer, sa vie et
ses oeuvres (Paris, 18G5, Heugel, gr. in- 8° avec
portrait et autographes), écrit qu'il a reproduit,
dans le cours de la même année, chez un autre
éditeur, sous ce second titre : Meyerbeer et son
temps (Paris, Lévy, 1865, in-12). Après la mort
de Scudo, M. Henri Blaze a repris, à la Revue des
Dexix-Mondes, la part de collaboration qu'il
avait eue déjà dans ce recueil au point de vue
musical. Ses articles sont habituellement signés
du pseudonyme : F. de Lagenevais. M. Henri
Blaze avait fait pour Meyerbeer le livret d'un ou-
vrage lyrique intitulé ^aJeMne^^e de Goethe, dont
celui-ci avait écrit la musique. Après la mort du
grand homme, il réclama à la famille la parti-
tion de cet ouvrage, qu'il voulait faire repré-
senter ; mais les héritiers, se fondant sur les vo-
100
BLAZE DE BURY — BOCCABADATI
lontés exprimées par le maître dans son testa-
ment, refusèrent d'accéder à sa demande. L'af-
faire fut portée devant le tribunal, et M. Henri
Blaze perdit son procès.
BLAZEK (François), musicien didactique,
est né à Velezic en Bohême, le 21 décembre
18 1 5. On a de lui un traité d'harmonie en langue
tchèque : Nauka harmonii. Y.
BLODEK (Gi'ill.ume), professeur de flûte
au Conservatoire de Prague, est né en cette
ville le 14 octobre 18.34. Outre plusieurs compo-
sitions pour son instrument, des choeurs et des
lieder, on a de lui un opéra : Vsfiidni (A la
fontaine), qui a été joué le 17 novembre 1867
avec un succès considérable. Cet artiste, qui
donnait les plus belles espérances, a malheureu-
sement été al teint de folie en 1870. Y.
ÏÎLOMMESTEYX (Mautin), facteur de
clavecins , exerçait cette profession à Anvers
vers le milieu du seizième siècle, et se fit rece-
voir, en même temps que neuf de ses confrères,
dans la gilde de Saint- Luc, le 28 mars 15ô8.
IJLOMMESTEYN (Ciiiustophe), facteur
de clavecins, évidemment parent du précédent,
exerçait comme lui, et à la même époque, cette
profession à Anvers. Inscrit dans la corporation
de Saint-Luc, en 1550, en qualité de « fds de con-
frère », ce qui prouve que son père faisait i)artie
de la gilde, il s'y fit recevoir comme sociétaire en
même temps que le précédent, c'est-à-dire le 28
mars 1558. Dans le registre de Saint-Luc, son
nom est écrit Chistoffel Blomster.
* BLO\DEAU (PiERRE-ArorsTE-Loiis). A
la nomenclature des écrits publiés par ce musi-
cien distingué, il faut ajouter le suivant ; Solice
sur Palcstrina, sur ses ouvrages, sur son épo-
que, sur son style (s. 1. n. d., in-8" de 30 pp.).
* liLO\DET (Abraham) est né vriiisem-
blablement avant 1570, car en 158,3 il prit part
au concours du puy de musique d'Evreux, et y
obtint le prix de la harpe d'argent pour le mo-
tet : Tu Domine henignus es.
1 BLtfMMEll{MARTiis), compositeur allemand,
né le 21 novembre 1827 à Fiirstemberg, dans le
Mecklembourg, fit ses études à Berlin , oii il est
devenu directeur de l'Académie de chant. On lui
doit une cantate intitulée Colombus, un certain
nombre de lieder, et un oratorio en deux parties,
Abraham, qui a été exécuté à l'Académie de
chant en 1860.
BOADA (Ji AN DE la), est le nom d'un com-
positeur espagnol du XVIP siècle, dont on ignore
absolument le lieu et la date de naissance. Les
détails de sa carrière ne sont pas connus davan-
tage, mais l'un des historiens actuels de la musi-
que espagnole, M. Baltazar Saldoni, assure que
sous le règne de Philippe IV on chanta au palais
du Buen Retiro quelques zarzicelas dont la mu-
sique avait été écrite par Juan de la Boada. S'il en
élait ainsi , cet artiste pourrait être considéré
comme le père de la musique dramatique en Es-
pagne et le premier qui se serait exercé dans ce
genre.
BOADA (Le Père Jacinto), moine et compo-
siteur espagnol, né à Tarrasa vers 1770, fit ses
études musicales au collège de musique du cou-
vent de Montserrat, en Catalogne, où il eut pour
maître le P. Casanovas (voy. ce nom). Il fut lui-
même professeur dans ce couvent pendant un grand
nombre d'années, et il y donna des preuves d'un
rare dévouement à l'art et à ses élèves. Lorsqu'en
1818, après l'incendie du mona.stère, qui avait
entièrement détruit la bibliothèque, toutes les
œuvres consacrées au service du culte et jus-
qu'aux leçons et aux ouvrages nécessaires aux
élèves, l'école fut louverte à ceux-ci, le Père
Boada se mit en devoir non-seulement de com-
poser toute la musique nécessaire au service de
la chapelle, mais encore d'écrire tout ce qui
devait élre utile à l'instruction des jeunes gens
qui lui étaient confiés, et il apporta tant de .sol-
licitude et d'ardeur à ce travail qu'au bout de
quelques années le mal était réparé, et que l'on
n'avait plus à regretter qu'au point de vue de
leur valeur intrinsèque la perte de tant d'oai-
vres précieuses. Les compositions du P. Boada
sont fort estimées. Cet artiste distingué vivait
encore en 1856.
BOCACCIO (L ), compositeur italien,
a fait représenter sur le théâtre de Sivigliana, en
février 1872, un opéra intitulé i Banditi, qui a
été bien accueilli.
BOCCABADATI (Virgima), fille de Louise
Boccabadati, qui fut une chanteuse célèbre, est
devenue elle-mêmeune cantatrice fort distinguée.
Héritière du talent remarquable de sa mère, elle
n'en avait point, malheureusement, la voix
chaude, étendue et vibrante ; mais elle suppléait
à ce qui lui manquait sous ce rapport par un art
véritable, par un chant plein de grâce et d'élé-
gance, par une expression tendre et passionnée,
enfin par un talent scéuique que les chanteurs
possèdent rarement à un pareil degré. Douée de
qualités pathétiques et émouvantes, la Boccaba-
dati avait le don si rare d'arracher les larmes, et
atteignait parfois le sublime dans certains rôle^,
tels que Gilda de Rigoletto, la Traviaia, Linda
di Chamounix ou Maria diEohan. Cette ar-
tiste vraiment remarquable, que Paris a connue
il y a UBe vingtaine d'années et qui s'est fait
entendre à notre Théâtre-Italien, est aujourd'hui,
je crois, retirée du théâtre.
BOCHSA — BODSON
401
* BOCHSA (Robekt-Nicolas-Charles). Ce
musicien, aussi distingué comme arliste qu'il
était misérable comme liomme, a écrit, pendant
son séjour en Angleterre, la musique de quelques
ballets qui ont été représentés à Londres : 1" Jus-
tine ou la Cruc/ie cassée, 7 janvier 1825;
2° le Temple de la Concorde, 28 janvier 1825 ;
3° la Naissance de Vi'nus, 2 actes, 8 avril
1826; 4° le Corsaire, 29 juillet 1837. Ce dernier
eut un immense succès.
Bochsa avait dû fuir la France en 1817. Ac-
cusé d'avoir contrefait la signature de plusieurs
personnages marquants (parmi lesquels quel-
ques-uns de ses confrères, Berton,Méhul, Boiel-
dieu, Nicolo), et d'avoir fabriqué des bons por-
tant aussi les signatures fausses de M. le comte
Decazes, de lord Wellington, etc., il fut traduit
devant la cour d'assises delà Seine, et celle-ci,
dans sa séance du 17 février 1818, le condamna
à douze années de travaux forcés, à la marque
et à 4,000 francs d'amende. Mais Bochsa était
en sûreté en Angleterre, où, malgré des antécé-
dents si déplorables, il sut se faire une brillante
position. Ce n'est pas tout, et à ces méfaits
Bochsa aurait joint plus tard, dit-on, le crime de
bigamie ; voici ce qu'on lit à ce sujet dans VAn-
nuaire dramatique (^^ année, 1847, Bruxelles,
Taride, in- 12) : << Bochsa avait épousé, avant
sa fuite de la France, la fille du marquis Du-
crest (I), et se trouvait ainsi le neveu de M""^^
de Genlis. Depuis il serait devenu bigame, s'il
faut s'en rapporter aux Mémoires publiés par
Henriette Wilson, en prenant pour femme la
propre sœur (Aniy Wilson) en même temps que
la complice des fredaines de cette fameuse cour-
tisane qui acompte au nombre de ses nombreux
amants le prince de Galles (depuis Georges IV)
et le duc de Wellington. »
Ce qui n'empêcha pas Bochsa d'enlever
Mme Bishop {voyez ce nom) et de vivre avec
elle pendant vingt années environ.
BOCK, Voyez BOTE et BOCK.
* BOCQUILLOIV-WILHEM (Guil-
laume-Louis). Au nombre des notices qui ont été
publiées sur cet artiste excellent , il faut citer
les deux suivantes : Wllhem, par Trélat (extrait
de. \d Jîevue du Progrès da 1^' juin 1842), in-8"
(1) Madame Georgette Ducrest, depuis longues années
reUrée à Bordeaux, où elle vit encore. Elle était excel-
lente musicienne, possédait une jolie voix, et adonne
pendant assez longtemps des leçons de chant à Lyon
Très-mêlée, dans sa jeunesse, au monde artistique et lit-
téraire, elle a publié sous ce titre: Paris en province (tSii),
des mémoires dans lesquels on trouve des renseignements
intéressants et assez nombreux surquflques musiciens du
temps Une seconde édition de cet éerll a paru (sans datr)
en 18)6 (Paris, Barba, in-i").
del9 pp., et Funérailles de M.B. Wilhem,
par Charles Malo (extrait du Bulletin élémen-
taire d'avril 1842), in-8° de 22 pp. Je ferai re-
marquer que lorsque Wilhem était professeur à
l'école de Saint-Cyr, cette école portait le nom
de Piytanée militaire, tandis que l'école mili-
taire proprement dite était à Fontainebleau.
* BODIN (FRANÇois-ÉTiENNE),est mort à Paris
le 13 août 1862. Cet artiste distingué, qui était,
dit on, un mathématicien et un philologue re-
marquable, avait reçu des leçons d'harmonie et
de composition de Perne et d'Eler. Il ne se li-
vra pourtant pas à la composition, trop absorbé
qu'il était pas les devoirs de son enseignement,
mais, outre son grand Traité des principes de la
musique, il publia un Recueil d'exercices élé-
mentaires pour le piano et un Becueil de
gammes pour le piano avec la réforme du
doiçjté.
La fille de cet artiste, M"« Sophie Bodin ,
plus tard M""' Pierson, élève de son père pour
le piano et du fameux harpiste Bochsa pour
l'harmonie et le contrepoint, étudia le chant avec
Ponchard, et se fit entendre avec succès à Paris,
dans les concerts, pendant les années 1837, 1838
et 1839. A cette époque, sa voix ayant subi une
altération sensible, elle dut renoncer à se pro-
duire en public, et se consacra entièrement à
l'enseignement du chant et du piano. M'"^ Pier-
son-Bodin est morte au mois de juin 1874. Elle
avait publié en 1865 un petit écrit ainsi intitulé ;
Observations sur Vélude de la musique, dans
lequel elle donnait aux mères de famille d'u-
tiles conseils sur la façon de diriger l'éducation
musicale de leurs enfants.
BODSOX (Nicolas-Henri-Joseph), musi-
cien belge, naquit à Liège le 5 mai 1766, et
semble n'avoir jamais quitté sa ville natale. On
ne connaît de lui que des compositions religieu-
ses, et dans une note publiée sur cet artiste,
M. Edouard Gregoir reproduit ainsi le titre de
l'une d'elles : « Missa aj. per soprano e tenore
0 soprano e hasso cou organo obbligato, com-
posta dal signore N. Bodson. Les deux voix
deveront convenir pour les nottes d'en haut
ou celles d'en bas, les rondes et les blanches
pointées à la basse indiquent à la contrebasse
oà violoncelle qui accompagnera de faire
autant de nottes qu'il y aura depoints. Prix :
5 francs. Se vend chez l'auteur, rue St Jean-en-
Isle, no 784, à Liège , chez Mlle J. Andrez, édi-
teur et marchande de musique. » M. Gregoir
ajoute : " Trois messes de cet artiste, et qui
sont très-répandues, renferment de grandes qua-
lités mélodiques. Un Verbum caro de sa com-
position est resté manuscrit. » L'une de ces messes
102.
BODSON — BOIELDIEU
a été publiée à Liège, chez J. Goût, c'est la troi-
sième. On a donné aussi, dans le Répertoire
des Maîtrises (Liège, Muraille), plusieurs piè-
ces religieuses de Bodson : Pie Jesu à 2 voix ;
Cantant montes, chœur à 3 voix égales ; Mi
Jesu à 2 voix ; Genitoti à 3 voix égales ; Tan-
tiim ergo à 2 voix ; Ave Maria kZ voix égales.
Bodson est mort à Liège le 31 mars 1829.
* BOEHiVl (Joseph) violoniste, est né à Pesth,
non en 1808, mais le 4 mars 1795. Il est mort à
Vienne le 28 mars 1876. Joseph Boehm, dont
l'enseignement était très-réputé, avait formé un
grand nombre d'excellents élèves, parmi lesquels
il faut surtout citer Ernst et M. Joachim.
BOERS (J...-C...), violoniste et composi-
teur néerlandais, né à Nimègue en 1812, appar-
tient au plus pur parti conservateur musical.
Excellent musicien, homme de beaucoup d'esprit,
charmant causeur, il pousse la modestie si loin
qu'il a passé sa vie à éviter toutes les occasions
de recevoir une décoration quelconque et qu'il
s'est refusé à publier ses compositions, bien que
depuis longtemps il ait mérilé la croix de son
pays et qu'il ait écrit de bons ouvrages. M. Boers
a mené une vie assez accidentée, surtout dans
sa jeunesse. Il reçut d'abord, à Nimègue, des
leçons de violon de son père, et en 1828 fut ad-
mis comme élève à l'École royale de musique de
la Haye, où il travailla le violon et la com-
position avec Lubeck. En 1831, on le nomma
chef d'orchestre à l'Opéra national de la Haye,
mais eu 1837 il partit pour Paris, où il
accepta la place d'alto solo au Casino Pa-
ganini. Peu de temps après, l'administration de
ce concert ayant fait faillite, il fut engagé à l'or-
chestre des concerts Valentino. Tout en restant
attaché à cet étiiblissement, il donnait des le-
çons d'harmonie et de contrepoint, et devenait
correcteur d'épreuves de la maison de Simon
Richault, l'un des premiers éditeurs de musique
de Paris.
En 1839, M. Boers quitta cette ville pour aller
remplir les fonctions de chef d'orchestre au
théâtre de Metz, où il resta deux ans. De retour
en 1841 dans sa ville natale, il y fut nommé di-
recteur de la Société chorale, et, bien que pro-
testant, se vit confier l'emploi de professeur de
musique dans une grande école normale catho-
lique, qui était une sorte de séminaire. Il resta
à Nimègue jusqu'en 1853, et accepta alors la
place de directeur de musique à Delft, où il de-
meure encore aujourd'hui.
M. Boers a beaucoup écrit, et jouit dans sa
patrie d'une grande considération comme com-
positeur. Ses œuvres les plus estimées sont des
ouvertures, une symphonie qui a obtenu une
mention honorable à l'un des concours ouverts
par la Société pour Vencouragement de l'art
musical, le 128* psaume (composition pour soli,
chœurs et orchestre), et plusieurs recueils de
lieder. Il s'occupe aussi avec ardeur de littéra-
ture musicale, et travaille en ce moment à deux
grands ouvrages : une Bibliographie de tous
les ouvrages de musique néerlandais anciens
et modernes, et une Histoire des instruments
de musique au moyen-âge.
Ed. de h.
DOETTE (Jeh.\n), compositeur, maître des
enfants de chœur de Notre-Dame dÉvreux,
obtint en 1575, au concours du puy de musi-
que d'Évreux, le prix de triomphe pour une
chanson française : Heureux qui d'équité. Un
parent de cet artiste, portant le même prénom
et liabitant aussi Évreux, mais désigné sous le
nom (le Jehan Boette le jeune, obtint au concours
tie 1589 le prix de l'orgue d'argent pour le motet
In fiymnis et confessionibus.
BOESEKDORFER ( ), est le nom
dun des principaux facteurs de pianos de l'Al-
lemagne, dont la maison est à Vienne. Y.
BOGAERTS (P.. .-C. .•€...), est l'auteur,
avec M. Edmond Duval , des deux écrits sui-
vants : 1° Études sur les livres choraux qui
ont servi de base dans la publication des livres
de chant grégorien édités à Matines, Maliiies,
1855, in-8° ; 2" Un mot sur la brochure du P.
Lambillote intitulée : «■ Quelques mots sur la
restauration du chant liturgique, » Matines,
1855, in-8''.
BOGOTA (Aryde). Voyez DOMBROW-
Si;i (Henri).
BOHEMUS (Gaspard), compositeur alle-
mand du temps de la Réforme, a composé de
la musique vocale, religieuse et profane. Y.
* BOIELDIEU (François-Adrien). La date
exacte de la naissance de ce grand artiste est le
16 et non le 15 décembre 1775, ainsi qu'en fait
foi son acte de baptême, que j'ai publié dans le
livre intitulé : Boieldieu, sa vie, ses œuvres ,
son caractère, sa correspondance. Je renvoie
à cet ouvrage important et rempli de renseigne-
ments nouveaux le lecteur désireux de s'instruire
d'une façon exacte et complète sur l'existence et
la carrière de Boieldieu , et je vais seulement ré-
tablir ici le répertoire détaillé de ses œuvres
dramatiques : 1° La Fille coupable, 2 actes (pa-
roles de son père), Rouen, th. des Arts, 2 no-
vembre 1793; 2" RosaUeet Myrza,3 actes (pa-
roles du même), ibid., 28 octobre 1795; 3° La
Famille suisse, 1 acte, Paris, th. Feydeau,
12 février 1797 ; 4° l'Heureuse Nouvelle, 1 acte,
ibid. ,8 novembre 1797; h" le Pari ou Mombreuil
BOIELDIEU
103
€tMerville,\ acte, th. Favart, 13 décembre 1797;
€" Zoraïme et Zulnare, 3 actes, ibid., 11 mai
1798-, 7" la Dot de Suzette, 1 acte, ibid., 6 sep-
tembre 1798; 8° les Méprises espagnoles, 1
acte, th. Feydeau , avril 1799 ; 9° Emma ou la
Prisonnière, 1 acte, en sociélé avec Cherubini,
Ih. Montansier, 12 septembre 1799; 10" Be-
niousld, 3 actes, th. Favart, 8 juin 1800 ; 11" /e
Calife de Bagdad, 1 acte, ibid., 16 septembre
1800 ; 12° Ma Tante Aurore, 3 actes (réduit
■en deux actes à la seconde représentation),
■Opéra-Comique, 13 janvier 1803; 13° Le Baiser
et la Quittance, 3 actes, en sociélé avec Mélud,
Kreutzer et Nicolo, ibid., 18 juin 1803 ; U° Aline,
reine de Golconde, 3 actes, St-Pétersbourg,
5 mars 1804; 15° Amour et Mystère; 16" Ab-
derkhan;!'" Un Tour de Soubrette (l) ; 18° La
Jeune Femme colère , 1 acte, ibid., 18 avril
1805 (joué ensuite à Paris, à l'Opéra-Comique,
le 12 octobre 1812); 19° Télémaquc, 3 actes,
ibid., 16 décembre 1806; 20° les Voitures ver-
sées, 2 actes, ibid., 1808 (joué ensuite à l'Opéra-
Comique, le 29 avril 1820) ; 21° Z,a Dame invi-
sible,i acte, ibid., 1808; 22° Bien de trop,\ acte,
ibid., 25 décembre 1810 (joué ensuite à l'Opéra-
Comique, le 19 avril 1811); 23° Jean de Paris,
1 actes, Opéra-Comique, 4 avril 1812; 24° Le
Nouveau Seigneur de Village, 1 acte, ibid., 29
juin 1813; 25° Boyard à Mézïères, 1 acte, en
société avec Cherubini, Catel et Nicolo, ibid., 12
février 1814 ; 26° Les Béarnais ou Henri IV en
voyage, 1 acte, en société avec R.Kreutzer, ibid.,
^1 mai 1814; 27° Angéla ou V Atelier de Jean
Cousin, 1 acte, en société avec M'« Sophie Gail,
ibid., 13 juin 1814; 28° La Fête du Villagevoi-
sin, 3 actes, ibid., 5 mars t816; 29° Charles de
France ou Amour et gloire, 2 actes, en so-
ciété avec Hérold,ibid., 18 juin 1816 -, 30°Z-e Petit
Chaperon rouge, 3 actes, ibid., 30 juin 1818;
31° Blanche de Provence ou la Cour des Fées,
1 acte, en société avec Berton, Cherubini, Kreut-
zer et Paër, Opéra, 3 mai 1821 ; 32° la France
et l'Espagne, intermède, Hôtel-de-Ville, 15 dé-
cembre 1823; 33" Zes Trois Genres, 1 acte, en
société avec Auber, Odéon, 27 avril 1824 ; 34°
Pharamond, 3 actes, en société avec Berton et
Kreutzer, Opéra, 10 juin 1825 : 35° la Dame
•blanche, 3 actes, Opéra-Comique, 10 décembre
1825; 36° Les Deux Nuits, 3 actes, id., 20 mai
1829 ; 37° La Marquise de Brinvilliers, 3 actes,
en société avec Auber, Batton, Berton, Blangini,
(1) Je place ici ces trois ouvrages, sans pouvoir indi-
quer de date précise pour leur représentation ; tout ce
qu'on sait à leur sujet , c'est qu'ils furent fcrlls et joués
pendant le séjour de Boieldieu en Russie.
Carafa, Cherubini, Hérold et Paër, ibid., 31 oc-
tobre 1831.
En 1875, Boieldieu a été l'objet d'un honneur
inusité jusqu'ici en France : les 12, 13, 14 et 15
ui n de cette année de grandes fêtes musicales ont
eu lieu à Rouen pour célébrer le centième anni-
versaire de sa naissance; ces fêtes, dont l'auteur
de la présente notice avait le premier conçu la
pensée, se sont produites avec un grand éclat, et
le Centenaire de Boieldieu avait attiré dans l'an-
cienne capitale de la Normandie une immense af-
tluence d'étrangers. Un grand concours orphéoni-
que, une représentation de gala donnée au Théâtre
des Arts, composée du Nouveau Seigneur de
Village, des deux premiers actes de /a Dame
blanche, joués par les premiers artistes de Paris,
et d'une pièce de vers de M. Frédéric Deschamps,
un grand festival donné dans la salle du Cirque
de Saint-Sever et dont le programme comprenait
des morceaux exclusivement tirés des œuvres
du maître, l'exécution d'une cantate expressé-
ment écrite par M. Ambroise Thomas sur des
paroles de l'auteur de cette notice, voilà quels
étaient les principaux éléments de ces fêtes vrai-
ment artistiques et nationales , qui rappelaient
celles de ce genre qu'on célèbre fréquemment
en Angleterre et en Allemagne, et dont on n'a-
vait encore aucune idée en France.
Voici la liste des écrits publiés en France sur
Boieldieu : 1° Précis du procès de la sérénade
donnée le ih octobre 1829 à M. Boieldieu
(Rouen, impr. Marie, 1829, in-8° de 16 pp.);
2° Boieldieu aux Champs-Elysées et son
apothéose, tableau en un acte, mêlé de chants et
de couplets arrangés sur des airs tirés de ses
différents ouvrages , représenté pour la pre-
mière fois à Rouen , sur le Théâtre des Arts , le
13 novembre 1834, et offert à sa ville natale par
M. Sewrin, son ami et l'un de ses collaborateurs
(Rouen, François, 1834, in-8" de 32 pp., avec
portrait et fac-similé d'une lettre de Boieldieu) ;
3° L'Enfance de Boieldieu , opéra-comique et
anecdotiqueen un acte, par E. T. Maurice Ourry
(Paris, Barba, 1834, in-S» de 12 pp.) ; 4° Procès-
verbal de la cérémonie funèbre enVhonneur
de Boieldieu, qui a eu heu le 13 octobre 1834 ,
à Rouen, sa ville natale, rédigé par le vicomte
Walsh , délégué par la commission (Rouen, Pé-
riaux, 1835, in-8°de 39 pp.); 5° Trois Bomances
favorites de Boieldieu, suivies d'une notice sur
sa vie, par M. Jules Janin (Paris , 1835 , in-fol.
de 12 pp.) ; 6° Boieldieu et les honneurs rendus
à ce célèbre compositeur par Bouen, sa ville
natale, suivi de quelques observations biogra-
phiques , par Jules-Adrien Delérue (Rouen, Pé-
riaux, 1836, in-8° de 16 pp ); 7° Boieldieu et
104
BOIELDIEU — BOILLY
les honneurs rendus à ce célèbre compositeur
par Rouen , sa ville natale , dithyrambe par
Théodore Wains-Desfontaines (Rouen, Baudry,
1836, in-S" de 20 pp.); 8° Vers sîtr Boieldieu
et les honneurs rendus à ce grand homme par
Rouen, sa ville natale (Rouen, Marie, 1836,
in-S" de 16 pp.) ; 9" Discours pour la transla-
tion du cœur de Boieldieu à Rouen , le 13 no-
vembre 1834, par G. Lambert (Paris, Lacrampe,
1846, in-8" de 128 pp.); iO" Boieldieu, sa vie,
ses œuvres, par J.-A. Réfuveiile (Rouen, Du-
bust, 1851, m-8" de 43 pp.); il° A. Boieldieu,
sa vie et ses œuvres, par G. Héquet (Paris,
Heuge!, 1864, in-8° de 115 pp., avec portrait et
autographes); 12° Ode sur la mort de Boiel-
dieu, par son compatriote Théodore Lebreton
(s. 1. n. d. [Rouen, imp. Baudry], in-S" de 4 pp.);
13" Boieldieu, sa vie, ses œuvres, son carac-
tère, sa correspondance , par Arthur Pougin
(Paris, Charpentier, 1875, un vol. in-12, avec
portrait et autographe) ; 14" Le Centenaire de
Boieldieu, anecdotes et souvenirs recueillis par
Henry de Thaunberg (Paris, s. d. [1875], Haîi-
lard, in-18 de 93 pp.) ; 15° Les Centenaires
rouennais, Boieldieu, 1875, poëme dédié à la
famille de Boieldieu, par A. Célarier (Rouen,
impr. Cagniard, in-8°) ; 16° Hommage à Boiel-
dieu, cantate pour orphéons, fanfares et mu-
siques militaires, exécutée à Rouen le 13 juin 1875,
en l'honneur du centième anniversaire de la nais-
sance de F. -A. -Boieldieu, musique d'Ambroise
Thomas, paroles de M. Arthur Pougin (Paris, s. d.
[1875], in-S" avec portrîSt, autographe et no-
tice sommaire) ; 17° Hommage à Boieldieu,
stances par M. Frédéric »Deschamps, dites par
M. Maubant, de la Comédie-Française, sur la
scène du Théâtre des Arts, à Rouen, à la repré-
sentation donnée le 14 juin 1875 (s. 1. n. d.
[Rouen, impr. Brière, juillet 187.5], in-8°) .
18° Trois jours à Rouen, souvenirs du Cen-
tenaire de Boieldieu, 13, 14 et 15 juin 1875,
par Edmond Neukornm (Paris, Pont, 1875, in-12).
*B01ELDIEU (Adrien-L.-V.). Voici la liste
exacte des productions dramatiques de ce com-
positeur : 1" Marguerite, 3 actes, Opéra-Comi-
que. 18 juin 1838 ; 2° rOpéra à la Cour, sorte
de pastiche en 4 actes (en société avec Albert
Grisar ), Opéra-Couiique , 16 juillet 1840;
3° V Aïeule, un acte, Opéra-Comique^ 27 août
1841; -4° le Bouquet de l'Infante, 3 actes,
Opéra-Comique, 27 avril 1847 ; 5° la Butte des
Moulins, 3 actes, Théâtre-Lyrique, 6 janvier
1852; 6° la Fille invisible, 3 actes, Théâtre-
Lyrique, 6 février 1854; 7* France et Algérie,
cantate, Opéra-Comique, 15 août 1865; 8° le
Chevalier Lubin, un acte, Fantaisies-Parisien- 1
nés, 23 mai 1866; 9° la Fête des Nations, un
acte, Fantaisies-Parisiennes, 27 avril 1867;
10° la Halle du Roi, 2 actes, théâtre des Arts
(à Rouen), 16 décembre 1875 (1). M. Boieldieu a
encore en portefeuille plusieurs ouvrages, entre
autres un grand opéra « national » en 3 actes,
Alain Blanchart, écrit sur des paroles de
M. Réfuveiile, et dédié par les auteurs à la ville
de Rouen. M. Adrien Boieldieu a écrit et dédié
à la reine d'Espagne une messe à trois voix et
chœur, qui avait été publiée avec accom))agne-
ment d'orgue ou de piano, et qui, orchestrée
par lui, a été exécutée dans la cathédrale de
Rouen, le 15 juin 1875, lors des fêtes organisées
pour le centenaire de Boieldieu.
BOIGXE (Charles DE), écrivain, né vers
1806, a publié en 1857 un livre intitulé : Petits
Mémoires de l'Opéra (Paris, librairie nouvelle,
in-12), qui est un récit familier et anecdotique
(le tout ce qui s'est passé à l'Opéra à partir des
commencements de la direction du docteur Vé-
ron, jusqu'à la tin de. 1854.
* BOILLY (Édoiard), est mort depuis long-
temps déjà, mais j'ignore au juste à quelle épo-
que. Au sujet de cet artiste, j'ai reçu de M. B.
Jullien une lettre dont j'extrais le passage sui-
vant : — '< Les trois enfants du second lit du
peintre Boiily ont été à Versailles mes camarades
(le collège. Jules Boiily, l'aîné des trois , a suivi
la carrière de son père ; il a été peintre, el sur-
tout peintre de portraits. Edouard, le second,
s'est livré à la musique , et a obtenu le grand
prix de composition; le troisième, Alphonse, a
fait de la gravure. L'article de Fétis dit qu'E-
douard , dégoûté de la composition musicale,
s'est donné tout entier à la gravure. II y a ici
une évidente confusion des deux jeunes frères.
Edouard, n'ayant pas eu de succès avec ses opé-
ras, s'est vu réduit à donner des leçons de piano.
Jl est mort le premier des trois frères, el n'a
jamais exercé l'état de graveur. J'étais à son
service funéraire; je l'avais rencontré assez sou-
vent avant sa mort, et il était alors professeur d e
(1) Cet ouvrage avait été reçu et sur le point d'être
joué à l'Opéra populaire (théâtre du Cliàtelet) en 1874,
mais ne put être représenté par suite Je la déconfiture de
rentreprise. Après avoir célébré à une date arbitraire,
c'est àdire en plein été, pour leur donner tout l'éclat et
l'altrait dont elles étaient susceptibles, les fêtes du cen-
tenaire de BoielJieu, li ville de Rouen voulut au jour
exact, le 16 décembre 1875, fêter encore le centième an-
niversaire de la naissance du grand musicien auquel
elle avait donné le jour, et un spectacle extraordinaire
fut, à cet effet, organisé au théâtre des Arts. C'est à
cette occasion qu'eut lien, à ce théâtre, la première re-
présentation de la Halte du Roi, opéra-comique inédit
de M. Ailrien Boieidieu.
BOILLY — BOITEAU
105
piano à Loiiis-le-Grand, si je ne me trompe, et
probablement aussi dans quelques pensions. »
En 1822, l'année qui précéda son heureux
concours à l'Institut, Edouard Boilly avait obtenu
au conservatoire le premier prix de contrepoint
et fugue.
BOILEAU ( ), habile joueur de violon
et de mandore, vivait à la fin du seizième siècle
et au commencement du dix-septième siècle. Il
était au service de Louis XIII alors Dauphin de
France, ainsi qu'on le voit dans le Journal de
Jean Héroard sur l'enfance et la jeunesse de
Louis XIII, qui dit, à la date du 3 février
1604 : «Le Dauphin avoit pour violon et joueur
de mandore Boileau, et pour joueur de luth Flo-
rent Hinilret, d'Orléans, pour l'endormir. »
BOISSELOT (Jean-Louis), né à Montpel-
lier en 1785, y exerça la profession de luthier
jusqu'en 1822, se faisant remarquer par son ac-
tivité et son esprit d'entreprise. En 1823, il en-
voya son fils aîné, Louis Boissolot, à Marseille,
pour y créer un magasin de musique et d'instru-
ments, qui devint bientôt son établissement prin-
cipal. Il vint peu après s'y fixer lui-même. Pres-
sentant l'énorme vulgarisation à laquelle devait
arriver peu à peu le piano, il se décida en 1830
à tenter à Marseille l'organisation d'une manu-
facture de pianos, où se fabriquèrent d'abord
des pianos carrés. En 183i, son fils Louis alla
étudier la ftibricalion du piano à queue dans les
manufactures anglaises, jusque-là fermées aux
étrangers. Louis Boisselot rapporta de ce voyage
des éléments précieux, et amena avec lui des
ouvriers anglais et allemands, qui formèrent en
peu d'années un personnel d'élite. La manufac-
ture marseillaise commença alors la fabrication
des pianos à queue, et prit un développement
rapide ; ses pianos à queue furent longtemps les
meilleurs qui se fissent en France. A l'exposition
de Paris de 1844, plusieurs de ces pianos obtin-
rent le n" 1, et le créateur de l'industrie mar-
seillaise fut récompensé de son esprit d'initiative
par la grande médaille d'or. Jean-Louis Boisselot
mourut en 1847.
Al. R — d.
BOISSF.LOT (Louis-Constantin), fils du
précédent, né à Montpellier en mars 1809, coo-
péra comme on vient de le voir à la création et
au développement de la fabrication de pianos
entreprise par son père, dont il était devenu
l'associé depuis 1838. En 1847, la fabrique Bois-
selot et fils était devenue l'une des plus impor-
tantes de France ; elle construisait annuelle-
ment 400 pianos, qui s'exportaient déjà dans
l'Europe et les colonies. De nombreux brevets
d'invention et de perfectionnement témoignaient
d'études et d'améliorations constantes, notam-
ment les brevets pris pour les barres en fer pla-
cées au-dessous du jiiano et les barres harmo-
niques avec vis de pression (1838), pour le
piano dediharmonique(1839), pour le piano oc-
tavié (1840), pour le piano à son soutenu (1844),
pour le piano planicorde (1849). Les années
1848 et 1849, qui furent pour l'industrie fran-
çaise une époque de crise, vinrent arrêter un
peu ce développement. Louis Boisselot fonda
alors à Barcelone une succursale, bientôt aussi
importante que la maison mère. A l'exposilion
de Paris de 1849, ses pianos obtinrent les pre-
miers rangs, concurremment avec Erard, Pleyel
et Herz, et le rappel de la médaille d'or. Outre
son rôle industriel, Louis Boisselot avait large-
ment contribué au développement de l'art mu-
sical à Marseille, et créé notamment une salle
do concerts. Il fut fondateur et président de
rAssocialion des artistes musiciens de Marseille.
Il mourut en 1850, laissant d'unanirnes'regrets.
Al. R — d.
* BOISSELOT (Xavier), frère du précé-
dent, a popularisé comme compositeur le nom
dont son père et son frère avaient fait la réputa-
tion industrielle. On trouvera dans la Biogra-
phie universelle des Musiciens (l. II, p. 10),
les détails relatifs à ses travaux comme composi-
teur. Devenu industriel à la mort de son frère,
il prit la direction de l'usine en 1850. Les dé-
bouchés augmentaient tous les jours à la suite
des succès obtenus aux expositions. En 1855, la
fabrique de Marseille livrait environ 500 pianos
par an, celle de Barcelone 400. X. Boisselot ob-
tint à l'exposition universelle la médaille de pre-
mière classe et la croix de la Légion d'honneur.
En 1862, à l'exposition universelle de Londres,
il eut le premier rang et la Prize-Medal. Mais
à partir de cette époque, à la suite d'entreprises
nouvelles et de spéculations malheureuses ten-
tées par X. Boisselot, le développement de l'in-
dustrie subit un arrêt de quelques années. En
1865, un incendie détruisit entièrement la ma-
gnifique fabrique de Barcelone. X. Boisselot
abandonna peu après l'industrie. Continuée par
le petit-fils du fondateur, Franz Boisselot, elle
est revenue complètement aujourd'hui à une si-
tuation prospère. Elle livre de 6 à 800 pianos
par an, dont un grand nombre pour l'exporta-
tion. Le nombre des pianos fabriqués depuis la
fondation de la maison est de 18,600.
Al. R — D. ' —
BOITEAU (Dieudonné-Alexandre-Paul),
écrivain et homme politique, né à Paris en 1830,
s'est beaucoup occupé des questions relatives à
l'enseignement en général , et a publié une bro-
106
BOITEAU — BOLZONI
chure ainsi intitulée : De l'enseignement popu-
laire de la mvsique (Paris, Perrotin, 1860,
in-8). Cette brochure est un plaidoyer en faveur
de la méthode Wiîhem et de la notation ra-
tionnelle, et une critique du système delà nota-
tion par le chiffre.
BOITO (Arrigo), '.compositeur, poëte et
critique musical, est né vers 1840, et a fait ses
études au Conservatoire de Milan, où il fut, je
crois, élève de M. F.onchetti pour la composition.
Il lit un séjour de neuf années dans cette école,
où il entra au mois de novembre 1853 pour ne la
quitter qu'au mois de septembre 1862. Une fois
sorti du Conservatoire, M. Boito commença à se
faire connaître comme écrivain en donnant quel-
ques articles de critique musicale à divers jour-
naux, et en publiant de nombreux vers, entre
autres un poëme intitulé il re Orso, qui attira
l'attention et qui fit beaucoup de bruit. En
poésie, M. Boito est de l'école romantique la
plus audacieuse, et en musique quelques-uns
affirment qu'il serre de très-près les théories et
les doctrines de M. Richard Wagner. D'autres
assurent, il est vrai, qu'il y a dans ce jugement
beaucoup d'exagération, et que le jeune musi-
ien est doué d'une assez grande originalité per-
sonnelle pour n'avoir pas à « singer » la manière
du prétendu réformateur allemand. Ce qui pa-
raît certain, c'est que, tant au point de vue
musical qu'au point de vue littéraire, M. Boito a
l'imagination tout à la fois puissante et auda-
cieuse, et que ses tendances sont faites pour
dérouter les esprits craintifs et paresseux.
Cet artiste a débuté, comme compositeur dra-
matique, par un Mephistofele qu'il a donné au
théâtre de la Scala, de Milan, au mois de mars
18G8, et dont l'insuccès a été colossal. Il avait
écrit le poëme et la musique de son opéra, en
reproduisant exactement, dans la forme lyrique,
la marche du Faust de Goethe, sans prendre la
peine d'atténuer ce que certains épisodes pou-
vaient offrir de hardi pour des spectateurs ita-
liens. Dès son apparition, l'œuvre fut discutée
dans la presse et dans le public avec une
ardeur remarquable, et la seconde représenta-
tion donna lieu à un orage indescriptible. Bref,
la chute de Mefistofele fut complète, et il
semblait que jamais le compositeur ne pût s'en
relever.
M. Boito parut alors vouloir se rejeter sur la lit-
térature. Bientôt, il écrivit pour .«on ami et ancien
condisciple Franco Faccio [voy. ce nom) le livret
d'un drame lyrique, Amleto, qui, assez bien ac-
cueilli d'abord à Florence, subit ensuite à la
Scala, de Milan, un sort semblable à celui de Me-
Ustofele. Depuis lors, il a composé le poëme et
la musique d'un petit opéra en 2 actes, Eio c
Leandro, qui n'a pas encore été représenté,
il a fourni à M. Gaetano Coronaro les paroles
de l'opérette un Tramonto, que celui-ci a fait
exécuter an Conservatoire de Milan en 1873, il a
donné à M. Ponchielli (sous le pseudonyme ana-
grammatique de Tobia Gorrio) le livret de la Gio-
conda que ce compositeur a fait représenter ré-
cemment à la Scala, et enfin il travaille en ce
moment à la musique d'un grand drame lyrique
intitulé Nerone.
Mais si le Mefistofele de M. Boito a été mal-
heureux en 1868 à Milan, il a pris à Bologne,
en 1875, une revanche éclatante. Bologne, ou le
sait, est la ville la plus avancée de l'Italie au
point de vue des idées musicales; c'est-à-dire
qu'elle ne craint ni les hardiesses, ni les essais,
ni les tendances nouvelles ; elle a fait un très-
chaud accueil à la partition du jeune composi-
teur, que celui-ci, d'ailleurs, avait profondément
remaniée pour la circonstance, retranchant un
certain nombre d'épisodes qui faisaient longueur,
ajoutant deux morceaux nouveaux, et refaisant
presque toute l'instrumentation. L'n critique ita-
lien m'écrivait à ce sujet : « Selon moi, Mefisto-
fele est un ouvrage de primissimo ordine, et
si Boito est inférieur à Gounod pour le côté mé-
lodique, il lui est infiniment supérieur pour l'in-
terprétation du drame de Goethe, pour la gran-
deur et l'élévation du style. M. Boito est un grand
musicien, et sa musique ne ressemble à celle
d'aucun autre. « Je ne puis contrôler celte
opinion, mais je la donne pour celle d'un artiste
sincère et profondément épris du beau partout
où il croit le rencontrer.
BOLAFFl (Michèle), poëte et compositeur
italien assez habile, né à Livourne de parents
Israélites, est l'auteur de Set Salmi penitenziali
a due voci, cou basso d'accompagnamento. Je
ne crois pas que cet artiste ait rien de commun
avec le Michèle Bolaffi mentionné dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens.
BOLCK (Oscar). Un artiste de ce nom a fait
représenter à Altenbourg, en 1874, un opéra inti-
tulé Pierre Robin.
BOLZOXI (Giovanni), jeune compositeur ita-
lien, est né, je crois, à Parme, et a fait repré-
senter à Savone, en 1871, un opéra intitulé la
Stella délie Alpi. Cet ouvrage, reproduit à
Parme en 1875, na obtenu, dans l'une comme
dans l'autre ville, qu'un médiocre succès. M. Bol-
zoni, qui est aujourd'hui directeur de l'Institut
musical de Pérouse, a obtenu en 1874 le pre-
mier prix au concours ouvert par la Società del
quartetto de Milan, pour la composition d'une
ouverture.
BOMBARDI — BONIFORTI
i07
BOMBARDI (Paolo), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra sérieux en 3 actes, Isa-
bella Orsini, qui a été représente sur le théâtre
Nuovo, de Vérone, le 18 avril 1866.
'' BOIVA (Pasquvle) (1), professeur de chant
pour les hommes au Conservatoire de 3Iilan el
compositeur, est né à Cerignola, dans la Capita-
nate, le3 novembre 1816, et a fait toutes ses
études musicales au collège du Bon-Pasteur,
de Palerme. Après avoir fait représenter à la
Scala, de Milan, ses deux opéras : i Luna e i Pe-
rollo (26 novembre 1844), et Don Carlo
(23 mars 1847), il donna au théâtre Regio de
Turin il Gladiaiore, et au Carlo-Felice, de Gè-
nes, Vittoria, la madré degli esercui (26 fé-
vrier 1863). Ce dernier ouvrage, dont le livret
excellent avait été tiré par Marco Marcello d'un
roman d'Eugène Sue, les Mystères du Peuple,
et qui était chanté par la Tosi, la Berini, le ba-
ryton Storti et le ténor Limberti, réussit brillam-
ment, et la musique en fut remarquée. Pourtant,
il ne paraît pas s'être soutenu au répertoire des
théâtres italiens. Au mois de février 1851 ,
M. Bona fut nommé professeur d'harmonie au
Conservatoire de Milan, au mois de novembre
suivant il devint professeur de chant pour les fem-
mes, et depuis 1859 il est à la tête d'une classe de
chant pour hommes. Cet artiste a publié : 7 Mé-
thodes pour les diverses voix (Milan, Ricordi) ; 4
Recueils de vocalises, et 100 Exercices journaliers
(id., Cdnti) ; 100 Solfèges (Turin, Giudici et Stra-
da)-, 100 Cadences pour toutes les voix, et 50
Duetti sans paroles (Milan, Ricordi) ; Metodo di
divisioneiiA., Canti) ; Cantate funèbre à la mé-
moire du comte de Cavour(id., id.) ; la Setti-
mana musicale, sept duos pour piano et clari-
nette (id., Ricordi); la Collana Verdiana,
collection de fantaisies pour violon et violoncelle
(id., id.).
BOIVEVVITZ (Jean-Henri), pianiste et com-
positeur allemand , né à Durkheim , sur le Rhin,
le 4 décembre 1839, fit ses premières études
musicales au Conservatoire de Liège, et partit à
l'âge de treize ans pour l'Amérique, où il n'eut
plus d'autre maître que lui-même; il ne dut ainsi
qu'à l'amour de l'art et à son goût pour le travail
le développement d'un talent que l'on dit fort
distingué. De retour en Allemagne en 1861,
M. Bonewitz se fixa à Wiesbaden, ce qui ne
l'empêcha pas de faire des excursions artistiques
en Allemagne même , puis en Angleterre et en
France , où il fit applaudir son talent de virtuose
(1) Et non PietroBona, comme il est dit dans la Bio-
graphie universelle .des Musiciens. En complétant cette
notice, j'en rectifie les faits d'après des documents cer-
tains. — A. P.
et de compositeur. Depuis lors il est retourné en
Amérique , et il a fait représenter à l'Académie
de musique de Philadelphie deux opéras : ta
Fiancée de Messine (mai 1874), et Ostrolenka
(I875J. M. Bonewitz a publié pour le piano un
certain nombre de compositions importantes,
parmi lesquelles il faut surtout signaler : Fantaisie
de concert, op. 22 ; Sur la mer, grande fantaisie,
op. 28; concerto, avec accompagnement d'or-
chestre , op. 36 ; fantaisie sur Roméo et Juliette,
de Gounod ; sonate pour piano et violon , op. 40 ;
concerto pour deux pianos ; quatuor pour piano
et instruments à cordes. On a aussi parlé d'un
opéra-comique allemand de M. Bonewitz, intitulé
Diogène; mais j'ignore si cet ouvrage a été re-
présenté.
BOXEL ( ). Un artiste de ce nom a écrit
les paroles et la musique d'un « opéra-vaude-
ville » en un acte, la Jolie Parfumeuse, qui a
été représenté sur le théâtre de Caen, le 27 oc-
tobre 1842.
* BONFICHI (Don Paolo). Les ouvrages
suivants n'ont pas été compris dans la liste des
œuvres de ce compositeur : l** la Notte del
Natale, cantate, Rome, 1824 ; 2° It7-e FanciulU
nella fornace di Babilonia, oratorio, ibid. ;
3" il Paradiso perduto, oratorio, ibid.; k° la
Morte diBaldassare, oratorio, ibid., 1827; 5°
Eliasul Carmelo, oratorio., ibid.; (>" Ester,
ossia la morte d'Amanno, oratorio, ibid.;
7" Vlnvenzione e reposizione del corpo di S.
Cecilia, cantate, ibid., 1828; 8" i Tratteni-
menti diFiUppo Neri, ibid., 1829.
BOi\GIOVAlXx\l (....), piofesseur italien,
est l'auteur d'un écrit publié sous ce titre : Avver-
tenzenecessarie sulladisposizione delta chia-
ve e degli accidenti sia fondamentali cfie ac-
cidentait negli strumenti da fiato (Paleime,
Barcellona, 1876).
* BOi\HOMME (l'abbé Jules). On a, sous
le nom de cet ecclésiastique, un ouvrage ainsi
intitulé : Principes d'une véritable restaura-
tion du chant grégorien, et examen de quel-
ques éditions modernes de plaln-chani, Paris,
1857, un vol. in-8° avec planches.
BONI ( ), artiste sous le nom duquel
on représenta à Modène, le 27 décembre 1700,
une pastorale intitulée il Figlio délie Selve.
* BONI (Gaetano). Ce compositeur a publié
plusieurs œuvres de musique instrumentale. J'ai
eu entre les mains uu recueil de dix Sonate a
violino e violone o cembalo, op. 3 (Rome,
Fasoli, 1741, in-f' oblong).
BONIFORTI (Carlo) , compositeur, pro-
fesseur au Conservatoire de Milan , est né à
Arona, dans la province de Novare. Il fit ses
108
BONIFORTI — BOOTH
études musicales à Milan, sons la direction de
Bonazzi, premier organiste de l'église métropoli-
taine et maître de chapelle de la cour, et en 1841
succéda à son maître dans ces doubles fonctions.
Au bout de trois années, M. Boniforti, qui vou-
lait se livrer à la composition théâtrale, conserva
seulement l'emploi de maître de chapelle de la
cour, et bientôt il produisait au théâtre de la
Scala deux opéras sérieux qui étaient fort bien
accueillis : Velleda (1347), et Giovanna di
Fiandra (1848). En 1852, il devint, à la suite
d'un concours, professeur dharmonie, de con-
trepoint et de fugue au Conservatoire de Milan.
M. Boniforti, qui fut élu membre honoraire de
l'Académie de Sainte-Cécile de Rome, à la suite
du succès obtenu par une ouverture qu'il avait fait
exécuter au théâtre Argentina de cette ville, a
écrit beaucoup de compositions religieuses, avec
accompagnement d'orgue ou d'orchestre. Une de
ces compositions, un Padre îSostro a voci i-eali
di siile osservato, a été couronné en 1869 par
l'Institut musical de Florence.
BOAW.VSSIES (JiiLEs) , historiun théâtral,
naguère attaché au bureau des théâtres de la
direction des beaux-arts, au ministère de l'inté-
rieur, est l'auteur d'un écrit intitulé : la Musique
à la Comédie-Française (Paris, Baur, 1874,
gr. in-8"), dans lequel on trouve des renseigne-
ments utiles et inédits, tirés des registres de ce
théâtre.
* BO\X AY (François). A la liste des petits
opéras^que ce compositeur a fait représenter au
théâtre des Beaujolais, il faut ajouter les deux
suivants; i° Colin et Colette, 1786; T les
Amants ridicules, 1790.
BOKIXEFOY ( ), chanteur, qui a tenu
l'emploi des premières casses sur divers théâtres
de province, notamment à Strasbourg et à Lille,
et qui a été directeur du théâtre de cette der-
nière ville, a écrit la musique d'un opéra comi-
que en un acte, le , Maestro de bourgade, qui a
été représenté à Strasbourg au mois de fé-
vrier 1867.
BOMMETTI (ViNCENzo), pianiste, chef dor-
chestre et compositeur italien, fut d'abord chef
d'orchestre dans divers tiiéâtres de la Péninsule,
et vint remplir les mêmes fonctions au Théâtre-
Italien de Paris pendant les années 1860, 1861
et 1862. Le 21 novembre 1860, il faisait exécu-
ter dans l'église Saint-Eustache, pour la fête
que l'Association des artistes musiciens donne
chaque année le jour de la Sainte- Cécile, une
messe solennelle qui fut jugée fort médiocre.
En 1863, Bonnetti allait diriger l'orchestre du
théâtre Italien de Cadix, et l'année suivante il
faisait représenter en cette ville un opéra sé-
rieux, Giovanna Shore, qui, malgré la présence
de M'"" Penco, à laquelle l'auteur en avait confié
le principal rôle, n'obtenait qu'un mince succès.
En 1865 et 1866, cet artiste devenait chef d'or-
chestre du théâtre de l'Oriente, à Madrid, et, peu
de temps après, revenait en France. Il mourut
à risle-Adam, le 11 juin 1869, laissant, au
dire des journaux , au Conservatoire de Milan
» une somme suffisante pour décerner chaque
année un prix de 500 francs au jeune compositeur
qui aurait écrit le meilleur opéra ».
BOIVXIN ( ), membre de la Société de
l'Histoire de France, de la Société libre de
l'Eure et secrétaire de la Commission des Ar-
chives historiques, est, avec M. Chassant, l'édi-
teur de la très-intéressante et utile publication
laite sous ce titre : Puy de musique érigé à
Évreux en l'honneur de madame sainte Cé-
cile, publié d'après un manuscrit du xvi' siècle
(Kvreux, impr. Ancelle, 1837, in-8" de 88 pp.).
* BOXOLDl (Fr.\ncesco) , compositeur et
professeur de chant, ancien éditeur de musique
à Paris, est mort à Monza, près de Milan, le
24 mars 1873. Son opéra, il Maure, avait été
représenté à Trieste non en 1831, mais en
1833.
BONOMO (Girolamo), professeur italien,
a publié un traité intitulé Nuova Scuola di ar-
monia (Palerme , Stamcampiano, 1875).
* BOOM (Jean Van), flûtiste et compositeur,
était né à Rotterdam, non en 1773, mais le
17 avril 1783.
* BOOM (Jean VAN), pianiste et composi-
teur, (ils du précédent, était né à Utrecht, non
en 1808, mais le 15 octobre 1807. Il est mort à
Stockolm au mois d'avril 1872.
BOOM (Herman Van), frère du précédent,
flûtiste de premier ordre, est né à Utrecht en 1 809,
et comme exécutant jouit dans sa patrie d'une
grande et légitime réputation. M. Van Boom a
reçu d'abord des leçons de flûte de son père,
Jean Van Boom (voyez Biographie universelle
des Musiciens, t. Il), et à l'âge de dix-sept ans
se rendit à Paris pour recevoir les conseils de
Tulou, qui ne tarda pas à le prendre en affec-
tion. En 1830, il retourna dans les Pays-Bas et se
fixa à Amsterdam, où bientôt il fut engagé comme
première flûte solo des concerts de la Société
philharmonique de Félix Meritis, emploi qu'il
occupe encore aujourd'hui. M. Van Boom, qui
est incontestablement un artiste d'une grande
valeur, a été nommé en 1863 flûte solo de S. M.
le roi des Pays-Bas. Il est chevalier de l'ordre
de la Couronne de chêne et de l'ordre suédois de
Gustave Wasa. Ed. de H.
BOOTH (William), est le nom d'un luthier
BOOTH — I30RDÈSE
100
anglais qui exerçait sa profession à Leeds en 1779.
Il eut un fils qui lui succéda.
BORAiXI (Giuseppe), pianiste, compositeur
et professeur dont l'enseignement est renommé
en Italie, a publié en (863 et 18C4, cliez l'édi-
teurLucca, de Milau, deux ouvrages didactiques
qui ont été accueillis avec la plus grande faveur
par la critique et qui lui ont fait le plus grand
honneur; l'un est intitulé Grammatica musi-
cale, l'autre Melodo per il pianoforte, facile
e progressivo. M. Borani est aussi l'auteur d'une
bonne méthode de chant, divisée en trois par-
ties, et il a publié encore un certain nombre de
compositions vocales que l'on dit fort distinguées,
entre autres un album intitulé Serale di Pri-
mavera (Turin, Blanchi), qui contient trois ro-
mances et trois duos d'un excellent effet.
BORSCHITSKY ( ), est l'auteur d'un
écrit publié en Angleterre sous ce titre : Musical
éducation, a suggestion that vocal music
should become a regular, instrumental ahi-
glier, branch of éducation, Londres, s. d.
(1859), in-8" de 42 pp.
* BORDE (Jean-Benjamin DE la). Au nombre
des ouvrages dramatiques de ce riche amateur
il faut compter les suivants, qui n'ont pas été
compris dans la liste de ses œuvres : 1° les Bons
Amis, un acte, Comédie-Italienne, 5 mars 1761 ;
2° V Anneau perdu et retrouvé , 1 actes, ibid.,
20 août 1764 (l'auteur s'était servi, pour cet
ouvrage, de la musique des Bons Amis, qui
étaient tombés à plat le jour de leur première
représentation) ; 3° Thétis et Pétée, tragédie
lyrique, donnée sur le théâtre princier de Choisy
le 10 octobre 1765 ; 4° Zenis et Amalazie , bal-
let en un acte (en société avec Buri) , donné à
Fontainebleau, devant la cour, le 2 novembre
1765 ; 5° le Boulanger ou les Amours de Go-
nesse, Comédie-Italienne, 1765 ; 6° la Meunière
de Gentilly, un acte, Comédie-Italienne, 13 octo-
bre 1768 ; 7" Alix et Alexis 2 actes, donné à
Choisy, devant le roi, le 6 juillet 1769; 8» le Chat
perdu , un acte, 1769 (j'ignore le lieu de repré-
sentation de cet ouvrage, mais je sais que la par-
tition en a été gravée) ;; 9° le Marin ou le Rival
imprévu, 2 actes, reçu à la Comédie-Ilalienne,
mais non joué à ce théâtre; 10» La Chercheu-
se d'esprit, rcm&^tn musique; enfin, plusieurs
autres ouvrages, que de La Borde écrivait pour
les théâtres particuliers de la cour et de divers
grands seigneurs et dont voici les titres : 11» /e
Dormeur éveillé ; 12'* le Revenant ; 13" la Man-
dragore ; 14» le Coup de fusil; 15" Fanny ;
16° Candide ; n» Colette et Mathurin ; 18" le
Rossignol; 19o Jeannot et Colin; 20° le Pro-
jet; 21" le Billet de mariage.
* BORDESE (Lligi). Fixé à Paris depuis sa
jeunesse, cet artiste a fini par renoncer complète-
ment au théâtre, où il n'avait pu rencontrer un
succès, pour se livrer à l'enseignement et se con-
sacrer à la composition en dehors de la scène. Ce
qu'il a écrit depuis vingt-cinq ans est incalcu-
lable, et la liste de ses œuvres en tous genres
couvrirait plusieurs pages de ce volume ; pous-
sée à un tel point, la faculté de production con-
fine de beaucoup plus près au métier qu'à l'art.
Cependant, M. Bordèsecontinued'avoir beaucoup
de succès auprès des éditeurs, ce qui prouve que
le public est avec lui. Sans entrer dans le détail
complet de ses innombrables publications, j'en
citerai pourtant un certain nombre : Méthode
élémentaire de chant, suivie de vocalises et
d'exercices journaliers (Choudens); Méthode de
chant (Gambogi) ; Solfège élémentaire, avec
accompagnement de piano (id.); École de mxi-
sique vocale d'ensemble, 30 leçons de chant à
2 voix (Choudens); 36 leçons de chant faciles
et graduées (Gérard) ; VArt de vocaliser, d'a-
près Rossini (id.) ; messe solennelle de Gloria,
à 3'voix, chœur et orgue (Schonenberger); messe
du Saint Esprit, à 2 voix, chœur et orgue (id.) ;
messe de Requiem à 2 voix (id) ; messe complète
à 3 voix (id.); la Semaine religieuse des de-
moiselles, 8 motets à 1 voix (id.) ; Nouveau
mois de Marie, 12 prières à la Vierge, à 1 ou
2 voix (id.); 100 Chants sacrés à 4 voix
d'hommes , avec accompagnement d'orgue ou
d'harmonium (id.); le Trésor musical des en-
fants, 90 chants et prières à 1 ou 2 voix (id.);
Bouquet musical et religieux, 10 morceaux à
plusieurs voix, pour le mois de Marie (id.),
Solennités religieuses, 101 solos, duos et trios
pour différentes voix, sur paroles latines, avec
accompagnement d'orgue ou d'harmonium (id.) ;
Fiori d'Italia, 14 chants (id.) ; Frère et sœur,
Fais ce que dois, le Moulin des oiseaux.
Ores te et Pylade, Fort comme un Turc, les
Orphelines, Royal-Dindon, le Miracle des
Roses, la Fête des Fleurs, les Deux Turcnnes,
Assaut de Soubrettes, opérettes pour pension-
nats; Aoé, David chantant devant Saiil, les
rois Mages, Bet/ilécm, la Prophétie, Judas,
Jérusalem, V Aveugle de Jér/c/io, scènes bibli-
ques; le Pêcheur roi, Faust, Jocelyn, la Vi-
sion de Jeanne d'Arc, le Doigt de Dieu, V En-
fant égaré, la Jeune Martyre, Cora, la Jeune
Négresse, Charlotte corday, la Vierge\de Vau-
couleurs, Chimène, Clotilde, reine des Francs,
Jeanne \Grey, le Songe de lady Macbeth,
Jeanne d'Arc à Rouen, Sapho, scènes drama-
tiques et lyriques ; les Fêtes bénies, album de
12 chants religieux à 1, 2 ou 3 voix; 3 hymnes
HO
BORDÈSE — BORNAGCINI
sacrées, pour 2 voix égales; 4 mélodies reli-
gieuses ; 6 chœurs pour distributions de prix ;
21 chants célestes, à 3 voix; les Femmes de la
Bible, 12 morceaux à 1 voix. Enfin, à tout cela,
il faut ajouter encore plusieurs centaines de
mélodies, romances, chansons, airs, cavatines,
duos, trios, chœurs, motets, morceaux de genre,
etc. M. Bordèse avait fait recevoir en 1867,
au Théâtre-Italien de Paris, un opéra semi-
sérieux en 3 actes, la Fioraia, qui n'a pas été
représenté.
BORDIER (Paul), compositeur, est auteur
de la musique de la Fiancée d'Abydos, drame
lyrique en 2 actes, écrit sur des paroles de
M. F. Dartol. Cet ouvrage n'a pas été représenté,
mais la partition pour chant et piano en a été
publiée vers 1865 (Paris, Relté, in-S").
BORDOX'I (Fka^cesco), compositeur, na-
quit à Lucques au commencement du dix-sep-
tième siècle. On sait qu'il a écrit, pour les solen-
nités qui avaient lieu à l'église de Santa-iMaria
Corle-Orlandini, plusieurs oratorios importants ;
mais on ne peut juger ni du talent de l'artiste ni
de la valeur de ses compositions, celles-ci ayant
toutes été perdues.
BORELLI ( ), compositeur italien , a
écrit la musique d'un ballet, Claretla Angot,
représenté au théâtre Victor-Emmanuel , de
Turin, en 1875.
* BORGIII (Jean-B\i>tiste). Un opéra inti-
tulé il Tempio di Gnido n'a pas été compris
dans la liste des œuvres de ce compositeur. Le
livret imprimé de cet ouvrage f indique Borglii
comme étant né à Camerino; il y aurait donc eu
erreur à fixer le lieu de sa naissance à Orvielo.
Un autre opéra, Egdina, représenté au théâtre
de la Scala, de Milan, en 1793, doit prendre
place aussi au nombre des productions drama-
tiques de ce compositeur, ainsi que Merope,
drame lyrique donné à Rome en 1768.
BORGHI-MAMO ( AnÉLAmE BORGHJ,
épouse MAMO, connue sous le nom de M'"^),
cantatrice remarquable, douée d'une admirable
voix de mezzo-soprano, a obtenu pendant
vingt-cinq ans , en Italie , en France, en Angle-
terre et en Russie, les succès les plus éclatants.
Née à Bologne en 1829, selon le Dizionario bio-
grafico de Fr. Regli , elle eut pendant quelque
temps sinon l'enseignement proprement dit, du
moins les conseils delà Pasta. En 1846 elle dé-
butait à Urbino dans le Giuramento de Mer-
cadante, magnifique partition qui lui valut tou-
jours ses plus beaux succès. En 1849 elle était à
Malte, où elle épousait M. Mamo. En 1853, M. le
colonel Ragani, alors directeur du Théâtre- Ita-
lien de Paris , l'engageait à ce théâtre, où elle
resta jusqu'en 1856, chantant successivement il
Trovaiore, Matilde di Sabran, Semiramide,
Gli Arabi nelle Gallie, il Crociato in Egitio,
et créant plus tard, à sa rentrée sur cette scène ,
le rôle principal de Margherita la Mendicante,
opéra nouveau du jeune maestro Braga ( F. ce
nom), qui fut longtemps son accompagnateur et
son protégé.
En 1856, M'"" Borghi-Mamo quittait la scène
italienne pour la scène française , et passait au
théâtre de lOpéra où elle débutait dans le rôle
de Fidès du Prophète, et dans celui de Léonor
de la Favorite. Ce dernier surtout lui fui parti-
culièrement favorable. Elle chantait ensuite au
même théâtre ceux d'Azucena du Trouvère, de
Mélusine dans la Magicienne, et d'Olympia
dans Herculamim, puis, en 1860, rentrait au
Théâtre-Italien pour y créer l'opéra de M. Braga.
Après avoir quitté Paris, M"' Borghi-Mamo
poursuivit à l'étranger le cours de ses succès, se
lit applaudir en Angleterre et en Russie, puis re-
tourna en Italie. Elle s'est retirée récemment
du théâtre, pour se flxer, dit-on, à Florence.
J. D. F.
Une fille de cette artiste, M"« Erminia Borghi-
Mamo, a abordé le théâtre en ces dernières années
et s'est révélée elle-même comrue une cantatrice
fort distinguée. Douée d'une belle voix de so-
prano, suave et pénétrante, qu'elle conduit avec
goût et à laquelle elle sait donner des accents
pathétiques et passionnés, elle semble marchera
grandspassurles traces de sa mère. M"« Erminia
Borghi-Mamo a obtenu en 1875 un grand succès
au théâtre communal de Bologne, en jouant le
rôle de Marguerite dans le Mefistofele de M. Ar-
rigo ^o\io. {Voyez ce nom.) Elle a été aussi fort
bien accueillie au Théâtre-Italien de Paris, où
elle s'est fait entendre pendant la saison de 1876-
1877.
BORIO (Gilseppe), musicien italien, est
auteur de l'écrit suivant : Sulla opportunilà
di una nuova segnatura musicale, Milan,
1842.
* BORIXACCIXI (Joseph), compositeur
dramatique, né à Ancône en 1805, se rendit en
1810 à Rome avec sa famille, et commença l'é-
tude de la musique en cette ville, à l'âge de
sept ansj^sous la direction de Santé Pascal!, or-
ganiste du Vatican. Il travailla ensuite avec Va-
lentino Fioravanti, et, sur le conseil de celui-ci,
partit pour Naples, où il se fit recevoir au col.
lége de musique de Saint-Sébastien (1822). Il
eut pour maîtres dans cet établissement Furno,
Mosca, Tritto, et, à la mort de celui-ci, Zinga-
relli lui-même, alors directeur du collège. Après
avoir fini ses études et s'être e\ercé dans quel-
BORNACCIM — BORSSAT
m
ques compositions d'importance secondaire, il
retourna à Ancône, y produisit quelques œuvres
profanes et religieuses, puis alla à Venise, et
donna au théâtre Malibran de celte ville son
premier opéra, Aver moglie è poco , guidarla
è molto, qui fut très-bien accueilli. A Venise,
M. Bornaccini retrouva Bellini, avec qui il avait
étudié à Naples, et assista à plusieurs répéti-
tions de Béatrice di Tenda, que celui-ci mettait
alors en scène, mais ne put voir la première re-
présentation , obligé qu'il était de retourner à
Ancône. Lorsque Bellini lui eut fait connaître par
écrit le mauvais accueil que les Vénitiens
avaient fait à sa Béatrice, M. Bornaccini prit la
résolution de ne plus écrire pour le théâtre,
n'ayant plus confiance dans le jugement du pu-
blic. Cependant, comme il avait pris quelques
engagements, il lui fallut les tenir, et c'est ainsi
qu'il érivit encore Ida (Venise, Th. Apollo,
1S33), et i due Incogniti (Rome, Th. Valle,
1834).
M. Bornaccini se rendit ensuite àTrieste, et,
tout en se consacrant à l'enseignement et sans
abandonner la composition, il renonça complè-
tement, comme il l'avait résolu, à la carrière de
musicien dramatique. A part un assez grand
nombre décantâtes, il n'écrivit plus pour le
théâtre qu'un petit opéra de circonstance en un
acte, l'Assedio di Ancona del 1174, ouvrage qui
fut représenté à Ancône en 1861, à l'occasion de
la proclamation du statut national italien. M. Bor-
naccini occupait dans sa ville natale ime situation
importante, et i! était devenu mailrede chapelle
de la cathédrale, directeur de l'Académie phil-
harmonique et directeur de l'école communale de
musique; depuis quelques années il a résigné ces
divers emplois, pour pouvoir prendre le repos
dont sa vieillesse avait besoin.
On a lu plus haut les titres des quelques opé-
ras écrits par M. Bornaccini ; il y faut joindre les
cantates conoposées en diverses circonstances :
1° Cantate pour la fête de Sainte-Cécile, Ancône,
1825; 2° Cantate pour l'arrivée de l'empereur
Ferdinand II, Trieste, 1844; 3° il Giuramento
iialiano , Ancône, 1848; 4° Cantate , Ancône,
1849; 5" rinaugurazione, Ancône, 1855; 6" il
Trlbuto, Ancône, 1855; 1° Cantate pour le cen-
tenairede saint Ciriaque, Ancône 1856 ; 8° Can-
tate pour l'arrivée de Pie IX, Ancône 1857.
M. Bornaccini a écrit aussi un grand nombre de
compositions religieuses et profanes, messes,
vêpres, motels, graduels, offertoires, avec ac-
compagnement d'orchestre ou d'orgue, plusieurs
ouvertures à grand orchestre, un concerto pour
hautbois et cor anglais, une Élégie à la mort de
Bellini, des mélodies vocales, etc., etc.
* BORiVET ahié, a écrit la musique d'un
opéra-comique en un acte, le Laboureur devenu
gentilhomme, qui ne fut point représenté , mais
dont le livret, œuvre d'un écrivain nommé Bou-
teiller, a été imprimé. Cet artiste a publié Six
sonates d'ariettes d'opéras- comiques arran-
gées pour un violon seul avec la basse chiffrée
(Paris, Bouin).
BORODIXE (A ), musicien russe con-
temporain , est l'auteur d'une symphonie en si
mineur, à grand orchestre, dont l'éditeur Bessel,
de Saint-Pétersbourg, a publié une réduction
pour le piano à quatre mains. Je n'ai aucun autre
renseignement sur cet artiste.
BORREMANS (Joseph) , compositeur, or-
ganiste et chef dorchestre, né à Bruxelles le
25 novembre 1775, fut en celte ville maître de
chapelle de l'église de Sainte-Gudule, organiste
de celle de Saint-Nicolas et second chef d'or-
chestre du théâtre royal de la Monnaie, où il fit
représenter les ouvrages suivants : i° le Klap-
perman ou le Crieur de nuit d'Amsterdam,
opéra-comique en un acle;(3l octobre 1804);
2° la Femme impromptue, o^évà bouffe (1808);
3° l'Offrandeà Vlujmen, scène lyrique (31 oc-
tobre 18IG). Comme organiste, cet artiste se fai-
sait remarquer, dit-on , par un véritable talent
d'improvisation ; comme compositeur religieux,
il a laissé des messes, des Te Deum , des mo-
tets, etc., avec accompagnement d'orchestre. Bor-
remansestmortà Uccle-lez-Bruxelles, le 15 dé-
cembre 1858, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Son frère aîné, Charles Borremans, né à Bruxel-
les le 25 avril 1769, et mort en celte ville le 17 juil-
let 1827, était \ioloniste, et fut chef d'orchestre
du théâtre de laMonnaie de 1804 à 1825. La fa-
mille Borremans était alliée à la famille Artot
{voy. ce nom), la sœur de Joseph Borremans
ayant épousé Maurice Artot, père du fameux
violoniste Joseph-Alexandre Artot.
BORSOM ( ). Un artiste de ce nom a
écrit la musique de quelques ballets-pantomi-
mes et divertissements représentés à r Ambigu-Co-
mique en 1772 et 1773; 1" Arlequin chez les
Patagons; 2° Rohlnson Crusoé; 3° le Bracon-
nier anglais.
BORSSAT (...,,..),filsd'un comédien de pro-
vince qui avait créé à Paris une agence d'affaires
théâtrales, naquit vers 1835. Il devint chef d'or-
chestre de divers théâtres secondaires, entre au-
tres le théâtre Beaumarchais et le Grand-Théâ-
tre Parisien, et écrivit pour ces scènes éloignées
la musique de quelques opérettes : la Leçon d'a-
mour, Grand-Tliéàtre Parisien, 1865; les Amou-
reux de Lncette, Th. Beaumarchais, 1867 ; Ça
brûle', gare aux doigts' id., 1869.
112
BORTNIANSKY — BOSIO
* BOIITIXIAXSKY ( Dmitri-Stepano -
vitch). J'ai acquis la preuve que ce compositeur,
pendant son séjour en Italie, a écrit au moins un
opéra italien. La Cronistoria dei Teatri cil Mo-
dena (Modène, 1S73), enregistre, à la date du
26 décembre 17/8, la représentation de Quinto
.Fabio, nouvellement mis en musique par lui sur
le poëme de Métastase. Je ne pense pourtant pas
que ce soit en cette ville qu'il ait été joué pour la
première fois.
BORZAGA (Egyd), violoncelliste, naquit à
Prague le l"^' septembre 1802. En 1853, lorsque
M. Vieuxtemps, le célèbre violoniste, visita
Vienne, ce fut Borzaga qu'il choisit pour tenir
la partie de violoncelle dans les quatuors qu'il
faisait entendre. Borzaga , qui était membre de
la chapelle impériale, est moit le 15 novembre
1858. Y.
BOS (Pierre), professeur de musique , élève
d'Emile Chevé , est l'auteur du manuel intitulé :
Cours de viusique théorique et pratique,
principes élémentaires ( Paris, librairie de
l'Écho de la Sorbonne, in-lG). M. Bos lui-même
caractérise ainsi son traité : " Cet ouvrage con-
tient, non-seulement toute la théorie élémentaire,
c'est-à-dire la théorie des intervalles, des modes,
des tons, de la modulation, de la mesure, de
l'écriture usuelle, de la transposition et du mé-
canisme vocal ou chant proprement dit , mais
encore des notions suffisantes sur les diverses
méthodes qui se partagent l'enseignement mu-
sical ; et si l'auteur a manifesté ses préférences
pour une méthode destinée à faciliter singuliè-
rement l'étude de l'intonation et de la mesure, il
n'en a pas moins fait une exposition complète de
là notation usuelle, et \n^\q\ié les moyens les plus
|)ropres à familiariser avec la lecture sur toutes
les clefs et la;transposition dans un ton quelcon-
que. » Ceci revient à dire que les adeptes mêmes
de la méthode Chevé en arrivent à comprendre
que si quelques parties de celte méthode peu-
vent servir de moyens pédagogiques , l'ensemble
du système n'en doit pas moins laisser la place
à celui de la notation usuelle et rationnelle. Pour
notre part, nous n'avons jamais dit autre chose.
BOS, BOSSUS ou BOSSIUS (Hans), fac-
teur d'orgues fort habile, naquit au commence-
ment du seizième siècle, probablement à Anvers,
où il exerçait sa profession et où il se maria en
1543. Il fut reçu en 1558 dans la gilde de Saint-
Luc, sous le nom de << maître Hans Bos, facteur
d'orgues », mais il était aussi facteur de clavecins.
11 jouissait d'une grande renommée et d'une véri-
table autorité à Anve\ s , car ce fut lui qui , en
1546, fut chargé d'examiner les nouvelles orgues
de l'église Saint- Jacques , qui, peu de temps
après, déplaçait les grandes orgues de la cathé-
drale, les accordait et en réparait la soufllerie,
qui, enfin, en 1572, figurait aunombre des témoins
qui assistaient à la signature du contrat relatif
à la reconstruction de l'orgue de la chapelle
de la Vierge à la cathédrale.
BOSCOVVITZ (F ), pianiste, composi-
teur de petite musique de piano , a publié une
centaine de ces morceaux de genre que chaque
jour voit éclore, et pour lesquels il se trouve
toujours des amateurs sans sévérité parce qu'ils
sont sans instruction. Les petits morceaux de
M. Boscowitz ne sont ni meilleurs ni pires que
tant d'autres, mais ils sont absolument inconnus
des véritables artistes.
BOSIO (Angiolina), cantatrice très-distin-
guée , issue d'une famille de comédiens, naciuit
en 1824 et fit son éducation musicale sous la
direction du professeur V. Cattaneo. Elle dé-
buta d'abord au théâtre Re, de Milan, dans i Due
Foscari, et à vingt ans était déjà une chan-
teuse di cariello. Elle quitta l'Italie de bonne
heure, ses succès la faisant rechercher à l'é-
tranger, se fit entendre à Paris et à Londres , où
elle fut reçue avec la plus grande faveur, puis
accepta un brillant engagement pour l'Amérique,
où elle épousa un Grec du nom de Xindavelo-
nis , qui lui avait offert ses services comme
courrier. Cette union ne fut pas malheureuse,
comme tant d'antres, mais elle fut stérile, île
sorte qu'à la mort, si prématurée, hélas! de la
brillante cantatrice , ce fut le mari qui profita,
au détriment de la famille , des économies con-
sidérables réalisées dans une courte, mais pro-
•luctive carrière.
Angiolina Bosio a appartenu, à deux reprises
différentes, au Théâtre-Itahen de Paris: en 1846
dabord (début dans i Due Foscari), et en 1855
(rentrée dans Matilde di Sabran et gli Arabi
nelle Gallie). Son succès y fut très-grand (1).
M"'^ Bosio brillait particulièrement par l'agilité
et l'étendue de sa voix, surtout dans le haut;
mais ces qualités n'excluaient nullement chez
elle le sentiment dramatique dans Vopera séria.
Engagée en Russie à de brillantes conditions,
elle dut au climat meurtrier de ce pays la courte
(1) Mme Bosio appartint aussi pendant quelque temps
au personnel de l'Opéra. Le 27 décembre iosj elle créait
à ce théâtre le rôle principal d'un ouvrage en deux ac-
tes. BeUly, que Donizetti avait écrit naguère sur le su-
Jet du 67ia?c« et que, chose sini-'ulière , Adam s'était
chargé d'adapter à la scène française. La beauté expres-
sive et douce, la grâce exquise, la voix séduisante et le
talent si distingué de la cantatrice restèrent impuissants
à faire apprécier du public une œuvre aimable sans
doute, mais qui ne méritait pas les honneurs de la tra-
duction. — A. P. ...
BOSIO
BOTTE
113
mais cruelle maladie qui mit fin à sa carrière.
C'est en chemin de fer, en revenant de Moscou
à Saint-Pétersbourg, qu'elle eut l'imprudence de
baisser la glace de la portière auprès de laquelle
elle se trouvait; il faisait un de ces froids vifs
et secs qui surprennent sans pitié des constitu-
tions plus robustes que ne l'était la sienne. En
arrivant dans la capitale de la Russie, la pauvre
artiste était mortellement atteinte! Malgré les
soins les plus dévoués, elle expira, le 13 avril
1859, au milieu de la douleur universelle. Un
monument lui a été élevé.
J. D. F.
BOSOIM (Ercole). Un musicien de ce nom
a fait représenter en 1852 ou 1853, sur le théâ-
tre de la Fenice, de Venise , un opéra intitulé
la Prigioniera.
BOSSARD (Victor), né à Cham dans [le
canton de Zug, fut l'un des meilleurs facteurs
d'orgues de la Suisse au dix-huitième siècle.
Parmi les instruments sortis de ses ateliers , on
cite surtout l'orgue d'Einsiedeln , celui de l'église
catholique de Zurich, et celui de Saint- Vincent.
On rapporte que la commission désignée pour
examiner ce dernier en fut tellement satisfaite,
qu'elle fit à Bossard un don magnifique de cent
louis d'or.
* BOSSELET (Charles-François-Marie),
professeur et chef d'orcheslre, est mort à Saint-
Josse-ten-Noode -lez-Bruxelles, le 2 avril 1873.
Parmi les ballets dont il a écrit la musique pour
le théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, on cite
les Dryades, Arlequin et Pierrot, Terpsy-
chore sur terre. Aucune de ses nombreuses
compositions religieuses n'a été gravée. Dans
V Annuaire de l'Académie royale de Belgique
pour 1876, M. le chevalier Léon de Burbure a
publié une Notice sur C.-F.-M. Bosselet, dont
il a été fait un tirage à part (Bruxelles, Hayez,
1876, in-16 de onze pages, avec portrait).
BOSSENBERGER (Hexri-Jacob) , com-
positeur, né à Cassel le 27 octobre 1838, est
actuellement chef d'orchestre du théâtre An der
Wien, de Vienne. Il a composé des lieder et
des opérettes. Y.
BOTE et BOCK. C'est le nom d'une grande
maison d'édition de musique de Berlin , d'ori-
gine assez récente. Elle a été créée par les deux
associés Bote et Bock en 1838. Bote ne resta
pas longtemps dans le commerce de musique, et
laissa promptement la direction unique des af-
faires à Bock, qui l'a gardée jusqu'à l'époque de
.sa mort, survenue le 27 avril 1863. Elle passa
alors aux mains de son frère, qui la tient au
nom de son neveu Hugo Bock. C'est à l'un des
créateurs de la maison Gustave Bock que l'on
HIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. -
doit les premières éditions à bon marché de la
musique classique. Y.
BOTELHO (Le F. Estevao), moine et musi-
cien portugais, naquit vers 1629 à Evora, d'une
famille très-distinguée. Il entra dans l'ordre de
S. Augustin en 1650 , et devint prieur des cou-
vents de Arrondies et Loulé. Il jouissait d'une
bonne ré|)ufation comme musicien ; ses composi-
tions furent conservées en manuscrit, de même
qu'un Tratado de 71/wsice, resté aussi inédit.
J. DE V.
BOTGORSCHEK (François) , llùtiste cé-
lèbre, est né à Vienne le 23 mai 1812. Il a fait
de nombreux voyages artistiques en Allemagne
et dans les Pays-Bas. Y.
BOTSON'ou BOTZOX( ), chanteur
et compositeur, faisait partie, en 1770, des
chœurs de l'Opéra, oii il ne resta qu'une année,
et passa ensuite dans les chœurs du Concert spi-
rituel, où il avait fait exécuter, en cette même
année 1770, plusieurs motets de sa composition.
Le 18 janvier 1775, on représentait sur le théâtre
de Bruxelles une comédie héroïco-paslorale en
trois actes et en vers, mêlée d'ariettes, Berthe,
dont le livret était l'œuvre de Pleinchesne, et
dont la musique avait été écrite en collaboration
par Gossec, Philidor et Botson. On peut consul-
ter sur cet ouvrage, jusqu'ici resté inconnu, l'é-
crit intéressant de M. Ch. Piof, Particularités
inédites concernant les œuvres musicales de
Gossec et de Philidor, écrit inséré dans les
Bulletins de l'Académie royale de Belgique
(novembre 1875), et dont il a été fait un tirage
à part.
BOTT (A ), compositeur allemand, a
écrit la musique d'un opéra intitulé Actœa , la
jeune Fille de Corinthe, qui a été représenté
sur le théâtre royal de Berlin le 11 avril 1862.
Cet ouvrage , dont le rôle principal était tenu par
unegrande artiste, M'^^HarriersWippern {Voyez
ce nom), obtint un véritable succès et donnait
grand espoir pour l'avenir de son auteur. Celui-
ci, pourtant, n'a plus fait parler de lui depuis
lors.
* BOTTE ( Adolphe-Achille ), pianiste et
compositeur, est né le 29 (et non le 26) septembre
1823, à Pavilly (Seine-Inférieure). Son grand-
père, ancien élève de l'abbaye de Fécamp, lui
donna les premières leçons de musique. Admis
au Conservatoire de Paris eu janvier 1837, il
obtint l'année suivante un second prix de sol-
fège, et en 1839 un premier prix dans la même
classe. Il eut ensuite comme professeurs Zim-
mermann pour le piano, Savard et Leborne
pour l'harmonie, le contrepoint et la fugue. En
1842, il alla se fixer à Rouen, et ne tarda pas
T. I. 8
H4
COTTE — BOUCHEROxN
à se révélcM- comme compositeur, en publiant
un album de cliant, qui parut en 1846, et fut
suivi d'un second album, cette fois pour le
piano. Il fit exécuter vers le même temps , au
Théàtredes-Arts, deux ouvertures à grand or-
chestre : Jocehjn et le Corsaire.
En 1854, M. Adolphe Botte vint s'établir
comme, professeur à Paris. Sa collaboration à
divers journaux de Rouen lui avait rendu fami-
liers les procédés de la critique musicale , ce
qui Ini peimil d'entrer au Messager des Théâ-
tres, oii il fit, pendant plusieurs années, sous
le pseudonyme de A. de PavUlij, les comptes-
rendus de l'Opéra et des Italiens. La Bévue et
Gazette musicale lui ouvrit à son tour ses
colonnes, on il a fait paraître de nombreux et
solides articles de critique et de bibliographie.
M. Botte est depuis 1864 professeur de piano
au couvent des Oiseaux.
On a de cet artiste, outre les deux albums
cités plus haut, quelques mélodies vocales : Le
Chrétten mourant, le Crucifix, le Vallon,
VAnge gardien (A. Leduc, éditeur), etc., et im
assez grand nombre de compositions pour le
piano, d'un style généralement soigné, et d'un
goùl exempt de vulgarité. Nous citerons entre
autres : Souvenir de l'ange gardien. Six Étu-
des de style, publiées en 1850 et rééditées en
1868; deux nouveaux albums, parus en 1855
et 1857 ; Elegia e marcia (Gérard et Cie édit.) ;
Souvenir de l'ange et l'enfant (id.); Œuvres
choisies, édition bijou (A. Leduc) ; Sept mor-
ceaux caractéristiques, un vol. in-8° (Dou-
niol, éd.); Mélodies et morceaux choisis, (id.),
etc. M. Botte a publié dans le Journal de l'Ins-
truction publique (juin 18G2) un travail sur
les œuvres de Scudo (1).
J. C - z.
*BOTTESlXI (Giovanni). Aux ouvrages
dramatiques de ce compositeur viennent s'ajou-
ter : Marion Delorme, opéra sérieux repré-
senté en 1862 à Palerme, et Vlnciguerra, opé-
rette en un acte donnée à Paris, au théâtre du
Palais-Royal, au mois d'avril 1870. M. Botte-
sini a publié une grande Méthode complète de
contre-basse (Paris, Escudier). — Le père de
cet artiste, clarinettiste distingué, est mort à
Crema en 1874.
BOTTliXl (Mari.vnna ANDREOZZI, marqui-
se), musicienne distinguée, naquit à Lucques le
7 novembre 1802. Douée d'une vive intelligence,
elle se livra de bonne heure à l'étude des lettres
et de la musique, et devint élève du compositeur
(I) Pendant son séjour à Rouen, M. Boite eut une part
di; collaboralion au Franc-Juge, feuille musicale fondée
en cette ville par Aimé Paris. — A. P. . .
Domenico Quilici, qui lui donna tous ses soins,
reconnaissant qu'il y avait en elle l'étoffe
d'une artiste remarquable. Ni son mariage , ni
ses devoirs maternels, auxquels elle ne faillit
jamais, ne détournèrent la signora Botlini de ses
éludes musicales; elle jouait bien de la harpe,
et bientôt, s'adonnant à la composition, elle
écrivit un nombre d'œuvres considérable, en
divers genres. C'est ainsi qu'elle produisit suc-
cessivement : un Magnificat à 4 voix avec ac-
compagnement instrumental ; un molet pour
la fête de Sainte-Cécile; un concerlo à grand
orchestre ; une messe et vêpres à 4 voix , avec
instruments; une cantate écrite pour la noble
famille Orsuici; une opérette en deux actes,
intitulée Elena e Gerardo; un Stabat mater à
3 voix; plusieurs ouvertures; et enfin des mor-
ceaux pour la voix, pour la harpe et pour le
piano.
Le mérite de ces compositions attira sur la
marquise Bottini l'attention de l'Académie des
Philharmoniques de Bologne, à laquelle elle
avait envoyé son Requiem et son Stabat mater,
et qui lui répondit, par l'organe du maestro Mar-
chesi •• « *Les compositions musicales que vous
avez bien voulu offrir à l'Académie ont été ac-
cueillies, dans la séance du 6 avril dernier, avec
l'expression de la plus grande reconnaissance et
de la juste admiration que mérite votre rare
talent. » Peu de temps après , le 10 janvier
1821, l'Académie des Philharmoniques adressait
à la marquise Botlini le diplôme de membre de
cette compagnie , et son président , le même
maestro Marchesi, lui écrivait à ce sujet : « Votre
travail a été loué et applaudi par les sommités
de l'art, pour la gravité du style et pour l'é-
troite observation des préceptes du contre-point.»
— La marquise Bottini mourut à Lucques le
24 janvier 1858.
BOUCHE (L ), chanteur qui a fait pen-
dant plusieurs années partie du personnel du
théâtre de l'Opéra , à Paris , est auteur de
l'écrit suivant : De l'art du chant , théorie
nouvelle basée sur l'appréciation des éléments
constitutifs de la voix (Nogent-le-Rotrou,
imp. Gouverneur, 1872, in-12).
* BOUCHER (Alexandre-Jean), est mort
à Paris le 29 décembre 1861.
* BOUCHEROi\ (Raymond). Né à Turin le
15 mars 1800, cet artiste, après avoir été long-
temps maître de chapelle à Vigevano , a occupé
pendant vingt-huit ans les mêmes fonctions à la
cathédrale de Milan, pour le service de laquelle
il a écrit d'innombrables compositions. Bou-
cheron a publié plusieurs ouvrages théoriques
et didactiquf;s : 1" Scienza delV Armonia
BOUCHERON — BOULLARD
115
(1856) ; 2" Corso compléta dl lettura musicale;
3° Esercizii di armonia (1867). Membre de
l'Académie de Sainte-Cécile de Rome, et de
celles de Bologne ot de Florence , Boucheron
était un savant musicien, un artiste consciencieux
et fort instruit , mais n'ayant ni vues originales
comme théoricien, ni inspiration comme com-
positeur ; sous ce dernier rapport, ses œuvres,
tant sacrées que profanes , sont , dit-on, d'une
banalité désespérante. Il est mort à Milan le 28
février 1876.
BOUGLIA (Gii'seppe), compositeur, mem-
bre du corps de musique des carabiniers royaux
d'Italie , est l'auteur d'un opéra en 2 actes ,
AU' là ! 0 il Posta d''onore , représenté au
théâtre Nota , de Turin , le 4 août 1866. Il est
mort au mois d'août de l'année suivante.
BOUILLOIX (Auguste), musicien belge, était,
en 1855, directeur de l'école de musique cho-
rale populaire créée par les soins de l'autorité
communale de Bruxelles. Outre un certain
nombre de chœurs d'hommes .sans accompagne-
ment, on doit à cet artiste une Méthode prati-
que de chant d'ensemble, publiée par lui, en
1855, en société avec un autre professeur dont
j'ignore le nom.
BOUILLY (Jean-Nicolas) i homme de
lettres, né à Tours le 24 janvier 1763 , mort
à Paris le 24 avril 1842 , est connu surtout
comme auteur de nombi'eux ouvrages pour
l'enfance , et comme écrivain dramatique. Ou
lui doit de nombreux hvrets d'opéras comi-
ques, et il a été l'un des collaborateurs préférés
de Grétry dans les dernières années de la car-
rière de ce grand homme. Bouilly est surtout
•mentionné ici comme auteur d'un ouvrage inti-
tulé : Mes Récapitulations (Paris, s. d., Janet,
3 vol. in-12), écrit sur la fin de sa vie, et dans
lequel il a retracé ses mémoires. On trouve
dans ce livre des renseignements intéressants et
que l'on chercherait vainement ailleurs, sur plu-
sieurs grands artistes dans l'intimité desquels
Bouilly avait vécu : Grétry, dont il avait dû
épouser la fille , Méhul, M™'' Dugazon, Auber,
la Malibran, etc.
* BOULAIXGER (Ernest-Hesri-Alexan-
dre). Voici la liste complète des œuvres dramati-
ques de ce compositeur : 1° le Diable à l'école,
un acte. Opéra -Comique, 17 janvier 1842 ; 2" les
Deux Bergères, un acte, ibid., 3 février 1843;
3° une Voix , un acte, ibid., 28 mai 1845 ; 4" la
Cachette, trois actes, ibid., août 1847 ; 5° tes Sa-
bots de la Marquise, un acte, ibid., 29 septem-
bre 1854; 6° VÉventail, an Acle, ibid., 4 dé-
cembre 1860; 7° Le 15 août aux champs,
cantate, ibid., 15 août 1862 ; 8° le Docteur Ma-
gnus, un acte, Opéra, 9 mars 1864; 9'^ Don
Quichotte, 3 actes, Théâtre-Lyrique, 18C9 ;
10" Don Mticarade, un acte, Opéra-Comique,
10 mai 1875.
M. Boulanger, qui a publié quelques compo-
sitions légères pour le piano et écrit un assez
grand nombre de mélodies vocales et de chœurs
orphéoniques, a été fait chevalier de la Légion
d'honneur au mois d'août 1869. Après la mort
de Vauthrot, il a été nommé, en 1871, profes-
seur de chant au Conservatoire. M. Boulanger a
publié dans le Magasin des Demoiselles deux
opérettes, la Meunière de Sans Souci et Marion,
qui n'ont point été représentées. Il faut encore
rappeler que cet artiste a arrangé et réorchestré en
partie la partition de Wallace ou le Ménestrel
écossais, de Catel, pour une reprise de cet ou-
vrage qui fut faite à l'Opéra - Comique vers
1844.
BOULEAU-NELDY ( ), compositeur
de musique religieuse , organiste de l'église de
Notre-Dame de Nantilly à Saumur, s'est fait con-
naître par la publication d'un assez grand nom-
bre de compositions sacrées, parmi lesquelles on
remarque un Stabat Mater considéré comme une
œuvre distinguée, plusieurs messes, des motets,
etc. Cet artiste modeste et méritant a remporté
le prix dans le concours ouvert on 1863, par la
Société de Sainte-Cécile, de Bordeaux , pour la
composition d'une ouverture de concert. On a
publié aussi de M. Bouleau-Neldy environ qua-
rante morceaux de genre pour le piano, et
quelques transcriptions ou compositions origi-
nales pour violon ou violoncelle et orgue, entre
autres un Ave Maria, une rêverie intitulée Voix
du Ciel, un andante de Mozart, etc., etc.
BOULLARD (Mauius), chef d'orchestre et
compositeur, est né à Gand, de parents français,
le 27 décembre 1842. Son père avait tenu au-
trefois, à l'Opéra-Comique, un emploi un peu se-
condaire, après avoir chanté les basses en pro-
vince, particulièrement dans quelques grandes-
villes du midi. M. Boullard a fait ses études au
Conservatoire, où, après avoir obtenu un second
accessit de solfège en 1853 et le premier prix en
1854, il devint en 1860 élève de M. Bazin pour
l'harmonie et accompagnement, et en 1862 de
Carafa pour la fugue. En sortant du Conser-
vatoire, ^M. Boullard fut successivement che
d'orchestre de divers petits théâtres, les Folies-
Marigny, les Nouveautés et les Menus-Plaisirs,
où il écrivit la musique de quelques opérettes
sans conséquence. Pendant la guerre de 1870-71,
quoique marié et père d'un enfant, il s'engagea
comme volontaire dans un régiment de marche,
et fut grièvement blessé, le 19 janvier, au combat
H6
BOULLARD — BOURGAULT-DUGOUDRAY
de Biizenval, au point que l'on craignit un ins-
tant pour sa vie. Il guérit cependant, et iors de
la réouverture des Variétés, à la (in de 1871,
il entra comme premier chef d'orchestre à ce
théâtre. — M. Boullard a publié un certain nom-
bre de morceaux de musique de danse pour
piano. Parmi les petites pièces qu'il fit repré-
senter dans ses jeunes années, je citerai les deux
suivantes : Francesca da Rimini, un acte.
École lyrique, 1866; et le Grillon, un acte,
Nouveautés, 1867. lia écrit aussi des airs nou-
veaux pour une féerie en huit tableaux jouée à
ce dernier théâtre en 1866, file des Sirènes.
— Un frère de cet artiste, Victor Boullard,
né en 1833, a été, au Conservatoire, élève de
M. Laurent pour le piano et de M. Bazin pour
l'harmonie et accompagnement. Un instant ciief
d'orchestre du théâtre du Palais-Royal , il s'est
livré à l'enseignement et a publié un certain nom-
bre de romances et mélodies, ainsi qne quel-
ques petits morceaux de piano. Il est mort en 1876.
BOURDEAU (Emile), maître de chapelle de
l'église Saint- Philippe-du-Roule et professeur de
musique au collège Chapta! , est l'auteur des
deux ouvrages théoriques dont les titres suivent :
1° Harmonie et composition, Paris, Lambert,
1867, in-8° (lithographie); T Bègles invariables
sur la transposition musicale ,^àn&,{'è&\ , m-?)" .
Le même artiste a fait représenter dans un sa-
lon, en 1867, une opérette intitulée le Revenant.
BOURDOT (Jean-Sébastien), luthier, né
à Mirecourten 1530, était étabh à Paris en 1555.
Bourdot est considéré comme le fondateur de
la lutherie lorraine, qui depuis lors a pris une si
grande extension. Il travailla sous la direction
de Nicolas et de Jean Médard , de Nancy , qui
étaient eux-mêmes élèves de Tywersus, luthier
attaché à la maison des princes lorrains.
J. G.
BOURGAULT-DUCOUDRAY (Lous
Albert), compositeur, est né le 2 février 1840
à Nantes, où sa famille était dans une position
de fortune florissante. Le futur artiste fit d'a-
bord de très-solides études littéraires, suivit
ensuite les cours de droit et se fit recevoir avo-
cat en 1859. Pourtant il était possédé de l'amour
de la musique, et avait commencé l'étude de cet
art sous la direction d'un professeur de sa ville
natale, M. Champommier. A peine eut-il été reçu
avocat que M. Boiugault-Ducoudray se rendit à
Paris, se présenta au Conservatoire, et eut la
chance d'être admis dans la classe de M. Am-
broise Thomas. Il se mit alors au travail avec
une ardeur surprenante , obtint un premier ac-
cessit de fugue en l86I , et, s'étant présenté
année suivante au concours de l'Institut, rem-
porta d'emblée le premier grand prix de compo-
sition musicale. Les paroles de la cantate qu'il
avait mise en musique, intitulée Louise de Mé-
zières, étaient d'Edouard Monnais, (lui en avait
tiré le sujet d'un roman de M'""^ de Lafayette,
Mademoiselle de Monipensier. Le jeune lau-
réat partit pour Rome, où, pendant son séjour,,
il écrivit les paroles et la musique d'un drame
lyrique en trois actes, dont divers fragments fu-
rent adressés par lui à l'Académie des Beaux-
Arts et constituèrent ses « envois de Rome » ;
puis il visita l'Italie, et fit un voyage en Grèce.
De retour à Paris, il fit exécuter à l'église Saint-
Eustache, le 5 avril 1868 , un Slabat Mater qui
fut fort bien accueilli par la critique, et qu'il
fit entendre de nouveau, quelques années après,
aux Concerts populaires de M. Pasdeloup.
M. Bourgault-Ducoudray, qui a voué, on peut
le dire, sa vie à la musique, et à qui sa position
de fortune laissait une entièi'e indépendance,
s'était é[)ris d'une passion pleine d'enthousiasme
pour les grandes œuvres de Hœndel et de Jean-
Sébastien Bach, et désirait les révéler au public
français, auquel elles étaient encore complètement
inconnues. Il fonda donc à Paris une société
chorale d'amateurs, composée de membres des
deux sexes, et, avec une ardeur toute désinté-
ressée, il donna tous ses soins à cette société,
de façon à la mettre à même d'exécuter les
grands cliefs-d'o'uvres de la musique vocale clas-
sique, et particulièrement les oratorios des maî-
tres. Il fit entendre ainsi successivement la
Fe'te d'Alexandre et Acis et Galathée , de
Hfcndel , diverses cantates de Bach , puis la
Bataille de Marignan, de Clément Jannequin,
et des fragments d'un des plus beaux opéras de
Rameau, Hippolijte et Aricie.
Pendant la guerre de 1870-71, M. Bourgault-
Ducoudray s'engagea volontairement, et fit bra-
vement son devoir. Il continua de servir, à Ver-
sailles, pendant le second siège de Paris, et fut
blessé dans un combat contre les défenseurs de
la Commune. Lorsque la paix fut enfin rétablie,
il reprit ses travaux ordinaires et la direction de
sa société chorale. iMalheureusement sa santé,
profondément altérée par une maladie nerveuse,
vint l'obliger à un repos absolu, et il dut partir
pour la Grèce, à la recherche d'un climat plus
doux, laissant à M. César Franck le soin de
diriger les amateurs qu'il avait recrutés et
disciplinés avec tant de peines.
M. Bourgault-Ducoudray ne s'est pas produit
au théâtre ; il a publié : 1° Stabat Mater pour
soprano, alto , ténor et basse , chœurs et grand
orgue, avec adjonction de violoncelles , contre-
basses, harpes et trombones (Paris , Mackar ,
BOURGAULT-DUCOUDllAY — BOVERY
M7
in-S") ; 2° Dieu notre divin père, cantique-,
3° la Chanson d'une mère, mélodie; 4" le
Chant de ceux qui s'en vont sur mer, id.;
5" Gavotte et Menuet, pour piano, etc. Il a
fait exécuter aux Concerts populaires, le 27 sep-
tembre 1874, une suite d'orchestre en quatre
parties qu'il intitulait: Fantaisie en uV mineur,
et il a encore écrit ime « cantate en l'honneur
de Sainte-Françoise d'Amboise, duchesse de
Bretagne, » qui a été exécutée à Yitré, à l'ou-
verture de la session de l'Association bretonne ,
au mois de septembre 1876.
De son dernier voyage en Grèce, M. Bourgault-
Ducoudray avait rapporté des notes très-intéres-
santes sur la musique de ce pays. Il en tira le
texte d'un travail très-substantiel, qui, publié
d'abord dans le journal le Temps des 6, 9 et 10
janvier 1876, parut ensuite sous la forme d'une
brochure ainsi intitulée : Souvenir d'une mis-
sion musicale en Grèce et en Orient (Paris,
Baur, 1876, in-12 de 43 pages). Depuis lors,
M. Bourgault-Ducoudray a publié l'ouvrage sui-
vant, dont l'intérêt et l'importance sont considé-
rables : Trente mélodies populaires de Grèce
et d'Orient, recueillies et harmonisées parL.-A.
Bourgault-Ducoudray, avec texte grec , traduc-
tion italienne en vers adaptée à la musique, et
traduction française en prose.
* BOURGEOIS (Louis-Thomas). Aux canta-
tes citées au nom de ce compositeur, il faut
joindre les deux suivantes, publiées aussi chez
Ballard : 1° l'Amour et Psyché (qui ne doit pas
être confondue avec celle intitulée Psyché), et
la Belle Hollandaise. Bourgeois a écrit aussi
la musique d'un divertissement en deux actes,
le Comte de Gabalis ou les Peuples élémen-
taires, qui fut exécuté à Sceaux, sur le théâ-
tre de la duchesse du Maine, au mois d'octobre
1714.
* BOURGES (Jean-Maurice). En dehors
de son opéra de Sultana, on doit à cet artiste
fort distingué plusieurs compositions intéres-
santes, parmi lesquelles je signalerai les suivan-
tes : 1° Premier Trio (en la mineur), pour
piano, violon et violoncelle, Paris, Maho. —
2" Deuxième Trio (en si bémol), id., Paris,
Brandus. — 3" Première Sonate (en ré mineur),
pour piano et violon, id., id. — 4° Deuxième
Sonate (en 'mi bémol), id., Paris, Maho. —
'j° Le Papillon de hmj<, caprice pour piano, id.,
id, — 6° Chant des rameurs , barcarolle pour
piano, id.,'id. — 7° Le Voile de mariée, valse de
salon, i(i., id. — 8° Nympha, romance sans pa-
roles, id., id. — 9° Fleur desséchée, la Reli-
gion, le Pâtre et l'Alouette, le Lépreux, la
Cascade, la Belle Madelon, le Pouvoir de
Sainte- Catherine , etc., mélodies vocales.
M. Maurice Bourges est aussi l'auteur d'un Sta-
bat Mater qui a été exécuté à Paris, dans la
chapelle des sœurs de Saint-Vincent, en 1863, et
on lui doit les paroles françaises d'un recueil
de Mélodies de J. Dessauer, publié à Paris, chez
Brandus.
BOURGET (Ernest), compositeur, s'est fait
connaître par une quantité de chansons et de
chansonnettes comiques, qui ont dû une bonne
partie de leur vogue, il y a trente ou quarante
ans, aux paroles plaisantes qu'il mettait en mu-
sique, et aux comédiens , tels que Levassor, qui
chantaient ces bluettes dans les théâtres en
guise d'intermèdes. Ernest Bourget est mort au
mois d'ocfobre 1864.
BOURIÉ (Honoré), instrumentiste et com-
positeur, naquit à Nîmes en 1795, et eut pour
maître son père, qui jouait du basson au théâtre
de cette ville. Dès l'âge de dix ans, dit-on, il de-
vint premier basson à ce théâtre, et conserva
cet emploi pendant quarante-cinq ans. Il avait
dix-sept ans lorsqu'il fit représentera Nîmes, en
1812, un*opéra-comique intitulé les Deux Philo-
sophes, qui fut très-bien accueilli du public.
Plus tard il fit connaître dans sa ville natale,
qu'il ne quitta jamais, un assez grand nombre de
compositions de divers genres : concertos pour
le basson, quatuors pour instruments à vent,
morceaux de musique d'église, etc. Tout cela est
resté en manuscrit, à l'exception de quelques
romances, les Seize ans de Claris, un lourde
Printemps, A foi. Poésie, qui ont été publiées.
On doit encore à cet artiste une cantate écrite
en l'honneur du peintre Sigalon , son compa-
triote, sur des vers du fameux boulanger poète
Jean Reboul, son autre compatriote.
* BOUTHILIER( ), né à Un, se dis-
tingua parmi les bons facteurs d'orgue de la
Suisse au dix-huitième siècle. On cite au nom-
bre de ses meilleurs instruments les orgues de
Schwytz, et celui de l'église collégiale à Einsie-
deln.
BOUVAN ( :.), nom d'un compositeur
français du siècle dernier, dont on trouve quel-
ques morceaux dans le Tome VII du Recueil
de Chansons \m\iv\mé à la Haye chez J. Neaulme
en 1735. Y.
* BOVERY (Antoine-Nicolas- JosEniBOVY,
connu sous le nom de JULES), violoniste, chef
d'orchestre et compositeur, est mort à Paris le
17 juillet 1868. Dans un ïmû\ftior\ An Journal de
Rouen, Amédée Méreaux, qui avait connu Bo-
very alors qu'il était chef d'orchestre en cette
ville, en parlait en ces termes : « Avant d'avoir
achevé ses études littéraires, il fut entruiné^vers
118
BOVERY — BOYNEBURGR
la musique par un irrésistible penchant, et n'é-
coutant que les élans de sa vocation, il partit
pour Paris sans argent pour subsister, .encore
moins pour y payer les leçons dont il avait
besoin, enûn, sans aucune des ressources indis-
pensables à l'éducation musicale qu'il venait y
chercher. Cette éducation, il l'a faite lui-même,
dépourvu de conseils et ne suivant que ceux de
son organisation naturelle. Bovery était, diins
toute la force du terme, un homme de bonne
volonté, un grand cœur, plein de courage et de
résolution. Nous l'avons vu, plus d'une fois,
par des temps de chômage théâtral , tenir tète
aux positions les plus difliciles avec une rare
énergie : toujours droit et loyal, il acceptait, du
reste, toutes les conditions ; il copiait de la mu-
sique, il se faisait choriste au théAtre, chantre
à l'église; il se tirait ainsi toujours d'affaire
avec conscience et dignité. C'est par de sembla-
bles expédients qu'il a dû trouver les moyens
de vivre et de travailler à Paris. Il étudia seul
le violon, avec des méthodes, l'harmonie dans
les traités, et il parvint, à force de persévérante
intelligence, à posséder des connaissances techni-
ques qui pouvaient le rendre apte à devenir ar-
tiste musicien et qui lui permirent, en passant
par tous les degrés de cette carrière, d'y prendre
un rang élevé. Sa position fut toujours modeste,
il vécut péniblement, mais entouré de la consi-
dération publique et de l'estime des artistes. >>
Ce portrait est ressemblant, mais il est juste
d'ajouter que si Bovery, malgré son ambition,
ne parvint pas plus haut, c'est que ses facultés
s'y opposaient. Je le connus vers ISôC, lorsque
tout jeune homme et sortant du Conservatoire,
j'entrais comme deuxième chef d'orchestre au
petit théâtre des Folies-Nouvelles. Il était en-
gagé là comme premier violon et comme compo-
siteur, devant écrire chaque année la musiqne
d'un certain nombre d'opérettes et de ballefs-
pantomimes. Bovery, qui avait une très-grande
confiance en lui-même et une fort bonne opinion
de son talent, considérait un peu la composition
à l'égal d'un travail manuel ; c'est-à-dire que se
mettant à l'œuvre à tel moment, il s'engageait
à avoir fini à tel autre. On comprend ce que
peut devenir l'inspiration avec un semblable
procédé Aussi la musique de Bovery, bien
conçue d'ailleurs au point de vue de la forme
des morceaux, suffisamment instrumentée, était
absolument banale, sans saveur aucune', et pré-
sentait, si l'on peut dire, un reflet de toutes les
écoles. II écrivit ainsi , aux Folies-Nouvelles,
quelques opérettes, Madame Mascarille, Zer-
bine (sur le sujet de la Serva padrona), A la
brune, puis quelques pantomimes, Pierrot bu- |
reaucrate, les Statues vivantes. Mort et re-
mords, Pierrot Dandin, etc. Mais il ne resta
pas longtemps à ce théâtre, et j'ignore ce qu'il fit
jusqu'à l'époque où il devint chef d'orchestre de
celui des Folies-St-Germain (aujourd'hui théâ-
tre Cluny), c'est-à-dire jusque vers 1865 ou
1866.
Dans sa Galerie biographique des Artistes
musiciens belges, M. Eil. Gregoir ajoute à la
liste des œuvres dramatiques de Bovery un
opéra-comique en un acte représenté à Liège,
la Carte à payer, dont le livret avait sans doute
été tiré de l'ancien vaudeville cpii porte le même
titre. M. Gregoir cite aussi une cantate, France
et Angleterre, une ouverture triomphale, et un
Ave Regina exécutés à Rouen en 1854, à l'oc-
casion d'une grande fêle musicale organisée par
Bovery, et deux morceaux religieux exécutés en
1847 au festival de Gand. A tout cela il faut en-
core ajouter un Cousin retour de Vlnde, opé-
rette en un acte représentée aux Folies-St-Ger-
main au mois d'avril 1868.
BOV^IE (Cliî.uent), commerçant et amateur
de théâtre et de musique à Anvers, a publié
sous ce titre : Annales du Théâtre- Royal
d'Anvers (Anvers, J. de Coninck, 186G-1869),
un résumé historique et chronologique de ce
théâtre de 1834 à 1869. Le même écrivain a
publié, sous le couvert de l'anonyme, une sorte
d'almanach des spectacles intitulé le Théâtre à
Paris en 1868 (s. 1. n. d., in-16 de 80 pp.).
*BOYER (Pascal). Cet artiste intelligent
avait fondé à Paris, pendant la Révolution, une
fouille spéciale intitulée le Journal des Specta-
cles. Il dirigeait encore ce recueil lorsqu'il fut
dénoncé comme réactionnaire au Comité de salut
public. Incarcéré et mis en jugement, il périt sur
l'échafaud.
BOYF^R ( ), ancien professeur au col-
lège du Mans, est auteur d'une notice lue par lui
dans la séance du 17 mars 1846 de la Société
d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, et
publiée ensuite sous ce titre : De l'Harmonium,
son histoire, ses progrès, dans le Bulletin de
cette Société. Il a été fait un tirage à part de cet
écrit. (Le Mans, impr. Monnoyer, 1846, in-8 de
24 pp.).
BOYXqBURGK (F de), compositeur
contemporain, allemaml ou fixé en Allemagne, a
publié : 6 Marches pour le piano à 4 mains, op.
13; 2 Airs favoris variés pour violoncelle avec
accompagnement de piano ou d'orchestre, op.
14; Pot-pourri pour piano et flûte, op. 19; un
gr.and nombre de valses, écossaises, sauteuses,
cotillons et danses diverses pour l'orchestre ou
pour le piano, etc., etc.
BOZER — BRAGA
119
BOZEK (François), compositeur, est né à
Prague le 23 août 1809. Il a écrit de la musique
de danse et de la musique vocale. Y.
BOZZANO (EmiLio), musicien italien, a fait
jouer le 20 juin 1872 à Gênes, sur le théâtre Do-
ria, un opéra intitulé Dje77i la Zingara^ qui a
été très bien accueilli.
60ZZELLI (Gilsei'pe), compositeur italien,
est l'auteur de Caterina di Belp, opéra en 3
actes, représenté le 4 juin 1872 au théâtre Baibo,
de Turin.
* BRACCIiXl (Louis). M. le docteur Abramo
Basevi, de Florence, possède en manuscrit deux
ouvrages de ce musicien, qni n'ont pas été cités
parmi ses œuvres : 1° Responsi deimorti, a ire
voci ; 2° Raccolta di varie Canzonette scelle,
con la sua aria liopolare in miisica, scritte
e raccoUe dalV abt^ Luigi Braccini (Flo-
rence, 1790).
BRACHTUIJZER (Daniel) , musicien
néerlandais distingué, aveugle de naissance, na-
quit à Amsterdam en 1779 et fut l'un des plus
habiles organistes de son temps. Élève de G.
Focking, il obtint à quatorze ans, à la suite d'un
concours et malgré son infirmité, la place d'or-
ganiste d'une des chapelles d'Amsterdam, et com-
mença dès lors à établir sa réputation en exé-
cutant de grands concertos, des sonates, ainsi
que les prékules et les fugues de Jean-Sébastien
Bach. Virtuose remarquable, il était doué d'une
mémoire pro'ligieuse , qui lui perrneltail de re-
produire toute la musique qu'il entendait, el sa
faculté d'improvisation n'était pas moins éton-
nante. A vingt-deux ans il devint organiste de
la nouvelle église d'Amsterdam et carillonneur à
la tour de la Monnaie, situation qu'il conserva
jusqu'en 1832, époque de sa mort. Un écrivain
néerlandais, ,J. J. Abbink, publia dans la même
année une notice sur cet artiste intéressant.
BRACHTIIUIJZER (Jean Daniel) , pia
niste et compositeur, fils aîné du précédent, est
né à Amsterdam le 5 mai 1804. Il se voua à
l'enseignement, et fut pendant plusieurs années
professeur à l'Institut des aveugles de sa ville
natale. Il a publié une Nouvelle Méthode de
piano et plusieurs morceaux de genre pour le
même instrument.
BRACHTIIUIJZER (W -H....), pia-
niste et organiste, frère du précédent, naquit à
Amsterdam le 29 mars 1806, et fut organiste
de l'église anglaise, puis de la vieille église de
cette ville. 11 a publié un certain nombre de
compositions, parmi lesquels on remarque Six
pièces mignonnes pour piano, et des Psaumes
et cantiques avec préludes de piano. Cet arti.ste
mourut fort jeune,, à Amsterdam, le 6 août 1832.
BRADSKY (Wfazel-Tiiéodoue), composi-
teur, est né à R.ikovnic, en Bohême, le 17 jan-
vier 1833. Il a écrit beaucoup de chœurs et de
lieder. On a également de lui des opéras : Die
Braut desWaffenschmieds {la Fiancée du ma-
réchal-ferrant), Krokodil, Roswiiha et deux
ou trois autres. Enfin, on lui doit encore une
l^artition scénique et symphonique pour un drame
intitulé Christine de Suède, dû à la plume du
prince Georges de Prusse, et que celui ci, sous
le pseudonyme Jî. Conrad, Ht représenter sur
le théâtre national de Berlin , au mois de dé-
ceuibre 1872. Y.
BR.^HMIG (Jules-Bernard), est né à
Ilirschfeld le 10 novembre 1822. Il a écrit beau-
coup de musique vocale, qu'il a publiée en re-
cueils destinés aux écoles ou à la famille. On
a également de lui quelques écrits sur la musi-
que, entre autres celui-ci : Rathgeber fur mu-
siker bei der auswahl geeigneter niusiJcalien
(Conseils aux musiciens dans le choix de
leurs morceaux), Leipzick, 1865.
BRAGA (Gaetano), violoncelliste et compo-
siteur dramatique, est né à Giulianuova, dans
les Abruzzes, le 9 juin 1829. Destiné d'abord à
l'état ecclésiastique, les dispositions qu'il montra
de bonne heure pour la musique engagèrent ses
parents, malgré leur pauvreté, à l'envoyer à
Naples, oii, après quelques études préparatoi-
res, il fut admis au Conservatoire. On voulut
d'abord lui faire travailler le chant, mais bien-
tôt il se prit de passion pour le violoncelle, de-
vint l'élève de Gaetano Ciaudelli pour cet ins-
trument, de Parisi pour l'harmonie accompagnée,
de Ftancesco Ruggi puis de Carlo Conti pour le
contre-point, et enfin de Mercadante pour la com-
position. Après s'être exercé, sous la conduite
de ce grand maître, à écrire beaucoup et dans
tous les genres, après avoir, entre autres, com-
posé une cantate intitulée Saiil et une messe à
4 voix et orchestre, M. Braga quitta le Conser-
vatoire en 1852, et dès l'année suiv.mte faisait
représenter au théâtre du Fondo son premier
ouvrage dramati([ue, Alina.
Mais le jeune musicien voulait entreprendre
un voyage artistique. Il quitta bient(Jt Naples
dans ce but, partit pour Florence, donna dans
cette ville son premier concert, puis se rendit à
Vienne, où il connut Mayseder et fit pendant
plusieurs mois la partie de violoncelle dans .ses
quatuors, se familiarisant ainsi avec les chefs '
d'œuvre de la musique allemande. De retour
à Florence, il n'y resta pas longtemps et vint
bientôt à Paris, où il arriva en 1855. Là, il com-
mença sa véritable carrière de virtuose, se fai-
sant entendre chaque jour, dans les théâtres
120
BRÀGA — BR A G ANC A
dans les concerts et dans les salons particuliers,
et faisant apprécier un talent fin et délicat. Mais
M. Braga songeait aussi à se produire comme
compositeur. Bientôt il fit représenter à Vienne
(1837) un opéra sérieux en 2 actes, Estella di
San-Germano, alla écrire à Naples un petit
ouvrage, il Ritratto, que le comte de Syra-
cuse lui avait demandé pour l'inauguration du
théâtre de son palais (1858), puis revint à Pa-
ris, où il se livra à l'enseignement du chant et
où il composa un opéra sérieux en 3 actes,
Margherita la Mendicante, qui fut donné sans
succès à notre Théâtre-Italien, le 2 janvier
1860, malgré la présence de M°" Borghi-
Mamo, qui remplissait le rôle principal. On ne
trouva dans cet ouvrage qu'un ou deux morceaux
dignes d'éloges et d'attention; le reste n'était
qu'une imitation fâcheuse du style de M. Verdi.
En 1862, M. Braga s'en allait donner au théâtre
de la Scala, de Milan, un opéra lugubre en 3 actes,
Mormile, qui eut moins de succès encore. De-
puis lors, il a fait représenter à Lecco un ouvrage
intitulé Reginella, qui a été mieux accueilli, et
il a donné au théâtre San-Carlos, de Lisbonne,
un drame lyrique, Calirjola, dont j'ignore la va-
leur. M. Braga a encore en portefeuille deux
opéras complètement achevés, Ruij-Blas et Don
César de Bazan (peut-être bien les deux n'en
font-ils qu'un seul sous deux titres différents),
qui n'ont pas encore été livrés au public. J'al-
lais oublier de mentionner un ouvrage semi-
sérieux, gli Avvenfurieri, dédié par l'auteur à
Rossini, et qui a été représenté en 1867 au théâ-
tre Santa-Radegonda, de Milan.
En dehors de ses ouvrages dramatiques,
M. Braga a publié un album de mélodies vo-
cales sur paroles italiennes, un recueil du même
genre sur paroles françaises, et un troisième re-
cueil intitulé ^'olti Lombarde. Il a écrit
aussi un assez grand nombre de pièces détachées
pour léchant, plusieurs mélodies pour violon-
celle avec accompagnement de piano, un grand
concerto en sol mineur pour cet instrument,? et
enfin quelques morceaux de musique religieuse.
BRAGANÇ.\(Leduc de), membre d'une fa-
mille illustre portugaise dont il était le chef, était
un dilettante passionné. Son vrai nom dans l'his-
toire est D. Joâo de Bragança, duc de Lafoes. Le
duc figure dans ce dictionnaire seulement à titre
d'amateur de musique ; toutefois ce titre d'awia-
teur signifiait au XVIIF siècle tout autre chose
que ce qu'il signifie aujourd'hui. Il suffit, à ce
sujet, de citer les personnages célèbres, grandes
dames et grands seigneurs de la cour de Vienne,
qui soutinrent Haydn, Mozart, Beethoven et
autres non- seulement de leur fortune, de leur
influence, mais encore et surtout en mettant à
leur service le goût le plus éclairé. Le duc de
Lafôes était l'ami des Esterhazy, desLichnowsky,
des Thun ; son salon à Vienne (1767-1778)
était aussi recherché que ceux de ces princes,
et tout ce qu'il y avait de noms célèbres, à quel-
que titre que ce fut, s'y pressait. Je ne citerai que
deux noms, Gluck et Mozart (1), celui-ci alors très-
jeune (1768). Gluck surtout a fait de grands éloges
des talents du duc. Il lui a dédié sa partition de
Pande ed Elena (Vienne 1770), et lui a rendu
hommage dans une longue dédicace qui se trouve
en tête de la partition originale italienne. Gluck
y dit : Neldedicare a Vostra Altetza quesla
mia niiova fatica , cerca mena d'un Protêt-
tore che d'un giudice. Il s'expliqua encore
davantage en précisant les] qualités d'artiste de
son protecteur : Un anima sicura contro i
pyegiudiz.j délia consueiudine, suf/iciente co-
gnizione de' gran principj delV arte, nn giisto
formato non tanto su' gran modelli, quanto
sugli invariabili fondamenti del Bello, e del
Vero, ecco le qualità ck' io ricerco nel mio
Mecena(e,e che rltrovo rhinite in V. A. (2). »
On sait que Gluck n'était pas facile aux éloges ;
on peut donc juger d'après ce seul document du
mérite du duc de Lafôes. Burney (3), qui le ren-
contra à Vienne vers 1772 ou 1775, dit : His
highness is an excellent judge of music. Il
vante ses connaissances, son esprit fin, son
talent dans la conversation, qui faisait les dé-
lices des salons de Vienne. Le duc passa la plus
grande partie de sa vie à l'étranger, et ne re-
tourna en Portugal qu'après la mort du roi D.
José 1'='^ (1777), et la disgrâce du marquis de
Pombal. Ce ministre fut la cause de son long
exil en Allemagne; cependant, le marquis n'eut
pas besoin de prendre aucune mesure contre
le duc, que son rang et sa naissance mettaient
sur les marches mêmes du trône, et qui allait
devenir tout naturellement le chef du parti op-
posé, de celui de la haute noblesse révoltée contre
les mesures violentes du ministre. Leduc s'exila
volontairement peu après l'avènement de Pom-
bal, et se mit à voyager partout. Il parcourut
l'Angleterre, la France (4), l'Italie, l'Allemagne
tout entière, une partie de l'Asie, etc., puis il se
fixa à Vienne et prit du service dans l'armée
autrichienne pendant la guerre de 7 ans (17ô6-
1763). Il fit la campagne avec la plus grande
(1) Voyez O. Jahn : Mozart, T. 1. p. lO.
(2) Cette préface a été publiée par Nohl, MusiJierbrieJe,
Leipzig 1867, pages 8-11.
(3) Voyez The pmrnt state of Music in Germany,
vol. I, 22o.
(4) Voyez les Mémoires historiques de SuarJ.
BRAGANCA
BRAHMS
121
distinction, selon le dire même de Frédéric-le-
Grand, qui lui fit, après la paix, le meilleur
accueil à Potsdam. Rappelé en Portugal par la
fille deD. José l"", la reine D. Maria l<ire^ i| occupa
la présidence du conseil, fut nommé généra-
lissime des troupes royales pendant la guerre
du Roussillon et dirigea le gouvernement de la
reine, sa nièce, presque jusqu'à la fin de sa vie
(1806). Le duc de Lafùes fonda à Lisbonne, au
milieu de la réaction qui se produisait autour de
lui, l'Académie royale des sciences, et lui rendit,
grâce à ses relations à l'étranger, les plus grands
services. J. de V.
BRAGGI (Paolo), écrivain italien, a publié
le recueil chronologique suivant : Série degli
spettacoli rappresentati al teatro Regio, di
Torino, dal 1868 al présente, Tm'm, 1872.
BRAH-MULLER ( Charles - Frédéric-
Gustave ) , jeune compos-iteur sur lequel les
journaux allemands semblent fonder de sérieuses
espérances, est né le 7 octobre 1839 à Kritschen,
en Silésie. Il a déjà publié beaucoup de musi-
que dans tous les genres, et sa personnalité
commence à se faire jour dans ses dernières
œuvres. Y.
* BlîAHi\IS(JoHAiSNEs), compositeur, direc-
teur de la chapelle impériale de Vienne,est devenu
l'un des artistes les plus remarquables de l'Alle-
magne contemporaine, et est considéré dans sa
patrie comme le pins noble représentant de l'art
en dehors du théâtre, qu'il n'a jamais abordé.
Dès 1853, alors que M. Brahms était à peine âgé
de vingt ans, Robert Schumann écrivait à son ami
Maurice Strakergan : « .... Nous avons aussi en
ce moment, à Diisseldorf, un jeune homme de
Hambourg, nommé Johannes Brahms , d'un ta-
lent si puissant et si original, qu'il me semble
dépasser de beaucoup tous les jeunes artistes de
ce temps-ci. Ses œuvres si remarquables, parti-
culièrement ses mélodies, ne tarderont pas sans
doute à parvenir jusqu'à vous. » L'admiration de
Schumann pour le jeune compositeur fut telle
qu'il le prit bientôt pour élève, lui donna tous
ses soins, et que l'année suivante, il le qualifiait
un a garçon de génie. »
En fait, le jeune musicien a justifié les prévi-
sions de son maître, et est devenu un grand
artiste. Sans partager absolument l'enthou-
siasme de Schumann, je reconnais volontiers que
M. Brahms est un compositeur doué de rares fa-
cultés, inégal et fantasque parfois, mais parfois
aussi véritablement inspiré et animé d'un grand
.souffle. Il semble qu'il ait gardé de son maître
une certaine incohérence de forme qui se remar-
que dans quelques-unes de ses œuvres, mais il a
le style plus constamment élevé, la pensée plus
soutenue, et, lorsqu'il le veut, un« décision et une
netteté que n'a presque jamais connues l'auteur
de Manfred et des Amours dhine rose. Moins
poète peut-être, moins rêveur, moins souverai-
nement idéah'sle, il est plus foncièrement musi-
cien, et l'emporte sur lui par la solidité du plan
de ses morceaux et par la façon dont il manie
l'orchestre. Il m'est difficile assurément de por-
ter un jugement absolu sur M. Brahms, dont je
ne connais pas toutes les œuvres, mais si je re-
marque qu'il a la grandeur, la puissance et l'éclat,
comme on peut s'en rendre compte à l'audition
de certaines pages de son Requiem, je suis obligé
de constater aussi qu'il est parfois sombre jusqu'à
l'obscurité , fatigant à suivre et difficilement
compréhensible, comme dans la plus grande
partie de son Schicksalslied, dont le sens géné-
ral est très-abstrait, quoique l'œuvre soit écrite
avec vigueur et avec un rare talent. Cette iné-
galité de conception et de pensée se fait jour
aussi dans ses compositions de musique de cham-
bre ; car on pourrait citer telles d'entre elles qui
sont d'une audition difficile, d'un caractère plus
tourmenté que de raison, tandis que d'autres,
les deux sextuors par exemple, se distinguent au
contraire par la clarté, l'ordre et la logique des
développements.
Ces réflexions ne sauraient m'empêcher de
rendre à M. Brahms la justice qui lui est due, et
de le considérer comme un ai liste d'un ordre su-
périeur. Est-ce véritablement un homme de gé-
nie, comme l'affirmait prématurément Schumann ?
Sur ce point, je l'avoue, je ne saurais me pro-
noncer. M. Brahms, dont la quarante-troisième
année est à peine accomplie, est dans toute la
force de l'âge et du talent, et je ne vois pas, néan-
moins, qu'il ait donné jusqu'ici ce qu'on peut
réellement appeler un chef-d'œuvre, une de ces
productions parfaites et accomplies qui classent
un artiste et lui donnent, comme disait Weber,
droit de classicité dans le domaine de l'art.
M. Brahms a abordé à peu près tous les gen-
res, hormis celui du théâtre. Il a composé de la
musique de piano, un nombre assez considéra-
ble d'œuvres de musique de chambre, quelques
morceaux pour orchestre, plusieurs cantates pour
sali, chœurs et orchestre, beaucoup de lieder
dont on vante le sentiment et le charme, et enfin
diverses œuvres religieuses. On ne saurait nier
le mérite très-réel de ces compositions, qui se
distinguent surtout par le style général, la gran-
deur et la hardiesse de la conception, des qua-
lités de détail souvent très-heureuses, mais aux-
quelles, à mon sens, manquent cette originalité
suprême et ce fluide lumineux sans lesquels il
n'est pas de véritablrs chefs-d'œ'uvre. .
122
BRAHMS — BRANCOLI
Fixé à Vienne depuis longues années, M. Brahms
y occupe une silualion artistique des plus consi-
dérables et remplit les fonctions de maître de
chapelle de la cour impériale.
Voici une liste, incomplète encore, mais pour-
tant étendue, des œuvres publiées de M. Johannes
Brahms. — A. Musique de chambre. 1° sextuor
pour 2 violons, 2 altos et 2 violoncelles, en si
bémol, op. 18 ; 2° sextuor pour 2 violons, 2 al-
tos et 2 violoncelles, en sol, op. 36 (tous deux
ont été arrangés pour piano à quatre mains, par
l'auteur); 3° quintette en fa mineur, pour piano
et instruments à cordes, op. 34 ; 4° quatuor en
sol mineur, op. 25, pour piano et instruments à
cordes; 4" bis, quatuor en la majeur, op. 26,
pour piano et instruments à cordes ; 5° trio en
si majeur, pour piano, violon et violoncelle, op.
8 ; 6" trio en mi bémol, pour piano, violon et
violoncelle ou cor, op. 40 ; 7'^ sonate en mi mi-
neur, pour piano et violoncelle, op. 38. — B. Mu-
sioL'E DE riANO. 8° conccrto en ré mineur, avec
accompagnement d'orchestre, op. t5; 9" sonate
en îii majeur, op. 1; 10° sonate en fa dièze
mineur, op. 2 ; 11° variations sur un thème de
Paganini, op. 35; 12° variations à quatre mains
sur un thème de Robert Schumann, op. 23 ; 13°
valses à deux mains, op. 39; 14° danses hon-
groises, à quatre mains ; 15° sonate pour deux
pianos (d'après le quintette, op. 34;, op. 34 bis.
— C . Musique religieuse. 16° Jiequiem, d'a-
près le texte de la Bible, pour soli, chœur et or-
chestre, op. 45, exécuté pour la première à
Brème, au mois d'avril, puis à Bàle, Zurich,
Rotterdam, Londres, Cincinnati, Paris (187-5),
etc.; 17° Ave Maria, chœur de femmes avec
accompagnement d'orchestre ou d'orgue, op. 12;
18" chœurs religieux; 19° chants funèbres. —
■D. Cantates, musique de chant. 20" SchicAsals-
Ued (Chant du destin), cantate; 21" Einaldo,
cantate de Gœthe, pour soli, chœur et orches-
tre; 22" Triumphslied, chant de triomphe à la
gloire des armes allemandes, dédié à l'empereur
d'Allemagne; 2.3° deux sérénades, pour chœur et
orchestre ; 24° quatre recueils de Ueder; 25° duos
de chant, op. 28; 26° quatuor pour soprano, alto,
ténor et baryton, op. 64. — Je ferai remarquer que
l'œuvre capitale de M. Brahms, son Be^ît/em, est
généralement désignée sous le non de Requiem
allemand, parce quelle a été composée non sur
le texte même de l'office des Morts, mais sur une
paraphrase allemande de cet épisode des saintes
Écritures. Lorsque M. Pasdeloup voulut faire en-
tendre à Paris, aux Concerts populaires, celle
composition remarquable et émouvante (26 mars
1875), il dut en faire faire une traduction, et
cette traduction fut faite non en vers, mais en
prose française, de la façon la plus habile et la
plus intelligente. Au mois de novembre 1876,
M. Brahms a fait exécuter à Carlsruhe une sym-
phonie en tit mineur (la seule qu'il ait écrite jus-
qulci), et un quatuor en si pour instruments à
cordes.'Enfin, on lui doit encore une Sérénade
pour orchestre, op. 11, une Rhapsodie pour alto
solo, chœur et orchestre, et des variations pour
orchestre sur un thème de Haydn.
BRAMBACH (Charles-Joseph), composi-
teur allemand, est né à Bonn en 1833. 11 a écrit
de la musique de chambre, des Ueder, des
chœurs et plusieurs grandes cantates parmi les-
[uelles il faut citer : Die Machf des Gesanges
(le Pouvoir du chant ), et Velleda. Dans un
concours ouvert en 1864 à Aix-la-Chapelle pour
la composition d'un chœur pour quatre voix
d'hommes avec solos et accompagnement d'or-
chestre, M. Brambach a obtenu un premier prix.
*BRAMB1LLA (Paul). Voici la liste des
ballets représentés au théâtre de la Scala, de
.Milan , et dont ce compositeur écrivit ou arran-
gea la musique : [° Acbar gran Mogol, 1819;
2° Saffo, 13 février 1819 ; 3" Capriccio e biiou
Cuore, 23 février 1819; 4° Giovanna d'Arco
(en société avec Lichtenthal et Vigano), 15 août
1821 ; 5° iZ Trionfo delV amor figliale (avec
plusieurs autres compositeurs), l"" novembre
1822 ; 6" il Paria (id.), 1828 ; 7° Camwa, 1833.
* BRAMBILLA (Marietta), l'aînée des
cinq sœurs ciianteuses de ce nom, est morle en
Italie, le 6 novembre 1875. Née à Ca.ssano
d'Adda en 1807, elle avait débuté dans la car-
rière en 1828.
L'une des sœurs de cette artiste , Joséphine
Brantbilla, épousa il y a une vingtaine d'années
un compositeur nommé Corrado Miraglia, au-
tour d'un Album musicale qui avait eu quel-
que succès. Depuis lois, on n'a plus entendu
parler d'elle. Une autre, Thérèse, est depuis
fort longtemps fixée à Odessa.
Une fille de l'une de ces cantatrices, M"® Te-
résina Brambilla , chanteuse distinguée elle-
même, et que le public parisien a pu entendre
au Théàlre-Italien il y a quelques années, a
épousé en 1874 un compositeur dramatique d'un
réel talent, M. Amilcare Ponchielli [Voyez ce
nom).
BRAXCA (GuGLiELMo), nom d'un composi-
teur italien qui a fait représenter sur le théâtre
de la Pergola, de Florence, le 29 janvier 1876,
un opéra intitulé la Catalana.
BllANCOLI (Cesare), dilettante fort dis-
tingué, naquit à Massa-Pisana, près de Lucques,
le 11 juin 1788. Avocat et jurisconsulte remar-
quable, homme public d'un caractère noble et
BRANCOLI — BRAUN
123
élevé, il cultiva l'art en simple amateur, mais
y fil preuve d'un talent véritable. Élevé au sé-
minaire lie Saint-Michel, à Lucques, on croit
qu'il eut pour professeur de musique Domenico
Quilici ; en tout cas, il devint habile dans l'art
d'écrire, et produisit , dans le style religieux,
un assez grand nombre d'œuvres fort estima-
bles ; on lui doit, entre antres compositions, un
Stabat mater, un Benedictus et un Miserere
à plusieurs voi\ avec accompagnement instru-
mental, un Chrislum regem à 4 voix, une
messe et un motet à grand orchestre écrits pour
la fête de l'exaltation de la croix, plusieurs
messes et vêpres à 4 et 8 voix concertantes
avec orchestre , enfin plusieurs services reli-
gieux exécutés, de 1821 à 1841, à l'occasion de
la fête de Sainte-Cécile. Inspecteur, pendant [tlu-
sieurs années, de l'Institut Pacini , il rendit à
cet utile établissement des services réels, et écri-
vit sur la musique plusieurs mémoires estimés,
qui ont été insérés dans les Actes de l'Académie
de Iiucques. Cet homme distingué mourut le 9
juillet 18G9, à l'âge de 81 ans.
BKAIXDAIM (Giovanni), maître de chapelle
et compositeur, naquit à Florence le 24 janvier
1792, et eut pour maître un artiste nommé Giu-
seppe Buccioni. De bonne heure il devint un or-
ganiste distingué, et en 1815 11 faisait exécuter
une messe de sa composition. Successivement
maître de chapelle dans diverses églises de Flo-
rence, Brandani écrivit un grand nombre de
compositions religieuses et de pièces pour l'or-
gue. Cet artiste modeste et honorable est mort
à Florence le 12 décembre 1873, âgé de près de
82 ans.
BRAXDTi\ERX (Matth\o), facteur d'or-
gues distingué, vivait à Thorn dans la seconde
moitié du dix-septième siècle.
BRASSIN (Loms), pianiste et compositeur
dont le nom véritable est de Brassine, est né
le 24 juin 18.36, à Aix-la-Chapelle, d'une famille
d'origine liégeoise. Son père et sa mère étaient
deux chanteurs dramatiques distingués, et Louis
Brassin fut laîné des trois enfants qui survécu-
rent, sur sept issus de leur mariage. Élevés
dans une atmosphère purement musicale,, les
dispositions artistiques des trois frères se déve-
loppèrent avec rapidité. Le jeune Louis, qui
reçut ses premières leçons de piano d'une
amie de sa famille, se fit surtout remarquer par
ses aptitudes, et devint bientôt le maître et le
guide de ses deux frères Léopold et Gerhard.
Tout jeune encore , il fit ses débuts de virtuose
dans une représentation donnée au théâtre Tha-
lia, à Hambourg, et obtint un grand succès;
deux ans après, dans un concert qu'il donnait à
Stade, il se fit doublement applaudir, comme
exécutant et comme professeur, en produisant
un élève qui n'était autre que sou frère Léopold,
alors âgé de cinq ans.
En 1847, M. Brassin père étant engagé au
théâtre de Leipzig, son fils Louis entra au Con-
servatoire de cette ville, l'un des plus fameux
de l'Allemagne, et y devint l'élève de Moschelès.
Il n'en sortit qu'au bout de cinq ans, après
avoir obtenu toutes les récompenses, et s'être
fait entendre avec succès aux concerts de cet
établissement. Après avoir quitté Leipzig,
M. Brassin fit quelques excursions artistiques
avec ses deux frères, puis, après avoir passé
quelque temps à Cologne, il se rendit en Bel-
gique, se produisit dans plusieurs concerts à
Anvers et à Bruxelles , alla passer ensuite une
année à Berlin, comme professeur au Conserva-
toire, et enfin revint se fixer définitivement à
Bruxelles, qu'il n'a plus quitté que pour faire
quelques voyages artistiques dans les provinces
ou à l'étranger.
Professeur excellent, musicien consommé,
virtuose des plus remarquables, M. Brassin, qui
depuis 1869 est à la tête d'une classe de piano
pour hommes au Conservatoire de Bruxelles,
s'est fait connaître avantageusement comme
compositeur pour son inslrument. On remarque,
parmi ses œuvres : i° L'Ecole moderne du
piano, 12 études de concert, en quatre livres
(Bruxelles, Schott) ; 2° Grand galop fantastique,
op. .5 (id., id.) ; 3" Valse-caprice, op. 6 (id., id.) ;
4° 2*= Valse-caprice, op. 11 (id., id.) ; 5° Prière,
op. 10 (id., id.); 6° 2^ Galop fantastique, op. 16
(id., id.) ; 7° Six morceaux caractéristiques, op.
21 (id., id) ; 8° 2'^ Grande Polonaise, op. 18 (id.,
id.); 9" Au bord de la mer, nocturne, op. 9
(id., id) ; 10" 3 Études de concert , id., id.;
etc. M. Brassin a publié aussi un certain nom-
bre de lieder, et il a écrit et fait représenter
sur des théâtres d'amateurs deux opérettes
allemandes : Der Tkronfolger et Der Mis-
sionar. — Des deux frères de M. Louis Bras-
sin, l'un, Léopold, est pianiste du duc de Saxe-
Cobourg et professeur de musique à l'Académie
de Berne; le second, Gerhard, est violoniste et
maître de concert à Gothembourg. Le fameux
llùtiste Drouet {yoij. ce nom) était l'oncle de ces
trois artistes.
lîRAUIX (J... -Daniel), artiste de la musique
d'Épernon, a publié un recueil de Sei sonate
per violino e basso, Paris, 1728, in-fol.
BR.\UIV ( ), chef d'orchestre au théâtre
Friedrich-WillielmstaJt, de Berlin, a fait repré-
senter sur ce théâtre, au mois d'août 1876, un
oiiéra-comique mWhûé la Muette deSéville.
124
BRAUTNER — BRÉLL
BRAUTXER (Wenzel), compositeur hon-
grois, florissait vers les premières années de ce
siècle. On connaît de lui un certain nombre de
messes et de motels, qui ont été très-appréciés
dans leur (emps. Y.
BREBOS (Gilles), nom d'un facteur d'orgues
qui vivait à Anvers dans la seconde moitié du
seizième siècle et qui fut cliargé,en 1572, delà
reconstruction des orgues de la chapelle dans la
cathédrale de cette ville.
*BRÉE (Jean-Bernard VAN). Cet artiste
distingué fonda en 1840 la société pour l'asso-
ciation des artistes musiciens Cœcilia, la meil-
leure société symphonique des Pays-Bas, et celle
qui se distingue par la plus belle exécution des
œuvres des anciens maîtres. Il était directeur de
l'école de musique de la Société pour rencoura-
gement de Vart musical à Amsterdam, et diri-
geait les concerts de cette compagnie artistique.
Ed. de h.
* BREIDEIVSÏEIN (Henri-Charles), est
mort à Bonn le 24 juillet 1876.
BREITING (Hermvnn), chanteur allemand,
a joui dans son pays_, pendant longues années,
d'une très-grande réputation, que justifiaient
une voix de ténor ample, puissante et étendue, et
des qualités dramatiques peu communes. M à
Augsbourg le 24 août 1804, M. Breiting débuta
fort jeune au théâtre de Mannheim, et son suc-
cès fut tel que, bien qu'à peine âgé de vingt ans,
il fut aussitôt engagé à Berlin. Plus tard il se til
entendre à Vienne, puis à Darmstadt, et fut en-
suite attaché au théâtre de Saint-Pétersbourg,
oii il resta jusqu'en 1842. En quittant cette ville,
il revint en Allemagne, et se proiluisit de nouveau
à Darmsfadt, où, en remplaçant Watzinger, il
excita l'enthousiasme du public. Les deux meil-
leurs rôles de cet arliste étaient, dit-on, celui de
Masaniello dans La Muette de Portici, d'Auber,
et celui de Fernand Cortez dans le chef-d'œuvre
de Spontini. Il prit sa retraite en 1856, après
avoir consommé, au dire d'un de ses biographes,
" plus de gloire, d'honneur et de Champagne
qu'aucun autre ténor. » Il mourut trois ans après,
en 1859, dans une maison de santé, pauvre et
oublié.
BREITKOPF et H.ERTEL. C'est le nom
de la plus grande maison d'Allemagne pour l'é-
dition de la musique, et l'une des plus impor-
tantes du monde entier. Elle a été fondée en
1719 par Bernard Christophe Breitkopf avec des
ressources pas.sablement restreintes. Le fils de
Christophe Breitkopf, Johann-Gottlob-Imma-
nuel, lui donna une grande extension [V. Bio-
graphie universelle des Musiciens, t. II). En
1794, la maison, déjà florissante, passa aux
mainsdu fds cadet de Breitkopf, Christophe- Gott-
lob {Voyezce nom), qui s'associa avec Gottfried-
Christophe Hœrtel, né à Schneeberg en 1763. A
dater de ce moment, la maison prit la raison so-
ciale : Breitkopf et Hœrtel, qu'elle a conservée
depuis. A l'imprimerie typographique existant
déjà , les nouveaux propriétaires ajoutèrent
bientôt des ateliers de gravure, une imprimerie
lithographique et une fabrique de pianos. En
1798 ils fondèrent V Allgemeinen musilcalis-
chen Zeitung, dont ils confièrent la rédaction
à Frédéric Bochlitz et à G. W. Finck. Breitkopf
mourut en 1800, et Hsertel resta seul proprié-
taire de la maison. A sa mort, en 1827, elle
passa à ses quatre enfants, deux filles et deux
garçons : Hermann Hsertel, né le 27 avril 1803,
et Baymond Htertel, né le 9 juin 1810, qui en
prirent [conjointement Ja direction. Grâce à leurs
efforts, la création du vieux Breitkopf prospéra
de plus en plus, et devint une maison vérita-
blement universelle ; elle comprend aujour-
d'hui : ime typographie, une fonderie de carac-
tères avec ateliers de clichage.un atelier de gra-
vure, une lithographie, un atelier de reliure,
une fabrique de pianos, une Ubrairie et un ma-
gasin de musique. Pour nous borner seulement
à la musique, la maison a édité jusqu'à ce jour
environ 13,000 ouvrages divers, dont quelques-
uns comprennent 400 planches de musique; son
dernier catalogue, édité en 1872, est un superbe
volume grand in-8'' de 524 pages. Il faut men-
tionner d'une manière spéciale la superbe édition
des œuvres complètes de Beethoven, celles de
Jean Sébastien Bach, de Haendel et de Mendels-
sohn, entreprises gigantesques que la maison
Breitkopf pouvait seule concevoir et exécuter.
Y.
BRELL (Le Père Benito), moine, organiste
et compositeur espagnol, naquit à Barcelone,
probablement à la fin du dix-huitième siècle,
et fit son éducation artistique au fameux collège
de musique du couvent de Montserrat, dans la
Catalogne, où il eut pour maître un organiste
des plus remarquables, le P. Boada. Il devint
lui-même un organiste de premier ordre et d'un
mérite absolument exceptionnel, s'il faut s'en
rapporter au témoignage de M. Baltasar Saldoni,
dans son Résumé historique du collège de mu-
sique de Montserrat : « S'il était remarquable
comme compositeur, dit cet écrivain, il ne l'était
pas moins comme organiste. Nous croyons même
que sous ce rapport il n'avait point son égal.
Pendant cinq années consécutives nous l'avons
entendu chaque jour, matin et soir, dans toutes
les fonctions de l'église, et nous confessons ingé-
nument que nous ne savions cequ'il fellait ad-
BRELL — BRET
125
mirer le plus en lui, ou la richesse et la variété
de ses mélodies originales, ou la coordination
d'harmonies aussi neuves que variées, foit dans
los versets, soit dans les sonates, fantaisies, va-
riations, etc. Et que dire des fugues qu'il impro-
visait sur le plain- chant, ou sur quelque motif
donné? Oli! si le père Bréll avait été séculier,
il est certain que son nom aurait passé à la pos-
térité avec la gloire qu'il méritait ; les étrangers
auraient érigé des statues à l'artiste qui est
descendu dans la tombe au milieu de nous, pres-
que inconnu du monde entier, si ce n'est de ceu\
que l'admiration pour son talent attiraient dans
le désert de Montserrat, et qui restaient stupé-
faits, en l'entendant, de rencontrer en un tel
lieu un artiste aussi incomparable. Toutefois, il
existe beaucoup de gens qui, comme nous, ont
entendu le P. Bréll, et qui nous accuseront sans
doute, si ces lignes consacrées à la mémoire
d'un grand artiste et d'un ami leur tombent
sous les yeux, d'être resté au-dessous de la vé-
rité dans l'appréciation de son talent. Ce n'est
pas sans raison que ces admirateurs pourront se
trouver blessés; mais ils devront bien croire
qu'il n'y a de notre part qu'insuffisance, et non
ingratitude. Qui pourrait, en effet, se sentir
capable de tracer du P. Bréll l'éloge qu'il méri-
tait ? — » Ce grand artiste mourut à Montserrat
le 3 juin 1850. Il avait écrit un grand nombre de
compositions religieuses avec accompagnement
d'orchestre, et beaucoup de musique pour l'orgue
seul.
BREMER (Jean-Bern.\rd), pianiste, orga-
niste et compositeur, né à Rotterdam en 1830, a
fait ses études musicales au Conservatoire de
Leipzig et a été l'élève de l'habile organiste Jean
Schneider. De retour dans sa ville natale, il s'y
fit connaître comme virtuose sur le piano, et
devint organiste de l'église wallonne en même
temps que professeur à l'école de musique de la
Société musicale des Pays-Bas. En 1862, il fit
un nouveau voyage à Leipzig, avec sa femme,
cantatrice distinguée, s'y produisit avec elle dans
divers concerts, et fit entendre quelques-unes de
ses compositions. L'année suivante il se rendit
en Italie, et exécuta à Milan, dans une soirée du
théâtre de la Scala, son premier concerto avec
orchestre. M. Bremer a publié un certain nombre
d'œuvres, parmi lesquelles on cite : 1" Quatuor
pour piano et instruments à cordes, op. 16 ; So-
nate pour piano, op. 13; 4 pièces caractéristi-
ques à 4 mains, op. 7 ; Jagdlied, pour piano,
op. 9; Rondo capriccio, op. 11; Voyage noc-
turne, pour piano, violon et violoncelle, op. 4;
Knopsen, 6 morceaux de piano. On doit encore
à cet artiste deux concertos de piano avec or-
chestre, Judith, grand oratorio, etc., etc.
ijREMI (ToMMAso), compositeur qui jouit de
quelque renommée, était né àLucqueset y vivait
dans la première moitié du dix-septième siècle.
On connaît de lui un certain nombre de compo-
sitions estimables, entre autres une collection de
motets à deux, trois et six voix, qui fut publiée
à Lucques, chez l'imprimeur Bidelli, en 1645.
Dans la même année, il fit représenter sur le
théâtre de la même ville une action dramatique
mêlée de musique, inlilulée la Psiche. :
^ BREIVDEL (Chakles-François). A la
liste des écrits de Brendel, il faut ajouter :
Franz Liszt als Symphoniker ( Franz Liszt
considéré comme symphoniste , Leipzig,
1859), et Geist und Zecknik im Klavierunter-
richt {V esprit et le mécanisme dans rensei-
gnement du piano; Leipzig, 1867). Kous de-
vons faire remarquer aussi que la Geschichte
der Musik a deux volumes, et non pas un seule-
ment, comme il a été dit. Brendel est mort à
Leipzig le 25 novembre 1868.
Y.
* BRENDEL (Elisabeth TRAUTMANX,
épouse), femme du précédent , née à Saint-Pé-
tersbourg le 27 août 1814, est morte à Leipzig
le 15 novembre 1866.
BREXXESSEL (François), célèbre har-
piste, fut nommé en 1766 musicien de la cha-
pelle royale de Berlin. Il est mort vers 1812. On
connaît de sa composition deux sonates pour
harpe et flûte. Y.
* BRESLAUR (Emile), musicien allemand
contemporain, né à Kottbus, le 29 mai 1836,
a composé de la musique de piano et de la musi-
que vocale à une et à plusieurs voix. Il a aussi
écrit sur son art un grand nombre d'articles,
dans le journal VÉcho, de Berlin. tS '^ Y.
BRET (Emile) , musicien suisse, né vers
1835, était en 1860 organiste d'une des cha-
pelles protestantes de Genève, et se livrait en
cette ville à l'enseignement du piano. Marié
jeune à la fille du pasteur de sa chapelle, il vi-
vait dans une solitude presque absolue, se li-
vrant activement à des travaux de composition,
lorsque le hasard le mit en présence de Meyer-
beer, qui lui adressa des éloges au sujet de quel-
ques-unes de ses productions. Un peu ébloui
par ces encouragements , d'ailleurs sincères et
mérités, le jeune artiste n'eut bientôt plus qu'une
pensée : venir à Paris et s'y faire connaître. Il
abandonna donc son orgue, quitta Genève avec
sa femme, après avoir réalisé toutes ses petites
économies, et vint s'installer à Paris, où il donna
deux concerts avec orchestre, consacrés à l'au-
dition de ses œuvres, et particulièrement de
126
BREÏ
BRION D'ORGEVAL
fragments de deux opéras : la Victime de Mo-
r'ija et la Châtelaine de Lesneven. La^critique
se montra très-favorable aux essais du composi-
teur, mais il ne put trouver aucun éditeur qui con-
sentît à lespublier, et se décida à faire à ses frais
l'édition des morceaux qu'il voulait faire appré-
cier. Toutes ces dépenses avaient absorbé déjà la
plus grande partie de son petit pécule, la situation
devenait difficile, la gène se faisait sentir dans
le ménage , lorsqu'un coup terrible vint frapper
l'artiste -. sa jeune femme tomba malade, et lui
fut enlevée en peu de jours. La douleur de
M. Bret fut telle qu'il devint complètement fou.
Ceci se passait en 1864, et depuis lors les ren-
seiiinemenls font absolument défaut sur lui. Le
talent de ce compositeur était très-réel, et les
morceaux qu'il a publiés à Paris en témoignent
d'une façon évidente. Ces morceaux sont les sui-
vants : 1" Ave Maria pour -, mezzo-soprano,
avec accompagnement de piano ou orgue, violon
et violoncelle,; 2° Le Paradis perdu, scène dra-
matique, morceau d'un grand souffle et remar-
quable par ses développements et la puissance
de son inspiration ; 3° Berceuse finlandaise,
duettinopour voix de femmes ; 4° Aubade, duet-
tino pour ténor et contralto ; 5° Berceuse orien-
tale, composition poétique et charmante ; 6° Ma
mère, éveille-toi, mélodie dramatique pour so-
prano ; 7° La Marguerite, V Hirondelle, Sans
retour, Le Pêcheur de Messine, Chanson gali-
cienne, mé\oiies.
BRETOIV ( ), compositeur espagnol
contemporain, a fait représenter à Madrid quel-
ques ouvrages dramatiques, parmi lesquels El
Aima en un hilo, en 2 actes, et Guzman el
Bueno, en un acte (th. ApoUo, décembre 1876).
BRETOIXXIÈRE (V ), fliiliste et
compositeur, l'un des plus infatigables produc-
teurs de celte musique de pacotille recherchée
de quelques amateurs, mais si complètement in-
connue des artistes , a publié plus de 400 mor-
ceaux de divers genres, pour différents instru-
ments, mais surtout pour la flûte. On lui doit
aussi une Méthode de violon, une Méthode de
Jlùfe et une Méthode d'harmoniflâle à deux
mains.
' BRÉVAL (Jean-Bvptiste). Cet artiste a
fait représenter à la Comédie-Italienne, le 20 dé-
cembre 1788, un opéra-comique en 3 actes,
intitulé : Inès et Leonore, ou la Sœur jalouse.
* RRIARD (Jean-Baptiste , dit Camille),
violoniste, est mort à Alençon le 25 avril 1876.
On assure que cet artiste avait été professeur
de violon au Conservatoire de ?Caples. Il avait
fait partie naguère de la Société des concerts du
Conservatoire.
* BRICCIALDl (JiLEs). Ce virtuose n'a pas
seulement fait apprécier en Europe son remar-
quable talent de flûtiste : il a traversé les mers
et a parcouru la plus grande partie de l'Amérique,
où il s'est fait entendre avec beaucoup de succès.
On assure que c'est à lui qu'est due l'adaptation
à la flûte du système Boehm , qui a transformé
el amélioré le mécanisme de cet instrument.
M. Briccialdi s'est produit une fois comme com-
positeur dramatique , en faisant représenter au
théâtre Carcano , de Milan , un opéra sérieux
intitulé Leonora de' Medici.
I3RID1ERS (AtGusTE de). Un compositeur
de ce nom a donné sur le théâtre de Poitiers, au
mois de juillet 1872, un opéra-comique intitulé
Carlotta la Sirène.
BRIGOGNE (Marie-Madeleine), l'une des
premières chanteuses qui se montrèrent sur le
théâtre de l'Opéra, puisqu'elle y débuta dans les
Peines et les Plaisirs de Vamour de Cambert,
était fille d'un peintre médiocre , et naquit vers
1652. Petite, mignonne et extrêmement jolie, elle
obtint un si grand succès dans le rôle de Climène
de l'opéra de Cambert , qu'on la surnomma aus-
sitôt « la petite Climène », et que ce surnom lui
resta. Lorsque Lully fut parvenu , par ses me-
nées, à s'emparer des destinées de l'Académie
royale de Musique, il conserva dans sa troupe
Mlle Brigogne, à qui il donna un traitement an-
nuel de 1,200 livres pour tenir l'emploi des se-
conds rôles. Jusqu'en 1680, époque où elle quitta
le théâtre, elle créa les rôles de Doris dans Atys,
d'Hermione dans Cadmus, de Cléone dans
Thésée, et d'Hébé dans Isis. M"« Brigogne, qui
paraît avoir été loin de posséder les vertus qui
constituent une honnête femme , s'est trouvée
mêlée au fameux procès intenté à Guichard par
Lully, et a été de la part de Guichard, dans les
factums publiés par lui à ce sujet , l'objet des
imputations les plus outrageantes.
BRIALEY RICHARDS. — Voyez RI-
CHARDS (Brinley).
BRIIXSIMEAD ( ) Un écrivain anglais
de ce nom a publié une Histoire du piano, avec
un résumé sur la musique ancienne el les
, instruments de musique.
BRIOIV D'ORGEVAL (Édouad- Barthé-
eemv), né à Saint-Etienne (Loire), le 13 mai 1833,
reçut de très-bonne heure les premières notions
de musique. Sa famille, qui l'avait produit, dès
l'âge de cinq ans, dans les concerts, en France
et en Italie, vint se fixera Marseille en 1844.
Il entra alors au Conservatoire de cette ville, et
étudia sérieusement le piano avec Barsotti et les
éléments de l'harmonie avec l'organiste Schœna-
gel. Il fut ensuite placé sous la direction de son
BRION D'ORGEVAL — BRISSON
127
oncle , l'abbé Brion, maîlre de chapelle à la ca-
thédrale (le Chanibéry, qui lui fit tenir pendant
quelque temps l'orgue de cette église. En 1852,
il se rendit à Paris et suivit, au Conservatoire,
les classes de chant de Bataille , Levasseur et
Révial, et le cours de contre-point et de compo-
sition d'Halévy. En 1856, il obtint un accessit
d'opéra. Après avoir fait partie , comme soliste,
de la maîtrise de Notre-Dame-de-Lorelte , il
débuta au Tluâtre-Lyrique en 1857, dans le
rôle de Blondel de Richard Cœur-de-Lion. Il a
chanté aussi les rôles de basse chantante dans
les grandes villes de province et de l'étranger.
M. Brion d'Orgeval s'est fait surtout connaître
comme compositeur. En 1861, il a fait représen-
ter à Anvers le Meunier de Sans Souci, opéra-
comique en un acte, et en 1863 le Don Juan de
Village, opéra-comique, également en un acte.
En 1867, il a donné à Nantes une Charge de
dragons, opéra comique en 2 actes , qui a été
édile à Gand chez Voyage et Lauveryns, en
1868, à Lille, le Chevalier de Cordessac, opéra-
comique en un acte, et en 1876 , à Marseille,
Ivan IV ou les Porte-Glaives, grand opéra en
4 actes.
On a encore de cet artiste : Le Retour, mé-
lodie avec violoncelle obligé ; Impromptu ,
Trois pensées mélodiques, Écho de Séville
pour piano (chez Heu, à Paris); la Danse des
Djinns pour piano (chez Lahoussay à Paris);
Tristesse et Printemps, mélodie (chez Chou-
dens); plusieurs messes; une cantate dédiée au
roi Léopold ; deux opérettes en un acte; une
hymne, Mîisique et Poésie, qui a été exécutée en
1857 au concert des jeunes artistes à Paris; deux
opéras inédits; deschoeurs,des motets, des sona-
tes , un quintette, etc.
IAl. R — d.
BRISSON (Frédéric), pianiste et composi-
teur distingué, est né à Angoulême (Charente), le
25.décembre 1821. II apprit le piano sans profes-
seur, et néanmoins se faisait entendre pour la
première fois en public à l'âge de douze ans, et à
quinze ans commençait à donner des leçons dans
sa ville natale. Après avoir étudié l'harmonie
avec Garaudé, M. Brisson pubhait en 1840 ses
premières compositions, et à la fin de 1846 ve-
nait se fixer à Paris. Dès 1847, il livrait au pu-
blic plusieurs morceaux qui le faisaient aussitôt
remarquer et qui commençaient sa réputation :
l'Arabesque, la Pluie d'or, VOndine, Sans
amour. Depuis lors, il a écrit plus de cent cin-
quante morceaux de piano, puis des duos, des
trios, et de nombreuses compositions pour l'or-
gue. Ses travaux de composition n'empêchaient
pas M. Brisson de se livrer à l'enseignement, et
de se produire fréquemment comme virtuose.
Il a formé de nombreux élèves qui aujourd'hui
sont professeurs et propagent ses principes dans
la plupart des villes de France, et pendant quinze
ans il n'a cessé de donner, à Paris, des concerts
qui lui valaient les succès les plus flatteurs.
M. Brisson ne s'est pas fait remarquer seu-
lement par son talent de virtuose, mais encore,
et surtout, par les qualités de savoir et d'inspira-
tion dont il a fait preuve dans ses nombreuses
compositions. Il est l'un des artistes qui ont le
plus contribué à la vulgarisation et à l'expansion
de l'harmonium, en faisant entendre souvent cet
instrument en public, et en écrivant pour lui un
grand nombre de morceaux élégants, dans les-
quels la banalité n'entre pour rien, et qui font
le plus grand honneur à sa bonne éducation mu-
sicale, à ses facultés d'imagination et à sa cons-
cience de compositeur. Professeur excellent, et
jouissant sous ce rapport d'une renommée légi-
time, cet artiste a publié un ouvrage fort im-
portant : École d''orgue traitant spécialement
de la soufflerie, et contenant 38 exercices, 50
exemples et 20 études (Paris, Brandus). Parmi
ses compositions les plus intéressantes, il faut
citer : 1° Trio de Guillaume Tell, arrangé pour
piano, violon et orgue; T grand duo caracté-
ristique sur Robert le Diable, pour piano et
orgue ; 3° trio pour piano, violon et orgue sur
V Africaine ; 4° id., surZ« Somnambule; 5° id.
sur Marta ; 6"^ id. sur Norma; 1° id. sur le
Pardon de Ploùrmel; 8° fantaisie de concert
pour le piano sur Norma ; 9" id. sur les Porche-
rons; 10° id. sur Gibbij la Cornemuse; 11° id.
sur le Songe d'une Nuit d'été ; 12° id. sur un
Ballo in Maschera; 13° id. sur le Roi l'a dit;
14° id. sur Don Carlos'; 15" id. sur Jérusalem;
16° cent cinquante morceaux de genre originaux
pour le piano, divertissements , caprices, études,
mélodies , nocturnes , etc., se distinguant par
l'élégance de la forme et la grâce de l'idée mu-
sicale. M. Brisson a fait jouer dans un concert,
en 1863, une opérette inlilulée les Ruses villa-
geoises, et il a publié quelques articles de criti-
que musicale dans le Moniteur des Travaux
publics.
Une particularité intéressante est à mentionner
en ce qui concerne M. Brisson. C'est cet artiste
qui le premier a eu l'idée (attribuée à tort à
Thalberg) d'écrire la musique avec deux sortes
de grosseurs de notes. Le premier morceau
qu'il a fait paraître en employant ce procédé est
intitulé la Rose et le Papillon, et a été publié
chez l'éditeur Escudier en 1848. Tout ce qui,
dans l'esprit du compositeur, se rapportait à la
Rose était écrit en grosses notes, tandis que la
128
BRISSON — BROSCHI
partie du Papillon était tracée en notes plus
petites.
BRITSEN (Georges), un des plus habiles
et des plus laborieux facteurs de clavecins du
dix-septième siècle, vivait à Anvers, où il fut
admis, vers 1613, au nombre des maîtres de la
giide de Saint-Luc. On vendait encore en cette
ville, en 1858, un clavecin carré de cet artiste,
devant le clavier duquel se trouvait le nom du
facteur : Georglus. Britsen. Fecït. AntverpLr.
BRITSEN (Georges), sans doute fiis du pré-
cédent, suivit la même profession , et fut reçu
dans la gilile de Saint-Luc, comme liis de maître,
en 1654.
BRITSEN (Georges), dit le Jeune, probable-
ment frère du précédent, entra aussi, en 1638,
dans la corporation comme fils de maître et en
qualité de facteur de clavecins.
BRITSEX (Alexandre), quatrième du nom,
fut le dernier membre de cette famille d'intel-
ligents artisans. Il exerçait aussi la profession
de facteur de clavecins à Anvers , et fut reçu
dans la gilde en 1717.
BROCA Y RODRIGUEZ (Enriqve-
Aleio ), violoniste et compositeur, né à Madrid
le 17 février 1843, apprit les premiers éléments
de la musique d'un artiste nommé Manuel Pam-
fil, étudia ensuite le violon avec M. Isidore de
la Vega , puis, au mois de septembre 1855,
entra au Conservatoire de Madrid, y suivit un
cours d'harmonie et un cours de composition,
et obtint la médaille d'or (premier prix) au con-
cours de 1861. Tout en suivant ses classes,
M. Broca était attaché en qualité de premier
violon à l'orchestre de la Zarzuela, où il resta
de 1858 à 1867, et il a fait aussi partie de la So-
ciété des concerts dirigée par M. Barbieri (Voij.
ce nom). Après avoir terminé ses études, ce
jeune artiste se livra à la composition, et écri-
vit des messes, des psaumes, des motets, des
ouvertures, etc. On lui doit aussi la musique de
quelques zarzuelas dont j'ignore les titres, si
ce n'est celle intitulée Hacer el oso (un acte),
écrite par lui en société avec M. Ignacio Augus-
tin Campo et représentée au théâtre des Varié-
tés le 5 février 1867.
BRODY (Alexandre), professeur de mu-
sique à Paris, directeur de la société orphéonique
le Choral du Temple, est auteur de l'ouvrage
suivant : Solfège pratique ou nouvelle méthode
de lecture musicale, basée sur Vétude des in-
tervalles dans tous les tons et sur la dictée
vocale et écrite, renfermant 100 exercices et
110 morceaux à 1, 2, 3 e? 4 parties, dans tous
les tons majeurs et mineurs, à Vusuge des
orphéons et des écoles, Paris , l'auteur, in-8".
BROEKHUIJZEN (Georges-Henri), dilet-
tante passionné, littérateur musical distingué,
né en 1792, s'est fait remarquer par la bibliothè-
que musicale qu'il avait su réunir et qui passait
pour Tune des plus belles de la Néerlande. Par
son goût, ses grandes connaissances et la libéralité
avec laquelle il disposait de sa fortune pour le
service de l'art qu'il chérissait, cet amateur
éclairé lui fit faire de grands progrès dans son
pays. Il a fondé ou réorganisé plusieurs sociétés
uuisicales importantes, a donné un grand essor
à l'exécution des œuvres lyriques les plus con-
sidérables, et dirigé pendant douze années, à
Amsterdam, les concerts d'été, Kunstgenoegen.
Cet homme intelligent est mort à Amsterdam le
18 décembre 1866.
BROEKHUIJZEIV (G -H ), pianiste
et compositeur, neveu du précédent, né à Ams-
terdam le 25 février 1818, fit son éducation mu-
sicale à l'École royale de musique de cette ville,
et eut pour maîtres G. Fock, J. Bertelman et
Somner. Il se fit connaître de bonne heure, non-
seulement comme virtuose, mais comme compo-
siteur, et sa fécondité fut réellement remarqua-
ble. Mort à Amsterdam le 23 février 1849, au
moment où il allait accomplir sa trente et unième
année, cet artiste bien doué n'en a pas moins
écrit trois ouvertures à grand orchestre, 5 qua-
tuors et un quintette pour piano et instruments
à cordes, 4 cantates, 40 valses pour orchestres,
6i lieder ei chants de circonstances, 16 chœurs
à 4 voix, une sonate et des fantaisies pour piano
et violon, une fantaisie pour le basson, etc., etc.,
sans compter la musique de trois ballets repré-
sentés à Amsterdam, et dont un, De Schoone
slaapster in het bosch, n'a pas eu moins de
quarante représentations.
BROx\SART (Hans VON), pianiste de l'é-
cole nouvelle, est né à Kœnigsberg en 1828. Il a
composé quelques pièces qui sont écrites dans le
style ultra-wagnérien. Il a également publié une
brochure intitulée : Musikalisclie Pjlichten
{Devoirs musicaux), Leipzig, 1858. Y.
BROXSART (M'"^ Ingeburge VON), musi-
cienne allemande, sans doute parente du précé-
cédent, a écrit une musique sur la petite pièce
de Gothe : Jery und Bœtely, qui donna na-
guère à Scribe l'idée du Chalet. Ce petit ou-
vrage a été joué avec succès, le 26 avril 1873,
sur le théâtre de la cour grand-ducale, à Weimar.
* BROSCHI (RiCH.ARn). Selon l'écrit inti-
tulé : Série chronologica de' principi delV Ac-
cademia de' Filarmonici di Bologna, cet ar-
tiste, après avoir été comme compositeur au
service du duc Alexandre de Wittemberg, serait
ensuite devenu, sans nu! doute par l'intervention
BROSCHI — BRUCH
129
de son frère Faiinelli, commissaire de la guerre
et de la marine eu Espagne, sous le roi Ferdi-
nand VI. Le même écrit nous appi'end (juil
mourut en 1756. 11 avait été reçu, en 1730, avec
son frère, au nombre des membres de l'Acadé-
mie des Piiilharmoniquos. Outre les deux opéras
signalés à son nom, Richard Broschi est auteur
d'une farsa intilulée il Finto Sordo.
BltOSAIAI\l\ (Patkr-Damasls), né en 1731
à Julneck, mort à Freiberg ie 16 novembre
179S, a composé une cinquantaine de mes-
ses et beaucoup d'autre musique religieuse, res-
tée manuscrite et éparpillée dans les bibliothè-
ques des couvents de la Silésie. Il a écrit égale-
ment un livre intitulé; De. dlrectione musices
et de reçu Us compositionis . Y.
lillOU ( ), acteur et compositeur, vi-
vait à Paris dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Tout ce que j'ai pu apprendre
sur lui se borne à cette courte notice, que Deà-
boulmiers lui a consacrée dans son Histoire du
thcdtre de l' Opéra-Comique : « Brou, acteur et
musicien de l'Opéra-Comique, débuta en 1740
par les rôles de père et d'amoureux (l'un ne
semble pourtant guère aller avec l'autre). Il joi-
gnit à ce talent celui de compositeur de musique,
et fit plusieurs vaudevilles et divertissements
qu'il a depuis réunis dans un recueil. Brou a
quitté le théâtre en 1741, après la foire Saint-
Germain. ))
BROITSTET (Edouard), pianiste et com-
positeur, issu d'une famille honorable et aisée,
naquit à Toulouse, le 29 avril 1836. Son père,
notable conunerçant de cette ville, désirait lui
voir suivre la même carrière, mais un penchant
irrésistible entraînait le jeune homme vers la
musique. Sa première éducation artistique fut
cependant assez négligée, et ce n'est qu'à partir
de l'âge de vingt ans environ que M. Broustet com-
mença à travailler sérieusement. 11 vint pour la
première fois à Paris en 1858, commença l'étude
de l'harmonie avec M. Maleden, et eut successi-
vement pour maîtres de piano, d'abord Camille
Stamaty et M. Ravina, puis M. Henri Litolff, avec
lequel il entreprit un long voyage à l'étranger.
M. Broustet visita ain.si Munich, Vienne, Pesth,
Berlin, Varsovie, Saint-Pétersbourg, Dresde,
etc., et les relations qu'il établit avec de grands
artistes tels que MM. Franz Lachner, Rubinstein,
Seroff, Robert Volkman et autres, les grandes
exécutions musicales auxquelles il assista, enfin
les conseils de son célèbre maître formèrent ra-
pidement son gofit artistique et l'affermirent dans
sa vocation. De retour en France, il publia quel-
ques compositions pour le piano et donna plu-
sieurs concerts. En 1869, il donna à Paris, à la
BIOGR. UNlV. DES MUSICIENS. — SUl'PL. —
salle Herz, une grande séance musicale, dans la-
quelle il fit entendre [ilusieurs de ses œuvres, no-
tamment une symphonie concertante pour piano
et orchestre qui fut fort bien accueillie. En 1871,
il entreprit un voyage en Espagne et en Portu-
gal, et se produisit avec succès dans ces deux
pays, comme virtuose et comme compositeur.
Depuis lors il est revenu à Toulouse, où le re-
tient une longue et cruelle maladie de son père.
Les compositions de M. Broustet dénotent un
artiste de talent et d'imagination, nourri à bonne
école et imbu des sains [)rincipes de l'art. Parmi
celles qui sont publiées, les plus importantes
sont les suivantes : 3 trios pour piano, violon et
violoncelle (op. 42 et 43) ; symphonie concer-
tante pour piano et orchestre (op. 38); tarentelle
pour piano, avec accompagnement d'orchestre
(op. 28) ; grande valse de concert (op. 26); deux
romances sans paroles (op. 39) ; fantaisie créole
(op. 37) ; éludes mélodieuses (op. 10); études de
style et de perfectionnement, adoptées par le co-
mité des études du Conservatoire (op. 36) ; ma-
zurka pathétique (op. 44) , etc., etc. M. Brous-
tet a en portefeuille : un concerto en mi bémol
pour piano, avec accompagnement d'orchestre ;
un quintette pour piano, 2 violons, alto et violon-
celle; un 4" grand trio pour piano, violon et vio-
loncelle ; une suite pour instruments à cordes,
etc.
BRUCH (Max), violoniste, chef d'orches-
tre et compositeur, est l'un des membres les plus
actifs, les mieux doués et les plus distingués de
la jeune école musicale allemande. Né à Colo-
gne le 6 janvier 1838, il reçut île sa mère ses pre-
mières leçons de musique, et donna de très-
bonne heure, dès l'âge de neuf ans, dit on, des
marques certaines du talent qu'il devait déployer
un joiu'. Devenu élève de Ferdinand Hiller, le
fameux maître de chapelle de Cologne, il reçut
de lui une instruction étendue et solide, et ne s'en
sépara qu'en 1865, pour devenir musikdirector
à Coblentz, emploi qu'il abandonna au bout de
deux ans pour prendre les fonctions de maî-
tre de chapelle de la cour de Sondershausen.
C'est à partir de cette époque que M. Max Bruch
commença à se produire comme compositeur ,
en livrant au public, outi'e un concerto de
violon, deux opéras, une symphonie, et deux
grandes compositions chorales et instrumentales
qui sont comme des espèces d'oratorios profa-
nes, ou plutôt encore des cantates largement dé-
veloppées.
Le premier de ces opéras est intitulé Loreley,
et est écrit justement sur le sujet de celui que
Mendelssohn laissa inachevé et dont l'ouverture
est si connue ; le second, en 4 actes, qui a été
T. I. 9
130
BRUCH — BRULL
représenté à lOpéia de Berlin, en mars 1872,
a pour titre Hennione. Tous tleux paraissent
n'avoir que médiocrement réussi. Mais l'oni-
vie sur laquelle s'est fondée, vers 1866, la jeune
réputation du compositeur est son Frilhjof,
l'une des <ieux grandes cantates qui viennent
d'être signalées. Le musicien a détaclié du fa-
meux poème Scandinave qui porte ce titre et qui,
on le sait, a été écrit par le célèiire évèqued'Up-
sal, Esaias Tegner, un certain nombre de scènes
qu'il a groupées et rattacliées entre elles et mi-
ses en musique. C'est là une production remar-
quable et inspirée, comprenant sept morceaux,
presque tous fort importants, et dont M. Wilder
a publié, il y a deux ans, une très-bonne tra-
duction française (Paris, Durand-Schœnewerl<).
Plus récemment, en 1873, M. Max BrucU a fait
entendre, à Barmen, une autre composition du
même genre, qu'il a intitulée Odysseus ; il avait
agi de même pour ce qui concerne le texte de
cette œuvre, en se servant d'une série de scènes
extraites par lui d'une traduction allemande de
VOdijssée. La seule production de cet artiste que
le public fiançais ait été mis à même de connaî-
tre est son concerto de violon, que M. Sarasate a
exécuté successivement, dans l'biver de 1873-
1874, au Concert National, aux Concerts popu-
laires et à la Société des concerts du Conserva-
toire. Ce concerto, qui affecte une forme nou-
velle et plus concise, plus serrée (pie la forme
Iradilionnelle, ce dont il faut féliciter l'auteur, ne
comprend que deux morceaux, un adagio \tvé-
cédé d'un court prélude, et un allegro-finale ;
l'œuvre ne l)rillp point par la nouveauté des
idées, non plus que par leur ricliesse, mais elle
est écrite avec soin, dans un style pur et élevé,
bien construite, instrumentée avec éclat, avec
chaleur, et elle fait honneur à celui qui l'a con-
çue.
On assure que M. Max Bruch est un des ad-
mirateurs les plus fervents de Robert Schumann
et l'un des défenseurs les plus décidés de son
école, si tant est que Schumann ait fait école.
J'avoue que cela me surprend, cardans les deux
œuvres que je connais de cet artiste, Friihof et
le concerto de violon, je ne vois rien qui le rap-
proclie de la nature de ce musicien poétique et
rêveur, mais singulièrement étrange et fantas-
que; j'y vois, au contraire, que rinspiration de
M. Max BrLich est très-claire, que la structure
et la conduite de ses morceaux sont très-ration-
nelles, que le compositeur ne cherche point les
modulations tourmentées, sauvages parfois, qui
distinguent la musique de Schumann, et qu'enfin
ses grandes qualités sont l'égalité dans le style et
la sagesse dans le plan. Il faut donc croire, en
tout cas, que l'admiration de !M. Max Bruch
pour Schumann ne se traliit par aucune imitation,
aucune recherche de la manière de ce maître.
Outre les œuvres dont il vient d'être [)arlé,
M. Max Bruch a fait exécuter deux symphonies,
dont une en mi majeur, im oratorio intitulé Ar-
minius (Barmen, décembre 1875); une ballade
pour chant et orchestre intitulée Schoën Ellen
(Leipzig, 1869), et il a pul)lié les compositions
suivantes : 3 duos pour soprano et contralto,
avec piano, op. 4 ; Trio en ut mineur pour piano,
violon et violoncelle, op. 5; 6 lieder avec piano,
op. 7 ; 2 quatuors pour instruments à cordes,
op. 9 et 10 ; Fantaisie pour deux pianos, op.
11 ; 6 pièces pour piano, op. 12 ; Hymne pour
soprano, avec piano, op. 13; 2 pièces pour piano,
op. 14; 4 lieder avec piano, op. 15; Kgrie,
Sanclus et Agnus Dei pour deux sopranos,
double chd'ur, orchestre et orgue, op. 35; Ju-
bilate. Amen pour soprano solo, chœur et or-
chestre, op. 3; etc. Enfin, on doit encore à cet
artiste une musique pour la Jeanne d'Arc de
Schiller.
M. Max Bruch, qui parle très-couramment le
français, est venu plusieurs fois à Paris et est
très au fait du mouvement musical de notre
pays. C'est, en somme, un artiste fort distingué,
instruit, intelligent, tenant compte de toutes les
nécessités de l'art, et qui semble appelé à faire
honneur à l'Allemagne musicale. Il est l'un des
rares musiciens de la jeune génération qui sem-
blent doués d'un vrai tempérament. A-t-il du
génie? c'est ce que l'avenir seul peut nous ap-
prendre, car jusqu'ici il n'a encore donné que de
brillantes promesses.
* liRUGUlÈRE (Edouard), est mort à Nî-
mes, dans les derniers jours du mois de décem-
bre 1863. C'est par centaines que se comptent
les romances de ce compositeiir, dont un grand
nombre obtinrent jadis d'énormes succès. 11 a
publié aussi six chœurs religieux pour trois voiv,
avec solo.
BliULL (Ignace), jeune pianiste et composi-
teur allemand, s'est produit à ce double point de
vue en exécutant au Gevvandhaus de Leip/ig
(janvier 1869) un concerto de piano dont il était
l'auteur. Au mois de décembre 1875, ce jeune
artiste faisait représenter un opéra intitulé Dan
goldene Kreuz {la Croix d'or), dont le livret
était tiré, comrrie cela se pratique généralement
à l'étranger, d'une pièce française, Catherine on
la Croix d'or, ancien vaudeville de Mélesville et
Brazier. Cet ouvrage, qui était le premier début
dramatique du musicien et qui était un peu conçu
dans le genre de l'opéra-comique français, réus-
sit brillamment et fut produit successivement sur
BRÛLL — BULOW
131
la plupart des scènes importantes de l'Allemagne.
Depuis lors, M. Ignace Briill s'est occupé, paraît-
il de la composition d'un nouvel opéra, la Pa-
cification, qui n'a pas encore été représenté.
BRIJA'EAU (Jacques), musicien qui vivait en
Flandre dans la seconde moitié du seizième siècle,
fut maître de chant à l'église de Saint-Bavon,
à Gand. Il écrivit, en 1566, quelques cantiques
pour la confrérie de Notre- Dame-aux-Rayons,
et composa, en 1577, divers chants pour les fê-
tes données à Gand à l'arrivée du prince d'Orange
en cette ville.
* BRUXETT! (Jean-Gualbert). A la liste
des ouvrages dramatiques de ce compositeur, il
faut ajouter les suivants : 1° Amore imbralta
il senno, opéra bouffe en dialecte napolitain,
Naples, th. des Fiorenlini, 1733 ; 2° Don Pas-
qxiino, opéra bouffe, Naples, th. Délia Pace,
1735; 3° Lo Corrivo, folie musicale {pazzia
per mvsica), id., id., 1736.
* BRUAl (Antoine-Barthélémy). Aux ou-
Trages dramatiques de ce musicien fort distin-
gué, il faut ajouter Cadichon ou les Bohémien-
nes, opéra-comique en un acte, donné au théâ-
tre Fe>deau en 1792, et l'Esclave, un acte,
donné au même théâtre en ISOO. Son opéra ita-
lien ry.so^a incantata, traduit en français par
Sedaine jeune, avait été représenté aussi, à Fey-
deau, le 3 aoiit 1789.
BRUNI (Srveuino), professeur et théoricien
italien, est auteur de l'ouvrage suivant : Suc-
cinto dl teoria fondamentale per lo schiavi-
mento delV infonazione e per Vaccordaiura
istrum enfuie, Gènes, 1861.
BRUrMi (Oreste), écrivain italien, est auteur
d'un ouvrage ainsi intitulé : Nioolo Pagamni,
célèbre violinista genovese, raccon/o sforico
(Florence, Galletti, 1873, in-8 de 147 pages). Ce
récit ne manque pas de quelque intérêt, mais
j'en crois les détails un peu romanesques.
BRUTI (ViNCENZo), compositeur italien et
chef de musique militaire, est l'auteur d'une
opérette boulfe intitulée Macco, qui a été repré-
sentée avec succès, au mois de juin 1872, sur le
théâtre Brunetti, de Bologne. M. Bruti a écrit
aussi la partition d'un drame lyrique en 3 actes,
la Fidanzata, mais je ne crois pas que cet ou-
vrage ait encore été représenté.
BRZOWSKl (Joseph), pianiste et composi-
teur polonais, est né à Varsovie en 1805. On lui
doit diverses compositions religieuses, entre au-
tres un Requiem estimé des artistes, un certain
nombre de pièces de musique instrumentale et
vocale, et enfin un opéra représenté en 1833 à
Varsovie avec un très-grand succès et qui avait
pour titre : Hrabia Weselinskl {le comte We-
sellnski). Cet artiste, qui doit aussi être cité,
dit-on, au nombre des bons écrivains sur la mu-
sique, dirigeait dans sa ville natale une société
de concerts d'amateurs, dits concerts de la Res-
sourse. — Sa fdle, Mi'e Hedwige Brzowska,
pianiste distinguée, s'est fait, à partir de 1842,
une grande réputation comme virtuose.
BUAT (V ), compositeur français, a écrit
la musique d'un opéra-comique en un acte, les
Noces bretonnes, qui a été représenté au Casino
de Dunkerque, au mois d'août 1868.
BUCCîîLLATI ( ), pianiste et cora-
positeui', li\é, je crois, à Turin, comme profes-
seur de piano, a publié une bonne méthode pour
cet instrument, et s'est fait connaître aussi par
un certain nombre de morceaux à deux, quatre
et huit mains, publiés par les éditeurs Giudici et
Strada : 1° Galoppo di concerto; 2° il Carne-
vale di Venezia, scherzo brillant; 3° Ave Ma-
ria; 4" il Carnevale di] NapoU, scherzo bril-
lant et facile; 5" Pensiero elegiaco, mélodie;
6° Scherzo sur le Canto greco, de Cavallini; 7" 6
Diverdmenti, à quatre mains ; enfin, des fantai-
sies, mosaïques et arrangements sur des rnotifs
d'opéras en vogue : Rigoletto, il Trovatore,
Viftore Pisani, VEbreo, Jone, un Ballo in
Maschera, etc., etc.
BUCHET (Jean-Nicolas), compositeur ama-
teur, né à Limbourg, exerçait à Vei'viers la pro-
fession d'avoué et donna en cette ville une grande
impulsion à l'élude et à la pratique du chant
choral. Il fit exécuter en 1854 un grand oratorio
'\n['ûu\é Judit/t, et écrivit, dit-on, plus de cent
compositions, parmi lesquelles plusieurs messe.s,
un Te Deum, des motets, des cantates, des
chœurs, etc.
BUCHOLZ (Charles-Auguste), facteur d'or-
gues estimé en Allemagne et établi à Berlin, était
né en cette ville le 13 août 1796. Il est l'auteur
des principales orgues qui existent aujourd'hui
à Berlin et dans l'ancien royaume de Prusse. Son
fils, Charles-Frédéric Bucholz,\ai a succédé en
1850.
BUGUET (Henri), vaudevilliste qui a fait
représenter un certain nombre de pièces sur di-
vers petits théâtres de Paris, a publié, dans une
série portant pour titre général : Foyers et Cou-
lisses, histoire anecdotique de tous les tliéd'
ires de Paris, un petit volume intitulé : Bouf-
fes-Parisiens (Paris, Tresse, 1873, in-l8), qui
retrace â peu près exactement l'historique du
théâtre fondé par M. Offenbach.
* BUIIL (Joseph-David), est mort à Ver-
sailles au mois d'avril 1860.
* BULOW (Hans-Guido DE), compositeur,
chef d'orchestre, écrivain musical et l'un de
132
BULOW
plus grands virtuoses pianistes de ce temps, est
le fils (l'un ancien chambellan du prince d'Anhalt-
Dessau, très- connu par ses travaux littéraires,
et le petit- fils d'un ancien major de l'armée
saxonne. Jusqu'à l'âge de neuf ans il ne laissa
soupçonner aucun goût, aucune aptitude parti-
culière pour la musique, et c'est seulement û la
suite d'une longue et douloureuse naaladie que
ses facultés artistiques se manifestèrent, prenant
bientôt un essor extraordinaire. Après avoir étu-
dié le piano d'abord avec M"** Schmiedel, puis
avec Fr. Wieck et M. Litolff, après avoir tra-
vaillé l'harmonie et le contrepoint avec Ebervvein,
M. de Biilow ayant dû suivre sa famille, qui de
Dresde fixait sa résidence à Stuttgard, termina
ses éludes littéraires au Gymnase de cette ville,
fc'y produisit comme amateur en exécutant avec
succès le concerto en ré mineur de Mendelssohn,
et en 1848 partit pour Leipzig afin d'y faire son
droit à l'Université. U demeura dans cette ville
chez un parent, le docteur Frege, mari de la
cantatrice Livia Gerhard, dont la maison formait
une sorte de centre musical très-actif. Dans un
tel milieu, les aptitudes du jeune artiste se dé-
veloppèrent avec rapidité, et, après s'être perfec-
tionné dans l'étude du contre-point avec Maurice
Ilauplmann, il partit pour Berlin, où il se lança
aussitôt dans la grande mêlée qui mettait aux
prises les partisans de l'ancienne école allemande
et ceux de la nouvelle, à la tète de laquelle se
trouvaient Liszt et Uohett Schumann. Quoique
fort jeune alors, puisqu'il n'avait pas encore vingt
ans, M. de Biilow commença à écrire des arti-
cles de critique dans le journal démocratique
VAbendposl, articles dans lesquels il se montrait
l'adversaire acharné et intraitable des doctrines
de la vieille école. Ayant entendu à Weimar,
en ISoO, le Lohengrin de U. Richard Wagner,
il renonça définitivement à l'étude du droit pour
s'occuper uniquement de musique, et cela malgré
ro|)position <le sa famille.
Il se rendit alors à Zurich, où M. Richard Wa-
gner, proscrit politique, s'était réfugié. Il apprit
de lui l'art de diriger un orchestre, et devint
maître de musique aux théâtres de Zurich et de
SamtGall. Puis, s'étant réconcilié avec sa fa-
mille, il repartit en 1851 pour Weimar, où il
perfectionna sou taient de pianiste sous la direc-
tion de M. Liszt, et où il fit la connaissance de
Berlioz. C'est de celte époque que datent les ar-
ticles très-remarques qu'il publia dans la Neue
Zeitschrift fur Musik. En 1853, il fit .sa pre-
mière tournée artistique en Allemagne et en Hon-
grie, remporta surtout de grands succès à Brème,
à Hambourg et à Berlin, alla s'établir qnt'lque
plusieurs familles nobles, fii, au commencement
de 1855, une nouvelle tournée dans le nord de
l'Allemagne, et accepta, dans le courant de cette
même année, la place de professeur de piano au
Conservatoire de Stern et Marx à Berlin, place
qu'il conserva jusqu'en 1864.
En 1857, M. de Bùlovv épousa la fille de son
maître. M"" Cosima Liszt; en 1858 il était nommé
pianiste du roi de Prusse, en 1861 chevalier de
l'ordre de la Couronne, et en 1863 docteur en
philosophie à l'Université d'Iéna. Pendant ce
temps, et malgré de très-nombreuses occupa-
tions, il trouvait encore le moyen d'écrire dans
une foule de journaux, entre autres dans la Neue
BerUner Musikzeitimg et dans la Feuerspritze,
et s'occupait de répandre le goût de la musique
en donnant de grands concerts symphoniques,
des séances de musique de chambre, et même
en se faisant entendre fréquemment seul, et tou-
jours avec le plus grand succès. Après avoir quitté
le Conservatoire de Berlin, il entreprit de nou-
velles tournées de virtuose en Allemagne, en
Hollande, en Belgique, en France, en Russie. « Sa
préférence pour les (ruvres de la nouvelle école,
,dit un de .ses liiogra|)lies, lui attira, surtout à
Berlin, de rudes adversaires dans la presse. Mais
on aurait tort de croire que de Bùlovv se montre
dédaigneux de l'ancienne école ; au contraire, il
tâche encore aujourd'hui de rallier des principes
si divers et si opposés. »
Cependant, n'ayant retiré presque aucun fruit
de ses tentatives et de ses luttes, il alla rejoin-
dre en 1804, à Munich, M. Richard ^Yagner, et
l'aida puissamment dans la mise à la scène de
son opéra de Tristan et Isolde. En 1 8G6, il se
reuflit à Bàle, y donna des concerts, puis, ayant
été rappelé en Bavière par le roi Louis II, il de-
vint prenùer chef d'orchestre du tlitâlre l^oyal
et des concerts de Munich, en même temps qu'il
était choisi comme directeur de l'École royale
de musique, dont il opéra la réorganisation et
qui, sous son impulsion, prit un très-grand dé-
veloppement Ct'pendanf, tant de travaux, joints
à de graves chagrins domestiques, altéicrent
profondément sa santé, et en I86'J il quittait
Munich pour aller habiter Florence, où il demeura
plusieius annéi-s. Depuis lors, il a fait, en Angle-
terre et en Amérique, des voyages artistiques qui
lui ont \aln, comme toujours, les plus grands et
les plus inconleslables succès.
Herrnann Mendel, dans son Musikalisches
Conversations-Lexicon, a caractérisé le talent
de M. Hans de Bùlovv, ses facultés multiples, et
la situation qu'il a occupée en Allemagne : « Cet
éminent artiste, dit-il, doit être classé parmi les
temps à Dresde, où il donna des leçons dans 1 phénomènes les plus rares et comme virtuose et
BULOW — BURACH
i33
comme chef d'orchestre; !a nature, l'étiule et la
force de volonté lui ont donné une ténacité, une
persévérance et une mémoire prodigieuses.
Comme pianiste, il s'est rendu maître, malgré la
petitesse de sa main, de toutes les difficultés
techniques imaginables; il est l'interprète le plus
complet des différents styles et des directions
multiples de la littérature de son instrument ; il
les reproduit avec une clarté d'analyse et une
finesse de détails, et, en môme temps, avec une
grandeur et une poésie dans la conception de
l'idée générale qui le placent au premier rang
sous ce rapport. Il s'est d'ailleurs identifié si
complètement avec les œuvres qu'il exécute qu'il
les possède par cœur, si étendues et si compli-
quées qu'elles soient; il en est de même pour les
compositions orchestrales les plus difficiles, qu'il
dirige sans partition, avec une sûreté impertur-
bable et en observant rigoureusement les moin-
dres nuances. Son éducation scientifique et sa
pénétration d'esprit lui ont permis également de
se distinguer comme écrivain ; son style clair,
original et mordant lui a souvent suscité d'ar-
dents adversaires, lorsqu'il cherchait à faire pré-
valoir ses idées de parti. Mais les ennemis les
plus déclarés de ses idées et de ses tendances ar-
tistiques ne peuvent refuser leur estime et leur
admiration à l'homme qui consacre toutes ses
facultés à répandre les œ^uvres des maîtres an-
ciens et modernes. De même que, dans son jeu,
la logique et l'analyse* raisonnée l'emportent sur
le sentiinent, de même l'esprit critique domine
l'imagination dans ses travaux littéraires aussi
bien que dans ses compositions. Celles-ci consis-
tent en une vingtaine d'œuvres, dont les plus re-
marquables sont -le tableau symphonique JSir-
ivana (op. 20), la musique du Jules-César de
Shakspeare (op. 10), la ballade pour orchestre
la Malédiction du Chanteur (op. 16), neuf ca-
hiers de morceaux de piano, etc. Les arrange-
ments critiques et les éditions instructives, les
transcriptions d'autres maîtres depuis Scarlatti,
Bach, Hœndel et Gluck jusqu'à Berlioz, Wagner
et Liszt, sont de beaucoup supérieures en nom-
bre aux œuvres originales. Comme homme, de
Bùlow est à bon droit estimé et généralement
aimé, car son caractère est ouvert, loyal et che-
valeresque, son commerce agréable, et son amé-
nité prévient tout d'abord en sa faveur. Avec son
maître, F. Liszt, de Bulow a le plus contribué,
par sa personnalité, à combler, pour ainsi dire,
l'abîme entre l'école néo-allemande elles tendan-
ces musicales antérieures. )i Aux œuvres de I\r. de
Biilow qui viennent d'être mentionnées, il faut
ajouter un grand concerto, deux duos de concert
pour piano et violon, et plusieurs lieder. C'est à
lui qu'on doit la réduction avec piano de la par-
tition de Tristan et Isolde, et celle de Vlphigé-
nie en Aulide de Gluck d'après l'arrangement de
M. Richard Wagner.
BUNGERT (A....), compositeur allemand,
s'est fait connaître par la publication d'un assez
grand nombre de lieder pour voix seule avec
accompagnement de piano. Sept recueils de ce
genre, portant les numéros d'œuvre 1, 2, 3, 4, 5,
6 et 7, ont été publiés par la maison Breilkopf et
Hârtel, de Leipzig.
BUOA'OMO (GmoLAMo), professeur de mu-
sique à Palerme et théoricien, est l'auteur d'un
traité intitulé Nnnva Sciiola d'Armonia.
BUONOIMO (Alfonso), compositeur dra-
matique, fils d'un chef de musique de l'armée
napolitaine, est né à Naples le 12 août 1829.
Ayant perdu son père de très-bonne heure, il
devint élève externe du Con.'îervatoire, où il com-
mença l'étude du solfège avec Ac4iille Pistilli, et
celle du piano avec Giovanni Donadio ; il devint
ensuite élève de Giuseppe Polidoro, puis de Luigi
Siri pour le piano, de Pietro Casella pour l'har-
monie, et enfin de Raffaele Polidoro et d'Alessan-
dro Busti pour le chant. Ayant perdu la voix à
la suite d'une maladie, il suivit un cours de com-
position avec Giuseppe Lillo. se produisit en pu-
blic comme virtuose sur le piano, puis embrassa
la carrière de la composition dramatique sous
les auspices de Giovanni Moretti. Voici la liste
de ses œuvres théâtrales, qui foules ont été Irès-
bien accueillies du public : 1° Cicco e Cola (Na-
ples, th. Nuovo, 8 décembre 1857); 2" le pre-
mier acte de/fl Donna romantica ed il Medico
omeopatico, ouvrage écrit en société avec
MVI. Campanella, Ruggi et Valente (id., id.,
1858); 3° ruitima Domenica di Carnevale
(id., id., 1859) ; 4° la Mmalora de Chiaja (id.,
Jardin d'hiver, 1862) ; 5" Ostie non Osti (id.,
th. Bellini, 1865) ; 6" le Follie amorose (un acte,
id., id., 8 décembre 1865); 7" Tizio, Cajo e
Sempronio (id., th. de la Fenice, août 1807);
8° il Marito geloso (id., th. Rossini, 1871); 9°
una Giornaia a Napoli (id., th. Nuovo, 1871).
Outre ces ouvrages, M. Buonomo a écrit deux
opéras, le Due Maschere et Bi-Bà-bù, qui
n'ont pas encore été représentés, et il a publié
diverses œuvres de musique vocale religieuse
ou profane. — Le frère aîné de cet artiste,
M. Eduardo BMonomo, violoniste, pianiste, com-
positeur et professeur, né à Napdes le 22 août
1825, est maître de chant dans divers établisse-
ments d'éducation de cette ville, et s'est fait con-
naître par la publication d'un certain nombre de
compositions pour le chant et pour le piano.
BURiVCH (Juste), moine et compositeur,
134
BURACH — BUSI
né à Sachsein (Suisse), en 1706, mourut en 1768.
A peine âgé de 19 ans il entra au couvent d'En-
sieileln, et s'y consacra entièrement à l'étude et
à la nratiaue de la musique. Ce couvent possède
encoie un grand nombre de compositions de
Buracl), qui, dit-on, témoignent d'un grand sa-
voir, et parmi lesquelles on dislingue surtout
deux Ma(jnificat, dont l'un à quatre et l'autre à
huit parties.
liURALl-FORTI ( ), compositeur
italien, a lail représenter le 31 octobre 1874, sur
le théâtre d'Arezzo, un opéra intitulé : Piccarda
Donriti.
*BUniîURE DE WESEMBECK(LÉo>-
Phiuppe-Marie, chevalier DE), est né à Ter-
monde le 16 août 1812, et non le 17, comme il a
été imprimé par erreur. M. du lîurbure, que sa
grande situation de fortune n'empèclie pas de se li-
vrer avec l'ardeur la plus intelligente à la culture
des arts et dos lellres, à qui l'on doit l'excellent
catalogue hijloi ique du Musée d'Anvers, l'un des
meilleurs ouvrages de ce genre qui existent dans
toute l'Europe, et plusieurs autres travaux in-
téressants sur la musique et sur les arts plasti-
ques, s'occupe aussi sans cesse de composition
musicale. A la liste de ses œuvres en ce genre,
il faut ajouter les suivantes : 1" Ouverture de
David Téniers ou la Kermesse villageoise; 2°
Divertissement pour orchestre, en ut ; 3" Ouver-
ture de Charlemagne, pour harmonie militaire;
4" Divertissement de festival, pour harmonie mili-
taire ; 5" Ilulde uan de Kunst, ode syinphoni-
nique à 4 voix, avec orchestre ; 6° Le Hoop van
Belgie, à 4 voix, avec orchestre -, 7" Cantanti-
bus organls, en sol; 8" In exitu Israël,
psaume, en mi bémol ; 9" Deus firmavit, en ré;
10" Domine salvum fac, en ré; 1 1" Ecce quam
honum, en si bémol; 12° Ave Maria, en ut;
13" Ecce panis, en mi bémol, avec instruments
à vent; 14" Responsoria Passionis secundum
Mattheum, à 4 voix, en sol, sans accompagne-
ment : 15" plusieurs trios, quatuors et quintettes
pour instruiiienls à cordes; 16" plusieurs Fan-
taisies pour violon, pour cor, pour clarinette et
divers autres instruments; 17" plusieurs mor-
ceaux de genre pour harmonie militaire.
M. de Burbure a publié divers écrits relatifs à
la musique et aux musiciens : 1" Aperçu sur
Vancienne corporation des musiciens instru-
mentistes d'' Anvers, dite de Saint- Job et de
Sainte-Marie-Madeleine, Bruxelles, impr.
Hayez, 1862, in-8" de 19 pp.; — 2" Becherches
sur les facteurs de clavecins et les luihiers
d'Anvers depuis le seizième jusqu'' au dix-neu-
■Diènjesirèi'f, Bruxelles, impr. ll;i\ez, 1863, in-8''
de 32 pp. ; -- 3° ISotice siir Ckarles-Louis
Hanssens, id., id., 1872, in-12 de 11 pp., avec
portrait; — 4° Notice sur C.-F.-M, Bosselet^
id., id., 1876. in-12 de 11 pp., avec portrait ; —
5" La Sainte-Cécile en Belgique, Bruxelles,
1860, in-8 ; — 6" Notice sur Jan Van Ockeghem
(en flamand), Anvers, 1856, in-S (2' édition. Ter-
monde, 1868^ in-8°).
M. de Burbure a été élu membre de l'Acadé-
mie royale de Belgique le 9 janvier 1862. M. Al-
phonse Goovaerts, bibliothécaire adjoint de la
ville d'Anvers, a publié sur lui une notice bio-
graphique en flamand (Anvers, 1871, in-8 de 28
pp.), et il a paru à Bruxelles (Hayez, 1874, in-
12) une ISotice bibliographique de M. le che-
valier Léon-P.-M. de Burbure. — Un frère
de cet artiste, M. Gustave de Burbure, comme
lui dilettante passionné, habite Gand, où depuis
trente ans il a puissamment contribué au dé-
veloppement du goût musical et à la culture in-
telligente de l'art. Il a écrit un certain nombre
de compositions estimées, que l'on confond par-
fois avec celles de son frère.
lîURET ( ), compositeur français du
dix- huitième siècle, a publié chez Ballard un re-
cueil de Cantates françaises, et, séparément,
les trois cantates suivantes : Sapho et Phaon,
ode; le Bal; et Daphné.
BÛRGEL (CossT.\>TiN), compositeur et pia-
niste allemand, a publié, pour le piano ou pour
le chant, un certain nombre d'œuvres parmi les-
quelles je citerai les suivantes : Sonate pour
piano, op. 5 ; suite de quatre pièces pour piano,
op. 6 ; six Zjerfcr avec accompagnement de piano,
op. 9 ; Deux ballades pour contralto avec accom-
pagnement de piano, op. 12; Fautas iestïicke
pour piano, op. 13.
RL'RGIO DI VILLAFI01UTA( ),
compositeiu- italien, a fait représenter avec suc-
cès en 1872, au théâtre de la Pergola, de Flo-
rence, un opéra sérieux intitulé il Paria.
* BURGMÛLLER (Jean Fkèdéiîic-Fr.\n-
çois), né à Ratisbonne non en 1804, mais en 1806.
est mort à Beaulieu (Seine-et-Oise) le 13 février
1874. Cet artiste est l'auteur d'un motif de valse
très-gracieux, mais très-court, intercalé par
Adolphe Adam dans son joli ballet de Giselle,
et devenu presque fameux sous le nom de
« valse de Giselle ». Ce motif a même servi de
timbre, il y a vingt ou trente ans, à un grand
nombre de couplets de vaudeville.
BUSI (Gilseipe), organiste, professeur et
théoricien, né à Bologne, de parents pauvres, en
1808, apprit à lire et à écrire d'un prêlre qui
lui enseigna aussi le piano et l'orgue. Dès son plus
jeune âge il gagnait sa vie comme organiste. Il
étudia ensuite lliarmonie avec Palmerini, le
BUSl — BUZZI
135
contre-point et la composition avec Tommaso
Marches!, mais se forma surtout lui-même par
la lecture des œuvres des grands maîtres et par
le soin qu'il prenait de les mettre en parti-
tion. C'est ainsi qu'il laissa une très- nombreuse
collection des principales compositions des
coiitrapuntistes Bolonais de 1500 à 1800,
foutes écrites de sa main. Reçu en 1832, à la
suite d'un brillant examen, membre de l'Acadé-
mie des Philharmoniques de Bologne, il eut un
instant l'idée d'écrire pour le tbéàtre ; mais après
un essai pourtant heureux fait sur une scène par-
ticulière, il en revint à ses compositions reli-
gieuses, et se consacra à l'enseignement avec d'au-
tant plus de zèle qu'il avait été nommé profes-
seur decontre-point au Lycée musical de Bologne
C'est pour ses élèves dans cet établissement
qu'il écrivit un Guida allô studio del contrap-
punio fugato, ouvrage excellent, dit-on, mais
qu'il se refusa toujours à publier. Busi est mort
à Bologne le 14 mars 1871. Unde ses fils, M.Ales-
sandro Busi, son élève, lui a succédé comme
professeur au Lycée musical ; un autre, M. Luigi
Busi, est un peintre distingué.
* BUSSCHOP (Jules-Augustf.-Guillaume).
Le 21 juillet 1800, cet artiste a fait entendre
dans l'église Sainte-Gudule, de Bruxelles, un Te
Dezim solennel dont la critique a fait l'éloge. Le
6 avril 1874, il a fait exécuter à Bruges, par
les soins de la Réunion musicale, de nombreux
fragments d'un drame lyrique en 3 actes écrit
sur un sujet de l'histoire de cette ville, la Toi-
son d'or, qui produisirent un grand effet sur les
les assistants.
BUSSIXE (Prospeu-Alphonse), chanteur re-
marquable, né à Paris le 22 septembre 1821, fut
admis au Conservatoire, dans la classe de Garcia,
le 14 décembre 1842, et devint ensuite l'élève de
Moreau-Sainti pour l'opéra-comique. Il obtint
un accessit de chant au concours de 1844, sévit
décerner l'année suivante les deux premiers prix
de chant et d'opéra-comique, et peu de temps
après fut engagé au théàti c de l'Opéra-Comique,
où il ne tarda pas à faire d'heureux débuts et où
il se fit bientôt la réputation d'un excellent chan-
teur. Sa belle voix de baryton, ample et puis-
sante, mordante et corsée, produisait le meilleur
effet, et il la rendait plus remarquable encore par
ses rares qualités de style et son excellente ma-
nière de phraser. Si Bussine avait été moins gêné,
moins emprunté comme comédien, il eût conquis
peut-être la célébrité. Néanmoins, et pendant les
douze années environ qu'il passa à l'Opéra-Co-
mique, il créa un certain nombre de rôles dont
quelques-uns lui firent un grand honneur, et
parmi lesquels il faut citer surtout ceux dont il
fut chargé dans les Porcherons, Giralda, la
Chanteuse voilée, Raymond oa le Secret delà
Reine, Gibbij la Cornemuse, V Anneau d'ar-
gent, le ^abab, les Sabots de la marquise.
Vers 1858, Bussine, sentant ses moyens faiblir,
prit le parti d'abandonner la carrière théâtrale;
il quitta l'Opéra-Comique, et pendant plusieurs
années se fit entendre avec grands succès dans
les concerts.
Un frère de cet artiste, M. Romain Bussine,
né à Paris le 4 novembre 1830, fut aussi élève de
Garcia et de Moreau-Sainti au Conservatoire, où
i! obtint les seconds prix de chant et d'opéra-
comi(|ue en 1850, et le premier prix d'opéra-
comique en 1S51. Il n'aborda cependant pas le
théâtre, et se livra à l'enseignement. Il fut nommé
professeur de chant au Conservatoire le 30 mai
1872. Il avait fondé l'année précédente la So-
ciété nationale de musique (qui a pour devise :
Ars (jallica), dont il est demeuré depuis lors
le président.
BUSTILLO ITURRxVLDE (Ces\ueo),
conifiositeur et maître de chapelle, naquit à Val-
ladolid le 25 février 1807. Reçu comuie enfant
de chœur à la cathédrale de cette ville, il fit ses
études de .solfège, d'harmonie et de composition
sous la direction de deux artistes appartenant à
la chapelle de celle église, Fernando Haikens et
Angel Marlincbique. Devenu militaire en 1824, il
lit partie d'abord, comme petite flûte et comme
basson, de la musique du 1" régiment de ligne,
puis fut employé dans les bureaux jusqu'en 1828,
époque de sa libération. De retour dans sa ville
nalale, il y reprit ses études de composition, tra-
vailla avec Soriano Fuertes (père), et, en 1832,
ayant pris part au concours ouvert par suite de
la vacance de la place de maître de chapelle de la
cathédrale de Tolède, il l'emporta sur ses ri-
vaux et fut nommé à cet emploi, qu'il conserva
jusqu'en 1804. Il devint, en cette dernière année,
chapelain royal de la même église Cet artiste a
écrit, pour le service de la chapelle dont il était
le directeur, un grand nombre de compositions
religieuses, telles que messes, vêpres, lamenta-
tions, répons, motets, cantiques, psaumes, mise-
rere, etc. La plupart de ces compositions sont à
deux chœurs et à grand orchestre. M. Bnslillo a
écrit aussi plusieurs pièces pour musique mili-
taire.
* BUTERA (André). Ce compositeur a fait
représenter au théâtre de la Canobbiana, de Mi-
lan, le 12 septembre 1854, un opéra sérieux inti-
tulé/a Saracena. Butera est mort à Palerme le
11 novembre 1862.
" BUZZI (Antonio). Cet artiste est né à
Rome. Il a souvent abordé la scène, sans jamais
d36
BUZZI — BYESSE
y obtenir de succès, si ce n'est avec son opéra
de SaiU. La liste de ses ouvrages dramatiques
doit s'augmenter des œuvres suivantes : Gus-
mano di Médina (Rome); Vindovina (Plai-
sance, 1862) ; la Lega Lomharda, représentée
en Espagne; Sordello ; Denvenuto Cellini, bal-
let ; V Isola degli Amori, ballet ; i Due Ciabat-
tini, opérette (Turin, 1867). L'auteur du Dizio-
naro biogrofico italien, Francesco Regli, dit que
M. Buzzi «a [)ius de doctiine que d'inspiralion,
plus de science que d'originalité, » et que la
plupart de ses opéras sont mort-nés. Depuis lon-
gues années cet artiste est fixé à Milan, où il se
livre à l'enseiiinement du chant et où ses leçons
sont très-recherchées.
' BlIZZOLA (Anto.mo), (ils d'un artiste qui,
pendant trente ans, fut maître de chapelle et or-
gani.ste de la cathédrale d'Adria, en même temps
que premier \i()lon au théAtre, naquit en cette
ville vers 1815. Son père lui enseigna à jouer de
plusieurs instruments, et, lorsqu'il eut atteint sa
quinzième année, l'envoya à Venise pour s'y
perfectionner. Admis à l'orchestre du théâtre de
la Fenice en qualité de premier violon, puis de
flûte, il se lit lemarquer par son habileté à ac-
compagner au piatio, et bieutôt se livra à la pra-
tique de la compositiou. Après avoir donné au
théâtre Gallo .son opéra de Ferramondo (1836j,
il se rendit, sur les con.seils de quelques amis, à
Niiples, où, sous la direction de Donizelti, il ter-
mina ses études et perfectionna son talent. Ce-
lui-ci lui conlia un jour le soin d'écrire l'ouver-
ture d'iMie cantate de circonstance qu'il doiuiait
au théâtre San-Carlo, et le jeune Buzzola com-
posa aussi un certain nombre de morceaux déta-
chés pour différents théâtres. En même temps 11
écrivit des canzoni en dialecte napolitain, qui
obtinrent un grand succès. Après un séjour de
deux années à Naples, il retourna à Venise, y
donna son second et son troisième opéra, il Mas-
1/ no (th. Gallo, 1840) etgli Avcentiirieri (Fe-
nice, 18il), fit exécuter à la Société Sainte- Cé-
cile (1841) une messe à 4 voix et à grand or-
chestre, puis partit pour Berlin.
Après les deux années qu'il passa en cette
ville, Buzzola parcourut l'Allemagne, la Pologne,
une partie de la Russie, vint passer quelque
temps à Paris, puis, au mois de septembre 1846,
retournait à Venise, où il faisait entendre une
messe de Requiem à quatre parties avec or-
chestre, et en 1847 donnait au théâtre de la Fe-
nice Amlelo, opéra qui obtint un accueil très-
favorable, et qui fut bientôt suivi d'un autre
ouvrage, EUsabeila di Valois. C'est peu de
temps après que, Perotti étant mort, il succéda
à cet artiste comme premier maître <le la clia-
(»elle de l'église St-Marc. Il mourut lui-même en
cette ville, au mois de mars 1871, au moment
où il venait de terminer un nouvel opéra, la
l'ula onoraia. En dehors du théâtre, Buzzola
a publié un assez grand nombre de compositions
vocales, entre autres un album de douze mor-
ceaux, intitulé xina Notte a Venezia (Milan,
Lucca), que Tondit d'une inspiration aimable et
pleine d'élégance.
lîYKSSE ( ). Deux ouvrages lyriques
ont été représentés sous le nom de cet artiste :
1" Pancrace et Polycarpe,2 actes, th. Montan-
sier, 1797; T Sigebert, roi d'Austrasie, ou
l'Amour gardois, 3 actes, th. des Jeunes-Elè-
ves, 4 octobre 1806.
CABALLERO (Mam'el TKRNANDEZ),
composileur dramatique espagnol , né à Murcie
le 14 mars 1835, apprit les premiers éléments de
l'art dans sa ville natale, puis se vendit à Madrid
et se fit admettre au Conservaloiie de cette villeo
Il y devint l'élève de M. Soriano Fuertes pour
l'harmonie, puis de M. Hilarion Eslava pour la
composition, et obtint, au concours de 1857, le
premier prix de composition. Tandis qu'il était
au Conservatoire, M. Caballeio prit part à un
concours ouvert pour la place de maître de cha-
pelle de Santiago de Cuba , et fut proclamé vain-
queur; l'emploi ne lui fut pourtant pas confié à
cause de son jeune âge, car il n'avait alors que
dix-huit ans. Ses études terminées, le jeune ar-
tiste se livra à la composition. On a leprésenté
de lui à Madrid, dans ces dernières années, un
certain nombre de zarzuelas qui ont été bien ac-
cueillies du public; voici les titres de celles qui
sont venues à ma connaissance : 1° Juan Lanas ;
2° la Jardinera; 3° el Vizconde de Letoricres ;
4° el Cocinero ; 5" Frasquilo, un acte , th. des
Variétés , 10 mars 1867 ; G° el Primer Dia feiiz,
3 actes, th. de la Zarzuela , 30 janvier 1872;
7° el Atrevido en la cor te, id., 1872 ; 8° lu Re-
visla del Diablo; 9° la Clave, 2 actes ; 10° las
Hijas de Fulano, un acte; ll° Luz y Sombra;
12° el Vélo de encaje; 13° la Gallina ciega, 2
actes; 13*^ las Nueve de la Noche, 3 actes (en
sociétéavec M. Casares) ; 14° Entre el Alcade
y el Rey, Madrid, Mars 1876 ; 15° la Marsel-
lésa, M;)drid, juin 1876 ; 16" Elsiglo que viene,
1876. M. Fernandez Caballero s'est lait connaître
aussi comme compositeur de musique religieuse.
CABEL (Makie - Josiipeie DP.EULLETTE,
épouse CABU, dite), chanteuse distinguée, fille
d'un ancien officier de cavalerie de l'armée fran-
çaise devenu plus tard agent comptable dans di-
vers théâtres de Belgique, est née à Liège le 31
janvier 1827. Elle montra dès ses plus jeunes
années d'excellentes dispositions musicales, et
M""' Pauline Viardot, qui habitait alors un châ-
teau aux environs de Bruxelles, ayant eu occa-
sion de l'entendre chanter, lui prédit un brillant
avenir. Son père étant mort, elle donna d'abord
des leçons de solfège et soutint sa mère à l'aide
de son travail. Bientôt elle devint i'élève d'un
jeune profes.seur de chant, M. Louis- Joseph Cabu,
dit Cabel, qui en devint amoureux et l'épousa.
Ce mariage ne fut pas heureux , car au bout de
quelques années les deux époux divorcèrent.
En 1847, M'"'' Cabel vint à Paris et se fit en-
tendre au château des Fleurs, établissement de
concerts situé aux Champs-Elysées, puis elle
obtint un engagement à l'Opéra- Comique, où elle
débuta au mois de mai 1849 dans le rôle de Geor-
gette du Val d'Andorre, après (juoi elle se montra
dans les Mousquetaires de la Reine. Elle passa
alors complètement inaperçue, mais M. Hanssens,
chef d'orchestre du théâtre de la Monnaie, de,
Bruxelles, étant venu l'entendre, la fit engager
à ce théâtre, où elle se produisit en 1850 et 1851
avec un énorme succès. Cependant, en 1852,
elle allait tenir l'emploi des chanteuses légères à
Lyon , aux appointements de 3,000 francs par
mois, puis, l'année suivante, se faisait entendre
à Strasbourg et à Genève. Enlin, engagée au
Théâtre-Lyrique, elle y vint débuter le 6 octobre
1853, dans un ouvrage nouveau d'Adolphe Adam,
le Bijou perdu, et lit aitluer la foule à ce théâtre
par la façon dont elle jouait et chantait le rôle de
Toinon. Jeune, fraîche, accorte, souriante, ayant
le diable au corps, manquant à la fois de goût
et de style musical, mais douée d'une voix
adorable, d'une pureté merveilleuse, et dont
le timbre brillant et argentin produisait un
effet étonnant sur le public, avec cela lançant
les traits les plus difficiles avec une crànerie et
une sûreté surprenantes. M»"» Cabel se fit raid-
dement une tr^s-grande réputation, qui s'accrut
encore avec la création qu'elle fit dans la Pro-
mise, de Claiiisson. Son succès ne fui pas moins
grand dans plusieurs autres ouvrages nouveaux,
Jaguaritu l'Indienne, le Muletier de Tolède,
la Chatte merveilleuse, si bien que l'Opéra-Co-
mique jugea bon de .se l'attacher.
Elle reparut à ce théâtre dans un nouvel opéra
d'Auber, Manon Lescaut, et cette fois le public
ne lid marchanda pas ses applaudissements. Elle
reprit alors plusieurs pièces du répertoire, l'É-
toile du Nord, V Ambassadrice, Galatée, le
Songe d'une nuit d'été, et mit le comble à sa
renommée par sa création de Dinorah du Pardon
de Ptoërmel, bientôt suivies de celles qu'elle fit
dans C hdteau-Trompette et dans Zilda. En
1863, M"*' Cabel retourna au Théâtre-Lyrique
pour jouer Peines d'amour, traduction de Cosi
fan tutte, de Mozart, puis elle revint à l'Opéra-
138
CABEL — CAFARO
Comique établir le rôlede Pliiline dansla Mignon
fie M, Anibioise Thomas. Peu aprè>, elle quitta
Paris, et depuis lors elle a donné des représen-
tations en province, en Belgique, et à l'Opéra-
Comique de Londres, où, en 1872, elle a obtenu
de très-grands succès.
* CABEZON (Féi.ix-Antoine). Dans les
éphémérides de son CflieJirfano /t/slorico mu-
sical pour 1S73, M. Soriano Fiiertes (i\e, d'une
façon précise, la date de la naissance de cet ar-
tiste au 30 mars 1510, et celle de sa mort au 26
mars 1566.
CABO (FiiANcisco-JAviER), or2;aiiiste et com-
positeur espagnol, naquit àNagiiera (province de
Valence) en 1768. Il étudia le solf'ge, l'orgue et
la composition à la maîtrise de l'église métropo-
litaine de cette ville, et eut terminé de bonne
beure son éducation musicale, car il était très-
jeune lorsqu'il fut nouurié organiste de l'église de
Santa-Calaiina , puis de la cathédrale d'Orduiela.
Doué d'une excellente voiv , il obtenait, en 1810;
une place de chanteur à la chapelle de la calhé-
draledeValcnce, et devenait en 1816 organiste et
en 18J0 maître île la chapelle de cette église. Il
n'occupa ces dernières fonctions que pendant deux
années, car il mourut en 1832, âgé de soixante-
quatre ans. Cabo lut, dit-on , un des artistes les
plus distingués de l'école de Valence; ses compo-
sitions nombreuses , qui consistent en messes ,
vêpres , motets , psaumes et autres |)ièces de nui-
.sique sacrée , se font remarquer |)ar un véritable
caractère religieux, par une réelle élégance, par
la spontanéité de rins|)iration et la simplicité du
dessin mélodique.
CABRAL (Antomo-Lopes), musicien portu-
gais, naquit à Lisbonne en 1634 , et entra assez
jeune dans l'ordre militaire du Cbiist; il fit en-
suite partie de la chapelle royale sous D.Alfonso VI
et D. Pedro II, en qualité de chantre. Après avoir
occupé successivement plusieurs charges impor-
tantes dans le célèbre couvent du Christ à Thomar
et plus tard à Ponte de Lima , il retourna à Lis-
bonne, oii il mourut en 1698.
J. DE V.
CABR.VL (Camillo), musicien portugais,
vivait au wni"^ siècle. Le gouvernement du roi
D. José 1" lui fournit les moyens de faire ses étu-
des en Italie, en com[>agnie d'autres artistes por-
tugais de talent : les frères Lima et Joâo de
Sousa Carvol ho {Voyez, ces noms), Il fit ses étu-
des au Conservatoiie de Naples , et de retour en
Portugal il obtint une place de professeur dans le
Seminario patriarchal, qui était alors le meil-
leur établissement de Lisbonne pour l'enseigne-
ment de la musique.
J. DE V.
CACACE ( ), compositeur italien con-
temporain, a fait représenter en 1854, sur l'un
des théâtres de Naples, un opéra sérieux intitulé
Elvira de'Coltradi.
* CADAUX (JiSTiN). Cet artiste avait abordé
la scène pour la première fois en donnant à Tou-
louse, le 12 novembre 1834 , un petit opéra co-
mique en unacie, Axel, qui fut fort bien accueilli,
et dont les deux principaux rôles étaient tenus
par deux chanteurs qui se firent plus tard une
grande réputation, MM. Lafeuillade etMocKer.
Quoiqu'il soit parvenu à se faire jouer à Paris,
l'existence de Cadaux fut toujours médiocre et
précaire. Il avait en portefeuille deux ouvrages
qui ne purent jamais fitre représentés : le Violon
de. Crémone, d'après un conte d'Hoffmann , et
le Sicilien, d'après la charmante petite comédie
de Molière, il devint organiste du temple protes-
tant de la rue Chauchat , puis un instant chef
d'orchestre d'une" troupe lyrique française qui
alla s'établir à Londres sans succès. En 1864, il
réorchestra la partition du Devin du village, de
Rousseau , pour la reprise qui en fut faite au
Vaudeville. Deux ans plus tard, à la mort de
Leborne, il fut nommé chef de copie à l'Opéra ,
mais ne put conserver cet emploi , qui lui fati-
guait trop l'esprit. Bientôt son cerveau s'affaiblit
sensiblement, peut-être par suite des malheurs
et de la misère , et son étal intellectuel devint tel
que les artistes de l'Opéra et de l'Opéra-Comique,
émus de sa situation , se réuniient po\ir le faire
entrer dans la maison de santé de Picpus, où il
mourut le 8 novembre 1874.
Kn 1872, l'Académie des beaux-arts avait attri-
bué à Cadaux , avec divers autres artistes non
musiciens, le prix fondé par M. Georges Lambert
pour être décerné " à un homme de lettres, à un
arti.Ue, ou à la veuve d'un artiste, comme mar-
que publique d'estime ». Cadaux a publié quel-
ques morceaux de musique légère pour le piano.
C^LESTIiXUS ( ), moine-compositeur
qui ilorissait en Allemagne, vers le milieu du
xviii" siècle, est l'auteur de quelques concertos
d'orgue qui ont été imprimés. Y.
CAERVVARDEIX (Jonx), compositeur an-
glais, vivait vers le milieu du xvii* siècle. En
1640 il devint musicien de la chapelle de Char-
les l'^'. Y.
C^SAR (Jean-Michel), compositeur alle-
mand,est connu par l'ouvrage suivant, imprimé
à Augsbourg : Psalmi vespertini Dominici et
Fesfivi. Y.
* CAFARO (Pascal). A la liste des com-
positions dramatiques de cet artiste, il faut
ajouter il Natal d'Ai^ollo, représenté à Naples
en 1775.
CAFFI ~ CAGNIARD
139
* <".AFFI (François), célèbre'liistorien musi-
cal , est mort à Pa()oue au mois de janvier ou de
février 1874, laissant inédite nne Histoire du
thédire. A la liste de ses écrits on doit joindre le
suivant -. Délia vita e délie opère di Giammateo
Asola, Padone, 18C2.
CAGMARD DE LA TOUR (Cuarles,
Ijaron DE), pliysicien distingué, né à Paris le 31
mai 1777, successivement élève de l'éfole poly-
teclinique et de l'école dos ingénieurs géograplies,
consacra toute sa vie à l'étude des sciences, fut
auditeur au conseil d'État , et en 1850 se vit élire
membre de l'Académie des Sciences. Outre plu-
sieurs inventions mécaniques, telles que celles
du peson chronométrique, de la pompe filiforme,
du canon-pompe, etc., et l'exécution de divers
travaux d'art dont il fut cbargé comme ingénieur,
on lui doit des progrès notables dans hs sciences
physiques, principalement en ce qui concerne
l'acoustique , et c'est uniquement en raison de
ses tiavaux relatifs à cette dernière que son nom
très -honorable trouve place dans ce dictionnaire.
Sous ce rapport, il convient de citer en première
ligne les remarquables expériences qu'il a faites
sur le son à l'aide d'un instrument ingénieux
inventé par lui et qu'il baptisa du nom de sirène.
La sirène est devenue populaire parmi les sa-
vants , et voici comment la décrivait un recueil
spécial , le journal la Science, dans une notice
consacrée à son auteur :
«^Làsirène, qui datede 1819, est un instrument
destiné à mesurer les vibrations de l'air qui cons-
titue le son. Tous les physiciens la connaissent;
il n'est même pas d'élève de collège qui ne l'ait
vu fonctionner lorsqu'on fait des expériences
d'acoustique. Voici sur quel principe s'appuyait
M. Cagniard en confectionnant son appareil : si
le son produit par les instruments est dû princi-
palement, comme le croient les physiciens, à la
suite régulière des chocs multipliés qu'ils don-
nent à l'air atmosphérique par leurs vibrations,
il semble naturel de penser qu'au moyen d'un
mécanisme qui serait combiné pour frapper l'air
avec la même vitesse et la même régularité, on
pourrait donner lieu à la production du son. Tel
est, en effet, le résultat qu'il a obtenu à l'aide
de son procédé, qui consiste à l'aire sortir le
vent d'un soufllet par un petit orifice, en face
duquel on présente un plateau cii-culaire mobile
sur son centre , et dont le mouvement de rotation
a lieu soit par l'action du courant, ou par un
moyen mécanique. Le plateau , dans la partie de
la surface qui s'applique contre l'orifice , est percé
obliquement d'un certain nondjre d'ouvertures
rangées dans un même cercle concentrique à l'axe
et espacées entre elles le plus également possible.
Par le mouvement du plateau, ces ouvertures
viennent se présenter successivement devant l'o-
rifice qui se trouve ainsi à jour lors du passage
de la partie évidée du plateau et recouvert im-
médiatement après par la partie pleine qui lui
succède. Ce courant , par le mouvement rapide
du plateau , donne à Pair extérieur une suite ré-
gulière de chocs qui produisent un son analogue à
la voi\ humaine, et qui est plus ou moins aigu,
selon que le courant fait tourner le plateau avec
plus ou moins de vitesse (1). »
En 1829, Cagniard de La Tour publia un Mé-
moire sur le sifflement de la 6ouc/ie, travail qui
lui servait à démontrer que , dans l'acte du siffle-
ment , les lèvres agissent comme une ouverture
tubulaire plus ou moins allongée , ouverture qu'un
courant d'air sortant des poumons ou y rentrant
traverse avec une certaine vitesse en frottant par
intermittence les parois de ce coniiuit. C'est par
les expériences faites à ce sujet que Cagniard de
La Tour fut amené à considérer le larynx comme
un instrument à anches, dans lequel l'air mis en
vibration par le fi-oltement contre les lèvres in-
férieures de la glotte viendrait choquer les lèvres
supérieures et y formerait des sons plus intenses
qu'il n'aurait pu produire en y arrivant directe-
ment. Cagniard de La Tour disait à ce sujet,
dans une notice publiée par lui-même sur ses tra-
vaux (2) : — « Les ventricules qui sont entre les
lèvres supérieure et inférieure ont une influence
très-prononcée sur le timbre particulier que la
voix humaine peut prendre. Le fond de l'arrière-
bouche, qui peut se contracter et se dilater entre
certaines limites , et la cavité buccale exercent
aussi une action toute spéciale sur les sons que
l'on émet, et font de la voix de l'homme un ins-
trument à part , bien distinct de tous les autres
instruments. Par des essais sur des individus vi-
vants ayant des ouvertures à la trachée , M. Ca-
gniard a pu reconnaître la valeur en atmosphères
de la pression exercée par les poumons dans
l'acte de l'émission de la voix , et , par des essais
semblables dans le cas d'insufflation dans des ins-
truments à vent, M. Cagniard a pu donner en
nombres la pression exercée aussi dans ce dernier
cas. L'étude de la résonuance des glottes , soit
membraneuses , soit à élasticité de torsion , a
(1) La Science, année 1857. Depuis lors, Cagniard de La
Tour a fait diverses applications de son inventio;i pre-
mière, et il a imaginé l.i sirène complexe à séries otidu-
lees, la sirène u plateau épais, les sirènes à deux sons
simultanés, etc. On peut consulter à ce sujet les Anna-
les de physique et de chimie, ainsi que les Comptes ren-
dus de l Académie des sciences.
(5) N otice sur les travaux scicntiUquesdeM. Cagniard-
Latour, Paris, impr. Bachelier, 1851, 10-4».
140
CAGNIARD — CAGNONI
monfré que, pour qu'il y ail un son de produit
avec une certaine rondeur et avec une certaine
facilité, il faut que les deux lèvres de la glotte
aient , en général, une tension différente. » Ca-
gniard ne se contenta pas de ces observations po-
sitives ; il voulut, à l'aide de larynx artificiels,
faire des expériences sur la voix humaine, et à
ce sujet Magendie écrivait ce qui suit , dans son
Précis élémentaire de physiologie : « M. Ca-
gniard-Latour a fait construire un jjetit appareil,
véritable larynx artificiel, où deux lames minces
de gomme élastique, tendues à l'extrémité d'un
tube évasé , se touchent par l'un de leurs bords;
quand on souffle doucement dans le tube, il se
produit un mouvement d'anche semblable à celui
du larynx, et conséqnemment un son qui a beau-
coup danaloj:(ie avec la voix. Mais ce quil aurait
été difficile de prévoir, pour que le son soit pur
et qu'il se forme aisément , les lames doivent être
inégalement tendues; par exemple, les sons
qu'elles rendent isolément sont- ils à la (juinte
l'un de l'autre, alors le son commun est la
tierce. »
On conçoit tout ce que de semblables expé-
riences offient d'utile et d'intéressant au pouit
de vue physiologique, et en ce qui concerne le phé-
nomène de la production du son par le gosier liu-
main. D'autres travaux sur l'acoustique de Ca-
gniard de la Tour, soit utiles, soit ingénieux, ne
présentent guère moins d'intérêt; je me bornerai
néanmoins à les énumérer, car leur analyse m'en-
traînerait trop loin : on trouvera , dans la Notice
citée plus haut, des détails suffisants sur le mar-
teau musical, sur Veffet sonore produit par
les corps solides qui tournent avec une grande
vitesse, sur la Fronde musicale, sur la Sirène-
fronde, sur la nouvelle théorie des cordes so-
nores, sur la résonnance des liquides, el une
nouvelle espèce de vibration que l'auteur a
nommée « vibration globulaire, » sur les effets
du recuit et de la trempe sur le son produit
par les solides, sur faction de Veau dans la
production du 5o?i par Vair, enfin sur l'appa-
reil pour tracer les vibrations d'un diapason.
Ces divers travaux suffiraient pour assurer et
légitimer la renommée du digne savant. Cagniard
de la Tour est mort le 5 juillet 1859, à l'âge de
quatre-vingt-deux ans.
Ceux qui voudront se renseigner d'une façon
plus étendue sur les travaux de cet homme dis-
tingué pourront consulter, outre les ^Mémoires de
l'Académie des Sciences , les écrits suivants :
1° Notice sur les travaux de M. Cagniard-
Latour, Paris, impr. Bachelier, 1851, in-4"; —
2° Biographie de Cagniard de Lafour (signée
Jacob et extraite du journal la Science), Paris,
impr. Duhuisson, s. d. (1857), in-S"; — 3» Ins-
titut impérial de France. Funérailles de M. le
baron Cagniard de Latour. Discours de
M. Becquerel, prononcé le jeudi 7 juillet 1859,
Paris, impr. Didot (s. d.), in-4''; — 4" Notice
des travaux du baron Cagniard de Latour,
Paris, impr. Dondey-Dupré, s. d., in-4''.
CAGA'OLA ( ), musicien italien, a fait
représenter en 1854, sur l'un des théâtres de Mi-
lan, un opéra bouffe intitulé il Podestà di Car-
magnola.
*CAGI\OJVI(.\NTOMo),run des compositeurs
dramatiques favoris de l'Italie contemporaine,
est né à Godiasco, dans la province de 'X'oghera,
jjn 1828. Son père, docteur en médecine, ne s'op-
posa pas à son penchant pour la musique, et le
jeune Cagnoni, après avoir reçu pendant deux
années des leçons d'un professeur nommé Felice
Moretti, entra au Conservatoire de Milan, le
2 mars 1842, pour y étudier le violon d'abord, la
composition ensuite, et en sortit le 7 septembre
1847. Placé d'abord sous la direction du contre-
pointiste Ray, il acheva son éducation avec Frasi.
Il était encore au Conservatoire lorsqu'il écrivit
deux petits opéras, Rosalia di San Minialo et
/ due Savfjnrdi, qui, je crois, ne furent pas re-
présentés ailleurs que sur le petit théâtre r'e cet
établissement. C'est encore au Conservatoire qu'il
com|)osa son premier ouvrage impoitani. Don
Bucefalo, qui fut représenté sur le théâtre Ue,
de Milan, avec un succès auquel n'était pas étran-
ger Iç fameux bouffe Botlero, qui, chargé du rôle
le plus important, celui d'un vieux maître de
( hapelle, y déploya, outre de rares qualités de
chanteur et de comédien, un double lalent de
])ianiste et de violoniste qui émerveillait le public.
La |)artition du jeune maître, tout en manquant
d'originalité, n'était pas d'ailleurs sans valeur, et
faisait bien augurer de l'avenir d'un compositeur
à peine âgé de dix-neuf ans. Ce qui le prouve,
c'est qu'après trente ans écoulés , Don Bucefalo
fait encore partie du répertoire de tous les théâ-
tres italiens, et que le public ne cesse de l'ac-
cueillir avec faveur.
Une fois entré ainsi de plain-pied dans la car-
rière, M. Cagnoni ne perdit point son temps, et
dans l'espace de neuf années écrivit, toujours
dans le genre bouffe ou semi-sérieux , qu'il n'a
jamais abandonné, six ouvrages , dont un surfout,
il Testamento di Figaro, obtint du succès. Ce-
pendant, vers 1856, il interrompit sa carrièire
dramatique pour accepter un emploi de maître
de chapelle à Vigevano. Pendant quelques années,
il ne s'occupa donc plus que de musique reli-
gieuse, et l'on cite surtout, parmi ses meilleures
compositions en ce genre , une messe funèbre qui
CAGNONI — CAHEN
141
fut écrite pour l'anniversaire de la mort du roi
Ciiarles-Albert et exécutée à Turin en 1859.
Le i septembre lSG3, IM. Casnoni rentrait dans
la lice et donnait à la Scala, de Alilan, il Vecchio
délia Montagna, ouvrage qui était joué par le
ténor Prudenza, le baryton Cotogni,et iaPHJinieri,
cantatrice distinguée, et qui tut accueilli aussi
froidement par la critique que par le public. Mais
le compositeur devait prendre bientôt sa revanche
avec l'éclalanl succès de Michèle Perrïn, qui
fut représenté l'année suivante et qui, je crois,
est le |)remier ouvrage donné en ttalie sous l'ap-
pellation d'o/.e/'a comica. Le boulTe Bottero prit
encore, en cette circonstance, une grande part
au succès de son ami , mais l'œuvre du musicien
n'en était pas moins fort remarquable. Depuis
lors M. Cagnoni n'a guère connu que des succès,
et ses derniers ouvrages , particulièrement Clau-
dia, la Tombola et Papii Martin, ont tous été
reçus avec la plus grande faveur. Il est juste de
remarquer que le talent de M. Cagnoni s'affirme
d'une façon indiscutable , et que ses qualités, qui
consistent surtout dans la verve, la chaleur, le
brio, l'action scénique, une gaîté franche et com-
municalive avec laquelle viennent parfois con-
traster des accents d'un sentiment tendre , mélan-
colique et louchant, sont précisément celles de
l'ancienne race musicale italienne. Sa musique
est claire, facile, mélodique et correctement,
sinon élégamment harmoni.^ée ; son défaut peut-
être est dans l'uniformité des idéeset des rhythmes,
et dans le procédé un peu banal de l'instrumen-
tation. Mais ce défaut est, en somme, largement
compensé par les qualités qui viennent d'être
énumérées.
Voici la liste complète des productions drama-
tiques de M. Cagnoni • — 1" Rosulia di San
Mlniulo, Milan, 18ij; — 2" / due Savojardi,
Milan, 18iG ; — 3" Don Ducefalo, Milan, théâtre
Re, 1847; — 4" Jl Teslamenlo di Figaro, id.,
id., 1848 ; — 5» Anwri e TrappoU', Gênes, th.
Carlo Felice, 1850 (refait en partie, rinnovato,
et joué à Rome, sous cette nouvelle forme, en
18C7; ; — 6° La Valle d'Andoria, Milan, th. de
la Canobiiina, isôl (remanié aussi et ainsi joué
à Gênes en 1861); — 7° Gi)Y/M«, Milan, th. de
Santa Radegonda, 1852 -, — 8» La Fioraia, Tu-
rin, théâtre National, 1855 ; — 9° La Figlia di
don Liborio, Gênes, th. Carlo Felice, 1856; —
10° Il Vecchio délia Montagna, 4 actes, Milan,
Scala, 4 septembre 1863;— ii" Michèle Peirin,
3 actes. Milan, 7 mai 1864 (donné d'abord quatre
fois sur le théâtre particulier de l'Académie des
philodramatiques, au bénéfice des réfugiés hon-
grciis et polonais, et représenté ensuite, avec les
mêmes interprètes, M""'" Teresina Pozzi, Caterina
Yalforta, MM. Archinti, Altini, Bottero, Tintorer
et Anselmi , sur le théâtre de Santa-Radegonda) •
— 12'' Claudia, 4 actes, Milan , th. de la Canob-
biana, 19 mai 1866; — 13" La Tombola, Rome,
th. Argentina , janvier 1869 (ouvrage tiré du vau-
deville français la Cagnotte et merveilleusement
joué, pour le rôle principal , par le bouffe Fiora-
vanti); — 14° Un Capriccio di donna, Gênes,
th. Carlo Felice, mars 1870 ; — 15° Papa Mar-
tin, Florence, théâtre National , 1871 (tiré du
drame français les Crochets du père Martin);
16" Il mica di Tapigliano, Lecco, lo octobre
1874.
La carrière de M. Cagnoni n'a pas toujours été
facile, surtout dans ses commencements, et ce
n'est que depuis quelques années, à la suite de
luttes énergiques, que l'artiste a conquis défini-
tivement les faveurs du public. Voici ce que di-
sait à ce sujet un critique italien, M. d'Arcais
{Voije:^ ce nom), peu de temps après la représen-
tation de la Tombola, une des œuvres les plus
heureuses du compositeur -. « Aucun maître n'a
éprouvé comme M. Cagnoni les caprices de la
fortune. Après avoir débuté avec Don Bucefalo,
un des meilleurs ouvrages du répertoire bouffe
italien , il fut comme surfait parce brillant essai.
Pendant beaucoup d'années il tâtonna et chercha
sa voie , et la Fioraia, la Valle d^Andorra, il
Vecchio délia Mo)i(agna ne furent point des
tentatives heureuses. Quelquefois M. Cagnoni fut
viaiment poursuivi par le mallieur, comme pour
l'opéra Amori e Trappole, qui mériterait bien
d'être repris plus souvent , et pour Claudia, par-
tition très-élégante qui tôt ou tard devra repa-
raître. M. Cagnoni doit être loué et cité comme
un exemple , surtout pour sa persévérance. Il est
resté sur la brèche, combattant valeureusement,
et acquérant , comme Antée , une nouvelle vigueur
chaque fois qu'il touchait la terre. Maintenant en-
fin il commence à recueillir le prix dû à sa cons-
tance. C'est que le théâtre peut être comparé à ces
femmes un peu fantasques, qui aujourd'liui vous
font entrevoir le troisième ciel et demain vous
repousseront jusque dans l'enfer.... »
Les derniers succès de M. Cagnoni lui ont créé
dans sa patrie une grande situation artistique; il
est juste de remarquer pourtant que ses œuvres
et son nom n'ont pas réussi jusqu'ici à forcer les
frontières ni. à s'épandre au dehors. En ce qui
concerne la France, particulièrement, un seul
ouvrage de M. Cagnoni y a été représenté : c'est
Don Bucefalo, joué il y a une dixaine d'années
à notre Théâtre-Italien et accueilli avec réserve
par le public.
CAIIEN (Eunest), compositeur et pianiste,
I né à Paris le 18 août 1828, a fait ses éludes au
U2
GAHEN
CAMBERT
Conservatoire de cette ville, on il obtint en 1845
un premier accessit d'harmonie et accompagne-
ment, et le premier prix en 1847. Deux ans
après, en 1849, ayant pris part au concours de
l'Institut, M. Cahen remportait le second grand
prix de composition musicale. Cet artiste a fait
représenter au petit théâtre des Fohes-Nou-
velles, en 1858 ou 1859, deux opérettes en un
acte, dont l'une avait pour titre le Calfat, et
l'autre le Souper de Mezzeiin. A cette époque,
il se livrait à l'enseignement. Depuis lors, il n'a
point fait parler de lui.
CAHEM (Albert), compositeur amateur,
s'est fait connaître par l'exécution de fragments
de deux œuvres importantes : Jean le Précur-
seur, drame biblique (Concert National, 25 jan-
vier 1874), et Endymion, pastorale mytholo-
gique (Concert- Daubé, 19 janvier 1875). L'audi-
tion de ces deux œuvres a révélé chez leur au-
teur une main encore bien inhabile, et une ima-
gination qui a grand besoin d'être réglée et as-
souplie selon des préceptes sévères. Sous ce titre :
Marines, M. Albert Cahen a publié un petit re-
cueil de mélodies vocales avec acconq)agnement
de piano (Paris, Hartmann).
CAJAIXI ( ), compositeur italien, a fait
représenter à Fojano, au mois rl'octobre 1874,
un drame lyrique intitulé Vellèda.
CALAIXDUO (Nicola), surnommé Frascia,
compositeur napolitain, né dans la première
moitié du dix-huitième siècle, est l'auteur de
plusieurs ouvrages dramatiques. Je n'ai pu dé-
couvrir aucuns renseignements biographiques
sur cet artiste, et je connais seulement les litres
des trois opéras suivants, qu'il a fait repré-
senter à Naples , sur le tiiéàtre délia Pace :
1° la Mogliere cadula , 1747; — 2° li Dis-
plette d'ainmore (en société avec Logroscino),
1748 ; — 3° lo Tutore innamoraio, 1749.
CALDERONÏ ( ), compositeur italien,
a fait représenter à Roveredo, dans le cours du
mois d'octobre 1875, un opéra intitulé Merlino
da Patone.
CALEGARI (Giuseppe) , compositeur ita-
lien, né à Padoue, est auteur d'un opéra intitulé
Zenobia,- cet ouvrage était joué, mais non, je
pense, pour la première fois, à Modène, en 1779.
CALENTAIXO (LuiGi), écrivain italien, est
auteur de l'opuscule suivant : Intorno alVarle
del caniare in Ilalia nel secolo XIX, Naples,
1867.
CALIDO. — Deux facteurs d'orgues de ce
nom ont eu quelque célébrité à Venise, entre
le dix-huitième et le dix-neuvième siècle. —
Calido le vieux construisit en 1761 le grand
orgue de la basilique de Saint-Marc. — Caie-
tan, son (ils et son élève, le surpassa de beau-
coup en habileté. Les orgues de presque toutes
les églises principales de Venise sont de sa
facture; on cite entre autres, comme méritant
une attention particulière, celles des églises de
Sainl-Faustin et de l'ange Raphaël. — Calido tra-
vailla beaucoup aussi dans la marche d'Ancône,
et dans la seule ville de Fermo, on compte cinq
orgues dont la construction lui est due. Toutes
ces orgues sont construites d'après l'ancien sys-
tème italien pour ce qui est de l'agencement des
jeux, et manquent de tous les perfectionnements
récents apportés au mécanisme de ces instru-
ments ; mais elles .sont néanmoins remarquables
par la beauté du son, la rondeur de leurs jeux
de fond, et la juste proportion entre la force de
ceux-ci et celle des jeux de mutation. Calido
n'était pas prodigue dans ces orgues de petits
tuyaux de /"oMmi^wre, ce qui donne à leurs grands
jeux une harmonie douce qui les rend très propres
à .se fusionner avec les voix dans la musique a
cappella. On raconte de lui qu'il était très-ja-
loux de .ses diapasons et de la composition de
l'étoffe dont il faisait usage, de telle sorte qu'il
travaillait tout seul à sa composition. Caïetan Ca-
lido, déjà très-vieux, termina sa carrière d'ar-
tiste vers 1818. Parmi .ses élèves, on compte
Jacques Bassani, bon facteur vénitien, lui aus.si,
mort en 1860. L. F. C.
CAMAUER (GoDEFiiOiD) , compositeur, né
à Berg-op-Zoom le 31 mai 182!^ montra debonne
heure un goùl musical prononcé et fut placé au
Conservatoire de Liège, où il fit ses études sous la
direction de Daussoigne et Jalheau. Sonéiiucation
musicale achevée, il s'établit à Huy, devint maître
de chapelle de l'église paroissiale de cette ville,
et s'occupa avec activité d'y propager le goût
et l'enseignement de la musique ; dans ce but, il
forma des classes gratuites de solfège, fonda une
société de chant, une société d'amateurs, et, par
tous les moyens en sou pouvoir, contriliua au
plus grand développement de l'art. Connue com-
positeur, M. Camauer a écrit une messe à 4 voix,
une ouverture pastorale, dédiée au roi de Hol-
lande Guillaume IH, un assez grand nombre de
chœurs, et il a fait représenter à Huy, en 1856,
un petit opéra comique, Grétry à Versailles,
qui l'année suivante a été joué à Liège.
* CAMBERT (Robert). Cet artiste fort re-
marquable doit être considéré, au point de vue
musical, comme le véritable fondateur de l'o-
péra en France, de même que l'alibé Perrin
{Voyez ce nom), son collaborateur, doit revendi-
quer le même titre au point de vue littéraire.
Cambert était un artiste de premier ordre, qui a
été frustré par Lully de la gloire à laquelle il
GAMBERT
143
avait droit, et qui aurait joué en France un rôle
prépondérant si ce dernier ne l'avait dépossédé
à son profit. On peut s'en rendre compte en étu-
diant les fragments qui nous restent de ses deu\
opéras : Pomone, et les Peines et les Plaisirs
de l'amour, l^ar malheur, Ballard n'a imprimé
qu'une partie du premier, et le manuscrit qui
nous reste du second (à la Bibliotiièque nationale)
n'en contient guère que le quart. xMais ces frag-
ments encore sont suffisants pour nous donner
mie juste idée du génie de l'auteur (1).
Cambert avait commencé par se faire une
grande réputation comme compositeur de motets
et de petits airs profanes à une ou plusieurs par-
ties. « On peut dire (dit Boindin dans ses Lettres
historiques sur tous les spectacles de Paris)
que les premiers qui ont introduit un beau chant
en France sont Boësset, Cambert, Bacilly et Lam-
bert , et que ceux, qui ont commencé à le bien
exécuter sont Nierz, M"'' Hilaire, la petite la Va-
renne et le même Lambert. » Cambert se fit
donc connaître, non-seulement par les motets
qu'il écrivait pour le service de l'église de St-Ho-
uoié, dont il était organiste, mais par des airs de
cour, des morceaux de symphonie pour la mu-
sique de la reine-mère, dont il était le surinten-
dant, et par de nombreuses chansons à boire ,
genre si fort à la mode à cette époque. Dans le
livre de l'abbé Perrin : Œuvres de poésie (Paris,
1661, in-12), on trouve treize cliansons qui
avaient été mises en musique par Cambert.
Malheureusement, s'il produisait beaucoup, il
publiait peu, et jusqu'ici l'on ne connaissait rien
de lui en dehors du théâtre. J'ai eu la chance de
découvrir, à la Bibliothèque nationale, un petit
recueil in-18 oblong, imprimé par Robert Bal-
lard en 1605, et dont voici le titre exact : Airs
à boire, à deux et à trois parties , de Mon-
sieur Cambert, maistre et compositeur de la
musique de la Reyne Mère et organiste en
Vécjlise collégialle de Saint-Honové de Paris;
mais j'ai le regret de dire que la Bibliothèque ne
possède que la partie de basse de ce recueil, et
qu'on n'en peut, par conséquent, établir la valeur.
Toutefois, j'en vais reproduire la préface, qui ne
manque pas d' intérêt : — « Ayant plusieurs ou-
vrages de musique à donner au jour comme
motets, airs de cour, et airs à boire, il eust esté
plus séant pour moy, et peut-estre plus avanta-
geux de débuter par des motets, et par des piè-
ces graves et sérieuses ; c'est aussi, lecteur, ce
(1) Dans un travail très-important : Les vrais créa-
teurt de l'Opcra français, Perrin et Cambert, publié
récemment dans le journal le Ménestrel (1873-1876), et
qui parai' ra prnchaincinent en volume, j'ai reproduit deux
airs charmants tires de l'upéra dt Pomone.
que j'aurois fait si je n'avois esté extrêmement
pressé par quelques-uns de mes amis, de com-
mencer l'impression avant que j'eus>e transcrit
et mis en bon ordre mes motets, ce que j'ay fait
pendant l'impression de ces airs. J'espère, lec-
teur, qu'ils ne vous seront pas désagréables , et
que la beauté des paroles sur lesquelles ils sont
composez suppléera au deffaut de la musique,
puis que la meilleur partie est do W. Perrin, que
tout le monde reconnoît pour excellent et incom-
parable pour la composition des paroles de mu-
sique. Vous y trouverez quelques nouveautez
singulières, et qui n'ont point esté pratiquées par
ceux qui m'ont devancé, comme des dialogues
pour des dames, et des chansons à trois , dont
tous les couplets ont des airs différents; vous
observerez aussi que la plu spart des airs à trois
se peuvent chanter en basse et en dessus sans
la troisième partie, et se jouer en symphonie
avec la basse et le dessus de viole, ainsi que je
l'ay pratiqué dans quelques concerts. » J'ai eu la
fortune de découvrir aussi, dans une pièce du
comédien Brécourt, acteur de la troupe de Mo-
lière, pièce intitulée le Jaloux invisible et re-
présentée au mois d'août 1666 sur le théâtre de
l'Hôtel-de- Bourgogne , un morceau de Cambert
dont la musique se trouve dans la pièce même,
avec cette mention : Trio italien burlesque,
composé par le sieur Cambert, maistre de la
musique de la feue Reyne-mère. Ce trio, écrit
sur des vers italiens de style un peu macaro-
nique, est un intéressant essai de musique bouffe.
En dehors de tout ceci, et malgré toutes mes
recherches, je n'ai pu trouver d'autre musique
de Cambert, soit imprimée, soit manuscrite.
Tous les contemporains sont unanimes à faii'e
l'éloge du talent de Cambert. Saint- Evremond,
dans sa comédie : les Opéras, après avoir loué ses
deux premiers ouvrages, la Pastorale et Po-
mone, dit, en parlant de son Ariane : « La mu-
sique fut le chef-d'œuvre de Cambert. J'ose (iire
que les plaintes d'Ariane et quelques autres en-
droits de la pièce ne cèdent presque en rien à ce
que Baptiste (Lully) a fait de plus beau. Cambert a
eu cet avantage dans ses opéras que le récitatif
ordinaire n'ennuyoit pas, pour être composé avec
plus de soin que les airs môme, et varié avec le
plus grand art du monde. » Et plus loin : « Il
avait un des plus beaux génies du monde
pour la musique; le plus entendu et le plus
naturel : il lui falloit quelqu'un plus intelligent
que lui, pour la direction de son génie. J'ajou-
terai une instruction qui pourra servir à fous
les savans, en quelque matière que ce puisse
être ; c'est de rechercher le commerce des lion-
1 nêtes gens de la cour, autant que Cambert l'a
144
GAMBERT
GAMERANA
évité. Le bon goût se forme avec eux -. la science
peut s'acquérir avec les savans de profession;
le bon usage de la science ne s'acquiert que dans
le monde. » De son côté, le rédacteur du Mer-
cure galant s'exprimait ainsi, en annonçant la
mort de Cambeil (avril 1677) : — « Le sieur
Cauiberl est mort à Londr»'S, oii son génie estoit
fort estimé. Il avoit reçu force bienfails du roi
d'Angleterre et des plus grands seigm^urs de sa
cour, et tout ce qu'ils ont veu de ses ouvrages
n'a point démenfy ce qu'il a fait en France ; c'est
à iuy que nous devons Télablissement des opéras
que nous voyons anjount'buy; la musique de ceux
de Pomone et des Peines et des Plaisirs de
l'Amour estoient de Iuy; et depuis ce temp^-là
on ii'a point veu de récitatif en France qui
ait paru nouveau. C'est ce mesine Cambert
qui a fait chanter le premier les belles voix que
nous admirons tous les jours, et que la Gascogne
lui avoit fournies; c'est dans ses airs que Madr-
rnoiselle Brigogne a paru avec le plus d'éclat, et
c'est par eux qu'elle a tellement charmé tous ses
auditeurs que le nom de la petite Cliincne lui en
est demeuré (1). Toutes ces choses font cou-
noistre le mérite et le malheur du sieur Cam-
bert; mais si le mérite de tous ceux qui en ont
estoit reconnu, la Fortune ne seroit plus adorée,
ou pour mieux dire on ne croiroit plus qu'il y
en eust ; mais nous sommes tous les jours con-
vaincus du contraire par des exemples trop
éclatans. »
Cette notice complémentaire, utile en raison
des faits nouveaux que j'avais à produire, ne
saurait s'étendre davantage.
J'ai voulu seulement revendiquer en faveur
d'un des nôtres, d'un Français, le rôle et le titre
qui lui appartiennent de père et de fondateur de
notre opùra national, et démontrer que c'est à
lui, et non à Lully, que revient la gloire d'avoir
créé notre scène lyrique. Si Lully, dont je ne
veux pas d'ailleurs méconnaître le génie, a pu,
grâce à ses intrigues , à son astuce, à sa ruse,
à son habileté, déposséder Cambert de .son vi-
vant, il est juste que la po.^térité rende enfin à
celui-ci l'hommage qui lui est dû, et que, pièces
en mains, elle acquière la preuve de sa rare
habileté, de sa grande valeur et de son incontes-
table talent.
CAMBIAGGIO (Carlo). Un compositeur
italien de ce nom a fait représenter sans succès,
vers 1835, une farsa en un acte intitulée un
Terno al Loflo.
CAMBIASI (PoMPEo), conseiller provincial
de Côme, est lils d'un' dilettante, Isidore Cam-
(1) Du nom du rùle qu'elle remplissait dans les Peines
et les Plaisirs de l'Amour.
hiasi, qui lui a léguéson goût profond pour toutes
les choses de la musique. M. Cambiasi est l'au-
teur d'une utile publication faite par lui sous ce
titre : Rappresentazioni date nei reati Teatri
di Milano, 1778-1872. (Milan, Ricordi, 1872,
in 4.) On trouve dans ce recueil chronologique
la liste de tous les opéras et ballets représentés
sur les deux théâtres de laScala et de la Canob-
biana, avec les noms des libreltistes , des com-
positeurs et des principaux interprèles, la date
de représentation des ouvrages, et enfin tous
les renseignements utiles pour établir l'histoire
de la musique dramatique dans l'une des villes
les plus importantes et les plus intéressantes
de l'Italie sous ce rapport. Le père de M. Cam-
biasi , qui avait |)ris naguère une part active
à la fondation de la Gazzetta musicale de
Milan, préparait, dit-on, les matériaux d'un
grand ouvrage qu'il devait publier sous ce
titre : IHanuale biografico- musicale; on
assure que son fils veut réaliser ce projet,
et qu'il veut tout au moins doter son pays
d'un vaste Dictionnaire biographique des mu-
siciens italiens.
* CAMBINI (Jean-Joseph). Le répertoire
dramatique de ce compositeur doit se compléter
par les ouvrages suivants -. le Tuteur avare
(trois actes). Colas et Colette (un acte), etleBon
Père (un acte), tous trois représentés au petit
théâtre des Beaujolais en 1788. Au mois d'août
178i, il donna aussi, sur le théâlre particulier
de l'hôtel de Montalembert , un opéra-comique
en deux actes, intitulé la Statue. Enfin, il n'e.st
pas sans intérêt de savoir que les paroles de
son opéra les Trois Gascoiis avaient été écri-
tes par lui.
Carnhini ne fut pas seulement collaborateur de
Tablettes de Polymnie ; dix ans avant la fon-
dation de ce journal, il avait donné d'assez nom-
breux articles à une autre feuille spéciale, la
Correspondance des amateurs musiciens, de
Cocatrix.
CAMKRAIVA (Luigi), compo-siteur italien,
chef d'orchestre du théâtre de Savoiie, né en
Piémont en 1846, s'est fait connaître comme
musicien dramatique par les ouvrages suivants :
1" Patatrich e Patntrach, opérette bouffe en
deux acte>, 1872 ; 2°, Don Fabiano dei corbclli,
opéra bouffe en trois actes, théâtre Baibo, de
Turin, 21 mai 1874 ; 3" Gabriella Chiabrera,
opéra sérieux en quatre actes, Savone, 22 fé-
vrier 1876. M. Camerana a écrit la musique d'un
mélodrame, Alberto de Prussia, représenté en
1875, et il a publié un grand nombre de mor-
ceaux de musique vocale et instrumentale.
J. D. F.
CAMMARANO — CAMPENHOUT
14c
CAMMARANO (Liuci), compositeur dra-
matique, né dans les premières années de ce siè-
cle, a fait représenter quelques ouvrages qui de-
puis longtemps déjà sont oubliés. Je ne connais
les titres que de deux d'entre eux: i Ciarlatani,
donné au théâtre du Fondo, de Naples, en 1839,
et il Ravvedimento. Cet artiste était le frère
d'un poète de talent, Salvalore Cammarano, qui
prit en quelque sorte la succession de Felice
Romani comme librettiste , et à (|ui l'on doit
de nombreux livrets doperas mis en musique
par Donizetti, Paclni, Mercadante, Coccia, Per-
siani, M. Verdi et autres compositeurs : Poliulo,
Maria di Rudcnz , la Vestale, il Trovuiore,
Luisa Miller, gli Orazii e Curiazii, Saffo, la
Fidanzata corsa, Belisario, Inez de Castro,
Roberto Devereux, Maria di Rohan, Alzira,
Cristina di Svezia, etc., etc.
CAMPAJOLA (FiiANCESco) , compositeur
et professeur, né à Naples le 8 mai 1825, com-
mença dès Page de sept ans, sous la direction
de Pasquale Mandù, l'étude du chant et du
piano, puis devint élève externe du Conserva-
toire, où il eut pour maîtres Y. Fiodo, Mario
Aspa, Carlo Conli, Busti, Guglielmi et Merca-
dante. Après avoir terminé son éducation musi-
cale, il se livra à l'enseignement du piano et du
chant, tout en s'occupant de composition. Outre
une messe exécutée dans une église de Naples et
diverses œuvres de .musique religieuse, outre
plusieurs pièces vocales et instrumentales, on
doit à M. Campajola deux opéras représentés à
Naples : Papa Mulinotto,ell' Olimpo, et un troi-
sième opéra, jusqu'ici inédit : Igilda.
* CAMPANA (Fabio), compositeur et pro-
fesseur, est depuis assez- longtemps fixé à Lon-
dres, cil il continue sa carrière de compositeur
tout en se livrant à l'enseignement du chant. Il
a fait représenter en cette ville deux opéras ita-
liens, dont l'un, Almina, avait pour principale
inter|fi'ète la fameuse cantatrice Ml'e Piccolo-
mini, et dont l'autre, Esmeralda, obtint un vif
succès. Yoici, telle que j'ai pu l'établir, et sans
la prétendre donner pour complète, la liste des
ouvrages dramatiques de M. Campana : 1° Ca~
terina di Guisa , Livourne, 1838; — 2' Giulio
d'Esté, Rome, th. Apollo, 1841 ; — 3" Vanina
d'Ornano, Florence, th. de la Pergola, 1842; —
4° Luisa di Francia, Rome, 1844 ; — 5° Al-
mina. Londres, 1860; — 6° Esmeralda, Lon-
dres. Mais M. Campana ne s'est pas borné à la
composition dramatique, et il a publié en Italie,
h] Paris, et à Londres, un grand nombre de ro-
mances, canzonettes, mélodies vocales, duos, etc.,
parmi lesquels je citerai les suivants : Douze
mélodies italiennes, Paris, Heugel (avec paroles
BIOGR. UMIV. DES MCSICIENS. — SUPPL. —
italiennes et françaises) ; la Fille de Bohême,
la Première Violette, Si j'avais unecouronne.
Toujours toi, le Soir, mélodies, Paris, Heugel ;
la Rose d'' Avril, mélodie avec accompagnement
de piano et violoncelle id., id. ; la Danza, duo,
id., iiL; Dolce parola, duo, id., id.; Près de la
mer, duo, id., id.; Heure divine, duo, id., id. ;
Aimer, c'est vivre, duetto, id., id. ; De Pro-
fundis, id., id. ; Rimembranze di Parigi (al-
bum de 7 mélodies), Milan, Ricordi; Ricordo
di Milano (album de G mélodies), id., id.; Sei
Solfeggi per mezzo-soprano o contralto, id.,
id. ; Mazzelto di fiori (album de 7 mélodies),
id. , id.; la Ninna nanna, canzone, id., id. ; al
Chiaro di luna, id., id. ; Ave Maria, chant re-
ligieux, id., id. ; Amo, ariette; Dante a Béa-
trice; la Malinconia, romance; lo son con te,
romance; T'amo ancora, Vorrei, Tuito per te,
Si, etc., etc.
CAMPAIVELLA (Francesco), compositeur
et pianiste, est né à Naples le 30 septembre 1827.
Élève du Conservatoire de cette ville, il y étudia
l'harmonie accompagnée avec Gennaro Parisi,
le contre-point avec Carlo Conti et la composition
avec Mercadante. Sorti du Conservatoire en 1849,
il se consacra à l'enseignement du chant et du
piano, et devint, en 1855, second chef d'orchestre
au théâtre Nuovo. Professeur dans un grand
nombre de maisons d'éducation, M. Cainpanella
a écrit et publié une assez grande quantité de
compositions de divers genres, cantates sacrées
et profanes, chœurs sans accompagnement, mé-
lodies vocales, morceaux de genre pour le piano,
etc. Il a pris part à là musique «l'un opéra bouffe,
la Donna romantica, écrit par lui en société
avec MM. Cuonomo, Ruggi et Valente, et re-
présenté au théâtre Nuovo, de Naples, en 1858.
CAiMPEGGI (Francesco), compositeur et
l'un des meilleurs organistes de son temps, na-
quit à Bologne à la (in du dix-septième siècle,
et devint, à la mort de Floriano Arresli, orga-
niste de l'église métropolitaine de cette ville.
Reçu membre de l'Académie des Philharmoni-
ques de Bologne en 1719, il en fut élu prince en
1731. Campeggi fut ua maître de chant des plus
renommés.
* CAMPENHOUT (François VAN), chan-
teur et compositeur. Deux compositions de cet
artiste, écrites pendant son séjour à Rouen,
n'ont pas été mentionnées dans la Biographie
universelle des Musiciens. La première est une
scène lyrique. Hommage à Corneille (paroles
de Goujet), qui fut représentée sur le théâtre
des Arts de cette ville, le 29 juin 1809; la se-
conde est une cantate dont j'ignore le titre, et
qui fut exécutée au même théàlre en 1811. Le
T. h ' 10
146
CAMPENHOUT — CAMPS Y SOLER
cahier de la Société libre dÉmulation <le Rouen
du 22 juin 1811 mentionne cette cantate, dont
Campenliout avait écrit à la fois les paroles et la
musique. Campenliout était né à Bruxelles le 5
février 1779, et mourut en cette ville le 24 avril
1848.
CAMPIAIM ( )r compositeur italien,
esllauteur d'un opéra sérieux intitulé Bernabo
Visconil.
CAMPISIAXO ( ), compositenr, a
publié quelques chansons et chansonnettes, et a
fait représenter au petit théâtre des Folies-Ber-
gère deu\ saynètes musicales dont voici les ti-
tres : 1° rŒil de feu, un acte, 1872: 2° Àb-
salon, un acte, 1875.
Iv CAMPOS (JoAO-RiBEino DE ALMEIDA E),
né à Vizeu (Portugal) vers 1770, fit ses études
de théologie et de droit à l'Université de Coimbra
et y étudia aussi la musique, car dans un traité
sur cet art, publié en 1786, il se donne le titre
de maître de plain-chant dans le séminaire épis-
copal de Coimbra. Il fut appelé ensuite comme
maître de chapelle à Lamego; il exerça en outre,
dans ce diocèse, les charges de professeur et
examinateur {exaininador) de plain-chant.
Campos a fait imprimer : 1" Elementos de Mu-
sica, Coimbra, anno 1786; pet. in-S" de vn-
92 pages et une gravure. Le prologue de cet
ouvrage porte le nom de l'auteur en entier,
tandis que le frontispice ne cite pas le nom
Campos ; T Elementos de Cantochdo, offere-
cidos a S. A. R., etc. (offerts au prince-régent,
plus tard Jean VI), Lisbonne 1800, petit in-i°
de 71 pages. Ce traité a dû avoir un grand
nombre d'éditions, car j'en ai vu une datée de
1859, et pubhée à Porto.
J. DE V.
* CAMPRA (André). Dans son Diction-
naire critique de biographie et d'histoire, Jal
nous fait connaître un fait resté jusqu'ici ignoré,
l'origine italieime de Campra. « André Campra,
dit-il, naquit à Aix le 4 déi embre 1660, et fut
baptisé le même jour, tils de Jean-François
Campra, Piémontais d'origine, et chirurgien à
Aix, et de Louise de Fabre. Jean-François Campra
s'était marié le 25 février 1659, fils de feu Ruflin
Campra et de Jeanne André, de Gaillet, diocèse
de Turin (l). »
■\"oici maintenant quelques renseignements
.sur divers ouvrages de Campra. — Le pastiche
arrangé par lui sous le titre de Fragments de
Lullij et représenté avec un énorme succès le
(1) Extrait des registres des insinuations de la scné-
Cliaussee o'Aix, iiblii;eanimeiit communiqué par M. P.
Uous, adjoint au maire de cette ville. {Aote de Jal.)
10 septembre 1702, subit successivement plu-
sieurs changements ; entre autres, on y ajouta,
pour l'une des reprises qui en furent faites, un
acte écrit tout entier par Campra, et ([ui portait
pour titre la Sérénade vénitienne ou le Jaloux
trompé; cet acte fut remis, seul, à la scène, le
18 janvier 1731, sous son second titre. On a cru
à tort que Télémaque était une production ori-
ginale ; c'était encore un pastiche, ainsi que l'in-
dique son titre complet : Télémaque ou les
Fragments des modernes, et les éléments en
étaient tirés des opéras suivants : Astrée, Énée
et Lavinie, Canenle, de Colasse-, Arethuse, le
Carnaval de Venise, de Campra; Circé, les
Fêtes galantes, de Desmarets; iV/erfe'e, de Char-
pentier ; Ariane, de Marais-, Ulysse, de Rebel
père. Enfin, le Triomphe de V Amour était un
ancien opéra de LuUy, que Campra rajeunit et
refit en partie. On trouvera des détails très-
précis sur Campra dans l'opuscule suivant :
André Campra, par Arthur Pougin (Paris,
impr. Chaix, 1861, in-8° de 23 p.).
CAMPRA (Joseph), frèie du précédent,
était chef d'orchestre du théâtre d'opéra à Mar-
seille, en 1686, sous la direction de Pierre Gau-
tier (V. Biographie universelle des Musiciens^
ï. III, p. 424). Ce fut à lui qu'arriva, dit-on, le
plaisant incident que voici. Pierre Gautier refu-
sait de payer son orchestre, sous prétexte qu'il
ne savait pas son métier. Campra fit assigner
son directeur en justice demandant à plaider lui-
même sa cause. Les juges y ayant consenti, il
fit exécuter par son orchestre une ouverture de
Lulli, et eut un tel succès, que le tribunal con-
damna Pierre Gautier à s'acquitter sur-le-champ.
Après avoir prononcé le jugement, le président
s'écria : « Huissier, appelez une autre cause,
vous voyez bien que les parties sont d'ac-
cord. »
Al. R — d,
CAMPS Y SOLER (Oscar), pidtiiste,
compositeur et écrivain musical espagnol, est
né le 2) novembre 1837 à Alexandrie (Egypte),
où son père remplissait les fonctions de consul
général d'Espagne. Ayant suivi sa famille en
Autriche, il commença dans ce pays ses études
littéraires, qu'il acheva plus tard à Florence
dans un établissement religieux. C'est dans cette
dernière ville que, ses dispositions musicales s'é-
tant manifestées avec énergie, il devint l'élève
de Doehier pour le piano; il fit de rapides pro-
grès sous la direction d'un tel professeur, et le
15 juillet 1850 il put donner son premier con-
cert, dans lequel il reçut les aj)plaudissements
du public et les félicitations personnelles de Ros-
sini. Après ce premier essai de sou talent de vit-
CAMPS y SOLER — CANOBY
U7
tuose, le jeune artiste se rendit à Naples, où il
étudia le contre-point et la composition avec Mer-
cadante. Il commença ensuite une série de voyages
arfistiq'ies, visitant successivement l'Italie, la
France, l'Ecosse et l'Espagne, et se faisant en-
tendre avec succès dans ces divers pays.
M. Camps y Soler se fixa ensuite en Espagne,
sa patrie, et s'y consacra à l'enseignement, tout
en s'occupant avec ardeur de travaux de compo-
sition et de littérature musicale, et en prenant
part à la rédaction de plusieurs feuilles artistiques
espagnoles et italiennes. On doit à M. Camps y
Soler une Teoria musical ilustrada, une Mé-
iodo de Solfeo, un écrit intitulé Estudios filo-
soficos sobre la musica, dont il a été fait une
traduction en Italie, et la traduction espagnole
du Grand traité d' instrumentation et d^or-
chestration de Berlioz. Comme compositeur, ces
artiste a écrit, outre un assez grand nombre de
mélodies vocales et de morceaux de genre poin'
le piano, une Gran Cantafa à trois voix qui a
été exécutée à Madrid il y a quelques années.
CANA"VASSO( ), compositeur italien,
a fait représenter en 1875, à Milan, sur le Ihéâfre
de Santa Radegonda, un opéra intitulé il Cac-
ciatore.
* CAMDOTTI (L'abbé Jean-Baptiste),
maître de chapelle de l'église collégiale de Civi-
dale, est mort en celte ville au mois de mars ou
d'avril 1876. Cet artiste s'était fait une grande
réputation comme compositeur de musique re-
ligieuse. On lui doit un écrit intitulé : Sul ca-
rattere delta musica da chiesa, jiensieri (Mi-
lan, 1851, in-S"). Il a publié aussi, vers 1848,
dans la Gazzetta musicale de Milan, une série
d'intéressanis articles biographiques sur les mu-
siciens du Frioul, sa province natale.
CAA!EPA(L ), compositeur dramatique,
a fait représenter à Milan, sur le théâtre Carcano,
au mois de novembre 1872, son premier opéra,
David Rizzio. Deux ans après, le 21 septembre
1874, il abordait le théâtre de la Scala, de la
même ville, avec un second opéra, intitulé i
Pezzenli.
CAJ\EVASSO ( ). Un musicien de ce
nom a écrit la musique d'un ballet intitulé l'In-
nocenza scoperta, qui fut représenté au théâtre
de la Scala, de Milan, en 1784.
* CAIVIS (Corneille). Un article consacré à
ce musicien par Hellin, dans son Histoire chro-
nologique des évéques et du chapitre exemt
de Véglise cathédrale de Saint-Bavon , à
Gand, fournit des renseignements jusqu'ici restés
ignorés de ses biographes, et rectifie, notamment,
la date de sa mort. Voici ce passage du livre
d'Hellin : « Corneille Canis, dit d'Uont, était
maître de musique de la chapelle royale de
Cliarles-Quint, lorsquc-'le prévôt Luc Munich le
nomma à cette prébende (la troisième i)rébende
royale de l'église de Saint-Bavon, à Gand). Il en
prit possession le 19 juin 1551, et dix ans après,
le 15 février, il décéda à Prague, en Bohême,
étant chapelain de l'empereur Ferdinand. » Ceci,
on le voit, contredit formellement Guicciardini,
d'après lequel Corneille Canis avait cessé de
vivre en 1556. Selon M. Edmond Vander Straetea
{la Musique aux Pays-Bas, t. 1'^'', p. 45), « on
trouve des œuvres de Corneille Canis dans un
recueil extrêmement rare, que M. Fétis n'a pas
connu, et dont le titre est ; Evangelica Domini-
corumetFeslorum dierummusicis numerispul-
cherrimi comprehensa et ornata (Noribergae,
Joan. Montanus et Ulr. Neuber, 1554-1556, in^"
obi.). L'ouvrage forme 30 parties réunies en 6
volumes. Corneille Canis est cité, au tome III,
intitulé : Evangeliorum 4, 5, 6 et phtrium
vocvm, continens de Trinitale, de Dedica-
tione Templi, de Cœna Bomini; et au tome VI,
portant pour inscription : Evangeliorum 4, 6 et
8 votum, continens de Pœnitentia. »
CAiXiVKTl (Francesco), compositeur, na-
quit à Vicence en 1809. Issu d'une famille riche,
il n'étudia d'abord la musique que pour son
plaisir, et prit plus tard, à Bologne, des leçons
de Pilotti, élève lui-même du P. Martini. Mais
étant rentré dans sa ville natale, et ayant vu sa
famille complètement ruinée par suite des bou-
leversements politiques, il se vit obligé, pour
vivre, de se livrer à l'enseignement de l'art qu'il
n'avait cultivé que pour son agrément, et s'a-
donna aussi à la composition. M. Canneti a écrit
un opéra, Francesca da Rimini, qui a été re-
présenté à Vicence, beaucoup de pièces de mu-
sique sacrée, et il a publié une Messe funèbre
(Milan, Lucca), un Tantum ergo à 6 voix (id,,
id.), un Trattato di Contrappunto (Milan, Ri-
cordi), des romances, etc.
CAJ\0 ( ), guitariste espagnol contem-
porain, a publié chez l'éditeur Romero y Andia,
à Madrid, une Méthode complète de guitare,
avec un traité d'harmonie.
CANOBY (L -G ), compositeur, né
vers 1830, a fait une partie de ses études musi-
cales au Cl nservatoire de Paris, où il obtint, en
1849, un accessit d'harmonie écrite. Devenu
maître d : chapelle de l'église de Passy, cet ar-
tiste se li ra à l'enseignement, et se fit connaître
par un cjtain nombre de compositions. Après
avoir fa représenter aux Bouffes-Parisiens, en
1865, dcax opérettes en un acte, la Médaille,
et un Drame en Vair, M. Canoby prit part,
d'une façon très-distinguée, au concours ouvert
148
CANOBY — CAPECELATRO
en 1867 pour la composilion de trois opéras des-
tinés à nos trois grandes scènes musicales, l'O-
péra, l'Opéra- Comique et le Théâtre-Lyrique.
Avec un grand ouvrage très-important, intitulé
la Coupe et les Lèvres, présenté par lui an
concours du Tiiéàtre-Lyrique et dont le jury se
montra tout particulièrement satisfait , M. Ca-
noby obtint la seconde place tandis que le Ma-
gni/i'jue, de M. Jules Philippot {Voy. ce nom),
était classé au premier rang.
CAi\OiXGIA (Ignacio), musicien portugais,
était issu d'une famille de fabricants de soie de
Manresa. Son penchant l'entraîna vers la mu-
sique. On ignore où il fit ses études. Il .se trou-
vait en 1793 à Lisbonne, lors de l'inauguration
du théâtre de San-Carlos, et sut conquérir aus-
sitôt par .son talent la place de première clarinette
à l'orchestre dudit théâtre. 11 fut surpassé de
beaucoup par son flls, qui est l'objet de la notice
suivante. J- de V.
CAKOXGIA (JosÉ-AvELi.No), virtuose dis-
tingué sur la clarinette et compositeur pour son
instrument, naquit à Oeiras, près de Lisbonne,
de parents espagnols, le 10 novembre 1784.
Il était attaché en 1838 au Conservatoire de
musique de Lisbonne comme professeur de
clarinette. Son talent était très-estimé, tant en
Portugal qu'à l'étranger. 11 donna à Paris et à
Londres des concerts qui furent très-suivis. Ses
compositions, qui consistent en concertos avec
accompagnement d'orchestre, fantaisies, varia-
tions, etc., furent gravées, pour la plupart, à
Paris et à Londres, grâce à la protection du cé-
lèbre amateur comte de Farrobo ( Voy. ce nom).
Canongia a formé plusieurs élèves distingués. Il
est mort à Lisbonne, en 1842. J. de V.
CAIXUTI (Giovanni- AiXTOMo), compositeur
italien, né à Lucques, a fait représenter en 1724,
sur le théâtre de cette ville, un opéra intitulé
Rodelinda.
* CAI\UTI (FiLippo), conseiller de préfec-
ture, ancien directeur de la Gazzetta officiale
de Turin, auteur d'une Vita di Stanislao
Mattei, est mort à Forli, le 21 août 1866, âgé
de 62 ans
CAP (Paul-Antoine GR.\TACAP, dit), natu-
raliste français, ancien pharmacien, membre as-
socié de l'Académie de médecine de Paris et
membre honoraire de celle de Belgique, s'est
fait connaître par de nombreux travaux liisto-
riques et analytiques sur les sciences naturelles
et par des écrits littéraires de divers genres ,
qui lui ont valu des récompenses de l'Institut de
France et de diverses Académies. Parmi les tra-
vaux étrangers à l'objet particulier de ses études,
il faut citer un Traité de musique en deux par-
ties, qui a trouvé place dans l'ouvrage intitulé :
Encyclopédie des connaissances utiles, Ins-
truction pour le peuple. Cent Traités (Paris,
Dubochet, deux feuilles in-8° de 16 pages cha-
cune). Dans la première partie, l'auteur traite
de la théorie de la langue musicale, du contre-
point, de l'harmonie, de la fugue, de la compo-
sition, enfin de l'esthétique de l'art; dans la se-
conde partie, il fait un rapide résumé historique
des diverses branches de l'art musical depuis
l'antiquité jusqu'à nos jours, et termine par un
chapitre sur le chant populaire (chant choral) et
sur la méthode Wilhem.
M. Cap, qui est né à Mâcon le 2 avril 1788,
est l'éditeur, avec M. Emile Chastes, des Œu-
vres choisies de Sénecé (Paris, Jannet, 1855,
in-16), dans lesquelles on trouve, avec quelques
notes utiles, la fameuse Lettre de Clément
Marot à M. de ***, touchant ce qui s'est
passé à l'arrivée de J.-B. de Lulli aux
Champs-Elysées.
CAPAIXIVA (Alessandro), mineur conven-
tuel, compositeur, fixé depuis longtemps à Bo-
logne, est né à Osimo, dans la province d'An-
cône, le 10 mars 1814. Après avoir commencé
l'étude de la musique, il prononça ses vœux à
seize ans, et termina son éducation sous la di
rection de divers professeurs. Le P. Capanna
n'a pas écrit moins de 120 compositions reli-
gieuses, parmi lesquelles on compte seize messes,
des hymnes, vêpres, litanies, répons, etc., toutes
exécutées, dit-on, avec succès. On lui doit aussi
de nombreuses compositions vocales profanes,
dont plusieurs ont été publiées, et deux opéras
restés inédits : la Sposa d^Abido et Lodovico
il Moro.
* CAPECELATRO (Vincenzo), composi-
teur dramatique, né à Naples en 1815, fut
amené en France dès l'âge de cinq ans par sa
famille, que les événements politiques de 1820
avaient obligée d'émigrer. Il commença l'étude
du piano sous la direction de sa mère, qui était
bonne musicienne, et ses parents s'étant rendus
à Rome en 1825, lui donnèrent en cette ville de
bons professeurs. Étant retourné à Naples en
1830, il fut admis au Conservatoire, y devint l'é-
lève de Ruggi, et y reçut aussi des leçons de
contre-point de Zingarelli. En 1834 , étant encore
au Conservatoire, il écrivit une messe à huit
parties réelles, avec chœurs et orchestre, puis,
ayant terminé ses études, il publia bientôt (Na-
ples, Girard) un album de mélodies vocales, quel-
ques ariettes, des duos et des quatuors.
Capecelatro ayant épousé une jeune fille de
famille noble, M"' Irène Ricciardi, poétesse dis-
CAPECELATRO — CAPOUL
i49
tinguée, fille de M. Ricciardi, comte de Camal-
doli, écrivit une opérette bouffe, la SoffUa degli
Arfisti, dont sa femme lui avait tracé le livret
d'après un vaudeville français, la Mansarde des
artistes, et fit représenter 'ce petit ouvrage en
présence de la cour en 1837, sur le théâtre de
l'Académie pliilarmonlque de Naples. Quelques
années après, Capecelatro venait s'établir à Pa-
ris avec sa femme, y publiait un album de chant
intitulé Échos de Sorrente, des mélodies vo-
cales séparées, et donnait des leçons de chant.
De retour dans sa patrie, il faisait représenter
au théâtre San-Carlo, de Naples, un opéra sé-
rieux intitulé Morlcdo, qui était ensuite repro-
duit à la Scala, de Milan. Cet ouvraj!,e fut suivi
de Davide Bizzio, opéra sérieux donné à ce
dernier théâtre, et de Gastone di Chanley, ou-
vrage dont sa femme lui avait fourni le livret,
et qui fut joué, je crois, à Palerme, puis à Flo-
rence, à I^errare et dans d'autres villes. Capece-
latro a publié à Paris deux albums de chant,
les Murmures de VOrèthe, et Quisisana, à
Vienne un autre album intitulé ^^5 Veillées de
Baden, et en Italie divers recueils et un nom-
bre considérable de morceaux de chant sépan'vs.
Quelques-unes de ces compositions ont obtenu
beaucoup de succès et sont devenues popu-
laires. Capecelatro est mort à Florence, le 7 oc-
tobre 1874.
* CAPELLETTI (Charles). A la liste des
opéras de ce compositeur, il faut ajouter celui
qui porte pour titre la Capanna moscovila.
* CAPI:LLI. Voyez CAPELLO.
CAPELLO (L'abbé Jean-Marie). Aux ou-
vrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter une pastorale intitulée Eiidamia.
* CAPOTOR'I'I fLouis), compositeur dra-
matique, naquit à Molfetta en 1767. Admis au
Conservatoire de Saint-Onofrio, à Naples, au
mois d'avril 1 778, il y devint l'élève de Nasci pour
le vioion, de Giuseppe Millico pour le contre-
point, et de Piccinni pour la composition. Sorti
du Conservatoire en 1796, à l'âge de 29 ans , il
songea aussitôt à se produire, et débuta par une
far sa intitulée glï Sposi in rissa, qu'il donna
au théâtre Nuovo, de Naples. On connaît la liste
de ses autres ouvrages, auxquels il faut ajouter
gli Oraziied i Curiazii, repiésentés au théâtre
San-Carlo, de Naples. Nommé en 1811 exami-
nateur des élèves du Conservatoire, Capotorti
était devenu le mailre de chapelle à la mode
dans les monastères de Naples, à Sainl-Domi-
nique, à Saint-Vincent, à Sainte-Thérèse, pour
lesquels il a composé un grand nombre d'œuvres
de musique religieuse; il a fait aussi de bons
élèves, parmi lesquels il faut surtout citer Pa-
ves!, artiste fort distingué. Capotorti s'é-
tait retirédans sa vieillesse à San-Severo, dans la
Capitanate; c'est là qu'il est mort eu 1842.
CAPOUL (JosErn-AMÉDÉE-VicTon), est né
à Toulouse le 27 février 1839, et fit, je crois, ses
premières études musicales à la maîtrise de cette
ville, qui est considérée comme une excellente
école. Admis au Conservatoire de Paris en 1859,
il y devint élève de Révial pour le chant, et
de Mocker pour l'Opéra-Comique ; il fut admis
aux concours dès l'année suivante, obtint un se-
cond prix de chanl et un second prix d'opéra-co-
mique, et en 1861 remporta le premier prix d'o-
péra-comique. Il fut engagé aussitôt au théâtre
de rOpéra-Comique, où il débuta assez modes-
tement, au mois d'août de la même année, dans
le rôle de Daniel du Chalet. Il reprit ensuite
quelques rôles du répertoire courant, entre au-
tres celui de Tonio de la Fille du Régiment,
fit plusieurs créations dans des ouvrages d'im-
portance secondaire, la Colombe, les Absents,
la Grand'Tante, puis se distingua dans plu-
sieurs reprises , entre autres dans celle de la
Part du Diable. Sa jolie voix, d'un timbre flat-
teur et charmant quoique parfois un peu faible,
son chant expressif bien qu'un peu maniéré, son
physique aimable, sa réelle intelligence de la
scène, le firent bientôt prendre en affection par
le public, et surtout par la partie féminine des
spectateurs. Le rôle de Vert-Vert dans la pièce
de ce nom le mit en complète évidence, et la
façon vraiment remarquable dont il joua et chanta
celui de Gaston de Maillepré dans le Premier
jour de bonheur, d'Auber, mit le comble à sa
jeune renommée.
Pourtant, les grands succès qu'il obtenait à
rOpéra-Comique, non plus que la situation bril-
lante qui lui était faite à ce théâtre, ne purent
retenir M. Gapoul en France. Les chanteurs
d'aujourd'hui sont ainsi faits qu'ils ne peuvent
tenir en place, qu'ils sacrifient tout à la question
d'argent et qu'ils se donnent sans hésiter au plus
fort enchérisseur; l'amour du lucre a remplacé
l'amour de l'art, et l'on risque ses moyens et sa
santé dans des voyages invraisemblables, à tra-
vers les climats les plus divers, pour gagner ra-
pidement, au prix de mille fatigues, une fortune
colossale. M. Capoul fit comme tant d'autres,
embrassa la carrière italienne, et partit pour l'é-
tianger. 11 fut à New-York, ainsi qu'au théâtre
de Drury-Lane, à Londres, le partenaire de
M'"° Christine Nilsson,et se produisit avec succès
dans quelques rôles de demi caractère, jouant
Faust, Mignon et Maria. En 1873, il vint chanter
ce dernier ouvrage au Théàtre-Itahen de Paris,
mais on put s'apercevoir déjà que la fraîcheur
150
CAPOUL — CARACCIOLO
de sa voix frêle était entamée, et que celle-ci
avait perdu en partie son charme pénétrant.
Depuis lors, M. Capoul, qui, en ménageant ses
forces, aurait pu acquérir à l'Opéra-Comique une
renommée exceptionnelle, a continué ses exploits
à l'étranger. Il ne revint en France que pour
créer au Théâtre-Lyrique, à la tin de 1876, le
rôle de Paul, dans le dernier ouvrage de M. Victor
Massé, Paul et Virginie (1).
CAPPA (Antonio-José), compositeur es|)a-
gnol. En 1860, la Revue et Gazette musicale
annonçait l'arrivée à Paris de cet artiste, en fai-
sant connaître qu'il était auteur de plusieurs
opéras italiens dont un intitulé Giovanna di
Castiglia, et d'un oratorio qui portait pour titre
il Diluvio. Sa femme, M""^ Munoz-Cappa, était,
paiaif-il, une cantatrice distinguée. Je n'ai trouvé
aucun autre renseignement concernant ces deux
artistes.
* CAPPUS (Jean- Baptiste). Il faut ajouter,
à la liste des compositions de cet artiste, le Re-
tour de Zéphire, divertissement, chanté à Dijon
le 7 mars 1730.
* CAPRAIMCA (M\TTEo). Au nombre des
opéras écrits par cet artiste, il faut citer il Carlo,
représenté au théâtre Nuovo, de Naples, en 173C,
et l'Olindo, ouvrage composé en société avec
Niccolo Conti, et donné sur le théâtre des Fio-
rentini, de la même ville, dans l'automne de
l'année 1753.
CAPRAIVICA (Le marquis Domenico), no-
ble dilettante italien, a écrit la musique d'un
opéra intitulé Ulrico e Lida, qui a été repré-
senté en 1862 à Rome, au palais Doria Pam-
phili. 11 est aussi l'auteur d'un oratorio à trois
voix avec chœurs, intitulé Isacco, dont on a pu-
blié la partition pour piano et chant (Rome, li-
thographie des Beaux- Arts).
CAPUAXO (Giuseppe), compositeur de mu-
sique religieuse et théoricien, est né à Naples le
3 mars 1830, et a fait toutes ses études musi-
cales sous la direction d'un professeur nommé
Giuseppe Correggio. M. Capuano a écrit des
messes et un grand nombre d'œuvres de musi-
que sacrée, et il est l'auteur d'un grand traité
général de luusique, intitulé u?i Nouveau Livre.
Ce traité, divisé en quatre parties, contient les
éléments de la musique, un cours d'harmonie,
de contrFpoiut, de fugue et de composition, les
règles de l'instrumentation, une série de 721
(I) En 18fi4, tandis qu'il appartenait au pnrsonnci de
rOpéra-Cunilque, M. Capoul parut, sous les traits du
comte A mav va, dans quelques repré^pntalinns du Bar-
bier de Seville données à la Porte-StMartin, qui, en
Tertu du récent décret sur la liberté des tliéâtres, fai-
sait une incursion dans le genre lyrique.
basses à réaliser, 100 fugues à 2, 3 et 4 parties,
et enfin une collection d'exercices pour l'intro-
duction à l'étude du chant, précédés d'un opus-
cule théorique sur la voix.
CAPUTO (Michele-Carlo), pianiste, pro-
fesseur et écrivain sur la musique, est établi
depuis longues années à Naples, oii il se livre
à l'enseignement et où il s'est fait le renom
d'nn excellent professeur. Artiste fort instruit
et d'une rare indépendance d'esprit, il s'oc-
cupe en même temps de travaux littéraires et
historiques sur son art. Les feuilletons de criti-
que musicale qu'il publie chaque semaine dans
le Giornale di Napoli sont justement remar-
qués, et se distinguent par un grand sentiment
de l'art, par la solidité des jugements, en même
temps que par la courtoisie et l'urbanité de la
forme. M. Caputo a publié en 1875 la première
partie d'un Anmiario générale délia Musica
(Naples, De Angelis, in-18), recueil très-intéres-
sant et fait avec beaucoup de soin, dans lequel
on trouve, avec de nombreuses et excellentes
notices sur les musiciens italiens contemporains,
des notes nécrologiques générales et des rensei-
gnements utiles sur les institutions et les éta-
blissements musicaux de l'Europe entière. Mal-
heureusement, et j'ignore pour quelle raison, la
seconde partie de cet annuaire n'a pas encore
paru jusqu'ici. M. Caputo s'est fait connaître
aussi par quelques compositions.
* CAPUZZI (Joseph- Antoine). Je n'ai pu
retrouver le titre d'aucun des opéras de ce com-
positeur ; mais voici la liste de quelques ballets
dont il écrivit la musique pour le théâtre de la
Scala, de Milan : 1° Mafilde, ossia la Donna
selvaggia, 1800; 2° Gustavo, re di Svezia,
1804; 3" Aniore ingannato, 1807; 4° la Dis-
fatta di Abderamo (en société avec de Baillou),
1809. En 1787, il avait donné deux ouvrages du
même genre : à Vicence, fno e Temisto, et à
Ravenne, la Donna bizzarra.
CARACCIOLO (Li ici), musicien italien, est
né à Andria, dans la province de Bari, le 10 août
1S49. Sa famille étant allée s'installer à Bari l'an-
née suivante, c'esten cette ville qu'il commença,
à l'âge de dix ans, l'étude de la musique. Admis
en 1863 au Conservatoire de Naples, il y devint
l'élève de Cesi pour le piano, de Carlo Costa
pour l'orgue et l'harmonie, enfin de Carlo Couli,
puis de Mercadante pour la composition. Après
avoir fait exécuter au Conservatoire une can-
tate intitulée Godefroid sous les murs de Jéru-
salem, il quitta l'établissement, et se consacra
à l'enseignement. En février 1874, M. Caiacciolo
a fait représenter avec succès, sur le théâtre de
Bari, Maso il Montanaro, son premier opéra.
CARADORI-ALLAN — CARAFA DE COLOBRANO
151
*CARADORl-ALLAIV (M"><^), est morte
à Surbiton (Angleterre), le 15 octobre 1865.
* CARAFA DE COLORRAAO (Michel-
Henri-François-Vincepct-Aloïs-Paiil) , compo-
siteur d'origine italienne, naturalisé Français,
naquit à Naples non le 28 octobre 1785, comme
il a été (lit par erreur, mais le 17 novembre
1787. Second (ils du prince de Colobrano , duc
d'AIvito, qui lui-même était musicien et compo-
siteur d'église ou de chambre assez distingué, et
de Teresa Beinbo, qui épousa en secondes noces
le prince de Capranica, Carafa était, dit-on, pa-
rent de l'amiral Caraccioli, dont la fin (ut si tra-
gique, et qui, par un ordre infâme du roi Ferdi-
nand I"', fut pendu à une vergue de son vaisseau.
La naissance de Carafa le destinait au métier
des armes. Il était donc officier dans l'armée na-
politaine lorsqu'il fut fait prisonnier par nos sol-
dats au combat de Campo-Tenese, en 1806.
Doué d'un physique plein de grâce et d'élégance,
excellent cavalier, il plut à Murât, qui se l'at-
tacha comme écuyer particulier. C'est en qualité
de lieutenant de hussards de son nouveau roi
qu'il fit l'expédilion de Sicile, où il gagna les
épaulettes de capitaine; puis, en ,1812, il le sui-
vit comme officier d'ordonnance dans la cam-
pagne de Russie, et là fut fait chef d'escadron et
chevalier de la Légion d'honneur.
Lorsque les événements de 1814 l'eurent rendu
à la vie civile, Carafa, qui avait sérieusement
étudié la musique dans sa jeunesse, songea à
utiliser ses talents, et quoique riche, d'amateur
voulut devenir artiste. Il avait d'ailleurs fait
jouer à Naples, en 1802, par des amateurs, un
petit opéra intitulé il Fantasma, eten 1811 il
avait produit sur le théâtre du Fondo un ou-
vrage plus important, il Vascello VOccidente.
Il se mit donc à écrire divers opéras pour les
théâtres de Naples, de Milan et de Venise, puis
vint se fixer à Paris, qu'il ne quitta plus guère
que pour faire un court voyage à Rome, où il
donna un grand nombre d'ouvrages, aujourd'hui
tout à fait oubliés. Élu membre de l'Académie
des Beaux-Arts en remplacement de Lesueur
(1837), il fut nommé l'année suivante directeur
du Gymnase de musique militaire, et professeur
de composition au Conservatoire en 1840. Pen-
dant les dix-huit années qu'il conserva sa classe
du Conservatoire, il forma un grand nombre
d'élèves, parmi lesquels MM. Roger, Mertens,
Chariot, Vaucorbeil, Emile Jouas, Jean Conte,
Faubert, Philippot, Prumier, Edmond Membrée,
Emile Pessard, Pilievesse, Laurent de Rillé, etc.
Voici une liste, dressée par moi avec beau-
coup de peine, des productions dramatiques de
Carafa. Je la garantis exacte et complète en ce
qui concerne ceux de ses ouvrages représentés
en France, mais je n'en saurais dire autant pour
ceux qu'il a donnés en Italie, car les Italiens se
sont montrés jusqu'à 'ces derniers temps si peu
soucieux, si peu soigneux sous ce rapport, qu'il
est impossible de trouver chez eux des docu-
ments non pas même complets, mais à peu près
exacts et tant soit peu détaillés. Quoi qu'il en
soit, voici pour ce qui se rapporte à la carrière
italienne de Carafa : 1" Il Fantasma, ooerâ
semi-seria en 2 actes, Naples, vers 1802 ; 2» t„
Vascello VOccidente, sérieux, 2 actes, Naples,
Fondo, 1811; 3° laGelosiacorretta,oss'\a Ma-
riti, aprilegli occhi, semi-seria, 2 actes, Naples,
Fiorentini, 1 815 ; 4° Gabriella di Vergy, sérieux,
3 actes, Naples, Fondo, 3 juillet 1816; 5° IJîge-
nki in Tauride, sérieux, 2 actes, Naples, San-
Carlo, 1817; &' Adèle di Lusignano, sérieux,
2 actes, Milan, Scala, 27 septembre 1817;
7" Bérénice in Siria, sérieux, 2 actes, Naples,
San-Carlo, 1818; 8° Elisabetta in Dcrbyshire
sérieux, 2 actes, Venise, 26 décembre 1818 J
9° il Sacrifi&io d'Epito, sérieux, 2 actes, Venise,
1819; 10° i Due Figaro, ossia il Soggetto di
una commedia, bouffe, 2 actes. Milan, Scala,
6 juin 1820; 11° la Capricciosa ed il Soldato,
ossia î/n Momento di lezione , semi-seria,
2 actes, Rome, 1823; 12° Eufemia di Messina,
sérieux, 2 actes, Rome, 1823; iS" Abufar ossia
la Famiglia Arabe, sérieux, 2 actes. Vienne,
Théâtre Italien, 1823; 14° il Sonnambulo, se-
mi-seria, 2 actes, Milan, Scala, 13| novembre
1824; 15» Aristodemo; 16" gVItalici e gVln-
diani.
Voici maintenant la liste des opéras de Carafa
représentés en France : 17° Jeanne d'Arc,
3 actes, Opéra-Comique, 10 mars 1821 ; 18° le
Solitaire, 3 actes, id., 17 août 1822 ; 19° [le
Valet de chambre, 1 acte, id., 16 septembre
1823; 20° V Auberge supposée, 3 actes, id.,
26 avril 1824; 21° la Belle au bois dormant,
3 actes. Opéra, 2 mars 1825; 12° Sangarido,
un acte, Opéra-Comique, 19 mai 1827; 23° il/a-
saniello oa le Pêcheur napolitain, 4 actes, id.,
27 décembre 1827 ; 24° la Violette (en société
avec Leborne), 3 actes, id., 7 octobre 1828;
25° Jenny, un acte, id., 26 septembre 1829;
26° le Nozze di Lamermoor, Théâtre-Italien,
12 décembre 1829; 27° V Auberge d'Auray (en
société avec Hérold), Opéra-Comique, Il mai
1830; 28° l'Orgie, ballet en 3 actes. Opéra, 18
juillet 1831; 29° le Livre de V Ermite, 2 actes,
Opéra-Comique, 11 août 1831 ; 30° Nathalie ou
la Laitière suisse (en société avec Gyrowetz),
ballet en 2 actes. Opéra, 7 novembre 1832 ;
31° la Prison d'Edimbourg, 3 actes, Opéra-Co-
i52
CARAFA DE COLOBRANO — CAREST
mique, 20 juillet 1833; 32° ttne Jouino.e de la
Fronde, id., 7 novembre 1833; 33° la Grande-
Duchesse, 4 actes, id., ]C novembre 1835;
34° Thérèse, 2 actes, id., 26 septembre 1838.
Il faut encore ajouter, aux œuvres dramatiques
de Carafa, un opéra sérieux italien, Tamcrlano,
écrit en ! r22 pour le théâtre San-Carlo, de Naples
et qui rc, fut point représenté ; deux cantates
italiennes, (t'uvres d'extrême jeunesse, ilNaicde
di Giove, et Achille e Deidamia; une scène lyri-
que sur par. 'es françaises, Sœur Agnès ou la
Religieuse ; l'i Marquise de Brin villiers, opéra
comique en 3 ados, dont la musique fui composée
par Auber, Batton, Berton, Blangini, Boieldieu
Carafa. Cherul)ini,Hérold etPaër, c'est-à-dire par
cinq musiciens français et quatre musiciens ita-
liens, dont le dernier survivant fut justement
Carafa (Opéra-Comique, 31 octobre 1831); les Pre-
miers Pas, prologue en un acte, écrit pour l'ou-
Terturo, de l'Opera-JNational (15 novembre 1847),
par Adam, Auber, Carafa, Halévj; enfin les réci-
tatifs et les airs de ballet écrits par Carafa, sur
la demande même de Rossini, pour la traduction
de Sétniramis faite par Méry et donnée à l'Opéra
le 4 jijillet 1860. - Puis il faut mentionner quel-
ques compositions religieuses; une Messn di
gloric, à quatre voi\ ; une Messa di Requiem,
écrite à Paris ; un Stabat Mater ; un Ave verum,
pour ténor solo avec cluvurs et oichestre; et
encore quelques œuvres de divers genres : trois,
livres d'harmonies militaires, et des solos pour
divers instruments à vent (tlùte, clarinette, haut-
bois , basson ou cor) , avec accompagnement
d'orcliestre.
Caiafa est mort le 26 juillet 1872. Dès 1868, il
avait fait don de tous les manuscrits autogra-
phes ne ses œuvres à la bibliothèque du Con-
servatoire de Naples, sa ville natale. Comme suc-
cesseur de Carafa à l'Académie des Beaux-Arts,
M. François Bazin a lu sur cet artiste, dans
une séance particulière de celte compagnie, une
Notice qui a été publiée par la librairie Firmin
Didot (Paris, in-4°, 1873).
CAlîASALI (Odoardo), compositeur ita-
lien, né à Pise, vivait dans la première moitié
du dix-huitième siècle, et fut maître de chapelle
de la princesse de la Roccella. Cet artiste a fait
représenter sur le théAtre délia Pace, à Naples,
en 1736, un opéra bouffe dont le titre, leMbro-
glie f/'nmwio/e, semble indiquer qu'il était écrit
en dialecte.
CARCANO (Raffaele), chanteur et com-
positeur, né en 1806, fit son éducation mu-
sicale à la maîtrise de la cathédrale de Milan.
A l'âge de 18 ans, il fut admis dans la cha-
pelle du roi de Sardaigne, où il resta jusqu'à
sa mort, arrivée au mois d'octobre 1864. li
s'essaya dans la carrière lyrique, mais il l'aban-
donna presque aussitôt pour se consacrer entiè-
rement à la musique religieuse, où d'ailleurs sa
belle voix, son grand style et ses rares qualités
musicales en faisaient, dit-on, un digne émule des
meilleurs chanteurs dramatiques italiens. Har-
moniste habile et contrapuntiste exercé, il a
laissé, dans le genre rehgieux, un grand non\bre
de compositions, qui, si elles ne brillent pas
toutes par le génie de l'invention, prouvent du
moins que Carcano avait été à bonne école et
s'était nourri de saines études.
CAlîELLI (Benjamino), compositeur, pro-
fesseur et écrivain, né à Naples le 9 mai 1833,
a fait au Conservatoire de cette ville toutes ses
études musicales, ayant pour professeurs Lanza
pour le piano, Parisi pour l'harmonie, Carlo
Conti pour le contre-point, Dusiipour le chant,
et Mercadanle pour la haute composition. Avant
de sortir du Conservatoire, et dans l'un des
exercices annuels de cet établissement, il fit exé-
cuter une ouverture écrite par lui. Il se livra en-
suite à renseignement du chant et à la comjio-
sition, publia un grand nombre de mélodies vo-
cales, et fit exécuter en 1864, au théâtre San-
Carlo, pour une fête nationale, une ode-cantate
qui fut fort bien accueillie. Professeur de chant
aux écoles normales depuis 1873, au Conserva-
toire depuis 1874, M. Carelli s'est fait connaître
comme écrivain en publiant sous ce titre : Cro-
naca d'unrespiro, un livre original, écrit dans
le but de généraliser la connaissance de l'oigane
vocal, et qui lui a fait décerner une médaille par
le 7* congrès pédagogique italien. M. Carelli a
publié aussi la première partie d'une méthode
intitulée Z'/l;7e delcanto (Naples, Coltrau, 1873).
CAIIEST, KAREST ou CAREEST
(Josse), facteur de clavicordes et de clavecins,
que l'on croit originaire de Cologne, naquit sans
doute dans les dernières années du quinzième
siècle, car dès l'année 1519 il était fixé à Anvers,
où il se trouvait inscrit dans la gilde de Saint -
Luc et devenait élève de Pierre Matihys. Il obtint
la maîtrise en 1523. On ignore l'époque de sa
mort, mais on sait qu il existait encore en 1558,
car, quoique inscrit Vlans la gilde de Siunt-Luc,
il n'en faisait pas encore partie comme sociétaire,
et il fut au nombre des dix facteurs de clavecins
qui, en 1557, sollicitèrent leur entrée simultanée
dans la gilde, et virent agréer leur demande
l'année suivante. Josse Carest est considéré
comme le plus ancien facteur de clavecins d'An-
vers.
Un autre facteur du même nom, Gosuin Ca-
rest, né à Cologne, évidemment parent de celui-
CAREST — CARLINI
153
ci, et comme lui fixé à Anvers, fut reçu dans la
bourgeoisie de cette ville le 9 mars 1530, et,
comme lui aussi, fut au nombre des dix facteurs
qui en 1557 demandèrent et obtinrent leur ad-
mission dans la ghilde de Saint-Luc.
CARLEZ (Jules-Alexis), com|iositeur et
écrivain musical, né à Caen le 10 février 1836,
reçut de son père, ancien chef de musique mili-
taire sous le premier empire, ses premières le-
çons, puis devint élève du Conservaloire muni-
cipal de sa ville natale. Il étudia, dans cet éta-
blissement, le piano et le violon sous la direc-
tion de divers professeurs, puis s'attacha à la
connaissance de la théorie de l'art, se formant
seul à ce point de vue, par l'étude des maîtres
et la lecture assidue des grands ouvrages didac-
tiques. Une fois son éducation terminée, M. Car-
iez, qui n'a jamais quitté sa \'ille natale, s'y
voua à l'enseignement, et devint organiste de
l'église Saint-Jean, où il exerce encore aujour-
d'hui ces fonctions. Il se livrait aussi à la pra-
tique du la composition, et publia successive-
ment les œuvres suivantes : 1° Ave Maria pour
ténor, soprano et chœur, avec^accompagnement
d'orgue (Régnier-Canaux) ; 2° Venisancte spiri-
tus, prose à 4 voix avec soliet orgue (id.); 3" le
Vin de Jurançon, chœur à 4 voix d'hommes
(Gambogi) ; 4° te Feu follet, id. (journal l'Or-
phéon); 5° Chant du matin, chœur à 3 voix
égales (Lory); 6° Insomnie, andante pour
piano, op. 29, n" 1 (Jacquot) ; 7° Gais Propos,
op. 29, n° 2 (id.); 8° Menuet pour piano, op. 39
Gérard); 9" Trio pourpiano, orgue et violon, sur
des motifs d'un opéra inédit, op. 45 (Choudens);
enfin, plusieurs romances et mélodies vocales.
Entre temps, M. Cariez s'occupait d'études lit-
téraires sur l'art qu'il affectionnait, et publiait
d'assez nombreux articles de critique et d'éru-
dition musicale. C'est ainsi qu'il devint collabo-
rateur du Moniteur du Calvados, du Ménes-
trel, de la France musicale, de la Semaine
musicale, de la Réforme musicale, de YÉcho
des Orphéons. Ces travaux attirèrent sur lui l'at-
tention de l'Académie des .sciences, arts et belles-
lettres de Caen et delà Société des Beaux-Arts de
la même ville, qui l'appelèrent dans leur sein. Il
publia divers écrits sur la musique dans les Mé-
moires de la première et dans les Bulletins de
la seconde. Enfin, M. Cariez est auteur des opus-
cules suivants : 1" Les Musiciens paysagistes
(Caen, LeBlanc-Hardel, 1870, in-S") ; 1° Grinim
et la musique de son temps (id., id., 1872,
in-S") ; 3° Notices biographiques sur Angèle
Cordier et Yvonne Morel (id.,id., 1873, in-S") ;
4° VŒuvre d' Auber (\d., id., 1874, in-8°); 5°
Auber, aperçu biographique et critique, la
statue projetée, la cavalcade du 3 juin 1875
(id., id., 1875, in- 18); 6" la Musique àCnen, de
1066 à 1848 (id.,id., 1876, in-8") ; 7° te Chant
de Guillaume de Fécamp et les maisons de
Glosions (id., id., 1877, in-S"). Les travaux lit-
téraires de M. Cariez se distinguent par l'exacti-
tude des faits, l'élégance aimable de la forme,
et l'ingéniosité des aperçus. M. Cariez est l'un des
collaborateurs du supplément de la Biographie
universelle des Musiciens.
CARLINE, nom sous lequel a été connue
l'une des actrices les plus charmantes et les plus
accomplies qui aient paru à la Comédie-Italienne.
Née vers 1758, elle débuta à ce théâtre le 31 jan-
vier 1780, dans lerôle deLucette du Sylvain de
Grétry, et dans celui de Lisette d'une comédiede
Marivaux, l'Épreuve. Reçue aussitôt pension-
naire, elle fnt admise dès l'année suivante au
nombredes sociétaires, etilevint l'une des actrices
favorites du public difficile de la Comédie. Fine,
alerte, aimable, spirituelle, portant à merveille
le travesti, elle élail aussi appréciée dans les
rôles de pages qun dans ceux de soubrettes ou
d'ingénues, et son talent souple, que venait com-
pléter une voix charmante et bien conduite, se
prêtait à tous les genres. Parmi les ouvrages
dans lesquels les contemporains la citaient sur-
tout comme supérieure, il faut mentionner Fan-
fan et Colas, le Souper de famille, les Deux
Petits Aveugles, Primerose, les Ailes de VA-
viour. Carline fit partie du personnel de l'Opéra-
Comiqne lors de la réunion, sous ce titre, des
deux troupes de Favart et de Feydeau. Bien
qu'occnpant la scène depnis près de vingt-cinq
ans, elle avait conservé toute son influence et
toute son action sur le public, lorsqu'elle prit
sa retraite en 1804, avec la pension. Elle avait
épousé Nivelon, danseur de l'Opéra, et se retira à
Saint-Martin, près de Gisors, cù elle mourut le
IG octobre 1818, âgée de près de soixante ans.
CARLIA'I ( ), compositeur italien, est
sorti vainqueur d'un concours ouvert en 1864,
à Florence, pour la composition d'un opéra des-
tiné à être représenté au théâtre de la Pergola.
Cet ouvrage avait pour titre Gabriella di Fa-
lesia, et fit en effet son apparition sur ce théâtre
au mois de juin 1865. Le succès en fut absolu-
ment négatif, comme il arrive souvent en ce
qui concerne les ouvrages écrits dans de sem-
blables circonstances. Celui-ci ne sortait pas, pa-
raît-il, des banalités régulières qui, sur le papier,
trompent toujours l'œil des juges les plus experts,
mais qui, devant le public, seraient remplacées
d'une façon singulièrement avantageuse par un
peu de jeunesse et d'inspiration, la première fùt-
elle un peu fougueuse, et la seconde parfois un
154
CARLINI — CARRER
peu incorrecte et hardie. Bref, le nom de M. Car-
lini retomba aussitôt dans l'ombre d'où il était
sorti après la proclamation de sa victoire, et je
ne saclie pas que depuis lors ce jeune compo-
siteur ait trouvé l'occasion de se reproduire au
théâtre.
CARLOTTI (Gaetano), compositeur, né à
Modène dans la première moitié du dix-neuvième
siècle, a fait ses études musicales à Naples, d'où
il revint dans sa ville natale pour y faire repré-
senter, le 19 novembre 1853, un opéra-bouffe
intitulé Rita. M. Carlotti s'est ensuite de nou-
veau éloigné de Modène, et je ne crois pas qu'il
ait abordé le théâtre une seconde fois.
CARMINE ( ) est le nom d'un compo-
siteur italien qui a vécu vers la tin du dix-sep-
tième siècle, mais dont la carrière n'est guère
connue. On conserve de lui, à la bibliothèque
de Vienne, un manuscrit important : La Ninna
Nonna , molette pastorale a 4 voci con vio-
Uni, dont les ensembles, paraît-il, ne sont pas
indignes d'être mis en comparaison avec ceux
de Ha'iidi'l et de Bach. Y.
CARAIOLO (Arcangelo), est l'auteur de
l'écrit suivant : / Coristi (les Diapasons) fono-
metrici per la precisione del temperamento
armonicQ, Turin, 1873.
CAROLIiXE (M"«). Une musicienne de ce
nom écrivit la musique d'un opéra-comique en
un acte, V Heureux Stratagème, qui fut repré-
senté au théâtre Beaujolais le 19 août 178G.
CAROÎM (Camille), compositeur, né à îRouen
le 10 mars 1825, fit ses premières éludes musi-
cales à la maîtrise de la cathédrale, où il entra
en 1835. Admis au Conservatoire de Paris en
1840, il y eut pour professeur de solfège M. Le
Couppey, et se livra en même temps à l'étude
du piano ; mais forcé de retourner à Rouen, il
se mit alors sous la direction d'Amédée Méreaux,
qui lui enseigna l'harmonie et la composition.
M. Caron s'est définitivement fixé dans sa ville
natale, où il se livre au professorat.
Il a fait jouer, au théâtre des .\rts de Rouen,
les ouvrages suivants : le Sergent de Ovis/re-
ham, opéra-comique en un acte (mars 1863) ; —
la Naissance de Boieldieu, grande scène lyri-
que (15 décembre 1866) ; — le TrébucJiet,
opéra-comique en un acte (17 décembre 1868).
Il a publié chez les éditeurs Richault, Challiot,
Choudens, Heugel, etc., une vingtaine d'œuvres
légères pour le piano, et des romances ou mé-
lodies, dont quelques-unes, telles que la Nuit,
chantée par Ponchard, et A Soixante ans, inter-
prétée par Poultier, ont eu du succès. M. Caron
a écrit également des chœurs à quatre voix
d'hommes, parmi lesquels nous remarquons la
Saint-Jean d'été, le Chant des derniers Gau-
lois, etc. Enfin, ses productions se complètent,
jusqu'à ce jour, par quelques morceaux reli-
gieux et deux marches pour orchestre, qu'il a
fait exécuter au lycée de Rouen.
J.-C— z.
* CARPAM (Gaetano), a écfrit la musique
des intermèdes d'une tragédie intitulée Senna-
cherib, représentée à Rome en 1739. Les paroles
de cette tragédie étaient en latin, tandis que le
texte des intermèdes était en italien.
* CARPEA'ÏIER (Adolphe-Clair LE), est
mort à Paris le 14 juillet 1869.
* C ARRARA (Giovanm-Michele-Alberto),
ériidit du quinzième siècle, est l'auteur d'un livre
scientifique dont un chapitre, le troisième, est
consacré à la musique : De Chorcis Musarum
(sive de scientiariiin origine). Cet écrivain na-
quit à Bergame en 1438, et mourut le 26 oc-
tobre 1490. On trouve une notice sur lui dans
le recueil des écrits du compositeur Mayr :
Biografie di scrittore e artisti musicali Ber-
gnmasclû nativi od oriundi (Bergame, Pagnon-
celli, 1875, in-4°).
CiVRREA'O (Thérésa), pianiste et compo-
siteur, naquit à Caracas, capitale du Venezuela,
le 22 décembre 1853. Son père, qui était ministre
des finances de la République de Venezuela, et
qui, dans sa jeunesse, avait étudié la musique
et le piano pour son agrément, ayant été forcé
de s'expatiier pour cause politique et de se ré-
fugier aux États-Unis, songea à tirer parti de
.-^on tah nt comme professeur, et à lui demander
des moyens d'existence. En môme temps il
formait sa fille, qui devenait sa meilleure élève,
et qui, dès l'âge de neuf ans, se faisait entendre
avec un grand succès dans les grandes villes
américaines, à New- York, à Boston, à la Ha-
vane, etc. Ayant été présentée à Gottschalk,
celui-ci fut charmé de ses dispositions, lui donna
des leçons, et conseilla à son père de la con-
duire et de la produire en France. Vers 1866,
en effet, la jeune Thérésa Carreno arrivait à
Paris, se faisait entendre d'abord dans quelques
salons où elle fut fort bien accueillie, puis se
produisit en public avec un véritable succès.
Depuis lors, elle a beaucoup voyagé, et partout
elle a été reçue avec la plus grande faveur.
M"" Thérésa Carreno, qui a épousé il y a quel-
ques années un jeune violoniste français,
M. Emile Sauret, a publié un certain nombre de
compositions pour son instrument. Son père,
Manuel-Antoine Carreno , qui s'était livré à
l'enseignement , est mort à Paris le 28 août
1874.
CARRER (........), compositeur dramatique
CARRER — CARVALHO
153
dont j'ignore l'origine, est l'auteur de trois opéras
sérieux italiens. L'un, intitulé IsabeLla d'As-
pecco, a été donnéàCorfou en 1854 ; le second,
ayant pour titre i/areo Botzaris,a été joué pour
la première fois sur ie théâtre de Sira au mois de
janvier 1867 ; je ne sais où ni quand a été repré-
senté le troisième, qui est intitulé Dante e Bice.
CARRERAS i( ), compositeur espa-
gnol, a fait représenter au mois d'Avril 1868, à
Madrid, sur le théâtre de Jovellanos, une zar-
Zîcela en un acte intitulée la Fïrma del Reij.
CARTIEK (Henri), compositeur, a fait re-
présenter les deux opérettes dont les litres sui-
vent : 1° V Homme entre deux âges, un acte,
Bouffes-Parisiens, 6 mai 1862 ; 2° le Train
des maris, un acte, Athénée, 25 décembre 1807.
*CARULLI (Gl'st.we), professeur de chaut
et compositeur, fils du fameux guitariste Ferdi-
nand Carulli, naquit à Livourne le 20 juin 1801.
Venu en France avec son père, il y étudia le
piano sous la direction du polonais Mirecki,
l'harmonie sous celle de Nicoio Isouard, et enfin
eut pour maître de composition le célèbre Paër.
En 1826, de retour en llalie, il faisait jouer au
théâtre de la Scala, de Milan, un opéra-bouffe.
Trois ans après il revenait en France, et cher-
chait inutilement, pendant longues années, à
faire représenter un ouvrage sur une de nos
scènes lyriques. Perdant courage, il se rendait
à Londres en 1845, et, après un séjour de quel-
ques années en cette ville, venait se fixer défi-
nitivement à Boulogne (Pas-de-Calais), qu'il n'a
jamais quitté depuis, et oii ses leçons de chant et
d'harmonie ont toujours été très-rechercliées ; c'est
là qu'il a eu pour élève M. Alexandre Guilmant
(Voyez ce nom), actuellement organiste de l'é-
glise de la Trinité. Carulli, qui possédait na-
guère une belle voix de ténor, et qui était un
excellent accompagnateur, a publié un assez
grand nombre de compositions et d'ouvrages
didactiques : 1" Solfège à 1 et 2 voix (dont il a
été fait cinq éditions) ; 2° Méthode de chant ;
3° Recueil de vocalises pour les quatre principaux
genres de voix (en 4 livres); 4° Vocalises à deux
voix ; 5° Trois quatuors français et italiens ; C°
Trois recueils de sérénades et morceaux pour
quatre voix d'hommes ; 7° Plusieurs albums de
chant; 8" enfin, quantité de romances et can-
zonettes qui se font remarquer par l'élégance
de la forme et une grande fraîcheur d'inspiration.
Pendant dix ans, Carulli s'est occupé de musique
instrumentale, et a écrit une assez grande quan-
tité de trios pour piano, violon et violoncelle, et
de quatuors pour instruments à cordes ; ces com-
positions, que Rossini estimait particulièrement,
n'ont pas été livrées à la publicité. Carulli est
mort à Boulogne, au mois d'Octobre ou de No-
vembre 1870.
*CARUSO (Loiis). Aux ouvrages dramati-
ques de ce compositeur fécond, il faut ajouter
les deux opéras-bouffes suivants : il Marchese
TuUpano, et Cosi si fa aile donne.
Cx\RVALHO (.Io\o DE Sousa), compositeur
dramatique, né à Lisbonne vers le milieu du dix-
huitième siècle, fit ses études musicales en Italie
avec les deux frères Lima, Cabrai, Joaquim d'O-
liveira et autres, qui avaient obtenu des pen-
sions du gouvernement de D. José I (1750-1777).
La plupart de ces artistes obtinrent, de retour
en Portugal, des emplois avantageux. Carvalho,
le plus habile, fut nommé maître de musique de
la famille royale aussitôt après la mort de David
Ferez (1778). De 1769 à 1789, Carvalho fit re-
présenter sur les théâtres de la cour, aux palais
d'Ajuda et de Qneluz (résidence d'été), une
douzaine d'opéras (1), pastorales, et cantates,
des serenatas, etc., qui furent accueillis avec
beaucoup d'éloges. La réputation de Carvalho
se répandit même en Italie, où on a repré-
senté quelques-uns de ses meilleurs opéras. On
ne connaît pas au juste la date de sa mort, mais
il a dû vivre jusqu'en 1793, car il publia en
cette année beaucoup de morceaux de chant
dans un Jornal de Modinhas {Recueil de mé-
lodies pour la voix) de Lisbonne. Parmi ses
élèves les plus distingués, il faut citer surtout
Antonio Leal Moreira.
J. DP. V.
CARVALHO (Caroline FÉLIX-MIOLAN,
épouse), une des cantatrices françaises les plus re-
marquables de l'époque actuelle, est née à Mar-
seille le 31 décembre 1827(2). Son père, hautboïste
(I) Pour les litres de ces ouvrages, V. Musicos Portu-
giieies, par Joaquim de Vascoiicellos, t. I, p. 41.
(J) Au mois de mai 1S63, Bénédit {voyez ce nom], alors
professeur au Conservatoire de Marseille et critique mu-
sical du journal le Sémaphore, publiait dans un de ses
fouilletnns, à propos des représentations données sur le
théâtre de cette ville par Mme Carvalho, les lignes sui-
vantes, qu'il n'est pas sans intérêt de reproduire : -< Dans
l'un rie ces concerts spirituels que la Société des ama-
teurs donnait jadis au Tliéitre-FrançMls (de Marseille),
pendant la con'itructlon de la salle Thubaneau, on vit
s'avancer sur l'estrade un jeune artiste, de bonne mine,
tenant en main un cor anglais, sur lequel il enécuta un
air varié de sa compusition. Le son agréable de l'instru-
ment et la manière dont il fut Joué fixèrent l'attention
de l'auditoiie et valurt nt un succès unanime à l'artiste
inconnu, qui, chaleureusement applaudi, se retira satis-
fait, non sans avoir promis de se faire entendre, une der-
nière fois, avant d'aller reprendre son service, en sa
double qualité de deuxième chef de musique dans les
gardes du-corps et de professeur au Conservatoire. Le
directeur du Grand-Théàire, M. Chapus, avait assisté au
concert : séduit par le talent de l'artiste, aussi exercé
sur le hautbois que sur le cor anglais (naturellement).
456
CAUVALHO
distingué, avait qnitlé Paris [)0«r s'élalilir en
cette ville, où il s'était créé une situation très-
honorable et où il avait commencé l'éducalion
musicale de ses trois enfants, Ainédée, Alexandre
et la jeune Caroline. Celle-ci faisait entrevoir
des dispositions tout exceplionnelles, et son père
s'en montrait enchanté, lorsqu'il mourut dans
toute la force de l'âge , laissant les siens sans
appui. M°" Miolan, qui semblait comprendre
l'avenir réservé à sa fille, suivit les conseils de
quelques amis, et se décida à revenir se fixer à
Paris avec sa jeune famille. C'est peu de temps
après, en 1843, que M"*: Caroline Miolan, après
avoir suivi un cours de solfège sous la direction
d'un professeur particulier, et avoir commencé
l'élude sérieuse du chant, fut admise au Con-
servatoire, dans la classe de chant de M. Duprez.
Elle y demeura jusqu'en 1847, année dans la-
quelle elle obtint an concours un brillant pre-
mier prix, en chantant l'air d'Isabelle de Robert
le Diable. M. Duprez fut tellement enchanté de
son élève qu'il n'hésita pas à la faire paraître au-
près de lui, à l'Opéra, dans sa représentation de
retraite, qu'il donna peu de temps après. Dans
cette représentation, M''^ Félix-Miolan chanta le
premier acte de Lucie de Lamermoor et le trio
du second acte de la Juive.
Cette première épreuve fut très- favorable à la
jeune artiste, qui bientôt fut engagée à l'Opéra-
Comique, où elle débuta, en 1849, d'une façon
fort agréable. Sa voix pourtant, qui n'a jamais
brillé par la puissance et la force, était alors
bien mince et bien fragile, mais elle la conduisait
déjà avec un goût rare, et suppléait à la vigueur
par une excellente manière de phraser et d'arti-
culer. Une remarquable création, celle de Gi-
il lui fit des propositions tellement avantageuses, qu'an
lieu de retourner à Paris, l'habile instrumentiste résolut
de se fixer panui nous, comine premier hautbois, à l'or-
chestre du Grand-Théâtre. Or, ce musicien de choix, qui
préférait ainsi notre beau ciel marseillais au séjour de
la capitale, était M. Félix-Miolan (François), père de
Mme Miolan-Carvalho, Marseille fut donc le berceau
de notre éminente cantatrice; elle y vint au monde rue
Paradis, 16, au 3" étage de la maison voisine de cell( de
M. Caviaux, luthier, et fut baptisée à l'éslise Siint-Fer-
réol, ayant pour parrain son frère Amédée, mort naguère
à la Nouvelle Orléans, où il était chef d'orchestre. »
On a vu dans ces lignes que le père de Mme Carvallio
était professeur au Conservatoire de Paris. Le tait est
vrai, car dans le chapitre : Perxnnnel pir ordre alpha-
bétique, de son Hittoire du Conservntoire, l.jissabathie
a Rientionne son nom , sans l'accompagner d'ailleurs
d'aucune date et d'aucune note. D'autre part, dans le
chapitre où il donne, pour chaque année, la liste des
professeurs en exercice, Lassabathie n'a pas retrouvé
sous sa plume le nom de Miolan. Il me paraît résulter de
ceci que Miolan avait été probablement nommé profes-
seur suppléant (et honoraire) de hautbois, Vogt étant
alors titulaire, et qu'il n'a jamais exercé.
ralda, vint l'année suivante affermir sa situa-
tion, et celle des Noces de Jeannette ne con-
tribua pas peu à augmenter sa réputation.
M"e Féliv-Miolan fit encore une création dans
la Cour de Céltmène, de M. Ambroise Thomas,
une autre dans le Nabab, d'Halévy, puis elle
reprit plusieurs rôles du répertoire, entre autres
celui d'Isabelle du Pré aux Clercs, qui mil le
sceau à sa ré|)nt;ilioii, par la façon incomparable
dont elle chantait la romance du premier acte et
le grand air du serond.
C'est à cette époque qu'elle épousa wn de ses
camarades de rOpéra-Comique, M. Carvalho(l).
Presque aussitôt celui-ci devint directeur du théâ-
tre Lyrique, qui agonisait entre les mains de
Pellegrin, ancien directeur du GrandThiâtre de
Marseille, et auquel, par son intelligence, son
activité et son goût artistique , il sut faire une
destinée extraordinaircment brillante. M'"" Car-
vallio suivit tout naturellement son maii,et,
quittant l'Opéra-Comiciue, alla paraître sur la
scène du Théâtre-Lyrique, où elle parcourut la
plusmngnitique partie de sa cari ière. Klley débuta
en 1856 dans un opéra de Clapisson, la Fan-
chonnctte , où elle obtint un succès indescripti-
ble, et créa ensuite la Reine Topaze, où la légè-
reté de sa voix et sa virtuosité faisaient merveille.
Mais le talent de M'"" Carvalho prit toute son am-
pleur et se transforma surtout , au point de vue
du style , lorsqu'elle aborda les rôles de Chérubin
dans les Noces de Figaro, de Pamina de la Flûte
enchantée, de Zerline de Don Juan et de Mar-
guerite dans le Faust de M. Gounod. Alors, et
sans que la virtuo.«e disparût , elle se fit admirer
des vrais connaisseurs par l'élégance et la jinreté
de son style, par une incomparable manière de
l>hraser, par le charme qu'elle apportait dans la
diction du récitatif, enfin par le naturel el la dis-
tinction des ornements dont elle enjolivait parfois
la trame musicale. Son exécution était un vérita-
ble enchantement, et pendant plusieurs années
.son merveilleux talent ne cessa de transporter le
public et de l'attirer en foule au Théâtre-Lyrique.
Les succès que M""' Carvalho remportait à Pa-
ris retentirent bientôt par toute l'Europe , et Lon-
dres surtout voulait entendre et apprécier la
(1) M. Léon Carvaille, dit Carvalho, né aux Colonies en
1825, obtint au Conservatoire un accessit de chant en
18*8, et fut engagé ensuite à l'Opéra-Comique, où il ne
joua que des rôles serondain s. Acteur et chanteur mé-
diocre, M. Carvalho ne donna carrière, dans un autre
genre, à ses facultés artistiques que lorsqu'il fut devenu
directeur du Théâtre-Lyrique, qu'il sut placer au premier
rang des scènes musicales de Paris. Depuis lors II a été
directeur du Vaudeville, el a rempli les fonctions de
directeur de la scène à l'Opéra Depuis 1876, II a succédé
à M. du Locle comme directeur de l'Opér i-Comique.
CARVALHO — CASAMORATA
157
grande artiste. Chaque année , elle prit donc l'iia-
bilude d'aller passer trois mois sur une des scè-
nes italiennes de cette ville, oii ses triomplies ne
furent pas moins éclatants. Dans les dernières an-
nées de la direction de son mari , elle fit encore ,
au Tliéàtre-Ljiùiue , deux créations qui lui (irent
le plus grand honneur : Mireille et Roméo et
Juliette. Puis , M. Carvalho ayant drt se retirer,
en 1869 , M™'' Carvalho fut engagée à l'Opéra , où
elle se (it surtout applaudir dans le rôle de Mar-
guerile des Huguenots, et où elle reparut ensuite
dans Faust, qui avait passé au répertoire de ce
théâtre , et dans Hamlet, où son succès fut écla-
tant. En 1872, M™'' Carvalho rentra à l'Opéra-
Comique, se montra d'abord dans ZMwôas.'îarfr/ce
et dans le Pré aux Clercs, puis fit remonter pour
elle deux des ouvrages qui lui avaient été le plus
favorables au Théâtre-Lyrique, Roméo et Ju-
liette et Mireille. Enfin , en 1875, elle rentra de
nouveau à l'Opéra.
La voix de M'"" Carvalho est un soprano sfo-
gato d'une étendue de plus de deux octaves,
d'un timbre délicieux , d'une étonnante agilité,
d'une souplesse et d'une égalité prodigieuses. Le
volume et la puissance ne sont pas les qualités
disUnctives de ce magnifique instrument, mais à
force d'art, de travail , de goût, la cantatrice ob-
tient des effets véritablement merveilleux. La pose
et l'émission de la voix sont superbes, le style est
très-pur, le phrasé magistral , et l'un des plus
puissants moyens d'action de l'artiste sur le public
est dans les oppositions du forte au piano et
vice- versa. Il faut ajouter que U^" Carvalho se
sert du chanta viezza voce avec un art sans pa-
reil. On peut lui reprocher seulement une certaine
dureté dans le passage du registre de poitrine à
la voix de tête , qu'elle exécute parfois d'une fa-
çon un peu brusque et un peu rauque. Cette ré-
serve faite, il est juste de constater que M"^ Car-
valho est une artiste d'un ordre absolument
supérieur, d'un talent si achevé qu'on ne voit pas
trop qui pourra lui succéder lorsque , dans un
temps qui ne peut être fort éloigné, la fatigue
l'obligera d'abandonner définitivement la scène et
de terminer sa brillante carrière.
On a vu que le frère aîné de M"» Carvalho ,
Amédée- Félix- Miolan, était mort chef d'or-
chestre à la Nouvelle-Orléans. Son second frère,
Alexandre, qui avait acquis un talent distingué
sur l'orgue-harmonium et qui fut longtemps
attaché au Théâtre-Lyrique, est mort à Vô is le
26 avril 1;873. Il avait publié un certain nombre
de compositions pour son instrument.
CAS (Hucn), chef d'orchestre , né à Marseille
le 15 février 1839, a fait ses études musicales au
Conservatoire de cette ville. Il a fait représenter
la Croix de Jeannette, opéra-comique en un acte
(Grand-Théâtre de Marseille, 15 février 1863); —
le W9a^«/rerfeGre«arfe,opéraen4actes(Grand-
Théâtre de Toulon , janvier 1874); — M. Arléry,
opi^relte (Gymnase de Marseille, 1868); — l'En-
fant des Flots, 1 acte (Gymnase de Marseille,
1868). On lui doit aussi diverses mélodies et piè-
ces de concert. Cet artiste est actuellement chef
d'orchestre au Grand-Théâtre de Toulon.
Al. R— d.
* CASAMORATA (Louis-Ferdinand), pré-
sident de l'Institut musical de Florence, est né
à Wurtzbourg (Franconie), le 15 mai 1807, de
parents italiens. Dès l'âge de cinq ans , il com-
mença l'étude du piano sous la direction de
Frœlich, maître de musique à l'Université de
Wurtzbourg, et l'année suivante , sa famille étant
venue s'établir à Florence, il suivit un cours
complet d'études musicales avecLuigi Pelleschi.
En 1825 il obtint le prix de composition au con-
cours triennal- de l'Académie des Beaux- Arts,
et il termina .son éducation en étudiant le méca-
nisme des principaux instruments.
Après avoir écrit beaucoupde musiquede ballet,
M. Casamorata aborda sérieusement la scène et
donna au théâtre de Pise un opéra intitulé Iginia
d'Asti, qui obtint du succès en cette ville , mais
qui fut ensuite mal accueilli à Bologne. Bientôt
il abandonna, pendant quelque temps, la pra-
tique active de la musique , pour se rendre aux
désirs de .son père, qui voulait qu'il se fît rece-
voir avocat. M. Ca.'^amorata s'appliqua donc à
l'étude du droit , ce qui ne l'empêcha pas de
prendre la direction de la Gazzeita musicale
de Florence et de collaborer d'une façon active à
la Gazzetta musicale de Milan, lorsque celle-ci
se fonda en 1842. Devenu docteur en droit, il
reprit bientôt ses travaux de composition , mais
en abandonnant l'idée de se produire au théâtre
et en tournant ses efforts du côté de la musique
religieuse el de la musique instrumentale.
En 1859, M. Casamorata fut appelé à faire par-
tie , comme vice-président , de la commission
chargée d'organiser l'école de musique de Flo-
rence ; lorsque , sur la proposition de celte com-
mission, l'Institut musical eût été créé , il reçut,
avec MM. Basevi et Alamanno Biagi , la mission
de rédiger le statut organique de cet établisse-
ment, dont il fut ensuite nommé président. Sous
.sa direction, l'Institut musical de Florence est
devenu l'une des meilleures écoles spéciales de
l'Italie et l'une des plus justement renommées.
Les compositions de M. Casamorata, qui sont
très-nombreuses, se font remarquer par d'excel-
lentes qualités : un style noble et pur, une har-
monie élégante, une forme très-châtiée, et une
158
CASAMORATA — CASELLA
lieureuse inspiration. Parmi ces coiiiposilions , il
faut mentionner : 1° messe en ut (N» 1), pour
2 ténors et basse , chœur et orchestre ; 2" messe
en sol (N" 2 ) , pour soprano , ténor et basse, avec
petit ou grand orchestre ; 3° messe en si bémol
(N» 3), id.; 4" messe en ut (N° 4), pour 2 ténors
et basse, chœur et orchestre; 5° messe en mi
bémol (N° 5), pour soprano, contralto, ténor et
basse, chœur et orchestre (Milan, Ricordi); 6°
messe brève, en ut(S° 6), pour ténor et basse,
avec petit orchestre; 1" messe en si bémol (IN" 7),
pour soprano, contralto, ténor et basse , avec petit
orchestre; 8° messe des morts en sol mineur
(N° 1), pour 2 ténors et 2 basses, chœur et or-
chestre; 9" Libéra en ut mineur, à 4 voix, avec
orchestre ; 1 0" messe des morts eu ré mineur
(N° 3), à trois voix , avec orchestre; 11° Libéra
en soi mineur, à 4 voix, avec orchestre; 12' messe
des moris en ut mineur, pour 2 ténors et basse,
chu'ur et petit orchestre ; 13° quatre symphonies;
14° deux trios pour instruments à cordes; 15°
trois quatuors, id.; 16" album de Duetlini per
caméra (Milan, Ricordi); 17° des psaumes,
hymnes, séquences. Introït, motets, etc., à 1,
2, 3, 4 et 8 voix, les uns avec orchestre, les au-
tres avec orgue seulement (Milan, Canti). M. Casa-
morata est aussi l'auteur d'un bon ouvrage d'en-
seignement publié récemment sous ce titre :
Manuale di armonia, compilato per usa di co-
loro c/ie altendono alla pralica ddsuonoe del
canto (llorence, 1876, in- 8°), et on lui doit un
petit précis historique intitulé : Origini, storia e
ordinamentodelli.lstitutomusicatefiorentino.
Comme président de l'Académie de l'Institut royal
de musique de Florence, M. Casamorata a publié
dans les Actes de cette Académie de nombreux
morceaux de critique et d'histoire musicale, dis-
sertations sur la poétique et l'esthétique de l'art,
etc. La langue française ne lui étant pas moins
familière que sa langue maternelle, il a bien voulu
fournir un certain nombre de notices au Supplé-
ment de la Biographie universelle des musi-
ciens; mais sa collaboration s'est étendue bien
au delà de ces notices, par les renseignements de
toutes sortes qu'il a bien voulu nous communi-
quer en abondance sur un grand nombre d'artis-
tes italiens.
CASANO VAS (Le Père Antonio-Francisco-
N.\Rciso), moine, organiste et compositeur espa-
gnol, naquit à Sabadell au mois de juin 1737, et
fit son éducation artistique au célèbre collège de
musique du couvent de Montserrat. On assure
qu'il devint l'un des premiers, sinon le premier
organiste de son temps, malgré un défaut physi-
que très-grave et qui eût semblé de nature à
l'empêcher d'acquérir une telle habileté : ses
doigts, en effet, étaient d'une telle longueur et
d'une telle grosseur, qu'ils couvraient entièrement
les touches de l'instrument. En dépit de cette
quasi- infirmité, l'exécution du Père Casanovas
était merveilleuse, extraordinairement limpide,
et jamais il ne lui arrivait de frapper accidentelle-
ment deux touches à la fois. On cite, parmi les
compositions de cet artiste qui sont conservées
dans les archives du couvent de Montserrat, un
Benedictus, de très-remarquables répons pour
la semaine sainte, et un Salut à quatre voix qui
est considéré comme une œuvre d'un mérite ab-
solument exceptionnel.
CASARES ( ), compositeur espagnol , a
fait représenter sur le théâtre de la Zarzuela , de
Madrid, le 9 mars 1872, une zarzuela en trois
actes intitulée Beltran y la Pompadour.
* CASELLA (Pierre). Dans son livre sur les
Conservatoires de Naples, M. Francesco Florirao
avance que Pietro Casella naquit à Naples en
1776 et mourut le 12 décembre 1844. M. Florirao
n'a éviilemment pas eu connaissance d'une bro-
chure publiée en 18'j4, par le compositeur Dome-
nico Tritto , sous ce titre : Lacrime efiori sparsi
sulla tomba di Pietro Cosf//«(Naples, Trama-
ter, 1844, in-S"). Dans cet écrit, publié au lende-
main de la mort de Casella par un artiste qui
l'avait intimement connu , on voit que Casella
était né non à Naples, mais à Pieve, dans l'Ora-
brie, qu'il alla faire ses études à Spolèle, où il
se familiarisa avec les littératures italienne et la-
tine, se rendit ensuite à Rome pour y terminer
son éducation , et que c'est dans cette ville qu'il
sentit s'éveiller en lui l'amour de la musique.
C'est alors qu'âgé de dix-huit ans il .revint à
Naples et entra au Conservatoire de S. Onofrio,
oii il semble avoir eu pour unique maître Giacomo
Insanguine, et non Cotumacci et Abos, comme
le dit M. Florimo. D'autre part , Casella , qui
mourut à Naples le 12 décembre 1843 (et non
1844), devait être né en 1769 et non en 1776,
puisque son inscription funéraire porte qu'il
mourut dans sa 75^ année ; voici celte inscription ;
telle qu'elle a été rapportée par Tritto : Pietro
Casella, ottimo di musica maestro compost-
tore, in israriata letteratura erudito, pio,
onesto, leale insfitutore, congiunto, amico per
eccellenza, délia sventura sempre pronto al
sorcorso, rispetiato, amato universalmente, il
di 12 décembre 1843, delVetà sua il 70"*° anno,
mancé ai vivent i, lasciando in lacrime sorella,
nipoti, amici, alunni, che in questo' tempio
atVunima di tanto benemerito riposo e pace
implorano.
CASELLA (M"'). Une jeune artiste italienne
de ce nom a écrit la musique d'un opéra sérieux.
CASELLA — CASTILLON DE SAINT-VICTOR
159
Cristoforo Colombo, qui a été représenté sur le
théâtre italien «ie Nice , l'ans le courant de l'an-
née 1S65. Je n'ai pas d'autres renseignements sur
cette artiste, qui depuis lors ne s'est pas repro-
duite à la scène.
CASELLI (xMiciiELK), compositeur de musi-
que religieuse, naquit à Luc(|ues vers 1680. Les
registres de la compagniede Sainte-Cécile de cette
ville constatent qu'en 1704 oh exécuta, pour la
fête de sa patronne , une messe à quatre voix et à
grand orchestre de la composition de cet artiste,
et en 1705 une autre production importante.
M. Cerù {Cenni storici suU'insegnamento délia
miisïca in Lucca) dit qu'il ne faut pas confondre
ce musicien avec un autre Michèle Caselli, chan-
teur, né aussi à Lucques, et qui , en 1738, rem-
plissait sur le théâtre de cette ville l'un des prin-
cipaux rôles de l'opéra Alessandro in Persia.
CASILIiM ( ). Sous le nom de ce com-
positeur, on a représenté au théâtre Doiia, de
Gênes, en 1872, un opéra sérieux intitulé il Re
Manfredo. Le musicien était mort lorsqu'on
s'avisa de jouer son œuvre , qui était écrite depuis
1856 et qui subit d'ailleurs une chute complète.
* CASINI (D.- Jeaps-Marie). A la liste des
ouvrages de ce compositeur, il faut ajouter un
recueil de Canzonette spirituali, publié à Flo-
rence en 1703.
CASORTI (Alexandre), célèbre violoniste,
naquit à Cohourg le 27 novembre 1830. Cet excel-
lent virtuose, élève du Conservatoire de Bruxel-
les, promettait un compositeur de mérite si la
mort ne l'avait enlevé prématurément à Dresde,
le 28 septembre 1867. Parmi les œuvres qu'il a
laissées, on compte quatre concertos de violon,
plusieurs quatuors, et un opéra italien inédit :
Maria. Y.
CASPAR (Charles), compositeur, organiste
de l'église Saint-Jacques, à Lunéville, a fait exé-
cuter dans cette église, au mois de juin 186G, un
oratorio intitulé la Chute des Anges. Depuis lors,
cet artiste a publié la partition pourchant et piano
de Sainte- Cécile, poëme lyrique en trois parties,
à quatre personnages, avec chœurs et orchestre.
* CASPERS (Louis-Henri-Jean). Le réper-
toire dramatique de ce compositeur se complète
par les ouvrages suivants : 1° Ma Tante dort,
opéra-comique en un acte, Théâtre Lyrique,
21 janvier 1860 (joli petit ouvrage, écrit d'une
plume élégante et fine, et repris un peu plus tard
à rOpéra-Comique); 2' la Baronne de San-
Fî-anc(sco , opérette en un acte , Bouffes-Pari-
siens , 27 novembre 1861 ; 3° le Cousin Babylas ,
opéra-comique en un acte, Théâtre-Lyrique,
8 décembre 1864. A ces ouvrages, il faut ajouter
une cantate exécutée au théâtre de la Porte-St-
Martinen 1861. Depuis plusieurs années, M. Henri
Caspers a abandonné la composition pour se
consacrer tout entier aux soins que réclame une
fabrique de pianos dans la direction de laquelle
il a succédé à son père, mort le 19 décembre
1861.
CASTEELE (D. VAN DE), est l'auteur d'un
écrit ainsi intitulé ,: Préludes historiques sur
la Ghilde des Ménestrels de Bruges (Bruges,
1868, in-8").
* CASTEL (Louis-Bertrand). On a publié
sous ce titre : Esprit, saillies et singularités du
P. Castel (Amsterdam et Paris, 1763, 1 vol. in-
12), un recueil d'un certain nombre d'écrits de
ce jésuite. Des quarante-cinq fragments dont est
composé ce vol unie , six ont rapport à la musique ;
ce sont ceux qui portent les titres suivants : Du
son ; de la musique ; de la musique françoise ;
de la musique italienne ; Clavessin pour les
yeux; Comparaison du son et des couleurs.
* CAS riLETI. Voyez GUYOT (Jean).
CASTlLLOiX DE SAINT - VICTOR
(Alexis, vicomte de), compositeur, né en 1829,
mort à Paris le 5 mars 1873, était un amateur
riche et passionné , qui avait quitté la carrière
des armes pour se livrer sans réserve à ses goûts
artistiques. Son père lui ayant laissé, en mourant,
une fortune qui lui assurait l'indépendance, de
Caslillon, qui était, je crois, officier d'état-
major, s'était, en dépit de ses autres parents,
qui comprenaient peu ces idées, démis de soa
grade afin de suivre son penchant pour la musi-
que; il avait repris activement les études ébau-
chées dans ses jeunes années , et s'était entière-
ment consacré à la composition.
Élève de MM. Charles Delioux et César Franck
pour le piano , de M. Victor Massé pour la théo-
rie de l'art , de Castillon avait publié , en un court
espace de temps, un nombre d'œuvres considé-
rable. La nature même de ces œuvres indiquait
de nobles aspirations, et, si elles sont d'une va-
leur très-inégale, elles témoignent du moins en fa-
veur des tendances de leur auteur. Ses produc-
tions gravées sont les suivantes : Musioue
d'ensemble : Quintette pour piano, deux violons,
alto et violoncelle; Quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle; Trio pour piano, violon et
violoncelle. Musique de piano : Cinq pièces dans
le style ancien; Suite pour le piano ; Detixième
suite pour le piano; Fugues dans le style libre;
Six Valses humoristiques. Musique de chant :
Six Poésies d'Armand Sylvestre, mises en mu-
sique par Alexis de Castillon. En 1872, de Cas-
tillon av^it fait exécuter aux concerts populaires
un grand Concerto pour piano et orchestre, e
quelques jours après sa mort la Société classique
160
GASTILLON DE SAINT-VICTOR — GAURROY (Du)
Armingaiid faisait entendre un Allegretto de sa
composition pour deux violons, allô, violoncelle,
contrebasse, llùte, hautbois, clarinette, cor et
basson. Je ne crois pas que ces denx ouvrages
aient été publiés. Enfin, dans une liste de ses
œuvres inédites que de Castillon m'avait remise
personnellement, je trouve mention des suivan-
tes : Torquato Tasso , symphonie ouverture :
1" Suite d'orchesfre, dans le style de danse;
2° Suite d'orchestre; puis, comme ouvrages" en
préparation : un Psaume, pour soH, chœurs et
orchestre; une Messe brève; une grande Sym-
phonie.
La santé de de Castillon n'était pas des plus ro-
bustes ; il était phthiîique ; au retour d'un voyage à
Pau , où il avait passé une partie de l'hiver, il
prit une fluxion de poitrine, se vit obligé de s'a-
liter, et fut emporté en quatre ou cinq jours. Son
tempérament artistique, très- volontaire, très-in-
telligent et très-obstiné, semblait l'appeler à une
brillante destinée. Une fois qu'il aurait eu fait le
sacrifice de certaines sympathies fâcheuses , de
certaines théories un peu vagues, il aurait dé-
couvert au public une personnalité vraiment ori-
ginale et généreusement douée.
Un an après sa mort , le 16 mai 1874, la Société
nationale de musique exécutait un fragment du
Psaume de de Castillon pour soli, chœurs et
orchestre.
CASTRO. Aux artistes portugais de ce nom
cités dans la Biographie universelle des Musi-
ciens, il faut ajouter les trois suivants :
D. FreiAgostinhode Castro, reVi^ku\ cité par
MâcUaào {Bibl. lusit.) comme auteur d'un traité
de musique resté en manuscrit (XYI» siècle) ;
l'auteur a appartenu probablement au célèbre
couvent de Santa-Cruz (S. Augustin) de Coim-
bra, q"i a produit tant de musiciens distingués.
Gabriel Pereira de Castro, homme célèbre
qui a enseigné l'histoire, la philosophie et la mé-
decine à Leipzig, en Allemagne. Ses ouvrages
sur le droit sont classiques. 11 a aussi cultivé
la musique avec beaucoup de succès (V. Joncher,
Allgemeines Gelehrten Lexicon, Leipzig, 1750).
Il naquit à Braga en 1571, et mourut à Lisbonne
en 1632.
Manuel Antonio Lobato de Castro, né à Bar-
cellos, diocèse de Braga, musicien et littérateur
distingué, qui a laissé plusieurs ouvrages esti-
més, parmi lesquels on cite Vilhancicos que se
cantavam na Se Cathedral do Porto em as
MatinaSy etc. (composition en l'honneur de
sainte Cécile), Coimbra, 1712, in-I2.
J. DE V.
CASTRO ( ), professeur espagnol
contemporain, a publié chez l'éditeur Romero y
Andia, à Madrid, un Traité de transposition,
et une Nouvelle méthode de contre-basse, ap-
plicable aux instruments à trois ou quatre
cordes.
CASTRONE MARCHESI(SalvatorDE),
dilettante italien, membre du jury du groupe XV
à l'Exposition universelle de Vienne de 1873, est
l'auteur de la Relazione sugli Istrutnenti mu-
sicali quali erano rappresentati alPEsposi-
zione universale di Vienna net Giugno 1873
pubhée dans la collection officielle des Rapports
des jurys italiens, il a été fait de cet écrit un
tirage à part.
CATAîMEO (Francesco), est auteur de
l'ouvrage suivant : Saggio soprn l'antica e
moderna musica. Stanfone intorno al lirico
stile de'salmi. Dissertazione intorno alla
greca, latina e tosoana poesia (Naples, 1778,
in-12).
• CATEL (Charles-Simon). M. Jules Cariez
a retrouvé la trace d'une composition inconnue
de cet artiste distingué : il s'agit d'une scène allé-
gorique , sorte de grande cantate qui fut exécutée
à Caen , le 24 août 1813, à l'occasion du passage
en celte ville de l'impératrice Marie Louise. La
musique de cette cantate, dont le poète est resté
anonyme, était de Catel. On trouvera des détails
à ce sujet dans la brachure de M. Jules Cariez :
la musique à Caen, de 106C à 1848.
CATEMIUSEX (E ), compositeur alle-
mand, a fait représenter le 11 février 1875 sur
le théâtre de Lubeck, dont il était alors le direc-
teur, un opéra intitulé Aennchen von Tharau.
* C.VrTIGNO (François), est mort à Naples
le 28 mars. 1847. Selon M. Francesco Florimo
{Cenno storico sulla Scuola musicale di Na-
poli),i\ était né en cette ville non en 1780, mais
en 1782. A la courte liste de ses œuvres théâ-
trales, il faut ajouter Vlntrigo^di Pulcinella,
opéra-bouffe représenté au théâtre Nuovo. « Ca-
tugno, dit M. Florimo, ne peut être compté au
nombre de nos grands compositeurs, car il n'a
jamais montré grand élan, et ses œuvres ne se
distinguent que par la pureté du style et non par
autre chose. Il est juste dédire que lui même
en avait conscience, puisqu'il ne poursuivit
point la carrière théâtrale, et se borna à donner
des leçons de chant. Il était considéré comme un
bon accompagnateur. »
* CAURROY (François-Eustache DU).
Dans l'écrit intitulé : Note sur quelques ar-
tistes musiciens dans la Brie, M. Th. Lhuil-
lier {votj. ce nom) a donné quelques renseigne-
ments intéressants sur la famille de cet artiste,
dont plusieurs membres furent musiciens comme
lui. Cette famille se retrouve pendant longtemps
CAURROY (DU) — CAUSSINUS
161
à Gerberoy, lieu de naissance d'Eustache. Louis
du Caurroy figure parmi les bienfaiteurs du bu-
reau des pauvres de Beauvais ; Jacques est lieu-
tenant de la verderie de Gerberoy dans la se-
conde moitié du WIl* siècle. En 1625, Antoine
du Caurroy est procureur-symiic, receveur de
Gerberoy ; puis il devient juge à la châtellenie
de Gaulancourt. Eustache du Caurroy eut pour
successeur, à Saint-Aygoul de Provins, plu-
sieurs années avant sa mort, un de ses parents ,
Claude du Caurroy, protonotaire du Saint-Siège,
baron de Saint-Ange; celui-ci résigna à son
frère cadet, nommé François, chanoine de
Beauvais, en 1C62. Enfin, un des arrière-neveux
d'Eustache, François-Toussaint du Caurroy, pi-
card comme lui, fut comme lui musicien, mais
sans réputation, bien qu'il touchât les orgues
avec habileté; celui-ci était, à la fin du XVII"
siècle, rehgieux bénédictin à Melun.
CA.UIXE (Auguste), amateur distingué, est
né à Marseille le 30 novembre tS26, Il apprit la
musique de bonne heure et n'a cessé depuis de la
cultiver avec talent. Il a composé un assez grand
nombre de pièces pour le piano, dont quelques-
unes, Sw le Nil, la Magicienne, Berceuse,
ont été publiées. Il a écrit plusieurs motets ,
des morceaux pour instruments à cordes et
piano , et des pièces d'orcliestre . Une de ces
dernières, le Pèlerinage de Kevlaar, a été
exécutée^avec succès aux concerts populaires
de Marseille. Ces œuvres témoignent d'une excel-
lente éducation musicale et d'un sentiment élevé,
quelquefois même austère. Plusieurs morceaux
de cet auteur ont été gravés en France et en Al-
lemagne.
Al. p..— d.
C<VUSSL\ DE PERCEVAL (Armand-
Pierre), orientaliste français, membre de l'Ins-
titut, fils d'un orientaliste fort distingué lui-même
qui était professeur au Collège de France, na-
quit à Paris le 13 janvier 1795. Envoyé à Cons-
tantinople, en 1814, comme élève interprète, il
parcourut en 1817 la Turquie d'Asie, passa une
année parmi les Maronites du Mont Liban, rem-
plit pendant quelque temps l'emploi de drogman
à Alep, et, à son retour en France, fut nommé
(décembre 1821) professeur d'arabe vulgaire à
l'École des langues orientales vivantes. Plus
tard, professeur de langue et de littérature arabe
au collège de France, puis attaché en qualité
d'interprète au dépôt de la guerre, il fut élu
membre de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres en 1849, en remplacement de Le Prévost
d'Iray.
Je n'ai pas à m'occuper ici des savants tra-
vaux de Caussin de Perceval sur l'histoire et sur
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. —
la littérature arabe ; mais il est un de ses écrits
qui intéresse directement l'art musical, et qui
doit être mentionné dans ce dictionnaire: c'est
celui qui a été publié dans le Journal asiatique
de novembre et décembre 1873, sous ce titre :
Notices anecdotiques sur les principaux mu-
siciens arabes des trois, premiers siècles de
l'' Islamisme. Caussin de Perceval avait étudié
la musique, et cela ne lui avait pas été évidem-
ment inutile pour mener à bien ce travail inté-
ressant, qu'il ne vit pas paraître, car il était
mort depuis quelques mois lorsque ses Notices
furent publiées dans le Journal asiatique. Cet
écrit, qui comprend environ deux cents pages
in-S", est l'un des trop rares travaux que l'on
connaisse sur la musique et les musiciens arabes,
et l'on comprend de quelle importance il peut
êlre pour l'histoire générale de l'art. Il en a été
fait un tirage à part (Paris, imprimerie nationale,
in-8°).
* CATELAiXl (Angelo). Cet écrivain mu-
sical distingué a publié en 1866 (Modène, Vin-
cenzi, in-4° de 42 pp.) un excellent travail
analytique sur les œuvres d'Alexandre Stradella :
Délie opère di Alessandro Stradella esisienti
nelVarchivio musicale délia R. Btblioteca pa-
latina di Modena, elenco con prefazione e
note. Ce travail, dédié à Rossini, et dans lequel
l'auteur loue justement un écrit précédemment
publié sur Stradella, dans le Ménestrel, par
Paul Richard, ancien conservateur h] la Bi-
bliothèque impériale de Paris, est remarquable
non-seulement par sa préface," mais par les notes
evcellentes et étendues qui accompagnent le ca-
talogue des œuvres du grand musicien. Il avait
été inséré d'abord dans le troisième volume
des Atti e Memorie délie RR. Deputazioni di
Storia patria per le provincie modenesi e
parmensi. Catelani est mort peu de mois après
avoir publié cet opuscule, le 5 septembre 1866.
CAUSSINUS (J0SEPH-L....-V....), virtuose
sur l'ophicléide, est né à Montélimart (Drôme),
le 6 décembre 1806. Fils d'un chef de musique
militaire qui fut son premier professeur, il était à
peine âgé de quatorze ans lorsqu'il devint pro-
fesseur de solfège au collège de .sa ville natale,
où il resta jusqu'à l'époque où , étant tombé au
sort , il fut incorporé dans le corps de musique
du 5« régiment de ligne. Il fut un des premiers
artistes qui , lors de l'invention de l'ophicléide,
se livrèrent à l'étude de cet instrument, et son
régiment ayant été envoyé à Paris , il se fit en-
tendre avec un grand succès dans les concerts ,
et devint particulièrement l'un des solistes les
plus renommés des concerts de Musard père,
Lorsque Berr, qui avait été son chef de musique,
I. 11
162
CAUSSINUS — CAYAILLÉ-GOLL
fut nommé directeur du Gymnase musical mili-
taire, il attacha M. Caussinus à cet élablissement
en qualité de professeur d'opliicléide, et pendant
seize années celui-ci y forma de nombreux et
excellents élèves. M. Caussinus, qui avait étudié
la composition au Conservatoire avec Carafa, et
qui a été membre de la Société des concerts,
s'est fait connaître aussi comme compositeur
pour son instrument, et a publié une quarantaine
d'œuvres pour l'ophicléide, parmi lesquelles une
série de duos et beaucoup de transcriptions d'airs
d'opéras italiens. On lui doit aussi des Métbodes
pour le piano, l'ophicléide, la trompette et le
cornet à pistons. M. Caussinus vit aujourd'hui
retiré à St-Mandé, près Paris.
* CAVAILLÉ-COLL (DoMii\iQtiE-HY.4ciN-
the), est mort à Paris au mois de juin 1862.
* CAVAILLÉ-COLL (Aristide), facteur
d'orgues à Paris, fils du précédent. JNous croyons
devoir consacrer une notice complémentaire à
cet artiste, qui est, on peut le dire sans em-
phase et sans exagération, le premier en son genre
dans le monde entier, et dont le nom est une
des gloires de la France. Par son génie, par sa
puissance inventive, par son activité, par sa
haute probité et son désintéressement reconnu,
M. Cavailié-Coll a bien morité de son pays et a
droit à une place à part dans les riches annales
de cet art admirable de la fabrication des orgues,
où, dès ses plus jeunes années, il était passé
maître. M. Cavaillé-Coll était à peine âgé de
vingt ans lorsque, travaillant chez son père, à
Toulouse, il appliqua son activité à la création
d'un instrument qu'il appelait pnïfnforgxte, et
que l'on décrivait ainsi : « Le poïkilorgue e«t à
claviers et à anches libres ; il diffère néanmoins
de tous les instruments que l'on a faits d'après
le même principe sonore (tels que pbitz-harmo-
niques, pianos à soufllets, etc.), par la puissance
du son, qui, surtout dans la basse, a quelque
chose d'imposant, et qui, susceptible d'être di-
minué et renflé à volonté, se prête à l'expression
la plus variée. » C'était, on le voit, le principe de
l'harmonium ou orgue expressif.
Peu de temps après, M. Aristide Cavaillé-Coil
était chargé de la construction de l'orgue de la
basilique de Saint-Denis, et ce fait se produisait
dans des circonstances particulièrement intéres-
santes, qu'un écrivain très-compétent, Adrien de
la Fage, rapportait en ces termes : « M. Aris-
tide Cavailié s'était transporté à Paris pour pren-
dre connaissance des orgues de la capitale, et
surtout dans le but d'y étudier l'acoustique; il
était recommandé au respectable Lacroix, de
l'Institut, qui le mit aussitôt en rapport avec
M. le baron Cagnard de La Tour et avec ses col-
lègues Savart et Prony. Ce dernier lui fit con-
naître l'excellent Berton (mort le 22 avril 1844,
doyen des compositeurs français), qui faisait
partie de la commission nommée pour choisir
entre les projets proposés pour l'orgue de Saint-
Denis ; il engagea M. Aristide Cavaillé-Coll à se
mettre sur les rangs. L'expiration du terme fixé
pour la présentation des projets arrivait dans
deux jours, et M. Aristide Cavailié n'avait pas
même vu l'église de Saint-Denis; cependant, en-
couragé et animé par les conseils du vieux com-
positeur si bienveillant pour les jeunes gens et si
enclin à aider à leurs succès, il se rendit immé-
diatement sur les lieux, et après avoir examiné
la tribune, travaillant jour et nuit, el appuyant
son projet par des calculs et des développe-
ments étendus, il parvint à le terminer dans le
temps voulu. Autre embarras : ce projet devait
être accompagné d'un devis, et M. Aristide Ca-
vailié n'en avait jamais fait; .son père, sous la
direction duquel il avait jusqu'alors travaillé,
s'occupait de ce soin; pas plus que pour le pro-
jet, il n'avait le temps de recevoir de Toulouse
une réponse de sa famille et de s'entendre avec
elle. Il vint pourtant à bout de présenter le tout
en temps utile, et la commission s'éfant rassem-
blée, il eut le bonheur de voir ses plans approu-
vés et adoptés, et la construction de l'orgue de
Saint-Denis adjugée après concours à MM. Ca-
vailié père et fils. M. Aritisde Cavailié n'avait
alors que vingt-deux ans. Depuis ce moment la
direction de l'établissement lui a été dévolue. »
Non-seulement le projet de M. Aristide Ca-
vailié élait excellent, mais l'exécution ne laissa
rien à désirer, et la commission chargée de la
réception de l'instrument le constata en ces
termes, qui font ressortir ce que je disais plus
haut de la loyauté et du désintéressement du
célèbre facteur : « Vos commissaires sont unani-
mement convaincus que les obligations souscri-
tes par les facteurs ont été plus que remplies
par eux C'est donc avec la plus vive salis-
faction qu'ils résument leur opinion sur l'œuvre
de ces habiles et consciencieux facteurs, en dé-
clarant que l'honneur beaucoup plus que le
bénéfice semble les avoir préoccupés pendant la
longue (jurée de l'accomplissement de leurs obli-
gations; aussi émettent-ils unanimement le V(pu
de voir restituer à ces facteurs désintéressés la
réduction qui leur a été imposée sur !e prix de-
mandé par eux.... Un soin extrême d'exécution,
poussé jusque dans les plus petits détails, une
fidélité rigoureuse à réaliser tous les perfection-
nements annoncés, une abnégation complète
de tout intérêt d'argent ; telles sont les qua-
lités honorables dont MM. Cavailié n'ont cessé
CAVAILLÉ-COLL
163
de faire preuve pendant toute la durée de l'exé-
cution de leur traité. »
Voici comment , vingt ans après , Fétis
lui-même, le savant 'auteur de la Biographie
universelle des Musiciens, s'exprimait, dans
son rapport du jury de l'Exposition universelle
de 1855, sur M. Cavaillé-Coll et ses travaux : —
» La première innovation faite par M. Cavaillé,
dans la facture des orgues, est une des plus im-
portantes, la plus importante même que . le
siècle présent ait vu naître pour l'amélioration
de ce grand instrument ; car elle a eu pour effet
de mettre en équilibre la force productrice du
son et la capacité absorbante des agents de ré-
sonnance. L'observation avait démontré à M. Ca-
vaillé que les sons aigus des instruments à vent
ne se produisent que sous une pression d'air
beaucoup plus forte que celle des sons moyens
et graves. On sait, en effet, qu'un clarinettiste,
un hautboïste, un corniste, ne parviennent à faire
entendre avec pureté les sons de leurs instru-
ments, qu'en comprimant l'air de leur poitrine
et le poussant avec force dans le tube. La con-
clusion était facile à trouver pour les tuyaux
d'orgue-, mais comment faire exécuter,, par
une machine, ce que les poumons et les lèvres
de l'homme semblent seuls pouvoir' faire sous la
direction de la volonté? Il était de toute évi-
dence que les dessus étaient trop faibles dans
toutes les orgues et surtout dans les grands ins-
truments ; il fallait, pour mettre toute l'étendue
de leurs claviers en égalité de résonnance, éta-
blir des pressions d'air différentes pour les trois
divisions naturelles de leurs séries de tuyaux, à
savoir : la basse, le médium et le dessus. Au
mérite d'avoir posé le problème, M. CavaiUé
ajoute la gloire de l'avoir résolu par le moyen
très-simple de plusieurs réservoirs d'air à di-
verses pressions, l'une' de faible densité, l'autre
moyenne, et la troisième forte. Ces réservoirs
sont superposés et alimentent, eu raison^ de
leur destination, les tuyaux de la basse ,. du
médium ou 'du dessus de tous les registres.
De là résulte la parfaite égalité qu'on admiré
dans les instruments de M. Cavaillé, et qui était
inconnue avant lui. N'eût-il fait que cette heu-
reuse découverte, il laisserait un nom que n'ou-
blierait pas la postérité. Il en a fait le premier
essai dans le grand orgue de Saint -Denis, essai
dont le succès fut immédiatement complet,
parce que l'œuvre tout entière était la consé-
quence d'un principe inattaquable. Tout avait
été prévu dans cette savante disposition, pour
qu'aucim inconvénient ne résultât de cette di-
vision du vent en plusieurs réservoirs placés
sous des pressions différentes ; car ils sont réunis
par des conduits élastiques munis de soupapes
régulatrices, et s'alimentant réciproquement,
sans que leurs pressions diverses puissent en
être altérées.
« Nous passons à une autre invention non
moins importante, qui, seule, ferait la réputation
d'un facteur d'orgues. Certaines séries de tuyaux
d'orgue, qui composent les registres aigus de ce
grand instrument, ont des dimensions étroites
correspondantes à leur longueur. Or, on sait que
les tubes étroits produisent des .sons qui ont un
certain éclat perçant, mais qui sont maigres et
secs. Dans ses recherches pour donner à ces re-
gistres plus de rondeur et de véritable sonorité,
M. Cavaillé fut frappé de cette considération que
les cordes vibrantes, ainsi que les colonnes d'air
des tubes sonores, forment, dans l'impulsion
qui leur est donnée, des nœuds de vibration qui
produisent les harmoniques plus ou moins sai-
sissables du son principal, tels que l'octave, la
double quinte ou douzième, la triple tierce ou
dix -septième, etc. De plus, il savait qu'on fait
octavier un tube mis en vibration si l'on
ouvre un trou de petite dimension dans la pa-
roi du tuyau, à l'endroit où se forme l'harmo-
nique de l'octave ; il tira de ces faits la coa.
clusion, aussi simple qu'ingénieuse, que, si l'on
veut avoir, par exemple, l'intonation d'un tuyau
de quatre pieds, avec un son plus puissant,
plus rond, plus intense, on le peut obtenir avec
un tuyau de huit pieds qu'on fait octavier. Par
ce procédé, M. Cavaillé a fait, pour l'orgue de
Saint-Denis et pour les instruments construits a
une époque postérieure, des registres complets
auxquels il a donné les noms de Jlùtes harmo-
niques de huit, de quatre et de deux pieds. Par
le même principe, appliqué aux jeux d'anches, il
a fait des trompettes et des clairons harmoni-
ques. Du mélange de ces registres avec les jeux
des dimensions ordinaires, résulte la sonorité si
belle, si puissante, si égale des instruments de
M. Cavaillé. .Ajoutons que, saisissant toujours
le point vrai des choses, il a très-bien compris
que les parois minces des tuyaux ne peuvent
produire que des sons de mauvaise qualité. Le
premier, entre ■ les fabricants 'd'orgues fran-
çaises, il a donné à ces grands tuyaux une épais-
seur proportionnée àj leur taille. C'est ainsi
que, dans le tuyau de Yut de seize pieds en étain
de l'orgue de Saint-Denis, il a porté au qua-
druple des proportions ordinaires le poids] du
métal, c'est-à-dire à cent quatre-vingts kilo-
grammes. De là une plénitude, une puissance
de son qu'on n'avait jamais entendue dans un
instrument de cette espèce.
« Si nous voulions parler de tout ce qui
d64
CAVAILLÉ-COLL — CEBALLOS
donne aux instruments de M. Cavaillé le cacliet
de la perfection, de la bonne entente des dispo-
sitions, de l'élégance du fini et du mécanisme,
ainsi que dune multitude de détails où les soins
les plus minutieux ont présidé, nous serions
entraînés fort loin. Nous dirons seulement qu'a-
près le grand orgue de Saint-Denis, il a cons-
truit deux autres instruments plus parfaits
encore et dont la réputation est européenne,
ceux de l'église de la Madeleine et de Saint-Vin-
cent-de-Paul, à Paris. »
Fétis avait raison de dire que la réputation de
M. Cavaillé-Coll était européenne; il aurait
même pu ajouter qu'elle était universelle, car
M. Cavaillé-Coll n'a pas seulement fourni d'ad-
mirables instruments à Paris et à toute la
France, mais les pays étrangers, l'Angleterre et
la .Belgique surtout, lui sont redevables de
nombreux chefs-d'œuvre, ;et il a construit des
orgues même pour l'Amérique et l'Australie.
Parmi ses instruments les plus remarquables, il
il faut citer, pour Paris : l'orgue de Sainl-Sul-
pice, considéré comme le plus beau qui existe
dans le monde entier, les orgues de la Made-
leine, de Notre-Dame de Lorette, de Saint-Vin-
cent-de-Paul, de la Trinité, de Notre-Dame, de
Sainte-Clotilde; pour la province, les orgues de
la chapelle du château de Versailles, de la basi-
lique de Saint-Denis, de Notre-Dame de Saint-
Orner, de Saint-Paul de Nîmes, des cathédrales
de Perpignan, de Nancy, de Carcassjnne , de
Saint-Brieuc ; pour la Belgique, l'orgue de Saint-
Nicolas, de Gand; pour l'Angleterre, les orgues
de la salle Colslon, à Briston, des salles de con-
certs de Willis et de Sheffield, l'orgue du château
de Brocewell, résidence de M. Hopwood, etc.
etc.
L'éclatante et incontestable supériorité des ins-
truments construits par M. Aristide Cavaillé-
Coll est reconnue de toutes parts aujourd'hui, et
je crois inutiled'insister sur ce sujet. Plusieurs de
ces instruments ont fait l'objet de publications fort
intéressantes, parmi lesquelles jementionnerai les
suivantes : 1° Orgue de l'église royale de Saint-
Denis, construit par MM. Cavaillé-Coll père
et fils, facteurs d'orgues du roi , rapport fait à
la Société libre des Beaux-Arts, par J. Adrien de
la Fage (Paris, Imprimeurs unis, 184 5, in-S",
avec gravure) ; 2° Étude sur Vorgue monu-
mental de Saint-Sulpice et la facture d'orgue
moderne, par M. l'abbé Lamazou (Paris, Repos,
s. d., in-8°, avecgravure); 3' Le Grand Orgue
de la nouvelle salle de concert de Sheffield,
en Angleterre, construit par Aristide Ca-
vaillé-Coll, à Paris (Paris, typ. Pion, 187'<,
gr. in-8° avec gravures). M. Cavaillé-Coll a pu-
blié lui-même, dans des revues et recueils
scientifiques, différents mémoires ayant trait à
l'orgue et à sa construction. Je ne connais que les
trois suivants : 1" Études expérimentales sur
les tuyaux d'orgues, mémoire lu à la séance de
l'Académie des Sciences du 24 février 1849; 2°
De Vorgue et de son architecture, écrit publié
dans le 14' volume (1856) de la Revue générale
de V architecture des travaux publics, et dont
il a été fait un tirage à part ; une seconde édition,
augmentée, de cet opuscule a été faite en 1872
(Paris, Ducher, m-S"); S" Projet d'orgue monu-
mental pour la basilique de Saint- Pierre de
Rome (Bruxelles, imp. Rosse!, 1875, in-8°).
* CAVALLLXI (Ernesto), est mort à Milan,
sa ville natale, le 7 janvier 1873. En 1852, il
avait été appelé à St-Pétersbourg, pour y rem-
plir les triples fonctions de professeur de cla-
rinette au Conservatoire, et de 1" clarinette
au théâtre impérial et à la chapelle de la cour.
Après un séjour de quinze ans en Russie, il était
revenu à Milan, et en 1870 il avait été nommé
professeur suppléant de clarinette au Conserva-
toire. A la liste de ses compositions, il faut ajou-
ter : 1° six grands duos pour deux clarinettes,
dédiés à Mercadante ; 2° i Fiori rossiniani,
concerto pour clarinette ; 3" Variazioni in sol,
pour clarinette; 4° Album vocale (Milan, Canti).
* CAZOT (François-Félix), est mort en
1858. Cet artiste avait épousé, le 8 janvier 1814,
une chanteuse de l'Opéra, M"^ Joséphine Ar-
mand, dont le talent était remarquable, et qui
faisait aussi partie de la chapelle impériale. En
1815, tous deux allèrent se fixer à Bruxelles, où
M""^ Cazot fit, pendant dix années, les beaux
jours du théâtre royal. En 1825, ils revinrent à
Paris, et c'est alors que Cazot fonda une école
de piano, d'où sont sortis un très-grand nombre
d'artistes fort distingués. — M™" Cazot ne sur-
vécut que peu de temps à son mari, qui était
presque mort de chagrin de la perte successive
de sa fille et de sa petile-fille : elle mourut au
mois de juillet 1859, âgée de 72 ans.
*CAZZATI (Maurice). Une édition des
Messe e Salmi a 5 voci da cappella, op. 17, de
ce compositeur, a été publiée à Venise en 1655.
Fétis a mentionné en effet comme une réimpres-
sion celle de 1667, la seule dont il eût eu con-
naissance.
CEBALLOS (Fr.ancisco), compositeur es-
pagnol du seizième siècle, né, à ce que l'on croit,
dans la vieille Castille, était maître de chapelle
de la cathédrale de Burgos en 1535, et mourut en
cette ville en 1571. Beaucoup de compositions de
cet artiste sont conservées dans diverses églises
d'Espagne, et la bibliothèque de l'Escurial, aussi
bien que les archives de la cathédrale de Tolède,
CEBALLOS
CELLARIER
165
possèdent un grand nombre de ses motets. On
trouve à i'église de Notre-Dame del Pilar, de
Saragosse, une fort belle messe de Ceballos, et
M. Hilarion Eslava a reproduit, dans sa Lira sa-
cro-hispana, un motet de ce maître : Inter
vestibulim, qui est une œuvre de grand mérite,
aussi bien pour l'élégance de la forme que pour
la pureté du style.
CECCHERIIVI (Ferdinand), chanteur et
compositeur, naquit à Florence en 1792. Doué
d'une magnifique voix de ténor serio, de deux
octaves entières de poitrine avec des notes de
fausset d'une grande puissance, il étudia la musi-
que et le chant avec l'abbé Philippe AUegri, bon
maître florentin, et arriva en peu de temps à un
degré remarquable de perfection. 11 interprétait en
maître tous les genres, mais excellait surtout dans
le genre large et majestueux de la vieille école
du chant italien, dont on trouve des exemples
dans le grand air de* Misterl Eleusini de Mayr,
celui de i Baccanali di Roma de Generaii, etc.
De tontes parts on le pressait d'embrasser la
carrière théâtrale, mais, soit timidité de carac-
tère, soit préjugé religieux, il s'y refusa constam-
ment et s'adonna à la musique sacrée, oratorio
ou musique d'église. Personne peut-être n'a chanté
mieux que lui l'air du ténor dans la seconde par-
tie de la Création de J. Haydn.
Ceccherini, chanteur d'un mérite supérieur et
bon musicien, fut également prolesseur de chant
distingué et fit de nombreux et bons élèves,
tant amateurs qu'artistes, parmi lesquels il faut
citer le prince Joseph Poniatowski. Il fut aussi
compositeur de quelque mérite. On a de lui
quatre oratorios : Saûl, David, San BenedeUo
et Debora e Giaele, exécutés plusieurs fois avec
succès à Florence : ce sont de bonnes composi-
tions, mais, malgré leur titre, ce sont plutôt des
opéras de sujet sacré que de véritables oratorios
dans la rigoureuse acception du moi. Ceccherini
composa aussi beaucoup de musique d'église-, des
mentions spéciales sont dues à son Requiem,
ainsi qu'à sa grande messe à deux chœurs et
orchestre. Sa musique se distingue par la jus-
tesse d'expression, la noblesse des pensées, le
bon goût ainsi que la bonne facture ; mais elle
manque généralement de ce cachet personnel qui
fait que les œuvres d'un compositeur ont leur
place assignée dans l'histoire de l'art musical.
Ceccherini était professeur de chant aux éco-
les de musique de l'Académie des Beaux-Arts de
Florence, dont la direction lui fut confiée pen-
dans quelque temps, premier ténor dans la mu-
sique de chambre et de chapelle de l'ancienne
cour de Toscane, maître de chupelle de la Mé-
tropolitaine, et un des six maîtres de chapelle
du collège des musiciens sous l'invocation de
Sainte-Cécile dans l'église des SS. Michel et
Gaétan à Florence. Il est mort en cette ville le
12 janvier 1858.
L.-F. C.
CECERE (Carlo), violoniste et composi-
teur, né dans le royaume de Naples, vivait dans
la première moitié du dix-huitième siècle. Il fit
représenter à Naples les deux ouvrages suivants :
1° lo Secretista, folie m\js,\cA\e' {pazzia per
musica), th. Nuovo, 1738; 2° la Tavernola
abentorosa.
'M. CELAÎ\I (GiusEPPE-CoRSo), compositeur ita-
lien, vivait dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, et résida successivement à Rome, à
Parme et à Ancône. On lui doit un oratorio à
neuf voix, sur paroles latines, et un autre orato-
rio, Ismaele ed Âgar, exécutés à Rome ; un
troisième ouvrage du même genre, Santa Teo-
dora, fut écrit par lui sur la demande du prince
de Toscane, Ferdinand de Médicis, en 16S8. Il
écrivit encore, pour ce prince, 27 responsori et
un Miserere pour le service de la semaine sainte,
trois cantates et deux madrigaux.
CELLARIER (Hil\riox), compositeur, est
né à Florensac (Hérault) le 12 mars 1818. Il se
destinait d'abord à la marine et fit de sérieuses
études pour suivre cette carrière. Mais un goût
très-vif pour la musique l'en détourna et, à l'âge
.le quinze ans, il se décida à partir pour l'Italie
afin d'y développer ses connaissances musicales.
11 venait de composer un opéra, Don Japhet, où
se trouvait la trace de dispositions assez heu-
reuses pour que son admission immédiate fût
décidée au Conservatoire de Viaregijio, près Lac-
ques, placé sous la direction du compositeur Pa-
cini. Pacini prit son jeune élève en affection et
lui donna une solide éducation technique. A l'âge
de 18 ans, M. Celiarier écrivit, avec les conseils de
son maître, un opéra intitulé la Secchia rapita.
Pacini étant tombé malade, il eut occasion de le
remplacer pour la composition d'une messe à
quatre parties et à grand orchestre, que l'auteur
<le Saffo avait été chargé d'écrire. Cette messe,
annoncée comme étant de Pacini, fut exécutée
avec succès, sous le nom de son véritable auteur,
dans la cathédrale de Saint-Martin à Lucques.
M. Celiarier s'essayait en même temps dans le
genre difficile du quatuor et de la symphonie. Deux
ans plus tard il terminait un opéra en deux actes,
i Guelfi, qui allait être donné à Naples, en même
temps que la Saffo de son maître, quand des
atfaires de famille le rappelèrent subitement en
France, oii il est resté. 11 s'est fixé définitive-
ment à Montpellier, et s'y est voué à l'ensei-
gnement.
166
CELLARIER — CENCI-BOLOGNETTI
M. Cellarierafaitentendredanscette ville divers
morceaux de musique religieuse et une messe à
grand orchestre en ut mineur, qui fut exécutée
en 1845 au profit des inondés de la Loire. On a
aussi de lui plusieurs pièces pour le piano, des
fantaisies originales, de la musique de danse, etc.
Al. R— d.
CELLER (Lunovic) est le pseudonyme litté-
raire d'un écrivain né à Paris le 8 février 1828,
et dont le nom véritable est Lotus Leclercq.
Grand amateur de théâtre et de musique, M. Lu-
dovic Celler a publié depuis une dizaine d'an-
nées plusieurs ouvrages intéressants par les re-
cherches d'une érudition consciencieuse, aussi
bien que par la sûreté et quelquefois la nou-
veauté des documents employés. En ce qui con-
cerne particulièrement la musique, M. Celler a
donné successivement -.X" la Semaine sainte au
Vatican, étude musicale et pittoresque (Paris,
Hachette, 1867, in- 12), livre à la fois utile et
attrayant, dans lequel l'auteur fait coiinailre les
pratiques religieuses et les coutumes musicales
qui caractérisent la célébration de la semaine
sainte à Rome; 2° les Origines de l'Opéra et
«■ le Ballet de la Reine, » étude sur les danses,
la musique, les orchestres et la mise en scène au
XVI" siècle, avec un aperçu des progrès du drame
depuis le XIIP siècle jusqu'à Lully (Paris, Di-
dier, 1868, in-12), écrit intéressant, dans lequel
cependant, insulfisamment informé relativement
aux premiers essais de l'abbé Perrin et de Cam-
bert, l'auteur n'a pas eu l'occasion de rendre à
ces deux pères de l'opéra français la justice qui
leur est due et la place qui leur appartient; 3°
MoLiÈRE-LuLLY. Le mariage forcé, comédie-
ballet en 3 actes, ou le Ballet du Roi, dansé
par Louis XIV le 29* jour de janvier 1664, nou-
velle édition publiée d'après le manuscrit de
Philidor l'aîné, avec des fragments inédits de
Molière et la musique de Lully réduite pour
piano (Paris, Hachette, 1867, in-12), publica-
tion faite d'après le fameux recueil manus-
crit de Philidor faisant partie de la Bibliothèque
du Conservatoire de musique de Paris, et dont
ou comprend tout l'intérêt.
En dehors de ces trois ouvrages spéciaux,
M. Celler a publié deux autres volumes, ceux-ci
relatifs au théâtre proprement dit, mais dans les-
quels pourtant la musique a sa part : Les dé-
cors, les costumes et la mise en scène au
XV IF siècle, 1615-1680 (Paris, Liepmannssohn
et^Dufour, 1869, in-12), et les Types populai-
res au théâtre (id., id.). Enfin, cet écrivain
prépare en ce moment une édition du Pour-
ceaugnac de Molière avec la musique, et un
livre sur la danse.
CELLIER (.......), compositeur anglais, a
fait représenter au théâtre Saint-James, de Lon-
dres, au commencement de 1876, une opérette
intitulée the Sultan of Mâcha. Peu de mois
après, dans le cours de la même année, il a
donné à Manchester un autre petit ouvrage du
même genre, dont j'ignore le titre.
CELLIKI (François), musicien italien, na-
quit le 5 mai 1813 à Fermo, dans la marche d'An-
cône. Dès son jeune âge, il commença à étudier
la musique sous la direction de son oncle Augus-
tin CelJini, de Raphaël Monelli et de Charles
Morra. Arrivé à un âge plus avancé, il fut en-
voyé par ses parents à Bologne, pour étudier
sous la direction de Pilotti, après la mort duquel
il passa au Conservatoire deNaples, où il suivit
les leçons de chant de Crescentini, et apprit la
composition avec Zingarelli, puis avec Mercadante.
Ayant terminé son instruction musicale, il re-
tourna dans sa ville natale, où il obtint en 1842
la maîtrise de la cathédrale. En 1860, il se rendit
à Londres avec son élève Antoine Giuglini, et y
resta quelque temps à donner des leçons de
chant. De retour à Fermo, il y mourut le 19
août 1873, accablé par des chagrins domesti-
ques et des luttes regrettables suscitées par la
malignité.
Cellini composa beaucoup de musique d'église,
et des chœurs patriotiques de circonstance qui
eurent quekjue succès. Sa musique, faible de
conception, quoique de bonne facture, ne s'élève
pas au-dessus de la médiocrité. Sa spécialité
était l'enseignement du chant, dans lequel il ex-
cellait. De son école sont sortis une foule de bons
chanteurs de théâtre, parmi lesquels les frères
François et Ludovic Graziani, Henry Fagotti,
Antoine Giuglini, M""' Morgiali, Mme Biancolini-
Rodriguez, etc.
L.-F. C.
CELLOT (Hexri), compositeur amateur, est
né vers 1835, d'une famille aisée, et est entré de
bonne heure dans la banque, tout en étudiant la
musique pour son agrément. M. Cellot a publié
quelques romances, et a fait représenter quelques
opérettes, parmi lesquelles on peut citer : Dix
contre xin (Palais-Royal, 4 mai 1865); l'Ile
des Singes (E^àoraiôo, isoclobre 1868) ; l'Amour
charlatan (Folies-Marigny). Il a donné aussi
plusieurs articles de critique au journal Zaf/OHce
musicale.
CELSCHER (Jean), confrepointiste hon-
grois de la lin du seizième siècle, a fait impri-
mer un assez grand nombre de comi)ositions,
qui sont conservées à la bibliothèque de Ber-
lin. # Y.
CENCI-JBOLOGA'ETTI (Le comte), noble
CENCI-BOLOGNETTI
CERU
167
amateur de musique, est l'auteur d'un opéra en
4 actes, Lorenzo Soderinl, qui a été représenté
au théâtre Pagliano, de Florence, le 3 août 1867.
D'autre part, les journaux italiens ont rendu
compte, en 1871, de l'exécution à Rome de deux
compositions : une ouverture et une cantate pa-
triotique, la Redenzione di Roma, dont l'au-
teur était la signora Aspri-Cenci-Bolognetti.
CEjVTOLAIXI (Ambrogio), compositeur ita-
lien, est l'auteur d'un opéra sérieux , Isabella
Orsini , qui a été représenté sur le théâtre de
Lugo le 17 septembre 1867.
CE PEli A ( ), compositeur espagnol con-
temporain, s'est fait connaître par la publica-
tion de quelques morceaux de chant et par la
représentation de quelques zarznelas dont il
a écrit la musique. Je ne connais le titre que
d'un seul de ses ouvrages en ce genre, los Pi-
ratas. M. Cepeda a écrit, avec MM. Allù et
Oudrid, la musique d'un drame en trois actes,
intitulé DalUa.
* CERACCHJiVl (Francesco). Ce compo-
siteur a abordé la scène au moins une fois, car
op connaît de lui un opéra intitulé Antigono, re-
présenté à Florence en 1794.
CERECEDA (Giullermo), compositeur
dramatique espagnol, s'est fait connaître par les
zorzuelas ou opéras comiques suivants, qui ont
été représentés à Madrid, dans le cours de ces
dernières années : 1° Pascal Ballon, un acte ;
2" Tocar el violon, un acte ; 3" Pepe-Hillo ; 4°
Trayo; 5° Mefistofeles, 3 actes ; 6° Esperanza,
ballade lyrique et dramatique en 2 actes, théâ-
tre delà Zarzuela, 1872. En cette dernière an-
née, M. Cereceda remplissait les fonctions de
chef d'orchestre au théâtre de la Zarzuela.
' CEREROLS (Le P. Juan), moine et compo-
siteur espagnol, vivait à l'abbaye de Monlserrat
dans les dernièrr s années du dix-huitième siècle.
On conserve dans les archives du célèbre collège
de musi(iue de ce couvent les œuvres suivantes,
dues à cet artiste : une messe à trois chœurs et
à douze voix, dite Messe de la Bataille; les
psaumes Dixit Dominus, Confitebor, Beatus
vir, Laudate pueri Dominum, Letalus sum,
Msi Dominus, Credidi, l'hymne Ave Maris
Stella, et le cantique Magnificat. Presque toutes
ces compositions sont à dix voix.
CERFRERU DE M5iDELSHEIM(A...),
écrivain français, est autour d'un petit éci'it in-
titulé : les Orgues expressifs (sic), Paris, Paul
Dupont, 1867, in-16 de 16 pp.
CERlAiXI ( ), compositeur italien, a
fait représenter au Politeama, deNaples, en 1875,
un opéra bouffe intitulé Don Luigi di Toledo.
CERTAIN (M.vuie-Françoise), claveciniste
du dix-huitième siècle, célèbre par son talent
d'abord, ensuite par les réunions musicales qu i
se tenaient chez elle et auxquelles les plus grands
virtuoses et compositeurs du temps tenaient à
honneur d'assister et de se produire, na([uit vers
1662. Elevée par Pierre de Nyert, premier valet
de chambre de Louis XIV, qui la regardait
comme sa fille, Marie Certain fut un enfant pro-
dige et devint une artiste fort remarquable. De
Nyert avait chargé Lully de son éducation musi-
cale, et la jeune fille, qui avait à la fois du pen-
chant pour les lettres, pour la peinture et pour
la musique, était à peine âgée de quinze ans lors-
que, dans une épître adressée précisément à son
protecteur, à De Nyert, La Fontaine en parlait
ainsi :
Avec mille autres bien le jubilé fera
Que nous serons un temps sans parler d'Opéra;
Mais aussi de retour de mainte et mainte église.
Nous Irons, pour causrr de tout avec Irancliise
Et donner du relùclie à la ilévotton.
Chez l'illustre Certin (1| faire une station : ■
Cerlin, par mille endroils égilement cliarraante,
Et dans mille beaux arts également savante, !
Dont le rare génie et les brillantes mains
Surpassent Chamboniiiôre, Ilardel, les Couperains.
De cette aimable enfant le clavecin unique
Me touche plus qu'lsis et toute sa musi(|ue :
Je ne veux rien rie plus, Je ne veux rien de mieux
Pour contenter l'esprit, et l'oreille, et les yeux.
Le salon de M"* Certain était le rendez-vous
de tous les grands artistes, et jusqu'à son der-
nier jour cette femme distinguée jouit de la plus
brillante réputation, au double point de vue de
l'esprit et des talents. Elle mourut à Paris, le
1" février 1711, et fut inhumée dans l'église
Saint-Roch, sa paroisse.
CERU (DoME.MCo-AcosTiNo) naquit à Lucqiies,
en Toscane, le 28 août 1817; il est ingénieur de
son état et bon amateur de musique. Il publia,
en 18G4, un mémoire sur la vie et les œuvres
de L. Boccherini; en 1870, une lettre à son ami
André Bernardini, maître compositeur estimé de
Buti, en Toscane, sur la musique allemande com-
parée à la musique mélodique italienne; et en
1871 « Cenni storici deW iasegnaniento delta
musica in Lucca e dei piu notabili maestri
compositori che vi hanno fiori/o (Lucques ,
impr. Giusti, in-8") «, ouvrage de peu d'étendue,
mais d'un véritable intéièt pour l'histoire de la
musique en général, et en particulier dans la
ville de Lucques, autrefois capitale d'une riche
république où la musique a toujours été tenue
en honneur et où les études musicales se main-
■ L'acte morluaire de Marie Certain, publié par Jal dans
son Dictionnaire critique de biographie et d'histoire,
donne à son nom_rorlhographe que j'ai cru devoir adop-
ter : Certain.}
168
CERU
CHAMPEIN
tiennent toujours (lorissante? , quoique Lucques
soit réduit aujourd'hui à l'état de ciief-lieu de
province.
M. D. A Cerù est membre de l'académie des
Phylomates. On a de lui un mémoire sur le
mélodrame et plusieurs pièces détachées, poésies,
épigraphes , épitres , elc. , qui attestent toutes
une intelligence cultivée.
L.-F. C.
CESTARI (AiGUSTo). Un musicien de ce
nom a fait représenter en 1859, sur le théâtre
d'Udine, un drame lyrique intitulé Cleto.
CEUPPI'^XS (Victor), compositeur, né à
Bruxelles le 28 juillet 1835, a eu pour niHîtns
MM. Goossens, Jourdan, Bosselet, Lemmens et
Fétis, puis est devenu successivement organiste
des églises de Saint-Joseph, des Minimes et de
Sainte-Catherine, et enfin maître de chapelle de
Saint- Boniface en même temps que professeur à
l'école de musi(|ue de Saint- Josse-ten-Noode,
commune de la hanlieue de Bruxelles. M. Ceup-
pens a publié un certain nombre de compositions
religieuses, parmi lesquelles plusieurs messes
(dont une, à 4 voix, a été exécutée solennellement
le 19 janvier 18GI), un Ave verum'a 4 voix, un
Salve Regina avec orchestre, un Lmidale Do-
mimun, chœur à 4 voix, un Tantum ergo, un
Pie Jesu, un 0 salutaris , une prière et 3 Elé-
vations pour orgue. On connaît aussi quelques
romances de cet artiste.
CEZAA'O (Paul). Lors de l'inauguration de
la nouvelle salle de l'Opéra, en 1875, on a publié
une brochure ornée de vignettes et ainsi intitulée :
Visite au nouvel Opéra, |)ar Paul Cézano (Paris
1875, in-4°). Le nom de l'auteur de cet écrit nous
paraît être un pseudonyme ; du moins ne le
connaissons-nous point dans la littérature con-
temporaine.
CnAALO\S-D'AI\GE (Augcste - Phi-
libert), ailministrateur et écrivain, né à Paris
le 29 juillet 1798 , est mort au mois de murs
1869. Il fut successivement attathé aux biireiiiix
du ministère de la guerre, puis du minisièic de
l'intérieur, puis, sur la fin de sa vie, au minis-
tère de la maison de l'empereur, où il remplis-
sait les fonctions d'archiviste à la section <îes
Beaux-Arts. Secrétaire général du théâtre de 10-
déon de 1!<2S à 1S35, il avait fondé en 1829 le
Journal de^ Comédiens, qui est devenu depuis
]à Revue et Gazette des théâtres. Il est men-
tionné ici pour l'ouvrage suivant : Histoire cri-
tique des théâtres de Paris pendant 1821,
pièces nouvelles, reprises, debuls, rentrées (Pa-
ris, Petit, 1822, in-8"), qu'il publia sous le voile
de l'anonyme , en société avec Ragueneau. Il
publia ensuite, seul , cette fois, et en y mettant
son nom, V Histoire critique et littéraire de
théâtres de Paris, années 1822-1823 (Paris,
Pollet, 1824, in-8°). Ces deux volumes forment le
résumé historique et critique du mouvement
théâtral pendant la période indiquée, mouvement
dont la musique pi;end une part import.infe, et
donnent des renseignements utiles, (pii auraient
gagné cependant à être un peu moins délayés.
*CllABAXOM (MiCBEL-P.UL-Gn nE), a
écrit les paroles et la musique d'un divertisse-
ment sans titre qui a été exécuté deux fois, en
17C9 et 1770, dansdeux concerts donnés au profit
de l'École gratuite de dessin.
'' CHAÎrVE (EiGÈNE). Cet artiste fort esti-
mable, qui depuis longtemps brille à Paris dans
l'exécution de la musique de chambre, a obtenu,
dans ces dernières années , de sérieux succès
comme compositeur. En 1860, il a fait exécuter
à Poitiers, aux fêtes données par l'Association
musicale de l'Ouest, une messe à 4 voix, clionirs
et orchestre, qui a produit un très-grand elfet;
' sa f* symphonie (en fa) a été couronnée au con-
cours ouvert en 18C4, en Hollande, par la so-
ciété pour l'avancement des études musicales ;
sa 2"^ sym|)honie (en ré mineur) a été l'objet de
la même distinction, en 1860, de la part de la so-
ciété de Sainte-Cécile, de Bordeaux; une ouver-
ture à grand orchestre, envoyée par M. Chaîne
au concours de l'académie de l'Institut royal
de musique de Florence, obtenait aussi la pre-
mière récompense; enfin, en 1872, la société de
Sainte-Cécile de Bordeaux accordait le second
prix à son Stahat mater. En dehors de ces œu-
vres fort importantes, et d'un troisième concerto
de violon, M. Chaîne a fait entendre, en ces der-
nières années , une fantaisie-caprice pour violon
sur les Huguenots (Paris, Brandus), une fan-
taisie sur iVo/'Hia et i Puriiani (id., id.), et une
autre sur la Juive. Il a publié une quarantaine
de fantaisies et de morceaux de gonie [lour vio-
lon, avec accompagnement de piano. Au mois
d'octobre 1875, AI. Chaîne a été nommé profes-
seur d'une des deux classes préparatoires de
violon rétablies an Conservatoire de Paiis.
* CHA'\IPEI.\ (Stamslas). r.e répertoire
dramatique de ce musicien aimable doit se com-
pléter par les ouvragi^s suivants : 1° les Amours
de Colomijine ou Cassaridre j.leureur, o\)éra.
comique joué à la Comédie-Italienne en 1783,
et dont la chute fut si complète que sa première
et unique représentation ne put même être ache-
vée; 2" les Soces cauchoises , 2 actes, th. Mon-
tansier, 1790; 3° les Hussards en cantonne-
ment, 3 actes, Opéra-Comique, 28 juin 1817.
Champein a écrit aussi la musique, assez impor-
tante, de deux [liècos représentées à la Comédie-
CHAMPEIN
CHARBONNIER
169
Française ; 4° le Chevalier sans peur et sans
reproche ou les Amours de Bayard, comédie
<;n 3 actes, mêlée d'intermèdes, de Monvel (24
août 1786); 5" Lanval et Viviane ou les Fées
et les Chevaliers, comédie héroï-féerique en 5
actes et en vers de dix syllabes, avec chants et
danses, de Murville (13 septemln-e 1788). Enfin,
on a imprimé, mais non représenté, la pièce
suivante : les Deux Seigneurs ou V Alchimiste ,
pièce en 2 actes, en vers, par MM. A. et H.
(Anson et Hérissant), « avec deux airs nouveaux
de M. Champein. »
* CHAi\lPEII\ (Marie-Frakçois-Stanislas),
fils du précédent, naquit à Paris le 20 juillet 1799.
Après avoir quitté l'Italie pour revenir en France,
il publia en 1869, à Paris, un journal qui avait
pour titre la Fraternité , et mourut en celte
ville le 8 mars 1871.
On a représenté au Gymnase, le 10 avril 1821,
un opéra comique en un acte intitulé : Une
Française, musique de Champein « fils. » J'ignore
s'il s'agissait ici de cet artiste ou d'un autre fils
de Stanislas Champein.
CIIAMPFLEURY (Jules FLEUR Y, dit),
critique et romancier, naquit à Laon le 10 sep-
tembre 1821. Dans ses nombreux écrits, de gen-
res très-divers , M. Champtleury s'est beaucoup
occupé de musique, imitant en cela Charles Bar-
bara, son ami de jeunesse, avec qui il fit souvent
des séances de quatuors dans lesquelles il tenait
la parlie de violoncelle. Malheureusement, si
M. Champtleury avait quelque pratique musicale,
ses coimaissances théoriques étaient absolument
nulles ; cela ne l'a pas empêché de vouloir, à l'oc-
casion, trancher du magister et le prendre de
haut avec les critiques de profession, selon ce
principe cher à tous les dilettantes forcenés que
les musiciens seuls sont impropres à la critique,
et que celle-ci ne peut être bien faite que par des
ignorants. C'est ce principe qui a poussé
M. Champfleury à prendre la défense de M. Ri-
chard Wagner en essayant, bien en vain, de je-
ter le ridicule sur certains critiques accrédi-
tés, et il a donné la mesure de sa compé-
tence en pareille matière en niant la valeur
musicale de Berlioz, dont la gloire n'a été que
médiocrement atteinte par ses sarcasmes. Les
prétentions musicales de M. Champfleury se font
jour surtout dans sa traduction des Contes pos-
thumes d'Hoffmann (Paris, Lévy, 1856, in- 12),
et dans une brochure intitulée Richard Wa-
gner, dédiée à Charles Barbara, qu'il a repro-
duite dans ses Grandes Figures d'hier et d'au-
jourd'hui (Paris, Poulet-Malassis, 1861, petit
in-8°).
CHAÎMPS (Ettore DE), pianiste et compo-
siteur dramatique, né à Florence le 8 août 1835,
étudia la flûte avec un de ses oncles, le piano
avec Gioaccliino Gordoni, l'harmonie et le con-
trepoint avec Ciilson, et la composition avec Ma-
bellini. Il se livra de bonne heure à l'enseigne-
ment, publia de nombreuses et élégantes compo-
sitions pour le piano, et finalement aborda le
théâtre avec succès en donnant à la Pergola,
de Florence, deux opéras-bouffes qui furent bien
accueillis : i Tutori e le Pupille (1869), et il
Califfo (1870). Il produisit ensuite plusieurs
farse qui ne furent pas moins bien reçues : Gosto
e Mea (1872), la Serchia rapita (en société
avec MM. Gilardini, Felici et Tacchinardi, 1872),
et l'idolo Cinese {en société avec MM. Tacchi-
nardi, Gialdini, Felici, Usiglio et Baccbini, 1874).
On lui doit aussi la musique de deux ballets, re-
présentés au théâtre P.igliano', il Genio délie
Colline (ISài), et il N au fragio délia Fregata
La Peyrouse (1859). Enfin, M. de Champs a
écrit encore deux messes a cappella, deux autres
messes avec orchestre, et un grand nombre de
morceaux détachés de tout genre.
* CHAPPELL (William). — Cet érudit dis-
tingué a commencé récemment la publica-
tion d'un ouvrage extrêmement important : The
Historij of music (art and science), l'Histoire
de la Musique, dont le premier volume a paru
récemment à Londres (Chappell and C", in-8,
s, d. [1875]). L'Histoire de la Musique de
M. "^ Chappell doit former quatre volumes; on
comprend donc qu'il ne saurait être question ici
(l'une analyse complète du seul qui ait été publié
jusqu'à ce jour, l'ensemble d'un tel travail étant
indispensable à qui voudrait porter sur lui un
jugement motivé. Je me bornerai à dire que ce
premier volume est i)resque entièrement con-
sacré à l'étude de la musique grecque, sans
que l'auteur paraisse avoir ajouté un contingent
bien nouveau et bien appréciable aux connais-
sances réunies sur ce sujet par les écrivains qui
l'ont précédé.
* CHAPELLE (Jacques-Alexandre DE LA)
Ce compositeur a écrit la musique d'un opéra
en trois actes et un prologue, Isac, qui fut re-
présenté le 27 mars 1734 par les écoliers du col-
lège Louis-le-Grand, et qui, en cette circons-
tance, servait d'intermède à une tragédie latine
intitulée Tigrane.
< HARBOWIER (L'ahbé Étienne-Paul),
né à Marseille le 29 frimaire au 11.(19 décembre
1793), fut reçu enfant de chœur de la métro|)ole
d'Aix en Provence en 1810 , et fit à cette maî-
trise ses premières études musicales. Il fut or-
donné prêtre en 1821, et nommé l'année suivante
organiste de la catliédrale d'Aix. Il conserva ce
no
CHARBONNIER — CHARLES H
poste jusqu'en juin 1867, époque à laquelle il se
retira pour être nommé quelque temps apiès
chanoine honoraire. Il mourut à Aiv le 7 octobre
1872. L'abbé Charbonnier s'était voué de très-
bonne heure à la musique sacrée et à l'étude de
l'orgue. Comme organiste, il acquit une noto-
riété locale, qui paraît avoir été exagérée. Comme
compositeur, il a beaucoup écrit; c'est surtout
dans l'étude de la vieille musique provençale,
qu'il s'était (ait une véritable spéciahté. Il a
publié chez Remondet-Aubin, à Aix, un volume
intitulé Npëls, Magnificats, Marche des Rois ,
arrangés pour Torgue et l' harmonium (in-4").
11 avait fait paraître également en 1835 un livre
intitulé : Des Principes de Musique, qui fut
assez estimé. On lui doit la musique d'une
pastorale provetiçale, 40 motets en latin, 50 can-
tiques et morceaux français d'une mélodie peu
distinguée mais assez gracieuse, un recueil pour
orgue, puis deux Passions, l'une pour le diman-
che des Rameaux, l'autre, assez curieuse, pour
le Vendredi saint, avec de petits chœurs figurant
les cris de la foule, et accompagnement de vio-
loncelles, contre-basses et orgue. Enfin il a écrit
un Petit traité d' harmonie mise en pratique
pour le piano, qui a été édité à Paris.
Al. R— d.
* (JïARDIXY (LoDis-ARMAND).En annon-
çant la mort de cet artiste, le Journal des
Spectacles du 3 octobre 1793 s'exprimait ainsi :
« Louis-Claude-Armand Chardiny, artiste de l'O-
péra, capitaine de la garde nationale de la sec-
tion du Théâtre-Français, dite de Marat, natif
de Fécamp, en Normandie , âgé de 35 ans, est
mort le premier de ce mois, et a été inhumé le
lendemain dans l'église de Saint-André-des-Arcs,
sa paroisse. Nous nous empresserons de trans-
mettre à nos lecteurs les anecdotes et Ips notices
biographiques qui pourront nous parvenir sur
cet artiste. » Cette note est très-précise, on le
voit, dans sa rédaction, et les renseignements
qu'elle donne diffère quelque peu de ceux, con-
tenus dans la Biographie universelle des Mu-
siciens; je n'ai pu me renseigner d'une façon
absolue sur son exactitude. Cinq jours après, le
8 octobre, le Journal des Spectacles insérait les
vers suivants , qui lui étaient envoyés par « le
citoyen Piis, » le vaudevilliste, au sujet de Char-
diny :
L'Opéra perd un bon artiste,
I.a Musique, un bon hariuonistc,
I,e Vaudeville un bon soutien.
Le dieu Cornus un bon convive ;
Mais ce qui cause à tons une douleur plus vive,
La République, en lui, perd un bon citoyen.
Un fait peu connu, et constaté par le MercureX
de France du 29 septembre 1787, c'est que
c'est Chardiny qui écrivit les récitatifs du Roi
Théodore à Venise, de Paisiello, lorsque cet ou-
vrage, traduit par Moline, fut repréenté à l'O-
péra le 11 septembre de celle année. 11 faut
ajouter aussi à la liste de ses productions dra-
matiques V Amant sculpteur, opéra comiiiue en
un acte qui fut représenté au Théâtre-Comique et
Lyrique en 1790. Lorsqu'en 1792, Piis et Barré
fondèrent le théâtre du Vaudeville, ils engagè-
rent Chardiny comme « instituteur » de leurs
jeunes artistes, et comme compositeur et arran-
geur de la musique de leurs pièces. « Peu de
personnes, disait à ce sujet le rédacteur de \^Al-
manach des Spectacles, étoient plus en état
que cet artiste de travailler pour ce spectacle :
le vaudeville étoit son genre favori, et il étoit
fait pour enrichir son théâtre d'une foule d'airs,
([ue les auteurs ont mis partout, et qui sont dans
la bouche de tout le monde. » Cet emploi n'em-
jiècha point Chardiny de continuer à faire partie
<lu personnel de l'Opéra, mais il lui donna la fa-
cilité de placer un sien parent, peut-être son
frère (J. Chardiny), à l'orchestre du Vaudeville,
où celui-ci jouait la partie de violoncelle. —
Dans son Dictionnaire néologiqve, dont la pu-
blication a été interrompue ajirès le troisième
volume, le Cousin-Jacques a consacré une notice
à Chardiny
CHARLEMAGNE. — Voyez HEN-
RIO\ (Paul).
CHARLES I", roi d'Angleterre, deuxième
souverain de la famille des Stuai-ts , était un
grand amateur de musique et lit tous ses efforts
pour l'encourager dans ses États. Il jouait, dit-on,
fort habilement de la basse de viole, et tenait
très-bien sa partie dans les Fantaisies de Co-
perario, compositeur distingué qui lui a «lédié
une suite de pièces de ce genre. Charles V"^
était l'ami d'un autre musicien remarquable,
William Lawes, artiste de sa chapelle, qui lui
rendait son affection et qui, pour le lui prouver,
prit les armes en sa faveur et se lit tuer brave-
ment au siège de Cliester. Pour honorer sa mé-
moire, le roi porta publiquement le deuil du mu-
sicien. Ce prince , qui était né à Dumferling
(Ecosse), en 1600, mis en jugement à la suite de
sa guerre contre le parlement, périt sur l'ecba-
faud le 30 janvier 1649.
CHARLES H, fils du précédent, grand ama-
teur de musique comme lui, fut, dil-on, Tintro-
ducteur du violon en Angleterre. Ce prince, qui,
après le supplice de son père et la ^défaite que
lui avait fait subir Cromwell à Worcester, avait
dii se réfugier et résider en France, y avait pris
les habitudes musicales de notre pays. Il aimait
CHAULES II — CHARNACÉ
171
surtout nos petits violons à la française, qui
commençaient à remplacer chez nous les dessus
de viole, et lorsqu'il rentra dans ses États, il créa
une bande de vingt-quatre violons, à l'imitation
de celle qu'il avait vu manoeuvrer à Versailles
et à Paris sous la direction de Lully. En tout ce
qui concernait la musique, Charles II introduisit
à Londres les pratiques françaises, en dépit des
efforts prolongés de son secrétaire Williams,
qui tenait pour la musique nationale. Le roi finit
par avoir raisonde son secrétaire, comme on le
pense, mais pourtant ce ne fut pas sans peine, et
bien longtemps après, Roger North, qui fut attor-
ney général sous Jacques II, parlait de cette lutte
dans ses Mémoires avec une sorte d'amertume.
Lorsque l'infortuné Cambert, malgré les succès
obtenus par ses opéras , les premiers qu'on eût
entendus en France , eût été réduit au silence
par les intrigues de Lully et crut devoir s'expa-
trier, c'est à Londres et auprès de Charles II
qu'il alla chercher un refuge. Les uns disent que
ce prince le mit à la tête de sa bande de violons,
ce qui ne paraît pas probable, Cambert n'étant
pas violoniste, que l'on sache; les autres, et
ceux-ci semblent avoir raison , affirment que
Cambert devint surintendant de la musique
royale, et conserva cet emploi jusqu'à sa mort.
Ce' qui paraît certain, quoiqu'à cet égard On
n'ait aucune preuve absolue, c'est que Charles II,
qui avait cordialement accueilli le grand mu-
sicien français , fit représenter à sa cour les
opéras de Cambert, entre autres Ariane, qui
n'avait pu voir le jour à Paris.
Charles II, qui était né le 20 mai 1630, mourut
en 1685.
CHARLEVOIX (Pierre-François-X vvier
DE), savant jésuite français, naquit à Saint-
Quentin en 1684. On trouve d'intéressantes no-
tices sur les instruments de musique japonais
dans le tome 1 de son ouvrage : Histoire et
Description générale du Japon (Paris, 1726).
CHARLY ou DE CHARLY, claveciniste
et compositeur, était professeur de clavecin à
Valenciennes en 1777 , année où il publia un
Premier recueil de romances, avec accompa-
gnement de harpe ou de clavecin. J'ignore si cet
artiste a mis au jour d'autres compositions.
CHARLOT (Joseph-Auguste), musicien
très-instruit, très-distingué, né à jN'ancy le 21
janvier 1827, donna l'une des preuves les plus
éclatantes de la situation lamentable dans la-
quelle les administrations lyriques mettent en
France les jeunes artistes, môme ceux qui don-
nent le plus d'espoir et qui semblent appelés à
parcourir la carrière la plus brillante. Il est dif-
ficile, en effet, d'obtenir de plus nombreux et de
plus brillants succès d'école que n'en avait rem-
portés Chariot. Entré au Conservatoire de fort
bonne heure, d'abord dans la classe de Zimmer-
mann, puis dans celle de Carafa, il se voyait dé-
cerner en 1838, à peine âgé de onze ans, un pre-
mier prix de solfège et un accessit de piano ;
l'année suivante, on lui donnait le second prix
de piano; en 1841, il enlevait le premier prix
pour cet instrument, en même temps qu'un se-
cond prix d'harmonie et accompagnement, et en
1842 il remportait le premier prix d'harmonie.
En 1846, concourant à l'Institut, il obtenait une
mention honorable, se faisait décerner le second
prix au concours suivant, et enfin couronnait sa
carrière d'élève, en 1850, par le premier grand
prix de Rome.
Après de tels succès, on eût pu croire que
Chailot parviendrait rapidement au théâtre, ou
du moins qu'on mettrait à l'essai ses jeunes ta-
lents, en lui permettant de les produire en public.
Il n'en fut rien ; le jeune artiste eut beau, comme
tant d'autres, courir après un poème pendant
nombre d'années, il ne put jamais l'obtenir, et
dut enfin renoncer à l'espoir qu'il avait si long-
temps caressé. Devenu accompagnateur, puis
chef du chant à l'Opéra-Comique, ce qui aurait
dû lui faciliter la route, il fut obligé de s'en
tenir à cette situation indigne de lui, mais qui
du moins lui assurait l'existence.
Chariot a publié quelques compositions de peu
d'importance, quelques mélodies vocales, des
chœurs orphéoniques, et il en a laissé un assez
grand nombre en manuscrit. Son nom figure mo-
destement sur quelques partitions dont il avait
exécuté la réduction au piano. Cet artiste fort
estimable est mort à Sèvres, au mois d'août 1871.
L'éditeur M. Hartmann a publié, depuis sa mort,
un recueil de Dix mélodies dues à la plume de
ce musicien distingué; on peut signaler particu-
lièrement dans ce recueil, de tout point intéres-
sant, la pièce intitulée le Géant, écrite sur des
vers de Victor Hugo, et qui est d'une inspira-
tion large, mâle et puissante.
CHARA'ACÉ (Le comte Guy DE), écrivain
musical, né vers 1825, a tourné son esprit vers
les choses de la musique, après s'être longtemps
occupé d'agriculture et d'agronomie. Il a colla-
boré, pour ces questions d'art, à divers jour-
naux , entre autres au Paris-Journal et au
Bien public, dont il a rédigé, pendant les an-
nées 1871, 1872 et 1873, le feuilleton musical.
Malheureusement, les études artistiques de
M. Guy de Charnacé, beaucoup trop superfi-
cielles, ne lui permettaient point de juger en cri-
tique, mais en simple dilettante, et ce manque
de connaissances enlevait beaucoup de valeur à
172
CHARx\ACÉ — CHARTON-DEiMEUR
ses apprécialions. M. de Charnacé a publié les
•^crits suivants : 1° les Étoiles (hi chant (Ade-
lina Patti, Chrisline Niisson, Gabrielle Krauss),
Paris, Pion, 1868-69, in-8° avec portraits ; trois
livraisons seulement ont paru de cette publica-
tion, qui ne s'est pas continuée; 2° les Compo-
siteurs français et les théâtres lyriques sub-
ventionnés,Psirh,Deriiu, 1870, in-S"; 3" Lettres
de Gluck et de Weber, publiées par M. L.
NohI, traduites par Guy de Charnacé, Paris, Pion,
1870, in-12avec portraits et autographes; 4° Mu-
sique et Musiciens, Paris, Pottier de Lalaine,
1873, 2 vol. in-12. Ce dernier ouvrage est un
recueil fait avec trop de complaisance, et sans
les corrections et suppressions indispensables,
d'articles précédemment publiés par l'auteur.
CHARREIRE (Paul), imisieienaveugle, or-
ganiste à Limoges, est auteur d'un opuscule pu-
blié sous ce titre : Aperçu philosophique sur
la musique (Lmos^as, impr. Chapouland. 1860,
in-8"). Cet artiste est mort il y a quelques années.
CHARRIAT (PiERKE-JosEpn), chansonnier,
auteur dramatique et romancier, tout en étant
employé au'ministère de la guerre, naquit à Lyon
le 2 février 1784. Il fut, avec Warez, l'un des
auteurs du Mémorial dramatique ou Alma-
nach théâtral, dont il parut treize années, de
1807 à 1819 (Paris, Hocquet, in-24). Quoique
assez mal fait, ce redieil n'en est pas moins
utile pour les renseignements qu'il donne sur
les théâtres de Paris. Charrin est mort à Paris
au mois de mai 1863.
CIIAIITIER (Cn\RLEs-JEAN), amateur de
musique. Le nom de cet homme honorable doit
trouver sa place dans ce dictior.naire, en raison
de la libérable intelligente dont il a fait preuve
envers l'art qu'il aimait. M. Chartier, qui habi-
tait la commune de Breteil, dans le département
il'Ille-et- Vilaine, était possesseur d'une impor-
tante collection de lettres autographes du Pous-
sin, dont il avait offert l'acquisition à la Biblio-
thèque impériale. Lorsque cette offre lui fut faite,
cet établissement n'avait point de fonds disponi-
bles pour un achat de ce genre, et répondit à
M. Chartier qu'il ne pouvait l'effectuer immé-
diatement. jM. Chartier attendit patiemment, et,
au bout de quelques années, par suite d'une
combinaison de paiement dans laquelle le dé-
partement des manuscrits et celui des estampes
entraient chacun pour moitié, l'acquisition put
être effectuée. Le prix, d'ailleurs modique, était
de quatre mille francs environ, et pour cette
somme modeste la Bibliothèque se trouvait mise
en possession d'une collection de documents
inappréciables pour l'histoire de l'art et d'un des
plus grands artistes qui aient illustré la France.
Mais si M. Chartier avait volontiers consenti,
pour ne pas laisser passer en des mains merce-
naires ou hors de son pays des documents qui
intéressaient celui-ci à un si haut degré, à at-
tendre que l'administration de notre plus grand
dépôt littéraire fût en état d'en devenir acqué-
reur, il ne voulait point profiter personnellement
du produit de cette vente. Grand amateur de
cette forme merveilleuse de musique instrumen-
tale à laquelle on a donné le nom de musique de
chambre, il songea à encourager les artistes qui
se livrent à la composition de ce genre de mu-
sique, et voulut utiliser à leur profit la somme
qu'il avait retirée de la vente des lettres du
Poussin. C'est dans ce but qu'il rédigea ainsi un
article de son testament : « Je donne et lègue,
à l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de
France, une rente annuelle de sept cents francs,
pendant cent ans, en faveur des meilleures (ou-
vres de musique de chambre, trios, quatuors, etc.,
qui approcheront le plus des cliefs-d'a-uvre en
ce genre. » C'est en 1861 que l'Académie des
Beaux-Arts fut mise en possession de ce legs,
et comme deux annuités s'en trouvaient alors à
sa disposition, elle décerna deux prix cette pre-
mière année, l'un à M. Charles Dancla, l'autre
à M™*^ Farrenc, tous deux professeurs au Con-
servatoire de musique de Paris. Depuis lors, le
prix Chartier a été décerné à plusieurs artistes
distingués.
CHARTOX-DEAIEUU (M'"''), née Anne-
Arsène Charton, cantatrice extrêmement dis-
tinguée, est née à Sanjon (Charente), le 5 mars
1827. Douée d'excellentes dispositions musicales,
elle fut confiée de bonne heure par ses parents,
alors établis à Bordeaux, aux soins d'un pro-
fesseur nommé Bizot, et à peine âgée de seize
ans elle débutait sur le grand théâtre de cette
ville dans Lucie de Lamermoor, de Donizetti
(mai 1843). Douée d'une belle voix de soprano,
forte, souple et étendue, d'une intelligence scé-
nique incontestable, la jeune artiste se vit ac-
cueillir avec faveur par le public, et se montra
successivement dans plusieurs rôles importants,
Isabelle de Robert le Diable, Eiidoxie de la
Juive, et Pauline des Martyrs, qui ne firent
qu'affermir son succès. L'année suivante ,
Mlle Charton fut engagée à Toulouse pour y
tenir l'emploi de première chanteuse d'opéra-
coniique, et en 1846 elle faisait les beaux jours
du théâtre de la Monnaie de Bruxelles. C'est en
cette ville qu'elle épousa, le 4 septembre de
l'année suivante, M. Demeur, flûtiste belge dis-
tingué , et depuis cette époque elle est connue
au théâtre sous le nom de M"" Charfon-Demeur.
En 1849, la jeune cantatrice fit une première
CHARTON-DEMEUR — CHASTILLON DE LA TOUR
173
et courte apparition à i'Opéra-Comiqiie, où les
hasards du répertoire ne la favorisèrent pas
comme elle le méritait. Elle prit alors le parti
d'adopter la carrière italienne, et se produisit
avec les succès les plus éclatants sur les plus
importantes scènes de l'étranger, à Saint-Péters-
bourg, à Madrid, à New-York, à Bade, à la Ha-
vane. En 1853, elle rentrait pour un instant à
rOpéra-Comique, s'y montrait dans le Caïd, le
Domino noir et quelques autre> ouvrages, mais
le quittait bientôt une seconde fois pour retourner
à l'étranger. En 1862, M'"* Charton-Demeur dé-
butait sur le Tliéàtre-Italien de Paris par le rôle
de Desdemona à'Otello, et méritait les éloges les
plus llatteurs du public et de la critique. Dans
le courant de la même année, elle créait, sur le
théâtre que dirigeait alors à Bade M. Bénazet, le
rôle de Béatrice dans l'opéra de Berlioz : Béa-
trice et Bénédict, et Berlioz était si charmé du
talent qu'elle y avait déployé que bientôt il l'ap-
pelait à son aide pour venir établir celui de Didon
dans l'œuvre magnifique et malheureuse qu'il
donnait au Théâtre-Lyrique : les Troyens. La
beauté sculpturale et noble de la grande artiste,
son énergie dramatique et passionnée, son grand
sentiment poétique, l'éclat et la puissance d'une
voix, dont elle était absolument maîtresse et
qu'elle savait diriger avec le goût le plus sur,
convenaient merveilleusement au personnage
qu'elle était chargée de représenter, et si, pour
des raisons particulières, les Troyens ne réus-
sirent pas à la scène, la cantatrice ne s'y montra
pas moins admirable et pleine d'un enthousiasme
qu'elle puisait dans son admiration pour l'œuvre
et pour l'auteur. Peu de temps après, M'"* Char-
ton reparaissait sur notre Théâtre-Italien, mais
bientôt elle s'éloignait de nouveau de Paris pour
aller retrouver ses succès sur les scènes étrangè-
res. Depuis lors , elle n'a plus reparu en France.
CHASSAIGNE (Francis), compositeur, a
fait représenter à Paris, dans des cafés-concerts,
les opérettes ou saynètes suivantes, toutes en
un acte : 1° les Horreurs du carnaval. Eldo-
rado, 1873 ; 2° le Professeur de tyi'olienne,
1874; 3° la Bergère de Bougival en Suisse;
4° une Double clef; 5° un Coq en jupons,
Alcazar, 187C; 6° Deux mauvaises bonnes,
Eldorado, 1876. M. Chassaigne a publié aussi
quelques romances, chansons et chansonnettes
comiques, ainsi que des morceaux de danse pour
le piano.
CHASSANT ( ), archiviste, membre de
la Commission des Archives historiques, est,
avec M. Bunnin, l'éditeur de l'intéressante pu-
blication faite sous ce titre : P-uy de musique
érigé à Évreux en l'honneur de madame
sainte Cécile, publié d'après un manuscrit du
XVP siècle (Évreux, impr. Ancelle, 1837, in-S"
de 88 pages).
CHASTAIIV ( ), est auteur d'un ou-
vrage historique et pratique sur le plain-chant,
publié sous ce titre : Essai sur la tradition du
chant ecclésiastique depuis saint Grégoire,
suivi d'un tonal inédit de Berton de Beiche-
neau, Toulouse, 18G7, un vol. in-12, avec
planches.
CHASTAN (JcLEs), né à Marseille le 30
avril 1837, fit ses premières études musicales
au Conservatoire de celte ville et les poursuivit
en Italie, où il se rendit en 1854. Il séjourna suc-
cessivement à Florence, où il écrivit divers mor-
ceaux de danse et de chant, et à Naples, où il fit
exécuter une messe de sa composition. Cette
audition lui valut la décoration du roi de Naples.
Il reçut également vers la même époque la croix
de Saint-Grégoire le Grand et l'ordre du Nicham.
De retour à Marseille, il s'y est fait connaître
par diverses publications pour le piano et la voix.
En 1874, il a donné au Gymnase de cette ville
un opéra-comique en un acte. Don José de Gua-
diana, qui a été monté ensuite à Toulon et Avi-
gnon. Il a fait aussi entendre des morceaux
d'orchestre, introduction, marche et ballet bâti
sur de vieux airs provençaux, destinés à accom-
pagner le drame le Roi René, qui a été joué à
Marseille, au théâtre Valette.
On a publié de cet artiste : Recueil de dix
mélodies (Guidi, à Florence) ; Souvenir de
Roche-Heureuse, violoncelle et piano (Ricordi,
à Milan); L'Émir de Bengador, romance
(Heugel); Chant Circassien; Chant d'au-
tomne; le Gondolier; la Feuille envolée; la
Mère du Cosaque ; les Pâquerettes ; V Hymne
de V enfant à son réveil, romances (Carbonel, à
Marseille); premier nocturne (Carbonel);
deuxième nocturne (Heugel), et divers mor-
ceaux de danse (Heugel et Carbonel).
Al. R— d.
CHASTILLON DE LA TOUR (Guil-
laume DE), musicien français, vivait à Caen à
la fin du seizième .siècle. Il publia en 1593 un
recueil important d'airs et de chansons de sa
composition, donné par lui sous ce titre : Airs de
l'invention de G. D. C. Sr de la Tour, de Caen,
sur plusieurs poèmes saints et chrétiens re-
cueillis de divers auteurs et divisés en trois
livres : I" De la grandeur de Dieu et de se
réjouir en lui; 11^ De V Amour divin et du
Mariage; IIP Du Mépris du monde et de
l'Espérance en Dieu, Caen, Jacques Mangeant,
in-8° ohlong. Ces airs étaient à quatre parties ;
dessus, haute-contre, taille et basse.
174
CHAUMET — GHAUVET
CHAUMET (William), compositeur de
musique, est né à Bordeaux le 26 avril 1842.
Son père !e destinait à la carrière commerciale,
mais le jeune Cliaiunet avait pour cet état fort
peu d'aptitudes; et, tout jeune, il prélevait sur
ses économies mensuelles la somme nécessaire
pour prendre des leçons d'harmonie et de con-
trepoint. L'idée du théâtre le tourmenta de honne
heure ; et il n'avait pas beaucoup plus de 23 ans
quand il écrivit la musique du Coche, un petit
acte dont le poète Hyppolyte Minier composa
pour lui les paroles. Cette pièce n'a jamais vu
le jour. Très refroidi, parce qu'il ne put parvenir
à la faire représenter à Bordeaux, M. Chaumet
fit alors des morceaux de piano et violon, un
quatuor pour instruments à cordes, des roman-
ces, etc. Puis, l'envie du théâtre le reprit, et il
écrivit le Péché de M. Gérante, opéra-comique
en un acte, représenté à Paris, au Théâtre-Ly-
rique de l'Athénée, le 30 décembre 1872.
Au mois de janvier suivant, le directeur de
l'Athénée confia à M. Chaumet une autre pièce à
mettre en musique, Méhul chez Gluck, opéra-
comique tiré de la nouvelle d'Adolphe Adam. .\u
jour dit, le jeune compositeur se présentait avec
sa partition dans le cabinet du directeur, mais le
théâtre était en déconfiture.
Pendant l'été de 1873, M. Chaumet a donné
à Bordeaux, au théâtre des Folies-Bordelaises et
sous un nom d'emprunt , un intermède en un
acte, intiinlé Idéa. J'ai assisté à plusieurs re-
présentations de cet ouvrage, qui n'émane cer-
tainement pas du premier venu. M. Chaumet est
un admirateur sincère de MM. Gounod et Bizet,
et sa musique se ressent de la double influence
des auteurs de Faust et de Carmen. 11 n'est
jamais trivial , et manie l'orchestre avec habi-
leté (1). A. L.— x.
CHAUSSIER (l'abbé), partisan de la doc-
trine de Pierre Galin, qu'il a adaptée à Tétude
du plain-chanl, est l'auteur d'un manuel ainsi in-
titulé : le Plain-chant enseigné d'après la mé-
thode du Méloplaste, Paris, Périsse, in-12. Il
a été fait trois éditions de cet ouvrage.
CHAUVET (Charles-Alexis), compositeur
et organiste, artiste extrêmement remarquable
qu'une mort prématurée a enlevé à la gloire qui
l'attendait, naquit à Marnies (Seine-et-Oise) le
7 juin 1837. Admis dans une classe de piano du
(1) Le jury du concours Cressent {Voyez ce nom),
réuni pour !a dernière fois, le lundi 6 décembre 1873,
sous la présidence de M. Amlroise Thomas, membre de
l'Institut, et en présence de M. de Beauplan, chef du
bureau des théâtres au ministère des Beaux-Arts, a dé-
cerné le prix à la partition écrite sur le poème de Ba-
thijle, portant le n" 27 et les initiales H. O. L'auteur de
cette parliiion est M. William Chaumet. — A. P.
Conservatoire de Paris à l'âge de dix-sept ans,
il avait déjà le sentiment de sa vocation, ainsi
que le prouve cette mention, placée sur le re-
gistre des entrées de cet établissement, à côté
de son nom : « Se destine à l'orgue. « Devenu
plus tard élève de M. Ambroise Thomas pour la
fugue et la composition, et de M. Benoisl pour
l'orgue, il remporta le second prix pour cet ins-
trument en 1859, elle premier en 1860. Il entra
peu après comme organiste à l'église St-Thoinas
d'Aquin, puis remplit les mêmes fonctions à St-
Bernard et à St-j\lerry. Très-remarque dans ces
différentes églises, où il donna rapidement la
mesure de sa valeur et où il lit montre de qua-
lités absolument hors ligne, il fut choisi, lors de
la construction de l'église de la Trinité (1869),
pour tenir le grand orgue de cette riche paroisse.
Chauvet, cependant, n'avait pas quitté le Con-
servatoire après avoir terminé son cours chez
M. Benoist ; il avait continué de fréquenter la
classe de M. Ambroise Thomas, et, là encore, il
avait déployé des facultés tellement extraordi-
naires, que ce dernier l'avait choisi comme ré-
pétiteur. Il exerçait ces fonctions sans titre offi-
ciel, mais ses rares aptitudes de contrepointiste
et l'excellence de ses démonstrations indicpiaicnt
qu'il y avait en lui l'étoffe d'un professeur de
premier ordre. Il eût conquis certainement avec
rapidité la grande situation que lui assuraient
d'avance les dons heureux dont la nature l'avait
comblé, sans une grave maladie de poitrine qui
tout d'un coup vint alarmer sa famille, ses élèves
et ses amis. Les terribles événements qui signa-
lèrent l'année 1870 vinrent aggraver encore cette
maladie, et affecter d'une façon inquiétante l'âme
toute française de Chauvet : les émotions qu'il
ressentit alors, des souffrances toujours de plus
en plus vives, le voyage que lui prescrivit son
médecin, qui ne voulait pas lui laisser subir l'é-
preuve du siège de Paris, tout cela vint activer
le mai qui devait l'emporter. Il mourut à Ar-
gentan (Orne), précisément à la date funèbre du
28 janvier 1871.
Chauvet a laissé quelques compositions dont
voici la liste, par ordre de publication : 1° Vingt
Morceaux pour orgue, en 4 suites, Paris, Graff ;
— 2° Quatre Morceaux de genre, pour piano,
id., F. Mackar ; — 3° Quatre Offertoires de
rAvent à Noël, pour orgue sans pédales ou
harmonium, id., Piégel ; — 5° Cinq Feuillets
d'album, id., Mackar; — 6" Quinze Études pré-
paratoires aux œuvres de Bach, id., id.; —
7" Cinq Offertoires de Noël à l'Epiphanie,
pour orgue ou harmonium, id., Piégel ; — 8° Six
Pièces pour piano, en 2 cahiers, id., Hartmann;
plus, divers morceaux publiés dans la Maîtrise
CHAUVET — CHÉRT
n;
et autres recueils de ce genre. Quelque temps
avant sa fui prématurée, Cliauvet fit entendre à
plusieurs amis six grandes fugues pour piano à
pédales, qui pouvaient se comparer à ce que l'on
connaît de mieux en ce genre; malheureusement,
ces compositions superhes ne se sont pas retrou-
vées dans ses papiers, et sont probablement per-
dues pour toujours.
Comme organiste, Chauvet se taisait remar-
quer par une facilité d'improvisation qui tenait
du prodige ; il appelait à son aide toutes les
ressources de l'art du contre-point, qui lui
étaient étonnamment familières, et qu'il savait
accommoder aux exigences de l'harmonie mo-
derne avec une originalité piquante , .tout en
restant fidèle au caractère sévère de l'instru-
ment et au respect dû à la sainteté du temple.
Comme professeur, un vif sentiment de la forme,
une grande souplesse d'esprit, une parole claire
et d'une rare facilité en faisaient un didacticien
accompli. Ceux qui ont eu le bonheur d'être ses
élèves ont conservé de lui un souvenir qui ne
s'effacera pas.
CHAVAGNAT (Anne-Pierre-Édouard),
compositeur, est né à Paris le 17 octobre 1845.
Aveugle de naissance, il a accompli la plus grande
partie de ses études mu.sicales à l'Institution na-
tionale des Jeunes- Aveugles, dont il était l'élève,
puis s'est fait admettre au Conservatoire (1866),
dans la classe de composition de M. Victor Massé.
Après avoir obtenu un 3« accessit de fugue en
1867, le second accessit en 1868 et le premier
accessit ensuite, M. Chavagnat quilta le Con-
servatoire, et se livra à la composition. Cet ar-
tiste a publié, outre divers morceaux de chant et
un certain nombre de cliœursorphéoniques, un re-
cueil de douze mélodies vocales intitulé Mignonne
(Paris, Gambogi, in-8°), qui, à part quelques dé-
fauts de détail, se distingue par une inspiration
d'uue rare fraîcheur et un véritable sentiment
poétique. M. Chavagnat a épousé une jeune pia-
niste, M'": de Massas, qui avait fait ses études
au Conservatoire.
* ClIELARD (Hippolyte-André-Je\n-Bàp-
tiste), est mort à Weimar le 12 février 1861.
On a représenté au théâtre de la Scala , de
Milan, trois ans après sa mort, le 10 mars 1864,
un opéra sérieux de ce compositeur, le AquiU
Romane, qui fut défavorablement accueilli.
Je suppose que cet ouvrage devait avoir au
moins un point de contact avec une vaste com-
position, les Aigles, « héroï le lyrique » que Che-
lard fit entendre à Paris, dans un concert, au
mois de novembre 1853, et qui produisit un
grand elfet, étant chantée par MM. P*oger, Merly,
Guignol, M'"= Nau et M'"* Tedesco. Chelard
avait dirigé pendant quelque temps à Paris*,
aux environs de 1830, les concerts de l'Athénée
musical.
CHEREST (Aimé), est l'auteur d'un écrit
publié sous ce titre : Notice sur les musiciens
du département de VYonne, Auxerre, impr.
Gailot, in-8". Cet écrit a été publié en deux
parties, formant chacune une brochure ; j'ignore
la date de la première; la seconde a paru en
1858.
CHÉRET (Pierre), compositeur, né dans
les dernières années du dix-huitième siècle, s'est
fait connaître par la publication d'un grand
nombre de romances et de mélodies dramatiques,
dont quelques-unes se faisaient remarquer par
leur accent, leur vigueur et le bon sentiment dont
elles étaient empreintes. On cite entre autres,
parmi ces compositions, celles qui ont pour titre
V Heureux Pilote, Sur la falaise, la Mère de
VÉcossais, Petite Fille, le Pauvre Marin, la
Folle de Venise, les Adieux d'une sœur, la
Créole, Matelot et Mousse, etc. Cliéret est
mort au mois d'août 1864, âgé de soixante et
onze ans.
CHÉRI (Victor CIZOS, dit), chef d'orches-
tre et compositeur, est né à Auxerre le 14 mars
1830. Fils d'un comédien de province, frère de
deux actrices extrêmementdistinguées, M"" Rose
et Anna Chéri (devenues plus tard AP^^Montigny
et Lesueur), M. Chéri vint de bonne heure à
Paris, et fit au Conservatoire des études bril-
lantes. Élève de M. Massart pour le violon, il
obtint un accessit en 1846, un 2^ prix en 1848, et
le l'=''en 1849. Étant devenu ensuite élève;d'Adol-
phe Adam pour la composition, il concourut à
l'Institut en 1855, et remporta le second grand
prix. Depuis plusieurs années déjà, à cette épo-
que, M. Chéri faisait partie de'rorchestre de
l'Opéra en qualité de premier violon. Vers 1857,
il fut vainqueur d'un concours ouvert à Bor-
deaux pour la composition d' un opéra-comique
en un acte, une Aventure sous la Ligue, et
son ouvrage fut représenté au Grand -Théâtre
de cette ville.
M. Chéri ne s'est pas produit à Paris comme
compositeur, du moins sur nos théâtres lyriques.
Depuis quinze ans environ, il a quitté l'Opéra,
et est devenu successivement chef d'orchestre
des Variétés, du Châtelet, et en dernier lieu du
Gymnase, où il se trouve encore aujourd'hui.
Au théâtre du Châtelet, il a écrit la musique,
fort élégante et justement remarquée, d'un cer-
tain nombre de féeries dans lesquelles on dis-
tinguait surtout des airs de ballet charmants et
pleins de grâce. Un certain nombre de ces mor-
ceaux ont été publiés, réduits pour le piano.
1 76
CHERI — CHERUBINI
On connaît aussi de cet artiste un concerto de
violon, avec accompagnement d'orchestre ; mais
je ne crois pas que cette œuvre importante ait
été gravée.
* CHEROX (Augustin-Athanase), clianteur
de l'Opéra. Il faut croire que cet artiste fort re-
marquable eut, ainsi que sa femme, qui appar-
tenait aussi au personnel de l'Opéra, des dé-
mêlés assez graves avec l'administration de ce
théâtre, car on publia, en 1790, un factum ainsi
intitulé : Mémoire pour les sieur et dame
C héron, premiers sujets du chant à V Acadé-
mie royale de Musique, contre VadminiHtra-
tion de ladite Académie (Paris, 1790, in-8° de
70 pp.). Je n'ai pas eu cette brochure entre les
mains, mais je l'ai trouvée mentionnée dans un
catalogue de librairie.
CHÉROUVRIEU (Edmond-Marie), com-
positeur, naquit à Sablé le 7 février 1831. Il fit
sa première éducation musicale en province,
et dés l'âge de six ans, jouait déjà bien du piano.
Placé au collège de Yaugirard, près de Paris, il
s'exerça à la composition sans en avoir appris
les règles, et à quatorze ans il faisait exécuter
dans cet établissement un Ave Maria. Fixé plus
tard au Mans avec sa famille, il continua de se
se livrer à son goût pour la musique en écrivant
pour la société pbiliiarmonique de cette ville un
certain nombre de morceaux symphoniques qui
étaient exécutés par elle. Cependant, c'était contre
le gré des siens que M. Chérouvrier se lançait
ainsi dans la carrière artistique, et une de ses
tantes le lui fit sentir en le désiiéritant d'une
fortune d'environ 300,000 francs. Cela ne l'em-
pêcha pas, étant revenu à Paris, de travailler
la fugue et la composition avec Leborne, alors
professeur au Conservatoire ; mais je ne crois
pas qu'il se soit fait admettre dans cet établisse-
ment, car je n'ai pas trouvé son nom sur les re-
gistres de réception des élèves. Quoi qu'il en soit,
M. Chérouvrier prit part, en 1857, au concours
de l'Institut, obtint une mention honorable, et
l'année suivante remporta le second grand prix
de Rome, ce qui apaisa le mécontentement de
sa famille. Après avoir publié quelques mélo-
dies vocales, il fit représenter au Théâtre-Ly-
rique, le 22 septembre 1865, un opéra en 3 actes,
intitulé le Roi des Mines, qui n'eut qu'un petit
nombre de représentations; cet ouvrage devait
être suivi de Quentin Metzys, opéra-comique en
2 actes, qui était reçu au même théâtre, mais
qui n'a pas été joué.
On connaît de M. Chérouvrier, en dehors du
théâtre, uncertain nombre de compositions parmi
lesquelles une Messe solennelle pour quatre voix
d'hommes, un Tantnm ergo à 3 voix, un Ave
Maria et un Tota pulchra es à voix seules,
œuvres qui ont été publiées chez l'éditeur
M. Clioudens, ainsi qu'un agréable recueil de
mélodies vocales, qui porte le titre de Fleurs
d'automne. Cet artiste, auquel sa situation de
fortune laisse une indépendance complète, était
adjoint au maire du 14" arrondissement de Paris,
lorsqu'à la suite du- siège de cette ville éclata
l'insurrection communaliste. Arrêté le 18 avril
1871 par les fédérés, il fut enfermé à la Concier-
gerie, et ne dut qu'au hasard de ne point subir
le sort réservé aux otages. Après le rétablisse-
ment du gouvernement régulier, il fut nonwné
maire de son arrondissement, qu'il administre
encore aujourd'hui. Il n'a pas pour cela renoncé
complètement à ses travaux artistiques, car il a
écrit depuis lors la musique d'un opéra en quatre
actes intitulé Gilles de Bretagne, et il a fait
exécuter en 1876, dans l'église de Montrouge,
une messe de sa composition. M. Chérouvrier a
encore en portefeuille les partitions d'un opéra
en 2 actes, la Fiancée de Corinihe, et de Ni-
colas Flamel, opéra-comique en 3 actes.
* CHERUBIiVl (Marie-Lolis-Charles-Ze-
nobi-Salvador). Il n'est sans doute pas inutile
de dresser ici une liste complète et détaillée des
ouvrages dramatiques de cet artiste célèbre,
d'autant plus que les titres de quelques-uns de
ces ouvrages ne sont pas mentionnés dans la
notice publiée sur cet artiste par la Biographie
universelle des Musiciens. — Opéras italiens :
1" il Quinto Fabio, 3 actes, Alexandrie-la-Paille,
1780; 2° Armida, 3 actes, Florence, 1782;
3" Adriano in Siria, 3 actes, Livourne, 1782;
A" il Messenzio, 3 actes, Florence, 1782; 3" il
Quinto Fabio (nouvelle musique), 3 actes, 1783 ;
G" lo Sposo di tre, marito di nessuna, 2 ac-
tes, Venise, -1783; 7° l'idalide, 2 actes, Flo-
rence, 1784; 8° Alessandro nelV Indie, 2 actes,
Mantoue, 1784; 9° la Finta Principessa, 2 ac-
tes, Londres, 1785; 10" Giulio Sabino, 2 actes,
Londres, 1786;^ 11° Ifigenia in Aulide, 3 actes,
Turin, 1788 ; 12° Faniska, 3 actes, Vienne, 25 fé-
vrier,'1806 ; 13" Pimmalione, un acte, Paris (pa-
lais des Tuileries), 30 novembre 1809. — Opéras
FRANÇAIS : 1° Démophon, 3 actes. Opéra, 5 dé-
cembre 1788 ; 2° Lodoïska, 3 actes, théâtre de
Monsieur, 18 juillet 1791 ; 3° Ëlisa ou le Mont
Saint- Bernard^ 2 actes, théâtre Feydeau,
13 décembre 1794; 4° Médée, 3 actes, id.,
13 mars 1797; 5° V Hôtellerie portugaise, un
acte, id., 25 juillet] 1798; 6° la Punition, un
acte, id., 23 février 1799; 7° la Prisonnière,
un acte (en société avec Boieldieu), th. Montan-
sier, 12 septembre 1799 ; 8° les Deux Journées,
3 actes, th. Feydeau, 16 janvier 1800; 9° Épi-
CHERUBINI — CHEVALIER
177
sure, 3 actes (en société avec Méhul), th. Favail,
14 mars 1800; 10" Anacréon ou V Amour fu-
gitif, 2 actes, Opéra, 4 octobre 1803 ; 11° Achille
. à Scyros, ballet, Opéra, 1804 ; 12° le Crescendo,
un acte, Opéra-Comique, I^'' septembre 1810;
13" les Abencérarjes, 3 actes, Opéra, 6 avril
1813; 14" Bayard à Mézières, un acte (en so-
ciété [avec Boieldieu, Catel et Nicolo), Opéra-
Comique, 12 février 1814 ; 15" Blanche de Pro-
vence, un acte divisé en trois parties (en société
avec Berton, Boieldieu, Kreutzer et Paër), à la
Cour le 1" et à l'Opéra le 3 mai 1821 ; 16" .1//-
Baba, 4 actes et un prologue, Opéra, 22 juillet
1833. — A tout cela il faut ajouter : Introduction
pour la Marquise de Brinvilllers, ouvrage en
3 actes écrit par dix compositeurs, Opéra-Co-
mique, 1831; il Ginocatore, intermède joué à
Florence sur un théâtre de société ; la Pubblica
Félicita, cantate, Florence, 1774 ; Amj)hion,
id.; Circé, id., Paris, concert de la Loge Oiym-
pi(|ue, 1789; trois chœurs écrits pour un drame,
la Mort de Mirabeau, th. Feydeau, 1791 ;
Clytemnestre, cantate; Chant sur la mort
d'Haydn, Paris, Conservatoire, 1810; Ode
pour le mariage de l'empereur, Paris, 1810;
Cantate " pour la Goguette », Paris, 16 décem-
bre 1812; Cantate à 3 voix, pour l'étatmajor de
la garde nationale, Paris, 20 juillet 1814; Can-
tate avec chœurs, pour une fête donnée par la
ville de Paris, 29 aoiU 1814 ; Inno alla Pri-
mavera, Londres, mai 1815 ; Cantate avec
chœurs, pour un banquet militaire, Paris, 5 fé-
vrier 1816; le Mariage de Salomon, cantate
pour le mariage du duc de Berry, Paris, 17 juin
1816; Cantate avec chœurs, pour le baptême du
duc de Bordeaux, 2 mai 1821 ; un oratorio, exé-
cuté à Florence en 1777; enfin Koukourgi,
opéra non représenté ; Selico, opéra non achevé ;
les Arrêts, opéra-comique commencé et non
achevé; un autre opéra et un autre opéra-comi-
que, commencés aussi et non achevés.
Je vais compléter maintenant la liste des
écrits qui ont été publiés, en France, et en Italie,
sur Clierubini : 1" JSotice historique sur la
vie et les ouvrages de M. Cheriibini, par
M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel de l'A-
cadémie des Beaux-Arts (Paris, Didot, 1843,
m-i"]; 2" Notice sur Cherubini, par M. Miel
(s. 1. n. d. [Paris, imp. Duverger], in-8°) ; ce
n'est point le même travail que celui que men-
tionne sous le même nom, à l'article Cheru-
bini, la Biographie universelle des Musi-
ciens; celui que je cite ici est extrait de l'En-
cyclopédie des rjens du monde, taudis que
l'autre est extrait du Moniteur universel;
2" Intorno alla vita ed aile opère di Luigi
BIOGR. IJNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — X.
Cherubini, Fiorentino, ed al monumcnto
ad esso innalzato in Sun/a' Croce, cenni di
Btildassare Gamucci (Firenze, tip. Barbera,
1869, in-S" avec portrait); 4" Cherubini, sa vie,
ses travaux, leur influence sur l'art, par
Dieudonné Denne-Baron (Paris, Heugel, 1862,
in-8") ; 5" Cherubini, Memorials illustrative of
his life, par Edward Bellasis (Londres 1876,
in-8")(l).
Trois semaines après la mort de Cherubini,
le 7 avril 1842, le théâtre de l'Opéra-Comique
reprenait avec éclat son opéra français le' plus
célèbre, les Deux Jour'nr'cs, et un hommage so-
lennel était rendu au maître sur celte scène qu'il
avait illustrée.
CHESSI (Luigi), compositeur italien, est
l'auteur des deux ouvrages suivants : 1° la
Nuova Pianella perduta nella neve, opérette
dialoguée, représentée au théâtre de la Com-
inenda, de Milan, au mois d'août 1865; 2° la
Conlessa di Médina, opéra sérieux donné à
Plaisance au mois d'avril 1867. Ce dernier ou-
vrage fut reproduit à la Scala, de Milan, en 1873,
mais avec un tel insuccès qu'il n'en put être
donné qu'une seule représentation.
CHEVALIER (M'"^^), l'une des bonnes
chanteuses que posséda l'Opéra au dix-huitième
siècle, entra à ce théâtre en 1741, et y tint pen-
dant longtemps le premier emploi. « Elle joi-
gnait, dit Laborde, à une belle voix, une belle
représentation, un jeu] noble, et une manière
aisée de chanter la musique de son temps. »
M"'' Chevalier se retira vers 1765, avec une pen-
sion de 1,500 livres, et épousa alors un nommé
Duhamel. Parmi les rôles les plus importants
créés par elle, il, faut cilerZirphée dans Zélindor,
Erinice dans Zorofls^re, Almasis dans Almasis,
Hécube dans Polixène; elle joua aussi dans les
Caractères de la Folie, les Fêles de Polymnte,
Canente, Titonet l'Aurore, Léandre et Héro,
le Carnaval du Parnasse, et les Fêles de
l'hymen et de Vamour. On trouve dans le Ca-
lendrier historique des Théâtres pour 1751
les vers suivants, à l'adresse de M"^ Chevalier :
r.lievalier, quelles sûres armes
Pour mettre un amant sous vos loix!
Vous séduisez par votre voix
Lts cœurs échappés à voz charmes.
jVlue Chevalier vivait encore en 1775.
(1) Dans le Dictionnaire ncoloqiqiie du Cousin-Jac-
ques, CD lit la notesuivante : « Cherubini, né à Florence,
ncituralisé Français, l'un des inspecteurs du Conservatoire
de musique, est sans contredit un de nos plus savants,
(le nos plus ingénieux et de nos plui aimables composi-
teurs. » Le Cousin-Jacques écrivant son Dictionnaire en
1797 ou 1798, nous savons donc qu'à cette époque Cheru-
bini était déjà naturalise. C'est, à ma connaissance, le seul
renseignement qu'un possède «ur ce sujet.
'• 12
178
CHEVÉ — GHIAROMONTE
* CHEVÉ (EMILE- Joseph-Maurice), le pro-
pagateur et le défenseur infatigable du système
de la musique en chiffres, est mort le 26 août
1864. Voici une liste supplémentaire des ouvrages
et des écrits de cet homme bien doué, dont l'in-
telligence et l'activité auraient pu rendre de
grands services si elles avaient trouvé pour
s'exercer un aliment plus utile; je ne saurais
affirmer que cette liste soit complète, tellement
Clievé était âpre à la polémique : 1° Une lettre
de M. Adam. Réfutation (Paris, l'auteur, 1855,
in-S") ; 2° Réponse à l'effort suprême de la
routine musicale (id., id., 1856, in-8"); 3° Le
Dernier mot de la science officielle, examen
des Leçons de lecture musicale de M. F. Halévy
(id., id., 1858, in-8°) ; 4" Exercices éléinen-
taires de lecture musicale à l'usage des écoles
primaires (Paris, 1860, in-8"); 5° Simple ré-
ponse à MM. Auber, Gounod, Halévy, etc.
(Paris, l'auteur, 1860, in-8"). Après la mort de
son mari, M""" Chevé publia les Onze dernières
lettres d'Emile Chevé (Paris, veuve Chevé,
in-8", 1866).
* CHEVÉ (Nanine paris, femme), est
morte à Bois- Colombes, près Paris, le 28 juin
1868 (et non le 6 juillet, comme le dit le Dic-
tionnaire des contemporains). M'"" Chevé
avait signé avec son mari la Méthode élémen-
taire de musique vocale. Elle avait publié per-
sonnellement, outre sa JSouvelle Ihéorie des
accords, les deux ouvrages suivants : Musique
vocale, et Tableau du doigté des gammes
pour le piano. Femme intelligente d'ailleurs,
pleine d'énergie, elle prit toujours une part très-
active à tous les travaux de son mari, Emile
Chevé, et de son frère Aimé Paris, et ne cessa
amais de lutter avec ardeur pour le triom|)lie
de leur système, avec une ténacité et un courage
dignes d'un meilleur but.
CHEVÉ (Amand), lils des précédents, di-
recteur dune société chorale qui porte son nom,
s'est voué à l'enseignement. Moins exclusif que
son père, il emploie, dit-on, quelques-uns de
ses moyens pédagogiques, mais en se servant du
c hiffre seulement comme procédé préliminaire,
et non comme base essentielle et définitive
d'un système poussé à outrance. M, Amand
Chevé- est le fondateur et le directeur d'un jour-
nal qui a pour titre l'Avenir musical.
" CHEVILLARD ( Pierre-Alexandre-
François), violoncelliste fort distinguée! composi-
teur pour son instrument, aété appelé, en 1859, à
.succéder à M. Vasiin comme professeur de vio-
loncelle au Conservatoire. On lui doit une Mé-
thode complèfe de violoncelle, contenant la
théorie de Vinsirument, des gammes, leçons
progressives, études, airs variés et leçons
pour chacune des positions, Paris, Gérard
Un fils de cet artiste est élève de piano au Con-
servatoire, dans la classe de M. Georges Mathias.
* CHIAR0\10MTE (Francesco) (1), chan-
teur et compositeur dramatique, né en 1814 à
Castrogiovanni (Sicile), reçut une très-bonne
éducation littéraire et se livra d'abord à l'étude
du droit. Reçu avocat à l'âge de dix- sept ans,
il abandonna bientôt la carrière du barreau pour
se livrer à son goût pour la musique, devint
l'élève de Pragusa, puis travailla la composi-
tion avec Raimondi. Doué d'une très-jolie voix
de ténor, il entra comme chanteur à la cha-
pelle royale de Palerme, et pendant un voyage
qu'il fit en cette ville le roi Ferdinand II, ayant
eu l'occasion de l'entendre, lui proposa devenir
se fixer à Naples. Le jeune artiste ayant accepté,
se rendit à Naples, y connut Donizetti, lui soiunit
plusieurs de ses compositions, une messe, des
canons, quelques fugues, fut encouragé par le
jeune maître, et termina avec lui son éducation
musicale.
Dès ce moment, M. Cliiaromonte prit le
théâtre pour objectif, et songea sérieusement à
écrire pour la scène. Il avait trente ans lorsqu'il
fit ses débuts de compositeur dramatique en
donnant au Ihéàtiedu Fondo son premier opéra,
Fenicia, drame lyrique en quatre actes, qui
était chanté par Basadonna, Tamherlick, Colelti
et la Gruitz, et qui fut assez, bien accueilli pour
pouvoir être reproduit peu de temps après au
grand théâtre San-Carlo, dont M. Cliiaromonte
était devenu le chef d'orchestre. Mais la révolu-
tion française de 1848 ayant eu son contre-coup
à Naples comme ailleurs, et M. Cliiaromonte
s'élant avisé d'écrire dans des journaux libé-
raux, il fut, lors de la victoire de la réaction,
arrêté et retenu en prison pendant vingt-deux
mois. Lorsqu'il fut remis en liberté, il avait na-
turellement perdu tous ses emplois de chef d'or-
chestre, de ténor à la chapelle royale et de
professeur de chant au Conservatoire, et, de
plus, sa voix avait complètement dis[)aru. Dans
la situation difficile qui lui était faite, un ami lui
vint en aide, grâce auquel il put écrire et faire
représenter an théâtre San-Carlo (27 juillet 1850)
un second opéra, CaicriHa C/ewi.qui fut chanté
par la Gabussi, Miraglia et de Bassini, et qui
obtint un grand succès. Mal lui en prit pourtant,
car après la quatrième représentation le gouver-
nement napolitain, toujours impitoyable et cruel,
selon la tradition, fit arrêter de nouveau le
(1) Et non pas Chiaramonte, comme il a été imprimé
par erreur. Celte notice est entièrement refuite, d'après
des documents nouveaux. -^ -^
CHIAROMONTE — CHICRERING
179
compositeur secrètement et nuitamment , et
l'exila a perpétuité.
M. Chiaromonte se rendit à Gênes, où un
ami le reçut à bras ouverts, et où il put faire
jouer en 1851, sur le tliéàtre Carlo- Felice, son
troisième ouvrage, il Gondolier.e, dont les
deux principaux rôles étaient tenus par Mal-
vezzi et la Cruvelli, et dont le succès fut écla-
tant. Il donna au même théâtre, l'année suivante,
Giovanna di Castiglia, qui fut moins heureuse,
puis fit jouer successivement : Manfredo
(Trieste, 1853, peu de succès), lelSozze di Mes-
sina (Venise, th. de la Fenice, 1853), Inès di
Mendoza (Milan, th. de la Scala, 14 février
1855, chute), Fingal (1855), et una Burla per
correzione (Gênes, th. Paganini, 1855). S'occu-
pant alors de l'éducation musicale de sa fille,
qui devint une chanteuse dramatique distinguée,
M. Chiaromonte se rendit à Paris, accepla
l'emploi de chef du chant au Théâtre-Italien,
puis bientôt remplit les fonctions de chef des
chœurs à ce théâtre et à celui de Londres. Ce-
pendant, fatigué bientôt de la vie théâtrale, il
y renonça complètement, et, en 1862, s'établit à
Bruxelles comme professeur de chant. Son en-
seignement produisit d'excellents fruits, et en
1871 il était nommé professeur au Conserva-
toire de cette ville. M. Chiaromonte a fait exé-
cuter il y a quelques années, dans l'église de
Sainle-Gudule, de Bruxelles, une messe dont
les journaux ont fait l'éloge, et il a publié une
Méthode de chant en trois parties, dont on dit
le plus arand bien.
CIIICKERING (JoNAS), facteur de pianos
américain, né à Boston au commencement de ce
siècle, s'est acquis une grande renommée aux
États-Unis par la bonne fabrication de ses ins-
truments. Il associa plus tard son fils à son exploi-
tation industrielle, et la maison Cliickering
envoya à l'Exposition universelle de Londres,
en 1851, le premier piano construit en Amérique
qui eût paru en Europe. Malgré ses qualités
réelles, cet instrument ne produisit pas l'effet
qu'on en avait atttendu, et ses auteurs laissèrent
passer l'Exposition universelle de Paris (1855)
sans y rien envoyer. Cependant, le succès obtenu
à Londres, en 1862, par MM. Steinway, de New-
York, et les encoiu'agements et les éloges qu'ils
reçurent de plusieurs grands virtuoses, tels que
Gottschalck et Tiialberg, qui jouèrent leurs
instruments aux États - Unis, déterminèrent
MM. Chickering à prendre part à l'Exposition
universelle qui s'ouvrait à Paris en 1867. Ils s'y
trouvèrent en présence de leurs rivaux, MM.
Steinway, et l'on peut s'en fier aux procédés en
usage aux États-Unis pour savoir que la lutte
s'établit bientôt entre les deux maisons avec
une sorte d'acharnement, dont ceux qui ont vu
de près les faits n'ont pas perdu le souvenir.
Fétis, rapporteur de la classe 10 du groupe II
(instruments de musique), s'exprimait ainsi à ce
sujet : « La lutte entre les deux plus grands
établissements de fabrication de pianos améri-
cains, à savoir de MM. Steinway et Chickering.
s'est produite avec un caractère fiévreux dans
l'Exposition universelle actuelle de Paris : elle
n'a pas eu toujours la dignité convenable ; on a
usé et abusé des réclames de journaux ; mais
on ne peut méconnaître le vif intérêt qu'a pris
à cette lutte la foule prodigieuse qui n'a cessé de
se réunir autour de ces instruments lorsqu'on y
jouait. Évidemment, il y avait là quelque chose
de nouveau qui impressionnait le public; ce
nouveau était une puissance de son auparavant
inconnue. Ce n'est pas à dire que ce son formi-
dable ne rencontrât que des éloges ; les parti-
sans de la facture européenne de pianos repro-
chaient aux Américains de lui avoir sacrifié
toutes les autres nécessités de l'art : le moelleux,
les nuances délicates et la clarté. D'autres di-
saient que ce grand son non-seulement n'est pas
nécessaire pour exécuter la musique de ftlozart,
de Beethoven et d'autres maîtres du premier
ordre, mais qu'il y serait nuisible. On peut ré-
pondre à ces amateurs de la musique classique
par ces paroles du rapporteur de la classe des
instruments de musique à l'exposition de 1855 :
— « Il y a toujours quelque chose à faire en
« ce qui tient aux besoins de l'humanité, à
« quelque point de vue qu'on se place dans l'in-
« dustrie, dans la science et dans l'art. L'art, la
« musique surtout, se:transforme à de certaines
« époques et veut des moyens d'effet conformes
« à son but actuel : or, le développement de la
« puissance sonore est la tendance donnée à l'art
« depuis le commencement du XIX*" siècle. La
'< facture du piano a suivi cette tendance, parîi-
« culièrement le piano de concert, qui doit sou-
« vent lutter avec des orchestres considérables,
« et dont les sons doivent se propager dans de
" vastes salles. »
Après avoir caractérisé en ces termes la qualité
maîtresse qui distinguait les pianos de provenance
américaine, le rapporteur s'exprimait ainsi rela-
tivement aux produits sortant de la maison
Chickering: « Les pianos de MM. Chickering et
fils sont de puissants et magnifiques instruments
qui, sous la main d'un virtuose, produisent de
grands effets et frappent d'étonnement. Leur
vigoureuse sonorité se propage au loin, libre et
claire. Dans une grande salle, et à certaine dis-
tance, l'auditeur est saisi par l'ampleur du son
180
CHICKEUIXG — CHORON
fie ces instriimenls. De piè-, il faut Men le dire,
à ce son puissant se joint l'impression du coup
de marteau, qui finit par produire une sensation
nerveuse par sa fréquente répétition. Ces pianos
orchestres conviennent aux concert?; mais, dans
les3lon, et surfout en les appliquant à la musique
des grands maîtres, il y manquerait, par l'etïet
même de ce coup de marteau trop prononcé, le
charme que requiert ce genre de musique. Il y
a là quelque chose à faire, sur quoi le rapporteur
croit devoir appeler l'attention de l'intelligent
fabricant de ces grandioses instruments, sans
toutefois diminuer leur mérite dans le reste. »
Le triomphe de MM. Chickering fut complet à
l'Exposition de 1867, et le chef habile de cette
importante maison fut récompensé par la mé-
daille d'or et la croix de clievalier de la Légion
d'honneur.
* CI1I0CCHI-:TTI (Pierre- Vincent). Ce
compositeur naquit à Lucquesen 1080. Outre les
œuvres qui ont été citées à son nom , il a écrit,
dans les années 1710, 1713 et 1715, des services
religieux àquatrevoix, avec instruments, pour la
célébration de la fête de Sainte-Cécile à Lucques.
On croit que vers cette époque il quitta sa ville
natale pour se rendre à Venise , où il demeura
pendant plusieurs années. Il mourut le 2 février
1753.
CHISSOTTI ( ), musicien italien, a
donné au théâtre Alfieri, de Turin , le 30 sep-
tembre 1874, un opéra sérieux intitulé Raffaellu
e la Fornarina. Cet ouvrage n'a obtenu aucun
succès.
CIIMELEXSK Y (Wexceslvs), compositeur
de musique religieuse, naquit en 1736 à Bavorov
(Bohême), où il mourut en 1793. Y.
CHMELEXSKY (François), fils aîné du
précédent, né le 2 décembre 1775 à Bavorov, où
il est mort en 1803, s'est également adonné à la
composition de la musique religieuse. Y.
CHMELEXSKY (Jean), fils cadet de Wen-
ceslas et compositeur renommé de chansons na-
tionales, est né à Bavorov le 12 avril 1778 et
mort le 4 février 1864. Y.
CHOMET (H ), docteur en médecine,
est auteur de l'écrit suivant : Effets el Influence
de la musique sur la santé et sur la maladie
(Paris, Germer- Baillière, 1874, in-S°).
CÏIOPELET ( ), chanteur qui tint à
l'Opéra, dans les premières années du dix- sep-
tième siècle, l'emploi des hautes-contre , avait
débuté comme danseur du temps de Lully , mais,
sans doute sur les conseils decelui-ci, qui s'aperçut
qu'il avait de la voix , avait quitté la danse pour
le chant. Il doubla d'abord Dumény, puis, à la
retraite de ce dernier, lui succéda dans le grand
emploi; c'est ainsi qu'il créa Télarnon dans Hé-
sione (1700), Dardanus à&vis Scylla (1701), et
qu'il reprit Phaélon en 1702. Vers cette é|ioque
il tomba malade, perdit sa voix en grande partie,
et se vit obligé de se confiner dans les petits
rôles; le dernier dont il fut chargé fut celui de
Mercure dans la reprise de Psyché qui eut lieu
en 1713. Il quitta rOpéra peu de temps après, et
mourut |)aralytique. « Cliopelet, dit un contem-
porain, était petit et avait le visage long, les yeux
beaux et la voix assez gracieuse. »
* CIIOPIIV (Frédéric-Fr.ançois). Les trois
écrits suivants ont été publiés sur cet artiste
célèbre : 1° F. Chopin, par F. Liszt (Paris, Es-
cudier, 1852, in 8°) ; 2° Chopin, essai de critique
mu.sicale, par H. Barbedette (Paris , Lieber, 1861,
in-S"). Une seconde édition de cette dernière no-
tice a paru en 1869 (Heugel, gr. in-8"), considé-
rablement augmentée , et accompagnée d'un por-
trait et d'autographes; 3" Friedrich Chopin,
sein lebcn, seine werkc und briefe [Frédéric
Chopin, sa vie, ses œuvres et ses lettres), par
Moritz Karasowski (Dresde , F. Ries, 1877, 2 vo-
lumes, in-8"). Chopin était né le 1" mars 1809, et
non le 8 février 1810.
* CIIORLEY (Hexry-Fotuergill), écrivain
musical distingué, était né à Ashton-le-AVillo\vs
(Lanchasliire), le 15 décembre 1808, et est mort
à Londres le 16 février 1872. Il collaborait prin-
cipalement à l'excellent recueil VAthenœum, qu'il
ne quitta qu'en 1808, alors qu'il y fut forcé par le
mauvais état de sa santé. Il a donné quelques
articles à la Revue et Gazette musicale de Pa-
ris ; du moins ce journal en a-t-il publié plusieurs
qui portent sa signature, sans mentionner qu'ils
fussent traduits de l'anglais. Chorley, dont le
talent était très prisé de .ses compatriotes, écrivit
des romans, des chansons, et aussi des livrets de
cantates et d'opéras ; parmi ces derniers il faut
signaler Kenilicorth,opérai àeM. Arthur Sulli-
van, the Amher Witch, opéra de Wallace, Hohj
Rood, cantate de M. Henry Leslie, Saint-Peter,
May Queen, Sainte-Cécile, cantates de M. Julius
Benedict. C'est à Chorley qu'on doit aussi la
traduction anglaise du Domino noir. Enfin, il
faut encore citer ses trois écrits suivants sur la
musique: Un Prorf/f/e, histoire musicale (3 vol.);
Trente ans de souvenirs musicaux (Thirty
years of musical recollections, 3 vol.) ; et Etu-
des sur Hœndel {Handel studies). Après sa
mort, a paru l'ouvrage dont voici le titre : Auto-
biographie, mémoires et lettres de Henry
Fothergill Chorley, compilés par K. Hewlett
(Londres, W. Reeves, 2 gros volumes avec por-
trait. )
* CHOROX (Alexandre-Etienne). M. Hip-
' CHORON — CHOUQUET
181
■polyte Réty, membre de l'Académie de Màcon, a
publié une Notice historique sur Choron et son
école (Paris, Douiiiol, 1873, ia-8"). Depuis quel-
ques années, on a donné à l'une des rues de Paris
le nom de ce grand arlisle.
CHOTAS (Makimiuen), compositeur de mu-
sique religieuse et cboraie , est né à Cliotesan,
en Boliéme, le 8 mai 1831. Y.
CHOUDEXS (ântony), compositeur, fils
aîné de l'éditeur de musique de ce nom , est né à
Paris en 1849. Dès sa jeunesse il montra de
grandes dispositions pour la musique, disposi-
tions que son père était peu disposé à encourager,
connaissant mieux que personne les difficultés
qui entravent la carrière des compositeurs. Ce-
lui-ci désirait d'ailleurs que son fils partageât avec
lui la direction des affaires de sa maison. Pour-
tant, Georges Bizel (Fo?/e« ce nom) ayant un jour
entendu quelques-uns des essais du jeune Cliou-
dens, et trouvant dans ces productions juvéniles
de réelles qualités , offrit de lui donner des leçons
d liarmonie et de se charger de son éducation
musicale. Après quelques débats, cette offre fut
acceptée, et dès lors M. Antony Cboudens put
.se consacrer à la carrière qu'il désirait suivre. En
1870, il publia cbez son père un recueil de Dix
Mélodies qui furent bien accueillies, et dont une
surtout , intitulée : Un dernier Baiser, obtint
beaucoup de succès ; trois ans après, dix autres
mélodies étaient jointes aux premières, et for-
maient un Recueil de vingt mélodies; une de
ces dernières : A une étoile, orchestrée par
l'auteur, fut chantée avec succès aux Concerts-
Danhé. Quelques essais symplioniques et un cer-
tain nombre de morceaux de piano complètent le
bagage musical de M. Antony Chouilens. Nous
ajouterons cependant que le jeune compositeur a
écrit , sur un livret de M. Jules Barbier, un opéra
en un acte intitulé Graziella', et qu'il s'occupe
en ce moment (1875) d'un opéra en 3 actes, la
Jeunesse de Don Juan, dont le poëme lui a été
confié par M. Louis Gallet.
CHOUQUET (Adolphe-Gdstwe), écrivain
français, né au Havre le 16 avril 1819, montra
de bonne heure un goût prononcé pour la musi-
que. Pendant les six années qu'il passa, à Paris,
à l'institution Massin, il consacrait presque toules
ses récréations à l'élude du chant et du piano et
suivait assidûment les concerts du Conservatoire.
Reçu bachelier es lettres en 1836, il retourna au
Havre, où son père, banquier en cette ville, de-
vait bientôt trouver la ruine en créant la compa-
gnie du chemin i!e fer de Paris à la mer. Eu 1840,
M. Chouquet se rendit avec sa fauiilie aux
États-Unis , et c'tst à New-York qu'il produisit
ses premiers essais de critique musicale. Pendant
seize ans il se consacra à l'enseignement, mais
une grave maladie des voies respiratoires lobli-
gea de renoncer à celte carrière fatigante et d'ha-
biter un climat tempéré ; il revint donc en France ,
passa plusieurs hivers dans le midi, puis, en
1860, se fixa définitivement à Paris.
M. Chouquet devint l'un des collaborateurs les
plusactifs de la France musicale et de VArtjnii-
sical, et se fit connaître par les paroles d'un assea
grand nombre de romances, cantates, scènes cho-
rales et chœurs orphéoniques. Ayant pris part à
un concours ouvert par l'Académie des beaux-
arts, il se vit , en 1864, décerner le prix Bordin
pour une Histoire de la musique depuis le
XI y siècle jusqu'à la fin du XVIll" siècle,
restée jusqu'à ce jour inédite. La môme compa-
gnie ayant mis au concours, en 1868, le pro-
gramme suivant : Définir la musique drama-
tique : faire connailre ses origines et ses
divers caractères ; déterminer les causes sous
Cinjluencedesquelles prédomine ous'affaiblit,
dans l'art musical, l'élément dramatique,
et, à ce point de vue, donner un aperçu som-
maire de l'histoire de la musique dramatique
en France, depuis et y compris Lullij Jusqu'à
nos jours, M. Chouquet concourut de nouveau
et de nouveau fut couronné. Après avoir été
ainsi récompensé ime seconde fois, M. Chou-
quet n'eut qu'à revoir son travail et à en dé-
velopper la (in, pour donner une véritable His-
toire de la musique dramatique en France,
depuis ses origines jusqu'à nos jours (Paris,
Didot, 1873, in-8°j. Cet ouvrage important, qui
est , en somme , le premier de ce genre que la
France ait vu naître, puisqu'il est le seul qui em-
brasse dans leur ensemble et dans leur dévelop-
pement les différentes phases par lesquelles a
passé dans notre pays la musique dramatique ,
fait honneur à son auteur. Le plan eu est judi-
cieusement établi, le sentiment de l'art qui s'en
dégage est élevé, les recherches historiques en
.sont exactes, et, de plus, il est écrit dans une
langue correcte et châtiée. M. Chouquet n'a peut-
être pas échappé complètement au danger de la
monotonie qui résulte du classement et de l'ana-
lyse lie plusieurs centaines d'ouvrages de même
nature, mais c'est là , il faut dire, un écueil in-
hérent au sujet. Je lui reprocherai seulement,
malgré la sympathie qu'il accorde à ces deux ar-
tistes, de n'avoir pas mis complètement à leur
place Cambert et Philidor, ces deux houmies de
génie si longtemps méconnus. Pour qui a profon-
dément étudie l'histoire de l'art musical en France
dans ses rapports avec le théâtre, Cambert n^
pas été seulement le précurseur de Lully, il a été
son maître, maître dépouillé par lui , mais qui lui
182
CHOUQUET — CHRYSANDER
resfe supérieur en beaucoup de points , et à qui
revient véritablement la gloire d'avoir créé l'opéra
français. Quant à Philidor, génie étouffé par celui
de Gluck, ii avait eu l'honneur de pressentir la
réforme que celui-ci devait opérer, et ses œuvres ,
aussi bien que ce qui nous reste de sa correspon-
dance , prouvent que si on ne l'avait pas injus-
tement sacrifié au grand musicien allemand , il
était de taille à "mener à bien cette réforme qu'il
avait entrevue dès ses plus jeunes années et que
certains passages de son Ernelinde tendaient à
opéier sur notre première scène lyrique. A part
quelques réserves de ce genre , on peut affirmer
que V Histoire de la musique dramatique en
France est un livre utile, et que sa valeur ne dé-
ment pas son titre (1).
En 1871, M. Chouqiiet fut nommé conserva-
teur du Musée instrumental du Conservatoire ,
Musée dont le premier fond avait été formé de la
collection Clapisson, acquise naguère par l'État.
Dans cette nouvelle situation , il rendit de véri-
tables services , en même temps qu'il fut favorisé
par les circonstances. Tandis qu'il s'ingéniait,
malgré l'insuffisance des ressources mises à sa
disposition , à augmenter le nombre et la valeur
des pièces qui composaient le Musée, et que ses
efforts étaient souvent couronnés de succès, il
eut la fortune de recevoir des mains de M. Schœl •
cher, député à l'Assemblée nationale, une collec-
tion fort intéressante d'instruments sauvages re-
cueillis en Afrique et en Amérique , et il fut assez
heureux pour pouvoir effectuer l'acquisition de
la belle collection de M. le docteur Fau. Ce n'est
pas tout : iM. Cbouquet , depuis qu'il avait été
chargé de la garde et de la conservation de ce
précieux dépôt, songeait à dresser un catalogue
descriptif et raisonné des richesses qu'il conte-
nait; ce n'était point là chose facile, et l'entre-
prise était délicate et laborieuse. M. Chouquet
s'en tira à son honneur, et bientôt fut en état de
livrer au public son catalogue , qui parut sous ce
titre : Le Musre du Conservatoire de musique,
catalogue raisonné des instruments de cette
collection (Paris, Didot, 1875, in-8°). Entre au-
res qualités , ce livre nous démontre que le Musée
du Conservatoire, avec les 630 pièces dont il se
compose, est aujourd'hui des plus intéressants,
et qu'il peut soutenir dignement la comparaison
avec le Musée instrumental de Vienne et celui de
(Il On trouvera la preuve de ce que j'avance ici dans
deux écrits publiés récemment par moi et remplis de do-
cuments nouveans : l'un, ^ndi-é Philidor, dans la
Chronique musicale (i874 et 1875); le second, intitulé /es
frais créateurs de l'Opcra français, Perrin etCambert,
dans le ménestrel {i87â et ii)76). Ces deux ouvrages, revus
et augmentés encore de documents inédits, paraîtront
incessamment sous forme de volumes.
Soulh-Kensington , à Londres. — Parmi les can-
tates dont M. Gustave Chouquet â écrit les pa-
roles, on peut citer David Rizzio, avec laquelle
M. Massenet remporta en 1863 le grand prix de
Rome; 1867, dont M. Laurent de Riilé fit la mu-
sique et qui fut exécutée à l'Opéra- Comique;
enfin , V Hymne à la Paix, qui gagna le prix de
poésie au concours de l'Exposition universelle de
1867.
CHRISTIANI (Ph.), clarinettiste très-dis-
tingué, né à Amsterdam en 1787, fils d'un riche
luthier de cette ville , et élève de MM. Plauque et
Springer, est entré à l'âge de 14 ans à l'orchestre
de l'Opéra français d'Amsterdam, où il occupa
l'emploi de clarinette solo jusqu'en 1840. Il a
tenu le même emploi pendant quarante ans à la cé-
lèbre société philarmonique connue sous le nom
de Félix Meritis. En 1805, il était directeur d'un
des corps de musique du roi Louis-Bonaparte, en
1811, chef de la musique de la garde nationale de
Napoléon V% et, en 1812, il faisait partie du corps
mobile, avec lequel il assistait à la bataille de
Naarden. Pendant de longues années, il a donné
dans les principales villes des Pays Bas de nom-
breux concerts, et les dilettantes néerlandais
avaient son beau talent en haute estime. M. Chris-
tiani est chevalier de l'ordre de la Couronne de
chêne. Il s'est retiré complètement de l'arène
musicale , et vil de ses rentes dans un petit coin
d'Amsterdam.
Ed. de h.
CIIRISTIAXOWITSCII (Alexandre),
amateur de musique, a publié en français l'ou-
vrage suivant : Esquisse historique de la mu-
sique arabe aux temps anciens, avec dessins
d'instruments et quarante mélodies har-
monisées (Cologne, Dumont Scbauberg, 1863,
in-4°). On trouve dans cet écrit quelques notions
sur la musique arabe et trois ou quatre notices
biographiques.
♦ CHRYSANDER (Frédéric), est né à
Liibtheen, dans le Mecklemhourg, le 8 juillet
182Ô, et a fait ses études à Rostock, où il obtint
le grade de docteur en philosophie. Admirateur
passionné des anciens maîtres de la musique, qu'il
a étudiés et qu'il sait apprécier à leur juste valeur,
non moins ardent dans son admiration pour les
grandes œuvres modernes, M. Chrysander n'a
cessé de défendre ses idées dans VAlIgemeine
Musik Zeitung. De fréquents voyages en Angle-
terre n'ont fait qu'augmenter l'ardeur de son
enthousiasme pour les productions gigantesques
de Hœndel, et l'ont amené à publier sur ce maître
incomparable un étude biographique qui est un
monument de l'intelligence allemande, et qui peut
èlie mise en parallèle avec le livre célèbre d'Otto
CHRYSANDER — CIMOSO
483
Jahn sur Mozart. Cette biographie de Haendel,
qui ne comporte pas moins de trois volumes in-
8', a été publiée à Leipzig, chez les éditeurs
BreitkopfetHaertel.
CHVVALIBOG (J -K ), compositeur
polonais, né dans les premières années de ce
siècle, s'est fait connaître par un assez grand
nombre d'œuvres de musique religieuseexéculées,
à partir de 1844, dans les différentes églises de
Varsovie. On cite de lui environ douze messes ,
parmi lesquelles une Messe pastorale à cinq
voix, du uieilleur effet ; un oratorio en deux par-
ties, le Sacrifice d'Abraham, paroles de Ros-
tkowski, exécuté en 1848 chez les PP. Francis-
cains; plusieurs Kolendas (noëls); Jésus mou-
rant, morceau à cinq voix ; l'Ange gardien, trio
pour deux ténors et basse, etc., etc. La plupart
des compositions de M. Chwalibog ont été pu-
bliées à Varsovie.
CIAMPALAXTI ( ), compositeur, atta-
ché à la musique de Louis XV, a publié en 1764
un recueil de Six Ariettes françaises dans le
goût italien avec accompagnement d'un violon
et d^une basse, suivies d'une cantate déta-
chée, à grande symphonie.
* CIAMPI (Legrenzo-Vincenzo). A la liste
des ouvrages dramatiques de cet artiste , il faut
ajouter les suivants : 1° Da un disordine nasce
un ordine, opéra bouffe, Naples, th. des Fioren-
lini, 1737; 2° la Béatrice, id., th. Nuovo,
1740; 3" la Lionora (en société avec Logros-
cino), id., th. des Fiorentini, 1742 ; 4° VAmore
ingegnoso, id., id., 1745.
CIAXCHI (EiiiLio), compositeur, né à Flo-
rence le 21 mars 1833, a étudié la théorie de
l'art avec Ignazio Colson, puis avec Ermanno
Picchi. Dès 1854, à peine âgé de 21 ans, il se (it
connaître par l'exécution, dans une des églises
de Florence, de son oratorio Giuditta. Il aborda
ensuite le théâtre, et fit représenter les ouvrages
suivants : 1° Salvator Rosa (Florence, th. Pa-
gliano, 1855); 2° il Saltimbanco (id., id.,
1856); 3° la Vendetta (id., id., 1857); 4° Leone
Isauro (Turin, th Regio, 1862). En 1873, il fit
exécuter dans l'église de Santa-Croce, de Flo-
rence, pour l'anniversaire du roi Charles-Albert
et des martyrs de l'indépendance italienne, une
messe de Requiem qui produisit un effet consi-
dérable. M. Cianchi, qui est un artiste fort dis-
tingué et fort intelligent, est secrétaire du Royal
Institut musical et de l'Académie musicale Flo-
rentine.
CIBOT ou CYBOT, musicien du seizième
siècle, dont le nom se trouve écrit de ces deux
façons dans le fameux recueil de chansons fran-
çaises à quatre voix publié vers 1530 par l'im-
primeur Pierre .\ttaignant, a fourni à ce recueil
la musique des deux chansons suivantes : Ayer
ne puis celle, et Amye, tu as sur moi trop.
CIBULOVSKY (Lucas), compositeur de
musique religieuse, né en Bohême, florissait vers
1617. Y.
CICCARELLl (Angelo), compositeur, na-
quit à Terarao, dans les Abruzzes, le 25 janvier
1806. Il reçut d'abord, à Lanciano, des leçons
d'un organiste nommé Filippo Gianni, et devint
plus tard, à Naples, l'élève de Crescentini pour
le chant et de Zingarelli pour la composition.
Ses études terminées, il alla s'établir à Dresde
comme professeur de chant, devint le maître à la
mode et se fit en cette ville une position bril-
lante, qu'il n'a cessé d'occuper depuis. On doit
à cet artiste un Stabat Mater à 4 voix de fem-
mes, une Messe de Requiem à 4 voix, deux
Messes de Gloria, un Te Deum, et un assez
grand nombre de mélodies vocales; une grande
partie de cette musique a été publiée. Il n'en est
pas de même d'un drame lyrique, Catherine de
Guise, qui, par suite de circonstances particu-
lières, n'a jamais pu être représenté.
CICCONETTl (Filippo), avocat et musico-
graphe italien, est né à Rome le 18 juillet 1820.
11 étudia la musique en amateur, et ses relations
avec quelques grands artistes lui donnèrent plus
tard l'idée de retracer la vie de quelques-uns
d'entre eux. C'est ainsi que M. Cicconetti publia
successivement les ouvrages suivants : Vita di
Vincenzo Bellini (Prato, Alberghetti, 1859, in-
12 avec portrait); Vita di Gaetano Donlzetti
(Rome, typ. Tiberina, 1864, in-t2); Memorie in-
torno a Pietro Raimondi (id., id., 1867, in-12);
Le Mie Memorie aiiistiche, di Giovanni Pa-
cini, continuate (Rome, Sinimberghi, 1872, in-
12). Ces divers écrits, dans lesquels on trouve
d'ailleurs d'utiles documents et des renseigne-
ments intéressants, manquent de valeur au point
de vue de la critique, qui n'y est même pas
abordée, et ne sont qu'une longue apologie du
talent des artistes qui en font l'objet. Ils seront
précieux néanmoins pour ceux qui voudront,
par la suite, tracer une véritable histoire de la
vie et de la carrière de ces artistes, parce que
l'auteur est doué d'une qualité rare chez la plupart
di's écrivains artistiques, principalement en Italie,
je veux dire l'amour et le souci de l'exactitude
historique. Pour ma part, je me suis servi utile-
ment, lors de la publication de mon livre ; Bel-
lini, sa vie, ses œuvres, de l'opuscule consacré
par M. Cicconetti à ce compositeur. M. Cicco-
netti a publié encore quelques brochures dont
j'ignore les titres.
* CIMOSO (GuiDO,) fils d'un organiste ha-
184
CIMOSO — CLAPISSON
bilo qui était né à Vienne le 1 1 avril 1780 et qui
mourut à Venise le G mars 1850, naquit à Vi-
cence le 10 février 1804. C'est par erreur qu'on
i'a dit élève d'Asioli et du Conservatoire de Mi-
lan, sur les registres duquel son nom ne se
trouve pas mentionné. Dès l'âge de sept ans il
reçut de son père ses premières leçons de violon,
deux ans après il commença l'étude du piano
sous la même direction, et il avait à peine at-
teint sa onzième année qu'il se produisait comme
violoniste et comme organiste, dans les princi-
pa'e> églises de Venise, où son père était alors
fixé. Ayant ensuite travaillé la composition, il
occupa successivement dans diverses villes, à
Thiene, à Zara, à Trieste, les fonctions d'orga-
niste, de chef d'orclieslre, de directeur de Socié-
tés philharmoniques, elc. 11 se fixa enfin dans
cette dernière ville, oii il occupe depuis long-
temps une situation artistique très-importante.
M. Cimoso est l'auieur d'une centaine de com|.o-
sitions de divers genres, profanes ou religieuses,
parmi lesquelles on cite particulièrement -. 1"
Grande Studio di allégorie armonico religiose
à grand orchestre, dédiée à l'impératrice Elisa-
beth d'Autriche, et qui lui a valu, en 1871, une
médaille d'or à ^Expo^ition de Trieste ; 2 " ,
Grande Studio allegorico musicale à grand
orchestre, dédiée aux trois Conservatoires de Co-
logne, Milan et Naples. Une réduction au piano
a été publiée de ces deux ouvrages (Udine, Ber-
letti).
CSXI (Giuseppf.-Ottavio), prêtre et musicien
italien, vivait au dix-septième siècle. On a publié
après sa mort l'ouvrage suivant ; Solfeggiamcnti
adue voci, opéra postnma delmoUo reverendo
Giuseppe Otlavio Cini, sacerdote, dati in lace
dal sacerdote Tommaso Redi,suo nipote, Luc-
ques 1708.
CIjVjXA (Oscar DE LA), pianiste et compo-
siteur espagnol contemporain, s'est fait connaî-
tre par la publication d'un certain nombre de
pièces légères et de morceaux de genre pour le
piano, parmi lesquels figure ime Grande Mar-
che héroïque (hongroise) pour deux pianos à
quatre mains.
C3POLLOXE (Mattiv), musicien italien,
est auteur d'un ojiuscule ainsi intitulé : Opinioni
sullc: musica coniemporanea (Sulmona, lb73).
Cet artiste a écrit aussi la musique d'un opéra en
trois actes, Eugenia d'Albassini, qui a été joué
le 2 Tj février 1876 à Sulmona, parles élèves de
l'école magistrale.
tJRKT ( ), est le nom d'un composi-
teur français dont il est fait mention dans le ca-
talogue de Boivius, lequel lui attribue deux livres
de Pièces de Clavessin. Y. __
CISOTTI (Prospero), compositeur italien,
a tait repré.'^enter à Milan, au théâtre Santa-Ra-
degonda, le 18 avril 1866, un opéra intitulé Zw-
leika. Cet ouvrage a été reçu froidement, quoi-
que le rôle principal en fût chanté par une ar-
tiste de talent, M"'^ Massini.
CLAIRVAL(M»«). Foye^LESCOT (M»^).
CLAIRVILLE ,Ed. NICOLAIE, dit), fils
de l'auteur dramatique connu sous ce nom, a écrit
la musique des deux opérettes suivantes : 1" Char-
bonnier est maître chez lui, th. du Chàteau-
d'Eau, 1874; 2" Une rue sous Louis XV, Folies-
Bobino , 15 février 1875.
* CLAPISSOX (ANTONiiN-Louis), est mort à
Paris le 19 mars 1866. Son père, attaché au ser-
vice du roi Mural, professeur au Conservatoire
de Ndples et premier cor au théâtre San-Carlo,
dut rentrer en France à la suite des événements
politiques de 1815. Dès cette époque, le jeune
Clapisson parcourut le midi de la France sous
la conduite de l'excellent violoncelliste Hus-Des-
forges, en donnant des concert?, et étonnait ses
auditeurs par un talent précoce sur le violon. Sa
famille s'etant fixée à Borde.uix, les succès de
l'enfant le firent remarquer d'un arli>te distin-
gué, Hippolyte Sonnet, auteur de la musique de
plusieurs ballets représentés en celte ville. Celui-
ci lui donna des leçons d'harmonie, et, un peu plus
tard, Clapisson entra en qualité de premier vio-
lon à lorcheslredu Grand-Théâtre. Lorsqu'il vint
terminer ses études à Paris, il devint successive-
tnent premier violon aux Italiens et second vio-
lon à l'Opéra. Après avoir quitté le Conserva-
toire, il se fil connaître d'abord comme compo-
siteur par six quatuors pour voix d'hommes qui
furent exécutés aux concerts du Conservatoire
par MM. Puig, Dérivis, Ferdinand Prévost et
Alexis Dupont, puis par une suite de six mor-
ceaux à deux voix, intitulés le ]'ieux Paris. Ce
fut alors qu'on lui confia le poëme de la Figu-
rante, opéra-comique en cinq actes dont Mon-
pou avait refusé d'écrire la partition parce qu'elle
devait être livrée dans le délai de deux mois,
sous peine d'un dédit de 20,000 francs ! Clapis-
son accepta ces conditions, écrivit son ouvrage
dans le temps fixé, et le vit représenter avec
succès à rOpéra-Comique, le 24 août 1838, par
Roger, Moreau-Sainti, Leroy, Grignon, Desian-
des, Mlles Rossi et Jenny Colon.
Aux ouvrages cités de son répertoire drama-
tique, il faut ajouter les suivants : Don Qui-
chotte et Sancho , pochade musicale écrite pour
le bénéfice d'Hermann-Léon et jouée à l'Opéra-
Comique le 11 décembre 1847; Dans les
Vignes (Théâtre-Lyrique, 1854) ; le Coffret de
Si-Dominique, opéra de salon (salle Herz ,
CLAPISSON
CLAVEL
183
1855); les Amoureux de Perrcite (tliéâtie de
Bade, 1855); le Sylphe (idem, 1856); Madame
Grégoire (Théâtre- Lyrique, 1860). Ciapisson a
publié aussi un très-grand nombre de romances
(200 environ), dont il paraissait un album cha-
que année, et il a écrit encore beaucoup de
chœurs orpiiéoniques : les Enfunts du désert,
Paris, la Parole de Dieu, Voici le port, les
Chants de nos pères. Au point du jour, le
Bronze, les Harmonies de la Aiiit, la Puis-
sance de Sainte-Cécile, les Rémouleurs, les
Enfants des ombres, Aux armes, etc. En 1861,
il avait été nommé professeur d'harmonie au Con-
servatoire.
Ciapisson avait formé, à force de soins, de pa-
tience et de recherches, une collection très- cu-
rieuse d'instruments de musique de tous temps,
de tous genres et de tons pays. En 1861, il avait
cédé cette collection à l'État moyennant une
somme de 30,000 francs, une pension de 3,000
francs, dont moitié réversible sur sa veuve, et
Je titre de conservateur de ce Musée, avec lo-
gement au Conservatoire, auquel l'État en fit
don et dans l'un des bâtiments duquel il a trouvé
place. La collection Ciapisson est devenue le fonds
premier et important du Musée instrumental du
Conservatoire, aujourd'hui l'un des plus riches
de l'Europe. Cependant, son propriétaire n'avait
pas tout vendu ; il avait conservé encore une
quantité assez considérable d'objets, pour qu'ime
vente en pùi être faite après sa mort, vente dont
on publia le catalogue sous ce titre : Collection
de sifflets, instruments de musique et curiosi-
tés diverses de feu M. Ciapisson, membre de
l'Institut et professeur au Conservatoire (Pa-
ris, Delange, 1806, in-8°). Ciapisson mourut pres-
que subitement; à la suite d'un malaise, il s'é-
tait purgé, et n'avait pas attendu, pour prendre
un peu de nourriture, l'effet de la médecine, par
laquelle il fut étouffe (1).
CLARIBEL, est le pseudonyme adopté par
une dame compositeur, M">« Charles Barnard,
qui s'est fait connaître par un grand nombre de
romances et de ballades devenues populaires en
Angleterre. Cette artiste est morte à Douvres le
30 janvier 1869.
(1) V Annuaire dramatique belge pour i8i4 mentionne
comme ayant été ex cutee au théâtre de l.i Monniie, de
Bruxelles, le îo m.irs 1843, « l'ouverture inéillte de fré-
deyonde, de M. Ciapisson, » alors présent en cette ville.
J'ignore s'il s'agit ici de la préface in-truraentale d'un
opéra resté inélit, ou simplement d'une ouverture de
concert. - H faut encor.' citer à l'actif de Ciapisson la
Poularde de Caujt, opéreiie en un acte représentée au
théâtre du Palais-R„.v,-,1 ,o,s 15.S6, et dont .1 écrivit la
mu.ique en société avec MM. Buzille, Gautier, Gevaert, Jo-
nas, Mangeant et F. Polse.
CLAUSS (Victor), com|;osilcur, né à Bern
bourg le 24 novembre 1805, a écrit des mor-
ceaux d'orgue et de piano, ainsi que des lieder.
Y.
CLAUSSE\ (Wilhelm), compositeur alle-
mand, naquit à Schwerin en 1843. En 1868 il
remporta le prix fondé à Berlin par Meyerbeer,
et visita à l'aide de sa pension la France et l'Ita-
lie. Ce jeune musicien, qui donnait de grandes
espérances, a été enlevé par une mort prématu-
rée en 1869. Il a laissé quelques morceaux de
piano et plusieurs lieder qu'on a publiés après sa
mort. Y.
CLAV'E (José-Anselmo), compositeur espa-
gnol, naquit à Barcelone le 21 avril 1824. Cet
artiste, dont on a représenté à Madrid quelques
zarzuelas qui ont été bien accueillies mais dont
j'ignore les titres, s'est surtout acquis une répu-
tation comme compositeur de chan.sons et de
chœurs populaires qui ont rayonné sur toute
l'Espagne. C'est d'ailleurs aux efforts intelligents
de Clavé que ce pays doit l'introduction et la'
création du chant choral, tel qu'il y exi,ste au-
jourd'hui ; c'est lui qui forma en Espagne la pre-
mière société orphéonique, société qui se fit cn-
tenilre pour la première fois en 1851, et c'est
lui qui organisa à Barcelone le premier festival
populaire, festival qui eut lieu le 17 septembre
1860 et qui réunit cinq sociétés formant un en-
semble de 200 chanteurs. En 1804, 57 .sociétés
comprenant 2,091 membres, se préseulèrent au
festival des 4, 5 et 6 juin, organisé, comme ceux
qui l'avaient précédé, par José Clavé. Mais
ce nombre de 57 sociétés est loin de donner le
total de celles qui existaient alors, car on en
comptait en tout 85. Clavé est mort à Barcelone,
au mois de février 1874., Un de ses compatrio-
tes, M. Apeles Mestres, a publié sur lui, en 1876,
une notice biographique intéressante. D'autre
part, M. Joaquin Riera y Bertran a écrit les pa-
roles et AI. Obiols la musique d'une cantate dé-
diée à la mémoire de ce compositeur.
* CLAVEL (Joseph), violoniste, né à Nan-
tes le 20 décembre 1800, est mort à Sillé-le-
Guillaume le 31 août 1852. Nommé répétiteur
d'une classe de violon au Conservatoire le 1"
janvier 1824, réformé le i'' septembre 1831,
rentré en qualité de professeur-adjoint le 1^''
janvier 1837, enfin devenu professeur titu-
laire d'une classe préparatoire le 1'^' janvier
1839, cet artiste avait pris sa retraite le 1'"^ octo-
bre 1846. — Une artiste nommée M"* Bénigne
Clavel, probablement sœur ou cousine de Joseph
Clavel, puisqu'elle était née à Nantes en 1808,
obtint au Conservatoire un premier prix de sol-
fège en 1823, et fut nommée en 1826 professeur
i86
CLAVEL — CLÉMENT
adjoint âe solfège dans cet établissement. Je
n'ai pu trouver sur elle d'autres renseigne-
ments.
CLA.YTO!\ ( ). Un écrivain anglais de
ce nom a publié un ouvrage en deux volumes,
intitulé les Reines du chant.
CLÉDEÇOL. Sous ce pseudonyme, on a pu-
blié en 1836 (in-18, W'^ Goullet, éditeur) un
petit livre facétieux ainsi intitulé : Dictionnaire
aristocratique, démocratique et misligorieux
de musique vocale et instrumentale .pu-
blié en Lanternois par Krisostauphe Clédeçol,
docteur ferré, marqué et patenté, professeur de
castagnettes dans tous les conservatoires na-
tionaux, étrangers et autres, etc., traduit par
Ydâlôhtùstiphèjâldenpéâb, ràcleur de boyau.
Quelques bibliographes attribuent ce petit livre à
Adolphe Ledliuy.
* CLÉMEXT (Jacques), dit Clemens non
papa. On trouve seize chansons de cet artiste
célèbre dans le recueil divisé en six livres que
Pierre Phalèse publia à Louvain en 1555-1556,
et dont le premier parut sous ce titre : Premier
livre des chansons à quatre parties, nouvel-
lement composez (sic) et inises en musicque,
convenables tant aux instruments comme à
la voix (Louvain, 1555, in-4°).
* CLÉMEXT (Félix). Depuis 1860, cet ar-
tiste a publié plusieurs traités didactiques et
plusieurs ouvrages littéraires. Voici les titres des
premiers : 1° Méthode d'orgue, d'harmonie et
d'' accompagnement, comprenant toutes les
connaissances nécessaires pour devenir un
habile organiste (Paris, Hachette, in-4") ; T le
Livre d'orgue du Paroissien romain, conte-
nant l'accompagnement des messes, vêpres,
compiles, saints, proses, hymnes, antiennes
des dimanches et fêtes de l'année (Paris, Ha-
chette, in- 12) ; 3" Méthode de musique vocale
graduée et concertante, pour apprendre à
solfier et à chanter à une et plusieurs voix
(Paris, Hachette, in-4"); 4» Choix des princi-
pales séquences du moyen âge, tirées des
inanuscrits, tradxiites en musique et mises en
parties avec accompwjnement d'orgue (Paris,
1S61, in-4"). Les écrits nouveaux de M. Clément
sont les suivants : 1" Histoire générale de la
musique religieuse (Paris, Adrien Le Clère,
1801, in-8°) ; 2° les Musiciens célèbres, depuis
le seizième siècle jusqu'à nos jours (Paris, Ha-
chette, 1868, gr. in-S" avec 44 portraits à l'eau-
forte); 3° Dictionnaire lyrique, ou Histoire
des opéras, contenant Vanalyse et la nomen-
clature de tous les opéras et opéras comiques
représentés en France et à l'étranger depuis
Vorigine de ce genre d'ouvrages jusqu'à nos
jours (Paris, Boyer, s. d. [1869], gr. in-S") (1) ; 4"
Lettre à M. Rupert, rédacteur du Monde, sur
l'accompagnement du plain-chant, à propos
de la Méthode d'accompagnement publiée par
M. Moncouteau (Paris, Ad. Le Clère, 1864,
in- 8°). (2)
De ces divers ouvrages, le plus important et
le plus original, à coup sûr, est l'Histoire géné-
rale de la musique religieuse; c'est aussi le
meilleur, et de beaucoup, bien qu'il ne justifie
pas absolument son titre, et que, ainsi que l'a
remarqué Félis, il présente plutôt une série de
recherches historiques sur la musique religieuse
qu'une Histoire véritable, au sens strict du mot.
Les Musiciens célèbres et le Dictionnaire ly-
rique ne sont que de volumineuses compilations;
je ne dis point cela en manière dédaigneuse, at-
tendu que les compilations, lorsqu'elles son
faites avec soin, intelligence et discernement, peu-
vent être d'une grande utilité. Mais celles-ci, il
faut le déclarer, prêtent en plus d'un endroit le
liane à la critique, parce que l'auteur, s'il a fait
preuve d'intelligence, n'a pas toujours procédé
avec tout le soin désirable. Dans les Musiciens
célèbres, qui auraient pu former un livre sédui-
sant, M. Clément a négligé de remonter aux
sources, et, se bornant à consulter les biogra-
phies ayant cours sans contrôler leurs rensei-
gnemenls, a reproduit tout naturellement les er-
reurs de ses devanciers ; le livre n'en est pas
moins aimable sans doute, mais, au point de vue
historique, les assertions de l'écrivain ne peu-
vent être acceptées que sous bénéfice de l'inven-
taire le plus scrupuleux. La part de l'erreur est
bien plus forte encore, et cela n'est pas étonnant,
dans le Dictionnaire lyrique (3). C'est ici sur-
tout que serait de mise notre vieux proverbe :
Qui trop embrasse mal étreint. Insuffisam-
ment renseigné déjà sur la France, à laquelle il
aurait dû borner ses recherches, M. Clément a
eu la prétention fâcheuse de cataloguer tous les
;i) L'auteur a publié, depuis, plusieurs suppléments à
ce Dictionnaire, pour le tenir au courant du mouvement
artitiqueet y menllonner les ouvr.iges Douvellenient re-
présentés.
(2) Comme compositeur, on doit à M. Félix Clément un
recueil de Nouveaux cantiques des enfants de Marie en
Vkonneur du Saint-Sacrement et de la Sainte Fierge, à
une, deux et trois parties, avec accompagnement d'orgue
ad libitum, l'aris, Régis-Buffet, |863, petit in-8°.
(3| Ce livre est fort loin d'être « le premier dece genre
qui ait paru Jusqu'à ce Jour, » comme le dit l'avertisse-
ment. S'il en itaiî ainsi, que seraient donc la Dramatur-
gia d'Allacri, le recueil de la Valliére : Ballets, opérât
et autres otivraues lyriques, la Bibliothèque det Thcâ-
tres de Maupnint, le Dictionnaire des IheAtret, de l.é-
rls, k Dictionnaire dramatique de Chamfort et de l'abbé
de Laporte, et dix autres qu'on pourrait citer?
CLÉMENT — GLODOMIR
187
ouvrages lyriques qui se sont produits dans toute
l'Europe depuis plus de deux siècles. 11 en est
résulté, tout naturellement, outre d'incalculables
omissions, d'innombrables erreurs de titres, de
dates et d'attributions , et même de curieux
doubles emplois produits par ce fait que l'auteur
inscrit souvent deux fois le même ouvrage sous
deux titres différents. Même pour la France, ces
erreurs sont nombreuses, et parfois tellement
grossières qu'elles en sont impardonnables. Quant
à la partie critique de l'ouvrage, elle est souvent
de nature à étonner et à dérouter le lecteur ; c'est
ainsi que M. Clément, qui consacre soixante-dix
lignes à un prétendu opéra-comique de M.""-' Per-
rière-Pilté, le Sorcier, qu'il paraît considérer
comme une sorte de petit chef-d'œuvre, étran-
gle en peu de mots le Chalet, d'Adolphe Adam,
dont un ou deux morceaux trouvent à peine
grâce à ses yeux : « Tout le reste, ajoute- t-il,
est commun et trivial ; d'ailleurs orchestré avec
ingéniosité, à la portée des intelligences musica-
les les plus bornées ; c'est de la musique fran-
çaise dans le sens assez abaissé du mot.» Quoi qu'il
en soit, et malgré ses défauts, le Dictionnaire
lyrique est un ouvrage utile à consulter, mais
seulement, en ce qui concerne les travailleurs, à
titre de point de départ et de premier renseigne-
ment.
M. Félix Clément, qui est du reste, à tous les
points de vue, un artiste laborieux, mais qui,
découragé, comme tant d'autres, en ce qui con-
cerne le théâtre, semble avoir renoncé à s'y pro-
duire comme compositeur, s'en est pourtant oc-
cupé naguère. Outre les chœurs d'Athalie, nou-
vellement mis en musique par lui et exécutés en
diverses circonstances, il a écrit un opéra comi-
que en un acte, les Deux Savants, qu'il a fait
jouer dans un concert le 20 mars 1858, et un ou-
vrage en trois actes , le Dormeur éveillé ou
Abou-Hassan, reçu naguère au Théâtre-Lyrique,
mais qui n'a jamais été représenté.
CLÉMEA^T Y CAVEDO (Manuel), mu-
sicien espagnol, né à Gandia, dans le royaume
de Valence, le 1^'' janvier 1810, fit ses études litté-
raires et musicales au chapitre d'une église de sa
ville natale. L'organiste de cette église étant tombé
malade, il fut, à peine âgé de onze ans, jugé assez
capable pour le remplacer pendant une année. A
quinze ans, il concourut pour la place d'organiste
et de maître de chapelle de la ville d'Algemesi,
et obtint cet emploi, qu'il quitta au bout de cinq
années parce qu'il ne voulait point entrer dans
les ordres. Pendant ce temps il composa, pour
la cathédrale de Valence, oîi elle fut exécutée,
une messe avec accompagnement d'orchestre.
Devenu organiste d'une paroisse de cette dernière
ville, il y demeura plusieurs années, puis, en
1840, vint s'établir en France, à Guéret, oîi il se
livra à l'enseignement du piano et du chant, tout
en étudiant les œuvres des grands maîtres et en
les analysant au double point de vue musical et
philoso|ihique.
En 1852, M. Clément retourna en Espagne, se
fixa à Madrid, publia un ouvrage élémentaire
intitulé Gramatica musical, qu'il dédia à l'in-
fante Lsabelle, écrivit l'année suivante un opéra-
féerie, las Basas magicas, fut chargé en 1855
par le général Espartero de lui fournir un plan de
réforme des études du Conservatoire, et en 1856
composa une zarzuela. Très para uno. Ces di-
vers travaux ne l'empêchaient pas de se livrer à
l'enseignement du français, et de donner encore
quelques rares leçons de piano. En 1862 et 1863,
il fournit un certain nombre d'articles sur la mu-
sique au journal el Rubi, de Valence, et depuis
cette époque il s'occupe surtout de fournir aux
éditeurs Ronchi et Cie des traductions du fran-
çais et de l'italien, tout en composant des ro-
mances et des ballades pour la Biblioteca mu-
sical publiée par M. Echevarria. M. Clément a
collaboré assez activement à une feuille musi-
cale, el Artiita, qui, je crois, n'existe plus au-
jourd'hui.
* CLÉRAMBAIILT (Louis-Nicolas). Outre
ses cinq livres de Cantates françaises, ce mu-
sicien a publié chez Ballard quatre cantates sé-
parées dont voici les titres : la Muse de VOpc'ra,
le Bouclier de Minerve, Abraham, et le So-
leil vainqueur.
* CLÉRAMBAULT (César-François-Ni-
coLAs), fut organiste de la maison royale de
Saint-Cyr, ainsi que son père, auquel il succéda
vraisemblablement dans cet emploi. Il écrivit une
musique nouvelle pour VAthalie de Racine, mu-
sique qu'il fit précisément exécuter à Sainl-Cyr,
le 20 mars 1756, dans une représentation de ce
chef-d'œuvre qui eut lieu en présence de la
reine et des dames de la cour. Ces deux faits res-
sortent du compte-rendu que le Mercure de
France publiait de cette représentation d'Atha-
lie : « La musique des intermèdes qu'on a don-
nés avec cette tragédie a été refaite à neuf par
M. de Clérambault, organiste de cette maison :
elle a été très-goûtée, ainsi que l'exécution. Ce
compositeur, après la pièce, a été présenté à la
reine, qui a paru aussi satisfaite de sa musique
que de la manière intéressante et noble dont ces
demoiselles ont rendu le chef-d'œuvre de Ra-
cine. »
CLODOMIR (Pierre-François), instrumen-
tiste, compositeur et écrivain musical, a fait
longtemps partie de divers orchestres de Paris
488
GLUUOMIR — COCCON
en qualité de cornet à pistons, et s'est ensuite, je
crois, associé à une fabrique d'instruments de
cuivre. Connaissant parfaitement le mécanisme
de ces instruments, il a organisé à Aiilony,
près de Paris, une fanfare dont il est le direc-
teur, et il a entrepris la publication de toute une
série de Méthodes élémentaires à l'usage des fan-
fares et des collèges; il a donné ainsi (Paris, Le-
duc), des méthodes de cornet à pistons, de sax-
horn soprano, alto et basse, de trombone à
coulisses et de trombone à pistons, d'o|iliicléide,
de néocor, de cor de chasse, de cor à pistons, de
cor d'harmonie, de clairon et de trompette à pis-
tons. M. Ciodomir, qui a publié aussi sous ce ti-
tre : Répertoire des fanfares et musiques mi-
litaires (Paris, Leduc), plusieurs séries de mor-
ceaux originaux ou transcrits, est encore l'au-
teur d'un bon manuel intitulé Traité thécrique
et pratique de Vorganisation des sociétés mu-
sicales, harmonies et fanfares (Paris, Leduc,
in-8"), dans lequel il donne de bons conseils sur
la formation des sociétés d'exécution musicale,
sur leur composition, sur les connaissances que
doit jiosséder un chef de nmsique, etc., etc. En-
lin, M. Ciodomir a publié, pour le cornet à pis-
tons, plus de cent œuvres d'études, mélodies,
fantaisies, transcriptions, avec ou sans accom-
pagnement de piano.
* COCCHI (.Ioachim). Les ouvrages suivants,
qui n'ont pas été compris dans la liste des opéras
écrits |)ar cet artiste, doivent y être ajoutés : t"
l'Elisa, Naples, th. des Fiorentini, 1744; 2" la
Serva hacchettona, id., id., 1749 ; 3° Farseita
in m/isica, Rome, Ih. Yalle, 1749; 4" la Gis-
monda, iNaples, th. des Fiorentini, 1750; à" //
Bernardone, représenté à Palerme, sur le théâ-
tre particulier de Valguarneri, marquis de Sanla-
Lucia. L'ouvrage indiqué sous le titre de la Gou-
vernante rusée, et dont le vrai titre italien est
la Serva astuta, a été écrit par Cocchi en so-
ciété avec Errichelli et représenté au th. des
Fiorentini, de Naples, en 1753. Enfin, im opéra
bouffe intitulé /a Mesiraa été écrit par lui avec
plusieurs autres compositeurs, mais j'ignore la
date et le lieu de représentation de ce der-
nier.
COCCI.4 (M\r.i\-RosA), musicienne fort dis-
tinguée, née à Rome en 1759, s'est fait remarquer
par un talent de premier ordre qui lui valut les
éloges des plus grands hommes de son temps.
On publia sur elle l'ouvrage suivant : Elogio
storico dclln signnra Maria Rosa Coccia, Ro-
mana, maeslra pubblica di cappella, Accade-
mica Filarmonica di Bologna, e tra i forti di
Borna Trevia, colFaggiiinta di varie letlere
a Lei scritte da uoinini illuslri, ed erudili.
e di vari componimenti poeiici consacraii al
di lei vierito (Rome, 1780). On trouve dans ce
livre des lettres de Métastase, du père Martini,
de Carlo Broschi, etc., et on y lit le passage
suivant : " A l'âge de quinze ans, cette jeune
tille avait atteint dans la musique un tel degré
de perfection qu'elle fut en état de soutenir, le
28 novembre 1774, un très-rigoureux examen
aux applaudissements et à l'étonnement des maî-
tres de l'art, et qu'elle fut aussitôt placée au
nombre des maîtres de chapelle les plus renom-
més qui se trouvaient à Rome. »
'' COCCIA (C.\RLo), compositeur très-fécond,
né à INaples non en 1789, mais le 14 avril 1782,
est mort à Novare le 13 avril 1873, la veille du
jour où il devait accomplir sa quatre-vingt-
onzième année. Après avoir commencé l'étude
de la musique avec Visocchi, puis avec Pittro
Casella (et non Capelli, comme on a imprimé par
erreur), il était entré à l'âge de 12 ans au Con-
servatoire de la Madone lie Lorette, oii, tout en
faisant un cours de compo.Mtion avec Fenaroli et
Paisiello, il avait travaillé le chant avec Saverio
Yalente. A la liste des œuvres dramatiques de
Coccia, il faut ajouter les opéras suivants : 1°
VEqvivoco, o le Vicende di Mnrtinaccio, opéra
bouffe, Cologne, th. Marsigli, 1809; 2" Medea e
Giasone, Turin, Ih. Regio, 1815; 3" Her Mc.r-
cantonio, Bologne, 1834; 4" i)/a/-/a, Naples,
th. San-Carlo, 1834; 5" Ero e Leandro, farce
jouée à Londres; plus, une dixaine île cantates
écrites pour diverses circonstances politiques, et
exécutées soit en Italie, soit à Lisbonne. Le ca-
talogue dee compositions religieuses de Coccia est
lies-considérable, et ne comprend pas moins de
25 messes, dont la plupart avec accompagne-
ment d'orchestre, 15 motets, 21 vêpres, 17 Tan-
tum ergo, 3 Miserere, un Te Deum avec or-
chestre, un Stabat- Mater à 4 voix avec orgue,
le 132" psaume, et une demi-douzaine d'autres
morceaux. Enfin, Coccia a encore écrit une ou-
verture à grand orchestre ; Ero, monologue avec
accompagnement d'orchestre; un duo pour flûte
et piano ; et quelques études pratiques de contre-
point.
Deux écrits ont été publiés sur cet artiste :
1° Un Occhiata aW I. R. ieatro alla Scala nel
carnovale 1833, o piuttosto due Parole sulla
« Caterina di Gnisa, » nuova musica del maes-
tro Coccia, osservazioni di D. B. S, Milan, s.
d. (1833), impr. Manini, in-l8; 2" Biografia di
Carlo Coccia, maestro di cappella délia cat-
tedrale di Novara (par l'avocat G. Carolli),
Turin, impr. Borgarelli, 1873, in-8" avec por-
trait.
COCCOX (iSicoi.6), pianiste, organiste et
COCCON — CŒDÈS
189
compositeur, né à Venise, a été pendant longues
années organiste de l'église Saint-Marc, dont il est
aujourd'hui le premier m;ufre de chapelle. Il a
écrit, pour le service de cette chapelle, un grand
nombre de compositions importantes, parmi les-
quelles on cite six messes à quatre voix avec or-
cliestre, une grande messe de Requiem, un Pen-
siero funèbre à grand orchestre, etc. M. Coccon
est aussi l'auteur de deux opéras -. Uggero il Da-
nese et Zaira ; j'ignore si ces deux ouvrages ont
été représentés.
*COCIIE (Marie- Anna MAZELIN, épouse),
veuve du lliltiste de ce nom, née à Paris le 10
mai 1.S11, est morte en cette ville au mois de
mars 1866. Elle était professeur de piano au
Conservatoire depuis le 12 février 1829.
*COC!IEREAU( ). L'auteur de l'/7is-
toire deV Académie royale de miisiqUe [\)nh\\('ii
par le Constitutionnel) donne les détails sui-
vants sur cet artiste : « Cochereau, d'àssez
bonne famille, étant encore jeune, s'engagea dans
les troupes; il obtint son congé à Lille, en Flan-
dre, et entra à l'Opéra de celte ville, pour chan-
ter dans les cluours. Il épousa une jeune actrice
assez jolie, qu'il amena ensuite à Paris. Coche-
reau et sa femme furent reçus à rO[iéra. D'a-
bord le mari ne joua que de petits rôles ; mais
enfin, se trouvant seul, il fit pendant plusieurs
années le destin des opéras. Avec beaucoup d'es-
prit et de goût, il ne put jamais vaincre une ti-
midité qui le prenait aussitôt qu'il paraissait au
théâtre ; ce qui mettait beaucoup de froid dans
son jeu. A l'égard de M'"^ Cochereau, elle s'en
tint aux confidentes et aux airs détachés, dans
lesquels elle brilla beaucoup. Elle mourut assez
jeune. Cochereau joua ju>qu'en 1719, qu'il, se re-
tira. » L'un des rôles qui firent le plus d'honneur
à Cochereau fut celui de Plutus, qu'il créa dans
le Carnaval et la Folie. Il avait débuté mo-
destement, le 23 juillet 1702, en chantant quel-
ques petits airs dans les divertissements de iMé-
dus, opéra de lîouvard.
COCHET (Robert), compositeur du seizième
siècle, a écrit la musique de la chanson : Plus
vous que moi/ servi ay-je, insérée par l'impri-
meur Pierre Attaignant dans le recueil de chan-
sons françaises à 4 voix publié par lui vers 1530.
COCLICUS (Adrien PETIT, surnommé),
musicien du seizième siècle. Une erreur assez
étrange s'est produite, dans la Biographie uni-
verselle des Musiciens, au sujet de cet artiste,
qui est inscrit tout à la fois au nom de Coclius
(au lieu de Coclicus) et à celui de Petit, ce qui
en ferait deux personnages distincts, tandis qu'il
s'agit en réalité d'un seul et même individu. Les
deux articles qui le concernent doivent donc être
fonilus en iiii seul, et l'on verra d'ailleurs que le
même ouvrage, son Compendiunï viusices, est
mentionné sous les deux noms.
CODESACA (Catarina SAPORITI, femme),
cantatrice italienne, naquit vers 1768. Elle pos-
sédait un talent fort distingué, et c'est elle qui
créa à Prague, en 1787, le rôle de Zerline dans
le Don Giovanni de Mozart. Elle était alors la
femme de Bondini, le directeur de la troupe, et
c'est sous ce nom qu'elle figure sur le livret im-
primé de la pièce. Mozart l'embrassa avec trans-
port après qu'elle eut chanté l'air : Batli, balti,
qu'elle disait d'une façon adorable, et [ le len-
demain, déjeûnant avec elle et Constance Weber
à l'hôtel des Trois-Rois, il lui dit : « Vous me
voyez rire, parce que je pense à un ()auvre mu-
sicien français que j'ai rencontré à Paris, et qui,
un soir, m'a singulièrement rabroué à propos de
mon intention de mettre Don Juan en musique.
L'idée n'était pas si mauvaise, après tout. » Au
mois de novembre 1869, les journaux italiens
annonçaient la mort de M™'' Codesaca ; mais la
nouvelle était... prématurée. Ce n'est qu'au mois
de mars 1870 que mourut à Milan cette artiste,
âgée alors de cent deux ans.
(.OEDES (Augiste), compositeur, né vers
1835, a rempli pendant plusieurs années les lonc-
tious de souffleur de musique à l'Opéra, fonc-
tions dont il s'est démis au commencement de
1875. Après avoir publié un assez grand nom-
bre de romances, de chansons et de morceaux
de musique de danse, M. Cnedès fit pour le petit
théâtre des Folies- Bergère la musique d'un bal-
let en un acte, le Bouquet de Lise, et écrivit,
en compagnie de MM. Hervé et Raspail, celle
d'une féerie en 4 actes et 16 tableaux, la Co-
cotte aux œufs d'or, qui fut jouée au petit
théâtre des Menus-Plaisirs au mois de janvier
1873; cela n'était que de peu d'importance.
Bientôt il aborda la scène avec un ouvrage plus
considérable, la Belle Bourbonnaise, opéra-
comique en 3 actes, qui fut représenté aux Fo-
lies-Dramatiques le 11 avril 1874 et assez bien
accueilli. Il n'en fut pas de même de Clair de
Lune, autre ouvrage en 3 actes, qui fut donné
au même théâtre le 11 mars 1875, et qui subit
une chute si complète qu'il fut à peine joué cinq
fois. M. Ciedès, qui a publié sous ce titre : Soi-
rées d'automne, chez l'éditeur Leduc, un recueil
de quinze mélodies vocales, a fait recevoir aux
Variétés une opérette en un acte, le Trouba-
dour de Pendule, qui n'a pas encore été repré-
sentée, et il a en portefeuille un ouvrage impor-
tant, la Grande Demoiselle, destiné par lui à
rOpéra-Comiquc. Il est aujourd'hui chef du
chant au Théâtre-Lyrique (Gaîté).
190
GOELHO — COHEN
COELHO (Le P. Manoel-Rodrigces), orga-
niste célèbre, naquit à Elvas (Portugal), vers 15S0.
Fétis lecite sens le nom de Bodrigues, ce qui
n'est pas exact-, les renseignements qu'il donne
sur cet artiste renferment aussi quelques erreurs.
Coelho fut organiste de la cathédrale d'Elvas,
puis de celle de Lisbonne, et quitta en 1603 ce
dernier emploi pour aller occuper les mêmes
fonctions à la chapelle royale, où il était encore
en 1620, lors de la publication de ses Flores de
Mvsica. La réputation de Coelho était univer-
selle en Portugal vers le milieu du XV1I'= siècle,
et les plus grands maîtres, entre autres Manoel
Cardoso, accueillirent ses travaux avec la faveur
la plus marquée. Il a fait imprimer : Flores de
Mvsica pera o instrvmento de Tecla, et
Harpa, Lisbonne, Pedro Craesbeeck (1620), gr.
in-folio de VI-233 p. Sur le verso de la sixième
page se trouve une gravure sur bois représen-
tant Sainte-Cécile touchant de l'orgue.
Les Flores de Mvsica ne renferment pas
moins de 57 morceaux de dilférent caractère,
pour voix seules, ou avec accompagnement d'or-
gue et de harpe. Ces compositions mériteraient
d'être plus connues, et il serait à désirer qu'on
en fît une édition nouvelle ; elles sont pour la
plupart très-remarquables D'ailleurs, on ne pos-
sède que fort peu de compositions des organis-
tes portugais, et le livre de Coelho est devenu
extrêmement rare.
J. DE V.
COE\EX(Je\x-M ), virtuose sur le basson
et compositeur, né à Amsterdam dans la première
moitié de ce siècle , a fait ses études musicales au
Conservatoire de la Haye. Exécutant remarquable
sur le basson , cet artiste , qui paraît doué d'une
grande fécondité comme compositeur, était, en
1864, chef d'orchestre du Grand-Théàfre hollan-
dais d'Amsterdam. Parmi les nombreuses produc-
tions de M. Coenen, je signalerai les suivantes :
Ada van Ilolland op Tessel, cantate pour solo,
chœurs et orchestre; symphonie à grand orches-
tre ; ouverture de Floris V ; ouverture du Roi de
Bohême; ouverture fantastique; musique pour
les drames suivants : DeBerggeesi, Het Spook,
De Amslerdanische jongen, Dezwarte diiivel;
sonate pour basson ou violoncelle et piano; ou-
verture nationale ; ouverture de concert -, concerto
pour basson ; fantaisies pour cor et clarinette;
6 morceaux de concert pour cornet à pistons; fan-
taisies pour orchestre, etc., etc. M. Jean Coenen,
qui est aujourd'hui et depuis une douzaine
d'années chef d'orchestre du Palais de l'Indus-
trie, à Amsterdam, est aussi l'auteur d'une granle
cantate intitulée Chant de Fe'te, pour voix,
orchestre et orgue, qui a été exécutée dans une
solennité donnée en ce palais, le 27 octobre 1875,
pour célébrer le 600' anniversaire de la fondation
d'Amsterdam.
COENEN (Franz), violoniste de grand mé-
rite, violon-solo de S. M. le roi des Pays-Bas,
professeur de violon et d'harmonie à l'école de
musique de la Société pour l'encouragement de
l'art musical à Amsterdam , e.«it né à Rotterdam
le 26 décembre 1826. Fils d'un organiste, il a
commencé ses études musicales avec son père ,
et les a terminées avec Molique et M. "Vieux-
temps. C'est un musicien distingué, et c'est sur-
tout comme violoniste de musique de chambre
qu'il s'est fait remarquer à Amsterdam , où il a
fondé la meilleure société de quatuors qui existe
en cette ville. M. Coenen a formé aussi de bons
et nombreux élèves.
Avant dé se fixer à Amsterdam, M. Franz
Coenen a voyagé pendant six ans en Amérique
et aux Indes, d'abord avec M. Henri Herz,
ensuite avec le grand pianiste Ernst Lubeck,
et il a parcouru avec eux les États-Unis, le
Mexique, le Pérou , le (Miili, le "Venezuela et les
Indes occidentales, en donnant de nombreux,
concerts où son talent de violoniste lui a valu de
grands succès. M. Coenen s'occupe aussi de com-
position, et il a écrit et publié de nombreux ou-
vrages (le 32* psaume, pour orchestre et chœurs,
plusieurs cantates , une symphonie , des quatuors,
et différentes pièces pour violon) , parini lesquels
il ne se trouve rien de bien saillant. M. Coenen
travaille et produit beaucoup; il aspire à devenir
un compositeur de premier ordre, sans pouvoir
y parvenir jusqu'ici , et il est à craindre que chez
lui le compositeur ne soit jamais à la liauteur du
virtuose. M. Franz Coenen est chevalier des or-
dres de la Couronne de chêne , de Gustave Wasa
et de Charles III d'Espagne. (1)
Ed. de H.
* COIIEN (Henry). Fixé de nouveau à Paris,
cet artiste, qui possède des connaissances étendues
en nuiiii.-matiqne, est employé au Cabinet des
médailles de la Bibliothèque nationale , ce qui ne
l'empêche pas de se livrer à l'enseignement du
chant. Dans ces ilernières années, M. Cohen a
publié : r Traité d'harmonie pratique et fa-
cile, T édition , suivie d'un abrégé des règles de
la composition musicale (Paris, Escudier);
(1) Deux frères ca'lets de cet artiste ont aussi suivi la
carrière musicale. L'un.!\I. Lniiis Coenen. ne à Rotterdam
vers 182S, partit pour l'Amérique en 1836, se rendit à
Bostiin, et se fixa en "ette villr ciirame organiste et comme
profe-seur: le second, M. Henri Coene?!, né aussi à Rotter-
dam, en iSil, fut élèvp rie son père pour le piano et se
livra ensuite à lenseipnenient. J'ijnori- si i'iin ou l'autre
de ces deux artistes s'est produit coœmi; compositeur.
COHEN — COLIN
191
2° Traité élémentaire et facile de contrepoint
et de fugue, dédié à M. Anibroise Thomas (id.,
d.); 3" Les Principes de la musique; la mu-
sique apprise en 12 leçons (id., id.). M. Cohen
s'est essayé dans la critique de l'art, et il est l'un
des collaborateurs les plus assidus de deux re-
cueils spéciaux, la Chronique musicale et l'Art
musical. Il a publié quelques morceaux de chant,
parmi lesquels la Voix de la nature, hymne,
l'Œillet de la falaise, mélodie. Adieu, Paris,
barcarolle, etc.
COIIEÎV (Léonce), violoniste et compositeur,
né à Paris, le 12 février 1829, fit ses études au
Conservatoire, où il eut pour professeur de fugue
Leborne. Il obtint le deuxième second grand prix
de composition musicale à l'Institut en 1851, et
le premier l'année suivante, avec une cantate de
M. Rollel, intitulée le Retour de Virginie.
M. Cohen, qui appartenait alors à l'orchestre du
Théàlre-ltalien , avait déjà publie quelques ro-
mances. A son retour de Rome, il rentra aux Ita-
liens, et, comme tant d'autres, fit tous ses
efforts pour aborder le théâtre, sans pouvoir y
réussir. Il fit paraître alors sous ce titre : Ecole
du Musicien, un ouvrage théorique extrêmement
volumineux, mais qui n'eut guère de retentisse-
ment. Ne pouvant se faire jouer sur une grande
scène, il donna aux Bouffes -Parisiens, le 17 fé-
vrier 1858, Mam'zelle Jeanne, opérette en un
acte, et aux Fantaisies- Parisiennes, le 11 juin
1S66, une autre opérette intitulée ^e^^wa. Depuis
lors , il n'a cessé de se livrer à renseignement.
* COIIEN (Jl'les), pianiste et compositeur.
Cet artiste, plus instruit qu'inspiré, et qui ne
paraît pas en possession des qualités qui doivent
distinguer le compositeur dramatique, a écrit
pour le théâtre quelques ouvrages dont le succès
a été médiocre et dont aucun n'a pu se maintenir
à la scène : 1° Maître Claude, un acte, Opéra-
Comique, 18 mars 1861; 2" José Maria, 3 ac-
tes , id., 16 juillet 1866 ; 3° les Bleuets, 4 actes,
Théâtre- Lyrique, 23 octobre 1867, opéra qui
obtint à peine dix représentations, en dépit de
l'influence que M^"' Niisson , qui en remplissait
le principal rôle, exerçait alors sur le public;
4^ Déa, 2 actes, Opéra-Comique, 30 avril 1870.
M. Jules Cohen a écrit aussi la musique de deux
cantates ; l'Annexion, exécutée à l'Opéra le
13 juin 1860 à l'occasion de la réunion de la Sa-
voie et du comté de Nice à la France , et Vive
r Empereur ! exécutée à l'Opéra- Comique le
1 j août de la môme année. Enfin, cet artiste a
conq)osé de nouvelle musique pour les chuMirs
d'Atlinlie, pour ceux A'Esther et pour ceux de
Psyché, à l'occasion de reprises de ces ouvrages
qui furent faites à la Comédie- Française, Tout
cela est déjà bien oublié, et le public ne connaît
guère le nom de M. Jules Cohen, qui est aussi
l'auteur d'une messe , exécutée à l'égiise de Jouy-
en Josas le 21 août 1859. Depuis 1870, cet artiste
est professeur de la classe d'ensemble vocal a»
Conservatoire.
* COKKEIV (JEAN-FRANçois- Barthélémy),
est mort à Paris, le 13 février 1875.
* COLET (Hippolyte-Raymond). On doit à
cet artiste l'accompagnement de piano de la pu-
blication des Chants et Chansons populaires de
la France faite par l'éditeur Delloye vers 1841
(3 vol. in-8'').Ce travail est loin de lui faire hon-
neur, et l'on peut en prendre pour preuve l'ac -
compagnement qu'il a placé sous le Chant du
départ, de MéhuI, lequel est un chef-d'œuvre
de mauvais goût et de non-sens tiarmonique.
COLIiV(CHARLEs-JosEPH),professeur de haut-
bois au Conservatoire de Paris,est né à Cherbourg,
le 2 juin 1832. Excellent professeur et musicien
fort distingué , M. Colin a fait de brillantes études
au Conservatoire, où il fut élève de Vogt pour
le hautbois , de M. Benoît pour l'orgue , d'Adolphe
Adam et de M. Ambroise Ttiomas pour la com-
position, et où il obtint les récompenses sui-
vantes : 2® prix de hautbois en 1851, et l"' prix
en 1852 ; 1" accessit d'Iiarmonie et accompagne-
ment en 1851, 2* prix en 1852, et 1" prix en
1853; 3' accessit d'orgue en I8.j3, et P' prix en
1854; i" accessit de fugue en 1854. Enfin,
M. Colin s'étant présenté en 1857 auconcoiu's de
l'Institut, il obtint le deuxième premier grand
prix de Rome , pour la cantate Clovis et Clo-
tilde, de M. Amédée Burion. Parmi les envois
de Rome qu'il fit à l'Académie des beaux-arts,
selon les prescriptions du règlement , on a remar-
qué, pour la première année, une messe solen-
nelle, qui a été exécutée depuis à plusieurs re-
prises , et pour la quatrième un opéra-comique
en un acte, qui dénotait de sérieuses et solides
qualités.
Pourtant, et malgré cette brillante carrière
scolaire, M. Colin n'a point recherché les succès
du compositeur, et il ne s'est point produit au
théâtre. Nommé vers 1868 professeur de hautbois
au Conservatoire en remplacement de Berthélemy,
qui lui-même venait de succéder à Triebert et
qui était mort peu de temps après, il a consacré
tous ses soins à sa classe, qui est devenue l'une
des meilleures de cet établissement. Dans un
temps où nos virtuoses d'instruments à vent sont
si peu musiciens, et où la plupart sont incapables
d'écrire avec correction, sinon avec élégance, un
morceau même peu développé , M. Colin se fait
remarquer par le soin et le talent qu'il apporte
dans la composition des solos de concours qu'il
192
COLIN - COLOMBIER
écrit chaque anrée pour ses éièves, et dont plu-
sieurs ont été publiés. — M. Charles Colin est,
je crois, orf^nniste de l'église Saint-Denis du Saint-
Sacrement.
* COLLA (Joseph). Aun trois opéras cités de
ce compositeur il en faut joindre un quatrième,
Andromeda, représenté vers 1778.
COLLET (N ), prolesseur de musique
à Paris , est l'auteur d'une brociiure dirigée contre
l'enseifinement de la musique en chiffres. Cet
artiste s'était lui-même, pendantplusieurs années,
consacré à cet enseignement, et après avoir, im
peu tardivement peut-être, reconnu l'inanité du
système, était revenu à la notation usuelle et
s'était tourné contre les défenseurs et les ajiôtros
de la doctrine de Galin. Voici le titre de l'opuscule
publié par lui : La Supériorité de la notation
musicale usuelle avouée par M. le docteur
Emile Chevé, impuissance du chiffre procla-
77iéepar J.J. -Rousseau, Galin, Aimé Lemoine,
Edouard Jiie, Emile Chcvé, etc., avec îin fac-
similé de l'écriture de Galin, etc., observations
lues à la Société pour Vinstruction élémen-
taire, par N. Collet. (Paris, Penotin, 1865, in-S°
de Ci pp.)
COLLIIX (CHARLEs),organistede la cathédrale
de Saint-Brieuc et compositeur, est l'auteur «l'une
grande cantate, la Bienvenue, pour soprano,
solo, chœur et orchestre, éciite et exécutée à
l'occasion de la réunion du Congrès scientifique
de France en'1872, d'une autre , composée pour la
réunion du Congrès catholique , enfin de la Can-
tate du Congrès celtique international (sur
paroles françaises et bretonnes). La réduction
pour chant et piano des partitions des deux pre-
mièiesaété publiée cliezl'éditeur M. Flaxhnd.celle
de la troisième chez M. Schott. M. Charles Collin
est encore l'auteur des compositions suivantes :
Six morceaux pour le grand orgue , op. 10, Paris,
Régnier- Canaux; F Orgue à Z'e^/ise, collection
de morceaux pour le grand orgue, id., id; 6
Bluettes pour harmonium, id., id.; Communion
(extrait du journal la Maîtrise), Paris, Heugel;
Elévation (id.), id., id.; Recueil de cantiques à
Notre-Dame d'Espérance , à 3 et 4 voix et chœur,
avec orgu?, Paris, Graff; Litanies de la Sainte-
Vierge, pour solo et chœur, id., id.; motets à 3
et 4 voix (Lacr'jmosa et Oro supplex, Ave ve-
rum, Tantum ergo, Kyrie, Languentibus,
Vivat), id., id.; Hymne à la Bannière, chœur
à 4 voix d'hommes , avec solo , id., id.; le Chant
du franc-tireur, chœur avec solo; Souvenir
du pensionnat, collection de 16 morceaux à 1,
2 et 3 voix égales et chœur, avec accompagne-
ment, Paris, Lemoine ; les Fêtes du pension-
nat, collection de 8 morceaux à 1, 2 et 3 voix éga-
les, avec accompagnement, Paris, Graff; Rêverie,
pour piano , op. 5, Paris, Heugel; Caprice pasto-
ral, id., op. 6, id., id.; le Hameau d'or, caprice-
mazurk, id., op. 11, id., id.; les Batteurs de blé,
id., op. 18, id., id.; Nocturne, id.,op. 19, id., id.;
Nocturne, id., op. 7, Paris, Lemoine; Rondo de
salon, id., op. 8, id., id.; Fantaisie-valse, id.,
op. 9, id., id.; le Chant du Souvenir, id., op. 15,
id., id.; Fêtes bretonnes, deux fantaisies, id.,
id., etc., etc. On doit encore à M. Charles Collin
un recueil ainsi intitulé : Cantiques bretons,
hymnes et légendes pieuses [Kantikou bre-
zoneli), transcrits pour orgue-harmonium, à l'u-
sage de l'office divin ( Saint-Brieuc, l'auteur,
in-S")-
COLLli\A(F -S }, compositeur italien,
est l'auteur de Maria Properzia de'Rossi ,
« scènes lyriques en trois actes avec prologue. »
Cet ouvrage a été exécuté au Cercle philodrama-
lique de Rome, le 12 février 1876, accompagné
par un oicbestre composé seulement d'un piano
et d'instruments à cord's.
COLO.AlliAT (E.. ....), docteur en médecine,
fils du docteur Marc Colomb«t, se fait appeler,
comme son père , Colombat [de V Isère). Pro-
fesseur d'orthophonie à l'Institution nationale des
Sourds-Muets, chargé d'un cours spécial au Con-
servatoire de Paris, M. Colombat est l'auteur
d'un écrit ainsi intitulé : De la Musique dans
ses rapports avec la santé pitblique [Paris,
Asselin, 1873,10-8" de 32 pp.).
COLOiMIilLR ( ) aîné, éditeur de mu-
sique à Paris, est auteur de l'écrit suivant, pu-
blié lors d'une discussion qui eut lieu au Corps-
législatif sur certains points relatifs à la pro-
priété littéraire et musicale, notamment sur la
reproduction, par les orgues et serinettes, de
morceaux considérés comme étant la propriété
de leurs auteurs et de leurs éditeurs : Lettre
adressée à monsieur le marquis d'Andelarre
sur la loi des instruments de musique méca-
niques (Paris, typ. Laine et Havard, 1865, in-8'
de 16 pp.). Comme éditeur de musique, M. Co-
lombier a publié les partitions des ouvrages dra-
matiques de M. Hi'nri Reber et plusieurs de ses
compositions instrumentales, ainsi que quelques-
uns des meilleurs opéras de Grisar, les Amours
du Diable, les Porcherons, la Chatte merveil-
leuse, le chien du Jardinier, etc., puis encore
le Médecin malgré lui de M. Gounod et la sym-
phonie en ré du même maître. C'est aussi lui
qui, pendant environ vingt-cinq ans, a publié
l'album de chant de M. Paul Henrion, qui obte-
nait tant de succès chaque année et dont la vente
était assurée d'avance. M. Colombier a ainsi livré
au public plus de troiscents mélodies, romances,
COLOMBIER — COLONNE
193
chansons ou chansonnettes de cet artiste, si
fécond en son genre.
COLOiV (Marguerite, dite Jenny), actrice et
chanteuse aimalile, qui jouit à Paris, pendant
plusieurs années, d'une trè^-grande réputation ,
naquit à Boulogne-sur Mer, le 5 novembre 1808,
d'une famille de comédiens obscurs. Douée d'une
voix charmante et d'une rare intelligence scéni-
que, elle avait déjà joué la comédie en province
lorsqu'elle vint, encore enfant , débuter à l'Opéra-
Comique, le 17 avril 1822, en compagnie de sa
sœur aînée, Éléonore Colon. Toutes deux se pré-
sentèrent en public dans les Deux Petits Sa-
voyards, de Dalayrac, Jenny jouant le rôle de
Joset , Eléonore celui de Michel. Peu de temps
après, le 14 septembre, M'"^ Colon mère venait
débuter à son tour dans l'emploi des mères-Du-
ga/oiî, en jouant M"* Hubert de l'Épreuve vil-
lageoise. Le succès de la jeune Jenny Colon avait
été très-grand; cependant, tandis que sa mère et
sa sœur restaient à l'OpéraComique, où elles
occupaient une situation secondaire, elle quittait
bientôt ce théâtre pour contracter un engagement
avec celui du Vaudeville, où elle se produisait
en 1823. Un an plus tard, elle allait donner une
série de repiésentiUions en Angleterre avec son
camarade Lafont , l'épousait à Gretna-Green , ren-
trait avec lui au Vaudeville en 1825, sous le nom
de M'"*" Lafont , et au hout de peu de temps s'a-
dressait à la justice pour faire casser un mariage
qui ne pouvait rester valable devant aucun tri-
bunal. Elle quitta alors le Vaudeville, après y
avoir créé avec éclat la Laitière de Montfermeil,
de Paul de Kock, fit une courte apparition au
Gymnase, et fut engagée aux Variétés, où elle
obtint des succès retentissants, et où les auteurs
s'empressèrent de travailler pour elle de façon à
faire briller sa voix et son goût pour le chant.
Parmi les pièces dans lesquelles elle fit courir le
public soit au Gymnase, soit aux Variétés, il
faut citer /f5 Trois Maîtresses, la Prima donna,
une Fille d'Eve, Madame d'Egmont, le Ma-
riage par ordre, Clémence et Caroline, les
Amours de Paris, la Camarade de pension,
Madelon Friquet, et un petit opéra-comique
expressément écrit à son intention par M. Pilati
(Voyez ce nom), le Mylord et la Modiste.
Son ambition pourtant était de reparaître sur
la scène où elle s'était montrée pour la première
fois à Paris. Sa beauté s'était accomplie, sa voix
s'était tout à fait formée, ainsi que son talent de
chanteuse, et elle était devenue une comédienne
d'un mérite supérieur, au jeu plein de distinction,
de finesse et de grâce. C'est alors que Crosnier,
directeur de l'OpéraComique, vint combler
ses vœux en lui offrant un engagement. Elle
BIOGR. UiMV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T.
rentra à ce théâtre, le 26 avril 183G, dans le
premier ouvrage de Grisar, Sarah, y fut accueillie
avec la plus grande faveur, se montra bientôt aux
côtés de M'"* Damoreau dans V Ambassadrice,
et créa successivement plusieurs rôles importants
dans Piquillo et le Planteur, d"Hippolyte Mon-
pou, dans le Fidèle Berger, d'Adam, le Perru-
quier de la Régence, de M. Ambroise Thomas,
la Mantille, de M. Luigi Bordèse, ^iles Treize,
d'Halévy. Cependant, le caractère inconstant de
cette artiste charmante l'empêcha de se maintenir
sur une scène où l'avaient suivie la sympathie et
l'affection du public. En 1840 elle quittait l'Opéra-
Comique, allait faire une brillante tournée en
province , et, désireuse d'aborder le grand genre
lyrique, acceptait un engagement de « première
chanteuse à roulades » de grand opéra pour le
théâtre de la Monnaie, de Bruxelles. Très-bien
accueillie "en cette ville dans le nouvel emploi
qu'elle abordait, elle n'y put cependant rester
plus de quelques mois, pour raisons de santé. Elle
y chantait pour la dernière fois, le 6 juin 1841,
le rôle de Valentine des Huguenots , obtenait le
lendemain un congé pour cause de maladie, re-
venait aussitôt en France, el mourait juste un an
après, à Paris, le 5 juin 1842, à l'âge de trente-
trois ans. — Pendant son second séjour à l'Opéra-
Comique, Jenny Colon avait épousé un artiste
fort distingué, Leplus, flûtiste de ce théâtre.
* COLONiXA (Jf..\n Paul). Cet artiste a écrit
la musique d'un oratorio qui fut exécuté à Modène
en 1688 : la Caduta di Gerusalemme sotto
l'imperio di Sedecia, ultimo re d'Israele.
COLOJXXE (Jules), violoniste et chef d'or-
chestre, né à Bordeaux le 23 juillet 1838, a fait
son éducation musicale au Conservatoire de
Paris , où il fut élève de Girard et de M. Sauzay
pour le violon, de M. Elwart pour l'harmonie,
et de M. Ambroise Thomas pour le contrepoint
et la fugue. Il obtint un second accessit de violon
et un premier accessit d'harmonie en 1857, le
premier prix d'harmonie en 1858, un premier
accessit de violon en 1860, le second prix en 1862
et le premier prix l'année suivante. Devenu pre-
mier violon à l'orchestre de l'Opéra , M. Colonne
abandonna cette position pour fonder, en 1871,
le Concert national, devenu depuis l'Associa-
tion artistique, dont les séances eurent lieu
chaque dimanche, pendant la saison d'hiver
d'abord dans la salle du théâtre de l'Odéon, puis
dans celle du théâtre du Châtelet. C'est au Con-
cert national et à l'Association artistique, où
M. Colonne accueillit volontiers quelques-uns des
jeunes compositeurs de la nouvelle école fran-
çaise, que furent exécutées certaines de leurs
œuvres importantes, Marie-Magdeleine et les
I. 13
194
COLONNE — CONCEICAO
Scènes pittoresques de M. Massenet , le concerto
de violon, la Fantaisie espagnole et des fragments
du Fiesque de M. Edouard Lalo, les Pièces Wor-
^hcstre t\e M. Théodore Dubois, Rome et Na-
pies de M. Ributeaii , Mazcppa, cantate de
M. Paul Puget, enfin diverses œuvres de MM. BL-
aet, Albert CaUcn , etc., etc. M. Colonne, dont
le talent de clief d'orchestre est très-réel et dont
les qualités de musicien sont incontestables , a su
créer, à côté des Concerts populaires de M. Pas-
deloup , une entreprise analogue mais non sem-
blable, dans laquelle il a fait au jeune art français
tine place fort honorable et fort importante; grâce
à l'accueil qu'il reçoit du jeune chef d'orchestre,
celui-ci peut se développer dans des conditions
qui jamais encore ne lui avaient été si favorables,
«t s'impose chaque jour davantage à l'attention
et aux sympathies du public.
COLYAS (Jeats-Baptiste), violoniste belge,
né à Bruxelles le 2J novembre 1834, a fait de
bonnes études au Conservatoire de Bruxelles , où
il eut pour maître Wéry, et où il obtint un
-second prix au corn ours de 1849, et ensuite
le' premier. M. Co'jns, après avoir terminé
son éducation artistique, se livra à l'enseigne-
ment et à la composition. Devenu violonsolo
aux Concerts populaires de Bruxelles, il y fit
exécuter, il y a quelques années, un schrrzo sym-
phonique qui fut accueilli avec faveur; puis,
son talent de virtuose se développant de plus en
plus, il fut nommé professeur dans l'établisse-
ment dont il avait été l'élève. Vers 187'2, cet ar-
tiste vint se faire entendre à Paris, et fit appré-
cier aux Concerts populaires, dans un concerto
de Rode, un talent fin, délicat, distingué, auquel
on aurait souhaité peut-être un peu plus d'am-
pleur et d'animation. Depuis lors, il a voyagé
en Angleterre, en Hollande et en Allemagne, et
il a obtenu des succès, particulièrement à Dresde,
où , dans la seconde séance donnée par lui en
compagnie de son compatriote, M. Fischer, il a
joué un concerto de sa composition. M. Colvns a
donné au théâtre de la INhinnaie, de Bruxelles, en
1877, un petit opéra intitule Sir William.
COMBI (P ), compositeur italien, est
l'auteur d'un opéra sérieux intitulé Gincvra di
Monreale.
* COIllETTANT (Jean-Pierre-Oscar),
compositeur et écrivain musical, a succédé de-
puis plusieurs années à M. Gustave Chadeuil
comme feuilletoniste musical du journal le Siè-
cle, auquel il était attaché déjà depuis plusieurs
années ; il a d'ailleurs fourni un grand nombre d'ar-
ticles à beaucoup d'autres journaux et recueils,
parmi lesquels il faut citer le Musée des famil-
4es, la Gazette musicale, la Mélomanie, le
Ménestrel, la France musicale, l'Art musical,
le Luth paiçais, l'Almanach musical, etc.
Aux publications littéraires de M. Comeltant rela-
tives à la musique, il faut ajouter les suivantes :
r Musique et Musiciens (Paris, Pagnerre, Ï862,
in- 12°); 2° la Musique, les viusiciens et les
instiumenfs de musique chez les différents
pcupli s du monde, archives complètes de tuiis
les dQCU)nenis qui se rut tache ut à l'Exposition
internationale de 1867 (Paris, Lévy, 1809, grand
in 8"; ; 3° les Musiciens, les phihisophes et les
gaites de la musique en chiffres, réponse à
M. Francisque Sarcey (Paris, Dentu, 1870, bro-
chure in-S") ; 4" Francis Planté, portrait musical
à la plume (Paris, impr. Chaix, (874, brochure in-
8").A ces divers écrits on peut joindre encore le vo-
lume intitulé le Danemark tel qu'il est, dans le-
quel on trouve des renseignements sur la musique
et le théâtre en ce pays (1). Au nombre des com-
positions musicales publiées par M. Comettanf,
on doit citer : 1° Heures d'harmonie, petites
pièces pour piano (Paris, Heugel) ; 2" trois livres
d'études pour piano; 3" plusieurs morceaux re-
ligieux pour voix lie soprano , avec accompagne-
ment de piano ou d'orgue : 0 Salutaris, Ace
Maria, Ad te levavi, Ecce panis. Veni sancte;
4° Ave Maris Stella, duo; 5° Tantum crgo
pour voix de basse; 6° Hymne à la Vierge, pour
trois yoi\ de femmes et soli ; 7" VInde révoltée,
symphonie vocale en 5 parties ; 8° les Voix de
Jeanne d'Arc, morceau à deux chœurs et à huit
parties, etc., etc.
COKCEIÇAO (et non CONCEIÇAM). —
Aux musiciens portugais de ce nom mentionnés
dans la Biographie universelle desMusiciens,
il faut ajouter les quatre suivants :
Antonio du Couceiçâo fut un des plus célè-
bres chanteurs de musique sacrée qui aient existé
en Portugal. Il naquit à Lisbonne en 1579, et fit
en cette ville son éducation musicale; ses disposi-
tions étaient si remarquables qu'on l'employa dans
les offices de la chapelle royale dès sa premièie
jeunesse, et qu'il se fit une réputation à Lisbonne
même avant d'avoir atteint sa quinzième année. A
l'âge de quinze ans il entra au couvent de l'ordre
trinitaire à Lisbonne , et la haute société de cette
ville se donnait rendez- vous dans l'église de la
Trinité, pour admirer la voix incomparable et le
talent extraordinaire du jeune religieux. Il paraît
cependant que l'excès de travail porla atteinte
à se-: facultés; il perdit bientôt la voix à tel point
qu'il ne pouvait presque pas parler.Toutefois, lors-
(1) Le livre intitulé Portefeuille clUiii musicien a été
signalé à tort au iiora Je M. Con-.eltant, qui n'a rien pu-
blié sous ce ii rc.
CONCEIÇAO
qu'il moiiiul en 1655, sa renommée était telle
que toute la cour se (it un lionneur d'assister aux
splendides funérailles que lui fit faire la comtesse
de Serem. Macliado ne loue pas moins l'exfrôme
agilité que la douceur et la justesse remarquable
de la voix de cet artiste fameux.
Felipe du Conceiçdo, religieux de l'ordre mi-
litaire espagnol de N. S. f/as' Merçês, naquit à Lis-
bonne vers la fin du XVF siècle. Ses Vilhan-
Cicos (1) étaient très-estimés , surtout ceux 2qu'il
avait écrits pour les fêtes du Sacramento et
Nalal et qui existaient dans la bibliotbèque de
musique du roi D. Jean IV.
J. deV.
Frère Manocl da Conceiçâo, religieux fran-
ciscain du couvent de Xabregas, près de Lisbonne,
fut vigario do coro (chef du cbant) dans ce
monastère. Il a écrit : Manuale scraficum et
ronutrmmjuxia usum frairum Minorum almx
provincix Algarbiorum ordinis Sancti Fran-
cisai,etc., Uiyssipone, 1732,in-4''en deux parties
de XIV- 317 pages et II r 332 pages. C'est la
deuxième édition de ce traité. Il y a eu une
édition antérieure, que je ne connais pas, et une
postérieure, faite en 1746, fort augmentée et avec
quelques changements sur le titre. Ce traité est
une compilation de toutes les cérémonies reli-
gieuses en usage dans l'ordre des Fransciscains,
ti.'xte et musique en regard.
Frère Bernardo da Cnticekâo, théoricien
renommé, vécut vers le milieu du XVIII' siècle,
à Lisbonne. On connaît de lui : 0 ecclesiastico
instruido scieniificamcnte na Art.', do Canfo-
chdo e Modo facil e claro para aprenier
Cantochdo. Lisbonne, 1788, in-4° de XII-1091
pages, dont cinq de planches (2).
* COXCOXE (Joseph), est mort à Turin au
mois de juin 1861. Cet artiste aimable était re-
tourné dans sa patrie après un séjour en France
de dix ans environ. Peu de temps après son ar-
rivée à Turin, il s'était vu confier la charge d'or-
ganiste de la chapelle royale, mais, malgré cette
situation, il ne put parvenir à faire représenter
un opéra qu'il avait en portefeuille, Graziella.
* COXFORTO (NicoLo), compositeur dra-
matique, né dans le royaume da Naples. Avant
(1) J'ai donné dans mon Ensaio (paj. 18-19}, une liste
de 96 composileurs de P'ilkanrieos dont les œuvres exis-
taient dan*; l;i bibliothèque du roi.
(2) Ce gros ouvrage est un des meilleurs traités de plain-
chant que je connaisse, très-complet, très-riche en bons
exemples et plein d'érudition. Malheureusement, l'ouvrage
est fort rare, car on n'a broché qu'une très-pelite partie
del'éJiton; Ir reste a été détruit. Les quelques exem-
plaires qui existent en Portugal n'ont pas de frontispice.
11 parait que l'auteur a pulil é un résumé de son grand
ouvrage sdus ce titre ; Modo facil parx ap.endcr Can-
tochào, l'î89.
CONINCK.
195
de donner à Londres son Anligono , cet artiste
avait fait représenler les deux ouvrages suivants :
1° la Finta T'erfoca, Naples, th. des Fiorentini
1746; 2" la Aitieli, opéra donné à Madrid, en
1756, pour le jour de naissance du roi d'Espagne.
Le livret de ce dernier ouvrage, qui est de Mé-
tastase, porte en tète une dédicace au grand
chanteur Farinelli (Carlo Bioschi), alors tout
puissant à la cour de Madrid ; celte dédicace est
accompagnée d'un sonnet qui n'a jamais été re-
produit dans les œuvres de l'illustre poète.
CO\I\CK (Jacques-Félix DE), pianiste
distingué et compositeur , né à Anvers le 18 mai
1791, recul ses premières leçons de deux orga-
nistes de cette ville. De Trazegnies et Hœfnagels.
Il vint ensuite à Paris, fut admis au Conserva-
toire d'abord dans une classe de piano , puis
dans la classe d'harmonie de Perne, et obtint 1«
premier prix d'harmonie en 1813. De retour à
A:ivers en 1818, il en repartit en 1826 pour l'A-
mérique, visita successivement les principales
villes lies États-Unis, où il devint l'accompagna-
teur de M"'* Malibran, séjourna assez longtemps
à Philadelphie, puis revint en Europe, passa plu-
sieurs années à Paris, et enfin retourna dans sa
ville natale, où il fonda la Société de l'HHrmonie.
Il mourut à Schaerbeek-lez-Bruxelles, le 25 avril
186S. J.-F. de Coninck a publié en France plu-
sieurs compositions pour le piano, entre autres
des concertos, des sonates et des airs variés.
COXINCK (Josepu-Bern.vrd DE), né à
Ostende (Belgique) le 10 mars 1827, suivit fort
jeune sa famille, qui allait s'établir à Anvers, et
fut élevé dans cette ville, où il fit de bonnes
études classiques. Son père le destinait à la car-
rière scientitique, et voulait en faire un ingé-
nieur civil; mais le goût de la musique et des
belles-letlres se développa chez le jeune homme,
qui', au sortir du collège, débuta par un succès
lihéraire : son Essai sur Vhistoire des arts et
des sciences en Belgique fut coui'onné au con-
cours de 1845 par la Société royale pour l'encou-
ra^ierui^nt des Beaux-Arts à Anvers. A partir'de
ce moment, il s'adonna exclusivement à la mu-
si(|ue, travailla le piano, l'orgue, l'harmonie et
le contrepoint sous la direction d'un artiste fort
dislingué, do Leun, maître de chapelle de l'église
Saint- And ré, et bientôt écrivit plusieurs sonates
pour le piano et mit en musique les chœurs du
Paria, de Casimir Delavigne.
Désireux de compléter ses études, M. de Co-
ninck vint à Paris en 1851, se fit présenter à Au-
ber, et lui soumit sa partition des (b(Purs du
Paria. Auber reconnut des qualités dans cette
œuvre, car il choisit trois de ces chœi.Ms et les
fit exécuter par les élèves du Conservatoire, dans
196
CONINCR — CONSTANTIN
un exercice public dirigé par Batton. En même
temps il engagea le jeune artiste à poursuivre ses
travaux , et le fit entrer dans la classe de Le-
borne , avec lequel il étudia pendant trois années
la composition et la fugue. M. de Coninck se
fi\a ensuite définitivement à Paris, où il se livra
à l'enseignement et à la composition.
Cet artiste a publié chez différents éditeurs des
romances, des mélodies, des chœurs sans accom-
pagnement et des morceaux de piano. Il a signé
seul la musique d'un opéra-comique en deux ac-
tes , Maure Pathelin, écrit par lui en société
avec INI. Théodore de Lajarte {Voyez ce nom),
et représenté au théâtre Tivoli, et a donné au
même théâtre une opérette en un acte, le Rat de
ville et le Rat des champs. Il a eu aussi un ou-
vrage reçu à l'Opéra-Comique, mais qui n'a ja-
mais été représenté, et a fait répéter h l'Athénée
un opéra-comique en un acte, la 'Fille de Fi-
garo, que le désastre subi par ce théâtre a ra-
mené dans les cartons de son auteur. Depuis
plusieurs années, M. de Coninck s'est occupé de
critique musicale, et il a collaboré , sous ce rap-
port , à divers journaux et recueils : la Chro-
nique, la Vérité, la Constitution, la Gazette
de Paris, la Revue nationale et étrangère,
l'Echo et la Revue de la Musique. *f--
* CONRAD DE MURE, chanoine et pre-
mier chanteur de l'église principale de Zurich.
Outre son traité : De Musica, M. George Becker
cite un autre ouvrage de cet artiste : I\'ovus
Grœcimus, dans lequel il donne la description
de différents instrumenis, tels que l'orgue, le na-
bium, le psaltériou, la cjthare, la lyre, le fifre,
le tympanuin, etc.
* COXRADI (Adguste). A la liste des ou-
vrages dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter les suivants : 1° La Madone Sixline,
Berlin, théâtre Victoria , septembre 1804 ; —
2° Le valet Rupert, opéra-féerie, Berlin, théâtre
Kroll, novembre 1865; — 3" Voilà bien les
femmes, opérette en trois actes, Berlin, théâtre
\\alner, septembre 1867 ; — 4° Dans les vignes
du Seigneur, opérette, Berlin, théâtre Frédéric-
AVilhehii , novembre ou décembre 1867; — 4"
La plus belle fille du bourg, opéra-comique en
deux actes, id., il, juin 1868. Conradi est mort
à Bi'rlin le 26 mai 1873.
COI\RADIl\ (C... F...), compositeur au-
trichien , établi à Vienne, a fait représenter en
cette ville les trois ouvrages suivants ; 1° Goliath,
opérette, Karl théâtre, mai i86i ; — 2"Un Jeune
Candidat, opérette, théâtre de l'Harmonie, 20
octobre 1S66; 3" Turandot, opérette, même
théâtre, 29 novembre 1806. M. Conradin a donné
aussi, au théâtre populaire de Munich, en 1866,
une opérette intitulée " iin Premier Essai.
COXRARD¥ (JuLE.';), né à Liège le 27 jan-
vier 1836, apprit la musique avec un bon pro-
fesseur,M. Decharneux. Dés l'âge de quinze ans,
i!]élait organiste à l'église Sainte Marguerite, et
passa successivement en la même qualité à Saint-
Servais, puis à Saint- Antoine, oîi il exerce encore
aujourd'hui. A dix-neuf ans, ilsuivit au Conser-
vatoire , sous la direction de Daussoigne-Méhul,
un cours d'harmonie, de contre-point et de fugue.
A vingt-trois ans, il obtenait à Bruxelles, au grand
concours de composition musicale , le second
grand prix de Rome , pour sa cantate intitulée :
le 'Meurtre d'Abel. Revenu à Liège, il s'occupa
spécialement de composition, 'abordant tour à
tour la musique religieuse et la musique théâ-
trale. En 1864, il fut nommé professeur de sol-
fège au Conservatoire. Ses œuvres religieuses,
dont plusieurs ont été publiées à Liège, chez
Muraille, se composent d'une messe solennelle à
grand orchestre, de deux Te Deum, île litanies,
d'antiennes, de plusieurs messes à trois et quatre
voix , etc. Il a fait représenter avec succès sur
les théâtres de Liège quatre opéras- comiques en
un acte, savoir : le Père Làjoie (1858), Annibal
et Scipion, (1860), Jeanne et Jeannot (1861),
le Bot de l'arbalète (1862). Un autre opéra en
un acte, leLoup-Garou, a remporté le prix à un
concours ouvert en 1872 par la Société d'émula-
tion, et a été donné sur le théâtre royal de
Liégé le 20 mars 1874.
M. Conrardy a 'publié , en outre, un album
de romances, des danses pour le i)iano, etc.
F. D.
COXROT (Alice), musicienne qui s'est con-
sacrée à l'enseignement, est l'auteur d'une bro-
chure qui a été [uibliée sous ce titre : Abrégé
de Vhistoire de la musique et des principaux
compositeurs, à l'usage de la jeunesse (Lisieux
impr. Lajoye-Tissol, 1876, 10-8° de 36 pp.) Ce
petit écrit, d'ailleurs sans prétention, est d'une
faiblesse et d'une inutilité absolues.
CONSOLLM ( ), compositeur italien ,
est l'auteur d'un opéra bouffe intitulé la Finta
Pazza.
COXSOXI (GiROL\Mo), organiste et compo-
siteur, vivait dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Ses deux lils, Giovanni-Battista
Consoni et Giuseppe Consoni, organistes et com-
positeurs comme lui, prêtres tous deux, furent
agrégés, en 1758, à l'Académie des Philharmo-
niques de Bologne. Le premier surtout, Gio-
vanni-Battista, jouissait d'une grande réputation
comme organiste.
* COXSTAXTIX (Louis), violon de la mu-
sique de Louis XIII et roi des Ménétriers, suc-
CONSTANTIN — CONSUL
19t
céda dans cette charge singulière à François Ri-
chomme. On ne connaît pas la date de sa nais-
sance, mais on sait ([n'i! se maria le 20 janvier
1610, à la paroisse Saint-Mcrri -, on peut donc
supposer qu'il naquit entre 1580 et 1585, et qu'il
était septuagénaire lorsqu'il mourut en 1657.
COi\STANTL\ (Titus Cuarles), chef d'or-
chestre, violoniste et compositeur, est né à Mar-
seille le 7 janvier 1835. Après avoir commencé
son éducation musicale en province, il \int à
Paris et fit, comme tous nos jeunes violonistes,
partie de l'orchestie de divers théâtres, entre
autres du Théâtre-Italien et du Théâtre- Lyrique.
En même temps il se faisait admettre au Con-
servatoire, dans la classe de M. Amhroise Tho-
mas (l'^''juin 1858), et au bout de quelques années
d'études se présentait au concours de l'Institut ;
Jl obtint une mention honorable au concours de
1861, et le second grand prix en 18C3, pour la
cantate David Rizzio, paroles de M. Gustave
Chouquet. Lorsque M. Martinet fonda sur le bou-
levard des Italiens, en 1866, l'aimable théâtre
des Fantaisies-Parisiennes, M. Constantin en de-
vint le chef d'orchestre, et c'est à son influence,
à son action intelligente, à ses goiUs réellement
artistiques, qu'on dut de ne pas voir verser ce
théâtre dans l'ornière de l'opérette prétendue
bouffe, alors si fort à la mode, et qu'on le vit au
contraire s'engager résolument dans la voie du
véritable opéra- comique, accueillant à bras ou-
verts les jeunes compositeurs, mettant au jour
d'intéressantes traductions d'opéras éliangers,
tels que l'Oie du Caire, de Mozart, la Croisade
des Dames, de Schubert, il Campancllo, de
Donizetti, Sylvana, de Weber, et enfin repre-
nant d'adorables chefs-d'œuvre du vieux réper-
toire français, dont l'Opéra- Comique semblait
ne plus se soucier : les Rosières, le Muletier,
d'Hérold ; le Déserteur, de IMonsignv ; le Sor-
-cier, de Philidor; le Nouveau Seigneur du vil-
lage, le Calife de Bagdad, la Fête du village
voisin , de Boieldieu , etc. , etc. Avec un or-
cheslre incomplet, des chœurs insuffisants , un
personnel de chanteurs très-secondaires, mais
auxquels il savait communiquer sa flamme et
son ardeur, M. Constantin , qui ne ménageait
ni son temps ni sa peine, obtenait des résultats
surprenants au point de vue de l'exécution, et
attirait l'attention générale sur ce petit théâtre,
dont il était en réalité le moteur et le soutien.
A la suite de la fermeture de l'Atiiénée,
M. Martinet ayant transporté son théâtre dans
le local de ce dernier, M. Constantin trouva un
nouvel élément à son activité. La direction vou-
lait transformer son répertoire en l'agrandissant,
et l'on joua à l'Athénée de véritables grands opé-
ras, sérieux ou bouffes, tels que les Brigands,
de Verdi, les Masques] {Tutti in Maschera),
de M. Pedrotti, le Docteur Crispin, des frères
Ricci. L'exécution était toujours excellente, et
c'était toujours M. Constantin qui était à sa tête.
Cependant, des difficultés étant survenues entre
lui et l'administration, le jeune artiste quittait
l'Athénée, en septembre 1871, pour aller diriger
les concerts du Casino, dont M. Métra dirigeait
les bals. Là encore son influence se fit sentir, et
il donna à ces concerts un caractère plus sérieux, '
plus vraiment musical que par le passé. Néan-
moins il rentrait à l'Athénée au mois de janvier
1872, mais bientôt, ce théâtre ayant fermé ses
portes, M. Constantin devenait chef d'orchestre
du nouveau théâtre de la Renaissance, fondé
par M. Hostein. Lorsque celui-ci, qui était en
même temps directeur du Chàtelet , voulut es-
sayer d'acclimater l'opéra sur cette vaste scène,
et y monta la Belle au bois dormant de M. Li-
tolff, c'est M. Constantin qu'il chargea de l'or-
ganisation musicale du Chàtelet et de la direction
de l'orchestre. L'essai n'ajant pas réussi, l'ex»
cellent artiste retourna à la Renaissance. De-
puis lors, il a été appelé (septembre 1875) à suc-
cé<ler à M. Deloffre dans la direction de l'or-
che>lre de l'Opéra-Comiquë ; mais lors du chan-
gement d'administration qui fit succéder M. Car-
valho à "SI. du Locle comme directeur de ce
théâtre, l'engagement de M. Constantin ne fuf
pas renouvelé.
Au milieu de ses travaux multiples, M. Cons-
tantin n'oubliait c<^pendant pas complètement
qu'il élait compositeur. Il écrivit les partitions
de Bak-Bek, ballet en deux actes représente au
Grand-Théâtre de Lyon eu janvier 1867 : de
Salut, cantate exécutée à l'Atiiénée le 15 aoul
de la même année; et de Dans la Forêt, opéra
comique en un acte joué à l'Athénée le 2 né-
cembre 1872, 11 a composé aussi plusieurs mor-
ceaux importants pour les concerts du Casmo
lorsqu'il en était directeur, entre auties Rolla,
ouverture exécutée en janvier 1872, et une Ou-
verture villageoise, exécutée au mois de février
de la même année.
CONSUL (J ). Un musicien de ce nom
a publié un certain nombre de compositions re-
ligieuses , dont voici les titres : r Trois can-
tiques sacrés pour la Communion , à 3 voix éga-
les ; 2" Hymne et Oraison, deux chants sacrés à
3 voix égales; 3° Domine non secundum,\mère
à 3 voix égales ; 4° Descends du haut des
deux! invocation, chant à 2 voix ; 5° Cantique
de sainte Thérèse , après la Communion, pour
2 sopranos et chœur; 6° le Nom de Marie,
cantique avec solo, duo et chœur; '"Prémices
198
■? CONSUL — CONTI
du Printemps, cantique avec solo et chœur ;
8° Motet pour la fête des Saints, solo et chœur
à 3 voix ; 9° Hymne à rÉteri<el, récitatif pour
basse, prière et cliœur à 4 voix. Toutes ces œu-
vres ont été publiées à Paris, chez Heugcl.
* CONTANT D'ORVILLE. VHistuire de
l'opéra bouffon publiée en 1768 n'était pas
l'œuvre d'un seul, mais bien de deu\ écrivain;!,
les frères Contant d'Orviile. La préface du livre
le dit expressément, et il n'y a pas lieu de croiie
là à une supercherie, dont l'utilité serait nulle :
« Cet ouvrage est l'amusement de deux frères,
qui, forcés par état de passer alternativement
six mois à Paris et six mois en province, et tou-
jours séparés l'un de l'autre', se sont rendu
compte des bagatelles qui, par leur nouveauté,
fixoient l'altention du public; ils ont cru que les
amateurs d'anecdotes théâtrales ne seroient pas
fâchés de voir réunies sous un même point de
vue toutes les pièces du nouveau genre »
Cette dernière phra^e donne lieu à une remarque.
Les « pièces du nouveau genre, » ce sont les co-
médies à arietles, les pièces en musique, les opé-
ras bouffons, comme on les qualifiait parfois
alors, celles qui.se jouaient, soit à l'Opéra-Co-
niique, soit à la Comédie-Italienne, où elles ve-
naient seulement de naître et de prendre leur
vol. En effet, les frères Contant d'Orviile ne
parlent que de celles-là, et passent absolument
sous silence les comédies, ballets, divertissements
ou vaudevilles (ces derniers qualifiés, à celte
époque, d'opcias-comiques). Les deux frères
n'ont donc point fait, comme Desboulmiers ou
les frères Parfait, l'histoire d'un théâtre, soit
Comédie-Italienne, soit Opéra-Comique, mais
l'histoire d'un genre de pièces qui se produisaient
à la fois sur deux scènes importantes, le genre
des pièces à ariettes, illustré dès ses premiers
essais par Duni, Philidor et Monsigny, Leur li-
vre, consacré, presque dès sa naissance, à
r« opéra boutfon, » peut nous donner une idée
du plaisir que celui-ci procurait au public.
CONTK (Aîstomo-Ernesto), pianiste et com-
positeur, né à Salerne le 23 octobre 1826, étudia
le piano avec Giuseppe Lillo, l'harmonie avec
Son père et avec Giuseppe Barberi, et la com-
position avec Fenaroli et Carlo Assenzio. Il se
produisit de bonne heure comme virtuose, puis
se consacra à l'enseignement tout en se livrant
à d'actifs travaux de composition. M. Conte n'a
pas publié moins d'une centaine d'œuvres de di-
vers genres pour le piano, sans compter un assez
grand nombre de mélodies vocales, et beaucoup
de morceaux de musique religieuse avec accom-
pagnement d'orche.stre.
CONTE (Jean), violoniste et compositeur,
naquit à Toulouse le 12 mai 1830, et s'adonna
de bonne heuie à l'étude du violon, puis à celle
de l'harmonie et de la composition. Devenu élève
de Carafa au Conservatoire de Paris, il était
chef d'orchestre au petit théâtre Comte, lors-
qu'en 1855 il remporta le premier grand prix de
composition 'musicale à l'Institut ; les paroles de
la cantate qui lui avait valu ce prix étaient de
M. Camille du Locle, qui fut depuis directeur de
rOpéra-Comiqne, et cette cantate avait pour
titre Acis et Galatée. Pendant son séjour à
Rome, M. Conte adressa à l'Académie des beaux-
arts, pour ses envois réglementaires, une messe
solennelle (i"^" année), des fragments d'un opéra
italien intitulé Isabella di Lara (2' année),
et enfin un Dies irx en sept morceaux et luie
symphonie (3* année) ; îles fragments de cette
synqthonie furent exécutes en lSô9, à la séance
publique annuelle de l'Académie.
A son retour d'Italie, M. Conte chercha, comme
tant d'aulres, à se faire jouer sans pouvoir y
parvenir. Il se livra alors à l'enseignement, de-
vint professeur à l'école des frères de Passy, et
entra à l'orchestre de l'Opéra en qualité d'alto,
ainsi qu'à la Société des concerts du Conserva-
toire. jM. Conte publia ensuite une Méthode de
violon, plusieurs livres de duos de violons, et
un certain nombre de petits moiceaux et fantai-
sies pour piano et violon qui furent particuliè-
rement bien accueillis des artistes et des ama-
teurs. On lui doit aussi plusieurs morceaux de
chant, la Charité, hymne, Oh donc vont les
hirondelles? rêverie, ie Grand Fcnewr, légende,
la Marchande de plaisirs, chansonnette, ainsi
qu'un Duo concertant pour piano et violon sur
des airs italiens, écrit en société avec M. Adrien
Barthe. Dans ces derniers temps, M. du Locle s'est
souvenu de son ancien collaborateur, et lui a
confié le livret d'un petit ouvrage en un acte,
Beppo, dont M. Conte a écrit la musique, et qui
a été représenté à l'Opéra-Comique le 30 no-
vembre 1874. Malheureusement,celivret était dé-
testable , et a porté tort à l'inspiration du compo-
siteur. Beppo n'a pu se soutenir à la scène, et a
disparu après un petit nombre de représentations.
* CONTI (Francesco). a la liste des œuvres
de ce compositeur, il faut joindre il Martirio di
San Lorenzo, oratorio qui fut exécuté en 1710
à Vienne, à la chapelle de l'empereur Joseph I«^
CONTI (1Vicol6) , compositeur dramatique
italien, né dans le royaume de Naples, vivait au
dix-huitième siècle. Cet artiste fit représenter
sur le théâtre des Fiorentini, de >'aples, les deux
ouvrages suivants : Vlppolila (1733) , et /'O-
lindo (1753) , ce dernier écrit en société avec
Matteo Capranica.
CONTI
199
* COiXTI (CriARLEs), un des arlisics l.s plus
<li.->liiigués (le ce siècle, sinon par le génie, du
moins par iVsprit, par l'éducalion el [lar le sa-
voir, na(|uit à Arpino, piès de Naplcs, non en
1799, mais le 14 octobre 1797. Il n'étudia en
quelque sorte la musique que contre le gré de
son [lère, qui aurait voulu en f.iiie un médecin,
et il abandonna de bonne lieure la carrière mi-
iitaide du compositeur. La Bioijruph'ie univer-
selle des Musiciens a donné la liste de ses œu-
vres dramatiques, liste à laquelle il faut ajouter
Bartolomeo délia Cavallo, opéra semï serai
(Rome, th. Valle, 1827), et une farsa intitulée
iMetaslasiani. Le dernier opéra de Carlo Conti
fut Glovanna S/iore, auquel le dernier acte du
livret de Romani fut fatal ; cet ouvrage , qui fut
donné nu tlu'àtre de la .Scala, de IMilan, et dont
la première partie avait été bien accueillie, ne
réussit point à cause de la scène fmale, dans la-
quelle on voyait l'iiéroïne de la pièce mourir de
faim, ce qui n'est ni scéniqne ni musical. Les au-
teurs essayèrent de reméiiier au mauvais eiftt
produit par ce. dénouement, et remanièrent pro-
fondément toute cette partie de leur œuvre ;
mais elle n'en réussit pas mieux, n'obtint à M Un
qu'un succès d'estime, et ne fut jouée sur aiicim
autre lliéàlre d'Italie. C'est à celte époque, et
Rossini n'ayant pu tenir la promesse par lui faiie
à ce sujft, que Conti écrivit, sur des vers d'An-
dréa Maffei, la cantate qui devait être exécutée
au théâtre des Philharmoniques , pour l'inaugu-
ration du buste du grand poêle Vincenzo Monli.
Celte cantate, admirablement ciiantée par la
Pasta, lui fil le plus grand honneur.
Cependant, et quoique son fi's eût remporté
de brillants succès, le (lère de Conti souffrait (!e
lui voir continuer la carrièie qu'il avait erdre-
prise. Imbu sans doute d'un préjugé étrange et
inintelligent contre les artistes, il n'avait d'auire
désir que de le voir auprès de lui, partageant le
bien-être dont le faisait jouir une lionorable fur-
tune. Conti finit par se rendre à ses vœux, et
alla, plein de jeunesse et d'espoir, se retirer à
Arpino. Dienlôt il se maria avec une jeune fille
charmante, devint trois fois père, mais eut la
douleur de perdre sa femme après quatre années
de maiiage. Ce coup le fra])pa cruellement, et le
rendit p'^ndant quelque temps insensible à tout.
Le temps cependant amortit sa douleur.
Nommé, à la mort de Zin;^arelli, membre de l'A-
cadémie des beaux-arts de Naples , dont il de-
vint plus tard le secrétaire perpétuel, il profitait
du peu de di^ance qui le séparait de cette ville
pour y faire de fréquentes excursions, s'y mêler
à la vie active et se tenir au courant de tous les
faits ai tistiques de quelque importance. En 1846,
il est nommé professeur de contrepoint et de
composition au Conservatoire de cette ville, mais
en 1868 des raisons l'obligent à résigner ces lonc-
tions. Pourtant, en 1862, et sur des instances-
très-honorables, il consent à rentrer dans cet
établissement pour y remplacer son successeur,..
Lillo, «levenu fou, et pour suppléer le directeur
Mercadante, devenu aveugle. Pendant plusieurs
années il se prodigua, d.ms cette double siluation,
avec un zèle, une activité et un dé>iidéi'essemeut .
au-dessus de tout éloge. iMais ces fatigues et ces
travaux furent fatals à sa saidé. Au commence-
ment de 1868, il tomba dangereusement malade
au Conservatoire, dut être, avec toutes les pré-
cautions possibles, transporté chez lui, à Arpino,.
et là, malgré les .soins les plus dévoués, cessa
de vivre le 10 juillet. L'adinini'^tralion du Con-
servato're obtint l'autorisation de faire célébrer
ses funérailles à l'église de San-Pielro a Majella,
et il fut l'objet d'honneurs exceptionnels.
Conti n'était pas un homme de génie, mais c'é-
tait un artiste extrêmement disiingué , remar-
quable par son savoir et sa profonde connaissance
de l'art. Il pa^siit pour le premier contra[.un-
tisfe de son temps. M. Florimo, à qui j'ai em-
prunté les détails qui précèdent, s'exprime
ainsi à son sujet, dans son Cenno storico sulla
Scuola musicale di Napoli : « Les (lualilés de
la musique de Conti consistent dans une per-
fection scolastique, un style correct et recherché,
des idées spontanées et simples, mais non ori-
ginales, un sentiment toiijiiurs exact de l'expres-
sion des paroles et absolument irréprochable
dans la musique religieuse. Il n'a.il point conmie
Mercadante, Donizetti, Pacini, qui commencèrent
leur carrière en imitant Rossini, et qui cherchèrent
ensuite plus ou moins à s'en élo'gner et à se former
un stjle personnel ; au lieu de cela, il resta tou-
jours fidèle imitateur du grand Pésarais, et c'est
pourquoi sa musique offre peu de nouveauté,
mais est seulement correctement écrite, bien tra-
vaillée, excellemment ili'iposée pour les voix, con-
servant toujours l'unité de style et de coloris,
la vérité de conception , et une aimable et élé-
gante façon d'instrumenter sans exagération;
souvent on voit poindre, <lans ses compositions,
une veine de sentiment, peu éloignée de la pas-
sion , qui produit une heureuse et agréable im-
pres-ion sur l'esprit du public. Marchant sur les
traces de son maître Zingarelli, il eut du goût et
de 1 inclination pour les lettres, et leur culture,
non moins que sa réputation de grand musicien,
lui valurent cette estime universelle et ce respect
qui l'accompagnèrent jusqu'au tombeau. Jamais
d'ailleurs il ne lirait vanité de son savoir, et
lorsqu'il faisait l'éloge des autres maîtres, .ses-
200
CONTI — COQUARD
émules et ses collègues, il parlait de lui le moins
qu'il pouvait, et toujours avec la plus grande
modestie ; témoin ces paroles, qu'il adressait un
jour à l'un de ses amis, M. Santini, en se repor-
tant à l'année 182", époque de ses plus grands
succès : « Je me croyais grand aussi, en celle
« année d'espérance et de vie. Je composai en-
« suite autre chose, mais il en faut bien d'autres
a pour être un génie. Enfin je cessai d'écrire,
« sans me laisser vaincre par les plus honorables
« sollicitations, d Paroles qui firent naître la
vénération chez celui qui les entendit, parce que
la qualité la plus rare et presque miraculeuse
d'un bon jugement est celle de se juger soi-
même sans passion et sans prévention aucune. »
Conti a joui pendant quarante ans, dans toute
l'Italie , de la réputation d'un grand maître et
d'un profond théoricien. Sous ce rapport, Ros-
sini , qui l'aimait beaucoup , avait pour lui la
plus haute estime. Il a fait d'excellents élèves,
parmi lesquels il faut siirtont citer MM. Paolo
Serrao, Filippo Marcheiti, Erneslo Viceconte,
Erennio Gaminieri , etc. Espi it honnête et sin-
cère, homme loyal et désintéressé, il joignait
aux qualités du cœur celles de l'esprit le plus
cultivé. Ses nolxes et ses travaux sur la mu-
sique et les musiciens, comme secrétaire per-
pétuel de l'Académie des beau\-arfs de Nnples,
sont, dit-on , fort remarquables. Carlo Conti
était membre correspondant de l'insfilul de
France.
CO\TI (Claudio), professeur et composileur,
est né à Capracolta, dans l'ancien royaume de
Naples, en 1836. Conduit de bonne heure à Na-
ples, il fut admis au Conservatoire de cette ville,
et y lit de très-bonnes études théoriques, d'a-
bord sous la direction de Parisi, puis sous celle
de Mercadanle. Après plusieurs essais de mu-
sique dramatiipie et religieuse faits par lui au
Conservatoire, il fit ses débuts de compositeur
dramatique en donnant au théâtre Bellini, le 30
avril 18G4, un opéra en 4 actes intitulé la Figlia
del Marinaio, qui obtint un véritable succès.
Depuis lors, M. Conti s'est voué à l'enseigne-
ment, et a produit un certain nombre de com-
positions vocales et instrumentales, parmi les-
quelles on remarque deux Hymnes exécutés au
théâtre San-Carlo en 1859 et 1869, quatre al-
bums de chant, un recueil de six petites pièces de
piano, trois mélodies pour violoncelle et piano,
un Elogio funèbre en forme de marche à grami
orchestre pour la mort de Meyerheer, etc., etc.
M. Conti, à qui l'on doit aussi plusieurs conqio-
sitions religieuses, entre autres ime Messe à ô
voix avec accompagnement d'orchestre et un
Bequiem pour voix de baryton, a été nommé
en 1872, à la suite d'un concours, directeur de
l'Instilut musical de VAlbergo de' Poveri.
COWERÇAM (Frère P.aymundo DA), mu-
sicien portugais, n'est connu que comme auteur
du traité suivant : Manual de iudo o que se
canta fora do clioro , confoime ao vzo dos
relifjiosos et religiosas da sagrada ordem da
Penitencia (ordre de St-Françoi.s), etc., Coim-
bre, 1675, in-4" de VlII-485 pages et 5 pages
d'index. J. de V.
COOP (ERNESTO-ANTOMO-LtiGi), musicicn
italien dont le nom trahit une origine britannique,
est né à Messine, le l*""" juin 1812. Fils d'un mu-
sicien amateur qui ne lui ménagea pas les bous
conseils, il apprit d'un ténor nommé Liicchini
les premiers éléments de la musique, et eut en-
suite (tour professeurs les compositeurs Mario
Aspa et Mazza. Il se fit connaître de bonne heure
comme virtuose sur le piano, et, s'étant livré à
l'enseignement, il devint, en 1806, professeur au
Conservatoire de Naples. M. I^rnest Coop a pu-
blié, chez les principaux éditeurs d'Italie, plus
de cent compositions pour son instrument.
(OOPEIl (George), organiste remarquable,
l'un des premiers artistes en ce genre qu'ait pro-
duits l'Angleterre, naquit vers 1820 et mourut à
Londres le 2 octobre 1876, à l'âge de cinquante-
six ans. George Cooper a formé un grand nom-
bre délèves, qui tous sont devenus, grâce à ses
soins, des organistes distingués. J'ignore si cet
artiste s'est livré à la composition.
COOPER (J....-B ), musicien anglais
contemporain, a écrit la musique d'un opéra-
comique, Jiianita ou une Nuit à Séville, qui
a été représenté à Liverpool, par une société
d'amaleurs, le 2 avril 1872.
COQUARD (A ), composileur, né vers
1828, lit dans ses jeunes années des études
musicales qu'il aurait désiré continuer, mais
que sa famille l'obligea d'interrompre |)our se li-
vrer à l'étude du droit. 11 se fit en effet recevoir
avocat, mais dès qu'il fut maître de ses actions,
il renonça à la carrière du barreau et alla trouver
M. César Franck, aujourd'hui professeur d'orgue
au Conservatoire, sous la direction duquel il fit
un cours complet d'harmonie et de contrepoint.
Comme il lui fallait vivre, il accepta des fonc-
tions d'employé auxiliaire à la Bibliothèque na-
tionale, et put ainsi se livrer sans contrainte à
ses goûts artistiques. Le premier fruit de ses
travaux qu'il fit connaître au public fut le Chant
des cpces, ballade extraite du premier acte de la
Fille de Rolajid, tragédie de M. Henri de Bor-
nier, et mise par lui en musique. Celte compo-
sition fut exécutée au concert du Châlelet (As-
sociation artistique), le 16 janvier 1876.
COQUET — GORETTE
201
COQUET ( ), musicographe fiançais de
la première moitié du dix-huitième siècle , a
laissé un ouvrage intitulé : La Musique rendue
sensible, avec un traité du monochorde.
CORliESIEU (Antomo), musicien italien
dont le nom trahit évidemment une origine fran-
çaise, naquit à Naples dans la première moitié
du dix-huitième siècle, et fit représenter en cette
ville les deux ouvrages suivants : il Mercante
innamorato, opéra qualifié invenzione per mu-
sica, th. des Fiorentini, 1750 ; et «/ Finto in-
namorato, id., 1751.
CORDELLA (Gerommo), compositeur et
organiste italien, né dans le royaume de Naples,
vivait au dix-huitième siècle et fit représenter en
1747 à Naples, sur le théâtre des Fiorentini, un
opéra intilulé la Faustina. Cet artiste vécut
vieux sans doute, car en 1783, c'est-à-dire trente-
six ans plus tard, il remplissait les fonctions
d'organiste à l'archiconfrérie de Sauf Anna di
Palazzo, à Naples.
* CORDELLA (Jacques), (ils du précédent,
«si mort à Naples, le 8 août 1846. Bon profes-
seur de chant, organiste habile, excellent accom-
pagnateur, compositeur distingué surtout dans le
genre bouffe, cet artiste était professeur de sol-
fège au Conservatoire de Naples, maître de cha-
pelle dans plusieurs couvents de celte ville,
et fut pendant longues années directeur de la
musique au théâtre San-Carlo. Il faut noter que
son opérette i Finti Savojardi, jouée à Venise
^n 1820, n'était qu'une réédition, sous un nou-
veau litre, de celle qu'il avait donnée longtemps
auparavant, dans la même ville, sous celui d'il
Ciarlatann.
CORUERO Y FEIÎXANDEZ (Antonio),
chanteur espagnol, né à Séville le 30 mars 1823,
reçut une bonne éducation musicale, embrassa
bientôt la carrière du théâtre, fit apprécier sa
jolie voix de ténor sur les scènes de Grenade,
Malaga, Cadix et Séville, puis, en 1849, étant
entré à la suite d'un concours à la chapelle
royale de Madrid, se fixa en cette ville, aban-
donna le théâtre el se consacra à l'enseignement.
Cet artiste a publié, en 1858, un traité de chant
sous ce litre : Ehcvela compléta de canto en
todos sus généras y principalmenle en el dra-
matico espanol é italiano. M. Cordero a pris
part à la rédaction de plusieurs journaux de mu-
sique, dans lesquels il a publié un grand nombre
d'articles de doctrine, d'histoire ou de critique
spéciale.
CORDIALI ( ), compositeur italien, a
écrit, en société avec M. Denina, la musique
d'un opéra-ballet en 4 actes et 7 tableaux, Ro-
berto di Normandia , qui fut représenté au
mois d'aoïU 1864, sur le théâtre Alfieri, de Tu-
rin, avec un médiocre succès. Depuis lors, aucun
de ces deux artistes ne s'est produit de nouveau
à la scène.
CORDOxWIER ( MARiE-Lons-URBAiN ) ,
clerc du diocèse d'Amiens, compositeur, né en
cette ville vers le milieu du dix-huitième siècle,
commença par en.seigner la musique à Paris, où
il eut, dit-on, pour élève le célèbre chanteur
Garât. Devenu maître de chapelle de la cathé-
drale d'Évieux, il fut appelé, en 1783, à rem-
plir les mêmes fonctions à la cathédrale de
Rouen, oii il admit au chœur, en 17S6, un en-
fant dont la renommée devait être plus tard eu-
ropéenne, le jeune Adrien Boioldien (1). Dans
.son discours de réception à l'Académie de Rouen
{Revue des maîtres de chapelle et musiciens
de la métropole de Rouen), M. l'abbé Langlois
donne les détails suivants sur cet artiste : « De-
venu commerçant et père de famille après la
Révolution, Cordonnier continua de cultiver son
art. Sous l'emjiire, il diiigea pendant quelques
années la musique de la cathédrale de Valence.
Une de ses dernières œuvres est le psaume
Beati omnes.... exécuté à l'hôtel de ville de
Rouen, le 20 mais 1811, à l'occasion de la
naissance du roi de Rome. C'est à l'obligeance
de sa veuve que nous devons ces détails. »
CORETTE ( ), compositeur, vivait à
Paris dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, et écrivit pour le théâtre de l'Opéra-Co-
mique, rival de la Comédie-Italienne, la musique
d'un grand nombre de ballets, de pantomimes et
de divertissements. Je n'ai pu découvrir aucun
renseignement biographique sur cet artiste, mais
voici la liste de ses compositions telle que la
donnait l'almanach intitulé les Spectacles de
Paris : — « Les Ages, ballet-pantomime ; le Ju-
gement de Midasj Nina, pantomime italienne-,
Arlequin Versée, Armide, pantomimes à ma-
chines; Arlequin boulanger, pantomime en
vaudevilles; Diane et Endtjmion, ballel-panto-
mime exécuté à Paris et à Londres; Concertos
comiques, dansés à l'Opéra-Coinique ; les Tri-
cotés ,• Ma mie Margot; la Béquille du père
Baniabas; tes Pantins, ballet général; la
Tourière, pantomime. Il a aussi composé la
musique de la Fête infernale de Valois, et de
plusieurs divertissements des opéras-comiques
de MM. Pannard, Carolet, Favarl, Lagrange,
Laffichard et Vadé. >> Je ne crois pas qu'il faille
confondre cet artiste avec Michel Corretle, men-
(I) J'ignorais ce fait lorsque )'ai publié, en 1879, la bio-
graphie de ce gr.in(l artiste : PoiKi dieu, sa vie. ses œu-
vres, son ruracUre, sa corresponiiunce ; je n'ai donc pu
le mentionner.
202
CORETTE — CORSI
tionné au 2« volume de la Biographie univer-
selle des Musiciens; celui-ci était urgaiiisfe du
grand collège des Jésuites, qui ne lui auraient
pas permis, sans aucun doute, de travailler ainsi
pour le théâtre.
CORAELIUS (Peter), compoiiteur alle-
mand, neveu du cé'èbre peintre de ce nom, na-
quit à Mayence en 1820, et fit ses étudt s musi-
cales à Berlin, sous la diiection de M. Delin. H
ernljrassa de bonne lieure les doctrines de M. Ri-
chard Wagner, qu'il défendit avec ardeur dans
plusieurs journaux, entre autres l'Écho et la
Nouvelle Gazette musicale, tout en les prati-
quant comme compositeur. On s'en aperçut dans
le Baibier de Bagdad, opéra qu'il fit repré-
senter à Weimar en 1858. De 1859 à 1862 il ré-
sida à Vienne, où il écrivit, pour la plus grande
partie, les paroles et la nuisique d'un autre ou-
vrage dramatique, le Cid, qu'il alla achever à Mu-
nich en 18()3, et qui fut joué à Weimar au mois
damai 1865. Cornélius, qui dans sa jeunesse avait
reçu des conseils de M. Li.szt, est mort le 26 oc-
tobre 1874. Il a publié quel'ines morceaux de
chant, à une ou plusieurs voix, avec acc( nijWgne-
inent de piano.
CORNIER (l'abbé E ) est auteur d'un
système de notation aussi étrange que nouveau,
dans lequel il emploie trois couleurs différentes.
Il a fait l'exposition de ce système dans un ou-
vrage ainsi intitulé : Traité de Varl musical,
précédé de Échelle (riculore (Paris, 1856,
in-8").
COROXA ( ), compositeur italien, né à
Livdurne, a fait représenter sur le théâtre Avva-
lorati, de cette ville, au mois de janvier 1863,
un opéra sérieux intitulé Zaira. Cet ouvrage fit
un fiasco si complet qu'd dut être abandonné
après sa seconde représentation.
CORONARO (Gaetano), compositeur, a
fait son éducation musicale au Conservatoire de
Milan, d'où il est sorti en 1873, après avoir
passé son examen de licence d'une façon excep-
tionnellement brillante. Dans les exercices (sagiji)
annuels qui eurent lieu alors, il fit entendre, en
en dirigeant lui-même l'exécution , une scène
lyrique, un Tramonto , écrite parlai sur des
paroles de M. Arrigo Boito {Voij. ce nom), et ce
début du jeune compositeur, quoique fait d'une
façon tout intime et dans un établissement sco-
■ laire , eut un très-grand succès et fit presque
événement dans la ville de Milan, où l'on en parla
durant plusieurs semaines. L'éditeur Ricordi
s'empressa de publier la partition de son petit
ouvrage, et lui confia aussitôt le livret d'un opéra
séria important, la Créole, qid jusqu'ici, cepen-
dant, n'a pas été représenté. Un autre éditeur de
musique de Milan, M™*' Lucca, avait mis à la
dis|iosilion de- l'administration du Conservatoire
une somme destinée à faciliter le voyage à l'é-
tranger de l'élève qui semblerait le plus apte à
profiter de cette faveur. M. Conmaro fut appelé
à bénéficier de cette libéralité intelligente, et
grâce à elle il put visiter plusieurs des grands
centres artistiques de l'Europe : Paris, Vienne,
Berlin, Cologne, Leipzig et Dresde. De retour à
Milan, il se livra à des travaux de composition,
et publia un Album vocal (Ricordi, in-4''), que
la critique a accueilli favorablement et qui con-
lient six morceaux : Due Fiori, 0 Padre nosiro,
Barcarola, Vllimo Votn, la Spiriiello, ISot-
turno a due voci. M. Coronaro, qui a publié
aussi une petite pièce pour violon, ?\innereUn,
avec accompagnement de piano (Milan, Ricordii,
est devenu en 1876 viacslro concerlatore en
second au théâtre de la S(ala.
COROMIXI (Paolo), chef d'orchestre, vio-
loniste et compositeur pour son instrument, né à
Vicence en 1796, reçut une bonne éducation mu-
sicalp, devint un virtuose distingué sur le violon,.
fit dans sa jeunesse (lueUpies voyages, puis, à
l'âge de 32 ans, se fixa à Trieste, où il devint
chef d'orchestre du Grand-Théâtre et premier
violon de la chapelle de Saint-Just. Cet artiste,
qui est mort le 14 janvier 1875, a laissé un assez
grand nombre de compositions pour son instru-
ment, parmi lesquelles on dislingue : 1° Collec-
tion de gammes et exercices mécaniques ; 2" Exer-
cices, avec accompagnement conlrepointé d'un
second violon ; 3" Gammes mélodiques avec
adagi ; 4° 42 Éludes ; 5° Caprice brillant; 6° 2
Thèmes originaux variés, l'un avec accompagne-
ment d'orchestre ou de piano ; 7" Grandes varia- •
lions sur un thème de Bellini, avec accompa-
gnement d'orchestre ; b" Fantai-ie alla Paga-
nini, avec accompagnement de piano ; 9"^ Gi and
Rondo avec accompagnement de quatuor; 10°
Polonaise brillante avec accoinpagnemei'.t d'or-
chestre, etc.
COIîHADO ( }, composileur italien,
chef de musique militaire, a fait représenter à
Casalmonferrato, en février 1872, un 0|iéra in-
titulé : Evelina.
CORSI (Giovanm\ baryton distingué, né à
Vérone, où sa famille occupait une situation ho-
norable, fit de bonnes études littéraires et suivit .
les cours de droit de l'Université de Padoue.
Mais il avait le goût de la musique, et le théâtre
l'attirait invinciblement. Il abandonna donc l'é-
tude du droit pour celle du chant, et bientôt il
débuta au théâtre Re, de Milan, où son succès,
fut tel qu'il fut immédiatement engagé à la Scala.
La voix de baryton de M. Corsi n'était ni vo»
CORSI
COSTA
203
lumineuse, ni bien puissante, mais il s'en servait
avec goût, il en était le maître absolu et il la
guidait à #a convenance. Bien que cette vuix fût
agile et que la vocalisation en fût brillante, c'est
surtout dans les rôles dramatiques que brillait
l'artiste, dans ceux oii il pouvait faire ressortir
sa remarquable pui>sance d'expression, et com-
muniquer aux spectateurs l'émotion qu'il res-
sentait lui-même. Les habitués du Théâtre- Ita-
lien de Paris se rappellent encore l'effet qu'il
produisait dans Lucrezia Borgia,ilaiis Rigolelto,
Béatrice di Tenda, Poiiutn, Maria di Kohan
et quelques autres ouvrages. Après avoir passé
quatre années à Paris, de 1856 à 1859, M. Corsi
retourna en Italie, où il poursuivit sa carrière.
Depuis lors, il a quitté le théâtre, pour se con-
sacrer à l'enseignement du chant.
CORTKSI (Francesco), compositeur dra-
matique italien, est l'auteur des ouvrages sui-
vants : 1" Almina (Rome, janvier 1859); 2" le
Dame a servire (1859) ; 3° la Colpa dvl Ciiore,
i actes (Florence, (h. de la Pergola, novembre
1870) ; 4° Mariulizza (id., id., 27 avril 1874).
: * CORTICCIO (Francesco). Je dois à une
obligeante communication de M. le docteur Ba-
sevi la connaissance de l'ouvrage suivant, qui
doit prendre place au nom de ce compositeur :
Eesidicum Cantici Zachariee Prophelx et
Psalmi Davidis qmnqtiagesimi pro secundo
choro a Francisco Cor/icin, musices serenisx .
Cosmo Medices magni, Elriirix Dttcis Prx-
fecto, etc. Venefiis, apud filias Gardani, 1570.
COSENTIM ( ), compositeur italien,
a fait représenter en 1854, sur l'un tles théâ-
tres de Florence, un opéra sérieux intitulé
Rogicro.
COSTA (Antomo Corrêa. DA), né à Villa-
'Viçosa (Portugal), vers le milieu du seizième
siècle, fut un mathématicien remarquable et un
musicien de mérite. Il fit de longs voyages en
Italie et dans les Flandres, et ne retourna en
Portugal que, dans un âge avancé. Il mourut à
Vllla-Vicosa en 1617.
J. DE V.
COSTA (Sebastiao DA), musicien distingué,
chevalier de l'on're du Christ, fut maître de
chapelle des rois D. Alfonso VI et D. Pedro -Il ;
il avait fait aussi partie de la chapelle royale de
D. Joào IV, après 1C40. Il était né à Azeitào vers
le commencement du XVIF siècle, et moinut
à Lisbonne en 1696. La mort du roi Jean IV,
qu'il estimait beaucoup, lui causa un chagrin si
vif qu'il se retira en Espagne, où il prit les armes.
La reine veuve, qui faisait grand cas de ses ta-
lents, le rappela à Lisbonne. Ses compositions,
dont la plupart étaient conservées dans la biblio-
tiièque de musique du roi D. Joûo IV, étaient
répandues à Lisbonne en un grand nombre de
copies, tant elles étaient recherchées.
J. DE V.
COSTA (Pier-Antonio), compositeur italien,
vivait à Gênes à la fin du dix-septième siècle, et
écrivit pour le prince Ferdinand de Médicis et à
l'occasion de son mariage (1G89), une cantate ou
divertissement intitulé : Vna Zinghcra.
COSTA (l'abbé), artiste portugais, vivait au
dix huitième siècle. Aucun biograpiie n'a fait men-
tion de cet homme remarquable ; il est vrai qu'on
ne sait presque rien sur les circonstances de sa vie.
Néanmoins je lui consa< rerai (juelques lignes ici,
en attendant un travail plus complet que je pré-
pare sur lui. C'est Burney (1), le cilèbre écrivain
anglais, qui le rencontra à Vienne (1772 1773\
qui a conservé sa mémi)ire; aussi c'est le seul
qui s'occupe de lui. En Portugal, dans sa patrie,
l'abbé Costa est re>té tout à fait inconnu. D'a-
près des lettres de lui que M. le docteur J. R. Gui-
maràes [Voy.cs. nom) vient de découvrir à la bi-
bliothèque de Lisbonne, Costa aurait dû quitter le
Portugal assez jeune; il s'occupait alors de mu-
sique et de critique, et jouissait déjà d'une cer-
taine réputation. Sa critique n'était pas seulement
artistique, elle s'attaquait à tous les abus, et
n'épargnait personne, pas même les plus grands
seigneurs. D'ailleurs, sa vie extrêmement sobre,
ses habitudes modestes, permirent à Costa de
conserver une indépendance presque farouche,
qui était mal vue à la cour de Lisbonne, où tout
le monde officiel s'amusait à merveille. Seul, le
marquis de Pombal travaillait. Le roi Joseph P''
ne vivait que par son opéra italien, dont Durney
parle avec tant d'admiration {Historij of Music, j ^
vol. IV- 470). Costa, travadlant sans cesse contre /
tous les abus et se livrant de plus en plus à sa
critique mordante, se trouva donc plus grand
travailleur en face du marquis tout puissant ; on
sait de quelle façon le ministre accueillait ceux
qui osaient ciitiquer ses plans. Le marquis s'a-
perçut que Costa devinait ses instructions ; il
comprit combien cet homme, qu'il ne pouvait
compter au nombre de ses amis, pouvait devenir
dangereux ; il le poursuivit en conséquence,
et Costa dut fuir du Portugal. C'est ce qui ressort
du contenu de ses lettres. Il n'y cite pas de noms
pour ne compromettre personne, car il écrivait
à un ami en Portugal, mais quiconque connaît
l'époque du règne de Joseph 1" en Portugal et le
système politique du marquis de Pombal ne peut
douter des faits mentionnés ci-dessus. Costa
(1) The présent state of Mutic in Germany, etc.,
London, n:3, s toi.
204
COSTA
Toyagea un peu partout. Ses lettres sont datées
de diverses villes d'Italie, et aussi de Vienne.
Elles renferment des détails très-curieux sur
l'art musical en Italie, ainsi qu'une critique
très-vive sur les artistes et non moins vive sur
la société en général. Costa s'y révèle obser-
vateur profond et critique impitoyable ; il y re-
vient sans cesse sur les affaires ilu Portugal, sur
la société portugaise et sur ses anciens amis et
ennemis qu'il n'a nullement oubliés. A Vienne,
il ne fit que continuer la vie qu'il avait menée à
Lisbonne. Burney l'appelle a kind of Rousseau,
but still more original (1-256), il raconte une
foule de traits curieux sur lui, mais il loue aussi
sa complaisance extrême. Costa conduisit Burney
partout ; il lui fit voir les trésors artistiques de
Vienne; il le présenta cbez les musiciens et les
compositeurs les plus célèbres ; aussi Burney lui
prodigue les expressions les plus amicales. Il
vante ses connaissances sur la théorie de la mu-
sique, l'originalité de ses idées musicales, son
grand talent sur la guitare, et parle avec les plus
grands éloges de son caractère et de ses mceurs.
Nous ne savons rien sur l'existence de l'abbé
Costa après le départ de Burney de Vienne. Re-
tourna-t-il en Portugal après la disgrâce du mar-
quis de Pondwl (1777); alla-t-il rejoindre son
ami, l'excellent duc de Lafôès (Voyez Bra-
gança), son protecteur à Vienne? Costa jouait
un rôle important à Vienne, il était de toutes les
parties, dans tous les salons, il était très-lié avec
Gluck et Métastase, on le fêtait partout ; ce n'é-
tait donc pas un homme ordinaire. 11 faudra
tenir compte de lui aussi bien que du duc de
Bragança quand on fera l'histoire de la société
de Vienne, de cette même société qui créa peu
de temps après la réputation et l'existence même
de Haydn, Mozart et Beethoven.
J. DE V.
COSTA (Jo'Âo-Etangehsta-Pereir,\ DA),
compositeur dramatique de talent, naquit en
1805, à Lisbonne, où il fit ses études musicales
dans le séminaire patriarcal. Un des registres de
cet établissement porte une note de laquelle il
résulte que Costa abandonna l'école de musique
avant d'avoir achevé ses études ; il y était
entré en 1815. On ne sait pas ce que P. da
Costa fit jusqu'en 1827 ; mais il est mentionné à
cette époque comme chef d'orchestre du théâtre
de San-Carlos, et l'on sait qu'il partageait ces
fonctions avec le célèbre Mercadante, qui lit un
long séjour à Lisbonne vers 1820-1830. Il fit re-
présenter, vers la fin de 1 827 ou au commencement
de 1828, son opéra Egilda de Provença au
théâtre San-Carlos, et peu de temps après y fit
exécuter une cantate, Tnbuto à virtude. Une
critique qui parut sur l'opéra de Cosia dans un
journal de Lisbonne (0 Constitucional) donna
lieu à une polémique entre lui et Mercadante.
Le même journal excita ensuite la jalousie du com-
positeur portugais par un article qu'il publia sur
l'opéra Adriano in Stria de Mercaiianle. P. da
Costa répondit au ConsU(i(cionalpnr une analyse
très-malicieuse de cet ouvrage, et Mercadante lui
répondit aussitôt. Quelques musiciens de Tor-
chestre prirent part ensuite à cette affaire, et la
polémique devint de plus en plusirritante.il est
Juste de dire que P. da Costa, d'ailleurs compo<
siteur remarquable, ne pouvait pas lutter avec
un maître tel que Mercadante ; il n'est pas dou-
teux, d'autre part, que le compositeur portugais
eut recours en cette circonstance à des intri-
gues qui nuisirent beaucoup à sa cause. Costa
émigra pendant le gouvernement de D. Miguel,
qui le poursuivit à cause de ses idées très-libé-
rales. Il se fixa à Paris, où il se lia avec Rossini.
On ne sait rien sur cette période de sa vie; il
est certain toutefois qu'il ne retourna pas en Por-
tugal, car il mourut fort jeime à Paris, en 1830.
Costa composa en 1828 un Te Dcum à 8 voix,
dont les répétitions eurent lieu à Lisbonne, dans
le cours de cette année, sous sa propre direction,
mais dont l'exécution fut empêchée par l'avéne-
ment de D. Miguel; elle n'eut lieu qu'en 1873
(24 juillet). Cet ouvrage fut alors très-remarque.
Son o|)éra Egilda de Provença (1828) est écrit
sous l'influence de Rossini, alors tout puissant,
mais on ne peut nier le talent personnel de l'au-
teur; Mercadante lui-même a cité dans sa bro-
chure (1) plusieurs pièces de V Egilda, comme
étant très-remarquables et vraimentoriginales.
J. DE V.
COSTA (Francisco-Edcardo DA), compo-
siteur portugais, naquit à Lamego le 15 mai
1818. Ses parents vinrent s'établir en 1822 à
Porto, où il se fit remarquer du duc de Bragança
(D. Pedro IV). D. Pedro eut d'abord l'intention
d'envoyer le jeune artisle-piani.'ite en France
pour qu'il y achevât ses études musicales, mais
les troubles politiques détournèrent l'attention
du prince. Lorsque celui-ci retourna en 1835 à
Porto, accompagnant sa fille, la jeune reine D.
Maria II, Costa fut chargé de la composition d'un
Te Deum à grand orchestre dont il s'acquitta
fort heureusement , malgré sa jeunesse (il avait
h peine dix-sept ans). En 1836 il était maître
de chant du théâtre italien (S. Joâo) de Porto,
et peu de temps après il parvint à organiser
(1) Resposta a tim impreaso intitiilailo « Juizo critieo,
etc. » Cette brochure est signée : Sarerio Mercadante,
U de Marçn de 182S. — Le Judo eritico est le titre du
premier pamphlet de Costa.
COSTA
205
la première Société pliiiharmonique decetle ville,
société d'amateurs qui eut une grande vogue,
grâce au zèle et aux talents si variés de Costa.
Sa réputation lui procura ensuite la place de
maître de chapelle et d'organiste de la cathédrale,
qui lui fut offerte parj'évéque D. Jeronymo Re-
bello. Il ne jouit pas longtemps de ces avan-
tages, car il mourut fort jCMne en 18ij4. Sa perte
causa de vifs regrets, car on ne louait pas
moins son caractère que ses talents. Les amis
du compositeur lui élevèrent un monument
dans le cimetière du' Repouso, à Porto. Costa
a laissé une quantité de messes avec accom-
pagnement d'orgue et d'orchestre, des Credo,
un Libéra me, des Répons et beaucoup de
morceaux d'orchestre. Quoiqu'il ait mis, en
général, peu de soin dans la facture de ses com-
positions, on ne peut contester les qualités re-
marquables d'invention et d'originalité qui dis-
tinguent plusieurs de ses ouvrages.
J. deV.
* COSTA (Michèle). Dans son livre sur les
musiciens et les conservatoires napolitains,
M. Francesco Florimo a publié sur cet artiste
des détails très-précis qui permettent de com-
pléter sa biographie. M. Costa est né à Naples
le 4 février 1807; son père, Pasquale Costa,
compositeur et maître de chapelle de plusieurs
couvents de cette ville, avait étéélève de Leonardo
Léo, et sa mère était la fille du grand composi-
teur Giacomo Tritto. Dès sa plus tendre enfance,
le jeune Costa commença l'élude de la musique
et du piano sous la direction de son père, et,
quelques années plus tard, fut admis au Conser-
vatoire de San-Sebastiano,où il devint l'élève de
Giovanni Furno pour 1 harmonie accompagnée ,
de Crescentini pour le chant, de son grand -père
Tritto pour le contrepoint, et enfin de Zingarelli
pour la co:nposition. Il avait à peine dix-sept ans
lorsqu'en 1824 il écrivit, pour une cérémonie de
prise de voile, une messe à voix avec orchestre ; en
1826 il fit représenter sur le théâtre du Conserva-
toire une opéretlei ntilulée ilSospetlo fun esto, en
1827 une autre opérette, ïl Delitlo punito, puis
il composa un Dixit Dominus à 4 voix et trois
ouvertures à grand orchestre. Il était encore sur
les bancs de l'école lorsqu'il donna au théâtre
Nuovo son premier véritable ouvrage dramatique,
il Carcere cPIlderjonda, opéra ,sémi-sérieux
(1828), et lorsque le fameux imprésario Bar-
baja lui commanda un autie opéra en deux
actes, Malvina, qui fut représenté au mois de
janvier 1829 sur le théâtre San-Carlo.
C'est en celte année lS29queM. Costa se rendit
pour la prem'ière fois en Angleterre, dans des con-
ditions particulièrement honorables. Son maître
Zingarelli avait été prié d'écrire pour le grand
festival de Birmingham une composition impor-
tante, qui devait être exécutée par 200 voix et
200 instruments, et il n'avait accepté qu'à la con-
dition expresse que l'exécution serait dirigée par
M. Costa. Le jeune artiste partit donc pour Bir-
mingham, s'acquilt » de sa tâche à la satisfaction
générale, et commença ainsi Cftte carrière de
chef d'orchestre qui devait le rendre célèbre. De
Birmingham, il se dirigea sur Londres, on il fit
un; premier séjour, et c'est là qu'il publia ses
premières compositions vocales, entre autres le
quatuor Ecco quel fiera istantc, que son exé-
cution à la cour par la Pasta et la Malibran,
Rubini et Tamburini, rendit aussitôt fameux.
Je crois qu'à cette époque, M. Costa lit une
ou plusieurs tournéesdansles provinces anglaises,
comme cheffl'orchestre d'une compagnie d'opéra.
Toujours est-il que, vers 1835, Laporte, alors
directeur du Théâtre-Italien de Londres, lui
confia la direction de l'orchestre de ce théâtre,
où il se fit rapidement remarquer. C'est après
la représentetion à Paris de son opéra Malek-
Adel, après l'apparition à Londres de son autre
opéra Don Carlos, que, Laporte étant mort, et
des difficultés s'étant élevées entre M. Lumiey,
successeur de celui-ci, et M. Costa, ce dernier
devint chef d'orchestre d'un second théâtre
italien établi à Covent-Garden par le chanteur
Persiani. Ici, M. Costa se init en pleine lumière,
et bientôt la direction des concerts de la Société
philharmonique, et surtout celle des séances
d'oratorios de la Sacred harmonie Society et
des grands festivals^qui sont si fréquents en An-
gleterre, lui firent une situation unique et un
renom européen. Directeur des concerts de la
cour, professeur de chant de tous les membres
de la famille royale, organisateur de toutes les
séances musicales qui se donnent dans la haute
société de Londres, conducteur des gigantesques
festivals du Palais de Cristal, on peut dire que
M. Costa est l'arbitre de l'art uiusical en Angle-
terre, où il est à juste titre considéré comme un
artiste de premier ordre et où il occupe une po-
sition absolument exceptionnelle. En récompense
de ses services, M. Costa a été fait citoyen an-
glais, et la reine Victoria l'a nommé chevalier des
Trois-Royaumes, titre qui constitue la noblesse
et lui permet de s'appeler Sir Michaël Costa.
M. Costa, à qui l'on doit la musique de deux
ballets représentés à Londres, Kenilworth et
une Heure àNaples, a composé, en dehors du
théâtie: Elij, oratario (festival de Birmingham,
29 août 1855) ; Naaman, oratorio, id., 7 septem-
bre 1864; ihe Dream, cantate écrite pour le
mariage de la princesse royale d'Angleterre avec
206
COSTA — COTTRAU
le prince royal de Prusse; un Hymne exécuté
en 18G7 au tliéàtre Covenf-Garden, à l'occasion
de la visite du Sultan ; enfin un Hymne exécuté en
1869, à Berlin, pour l'anniversaire de la naissance
du roi de Prusse.
COSTA (PiERRF,), compositeur, pianiste et
professeur, est auteur de plusieurs opéras ita-
liens et d'un opéra-comique français en deux actes,
le Chevalier Jucqnot, qui, je crois, n'a pas
été représenté. M. Cosia est aussi l'auteur des
deux ouvrages didactiques suivants : 1° Kou-
Ville Méthode théorique, pratique, analyti-
que et rhyth'iiique, ou Nouvelle École facile,
amusante, brève et complète, en langues ita-
lienne et française, pour le piano (Paris, Devienne,
in-4") ; 2° l'Art du piano à la portée de
tout le monde, ou Analyse de la Nouvelle
École de piano [K\c?, impr. Caisson et Mignon,
s. d.,in-12). En 1873, le feuilleton musical pé-
riodique de l'Italie, journal français de Rome,
était signé P. Costa. Il y a lieu de supposer que
le critique qui signait ainsi est le même que
l'artiste qui fait l'objet de cette notice.
COSTA (l'^NRico), compositeur italien, a fait
représenter sur le Ih'^àtre de Cagliari, en 18C9,
un opéra sérieux intitulé Eleonora d'Arborea.
COSTE ( ), compositeur, a écrit les pa-
roles et la musique d'un opéra-comique en
trois actes, la Quenouille de la reine Berthe,
qui a été représenté au mois de mai 1858 sur le
tliéâtre de Perpignan.
COSTE (JiLRs), compositeur amateur, est
né en Lorraine vers 1828. Possesseur d'une bril-
lante fortune, il emploie ses loisirs à écrire la
musique de quelques pièces sans conséquence ,
qui sont jouées dans des salons, et quelquefois
même sur de vrais théâtres. Voici la liste de
ses productions : 1° Jacqueline, opéra-comique
en un acte (en société avec un autre amateur,
M. le comte d'Osmond), représenté au Théàtre-
Halien, au mois de mai 1855, dans une soirée
de bienfaisance, et ensuite une ou deux fois à
l'Opéra-Comique: 2° Une pleine Eau, opérette
en un acte (avec M. le comte d'Osmond), Bouf-
fes-Parisiens, 29 août 1855; o" les Horreurs de
la guerre, opérette en deux actes, représentée
d'abord au cercle dit des Mirlitons, et plus
tard à l'Athénée, le 9 décembre 1808 ; 4" la
Paix armée, opérette en un acte, représentée
au même cercle le 16 avril 1868 ; 5° Au Harem,
ballet en un acte, représenté chez M. le comte
d'Osmond le 5 juin 1873; 6° Cent mille francs
et ma fille, opérette en 4 actes, théâtre des
Menus-Plaisirs, 27 avril 1874; 7° le Dada,
vaudeville en 3 actes, Variétés, 18 février 1875 ;
8" les Charbonniers, un acte, id., avril 1877.
COTTl-CACCIA ( }, compositeur
dramatique italien, a écrit les paroles et la mu-
sique d'un opéra bouffe, // Vino di Barbera, qui
a été joué à Pignerol au mois de mai 1866. Le
même artiste a donné au théâtre Doria, de Gênes,
en oclobre 1873, une opérette intitulée Don Fi-
nocchio.
COTTIIV ( ), compositeur, a fait re-
présenter deux opérettes qui se faisaient remar-
quer par une heureuse factur.; et un bon senti-
ment mélodique : 1" un Duo de Ser/icnts, Bouf-
fes-Parisiens, 1856; 2° la Revanche de Vulcain,
Folies-Nouvelles, vers la même époque. Cette
dernière pièce a été le premier essai et le point de
départ de toutes les parodies musicales mytholo-
gt(|ues qui ont eu un si grand succès et qui nous
ont valu Orphée aux Enfers, la Belle Hélène,
et autres productions du même genre. Je crois
que M. Cottin est mort depuis plusieurs années.
COTTRAU (Giillaime), compositeur, né à
Paris en 1797, fut emmené dès l'âge de quatre ans
à Naples par sa famille, et y passa toute sa vie. Il
mourut en cette ville le 31 octobre 1847. Après
avoir étudié le chant avec le célèbre sopraniste
Crescentini, il se fit une véritable renommée par
la publication d'un grand nombre de canzoni na-
politaines qui devinrent rapidement populaires
non-seulement à Naples, mais par toute l'Italie, et
qui furent chantées dans le nionde entier. En
même temps que la musique il écrivait souvent
les paroles (en dialecte napolitain) de ces petites
compositions, toutes pleines de couleur et d'o-
riginalité. De]1829 à 1845, il publia ainsi, sous le
titre de Passalempi 7«ws/caZi, six recueils de
canzoni, qui parurent chez Girard et Cie et
parmi les plus célèbres desquelles il faut citer
surtout : Fenesta che lucivi, Raziella, la Ve-
dova romana, Fenesta vascia e patrona
crudele. Un grand nombre de ces jolies mélo-
dies ont pris place dans un recueil abondant
publié récemment sous ce titre : Eco del Vesu-
vio, scella di celebri canzoni napolitani (Na-
ples. Th. Cottrau, in-4"). On en trouve aussi
quelques-unes dans le deuxième volume des
Échos d'Italie publiés à Paris, chez Flaxiand.
COTTRAU (Théodore), compcsiteur et
éditeur de musique, fils du précédent, est né à
Naples le 7 novembre 1827. Après avoir tra-
vaillé le piano d'abord avec sa mère, puis avec
Philippe Pesta, il étudia la composition avec
Pappalardo, et, comme son père, se distingua
par la publication d'un grand nombre de canzoni
napolitaines, dont parfois aussi il lui arrivait
d'écrire les paroles en même temps que la musi-
que, et qui devinrent popuinires et fameuses
autant que les précédentes. Il faut remarquer
COTTRAU — COUDERC
207
particulièrement celk-s qui ont pour titre : lo ti
vidi a Piedigrotta, la Sorrentina, Àddio mia
bella Napoii, Risssa in piazza Serra....
Plusieurs d entre elles ont été insérées dans le
recueil dont il est parlé au précédent article :
Eco del VentiHO. Les moins réussies de ces com-
positions ont été puiiliées par leur auteur sous
le pseudonyme â Eufalindo MartelU. Depuis
l'âge de vingt ans, M. Théodore Cottrau a suc-
cédé à son père dans la direction d'un établis-
sement d'i'dition musicale qui est prospère et
fliirissant. C est à lui qu'on doit la traduction
italienne du chef-d'œuvre d'tleioM, le Pré avx
Clercs, qui a élé représentée sous ce titre : Un
Duello al Pré aux Clercs, au théâtre piiiiiiar-
nionique de Nai)les, au printemps de 1872.
(iOrXlîAU (Jules), compositeur et pro-
fesseur de chant, frère du précédent et deuxième
iils de Guillaume Cottrau, est né à Naples en
1836. Il a étudié l'harmonie et la composition
d'abord à N.iples même, sous la direction de Luigi
Gordi<;iani, puis à Paris, où il étail venu pour se
perfectionner, avec M. Samuel David {Voyez ce
nom). M. Jules Cottrau a publié à Naples et à Pa-
ris environ tiente morceaux de chant sur paroles
italiennes: mélodies, canzoni, duos, etc., dont
un surtout, la Serenaia spagnuola (Paris,
Flaxland) a obtenu un grand succès. Il a com-
posé aussi plusieurs opéras : Une Sentinelle
perdue, opéra-comique français en un acte (pa-
roles de Saint-Georges), Griselda, opéra sérieux
italien eu quatre actes (paroles de Golisciani), le
Moi Lear, la Princesse Georges, la Mouche
blanche. Je ne crois pas qu'aucun de ces ou-
vrages ait été représenté.
COUCHET (Jkah), facteur de clavecins et
accordeur d'orgues, vivait dans la première
moitié du dix-septième siècle à Anvers, où il se
faisait recevoir, en IG41, dans la gildede Saint-
Luc. Il mourut en cette ville au mois d'avril
1655,
COUCHET (Joseph), fds ou neveu du pré-
cédent, était coniine lui facteur de clavecins à
Anvers, et devint membre de la corporation de
Saint-Luc en 1663. 5
COUCHE r (Abraham), vraisemblablement
frère du précédent, facteur de clavecins et
peintre distingué, fut reçu en 1666 au nombre
des membres de la même corporation.
COUCHET (Jean), fils de Joseph ou d'A-
braham, et comme eux facteur de clavecins, fut
reçu en 1696 dans la gilde de Saint-Luc.
COUDElîC(JosEPH-ANTOiNE-CnARLEs),chan-
teur et coinédien distingué, l'un des artistes les
plus originaux qu'ait jamais possédés le théâtre de
rOpéra-Comique, naquit à Toulouse, le 10 mars
1810, d'une famille de négociants, céda de bonne
heure a son goût pour le théâtre, et vint à Paris
pour le satisfaire. Admisau Conservatoire en 1829,
il devint l'un des élèves favoris" de Nourrit, et
quitta l'école pour débuter, le 7 juillet 1834, à
l'Opéra Comique, dans le rôle de Rodolphe du
Pelit Chaperon rouge, qu'aucun artiste n'avait
abordé depuis la retraite de Martin. Accueilli
favorablement tout d'abord, sa jolie voix, son
excellente tenue, son physique distingué et ses
rares^ aptitudes de comédien lui valurent rapi-
dement de nombreux succès. Les auteurs pri-
rent aussitôt confiance en lui, et il créa succes-
sivement avec un talent de premier ordre un
grand nombre de rôles, dans lesquels ses facultés
scéniques n'étaient pas moins remarquées que
ses qualités de chanteur. C'est ainsi qu'il se fit
applaudir en jouant Daniel du Chalet, Georges
de r Éclair, Bénédict de V Ambassadrice, Ho-
race du Domina noir, Don Henrique des Dia-
mants [de la Couronne, puis Marguerite, la
Double Échelle, la Jeunesse de Charles-
Quint, etc.
Pourtant, malgré ses succès, Couderc quitta
en 1842 l'Opéra-Comique, alla donner quelques
représentations en province, puis fut engagé au
théâirede la Monnaie, de Bruxelles, et ensuite
se fit entendre à Londres. Après huit ans
d'absence, il revint à Paris, et rentra à l'Opéra-
Comique par le rôle de Shakespeare dans un
ouvrage nouveau de M. Ambroise Thomas, le
Songe d'une nuit d'été. A partir de ce moment,
sa voix, qui s'était fatiguée dans ses voyages,
commença non-seulement à faiblir, mais à baisser,
et de ténor se transforma en un baryton qui
manquait un peu de timbre et de couleur. Cou-
derc modifia alors sa carrière, et les auteurs
écrivirent pour lui des rôles en conséquence.
Devenu un comédien d'un ordre exceptionnel,
aus.si remarquable dans les rôles de tenue que
dans ceux où devait se déployer la plus grande
passion dramatique, et dans ceux ci que dans
les personnages du caractère le plus comique et
même le plus excentrique, Couderc, grâce àl'é-
tounante souplesse d'un talent qni savait prendre
à volonté toutes les formes, conserva toute la fa-
veur du public en jouant tour à tour Louis XI de
Quentin Durward, Jean des Noces de Jean-
nette, Henri IV du Capitaine Henriot, Crispin
du Docteur Mirobêlan, le chevalier du Joail-
lier de Saint-James, Pathelin de Maître Pa-
thelin, André des Papillottes de M. Benoist,
Pompéry du Voyage en Chine, et bien d'autres
qu'il serait impossible d'énumérer ici. Tous ceux
qui l'ont vu dans Joseph se rappellent encore
quelle puissance dramatique il apportait dans
208
COUDERG — COUPEKIN
le personnage de Siméon, et, d'autre part, avec
quel sentiment comique irrésistible il jouait
V Illustre Gaspard ou le Voyage autour de
ma chambre.
Vers 1865, Couderc avait été nomme profes-
seur d'opéra-comique au Conservatoire, et nul
plus que lui n'élail aple à former d'excellents
élèves. Peu d'années après, la fatigue et une
maladie du larynx l'obligèrent à renoncer à la
scène et à quitter un tbéàtre où, pendant plus
de trente ans, il n'avait connu que des succès.
Bientôt, il lui fallut s'éloigner du Conservatoire
et se condamner au repos le plus absolu. Il n'en
fit pas moins son devoir, comme tant d'autres,
à l'époque du siège de Paris, mais les fatigues
et les privations qu'il eut à subir alors détrui-
sirent complètement sa santé. Après avoir langui
pendant quelques années, il mourut à Paris,
dans une maison de santé, le 16. avril 187 j.
COULY(PLACinE), est auteur de l'écrit sui-
vant : la Musique, èpître à Peter Cavalio (Paris,
Boucquin, 1857, in-8» de huit pages). <=
* COUPART (Antoine M\rie), n'est peint
mort en 185i, comme il a été dit par erreur,
mais seulement le 17 octobre 1864. L'Âlma-
nach des Spectacles, réiiigé par lui et Mer-
Tille sous le couvert de l'anonyme, de 1822 à
1838, est fort bien fait et très-utile pour l'his-
toire du théâtre et de la musique à cette époque.
COUPÉ ou COUPÉE (Mil'-), fut l'une des
plus aimables actrices de l'Opéra au dix- hui-
tième siècle, et partageait les faveurs du public
de ce théâtre avec M'ii^s pel. Chevalier et Jac-
quet. Entrée à l'Opéra vers 173C, Ml'e Coupé
prit sa retraite vers 1756, avec une pension de
1,500 livres, c'est-à-dire avec le maximun de ce
que notre première scène lyrique accordait alors
à ses artistes après vingt années de service.
Douée d'une beauté rare, elle avait créé le rôle
de l'Amour dans le PygmuUon de Rameau et
dans Tïton et V Aurore de Mondonville, celui
de Colette qui formait le principal personnage <lu
joli opéra de Mouret, les Amours de Ragonde,
et avait établi plusieurs autres rôles plus ou
moins importants dans Isbé et le Carnaval du
Parnasse, de Mondonville ; dans les Fêtes de
Polymnie, Platée, ^'aïs, Zoroastre et les
Fêles de l'hymen et de l'amour, de Rameau ;
dans Zaïde, reine de Grenade, les Caractères
de la Folle, Daphnis et Chloé, Ismène, Zé-
l'mdor, roi des Sylphes, etc.
Parmi les nombreux vers que ses admirateurs
adressèrent à M<ie Coupé, je citerai le quatrain
suivant :
Coupé, mille arao;irssur vos trace*
Viennent entendre vos cbansons;
Vous les attirez par vos »ons,
Et les retenez pjr vus grâces ;
et celui-ci, dont la fadeur n'est pas relevée par
le jeu de mots qui le termine :
Charmante nymplie, à l'œil finet.
Mignonne comme une poupée,
La langue qui ne te loùrait
Mériterait d'être coupée.
COUPÉ (H ), compositeur, né à Botte-
laere, près de Gand, le 7 juin 1827, reçut de
son |)ère, musicien de profession, sa première
éducation musicale, puis fut admis an Conser-
vatoire de Gand, où il obtint, en 1855, les pre-
miers prix de cliant et d'harmonie. M. Coupé,
qui avait étudié simultanément le piano, le violon
et la fliile, devint, peu de temps après avoir fini
ses études, sous-maiire de chapelle' de l'église
Saint-Bavon, à Gand, puis maître de chapelle de
celle de Saint-Michel. Apiès avoir publié, sous le
pseudonyme de C. Henri, un certain nombre de
morceaux de piano, cet artiste donna, sons son
nom véritable, une messe à 3 voix, une série
de Sept cantiques de Noël, et une quantité
de motets à une ou plusieurs voix.
* COUPEl\L\ (Cnuii.ES), frère de Louis et
de François Couperin, ses aînés. On avait cru
jusqu'ici que ce troisième Couperin, originaire,
comme ses deux fières , de la petite ville de
Chaumes, y était né en 1632. Son acte de bap-
tême, publié pour la première fois par M. Th.
Lhuillier {Voy. cenom) dans son écrit : Note sur
quelques musiciens dans la Drie, nous apprend
que sa naissance est du 9 avril 1638. Voici ce
document, qui nous donne en même temps les
noms de ses père et mère : « Le samedi neuf-
viesme jour du mois d'avril 1638 fut baptisé
Charles, fils de Charles Couperin et de Marie
Andry, ses père et mère. Son parrain, M. Charles
Bourdin, marchand, et sa marraine. Barbe
Andry, demeurant à Chaumes. — Broichot,
curé. » Charles Couperin était donc âgé seule-
ment de trente et im ans, et non de trente-sept,
lorsqu'il mourut en 1669. Il y avait alors sept
ans qu'il était marié, car il avait épousé, le 20
février 1662, à l'église Sainl-Gervais, M"e Marie
Guérin.
* COUPElilX (François), dit 'le Grand,
fils du précédent. D'après l'éci-it de M. Th.
Lhuillier, qui vient d'être cité, le professeur de
cet artiste s'appelait Thomelin, et non Tolin.
« Charles, en mourant, dit M. Lhuillier, avait
laissé au berceau un fils, qui eut pour professeur
un ami de son père, Tliomelin, d'une famille qui
a fourni deux organistes à Saint-Aspais et à
Notre-Dame de Melun au [XVIIF siècle, Louis-
Antoine Thomelin (1746) et Louis-Jacques Tho-
melin (1764). »
COUPERIN
209
De son côté,Jal, qui, dans son Dictionnaire
critique de biographie et d'histoire, cite nombre
de documents authentiques, nous fournil sur
■François II Couperin et sur quelques autres
■membres de la famille, des renseignements pré-
cieux. François naquit {rue du Monceau Sl-Ger-
vais) le 10 novembre 1668, et il épousa Marie-
Anne Ansaulf. Sur l'acte de baptême de sa fille
Marguerite-Antoinette, dont il sera question plus
loin, il prend les titres de « cbevalier de l'ordre
de Latran, organiste de la chapelle du Roy, et
.professeur de Monseigneur le duc de Bourgogne. »
A ces détails, Jal ajoute ceux-ci, qui ne sont
«pas sans intérêt : « Le musicien qui avait la
charge d'organiste de la chapelle du roi étant
mort, dans les derniers mois de l'année 1693,
plusieurs mu.siciens se présentèrent pour recueillir
sa succession ; François II Couperin prétendit
comme les autres à cette charge. Il avait vingt-
cinq ans, et déjà on le connaissait à Saint-Gervais
et dans toutes les églises de Paris, où sa réputa-
tion s'était établie parmi les organistes. Le con-
cours fut jugé, et voici ce que je lis à ce sujet :
« Aujourd'huy, 26 décembre 169.3, le Roy estant
« à Versailles, après avoir entendu plusieurs or-
« ganistes, pour juger de celuy qui seroit le plus
« capable de remplir la charge d'organiste de sa
« chapelle, vacante par le déceds de Jacques
« Thomelin (1), Sa Maj. a fait choix de Fran-
« çois Couperin, comme le plus expérimenté
« en cet exercice, et pour cet effet l'a retenu et
« retient audit estât et cliarge d'un des orga-
« nistes de sa chapelle, pour y servir en cette
« qualité pendant le quartier de janvier et jouir
« de ladite charge, aux honneurs, prérogatives
« y attachés et aux gages de 600 livres, droits,
<< profits, revenus, etc. » (Bibliothèque natio-
nale, Ms. Clairamb. 560, p. 889). Plus loin, Jal
nous apprend que François Couperin ne dédaigna
pas de se faire faire des armoiries : « Lorsque
Louis XIV, dit-il, en 1G96, permit à tout le
monde de prendre des armoiries, François II
Couperin ne se refusa pas l'innocent plaisir de
se retirer vers les commissaires de Sa Majesté
et de se faire composer un blason par d'Hozier.
11 paya vingt livres, et un de messieurs les com-
missaires écrivit sur le registre des procès-ver-
baux de la commission : « François Couperin,
« organiste de la chapelle du Roy, porte d'azur
« à deux tridents d'argent passés en sautoir, ac-
" costé de deux étoiles de mesme, et accom-
<' pagné en chef d'un soleil d'or, et en pointe
« d'ime lyre de mesme. »
' COUPERI\ (Louise), cantatrice et cl«-
(1) Celui précisément qui avait été son professeur.
BIOGR. UMV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
veciniste habile, était fdie de François I" Cou-
perin, et naquit à Paris non en 1674, mais vers
1676. Celte artiste, qui était digne de la famillp
à laquelle elle appartenait, mourut, dit-on, en
1728, à l'âge de cinquante-deux ans. Jal ne
produit aucun renseignement concernant Louise
Couiterin.
ClOUPERIiV (Marie-Anne), organiste et cla-
veciniste, sœur de la précédente. Cette artiste,
qui se fit religieuse (t devint organiste de son
couvent, n'était point fille de François II Cou-
perin, comme l'a dit l'auteur de la Biographie
universelle des Musiciens, trompé par la si-
militude des noms, mais de François \" Cou-
perin. Ce qui le prouve, c'est qu'elle naquit à
Paris le 11 novembre 1677. quelle fut baptisée
à l'église Saint-Louis-en-l'IsIe le 14 du même
mois, et qu'elle eut ju.slement pour parrain
François II Couperin, .son cousin et non son
père, fils de Cliailes Couperin, organiste de St-
Gervais. Marie-Anne Couperin était fille, non de
Madeleine Joutteau , première femme de Fran-
çois l"^ Couperin, mais de Louise Bongard, sa
seconde femme.
* COUPERIM (Nicolas), frère des deu\
précédentes et fils de François I*"^ Couperin, na-
quit à Paris le 20 décembre 1680. 11 épousa
Mlle Françoise de La Coste.
COUPERIN (Marglekite-Antoinette), tille
de François II Couperin, claveciniste fort dis-
tinguée, naquit à Paris le 19 septembre 1705.
On sait qu'elle obtint la charge de claveciniste
de la chambre du roi, et qu'elle fut la première
femme chargée de ces fonctions. Voici ce que
dit Jal à ce sujet : « Marguerite-Antoinette sup-
pléait son père depuis assez longtemps, quand,
en févijer 1730, le roi lui donna le brevet de
survivance d'ordinaire' de la musique de S. M.
à la place de son père. Elle-même eut pour
survivancier, le 25 novembre 1741, Bernard
Bury-, mais elle garda jusqu'à sa mort, comme
d'Anglebert et François Couperin, le titre et b's
traitements de claveciniste de la chambre (1).
Je n'ai pu connaître l'époque de la mort d'Au-
toinette-Marguerite Couperin. »
* COUPERIN (Armand-Louis), fils de Ni-
colas, naquit à Paris le 25 février 1725, et non
le 11 janvier 1721. C'est Jal qui produit cette
date, en faisant connaître qu'il fut baptisé le len-
demain à l'église Saint-Gervais, dont son père était
alors organiste. Le même écrivain donne encore
les détails suivants : « Armand-Louis Couperin
épousa Elisabeth-Antoinette Blanchet, qui lui
donna plusieurs enfants. On dit qu'il mourut dcs
suites d'un accident , ce qui était arrivé à sou
(1) Archives de l'Empire- Secrétariat, E 3416, p. ce.
T. I. 14
2iO
COUPERIN — COUPPEY (LE)
grand-père François 1" Couperin; le inercrefli,
4 février 1789, il fut inhumé dans la cave de la
chapelle de la Providence, en l'église de Saint-
Gervais. Il était décédé rue du Monceau, dans le
logis ancien des Couperin. Son enleneinent eut
lieu en prt^sence de Pierre-Louis Couperin, orga-
niste du roi, et de François-Gervais Couperin,
organiste de la Sainte-Chapelle, qui signèrent
Couperin Caîné, Couperin le jeune.
COIIPERIX (Elisabeth-Antoinette BLAX-
CHET, épouse), femme d'Arinand-Louis Cou-
perin, artiste extrêmement remarquable, digne,
par son double talent de claveciniste et d'orga-
niste, de la famille célèbre à laquelle elle s'était
alliée, était né« vers 1728, et mourut à Paris,
au milieu du mois de septembre 1815, à l'âge de
quatre-vingt-sept ans. Le 16 de ce mois, la Ga-
zette de France annonçait cette nouvelle à ses
lecteurs, en publiant la lettre suivante, qui lui
était adressée par le fils de la défunte, dernier
représentant du grand nom des Couperin :
« Messieurs, accordez-moi, je vous prie, une
place dans votre journal, pour faire conii.ulre au
public, aiiialenr des arts, la gramle perle qu'ils
viennent <le faire dans la personne de Madame
Couperin, veuve d'Armand-Louis Couperin, or-
ganiste <l(i roi. W^ Couperin, née Blancbet, fit
ses étu les en musique comme aiiniil fait un
jeune homme destiné à cet art. Llle acquit un
talent supérieur pour l'exécution , pour l'har-
monie ei pour improviser sur l'orgue «les mor-
ceaux d'une composition remaripiable. Elle
épousa, en 1751, M. Couperin, organiste du roi
(comme l'avaient été ses ancêtres depuis deux
cents ans) ; elle eut de ce mari quatre erdants, dont
un seul lui survit dans ce nom. Elle a fait d'cNcel-
lents e eves, entre autres son neveu, M. Pascal
Taskin, processeur de piano à Paris. Il y a cinq
ans qn , se trouvant à l'église de Saint-Louis
de Yeisai.les, lorsqu'on essayait l'orgue. Monsei-
gneur I evêipie, M. le préfet et les autorités l'in-
vitèreiii a en toucher, et elle enleva tous les
suffra <. Elle avait alors quatre-vingt-d' ux ans.
Sa mo i< siie la fit se cacher, au po'nl qu'on ne
put ja'iais la retrouver pour la complimenter.
Huit JDi'rs avant l'attaque qui vient de la con-
duire ai' tombeau, elle fit les délices d'une société
qui l'axait priée de toucher un piano que l'on
voulaii iu;ier; elle avait pour lors quatre-vingt-
sept ai«- Ses vertus, ses qualités aiieables et ses
rares i . s la font vivement regrettei. Sans que
mon l ".(lignage soit suspect, je crois ([u'il est
diftkili de trouver une femme plus accomplie.
'< Couperin, Organiste, du Loi »
* C IJPERIIV ( ANTOINETTE-ANGÉHyllCJ ,
fille d'Armand-Louis, nommée Antoinette-"Vic-
TOiRE par Choron ft Fayolle et par l'auteur de
la liiographie universelle des Musiciens. C'est
Jal qui lui donne comme second prénom Angé-
lique, d'après l'acte de son baptême, qui eut
lieu à l'église Saint-Gervais le 5 avril 1754. Son
époux, Pierre-Marie Soûlas, fils du trésorier de
France, était « commis de la grand 'poste aux
lettres. »
* COUPERIX (PiERUE-Loiis), fils d'Ar-
mand-Louis, naquit à Paris le 14 mars 1755, et
mourut (rue du Pourtour St-Gervais) le 10 oc-
tobre 178!), âgé seulement de trente-quatre ans.
« Il fut inhumé, dit Jal, le 12, dans la cave où
avait été déposé le corps de son père huit mois
auparavant. »
* COUPERIX (François-Gervais), fils
d'Armand-Louis. On ignore les dates de la nais-
sance et de la mort de cet artiste, et l'on sait
seulement qu'il épousa le 22 décembre 1792, en
l'église Saint-Sauveur, M"' Hélènc-?*^rcisse Fay,
« lille mineure de feu Louis-Maxiinilien Fay,
ancien officier. » Ce renseignement, tiré par Jal
d'un acte authentique, nous fait voir que les au-
teurs du Dictionnaire historique des Musi-
ciens se sont trompés en donnant le nom de
Frey à la femme de François-Gervais Couperin.
Ces écrivains nous apprennent qu'elle était l'é-
lève de celui-ci avant de devenir sa femme, et
que son père, ancien chevalier de St-Louis, avait
été lieutenant-colonel du régiment suisse de
Salis-Samade. François-Gervais Couperin , qui
existait encore en 1815, eut une fille, Céleste
Couperin , qui était musicienne et douée d'une
fort jolie voix.
* COUPPEY (FEUX le;. Cet artiste dis-
tingué a fiublié, il y a quelques années, un petit
manuel intéressant, que sa longue et honorable
carrière dans l'enseignement le rendait plus apte
qu'aucun autre à concevoir et à mener à bien.
Sous ce titre -. De l' enseignement du piano,
conseils aux jnines professeurs (Paris, Ha-
chette, 1865, in-12), il a écrit une sorte de guide
pratique et intelligent, qui devrait être dans les
mains de tous ceux qui se consacrent à cette
difficile et laborieuse carrière du professorat,
qui exige tant de qualités diverses, on pourrait
dire tant de vertus, et une si grande sou[)lesse
d'esprit et de talent. Sur les qualités générales-
que doit posséder un bon maître, on ne saurait
dire plus juste que M. Le Couppey : « Quelque
talent d'exécution qu'il possède d'ailleurs, celui
qu'une vocation décidée ne porte pas vers l'en-
seignement ne sera jamais qu'un professeur mé-
iliocre. Ce don de transmission si rare et si
précieux, cette .sorte d'intuition qui fait pénétrer
COUPPEY (LE) — GOUSSEMARER
21 fi
tout d'abord le raradère d'un élève ; ce juge-
ment sûr et rapide qui découvre à propos les
moyens de réussir, soit l'affection, soit la dou-
ceur ou la fermeté ; cette clarté dans la démons-
tration, si nécessaire surtout avec les enlianls ;
en un mol, cet art difficile d'instruire en inté-
ressant toujours, tout cela ne s'apprend guère :
c'est un don de la nature plutôt qu'tm fruit de
l'étude. Néanmoins le goût de l'enseignement
fait quelquefois naître et développer peu à peu
ces qualités essentielles : appliquez-vous donc à
les acquérir, sur toute chose, faites en sorte, en
présence de votre élève , de montrer conslam
ment une aimable égalité d'humeur, car rien
n'est conlagieux comme l'ennui. Que peul-on
espérer d'une leçqn prise avec fatigue, avec dé-
goût ? Si la forme en est attrayante, cette leçon,
bien au contraire, sera toujours acceptée comme
un plaisir ou comme un délassement. Sachez
TOUS faire aimer, c'est la moitié du succès. »
On doit encore à M. Le Couppey la publication
suivante : L'Art du piano, 50 études prisesdans
les œuires des maîtres et annotées (Paris,
Maho, in-4° .
COUIiTAT( ),est l'auteur de l'opu-^-
cule suivant : la Musique , poème d'humo-
riste (Paris, Laine et Havard, !803, in -8" de
40 pages).
COUSIIV-J \CQUES(Le).— T oye; BEF-
FROY DE REIG.W.
* COUSSEAl.MÎER ( Ch.\rles-Edmond-
Henri DE), écrivain musical fort distingué et
qui a rendu à l'art des services signalés, est né
le 19 avril 1805, et non 1795, comme il a été
dit par erreur, et est mort à Boui bourg (Nord),
le 12 janvier 187C. Ce travailleur infatigable,
poursuivant incessamment ses recherches sur la
musique du moyen âge, avait acquis di; nouveaux
droits à l'estime publique par la publication d'ou-
vrages pleins d'intérêt, dont quehiues-uiis, mal-
heureiisemtnt, n'ont pu être achevés p;ir lui.
Le plus inipoitant, sans conlredit, est celui q i
avait pour titre : Scripiores de mnsica medii
scvi nova séries a Gerberlina altéra (Lille,
Lefebvre-Ducrocq, 1866-69, 3 vol. in-4"), qui,
ainsi que l'indique son titre, est une suite de la
publication entreprise au XVIII' siècle par Ger-
bert, laquelle a été « le point de départ de tous
les travaux solides sur le chant ecclésiasli()ue et
la musiq\ie mesurée qui se sont succède depuis
lors. « L'abbé Geiberl était loin d'avor épuisé
la matière loivqu'il publia son recueil de traités sur
la musique, dans lequel le XII« et le XIII» siècle
surfout étaient insiifiisamment représentes, quoi-
que les traités de celle époque fussent noml)reux.
Aussi est-ce par eux que M. de Coiissemaker
commença sa collection complémentaire : « Ces
traités, dit-il, dans lesquels il y a aussi beau-
coup à puiser pour l'histoire du chant ecclé-
siastique, sont ceux de Jérôme de Moravie, de
Jean de Garlande, de Francon de Cologne, de
Pierre Picard, de Waller Odington, du nommé
Aristote, de Jean Balloce, de Robert de Handio,
de Jean Hanboys et de sept anonymes (qui for-
ment le 1" volume). Le tome II des ScriptoreSy
dont l'émission a suivi de près celle du tome P'
auquel il sert de complément sur plus d'un point,,
contient le Tonal de Reginon de Prum en fac-
similé, un fragment de Hucbald, des traités iné-
dits de Gui d'Aiezzo et d'Odon de Cluny, le
traité de Guy de Chàlis, le Spéculum masicx
de Jean de Mûris (liv. VI et VII) et deux ano-
nymes). Le tome lit renferme quarante traités
inédits du XIV^ siècle, entre autres ceux de
Philippe de Vitry, de Jean de Mûris, de J.
Holhby, de Prosdocime, de Beldemande, de Th.
de Campo, de Chrétien Sadze, de Nicaise Weyis,
de Verulus d'Anagnia, de Phili(>pe André, de
Philippe de Caserle, d'Egidius de Miirino, de
Guillaume Moine et d'Antoine de Leno, etc. Un
quatrième volume contiendra les œuvres de Jean
Tinctoris, de Jean le Chartreux, dit de M.mtoue,
de Simon Tunstede, de Tlieinred et de quelques
autres auteurs du XV' siècle. » La mort a sur-
pris M. de Coussemaker avant qu'il lui ait été
possible de faire paraître ce quatrième et dernier
volume, destiné à compléter un ouvrage aussi
précieux. « Je termine en ce moment (m'écri-
vait M. de Coussemjiker peu de temps avant sa
mort) le tome IV et dernier de mes Écrivains
sur la musique, ouvrage capital. Je désire aussi
publier VArt harmonique au XIV siècle,
formant le trait d'union entre l'Art harmonique
aux Xll" et XIIl" siècles et les œuvres théo-
riques des maîtres du XV^ siècle. » 11 n'a pas
eu le temps de faire paraître non plus ce dernier
ouvrage, auquel il travaillait depuis longues an-
nées. Quant à fArt harmonique aux XI le et
Xin^ siècles, M. de Coussemaker l'avait publié
en 1865 (Lille, Lefebvre-Ducrocq, in-i") ; ce livre
important est divisé en trois parties, dont la
première contient un exposé rapide de l'origine,
de la constitution et des premiers développe-
ments de la musique harmonique, la seconde le
résultat des recherches relatives aux composi-
teurs (déchanteurs, didacticiens et trouvères), et
la troisième une série de cinquante et une corn»
positions à deux, trois et quatre parties, repro-
duites en notation originale d'après le célèbre et'
inappréciable manuscrit de la bibliothèque de la
Faculté de médecine de Montpellier, et accom-
pagnées d'une traduction en notation moderne^
212
COUSSEMARER — COWEN
; M. de Coussemaker a publié encore deux ou-
Trages fort importants; l'un a pour titre : Dra-
mes liturgiques du moyen âge (Paris, Didron,
1860, in-4°), et l'autre : Œuvres complètes du
trouvère Adam de la Halle, itoésles et musique
(Paris, Durand, 1872, in-4''). Pour ce dernier,
qui comprend en effet toutes les œuvres poéti-
ques et musicales d'Adam de la Halle, je renvoie
au nom de ce trouvère, qui peut être considéré
comme le père de notre opéra-comique, et dont
on n'avait reproduit jusqu'ici que des fragments.
Quant aux Drames liturgiques du moyen-
âge, ce livre comprend, après une introduction
substantielle, la reproduction de vingt-deux
drames (dont huit entièrement inédits, douze
inédits pour ce qui concerne la musique, et deux
précédemment publiés par l'auteur), et |)lusieurs
notices donnant l'âge, l'histoire et le contenu des
divers manuscrits qui ont fourni à l'iiislorien la
matière de son ouvrage. Dans le compte-rendu
consacré à celui-ci dans le Journal des Suivants,
Charles Magnin s'exprimait ainsi : « ... M. de
Coussemaker a, pour la |)lus grande commodité
des lecteurs, donné le texte de ses vingt-deux
drames sous une double forme, il a d'abord
placé les paroles sous la mélodie; puis il a re-
produit le texte à part, ce qui permet d'em-
brasser plus aisément l'ensemble de la composi-
tion. La notation est, dans tout le cours du
volume, celle du plain-chant. Quant aux pièces,
en assez grand nombre, dont les mélodies sont
écrites sur quatre lignes en neumes guidoniens,
ou même sans aucune portée, selon le système
antérieur à Gui d'Arezzo, l'auteur les a rame-
nées à la forme carrée des XIII' et XIV siè-
cles, en conservant exactement la valeur des
notes et des ligatures originales. Enfin , pour
mettre tout le monde à môme d'apprécier à la
fois l'âge des manuscrits et la manière dont il a
traduit l'ancienne notation en plain-cliant, M. de
Coussemaker a faft graver un feuillet de chaque
pièce en fac-similé avec toute l'exactitude qu'on
peut attendre actuellement de la lithographie et
de la lithochromie. »
Si l'on joint les publications qui viennent d'être
décrites à celles dont la liste raisonnée se trouve
déjà dans h Biographie universelle des Mu-
siciens, on acquiert facilement la preuve que
l'existence laborieuse et féconde de M. de Cous-
semaker est loin d'avoir été inutile à l'ait qu'il
chérissait. Ses travaux, au contraire, qui por-
tent la trace d'un esprit à la fois pratique et dis-
■tingué, auront singulièrement servi à dégager de
l'obscurité certains points très importants de
l'histoire de la musique au moyen âge ; de plus,
les monuments restitués par lui, avec les gloses
dont il les a accompagnés, sont d'inappréciables
témoignages en faveur d'un art jusque-là impar-
faitement connu, et enfin les résultats solides de
ses recherches patientes permettent de constater
la véritable valeur de cet art et nous font con-
naître un grand nombre d'artistes remarquables
auxquels on n'avait pu accorder encore toute
l'attention qu'ils méritaient. A ces divers titres,
M. de Coussemaker a droit à l'estime et à la
reconnaissance de tous ceux que ces questions
intéressent.
'* COUSU (Antoine DE). Un de nos biblio-
graphes musicaux les plus distingués, M. Er.
Thoinan (,\'oy. ce nom), a puldié sur cet artiste un
opuscule précieux à plus d'un tilre : Antoine de
Cousu et les singulières destinées de son livre
rarissime : « la Musique universelle » (Paris,
Claudin, 1866, in-12 de 23 pages, tiré à 50
exemplaires). Cette brochure donne les détails
les plus curieux, les plus utiles et les plus in-
connus sur Antoine de Cousu et sur son livre,
dont on supposait jusqu'à ce jour qu'il n'existait
que l'exemplaire en la possession de Fétis, puis-
.que celui de la Bibliothèque nationale avait dis-
paru. M. Nisard avait trouvé un autre exem-
I)laire dans une bibliothèque publique de Paris;
mai< malgré les instances qui furent faites près
de lui, il se refusait, à l'époque où M. Thoinan
publia sa brochure, à indiquer le dépôt qui pos-
sédait ce rarissime ouvrage. Depuis, M. Potlier
de Lalaine a pénétré ce secret si bien gardé et l'a
dévoilé dans son Bibliographe musical (N" 4,
juillet 1872). Le livre de Cousu se trouve à la
Bibliothèque Mazarine sous le n° 4727 D.
COUTURIER ( ) est auteur d'un
écrit ainsi intitulé : Décadence et restauration
de la musique religieuse (Paris, 1862, in-S" de
145 pp.).
COUZA (Th ), violoniste et compositeur
contemporain, a publié un certain nombre de
morceaux de genre pour le violon avec accom-
pagnement de piano. On lui doit aussi un Trio
de concert, pour piano, violon et violoncelle
(Paris, Prilipp), et quelques morceaux pour
piano seul, entre autres une Grande Marche
triomphale, op. 20, dédiée à Guillaume III, roi
des Pays-Bas.
COWEN (Frédéric-Hymen), pianiste et
compositeur anglais, né à Kingston (Jamaïque), le
29 janvier 1852, fut, paraît-il, un enfant pro-
dige. A six ans il jouait déjà bien du piano et
composait sa première valse. Il n'en avait que
quatre lorsqu'il fut amené en Angleterre, où, ses
dispositions musicales paraissant extraordinaires,
il fut confié aux soins de deux artistes distingués,
MM. Goss et Julius Bénédict. En 1865, il partit
COWEN — GRAS
213
pour l'Allemagne, alla terminer ses études aux
conservatoires de Leipzig et de Berlin, et revint
à Londres en 1868. La fortune alors sembla le
prendre par la mafn, et se plaire à aplanir de-
vant lui tous les obstacles : il écrivit beaucoup,
et ses compositions, recherchées et publiées par
les principaux éditeurs, étaient exécutées partout,
dans les salons, dans les concerts, dans les fes-
tivals, et par les meilleurs orchestres. Il produi-
sit ainsi une sonate pour piano, un trio et un
quatuor instrumental, un concerto de piano, une
symphonie en ul mineur, une opérette inlilulée
Garibaldi, puis une grande cantate, i/ie Rose
maiden {la Rose virginale), qyn fut chantée dans
Saint- James Hall, le 30 novembre 1870, par
M""" Tietjens et Paley, MM. Norblom et Stock-
hausen. M. Cowen, qui s'était produit en premier
lieu comme virtuose pianiste, d'abord à Londres,
puis en Allemagne, obtint surtout un grand suc-
cès avec sa symphonie en «^mineur, qui, exécu-
tée pour la première fois dans un concert donné
par lui, fut ensuite entendue au Palais de cristal.
Enfin, au mois de novembre 1876, ce jeune ar-
tiste a fait représenter sur le théâtre du Lyceum,
de Londres, un opéra anglais intitulé Pauline,
qui reçi^ du public l'accueil le plus favorable et
le plus encourageant. Certains critiques, à l'ap-
parition de cet ouvrage, ne craignirent même pas
de placer son auteur à côté, sinon au-dessus de
Wallace et de Balfe, les deux compositeurs dra-
matiques les plus renommés de l'Angleterre au
dix-neuvième siècle. M. Cowen a publié un as.sez
granri nombre de mélodies vocales, parmi les-
quelles il faut citer : So faraway, The old love
is the new, Wliy ? Aubade, Il vms adream,
Onlij a violet, Paat and f attire, Marguerite,
Spinning, If everij late, etc. On mentionne
encore de M. Cowen une cantate, t/ie Corsair,
écrite expressément pour le festival de Bir-
mingham, oii elle fut exécutée le 29 août 1876.
On ne doit p-is confondre cet artiste avec un
autre artiste du même nom, pianiste et com-
positeur aussi, établi comme lui à Londres,
M. Frédéric Auguste Cowen. Celui-ci est né
vers 1820. Je n'ai pu recueillir sur lui aucun
renseignement.
COYSSARD (Michel), de la compagnie de
Jésus, naquit en 1647, à Besse en Auvergne. Cet
auteur d'un grand nombre d'ouvrages étrangers
à la musique n'est cité ici que pour son Traïdé
du profit qu'on tire de chanter les Hymnes et
Chansons spirituelles en vulgaire, inséré à la
suite de son Sommaire de la Doctrine chres-
tienne, mis en vers, avec les Hymnes et Odes
spirituelles qu'on chante devant et après la
leçon d'icelle, etc., etc., édition de Lyon, 1708,
in-12. M. Er. Thoinan a publié sur cet éciitde
Coyssard une brochure très-intéressante et de-
venue rare; elle est intitulée : Curiosités musi-
cales et autres, trouvées dans les œuvres de
Michel Coyssard, de la Compagnie de Jésus
(Paris, Claudin, 1866, hwl2 de 31 pages, tiré à
50 exempt.).
CRAEIJVAAGER (K -A ), chan-
teur, violoniste, guitariste, cHef d'orchestre et
compositeur, né à Ulrecht en 1817, est mort en
cette ville le 29 juillet 1858. Cet artiste, dont la
notoriété n'a pas dépassé les frontières de la
Hollande, s'est fait entendre avec succès comme
chanteur et comme virtuose sur le violon et la
guitare. Directeur de plusieurs sociétés musi-
cales : Symphonia, Aurora, Duce Apolline,
il a souvent dirigé de grandes exécutions, et a
contribué au progrès de l'art dans son pays. Il
a composé des lieder, des chœurs pour voix
d'hommes, des motets, des fantaisies pour la
guitare , et un quatuor pour instruments à
cordes.
CRAMA (Hubert), carillonneur, né à Mon-
tigny vers la fin du seizième siècle, fut en son
genre l'un des artistes les plus distingués de la
Belgique. Il remplaça en 1624 Jacques Reuslyn,
excellent virtuose lui-même, comme carillonneur
de la cathédrale d'Anvers, et c'est lui qui inau-
gura trente ans plus tard, en 1654, le nouveau
et fameux carillon placé dans la tour par les
frères Hémony. Après avoir occupé ses fonctions
pendant soixante années, Hubert Crama, qui
avait obtenu le titre de bourgeois d'Anvers le 26
octobre 1635, mourut en cette ville le 22 juin
1686 et fut enterré dans la cathédrale.
CRAMER, est un pseudonyme adopté d'un
commun accord par le commerce de musique de
Paris, pour la publication d'une foule de mor-
ceaux de piano sans importance, transcriptions ,
« bouquets de mélodies, » etc., tirés des opéras
en vogue, et que leurs auteurs ne veulent point
signer. Il ne manque pas cependant, en France
pas plus qu'ailleurs , de musiciens médiocres
toujours prêts à mettre leur nom sur des pu-
blications de ce genre. Toutefois, il se publie
chaque année, sous ce pseudonyme de Cramer,
des centaines de morceaux dont il est impos-
sible de connaître la provenance directe.
CRARD ( ), musicien français, est l'au-
teur de f Astronome en voyage, opéra-comique
en deux actes dont il a écrit les paroles et la
musique, et qui a été joué au théâtre-concert
Tivoli, à Paris, en 1876.
CRAS (P -J ), organiste et compo-
siteur belge, né le 13 septembre 1795, fut élève
de l'abbé André, chanoine de la métropole de
214
CRAS — CRESSENT
Ttfalines et l'un des meilleurs organistes de son
temps. D'abord organiste de l'église de Saint-
Jean, à Malines, de 1817 à 1840, Cras remplit
ensuite les mêmes fonctions à l'église de Saiiile-
Catlierine, à laquelle il resta attaché jusqu'à sa
«lort, arrivée le 4 novembre 1871. Comme com-
, positeur, on doit à cet artiste onze messes, dont
«inq solennelles et six pour les dimanches ordi-
naires, trois Tanlum ergo, trois Ave Maria,
douze morceaux pour orgue, etc. Cras avait fait
d'excellentes éludes latines; aussi «es composi-
tions chorales, d'ailleurs remarquables, se dis-
tinguaient-elles par la rigoureuse observation de
la prosodie et l'application heureuse du texte à
la musique.
CR.\Y WIXCKEL ( Ferdinand-Manlel-
MxiiTiN Louis-Barthélemy DE), compositeur de
musique sacrée, né à Madrid (Espagne) le 24
août 1820, habite Bordeaux depuis 1825, et y
a f;iit ses éludes musicales sous la direction lie
M. Bellon, professeur d'harmonie et de compo-
sition, élève de Reicha.
M. de Crajwinckel procède directement de
Weber, mais sa musique se distingue (dutôt par
le (harme et la naïveté des mélodies que par la
' facture, qui est souvent négligée. Sa deuxième
ines'>e (en sol mineur) est une œuvre remarquable
'par le sentiment et la couleur. Ses deux recueils
de cantiques renferment de vraies beautés.
M. de Craywinckel est l'auteur de quatre
messes solennelles à trois voix, soli et orchestre,
exécutées à l'église Saint-Bruno, dont il est maître
•<le chapelle. La troisième de ces messes a été
•exécutée il y a peu d'années, sous la direction
■de son auteur, à l'église Nolie-Danie de Bor-
deaux, par la Société de S;*inte-Cécile. M. de Cray-
winckel est le seul artiste bordelais auquel cette
société ait jamais accorde un pareil honneur.
On a, en outre, de la composition de cet ar-
tiste distingué et original : 1° vingt motets et
saluts solennels ; 1° deux recueils de canti-
ques (chœurs à trois voix); 3° Stabat avec chœur
principal, versets, soli et accompagnement de 2
violoncelles, contrebasse et orgue ; 4" les c nq
principales messes de l'année (plain-thant ro-
main) et les Antiennes de la sainte Vierge,
harmonisées à trois voix, contre- basse et orgue,
ainsi que plusieurs hymnes, et les deux célèbres
proses de Pâques et de la Pentecôte.
M. de Craywinckel possède encore en por-
tefeuille une foule de compositions religieuses
qui seraient bien dignes d'être publiées, et qui
tenteroni sans doute, un jour ou l'autre, un édi-
teur intelligent. A. L — n.
CRÉMOJXT ( ). Un artiste de ce nom,
.(frère cadet de celui qui fut chef d'orchestre
de rodéon, était chef d'orchestre du théâtre
de Caen, pour lequel il écrivit la musique d'un
petit ouvrage, Lascaris et Zélia ou une Fa-
mille grecque, représenté au mois de janvier
1829, et celle d'un opéra-comique, la Rosière
suisse, donné le 4 mars 1834.
CRi;Oi\TI ( ), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra bouffe, Ser Barnaba, o
la Aotte degli Innamorati, représenté au
théâtre Gerbino, de Turin, le 5 juin 1867.
CREPOUX(A -M ), pianiste et pro-
fesseur belge, fixé à Charleroi, où il se livre à
l'enseignement du piano, a publié en 1875 un
ouvrage ainsi intitulé : Traité fondamental du
piano, exercices dans tous les tons, avec un
doigté uniforme et l'explication de Vharmo-
nie sans basse chiffrée, Bruxelles, Schott,
in- fol.
* CRÉQUILLOM (Thomas). Cet artiste fa-
meux a fourni quarante-neuf chansons au recueil
divisé en six livres que Pierre Phalèse publia à
Louvain en 1555-1556, et dont le premier parut
sous ce titre : Premier livre des chansons à
quatre parties, nouvellement compose:^ (sic)
et mises en tnusicque, convenables tant aux
intrumenfz comme à la voix (Louvain, 1555,
in-4").
CRESCIMAiXNO (Le baron), compositeur
amateur fort riche, issu de la famille des ducs
d'Albafiortta, est l'auteur d'un opéra représenté
en 1862, à Caltagirone, sous le titre d'Angiola
di Ghemme. Plus tard, ce dilettante eut la sin-
gulière idée de mettre entièrement en musique
les cinq actes d'une tragédie d'Alfieri, Filippo,
et, le 21 avril 1875, il en faisait exécuter trois
dans une soiiée donnée par lui au théâtre de
la Pergola, de Florence. Cette œuvre, paraît-il,
était absolument au-dessous de toute critique, et
l'auteur ne jugea pas à propos de renouveler
l'expérience.
* CRESPEL (Jean). Sept chansons de ce
maître sont in.sérées dans le recueil divisé en six
livres que Pierre Phalèse publia à Louvain en
1555-1 556, et dont le premier parut sons ce titre :
Premier livre des chansons à quatre par-
ties nouvellement composez (sic) et mises en
musicque, convenables tant aux instrumentz
comme à la voix (Louvain, 1555, in-4").
CRESSEIXT (Axatole), avocat et amateur
de musique distingué, né à Argenteuil (Seine-et-
Oise) le 24 avril 1824, mort à Paris le 28 mai
1870, des suites d'une chute de cheval, mérite
une place dans ce Dictionnaire pour la preuve
d'affection intelligente qu'il a donnée à l'art mu-
sical. Élève de Lefébure-Wély et de M. Paul
Bernard, Anatole Cressent avait étudié la mu-
CRESSENT
215
sique pour son agrément, mais ses éludes avaient
été solides et il était devenu liabile pianiste et
compositeur élégant. Avocat non plaidant, devenu
associé d'agent de ctiange, la fortune lui avait
souri et lui avait permis de se livrer sans con-
trainte, en ses lnures de loisir, à la culture de
l'art qu'il chérissait. Il avHit composé un assez
grand nombre de chœurs d'un heureux caractère,
qui étaient souvent chantés dans les réunions du
grand monde, des mélodies vocales d'un tour ai-
mable et distingué, et de fort jolis morceaux de
musique de danse pour le piano. Quelques-unes
de ces compositions ont été publiées.
Mais ce n'est point là ce qui rend la figure de
Cressent intéressante ; c'est un projet vaste autant
que généreux, qui lui assure un nom honorable
parmi les bienfaiteurs de l'art musical en France,
et dont son ami et l'un de ses exécuteurs testa-
mentaires, M. Paul Bernard, parlait en ces termes
dans l'article nécrologique qu'il insérait à son
sujet dans la Revue et Gazette musicale du
5 juin 1870 :
« Préoccupé de longue date des intérêts et de
l'avenir de l'art musical dramatique, il lui était
venu à la pensée qu'un concours annuel et per-
pétuel, faisant appel à tous, et instituant comme
complément l'exécution publique de l'œuvre cou-
ronnée, pourrait avoir quelque chance d'ouvrir
un débouché nouveau aux compositeurs si peu
' favorisés sous ce rapport, servirait peut être de
baptême dans un temps donné à un homme de
génie et, dans tous les cas, entretiendrait celte
étincelle divine qui doit féconder les adep-
tes de l'art par l'espérance d'être écoutés un
jour.
'< Il s'était mis à l'œuvre alors. Payant de sa
personne pour la combinaison d'un vaste pro-
gramme, payant de sa fortune pour en rendre
' la réalisation possible, il vtnait de présenter, à
S. Exe. M. le ministre des Beaux-Arts, un pmjet
de fondation perpétuelle avec affectation à un
concours annuel et permanent pour la composi-
tion d'un opéra ou d'un opéra-comique en un
ou deux actes, avec chœurs d'hommes et de
femmes, remplissant toutes les conditions sceni-
ques, et devant être exécuté au moins trois fois
publiquement. Pour cela, il offrait une somme
de 120,000 francs à l'Académie des Beaux Arts,
à la charge, par elle, d'établir ce concours sur
toutes le? bases fixées par son mémoire et selon
les améliorations étudiées et réglées par lui
Forcé de s'appuyer sur une institution active
pour établir l'exécution nécessaire à son sens de
l'œuvre couronnée, il avait pensé à utiliser les
forces vives dont dispose le Conservatoire au
^louble point de vue de son personnel de chan-
teurs et d'instrumentistes, et aussi de sa grande
salle de concerts, « «
Ce projet n'était point un projet en l'air, Cres*
sent avait pourvu à tout, et sa mort tragique ne
devait pas empêcher l'art et les artistes de béné-
ficier de ses généreuses intentions : un article de
son testament donnait un corps matériel à l'idée
qu'il avait poursuivie pendant sa vie, et un legs
de 100,000 francs fait par lui à l'État assurait la
création du concours qu'il avait projeté. Le tes-
tament s'exprimait ainsi à ce sujet : « Le culte
des Beaux-Arts — et de la musique en pai ticulier
— a toujours été l'objet le plus clier de mes pré-
dilections. Les hasards de la vie m'ont empêché
d'y consacrer mes facultés et mon temps. Mais
s'il ne m'a été donné de prendre rang parmi les
fidèles d'un art auquel je dois mes plus délicates
jouissances, j'ai pu, du moins, assister de près
à leurs efforts et à leurs luttes. Cette fiéquen*
talion assidue des artistes m'a fourni la convic-
tion que le sort des com|)ositeurs de musique
était, oar un état d'infériorité relative, digne
des plus ardentes sympathies et m'a, en même
temps, inspiré le désir de travailler, dans la
mesure de ma fortune, à leur fournir des moyens
de production et d'initiation de leurs œuvres aussi
favorables que ceux dont les peintres, sculpteurs
et ar( hitectes sont si largement dotés. De cette
conviction profonde et de ce désir réfléchi est
née la pensée de cette fondation. »
La famille de Cressent ne se montra pas au-
dessous de lui-même, et, désireuse de s'associer
à ses intentions pour faciliter la complète exé-
cution des volontés exprimées par lui, elle
v<iulut ajouter une somme de 20,000 francs à
celle qu'il avait léguée à l'État. Ces deux som-
mes réunies permirent d'acheter un titre de
rente de 3 0/0 de 6,188 francs, et le ministre des
Beaux Arts, d'accord avec les exécuteurs testa*
mentaires du défunt, décida que les arrérages
de cette rente, accumulés pendant trois années,
serviraient à foi'der un double concours triennal
pour le poème et la musique « d'un ouvrage
lyrique, bouffe, de demi-caractère ou dramatique,
opéra ou opéra-comique, en un ou deux actes,
avec chœurs et ouverture (1). »
La longueur du rapport présenté à ce sujet
au ministre par le directeur des Beaux-Arts ne
me permet pas de le reproduire ici, malgré son
intérêt. Je dois me borner à dire que les cora-
(1) Ce sont le.s termes du Rapport) au ministre da
l'Instruction publique et des Beaux-.4rts présenté par
M. I hurles RIjiic, directeur des Beauv.^rts, et qui ajoute :
« L'ouverture detra être un des niorceaui capitaux de
l'ouvrage. L'acle comique pourra être divisé en deux ta-
bleaux, u
216
CRESSENT — CRETU
posileiiis et lilléraleurs français ou naturalisés
tels peuvent seuls prendre part au concours ;
que l'àuteur ou poème et celui de la partition
couronnés reçoivent cliacun, immédiatement ,
une prime, de 2,500 francs; enfin qu'une somme
de 10,000 francs est allouée au théâtre, choisi
par les auieurs, « qui aura monté l'ouvrage et
qui, par une belle exécution, se sera montré à
la tiauieur du but que s'est proposé le fonda-
teur, « somme qui, néanmoins, ne lui sera ac-
quise et comptée qu'après la cinquième repré-
sentation publique On voit combien sont libé-
rales les dispositions adoptées, grâce, d'ailleurs,
aux idées exposées à ce sujet dans le testament
du donateur.
Au moment où cette notice est écrite (décem-
bre 1875), le concours Cressent est ouvert de-
puis plusieurs mois, et le jury nommé pour
examiner les œuvres présentées doit arriver au
terme de ses travaux. On se plaint déjà de len-
teurs fâcheuses, sans songer peut-être à l'im-
porîance du travail de ce jury et à la responsa-
bilité qui pèse sur ses membres. Quoi qu'il en
soit, le nom de Cressent doit être désormais
cher à tous les artistes, et la renommée de cet
hotnme de bien restera impérissable (1).
CRESSOM.XOIS (Joles-Alfr ed) , composi-
teur et chef de musique, naquit à Mortagne
(Orne), le 17 avril 1823. Élève de Fessy pour
l'harmonie, de Georges Kastner pour le contre-
point et la composition, il entra an Gymnase
militaire en 1845 et fut reçu chef de musique
eu 1847. Depuis cette époque jusqu'en 1865,
M. Cressonnois a dirigé successivement les mu-
siques des cuirassiers de la garde impériale, des
■guides et de la gendarmerie.
M. Cressonnois (it ses délnits de compositeur
en donnant à l'Opéra-Comique, le 18 juin 1858,
"Un petit ouvrage en un acte intitulé Chapelle et
Barhaumont . En 1862, il publiait sous ce titre :
Harmonies, un recueil de six mélodies vocales
avec accompagnement de piano, qui méritait
et qui reçut de la critique un excellent accueil,
«t qui fut suivi, en 1863, 1864 et 1865, de trois
recueils semblables portant le même titre. Les
pièces qui composent ces quatre volumes sont
fort distinguées au point de vue de la forme, et
révèlent un musicien nourri de bonnes éludes, à
qui l'inspiration ne fait pas défaut. M. Cres-
sontiois a publié aussi, séparément, un certain
nombre de romances et mélodies, parmi les-
r (1) Depuis que ces lignes sont écrites, le concours Cres-
sent a (tonne un premier résultat, en faisant couronner
un opéia-coiiiifuie intitulé liathyle, dont la musique
est l'œuvre de m. VViiUam Cliaumet lyf-'oy. ce nom). Cet
ouvrage n'a pas encore été représenté.
quelles nous citerons le Cavalier et l'Écho, ES'
pérance, Nuit d'étoiles, etc. Ou trouve encore,
dans le volume de M. Théodore de Banville,
Trente-six Ballades joyeuses (Paris, Lemerre,
1873, in-12), deux ballades mises en musique
par ce compositeur, qui a écrit aussi quelques
morceaux pour une comédie du même auteur,
Deidamia, représentée à l'Odéon au mois de
novembre 1876, et qui a publié, la même année,
un recueil de Mélodies chant et piano (Paris,
Schœn, in-8"). Depuis 1868, M. Cressonnois
dirige l'orchestre des concerts des Champs-
Elysées, et il a dirigé aussi les festivals popu-
laires qui, vers 1869, furent données dans la
salle du théâtre du Chàtelet,
Un fils de cet artiste, M. Panl Cressonnois,
a obtenu au Conservatoire, en 1874, un second
accessit d'harmonie et accompagnement , et a
fait jouer deux opérettes en un acte : un" Nuit
à Séville (théâtre des Familles, 1875), el Mac-
Hnlott (Fo'ies-Bergère, 1877).
CRESTE (JiLKs), compositeur, s'est fait
connaître d'ahord par la publication d'un certain
nombre de mélodies vocales, et a fait repré-
senter ensuite à l'Opéra-Comique un petit ou-
vrage en un acte, les Fourberies de Mnrinette
(2 juin 1858). M. Creste a écrit aussi, en société
avec M. Nargeot, alors chef d'orchestre des Va-
riétés, la musique des Trois Sultanes, de
Favart, transformées en opéra-comique et repré-
sentées à ce tlu'âtre, et il a publié plusieurs mé-
lodies vocales et quelques morceaux de musique
pour le piano.
CRÉTU (M"* SIMON ET, épouse), célèbre
artiste de la Comédie-Italienne et de l'Opéra-
Comique, naquit vers 1772 et commença sa
carrière en province. Elle était attachée au
Grand Théâtre de lîordeaiix, où son succès était
très-vif, lorsqu'elle vint débuter à la Comédie-
Italienne, le 26 mai 1788, dans l'emploi difficile
que M'"' Dugazon,' atteinte d'un embonpoint
précoce, allait laisser vacant pour prendre celui
des jeunes mères, dans lequel son admirable
talent ne devait pas briller d'un moins vif éclat.
M'"" Crélu se montra d'abord dans Biaise ei
Babel el l'Épreuve villageoise, et joua ensuite
le Droit dit "Seigneur, la Dot, VAmant jaloux,
CAmoureuD de quinze ans, le Déserteur, la
Colonie, le Tableau parlant, le Conte d'Al-
bert, et même Nina, où elle sut ne pas suc-
comber sous le souvenir écra.sant de sa devan-
cière. Douée d'une beauté riche et remarquable ,.
d'une voix séduisante dont elle se servait avec
beaucoup dégoût, possédant de rares qualités-
de comédienne. M'"' Crélu prit, si l'on peut
dire, possession du public, et fut bientôt l'un
CRÉTU — CRISTOFORI
217
des sujets les plus distingués de cette mer-
veilleuse troupe de la Comëdie-Italienne, si
fertile en talents de tous genres.
A kl retraite île M*"' Dugazon, M'"' Crélu,
prenant à son tour l'emploi des jeunes mères,
lui succéda complélement, et, grâce à son beau
talent, sut atténuer les regrets que cette retraite
causait au public. Depuis deux ou trois ans,
elle'avail joué quelques-uns des rôles de cet
emploi, et voici comment un critique en parlait
alors: n Quelques-uns des avantages physiques
que M""" Crélu possède ont cédé aux atteintes
du temps, mais il lui reste encore des qualités
précieuses, et qui doivent la rendre chère au
public et à ses camarades. Elle remplace ac-
tuellement M"" Dugazon, qu'elle doubla long-
temps dans les rôles marqués qui conviennent
à son âge ; c'est une bonne actrice au lieu d'une
qui était excellente; bien des échanges sont plus
désavantageux que celui-là. Elle e^t parfaitement
placée dans le Secret, Enphrosine et Cora-
din, l'Hal'it du chevalier de Grammont, et
même dans des rôles plus jeunes, tel que celui
qu'elle remplit dans Palma. Je me rappellerai
toujours l'impression que me firent les deux
jeunes personnes du Jugement de Midas,
quand elles paraissaient sous les traits de mes-
dames Saint-Aubin et Crétu, qui pourtant ap-
prochaient l'une et l'autre de la trentaine. Je
n'ai plus rien vu de semblable. »
M"" Crétu finit par prendre l'emploi des
duègnes, et y conserva toute sa réputation, en
même temps que l'affection sincère du public.
Elle se retira en 1818, après trente années de
services non interrompus, et laissa d'universels
regrets. Sa représentation de retraite eut lieu
avec un grand éclat, le 16 avril de cette année.
Elle mourut au moisde février 1829, âgée de cin-
quante-six ans. Son mari, excellent comédien,
avait parcouru la province avec elle; il fit partie
delà troupe du théâtre Montansier, devenu plus
tard celui des Variétés, et fut pendant longues
années l'un des directeurs associés de ce
théâtre!
CRISTAL (Maurice GERMA, dit), écri-
vain musical, est né à Narbonne en 1827. 11
étudia la musique de bonne heure, avec les
organistes .et maîtres de chapelle de la cathé-
drale de sa ville natale : Couche ( dont plus tard
il épousa la fille). Vola et Villa, et travailla
successivement le piano, l'orgue, l'harmonie et
la composition. 11 fit ensuite son droit à Tou-
louse, et, pendant son séjour en cette ville, fit
représenter une saynète dont il avait écrit la
musique. N'ayant pas réussi dans cet essai, il
renonça complètement à la composition, s'oc-
cupa pendant plusieurs années de jurisprudence
et d'études historiques, puis s'élant établi h
Paris, se voua à la littérature , et se consacra
surtout à des recherches historiques sur la mu-
sique. M. Maurice Cristal a publié depuis lors
un assez grand nombre de travaux de ce genre
dans différents recueils : la Revue contempo-
raine, le Correspondant, la Revue britannique,
le Contemporain, la Gazette des Beaux-Arts,
le Musée des Deux-Mk)7ides, la Chronique mu-
sicale, le Ménestrel, la Bévue et Gazette musi-
cale, l'Art musical, etc. Parmi ses travaux, il
faut signaler surtout les suivants: Hxndel et
la musique en Angleterre, Boccherini et la
musique en Espagne, Histoire de la sympho-
nie, Weber et l'Opéra allemand, l'École d'or-
cheste et les maîtres dechapelle allemands, les
Écoles musicales de la Bohême et de la Hon-
grie, etc. Dans ces écrits, dont quelques-uns méri-
tent des éloges, mais qui gagneraient considérable-
ment à être plus serrés, l'auteur porte à son point
extrême le système des nationalités appliqué à la
production artistique, et s'attache plus que de
raison à ce qu'il appelle l'ethnograiihie musicale.
A mon sens, la lecture en serait beaucoup plus
profitable si l'auteur ne rapportait pas tout à
cette idée, juste dans son point de départ, mais
exagérée par lui, et s'il consentait à être plus
bref et à ne point sortir de son sujet pour se
plonger dans des considérations secondaires et
parfois chimériques. Ces études, classées et
méthodiquement réunies, doivent paraître pro-
chainement sous ce titre : Tableau de l'histoire
musicale par écoles et par nationalités, et
former un ouvrage d'ensemble comprenant
quatre volumes. Jusqu'ici, M. Maurice Crislal
n'a publié que l'opuscule suivant : L'Art scnn-
dinave, la musique dans le Danemark, en
Irlande, en ISorwége et en Suède, Paris, Di-
dier, 187'4, in -8".
CRiSTIAiXI ( )• Un musicien italien
de ce nom a fait représenter en 1798, au théâtre
de la Scala, de Milan, un opéra bouffe intitulé
la Città nuova.
CRISTOFALÎ, CRISTOFAIM, CRIS-
TOFFOLl, ou CRISTOFOLI (Bartho-
LOMÉ). Voyez CRISTOFOUl (Bartholomé).
* CRISTOFORI (Bartholomé) (1), célèbre
facteur declavecms, naquit à Padoue, en Italie.
Les écrivains qui ont parlé de ce facteur ne
sont pas d'accord sur l'orthographe de son nom.
Quelques-uns écrivent Cristofali, d'autres
Crisiofoli, ou Cristoffoli ; son acte de nais-
|i) Cette notice est entièrement refaite, d'après des
documents nouveaux.
218
CRISTOFORI
sance porte Cristofani, tandis que celui de sa
mort porte Cristo/ori, et que sa signature au-
tograplie, placée au bas d'un reçu portant la
date du 23 septembre 1716 et conservé. dans les
archives de la cour grand ducale des Médicis
(dossier n" 1241, 2»^), est Bartolomeo Cristo/ori.
Cette diversité ne doit pas surprendre, par ce
fait même qu'elle est générale en Italie à propos
de noms qui se sont formés en ajoutant au pré-
nom du fils celui du père en qualité de nom ;
ce prénom devenu nom, étant généralement le
nom d'un saint du culte catholique, on a l'ha-
bitude de le prononcer suivant l'usage du dia-
lecte qui se parle dans le? différentes provinces,
de sorte que tandis "que dans certaines localités,
on dit Cristofano au lieu de Cristoforo, dans
d'autres, et particulièrement dans les provinces
vénitiennes, on dit Cristofalo, Cristofolo ou
Cristoffolo.
Du reste, la biographie de Cristofori est pres-
que toute entière à relaire. On disait (et l'on
ignore sur quelle preuve se basait cette asser-
tion) qu'il était né à Padoue en 1683. Félis a
adopté celle date dans l'article Cristofali de
la Biographie universelle, tandis que la décou-
verte faite récemment dans les registres de l'an-
cienne paroisse de Saint-Luc de la ville de Pa-
doue, par M. le comte P. Suman, de son acte
de naissance, nous fait connaître qu'il naquit à
Padoue le 4 mai 1653. On a dit, et Félis l'a
répété, qu'il s'établit à Florence en 1710 et y
fonda une manufacture de clavecins et d'épinettes,
tandis qu'il alla simplement s'établir à Florence
pour répondre à l'appel du grand prince de
Toscane, Ferdinand de Médicis, fils du grand-
duc Côme III, qui le prit à son service en qua-
lité de son facteur particulier de clavecins. Il
travailla auprès de ce prince avec Giovanni Per-
rini, son aide, probablement dans les ateliers
de mécanique in.-tallés dans le bâtiment dit fVg'/i
Uffizzi. On ignore la date précise de la venue
de Cristofori à Florence: celle de 1710, assignée
par Félis d'après Pelrucci (Biografia degli
artisli Padovani) est évidemment erronée. Ro-
bert Papafava, commissaire de la République de
Venise, adressait du Lido, le 30 mai 1693, une
lettre au prince Ferdinand, pour lui rendre
compte d'une commission dont il l'avait chargé
au moyen d'une lettre qu'il lui avait fait écrire
par Cristofori ; on peut donc en conclure qu'à cette
époque, Cristofori se trouvait auprès du prince à
Florence. Feu M. L. Puliti, dans son savant mé-
mémoire : Délia vitadel Ser. Ferai nando de'
Mediciet délia origine del piano forte (V. Affi
de l'Académie de l'Inslilut royal de musique de
Florence, tome XII, p, 92 ), suppose que ce
prince engagea personnellement Cristofori à
Padoue, lors du voyage qu' il fit en 1687 dans
les états de la République de Venise. En
acceptant cette hypothèse, qui n'est pas dé-
pourvue de probabilité, la venue de Cristofori à
Florence aurait eu lieu entre 1687 et 1693.
Ce fut dans les premières années du XVI II« siècle
que Cristofori, occupé à corriger le défaut prin-
cipal du clavecin, celui de ne pouvoir y graduer
la force du son, imagina de substituer auv
sautereanx, qui par leurs languettes de plume
ou de cuir pinçaient les cordes du clavecin, des
petits marteauv mus par les touches, et réalisa
son idée en construisant des clavecins à mar-
teaux, qui, en raison de la propriété qu'ils
avaient de donner des sons tantôt piano, tantôt
forte, furent appelés graiicembalicol piano e
forte, d'où, par raccourcissement, le nom mo-
derne de pianc-forte. De nos jours, on abrège
encore, et l'on dit simplement piano, ce qui
contraste d'une manière singulière avec les ef-
forts incessants que l'on fait pour accroître la
sonorité de cet instrument. Le comte Scipione
Maffei, Véronais, étant de passage à Florence
en 1709, y fit la connaissance de Cristofori.
Dans cette circonstance, il eut l'occasion de voir
et d'entendre trois de ses nouveaux instruments,
dont il fit une description détaillée qu'il ac-
compagna d'un dessin du mécanisme intérieur,
et qu'il publia dans son Giornale dei letterati
d'italia, t. IV (Venise, chez Ertz). Cristofori,
outre les trois piano-forte dont il est question
ci-dessus, en construisit bien d'autres durant
sa vie, en y apportant toujours de nouvelles
améliorations, et M"' veuve Noëmie Marleili,
de Florence, en possède un signé de l'auteur et
portant la date de 1720, dont le mécanisme est
bien supérieur à celui décrit par Maffei. Cepen-
dant, ces améliorations successives concernent
seulement les.détails, car le mécanisme fut conçu,
dès le principe, par Cristofori, avec tous les ca-
ractères d'une perfection tout au moins relative :
triple système de leviers, échappement, repous-
soirs, étouffoirs, etc., rien n'y manque de ce qui
constitue l'ensemble du mécanisme des piano-
forte modernes. Ce qui le distingue de l'ancien
mécanisme allemand, dans lequel les marteaux
sont attachés par une fourche à la queue de la
tige des touches, c'est que les marteaux y sont
séparés et indépendants des touches, comme
dans les pianos du système français. On a con-
testé longtemps à Cristofori l'invention du
piano-forte pour l'attribuer à Marins et à
Schroèder; mais, outre que le projet pré-
senté par le premier à l'Académie de France et
les modèles du second sont postérieurs de quel-
CRISTOFORI — CROFF
219
ques années aux travaux de Cristofori, l'état in-
forme de leurs conceptions fait qu'on ne peut
pas les comparer à son invention. Reste Silber-
man, qu'on a regardé longtemps en Allemagne
comme le véritable inventeur du piano-forte ;
mais lui-même est venu, avec ses instruments,
postérieurement à Cristofori. Cependant, la jus-
tice veut que l'on accorde à l'habile facteur al-
lemand la qualité d'inventeur, car, même en ad-
mettant que Silberman ait puisé la donnée de son
problème dans ce qu'il avait appris de l'invention
de Cristofori, ce qui est probable, la différence
de mécanisme prouve qu'il a chercbé avant de
le résoudre.
L'invention de Cristofori eut le sort de pres-
que toutes celles qui viennent heurter les habi-
tudes des artistes. Tandis que les littérateurs et
les poètes la prônaient, les clavecinisles italiens
lui étaient hostiles, et, au commencement de
ce siècle même, il ne manquait pas en Italie de
maîtres qui préféraient le clavecin au piano-
forte, au moins pour l'accompagnement du chant.
Le grand prince Ferdinand étant mort en 1713,
le grand-duc Côme III, quoique ennemi mortel
de la musique et des musiciens, retint Cristofori
à son service et le chargea de la conservation de
la riche collection d'instruments de musique de
toute espèce réunie autrefois par son fils : Cris-
tofori remplit cet emploi jusqu'à la fin de ses
jours, et mourut le 17 mars 1731 ; il fut enterré
dans l'église de la paroisse, aujourd'hui suppri-
mée, de San-Jacopo frà Fossi (1).
L.-F. C.
'CROESCHenri-JacquesDE). Desdocuments
récemment découverts aux archives générales
de Bruxelles établissent que cet artiste ne fut
point, comme il a été dit par erreur, directeur
de la musique du prince de la Tour et Taxis, à
Ratisbonne, car il succéda en 1753 àN. de Croes
(probablement son père) comme maître de la
chapelle royale de Bruxelles, et il remplit sans
interruption cet emploi jusqu'au 16 août 1786,
époque de sa mort.
Voici, dressée par lui-même et écrite de sa
main, une Liste des pièces de musique tant
vocale qu'instrumentale, composée pour le
service de son Altesse Royale, par H. J. de
Croes, maure de musique de la chapelle royale.
1. Missa brevis et solemnis, à 4 voc. col. ins-
trum; 2, Id.; 3, Id.; 4, Id.; S, Jd.; 6, /d.; 7,
(1) Au mois de mai 18T6, de grandes fêtes solennelles
ont été célébrées à Horence en l'honneur de Cristofori,
€t une pierre sur laquelle était tracée une inscription
comraéDiorative de son invention était placée, par les
«oins du comité spécial, dans le cloître de Santa Croce.
— A. P.
fd.; 8, Id.; 9, Id.; 10, Id.; 11, Id.; 12, Id.; 13,
Id.; 14, Id.; 15, Id.; 16, /d.,pro defunctis. —
Motets à grand chœur et 4 voc. col. instrum.
1, Caierva venit cum gaudio; 2, Summi to-
nantis gloriam ; 3, Omnes gentes; 4, Confite-
bor tibi, Domine j 5, Magnus Dominus; 6,
Gaudete, cantate; 7, Dominus, dominus nos-
ter; 8, Exurgat Deus; 9, Venite, exultemus;
10, 0 fidelrsexullate; 11, Lxtx tubœ; 12, Ju-
lilate Dec; V3,Qaare fremuerunt; 14, Vktimee
paschali; 15, Âctusamoris; 16, Actus timoris ;
17, A facie Domini mota est terra; 18, Lauda
Sion; 19, Ecce panis; 20, Veni, sancte Spirilus;
21, 0 chorus angelorum; 22, Hodie nobis,de
Nalivilate; 23, Exultandi, de Nativitate; 2i,Eia
snrgile, de Nativitate ; 25, Lux novain Oriente,
<ie Nativitate ; 26, i\unc dimittis, de Purifica'
tione ; 27, Almaredempioris ; 2^, Ave Regina;
29, Regina ceci i ; 30, Salve Regina; 31, Te
Deum laudamus; 32, Id.; 33, Id.; 34, Venite
gentes. — Grandes symphonies pour les concerts
des jours des Galles (sic). 1, Sonata à 2 violons,
alto è basso, 2 oboe, 2 trom. e tymp. ; 2, sonata
à 2 violons, alto e basso, 2 oboe, 2 cor.; 3, sonata
à 2 violons, alto e basso, 2 oboe, 2 cor.; 4, Sonata
à 2 violons, alto e basso, 2 oboe-, 5, sonata à 2
violons, allô e basso, 2 oboe, 2 trom. è tjmp ;
6, sonata à 2 violons, allô e basso, 2 oboe.; 7, Id.;
8, Id.; 9, Sonata à 2 violons, alto e basso, 2 oboe,
2 cor.; 10, yd.; 11, /d.; 12, /rf.; 13, /d-; 14,/d.;
15, Id.; 16, Id. — Symphonies d'église. 1, so-
nata à 4 instrum., col. oboe, ad libitum; 2, so-
nata à 4 instrum., 2 oboe, ad libitum; 3, Id.;
4, Id.; 5, Id.; 6, Id.; 7, Id.; 8, Id.; 9, Id.;
10, Id.;\{,Id.; \2,Id.; 13, /d.; 14, Sonata
p;islorale à 4 instrum., oboe, ad libitum; 15,
Id.; 16, Id. (1).
CROFF (Giovanni-Battista), compositeur
et professeur italien, né au commencement de ce
siècle, fut nommé professeur d'harmonie au
Conservatoire de Milan en 1850, et conserva ces
fonctions jusqu'au mois de février 1868, époque
de sa mort. Cet artiste estimé avait publié des
romances, des fantaisies pour piano, des duos
pour piano et harmonium ; de plus, il avait écrit
la musique d'un opéra-bouffe. Quanti Casi in
un sol giorno ! qui avait été représenté au théâtre
de la Scala, dans l'automne de 1834, et celle
d'un ballet intitulé Giovanni di Leida, ossia
il falso Profeta ; enfin, il avait obtenu une ré-
compense dans l'un des concours de composi-
tion ouverts à Florence par M. le docteur Basevi.
(1) Ce document a été publié par M. Edmond Vander
Straelen. dans le premier volume de son ouvrage: la
Musique aux l'ays-Dat.
220
CRONTHAL — CUNIEWICZ
CROi\TIIAL(Wiiuam). — Foyes GROSS
(Pierre).
CROZE (J -B....), compositeur, a fait
représenter au Granii-Tliéàtre de Marseille, le
30 mai 1854, un opéra en un acte intitulé Louise
de Charolais. Cet artiste a beaucoup d'autres
ouvrages dramatiques inédits, notamment Ha-
rold, opéra fantastique en 5 actes, et la Moabife,
opéra biblique en 5 actes; ce dernier a été joué
à Marseille sur une scène d'amateurs, le tliéàtre
Michel. M. J. B. Croze a publié un certain nom-
bre de morceaux pour piano et violon , pour
chant, et de la musique de danse pour le piano.
Al. R — d.
CROZE (Ferdinand DE), pianiste et compo-
siteur, né à Marseille vers 1828, s'est livré de
honne heure à l'enseignement , en même temps
qu'il écrivait, pour les principaux éditeurs de Pa-
ris, une foule de morceaux de genre d'une grâce
assez facile, qui obtenaient du succès auprès des
amateurs de ce genre de musique. Il y a de tout
dans les productions de M. de Croze, des polo-
naises, des sérénades, des tyroliennes, des mar-
ches, des élégies, des méditations, des pasto-
rales, des galops, des caprices, des études, des
rêveries, des chansons, des esquisses, avec les
titres les plus chatoyants et les plus étranges :
Tnanon,il Corso, Séville, En chemin de fer.
Ciel et Terre, la Derbonka, les Oiseaux mys-
tiques (?}, la Razzia, les Ombres, En Aérostat,
Crescendo, le Ratnier, etc., etc. Le nombre
de ces bagatelles ne s'élève pas aujourd'hui à
moins de cent cinquante, et rien n'annonce que
la fécondité de l'auteur soit près de se lasser.
CRQZET (F ), avocat et riche amateur
de musique ii Grenoble, est auteur de l'ouvrage
suivant : Bévue de la musique dramatique en
France, contenant un essai abrégé de l'histoire
de l'opéra, des notices, par ordre alphabéti-
que, de tous les opéras ou opéra-comiques qui
ont été représentés en France sur nos divers
théâtres lyriques, y compris le Théâtre-Italien,
et enfin des notices, aussi par ordre alphabé-
tique, sur les compositeurs dont les œuvres ont
été représentées en France, avec la liste de
tous leurs ouvrages (Grenoble , Prudhomme,
1867, un vol. in-8"). Ce livre, qui aurait pu être
utile, est malheureusement fort incomplet, fort
inexact, et ne saurait être consulté avec fruit,
parce qu'il en faut contrôler avec soin tous les
renseignements. Quant aux aptitudes critiques
de l'auteur, elles sont absolument nulles.
M. Crozet a publié un Supplément à la Bévue
de la musique dramatique en France (Gre-
noble, Prudhomme, 1872, in-8" de 39 pp.).
^ * CRUVELLI (FRÉDiRiQUE Marie CRU-
VVELL, dite), est morte à Bielefeld, sa ville na-
tale, le 26 juillet 186S.
CUÉLLAR Y ALT.\RRIRA(Ramon-FÉ-
Lix), compositeur et organiste distingué, né à
Santiago (Galice) à la fin du dix-huitième siècle,
fut enfant de chœur à l'église de la Seu, de Sa-
ragosse, el apprit la musique et la composition
sous la direction de Garcia, dit l'Espagnolet. Il
devint maître de chapelle de plusieurs églises, .
entre autres de la cathédrale d'Oviedo (1817),
fut nommé ensuite musicien de la chambre royale,
et en 1828 prit possession de l'orgue de l'église
métropolitaine de Santiago, sa ville natale, où il
mourut le 7 janvier 1833. « Cuéllar, dit M. Bal-
tasar Saldoni dans ses Efemérides de musicos
espanoles, fut un des meilleurs représentants
de l'école de VEspagnolet : avec moins d'origi-
nalité que son condisciple Prieto, moins de pro-
fondeur que Secanilla, mais avec plus de feu et
d'enthousiasme que tous deux, et avec un savoir
égal, il fut un maître digne de tout éloge. » Parmi
ses nombreuses compositions, on remarque seize
messes, neuf psaumes, cinq Magnificat, des La-
mentations, des Te Deum, et beaucoup de can-
tiques et de motets, qui sont dispersés dans di-
verses églises d'Espagne, et notamment dans
celles de Saragosse. Le docteur D. J. P. et U.,
professeur de littérature à Oviedo, a publié sur
cet artiste une élégante et importante notice bio-
graphique.
i^ CUI, ou KUI (César), musicien russe contem-
porain, est l'auteur de trois opéras, dont l'un, en
3 actes, est intitulé William Ratcliff, et a été
joué à St-Pétersbourg le 26 février 1869, dont le
second a pour titre /e Prisonnier du Caucase, el
dont le troisième, Angelo, inspiré par le drame
de M. Victor Hugo, a été représenté à Saint-
Pétersbourg le 13 février 1876. Quelques mor-
ceaux des deux premiers ont été publiés chez
l'éditeur Bessel, à Saint-Pétersbourg. Le même
éditeur a publié de M. Gui six romances avec ac-
compagnement de piano. M. Cui n'est pas un
musicien de profession, car il est, je crois, ingé-
nieur militaire, et il exerce les fonctions de
professeur de mathématiques à l'Académie im-
périale des ingénieurs de Saint-Pétersbourg ; il
n'en est pas moins doué, dit-on, d'nn talent véri-
table, sinon d'une grande inspiration, et, entre
autres qualités, manie l'orchestre d'une façon
remarquable et toute personnelle. Il s'est exercé
aussi dans la critique musicale.
CUIXIEWICZ ( ), compositeur po-
lonais, est l'auteur d'une grande œuvre lyrique
et symphonique, intitulée la Captivité babylo-
nienne, qu'il a fait exécuter à Lemberg le 3 fé-
vrier 1867. Cette œuvre importante était divisée
CUNIEWICZ — CUVILUER
221
«n six parties, comme suit : n" 1 : Aux fleuves
de Babylone; n° 2 : la Prière; n" 3 : les Or-
phelins de la Judée; n° 4 : Chœur des Pré-
ires; n' 5: le Dépari; n" 6 : V Arrivée au pays
de la Judée.
CUi\IO (Angelo), pianiste et compositeur,
né, je crois, à Milan, fit ses études au Conserva-
toire de celte ville, où il entra au mois de février
1848 pour en sortir au mois de septembre 1852.
Il publia d'abord, à Milan, chez Ricordi, quel-
ques morceaux de piano : la Belle Vendan-
geuse, Adeline, un divertissement à quatre
mains sur un Rallo in Maschera, etc., et, plus
lard, alla s'établir en Angleterre, oii il réside en-
core aujourd'hui et où il s'est consacré à l'ensei-
seignement, sans toutefois abandonner ses tra-
vaux de composition. Depuis son établissement
en ce pays, M. Cunio a publié soit à Londres,
soit à Paris, un assez grand nombre de morceaux
de genre pour le piano, qui ont été bien accueil-
lis du public. Je citerai particulièrement un al-
bum, les Succès d'Italie (Paris, Heugel), com-
posé de six pièces d'une forme élégante et d'une
heureuse inspiration. - '" ' •
* CURCI (GiusEPf'E), compositeur et profes-
seur de chant, (ils d'un notaire de Barletta, est
né en cette ville le 15 juin 1808. Il commença par
étudier la guitare avec un de ses oncles, tra-
vailla au§si le piano, puis, en 1823, se fit ad-
mettre au Conservatoire de Naples, oii il reçut
des leçons de G. Furno pour l'harmonie, de Rai-
mondi et de Zingarelii pour le contrepoint et la
fugue, et de Crescentini pour le chant. 11 écrivit,
«u cours de ses éludes, deux messes à 4 voix et
orchestre, plusieurs compositions religieuses
moins importantes, un chœur, trois ouvertures
à grand orchestre, et deux opérettes jouées sur
le petit théâtre du Conservatoire : un'Ora
di prigïone et un Malrimonio conchiuso per
le btigie. Tandis qu'il était encore sur les bancs
de l'école, d'où il ne sortit qu'à l'âge de 27 ans,
il fit représenter au théâtre Nuovo (septembre
1833) un opéra bouffe intitulé il Medico e la
Morte, au théâtre du Fondo un autre ouvrage
du même genre, i dodici Tabarri, et fit exécu-
ter le l*^"^ janvier 1835, pour la représentation de
gala de la grande scène de San-Carlo, la cantate
Ruggiero.
En sortant du Conservatoire, M. Curci se
rendit à Milan, puis, n'ayant pu réussir à faire
jouer un opéra en cette ville, partit pour Turin,
donna au théâtre d'Angennes, en 1837, il Pros-
critto, alla écrire à Venise, pour le théâtre
Apollo, Don Desiderio, fit exécuter à là Société
pliilliarmonique Camploy une scène intitulée
VUragano, retourna ensuite à Milan, où il pu-
blia quelques mélodies vocales, et alla se fixer
pendant plusieurs années à Vienne, où il obtint
une véritable vogue comme professeur de chant.
De Vienne, M. Curci entreprit un voyage en Alle-
magne et en Belgique, et arriva à Paris au com-
mencement de 1848. Après un séjour de huit an-
nées en France, il alla passer quelque temps en
Angleterre, et, sur les instances de son père,
alors octogénaire, retourna dans sa ville natale.
Il passa une année à Bari, comme directeur de la
musique au théâtre Piccinni, et revint à Barletta,
qu'il n'a plus quittée depuis.
On doit à M. Curci, outre ses ouvrages dra-
matiques, six messes à 3 ou 4 voix, avec accom-
pagneinent d'orgue, quatuor et orchestre ; une
messe funèbre à 3 voix et orchestre ; plus de
soixante compositions religieuses de moindre im-
portance, soit avec orgue, .soit avec orchestre ;
quatre sonates pour orgue ; plusieurs cantates ;
un grand nombre de mélodies vocales ; enfin
deux recueils de solfèges, l'un publié en Hon-
grie sous le titre de Piccolo Solfeggio, l'autre
intitulé il Bel Canlo, et publié à Londres, chez
l'éditeur Wesfel.
CURCIO (ViNCENZo), compositeur italien qui
vivait dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, naquit dans le royaume de Naples et fit
représenter en 1776, sur le théâtre des Fioren-
tini, de cette ville, un opéra intitulé i Sciocchi
presuntuosi. ^
CURTI (ViNCENzo), compositeur et profes-
seur de piano, né à Naples le t8 septembre 1836,
fut élève externe du Conservatoire de cette ville,
et eut pour professeurs particuliers Francesco
Lanza, Alessandro Busti et Vincenzo Fiodo. Son
éducation terminée, il se livra à .l'enseignement
et à la composition. M. Curti a publié jusqu'à
ce jour une ouverture, une messe, deux albums
de mélodies vocales, 3 albums de musique de
danse, sans compter un certain nombre de trans-
criptions et de réductions pour le piano. -^-^
CUSINS (W -G....), pianiste et compo-
siteur anglais contemporain, s'est fait connaître
par un certain nombre d'œuvres estimables, dont
la plus importante et, dit-on, la mieux réussie,
est un oratorio intitulé Gédéon, écrit expressé-
ment pour le grand festival de Gloccster et exé-
cutée à ce festival le 7 septembre 1871. Cet ou-
vrage a été accueilli par le public avec une vive
sympathie. M. Cusins est maître de chapelle de
la reine, et chef d'orchestre de la Philarmonic
Society, de Londres.
CUVILLIER, est le nom de deux chanteurs
qui appartinrent au personnel de l'Opéra de 1725
à 1755. « Cuvillier, ditLahorde, avait une (voix
de) taille assez belle. Il entra à l'Opéra en 1725,
222
CUVILLIER — CZARTOhYSRI
et fut mis à la pension en 1750. Son fils, entré à
l'Opéra haute-contre en 1738, quitta en novembre
1740, et y rentra basse taille en 1749. 11 sortit de
France sans rien dire, en 1755, et passa à Bruxel-
les.» Cuvillier père fit quelques créations, particu-
lièrement dans Pyrame et Thisbé, Hippolyte et
Aride, les Caractères de l'Amour, les Amours
de Ragonde (Ragondë), Don Quichotte che:. la
Duchesse (Sancho). C'est son fils qui créa le
rôle du devin dans le Devin du Village, de
J.-J. Rousseau. Ou trouve les vers suivants sur
ce dernier, dans le Calendrier historique des
Théâtres pour 1731 :
Ta voix, ton g^fte el ta figure.
En toi, tout plait au spectateur;
L'art, d'iccorJ avec la nature,
Ont formé le chantre et l'acteur.
CUZAS (Vincent), compositeur espagnol,
mort à. Barcelone le 7 mars 1839, avait fait re-
présenter le 23 juillet 1838, sur le théâtre Santa-
Cruz de cette ville, un opéra italien dont je trans-
cris ici le titre inexact, tel que je l'ai trouvé
dans un livre espagnol : la Fatachiera. Ce titre
est évidemment tronqué, le mot chiera n'exis-
tant pas dans la langue italienne.
CUZEA'T (Paul), ancien écuyer, musicien
amateur, a fait représenter au Théâtre-Lyrique
le 29 décembre 1855, un opéra-comique en un
acte intitulé l'Habit de noce. La sœur de cet
artiste a épousé M. Montjaoze, chanteur qui
tet)ait alors l'emploi des forts ténors au Théâtre-
Lyrique.
CZARTORYSKI (Adam-Casimir, prince),
chef d'une des plus grandes familles polonaises,
fut staroste-général des terres de Podolie, grand
protecteur des sciences et des arts, et auteur de
plusieurs œuvres dramatiques représentées avec
succès à Varsovie. M. Albert Sowinski, dans son
livre sur les Musiciens polonais et slaves, dit
que ce prince composa un petit dictionnaire de
noms d'anciens instruments de musique polo-
nais, qui fut inséré, en 1828, dans le premier nu-
méro d'une revue intitulée Czasopismo et pa-
raissant à Léopol. Dans cet écrit, il donnait les
noms de vieux instruments peu connus de nos
jours, en les accompagnant d'explications claires
et précises sur leur forme, leur sonorité, leur em-
ploi dans les orchestres, enfin, sur la manière de
les jouer, depuis l'orgue jusqu'au fifre, depuis
la guindsba jusqu'au benbenek (lainbourin).
Cette description comprenait en tout quarante-
cinq instruments, dont treize à cordes pincées,
sept à cordes frottées, et vingt-cinq à vent, y
compris la kobza, le plus ancien instrument dans
le genre du biniou breton.
D
* DABADIE (Henri Bernard), chanteur de
l'Opéra de Paris, était né à Pau (Basses-Pyré-
nées), le 19 janvier 1797, et mourut à Paris au
mois de mai 1853.
DACCI (GiusTo), professeur et compositeur
italien contemporain, a publié les ouvrages théo-
riques suivants : Grammaire musicale, Milan,
Lucca, in-8°; le Parfait musicien, traité théo-
rique et pratique pour la lecture et la division
musicale. Milan, Lucca, in-16; Eléments î?im-
5icat<x (extraits de l'ouvrage précédent), avec un
appendice contenant des notions préliminaires
d'harmonie et 12 exercices de lecture et division
des principales mesures, Milan, Lucca ; Traité
théorique et pratique d'harmonie simple et
composée, avec Vexposition des exercices pra-
tiques utiles aux dilettantes, Milan, Lucca.
M. Dacci a publié aussi quelques romances, et un
certain nombre de fantaisies pour le piano écriles
sur des thèmes d'opéras en vogue.
DACHSELT (Chrétien-Gottlieb), célèbre
organiste, né à Kamenz le 16 décembre 1737,
mourut à Dresde en 1804. Ses compositions
n'ont pas été publiées. Y.
* DACOSTA (Isaac-Franco), est mort le
12 juillet 1866 à Bordeaux, sa ville natale, où il
s'était retiré, et où, depuis trois ans, il avait
perdu la vue. Dacosta fut l'un des fondateurs
de la Société des concerts du Conservatoire. Il
avait épousé jadis la fUle du célèbre comédien
Fleury, dont il avait eu plusieurs enfants, mais
dont il se sépara plus tard.
DAIIL (Emma), née Freyse, chanteuse de ta-
lent, naquit le 6 avril 1S19 à Plœn, dans le Hols-
lein. A son nom de demoiselle elle joignit celui
de sa mère adoptive, et débuta sous le nom de
Freyse-Sessi. Cette artiste de mérite a composé
un certain nombre de lieder qui ont été publiés
à Copenhague, à Stockholm et à Christiania, Elle
a également publié un recueil de vocalises esti-
mées. Y.
DAHLER (J -G ), est auteur d'un
Dictionnaire des Beaux-Arts qui a paru à Gœttin-
gue en 1790. Y.
DAHLWITZ ( ), compositeur contem-
imrain, a écrit la musique d'un drame lyrique
en cinq actes, Galileo Galilei, qui a été repré-
senté au mois de janvier 1877 sur le théâtre de
Gobourg, où il a été assez favorablement ac-
cueilli.
* DALA\RAC (Nicolas). Le répertoire des
ouvrages de Dalayrac, tel qu'il a été publié dans
la Biographie universelle des Musiciens, pré-
sente quelques omissions et un assez grand nom-
bre d'inexactitudes. Nous croyons utile de le re-
constituer entièrement, et avec tous les détails
qu'il comporte ; nous le pensons exact et complet,
tel qu'il suit]: 1° V Eclipse totale, un acte, Comé-
die-Italienne, 7 mars 1782; 2° le Corsaire, trois
actes, id., 17 mars 1783 ; 3» les Deux Tuteurs,
deux actes, id., 8 mai 1784 (cet ouvrage avait
été joué d'abord à la cour, sous ce titre : les Deux
Soupers; il fut réduit plus tard en un acte); 4°
V Amant statue, un acte, id., 4 août 1785 (trans-
formation d'une pièce jouée au même théâtre,
sous forme de coméilie, au mois de février
1781); 5° la Dot, trois actes, id., 21 novembre
1785; &« Nina ou la Folle par amour, un acte,
id., 15 mai 1786; '" Azémia ou les Sauvages
trois actes, id., 2 ou 3 mai 1787 (ouvrage joué au
théâtre de la cour, à Fontainebleau, en décembre
1786, sous ce titre : le Nouveau Robinson, et
profondément remanié pour sa représentation à
Paris, surtout en ce qui concerne le troisième
acte, qui fut presque entièrement refait) ; 8° iîe-
nawrf d'^s^, deux actes, id., 19 juillet 1787; 9°
les Deux Sérénades, deux actes, id., 23 janvier
1788 ; 10" Sargines ouTÉlève de l'amour, qua-
tre actes, id., 14 mai 1788; 11° Fanchette, deux
actes, id., 13 octobre 1788; 12" les Deux Pe-
tits Savoyards, un acte, id., 14 janvier 1789; 13"
Baoul, sire de Créqui, trois actes, id.,'3i octobre
1789; 14" la Soirée orageuse, un acte, id., 29 mai
1790; 15" le Chêne patriotique, deux acles, id.,
10 juillet 1790; 16" Vert-Vert, un acte, id., 11
octobre 1790; 17" Camille ou le Souterrain,
trois actes, id., 19 mars 1791 ; 18" Agnès et Oli-
vier, trois actes, id., 10 octobre 1791 ; 19" Phi-
lippe et Georgette, un acte, id., 28 décembre
1791; 20° Tout pour Vamour ou Juliette et
Roméo, id., 6 juillet 1792; 21" Ambroise ou
Voilà ma journée, un acte, id., 12 janvier 1793 ;
22" Asgill, ou le Prisonnier de guerre, un
acte, id., l^"' mai 1793; 23" Urgande et Mer-
lin, trois actes, id., 4 octobre 1793 ; 24° la Prise
de Toulon, un acte, th. Feydeau, 1^' février
1794 ; 25" le Congrès des rois, trois actes (en
société avec une dizaine de compositeurs), th. Fa-
vart (Comédie-Italienne), 26 février 1794; 26»
l'Enfance de J.-J. Rousseau, un acte, id., 23
11
224
DALAYRÀG — D'ALBERT
mai 1794 ; 27" le Détenu ou Cange, commission-
naire de Lazare, un acte, 18 novembre 1794;
28» la Pauvre Femme, un acte, th. Favart, 8
avril 1795; 29" Adèle et Dorsan, trois actes,
id., 27 avril 1795; 30" Marianne] un acte, id.,
7 juillet 17'J6 ; 31" la Maison isolée ou le Vieil-
lard des Vosges, à^u\ actes, id., 11 mai 1797;
32° la Leçon on la Tasse de glace, un acte, th.
Feydeau, 24 mai 1797; 33" Gulnare ou l'Es-
clave persane, un acte, th. Favart, 9 janvier
1798 ; 34" Alexis ou V Erreur d'un bon père,
un acte, tli. Feydeau, 24 janvier 1798 ; 3j° Léon
ou le Château de Monténéro, trois actes, th.
Favart, 15 octobre 1798 ; 36° Adolphe et Clara
ou les Deux Prisonniers, un acte, id., 10 février
1799; 37° Laiire ou l'Actrice chez elle, un acte,
id., 26 septembre 1799; 38° Arnill ou le Pri-
sonnier américain, un acte, id., 22 novembre
1799 (ouvrage qui n'est qu'une seconde édition,
remaniée, à'Asgill ou le Prisonnier de guerre) ;
39° le Pocher de Leucade, un acte, id., 13 fé-
vrier 1800 ; 40" une Matinée de Câlinât ou le
Tableau, un acte, th. Feydeau, 28 septembre
1800; 41° Maison à vendre, un acte, th. Fa-
vart, 22 octobre 1800; 42" Léhéman ou la Tour
de Aeicstadt, trois actes, Opéra-Comique, 1 1
décembre iSOl ; 43" l'Antichambre ou les Va-
lets maîtres, un acte, id., 26 février 1802; 44°
la Boucle de cheveux, un acte, id , 27 octobre
1802 (ouvrage tombé le soir de la première re-
présentation, refait par ses auteurs et rejoué
avec succès le 23 novembre suivant); ib" Pica-
ros et Diego ou la Folle Soirée, un acte, id., 2
mai 1803 (seconde édition, remaniée, de l'Anti-
chambre, qui, pour cause politique, n'avait eu
qu'une seule représentation); 46" la Jeune Prude
ou les Femmes entre elles, un acte, id., 14 jan-
vier 1804 ; 47° îine Heure de mariage, un acte,
id., 19 mars 1804; 48" le Pavillon du Calife,
deux actes, Opéra, 11 avril 1804 ; 49" Gulistan
ou le Huila de Samarcande, trois actes, Opéra-
Comique, 29 septembre 1805 ; 50° Deux Mots
ou une Nuit dans la forêt, un acte, id., 9 juin
1806; 51" Koulouf o\x les Chinois, trois actes,
id., 18 décembre 1806; 52" Lina ou le Mystère,
trois actes, id., 8 octobre 1807 ; 53" Élise-IIor-
tense ou les Souvenirs de l'Enfance, un acte,
id., 25 octobre 1809; 54" le Poète et le Musi-
cien ou Je cherche un sujet, trois actes, id.,
30 mai 1811 ; 55" le Pavillon des Fleurs ou
les Pécheurs de Grenade, un acte, id., 13 mai
4822 (tranvformation du Pavillon du Calife, re-
présenté précédemmentà l'Opéra). Ces deux der-
niers ouvrages sont posthumes, Dalayrac étant
morten 1809. Ce compositeur avait écrit quelques
xouplets pour une comédie de Colin d'Harleville,
Rose et Picard ou la Suite de « l'Optimiste, »
jouée à la Comédie-Française en 1794 ou 1795.
Selon les renseignements donnés par Guilbert de
Pixerécourt dans son Théâtre choisi, il aurait
aussi fait la musique de deux opéias-comiques
restés inédits : le Héros en vogage, et Zozo ou
le Mal avisé.
Élève de Langlé, Dalayrac reçut aussi sinon
des leçons, du moins des conseils de Grétry;
c'est ce qui résulte des paroles de celui-ci dans
ses Essais sur la musique : « Sans être mon
élève, dit-il, Dalayrac est le seul artiste qui,
avant d'entrer dans la carrière, a fréquenté long-
temps mou cabinet. »
Dalayrac avait épousé une jeune comédienne
qui, sous le nom d'Adeline, avait joué les amou-
reuses au théâtre de Montpellier, de 1789 à 1791,
était venue ensuite au théâtre Louvois lors de son
ouverture en cette dernière année, et y était res-
tée jusqu'au mois d'août 1792. Elle était tort jo-
lie, très-artiste, et douée d'une rare intelligence.
Quelques années après la mort de Dalayrac, elle
épousa en secondes noces l'architecte Jaunetz,
dont elle se sépara au bout de peu de temps, et
elle mourut le 30 juin 1819, âgée t^e 50 ans.
On trouve dans le volume d'Adolphe Adam in-
titulé Souvenirs d'un Musicien une petite étude
sur Dalayrac. M. Amédée de Bast a publié dans
un journal de Bordeaux, la Guienne (N"* des 2,
3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 mai 1865), une série de
feuilletons sous ce titre : Nicolas D'Àlayrac (on
sa't que c'est ainsi que le nom doit s'orthogra-
phier). Enfin, il existe une brochure de M. Alexan-
dre Fourgeaud, intitulée : les Violons de Da-
layrac (Paris, Leclère, 1856, in-8 de 29 pp.).
D'ALBERT (Ch.^rles), danseur, chorégra-
phe et musicien anglais, d'origine française, na-
quit près de Hombourg en 1815. A la mort de
son père, ancien capitaine de cavalerie dans
l'armée de Napoléon, le jeune D'Albert partit
avec sa mère pour Londres, oii il s'adonna sé-
rieusement à l'étude du piano sous la direction
de Kalkbrenner, et vint ensuite à Paris, oii il
travailla simultanément la musique et la danse.
De retour à Londres après une absence de plu-
sieurs années, il devint premier danseur et maî-
tre de ballets au théâtre de Covent-Garden ;
mais il abandonna bientôt la scène pour se li-
vrer à l'enseignement et à la composition, et
parvint, dit-on, à rendre son nom populaire en
Angleterre. C'est dans la musique de danse sur-
tout que M. D'Albert s'est distingué ; ou cite,
parmi ses productions les plus oiiginales en ce
genre : la Chasse des ny7nphes, la Péri, Faust,
la Reine du bal, Fascination, le Lys de la val-
lée, Sweethearts, valses; la Polka du Sultan,
D'ALBERT — DALL'ARGINE
2-25
Coquette Isabelle, Hclena, King Pippin, la
Noce, Iq Polka du soldat, polios ; Rink galop,
r Express, Pclissier, galops; etc.
DALBESIO ( ), pianiste et composi-
teur pour son instrument, est depuis longues an-
nées établi à Turin, où son enseignement est tiès-
recherché, et où il fait entendre périodiquement
ses élèves dans des séances qui obtiennent de vé-
ritables succès. M. Dalbesio a publié un assez
grand nombre de compositions pour le piano, et
il a fait représenter en 1870 à Turin, sur un
théâtre d'amateurs, un petit opéra bouffe intitulé
Progetto di melodramma.
DAL COlîrMETTO (Antonio), compositeur
italien du seizième siècle, a fait la mu.sique de
VEgle, pastorale écrite sur des paroles de Jean-
Baptiste Giraldi-Cinfhio, de Ferrare, qui fut re-
présentée dans la maison de l'auteur et aux frais
de l'Université, en présence de toute la cour du-
cale, les 24 février et 4 mars 1345.
On ne doit pas confondre ce genre de pasto-
rale avec ce qu'on a appelé plus tard l'opéra.
Dans l'Egle, comme dans l'Aretusa, jouée éga-
lement à Ferrare, en lôflS, avec la musique
d'Alphonse Vivola, la musique ne servait que
comme accompagnement et pour annoncer cer-
tains personnages. Le premier drame chanté
reste toujours la Dafne de Rinuccini, musique
deCaccini et de Péri (Florence, 1594).
J. D. F.
DALLA BARATTA ( ), composi-
teur italien, s'est fait connaître dans sa patrie par
plusieurs opéras qui ont été représentés sans
qu'aucun d'eux fit sortir le nom de leur auteur
de son obscurité. Voici ceux dont je connais les
titres : r il Cuoco di Parig i, o\)érA bouffe;
2° Bianca Cappelln, sérieux ; 3° le Avventure
d'wn ^oe/a, opéra comique (Padoue, 1869). M.
Dalla Baratta a écrit aussi la musique de deux
ballets, dont l'un Azemi, a été représenté à Flo-
rence au mois d'août 1864, et dont l'autre, la
Lanterna del Diavolo, a été donné au théâtre
Vicfor-Emmannel, de Turin, en octobre 1867.
Quant à l'opéra bouffe intitulé Ludro, dont M.
Dalla Baratta est aussi l'auteur, j'ignore s'il a été
représenté jusqu'ici.
* DALLA CASA (Lotis). Cet artiste est au-
teur de l'ouvrage suivant: Vanarchie musicale
réprimée par le despotisme de la gamme dia-
tonique, ou nouvelle Table thématique pour
être exécutée à quatre voix avec accompa-
gnement de piano (Paris, Pacini, in-f").
DALL'ARGLXE (Costantino), compositeur
dramatique italien, s'est fait connaître, depuis une
douzaine d'années, par plusieurs opéras et un
très-grand nombre de ballets donnés sur divers
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
théâtres de la Péninsule, mais surtout par la sin-
gulière idée qu'il a eue de remettre en musique
il Barbiere di Siviglia. Dès l'année 1864, ce
jeune artiste écrivait coup sur coup la musique
de quatre ballets : la Visione d'un poeta a
Rome (Turin), Velleda (Milan, Scala, mars),
Anna di Masovia (Turin, mai), et un Concorso
coreogrdfico (Turin, th. Victor-Emmanuel, octo-
bre). Au mois de septembre 1865, le théâtre de
la Scala, de Milan, représentait un nou\eau bal-
let, il Diavolo a quattro, dont la musique avait
pour auteurs MM. Daii'Argine et Pio Bellini, et
dans la même année, M. DaU'Argine donnait à
Fermo un ouvrage du même genre, Enrico di
Guisa. Enfin, au mois de février 1867, le jeune
compositeur produisait au petit théâtre de Santa-
Radegonda, à Milan, son premier opéra, i Due
Orsi, bouffonnerie en trois actes dont M. Ghis-
lanzoni avait tiré le livret du vieux vaudeville de
Scribe intitulé rOurs et le Pacha ; cet ouvrage
fut bien accueilli, d'autant que les rôles princi-
paux en étaient tenus par deux bouffes excellents,
M. Boltero, fameux depuis plus de trente ans en
Italie, et M. Altini. Au mois de juin de la
même année, M. DaU'Argine donna à Ferrare un
ballet intitulé Amina, puis, le 10 décembre sui-
vant, il fil représenter au petit théâtre Fossati,
de Milan, une revue-opéra qui avait pour titre
il Diavolo zoppo; il se reprit ensuite au genre
du ballet, et donna coup sur coup Zelia (Turin,
th. Regio, janvier 1868), la Camargo, (Milan,
Scala, 11 janvier 1868), et ISissa e Saïb (Turin,
th. Regio, 7 mars 1868), ce dernier écrit en so-
ciété avec M. Baur.
C'est alors que cédant, dit-on, aux sollicitations
du directeur du théâtre communal de Bologne,
il consentit à remettre en musique le sujet que
Paisiello avait illustré sur la scène lyrique et que
Rossini avait immortalisé. Mais en celte occasion
il paya d'audace, et, avant même la représenta-
tion de son ouvrage, il écrivit à Rossini pour le
prier de vouloir bien accepter la dédicace de la
partition. Je ne connais pas la lettre par laquelle
M. DaU'Argine adressa sa demande au maître,
mais je connais la réponse de celui-ci, qui fut
publiée à cette époque par les journaux italiens,
et dont je donne ici la traduction :
« Passy, 8 août 1858. — Je crois devoir vous
aviser que j'ai reçu votre aimable lettre du 2 cou-
rant. Votre nom ne m'était nullement inconnu,
d'autant que depuis quelque temps le bruit est
venu jusqu'à moi du brillant succès que vous
avez obtenu dans votre opéra / due Orsi ,- il ne
m'est donc que plus agréable de voir que vous
me tenez en quelque estime, puisque vous vou-
lez bien (et vous vous trouvez audacieux pour
T. I. 15
226
DALL'ARGINE — DALL'OLIO
cela!) me dédier l'œuvre à laquelle vous mettez
la dernière main. — Ce seul mot audacieux, je
le trouve superflu dans votre charmante lettre. Je
ne me suis ( ertainement pas cru audacieux alors
que je mis en musique, en douze jours, après le
papa Paisiello (dopo il impà Paisiello), le gra-
cieux sujet de Beaumarchais, Pourquoi le seriez-
voiis en venant, après un demi-siècle et plus,
mettre nouvellement en musique un Barbier ? —
On a représenté, il y a peu de temps, sur un
théâtre de Paris, celui de Paisiello (1) : brillant
comme il est de mélodies spontanées, d'esprit
scénique, il a obtenu un succès très-vif et bien
mérité. Beaucoup de polémiques, beaucoup de dis-
"Cussions ont été soulevées et le sont encore entre
les amateurs de l'ancienne et de la nouvelle mu-
sique. Vous devez vous en tenir (du moins, je
vous le conseille) à l'ancien proverbe qui dit :
Entre deux plaideurs un troisième profite.
Prenez pour certain que je désire que vous soyez
cetroi>ième. Puisse donc votre nouveau Barbier
réussir comme je le souhaite, et assurer à son
auteiu' et à notre commune patrie une gloire im-
périssable ! Tels sont les souli;iits que vous offre
Je vieillard Pésarais qui a nom
RossiM.
« Comme je l'ai dit ci-dessus, il me sera cher
d'accepter la dédicace de notre nouveau travail.
Je vous prie d'en recevoir, par anticipation, mes
remerciments. »
Je ne sais si le ton un peu ironique qui carac-
térise la fin de cette lettre aura échappé à l'au-
teur du nouveau Barbier. Toujours est-il que
l'ouvrage fut joué à Bologne le 11 novembre
1868, et que la représentation donna lieu à di-
vers incidents entre une partie des spectateurs,
qui tenaient bon pour le chef-d'œuvre de Rossini,
et l'autre partie, qui voulait voir réussir ['(cuvre
nouvelle. C'était la répétition de la lutte qui s'é-
tait produite jadis entre les partisans de Paisiello
et ceux de Rossini. Mais M. Dall'Argine n'avait
point le génie de l'auteur de Tancredi, et bien-
tôt il put voir que son audace n'avait été que de
la présomption. Peu de jours après, en effet, le
bruit s'était calmé, et la nouvelle partition ren-
trait dans l'ombre la plus complète, incapable
qu'elle était de soutenir la comparaison avec
■celle de Rossini. Un journal s'exprimait ainsi à ce
sujet : « On commence à pouvoir porter un juge-
ment impartial sur le nouveau Barbierede Dall'-
Argine, et ce jugement est bel et bien une con-
<lamnation sans appel. Le jeune et présomptueux
(I) Une mignonne scène musicale, trop lot disparue,
l€s Fanais es Parisiennes, avait en effet exhumé l.i par-
tliion du lieimer Barbier et donné uni; traduction de
l'ouvrage de Palsiedo.
maestro aurait pu essayer de faire non pas mieux
mais autretnent que Rossini, comme Rossini avait
fait autrement que Paisiello; il a préféré prendre
le sujet corps à corps, sans changer une syllabe
au libretto dont sest servi l'illustre Pésarais,
qu'il a revêtu d'une musique prétentieuse et
lourde, presque mélodramatique. La plupart
des caractères, celui de Figaro en première li-
gne, sont manques. L'unité est absente de cette
œuvre indigeste, et tous les styles s'y heurtent.
M. Dair.\rgine a une bonne mt'moire, mais point
d'originalité ni de finesse Quelipies morceaux as-
sez réussis ne rachètent point ces graves défauts. »
Le résultat de cette tentative téméraire sembla
décourager le jeune musicien ; car je ne sache pas
que depuis lors il se soit de nouveau présenté au
theàlre, si ce n'e.st pour y produire encore quel-
ques ballets, tels q"e Brahma, la Baltaglia di
Legnano et, je crois au.ssi, la Snniramis du
i\urd. On a cependant cité les titres de plusieurs
opéras qu'il avait en portefeuille. Pieiro Micca,
Garello,/Jigenia, mais, à ma connaissance, aucun
de ces ouvrages n'a été représenté jusqu ici. M.
DaU'Argiiie a rempli dans plusieurs théâtres les
fonctions de maestro concertatore ; en 1864, il
occu[»aitcet emploi aulheàtieZiziniad'.^lexandrie
(Egypte), et en IS75 à celui de Valence (Espagne),
Au commencement de 1877, il remplissait les
mômes fonctions au théâtre de Mantoue, lors-
qu'un soir, en dirigeant la représentation de la
Confessa d'Avial/i, il fut frappé d'apoplexie et
tomba presque mourant. On le transporta chez
lui, et il se remit en apparence de cet accident.
Mais sétaut rendu à Mdan jmur surveiller les
études d'un nouveau ballet, JS'erone. il mourut en
cette ville le l*"" mars 1877, cinq jours apiès l'ap-
parition de cet ouvrage au tbéàire de la Scala (24
février). Il était âge seulement de trente-quatre
ans. Parmi les nombreux ballets dont il a écrit la
musique, il faut encore citer un t'pisodio délia
vitn di una Ba/lenua, Attea, et Ane/da.
* DAIX'OLIO (Jean-Baptistf,). Au nombre
des écrits de ce littérateur, il faut mentionner
la Musica, poemelto, Modène, 1794. Dans cet
opuscule, l'auteur, sous forme d'une lettre à lui
adressée, trace une sorte <le biographie de Pai-
siello.
DALL'OLIO (Ces.\re), jeune compositeur
italien, est l'auteur d Un ojiéra sérieux, Eltore
Fieramosca, qui a été représenté au théâtre com-
munal de Bologne dans les premiers jours du
mois de novembre 1875. Cet ouvrage, qui, avant
son appaiilion, a» ait fait concevoir de grandes
espérances pour l'avenir de son auteur, n'a pas
été heureux à la scène et n'a obtenu que quatre
représentations.
DALL'OREFICE — D'ALVIMARE
227
DALL'OREFICE (Giuseppe), compositeur,
oé dans l'ancien royaume fie Naples, a fait repré-
senter en cette ville, sur le théâtre Mercadanle,
le 23 juin 1874, un opéra sérieux intitulé Ro-
vnlda de'Bardi. En 1875, cet artiste était maes-
tro concertatore et chef de l'orchestre de ce
théâtre.
* D'ALVIMARE (MAKTiN-PiERRE).Des ren-
seignements abondants ont été publiés par Jal,
dans son Dictionnaire critique de biographie
et d'histoire, sur cet artiste intéressant. Ces
renseignements lui ont été fournis par ia famille
même de l'artiste, et je vais les mettre à profit
pour rectifier et compléter sa biographie.
Fils d'un avocat au parlement qui était en
même temps receveur des gabelles à Dreux ,
d'Ahimare naquit en cette ville non en 1770,
mais le 18 septembre 1772, ainsi que le constate
son acte de baptême. Il reçut une excellente édu-
cation, apprit de bonne heure le clavecin et la
harpe, et, ayant été entendu du duc de Penlbiè-
vre, fut mené par lui à Versailles, à l'âge de sept
ans et demi, et joua devant la reine, qui en fut
enchantée. Ici, je laisse parler Jal :
« En même temps que Martin- Pierre d'Alvi-
mare poussait ses études musicales et ses études
d'écolier latiniste, il dessinait, et c'était un de ses
goûts dominants que le dessin. Il avait pris le
crayon à neuf ans et demi. A quatorze ans, il fut
pourvu de la charge de receveur des gabelles en
survivance de son père ; mais sa recette ne
l'occupa point alors. Il était tout à son éduca-
tion, où l'on fil entrer bientôt les éléments de ia
composition musicale. Le premier résultat un
peu sérieux de son applicalion à ce nouvel exer-
cice de l'esprit fut la composition d'un petit opéra,
intitulé Égté, dont les paroles étaient peut-être
de lui. Il avait seize ans alors, et l'on était en
1788. La recette des gabelles, comme tant d'au-
tres charges, pouvait se faire par procureur. Il
ne plaisait guère à notre jeune artiste de passer
sa vie sur des registres et dans l'atmosphère
nauséabonde de l'administration : il chercha une
carrière qui lui permît de donner satisfaction à
ses penchants pour les arts. L'état militaire était
fort compatible avec la mu>ique et ta peinture,
il demanda à prendre l'épée, sans laisser la plume
du compositeur, le clavecin et la liarpe du vir-
tuose, le crayon du dessinateur. On lui procura
l'entrée de la maison militaire du roi, et il devint
garde du corps de Louis XVI. C'était le temps où
la Chabeaussière e» Dala> rac, l'un poète et l'autre
musicien, étaient gardes du corps de Monsieur.
« La Révolution trouva d'Alvimare auprès du
trône; il était à son poste à la cruelle journée
du 10 août 92. Il échappa miraculeusement au
massacre, sortit des Tuileries et se réfugia chez
le portier d'un de ses amis, qui lé coucha dans son
lit et le fit passer pour son fils malade, quand
les commissaires chargés des visites domiciliaires
vinrent dans la loge de cet honnête homme qui
risquait sa tête pour sauver un étranger. Il sortit
enfin de sa retraite, cachant son nom, ne pou-
vant retourner à Dreux où il aurait été reconnu,
et porté sur la liste des émigrés. Il fallait vivre';
il essaya de faire de son côté ce qu'Isabey faisait
du sien, des portraits en niiniature à vingt-quatre
et à trente sols. La fortune de son père avait été
à peu près détruite par la révolution, et s'il lui
en restait quelque chose, comment pouvait-il la
réclamer, lui qui n'était plus lui, et qui était
censé à l'étranger .' Enfin, les plus mauvais jours
passèrent ; des ternps plus doux succédèrent à la
tempête. Une fabi'ique de mouchoirs de coton
imprimés s'établit aux environs de Dreux, il en
aida les fondateurs et devint dessinateur de la
maison. Ce fut alors que ses amis travaillèrent à
le faire rayer de la liste des émigrés; c'éta'it dif-
ficile, mais on y réussit : le consulat venait de
remplacer la pentarchie directoriale. »
On sait ce que devint d'Alvimare pendant l'em-
pire; apiès l'avoir rappelé, Jal ajoute : « Un
heureux retour de fortune rendit à d'Alvimare
une partie de ce que lui avaient enlevé les évé-
nements ; il songea alors à chercher le repos
dans son pays natal. La biographie Félis dit à ce,
sujet que le 12 mars 1812 il se démit de ses pla-
ces, et partit pour Dreux ; elle ajoute qu'on pré-
tendait qu'il avait la faiblesse de ne point aimer
qu'on lui parlât de sa vie d'artiste. Les faits don-
nent un démenti à cette assertion. D'Alvimare
ne rougit jamais d'avoir dû à son talent une vie
honorable, d'il'iistres amitiés, et de hauts pro-
tecteurs, non pour lui, mais pour les personnes
qui eurent souvent recours à son obligeance, et le
trouvèrent toujours empressé a servir, et charita-
ble. Quand il eut quitté Paris, il continua à compo-
ser et a peindre. Il existe de lui une grande quan-
tité de musique restée inédite, bien des romances
très-jolies, plusieurs morceaux remarquables sur
les Méditations de M. de Lamartine, et des
pièces de musique religieuse. Après avoir aban-
donné la harpe pendant vingt-cinq ans, il la re-
prit |K)ur jouer avec sa fille des duos composés
à l'intention de cette dame. La Kestauiation
faite, l'ancien garde du corps devint colonel de
la garde nationale de Dreux, retrouvant dans
son cœur un ancien attachement pour les Bour-
bons, mais n'oubliant pas sans doute qu'il avait
eu beaucoup à se louer de ses rapports avec la
maison impériale, que les rois jaloux venaient de
ruiner. » -,
228
D'ALVIMARE — DAMSE
D'Alvimare mourut à Paris le 13 juin 1839, à
l'âge de soixante-six ans.
DAM (Mads Gregers), violoniste et compo-
siteur, naquit à Swenborg (Danemark) d'une fa-
mille pauvre, le 2 avril 1791, et montra des dis-
positions précoces pour le violon. Devenu, à l'âge
de douze ans, élève du violoniste Gregers Si-
monson, il se fit entendre dans des concerts à
Copenhague, et fut admis au nombre des musi-
ciens de la chapelle royale. En 1841 il se rendit
à Berlin, où son talent le fit recevoir aussi dans
la chapelle du roi de Prusse, et il resta en cette
ville jusqu'à sa mort, ai rivée vers 1859. On a
gravé, de la composition de cet artiste, des qua-
tuors puur instrumeats à cordes, deux duos de
violons, un adagio et une polonaise pour le même
instrument.
DAM (Hermann-George), fils du précédent,
violoniste et compositeur comme lui, naquit à
Berlin le 5 décembre 1815, et fut élève de son
père pour le violon et la composition. Musicien
de chambre à la chapelle royale à partir de
1840, il conserva ses fonctions jusqu'à sa mort ,
arrivée le 27 novembre 1858 à Berlin. Outre des
ouvertures, des cantates et des lieder, on doit à
cet artiste les quatre opéras suivants : 1° Das
fisc/iermddchen {la Fille du Pécfieur),i8'dl ;
2" Cola Rienzi; 3° der Geisterruig [la llonde
du Sabbat), 1842 ; 4° die Englischen Waaren
{les Marchandises anglaises), 1844. Hermann-
Georges Dam a écrit aussi deux oratorios : das
Eallelujah der Schopfung (VAllelaia de la
Création), 1847, et die Gundjlertli.
DAMAS ( ), guitariste espagnol con-
temporain, a publié récemment une Méthode
de guitare, Madrid, Romero y Andia.
* DAMCKE (Berthold), est mort à Paris le
15 février 1875. 11 avait été l'un des plus inti-
mes amis et des plus fervents admirateurs de
Berlioz, qui le nomma l'un de ses exécuteurs
testamentaires. Depuis quelques années, Damcke
donnait tous ses soins à l'admirable édition des
partitions françaises à orchestre de Gluck, si
généreusement entreprise par M"^Pellelan. {\'oy.
ce nom.)
DAMM (F ), compositeur allemand, a
publié pour le piano une cinquantaine d'œuvres
de nmsique de genre, parmi les(iuelles on remar-
que des menuets, idylles, fantaisies, mélodies,
pièces, impromptus, etc., etc. Tout cela n'esl, je
crois, que de valeur très secondaire.
*DAMOREAU (M"« Lalre-Cinthie MON-
TALANT), est morte à Paris le ?5 février 1863. Le
feuilletoniste Fiorenfino a publié dans le Moni-
teur universel des mois de mars et avril sui-
vants (sous le pseudonyme : A. de Rovray) une
notice intéressante sur cette célèbre cantatrice
notice pour laquelle il avait eu à sa disposition
des documents particuliers et inédits.
Le mari de cette grande artiste, Vincent
Charles Damoreau , qui avait été chanteur lui-
même, mais que la gloire de sa femme n'avait
pu réussir à tirer de l'obscurité, ne lui survécut
que de quelques mois : il mourut à Écouen le 10
octobre 1863. Il était né le 3 juin 1793.
DAMROSCII (LÉopoLD) , violoniste distin-
gué, chef d'orchestre et compositeur, est né à
Posen en 1832. Il étudia la musique en même
temps que la médecine, travailla le violon avec
Hubert Ries, et apprit de Dehn la tliéorie de
l'art et la composition. Après avoir pratiqué la
médecine jusqu'en 1854 dans sa ville natale, il
alla s'établir à Magdebourg, puis à Berlin, oii il
se fit entendre comme violoniste. En 1856, ^il
était attaché à la chapelle de la cour de Wei-
mar, et, partisan déclaré des idées de M. Liszt,
il exposait ses doctrines dans la Nouvelle Ga-
zette musicale de Leipzig. De retour à Posen,
il s'y lit connaître comme chef d'orchestre, puis,
en 1866, alla remplir les mêmes fonctions à
Breslau, oii il dirigea l'exécution des œuvres les
plus jmportanles de Berlioz, de M. Liszl et de
M. Richard Wagner. Enfin, en 1871, M. Dam-
rosch partit pour l'Amérique, dirigea à New-
York la société de chant Arion, et bientôt prit
en cette ville la direction delà Gazelle musicale
afin d'y propager les doctrines de M. Richard
Wagner. Comme compositeur, M. Damrosch
a écrit des ouvertures, des sérénades, des lieder
et plusieurs concertos de violon. — M""' Hé-
lène Damrosch, femme de cet artiste, est con-
sidérée comme une excellente chanteuse de
lieder.
DAMSE (Joseph), chanteur, comédien, ins-
trumentiste et compositeur, naquit dans la
Russie rouge, vers la fin du siècle dernier, et
montra, dès ses plus jeunes années, des ap-
titudes toutes particulières pour la musique. Il
étudia d'abord la clarinette , et se vit fort bien
accueilli en se faisant entendre sur cet instru-
ment dans un concert qu'il donna à Varsovie
en 1815 ; il travailla ensuite le trombone-basse,
puis aborda la carrière théâtrale en jouant les
rôles comiques dans les opérettes, bientôt se fit
applaudir comme compositeur en écrivant ua
grand nombre de maziircks, de polonaises et de
cracowiaks qui étaient fort goûtées du public
polonais, et enfin songea à écrire pour l'orchestre
et pour la scène. S'élant essayé dans la mu>ique
d'un ballet qui fut accueilli avec favpui, il se
vit ouvrir les portes du grand théâtre de Var-
sovie, pour lequel il composa deux opéras.
I
DAMSE — DANEL
229
A dater de ce moment, la fécondité de Damse
ne connut plus de bornes ; doué d'une grande
facilité naturelle, il se produisit dans tous les
genres, efpresque toujours rencontra le succès.
Il écrivit des chants à une et plusieurs voix,
des messes et autres compositions religieuses
dont il dirigeait lui-même l'exécution dans les
différentes églises de Varsovie, des morceaux
pour orchestre parmi lesquels une polonaise, in-
titulée la Soirée de Saint-Sylvestre , produisit
une vive impression, et se fit remarquer enfin
pour ses compositions de musique militaire,
entre autres pour une grande marche sur des airs
nationaux qui fit fureur.
Api es avoir fait exécuter en 1837, dans l'église
des Augustins, une messe qui fut fort bien ac-
cueillie, il fit représenter un opéra-comique :
Przykas (Ordre), qui ne fut pas moins heureux.
Il donna ensuite plusieurs autres ouvrages dra-
matiques : Spis icnjs/i (1841), la Sœur de lait,
Annette, un ballet, le Diable boiteux, sur un
scénario de Taglioni, et, en 1844, un grand opéra
intitulé le Contrebandier. En 1842, il avait fait
entendre aux Augustins un Offertoire qui mar-
quait un progrès considérable dans .son style;
en 1848, il produisait une messe solennelle, et
enfin il ne cessait de tenir le public en haleine
par une foule de compositions toujours nouvelles.
Damse a été, on peut le dire , l'un des artistes
polonais les plus féconds et les plus applaudis ;
il a, dit-on, écrit la musique de vingt-six opéras
ou opéras-comiques, de sept ballets, d'une ving-
taine de vaudevilles et d'une trentaine de mélo-
drames, sans compter ses nombreuses compo-
sitions dans d'autres genres.
Damse est mort le 15 décembre 1852, à
Rudno, près de Varsovie , dans une maison de
campagne appartenant à sa fille, qui s'est rendue
célèbre comme artiste dramatique.
DAJVBÉ (Jules) , violoniste et chef d'or-
chestre, né à Caen le 15 novembre 1840, vint
de bonne heure à Paris et fit ses études musi-
cales au Conservatoire, oii il devint l'élève de
M. Savard pour le solfège et de Girard pour le
violon. Après avoir fait pendant plusieurs an-
nées partie de Porchestre de l'Opéra , il fonda,
à la fin de 1871, une entreprise de concerts à la-
quelle il donna son nom ; les Concerts-Danbé,
dirijjés par leur fondateur, avaient lieu dans la
grande salle du Grand-Hôtel, les programmes
en étaient dressés avec goût et intelligence, et
pendant trois hivers le petit orchestre de
M. Danbé, bien choisi et bien discipliné, obtint
de réels succès.
M. Danbé, qui a publié quelques morceaux de
genre et quelques transcriptions pour le violon,
est aujodrd'hui chef d'orchestre du Théàtre-Ly-
rique. Il fait partie de la Société des concerts du
Conservatoire.
* DANCLA (Charles). Le catalogue des
compositions de cet arliste atteint aujourd'hui
le chiffre de plus de 140 œuvres, parmi lesquelles
on peut surtout citer les suivantes : C École de
r expression, 18 mélodies pour violon seul, op.
82 ; l'École de la mélodie, 6 pièces pour 2 vio-
lons avec piano, op. t29 ; Petite École de la
mélodie, 12 petites pièces pour violon avec
piano, op. 123; r Utile et l'Agréable, 24 mélo-
dies dans tous les tons avec piano, op. 115;
l'Art de moduler sur le violon, 165 préludes
(en société avec Panseron) ; 12 petits airs variés,
op. 89 et 118; 6 duos pour deux violoncelles,
op. 26 ; 9 romances sans paroles, pour violon,
op. 46, 57 et 76 ; 6 petits trios pour trois vio-
lons, op. 99; 3 petits divertissements, op. 106 ;rf
6 petites fantaisies originales et faciles pour vio-
lon, avec piano, op. 127; 3 sonates pour violon,
avec accompagnement d'un 2^ violon, op. 138 ;
3 quatuors pour instruments à cordes, op. 101,
113 et 125 ; 3 fantaisies pour violon, op. 28, 42
et 47; symphonie pour deux violons et violon-
celle, op. 105 ; Hymne à l'Agriculture, choeur
à 4 voix d'hommes; la Résurrection, id. ; le
Vengeur, id.; Christophe- Colomb, scène dra-
matique instrumentale pour orchestre; Charles-
Quint, ouverture; symphonie en sol majeur,
pour orchestre; Ave Maria pour baryton ou so-
prano, avec orgue ou orchestre ; Laudate Domi-
num, cantique avec violon et orgue; etc. —
M. Charles Dancla est l'auteur des deux écrits sui-
vants : Les Compositeurs chefs d'orchestre, ré-
ponse à M. Charles Gounod, membre de l'Insfi-
tut (Paris, Chatot, 1873, in-8" de 7 pp.), et Mis-
cellannées musicales (Paris, 18'7, in- 8°). En
1861, l'Académie des Beaux-Arts a partagé entre
cet artiste et M"' Farrenc le prix créé par
M. Chartier « en faveur des meilleures œuvres
de musique de chambre, trios, quatuors, etc , qui
appiocheront le plus des chefs-d'œuvre en ce
genre. » M. Dancla est chevalier de la Légion
d'honnneur.
* DANCLA (Arnaud), est mort au mois de
février 1862, à Bagnères-de-Bigorre, sa ville na-
tale, où il s'était rendu pour raisons de santé.
* DANEL ( Lolis-Alrert-Joseph ), ancien
imprimeur à Lille, grand amateur de musique,
auteur d'une Méthode simplifiée pour l'ensei-
gnement populaire de la nivsir/ue vocale, est
mort à Lille le 12 avril 1875. Cet homme de
cœur, si dévoué et si désintéressé, fut l'objet
d'hommages tout particuliers, et des députa-
tions des différentes localités du département du
230
DANEL — DANIEL
Kord, de Paris, de plusieurs grandes villes de
France et de diverses villes de la Belgique, tinrent
à honneur d'assister à ses funérailles. Danel
était né le 2 mars 17S7, et non 1789, comme
il a été imprimé par erreur dans la Biographie
•universelle des Musiciens,
DAIVHAUSER (Adolphe-Léopold) , pro-
fesseur et compositeur, est né à Paris le 26 fé-
vrier 1835. Il fit ses études au Conservatoire, on
ileut pour professeur d'harmonie et accompagne-
ment M. Bazin, pour professeur de fuaue et de
composition Halévy et M. Henri Reber. Après
avoir remporté les premiers prix d'harmonie et
de fugue, il prit part au grand concours de l'Ins-
titut, et obtint le second prix de Rome en 1862.
M. Danhauser s'est livré fort jeune à l'enseigne-
ment; il est aujourd'hui professeur de solfège
au Conservatoire (classe des élèves chanteurs), et
41 a publié un ouvrage intitulé : Théorie de la
musique (Paris, Lemoine, in^"). Cet artiste a
écrit la musique du Proscrit, drame musical en
un acte avec chœurs, représenté par les élèves
de l'institution de JNoIre-Dame des Arts, à Au-
teuil, le 31 décembre 1860; il avait fait recevoir
au théàlre de l'Athénée un opéra en trois actes,
Maures et Castillans, qui ne put être joué par
suite de la disparition de ce théâtre. Depuis le
mois d'août 1875, M. Danhauser est inspecteur
de l'enseignement du chant dans les écoles de la
ville de Paris. Il a publié sous le titre de Soirées
orphéonigues un recueil de 12 chœurs à trois
Toix égales, et a donné aussi quelques mélodies
vocales.
DAJXIEL ■■( ), luthier, exerçait cette
profession à Anvers dans la première moitié du
dix-septième siècle. En 1636 , il construisait ,
pour la chapelle du Saint- Sacrement de la cathé-
drale de cette ville , une contrebasse avec son
étui. C'est sans doute un des premiers instru-
ments de ce genre qui furent fabriqués, car on
sait que, en France tout au moins, l'usage de
la contrebasse dans les orchestres ne date que
des premières années du dix-huitième siècle.
* DANIEL (Don Salvador). On doit à cet
artiste le traité publié sous ce titre : Cours de
plain-chant dédié aux élèves maures des
écoles normales primaires (Paris et Bourges,
1845, gr. in-8°) , ainsi qu'une brochure relative
aux deux ouvrages antérieurement publiés par
lui : Commentaires de l'Alphabet musical et
de la Grammaire philharmonique (Paris ,
1839, in-8°). C'est par erreur qu'il a été dit
dans la Biographie universelle des Musiciens
que le premier volume de ce dernier ouvrage
avait seul paru ; les deux volumes qui compo-
sent la Grammaire philharmonique ont bien
été publiés tousdeux, ainsi qu'on peut s'en assurer
à la bibliothèque du Conservatoire de Paris, qui
possède l'ouvrage complet. J'ignore l'époque
de la mort de Salvador Daniel.
DAXIEL (Salvador), musicien obscur qui
a joué un rôle particulier pendant l'épouvantable
insurrection qui a désolé Paris à la suite de la
guerre de 1870-71, était né vers 1830 et était
le fils de Don Salvador Daniel, dont il vient
d'être parlé. Ce personnage, qui s'était lancé à
corps perdu dans le mouvement communaliste,
s'était fait nommer, à la mort d'Auber, direc-
teur du Conservatoire. Je ne puis mieux faire
que de reproduire ici , à son sujet, les rensei-
gnements donnés par moi dans un long travail
c[\xG le Ménestrel publia sous ce titre : Tablettes
artisiiques de 1870-1871, et dont le dernier
chapitre était intitulé le Théâtre et la Musique
à Paris pendant la commune :
« Auber était fort malade depuis quel-
ques jours. On ne l'ignorait pas dans les régions
communales, et les hommes qui tenaient Paris
sous leur coupe avaient pris leurs précautions
et lui avaient d'avance choisi un successeur
parmi eux. •
« Il me faut dire avant tout que, une ambu-
lance ayant été établie au Conservatoire dès les
premiers jours du siège, la rentrée des classes
n'avait pu s'opérer dans cet établissement à l'é-
poque ordinaire, c'est-à-dire au mois d'octobre
1870. A cette époque, !M. Auber, accompagné de
M. Emile Réty, l'excellent secrétaire de l'École,
s'était rendu chez M. Saint-René-Taillandier, se-
crétaire du ministère de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts, et avait obtenu de ce dernier
la faculté d'autoriser les professeurs à faire leurs
classes à leur domicile. J'ajouterai que, sur la
totalité des professeurs, '17 étaient présents à
Paris, tandis que 26 avaient jugé à propos d'aller
respirer, loin du bruit du canon, l'air pur de la
campagne. Les classes n'avaient pu être régu-
lièrement reprises encore lorsque se produisit
le coup de main du 18 mars, et c'est peut-être
l'inactivité forcée de notre grande école musicale
qui fit que messieurs de la Commune ne s'en oc-
cupèrent pas plus tôt.
« Quoi qu'il en soit, Auber était à peine mort
que son successeur, désigné d'avance , recevait
sa nomination. Je ne .«ais si cela se fit par dé-
cret ou par simple arrêté, mais ce que je puis af-
firmer, c'est que, soit décret, soit arrêté, cette
nomination ne fut mentionnée d'aucune sorte au
Journal officiel insurrectionnel. Le nouveau di-
recteur s'appelait Salvador Daniel, et, pour ceux
qui ne l'ont point connu, qnelques renseigne-
ments à son sujet ne seront pas superflus.
DANIEL
23Î
« Agé d'une quarantaine d'années environ, ce
pseudo-fonctionnaire était fils dun ancien ré
iugié es|iagnol, don Salvador Daniel, liomine
distingué et d'un esprit fort cultivé. Bon musi-
cien, jouant lrès-passat)lement du violon, il
avait été attaché à l'orchestie du Théâtre-Lyri-
que, puis avait habité plu^ieurs années l'Algérie,
où , devenu professeur de musique à l'École
arabe et directeur d'une société orphéonique, il
s'était occupé avec ardeur de l'élude de la musi-
que arabe. Revenu en France, il publia, au sujet
de cette musique , des détails curieux, se fit l'é-
diteur d'un certain nombre de mélodies arabes,
auxquelles il avait joint des accouipagnements
faits avec une certaine habileté , et, en 1867 , fit
entendre quelques-uns de ces airs arrangés par
lui pour orchestre. Ces auilitions, que la presse
avait encouragées, eurent lieu dans la fameuse
maison Pompéienne que le prince Napoléon s'étuit
fait construire à si grands frais, aux Champs-
Elysées.
« Je connus Salvador il y a quelques années
à la Société des compositeurs de musique, dont,
ain«i que moi, il était membre, et où , si j'ai
bonne mémoire, il fit un jour ime conférence sur
son sujet favori, la musique arabe. Je le retrouvai
ensuite, à diverses reprises, aux réunions in-
times de M. Gouffé, où il faisait volontiers sa
partie d'alto dans un quatuor. Je causai plusieurs
fois avec lui , et je trouvai en lui un homme
bien doué au point de vue de l'iulelligence, ar-
demment épris des choses de l'arl, dans la dis-
cussion desquelles il apportait beaucoup d'exal-
tation.
« Salvador gagnait sa vie assez péniblement -,
j'ai dit qu'd avait un emploi d'orchestre; il joi-
gnait à cela la correction d'épreuves musicales.
Mais ce travail lui pesait. Il avait, m'a-t-on dit,
jusqu'à l'orgueil la conscience de son intelligence,
et se considérait comme un déclassé, sans avoir
peut-être l'énergie morale et la force d'esprit né-
cessiiires pour obliger, par des efforts opiniâtres.
la fortune à lui être plus favorable; il cherchait
pourtant à utiliser ses facultés, et, à diverses
reprises, essaya de se lancer dans la critique
musicale. 11 publia un certain nombre d'articles
dans une feuille orphéonique et devint, pour sa
spécialité, collaborateur de M. Rocbefort à la
Marseillaise, après avoir, en 1867, commencé
la publication d'une Hisloiie de la Chanson.
>c Cette collaboration de Salvador à la Mar-
seillaise, quoique toute arli.stique, pouvait
donner une idée de ses tendances en matière po-
litique. Il faut croire que sous ce rapport ses
opinions ne se calmèrent point, puisque nous le
retrouvons, pendant la Commune, tout dévoué
à l'ordre de choses établi en vainqueur dans Paris.
J'ai souvenance d'avoir vu un article sii!,né de
son nom dans l' Homme, journal fomlé à la suiffr
du siège, et qui continua sa publication pendant
la dictature de l'Hotel-de- Ville; mais, bien qu'à
cette époque je lusse attentivement toutes les.
feuilles empourprées que chaque jour voyait
éclore, je ne retrouvai plus nulle part sa signa-
ture jusqu'au 2 mai, jour où je fus, après et
comme tant d'autres, obligé de fuir Paris pour
échapper au service militaire , trop obligatoire,
que la Commune voulait imposer à tous ceux
même qui ne partageaient point ses principes en
matière de gouvernement. Ce n'est qu'à mon re-
tour que j appris la direction éphémère de Sal-
vador Daniel au Conservatoire, et que je pu&
me procurer à ce sujet quelques renseignements.
« Dès qu'on lui eut donné connaissance de la
mort d'Auber, qui le rendait maître de la situa-
tion , Salvador fit convoquer au Conservatoire
tous les professeurs de l'établissement, en les
prévenant charitablement que tous ceux qui ne
se rendraient pas à cette convocation seraient
immédiatement destitués. Ce moyen inusité de
conciliation ne produisit cependant qu'un mé-
diocre.effet, car, sur tout le personnel enseignant,
cinq personnes seulement se présentèrent, parmi
lesquelles un profiîsseur féminin. Le « fonction-
naire » avait fait un faux pas ; mais, voulant sau-
ver iasitualion, il s'en tira avec habileté, en disant
aux cinq professeurs qui avaient répondu à son
appel que les sentiments de deuil et de regret que
chacun d'eux devait éprouver avaient sans doute
empêché leurs collègues de se rendre à l'invitation
faite à tous , qu'il comprenait ces sentiments et'
qu'il remettait la séance de présentation au sa-
medi suivant, qui se trouvait être le 20 mai. On
se sépara assez courtoisement.
« Salvador s'était présenté au Conservatoire
avec deux ou trois acolytes d'une physionomie
peu engageante, et leur premier soin avait été
de se faire remettre les clefs de la caisse. Heu-
reusement, M. Emile Rély, qui est méfiant par-
nature, avait d'avance paré le coup et mis en sû-
reté la somme relativement considérable dont \\
élaitle dépositaire. Un état de caisse fantastique
avait été préparé par lui, et il présenta aux « ci-
toyens » délégués une somme tellement minime
que ceux-ci ne jugèrent pas utile de se l'appro-
prier.
« Salvador ne se tint pas pour battu par l'é-^
chec qu'il avait éprouvé, et il voulait vaincre 1»
force d'inertie des excellents artistes que la Com-
mune avait placés sous sa coupe. A cet effet, 'û
lança un nouvel appel aux professeurs, mais cette
fois par la voie des journaux , qui publièrent
232
DANIEL — DA PALERMO
l'avis suivant : « Les citoyens professeurs au Con-
« servatoire de musique sont invités à se réunir
« au Conservatoire same<li, 20 courant , à deux
« heures, à l'effet de s'entendre avec le citoyen
« délégué par la délégation à l'enseignement, sur
« les réformes à apporter dans cet établisse-
« ment. »
Mais Salvador s'y était pris trop fard. Celle
seconde réunion du 20 mai, à laquelle, cette fois,
deu\ professeurs seulement avaient jugé à propos
àâ se présenter, n'eut pas d'autre résultat que la
première. Il est inutile d'ajouter qu'il ne lit
point de nouvelle convocation. Le lendemain,
dimanche, les troupes régulières faisaient leur
entrée à Paris, et donnaient de la tablature à la
Commune et à ses adhérents. »
Au dernier moment, Salvador prit les armes
pour se réunir aux siens. L'insurrection se trou-
vant chaque jour de plus en plus refoulée, il dut ,
après avoir été combattre aux portes de Paris,
revenir dans le centre, et se réfugier dans le petit
hôtel garni qu'il habitait au numéro 13 de la lue
Jacob, tout auprès de la rue Bonaparte. Une bar-
ricade était établie au bas de sa maison, et, lors-
que les troupes vinrent pour s'en emparer, il tira
sur elles, des fenêtres mêmes de sa chambre,
aidé d'un de ses compagnons. Les soldats mon-
tèrent alors, les trouvèrent tous deux avec leurs
fusils encore fumants, s'en emparèrent, les en-
traînèrent au pied de la barricade, et là les exé-
cutèrent sommairement. C'était le 23 mai. Sal-
vador, dit-on, mourut avec un grand courage (1).
Si je me suis tant étendu sur ce jiersonnage, ce
n'est point par l'intérêt artistique qui s'attache
à lui, et qui est fort secondaire; c'est parce
que, par le fait de la situation éphémère qu'il
a occupée, sa physionomie ajipartient dès aujour-
d'hui à l'histoire du Conservaloire, comme Cflle
de tout usurpateur appartient à l'histoire d'un
pays.
Il me faut, maintenant, dire quelques mots des
publications faites par Salvador. L'ouvrage donné
par lui sur la Chanson, divi;;é en trois parties
dont les deux premières seules ont paru, portait
(1) Pendant le sidge de Paris, Salvador avait pris part
au mouvement insurrectionneldu 31 octobre 1870, qui fut
comme la préface du soulèvement communaliste du is
mars 1871, et il avait été blessé au bras devant l'Hôtel-
de- Ville. — On m'a dit, depuis tous ces faits, que Salva-
dor avait été victime d'un événement qui aurait, sinon
dérangé sa raison, du moins violemment ébranlé ses fa-
cultés intellectuelles. Étant en Ali;érie, il s'était éperdu-
ment épris d'une Jeune lille fort belle, qui partageait son
amour et dont il avait demande la main. Le jour même
ou la veille du jour fixé pour le mariage, cette jeune fille
était morte subitement, et Salvador en avait conservé un
sombre désespoir. C'est depuis lors qu'il était revenu à
Paris. "
pnur titre général : A propos de chansons, et
était publié sous forme de Lettres à 71/"'" Thé
résa, de VAlcazar. La première partie était in-
titulée : le Personnage régnant ; la seconde
la Complainte de l'Ogre; la troisième devait
s'appeler la Fête de la Saint- Jean. Sur le dos
de chacune des deux premières brochures (im-
primées à Alger et publiées à Paris, chez Noirot,
in- 12), on lisait l'avis suivant : — « Ces trois
lettres, réunies en un volume, donneront l'his-
toire de la chanson sous ses trois formes les
plus usitées : 1° la chanson guerrière, dans le
Personnage régnant; 2° la chanson religieuse,
dans la Complainte de l'Ogre ; 3° la chanson
d'amour ou de travail, dans la Fête de la
Saint-Jean. Avec la première, l'auteur étudie la
chanson guerrière, principalement durant le
XVIir" et le XIX* siècle; avec la deuxième,
la chanson religieuse est présentée, surtout au
moment où elle a un rôle actif, c'est-à-dire pen-
dant le moyen âge et la renaissance ; dans la
troisième, l'auteur s'est proposé d'établir un pa-
rallèle entre les chants de l'antiquité et les pro-
ductions du même genre de noire époque. Les
trois lettres justifient, on le voit, le titre prin-
cipal de l'œuvre : A propos de chansons. «
Précédemment, Salvador Daniel avait publié
les deux ouvrages suivants : i° la Musique
arabe, ses rapports avec la musique grecque et
le chanl grégorien, suivi d'un Essai sur l'origine
des instruments (Alger, Bastide. 1863, in-8° de
84 pp.) ; 2° Album de diansons arabes, mau-
resques et, habiles, transcrites pour chanl et
piano (Paris, Richault).
* D.WJOU (JEAji-Louis-FÉLix), est mort
le 4 mars 1866 à Montpellier, qu'il n'avait pas
quitté depuis longues années.
DANMSTROEM (Jean), compositeur sué-
dois, a fait jouer à Stockholm plusieurs opéras-
comiqui'S. Il a également écrit un grand nombre
de lieder, dont la plupart sont très-pcpulaires
dans son pays. y
DAXYSZ (Casimir), compositeur, né à Posen
le 24 mars 1840, a publié des morceaux de piano,
des chœurs et des lieder qui ont attiré l'atten-
tion sur lui. Ce jeune artiste, qui donne de gran-
des espérances, est actuellement établi à Berlin.
DA PALERMO (Makc-Antonio) , compo-
siteur, \ivail à la fin du dix-septième siècle et au
commencement du dix-huitième. Il séjourna suc-
cessivement à Palerme, qui était sans doute sa
ville natale et dont il prit peut-être le nom,
C'irame le firent Palestrina et Pergolèse, à Rome
et à Arez/o, et fut l'un des protégés du prince de
Toscane, Ferdinand de Médicis , pour lequel il
écrivit de nombreuses œuvres dont voici la liste :
DA PALERMO — DARGIER
233
Argenide, opéra (1699); San Francexco di
Paola, oralorio (t696i ; il Convilo d'Assalone,
id. (1703;; un troisième oratorio (1/04); 32 can-
tates, dont une intitulée Cleopdtre; un psaume ;
un duo religieux pour la fête de Noël ; deux sé-
rénades ; une ariette ; un dialoghetto ; et enfin
des duos per caméra.
DA PRATO (Cesare), écrivain italien, est
l'auteur d'une liistoire chronologique du théâtre
Carlo-Felice, la première scène lyrique de Gênes,
histoire faite avec soin et publiée sous ce titre :
Teatro Carlo-Felice, relazione stoiico esplica-
, iiva dalla fondazionee grande apertara [anno
Î828) fino alla invernale stagioue 1874-1875,
Gènes, Fîeretta, 1875, petit in-8°. Déjà, vingt ans
auparaviint, un anonyme avait publié un histo-
rique du même genre sur le même théâtre : Il
Teatro Carlo-Felice , annuario dei Tealri di
Genova dal 1 aprile 1828 al lô dicembre 1844-
offerto agli amalori degli spettacolï (Gênes,
Pagano, 1844, in-12j, et cet histoiique avait été
complété dix années après par un supplément :
Annuario dei Teatri di Genova dal 1845
al 1855 (Gênes, Ponthenier, 1856-57, in- 12). Il
serait à souhaiter que des monographies sem-
blables fussent publiées sur toutes les grandes
scènes musicales de l'Italie, comme l'ont fait ré-
cemment, |)our les théâtres de Milan, Modène, Pa-
doue, MM. Pompeo Cambiasi,Luigi Romani, Ales-
sandro Gandini, Leoni ( Foy. ces noms), etc., etc.
Alors seulement on pourrait entreprendre, avec
quelques chances d'exactitude et de précision ,
une liistoire générale de la scène lyrique italienne
et des grands artistes : compositeurs, poêles et
chanteurs, qui l'ont illustrée.
DARIiOVILLE (Jules - Etienne - Jean
CLERGET dit), né à Montpellier le 7 dé-
cembre 1781, d'une famille d'artistes, servit
dans la marine de l'État de 13 à 29 ans, et fit
partie de l'expédition d'Egypte. Il se fit remarquer
dès cette époque dans des représentations théâ-
trales, qui avaient été organisées au camp. De
retour en France, encouragé par l'amiral Gan-
teaume , il résolut de se consacrer à la carrière
dramatique : il chanta d'abord à Toulon en qua-
lité d'Elleviou, puis dans les principales villes de
province. Il débuta à l'Opéra- Comiq'.ic, à Paris,
le 2 juillet 1811, dans l'emploi de Martin, qu'il
conserva depuis. Darboville était à Lyon, quand
survinrent les événements de 1814. Dévoué à
Napoléon, qu'il admirait profondément, il courut
les plus grands dangers par suite de son refus
de chanter des vers de circonstance injurieux
pour le souverain déchu. Il fut obligé de quitter
la France, et se rendit à Bruxelles, où il chanta
pendant cinq ans, jusqu'au moment où il rentra
dans son pays pour remplacer Martin à l'Opéra-
Comique. 11 y resta pendant plusieurs années,
avec un succès soutenu. Cet artiste fit ensuite
partie des troupes d'opéra à Marseille en 1829,
1830, 1832 , 1833 et 1834. Il y chantait les ba-
rytons, et certains rôles de ténor. Il y créa no-
tamment le Guillaume Tell de Grétry, Masa-
niello de Carafa (rôle de Masaniello), Fiorella,
le rôle de Pietro dans la Miieite, la Fiancée,
les Deux i\'uits, le Comte Orij, Fra Diavolo,
Zampa (rôle de Daniel), le Pré aux Clercs
(Cantarelli) , Guillaume Tell (Melchtal père),
et un des principaux rôles dans El Gituno, opéra
composé pour la scène de Marseille par M. de
Fonlmichel. Il mourut à Marseille le 22 septem-
bre 1S42.
Le fils de cet artiste, Georges Darboville,'[>\à'
niste remarquable par la vigueur et la dextérité
de son mécanisme, habite Marseille, où il s'est
voué à l'enseignement : il a été nommé profes-
seur au Conservatoire en 1874 ; il a publié pour
le piano divers morceaux de genre et fantaisies
sur des motifs d'opéras.
Al. R— d.
DARCIER (M""), chanteuse distinguée, née
vers 1818, élève d'un professeur peu connu,
M"'" Béreither, s'est fait remarquer au théâtre
de rOpéra-Comique, pendant une dizaine d'an-
nées, par un talent aimable et plein d'une gra-
cieuse originalité. Elle débuta à ce théâtre en
1840, dans un petit opéra de M. Luigi Bordèse,
la Mantille, où elle reprenait le rôle créé peu
de mois auparavant par Jenny Colon, et conquit
aussitôt les sympathies du public, grâce à la fraî-
cheur de sa voix et à son double talent de co-
vnédienne et de chanteuse. Parmi ses nombreuses
créations à l'Opéra-Comiqne, il faut citer avant
tout les deux rôles de Berthe de Simiane dans
les Mousquetaires de la Reine et de Rose de
Mai dans le Val d'Andorre , qui lui firent le
plus grand honneur ; puis ceux de Diana des Dia-
mants de la couronne, de Zoé du Code noir,
d'Kstrelle du Kiosque, de Casilda de la Part
du Diable, d'Henriette de la Nuit de Noël, du
page du Puits d'amour, de Catherine de Lam-
bert Simnel', et d'autres encore dans le Roi
(TYvetot, V Esclave du Camoens, les Porche-
roiis, les Quatre fils Aymon, etc. Le 12 mai
1847, à la suite d'un différend survenu entre
elle et la direction de l'Opéra-Comique, M"* Dar-
der débutait au Vaudeville dans la première re-
présentation d'un ouvrage en trois actes, la Vi-
comtesse LoIoKe, mais le 6 septembre suivant
elle reparaissait, dans une repri.se de la Fiancée
sur la scène de .ses premiers succès. Vers 1850,
à la suite d'un riche mariage, M"' Darcier, de-
234
DARGIER — DARGOMIJSRY
venue M"*^ Mamignard (1), sembla quitter (iéfiui-
tivement l'Opéra-Comique; elle y rentra toute-
fois un instant, au commencement de 1852, pour
y remplir un rôle dans le Carillonnèiir de
Bruges, de Grisar, puis elle abandonna pour ja-
mais la scène, au mois d'août de la même année.
Celte artiste est morte à Paris, le 11 mars 1870.
DAKCIER (Joseph), chanteur et composi-
teur, frère de la précédente, est né vers 1820
Touten étudiant la musique,il commençad'abord,
dit-on , par jouer la comédie dans les petits
théâtres de la banlieue de Paris , oij il remplis-
sait les rôles d'amoureux (18i2-1846). Bientôt
il se livra à la composition, et publia ses pre-
mières chansons : Larmes d'amour, le Pre-
neur du roi. Après lu bataille, les Gabiers,
Aux armes ! En même temps il donnait des
leçons de piano. Mais les événements de 1848
approrhaient, une vive émotion politique se ma-
nifestait dans Paris, et M. Darcier commença à se
créer une grande réputation dans des concerls
popidaires et dans les cafés-chantants, en faisant
entendre, avec une énergie mâle et un accent re-
marquable, soit des chansons politiques dont la
population parisienne se montrait alors très-
friande, soit des chants rustiques qu'il savait
scandt-r et rhythmeravec un talent incontestable.
C'était l'époque des premiers succès de Pierre
Dupont {Voy. ce nom), et M. Darcier obtenait de
grands applaudissements en se faisant l'interprète
intellig' nt et convaincu de ce chansonnier ; (;'est
ainsi qu'il fit connaître les Bœufs, les Louis
d'or, et plusieurs autres de ses productions. Un
jour même, au concert du passage Joulfroy ,
comme il disait pour la première fois la fameuse
chanson du Pain, l'effet produit fut tel sur l'as-
sistant e que, dès le lendemain, la police jugeait
utile d'interdire l'exécution de ce chant.
M. Darcier se fit entendre ainsi, successive-
ment, au passage Jouffroy, à la salle de la Fra-
ternité (rue Martel), au café de France, etc., et
hientôt, devenant son propre interprète, lit con-
naître au public un giand nombre de chansons
dont il écrivait la musique. Quelques-unes de ces
chansons, dont la forme était souvent un peu
cherchée et manquait de naturel, mais dont la
mélodie était généralement heureuse et bien
venue, obtinrent un vrai succès de popularité; il
est juste d'ajouter que, lorsque le sujet le com-
portait, M. Darcier savait donner à ces composi-
tions une allure énergique, un caractère plein
d'ampleur, et les empreindre d'un souffle ins-
piré. Il n'est aucun de ceux qui les ont enten-
|1) Uans le livre que j'ai publié en 18"o sur Albert fiii-
sar, j'ai écrit Monmignard le nom de femme de Mlle Dar-
cier. C'est une erreur.
dues qui ne se rappelle, sous ce rapport, les
deux cbaiils intitulés le Balaîllon de la Moselle
et la 32'" Demi Dr gade. D'ailleurs, M. Daicier,
comme chanteur, était doué au plus haut point
de la faculté d'expression, du sentiment drama-
tique, il plirasalt avec cela d'une façon incompa-
rable, et il lui arrivait souvent de tirer des lar-
mes des yeux les plus rebelles et de soulever
l'enthousiasme d'une salle entière. Dans d'autres
genres, nous citerons p:irmi ses compositions les
Doublons de ma ceinture, Madelaine, le
Chemin du Moulin, Toutes les femmes c'est
des trompdises , VAmi Soleil, le Chevalier •
Printemps, la Mère Providence...
En 1855, lors de la créatidu par M. Offen-
bacb de la scène, alors si moiieste, des Bouffes-
Parisiens, M. Darcier entra à ce tbeàlre, et y
remplit le principal rôle dans deux opérettes de
ce compositeur, ïine Nuit blanche et le Vio-
loneux. 11 n'y resta pas longtemps. En 1837,
on le retrouve au théâtre Beaumarchais , où il
remplit un rôle chantant dans un drame intitulé
les Compagnons du tour de France, puis aux
Delassemenls-Comiques, où il joue dans une
pièce destinée aussi à faire valoir ses talents de
chanteur : les Portes de la treille. Mais M. Dar-
cier ambitionnait les doubles succès du chan-
teur et du compositeur dramatique, et pour at-
teindre sou liut, il signa un i ngagement avec
le gentil petit théâtre des Folies-Nouvelles, où il
fil représenter coup sur coup, en 1858, les trois
opérettes suivantes, dans lesquelles il remplissait
le principal rôle ; \Hes Doublons de 7na cein-
ture (mise en oeuvre de la chanson éciite par
lui sous ce titre, et qui était intercalée dans la
pièce); 2° le Roi de la Gaudriole ; 3" Pornic le
Hibou. La première de ces pièces fui assez bien
accueillie, mais les deux autres n'oblmrent au-
cun succès. Depuis lors, M. Darcier a conlinué
de faire des chansons, il a encore fait représenter,
en 1874, à l'Eldorado, une opérette intitulée :
Ah! le divorce! qui n'a pas été plus heureuse
que les précédentes, et il a écrit des airs nou-
veaux pour un grand vaudeville, Ces petites
Dames du Temple, joué au théâtre Déjazet en
1875.
Une fille de cet artiste, qui, vers 1859,^avait
été attachée un instant au théâtre des Folies-
Nouvelles, débuta sans succès, peu d'années
après, sur celui de l'Opéra-Comique.
DARD ( ), compositeur, a fait représenter
au mois de mars 1860, sur le théâtre de Saint-
Étienne , un opéra-comique en un acte, intitulé
la Charmeuse.
* D.\RGO.VIIJSKY ( Alexandre Serguié-
viTCH), né en 1813, est mort le 17 janvier 1868 à
DARGOMIJSKI
235
Saint-Pétersbourg. Ce compositeur russe, illustre
en son pays, a fourni la parlie la plus brillante de
sa carrière à partir de l'époque où s'arrêtaient les
renseignements de M. Fétis. La « remarquable
originalité d'idées » attribuée à son premier opéra,
Esméralda, et à sa cantate le Triomphe de Bac-
chus, a marqué surtout les œuvres suivante* et
s'y est davantage accentuée dans le sens du génie
national. Esméralda, opéra à grand spectacle et
mêlé de divertissements, était taillé sur le patron
des ouvrages favoris de Rossini, d'Auber, d'Ha-
lévy ; elle s'y référait aussi par les formes va-
riées du style. Représentée à Moscou le 5 dé-
cembre 1847, Esméralda parut en 1851 au
théâtre Alexandra de Saint-Pétersbourg, et fut
sur le point d'être traduite et transportée à l'O-
péra italien sur la demande de Tamburini; mais
la direction des théâtres impériaux maintint la
décision antérieurement prise de ne plus laisser
se produire sour forme italienne aucune œuvre
de compositeur russe. Après 1859 cet opéra
quitta le répertoire, et la partition n'en est pas
gravée. La Fête de Bacchus , cantate-billet
dont le poënie est de Pousclikine, attendit très-
longtemps les honneurs d'une audition publique
qui ne lui furent accordés qu'en 1867 à Moscou.
Entre 1850 et 1855 Dargomijsky composa une
centaine de romances, d'airs et de duos, presque
tous publiés à Saint-Pétersbourg, et ces publica-
tions firent plus pour sa renommée que son pre-
mier opéra. Mais la passion du théâtre le reprit :
et cette fois; ce fut d'un sujet national qu'il
voulut s'inspirer, et il l'emprunta encore à Pou-
schkine : le poëme de la Roussdlka (VOndine)
étant dialogué et très-heureusement composé
pour l'effet tbéâiral, il n'eut que peu de retou-
ches ou d'additions à demander, et travailla
presque partout sur les vers mêmes du grand
poète. La Roussdlka fut jouée pour la première
fois le 4 mai 1856 au Théâtre-Cirque qui , re-
bâti depuis, est devenu le splendide Théâtre-
Marie , voué spécialement à l'opéra russe et au
drame national à grande mise en scène. Le succès
en fut complet dans la nouveauté, et l'on cite la
reprise de 1866 comme ayant eu un éclat décisif:
depuis lors la Roussâlka est œuvre de répertoire
dans tous les théâtres d'opéra russe, à Péters-
bourg, à Moscou, à Kiev, à Odessa. Le personnage
' du vieux Meunier est une des belles créations de
la basse Pétrov qui n'a cessé de le jouer, et en
grand artiste, jusqu'à plus de soixante ans (1875).
Sans offrir jamais ni le grand souflle général
ni la vive originidité des opéras de Glinka, celui
de Dargomijsky jouit d'une popularité presque
égale. Le sentiment dramatique y est sincère et
souvent chaleureux, la déclamation récitative
très- vraie; pour les airs, les duos et trios, les
finales, l'auteur ne répudiait nullement les for-
mes traditionnelles de l'opéra franco-italien. Le
style est d'un travail consciencieux et ingénieux,
qui sent parfois l'école, mais la bonne école : à
travers tout cela le tempérament personnel
s'aflirme assez souvent, comme aussi le senti-
ment national. C'estensommeunexcellenI opéra,
qui pourrait se traduire. Dargomijsky avait en-
trepris un autre opéra plus expressément tourné
à la comédie fantastique, Rogdana (il ne l'a pas
achevé, et l'on n'en connaît que deux chci'urs). Il
composa en outre plusieurs fantaisies pour or-
chestre : Kostttchek, la Danse finnoise, Baba
laza, etc. Il publia encore bien des romances
d'un style plus fort et d'une inspiration plus cu-
rieuse que celles des premières séries (entre au-
tres le Paladin). En 1867, la Société musicale
russe l'élut pour président. Dans les dernières
années de sa vie, sa maison devint le centre de
réunion d'une jeune école russe qui avait pris pour
inspirateurs Schumann, Berlioz, Wagner et Liszt»
et s'est efforcée de renchérir sur leurs hardiesses
les plus discutables. Devenu bon gré mal gré le
patriarche de la nouvelle secte, il écrivit un der-
nier opéra, qui d' vait, s'il eût réussi, démentir
logiquement le succès de la Roussdlka. Il prit
tel quel tout un poëme dialogué de Pouschkine
qui n'est nullement destiné au drame lyrique, et
il y attacha mot à mot une sorte de récitatif per-
pétuel , se refusant tous les développements ,
toutes les ressources de la musique proprement
dite que Wagner admet encore. Sous prétexte de
vérité absolue, c'est la plus bizarre abdication de
l'art musical qui ait jamais été tentée. Dargo-
mijsky fut d'ailleurs surpris par la mort avant
d'avoir achevé l'Hôte de Pierre : M. Rimsky-
Korsakov fut chargé par lui d'instrumenter tout
l'ouvrage, et M. César Cui de mettre la dernière
main à une scène inachevée. Une souscription
publique aida à publier la partition , et d'abord
k faire représenter l'opéra même, la direction des
théâtres et les héritiers n'ayant pu s'entendre sur
certains détails d'intérêt. La première représen-
tation eut lieu en février 1872, quatre ans après
la mort de l'auteur. Toute la popularité qui s'at-
tachait d'ailleurs à sa mémoire et tous les efforts
de la nouvelle école n'ont pu faire adopter fina-
lement cette œuvre au grand public. Durant sa
carrière, qui ne fut pas bien longue, Dargomijsky
a donc tout pratiqué , depuis l'imitation des
formes les plus faciles de la musique occidentale,
jusqu'aux innovations les plus hasardeuses. Mais
ce qui survit le plus sûrement de lui, c'est en-
core son opéra la Roussdlka , quelques fantai-
sies symplioniques ou chorales, et un certain
236
DARGOMIJSRI — DAUTRESME
nombre de romances, à une ou deux voix, vrai-
ment fort belles et dignes de l'universelle admi-
ration. G. B.
* DATTARI (GniNOLFo). On doit à ce musi-
cien un recueil de Canzoni villanesche a
quattro voci imprimées à Milan, en 1564, par
Fiancesco Moscheni.
DAUTRESME (Auguste-Lugien), composi-
teur, est né le 21 mai 1826 , à Elbeuf (Seine-
Inférieure). Fils d'un manufacturier de cette ville,
il fit ses étales au collège royal de Rouen, et y
apprit en même temps la musique, pour laquelle
il monirait des dispositions exceptionnelles. Son
professeur de piano, M. Antoine Neukomm ,
frère du compositeur Sigismond Neukomm , sut
lui inculquer le goût des maîtres classiques,
dont la fréquentation exerça une heureuse in-
fluence sur l'imagination du jeune collégien. En
1846, M. Lucien Dautresme entra à l'École po-
lytechnique ; la révolution de 1848 le trouva au
premier rang parmi cette phalange enthousiaste,
qui secondait avec tant d'ardeur le mouvemmi
libéral. Il suivit à Lyon, en qualité de secrétaire,
M. Emmanuel Arago, qui venait d'être nommé
commissaire extraordinaire du gouvernement
provisoire pour le département du Rhône. En
juillet, il subit les examens de sortie de l'École
polytechnique, .se trouva classé dans la marine,
et fut promu au grade d'aspirant de première
classe, avec ordre d'embarquer immédiatement.
La profession de marin ne lui souriant aucune-
ment, il donna sa démission, se relira à Elbeuf,
et essaya de .se livrer à l'industrie. Mais sa pas-
sion pour la musique s'était réveillée avec le sen-
timent de son indépendance ; il pensa alors à
compléter son instruction musicale, et s'adressa
à cet effet à Amédée Méreaux, qui lui fit suivre
un cours complet d'harmonie, contrepoint et
fugue. Frappé des progrès rapides de son élève,
Méreaux le pressait vivement d'entrer au Con-
servatoire, afin de se préparer à concourir pour
le prix de Rome ; M. Dautresme ne crut pas
devoir déférer à cet avis ; il lui fut plus agréable
de nouer des relations avec Meyerbeer, à qui il
fut présenté par Amédée Méreaux, et dont il
reçut de précieux conseils sur ses essais de
composition.
En 18r)4, il envoya au concours ouvert par la
Société Sainte-Cécile , deux pièces madrigales-
ques, une Villanelle et une Chanson dans le
goût d'Orlando de Lassus , l'ime et l'autre à
quatre voix. Ces deux morceaux furent exécutés,
d'après la décision du jury , au premier concert
de la Société, le 17 décembre de la même année.
Ils ont été publiés par Richault , à Paris.
M. Dautresme fil paraître ensuite, chez le même
éditeur, une sonate, dédiée à Amédée Méreaux,
(op. 2, en mi mineur), œuvre magistrale où se
révèlent, avec un véritable tempérament d'ar-
tiste, un soin constant de la forme, et une con-
naissance sérieuse des procédés usités par les
compositeurs classiques ; puis, un recueil de six
mélodies, dont voici les titres : Auhade, Bar-
carolle, Si, Chanson de Forlunio, le Chant
de Jocelyn, et Enfant, re've encore.
Le 29 mai 1 862, M. Lucien Dautresme fit repré-
senter au Théâtre-Lyrique Sous les chormitles,
opéra-comique en un acte; la partition, très-re-
commandable, quoique un peu touffue, était alliée
malheureuseuienl à un livret des plus médiocres ;
l'ouvrage n'eut qu'un petit nombre de représen-
tations. Quelques mois après , une médaille
d'honneur fut décernée au jeune compositeur
par l'Académie des sciences, belles-lettres et
arts de Rouen. L'année suivante, il mil au jour
le Bon temps, [icût drame musical que M. Ismaël
chanta avec succès à Paris et à Rouen. De la
même époque datent quelques chœurs , écrits
par M. Dautresme pourles orphéons, entreautres
le Baptême et le Chant des conscrits. En 1865,
il avait conclu avec M. Carvalho, directeur du
Théâtre-Lyrique, un traité relatif à la prochaine
représentation , sur cette scène, d'un opéra-co-
mique en trois actes : Cardillac , poème de
MM. Nuitler et Beanmont. Cependant le temps
marchait, et rien ne sendilait devoir hâter la
mise à exécution de ce traité ; fatigué de la
longue attente que subissait son oeuvre, alors
qu'il voyait passer avant lui des compositeurs
dont les droits étaient postérieurs aux siens,
M. Dautresme se considéra comme atteint dans
sa dignité d'artiste ; il envoya des témoins à
M. Carvalho; mais celui-ci ayant refusé de se
battre, le compositeur se porta sur lui à des
voies de fait, qui. eurent pour conséquence une
condamnation à six mois d'emprisonnement.
Cardillac n'en vil pas moins le feu de la rampe,
et fut accueilli avec tout le succès que méritait
une œuvre consciencieusement élaborée, et très-
intéressante au double point de vue mélodique
et scénique. Quelques coupures habilement pra-
tiquées eussent débarrassé cette partition de ce
qu'elle offrait de superflu ; mais hélas ! dès le
lendemain de la première représentation, M. Dau-
tresme entrait à Sainte-Pélagie, et quelques jours
après, son opéra disparaissait de l'affiche (1).
(Il Cardillac, di)nt le rôle principal fut une dos plus
belles créations de M. Ismaël, et qui fut représenté le
11 décembre 1867, reste certainennent , au double point
de vue de la valeur musicale et de l'entente scéni-
que, l'une des œuvres les plus remarquables qui se sont
produites au Théâtre-Lyrique sous la direction de M. Car-
DAUTRESME — DASSOLCY
237
Rendu à la liberté , M. Dautresme a rédigé
pendant quelque temps le feuilleton musical de
Parts- Magazine. Les événements de 1870-71
l'ont enlivé, au moins momentanément, à la
vie artistique; néanmoins, il a pris en 1875, en
qualité île président de la commission musicale
du Centenaire de Boielilieu, une part des plus
actives à l'organisation de cette grande mani-
festation artistique et patriotique. Conseiller
général du canton d'Elbeuf depuis 1871, M. Lu-
cien Dautresme ne compose |)lus qu'en ama-
teur ; espérons pourtant qu'il n'aura pas re-
noncé pour toujours au plaisir de rendre le
public confident de ses (l'uvres (1).
J. C — z.
* DAROiXDEAU (Henri). Cet artiste, qui
avait lié délroiles relations d'amitié avec nombre
de musiciens distingués, Tulou , Désaugiers , Ha-
beneck, Adolphe Adam, Sclineittzhœflér, Doche
père et tils, s'était retiré à Bojirges en 1836, puis,
vers 1860, était revenu à Paris. C'est dans celte
ville qu'il est mort, le 30 juillet 1865, âgé de
quatre vingt-six ans. Outre les ouvrages cités
dans la Biographie unherselle des Musiciens ,
Darondeau avait (ait représenter pendant la Ré-
volution, à l'Ambigu-Comique, deux opérasco-
niiques en un acte , Adèle et Fulbert, le 17 (to-
réai an VIII, et la Surveillance en défaut, le
24 prairial an IX. Il avait aussi écrit la musique
d'un certain nombre de drames joués sur les
théâtres des boulevards , entre autres Malvina
ou la Grotte des Cyprès (avec Gérardin-Lacour),
Adélaïde de Bavière, Philippe d'Alsace et la
Chatte merveilleuse. Enfin il avait composé ,
avec Alexandre Piccinni , la musique de Faublas,
ballet représenté à la Porte-Saint-Martin le 12 juin
1835. A l'époque où il fut attaché comme com-
positeur aux Variétés (en 1822 il était mentionné
sous ce litre dans le personnel de ce théâtre),
Darondeau écrivit nombre d'airs charmants qui
trouvèrent leur place dans la Clef du Caveau,
et parmi lesquels on en peut citer deux qui furent
longtemps célèbres : Colalto, et En amour
comme en amitié.
DASSIER( ), compositeur de musique
légère, s'est fait connaître, il y a une trentaine
d'années , par la publication d'un assez grand
valho. Il est singulièrement fàclieux que des circons-
tances particulières soient venues arrêter clans son essor
le talent d'un compositeur qui, on peut le dire sans exa-
gération, semblait promettre un maître à la scène fran-
çaise. — A. P.
(I) Au mois de février 1873, M. Dautresme s'est présenté
comme c.ndidat aux élections 1 gislatives dans une des
circon'iciiptions du dcp.irtemcnt de la Seine Inférieure.
Nomme à une forte uiajorité, ilén le premier tour de scru-
tin, il siège à la gauche delà Chambre des députés.- A. P.
nombre de romances et mélodies vorales , dont
quelques-unes obtinrent un certain sutcès dans
les salons et dans les concerts. A l'époque oîi
Masini , iMcdéric Bérat , Clapisson , A. de Latour,
M. Paul Henrion , M"" Victoria Arago, Théodore
Labarre publiaient chaque année un album de
romances , Dassier faisait comme eux et publiait
un recueil périodique. Ses productions sont au-
jourd'hui bien oubliées.
Le fils de cet artiste , M. Alfred Dassier, suit
la même voie que son père, et a publié un cer-
tain nombre de romances et chansons qui ont
été assez bien accueillies.
* DASSOUCY (Charles COYPEAU, dit).
Un érudit bibliographe, M. Emile Colombey, a
publié en 1858 une nouvelle édition des Aven-
tures burlesques de Dassoucij (Paris, Delahays,
in-16, avec portrait), avec une préface et des
notes importantes. Il nous manque encore une
bonne notice biographique sur Dassoucy consi-
déré comme musicien , mais la notice publiée en
forme de préface par M. Colombey, et qui ne
comporte pas moins de 23 pages, est précieuse
à plus d'un titre. Elle nous révèle d'abord un fait
inconnu jusqu'ici, à savoir : que Dassoucy serait
l'auteur de la musique d'.4 ndromède , la fameuse
« pièce à machines » de Pierre Corneille. En
second lieu, elle rectifie, en la précisant, la date
de naissance de ce personnage singulier, qui a
toujours été placée à tort en 1604. M. Colombey
publie en effet, d'après la communication qui lui
en a été faite par M. Ravenel, l'extrait de nais-
sance de Dassoucy, tel qu'il a été trouvé dans les
papiers delà paroisse de Saint-Étienne-du-Mont.
Voici la reproduction de ce document : — « Du
dictjour(samedy, xxn« d'octobre 1605). Charles,
filz de Grégoire Coippeau , advocat en Pailement,
et de Chrestienne Damama , sa femme, né le
dimanche précéilent , seiziesme du dict mois sur
les neuf heures du soir, baptizé par nous et tenu
sur les fontz par noble homme M* Charles Dulis,
conseiller du roy et son advocat général en sa
cour des aydes , lequel lui a imposé [son nom],
et M" Eslienne Reillon , procureur au Parlement,
et damoivelle Isabeau d'Herbis, femme de noble
homme ^r Jehan Lanoue, gentilhomme. » M. Co-
lombey ajoute : « Cet acte fait plus que rectifier
une date : il prouve que l'empereur du Burlesque
ne s'est appelé Dassoucy que par droit de con-
quête. Pouvait- il, en conscience , s'intituler Coip-
peau , comme un simple avocat au parlement.' »
La date de la mort de Dassoucy est restée
longtemps douteuse, comme celle de sa naissance,
et aucun biographe ne l'avait donnée exactement,
M. Er. Tlioinan l'a heureusement découverte
sur les registres de l'état civil de Paiis, alors
238
DASSOUGY — DAUSSOIGNE-MEHUL
qu'il y faisait des recherches po'.ir établir la gt^-
néalogiedes Philidor. Voici l'extrait morluiiire lie
la victime He Chapelle et Bachaumont, tel que ce
musicographe l'a publié dans le recueil Vlnter-
médifiire du 25 décembre t«68 ;n° 96. p. 388) :
— « Enteirement de Dassoucy, pensionnaire de
la musique du Roy, le 30 octobre lfi77, décédé
le 29, rue de la Calande, a la Clef d'argent (St-
Germain le-Viel;. »
DAUPHIN (Léopold), jeune artiste qui a fait
représenter aux Bouffes- Parisiens , en 1874, une
opérette en un acte intitulée un Mariage en
Cliine. M. Dauphin a écrit aussi , pour une petite
pièce de MM. Ch. Monselet et Paul Arène, V Ilote,
jouée au Théâtre - Français (l>s75), quelques
morceaux de musique de scène, et il a publié
quelques chansons, un recueil de mélodies voca-
les (Paris, Girod), et un autre recueil ayant pour
titre : Jiondeb, petites études de piano. .M. Dau-
phin est encore auteur d'un opéra comi()ue en un
acte, les Deux Loups-garoiis , qui jusqu'ici n'a
pas été représenté, du moins à Paris.
* DAIjPUAT{Loliis-François), ancien pro-
fesseur de cor au Conservatoire de Paris , est
mort en cette ville le 16 juillet 186S. Il avait été
nommé professeur adjoint en 1802, était devenu
titulaire de sa classe le 1" avril 1816, et avait pris
sa retraite le 15 novembre 1842.
*DAUSSOIGi\E MÉIHJL(Loiis JosEiii).
Cet artiste fort distingué, héritier d'un gi and nom,
est mort à Liège le 10 mars 1875 (1). Un journal
spécial lie tJrnxelles, le Guide musical , a publié
sur lui, à cette époque, la notice su' vante, qui
complète heureusement celle de la Biographie
universelle da Musiciens :
« En 1797, Méhul reçut sa double nomination
d'inspecteur au Conservatoire el de meud)re de
l'Institut. Il se rendit à Givet et pria sa vieille
tante de venir à Paris , pour gouverner sa maison.
Elle y consentit ; mais elle ne put : etenir ses lar-
mes en jetant les yeux sur un enfant de se|>t ans
qu'elle tenait endormi sur ses genoux. Elle ne
l'avait jamais quitté, c'était pour lui pne .seconde
mère :,la première était morte. « Voila, dit-elle,
« mon cher .Méhul , le plus vd" de mes regrets. —
« Eh liien , l'entant sera du voyage ; je le [)lacerHi
« dans une classe de solfège, et, s'il est intelli-
« gent et honnête homme, il se tin ra d'affaire
« commetantd'autres.» Louis-Joseph Daus-oigne
était cet enfant. MehuI n'a point été trompé : les
condilions^ipi'il semblait exiger, les résultats qu'il
attendait des soins paternels donnés à son neveu,
ont été payés par une tendresse filiale, le dévoue-
ment d'un cœur reconnaissant , joints d la si vérité
(1) Il était né à Givet non le 2+, inais le lO juin l'90.
des principes d'honneur et de probité dont son
oncle lui avait offert le précieux exemple. Daus-
soigne s'est aussi montré digne dune illustre pa-
renté. Élève de son oncle, il en a terminé les
œuvres posthimies. La belle partition de Valen-
tine de Milan renferme beaucoup de morceaux
de sa main; la critique exeicée n'a pu les recon-
naître et les signaler : la touche de l'élève se
confond avec celle du maître; on ne saurait louer
Méhul .sans applaudir au talent de son neveu.
Daussoigne avait donné, en 1820, Aspasie , à
l'Académie royale de musique de Paris , opéra
qui le lit connaître avantageusement. Plus tard ,
il exécuta avec beaucoup d'intelligence le travail
nécessaire pour la mise en scène de Stratonice,
au même théâtre.
« Après un autre opéra qui eut peu de succès ,
les Deux Salem, Daussoigne renonça définitive-
ment au théâtre. Malgié la situation honorable
qu'il avait au Con.servatoire de Paiis , où il était
professeur d'harmonie, il désira quitter cette
ville et accepta la direction du Conservatoire de
Liège, où il arriva en 1827. Il avait laissé au
Conservatoire de Paris de bons souvenirs et y
avait entre autres introduit des cours d'harmonie
el d'accompagnement pour femmes.
« Arrivé à Liège, Daussoigne prit une grande
part à l'orsanisalion du Conservatoire, qui rem-
plaçait l'ancienne école de musique de MM. Hen-
rard , Jaspar et Duguet. H se réserva les cours
d'harmonie et décomposition, et s'occupa acti-
vement de l'organisalion des autres cours ; il
donna une très-forte impulsion à l'établissement
(|ui, grâce à lui , prit bientôt une place très-ho-
norable dans le pays. Depuis son séjour en Bel-
gique, il composa peu; on lui doit queli|ues
morceaux de circonstance, entre autres deux
cantates , Tune à l'occasion du retour à Liège dil
cœur de Grétry en 1828, et uni caidate nationale,
tine Journée de la Révolution , «pii fut jouée à
Bruxeles, en 1834. Daussoigne n'était pas seu-
lement un musicien et un oiganisateur : c'était
un esprit lilléraire et très cultivé. Il écrivait avec
beaucoup de finesse et de fermeté. Il a formé à
Liège des élèves qui ont singulièrement rehaussé
notre renommée artistique: nous citerons surtout
les lauréats des grands prix de composition ,
Souhre et Radoux, ses deux successeurs à la
direction du Conservatoire, J. B. Rongé, Auguste
Dupont, L. Terry et Ledent , sans com|iter une
noriibreuse et brillante pléiade d'ariistes qui ont
fait honneur à la ville de Liège.
« Depuis 1862, Daussoigue avait pris sa re-
traite ; mais malgré son âge avancé, il avait
conservé un esprit actif et animé du goût des
belles-lettres et des beanx-arts. Suivant sa dernière
DAUSSOIGNE-MP'HUL — DAVID
239
volonfé, son corps a été conduit à Givet, lien de
naissance du défunt, et sans céiéinonies offi-
cielles. »
Metnlue associé de l'Académie royale de Bel-
gique depuis le 6 février 1846, Daussoigne Méliul
avait fait insérer dans les Bulletins de cette
compagnie les écrits suivants : 1° Projet d'un
musée fiour les inslrumenls de musique dont
les Européens firent successivement usarje
depuis le XI r siècle; — 2" De l'enseignement
du chant aux enfants dans les écoles pri-
maires de la Belgique ; — 3" Rapport sur les
trois Mémoires envoyés au concours de 1847,
relatifs à la notation musicale; — 4° Rapport
sur le Mémoire de M. le comte de Robiuno,
concernant la musique antique de la Grèce;
— 5° Projet d'un concours national, en 1856,
pour la composition d'une si/mphonie; — 6"
Be l'indifférence des jeunes musicie s à l'é-
rjard des lois qui leur sont imposées par les
giands concours de composition ; — 7" Be
l'importance des voyages imjiosés aux pen-
sionnaires parle règlement des grands cowovrs
(le composition musicale; — 8° De l'impossi-
bilité de certains mots employés par Catel
dans son Traité théorique de l'harmonie inoderne ;
— 9" Essai philosophique sur l'origine, le ca-
ractère et les transformations de la musique
* théâtrale.
Daussoigne-Méliul était chevalier de la [.égion
d'honneur. — Un fils de ce compositeur, pi;misle
habile, vint à Paris en 1854 et s'y lit connaître
avantageusement dans les concerts. Adolplie Ad.iin
en a parlé avec éloges dans un de ses feuilletons
de V Assemblée nationale.
* DAUVERiVÉ (François -Georges -Au-
guste), est mort à Paris le 5 novembre 1874. On
doit à cet excellent artiste les pulilicalions sui-
vantes : 1" Cent mélodies ou fanfares en forme
d'études, pour deux trompettes, op. 4, Paris,
Colombier; — 2° 24 mélodies gracieuses, pour
cornet à pistons, id., id.; — 3" 8 duos faciles et
chantants, pour deux cornets à pistons, id., id.;
— i " un certain nombre de fantaisies et morceaux
de genre pour trompette ou cornet à pistons,
avec accompagnement de quatuor ou de piano.
*DAUVtLLIElîS (Jacques-Marin). On doit
à cet artiste l'ouvrage théorique dont voici le
titre : Traité de composition élémentaire , les
accords, dédié à monsieur Lesueur, Paris, s. d.
(la dédicace est datée de 1834), in-S" de 148
pages.
D'AVESNES ( ), violoncelliste et com-
positeur, vivait à Paris au dix huitième siè( le.
Dès 1750 il faisait partie de l'orchestre dn l'Opéra,
et quelques années plus tard il devint aussi sym-
phoniste du Concert spirituel ; mais il n'avait pas
attendu ce moment pour se laireconnaîlre comme
compositeur, et déjà il avait fait exécuter à ce
Concert, avec beaucoup de succès, plusieurs mo-
tets à grand chœur : Venite exullemus, Can-
tate Domino, Laudate, Deus misereatur nos-
tri, etc. Le petit almanacli les Spectacles de
Paris donnait sur lui cette courte notice en
1754 : — « M. d'Avesne, ordinaire de l'Académie
royale de musique, dont les motets ont été écou-
tés au Concert spirituel avec plaisir, a fait plu-
sieurs bonnes ouvertures de l'Opéra-Comique , et
travaille actuellement à la musique d'un opéra. »
Cet ouvrage n'a jamais été représenté. D'Avesnes
quitta le service de l'Opéra en 1766, avfc une
pension de 300 livres. Il vivait encore en 1784.
— C'est sans doute un frère de cet artisie qui est
indiqué, en tète de la liste du personnel de l'or-
chestre de l'Opéra-Comique publiée par les Spec-
tacles de Paris de 1754, comme << cumfiositeur »
et vraisemblablement comme chef de cet orches-
tre.
DAVID (Pâli), neveu de Délia Maria, naquit
à Marseille vers 180G. Écrivain spirituel et incisif,
il publia sur divers sujets , dans le journal minis-
tériel le Garde national , des articles qui furent
très-remarques. Il créa aussi, en collaboratioa
avec Eugène Guinot, le Mistral, feuille très-
mordanle, où il put donner libre carrière à sa
verve, malheureusement un peu trop agressive.
Sa conversation était vive et biillante. C'est
comme critique musical qu'il doit être mentionné
ici. Son jugement était sain et solide, sa forme
littéraire excellente. Il aurait certainement pris
une place prépondérante parmi les critiques de
province, si sa carrière n'eût été brusquement
interrompue par une déplorable calastrophe, Paul
David fut tué en duel en 1834, à la suite d'une
querelle politique suscitée par sa polémique.
Al. R— d.
* DAVID (Ferdinand), violoniste et compo-
siteur, est mort à Klo.ster, en Suisse, dans le
canton des Grisons, le 19 juillet 1873. Cet artiste
remarquable n'avait pas occupé pendant moins
de trente-six ans les fonctions de concertmcister
de la célèbre société du Gervandhaus, de Leipzig,
car, chargé de ces fonctions le l""' mars 1830, il
s'en démit seulement en 1872, pour aller prendre
sa retraite à KIoster, où il ne devait pas jouir
longtemps d'un repos qu'il avait si bien gagné.
David ne se faisait pas seulement applaudir
comme chef d'orchestre aux concerts du Ge-
wandhaus ; il y faisait souvent apprécier son grand
talent de violoniste , et toujours avec le plus grand
succès. Comme professeur aussi il se fit beiucoup
remarquer, et entre autres élèves i! forma le grand
240
DAVID
virtuose Joachim {voyez ce nom), qui fut accueilli
avec tant de chaleur à Paris, il y a quelques
années, aux Concerts populaires. La haute posi-
tion qu'il occupait lui procura les plus helles
relations artistiques; il fut lié d'amitié avec la
plupart des grands maîtres de l'école allemande
contemporaine, et tout particulièrement avec
Mendelbsohn, à qui, dit-on , il donna de précieux
conseils pour son concerto de violon.
La ville de Leipzig, où son corps avait été
rapporté, fit à Ferdinand David des funérailles
splendides. Le convoi funèbre , que suivait une
foule immense, était précédé d'une bande de
musique militaire, derrière laquelle venaient
trois élèves du Conservatoire, portant des bran-
ches de palmier et une couronne en argent. On
voyait ensuite les autorités municipales, des
représentants de toutes les institutions et de toutes
les sociétés musicales , puis l'immense cortège de
tous ceux qui avaient voulu accompagner le
grand artiste à sa dernière demeure. La Soi iélé
universitaire PaïUus et le Tfiomaner Verein
faisaient à tour de rôle entendre des chants fu-
nèbres. Un pasteur, le docteur Altfeld, avHil ,
selon la coutume protestante, prononcé dans la
maison mortuaire un discours dans lequel il avait
retracé les qualités de David comme homme ,
comme artiste et comme père de famille. Ferdi-
nand David était en elfet non-seulement un artiste
de grand talent , mais nn homme du monde, fort
instruit , bienveillant, et qui avait su se concilier
l'estime et l'affection de ses concitoyens.
*DAVID(FÉLiciEN),est mortàSaint-Germain-
en-Laye, le 39 août 1876. Il était né à Cadenet,
non le 8 mars, mais le 13 avril 1810. Cet artiste
d'un talent fort distingué et fort original, maisdont
le tempérament rêveur et contemplatif ne convenait
que médiocrement au théâtre , a abordé deux
fois la scène de l'Opéra-Comique après avoir
donné Herculannm àl'Opéra. Les deux ouvrages
qu'il a donnés à ce théâtre sont Lalla-Rouhh
(2 actes, 12 mai 1862), et le Saphir (3 actes,
9 mars 1865). Lalla-Roukh obtint un très-grand
succès , dû à plusieurs jolis morceaux, à des mé-
lodies charmantes , et à la couleur poétique qui
était répandue sur l'œuvre entière et qui convenait
merveilleusement au sujet; la critique pourtant,
quoique très-favorable au compositeur, crut devoir
faire quelques réserves en ce qui concernait l'en-
tente et le sentiment dramatique, qualités qui
n'étaient évidemment pas celles de Félicien David,
et un plaisant, voulant caractériser la nouvelle
partition de l'auteur du Désert, dans laquelle
dominaient surtout la rêverie et l'extase, |>ré-
lendit que LallaRoxikh était « un hamac en
deux actes ». Au point de vue du succès, David
fut beaucoup moins heureux avec le Saphir
œuvre médiocre et sans couleur, où l'on distin-
guait seulement un quatuor délicieux et écrit de
main de maître. Depuis lors , le compositeur ne
se produisit plus à la scène , bien qu'il ait fait
répéter encore au Théâtre-Lyrique un ouvrage
intitulé la Captive, qu'il retira peu de jours
avant l'époque où il devait être représenté , et
qu'il ait écrit la musique d'un grand drame lyri-
que, dont j'ignore le titre, mais dont un fragment
choral, intitulé Chant de guerre des Palicares,
a été exécuté au Grand-Théâtre de Lyon, le 21
novembre 1871, dans un concert donné au profit
des orphelins de la guerre. Il a aussi transformé
en grand opéra et renouvelé en grande partie sa
partition de la Perle du Brésil^ représentée na-
guère sous forme d'opéra dialogué.
Félicien David , qui , en 1860, avait reçu
de l't'mpeteur Napoléon m le brevet d'une pension
de 2,400 francs sur sa cassette , et qui en 1862, à
la suite du succès de Lalla-Roukh, avait été
promu au grade d'ofiicier de la Légion d'honneur,
se vit décerner en 1867, par l'Académie des
Reaux-.\rts, le grand prix biennal de 20,000 francs
fondé par l'empereur dans le but de récompenser
« l'œuvre ou la découverte la plus propre à ho-
norer le pays , et produite dans les dix dernières
années. » Tout en visant surtout , à ce sujet, la
partition â'Herculanum, l'Académie des Beaux-
Arts, en cette circonstance, rendait ainsi hommage
au talent et à la carrière entière de Félicien
David : » La personnalité d'un artiste, disait-elle,
ne se décompose pas; et, si l'on sépare ses œu-
vres à l'aide des dates, on ne peut détacher de
lui ni le reflet des succès de sa jeunesse, ni le
souvenir des inspirationséclatantes qui ont révélé
son talent et constitué .sa gloire. Nous couronne-
ronsdu même coup toute la carrière de M. Félicien
David, et on en trouvera peu où le mérite de
l'artiste soit mieux rehau.-sé par la noblesse du
caractère, par la constance dans l'adversité, par
l'amour désintéressé du beau, par le respect de
soi-même et par le respect de la dignité de
l'art (1). »
En 18t>9, Félicien David fut élu membre de
l'Académie des beaux-arts, où il succéda à Ber-
lioz. A cette occasion il prononça, selon la cou-
tume, en séance particulière de l'Académie, un
fi) Félicien David ses trouvait, en celte circonstance,
en présence de deux concurrents : M. Charles Blanc,
pour sa Grammaire des arts du dessin, et M. Labrouste,
architecte, pour sa restauration de la Bibliothèque im-
périale. Le vnte de l'Académie des beaux-arts donna les
résultats suivants : Félicien David, 23 voix; M.Charles
Blanc, lî; M. Labrouste, 5. Dans le vote géni'ral de l'Ins-
titut, Félicien David obtint 60 voix sur 104 votants.
DAVID
241
éloge de Berlioz qui a été imprimé (Paris, Firmin-
Di(lot). C'est aussi en remplacement de ce grand
artiste qu'il fut nommé bibliothécaire du Conser-
vatoire.
Sous ce titre : Félicien David, sa vie et son
œuvre (Paris, Heugel, 1863, gr. in-8° avec por-
trait et autographe), M. Alexis Azevedo a publié
sur cet artiste une notice médiocre en ce qui con-
cerne la critique, mais utile, étendue et détaillée
au point de vue historique. Plusieurs années au-
paraviinf, M. Sylvain-St-Étienne avait publié une
biographie beaucoup plus concise de ce coInpo^i-
teur [Biographie de Félicien David, Marseille,
1845,in-I2de32 p.avec portrait). L'éditeur Gérard
a fait paraître un Recueil des cinquante mé-
lodies de Félicien David, chant et piano. Ce
recueil n'est pas un des moindres titres de
l'auteur à l'estime et à la sympathie des artis-
tes , on y trouve le Rliin allemand, chant
composé sur les vers immortels de Musset, et qui
a été chanté en 1870, par M, Léon Achard, sur la
scène de l'Opéra- Comique.
Je ne dois pas oublier de dire qu'en 1864,
Félicien David, quien 1851 avaitdirigé lesconcerts
de 1 Union musicale, eut l'idée de fonder, avec
MM. D. Magnus , Léopold Deulz et Ch. de Lorbac,
une grande entreprise artistique qui porterait le
titre de Société du Grand-Concert, et dont le
but était de faire entendre des œuvres vocales ou
instiumentales de compositeurs modernes, les
chefs-d'œuvre des mnitres classiques, et de pro-
duire devant le public les virtuoses les plus fa-
meux comme chanteurs et instrumentistes, le
tout sans distinction ni parti pris de pays ou
d'école. Un pros[)ectus détaillé de la nouvelle
entreprise fut publié, et déjà l'on désignait le local
où devait s'établir le Grand-Concert, local qui
n'était autre que celui occupé aujourd'hui par
un établissement d'un toiitautre genre, les Folies-
Bergèie (rue Richer, en face la rue Geoffroy-
Marie). L'affaire n'eut pas de suites, bien qu'on
en ait parlé longuement durant plusieurs mois.
DAVID (Er7<est), musicographe français,
né vers 1825, s'est beaucoup occupé, dans ces
dernières années , de travaux relatifs à l'histoire
de certains grands artistes du passé, particuliè-
rement de plusieurs maîtres de l'école italienne.
Ces travaux, estimables et faits avec soin, mais
qui laissent uu peu à désirer au point de vue de
!a nouveauté des documents, ont été publiés dans
la Revue et Gazette musicale et dans le Ménes-
trel, dont M. Ernest David est le collaborateur
assidu. Cet écrivain a publié aussi sous ce titre :
la Musique chez les Juifs (Paris, Pottier de La-
Jaine, 1873, in-8° de 62 pp.), une élude intéres-
sante et qui a été remarquée.
nrOGR. LNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
DAVID (SAMUiîL), compositeur, né à Paris
le 12 novembre 1836, fit de brillantes études au
Conservatoire de cette ville. Après avoir obtenu
en 1850 un premier prix de solfège , il entra dans
la classe d'harmonie et accom()agnement de
M. Bazin, y remporta un second prix en 1853, le
premier en 1854, puis^ l'année suivante, étant
devenu élève d'Halévy, se vit décerner le premier
prix de fugue. Devenu en 1836 chef du chant au
Théâtre-Lyrique, M. Samuel David concourut en
1858 à l'Institut, et remporta le premier grar«i
prix de Rome-, la cantate qu'il avait mise en
musique avait pour titre Jepidé, et pour auteur
M. Emile Cicile. La même année, le jeune ar-
tiste sortait vainqueur d'un autre concours , et
obtenait une médaille d'or pour une cantate inti-
tulée le Génie de la terre, destinée au grand
festival orphéonique international de 1859, et qui
fut exécutée par une masse de 6,000 orphéonistes.
A sou retour de Rome, en 1861, M. Samuel
David entra comme professeur au collège Sainte-
Barbe, et entreprit la rédaction d'un ouvrage
théorique et pratique : CArt dejotier en mesure,
qui fut publié l'année suivante. En même temps
il cherchait à se faire jouer à l'Opéra- Comique,
mais, comme tous les jeunes compositeurs,
voyait les obstacles accumulés sur son chemin.
Cependant, le décret de 1864 relatif à la
liberté des théâtres semblait devoir ouvrir aux
musiciens de nouveaux débouchés. En effet,
M. Samuel David fit recevoir au théâtre Saint-
Germain (aujourd'hui théâtre Cluny) un opéra-
comique en 2 actes , les Clievaliers du poignard.
qui (ut mis aussitôt en répétitions et qui allait
être joué lorsque la direction fit faillite. Il se ra-
battit alors sur quelques petits thi'àtres, où il
ilonna trois ou quatre opérettes sans conséquence.
L'Opéra- Comique ayant enfin consenti à lui jouer
un ouvrage , M. David mit en musique un
livret qui lui avait élé confié par M. Narcisse
Fournier, et qui n'était autre qu'une ancienne
coméiie en un acte de cet écrivain, jouée naguère
sous le titre de Tiridale. Tirida te âeyiut Made-
moiselle Stjtvia, qui fut représentée le 17 avril
1868. Malgré le bon accueil fait parle public à sa
partition, M. David ne put réussira se faire jouer
de nouveau , et il avait un acte reçu et en répé-
titions au théâtre Ventadour, nn Caprice de
A'irtoH, lorsque ce th'âtre, dans lequel M. Bagier
vou'ait réimir l'opéra français à l'opéra italien
vint à fermer inopinément (1874).
M. David, qui a été nommé en 1872 à la di-
rection générHlede la musique des temples israéli-
tes de Paris, a en poitefeuille plusieurs autres
ouvrages lyriques : t° la Fée des Bruyères, opéra-
comique en 3 actes sur un livret de Scribe; 2"
T. I. 16
242
DAVID — DAYIDOFF
la Gageure, opéra -comique en 3 actes; 3" les
Chevaliers du poignard, opfira-comique en
2 actes; 4° i Maccabei, grand opéra italien en
4 actes; 5° une Diagonnade, opéra- comique en
un acte; 6" VÉducation dhin prince, id.; ~°
Absalon, id.; 8° les Changeurs, id. Cet artiste
distin<;ué a publié un assez grand nombre de
compositions, parmi lesquelles il faut citer surtout
quatre symphonies (réduction pour le piano chez.
Leduc, éditeur), des chœurs, des mélodies voca-
les : le Gué, Si j'étais le Seigneur, A ConcliUa,
Sonnet, le Soutien, Chantez encore, le Souve-
nir, etc. Son premier ouvrage dramatique a été
représenté avant son départ pour Rome; c'était
une opérette en un acte , intitulée la Peau de
VOurs, dont le livret était imité de celui des Deux
Chasseurs et la Laitière, et qui fut donnée au
petit théâtre des Folies-Nouvelles, en 1857 ou
1858.
DAVIDE (Le Père), da Bergamo. Félix
Moretti, connu sous le nom ci-dessus, naquit à
Zunica, petit bourg de la province de Bergame ,
le 21 janvier 1791. En 1804, il suivit ses parents,
qui allaient s'établir à Bergame. Passionné dès son
jeune âge pour la musique, il reçut ses premières
leçons de D. Blanchi, qui passait alors pour un
habile organiste. En 1808, il entra à l'école de
A.Gonzalès,professeur de piano au Conservatoire
de Bergame, dont le directeur, J. S. Mayr, frappé
par le talent précoce et le caractère heureux de
l'enfant , lui voua une affection toute particulière
et l'aida de ses précieux conseils. A l'élude du
piano et de l'orgue, le jeune Moretti joignit celle
du cor de chasse , de la trompette, de la guitare
et du chant. Ce fut en chantant dans les chœurs
du théâtre et dans des églises de Bergame qu'il
connut le célèbre ténor Rubini , à cette époque
simple choriste lui-même, et qu'il se lia avec lui
d'une amitié qui ne se démentit jamais. Organiste
à Torre-Baldone, ensuite à Gandino, en 1818, le
jeune Moretti prit l'habit de cordelipr dans le
couvent de Santa Maria di campagna, à
Plaisance , et reçut en religion le nom de Fr.
Davide da Bergamo.
En 1819 il reçut les ordres sacrés; mais son
nouvel état, dont il remplit jusqu'à sa mort
tous les devoirs avec une pieuse ferveur, ne
l'emi êcha pas de cultiver la musique avec la
même ardeur. Il devint l'organistedeson couvent,
et quoique les orgues en fussent dans un état
pitoyible de délabrement, il s'y fit tellt-menl re-
marquer que les marguilliers consentirent en 182,)
à des réparations et des agrandissements d'après
ses idées. Ces réparations furent exécutées par
je cé'èbre facteur Charles Serassi, de Bergame.
Ce fui sur cet instrument ainsi modifié que le
Père Davide déploya une telle habileté qu'en peu
de temps son nom se répandit dans toute l'Italie.
Il n'y avait fête religieuse de quelque importance
en Piémont, en Lombardie, en Emilie, sans que
le père Davide y fût appelé en sa qualité d'orga-
niste, ni orgues à réparer ou à construire, qu'on
ne le consultât préalablement ; c'était toujours à
lui qu'on avait inévitablement recours lorsqu'il
s'agissait de recevoir, expertiser ou inaugurer un
instrument nouveau.
Ces séances d'inauguration prenaient toujours
le caractère de véritables solennités musicales ,
par la foule qui y accourait et y assistait enthou-
siaste. Mais la santé de ce bon religieux s'affai-
blissait peu à peu; déjà, en 1842, ilavait commencé
à souffrir de migraines , quand se manifestèrent
en lui les premiers symptômes d'une cardialgie
qui le conduisit au tombeau le 24 juillet 1863,
après de longues souffrances supportées avec une
patience et une résignation admirables.
Le renom dont jouissait le père Davide était
vraiment mérité. La netteté, le brillant, le moel-
leux de son jeu, son bon goût dans l'usage des
registres, la verve de .son improvisation, même
lorsqu'elle s'exerçait sur les thèmes les plus
arides qu'on s'amusait parfois à lui donner, toutes
ces qualités lui assuraient à juste titre une place
honorable parmi les meilleurs organistes. Il fut
aussi compositeur, et l'on possède. de lui, outre
quelques morceaux de musique sacrée pour le
chant , un certain nombre de pièces pour l'orgue,
dont une grande partie a été publiée à Milan par
les éditeurs Ricordi, Canti et Vismara. Mais
toutes ces compositions, quoique régulièrement
écrites, et parfois très-agréables, manquent en
général de ce caractère de noble sévérité qui ne
doit jamais faire défaut à la musique religieuse.
Félis, qui probablement ignorait l'existence
de ce musicien religieux, la confondu dans sa
Biographie universelle avec le célèbre ténor
Jacques David, de Bergame, qu'on appelait en
Italie Davide padre (Davide le père), pour le
distinguer de son fils Jean Davide, ténor lui aussi,
en attribuant à ce chnnteur, quoique dune ma-
nière dubitative, toutes les sonates pour l'orgue
dues au Padre Davide ti publiées à Milan par
Ricordi (1). L.-F. C.
DAVIDOFF (Charles), violoncelliste dis-
tingué et compositeur pour son instrument, est
né à Goldingen, dans la Courlande, le 15 mars
1838. Sa famille l'emmena de bonne heure à
Moscou, oii, à l'âge de douze ans, il devint élève
(1) M. Giuseppp Prospero Gatloni a publié sur cet ar-
tiste tinnuriiblf l'ecril ^uiv.^nt : (cnni biografici dct
P. Davide, da Bergamo, Bologne, 1863. - A.. 1'.
DAVIDOFF — DAVISON
243
de H. Schmidt, premier violoncelliste au théâtre
de cette ville, ce qui ne l'empêcha pas de suivre
pendant quatre ans, de 1854 à 1858, les cours
de l'Université. Il partit ensuite pour Saint-Pé-
tersbourg, se perfectionna sous la diiection de
de Charles Schuberth dans l'étude de son instru-
ment, puis alla passer quelque temps à Leipzig,
où il travailla la composition avec Hauptmann.
C'est en cette ville, dans une des séances de la
société du Gewandhaus, que M. Davidoff se
fit entendre pour la première fois, le 15 décem-
bre 1859, et son succès fut tel qu'il fut presque
aussitôt engagé comme violoncelle-solo de celte
société, et que peu après il remplaçait Grûlzma-
cher comme professeur au Conservatoire. Il ne
resta cependant pas à Leipzig, et après un
voyage artistique en Allemagne et en Hollande,
il retourna en Russie. L'empereur l'ayant
entendu, et s'élant montré charmé de son ta-
lent, M. Davidoff fut nommé successivement
violoncelle-solo de la musique de la cour et de
l'orchestre de la Société de musique russe, puis
professeur au Conservatoire de Saint-Péters-
bourg (1862). Cette brillante situation ne l'a pas
empêché de voyager, et M. Davidoff a mis à profit
ses c'jngés pour aller se faire entendre en Alle-
magne et à Londres, puis à Bruxelles et à Paris.
Pendant l'hiver de 1874, il s'est produit deux
fois, dans cette dernière ville, aux séances de la
Société des concerts du Conservatoire. Son ta-
lent de virtuose y a été très-apprécié, mais le
public n'a pas paru très-satisfait du concerto de
sa composition que M. Davidoff lui a fait en-
tendre. Les qualités principales de cet artiste
sont une très-grande justesse et une rare aisance
dans l'exécution des difficultés les plus ardues;
mais on peut reprocher à son style de manquer
d'ampleur et d'être parfois un peu maniéré.
M. Davidoff, qui a fondé avec MM. Auer et
Léchetitzky {Voyez ces noms) une société de
musique de chambre dont les séances sont très-
suivies, est devenu en 1876 directeur de la So-
ciété impériale russe de musique et a été nommé,
dans le cours de la même année, directeur du
Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Outre plu-
sieurs concertos de violoncelle, dont un en si
mineur, outre une Ballade (op. 25) et une Ro-
mance sans paroles (op. 23) pour le même ins-
trument, M. Davidoff a écrit des lïcdcr, et un
certain nombre de morceaux de piano.
DAVIDOR (ÉTiENNE-IvANOwicn), compo-
siteur russe, né vers 1777, s'est exclusivement
consacré à la musique religieuse. Il est mort à
Moscou en 1823. Y.
DAVRAIKVILLEC ), père du facteur
d'orgues et de serinettes dout il est question
au T. II de la Biographie universelle des
Musiciens. Fétis a sans doule été trompé-
par de faux renseignements lorsqu'il a dit de ce
dernier que « son éducation fut négligée, » et que
<( son instinct pour la mécanique triompha de
l'insuffisance de son instruction. » Il sernlile au
contraire que Davrainville père ouvrit la voie à
son fils, et que ce dernier, en les perfectionnant
sans doute, mit à profit les travaux et les dé-
couvertes de son père. Voici en effet comment,
en 1782, deux ans avant la naissance de Da-
vrainville fils, Luneau deBoisjermain, dans son
Almanach musical, rendait compte d'un instru-
ment imaginé par Davrainville père (/. Hetiri
d'Avrainville ou Davrainville, établi alors
facteur de serinettes, place de Grève) : « Mon-
sieur Davrainville, facteur d'orgues et de seri-
nettes, a fait voir au public un jeu de llrtte, qui
doit être placé sous une pendule. Ce jeu renferme
trois jeux qui peuvent faire entendre successive-
ment, séparément ou en partie, treize airs diffé-
rents, qui éprouvent chacun huit changements
Ce jeu n'a que quatorze pouces de long sur six
de large; c'est le premier en ce genre que le
génie des facteurs ait présenté à la curiosité
publique. » Il est facile de 'voir que cette in-
vention ingénieuse a dû être le point de départ
des travaux intelligents de Davrainville fils, et
lui donner l'idée des instruments qu'il imagina
par la suite.
DAVISOi\ (J....-W...), écrivain musical
très-renommé, né à Londres vers 1820, est le
fils d'une actrice qui acquit une grande notoriété,
d'abord sous son nom de demoiselle (Miss Dun-
can), puis sous celui de son mari. Destiné par
sa famille au barreau, M. Davison finit cepen-
dant par se livrer sans réserve à son goût pour
la musique, et il s'est fait, de l'autre côté du dé-
troit, une immense réputation par le talent de
critique qu'il a déployé dans le journal the Times
dont il est le collaborateur spécial depuis environ
vingt-cinq ans. La renommée de M. Davison
est unique en Angleterre, son autorité est in-
contestée, et l'influence qu'il exerce dans les
colonnes du premier journal de Londres sert
puissamment les intérêts d'une excellente feuille
musicale, the Musical World, qui, depuis long-
temps déjà, est placée sous sa direction. Il est
juste d'observer, d'ailleurs, que M. Davison est
excellent musicien, qualité que ne semblent pas
considérer comme indispensable, en France un
certain nom'ire de journaux qui confient leur
partie musicale à des écrivains qui ne connaissent
pas le premier mot des choses dont ils doivent
parler. M. Davison a publié un certain nombre
de compositions qui ne manquent point de
244
DAVISON _ DEBILLEMONT
mérite. Cet écrivain a épousé une pianiste, miss
Arabella Gxlilard (Voyez ce nom), artiste de
premier ordre, justememt célèbre en Angleterre
et dans tous les pays qu'elle a parcourus.
DEADDE (Edouard), auteur dramatique et
romtincier français, né vers 1810, est mort à
Paris en 1870 ou 1871. Cet écrivain, qui se tit
d'abord connaître par un grand nombre de vau-
devilles représentés sur des théâtres secondaires,
prenait généralement le pseudonyme de D. A.
D. Saint- Yves, est c'est sous ce nom d'emprunt
qu'il rédigea pendant longues années les revues
de théâtres de la Revue et Gazffte musicale de
Paris. A la mort d'Anders, il avait été chargé
de dresser les excellentes tables annuelles de ce
journal. Déaddé est l'auteur anonyme de /'An-
nuaire des Lettres, des Arts et des Théâtres
publié par le journal le Constitutionnel, et dont
il n'a paru qu'une seule année, donnée en prime
par ce journal à ses abonnés (Paris, typ. La-
crampe, 184G-1847,in-8° avec gravures); comme
cet Annuaire était aussi donné en prime par le
journal VÈpoque, une partie des exemplaires
portent sur le titre et sur la couverture le nom
de ce dernier au lieu de celui du Constitutionnel.
DEBAR (C....-C ), violonisteet composi-
teur, fut attaché en qualité de premier violon à
l'orchestre de l'Opéra, où il entra vers 17C6, et
qu'il quitta en 1783, avec la pension. Cet artiste
a publié plusieurs recueils de duo^ de violons.
DE BASSIi\I. Voyez BASSIM (Acuille
BASSI dit DE).
DEBAY (A ), écrivain français, est
l'auteur d'un livre ainsi intitulé : Hygiène et
gymnastique des organes de la coix. Histoire
de la musique et de la mimique, Paris, 1861,
in-12.
* DE BEGiXlS (Joseph), chanteur italien
renommé dans le genre bouffe, est mort à New-
York en 1849. C'est pour cet artiste que Rossini
avait écrit le rôle de Dandini dans la Ceneren-
iola.
* DE BEGMS (Joséphine RONZI, épouse),
femme du précédent, n'était point française,
comme Fétis en a émis l'hypothèse. Née à Mi-
lan en 1800, elle avait débuté fort jeune à Na-
ples, sur le petit théâtre des Fiorentini, et se fit
rapidement une renommée dans sa patrie et à
l'étranger, où elle suivit son mari. Elle se faisait
surtout remarquer, dit-on, dans Norma, de Belli
ni, et dans Y Anna Bolena, deDonizetti. Ce der-
nier écrivit expressément pour elle Roberto
Devereux et Gemma di Vergy. M""' Ronzi de
Begnis mourut à Florence, le 7 juin 1853, lais-
sant une fortune considérable à sa fille, qui avait
épousé le grand chanteur Fraschini {Voyez ce
nom), et qui n'avait pas suivi la carrière mater-
nelle.
* DEBILLEMOA'T (Jean-Jacques). Fixé
définitivement a Paris depuis plus de quinze
ans, cet artiste a partagé ses travaux entre
l'enseignement, la composition et la conduite
des orchestres, tout en se livrant parfois à la
critique musicale. M. Debillemont a fait repré-
senter les ouvrages suivantes : 1° C'était moi,
opérette en un acte. Bouffes- Parisiens, 27 mars
1860; 2° Asiu déjeuné, Jacquot? id., th. Dé-
jazet, 29 octobre 18C0; Z" Astaroth, opéra-co-
mique en un acte, Théâtre-Lyrique, 25 janvier
1861; 6° Un Premier r/ ni/, opérette en un
acte, Bouffes-Parisiens, 6 mai 1862; 5° les In-
valides du travail, cantate. Porte- St-Marlin,
15 août 1866; 6" la Vipérine, opérette en un
acle,'Folies-Marigny, 19 octobre 1866; 7° Na-
poléon devant les peuples, cantate, Porte-St-
Martin, 13 aoiU 1867; 8° Roger Bontemps,
o|)i'ra-comique en 2 actes, Fantaisies-Parisiennes,
18 mars 1869; 9° le Grand-Duc de Matapa,
opérette en ;} actes, Menus-Plaisirs, 16 no-
vembre 1868; 10" Mousseline-Club, vaude-
ville-opérette en un acte , Menus-Plaisirs ,
22 novembre 1868; 11" la Revanche de Can-
danlc, opérette en un acte, 1869; 12° le Panta-
lon de Casimir, opérette en un acte, café-con-
cert de l'Eldorado, 31 mai 1873; 13" le 13"= Coup
demimdt, opéra féerie en 3 actes, th. du Châ-
teau-d'Eaii, fir septembre 1874; \k° Le Miroir
magique, féerie- ballet en 3 actes, Porte-
Saint-Martin, 17 août 1876; 15" les Trois Sul-
tanes. A tous ces ouvrages il faut ajouter les sui-
vants, que M. Debillemont tient en portefeuille, et
qui n'ont pas encore été représentés: les Noces de
Panurge, opéra-bouffe en 3 actes, reçu naguère
aux Variétés : la tlorinde, opéra-comique en
2 actes, rnçu au Théâtre -Lyrique; les Péchés
de M. Jean, opéra -comique, commandé par
M. Perrin lorsqu'il était directeur de l'Opéra-
Comique; les Esclaves d'Athys, opéra-comi-
que; Vercingctorix, grand opéra ; Bocchoris,
opérette en un acte; la Cour de Tulipano,
opéra bouffe en 3 actes.
M. Debillenjont a dirigé, vers 1865, les con-
certs de la Société des Beaux-Arts, dans le local
occupé plus tard par le théâtre des Fantaisies-
Parisiennes; il est aujourd'hui (1876) chef d'or-
chestre au théâtre de la Porte-St- Martin. Il a
donné d'assez nombreux articles de critique
musicale à la Revue et Gazette des Théâtres,
au Boulevard, au Courrier artistique, à l'Ave-
nenir miisical, à l'Événement. Lne fille de cet
artiste a obtenu un second prix de piano au
Conservatoire, en 1874, et le premier en 1876.
DEBROIS VAN BRUYCK — DECOUKCELLE
245
DEBROIS VAN BRUYCK (Chari.es),
littérateur musicien d'origine belg«, est né à
Briinn le 14 mars 1828. Il a fait des études
musicales sérieuses à Vienne, où sa famille
est établie depuis 1830. Plusieurs de ses com-
positions ont été publiées, mais ses travaux
de littérature musicale lui ont créé des titres
plus sérieux à l'estime des artistes. Son ouvrage
capital a été publié à Leipzig en 1867, sous ce
titre : Techmschen und asslhelischen anaUjsen
des wohHemperirien Klaviers (Analyses teck-
niques et esthétiques du Clavier bien tem-
péré). Y.
DEDUIRE (L...), est l'auteur d'une Notice
historique sur les Société chorales et aidres
réunions musicales de Lille, Lille 1858, in 12.
DE CHAMPS (Ettore). Voyez CHAMPS
(Ettore DE).
* DECKER ^Constantin), compositeur. L'o-
péra écrit par cet artiste sous le litre : les Gueux
à Bréda, n'a pas été représenté, comme l'a dit
Fétis, non plus qu'un aulre intitulé Giafjir,
l'ennemi des Femmes, bien que tous deux fus-
sent terminés lors d'un voyage que M. Decker lit
en Russie. Après avoir passé quelque temps à
Saint-Pétersbourg, il revint à Berlin, oii il donna
des concerts. Le seul ouvrage dramatique que,
à ma connai.ssance, M.Decker ait faii représenter,
est l'opéra intitulé Isolde, Grafin von Tou-
louse [Isolde, comtesse de Toulouse), qui n'ob-
tint aucun succès lors de son apparition à Kœnigs-
berg en 1852.
DECKER (Pauline), musicienne allemande,
.s'est fait connaître par la publication d'un cer-
tain nombre de lieder à une ou plusieurs
voix.
DE COMBLE (Ambroise), et non DE-
COMBRE, lulliier, naquit à Tournai (Belgique).
Au sujet de cet;artiste estimable et de l'article qui
lui a été consacré au tome deuxième de la Bio-
gra/diie universelle des Musiciens, j'ai reçu de
M. J. Galiay, collaborateur de ce Supplément, qui
s'est beaucoup occupé des questions relatives à
la lutherie et des luthiers célèbres, communica-
tion de la note suivante : « Il y a lien de rectifier
le nom de Decombre, dont l'orlhographe cor-
recte est De Comble; j'ai en ma possession
des étiquettes qui ne laissent aucun doute à cet
égard. La date de 1665, fixée pour sa naissance,
me paraît au moins contestable -. les étiqueltes
dont je parle portent les dates de 1735 et 1750.
Si De Comble était né effectivement en 1665, il
aurait donc encore travaillé à l'âge de quatre-
vingt-cinq ans. Cela n'est pas impossible, sans
doute, puisque Stradivari faisait encore des
violons à quatre-vingt-douze ans, mais le fait
est peu probable, et Stradivari doit être consi-
déré comme une exception. »
DECOURCELLE (Jean-Louis), peintre et
musicien, étudia d'abord la llûte, instrument sur
lequel il acquit un certain talent, puis s'adonna
à la peinture sans renoncer à ses goûts pour la
musique. Né en 1791, il fonda en 1827 une
société d'artistes et d'amateurs à laquelle il
donna le nom de Gymnase musical, et dont
les premières séances eurent lieu dans son
atelier, rue du Faubourg Saint-Denis, n" 14.
Les programmes du Gymnase musical ne com-
prenaient d'abord que des morceaux de chant
et des fantaisies pour divers instruments, avec
accompagnement de piano. Au bout de quelques
mois la société, mieux organisée, donna des
concerts mensuels à l'aide d'un petit orchestre
d'amateurs que dirigeait M. Tilmant aîné {Voy.
ce nom), qui fut plus lard chef d'orchestre
du Théâtre-Italien et de l'Opéra-Comique; elle
comptait parmi ses membres Urhan, Claudel,
Cladel, Halma, Vogt, Willent, Gebauer, Mengal,
Callaut, Tilmant jeune, Nargeot, etc. On n'exé-
cutait pas au Gymnase musical les grandes
œuvres classiques; le répertoire se composait
surtout d'oeuvres de jeunes compositeurs, et
chaque concert comprenait deux ou trois mor-
ceaux et quelques solos ; c'est là qu'ont com-
mencé quelques-uns de nos meilleurs virtuoses,
M"^ Moke (qui fut depuis M'"" Pleyel), M"« Hé-
lène Robert-Mazel, M"" Croisilles, MM. Codine,
Dorus, enfin toute la jeune génération artistique
de l'époque.
En 1828-1829, les réunions eurent lieu dans
la salle Molière, rue Saint-Martin, puis, le nombre
des sociétaires ayant augmenté, le Gymnase
obtint l'autorisation de donner ses séances à
l'Hôtel de Ville, dans la salle Saint-Jean. Mal-
heureusement, vers 1832, la discorde se mit
parmi les associés ; une trentaine d'entre eux se
séparèrent des autres et, se joignant aux mem-
bres de la société du Wauxhall, fondèrent avec
ceux-ci l'Athénée musical; le compositeur Che-
lard était à la tête des dissidents. A la suite de
celte petite révolution, le Gymnase musical,
œuvre intelligente et utile, où les jeunes compo-
siteurs pouvaient se produire, où les jeunes vir-
tuoses pouvaient se faire connaître tout en
voyant leur talent rétribué, dut disparaîlre.
Decourcelle reprit ses pinceaux, et continua de
faire de la peinture jusqu'en 1857, époque de sa
mort.
DECOURCELLE (Maurice-Henri), pia-
niste et couiposileur, fils du précédent, naquit à
Paris le 11 octobre 1815. Après avoir commencé
de bonne heure l'étude de la musique, il devin j
246
DECOURCELLE — DE FERRARI
pour le piano l'élève de M, Herz, qui l'entendit
Jouer dans un concert et le prit, en affection.
Plus tard, il suivit un cours d'harmonie et de
composition avec M. Barbereau. M. Decourcelle
fut pendant nombre d'années l'accompagnateur
en vogue de Paris, et pas un artiste important ne
se faisait entendre sans avoir recours à lui. Cela
ne l'empêchait pas de donner lui-même un con-
-cert chaque année, et de se livrer à la composi»
tlon. A partir de 1848, il se voua à l'enseigne-
ment, tout en continuant d'écrire pour le piano
•un assez grand nombre d'ouvrages, dont la plu-
part ont été publiés chez MM, Brandus, Le-
moine, Gérard et Richaull. Ses compositions ou
arrangements forment un total de plus de cent
ceuvres, parmi lesquelles il faut citer surtout :
1° 12 Études mélodiques, op. 6, Paris, Lemoine;
2° Exercices progressifs, op. II, Paris, Gérard;
3° Répertoire d'exercices dansions les tons ma-
jeurs et mineurs, op. 30 ibid.; 4° 20 Études
■caractéristiques, op. 33, ibid.; 5° Exercices ^et
préludes dans les tons les plus usités, op. 41,
ibid.; 6° 3 Nocturne*, op. 8 et 10, Paris, Le-
moine; 7*^ Fantaisie élégante, op. 21, Paris,
Gérard ; 8" Galop brillant, op. 25, Paris, Le-
moine; 9° Le Couvre-feu, Villanelle, mélodies,
op. 38, Paris, Géiard; 10° L'Aulomne, mélodie,
op. 31, Paris, Gregh ; II* Chant du malin, op.
46, Paris, Gérard; 12" Dix mélodies de Mozart
transcrites pour le piano, op.- 51, ibid.;
13" Série de seize ouvertures célèbres, trans-
crites pour deux pianos à S mains.
DECOURCELLE (Hemii-Adoi.i'he\ pia-
niste et professeur, frère du précédent, est né le
5 octobre 1821. Professem- de piano au lycée
Louis-le Grand et au collège Chaptal, il ;i publié
diverses compositions pour son instrument, enire
autres un utile recueil d'exercices élémentaires.
DE CROZE (Ferdinand). — Voyez CRC-
ZE (Ferdinand DE).
DÉDÉ (Edmond), compositeur, a écrit la
•musique de deux ballets qui ont été représentés
sur le Grand-Théâtre de Bordeaux : NénaJia,
reine des Fées (un acte, vers 18r)2), et la Sen-
sitive (2 actes, 1877). Cet artiste a donné aussi
quelques opérettes à l'Alcazar de Bordeaux, dont
il est le chef d'orchestre : // faut passer le
pont. Le Voisin de Thérèse, etc.
DEDIEU ( ). Un compositeur ainsi
nommé a fait représenter sur le théâtre de la
Cité, en 1793, un opéra-comique un un acte
inlitulé Midas au Parnasse.
DE UOMMIIXECO (Gian-Paolo), musi-
cien italien qui vivait à la lin du dix-septième
siècle et au commencement du dix-huitième,
-était virtuose di caméra de la duchesse de |
Laurenzano et fit représenter à Naples, sur le
théâtre des Fiorentini, un opéra intitulé li
Slravestimiente afforttmate.
DE FERRARI (Serafino), compositeur
dramatique, né à Gênes en 1824, fit ses pre-
mières études musicales en cette ville sous la
direction de M. Bevilacqua, travailla ensuite
avec MM. Serra et Sciorati, puis alla terminer
son éducation à Milan avec M. Mandanici. En-
gagé comme wiaes/ro concertatore à Amster-
dam, il voulut dès lors se produire au théâtre
et écrivit la partition d'un ouvrage intitulé Cuti-
//»a; mais celui-ci ne vit jamais le jour. De
retour dans sa patrie, M. De Ferrari devint
successivement directeur du chant dans plusieurs
théâtres, entre autres au théâtre Pagliano, de sa
ville natale, et au théâtre Carignan, de Turin.
En 1853, il fit ses débuts de compositeur dra-
matique en donnant au théâtre Carlo-Felice, de
Gênes, un opéra sérieuxintitulé Don Carlo, qui
fut très-bien accueilli, et qu'il gâta en le refai-
sant en partie et en le reproduisant plus tard,
au même théâtre, sous le litre de Fllippo H.
Il écrivit ensuite trois opéras bouffes : Pipelè,
sur un livret tiré des Mystères de Paris d'Eu-
gène Sue, ouvrage qui lui fit une véritable ré-
putation et qui est resté au répertoire de tous les
théâtres d'Italie; il Matrimonio per concorso,
à la musique duquel un livret exécrable porta
le plus grand préjudice, quoique le rôle princi-
pal en ait été créé au lliéàtre de la Fenice, de
Venise (1858), par M"* Virginia Boccabadati ; et
il Menestrello, aimable et gracieuse production
qui conserve toujours la faveur du public, bien
qu'elle ait été donnée pour la première fois à
Gênes, au théâtre Paganini, le 23 juillet 1861.
Tout en faisant représenter ces divers ou-
vrages, M. De Ferrari, qui n'est pas seulement
un bon pianiste, mais aussi un organiste distin-
gué, s'exerçait dans le genre sacré, et faisait
exécuter plusieurs messes qui prouvaient en
faveur de la souplesse de son talent. En même
temps, il publiait un certain nombre de mélodies
vocales, parmi lesquelles deux surtout méritent
d'être distinguées : la Crocè délia Mamma, et
une mazurka chantée qu'on dit charmante,
Fiori d'.lp)77e. Bientôt il reparaissait à la scène
et donnait au théâtre Carlo-Felice de Gênes,
le 9 novembre 1864, il Cadette di Guascogna,
opéra bouffe qui obtint un véritable succès
auprès du public et de la critique, bien que
celle-ci reprochât à la partition d'être un peu
trop fournie de motifs de danses, va'ses, pulkas,
mazurkas et le reste. Mais l'ensemble de l'œuvre
était si aimable, si vif, si gracieux, qu'on passa
facilement condamnation sur ce défaut. Depuis
DE FERRARI — DÉJAZET
241
lors, et malgré ses succès, je ne sache pas que
M. De Ferrari ait de nouveau abordé le lliéâlre.
Je crois cependant qu'il est l'auteur, avec quel-
ques autres musiciens, de la partition d'un
ballet intiluté Délia. Ses ouvrages les niieuv
réussis sont Pipelè, Don Carlo et il iMenes-
tretlo ; ce dernier, sans être hors ligne, est, selon
les critiques italiens, une œuvre déforme élé-
gante, dans laquelleon rencontre trop peu de nou-
veauté et d'originalité, mais qui est, en somme,
bien faite, bien comlnife et surtout bien instru-
mentée ; on cite parmi les morceaux les plus
réussis de la partition, le chœur du Rafaplan, le
finale du premier acte, et tout particulièrement,
au second acte, un duo entre le ménestrel et une
duègne dans lequel il a fait une sorte de parodie
parfaitement réussie de l'opéra sérieux, d'un très-
bon effet sans qu'elle tombe dans la caricature.
DEFFÏILL (Charles), compositeur amateur
anglais, a écrit la musique d'un opéra en trois
actes, the Corsair, qui a été représenté au
Crystal Palace, de Londres, le là mars 1873.
Cet ouvrage, dont le livret était imité du fameux
poëme de Byron connu sous le même titre,
n'a point obtenu de succès.
* DEFFÈS (Pierre Loufs). Le répertoire
dramatique de ce compositeur élégant et délicat
se complète par les ouvrages suivants : 1" le
Café du roi, un acte, Théâtre-Lyrique, 16 no-
vembre 1861 (repris à l'Opéra-Coiniqneen 1868);
2° les Bourguignonnes, un acte, Opéra-Comi-
que, 16 juillet 1863 (écrit pour le Iviu'saal d'Ems,
et représenté d'abord en cette ville en 1S62);
3° Passé minuit, un acte (d'après un ancien
vaudeville), Bouffes-Parisiens, 24 novembre 1864 ;
4° la Boite à surprise, un acte, id., 3 octobre
1865 (représenté à Ems le 30 juillet de l'année
précédente); 5" la Comédie en voyage, un
acte, Kursaal d'Ems, juillet 1867; 6° Zes Cro-
queiises de pommes, « opérette » en 5 actes,
Menus-Plaisirs, 29 septembre 1868; 7" Petit
Bonhomme vit encore, 2 actes, Bouffes-Pari-
siens, 19 décembre 1868 ; 8" Valse et Menuet,
un acte, Athénée, 16 avril 1870 (joué précé-
demment à Ems, en juillet 1865). M. Deflès a en
portefeuille les ouvrages suivants : la Nuit de
noces, opéra-comique en 3 actes, sur un hvret
de M. Victorien Sardou; Riquet à la houppe,
opéra-comique féerie en 3 actes ; le Marchand
de Venise, opéra en 3 actes. Il a publié, dans
le Magasin des Demoiselles, une opérette en
un acte, Lanterne magique, qui n'a pas été re-
présentée (1). M. Deflès a écrit aussi quelques
(1) Une erreur s'est produite au sujet d'un des ouvra-
ges de IM. DL'ffcs, la Clé des champs, qui a elé repré-
senté uun aux Bouffes-Parisiens, maisà l'Opéra-Comique.
chœurs orphéoniques : la Forge, le Retour du
drapeau, le Réveil des chasseurs, etc.
DE GIOVAlViM (NicoLA), violoniste, com-
positeur pour so:i instrument et chef d'orchestre
fort remarquable, naquit à Gênes en 1804, se
distingua d'abord comme virtuose, et donna sous
ce rapport des preuves d'un talent exceptionnel.
H se mit aussi liienlôt en évidence comme chef
d'orchestre, et fut placé par le duc de Parme
à la tête de celui du théâtre ducal de Parme,
oii il se fit remarquer par son énergie et ses
grandes qualités, et dont il fit rapidement un
des premiers de l'Europe. Cel«rliste, qui s'était
fait une situation brillante et un grand renom
en Italie, mourut à Parme en 1856 et laissa de
grands regrets en cette ville.
* DEGOLA (GiocoNDo), compositeur drama-
tique, était fils de Louis Degola, et naquit vers
1803. Il fit ses premières études musicales avec
son père, reçut ensuite des leçons d'un artiste
polonais nommé François Mirecki, puis, soa
éducation terminée, se fit une bonne réputation
comme professeur de chant, en même temps
qti'il publiait chez Artaria, à Novare, et chez
Bicordi, à Milan, un certain nombre de noc-
turnes et de romances qui étaient bien accueillis
du public. En dehors de ses ouvrages dramati-
ques, ondoità ce compositeur une grande cantate,
il Trionfo di Davide, qu'il fit entendre à Gênes,
et une messe à deux chœurs, avec deux orgues
d'accompagnement, qui fut exécutée à la ca-
thédrale de Milan au mois de septembre 1842.
DE GR t îiN (Jean), violoniste néerlandais,
né à Amsterdam le 9 septembre 1852, commença
l'élude du violon dès l'âge de quatre ans, et à
six ans se faisait entendre avec succès dans les
concerts. Élève d'abord de MM. C. Fischer et
Fr. Coenen, il prit plus tard des leçons de
M. Joachim, qui le considérait comme un de ses
meilleurs élèves. Enfant prodige, le jeune de
Graan devint plus tard un artiste fort remar-
quable, auquel le public ne ménageait ni sa
sympathie ni ses applaudissements. Il était encore
à l'aurore d'ime carrière qui promettait d'être
exceptionnellement brillante et qui semblait lui
promettre la célébrité, lorsqu'il mourut à La
Haye le 8 janvier 1874, âgé seulement de vingt
et un ans. 11 a été l'objet de la notice suivante,
publiée en 1875 par un de ses compatriotes,
M. J. Kneppelliout : Een beroemde hnaap, ter
herinhering van Jan De Graan (Un Enfant
célèbre, souvenir à Jean De Graan).
Ed. de h.
DÉJAZET (Eugène)," compositeur, fils de
la célèbre actrice de ce nom, est né vers 182».
I Après avoir publié quelques compositions vocales
248
DÉJAZET — DE LANGE
légères, après avoir écrit pour sa mère un assez
grand nombre d'airs qu'elle chantait dans les
pièces créées par elle au lliéâtre des Variétés,
M. Déjazet fit représenter au Théâtre-Lyrique,
le 11 janvier 1852, un opéra-comique en un acte
intitulé : Un Mariage en Vair. Ayant acheté
de MM. Huart et Altaroche, à la fin de 1839,
le gentil petit théâtre ries Folies-Nouvelles, il
lui donna le nom de théâtre Déjazet et en con-
serva la direction jusqu'en 1870. C'est là qu'il fit
jouer plusieurs ouvrages dont il écrivait la mu-
sique, et parfois aussi les paroles; en voici la
liste, que nous croyons à peu près complète :
Fanchetle, un acte (paroles et musique), 1860;
Double-deux, un acte, 1861 ; la Rosière de
quarante ans, un acte, 1862 ; l'Argent et PA-
viour, 3 actes, 1863; la Nuit de la Mi-Ca-
rême, un acte; 1864 ; Monsieur de Belle-Isle,
un acte, 18G5; la Tentation d'Antoine, un acte
(paroles et musique), 1863; les 7 Baisers de
Buckingham, un acte, 1866. Il faut ajouter à
ces productions, d'ailleurs d'une valeur médiocre,
quelques cantates de circonstance et la musique
de plusieurs vaudevilles, le Royaume de la
bêtise, les Vacances de l'Amour, etc. M. Dé-
jazet fut obligé d'abandonner la direction de son
théâtre après y avoir fait d'assez mauvaises
affaires. Depuis lors, il ne s'est plus produit en
pnblic. — Une sœur de cet arliste. M"' Hermine
Déjazet, & écrit la musique d'une opérette en un
acte, le Diable rose, représentée au théâtre
Déjazet en 1859.
DELABOKDE ( ). On a publié sous
ce nom un opuscule ainsi inlituié : Le Clavecin
électrique (Paris, 1761, in-12).
DELABORDE (Eraïm-Mip.iam), professeur
de piano au Conservatoire de Pari>, est né en
cette ville le 7 février 1839. 11 commença, dès
l'âge de cinq ans, ses études musicales, sous la
direction de M. Charles-Valentin Alkan, et mena
de front ces études avec ses humanités, qu'il fit
au Ucée Bonaparte. Une fois muni de ses di-
plômes de baccalauréat, il entreprit un grand
voyage artistique en Allemagne, et séjourna long-
temps dans ce pays. Il compléta, se\d, son édu-
cation à Berlin, à Weimar, à Leipzig et à Dresde.
La guerre de 1870 le surprit en Allemagne, qu'il
s'empressa de quitter. En 1873, il fut nommé
professeur de piano au Conservatoire.
M. Delaborde possède un très-remarquable fa-
lent de virtuose, qu'il a fait apprécier en plus
d'une occasion, notamment à la Société des con-
certs, et qui se distingue surtout par une rare
solidité de mécanisme et une grande fermeté de
style. Il s'est peu produit comme compositeur,
et a publié seulement quelques lleder, des ca-
denze pour les concertos de Bach et de Bee-
thoven , et quelques pièces pour piano seul.
Paimi ces dernières, se trouve une marche vil-
lageoise extraite d'un opéra inédit de M. Dela-
borde, intitulé Maître Martin.
DELACROIX ( ). Un compositeur de ce
nom a fait représenter au mois de mars 1859,.
sur le théâtre d'Orléans, un opéra-comique en
deux actes, intitulé les Chevaii-légers.
* DELAIRE (JACQLEs-AtciSTE), est mort à
Paris au mois de septembre 1864. Cet artiste
amateur fit pendant trente et un ans partie de la
Société libre des Btaux-Arts, dont il fut élu pré-
sident pendant sept années consécutives, et il
publia sur la musique, dans les Annules de cette
compagnie, un cirtain nombre de travaux dont
voici la liste : 1" De la défense d'admettre des
femmes dans les chœurs de musique d'église
(1835); 2" Des amateurs de musique et des
concerts d'amolcnrs (1830); 3" Rapport sur
une Méthode élémentaire de musique, offerte
à la Société libre des Beaux-Arts par
M. Adrien de la Page (1838-39); 4" Histoire
de la Romance, considérée comme œuvre lit-
téraire et musicale (1840-41); 5° Rapport sur
les deux premiers rolumes de /'Histoire de la
musique et de la danse, de M. Adrien de lu
Page (1844-45). — Peu après la mort de son
maître Reicba, Delaire avait publié aussi un écrit
intitulé : ISotice sur Reicha, vmsicien-compo-
siteur et théoriste (!). L'affection du disciple
avait cette fois entraîné un j)eu trop loin l'écri-
vain, qui ne craignit pas de formuler cette ap-
préciation liardie : « Aujourd'hui l'on considère
généralement les quintettes de Reicha comme des
chefs-d'œuvre dignes de rivaliser avec ceux de
Haydn, de Mozart et de Beethoven. » Je dois à la
vérité de déclarer que les autres écrits de l'au-
teur ne contiennent aucune énormité de ce
genre.
DE LAIVGE (Hermann-François), violo-
niste et compositeur belge, né à Liège en 1717,
fit ses études musicales en cette ville, et alla
ensuite perfectionner son talent en Italie. Après
un assez long séjour hors de sa patrie, il revint
à Liège, qu'il ne quitta plus et oii il mourut le
27 octobre 1781. On doit à cet artiste un cer-
tain nombre de compositions, dont quelques-unes
ont été citées par M. Edouard Gregoir : 1° Se»
ovcrture camerali a quatro stromenti, cioe
viutino primo, violino seconda, alto e basse,
del signore Ermanno F. de Lange, di Liegi,
op. 2. Liège, Benoît Andrez; 2° Sei overture
a due violini, alto viola, basso continua e
due corni ad libitum, op. 6. Liège, B. Andrez;
3" Six grandes symphonies à 8 parties, op. 9.
DE LANGE — DELATRE
249
1766; 4° Six grandes symphonies à 8 parties,
op. 10, 1767; 5" Le Rossignol, recueil de chan-
sons, 1765; 6" plusieurs messes, motets, etc.
De Lange a fait représenter en 1776, à Liège, un
opéra intitulé iMcetle à recelé de la verlu.
DE LANGE (Samcel), pianiste et oiganiste
néerlandais, est né à Rotlerdam le 9 juin ISll,
et a été l'élève de J.-B. Bremer et de Mulhenfoldt
pour le piano, de Hummert pour l'harmonie et
le contre- point. C'ariUoiineur de la ville de Rot-
terdam depuis 1830, cet artiste exerçait encore
cet emploi en 1864, et il était en même temps
organiste de l'église du Sud et professeur à l'é-
cole de musique de la Société musicale des
Pays-Bas. 11 a publié une sonate pour orgue,
des variations pour orgue sur le chant national
hollandais, des variations pour orgue sur le chant
populaire Vive le Roi ! des nocturnes et quelques
morceaux de musique légère pour piano.
DK LAÎVGE (Samuel), pianiste, organiste et
compositeur, fds du précédent, est né vers 1835.
Après avoir fait d'excellentes éudes, il entreprit
avec son fière un grand voyage artistique en
Autriche et en Gallicie, où tous deux obtinrent
des succès, et où M. Samuel de Lange se fit
surtout remarquer comme organiste. Les deux
jeunes arlisles passèrent trois années à Lemberg,
où ils furent nommés professeurs au Conser-
vatoire. Au bout de ce temps, ils revinrent dans
leur patrie, et en 1864 M. Samuel de Lange était
organiste de l'église wallonne de Rotterdam
et professeur à l'école de mu.-iique de cette ville.
En 1875, il vint se fixer à Paris dans l'espoir
de s'y créer une situation solide, mais n'ayant
pas réussi assez rapidement au gré de ses désirs,
il accepta, à la fin de 1876, de se rendre à Co-
logne pour y remplir les fonctions de professeur
d'orgue et de piano au Conservatoire. Il avait
néanmoins profité de son séjour à Paris pour
s'y produire comme virtuose et comme com-
positeur, et à ce double point de vue avait
obtenu des succès sérieux et très-honorables.
Je signalerai les compositions suivantes de cet
artiste distingué : 2 Quatuors pour instruments
à cordes, op. 15 et 18; Trio pour piano, violon
et violoncelle, op. 21; Sérénade pour piano et
instruments à cordes; Symphonie pourorcbp.stre,
en mi bémol; 2 Sonates pour orgue, op. 5 et 14 :
Légendes {Marchenbilder) pour piano, op. 7 ;
3 Impromptus pour piano, op. 3; 4 Impromptus
pour piano, op. 9; Morceaux carac.téri.stiques
pour piano à quatre mains; Concerto pour vio-
loncelle, op. 16; Romance pour violon.
DE LANGE (Dainiel), violoncelliste et
compositeur, frère du précédent, a fait, comme
lui, de sérieuses études, l'a accompagné dans
son voyage en Autriche et en Gallicie, et ainsi
que lui est resté trois ans à Lemberg en qualité
de professeur au Conservatoire. De retour à
Rotterdam, il y est devenu professeur de violon-
celle à l'école de musique. M. Daniel de Lange a
publié quelques compositions, dont la plus im-
portante est une symphonie en ut mineur (op. 4).
DELANNOY (L ), chef d'orchestre du
grand théâtre et professeur de solfège au Conser-
vatoire de Lille, a fait représenter en cette ville
un opéra-comique intitulé le Siège de Lille.
Cet artiste est mort à Lille au mois de septembre
1869.
DELAXNOY (Victor-Alphonse), sans
doute parent du précédent, né à Lille le 25 sep-
tembre 18'28, est devenu, à Paris, l'élève d'Ha-
lévy, et a remporté en 1854 , au concours (k
l'Institut, le second grand prix de Rome. De-
puis lors il n'a fait en aucune façon parler de
lui.
DE LANNOY (J....-B....), compositeur
belge, né à \\'avre (Brabant), le 12 février 1824,
étudia d'abord la clarinette, puis travailla l'har-
monie avec son frère, chef de musique à Saint-
Ghislain. Il remplit pendant plusieurs années les
fonctions de clarinette-solo dans divers corps de
musiijue de l'armée belge, puis s'adonna à la com-
position. M. De Lannoy a fait exécuter à Louvain
un grand Te Deum, a écrit six messes avec or-
chestre, une cantate intitulée : le Vallon, qui
a été entendue à Louvain en 1874, et il a publié
quelques œuvres de moindre importance.
DELASEURIE (A ), pianiste et com-
positeur, a publié une cinquantaine de petits
morceaux de musique légère, parmi lesquels
plusieurs fantaisies sur des thèmes d'opéras cé-
lèbres. On sait ce que vaut ce genre de musique,
pour lequel on trouve toujours des amateurs à
qui leur manque d'instruction ne laisse pas le
droit d'être très-difficiles.
DELATOUR (U -P ), est auteur
d'une brochure ainsi intitulée : Aérographe,
système universel de communication d'idées au
moyen de signaux sonores et visuels, mis à la
portée de tout le monde, par U.-P. Delatour, an-
cien officier, Paris, 1833, in-S" de 62 pp. avec
neuf planches.
* DELATRE (Cl\ude-Petit-Jain). Vers le
milieu du seizième siècle, Pierre Phalèse publiait
à Louvain un recueil de chansons à quatre par-
ties, divi.sé en six livres, dont les trois premiers
parurent en 1554, bientôt suivis des trois autres.
Delàtre fournit la musique de six chansons des
premiers livres, et le sixième, qui en contient
vingt-neuf, est entièrement de sa composition.
Voici le titre de ce dernier livre : Sixiesme livre
250
DELATRE — DELECLUZE
des chansons à quatre parties, nouvellement
composez (sic) et mises en musicque par mais-
tre Jehan de Latre, maistre de chapelle du
reverendiss. évesque de Liège, etc., convena-
bles tant aux instrumenfz comme à la voix
(Loiivain, 1555, in-4°). Ceci nous apprend qu'a-
vant d'être maître des enfants de chœurs de l'é-
glise cathédrale de Verdun, Delàlre était, en
1655, maiti* de chapelle de i'évêque de Liège.
DELATTRE (Joseph-Marie), né à Mar-
seille en 1751, étudia d'abord en vne d'entrer au
barieau. Il quitta de très-bonne heure cette voie
pour se livrer à la musique. Il fut successive-
ment chef d'orchestre des tliéâlres d'opéra à
Lyon et à Marseille. Il acquit aussi de la noto-
riété comme professeur de chant, d'harmonie et
de violoncelle , et pendant sa longue carrière
forma beaucoup d'élèves, parmi lesquels on peut
citer la célèbre cantatrice madame St- Aubin,
madame Nathan-Treillet, Bénéilit, le compositeur
Reymoneiiq, etc. 11 fut un des fondateurs des
concerts Thubaneau. qu'il dirigea comme chef
d'oicliestre pendant toute leur durée, de 1805 à
18.S9. Il fut reçu membre de l'Académie de Mar-
seille le 20 pluviôse an IX, dans la section de
musique que venait de créer cette compagnie.
Legrand et lui furent les deux premiers musi-
ciens admis. Delatlre mourut à Marseille au mois
de novembre 18.il. Al. R— d.
DELAVAULT (Eugène), riche dilettante,
fixé dans l'Ouest de la France, à Niort, je crois,
emploie les loisirs que lui lais.se sa situation de
fortune à la culture assidue de l'art musical. Il a
fait représenter au Théâtre-Lyrique, le 11 avril
1862, un opéra-comique en un acte intitulé
l'Oncle Tranb, et a publié ensuite une messe
solennelle pour soZ/, chœurs et orchestre ou orgue
(Paris, Lavinée). Depuis lors, M. DelavauU a
écrit encore plusieurs ouvrages importants,
parmi lesquels un oratorio en deux parties in-
titulé les Captifs d'' Israël, et deux opéras,
Sapho et le Chevalier noir. Il a fait entendre
des fragments de ces divers ouvrages dans un
concert <lonné à Paris le 13 décembre 1876.
DEL CARLO (Giuseppe), compositeur de
musique religieuse, né à Lucques vers 1815, fut
élève de Domenico Quilici et de M. M^ssimiliano
Quilici. On connaît de lui plusieurs compositions
a cappella, des motets à 2 et à 4 voix avec ac-
compagnement instrumenhil, des ariettes, des
cantates da caméra, et enfin une me>se à 4 voix
et à grand orchestre écrite et exécutée à l'occa-
sion de la fête de sainte Cécile. Cet artiste mou-
rut, à peine âgé de 28 ans, le 14 octobre 1843.
DELCOIIOIVA (LtiGi), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra sérieux , Carme^a, repré-
senté à Pistoia le 15 février 1874. Cet artiste
s'était fait connaître par la publication d'un cer-
tain nombre de morceaux de piano, de ro-
mances et de mélodies vocales.
* DELDE'VEZ (Édouard-Marie-Ernest).
Cet artiste fort distingué occupe aujourd'hui les
fonctions de premier chef d'orchestre à l'Opéra
et à la Société des concerts du Conservatoire
Lorsqu'en 1872 George HainI [Voyez ce nom),
déjà très- fatigué, renonça à l'honneur de diriger
les concerts de l'illustre Soci^é, M. Deldevez,
qui depuis 1859 en était le second chef, fut, par
un vote unanime de ses collègues, appelé à le
remplacer; et lorsque, l'année suivante, George
HainI mourut subitement, ce fut encore à M. Del-
devez, qui depuis plusieurs années avait pris sa
retraite de sous-chef d'orchestre à l'Opéra, qu'é-
chut sa succession à ce théâtre. Entre ces deux
faits, il avait publié sous ce titre : Curiosités
musicales, noies, analyses, interprétation de
certaines particularités contenues dans les
œuvres des grands maîtres (Paris, Didot, 1873,
in 8°), un livre hnportant, d'un caraclère abso-
lument technique, et dont la lecture peut être
surtout utile et fructueuse pour les chefs d'or-
chestre et les maîtres de chapelle, pour tous ceux
qui sont appelés a diriger l'exécution des o'uvres
des maîtres de la symphonie; il rend compte des
hésitations relati\ es à l'interprétation de certains
passages de ces n'uvres, cherche à éclaircir les
points obscurs, aide ou combat la tradition par
le moyen du raisonnement, et conclut en consé-
(|uence. C'est l'œuvre d'un musicien instruit et
• l'un homme de bonne foi.
A la liste des compositions ou publications de
M. Deldevez, il faut ajouter les suivantes : 1° 6
Romances sans paroles pour le piano, op. 24 ; —
2" 3 Préludes pour le piano ; — 3° Hymnes à 3
voix (1. 0 Fons arnoris ; 2. Jam solis} ; Hymnes
à 4 voix (3. In noctis umbra ; 4. 0 Splendor) ;
— 4° La notation de la musique classique
comparée à la notation de la musique mo-
derne, et de l'exécution des petites notes en
général; — 5" Trilogie (1. Principes des inter-
valles et des accords; 2. Réalisation des par-
timenti de Fenaroli; 3« Œuvres des violonistes
célèbres, :ib Œuvres des compositeurs célèbres,
3c Transcriptions et réalisations d'œuvres an-
ciennes); — 6" Cantate, exécutée à l'Opéra le
15 février 1853.
M. Deldevez, qui est aujourd'hui professeur
de la classe d'orchestre au Conservatoire, est
chevalier de la Légion d'honneur.
DELECLUZE (Etienne-Jean), peintre, ro-
mancier el critique français, né à Paris le 20 fé-
vrier 1781, est mort en juillet 1863. Il avait
DELECLUZE — DELIEES
251
commencé par s'adonner à la peinture, était de-
venu l'élève de David, et avait obtenu des succès
dans les expositions. Malgré cela, il abandonna
la pratique de l'art au bout de quelques années,
pour se livrer à la littéralure d'imagination et à
la critique. Pendant longues annéC'^, Deiécinze
fut chargé, dans le Journal des Débats, de la
revue annuelle du salon de peinture, ainsi que
des comptes rendus des représentations du Théâ-
tre-Italien. Plusieurs séjours à Rome, dont il a
raconté les incidents dans un volume de Mé-
moires intitulé : Souvenirs de soixante années
(Paris, 1862, in- 12), lui avaient donné un gortt
très-vif pour l'étude de tous les arts, y compris
la musique, qu'il ne connaissait cependant que
d'une façon un peu superficielle. Deiécinze a pu-
blié dans la fievue de Paris, en 1842, une no-
tice en deux articles sur Pale^trina ; un tirage à
part a été fait de cette notice, sous ce titre :
Palestrina (Paris, 1842, in-8").
* DELÉHELLE (Jean-Charles-Alfred),
compositeur, grand prix de Rome, n'a pu encore,
malgré les titres que lui valait cette distinc-
tion, aborder la scène de l'Opéra-Comiqne. Il
a fait représenter aux Bouffes Parisiens, le 8
juin 1859, une opérette en un acte intitulée :
l'Ile d'amour, et à l'Athénée, le 15 janvier 1873,
un opéra-comique en 2 actes. Monsieur Poli-
chinelle, ouvrage charmant, plein de grâce, de
verve, de fraiciieur, et empreint d'un vrai sen-
timent scéniqae, dont le succès, partout ailleurs
qu'en France, lui aurait immédiatement facilité
l'accès d'une scène plus relevée. — M. Deléhelle
a tenu, une lois au moins, la plume du critique;
il a publié, dans la Correspondance littéraire
du 10 juin 1861, une étude intéressante et fine
sur le génie d'^uber.
DELESCHAMPS (Albert), docteur en
médecine, est auteur d'un éciit intitulé : Études
physique des sons de la parole, Paris, Savy,
1869, in-S".
DELESTOCART (Pascal), compositeur
qui vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle, prit part en 1584 au concours du puy de
musique d'Évreux, et y remporta le prix de la
harpe d'argent pour le motel : Ecce quam
bonum.
* DELÉZE\\\E (Charles-Édouard-Jo-
seph), est mort le 20 août 1866.
DEL FAi\TE (Antoine), et non Delfante.
Ce compositeur a écrit au moins un second
opéra, la Morte di Sisara, que l'on jouait à
Rome (j'ignore si c'est pour la première fois) en
1820.
DELFICO ( ), compositeur drama-
tique italien, est l'auteur de plusieurs opéras.
dont le premier a été représenté en 1850. Je
connais seulement les titres des trois derniers :
la Fiera, ouvrage joué sans grand succès sur le
tfiéàtre Mercadante, de Naples, au mois d'août
1872; Parigi dopo la guerra, donné à la So-
ciété philharmonique de la même ville, dans le
cours de la même année; et il Parafulmine,
opéra bouffe donné à la même société au mois
de mars 1876.
DELI AIN ( ), musicien français du dix-
huilième siècle, est l'auteur d'un ouvrage d'en-
seignement publié sous ce titre en 1781 : Nou~
veau Manuel musical, ouvrage qui a pour objet
de mettre la théorie de la musique, des agré-
ments du chant et de l'accompagnement du cla-
vecin à la portée des jeunes personnes, leur en
faciliter l'étude par une marche moins longue,
moins pénible et moins rebutante que celle que
l'on emploie ordinairement (Paris, Ballard).
DELIBES (Léo), compositeur, l'un des re-
présentants les plus distingués et les plus actifs
de la jeune école musicale française, est né à
Saint-Germain du Val (Sarihe) en 1836. Venu à
Paris en 1848, il entrait au Conservatoire, dans
une classe de solfège, puis s'attachait successi-
vement, comme enfant de chœur, à diverses
maîtrises, entre autres à celle de l'église de la
Madeleine. Après avoir obtenu un .second prix
de solfège en 1849 et le premier l'année sui-
vante, il fut admis dans la classe de piano de
M. Le Conppey, puis dans celle d'harmonie et
accompagnement de M. Bazin , remporta un
second accessit d'harmonie en 1854, et devenait
bientôt élève d'Adam pour la composition et de
M. Benoist pour l'orgue.
Dès 1853, M. Delibes devenait accompagna-
teur au Théâtre-Lyrique, par l'influence d'Adam,
qui s'était fait son protecteur, et vers la même
époque il entrait en qualité d'organiste à l'église
Saint-Jean et Saint François. C'est aussi à partir
de ce moment qu'il commença à se livrer à la
coiTiposition. Il commença d'abord par donner au
petit théâtre des Folies-Nouvelles, en 1855, une
o|iérette en un acte, Deux sous de charbon,
dont le principal rôle était tenu par M. Hervé
{Voy. ce nom), et dès l'année suivante il donnait
deux petits ouvrages du même genre aux Bouf-
fes-Parisiens, Deux vieilles gardes {8 août 1856),
et Six demoiselles à marier (12 novembre
1856). Le 3 octobre 1857, il faisait représenter
au Théâtre Lyrique un opéra-comique intitulé
Maître Griffard, et ce petit acte leste et pim-
pant, qui b' illait par une gaîté franche et un boa
sentiment de la scène, faisait pressentir ce que
son auteur pourrait devenir un jour et donnait
la mesure de son tempérament, qui le portait
252
DELIEES
précisément vers le genre de la comédie musi-
cale.
Pendant plusieurs années, M. Delibes multiplie
ces petites productions, aimables, fines, spiri-
tuelles, et qui commençaient à faire connaître
avantageusement son nom : c'est ainsi qu'il fait
jouer successivement V Omelette à la Fotlem-
buche (un acte, Boulfes-Parisiens, 8 juin 1859),
Monsieur de Bonne-Étoile (id., id., 4 février
1860), les Miliciens de Corchestve (deux actes,
en société avec MM. Erlanger et Higiiard, Bouf-
fes-Parisiens, 23 janvier 1861), le Jardinier et
son Seigneur (un acte. Théâtre Lyrique, 1" mai
1863), la Tradition (prologue pour une réou-
verture des Bouffes-Parisiens, à janvier 1864),
le Sarpent à jilumes (un acte, Bouffes-Parisiens,
16 décembre 1864), enfin le Bœuf Apis (deux
actes, id., 25 avril 1865). A tout cela il faut
ajouter deux autres opérettes écrites pour le
théâtre du Kursaal d'Iims, Mon ami Bierrot
(un acte, juillet 1862) et les Eaux d'Enis (un
acte), plus une cantate, Alger, composée sur
des vers de Méry et exécutée à l'Opéra le 15
août 1865.
A celte époque, M. Delibes venait de quitter
les fo.iclions d'accompagnateur qu'il remplis^iit
au Tiiéàlre Lyrique pour occuper celles de second
chef des chœurs à l'Opéra, et l'on peut dire
qu'une nouvelle carrière s'ouvrit alors pour lui.
Le 12 novembre 1866, ce théâtre donne la pre-
mière représentation de la Source, ballet en 3
actes et 4 tableaux, dont la partition avait été
composée en collaboration par U. Delibes, qui
en avait écrit les deuxième et troisième tableaux,
et un jeune musicien russe, M. Minkous. L'au-
dition de la musique de la Source fut comme
une sorte «le révélation, et le talent de M. De-
libes s'y affirma du premier coup et d'une façon
si éclatante comme compositeur de ballet qu'on
reconnut aussitôt en lui, sous ce rapport, un suc-
cesseur direct d'Hérold et d'Adam, son maître
regretté. Aussi l'administration de l'Opéra, qui
songeait alors à une reprise d'un des meilleurs
ouvrages en ce genre d'Aiiam, le Corsaire, ne
crut-elle pouvoir mieux faire que de demander
au jeune artiste la musique d'un diverlissenunt
nouveau qu'on y voulait ajouter ; celle reprise
n'en fut que plus heureuse (21 octobre 1867) (1).
C'est à cette époque que M. Delibes prit part
à une petite débauche artistique : il écrivit, en
société avec Georges Bizet, MM. Emile Jonas et
Legouix la partition d'une grande opérette en
quatre actes, Malbrough s'en va-t-en guerre,
(i) On a jnué à la Scala, de Milan, au mois do fevrifr
J876, av( c j;rand succès, le ballet de la Source {la Sor-
gente), avec la musique de MM. Léo Delibes et Minkous.
dont le quatrième acte lui était échu, et qui fut
représentée au théâtre de l'Atliénée, le 13 dé-
cembre 1867. Il retourna ensuite sur la scène de
ses premiers succès, et donna aux Bouffes-Pa-
risiens (16 janvier 1869) une fantaisie en un acte,
V Écossais de Chaton, bienbJt suivie d'un opéra-
bouffe en 3 actes, la Cour du roi Pdtaud, joué
aux Variétés le 24 avril 1869. Puis il donna pour
la première (ois foule la mesure de son talent ea
écrivant pour l'Opéra la musique de Coppclia
ou la Fille aux yeux d'émail, ballet en 2 actes
qui fut représenté à ce théâtre le 25 mai 1870.
La partition de Coppelia est une œuvre exquise
et charmante, qui se liistingue par l'abondance
mélodique, la (ranchise des rhythmes, l'intelli-
gence scénique, la richesse, l'éclat et la variété
de l'instrunientalion. '
Enfin, la liirection de l'Opéra-Comique, qui
depuis longtemps aurait dû songer à attirer à
elle im talent aussi souple et aussi délicat, confia
au jeune compositeur le livret d'un ouvrage en
trois actes intitulé le Roi l'a dit. Dès que la
partition fut achevée, cet ouvrage fut mis à l'é-
lude, et la première représentation eu eut lieu
le 24 mai 1873. Bien que l'œ.uvre fût très-heu-
reuse en quelques-unes de ses parties, le surcès
ne fui pas aussi complet qu'on l'avait espéré, et
cela par suite de son inégalité, causée par la va-
leur secondaire du poème. Le premier acte du
Roi l'a dit était charmant d'un bout à l'autre,
mais les deux autres étaient moins bien venus,
parce que le compositeur ne s'y trouvait pas
soutenu par les situations scéniques et que l'ac-
tion y devenait froide et languissante. Néanmoins,
le public accueillit avec une évidente sympathie
la musique du Roi Va dit, qui était une brillante
promesse d'avenir, et dans laquelle on retrouvait
les qualités ordinaires de M. Delibes, c'est-à-dire
la grâce des contours, le jet mélodique, la science
de l'instrumentation et ime vive compréhension
de la scène. Du reste, cet opéra, traduit en alle-
mand et représenté à Vienne en 1874, y fut reçu
avec la plus grande faveur. M. Delibes a obtenu
son dernier succès au théâtre avec Sylvia ou
la Nymphe de Diane, ballet en trois acles et
cinq tableaux, qui a été représenté à l'Opéra le
l'i juin 1876, et dont la partition, extrêmement
remarquable, pleine de verve, de couleur, de
chaleur et d'entrain, fut accueillie avec toute
la faveur qu'elle méritait.
Mais, quelle que soit la valeur de ses œuvres
en ce genre, les amis du jeune compositeur le
verraient avec peine négliger celui de la comédie
musicale, pour lequel il semble vraiment né.
Artiste intelligent et bien doué, digne continua-
teur de cette brillante lignée de musiciens fran-
DELIBES — DELIOUX DE SAVIGNAG
253
çais qui se sont illustrés dans l'opéra-comique,
M, Delibes, que son tempérament naturel porte
surtout de ce côté, paraît précisément appelé à
renouveler les exploits de ses devanciers; il faut
ajouter toutefois que M. Delibes, qui a le senti-
ment très-vif de la période de crise et de renou-
vellement que traverse en France l'art musiol,
ne croit pas le genre de l'opéra-comique à l'abri
de ce renouvellement, et songe, sans pouvoir
les exactement définir, aux réformes et aux mo-
dificalion^ qu'il serait utile et désirable d'y voir
apporter. De là, dans l'esprit du compositeur, des
incertitudes, (les liésitations, exagérées sans doute,
mais (|ui ontju-qu'à un certain point leur raison
d'être dans les hésitations du public lui-même. 11
semble cependantque ces dernières sont plus ap-
parentes que réelles, et je suis d'avis quequand un
artiste est en possession d'un talent aussi formé,
d'un tempérament aussi sain, aussi généreux
que celui de M. Delibes, il doit trouver en lui
la volonté, l'énergie, la force nécessaires pour
montrer la voie au public et Tentraîner à sa
suile. M. Delibes est assurément l'un des jeunes
musiciens sur qui la France a le plus droit
de compter ; qu'il ne se laisse pas arrêter plus
que de raison par des scrupules dont l'impor-
tance et la légitimité ne doivent pas être exa-
gérées, et qu'il suive sans remords le chemin
que lui trace sa nature artistique. La succession
de BoieMieu, d'Hérold et d'Auber est ouverte;
il est un de ceux qui ont droit d'aspirer à la re-
cueillir. '
Quoique le théâtre ait surtout été son objec-
tif, M. Delibes pourtant ne s'y est pas consacré
d'une façon absolument exclusive, et on lui doit
quelques compositions en dehors de la scène.
Membre de la commission pour l'enseignement
du chant dans les écoles de Saint-Denis et de
Sceaux, il a écrit pour les enfants de ces écoles
une messe et plusieurs chœurs; dévoué à l'œu-
vre orphéonique, il a composé aussi un certain
nombre de chœurs à quatre voix d'hommes sans
accompagnement, parmi lesquels il faut citer
surtout : les Lansquenets, les Pifferari, C'est
Dieu ! Avril, Marche des soldais, Pastorale,
Trianon, etc.; quelques-uns de ces morceaux
ont été couronnés aux concours de la ville de
Paris. M. Delibes a écrit aussi toute une série
de chœurs pour voix de femmes, avec accom-
pagnement d'orchestre, et il a publié (Paris,
Hartmann) un recueil de Quinze mélodies avec
accompagnement de piano ; les pièces de ce re-
cueil se distinguent par un dessin très-élégant,
une tournure pleine de grâce, des harmonies très-
fines (à qui l'on peut reprocher parfois d'être un
peu trop cherchées ) et des accompagnements
écrits avec le soin le plus délicat. Par leur sen-
timent poétique, par leur clarté, par la distinc-
tion de la forme, ces mélodies tiennent à la fois
de la romance française et du lied allemand,
et elles sont pleines de charme, de saveur et de
jeunesse ; trois surtout sont remarquables à di-
vers titres, celles qui sont intitulées Myrto,
Avril, et Bonjour Suzon. Enfin, M. Delibes a
fait entendre avec beaucoup de succès, le 22
février 1877, dans un concert, une œuvre re-
marquable, la Mort d'Orphée, scène lyrique,
qui révélait un côté oouveau de son talent, et
le montrait musicien pathétique, puissant et
passionné.
On assure que M. Delibes a écrit la' musique
d'un nouvel opéra-comique en trois actes, le Roi
des Montagnes. On avait annonce naguère, au
théâtre de l'Athénée, deux ouvrages de lui qui
n'ont pas été joués : le Don Juan suisse, opéra
bouffe en quatre actes, et la Princesse Ravi-
golle. en trois actes. Je n'oserais affirmer que ces
deux partitions ont été écrites; mais je dois si-
gnaler l'existence d'un autre petit ouvrage du
compositeur, bien que celui-ci n'ait pas été re-
présenté : c'est une opérette en un acte, la
Fille dxi Golfe, dont la musique a été publiée
dans un journal, le Magasin des Demoiselles.
M. Léo Delibes, qui a épousé la fille d'une an-
cienne artiste de la Comédie Française, M'"' De-
nain , s'est démis depuis quelques années des
fonctions de chef des chœurs qu'il occupait à
l'Opéra.
DELIIV (Albert), facteur de clavecins , vi-
vait à Tournai (Belgique), dans la seconde moi-
tié du dix-huitième siècle. M. César Snoeck,
notaire à Renaix, possesseur d'une des plus in-
téressantes collections d'instruments de musique
qui existent en Belgique, a réuni quatre clave-
cins de ce facteur, d'ailleurs médiocres, dont le
plus ancien porte la date de 1750, et le plus ré-
cent celle de 1770.
DELIOUX DE SAVIGNAG (Charles),
pianiste et compositeur, né à Lorient au mois
d'avril 1830, a reçu les premières notions musi-
cales de son père, qui exerçait les fonctions de
commissaire de la marine en cette ville, et s'est
ensuite formé lui-même comme pianiste, sans le
secours d'aucun autre professeiu'. Tout enfant il
acquit un véritable talent, qui lui permit dé se
faire entendre avec succès, dès 18,'J9, devant la
famille royale, aux Tuileries, puis à la cour
d'Angleterre.
Devenu, à Paris, élève de M. Barbereau pour
l'harmonie, il entra en 1845 au Conservatoire,
dans la classe de composition d'Halévy, y ob-
tint un premier accessit de contrepo nt et fugue,
254
DELIOUX DE SAVIGNAC — DELOFFRE
et prit part, en 1847, au concours de Rome.
Sorti du Conservatoire en 1849, M. Delioux se
livra aussitôt à l'enseignement du piano, tout en
s'occupant de travaux de composition, et fit
jouer au théâtre du Gymnase, en 1854, un petit
opéra-comique en un acte, Yvonne et Loïc,
dont le principal rôle était tenu pnr M""^ Anna
Chéri, et qui se faisait remarquer par de jolies
idées mélodiques conduites avec goût.
Depuis lors, M. Delioux, qui n'a pas abordé
de nouveau le théâtre, a beaucoup écrit pour
son instrument, et le nombre de ses œuvres pour
le piano atteint le chiffre d'une centaine environ.
Je citerai, parmi ces œuvres ; Marche hon-
groise (op. 14); Fête à Seville (op. 23); le
Ruisseau (op. 25) ; Mandoline (op. 28) ; le Son
du cor (op. 34); le Carnaval espagnol (op.
38); les Bohémiens (op. 39); les Matelots (op.
40) ; Fantaisie sur Faust (op. 54); le Lac (op.
8S); & Pensées musicales (op. 89); Allegro
agilalo (op. 94). Il faut mentionner encore un
Eecueil pour le piano (op. 71-80), publié chez
Scbott, et un Cows complet d'exercices, excel-
lent ouvrage didactique, publié chez Flaxiand et
adopté pour les classes du Conservatoire. Les
qualités qui recommandent les compositions de
M. Delioux sont le goût, le style et l'élégance
de la forme. M. Delioux a écrit aussi un certain
nombre de mélodies vocales : ISalure, Rap-
pelletoi, le Rhin allemand {chanié par M. Faure,
à l'Opéra, en 1870), les Filles de Cadix, le Re-
tour, etc.
DELISSE (Paul), né à Longwy (Moselle) le
12 avril 1817, se livra de bonne heure à l'étude
de la musique. Admis au conservatoire de Pa-
ris le 23 mai 1839, dans la classe de trombone
de Dieppo , il fut admis au concours dès l'an-
née suivante, se vit décerner un second prix, et
obtint le premier en 1841. M. Delisse remplis-
sait depuis longues années les fonctions de pre-
mier trombone à l'orchestre de l'Opéra-Comique,
lorsque, par arrêté ministériel en date du 20 oc-
tobre 1871, il fut nommé professeur de la classe
de trombone au Conservatoire. Il fait partie de
l'orchestre de la Société des concerts.
DELL'x\.Qt!IL.\ (R ), compositeur ita-
lien contemporain, a (ait représenter à Milan,
sur le théâtre Dal Verme, le 14 juin 1876, un
opéra sérieux intitulé il Conte di Montecristo.
DELI.E SEDIE (Enkico), clianleur italien
fort remarquable, est né vers 1828 à Livourne.
Son père, négociant en celte ville, voulut d'a-
bord lui faire embrasser la même carrière ; mais
sa vocation l'entraînait ailleurs. Il prit d'abord
des leçons de musique d'im maître nommé Ce-
sario Galeffi, puis étudia ^la déclamation avec
Persanola et Domeniconi, célèbre tragédien. Le
mouvement national de 1848 fit du jeune musi-
cien un volontaire des plus enthousiastes ; dès
les premiers événements. Délie Sedie s'engagea,
et, devenu lieutenant, se battit notamment à
Curtatone, oîj les étudiants toscans, sous le
commandement de leur professeur Montanelli,
soutinrent le choc de plusieurs régiments autri-
chiens. Prisonnier de guerre pendant quelque
temps, et ne pouvant plus, une fois rendu à la
liberté , songer à la carrière des armes dans l'é-
tat de (irostration où ses défaites avaient plongé
l'Italie, Délie Sedie reprit ses études musicales,
un instant interrompues, et songea définitive-
ment à aborder la scène. Il débuta en 1851 sur
le petit théâtre de San Casciano, près Florence,
dans Nabucco de Verdi. Remarqué par un in-
telligent imprésario, il fut immédiatement en-
gagé à Pistoie, puis à Florence (1852), où il
s'empara du rôle de Rigoletto sans redouter la
comparaison de Varesi et de Corsi. Dès lors sa
carrière fut fixée, et le jeune baryton marcha
de succès en succès. 'Vienne en 1859, Londres
en 1860, Saint-Pétersbourg, Paris l'applaudirent
tour à tour. C'est par le rôle de Renato (I'mm
Ballo in Maschera qu'il débuta à notre Théâtre-
Italien le 17 of'tobre 1861, et parmi les meilleurs
rôles qu'il joua par la suite, il faut citer Don
Juan, la Traviata , il Barhiere di Siviglia,
Don Pasquale, et surtout Rigoletto, où, mal-
gré la faiblesse de sa voix, son incomparable
talent de chanteur et ses rares facultés de co-
médien excitaient l'admiration de tous les au-
diteurs.
Nommé professeur de chant au conserva-
toire de Paris, emploi auquel il renonça peu
d'années après, décoré de la Légion d'honneur,
M. Délie Sedie, qui a renoncé au théâtre et qui
consacre tout son temps à l'enseignement, a
mis le sceau à sa réputation en publiant sous ce
titre : PArt lyrique (Paris, Escudier, in-folio),
une excellente méthode de chant pur et de
chant déclamé, dans laquelle ses théories sur
cet art sont exposées avec une remarquable
clarté. Les comptes-rendus faits sur cet ouvrage
ont été recueillis et publiés en Italie (Livourne,
Vigo, 1875, in-S").
J. D. F.
DELOFFRE (Louis-Michel-Adolphe), vio-
loniste, chef d'orchestre et compositeur, né à Pa-
ris le 28 juillet 1817, était fils d'un musicien à la
fois violoniste et guitariste, avec lequel il com-
mença son éducation musicale Doué de disposi-
tions remarquables pour le violon, il fut successi-
vement élève de Rellon, de Lafont et de Baillot,
et se fit connaître d'abord comme virtuose, en
DELOFFRE — DELSARTE
235
remplissant les fonctions de violon-solo dans les
concerts de Valentino et dans ceux de Musaid
père. Plus tard, il partit pour Londres, avec le
fameux ciief d'orchestre Jullien, et devint vio-
lon-solo au théâtre de la Reine, puis à la Phi-
larmonic socïety, à la Sacred harmonie So-
ciety et à la Musical Union. Cela ne l'empê-
chait pas de venir donner chaque année à Paris,
en compagnie de sa femme, pianiste distinguée,
et de M, Pilet, violoncelliste attaché à l'orches-
tre de l'Opéra, des concerts dans lesquels ces
trois virtuoses étaient favorablement accueillis
par le public. Deloffre était du reste un violo-
niste habile, bien que son jeu fût parfois un peu
miévrenx et un peu efféminé.
Après plusieurs années passées en Angleterre-
Deloffre revint se fixer à Paris en 1851, et de-
vint second, puis presque aussitôt premier chef
d'orchestre au Théàlre-Lyrique. C'est lui qui eut
l'honneur de diriger à ce théâtre, pendant la bril-
lante direction de M. Carvalho, l'exécution non-
seulement des grandes œuvres de Gluck, de Mo-
zart et de Weber, mais encore celle des belles
productions d'Halévy, de Berlioz, de MM. Gou-
nod, Victor Massé, Ernest Reyer : Jaguarila,
Faust, le Médecin malgré lui, la Reine To-
paze, la Statue, les Troijens, Roméo et Ju-
liette, etc. Lorsque, en 1868, M. Tilmant prit
sa retraite, Deloffre fut appelé à le remplacer à
la tête de l'orchestre de l'Opéra-Comique, et il
conserva cette situation jusqu'à sa mort, arri-
vée le 8 janvier 1876.
Deloffre avait une façon fâcheuse de marquer
la mesure, en ce sens que son archet, conduit
avec mollesse et une indécision apparente, n'in-
diquait jamais nettement quel temps il battait ;
mais c'était tm artiste soigneux, soucieux des
moindres détails, très-expéiimenté, excellent
musicien, et sachant faire travailler et étudier
une pHrIilion. Il était compositeur aussi, et sous
ce rapport était fort loin de manquer de talent.
Sans parler des fantaisies sur des motifs d'opé-
ras, des duos pour piano et violon qu'il écrivait
jadis pour sa femme et pour lui, dans un genre
fort heureusement passé de mode aujourd'hui,
Deloffre a été couronné deux fois dans les con-
cours de quatuors d'instruments à cordes ouverts
par la Société des compositeurs de musique, et
ses œuvres en ce genre révèlent un talent véri-
table de facture, une inspiration facile et une
réelle élégance de forme. Il a laissé en manus-
crit deux symphonies pour orchestre, plusieurs
trios pour piano, violon et violoncelle, et quel-
ques morceaux pour violon avec accompagne-
ment de piano.
DE LOISE ( ), compositeur, a écrit la
musique à' Agnès de Châtillon ou le Siège de
Saïnl-Jear d''Acre, « opéra héroïque » en trois
actes, repiésenté au théâtre Louvois le 12 mai
1792. Je n'ai pu découvrir aucun autre rensei-
gnement sur cet artiste.
DELPR AT (Charles), professeur de chant,
élève de Ponchard père, est auteur d'un livre
intitulé l'Art du chant et Vécole actuelle. Il
n'y a rien de bien nouveau dans cet écrit, dans
lequel cependant les jeunes chanteurs pourront
puiser, au point de vue général, quelques bons
préceptes. D'ailleurs, ce livre n'est pas donné
par l'auteur comme uu traité de l'art du chant,
et se home à présenter une série de remarques
et de réflexions sur l'état de cet art dans le
passé et dans le présent. Je ne puis, toutefois,
m'empêcher d'y signaler une erreur an moins
singulière sous le rapport historique. Dans son
prélude, et en parlant du chant appliqué au
théâtre, M. Delprat dit : « Ce ne fut qu'au dé-
but dn dix-hutième siècle, à l'époque de Per-
golèse, que l'on forma des combinaisons d'en-
semble dans lesquelles entraient les voix de
basse. » Voilà une assertion étrange. M. Del-
prat ignore-t il donc que, pour ne parler que de
Lully, il y avait toujours au moins un rôle de
basse, et quelquefois deux, dans les opéras de ce
compositeur.'
JVI. Delprat a fourni un certain nombre d'ar-
ticles au journal VArt musical, et il a publié
une brochure sous ce titre : Le Conservatoire
de musique de Paris et la commission du
ministère des Beaux-Arts en 1870 (Paris, typ.
Morris, 1872, in-8" de 36 pp.).
* DELSARTE (François-Alexandre-Nico-
las-Chéri), artiste un peu étrange, quoique d'un
mérite incontestable, doué de facultés très-di-
verses et de toutes les qualités nécessaires à l'en-
seignement , fut — sans voix ! — un chanteur
véritablement remarquable et presque un pro-
fesseur de premier ordre.
Venu de bonne heure à Paris, Delsarte étudie
la musique dès son enfance, et bientôt veut se
consacrer à la carrière du chant, bien que pour
cela le fonds principal, c'est à-dire la voix, lui
fasse presque entièrement défaut. A force de
travail pourtant et d'intelligence, il parvient,
après avoir passé par l'excellente école de Cho-
ron, à remporter un second prix au Conserva-
toire, oîi il avait pour professeurs Garaudé et
Ponchard |ière. L'année suivante il manque son
premier prix, mais il a la consolation d'entendre
M"""^ Sonlag le féliciter et Nourrit lui dire :
« On ne vous a pas compris, mais je vous ai
donné ma voix, et jamais mes enfants n'auront
d'autre maître que vous. » Cependant Delsarte
256
DELSARTE — DEMARQUETTE
veut, comme tous les autres, essayer du théâtre,
ef, après de grands efforts, pnrvient à se faire
engager à l'Opéra-Comique. Il débute dans Mai-
son à î^eHfZ/T, de Daiayrac ; mais lui, l'artiste aux
accents nobles et touchants, ne pouvait réussir
dans ce qu'on pourrait appeler un vaudeville à
couplets. Il ne plaît que médiocrement, et, bien
que Chollet lui confie l'éducation musicale de fa
fille, il juge à propos de quitter le théâtre Favart
pour s'engager à l'Ambigu. Là, il crée deux ou
trois rôles de mélodrame, puis, le théâtre faisant
faillite, il se réfugie aux Variétés. Voilà donc le
futur chantre de Lully, de Rameau et de Gluck
sur le point de donner la réplique et de servir
de compère à Vernet et à Odry ! Pourtant, il
touche aux Variétés ses appointements durant
trois ans, sans qu'on songe aie taire jouer. Mais,
pendant ce temps, il travaille solitairement, si-
lencieusement, se livre à des études profondes
sur la déclamation parlée et lyrique, et, pour
mieux se rendre compte des effets, il étudie
aussi la physiologie et l'anatomie, et, chen he à
se rendre familière la construction du larynx et
à appiofonilir le phénomène de la phonation. En
un mot, il se rendait maître, petit à petit, de
tous les secrets de son art.
Mais Delsarte était un homme étrange. Bientôt
il quitta les Variétés pour se (airesaint-sim.onien,
puis, du saint-simonisme, en vint à l'église de
l'abbé Châtel. Dans cette dernière, il fut appelé
à la direction des chœurs, et, pour la première
fois de sa vie, se trouva livré à un travail digne
de lui, et qui lui plaisait. On le voit alors ouvrir
des cours, donner des concerts historiques, dans
lesquels il fait apprécier un style dramatique sin-
gulier mais puissant, mélangé de grandeur et
d'emphase, de noblesse et d'exagération, en inter-
prétant quelques-uns des chefs-d'œuvre des
vieux maîtres de l'école française. Il fait connaître
au public des concerts, par fragments bien choisis,
VArmide de Lully et celle de Gluck, Castor et
Pollux de Rameau, les deux Iphigéme, mettant
en relief les principales beautés de ces divers
ouvrages, et faisant courir tout Paris à leur au-
dition. Bientôt les élèves aftluenl à ses cours.
C'est d'abord Darcier, c'est Ali/.ard, c'est M"'' Bar-
bot, puis M'"= Marie Dussy, puis M"*' Gueymard
et Carvalho à leur début, et tant d'autres que je
ne saurais nommer. La notoriété, presque la célé-
brité vient enfin à Delsarte, et tandis que M"'=|Ra-
chel veut, dit-on, l'avoir pour partenaire à la
Comédie-Française, le Théâtre- Italien songe à
lui pour remplacer Bordogni. C'est ainsi que la
tragédie et l'opéra se disputent cet artiste fan-
tasque, étrange, mais d'une si étonnante en-
vergure.
Mais lui ne veut plus entendre parler de
théâtre. Avec l'aisance il a conquis la liberté,
qui pour lui n'est que la liberté de s'instruire,
et il la veut conserver. Car Delsarte travaillera
toute sa vie, et jusqu'à son dernier jour, jusqu'à
son dernier souffle, s'enquerra des moyens et
recherchera les causes. Tout en continuant de
professer, il se livre avec plus d'ardeur à ses
études d'ontolotiie, de physiologie, de psycholo-
gie, d'anatomie. Puis, comme son cerveau n'est
exempt ni de fantaisie ni de bizarrerie, que du
saint-simonisme son esprit s'est trouvé ramené
aux pures doctrines chrétiennes, les spéculations
philosophiques, les méditations religieuses con-
tribueront à accaparer son existence. Si l'on
ajoute à cela qu'il notait foules ses impressions,
qu'il préparait les matériaux innombrables de
traités qu'il projetait toujours sans les faire
jamais, qu'il se livrait enfin à des recherches
incessantes sur la philosophie et l'esthétique de
l'art, on comprendra que cet homme extraordi-
nairement laborieux n'ait jamais eu une minute
à lui.
Delsarte a publié un certain nombre de mé-
lodies, dont quelques-unes (une entre autres, les
Stances à l'Eternité), se faisaient remarquer
|)ar un grand caractère. On lui doit aussi un
important recueil intitulé les Archives du
chant, dans lequel il a reproduit, entre autres
chefs-d'œuvre, quelques-unes des magnifiques
pages lyriques pour lesquelles il professait une
si grande et si juste admiration. Le malheur est
que cette publication a été faite par lui avec le
parti pris de n'aider en rien à la bonne interpré-
tation de ces chefs-d'œuvre, qu'il voulait ré-
pandre. Non-seulement il se refusait à indiquer
aucune nuance, aucun mouvement précis pour
les morceaux qu'il reproduisait, mais il poussa
même le scrupule du texte primitif jusqu'à res-
pecter les fautes de gravure des éditions ori-
ginales. Il avait retrouvé à Lyon un certain
nombre de vieux poinçons dont il se servit tel-
lement quellemeut, pour les nouvelles planches
qu'il faisait faire, de telle sorte que sa publica-
tion représentait avec une fidélité absolue les
anciennes éditions, à cela près, pourtant, qu'il en
avait réalisé au piano les basses chiffrées, ou ré-
duit les accords d'orchestre.
Delsarte est mort à Paris, le 20 juillet 1871,
dans sa soixantième année. M'"" Angélique
Arnaud a publié à son sujet la brochure sui-
vante : Delsar/e, ses cours, sa méthode (Paris,
Denfu, 1859, in-18 de 57 p.).
DEMARQUETTE (F ), compositeur,
né vers 1845, a publié, outre quelques mélodies
vocales et plusieurs transcriptions de grands
DEMARQUETTE - DE MOL
257
maities pour piano et violoncelle, un quatuor pour
instruments à cordes, un trio pour piano, violon
et violoncelle sur le Promethée de Beethoven,
et un 2" trio, pour les mêmes instruments, sur
l'entr'acte d» comte d'Egmont.M. Demarquelte
a écrit aussi la musique de deux, opérettes, les
Brioches du Doge, représentée en 1873 sur le
petit théâtre des Folies- Bergère, et Ze Trouba-
dour jonquille, donnée en 1876 aux Folies iMa-
rigny.
DEMERSSEMAIV ( Jl'les - Auguste -
Édouaeid), virtuose des plus remarquables sur
la llùte et compositeur distingué, naquit à Honds-
choote (Nord) le 9 janvier 1833. Admis au mois
d'octobre 1844 au Conservatoire de Paris, il y
devint succes>ivement élève de Tariol pour le
solfège, de Tulou pour la ilûte, de Colet pour
l'harmonie, et de Leborne pour le contrepoint et
la fugue. Dès le concours de 1845, il obtint, avec
un accessit de solfège, le premier prix de flOte;
il était alors âgé de douze ans seulement. Le
premier prix de solfège lui fut décerné l'année
suivante. En 1852, il obtint un premier accessit
de fugue, puis subit sans succès l'épreuve pré-
paratoire pour le concours de Rome; admis à ce
concours l'année suivante, il ne fut l'objet d'au-
cune récompense.
La réputallon de Demersseman comme vir-
tuose commença surtout à s'établir aux concerts
fondés par M. Musard fils en 1856, et se con-
tinua ensuite à ceux du Casino, créés par M. Ar-
ban, ainsi qu'à ceux des Champs Élysées. Son
talent était à la fois très-fin, très-brillant et très-
distingué. Comme compositeur, Demersseman
s'était d'abord fait connaître par des fantaisies
fort bien écrites pour son instrument, et par une
opérette en un acte, la Princesse Kaïka, re-
présentée au petit théâtre des Folies-Nouvelles le
6 mai 1859. Il fit exécuter ensuite au Casino
diverses compoi^itions pour orchestre, publia un
certain nombre de méloilies charmantes, et écri-
vit toute une série de morceaux de divers genres
pour les instrumenls du système Sax. Cet artiste
fort estimable aurait sans doute fait parler de
lui comme compositeur, si la mort ne l'avait
frappé dans toute la force de la jeunesse, à Paris,
le l^' décembre 1866. Parmi ses productions les
plus importantes, il faut citer un concerto de
flùle avec accompagnement d'orchestre.
DE MEY (Jacques-François) , prêtre et
musicien, né dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, fut maître de chant à l'église
Saint-Jacques, à Gand, et remplit ensuite les
mômes fondions à l'église de Sainte-Walburge, à
.\udenarde, en 1726.11 mourut en 1733, laissant
à cette dernîère, par testament, toutes ses collec-
BIOGR, UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — 1
lions musicales. On connaît de la composition
de cet artiste un Ave Maria et un Tanlum
ergo à quatre voix.
DE MOL (Pierre), compositeur et profes-
seur belge, a fait ses études musicales au con-
servatoire de Bruxelles, où vers 1847 il obtenait
un premier prix d'harmonie, et quelques années
après le premier prix de contrepoint. En 1853,
s'étant présenté au concours de Rome, il remporta
le second prix avec la cantate intitulée les Pre-
miers Martyrs, et deux ans après , en 1855, le
premier prix lui était décerné pour sa cantate
le Dernier Jour d'Herculnnum. M. De Mol en-
treprit alors un voyage en Allemagne et en France,
puisselixaàBesançon.où il devint violoncellesolo
au théâtre et professeur à l'Ecole de musique; il
occupait encore cette situation en 1867. Je crois
que depuis lors il est retourné en Belgique.
M. De Mol a écrit plusieurs œuvres importan-
tes, entre autres un oratorio, les Chrétiens mar-
tyrs, qui a été exécuté à Bruxelles avec un grand
succès (peut-être n'est-ce là qu'une amplification
de sa première cantate de concours), et un opéra-
comique, Qj/î/i/i/i 3Msis, dont plusieurs fragments
considérables ont été entendus dans la même ville
au mois de lévrier 1877. On doit encore à cet ar-
tiste un Te Deum , une messe que l'on dit fort re-
marquable, et diverses autres compositions. M.
De Mol s'est consacré aujourd'hui à l'enseigne-
ment.
DE MOL (François-Marie), neveu du précé-
dent, né à Bruxelles le 3 mars 1844, a fait ses
études au Conservatoire royal de cette ville. Il
y a remporté successivement différents prix, dont
les principaux ont été : le premier prix de lecture
musicale en 1859, le 2*" prix d'harmonie en 1862, le
1" prix de composition (contrepoint et fugue) et
le premier prix d'orgue en 1868. Après avoir tenu
l'orgue à l'église de Saint-Jean-Baptiste du Bé-
guinage à Bruxelles, il a été appelé à Marseille
pour y occuper, sur la recommandation de Fétis,
le poste d'organiste à l'église Saint-Charles. Il
,s'est fixé dans celte ville depuis cette époque, et
s'y est livré à l'enseignement. En 1872 il est de-
venu chef d'orchestre de la Société des concerts
populaires, et a conservé ces fonctions pendant
trois ans. Le 9 janvier 1875, il a été nommé profes-
seur d'harmonie au Conservatoire de Marseille,
Cet artiste a fait entendre avec succès au.'c
Concerts populaires de Marseille une ouverture,
Ambiorix, et une charmante bluette pour or-
chestre, intitulée Trastullo. Il a écrit également
divers motets, des morceaux d'orgue (fugue-
offertoire, etc.), deux bluettes et une polonaise
pour piano, une romance sans paroles pour vio-
loncelle et piano, un adagio pour piano, violon
I. 17
258
DE MOL — DEPAS
et violoncelle, et des fragnienls de quatuors pour
instruments à cordes (1).
Al. R— d.'
DE MOL (Guillaume), frère du précédent ,
né à Bruxelles le 1^"^ mars 1846, mort à Mar-
seille le 9 septembre i874, avait fait de brillantes
études au Conservatoire de Bruxelles, oii il était
entré de très- bonne heure. A l'âge de 17 ans,
il fut nommé organiste de l'église Sainl-Rocli
(banlieue de Bruxelles) ; il prit part en 1869 et
1871 au grand concours de cœnposition musi-
cale, et obtint à la seconde épreuve le grand
prix de Rome. Il était en route pour accomplir
le voyage réglementaire en Italie, quand une
maladie foudroyante le surprit à Marseille et
l'emporta.
Cet artiste avait fait entendre aux Concerts
populaires de Marseille quelques parties d'une
symphonie intitulée Za Guerre, qui témoignaient
de remarquables aptitudes musicales. Il a laissé
un certain nombre de fragments inédits (2).
Al. R— d.
DE \IUi\CK (Ernest), violoncelliste belge
distingué, né en 1841, fut d'abord élève de son
père. Dès l'âge de huit ans il se faisait entendre en
public, et à dix ans il obtenait de grands succès
à Londres. De retour en Belgique, il devint élève
de Servais, retourna à Londres en 1855, lit, avec
le fameux chef d'orchestre Julien, une grande
tournée artistique dans les principales villes de
l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande, et, un
peu plus tard, .s'établit à Londres, où sa réputa-
tation de virtuose augmentait chaque jour. En
186s, il vint à Paris, fit partie de l'excellent
quatuor de M. Maurin, et l'année suivante se
produisit avec succès dans une des séances de
la Société des concerts du Conservatoire. En
1871, M. de Munck fut appelé à faire partie de
la chapelle du grand-duc de Saxe Weiraar, d'où
une maladie douloureuse vint l'éloigner au bout
de deux années. Depuis lors, et sa santé s'étant
rétablie, il a repris ses fonctions à Weimar.
* DEXEF VE (Jlles). Cet artiste s'est démis,
depuis quelques années, de ses fonctions de
directeur de l'École de musique de Mons.
DEA^lIVA ( ), compositeur italien, a
fait représenter au mois d'août 1864, sur le
théâtre Alfieri de Turin, un opéra-ballet en
4 actes et 7 tableaux, Roberto di yormandia,
dont il avait écrit la musique en société avec
(1) A la fin de 1876, M. Fr. De Mol a quitté iMarseille
poui' retourner à Bruxelles, où il a pris la direction de
l'orclieslre du Théâtre-National (flamand). — A. P.
(2) Guillaume de Mol avuit écrit deux oratorios, de
Levenstyden et de Laatste Zonneslraal, dont divers
fragments ont clé eiécutés à liruxellcs. — A. P.
M. Cordiali. Depuis lors, aucun de ces deux
artistes n'a reparu à la s< eue. Il est vrai que
leur premier ouvrage n'avait obtenu qu'un succès
à peu pi es nul.
DEiX'IS (THÉoruiLE), est l'auteur d'un petit
écrit publié sous ce litre : Le corps de musique
de la v'dla de Douai, Douai, 1862, in-8°.
* DE\\\E-B.\ROX (Reiné-Dieldonné),
compositeur et écrivain musical, né à Paris le l*''
novembre 1804, est mort en cette ville le If no-
vembre 1865. Fils d'un homme qui avait acquis
une certaine notoriété dans les lettres, il reçut
des leçons <ie Porta et de Clierubini, et se voua
de bonne heure à la pratique de la composition
et de la littérature musicale; cependant il ne le
fit jamais qu'en amateur, et resta 25 ans attaché
comme employé au ministère des travaux publics.
Comme musicien, il a composé un assez grand
nombre d'airs nouveaux pour les pièces intitulées
Vert-Vert, le Brigand, Hog le charpentier,
l'Alcôve, la Tarentule, etc., représenlées au
Vaudeville et aux Variétés; ime grande messe
en ut, à quatre voix et orchestre; des hymnes
et canti(|ues; des chœurs, ballades, romances,
nocturnes, pour différentes voix ; un assez grand
nombre de morceaux, soit pour orchestre, soit
pour orgue, soit pour piano. — Comme écrivain,
il a publié : Aperçu général sur l'art musical,
dans l'ouvrage intitulé : Enseignement élémen-
taire universil (Paris, 1844); — /Tistoire de
Vart mtisical en France, dans Patria, ou la
France ancienne et moderne (Paris, Garnier,
1846, in-8° ); — Clierubini, sa vie, ses tra-
vaux et leur influence sur Vart (Paris, Heugcl,
18()2, in-8"). Il a collaboré à la Revue et Gazette
muncale, au Ménestrel, au Dictionnaire de
la Conversation et de la Lecture, et à la Nou-
velle Biogra/ihie générale de M.M. Firmiu Didot,
à laquelle il a Ibiirui la plupart des articles con-
cernant les musiciens. 11 a laissé inachevée une
Histoire de la musique à laquelle il travalliait
assidûment lorsqu'il est mort. Ses manuscrits et
ses autogiaphes ont été légués par lui à la bi-
bliolhètpie du Conservatoire de Paris.
DE.\ZA ( ), compositeur italien, a fait re-
présenter sur le théâtre Mercadanfe, deNaples,
le 13 mai 1876, un opéra sérieux intitulé Wal-
lenstein.
DEPAS (Ernest), violoniste et compo.siteur,
a fait son éducation musicale au Conservatoire
de Liège, et s'est f.iit connaître par un grand
nombre de publications pour son instrument,
publications dont quelque.s-unes .sont estimables,
mais qu'il semble multiplier chaque jour avec un
peu trop de complaisance et de facilité. Je me
bornerai à en citer quelques-unes : 1" Méthode
DEPAS
DESBROSSES
559
cowplàte de violon, op. 28, Paris, Leduc;
2" 20 Études de mécanisme, op. 105, id., id.;
3" 8 Études, id., id.; 4" École élémentaire du
style moderne, 12 mélodies, op. 36, id., id.;
5° École italienne du style moderne, 12 fan-
taisies, id., id ,• 6° le Décaméron des jeunes
violonistes, 20 petites fantaisies, id., id.;7''8 5o-
los en forme de caprices, op. 40, id., id.;
8" 6 Caprices en forme de nocturnes op. 81,
id., id,; 9" 3 Duos brillants et faciles, op. 73,
id., id.; 10° 20 Morceaux en forme de fan-
taisies, op. 103, id., id.; 11° 8 Petits Duos pour
violon et flûte (avec J. Rémusal ), id., id.;
12" e>Duos (avec J. Rémusal), id.,id.; 13° 4 Duos
id. (avec Leduc), id., id. M. Depas a encore
publié: Souvenirs du Théâtre-Italien, 10 mor-
ceaux; Souvenirs du théâtre allemand, 10 mor-
ceaux; le Violoniste romancier ; un nombre
infini de fantaisies, thèmes variés, morceaux de
genre sur des airs célèbres ou des motifs d'o-
péras en vogue, des trios pour piano, violon et
violoncelle, etc., etc., etc. Je ne sais si celte
production infatigable intéresse le public, mais
elle laisse les artistes profondément indifférents.
DEPELSEMER (J ), virtuose sur la
harpe et marchand d'instruments de musique,
qui vivait à Bruxelles, d'où il était sans doute
originaire, a publié une « Méthode raisonnée de
harpe, ouvrage classique, dédiée à S. A. B.
M9r le prince Edouard d'Angleterre, par
M. J. Depelsener, musicien de S. A. R., à
Bruxelles, cliez l'auteur, marchand d'instru-
ments. »
DEPRET (Edmond), chanteur et composi-
teur, né à Virelles (Belgique) en 1827, fit ses
études musicales au Conservatoire de Bruxelles
où il obtint un premier prix de chant en ls45, fit
un voyage à Londres en 1859, alla passer ensuite
deux années en Italie, puis revint à Londres,
où, quoique n'étant plus à l'âge des études, il
prit, pour se perfectionner, des leçons de compo-
sition de B. Molique. M. Depret a publié à
Londres un septuor instrumental, un nocturne
pour le piano, deux trios pour le chant, et
quelques morceaux de moindre importance. En
1873, à l'occasion de la fête du roi Léopold, il
a fait exécuter à Bruxelles, dans l'église Saiiite-
Gudule, un grand Te Deum evec orchestre.
DEPROSSE (A ), pianiste et compositeur
allemand contemporain, a publié, pour le chant
et pour le piano, un assez grand nondire
d'oeuvres parmi lesquelles je citerai les sui-
vantes : 3 lieder, op. 9; 3 Ueder à deux voix,
op. 16; 7 lieder, op. 2fi ; 4 lieder pour voix
de basse, op. 31; 12 Éludes romantiques pour
piano, en deux livres, adoptées par le Conser-
vatoire de Leipzig, op. 17; Mazurka appassion-
mita pour piano, op. 15, etc. On doit aussi à
M. Deprosse la Harpe de David, msXovio ea
trois parties.
DERG1\Y (DiEUDONNÉ), écrivain français,
est l'auteur d'un ouvrage publié sous ce titre :
Les Cloches du Pays de Bray,âvec leius dates,
leurs noms, leurs inscriptions, leurs armoiries,
le nom de leurs fondeurs (Paris, Derache, vers
1866, 2 vol. in-8").
DERX (J -W ), organiste et compo-
siteur néerlandais, né à Nimègue en 1801, fut
élève de F. Hauff, qui lui enseigna le piano,
l'harmonie et la composition. Nommé, à l'âge de
dix huit ans, organiste de l'église wallonne de
sa ville natale, il obtint en 1830, à la suite
d'un concours, le même emploi à l'église de«
Mennonites de Harlem. Cet artiste a publié un
Recueil de 50 préludes pour orgue, des pièces
de divers genres pour cet instrument, des Psau-
mes avec préludes, des mélodies chorales avec
accompagnement d'orgue ou de piano, des sona-
tines, variations, divertissements, impromptus
pour piano, des duos pour piano et violon, etc.
On lui doit encore le Psaume LXVU pour
solo, chœur et orgue (couronné par la Société
musicale des Pays-Bas) , une collection de
12 chorals à 4 voix (id.), une autre collection
de 12 nouvelles mélodies chorales, et diverses
autres compositions.
DESARBRES (Nérée), écrivain français,
né à Viilefrancbe le 12 février 1822, devint se-
crétaire de l'administration de l'Opéra au mois
de juin 1856, sous la direclion d'Alphonse Royer,
et demeura chargé de ces fonctions jusqu'au
mois de février 1863. Jusqu'alors il n'avait été
connu que comme vaudevilliste et fabricant de
livrets d'opérettes. A la suite de son séjour à
l'Académie de musi(]ue, il publia les deux vo
lûmes suivants : Sept ans à l'Opéra (Paris,
Denlu, in 12, 1864); et Deux siècles à l'Opéra
(Paris, Dentu, in-12, 1868). C'est là de l'histoire
fantaisiste, qui ne doit être lue qu'avec la (dus
extrême réserve, et dont les détails ne doivent
être acceptés que sous bénéfice d'inventaire.
Desarbres fst mort à Paris le 16 juillet 1872.
* DÉS.'\UGIERS(\Urc-Amoine). Aux œu-
vres dramatiques de ce compositeur, il faut
ajouter les deux suivantes : Jeannette et Lucas
(2 actes), et la Jeune Veuve (un acte), toutes
deux représentées au petit théâtre des Beaujo-
lais en 1788.
* DESBROSSES(RoRERT). Outre les quatre
ouvrages lyiiipies donnés par lui à la Comédie-
Italieune, cet artiste a encore écrit la musique
des trois ballets suivants, représentés au même
260
DESBROSSES — DESHAYES
théâtre : 1° les Amusements champêtres, 1749;
2° VAmour piqué par vne abeille et guéri
par un baiser de Vénus, 1753; 3° Vénus et
adonis, 1759.
DESCHAMPS (Madomoiselle), violoniste
fort distinguée, élève de Capron, obtint de j;rands
succès au Concert spirituel, en 1778 et 1779, en
exécutant piuMeurs concertos de son maître, de
Jarnowii k et de Bach.
DES COMMUiXES (J ), musicien néer-
landais dont le nom indique une origine fran-
çaise, naquit à Gouda en 1759. Fils d'un cl)an-
teur qui appartennit à la chapelle du prince
Charles d'Autriche à Bruxelles, et qui lui en-
seigna les premiers éléments de la musique, il
s'adonna à l'étude du violon, entra à l'âge de
quatorze ans dans l'orchestre du théâtre alle-
mand d'Amsterdam, et plus tard se fixa à Leu-
warden, où il donna une vive impulsion à l'art
musical et fonda une société artistique intitulée
Audi et Tace, dont il fut le directeur de 1783 à
1832. C'est au>si lui qui créa l'éi oie de musique
de cette ville, dont il eut la direction depin's 1826
jusqu'en 1830. Des Communes a composé |>lu-
sieurs messes, des motets, une symphonie, un
concerto, et il a écrit la musique de deux opéras :
Bel melkmeisje van Bercy, et Het dorp iii't
gebergle. Il est mort en 1841, à l'âge de 82 ans.
DESFOi\TAI\ES(Jean), prêtre et musi-
cien, était chanoine à Cambrai en 1384. On con-
serve dms la biblioth*>que de cette ville des
chants religieux à plusieurs voix de la com-
position de cet artiste.
DESrORt.ES ( ). Un artiste de ce
nom a écrit la musique d'une Cantate à Rofrou,
exécutée à Dreux, le 30 juin 1807, pour l'inau-
guration en cette ville de la statue de Rotrou.
DESFOSSEZ (Achule), violoni le amaleur
et écrivain sur la musique, né à Douai vers 1810,
est mort à La Haye, où il étnit fixé depuis [nés
de trente ans, au mois île mars 1871. Les exi-
gences de la profession commerciale qu'il exer-
çait en cette ville ne l'empêchaient pont de se
livrer à son go t très vif pour le théâtre et la
musiquf, et pendant de longues années il fut le
correspondant artistique spécial, à La Haye, dedi-
vers journaux parisiens : le .Ménestrel, la France
Viusicale, la Rerue et Gazette des Théâtres.
Il a rédigé et pulilié aussi, dans cette ville, pen-
dant toute l'année 1856, une feuille mensuelle
écrite en français, la Hollande musicale, qu'il
reprit dix ans après et dont il donna encore un
certain nombre «le numéros en 1866 et 1867.
On lui doit encore les deux écrits suivants :
X" Festival de Rolterdam, hommage à la .mo-
delé de Toonkunsl (La Haye, s. d. [1854], in 8°);
2° Henri Wieniaioshi, esquisse biographique
(La Haye, 1856, in 8°). Les facultés mentales de
Desfossez s'étaient dérangées dans les dernières
années de son existence, et il mourut complète-
ment fou.
* DESHAYES (PROsPER-DmiEn). Lesdélails
de l'ex stence de ce compositeur sont complète-
ment inconnus, et après fait jouer une quinzaine
d'ouvrages dont plusieurs obtinrent un brillant
succès, il disparut si complètement du mouve-
ment artistique parisien que le lieu et la date de
sa mort sont demeurés absolument inconnus.
Cela est fâcheux, car Deshayes était un artiste
fort intéressant, dont le talent est incontestable;
mais, pour ma part, les efforts que j'ai tentés
pour découvrir ce qu'il avait pu devenir après
la Révolution sont restés tout à fait infructueux.
Sa mort pourtant n'a pas été mystérieuse, car un
de ses follaboratenrs, Alexandre Duval, la rap-
pelle <lans la préface d'une de ses pièces, Bella
ou la Femme à deux Maris, dont Deshayes fit
la musique. Voici comment, dans cette préface,
Duval parle de son collaborateur : « On venait de
donner au théâtre Louvois une pièce du iVari à
rfeuj;fe?H»îes, dont la musique était de Deshayes,
compositeur jusqu'alors inconnu , mais estimé
comme un homme à talent et un parfait honnête
homme. J'avais l'occasion de le voir à peu près
tous les mois; nous nous trouvions de garde au
môme poste : on suppose bien que dans de pa-
reilles rencontres un auteur et un musicien ont
tout le temps de parler d'un art qui réunit d'une
manière si intiine leurs affections réciproques. Je
lui fis les compliments qu'il méritait sur son opéra
de Zélia ou le Mari à deux femmes, et je lui
dis à ce sujet que je connaissais une tragédie
anglaise qui en offrait la contre-partie. Il me pria
avec tant d'instance de l'arranger pour le même
théâtre, que quelque difficulté que m'offrît un
sujet qui me forçait de placer une femme entre
deux maris, je lui promis de le tenter. En effet,
d'une tragédie très-noire, je fis un drame assez
intéressant. L'ouvrage fut reçu par le théâtre et
mis en musique par mon camarade dans la garde
nationale. Soit qu'il y eût de sa faute ou de celle
du poète, cet ouvrage, tout en ayant du succès,
n'augmenta ni sa réputation ni la mienne. 11 con-
tribua même" si peu à la prospérité de l'entreprise,
que peu de temps après , de nouveaux adunnis-
trateurs changèrent le genre des pièces que l'on
jouait à ce théâtre, et que notre Bella fut en-
gloutie avec tant d'autres dans le fleuve d'oubli,
qui emporterait dans son cours les travaux du
monde entier, si quelques pêcheurs adroits n'en
sauvaient de temps en temps quelques débris. Si
je préserve pour un instant notre héroïne de sa
DESHAYES — DESMATINS
261
perle cerlaine , c'est moins par intérêt pour elle,
que pour remplir une espèce fie devoir envers ce
bonDeshayes, que la mort nous a pour toujours
ravi. Estimé pour ses talents et pour son carao-
tère, il a laissé peu d'ouvrages et beaucoup
d'amis : en imprimant le seul que j'aie composé
avec lui, je me suis acquis le droit, aux dépens
de mon amour-propie peut-être , de donner un
éloge à son talent et une larme à sa mémoire. »
Voilà le seul renseignement direct qu'il m'ait
été possible de rencontrer sur cet artiste estima-
ble. Alexandre Duval écrivait cette préface pour
l'édition de ses œuvres complètes qui parut chez
Barba (1822), en 9 vol. in-8°. — A la liste des
productions de Desliajes, il faut joindre les cinq
ouvrages suivants -. 1" le Sacrifice de Jephté,
oratorio, exécuté au Concert spirituel le 15 août
1786 ; 2"^ Nantilde et Dagobert, tliéàlre Louvois,
novembre 1791 ; 3" Mélite ou le Pouvoir de la
A'o^wre, opéra- comique en trois actes, donnée la
Comédie-Italienne le 19 mars 1792 ; 4" la Fin du
jour, opéra-comique en un acte, théâtre de la
Cité, 1793; 5° Henri de Bavière, opéra-comique
en trois actes, th. Molière, 1803.
DESLAIVDRES (Adolphe-Edouard Marib),
organiste et compositeur, est né à BatignoUes-
Monceaux (Paris), le 22 janvier 1840. Entré
jeune au Conservatoire , il y devint élève de Le-
borne pour le contrepoint et la fugue, et de
M. Benoist pour l'orgue; après avoir obtenu un
premier accessit d'orgue en 1856, le second prix
l'année suivante, avec le premier accessit de fugue^
il se vil décerner en 1858 les deux premiers prix
d'orgue et de fugue. S'étant présenté en 1859 au
concours de l'Institut , il se vit accorder une
mention honorable, et l'année d'ensuite il rem-
portait le second prix. Peu après, il devenait
organiste de l'église de Sainte-Marie des Bati-
gnolles , dont son père était maître de chapelle,
et tout en occupant ces fonctions, qu'il a conser-
vées jusqu'à ce jour, il consacrait une partie de
.son temps à la composition qu'il étudiait avec
ardeur. Vers 1865, M. Deslandres faisait exécuter
à Sainte-Marie une messe qui fut remarquée, et
il publia, pendant les années qui suivirent,
un certain nombre de jolies productions qui
se distinguaient par leur élégance, leur style
aimable et leur sentiment délicat. Parmi ces
œuvres, on peut citer surtout : Ode à Charmo-
nie, belle composition vocale, d'un accent plein
d'ampleur; Feuillets xV album, recueil de six
mélodies vocales; la Barque brisée, sorte de
chant de douleur patriotique d'une belle couleur
et d'une large inspiration; puis des motets, des
mélodies voca.les et d'agréables morceaux de
piano. M. Deslandres a fait exécuter sous le titre
de Méditations, au Casino-Cadet et aux Concerts-
Danbé, de fort jolis morceaux concertants pour
divers instruments ; je mentionnerai particulière-
ment la troisième, pour cor, violon, violoncelle,
harpe, contrebas.se et orgue, comme une inspi-
ration du plus heureux effet. On lui doit aussi un
oratorio, les Sept Paroles du Christ, pour ba-
ryton solo et chœur, avec accompagnement de
violon-solo, violoncelles, harpe et orgue, et une
cantate : Sauvons nos frères, pour voix seu-
les, chœur et orchestre. Enfin , ce jeune ar-
tiste a donné le 21 octobre 1872, au théâtre de
l'Athénée, un petit opéra-comique en un acte,
Dimanche et Uindi, dont la musique, très-
soignée au point de vue de la forme , était d'un
tour lesle, pimpant , plein de grâce, de jeunesse
et de fraîclipur^ et il a fait représenter à l'Alcazar
«l'hiver deux opérettes en un acte : le Chevalier
Bijou (22 oclobre 1875), et Fridolin (!"' mars
1876).
Un frère de cet artiste, Georges-Philippe Des-
landres, comme lui organiste et compositeur,
e.st mort à Paris, le 12 octobre 1875, à l'âge de
26 ans. Il avait publié un certain nombre de com-
positions religieuses. '
* DESLOUGES (Philippe). En dehors des
motets que ce musicien a fournis au recueil de
compositions de ce genre publié par Pierre Atlai-
gnant, il a fait encore la musique de quelques
chansons que celui-ci a insérées aussi dans son
recueil de chansons françaises à 4 parties , publié
en 1530.
DESLYONS (Jean), né à Pontoise en 1615
et mort à Seuils le 26 mars 1700, est auteur d'un
écrit intitulé : Critique d'un docteur de Sor^
bonne sur les deux lettres de messieurs Des-
lyons, ancien, et de Bragelongne, nouveau
doyen de la cathédrale de Sentis, touchant
la si/mphonie et les instruments qu'on a voulu
introduire dans leur église aux leçons de
Ténèbres (1698). Y.
DESMABAIS (Cyprien), est auteur d'un
écrit publié sous ce titre : Les dix-huit poèmes
de Beethoven, essai sur le romantisme musical
(Paris , 1839, in-12). Il a publié encore un opus-
cule intitulé : Archéologie du violon, descrip-
tion d'un violon historique et monumental
(Paris, 1826, in-8<')- ..,|
DES\1ÂTII\S (M'i^), chanteuse d'un grand
talent , brilla à l'Opéra après la retraite de M"' Le
Rochois, dans les dernières années du dix-sep-
lième siècle. Castil-Blaze prétend qu'avant d'em-
brasser la carrière artistique, elle avait été « la-
veuse d'écuelles » à l'auberge du Plat-d'étain,
située au carré Saint-Martin; j'ai plus de con-
fiance, je l'avoue, dans les renseignements,
262
DESMATINS — DESNOIRESTERRES
toujours si précis , et généralement si exacts ,
de l'auteur anonyme de V Histoire de l'Académie
royale de musique (publiée par le Consli'ution-
nel), qui nous apprend que M'"' Desmàtins était
fille d'un violon de la musique du roi et nièce
du fameux danseur Beauchamps. H ajoute :
« Elle débuta à l'âge de douze ans dans l'opéra
de Persee (18 avril 1683) pour la danse et pour
Je chant; maiselie quitta bientôt le premier talent
pour s'attacher au dernier, où elle s'éleva au
plus haut degré , jouant également bien les rôles
tendres et ceux de fureur. » Elle ne fut d'abord
chargée que de rôles peu importants, tels que
celui (le Sidonie, l'une des confidentes il'Armide,
dans l'ouvrage de ce nom, dont M'" Le Rochois
remplissait le personnage principal. Mais lorsque
celle-ci eut pris sa retraite, et que M"'^ Desmà-
tins eut travaillé sous sa dii^ction , elle parvint
bientôt au premier rang , et si elle n'égala pas sa
devancière, il paraît certain néanmoins qu'elle
acquit un talent remarquable et très prisé du
public. Ce qui le prouve bien, c'est qu'elle était
et resta le chef d'emploi de M'"^ Maupin, qui
n'était point, on le sait , une artiste ordinaire. Les
rôles importants qu'elle créa sont ceux de Vénus
dans Hésione, de Sapho et de Niobé dans le
Triomphe des Arts, d'Argine dans Omphale,
de Tomyris dans Médus, d'Iphigénie dans Ip/d-
génie en Tauride, d'Alcine dans Alcine, d'AI-
cyone dans Alcyone, et d'Orithie dans les
Sai<ions.
Douée d'une rare beauté. M"* Desmàtins était
grande, bien faite, d'une tournure majestueuse,
et son physique convenait merveilleusement à
l'emploi des reines et des princesses. Un embon-
point un peu précoce vint, il est vrai, porter
tort à la noblesse de sa taille. D'ailleurs elle
mourut jeune (en 1708), d'un ulcère au foie. Elle
avait une sœur cadette , qui était dans les chœurs
de l'Opéra.
DESMAZURES (Laurent), organiste dis-
tingué, né à Marseille, devint en 1758 organiste
de la cathédrale de Rouen , emploi dans lequel il
succéda à Dagincourt , artiste lui-même d'un rare
talent. L'un des meilleurs , sinon le meilleur élève
de Desmazures, fut Broche, qui fut le premier
maître de Boieldieu et qui lui succéda en 1777.
C'est sans doute à celte année 1777 qu'il faut
placer la mort de Desmazures.
Un artiste de ce nom a écrit la musique d'un
opéra-ballet en un acte et un prologue, inlilulé
les Fêles de Grenade, qui a été exécuté au con-
r.cert de Dijon le 12 janvier 1752. Il me paraît
bien probable que ce doit être le même dont il
est ici question (1).
(1) Dans sa notice sur Desmazures, La Borde {Essai
DES1\OIRESTERRES(GustaveLEBR1-
SOYS),écrivain,est né le 20 juin 1817 à Bayeux,
oii il a fait ses études. Passionné pour les hom-
mes et la littérature du dix-huitième siècle,
M. Desnoiresterres s'est proposé de les faire
revivre dans une série de travaux pleins d'intérêt.
« Prenant le xvin« siècle pour l'objet de ses
recherches, dit un biographe, il s'est proposé
d'en reproduire la physionomie variée dans mie
série d'études à laquelle appartiennent les Inté-
rieurs de Voltaire, la Jeunesse de Voltaire,
Voltaire au château de Cirey. W doit les réunir
plus tard sous le titre général de : Voltaire et la
société française au XVIII^ siècle. » Il est
bien difficile de s'occuper sérieusement de celte
époque féconde sans rencontrer la musique sur
son chemin ; aussi M. Desnoiresterres sétant
avisé , au cours de sefs recherches , de noter tous
les faits qui se rapportaient aux deux immortels
artistes qui vinrent se livrer en France un combat
de géants, Gluck et Piccini, se vit-il, au bout
de quelques années , en possession d'une masse
formidable de documents sur la vie et la carrière
de ces deux grands hommes pendant leur sijour
à Paris. L'écrivain songea donc à utiliser ces
documents , et , en les groupant , en les coordon-
nant avec soin et sagacité, il en tira les éléments
d'un livre fort curieux , extrêmement utile, qui
se trouva retracer avec une rare exactitude toutes
les phases de la lutte entre l'auteur di'Armidc
et l'auteur de Roland, ainsi que les mille inci-
dents de ce qu'on a appelé la guerre des Gluckis-
tes et des Piccinistes.
11 est fâcheux assurément que M.' Desnoires-
terres n'ait pas été musicien, pour pouvoir, à
l'aide de la critique et de l'analyse , tirer un parti
plus complet des richesses qu'il avait acquises
pour l'histoire musicale de cette époque; il aurait
pu lui-même tracer cette histoire , en faire res-
sortir les côtés grandioses , et en tirer les déduc-
tions nécessaires. Néanmoins , si ce travail reste
à faire, si l'édifice est encore à élever, les maté-
riaux sont la , prêts à être utilisés , et se trouvent
aussi abondants et aussi complets qu'on le puisse
sur la musique) raconte une étrange histoire, dont je lui
laisse, bien entendu, toute la responsabilité : — « M. Des-
mazures a joui avec justice d'une grande célébrité. Son
exécution était aussi rapide que sa facilité pour jouer de
tête. La passion de la chasse balançait souvent son amour
pour la musique. Ce goût lui coûta cher; un lusil crevé
entre ses mains lui emporta les trois derniers doigts de la
m.iin gauche. Iliureuscment les premières phalanges ne
fureni pas coupées tout-à-fait; et il en resta assez pour
que Desmazures put y adapter des faux doigts, dont il
apprit à se .■■ervir presqu'aussi bi' n que des véritables.
Cet exemple unique ne peut être révoqué en doute : nous
en avons été témoin; et si non» n'eussions vu les faux
doigts. Jamais nous n'aurions pu le croire. »
DESNOUIESTERRES — DESPLANQUE
263
désirer. Le livre de M. Desnoiresterres , intitulé :
Glnck et Piccini , 1774-1800 (Paiis, Didier,
1872, in-8°), sera indispensable dans l'avenir à
tons ceux qui voudront s'occu|ier de cette époque
si intéressante en ce qui concerne la musique ,
et il sera désormais impossible d'en retracer la
moindre |)artie sans avoir recours à cet écrit si
utile et si substantiel.
DESi\OSl!^ ( ) violoniste, vivait dans
la seconde moitié du dix-buitiènie siècle à Tou-
louse, oii il se livrait à l'enseignement. Il a pu-
blié dans cette ville, vers 1774, un recueil de
Six quatuors dialogues d'un genre nouveau,
pour deux violons, alto et basse, dédiés aux
amateurs de l'harmonie, œuvre deuxième.
DESiXOYERS (Louis-CLAur.E-JosF.rn-Fu)-
KE^cl;), journaliste français , ne à Replonges (Ain)
en IbOâ, est mort à Paris le 17 décembre 1868.
Ayant de bonne heure embrassé la carrière
littéraire, il signa en 1830 la protestation des
journalistes contre les ordonnances de juillet,
collabora à un grandnonibre de feuilles politiques,
fonda en 1832 le Charivari avec Charles Phi-
lippon, et en 1836 concourut à la création du
Siècle et resta jusqu'à sa mort directeur de la
partie littéraire de ce journal. Malgré son ignorance
complète des choses de la musique, Louis Des-
noyers avait succédé à F.étis comme feuilletoniste
musical du National, et plus tard il s'adjugea la
même position au Siècle. En dépit de son esprit
très-réel et très- (in , sa critique fut toujours
absolument nulle , par le fait de son incompétence
radicale. En 1847, il publia une brochure ainsi
intitulée : De l'Opéra en 1S47 « propos de Ro-
bert Bruce, des directions passées , de la direc-
tion présente et de quelques-unes des 500 di-
récitons futures.
* DESORMERY (Léopold-Bastien). On
ignorait jusqu'ici que ce compositeur eût été
chanteur et comédien. Le fait n'est pourtant pas
douteux, comme on va le voir. Desormery était
à Strasbourg lorsqu'il sortit vainqueur d'un con-
cours de composition ouvert au Concert spirituel,
et dont il était ainsi rendu compte dans le Mer-
cure de France de juin 1770 : « Le prix double
de musique latine, qui devait être donné cette
année 1770 au Concert spirituel de la quinzaine
de Pâques, et qui consistait en deux médailles
d'or de la valeur de 300 livres chacune , a été
adjugé à M. Desormery, comédien , demeurant à
Strasbourg, chez M. de Ilautemer, musicien de
la cathédrale. » L'œuvre couronnée était un motet
sur texte latin.
Deux ou trois ans après, Desormery venait à
Paris et débutait à la Comédie-Italienne, où il
était engagé, et où il restait jusqu'en 1778. 11
écrivait alors la musique d'un opéra-comique ea
deux actes, la Fêle du Village, qu'il faisait re-
présenter à ce théâtre le 28 juin 1775. Le 10 fé-
vrier précédent, il avait donné à l'Opéra un petit
ouvrage en un acte , Hylas et Eglé, écrit par
lui en société avec Legros (l) ; bientôt il faisait
exécuter un nouveau motet au Concert spirituel,
et ce n'est qu'après ces premiers travaux qu'il
ofirait au public de l'Opéra ses deux pastorales :
Euthynie et Lyris et Myriil et Lycoris.
Au mois d'octobre 1 774, le Mercure de France
annonçait une souscription pour la publication
prochaine d'un Recueil d'airs et de duos de la
composition de MM. le Gros, pensionnaire
du roi et de l'Académie royale de musique,
et Desormery, acteur du Théâtre-Italien- Ce
recueil devait contenir seize airs et huit duos,
avec accompagnement de violon , alto et basse.
J'ignore s'il a été effectivement publié, et j'en
douterais volontiers.
DESORMES (L -C ), compositeur
français, a écrit la musique de quelques opérettes
et saynètes musicales qui ont été représentées à
Paris: 1° Deux Beautés d'autrefois ; 2" Maître
Luc; 3" Prunelle et Pif fard; 4° le Menu de
Georgette (Folies-Bergère, 1874); 5" les Dia-
mants de Florinette (Concert de la Pépinière ,
1875) ; 6° une Lune de miel normande (Eldo-
rado, 1876); 7° le Rêve d'Yvonnette (Alcazar,
1876). Cet artiste a publié quelques chansons et
chansonnettes , ainsi que des morceaux de danse.
DESPLAI\QUE (A ), écrivain français,
ancien élève de l'École des chartes, conservateur
des archives de Lille, membre de la Société
nationale des sciences de cette ville, est l'auteur
d'un écrit publié sous ce titre : Étude sur les
travaux d'histoire et d'archéologie de M. E. de
Coussemaker (Lille, irapr. Lefebvre-Ducrocq,
1870, in-8" de 67 pp., avec portrait). Cette bro-
chure est le développement d'un article publié
dans le Correspondant du 25 juin 1869, et dont
il avait été fait un tirage à part (Paris, Douniol ,
1869, in-8° de 13 pp.) sous ce titre : Archéologie
musicale. M. Desplanque a publié aussi une
Notice sur la vie et les travaux de feu M. A)'-
thur Dinaux (Lille, 1865). Je ne connais pas ce
dernier écrit, mais il intéresse vraisemblablement
l'art musical, au moins d'une façon indirecte,
car on sait qu'Arthur Dinaux s'est beaucoup
occupé de l'histoire des trouvères et qu'il a fait
plusieurs publications sur ce sujet,
(I) Dans son Histoire de la musique dramatique,
M. Chouquet mentionne cet ouvrage sous le titre A'Hylas
cl Sylvie, et sous la date du 26 septembre ms; c'est une
erreur, comme on peut s'en convaincre par le Catalogue
de la bibliothèque musicale de l'Opéra de M. Théodore
de Lajarte.
264
DESPRÉAUX — DESVIGNES
* DESPREAUX (GuiLrAUMEROSS-).Outre
le Souper du mari, cet artiste a fait encore re-
présenter à Paris la Dame d'honneur, ouvrage
en un acte joué sans succès à l'Opéra- Coniique,
le 4 octobre 1838.
* DESQLIESKES (Jean). Des documents
nouvellement découverts étalilissent que cet ar-
tiste était au service de la dnciiesse Marguerite
de Parme, gouvernante des Pays-Bas, en qualité
de diantre, et que, par l'intercession active de
cette pi incesse, il obtint de son fils, Alexandre
de Parme, la jouissance de deux prébendes à
Tournai et à Aire, laissées vacantes par la mort
de Gérard de Turnliout. On peut consulter à ce
sujet l'ouvrage de M. Vander Slraeten, la Mu-
sique aux Pays-Bas.
DESSANE( ), sans doute fils de l'artiste
mentionné an T. III de la Biograp/iie univer-
selle des Musiciens, né vers 1830, a été d'abord
organiste à Saint-Snlpice, et occupe aujourd'hui
les mêmes fonctions à l'église Notre-Dame d'Au-
teuil , en même temps qu'il est professeur de
musique au collège Sainte-Barbe. M. Dessane a
publié sous ce titre. : École primaire de chant
choral, manuel de l'orphéoniste (Paris, Bran-
dns), un ouvrage utile et bien fait, dont le titre
indique suffisamment l'objet et la portée, et il a
composé plusieurs symphonies et une messe de
Requiem.
* DESSAUER (Joseph), compositeur, est
mort à Modling, près de Vienne, le 9 juillet 1876
Aux deux ouvrages dramatiques mentionnés au
nom de cet artiste, il faut ajouter deux opéras-
comiques : Paquita, et Domingo. Un recueil de
mélodies choisies de Dessauer a été publié à
Paris, par l'éditeur M, Brandus, avec paroles
françaises de M. Maurice Bourges.
DESSLER (Wolfoang-Christophe), compo-
siteur de chants religieux, naquit en 1660 à
Nuremberg, et mourut en celte ville en 1722.
Y.
DESSOF (Othon-Félix), compositeur dis-
tingué et chef d'orchestre renommé, est né le
14 janvier 1835 à Leipzig. Il a successivement
dirigé l'orchestre des théâtres d'Altenburg, de
Dusseidorf, d'Aix-la-Chapelle , de Magdebourg
et de Cassel. En 1860, il a été appelé à diriger
l'orchestre de l'Opéra impérial de Vienne. Dès la
même année il fut choisi pour diriger les concerts
de la société philharmonique, fondés par Nicolaï,
et nommé professeur de composition an Conser-
vatoire. En 1873, M. Dessoff a donné sa démission
de ces différents emplois et s'e:-t retiré à la suite
de son directeur, M. Eckert. Il a été remplacé par
M. H.insRichter. M. Dessoff est considéré comme
un des meilleurs chefs d'orcbestre de l'Allemagne.
Comme compositeur, il a peu produit ; il a publié
seulement quelques morceaux de piano et quel-
ques lieder. Y.
DESSY (Battista), chef d'orchestre et
compositeur, né à Cagliari, a fait représenter sur
le théâtre de sa ville natale deux opéras sérieux,
Don M artino d' Aragonaeiun Cuoredi Marmo.
Cet artiste, qui a rempli dans plusieurs théâtres,
particulièrement à celui de Cagliari, auquel il est
encore attaché « ce titre , les fonctions de chef
d'orchestre et de inaestro concertalore, a écrit
un troisième opéra, Suor Teresa, qui, je crois ,
n'a pas été joué jusqu'à ce jour.
DE STEFAi\l ( ), compositeur italien,
a fait représenter le \" juillet 1874, sur le théâtre
Manzoni, de Milan, un o|)éra sérieux intitulé
Celi ste.
* DESTOUCHES (André-Cardinal). Ce
compositeur a publié chez Ballard deux cantates
écrites sur paroles françaises : Œnone, et Se-
mé lé.
DESTOURXELLES ( ). On a repré-
senté à l'Opéra-Comique, le 3 juin 1815, sous le
nom de ce compositeur resté obscur, un ouvrage
en un acte intitulé le Procès.
DESTRIBAUD ( ), compositeur, né
vers 1828, a fait ses études au Conservatoire de
Paris, où il était élève d'Hippolyte Colet. Après
avoir publié quelques romances , il a fait repré-
senter aux Bouffes-Parisiens (31 mai 1S56) une
opérette en un acte. Venu." au moulin d''Ampi-
phros, et à l'Opéra-Comique (15 mai 1861) un
second ouvrage en un acte, intitulé Sylvio-.Sy/via.
Mais déjà M. Destribaud avait abandonné la
pratique sérieuse de la musique pour se livrer à
des opérations de bourse^ et depuis lors il a
continué de s'occuper d'affaires financières.
DESVIGKES (Victor-François), musicien
français, né à Trêves le 5 juin 1805, était fils de
comédiens de province. Il apprit jeune le violon,
et commença par être chef d'orchestre de vaude-
ville, d'abord à Amiens, puis à La Rochelle,
Chartres, Metz, Clermont et Moulins. Après un
séjour à Paris pendant lequel il compléta ses
études d'harmonie, il reprit sa vie nomade de
chef d'orchestre, jusqu'au jour où il se fixa
définilivemf>nt àMefz. Devenudirecteurduthrâtre
(lecette ville (où il avait |)assé son enfance), comme
gérant d'une compagnie d'actionnaires, Desvignes,
qui avait toutes les qualités du professeur et qui
aimait son art avec passion, n'eut plus qu'une
idée fixe : fonder à Metz une école de musique.
A cette époque, où la musique était loin d'être
encouragée dans nos piovinces, cette idée géné-
reuse n'était point d'une réalisation fHcile. A force
d'énergie pourtant , de volonté, de persévérance
DESVIGNES — DESZCZYNSKI
263
Desvignes finit par atteindre son but. Il obtint en
1835, en même temps que l'introduction de l'étnde
du cbanl dans les écoles primaires de la ville ,
la création d'une école de musique , dont il fut
nommé directeur, et dont, grâce à ses soins, les
progrès et l'accroissement furent si rapides que ,
par une ordonnance royale en date du 10 août
1841, elle put être érigée en succursale du Con-
servatoire de Paris.
Le Conservatoire de Metz fut la préoccupation
constante lie Desvignes pendant tout le cours de
son existence modeste et laborieuse. Il fonda
aussi en cette ville une Société de concerts, dont
il dirigeait les séance^^, et qui pendant de longues
années fut florissante. C'est en grande partie pour
ces deux institutions qu'il écrivit un grand nombre
de compositions , dont plusieurs ont été pidjliées,
dont d'autres sont restées manuscrites. Parmi
les premières , il faut signaler -. l" 2 Trios pour
piano, violon et violoncelle; — 2° Trio pour harpe,
violon et violoncelle; — 3" Duo pour harpe (ou
piano), et violon; — 4° Adagio pour harpe (ou
piano), violon et violoncelle; — 5" Six duos con-
certants pour piano et violon , sur Richard'Cœur-
de-Lion, la Vestale, il Giuramento, Linda di
Chamouni, Maria Padilla et Otello; — 6°
3 suites de canons sans paroles; — 7" i suites de
canons avec paroles; — 8" un grand nombre de
ciiœurs religieux sur paroles laiines, et de chœurs
religieux et profanes sur paroles françaises; —
9" des romances et mélodies vocales. Les com-
positions inédites de Desvignes comprennent : un
Stabat Mater exécuté à Met/, en 1833; un opéra-
comique en un acte. Lequel des trois; un opéra-
féerie en 2 actes, la Belle au bois dormant;
une symphonie en ré; neuf ouvertures à grand
orchestre ; plusieurs œuvres de musique de
chambre ; des romances, mélodies, chansonnettes,
chœurs , sérénades , duos et trios pour voix di-
verses, etc.
Desvignes mourut le 30 décembre 1853. On a
publié sur lui : V. F. Desvignes, fondateur de
VÉcole de musique de Metz, par M. Eugène
Gaudar (Extrait des Mémoires de l'Académie de
Metz, dont Desvignes était membre), Metz, impr.
Lamoit, 18;}4, in-8" de 32 pp.
DE SWERT (Hkrmann), musicien beige, né
à Louvain en 1803, (it ses études à l'église Saint-
Pierre, de cette ville, et plus tard devint profes-
sgur à l'Académie de musique et à l'École moyenne
de l'État. Il a fait exécuter à Louvain, en 1853,
une cantate de sa composition.
DE SWERT(IsiDORE), fils aîné du précédent,
né i. Louvain le 6 janvier 1830, s'adonna à l'étude
du violoncelle et devint, au Conservatoire de
Bruxelles, élève de M. Demunck, dans la classe
duquel il obtint un premier prix en 1846. En
1850, il fut nommé professeur de violoncelle à
l'École de musique de sa ville natale, et en 1856
il accepta l'emploi de violoncelle-solo au théâtre
de la Monnaie, de Bruxelles. 11 est aujourd'hui
professeur au Conservatoire de cette ville.
DE SWERT (Jean), frère du précédent,
violoniste et pianiste, naquit à Louvain en 1832
et fut d'abord élève de son père. Dès l'âge de
huit ans, il se fit entendre en public, et plus
tard il s'occupa de composition. A peine âgé de
vingt-quatre ans il fut atteint d'une douloureuse
maladie, et mourut à Louvain le 2 juillet 1856.
Peu de temps avant sa mort , et connaissant sa
situation, il écrivit pour ses funérailles une marche
funèbre, qui fut exécutée en effet à ses obsèques.
L'année suivante , on exécuta à Louvain une ou-
verture de sa composition.
DE SWERT (Jules), frère des deux précé-
dents, violoncelliste distingué, est né à Louvain
le 15 août 1843. Il montra des, dispositions préco-
ces pour la musique, se produisit en public avant
d'avoir accompli sa neuvième année , et en 1856
fut envoyé par son père à Bruxelles, où il entra, au
Conservatoire, dans la classe de Servais. Devenu
l'un des meilleurs élèves de ce maître, il obtint,
au concours de 1858, le premier prix de violon-
celle à l'unanimité. Peu de temps après il entre-
prit , en compagnie de M. Leenders , violoniste,
un voyage artistique dans les Pays-Bas , et depuis
lors s'est fait entendre fréquemment, et avec
succès, en Belgique, en Hollande, eu Allemagne
et en Angleterre. M. Jules de Swert, qui a le titre
de violoncelliste-solo de l'empereur d'Allemagne,
s'rst fait connaître comme compositeur pour son
instrument; il a publié, entre autres: 1" concerto,
avec aciompagnement d'orchestre ou de piano
(Mayence, Schott) ; 2'^ concerto, avec accompagne-
ment d'orchestre ou de piano (id.. ih.) ; Romances
sans paroles, avec accompagnement de piano,
op. 4(Brême,Cranz); Fantaisie avec accompagne-
ment d'orchestre ou de piano , op. 25 (Mayence,
Schott; ; Fantaisie de .salon sur des airs Scandi-
naves, op. 26 (id., ib.) ; 3 duos de salon, pour
violoncelle et piano (Barcarolle, Capriccio,
ilfa;ureA),op.29(Cassel,Leuckardt); 3 morceaux
[lour violoncelle, avec accompagnement de piano
{Brème, Prœger), etc.
DESZCZYIXSKI (Joseph), compositeur po-
lonais, né à Wilnaen 1781, s'établit plus tard à
Varsovie. U s'est fait d'abord connaître par la
musique qu'il écrivit sur le chant historique de
Sigismond 111, contenu dans la grande Épopée
nationale de J. U. Niemcewicz, et fit ensuite
apprécier son talent dans d'assez nombreuses
œuvres de musique de chambre. On cite surtou.
266
DESZGZYNSKI — DEVIENNE
de lui un remarquable quatuor en la mineur (op.
39) pour piano et instruments à cordes, un sextuor
pour deux violons, alto, deux -violoncelles et
contrebasse, et une très-belle polonaise pour le
piano, à quatre mains. On doit encore à cet artiste
fécond deux messesde /fe7M(e?H, plusieurs opéras-
comiques et un certain nombre de Ueder.
Deszczynski est mort en 1844.
DETHOU (Amédée), amateur'érudit, est né
à Saint Amand (Nièvre) le 22 avril 1811. Après
avoir habité successivement Saint-Amand, Paris
et Cosne, il s'est fixé à Marseille, oii il réside
encore au moment oîi cette notice est écrite.
Esprit élevé et laborieux, il s'est appliqué à plu-
sieurs ordres de travaux. On a notamment de
lui de bonnes traductions en vers français
d'florace, de Tliéocrite, de Virgile et de poésies
des temps homériques. Il ne doit être question
ici que de ceux de ses écrits qui se rattachent à
la musique. En voici la liste :
Chanson de l'Ane, prose de la fête des Fous
(xiii« siècle) avec accompagnement de piano, texte
latin, et traduction en vers français (chez Lavinée,
à Paris) ; Chanson à 4 voix du roi Louis Xlll,
remise en lumière avec notice (ibid.); 4 pièces
de clavecin de G. Frescobaldi avec notice,
spécimen de notation et transcription en clefs
modernes (ibid.) ; 25 pièces de clavecin de divers
auteurs des wii» et xviii* siècles avec notice et
transcription en clefs modernes (il)id.) ; un traité
de plain-cbanl (ibid.); Adieuxde Marie Stuart,
mélodie avec accompagnement de piano (ibid.);
Ave Maria (ibid.) ; Pater noster (ibiil.); 0 Sa-
luiaris (ibid.); Douze mélodies sur des poésies
anciennes (xvi* siècle) avec accompagnement de
piano (ibid.); enfin un grand nombre de trans-
criptions et arrangements, entre autres la réduc-
tion pour piano et chant d'Éc/to et Narcisse,
de Gluck, éditée par M'"" veuve Launer.
Al. R— d.
DETHOU (Lotis), cousin du précédent, a
publié chez Lavinée, à Paris, une méthode suc-
cincte d'instrumentation pourmusiques militaires.
Al. R— I).
DEURER (Ernest), compositeur, est né à
Giersen en 1847. Ce jeune artiste, qui semble
promettre un avenir brillant, s'est déjà fait con-
naître par plusieurs trios et quatuors. Y.
DEVEMET ( ), flûtiste, musicien de
la chambre et de la chapelle royale, vivait vrai-
semblablement à la fin du dix-septième siècle ou
au commencement du dix-huitième. Il a publié
un livre de « Sonates pour deux flûtes, par
M. Devenet, ordinaire de la musique-chapelle
et chambre du Roy, oeuvre 1 (Paris, in-fol.). »
DE VICEATI ( ;. Un musicien de ce
nom écrivit la musique d'un ballet intitulé la
Svezzesa in Candia, qui fut représenté au
théâtre de la Scala, de Milan, en 1787.
DEVIEiXNE (^RA^çols). Quelques inexac-
titudes s'étant produites au sujet du répertoire
dramatique de ce compositeur, nous allons le
reconstituer en entier. Voici donc la liste exacte
et complète de ses opéras: 1" le Mariage clan-
destin, un acte, th. Montansier, 11 iiovendire
1790 (traduit en allemand et joué en 1798, à
Hambourg, sous ce titie ; l'Amour risque tout);
2° les Précieuses ridicules, un acte, comédie
de Molière arrangée en opéra-comique |)ar Mo-
line, th. Montansier, 9 août 1791 (1); 3° Encore
des Savoyards, th. Favart, 8 février 1792 (petit
ouvrage qui avait été représenté d'aboi d sous
forme de comédie, au même théâtre, le 25 sep-
tembre 1789)-, 4° les Visiiandines, 2 actes, th.
Feydeau, 7 juillet 1792 (un troisième acte est
ajouté à cet opéra, (|ui est représenté sous cette
nouvelle forme le .'ijuin 1793 ; «léfen-lu plus lard
à cause de son sujet, des modifications sont faites
au poème, et il est repris à l'Opéra-Comique,
sous ce titre : le Pensionnat déjeunes Demoi-
selles, le .j mars 1825, tandis que TOdéon ,
transformant tout à fait la pièce et réduisant
l'ouvrage en un acte, le joue à son tour sous ce
titre : les Français au Sérail, le 28 juin de la
même année) ; 5° les Quipropos espagnols,
2 actes, th. I^eydeau, 10 décembre 1792 ; 6° /<?
Congrès des Ilois, 3 actes (en société avec Rer-
ton, Blasius, Chernbini, Dalayrac, Deshayes,
Grétry, Jadin, Kreutzer, MéhuI, Solié et Trial
filsi, th. Favart, 26 février 1794; 7" Rose et
Aurèle, un acte, th. Feydeau, 9 août 1794;
8» Agnès et Félix, ou les Deux Espiègles, Ih.
Feydeau, 22 août 1795 ; 9° Volécourow un Tour
de page, un acte, th. Favart, 22 mars 1797-,
10° les Comédiens ambulants, 2 actes, th.
Feydeau, 28 décembre i798; W" le Valet de
deux maîtres, un acte, th. Feydeau, 3 novem-
bre 1799.
On savait que Devienne était né en 1759,
mais la date précise de sa naissance n'avait ja-
mais été donnée. Elle a été publiée pour la pre-
mière fois, d'après l'acte de naissance de l'arti.ste,
dans la brochure suivante : Devienne, par Ar-
thur Pougin (Paris, imp. Chaix, 1864, in-8"), oii
l'on verra qu'elle est fixée au 31 janvier 1759.
On trouvera d'ailleurs, dans cette brochure, des
renseignements nomltreux et inconnus sur De-
ll) Cet ouvrage est resté inconnu de tous les blograpties
de Devienne. On peut, en ce qui le concerne, con^iulter
V Annuaire dramatique (de Ragiieneaui pour 1821 1822,
p. 349, et l'almanach intitulé les Spectacles de Paris, an-
née 1792, p. 2ôV.
DEVIENNE — DEZÉDE
267
vienne, qui fut l'un des artistes les plus intéres-
sants et les mieux doués de la fin duxviii'' siècle.
DEVILLERS (Léopold), écrivain belge, est
l'auteur d'une monographie ainsi inl'tulée : Essai
sur rhistoire de la musique à Mons (Mons ,
impr. Dequesne-Masquillier, 1868, in-8° avec
planches).
DEVliV-DUVIVlEH ( ), compositeur,
est né en 1827 à Liverpool, de parents français.
Ayant, à l'âge de douze ans, suivi sa famille à
Berlin, où il resta jusqu'à la fin de 1847, M. De-
vin-Duvivier fit de bonnes études en cette ville
sous la direction du fameux professeur Dehn ,
élève de Gottfried Weber et de l'abbé Voglec,
puis travailla le piano avec Moschelès et le chant
avec Manuel Garcia. 11 vint à Paris terminer son
éducation au Conservatoire, dans la classe de
composition d'Halévy , puis publia un certain
nombre de mélodies , écrites sur des vers de
Théophile Gautier, qui se faisaient remarquer
par un rare sentiment poétique et une inspira-
tion vraiment originale. Le 14 janvier 1867 ,
M. Devin-Duvivier donnait au Théâtre-Lyrique
une œuvre importante, Deborah, opéra en trois
actes, dont le livret était emprunté aux Chroni-
ques de la Canongale, de Walter-Scott , et
dans lequel se produisait pour la première fois à
ce théâtre une cantatrice distinguée. M™' Talvô-
Bedogni. La partition de Deborah était remar-
quable sous le rapport de la franchise et de la
puissance de l'inspiration, aussi bien que sous
celui de la facture et du sentiment dramatique.
L'ouvrage pourtant ne se maintint pas à la scène,
et depuis lors son auteur n'a plus travaillé pour
le théâtre. Il est aujourd'hui fixé en Angleterre,
et il a fait exécuter récemment (novembre 1875),
à l'un des concerts d'Alexandra-Palace, à Lon-
dres, un morceau pour orchestre, intitulé le
Triomphe de Bacchus, qui a produit un vif
plaisir.
DKVOLDER (Pierre-Jean).— FoyesVOL-
DER Pierre-Jean DE).
DE VRIES (DiRK ou Thierri), facteur de
clavecins, exerçait sa profession à Anvers dans
la première moitié du dix-septième siècle, et
mourut en cette ville en 1628. On croit qu'il
était parent de Catherine de Vries, femme du
célèbre facteur André Ruckers, dit le vieux.
DE VRIES (Madame VAN OS, née Rosa),
chanteuse néerlandaise fort distinguée, est née à
De venter le 25 février 1828. De même que
M'"^ Marie Sass et plusieurs autres artistes re-
nommés, elle a commencé par chanter dans les
cafés et aussi: dans les petites sociétés Israélites
des Pays-Bas, où tout d'abord elle se rendit fort
populaire parmi ses coreligionnaires. Plus tard
elle devint choriste au Théâtre-Royal de La
Haye, et en 1845 le roi Guillaume II l'envoya à
Paris, aux frais de sa cassette particulière, pour
y taire son éducation musicale. De retour à La
Haye, elle fut engagée pour y tenir l'emploi des
fortes chanteuses, et se produisit ensuite sur les
théâtres de Lyon et de Toulouse. Elle était à
Paris en 1848, et allait débuter à l'Opéra lors-
qu'éclala la révolution de février. Elle partit
alors ponr les États-Unis, et resta plusieurs an-
nées en Amérique, où elle fit sensation, particu-
lièrement à New-York. De retour en Europe en
1856, elle fut engagée à Londres, où son succès
ne (ut pas moins vif, puis elle se rendit à Turin,
et de là à Milan, où elle brilla dans plusieurs
opéras de Verdi, partit ensuite pour Barcelone,
où elle excita l'enthousiasme, letourna un ins-
tant en Italie, revint eu Hollande, où son re-
tour fut un triomphe, fut engagée au théâtre S«n-
Carlo, de Naples, el enfin se fit entendre, je crois,
eu Allemagne, avec le même bonheur. M™* de
Vries est une chanteuse de premier ordre, douée
d'une voix admirable et étendue, et possédant
un talent d'une grande puissance dramatique.
Les deux filles de cette artiste ont entrepris
aussi la carrière du chant dramatique. L'aînée,
M'"' Jeanne de Vries, parut il y a quelques an-
nées à Paris, au Théâtre-Lyrique, y passa à peu
près inaperçue, puis se produisit en province ,
fit de très-grands progrès, et acquit un remar-
quable talent. Elle est aujourd'hui (1875) attachée
au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, où elle ob-
tient de très-grands succès (l). La cadette. M"" Fi-
df's de Vrips, a appartenu pendant trois ans, de
1871 à 1874, au personnel de l'Opéra, où elle
s'était acquis rapidement une réputation bril-
lante et légitime par sa beauté, sa distinction,
la fraîcheur et le ve outé de sa voix, son talent
de cantatrice et son intelligence scénique. Son
succès était surtout très-grand dans les deux
rôles de Marguerite de Faust, et d'Ophélie
d'Hamlet. A la suite de son mariage avec un
dentiste, M. Ad 1er, M"" Fidès de Vries a renoncé
au théâtre, qui semblait lui promettre un avenir
plein d'éclat. Ed. de H,
* DE VROYE (TnÉoDORE-JosEPir). Voy.
VROYE (Théodore-Joseph UE).
* DEZEDE. Ce compositeur est un des plus
intéressants à étudier parmi ceux qui ont occupé
la scène lyrique française pendant la seconde
moitié du dix huitième siècle. J'ai réuni sur lui
un assez grand nombre de renseignements utiles
(I) Mlle Jeanne De Vries a épousé en 1876 un jeune ténor.
M. Dereinis,qiii a débuté en |8"7, à i'Opéra-Comique, dan*
le Cinq-Mars de M. Gounod.
268
DEZÈDE — DIAZ DE LA PENA
el innonnus, qui m'ont fourni les éléments d'un
travail assez important : Vezède, par Arlliur
Pougin (I^aris impr. Cliaix, 1862, in-8° de 38 p.).
Je vais reconsllluer, à l'aide de ce travail, le
lépprloire dramatique de cet artiste charmant ,
répertoire qui n'a jamais été donné dune façon
complète : 1" Julie, 3 actes, Comédie-Ilalienne,
22 septembre 1772 ; 2° l'Erreur d'un mojnent
ou la Suite de « Julie » , un acte, id., 14 juin
1773 ; 3° le Stralngème découvert, 2 acles, id.,
4 octobre 1773 ; 4" les Trois Fermiers, 2 actes,
id-, 24 mai 1777 ; 5" Fatmé ou le Lamjage des
Fleurs, 2 actes. Opéra, 5 décembre 1777 ; 6°
Zulima, 3 actes, Comédie-Italienne, 9 mai
1778; 70 le Porteur de chaise, 2 acles, id.,
10 décembre 177H (réduit en un acte et repris
sous ce litre : Jérôme et Champagne ou le
Porteur de chaise, le 11 janvier 1781); 8° Cé-
cile, 3 actes, id., 26 janvier 1780; 9° A trom-
peur, trompeur et demi, un acte, id., 3 mai
1780; 10° Péronne sauvée, i actes. Opéra, 27
mai 1783; 11° Biaise et Babet , 2 actes, Co-
médie-Italienne, 30 juin 1783; 12° Alexis et
Justine, 2 acles, id., 17 janvier 1785; 13" /IZ-
cindor, 3 actes, Opéra, 17 avril 1787; 14" Au-
guste et Théodore ou 1rs deux Pages, 2 acles,
Comédie-Française, 6 mars 1789; 15" les Trois
Noces, un acte, Comédie-Française, 23 février
1790; 16° Ferdinand ou la Suite des « Deux
Pages, » Comédie-Française, 19 juin 1790;
17° Paulin et Clairette, ou les Deux Espiègles,
2 actes, Comédie-Française, 5 janvier 1792;
18° la Fêle de la cinquantaine , 2 actes, th.
Louvois, janvier 179G (ouvrage posthume);
19" Fin contre fin, un acte, joué seulement en
société, etdont le poé;iie a été publié dans letome
V des Après-soupés de société, de Sauvigny.
Les quatre ouvrages indiqués comme ayant été
donnés à la Comédie Française étaient de véri-
tal)les opéras-comiques, dont Dozède avait écrit
tout à la fois les paroles et la musique, au moins
en ce qui concerne les trois derniers, car pour
Auguste et Tliéodore ou les Deux Pages, il
n'avait sous ce rapport qu'une part de colla-
boration. La petite pièce intitulée Paulin et
Clairette était restée inconnue de tous les bio-
graidies de Dezède, et je suis le premier qui en
ait retrouvé la trace. Quant à la Fête de la
Cinquantaine, c'est un ouvrage posthume, qui
n'a été représenté que trois ou quatre ans après
la mort du compositeur. Pour tous les détails re-
latifs à ces ouvrages, on voudra bien se reporter
à la brochure citée plus haut. Dezède a laissé
deux opéras et un opéra-comique inédits; les
deux premiers avaient pour titres Amadis et
/ne- de Castro; le second était intitulé le
Véritable Figaro, et avait été écrit sur un poënae
de Billardon de Sauvigny.
D'HACK (Alfred), compositeur, a publié un
certain nombre de romances , chansons et chan-
sonnettes , et a fait représenter, dans des con-
certs ou dans des salons, les trois opérettes dont
les titres suivent : 1" le Revenant, un acte, 1865 ;
2" le Coquelicot, un acte, 1867; 3° le Secret
de Simonett e, un ac{e, 1871.
DIACHE(Ecgî;ne), violoniste, né vers 1835,
a été pendant plusieurs années chef d'orchestre
du théâtre du CluUeau-d'Eau, où il a fait repré-
senter, au mois d'octobre 1872, une opérette en
un acte intitulée le Saut de Leucade. Précédem-
ment, au mois de mars 1870, cet artiste avait
donné au théâtre des Variétés une petite pièce du
même genre , aussi en un acte : Deucalion et
Pyrrha.
DIAS (Gabriel), compositeur portugais du
XVIP siècle. On ne sait presque rien sur la vie
de ce maître si fécond. M. Soriano Fuerles {His-
toriade lamusica espaùola,T. II, p. 185), dit
qu'il fut d'abord chantre de la chapelle de Phi-
lippe IV à Madrid, puis maître de chapelle du
couvent de las Franciscanas descalzas de la
même ville. Ce couvent avait été fondé par D.
Joanna d'Autriche, sœur de Philippe II et veuve
de l'infant D. Juan de Portugal. Il ne serait pas
étonnant que Gabriel Dias eut passé en Espagne
au service de la veuve de l'Infant, car beaucoup de
musiciens portugais abandonnèrent leur patrie
pendant la domination espagnole et passèrent en
Espagne, où ils furent fort bien accueillis et où
ils trouvèrent des positions avantageuses.
Le catalogue de la bibliothèque musicale du
roi D. Jean IV fait mention d'une grande quantité
de musique religieuse de Gabriel Dias. En ce qui
concerne les Vithancicos, une forme favorite des
musiciens portugais et espagnols, il n'y en a pas
moins de 497 sous le nom de Dias ; on y trouve
en outre quantité de messes, motets, etc. Fran-
cisco de Santiago et Dias ont à eux seuls compo-
sé presque la moitié des Vithancicos qui se
trouvent dans le catalogue du roi, et dont le
nombre total s'élève à 1071, dont 574 reviennent
à Santiago (Foi/. ce nom).
On connaît encore un musicien du même nom,
Diogo Dias, qui a joui d'une certaine réputation
vers le milieu du XVF siècle. Il fut maître de
chapelle de la cathédrale d'Evora, où il avait
appris la musique. Ses compositions en manus-
crit sont restées à Evora. Diogo Dias était né à
Erato, dans la province d'Alemtejo.
J. DE V.
DIAZ DE LA PEXA (Eugènf.-Émile ),
compositeur, né à Paris le 27 février 1837, est
DIAZ DE LA PENA — DIÉMER
269
fils du peintre de ce nom, qui fut un des plus
fervents a.leptes de l'école romantique. Admis au
Conservatoire, le 6 octobre 1852, dans la classe
de M. Reber, il obtint un premier accessit d'har-
monie au concours de 1856, et un second prix
en 1858. Il passa ensuite quelque temps dans la
classe de composition d'Halévy. Après avoir
quitté l'école , il se livra à la composition , et fit
représenter au Théâtre-Lyrique, le 9 juin 18C5,
un opéra-comi(|ue en deux actes intitule le Roi
Candaule, dont la musique était empreinte d'une
certaine grâce. Lorsqu'en 1867 un triple con-
cours fut ouvert par l'État pour la composition
de trois ouvrages destinés à nos trois grandes
scènes lyriques , M. Diaz prit part au concours
de l'Opéra, pour lequel un poëme portant le titre
de la Coupe du roi de Tliulé était imposé aux
compositeurs ; il l'emporta sur tous ses concur-
rents, parmi lesquels se trouvaient MM. Masse-
net, Th. Dubois, Wekerlin, le prince de Polignac,
etc., et son ouvrage fut par conséquent désigné
pour être représenté. Les événements politiques
de 1870-71 semblèrent devoir ruiner ses espé-
rances. En effet, à la suite de ces événements ,
la direction de l'Opéra, changeant de mains, a\ait
passé de celles de M. Perrin à celles de M. lla-
lanzier, et ce dernier, en prenant possession du
théâtre, n'avait voulu accepter aucune des obli-
gations de son prédécesseur. Cependant , à la
sollicitation du ministère, qui se trouvait mora-
lement engagé envers M. Diaz, M. Halanzier con-
sentit à entendre la partition de la Coupe du roi
de Tiiuléj le compositeur se rendit donc un jour
à l'Opéra, et là, en présence du directeur et de
tous les chefs de service, se plaça au piano et se
mit en devoir de chanter^ seul^ sa partition. On
devine le résultat que pouvait produire une au-
dition faite dans des conditions semblables : per-
sonne n'avait rien compris. M. Halanzier, heu-
reusement, ne voulut point se contenter d'une
épreuve aussi incomplète; une seconde audition
fut organisée, avec des éléments fournis par le
personnel de l'Opéra , à la suite de laquelle
M. Diaz (ut informé que son œuvre serait repré-
sentée. La Coupe du roi de Thulé fui offei te
en effet au public le 10 janvier 1873, et malgré
la présence d'artistes tels que M"'' Gueymard,
MM. Faure, Achard et Belval, malgré les splen-
deurs d'une mise en scène pour laquelle on n'a-
vait rien négligé, malgré le soin qu'on avait ap-
porté à tous les détails de l'exécution, l'ouvrage
fut trouvé faible et languissant , au double point
de vue du poëme et de la musique. Il ne put se
soutenir à la scène au-delà d'une douzaine de re-
présentations.— En dehors de ses deux produc-
tions dramatiques, M. Eugène Diaz a publié un
certain nombre de mélodies vocales , et a fait
exécuter aux concerts Danhé, le 23 février 1875
un « entr'acte inédit. '> La partition de la Coupe
du roi de Thulé a paru chez l'éditeur Léon
Grus.
DIDROJV (Adolphe-Napoléon), archéologue
français, connu sous le nom de Didron aîné,
est né à Hantvilliers (Marne) en 1806. Titulaire de
la chaire d'archéologie nationale à la Bibliothèque
royale de Paris (1836-i843j, Didron, qui crôa
ensuite une librairie spéciale, est surtout connu
comme fondateur et comme éditeur des Annales
archéolocjiqiips, encyclopédie de l'arlau moyen-
âge, qu'il a dirigée lui-même jusqu'en 1.S66; ce
recueil remarquable renferme un bon nombre
de travaux intéressants relatifs à la musique. Il
a publié l'Office du Xfir siècle, publié en fac-
similé, d'après le manuscrit original, repro-
duisant les huit tons du plain chant, Vordi-
naire de la messe, les fêles de Noël, Pâques,
Ascension, Pentecôte, Fête-Dieu (Paris, Victor
Didron, in-4° de 3i pages de texte et de 34 plan-
ches). Didron est mort le 13 novembre 1867. —
Son neveu, M. Edouard Didron, architecte et
dessinateur, né à Paris en 1836, a publié chez
lui une Iconographie de l'Opéra (Paris, 1864,
in-8").
DIEMER (Louis), pianiste fort distingué et
compositeur, est né à Paris le 14 février 1843, et
a fait au Conservatoire de cette ville des études
particulièrement brillantes. A peine âgé de treize
ans, il se voyait décerner à l'unanimité, en 1856,
le premier prix de piano dans cet établissement ;
en 1859 il obtenait un premier prix d'harmonie
et accompagnement , puis enfin remjwrtait un
premier prix de contrepoint et fugue et un second
prix d'orgue. Les professeurs de M. Diemer au
Conservatoire ont été M. Emile Durand pour le
solfège, M. Marmontel pour le piano, M. Bazin
pour l'harmonie, M. Ambroise Thomas pour la
fugue, et M. Benoist pour l'orgue.
Après avoir terminé ses études, M. Diémer ob-
tint de grands succès comme virtuose. Il devint
le pianiste préféré de M. Alard pour ses séances
de musique de chambre , exécuta d'une façon
très-brillante, à la Société des concerts du Con-
servatoire (1864), le concerto en sol mineur de
Mendelssohn, fit entendre aux Concerts populai-
res de M. Pasdeloup la sérénade du même maître,
et, avec M. Alard, le grand duo de Weber pour
piano et violon. Le jeu de M. Diémer est fin, dis-
tingué, et se fait remarquer tout à la fois par un
excellent mécanisme et par un style d'une rare
pureté.
M. Diémer ne paraît pas préoccupé parle désir
de se produire au théàlre comme compositeur,
270
DIÉMER — DI GTULIO
mais il a beaucoup écrit pour le piano et pour le
chant, et ses nombreuses productions se distin-
guent par une grâce aimable qui n'exclut pas la
solidité. Nous citerons, parmi ses compositions :
1" sonate pour piano et violon (Flaxland); 2" trio
pour piano, violon et violoncelle (Benoist aîné);
3" six pensées musicales; 4° trois valses de sa-
lon ; 5° 2 caprices; puis, des pièces de divers
genres : polonaise de concert , élégie , berceuse ,
mazurka de salon, itnpromptu-valse, impromptu-
caprice, le Chant du Nav.tonier, caprice, etc.
Pour le chant, M. Diémer a publié un certain
nombre de mélodies : le Bal et le Berceau ,
r Amour qui passe. Adieu la Marguerite, Es-
méralda, à Ninon, la Fauvette , Pastorale ,
Il m'aimait tant, Chanson pour Alreste, etc.
Enfin, sous ce titre, Ecole classique concertante ,
M. Diémer a donné, avec MM. .Mard et Fran-
chomme (chez Heugel), nne édition doigtée et
accentuée des œuvres complètes pour piano, vio-
lon et violoncelle d'Haydn, Mozart et Beethoven;
il a publié en outre 18 tran.scriptions pour piano
de fragments sympbonitpies des mêmes maîtres,
et aussi diverses tianscriptions i\eCosifan tutte,
de la Flùie enchantée et du Don Juan de
Mozart.
DIERICXEN (Jean), facteur de clavecins à
Anvers au milieu du seizième siècle, fut reçu dans
la gilde de Saint-Luc en 1558.
DIETRICH (Albekt-Heiuunn), chef d'or-
chestre et compositeur, est né à Golk, près Meis-
son, le 28 août 1829. Élève de l'Université de
Leipzig, où il a appris la philosophie, l'bistoire
et l'estbétiqiie, il étudia la musique avec Julius
Otto, Rietz etHau[)tiiiann. Élnnt à Dusseldorf en
1851, il y connut Robert Schumann, ressentit
pour lui une vive alfection, et c'est sous l'in-
fluence de ces relations qu'il commença à se li-
vrer à la compos'ition . De retour à Leipzig en
1854, il y fit exécuter sa première symphonie ,
et l'année suivante se ren lil a Bonn, où il exerça
les fonctions de chef d'orchestre. Quelques an-
nées plus tard, en 1861, il se fixait à 01 lenbourg,
où il devenait maître de chapelle du grand-duc,
visitait, en 1871, Cologne et plusieurs autres
villes rhénanes , et en 1S72 se rendait de nou-
veau à Leipzig, où son talent de chef d'orchestre
est, dit-on, très-apprécié. Parmi les compositions
assez nombreuses de M. Albert Dietrich, je ci-
terai les suivantes : Symphonie en ré majeur,
exécutée au Gewandliaus, de Leipzig, en 1869 ;
Ouverture, exécutée au Gewandliaus en 1872;
les Aormanrf.v , ouverture; Hymne du malin,
pour chœur d'hommes et orchestre, exécute au
GewHndhausen 1872; Rheinmorgen, ^ concavt-
stuck » pour chant, chœur et orchestre, op. 31 ;
concerto de violon, avec orchestre, op. 30 ; con-
certo de violoncelle , avec orchestre , op. 32 ;
concerto de cor, avec orchestre, op. 27 ; trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 9 ; quatre pièces
pour piano, op. 2; six lieder, avec piano, op.
10, etc. M. Dietrich a écrit aussi un opéra inli-
tidé Robin Hood; j'ignore si cet ouvrage a été
représenté.
*.DIETSCH (Pierre-Louis-Phiuppe), com-
positeur, ancien chef de l'orchestre de l'Opéra ,
maître de chapelle de l'église de la Madelaine,
professeur d'orgue à l'École de musique religieuse,
est mort à Paris le 20 février 1865. Après trois
ans de service comme chef d'orchestre de l'Opéra,
Dietsch avait été brutalement mis ,à la retraite
par le directeur de ce théâtre, M. Perrin, lors
de l'intronisation de celui-ci en 1863. A partir de
ce moment , il ne s'occupa plus que de sa maî-
trise de la Madelaine. Il était en visite chez
un de ses amis , le pasteur Athanase Coquerel ,
lorsqu'il fut frappé d'une attaque d'apoplexie qui
le foudroya. Outre ses vingt-cinq messes, outre
d'autres et très-nombreuses compositions reli-
gieuses, Dietsch a laissé plusieurs ouvrages di-
dactiques qui sont consacrés dans l'enseignement :
Répertoire de forganiste; Manuel du maître
(te chapelle ; Accompagnement pour l'orgue
du plain-chant romain de la commission de
Reims et de Cambrai; Accompagnement d'or-
gue du graduel et de Vantiphonaire ro-
mains; Répertoire des maîtrises et chapel-
les.
Lors de la fondation de l'École de musi(|ue re-
ligieuse, Niedermeyer, créateur et directeur de
cette école, s'était aussitôt attaché Dietsch comme
professeur d'harmonie, de contrepoint et de
fus;ue, et l'avait nommé peu de temps après ins-
pecteur des études. A la mort de Nieiierrneyer,
Diets( h fit preuve du plus grand dévouement pour
l'œuvre de son ami, et se chargea aussi de la classe
de composition et d'instrumentation, qu'il con-
serva jusqu'à sa mort.
Le 17 mars 1808 est, selon les renseignements
qui m'ont été donnés par la famille, la date
exacte de la naissance de Dietsch. Cet artiste
estimable avait été nommé, en 1856, chevalier
de la Légion d'honneur.
DIÈZE ( ), musicien obscur, vivait à
la fin du dix-huitième siècle, et a écrit pour
le théâtre Montansier la musique de deux opé-
ras-comiques : Polycarpe et Pancrace, deux
actes, paroles de Grétry neveu, représenté le
ta ventôse an V (4 mars 1797), et les Trois
Prétendus, un acte, paroles de Pein, représenté
le h lloréal an IX (25 avril 1801).
DI GIULIO (Angëlo), compositeur, né à
UI GIULIO — DJEMILÈ
271
Lucqiies vers IS09, étudia de bonne heure la
musique et fut élève de Domenico Quilici. De-
venu maître de chant et de piano à l'InsUtut
Saint-Nicolas, il se livra à la composition, et écri-
vit plusieurs œuvres de divers fleures : une
forsa à trois personnages avec chœurs et accom-
pafinpment d'orche^re , jouée dans cet établis-
sement; la musique du 13*^ chant du Dante
[la mort cCVgolin), pour voix de baryton avec
accouipagnernent de piano; plusieurs composi-
tions religieuses à quatre voix, avec aciompa-
gnement instrumental , qui furent exécutées en
1831, lS35et lH36,pour ia fête de Sainte- Cécile;
enfin, un hynme, deux motels , et des litanies à
2 et 4 voix. Cet artiste mourut dans toute la
force de la jeunesse , le 14 juillet 1838, à peine
âgé de 29 ans. Après sa mort, on publia sa can-
tate sur la mort dUgolin.
DIJKHUIJZEiV (D -H ), l'un des
meilleurs organistes des Pays-Bas, est né à
Twello, dans la province deGueIdre, le 28 avril
1821. A|)rès avoir été faire ses études à Dessau ,
sous la direction du fameux V . Schneider, il re-
vint dans sa patrie , fut nommé organiste à El-
burg, et en 1845 fut appelé, à la suite d'un con-
cours , à tenir le grand orgue de l'église de
Nimègue, l'un des instruments de ce genre les
plus parfaits et les plus complets qui existent
dans les Pays-Bas. C'est là que M. Dijkhuijzen
donna carrière à son remarquable talent, et qu'il
acquit une renommée légitime. Cet artiste a pu-
blié un certain uoinbre de compositions, parmi
lesq\ielles on remarque une sonate pour orgue,
une sonate pour piano el violon , et plusieurs
lieder. Il a mis aussi en musique le Psaume
XXI II , pour chœurs et orchestre, et il a fait
exécuter à Utrecht une ouverture de concert
(1855) et une symphonie en ti^ (18')6).
DIKUAK TCHIIIADJIAAT, compositeur
arménien, a écrit la nmsique de Shérif'Agha ,
opéra-comique en trois actes, en langue tur(iue,
qui a été représenté à Consfautinople, sur le
théâtre Osmanié, au mois de décembre 1872 ou
de janvier 1873.
Dl POGGIO (Lelio-Ignazio), compositeur,
naquit à Lucques le 19 janvier 1735, et mourut
dans la même ville, frappé d'apoplexie, le 19
octobre 1787. On lui doit un oratorio intitulé :
le Saint-Sacrement , plusieurs actions dramati-
ques représentées à l'occasion de la grande fête
des Comices, et un certain nombre de composi-
tions religieuses fort estimées. Très- honoré de
sei concitoyens, di Poggio fut uonuné, en 1784,
gonfalonier de la ville de Lucques.
DISSOiX ( ), musicien bourguignon, est
l'auteur d un opéra-comique intitulé la Magie
inutile, qui fut rerpésenté sur le théâtre de
Dijon le 25 juillet 1751.
r A >
DJCiVIILE, célèbre cantatrice arabe, deMé-
dine, vécut pendant le premier siècle de l'hégire
et le septième de l'ère chrétienne. Son latent était
admirable, parait-il, et produisait une étonnante
impression sur ceux qui avaient le bonheur d'en
pouvoir jouir. Elle fit un grand nombre délèves,
qui devinieut eux-mêmes fameux pour la plu-
part, et parmi lesquels on cite Mabed, Khouleyda,
Sellàmat el-Cass , Ibn Souraydj , Ibn-Aicha et
Habbâba. L'un d'eux , Mabed, disait de sa maî-
tresse : « Dans l'art du chant, Djémîlè est la
tige, et nous sommes les branches. Sans elle,
nous ne serions pas des artistes. «
A quelqu'un qui lui demandait couiment elle
avait acquis ce talent, qui faisait l'admiration gé-
nérale, elle répondit : — « Ma foi! ce n'est ni par
inspiration, ni par enseignement; Voici ce qui
m'est arrivé. Lorsque j'étais esclave de la famille
de Bahz, Saïb Kbâtbir était notre voisin. Je
l'entendais chanter et jouer du luth. J'ai saisi et
retenu les sons qui frappaient tnon oreille, et j'en
ai formé des airs qui se sont trouvés meilleurs
que ceux de Saïb. Un jour, mes maîtresses me
surprirent chantant toute seule dans ma chambre.
Elles me dirent : « Tu as un talent que tu ca-
ches ; nous t'adjurons de nous le montrer. »
Alors, je leur chantai deux vers de Zohayr, fils
d'Abou Solma, sur lesquels j'avais composé un
air. Elles fiu'ent charmées, et me produisirent
devant d'autres personnes. Bientôt j'eus une ré-
putation. De toutes parts on venait m'enlendre.
Je me mis à donner des leçons. Le nombre des
jeunes filles esclaves que l'on m'amenait chaque
jour pour les instruire était si considérable, que
la plupart d'entre elles se retiraient le soir^ sans
que j'eusse eu le temps de m'occuper d'elles et
sans avoir pu profiter autrement qu'en écoutant
les chants que j'enseignais à d'autres. Par ces
leçons, qui étaient bien payées, je procurai à mes
maîtres des bénéfices auxquels ils étaient loin de
s'attendre. Ils m'affranchirent'; je les avais en-
richis et je m'enrichis à mon tour. Au reste, ils
étaient bien dignes de cette fortune, et moi
aussi (1). ><
Djémîlè devint puissamment riche, en effet,
grâce à son double talent de virtuose et de pro-
fesseur. Elle épousa un affranchi nommé Ibn el-
Khazradj, qui comme elle hahilait Médine, s'é-
tablit avec lui dans le faubourg de Sounh, et là
tint une maison splendide, servie par un nom-
breux domeslique, dans laquelle les amateurs
venaient l'entendre et l'admirer, les élèves solli-
(1) ^(jhuni, 11, 134 v°, 133.
272
citer et prendre ses leçons, et les musiciens et
les poètes de Médine et de la Mekke lui soumettre
leurs œuvres et la prier de its vouloir bien
chanter.
« La plus belle époque de la carrière «ie
Djémilè , dit Caussin de Perceval dans son inté-
ressant travail sur les musiciens arabes, lut sar.s
doute celle d'un pèlerinage qu'elle fit à la Mecque.
Ce pèlerinage fut pour elle une véritable ovation.
Elle partit entourée de tous lesjjrincipaux arlistes
ses compatriotes et de plusieurs poètes de ses
amis. On remarquait, parmi les chanteurs, iMà-
bed, Mâlik, Ibn Aïcha, Nàfé ibn Tonboura, Nàfé
el-Khavr, Badîhel-Mclîli; parmi les chanteuses,
Azzè-t-el-MeyIâ, El-Fariha, Habbàba, Sellamat
el-Cass, Khoulayda, Rabihà, Salda; parmi les
poètes, Cothayyir-Azzè, Abdallah el-Ahwas, Ibn
Abi-Atîk , Abou Melidjan ^'ossayb. Des person-
nages , même de haute naissance, admirateurs
du talent de Djémîlè , avaient voulu être ses
compagnons de voyage, et cinquante musiciennes
esclaves, appartenant à de grandes dames de Mé-
dine, avaient été envoyées par leurs maîtresses
pour grossir son cortège et lui faire honneur. La
magnificence des haudedj (litières de femmes), la
richesse et la variété des costumes rendaient
cette troupe de pèlerins la plus brillante que l'on
pût voir.
« A quelque distance de la Mekke, Djémîlè et
sa compagnie furent reçues par une réunion con-
sidérable de Mekkois, dans laquelle figuraient
avec beaucoup de gens de la première noblesse,
des musiciens tels qu'Ibn Mouçaddjih, Ibn Mou-
hriz, Ibn Souraydj, ElGharîdh, et îles poètes
tels que Omar ibn Abi-Rabia, Hàrith ibn-KLàlid
el-Makhzoumi, El-Ardji et autres.
!| » Lorsque les cérémonies du pèlerinage furent
terminées et que Djémîlè eût fait autour de la
ca'ba ses dernières tournées, les Mekkois la
prièrent de leur donner une séance avant de les
quitter. « Est-ce, demanda Djémîlè, une séance
« de musique ou de conversation que vous dési-
„ rez?— De l'une et de l'antre, lui répondit-on.
;< — Cela est impossible, dit-elle. Je ne mêlerai
« pas à l'acte sérieux de religion que je suis ve-
« nue accomplir l'exercice d'un art frivole et
« profane. — Eh bien! s'écria Omar ibn Abi-
« Rabîa, que tous ceux qui veulent entendre
« Djémîlè se joignent à moi et la reconduisent
«jusqu'à Médine! » La plupart des assistants
accueillirent cet avis avec enthousiasme et se
mirent en roule à la suite de la cantatrice.
« La nouvelle du retour de Djémîlè causa une
vive sensation de joie dans Médine. Un grand
nombre d'habitants , de tout rang et de tout âge,
sortirent à sa rencontre , et Djémîlè, au milieu
DJÉMÎLÈ — D'LAINE
de son immense cortège , fit dans la ville une
entrée triomphale. Les Mt kkois qui l'avaient ac-
compagnée se logèrent chez leurs amis ou con-
naissances. Après avoir consacré dix jours à
recevoir les visites de félicitations que tout le
monde s'empressait de lui faire, Djémîlè annonça
une séance solennelle de musique à l'intention
des hôtes mekkois. Cette séance, dont elle fit
les principaux frais , fut des plus grandioses et
dura trois jours. L'auditoire, composé dune foule
d'hommes de distinction qui remphssaient les
appartements et même la cour de la maison, se
séparait vers le soir et se réunissait le lendemain
à l'heure indiquée.
« Pendant les deux premières journées , l'on
entendit, alternativement avec Djémîlè, les chan-
teurs Ibn Mouçaddjih, Ibn Mouhriz, Ibn Souraydj,
Màbèd, Màlik, El Gharîdh , Ibn Aicha, les deux
Nàfé, les trois Hodhali, Badih el-Melîh, Raddja,
Touvvays, Delâl, Berd el Fouàd , Naumet ed-
Dhoha, Hebat-Allah, et Fend. Les uns chantèrent
seuls, les autres deux ou trois ensemble à l'u-
nisson.
« Le troisième jour, Djémîlè fit tendre dans le
fond de son salon un rideau, derrière lequel elle
plaça des musiciennes au nombre de cinquante,
chacune avec un luth. Elle-même, un luth à la
main, chanta la première, en s'accompagnant de
son instrument, tandis que les cinquante autres
luths jouaient le même accompagnement. Cet
orchestre soutint également les voix de idusieiirs
cantatrices qui se firent entendre ensuite, cachées
par le rideau aux yeux de l'assemblée. C'étaient
Azzèt-el- Mey là , Habbàba, Sellamat el-Cass, Khou-
layda, Rabîha, El-Fariha, Bulbulè, Lezzet el-
Aych et Sa'da. Elles exécutèrent des morceaux
de chant, les unes en solo, les autres en duo ou
en trio, toujours à l'unisson. Jamais on n'avait
vu une pareille fête musicale. »
Djémîlè, on peut le dire, fut l'une des gloires
musicales de l'Orient.
D'LAIiXE ( ). Un artiste de ce nom, qui
vivait à Paris dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle , fut l'inventeur d'un instrument
dont Luneau de Boisjermain, dans son Alma-
nach musical de 1781, donnait la description
suivante : « M. D'Laine a imaginé un nouvel
instrument musical qu'on pounoit appeller y^o-
lon- vielle, avec lequel on accompagneroit aisé-
ment la voix sans transposer la musique. En
voici la description. M. D'Laine a adapté \me
loue et un clavier de vielle à un corps de par-
dessus de viole. Le clavier a 24 touches : il est
traversé, dans sa longueur, par deux cordes
comme la vielle. Ces deux cordes ne rendent pas
à la fois un son toujours obligé, parce que
D'LÂINE — DOBRZYNSKI
273
M. D'Laine a attaché à la table du clavier deux
bascules , qui éloignent les cordes de la roue à
volonté , ou qui les en rapprochent. L'usage al-
ternatif de ces deux cordes donne beaucoup d'é-
tendue à cet instrument. Il n'a point les bour-
donnements de la vielle", ses sons nasards : on
n'entend point le cliquetis du clavier, qui fatigue
presque toujours l'oreille. M. D'Laine a placé sur
la table de son instrument douze cordes de cla-
vessin , qui lui communiquent un son plus
nourri et plus argentin. La roue peut être dé-
placée ou changt^e. Le violon-vielle peut servir
dans tous les concerts , et surtout à accompagner
les voix. M. D'Laine a eu l'honneur de jouer du
violon-vielle en présence de Madame, de Madame
la comtesse d'Artois et de Madame la Duchesse
de Chartres. L'Académie des sciences a honoré
cett^ invention de son suffrage. On peut ap-
prendre, en très-peu de temps, à jouer du violon-
vielle. Quelques mois d'étude et quelques leçons
données par M. D'Laine suffisent pour exécuter
de petites sonates ou des duos. »
Je ne sache pas que D'Laine fit partie d'aucun
orchestre de Paris , ni qu'il fût compté au nom-
bre des luthiers de cette ville. Voici seulement la
mention que je trouve à son sujet dans les Ta-
blettes de renommée des musiciens (1785) :
« D'Laine, maître de vielle, est renommé par
les agréments qu'il a ajoutés à cet instrument ,
en lui prêtant des sons aussi moelleux, aussi
Uattcurs à l'oreille et aussi longtemps filés qu'ils
peuvent l'être sur le violon. »
DLUGOSZ ( ), facteur d'instruments à
Varsovie, est l'inventeur d'un piano-orgue
baptisé par lui du nom d'Œolopantalon , qui
fit un certain bruit à l'époque de son apparition
en 1825 et qui fut joué par plusieurs artistes de
talent, entre autres par Chopin. Cet instrument
fut produit surtout avec succès dans un concert
donné à Varsovie , où il servit à accompagner
les chœurs de Faust du prince Radzywill, ainsi
qu'une cantate d'EIsner. La Gazette musicale
de Leipzig, en faisant connaître l'invention de
Dlugosz, disait que son Œolopantalon ressem-
blait beaucoup à YŒolomelodikon précédem-
ment imaginé par Brnnner.
DLUZEWSRI (Stanislas), facteur d'orgues
distingué, est né en Pologne dans les premières
années de ce siècle. Il a construit, entre antres,
pour la nouvelle église de la ville de Dukszty,
en Lithuanie (1856), un orgue qu'on dit extrê-
mement remarquable.
* DOBET ( ), professeur de clavecin à
Blois, a publié à Paris, en 1771 : 1° Sonate en
symphonie pour le clavecin , faite pour être
exécutée par deux personnes sur le même
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T.
instrument; 2» Le Printemps, ariette, avec
accompagnement de clavecin , violon et basse ,
ad libitum. -.^g
DOBRUÇKl (Matthieu), luthier polonais ,
exerçait sa profession à Cracovie, où il mourut
en 1602. L'établissement qu'il dirigeait était con-
sidérable, et tout porte à croire que, loin de
travailler seul, il employait un certain nombre
d'ouvriers. En effet , un inventaire dressé après
sa mort et qui donnait l'état du matériel de sa
maison, en bois travaillés et en instruments ina-
chevés , comprenait : un grand coffre contenant
des formes pour les basses ; un autre coffre avec
du bois pour faire des violons ; une caisse remplie
de chevilles pour les violons ; trois soixantaines de
tables d'harmonie pour les cithares ; onze formes
de cithares ; six formes de dessus ; trois formes
de ténors; trois formes de quarante violons ina-
chevés; vingt-trois tables inférieures; quarante-
six couvercles de dessus pour les violons; un
atelier pour faire des violons ; douze planches de
platane pour la fabrication des violons; quarante
têtes de cithares ; une marque de cithare. Un
tel assorliment semble iniliquer que le commerce
de la lutherie était fort important en Pologne à
cette époque.
DOBRZYIXSKI (Ignace), violoniste très-
distingué, compositeur de talent et professeur
renommé, naquit dans la province de Wolhynie,
en 1777 ou 1778 (1). Pendant dix-huit ans il
resta attaché comme i)remier violon à l'orchestre
du sénateur Ilinski, à Romanow, écrivant la
musique de plusieurs opéras et ballets pour le
théâtre particulier de ce grand personnage. Il s'é-
tablit ensuite comme professeur à Winniça, puis
à Krzemienieç, et enfin alla se fixer à Varsovie,
où son fils occupait déjà une grande situation.
Dobrzynski termina sa carrière en cette ville, où
il mourul en 1841, âgé d'environ soixante-quatre
ans. Cet artiste s'était distingué d'une façon toute
particulière dans la composition des Polonaises,
sachant donner à ce genre de morceau son
rhythme véritable et son ai'cent national. Son
fils devait, après sa mort, publier une collection
de ces Polonaises. J'ignore si ce projet a étéexé-
cuté.
■^ DOBRZYlXSIÎI (Ignage-Félix), et non
J( an- Félix , comme il a été dit par erreur dans
la Biographie universelle des Musiciens, est
mort à Varsovie le 10 octobre 1867. Dans sa
jeunesse, il s'était lié d'une façon intime avec
(I Cet artiste était le père de celui que Fétis appelle
Jp;in-I"clix, pi auquel M Albert Suwinski, dans ses Mw
sicieus polonais et slaves, donne les prénoms d'igauce-
Félix. / ■ - *
T. 18
274
DOBRZYNSRI — DCERSTLING
Chopin, qui, comme lui, était élève d'EIsner
pour la composilion. « Travaillant ensemble sous
le même maître, dit M. Albert Sowinski, ayant
la même manière de voir et de sentir, Frédéric
Chopin et I.-F. Dobrzynski se lièrent d'une
étroite amitié; la même communauté de vues,
la même tendance artistique à chercher i'm-
connu, caractérisaient leurs efforts ; ils se com-
muniquaient leurs idées et leurs impressions ,
suivaient différentes routes pour arriver au même
but. » Dobrzynski est considère comme nn des
musiciens les pins remarquables qu'ait produits
la Pologne. — Sa femme, M""" Dobrzynska , née
Jeanne Miller, était une cantatrice de talent,
élève du professeur Matuszynski. Elle ne fit au
théâtre qu'une courte apparition, en 1841, quitta
presque aussitôt la scène, mal<;ré le succès
qu'elle y avait obtenu, et devint professeur à
l'école dramatique de Varsovie.
* DOCHE (Joseph -Denis). Cet artiste a pu-
blié : 1" Recueil contenant quarante airs et
romances , avec accompagnements de guitare ,
op. 4; 2° Trois Recueils de romances ; 3° Ron-
deau italien; 'v Collection de romances et
chansons de L.-P. Ségur l'aîné, avec des airs
nouveaux et accompagnements de piano de J.-D.
Docbe. Il faut encore citer de lui un opéraro-
miqueen un acte,^es Deux Sentinelles, i)aroles
deHenrion, qui fut représenté au théâtre de la
Gaîlé le 4 vendémiaire an XII (26 .septembre
1803).
Une faute d'impression a fait dire que cet ar-
tiste avait été maître de la chapelle de la ca-
thédrale de Constance, tandis que c'est à celle
deCoutances qu'il remplit ces fonctions. C'est en
1794 qu'il entra à l'orcliestre du théâtre du Vau-
deville. Il y occupait l'emploi de contrt-bassiste
lorsqu'en 1810 il fut apjielé à en être le second
chef, continuant, comme il en était cliargé de-
puis plusieurs années, à arranger les partitions
des pièces nouvelles et à composer pour ces piè-
ces de jolis airs qui obtenaient un grand succès;
on a surtout cité ceux de la Belle au bois dor-
mant, de Haine aux femmes, des Deux Ed-
mond, de Lonlara, etc. Docbe ne d.xinl pre-
mier chef de l'orchestre du Vaudeville qu'en
1815; il prit sa retraite en 1823, et mourut à
Sois«oi)s le 20 juillet 1825.
* DOCHE (Alexainure-Pierre-Joseph) , fils
du précèdent. 11 n'est pas tout à fait exact de
dire que cet artiste a succédé à son père comme
chef de l'orchestre du Vaudeville. Entré à cet
orchestre, vers 1820, en qualité de premier vio-
lon, il en devint le seconl chef en ls23, lors de
la retraite de celui-ci, et ce n'est qu'à partir de
1828 qu'il occupa les fonctions de premier chef.
11 n'est pas non plus exact que Doche ait rempli
le même emploi au Gymnase , auquel il ne fut
jamais attaché à aucun tilre. Docbe ne quitta le
Vaudeville que vers 1848, pour se rendre à
Saint-Pétersbourg, où il avait accepté l'emploi
de chef d'orchestre au théâtre français ; il ne le
conserva pas longtemps , car il mourut peu de
inois après son arrivée en celte ville , frappé , si
j'ai bonne mémoire, d'une attaque de choléra.
Doche avait été le digne continuateur de son
père dans le rang modeste et honorable où il
s'était trouvé placé. Ses airs de vaudeville, em-
preints d'une grâce aimable et d'une réelle élé-
gance, ont justement contribué à la fortune des
pièces pour lesquelles il les écrivait. Cet artiste
avait épousé une jeune comédienne qui depuis plus
de trente ans s'est acquis unegrande réputation, et
dont la sœur, M"^ Plunkett,a été attachée ^pen-
dant plusieurs années à l'Opéra en qualité de
première danseuse.
DODD (Thomas), luthier anglais, ou plutôt
marchand d'instruments, était fils d'Edward
Dodd , de Sheffield, et exerçait sa profession à
Londres 5 la fin du dix-huitième et au commen-
cement du dix-neuvième siècle. Les instruments
à cordes qui portent sa marque ont presque
tous été construits par John Lott ou Bernard
Fendl( Voyez ces noms). Dodd , qui prétendait
posséder le secret de l'admirable vernis des lu-
thiers crémonais, se bornait à vernir les violons
ou violoncelles auxquels il donnait sou nom
et qu'il faisait fabriquer par d'autres. Comme il
vendait fort cher ( jusqu'à 40 ou 50 livres une
basse, c'est-à-dire 1,000 ou 1,250 francs), et qu'il
était d'ailleurs très-connaisseur, il était très-diffi-
cile pour les instruments qu'on lui livrait et
n'acceptait que ceux qu'il trouvait complètement
réussis. Les violons et les violoncelles de sa
provenance commencent à être très-appréciés en
Angleterre. — Le fils de Dodd , qui s'appelait
Thomas, comme lui, travailla avec Lott et
Fendt.
DOERFFEL (Alfred) , pianiste distingué
et mu>icien instruit, est né le 24 janvier 1821 à
Waldenbourg , en Saxe. Il a fait ses éludes à
Leipzig, où il a travaillé sous la direction de
Mendelssohn et de Robert Schumann. Il a été le
collaborateur assidu de ce dernier maître dans
la Neuen Zeilschrift fiirmusik. Dœrffelest at-
taché depuis longues années à la maison Breit-
kopf, et a donné ses soins à la plupart des grands
ouvrages publiés par cette maison. C'est à lui
également qu'on doit les grands catalogues thé-
matiques des œuvres de Schumann et de Men-
delssohn. Y.
DOERSTLLXG (Gistave-Robert), finan-
DOERSTLTNG — DOMINGUEZ DE GIRONELLA
275
cier allemand , a étudié la musique pour son
agrément , et est l'un des dilettantes les plus es-
timés de l'Allemagne. Né à Chemnitz le 26 dé-
cembre 1821, il a travaillé l'orgue avec Siegel à
Annaberg, et la composilion avec W. Tauberl à
Berlin. Tout en s'occupant d'affaires financières,
en dirigeant une banque à Golha, et plus lani une
autre à Sondershausen, M. Dœrstling s'est livré
avec ardeur à la pratique de la composition : on
lui doit non-seulement des lieàer, des cantates,
des marches, mais encore deux opéras, dont l'un
est intitulé dcr Grafvon Gleichen {le Comte de
Gleichen), et l'autre der Liebesring {V Anneau
des fiançailles).
DOERSTLIIMG ( ), compositeur bohé-
mien, a (ait représenter à Prague , au mois de
novembre 1862, un opéra intitulé Eva Hlyna.
Cet ouvrage, traduit en allemand, a été joué en-
suite sans succès, en mai 1864, sur le théâtre de
la cour, à Gotha.
DOIS Y (....), artiste du dix-huitième siècle ,
a publié l'ouvrage suivant : « Éléments de mu-
sique en forme de dialogue, servant d'intro-
duction au solfège d'Italie, par Doisy, profes-
seur de musique et de guitare » (Pnris, Doisy,
auteur, éditeur, marchand de musique et d'ins-
truments, in-4" oblong). Il est évident que cet ar-
tiste est le mime que celui qui est mentionné ,
au tome III de la Biographie universelle des
Musiciens, sous le nom de Charles Doisy- Lin-
iant; toutefois je constate qu'il n'a pris, comme
auteur et comme éditeur, que le nom de Doisy
sur l'ouvrage que je viens de mentionner. Les
pages 5.5 à 72 de cet ouvrage sont consacrées à
un dictionnaire rudimentaire de musique.
DOMBROVVSKI (Henri), pianiste et com-
positeur polonais, né à Zwiniacz, en Voihynie
(Russie), en 1838, est élève de M. Liszt, et, après
avoir terminé son éducation musicale, a entrepris
de grands voyages artistiques dans lesquels il a
obtenu de véritables succès de virtuose. Après
avoir parcouru la Russie, il a visité l'Italie, l'Es-
pagne et la France, et, je crois, est fixé depuis
plusieurs années à Paris. Les compositions de
M. Dombrowski pour son instrument se font
remarquer par de sérieuses qualités, et leur ca-
ractère tranche avec le Ion de fadeur et de ba-
nalité qu'on rencontre si souvent diins les pro-
ductions d'artistes qui pourtant obtiennent de
certains succès auprès du public ; je signalerai
surtout celles dont les titres suivent : Le 26 no-
vembre, Chant magyare, Saltaretla, les Con-
trastes, étude de genre, Romances sans pa-
roles, Grande Polonaise, Polonaise historique,
Marche des Tartares, Impressions de voyage,
Conte de salon, Soirées de Versailles, Dans
les nuages, les Castagnetles, Mazurkas, Re-
frain de sir Hume, etc. En dehors de ceux qui
ont paru sous son nom véritable, M. Dombrowski
a publié un certain nombre de morceaux de piano
sous le pseudonyme d'^ry de Bogota.
DOMERGIJE (Claude), né à Beaucaire en
1734, violoncelliste distingué, ne quitta jamais
son pays natal. Il acquit pourtant assez de noto-
riété pour que le célèbre violoncelliste Diiport
s'arrêtât à Beaucaire , pendant un de ses voyages,
pour faire sa connaissance. Il était particulière-
ment lié avec l'abbé Gauzargue , maître de la
chapelle royale, et avec J. B. Rey, qui lui dédia
une de ses œuvres : Six airs variés pour violon
et violoncelle, Paris, Siéber. Avocat au parle-
ment, doué d'une intelligence cultivée, Domergue
fut choisi en 1790 pour être président du district.
Il périt, en 1794, sur 1 echafaud révolutionnaire,
à Nîmes, avec trente de ses concitoyens.
Al. R— d.
DOMERGUE (Charles-Mathieu), petit-fils
du précédent, né à Beaucaire en 1824, membre
de plusieurs sociétés littéraires et du Congrès
tenu à Paris en 1860 pour la restauration du
plain- chant, s'est occupé particulièrement de
musique religieuse. Il a publié divers articles
de critique et de bibliographie musicales, et un
volume d'impressions musicales sous le titre :
les Jeudis de Monte-Carlo (Nice, 1875, imprimé
à Avignon par F. Seguin, in-18). Cet ouvrage est
la collection de divers articles écrits pour rendre
compte des auditions symphoniques données
pendant la saison 1874-75 par le remarquable
orchestre que dirige M. Lucas à Monaco. C'est
un des bons travaux de littérature musicale pu-
bliés en province. Il contient des aperçus ingé-
nieux, et est conçu dans un excellent esprit cri-
tique (1). Al. R— d.
DOiVIINGUEZ DE GIROAELLA
(EnuARno), compositeur, né à Barcelone le 6 fé-
vrier 1814, d'une famille très-distinguée , reçut
une très bonne éducation littéraire, et, en même
temps qu'il s'attachait avec ardeur à l'étude des
sciences naturelles , menait de front celle de la
(1) nepuis que cette notice est écrite, M. Domergue a
publie sons ce titre : la Saison musicale à Nice ( Nice,
imiT. Faraud et Conso, 187d. ln-8°', un nouveau volume
de mc'Ianges historiques et critiques qui n'est pas moins
intéressant que le premier. Sur un suji-t très-neuf et
très ingénieux, il a donné aussi le petit écrit suivant :
architecture et Musique L'Evtre-colonnement et la
fiamme iMiirseille, Ivp Cayer, 1577, petit in-g" tleâJpp.).
M Charles Mathieu DomeVgue ne doit pas être confondu
avec lin artiste du même nom, M. Charles Do7nergue,
dont il n'est point le paren' , et qui, successivement chef
d'orehestre à Alexandrie, au Caire et dans diverses villes
d'eau de France, a publié quelques romances et corapo-
I sillons légères.— A. P.
276
DOMINGUEZ DE GIRONELLA — DONIZETTI
musique', qu'il aimait passionnément, et recevait
d'un excellent professeur, Vicente Marti, des
leçons de solfège, de piano et de contrepoint sé-
vère, travaillant ensuite l'harmonie avec Ramon
Vilanova. En 1835, le jeune étudiant recevait de
la junte de commerce de Barcelone une distinc-
tion que lui avait méritée la façon dont il venait
de passer l'examen du cours de chimie appliquée
aux arts, ce qui ne l'empêchait pas d'écrire, peu
de temps après, un opéra bouffe intitulé la Vedo-
'vella. 11 lui fallut de grandes protections et
trois années d'efforts incessants pour obtenir la
représentation de cet ouvrage, qui fut joué à
Barcelone en 1840, mais qui ne lui rapporta au-
cun profit. Deux ans après il composa un nou
vel opéra, la Dama del Castello, et, ayant ob-
tenu des lettres de recommandalion pour Carafa,
il fit le voyage de Paris pour voir ce maître et lui
soumettre sa partition.
Obligé de retourner bientôt à Barcelone,
M. Dominguez entreprit en cette ville la publi-
cation d'une feuille spéciale, el Mundo musical,
qui n'eut que quelques mois d'existence, fit une
traduction espagnole du Traité d'harmonie de
Reiclia, et écrivit quelques compositions légères.
Après de nouveaux efforts, il parvint, non sans
peine, à faire jouer son second opéra, la Dama
del Castello (3 actes), qui fournit une série de
neuf représentations , mais ne lui rapporta pas
plus que le précédent. Découragé, et voyant
qu'il ne pouvait compter sur sa plume de com-
positeur pour subvenir à son existence, M. Do-
min^uez reprit ses études chimiques et géolo-
giques, el se lança dans l'industrie. Plus tard, et
pour se distraire de travaux qui ne laissaient pas
assez de place à son imagination, il se reprit
parfois à faire de la musique, et écrivit une zar-
zuela restée jusqu'ici inédite, une prière à Ma-
rie un cœur à trois voix d'hommes, une valse
espagnole pour piano et deux violons , qui fut
exécutée au théâtre du Lycée, de Barcelone, un
hymne à la Vierge , la Cru-: , pour trois voix de
femmes , etc., etc. M. Dominguez a pris part
au concours ouvert, à l'Exposition universelle
de Paris (1867), pour un Hymne àla Paix.
DOMIMICETI ( ), compositeur italien,
a écrit la musique d'un opéra bouffe, la Mas-
chera, qui a été donné sans succès, le 2 mars
1854, au théâtre de la Scala, de Milan. Au mois
de décembre 1873, le même compositeur donnait
au théâtre Dal Verme, de la même ville, un
autre opéra intitulé Morovico, qui ne fut pas
plus heureux. On doit encore à M. Dominiceli la
masique d'un troisième ouvrage dramatique,
Due Mogli in una, mais j'ignore si jusqu'ici ce
dernier a été représenté.
DOMINIK (JosEPri), virtuose remarquable
sur le violon , le piano et la clarinette, est né à
Dresde en 1S21. Attaché pendant plusieurs an-
nées, en qualité de premier alto, à l'orchestre du
théâtre de Dresde et à celui de la chapelle royale,
il s'est fait entendre fréquemment sur les divers
instruments qui viennent d'être cités, et il a écrit
un certain nombre de compositions qui, dit-on ,
sont loin de manquer de mérite.
DOMMER (Arrey VON) .historien et littéra-
teur musical, est né à Dantzick, le 9 février
1828. Il a fait de sérieuses études au Conserva-
toire de Leipzig. Après s'être fait remarquer
par des articles de journaux et différentes pu-
blications , M. Arrey von Dommer s'est établi à
Hambourg , où il s'est fait connaître par quel-
<pies compositions et par des travaux théo-
riques. Ses deux ouvrages capitaux sont son
dictionnaire de musique « Musikalisches Lexi-
con », Heidelberg 1863-1865, et son Manuel de
l'histoire de la musique depuis ses origines
ju&qiCà lamort de Beethoven (ffandbuch der
miisikgesrhichte von den ersien Aufœngen
bis stun Tode Beethoven s), Leipzig 1867. Y.
DOA'ADIO( ), compositeur italien, a fait
représenter en 1877, sur le petit théâtre de la Fe-
nice, de Naples,un opéra intitulé il Marinaro de
Mergellina.
DONAOUROFF (S ), compositeur
russe contemporain, est l'auteur d'un certain nom-
bre de romances et mélodies vocales, qui ont été
publiées en ces dernières années à Saint-Péters-
bourg, et dont quelques- unes ont obtenu du succès.
DOIXIS ( ), prêtre et musicien français
contemporain, curé de l'église de Saint Louis à
Bordeaux, a publié sous ce litre : l'Eucharistie,
un recueil de 15 cantiques à 2 ou 3 voix avec
accompagnement d'orgue ou de piano (Paris,
Régis-Rnffet, in-8").
* DOKIZETTI (Gaetano). M. l'avocat Fi-
lippo Cicconetti a publié sous ce titre : Mta di
Gaetano Donizetti (Rome, 1864, in-i2), un livre
insignifiant au point de vue critique, mais très-
intéressant au point de vue historique, rempli de
faits et de dates, et qui était, jusqu'à ces derniers
temps , le seul écrit important qu'on eût con-
sacré au grand artiste bergamasque. M. Cicco-
netti a rectifié la date de naissance de Donizetti,
qui doit être fixée au 29 novembre 1797, et il a
donné une liste complète des œuvres com-
posées par le maître, soit pour le théâtre, soit
en dehors du théâtre. Cette liste comprend les
opéras laissés en manuscrit par Donizetti : Rita
ouïe Maribalttt{i),qm fut représenté à l'Opéra-
(1) Que M. Cicconetti intitule inesactement; HitJ, ou
Deux Hommes et une Femme.
DONIZETTI — DOPPLER
277
Comique en 1860, et le Duc d'Albe, resté jus-
qu'ici inédit , ainsi que les cantates suivantes :
laPartenza d'Ugo, Teresa e Gianfaldoni, Aci
e Galatea, Colombo, Niso e Violetta, une can-
tate sans titre et quatre hymnes écrits pour des
fêtes officielles ; parcontre, elle ne mentionne pas
le Nouveau Pourceuuytiac, qui me semble
avoir été compris par erreur dans le catalogue
des œuvres de Donizetti. La date de la mort du
grand artiste est le 8 avril 1848.
Les 12, 13 et 14 septembre 1875, de grandes
solennités ont eu lieu à Bergame , à l'occasion
de la translation des cendres de Donizetti et de
Mayr, son maître, dans la basilique de Sainte-
Marie-Magdeleine (1). Des spectacles, des con-
certs, des exécutions musicales ont signalé ces
trois journées, et le second jour, c'est-à-dire le
lundi 13, une grande cantate écrite par le com-
positeur Poiichielli (Foe/. ce nom) sur des paroles
de M. Ghislanzoni, a été entendue au théâtre
Riccardi. Ces fêtes donnèrent lieu à plusieurs
publications intéressantes, relatives aux deux
grands artistes qui en étaient l'objet. L'ime d'entre
elles, formant un fort volume grand in-octavo
de plus de 400 pages, avait pour titre Donizetti-
Muyr, notizie e documenti , et pour auteurs
MM. Federico Alborghetli et Michelangelo Galli
(Bergame, Gaffuri et Galti , 1875). Ce livre est
précieux par l'abondance des documents et des
renseignements qu'il renferme, surtout en ce qui
se rapporte à Donizetti ; entrepris avec un soin
religieux par deux hommes distingués habitant
Bergame, qui n'ont négligé aucune peine, au-
cune recherche pour reconstituer, avec l'exacti-
tude la plus scrupuleuse , l'enfance et l'adoles-
cence du grand artiste dont ils voulaient retracer
la vie et la cai riète , il sera désormais indispen-
sable à tous ceux qui voudront s'occuper de ce
maître , et qui trouveront là seulement une foule
de faits intéressants, ignorés des précédenis bio-
graphes. Et ce qui rend ce livre plus utile et
plus précieux encore, c'est la reproduction de
cent douze lettres de Donizetti, dont 26 adressées
à son père, 21 à son maître Mayr, 58 à son intime
ami Antonio Doici, et les autres à divers per-
sonnages. On conçoit l'intérêt qui s'attache à une
telle correspondance, lorsqu'elle émane d'un
artiste de la valeur et de l'intelligence de Doni-
(1) Diins l'urne qui contenait les re,stes de Donizetti,
on plaça unparrliemin, roulé dans un tube de verre ; sur
ce parclieniin se trouvait le portrait du maître, aveocette
inscription : A rfl 26 aprite i»i:i,nel\cimitero di f^al-
tesse, qiieste preziose reliqide di Caetano Donizetti,
gloria deW art c musicale italiana,che moriva in Her-
gamo, patria sua, a<ili 8 aprile 184?, vennero in quesV
urna composte a curadel municipio di Bergumo.
zefti. Il reste à faire maintenant une bonne étude
biographique et critique sur l'auteur de Don
Pasquale et de Lucia di Lamermoor; mais
l'historien qui voudra l'entreprendre aura à sa
disposition, avec la notice étendue de M. Cicco-
netti et le volume de MM. Alborgheti et Galli,
tous les éléments nécessaires (1).
En 1876, la municipalité romaine a fait placer
sur la maison portant le n° 78 de la via delta
Murata l'inscription suivante : In questa casa
abito Gaetano Donizet/i, di Bergamo , e vi
compose « ilFurioso » e il « Torqualo Tasso. »
S.P.Q.R.
* DOAIT (J.\CQUEs), violoniste très-renommé
dans l'exécution de la musique de chambre et
excellent professeur, est né à Vienne le 22 mars
1815. C'est au Conseivatoire de cette ville qu'il
a fait ses études sous la direction de Boelun et
de Hellmesberger. Il apitartient encore aujour-
d'hui à la cliapelle impériale. Parmi les com|tusi-
tions que cet artiste a publiées pour son instru-
ment, il faut citer en première ligne tonte une
série d'études (op. 35, 37 et 38) données, je crois,
sous le titre général de Gradus ad Parnassum,
qui étaient très- estimées de Spohr et qui sont
recommandées par MM. Joachim , Ferdinand
Laub et Jean Becker ; puis, un livre de duos de
violons, op. 26; variations brillantes, op. 21;
introduction et variations, op. 36; 3 caprices de
concert, op. 40, etc. M. Dont a écrit des concer-
tos, ainsi que des quatuors pour instruments à
cordes. — Le père de cet artiste, Josepli-Va-
lentin Dont, violoncelliste distingué, qui avait
été élève de Stiasny à Prague, naquit à Geor-
genlhal (Bohême) le 15 avril 1776, et, fixé à
Vienne, fit partie de l'orchestre du théâtre de la
Porte de Carinthie, puis de celui du Burgtheater.
Il mourut en cette ville le 14 décembre 1833.
* DO\ZELLI (Dominique), chanteur célèbre
dans les premières années de ce siècle, l'un des
plus excellents ténors qu'ait produits la grande
école de chant italienne, est mort à Florence le
31 mars 1873. Donzelli avait épousé une chan-
teuse dramatique, M"'^ Antoinette Diipin, qui sans
doute était française ; cette artiste ne survécut
que peu de mois à son mari, et mourut à Bolo-
gne, le 4 octobre de la même année , à l'âge de
78 ans.
* DOPPLER (Albert-François). A la liste
des ouvrages dramatiques de ce compositeur, il
(1) Je sign.ile seulement pour mémoire une notice inti-
tulée Cuëlano Donizetti, et publiée dans une série bio-
graphique qui a paru sous ce titre g neral : Écrivains et
Artistes vivants, français et étrangers , par MM. Xavier
E.vma et Artiiur de Lucy ( Paris, Librairie nouvelle, 1840,
iii-i6 avec portrait).
f
278
DOPPLER — DOUAY
faut ajouter un opéra intitulé Alexandre Stra-
délia, et un autre, qui, sous le titre de Judith, a
été représenté avec un très-grand succès à Vienne,
le 31 décembre 1870. L'opéra liongrois Wanda,
traduit en allemand , avait été donné précédem-
ment en cette ville en 1862. En 1863, on a exé-
cuté aussi à Vienne, pour la cérémonie de la pose
de la première pierre du nouveau théâtre de
l'Opéra , une cantate écrite expressément pour
cette circonstance par M. Doppler.
♦ DORATI iNicoLAs). Dans ses Cenni sto-
rici delV insegnamento délia musica in Lucca,
M. Cerù a donné les dates de la naissance et
de la mort de cet artiste, le premier compositeur
lucquois dont on ait connaissance. Nicolas Do-
rati est né à Granaiola, terre de la commune de
Bagno di Lucca, vers 1513, et est mort en 1593.
Outre les deux recueils de madrigaux publiés
par lui en 1559 et 1567, il en fit paraître un troi-
sième recueil (à 5 voix) en 1579, et en 1609,
seize ans après sa morl, parut, toujours à Venise,
un recueil de psaumes à 8 voix de la composition
de Dorai i.
DORATI (JÉRÔME) et non DORATIUS. M. A-
gostino Cerùjdans l'ouvrage qui vient d'être cité,
fait connaître la date de la mort de cet artiste,
qui doit être fivée à l'année 1649. Outre .son re-
cueil de psaumes à 4 voix, publié à Venise en
1609, Dorati publia la même année, dans la
même ville, un recueil île psaumes à 8 voix.
DORDA Y LLOREIVS (Baltasar), prêtre
espagnol , organiste et compositeur, naquit le
6 janvier 1802 à Mataro , d'une famille noble et
distinguée, et mourut le 15 novembre 1839. Il
montra dès sa plus tendre enfance une double
vocation pour l'art musical et pour l'état ecclé-
siastique , entra dès l'âge de sept ans à la
chapelle de l'église paroissiale de sa ville natale,
et y fut chargé , fort jeune, des fonctions d'or-
ganiste. Après avoir exercé ces fonctions pendant
quelques années, il se rendit à Barcelone, étudia
l'harmonie et la composition avec Francisco An-
drevi, perfectionna son talent d'organiste sous la
direction de Mateo Ferrer, puis, s'étant fait
ordonner prêtre, retourna à l'église de Mataro,
et se consacra à l'enseignement en même temps
qu'il écrivait un grand nombre de compositions
pour le service de cette église. On cite, parmi les
meilleures de ces compositions,un S<a6«< Mater,
deux messes solennelles, une messe de Requiem,
des lamentations, motels, etc. Mais les œuvres
de Dorda sont aujourd'hui oubliées, par suite de
la singulière résolution prise par leur auteur,
qui exigea qu'elles fussent toutes brûlées après
sa mort.
* DORIOT (L'abbé). L'ouvrage théorique de
cet auteur n'est pas intitulé : Traité d'harmonie
selon les prinnpes de Rameau, mais simple-
ment : Principes de composition. La Biblio-
thèque du Conservatoire de Paris possède de ce
traité deux exemplaires manuscrits {in-4°), et il
n'en existe probalilement pas d'autre, l'ouvrage
n'ayant pas été imprimé.
J.-B. W.
* DORIV (Henri-Louis-Edmond), chef-d'or-
chestre de l'Opéra de Berlin, a fait représenter
sur le théâtre de la cour, à Dresde, au mois
de juillet 1865, un opéra en un acte, intitulé
rOrage pendant Péclat du soleil. Au mois
d'octobre de la même année, il reproduisait cet
ouvrage au théâtre Friedrich-VVilhelm, de Ber-
lin. Le 28 juillet 1876, M. Dorn fêtait, à Berlin,
le cinquantième anniversaire de sa carrière de
compositeur.
* DORUS-GRAS (M-e Julie - Aimke).
Voyez GlîAS (M™" DORUS-).
* DORVAL (P ), connu sous le nom de
Dorval-Valentino, a étudié léchant au Con-
servatoire de Paris, sous la direction de Pon-
chard et sous celle de Bordogni, et s'est fixé
ensuite à Versailles pour s'y livrer à l'enseigne-
ment. Il a publié, chez les éiliteurs Lemoine et
Heugel, un certain nombre de romances et mé-
lodies vocales qui ont été bien accueillies dans
les salons : Mes Solitudes, les Champs, Départ
et Souvenir, Deux Chemins dans la vie, la
Prise de voile, le Dieu d'or, le Bâton de
vieillesse, la ISuit, le Pays t'appelle, etc.
Une seconde édition de son manuel : L'Art de
la prononciation appliquée au chant, a para
en 1866 (Paris, l'auteur, in-S"). M. Dorval a
épousé la fille de Valentino, l'ancien chef d'or-
chestre de l'Opéra et de l'Opéra- Comique.
DOSS (Le R. P. Adolphe DE), prêtre et
compositeur, né en Allemagne, est depuis long-
temps attaché au collège saint Servais, de Liège,
dirigé par les jésuites. Auteur d'un recueil de
mélodies religieuses publié chez l'éditeur
M. Katto, à Bruxelles, il a fait exécuter par les
élèves de ce collège un opéra en 3 actes intitulé
Maurice (1876), et le 19 novembre de la même
année, dans l'église de saint Joseph du même
établissement, une messe avec chœur et orches-
tre, dont les journaux ont rendu compte de la
façon la plus favorable.
* DO'IZAUER ( Juste- Jcan-Frédéric), est
mort à Dresde le 6 mars 1860.
* DOTZAUER (Juste-Berisard-Frédéric),
fils du précédent, est mort à Hambourg le 30 no-
vembre 1874.
* DOUA Y (Emile). Outre une Aventure de
Faublas, ce compositeur a encore fait repré-
DOUÂY — DOZAINVILLE
279
senter au Gymnase (6 juillet 1822) un opéra-
comique en un acte intitulé la Bonne Mère. Il
a publié aussi, à Paris, cliez Legouix, un
ic trio en fa, pour piano, violon et violon-
celle.
DOUAY (Georges), compositeur amateur,
qui jouit par sa fortuned'une position absolument
indépendante, et qui a fait jouer un grand nom-
brede pièces sur des théàtresKi 'ordre inférieur, est
né à Paris le 7 janvier 1840. ÉlèvedeM. Duprato,
M. Douay, qui avait débuté par un opéra-comi-
que représenté au Théâtre-Lyrique, s'adonna
ensuite aux petites scènes qui s'occupaient ac-
cessoirement de musique, et ne dédaigna même
pas de produire ses oeuvres dans les cafés-
concerts. Yoici la liste des opérettes, toutes en
un acte, qu'il a fait jouer jusqu'ici : — \° la
Fleur du Val-Suzon, Théâtre-Lyrique, 1862 ;
2° la Barbe de £(!ia5so«, Folies-Marigny, 1864 ;
3° Jérôme Pointu, Bouffes-Parisiens, 1864;
4° les Amoureux de Fanchon, Folies-Marigny,
1864 ; 5° les Crêpes de la Marquise, Bouffes-
Parisiens, 1865; 6° les Gammes d'Oscar, Fo-
lies-Marigny ; 7" Vaunavet l'empailleur, Dé-
lassements-Comiques, 1866; 8° Un Bureau de
nourrices, th. Lafayette, 1867; 9° VÉcaillére
africaine, Ih. Cluny, 1867; 10° Un Merlan
frit, Folies-Marigny, 1868 ; 11" Ze Double Piège,
salie Herz, 1868; \T Ce bon roi Dacjobert,
Folies-Marigny, 1869; 13° la Première Escar-
mouche, avril 1870; 14° le Phoque à ventre
6/«nc,Alca7,ar d'été, 1871 ; ih" Crème fouettée,
Tertiilia, 1871; 16'^ le Petit Vert-Vert, 1872;
17° le Garnisaire, 1872; 18" le Pommier
des Amours, Tertulia, 1872 ; 19" le Trésor de
la tante Béchu, id., id.; 20" le Tonneau de
Mignonne, id., id.; 21° la Tunique fatale, id.,
1873 ; 22° le Piège, 1874 ; 23° le Hanneton de
la Châtelaine, salle Taitbout, 1875 ; 24" les
Valets modèles, id., id.; 25° les Mules de Su-
c-e/<e, Bouffes-Parisiens, 1875; 26° Oh! c' Pa-
ladin, Folies-Marigny, 1875 ; 27° Un Trio d'af-
famés, Fantaisies-Oller, 1876 ; 28° Le Pays des
bijoux (2 actes), Folies-Marigny, 1876. A tout
cela, il faut ajouter encore quelques opérettes de
salon, sans plus de conséquence que toutes celles
qui viennent d'être énumérées : les Deux Fian-
cés, un Mariage d'autrefois, etc., etc., et
enfin un assez grand nombre de romances, chan-
sons et chansonnettes écrites pour les cafés-
concerts.
* DOURLEl\I(ViCT0R-CHARLEs-P\tL). Quel-
ques erreurs .se sont produites dans la notice re-
lative à cet artiste fort distingué. Dourleii était
né à Dimkerque le 3 novembre 1780 ; il obtint,
au concours de l'Inslitut, le deuxième second
prix de Rome en 1804, et le premier grand prijs.
en 1805. Auparavant, il avait été nommé répéti-
teur d'une classe de solfège au Conservatoire le
28 décembre 1800, et avait rempli ces fonctions
jusqu'au 7 avril 1802. Dix ans après, le 8 avril
1812, il devenait professeur adjoint, et le 1*^'
avril 1816, professeur titulaire d'harmonie, et
conservait sa classe jusqu'au 15 novembre 1842,
époque à laquelle il prenait sa retraite. — A la
liste des ouvrages dramatiques de Dourlen,
il faut ajouter la Vente après décès, opéra-co-
mique en un acte, représenté au Gymnase le
1" août 18'îl. — Cet artiste distingué, dont
l'enseignement a formé école , est mort au mois
de janvier 1864.
DOYKIN (Joseph), musicien flamand, vi-
vait à la fin du quinzième siècle. Il mit en mu-
sique diverses pièces de poésie pour être chan-
tées, en 1496, dans les fêtes qui signalèrent
l'entrée de Philippe-le-Deau à Gand.
DOZAIK'VILLE ( ), acteur qui se
fit une grande réputation à l'Opéra-Comique en
succédant à Trial, venait sans doute de la pro-
vince lorsqu'en 1792 il se produisit à Paris, en
débutant au théâtre Monlansier. Au bout d'une
année environ, il fut engagé au théâtre Louvois,
où il se distingua, mais sans pouvoir marquer sa
place d'une façon nette, obligé qu'il était de
jouer dans l'opéra, dans la comédie et même dans
la tragédie. Il s'était fait assez remarquer, néan-
moins, pour qu'à la mort de Trial (février l795),
le théâtre Favart, qui avait besoin de remplacer
cet artiste, appelât à lui Dozainville et l'ins-
tallât dans l'etn[>loi resté vacant, sans, chose
étonnante, l'astieindre à ta formalité des débuts.
Dozainville, qui était excellent dans cet emploi
des niais d'opéra comique, pour lequel il ne
faut qu'un petit volume de voix employé avec
adresse, fut aussitôt agréé du public, et la re-
traite de Thomassin vint, un peu plus tard, af-
fermir sa position. Deux rôles qu'il créa dans
le Secret et dans le Jockey le mirent tout à fait
en vogue. « Depuis cette époque, dit un annaliste
contemporain, il ne fit que marcher de succès en
succès; son répertoire s'agrandit, et les faiseurs
d'opéras-comiques ne travaillaient plus que pour
Dozainville. Baillis, financiers, paysans, rôles à
manteau et à tablier firent partie de son do-
maine. Niais bonasse dans le Château de Mon-
tenero et la Maison isolée, niais à prétention
dans le Tableau des Sabines, sot impudent
dans le Jugement de Midas, avare égoïste et
dur dans la Famille américaine, poltron pi-
teux dans les Deux Chasseurs, brusque, sen-
sible et bon dans Adolphe et Clara, grime
chargé dans le Locataire, une Folie^ etc., il
280
DOZAINVILLE
DREUILH
s'iienlifiait de la manière la plus parfaite
avec chacun de ses personnages (1). »
Fort instruit, très-spirituel, particulièrement
estimé du public et de ses camarades parce
qu'il était étranger à toutes les cabales et ne
travaillait pas ses succès, Dozainville mourut,
au plus fort de sa renommée, dans les derniers
jours du mois de décembre 1805.
DRAESEKE (Feux), compositeur d'un
talent très-excentrique, dii-on , est né à Cobouig
en 1835, et a étudié à l'Université de Leipzig.
Étant à Weimar, il se lia avec M. Liszt et ses
partisans, particulièrement avec M, Hans do
Bùlow, et devint l'un des collaborateurs de la
Nouvelle Gazette musicale de Leipzig. Il sé-
journa successivement à Dresde,àLausanne(l 868),
où il alla rejoindre M. Hans de Biilow, puis à
Munich, où il devint professeur à l'École de mu-
sique et écrivit beaucoup dans divers journaux.
Il est retourné plus lard en Suisse, où il s'est
fixé définitivement. M. Draeseke a publié diffé-
rents petits morceaux pour le chant ou pour le
piano, et il a en manuscrit des compositions plus
considérables, entre autres un opéra, qui, je
crois, n'a pas été représenté.
DRAHORAD (Joseph), compositeur, né
le 5 novembre 1816 à Bohusla\ic, en Bohême, a
écrit beaucoup de musique religieuse et a publié
diverses collections de chants nationaux bohé-
miens.
DREIXTIl (E ), instituteur à 't Waar
(Pays-Bas), a publié sous ce titre : Beknopte
hanOleiding tôt de hennis van de théorie dcr
viuziek {Instruction concise pour ta connais-
sance de la théorie de la musique, Amster-
dam, Brinkman, 1875), un manuel assez volu-
mineux, contenant des notions de tout ce qui
concerne la théorie de l'art : notation, harmonie,
mélodie, contrepoint, imitation, canon, fugue,
formes lyriques, etc. L'auteur déclare lui-même
qu'il a utilisé, pour son traité, les ouvrages al-
lemands, et en particulier le livre de B. VA'id-
mann, qui jouit d'un grand succès.
Ed. de h.
DRESEL (Otto), pianiste et compositeur dis-
tingué, né en 1826 à Andernach, sur le Rhin , a
fait ses études musicales sous la direction de
M. Ferdinand Hiller, et les a complétées au Con-
servatoire de Leipzig, avec Mendelssohn. A la
mort de ce dernier, il se rendit aux États-Unis,
résida à New-York, comme professeur, de 1848
à 1851, et en 1852 se rendit à Boston, où il a fondé
un Institut musical. M. DreSel a publié un cer-
tain nombre de compositions pour le piano et
(I) Opinion du parterre, 1806.
pour le chant , ainsi que plusieurs œuvres de
musique de chambre, trios, quatuors, etc.
DREUILH (J -J ), violoniste et com-
positeur, né à Bordeaux en 1773, entra dès
l'âgé de huit ans, en 1781, à la maîtrise de la ca-
thédrale de cette ville, où il commença son édu-
cation musicale. Il étudia l'harmonie avec un
ancien élève de Rameau nommé Giraud, puis le
contrepoint et la fugue avec François Beck, qui
fut sans doute aussi son professeur de violon.
En 1790, il succéda à son maître Giraud comme
maître de chapelle, et la première œuvre qu'il
fit exécuter fut un Te Deum solennel qui lui fui
demandé pour la fête de la Fédération, et qui
est resté la propriété de la cathédrale. Appelé
sous les drapeaux en 1792, il servit jusqu'en
1794, époque à laquelle il rentra à Bordeaux, et
peu de temps après il succédait à son autre
maître François Beck, comme chef d'orchestre
du Grand-Théâtre.
Dreuilh était un arlisle distingué; une ambi-
tion bien naturelle l'amena à Paris, où il connut
Mehul, qui lui donna des conseils et fut son
ami. Il devint un instant chef d'orchestre du
théâtre de la Cité, et donna à la Gaîté, le 5 no-
vembre 1802, un petit opéra-comi()ue en un
acte intitulé le Point d'honneur. Deux ans
après, il avait quitté Paris pour aller occuper
les fonctions de chef d'orchestre au Grand-
Théâtre de Marseille, et faisait représenter sur
ce théâtre Valaski et Ophélie ou le Passage de
ruerniitoge, opéra-comique en trois actes. Il
revint ensuite à Paris, avec l'espoir d'aborder
comme compositeur la scène de l'Opéra. 11 n'y
put parvenir, malgré des protections et un talent
véritable, et se vit obligé, pendant plusieurs an-
nées, d'écrire la musique d'un grand nombre d»;
drames et de pantomimes pour les théâtres des
boulevards; je citerai entre autres Iina ou les
Deux Mondes, Kallick-Fergus , la Nouvelle
Jeanne d'Arc, Sophie et Linska, Rachel ou la
Belle Juive, Claire et Lovelace ou le Séduc-
teur (ce dernier ouvrage, joué en 1815, écrit en
société avec un autre artiste nommé Henry),
etc., etc.
Dans son désir de se produire sur une scène ,&
inq)ortante, Dreuilh avait refusé les offres d'em- '
ploi les jilus avantageuses, entre autres celle
de la place de chef d'orchestre du théâtre impé-
rial de Saint-Pétersbourg- Il finit pouitant par
se décourager, el, lassé d'attendre, par prendre
la résolution de retourner en province; il reprit
ses fonctions de chef d'orchestre dans quelques
graniles villes, puis, en 1824, fatigué d'une vie
qui n'offrait plus aucun essor à son andjilion, il
s'établit à Mort, où il atteignit la vieillesse en
DREUILH
DROUET
284
se laissant oublier. C'est là, sans avoir jamais
pu donner la mesure de sa valeur, que mourut
cet artiste honorable, au mois de novembre ou
de décembre 1858. Il était âgé de quatre-vingt-
cinq ans.
* DREUX (R -J....), connu sous le nom
de Dreux le jeune, fils du llùtiste Jacques-
Philippe Dreu\ (V. Biographie universelle des
JUusiciensJ. 111), a publié, outre les morceaux
signalés à son nom, un concerto de piano, avec
accompagnement de <ieux violons, alto, basse et
cor. Dreux entreprit aussi, avec l'organiste Las-
ceux, la publication d'un recueil périotlique sans
titre, composé de |)ièces de clavecin et de mor-
ceaux de chant, dont l'éditeur était M"* Girard.
Ce recueil paraissait à raison de vingt-quatre
numéros par an, et Dreux en fournissait douze
pour sa part.
DBKXKL (F ), guitariste et composi-
teur allemand, a publié, pour le chant et pour
la guitare, un grand nombre de compositions
parmi lesquelles je signalerai les .'suivantes :
12 .Marches pour guitare, op. 12 ; Petil bouquet
mélodieux, 12 pièces faciles pour guitare, op.
15; 6 Polonaises pour guitare, op. 18 et 19;
Recueil de pièces faciles et agréables pour la
guitare, à l'usage des commençants, op. 31;
12 Exercices instructifs et amusants pour la gui-
tare, op. 46 et 47 ; 8 Polonaises pour guitare ;
9 Rondos pour la guitare, op. 60 ; 6 Cotillons
pour guitare avec piano, op. 28 ; 6 lieder avec
accompagnement de guitare, op. 15; 6 lieder,
id.. op. 20 ; 20 lieder, id., op. 32; 8 lieder, id.
t * DREYSCHOCK (Alexandre). Cet ar-
tiste extrêmement distingué est mort à Venise,
le 1" avril 1869. Depuis 1862 il était pro-
fesseur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg,
et depuis 1865 pianiste de l'empereur de Russie,
en même temps que maître de chapelle du
grand-duc de Hesse-Darmsladt. Les œuvres
publiées par lui pour le piano sont au nombre
de 140 environ.
* DREYSCHOCK (Raymond), frère du
précédent, l'a précédé de peu de semaines dans
la tombe. 11 est mort à Leipzig, le 6 février
1869.
* DROUET (Louis-François-Peiilippe), flû-
tiste fort distingue et compositeur pour son ins-
trument, est mort à Berne, où il s'était retiré
depuis plusieurs années, au mois d'octobre
1873. Je n'aurais pas à m'étendre davantage sur
cet artiste, si des documents d'im genre parti-
culier n'étaient venus, à son sujet, faire revivre
une question qui, d'ailleurs, n'est pas sans quel-
que intérêt. — On sait que la reine Hortense,
femme du roi de Hollande Louis Bonaparte et
mère de Napoléon III, avait sinon des aptitudes,
du moins des prétentions musicales, et qu'elle a
publié sous son nom un certain nombre de ro-
mances et de chants dont elle aurait composé la
musique, et dont l'un : Partant pour la Syrie,
a acquis, par suite du caractère politique qu'on
lui a attaché, une sorte de célébrité. Mais on sait
aussi que la paternité de ce chant prétendu na-
tional lui a été contestée plus d'une fois et qu'il
a été attribué à plusieurs artistes, entre autres
au fameux harpiste Dalvimare. Or, s'il fallait
en croire le témoignage de Drouet en personne,
nul autre que lui ne serait l'auteur de la musi-
que de Partant pour la Syrie. Schilling, qui
écrivait il y a trente-cinq ans, et qui tenait ses
ren.seignements de Drouet lui-même , l'avait
donné à entendre lorsqu'il disait : « Drouet a
été le secrétaire musical de la princesse Pauline,
sœur de l'empereur Napoléon. Cetie princesse
composait des romances, mais elle ne savait pas
les écrire, et Drouet était chargé de cette tâche.
La vie de la princesse Pauline a été assez com-
mentée par les faiseurs de Mémoires, mais non
point de telle façon qu'il ne restât quelque
obscurité dans les détails. On en peut dire au-
tant en ce qui concerne Dronet. Parfois il était
appelé vers une heure de l'après-midi chez la
princesse, celle-ci se trouvant encore au lit; elle
fredonnait quelques notes : « Comment trouvpz-
« vous cela, monsieur Drouet? — Charmant,
« princesse. — Vraiment.' Mettez-le dune sur le
■■<■ [lapier. » — Et Drouet écrivait aussitôt quel-
que chose de ses propres idées, car la princesse
ignorait absolument ce qu'il y avait à faire de
trois ou quatre modulations dont se compose une
romance. Drouet occupa aussi les fonctions de
secrétaire musical de la reine Hortense, et ce
serait sous la dictée de la reine qu'il aurait écrit
la romance : Partant pour la Syrie. Drouet
n'a pas été récompensé, ainsi qu'on l'a dit, de
tout le temps qu'il a consacré à la reine. y>{Uni-
versal-Lexiconder Tonkunsf. Supplementbiatt,
von G. Schilling, Stuttgart, 1841.)
Drouet a été lui-même bien plus explicite
lorsque, plus tard, — il y a quelques années, —
il publia, dans un journal allemand, des Mé-
moires ou des fragments de Mémoires sur sa
vie artistique. Je n'ai pas eu ce journal à ma
disposition, mais j'ai eu sous les yeux trois
numéros d'une feuille spéciale de Chicago, tfie
Musical Indépendant (novembre et décembre
1872 et janvier 1873), contenant une traduction
anglaise de la partie des Mémoires de Drouet
qui a trait à Partant pour la Syrie. La reine
Hortense, on le sait, vivait en mésintelligence
presque continuelle avec son époux, le roi Louis,
282
DROUET — DUBOIS
et résidait la plupart du temps à Paris, n'allant
que rarement en Hollande. Pendant les courts
séjours que, de loin en loin, elle faisait à la cour
d'Utreclit, son passe-temps favori était de s'es-
sayer à mettre en musique des vers que, géné-
ralement, elle avait elle-même écrits. « Comme
elle était, dit Drouct, absolument ignorante des
règles de la composition et même de la notation,
elle suivait en cela son caprice, et cherchait ces
mélodies en fredonnant et en faisant des rou-
lades. Mais comme elle était même incapable de
transcrire correctement ces mélodies, elle
m'envoya chercher un jour pour mettre ses
idées sur le papier et leur donner une forme à
peu près acceptable. C'est en 1807 que je reçus,
pour la première fois, l'ordre de venir auprès de
la reine, dans son appartement particulier; je
n'avais alors que quinze ans, et je parlais libre-
ment, en vrai Hollandais. Elle me montra quel-
ques vers faits par elle, et que voici :
Partant pour la Syrie
Le jeune et beau Ounois
(Rrr-rr ta plan!)
Venait prier Marie
De bénir ses exploits.
Faites, reine imnaorteUe, : '"■
Lui dit- il en partant.
Qu'aimé de la plus belle
.le sois le plus vaillant.
, (Krr-rr ta plan !)
« Elle était assise devant une table, et, es-
sayant de chanter quelques notes, elle aurait
bien voulu trouver une mélodie qui s'adaptât
sur ces paroles. Tout en s'occupant de cela, elle
mangeait du sucre candi et arrangeait de cer-
taine façon un paquet de cartes étalé devant
elle. C'était à moi maintenant de construire une
romance ou une ballade avec les quelques notes
qu'elle venait de chanter, ou plutôt de composer
moi-même une mélodie en me servant des frag-
ments inventés par la reine. C'est ainsi qu'est
né l'air bien connu : Partant pour la Syrie. Si
cette petite ballade avait été publiée comme
étant l'œuvre d'un obscur garçon de quinze ans,
elle aurait passé sans doute inaperçue; mais
venant de la reine Hortense, elle fut bientôt
l'objet de l'admiration générale, et chacun voulut
l'avoir. Le succès fut immense, et Partant pour
la Syrie devint pour l'empire ce que la Mar-
seillaise, avait été pour la république. »
Je ne saurais entrer ici, à ce sujet, dans des
détails qui dépasseiaient les bornes que je dois
consacrer à cette notice. Je renvoie ceux qui
voudraient se renseigner plus complètement à
un article que j'ai publié, relativement à ce fait,
dans ]& Chronique 7nusicale dut"" juin 1874.
Ils y trouveront, entre autres choses curieuses.
les diverses versions musicales, rapportées par
Droaet, des motifs qui composent la trop fa-
meuse romance dont, sans s'en exagérer en au-
cune façon l'importance, il revendique la pater-
nité. Mais il ne m'a pas semblé inopportun de
rappeler, d'après lui, l'enfantement et les origines
de Partant pour la Syrie. A moins que cet
artiste n'ait voulu se rendre coupable, sur ses
vieux jours, d'une immense mystification, à
laquelle il n'avait d'ailleurs aucun intérêt, son
amour-propre n'ayant que médiocrement lieu
d'être tlalté de la composition qu'il s'attribue,
je pense qu'on peut tenir pour exacts et vrais
les détails qu'il donne à son sujet. En tous cas,
ces détails m'ont paru assez intéressants pour
n'être pas ignorés en France.
Drouet a (lublié une Méthode estimée pour
son instrument.
DUBARROIS ( ), compositeur, vi-
vait à la fin du dix-huitième siècle. Il a écrit
la musique de deux opéras-comiques repré-
sentés au théâtre des Jeunes-Artistes : Lolotte
et Fanfan, trois actes, le 9 ventôse an xi
(28 février 1803) ; et les Faux Parents, un
acte, le 9 fructidor suivant (27 août 1803).
* DUBOIS (Amédée), violoniste, directeur
de l'école communale de musique de Tournay,
est mort en cette ville le 1*' octobre 1865.
* DUBOIS (CH\RLEs-VicroR), professeur
d'harmonium au Conservatoire de Bruxelles, est
mort à Ixelles-lez-Briixelles le 11 février 1869.
DUBOIS (Paul), frère de madame Casimir
qui créa le Préaux- Clercs à l'Opéra-Comique,
a occupé à Marseille les fonctions de violon-solo
au Grand -Théâtre. Il prit part à la création de
la Société des quatuors (Quatuor Millont), qui
depuis l'année 1849 a propagé dans cette ville
le goût et la parfaite connaissance de la musique
de chambre : il y jouait l'alto. Paul Dubois était
aussi compositeur : il a écrit trois quatuors
pour instruments à cordes, qui furent sucessi-
vement exécutés par la Société de quatuors
dans le courant des années 1849-1852-1853.
Ceux qui les ont entendus leur reconnaissent
une réelle valeur. Deux de ces quatuors sont
inédits; le troisième, en mi bémol, dédié à
M. Bonnefoy, a été gravé à Marseille. Paul
Dubois quitta Marseille vers 1854.
Al. R— n.
DUBOIS (Clément-Frvnçois-Théodore), un
des jeunes maîtres qui semblent devoir être
l'honneur et le soutien de la jeune école musi-
cale française, est né à Rosnay (Marne), le
24 août 1837. Il vint jeune à Paris et entra au
Conservatoire, où il fit de brillantes études,
60US la direction de M. Laurent pour le piano,
DUBOIS
283
de M. Bazin pour l'harmonie et accompagne-
ment, fie M. Benoist pour l'orgue, enfin de
M. Ambroise Thomas pour la fogue et la com-
position. En 1855, il obtenait un premier acces-
sit d'harmonie et accompagnement; en t856,
le premier prix d'harmonie et un troisième
accessit de piano; en 1857, un second acces^sit de
piano, un premier accessit d'orgue et le premier
prix de fugue; en 1858, le second prix d'orgue;
en 1859, le premier prix d'orgue et le second
prix de Rome à l'Académie des Beaux-Arts ;
enfin, en 1861, le premier grand prix de
Rome. Le concours de Rome était particulière-
ment brillant en cette année 1861, puisque,
outre le premier prix décerné à M. Théodore
Dubois, l'Acadi^mie jugea à propos de donner
deux seconds prix, l'un à M. Salomé, l'autre à
M. Antliiome, et qu'une mention honorable fut
attribuée à M. Charles Constantin. Et pourtant
M. Dubois fut couronné dans des circonstances
tout exceptionnelles ; à peine entré en loge il
tombait malade, atteint de la petite vérole, et
était contraint de s'aliter. Tout le monde le
croyait hors de concours, mais on comptait sans
son courage et son énergie ; à peine convales-
cent, il sollicita un sursis, qui lui fut naturelle-
ment accordé, et c'est dans de telles conditions
qu'il acheva sa cantate de façon à mériter le
premier prix.
Chantée en séance publique par M'^" Monrose,
MM. Warot et Battaille, celte cantate di^passait la
moyenne ordinaire des œuvres de ce genre, et
Toici comment en parlait un journal spécial, la
Revue et Gazette musicale : « La cantate de
M. Dubois est certainement l'une des meilleures
que nous ayons entendues. Le texte poétique
avait pour sujet et pour titre Atala. M. Victor
Roussy n'en a pas tiré des situations bien
fortes, mais elles fournissaient au compositeur
une carrière suffisante, et M. Dubois en a pro-
fité avec un vrai t;ilcnt. Son prologue instrumental
est d'un style excellent, d'un coloris gracieux
et tendre; ses morceaux de chant ont le tour
mélodique et se distinguent par une certaine
liberté qui annoncent le maître.... »
Parti pour Rome, M. Dubois y travailla avec
ardeur, et envoya à l'Académie des Beaux-
Arts , outre une messe solennelle et une pre-
mière ouverture, une seconde ouverture de
concert, en ré, qui fut exécutée au Conserva-
toire en 1866. De plus, c'est d'Italie qu'il prit
part au concours ouvert au Théâtre-Lyrique
(1864) pour la composition d'un opéra en trois
actes, la Fiancée cfAbydos. Ce concours,
exclusivement réservé aux grands prix de
l'institut qui n'avaient eu encore aucun ouvrage
représenté, réunit MM. Barthe, l*"^ prix de 1854,
Jean Conte (1855), Samuel David (1858), Pa-
ladithe (1860) et Th. Dubois (1861). Ce fut
M. Barthe (Voyez ce nom) qui fut couronné.
Depuis lors, M. Dubois a fait exécuter, dans
quelques concerts, des fragments de sa partition
de la Fiancée d'Abydos, et je me souviens
d'en avoir entendu un chœur dansé qui est d'un
eflet charmant.
De retour en France en 1866, M. Dubois se
livra à l'enseignement, tout en cberchant inuti-
lement à se faire jouer, comme il arrive à tous
nos jeunes compo.-iteurs. Il devint maître de
chapelle à l'église Sainte-Clotilde, et, ne pou-
vant se produire au théâtre, se tourna du côté de
la musique sacrée et fil exécuter en cette église,
le vendredi saint de l'année 1867, une œuvre
très-importante et très-soignée, les Sept Pa~
rôles du Christ, oratorio pour soli, chœurs et
orchestre, dont la Société des concerts du Con-
servatoire fit entendre, quelques années plus
tard, deux fragments fort remarquables et qui
décelaient un maître à venir. Bientôt M.Dubois
produisait, dans les concerts, plusieurs compo-
sitions de divers genres : à la Société nationale
de musique quatre jolies mélodies vocales, trois
morceaux de piano, et un chœur religieux avec
soli, Deus Abraham, d'un excellent effet; et
au Casino une ouverture de concert en si mi-
neur.
Cependant, depuis quatre ans, le jeune artiste l
avait fait recevoir à l'Opéra-Comique un ou-
vrage en un acte, la Guzla de VÉmir. Impa-
tienté de voir que ce théâtre, manquant à sa
mission et à ses engagements, ne se décidait
pas à le jouer, il retira sa partition et la porta
au petit théâtre de l'Athénée, qui la mit aussitôt
à l'étude et où la Guzla fut représentée avec
un vif succès le 30 avril 1873. La Guzla de
VÉmir est un ouvrage charmant et plein de
distinction, écrit dans le vrai ton de l'opéra co-
mique, et qui, partout ailleurs qu'en France, où
les musiciens sont si peu encouragés, aurait ou-
vert à son auteur les portes des théâtres les plus
importants.
M. Dubois avait prit part en 1867 au concours
ouvert pour la partition du Florentin ; il n'y
avait pas été plus heureux qu'à celui de la
Fiancée d'Abydos, car cette fois l'heureux
vainqueur fut M. Ch. Lenepveu {Voyez ce nom).
Il n'en est pas moins vrai que le jeune compo-
siteur semble posséder toutes les qualités qui
constituent le music ien dramatique : le senti-
ment de la scène, l'abondance mélodique, et la
science de la modulation et de l'instrumentation
Cependant, ne trouvant pas à se reproduire au
284
DUBOIS — DUCHEMIN-BOISJOUSSE
théâtre, il ne se découragea point et tourna ses
Tues ailleurs. Il fit exécuter aux concerts du
Cliàleiet (9 février 1874) de jolies Pièces d'or-
chestre, aux Concerts populaires (l'"' novembre
1874) un air de ballet élégant, à la Société na-
tionale de musique (13 février 1875), uu motet :
Tu es Petrus, pour chœur et solo avec accom-
pagnement d'orgue, harpe, violoncelle et conire-
basse, et publia un joli recueil de 12 Petites
pièces pour piano (Paris, Hartmann). Eiilin, il
écrivit un grand oratorio, le Paradis perdu,
qui n'a pu être exécute jusqu'ici, mais que le
nou\eau Théàtre-Lynque doit produire inces-
samment dans une de ses intéressantes matinées
musicales.
Heureusement pour lui, M. Th. Dubois n'est
pas à la meici des ilirecleurs de théâtres, l'oit
jeune encore, il a su se faire une situation
honorable et indépendante. Devenu d'aboid
maître de chapelle à la Madeleine, dont il
est aujourd'hui organiste, il a été appelé, en
1871, à recueillir la succession de M. Elwait
comme professeur d'harmonie au Conserva-
toire. Il occupe donc une situa lion enviable, et
telle que bien des prix de Rome, hélas ! revenus
aujourd'hui de leurs illusions premières, seraient
heuieux de la posséder. Il n'en est pas moins
douloureux de voir qu'un artiste ti bien doue ne
puisse se produire plus fréquemment devant le
public, et qu'il n'ait pu jusqu'ici donner qu'une
seule fois la preuve de ses rares faculté» scéniques.
En dehors des œuvres énumerees ci-dessus,
M. Dubois a publié, chez l'éditeur i\I. Heugel,
plusieurs jolies pièces de piano: Chœur et Ddnse
des lutins, op. 7; Marche orientale, op. 8;
Scherzo, op. 10; liluetle pastorale, op. 11;
Rêverie-prélude, op. 12; Allegro de bravoure,
op. 13; Scherzo et choral, op. 18; Divenisse-
rneut, op. 19 ; Intermezzo, op. 20.
M. Théodore Dubois a épousé M"' Duvinage,
lille du chef d'orchestre de l'ancien théâtre de
la Renaissance.
DUBOULLAI( ). Sous le nom de
ce compositeur, resté d'ailleurs complètement
inconnu, on a représenté uu théâtre Feydeau,
le 23 juin 1792, un opéra-comique intitulé les
Plaideurs.
DUJiUAT ( ). Un musicien de ce nom
a écrit, en société avec quatre autres artistes,
Dugazon his, Bertaud, Pradher et Quinebaud, la
partition d'un petit ouvrage en un acte, le Voi-
sinage, qui fut représenté au théâtre Favart en
1800. L'année suivante, le même compositeur
donnait, mais seul cette fois, au théâtre des
Jeunes-Artistes, un autre opéra-comique en un
acte, intitulé la Fausse Apparence.
DUBUISSON (MATHLRm), musicien dis-
tingué, était attaché à la chapelle du roi Louis XII
dans les premières années du seizième siècle.
Le chapitre de l'église métropolitaine de Rouen
voulant se l'attacher pour diriger sa maîtrise,
lui fit un présent de vingt écus d'or qui décida
l'artiste à accepter celte situation en 1506, sous
la promesse d'un bénéfice que le cardinal-ar-
chevêque ne lui fit pas longtemps attendre.
DU BUISSON ou DUBUISSOiX ( ),
compositeur du dix-septième siècle, ne m'est
connu que parce qu'en dit Titon du Tillet dans
son Parnasse français. Parlant des musiciens
qui se distinguèrent du temps de Michel Lam-
bert, cet écrivain cite ain.-i Du Buisson : « Du
Buisson peut bien paraître encore ici ; celait un
fameux buveur, qui donnoit volontiers des leçons
de musique et de table à MM. les étrangers, et
surtout aux Allemands qui venoient passer
quelque tems à Paris ; il a composé un grand
nombre d'airs bacchiques des plus agréables. »
On trouve des airs de Du Buisson et de beau-
coup d'autres musiciens de son temps dans les
recueils publiés par Christophe Ballard.
DUCASSI Y OJEDA (Ignacio), prêtre et
compositeur, naquit à Barcelone le 18 janvier
1775. 11 reçut une bonne éducation musicale, et
fut maître de chapelle de l'église de l'Incarnation
de Madrid, en même temps que compositeur et
organiste surnuméraire de la chapelle royale,
Les nombreuses compositions religieuses de
Ducassi, écrites généralement dans le style mo-
derne, ou libre, sont très-estimées ; elles consis-
tent en messes, psaumes, motets et autres œu-
vres importantes, pour la phipart à plusieurs
voix avec accompagnement instrumental. Quel-
ques pièces pour voix seules, en style rigou-
reux, sont aussi fort appréciées. Cet artiste,
«également distingué sous le rapport du talent
et du caractère, est mort en 1824, âgé seule-
ment de quarante-neuf ans. Il avait un frère,
Manuel Ducassi, qui fut prêtre et basse de la
chapelle royale.
DUCHALIOT (Charles), chanteurfrançais,
qui tenait en Italie l'emploi des basses comiques,
a fait représenter sur le théâtre italien de Cons-
tantinople, en 1857, un opéra bouffe intitulé
una i\oite di terrore, dont il avait écrit la mu-
sique.
DUCHEMIIV -BOISJOUSSE ( ),
théoricien et professeur, a publié en 1858 l'ou-
vrage suivant ; La musique en 60 leçons, mé-
thode complète, précédée d'un nouveau traité
élémentaire de mélodie et d'harmonie, avec
des exemples rhythmés, à trois et quatre par-
ties, Paris, Benoît.
DUCRAY-DUMINIL — DUFRESNY
285
* DUCRAY-DUMIIVIL ( François-
GwifcAUME). Dans son intéressante collection
des Chants et chansons populaires de la
France, Du Mersan a reproduit la Marmotte
en vie, chanson dont Ducray-Duminil a écrit
les paroles et la musique, et il l'a acconnpagnée
d'une notice dans laquelle se trouvent ces li-
gnes : :< .... On trouve dans ses romans beau-
coup de romances et de chansons dont il frti-
.sait lui-môme les paroles et les airs ; Ducray-
Duminil, avant de se faire littérateur, avait élé
maître de musique, et donnait des leçons de
guitare, ce qu'il a prouvé lui-même, dans une
Chanson à Mademoiselle Roy..., qui me re-
prochait d'être distrait en lui donnant une
leçon de musique, imprimée dans VAlmanach
des Grâces de 1788. Ses airs et ses chansons
eurent beaucoup de vogue, et ce fut probable-
ment le succès de la Danse du petit Marmot,
dans Petit-Jacques et Georgetie, qui lui fit faire
les Aventures de la Marmotte. Cette chanson,
qui a paru dans les Étrennes lyriques et ana-
créontiques de 1793, est restée populaire jus-
qu'à présent, et l'air, qui est naïf et original, a
été employé avec succès dans la lameu se an-
chon la Vielleuse. On a souvent employé dans
les vaudevilles l'air de la Croisée, qui est de cet
auteur. Les almanachs chantants sont remplis
de ses productions, dont Rivarol se moquait. »
Ducray-Duminil donnait en effet des leçons de
musique, car on trouve la qualification de pro-
fesseur accompagnant son nom en tête de plu-
sieurs chansons insérées dans le recueil : Étren-
nes de Polymnie, chansons dont il avait écrit la
musique sur des paroles qui n'étaient point de
lui.
Ducray-Duminil est l'auteur d'un volume du
célèbre almanach théâtral publié sous ce titre :
Les Spectacles de Paris, par le libraire Du-
chesne. Dans la notice nécrologique que lui a
consacrée le rédacteur de V Annuaire dramati-
que de 1820, il est dit que « Ducray-Duminil
fut incarcéré pendant la Terreur, » et que « c'est
en prison qu'il a rédigé l'un des almanachs des
spectacles de Duchesne, en deux parties. » Il
s'agirait donc ici de l'Almanach de 1794, si utile
pour l'histoire du théâtre et de la mu.sique, et
avec lequel la collection fut interrompue.
DUCROC( ). Sous lenom dece composi-
teur, resté absolument inconnu, on trouve, dans
le recueil de chansons à quatre parties publié
vers 1530 par l'imprimeur Pierre Attaignant, la
musique du motet : Ecce tu pulchra es.
DUCROQUET ( ), facteur d'orgues
distingué, a construit pour plusieurs églises de
France des instruments remarquables, parmi
lesquels on cite en première ligne le bel orgue
de l'église Saint-Eustache, à Paris, dont l'inau-
guralion eut lieu .en 1854. La fabrique d'orgues
de Ducroquet fut vendue en 1855 à la société
Merklin-Schtiltze, de Belgique, qui se trouva
ainsi posséder deux grandes maisons , l'une à
Bruxelles, l'autre à Paris.
DUESIÎEIIG (Henri-Joseph-Maria), né à
Munster (Prusse), le 20 septembre 1793, est
mort à Paris, où depuis longtemps il s'était fixé,
le fi juillet 1864. Il s'occupait de littérature mu-
sicale, et fut pendant plusieurs années l'un des
actifs collaborateurs de la Revue et Gazette
musicale de Paris et de la Revue française, à
qui il fournit un grand nombre d'articles consis-
tant en traductions de livres et de travaux alle-
mands spéciaux.
DUFAY (l'abbé), prêtre et musicien, est
l'auteur d'un manuel intitulé : Science théorique
et pratique du plain-chant et de la psalmo-
die, à l'usage des séminaires, des collèges et
des écoles chrétiennes, Paris, Repos.
DUFLITZ ( ), organiste et claveciniste
français, vivait au dix-huitième siècle. Élève de
Dagincourt pour l'orgue, il remplit d'abord les
fonctions d'organiste dans l'une des nombreuses
églises de Rouen. Plus tard il modifia sa carrière,
vint à Paris, et s'y livra entièrement à l'exécu-
tion du clavecin, sur lequel il paraît avoir ac-
quis une réelle habileté. « On lui trouve, disait
Daquin dans son Siècle littéraire de Louis XV,
beaucoup de légèreté dans le toucher et une
certaine mollesse, qui, soutenue par des grâces,
rend à merveille le caractère de plusieurs de ses
pièces. » Dutlilz a composé, en effet,'un certain
nombre de pièces pour le clavecin.
DllFRESNE (Alfred), compositeur dra-
matique, fit de bonnes études au Conservatoire,
où il fut élève d'Halévy.II a fait représenter les
ouvrages suivants, tous en un acte : ^Revenant
de Pantoise, Bouffes Parisiens, 19 février 1856;
1° Maure Bâton, id., 31 mars 1858 ; 3° les Va-
lets de Gascogne, Théâtre-Lyrique, 2 juin 1860;
4° V Hôtel de la Poste, Bouffes -Parisiens,
2:^ novembre 1860. Il y avait du goût, une ins-
piration aimable et de bonnes qualités scéniques
dans ces compositions. Dufresne est mort au
mois de mars 1863, âgé seulement de 41 ans. II
avait débuté par la publication de plusieurs mé-
lodies vocales d'un contour aimable et d'une
heureuse inspiration, entre autres une série de
douze morceaux intitulée Soirées d'automne
(Paris, Gérard).
DUFRESl\Y (Charles), sieur DELA RI-
VIÈRE, poète dramatique, émule et collabora-
teur de Regnard, avec lequel il travailla pour la
286
DUFRESNY — DUJARDIN
Coraédie-Italieone et pour la Comédie-Française,
naquit à Paris en 1648.11 n'est point mentionné
ici pour ses jolies comédies Za Coquette de Vil-
lage, le Mariage rompu, le Double Veuvage
et la Réconciliation normande, mais pour
certaines aptitudes musicales naturelles, dont
l'abbé de Laporte a parlé ainsi dans ses Anec-
dotes dramatiques : « Dufresny avoit reçu de la
nature beaucoup de gortt pour tous les arts, pein-
ture, sculpture, architecture, jardinage. Il avoit
un talent naturel et particulier pour la musique
et pour le dessin. Les airs de ses chansons de
caractère, qui sont gravés à la fin du recueil de
ses œuvres, sont de sa composition. Cependant
il n'eut jamais de principes de musique, et il
étoit obligé, lorsqu'il avoit composé un air, de
le venir chanter à Grandval, qui avoit la bonté
de le lui noter, il est fâcheux qu'il nous en
reste si peu de sa façon, puisqu'il convient, dans
un de ses Mercures , d'en avoir fait plus do
cent. >• Dufresny avait fait, entre autres, les airs
de sa comédie le Double veuvage, représentée
en 1702. Il est mort à Paris le 6 octobre 1724.
* DUGAZOM (Louise Rose ou Rosalie LE-
FEVKE, dame). On trouvera, surcetleadmirable
artiste, une notice très-étendue et très-complète
dans l'ouvrage suivant : Figures d'opéra-co-
mique, par Arthur Pougin (Paris, Tresse, in 8°,
1875). Bouilly, dans divers chapitres du pre-
mier volume de ses Récapitulations {Second
essai dramatique. Première entrevue avec
Grétry, Première représentation de Pierre le
Grand), a donné aussi des détails peu connus
et pleins d'intérêts sur M""^ Dugazon.
* DUGAZOX (Gustave). Cet artiste avait
fait ses débuts de compositeur dramatique en
écrivant, en société avec Bertaud, Dubuaf,
Pradher et Quinebaud, la musique d'un petit
ouvrage en un acte, le Voisinage, représenté au
théâtre Favart en 1800.
DUGUET (DiEUDONSÉ), organiste et compo-
siteur de musique religieuse, né à Liège en
1794, fut sous ce double rapport l'un des ar-
tistes les plus distingués de la Belgique. Devenu
organiste de l'église Si-Denis de sa ville natale,
puis maître de chapelle de la cathédrale, il
fonda avec Jaspar et Henrard une école de mu-
sique qui fut, lors de la création du Conserva-
toire, annexée à cet établissement. Dnguet exerça
une influence considérable sur l'étude de la mu'
sique relijii use à Liège, et dès 1830, c'est-à-
dire à l'époque où les grandes œuvres en ce
genre des maitresallemands et de l'école de Che-
rubiiii étaient absolument inconnues au reste de
la Belgique, l'ext^cntion en était fréquente en
cette ville et s'y faisait dans d'excellentes condi-
tions. Il composa pour le service de la cathé-
drale une messe et un Te Detim que l'on dit
fort remarquables, et dont les manuscrits sont
conservés à la maîtrise de cette église. Parmi
ses œuvres publiées (Liège. Muraille), on re-
marque une série de Préludes et Versets pour
orgue, des litanies à une, deux et trois voix, un
Livre d'orgue contenant l'accompagnement du
plainchant pour les principaux offices de l'an-
née, et plus de trente motets. Duguet, qui, à la
suite d'une ophtalmie, était devenu complète-
ment aveugle, mourut à Liège en 1849.
DUHAUPAS (Albert), organiste et com-
positeur, né à Arras (Pas-de-Calais) le 22 avril
1832, apprit de son père, organiste de la cathé-
drale et chef de la société philharmonique de
cette ville, les premiers éléments de la musique,
puis, devenu orphelin, reçut des leçons d'un ar-
tiste allemand nommée Neuland, et vint ter-
miner son éducation au Conservatoire de Paris,
oii il (ut élève de M. Marmontel. De retour dans
sa ville natale, il y devint maître de chapelle de
la cathédrale, directeur de la Société des Orphéo-
nistes d'Arras , qu'il sut rendre l'une des meil-
leures de France , et .se livra à l'enseignement
et à la composition. Comme compositeur reli-
gieux, M. Duhaupas a écrit une messe à quatre
voix d'hommes, des chants d'églises de divers
genres, et de nombreux motets, entre autres un
recueil de Dix violets au Très-Saint-Sacre-
ment pour 2 sopranos, ténor et basse (Paris, Be-
pos). On a puldié de lui plusieurs morceaux de
piano, des chœurs orphéoniqiies : la Chasse,
Christophe Colomb, le Réveil de l'Aurore,
Justicia, Tout dort, et un album de mélodies
vocales intitulé les Chants du soir (Paris, Heu-
gel).
DUHOT (Charles), compositeur, a fait re-
présenter sur le théâtre de Douai, au mois de
février 1861, un opéra en un acte intitulé
David.
* DUJARDIiV (Dominique), prêtre et com-
positeur, maître de chapelle de la calhédrnle de
Rouen, vivait au seizième et non au dix- sep-
tième siècle, comme il a été dit par erreur.
C'est en 1536, et non en 1636, qu'il fut placé
à la maîtrise de Rouen, où il resta jusqu'en
janvier 1548; c'est en mars 1559 qu'il y fut
rappelé, et c'est en 1565 qu'il mourut. Dans
sa jeunesse, et alors qu'il était enfant de
chœur à la cathéilrale, en 1517, sa voix était
si belle que les gens de François h' l'enlevè-
rent à la faveur des ténèbres, avec un de ses ca-
marades, pour l'emmener à la chapelle du roi.
Les chanoines plaiièrent pour les recouvrer, et
non- seulement gagnèrent leur procès, mais re-
DUJARDIN — DUMONT
287
curent à ce sujet, du maréchal de Lautrec, une
lettre d'excuses. On peut consulter sur tous ces
faits l'intéressant « Discours de réception de
M. l'abbé Langlois, contonant la revue des
maîtres de chapelle et musiciens de la métropole
de Rouen, '• prononcé dans la séance du 28 juin
1850 de lAcadéinie des sciences, belles-lettres
et arts de Rouen, et publié dans le Précis ana-
lytique des travaux de cette académie.
DUKE (Richard), l'un des iuliiiers anglais
les plus fameux, était établi à Londres en 1768.
Sa réputation fut très-grande en Angleterre,
où son nom était plus connu que celui de Stra-
divarius, et où tous les artistes et les amateurs
voulaient posséder un Duke véritable. Aussi ses
produits ont-ils été aus.si contrefaits dans son
pays que ceux des grands luthiers italiens l'é-
taient dans toute l'Europe. Duke lui-même n'é-
tait pourtant qu'un copiste, comme tous ses
confrères anglais, et imitait de préférence les
instruments d'Amali et de Stainer. Ses copies du
premier sont plus estimées que celles du second.
— Cet artiste eut un fils, portant le même pré-
nom qr.e lui, qui fut aussi luthier à Londres.
DULLO (Gustave), compositeur, a écrit la
musique d'un drame lyrique intitulé Harold,
le dernier roi saxon, qu'il a fait représenter à
Kœnigsberg, sur le théâtre de la ville, le 2 dé-
cembre 1872. Le 24 mars 1876, cet artiste don-
nait sur le môme théâtre un autre ouvrage im-
portant, Eben-Ari, opéra-comique en trois actes.
DULOT ( ), compositeur inconnu de
la première moitié du seizième siècle, a fourni
au recueil de chansons françaises à quatre voix
publié vers 1530 par l'imprimeur Pierre Atlai-
gnant, la musique de la chanson : En espérant
le printemps.
* DU MANOIlî. — Les recherches faites
et les documents authentiques produits par Jal,
dans son Dictionnaire critique de biographie
et d'histoire, pei'metlent d'augmenter l'ensemble
de renseignements relatifs à cette famille de mu-
siciens.
Mathieu Du Manoir, le premier en date,
connu en 1615 comme maître joueur d'instru-
ments, était en 1640 violon ordinaire de la cham-
bre de Louis XIII. On ne sait rien de plus sur
son compte.
Claude Du Manoir, sans doute fils ou neveu
du précédent, exerçait la même profession. C'est
lui, et non pas Guillaume, comme il a été dit par
erreur,qai, à la mort de Louis Constantin ( Foy. ce
nom), lui succéda en qualité de premier violon
du cabinet du roi et de roi des violons et maître
des ménétriers. L'ordonnance royale qui le nom-
mait à ce double emploi, datée du 20 novembre
1657, fut enregistrée au Parlement le 31 janvier
1658.
Guillaume Du Manoir, fils de Mathieu, fa-
meux par son factum : le Mariage de la musi-
que avec la dance, naquit le 16 novembre
1615, épousa le 27 septembre 1639 Catherine du
Prou, fille d'un violon ordinaire du roi, et en
secondes noces Marie Chevalier, dont il eut plu-
sieurs enfants , entre autres celui dont il est
question ci-après. Suivant les registres du Tré-
sor royal, Guillaume Du Manoir avait 365 livres
de gages annuels, plus 50 livres de récompense
pour chaque quartier. C'était, on le voit, une
royauté peu coûteuse. Il avait succédé en 1659
à Claude, qui mourut sans doute à cette époque
et dont le règne n'avait pas été de longue du-
rée.
Guillaume- Michel Du Manoir, fils du pré-
cédent, continua cette dynastie musicale. II fi-
gura avec son père dans une des entrées du
ballet de Psyché, jouant de son instrument à la
suite de Bacchus. En 1677, il était avec lui en
tète de la liste des violons du roi, et avait obtenu
la survivance de sa charge de roi des ménétriers.
Il lui succéda en effet, mais fut le dernier qui
monta sur ce trône fragile. La souveraineté dis-
parut lors de son abdication.
DUMESIXIL (Alfred), Cet écrivain distin-
gué, qui s'est fait connaître par plusieurs tra-
vaux de critique et de philosophie: l'Art italien,
Bernard Palissy, Molière, l' Immortalité, etc.,
est l'auteur d'un écrit anonyme, intitulé : La Foi
nouvelle cherchée dans Vart, de Rembrandt
à Beethoven {Pahs, Comon, 1850, in-12).
DUMOIXT (Raclin), compositeur, né à
Rouen vers le milieu du seizième siècle, prit part
en 1589 au concours du puy de musique d'É-
vreux, et y remporta le prix de la lyre d'argent
pour une chanson française : Rosyignolet du
boys.
DUMONT (Félix), pianiste, professeur et
compositeur, fils de M"" Mélanie Dumont, au-
teur dramatique, est né à Paris le 14 août 1832,
et a fait ses études au Conservatoire de cette
ville. A peine âgé de seize ans, il faisait exécu-
ter aux Champs-Elysées un Hymne à la paix de
sa composition. Après avoir terminé son éduca-
tion musicale, il se livra a l'enseignement, et se
ut une réputation distinguée comme professeur.
En deliors d'un certain nombre de n)orceaux de
genre pour le piano, M. Dumont a publié sous
ce titre, V École du piano, un ouvrage fort im-
poriant, dont il n'a pas été fait moins de sept
éditions et dont le succès n'est pas épuisé. Parmi
ses autres compositions, on remanjue une Mar-
che trtomphale à grand orchestre, qui a été
288
DUMONT — DUPLANT
exécutée en 1867 au palais de l'Exposition uni-
verselle. Sous ce titre : le Panorama éUmen-
tairedu piano à quatre mains, M. Félix Du-
mont a aussi publié (Paris, Marcel Colombier),
une colleclion de 60 transcriptions de morceaux
faciles, d'après des chants populaires ou des
airs d'opéras célèbres ; cet ouvrage est divisé en
six livraisons.
DU.\ (Alewndrk). Dans la nombreuse fa-
mille de musiciens qui portaient le nom de Dun
et qui furent pendant si long'emps attachés à
l'Opéra en qualité de chanteurs, il y avait au
moins un instrumentiste : c'est le violoniste
Alexandre Dun, qui fit partie de l'orchestre de
ce théâtre (son nom se trouve dans le person-
nel, de 1762 à 1776) et de celui du Concert spiri-
tuel. Cet artiste, qui composait aussi pour son
instrument, a publié : 1" Sei sonate a violino
solo, col basso (Paris, Le Menu, in-fol") ; 2" Me-
nuet d'Kxaudet et la Fursteuberg, avec: des va-
riations de différents mouvements sur le même
air pour un violon seul (Paris, Michaud, in-fol").
DUXIECIU (Le chevalier Stanislas), com-
positeur contemporain, a fait représenter les trois
opérettes suivantes : 1" Pokitso, Varsovie,
1866 ; 2" Der Teufel istlos {le Diable déchaîné),
Berlin, Ihéâlie Kroll, 1866; 3" Lucifer,
Vienne, théâtre OH der W'je«, janvier 1868.
DUI\KLEI\ (FKANçms), fils d'un artiste al-
lemand qui était chef de musique d'un régiment
prussien, naquit à Rastadt le 17 mai 1779. Ha-
bile virtuose à la fois sur le basson, le cor, la
flûte, la clarinette et le hautbois, il quitta sa pa-
trie pour enlreren 181ô an service des Pays-Bas
comme chef de musique du deuxième régiment
des carabiniers à cheval. Artiste distingué à
beaucoup de points de vue, il ne tarda pas à se
faire remarquer, et se signala surtout par l'ex-
cellente organisation du corps de musique du ré-
giment des grenadiers-chasseurs, que son fils
plus tard devait rendre célèbre. En 1849, arrivé
à l'âge de soixante-dix ans', Dunkler prit sa
retraite, et c'est alors que son fils lui succéda
dans la direction de ce corps. Dunkler est mort
à la Haye, en 1861.
DUiXKLKR (François), fils du précédent,
né à Namurle 2'i janvier 1816, chef de musique
du régiment des grenadiers et chasseurs de la
Haye, est un des artistes les plus éminents
dans son genre que les Pays-Bas possèdent en
ce moment. Les arrangements nombreux qu'il
a faits de tous les ouvrages classiques (sympho-
nies de Beethoven, Mozart, Mendelssohn, Schu-
mann, ouvrages de Liszt, Wagner, etc.) sont de
■vrais chefs-d'œuvre dans leur genre, et les com-
positions que M. Dunkler a écrites lui-même pour
musique militaire lui font aussi le plus grand
honneur. Personne ne comprend mieux que lui,
j'ose même dire personne ne comprend aussi
bien queluil'art d'écrire pour lesmasses orches-
trales militaires. Cela sent toujours le grand
maître, soit comme combinaisons, soit comme
dispositions d'orchestre , soit enfin comme
mariage de timbres ou comme effet de sono-
rités, et l'on ne saurait trop insister sur l'im-
mense mérite de ce grand artiste , aussi ap-
pivcié à l'étranger qu'acclamé dans les Pays-Bas.
M. Dunkler a remporté à l'Exposition universelle
de 1867, à Paris, le 3" prix et obtenu la croix de
la Légion d'honneur lors du grand concours in-
ternational de musiques militaires. Il est décoré
de presque tous les ordres qui existent en Eu-
rope, et, depuis 1870, S. M. le Roi Hes Pays-
Bas l'a élevé au rang de capitaine-directeur et
au grade de premier lieutenant. M. Dunkler est
en outre un chef d'orchestre de premier ordre,
et le corps de musique militaire des chasseurs
et grenadiers de la Haye doit à sa savante di-
rection d'être devenu et demeuré un des pre-
miers qui existent en Europe (1).
EnnEH.
DUPART (Charles), est l'auteur d'une Mé-
thode polyphonique destinée à l'enseignement
des instruments à vent, et particulièrement de
ceux dont se compose la musique militaire.
Cette méthode a pour objet de donner au pro-
fesseur la possibilité d'enseigner simultanément
à deux, trois ou quatre élèves, qui travaillent
ensemble et s'acrompagnent mutuellement.
DUPLAIXT (Rosalie), l'une des bonnes
chanteuses qu'ait possédées l'Opéra au dix-hui-
tième siècle , débuta à ce théâtre au mois de
mars 1763, et se fit dès l'abord remarque)' par
l'ampleur et l'étendue de sa voix. Elle fournit
une carrière de plus de vingt années, car elle ne
se retira que vers 1785, ai)rès avoir fait un cer-
tain nombre de créations importantes dans les
ouvrages .suivants : Ernelinde, Thésée (Médée),
l' Union de V Amour et des Arts, Iphigénie en
Aitlide (Clytemnesfre), Céphale et Procris,
Atijs, etc. M'"^ Duplant était surfout une chan-
teuse de force, et brillait dans le genre tragique.
Voici ce qu'en disait en 1785 le rédacteur des
Tablettes de renommée des musiciens :
(1) l,e fils de cet artiste, Emile Dunkler, virtuose ha-
bile sur le violoncelle et sur lesaxophone, né en 1841,
quitta son pays à l'aie de s.^lze ans pour venir en
Frcince, se fixa à l'aris, et dev nt violuncelli,(e de l;i cha-
pelle de Napoléon III. En i'î59 il fit, en qualité de to-
lontaire, la campagne d'Italie, et prit part aux deux
grandes batailles de cette campagne, celles de Magenta
et de Solferino Après être retourné en Hollande, ce
jeune artiste fort distingué mourut à la Baye, le 6 fé-
vrier 131 1. — A. P.
DUPLANT — DUPONT
289
« M"« Duplant est superbe dans les rôles à ba-
guette et dans les reines. Une taille avantageuse,
une voix d'une vasie étendue, un jeu [ilein de
noblesse, on ne peut guère réunir à un plus haut
degré les dons de la nature et les perfections de
l'art. » M"" Duplant avait commencé par taire
partie des chœurs de l'Académie rojide de
musique, et avait débuté d'une façon t'ès-mo-
deste, en chantant quelques airs dans les frag-
ments ou divertissements dont l'exécution était
si fréquente alors à ce théâtre.
DUPONT (Pierre Auguste, dit Alexis),
chanteur plein de charme et d'élégance, naquit
en 1796 , et, après avoir fait ses éludes au Con-
servatoire de Paris, qui portail alors le nom d'É-
cole royale de musique, entra à l'Opéra comme
ténor en double (1), vers 1818. Il quitta ce théâ-
tre pour débuter à l'Opéra- Comique, le 4 jan-
vier 1821 , dans le rôle d'Azor de Zémire et
Âzor, et après deux années passées sur cette
scène il partit pour l'Italie dans le but de s'y
perfectionner dans son art. De retour en France,
il reparaissait à l'Opéra, le 24 mai 1826, dans le
rôle de Pylade d'Iphigénie en Tauride , et y
restait jusqu'en 1840 environ, époque où il re-
nonçait au chant dramatique pour borner exclu-
sivement sa carrière à ses succès de concert et
de salon. La voix d'Alexis Dupont, d'nn charme
pénétrant et d'une exquise suavité, était conduite
par lui avec un style rare et un goût parlait ;
mais le volume n'en était pas étendu, et elle man-
quait de puissance pour la vaste scène de l'O-
péra. C'est pourquoi, en dépit d'un talent in-
contestable et incontesté, cet artiste ne put
jamais se mettre en évidence sur ce théâtre,
malgré les créations qui lui furent confiées dans
divers ouvrages, entre autres dans la Muette
(Alphonse), la Tentation (Asmodée), le Lac
des Fées ^ le Dieu et la Bayadere^ etc. Au con-
traire, sa voix charmante, flexible, onctueuse,
convenait merveilleusemenl au concert, et sur-
tout à l'ég'ise, où Alexis Dupont charmait jus-
qu'aux auditeurs les plus délicats et les plus dif-
ficiles. Attaché à la maîtiise de Saint-Roch, il
attirait la foule en cette église lorsque les ama-
teurs savaient qu'il y devait chauler. Il lui ap-
partenait encore en 1856, lorsqu'un procès scan-
daleux, qui aboutit à une condamnation, vint
brusquement terminer sa carrière.
Alexis Dupont est mort au mois de juin 1874.
Pendant son second séjour à l'Opéra , il avait
épousé une charmante danseuse, M'" Lise No-
(1) Les renseignements donnés sur cet artiste par le
Dictionnaire des contemporains manquent d exaclilude
et de préci>ii n. Ceux que je donne ici sont puises aux
sources les plus sûres.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T.
blet, l'une des deux sœurs qui obtenaient alors
de si gran is >uccès à ce théâtre. iM"' Dupont est
morleen 1877.
DCPOIVT (Joseph), violoniste et composi-
teur, professeur de violon au Consiervatoire de
Liège, ét.iit né en celte ville le 21 août 1821, et
y mourut le 13 février 1861. Il reçut de son
père, amateur distingué, ses premières leçons de
musique, entra ensuite au Conservatoire de sa
ville naiale, y devint élève d'Antoine Wanson et
de François Pruuie, et à peine âgé de dix-sept
ans fut lui-même nommé professeur dans
cet élablissement. On a publié de cet artiste :
1° 3 Études et une romance sans paroles pour
le violon (Liège, Muraille); 2" 8 Études pour
violon, avec accompagnement d'un second vio-
lon (id.,id.); 3° Ave Maris stella à 2 voix (id.,
id.); 4° Ave Maria à voix seule (id., id.);
5° Tantum ergo a voix seule (id., id.) ;6" Osalu-
taris à voix seule (id., id ); 7° 8 Litanies pour
voix de basse (id., id.). — Il a écrit encore un
Credo, un Kyrie, un Ar/nns Dei, un quatuor et
un quintette pour instruments à cordes, un an-
dante symphonique, deux fantaisies pour vio-
lon, des chœius, des romances el mélodies vo-
cales, quelques morceaux de n)u>ique de danse,
et enfin un opéra-comique en 2 actes, Ribeiro
Pinto, qui fuljo'ié an cercle artistique de Liège,
en 1858, par plusieurs membres de la société
chorale la Legia.
DUPONT (Pierre), chansonnier- poëfe à qui
un grand nombre de ses productions firent une
renommée méritée, naquit à Lyon le 23 avril
1821. Sa famille était pauvre, et après avoir
reçu quelque éducation au séminaire de Largen-
tière, il fut tour à tour apprenti canul , clerc de
notaire, puis employé dans une maison de ban-
que. Venu à Paris en 1839, il y devint le pro-
tégé de l'académicien Lebrun, et après avoir vu
son premier poëme, les Deux Anges, couronné
par l'Académie française (1842), il obtint, grâce
à son protecteur, une place (Vaide au Diction-
naire publié par cette compagnie. C'est à partir
«le 1846 qu'il commença à écrire un grand nom-
bre de chansons d'une poésie saine, fprlile et vi-
goureuse, dans lesquelles on remai-qnail un grand
sentiment de la nature, un accent viril et une
couleur éclatante. Il donna ainsi, successive-
ment, les Bœufs, la Vigne, la Mère Jeanne,
les Louis d'or, les Sapins, le Meunier, les
Taureaux, le Braconnier, le Chien de ber-
ger, la Musette neuve, et bien d'autres qui ac-
quirent rapidement une grande popularité. En
I84S, Dupont, modifiant sa manière, se mit à
composer de nombreuses chansons politiques,
dans lesquelles il exaltait surtout la fraternité
19
290
DUPONT
sociale,- quelques-unes eurent un retentissement
énorme, entre autres celle intitulée le Pain,
dont la police crutilevoir interdire l'exécution en
public. Lors du coup d'État de 18f)l, Pierre Du-
pont se vit persécuté pour ce fait, et fut con-
damné à sept ans d'exil à Lambessa. Plus lard
il r» vint en I-'rance, mais, «juoique recommen-
çant à éciire, il ne reirouva plus sa veine pre-
mière ni les sincères accents qui avaient fait
son suc( es, et \\ se survécut à lui-même. 11 mou-
rut à Lyon le 24 juillet 1870.
Bien qu'absolument ignorant des choses de la
musique, Pierre Dupont composait lui-même les
airs de toutes ses chansons. Tout en écrivant ses
vers, il cherchait et fredonnait le motif sur le-
quel il les voulait chanter; puis, quand il l'avait
trouvé, il le faisait noter par un musicien. 11
eut la chance de connaître et d'avoir pour ami,
à l'époque de sa grande production, un véritable
artiste, M. Reyer ( Voyez ce nom), qui pendant
longtemps lui servit ain.^i de secrétaire. Il est
facile, en lisant la plupart des airs de Pierre Du-
pont, de voir qu'ils ne sont pas l'œuvre <i'un mu-
sicien ; cert.iines étrangetés ou monotonies de
tonalités, ceitains rhythmes bizarres, manquant
de franchise ou de régulariti';, révèlent ce fait à
une oreille ou à un o'il un peu exercé. Mais ces
défauts sont rachetés par une largeur d'inspira-
tion, une sincérité d'accent, une originalité de
forme incontestable, et il n'est que juste de dire
que, généralement, la musique s'accorde on ne
peut mieux avec la poésie et fait pour ainsi dire
corps avec elle. On sent que la double inspira-
tion est venue d'un seul jet, et l'effet produit est
souvent saisissant et d'une rare vigueur. M. Er-
nest Reyer l'a dit lui-même quelque part :
« Pierre Dupont a tracé un double sillon, et,
quoi qu'en disent certains musiciens dédaigneux
des dons naturels, le coloris, le seniiment, la
verve, la naïveté de ses inspirations sont bien
quelque chose «
Vers 1849, on commença la publication des
Chants et Chansons de Pierre Dupont. Cette
publication, qui comprenait environ cent cin-
quante chansons, forme quatre volumes petit in-
8°, et comprend les paroles et la musique, sans
accompagnement. Chaque pi«ce était accompa-
gnée d'une gravure sur acier, et le premier vo-
lume contenait une préface de M. Théodore de
Banville et le portrait de l'auteur. Je ne sais si
cette édition est absolument complète.
DUPOIXT (Jean-François) , compositeur et
chef d'orchestre, né à Rotterdam en 1822, se
destinait d'abord à la médecine et n'étudia la mu-
sique qu'en amateur. Cependant, comme il mon-
trait pour cet art des dispositions exception-
nelles, sa famille résolut, lorsqu'il eut atteint sa
dix-septième année, de lui faire abandonner la
médecine pour la musique. Élève d'abord de De
Lange et de Tours , devenu organiste-adjoint de
l'église catholi(iue de sa ville natale, ayant déjà
composé quel()ues morceaux religieux, il se dé-
cida à aller terminer son éducation artistique
en Allemagne et partit pour Leipzig , où il se fit
admettre au Conservatoire et reçut des leçons de
Mendelssolin, Hanptniann, Ferdinand David et F.
Bœlime. Ses progrès furent rapides , et bientôt il
lit exécuter dans cet établissement des frag-
ments d'un quatuor et d'une symphonie de sa
coinposiliou. De retour à Rotterdam , il s'y livra
à l'enseignement, et fonda des concerts philhar-
moniques dans lesquels il dirigea l'exécution de
grandes œuvres classiques. Pendant ce temps il
écrivait de nombreuses œuvres, parmi lesquelles
figure un opéra en trois actes, Bianca Siffredi,
qui fut représenté sur plusieurs scènes de l'Al-
lemagne. Bientôt il retourna dans ce pays 1852),
devient cappellmeister du théâtre de Halle, et
exerça successivement le même emploi au théâ-
tre de la cour de Detmold, puisa ceux de Linz,
de Ftamhiiurg et de Nuremberg, où il se trou-
vait en 1860. J'ignore ce qu'il est devenu depuis.
Cet artiste a publié : 3 recueils de liedcr à voix
seide; 3 recueils de chœurs à 4 voix, sur pa-
roles allemandes ; un quatuor pour instruments
à cordes op. 6 ; un trio pour piano , violon et
violoncelle, op. 13; Ballade et Scherzo i)Our
piano, op. 16; Polonaise pour piano, op. 9;
Souvenir de Hartzbourg, pour piano, op. 12;
grande scène pour soprano , avec accompagne-
ment d'orchestre. Il a fait exécuter en Allemagne
et en Hollande deux symphonies et plusieurs
ouvertures de concert.
* DUPOA^T (Auclste) , pianiste, composi-
teur et professeur au Conservatoire de Bruxelles.
Cet artiste est venu se faire entendre à Paris il y
a deux ou liois ans, et s'est produit aux concerts
de l'Association artistique ( théâtre du Cliâtelet).
Voici une liste complémentaire de ses composi-
tions pour le piano : 1" Pastorale, op. 4 ( lier-
lin, Simrock); 2" La Danse des Aimées, étude
fantastique, op. 25 (Mayence, Scliolt) ; 3" Tocca-
telle, op. 26, id., id. ; 4° Sérénade espagnole,
op. 28, id., id. ; 5° Staccato perpétuel, étude
de concert, op. 31 (Leipzig, Breitkopf et Hàrtel);
6° Berceuse, op. 35, (Mayence, Schott); 7° Trois
danses dans le style ancien ( 1, Gavotte; 2, Sa-
rabande ; 3, Bourrée), op. 37, id., id. ; s" Fan-
taisie et Fugue pour la main droite seule, op. 41 ,
id., id.; 9° Romnn en dix pages, op. 48, id.,
id. ; 10° Ballade héroïque, id., id.
DUPOiVr (Joseph), frère cadet du précé-
DUPONT — DUPRATO
291
dent, est né à Ensival (province de Liège)
le 3 janvier 1838, et reçut de son père, vio-
loncelliste, organiste et compositeur distinguf',
ses premières leçons de musique. Il fut admis
ensuite au Conservatoire <le Liège, oii il entreprit
l'étude du violon et de la conifiosition , puis alla
terminer son éducation musicale au Conserva-
toire de Bruxelles, où il obtint en 1862 1e pre-
mier prix de violon et en 1863 le grand prix de
composition musicale, dit prix de Rome. Selon
les conditions attachées à ce prix, il voyagea pen-
dant quatre ans en France, en Italie et en Alle-
magne, puis devint chef d'orchestre du théâtre
italien de Varsovie (1867-1870), qu'il quitta
pour passer en la môme qualité au théâtre im-
périal de Moscou (1871). De retour en Belgique,
M- Dupont fut nommé professeur d'harmonie
théorique au Conservatoire de Bruxelles, et
presque en même temps fut chargé des fonctions
de chef d'orchestre an théâtre de la Monnaie et
à l'Association des artistes musiciens. Les suc-
cès qu'il obtint dans la direction de l'orchestre
de la Monnaie le firent choisir, en 1873, comme
directeur des Concerts populaires de musique
classique, en remplacement du grand violoniste
Henri Yieuxtemps, qui venait de donner sa dé-
mission pour cause de santé.
M. Dupont, qui est un artiste fort distingué,
a écrit un grand nombre de compositions,
jusqu'ici presque toutes restées inédites :
ouvertures, suites d'orchestre, fragments sym-
phoniques , cantates pour soli , chœurs et or-
chestre, morceaux de musique religieuse, mélo-
dies vocales sur parol.es françaises ou italien-
nes, etc., etc. A peine âgé de trente-neuf ans ,
M. Dupont occupe une des premières situations
artistiques dans la capitale de la Belgique.
LUPRAT (HipP0L\TE>, né à Toulon le 31 oc-
tobre 1824, apprit la musique comme complé-
ment d'éducation. Après avoir terminé ses études
littéraires, il entra dans la marine de l'État, dont
il lit longtemps partie en qualité de chirurgien.
Pendant la campagne du Sénégal , il fut décoré
delà Légion d'honneur. Sa carrière était déjà as-
sez avancée, quan<i il se décida à se vouer com-
plètement à la composition musicale, à laquelle
il s'était depuis longtemps essayé. H donna sa
démission, et vin! se fixer à Paris, où il écrivit
la musique de Pétrarque, grand opéra en cinq
actes, dont il avait écrit également le livret avec
M. Dharmenon. Son œuvre terminée, il appli-
qua toute son énergie à la faire représenter. Re-
poussé d'abord par M. Perrinà l'Opéra, il renou-
vela successivement ses démarches auprès de
MM. Carvalho , Pasdeloup et Martinet, direc-
teurs du Théâtre-Lyrique. Il paraissait avoir
quelque chance d'aboutir, lorsque survint la
guerre de 1870, puis la Commune, pendant la-
quelle eut lieu l'incendie duTliéàtre-Lyri.iue, qui
ruina les espérances de M. Duprat. Il se décida
alors à donner son œuvre en province , et Pé-
trarque fut enfin joué au Grand-Théàlre de
Marseille le 19 avril 1873. Après avoir obtenu
un assez grand nombre de représentations, cet
ouvrage fut repris l'année suivante, et monté à
Lyon, Toulouse, Avignon et Toulon. — Pétrar-
que a eu des panégyristes que lui ont surtout
valus la persistance et la force de volonté de
M. Duprat. Si on le juge en dehors de ces con-
sidérations, une critique impartiale peut en ré-
sumer ainsi les qualités et les défauts. L'auteur
a eu l'imagination vivement frappée par les beau-
tés des ouvrages qu'il alfeclionnait ; c'est de
cette impression qu'est née son œuvre. Il lui a
mani|ué une première éducation musicale .suffi-
sante. Il ne pos-ède pas l'art de développer une
phrase. Son harmonie est lâchée et, en plus d'un
passage, incorrecte. L'orchestration, qui est
bruyante, ne s'appuie pas assez sur le quatuor.
Enfin le slyle n'a pas d'unité, et rappelle fré-
quemment les mauvais côtés de l'école ilalienne.
En résumé , Pétrarque pèche par l'absence de
personnalité, l'inexpérience et le défaut de style.
Par contre, on y trouve d'heureux dons naturels,
une veine mélodique facile, qui gagnerait à un
choix |ilus sévère de motifs, une ceitaine vie qui
se soutient dans tout l'ouvrage, enfin, et sur-
tout, le sentiment de la scène à un assez vif de-
gré. Al. R — D.
* DUPRATO ( JULESLAURENT-AiNACHARSIS),
est l'un des compositeurs les plus distingués de
ce temps, et l'un de ceux qui ont eu le moins de
bonheur au théâtre, malgré un début presque
éclatant. Cet artiste fort honorable est un exem-
ple frappant de la malechance qui peut pour-
suivre un musicien dramatique, en dépit de son
talent, lorsqu'il est mal servi par ses collabo-
rateurs, et que les livrets qui lui sont confiés
n'offrent point les qualités qu'exige impérieuse-
ment la scène. Voici la liste complète des ou-
vrages que M. Duprato a fait re|)résenter jus-
qu'ici : 1" les Trovatelles , un acte, opéra-co-
mique, 28 juin 1854; 2° Pâquerette, un acte,
id., 20 juin 1856; 3° M'sieu Landry, un acte,
Bouffes- Parisiens, 24 novembre 1856 (parti-
lionnette charmante et pleine de bonne hu-
meur) ; 4° Salvator Rosa, 3 actes, opéra-comi-
que, 30 avril 1861 (œuvre manquée, écrite sur
un livret exécrable); 5" la Déesse et le Berger,
2 actes, id., 21 février 1863; 6° et 7° le baron
de Groschaminet , i acte, Sacripant, 2 acles ,
Fantaisies- Parisiennes, 24 septembre 1866;
292
DUPBATO — DUPREZ
&° le Chanteur florentin, scène lyrique, id.,
29 novembre 1866 ; 9» la Fiancée de Corinthe,
un acte, Opéra, 21 octobre 1867 ; 10" la Tour
du chien vert, 3 actes, Folies-Dramatiques,
28 décembre 1871; ll° le Cerisier, un acte,
Opéra Comique , 15 mai 1874. A cela il faut
ajo'iter trois cantates, exécutées, les deux pre-
mières à iOpéra-Comique le 15 août 1859 et le
15 août 1861, la troisième à l'Opéra le 15 août
1804 ; enfin, une cantate pour l'inauguration de
l'Athénée musical , au mois de janvier 1864.
On peut dire que M. Duprato est l'un des ar-
tistes les pins ingénieux et les plus aimables qui
se soient produits depuis vingt ans sur nos scè-
nes lyriques. Avec MM. Th. Semet, Boulanger,
Deflès et Ferdinand Poise , il fait partie de ce
petit groupe de compositeurs distingués qui,
semble-t-il, n'ont pu donner ni les uns ni les
autres la mesure exacte de leur valeur, par suite
du peu d'encouragements qu'ils ont trouvé au-
près des directeurs. Ce n'est point le tout , en
effet, de produire de temps à autre un musi-
cien, de lui accorder une pièce tous les quatre
ou cinq ans,- encore faudrait il le faire intelli-
gemment, de façon à lui être profitable, et pour
cela il serait bon de consulter ses aptitudes,
son tempérament, de lui donner des poèmes
qui convinssent à sa nature, et surtout qui con-
vinssent à la scène. Or, sous ce rapport , nul n a
été plus mal servi que M. Duprato, et j'uisiste
sur ce fait parce que, si l'on avait pris la peine
de s'oicuper de lui avec intelligence et sincérité,
l'artiste était doué de manière à fournir une
carrière sinon brillante , du mo ns fort honora-
ble et profitable, non-seulement pour lui, mais
pour les |ilaisirs du public et pour le tliéàtre qui
aurait eu l'esprit et le bon goût de se l'attacher.
Au mois de janvier 1804, M. Duprato fui choisi
pour diriger l'orchestre d'une entreprise qui se
fondait, sur le boulevard St-Germain, sous le ti-
tre d'Athénée musical. 11 n'y resta pas long-
temps, et la salle de l'Aihénée devint bientôt
celle (lu théâtre des Folies-Saint-Germain, aujour-
d'hui théàlre Cluny, En 18G7 , le ministère des
beaux arts ayant misa la disposition du direc-
teur des Fantaisies-Parisiennes une somme de
1,000 francs destinée à être donnée en prix à
r'anleur de la meilleure partition qui aurait vu
le jour sur ce gentil théâtre, trop tôt disparu, le
jury nommé à cet effet décerna à l'unanimité le
prix à M. Duprato, pour sa partition de Sacri-
panl. En 1866, M. Duprato fut nommé profes-
seur agrégé d'harmonie écrite au Conservatoire ,
et il est devenu, en 1871, titulaire d'une classe
d'harmonie et accompagnement pratique.
M. Duprato a publié un certain nombre de
mélodies vocales, qui se font remarquer par un
grand souci de la forme et une rare délicatesse de
sentiment. Je citerai, entre autres : la Plainte;
Mou cœur que faut-il faire? la Rivière; la
Maisonnette; C'est tout le contraire; la Petite
Madelon ; le Dépit amoureux; Tout rend hom-
mage à la beatité; Adieux à Suzon; la Fon-
taine de Palerme; et surtout six Sonnets,
compositions fort remarquables, qui ont obtenu
un très-grand succès. M. Duprato a écrit encore
la Heine Mozab, opérette non représentée, pu-
bliée dans un journal, le Magasin des Demoi-
selles^ une Promenade de Marie-Thérèse,
et Marie-Siuart au château de Lochleven,
autres opérettes non représentées, destinées à
être jouées dans les salons, et dont la musique a
été publiée par l'éditeur Schott. On lui doit en-
core trois cliflpurs à 3 voix égales : les Palmes ,
la double Fête, les Vacai^ces , écrits pour les
distributions de prix , trois morceaux mélodi-
ques pour piano et violon, et six romances sans
paroles pour le piano. Enfin, il a en portefeuille
un opéra comique en un acte, intitule Gr/:;owi^-
lelte, qui, après avoir longtemps langui dans
les cartons de l'Opéra-Coinique , venait d'être
reçu au théâtre de l'Athénée au moment où ce-
lui ci dist)arut (1).
DUPRK ( ), claveciniste , compositeur et
orofesspur, était organiste de l'église Saint-Mar-
tin, de Tours, en 1773, et occupait encore cette
(losilion en 1783. Il a publié: ï° Six sonates
pour le clavecin ou piano-forte, avecaccompa-
gnementd'un violon ou violoncelle, ad libitum,
op. 1 ; 2° Six sonates pour le clavecin ou forte-
piano, avec accompagnement de violon ad libi'
tum , op. 2, Paris, Consineau.
* DUPREZ (GiLBEKT-Louis), chanteur ad-
mirable, s'est consacré à l'enseignement et à la
composition depuis l'époque où il s'est définiti-
vement retiré du théâtie. Il a ouvert à Paris
une école de chant dramatique, dans laquelle il
a formé de nombreux et excellents élèves dont
quelques-uns sont parvenus à une grande re-
nommée. Déjà M. Duprez avait été professeur
au Conservatoire, de 1842 à 1850, mais le re-
(I iLor.squ'en I8f2, le Ihéûtre des Arts, à Rouen, donna
un exemple de décentralisation artistique eii représen-
tant un opéra de Balte inconnu alors à Paris, la Bohé-
mienne, M Dupralo fut chargé d'écrire les récitatifs et
(le fa re lesraccor is nécessaires à l'adapiation française de
cet ouvraie. 11 augmenta iiiênie la partition de 'leux airs
nouveaui, eIpre^.^énlent compOKéspar lui pmir Mme Galli-
Marié, qui Jouait le rôle principal. M Duprato a aussi
écrit des récitatifs pour un opéra-rom qne d'HéroId, i'/i-
liision, en vue de l'adaptation de cet ouvrage au genre
d° l'Opéra et de sa représentation sur ce tliéàtre. Jus-
qu'ici pourtant, ce travail n'a pas été utilisé.
DUPREZ
293
nom de son enseignement date surtout de la
création de son école particulière , où il forma ,
en dehors de sa fille, M™'' Vandenlieuvel-Dii-
prez, des élèves (elles que M™"' Miolan-C .r-
■vallio , Marie Battu , M"" Marimon , Monrose ,
et bien d'antres dont les noms m'écliappent. C'est
à son fils et son élève M. Léon Duprez, qu'il a
rerais, depuis quelques années, la direction de
cette école. M. Léon Duprez , chanteur fort dis-
tingué, a essayé inulilement de se produire à la
scène et a fait une courte apparition au ïliéàtre-
Lyrique ; sa voix était trop faible , en dépit de
son talent, et il a dû renoncer à la carrière dra-
matique.
Tout en se consacrant à ses élèves, M. Du-
prez , qui avait fait dans sa jeunesse île bonnes
études théoriques, voulut se livrer à la compo-
sition ; mais il ne fut pas heureux sous ce rap-
port, et les œuvres qu'il a produites ne sortent
pas de la médiocrité; les ouvrages dramaliques
de AI. l)u[)rez se font reniai quer par des défauts
de prosodie, des excentricités harmoniques, des
banalités d'instrumentation qui surprennent à
bon droit chez un artiste habitué à interpréter
des chefs-d'œuvre et dont l'oreille devrait, stm-
ble-til , être particulièrement exercée et délicate.
Voici la liste de ses productions en ce genre : 1"
L'abi'me de la Maladclla, Opéra-comique en
3 actes, Bruxelles, théâtre de la Monnaie, 19 no-
vembre 1851 ; 2° Joanita, ou la Fillv des Bou-
caniers, opéra en 3 actes, joué d'abord à Bruxel-
les, puisa Paris, au Théâtre-Lyrique, le 11 mars
1852 (je crois que ces deux ouvrages n'en (ont
qu'un, et (|ue l'auteur en a seulement changé le
titre pour la représentation à Paris); 3° La
Lettre au bon Dieu , 2 actes. Opéra- Comique ,
28 avril 1853; 4" Jeanne d'Arc, grand opéra
en 4 actes, Grand Théâtre-Parisien, 12 octobre
1865; — 5° La Cabane du Pécheur, opéra
comique en un acte, th. de Versailles; — 6"
Jélyotte, un acte; — 7° Samson, grand opéra
en 4 actes; — 8° Amelina , 2 actes; — 9° Zé-
phora , grand opéra en 5 actes; — 10° Tariotti,
grand opéra (je crois qu'aucun de ces cinq der-
niers ouvrages n'a été représenté) ; 1 1° la Pazza
delta Regina, opéra italien en 2 actes, dont la
musique a été exécutée en 1877, dans un salon.
M. Duprez a voulu se produire aussi comme corn
positeur religieux ; il a écrit une grand' messe de
la Pentecôte, une messe de Requiem et une messe
pastorale, et il a fait exécuter au cirque des Cliamps-
Élysées, le 28 mars 1868, un oratorio en 3 par-
ties, le Jugement dernier, dont il avait écrit les
paroles et la musique. Enfin , il a publié encore
un assez grand nombre de morceaux de musi-
que vocale, mélodies, romances, airs, duos, trios,
quatuors , parmi lesquels une saynète bouffe,
Trois-Étoiles chez un directeur, qui a été fré-
quemment chaulée dans les salons. Pour faire
suite à sa méthode intitulée l'Art du chant ^
M Duprez a publié sous ce titre un second ou-
vrage didactique : Ln Mélodie , études compté'
menlaires vocales et dramatiques de « VArt
du chant, « Paris, Heugel, in P. — M. Elwart
a publié sur ce grand artiste l'écrit suivant : Du-
prez. sa rie artistique, avec une biographie
authentique de son maître Alexandre Cho-
ron (Paris , Magen, 1833,in-t6 avec portrait).
On trouve aussi une biographie de M. Duprez,
avec porhMil, dans la Galerie des artistes drama-
tiques de Paris (Paris, Marchand, 1840, in-4)(l)*
M'"'^ Duprez, née Duperron, femme de cet
arti>te, fut une cantatrice fort distinguée. Elle
enira à lOdéon, alors théâtre semi-ljrique , à
l'époque de son mariage, en 1827, et suivit ea
Ilalie son mari , où elle partagea ses succès et fit
preuve d'un talent fort remarquable. Elle quitta
le théâtre de bonne heure, et mourut il y a quel-
ques années.
DL^PREZ (Caroline), fille du précédent,
chanteuse remarquable, naquit à Florence en
1832 , à l'époque des grands succès que son père
obtenniten Italie. Elle fut son élève, et lorsque
M. D\q)rez, après avoir quille l'Opéra , parcou-
rut quelque temps la province , il fit jouer sa
fille avec lui et l'accoutuma ainsi à la scène. En
1850, Mi'= Caroline Duprez debuiait avec bon-
heur au Théâtre-Italien de Paris; elle se faisait
intendre ensuite à Londres, puis à Bruxelles ,
où elle remplissait le rôle principal d'un opéra
écrit par son père, Joanita , et était bientôt en-
gagée au Théâtre Lyrique pour jouer le même
ouvrage. Du Théâtre-Lyrique elle passa à l'O-
péra-Comiqne, où elle resta plusieurs années et
où elle fit des créations très-importantes dans
Marco Spnda, l'Etoile du Nord, Valeniine
d'Aubignti. Jenntj Bell, les Saisons, etc., puis
entra à l'Opéra pour y tenir l'emploi des chan-
teuses légères. En 1858 elle était engagée de
nouveau au Théâtre-Lyrique pour y jouer le
rôle de la comte>se dans les Noces de Figaro ,
et elle rentra un peu plus tard à l'Opéra-Comi-
que pour y créer le principal personnage d'un
opéra de M. Victor Massé, Fior d'Aliza. Ce fut
la dernière fois qu'elle parut à la scène ; douée
d'une santé Irès-délitate, que les fatigues du
théâtre avaient fortement ébranlée, elle dut, sur
l'avis des médecins, aller s'établir dans le midi
(I) M. Diinn z n'ét.iit encore àsc que de treize ans lors-
qu'il publia '3 première composition; c'était un ctiant
sur la uiort du duc de Berry « par G. Duprez, âgé de
13 ans ». t
294
DUPREZ — DURANCY
de la France, et se fixa en effet à Pau, où elle
parut >e rétablir, et où même elle pnt bientôt se
livrer à l'enseignennent. Cependant, au bout de
quelques années, l'affection plitisique dont elle
était atteinte reparnt plus violente que jamais ,
et un iiiver rigoureux vint achever de miner son
tempérament. Cette artiste vraiment distin-
guée mournt à Pau au mois d'avril 1875.
M'i' Caroline Duprez avait épousé un pianiste
accompagnateur fort habile, M. Amédée Van-
denheuvel.
DUPUIS (Jacques), violoniste fort distingué,
et l'un des meilleurs représentants de l'école
belge pour Cft instrument, naquit à Liège le
21 octobre 1830, et fit ses études musicales au
Conservatoire de cette ville , où il fut admis en
1839. Élève de M. Lignac pour le solfège , de
M. Ledent pour le piano, de M. Joseph Dupont,
puis de Prume pour le violon, il obtint successi-
vement le !<"■ prix de solfège en 1841, le second
prix de violon en 1842, le 1" prix de violon et
le second prix «le piano en 1847, enfin le 1*"^ prix
de piano en 1848. En 1850, à peine âgé de vingt
ans, il était appelé comme profes.seur dans l'éta-
blissement où il avait fait son éducation, et chargé
d'une classe de violon qui devint bientôt l'une
des meilleures du Conservatoire. Ses fonctions
de professeur n'empêchèrent pas Dnpuis de se
produire comme virtuose, et son jeu sûr, précis,
son mécanisme habile , son archet souple , son
style remarqtiable et vaiié lui valurent de bril-
lants succès. Fidèle interprète des o'uvres des
grands maîtres, il exécutait avec leur style propre
les compositions si difficiles de Bach, les grandes
sonates de Beethoven, les quatuors de Mozart,
de Beethoven et de Mendelssohn. Après s'être fait
apprécier dans sa ville natale, il se fit applaudir
successivement aux Concerts populaires de
Bruxelles et de Paris, aux belles séances de la
société Félix Mentis à Amsterdam , aux con-
certs de la ville à Aix-la-Chapelle, etc. Les exi-
gences de l'enseignement ne l'empêchaient pas
non plus de se livrer à de sérieux travaux de
composition , et Dnpuis, qui avait fait de bonnes
études de contrepoint et de fugue avec Daus-
so'igne-Méhul, écrivit, entre autres oeuvres, deux
concertos pour le violon, plusieurs sonates, et un
certain nombre de fantaisies et morceaux de
genre pour piano et violon. Malheureusement,
les plus importantes de ces œuvres sont restées
inédiles, leur auteur ayant été frappé prématu-
rément par la mort, dans sa ville natale , le
20 juin 1870. Jacques Dupuis était un artiste
d'une véritible valeur, et un homme distingué à
tous les points de vue.
Le frère cadet de cet artiste, M. Joseph Du-
puis, étudia la musique dès ses plus jeunes an-
nées, et jouait du cornet à pistons. Ayant le goût
du théâtre, i! s'engagea dans une troupe de co-
médiens de province, puis vint à Paris, au petit
théâtre des Folies-Nouvelles , où il se montra
avec succès dans plusieurs opérettes de M M Hervé,
Pilati et Laurent de Rillé : Toinetle et son ca-
rnl)iaier, Jean le Sot, Vile de Cahjpso, le Ju-
gement de Paris, etc. Au bout de peu d'années
il fut engagé aux Variétés, qui transformaient
leur genre et se consacraient à l'opérette, et
devint l'interprète favori des pièces de M Offeu-
bach, qui lui valurent une très grande réputa-
tion comme acteur et comme chanteur comique :
Barbe- Rleue , la Belle Hélène, la Grande Du-
chesse de Gérolstein et tant d'autres qu'il est
inutile de citer.
DUQUKS.XOY. — Voyez LANCTIIV.
DURAI\CY (Céleste), l'une des cantatrices
les plus justement fameuses de l'Opéra au dix-
huitième siècle , était fille de comédiens de
province, et naquit en 1746. Son père, qui
jouait les premiers couu'ques, et sa mère, qui
tenait l'emploi des premiers rôles de Iraaédie et
de comédie, étaient des acteurs de grand talent.
En 1752, Durancy père devenait directeur du
théâtre français de Bruxelles, dont lui et sa
femme étaient au nombre des premiers sujets ,
et la jeune Céleste, exercée de bonne heure à l'art
du comédien, montrait déjà des aptitudes pré-
coces pour le théâtre. Le petit ouvrage intitulé
Almanach historique et chronologique de la
comédie française établie à Bruxelles (\7î>i)
était rempli de louanges à l'adresse de M. et
M°" Durancy, et contenait ces vers « à M"" Cé-
leste, âgée de .sept ans ou environ , fille de M. et
de M"* Durancy, qui par ses talents et ses grâces
enchante tous les spectateurs » :
Cclesle, ainsi que la brillante Aurore,
Qui devance le plus beau jour,
Dans un âge im l'' nfance encore
Ne connaît ce que c'est qu'Amour,
Nous peint mvcc tant de grâces, de ctiarnics.
Ce petit Uii u dans notre cœur.
Que tout le monde, en lui rendant les armes ,
Dit qu'elle in est la jeune sœur.
Mil"" Durancy était si bien douée pour le théâtre,
qu'avant môme d'avoir accompli sa treizième
année, le 19 juillet 1759, eUe débutait à la Comé-
die-Française, sur la première scène du monde,
parle rôle de Dorinedu Tartuffe. Comme à son
talent .scénique elle joignait une voix remarqua-
blement belle, trois ans après , le 19 juin 1762,
elle faisait une première apparition à l'Opéra,
qu'elle quittait pour rentrer, le 13 octobre 1766,
à la Comédie-Française ; enfin, le 23 octobre de
DURANCY — DURAND
295
l'année suivante, flans Hippolyfect Ar/cie, elle
faisait retour à l'Opéra, où elle resta jusqu'à sa
mort. Parmi les rôles qui lui firent le pins d'hon-
neur, on cite surtout ceux de la Haine dans
Orphée , d'Alceste, de IMédusedans !e Persi'e de
Philidor, et d'Ernelinde dans la seronde reprise
qui eut lieu de cet ouvrage du même maître.
Elle était laide, et sa voix était simplement suffi-
sante ; mais son âme ardente , la passion lu fi-
lante qui l'animait, nn sentiment patliétiijue
qui allait jusqu'au sublime, en firent une des plus
admirables cantatrices dramatiques qu'on eût
jamais vues sur notre grande scène musicale. Ces
qualités exceptionnelles furent justement cause
de sa moit prématurée. M'''= Durancy relevait à
peine d'une maladie grave lorsque Philidor lui
confia le rôle important de Méduse dans son
Persée. EUe ne se ménage.i pas pendant les
études, et, une fois en présence du public, se
livra si complélement et lai^^sa tellement débor-
der sa passion , que de pareils efforts lui fu-
rent f.itals. Elle donnait surtout un accent in-
comparable à l'air si magnifique : J'ai perdu In
beauté qui vie rendait si vaine. Mais bientôt
elle n'eut plus la force de lutter contre un tem-
pérament artistique qui l'emportait outre me-
sure : elle retomba malade, et cette fois si jira-
vement, qu'elle mouiut le 28 décembre 1780,
deux mois après avoir fait cette dernière créa-
tion.
« Cette excellente actrice, disait VAImanach
musical de 1781, se dislinguait dans tous les
rôles par la sensibiliié de son âme, par la vérité
de ses gestes, par la grâce de sa démarche, la
noblesse de son maintien, et par une infinité de
petits détails qui ne pouvoient être aperçus que
dans une actrice du premier mérite. » Un aulre
recueil spécial, les Spectacles de Paris (pour
1782), disait de son côté : «... Avec une figure
marquée, elle avoit trouvé le secret de plaire
dans le rôle de Colette (du Devin du Village);
tendre et noble dans Ernelinde, toucbanle dans
Castor, elle étoit sublime dans Clylemnestre et
se faisoit encore admirer dans les rôles de la
Haine et de Méduse. Elle étoit si passionnée
dans les rôles , qu'elle faisoit oublier sa figure.
Si elle n'a pas été la meilleure chanteuse de
l'Opéra, elle en a été sûrement la plus grande
actrice. Il ne lui a manqué que de la beauté pour
faire rendre plus de justice à ses talens concer-
nant la déclaration et pour exciler l'enthou-
siasme. » Peu de semaines avant sa mort, et à
propos de son admirable interprétation du rôle
d'Ernelin'te, M"e Durancy, à qui le public avait
déjà témoigné sa satisfaction, recevait de Favart
les vers suivants :
O Ourancy, pnr queh cliarmps puissans,
Par quel lÉciircux prestigi.- iibuse-i-tu nos sens?
C'i st l'effet de ton art suprême
Je cours à l'Opéra pourtVntendreet te voir;
L'action disparait, tu trompes mon espoir :
Je ne vois plus qu"Ernelinde ellc-meraf. •.
DUR.^ND (Emile), professeur et composi-
teur, né à Snnt-Brieuc (Côtes-du-Nord) le 16 fé-
vrier 1830, vint de bonne heure à Paris, et fut
admis au Conservatoire de cette ville en 1845*
Il y fit de bonnes études, et fut successivement
élève de M. Napoléon Alkan pour le solfège, de
M. Bazin pour l'harmonie , et d'Halévy pour la
composition. Après avoir obtenu un premier prix
de solfège en 1847, un accessit et un premier
prix d'harmonie et accompagnement eu ISaO et
1851, il se présenta en 1853 au concours de
l'Institut et se vit décerner le second grand prix
de Rome. M. Emile Durand se livra alors à l'ensei-
gnement; déjà, depuis 1850, et bien qu'étant en-
core élève du Conservatoire pour la composition,
il avait été nommé professeurd'une classe de sol-
fège. Il conserva cette situation jusqu'en 1871,
é|)oque à laquelle il devint professeur d'harmouie
et accompagnement en remplacement de M. Ba-
zin, qui devenait professeur de fugue et de com-
position. M. Durand a publié un assez grand
nombre de mélodies vocales dont quelques-unes
sont empreintes d'un sentiment délicat, et dont
une entre autres, Comme à vingt ans, a obtenu
un succès populaire et firolongé. Il a, en outre,
fait re|»résenter deux petits ouvrages : iTEUxir
de Cornélius, opéra-comique en nn acte (Fan-
taisies-Parisiennes, 3 février 18f)8 ) d'un tour
aimable et élégant ; 2° Y Astronome du Pont~
Neuf, pochade musicale en un acte (Variétés,
18 février 1869). M. Durand prépare en ce mo-
ment un Traité d'harmonie, A\n&\(^\ï\\n Traité
d'accompagnement delà base chiffrée et du
chant f/o;mp',qui doivent paraître prochainement.
DtlRAlXD (Marie- Auguste), compositeur
et éditeur de musique à Paris, est né en cette
ville le 18 juillet 1830. Fils d'un artiste qui élait
professseur de musique au collège Rollin, il fit
d'excellentes études littéraires dans cet établis-
sement, et comme il avait étudié déjà la mu-
sique avec son père, il se livra, une fois muni
de .son diplôme de bachelier, à l'étude de l'har-
monie et de la fugue sous la direction particu-
lière de MM. Bazin et Savard. Il ne fit que passer
au Conservatoire, dans la classe d'orgue de
M. Benoist , mais y re<ta cependant assez de
temps pour puiser dans les excellentes leçons de
ce professeur un amour sérieux de cet admi-
rable instrument, et pour en retenir les bonnes
traditions de son enseignement. Après avoir ter-
miné son éducation musicale, M. Durand devint
296
DURAND — DUROGHER
successivement organiste des éalises Saint- Am-
hroise (1849), Sainte-Geneviève (1853J, Saint-
Roch (1857; et Saint-Vincent île Paul (]8C2-
1874). En même temps , il éiait un des artistes
qui contribuaient le plus à la vulgarisation de
l'orgue-harmonium, fit dans ce but plusieurs
voyages artistiques en Italie, en Angleterre et en
Russie, et composa be.iucoup de musique pour
cet instrument. S'occupant aussi de littérature
musicale, M. Duraml collabora, de 1858 à lb65,eu
qualité de critique spécial, à plusieurs journaux
dirigés par M. Ilippolyte Castille, entre autres
le Courrier de Paris et la ISouvelle.
En 1870, abandonnant le professorat, M. Du-
rand s'associa avec M. hchœnewerk pour acqué-
rir le fonds delà maison d'édition musicale créée
parM. Fiaxiand {Voij. ce nom). Continuant les
errements de son prédécesseur, il mil la der-
nière main à l'édition française des œuvres de
Scbumann et de M. Richard Wagner, et s'ef-
força toujours de dislin.uer en Allemagne les
œuvres des artistes qui, par leurs tend-mces, lui
semblaient avoir un caractère international. C'est
ainsi qu'on lui doit les éditions françaises de
plusieurs œuvres impoi tantes de MM. Max
Brucb, Johaunes Brahms, Raff, H. Huffmann,
"Woikmann , etc. Mais à côté de ces noms , la
maison qu'il dirige a fait une belle part à la
jeune école française, en publiant , entre autres,
les partitions à orchestre des œuvres les plus
intéressantes de MM. Massenet, Ernest Gui-
raud, Lalo, Widor, Joncières, etc.
Le nombre des compositions publiées de
M.Durand s'élève à quatre-vingts environ. Parmi
elles on distingue : une messe à 3 voix mixtes
(Régnier- Canaux) ; une messe à 4 voix (Flaxlandj ;
beaucoup de morceaux originaux pour l'harmo-
nium ; des duos et des fantaisies sur des airs
d'opéras pour harmonium et piano; de nom-
breuses mélo lies vocales; enfin, toute unesérie
d'airs de danse dans le style amien pour le
piano, tels que chacones, gavottes, pastorales,
qui ont obtenu un succès de vogue.
DURAND (L ), est l'auteur d'une bro-
chure qui a é'.é publiée, en 1864, sous ce titre :
Découverte et démonstration de la similitude
des gammes, ou les physiciens wis d'accord
avec les musiciens au sujet de la musique,
par L. Durand, sous lieutenant au 27* de ligne.
DUREAU (Alexis), amateur de musique
et de tbeàlre, est l'auteur d'un livre ainsi inti-
tulé : ISutes pour servir à l'histoire du théâtre
et de la musique en France, publiées par
Alexis Dureau, l" année, 18^50 {Paris, Claudin,
1" jan\ier 18GI, in J2 ). C'est une sorte d'alma-
nach spécial, qui aurait pu avoir son utilité,
mais dont il n'a paru que cette seule année. Les
milières y étaient d'ailleurs disposées sans
ordre et d'une façon un peu confuse.
DURET (Marcel), violoniste, naquit vers
1785. Elève de Rode au Conservatoire, cet ar-
tiste fut couronné au concours de 1803, où il obtint
un premii-r prix de violon. Peu d'années après il
épousa M"° Cécile Saint- Aubin, fille aînée de la
célèbre chanteuse de l'Opéra- Comique, et qui
brilla elle même à cethéàlre pendant plusieurs
années. Le 6 mai 1815, Duret faisait représenter
a ropéra-Comique un ouvrage en un acte, inti-
tulé la Leçon d'une jeune femme. Il était, à
cette époque , second violon à l'orchestre de
ropera, et occupait emore ct-l emploi en 1830.
DURET (M"* Anne-Cécile d'HERBEZ,
dite SAL\r-AUBlN), femme du précédent, est
morte à Paris le 29 novembre 18G2 (I).
* I URIEU ( ). Ou trouve dans le petit
livre intitulé : Tablettes de roiommée des
Musicifus (Paris, 1785), la petite notice que
voii i sur cet artiste : « Durieu, excellent maître
de violon, ci devant attaché au Concert spirituel
et à celui des Amateurs, et marchand de mu-
sique, est éditeur d'un Journal d'arietles ita-
liennes du meilleur choix, parodiées, et dédiées à
M""" la duchesse de Bourbon. »
DUROCHER ( E LEBOURDAIS ), pia-
niste et compositeur amateur, né à Laval en 1830,
a cultivé la musique au point de vue de son agré-
ment. Il a reçu sous ce rapi>orl une excellente
éducation, et a beaucoup contribue aux progrès
de l'art dans quelques-uns de nos départements
de l'Ouest. Associant dans une même action,
dans un effort unique, les trois grandes sociétés
philharmoniques des villes du Mans, de Laval
et de Rennes, M. Durocher sut donner une vive
impulsion aux travaux de ces sociétés, se fit
l'oiganisateuret l'ordonnateur de leurs concerts,
ne reculant devant aucune peine pour rendre
ceux-ei plus brillants, allant lui-même à la re-
cherche des virtuoses qu'il voulait faire entendre,
prenant soin des études, choisissant les œuvres
qu'il jugeait les plus dignes d'être exécutées, se
faisant à la fois chef d'orchestre et accompagna-
teur, étant enfin l'àme des belles séances musi-
cales qui se donnaient, non-seulement dans les
trois villes qui viennent d'être nommées , mais
encore dans beaucoup d'autres, moins impor-
tantes, où il transportait son persoimel et où il
faisait entendre d'excellente musique. Depuis
vingt-cinq ans environ , M. Duro( ber, qui jouit
(i) L'auteur de la Biographie universelle des Musi-
ciens l'app'Ue Anne-Cécilf Doriise, mais c'est sous ce
nom àe d'fJerbez, dite SaiiU-AuUin, veuve Diiret, que les
journaux ont annoncé la mort de la célèbre artiste.
DUROCHER — DUVERNOY
297
d'une situation indépendante, joue ce rôle intelli-
gent, au profit de l'art et de tous ceux qui en
ont le cuite dans la réj^ion qui est le théâtre de
ses efforts.
M. Durorher, qui s'est beaucoup occupé de
composition et qui a publié une cinquantaine de
morceaux de genre pour le chant et pour le
piano, s'est aussi essayé dans la critique. Il a
rédigé pendant plusieurs années, sous le pseu-
donyme de Délia Rocca, la partie musicale d'un
journal français de Londres, l'International.
* DlIRCTTE (Lecomte François Camille-
Antoine), ne s'est pas fait connaître seulement
comme tiiéoricien , mnis aussi comme composi-
teur. Dès 1858, il obtenait une médaille d'or
au concours ouvert par la Société d'harmonie
d'Anvers pour la composilion d'une ouverture;
en 1837, il faisait exécuter à Metz, où il s'était
fixé, le finale d'une symphonie en /a; il écrivait
ensuite deux messes pour orchestre et chœurs,
qui furent entendues dans la cathédrale d'Ypres,
sa ville natale , puis plusieurs oeuvres de mu-
sique de chambre, sonates, trios, etc. En 1844,
s'étant rencontré, dans im grand congrès tenu à
Cologne, avec Mendelssohn, et celui-ci lui ayant
proposé un sujet de fugue, M. Durutte écrivit la
fugue et l'adressa au maître allemand, qui lui
écrivit à ce propos : « Je ne puis vous dire
toute ma satisfaction au sujet de la grande fuiiue
que vous avez composée sur mon sujet. J'en ai
admiré de bien nombreux passages, mais surtout
un, où vous avez su mettre une idée qui anime
le morceau en entier, et donne une élévation à
mon thème, dont je ne l'aurais pas jugé ca-
pable... » Ce souvenir a inspiré plus tard à
M. Durutte une grande cantate dédiée par lui
aux mânes de Mendelssohn, et qui, dit-on, a été
e.xécutée à Leipzig.
M. Camille Durutte a encore écrit plusieurs
chœurs, des romances , un album de mélodies
italiennes , quelques morceaux religieux, entre
autres un Ave Maria et un Pater nosfer, et
enfin plusieurs opéras , dont un seul, je crois, a
été représenté, le Violon de Crémone, o[)éra-
comique en deux actes qui, reçu d'abonl, en
1856, au Tliéâtre Lyrique, et retiré par l'auteur,
impatienté de ne point voir paraître son œuvre,
fut joué à Metz le 10 mars 186.5. Les autres ou-
vrages dramatiques de M. Durutte, restés tous
inédits, sont au nombre de cinq : 1" Sardana-
pale, grand opéra en 3 actes, écrit dans le
style italien; 2° le Boulanyer dti roi, opéra-
comique en un acte; 3" Muilre 'îartin, opéra-
comique en 3 actes; 4° Stefano ou V Enchan-
tement, opéra-comique en 2 actes; b" les Saxons,
grand opéra resté, je crois, inachevé.
M. Durutte a publié récemment un ouvrage
théorique qui, comme son tilre l'indique, est à
la fois le résumé et le complément du grand traité
qu'il avait précédeuiment donné sous celui de
Technie ou Lois générales du système harmo-
nique. Celui ci est intitulé: Résumé élémen-
taire de la Technie iiarmonique et Complément
de cette Technie , suivi de l' Exposé de la loi
de l'enchaînement dans la mélodie, dans
l'harmonie et dans leur concours, Paris, Gau-
Ihier-Yillars, 1876.
DUSCH (Jean-Hubert), organiste et compo-
sileur, né à Wyiré, dans le Limbouig, le 7 mars
1829, est mort le 5 décembre 1876 à Spa, où il
occupait les fonctions d'organiste et de professeur
de musique à l'école moyenne. Auteur de plu-
sieurs compositions religie'ises, parmi les-
quelles une messe et des motets, Dusch a publié
quelques morceaux de musique légère pour le
piano.
DUVAL ( ), maître de chant à Paris au
dix-huitième siècle, est l'auteur d'une « Métl'ode
agréable et utile pour apprendre facilement
à. chanter juste, avec qoùt et précision, par
M. Duval , maître de musique et de goût »
(Paris, l'auteur, in-4o). Je crois que Fétis a été
trompé par un faux renseignement lorsqu'il a
attribué à M"'' Duval un ouvrage portant exacte-
ment le même titre que celui-ci , et daté de
1741.
* niT'VAL (Edmond). — Voyez BO-
GAERTS.
DU VERGES (J ), tlùtiste et composi-
teur, est auteur de quelques puhl cations pour
son instrument : 1° Grande Métho'le complète
deflûie Boehm cylindrique ; 2" L\Art de chan-
ter appliqué à la flûte ; 3° un certain nombre
d'airs variés et fantaisies avec accompagnement
de (liano, sur des thèmes populaires ou des
motifs d'opéras en vogue.
DUVERXCJY (Charles-François), acteur
de l'Opéra Comique, lit d'abord partie, comme
instrumentiste, de l'orchestre de divers théâtres
de Paris. Il débuta comme chanteur à l'Opéra-
Couiique eu 1830, n'y resta que peu de temps,
alla tenir l'emploi des premiers ténors successive-
ment à Toulouse, au Havre, à La Haye, et fut di-
recteur des théâtres de ces deux dernières villes.
De retour à Paris, il rentra à d'Opéra-Comique
en 1843, et pendant plus de vingt ans y lint un
emploi un peu effacé, mais très-utile; il y rem-
plit aussi, pendant plusieurs années, les fonc-
tions de directeur de la scène. Nommé profes-
seur de déclamation lyriipie au Conservatoire le
l*"^ juin 18'>1, il devint chef du pensionnat des
élèves chanteurs de cet établissement le 1"' dé-
298
DUVERNOY — DWIGHT
cembre 1856. Duvernoy éîait né à Paris le
16 avril 1796, et moiirul en cette ville au mois
de no^'emhre 1S72.
* DUVERNOY (Henri-Lolis-Cbakles).
Depuis l'époque où sa notice a été publiée dans la
Biographie universelle des Musiciens, cet ar-
tiste fort distingué a publié jilusieurs ouvrajies
importants : 1" 50 Leçons de solfège à chcni-
gements de clefs; 2° 15 Vocalises pour voix de
soprano ou de ténor ; 3" École conrerlante de
solfège, ou 20 Études de style et de perfection-
nement pour deux voix égales, sans accompagne-
ment, à l'usage des Conservatoires, des écoles de
musique et des orphéons-, 4" Solfège mélo-
dique, théorique et pratique. Le succès obtenu
par les ouvrages didactiques de M. Duvernoydans
les écoles et dans les Conservatoires «le France
et de Belgique, lui a valu les nominations d'offi-
cier d'Aciidéniie et de chevaii r de l'ordre de
Léoj)old. En 1870, M. Duvernoy fut cbargé par
Auber, alois directeur du Conservatoire, de pré-
senter un rapport sui- l'enseignement du solfège
dans cet établissemint à la commission de ré-
vi'^ion des études nommée par le ministre des
Beaux-Aits. Deux ans après, M. Ambroise Tho-
mas, succédant à Auber, appela cet artiste à
faire partie du comité des éludes de piano, et un
peu plus lard, lui confia l'une des deux classes
créées pour l'enseignement supérieur du solfège
et dn style au\ élèves chanteuses.
DUVERNOY (Victor-Alphonse), pianiste
et compositeur, né à Paris le3n noût 1842, a fait
son éducation musicale au Conservatoire de cette
Tille, où il devint élève de M. Mannonfel et où
il remporta un .second prix de piano en 1854, el
le premier en 1S55. Admis ensuite dans la classe
de M. Bazin, M. Duvernoy obtint en 1859 un se-
cond accessit d'harmonie et accompagnement. Il
se livra ensuite à l'enseignement, tout en se pro-
duisant comme virtuose et en s'occupant de
composilion. Vers 1869, il fonda une société de
de musi(|ue de chambre, avec le concours de
MM. Léonard (1"^ violon), Sliehle (2' violon),
Tromhetta (alto) et Léon Jacquard (violoncelle).
M. Alphonse Duvernoy a fait entendre aux con-
certs du Chàtelel, le 20 février 1876, deux frag-
ments symphoniques charmants (romance et
scherze(io), qui ont été très bien accueillis, et le
11 mars suivant il exécutait, dans une séance de
la Société nationale de musique, un concerto de
piano ( concert-stiick) de sa composition. Il a fait
entendre aussi un morceau de concert pour piano
et orchestre, ainsi qu'une suite d'onheslre,
qui tous deux ont été reçus, de même que les
précéilenls, avec une faveur légitime. M. Al-
phonse Duvernoy, dont le talent de pianiste est
plein du délicatesse et d'élégance , a obtenu à
Londres de grands succès de viituose. Comme
compositeur, il a publié un joli recueil de Six
Mélodies avec accompagnement de piano (Paris,
Girod, in-S") et un certain nombre de morceaux
de genre |>our le piano, d'une inspiration aimable
et d'une forme distinguée.
Le frère puîné de cet artiste, M. Edmond Du-
vernoy, a fait aussi d'excellentes études au Con-
servatoire, est devenu un pianiste habile et
s'est ensuite livré à l'enseignement. Dans ces
dernières années il s'est mis à étudier le chant,
et a débuté au théâtre de l'Opéra-Comique dans
l'emploi des barytons, qu'il remplit encore au-
jourd'hui. Il a épousé une jeune artiste de ce
théâtre, M"" Fianck.
DUVOIS (CnxiiLEs), organiste et compo-si-
teur, né à Strasbourg vers 1830, commença de
bonne heure l'étude de la musique, et dès l'âge
de seize ans était organiste de l'église Saint-
Louis, à Strasbourg, et cbargé de l'enseigne-
ment du chant d,ins les écoles de sa paroisse. En
18.M, il devint maître de chapelle de la cathé-
drale d'Aulun, et jilus taid fut appelé à remplir
les mêmes fonrtions à Moulins (Allier), où il or-
ganisa, en 1862. une maîtrise qui est justement
considérée comme une des meilleures de toute
la France. Aujourd'hui, et depuis plusieurs années
déjà, M. Du vois est organiste de la cathédrale
de cette dernière ville.
' Depuis longtemps frappé de ce fait que beau-
coup de jeunes pianistes ne sont souvent que des
exécutants habiles et non de véritables musi-
ciens, M. Duvois a pensé qu'il y avait, au moyen
de procédés didacli lues particuliers, un progrès
à réaliser sous ce rapport. C'est dans ce but
qu'il a conçu la pensée d'un ouvrage important,
publié par lui sous ce titre : le Mécanisme du
piano appliqué à l'élude de V harmonie ( Pa-
ris, Heugel), et qui semble appelé à ouvrir une
voie nouvelle à l'enseignement du piano. On doit
encore à cet artiste : r Principes de musique
vocale (Strasbourg, 1S45); 2° Nouvelle Mé-
thode d'accompagnement du plain-chant
(Paris. Leduc) ; 3" Plusieurs compositions re-
ligieuses, parmi lesquelles un Ave Maria à
trois voix avec orgue, un 0 Salutaris à deux
voix égales, un Tnntum ergo à deux voix éga-
les, etc., etc.
DWIGHT (Joh\-Sullivain), musicographe
américain, e4 né le 13 mai 1813 à Boston.
Élevé au collège d'Harvard et au séminaire de
Cambridge, il fut, en 1840, ordonné pasteur
d'une congrégation unitariste de Noitliamptou
(Massachuseits), mais donna bientôt sa dém's-
sioif pour se livier sans réserve à ses goûts pour
i
DWIGHT — DYKHUYZEN
299
la liftéralure, et surtout la littérature musicale.
Après avoir publié une traduction «nnotée des
PeHis Poèmes choisis de Goethe et de Schiller,
M. Dwight prit, commo critique musical, une
part active de collaboratioD à divers journaux,
et donna toute une série de conférences très-
suivies sur Beellioven, Hœndel, Mozart et au-
tres musiciens illustres. Enfin il a fondé à Bos-
ton, en 1872, le Dwighfs Journal of miisic,
qu'il dirige enrore aujourd'hui.
DWOROZK ( , compositeur contem-
porain , a t'ait représenter sur le théâtre tchèque
de Prague , au mois d'avril 1876, un opéra inti-
tulé yVanda.
DYKHIJYZEIX (D.H). — Voyez DU -
KHUYZEI\\
E
EAUSDEIV (John), compositeur anglais, est
connu seulement par la mention qu'en fait ftaw-
kins dans le 4' volume de son histoire de la musi-
que; il vivait au commencement du dix-septième
siècle. Toutefois on a encore de lui un recueil de
morceaux decliant imprimé à Londres en 1618.
Y.
* EBERVVEIN (CHARLEs),compositeur dra-
matique distingué^ directeur de musique à Wei-
mar, est mort en celte ville le 2 mars 1868.
Virtuose remarquable sur le violon, il était né à
Weimarle'lO novembre 1784.
EBA^ER (Charles), virtuose violoniste, na-
quit en 1812 dans le royaume de Hongrie. Après
avoir parcouru l'Allemagne et la Russie , il a été
attaché pendant quelque temps à la chapelle du
roi de Prusse , poste qu'il abandonna pour se
rendre à Paris, où il est mort en 1836. Y.
ECCLESTON (ÉDotARo), compositeur an-
glais du dix septième siècle, a fait la musique
d'une cantate exécutée à Londres et imprimée
en 1697 sous ce titre : la Joie de l'Europe à
Voccasion de la paix. On a publié aussi de lui,
en 1679, un ojiéra inliluié ; Le déluge de JS'oé
ou la Destrudion du monde. Y.
ECCLIN ( ), docteur ès-rausique anglais,
a vécu au commencement du dix-septième siècle.
Il est connu seulement par la composition d'une
cantate satirique, écrite sur un texte de Swift,
et dans laquelle il a parodié d'une manière co-
mique le style de ses contemporains. Y.
ECHCR (Charles), compositeur de lieder
et de chœurs, est né le 13 mars 1813 à Fribourg
en Brisgau. Fils d'un chirurgien , il avait été
destiné à la carrière du droit, mais une vocation
irrésistil)le l'entraîna vers la musique, qu'il eut
l'occasion d'étudier sérieusement pendant le sé-
jour qu'il fit à Vienne pour y poursuivre sa car-
rière universitaire. Comme auteur de composi-
tions vocales il s'est fait une belle réputation,
mais il a également écrit des pièces d'orcliestre
dont on dit i;rand bien. Y.
* ECÏ\ERT(CHARLES-ANTOINEFLORIAN).Get
artiste, après avoir quitté Vienne, fut appelé en
1862 à remplir les fonctions de maître de cha-
pelle à Stuttgard , d'où îl passa ensuite en la
même qualité à Munich, après quoi il se (i\a pen-
dant assez longtemps à Bade. Depuis 1868, il est
devenu chef d'orchestre de l'Opéra de Berlin et
directeur des concerts de la cour de Prusse.
EDE ( ). Sous ce nom, qui paraît être
un pseudonyme, un artiste a fait représenter au
petit théâtre des Folies-Bergère trois opérettes
en un acte, dont il avait écrit les paroles et la
musique : 1° les Deux Cocottes du n" 22,
15 septembre 1874; 2° une Nuit au poste f
30 mars 187.'j; 3° Quand on n'a pas de para-
pluie, octobre 1875.
* liDELMAiX (Jean-Frédéric). — Avant de
faire jouer à l'Opéra l'acte du Few dans les Élé-
ments, et Ariane dans l'Ile de Naxos (ou-
vrage qui fut repris au théâtre Montansier en
1797), ce compositeur avait donné au Concert spi-
rituel un oratorio intitulé Esther, et fait exécu-
ter au château des Tuileries, les 20 et 24 juillet
1781, sa scène lyrique : la Bergère des Alpes.
Plusieurs années après sa mort, en 1802, on
donna au petit théâtre des Jeunes-Élèves un
opéra- ballet, Diane et l'Amour, dont il avait
naguère écrit la musique siu' un pnëme de Mo-
line. Au sujet du rôle politique joué par Edel-
mau pendant la Révolution , on peut consulter
les Souvenirs de la Révolution et de l'Empire
de Charles Nodier, dans lesquels il est longue-
ment parlé de lui.
EDOLO. Trois frères de ce nom, Henrique
Edolo, Joâo Francisco Edolo, et José-Francisco
Edolo, ont vécu à Porto (Portugal) où ils culti-
vèrent la musique (1820-1840). Henrique, violo-
niste distingué, était chef del'orchestre du théâtre
italien de cette ville, tandis que sou frère, José
Francisco, était attaché à cet orchestre en qua-
lité de ch(if des seconds violons (1820). Cette
époque fut une des plus brillantes de ce théâtre;
ce fut le temps de l'enthousiasme rossinien à
Porto. Cimarosa, Paisiello, Mayr, Generali et
les autres maîtres plus ou moins célèbres de la
fin du dix-huitième siècle avaient encore leurs
œuvres au répertoire, l'exécution était soignée,
et les représentations étajent très-suivies. Une
grande partie du succès revenait sans doute aux
trois frères et surtout au chef d'orchestre. Le
troisième frère, Joâo Francisco, avait un beau ta-
lent sur l'aKo et n'était pas moins estimé que
les précédents. José Francisco Edolo, le chef
d'orchestre, a publié en 1819 et 1820 quelques
compositions , des fantaisies sur des opéras ita-
liens, des arrangements des partitions deRossini,
EDOLO — EHRLICH
301
ainsi qu'une certaine quantité de petits mor-
ceaux pour le piano (valses etc.), qui ont vu le
jour dans des recueils {J ornai de Modinhas
(1820). Ces petites compositions ne manquent
pas de grâce; ses Modinhas (mélodies pour la
voix, sorte de romances) étaient surtout très-
reclierchées.
J. DE V.
EDWARDS (H S....), écrivain musical
anglais, est l'auteur d'une Vie de Rossini {Ros-
sini's life), Londres, in-S" avec portrait, et
d'une Histoire de l'opéra, en deux volumes.
EGGHARD (Jules), est le pseudonyme
artistique sous lequel s'est fait connaître le comte
Jules de Hardegen, pianiste et compositeur
ponr son instrument, né à Vienne le 24 avril
1834, et mort en cette ville le 23 mars 1867.
Élève de Charles Czerny pour le piano et de G.
Preyer pour la composition , il devint un vir-
tuose distingué et un professeur fort estimé. Il
se livra aus>i à la composition, et publia pour
le piano un grand nombre de morceaux de genre
dont le total s'élève à plus de deux-cents. Ces
morceaux consistent en fantaisies , caprices,
thèmes variés, impromptus, méditations, mélo-
dies, berceuses, rêveries, nocturnes, bluettes, et
airs de danse ^le divers genres.
* EHLERT (Louis), pianiste, compositeur
et écrivain musical, est né à Kœnigsberg le 13
janvier 1825. Élève du Conservatoire de Leipzig,
il y étudia avec Finck. Après divers voyages à
Vienne et à Fîerlin, il alla passer deux ans en
Italie M863-I86ri), et fut plus tard avec Tausig,
en 1871, le fondateur d'une haute école de mu-
sique pour le piano à Berlin. Parmi ses nom-
breuses compositions, on distingue des sympho-
nies (particulièrement sa Symphonie de Prin-
temps), des ouvertures, une Sonate romanti-
que, des lieder et des pièces de piano écrites
dans le style de Schumann, dont il est un des
fervents admirateurs. M. Elilert a publié de
nombreux articles dans la 'Nouvelle Gazette
musicale de Berlin , et une seconde édition de
son petit livre : Briefe iiber Musik an eine
Freundin, a été faite en 1867. C'est d'après
cette seconde édition que M. Félix Grenier( Voijez
ce nom) doit <lonner prochainement une traduc-
tion de cet écrit.
EHREiXFRIED ( ), flûtiste allemand,
a vécu à Mayence vers la fin du dix-huitième
siècle. li est connu par des arrangements publiés
de 1794 à 1798, et intitulés : Recueil de diffé-
rentes pièces choisies d'opéras-comiques à
deux flûtes. Y.
EUllIIART (LÉON), compositeur, naquit à
Mulhouse (Haut- Rhin) le 11 mai 1854. Il com-
mença l'étude de la musique à onze ans et demi,
dans sa ville natale, sous la direction de M Hey-
berger, aujourd'hui chef du chant à la Société
des concerts du Conservatoire. Doué de rares
dispositions, il fut envoyé à Paris, y reçut d'a-
bord des leçons de Chauvet, artiste extrêmement
distingué qui était alors organiste de l'église de
la Trinité, puis entra au Conservatoire, où il fut
admis dans la classe de M. Benoist pour l'orgue,
dans celle de M, Reber pour la fugue et la com-
position. En 1870, il obtenait au concours un
premier accessit d'orgue et un second accessit
de fugue, et en 1872, à peine âgé de dix-huit
ans et prenant part au concours de l'Institut, il
se voyait décerner le second prix de composition
musicale. Il concourut sans succès l'année sui-
vante, mais en 1874 il remportait le premier
grand prix de Rome, pour la cantate Acis et Ga-
latée, paroles de M. Eugène Adenis. C'était le
moment où le théâtre du Châtelet, essayant une
transformation dans le genre lyrique, allait, pour
peu de temps, devenir l'Opéra populaire.
M. Ehrhart écrivit, sur la demande de l'adminis-
tration, un prologue musical d'inauguration inti-
tulé la Muse populaire, mais, par suite de
diverses circonstances, ce prologue ne put être
représenté. Le jeune musicien partit alors pour
Rome peu de temps après, et là, se mit au tra-
vail avec ardeur, écrivant les partitions d'un
opéra-comique, Monsieur Martin, et d'un
grand oratorio. Vers le mois de septembre 1875,
craignant, vu sa complexion délicate, d'être ex-
posé aux fièvres qui sévissent souvent à Rome
pendant l'automne, il s'éloigna de cette ville et
se rendit à Venise. L'infortuné n'avait fui un
danger que ponr tomber dans un autre; à
peine était-il installé à Venise, qu'il y fut pris par
les fièvres des lagunes. Ne voulant pas rester,
seul et malade, dans une ville où il ne connais-
sait personne et où il ne saurait comment se
faire soigner, Ehrhart, malgré son état de souf-
france, prit le chemin de fer pour retourner à
Rome. Hélas ! il n'eut même pas le temps d'y
arriver. Pendant ce court voyage, le mal fil des
|)rogrès d'une rapidité effroyable, des progrès
tels qu'Ehrhart fut obligé de s'arrêter à Par-
retta, petit pays situé près de Florence, et qu'il
mourut là, à l'âge de 21 ans, le lundi 4 octobre
1875.
EHRLICH (Henri), pianiste de talent et
écrivain sur la musique, est né en 1824 dans le
Hanovre. Depuis plusieurs années il est profes-
seur au Stern's chen Conservaiorium de Ber-
lin. Ehrlich s'est fait aussi connaître comme
compositeur, et il a écrit plusieurs pièces pour
le piano. Y. ,
302
EHRLIGH — ËLBEL
EIIRLICH ( )," compositeur, était clief
d'orchestre du théâtre de Magdebourg lorsqu'il
fit représenter à Fribourg, en 1870, uu opéra
intitulé If s Rosières,
*EICHBERG (Jules), violoniste et compo-
siteur, est né à Dusseldorf en 1828. Il perfec-
tionna ses études au Conservatoire de Bruxelles,
où il devint élève de Meerts pour le violon et de
Félis pour la composition, et où il remporta en
1844 les deux premiers prix pour ces deux cours
d'études. Devenu concertmeister au théâtre de
Francfort, c'est en 1848 qu'il fut appelé à Ge-
nève comme professeur au Conservatoire de cette
ville. En 1857, il partit en qualité de chef d'or-
chestre pour Boston, où il réside encore aujour-
d'hui, et où il a fait représenter deux opérettes :
the Doclor of Aleandra, et ihe Rose of Ty-
rol. 11 a fait graver en Europe des duos, des
trios et des étmles pour le violon.
EICHBERG (Oscar), pianiste et compo-
siteur, né à Berlin le 21 janvier 1845, se fit en-
tendre en public dès l'âge de dix ans. Élève de
M. A. Loescliorn pour le piano et de M. Frédéric
Kiel pour la composition, il devint un virtuose
distingué en même temps qu'il fut très apprécié
comme professeur. Créateur en 1871 d'une so-
ciété de cliant, M. Oscar Eichberg a publié un
certain nombre de lieder, des chœurs, ainsi
que des morceaux de piano qui dénotent un
talent sérieux. Il a aussi donné des articles à
Y Écho, de Berlin, et à la Nouvelle Gazette mu-
sicale, Y.
EICHLER (Jean-Léopolp), compositeur,
naquit a Voilsdorf en Bohême. Vers le milieu du
dix huitième .siècle, il était violon-solo de la cha
pelle du roi de Saxe. Il s'est acquis une réputa-
tion solide comme professeur de chant. Eichler
est mort à Leitmeritz, le 25 mai 1775. Y.
* EICHORIX (Edolard), violoniste et com-
positeur, né vers 1823, s'est fait connaître par
plusieurs productions instrumentales importantes,
notamment un concerto de violon avec accom-
pagnement d'orchestre. Il est depuis longues an-
nées maître de concert à Cobourg.
EILERS (Albert), chanteur et compositeur
allemand, était attaché comme chanteur au
théâtre de la cour, à Cobourg, lorsqu'il écrivit la
musique d'un opéra romantique en trois actes,
la Nuit de la \Saint-Jean, qui fut représenté
sur ce théâtre au mois de novembre 1867, et
reproiluil l'année suivante sur celui de Golha.
EISEXHOFER (François-Xavier), remar-
quable compositeur de lieder, naquit le 29 no-
vembre 1783 à Ilmmunster, dans la Haute Ba-
vière. Fils de pauvres paysans, cet artiste dis-
tingué doit à son intelligence et à sa persévé-
rante application le nom qu'il s'est fait. Un
grand nombre de ses compositions sont restées
inédites, mais on a de lui 24 œuvres comprenant
des morceaux pour voix seule, avec accompa-
gnement de piano , qui ont été fort goûtés. Il a
fait imprimer aussi une ode-cantate pour chœur
et orchestre , intitulée la Fête des Rois. 11 est
mort le 15 août 1855, à Wurzbourg. > Y.
EISFELD (Théodore), compositeur, pia-
niste, violoniste et théoricien, né à Wolfenbuttel
en 1816, a fait ses premières études avec Reis-
siger. En 1840 il fut nommé maître de chapelle
à Wiesbaden, mais jugeant son éducation musi-
cale insuffisante, il abandonna bientôt ce poste
et vint travailler à Paris, où il obtint la place
de chef d'orchestre des C oncertsVivienne. Il
ne resta pas longtemps titulaire de ce nouvel
emploi, qu'il quitta pour aller en Italie se per-
fectionner dans l'étude du chant. En 1848 il
partit pour New-York, où il s'acquit une grande
et légitime réputation. Y.
KITAIER (Robert), compositeur et savant
musicien, est né le 22 octobre 1832 à Breslau.
En 1855 il alla se fixer comme professeur à
Berlin, où il se fit connaître en même temps
comme virtuose. Il publia vers la même époque
une Cantate pour Im, Pentecôte, un Stabal ma-
ter, un opjra biblique : Judith, et une ouver-
ture du Cid. Les travaux de littérature musi-
cale d'Eitner sont nombreux et comprennent :
un dictioimaire biographique des compositeurs
hollandais , la biographie de Peter Sweelinck,
dont il a également publié différenles composi-
tions, un guide du professeur de piano, et diffé-
rentes études éparpillées dans les journaux, de
niu-iquede l'Allemagne. Eitner est le rédacteur
en chef de la Revue mensuelle pour Vhtstoire
de la musique, et l'un des principaux collabo-
rateurs de la société fondée pour la publication
des ouvrages théoriques et pratiques des maî-
tres du quinzième et du seizième siècle,
Y.
ELREE ( D'), militaire français, capi-
taine instructeur au 2" régiment de cuirassiers,
était en garnison à Arras lorsqu'il publia, en
1852, une brochure ainsi intitulée : Nouvelle
organisation des musiques de cavalerie.
ELBEL (Victor), compositeur, né en Alsace
au commencement de ce siècle, a longtemps ha-
bité Paris, où il se livrait à l'enseignement et où
il a cherché vainement à produire ses œuvres,
malgré leur valeur, dit-on, très-réelle. M. Elbel
a fait exécuter sur le théâtre de Strasbourg un
grand oratorio en quatre parties, der Mûnster-
bau (la Construction de la cathédrale de
Strasbourg), dont le poème, écrit en allemand,
ELBEL — ELWART
303
était l'œuvre de M. Louis Spach, archiviste da
département du Bas-Rhin La parlilion de cet
ouvrage, vasle et imissante dans ses propor-
tions, était, parait-il, aussi remarquable au
point de vue de la forme que de l'inspiralinu, et
produisit sur le public une impres-ion iirofonde.
L'auteur s'était déjà fait connaître de ses compa-
triotes par deux symplionies descriptives, l'une
intitulée l'Océan, l'autre Berlin la nuit, qui
avaient été très-bien accueillies.
*ELER (Andhé). On doit mettre au compte
de cet artiste le Chant des Vengeances, inter-
mède lyrique écrit par lui sur des paroles de
Rouget de Lisle, et exécuté à l'Opéra le 7 mai
1798.
EL-GHARÎDH (ABD-EL-MÉLIIC, connu
sous le nom d), chanteur arabe qui vécut pen-
dant le premier siècle de l'hégire, était un af-
franchi, et devint élève du fameux chanteur et
compo.-iieur IbuSouraydj, avec lequel il en-
treprit plus d'une (ois par la suite une lutte très-
vive, et qu'il égala à divers points de vue. Les
avantages physiques d'EI GharMh, qui était jeune
et beau, le firent préférer parfois à son maître,
dont les traits étaient disgracieux et qui louchait
d'un œil. Cependant, EIGharîdli finit par être
vaincu par Ibn Souraydj, et l'on verra, dans
l'article consacré à ce dernier, tous les détails
relatifs à leur longue rivalité.
Les qualités morales d'EI-Gliarîdli étaient
loin de répondre à son talent ; il menait une
existence dissolue, et son immoralité était no-
toire. Sa mauvaise conduite finit par l'obliger à
quitter la Mekke, sa ville nntale, iiour se réfugier
dans le Yanian. Il vécut pendant plusieurs an-
nées dans cette retraite, triste et morose, et
mouiut dans un âge assez avancé, vers l'an
98 de l'hégire (716 7t7 de l'ère chrétienne), sous
le califat de Souleymân, fils d'Abd-el-Mélik.
ELISABETH, reine d'Angleterre, compte
au nombre des souverains (|ui chérirent le plus
la musique, qui la cultivèrent avec talent, et
qui firent tous leurs effor-ts pour la protéger et
en répainiie le goût et l'étude. Non-.-eulement
cette princesse jouait de la vir-ginale avec une
rare habileté (son Virginal Bouk, qui a été con-
serve , renferme des moi'ceaux très-dilticiles),
mais elle tit tout pour encourager la mirsique et
les musiciens, que les efforts de la secte puri-
taine tendaient à proscrire et à faire disparaître.
C'est pour elle et pour satisfaire sa rare vanité,
que, dans un dessein politique resté jrrsqn'à ce
jour inconnu, lord Notlingham commtnda un
jour à Thomas Morley, excellent artiste de la
chapelle de la reine, un ouvrage auquel furent
appelés à prendre part les meilleurs poètes et
les premiers musiciens du royaume, et qui de-
vait être exclusivement consacré à chanter les
mérites et les perfections de celle qui se faisait
appeler la Grande Vierge de V Occident. Une
année suflil à peine ù la préparation de cet ou-
vrage, qui parut en 1601 sous ce trti'e : the
Triumphs nf Oriana, to jive and six voyces,
composed bij several authors. C'était la reine
elle-même qui élait personnifiée sous ce nom
d'Oriana, emprunté à l'héioine du fameux ro-
uraiî de chevalerie Amadis des Gaules, et qui,
dans ce roman, était le type de toutes les vertus
et de tous les enchantements. Toirtes les pièces
des Triumphs of Oriana, au nombi'e de vingt-
neuf, se terminaient par ces mots : Long live
fair Orianii! Vive la belle Oriana !
Fille de Henri VIII et d'Anne Boleyn, Elisa-
beth, qui était née en 1533, mourut en 1603.
* ELLA (JoHNi. Cet excellent artiste, qui
continue de diriger à Londres les intéressantes
séances de la Musical Union, fondées par lui il
y a plus de trente années, a publié les écrits
suivants: l^ Lectures on dramatic muslcand
éducation; 2° Musical sketches abroad and
at home; 3" Personal Memoir, vntli portrait
of Meyerbeer, and anal ysis o/" les Huguenots;
4° The harmonius Blacksmith, its history. La.
co lection de VAnnual Record of the Musical
Union, très-interessant par ses analyses critiques
et ses notices artistiques, forme aujourd'hui
tr-ente et im cahiers in-8°.
*ELLEIl (Lours', violoniste, est mort à Pau
au mois de jrrillet 1862.
* ELLERTON (.lourf-LoDCE), compositeur,
est mort à Londres le 3 janvier 1873.
* ELLEVIOU (JrîAN). On trouvera dans
l'ouvrage suivant : Figures d'opéra comique,
par Arihrrr Pougin (Paris, Tresse, in 8°, 1875),
une notice li'ès étendue sur cet artiste célèbre,
accompagnée d'un portrait à l'eau-forfe d'après
celui dessiné parRiesener, gravé par Saint- Aubin
et publié vers 1810.
EL"VEY (Sir), or-ganiste et compositeur an-
glais, ne ilarrs les pi'emièi'es années de ce siècle,
a fait d'excellentes études musicales, et a reçu
de rUniver ilé d'Oxford, en 1S31, le diplôme de
docteur eu musique. Auteur d'un grand nombre
d'œuvres de musi()ue religieuse fort estimées
dans sa patrie, il exerce depuis longires années les
fonctions d'organiste de la clia|)elle St-Georges
de la résidence royale de Win Isor. En 1871, la
reine Victoria, en témoignage de sa satisfaction,
a conféré à M. Elvey des titr'es de noblesse et l'a
cr-éé chevalier, en même temps que MM. Stern-
dale Benrrett et Jirlius Benedict.
* ELWART (Antoine-Elie). Cet excellent
304
ELWART — ENGEL
artiste a pris sa retraite de professeur au Con-
servatoire après trente et un ans de service, an
mois d'octobre 1871. C'est en 1840, en effet,
que Clierubini, alors directeur de cet établisse-
ment, avait créé une seconde classe d'iiarmonie
écrite et l'en avait nommé titulaire. L'année
même de sa retraite, M. Elwart recevait du mi-
nistre les palmes d'oflicier d'académie, et en
1872 il était nommé chevalier de la Légion d'iion-
neur. A la liste nombreuse de ses ouvrnges, il
faut ajouter les .suivants : 1° Solfège du jeune
âge (texte français et anglais). Pari*, Yernot ;
2° le Contrepoint et la fugue appliqués au
style idéal, Paris, Joly ; 3» Petit Manuel
d'instrumentation, Paris, Colombier ; A'' Ma-
nuel des aspirants aux grades de chef et de
sous-chef de musique dans l'année Jrançaise;
5» Lutrin et Orphéon, grammaire musicale
dans laquelle le plain-chant et la musique
sont appris en chantant des chœurs, enrichie
d'ai's fiançais arrangés à2, 3 et i voix éga-
les, etc., Paris, Gérard ; 6" Essai sur la com-
pos lion chorale, Paris, Esciidier ; 1" le Concert
choral, 15 cliœurs à 3 et 4 voix d'hommes;
8° Mosaïque chorale, 12 cliœurs à 3 et 4 voix
d'hommes, arrangés d'après les opéras les plus
célèbi es ; 9° les Heures de l'enfance, recueil de
chœurs à 3 et 4 voix, à l'usage des jeunes su-
jets des deux sexes; 10° le Salut impérial, can-
tate; ir le Pouvoir de lliarmonie, cantate;
12° Pc^nd/o/^fi, scène lyrique; 13° Bichat, scène
chorale; 14° Hymne à la bemité, cantate clio-
rale; 15» Messe de SteCecile ; U>° Pas d'or-
chestre, opérette chorale; 17° Histoire de la So-
ciété des concerts du Conservatoire impérial
de musique, Paris, Caste), 1860, in-12 ; 18°
Histoire des Concerts populaires de musique
classique, id.,id., 1864, in-12.
M. Elwart avait entrepris, en 1867, la publi-
cation de ses Œuvres inusicales choisies, dont
l'enseml'le devait comporter six volumes, mais
dont trois seulement ont paru, cette publication
ayant été interrompue par les événements de
1S70. Le premier volume contient ô4 mélodies
vocales et la cantate le Pouvoir de l'harmo-
nie ; le second renfeime, en partition, trois 'iuh-
tuors pour instruments à cordes et un quatuor
pour piano, violon, alto et violoncelle . entin, le
troisième comprend la grande partition de
YHymme à samte Cécile, quatre mélodies vo-
cales, et une scène antique, \ Enlèvement de
Ganymède, pour clarinette ou violoncelle solo
avec accompagnement de piano.
Pamii les nond^reux élèves formés par M. El-
wart au cours de son long enseignement, il^con-
Tient de ci 1er surtout Albert Grisar, Aimé Mail-
lart, Georges Bousquet, Emile Prudent,
MM. Théodore Gouvy, Wekerlin, Laurent de
Rillé, Verrimst, Olivier Métra, Adolphe Blanc,
Edmond Hocmelle, Alfred Mutel, etc., etc.
ELZE (Clément-Thomas), violoniste, pia-
niste, organiste et compositeur, est né en 1830
à Oranienbaum, dans le duché d'Anhall-Dessau.
Des l'âge de sept ans il touchait de l'orgue.
Après avoir reçu des leçons de Frédrric Schnei-
der, il alla compléter ses études au Conserva-
toire de Leipzig, oii il eut pour maîtres Ferdi-
nand David pour le violon, Plaidy, Dreyschock
el Moschelès pour le piano, enfin Hauptmanu
pour la composition. Dès 1852, fixé à Laibach
comme organiste, M. EIze se faisait une véri-
table renommée sous ce rapport. En tant que
compositeur, on doit à cet artiste plusieurs
symphonies, des quatuors pour instruments à
cordes, des sonates pour piano et violon, parmi
lesquelles .«a .sonate op. 10 est considérée
comme la plus importante, ries lieder, etc.
E.\Ii\lLRlClI (Robert), compositeur alle-
mand contemporain, s'est fait connaître par la
publication d'un grand nombre de recueils de
lieder à une ou plusieurs voix, dont quelques-
uns avec chœurs. Cet artiste s'est ensuite produit
au théâtre, sans que ses succès en ce genre
aient été, je crois, bien appréciables. C'est ainsi
qu'il a donné à Weimar, en 1874, un opéra in-
tiiulé DerSchwedensee, et à Stetlin, le 13 mars
1875, un autre ouvrage dramatique ayant pour
titre Van Dyck.
ENEA (Elia), compositeur italien, est l'au-
teur d'un ojiéra séru-ux qui a pour titre O/waro,
et d'un opéra bouffe intitulé l'Operaiodi Saint-
Ctoud. Je n'ai aucun renseignement sur la date
et le lieu de représentation lie ces deux ouvrages,
et j'ignore même s'ils ont été joués jusqu'ici,
n'en ayant rencontré les litres que dans le ca-
talogue d'un éditeur italien; or, il faut .savoh"
que les éditeurs, en Italie, ont l'habitude d'ins-
crire sur leurs catalogues tous les ouvrages dont
ils se sont rendus acquéreurs, même avant que
ceux ci aient paru sur aucun théâtre.
EKGEL ( ). Un artiste de ce nom (peut-
être est-ce Charles Engel, dont il est parlé au
tome III de la Biographie universelle des
Musiciens) a écrit la musique d'un opéra comi-
que en trois actes, le Prince Carnaval, qui a
été représenté sur le théâtre Friedrich- Wilhelm,
de Berlin, an mois de mars 1862.
EASGEL (L....), organiste distingué et com-
positeur, est l'un des artistes qui se sont le
plus attachés à répamire en France le goftt et
l'usage de l'humonium ou orgue expressif. Vir-
uose fort habile, il sait tirer de cet instru-
I
ENGEL — ERMEL
305
ment des effets particuliers, soit par la diver-
sité (le la combinaison des jeux, soit par un re-
marquable emploi de la soufflerie, de façon à
faire naître l'émotion ou la rêverie dans l'âme
ou dans l'esprit de ses auditeurs M. Engel n'est
pas seulement avantageusement connu du public
français ; il a obtenu aussi de grands succès en
Angleterre, on son talent est tenu en grande es-
time. Cet artiste a publié, outre un Traiié pra-
tique d'harmonium (Paris, Clioudens), un
grand nombre de morceaux pour cet instru-
ment ; ces morceaux consistent en fantaisies,
dont quelques-unes sont charmantes et d'une
forme très-distinguée, et en transcriptions de
tlièmes d'opéras ou de mélodies célèbres.
*EJ\GEL (DAvm-HERiHANN), organiste re-
nommé et compositeur, est mort à Merseburg le
3 mai 1877. On lui doit une Histoire de la cons-
truciinn des orgues.
EiVGEL (Carl), liistorien musical anglais,
s'est fait connaître par les ouvrages sidvanis,
publiés dans ces dernièi'es années : 1° The Mu-
sic ofthe most ancient nations, particularly
of the Asst/rian, Egyptian , and Hebrev)s,
with spécial referer.ee to récent discoveries
in Western Asia and inEgypt, many illustra-
lions. (La Musique des plus anciennes nations,
particulièrement celle des Assyriens, des Égyp-
tiens et des Hi'breux, spécialement d'après les
découvertes récentes faites dans l'Asie occiden-
tale et en Egypte, avec de nombreuses illustra-
tions), un fort vol. in-8° ; 2° Introduction to
the study of national music (Introduction à
l'étude de la musique nationale), un vol. avec
planches ; 3° Refleclions on church music
(Réflexions sur la musique d'église), un vol.
in-S" ; 4° A descriptive Catalogue of the musi-
cal instruments in the South Kensington Mu-
séum, precede'l by an Essay on the history
of musical instruments. (Catalogue descriptif
des instruments de musique du Musée de South
Kensington, précédé d'un Essai sur l'histoire des
instruments), un vol. in-S», avec vignettes et
I)liotographies.
EI\GELIIAR!)T (Féodor), pianiste, orga-
niste et compositeur allemand, était en 1850
élève a l'Académie royale des Arts de Berlin. En
1853 il y obtint des distinctions, et le 23 juin de
. l'année suivanle il faisait exécuter sous sa di-
rection, en séance publique de cette Académie,
le 90« psaume mis par liù en musique pour
soli, chceurs et orchestre. En 1855 , il se fit en-
tendre en public comme pianiste, et dans le
cours de la même année il fut nommé orga-
niste de l'église Saint-Marc, nouvellement cous- 1
truite à Berlin. Cet artiste est moit dans toute I
BIOGB. UNIV. nKS MUSICIENS. SUPPL. — T.
la force de l'âge, à Arnstadt, le 10 juin 1876.
EREiVliWS OU ERBEMAÎVS (M"-), chan-
teuse de rOpera, entra à ce théâtre vers 1720, et
prit sa retraite le 1" janvier 1743, Elle fit de
nombreuses créations, dont quelques-unes étaient
importantes, dans les ouvrages suivants : Piri-
thoils, les Fêtes grecques et romaines, les
Éléments , Pyrame et Thisbé, les Amours
des Dieux, Tarsis et Zélie, les Amours des
Déesses, le Parnasse, la Pastorale héroïque,
les Sens, les Grâces, les Indes galantes,
Scanderberg, le Triomphe de VHarmonie,
Castor et Pollux, les Caractères de l'Amour,
Zaïde, reine de Grenade, Dardanus, Nitetis
et Isbé. M"« Eremans, qui avait épousé un ac-
teur de l'Opéra nommé Lepage, mourut en
1761. Elle fut considérée de son temps comme
l'une des meilleures artistes de ce théâtre, et
jouit d'une grande réputation.
'' ERKEL (François). Ce compositeur, très-
popuiaire en Hongrie, sa patrie, a fait représen-
ter sur le théâtre national de Pesth, au mois de
mai 1874, un opéra en langue hongroise, intitulé
Brankovics Gyorgy. Cet ouvrage a obtenu un
très- grand succès.
ERLAi\GER (Jules), compositeur drama-
tique, né à Vissembourg (Bas-Rhin), le 25 juin
1830, a fait une partie de ses éludes musicales
au Conservatoire de Paris, où il fut élève d'Ha-
lévy, et où il obtint un accessit de fugue au
concours de 1850. 11 a publié quelques mor-
ceaux de genre pour le piano, et fait représenter
au théâtre des Bouffes Parisiens les quatre ou-
vrages suivants : 1" Mesdames de Coeur-Vo-
lant, un acte, 16 avril 1859 ; 2" les Musiciens
de Vorchestre, 2 actes (en société avec M VI. Hi-
gnard et Léo Delibes), 25 janvier 1861 ; 3° la
Servante à Nicolas, un acte, 11 mars 1801;
4" l'Arbre de Rotnnson, un acte, 19 octobre
1867. Quoique ses débuts aient été assez favo-
rablement accueillis, M. Erlanger abandonna
l'art pour les affaires. Il est depuis plusieurs
années fixé en Angleterre, où il s'occupe unique-
ment de commerce.
* ER.\1EL (Louis-Constant), est mort à Pa-
ris en 1870, pendant le siège de cette ville.
Avant de remporter le grand prix de composi-
tion à l'Institut, il avait fait au Conservatoire
des études brillantes, et .s'était vu décerner en
1820 un second prix de piano, en 1821 le pre-
mier prix et un accessit de fugue. Comme tant
d'autres, il chercha inutilement à se produire à
rOpéra-Comique-, n'y pouvant réussir, il fit re-
présenter à Liège, le 6 mars 1836, un petit ou-
vrage en un acte, le Testament, qui fut ensuite
joué à Bruxelles en 1838. En 1840, il fut cou-
I. 20
306
ERMEL — ESCHMANN
ronnéà Gand, sa ville natale, pour un Slabat
mater mis au concours, et en 1846 il obtint à
Paris, en partage avec MM. ChoUet et Nicou-
Choron, une nouvelle récompense pour la com-
position (Je chants religieux et historiques. Enfin,
en 1848 , le gouvernement de la République
française ayant ouvert un concours pour la com-
position d'un chœur national {Gloire à la noble
France, paroles de M, Fournier), 800 artistes
prirent part à ce concours, et Ermel, couronné
de nouveau, obtint une médaille de bronze. De-
venu membre de la commission municipale pour
l'enseignement du chant dans les écoles de
Paris, Ermel faisait partie de la Société des com-
positeurs de musique. Il est l'auteur d'un Sol-
fège choral transposUeur, pour faciliter
renseignement du chant sans accompagne-
ment par les exercices fondamentaux d'in-
tonation dans tous les tons et dans toutes les
mesures (Paris, Brandus, in-8"). Je crois qu'il a
publié aussi un certain nombre de compositions
de divers genres.
Un frère aine d'Ermel, musicien aussi, se sui-
cida en 1840 (1). Leur père, né à Mons en 17(J2,
et établi à Gand dès ses plus jeunes années,
était un pianiste fort distingué, en même temps
qu'un compositeur et un chanteur aimable.
« Personne (dit l'Annuaire dramatique belge
pour 1843) ne chantait la romance avec plus de
goût et de pureté; sa méthode d'enseignement
était excellente et éprouvée, et nombre de nos
pianistes les plus brillants dans les classes dis-
tinguées de la société, étaient ses élèves. Ermel
a également écrit la musique et souvent les pa-
roles deplu.sieurs cantilèneset aria qu'on entend
quelquefois clianter, et qui plaisent sinon par la
fougue et la verve du compositeur, du moins par
la vérité et les grâces de l'expression et du sen-
timent. » Cet artiste mourut à Mons le 22 avril
1842.
* ER1\EMA1\J\ (Mai'kice), est mort à Bres-
lau au mois d'août 1866. Cet artiste était né à
Eisleben^ non en 1810, comme il a été dit par
erreur, mais en ISOO.
ERIXOUF (Le baron), écrivain français, a
(1) Il s'appelait Auguste- François-Edouard Ermel. Né
à Gand ea 1793, établi à Bruxelles comme professeur de
piano, cet artiste, lors d'un voyage qu'il lit à Anvers, se
pendit dans la chambre qu'il occupait à l'hôtel du Com-
merce (8 novembre 18V0|.
Un autre artiste du même nom, et vraisemblablement
de la même famille (quoique je ne puisse pas l'afDrmer),
Alexis Ermel, vivait dans le même temps à Bruxelles,
où il lit représenter un opéra intitulé la Feillèe dc.t
Touristes. On lui doit aussi des mélodies, des cantates,
et des chœurs dont Jun surtout est devenu très-popu-
jaire sous le titre de Chant des Carabiniers.
consacré une partie de ses travaux à quelques
études musicales dans lesquelles il a fait preuve
de goût et d'un bon sentiment artistique. Suc-
cessivement rédacteur de la Revue contempo-
raine et de la Revue de France, où, sous le
pseudonyme : 0. Mercier, il était chargé de la
chronique musicale, il a publié, dans le premier
de ces recueils et sous son nom véritable, quel-
ques résumés fort intéressants de la vie de plu-
sieurs grands artistes : Beethoven (31 décembre
1864), Mendelssohn (31 octobre 1864), Meyer-
beer (15 mai 1864), Robert Schiimann (31 jan-
vier 18G4), et Rossini (15 décembre 1868). Ces
notices, utiles surtout au point de vue histori-
que, bien qu'il s'en dégage un sentiment critique
et poétique généralement juste, sont précisément
conçues dans le Sfns <ies travaux auxquels on
donne en Angleterre le nom A' essais, et elles
peuvent être consultées avec d'autant plus de
fruit qu'elles ne sont pas de simples disserta-
lions, et qu'elles ont été écrites à l'aide de do-
cuments originaux et des derniers travaux pu-
blies dans leur pays sur les artistes qui en font
l'objet. Il est fâcheux que M. Ernouf n'ait pas
eu l'idée jusqu'ici de réunir en un volume celte
série d'études d'un genre tout spécial. A une
époque où la littérature musicale est infestée do
travaux sans valeur, hâtifs, bâclés à la hâle et
écrits sans conscience , il serait bon de ne point
laisser enfouis dans les colonnes d'un journal
des écrits sains, honnêles, et dont la lecture ne
peut qu'être profitable.
* ERNST (Henri-Wilheui), est mort le
7 octobre 1865 à Nice, dont les médecins lui
avaient recommandé le séjour, à la suite d'une
profonde altération de sa santé. Il a laissé en
manuscrit plusieurs <puvres de musique de
chambre. Parmi ses compositions publiées, il
faut signaler particulièrement une série de mor-
ceaitx pour piano et violon, intitulés Douze peu-
sées furji/ives (Paris, Brandus), et écrits par lui
en société avec M. Stéphen Heller.
ERRICHELLI ( ). Un compositeur
italien de ce nom a écrit, en .société avec Jérôme
Cocchi,un opéra bouffe intitulé la Serra astutu,
qui fut représenté au tliéàtre des Fiorentini, de
Naples, en 1753.
ESCIIMAJVN (Jules-Charles), compositeur
de talent, est né à AVinterthur vers 1825, a fait
ses étiides musicales à Cassel, où il est resté
pendant longues années et où il a publié des
compositions fort distinguées pour piano seul
et pour piano et violon, ainsi que des mélodies
vocales. M. Eschinann, qui, dit-on, s'est surtout
inspiré de Robert Schuinann dans ses produc-
tions musicales, est aujourd'hui fixé à Zurich,
i
ESCHMANN — ESPENT
307
où il est fort estimé comme professeur de piano.
Parmi ses compositions, on peut citer une Fan-
tasiestiicke pour violon et piano, op. 9 , un Di-
vertissement sur le Freischiltz pour les mêmes
instruments, op. 67, une Fantasiestûcke pour
violoncelle et piano, op. .3, deux lieder avec vio-
loncelle et piano, une Ballade pour violoncelle
avec accompagnement d'orchestre, op. 10, etc.,
etc.
ESCRIBANO (Juan), uuisicien espagnol du
seizième siècle, fit ses premières éludes musi-
cales à l'Université de Salamanque,'puis se rendit
à Rome, où il acheva son éducation et où 11 de-
vint ciiapelain chantre de la chapelle pontificale.
Quelques compositions religieuses de cet artiste
sont conservées dans les arciiives de la chapelle
Sixtine.
* ESCUDIER (Lkon), éditeur de musique, a
fondé en 18()2, après s'être séparé de son frère,
le journal l'Art musical, qui continue de pa-
laitre aujourd'hui, tandis que la France mu-
sicale A cessé sa publication en 1870. Il a pu-
blié sous ce tilre : !\tes Souvenirs (Paris, Dentu,
2 vol. in 12, 1863-18G8), deux volumes conte-
nant un certain nombre de biographies musica-
les sans intérêt et sans valeur. Au mois d'a-
vril 1876, M. Léon Escudier a pris la direction
du Tiiéàtre-Italien, dont la fermeture prolongée
était très-préjudiciable à ses intérêts d'éditeur ;
il a d'ailleurs frappé un coup d'éclat en offrant
au public parisien la représentation du dernier
ouvrage de M. Verdi, Aida, encore inconnu en
France, et en entourant la représentation de cette
œuvre importante de tout le prestige d'une in-
terprétation remarquable et d'une mise en scène
.somptueuse.
ESPADERO (N. Rui/), pianiste et compo-
siteur, instrumentiste de premier ordre et musi-
cien plein de talent, est né en 1835 à la Havane ;
élève d'Arizti, ses œuvres pour piano ont toute
la saveur de la musique de Gottschalk , avi c
quelque chose de plus puissant et de plus pro-
fond .
Nous connaissons de M. Espadero les mor-
ceaux suivants, édités à Paris chez l'>cudier :
Souvenir d'' autrefois , op. li; Chant de
l'âme, op. 13 ; Plainte du poète, op. 14; Par-
tez, ingrate, mélodie, op. 15; Barcarolle, op.
18; Cantnène, op. 19 ; Ballade, op. 20 ; In-
nocence, caprice, op. 23 ; Tristesse, nocturne,
o|). 53 ; Ossian, polka de salon ; Deuxième
{i) On ne Ura |i;i< sans intérêt ce fragment d'une lettre
(le Ciottsclialk, relative à M. Kspadero, et publiée par un
journal franrais en I8G1 : — « Éloigné du théâtre, des
luttes artistiques, Espadero a pu se préserver de tout
contact, bon ou mauvais, qui aurait pu altérer les qua-
Ballade, op. 57 ; Scherzo , op. .58 ; Valse
idéale, op. 60; Chant du Guargiro, grande
scène caractéristique cubaine, op. 61 (1).
A. L — N.
ESPEIVT (Pierre), organiste et compositeur
aveugle, né à Marseille le 28 août 1832, fut élevé
à l'institution des Jeunes-Aveugles de Paris, où
en 1851 il fut couronné par Ad. Adam pour le
grand prix de composition instrumentale. Ses
professeurs de musique furent MM. Rémy, Rous-
sel, Gautliier et Collât. Au sortir de l'Institution,
il mérita le prix de 600 francs fondé par M™*
Montgrol pour l'élève qui avait eu le plus de
succès dans ses études. Rentré dans sa famille,
il donna d'abord des leçons de solfège et de
piano à des élèves voyants. Eu 1858, il fut chargé
de l'enseignement mitsical dans une institution de
jeunes aveugles qui venait de se créer à Nancy.
M. l'abbé Dassy, fondateur de l'Institut des
Jeunes-Aveugles de Mar.seille, lui confia en 1865
ses premières classes de musique, et le fit nom-
mer en même temps organiste à l'église Notre-
Dame de la Garde. Il occupe encore ces deux
postes. Excellent professeur, organiste de talent,
M. Espent a écrit diverses compositions, qui
n'ont pas été publiées, mais qui, surtout au point
lites naturelles qui caractérisent sun talent. Ce jeune
créole n'a encore connu ni la mode, ni les séductions du
public, comme .si la muse des tropi(|ues avait voulu
éloigner de son favori toutes les inflnencis impures qui
pourraient flétrir la fleur divine qu'elle avait mise dans
son sein, la fleur mystérieuse qui ne pou-^se que dans la
solitude, qui s'appelle le beau idéal, et n'a de parfum
que pour le poëte. Avant d'avoir étudié les règles de
l'art, Espadero avait composé de ravi.ssante musique,
mais comme M. Jourdain faisait de la prose, sans s'en
douter. D'un caractère pensif et inquiet, défiant, excen-
trique, au point quelquefois d'inspirer de l'éloigncment à
ceux qui ne le connais.sent pas, il a livré à .son piano
toute l'eipansion et la mélancolie qu'il avait amassées
en son âme 11 étudia sérieusement la théorie île l'art, et,
après s'être pénétré des modèles classiques, il se hâta,
comme rcux qui n'ont pas le privilège d'écrire sans
idées, de laisser reposer Fétis et Reicha. 11 écrivit des
compositions oriiinalcs, reflétant tontes une fraîcheur de
mélodie, une élégance d'harmonie, une sonorilé et une
connaissance de rinstrumcnt qui assurent à Espadero
un Tans à part dans la multitude des compositeurs con-
tempnrains. Espadero peut dire, comme Alfred de Mus-
set : .1/0(1 vei're n'est pas grand, mais je bois dans mon
vi'rre, et, quoi qu'en puissent dire les savants inféconds,
1 c n'est pas peu de chose par le temps qui court. La
rtainte du Poëte, la dernière œuvre d'Espadero, est un
petit poëme qui traduit raieu.ic que ne le ferait la parole
les plaintes du Ta«se à son immortelle adorée. Ce mor-
ceau est dédié, par le compositeur, à son ami et ancl' n
maître don Fernando Arisii. 11 semble que l'auteur ait
voulu concentrer dans ce morceau ses meilleures inspi-
rations, afin de le rendre plus digne de l'éminent et
modeste artiste, de l'homme distingué et sympathique à
qui il l'a dédié »
!\1. Espaile:o jouit depuis longtemps d'une grande re-
nommée à la Havane. — a. v.
308
ESPENT — ESSIPOFF
de vue de la facture, témoignent de qualités sé-
rieuses, que la condition particulière de l'auteur
rend plus dijjne.! d'attention. Les principales
sont : un allegro pour septuor ( violon , alto,
violoncelle, contrebasse, clarinette, cor, basson),
une symphonie à f;rand orchestre, deux ouver-
tures à grand orchestre, et deux fantaisies à
grand orchestre exécutées à Nancy ; une grande
cantate en l'honneur de Valentin Haiiy, le fon-
dateur de la première école des Jeunes- Aveugles,
exécutée à l'institution de Paris ; six messes
exécutées à Nancy.
Il existe dans le Midi un autre compositeur
aveugle, M. Gustave Cézanne, organiste de l'é-
glise Saint-Louis, à Toulon. Une modestie extrême
l'a emtiêché de publier des œuvres dislinguées,
notamment un quatuor pour instruments à cor-
des et des morceaux religieux. Il n'est pas sans
intérêt de mentionner son nom à côté de celui
deM.Espent. Al. R — d.
ESriIV Y GUILLEIV (Joaquin), pianiste,
organiste et compositeur, est né à Velilla, dans
l'évéché de Siguenza, le 4 mai 1812. Les ren-
seignements manquent sm la première par-
tie de sa carrière, et l'on sait seulement que
M. Espin y Cuillen commença par faire repré-
senter à Madrid quelques sr/r;;!^^^^.";. En 1842, il
entreprit en cette ville la publication d'un jour-
nal spécial, la Iberia musical, le premier de ce
genre qui voyait le jour en Espagne, dont il fut
le directeur et l'un des plus actifs collaborateurs,
et dans lequel, durant l'espace de six années,
il inséra un grand nombre de travaux d'hisloire,
de critique, de biographie et d'estliéli(|ue qui se
faisaient remarquer autant par la lucidité du
style que par l'érudition et les connaissances va-
llées qu'y déployait l'écrivain. Au mois de juil-
let 1845, M. Espin y Guillen faisait représenter
au théâtre du Cirque, de Madrid, un opéra es-
pagnol intitulé Padilla, ô cl Asedio île Médina,
qui fut très-favorablement accueilli ; dix ans
après, en 1855, il était nommé second organiste
de la chapelle royale et professeur de solfège au
Conservatoire. En 1872, il était chef des cho'urs
au théâtre royal. M. Espin y Guillen a fait ap-
précier son enseignement en dehors du Conser-
vatoire, et parmi les élèves des deux sexes qui
lui doivent leur éducation musicale, on cite
d'excellents chanteurs et de très-habiles orga-
nistes.
Deux enfants de cet artiste, un fils et une
fille, se sont livrés aussi à la pratique de l'art
musical. M. Joaquin Espin y Ferez, élève de
son père, a fait exécuter au théâtre royal de
Madrid plusieurs compositions à grand orchestre,
et il est l'auteur d'une cantate à la Paix dont
l'exécution a eu lieu en juin 1860 au théâtre de
la Zarzuela. En 1868, cet artiste a été engagé
comme chef d'orchestre du théâtre italien de
Bucharest. Sa sœur, M"^ Julia Espin y Ferez,
élève aussi de son père et douée d'une belle
voix de soprano, s'est consacrée à la carrière
dramatique. Engagée en 1867 comme prima
donna au théâtre de la Scala, de Milan , elle y
a été bien accueillie, et est allée ensuite tenir
son emploi sur divers théâtres de Russie, entre
aulres à Nijni-Novogorod.
ESPOAJA (N...), prêtre et compositeur es-
pagnol, lut maître de chapelle de l'église de la
Seu d'Urgel. 11 avait fait ses études artistiques
au collège de musique de l'abbaye de Montser-
rat, vers 17.^)0, et l'on conserve dans la biblio-
thèque de ce collège quelques-unes de ses com-
positions, qui se distinguent, dit-on, par la sim-
plicité et le bon goût.
*ESSER (Hknri), violoniste, chef d'orchestre
et compositeur, est mort à Salzbonrg le 3 juin
1872. Il avait été appelé, en 1857, à diriger
l'orchestre de l'Opéra impérial de Vienne , et
était devenu, presque en même temps, direc-
teur du Concert philharmonique de celte ville.
Parmi ses compositions instrumentales, il faut
citer deux suites d'orchestre qui ont obtenu du
succè^^.
ESSEX (M'""^ la comtesse). Voyez STE-
PIIEt\S (Katuerinr.).
ESSIPOFF (M°"^Ai\NETTE), pianiste russe,
a fait ses 'études musicales dans sa patrie, où
elle a été l'élève d'un artiste fort distingué ,
M. Léchétitsky. Après s'être fait connaître à
Saint-Pétersbourg et y avoir acquis comme vir-
tuose une solide notoriété, elle entreprit un
grand voyage artistique et se rendit tout d'a-
bord en France, où elle voulait faire consacrer
sa renommée. Elle vint à Paris vers la lin de
1875, et s'y lit entendre plusieurs fois avec un
réel succès, d'abord aux Concerts populaires,
puis dans quelques séances de musique de
chambre données par elle avec M. Davidoff,
violoncelliste, et M. Henri Wieniavvski. Le jeu
de M""' Essipoff, inégal et parfois un peu tour-
menté, n'en est pas moins plein de charme et
de grâce, et révèle une véritable organisation
d'arliste servie par de sérieuses études ; mais
la virtuose n'est pas toujours maîtresse d'elle-
même, et l'ardeur de son tempérament l'emporte
quelquefois au delà des bornes qu'un goût épuré
ne doit jamais franclnr. D'ailleurs on a remar-
qué avec raison qu'elle se montre plus supé-
rieure, parce que sa personnalité s'y déploie
plus à l'aise, dans l'interprétation des maîtres
poétiques ou rêveurs, lels que Chopin, Schu-
ESSIPOFF — EXAUDET
309
inann , Scliubert, que dans celle des grands
maîtres de l'art classique, qui réclament une
exécution plus nette, plus ferme et plus précise.
Quoi qu'il en soit, le talent de M""" Egsi()off
est non-seulement très-réel, mais très-fin, très-
élégant, et a été apprécié à sa juste valeur d'a-
bord en France , où le succès ne lui a pas
fait défaut, et aussi en Allemagne et en An-
gleterre , où elle s'est produite ensuite avec suc-
cès. En 1876, elle a parcouru l'Amérique, en y
donnant des concerts qui ont été très-suivis.
ESTIENJVE (C ). Un livre publié en
1854 (Paris, Fontaine, in-t2), était ainsi inti-
tulé : Lettres sur la musique, réunies et pu-
bliées par C. Estienne. C'est un recueil de ba-
nalités .sans valeur, dans lequel on ne rencontre
pas une idée nouvelle, ingénieuse ou originale,
le passe-temps d'un esprit distingué sans doute,
mais qui répète ce que cent autres ont dit avant
lui et mieux que lui.
ESTOCJRiMEL ( ). Un compositeur de
ce nom a fait représenter à l'Opéra- Comique,
le 29 novembre 1813, un petit ouvrage en un
acte, intitulé le Colonel ou VHonncur mili-
taire, dont Alexandre Duval avait écrit les pa-
roles. Celles-ci étaient si mauvaises, que le pu-
blic ne voulut même pas connaître le nom des
auteurs, et la pièce fut si mal reçue qu'on ne
jugea pas à propos de la rejouer une seconde
fois.
ETCHEVERRY(J -E , chevalier D"),
ancien maître de chapelle de la cathédrale
de Bordeaux, actuellement professeur de mu-
sique à la Psalette et organiste de l'église Saint-
Paul, a fait exécuter dans la cathédrale de cette
ville, vers 1864, un Stabat Mater pour plu-
sieurs voix et chœurs. Cet artiste a publié (Pa-
ris, Heugel) : 1° Trois motets pour soprano ou
ténoT {Osalutaris, Ave Maria, Ave verum);
2° Trois nouveaux motels ( Ecce panis, 0
subtuum prœsidmm, 0 snlutaris); 3° Cantate
pour le couronnement de ISotre-Dame d'Ar-
cachon ; 4° Cantique à Notre-Dame de Lour-
des.
ETTLIIVG (Emile), violoniste et composi-
teur, fils d'un conseiller du grand-duc de Hesse,
est né eu Allemagne vers 1820, et depuis long-
temps établi en France. Cet artiste s'est fait
connaître d'abord par la publication d'un assez
grand nombre de morceaux de musique de danse
pour le pi;mo. 11 a ensuite fait jouer quelques
opérettes dont voici les titres : Vn jour de
noce, un acte (dans un salon)^ 1864; le JSain,
un acte, ïertulia, 1873; le Tigre, un acte. Ter-
tulia, 1873; CŒil de monsieur l'expert, un
acte, Eldorado, 1874; Le Meunier, son fils
et... l'autre, un acte. Casino de Contrexéviile,
1875; En Wîaraî<rffi, Boulfes- Parisiens, 1877.
Tout cela est sans valeur aucune.
* EIJCLIDE. Nous croyons utile de rectifier
ainsi le titrée! l'indication bibliographique de la
traduction française qui a été faite du traité de
et écrivain : Le livre de la musique d'Eu-
clide, traduit par P. Forcadel, lecteur du Roy
es mathématiques. A Paris, chez Charles Périer,
au Bellérophon, rue St-Jehande Beauvais, 1566,
in 12 de 24 feuillets non paginés.
EURY ( ), habile fabricant d'archets, vi-
vait à Paris dans la première moitié du dix-
neuvième siècle. On assure que certains de ses
produits pouvaient rivaliser avec ceux de Fran-
çois Tourte, ce qui est le plus bel éloge qu'on
en puisse faire. Eury marquait souvent ses ar-
chets de son nom, à côté de la hausse, au-
dessous de la garniture.
EVERAERTS (Pierre- François), musi-
cien militaire et compositeur, né à Louvain en
1816, fut élève de Brigode, maître de chapelle
de l'église Saint- Pierre de celte ville. En 1834, il
entrait comme musicien gagiste au 3'' régitnent
de chasseurs belges, et deux ans après il deve-
nait chef de musique au 3^ régiment d'artillerie.
Ce corps ayant été supprimé en 1842, M. Eve-
raerts était nommé, en 1844, professeur de bu-
gle, de tiompette et de cornet à pistons au
Conservatoire de Liège. Il se livra alors avec ar-
deur à la composition, écrivit un opera-comique
en un acte, l'Avalanche, une ouverture dra-
matique intitulée Hommage à Grétry, une ou-
vertme militaire, plusieurs morceaux pour mu-
sique militaire, un concerto de cornet à pistons,
des chœurs, des romances , et un grand nombre
de morceau.x religieux, parmi lesquels on re-
marque un Ave Maria, un Pange imgua, un
0 Salufaris, un Bealus vir, deux Verbum
caro, un Pater noster, un Ave Regina, un Be~
nedictus , un Ecce Panis, un Regina cœli ,
deux Tantmn ergo, un Exultate Deo, etc., etc.
La plupart de ces compositions ont été publiées
à Liège, chez l'éditeur Muraille.
* EVERS (Charles), pianiste et composi-
teur, est mort à Vienne le 31 décembre 1875.
* EXAUDET (Josei'h). Cet artiste ne s'est
pas borne à composer le menuet resté fameux
sous son nom ; il a publié un livre de six sonates
pour violon et basse (Paris, Boivin, in-fol.).
FABRETTI (Annibale) , organiste de la
collégiale de San-Petronio, avait appris les pre-
miers éléments de la musique avec Agoslino
Filipuzzi, et étudié le contrepoint avec Paolo
Colonna. Admis au nombre des membres de
l'Académie des philharmoniques de Bologne dès
sa fondation en 1666, il en fut élu prince en
1677.
*FAB1\IZI (Paul), et non FABRIZZI,
naquit dans l'Ombrie, à Spolète, en 1809 (1).
Il sortit du Conservatoire de Naples en 1831,
et fit représenter successivement bs ouvra-
ges suivants : 1° la Vedova di un vivo,
opéra bouffe en 2 actes (.Naples, tb. Partenope,
1833); 2" la Festa di Cardiliello (id., tb.
Nuovo, 1833); 3° il Blondcllo (id;, id., 1834);
4° ilConte di Savenia (\i\.,v\., 1835); 5° Vin-
ganno non dura (id., id., 1836); 6°// Giorno
degll eqnivoci (id., i<l., 1837); 7" il Porlalor
d'acqua (1840); 8° Crisdna di Svczin (Spo-
lète, 1844). Tout cela, paraît-il, était très-mé-
diocre, et tomba rapidement dans l'oubli. Mais
Fabiizi, inconsistant et sans valeur comme ar-
tiste, était un homme habile et intrigant ; il sut
se faire protéger par un haut fonctionnaire, et
en peu d'années accumula sur sa tête tous les
emplois lucratifs que la musique pouvait lui
procurer dans les établisseiiienls d'éducation
d'une grande ville comme Naples. 11 se fil ainsi
une position brillante, au détriment d'artistes
distingués qui auraient rempli beaucoup mieux
que lui les itmombrables fonctions dont il était
httéralement accablé. Il me semble inutile de
dresser ici la liste des nombreuses et médiocres
compositions religieuses de ce musicien, qui
mourut à Naples le 3 mars 1869.
FACCIO (Franco), compositeur, chef d'or-
chestre et professeur, né à Vérone le 8 mars
1841, est le fils d'un simple garçon d'auberge.
Comme il montrait de rares dispositions pour
la musique, ses parents, quoique fort pauvres,
s'imposèrent encore les plus dures privations
pour pouvoii' subvenir aux frais de son éilucation.
J'ignore avec qui il fit ses premières études.
Admis au Conservatoire de Milan au mois de
novembre 1855, il devint, en même temps
(1) Je rectilie et je complète la notice de cet arti^te
d'après celle qu'a publiée IVI. Francesco Florimo dans
son livre : Cenno storico sulla sciiola musicale di !\'a-
poli.
(]u'un pianiste foit habile, l'tm des meilleurs
élèves de composition de M. Ronchetti, et attira
pour la preniière fois l'attention sur lui en fai-
sant exécuter dans un essai d'élèves, en 1860,
une ouverture de concert qui fut très-remarquée
et qui, disait-on, se distinguait par une grande
puissance d'imagination, une réelle indépendance
de forme et une richesse rare d'instrumenta-
tion.
A partir de ce moment , la fortune sembla
sourire à M. Faccio. Sorti du Conservatoire en
1861, il obtint du gouvernement un subside qui
lui permit de faire un voyage à l'étranger, et
de se perfectionner dans son art par l'audition
et la comparaison des O'uvres des différentes
écoles. De retour à Milan, il y trouva un édi-
teur intelligent, M. Ricordi, qui eut confiance
en lui et se chargea de la publication <le ses pre-
mières compositions; enfin, il eut la chance
d'être appelé, Irès-jeune, à faire ses débuts de
musicien dramatique sur la première scène de
celte ville et l'une des plus importantes de l'Ilalie,
celle de la Scala. En effet, le 10 novembre
1863, ce théâtre donnait la première représen-
tation d'un drame lyrique eu trois actes, i Pro-
fiighi Fiamminghi {les Proscrits Flamands),
dont le livret était dû au poète Emilio Praga
et dont M. Faccio avait écrit la musique. Ce
premier ouvrage accusait une originalité très-
marquée, une véritable hardiesse de conception
et des tendances nouvelles en ceTqui concerne
l'application de la pensée musicale à la pensée
dramatique. Mais il faut dire que le public mi-
lanais n'était pas prêt pour les tentatives de ce
genre, et que l'accueil fail au jeune compositeur
s'en ressentit : le succès de l'œuvre fut mé-
diocre. Celle-ci fut néanmoins discutée par la
critique avec une ardeurqiii attestait que le tem-
pérament de l'artiste était de ceux avec lesquels
il faut compter.
Mais M. Faccio avait le triste avantage d'être
en avance sur ses contemporains, et sa chance
on diminua d'autant. Sa seconde épreuve dra-
matique, qui eut lieu dans des conditions toutes
particulières, fut moins heureuse encore que la
première. M. Faccio avait eu pour condisciple
an Conservatoire un jeune artiste fort intelli-
gent, d'une nature un peu exubérante et d'une
imagination ardente, M. Arrigo Boiio (Voy. ce
nom). Tous deux avaient été élèves de M. Ron-
FACCIO — FAGO
3H
chetti et un peu de M. Mazzucato, et étaient
sortis de l'école à peu près en même temps. A
la fois poète et musicien, M. Boito se montrait,
à ce double point de vue, d'un romantisme qui
effarouchait un public quelque peu timoré. Son
Mefistofele, dont il avait écrit les paroles et la
musique, avait fait pousser aux spectateurs de
véritables hurlements, et la représentation en
avait été des plus orageuses. C'est pourtant en
compagnie de son ami M. Boito que M. Faccio
se produisit pour la seconde fois. Le premier
avait écrit le livret, le second la musique d'un
Amleto qui, représenté d'abord à Florence, y
fut bien accueilli, mais qui, lorsqu'il fut donné
à la Scala, le 9 février 1871, y fut outrageuse-
ment siftlé, en raison de certaines audaces que
s'étaient permises tout à la fois le poète et le
musicien. Il est vrai que les circonstances sem-
blaient se liguer contre les jeunes auteurs, et
que ceux-ci, cette fois, jouaient de malheur. Le
ténor Tiberini , qui les avait merveilleusement
servis à Florence , et qui était encore chargé
du rôle d'HamIet à Milan, se trouvait indisposé
et absolument sans voix le jour de la première
représentation en cette ville. De plus, cet artiste,
que l'on dit doué de qualités dramatiques ex-
ceptionnelles, et que les Italiens mettent, sous
ce rapport, presque à la liauteur de leurs plus
grands comédiens, les Rossi et les Salvini, in-
terdit par sa fâcheuse disposition vocale et par
l'hostilité brutale que le public déployait à l'é-
gard de l'ouvrage, était comme anéanti et sem-
blait incapable de faire un pas ou de dire un
mot ; il se montra donc complètement nul dans
ce rôle si écrasant et si difficile d'HamIet, qui,
plus que tout autre, exige de grandes qualités
scéniques, et une rare possession de soi^iême.
La déroute, on le conçoit, n'en fut que [dus
complète.
On a donc reproché à M. Faccio d'être de l'é-
cole de la musique de l'avenir, et de pencher
beaucoup trop du côté des théories de M. Ri-
chard Wagner. Si j'en crois poiu'tant ce que
certains artistes fort distingués m'ont dit, à Mi-
lan même, ceci ne serait pas tout à fait exact.
M. Faccio n'a de parti pris ni dans un sens ni
dans l'autre, et se contente d'aimer tout ce qui
est beau ou lui semble tel ; mais, appréciant le
beau sous quelque forme qu'il se produise, il
est de son temps, il accepte et met à profit les
progrès qui se sont réalisés dans l'art, et pré-
tend ne point se traîner dans la vieille ornière
italienne. En un mot, M. Faccio est d'avis que
l'ail ne doit pas s'immobiliser, et que tout en
maintenant les saines traditions , on peut néan-
moins le renouveler et le faire marcher en avant.
Il est à croire et à espérer d'ailleurs que cet
artiste fort distingué n'a pas, en tant que com-
positeur, dit son dernier mot ; il est dans toute
la force et la vigueur de la jeunesse, et l'avenir
lui appartient encore. Mais ses occupations ac-
tuelles l'absorbent, malheureusement, au point
de lui faire négliger la composition. En effet,
M. Faccio, qui a été nommé professeur d'har-
monie au Conservatoire de Milan à la mort de
Craff, en 1868, et qui est aujourd'hui profes-
seur de contrepoint et fugue , est en même
temps maestro concertatore et chef d'orchestre
à la Scala, après avoir rempli pendant plusieurs
années les mêmes fonctions au théâtre Carcano.
On comprend à quel point ces occupations sont
absorbantes. M. Faccio est d'ailleurs considéré,
depuis la mort d'Angelo Mariani (Voy. ce nom),
comme le premier chef d'orchestre de l'Italie,
et je crois que c'est à juste titre, car, pour ma
part, j'ai vu rarement un conducteur posséder
de telles qualités : il a la main, l'autorité, l'en-
traînement, la chaleur et la décision. De plus,
on dit qu'il excelle à diriger les études et à or-
ganiser l'exécution des œuvres. En réalité ,
M. Franco Faccio est, à beaucoup de points de
vue, un artiste de l'ordre le plus élevé. C'est
lui qui a fait en Italie ce que Berlioz avait fait
en France pour le Freischûtz de 'Weber, et
qui a écrit des récitatifs pour cet ouvrage ,
lorsque la représentation en eut lieu à la Scala,
de Milan, il y a quelques années.
Parmi les compositions de M. Faccio en de-
hors du théâtre, je ne connais que deux re-
cueils de chant, l'un intitulé Album melodico,
l'autre Cinque canzoneite veneziane , tous
deux publiés à Milan, chez Ricordi. Il y a de
charmantes choses dans ces deux recueils, et la
première pièce du premier, la ninnerella qui
a pour titre Ad un Bamblno, est un petit bi-
jou empreint d'une grâce exquise et d'une vé-
ritable poésie. M. Faccio a écrit aussi, en so-
ciété avec son ami M. Arrigo Boito, un « mys-
tère » intitulé le Sorelle d'italia.
* FAGO (Nicolas), surnommé II Tarantino.
Dans son livre sur les Conservatoires et les
musiciens napolitains , M. Francesco Florimo
fixe à l'année 1674 la date de la naissance de
cet artiste , et fait connaître qu'avant d'entrer
au Conservatoire de la Pietà et d'y travailler
avec Provenzale, il fut admis au Conservatoire
dei Poveri di Gesù Cristo, où il étudia avec
Alexandre Scaiiatti. Fago a formé lui-même
de bons élèves, parmi lesquels il faut surtout
citer Nicola Sala et Leonardo Léo. Il mourut à
Naples, on ne sait en quelle année. M. Florimo
mentionne les compositions suivantes de Fago,
312
FAGO — FALGO
qui sont conservées dans les Archives du Con-
servatoire de Naples, et qui doivent être ajoutées
à la liste de ses œuvres -. 1° Cred/di, psaume
à 9 voix obiijiées , avec violons, alto, baisse
et orgue; 2° Amen et Sicut erat a 4 voix, avec
basse; 3° 12 cantates à voix seule, avec basse;
4° Toccate pour piano. D'autre pnrt, 31. le doc-
teur Basevi, de Florence, possède dans sa riche
bibliothèque musicale la partition manuscrite
d'un ouvrage qui ne se trouve point dans les
archives napolitaines, et qui est resté inconnu
de tous les biographes : Faraone sommet so,
oratorio à quatre voix, avec instruments. Enlin,
on doit joindre encore au catalogue des œuvres
de Fago, Astarto, draine lyrique représenté en
1709 à Naples, sur le théâtre San-Bartolomeo.
FAHRB.ACH (Joskph), (lùliste et compo-
siteur allemand, est né à Vienne le 25 août
1804. Il devint de bonne heure un virtuose
distingué, fut chef d'un orchestre de danse, et
se fit connaître par la publication d'un grand
nombre de morceaux de genre pour thite et di-
vers instruments à vent, et' de morceaux de
musique de danse. Parmi les compositions de
M. Joseph Falirbach, on di>tiiigue les suivantes :
1° Méthode de hautbois, op. 27; 2° Divertisse-
ments pour tlùte et i)iano, op. 30 et 31; Le
carnaval, valses, polKas et mazurkas, op. 32,
33, 34, 35, et 36; Une Botte de fleuri, suites
de valses, op. 37, 38, 39, 40, 41 et 42 ; Sur les
Alpes, fantaisie |)our flûte, op. 43; Variations
de concert pour deux flûtes, avec piano, sur
un Ballo in Maschera, op 56 ; Deux fantaisies
pour flûte, violon et piano sur le même opéra,
op. 64; Feuilleton musical, collection pério-
dique de fanlaisie.s-étuiies pour llûte sur des
motifs d'opéras (34 morceaux publiés), op. 90;
Revue théâtrale, collection périodique de fan-
taisies élégantes pour 2 flûtes sur des motifs
d'opéras (52 morceaux publiés), op. 15; Musée
théâtral , fantaisies élégantes pour flûte et
hautbois sur des motifs d'opéras, op. 28 et 29 ;
Les deux Virtuoses, fantaisies élégantes pour
flûte et clarinette sur des motifs d'opéras, op.
57 ; le Télégraphe musical, recueil périodique
de pots-pourris pour flûte, clarinette (ou haut-
bois) et bas.son, sur des motifs d'opéras, op. 21 ;
Trio pour trois flûtes, op. 58; deux fantaisies
pour 3 flûtes sur Aida, op. 78 ; deux Fantaisies
pour 4 flûtes sur Aïda, op. 60; deux fantaisies
pour 2 clarinettes sur un Ballo in Masche-
ra; etc., etc.
FAHRB \CH (Philippe), fils du précédent,
compositeur, chef d'un orchestre de danse, et
capellnieisler du 23e régiment d'infanterie ba-
ron Ajroldi, est né à Vienne en 1843. Il se li-
vra de bonne heure, et sous la direction de dif-
férents maîtres, à l'étude du piano, du violon
et de la flûle, puis apprit l'harmonie d'un orga-
niste de Wolfsburg. Il acheva ensuite .<on édu-
cation musicale avec son père, et entra dans
l'orcliestre de celui-ci d'abord comme premier
violon, puis comme première flûte. Il avait à
peine dix-sept ans lorsqu'il produisit ses pre-
mières compositions dansantes, qui imliquaient
un talent vif, primesHutier et vraiment original.
Veis 1805, il partagea avec son i)ère la direc-
tion de sou orcliestre, et peu de temps après
devint chef d'un autre orchestre à Vienne; son
habileté sous ce rapport et le charme des com-
positions lui valurent rapidement une grande
notoriété. En 1870 il accepta ! emploi de ca-
pcllmeisteir du régiment baron Ajroii, et de-
puis 1872 il habile Pesth (Hongrie), où ses
concerts de danse sont devenus extrêmement
populaires et oii sa musique a fait une très-
granile sensation.
Les compositions de M. Philippe Farbach sont
d'une couleur très-caractéristique, et se font re-
marquer par la grâce et l'entrain, la nouveauté
lies rhjtlimes et la recherche piquante de l'har-
monie. Le nombre de ses compositions ne s'é-
lève pas à moins de trois cents, et elles consis-
tent eu pots-pourris, valses, polkas, mazurkas,
galops, marches, schotischs, quadrilles. Leur
succès est immense en Autriche et en Hongrie,
où le nom des deux Fahrbach est devenu aussi
l)opulaire que celui des quatre Strauss, et l'on
commence à les connaître même à l'étranger.
A Paris, l'éditeur M. Heugel a publié récem-
ment sous ce titre : les 6o?/ees de Pesth, un
choix heureux de trente morceaux de M. Phi-
lippe Fa^hbach , valses , polkas , mazurkas et
galops. Milheureusement la transcription au
piano ne rend pas complètement l'effet orches-
Iral, surtout quand cet effet est obtenu par une
bande dirigée p^r l'auteur en personne, avec les
nuances sonores et rhjlhmiques qui donnent à
cette musique tout son relief et toute sa valeur.
FALCO ( ), luthiste fort distingué,
'ivait à la fin du dix-septième et au commen-
«^■'meiit du dix huitième .siècle. Titon du ïillet
•■n parie en ces termes dans son Parnasse fran-
çois : « Le luth est un instrument d'une har-
monie étendue, gracieuse et touchante ; mais la
difficulté de le bien jouer, et son peu d'usage
dans les concerts l'ont presque fait abandonner,
et je ne crois pas qu'on trouve dans Paris plus
de trois ou quatre vieillards vénérables qui
jouent de cet instrument. Jeu rencontrai un
l'année dernière : c'est M. Falco,- doyen des
secrétaires de JMM. du Conseil, qui me confirma
FALCO — FARGAS Y SOLER
313
qu'à peine esf-il quatre luthériens, ou joueurs
de luth dans Paris. Il nvengagea à monter chez
lui , où après m avoir placé dans un fauteuil
antique, il me joua cinq ou six pièces de lutii,
me regardant toujours d'un air tendre, et ré-
pandant de temps en temps quelques larmes
sur son lulli. Il me tira ensuite une fort belle
pièce de vers, de la composition de feue M"«
Masquière : c'est l'éloge ou la déification
même du lutli. On voit dans cette pièce la iné-
tamorpliose d'un roi Samos, savant musicien,
changé en luth. M. Falco me lut cette pièce
d'un ton si touctiant, et me parut si pénétré de
son sujet, que je ne pus rn'empêcher de mêler
quelques larme-s aux siennes ; et ainsi nous
nous quittâmes. »
FALGUÉRA (Le Père José), compositeur
espagnol, moine de l'Escurial, fit ses études ar-
tistiques au collège de musique de l'abbaye de
Montserrat, où il resta de 1789 à 1794, et où
il eut pour maîtres le P. Casanovas et le P.
Viola. Organiste et violoniste fort distingué, il
se fit remarquer par plusieurs compositions es-
timables, entre autres une messe pour la fête
de la Circoncision, et des matines des Apôtres,
avec accompagnement d'orchestre, qu'il fit chan-
ter le 27 octobre 1821, en présence du roi Fer-
dinand VII, pour la fête des SS. Simon et Ju-
das. Il mourut à Belmonte, dans la Manche, en
1823 ou 1824, à l'âge d'environ cinquante-deux
ans.
* FALLOUA RD ( Pierre- Jean-Michel ),
est mort )e 6 avril 1865.
FAMI1\TSINE ( ), compositeur russe,
s'est fait connaître dans sa patrie par la publi-
cation d'un certain nombre de morceaux de
piano et de pièces de musique de chambre (|ui
ont été favorablement accueillis par le public.
Cet artiste a fait ses débuts au théâtre en fai-
sant représenter dans le courant du mois de
décembre 1873, sur la scène du théâtre Marie,
de Saint-Pétersbourg, un grand opéra en 3 actes
intitulé Sanlanapiile. Cet ouvrage a été reçu
avec une sorte d'enthousiasme par les specta-
teurs moscovites, toujours empressés d'applau-
dir un de leurs compatriotes et désireux de
voir se produire parmi euv un musicien de gé-
nie. M. Famintsine ne paraît cependant pas de-
voir recueillir la succession de Glinka; son Sar-
danapale est, paraît-il, une œuvre estimable,
mais dans laquelle l'élan drainatiqiie et l'inspi-
ratir.n ne tiennent qu'une place restreinte. M. Fa-
mintsine remplit les fonctions de critique mu-
sical dans un des princii)an\ journaux de St-
Pétersbourg, et ses articles, <lit-on, sont ceux
d'un homme de goût et de savoir.
FANTONI (Gabriel), écrivain italien, issu
d'une famille llorentine, est né à Vicencele 16
février 1833. Tout en exerçant la piolession de
notaire, M. Fantoni s'est livré à de nombreux
travaux littéraires, a abordé la politique et l'his-
toire, et a publié, entre autres écrits, un ouvrage
intitulé Storia unicer&ule del Canlo (Milan,
Battezzati, 1873, 2 vol. in-12). Malheureuse-
ment, et malgré .son titre un peu ambitieux, cet
ouvrage est de médiocre valeur, aussi bien au
point de vue historique proprement dit que sous
le rapport de l'esthétique et de la critique, et
donne la preuve que l'auteur, en l'entreprenant,
était insuffisamment pénétré de son sujet et in-
complètement pourvu des connaissances néces-
.saires pour le traiter.
FANUCCHI (DoMENico), organiste et com-
positeur, naquit à Lucques vers 1795. Voué de
bonne heure à l'étude de la musique, il devint
élève de Domenico Quilici pour la com|)Ositiou
et de Domenico Puccini pour l'orgue, et fut l'un
des meilleurs organistes de son temps. Maître
de musique pendant de longues années au sé-
minaire de San-Marlino, il tenait aussi chez lui
une école particulière, dans laquelle il forma de
nombreux élèves chanteurs. Ses compositions,
d'un style facile et mélodique, consistent en
messes, psaumes, motets, hymnes et graduels,
soit à 2 et 4 voix en style alla cappella, soit
à quatre voix avec accompagnement instrumental .
On lui doit aussi de nombreuses pièces religieuses
de divers genres, exécutées, de 1820 à 1846, soit
pour la fête de Sainte-Cécile, soit pour la Santa
Croce. Accablé d'infirmités dans sa vieillesse,
cet artiste mourut à Lucques le 24 juin
1862.
FARIA (Luiz DA COSTA E), né à Guarda
(Portugal), en 1679, fit en cette ville ses études de
théologie. Il prit les ordres en 1724, et occupa
plusieurs emplois importants dans la province du
Minho. Barbosa Machado cite |)lusieurs ouvrages
de cet auteur qui ont rapport à la musique : des
pastorales, des Zarzuelas et des Vilhancicos,
mais il ne dit pas si Faria en a composé aussi
la musique. Ces ouvrages sont les suivants :
Fabula de Alfeo e Aretusa fiesta harmonica ,
etc., Lisbonne, 1712, in-4° ; El poder de la
Hurmonia fiesta de Zarzuela.... Lisbonne, 1713,
n-4»; Vilh ancicos que se cantaron, etc., (pour
les fêtes de S. -Vincent), Lisbonne, 1719, 1721 ,
1722, 1723, quatre collections in-8". J'en ai
donné ailleurs [Musicos portuguezes , t. T'',
p. 98), les litres détaillés. J. de V.
FARGAS Y SOLER (Antonio), écrivain
musical espagnol, est l'auteur d'un long Diction-
naire biographique donné par lui sous ce titre :
314
FA KG A S Y SOLER — FARRENC
Biogrofias de los Musicos mas dislïnguido des
todos los paises. La publication de cet ouvrage,
qui doit comprendre cinq volumes petit in-8°, est
loin d'être terminée, quoiqu'elle ait été commen-
cée dès 1866; la raison en est quelle est faite
par une feuille spéciale, la Espana musical,
qui le donne chaque semaine par fragments, sous
forme de feuilletons séparés et paginés à part.
Au reste, le Dictionnaire de M. Fargas y Soler
laisse i)eaucoup à désirer. L'écrivain s'est borné,
pour l'étranger, à choisir et à copier les notices
de la Biographie universelle des Musiciens,
en les écourtant dune façon si singulière et si
fAcheuse qu'il lui arrivait même de supprimer la
plupart des prénoms des artistes. C'est là le seul
document qu'ait consulté l'auteur , sans tenir
compte des publications similaires et plus récen-
tes des autres pays , non plus que des innom-
brables monographies que cliaciue jour voit éclore
sur tel ou tel artiste. Quant à la bibliographie,
si importante en pareille matière , il n'en est
même pas question dans son livre. On pourrait
supposer, tout au moins, que la partie relative à
l'histoire de l'arlet des artistes espagnols présen-
terait dans un tel livre un intérêt réel et parti-
culier. Or, il n'en est rien, et cet attrait si na-
turel d'un ouvrage publié en Es[)agne est à peu
près nul. L'auteur s'est borné à donner quel-
ques renseignements sans valeur et sans au-
thenticité sur les artistes ses compatriotes, ren-
seignements qui même , la plupart du temps ,
sont complètement erronés , de telle sorte que
les Biograjias de M. Fargas y Soler ne peuvent
même pas servir de point de départ à des re-
cherches intelligentes et consciencieuses sur les
artistes qui, de l'autre côté des Pyrénées, se sont
fait un nom plus ou moins honoral)le. J'en parle
à bon escient, car, a de très-rares exceptions
près, je n'ai pour ainsi dire pas pu me ser\ ir,
pour le présent supplément, du travail de M.
Fargas, dont les erreurs et les négligences ne
sauraient se compter.
M. Fargas y Soler a publié aussi un Diccio-
nario deMusica, dont je ne puis apprécier la
valeur, car je n'en ai pas eu connaissance.
FARINA ( ), musicien italien contem-
contemporain, a fait représenter en 1854, sur
le théâtre de Padoue, un opéra sérieux intitulé
l'Or fana.
FARINEL ( ), compo,siteur, vivait à la
Hn du dix-septième et au commencement du dix-
huitième siècle. Dans son recueil : Ballets ,
opéras et autres ouvrages lyriques, le duc de
la Vallière lui attribue la musique des ouvrages
suivants : 1° Concert divisé en deux parties
(deux actes) et précédé d'un prologue, représenté
en 1870; 2" les Chants de la paix, « concert »
(c'est-à-dire, sans doute, cantate), exécuté à
Lyon en 1704 ; 3" l'Union de la France et de
l Espagne, exécuté à Lyon en 1704.
* FARIMELLI (Joseph). A la liste des ou-
vrages de ce maître , il faut ajouter une farsa
giocosa intitulée l'Effetto naturale, et la Giu-
lietta , opéra semi-sérieux.
*FARRE]XC (Jacques-Hippolyte-Aristide),
est mort à Paris le 31 janvier 1863. On doit à
cet artiste très-laborieux une petite brochure in-
téressante : Les Concerts historiques de M. Fé-
tis à Paris (s. 1. n. d., in-8° de 23 p.). Farrenc
possédait une bibliotiièque musicale extrême-
ment riche, qui a été vendue après sa mort, et
dont le catalogue instructif a été publié : Cata-
logue de la bibliothèque musicale théorique et
pratique de feu M. A. Farrenc, ancien profes-
seur et éditeur de musique (Paris, Delion ,
1866, in-S"). " Farrenc a été un homme utile ,
comme l'a très-justement dit Amédée Méreaux
dans un article nécrologique publié dans le Jour-
nal de Rouen, et c'est à ce titre que son nom
doit être recommandé à la postérité. Ces hommes
modestes ont besoin qu'on les place au rang qu'ils
méritent ; car si l'on se trouve bien de leurs
services, si, pendant leur vie, on met à contri-
butionleur érudition et leur dévouement, souvent
on les oublie bien vile après leur mort. »
Ad. J— n.
* FARRENC (M""^ Je.\nne-Louise) , femme
du précédent , est morte subitement à Paris le
15 septembre 1875, à l'âge de 71 ans. Elle avait
pris sa retraite de professeur au Conservatoire ,
après trente ans d'exercice, en janvier 1873, et
avait été remplacée par M. Delaborde. Depuis la
mort de son mari, elle s'était occupée activement
de continuer le Trésor des Pianistes; dans
l'hiver de 1870, elle donna même une série de
séances publiques où ses élèves préférées et des
artistes choisis firent entendre, sous sa direction,
de nombreuses pièces extraites de cette collec-
tion, et des trios et quintettes de sa composition.
Elle eut enfin le bonheur de terminer cette belle
publication, véritable monument él.vé à la gloire
des maîtres du clavecin et du piano des trois
derniers siècles, et qui ne comprend pas moins
de 23 volumes. Dans ces derniers temps,
j^pc Farrenc avait retrouvé quelques occasions,
encore trop rares, d'entendre exécuter en public
certaines de ses compositions qui témoignent d'une
force et d'une richesse d'imagination , d'une
science qui ne furent jamais , au même degré ,
l'apanage d'une femme. C'est ainsi qu'en l'hiver
de 1875, le Concert national rejoua le bel an-
dante de sa symphonie en sol mineur, entendue
FARRENC — FARRERAS
.i'I
15
autrefois en entier aux concerts du Conservatoire,
et que M'^'Béguin-Salomon, MM.Taffanel et Gary
exécutèreni à la salîe Erard son trio pour piano,
flûte et violoncelle (op. 45), œuvre très-remar-
quable par la pureté du style, l'élégance *.et la
distinction des idées, et d'une forme si classique
qu'elle ne souffrit nullement d'être entendue
après un quatuor de Mozart. L'Institut a décerné
deux fois à I\I"" Farrenc en 1861 et en 1869,
le prix Chartier destiné à récompenser les meil-
leures compositions de musique de chambre ; et
cette distinction si justifiée dut consoler un peu
l'auteur du silence immérité qui se faisait autour
de ses œuvres. M'"" Farrenc , qui avait eu de
bonne heure conscience de la nature sérieuse de
sentaient, nesuivait'pas, par conviction, la route
des succès faciles ; mais si le gros du public
ignorait son nom , les plus grands artistes le
connaissaient bien et lui accordaient toute leur
estime. Schumann notamment avait distingué
dès le début le rare talent de cette femme hors
ligne. «Si un jeune compositeur, écrivait-il en
1836, me présentait des variations semblables à
celles de L. Farrenc (op. 17), je lui ferais tous
mes compliments sur les heureuses dispositions
et sur la solide éducation dont ces morceaux
témoignent à chaque page. Je ne fais que d'ap-
prendre la situation du musicien , ou plutôt de
la musicienne, qui est la femme du célèbre édi-
teur de musique deParis, etje crains dès lors que
ces lignes encourageantes ne parviennent difficile-
raentà sa connaissance. Il s'agit de petites études,
vives et piquantes, terminées peut-être encore
sous l'œil du maître , et qui pourtant sont si
fermes de contour, si sages d'exécution, si ache-
vées en un mot qu'elles vous tiennent sous le
charme, d'autant mieux qu'il s'en dégage un
léger parfum romantique. On sait que les thèmes
qui se prêtent aux imitations sont particulière-
ment propres à être variés, de façon que la mu-
sicienne a pu se répandre en jeux de toutes sortes
et en canons pleins d'élégance. Il n'y a pas jus-
qu'à une fugue exacte, avec sujet, contresujet,
etc., qu'elle n'ait réussie à souhait et où l'on ne
distingue partout une grande légèreté de main
et une heureuse veine mélodique. » C'est aux
artistes qui connaissent le mérite de ces ouvra-
ges, qui savent ce que valait cette artiste émi-
nente, à lui rendre hommage de la manière la
plus utile pour sa mémoire , en faisant entendre
de temps à autre les créations de cet esprit si
distingué, dans lesquelles les jeunes compositeurs
; pourront apprendre , aussi bien que chez les
maîtres classiques, comment on allie le charme
à la correction de la forme et la grâce à l'Iiabi-
leté technique. La femme a disparu , mais le
professeur revit dans ses élèves et le composi-
teur dans ses œuvres.
Ad. J— n.
FARRERAS (Le P.- Pedro-Pascal), moine
et musicien, naquit en 1775 à Bddalona, dans la
province de Barcelone. Fils d'humbles artisans,
il entra, à l'âge de quinze ou seize ans, au cou-
vent des pères de la Merci. Le goût de la musique
se développa en lui assez tard, mais avec une
grande force, et comme ses supérieurs ne vou-
laient lui permettre d'apporter aucune distrac-
tion à ses études religieuses , il fut obligé de
s'exercer en secret , sans aide d'aucune espèce ,
et put à grand'peine apprendre les pi'cmiers
éléndents de l'art. Après avoir pris les ordres, il
passa au couvent de Berga , où il entreprit la
carrière de prédicateur, mais en se livrant en
même temps à une étude sérieuse de la musique,
pour laquelle son goût allait toujours croissant.
Dans ce couvent, il apprit à jouer de la flûte, du
basson , du hautbois et du piano , et , après
avoir pris quelques leçons de l'organiste, il s'es-
saya à écrire diverses pièces de musique reli-
gieuse, et bientôt commença à se livrer à l'ensei-
gnement de la musique. La force de volonté et
la patience que le P. Farreras déploya à ce sujet
finirent par attirer l'attention de ses supérieurs,
si bien qu'en 1814 il fut mis à la tête de l'école
qui depuis quelques années existait au couvent
de la Merci , de Barcelone , et dont le directeur
venait de mourir.
Malgré son peu d'expérience dans la pratique
de l'enseignement, malgré ses minces connais-
sances dans l'art de la composition, le P. Farreras
ne se borna pas à s'occuper de la direction de
son école de musique , mais confiant dans son
intelligence et dans la puissance de sa vocation
pour l'enseignement, d'ailleurs étudiant toujours,
il professa lui-même avec bonheur, et s'occupa
de doter le couvent des compositions qui lui
étaient nécessaires pour le service du temple.
C'est à celte époque qu'il reçut des leçons d'un
contrapuntiste renommé, Francisco Queralt, alors
maître de chapelle de la cathédrale.
Il étudiait ainsi en enseignant, et ses progrès
furent tels que bientôt les élèves afnuèrent,et qu'il
fut en état de les instruire solidement dans les
différentes branches de l'art. Avec une patience
et une persévérance que rien ne décourageait, il
se rendait compte du tempérament intellectuel
de chaque élève, modifiait ses procédés selon la
nature de ceux-ci, et linit par former un chœur
remarquable d'entants, dont l'exécution attirail
la foule à l'église de la Merci lors de la célébra -
lion des oflices. En même temps il exerçait ces
enfants dans l'étude des instruments, leur faisait
316
FARRERAS — FAU
exécuter des œuvres de Haydn et de Mozart , et
enfin les initiait aussi à l'étude du piano, de façon
à eu (aire d'Iiabiles accompagnateurs. Bientôt,
il écrivit à leur intention plusieurs drames reli-
gieux, V Enfant prodigiie, le Sacnfice d'Isaac,
etc., qui furent chantés et représentés par eux ,
avec les costumes et décors nécessaires, sur un
petit théâtre qu'il avait fait aménager dans l'école
même. Ces représentations eurent beaucoup de
succès, le bruit s'en répandit dans toute la ville
de Barcelone, si bien que toule la société s'em-
pressa d'y vouloir assister. L'école du couvent de
la Merci devenait ainsi comme une sorte de |)etit
conservatoire, digne émule de l'école fameuse
du couvent de Montserrat, et qui donna à l'Es-
pagne un grand nombre d'artistes et de profes-
seurs habiles.
Le P. Farreras avait commencé trop tard son
éducation musicale pour pouvoir devenir un
grand compositeur ; ses études , d'ailleurs, n'a-
vaient pas été poussées assez loin. Pourtant,
grâce à son amour de l'art, à ses facultés naturel-
les, à l'ardeur qu'il avait apportée dans la lecture
et l'examen des œuvres des grands maîtres, il
avait écrit , pour le service du monastère de la
Merci, un certain nombre d'œuvres qui n'étaient
point sans valeur ; malheureusement, ces O'uvres
furent perdues et dispersées lors de la suppi es-
sion des couvents en 1835. A cette époque, le
P. Ferraras, chassé de son école, continua de se
livrer à l'enseignement de la musique, en accep-
tant les élèves que les familles voulaient bien
lui confier, et forma de nouveau, quoi(]ue dans
des proportions moins nombreuses, un choeur
d'enfants semblable à celui qu'il avait créé naguère
chez les pères de la Merci. Ce digne artiste est
mort dans les derniers jours du mois de juin
1849, après avoir accompli sa soixante-quator-
zième année, et après avoir rendu à l'art de Irès-
réels services.
FARROBO (CoiNDE do), amateur très-distin-
gué de musique et compositeur. Ce gentilhomme
portugais, mort il y a quelques années, a exercé
une II es- grande influence sur l'art musical à
Lisbonne. La protection qu'il accordait aux ar-
tistes, sa direction si brillante du théâtre de San-
Carlos pendant plusieurs années, les représen-
tations artistiques qu'il organisait chez lui, à
Lisbonne et dans ses palais des environs, l'ac-
cueil.si généreux qu'il fit à toutes les notabilités
artistiques qui visitèrent Lisbonne de 1830 à
1860, toutes ces choses ne peuvent jamais être
oubliées. Je n'ai pas l'intention d'entrer ici dans
desdéiailsbiograpbiquesqui m'entraîneraient trop
loin; d'ailleurs je réunis depuis quelque temps
des matériaux pour une biographie détaillée du
comte de Farrobo; c'est presque l'histoire musi-
cale de Lisbonne pendant 30 ans, tant cet homme
remarquable a travaillé aux progrès de l'art. Son
influence sur la politique , les finances, le com-
merce et l'industrie de sa patrie , a été encore
bien plus grande. J. de V.
FASx\XOTTl (Fiuppo), pianiste et composi-
teur, né à Milan le 19 février 1821, a publié envi-
ron deux-cents morceaux de genre pour le piano,
qui consistent particulièrement en transcriptions,
arrangements et fantaisies sur des thèmes d'o-
péras célèbres. Ou lui doit aussi un recueil de
50 préludes dans tous les tons majeurs et mi-
neurs, publié sous ce titre : L^Arte di prelu-
diare (Milan, Ricordi).
FASTRE (Joseph), musicien néerlandais,
né à Flessingue le 2'? juin 178.5, étudia plusieurs
instruments, entre autres le violon. Incorporé en
1803 dans un régiment français, il suivit l'armée
eu Allemagne, assista à la bataille d'Austerlitz,
puis revint en 1806 dans sa ville natale, et se
fixa l'année suivante à Middelbourg, oii il diri-
gea le corps de musique de la milice bourgeoise.
Plus tard, après avoir passé quelque temps à
Alkraaar, il s'établit définitivement à La Haye,
où il devint meml)re de la chapelle royale et
professeur à l'École de musique. Fasfré a con-
tribué d'une façon importante au développement
du chaut pojiulaire et aux progrès de l'exécution
musicale en cette ville. Il a publié une trentaine
d'u^uvres pour le violon, le piano, la il ù te et la
clarinette, et aussi plu.sieurs recueils de musique
vocale parmi lesquels on cite : Morceaux de
chant à 2 voix à l'usage de la jeunesse , 12
Morceaux de chant ù 3 voix, et 6 Chants ù 3
voix pour deux sopranos et contralto. Fastré
est mort le 13 aviil 1812. — Un de ses fils, vir-
tuose sur la flilte et la guitare, mourut aux Indes
vers 1835.
FAU (Le docteur Julien), violoniste amateur
distingué, s'est fait depuis longtemps une répu-
tation dans le monde musical parisien par la
passion qu'il avait pour les beaux instruments
de musique anciens, dont il forma une collection
peu nombreuse, mais renfermant de véritables
merveilles. Cette collection , très vantée p;ir
M. Viollet-Lediic dans son Dictionnaire rai-
sonné du mobilier français, et qui comprenait
une centaine de pièces choisies avec un gortt
parfait, a été cédée par son possesseur au minis-
tre des Beaux-Arts , qui en a enrichi le Musée
instrumental déjà si remarquable du Conserva-
toire de musique. Dans son numéro du 27 février
1874, le Journal officiel donnait quelques dé-
tails très-curieux sur la riche collection du doc-
teur Fau; comme ces détails n'ont été reproduits
FAU — FAUGONIER
317
nulle part, il n'est pas sans utilité de les donner
à celte place, car ils sont intéressants pour l'his-
toire (le la lutherie et des siècles antérieurs. Les
voici donc :
« M. le docteur Fau avait déjà rassemblé un
certain noud)re d'instruments de musique, s'at-
tachant particulièrement à trouver des types purs
et des pièces intactes , lorsqu'il se rendit en
Italie au commencement de 1869. Pendant un
assez long séjour qu'il fit à Venise , il eut la
bonne fortune d'entrer en relations avec le
comte Pietro Correr, qui lui permit d'examiner
dans les combles de .son palais les instr'une.nts
que ses ancêtres y avaient relégués. En dépit de
la poussière séculaire qui les couvrait, le savant
collectionneur eut bien vite reconnu que la chance
le favorisait au delà de toutes ses espérances, et
qu'il avait là sous les yeux les trésors artistiques
les plus rares. En effet, ces pièces qui excitaient
son admiration secrète, provenaient de la suc-
cession des Conlarini, et il se rappela aussitôt
que Simon Contarini, tour à tour ambassadeur
de la république de Venise auprès du duc de
Savoie, du roi d'Espagne Philippe II, du sultan
Mahomet III, du pape Paul V et de l'empereur
Ferdinand V\ se faisait accompagner dans ses
ambassades par une bande de musiciens distin-
gués. Il n'y avait pas à en douter, ces magnifi-
ques instruments de musique avaient servi aux
virtuoses de la chambre de Simon Contarini, el
dataient, par conséquent, du seizième siècle et
du commencement du dix-septième. M. le doc-
teur Fau s'empressa de choisir les plus précieux
de tous, et fut heureux de pouvoir acquérir ainsi
quinze pièces historiques, dont il avait en vain
cherché l'équivalent dans les principales villes
d'Italie, et dont plusieurs sont pentêlre uniques
au monde.
« C'est d'abord un barbiton du célèbre luthier
Gaspard de Salo , admirable spécimen de cette
petite basse de viole à six cordes que le |)èrc
Mersenne appelle barbitos major dans son ou-
vrage latin intitulé Hannonicorum Libri. Puis,
ce sont cinq arcbiluths ou chitarrones de diffé-
rents modèles et du plus beau travail , chefs-
d'œuvre de la lutherie vénitienne, signés Matteo
Sellas et Cristofero Cocbo. Viinnenl ensuite des
instruments en bois ou en cuir noir de la plus
grande rareté ; entre autres , un serpent d'une
forme excessivement pittoresque, instrument rlu
seizième siècle et miuii de clefs, pièce des plus
curieuses el des plus intéressantes pour l'histoire
de la facture instrumentale ; un tournebout, autre
instrument datant également du seizième siècle,
pièce véritablement introuvable ; des cornets de
plusieurs sortes, dont un à double jeu de trous et
un autre orné d'arabesques d'or du dessin le plus
élégant. Enfin, une corne d'appel qu'on a taillée
dans une défense d'éléphant longue d'un mètre et
demi : l'extrémilé fermée de l'instrument se ter-
mine en pointe à quatre pans, comme certains
fers de lance ; ainsi cette corne pouvait servir
d'épieu de chasse
« Mais les pièces provenant de la famille des
Contarini ne sont pas les seules qui méritent
d'être mentionnées. M. le docteur Fau possédait
bon nombre d'instruments qui manquaient en-
core au musée du Conservatoire : les deux luths
de sa collection, de belles timbales de cavalerie
du temps de Louis XIII , un grand keruangeh
avec monture en ivoire, une balaïka achetée à la
vente Sollikoff, un ché à treize cordes, une vielle
organisée, et bien d'autres instruments dignes
d'une mention spéciale, comblent aujourd'hui
des lacunes que les visiteurs du Conservatoire
national de musique auraient signalées à regret.
« Il n'est pas possible de terminer cette revue
rapide des objets qui viennent d'entrer au mu-
sée de notre école supérieure de musique, sans
noter encore une délicieuse petite vielle du sei-
zième siècle, la superbe liasse de viole deZanetto,
que Norblin a fait monter en violoncelle; une
autre basse de viole sculptée sur des éclisses, un
grand dessus dé viole à sept cordes, et une ra-
vissante épinette française ornée de jolies pein-
tures à la gouache et signée Philippe Denis, qui
l'a faite en 1672. »
* FAUCOA^IER ( Benoist- Constant ) , et
non Fauconnier. Aux ouvrages cités de ce com-
positeur, il fciiit ajouter les suivants : r Cinq
messes à gran(i orchestre (dont trois seulement
ont été publiées jusqu'à ce jour; chez l'éditeur
Schott); 2° Messe solennelle, dédiée à l'arche-
vêque de Paris : 3^ Cantaie exécutée au théâtre
de la Monnaie, de Bruxelles, pour les fêtes de
septembre 1838; 4° Le Hoi est mort, vive le
Roi .'cantate exécutée au même théâtre, en 1867;
5" Guide des chefs de sociétés de chœurs;
6" Douze morceaux d'harmonie ; 7" Nouvelle
méthode abrégée et sommaire pour alto mi bé-
mol , op. 106 ; 8° Nouvelle méthode, etc., pour
bugleii bémol,op.l07;9°Nouvelleméthode, etc.,
pour trombone à cylindre, op. 108; 10'^ Nou-
velle méthode, etc., pour basse si bémol, op.
109; 11" Nouvelle Méthode, etc., pour cor à cy-
lindre, op. 110. M. Fauconier est membre de
l'Académie de sainte Cécile de Rome. — Le père
de cet artiste, M. Consfant- Joseph Fauco-
nier, professeur très-estimé, fondateur de plu-
sieurs sociétés musicales , est mort à Thuin , le
16 février 1877, à l'âge de 88 ans. Il était né à
Fontaine-l'Évêque.
318
FAURE
FAURE (Jean-Baptiste), chanleur fran-
çais, est né à Moulins (Allier), le 15 janvier
1830. Fils d'un simple chantre d'église, il avait
Irois ans lorsque son père vint se fixer à Paris,
et sept lorsque celui-ci mourut , laissant une
veuve avec trois orplielins. La situation de la
petite famille était difficile. Faure, qui avait
déjà une jolie voix de soprano et qui montrait
du goût pour l'étude de la musique , se présenta
à la maîtrise de Notre-Dame , où il ne fut pas
admis par les examinateurs. Il était alors âgé
de neuf ans; l'organiste, touché de sa gentil-
lesse, lui offrit l'emploi de souflleur d'orgue qu'il
accepta et qui lui valait deux cents francs par
an , et lui donna ses premières leçons de piano.
11 travailla assidûment, et en 1843 se présenta
au Conservatoire , où il fut admis dans la classe
de solfège de Tariot; celui-ci, qui était chef des
chœurs au Théâtre-Italien , le fil entrer dans son
personnel , et en même temps le jeune Faure de-
venait enfant de chœur à l'église St-Nicolas-des-
Champs. Mais c'est surtout à partir de son en-
trée à la maîtrise de la Madeleine, que son
éducation musicale devint sérieuse. Il eut le bon-
heur de rencontrer là un hoinnie excellent , un
véritable artiste , le maître de chapelle Trévaux,
qui s'intéressa vivement à lui, le prit en amitié,
et en fit son élève de prédilection. C'est sous
la direction de Trévaux que M. Faure devint
réellement musicien ; c'est aux conseils pater-
nels, aux soins affectueux de cet homme de bien
qu'il a dft de devenir plus tard un artiste. Aussi
en a-t-il conservé , dit-on , une profonde recon-
naissance pour son vieux maître, mort récem-
ment.
Malheureusement , il vint un moment oîi la
petite position que l'enfant s'était faite s'écroula
tout à coup. Ce moment fut celui de la mue. Sa
voix de soprano disparut subitement, pour ne
laisser de place qu'à des sons rauques , sans
timbre et sans caractère. Plus de théâtre, plus
de chapelle, partant plus d'appointements, si
médiocres fussent-ils ! Que faire ? Il avait de la
volonté, de l'énergie, et ne se découragea pas.
Il s'en alla louer une contrebasse chez un luthier,
et se mit à travailler cet instrument pour se créer
une ressource. Au bout de peu de. temps, il
était eu état de tenir sa partie dans un orches-
tre. Il entra d'abord dans un bal de barrière,
celui du Grand Vainqueur, et bientôt après
trouva une place à l'orchestre de l'Odéon , ce
qui ne rempêchait pas de continuer l'étude du
piano, qu'il entendait ne pas négliger.
Lorsque le travail de la mue fut accompli . sa
voix reparut, transformée en un barylon pur et
sonore. 11 quitta alors l'orchestre de l'Odéon
pour rentrer dans les chœurs du Théâtre-Italien,
et commença à s'appliquer sérieusement à l'é-
tude du chant. Au bout d'un an, il se pré.^enta
de nouveau au Conservatoire, qu'il avait depuis
longtemps quitté comme élève de solfège, et de-
manda à entrer au pensionnat des chanteurs-,
admis d'abord comme élève externe dans la
classe de Ponchard, le 25 novembre 1850, il
entra le 31 janvier 1851 dans ,1a classe d'opéra-
comique de Moreau-Sainti , et le 16 mars sui-
vant devint enfin pensionnaire. Bon musicien
comme il l'était déjà, ses progrès furent rapides;
dès le concours de 1851 il obtenait le premier
accessit d'opéra-comique, et l'année suivante il
se voyait décerner le premier prix pour cette
partie de ses études , en même temps que le pre-
mier prix de chant.
Engagé aussitôt à l'Opéra-Comique , il y dé-
buta le 20 octobre 1852 par le rôle de Pygma-
lion dans Galathée, et, bien que ce début fût
heureux , rien ne faisait présager encore la car-
rière brillante et féconde que l'artiste était ap-
pelé à remplir 11 arrivait d'ailleurs en seconde
ligne, avec des chefs d'emploi tels que Baltaille
et Bussine, tous deux dans tout l'éclat de leur
talent, bien posés dans l'estime du public, et en
possession des rôles du répertoire. Bientôt ce-
pendant il reprit plusieurs rôles importants,
tels que ceux de Max du Chdlet et de Michel
du Caïd , et quelques heureuses créations lui
furent confiées , qui l'aidèrent à se mettre en lu-
mière. C'est ainsi qu'il joua un charmant petit
opéra de M. Ambroise Thomas, trop oublié de-
puis, la Tonelli, puis le Chien du Jardinier,
de Grisar, vlJenmj Bell, d'Auber. A cette épo-
que, lartiste était encore un peu lourd au poiul
de vue physique; il manquait naturellement
d'expérience comme comédien, et si sa voix
était déjà d'un velours superbe et d'une belle
étendue, le chanteur était loin de la faire va-
loir comme il le fil plus tard.
M. Faure remporta l'un de ses premiers suc-
cès dans un ouvrage d'Auber, Manon Lescaut ;
peu de teinfis après, la double retraite de Bus-
sine et de Battaille, en le plaçant au premier rang
dans sou emploi , vint tout à la fois l'obliger à
travailler et lui permettre de développer ses heu-
reuses qualités. Il reprit successivement plu-
sieurs rôles de l'ancien et du nouveau réper-
toire, entre autres. Haijdée,V Étoile du Nord,
Joconde , et ce dernier ouvrage lui fut tout par-
ticulièrement favorable, en prouvant que sous
le rajiport du style ses progrès étaient extrême-
ment considérables. Enfin , la création du rôle de
Crèvecœur, dans Quentin Duruard, et de celui
d'Hoël, dans le Pardon de Ploërmcl, vint le
FAURE
319
mettre hors de page et le montrer supérieur en-
core à ce qu'il avait été jusqu'alors ; le dernier
surtout lui fit conquérir tout à fait les bonnes
grâces du public et de la critique, et mit en re-
lief ses meilleures qualités, c'est-à-dire une émis-
sion de voix franche et naturelle, une rare lar-
geur de style et une puissance remarqualMe d'ex-
pression.
Je crois que ce rôle est le dernier que M. Faure
établit à l'Opéra-Comique. Environ deux ans
après , il fut engagé à l'Opéra , et l'on ne man-
qua point de dire , comme il arrive toujours en
pareil cas , qu'il avait grand tort de quitter le
théâtre Favart pour une scène plus vaste , que
sa voix, excellente pour l'Opéra-Comique, se
briserait dans l'immense vaisseau de l'Opéra, et
qu'en changeant de théâtre il perdrait le meilleur
de son talent et ses plus précieuses qualités.
Ces fâcheuses prédictions furent loin de s'ac-
complir. M. Faure débuta avec éclat sur notre
première scène lyrique, vers latin de 1861, dans
Pierre de Médicis , où il reprit le rôle créé
l'année précédente par ]\r. Bonnehée. Il parut
ensuite avec le même bonheur dans Guillaume
Tell, puis dans la Favorite, où il déploya un
talent de premier ordre. Enfin , par une sorte de
coquetterie bien rare , et comme pour montrer
tout le parti qu'un grand artiste peut tirer d'un
rôle secondaire, il se présenta au public dans
le personnage effacé de Nevers, des Huguenots.
Son élégance , son talent de comédien et ses raies
qualités de chanteur firent merveille dans ce rôle,
dont l'importance sembla révélée pour la pre-
mière fois.
La première création de M. Faure à l'Opéra
ne fut pas très-heureuse , à cause du peu de va-
leiu- de l'ouvrage à l'exéculion duquel il concou-
rait. Cet ouvrage était un petit opéra de genre,
la Mule de Pedro, soiti de la |)lume ordinaire-
ment plus fortunée de M. Victor Massé, et qui
n'eut que peu de représentations. Mais le chan-
teur trouva bientôt un rôle à sa taille, celui de
Nelusko dans l'Africaine , et il contribua puis-
samment au succès de l'œuvre nouvelle. Après
s'être montré dans MoUse , il parut dans la le-
prise de Don Juan, et c'est surtout à partir du
jour où il s'empara de ce rôle, qu'il devint , on
peut le dire, l'idole du public. Depuis lors i! n'a
cessé d'exercer une influence considérable sur les
destinées de l'Opéra, et il est permis d'affirmer
que depuis la retraite de M. Duprez, aucun ar-
tiste n'a joui d'un tel crédit et d'une telle renom •
mée. A ces divers ouvrages joués par M. Faure
sur notre première scène lyrique , il faut ajouter
Don Cai'los, Hamlet , Faust , la Coupe du
roi de Thulc et Jeanne d'Arc; le rôle du mar-
quis de Posa dans Don Carlos lui fit le plus
grand 'honneur, mais celui A' Hamlet a mis le
comble à sa réputation, et l'a montré aussi
grand comédien que chanteur incomparable.
Ce n'est pas seulement en France que M. Isuire
a conquis une renommée légitime, bien qu'il ait
toujours refusé , pour rester à Paris , les engage-
ments brillants qui lui étaient offerts en Russie
et en Amérique. Depuis quinze ans il a pris l'ha-
bitude de passer tous les étés à Londres, soit
au théâtre italien de Drury-Lane, soit à celui
de Covent-Garden, et son action n'est pas
moins grande sur le public anglais que sur le pu-
blic français; la variété du répertoire de ces
théâtres lui permet d'ailleurs de déployer toute
la souplesse de son talent, et de se montrer dans
des rôles où les spectateurs parisiens n'ont ja-
mais été à même de l'applaudir. C'est ainsi
qu'il a joué à Londres Mignon (Lotario) , les
Huguenots (Saint-Bris), la Somnambula , les
IS'oces de Figaro , rii'lisire d'Amore, il Gua-
rang, etc. En Belgique aussi , M. Faure a ob-
tenu des triomphes éclatants.
Le talent de M. Faure est certainement des
plus remarquables, à tous les points de vue, et
la valeur de l'artiste est telle qu'aucun chanteur
français ne peut lui être comparé. Je sais bien
qu'on n'est pas sans lui adresser quelques repro-
ches, et sans lui trouver des défauts; tout ar-
tiste a les siens, et le beau absolu n'est pas de
ce monde. Le principal est que la somme des
qualités l'emporte sur celle des imperfections.
On n'a pas tout à fait tort, en vérité, quand on
reproche à M. Faure un peu de prétention et
d'afféterie, quand on lui en veut de viser un
peu trop à l'effet , d'abuser de certains porta-
menti, de prolonger outre mesure certains sons
favorables à sa voix et d'alférei- parfois le
rhythrae d'une façon fâcheuse ; mais à côté de
ces faiblesses, je trouve des facultés naturelles
et des qualités acquises qui me semblent les ra-
cheter amplement -. c'est une voix merveilleuse,
admirablement posée, d'une grande étendue,
d'une justesse rare et d'une étoffe superbe, avec
une étonnante égalité dans les registres, c'est
un style généralement très-pur et souvent ma-
gistral , une articulation remarquable par son
ampleur, un phrasé plein de netteté, de gran-
deur et d'élégance , une diclion irréprochable ,
une unité parfaite de sonorité, et enfin , — chose
si rare ! — un talent de comédien presque égal
à celui du chanteur, souple, nerveux, vivant et
coloré. L'ensemble de ces qualités, jointes à une
grande élégance physique et à un .sentiment de
la plastique assez rare à rencontrer même chez
les comédiens les plus illustres, peut, à mon
320
FAURE - F AURIE -DEVIENNE
sens, faire passer conrlamnation sur certaines
faiblesses, faiblesses passagères après tout, et
qui ne doivent pas rendre injuste envers un ar-
tiste si bien doué sous tant de rapports. En ré-
sumé, M. Faureestun artiste hors ligne, dont
le talent rare, divers, plein de souplesse, est
digne de toutes les sympathies.
M. Faure, qui avait été nommé professeur de
chant au Conservatoire le l'"^ janvier 1857 , n'a
conservé que peu de temps cette situation. Il
s'est exercé depuis quelques années dans la com-
position, et a publié chez l'éditeur M. Heugel un
certain nombre de mélodies qui pour la plupart
ont été bien accueillies par le public, et dont il a
été formé ensuite deux recueils.
FAURK (Coisstance-Caroline LRFEBVRE,
épouse), femme du précédent, fut pendant
quinze ans environ l'une des meilleures artistes
du théâtre de l'Opéra-Comique , où elle remplit
de la façon la plus distinguée l'emploi des Du-
gazons. Née à Paris le 21 décembre 1828, M"^ Le-
febvre fut , au Conservatoire , l'élève de Bande-
rali pour le chant et de Moreau-S.iinti pourl'o-
péra-cohiique. Après avoir obtenu un accessit
de chant en 1849, et , l'année suivante, les deux
premiers prix de chant et d'opéra-comique, elle
fut engagée à l'Opéra-Comique, y débuta sans
granil éclat, mais se révéla bientôt dans la créa-
tion du joli rôle de Palomita dans le premier ou-
vrage de M. Victor Massé, la Chanteuse voilée.
Douée d'une voix charmante et plus souple que
puissante , d'une grâce aimable et pleine de dis-
tinction , avec cela chanteu-c habile, comédienne
fine, intelligente et .spirituelle, elle obtint bien-
tôt de grands succès, soit en reprenant certains
ouvrages du répertoire qui convenaient particu-
lièrement à son talent délicat, tels i]yu\ Jnconde,
le Préaux Clercs, le Petit Chaperon rouge,
VÉpreuve villageoise , Haydêe, les Mousque-
taires de la Heine, soit en créant des rôles nou-
veaux dont chacun était l'occasion d'un nouveau
succès, tels que ceux de Psyché, du Songe
d'une nuit d'été, de Raymond ou le Secret
(le la reine, du Chien du Jardinier, eic. Elle
se montra aussi dans le Val d'Andorre, l'Étoile
du Sord, le Toréador, la Dame de pique et
divers autres ouvrages.
Peu de temps après avoir épousé M. Faure,
vers 1862, M""= Faure-Lefebvre quitta l'Opéra-
Comique. Elle fit alors une courte apparition au
Théâtre Lyrique, où on la revit dans VÉpreuve
villageoise el dans la traduction d'un opéra de
Mendeissolui , Lisbelh, puis renonça définitive-
ment à la scène, au grand regret de tous les
amateurs de son jeu si vrai , si tin , si aimable et
si discret.
FAURE (Gabriel), pianiste, organiste et
compositeur français, a fait son éducation artis-
ti(iue à l'École de mu.sique religieuse, où il a ob-
tenu en 1860 un premier prix de piano et un prix
d'harmonie, el en 1861 un prix de composition.
Il a publié un petit recueil de Quatre Mélodies
(Paris, Hartmann, in-8°),qui se font remar-
quer par un heureux souci de la forme aussi
bien que par un rare sentiment mélancolique et
poétique, et il a fait entendre, dans les intéres-
santes séances de la Société nationale de musi-
que, une synijibonie à grand orchestre, un
Cantique de Racine (chœur), deux duos pour
voix de femmes ( Tarentelle , Puisque ici-bas
toute dme...), et une sonate pour violon et
piano. Outre le petit recueil cité plus haut,
M. Fauré a publié des mélodies vocales déta-
chées : Barcarolle , Chanson du pécheur. Ici-
bas, Dans les ruines d^ une abbaye. Rêves d'a-
mour. Tristesse, le Papillon et la Jleur , les
Matelots, etc.
FALlRIE-DEVIEIVi\E(JosEPH-BAKNABÉ),
économiste distmgué, né à Bordeaux en 1851,
fut directeur des fermes du roi , puis, de 1785
jusqu'en 1823, époque où il prit .sa retraite, di-
recteur des douanes à Besançon. Faurie-De-
vienne , qui brilla parmi les beaux esprits de la
fin du dix-huitième siècle, était passionné pour
tous les arts , mais particulièrement pour la
musique , qu'il cultiva lui-même avec ardeur ,
ainsi qu'on le voit par ce pas.sage de la notice
que lui consacrait il y a près d'un demi-siècle la
Biographie universelle et portative des Con-
temporains : — « Passionné pour la musique,
il la cultiva dès l'enfance, et a composé plu-
sieurs œuvres, dont une des plus remarquables
est une scène pieuse el dramatique : VOraison
dominicale et la Salutation angélique. Ses
oratorios, d'une composition large et d'un grand
effet, ont laissé de profondes traces dans la mé-
moire de ceux qui ont eu le plaisir de les enten-
dre. L'auteur s'est créé un système, le seul pro-
pre à étendre à l'infini la puissance de l'art. Il
débute par une brillunte paraphrase du Pater et
de Y Ave, dont il donne l'idéal en style plein
d'images et du coloris le plus vif. C'est cet idéal
seul qui l'a inspiré, sans que jamais le poète se
soit écarté de son sujet; car ici, M. Devienne
s'est montré aussi bon poète que bon musicien.
On connaît plusieurs opéras de M. Devienne , un
en deux actes, dont il a fait la musique et les pa-
roles, et qui a pour titre : Madame de Beau-
mont; un autre en quatre actes, intitulé: Col-
gard et Sullalin , sujet écossais. On admire
dans ce dernier une scène de sorciers, d'une
grande étendue et d'une vigueur telle que, pour
FAURIE-DEVIENNE — FECHNER
321
en bien ju;er. il faudrait l'enfendre à l'Acadé
mie royale de musique. M. Faurie a composé en
outre plusieurs morceaux à j;rand orchestre, un
Domine salvum, des symphonies, dont une
concertante pour deux violons , un nocturne
scène de nuit espagnole, production fort origi-
nale. L'auteur, toujours rempli du même sujet,
a voulu pro'iver que la musique, vague de sa
nature , pénèlre plus a'vant dans le coeur, est
plus propre à exprimer ces sensations délicates
et confuses d'une passion naissante, et est d'un
effet plus rapide que la parole. Aussi n'a-t-il em-
ployé ici la parole que comme indication, sous
la forme élégante d'une espèce de mélopée que
développe la musique. Il a composé dans le même
système, sans emidoyer de paroles, une aubade,
où, joyeux enfant du midi, il a ra.ssemblé, avec
un rare bonheur, les souvenirs et les premières
sensations de sa jeunes.se. Enfin, il est l'auteur
de la musique des coui>lets tirés du roman poé-
tique à'iseult de Dole; c'est le seul œuvre
qu'il ait consenti à faire graver, par amitié pour
le traducteur et par égard pour la mémoire de
l'archevêque Turpin; encore n'y a-l-il mis que
les lettres initiales de .<on nom. Partout on re-
trouve la même verve, le même esprit, la force
unis à la' grâce, à celte grâce plus belle que la
beauté... .. On conçoit qu'il est impossible au-
jourd'hui de discuter la valeur des théories es-
thétiques de Faurie-Devienne et d'apjirecier son
talent, ses œuvres n'ayant pas été livrées à la
publicité. Cet amateur, d'ailleurs fort distingué ,
est mort le l*^"^ juillet 1840, à l'âge de quatre-
vingt-quinze ans.
FAUST (Carl), compositeur allemand , est
né le 18 février 1825 à Neisse, dans la Silésie.
Devenu chef de musique au 36' régiment d in-
fanterie prussienne en 1833, il passa en la même
qualité (1859) au \l^ régiment, en garnison à
Francfort, puis à Breslau. Il quitta le .service
militaire en 1863 , devint maître de chapelle dans
le Holslein , et en 1869 alla occuper le même
emploi à Waldenburg , où il est encore aujour-
dhui (1877). M. Cirl Faust a obtenu de grands
succès dans sa pairie par la publication d'une
innombrable quantité de morceaux de musi-
que légère et de musique de danse pour le piano.
Le nombre de ses œuvres en ce genre ne s'élève
guère à moins de trois cents, et il en paraît
chaque jour de nouvelles. On lui doit aussi des
marches qui sont très-estimées. Une polka-ma-
zurKa de M. Carl Faust, intitulée la Violette et
publiée à Paris il y a une vingtaine d'années, par
l'éiiiteur Ricliault, a obtenu un succès de vogue
qui s'est propagé par toute l'Europe, et s'est
vendue par milliers d'exemplaires.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T. I
FAVA (Alessandro), compositeur italien ,
a fait représenter en 1875, à Bologne, sur le
théâtre particulier de la villa Talon, un opéra
bouffe intitulé Colomba.
FAVARGER (René), pianiste et compo-
siteur français, naquit vers 1815. Il se livra d'as-
sez bonne heure à la composition, et publia un
grand nombre de morceaux «le genre pour le
piano, dont quelques-uns obtinrent de vérita-
bles succès. Il faut citer, parmi ceux qui ont
été le mieux accueillis, le Boléro (op. 1), Ella,
rêverie (op. 2), Sérénade espagnol^ (op. 21),
la Fuite, galop (op. ^9), et ses fantaisies sur
Obcron, le Barbier de Séville , la Somiam-
bula, et Don Juan. Fixé depuis longues années
à Londres, où il s'était formé une très-belle clien-
tèle d'élèves, Favarger avait épousé une jeune
anglaise qui lui avait apporté une assez belle
foi tune, et chaque année il venait passer quel-
ques semaines en France. Sa musique n'avait
pas moins de succès en Angleterre, et même en
Allemagne, que dans son propre pays. Attaqué
d'un mal très-douloureux , un cancer à la langue,
il vint se faire soigner en France ; une opération
fut reconnue nécessaire , mais el e réussit mal ,
et FavMrger mourutà Elretat, au moi^d'aoùl 1808.
■* FA Y (Etienne). Aux productions dramati-
ques de cet artiste distingué, il faut ajouter :
la Bonne Aventure, opéra-comique en deux
actes, repré.senté au théâtre des Jeunes-Élèves
le l'"^ avril 1802. En 1794 , on avait aussi repré-
senté au théâtre Favart l'Intérieur d'un mé-
nage réptitilicain, vaudeville en un acte, « avec
accompagnements >> de Fay Ce com()Ositeur ai-
mable eut deux tilles , Léontine et Élisa , qui fu-
rent coméiiieunes dès leur enfance, obtinrent
ainsi de grands succès dans leurs jeunes années,
et dont l'aînée acquit plus tard une célébrité
européenne : la première devint M°" Voinys, et
la seconde M"'^ Génot.
* FaYOLLF (François-Joseph-Marie) a
la liste des publications faites |)ar cet écrivain
relativement à la musique, il faut «jouter l'o-
puscule suivant : Sur les drames lyriques et
leur exécution , Paris, imp. Sajou, 1813, in-8°.
Celte brochure était extraite du N" de juin 1813
du Magasin pncijclopédigue.
FliRVRE ( ), contrebassiste au théâtre
d'Angers, a fait représenter sur ce théâtre, le
30 mars 1876, un opéra-convque en deux actes,
int'tulé le Paludier du Bourg de Batz.
FECfliXER (iM"'= Pauline), compo.sileur et
pianiste dislintiuée, commença à se produire
vers ISiO à Varsovie, où elle obtint d'agréables
succès. M""* Fechner a publié un grand nombre
de compositions de piano.
21
322
FEL — FËMY
* FEL (Marie), ou DE FEL. On n'est pas
d'acconl sur la date de la naissance de cette ai tisle
aimable et disliriguée, qui entretint pendant lun-
gues années nne liaison avec le fameux pasiellisie
Maurice Quentin de la Tour. L'auteur de la
Biographie universelle des Musiciens donne
l'année 1716; MM. Edmond et Jules de Concourt,
dont le soin va jusqu'au scrupule en matière his-
torique, ayant à parler de M"'* Fel dans leur
étude sur de La Tour et rappelant le porirait
qu'en a fait ce peintre, la font naître en 17iO :
« M"« Fel, disent-ils, à tort appelée Fay par
plusieurs biographes de La Tour, fut la bien-ai-
mée du peintre, qui fit et exposa son portrait en
1757, Elle se nommait Marie, était née à Bor-
deaux en 1710, débuta à l'Opéra en 173.3 et se
retira <le la scène en 1759. On admire encore au
musée de SI Quentin cette tête levantine, avec
son front pur, ses lon^s sourcils, se< yeux noir.-;
veloutés de cils, son nez aquilin , ses traits grecs,
avec celte coiffure de gaze liserée d'or, rompant
le front et descendant sur Tceil droit. » D'autie
part, M. Charles Desmaze, dans son Rrliqitaire
de M. Q. de La Tour (Paris, Leroux, 1574, in-
12), place en 1706 la naissance de M'"= Fel Je
n'ai pu vérifier l'exactitude de ces diverses as-
sertions. Je puis seulement faire remarquer qu'on
trouveia dans l'icrit de MM. de Concourt et dans
le petit livre de M. Th. Desmaze quelques détails
intéressants sur cette charmante artiste, dont
Grimm et Cahusac furent vivement épris, et
même <)uelques lettres (Pelle.
Je n'aurais pas cru devoir ajouter ces lignes
à la notice déjà consacrée à M"<= Fel, s'il ne s'é-
tait agi d'une des actrices et des rhaiitenses les
plus vraiment intéressantes qui aient jamais paru
sur la scène de l'Opéra ; mais en présence d'une
nature artistique de cette valeur, il ne m'a pas
semblé inutile de faire ressortir sinon la vérité,
du moins les renseignements divers qui peu* eut
en amener la connaissance. Parmi les nombreu-
ses créations que M"' Fel fit à l'Opeia, il faut
surtout citer les rôles de l'Amour d.ins Castor
et Poilu r, de Chioé dans Dafihnis et Chl&é,
de Nais dans A'aJs d'Ani'^lite dans Zoroasfre,
de lAurore dans Titan et l'Aurore, et tout par-
ticul élément encore celui de Colette du Derin
du villugi;, <\uà lequel elle fit tourner tuntcs
les télés. Remarquons en passant que la vrai-
semblance donne ici raison à Félis lurs(]u'il fait
naître M"*^ l'el en 17t6, car le Derin duvilloge
ayant été jdué en 1753, elle aurait été âgée déjà
de tiente sept ans lorsqu'elle créa ce rôle d in
génue n;iïve, tandis qu'elle en aurait eu qua
ranle trois si l'on s'en ra|)porte à MM. de Cou
court, ci 'quarante- sept fis Von en croit M. Des
maze. Ceci est vraiment peu présuma ble. L'un
des rôles dans lesquels cette artiste produisit le
plus grand effet fut celui d'Alcimadure dans
Daplinis et Alcimadure, pastorale languedo-
cienne dont Mondonville avait éciit les paroles et
la musique. Les trois interpiètes de cet ouvrage
étaient Jélyotte, Latoiir et elle-même; tous trois
étaient laii^;uedociens, et l'on comprend le suc-
cès qu'ils purent exciter dans une pièce écrite
dans un dialecte qu'ils parlaient naturellement et
qui leur avait toujours été familier.
Parmi les nombreux vers écrits en l'honneur
et à la louange de M"' Fel, je me bornerai à ci-
ter le quatrain suivant :
Si l'amour Jouit de sa gloire,
llelle Kcl, il la tient de v^us :
Sun eiii[iire semble plu^ doux
lorsque vous rhaiitezsa victoire.
* FELICI, compositeur diamatique. Je crois
que le prénom de cet artiste était Alessnndroat
non Bartolomeo ; toujours esl-il que c'est celui-
là qui est joint à son nom sur le livret de la Ca-
meriern aslitta, opéra bouffe dont il avait fait
la musique et qui fut représenté au théâtre du-
cal de Milan en 1769. Peut-être, après tout,
avait-il les deux prénoms d'Alessandro et de Bar-
tolomeo.
FELICI ( ), compositeur, italien,
é ève du chef d'orchestre Teodulo Mabellini , a
pris ime part à la composition de deux ou-
vrages écrits par lui en société avec plu.-ieurs
autres élèves «lu même maître : \'' la Secc/iia
rapifa {n\fc MM. Bacchini, De Champs, Gial-
dini, Tacchinanli et Usiglio), représenté au
théâtre GoMoni , de Florence, au mois d'avril
1872 ; 2" ridola Ciïiese (avec MM. De Champs,
Gilardini et Tacchinarii), donné au théâtre des
Lo;:es, de la même ville, le 25 février 1874.
FÉIJX (Le Fr Jo'ao DES.;, religieux,
comjiositeur de mérite et oruanisle oistingué,
fut une des victimes du tremblement de terre
qui détruisit en 1755 une grande partie de Lis-
bonne Il était né en 1689. J. nr. V.
FELL (Antonio), professeur et com|)ositeur,
fixi» à Païenne, où il est mort au mois de no-
vembre 1867, est l'auteur de pusi^urs opéras
p.irmi lesquels on cite particulièrement Eufemia
et la Sposn d'Abtdo. Élève du célèbre Rni-
mondi, cet artiste avait pioduif aiirsi un certain
nombre de messes et beaucoup d'autres composi-
tions de divers genres.
FEMY fAMBRoiSE), musicien belge, fils d'un
chantre de la cathédrale de Saint Bavon, à
Cand, naquit en cette ville et y fit ses études
musicales. Il remplit successivemi-nt les fonc-
tions de chef d'orchestre dans les théâtres de
plus'euis di's plus grandes villes de France,
Lille, Bordeaux, Marseille et Nantes, devint
FÉMY — FEO
323
ensuite (1806-1809) directeur de celui de sa
ville natale, puis, jusqu'en 1820, fut aussi di-
recteur de plusieurs théâtres des «iéparlcments
français. On ignore la date de la mort de cet ar-
tiste.
FÉMY (Henri), frère du précédent, fut un
violoniste remarquable, et après avoir été atta-
ché pendant quatre ans au théâtre de Lille en
qualité de premier vio'on, se produisit comme
virtuose, et excita, dit-on, l'admiration non-seu-
lement en France, mais en Angleterre et en Ita-
lie Une mort prém iturée arrêta à son aurore la
carrière de cet artiste, qui promettait d èhe
extrêmement brdiaute.
* FÉMY (Frans ou François), fils aîné
d'Ambroise. On a-sure qu'en 1811, il obtint un
emploi à la chapelle du roi de Westpbalie. Le
22 mars 1813, il Oiisail représentera Anvers un
opéra-comique en 2 actes, les Trois Hussards,
écrit peut-être sur le même livret que celui que
Cliampein avait donné à Paris, sous le même
titre, quelques années auparavant. Fixé plus
tard en Hollande, il y passa pour le premier vio-
loniste de ce pavs.
FÉAIY (Joseph), frère du précédent, troi-
sième fils d'Ambroise (1), fut un fiiitiste exlrê
mement distingué Les renseignemenis biogra-
phi (lies font complètement défaut sur cet artiste.
FÉMY (AnÈLE), sœur des deux précédents,
fut à la fois une cantatrice et une violoniste des
plus remarquables. Elle acquit en France, en
Angleterre, mais surtout aux États Unis une
répntat'on colossale. Elle habitait eneoreen 18i7
ce dernier pays, où elle est morte sans doute.
FÉMY (ALtxANDRE-JosEPH), profcsscur de
musique semble avoir appartenu à la même fa-
mille <pie les précédent'>. Celui ci a été condamné
à la peine de mort par le tribunal du déparle-
ment du Nord, impliqué qu'il était comme agent
de l'étranger dan- une conspiration ourdie à
lépoquedu 18Fru(tidoranVi (4 .septembre 1797).
FEXUT (BERN\r,D), luthier, né en 17of) à
Inspnicl», dans le Tyrol, était probablement fils
d'un luthier de ce pays. On croit qu'il resida
quelque temps à Paris, après quoi, fort jeune
encore, il passa en Angleterie. Dès .son arrixée
à Londres, il fut employé par Dodil ( liiyez ce
nom;, et ayant décide sou compatriote Fréderik
Loti, tiès bai ile ébéniste déjà établi en celte
ville, à (luitter son état pour faire des violons, il
travailla longtemps avec lui pourDodd et sous la
direction de cclid-ci Plus tard, Fendt fil pour
John Belts des copies d'Amati qui sontaujoui-
d'bui très-prisées des Anglais.
(1) I,.- .seo.'nl Qls d'Ambroise et . t Henri Fémy. (Voyez
Biographie universelle des iVusiciens, 1. 111.)
FEXDT (Bernard-Simon), premier fils du
précéiient, né à Londres en 1800, fut aussi un
liabile ouvrier. Mallieui'eu.sement, le désir de
produire rapidement lui fit moins soigner son
ti avait que ne le faisait son père ; la quantité de
violons, d'altos, de violoncelles et de contrebas-
ses qui sont sortis de ses mains est incalculable,
et ses copies de Guarnerius, particulièrement, se
comptent par centaines. Néantnoins Fendt pro-
duisit, à l'Exposition universelle de 18ôl, un
quatuor qui fut remarqué. — Un fils de cet ar-
tiste, William Frndl, travailleur tiès-liabile, l'a
beaucoup aidé, surtout dans la construction des
contrebasses.
FEMDT (Martin), second fils de Bernard
Fendt, ne inan'iua pointde talent et fut l'un des
bons luthiers qui Iravaillèrent pour John Betts.
FEi\D r (Jacor), troisième fils de Bernard,
fut le plus habile de ses enfants. On considère
comme fnrt remarquables .ses copies dC'* maîtres
italiens, et l'on regrette seulement qu'il se soit
cru obligé, par une mode b àmable et qui a duré
trop longtemps, d'imiter jusqu'à l'usure du
vernis à la place du menton et des doigts.
FE1XI>T (Francis), quatrième fils de Ber-
nard, a aussi exercé à Londres, comme son
père et -^es trois frères, la profe.ssion de luthier.
Fï^A'ZI ( ), composdenr italien, a fait
représenter à Taganrog, au mois de janvier Is72,
un opéra sérieux intitulé i J'iodi di Mosca,
dont l'insucc es a été complet.
* FEO (François). Dans la notice que
M. Fran(-escoFloiinio a consacrée à ce grand ar-
tiste (Cenno slorico suUa Scuola musicale
di i\a/JGli), on lit les lignes .suivantes : « Bii'n
(|ue les biogia|)bPs l'appellent tantôt di Feo,
tantôt de F o, pourtant dans les autographes et
dans les livrets imprimés qu'il a mis en imi-
siqu'- et qui existent au conservatoire de Na-
ples, il est appelé simplement Francesco Feo.
D'antre part, et quoique M. Fétis ait fixe Tan-
née de .sa nais.-ance à 1699, nous devons imiter
Vil arosa et nous taire sur la date de sa nais-
sance Cl celle lie sa mort, parce qu'elles ne ré-
Miltent d'aucun document. Il est certain que Feo
n'a pu naître en 1699, car il existe dans notre
Conservatoire le livret, imprimé à Naples, de
\.\iiwr tirannico, représenté au théâtre .San
Bartolomeo le 18 janvier 171.3. Il est donc à sup-
poser que sa nai-sance est bien antérieure à l'é-
poipie in liquee, puisqu'il n'aurait certainement
pu, à l'âge de trtize ans, écrire un opéra pour la
piendère scène musicale qui exista t alors. » On
voit que le premier ouvrage dramatique de Feo
lut VAiiior iiranvico, ossia Zenohia, repré-
sente au théâtre San- Bartolomeo en 1713; le se-
1
324
FEO — FERNANDES
cond (alSiface, re di Numidia, qui fut joué au
niêine tliéâtre en 1723. Ces deux opéras n'avaient
pas été mentionnés dans la notice de la Biogra-
phie universelle des Musiciens, non plus que
les trois intermezzi suivants, dont je ne con-
nais ni le lieu ni la date de représentation : Don
Chisciotle délia Mancia, Coriandolo Spe-
ziale, et il Vedovo.
" FÉRÉOL (Louis SECOiXD, dit), artiste ex-
cellent, tint à l'Opéra-Coniique, pendant près de
vingt ans, l'emploi des Trials, et se distingua
surtout par ses deux créations remarquables de
Dickson dans la Dame blanche et de Canla-
reili dans le Pré aux Clercs. Après avoir com-
mencé sans doute sa carrière dramatique en pro-
vince, Féréol fut engagé en 1818 à l'Opéra-Comi-
que, où il débuta le 9 juin de cette année dans
les deux rôles de Thomas, du Secret, et d'Ali,
de Zémire et Azor. Son apparition fut des plus
modestes, et il ne joua d'abord que de tous pe-
tits rôles, mais il y montra assez d'intelligence
po^ir que bientôt de plus importants, et en
grand nombre, lui fussent confiés dans les ou-
vrages du répertoire courant. La retraite de Le-
sage vint rapidement le fortifier dans son em-
ploi, et les auteurs se décidèrent à lui couder dos
créations, dont quelques unes lui firent le plus
grand honneur. C'est ainsi qu'il joua successive-
ment dans Pierre et Catherine, V HabU re-
tourné, Danilowa, le A'éfjociant de Ham-
bourg, Joséphine, Jennij la Bouquetière, le
Muletier, la Dame blanche, le Grand prix,
Marie, une Heure d'absence, le Itoi et le Ba-
telier, une Bonne fortune, le Pré aux Clercs,
Micheline, le Colporteur, Zampa, lu Violette,
VExil de liochesler, les Rencontres, etc., etc.
Voici ce qu'un chroniqueur disait de Féréol en
1833 : — « Ancien élève de l'école de Saint-Cyr,
il promettait à l'armée un bon officier. Depuis
dix ans Féréol a beaucoup travaillé. C'est un
digue successeur de Dazincourt. Il est d'un co-
mique achevé dans les Rendez-vous bour-
geois, Fra Diuvolo, Fiorella, le Pré aux
Clercs et autres charmants ouvrages du réper-
toire de rOpéra-Comique. Dans la Marquise de
Brinvilliers et Ludovic, il a déployé un talent
d'un autre genre, car il a joué avec beaucoup de
profondeur des rôles très-dramatiques, el dont
la nature est tout à fait opposée à son emploi or-
dinaire. Amateur des arts, Féréol excelle dans
la peinture de genre ; il a exposé de fort jolis ta-
bleaux, qui ont obtenu le suffrage des ama-
teurs (1).
Il) Petite Biographie des acteurs et actrices des
théâtres de Paris. (Paris, i83i,'in-i8.)
PourtantFéréolnerestapasàl'Opéra-Comique,
qu'il venait de quitter lorsque, à la fin de 1838,
la Renaissance se fonda sous la direction d'An-
lénor Joly. Le nouveau théâtre s'empressa d'en-
gager un si excellent artiste, et il n'y joua pas
seulement des rôles chantants , car, à côté de
Lady Melvil et de l'Eau merveilleuse, pour
lesquelles Grisar eut recours à son talent, il y
créa le Don Guritan du Ruy Blas de Victor
Hugo. Quand la Renaissance eut succombé en
présence d'obstacles insurmontables, Féréol
abandonna définitivement le théâtre, et se retira
peu de temps après à Orléans, qu'il ne quitta
plus, et où il se signala par de très-nombreux
services rendus en qualité de capitaine de pom-
piers. Lors du banquet qui fut donné il y a
quelques années, par M. Adrien Boielilieu, à
l'occasion de la millième représentation de la
Dame blanche, Féréol vint à Paris , sur l'invi-
tation qui lui en fut faite, et l'on put le voir re-
vêtu de son uniforme, et la poitrine toute cons-
tellée de médailles de nombreux actes de cou-
rage et de dévouement.
Le pauvre artiste ne put survivre à nos dé-
sastres, qu'il vit de près lors de la guerre
franco-allemande, aux émotions que lui causa
cette longue campagne de la Loire, dont Or-
léans était en quelque sorte l'objectif, et il mou-
rut à la fin de f87o, peu de temps après la re-
prise de cette ville par l'armée ennemie. Il de-
vait èlre fort âgé , puiscpie .ses débuts remon-
taient à plus d'un demi-siècle.
* FERLIGA ( ), compositeur italien,
vivait dans les premières années de ce siècle et
écrivit pour le théâtre de la Scala, de Milan, la
mu.sique des trois ballets dont voici les titres :
1" il Conte di Lennox, 1808 ; 2° Eloiza e Ca-
millo, 1808 ; 3" la Morte di Whaijtsong (celui
ci en société avec Pontelibero), 1809.
FER.XAA'DI-^S (Antonio), professeur de
musique et théoricien portugais, naquit à Souzel
(Portugal , province d'Alemtejo). Il jouissait
d'nne grande réputation en Portugal vers le mi-
lieu du.WIP siècle, et fui certainement un des
«lisciples les plus distingués de Duarte Lobo. Ce
que Fétis dit au sujet des ouvrages de A. Fer-
nandes renferme plusieurs inexactitudes, et les
titres qu'il cite ne sont pas toujours exacts. Pour
ce qui concerne l'un d'eux, en voici l'indication
bibliographique fidèle : « Arie de Musica de
Canto de Oryam e Cantocham proporçoés
da musica divididas harmonicamente. Di-
rigida ao insigne Duarte Lobo, quarlanario e
mestre de musica na se de Lisboa. >. (Lisbonne,
chez Pedro Craesbeck, fOJ'j, petit in-4" de
XII-125 feuilles.) L'arbre généalogique, surmonté
FERNANDES — FERRARI
323
du portrait de Duarte Lobo ne se rencontre
que dans quelques exemplaires de cette publica-
tion. Félis assure que le manuscrit de cet ou-
vrage existait dans la bibliothèque de Francisco
de Valliadolid (Voij. ce nom), ce qui est inexact.
Yalliadolid ne possédait que les trois manus-
crits, 2, 3 et 4, comme le dit Barbosa Machado
dans son passage de sa Bibliotheca Lusiiana
(vol. I, p. 269).
Voici les titres des ouvrages inédits de Fer-
nandes :
1" Explicaçâo de Scgredos da Musica
em a quai brevemenle se expende as causas
das principaes causas que se contém na mesma
arie (manuscrit in-fol.). On faisait de grands éloges
de ce traité, dont le manuscrit existait dans la
bibliotiièque de musique du roi D. Jean IV.
2° Arte de Musica de Canto de Orgâo com-
posta por um modo muit.o différente do costu-
mado,por um velko de 85 annos desejoso de
evitar 0 oscio . (Manuscrit in-folio.)
3" Theoria do Manicordioe sua explicaçâo.
4° Mappa universal de qunlquer causa as-
sim natural como accidentai que se coniem
na Arie da Musica com os sens generos e de-
monstraçces mathematicas (Manuscrit in-fo-
lio). Il est à regretter que ces ouvrages n'aient
pas été publiés, car le seul traité de Fernandes
que nous connaissons a un mérite réel ; cet ou-
vrage est écrit avec clarté, sans le pédantisme
et l'érudition indigeste alors à la mode.
Nous citerons encore deux autres musiciens
du même nom :
Le P. Diogo Fernandes et le P. Manoel
Fern\ndes. Le premier, né à Faro (Algarve),
vers le commencement du XVI^ siècle, était
chantre de la chapelle royale de Philippe II et de
celle de Pliilippe lit, roi d'Es[)agne. Il mourut à
Lisbonne, en 1599, dans un âge très-avancé. Le
second vécut vers le milieu du XVP siècle dans
l'île de Madère, où il occupait une place de
chanoine dans une église de Funclial (capitale).
Il fut le maître de l'excellent compositeur Fran-
cisco de Valhadolid. J. de V.
Ffc:RXAI\DEZ( .), compositeur dra-
matique espagnol, est l'auteur d'un grand opéra
intitulé la Venganza, qui a été représenté à
Madrid le 31 mai 1871. Précédemment, le même
artiste avait donné sur un théâtre secondaire de
la même ville une zarzuela en deux actes, qui
avait pour titre Travesuras amorosas.
FERXAXDEZ (Manuel), compositeur es-
pagnol contemporain, a écrit la musique d'une
zarzuela en un acte, représentée sous ce titre:
Po ccharlas de tenorio.
FERRAXD ( ), fermier général,
grand amateur de musique, vivait au milieu du
dix-huitième siècle et écrivit la musique d'un
opéra-ballet en un acte, Zélïe, qui fut joué à
Versailles, surlethéâtredes Petits Appartements,
le 13 février 1749. Les rôles de ce petit ouvrage
étaient remplis par la marquise de Pompadour,
le duc ri'Ayen et M'"® de Marchais, et voici la
note qn'on trouve à son sujet dans le recueil de
La Vallière, Ballets, opéras et autres ouvrages
lyriques : « Monsieur Ferrand jouait du cla-
vessin dans l'orchestre du théâtre des Petits-
Appartements; il était fort ami de Tiionsienr le
duc de la Vallière, qui avait la direction de
ces spectacles, et qui connaissait tous ses la-
tents pour la musique; il (la Vallière) l'engagea
à faire celle d'un ballet en un acte, dont M. de
Curés, intendant des Menus, et fort lié avec eux,
avait fait les paroles. M. Ferrand s'y prêta avec
|)laisir, et le succès justifia l'opinion qu'on avait
de sou goût et de ses connaissances ; c'est un
des jolis ouvrages qui ayent paru sur ce théâ-
tre; les auteurs, par modestie, n'ont jamais
voulu le rendre public. »
FERIÎANDEIRO (Fernando), guitariste
espagnol distingué, vivait à Madrid dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle. On ignore
la date de sa naissance et celle de sa mort. Cet
artiste a publié une Méthode de guitare, sous ce
titre : Arte de tocar la guitarra por musica
(Madrid, 1799, in-4° avec gravures).
FERRARESE (Gennaro), pianiste et com-
positeur italien, a publié pour le piano plus
d'une centaine de morceaux de genre, qui con-
sistent surtout en transcriptions, arrangements
et fantaisies sur des thèmes d'opéras célèbres.
Cet artiste est mort à Naples le 18 avril 1850.
FEHRARI (Carlotta), artiste d'un talent
remarquable, qui s'est proiluite à la fois comme
poète et comme compositeur, est la (ille d'un
maître d'école de Loili, où elle est née le 27 jan-
vier 1837. Initiée aux principes de l'art par deux
professeurs nommés Strepponi et Panzini, elle
fut admise, flans les derniers jours de l'année
1844, au Conservatoire de iMilan, y étudia le
chant et le piano, et en soi'til; à la fin d'août
1850. Ne pouvant embrasser la carrière lyrique
par suile de l'instabilité de sa voix, que ses pro-
fesseurs qualifiaient de « nerveuse », elle se li-
vra à l'enseignement et, en même temps, suivit
un cours complet de composition sous l'excel-
lente direction de M. Mazzucalo, aujourd'hui
directeur du Conservatoire de Milan II lui fal-
lait, (lès cette époque, subvenir aux besoins de
sa mère et de sa jeune sœur, qui n'avaient
qu'elle pour unique soutien. Heureusement, le
courage ne lui manquait point. Mais avec le
326
FERRARI — FERRER
courage, elle avait l'ambilion, et elle songeait à
aborder le tliéâlre à la fois comme poète et
comme compositeur. Bientôt, en eftet, elle se fil
connaître au public, el le 2j juillet 1857, elle
donnait au théâtre Santa-Radegonda, de Milan,
son premier ouvrage, Ugo, dont elle avait érrit
les paroles et la musique, et qui fut accueilli
avec la (ilus grande faveur.
Neuf années se passèrent pourtant avant que
l\]iie Ferrari se produisît de nouveau à la scène.
Enfin, en 1S66, eliedonnnit au théâtre d.'sa ville
natale sa seconde œuvre dramatique, So/?«, qui
obtint douze représentitions consécutives et fut
reprise ensuite à Milan et à Turin. Elle fut alors
priée d'écrire pour la cathédrale de Lodi une
messe solennelle, qui fut exécutée le 19 janvier
1868, et le succès qu'obtint cette composition
la fit charger, par le ministère de l'intérieur,
d'écrire la messe de Requiem qui devait être
exécutée dans l'église métropo itaine de Turin
(le 22 juillet 1868) pour l'anniversaire du roi
Charles Albert Enfin, M"' Ferrari donna à Ca-
gliari, en 1871, son troisième opéra, Eleonnrn
d'Arborea, qui obtint un vif succès, et en celte
même année, pour les fêtes qui furent données
à Turin à l'occasion de l'arrivée de la députa
lion romaine, elle fut chargée par le municipe de
fomposeï un hymne de circonstance; cet hymne,
dont l'exécution au théâtre Carignan produisit
une impression profonde, fut reproduit ensuite
à Rome avec le même bonheur. — Cette artiste,
dont le talent poétique est, dit-on, des plus re-
marquables, et qui, outre les livrets de ses opé-
ras, a écrit une énorme quantité de vers, a pu-
blié aussi un assez grand nombre de mélodies
vocales. Elle jouit en Italie dune grande et so-
lide réputation.
FERUARl (Ferruccio), compositeur, né à
Lucques, a fait représenter sur le théâtre Brunetli,
deBologne, le 13 mai 1875, un opéra sérieux inti-
tulé Maria e Fernanda. Deux ans plus tard, au
mois de juin 1877, il donnait a Reugio d'Emilie un
second ouvrage. Marin Menzi/ioff, qui n'obte-
nait pas plus de retentissement qm-le précédent.
Je n'ai pas d'autres renseignements sur cet artiste.
FERRARIS (Francesco), pianiste, profes-
seur et compositeur italien contemporain, est né
à Vaienza, et a fait ses études à Milan , sous la
direction de M. Angeleri. Il s'est adonné ensuite
à l'enseignement, tout en publiant un assez grand
nombre <ie morceaux de genre pour le piano :
b:illades, nocturnes, variations, sérénades, ca-
prices, et quelques transcriptions et fantaisies
écrites sur îles airs célèbres ou des thèmes d'o
péras en vogue. Il a publié aussi un ouvrage im-
portant relatif à l'enseignement du piano : Stu-
dii di itile classico, Metodo per piano forte,
armonia e mecrjinisme riuni(l{'ï»Y\n, Giudici
el Strada). Depuis quelques années, M. Francesco
Ferraris s'est (ixé à Paris.
Un autre artiste du même nom, et peut être
appartenant à la même famille, M. Plelro Fer-
raris, pianiste et compositeur, comme le pré-
cédent, s'est fait connaître aussi par la publica-
tion de quelques productions légères pour lepiano.
FERRFR (Mateo), chef d'orchestre, com-
positeur et organiste espagnol d'un grand renom,
connu sous le pseudonyme de Matenef, na-
quit à Barcelone le 25 février 1788. Il s'adonna
dès sa plus tendre jeimesse à l'étude de la mu-
sique, travailla plusieurs instruments, entre au-
tres la flûte et la contrebasse, puis le piano et
l'orgue, et devint l'élève d'un artiste distingué,
Francisco Queralt. Ses progrès furent rapides,
et il fut plus tard non-seulement un excellent
organiste, mais, s'il faut en croire un de ses bio-
graphes, <' l'un des plus grands conlrepointistes
du siècle ».
Jeune encore , il fut appelé à tenir l'emploi
d'organisie à la calhédrale de Barcelone, el joi-
gnit bientôt à ces fonctions celles de maître de
chapelle de la même égli<e , à laquelle il resta
attaché pendant cinquante-six ans. En même
temps il tenait, à l'orchestre du théâtre deSanta-
Cruz, l'emploi de contrebasse al cembafo, qu'il
échangea en 1827, lors du départ de Carnicer
pour Madrid, contre le poste de chef d'orchestre,
qu'il conserva pendant près de trente ans, se
fitisant remarquer, paraît-il, par des qualités
éminentes et tout à fait supérieures.
Dans ses Ffeméridfs de mu^icos espaùoles ,
M. Baltasar Saidoiu' , qui fut l'élève de Ferrer,
fait un éloge absolument enthousiaste de son
talent d'organisie, louant ses harmonies hardies
et surprenantes en même temps que gracieuses
el émouvantes, son génie fécond, spirituel, re-
ligieux el toujours neuf, la fraîcheur de ses idées,
son exécution rapide et tout ensemble claire,
limpide et brillante ! En enlevant à ces éloges une
partie de leiu' exagération, on peut croire encore,
en effet, que Ferrer était un artiste reman)uable
et peut être exceptionnel. Ce qui est certain,
c'est que lorsqu'il mourut à Barcelone, le 4 jan-
vier 1864, âgé de près de soixante-seize ans,
tous les grands artistes de l'Espagne .se rendirent
en cette ville pour lui rendre les derniers devoirs,
et lui firent des funérailles vraiment royales, qui
témoignaient «le leur respect et de leur admiration
pour le doyen des musiciens barcelonais. M. Bal-
tasar Saldoni parle de la fécondité de Ferrer
comme compositeur dans le genre sacré et dans
le genre profane , mais il ne dit pas en quoi con-
FERRER — FERRY
327
sislent ses œuvres, n'en donne Buciine liste, et
cite seulement deux morceaux écrits par lui
pour être intercalés dans un opéra de Merca-
dante et dans un autre opéra de Général!.
Bon et généreux. Ferrer a formé un grand
nombre d'élèves auxquels il pro'iigu dl ses soins
sans rétribution aucune , et l'on assure que sa
maison était comme une sorte de Conservatoire
où tous les jeunes musiciens de Barcelone ve-
naient s'abreuver à l'arbre de science.
FERRETTI (Vikcenzio-Cesare), musicien
napolitain, exerçait les fonct ons de maître de
chapelle dans la seconde moitié du dix-liuitième
siècle. Il a publié le recueil suivant : Raccolfn
di notlurni oxnia terzetti vocali, op. 1, Flo-
rence, Stecclii. 1772.
PERRIÈRE LE VAYER (Le marquis
J -TuÉoPHiLE-A.... DEi, diplomate, fut en-
voyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire
de la France près le roi des Belges. Avant d'en-
trer dans la diplomatie, le marquis de Per-
rière, qui était un amateur passionné de mu-
sique, avait, sous le pseudonyme de Samuel
Bach, fourni à la Revve et Gazette musicale
un certain nombre d'articles humoristiques à la
manière d'Hoffmann. En 1836, à l'occasion de
la représentation des Hugnenots, il avait publié
dans ce journal l'histoire du château de Chenon-
ceaux, où se passe le second acte du chef-
d'œuvre de Meyerbeer. Le marquis de Ferrière-
le-Vayerest mort à Bruxelles le 19 juin 1864.
FERRIGMI-PISOXE (Andr.) écrivain ita-
lien, est r.'îuteur d'une publication faite sous ce
titre : Tre Dissert a zi ont Unirgiche {sult'idcn
générale, i sensi e origine délia musica sacra),
s. I. n.d .in-8° de 2.39 pp.
FERRO (Antomo), compositeur portugais cé-
lèbre du seizième siècle, naquit à Portalegre et
fut maître de chapelle de la cathédrale de cette
ville. Il a formé beaucoup de musiciens portu-
gais des plus remarquables, et l'on cite parmi ses
disciples Joâo Gotnes, Manoel Leilam deAvilez,
Manoel Tavares. etc. J. de V.
FERROUD (J. Denis), compositeur français,
neveu lUi baryton Dernbelle, est né vers 1810.
Ferroud lit des éludes sérieuses an Conservatoire
de Paris, sous la double direction de Reicha et
de Félis. En 1846, il étail établi à Bordeaux,
comme professeur d'harmonie et de composition.
Nommé directeur du cours (léchant de la société
philomatique, il fit paraître, de 1830 à 18.i4,
plusieurs petits caliiers de chœurs notés en chif-
fres, d'après le système Galin, à l'usage des
élèves de ces cours. Parmi ces chœurs, il en est
deux, pleins de couleur, le Papillon ( paroles
de Lamartine) et le Retour aux montagnes
(paroles d'ElzéarTourrou), qui sont devenus po-
pulaires dans le midi de la France.
Protégé par M. Haus>mann, alors préfet de la
Gironde, Ferroud parvint à faire exécuter, —
non sans difficultés, et en payant lui même tous
les frais de copie — une ode-symphonie en quatre
parties de sa composition, intitulée Clovis.
C'est en mars 1853 que cet ouvrage fut chanté
an Grand-Tliéâtre de Bordeaux par M''*^ Sophie
.lulien , et par MM. Reynald, Kouhly, Fétilhié et
Lacroix, sous la direction de M. Van den Heu-
vel père. L'introduction : « Les temps sont
accomplis », ini beau chœur de coryphées :
«Tressons des festons », furent particulièrement
remarqués des connaisseurs. La pariilion est
inédite. Un seni air pour baryton a été publié à
Paris, chez l'éditeur Challiot.
Ferroud quitta Bordeaux sers 1856, et depuis
cette époque on n'a plus entendu parler de lui.
Il est à présumer qu'il est mort. Outre Clovis, il
avait en portefeuille une autre ode-symphonie : Jé-
rusalem, un opéra-comique : l'Écossais, et des
ouvrages de théorie musicale. Il a écrit la mu-
sl()ue de plusieurs ballets composés par Blache
fils, une cantate sur des paroles latines de Sauteul ,
couronnée en 1855 par la Société de Sainte-Cé-
cile de Bordeaux, un Stabat pour la caihédrale
Saint André, qu'on y exécute encore de temps à
autre, et enfin de fort beaux chœurs pour la
synagogue bordelaise. Il a fait imprimer une
Théorie de la tonalité du mode majeur et du
mode mineur (in-18, 1846), et une Méthode
élémentaire de plain-chant (in-r2, même an-
née). A. L— N.
FERRUA (G ), compositeur italien, né à
Cherasco, a fait représenter sur le théâtre de
(elle ville, au mois d'octobre 1876, un opéra sé-
rieux intitulé Adalgisa di Manzano.
FERRY (François), fabricant d'instruments
à veut , exerçait sa profession à Paris au com-
mencement de la seconde moitié du dix-huitième
.siècle. Il eut quelque peine à entrer dans la cor-
poration, ainsi qu'on le voit par une pièce que
mentionne M. de Pontécoulant duns son Essai
sur ta facture instrumentale, et que cet écri-
vain a découverte dans un carton des Archives
nationales : « C'est une requête présentée, en
1752, par le gendre du luthier Leclerc, deman-
dant la main-levée d'une opposition formée à sa
maîtrise par cinq maîtres luthiers, Charles Bizet,
Thomas Lof, Paul Yillars , Denis Vincent, Jac-
ques Lusse, les seuls maîtres luthiers construc-
teurs d'instruments à vent existant et exerçant
dans Paris, François Ferry, le réclamant, de-
mandait sa maîtrise, sans être obligé, comme
gendre de maître, de rapporter des lettres d'ap-
328
FERRY — FETIS
pientissage, et il produisait des certificats cons-
tatant qu'il avait travaillé chez feu Leclerc et
cliez deux autres maîtres ; il offrait de faire chef-
d'œuvre et proposait même un défi d'exécution
aux cinq maîtres opposants. Cette requête fut
admise et le postulant reçu , malgré l'opposi-
tion. »
Un autre Ferry, portant les prénoms d'An-
toine-Norbert, peut-être fils du précédent, élidt
établi, en 17s2, facteur de serinettes au faubourg
Saint-Antoine, à Paris.
FElîTIAULT (François), écrivain français,
né à Verdun (Saône et-Loire) le 25 juin 1814,
est cité ici pour l'ouvrage suivant : « Les Noëls
bourguignons de Bernard de La Monnaye (Gui-
Barozai), de l'Académie française, publiés pour
la première fois avec une traduction littérale en
regard du texte pglois et précédés d'une Notice
sur La Monnaye et de l'histoire des Noëls en
Bourgogne, par F. Fertiault » (Paris, Lavjgne,
1842, in 12). Ce volume est suivi du texte mu-
sical de trente-ï^i\ airs de Noëls, sans accompa-
gnement. M. Fertiault est aussi l'auteur d'une
Histoire anecdotiqiie et pittoresque de ta
danse chez les peuples anciens et modernes
(Paris, Aubry, IS.Vi , in-i8) . Cet écrivain a col-
laboré au journal l'Arcnir musical (1833), et
à la Mélomnnie (1842),
FESTEAU ([,oiis), chansonnier, né dans
les dernières années du dix-huitième siècle,
était commerçant en bijouterie. Il obtint de vé-
ritables succès en publiant, sous la Restauration
et sous le gouvernement de Juillet, plusieurs
recueils de chansons dont il écrivait à la fois
les paroles et la musique. Il publia ainsi cinq
petits volumes in-32 , dans lesquels la musique
sans accompagnement, était gravée à la suite des
chansons. L'un était simplement intitulé Chan-
sons et Musique, un autre les Éphémères, etc.
Tel de ces petits recueils se débitait à 10 et
15,000 exemplaires , bien qu'à tout prendre le
contenu en fi"it médiocre. La vogue de Louis
Festeau disparut avec le second empire, qui sup-
prima toutes les goguettes et les sociétés clian-
sonnières , en ne laissant guère subsister que le
Caveau. Festeau était déjà bien oublié lorsqu'il
mourut, au mois de février 1869, âgé de 72 ans.
FÉTIS (François), père de l'auteur de la
Biographie universelle des Musiciens , était ,
dit-on, un artiste modeste et di>;tingué. Dans la
ire partie de ses Documents historiques relatifs
à l'art musical et aux artistes musiciens,
M. Eilouard Gregoir (voy. ce nom) dit qu'il na-
quit en 17 J8 à Mons, où il fut professeur de mu-
sique, organiste et directeur de concerts. L'écii-
\ain ajoute ; « Félis avait un beau talent de vio-
loniste, et il apprit la musique chez un maître
obscur. Vers 17'J8, il se fit entendre aux Concerts
des amateurs de la ville de Mons, et c'est alois
qu'il joua un concerto pour violon composé par
son fils à l'âge de neuf ans. Fétis, relativement à
ses moyens , a rendu quelques services à l'art
musical. 11 mourut à Mons, le 19 novembre 1833,
âgé de 75 ans. ■>
Ce sont ,là les seuls renseignements qu'il m'ait
été donné de découvrir sur le père de l'illustre
écrivain dont je continue ici l'un des ouvrages les
plus importants. Je ferai remarquer que ^L
Edouard Gregoir, qui, dans le livre que je viens de
citer, fixe la mort de Felis père au 19 novembre
1833, l'avait enregistrée dans une publication anté-
rieure : Galerie biographique des artistes musi-
ciens belges (IJruxelles, 1802), à la date du mois
de mars 1840, et que cette date avait été donnée
dans l'Annuaire dramatique (belge) de 1847.
Je consigne ici l'une et l'autre, sans être à même
de rien aKiiiner à cet égard.
* FÉTIS (Fk\nçois-Josepu ) , est mort à
Bruxelles le 20 mars 1871, le lendemain du jour
où il avait accompli sa quatre-vingt-septième an-
née. Cet homme remarquable, qui adonné une
si puissante impulsion à la lifteralurc musicale
en Europe, n'a pas eu le temps d'achever le der-
nier ouvrage dont il avait entrepris la publication :
son Histoire de la Musique^ fruit d'un demi-
siècle de recherches et de méditations, est resté
interrompue par sa morlj et il n'a |)u la (onduire
que jusqu'au cinquième volume, alors qu'elle en
devait comporter huit.
Félis est lun des exemples les plus éclatants
de la puissance laborieuse d'un homme bien
constitué, alors que cet homme consacre chaque
jour au travail un temps déterminé. On a peine
à conq)rendre qu'une seule existence ail suffi à
mctire au jour tant de travaux divers, même une
existence de quatre-vingt-sept ans; et lorsque
ces travaux embrassent toutes les branches d'un
art aussi étendu et aussi complexe que la musi-
que : composilion, théorie, philosophie, technie,
ciilique, histoire, pédagogie, etc., l'esprit reste
viritablement confondu. 11 l'est plus encore lors-
qu'on .songe qu'à cet effroyable labeur venait
s'adjoindre celui si absorbant du professeur, et
lorsqu'on se rappelle que pendant près de qua-
rante ans Fétis a été le directeur d'une des plus
importantes écoles musicales de l'Europe, en
même temps que l'un des membres les plus ac-
tifs, les plus dévoués et les plus infatigables d'une
grande compagide savante (1).
Il y avait plus de vingt ans que les faits re-
(1) L'Académie royale des Deiux-Arts de Belsiqi;e.
FETIS
329
latifsà l'histoire générale delà musique préoccu-
paient son esprit lorsque l'élis fil ses fiéluits
dans la carrière littéraire, dans cette carrière
qu'il devait illustrer et où il était appelé à rendre
de si jjrands services. En effet, c'est vers 180G
qu'il avait conçu la pensée de publier un jour sa
Biographie universelle des Musiciens, dont
la première édition commença de paraitie en
1834, et ce n'est qu'en 1827 qu'il lança dans le
monde les premiers numéros de s;i Revue
musicale, journal fondé, dirigé et presque en-
tièrement rodijié par lui seul. A partir de ce
moment jusqu'au jour de sa mort, c'est-à-dire
pemlant quarante-cinq ans, Félis no devait plus
s'arrêter, et dans ce long espace de temps il a
touché de sa main puissante à loules les ques-
tions qui intéressaient de près ou de loin l'art
musical, il a élucidé une foule de problèmes,
créé véritablement en France une iiltératute
toute spéciale, et formé par son exemple toute
une génération d'écrivains-artistes qui ont mar-
c!ié à sa suite et fécondé, de concert avec lui,
le sillon qu'il avait préalablement et si labo-
rieusement creusé. Ce sont là ses titres à notre
reconnaissance, litres assez sérieux pour qu'on
ne les oublie point.
Je ne puis refaire ici la biographie de cet
artiste si bien doué à beaucoup de points de
vue; la notice qu'il a dû se consacrer dans la
Biographie universelle des Musiciens est
d'ailleurs aussi complète que possible, et ne
me lai.sserien à dire sur les faits qui ont marqué
son existence. Je dois déclarer seulement que
mon respect pour ce travailleur infatigable s'est
accru encore dejtuis le moment où l'on m'a fait
l'bonneur de me charger de compléter et de
mettre à jour l'un de ses ouvrages les plus im-
portants. C'est en étudiant dans tous ses détails
la Biographie universelle des Musiciens, afin
de rédiger le présent Su|)plément, c'es en con-
sultant incessamment ses nombreux écrits, que
j'ai pu me rendre un compte exact de la sûreté,
de la variété et de la surprenante étendue des
connaissances que Fétis avait acquises en tout
ce qui se rapporte à la musique (1) C'est là le
(I) Pour ma pirl, je puis dire que la constatation
de ce fait m'a découragé un instant et a jeté le troubk*
dans mon esprit. On a pu reprocher avec quel(|iie raison
ù Fétis d'avoir voulu trop gi>néraliser ses tr:ivau\, d'avoir
embrassé avec trop d'ardeur toutes les parties de l'art qu'il
étudiait sans cesse avec une perséver3nce que rien ne pou-
vait lasser. La perfection n'tilant pis de ce monde, il est
certain qu'on pouvait trouver en lui quelque point faible.
Ma's il n'en est pas moins vrai, je le répète, que l'étendue
de ses connais inces était étonnamment remarquable,
et j" ne crois pas que jamais artiste Intellisent ait
mieux connu la musique sous tous ses aspects. Je ne
côté remarquable de sa personnalité, et c'est par
là qu'il me paraît mériter les sympathies de tous
les amis de l'art.
JN'ayant rien à dire de sa personne, je ne
m'attarderai pas davantage a faire l'éloge de ses
grands travaux littéraires et historiques. Je sais
ce qu'on peut reprendre dans quelques-uns,
mais je sais aussi les services que tous ont
rendus. La Biographie universelle des Musi-
ciens est l'ouvrage de ce genre le plus étendu
qui existe en Europe ; la Musique mise à la
portée de tout le monde est un livre original,
sans précédent, qui a l'ait beaucoup pour l'expan-
sion de l'art; les Curiosités historiques de la
musique forment un recueil intéressant, plein
de variété, et dont la lecture est attachante;
enfin, la Revue musicale est le premier jour-
nal de musique digne de ce nom qui ait été
fondé en France, et il a le mérite d'avoir ouvert la
voie à un grand nombre de publications du même
genre, dont l'utililé n'a pas besoin d'être démon-
trée. Quanta V Histoire générale de la Musiqzte,
il serait bien difficile de la juger à un point de
vue absolu, l'auteur n'ayant pas eu le temps de
l'achever et de la mener à terme. Parmi les
autres écrits de Fétis, plusieurs présentent, à
différents points de vue, un intérêt tout parti-
culier : tels sont surtout ses deux grandes No-
lices sur Paganini et sur Stradirari, et ses
remarquables rapports sur l'état de la facture
instrumentale aux diverses Expositions.
Depuis l'apparition de la 2"= éd tion de la
Biographie universelle des Musiciens (Paiis,
F.-Didot, 18G0-1863, 8 vol. in-S"), Fétis a [)u-
blié : 1° Exposition universelle de Paris en
1867. Rapport sur les instruments de mu-
sique (Pans, et Bruxelles, un vol. in-8°) ;
2" Histoire générale de la Musique depuis
les temps les plus anciens jusqv^à nos jours
(Paris, F.-Diilot, 1809-1876, 5 vol. in-8°, avec
nombreux dessins, planches et exemples de
musique); le 1" volume de cet ouvrage con-
tient, apiès un Aperçu général de l'histoire
de la' musique, l'histoire de cet att chez les
Égyptiens, chez les Chaldéens, Babyloniens,
Assyriens et Phéniciens, et chez les Hébreux ;
le 2"= traite de la musique chez les Arabes, les
Mauies et les Kabyles, chez "les habitants de
l'Inde, et chez les peuples de la Perse et de la
Turquie; le 3'= offre 1 histoire de la musique
chez les peuples de l'Asie mineure et de la
Grèce, chez les peuples Italiques, chez les
fais point de fausse modestie en déclarant ici eorabion,
à beaucoup d'égrds, je me trouve au-des.îous de mon
niodéle, et en rendant à Fetis l'tiommage qui lui est dù_
330
FÉTIS — FICHER
Étrusques, dans la grande Grèce, chez les Ro-
mains, et chez les peuples tle la Sicile ; dans le 4"^,
l'auteur traite du chant dans leséj^lises d'Orient
et d'Occi lent , et fait connaître la situation de
l'art musical en Europe depuis le cinquième siècle
jusqu'à la fin du onzième ; enfin, le 5"^ présente
l'état de l'art en Europe pendant les douziè-
me, treizième, quatorzièm»' et quinzième siècles.
— Il est à regretter que Fétis n'ait point publié
l'ouvrage annoncé par lui sons le litre de Sou-
venirs d'un vieux musicien (Mémoires sur la
Tie de l'auteur et sur ses relations avec les
hommes les plus célèbres dans l'art et dans la
science, pendant soixante ans) . non plus que
celui (jue la librairie Michel Lévy a annoncé
pendant plus de dix ans, dans ses catalogues,
sous le titre de Causeries musicales (1).
M. L'uis Alvin, membre de l'Académie royale
de Belgique, a publié une Notice sur François-
Joseph Fëds (Bruxelles, Hayez. 1874, in 8° de
46 pages avec tiès-beau portrait à l'eau forte),
qui avait été dabord insérée dans l'Annnunire
de CAcndémie. L'auteur de cette Notice men-
tionne comme étant publiées les compositions
suivantes de Fétis: 1" Te Deum en plnin-chant
mesuré et rliylhu é..., tel qu'il a été exécuié le
21 jiMllel 1856, pourle2â' anniversaire de l'i-
nauguration de Léopold P"", roi des Belles
(Paris, l8o6) ; 2" Cantique pour voix d'hommes,
chante le 16 décembre iXGb aux obsèques du roi
Léopold (Bruxelles, in-4'') ; 3° Domine salvum
fac regem, exécuté le 19 décembre 1.S65 à
Bruxehes. M. Àlvin signale aussi une composi-
tion, non publiée, que Fétis n'a pas comprise
dans le catalogue de ses œuvras : Musique ins
truinentale pour l'inspiration de David dans
5f(U^ tragédie de Soumet représentée au théâtre
de rodéon le 9 novembre 1822. Eidin, aux ani-
vres musicales gravées de Fétis qui n'ont pas
été mentionnées dans la Biographie universeUe
des Musiciens , il faut ajouter les suivanies :
3*^ quinlelle pour 2 vioions, 2 altos et violoncelle,
Majence, Schott; 1' symphonie à grand orches-
tre (en mi bémol), Bruxelles, Schott, in 8" ;
2* symphonie à grand orchestre (en 50/ mineur),
Bruxelles, Schott, in-8" ; Fantaisie symphonique
pour orgue et orchestre, composi''e pour le cin-
quantième anniversaire du rétablissement de
l'Académie royale des sciences , des lettres et
(1) Dans In liste de se« écrit», Fétis a omis de mentionner
la Galerie (les lilusiciens célèbres, ànnt il ;ivail commencé
0 la piiblira îoii que ques années avant celle de In Bioqra ■
phie iinirerselle des lUiisiriens. Tro4s livraisons senle
ment de cet ouvrage avaient paru (format in-folio, avec
poaraits liihiis;r;iphie»), consncrées à Palestriua et aux
deux violonistes CorelU et Viotti.
des Beaux-Arts de Belgique , Bruxelles, Schott,
in-s°.
FÉTIS (Adolphe), frère du célèbre auteur
de la Biographie universelle des Musiciens,
fournit en Belgique une longue carrièrre admi-
nistrative et fut fonctionnaire. Il n'en était pas
moins animé de l'amour des arts et de la pas-
sion de la musique, qu'il avait étudiée fort jeune,
comme son frère, et avait consacré à la compo-
sition une pariie des loisirs que lui laissaient
ses fonctions. Quelques œuvres musicales pu-
bliées par lui étaient, dit-on, fort remarquables.
Adolphe Fetis mourut à Liège, le 22 août 1871,
à l'âge de soixante dix-huit ans.
* FÉTIS (Adélaïde-Louise-Catherine, née
ROBERT), femme de l'auteur de la Biographie
untvfrselle des Musiciens, auquel elle était
unie depuis près de soixante ans, est morte à
Boisfort, près Bruxelles, le 3 juin 1866, des
suites d'une chute malheureuse qu'elle avait
faite l'année précédente. Française de naissance
et d'origine, cette femme intelligente et distin-
guée était tille de P.-F.-J. Robert, ancien ré-
dacteur du Mercure national, député de Paris
à la Convention nationale et ami de Danton,
lequel avait épousé la fille du chevalier de Ké-
ralio, M"^ Louise-Félicité Guinement de Kéralio,
l'amie intime et l'admiratrice de Robespierre (1).
Née le 23 septembre 1792, M"' Fétis était âgée
de 73 ans lorsqu'elle mourut.
* FÉTIS (Adolphe-Louis-Elcène), compo-
siteur, est mort à Paris le 20 mars 1873. C'est
par erreur qu'il a été désigné comme ayant
remporté un second prix au concours de Rome
(Belgi(|ue) de 1844; il n'avait obtenu qu'une
mention honorable.
FKUILLET ( ), musicien du dix-
huitième siècle, est auteur de l'ouvrage suivant:
La Musique théorique et pratique, dans
son ordre naturel. Nouveaux principes (Paris,
Ballant, 1746, in-4").
* FÉVRIER ^Jacques, et non Henri-Louis),
organiste, naquit à Abbeville, sur la paroisse
du Saint-Sépulcre, et mourut à Paris en 1780.
Il eut pour élèves Balbastre et l'un des Miroir.
Je tire ces renseignements d'un écrit anonyme
publié sous ce titre : la Musique à Abbeville,
1785-1856 (Abbeville, 1876, in-S"), et dans le-
quel l'auteur .ijoiite , en parlant de Février : —
« On le voit représenté dans le tableau îles hom-
mes illu.stres d'Abbeville par Choquet, sous le
n° 65. »
FICHER 'Ferdinand), pianiste et composi-
teur, né à Leipzig en 1821, s'est fait connaître
(1) p. F. J. Robert mourut en exil à Bruxelles, en 1826.
FICHER — FILIPPI
331
par la publication d'un grani nombre d'cRuvres
de genre pour le piano. S'étant embarqué en
1847 pour l'Amérique, il s'était fixé à New- York-
11 est mort en cette ville en 1865.
*FIELD (Joun) m. Franz Liszt a écrit,
pour une édition allemande d'un certain nombre
des Nocturnes de cet artiste, une petite étude
critique. Cette étude, publiée ensuite à part,
avec texte français et allemand, a paru sous ce
titre : Vber John FiekVs uoctume, ion Franz
Liszt, Hambourg, Leipzig et New-York, Scliu-
bertli, 18o9, in- 16.
* FIENi\ES (Henri DU BOIS DE), est
mort à Anderleclit, le 15 février tHG3. Cet
artiste était i:>su d'une famille noble dont l'ori-
gine remonte au onzième siècle, et un de ses
, oncles, Louis de Fiennes, oKicier général dans
l'armée autricbienne et chambellan de l'empe-
reur, fut tué à la bataille de Wagram.
FIEVET ( ), compositeur, a écrit la
musique d'un ballet, Faune et Bergère, qui a
été représenté sur le théâtre de la Monnaie, de
Bruxelles, le 21 janvier 1868.
FIGHERA (Salvatore), compositeur, r.é à
Gravina, dans les Poniiles, en 1771, lit ses
études musicales au Conservatoire de Sainte-
Marie de Lorette, àNapies, où il fut l'é'ève d'In-
sanguine pour le chant et le contrepoint, et de
Fenaroli jiour la composition. Après sa sortie
du Conservatoire, il se rendit à Milan, fit re-
présenter au théâtre de la Scala un opéra bouffe
inlilulé la Sorpresa, et écrivit encore dans
cette ville deux cantates, la Fin/a Istoria et
lo Sdegno e la Pace. Il retourna ensuite à Na-
ples, et y devint maître de chapelle de plusieurs
couvents, pour lesquels il écrivit un assez giand
nombre de compositions religieuses dont il
n'existe plus de vestiges aujourd'hui. Voici une
liste de ces compositions -. 1" 2 messes à deux
chœurs, avec orchestre; 2° 2 messes funèbres
à deux chœurs, avec orchestre; 3° 2 messes à
4 voix, avec orche.stre; 4° plusieurs messes
alla Palestrina ; 5° Miserere à 8 parties
réelles, alla Palestrina; 5" Miserere à i voix,
avec orchestre ; 7° un oratorio à 4 parties, avec
orchestre ; 8° un oratorio avec; chœurs ; 9" 2 Creilo
à 8 voix, en style madrigalesque; 10" un Mono-
logue pour voix de soprano; II» un traité di-
dactique. Studio di canlo, conçu selon les pré-
- ceptes de Porpora. Fighera mourut à Napies en
1836.
Un fils de cet artiste, qui, ainsi que lui, exer-
çait à Napies la profession de maître de chapelle,
mourut quatre ans seulement après son père,
en 1840
FIGUERAS ( ), compositeur espagnol
du dix -huitième siècle, fit exécuter dans l'é-
glise S.nnt-François, de Barcelone, le 13 juin
1739, jour de la fêle de saint Antoine de Pa-
doue, un oratorio qui portait pour titre le nom
de ce saint.
FIGUEirU DO. On connaît deux person-
nages portugais de ce nom : José Antonio
de Figueiredo, habile organiste, qui jouissait
d'une certaine réputation à Lisbonne vers
le commencement de ce siècle ; et Luiz Bo-
telho Froes de Figueiredo, pliilosoiihe et
jurisciinsulle distingué, né à Lisbonne en 1675
d'une famille noble. N'ayant pu faire admettre
des prétentions qu'il considérait comme légitimes,
ce dernier se retira au couvent de Varalojo,
et partit peu de temps après en 1715 pour l'Es-
pagne, où il parvint à une situation très-consi-
d Table. Il mourut en 1720 à Aiicante. Cet au-
teur a publié sur la vie et la mort de Santa Bita
un poëine en vers qui porte un titre très-curieux
et qui paraît, au premier coup d'œil, avoir rap-
port à la musique : Coro cetfste: Vida Mu-
sicoemsol a metrica, etc., Lisbonne, 1714, in-4°
de VIII- 176 pages. Deux autres auteurs, Limpo
et Varella. ont aussi choisi des titres extrava-
gants pour des ouvrages qui n'ont d'ailleurs au-
cun rapport avec la musique (Dose Fugas de
Pamd, par Ballhasar Limpo, et ISumero Vocal
par Sébastien Pachico Varella). Ces ouvrages
sont remplis de termes tec hniques et d'expres-
sions relatives à l'art musical, mais les uns et les
autres ne servent qu'à masquer des allégories de
mauvais goilt qui étaient fort goûtées des admi-
rateurs du style goujoresque.
J. DE V.
FILIPPI (FiLLiPo), critique musical et com-
positeur, est né à Vicence le 13 janvier 1833 (1).
Fils d'un négociant aisé, il fut envoyé à Padoue
ponr y faire son droit à l'Université de cette ville,
fut reçu docteur en 1853, et l'année suivante
entrait dans les bureaux d'un avocat de Venise
pour y étudier la pratique des affaires. A cette
époque, l'amour de la musique et de la liltéra-
turemusicale, qui le travaillait depuis longtemps,
l'emporta sur toute autre préocupation, et M. Fi-
lippi, après avoir étudié la musique à Vienne et
à Venise, devint, dans cette dernière ville, le
correspondantde la Gazzetla musicale Ae^ Milan,
dont le propriétaire était le fameux éditeur
M.Tito Ricordi. M. Mazzucato ayant abandonné
la direction de ce journal en 1858, M. Filippi
fut appelé par M. Ricordi pour le remplacer, et
conserva cette position pendant plusieurs années.
(0 Celle date m'a été donnée par M. Kilippi lui-
même Dans son Jnnuario musicale nniversale (Milan,
137C}, IM. U. ralosclii donne celle du 13 janvier 1832.
332
FlLIPPl
M. Filippi se trouvait depuis une année envi-
ron placé à la tête de la Gazzettn musicale,
lorsque se fomla à Milan, au mois de novembre
1859, un journal polilique qui devint bientôt le
premier de l'Italie, et qui, par ses allures très-
littéraires, par son ton de bonne cQmpagnie, par
les formes de sa polémique, tient aujourd'iuii
dans ce pays une place qui n'est pas sans analo-
gie aven celle qu'occupe en France le Journal
des Débats. Ce journal, qui avait pour titre la
Perseveranza, attira à lui M. Filippo Filippi,
et lui confia son feuilleton musical et drama(i(|ue.
Le jeune écrivain s'y fit aussitôt remarquer et
depuis lors, malgré les nombreux cbangenieiits
survenus dans la rédaction, est resté ferme à son
poste, discutant toujours les questions musicales
et llipàtrales, et s'occupant même de peinture et
faisant parfois le compte-rendu des salons. Aii-
jourd'liui, M. Fiiippo Filippi est resté le seul des
rédacteurs qui ont fondé la Persevcronza, et il
a publié dans ce journal, outre plusieurs notices
biogra[ihiques intéressantes sur divers musiciens
des relations de ses voyages artistiques à Paris,
à Londres, à Vienne, à Weimar, au Caire, etc.
Un choix de ces articles a été fait par leur auteur,
pour former un volume qui a paru récemment
sous ce titre: Musica e Musicisli (.Milan, l'.ii-
gola, 1876), et qui contient des études sur Haydn,
Beethoven, Meyeerbeer, Rossini, Verdi, Wagner,
Schumann, etc. Déjà, M. Filippi a publié il y a
quelques années, chez l'éditeur Ricordi, une
notice biographique sur le remarquable pianiste
Adolfo Fumaualli. Mais il ne s'est pas contenté
de se faire connaître comme critique, et il a
voulu se produire aussi comme composileur.
C'est ainsi qu'il a fait exécuter à Milan, il y a
une douzaine d'années, deux quatuors pour ins-
truments à cordes, et qu'il a publié, en Italie et
en France, un certain nombre de mélodies vo-
cales.
On a fait à M. Filippo Filippi une réputation de
vvagnérien qu'il ne me paraît pas mériter entière-
ment. Il est facile de voir, en lisant sa criliijue,
qu'il est attiré du côté de M. Wagner en tant
que musicien, mais qu'il ne partage pas du tout
ses vues esthétiques, qu'il apprécie à leur juste
valeur, c'est-à-dire à leur peu de valeur ses
théories nébuleuses, et qu'il ne professe aucune
estime pour les pamphlets du maître saxon et
.ses opinions sur tout ce qui n'est pas lui. Au
reste, M. Filippi semble être surtout un éclec-
tique en matière d'art.
FILIPl*! (GiusEPPE de'), médecin italien, né
en 1781 à Varallo-Pombia (Piémont), fit ses
études et reçut ses grades à l'Université de
Pavie, après quoi il servit dans l'armée et prit
part à toutes les campagnes de Napoléon, à
partir du camp de Boulogne. Il avait étudié la
musique, et jouait du violon en amateur; en
1809, le chef de la musique des vélites de l'ar-
mée italienne étant mort, il prit la direction de
cette musique (sans conduire, vu sa siluation de
médecin en chef), et composa pour elles quelques
marches militaires dont les manuscrits ont été
conservés dans sa famille. En 1814, Giuseppe
de' Filippi refusa de servir l'Autriche, qui lui
supi)rima sa solde de retraite. Il se fixa alors à
Miian, où sa maison devint le rendez- vous des
amateurs, des compositeurs et des artistes ita-
liens, et même des artistes étrangers, qui tous
s'y faisaient présenter. Élu membre de l'Institut
des sciences de Lombardie, il fut à trois reprises
rayé par le gouvernement autrichien, et réélu à
trois reprises par ses confrères. Nommé en 1848
président du Comité de santé publii|ue, qui com-
prenait le service de santé de l'armée, il se
relira à Varèse lors du retour des Autrichiens en
Lombardie, tomba malade en cette ville el y
mourut en 1856, après deux années de cruelles
souffrances. Cet homme distingué a donné dans
la Dihlinleca italiann, recueil publié à Milan,
un écrit intitulé Snggio siilV estrtica musicale,
qui a été reproduit ensuite sous forme de bro-
chure (Milan, 1847, in-»8").
FILIPPI (Giusepi'ede'), fils du précédent, né
à Milan le 12 mai 1825, s'adonna de bonne heure
à la culture des lettres, principalement en ce qui
concerne l'histoire du théâtre musical italien,
vint en France en 18')6, et collabora à plusieurs
journaux de Paris en même temps qu'il était le
correspondant de diverses feuilles artistiques
italiennes. M. de Filippi forma à Paris une bi-
bliothè<iue théâtrale qui ne comptait pas moins
de 10,000 volumes et de 10,000 estampes, et
qu'il lut obligé de vendre en I8C3, après eu avoir
distrait environ 2,000 volumes en double qu'il
offrit généreusement à la Comédie-Française et
à l'Opéra; à la même époque, il vendit à la Bi-
bliothèque impériale un commencement de bi-
bliographie et de biographie de l'Opéra- Italien,
formant déjà un précieux recueil d'environ
4,000 cartes. Il a publié deux ouvrages impor-
tants, dans lesquels la musique a .sa part :
1° Guide dans les Théâtres (en société avec
l'architecte Chaudet), Paris, 1857, in-4" oblong;
2" Parallèle des théâtres modernes de l' Eu-
rope, Paris, 1800, in-folio (2" édition, Paris,
1801, gr. in-4'',i. L'introduction de ce dernier
ouvrage est une histoire de l'architecture théâ-
trale ; cette importante publication renferme 134
planches, dessinées en partie par Contant, an-
cien machiniste de l'Ooéra. — M. de Filiiipi. qui
FIUPPI — FIORAVANTI
333
est très-versé dans l'histoire de l'opéra italien
et de ses grands clianteurs, est l'un des collabo-
rateurs du supplément de la Biographie uni-
verselle des Musiciens. Il est aussi l'un des ré-
dacteurs assidus du journal VEntr'acte, et a
donné d'intéressants articles à la Chronique
musicale.
FILIPPI3ÎI (Etienne), surnommé l'Argen-
tina. A la liste des œuvres de ce compositeur,
il faut ajouter le recueil suivant : Salmi brevi
a 8 voci, op. 12, Bologne, Giacomo Monti, 1680.
FINCK (Henri), compositeur d'origine polo-
naise, était, vers la lin du quinzième siècle,
maître de chapelle du roi de Pologne Jean-
Albeit, et jouissait d'une grande réputation en
Allemagne. « Les ouvrages de Henri Fincksont
fort rares, dit M. Albert SowinsUi : on en trouve un
dans la bibliothèque de Zwickau, sous ce titre :
Schœne ausserlesene lieder des hochherum-
plen Heinrici Kinckens sauit andern neuen
Liedern von den fuernemsten diesen Runst-
gesetzt, lustig zu singen und auff die instrit-
ment dienlich, vnr nie druck ausgegnngen
(Jolies chansons choisies du célèbre Henri Fiiick,
avec d'autres nouvelles chansons mises en mu -
sique par le même, pour être chantées ou jouées
sur un instrument, non encore imprimées),
petit in-4° sans date. Selon Gerber, cette collec-
tion aurait été imprimée vers 1550 ; elle contient
cinquanle-cin(i chants à voix seule. D'autres
pièces du même compositeur se trouvent dans
le Concenfus à quatre, cinq, six et huit voix,
de Saiblingfr (Augsbourg, 1545, in-4"). »
FiNCK (Hermann), neveu du précédent,
théoricien remarquable etcompositeur renommé,
habitait la Pologne au seizième siècle. On lui
doit un ouvrage théorique important, publié
sous ce titre : Practica musica.
FliXCJCCI (Le P. Gii'sepi'e), compositeur de
musique religieuse, naquit à Lucques vers 1743.
Un grand nombre de ses œuvres sont conservées
dans les archives des familles Puccini elQuilici,
de cette ville. En 1773, 1780 et 1781, on exécuta
des motets à quatre voix avec accompagnement
d'orchestre, composés par Finucci pour la célé-
bration de la fête de sainte Cécile. Cet artiste
mourut le 21 février 1784.
*F10CCHI (Vincenzo). Cet artiste est l'au-
teur des cantates suivantes, qui peut-être n'ont
pas été publiées, mais dont M. le docteur Basevi
possède des copies manuscrites dans sa riche
bibliothèque : 1" VAddwd'Ellore cantate, 1797 ;
2° Piramo e Ti\he, cantate à 2 voi\ ; .3" Fran-
cesca rf'/l r>mi?/o, cantate; ^° Aci, cantatille.
* FIODO (Vincent). Dans son livre sur les
Conservatoires de iN'aples, M. Florimo, (dont les
renseignements ne sont pas toujours très-exacts),
donne des détails circonstanciés sur la jeunesse
de Fiodo, qui, selon lui, .serait né non à Bari,
mais àTarente, le 2 septembre 1782. Après avoir
écrit son troisième opéra, C'iro, qui fut repré-
senté à Florence en IblO, s'être fixé en 1S12 à
Pise comme professeur de chant, il aurait re-
noncé à la musique pour le commerce, et se
serait fait négociant jusqu'en 1820. C'est à cette
époque qu'il serait revenu à Naples, et se serait
de nouveau livré a l'en-seignement, tout en deve-
nant maître de chapelle dans divers couvents et
églises. Ici les renseignements deviennent cer-
tains : en 1846, Fiodo est nommé inspecteur des
écoles externes du Conservatoire, et en 1858 il
devient professeur de solfège dans cet éta-
blissement. Il mourut en t863, à l'âge de
81 ans.
Fiodo était un artiste instruit, mais sans génie
et sans l'ombre d'inspiration; sa musique d'église
est écrite correctement, mais sans goût et sans
idées, et M. Florimo, qui a été à même de l'étu-
dier, est dune sévérité rare à son égard. Je
crois donc inutile de dresser ici le catalogue assez
fourni des compositions religieuses de Fiodo,
tout en faisant remarquer qu'il voulait sans
doute remplacer le génie par les excentricités.
C'est là probaiilemenl cequi lui a fait écrire une
messe funèbre à deux chœurs et deux orchestres,
une autre à trois chœurs et deux orchestres,
une autre enfin à trois chœurs et trois orches-
tres.
* F!01ÎAVAi\TI (Vincenzo), l'un des der-
niers compositeurs bouffes italiens qui aient joui
dans leur patrie d'une véritable renommée, était
le fils de Valenlino Fioravanti, qui fut presque le
rival de Paisiello et de Cimarosa, et était né à
Rome le 5 avril 1799 Son père, dont la carrière
de compositeur avait été très-brillanie, voidait en
faire un médecin. Mais le jeune homme ne l'en-
tendait pas ainsi, et voulait précisément suivre
la carrière paternelle. C'est donc contre le
gré de sa famille qu'il étudia la musique, d'a-
bord avec un vieux maître nommé Jannacconi,
qui avait été celui de son père. Lorsqu'il se crut
assez fort pour voler de ses propres ailes, il s'a-
dre.ssa au directeur d'une scène de Rome, le
théâtre Yalle, et celui ci le chargea d'écrire un
duo qui devait êlre intercalé dans un opéra du
répertoire. Mais le jour de la répélion arrivé, le
duo en question se trouva être si mauvais, que
le chef d'orchestre, po.sant tranquillement son
bâton, et s'adressant à Fioravanli, lui dit sim-
plement : 3/oh cher enfant, travaillez encore,
et puis vous pourrez peut-être écrire de la
musique.
334
FIORAVANTI — FIORENTINO
L'apprenti compositeur, un peu lionteiix, s'en
alla trouver alors Uonizetti, qui se trouvait à
Rome pour la mise en scène de son opéra Zo-
raide di Granala, et lui fl.-inanda des leçons
que celui-ci lui accorda volontiers. Après avoir
travaillé pendant quelque temps avec ce maître, se
sentant plus siir de lui, il sonoea à aborder se
rieusement la scène, et écrivit un opéra bouffe
intitulé Pulcinella molnuiro, qui servit non-
seulement aux débuis du compositeur, mais aussi
à ceux de son principal interprèle, lequel n'était
autre que Luigi Lablaclie, le chanteur <'ont, au
bout fie peu d'années, la célébrité était si jurande.
Tous deux obtinrent un très vif succès, et il ne
fallut rien moins que ce succès pour rapprocher
complètement tioravanti de son père, qui lui
tenait rigueur de ses velléités musicales. C est en
1819 que Pulcinella mobnaro lut lepréseiité
par le ptlil théâtre SanCarlino, de Na()les, et
le jeune compositeur le fit suivre d'un grand
nombre d'autres ouvrages qui lui valurent une
renommée brillante. En voici la liste, queje crois
bien près d'être complète : t" Lu Paslorella ra-
pita, semi sérieux, Rome, théâtre V<ille; 2" lio-
binson Crusoé, bouffe, Naples, théâlre Nuovo;
3" Jl Sarco/ngn scozze^e, semi séiieux, Naples,
Feniie; k" Col()))ibo alla scopeita délie /ndie,
sérieux, Naples, Fenice; 5° // Follello mnniiio-
rato, bouffe, Na(iles, théâtre Parthénope ; G" Aon
iuWi jiazzi sdiio aU'ospedalc, bouffe, Naples,
Fenice ; 7" /t mo/e e Dis/iigatino, semi-sérieux,
Naples, théâtre Nu'vo ; 8" Jl Parrucduere e la
Crestam, bouffe, Nnples, théâtre Nuii\o; d" La
Larva, semi-serieu\, Naples, ihéàlre Nuo\o;
10° La Fiylia del t'abbro, boulfe Home,
théâtre Valle; 11° Chi c/ienerà, bouffe, R.ime,
théâtre Argentiiia (écrit it re{)réseiilé en un acte,
et plus tard refait en deux actes et repré.senlé au
théâtre Nuovo de Naples, sous leliirede la Pa-
dronae la Caïuerier.i) ; 12" Un Hlalriiiioiiioin
prigione, bouffe, un acte, Naples, theàlre Nnovo;
13° / Disperati per non poier andar carce-
raii, farce, Naples, Fenice-, 14° Un Padre coin-
pralo, ossia X, Y e Z, bouffe, Turm, llieàtie
d'Angennes; 15°/^ JiUornn di PalriîieUu da
Padova, bouffe, Naples, tliéàlre Nuovo; tc" La
Dama e lo Zoccolaio, liouffe, Nnples, Femce;
17° La Siu)i7))ia bn-sUiana, bouffe, Niples, Fe-
niie; 18» GZi Zingaii, Naples, théâtre Nuo\o ;
19" Pnlcin lia e la sua faniiglia, bouffe, Na-
ples, théâlre Nuovo; 20" Pidcmella e la For-
tiina, bouffe, Niiples, théâtre Nuovo; 21"//
Folldio, Semi séiieux, écrit pour le théâtre San-
Carlo, de Naples, mais non représenté par suite
de la fai lile de l'entreprise ; la p.irtition a éie
perdue; 22" 1 Due Capotait, semi-sérieux, Na-
ples, théâtre Nuovo ; 23" Jacapo lo Scordchino,
semi-sérieux, Naples, théâtre Nuovo ; 24° llCieco
del Dnio, sérieux, Na|)les, Fenice; 25° La Pi-
rata, semi-'érieux, Naples, théâtre Nuovo; 26°
I Vecchi burlali, boulfe; 27° Il Aolaio d'U-
beda, bouffe, Naples, théâtre Nuovo, reproduit
par toute l'Italie, avec un immense succès, sous le
titre de Don Procopio; 28° La Lotleria di
Vienna. bouffe, Naples, théâtre Nuovo; 29" i4n-
nellu, laveinaru di porta Cnpuana, bouffe,
Naples, théâlre Nuovo. A tout cela il faut ajouter
quatre opéras qui, je crois, n'ont pas été repré-
sentés : la Strega, il Cast-'llo degli spiriti,
Pulcinella erede senza crédita, e\ la Testa di
Mercurio; puis deux oratorios : Scitla, et il
Sacrifizio di Jefte; et enlin une grande messe
funèbre.
Fioravanti e.st mort à Naples, âgé de 78 ans,
le 28 mars. 1877.
IJOREA'TINO (Pieu-Ançelo), écrivain
artistique, naquit à Naples en 1806, reçut une
bonne inslniclion, et débuta dans la carrière
lilléraire par de nombreux articles de journaux.
II publia ensuite quelques nouvelles, un roman
historique, Corradinn, un recueil de poésies, le
S( re d'aiituiVio{Nii[)\ei, Tramater, 1834, m-l6;,
lit repre.senler un drame intitulé ta Furnarina,
puis vint à Paris pour y chercher foitune. Il
parvint rapidement non-seulement à parler, mais
à écrire la langue française avec élégnuie, et
collabora à divers Journaux, entre autres au
Corsaire, où il «tonnait des articles pleins de
fantaisie, de verve, et de gaîté. En 1S49, il fut
appelé au Cunslitationnel pour y taire le feuil-
leton dramatique et musi(al, et peu <le temps
après, sans quitter ce joui nal, il lut (hargédu
feuibelon exclusivement musical du Moniteur
viiivei.^et, qu'il .signa du pseudonyme: A. de
Itovray. Un scandale l'ayant obligé d'alMudonner
le Coiislifutiuniiel, il entra bientôt à i^ France
pour y lemplir le même office. Il mourut à
Paris le 31 mai 1864.
Je u'ai pas a apprécier ici certaines pratiques
fâcheuses qui ont été re(trochees à Fiorentino,
dans l'exercice de sa profession. En tant qu'é-
crivain et critique, il avait de l'esprit, de la lé-
gèreté, du goill, mais au point de vue musical,
il manquait des connaissances lecbniqui-s et
hisiori(pies .sans le.squelles il n'est pas de véri-
table ci itique Toutefois, comme il avait beau-
coup connu et pratiqué les artiste», surtout ses
compatriotes, on trouvait souvent dans ses
ti-u'll. ions des anecdotes et des renseignements
bioga[thiques nouveaux et inléressanls. Après
sa mort, on a fait et publie deux recueils de ses
articles : l'un, intitulé les Grands Guignols
FIORENTINO — FISSOT
335
(Paris, Lévy, 2 vol. in-12), l'autre porlant pour
titre Comédies et Comédiens (Paris, Lévy, 2 vol.
in-12).
FIORl (Ettore), compositeur italien, a fait
représenter avec succès le 19 février 1868, au
théâtre Carcano, de Milan, un opéra en trois
actes intitulé Pietro da Padova. Un artiste du
même nom — j'ij^nore si c'est le même — avait
écrit, en société avec un autre compositeur
nommé Piwhi, la musique d'un opéra bouffe,
Don Crescendo, qui fut joué à Modène le 17
avril 1H54, et celle d'un drame lyrique, Rit-
zardo da Milano, dont quelques morceaux ont
été publiés cliez Ricordi, à Mdan. Enfin, M. Fiori
a publié, chez le même éditeur, plusieurs «Ibums
de romances et mélodies [Homa, Pisu, Allntm
vocale, etc.), et il a fait entendre à Londres, il
y quatre ou cinq ans, un quintette pour piano
et instruments à cordt's.
FISCER. Deux frères de ce nom, luthiers
tous deux, vivaient à Milan dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Dans son livre
intéressant : Les Instruments à archet, M.
Antoine Vidal reproduit ainsi une étiquette d'un
de leurs violons, instrument de bonne facture
et d'heureuses proportions : Giuse/jpe Carlo
fralelU Fiscer, fabbricatori d'iiistrumenti, in
Milano, vicino alla balla, 1764.
FISCHER (CHAULES-AiiGi'STE), l'uH des or-
ganistes les plus diMiiigués de l'Allemagne, est
né à Ebersdorf, près de Chemniiz, en 1829. Il
devint de bonne heure un artiste remarquable,
et voyagea avec succès, de 1852 a 1855, pour se
faire entendre sur l'orgue. Il remplit aujourd'hui
les fonctions d'organiste à la maison des orplie-
lins, à Dresde. Malgré son talent d'exécutant,
M.Fischer a peu écrit pour son instnunent, et
son œuvre la plus importante sous ce rapport est
une grande symphonie pour orgue et orchpsire.
11 est aussi l'auteur d'un opéra intitulé Lorcley.
FISCHETTI (Matteo-Luici), pianiste et
composdeur, est né à Martim Frauca, dans la
province de Lecce, le 28 février 1830. Il com-
mença dès l'âge de six ans l'étude du piano, se
perfectionna ensuite sur cet instrument par les
soins de Michèle Cerimele, puis entreprit l'élude
préliminaire de I harmonie avec Raeinîroph, et
compleia son éducation avec MM. Petrella, Mo-
relti, Lillo et l'apjjalardo. Il se livra alors à
l'enst-ignement du p ano, en même temps qu'à la
composition, et publia plus de 200 moiceaux
pour cet instrument, parmi lesquels on compte
de nombreuses transcriptions, ainsi que diverses
compositions vocales. M Fischelti s'est produit
aussi au théâtre, avec les trois opéras dont les
litres suivent : r Aida di Scafati (Naples, Fe-
nice, 11 juin 1873), ouvrage qui fournit d'abord
une série de plus de cent représentations, et fut
ensuite repris au Politeama; 2" la Sorrentina
(id., id., 6 septembre 1873); 3° vu' Al/ra Fi-
glin di Mndama Angol (id., th. Mercadante,
17 mai 1874).
FISrjllETTI (Dominique). La liste des
ouvrages dramatiques de ce compositeur doit
s'augmenter des deux opéras suivants: VAbbate
CoUarone, 1749, et il Finto Fralello.
FISSOT (Alexis Henuy), |tianiste, organiste
et compositeur, né à .\iraines (Somme), le 24
octobre 1843, commença l'élude de la musique
dès sa plus tendre enfance, et avant même d'a-
voir accompli sa neuvième année était admis au
Conservatoire de Paris, le 5 octobre 1852, dans
la classe de solfège de M. Emile Jonas. Il (il de
la façon la pluf. brillante toutes ses études dans
cet établissement, oii il fut successivement élève
de M. Marmontel pour le piano, de M. Benoist
pour l'orgue, de M. Bazin pour l'harmonie et
accompagnement, et de M Ambroise Tliomas
pour le coidrepoint et la fugue. Voici la liste
des récompenses qu'il obtint d«ns les concours
annuels: 1853, 1'='" accessit de solfège; 1854,
premier prix de solfège et second prix de piano ;
1855, premier prix de piano; 1856, troisième
accessit d'harmonie et accompagnement, et
premier prix l'année suivante; 1858, premier
acce-sit de fugue et premier accessit d'or-
gue; 1859, second prix de fugue et premier
second prix d'orgne; ls60, premier prix de fugue
et premier prix d'orgue. Ainsi, M Fissot avait
complètement terminé le cours de ses études,
en obtenant toutes les distinctions possibles,
avant même d avoir accompli sa dix-huitième
année.
Le jeune artiste se livra alors à l'enseigne-
ment, tout m s'essayant dans des travaux heu-
reux de composition, ce qui ne rempêcliait pas
de devenir rapidement un pianiste extrêmement
remarquable et l'un des meilleurs orgai.isles de
Paris. M. Fissot est malheuieusement trop mo-
deste, et la rareté de ses appariticuis en public
lait qu il éprouve pai fois une émotion qui ne
laisse pas à son t'es beau talent toute la sûreté
et toute la sérénité désirable-. Il n'en est pas
moins vrai que, comme pianiste, M. Fissoi se fait
remarquer p^tr un son magni(ii|ui' et d'une rare
puissance, par les qualités d'un mécanisme irré-
proclinble, par un style d'une réelle é évat on, et
en même temps par un charme indefinis.'jable
dans certaines parties de son exéculion. C'est
suitout dans les belles séances de mu.^ique
de cliambre fondées par M Cli. Lamoureux
{Voyez ce nom), que M. Fissot a fait apprécier
336
FISSOT — FLÉGIER
d'abord son talent, de même que dix ans après,
dans les concerts de la Société de l'harmonie
sacrée, fondée par le môme artiste, il a fait
ressortir la puissance de son jeu comme orga-
niste. M. Fissot est titulaire du grand orgue de
l'église Saint-Vincent de Paul.
Non moins distingué comme compositeur que
comme exécutant, cet artiste remarquable a
publié pour le piano un certain nombre de pro-
ductions qui se signalent par de réelles qualités
de forme, de style et de pensée. Je citerai, entre
autres : 2 galops et 2 valses, op. 1 (Paris, Heu);
Fantaisie et variations .sur la romance : Le temps
que je regrette, op. 2 (id., id.) ; Divertissement
sur le choral des Huguenots, op. 3 (id., id.);
F'antaisie sur la cavat.ine et la marche de Ao;-
j«a, op. 4 (iJ., id.); !> préludes (Paris, Malio)
3 morceaux (Nocturne, Boutade, lîéverie, op.
4 (id., id.); Adagio e Presto, op.' 5 (id., id.);
FantaisieImpromi)tu, Idylle, op. G (id., id.);
Deux Ballades, op. 7 (id.,id.); Romance, Fmi-
tasietta, op. 8 (id., id.); Mélodie Landler,
Capriccio, op. 9 (id., id.); Arabesques, 1" et
2" livre, op. 10 (id. id.) ; Scènes de la vie rusti-
que, op. 11 (id., id.); 2 Morceaux de salon
(Gondoliera, Chamon mauresque), op. 12 (id.,
id.); Quatre Morceaux de genre, op. 13 (id.,i(l.);
Scherzo, op. 14 (id.,id.); Élégie, op. 15 (id.,
id.); Trois Feinllets d"album : 1, En coïque,
barcarolle ; 2, Un soir dans la campagne, idylle;
3, Les Pnpiltons, scherzettino (Paris, Heugel).
FITTO.X ( ), est auteur d'un Manuel
pratique et élémentaire cVtiarmonie à l'usage
des pensionnats, approuvé par le Conserva-
toire de Paris (Paris, 1857, in-4").
FLAXLAIVD (Gustave ALEXAxmtK), éditeur
de musique français, né à Strasbourg en 1821,
étudia de bonne heure la musique et reçut ses
premières leçons de piano de M. J. Loybacli
()'o(/. ce nom). Venu à Paris à l'A^ije de seize ans,
il entra bientôt au Conservatoire, dans une classe
d'harmonie, puis, au bout de quelques années,
se livra à l'enseignement. En 18'*7, il créa, dans
de modestes conditions, un fonds de commerce
de musique situé place de la Madeleine, et com-
mença par publier un certain nombre de recueils
de chant intéressanis, qu'il arrangeait lui-même;
ces recueils, intitulés Échos de France, Echos
d'' Allemagne, Echos d'Italie, Échos du monde
religieux, etc., se composaient de morceaux
choisis dans les œuvres les plus célèbres des
grands maîtres et putiliés avec accompagnement
de piano, et formaient des sortes d'anthologies
musicales qui méritaient l'accueil sym(tathiqiie
qu'elles reçurent du public. M. Flaxland forma
ensuite des recueils de musique classique pour
le piano, entre autres celui qui avait pour titre
les Bonnes Traditions du pianiste.
Grâce à son intelligence et à son activité, le
commerce du jeune éditeur prospérait. Bientôt,
il entreprit plusieurs voyages en Allemagne, pour
apprécier par lui-même et bien connaître la
jeune école allemande. C'est alors qu'il se prit
d'une grande admiration pour les œuvres de
Robert Schumann et de M. Richard Wagner et
qu'il se décida à en faire des éditions françaises,
tâche laborieuse, qui ne fut pas sans l'obliger à
des luttes énergiques. Lorsque, vers 1860,
M. Wagner vint à Paris pour y donner ses pre-
miers concerts au Théàlre Italien, M. Flaxland
lui acheta la propriété de quatre de ses opéras :
Hienzi, le Vaisseau fantôme, Tannhau^er ^X
Lohengrin; puis, peu de temps api es, et mal-
gré l'antipathie que le public français semldait
éprouver pour le musicien saxon, les éditeurs
allpmamls ayant revendiqué la propriété de ses
œuvres en France, M. Flaxland, dont l'admira-
tion pour M. Wagner ne faiblissait point, s'assura
d'une façon incontestable cette propri(;té en dé-
sintéressant les éditeurs d'outre-Rliin.
Quelle que soit l'opinion que l'on professe
pour le génie de Schumann et de M. Wagner,
on ne peut méconnaître le service trè^-réel epie
M. Flaxland a rendu à .son pays en lui faisant
connaiire les productions de ces deux artistes,
et le courage dont il a fait preuve en celte cir-
constance. Le succès, d'ailleurs, finit par cou-
ronner ses efforts, et sa maison devint, au bout
de quelques années, l'une des plus importantes
du commerce de musique de Paris. En 1870,
M. Flaxland céda son ton Is à MM. Aug. Durand
( Voy. ce nom) et Schœncwerk, avec l'intention de
se retirer complètement des affaires; mais de-
puis ce tenqis, et dans le but surtout de faire une
silualion à son fils, il a entrepris de fonderavec
lui ime fabrique de pianos.
* FLECIliV (Matthieu). Dans les éphémérides
de son Calendario historico musical, M. Soriano
Fuertes enregistre, à la date du 6 décembre I5G1,
la première représentation, au Palais royal de
Madrid, d'un opéra espagnol intitulé et Parnaso,
dont la musique aurait été écrite par ce compo-
siteur. S'il en est ainsi, c'est probablement là le
premier ouvrage de ce genre qui ait vu le jour
en Espagne.
Le portrait de ce compositeur, peint à l'htiile,
se trouve aujourd'hui dans la salle des manus-
crits de la Bibliothèque nationale de Madrid,
catalogué sous le n" 4. Derrière le cadre, on lit
cette inscription : Flécha, musico de Felipe II.
FLEGIER (Ange), compositeur, est né à
Marseille le 22 février 1846. Après avoir reçu
FLÉGIER — FLORIMO
337
des leçons de piano de M. de Croze, Il devint
élève de Conservatoire de Marseille et continua
à cette école son éducation musicale. En 1866,
il entra au Conservatoire de Paris dans la classe
d'harmonie de M. François Bazin. Deux ans plus
tard il passa dan* la classe de composition de
M. AmbroiseTliomas, et, en 1869, fut admis, après
l'épreuve préparatoire d'usage, à concourir pour
le prix (le Rome. Dans la même année, il fut dé-
coré d« l'ordre de Charles III d'Espagne, pour
une composition dédiée à la régente de ce pays.
En 1870, une dangereuse maladie le força à
quitter Paris pour changer de climat, et les ter-
ribles événements qni se succédèrent à cette
époque le tinrent éloigné de son centre d'études.
Ces divers contre-temps le firent renoncer à
poursuivre le prix de Rome, et le déciilèrent â
se fixer auprès de sa famille, à Marseille. Il y est
resté jusqu'à ce jour.
On a de cet artiste les œuvres suivantes :
Françoise de Ritnini, cantate écrite pour le
concours du |nix de Rome. — Deux ouvertures
et une marche {le Cortège) à grand orchestre.
— Six pièces pour le piano (publiées chez Colom-
bier à Paris).— Méditation pour violoncelle,
et Prélude et danse pour violon (chez Carboiicl
à Marseille). — La Nuit et le Tirage au sort,
chœurs avec accompagnement d'orchestre (chez
Colomliier). — Un assez grand nombre de mélo-
dies, dont 12 ont été publiées en album chez
Escudieretd'aulrt'schez Colombier ou chez Car-
bonel {les bords du Léman, le Paysan et le
Grillon, Bonsoir JS'inon, etc.); enfin de la musi-
que de danse : 2 pas redoublés et polkas pour
musique militaire : 8 valses pour piano (dont 4
chez Colombiei), 2 mazurkas et 2 polkas. —
En avril 1875, M. Flegier a fait représenter au
Grand-Théâtre de Marseille un opéra-comique en
un acte, intitulé Fatma, qui a eu du succès, et
dont on a remarqué surtout l'ouverture et un
bon duo bouffe. La partition (piano et chant) de
cet ouvrage a été publiée chez Carbonel, à Mar-
seille.
Il y a dans ces diverses productions une bonne
facture, l'entente des procédés et un sentiment
mélodique clair et facile.
Al. R— d.
FLEURY (Jean), musicien distingué qui vi-
vait dans la secon^ie moitié du quinzième siècle,
fut le premier organi>te qui fut chargé, à 1 église
métiopiililaine de Rouen, déjouer le grand orgue
que l'archevêque Robert de Croixmare venait de
faire construire et placer dans celte basilique.
Jean Fleury remplit ces fonctions d'organiste de
1467 à 14S3, époque où il mourut sans doute.
FLEURY (Benoît), luthier, faisait partie, en
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
1 755,de la corporation des luthiers-maîtres-jurés-
comptables de Paris, et exerçait encore sa pro-
fession dans cette ville en 1785. A cette dernière
époque, un luthier du même nom, appartenant
évidemment à la même famille, Jean-François
Fleuri/, était aussi établi à Paris.
* FLOQUET (Etienne- Jo.sEPH). On trouvera
des renseignements nombreux sur ce composi-
teur dans l'opuscule suivant : Floquet, par Ar-
thur Pougin (Paris, imp. Chaix, 1863, in-8° de
24 pp.).
* FLORIMO (Francesco), archiviste du
Conservatoire de Naples, est, sous divers rap-
ports, l'un des artistes les plus méritants de l'I-
talie contemporaine. Passionné d'une part pour
l'établissement où il a été élevé et qu'il n'a pour
ainsi dire jamais quitté, de l'autre pour le dépôt
dont la garde et la diiectiou lui sont confiées, il
a passé plusieurs années de sa vie à écrire l'his-
toire du premier, et ne cesse de multiplier les ef-
forts pour rendre le .second l'un des plus importants
et des plus précieux de l'Europe musicale. Depuis
qu'il est à la tête de la hibliolhèque du Conserva-
toire deNaples, M. Florimo l'a enrichie d'iuie façon
incomparable, ne redoutant aucun effort, ne né-
gligeant aucune démarche, ne se laissant rebuter
par aucun refus, et ne passant pas un jour sans
avoir à se louer de son activité. C'est ainsi que
la biblioihèque lui est redevable non-seulement
d'une foule d'ouvrages importants dans tous les
genres, mais encore d'une merveilleuse collec-
tion d'autographes et de manuscrits de fous les
maîtres, grands ou petits, qui ont illustré l'école
napolitaine et qui ont appartenu au Conservatoire
soit comme élèves, soit comme professeurs, et
d'uue autre collection, non moins intéressante,
non moins précieuse, de portraits de ces mêmes
maîtres.
M. Florimo a publié il y a quelques années,
sous ce titre : Cenno storïco sulla Scuola
musicale di A'apoh (Naples, 1869-1871, 2
vol in-8°), un volumineux ouvrage dans lequel il
a retrace l'histoire des divers Conservatoires de
Naples, réunis et résumés aujourd'hui dans
celui de San-Pietro a Maje la, et celle de tous
les maîtres napolitains. On trouve de très-
utiles renseignements dans ce livre, surtout en
ce qui concerne l'époque contemporaine; mal-
heureusement, et pour ce qui se rapporte à un
passé un peu éloigné, il faut remarquer que
M. Florimo a souvent manqué de documents
originaux, et qu'il a, sans piendre la peine de
bien chercher autour de lui, puisé un peu com-
plaisHiiimeiitdans des ouvrages connus, dontcer-
tains passages sont traduits pour ainsi dire mot
k mot, sans que l'auteur soit jamais cité que
T. I. 23
338
FLORIMO — FLOTOW
qiianii, par hasard, il s'agit de le contredire.
Néanmoins, et ne fil l ce que par l'ensemble des
documents réunis, qu'ils sdent originaux ou
non, le livre de M. Florimo tst utile à consulti r
et présente un grami intéiêt. On doit seulement
accepter ses renseignements sous certaines ré-
serves, car l'auteur cite rarement ses sources, et
il lui arrive parfois de donner comme certains
des faits qui ne sont lien moins qu'exacts. J'ai
dft le déinonlrer, entre autres, dans la notice re-
lative à Pietro Caseila (Voy. ce nom).
Comme compositeur, M. Florimo a publié un
grand nombre d'albums de chants, dont les mé-
lodies sont écrites .-ur des paroles en dialecte
napolitain, et qu'il adonnés avec une traduction
italienne accompagnant le texte oiigiual -, je .sigua-
lerai les suivants : l" le Moniannie (10 pièces),
Milan, Ricordi ; 2° i Canti délia CoUma (lO
pièces), id., id. ; Z" le liirzze niarine (lO piè-
ces), H., id.; 4" Isc/iia e Sot-tente (lo pièces),
id., id.; 5° te Nupotettine {2i pièces), id , id. ;
6° le Popolnne (lO pièces;, iNaples, Coitrau ;
7° Serenale di S. Elmo (10 pièces), id., id..;
8" le A'otte di Aapoii (10 pièces), i-i., id.;
9" Canti del golfo (1>) pièces), id., id. L'édi-
teur Ricordi, de Milan, a fait une >e' onde édition
de la méthode de cliaiit (Metodn di canto) de
M. Franc.esco Florimo. qui a été approuvée par
l'Académie des Beaux-Arts et adoptée pour ren-
seignement dans les classes du Conservatoire
de INaples.
M. Francesco Florimo, à qui l'on doit encore
une brochure intitulée liiccarrio W<igner ed
i Wagner isti (Naples, 1876), et un autre opus-
cule relatif à la translition des cendres de Bel-
lini à Calane, est né à San-Giorgio iMorgelo, non
en 1806, inaisie 12 octolire 1800. C'est du moins
la date que je trouve dans VAnnuario musicah'
(Milan, i876) de M. G. Paio^chi, qui s'est ren-
seigné directement auprès des artistes dont il
avait à parler.
*FLO rOVV (Frédéric-Ff.rdinand-Adolphe,
comte UE), et non UE FLOÏTOW. Ou ignore
généralement que c'est sur une .scène parisienne
de vauleville, c'est-à-dire au llieâire du Paiais-
Royal, que cet artiste amateur a fait ses débuts
de compositeur dramatique. Au mois de novem-
bre ou de décembre 1836, ce théâtre représentait
une pièce intitulée le Comte de Charolais, | our
laquelle M. de Flotow avait écrit plusieurs mor-
ceaux de musique nouvelle. « Parmi les mor-
ceaux que M. de Flotow a intercalés dans le
Comte de Charolais, d sait à ce sujet la Gazftte
musicale, nous citerons avec de justes éloges
une valse fort originale et un choeur de chasse
d'une bonne facture. » Quinze mois après, le 11
février 1837, M. de Flotow abordait une autre
scène du même genre, et le Vaudeville donnait
la première repré.«eiitation de ta Ctiampineslé^
petit ouvrage pour lequel it avait écrit un grand
air que ch inlait M"" Albert, actrice et canl.drice
aimable qui avait appartenu au Iheàlre des Nou-
veautés alors qu'où y jouait l'opei a-comique. Le
livret de cette pièce estropiait même le nom de
compositeur, et portail cette m niion : Musique
nouvelle de M. de Flotteavx. l'armi les ouvra-
ges écrits par M. de Flotow à l'origme de sa
carrièie, pour des théâtres de société, il en faut
citer un qui a été omis par la liiognipliie uni-
verselle des Musiciens ; c'^sl Séra/i/inia, ou
Seraphita, opera-comique repié.senté le 30 oc-
tobre i836, chez le marquis de Beliissen, à son
château de Rovaumont, et dont le livret, i\ù à
Fredénc Soulié, avait été précédemment publié
par cet écrivain dans une revue liiteraire.
Au suiet d un autre ouvrage du même genre,
mais plus important, qui fut repié.senté dans
une soirée particulière donnée au théâtre Ven-
taiiour (3 avril 1840), au benelice des Polonais
malheureux, je trouve dans la Gaiet e musicale
du 2 avril les renseignements suivants, qui ne
sont pas sans intérêt : — « On sait comment nos
dames de haut parage prennent patente de bou-
ticpiières et de maichaiides jiour venir au se-
couis de l'indigence. La soirée de demain nous
offiira un speciacle n^n mo'ns làquanl : ces
mômes dames se mettront acliires, choristes,
figurantes et habilleuses de Ih' âtre pour .soulager
Une autre infortune non moins ropedible : c'est
au 3 avril qu'est fixée la re|ire>eniation il'ama-
teurs au benelice des Polonais sans travail. On
sait que c'esi une partition de M. de Fotow qui
«lefra ein ce te magnifi |ue soirée. La Duchesse
(le Guise, tel est 'e titre d cet ouvrage, dont les
paro es ont été arrangées par M. le comte de la
|j. (liouillerie), (l'ai'iès le drame d'//fnn ///de
iM. Alexandre Dumas. Les répétitions rie cette
pièce ont prouve que toutes nos illustralions
chantantes n'étaient pas sur la scène, et que nos
>aloiisla>hiouables recèlent îles trésors qui feraient
envie a plus d'une admmistration Iheàtiale Le
nom de M"* de Lagrange circule de bouche en
bouche parmi tous le> initiés. M*'' de Lagrange
oos.sède les trois registres de la voix féminine :
soprano, viezzosnprano et contralto; elle
jo nt à une prodigieuse flexibilité un sentiment
musical très-proloud et une mélho te exquise. Il
est inutile de dire que M"^ de Lagrange remplit
le principal rôle dans la Duchesse de Guise.
Le rôle du duc est échu en parla:;e à M. Panel.
M. Lac, premier ténor, re|)resenle Saint-Mégnn.
M. Lawrence s'est chargé du rôle de l'astrologue
FLOTOW — FODOR
339
Ruggieri. Tous les rôles secondaires, ainsi que
les chœurs, ont été égalemeni confiés à des ama-
teurs, à des gens du monde. Les chœurs se coin
posent de 110 voix réparties delà manière sui-
vante : 30 premiers sopranos, 20 seconds so|tia-
nos, 15 premiers ténors, 15 deuxièmes ténors, 30
basses tailles. Les ciiœ.urs sont dirigés par M""' de
Koniski, lasœurdes frères de Kontski, cette noble
famiile d'artistes qui fait les délices de nos con-
certs. Le chef des comparses apparlient à la pie-
mière noblesse de France, et pour peu que vous
osiez regarder atleniivement l'Iiabillense du
théâtre, vous reconnaîtrez M"^" la baronne de
Malaret. Il faut vous attendre à toutes ces sur-
prises et à bien d'autres encore ; car vous n'ou-
blierez pas que la troupe a été recrutée par
M""' la princesse Czartoiiska, et que c'est sous le
patronage de la noble Polonaise que notre fête
philanihropique s'est organisée.... » 1^"= de La
grange, doni il e**t question dans ce récit, n'é-
tait antre que M"* Anna de Lagran^e, qui, de
simple amateur, devint par la suite une artiste
si distinguée. Quant à la Duchesse de Guise,
elle fil jouée l'année suivante à Schwerin, sur
le théâtre de la cour, à l'occasion de l'anniver-
saire «le la grande-duchesse de Mecklenibourg-
Schwerin.
Depuis quelques années, M. de Flolow a mul-
tiplié ses prohictions draimliques, abordant
parfois les plus grands théâtres, mais ne dédai-
gnant pas, à l'occasion, «le se produire sur les
scènes les plus modestes, et se faisant joii r
tour à tour en Allemagne, en France et en Ita-
lie. Voici la liste de ses derniers ouvrages :
1» Vfiive Grapin, opérette en un acte. Bouffes
Parisiens, Il septemiire 1859; — 2° Pianella,
opérette en un acte, écrite sur le sujet de la
Serva padtoitn, \Uek\re Déjazet, H mai 1860;
— 3" Un conte d'hiver, opéra. Vienne, sep-
tembre 1862 ; — 4° Indra, opéra allemand.
Vienne, vers 1864; — 5° La Libellule, ballet,
Vienne, 8 mars 1866; — 6° Zilda. opéra-co-
mique, en 2 actes, Pari-*, Opéra-Comique,
28 mai 1866, ouvrage qui n'obtint aucun succès;
— 7" Tannkœuig, baliet, Dirmstalt. février
1867; — 8° Ani Bunenstein, opéra en 2
actes, écrit en société avec M . Ri< bard Gênée,
Prague, 13 avril 1868;— 9° VOnbre, opera-
coniique en 3 actes, Opéra Comi(pie. 7 juillet
1870, partition qui a été accueillie avec la plus
grande faveur, à Pari-*, dans toute la France et
à l'étranger; — 10° Aairfa, opéra en 3 actes,
Milan, théâtre Manzoni, juin 1873 (i-e dernier
ouvrage avait été écrit sur un livret français de
Sainl-Oorges et M. LéonHalévy, et rtçuaulbéâ
tre de I Oprra dès 1854; j'ignore cominent il se-
fait que la repi ésentalion n'en eut pas lieu ; tou-
jours est-il que M. de Fiotow le fit traduire en
italien et représenter à Milan); — il" n pior
il'Harlem, opéra en 3 actes, Turin, théâtre
Vie.tor-Kinnianuel, 18 novembre 1876. (Cel opéra
avait aussi été conçu en vue de la scène fran-
çaise, et le livret original, qui avait pour tilre
la Tulipe noire, en était dû encore à de Saint-
Georges.) — Je ne dois pas oublier de dire que
l'opéra italien intitulé Marta, traduit en fran-
çais et joué au Théâlre-Lyrique le 18 décembre
1S65, obtint un succès éclatant.
M. de Flotovv a été élu, en 1864, membre cor-
respondant de l'Institut de France.
FOA (M'°'= Eugénie), écrivain et romancier,
est auteur d'un petit livre intitulé les Petils
Musiciens (Paris, Janet, s. d. [vers 1840],
in- 16), qui contient des notices biographiques sur
Palestrina, Michel Lambert , Tarlini , Jo.seph
Haydn, Am. Naumann et Mozart. Ce petit vo-
lume, destiné aux enfinfs, décrit surtout l'en-
fance de ces artistes célèbres ; les récits en sont
écrits d'une main aimable, mais la prétention de
l'auteur n'a pas été jusqu'à cherchei à être utile
d'une façon quelconque à l'histoire de l'art.
* FODOR (Charles). Dans son livre : les
Artistes musiciens néerlandais, M Edouard
Gregoir mentionne un assez grand nombre de
compositions importantes et originales de cet
artiste qui n'ont pas été signalées dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens; ce sont
les suivantes : 1" Concerto pour clavecin (Ber-
lin) ; 2° Concerto pour clavecin, en ré; 3° Con-
certo pour clavecin, en si bémol ; 4° 6 Solos
pour clavecn (Pari>) ; 5" 6 Sonates pour clavecin
(Oflénbach); 6° 2 Sonates pour clavecin et violon
(Amsterdam) ; 7° 1« Sonate pour violon et violon-
celle (Olfenbach); 8° Sonate à 4 mains; 9" 3e
Sonate à 4 mains; 10° Airs variés pour clavecin
(Offenl)ach) ; 11" Symphonie à grand orchestre,
en ré (Amsterdam).
* FODOR (Antoine). Dans le livre qui vient
d'être cité, M. Gregoir donne au.ssi quelques
renseignements intéressants sur cet artiste. An-
toine Fodor a écrit, paraîlil, les paroles et la
musiipie du premier opéra national représenté
en Hollande; cet ouvrage avait pour litre Numa
Pompilius. Comme compositeur, il fut appelé à
faire jiartie de l'Institut des Pays Bas, et en
cette qualilé il rédigea, avec Wilms, tous les
rapports sur la musique qui furent lus à cette
compagnie. Fodor fut charj-é, en 1814. des fonc-
tions de chef d'orchestre au théâtre allemand
d'Amsterdam. Enfin c'est lui qui, avec Jacobsen,
Wilms, Mann et Baidnecker, avait fonde en 1811
les concerfs du mardi à la Monnaie.
* FODOR (W"' Joséphine MAINVIEL-
340
FODOR — FOIGNET
LK-). On a publié de cette grande artiste un opus-
cule intitulé t Réflexions et Conseils sur fart
du chant (Paris, Penolin, 1857, in-S" de 15 pp ).
* FOGGIA (Francesco). Une erreur s'est
glissée dans l'article relatif à cet artiste, où se
trouve cata'o^ué en ces termes le recueil suivant:
<c Messe e offei torii à 2, 3, 4, 5 voci, ouvrage
dédié à l'auteur niéiue par Jean-Baptiste Cuifa-
bri, Rome, 1673. » Ce n'est pas à Francesco
Foggia, mais à Antonio Foggia, son fils, que ce
recueil est dédié par l'éditeur. Je dois ajouter
que des six messes que l'on trouve dans ce vo-
lume, cinq seulement sont de Francesco, et que
la première est <ie son fils Antonio. Ce rensei-
gnement m'est fourni par M. le docteur Basevi,
qui possè le cet ouvrage rare.
* FOIGKET (Charles-Gabriel) Cet artiste,
intelligent et bien doué, a donné des preuves
d'une activiié peu commune. En 1785,11 était ce
qu'on appelait alors professeur de goût dédiant.
Dès que la liberté des tliéàtres eut été reconnue
par un décret de la Convention, il s'empressa
d'en profiter, d'abord en écrivant la musique
d'un grand nombre de petits opéras pour les
théâtres Ijriques secondaires qui se fondaient de
tous côtés, ensuite en devenant lui-même direc-
teur de spectacle.
Vers 1797, en effet, Foignet devint directeur
du théâtre des Jeunes Artistes de la rue de
Bondy, auquel il imprima bientiM une activité
sans égale, et dont il sut faire une des scènes
musicales les plus aimables et les plus estimées
de Paris dans un oriire inférieur, sachant y at-
tirer le public et le retenir à l'aide de bonnes
pièces, d'une bonne troupe et d'une sage admi-
nistration. Au bout de quelque temps, il s'em-
para aussi d'un théâtre con^truit dans la rue du
Bac et connu précédemment sous le titre de
théâtre des Vicloires-Nationales, et le géra con-
jointement avec sa première entreprise. Et
comme si ce n'éldit encore assez pour lui de la
direction de ces deux établissements, il prit
bientôt une part dans celle du théâtre Montan-
sier, et devint un des cinq administrateurs as-
sociés de ce théâtre. Tout cela ne l'empêchait
pourtant pas de composer des opéras, dont
quelques uns obtenaient de véritables succès.
Voici une liste de ses ouvrages que je crois à
peu prés complète, bien que beaucoup de détails
me manquent à leur sujet : 1° la Boiteuse, un
acte (en société avec Simon, musicien absolu-
ment inconnu), th. Montansier, 17 octobre 1791 ;
2° le Roi et le Pèlerin, 3 actes, th. Montan-
gier, 2 juin 1792 (réduit plus tard en 2 actes,
sous ce titre : la Gageure du Pèlerin); 3° le
Mont Alphéa, ou le Français Jalabite, 3 ac-
tes, th. Montansier, décembre 1792; 4* Michel
Cervantes, 3 actes, th. des Amis de la Patrie,
24 décembre 1793; 5" la Femme qui sait se
taire, un acte, th. National, 30 décembre 1793;
6° VApoihicaire, 2 actes (en société avec Si-
mon), th. Montansier, 1793; 7" le Projet de
fortune, un acte, th. delà Cité, 1793; 8" les
Petits Montagnards, 3 actes, th. de la Cité, 17
janvier 1794; 9" la Discipline républicaine, un
acte, th. Favart, 20 avril 1794 ; 10" le Plan
d'opéra, th. de la Cité, 28 octobre 1794 ; 11" /e
Franc Marin, ou la Gageure indiscrète, ï
actes, th. des Amis de la Patrie, 3 décembre
1795; 12° le Gascon tel qu'il est, 3 actes, th.
Montansier, 10 juillet 1797, 13° les Brouille-
ries, un acte, th. Montansier, 14 janvier 1798;
14° /es Prisonniers français en Angleterre,
2 actes, th. Montansier, 8 avril 1798; 15° l'O-
rage, un acte, th. Montansier, 9 juin 1798;
16° V Antipathie, un acte, th. Montansier, II
décembre 1798 ; 17° les Jugements précipités,
un acte, th. Montansier, 25 mars 1799 ; \%° Jac-
ques lUgaud, un acte, Ih. Montansier, 13 juillet
1800; 19° le Duel de Bambin, th. Montansier,
1800; 20° Raymond de Toulouse, ou le Retour
de la Terre-Sainte, 3 actes (en société avec
son fils François), th. des Jeunes-Aitistes, 15
septembre 1802; 21° et 22o Èéléaa, te Cri de
la Vengeance, deux ouvrages dont je ne connais
ni la date ni le lieu de représentation.
Foignet abandonna en 1807, probablement à
ré|)oque de l'ouverture de la salle du boulevard
Montmartre , la part de direction qu'il avait au
théâtre Montansier (où l'un de ses associés était
le Simon qui collabora avec lui pour deux des
ouvrages cités ci-dessus). \ la même époque,
le décret restrictif de 1807, qui su|>primait à
Paris une ilouzaiiie de théâtres, lui enlevait la
direction de ceux des Jeunes-Artistes et des Vic-
toires-Nationales , compris dans la proscription.
Je ne sais ce que lit alors Foignet ; je signalerai
seulement trois ouvrages , pantomimes on mélo-
drames , représentes peu après sur des lliéâtres
du boulevard, et dont il écrivit la musique :
Walther le Cruel (conjointement avec La-
nusse) , Gaîlé , 1809 ; la Fille mendiante , Am-
bigu, 1809; Stanislas Leczinski ou le Siège de
Dantzick, Gaîié, 1811. A partir de ce moment,
je ne vois plus de traces de Foignet.
Je ferai remarquer que deux opéras-comiques
mis par Fétis sur le compte de ce compositeur ne
sont pas de lui : l'un, les deux Charbonniers,
est du Cousin-Jacques ; l'autre, les Sabotiers,
est de Bruni.
Foignet a fait paraître, vers 1780, un recueil
ainsi intitulé : Les Plaisirs de la Société, re-
POIGNET — FOLIO
341
cueil d'ariettes choisies des meilleurs opéras ,
opéras-comii)ues et autres , arrangées pour le
forte piano ou le clavecin , avec un accompagne-
ment de violon ad libitum ( Paris, chez M'°" Le-
menn et Buyer ) (1).
* FOIGIN'ET (François), fils du précédent,
fut un des acteurs les plus aimés du petit théâtre
des Jeunes- Arlistes , dont son père était le di-
recteur. Il passait pour être l'associé de celui-ci,
et ce qu'il y a de certain , c'est que la direction
Poignet, iiabile, active et intelligente, fit de
cette scène secondaire un théâtre musical très-
aimé du public et largement ouvert aux jeunes
compositeurs. On appelait les Jeunes-Artistes
« le théâtre lyrique du boulevard, » et Poignet
fils, particulièrement, y obtenait de véritables
succès comme acteur, comme chanteur et comme
compositeur ; il jouait les Arlequins avec beau-
coup de grâce et de légèreté , et la musique
qu'il écrivit pour un certain nombre de pièces
était très-bien accueillie. Voici les titres de celles
qui sont venues à ma connaissance : 1° la Noce
de £î/ce/^e_, opéra-comique en un acte, th. Mon-
tansier, 4 janvier 1799; 2" le Gondolier, ou la
Soirée vénitienne, opéra-comique en un acte,
th. Montansier, 6 mai 1800; 3° le Chat botté,
ou les 24 heures d''Àrlequin, féerie en 4 actes,
Jeunes Artistes, 19 mars 1802; 4° le Retour
inattendu , ou le Mari revenant , opéra-comi-
que en un acte, ib., 9 mai 1802; 5° Raymond
de Toulouse , ou le Retour de la Terre sainte,
opéra en 3 actes (en société avec son père ) , ib.,
15 septembre 1802; 6° Riquet à ta houppe,
opéra-féerie en 3 actes, ib., 12 décembre
1802 ; 7° la Naissance d'Arlequin , ou Arlequin
dans 2in cruf, opéra-féerie en h actes, ib.,
15 juillet 1803 (ouvrage qui obtint un énorme
succès et qui eut plus de cent représentations);
8' Arleqtùn à Maroc, ou la Pyramide en-
chantée, opéra- féerie en 3 actes, ib., 29 juil-
let 1804; 9° l'Oiseau bleu, opéra-féerie.
François Foignet doit être né avant 1783, et
je pense que c'est à fort que cette date a été at-
tribuée à sa naissance , car il aurait eu à peine
seize ans lors de la représentation de son pre-
mier ouvrage au théâtre Montansier, ce qui me
(i) Cette publication fut continuée, et le Mercure de
mai i'S3, en annonçant le 3*' V.ecne\\àe9, Plaisirs de la
Société, ajoutait : — « Ce recueil sera suivi de plusieurs
autres. Les personnes qui ne sont pas fiirtes sur le p'ano
y trouveront une grande facilité pour s'accompajiner. Il
n'y a que deux lignes, celle du chant et celle de la basse.
tes notes du ctinnl sont plus grosses pour les distiniuer
de celli-s de l'acccimpagnement, donl on peut se passer si
Ion veut, la basse étant assez. trav:il!ée pour y suppléer.
Il y a dansée iravail deux airs de l'éditeur fort Jolis et
d'un choix de paroles agréables. »
semble difficile à admettre. Néanmoins, lorsque
le décret impérial de 1807 vint limiter le nombre
des théâtres à Paris et faire fermer, avec tant
d'autres, celui des Jeunes-Artistes, Foignet dut
chercher ailleurs remploi de ses talents. [1 lui
fallut aller en province, où il s'engagea pour
chanter les barytons et jouer les Martin, les
Laïs et les Solié , comme on disait alors. En
1818, il est en Belgique, et fait partie de la
troupe de Liège; l'année suivante, il est sans
doute à Bruges, car il écrit pour le théâtre de
cette ville la musique d'une scène tragi-lyrique :
l'Heure du supplice ou les Remords ducrime,
qui est représentée le 5 février 1819; en 1822,
on le trouve au grand théâtre de Marseille, en
1824 à Nantes , où sa femme joue les mères Du-
gazons, en 1826 à Lille, puis su(cessivement à
Montpellier, à Gand , à Tournay et dans d'autres
villes. Enfin, en 1845 il est à. Strasbourg, où il
meurt le 22 juillet de cette année. Sa mort était
ainsi enregistrée par l'Annuaire dramatique belge :
« Foignet aûié, artiste dramatique de talent et
de réputation , meurt de misère à l'hôpital ( de
Strasbourg), par suite de son imprévoyante
conduite. » C'est ainsi que disparut un artiste
bien doué , et qui , mieux servi par les circons-
tances, aurait peut-être acquis une renommée
durable.
FOLEGGIATI (Ercole), est auteur d'un
écrit récemment publié .sous ce titre : Il Vio-
lino esposto geometricamenie nella sua cos-
truzione (en deux parties), Bologne, 1873-
1874.
_J FOLIO ou FOLIOT (Edme). Une erreur
typographique s'est évidemment glis.sée, au sujet
delà date de sa mort, dans le petit article con-
sacré à cet artiste |iar la Biographie uniierselle
des Musiciens. Folio a dû mourir bien avant
1777 , puisqu'il vivait sous Louis XIV. J'ai re-
trouvé dans le livre de Daquin -. Siècle littéraire
de Louis XV, les lignes suivantes relatives à ce
musicien : — « Folio, fort connu à la cour sous
Louis XIV , mais dont le caractère singulier a
étouffé pour ainsi dire la réputation, a brillé un
temps dans Paris, surtout dans les musiques
que faisoient alors les Pères Jésuites dans leur
maison professe. Tout le monde y accouroit , et
trouvoit admirables ces mêmes motels, ignorés
totalement à présent , et qui sont tombés par hé-
ritage à des gens qui par état n'y connoissent
rien. Il y a lien de penser que les ouvrages de
Folio sont prdus, ou vendus à vil prix -. suite
fânheuse de son indolence. Il a été pendant
quelques années maître de musiijue de Saint-
Paul, el il est le seul dont cette grande paroisse
puisse se faire honneur. » Ces renseignements
342
FOLIO — FORESTIER
donnent à penser que Folio était un artiste dis-
tingué.
FOLZ ( Michel) , flûtiste et compositeur pour
son instrument, e!>t né à >'apips, de parents
italiens, le lejuiilel 1820. Élève de son père ,
également flrttiste , il débuta en public encore
enfant, et à l'âge de huit ans il avait déjà donné
deux-cents concerts dans les principales villes
d'Italie. A dix ans, il élait engagé dans Torches
tre du llieâlre du Fondo, de Nazies; à dix-sept
ans il vint à Paris , et fut reçu au concours comme
première flûte au Gymnase music;'l du boule-
vard Bonne-Nouvelle, dirigi^ par M. Tilmant.
Protégé par Rossini , il parcourut l'Angleter re et
d'autres pays avec grand succès. Il a publié
pour 1h flûte : Air varié sur Costa Diva, de
Norma; Fantaisie sur le même opéra; 6 exer-
cices artistiques; Pot-pourri valaque, Variations
sur la prière de Moïse ; le Caruaval de Venise ;
le Carnaval de Naples , variations brillantes
sur un air nupolitain; Fantaisie sur Sarnfi, de
Grisar; Fantaisie sur une chanson bretonne, etc.,
etc. J. D. F.
FOXCLAUSE (JosEi'H), dit le Matjeu.r ,
fut im tiès-iiabile fabricant d'archets. Né en 1800
à la Conté, il fit son apprentissage à Mirecourt,
chez Pajot, vint à Paris vers 1825, entra chez
J.-B. Vuillaume , et devint rapidement un des
ouvriers les plus distingués dans la f;icture des
archets. Il s'établit plus tard à son compte, et
mourut à Paris, après une longue carrière, en
1865 Fonclause marquait habituellement ses
produits de son nom.
FONSCOLOMBE (F -E , baron
de), amateur distingué de musique, né vers
1810, s'est livré pemlant longtemps à la com-
position , a fait exécuter à Marseille et à Ai\ des
motets et plusieurs messes , et a fait représen-
ter dans la première de ces deux villes un opéra-
comiiiue inlitidé le Prisonnier de Crimée. M. de
Fonscolomhe, qui est mort à Aix le 21 mars
1875, avait écrit aussi des romances et mélodies
vocales, la Danse des morts, le Forban, etc.,
et une série de six Motets religieux avec ac-
compagnement de piano ou d'barmonium {\, Ave
Marin; 2, Ave verum ; 3, Litanies en fa; 4,
Litanies en si bémol; 5, Litanies en ut; 6, 0
salularis hoslia ) , qui ont été publiés chez l'é-
diteur M. Gérard. Il a laissé une traduction fran-
çaise des Memorie storico-critiche de l'abbé
Baini sur Palestrina , ainsi qu'une édition criti-
que du Miserere de Carissimi, ouvrages que sa
famille, dit-on, se propose de publier.
FOIXT ( ), compositeur espagnol con-
temporain, a fait représenter à Madrid , en 1876,
une zarzuela en un acte intitulée Apuras de
una patrona. Je n'ai pas d'autres renseigne-
ments sur cet artiste.
* FOi\TA.Il\E (ANT0INE-NrC0L\S-V1,\RIB) ,
est mort à Saint-Clond au mois d'avril 1866.
* FOKTAM A ( Ur.vnio). Fixé à Paris depuis
plusieurs ani'ées, cet artiste, qui est né à Isco
au mois de novembre 1815, fut nommé profes-
seur de chant au Conservatoire le l'"^ novembre
1856. Il se démit de ces fonctions en 1865.
FO\TA.\ELLI (GiAM-JosEFo), luthier
italien, vivnil à Bologne dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. On trouve au Musée ins-
trumentai ilu Conservatoire de musique de Pa-
ris, sous les n°" 160 et 161 du catalogue, deux
mandolines de cet artiste, datées de 1771 et 1772.
* FO\TEAELLE(i\I GRA\GES DE).
Médéeet Jason, opéra en 3 actes de ce comi)osi-
teur, indiqué par erreur comme n'ayant pas été
joué . a été représenté à l'Opéra le 10 août 1813.
Fontenelle a donné encore à ce tliéâlre un ou-
vrage en un acte, la Montagne, ou la Fonda-
tion du temple de la Liberté (25 octobre 1793),
qui fut son début au théâlre.
* FOI\TI\ll<:HEL ( HlI'POI.YTE-HONORÉ-JO-
SEPu COURT DE),PStnéle5 mai 1799. Après
avoir obtenu à l'Institut, en 1822, le second
grand prix décomposition musicale, il alla visi-
ter l'Italie à ses frais, et fit représenter en ce
pays deux opéras : à Gênes, Amedeoil Grande,
et à Livourne, / due Forza/i. Après l'écliec du
Chevalier de Conolle, ouvrage donné par lui
à ropéra-Comique , cet artiste , que sa po.silion
de fortune rendait indépendant , alla se fixer à
Grasse, où il s'occupa de travaux agricoles. Il
a pourtant encore écrit la musique des chceurs
des Amalécites, de Chateaubriand, et celle d'un
opéra italien en cinq actes, .4/«ie^o, qui n'a pas
été représenté. J'ignore si M. de Fonlmichel est
encore vivant.
* FORESTIER (Joseph). Cet artiste dis-
tingué a publié il y a quelques années un ouvrage
fort utile, qui a paru sous le litre suivant : Mo-
nographie des instruments à six pistons et
tubvs indépe danis, études pratiques et théO'
riqurs pour le nouveau système de M. Adol-
phe Sax (Paris, Sax, s. d.,in 8°). M. Forestier
a occupé longtem|is l'emploi de premier cornet à
postons à l'orcliestre de l'Opéra, il a été profes-
seur de cet instrument au Conservatoire et chef
de musique d'une des subdivisions de la garde
nationale de Paris.
l'n frère de cet artiste, 7. M. Forestier, s'est
fait remarquer par son talent sur la flûte. An-
cien élève de Tuh>u au Conservatoire, il avait
remporté un premier pix en 1835, et plus tard
était devenu flûte-solo au Théâtre-Italien et chef
FORESTIER — FORQUERAY
343
de musique de la 5* subdivision de la garde na-
tionale. C'est pendant une r<^p»^tilion qu'il faisait
faire à son corps de musique nu'ii mourut snl)i-
ternenl à Pari>, le 18 décembre 1867 , à l'âge de
cinquante quatre ans.
FORGIJES (V[CTOR-EspRiT-ÉMir.E), pianiste
et compositeur, ne à Paris le 26 septemhre 1823,
a fait son éducation musicale au Conservatoire
de celte ville, où il fut admis le 9 novemiire
1835, et où il devint successivement élève de
Goblin pour le solfège, de Lauient et de Zim-
mermann pour le piano , et de Leborne pour le
conliepoint et la fugue. Après avoir obtenu un
accessit de solfège en 1836, M. Forgues se vit
décemer le second prix de piano en 1839, et le
premier l'année suivante. Depui-; lors, cet ar-
tiste s'est produit comme virtuose , et a olilenu
de véritables succès, à Paris et à l'étranger,
grâce à la distinction et à la facilité de son jeu.
M. Forgues s'est fait connaître aussi comme com-
positeur; on a de lui un assez grand nombre de
morceaux de genre : Ballade, Sérénade, Mou-
vement perpétuel. Tarentelle de concert,
Souvenirs et Regrets, pensée élégia(|ue, /l/o/'-
che funèbre, M arche des ombres, le Trémolo,
Scherzo en sixtes , Solo de concert , Romance
dramatique , Canzonetlu, etc., et un recueil
de 12 Études intitulées les Pathétiques { Paris ,
Flavland).
FORKAS(EDMONn), musicien contemporain,
est l'aulenr d'un opéra intitulé la Bnyudère,
quia été représenté à Pesthan moisd'aoùt 1h76.
FOR.VIAGLIO (LuiGi), compositeur .)ra-
matique italien, est l'auteur des deux ouvrages
suivants : Brenno ail' Assedio di Chiiisi , re-
présenté au théâtre San-Benedelto , de Venise,
eu 1852; et G«mo«fl'a rfijyenrfr/.vio, drame ly-
rique en 3 actes, donné au théâtre Apollo, de la
même ville, en 1854.
FOR.VIICHI (PiETRO), pianiste et composi-
teur italien , né à Sinalnnga le 7 juin 1829 , a pu-
blié une centaine environ de morceaux légers
pour le piano, parmi lesquels on rencontre une
assez grande quantité de transcriptions et de
fantaisies écrites sur des airs populaires et des
thèmes d'o|)éras célèbres.
FORNARI (ViNCENzo), chef d'orchestre et
compositeur, né à Naples le 11 mai 1848, fut
élève de M . Luigi Sii i pour le piano et de !M. Bat-
tista ponr la composition. Cet artiste s'est fait
connaître par une messe exécutée à Naples, et
par un opéra sérieux. Maria di Torre , repré-
senté avecsurcès, en 1871 ou 1872, au théâtre
Philharmonique de cette ville. On lui doit aussi
quelques compositions de moindre importance.
— Le frère aîné de cet artiste , M. Ferdinando
■ Fornnri, né à Naples le 18 juillet 1835, élève de
M. Busti pourléchant, de M. Battista pour le
piano, débuta en 1856, dansl'emploides barytons,
au théâtre San-Ferdinando de sa ville natale, et
parut ensuite sur plusieurs autres scènes. Les
ciiconstances l'obligèrent plus tard à aliandonner
la carrière dramaJque et a se livrer à l'ensei-
gnement.
* FORIVASîNI (Nicola), compositeur dra-
matique, naquit à Bari le l7 aotU 1803. Admis
dès l'âge «le douze ans au Consetvatoire île Na-
ples, il y devint l'élève de Furno, de Tritloet
de Zingarelli, et en 1822, à peine âgé de dix-
neuf ans, il faisait représenter sui le petit théâtre
du Conservatoiie ime opérette intitulée il
Marnin. Il écrivit ensuite plusieuis composi-
tions religieuses, messes, vêpres. Te Deum ,
litanies, puis, ayant terrru'né ses études, il fut
nommé chef de musique d'abord au i"" régiment
suisse, ensuite au 2" 'égiraent de grenadiers de
la garde royale. Cela ne l'empêcha pas de faire
représenter quelques ouvrages dramatiques :
O/i ■' quanle imposture, opéra bouffe en 2 actes
(Naples, th. Nuovo, 1829 ; un Matrimonio
per medicina (ib., ib., i829); VAvvocato in
angustie, farce en un acte (ili., ib., 1831 ); la
Fedova scaltra , 2 actes (ib., ib., 1831); Ro-
berlo diCostanzo (M., th San-Carlo, 1839).
Nomme, quelques années plus tard, directeur
de toutes les musiques et fanfares de l'armée
royale, puis inspee.ieur des cla.sses il'instruments
à vent au Conservatoire, Fornasini , qui n'était
pourtant qu'im artiste médiocre et pourvu d'une
éducation incomplète, fut chargé d'écrire une
énorme quant'té de musique pour les orchestres
militaires, en même temps qu'il comi osait,
avec une déploralile facilité, non seulement les
partitions de plusieurs ballets leprésentés au
théâtre San Carlo : Caterina Cornaro, gli Spa-
gnuoli in Africa, Margherita Pusferle, UE-
roe cinese , mais encore de nombreuses mélo-
dies vocales et beaucoup d'œnvres de musique
religieuse. Musicien sans savoir, sans goût et
sans imagination, cet artiste possédait, dit-on ,
d'excellentes qualités comme professeur. Il mou-
rut à N^iples , le 24 juin 1861 .
* FORQUERAY (Antoine). Le talent de
ce virtuose , célèbre sur la basse de viole, a été
ainsi appréciée par Daquin (Siècle littéraire de
Louis XV ), lequel nousapprend en même temps
que Forqueray était compositeur : « On peut
dire que personne n'a surpassé Marais : un seul
homme l'a égalé, c'est le fameux Forqueray. Il
n'a point été l'écolier de Marais, comme le bruit
en a couru, il n'a jamais eu de maître (jue sou
génie. En effet , que son père aurait-il pu lui
344
FORQUERAY — FORSTER
apprendre ? C'étoit un homme médiocre. For-
queray parut dans le monde au moment que les
Italiens excitèrent en France une émulation éton-
nanle vers Tannée 1698. Il tenta de faire sur sa
viole tout ce qu'ils faisoient sur leur violon , et il
vint à bout de son entreprise. Les cordes singu-
lières et les traits les plus frappants des bons au-
teurs d'Italie lui étoient tellement familiers, que
dans toutes ses pièces on trouve un certain sel,
qui n'assaisonne point celles de Marais même les
plus travaillées : celui ci s'en tehoit aux grâces
naturelles, Forqueray en avoit de plus reclier-
cbées , mais son art ne gàtoit jamais la belle
nature. »
* FORQUERAY (Jean-Baptiste-Antoine),
fils du précédent. Daquin , dans le même ou-
vrage , parle aussi de cet artiste, en rappelant le
souvenir de son père : « NouS; possédons à
présent le fils de ce grand maître, il a tons les
talens de son père : à la plus grande exécution
il joint les grâces les plus aimables. Les pièces
les plus difficiles ne lui coulent aucune peine, il
les joue avec cette aisance qui caractérise le grand
homme : tout devient sous ses doigts un chef-
d'œuvre de délicatesse et d'élégance, et quoique
la viole ait perdu de ses droits, elle retrouve avec
lui ses anciens admirateurs. Is'otre nation assez
changeante est toujo^irs avide de semblables pro-
diges. M. Forqueray a, si j'ose parler ainsi, des
phrases music:iles d'un nouveau tour, et dont il
sait toute la valeur. Entre ses mains elles ont
l'art de plaire, parce qu'il en fait usage avec
goiU et sans affectation. »
FORQUER.W ( XicoL\s-GiLLEs;, membre
jusqu'ici inconnu delà famille des musiciens de ce
nom , naquit à Chaumes en 1702. L'existence de
cet artiste m'a été révélée par l'écrit si subs-
tantiel, malgré son peu d'étendue, de M. Th.
Lliuillier {Voy. ce nom). Noie sur quelques vni
sicicHS dans la Brie , et je ne crois pouvoir
mieux faire que de rcpioduire textuellement la
notice que lui consacre cet écrivain -. « Nicolas-
Gilles Forqueray était Ids d'un aubergiste de
Chaumes, qui tenait l'hôtellerie de la Pomme
de Pin. A 25 ans , il se recommandait par son
talent et obtenait un emploi modeste dans la mu-
sique du roi, grâce à la protection de M. Louis-
Augu.ste Le Tonnelier de Breleiiil , qui, à la di-
gnité d'évêque de Rennes et d'abbé commenda-
taire de Chaumes, réunissait le titre de grand-
maître de la chapelle et musique de Louis XV.
Forqueray remplaça plus tard l'un des Couperin
à l'église Sl-Séverin (1757) ; il fut encore, mal-
gré sa mauvaise santé , organiste de Saint-Méry,
des Saints Innocents et de Saint-Laurent. Ni-
colas Séjan , qui , à treize ans , en 1758 , accom-
pagnait un Te Deum à Saint-Méry, et obtenait
au concours l'orgue de cette église en 1760,
était élève de F"orqueray. Ce maître, affaibli par
des pratiques austères , accablé par la fatigue et
la maladie, était venu chercher un repos salu-
taire dans son village natal lorsqu'il y mourut le
22 octobre 1761. Les registres paroissiaux de
Chaumes fournissent son acte de baptême et ce-
lui de son inhumation; nous citerons seulement
le second : « L'an 1761 , le 23 octobre, a été
« par nous, prêtre vicaire soussigné, mhumé
« dans le cimetière de cette paroisse le corps de
« sieur Nicolas- Gilles Forqueray, organiste de
« Saiut-Séverin de Paris, décédé hier, âgé de
" 59 ans, époux d'Elisabeth Segeanl (I). Ladite
" inhumation fdile en présence de .Michel Vin-
» cent, de Paul Luce, de Jean Bonnard, d'É-
« tienne Vincent , ses neveux ; Pierre Forqueray.
« sieur Louis Grossier, ses cousins ; de M'^'^Jean-
« Baptiste Deslon, curé d'Aubepierre ; de P"^®
« Pelletier, desservant de Beauvoir ; de sieur
« Rochette , vie. d'Ozouer-le-Voulgis , et autres
« soussignés. »
Le père de Nicolas-Gilles Forqueray, auber-
giste à Chaumes , était-il frère ou cousin d'An-
toine Forqueray ? Cela me paraît probable. En
tout cas, il me parait bien évident que l'artiste
dont il est ici question appartenait à la même
famille que les précédents, d'autant que pour le
distinguer on l'appelait Forqueraij le jeune.
Voici, au point de vue de son talent, ce qu'en di-
sait Daquin dans l'ouvrage cité ci-dessus -. —
« M. Forqueray conserve encore le beau toucher
et les grâces qui lui ont attiré taut d'applaudis-
semens dans sa jeunesse. »
FORSTER (William), né en 1713àBramp-
ton,dansle Cumberland , fut le chef d'une fa-
mille de luthiers dont les produits sont très ap-
préciés en Angleterre. Exerçant dans sa ville
natale le métier de fabricant de rouets , il occu-
pait les quelques loisirs qu'il avait à réparer les
violons on d'autres instruments qu'on lui confiait,
et c'est ainsi que commencèrent en ce genre les
travaux de cette nombreuse famille de luthiers.
FORSTER (William), fils du précédent, né
en 1739, exerça la même profession que son
père , et l'aidait aussi dans ses réparations
d'instruments. Il joi;:nait même à ces deux mé-
tiers, assez étrangers l'un à l'autre, celui de
ménétrier dans les fêtes du village. S'étant rendu
à Londres en 1759, il laissa bieniôt de côté les
rouets pour se livrer exclusivement à la luthe-
rie. Il s'établit peu de temps après, et s'acquit
rapidement une bonne réputation parmi les ama-
(t) Tante de Nicolas Séjan, dont le nom est mal ortho-
graphié.
FORSTER — FOUQUE
345
leurs pour ses imitations de Slainer, maître
très en faveur à cette époque. Ce n'est qu'en
1770 qu'il commença à copier Amati , ce qu'il
fit, dit-on, avec un rare bonheur. Le fameux
violoncelliste Robert Lindley ne voulait jouer
que ses instruments, ce qui leur procura un très-
grand succès. Forster ne fit, dans tout le cours
de sa cariière, que quatre contrebasses, dont
trois lui avaient été commandées pour la musique
particulière de Georges III. — Le fils de cet ar-
tiste, qui s'appelait ^Yiliiam , comme son aïeul
et son père , a fait aussi de bons instrinnents ,
égalant parfois ceux de ce dernier. Né en 1764,
il mourut en 182 i , laissant deux fils dont l'un
portait aushi le nom de William , et l'autre ceux
de Simon-André. Le premier ne (it qu'un petit
nombre d'instruments; le second travailla non-
seulement avec son père, mais encore avec Sa-
muel GilUes, et il a laissé, de 1828 à 1840,
quelques heureux spécimens de son habileté.
Je crois que c'est l'un des deux qui est, con-
jointement avec un autre luthier, M. Sandys,
l'auteur d'un livre intéressant publié sous ce
titre : The History of the Violin (Londres,
1864, in-S"), et dans lequel on trouve d'utiles
détails sur la structure et la fabrication du vio-
lon.
* FOUTUA'ATI (Francesco). Un des opé-
ras de ce compositeur avait pour litre Ipermes-
tra.
FOSCIIIM (G ), compositeur italien,
a fait représenter en 1864 , sur le théâtre italien
de Constantinople, un opéra sérieux intitulé
Giorgio il Bandito. Cet artiste a publié une cin-
quantaine de morceaux de genre pour le piano,
dont la plupart sont des fantaisies et variations
sur des thèmes d'opéras en vogue.
FOSSAÏI (J -L -A ), docteur
en médecine, naquit à Novare en 1786, et dès
1815 vint se fixer à Paris, où il se fit le piopa-
gateur enthousiaste de la doctrine de Gall. Mé-
decin (lu Theâlre-ltalien de Paris pendant plus
de quarante ans, le docteur Fossati a écrit di-
vers articles sur l'hygiène des artistes, spéciale-
ment en ce qui concerne la voix , et il a publié
sous ce titre : Sur le talent de la viusique ,
une brochure qui était la reproduction d'un dis-
cours prononcé par lui dans la séance annuelle
du 22 août 1834 de la Société phrénoiogique, dont
il était vice-président (s. 1. n. d. [Paris, 1835],
in-S" de 23 pp.). Une traduction ititlienne de
cet écrit a paru en 1836 dans les Effemeridi fi-
sico-mediche de Turin, une autre, faite par le
professeur Sannicala , de Naples , dans le Seve-
rino et dans le Giornale degli Abbruzzi en
1837 , et la Revisia frenologica de Barcelone
en a donné une traduction espagnole, faite par
M. Fers. L'auteur a reproduit, trente années
plus tard , cet o[mscule, dans l'ouvrage suivant :
Questions philosophiques traitées d'après les
principes delà physiologie du cerveau (Paris,
Amyot, 1869).
FOSSATI (Le comte Carlo), riche dilettante
italien, a écrit la musique d'une opérette, la
Guardia notturna, qui a été représentée sur
le théâtre Balbo, de Turin , en 1876.
FOSSEY (LÉON ) , chef d'orchestre, né à
Paris le 17 mars 1829, fut admis en 1845 au
Conservatoire, dans la classe de M. Eiwart, ob-
tint un accessit d'harmonie au concours de 1847,
et le second prix en 1849. Devenu deuxième,
puis premier chef d'orcbestre au théâtre de la
Gaité, il conserva ces fonctions pendant longues
années, et remplit, à partir de 1868 ou 1869,1e
même emploi au théâtre de l'Ambigu. Fos-
sey a écrit la musique de deux opérettes en un
acte : Pomme d'' api (Gaîté , mars 1859), et
Marcel et Cie (Bouffes-Parisiens, 15 octobre
1867). Il est mort au mois de février 1877.
FOULOX DE LA CHAUME (J -
B ) , chanoine de Saint-Etienne , né à Dijon
en 1624, mort en 1665, était musicien et
compositeur. « On a de lui, dit M. Ch. Poisot
dans ses Musiciens bourguignons , des Noëls
bourguignons , et Lucifar pris au baytan
(Dijon, J. Grangier, 1660). »
FOUQUE (Pierre-Octave), compositeur,
né à Pau (Busses Pyrénées) le 12 novembre
1844 , vint de bonne heure à Paris , y reçut des
leçons et des conseils de l'excellent organiste
Chauvet {Voy. ce nom), fut admis en 1869 au
Conservatoire, dans la classe de composition de
M. Ambroise Thomas, et prit part l'année sui-
vante au concours de l'Institut pour le prix de
Rome. Cet artiste a publié un certain nombre
de compositions pour le chant et pour le piano.
Pour le chant il a donné : Ballata ; Ave Maria,
motet ( Paris, Mackar); Amour passé, les Ru-
bans, la Croce del Lido, mélodies ; Renouveau ;
Sur sa mule; la Dernière rose ; Cantique; ib.,
ib.); Echo du soir, valse chantée (ib., ib.);
Chant dumatin, les Vendanges, clKPursà4 voix
d'hommes, sans accompagnement (ib., ib.); le
Réveil des fleurs, chœur pour 2 voix de femmes,
avec accompagnement depiano (ib., ib.) ,• Que le
jour me dure, mélodie; — pour le piano: Prélude
et fugue en sol, op. 6 (ib., ib.); Nocturne, op. 7
(ib., ib.); Soir d'été, morceau de genre, op. 8
( ib., ib.); Deux Préludes, op. 10 (Paris, Maho) ;
Près du /ac, nocturne ( Paris, Mackai ); Doux
regard, romance sans paroles (ib., ib.); enfin
quelques morceaux de danse, M. Fouque a fait
346
FOUQUE — FRANCESCHI
exécuter aux Concerts Danbé (1874) un préInde
pour orchestre, et il a donné deux on trois opé-
rettes, parmi lesquelles r Avocat noir, repré-
sentée à l'Aicazar le 9 décembre 1874, et Deux
Vieux Coqs.
M. Fouque s'est fait connaître avantageuse-
ment aussi conume écrivain : il a été en 1873 le
rédacteur musical du journal l'Avenir natio-
nal, il est un des collaborateurs actifs de la
Bevnc et Gazette musicale de Paris, et il est
anjourd'liuL chargé du feuilleton spécial de VÉ-
cho universel. Il a donné aussi quelquesaiticles
à la République des Lettres. Au mois d'oclo-
bre ls76,M. Fouque a été nommé préposé à la
Bibliothèiiue du Conservatoire.
FOUQUET (Jean), mandoliniste et com-
positeur, vivait à Paris dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. Cet artiste a publié un
recueil de Six Duos pour deux violons ou deux
mandolines , coinposés dans le goût italien.
FOURDY (Abraham), compositeur, né à
Orléans vers le milieu du seizième siècle, prit
part en 1857 au concours du puy de musique
d'Évreux , et s'y vil récompenser par le prix de
la harpe d'argent , qui lui fut décerné pour le
motet Dum aurora.
FOURGEAUD (Alexandre). Un écrivain
de ce nom a f>ublié une brocbute intitulée les
Violons de Dalayrac (Paris, Leclère, 1856, in-
8° de 29 pp ).
* FOURiXEAUX (Napoléon), a publié, il
y a quelques années, un livre ainsi intitulé :
Instrunieniologie. Traité théorique et prati-
que de raccord des instruments à sons fixes ,
l'harmonium , l'or/jue à tuyaux et le piano,
contenant une théorie complète du tempé-
rament musical et des battements, par l'in-
génieur N Fourneaux fils, facteur d'orgues
(Paris, Repos, s d. in-8°). Le même écrivain avait
publié précédemment un Petit Traité sur l'or-
gue expressif {Paris, 1854, in-12 avec deux
planches ).
FOlIR^^EL (François-Victor), érudit et cri-
tique français, est né à Cheppy, prèsde Varennes,
le 8 février 1829. Dans les nombreux ouvrages
publiés par lui, M. Fournel a eu plus d'une fois
et incidemment l'occasion de s'occuper de musi-
que, et il l'a toujours fait avec le goût et la dis-
crétion commandés à ceux qui n'ont pas fait df
cet art une étude particulière. Je citerai quel-
ques-uns de cesouvrages qui renferment sous ce
rapport des renseignements et des détails vrai-
ment intéressants, et parfois très-nouveaux :
les Contemporains de Molière (Pari-i, Didot ,
3 vol. in-8'') , dans lesquels on trouve (t. II) une
excellente Histoire du ballet de cour; Les
Spectacles populaires et les Artistes des rues
(Paris, Dentu. i863, in-12), où l'auteur a
p'acé un bon chapitre sur les jongleurs, trou-
vères et ménestrels populaires; Curiosités théâ-
trales anciennes et modernes, françaises et
éf> angères (ParU, Delahays, 1859, in-t6), pe-
tit recueil d'anecilotes dans lequel la musique
trouve tout naturellement sa part; enfin. Ce
qu'on voit dans les rues de Paris (Paris, De-
lahays, 1858, in- te), petit livre qui contient
deux études pittoresques sur les Musiciens am-
butants et l'Art dramatique en plein vent.
FOURNIE (Le docteur Édouako), méde-
cin qui s'est heaucou(> oicupé des affections de
l'organe vocal , est l'auteur d'un livre qu'il a pu-
blié sons ce tilie ; Physiologie de la voix et de
la parole , Paris, Delahays, 1866, in-8".
FOURiXlER (Edouard), écrivain français,
né a Orléans le 15 juin 1819, s'est beaucoup
occupé de théâtre , au point de vue de la criti-
que et de l'hisloire. Il est cité ici pour les deux
opuscules suivants : 1° la Musique chez le peu-
pie, ou l'Opéra national, so?i passé et son
avenir (Paris, l84", in 12); 2° Essai sur Tort
lyrique au théâtre (Paris, 1849, in-12), écrit
en soci'té avec Léon Kreutzer et extrait de
V Encyclopédie du dix-neuvième siècle.
Fil A DEL (Charles), pianiste et composi-
teur, né à Vienne en 1»21, a fait son éducation
musicale en celte ville. Fixé comme professeur
à Hambourg en 1850, il y resta jusqu'en 1858,
époque à laquelle il fixa sa résidence à Londres.
Après un séjour de quelques années en Angle-
terre, il s'embHrqua pour l'Amérique et se rendit
à New-York, où il s'établit définitivement et où
il se trouve encore à l'heure présente (juin 1877).
M. Fradel a composé un certain nombre de lieder
et de morceaux de piano,
FRAAÇA (Le P. Ltiz GO.XZAGA E),
chantre atiaché à lactiapelle de l'église patriarcale
de Lisbonne vers ls30, se retira a|>rés l'abdica-
tion de D. Miguel I"", auquel il était très-dévoué
et qui l'avait traité avec beaucoup de distinction.
Il dirigea aussi l'école de plain-chant qui était
établie itans la cathédrale. On connaît de lui :
Compendio ou explicaçâo melhodica das re-
yras geraes mais importantes e necessarias
para a intelligencia do Canlo-chdo tanto
theorico como pratico, e para saber escrever.
e compor, etc., Lisbonne, 1831, in-4" de viii-
132 pages. França avait été nommé par D. Mi-
guel chevalier de l'ordre de N. S. da Conceiçâo
et décoré d'une médaille d'or pour ses services.
J. DE V.
FRAA'CESCHI (E ), avocat italien, a
publié à Milan, chez l'éditeur Agnelli, en 1876-
FRANCESCHI — FRANCK
347
1877, un opuscule ainsi intitulé : VArte délia
porola nel discorso, nella drammatica e nel
canlo.
* FRA\CESCIIINI (Petromo). Cet ar-
tiste était lefière du peintre Marc-Antonio Fran-
sechinl. Il apprit le contrepoint avec Lorenzo,
Perii , maître de chapelle <le la métropole de Bo
logne , puis se rendit à Narni et se mit sous la
direction de Giuseppe Corso, dit Celano. En
1673, étant revenu à Bologne, sa ville natale,
il fut élu prince de l'Acailémie des Philharmoni-
ques.
FRANCHEVILLE ( ). Un artiste de
ce nom a donné en 1797 , au petit théâtre Laz-
zari , les deux opéras-comiques suivants: 1° le
Contrat de mariage (1 acte) ; 2° Estelle et !Sé-
morln ( 2 HCtes).
FRAXCHiM (Giovanni), compositeur
dramatique, a fait représenter en 1841 avec peu
de succès, sur le lliéàlre Carlo Felice , de Gê-
nes, un opéra intitulé gli Empiricl. En 1857,
le même artiste donnait au théâtre SanCarlos,
de Lisbonne, Francesca da Hhnini, drame
lyrique en 3 actes.
* FRANCK (César-Auguste). Cet artiste
fort distingué, qui avait été l'élève de M. Benoist
au Conservatoire et qui avait remporte un second
prix d'orgue en 1841 (1). s'est fait une grande
réputation comme organiste et comme compo>i-
teur. A la retraite de M. Benoist, son ancien
maître , il a été appelé à lui succéder comme
professeur d'orgue au Conservatoire, et dans le
même ttmps |)lusieurs auditions de son oratorio
de Ruth , qui avait passé presque inaperçu ,
lors de sa première apparition vingt-cinq ans au-
paravant, obtinrent le plus grand succès. La
partition de Ruth est une œuvre charmante,
pleine de grâce, de délicatesse et de distinction,
qui se fait remarquer par une inspiration abon
dante et soutenue, et par une instrumentation
riche, élégante et parfois très- neuve. Un autre
ouvrage du même genre. Rédemption, exécuté
à rOdéon, le jeudi saint 10 avril 1873, a «.bte-iu
un moindre succès. M. César Frank, qui n'a pu
réussir à se produire au théâtre, est l'auteur
d'un grand opéra de genre, le Valet de ferme ,
écrit par lui pour l'Opéra national d'Adoi[ilie
Adam, et qui est encore dans les carions du
compositeur. M. Franck est depuis plusieurs an-
nées organiste de l'église de Sainte-Clotilde.
(t ) la mention de ce prix n'a pas été faite dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens, où une erreur s'est
glissée au sujet de M. Francis : ce n'est paste second < t le
premier pi ix de composition, mais le second et le premier
prix de contrepoint et fugue que M. Franck obtint en
1839 et 18i0.
La liste des œuvres de cet artiste se complète
delà façon suivante : 1° Andantino [)qut vio-
lon , avec accompagnement de piano ; 2° 4 Mé-
lodies de Schubert, transcrites pour le piano ; 3°
Ballade pour piano; 4° Ruth, églogne biblique
en 3 parties, pour soli , chœurs et orchestre
(Paris, Hartmann); 5° 3 Oflértoires, \>Oi\v soli
et chœurs ; 6° chants de l'Église, harmonisés à
3 et 4 parties , avec accompagnement d'orgue
(1'^ partie, Messes; 2'^ partie. Hymnes; 3"= par-
tie, Chants pour le salut); 7° Fantaisie pour
piano, sur des airs (lolonais ; 8° Six pièi es d'or-
gne(l Fantaisie; 2 Grande pièce s\mphonique;
3. Prélude, fugue et variations; 4. Pastorale;
5. Prière; 6. Final), compositions très-remar-
quables et d'un grand style; 9" Rédemption,
poème symphonique en 2 paities, pour soH,
rhcrurs et orchestre (Paris, Hartmann ); 10" Cinq
pièces pour harmonium; 1 1" Quasi Marcia, pièce
pour harmonium; 12" Mélodies vocales. Parmi
les compositions inédites de M. Franck , je ci-
terai : les Béatitudes , grand oratorio, les Êo-
lirles, pièce pour orchestre, et une Messe à trois
voix seules. a\ec chœurs et orchestre.
* FRAIV<'K (Joseph), organiste et composi-
teur, se faisait désigner h P;iris sous le nom de
Joseph Frank, de Liège. A la liste des ouvrages
de cet artiste, il faut ajouter les suivants : 1°
Traite d'finrmonif ; 2° L'art d'accompagner
le plain-chant de huit manières différentes
sans faltérer, on Manuel théorique et prati-
que de chant ecclésiastique , arec 50 exem-
j>lps,les psaumes, toutes leurs terminaisons,
et des faux-bonrdotis à quarreparties ; 3° i\'ou-
velle Met ho e de piano facile et progressive
pour les commençants ; 4» Becîteil de 322 mar.
chrs d''harmonie pour orgue ou harmonium ,
à l'usage des personnes qui veulent appren-
dre en peu de teni'S à improviser sur ces
instruments ; 5° Six Préludes et Fugues pour
orgue, avec pédales ad libitum; ù° 25 Étuiles
très-faciles, pour le piano; 7° 25 Études de
force moyenne , id. ; 8° 25 Études de force su-
péiieiire, id.; 9° Six recueils lie motets aune
ou plusieurs voix , avec accompagnement d'or-
gue ou d'harmonium; 10° Sept recueils de pe-
tits mon eaux pour orgue ou harmonium, pu-
bliés sous les titres suivants : Les Bergers à la
crèche, les Délices du sanctuaire, une Cou-
ronne à Marie, l'Encens du parvis. Fleurs et
Prières, Une heure d'adoration, la Lyre cé-
leste ; 11" Deux Recueils de préludes et fugues
de J.-S. Bach, transcrits et réduits pour harmo-
nium; 12° Les Feuilles, les fleurs et les bou-
quets, collection de 84 préludes faciles et pro-
gressifs pour orgue (3 volumes); 13° l'Union
348
FRANCK — FRASCHINI
des cathédrales, ou Mosaïque des maîtres de
chapelle, coïïecWon de motets ou morceaux reli-
gieux à une et à plusieurs voi\, tirés des œu-
vres de Beethoven, J.-S. Bach, Piccinni , Sac-
chini, Gluck, Mozart, etc., Iranscrits avec
accompagnement d'orgue.
* FRANCK (Edouard), pianiste et compo-
siteur, est né non à Berlin vers 1818, mais à
Bresiau en 1824. Professeur à l'École de musi-
que rhénane, à Cologne, jusqu'en 1859, il fut
attaché ensuite à l'École de musiquede Berne. De
retour à Berlin, où il avait fait précédemment un
long séjour, il succéda en 1869 à M. Louis Bras-
sin comme professeur au Conservatoire de Stern,
où il exerce encore aujourd'hui ces fonctions
(juin 187;). Quoiqu'il ait beaucoup composé,
entre autres des symphonies, des ouvertures, des
quatuors pour instruments à cordes, des concer-
tos pour le piano, des lieder et divers morceaux
de chant, M. Edouard Franck n'a publié qu'un
petit nombre de ses productions.
* FRANCOEUR (Louis-Joseph). Cet ar-
tiste a laissé une sorte de Mémorial quotidien
des faits qui se produisaient à 1 Opéra à l'épo-
que de son administration. Ce registre manus-
crit forme deux volumes qsù ont été reliés sous
ce titre : Acaiémie roijnle de Musique. Som-
maire général (T. 1, 1785 à 1788; T. II, 1788
à 1790). On trouve là-dedans, sans aucun ap-
parat de rédaction ( il s'en faut !), tout ce qui a
trait aux premières représentations, débuts,
engagements, séances du comité administratif,
lectures de pièces, répétitions, correspondances,
réclamations des artistes, détails de mise en
scènes, etc. C'est, en somme, un document sec
et décharné, mais utile à consulter pour cette
période de l'histoire de notre première scène ly-
rique. Ce manuscrit est placé dans les Archives
de l'Opéra.
FRAXÇOIS (Louis). Un artiste de ce nom
a fait représenter sur le théâtre de Dijon les
deux opéras comiques en un acte dont les titres
suivent : les Orangs-Outaiigs, mai 1864, et le
Cabaret de Moritnont, mars 1866.
FRANÇOYS ( ), compositeur in-
connu , qui vivait au commencement du seizième
siècle, a fourni à Pierre Atteignant, pour le re-
cueil de chansons françaises à 4 parties publié
par celui-ci vers 1530, la musique des chan.sons
suivantes : Puisque donc via maîtresse, Possi-
ble n'est d'avoir plus, Pis ne peut me venir,
Philomena , motet.
* FRA!\Z (Robert) , compositeur de lieder,
célèbre dans toute l'Allemagne, est aussi pia-
niste distingué et chef d'orchestre habile. Pourvu
d'une instruction musicale solide, il a surtout
formé son talent par la lecture et l'élude des
œuvres des maîtres, et particulièrement de
celles de Jean-Sébastien Bach , pour le génie du-
quel son admiration ne connaît pAs de bornes.
Il a contribué puissamment dans sa patrie à la
propagation et à la popularisation des chefs-
d'œuvre de ce maître immortel, un |teu négligés
il y a une quarantaine d'années, et a domé une
excellente édition de quelques-uns d'enire-eux.
C'est lui qui écrivait un jour à M. Étouard Hans-
lick, l'un des meilleurs critiques de musique de
Vienne, une lettre contenant ces lignes enthou-
siastes : — « Lisez sans arrière-|)ensée les
cantates de Bach, je ne doute point un seul
instant que l'inspiration dont elles dé'bordent ne
parvienne à vous émouvoir; approchez-vous du
grand maître dans la simplicité de votre Ame,
et le charme pénétrant de son cœur trouvera le
chemin de voire cœur. Je serais binn heureux
si je pouvais vous le faire aimer davantage. Vous
étant une fois enveloppé de son style comme d'un
manteau , il enchaînera votre âme comme il a
fait de celles de nos grands compositeurs, Mo-
zart, Beethoven, Schumann et Mendels^ohn; il
ne les a entourées de liens que pour leur permet-
tre de s'épanouir avec plus de liberté. » M. Ro-
bert Franz a publié jusqu'à ce jour plus de qua-
rante recueils de lieder. dont la plupart se font
remarquer par l'excellence de la factura, la pro-
fondeur de la pensée et un chnrme pénétrant.
Cel artiste extrêmement distingué a été frappé
récemment de la façon la plus douloureuse. A la
date du mois de mai 1877, les journaux ont an-
noncé qu'il s'était vu obligé de résigner ses fonc-
tions de professeur de chant à l'Académie de
Halle, et cela par .suite d'un grave acciilent : il
était devenu complètement sourd à la suite de
l'ébranlement nerveux produit sur lui, à la gare
de Halle, par le sifflet strident d'une locomotive.
FRA\Z, e.st le p.seudonyme sous lequel s'est
fait connaître, comme musicien dramatique, [un
compositeur Allemand contemporain, M. le comte
de Hochberg. C'est sous ce nom d'emprunt que
M. de Hochberg a fait représenter les deux ou-
vrages suivants : 1° Claudine de Villa-Bella,
opéra romantique en 3 actes, écrit sur un texte
bien connu de Gœthe, joué sur le théâtre de la
cour, à Schwerin, au mois de mars 1864; 2° die
Falkensteiner, drame lyrique donné en 1876
sur le théâtre de Hanovre. J'ignore si cel artiste
amateur s'est fait connaître par d'autres travaux.
FRA1\ZI!\I ( ), compositeur italien ,
a fait représenter au mois d'octobre 1874 , sur le
thf^âtre Alfieri, de Florence , un opéra sérieux
intitulé la Comtessa di San Romano.
* FRASCHIM (Gaétan). Fétis a été trompé
FRASCHINI — FRELON
349
par un faux renseignement lorsqu'il a parlé fie
l'impression profonde que ce grand chanteur
avait produite à ia Scala, de Milan. La vérité
est que celte impression fut au contraire très-
fâcheuse, malgré le talent de l'artiste, et que
Frascliinl en éprouva un tel ressentiment conire
la ville de Milan qu'il jura de n'y plus jamais
chanter. Il tint parole.
Après avoir fait apprécier son incomparable
talent et sa voix, merveilleuse sur la plupart des
théâtres de sa patrie, Frascliini vit sa renommée
s'étendre bientôt hors de l'Italie, et les journaux
du temps nous apprennent qu'en 1847, il était
question de lui tout à la fois pour le théâtre ita-
lien de Londres et pour l'Opéra de Paris. C'est
Londres qui l'emporta, et après y avoir obtenu
de grands succès et être retourné un instant en
Italie, il alla se (aire entendre à Vienne, d'où il
se rendit en Espagne et en Portugal, où il de-
meura plusieurs années et fit litléraiement fureur.
Paris n'a connu ce chanteur prodigieux qu'au
déclin de sa carrière, en 1863, alors qu'il était
âgé de près de cinquante ans, et cependant la
puissance de ses moyens, son phrasé magistral,
la netteté surprenante de son articulation, l'élé-
vation et la correction de son style, la noblesse
et la sobriété de son accent dramatique lui ac-
quirent aussitôt non-seulement la sympathie,
niai!< l'a'tmiralion du public, et les éloges una-
nimes de la critique. Bien que Fraschini fût un
peu froid comme comédien , un sentiment de
passion concentrée lui faisait trouver parfois,
sous ce rapport, des effets d'une rare puissance.
Pour ma part, je ne puis jamais me rappeler
.sans une sorte de frisson sa majestueuse entrée
en scène au second acte de Lucia di Lamer-
moor, lorsque pénétrant dans la salle des fian-
çailles et s'arrêtant un instant, avant d'en fran-
chir le seuil, au haut des marches qui y condui-
sent, il laissait tomber son manteau, lançait au
loin sa coilfuie, et, se croisant lentement les
bras, promenait sur les assistants un regard
froid, dédaigneux et implacable. Outre le senti-
ment (le la plastique qui s'en dégageait, il y
avait dans ce jeu de .scène muet un effet
d'une simplicité et d'une énergie extraordinaires.
Il serait impossible de raiipeler ici tous les
ouvrage'* que Fraschini a créés en Italie, où,
entre autres, Donizeiti écrivit pour lui Catarina
Cornoro, Pacini Saffo Meiope et la Stella di
Nopoli, Verdi un Hallo in maschera. A Paris
il établit les rôles principaux de deux ouvrages
inconnus du |)ublic français, la Leonara de
Mfrcadante. et la Duc/iessa di San Giuliano de
M. Graffigna. Il joua aussi d'une façon admira-
ble, avec M"° Krauss, sa digne partenaire, le
Fidelio de Beethoven. Malheureu.sement. une
infirmité particulièrement grave et douloureuse
pour un musicien est venue, depuis quelques
années, interrompre tout à coup la carrière de
ce grand artiste, et cela avant que ses facultés
vocales l'eussent abandonné. C'est l'ouïe qui a
décliné chez lui, et l'on conçoit san^ peine que
lorsque l'oreille devient rebelle ou insensible et
ne perçoit plus nettement les sons, la voix du
chanteur le trahit et cesse d'élre juste. D'ail-
leurs, chanter sans entendre serait assurément
l'un des plus durs supplices que l'on put infliger
à un artiste de talent.
Fraschini, qui a été le dernier et l'un des plus
remarquables représentants de l'art du chant
italien dans ce qu'il a de plus complet et de plus
parfait, avait épousé la fille de la fameuse can-
tatrice M™^ Ronzi de Begnis ; lorsque cette cé-
lèbre artiste mourut à Florence, en 1853, elle
laissa toute sa fortune, qui était considérable, à
sa fille, et Fraschini devint ain«i puissamment
riche. Je crois qu'il vit aujourd'hui retiré à Pa-
vie, sa ville natale, qui lui a rendu hommage en
donnant son nom à son princi|)al théâtre, lequel
s'appelle, depuis plusieurs années déjà, théâtre
Fraschini.
FREIXAS (José), compositeur espagnol, a
fait exécuter le 5 avril 1868, en l'église Sainte-
Anne de Barcelone, un Slnbat Mater.
FRELON (Louis FRAi^çois-ALEXANnitE), pia-
niste, organiste et compositeur, né à Oiléans
vers 1825, a fait ses études musicales en cette
ville et s'y livra ensuite à l'enseignement. Il y
fonda en 1847, sous les auspices de l'Institut
musical d'Orléans et d'après uu système d'édu-
cation imaginé par lui, un cours gratuit de mu-
sique pour les ouvriers qui bientôt reçut l'appu
matériel et moral de l'autorité municipale. C'est
à cette époque qu*" l'on commençait à parler de
l'harmonium ou orgue expressif; M. Frelon s'at-
tacha à l'étude de cet instrument, dont il devait
être l'un des propagateurs les plus actifs elles
plus intelligents. Il vint à Paris, et la fréquence
avec laquelle il fit entendre l'harmonium en ré-
pandit rapidement l'usage. En 1851, il se rendit
à Londres, et lit connaître, à l'Exposition univer-
selle, les orgues que la maison Alexandre (Voy.
ce nom ) construisait alors en grand nombre. De
retour à Paris, M. Frelon publia sous ce titre ;
l'Art de Torgue expressif, une excellente mé-
thode pour cet instrument, et im peu plus lard
fonda avec M. Jouvin un jpurnal de pièces d'or-
gue, l'Orgue, qu'il fit paraître pendant quatre
ans et qui obtint un véritable succès.
Cet artiste a écrit, soit pour harmonium seul,
soit pour harmonium et piano, un grand nombre
350
FRELON — FRICCI
de morceaux de genre, fantaisies, etc., sur des
airs connus et des thèmes d'opt^ras en vo;iuo; ces
morceaux ont été («ibliés chez MM. L on dus,
Bran<)us, Lemoine, etc. Parmi les publicat ons
qu'on doit encore à M. Frelon, il faut citer sur-
tout le recueil ifititulé Triinscrifitions potir or-
gue expressif (Pa\i&, Flaxiand, in-S"), recueil
fait avec soin et dans lequel il a adapté à cet
instrument soixante fragmeni s choisis parmi les
œuvres de* plus grands maîtres.
FRE\ER (Laukent), compositeur, né à Lu-
cerne en 1769, mort en 1840, a publia à Au;;s-
bourg, chez l'édileur Bœiim, un cerlain nomhre
de compositions religieuses parmi lesquelles il
faut signaler une messe eu allemand, à quatre
parties, nvec accompagnement d'orgue.
FREUBEL (J.-L-P.-L), compositeur et
chef d'orche.sire (I), naquit à Namur en 1763.
Il était (ils de Jean -Ernest Freubel, musicien
distingué, qui, né à Rudolstadt en 1728 et mort
à Berg-op-Zoom en 1770, lut succe.ssivemcnl
organi>te eu sa ville natale, à Flessingue, à Miil-
deibourg et à Berg-o -Zodin. Il reçut ses pre-
mières leçons de son père, lra\ ailla ensuite avec
Van Hansen, liabie pianiste de Rotterdam, qui
avait épousé sa sœur, el eut quehpies leçons
d'orgue de l'abbé Voglei ; mais il s adonna sur-
tout à l'étude du violon, et devint un virtuose
distingué sur cet in-trument. Il avHit aussi du
talent comme c tmpositeur, et fut pendant long-
temps chef dorcliestie du théâtre hollardais
d'Amsterdam, où il mourut le 21 mai 1828.
Voici la liste des compositions de cet ai liste :
l» De vrouwelijke liecruten, ballet (1788;,
2° De Trioinpli der liefde, symphonie (1793;;
30 het vreede-fersl, composition importante
dont dix-huit exécuiions eurent lieu »u théâtre
d'Ainsierdam (1802; ; 4° quatorze cantates, dont
une fut composée pour le roi Louis Bonaparte
(1806); 5° plusieurs autres b.illets dont j'ignore
les titres; 6° 3 concertas de vio'on ; 7" concer-
to* de basson ; 8° sonate pour piano ; 9" p usieuis
ouvertures, et eidin des psaumes, des chants po
pulaires et autres proiUictions de moindre impor-
tance.
Fft lUDEMBKRG (Wilhelm), composi-
teur allemand, a fait r|)résenler a Mayence, au
mois de mars IH77, un opéra-comique intitulé
Amor Titus Scfiwddronikvs.
FREYER (Augdstk), organiste fort distin-
gué, né en 1803 à Mulda, près de Dresde, ap-
prit le ( hant, le piiino «t l'orgue avec le canlor
Geissler, el dès l'âge de dix ans rempWiçait soii-
|i) Je refa s cptip notirf d';iprès relie inséréi" dan^ son
livre • les Itlnsicienu Néerlandais, par M. KdouarU Gre-
golr, que J'ai lieu de croire bien informé.
vent son maître à l'orgue. Amené en Pologne
par une suite de circonstances particulières, il
se fixa à Var.sovie, oii il suivit un cours de con-
trepoint avec EIsner. Tout en donnant des le-
çons de [liano pour vivre, sa passion pour l'or-
gue était si gran le qu'il ne cessait de travailler
cet instrument, s'appliquait surtout à l'étude des
pédalo, et pour y mieux réussir se faisait cons-
truiie un orgue à pédales qu'il installait dans sa
chambre. C'est ainsi qu'à l'aide de bons ouvrages
el d'un exercice opiniâtie, il acquit une grande
habileté.
En 1834, Freyer entreprit un grand voyage
artistique à travers l'Allemigne, se rendit d'a-
bord à Breslau, ou il fit connaissance avec l'ex-
cellent organiste Adolphe Hesse, qui l'encoura-
gea vivement, et visita suixessiveinent, en s'y
faisant entendre, Dresde, Leipzig, Berlin, Ham-
b (uit!, Francfort sur le Mein, Cassel, où il vit
S| olir, Du>seldorf, où il connut Menilels>ohn, etc.,
parloul se voyant bien accueidi et établissant
d'excedentes relations artistiques. Rentré à Var-
sovie à la suite de ce vovage, Kreyer lut nommé
organiste de l'église évangeii iue, en remplace-
ment d Einert. IJienlôt il fonda une .société de
chant composée d'ami'eurs et d'artistes, dans
le but d exécuter des oratorios, et fit entendre
lu (Jonvcrsion de saml /^au/, de Mendeissohn,
el des compositions de Schneider, d'EIsner, de
Bernard Kiein , el de lui mène, augmentant
ainsi sa renommée el se rendant de plus en
plus populaire. En même temps il se livrait à
l'eiiseignemeiil du chant du piano et de l'har-
monie, el formait un grand nombre d'excellents
élèves.
Fieyer a publié une assez grande quantité de
Ciim, ositions pour l'orgue^ el il est l'auteur
d'un livre de chant [( kurulbuch), qui (enferme
les chants u'eglise et tout ce t|ui est nécessaire à
un bon organiste pour accompagner en plaiii-
chaiil r(>fli<:e religieux.
FRIC<:i (A^T0METIA FRIETSCHE, connue
."■ous le nom de), cantatrice remarquable, née à
Vienne (Auliiche) ver» 1840, a fait son éducation
musicale au Conservatoire de cette ville, .sous la
direction de M""" Marchesi, et depuis lors a par-
couru une brillante carrière en s'alonnanl au
« hant italien, s'est fait une giande renommée, et
est considérée comme l'une des premières artistes
de ce temps. J'ignore où et comment elle a ef-
fectué .ses débuts, uiais je sais qu'au mo's de fé-
vrier 186I, ayant depuis peu de temps abordé la
S( ène, file fai.sail partie île la troupe du lliéâlre
San-Car'os, de Lisbonne, où elle obtenait déjà
de Irès-grands succès. Un journal rcnrlait compte
ainsi des faits qui se produisirent le jour de sa
FRICCI — FROMENTAL
351
représentation à bénéfice : — « Suivant la cou.
tume du pays, on làclia des [ùgeons dans la salle,
et l'on distii'uia le portrait pliotojjrapliié de la
prima donna dans les loges; elle retourna chez
elle dans une voiture de la cour, accompagnée
de deux corpus de musique. »
Au mois de janvier de l'année suivante, la
jeune artiste paraissait pour la première fois sur
le théâtre de Moscou, et six mois après elle dé-
butait sur celui du Covent-Garden, de Londres,
dans le rôle de Valentine des Huguenots. En
1863, elle épousait en celte ville un de ses cama-
rades, le ténor italien Neri-Baraldi. Pendant plu-
sieurs années, elle fait ainsi régulièrement les
saisons de Londres et de Moscou. En Is66, on
la retrouve à la Sr.ala, de Milan, où elle crée l'Â-
fricaine, et son succès est tel qu'à la dernière
repiésentation de cet ouvrage, dit-on, à la suite
d'un morceau dans lequel elle av.tit provoi|ué
l'enthousiasme, plus de trois cents bouquets tom-
bèrent à ses pieds, et qu'on vit une dame placée
dans une loge détacher le br;icelel qu'elle portait
et le lui euvdyer. M""^ Pricci se. fit entendre en-
suite à Turin (llieâtre Regio), à Bologne ( héà-
tré communal), à Trieste, à Crémone, hu Caire,
tout en se pio luisant <le nouveau à Lisbonne, à
Londres et à Milan, où elle créa (IS74) le rôle
piincipal d'un des meilleurs ouvrages de M. Pon-
chielli, i Liluiini.
Douée par la nature d'une superbe voix de so-
prano, puissante et expressive, qu'elle sait diriger
avec art, tiè— inlelligente au point de vue scé
nique et ayant le don d'émouvoir ses au iiteurs,
]y]me |H-,icci, dit on, brille surtout dans les rôles
palheti(|ues, et se montre particulièrement re-
marquable dans i\orma >i dans S<-rumuli'. Les
autres ouvrages qui constituent son répertoire
sont les Huguenots, la Iraviata, Macbeth,
il Irova/ore, Maria, Robert le Diable, Don
Juan, Don Carlos, l'Africaine, un Ballo in
maschere, el la Juive.
FKITSCHE ( ), luthier allemand de
Leip?. g, exeiçait son artà la lin du dix-litiiijème
siècle et au commencement du dix-neuvième.
C'était, parail-il, un artiste habile, qui construisit
de bons insliuments el qui se lit surtout une
grande réputation comme réparateur.
F>ilTZ(W ), compositeur allemand qui
a été l'élève de deux tliéorieiens tort distingués
de Berlin, MM. Dehn et Weil/mann, a fait exé-
cuter à Liegnitz, le 4 mars 1873, un oratorio
intitulé David, dont la musique était, dit-on,
fort remarquable.
* FR ZZI (BbNoÎT). Cet écrivain a publié un
opuscule intitulé : Dissertazione sulla portala
dei musicali islrumenti con malematiche
annloghe riflessioni (Trieste, Weiss, 1802,
in-12)
FROJO (Giovanni), compositeur et musico-
graphe, né à Catanzaro le l'^'^juin 1847, com-
mença l'étude de la musique sous la direction
d'un professeur nommé Giuseppe Bassi, puis, à
la fin de 1866, entra au Conservatoire de Naples,
où il ne fit qu'un court séjour. Il étudia ensuite
le |>iano avec M. Cesi, I harmonie avec M. Pap-
palardo, et, après avoir terminé son éducation,
retourna se fixer dans sa ville natale. M. Frojo a
publié un certain nombre de compositions,
parmi lesquelles on remarque une messe de glo-
ria à trois voix , avec orchestre. On lui doit
aussi , sous le titre (VEcole du mécanisme
(Milan, Vismara), une méthode de piano d'un
genre nouveau, et les deu\ écrits suivants :
Saggio siorico-critico intorno alla Musica
(Caianzaro, 1873), et Osservazioni sulla Mu-
sica (il. id.).
FROMENT (,...,..), violoniste et composi-
teur, vivait à Paris à la fin du dix-huitième
siècle. Cet artiste entra à l'orchestre de l'Opéra
en t774, en qualité de second violon, et devint
ensuite premier violon ; il était enco'e attaché à
ce théâtre en 1794. Après avoir fait exécuter
deux symphonies au Concert spirituel, il écrivit
la musique de plusieurs petits opéras pour des
théâtres secondaires : 1° Le Vieux Soldat et sa
pu/iillr, un acte, th. des Beaujolais, 1785 ;
I" Cij (lippe, un acte, ib., 1785; 3» la Suite du
Vieux Soldat, un acte, ib., 1786 ; 4° Goburge
dans l'isledes Falots (parodie de Panurge dans
liste des Lanternes), 3 actes, th. des Jeunes-
Artistes, 10 janvier 1797 ; 5° Pierre Luc ou le
Culliral''ur du Mont Blanc, 1 actes, ib.,
1"). août 1799 ; 6° fnir'ce ou la Fille de la Na-
ture, ut acte, ib., 29 décembre 1800.
l'ROMEIVT (Kustique). Sous ce nom, qui
nous paioît être un pseudonyme, on a publié un
livre dont voici le titre : Mcyerbeer et son œu-
vre, Haydn, Mozart, Beetlioven, Hossini, tes
concerts populaires, Tkérésu, lettres d'un
campagnard à propos de Y Africaine, par Rusti-
que Froment (Paris, Faute, s. d. [186(i], in-8°).
FUOMENTAL (LouIs-^I^.oLAsj, composi-
teur, né ilans les pi entières années du dix-hui-
tième siècle, fit ses études mus cales à la maî-
trise de la cathédrale de Riuen, où il était enfmt
de chœur. C'est tandis qu'il était le doyen des
enfants, qu'il offrit et lit entendre cinn ou six
motets à grande symphonie; éblouis, dit-on, nar
je latent précoce dont il avait fait preuve dans
ces motets, les chnnoines le nommèrent aussitôt
premier maître de la chapelle (avril 1728). Fro-
mental prit bientôt les ordres, et, par la suite,
352
FROMENTAL — FURNO
fit enfendre d'autres compositions, entre antres
plusieurs messes. Il mourut à la Heur de l'âge,
en 1737.
FRO\'DOÎ\I ( ), compositeur italien
contemporain, a fait représenter il y a une ving-
taine d'années, sur un théâtre de sa patrie, un
petit ouvrage intitulé n« Terno al, Lotlo. C'é-
tait une farsa à un seul personnage avec
chœurs.
FKOI\DOi\l (Angelo), compositeur, a fait
représentera Lisbonne, sur le théâtre du Prince
royal, le 5 mai 1875, un opéra-comique en 3
actes intitulé le Fils de Madame Avgof. Cet
ouvrage était évidemment une imitation de la
Fille de Madame Angot. de M. Lecocq {Voyez
ce nom), qui était alors au plus fort de son suc-
cès à l'étranger, et dont on donnait une traduc-
tion porluga se sur un autre théâtre de Lisbonne,
celui de la Trinité.
FBO\Tli\l ( ), compositeur italien,
est l'auteur de la Fidanzala di Marco Bozzari,
opéra sérieux qui fut représenté à Palerme, en
1863.
FRY ( ), compositeur américain, a écrit
la musique d'un drame lyrique, Noire-Dame de
Paris, qui a été représenté à Philadelphie au
mois d'octobre 186i.
'r * FUCHS (Ferdinand-Charles), composi-
teur, était né à Vienne le 11 février 1811, et
mourut en cette ville le 7 janvier 1848.
FUCUS (J -N ), chef d'orchestre du
théâtre de Briinn , a fait représenter sur ce
théâtre, le 5 mars 1872, un opéra romantique en
trois actes, intitulé Z ingara.
FLÎCIIS (Robert), autre compositeur alle-
mand, a fait exécuter en 1871, dans lim des
concerts de la celèlire société musicale de Leip/-ig
connue sous le nom de Gewandhaus, unesjin-
phonie en îit mineur. On doit aussi à cet artiste
une Sérénade pour orcht stre, un quatuor pour
piano, violon, alto et violoncelle (op. 15) et di-
verses autres compositions.
* FUMAGAI-LI (ADOLFo). M. le docteur
Filippo Filippi {f'oy. ce nom) a publié sur cet ar-
tiste la notice suivante : Délia vita e délie opère
di Ad'dfo FH/«a(7a/Z/, Milan, Ricordi.
Il y a lieu de croire que tous les artistes dont
les noms suivent sont les frères et sœur d'A-
dolfo Fumagalli, étant nés dans le même pays
et ayant reçu leur éducation musicale dans le
même établissement.
M. Distna Fumagalli, né à Inzago le 8 sep-
tembre 1826, a fait ses études au Conservatoire
de Milan, où il est aujourd'hui professeur de
piano. Compositeur très-fécond pour son ins-
trument, il a publié plus de deux cent cinquante
morceaux de piano, consistant en nocturnes, ca-
prices, sclierzi, divertissements, et surtout en
transcriptions et arrangements d'airs d'opéras.
M. Polibio Fumagalli, né à Inzago le 26 oc-
tobre 1830, est aussi un excellent pianiste,
élève du Conservatoire de Milan, et s'est fait sur-
tout la réputation d'un organiste habile. On lui
doit plus de deux cents morceaux de piano,
conçus dans les mêmes conditions, et un recueil
de quinze pièces pour orgue, A'icctica musicale
(op. 235), publié à Milan, chez l'éditeur; Lucca.
M. Luca Fumagalli, né à Inzago le 29 mai
1837, est dftveni un pianiste distingué. Je n'ai
pas vu son nom , comme ceux des précédents,
sur la liste des élèves du conservatoire de Milan
donnée par M. Lodoxico Melzi dans son résumé
historique sur cet établissement. Je crois néan-
moins qu'il a fait ses études en cette ville. En
I8C0 il vint à Paris, s'y fit entendre a plusieurs
repr ises en exécutant quelques unes de ses pro-
ductions, et obtint un ilouhle succès de virtuose
et de compositeur. De retour dans sa patrie, il
commença à publier à son tour un grand nom-
bre de morceaux de |)iano, qui se distinguaient
par une fncture eléganie, et dont un certain nom-
bre étaient des productions originales, tandis
que d'autres étaient îles paraphrases d'airs d'o-
péras. Mais l'ambition du jeune cimpositeur
était plus haute, et il rêvait les succès du théâ-
tre. 11 lit ses débuts de musicien dramatique en
1875, en donnant au théâtre de la Pergola, de
Flor-ence, irn ;;ranil drame lyrique en qiratr'e actes
intitulé Luigi XI, orrvrage qiir fut accueilli avec
une certaine faveur par la critique, mais qui pa-
rait avoir été reçu du public avec quelque froi-
deur.
M. Carlo Fumagalli, pianiste comme les
pi-écédents, n'est pas porté sirr la liste des élèves
du Conservatoir-e de Milan. Il a publié une cen-
taine de morceaux de genre, fanlasies, trans-
criptions, etc., pour son instrrrment.
M. Giulio Fumagalli, pianiste, est élève du
Conservatoii'e de Milan. J'ignore s 'il s'est fait
connaître comme compositeur'.
M'" Amalia Fumagalli, pianiste, sort aussi
des classes de cet établissement.
FUiXGOi\l (PArEBiiociiio). Un mir.sicien de
ce nom a écrit la musique de la Teodnra,
". di-ame sacré » qui fut exécuté au monastère
de Sainte-Claire, à Naples, en 1737. L'année
suivante, le même artiste faisait représenter au
théâtre Nuovo, de la même ville, un ouvrage
qui elait (pialifié d'invention musicale et qui
avait pour titre la Bosa.
FUR\0 (Giovanni), contrappuntiste et pro-
fesseur, né à Capoue le 1" janvier 1748, entra
FURNO — FUSNIER
3S3
au Conservatoire de Sant' Onofrio, à Naples, en
1755, et y accomplit tout le cours de ses éluiles
d'harmonie, de contrepoint et de composition
sous la direction de Carlo Cotnmacci. Celui-ci
ayant été faire un voyage à l'étranger, lui confia
le soin de faire sa classe en son absence ; mais
Cotumacci n'élant |)oint revenu, Furno se tiouva
professeur tout en étant encore élève, et con-
serva toute sa vie les fonctions qu'il avait com-
mencé à remplir. 11 écrivit pour le petit théâtre
du Conservatoire un opéra bouffe, VAUegria
disturbala, qui fut ensuite représenté au
théâtre Nuovo, et composa deux autres ou-
vrages dramatiques dont les titres sont aujour-
d'hui oubliés. Mais Furno n'était pas ambitieux ;
c'était un homme simple, modeste, paisible,
qui se contenta de sa position de professeur, et
qui l'exerça pendant plus d'un demi-siècle, d'a-
bord au Conservatoire de Sant' Onofrio, puis à
ceux de la Pietà de' Turchini, de San Sehas-
tiano et de San Pietro a Majella. Un jour, à la
fin de sa carrière, comme Zingarelii, alors di-
recteur de ce dernier , l'engageait, vu son âge
avancé, à se dispenser à l'avenir de donner ses
leçons, le vieux maître répondit : « Tant que
mes jambes ne refuseront pas de me porter, je
continuerai de donner mes soins à ces chers
jeunes gens, que j'aime comme mes enfants, et
j'entrerai toujours pénétré de respect et de vé-
nération dans ce saint asile de la charité ci-
toyenne où j'ai reçu mon éducation artistique,
et à qui je dois mon état dans la société civile,
les honneurs et la modeste fortune que je pos-
sède (1). » Cet excellent homme mourut en
quelques heures, le 20 juin 1837, d'ime attaque
foudroyante de choléra, lors de la première
apparition de cette horrible maladie dans le
royaume de Naples.
Furno n'était pas ce qu'on peut appeler un
(1) Francesco Vlonmo ,'^Cenno-storico sulla Scuola
musicale di Napoli.
théoricien. Comme la plupart des professeurs
de son temps çn Italie, il ignorait ce que c'était
que les bases d'un enseignement logique et rai-
sonné, et se laissait uiii(|uement guider, dans
les leçons qu'il donnait, pir la délicatesse de son
oreille et le sentiment en quelque sorte naturel
de l'harmonie. Il n'en fit pas moins de bons
élèves, parmi lesquels il faut surtout citer Man-
froce, Mercad inte, Carlo Conii, Bellini, les frè-
res Ricci, Costa, Lillo, MM. Lauro Rossi, Curci,
Errico Petrella, etc., etc.
Un artiste du même nom , M. Giovanni
Furno, s'est fait connaître par la publication de
quelques petits morceaux faciles pour le piano,
parus dans ces dernières années. J'ignore si c'est
un parent du précédent. Il est né à Naples le
26 octobre J840.
FUSCO (Michèle), chef d'orchestre et com-
positeur, né à Naples vers 1770, fit ses études
musicales en cette ville. Vers 1809 il se trou-
vait à Mot^ène, et l'année suivante, décidé à s'y
fixer, il acceptait les fonctions de maestro al
cembalo au théâtre. Il conserva cet emploi
pendant plusieurs années, y donnant des preu-
ves de talent et de goût, composant et faisant
exécuter des cantates, des scènes, des ouver-
tures qui étaient fort bien accueillies. Il écrivit
aussi un oratorio , les Sept Paroles du Christ,
une messe de Req^iiem que l'on dit fort belle
et qu'on entend encore aujourd'hui avec plaisir,
et plusieurs autres messes. Cet artiste mourut
à Modène, âgé de 58 ans, le 23 août 1828.
FUSNIER (Jean), musicien belge du temps
de la Renaissance, naquit à Ath, dans le Hai-
naut. M. Auguste Thys, dans son Historique
des sociétés chorales de Belgique, dit qu'il
est ci'é par Guicciardini comme un savant et
excellent musicien, qu'il fut maître de chapelle
de Jean Gebhard, archevêque de Cologne et
précepteur des pages de l'empereur Charles-
Quint, qu'il accompagna dans son expédition
contre Tunis.
BIOCR. liNIV. DKS MUSICIENS. — SUPPL. — T. I.
23
GABET (Charles), peintre miniaturiste, né
à Courbevoie en 1793, a publié le livre suivant :
Dictionnaire des artistes de V école française
au XIX^ siècle, peinture, sculpture, architec-
ture, gravure^ dessin, lithographie et composi-
tion musicale (Paris, Vergne, 1831, in-8°). Bien
que ce livre soil fort incomplet en ce qui concerne
les musiciens, puisque, parmi ceux-ci, on cher-
che vainement les noms de Derton tils, Henri
Blanchard, Champein, DaWimare, Fr Duvernoy,
Habeneck, Ladurner, INorblin, l'iantade, Sallen-
tin, Solié, Tulou, Vogt, etc., cependant on y
trouve sur certains artistes quelques renseigne-
ments utiles et peu connus.
* GAbRIELLI (Le comte Nicolas), est né
à jNaples le 21 février 1814, et a étudié l'harmo-
nie et la composition avec Zingarelli et Duni-
zetti. On a peine à comprendre comment un mu-
sicien aussi médiocre à tous égards a pu fournir
une carrière aussi active, et comment il s'est
trouvé tant de théâtres importants pour accueil-
lir les fruits de son imagination débile. M. le
comte Gabrielli n'a pas fait jouer, en effet, moins
de vingt-deux opéras, dont dix-neuf représentés
à Naples et trois à Paris, et il n'a pas écrit moins
de soixante partitions de ballet, toutes sans
mouvement, sans vie, sans couleur et sans
grâce. A la liste de ses opéras italiens, il faut
ajouter au moins Ester et il Bugiardo veri-
tiero, et à celle de ses ouvrages français les Mé-
moires de Fanchette, un acte donné au théâtre
Lyrique en 1865. Quant- à ses ballets, il serait
absolument impossible d'en citer les titres ;
ceux qui sont venus à ma connaissance sont
Edwige, la Sposa Veneziana, Paquita, ISa-
dan, il Rayât di Benares, donnés à Naples,
l'Étoile de Messine (Paris), Yoite (Vienne), les
Aimées (Lyon), l^Assedio di i>chiraz (Milan,
th. de la Scala, 1840), etc., etc.
GABST (A ), compositeur allemand, est
l'auteur d'un drame lyrique, le Dernier Jour
de Pompéi, qui a été représenté à Breslau le
16 avril 1864.
* GABUSSI (ViNCENzo). Le sentiment pé-
nétrant des nombreuses mélodies vocales pu-
bliées par ce compositeur, l'avait fait surnom-
mer en Italie il miovo Schubert. Son premier
opéra, i Furbi al cimento, fut représenté à Mo-
dène le 12 février 1825. Parmi ses autres ou-
vrages, il faut citer Ernani, représenté en
1834, auThi^àtre-ltalien de Paris, pour lequel il
avait été expressément écrit. Gabussi est mort à
Londres, le 12 septembre 1846. Sa sœur,
M"» Rita Gabussi, obtint en Italie de grands suc-
cès comme cantatrice dramatique; née en 182'J!,
elle épousa un chanteur renommé, le baryton
De Bassini, et quitta la scène fort jeune, pour
se retirera Naples.
* GADE (NiELs-GiiiLLAiME) , compositeur
danois, est depuis longues 'années déjà chef d'or-
chestre du théâtre royal de Copenhague, direc-
teur de la société des concerts l'Union musicale,
et maître de la chapelle royale de Danemark.
C'est en 1862 qu'il fut appelé à exercer ces der-
nières fonctions, et en 1875 il célébra le vingt-
cmquième anniversaire de son entrée comme
chef d'orchestre à l'Union musicale, qui lui (ît, à
cette occasion, un cadeau de 9,000 kronen.
L'année suivante, M. Gieis Nade reçut de ses
compatriotes, qui sont justement fiers de la re-
nommée qui s'est attachée à son nom, un hom-
mage peu commun : dans le budget de 1876, le
Foikething lianois (Chambre des députés) vota
deux pensions viagères de 3,000 couronnes cha-
cune en faveur de deux compositeurs nationaux
dont les travaux avaient fait la gloire de leur
pays : ces deux compositeurs étaient M. Berg-
griin et M. Niels Gade. Deux ans auparavant, ce
dernier avait été élu membre étranger de r.\ca-
démie des Arts de Berlin.
On sait que la popularité de cet artiste fort
distingué a commencé [d'abord en Allemagne.
Lorsqu'après la guerre du Sleswig il crut devoir
retourner dans sa patrie et s'y établir définitive-
ment, il fut l'objet des sympathies générales;
mais cela ne l'empêcha pas de faire de fréquents
voyages en Allemagne, et surtout à Leipzig,
pour y faire entendre ses œuvres, qui obtenaient
toujours beaucoup de succès. Le nom du compo-
siteur se répandit aussi en Angleterre, où il a
été appelé plusieurs fois et où il écrivit, pour un
festival, une cantate intitulée the Crusaders.
Peu connu en France, il nous est difficile de
juger la valeur de l'artiste, dont on n'a guère
exécuté que l'ouverture d'Ossian, une ou deux
symphonies, et son andante sostenuto pour or-
chestre (op. 15), qui ont figuré sur les program-
mes des Concerts populaires.
GADE — GAIL
355
M. Niels Gacle est un artiste extrêmement
laborieux, dont la fécondité est peu commune.
A la liste de ses œuvres qui figure dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens, il nous
faut joindre les suivantes : 1» sixième sympho-
nie à grand orcliestre ; 2° septième symphonie ;
3° huitième symphonie (en si mineur) ; 4° Die
Kreuzfahrer, cantate écrite sur un texte
d'Andersen ; 5° Kalanus, composition (harna-
tique en 3 parties, pour voix seules, chœurs et
orchestre ; 6° la Nuit sainte, cantate pour
chœur et orchestre, écrite sur un texte de Pla-
ten ; 7° Message du Printemps, cantate pour
chœur et orchestre ; 8" Sion, cantate sacrée ;
9" the Crusaders, cantate composée pour un
festival anglais; lO" In the Highlands, ouver-
ture; 11° Hamlet, ouverture; 12° Michel.
Ange, ouverture; 13° Novelletten, 4 pièces
d'orchestre, op. 53; 14" 1"= et 2<= sonates pour
piano et .ïiolon (en la majeur et en ré bémol),
op. 6 et 21 ; 15" sonate pour piano (en mihé-
mol) , op. 28 ; 16" Arabesque, pour piano (en
fa majeur), op. 27; 17° Volkstànze, i pièces
pour piano, op. 31 ; 18° octuor pour 4 violons, 2
altos et 2 violoncelles, op. 17 ; 19" trio pour
piano^ violon et violoncelle, op. 42 ; etc., etc. A
tout cela, il faut ajouter un opéra intitulé 3to-
rioita, le seul qu'on connaisse de son auteur. Cet
ouvrage a été représentée à Copenhague il y a
longtemps déjà, et je crois qu'il n'a obtenu que
peu de succès, car il n'a été reproduit nulle autre
part.
,■ Le fameux sculpteur Vilhelm Bissen, mort il y
a quelques années, a fait un excellent buste de
son compatriote Niels Gade.
G^ïHRICH (Wenzel) , pianiste, chef d'or-
chestre et compositeur, naquit le 16 septembre
1794 à Zercliowitz, en Bohème. Il reçut une
bonne éducation musicale, et se produisit comme
compositeur, écrivant plusieurs symphonies et
d'assez nombreux morceaux de piano. Devenu
chef d'orchestre pour le ballet à l'Opéra royal
de Berlin, il conserva cet emploi pendant plus
de trente ans, et écrivit la musique de plusieuis
ballets qui obtinrent du succès et parmi lesquels
on cite particulièrement ceux intitulés Don Qui-
chotte, Aladin et le Corsaire. Gœhrich avait
pris sa retraite depuis quelques années lorsqu'il
mourut à Berlin, le 15 septembre 1864, au mo-
ment d'accomplir sa soixante-dixième année.
Parmi ses compositions instrumentales, il faut
surtout citer sa i" symphonie à grand orches-
tre, en mi majeur, op. 1, sa 2*^ symphonie, en
ré majeur, op. 3, et un quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle, op. 4.
* GAFORI (Franchino). On trouve une no-
lice biographique étendue sur cet artiste juste-
ment célèbre dans le recueil qui a été lait ré-
cemmentdes écrits du compositeur Mayr : Bio~
grafie di scrittore e arlisti musicali Berga-
maschi na/ivi od oriundi (Bergame, Pagnon-
celli, 1875, in-i").
.* GAGUARDI(DiONisio-PoLiANi). Aux ou-
vrages dramatiques mentionnés au nom de ce
compositeur, il faut ajouter les suivants : 1° le
Perrière di Marenima ; 2'^ la Barcajuola sviz-
zera ; 3" il Coscritto.
* GAIL (Edmée-Sophie GARRE, femme),
n'est pas née à Melun en 1776, comme on l'a cru
jusq'i'ici, mais à Paris, le 28 août 1775. C'est
M. Th. Lhuillier (Voy. ce nom), qui, dans son
écrit intitulé : Note sur quelques musiciens
dans la Brie, a rectifié cette erreur d'après un
document authentique : « Tous les biographes,
dit M. Liiuillier, font naître cette dame à Meluis
en 1776. Recherches faites, nous pouvons cons-
tater qu'il y a eu confusion. Claude-François
Garre, son père, était en effet originaire de
Melun. Né le 30 avril 1730, d'un épicier de la
paroisse Saint Aspais (1), il devint chirurgien-
major de l'école royale militaire de la grande et
de la petite écurie de S. M., conseiller du comité
peipetuel de chirurgie, chirurgien ordinaire du
roi, memhre du collège de chirurgie, l'un des
vingt de l'Académie et associé de celle des
sciences d'Angers. Ou le retrouve avec ces divers
litres sur les registres paroissiaux de notre ville,
à la mort de ses père et mère, le 17 mai 1770 et
22 juin 1778 (2). Le docteur Garre, qui était,
comme on voit, un homme distingué, dont Me-
lun peut s'honorer, habitait à Paris la rue
Bourbon, paroisse Saint-Sulpice, et c'est là qu'est
née Edmée-Sophie Garre, le 28 août 1775. »
Voici, en effet, l'extrait du registre de 1775,
v" 125, paroisse Saint-Sulpice : — « Ledit jour
29 d'août mil sept cent soixante-quinze, a été
baptisée Edmée Sophie, née de hier, fille de
M. Claude-François Garre, docteur en médecine,
major de l'École royal (5«c) militaire, etc., et de-
moiselle Marie-Louise-Adélaïde Colloze, son
épouse, demeurants rue de Bourbon. Le parein
Jean Colloze, chancelier honoraire du duché
souverain de Bouillon et grand baillif de Créqui,
(1) Henri Garre, épicier, à Tliôtei Saint-Christophe. (Ar-
chives (le Seine et-Marne, H. 2bl.)
(2) I-e docteur Garn' fisure au décret de liquidation du
2 Juillet 179-, inséré au Bulletin des Lois, comme rhlrur-
gicn ordinaire de l'écurie du roi; il reçoit l'arriéré de ses
gaaes, soit l!,603 1. 2 s. 6 d. — L'année suivante, on le
porta sur la liste des émigrés, mais comme il n'avait pas
quitte son doraicilf, alors transféré rue de Grenelle,
n° 333, section du Bonnet rouge, il obtint facilement, sa
radiation.
356
GAIL — GALLAY
représenté par M. Charles-Godefroy Co'loze,
avocat (M parlement, conseiller du Roy, expéii"^
en cour de Rome et délégdtion, Jils du susdit
parein. La rnareine daine Ed me Marguerite
Blancliiird Colloze, femme du susdit parein, re-
présentée par Aone-Dorotliée Collo/e, épouse de
M. Claude Christophe Courtin, avocat en par-
lement, tille des susdits parein et rnareine. »
GAILLARD ( ), luthier français con-
temporain, fut, à la suite de son appreniissage,
employé comme premier ouvrier chez Gand
{Voy. ce nom). 11 s'établit ensuite à son compte,
vers IH52, et construisit un assez gram) nombre
de violons dont le vernis était un peu cru, mais
dont les proportions étaient heureusement étu-
diées et dont la sonorité n'était point sans qua-
lités. Gaillard est mort il y a quelques années.
(iAJETAl\ (Fabrice), musicien italien, s'é-
tablit en France, où il devint maître de la
chapelle du duc de Guise. Il obtint en 157C, au
concours du puy de musique d'Evreux, le prix
du cornet d'argent pour une chanson française :
C'est mourir mille foys le jour.
GALITZIIV (Le Prince Georges), composi-
teur russe, né à Saint-Pétersbouig en 1823,
descend d'une très-ancienne famille moscovite
dont les deux représentants les plus illustres
' furent le prince Soltikoff et le prince Michel Ga-
litzin. C'est à son père, Michel Galifzin, grand
amateur de musique lui-même et violoncelliste
distingué, que Beethoven dédia une de ses der-
nières oeuvres. Élevé au corps impérial des
pages, M. Georges Gaiitzin, qui alla compléter
en Allemagne des études heureusement commen-
cées dans sa patrie, préfera, en dépit des coutu-
mes et des traditions de la noblesse russe, la
carrière administrative à l'état militaire, et cela
peut-être parce qu'il y trouvait plus de liberté
pour se livrer à son goiit passionné pour la mu-
sique. Ce goût était tel qu'il établit dans son
palais un excellent quatuor d'instruments à cor-
des, et qu'il se forma et entretint pendant près
de vingt ans une chapelle qui fournit, dit-on, k
une grande partie de l'Europe des choristes so-
lides et merveilleusement exercés.
Le prince s'occupait beaucoup de composi-
tion ; mais il professait en politique, paraît-il, des
idées fort avancées qui le firent très-mal voira
la cour. Il avait entrepris li'écrire la musique
d'un grand drame lyrique que son seul titre, VÉ-
mancipation des serfs, l'obligea d'abandonner,
et qui lui valut de l'empereur un ordre d'exil. Il
partit alors, visita d'abord l'Allemagne en don-
nant des concerts qu'il dirigeait lui-même et
dans lesquels il faisait principalement exécuter
sa musique et celle de son compatriote Glinka.
Il parcourut ensuite l'Angleterre , l'Ecosse et
l'Irlande, toujours donnant des concerts (Priti'
cess' Galilzin concerts), propageant et faisant
connaître la musique russe, vivant de son ta-
lent d'artiste, supportant avec une énergie vi-
rile et une rare constance les difficultés maté-
rielles et morales de la situation qui lui était
faite, et se livrant avec ardeur à la production
d'un grand nombre d'ceuvres fort importantes.
En 1862, il \int en France, et le 17 juillet de
cette année il donna à la salle Herz, au profit des
incendiés de Saint-Pétersbourg, un grand concert
dans lequel sa musique et celle de Glinka obtin-
rent un succès considérable.
Cependant, le prince rentra en grâce et obtint
l'autorisation de retourner à Saint-Pétersbourg.
Ses fonctions de chambellan de l'empereur et de
grand maréchal de la noblesse du gouvernement
de Tainbow ne purent l'empêcher de continuer
à suivre son penchant pour l'art qu'il chérissait.
Il avait assisté, à Paris, aux commencements et
aux succès des Concerts populaires fondés par
M. Pasdeloup [Voyez ce nom); il n'eut point de
cesse, une fois de retour dans sa patrie, qu'il
n'y eiit introduit et naturalisé cette belle insti-
tution. Dans l'hiver de 1865-66, il organisa donc
dans la salle du Grand-Manége, à Moscou, des
concerts populaires de musique classique sur le
modèle des nôtres, avec des places à 20 kopeks
(environ 75 centimes). L'orchestre de ces con-
certs, soigneusement formé par lui, était excel-
lent, et il y avait ajouté une partie chorale des-
servie par des chantres au nombre de cinq-
cents.
Parmi les nombreuses œuvres composées par
le prince Georges Gaiitzin, on cite particulière-
ment : r une messe en fu ; 2" une messe en ut ;
3" 2 Fantaisies pour orchestre; 4° 18 romances
ou Ballades; 5" un assez grand nombre de mor-
ceaux de concert pour llùte, pour hautbois, et
pour cornet à pistons; G" plus de vingt-cinq
morceaux de danse; 7" des duos, des trios et des
chœurs ; 8" enfin deux méthodes de chant, dont
une avec des exercices pour chceur à quatre voix.
On assure que, pendant son séjour à Paris, le
prince Gi'orges Gaiitzin av^iit reçu de l'adminis-
tration de l'Opéra la mission d'écrire un drame
lyrique sur le sujet illustré par Michel de Glinka :
la Vie pour le czar.
En 1869, le bruit courut de lamortdu prince
Georges Gaiitzin , qui aurait été assassiné dans
les circonstances les plus étranges. Cette nouvelle
était fausse. Le prince est mort, des suites d'un
refroidissement, au mois de septembre 1872.
*GALL.'\Y (J\CQUEs François), est mort à
Paris, au mois d'octobre 1864. Cet artiste dis-
GALLAY — GALLETTI-GIANOLI
357
tingué, qui avait été nommé professpui- de cor
au Conservatoire âe Paris le 16 novembre 1842,
a occupé ces fonctions jusqu'à sa mort. A la liste
(lèses compositions pour son instrument, il faut
ajouter les suivanti^s : I" Préludes mesurés et
non mesurés, op. 27, Paris, Colombier; 2° 12
Grands Caprices, op 32, ib., ib.; li" 12 Duos
faciles, op. 14, ib., il).; 4" ISoclurne concer-
tant avec piano, op. 3fi, ib., id.; 5" 3 Grands
Trios, pour troiscors, op. 24, ib.. ib.; 6» Grand
Quatuor pour quatre cors en différents tons,
op. 20, ib., ib.; 7" 24 Exercices dans tous les
tons majeurs et mineurs, op. 37, Paris, Sclio-
nenberger; 8° i2 Grandes Études brillantes,
op. 43, ib., ib.; 9° 12 Éludes pour le deuxième
cor, op. 57, ib., ib ; 10" Méthode complèlede
cor, ib., ib.
G.\LLA Y (Jules), violoncelliste amateur et
dilettante passionné, né à Saint-Quentin (Aisne)
en 1822, s'est fait connaître par plusieurs publi-
cations intéressantes relatives à la musique, et
particulièrement à la lutherie. Ces [)ublicati'>ns
.sont les suivantes : 1° les Instruments à archet
à VExposition universelh: de 1867 (Paris,
imp. Jouaust, 1867, in-12 de 67 pp.); — 2° les
Luthiers italiens aux X Vile et XVIII" siècles,
nouvelle édition du Parfait Lulhier {la Ché-
lonomie) de Cabbé Sibire, suirie de notes sur
lesmaîtresdes diverses écoles (Paris, Académie
des Bibliophiles, 1869, in-12), réimpression
textuelle de l'ouvrage bien connu de l'abbé Si-
bire, avec une préface et des annotations impor-
tantes;— 3° le Mariage de la Musique avec
la Dance (réimpression de cet écrit fameux de
Guillaume du Manoir), précédé d'une introduc-
tion historique et accompagné de notes et
éclaircissements (Paris, Académie des Biblio-
philes, 1870, in-12);— 4o les Instruments des
écoles italiennes, catalogue précédé d''une in-
troduction et suivi de notes sur les principaux
maures (Paris, Gand et Bernardel, 1872, in-12).
M. Gallay, qui est adjoint à la mairie du V1II<= ar-
rondissement de Paris et chevalier de la Légion
d'honneur, a été désigné comme membre du
jury internalioiial à l'Exposition universelle de
Vienne (Autriche) de 1873; c'est en cette qualité
qu'il a rédigé le Rapport sur les instruments
de musique (à archet) publié en 1873 (Paris,
Imprimerie nationale, in-4 de 14 p|i.). M. Gallay
est l'un des collaborateurs du supplément de la
Biographie nninerselle des Musiciens.
GALLEAMI ( ). Un musicien de ce nom
a fait représenter en 1877, sur le Théâtre Prin-
cipal, de Barcelone, une opérette en 3 actes, inti-
tulée Fiordirosa, dont le sujet était emprunté,
ainsi que cela arrive neuf fois sur dix à l'étran-
ger, de la pièce française connue sous le titre
de Fleur de Thé.
GALLEGOS (J ), mécanicien espagnol,
est l'invcntf'ur d'un inslnimt nt baptisé par lui du
nom de harpe philharmonique, et que M. Paul
Lavigne (Anatole Loqiiin) décrivait ainsi, au mois
de mai 1866, dans le feuilleton musical du jour-
nal la Gironde : « M. J. Gallegos est l'auteur
(i'un instrument de musique des plus cuiieux,
qui nous païaît destiné à remplacer, si son au-
teur parvient à le répandre, les différents instru-
ments à cordes pincées qui sont encore employés
à noire é|)oque. Cet instrument, auquel son in-
venteur a 'omé le nom de harpe philharmo-
nique, contient à la fois les cordes graves du
violoncelle, une guitare complète, et toute la
série aiguë des cordes de la harpe. Jl a deux
manches : l'un de basse, l'autre de guitare, ce
qui n'empêche pas sa forme d'être des plus élé-
gantes. )'
GALLETTI GIAÏVOLI (Isabelle), canta-
trice fort remarqual)le, née vers 1835, s'est fait
une grande réputation dans sa patrie et est con-
sidérée [lar les Italiens comme la plus grande
chanteuse dramatique qu'ils possèdent. Cette re-
nommée ne me paraît pas exagérée, car j'ai en-
tendu M'"^ Gallelli en 1873 à Milan, au théâtre
dal Verme, d ms la Favorite, et j'ai reconnu en
elle une artiste de premier ordre, douée d'une
voix sonore, grasse, souple e( étendue, sachant
conduire cette voix avec le goût le plus parfait,
et possédant en même temps irn grand sentiment
de la scène et d'incoiiteslables qualités dr-amati-
ques. Il est fàcheirx qu'un embonpoint exagéré
vienne porter tort aux f.icultés de la virtuose, dont
h respiration est parfois gênée et embarrassée.
Toutefois, M""" Galletti-Gianoli^ qui n'a connu
jusqu'ici que des succès, a conservé toute son in-
fluence et son autorité sur le public, et la supé-
riorité de son talent n'a pas été étrangère au
gi-and succès qui a accueilli l'an dernier (1875),
à Florerrce, la Dolores du jeune compositeur
Aiiteri-Manzocchi {Voyez ce nom). On aura
d'ailleurs une idée de la valeur que les Italiens
atlacherrt au talent de cette grande artiste par
l'aimonce que faisaient récemment les journaux
de la Péninsule, qui affirmaient que la dii-ection
du théâtre Apollo, de Rome, l'avait engagée
pour une série de rcpr-ésenlations à 1,800 francs
l'une, chiifre peu habituel en Italie.
M'"" Galletti-G'anoli comrn 'uçait sa carrière
lor'squ'en 1860 elle était à Brescia, oii on lui pré-
disait uu brillant avenir et où on la comparait à
la Malibr-an et à la Cnrvelli. L'année suivante,
elle était engagée au théâtre San-Cario, tic Na-
ples, où elle se montrait avec succès. En 1865,
358
GALLETTI-GIANOLI — GALLI-MARIÉ
on la retrouve à Lon<]res, où Ip public l'accueille
chaleureusement dans iVorma. En 1866, elle est
à Madrid, et n'est pas moins bien reçue; puis
elle retourne en Italie, reparaît à la Scala , va
créera Modène, en 1872, un opéra nouveau de
M. Pedrotti, Olema la Schiava, revient à Mi-
lan, cette fois au théâtre Dal Vernie, dont elle ne
peut pourtant conjurer la mauvaise fortune, va
faire une brillante saison au théâtre San Carlos
de Lisbonne, et en 1876 se montre de nouveau
à la Scala. Malheureusement, depuis plusieurs
années, la santé de M""' Galletti-Gianoli est très-
précaire, et de graves indispositions viennent
fréquemment la mettre dans l'impossibilité de
satisfaire à ses engagoments.
GALLI (EcGENio), compositeur, né à Luc-
ques le 12 février 1810, fut élève en cette ville
du chanoine Marco Sanlucci. Envoyé à Vienne
pour y terminer son éducation, il devint un ex-
cellent contra|iuntiste, et à son retour à Luc-
ques se vit confier la chaire de contre-point à
l'Institut musical, oii il enseigna pendant de
longues années. Devenu maître de la chapelle
ducale, il écrivit plusieurs messes à quatre voix
avec accompagnement d'orchestre, une messe de
Requiem qui fut à sa mort, et selon son désir, dé-
posée dans les archives de l'institut, et publia
des fugues pour orgue dont on dit le plus grand
bien. Il mourut le premier septembre 1867,
après avoir complètement abandonné, depuis
quelques années, l'exercice de son art.
GA'LLI (R\ffaele), flûtiste italien, compo-
siteur pour son instrument, a publié plus de
cent œuvres de divers genres, parmi lesquelles
je me bornerai à citer les suivantes: 6 concer-
tinos, avec accompagnement de piano ; les Élè-
ves en Société, dix Divertissements brillants et
faciles pour flûte et piano concertants^ tirés des
motifs des opéras de Verdi; Y Ami des Dilet-
tantes ^ suite de fantaisies sur des airs d'opi'--
ras ; duos concertants pour deux flûtes ; airs
variés, fantaisies, divertissements pour tlùle
seule, avec accompagnement de piano.
GALLI (Amintore), compositeur et musico-
graphe italien, est né à Riinini le 12 octobre
1845. Après avoir étudié le dessin, les mathéma-
tiques et la philosophie au Gymnase de sa ville
natale, il finit par s'adonner à la musique, entra
au Conservatoire de Milan, où il devint l'élève
de M. G. lî. Croff pour la composition, et en
1867 fit exécuter dans cet établissement une
cantate intitulée r£'5;;m:;/o/ie. Après avoir passé
quel(pie temps dans la province de Modène
comme directeur d'une école de musique, le
jeune artiste commença à se livrer avec ardeur
à la composition et à la littérature musicale.
Il écrivit quelques opéras : César e al Rnbicone,
représenté avec succès, il Risorgimento, donné
à Piome, il Corno iVoro, puis plusieurs messes,
un Stabat mater, et enfin un oratorio, Cristo
al Golgota, qui fut très-bien accueilli ; en
même temps il publiait ses premiers travaux lit-
téraires, VArte foneiica, et un volume intitulé la
Musica ed i Musicisti dol secolo X sino ai
nostri giorni, ovvero Biografie cronologiche
d'illustri macstri (Milan, Canti, 1871, in-8").
Ce livre, en tête duquel l'auteur a placé pour
épigraphe cette phrase de Fétis : « La musique
est l'œuvre idéale de l'humanité, » a été écrit
dans le but de compléter l'instruction musicale
des élèves des écoles de chant choral de Milan;
il n'y faut donc chercher ni renseignements
nouveaux, ni documents inédits, ni discussions
esthétiques, ni vues philosophiques particuliè-
res ; mais il est conçu avec intelligence, écrit
avec soin, et, tel qu'il est, peut rendre d'utiles
services. On peut seulement lui reprocher quel-
ques définitions un peu brèves et un peu singu-
lières du génie de certains artistes, comme, par
exemple, lorsque l'écrivain se hasarde à dire que
Berlioz est « réputé le champion de la musique
à programme , » que M. Stefano Golinelli est
'< le Bach de l'Italie, » enfin que M. Ambroise
Thomas « est l'heureux disciple de Wagner. »
M. Gain dirige actuellement à Milan le grand
établissement musical de M. Edoardo Sonzo-
gno, qui s'occupe surtout de répandre et de pu-
blier en Italie tous les chefs-d'ceuvre de l'école
française, et il écrit les notices historiques de
toutes les partitions qui composent la collection
de la Musi);a per tutti, publiée par cette impor-
tante maison ; il est en même temps rédacteur
musical du journal il Secolo. Ce jeune artiste
prépare en ce moment la publicition d'un opus-
cule intitulé rortofonia, et celle d'un livre à
la fois historique et tbi^orique qui aura pour
titre: la Musica militare in Europa.
GALLI-MARIÉ (M"-^), chanteuse drama-
tique, est fille de M. Marié, baryton qui fil pen-
dant plus de quinze ans partie du personnel de
rOpéra. Douée d'une voix de mezzo-soprano
assez courte, mais d'aptitudes scéniques incon-
testables, elle embrassa de bonne heure la car-
rière théâtrale et tint successivement l'emploi
de fortes chanteuses d'opéra dans plusieurs
villes importantes. En 1859, on la trouve à
Strasbourg, en 1860 à Toulouse, d'oii elle se
rend, en 1861, à Lisbonne, pour chanter le ré-
pertoire italien au théâtre San-Carlos. De Lis-
bonne elle revient en France, accepte un enga-
gement pour Rouen, où elle obtient un grand
succès, et crée en cette ville , au mois d'avril
GALU-MARIÉ — GAMBINI
359
1862,1e rôle principal d'un opéra de Balfe, fia
Bohémienne, qui n'avait pas encore été joué à
Paris. La représentation de cet ouvrage ayant
eu un certain retentissement, M. Perrin, alors
directeur de l'Opéra-Comique , se rendit à
Rouen pour y entendre M""' Galli-Marié, eu fut
très-satisfait, et l'engagea séance tenante.
La jeune artiste débuta donc à l'Opéra-Comi-
que, au mois d'août 1862, dans la Servante
maîtresse, de Pergolèse, qui n'avait pas été
jouée depuis près d'un siècle, et que l'on avait
remontée à son intention. Son goût musical,
la justesse de sa diction, son vrai talent de
comédienne lui valurent de la part de la critique
et du public un succès très-vif et de très-bon
aloi. Mais comme son engagement à Rouen n'é-
tait pas expiré, M™'' Galli-Marié se partagea, pen-
dant toute la fin de la saison théâtrale, entre cette
ville et Paris. Bientôt, cependant, elle fit exclu-
sivement partie du personnel de l'Opera-Coniiqup,
et fit à ce théâtre plusieurs créations importantes
qui montrèrent toute la souplesse et la flexibilité
de son talent. Également propre à exciter le rire
et à provoquer les larmes, douée d"im tempéra-
ment artistique très-original et très-personnel qui
lui permettait, sans imiter personne, o'e faire Hes
types véritablesjdes rôles qui lui étaient conliés,
M'"^ Galli-Marié se fit applaudir dans toute une
série d'ouvrages où elle représentait des per-
sonnages de nature et de caractères essentielle-
ment opposés : Lara, le Capitaine Henriot,
Fior d'Aliza, la Petite Fadeite, José Marin,
Robinson Crusoé, Fantasio, l- Passant, Don
César de Bazan, Carmen; elle reprit aussi
quelques pièces de répertoire, Marie, les
Porcherons, les Amours du Diable, les Dra-
gons de Villars, etc. Après une courte absence,
pendant laquelle elle parcourut la Belgique,
cette artiste distinguée est rentrée à l'Opéra-
Comique au mois d'octobre 1874.
M""" Galli Marié doit prendre place au rang
des artistes nombreux qui, bien que doués d'une
voix médiocre, ont rendu depuis un siècle à ce
théâtre des services signalés par leur talent scé-
nique et leur incontestable valeur au point de
vue dramatique.
GALLIERI ( ), compositeur et impré-
sario italien, a fait représenter le G juin 1S67, à
Milan, sur le théâtre de la Canobbiana, dont il
était alors le directeur, un opéra intitulé Za-
granella; cet ouvrage tomba si lourdement,
m«lgi é la situation de son auteur, qu'on ne put le
jouer que deux fois, en dépit de modifications
nombreuses qui y avaient été apportées pour la
seconde représentation. Je crois qu'un peu plus
tard, M. Gallieri prit la direction d'un autre
théâtre de Milan, et qu'il 5y fit jouer encore
une opérette qui n'obtint qu'un médiocre suc-
cès.
GALLIGMAjVI (Giuseppe), jeune composi-
teur italien, qui a fait son éilucation musicale au
Conservatoire de Milan, avait quitté l'école de-
puis cinq ans environ lorsqu'il fit représenter sur
le théâtre Carcano, de cette ville, le 30 mars
1876, un opéra sérieux en trois actes, intitulé
Atala, dont le sujet était emprunté au roman
célèbre de Chateaubriand. Ce début ne fut pas
heureux, et l'ouvrage n'eut pas de succès.
'* G ALLO (IcNAzio). Selon M. Fraucesco
Floriino, le consciencieux historien des Conser-
vatoires de Naples, cet artiste serait né dans
cette ville en 1789, et c'est au Cori.servatoire
dei Povt'ri di Gesii Cristo qu'il serait devenu
l'élève d'Alessandro Scarlatti. On ignore l'épo-
que de sa mort, mais on sait par tradition qu'il
fut le maître de David Perez.
GALLUS ou GALLI (Antoine), composi-
teur qui vivait dans les Pays-Bas au milieu du
seizième siècle, a fourni quatre chansons au
recueil divisé en six livres que Pierre Phalèse
publia à Louvain en 1555-1556, et dont le pre-
mier parut sous ce titre : Premier livre des
chansons à quatre parties, nouvellement com-
posez (sic) et mises en musique, convenables
tant aux instritmenfz comme à la voix (Lou-
vain, 1555, in-4°).
GALLYOT (Théodore), violoncelliste et
compositeur, ancien élève du Conservatoire de
Metz, où il fut ensuite professeur de violoncelle,
vint plus lard s'établir à Paris, et fut violoncel-
liste au Théâtre-Lyrique et aux Fantaisies-Pari-
siennes. Il a fait représenter à ce dernier théâtre,
le 16 mars 1867, un opéra-comique en un acte
intitulé l'Amour mannequin.
GAMBINI (Le P. Andréa), compositeur de
musique religieuse, naquit vers 1665 à San Lo-
renzo aVaccoli, près de Lucques. Les registres
de la compagnie de Sainte-Cécile de cette ville
attestent que de 1700 à 1713, sept services reli-
gieux à 4 voix et à grand orchestre, de la com-
position de Gambini, furent exécutés à l'occasion
de la fête que célébrait chaque année la classe
philharmonique de cette société, en l'honneur de
sa patronne. On n'a point d'autres renseigne-
ments sur cet artiste , qui mourut à Lucques
en 1725, et dont toutes les œuvres ont été per-
dues.
* GA^IBINI (Carlo-àindrea), pianiste et
compositeur, était né à Gênes, non en 1818, mais
le 22 octobre 1819. Outre son opéra Eufemio dï
Messina, il a fait représenter il Nnovo Tartufo
(Gênes, th. Apollo, 1854), et Don Grifone
360
GAMBINI — GAND
(Turin, th. Rossini, 1856), el a «'crit encore i
Tessalï et la Vendetta délia Sc/iiavn, qui, je
crois, n'ont pas éié joués. Son Cristof'oro Co-
lombo est une sorte de grande sympiionie drn-
maliqne, dont des fragments seulement ont été
exécutés. On doit encore à Garniiini ime messe
à grand orcliestre, exécutée en 1840, plusieurs
autres messes, des hymnes, des cantates, heau-
coup de morceaux de concert, pour voix ou
pour instruments, <ieux recueils d Éludes pour
le piano (op. 36 et 70), et enfin la musique de
la Passion, de Manzoni, pour 4 voix, ch(Rur et
orchestre. Cet ai liste esi m^rt à Gênes le 14 fé-
vrier 1865. Les compositions de Gambini sont
au nombre de phis de cent cinquanie.
GAMBOA (Pero de), abbé, compositeur et
professeur de musique portugais, appaitenait a
l'ordre de Saint-Denoît vers 1640. Leào de Saint-
Thomas (dans sa Benedic'ina Lusitanù, t. II,
p, 42) fait des éloges de ce religieux, dont les
compositions sont restées inédites. J. de V.
GAMIiOGI (Le P. Francesco), compositeur
de musique religieuse, né vers 1713 à Camaiore,
dans le duché de Lucques, moumt en 1781. Il
fut maître de musique au séminaire de Saint-
Miche! in foro, puis maître de cliapelle à l'église
collégiale de Camaiore. Une de ses œuvres les
plus importantes est un oratorio, Giuscppe ri-
conosciulo, dont la partition est encore aujour-
d'hui conservée dans les archives de la Congréga-
tion des Anges gardiens, à Lucques, tandis que
plusieurs autres de ses composilion^ se trouvent
dans les archives des héritiers Puccini. De 1743
à 1778, Gambogi écrivit une vingtaine de servi-
ces religieux à 4 voix, avec accompagnement
instrumental, qui étaient exécutés à la fêle de
Sainte- Cécile.
GAMMIERI (Erenmo), compositeur, né à
Campobasso le 11 mars 1836, fut é evé au Con-
servatoire de Naples, où il reçut des leçons de
Busti pour le chant et de Carlo Conti. pour la
composition. Après dix ans d'études, il sortit de
i'écoie, en 1859, pour aller remplir au théâtre
de Saint-Pétersbourg les fonctions de maestro
concertatore , et c'est sur ce théâtre qu'il fit
représenter, au mois de février 186'7, un opéra
sérieux, Chatterton, qiiifut chaulé parM"° Bar-
bot, MM. Caizolari, Poloniniet Everanli, elbien
accueilli du public. Depuis lors, M. Gainmieri a
écrit un second ouvrage dramatique, r Assedio
di Flrenze, qui n'a pas été joue jusqu'ici. Cet
artiste a composé aussi un assez- grand nombre
de mélodies vocales, dont quelques-unes ont été
• publiées.
GAMUCCI (Baldassare), compositeur et
écrivain sur la musique, est né à Florence le 14
décembre 1822. Après avoir accompli ses études
de littérature et de philosophie au séminaire de
cette ville, et avoir li-availlé le piano avec Carlo
Fortini, il suivit un cours de contre-point et de
composition sous la direction deLuigi Picchianti.
Il s'adonna ensuite à l'enseignement et à la com-
position, el, tout en écrivant des œuvres nom-
breuses et importantes, fon.la, en 1849, la Société
chorale del Carminé , qui eut une existence
longue et prospère, et dont un grand nombre
d'élèves furent plu^ tard incorporés dans l'école
chorale de l'inslitut musical de Florence, Ecole
dont M. Gamucci est actuellement le directeur.
La liste des compositions de cet ai liste estima-
ble comprend : six messes de Gloria à 3 ou 4
voix, qui ont été exécutées dans diverses églises
de l'Iorence; une Me^se de Hequiemk 4 voix
d'hommes, avec orchestre; plusieurs autres
messes à plusieurs voix, a cappella; Béatrice,
gli Esuii in Babilonia, et une paraphrase ita-
lienne du Psaume XIV, cantates exécutées dans
la salle de la Société philharmonique de Flo-
rence; des psaumes, motets, cantiques, introits,
graduels, litanies, hymnes et autres compositions
religieuses, soit a cappella, soit avec orchestre;
enfin, un assez grand nombre de morceaux de
piano et de chant. M. Gamucci a écrit aussi la
musique d'un opéra en quaUe. actes, Ghismonda
di Salerno, non représenté jusqu'à ce jour.
Comme écrivain musical, il a collaboré à divers
journaux , entre autres au Bocchcrini, auquel
il a doimé de nombreux articles, et il a publié
l'opuscule suivant : Inlorno alla vita ed aile
opère di Luigi CheruOmi, Fiorenlino, ed al
monumento ad esso innalzato in Santa Croce
(Florence, Barbera, 1869, in-8° de 60 pp., avec
portrait). Enfin, M. Gamucci a communiqué à
l'Académie de 1 Institut musical de Florence,
dont il est membre résident, plusieurs travaux
intéressants qui ont été insérés dans les Actes da
cette compagnie, et il a publié un manuel élé-
mentaire de musique ainsi intitulé : Rudhnenti
di lef tara musicale pcr usodi tutti gV Istiîuti
si pubblici che privati d''ltalia. Ce petit ou-
vrage a eu deux éditions.
GAA'D (Charles-François), luthier à Paris
et l'un des artistes français de ce genre dont les
produits sont le plus estimés, entra en 1806
comme apprenti dans l'atelier de Nicolas Lupot,
le célèbre luthier parisien. Il devint son gendre
après avoir été son meilleur élève.
C'est en 1824 que Charles-François Gand suc-
céda à son beau-père. Il travailla avec un grand
succès jusqu'en 1845, année de sa mort; il eut
ses deux lils pour collaborateurs et dignes con-
tinuateurs.
GAND — GANDOLFI
36t
Gand père a eu l'honneur de terminer pour
la chapelle royale des Tuileries les instruments
commencés par Lupof, et que la mort avait em-
pêché celui-ci d'achever. Devenu luthier du
Conservatoire de musique, il a pendant de lon-
gues années fourni les instruments (violons et
violoncelles) décernés aux élèves lauréats (1).
J. G-y.
* GANDIN! (Le chevalier Antonio), artiste
issu d'une famille noble, était né non à Bologne,
vers 1780, comme il a été dit par erreur, mais
à Modène le 20 août 1786, et il étudia le contre-
point au lycée de Bo'ogne, sous la direction de
du P. Matfei, ayant pour condisciples Morlac-
chi et Rossiui. De retour dans sa ville natale, il
y fit exécuter, le 16 juillet I8t4, pour l'arrivée
du duc et de la duchesse de Modène, une can-
tate de circonstance, la Caduta dei Gigantl,
qui lui valut la nomination de maître de cha-
pelle de la cour. Le 21 octobre i818, il faisait
représenter un opéra sérieux, Ennlnia, suivi
bientôt de Buggiei'o (ZO octobre 1822), et à'An-
tigona (28 octobre 1824). Eu 1825 et en 1829,
il produisit deux nouvelles cantates de circons-
tance, et en 1832 il était appelé à faire partie du
comité de direction du théâtre de Modène. Cet
artiste, qui fonda dans sa ville natale, sous le
titre de Caisse de subvention des Philharmoni-
ques, une société de secours et de retraite pour
les musiciens à^és ou infirmes, mourut dans sa
villa de Formigione, le 10 septembre 1842. Les
quatre opéras suivants : Zaira, Isabella di
Lara, Adélaïde di Borgogna et Maria di Bra-
bante, qui lui ont été attribués à tort, ne sont
pas de lui, mais de son fils Alexandre.
GANDINI (Alessandro), fils du précédent,
né en 1807, à Modène, fut placé d'abord au col-
lège de San Carlo, puis à l'Académie militaire.
Dès ses plus jeunes années, son père lui fit étu-
dier la musique et lui enseigna ensuite la corn-
position, avec le désir de le voir lui succéder
plus tard dans ses fonctions de maître de cha-
pelle de la cour. En 1827, le jeune Gandiui fit
représenter à Modène son premier opéra, Deme-
i?'io, qui fut bien accueilli et à la suite duquel il
fut nommé maître de chapelle adjoint ; le 7 no-
vembre 1829, il donnait au même théâtre Zaira,
(1) G;ind père avait le fit^e de « luthier du Roi et du
Conservatoire, » qui, à sa ninrt, passa à ses fils et succes-
seurs, MM. Charles- Adolplie et EuRéne Gand. L'aîné de
ceux-ci, Adolphe Gand, est mort à Paris, à l'ùie de 54
ans, le 24 Janvier 1866; le second, M. Eugène Gand, s'est
associé depuis lors avec M. Bernardel. — Les instru-
ments superbes et d'une qualité rare qui avaient élé coin-
uiencés par Lupot et achevés par G;ind père pour la clia-
pelle^ro.vale des Tuileries, ont été détruits en 1871, lors
de l'incendie de ce palais. C'est une perte irréparable.
A. F.
et le 17 octobre 1830, fsabella di Lara. En
1832, il faisait exécuter une cantate, laFedcltà
bientôt suivie d'un nouvel opéra, Maria di
Bradante (octobre 1833), et â' Adelai.de di Bor-
gogna {ISii}. Il ne j)roduisit plus ensuite que
quelques cantates de circonstance -. la Fata
(1842), et il Genio di Modène (1857).
Alessandro Gandini, qui avait succédé défini-
tivement à son père, et à qui l'on doit aussi un
assez grand nombre «l'd'uvres de musique reli-
gieuse et de musique de chambre, a occupé les
dernières années de sa vie à la rédaction d'un
historique complet des théâtres de Mo'tène. Cet
écrit, complété par deux plumes amies, a été pu-
blié après sa mort sous ce titre : Cronisleria
dei Teatri di Modena dal 1539 al 1871, del
maestro Alessandro Gandini, arrichiia d'in-
teressanti notizie e confimtala sinn al pré-
sente, da Luigi-Francesco Valdrig/ii e Gior-
gio Ferrari-Moreni(Mo(\èiw., 1873, 3 vol. in-18).
Cet ouvrage a fotirni les éléments de cette notice
et de la précédente. Alessandro Gandini est
mort à Modène le 17 décembre 1871.
GANDOLFI ( ). Un artiste de ce nom a
fait représenter à Naples, en 1854, un opéra sé-
rieux intitulé il Sul/ano.
GANDOLFI (RiccAKDo), né à Voghera (Pié-
mont), en 1839, montra dès ses premières années
un tel penchant pour la musique que ses parent*
se décidèrent à le conduire à N.qiles, où il étudia
l'harmonie et le contre-point sous la dinclion
particulière de Carlo Conti. Des raisons de fa-
mille l'obligèrent à quitter Naples pour retourner
dans sa ville natale et s'établir ensuite à Florence,
où il termina ses études sous la direction de
Mabellini. En 1863, M. Gandolfi débuta avec
succès au théâtre de Santa Radegonda, à Milan,
avec un opéra sérieux : Aldina. En 1865, il fit
représenter au théâtre Regio, de Turin, son opéra
// Paggio, et en 1872. il donna au théâtre Carlo-
Felice, de Gênes, il Conte di Monreal.
M Gandolfi s'est fait connaître favorablement
aussi dans le genre sacré et symphonique : en
1866, il fit exécuter à Florence un Bequiem à
grand orchestre qui fut entendu peu de temps
après dans la cathédrale de Turin, à l'occasion
des funérailles du roi Charles-Albert, et de non-
veau à Florence pour celles du général Druetli;
eu 1869, il fit exécuter une grand' messe à Chia-
vari, pour la fête solennelle du centenaire de
Notre-Dame delPorto. Dans la même année, il
produisit aux concerts de la Società Del Qiiar-
telto, à Florence, une symphonie à grand or-
chestre, à la Société philharmonique (t<S72) un
psaume, en 1875 une cantate, H battesimo di
Santa Cecilia, et, enfin, à la société Orfco, une
362
GANDOLFI — GARCIA
élégie pour violoncelle avec accompagnement de
quatuor, harpe et harmonium, exécutée plu-
sieurs fois avec beaucoup de succès aux con-
certs de cette société. M. Gandolfi a publié chez
Lucca , à Milan , un album de chant intitulé
Penyieri ed affetti. Dans les atti de l'Académie
royale de musique de Florence, se trouvent
aussi quelques mémoires remarquables dûs à la
plume de M. Gandolfi, qui est littérateur à ses
heures et occupe même une place dans la presse
périodiijue musicale. M. R. Gandolfi est chevalier
de l'ordre des Saints-Maurice et Lazare, et mem-
bre de plusieurs académies, entre autres de l'A-
cadémie musicale de Florence, où il exerce les
fonctions de conseiller-censeur (1). — L.-F. C.
GANLEIXO (LoTAP.ro), musicien poëte, a
publié l'ouvrage suivant: L'Arfe ciel contrap-
punto, pnssalpinpo armonico-poetico in ot-
lavn rimn. Sienne, 1828.
* GA.\Z (Maurice), violoncelliste remarqua-
ble et compositeur, est mort à Berlin le 9.2 jan-
vier 1868. Il élail né à Mayence non en 1804,
mais le 13 septembre 1806.
GARANI (MicuELANCELo), luthier italien,
vivait à Bologne dans les dernières années du
dix-septième siècle et dans les premières années
du dix-luiitième.
GARBEROGLIO(G ), écrivain italien,
est l'auteur d'une compilation chronologique pu-
bliée sous ce litre : Série dcgli spettacoli rap-
presentnti aï teatro Tieg'w di Torino, dal
1668, cpoca délia sua fondazione, al présente,
Turin (vers 1875). On sait que le théâtre regio
ou royal est le plus important de Turin au point
de vue musical.
GARCIA (José-Maukicio-Nlnes), composi-
teur distingué, était maître de la chapelle royale
de Rio de Janeiro (Brésil) pendant le séjour que
Jean VI fit dans cette ville. On sait que presque
toute la cour de Portugal abandonna Lisbonne
lors de l'invasion de l'armée française comman-
dée par Junot(1807) et se rendit au Brésil. La
plupart des artistes de la chapelle royale accom-
pagnèrent le roi et sa famille. Garcia se trouvait
déjà à Rio de Janeiro lorsque le roi y arriva, car
il n'est jamais sorti du Brésil. Il était né dans la
capitale de cet empire en 1767 et y mourut en
1830. Ses compositions n'ont pas été publiées,
Cl) Depuis que cette notice est écrite, M. Gandolû a
composé, pour les cérémonies qui ont eu lieu à Catanc
lors delà translation en cette ville des cendres de Bcllini
(1876), une Marche funèbre qui a été publiée à Milan,
étiez l'éditeur de Giorgi. On doit à M. Gandolfi b publi-
cation d'un écrit ainsi intitulé : Sulla reluzione délia
poesia colla inuaUa mclodrammatica (1868). Enfin, à la
liste de ses ouvrages dramatiques, il faut ajouter Cata-
rirui di Ciiisa, opéra représenté ù Catane en 1872. — a. p.
mais on les dit très-remarquables. Garcia avait
fait son éducation musicale dans une espèce de
Conservatoire que les Jésuites avaient établi aux
environs de Rio pour l'enseignement des nègres
des deux sexes. Cet établissement était .xitué à
Santa-Cruz, dans une propriété immense que
l'ordre y possédait. Voici ce qu'en dit Balbi (1) :
« Lors de l'arrivée du roi à Rio de Janeiro,
Santa-Cruz fut convertie en maison royale. Sa
Majesté et toute la cour furent frappées d'éton-
nement, la première fois qu'elles entendirent la
messe dans l'église de Saint-Ignace de Loyola à
Santa-Cruz, de la perfection avec laquelle la
musique vocale et instrumentale était exécutée
par des nègres des deux sexes, qui s'étaient
perfectionnés dans cet art d'après la méthode
introduite plusieurs années auparavant par les
anciens propriétaires de ce domaine, et qui heu-
reusement s'y était conservée. Sa Majesté, qui
aime lieaucoup la musique, voulant tirer parti
de cette circonstance , étalilit des écoles de pre-
mières lettres, de composition musicale, de
chant et de plusieurs instruments dans sa maison
de plaisance et parvint en peu de temps à former
parmi ses nègres des joueurs d'instruments et
des chanteurs très-habiles. Les deux frères
Marcos et Simâo Portugal ( Votj. ces noms) ont
composé tout exprès des pièces pour ces nou-
veaux adeptes de Terpsichore, qui les ont parfai-
tement exécutées; plusieurs ont été agrégés
parmi les musiciens des chapelles royales de
Santa Cruz et de San Christovào. Quelques-uns
même sont parvenus à jouer des instruments et
à chanter d'une manière vraiment étonnante. »
Balbi dit encore : « Nous regrettons de ne pou-
voir donner les noms du premier violon, du pre-
mier fagot (basson), du premier clarinettiste de
San Christovào, et de deux négresses qui se dis-
tinguent parmi leurs compagnes par la beauté de
leurs voix et par l'art de l'expression qu'elles
déploient dans le chant. Les deux frères Marcos
et les plus grands connaisseurs de Rio de Ja-
neiro en font le plus grand cas. Sa Majesté a as-
sisté bien des fois à des cérémonies religieuses
où toute la musique a été exécutée par ses es-
claves musiciens. « On fit si bien qu'on parvint
à faire exécuter même des opéras tout entiers
par ces Africains, aux applaudissements de fous
les connaisseurs qui « les ont entendus, » dit en-
core Balbi. Marcos et Simâo Portugal étaient
chargés d'écrire ces compositions dramatiques.
Garcia fut un des élèves les plus distingués de
cet établissement ; le roi lui donna le titre
d'abbé, le nomma chevalier de l'ordre du Christ
(1) Essai statistique, vol. II, pages Si3-214.
GARCIA — GARIBOLDI
363
et le chargea de la direction de sa cliapelie,
fonctions qu'il partageait avec le célèbre Marcos
Portugal. Garcia était fort instruit dans son art
et possédait la plus riche collection musicale qui
existât au Brésil, collection qu'il avait formée
en achetant tout ce qu'on publiait de plus re-
marquable en Europe en fait de musique. On cite
un Te i)eif?n chanté à Rio de Janeiro en 1791,
comme un de ses meilleurs ouvrages. M. Porto-
Alegrc a fuit l'éloge, de ce compositeur {Revista
trimensal do JnstUuto, vol. XIX, pp. 354-
378). J. deV.
GARCIA (Mariano), compositeur espagnol,
né à Aoiz, dans la Navarre, le 26 juillet 1809,
entra comme enfant de chœur à la cathédrale de
Pampelune en 1817. Il y étudia le solfège et le
chant sous la direction de Mateo Gimenez, puis,
s'éfant livré à l'étude du violon, il obtint une
place de violoniste dans la chapelle de la même
église. Ayant ensuite travaillé l'harmonie et la
composition avec un artiste distingué, José Guel-
benzu, organiste de la paroisse de Saint-Satur-
nin, il fut nommé, au bout de quelques années,
professeur à la chapelle de la cathédrale, et de-
vint plus tard directeur de l'école de musique de
sa ville natale. Cet artiste a écrit un grand nom-
bre de compositions religieuses, fort estimées, et
qui se font remarquer, dit-on, par la clarté et
l'élégance des idées, par la bonne structure des
morceaux, par la facilité d'exécution, et surtout
par un goi'it très-pur.
GARCIA (......). Un musicien de ce nom a
fait représenter en 1854, sur le théâtre de Ca-
gliari (Sardaigne), un opéra bouffe intitulé Fu-
nerali e Danze.
* GARCIA (M"^ EiiGÉNiE), née AIAYER, a
terminé, je crois , sa carrière dramatique à Ma-
drid, et faisait partie, 'en 1858, de la troupe du
théâtre italien de cette ville. Elle avait fait sa
première apparition en 1836, à Nuvare, sous les
yeux et sous les auspices de sa bdle-sœur, la
Malibran, qui l'avait prise en tendre affection.
Aujourd'hui, et depuis longues années déjà,
jyjme Eugénie Garcia est considérée comme
un des meilleurs professeurs de chant de Paris.
Elle a publié quelques romances, la Leçon du
Rossignol , Dors , mon enfant , Romance
dramatique, etc., dont elle a écrit les paroles
et la musique. M™" Eugénie Garcia a reçu du roi
des Pays-Bas la grande médaille d'or du Mérite,
décoration tout artistique, qui se porte en sautoir,
et que le même monarque avait donnée jadis à
M'"'' Malibran.
GARCIN(JiLES-AuGUSTESALOMOIV,dit),
■violoniste, est né à Bourges le 11 juillet 1830.
Dès l'âge de neuf ans il était admis, au Conser-
vatoire de Paris, dans la classe de solfège de Pas-
fou ; en 1843 il devenait élève de Clavel pour le
violon, et passait, en 1846, dans la classe de
M. Alard ; enfin il eut encore pour professeurs,
dans cet établissement, M. Bazin pour l'harmo-
nie et accompagnement, et Adam pour la com-
position. Voici la liste des récompenses qu'il
obtint au Conservatoire : 2® prix de solfège en
1843 et !'■' prix en 1844 ; accessit de violon en
1848 ; V accessit d'harmonie et accompagnement
en 1849; enfin, T prix de violon en 1851 , et
l*"' prix en 1853. Attaché à l'orchestre de l'O-
péra en qualité de second, puis de premier vio-
lon , M. Garcin devint ensuite deuxième violon
solo, et est aujourd'hui troisième chef d'orchestre
et premier violon solo. Son jeu pur, correct et
élrgant a fait choisir M. Garcin comme professeur
dune des; deux classes préparatoires de violon
rétablies au Conservatoire en 1875; l'arrêté mi-
nistériel qui le nommait à cet emploi est du
14 octobre de cette année. Cet artiste distingué,
qui fait partie de l'orchestre de la Société des.
concerts, a exécuté dans une des séances de cette
société un concerto de sa composition, qui, sans
être une œuvre absolument supérieure, se faisait
remarquer cependant par la grâce du style et
la distinction de la forme. M. Garcin a écrit en-
core, outre un concertino d'alto, diverses autres
compositions pour son instrument, dont quelques-
unes ont été publiées chez l'éditeur M. Lemoine.
* GARDl (Fp.ai>*çois), était né à Venise dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle. A la
liste de ses ouvrages dramatiques, il faiU ajouter
une farsa intitulée la Pianella perduta , qui,
représentée à Modène en même temps qu'une
autre farce de lui, la Donna vc la fà, le 14 mars
ISOI, n'obtint pas moins, avec celle-ci, de vingt-
quatre représentations .consécutives.
GARIBOLDI (Grsevpe), flûtiste et com-
positeur d'origine italienne, a publié en France
un grand nombre de compositions pour la flûte.
Il faut citer entre autres les suivantes : Vingt
études chantantes, op. 88 (Paris, Leduc) ; Petite
école de la musique d'ensemble et d'accompagne-
ment pour piano avec flûte ou violon, ad libitum,
(Bruxelles, Schott) ; le Repos de l'étude, dix
fantaisies, op. 49 (id., id.); le Décaméron des
jeunes flûtistes, dix petites fantaisies (id., id.);
r Indispensable, grande étude-caprice, op. 48
(id., id. ) ; Illustrations élégantes et faciles sur
dix opéras (Paris, Brànàus); Soirées du fliltiste
amateur, 14 transcriptions mélodiques sur les
opéras de Verdi, op. 72, (Paris, Escudier) ; Yàn-
ims\esar Faust (Paris, Choudens) ; Fantaisie sur
Roland à Roncevaux (id., id.); etc., etc. M. Ga-
riboldi a écrit aussi la musique de deux opéras-
364
GARIBOLDI — GASPARINI
comiques en un acte : Au clair de la Lune,
et la Jeunesse de Hoche, représentés tous deuv
sur le thfàire de Veisailles, le 5 septembre 1872,
et celle d'une optM'elte, le Rêve d'un écolier,
jouée dans un concert en 1868. Enfin, ce com-
positeur a publié un certain nombre de romances
et mélodies vocales : Chanson de la brise, le
Crucifix, Souvenir, Loin de toi, la Cloche dît
soir. Elle était là, etc., etc.
GARl.MOXD (H -X ), hautboïste, né
vers 1820, a fait ses'études musicales au Con-
servatoire de Paris, où il fut élève de Vogl. Il
obtint le second prix de hautbois au concours
de 1840, et le premier l'année suivante. Il se
produisit ensuite avec quelque succès dans les
concerts, et devint premier hautbois soïo à l'or-
chestre du Théâtre-Italien. Cet artiste a publié :
1° Mélliode élémentaire de haulb(\is , Paris,
Leduc; 2° Récréations musicales, 20 petits
morceaux pour hautbois, en deux suites, id.,id. ;
3" 12 faritai>ies pour hautbois et piano (en société
avec Alphonse Leduc), id., id.
GARNI ER ( ), organiste, vivait dans
la preniièie moitié du dix-huitième siècle, et pa-
raît avi)ir été un artiste habile en son art. Je
n'ai pu trouver d'autres renseignements sur lui
que ces quelques mots que lui consacre Titon du
Tillei, dans son Parnasse François : — « Parmi
nos organistes les pfus habiles que la mort a
enlevés, on ne doit pas oublier Garnier, organiste
de la chapelle du roi. . .. » J'ignore si Garnier s'est
livré à la composition.
GARiXIblU (Edouard), compositeur et écri-
vain musical, rédige depuis quelques années la
partie musicale du journal le Phare de la Loire,
publiée Nantes. 11 a formé une. brochure d'im
article in-eré dans ce journal sous ce titre -. le
Conceri - Ullman i'SdnXes, impr. Mangin, 187?.,
in-18), et avait déjà donné, dans les mêmes con-
ditions, l'opuscule suivant : Ilamlet, Iragédie ly-
rique, musique d'Aristide Hignard. Analyse de
Zajtia/7i/ion (Nantes, irapi-.Mangin, 1868, in-S'-").
Après avoir publié, dès 1854, un albusn de
chant auquel il avait donné le titre de Larmes
et Sourires , M. Edouard Garnier s'est fait de
nouveau connaître comme compositeur par deux
autres recueils de mélodies vocales, l'un intitulé
Rêves de Jeunesse , dont il a écrit les paroles
et la musique, l'autre. Roses et Cyprès, dont
quelques poésies aussi sont sorties ce sa plume.
Il y a de la facilité et une inspiration élégante
dans ces deux recueils, qui ont été publiés chez
l'éditeur Alphonse Leduc, et qui ont été suivis
des Chants d'automne, six romances sans pa-
roles pour piano , publiés chez M. Grus. On
connaît encore, du même artiste, Claudine, « ro-
man musical, m publié chez M. Heu. M. Edouard
Garnier, que ses travaux de composition et de
critique spéciale n'empêchent pas de se livrer à
l'enseignement, est depuis quelques années pro-
fesseur d'harmonie au Conservatoire de Nantes.
* GASPARI (Gaetano). Cet artiste fort dis-
tingué a publié les deux opuscules suivants :
1° Ricerche, documenti e memorie risguar-
danli la storia delVartemusicale in Bologna,
(Bologne, 1867, in-f"); 2° Ragguagli sulla cap-
pella musicale délia basilica di S. Petronio
in Bologna (Bologne, 1869, in-P). En 1862,
M. Gaspari fit vendre à Paris sa riche bibliothè-
que musicale, dont le catalogue fut publié à cette
occasion : Catalogue des livres rares, en par-
tie des XV^ et XVP siècles, composant la bi-
bliothèque musicale de M. Gaetano Gaspari,
(Paris, Potier, 1862, in-8°). Outre les fonctions
de bibliothécaire qu'il remplit au Lycée musical
de Bologne, M. Gaspari est encore chargé du
cours d'histoire de la musique dans cet établis-
sèment. Il adonné, dans le recueil officiel publié ^
sous ce titre: Allie Memorie délia regia De-
putnzione di storia patria per le provincie di
Romagna {2" série, vol. I, )87.'), in-8"), un tra-
vail plein d'intérêt historique intitulé Memorie
risguardanli ta storia deW artc musicale in
Bologna al XVI secoto. Ce travail, fertile en
renseignements et en documents complètement
inédits, ne comporte pas moins de 120 pages in-
octavo. Parmi les compositions musicales de
M. Gaspari, je ne puis citer que les suivantes :
1° le psaume Miserere mei Deus à 5 voix, avec
accompagnement d'orgue; 2° Ave Maria pour
voix d'enfants, avec accompagnement de piano;
3° Miserere k 2 voix pour la semaine sainte, avec
jK'tit orchestre; 4° Messe en si bémol , pour té-
nors et basses, avec orchestre ou orgue.
* GASPARINI (Francesco). La liste déjà
nombreuse des ouvrages dramatiques de cet ar-
tiste doit s'augmenter des opéras suivants : 1" il
Ptrro, Rome Ih. Ca|)ranica, 1717 ; T il Trace
in catena, u].,id., 1517; 3° Lncio Vero, id.,
th. Aliberf, 1719; i' Astianatle, id., id., 1719;
5° il Farajnondo, id., id., 1720; 6° Amore e
Maestà, id., th. Alibert, 1720 ; 7° laZoe, ovvero
il comando non inteso, id., th. délia Face,
1721; 8° jSina, opéra dont il écrivit le second
acte seulement, tandis que le premier était écrit
par Capello et le troisième par Antonio Bonon-
cini. J'ignore le lieu et la date de représentation
de ce dernier ouvrage, sachant seulement qu'à
l'époque où il vit le jour, Gasparini était au ser-
vice du prince Borghèse. La Cronisloria dei
Teatri di Modena, à qui j'emprunte ce double
renseignement , met sur le compte de Michel-
GASPARINI — GASTINEL
365
Ange Gasparini, et non de Francesco Gasparini,
l'opéra intitulé la Fede tradita e vendicata ;
l'auteur de la Biographie universelle des Mu-
siciens aurait donc fait confusion au sujet de cet
ouvrage, et l'aurait placé à tort sous le nom de
ce dernier. D'autre part, M. Cerù, qui, dans ses
Cenni siorici delL'insegnamento délia musica
in Lucca, écrit le nom de cet artiste : Francesco
Guasparini, (i\e, d'une façon précise, le lieu de
sa naissance à Camaiore , et la date au 5 mars
1668.
GASPERLXI (A. DE), écrivain musical fran-
çais, s'est fait remarquer par ses tendances vers
la prétendue musique de l'avenir. Après avoir été
chirurgien de maiine, de Gasperini, qui était né
vers 1825, s'était lancé, comme tant d'autres,'
dans la critique musicale , sans avoir pris la
peine d'acquérir les connaissances spéciales né-
cessaires à quiconque entreprend cette lâche dif-
ficile; aussi se bornait-il forcément à des géné-
rantes nébuleuses, ce manque de savoir lui
interdisant toute espèce de discussion serrée et
d'analyse. Il s'était acquis pourtant, grâce à la
vigueur avec laquelle il brisait toutes les vitres
poss'ibles, une sorte de demi-notoriété, et avait
été chargé successivement de la partie mu'^icale
de plusieurs journaux : la Nation, la Liberté
le Figaro (1861-1867). Collaborateur de la
France musicale et du Ménestrel, il avait pu-
blié dans cette dernière feuille un travail étendu
sur M. Richard Wagner, travail qu'il fit paraître
ensuite en volume, sous ce titre : La Nouvelle
Allemagne Vinsicale. Richard Wagner (Pàv\f.,
Heugel, 1866, gr. in-8°, avec portrait et autogra-
phes). De Gasperini fonda en 1867 un journal
hebdomadaire, V Esprit nouveau , qui nt vécut
que peu de mois, et dans lequel il défendit , du
reste avec vigueur, honnêteté et un certain talent
littéraire , ses idées en matière d'art et de litté-
rature. Doué d'une réelle facilité de parole, il se
fit remarquer dans diverses conférences faites
par lui sur des sujeis musicaux. On assure que
c'est lui qui avait réuni et classé les matériaux
d'un petit livre intitulé : Almanach des Musi-
ciens de V avenir pour 1867 (Paris, librairie du
Petit Journal, in-16). Une brochure intitulée :
De Vart dans ses rapports avec le milieu social
(Paris, Guiraudet et Jouausl, 1850, in-s»), fut,
je crois, son début dans la carrière littéraire. De
Gasperini est mort le 20 avril 1868.
GASSIEIl (Edouard), chanteur français, né
en 1822, entra de bonne heure au Conservaioire
de Paris, où il fit de bonnes éludes, et d'où il
sortit après avoir obtenu en 1842 les trois acces-
sits de chant, d'opéra et d'opéra-comique, en
1843 les deux seconds prix d'opéra et d'opéra-
comique, et en 1844 le second prix de chant et
les deux autres premiers prix. Engagé à l'Opéra-
Comique, il débuta à ce théâtre au mois d'avril
1845, mais n'y fit qu'une fugitive apfiarition, et
bientôt quitta la France pour embrasser la car-
rière italienne. Il se fit entendre suceos-;ivement
à Paiermc, Milan , Vienne, Venise, fut accueilli
favorablement, et épousa dans le cours de ces
voyages une jeune chanteuse espagnole, avec la-
quelle il fut engagé pour l'Espagne. Pendant trois
années, de 1849 à 1852, tous deux oblinrent de
grands succès à Madrid, Barcelone, Séxille; au
mois de novembre 1854, ils vennient débuter au
Théâtre-Italien de Paris dans le Barbier de Se-
ville, étaient bien reçus du public, puis allaient
passer plusieurs saisons à Londres, de là se ren-
daient à Moscou, et retournaient en Espagne, où
M'"' Gassier mourait en 1866. Ga^sier ne sur-
vécut que de quelques années à sa femme, car
lui-même mourait à la Havane, le 18 décembre
1871.
Cet artiste possédait une très-belle voix de
baryton, franche et bien timbrée, qu'il conduisait
avec talent, et il chantait avec une égale habileté
le genre bouffe et le genre dramatique, bien
que le premier lui fût réellement plus favo-
rable.
GASSIER (JosEF\ FERNAADEZ,
épouse), femme du précédent, était néeà Bilbaoen
1821. Son premier maître, le fameux lénor Pasini,
l'avait tirée des chœurs du théâtre royal de Ma-
drid, où sa belle voix de soprano sf'agnto était
comme perdue, et avait fait son éducation mu-
sicale. En 1848, étant en Italie, elle avait épousé
Gassier. Ses succès furent surtout retentissants
à Milan, où, dans l'espace de quelques mois, elle
ne chanta pas moins de trente-six fois le rôle de
Rosine du Barbier, dans lequel elle était surtout
charmante. C'est pour elle que le jeune maestro
Venzano écrivit, à Gènes, la fameuse valse vo-
cale connue sous le nom de valse de Venzano,
qu'elle intercalait dans la scène de la leçon de
cet ouvrage, et que toutes les cantatrices propa-
gèrent bientôt par toute l'Europe. M""^ Gassier
possédait un soprano très-pur, d'une grande
étendue et d'une étonnante agilité, surtout dans
le registre supérieur, et elle chantait, sinon tou-
jours avec un goût parfait, du moins avec une
bravoure et une crânerie incomjiarables. Elle
mourut à Madrid, le 8 octobre 1866, des suites
d'une maladie nerveuse dont elle avait pris le
germe à Moscou , sous ce climat russe si meur-
trier pour les chanteurs.
* GASTINEL (LÉ0N-GnsT4VE-CYi'RiEN). Cet
artiste fort distingué est né le 15, et non le '13
août 1823. Il ne suivit point de classe d'harmonie
366
GASTINEL — GATAYES
au Conservatoire, mais fut reçu d'emblée dans la
classe de composition d'Halévy (1843), après
avoir fait lire à ce maître la partition entièrement
orcliestrée d'un oratorio, Saûl , dont celui-ci se
montra si satisfait qu'il fit , séance tenante ,
inscrire le jeune artiste au nombre de ses élè-
ves (1).
M. Gastinel est l'un des premiers , parmi nos
prix de Rome, qui, sans vouloir négliger le théâ-
tre, aient tourné leurs vues du côté de la grande
musique, et il est l'un des rares artistes français
qui se soient exercés à la fois et avec succès dans
les genres si divers de la musique religieuse, de
la symphonie, de la musique de chambre et de
l'oratorio. Peut-être a-t-il eu le tort, précisément,
d'arriver l'un des premiers , et alors que le goût
du public, dont l'éducation n'était point faite en-
core , n'était pas tourné de ce côté. Le simple
catalogue des œuvres <ie cet artiste, que je vais
dresser ici, donne une idée de son activité et de
l'ampleur de son esprit : Voici ce catalogue.
I. MUSIQUE DRAMATIQUE. 1° Le Mirotr, un acte,
opéra-comique, 19 janvier 1853; n'Opéra aux
Fenêtres, un acte, Bouffes-Parisiens, 5 mai 1857
(100 représentations à Paris -, joué à Londres et
à Berlin); 3° Titus et Bérénice, un acte, id.,
12 mai 1860 ; 4° le Buisson vert, un acte, Théâ-
tre-Lyrique, 15 mai 1861 ; i" (bis) Mexico, can-
tate, Opéra, 15 août 1863; 5° Bianca Capello,
opéra italien écrit à Rome, non représenté ; 6° la
Kermesse, opéra-comi<iue en 3 actes , répété GO
fois au Théâtre-Lyrique et non représenté par
suite de la retraite de M. Réty, directeur de ce
théâtre ; 7" les Daines des Prés, opéra en 2 ac-
tes, non représenté ; 8" la Tulipe bleue, opéra-
comique en un acte, id. ; 9» le Roi-barde, opéia
en 5 actes (paroles et musique), id. — II. Ora-
torios. 10° le Dernier Jour, oratorio en 2 par-
lies , exécuté à Paris en 1853, sous la direction
de l'auteur, dans un concert donné par l'Œuvre
des Faubourgs; 11° les Sept Paroles, exécuté
deux fois à Paris; 12" Saùl; 13° la Fée des
Eaux, poème en 4 parties (traduit du suédois),
Escudier, éditeur. — III. Musique religieuse.
14° 1" messe solennelle, pour soli, chœur et or-
chestre, exécutée à Rome et à Paris ; 15° 2« messe
(1) Ce n'est pas à Lyon, mais à Dijon, que les parents
de M. Gastinel s'étaient fixés, et c'est dans cette ville
qu'il commença son éducation musicale, — En ISVS ,
M. Gastinel concourut pour le yr;ind prix de Rome ; reçu
le deuxième sur dix-huit ,au concours d'essai, il n'obtint
pourtant point de récompense cette année, mr.isl'.mnée
suivante le premier grand prix lui fut décerné à i'unani-
mité. De iSii à I8i6, M. Gastiuel fut attaché en qualité
de premier violon àl'orchestre de l'Opéra-Comique et fit
partie de celui de la Société des concerts du Conserva-
toire.
solennelle , composée spécialement pour l'Asso-
ciation des artistes musiciens et exécutée deux
fois à Paris; 16° messe solennelle à 3 voix et
chœur, avec accompagnement d'orgue , Pégiel ,
éditeur; 17° petite messe à 2 voix, avec ace.
d'orgue, id.; 18° Heures chrétiennes, 20 motets,
Richault, éditeur ; 18" {bis) paraphrase du psau-
me : Miserere niei Deus ; 19° environ 30 motets
et cantiques avec ace. d'orgue, Pégiel, éditeur^
— IV. Musique d'orchestre. 20° 1"^* symphonie à
grand orchestre", exécutée parla grande Société
philharmonique de Paris , fondée par Hector
Berlioz; 21° 2^ symphonie à grand orchestre;
22° 2 ouvertures de concert (envois de Rome),
exécutées à l'Académie des Beaux-Arts en 1851
et 1852; 23" symphonie concertante pour deux
violons , avec orchestre. — V. Musique instru-
mentale. 24° trio pour piano, violon et violon-
celle; 25° 3 quatuors pour instruments à cordes,
Paris, Richault ; 26" quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle; 27° 2 sextuors pour piano,
2 violons, alto, violoncelle et contrebasse, Paris,
Lemoine ; 28° sextuor pour |)iano et instruments
à vent; 29° Adagio e Allegretto in gusto di
saltarello, pourdixlinstruments à vent; 30° Heu-
res de loisir, suite de 5 valses artistiques et con-
certantes pour piano et violon, Paris, Lemoine ;
31° 4 sonates pour piano et violon, Paris, Ri-
chault ; 32° sonate pour piano et violoncelle, id.,
id. ; 33° Rimembranze d'Italia, Raine et J\'a-
pies, suite de 12 liviai.sons renfermant plus de
30 compositions pittoresques et caractéristiques
pour piano, violon et violoncelle, id., id. — VI.
Musique de chant. 34° Heures de rc'verie, re-
cueil de 6 mélodies, avec ace. de piano, Paris,
Escudier ; 35° 6 duos pour voix égales, avec ace
de piano, Paris, Pégiel; 36° te Bonheur est un
songe, mélodie avec orchestre et harpe, ou or-
gue, harpe et piano, i<i., id.; Z~° Hymne à la
Charité, chanté en 1875, au grand festival du
jardin des Tuileries; 38° chœurs orphéoniques
nombreux, parmi lesquels les Voix de V Avenir,
le Temple, la Lyre et le Glaive, etc., etc.
* GATAYES (Guillau.me-Pierre-Antoine),
guitariste, harpiste et compositeur, est mort à
Paris au mois d'octobre 1846.
* GATAYES (Josepii-Léon), harpiste, com-
positeur et écrivain musical , fils du précédent,
est mort à Paris le i" février 1877. Depuis bien
longtemps déjà, Gatayes ne s'occupait plus de
musique, ni même de littérature, car il avait
abandonné, depuis au fnoins dix ans, les comptes-
rendus de sport qu'il faisait dans le journal le
Siècle. Il avait compté naguère au nombre des
collaborateurs de la Revue et Gazette musicale
de Paris.
GATINARI — > GAUSSOIN
367
GATINARI (Francesco), luthier italien qui
ne manquait point d'habileté, était établi à Turin
dans les premières années dudix-huitième siècle.
GAULTIER (....), compositeur dramatique,
vivait dans les dernières années du dix-
huitième siècle. Il a écrit pour le théâtre des
Jeunes-Artistes la musique de plusieurs ouvrages
dont voici les titres : 1" Phénix ou l'Ile des
Vieilles, féerie en 4 actes, 1796 ; 2° Zéphyr et
Flore ou Rose d'amour, féerie en 2 actes, 1797 ;
3° le Dédit, opéra-comique en 2 actes, 17 juin
1798 ; 4" le iSid d'amours, opéra-comique en un
acte, 4 septembre 1798; 5" Vert-Vert, ou le
Perroquet de Nevers, opéra-comique en un
acte, 3 décembre 1800; 6° Frosine ou la Né-
gresse, opéra-comique en un acte, 24 décembre
1801 ; 7" le Petit Poucet , ou l'Orphelin de la
Forêt, féerie en 5 actes; 8° Joseph, drame-pan-
tomime en 5 actes.
GAUNTLETT (Le docteur HeiNrv- John) ,
organiste, compositeur et écrivain musical anglais,
naquit à Wellington, dans le comté de Salop, en
1806. Destiné à entrer dans les ordres, il fit ses
éludes dans une école tenue par son père, qui
était vicaire d'Olney (comté de Bucks) ; mais il
ne suivit pas la carrière qu'on avait entrevue
pour lui, et embrassa la profession d'avocat, qu'il
exerça pendant plusieurs années à Londres.
Toutefois, cela ne l'empêcha pas de se livrer à
son penchant invincible pour la musique, dont le
goût s'était manifesté chez lui dès sa plus tendre
enfance. En 1827, il devenait organiste de l'église
de Saint-Olaf, située dans Soulhwark (Londres),
mais il reconnut bientôt que l'exécution de la
musique de Jean-Sébastien Bach, dont il était
ardemment épris, était impossible sur le mauvais
instrument qu'il avait à sa disposition, et dès
lors il entreprit une véritable croisade contre
certaines orgues de Londres, construites dans les
mêmes conditions. Bien qu'il eût à combattre
les effets d'une routine obstinée, il en vint à ses
fins à force d'énergie, et fit placer de nouvelles
orgues non-seulement à Saint-Olaf, mais dans
diverses églises de Londres, de Manchester, de
Birmingham, d'Ashton, de Liverpool, et même
de Calcutta.
IMais les idées réformatrices de Gauntlett ne
s'arrêtèrent pas là, et s'exercèrent bientôt avec
autant d'ardeur sur l'accompagnement des hym-
nes et sur la restauration du chant grégorien.
C'est alors qu'il entreprit toute une série de pu-
blications fort importantes qui valurent à son
nom une grande notoriété, et dont voici la liste :
1° the Psalmist , 1836-1841 ; 2° Church Hijmn
and tune Book, 1843-1851, sorte d'encyclopédie
d'hymnographie ancienne et moderne, publiée en
société avec le Rév. W. J. BIew, et dont toute
la partie spéciale à la musique est de Gauntlett;
3° the Uymnal for Matins and Evensong ,
1844, en société avec M. C. C. Spencer; 4" the
comprehensive tune Book, 1846-1847, avec
M. Kearns; 5» Psulter arranged to the nncient
Tones, with harmonies for the Organ, 1847;
6° Hallelujah, 1848; 7° the Church Mu-
sician, 1850; 8" Congregational Psalmist,
\i,b\; Manual of psabnody , 1860; 9° Spéci-
mens ofa cathedral Psalter ; le" the Encyclo-
pxdia of the chant. Gauntlett a collaboré aussi
aux ouvrages suivants : Office of Praise; Tu-
nes, New and Otd; Church Psulter and Uym-
nal (de Harland); Parish Church Hymnal. On
lui doit encore plusieurs collections de Cantiques
de Noël (Christmas Carols), des Antiennes, des
Te Deum, des Gloria, un volume A' Hymns and
Glorias, le Saint Mark's Tune Book, un re-
cueil d'Hymnes pour les petits enfants {Hymns
for Little Children), etc., etc. Enfin, cet artiste
infatigable a donné de nombreux articles aux
journaux i/ie Athenxum ^i the Orchestra,
En 1842, l'archevêque de Caiiterbury Howley
conféra à Gauntlett le titre de docteur en musique.
C'est la première fois, dit-on, qu'un prélat ait
usé du droit qui lui appartient de conférer ce
titre depuis le changement de religion survenu
en Angleterre, c'est-à-dire depuis le seizième
siècle. — Gauntlett était organiste à l'hôpital
Saint-Barthélémy lorsqu'il est mort à Londres,
le 21 février 1876.
GAUSSOIIX (AuGLSTE-Louis), professeur et
compositeur, né à Bruxelles le 4 juillet 1814, est
mort en cette ville, subitement, le 11 janvier
1846. Son père, français de naissance et d'ori-
gine, neveu du célèbre mathématicien Be/out,
était devenu professeur au lycée de Liège, puis à
celui de Bruxelles, et s'était fait naturaliser belge
en 1814. Le jeune Gaussoin reçut une instruc-
tion littéraire très-soignée, ce qui ne l'empêcha
pas de se livrer avec passion à l'étude de la
musique. Il reçut d'abord des leçons de solfi'ge
de M. Masset, le futur ténor del'Opéra-Comique,
puis compléta son éducation musicale avec
M. Snel, à l'Athénée de Bruxelles. Après avoir
entrepris l'étude du chant, que l'état de sa santé
ne lui permit pas de continuer, il se livra à la
composition, prit des leçons d'harmonie de Char-
les-Louis Hanssens , et apprit la fugue avec
rétis. Nommé répétiteur de la classe d'harmonie
au Conservatoire de Bruxelles, la maladie l'o-
bligea de renoncer au professorat. Il partagea
alors son temps entre la production musicale et
des travaux littéraires, composant de nombreuses
romances et dirigeant plusieurs journaux , Y An-
368
GAUSSOIN — GAUTIER
nonce, la Belgique litléraire,l' Enclume, e.{c.Y.n
1837, il créa à Bruxelles les concerts fin peuple,
ouvrit ensuite, à l'école communale de Saint-
Josse-leiiNoode, un cours de chant d'ensemble
pour les ouvriers, et enfin, en 1843, devint pro-
priétaire du journal la Belgique musicale, dont
il releva rimpor lance artistique, et dans lequel
il inséra une Histoire de la musique belge,
ouvrage considérable qui l'obligea à de laborieu-
ses recherches dans les bibliothèques de Munich,
Mayence, Darinstadt et Strasbourg, et dont plu-
sieurs chapitres furent reproduits en France et
traduits en Hollande et en Allemagne.
Outre de nombreux morceaux de musique
légère, dont quelques-uns ont paru dans divers
recueils : V Artiste, V Orphée , V Album de
chant, on coimaîl de Gaussoin les compositions
suivantes : 1° Sérénade pour orchestre, exécutée
par les élèves du Conservatoire de Bruxelles
pour fêler la nomination de Fétis à la direction
de cet établissement; 2° Album lyrique, publié
à Btiis- le-Dnc ;3^ la Chute des Feuilles, élégie,
exécutée à la Société de Sainte-Cécile ; 4"^ le
Poète mourant, cantate chantée en 1836, par
Canaple, à im concert donné à la Société de
l'hôtel d'Angleterre; 5" la Mort du Contreban-
dier, cantate exécutée à la Société des Arts ;
6° Album de chant, publié à Bruxelles en 1 843 ;
7° Ouverture à grand orchestre, exécutée en
1842 à un concert de la Société philharmonique,
et faisant partie d'un opéra inédit.
*GAIJTIER(Ei;némond), surnomméle jeune.
Il y a tout lieu de croire que c'est de cet artiste
qu'il est question dans les lignes suivantes du
Mercure galant de 1672 : « La jeune marquise
que vous connoisscz, qui commençoit à jouer si
bien du lut, est au désespoir depuis quelques
jours. Monsieur Gaultier, qui lui montroit, luy
avoitassuréqu'ellec^ jouerait dans peu de temps
aussi bien que Mademoiselle de Lenclos : c'esloit
beaucoup dire, mais il pouvoil décider sur ces
sortes <le choses. Ce furent les dernières paroles
que ce grand maître dit en joiiant du lut : car en
sortant de chez la jeune marquise, il tomba ma-
lade de la maladie dont il est mort. »
On voit que dans ce passage le nom de Gantier
est écrit avec une l, tandis qu'ailleurs il est écrit
sans / ; mais il ne faut pas faire grande attention
à ces différences d'orthographe, car, à cette épo-
que, et l'un peut dire jusqji'au commencement
de ce siècle, l'orthographe des noms propres
était singulièrement iriéi^ulière , et ceux qui les
portaient non seulement n'étaient pas toujours
fixés (ux-mèmes à ce sujet, mais même, la plu-
part du teurps, signaient de différentes ma-
nières.
GAUTIER (Louis), compositeur du dix-
huitième siècle, évidemment Français d'origine,
mais qui semble avoir demeuré en Hollande,
car un livre publié dans ce pays en 1780 fait son
éloge comme virtuose, a publié à Amsterdam,
en 1763, un recueil de VI sonates pour le
clavecin.
GAUTIER (Théophile), écrivain français,
né à ïarbes le 31 août 1811 et mort à Paris le
23 octobre 18" 2, s'est beaucoup occupé de
théâtre au point de vue de la critique, et a signé
pendant environ trente-cinq ans les feuilletons
dramatiques d'abord de la Presse, puis du Mo-
niteur universel. Bien que la critique de cet
écrivain, justement célèbre à beaucoup d'égards,
fût nulle au point de vue musical, cependant ses
articles étaient souvent intéressants par les dé-
tails qu'il donnait sur te! artiste contemporain ou
les portraits merveilleux qu'il traçait de telle
actrice en renom. A ce titre, on peut consulter
avec fruit un recueil de ses feuilletons choisis
par lui-même et publié sous ce titre : Histoire
de Vart dramatique en France depuis vingt-
cinq ans {Vâv'\&,M\che.\Lévy, 1859,6 vol. in-12).
Il faut signaler aussi deux ouvrages publiés après
sa mort ; 1° Histoire du Romantisme, dans la-
quelle on trouve deux notices sur Hippolyte
Monpou et sur Hector Berlioz; 2" Portraits
contemporains, où l'on rencontre quelques-uns
des portraits mentionnés ci -dessus, Jenny Colon,
M'""- Damoreau, M"« Falcon , M"'' Sonfag,
M""" Anna Thillon, etc. Théophile Gautier a écrit
aussi un roman. Mademoiselle de Maupin, qui
a fait un grand bruit dans le monde littéraire,
et dont riiéroine était cette chanteuse si fa-
meuse à la fois par son talent et par ses vices.
Enfin, on doit a cet écrivain les scénarios de
quelques ballets représentés avec succès à l'O-
péra : GiseLleou les Wilis, la Péri, Gemma,
Sacountala.
* GAUTIER (Jean-François-Eugène). Le
répertoire dramatique de ce compositeur doit se
compléter par les ouvrages suivants : 1° Le
Mann de la garde, un acte, théâtre Beaumar-
chais, 1849; 2° l'ouverture, les entr'acles et les
morceaux de chant du Lutin de la vallée, opéra-
ballet en 2 actes donné au Théâtre-Lyrique le
22 janvier 1853 et dont toute la musique était
attribuée au danseur et compositeur Saint-Léon ;
3" pliisieuis morceaux pour le Danseur du Roi,
opéra-ballet en 2 actes donné au même théâtre
le 22 octobre 1853 et dont toute la musique fut
aussi altribnéeà Sà\i\[-Léon;i'^ScliahabahamII,
un acte, Théâtre-Lyric|ue, 1854; 5° la Bac-
chante, 2 actes, Opéra-Cornique, 6" Jo-
crisse, un acte, id., 1862 ; 7" le Trésor de Pier-
GAUTIER — GAVINIÉS
369
rot, 2 actes, id., 1864, (ouvrage qui ne put être
joué plus de cinq fois); plus une cantate intitulée
/e 15 Août, et exécutée à l'Opéra le 15 août
1861. M. Gautier est l'auteur, avec MM. Henri
Trianon et Augustin Cliallamel, de la traduction
du Don Juan de Mozart donnée au Théâtre-
Lyrique en 1866, et, avec M. Trianon seul , de
celle du Freischûtz de Weber, donnée au même
tliéâtre et dans la même année. Il a écrit encore,
sur un livret de M. Octave Feuillet, la musique
d'un opéra-comique en 3 actes, la Clef d'or, et
il a fait la traduction de l'Idoînénéede Mozart;
ces deux ouvrages n'ont pas été représentés jus -
qu'ici.
Vers 1864, M. Gautier, qui avait occupé pen-
dant plusieurs années l'emploi de chef du chant
au Théâtre-Italien, a été nommé professeur d'une
classe d'harmonie et accompagnement pour fem-
mes au Conservatoire; en 1872, il a abandonné
cette classe pour prendre possession de la chaire
d'histoire de la musique au même établissement.
Enfin, M. Gautier, qui joint la plume du critique
à celle du compositeur, et qui avait collaboré
d'ime façon irrégulière à un certain nombre dé
journaux, le Ménestrel, le Grand Journal, le
Constitïifionnel, remplit depuis 1874 les fonc-
tions de critique musical au Journal officiel. Il
a publié sous ce titre : Un vmsicien en vacances
(Paris, Leduc, 1873, in-8"), un volume composé
d'un certain nombre d'articles insérés par lui
dans divers journaux. On connaît encore de cet
artiste, qui a rempli pendant plusieurs années
les fonctions de maître de chapelle à l'église
Saint-Eugène et qui fait partie de l'orchestre de
la Société des concerts du Conservatoire, un ora-
torio intitulé la Mort de Jésus , qui a été exé-
cuté dans plusieurs églises de Paris (1).
GAUTIER (H ) , professeur, éditeur de
musique, est l'auteur des publications suivantes:
1° Petit Manuel pour l'enseignement de la
musique et du chant aux petits enfants des
salles d'asile, pensionnats, écoles primaires
(en société avec M. L. Girard) , Paris, H. Gau-
tier, in-8 ; 2° Nouvelle méthode élémentaire
de musique vocale (en société avec M. L. Gi-
rard) , Paris , H. Gautier, in-8 ; 3° Manuel mu-
sical des écoles, recueil de 60 chœurs des meil-
leurs auteurs, à 2 et 3 voix égales, classés par
ordre de difficulté de rhythme et d'intonation,
Paris, H. Gautier, in-8.
GAVARRET (Louis-Denis-Jules), méde-
(1) M. Gautier a écrit, en société avec MM. Bazille, Cla-
pisson, Gevaert, Jonas, Mangeant et Poise, la musique de
la Poularde de Caux, opérette en un acte représentée
au théâtre du Palais-Royal vers isst.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. ■
cin français, né en 1809, entreprit d'abord la
carrière des armes. Admis en 1829 à l'École po-
lytechnique, il en sortit en 1831, prit du service
dans l'artillerie, mais en 1833 donna sa démis-
sion du grade de lieutenant, et se livra à l'étude
de la médecine. Reçu docteur en 1843, il obtint
bientôt la chaire de physique médicale à la Fa-
culté de Paris. M. j:îavarret est l'auteur d'un
grand nombre de publications scientifiques qui
lui ont valu la décoration de chevalier (1847),
puis d'officier (1862) de la Légion d'honneur, et
qui ont amené son élection de membre de l'Aca-
démie de médecine. L'un de ses ouvrages les
plus récents et les plus importants est celui qui
a pour titre : Acoustique biologique. Phéno-
mènes physiques de la phonation et de l'au-
dition, Paris, G. Masson, in-8 avec figures.
* GAVAUDAN (La famille). On trouvera
dans l'ouvrage suivant : Figures d'' opéra-comi-
que, par Arthur Pougin (Paris, Tresse, in-8,
1875), une élude complète sur la vie et la car-
rière de tous les membres de cette intéressante
famille de chanteurs. Cette étude , intitulée :
Une dynastie de chanteurs; la tribu des
Gavaudan, est accompagnée d'un portrait à
l'eau- forte de M"« Gavaudan reproduit d'après
une gravure du temps et représentant cette ar-
tiste dans son costume de Joconde.
GAVAZZENI ( ), musicien italien, a
fait représenter au théâtre de la Canobbiana, de
Milan , le 9 juin 1845 , un opéra intitulé Jto-
milda.
* GAVEAUX (Pierre). Il faut ajouter au
répertoire dramatique de cet excellent artiste
un petit acte inlitulé le Retour, qui tomba avec
fracas à l'Opéra-Comique le 29 mars 1802, et
n'eut qu'une seule représentation. Gaveaux avait
encore écrit la musique d'un opéra bouffon en
un acte et en vers, le Mannequin vivant ouïe
Mari de bois, qui fut reçu au théâtre Feydeau
en 1796, mais ne fut jamais représenté. Dans
son Théâtre choisi, Guilbert de Pixerécourt,
auteur des paroles de ce petit ouvrage , donne
des détails à ce sujet.
GAVINIÉS (François), luthier, établi d'a-
bord à Bordeaux, se fixa à Paris vers la fin de
la première moitié du dix-huitième siècle. L'au-
teur de la Biographie universelle des Musi-
ciens ignorait si cet artiste était le père de l'il-
lustre violoniste de ce nom, bien que cela parût
probable; je n'ai pu, pour ma part, découvrir
rien de certain à ce sujet ; je ne puis que cons-
tater l'affirmation non munie de preuves de
M. Vidal, qui, dans son livre : Les Instrwnents
à archet, déclare qu'en effet François Gavi-
niés était le père de Pierre Gaviniés , et s'ex.
T. I. 24
370
GAVINIÉS — GAZTAMBIDE
prime ainsi sur le compte de ce luthier : « Il fut
maître-juré comptable de la corporation des
maîtres luthiers faiseurs d'instruments de la
Tille de Paris, pour l'année 1762. Les instru-
ments de lui que nous avons tus sont communs
et d'une facture plus que médiocre. Son nom est
marqué au feu sur le bouton du talon du man-
che. Les mauvais plaisants du temps disaient
que Fr. Gaviniés n'avait jamais fait qu'un bon
Tiolon, et que ce violon était son fils. »
GAZTAMBIDE (Joaquin), compositeur
très-populaire en Espagne, naquit à Tudela,
dans la Navarre, le 7 février 1822, et se livra
de -bonne heure à l'étude de la musique sous la
direction d'un maître de chapelle de son pays
natal. A peine âgé de douze ans , il se rendit à
Pampelune , et travailla le piano et la composi-
tion avec un organiste nommé José Guelbenzu ,
ce qui ne l'empêchait pas, deux ans plus tard ,
et quoique fort jeune encore , de remplir l'office
de contrebassiste à l'orchestre du théâtre. De là,
le jeune Gaztambide se rendit à Saragosse, dans
le désir de s'y établir, et s'y produisit comme
pianiste ; mais il revint à Pampelune , où il sa-
Tait retrouver le parent qui avait eu soin de son
enfance depuis l'âge de cinq ans, époque où il
avait perdu son père , et s'y fit professeur. Ce-
pendant , comme il était ambitieux et sentait que
son éducation musicale n'était point terminée ,
il prit le parti de se rendre à Madrid (1842) , et,
grâce à de bonnes recommandations , il entra au
Conservatoire de cette ville , dans la classe d'AI-
beniz pour le piano , et dans celle de Caruicer
pour la composition. Peu après , il entreprenait
trois Jvoyages artistiques avec le flûtiste Sar-
miento et le hautboïste Soler, et tous trois se
faisaient connaître avantageusement en donnant
des concerts.
Mais Gaztambide songeait surtout au théâtre.
11 commença par se faire chef de chœurs dans
une entreprise secondaire , puis devint chef d'or-
chestre du théâtre del Principe , et enfin réussit
à se produire à la scène dans le genre de la zar-
zuela , qui est l'analogue de notre opéra-comi-
que. Dans l'espace de vingt-cinq ans environ , il
écrivit quarante ouvrages de ce genre , dont plu-
sieurs obtinrent de grands succès et firent à leur
auteur une véritable popularité. Gaztambide se
fit d'ailleurs directeur de théâtre , et pendant une
quinzaine d'années se mit successivement à la
tête de deux des scènes les plus aimées du pu-
blic de Madrid , sur lesquelles il fit représenter
un grand nombre de pièces. En même temps ,
il organisait et dirigeait les concerts que donnait
au Conservatoire la Société de secours mu-
tuels , et prenait une part active à la fondation
de la Société des Concerts. Chevalier de l'ordre
de Charles III , commandeur de celui d'Isabelle
la Catholique, professeur honoraire au Conser-
vatoire de Madrid, Gaztambide, qui jouissait
en cette ville d'une position flatteuse et hono-
rable, y est mort le 18 mars 1870.
Voici une liste étendue, et que je crois bien
près d'être complète, des zarzuelas de Gaztam-
bide : 1° Esccnas de Chamheri, un acte (en
société avec MM. Barbieri , Hernando et Ou-
drid ), 19 novembre 1850 ; 2° la Picaresca, 2 ac-
tes (en société avec M. Barbieri) , 29 mars 1851 ;
'i° Par seguir a unamujer, 4 actes (en société
avec MM. Barbieri, Inzenga et Oudrid) , 24 dé-
cembre 1851 ; 4° el Valle de Andorra , 3 actes,
5 novembre 1852; 5° Don Simplicio Boba-
dilla,3 actes (en société avec MM. Barbieri,
Hernando et Inzenga) , 7 mai 1853 ; 6» un Lia
di reinado, 3 actes (en société avec M. Bar-
bieri), 11 février 1854; 7° Calalina, 3 actes,
23 octobre 1854; 8" el Sargento Federico,
4 actes (en société avec M. Barbieri), 22 dé-
cembre 1855 ; 9° Entre dos Aguas, 3 actes (id.),.
4 avril 1856; 10° la Zarzuela, un acte (en so-
ciété avec MM. Arrieta et Barbieri ) , 10 octobre
185G; 11" los Magyares, 4 actes, 12 avril 1857 ;
12° Amor sin conocer , 3 actes (en société avec
M. Barbieri), 24 avril 1858; 13° elJuramento,
3 actes, 21 décembre 1858; 14" una Vieja,
1 acte, 12 décembre 1860; 15° En las astas
del tore, 1 acte , 30 août 1862 ; 16° A? Amane-
cer, 1 acte; 17° Anarquia conyugal, 1 acte;
17 bis, Casado y sollcro, 1 acte; 18° El Amor
y el Almuerzo, 1 acte; 19° el Esireno di un
artista, 1 acte; 20" el Lancera, 1 acte; 21° la
Cotorra, l acte; 22° la Nina, 1 acte; 23° la
Edad en la boca, 1 acte; 24" uua Historia[en
un meson, 1 acte; 25° im Pleito , 1 acte;
26° Tribulaciones, 2 actes; 27" la Hija del
pueblo, 2 actes; 28° las Senas del Archidu-
que, 2 actes; 29° Del Palacio à la taberna,
3 actes; 30° elDiablo las carga; 3 actes; 31° la
Mensajera, 3 actes; 32" Eslebanillo ( en colla-
boration) ; 33" el Sueno de una noche de ve-
rano, 3 actes; 34° la Cisterna encantada,
3 actes ; 35° la Conquista de Madrid, 3 actes ;
36" las Hijas de Eva, 3 actes ; 37° los Comu-
neros, 3 actes; 38° Matildey Malek-Adel (en
collaboration) , 3 actes ; 39° el Secreto de la
Beina, 3 actes. Parmi ceux de ces ouvrages qui
ont obtenu le [plus de succès , on peut surtout
citer Catalina, una Vieja, los Magyares, el
Valle de Andorra, el Juramento, en las As-
tas del Toro , qui ont dépassé de beaucoup leur
centième représentation.
GAZTAMBIDE. (Xavier), chef d'orchestre
GAZTAMBIDE — GEMUNDER
371
et compositeur, peut-être parent du précédent,
composa des chœurs et des airs de ballet pour
un drame biblique en trois actes, la Estrella
de Belen, qui fut représenté au théâtre de la
Zarzuela, de Madrid, le 23 décembre 1866. II
était alors chef de l'orchestre de ce théâtre, et
n'a point cessé jusqu'à ce jour de remplir ces
fonctions. Au mois d'avril 1868, cet artiste fai-
sait représenter sur le théâtre de Jovellanos une
zarzuela ^n un acte intitulée No mas ciegos.
* GAZZANIGA (Joseph). Aux onvrages
dramatiques de ce grand artiste, il faut ajouter
l'opéra bouffe intitulé: la Donna che non parla,
et un opéra sérieux , Achille in Sciro.
GAZZANIGA (Marietta), cantatrice ita-
lienne fort renommée dans sa patrie, est née à
Vogheraen 1824. Par suite de revers de fortune,
ses parents, ayant découvert qu'elle était douée
d'une fort belle voix de soprano , lui firent ap-
prendre la musique et la destinèrent au théâtre,
afin qu'elle pût leur venir en aide. La jeune fille
fut confiée aux soins d'un professeur nommé Ame-
deo Cetta, et elle finit son éducation de chan-
teuse avec M. Alberto Mazzucato , aujourd'hui
directeur du Conservatoire de Milan. Elle dé-
buta en 1841 ou 42 au théâtre San-Benedetto de
Venise , passa ensuite au théâtre Re de Milan ,
fut très-bien accueillie dès ses premiers pas et de-
puis lors marcha de succès en succès , se faisant
entendre successivement à Côme , Varèse, Luc-
ques, Florence, Palerme, Gênes, Trieste, Bres-
cia, et enfin à Naples, où elle remporta de véri-
tables triomphes. C'est à Naples , en 1849, qu'elle
excita l'enthousiasme dans la Saffo du vieux Pa-
cini, et que M. Verdi écrivit pour elle Luisa
Miller. Quelques années après , elle partit pour
l'Amérique, et aux États Unis , comme à la Ha-
vane , elle produisit un effet indescriptible et fut
l'objet d'ovations comme on en fait dans ces con-
trées aux artistes qui savent charmer la fouie.
La voix de la Gazzaniga est un soprano su-
perbe, clair et limpide, dont les notes basses
sont, dit-on, d'un timbre merveilleux. Sa voca-
lisation est très-agile , ce qui ne lui retire rien
de l'énergie et de la passion qu'exigent les gran-
des situations dramatiques. Cette grande artiste
avait épousé à Turin, en 1849, un jeune offi-
cier de l'armée piémontaise, le marquis Malas-
pina. Celui-ci la suivit dans son voyage en Amé-
rique , où elle eut la douleur de le voir mourir,
à la Havane, de la fièvre jaune.
GAZZERA ( ), musicien italien contem-
porain, a donné sur le théâtre d'Ivrea , le 25 avril
1876, un opéra bouffe intitulé i Tre Rivali. Au
mois de mai 1877, cet artiste fit représenter
sur le théâtre de Savone un second ouvra^
du même genre. Don Peperone. L'un n'eut
guère plus de retentissement que l'autre.
* GEBAUER (Michel- Joseph). Je pense
que c'est à cet artiste qu'il faut attribuer la mu-
sique d'un opéra-comique en un acte. Aimée,
qui fut représenté au théâtre Montansier en 1790,
l'aîné de ses plus jeunes frères étant alors âgé
de dix-sept ans seulement. Il faisait à cette épo-
que, ainsi que ce dernier, partie de l'orchestre
du Théâtre-Français comique et lyrique, auquel
il était attaché en qualité de premier hautbois.
* GEBEL (François- Xavier ) , pianiste ,
compositeur et chef d'orchestre, naquit en 1787
à Furstenau, prèsBreslau, et mourut à Moscou
en 1843. Dès 1810, à l'âge de 23 ans , il remplis-
sait les fonctions de chef d'orchestre au théâtre
Léopold, àVienne; en 1813, il passa en la même
qualité àPesth, et plus tard à Lemberg. En 1817
il s'établit à Moscou, qu'il ne quitta plus, je
crois, jusqu'à sa mort , et là, à côté de Field',
sut se faire la réputation d'un excellent profes-
seur de piano, — Outre plusieurs opéras, dont
j'ignore les titres, Gebel a écrit de nombreux
morceaux pour le piano, une messe, quatre sym-
phonies à grand orchestre, plusieurs ouvertures,
et enfin des quatuors et des quintettes pour ins-
truments à cordes.
r
GELIN (Nicolas), un des chanteurs les plus
vantés de l'Opéra dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle, débuta à ce théâtre en 1750, en
chantant dans le Carnaval du Parnasse, de
Mondonville, l'ariette : Les cieux, la terre et
l'onde Sa voix de basse-taille était superbe,
et lorsque Chassé prit sa retraite, il fut chargé
de l'emploi très-important que tenait cet artiste ,
emploi qu'il conserva jusqu'au moment où lui-
même quitta l'Opéra, c'est-à-dire jusqu'à la clô-
ture de 1779. Il se retira alors avec une pension
de 2,000 livres. Dans ses dernières années de
services , il créa sinon l'un des plus importants,
du moins l'un de ses meilleurs rôles , celui d'Hi-
draot dans VArmide de Gluck. Gélin mourut le 22
ou le 23 décembre 1810, dans un âge fort avancé,
étant maire de Creil-sur-Oise. Il avait épousé,
en 1764, une jeune danseuse distinguée de l'O-
péra , M"^ Lany , fille du maître de ballets de ce
théâtre, qui mourut dans tout l'éclat de la jeu-
nesse et du talent, peu d'années après.
GELLERT(Lijdwig), compositeur allemand,
a écrit la musique de Pijrame et Thisbé, opéra
qu'il a fait représenter sur le théâtre de la ville,
à Francfort-sur-le-Mein , au mois de septembre
1872. y.
GEMUNDER (Georges), luthier allemand,
né en 1816 à Ingelfingen, dans le Wurtemberg,
fut à Paris l'élève de Vuillaume, et alla, en 1849,
372
GEMÙNDER — GÉRàLDY
s'établir à New- York. Il a obtenu des récompen-
ses, pour ses violons, dans diverses Expositions.
* GENAST ( Fran-çois-Édolard) , chanteur
distingué, né à Vienne le 15 juillet 1797 (et non
en 1789, comme il a été dit par erreur), est
mort à Wiesbaden le 3 août 1866. Depuis 1829
jusqu'en 1860, il avait tenu son emploi de bary-
ton au théâtre grand-ducal de Weimar, et ce
n'est qu'à partir de cette dernière année qu'il se
retira avec une pension. Genast a écrit et |)u-
blié son autobiographie.
GÊNÉE (Richard), musicien allemand, né à
Dantzick le 7 février 1824, compositeur et chef
d'orchestre , a fait représenter avec succès sur
le théâtre de Mayence , au mois de janvier 1861,
un opéra-comique en trois actes qui avait pour
titre Rosita. Cet artiste a écrit ensuite une opé-
rette , V Ennemi de la musique, qu'il a fait re-
présenter à Vienne, sur le théâtre de l'Harmonie,
le Prince noir, opéra -comique en un acte donné
à Prague en 1866, et, en société avec M. de Flotow,
un ouvrage en deux actes, intitulé Avi Itunens-
tein, qui a été joué à Prague le 13 avril 1868.
M. Gênée a occupé les fonctions de chef d'or-
chestre successivement au théâtre de Mayence ,
au théâtre allemand de Prague et au théâtre
Ander Wien, de Vienne, et c'est en cette ville
qu'il a fait représenter encore, en t876, cfer
Seecadet ( V Aspirant de marine ), et en 1877 ,
Nanon , Vhôtesse de V Agneau d'or,
* GENERALl (Pierre). Aux ouvrages
dramatiques de ce compositeur, il faut ajouter
l'opéra bouffe intitulé V Innocenza premiala.
GEIXTILI (Raffaele), compositeur dra-
matique italien, dont la carrière a été brusque-
ment interrompue par la mort , était né à Rome
vers 1837. Il avait fait de bonnes études, et , à
peine âgé de vingt-trois ans , faisait ses débuts
à la scène en donnant , sur l'un des théâtres de
sa ville natale, un opéra intitulé Stef'ania
(1860). En 1862, le jeune artiste offrait au pu-
blic romain un nouvel ouvrage, Werther, qui
fut discuté par la critique avec une certaine vi-
vacité et qui , paraît-il , était loin d'être sans
valeur. Enfin, le 28 mars 1867, avait lieu au
théâtre Apollo , toujours à Rome, la première
représ3ntation de Rosamonda, drame lyrique en
quatre actes , dont Gentili avait écrit la parti-
tion sur un livret posthume de Marco Marcello.
Quatre mois après l'apparition de cet ouvrage,
le 7 août , le jeune compositeur mourait à la
fleur de l'âge, subitement emporté , dans sa ville
natale , par une attaque de choléra.
* GEORGE V (Frédéric-Alexandre-Ciiar-
les-Ernest-âuguste), ex-roi de Hanovre, prince
royal de Grande-Bretagne et d'Irlande, duc de
Cumberland et de Brunswick-Lunebourg, a été
détrôné en 1866, à la suite de la guerre entre
la Prusse et l'Autriche, à laquelle il avait pris
part du côté de celte dernière, et vit son royau-
me annexé à celui de la Prusse.
Grand amateur de musique, le prince George
avait étudié le piano à Londres, de 1829 à 1833,
avec Duicken, et plus tard avait travaillé la com-
position avec Greulich et F. Kucken. Il avait
achevé ses études musicales à Hanovre, sous la
direction de E. Wenzel. Ce prince avait été
frappé, dès ses plus jeunes années, d'une cécité
complète.
GERALDY (Jean-Antoine- Just), chanteur
et compositeur français, naquit le 9 octobre
1808 à Francfort-sur-le-Mein, on son père rem-
plissait les fonctions de conuiiissaire des guerres
de l'armée française. Tout jeune encore, Gé-
raldy étudiait la musique en compagnie de ses
deux frères et de ses trois sœurs , et chantait
avec eux les plus beaux morceaux des opéras
de Gluck et de Piccinni, ce qui ne fut pas sans
influence sur le caractère élevé que prit plus
lard son exécution musicale. Le futur artiste
n'en reçut pas moins une excellente éducation
littéraire, car ses éludes classiques, commen-
cées par lui au collège de Nancy, furent bril-
lamment achevées à celui de Colmar, d'où il
sortit avec le prix d'honneur de rhétorique, pour
entrer ensuite à l'Ecole des mines de Saint-
Étienne. Nommé ingénieur civil en 1827, il était
à Beauvais, en qualité d'inspecteur des carrières
du département de l'Oise, lorsqu'éclata la révo-
lution de 1830. Il partit aussitôt à pied pour
Paris, et, après avoir fait quinze lieues tout
d'une traite , se mêla aux combattants qui s'é-
taient levés contre les ordonnances de Juillet.
Le calme rétabli , Géraldy , qui avait fait na-
guère de bonnes études musicales avec Massi-
mino , et qui avait en son cœur le plus sincère
amour de l'art, se résolut à quitter les emplois
publics pour se livrer à sa passion pour la mu-
sique. Son père, qui habitait alors Colmar,
étant venu se fixer à Paris , ne chercha nullement
à le détourner de ces idées, et le conduisit au
contraire chez Garcia , qui , moyennant une
somme de 6,000 francs, consentit à se charger
de son éducation de chanteur. C'est sous la di-
rection de cet admirable artiste, près de ses
deux filles Marie et Pauline, appelées à devenir
si célèbres sous les noms de M""" Malibran et
Viardot, que Géraldy apprit ce qui lui manquait
sous le rapport du style, de la diction et du
phrasé. Cependant, Garcia étant mort le 2 juin
1832 , le jeune chanteur compléta ses connais-
sances avec son fils Manuel , puis passa quelque
GÉRALDY — GERMAIN
373
temps au Conservatoire , dans une classe d'har-
monie, et enfin se mit à travailler seul , assidû-
ment , sans le secours'd'aucun maître.
Géraldy se fit entendre pour la première fois ,
dans un salon , en chantant l'air du comte des
Noces de Figaro, et produisit un grand effet.
Bientôt, Meyerbeer, qui venait d'écrire sa belle
mélodie -. le Moine, lui en confia l'exécution ,
et Géraldy, commençant ainsi sa carrière de
chanteur (le concerts, qui devait être si longue
et si brillante, valut au compositeur un succès
qu'il partageait lui-même. C'est dans les séances
de la Société viusicale , nouvellement fondée
par ces excellents artistes qui s'appelaient Théo-
dore Labarre, Gallay, Brod, Henri Herz, Franc-
homme et Géraldy en personne, que celui-ci se
révéla au public, et du premier coup conquit
ses sympathies.
Pourtant , après s'être fait ainsi une première
réputation , il voulut s'essayer à la scène , et ac-
cepta un engagement qui lui était offert par
l'entrepreneur Merelli pour le théâtre San-Bene-
detto, de Venise. Il y débuta avec succès dans
le rôle de Dandini de la Cenerentola, de Ros-
sini; mais après avoir chanté cinq fois, une
maladie grave vint l'obliger au repos, et le fit
ensuite revenir à Paris. Il recommença alors à se
faire entendre dans les concerts , où sa renommée
augmentait chaque jour, et se consacra à l'en-
seignement du chant. En 1837 , Géraldy s'élant
rendu à Bruxelles pour prendre part à un con-
cert que donnait le célèbre violoniste Charles de
Bériot, Fétis, qui était à la recherche d'un
professeur de chant pour le Conservatoire de
cette ville, lui offrit cette position. Géraldy ac-
cepta, à la condition que son cours ne durerait
que trois mois chaque année, et à partir de
1843, il consacra six mois à sa classe. 11
passait le reste du temps à Paris, à donner des
concerts et à former d'autres élèves. C'est ainsi
qu'en France il faisait l'éducation musicale de
Mues ^^yy ^ jenny Colon , Calinka Heinefetter,
tandis qu'en Belgique il prodiguait ses conseils à
MM. Mathieu, Cabu, Cornelis, Agnesi, Eve-
rardi , Carman , à M™''* Bonduel , Van-Praag-Hil-
len , etc. Cet excellent artiste est mort à Paris ,
le 27 mars 1869.
Géraldy était, on peut le dire, en dépit de
quelques inégalités de style qui parfois déparaient
son exécution , un artiste d'école et un chanteur
de premier ordre. Il se distinguait par une pose
de voix merveilleuse, une excellente pronon-
ciation, une articulation nette et franche, une
diction pleine d'intelligence , enfin , par une va-
riété d'accent diflicile à rencontrer à un pareil
degré. Sévère et magistral dans l'interprétation
des grandes œuvres du style :drarnatique, il ex
cellait en même temps dans le genre bouffe, et
ceux qui l'ont vu servir de partenaire à ces ad-
mirables artistes qui avaient nom Rubini, Tam-
burini , Lablache, Giula Grisi , Fanny Per-
siani , assurent qu'il n'avait nullement à souffrir
de ce redoutable voisinage. Chanteur exquis,
professeur émérite et dévoué, Géraldy sut aussi
se produire comme compositeur; il écrivit la
musique , et souvent aussi les paroles , d'un
grand nombre de mélodies 'vocales, dont plu-
sieurs obtinrent de véritables succès : la Zin-
gara, Maria, la Lettre au bon Dieu, Amour
et Mystère , Marguerite , Au bal, le Conscrit,
le Contrebandier, etc. Il a publié aussi un re-
cueil de Trente Études mélodiques pour toutes
les voix (en 2 suites , Paris , Brandus) , et enfin
il il laissé en manuscrit plusieurs morceaux re-
ligieux , ainsi qu'un opéra resté inédit.
GÉRARD ou GERAERT (Jean) , com-
positeur, vivait dans les Pays-Bas au milieu
du seizième siècle. On lui doit la musique de
trois chansons insérées dans le recueil divisé en
six livres que Pierre Phalèse publia à Louvain
en 1555-1556 , et dont le premier parut sous ce
titre : Premier livre des chansons à quatre
parties, nouvellement coinposez {sic) et mises
en musicque, convenables tant aux instru-
mentzcomme à la voix [l^owv^m , 1555, in-4*').
GERMAIIX.— Foyes GOËRMAIXS.
GERMAIN (JosEPH-Loms ) , luthier, né à
Mirecourt le 23 juillet 1822, fit son apprentis-
sage en cette ville, vint à Paris en 1840, entra
coiume ouvrier chez Gand père , passa à la mort
de celui-ci chez Vuillaume, puis, en 1850, re-
tourna dans la maison Gand, alors dirigée par
es deux fils. En 1862, il s'établit à son compte,
et au commencement de 1870 repartit pour Mi-
recourt, où il mourut le 5 juillet de la même
année.
« Joseph-Louis Germain , dit M. Vidal dans
son livre : les Instruments à archet , fut un
luthier de grand talent et que son extrême mo-
destie empêcha d'être en évidence comme il au-
rait mérité de l'être. Lors de l'Exposition iwter-
nationale de Paris en 1867 , il avait été admis à
concourir; mais, par une fatalité malheureuse,
l'emplacement qu'on lui attribua fut si minime
qu'il ne put réussir à y mettre ses instruments ,
et il renonça à exposer. Ce fait est d'autant plus
regrettable que Germain aurait vraisemblable-
ment ajouté une mention de plus à celles que
notre nation a obtenues à cette Exposition. Très-
habile dans les réparations des anciens instru-
ments, il avait acquis dans la lutherie neuve une
supériorité remarquable. »
374
GERMAIN
GERVINUS
GER]VIAIi\( ), compositeur dramatique,
a fait représenter sur le théâtre du Capitole, à
Toulouse, en 1861, un grand opéra intitulé Sz-
mon de Mont for t , dont le succès, dit-on, fut
considérable, et qui fut joué ensuile dans plu-
sieurs villes du midi de la France, où il reçut
le même accueil. Peu de temps après, M. Ger-
main fit entendre à M. Carvalho, alors directeur
du Théâtre-Lyrique , la musique d'un opéra qui
avait pour titre Jeanne d'Arc , et qui , par des
considérations étrangères au mérite de l'œuvre,
à ce que disaient les journaux, ne put être
reçu; mais le compositeur fit accepter de la di-
rection du Théâtre-Lyrique un ouvrage en deux
actes, intitulé le Bâtard de Cerdagne. Celui-
ci devait être mis aussitôt en répétition, mais
bientôt on n'en parla plus,
GERIXSHEIM (Frédéric), pianiste dun
immense talent, compositeur de mérite et sur-
tout d'avenir, aujourd'hui fixé à Rotterdam , oii
depuis trois ans il est devenu directeur de mu-
sique de la Société pour l'encouragement de l'art
musical, est né le 17 juillet 1839 à Worms.
dans le Palatinat rhénan. Il commença à appren-
dre le piano avec sa mère , qui , bien que sim-
ple amateur, était une pianiste de premier ordre,
et montra dès son enfance un grand amour et
une véritable vocation pour la musique. En pré-
sence de ces dispositions, les parents du jeune
Gernsheim (qui est de race israélile) , quoique
riches et appartenant à la clas.se aisée , résolurent
de faire embrasser à leur fils la carrière artisti-
que, et lui donnèrent d'abord comme professeur
de piano M. Louis Liebe, directeur de musique
à Worms. Plus tard , il se rendit à Francfort-
sur-le-Mein , et de là , après avoir fait une pe-
tite tournée artistique pour faire connaître son
talent de virtuose, entra au Conservatoire de
Leipzig, où il reçut les conseils de Moscheles, de
Rietz et du célèbre Hauptmann, un des profes-
seurs de contrepoint les plus éminents qui aient
jamais existé. "^
De Leipzig, M. Gernsheim se rendit à Paris ,
où il demeura six années, et en 1861 il accepta
la place de directeur de musique à Sarrebrûck ,
place qu'il conserva pendant quatre ans. Il fut
ensuite nommé professeur de piano au Conser-
vatoire de Cologne , et demeura en cette ville à
partir de 1865. En 1870, il eut l'honneur de se
faire entendre à Paris, au Conservatoire, et en
1874 il se fixa enfin à Rotterdam , comme direc-
teur de musique de la Société pour l'encourage-
ment de l'art musical.
M. Gernsheim a composé des ouvrages impor-
tants , dont la plupart sont publiés , et parmi
esquelsnous citerons: 3 Quatuors pour instru»
ments à cordes, op. 9, 25 et 31; 2 Quatuors
pour piano, violons et violoncelle, op. 12; une
symphonie à grand orchestre , op. 22 , exécutée
avec succès à Cologne et à Rotterdam , mais for-
tement discutée après une exécution au Conser-
vatoire de Leipzig sous la direction de Reinecke;
une Ouverture, op. 13; un Concerto pour piano
et orchestre, op. 16; un Salve Regina pour
choeur de femmes, solo et orchestre, op. 11;
Nordische Sommernacht , pour chœur et or-
chestre, op. 21; Salaviis, pour chœur et or-
chestre; plusieurs recueils de liederet d'ouvra-
ges pour le piano. M. Gernsheim est un excellent
chef d'orchestre , qui commence à prendre une
grande autorité à Rotterdam.
Ed. de h.
GEROLT (Frédéric). On a représenté sur
le théâtre de Nancy, le 27 janvier 1864, [nés de
Portugal , grand opéra en 4 actes dont la mu-
sique avait été écrite par cet artiste. Le livret
de cet opéra a été imprimé. M. Gérolt était établi
comme flûtiste à Nancy.
* GEROiVO (Hyacinthe-Christophe) , flû-
tiste , est mort à Paris au mois de septembre
1868.
GEROSA (Carlo) , prêtre et musicien , di-
recteur de la Scuola teorico-praiica di canto-
fermo ou École de musique religieuse de Milan,
est l'auteur d'un Traité de plain-chant estimé en
Italie, et qu'il a complété par des notions sur la
musique proprement dite et sur le contrepoint.
GERVAIS (Etienne). Un écrivain de ce
nom a publié un petit livre ainsi intitulé : Mo-
•zart, ou la Jeunesse d'un grand artiste {Tours,
Mame, 1866, in-12 de 186 pp.). Ce volume n'of-
re aucun intérêt, au point de vue critique ou
historique.
GERVILLE (Pascal), pianiste et compo-
siteur, a publié une centaine de morceaux de
musique légère pour le piano , qui paraissent
avoir quelque succès auprès des amateurs trop
nombreux de ce genre de productions frivoles,
mais qui sont , ainsi que le nom de leur auteur,
complètement inconnus des artistes. Dans le
nombre de ces morceaux, se trouvent beaucoup
de pièces de musique de danse.
GERVIiXUS (Georges-Godefroid), célèbre
historien libéral et homme politique allemand,
membre de la Diète de 1848, est né à Darms-
tadt le 20 mai 1805. Cet écrivain distingué, ad-
mirateur enthousiaste des œuvres de Haendel ,
a été l'un des promoteurs de l'as-ïocialion for-
mée en Allemagne pour la publication modèle
des compositions de ce maître, et a publié un
ouvrage ainsi intitulé : Handel und Shakes-
peare. Zur Aesthetik der Tonkunst ( Hxndel
GERVINUS — GEVAERT
375
et Shakespeare. Sur l'esthétique de la Musi-
que), Leipzig, 1868, in-S".
* GEVAERT [(François-Auguste) , compo-
siteur, est aujourd'hui directeur du Conserva-
toire de Bruxelles, emploi dans lequel il a suc-
cédé à Fétis. Au\ ouvrages dramatiques qu'il a
fait représenter et dont la liste se trouve dans la
Biographie universelle des Musiciens, il faut
ajouter les suivants : 1° le Diable au moulin,
un acte, Opéra-Comique, 13 mai 1859 ; 2* le Re-
tour de l'armée, cantate , Opéra, 15 août 1859 ;
3° Château-Trompette,^ actes, Opéra-Comi-
que, 23 avril 1860 ; 4° les Deux Amours, 0[tév9.-
comiqueen 2 actes dont le sujet était emprunté à
un épisode de la vie de Hœndel , théâtre de Bade ,
31 juillet 1861 ; 5° le Capitaine Henriot, Sactes,
Opéra-Comique, 29 décembre 1864 (1). Malgré
le grand succès obtenu par ce dernier ouvrage ,
succès auquel n'était pas étranger, d'ailleurs , le
livret très-amusant sur lequel la partition avait
été écrite, M. Gevaert n'eut plus l'occasion,
par la suite, de se produire au théâtre. Il est
vrai qu'en 1867 il fut appelé à occuper un poste
important, celui de directeur de la musique à
l'Opéra, emploi supprimé depuis la mort de Gi-
rard et rétabli en sa faveur, ce qui ne fut pas
sans soulever de vives critiques de la part des
artistes français, justement froissés de se voir
préférer en cette circonslance, malgré sa valeur
très-réelle , un artiste étranger.
A partir de ce moment , M. Gevaert , qui
avait inutilement tenté de faire représenter à
l'Opéra unouvrage en trois actes , sembla renon-
cer à la composition dramatique pour s'occuper
spécialement de travaux de théorie , d'archéo-
logie et d'histoire musicales. 11 avaît déjà publié,
en 1863, un Traitéd'instrumentation, ets'occupa
ensuite d'un recueil fort intéressant dont il donna
le premier volume sous ce titre : Les Gloires de
l'Italie, chefs-d'œuvre de la musique vocale
italienne aux dix-septième et dix-huitième
siècles, collection de morceaux de théâtre, de
concert et de chambre recueillis et publiés
avec accompagnement de piano par F. A. Ge-
vaert, traduction française par Victor Wil-
der, Paris , 1868 , in-folio. Cette collection, for-
mée avec un goût rare, était précédée d'une
Introduction historique et de courtes notices bio-
graphiques sur les compositeurs dont les œuvres
avaient été mises à contribution par l'éditeur;
malheureusement , le premier volume est resté
(1) M. Gevaert a eu une part de collaboration dans une
opérette en un acte, la Poularde de Caux, représentée
au théâtre du Palais Royal Ters i856, et dont la musique
avait pour auteurs, outre lui-raènne, MM. Bazille, Cla-
pisson, Gautier, Jonas, Mangeant et Poise.
unique jusqu'ici , et n'a été suivi d'aucun autre.
Très-versé dans la connaissance des langues et
dans celle de l'histoire de la musique, M. Ge-
vaert commença aussi , dès ce moment , à s'oc»
cuper d'un grand ouvrage historique sur la mu-
sique grecque, qui faisait depuis longtemps
l'objet de ses études'; à la même époque, il pu-
bliait dans un recueil qui n'eut qu'une exis»
tence éphémère , la Revue des Lettres et des
Arts, un travail sur les Commencements de
l'harmonie en France, et faisait à la Société des
compositeurs de musique plu.'^ieurs conférences
sur différents points de l'histoire de l'art, qui
furent insérées dans les Bulletins de cette So-
ciété ; l'un de ces travaux ( sur les Origines de
la tonalité moderne ) lui donna lieu de soutenir
dans la Revue et Gazette musicale une vive
polémique contre Fétis.
Lorsqu'éclata la guerre de 1870 et que Paris
fut près d'être assiégé, M. Gevaert quitta la
France et retourna dans sa famille, à Gand. Fétis
étant mort l'année suivante , il fut appelé à lui
succéder dans la direction du Conservatoire de
Bruxelles ; mais entre l'époque de son départ de
Paris et celle où il fut mis en possession de ces
nouvelles fonctions, M. Gevaert s'occupajavec ar-
deur du livre sur la musique ancienne dont il avait
préparé les matériaux. Ce n'est toutefois qu'en
1875 qu'il put livrerau public le premier volume
decet ouvrage important, qui doit en comporter
deux et auquel il a donné ce titre : Histoire et
Théorie de la musique de l'Antiquité (Gand,
typ. Annoot-Braeckman, 1875, in-S" ). Ce tra-
vail fait le plus grand honneur au savoir, à l'é-
rudition et à la sagacité de son auteur, qui a su
parfaitement mettre en lumière ce que l'on con-
naît jusqu'à ce jour de la théorie musicale des
Grecs et coordonner les documents malheureu-
sement incomplets qu'on possède sur ce sujet,
sans se lancer plus qu'il ne fallait dans le champ
de l'hypothèse et de la spéculation. Je ne saurais
donner ici , malgré mon désir, une analyse com •
plète de l'œuvre de M. Gevaert, puisque cette
œuvre elle-même n'est pas complète, et qu'une
vue générale d'ensemble me serait interdite;
mais je puis bien dire que l'écrivain a rendu un
grand service à l'histoire de l'art , en éclaircis-
sant certains problèmes, certaines obscurités
relatives à la naissance même de cet art , et en
réunissant sous une forme relativement concise
et tout au moins tme, l'ensemble des documents
se rattachant à la question et qui jusqu'ici étaient
restés épars dans un grand nombre de publica-
tions écrites dans des langues diverses. L'ou-
vrage est fait d'ailleurs avec la plus grande hon-
nêteté , l'auteur n'omet jamais de citer ses textes
376
GEVAERT — GHERARDESCHI
et il a soin, chaque fois que cela lui est possi-
ble, de les éclairer et de les mettre en relief
par la reproduction de monuments authentiques
qui leur donnent le caractère de la plus entière
certitude.
Pour terminer cette notice complémentaire ,
je donne ici la liste des compositions non dra-
matiques de M. Gevaert qui sont venues à ma
connaissance : Canticum natalitix, solo et
chœur, avec accompagnement de piano et orgue ;
les Filles de Marie, chœur religieux à 3 voix ,
avec orgue; les Cloches de Noël, solo avec
orgue ; Au noiiveati lévite , solo et chœur avec
accompagnemeni de piano et harmonium; le Dé-
part, cantate à 3 voix; Jérusalem, double
chœur sans accompagnement; Chants lyriques
de SaiXl; Madrid, le Mois de Mai, Seigneur,
protége-nous , Sur Veau, la Bienfaisance,
l'Absence, l'Adieu du brave, l'Amitié, Gen-
tille blonde, le Drapeau, la Fraternité,
l'Exode, le Chant du, crépuscule. Chanson
bachique , les Émigranis irlandais, la Veillée
du nègre, la Grande route, Toulouse, le Lion
flatnand, les Noriies; Sérénade, les Orphéo-
nistes, les Proscrits, les Ouvriers, les Pécheurs
de Dunlierque, le Réveil, chœurs sans accom-
pagnement; Jacques Van Artevelde, cantate
avec orchestre, composée en 1863, sur un texte
flamand , pour l'inauguration de la statue du
grand tribun gantois, traduite ensuite en français,
en allemand, en espagnol, et exécutéeavec succès
à l'étranger ; Philips van Artevelde, Ik Speek
van zoo zelden, Aphrodite, lieder pubhés dans
la collection des Nederlansche zangstukken à
Gand; Flandre au Lion, ouverture pour har-
monie militaire. M. Gevaert, qui s'est fait aussi
l'éditeur d'un certain nombre de morceaux de
musique ancienne faisant partie du répertoire de
la Société des concerts du Conservatoire de
Bruxelles, dont il est le directeur (T/anscri/jfio?!
classiques pour petit orchestre, par F. A. Ge-
vaert, directeur du Conservatoire de Bruxelles,
Shott, éditeur),a eu une part dans la publication
suivante : Chansons du quinzième sièclc,\i\x-
bliées d'après le manuscrit de la Bibliothèque
nationale de Paris, par G. Paris, et accom-
pagnées de la musique transcrite en notation mo-
derne par F. A. Gevaert (Paris, 1875, in-8).
Enfin, on doit encore à M. Gevaert, outre un
manuel pratique intitulé Vade-Mecum de VOr-
ganisie (Bruxelles, Schott), outre un manuel
de plain-chant écrit en flamand : Leerboek
Tan den Gregoriaeaschen zang, voornamelyk
ioegepast op de orgelbegeleiding ( Manuel du
chant grégorien affecté surtout à Vaccompa-
gnement sur l'orgue, (Gand, 1856, gr. in-8°),
l'opuscule suivant , excellent par les idées qui
y sont exposées : Académie royale de Belgi-
que. Discours prononcé dans la séance pu-
blique de la classe des Beaux-Arts en pré-
sence de LL. MM. le roi et la reine, le
1i septembre 1876, par Fr. Aug. Gevaert, di-
recteur de la classe (Gand, typ. Aniioot-Braeck-
raan, 1876 , in-4°). Ce dernier écrit a été repro-
duit dans une publication anonyme, inspirée par
M. Gevaert et faite sous ses auspices : Annuaire
du Conservatoire royal de musique de Bru-
xelles, V^ année, 1877 (Bruxelles,^ Muqardt,
in-8).
* GEYER (Flodoard), pianiste et composi-
teur, est mort au mois d'avril 1872. Il était né
le l*'' mars 1811.
GHEBART (Gilseppe), violoniste italien
distingué , naquit en Piémont le 20 novembre
1796. Élève de Radicali, il fut admis à la cha-
pelle royale de Turin en 1814, en devint violon-
solo en 1824, fut nommé en 1839 chef d'orchestre
en second , et enfin en 1846 , à la retraite de
Polledro, fut appelé par décret à la direction su-
périeure de la musique instrumentale de la cha-
pelle et de la chambre. Déjà, depuis 1817, il
dirigeait les concerts de l'Académie philhar-
monique, et en 1832 il s'était vu placer à la tête
de l'orchestre du théâtre Regio; il conserva ces
deux emplois jusqu'en 1855.
Ghebart forma, dit-on, de bons élèves; esprit
éclectique et fort distingué, il fut le premier à
faire connaître à Turin les œuvres de musique
de chambre de Spohr, de Mendelssohn et de di-
vers autres musiciens allemands, ses contempo-
rains. 11 se livra lui-même à la composition, et
écrivit plusieurs concertos de violon," des airs
variés, des duos, des études, ainsi que quelques
ouvertures, des quatuors et des quintettes. On
lui doit aussi deux messes, deux Miserere dont
un à quatre voix avec chœur, et diverses autres
œuvres écrites pour le service de la chapelle
royale. Ghebart est mort à Milan le 22 janvier
1870.
* GHERARDESCHI (Joseph), est mort à
Pistoie en 1815. On a extrait des œuvres litté-
raires de P. Contrucci une ISecrologia di Giu-
seppe Gherardeschi , con note di Luigi Pic-
chianti.
GHERARDESCHI (LtiGi), fils du précé-
dent, né à Pistoie le 5 juillet 1791 , fut élève de
son père, et, à la mort de celui-ci, alla se perfec-
tionner il Florence, où il devint élève de Disma
Ugolini à l'Académie des Beaux-Arts. Après
avoir suivi pendant dix-huit mois avec ce maître
un cours de contrepoint et de composition et
avoir obtenu le premier prix^de composition, il
GHERARDESGHI — GIANETTliNI
377
retourna dans sa ville natale et prit possession
de l'emploi de maître de chapelle de la cathé-
drale , que la mort de son père avait laissé va-
cant. Il conserva ces fonctions jusqu'en 18C6,
tout en se livrant à l'enseignement , et écrivit
pour le service de la chapelle qui lui était confiée
un grand nombre de compositions telles que
messes, psaumes , hymnes et motels, soit dans
le style a cappella, soit avec accompagnement
d'orgue ou d'orchestre. On connaît aussi de lui
quelques productions de concert, entre autres
une cantate intitulé Cristoforo Colombo, qui fut
exécutée dans une fête célébrée à l'Académie des
sciences , lettres et arts de Pistoie. Cet artiste
vraiment distingué et doué d'un talent remar-
quable, est mort dans sa ville natale, le 21 mars
1871, âgé de près de 80 ans. — Son fils, M. Ghe-
rardo Gherardsechi, élève de Mabellini, lui a
succédé en 1866 dans son emploi de maître de
chapelle.
GHISI (G -C ), écrivain italien, est au-
teur d'un Elogio storico di Ghiseppe Haydn ,
Florence, 1839, in-8° de 16 pages.
GHISLAl\ZOA'l (Antonio), écrivain italien,
né à Lecco le 25 novembre 1824, fit d'excellentes
études littéraires, se livra ensuite à l'étude du
chant, et chanta les barytons au théâtre Carcano,
de Milan. Mais il ne resta pas longtemps au
théâtre comme chanteur, et bientôt il embrassa
la carrière des lettres, devenant tout à la fois ro-
mancier, journaliste , critique musical et auteur
dramatique. Depuis quelques années , il s'est
surtout fait remarquer comme librettiste, et il
est devenu sous ce rapport l'écrivain le plus re-
cherché des compositeurs et des impresarii.
C'est lui qui, entre autres , a écrit le livret du
dernier opéra de M. Verdi , Aïda. Rédacteui-
assidu de la Gazzetta musicale de Milan ,
M. Ghislanzoni s'est toujours occupé beaucoup
de musique dans ses écrits. Dans un roman en
trois volumes : Gli Artisti da teatro (Milan, 1858,
in-12), il a consacré plus de cent pages non à des
notices proprement dites , mais à des notes bio-
graphiques fort utiles sur les virtuoses, les chan-
teurs et les compositeurs de l'Italie contempo-
raine. Dans un autre volume, Beminiscenze
artistiche, on trouve une notice sur le pianiste-
compositeur AdolfoFumagalli, un épisode intitulé
la Casa di Verdi a Sant'Agata, et divers au-
tres chapitres relatifs à la musique. Parmi les
cinquante livrets d'opéras écrits par M. Ghis-
lanzoni, il faut citer ceux du Salvator Rosa de
M. Gomes, d'I Lituani de M. Ponchielli, d7
Promessi sposi de M. Petrella, de Papa Mar-
tin de M. Cagnoni, etc. C'est aussi lui qui a
écrit les paroles de la cantate Omaggio a Do-
nizetti, mise en musique par M. Ponchielli.
GHITI ( ), compositeur dramatique ita-
lien, a lait représenter sur le théâtre de Prato,
en 1867, un opéra bouffe intitulé Don Sussidio.
GIACOMELLI (A ), agent dramatique,
né en Italie vers 1825, est depuis longues années
établi en France , où il a fondé et dirigé succes-
sivement plusieurs -journaux : le Licih fran-
çais, journal de la facture instrumentale (1856-
1857); la Presse théâtrale (devenue plus tard
la Presse musicale) ; Petites affiches théâtra-
les (187 i-lS7ô). Ce personnage a publié aussi,
sous le couvert de l'anonyme, im Annuaire mu-
sical pour 1857 , fait sans soin et sans talent
(Paris, 37, rue de Trévise, in-12).
GIACOMELLI ( ), compositeur italien,
a fait représenter en 1875 à Livourne , sur un
théâtre particulier, un opéra bouffe intitulé le
Tre Zie.
GIAI (Giovanm-Antonio), compositeur, né à
Turin, a fait représenter, dans la première moitié
du dix-huitième siècle, un opéra intitulé Idaspe.
GIALDINI (GiALDiNo), compositeur italien,
a fait de bonnes études sous la direction de
JM. Teodulo Mabellini, compositeur et chef d'or-
chestre estimé. Après avoir terminé son éduca-
tion, il prit part à un concours ouvert par la
direction du théâtre de la Pergola, de Florence,
pour la composition d'un opéra sérieux. Sorti
vainqueur de ce concours, M. Gialdini vit repré-
senter son œuvre, sur la scène de la Pergola ,
le 5 mars 1868; mais le public ne parut pas par-
tiger l'avis des juges qui avaient couronné la
partition, et cet opéra, intitulé Rosmunda, fut
accueilli avec une froideur marquée. Depuis lors,
M. Gialdini a écrit , en société avec quelques
jeunes confrères , MM. Bacchini , De Champs ,
Felici, Tacchinardi et Usiglio, un opéra bouffe,
la Secchia rapifa, qui a été joué en 1872 au
théâtre Goldoni, de Florence. Deux ans après,
au mois d'avril 1874, le théâtre des Loges, de la
même ville , donnait un autre opéra bouffe ,
Vidolo cinese , composé en collaboration par
MM. Gialdini, De Champs, Felici et Tacchinardi.
*G1A]\ELLA (Louis). Un artiste du nom de
Gianella écrivit en 1790 la musique d'un ballet,
V Argent fait tout, représenté au théâtre de la
Scala, de Milan. Il me semble que cet artiste ne
devait être autre que le flûtiste Louis Gianella,
qui vint ensuite s'établir à Paris et s'y lit con-
naître comme compositeur.
GIANELLI ( ), compositeur italien, a
fait représenter à Livourne , en 1865, un opéra
intitulé î<w Giorno di Caccia.
* GIAjVETTL\I (Antoine). Aux œuvres de
cet artiste, il faut ajouter deux oratorios : Jefte
378
GIANETTINI — GIBELLl
et il Martirio di Santa Giusdna. Je trouve
dans] la Cronistoria dei teatri di Modena
Voy. Gandim), publiée en 1873, la note sui-
vante, dont les renseignements sont en complet
désaccord avec ceux donnés par la Biographie
universelle des Musiciens : « Gianettini dit
aussi Zanetdni, Vénitien, naquit le f"' mai 1G86.
Élu maître de chapelle de la cour de Modène, il
occupa cette position jusqu'à sa mort, arrivée au
mois d'août 1721. » Je serais disposé à croire
la Cronistoria bien informée à ce sujet, puis-
qu'il s'agit d'un artiste qui a longtemps vécu à
Modène et qui est mort en cette ville.
GIANl\ETTI (Raffaelk), professeur de
chant et compositeur, né à Spolète le 16 avril
1817. commença l'étude de la musique sous la
direction d'un artiste nommé Boccetti , et entra
en 1837 au Conservatoire de Naples, où il fut
l'élève de Francesco Lanza pour le piano, de
Spalletti, de Cimarosa fils, de Busti et de Cres-
centini pour le chant, de Francesco Ruggi pour
l'harmonie accompagnée, enfin de Gennaro Parisi
et de Donizetli pour la composition. Sorti du
Conservatoire en 1844, il se consacra à l'ensei-
gnement du chant, tout en cherchant à se pro-
duire comme compositeur, et écrivit successive-
ment trois opéras qui furent joués au théâtre
Nuovo, de Naples : 1" Gilleila, 2 actes, «850;
2° la Figlia del Pilota, 1 actes, 1852; 3° la
Colomba di Barcellona, 3 actes, 1855. Je ne
crois pas qu'il ait fait représenter aucun autre
ouvrage depuis cette époque, bien qu'il ail écrit
deux opéras nouveaux. Giannetti a publié un
assez grand nombre de mélodies vocales, et il
e.-.t aussi l'auteur de plusieurs compositions re-
bilieuses, parmi lesquelles trois messes à 4 voix
dont deux avec orchestre, une messe à 3 voix et
orchestre, un Stabat mater à 4 voix avec ace.
de tlùte, 2 clarinettes et instruments,à cordes,
un Tantum ergo , etc. Il a écrit aussi deux ou-
vertures à grand orchestre. Cet artiste est mort
à Naples au mois d'août 1872.
GIAIVIXIXI (GiovAccHiso), organiste et com-
po.siteur, né à Lucques le 20 mars 1817 , apprit
les premiers éléments de la musique avec Do-
menico Fanucchi, et étudia ensuite le contrepoint
avec le chanoine Marco Santucci. Devenu pia-
niste, organiste et excellent accompagnateur, il
se livra à l'enseignement et à la composition. On
lui doit diverses pièces de musique sacrée à deux
et trois voix, dans le style a cappella, et quel-
ques-unes à quatre voix, avec accompagnement
instrumental , qui furent exécutées de 1840 à
1843 pour la fête de sainte Cécile et en d'autres
occasions. 11 écrivit aussi, pour le service de la
semaine sainte, deux cantates à plusieurs voix
avec instruments, et mit en musique la belle
cantate de Manzoni, le 5 Mai, pour chant avec
accompagnement de piano. En 1843 ou 1844,
Giannini quitta sa famille et son pays pour aller
chercher fortune au Brésil, où il mourut en
1861.
GIANIVINI (Saltatore) , pianiste, compo-
siteur et professeur, fils d'un employé à Tadrai-
nistration des postes , est né à Naples le 24 dé-
cembre 1830. Son père le destinait à la carrière
littéraire, et c'est pour son seul agrément qu'il
commença, à l'âge de dix ans, l'étude de la mu-
sique avec son frère aîné, devenu depuis avocat.
Mais ayant perdu son père, il se mit à travailler
sérieusement avec M. Giuseppe Lillo, qui perfec-
tionna son talent sur le p^ano et lui fit suivre im
cours complet de composition. M. Giannini se
livra ensuite à l'enseignement, et publia succes-
sivement, chez les principaux éditeurs do l'Italie,
270 oeuvres diverses pour le piano, et quel-
ques morceaux religieux à 2 voix. Il a écrit
aussi un opéra sérieux, Giovanna di Montfort,
qui jusqu'ici n'a pas été représenté. On doit en-
core à M. Giannini les publications suivantes :
Elementi musicali per uso dei fanciulli ;
Nozioni elementari di musica; la Prima
Scuola di pianoforte. — Deux fils de cet ar-
ti.ste.M. Giacomo Giannini, né à Naples le 27
février 1856, et M. Alberto Giannini , né dans
la môme ville le 18 avril 1857, celui-ci élève
de son père , se sont déjà fait remarquer, l'un
comme violoncelliste, le second comme pianiste
GIAIVIVOTTI (Antomo), musicien italien
du dix-septième siècle, a fait exécuter le mardi-
saint de l'année 1685, dans un couvent de Mo-
dène, un oratorio intitulé Maddalena pentita.
GIAQUIIXTO (Giuseppe), compositeur ita-
lien, a écrit la musique de plusieurs ballets re-
présentés sur divers théâtres de la Péninsule.
Voici les titres de ceux qui sont venus à ma con-
naissance : 1" il Corrazziere di Brest (Naples,
février 1865); 2° Ferfe (Naples, th. San Carlo,
7 avril 1867) ; 3° Jdea{\â., h\., novembre 1867);
4° il Figliuol pj-odigo (Milan, th. de la Scala,
septembre 1873); 5" Dyellah; 6" Messalina
(Rome. th. Apollo, mars 1877). A la fin de 1876,
M. Giaquinlo a été engagé au théâtre San-Carlo,
de Naples, comme compositeur de la musique
des ballets destinés à être joués pendant le car-
naval.
GIARDINO ( DE). Un artiste de ce
nom, qui vivait vraisemblablement au dix-hui-
tième siècle, a publié six livres de chacun six
Sonates à violon seul et basse, op. 1, 4, 5, 8,
9 et 11.
GIBELLl (L ), musicien italien contera-
GIBELLI — GIGOUT
379
porain, a fait représenter à Milan , sur le tliéàtre
Casteili, le 27 mai 1876, un opéra sérieux intitulé
Sara.
GIBERT, GISBERT ou GISPERT
(Fkancisco-Javier), prêtre et compositeur, né
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle
à Granadella, province de Lérida, fit ses études
musicales sous la direction d'Antonio Sala, maî-
tre de chapelle de la cathédrale de cette ville.
Devenu lui-même maître de chapelle à Taracena,
où il resta de 1800 à 180^, il alla remplir ensuite
les mêmes fonctions dans un couvent de Madrid,
où il mourut le 27 février 1848. Au sujet de
cet artiste, M. Baltasar Saldoni, dans ses Efemé-
rides de musicos espanoles, cilecetteapprécia-
tion qu'il tire d'un manuscrit d'Amhrosio Ferez,
dont il est possesseur : « Comme compositeur
en style de chapelle, c'est-à-dire pour voix seu-
les, il a connu peu de rivaux ; en effet, on ne peut
rien entendre de plus technique, de plus pur que
ses motets en musique pathétique et vraiment
religieuse; quelques-unes de ces pièces sont
d'une telle sévérité de formes qu'elles pourraient
passer pour des compositions du xvi* siècle ;
elles sont nombreuses et de divers caractères ,
destinées qu'elles étaient aux différentes fêtes de
l'année. Gibert les écrivait avec une admirable
facilité, parce qu'il était réellement un savant en
ce genre. Mais dans le style d'église solennel, au-
quel appartiennent les messes, vêpres, Te Deum,
lamentations, litanies, saluts, etc., etc., avec
orchestre, dont il a écrit beaucoup, il est très-
inférieur à lui-même. Néanmoins , son talent
n'est pas pour cela moins appréciable , ni sa
réputation moins méritée. »
* GIBERT (Paul-Cés\r). Cet artiste a pu-
blié, sous le titre suivant, un recueil décomposi-
tions vocales : Mélange musical , premier re-
cueil, contenant un duo, un trio, une scène,
des airs, des ariettes , des romances et des
chansons , avec différentes sortes d'accom-
pagnements , tant de harpe ou clavecin en
solo qu'à grand et petit orchestre, dédié à
M"' la vicomtesse de Pons (Paris, l'auteur,
s. d. in-folio).
'* GIDE (Casimir). Aux ouvrages cités de cet
arti.ste, il faut ajouter les suivants : 1" La Chatte
blanche, ballet-pantomime (en société avec Ad.
Adam), th. des Nouveautés, 26 juillet 1830;
2° les Trois Catherine, opéra-comique en 3 ac-
tes (en société avec le même). Nouveautés , 18
novembre 1830; 3° les Jumeaux de la Réole,
drame musical en 7 tableaux, Nouveautés, 22
février 18.31 ; 4» Vile des Pirates, ballet (en so-
ciété avec Carlini), Opéra, 12 août 1835; 5° le
Diable boiteux, ballet, Opéra, 1" juin 1836;
6" la Volière, ballet. Opéra, 5 mai 1838 ; 7" la
Tarentule, ballet. Opéra, 24 juin 1839.
En 1847, Gide succéda à son père dans la
direction de sa grande librairie artistique, qu'il
géra conjointement avec M. Baudry jusqu'au
mois d'août 1857. Il mourut à Paris, le 18 février
1868, laissant en portefeuille deux ouvrages iné-
dits : Belphégor, opéra-comique en un acte, et
Françoise de Rimini, opéra en 3 actes.
GIELY (L'abbé), aumônier de l'église de la
Trinité, de Paris , a publié de nombreuses com-
positions religieuses, parmi lesquelles on remar-
que : 1° Amour au Sacré-Cœur, solos et chœurs
solennels, avec accompagnement d'orgue, un
vol. grand in-8'', Paris, Repos; 2" Échos de
Vâme pieuse, chants solennels à la Sainte-
Vierge, avec ace. d'orgue, un vol. in-S", ibid.,
3° une Couronne à notre Mère , chants solen-
nels, solos et chœurs , avec orgue, ibid. ; 4° une
Guirlande à Marie, chants à la Sainte-Vierge,
ibid. ; 5° Soupirs de l'Exil, cantiques, un vol.
in-12, ibid.; 6" A Jésus, gloire, amour! solo
et chœur à 3 voix, avec orgue, ibid.; 7" Triom-
phez, roi des cœurs, chant solennel, avec solo
et orgue, ibid.; 8" Monstra te esse matrem,
grand chœur à 3 voix, avec orgue, ibid.; 9° Sou-
venez-vous , chaut avec ace. d'orgue, ibid.;
10" Fleurs de Mars, chants à Saint- Joseph ,
avec orgue, un vol, in-8", ibid.
GIGLI (Giulio-Cësare), luthier italien, était
établi à Rome et exerçait son art en cette ville
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle.
GIGOUT (Eugène), professeur, compositeur
et organiste, est né à Nancy le 23 mars 1844. II
montra dès son enfance une heureuse organisation
musicale, et vers l'âge de six ans le solfège et
les premiers éléments de l'harmonie lui étaient
onseignés par M. Bazile Maurice, maître de cha-
pelle de la cathédrale de Nancy, tandis que M. G.
Mess, organiste de la même église, lui donnait
des leçons de piano , et qu'il recevait quelques
conseils pour le chant d'un excellent professeur,
M"' Pauline Millet, qui devint plus tard la com-
tesse Molitor. Les dispositions musicales du jeune
Gigout intéressèrent en sa faveur l'évêque de
Nancy, M. Menjaud, excellent musicienlui-même,
et l'enfant fut envoyé en 1857 à Paris, où il entra,
comme boursier de sa ville natale et du minis-
tère des cultes , à l'École de musique religieuse
fondée et dirigée par Niedermeyer. Ce dernier
s'intéressa tout particulièrement à lui, en fit son
élève de prédilection, et le jeune homme tra-
vailla avec tant d'ardeur qu'après quatre années
d'études, en 1861, il avait remporté successive-
ment les prix de.'plain- chant , d'harmonie, d'or-
gue, de composition et de piano. Niedermeyer
380
GIGOUT — GILDEMYN
étant mort au commencement de cette année
1861, M. Gigout continua ses études sous la
direction de Dietsch, de MM. Saint-Saëns et
Loret, et, à la suite des épreuves très-sérieuses
réclamées pour ces concours , se vit délivrer en
1862 le diplôme de maître de chapelle, et l'année
suivante celui d'organiste.
Très-attaché à sa ville natale, M. Gigout avait
accepté, au commencement de l'année 1863, de
tenir l'orgue du château de M. le marquis de
Lambertye, situé au\ environs de Naucy; ce
magnifique instrument, nouvellement installé
par M. Cavaillé-Coll, et l'agréable situation qu'on
lui offrait, avaient séduit le jeune artiste. Ce-
pendant, sur des conseils affectueux , il renonça
à retourner dans son pays, et resta à l'École de
musique religieuse, où, depuis le mois d'octobre
18G2, il était devenu professeur de plain-chant et
de solfège; bientôt il fut chargé du cours d'har-
monie, et, un peu plus tard , de celui de contre-
point et fugue, ce ([ui ne l'empêcha pas, en 1872,
de tenir temporairement la classe supérieure de
piano , lorsque M. Besozzi donna sa démission.
M. Gigout a ainsi formé un grand nombre d'é-
lèves, appelés, ainsi que lui, à maintenir et à
propager les saines et sévères traditions du fon-
dateur de l'École.
Organiste de l'église Saint-Augustin depuis
1863 , cet artiste s'est tout d'abord appliqué à
réformer dans cette église l'harmonisation et
l'exécution duplaiu-cliant, ainsi que ^îicdermeyer
l'avait fait précédemment à Saint-Louis-d'Antin
et à Saint-Eugène. Comme titulaire du grand
orgue de cette paroisse, il s'est fait entendre dans
plusieurs séances et réceptions d'orgue. Ses
messes d'une heure, le dimanche, lui ont valu
une notoriété méritée et sont très-suivies.
En fait de compositions originales, M. Gigout
n'a encore livré au public qu'un cahier de i7-ois
pièces pour orgue (Paris , Richault) ; mais il a
en portefeuille d'autres pièces pour le même ins-
trument, des morceaux pour le piano, d'autres
pour l'orchestre , une messe à 3 voix avec ac-
compagnement d'orgue, exécutée plusieurs fois
à l'église Saint- Augustin , enfin des motets, des
chœurs et des mélodies vocales.
Chargé en 1864 de rédiger le chant de tout un
office nouveau pour un couvent du Midi, M. Gi-
gout pensa, dans une tâche aussi délicate et
difficile, qu'il fallait se garder, par respect pour
la trattition grégorienne, de composer du plain-
chant, et se borner, en remontant jusqu'à l'ori-
gine même du chant liturgique, à adapter au
nouveau texte les formules mélodiques consa-
crées. C'est ainsi qu'il agit. Vers la même époque,
il harmonisa, pour la maîtrise de Nancy, quelques
messes qui furent publiées en celte ville. Au
moment où cette notice est écrite (décembre
1876), cet artiste fort intelligent et fort distingué
vient de livrer au public un ouvrage intéressant
et important qui a paru sous ce titre : Chants
du graduel et du vespéral romains, harmo-
nisés à quatre voix, avec réduction d'orgue
ad libitum, d'après le traité d'accompagnement
du plain-chant de L. Niedenneyer et J. d^Orti-
gue, (Paris, Heugel, 3 vol. in-8"). Enfin, M. Gi-
gout, qui a épousé en 1869 la plus jeune fille de
son maître, M^'* Mathilde Niedermeyer, a fait
pour le piano les réductions de plusieurs parti-
tions d'orchestre, entre autres celles de la
Fronde, opéra de Niedermeyer, et d'une .sym-
phonie du mêcne artiste.
GIL (Joaiuin), musicien espagnol, né îi Va-
lence le 26 janvier 1767, fut professeur de plain-
chant au séminaire de Saint-Thomas de Villa-
nueva, et publia à Madrid, en 1820, un opuscule
intitulé Brève instruccion del canlo llano
[Brève instruction sur le plain-chant).
GIL (F. Asis), musicien espagnol contempo-
rain, voué à l'enseignement, a publié à Madrid,
chez l'éditeur Pablo Martin , une Méthode élé-
mentaire d'harmonie , et un autre traité inti-
tulé : V Harmonie à la portée de loutta les
intelligences.
GIL Y LLAGOSTERA (Gavetan), dit
Gilet, Hùtiste et compositeur, naquit à Barce-
lone le 6 janvier 1807. Il acquit la connaissance
du solfège avec Andrevi, puis se livra à l'étude
de divers instruments, mais particulièrement du
violon avec Francisco Berini et de la flûte avec
Ignacio Calcante. Pendant vingt-deux ans il rem-
plit les fonctions de première flûte à l'orchestre
du théâtre principal de Barcelone , et il appar-
tint aussi, en la même qualité, à la chapelle de
la cathédrale de cette ville. M. Baltasar Saldoni
(Efemérides de musicos espaùoles) dresse ainsi
qu'il suit le catalogue des compositions de cet
artiste ; 1» un nombre incalculable de rigodons,
valses et contredanses à grand et petit orchestre ;
2» deux symphonies à grand orchestre; 3° gran-
de polka à grand orchestre, avec variations;
4° deux messes de Gloria , à grand orchestre ;
ô" messe de Bequiem, avec instruments à vent;
6° deux Rosaires avec orchestre; 7" quatre
Fantaisies pour flûte, avec accompagnement de
piano ; 8° une sonate pour flûte, avec accompa-
gnement de piano ; 9° un trio pour trois flûtes ;
10" neuf exercices pour flûte seule.
GILDE.MYIX (Charles-Ferdinand), orga-
niste et compositeur, né à Bruges (Belgique) le
18 août 1791, est mort en cette ville le 22 mars
1854. Enfant de chœur à Notre-Dame de Bruges
GILDEMYN — GILLIERS
381
dès l'âge de huit aas, il fit ses premières études
musicales sous la direction de Govaert et tra-
vailla ensuite l'harmonie avec Thienpont. Depuis
1807 jusqu'à sa mort, c'est-à-dire pendant pres-
que tout un demi-siècle, il remplit les fonctions
d'organiste à Notre-Dame. En 1816, la Société
royale des Beaux-Arts de Gand ayant mis au
concours la composition d'une cantate sur la
bataille de Waterloo, une troisième récom-
pense, sous forme de médaille d'argent, fut attri-
buée à Gildemyn. Cet artiste a fait représenter à
Bruges un opéra-comique : Edmond et Hen-
riette ou la Réconciliation {15 septembre 1819).
Il a publié un 0 Salutaris pour ténor, la réduc-
tion au piano d'une symphonie en ut, et a laissé
en manuscrit un assez grand nombre de com-
positions estimables.
GILI (Raimunoo) , compositeur espagnol, né
à Viliafranca del Panades (Catalogne), le 21 fé-
vrier 1815, fil son éducation artistique au collège
de musique du couvent de Montserrat , où il
demeura cinq années, de 1826 à 1831 , et où il
apprit le solfège, l'orgue et l'harmonie. Ses étu-
des terminées, il devint organiste de l'église des
Franciscains , puis de celle des Trinitaires , de
Barcelone, et ensuite alla remplir les mêmes
fonctions à l'église paroissiale de sa ville natale.
Pendant son séjour à Barcelone, M. Gili fut
nommé professeur de solfège au lycée de cette
ville ; il fut aussi accompagnateur au grand théâ-
tre et à celui dit des Capucins. Les principales
compositions de cet artiste consistent en une
messe de Requiem, un Benedictus et divers
motets.
GILKES (Samuel) , luthier anglais , né en
1787, mort jeune en 1827, fut élève de son parent
Charles Harris , de Londres , et devint ensuite
ouvrier chez William Forster, après quoi il s'é-
tablit à son compte. Ses instruments sont aujour-
d'hui très-estimés en Angleterre. Gilkes eut un
fils, nommé William, luthier comme lui, et qui
produisit considérablement; il est surtout connu
pour ses contrebasses.
* GILLES (Jean) , fameux compositeur de
musique religieuse, mourut à Toulouse le 5 fé-
vrier 170.5. Quoiqu'à peine âgé de 36 ans lors-
qu'il mourut, et bien qu'il paraisse n'être jamais
venu à Paris, Gilles jouit en France, pendant plus
d'un demi-siècle, d'une immense renommée. Ses
motets étaient toujours exécutés au Concert spi-
rituel avec le plus grand .succès, et en 1764, près
de soixante ans après sa mort, on ne crut pou-
voir mieux honorer la mémoire de Rameau qu'en
exécutant, aux funérailles de ce grand homme,
le Requiem de Gilles. Cette messe était consi-
dérée comme un chef-d'œuvre, et l'on disait
alors « la messe de Gilles, » comme on dit au-
jourd'hui « le Requiem de Mozart. »
Voici celles des œuvres de Gilles qui sont
venues à ma connais.sance : 1° Te Deum; 2<>
Messe de Requiem ; 3" Diligam te, motet avec
orchestre; 4° Domine, in te speravi, id.; 5" Ju-
bilale Dec omnis terra, id.; 6" Cantate, Jor-
danis incolœ, id ; 7° Cantus dent uberes, id.;
8° Qitemadmodum desiderat cervus, id.; 9*
Deus, judicium tuum regida,i(i..; 10° Beatus
quem elegisti, id.; 11° Dixit Dominus Domino
meo, id.; 12° Beatus vir qui timet Dominum,
id.; 13° Deus venerunt gentes, id,; 14° Confi-
tebor tibi, Domine, motet avec orgue; Ih'^ Bea-
tus vir qui non abiit, yl.; 16° Dominus, illu-
minatio mea, id.; 17" Benedicam Dominum,
id.; 18° Judica, Domine, nocentes me, id.;
19° Cuslodi me. Domine, id.; 20° Sxpeexpu-
gnaverunt me, id.; 21° Lauda, anima mea,
Dominum, id.; 22° Cum invocarem, id.; 23° 3
Magnificat, avec orchestre; 24° Plusieurs hym-
nes , avec orchestre, etc.
GILLET-DAMITTE ( ), propagateur
du système de la notation musicale par le chiffre,
est l'auteur d'un écrit ainsi intitulé : Mémoire
à S. Em. Mgr. le cardinal Donnet et à NNé
SS. les éve'ques du monde catholique, sur un
moyen facile et économique de propager le
chant d'église parmi tous les fidèles , Paris ,
Dramard-Baudry, in-l8 (vers 1863).
^GILLIERS (Jean-Claude), et non Gillier,
comme il a été dit par. erreur. Sans aller aussi
loin que M. Charles Poisot, qui, dans son Histoire
de la musique en France, assure que ce com-
positeur a eu « la gloire de fonder en France le
genre national de l'opéra-comique, « je crois
néanmoins que Gilliers a droit à une mention
toute spéciale, comme l'un des premiers et des
plus féconds artistes qui aient écrit de la musique
pour les pièces de la Comédie -Italienne. Les airs
de vaudeville et les airs de ballet de Gilliers sont
charmants pour la plupart, pleins de verve et
d'entrain, et obtinrent à l'origine de vrais succès.
M. Poisot a retrouvé les titres de beaucoup de
pièces dont ce compositeur écrivit la musique ;
je vais citer ici ces pièces , en y joignant celles
que j'ai retrouvées moi-même : 1" VHijménée
royal {1&^%) ; 2° Céphale et Procris (1711);
3° la Foire de Guibray (1714); 4° le Tombeau
de Nostradamus [17 li); 5° parodie de Téléma-
que (1715); 6° la Ceinture de Vénus (1715);
7" les Dieux à la Foire (l'724); 8° V Amante
retrouvée (1727); 9° Sancho Pança gouver-
neur ou la Bagatelle; 10° le Bouquet du roi
(1730) ; 11" la Nièce vengée ou la Double sur-
prise (1731); 12° la Fille sauvage (1732);
382
GILLIERS — GINOUVÉS
13° le Pot-Pourri comique (1732); 14° Sophie
et Sigismond (1732); ib" la Première repré-
sentation (1734); 16° Lucas et Perrette (1734).
Mais Gilliers ne travailla pas seulement pour
la Comédie-Italienne; il fut pendant longtemps,
avec Grand val, le fournisseur attitré de la Co-
médie-Française, en ce qui concerne la musique
des airs et divertissements qui entraient dans les
pièces jouées à ce théâtre. Voici une liste , que
je crois à peu près complète, de celles pour les-
quelles il travailla -. les Eaux de Bourbon
(1694), la Foire de Bezons, les Vendanges de
Suresnes (1695), le Moulin de Javelle, les Va-
cances (1696), le Charivary , le Retour des
Officiers (1697), les Curieux de Compiègne
(1698), la Fe'ïe de Village, les Trois Cousines
(1700), Colin Maillard (1701), VOpérateur
Barry (1702), le Galant Jardinier (1704) , la
Psyché de village {{'0^), l'Amour diable {\'0%),
VAmoiir masqué (1709), la Famille extrava-
gante (1709), l'Amour cJiarlatan (1710), les
Fêtes du Cours, le Vert-Galant (1714), le
Triple Mariage (1716), etc., etc. Enfin, à tout
cela il faut ajouter encore la musique qu'il écri-
vit pour quelques pièces représentées sur des
théâtres particuliers , telles que V Impromptu
de Livry , le Divertissement de Sceaux, et
autres. Quelques-uns de ces airs de Gilliers fu-
rent gravés et publiés par Ballard.
GILLY (EM.WANUEL-ANTOINE- Victor), appelé
ordinairement du môme prénom que son père.
Vital Gilly), compositeur, né à Marseille le
4 thermidor an Vlil, apprit d'abord la musique
comme amateur. A la suite de revers de for-
tune, il songea à tirer parti de son talent et se
voua à l'enseignement. Un grand nombre des
artistes contemporains qui habitent Marseille ont
reçu de lui des leçons. Vital Gilly a beaucoup
écrit, surtout des chœurs à 3 et 4 voix, et de
la musique d'église. Plusieurs de ses compo-
sitions, notamment : l'Invocation à VHarmonip,
les motets à grand chœur, Cantantibus or-
ganis, Domine salvum fac, Vivat in œter-
num, furent fréquemment jouées, et avec succès,
aux concerts Thubaneau, de 1824 à 1839 : une
de ses messes en la fut très-appréciée à son
époque. Beaucoup de ses motets ont été publiés
à Paris chez Janet et Colelle. Vital Gilly avait
une très-grande facilité, qui était devenue pro-
verbiale à Marseille. Bien que sa facture ne fii(
pas supérieure, il ne manquait pourtant pas
d'une certaine habileté : sa musique, qui est
claire et d'un sentiment doux, était estimée de
ses contemporains.
Al. R— d.
î GIMENEZ IlUGALDE (Ciriaque), com-
positeur de musique religieuse et organiste, est
né à Pampelune le 5 février 1828. Après avoir
appris de son père les éléments de la musique, il
étudia le piano sous la direction de José Guel-
benzu', organiste „de la paroisse Saint Saturnin,
travailla ensuite l'orgue et la composition, puis
alla achever son éducation musicale au Conser-
vatoire de Madrid, où il eut pour professeur
M. Eslava. Après avoir terminé ses éludes,
M. Gimenez se livra à la composition et devint,
en 1865, maître de chapelle de l'église primatiale
de Tolède. Cet artiste est considéré par ses com-
patriotes comme un des plus distingués de l'Es-
pagne dans le genre de la musique religieuse.
Ses compositions sont nombreuses et consistent
en un Miserere de grandes proportions, en plu
sieurs messes, dont une en mi bémol qu'on dit
fort remarquable, en psaumes, répons, motets,
litanies, elc, etc.
Gl^i'ER (Salvador), compositeur espagnol,
est.l'auteur d'une zarzuela en trois actes, Con
quién caso a mi mujer '> qui a été représentée
au théâtre de la Zarzuela, de Madrid, le 10 no-
vembre 1875. J'ignore s'il avait donné précé-
demment d'autres ouvrages.
* GIXESTET (François-Regis-Prosper,
vicomte DE), compositeur, est mort en 1860.
Avant de se livrer à la composition musicale, il
avait embrassé , comme on sait, létat militaire;
d'abord capitaine-brigadier des mousquetaires
de la maison de Louis XVIII, puis des Cent-
Suisses de Charles X, il devint officier supé-
rieur, et donna sa démission pour se livrer sans
réserve à la culture de l'art qu'il affectionnait.
GIÎVOUVES (Ferdinand), né en novembre
1844 à Cayenne, reçut les premières leçons de
musique d'un chef de musique de l'Infanterie
de marine. En 1856, sa famille étant venue se
fixer à Marseille, il entra au Conservatoire de
cette ville, et, après quelques années d'études,
y obtint le premier prix de piano. Il s'est depuis
livré avec succès à l'enseignement. En 1867, il
a été nommé professeur d'une des classes de
piano du Conservatoire.
Cet artiste a fait jouer au grand théâtre de
Marseille un opéra-comique en un acte, Wil-
fride, dont l'ouverture, dans le style d'Ad.
Adam, a été exécutée plusieurs fois aux
Concerts populaires de cette ville. Il s'est fait
connaître également par un certain nombre de
romances pour la voix et de morceaux de genre
ou de danse pour le piano : le Pays des Ré'ves;
Rossignol et Fauvette; le Grain de Vau-
mone; Eurydice; Menuet; Romance sans
paroles; les Canaries; Tulia; l'Expan-
sive, etc. — La plupart de ces compositions
GINOUVÉS — GIORZA
383
ont été éditées par Carbenel à Marseille (1).
Al. R— d
* GIORDAj\I(Joseph). Aux ouvrages dra-
matiques de cet artiste, il faut ajouter l'opéra
intitulé Demetrio..
GIORDANI (E ), musicien italien con-
temporain, est l'auteur d'un opéra sérieux, la
Regina di Casiiglla, qui a été représenté à
Parme en 1876.
* GIORGETTI (Ferdinando), est mort su-
bitement, frappé d'apoplexie, le 23 mars 1867,
à Florence, où il était né le 25 juin 1796. Il était
professeur de perfectionnement pour le violon et
l'alto à l'Institut musical de sa ville natale. On lui
doit l'ouvrage suivant : Metodo ver [esercitarsi
a ben suonare Valto-viola, Milan, Ricordi.
GIORGI (NicoLo), luthier italien, exerçait
sa profession à Turin, dans la première moitié du
dix-huitième siècle.
GIORZA (Paolo), compositeur, fils d'un
chanteur dramatique qui était aussi peintre en
miniature et qui remplit à Desio les fonctions
d'organiste, est né à Milan en 1832. Il reçut de
son père ses premières leçons de musique, et
travailla ensuite avec un artiste nommé Lacroix.
M. Giorza s'est créé au-delà des Alpes une spé-
cialité : celle d'écrire la musique des ballets dont
le public italien est si friand. Dans l'espace de
vingt-cinq ans, sa plume infatigable a produit plus
de quarante partitions de ce genre, qui lui ont
valu une véritable popularité, et dont quelques-
unes se distinguent, dit-on, par la grâce, le brio,
la fougue et l'entrain. Ces qualités n'étaient pas
précisément celles qu'on a pu remarquer dans
la Maschera, que M. Giorza est venu écrire à
Paris et qui fut représentée à l'Opéra au mois de
février 1864 ; mais il serait injuste de juger sur
un seul ouvrage un compositeur aussi fécond, et
nous devons croire que les succès qu'il a obtenus
dans sa patrie sont mérités en grande partie. Il
est juste d'observer qu'une seule fois M. Giorza
a essayé d'aborder le théâtre en dehors du ballet,
et que cette intrusion dans un domaine qui n'é-
tait pas le sien lui a été funeste ; son opéra
Corrado, console di Mllano , dont le sujet
était tiré d'un épisode de l'histoire lombarde, a
fait une lourde chute à ia Scala, de Milan, le
10 mars 1860.
Voici une liste des ballets mis en musique
par M. Giorza, et représentés en Italie ou ail-
leurs; je ne la donne pas pour absolument com-
plète, quoiqu'elle soit très-fournie : 1° un Fatlo,
(1) Depuis que celte notice a été écrite. M. Ginouvéi
a fait représenter survie théâtre Michel, de Marseille
(30 juiniST"), un opera-comique en un acte, le Fiolon
de Stradivarius, qui a été très-bien accueilli.
Milan, Scala, 1853; 2" i Eiaachi ed i Negri, ib.,
ib., 1853.; 3° il Giuocalore, ib., ib., 14 janvier
1854; 4" Shakespeare, ossia un Sogno di una
riotte d'estate, ib., ib., 27 janvier 1855; 5* il
Conte di Monte-Cristo, ib., ib., 7 février 1857;
0" Rodolfo, ib., ib., 18 février 1858: 7"^ il Pon-
ioniere, ib., ib., 1859; 8° Cleopatra, ib., ib.,
27 février 1859 ; 9° Giorgio Keeves, 1860; 10" il
Vampiro, 1861; 11° la Contessa d'Egmont,
1 mars 1861 ; 12° un' Avventura di Carnevale
a Parigi, Gênes, th. Carlo-Felice, 7 janvier
18G3; 13° Farfaletta, Londres, 1863; 14° la
Maschera ou les Nuits de Venise, Paris,
Opéra, février 1864; 15° Leonilda, Milan,
Scala, 31 janvier 1865; 16° Fiammella, (en so-
ciété avec M. Meiners), id., id., 20 janvier 1866;
17° Emma (en société avec M. de Bernardi),
id., id., 4 mars 1866 ; 18° /a Capanna dello
zio Tom, Florence, th. de la Pergola, ouvrage
dont un critique italien disait : « Le meilleur de
ce ballet, c'est la musique de [M. Giorza, élé-
gante, neuve et facile dans toutes ses parties,
quoique peut-être un peu trop bruyante ; dans
les moments où l'action dramatique prend de
l'importance, les mélodies de M. Giorza acquiè-
rent une ampleur et un prestige tels qu'on les
croirait destinées à un genre de composition
plus élevé et plus important; 19° Folgore, o
l'Anello infernale; 20° Nostradamus; 21° lu
Silfide a Pechino (en société avec MM. Mado-
glio etSarti); 22° il Biricchino di Parigi;
23° un Ballo nuovo ; 24° Carlo il Guastatore;
25° i Palleschi edi Piagnoni; 26° uno Spirito
maligno; 11" il Sogno dell'Esule; 28° il Genio
Anarack; 29" Ida Badoer ; 30° Zagranella;
31° Funerali e Danze; 32° CUltimo Abence-
ragio; 33°la Giocoliera; 34° Gazelda; 35° Don
Cesare di Bazan; 36° Chencbina, o la Rosa di
Posilippo; 37° Salammbô ;3S° la Vendetta;
39° Pedrilla.
M. Paolo Giorza a publié, en dehors de ses
ballets, un assez grand nombre de morceaux de
musique de danse (surtout sous forme d'albums),
dont voici les titres : Aile Dame Milanesi,
Pierrot o la Settimana grassa a Milano, Mas-
chere italiane. Petit Bouquet, Quatro Salti,
Aile Dame Florentine, Valbum di Rigoletto ,
et on lui doit aussi quelques compositions légères
pour le piano, des mélodies vocales et enfin plu-
sieurs morceaux de musique religieuse. Entre
autres productions étrangères au théâtre ,
M. Giorza a écrit, pendant la guerre de 1866 et
sur l'invitation de Garibaldi, la musique d'un
hymne de guerre dont les paroles étaient dues
à M. Plantulli, secrétaire du grand patriote.
M. Giorza reçut à ce sujet la lettre suivante de
384
GIORZA — GIOSA (DE)
Garibaldi : — " Coiue, 15 juin 1866. Mon cher
Giorza, si, en rneltanl eu musique l'iiymne de
notre ami Plantuili, vous avez puisé votre ins-
piration dans la fièvre d'un peuple qui veut
briser les derniers anneaux de sa chaîne et re-
devenir digne de son passé, vous avez fait cer-
tainement une œuvre utile, et je suis sûr du
succès. Croyez-moi avec reconnaissance votre
— Garibaldi. « Il ne parait pas pourtant que
l'hymne de M. Giorza ait conquis une grande
popularité.
GIOSA (NicoLA DE), compositeur dramati-
que et chef d'orchestre, est né à Bari le
6 mai 1820. Il commença par étudier la flûte
avec son frère aîné, Giuseppe de Giosa, puis
avec un artiste nommé Enrico Daniele, et entra
en 1834 au Conservatoire de Naples, oiiil conti-
nua l'étude de cet instrument avec Pasquale Bon-
giorno et devint bientôt maestrino (répéliteu )
de flùle. Il travailla ensuite l'harmonie accom-
pagnée et le contrepoint avec F. Ruggi, reçut
quelques leçons de Zingarelli, et enfin devint l'é-
lève préféré de Donizetti pour la haute compo-
sition. Il écrivit, au Conservatoire, divers mor-
ceaux pour la flûte, pour le basson et pour le
violoncelle, plusieurs ouvertures à grand or-
chestre, beaucoup de musique religieuse, une
prière pour voix de soprano avec chœur et or-
chestre et un hymne funèbre à 4 voix, aussi
avec chœur et orchestre, exécutés dans une
séance consacrée à honorer la mémoire du comte
deGallemberg, compositeur distingué, enfin deux
opérettes dont les titres sont oubliés. Avant
d'avoir terminé ses études et d'avoir atteint
l'âge fixé pour sortir du Conservatoire, M. de
Giosa quitta cet établissement à la suite de dif-
ficultés survenues entre lui et Mercadante, alors
directeur de l'école, ce qui fut cause d'obs-
tacles considérables qu'il eut à surmonter pour
le commencement de sa carrière de compositeur.
Il finit pourtant, non sans peine, par faire re-
présenter au théâtre Nuovo, de Naples, son
premier opéra, la Casa degli Artisti, ouvrage
bouffe qui fut très-bien accueilli du public. En
1845, il donna au même théâtre Elvina, opéra
semi-sérieux en 3 actes, introduisit l'année sui-
vante, pour les débuts d'un jeune chanteur, son
ancien condisciple, deux morceaux nouveaux
dans un ouvrage de Raimondi, il Biglietto del
lotto stornato, et en 1850 fit jouer, toujours au
tliéàtre Nuovo, l'opéra bouffe Don Cliecco, un
des plus grands succès obtenus depuis un
quart de siècle par la scène lyrique napolitaine.
Cet ouvrage est resté jusqu'ici le meilleur titre
de M. de Giosa à la reconnaissance de ses com-
patriotes ; il y a fait preuve d'une gaîté, d'une
verve, d'un brio que l'on rencontre rarement à
un pareil degré, et son inspiration est restée
d'une fraîcheur toute juvénile. On cite surtout,
entre les morceaux les mieux réussis de la par-
tition de Dow Checco, l'air de don Checco , qui
est considéré comme une des meilleures pages
de l'opéra bouffe contemporain.
L'année suivante, M. de Giosa aborda pour la
première fois le grand théâtre de San-Carlo (I)
avec un opéra sérieux, Folco d'Arles', qui reçut un
assez bon accueil ; mais un autre ouvrage, Guido
Calmar, donné par lui au même théâtre en 1852,
fut reçu avec froideur. Il revint alors au théâtre
Nuovo avec un opéra bouffe, un Geloso e la sua
Vedova (1855), mais, reparaissant dans la même
année à San-Carlo avec un grand drame lyrique,
Etlore Fieramosca, il vit celui-ci tomber avec
fracas. Il partit alors pour Turin, fit représenter
en cette ville, en 1856, deux ouvrages nouveaux,
l'un, Ascanioil G/oie^nere, au théâtre d'Angen-
nes, l'autre, V Arriva del signor Zio, au théâtre
Sutera, puis revint à Naples écrire pour le théâ-
tre du Fondo un opéra-comique en 3 actes, Isella
la Modista, qui n'eut aucun succès. Plusieurs
années s'écoulent alors sans que M. de Giosa
aborde de nouveau la spène, bien que pendant
ce temps il ne cessât pas d'écrire, car il com-
posa en 1858 la Cristiana pour Venise, Ida de
Benevento pour l'ouverture du théâtre Piccinni,
de Bari, et en 1859 il Gilano, pour le théâtre
San-Carlo, sans compter un ouvrage français,
la Chauve-Souris, qui devait être joué à Paris,
à i'Opéra-comique. J'ignore pourquoi foutes ces
partitions sont restées jusqu'à ce jour inédites.
Néanmoins, après avoir fait exécuter à Bari
(1859) une cantate pour les fêtes du mariage
du duc de Calabre avec la princesse Marie-So-
phie de Bavière, le compositeur reparut au
théâtre San-Carlo avec un opéra sérieux, il
Bosco di Dafnn (1864), dont la chute fut lamen-
table. M. de Giosa remplit alors, pendant plu-
sieurs années, les fonctions de chef d'orchestre
à San-Carlo, à la Fenice, de Venise, à Buenos-
Ayres, au théâtre italien du Caire et au Politeama
de Naples, et il a fait encore jouer, dans ces
derniers .temps, plusieurs autres ouvrages : lo
Zingaro, il Marito délia Vedova, il Pipistrelle
(Naples, th. Philarmonique, 1875), et Napoli de
carnevfl/e (Naples, th. Nuovo, décembre 1876),
dont le dernier seul semble avoir rencontré
quelque faveur.
M. de Giosa est un artiste distingué, mais dont
(i) Il faut remarquer pourtant que le succès de Don
Checco avait été si éclatant au théâtre Nuovo, qu'on avait
Joué une fois cet ouvrage à San-Carlo, pour une repré-
sentation extraordinaire.
GIOSA (DE) — GIOVANNINI
385
la carrière dramatique est loin d'avoir toujours
élé lieureuse. Un seul de ses opéras, Don
Checco, a obtenu vraiment un grand succès,
non seulement à Naple>, lieu de sa naissance,
mais sur tous les llieûtres d'Italie; deux ou tiois
ont été assez favorablement accueillis, et presque
tous les autres sont tombes ou à |)eu pi es; seul,
Don C/jecco est demeuré debout au milieu de ce
naufrage général, et reste constamment au ré-
pertoire des scènes de la Péninsule, bien que je
ne sacbe pas qu'il ait jamais été joué sur un
théâtre étranger. D'après l'opinion de la critique
italienne à l'égard du compositeur, on peut
croire que M. de Giosa est beaucoup'plus à l'aise
dans le genre bouffe que dans le genre sérieux,
et que lorsqu'il veut ulteindre à l'effet dramati-
que il se laisse entraînera une imitation un peu
étroite et parfois lâcheuse de la manière de
M. Verdi. Mais si le musicien scénique laisse à
désirer sous plus d'un rapport, le compositeur
de romances, de mélodies vocales, de canzone
est, paraît-il, beaucoup plus heureux. A cet
égard, M. de Giosa est considéré comme un
artiste d'une grande valeur, à l'inspiration fraî-
che, poétique et pénétrante ; tel de .«es albums
contient, dit on , de véritables petits chefs-
d'œuvre, et pour n'en citer qu'un, celui qui a
pour titre Aure Parlennpee (Milan, Ricordi), il
est composé de pièces pleines d'éégance et d'o-
riginalité. M. de Giosa a publié plus de vingt
albums de ce genre, parmi les(|uels je citerai
les suivants, touspubliés à Naples,cbez l'éditeur
Coltrau : 1° la Celra capricciosa (5 mélodies);
2" Omaggio a Dari (6 méUxVie'-); 3" Storndlt
d'amore (6 méloilies); 4° Gloja e dolore{6 mé-
lodies; ; 5° le Ccnizoni d'Kalia (4 mélodies) ;
6" Omaggio alla Princi/jcssa Margherila
(id.); 7" MoncenisioiS mélodies); 8" Ore d'es-
tabi (5 mélodies); 9° Omaggio a Donizetti
(3 mélodie-); 10" Monlecalini (4 mélodies);
11° A Stella mia (6 melo'lies) ; 12" Serennta
di .Vlergelli)ia [ii.); 16° Grolta azzurra (id.j;
14» t'alp'to ancor (id.); lb° Eco delVOceano
(3 mélodies). M. de Gio>a a éciit aussi des
messes, des cantates et un as-^ez grand nombre
de morceaux àe inusique instnnneritale de di-
vers genres. En résumé, M. de Giosa est un ar-
tiste laborieux, actif, intelligent, digne d'estime
et de sympathie (1).
G.OVAXXI DA FIBÎEXZE, autrement
(Il Je IroHVP, dans le, c.italngue de M. Ricnrdi, le gnind
édiliiir de miisi(iiie de Milan, mention d'un opéra de
M. de Giosa, Ml\>xu, que je n ai vu cite nulle autre part.
J'isjnore où rtqii nd cet ouvr^jgea it npr sent' M. de
Gi '-a • n a encore écrit un autre. Satcina, jusqu'ici
nste inédit.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T
dit Dacascia et GIOVAAWl {Messere) DA
FIREA'ZE, organiste. — Dans un manuscrit de
la bibliotlièL]ue Laureriziana de Florence, qui
est connu des bibliographes sous le titre de il
libro délie Musiche dello Squarcialupi, parce
qu'il appartint à ce musicien célèbre, on trouve
une chanson et le portrait du premier des mu-
siciens dont il s'agit, et à la fin du même manus-
crit, on voit le portrait et le titre d'une chanson
ou madrigal du deuxième ; la musique de cette
dernière chanson n'a pas élé notée sur le parche-
min, bien que celui-ci ait été réglé pour la rece-
voir. On ne sait rien de la vie et des œuvres de
ces deux musiciens, mais, comme l'on sait que
Squarcialu|)i florissait au quinzième siècle, on en
peut inférer qu'ils étaient ses contemporains ou
tout au moins qu'ils l'avaient devancé de peu.
Feu M. le chevalier L. Puliti, en compulsant
un ancien registre des actes de décès de la ville
de Florence, y découvrit que Giovanni di Niccolo,
degli organi fui enterré dans l'église âe Santa
Maria Maggiore de cette ville, le 14 mars 1426.
La note de cet enterrement est accompagnée sur
le registre d'un |ietit dessin représentant la fa-
çade d'un orgue; ce qui, de même que la qua-
lification degli organi accolée au nom de ce
musicien, prouve l'estime dont il jouissait en
qualité d'organiste. Cette note d'enterrement ne
pourrait-elle se rapporter à l'un ou à l'autre de
ces deux artistes ? Et, dans le cas de raCtir-
malive, auquel des deux ? 11 semble qu'elle pour-
rait avoir trait plutôt au .second qu'au pre-
mier, soit en raison de la qualité d'organiste qui
lui est attribuée dans le manuscrit de Squarcia-
lu[)i, soit par une sorte d'analogie qui existe
entre le petit orgue dessiné dans le registre pré-
cité et le portrait dont il est fait mention ci-
dessus, dans lequel l'artiste est représenté por-
tant un petit orgue sur ses genoux.
L.-F. C.
GIOVANA'IAI (Alberto), musicien italien,
né vers 1842, fit ses études de composition au
Conservatoire de Milan, où il fut admis au mois
de janvier 1860,etd'oii il sortit au mois d'août
1863, après avoir fait exécuter, au saggio annuel
de l'école, une cantate intitulée gli Oppressif qui
fut accueillie avec faveur par le public intime de
ces sortes de sé.incps. En mars 1867, il écrivit
la musique d'une cantate patriotique, la Lil)era-
ziotie di Venezia, qui fut exécutée au théâtre
Socid d'Udine. et en 1870 il fit représenter à
Modène un opéra intitulé Irène. Deux ans après,
en 1872, cet artiste remplissait au théâtre de
Plaisance les fonctions de ma<slro concertutore.
M. Giovannini a publié chez l'éditeur Lucca, à
Milan, un recueil de six mélodies vocales,
I. 25
386
GIOVANNINI — GIUGLINI
GIOVAIVIVIMI (C ), professeur de musi-
que italien, est l'auteur d'un petit manuel inti-
tulé : Elementi di musica aduso délia scuola
elemontare privata, Milan, Lucca.
GIR-\LDOi\I (Lkone), professeur italien,
est l'auteur de l'écrit théorique suivant, publié
dans ces dernières années : Guida teorico-pra-
tica ad uso delV arlista cantanie, Bologne,
Marsiglia et Rocca.
GIRAR!) (Jehan), ciiantre et chapelain de
la cathédrale d'Évreux, était aussi un composi-
teur distingué, car il remporta ^n 1580, au con-
cours du puy de musique d'Évreux, le prix de
la lyre d'argent pour une chanson française : De
mon feu, de mes pleurs.
* GIRAUD (FKANçois-JosErn). Il faut joindre
aux productions de cet artiste, la musique de
V Amour fixé, ballet de Vestris, donné à la Co-
médie Française en 1754.
GIRAUD (Frédéiuc), théoricien français, a
publié il y a quelques années un vaste ouvrage
ainsi inlitulé : Le Polycorde, ou Nouveau Traité
théorique et pratique de musique vocale et
instrumentale (Grenoble, l'auteur, 9, vol.). Cet
ouvrage, sorte de manuel encyclopédique mu-
sical, est divisé en deux parties distinctes : Par-
tie vocale, contenant : 1° l'exposé métliodique
delà théorie musicale-, de grands développe-
ments sur la tonalité et la transposition ; 2° un
abrégé des principes du chant giégoricn ou plain-
chanl; 3° 230 exercices très-variés de solfège, de
morceaux avec paroles, à une, deux, trois et
quatre parties-, les sonneries militaires d'ordon-
nance pour l'infanterie (!) ; 4" L'exposé de la
notation musicale en chiffres ; à" Une méthode
élémentaire d'iiarmonie; 6° L'acoustique mu.si-
cale appliquée; — Partie instrumentale, conte-
nant : 7° La description, le dessin et la tablature
de tous les instruments en usage dans nos mu-
siques militaires, fanfares et orchestres moder-
nes; 8° Études sur quelques orgues monumen-
tales de notre époque. Professeur de musique à
Grenoble, M. Frédéric Giraud est organiste de
l'église Saint-Joseph de cette ville.
* GIROD (Le Père Louis), de la compagnie de
Jésus, est l'auteur d'un manuel publié sous le
titre suivant : Connaissance pratique de la
facture des grandes orgues, outrage indis-
pensable d ceux qui sont chargés de l'acqui-
sition d'un orgue ou de son entretien, ^Anwr,
Wesmael Charlier, 1875, in-8°. Le même écri-
Tain avait publié précédemment, au sujet d'une
composition de M. Balthasar-Florence {Voyez ce
nom), une analyse critique qui avait paru dans
VAmi de VOrdre, journal de Namur, et dont
il a fait une brochure intitulée : Messe solen-
nelle de BaWinsar- Florence, Namur, impr.
Doux fils, 18T2, in-8°.
GIROMPIIM (P ), pianiste et composi-
teur italien contemporain, a publié plus de cin-
quante petits morceaux de genre pour le piano,
morceaux qui sont pour la plupart des arran-
gements et des fantaisies sur des thèmes d'o-
l>éras en vogue.
GIUGLIi\l (Antonio), chanteur dramatique,
naquit à I<"ano, dans les anciens États de l'Église,
en 1826 ou 1827. Après avoir fait son éducation
musicale sous la direction de Collini, maître de
chapelle à Fermo, il fit ses débuts en chantant,
sur le théâlre de cette ville, deux petits inter-
mèdes dans lesquels il sut faire apprécier les qua-
lités d'une jolie voix de ténor conduite avec goût.
Giiiglini fut bientôt ap|)clé à se produire sur des
scènes plus vastes, et se fit entendre successi-
vement sur les plus grands théâtres d'Italie, la
Fenice de Venise, San -Carlo de Naples, et la
Scala de Milan, où il obtint de brillants succès.
Il fut engiigé ensiiile, pendant quatre saisons
consécutives, au Théâtre de la Reine, à Londres,
pa.ssa une année à Madrid, puis vint faire une
assez courte apparition au Théâtre-Ilalien de
Paris, d'où il retourna dans sa patrie ; il reparut
alors à la Scala, et enfin signa un engage-
ment pour le théâtre impérial de Saint-Péters-
bourg et partit pour la Russie. C'est la que le
|)auvre artiste fut atteint, au commencement de
l'année 1805, d'un accès de folie subite et furieuse
qui devait le conduire rapidement à la mort.
Cependant, comme on ne perdit pas, dès le
premier moment, tout espoir de le sauver, on le
transporta en dépit de tous les ob.stacles à Lon-
dres, où l'appelait un traité avec la direction du
théâtre italien. Au bout de quelques semaines,
l'mfortuné, loin de guérir, était tombé dans un
état d'Iiébétement absolu. On .songea alors à
l'envoyer à Fano, sa ville natale, où résidait sa
famille-, quelques-uns de ses camarades, M. Ma-
rio en tête, organisèrent en sa faveur un con-
cert qui produisit environ 5,000 francs, deux
amis se dévouèrent pour l'accompagner jusqu'en
Italie, et ne le quittèrent que lorsqu'il fut au mi-
lieu des siens. Mais les soins les plus dévoués
ne purent vaincre la maladie; bientôt il fallut
enfermer le pauvre fou dans une maison d'alié-
nés, et c'est là qu'il mourut, le 12 octobre 1865.
Giuglini s'était essayé dans la composition, et
avait fait exécuter au mois de mars 1861, sur
la scène du théâtre royal de Turin, une grande
cantate patriotique, il Grido d'Jtalia, dont le
poète Peruzzini lui avait fourni les paroles.
Cette cantate, bien écrite, dit-on, et qui con-
tenait de beaux chœurs, fut redemandée le soir
GIUGLINI — GLINRA
387
de lexécution. Elle a été publiée par les éditeurs
Giudici et Strada, en même temps qu'un slorneilo
du même auteur.
GIULIANI (GiovANNi-DoMENtco), composi-
teur, naquit à Lucques vers 1670, et fut maitie
de ciiapelle de l'église collégiale de San Micliele
in foro. Il existe encore à Lucques de nom-
breuses compositions de ce maître, qu'on exé-
cute parfois, et qui consistent en une dizaine
de messes à 3 et 4 voix, en psaumes à 4 voix
« cappella, motets, etc. De 1700 à 1708, Giu-
liani a écrit quatre services religieux à grand
orchestre pour la célébration de la fêle de Sainte
Cécile. Cet artiste est mort en 1730.
* GIULIAi\I (Antoine-Marie), auteur de
l'opéra Guerra in paie, était né à Ravenne vers
17.37. Chanteur, pianiste et compositeur distin-
gué, il se fixa de bonne heure à Modène, où il
devint premier soprano de la chapelle ducale,
claveciniste accompagnateur de l'Académie des
Philharmoniques, et enfin chef d'orchestre. Il
mourut en cette ville le 21 février 1831, âgé de
quatre-vingt quatorze ans. Giuliani fut lié d'une
étroite amitié avec le fameux compositeur Bo-
nifazio Asioli.
GIULIAM (N ), est auteur d'un traité
ainsi intitulé : Introduction au code d'Iiarmo-
nie pratique et théorique, ou Nouveau sys-
tème de basse fondamentale, Paris, Bossange,
1847, in-80.
GIULIAIM (Michèle), chanteur et profes-
seur, naquit à Barlelta (Piémont), le 16 mai i801,
d'un père qui était guitariste et compositeur dis-
tingné. Harmoniste habile et chanteur remar-
quable, il s'adonna au professorat, et, entre
autres élèves, forma l'admirable cantatrice
jyjme Fipzzolini. 11 vint en France à la suite des
événements de 1848, et se vit bientôt nommer
professeur de chant d'abord à l'Opéra, |)uis au
Conservatoire (1" novembre 1850). Giuliani est
mort les octobre 1867.
GlUSTI (C.-V ), compositeur italien, a
fait représenter en 1860, sur le théâtre Alfieri,
de Florence, un drame lyrique en deux actes et
un prologue, intitulé Corinna.
GI.ACHA^ÎT ( ), violoniste et compo-
siteur, fut attaché à l'orchestre de l'Opéra, où il
entra en 1770, pour le quitter en 1787; il avait
appartenu aussi comme violoniste au Concert
spirituel. En 1791, on le retrouve, en qualité de
premier violon, à l'orchestre du théâtre Louvois,
où l'on jouait alors l'opéra, puis .sa trace se perd.
Cet artiste a publié un certain nombre de trios
pour instruments à cordes, ainsi que plusieurs
recueils de petits airs pour la voix, avec ou sans
accompagnement.
GLACHANT ( ), fils du précédent et
sans doute son élève, violoniste et compositeur
comme lui, était, en 1790, chef d'orchestre du
petit théâtre du Délassement-Comique. Il écrivit
pour ce théâtre la musique des deux ouvrages
suivants, qui y furent représentés en cette année
1790 : l" P/iaramond, âr^me en 5 actes, « avec
chœurs et chants; » 2° l'Homme à la minute,
opéra comique en 2 actes. L'année suivante,
Glacliaut fils était remplacé dans ses fonctions
par un artiste nommé Le Roy, qui avait précé-
demment rem[)li cet emploi à l'élégant théâtre
des Beaujolais.
GLADSTOIME (Francis-Edward), orga-
niste et compositeur anglais, s'est fait connaître
par quelques morceaux de musique religieuse,
et par la publication d'un manuel intitulé The
organ sludenfs (le Guide de l'élève orga-
niste), Londres, Augener. Cet ouvrage a eu trois
éditions.
* GLOSER (François), compositeur, est
mort à Copenhague le 25 aoi'it 1861.
* GLI.XHA (MiCHEL-lvANOviTCH^DE), né le
20 mai 1804 au village de Novo-Spaskoïé, gou-
vernement de Smolensk , est mort à Berlin dans
la nuit du 2 au 3 février 1857. Pour qui voudrait
compléter la biographie donnée par Fétis de ce
grand compositeur, il n'existe actuellement que
des sources d'informations en langue russe :
d'abord les Mémoires de Glinka lui-même, puis
une étude biographique de M. Stanoff, et plus
récemment une autre étude publiée par M. Solo-
vieff dans le journal Mousi/talny Listok (1872).
Il ne nous paraît que plus urgent aujourd'hui de
doimer la liste des œuvres de Glinka et d'esquis-
ser une appréciation de son génie. Voici d'abord,
parordre chronologique, la liste de ses œuvres :
1822. Variations sur le thème en %it majeur
de l'opéra de Weigl, la Famille suisse (premier
essai de Glinka) ; Variations pour harpe et piano
sur un thème de Mozart ; Valse en fa majeur
pour piano (original). — 1823. Septuor; Ailagio
et rondo pour orchestre. — 1824. Quatuor pour
instruments à cordes ; Symphonie en ré mi-
neur (non terminée) ; Romance : Ma harpe. —
1825. Romance : ISe me tente pas; Variations
sur la romance « Benedelta sia la madré »
(c'est la première œuvre imprimée de Glinka);
Musique d'un prologue écrit à l'occasion de la
mort d'Alexandre V^ et de l'élévation au trône
de Nicolas, (com(ioséepour être exécutée chez le
général Apoukhtine à Smolensk). —1826. Roman-
ce : la Lune brille; id.. Pauvre chanteur. —
1827. Romances : le Baiser, Que j'ai de tristesse;
Scènes théâtrales pour chant et orchestre (duo
avec récitatif en la majeur ; Chœur sur la mort
388
GLINKA
d'un héros; Air pour baryton; Prière à trois
voix). — 1828. Sérénade sur les paroles, 0 mia
dulce{sic); Quatuor en /"a majeur; Deux qua-
tuors pour voix avec accomp. d'instruments, en
ut majeur et en sol bémol ; Romances : Souvenir
du cœur; Un momeni ; Dis-moi pourquoi;
0 nuit ; Des jeunes filles m'ont dit ; Ne chante
pas, enchanteresse. — 18i9. Romances : Om-
blierai-je; Nuit d'automne j Voix de l'autre
inonde. — 18S0. Quatuor pour instruments à
cordes, en /a majeur; Six études pour contralto.
(Voyage à l'étranger, maladie, retour en 1834.
11 se met à travailler à son opéra » Ivan Sous-
sanine », c'est-à-dire la Vie pour le tzar. 183G.
L'ouverture et le premier acte de la Vie pour le
tzar sont terminés et exécutés chez le Prince
loussoupof , puis chez le comte Vielhorsky. La
première représentation de l'opéra entier au
théâtre de l'Opéra russe est fixée au 27 novem-
bre 1836).
1831. Variations sur im motif d'i4?ma Bolena;
Variations sur deux thèmes du ballet Chav Kong ;
Rondo sur un thème des Montecchi e Capuletii.
1832. Sérénade sur un motif de laSonnam-
bula (pour piano, deux violons, alto, violoncelle
et contrebasse) ; Romance sur les paroles : Ah l se
tu/ossi mia ; Impromptu en galop, sur un motif
de fElisir d'amore ; Sexluor. — 1833. Trio
pour piano, clarinette et hautbois. — 1834. Ro-
mances : La forêt de chêne gronde ; Ne me dis
pas que monamour finira ; Variations sur le
thème du Rossignol; Pot-pourri sur quelques
airs russes, à quatre mains; Étude d'ouverture
symphonie sur un thème russe; Romances : Ne
l'appelle pas ange; Inéùlle; Dès que je fui
c»nnue. — 1834-36. la Vie pour le tzar, opéra.
— 1836(27 novembre), première représentation
de la Vie pour le tzar. — 1836-37. Scène ajoutée
à Topera la Vie pour le tzar; Fantaisie (la revue
nocturne) pour voix ; Polonaise avec chœur, pour
le bal donné par la noblesse de Smolensk à
l'occasion du passage du Csarévitch ; Hymne
•chérubique; Deux romances : Ouest notre rose?
et Zéphyr nocturne. — 1838. Romances : le
Doute, et Dans mon sang bride le feu du désir.
— 1839-40. Valse et polonaise en mi majeur
pour orchestre ; Romance : Si je te rencontre;
^ocinrne : la Séparation (.^ur paroles françaises);
Romance : Je me souviens de cette heure di-
vine ; la Kamarinskaïa, pour piano à 3 mains,
(non terminé) , et toute une série de romances
publiée sous ce titre : Adieux à Pétershourg.
— 1840. Pour le drame de Koukolnik, le Prince
Kholmsky, Glinka écrit l'air -. Le vent souffle
à la porte; Romance : le Songe de Rachel;
Tarentelle pour orchestre, avec chant et danses.
— 1841. Chœur de sortie, en mi majeur, pour les
demoiselles de rinstit;ii-Catherine. — 1842. Pre-
mière représentation de Rousslane et Lioul-
mila, le 27 novembre, six ans, jour pour jour,
après le premier opéra de Glinka, — 1843. Ro-
mances -. Je t'aime, charmante rose, et A elle;
Tarentelle en la mineur, pour piano. — De 1844
à 1847. Voyages en France et en Espagne, Glinka
ne compose pas. — 1847. Collection d'airs po-
pulaires espagnols : Jota aragonaise ; Sou-
venir d'une mazurka et Barcarolle (publiées
sous le titre ; Salut à mon pays) ; Variations
sur un thème écossais ; Romances : Ma char-
mante! Quand j'entends ta voix; le Toast;
la Chanson de Marguerite; La Kamarinskaïa,
pour orchestre; Recuordes de Casiilla , pour
orchestre. — 1849-51. 0 charmante , fille ;
Adèle et Mary , chœur de sortie en si majeur,
pour les élèves du couvent de Smolna ; Seconde
ouverture espagnole; le Golfe de Finlande,
avant-dernière romance de Glinka. — 1852. A
Paris , Glinka écrit la première partie (allegro en
ut mineur) d'une symphonie de l'Ukraine, Tarass
Boulba; il en commence la .seconde partie, puis
abandonne ce travail. — 1854-55. Orchestration
de V Invitation à la valse, du Nocturne de
Huinmel en fa majeur, de sa Revue nocturne ,
et du ctiant : Ne l'appelle pas ange; arrange-
ment de sa Prière pour voix seule avec ciicpur
et orchestre ; Polonaise solennelle pour le cou-
ronnement de l'empereur Alexandre II. — 1856.
Essai d'accompagnement des mélodies religieuses
russes selon leur caractère : Glinka arrange à trois
voix une prière pendant la messe, et le chant :
Que ta volonté s'accomplisse; ces deux mor-
ceaux sont exécutés au couvent deSt-Serge. Ne
dis pas que ton cœur souffre, dernière ro-
mance de Glinka.
Il n'y a pas à insister sur les œuvres de jeu-
nesse qui précédèrent le premier retour de
Glinka en Russie vers la (in de 1834; lui-
même y attachait peu d'importance; mais c'est
à la fréquentation d'artistes tels que Nozzari,
M""^ Mainvielle-Fodor et à l'admiration où il
vécut durant quatre années de tous les grands
virtuoses du même temps, qu'il dut d'acquérir
l'art de bien écrire pour les voix, art trop né-
gligé dans la nouvelle école russe. Ce long sé-
jour en Italie et l'influence avouée par Glmka
des opéras français de MéhuI et de Chérubin!
doivent être rappelés pour expliquer ]& prédomi-
nance encore très-sensible des formes de l'opéra
franco-italien dans le premier opéra de Glinka^
la Vie pour le tzar.
Ces formes n'em|)eclient pourtant pas que
l'œuvre ne soit bien nationale d'inspiration. Elle
GLINKA
389
ne l'est pas seulement par le sujet, qui se rap-
porte au moment critique on la Russie reprit
enfin j'avantage dans son <1uel séculaire avec la
Pologne : c'est le style même qui s'inspire sou-
vent des mélodies populaires russes, et Glinka
sait faire passer et pénétrer à travers tous les
développements de la composition musicale ce
sentiment, cette essence originale et vraiment
nouvelle dans le monde de l'art. Pour mieux en
faire saillir le caractère, Glinka eut l'idée gé-
niale d'opposer l'élément polonais à l'élément
russe dans la musi jue même : le contraste est
marqué de maindemaitre. Le caractère polonais,
hardi, provoquant, cavalier, s'exprime en
rhythmes pointés, eu motifs brillants; le carac-
tère russe durant les premiers actes semble d'a-
bord condamné aux rhythmes syncopés, inquiets,
à la modalité mineure, exprimant la mélancolie,
les sentiments contenus ou tourmentés ; mais il
a, lui aussi, son explosion de joie cordiale dans le
grandiose finale « Ilavsia » de l'épilogue. On peut
trouver une analyse du drame et de la partition
de la Vie pour le Izar dans notre livre : les
Nationalités musicales (libr. académ. de Didier,
1872). La première représentation eut lieu le
•27 novembre 1836. Fétis a nommé les artistes
qui créèrent l'ouvrage et le chef d'orchestre qui
€n conduisit les éludes : pour ce dernier, il est
curieux d'ajouter que Kavos avait composé un
opiTa russe sur le même sujet , Soussanine, le-
quel avait en dans son temps un grand succès ,
mais que celui ^de Glinka mil définitivement à
néant.
La première représentation de Rousslan et
Lioudmila fut donnée le 27 novembre 1842, six
ans jour pour jour après la Vie pour le tzar. Le
succès en fut un peu plus laborieux au début ;
c'est la faute du livret. Le sujet vient pourtant
d'un très-beau conte fantastique de Pouchkine,
mais Pouchkine n'était plus là pour transformer
son œuvre lui-même; Glinka, dans s* s Mémoires,
avoue qu'il écrivit sa partition par fragments, et
qu'on ne s'avisa d'un plan, d'un lien logique que
dans les derniers temps. Mais les beautés de la
musique sont si éclatantes qu'elles ont fini par
trionqiher des défectuosités du poëme ; aujour-
d'hui Rousslan est joué aussi fréquemment que
la Vie pour le tzar, et le vaste hémicycle du
théâtre Marie est toujours plein dès qu'on reprend
l'un des chefs-d'œuvre de Glinka. L'opéra de
Rousslan a été analysé dans une courte série
d'articles publiés en janvier 1874 par le journal
le Nord.
■Si la Vie pour le tzar est plus populaire en
Russie et a plus de chance, de par son drame,
d'être représentée à l'étranger, Rousslan, en tant
que partition, est un événement plus considérable
dans l'histoire de la musique. Glinka en écrivant
cet ouvrage était très-préoccupé de taire du nou-
veau, d'échapper aux traditions de. l'art européen.
Il avait recherché les mélodies orientales, et cou-
lait son inspiration dans des modèles curieux ,
tantôt imaginant des gammes différentes des
modes diatoniques, tantôt soudant intimement les
deux modalités (comme dans la Lezglinka), tantôt
employant la gamme des six ton^ entiers, comme
il a fait au premier acte au moment où Lioud-
mila est enlevée dans le char du magicien, gamme
vraiment diabolique, d'une solennité massive et
stupéfiante. Il faut ajouter que la mise en œuvre
est aussi magistrale qu'inspirée, que cette gam-
me en tons entiers par exemple n'est qu'un in-
cident fugitif dans un finale admirablement conçu
et traité. Il y a des morceaux à cinq temps,
d'un caractère vivace; il y a de curieux procé-
dés de rhythme comme dans le chœur des filles
persanes, des partis-pris harmoniques qui veu-
lent rappeler le moyen-âge; mais c'est par la
seule vertu de l'inspiration que le compositeur
arrive à nous donner la sensation des temps
légendaires dans la ballade du sorcier finnois ou
dans la scène du chevalier Farloff avec la fée,
scène accompagnée d'une symphoniette exquise.
L'air de Rousslan dans la steppe, ceux de Lioud-
mila au 4* acte et de Gerislava au 3*, ceux de
Lalmir établiraient l'originalité de Glinka comme
mélodiste s'il n'y avait bon nombre de romances
détachées, de ballades et de duos pour l'affirmer.
On se rendra compte aussi de la souplesse d'ima-
gination du symphoniste en comparant à la mar-
che de Tchernomor et aux danses circassiennes
de Rousslan. le ballet polonais de la Vie pour
le tzar, la Kamarinsksïa inspirée de deux airs
populaires grand-russiens, et les symphonies tout
espagnoles : la Jota aragonese, les Recuerdos
rie Castilla, les Souvenirs d'une nuit d'été à
Madrid.... Il faut en effet bien marquer que
c'est la Russie méridionale des temps fabideux
que l'opéra de Rousslan fait revivre. Tandis
que dans son premier opéra Glinka regarde en-
core vers l'occident où il a fait ses humanités
musicales, et donne un couronnement final à la
période de semi-nationalisme essayé par ces pré-
décesseurs, Kavoss, Titoff, Werstowsky, dans
Rousslan il oriente l'inspiration vers le Caucase
où il avait passé une de ses années de jeunesse,
vers là Russie asiatique inconnue de nous, mé-
connue de bien des Russes, et il découvre par là
tout un monde musical inattendu. C'est cette
partition surtout que les musiciens russes pren-
nent pour leur point de départ. Des controver-
ses fécondes se sont établies à l'entour; Alexan-
390
GLLNIvA — GLOVER
dre Séroff, en prenant à part « les Rousslanistes »
a provoqué de remarquables répliqiiçs , celles
entr'antres de M. Hermann Laroche. Soit par
l'imitation, soit par de libres divergences, l'école
nationale a pris carrière : Dargomij>ky a continué
Glinka non sans un grand talent, Séroff non sans
quelque génie; nous connaissons I^ubinslein ,
mais nous ne connaissons pas assez MM. Tcbaïko-
wsky, Balakireff, Rim^^ky Korstikorf... Tonte cette
école militante salue en Glinka son initiateur vé-
néré, et personne en Europe ne doit ignorer qu'il
est le père d'une nouvelle nationalité musi-
cale (1). G. B.
* GLOEGGL (François), professeur, théo-
ricien et écrivain musical, est mort à Vienne le
23 janvier 1872.
GLOVEU (Howard), musicien anglais fort
distingué, à la fois compositeur, chef d'orchestre,
chanteur dramatique, virtuose sur le violon,
pianiste accompagnateur et critique musical ,
naquit à Kilburn le 6 juin 1819. Deu\ième fds
d'une actrice célèbre, mistress Glover, il eut
d'abord pour professeur l'excellent violoniste
M. Wagstaff, chef d'orchestre de l'Opéra anglais
établi alors au théâtre dn Lyceum, et à l'âge de
quinze ans entra en qualité de premier violon
dans l'orchestre de son maître, h* meilleur de
Londres à cette époque. Peu après, il fut envoyé
par sa mère sur le continent , et voyagea pen-
dant plusieurs années en Italie, en Allemagne ^t
en France, apprenant les langues des pays qu'il
(I) I.e 26 novembre 1876 (calendrier russe), on célébra
avfC éclat au théâtre Marie, de Sainl-Peter^bour.■, avec
la 44S= représentation de lu f-'ic pour le tzar, le qua-
ranlièine annivers ire de ce clicf-d'reiivre d>- Glinka, qui
avait été joue pour la première fois le 27 novembre
1836. Legrani chanteur Pétrow, créateur du rôle île
Souss.inine, l'avait repris pour celle solenniié, consi-
dérée C'mrae une fête nationale, et il n'es", pas besoin
de dire que le sucuès de l'œuvre et celui de l'art ste
lurenl iuiinenses. Ao lever • u ri leaii, la scène du théâtre
Marie présent.iit un speclacle impi>saiit. I' aeé sur un
haut piédestal, le buste de l'illustre coinpo-iiieiir étiit
entouré de tous les artistes, re\ètus des costumes iies
iôles remplis par eux dans la fie pour le tzar et dans
^ousstan. Due seule personne était en coslume de ville :
c'était M'"" Pétrow. l'épouse du célèbre ehaiiti ur, qui,
étant a loi s Mlle Vorobiew, avait créé naguère 1- rOle de
l'orph' lin Vania Sur le piedesal on lisaii le mon du maî-
tre : Michel Ivanoiilch de (,Hnka, )80'.-i85" ; à dioi;e:
Jour dn quarantième aniiirersaire de lapera i-la fie
pour le tznr, » 2R novembre 1S36-18 6, et à gauche: yju
grand compositeur russe, tes Russes reconnaissanis.
C'est Mme i étrow qui eut l'honneur de déposer au picil du
buste de Glinka la première couronne de l-iurier; après
quoi M. Pétrow monta lui-même sur l'estrade et ceiu'uit
d'une autre couronne le front m compositeur. A cette
vue, le public, tant au parterre que dans les loges, se
leva ifuii mouvement un iiiiine et ncclima avec enihou-
stasme limage du maiire regretté. Ce fut un moment
d'émotion iDdcseriptible. — A. P
visitait, étudiant le violon, le piano, le chant et
la composition avec les meilleurs maîtres, et se
familiarisant avec les chefs-d'œuvre des diverses
écoles. Avant d'entreprendre ce voyage, il avait,
à seize ans, fait ses débuts de compositeur en
taisant exécuter à la Société des Brilish Mii-
sicians une scène dramatique avec accompa-
gnement d'orchestre, intitulée Oh! fatal hour
{Oh! heure /al aie). A son retour en Angleterre,
il se produisit comme virtuose violoniste, et fut
très-accueilli, dè> sa première séance , en exé-
cutant une sonate de Beetfioven et une autre
sonate de sa propre composition. Il devint aussi,
à partir de ce moment, l'un des pianistes accom-
pagnateurs les plus recherchés de Londres , et
.se fit une réputation pour les jolies mélodies
vocales qu'il écrivait sur les paroles de Shelley.
BienttM, Glover entreprit une tournée artisti-
que en compagnie du chanteur Brabam, et peu
après se produisit comme chef d'orchestre, corn»
positeur et accompagnateur dans les concerts
donnés en Ecosse, à Edimbourg, à Perth, à Glas-
cow , etc., par la grande cantatrice M"* Jenny
Lind. De retour à Londres, il y fonda, avec
M'"* Glover, l'Académie musicale et dramatique,
première école de ce genre que l'on connut en
Angleterre, donna, avec l'uniiiue concmirs des-
élèves de cette institution, foute une série de
concerts qui furent liès-remarqués, entre antres
celui où il fit exécuter VIphigénie en Tanride
de Gluck, et conduisit ces mêmes élèves à Man-
chester, oii, avec la coopération de Miss Rain-
forth, de MM. Sims Reeves et Wliitwortli. il
donna, avec le plus brillant succès, un grand
nombre de représentations d'œuvres lyriques
importantes. Il s'associa alors avec .«on frère,
Edmond Glover, mort depuis, et tous deux firent
le premier essai de l'établissement régulier d'un
Opéra dans les provinces anglaises, essai qui
reposait exclusivement sur les élèves de l'Aca-
démie musicale et dramatique. C'est à cette oc-
casion qu'Howard Glover monta pour la première
fois sur hi scène :'un jour que le ténor de .s»
jeune troupe , pris d'une indisposition siihite, se
trouvait dans l'impossibilité de paraître sur le
Ibéâtre, Glover quitta son bâton de clief d'or-
che.stre, et remplit à l'improvistele rôle d'Edgar
dans la Fiancée de Lamermoor. Dans le môme
temps, il confiait à l'exécution de ses élèves un
opéra-comique de sa composition, the Coquette,
qui produisit le meilleur effet. Un peu après,
Glover, cette f lis en compagnie de Miss Annie
Romer (devenue Mistress W. Brougli, et morte
depuis), conduisit ses élèves à Liverpool , et
donna pendant plusieurs mois en cette ville des
représentations d'opéras. Là, il fit trêve parfois
GLOVEll - GLUCK
391
à ses fonctions de directeur musical pour monter
sur la scène, et se montra comme premier té-
nor dans plusieurs ouvrages, notamment dans
la Fiancée de Laviermoor et dans son opéra ,
the Coquette.
Glover, dont l'activité infellcctuelle et physi-
que était remarquable, reçut, à son retour à
Londres, l'offre de devenir rédacteur du journal
the Morning-Post pour la partie musicale ; il
avait déjà fourni un certain nombre d'arlicles
de divers genres à ce journal, et il inaugura de
la façon la plus brillante cette nouvelle carrière,
qu'il devait parcourir pendant plus de quinze
ans avec un réel huccès. Mais il ne renonça |)as
pour cela à d'autres occupations , et c'est au
contraire de cette époque de sa vie que datent
ses plus importants travaux comme compositeur.
Il produisit d'abord un assez grand nombre de
romances , puis se lit une véritable renommée
avec les ouvrages suivants : Héro et Lcandre,
scène dramatique ; ouverture de Manfred^ exé-
cutée en 1850 aux concerts nationaux du théâtre
de Sa M;ijesté; Aminla, opéra-comique repré-
senté è Hay-Maiket; Tarn O'Shuuter, cantate
éciite sur le texte de Robert Burns, que l'on dit
admirable, dontMeyerbeer, assure-t-on , pensait
le plus grand bien , et qui fut exécutée à l'un dts
grands festivals de Birmingham; cantate de fes-
tival en l'honneur du mariage de la princesse
royale \Comala, cantate dramatique; Ruy-lilas,
grand opéra représenté au théâtre de Covent-
Garden en 1861 ; enfin une opérette charmante.
Once ioo ofien, donnée à Drury-Lane dans le
cours de la même année et dont il avait, ainsi
que pour l'ouvrage précédent, écrit les paroles
et la musique. « Que le compositeur de ces
divers ouvrages (disait alors un biographe, son
compatriote) ail droit à une haute position, per-
sonne ne le niera de ceux qni sont capables de
juger. La carrière de M. Glover a été aussi variée
que véritablement distinguée. Mais nous devons,
avant tout, attacher une grande importance aux
rares services que, par ses connaissances éten-
dues et son enthousiasme artistique, il a rendus
en ce pays à la cause de la bonne musique. La
situation qu'il occupait comme critique dans un
journal aussi important et aussi influent que le
Morning-Post le mit à même de le faire. Il n'ar-
rive pas toujours, cependant, que tout le monde
agisse de même dans les mêmes circonstances.
Mais M. Glover, artiste lui-même, a toujours
montré par dessus tout son amour et sa vénéra-
tion pour l'art.... (1) ».
Glover quitta pourtant, j'ignore pour quelles
(i) The Musical Jf^orld, i6 août i833.
raisons, la brillante situation qu'il s'était faite
dans sa patrie. En 1868, il s'embarqua pour
l'Amérique, et alla se fixer à New-Yoïk. Là, la
malechance s'attacha à lui et ne cessa de le pour-
suivre, en dépit du talent et de l'activitéqu'il dé-
ployait. Il écrivit plusieurs compositions impor-
tantes, publia (chez les éditeurs Peters , Diston,
Pond et Hall) de nombreuses romances et bal-
lades dont la valeur était incontestable, mais
fut découragé par le fâcheux résultat et l'inutilité
de ses efforts. Au bout de quelques années, et
malgré une existence antérieure honorable et
presque brillante, Glover tomba dans la misère.
Le chagrin qu'il ressentit d'une situation si im-
méritée et si douloureuse non-seulement pour
lui , mais pour sa jeune et nombreuse fandlle ,
altéra rapidement sa santé; il tomba gravement
malade, et, après de longues et terribles souf-
frances , il mourut à New-York , le 28 octobre
1175, dans sa cinquaiite-septième année. —
L'une des filles de cet artiste, miss JSellïe Glo-
ver, élève de son père, possède, dit on , un re-
marque tnlent musical.
GLOVER (Miss Sarah), musicienne anglaise,
a attaché son nom à l'invention d'un système
particulier de notation employé par 1 Associidioa
chorale dite Tonic-sol-fa, laquelle remporta un
prix d'honneur exceptionnel iiu grand concours
orphéonique de l'Exposition universelle de Paris,
en 1867. Miss Glover est morte à Malvern le
20 octobre de la même année.
* GLUCK (Christophe- Willibald). Comme
compléuient nécessaire à la nofice sur Gluck in-
sérée dans la Biographie universelle des Mu-
siciens, nous allons nous occuper spécialement
ici des écrits auxquels a donné lieu sa rivalité
avec Piccinni.
Il est assez difficile d'établir un peu d'ordre
dans labiblio-iraphiede la guerre des Gluckistes
et des Picfinnistes; car jusqu'à présent les au-
teurs qui se sont occupés de ces débats ont reculé
devant les recherches à faire et sf sont bornés à
fournir quelques indications sans précision et,
dans tons les cas fort incomplètes. C'est poip
remédiera celte lacune que nous allons essayer
de grouper ici, dans un ordre aussi logique qu'fl
nous sera possible de le faire , les nombreux,
écrits polémiques publiés dans le feu de la lutte
et sans la connaissance desquels on ne saurait
écrire l'histoire de cette grande querelle musi-
cale.
Il nous faut tout d'abord parler d'un ouvrage
qui, par la date de son apparition, ne devrait
être mentionné qu'à la fin de notre travail, puis-
qu'il s'agit d'un recueil du plus grand nombre de
ces écrits , lequel ne fut publié qu'à l'issue des
392
GLUCK
hostilités; mais comme ces fameuses brochures
et les journaux de l'époque renfermant des lettres
et articles sur la (juestion sont pour ainsi dire
impossibles à trouver, il est au mieux, pour é\i-
ter aux lecteurs des recherches longues, péni-
bles et souvent infructueuses, de lui imiiquer au
passage les pièces qu'il trouvera à coup sûr dans
ce précieux volume. On en doit la publication
à l'abbé Leblond et en voici le titre : Mémoires
pour servir à l'hisloire de la révolution opé-
rée dans la musique par M. le chevalier
Gluck. ANaples et à Paris, Bailly, 1781 , iu-8".
Nous ferons précéder d'un astérique les bro-
chures et les articles importants de journaux
réimprimés dans ce recueil, sur lequel, du reste,
nous reviendrons plus loin , c'est- à dire à la date
de son apparition. — 1. De Chabanon. Sur la
musique à Coccasion de Castor. Mercure de
France, avril 1772, p. 159 à 179. Nous croyons
qu'il y a eu des tirages à part. Cet écrit ne vise
Gluck en aucune façon, mais l'auteur de la
lettre ci-après s'en est autorisé pour recom-
mander au Mercure la lettre du bailli Du Roul-
let , puis 011 y répondit par une brochure (voy.
n^e) faisant bien partie de la jiolémique glucKiste.
C'e^t pourquoi Tarlicie de Chabanon appartient .
suivant nous , à cette polémique, dont il est pour
ainsi dire l'avant-coureur. — 2. L. D. L. Sur lu
Musique. Mercure de France, octobre 1772,
p. 167 à 1C8. Lettre signée L. D. L , associé à
l'Académie de Villefranche. — 3. Du Roullet.
* Lettre à M. D., un des directeurs de VO-
péra de Paris. Merc. Fr. octobre 1772, p. 109
à 174. Leblond n'a pas reproduit un alinéa du
posl-scri[ituiii , alinéa curieux et à considérer.
— 4. De Chabanon. Lettre de M. de Chabanon ,
sîcr les propriétés musicalesde la taiiguefjan-
çaisp. Merc. Fr. janvier 1773, p. 171 à IJI. 11 y a
eu un tirage à part et à petit nombre. — 5. Gluck.
* Lettre de M. le chevalier Gluck, sur la Mu-
sique. Merc. Fr. février 1773, p. I82à 184. —
6. Réponse à la critique de l'opéra de Cas-
tr ; Paris, 1773, in-12 de 70 p. — 7. Ai'naud.
Lettre de M. l'A. A*" à Madame D***
(d'Augny). Gazette de littérature, 1774. On
trouve aussi cette lettre dans le tome 2*, p. 363,
des œuvres complètes de l'abbé .\rnaud (1S08,
in-8", 3 vol.) — 8. De la Touraille. Letireà Ma-
dame la Marquise de **', dans ses terres
près de Mantes, sur fopéra d'Iphigénie. Ge-
nève, 1774, in-8''de31 pp., datée du 1 7 avril. Nous
attribuons cette brochure à de la Touraille, d'a-
près un recueil de pièces gluckistes fait à l'é-
poque et qui se trouve dans notre collection.
Toutes les attributions d'auteur données manus-
rites dans ce recueil et que nous avons pu con-
trôler étant exactes, nous sommes porté à
compter celle-ci comme vraie. — 9. De Vismes de
Saint-Alphonse. Lettre à Madame de***, sur
fopéra d'Iphigénie en Aulide. Lausanne,
1774, in-8°, 23 p., datée du 26 avril. Même ob-
servation que ci-dessus à l'épard de l'attribution
d'auteur. — 10. Un clou chasse l'autre, te/tre
sur l'Opéra d'Iphigénie, Berlin, 1774, in-8'>,
16 p. — 11. De Yisrnes <le St-Alphonse.
Lettre à M. l" chevalier de M***, sur l'o-
péra d'Orpliée. Lausanne et Paris, 1774, in-
8", 30 p., datée du 2 aoiM. — 12. J.-J. Rous-
seau. * Extrait d'une réponse du j élit faiseur
à son prêle-nom, sur un morceau de l'Or'
phée de M. le chevalier Gluck. Leblond , en
reproduisant cette pièce en 1781, dit qu'elle
n'avait jamais été imprimée, mais il est à peu
près certain qu'elle circulait maniiscrile et
qu'elle fut connue des combattants. On la trouve
dan.s presque toutes les éditions des œuvres
de l'auteur. — 13. M***. Dialogue entre
Lulli , Rameau et Orphée, dans les Champs-
Elysées, Amsterdam et Paris , 1774, gr. in 8",
30 p., avec une très belle gravure où l'on voit
Lulli et Rameau écoutant Orphée qui tient à
la main la partition (Y Iphigénie. — 14. Tîe-
Jlexions sur le merveilleux de nos opéras
français, et sur le nouveau genre de musique,
Londres et Paris, 1774, in-8>', 45 p. — 15. Le
C. de S. A. Lettre à M. de Chabanon, pour
servir de réponse à aile qu'il a écrite sur les
propriétés musicales de la langue française.
Merc. Fr., février 1775, p. 192 à 208.— 16. Du
Roullet. Lettre sur les Drames-Opéra, kir.stcv-
dam et Paris, 1776, in 8°, 55 p. — 17. Lasalle
d'Ofl'émont. Réponse à l'auteur de la lettre
sur les Drames-Opéra. Londres, 1"76, in-8°,
24 p. On ne paile que fort peu de musique dans
ces deux brochures. — 18. .\rnaud. * La Soirée
perdue hl'Opérn. Avignon et Paris, 1776, in-S",
26 p Cette brochure a été réimprimée d.ms le
2« vol. des œuvres complètes de l'abbé Arnaud
(1808, p. 380); d'autre part, elle est mentionnée
dans le recueil de l'alihé Leblond comme élant de
'SI. L. A. ; c'est pour.juoi nous croyons à une er-
reur deQuérard lors(iu'il attribue ce petit écrit à
Pascal Boyer. — 19. Framery. * Lettre à l'au-
teur du Mercure. Merc. Fr. sept. 1776, p. 181
à 184 Gluck répondit à cette lettre dans le
Mercure de novembre de la même année,
p. 18'i. —20. Arnaud.* Le Souper des En-
thousiastes; Amsterdam et Paris, 1776, in-S",
41 p. — 21. J.-J. Rousseau.* Lettre à M. Bur-
neii sur la mu-yique, avec fragments d'obser-
vations sur V Àlceste italien de M. le chevalier
Gluck. Celle lettre fut imprimée pour la pre-
GLUCK
393
mière fois dans l'édition des œuvres de Rous-
seau publiée à Genève en 1782, mais il est
supposable que, comme le n° 12, elle circula
manuscrite et qu'elle fut au moins connue des
fidèles de Gluck. On la trouve dans toutes les
éditions des œuvres de l'auteur. — 22. L7n-
promptu du Palais- Royal. Dialogue. StU-oasa
dans le n" VII, 1'"" juillet 1776, du Journal de
Théâtre de Le Fuel de Méricourt. Cet article a
24 p., et quoique tiès-inléressant n'a jamais été
cité. — 23. DeRossi. Preuve sans réplique du
progrès inconlestable que les Français ont fuit
en musique. Venise et Paris, 1777,iii-8", 15 p. —
24. De la Touraille. Lelire à M. le baron de la
Vielle Croche, nu sujet de Castor et Pollux,
donné à Versailles le 10 mai 1777. Sans lieu ni
date, in 8, 8 p. — 25. Mannontel * Essai sur les
révolutions delà musique en France. Sans lieu
ni date. (Paris, 1777 j, in-S", 38 \k Cet ouvrage se
trouve dans les diverses éditions des œuvres de
Martnontel. La réimpression faite dans les Mé-
moires de l'abbé Leblond a été copieusement an-
notée en manière de réfutation, el est accomj'a-
gnéedunedouzained'articlescritiquesextraitsdu
Journal de Paris de juin et juillet 1777. — 2G.
Lesuire. Lettre de M. Camille Trillo, fausset
de la cathédrale d''Auch , sur la musique
dramatique Paris, 1777, in-12, 43 p. — 27.
A. Gouilar. Le Brigandage de la Musique
Italienne. Sans nom de lieu, 1777^ in-S°,
156 p. Uneépîlre placée en tète de l'ouvrage est
signée Jean-Jacques Sonnette. Une seconde édi-
tion de 173 p. et dans le format in-12 à été pu-
blié sous la rubrique : Amsterdam et Paris, en
1780. — 28. Problème qui occupe la capitale
de la monarchie française : on demande si
Glouck (%\c) est plus grand musicien que Pic-
cini, 1777, \n-8°. —29. J. B. Nougaret. •£'£■-
néide , opéra français, pour être représenté
quand il sera en état. Suivi d'Armide à son
tailleur, héroïde. Londres et Paris, 1778, in-8",
68 p. Plaisanterie sans sel. — 30. Marmontei. De
(a musique en Italie, par le prince Beloselski.
Merc. Fr.,25 juillet, 1778, p. 272 à 286. —31.
Suard. Musique. Lettre à M. Panckoucke. Merc.
Fr., août 1778 , p. 172 à 192. — 32. Marmontei.
Musique. Lettre de M. Marmontei à M. de la
Harpe. Merc. Fr., 5 sept. 1778, p. 161 à 186.
— 33. Suai-d. Musique. Réponse à la lettre de
M. Mannontel, insérée dans le Mercure du
5 septembre. Merc. Fr., 5 octobre 1778, p. 156
à 169. Dans sa brochure : delà Musique en Ita-
lie (à la Haye, 1778, in-8°), le prince Belo-
selsky ne parlait qu'incidemment de Gluck et
de Piccinni , c'est pourquoi nous ne la fai.sons
pas figurer ici au nombre des écrits relatifs à la
guerre des gluckistes el des piccinnisles; mais
il n'en est pas de même de l'analyse qui en fut
faite dans le Mercure par Mannontel. Celui-ci
n'eut garde de ne pas profiler de la circonstance
pour décocher quelques malignités à l'ailresse
(le Gluck; Suard lui répondit, et il en résulta les
quatre articles polémiques ci-dessus, qui ne sont
pas les moins curieux à lire de toute la série.
— 34. Coquéau. De la .Mélopée chez les An-
ciens et de la Mélodie chez les Modernes; Pa-
ris, 1778, Ln-8". Il a été fait de grands éloges de
celle brochure, que nous n'avons pu nous procu-
rer jusqu'à ce jour et qui est peut-être la plus
rare de toute la collection, aveclen'' 28 cité plus
haut. — 35. Coquéau. Entretiens sur Vélat ac-
tuel de ropéra de Paris. Amsterdam et Paris,
1779, in-8", 174 p.— 36. Suard. Les entre/iens
de l'état actuel de l'Opéra. Mercure Fr., juillet
1779, 2 articles, p. 113 à 126 et 301 à 313. —
37. Coquéau. Lettre de l'auteur des Entretiens
sur rétat actuel de l'Opéra, à M. S. Merc.
Fr., août 1779, p. 80 à 93. Panckoucke ayant mu-
tilé la réponse de Coquéau en l'insérant dans son
journal, celui-ci publia la brochure suivante,
dans laquelle il rétablit les passages supprimés.
— 38. Coquéau. Stiile des Entretiens sur l'é-
tat actuel de l'Opéra de Paris, ou Lettres à
M. S... auteur de l'extrait de cet ouvrage
dans le Mercure. S. I. n. date (Paris, 1779),
in-8°, 48 p. Malgré le dédain exprimé par quel-
ques auteurs sur Coquéau , ses deux brochures
non moins que sa première publication , mé-
ritent d'être lues avec attention. — 39. Be-
metzrieder. Le Tolérant isme musical. Paris,
1779, in-8°, 32 p. — 40. Leblond. Mémoires
pour servir à l'histoire de la Révolution opé-
rée dans la musique par M. le chevalier
Gluck. Naples et Paris, 1781, in-8", 491 p., avec
un portrait de Gluck dessiné et gravé par Saint-
Aubin. Si le Mercure, comme on l'a vu, publia
pas mal d'écrits relatifs à la guerre des gluckistes,
le Journal de Paris, dans lequel l'a!)bé Arnaud
et Suard inséraient leurs articles, en publia un U
plus grand nombre encore. Suard signait ses ar-
ticles : l'Anonijme de Vaugirard et avait fort
à faire pour se défendre contre les réponses et
les attaques d'un certain Mélophile, qui n'était
autre que Ginguené. A très-peu de chose près,
tous les grands et petits articles de ce jour; « {con-
cernant notre sujet et dus à Arnaud ou à Suard
ont été reproduits dans le volume de l'abbé Le-
blond , ainsi du reste que ceux publiés dans le
Journal de Politique et de Littérature et dans
le Courrier de l'Europe. Il sérail trop long de
donner ici tous les titres de ces articles , dont
le nombre touche la centaine, s'il ne la dépasse.
394
GLLCK — GNOCCHI
On sait maintenant où en trouver au moins la
plus grande partie, à défaut des journaux même
où ils avaient d'abord paru; mais il n'en est pas
ainsi pour les articles de Ginj^nené (le Mdo-
phile), que le compilateur tant soit peu partial de
ces fameux Mémoires semble avoir délaissés
avec intention. Pour les lire, il faut avoir re-
cours à la collection du Journal de Paris. Fé-
tis , à son article Ginguené , annonce bien
comme ayant paru à part, à la date de 1783 et
dans le format in-8'^, les Lettres et Articles pu-
bliés dans les journaux fàvleUlélophile en 1780,
1781, 1782 et 1783, mais nous croyons qu'il y a
là erreur ou confusion, celte publication ayant
échappé à toutes nos recherclies faites avec soin
dans les Catalogues spéciaux et dans tous les
Dictionnaires bibliogiapiiiqnes. Il est possible
qu'il s'agisse ici de la brocliure figurant plus bas
sous le n" 43. — 41. Réflexions sur la musique
théâtrale, adressées au Rédacteur des arti-
cles Opéra, dans le Journal de Paris. Naides
et Paris, 1781, in 8°, 36 p. — 42. E. Biilardon
de Sauvigiiy. Les Après-soupers de société, ou
Petit Théâtre lyrique et moral. Paris, 1781,
t. II, p. 16. Les Piccinnis/es et les Gluckistes.
Petite pièce où l'on voit la réconciliation des an-
tagonistes. — 43. Mélophile à l'homme de
lettres chargé de la rédaction des articles de
r Opéra dans le Mercure de France. Naples et
Paris, 1783, in 8" de 27 p. Nous pensons ferme-
ment que celte brochure est de Ginguené. —
44. De Chabanon. L'Esprit de parti ou les
Querelles à la mode. Comédie en 5 actes, non
représentée, qui se trouve dans le volume inti-
tulé : Œutres de théâtre et autres poésies
par M. de Chabanon. Paris, 1788, in-8',
443 p. — 45. Marmontel. Polymnie, poème
posthume. Paris, 1818, iii-12, 180 p. avec gra-
Yures. Cette publication, due, dil-on, à Fayolle,
fut poursuivie pur Marmonlel fils comme fautive
et faite sans autorisation. Il en obtint la saisie,
et les exemplaires en furent détruits. Depuis,
» une version modifiée de ce poëme satirique a re-
^ paru, avec la iS'etivaine de Cythère, dans un
volume intitulé : Œuvres posthumes de Mar-
montel, de l'Académie française. Paris, 1820,
in-8", avec un portrait de Piccinni. Le poëme rie
Polymnie é\A\i connu du vivant de l'auleur, qui
le récitait dans le monde; il en avait même paru
desfragmenls dansdiversrecueilslitléraires. Mais
la nièce de Morellel, qui connaissait l'amitié que
son oncle porta't à l'abbé Arnaud , très-malmené
dans les vers du poêle, ayant été demandée en
mariage par celui-ci , elle ne lui accorda sa main
qu'à la condition de la non-publication de ses
Ters satiriques. Marmontel tint sa promesse.
Comme complément de la liste ci-dessus, nous
devons indiquer ici quelques ouvrages contem-
porains dans lesquels on trouvera de très-utiles
renseignements pour l'histoire de cette fameuse
querelle musicale. Les Mémoires secrets de Ba-
cbaumont viennent en première ligne; puis le
Journal de littérature et des Beaux-Arts (pe-
tit in-l2) ,1e Journal de Musique par une So-
ciété d'amateurs, le Journal du Théâtre d&
Le Fuel de Mericourt, une brochure de Corancez
intitulée : De J.-J. Rousseau. On y a joint quel-
ques opinions du même auteur, in-8°; Coup
d'œil sur la littérature etc., de Dorât, 2vol. in-
8», 1780. La Correspondance de Grimm et Dide-
rot; Iv: Cours de littérature de La Harpe; les
Œuvres philosophiques, littéraires, historl~
ques et morales du C* D'Escberny, etc., etc. La
ISotice sur la vie et les ouvrages deN. Piccinni,
par Ginguené (Paris, an IX, in-s"), est encore une
très bonne source d'informations à consulter, et
peut servir de palliatif à la compilation presque
exclusivement gluckiste de l'abbé Leblond (l).
Er. —t.
* GXECCO (François). Il faut joindre à la
liste des œuvres dramatiques de ce compositeur
les trois opéras suivants : Adetaide di Gués-
ctino, il Nuovo Potestà, et la Testa riscal-
data.
GXOCCIII ( ), compositeur italien,
(1) La liiblioaraphie franç;iise relative à Gluclt resterait
iiiioniplêle si nous ne donniiins pas ici la liste des écrits
[lubliés sur ce grand hoiniue en ces dernières années ;
vo cl celte liste : l» L'Orphée rie Cluch, par Prosper Mi-
snard, Paris, Li-vy. s. d., in-12 de 24 pp.; a» L' Jrniide de
(Jiick, par le président lYoplong (Esirait de la Hevue
contemporaine du 31 décrnibie 1858], Paris, 1869, in-S^de
31 pp. ; 3° L' Alccste de (Jliick, étude dédiée à M"'« Pau-
line Viardot, par Jules Baudoin, Paris, Lebigre-Duquesne,
18Ki; in-lî; 4°. Ix.i deux Iphit/énie de Gluck, par F. de
Viliars, Paris, Liepmannssohn et 'iufour, 1368, in-S" ; 5*
lettres de Gluck et de H'eber. publiées par M. L. NohI,
professeur à l'Univi rsile de Municii, traduites par Guy
de Charnacé, Paris, Plun, 1870, in-lî ; 6» Gluck et Pic-
cinni, i'i'i-M^^, par Gustave Ue^noiresterres, Paris, Di-
dier, 1873, in-8». Ce dernier ouvrage est de la plus haute
inipoi tance, quoique n'étant pas l'œuvre d'un musicien,
en raison des faits et des documents nouveaux qu'il rap-
por e sur le séjour de Giuck à Paris, et il rst impossible
maintenant d'érrire une liisloire ne Gluck sans le con-
sulter avec le plus grand soin M. H. Barbedette a pu-
blie dans le journal le .Vcnestrel, il y a quelques années,
une élude tiès-élendue sur Gluck. Nous ajouterons enfin
que Mlle Fanny Pellelan {frayez ce nom) avait commencé
une édilion modèle des partitions des cii q grandes œu-
vres françaises de Gluck, monument vrameiit admirable
élevé à sa gloire ; elle n'a pas eu le bonlieur de pouvoir
achever celte entreprise véritablement anistque, ra^'is
elle a pris du moins ses mesun s pour qu'elle pût être
terminée après elle. — Reetltions, en termin. nt, une er-
reur typographique imporiante qui s'est glissée dans la
Biooraphie universelle des musiciens : Gluck est mort
non le îi, mais le 15 novembre nai. — k. t.
GNOCCHI — GODARD
395
est l'auteur «l'un opéra boulfe intitulé Lucinda,
qui a été représenté à Najilesen 1863.
GOBATl (Stefano), compositeur italien,
est né vers 1850, dans un village de l'Italie sep-
tentrionale. J'ignore de quelle façon il lit ses
étuites ; mais on a raconté qu'après avoir écrit
son premier opéra , i Gotl, le jeune musicien
s'en alla tout droit frapper à la porte du Ihéàlre
de la Scala, de Milan, d'où il fut rapidement
éconiluit, attendu qu'il n'e.st pas plus facile, quoi
qu'on en dise , aux jeunes compositeurs de se
faire jouer eh Itaiie qu'en France. Peu chanceux
de ce côté, M. Gobati, qui avait pour lui la jeu-
nesse, la foi et l'espérance, partit pour Bolo-
gne, avec le désir d'y produire son ouvrage. Il
eut la fortune de rencontrer, lians Vimpresario
du théâtre communal de cette ville, un directeur
qui avait besoin d'un opéra nouveau et qui n'en
avait point sous la main. Quoique peu confiant
dans la valeur de l'œuvre d'un artiste forcément
inexpérimenté, il consentit, faute de mieux, à
monter celle-ci, tout en ne fondant pas sur elle
de grandes chances de succès. L'imprésario
avait tort, paraît-il, et le public se chargea de
le lui prouver. La première représentation iVi
Goti fut un véritable triomphe pour le jeune mu-
sicien , et son nom , inionnu la veille , fut pres-
que fameux au bout de huit jours; toute l'Ita-
lie parla pendant plusieurs mois de M. Gobati ,
et son opéra, joué à Bologne à la lin de 1873 ,
fut reproduit ensuite, avec le même succès, sur
plusieurs grands théâtres de la Péninsule. Le
directeur du théâtre communal de Bologne lui
commanda aussitôt un second ouvrage, dont le
sujet était pris dans un épisode de l'hisloire de
la domination espagnole à Naples après la mort
de Masanielto, et qui devait être joué par
M™" Brambilla-Poncbielli, femme du composi-
teur de ce nom, Mi'e Ermiiiia Borghi-Mamo ,
MM. Campanini , Storti et Nanetti. Ce nouvel
opéra, intitulé Luce, et qui ne comportait pas
moins de cinq actes, fut représenté ( ffeclivement
à Bologne, le 20 novembre 1875; il ne fut pas
moins heureux que le précédent, et son grand
succès augmenta encore la réputation naissante
du jeune compositeur.
GOBBAERTS (Jean-Louis), compositeur,
né à Anvers le 28 stptc\iibre 1835, a fait ses
études de piano au Conservatoire de Bruxelles,
et a été l'élève de M. Meyeux jioiir la composi-
tion. Dès l'âge de 14 ans, il obiint le premier
prix dans un concours <le composition ouvert
par l'Académie de Louvain. Par ma'lieur, il com-
mença di^s lors à donner des preuves d'une fé-
condité trop précoce et qui ne connut jamais <le
frein, et se mit à considérer la musique comme
un métier beaucoup plus que comme un art.
Producteur infatigable, cet artiste publie par cen-
taines, depuis une vingtaine d'années, soit sous
son nom véritable, soit surtout sous le pseudo-
nyme de ^^rea^ftor/, qui en est l'anagramme, de
pelilsmorceaux de piano, dont la valeur est mince,
mais dont, paraît- il, le succès commercial est
très grand , non-seulement en Belgique, mais à
l'étranger et jusqu'en Allemagne, où, quoi qu'on
en dise, la bonne musique n'est pas toujours la
plus recherchée. 11 ne restera rien de tout cela,
et, avec de réelles facultés, M. Gobbaerts se
condamne, alors qa'il pourrait faire mieux, au
rôle de simple commerçant en musii|ue, ce qui
n'est pas absolument l'idéal de l'art qn'd exerce.
On assure qu'il travaille en ce moment à la com-
position d'un opéra- comique. — La sœur de
cet artiste, M"" Virginie Gobbaerts, née aussi
à Anvers, est douée d'une jolie voix de soprano
qu'elle dirige avec goût. Elle a obtenu un pre-
mier prix de chant et de déclamation lyrique
an Conservatoire de Bruxelles, et, après avoir
appartenu un instant au théâtre des Fantaisies-
Parisiennes dirigé à Paris par M. Martinet et
aujourd'hui disparu , elle s'est montrée avec suc-
cès, dans l'emploi des dugazons, sur les princi-
pales scènes de la Belgique.
GOBETTI (Francesco), lulhier italien de
l'école lie Crémone , était établi à Venise dans
les premières années du dix-huitième siècle. On
croit qu'il avait été élève d'Antoine Slradi-
vari. '
GODARD (BEiNJAHix Lolis-Paul), violo-
niste et compositeur, né le 18 août 1849 à Pa-
ris, a étudié le violon sous la direction de M. Ri-
cliard Haminer, et est entré au Conservatoire,
en 1863, dans la classe d'harmonie de M. Reber.
Il a pris pari, en 1866 et 1867, au concours de
composition pour le prix de Rome , sans obtenir
de récompense. Sorti du Conservatoire en cette
dernière année, M. Godard s'est livré à la com-
position , et a publié plusieurs mélodies : Ber-
ceuse, Je ne veux pas cT autres choses , Chan-
son de Florian, Ninon, Viens, Automne, Chan-
son du berger. Fille à la blonde chevelure.
Suis- je belle? Printemps , Menuet, Vaude-
ville, Chanson de Malherbe, J'ai perdu ma
tourterelle, puis quelques petits morceaux de
piano, une f*" mazurke, une V valse, etc. Il
s'est fait connaître ensuite par quelques produc-
tions plus développées et plus sérieuses, un Con-
certo de violon, un second concerto romanti-
que, avec accompagnement d'orchestre, exécuté
aux Concerts populaires par I\P'« Marie Tayau,
un trio pour piano, violon et violoncelle, un
quatuor pour instruments à cordes. 11 a orches-
396
GODARD — GOERMANS
tré et fait exécuter aussi les Scènes d'enfants
de Scliumann. M. Godard a fait partie, en qua-
lité (l'alto, de diverses sociétés de inusi(iue de
chambre.
GODDARD (M"»^ DAVISON , née Ara
BELLA ), pianiste foi tdistingiiée, est née à Saint-
Servan (Bretagne), pi es de Sainf-Malo, de pa-
rents anglais, en janvier 1836. Douée d'excel-
lentes dis|)ositions musicales qui se firent jour
dès ses plus jeunes années, elle fut, à peine âgée
de six ans, conduite à Paris , où elle devint élève
de Kalkbrenner, le meilleur maître qu'on pi^l
trou^er alors pour développer chez un élève
toutes les qualités du mécanisme. Après deux
ou trois années d'études, la jeune Arabella put
se faire entendre en public, dans un concerto
deHummel, et en 1846, ses parents l'emme-
nèrent à Londres, où elle développa son talent
sous la direction de M™' Anderson , pianiste lie
la reine. Appelée à jouer devant la reine et le
prince Albert, qui furent cliaimés de son talent
précoce, elle devint ensuite l'élève favorite de
Thalberg, qui s'en montrait particulièrement
fier, puis s'adonna à l'élude de la grande musi-
que classique et alla faire un voyage en .\lleiiia-
gne |)our se perfectionner. De retour en Angle-
terre, miss Ar;ibella Goddard sui\it un cours
d'iiarmonie et de composition avec M. Macfarren,
et commença sa brillante carrière de virtuose.
Ce n'est qu'en 1850 qu'elle commença à se pro-
duire sérieusement en public, mais sa première
apparition aux concerts de Ilay-Market lit une
énorme sensation , et son jeu à la fois clair, bril-
lant et limpide, ses grandes qualités de style, la
perfection qu'elle apporte ilans l'exécution de la
musi()ue classique, lui valurent bientôt les plus
grands succès. Celui qu'elle obtint en 1853 en
jouant , dans une séance de la nouvelle Société
Philharmonique, un concerto inédit de Sierndale
Benneit, fait époque dans la vie d'un artiste.
Depuis lors, miss Arabella Goddard n'a cessé
de se faire entendre à Londres et dans les
grandes villes de l'Angleterre, prenant une part
active à toutes les grandes solennités musicales,
et prodiguant son talent en toutes circonstances.
Elle n'obtint pas moins de succès dans le> voya-
ges qu'elle fit sur le continent, en se faisant en-
tendre successivement à Paris, Leipzig, [Jerlin,
Vienne, Florence et un grand nombre d'autres
villes. C'est eu 1860 que cette artiste fort remar-
quable épousa M. Davison , le critique musical
renommé du journal le Ti/ne.?. En 1873, elle en-
treprit un grand voyage artistiqu»' au delà des
mers, et parcourut pendant trois années l'Améri-
que et l'Australie en donnant des concerts qui lui
vabirent de véritables triomphes. De retour en
Europe, M"^ Arabella Goddard s'est fait enten-
dre de nouveau à Paris, au mois d'avril 1877.
GODDIXG (Théodore-Cuarles), corniste
distingué, professeur de cor a l'École royale de
musique d'Anvers, est né en cette ville en 1822.
Élève du Conservatoire de Bruxelles, il y rem-
porta en 1840 le premier prix de cor, puis par-
tit pour Paris , où il (it pendant quelque temps
pai lie de l'orchestre des concerts de Musard père,
devint en 1842 professeur à l'Académie de mu-
sique de Valenciennes, retourna à Anvers en
1848, fit un nouveau voyage eu France, où il
fut successivement premier cor au Théâtre-Ly-
rique, puis à ceux de Rouen, du Havre et de
Lyon, et enfin alla se fixer définitivement dans
sa ville natale. L'éditeur Gevaert,à Gand , a
publié de cet artiste un certain nombre de coni-
posiiions poui' son instrument : 40 Morceaux
de salon-. Exercices et Préludes; 5 Airs va-
riés; Trois Mélodies; plus des duos, trios et
quatuors pour cors, (jlusieurs Fantaisies pour
fanfare, deux pas redoublés, etc., etc.
* GODKFliOlO (DlELDONNÉ JOSEI'H-GCIL-
L\LMi:-FÉi.ix). Cet artiste a été chargé d'éciire
la musique de la cantate historique qui a été exé-
cutée à JNamur, en 1869, lors des fêtes célébrées
en celte ville pour l'inauguration de la statue du
roi Léopold 1"'.
<;OUEFHOY (L'abbé L....-Fr. ..), curé
de I ailly, ancien maître de chapelle au petit sé-
minaire d'Orléans , est l'auteur des paroles et de
la riuisi(pic d'im recueil de cantiques à la Vierge
\nh\\x\é,C liants de iUci (Paris, Hartmann, in-S",
s. d [1877]).
GOËUM AI\S, dit GERMAIM , facteur de
clavecins et de pianos, sans doute d'origine alle-
mande ou llamande , était établi à Paris dans la
seconde moitié du dix-huiticmc siècle. Cet ar-
tiste imagina un clavecin dans lequel il avait
supprimi le système du tempérament, et qui,
par la multiplicité des touches et des cordes,
donnait tous les demi-tons majeurs et tous les
demi-tons mineurs. " Ce clavecin, disait à ce
sujet VAlmanach musical de (782 , présente le
même système de sons que la harpe de M.Cou-
sineau. Il y a pour chaque octave 21 touches qui
entonnent , sçavoir ; sept sons ou sept notes na-
turels, sept notes bémols, et sept notes dièses;
ainsi, au-dessus et au-dessous de chaque ton
naturel, on trouve un demi-ton majeur et un
demi ton mineur. » Il doit y avoir une erreur
dans cette éniunéralion , car la gamme compre-
nant deux intervalles de demi-ton, il n'était be-
soin, pour chacun de ces deux intervalles,^ que
de deux touches, et non de trois comme pour
chacun des intervalles de ton. Le nombre to-
GOËRMANS — GOFFIN
397
tal (les foudies devait donc être de dix-neuf et
non de vinat et un.
GCffiRNEK ( JofiANN-GoTTLiEB ) , musicien
allernanri du dix huilièine siècle, était directeur
de innsique à ré^'isf^ Saint Paul de Leipzig, et
organiste de Saint-Ttiornas, à l'époque où Jean-
Sébastien-Bacti élait précisément directeur de
l'école de musique de cette église. Chacun d'eux
dirigeait une sociélé de concerts, di>nt les séan-
ces avaient lieu [lériodiquement, et dont les mem-
bres étaient pour la plupart des étudiants de
l'Université ou des élevés des différentes écoles
de la ville, parmi les(|uels plusieurs devinrent
par la suite d'excellents musiciens. Gœrner pa-
raît ne point avoir été sans mérite; son talent
pâlissait pourtant, on le comprend, à côté du
génie de Bach, et comme celui-ci, malgré son
excellente nature, n'était pas toujours commode,
surtout lorsqu'il s'agissait de son art, il en ré-
sulta un jour une scène assez singulière. Gœr-
ner était à son orgue, tandis que Bach procédait
à une répétition; l'infoituné eut le malheur
de laisser échapper un accord peu orthodoxe,
et l'on vit Bach , entrant alors en fureur, ar-
racher violemment sa perruque, la lui lancera la
tête sans plus de façon , et s'écrier, lilême de co-
lère : Vous auriez dii être savetier plutôt
qu'organiste !
GOETSCtlY ((J ), pianiste, professeur
et compositeur, a pub ié plus de cent cinquante
morceaux de genre pour le piano, qui semlilent
assez bien accueillis des amateurs, miiis qui sont
absolument inconnus des artistes et du public
vraiment musical. M. Gœischy a pubié au-si :
École du pianiste-amateur, études mélodi-
ques expressément composées pour développer
le mécanisme des doigts et aplanir les dillicultés,
en présentant le Iravad sous une forme attrayante
(Paris, Benoit).
GOE rZ (Cakl) , compositeur allemand, était
simple choriste an théâtre de Weimar lorsqu'il
fit représenter sur ce tlieàfre, au mois df janvier
1868. un opéra lomantiqne en 5 actes intitule
Gustave Wasn, le héros du !Sor<t. Ct^t artiste
est devenu depuis lors iraîire de chapelle à Bres-
lau, où il a reproduit cet ouvrage en 1K75.
GCffiTZ (H^:RMA^N), compositeur et orgain">;te
allemand , né à Kd'iiigsl.erg le 7 iléreinhre 1840,
commença relativement lard l'etuile de la musi-
que, et se plaça d'abord sous la direction île
M. Louis Kœhler. Il entra ensuite au Conserva-
toire de Stem, à Berlin, et termina son éduca-
tion dans cet étahhs ement, où il eut pour pro-
fesseurs MM. Hans de Bùlow et Ulrich. A l'âge de
23 ans il acceptait à Winlerthur la place d'<ir-
ganisle laissée vacante par Kircher, et plus tard
passait en la même qualité à Zurich. Tout en
remplissant ces fonctions et en consacrant la
plus grande partie de son temps à l'enseigne-
ment du piano, Hermann Gœtz se livrait avec
ardeur à de sérieux travaux de composition,
pour laquelle il semblait doué de facultés parti-
culières. 11 se fit connaître d'abord par plusieurs
productions instrumentales distinguées , puis
écrivit un opéra, la Sauvage apprivoisée, qu'il
réussit , non sans peine , à faire représenter sur
le théâtre de Mannheim, le 11 octobre 1874. Cet
ouvrage fut accueilli avec une faveur telle que,
peu de mois après, il était reproduit sur le
théâtre impérial de Vienne, et de là rayonnait
sur la plupart des grandes scènes allemandes,
reçu paitout avec une sorte d'enlhous'asme.
Bientôt le Jeune compositeur faisait paraître une
symphonie en fa majeur, qui, exécutée dans
tous les conceris, n'obtenait pas moins de suc-
cès. La fortune enfin semblait s'attacher à lui
lorsqu'une mort prématurée, due à l'excès du
travail , vint l'enlever à une carrière qui promet-
tait de devenir brillante. Hermann Gcelz mou-
rut à Hotliugen , près de Zurich, le 3 décembre
1870, au moment où il allait accomplir sa trente-
sixième année.
Parmi les œuvres de Hermann Gœtz, il faut
signaler surtout les suivantes : Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 1 ; 3 pièces pour piano
et violon, op. 2; Quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle, op. 6; 2 Pièces pour piano,
op. 7; ISenie, suite d'orchestre avec chœurs,
op. 12; Tal'leaux de genre {Genrebildei),poar
piano, op. 13 ; Symphonie en fa majeur; 3 Lie-
der avec accompagnement de piano. Le jeune
artiste a laissé, presque achevé, un second opéra,
Françoise de Ri m mi , dont on a annoncé la
prochaine représentation sur un tlit-âtre alle-
maml; les deux premiers actes de cet Oùvrage
étaient complètement prêts, et l'on a retrouvé
des esquisses très-importantes pour le troisième
qui sera, dit on, tenrnnépar M. Johannès Brahms
et M. Franck, cnpetlmeisler du théâtre de Mann-
iieim, sur la demande faite à ce sujet par Gœtz
lui-même dans son testament.
GOE3ZE (F ), violoniste, élève de
Spohr, est né le 10 mai 1814 à Neustadt. Fixé
depuis longtemps comme professeur de musique
à Weimar, il a fait représenter en I8(i6 , sur le
théâtre de cette ville, un opéra intitulé les Cor-
saires.
GOFFIPM (DiEunoNNÉ), compositeur belge,
direcleui' honoraire de la société choiale de Ver-
viers, la plus ancienne de tontes celles qui exis-
tent en Belgique, s'est fait connaître par un cer-
tain nombre de cantates : le Lever du Soleil,
398
GOFFIN — GOLTERMANN
Christophe Colomb, les Croisés, le Combat
naval, etc., et par uù opéra-comique, le Pic
du Diable, représenté sur le théâtre de Ver-
viers le 1*' janvier 1861. On cite comme portant
un véritable caractère d'originalité une série de
chants wallons dus à cet artiste.
GOFFUILLKR. Deux luthiers de ce nom,
Matteo et Francesco , probablement frères ,
travaillèrent à Venise de 1720 à 1740. On a vu
à Paris quelques violons de Matteo, qui étaient
des instruments d'une bonne facture.
GOLDBECK (Robert), pianiste, composi-
teur, professeur et écrivain sur la musique, est
né à Potsdam en 1835. Il fut, à Brunswick, élève
de M. Lilolff, et en 1851 vint à Paris, où il ter-
mina son éducation. En 1856 il se rendit à Lon-
dres, où il se vit particulièrement bien accueilli
parle duc de Devonshire, et où il fit représenter
une opérette intitulée le Retour du Soldat.
Après avoir publié une série de 12 Aquarelles pour
le piano, il partit pour l'Amérique en 1857, vi-
sita New- York, puis Boston, et se fixa à Chi-
cago, où il créa un Conservatoire à la tôle du-
quel il est encore placé. Il fonda aussi en cette
ville, en 1870, un journal spécial , tfie Musical
Indépendant , dont \\ est le directeur, et qui est
rédigé avec soin. Parmi les compositions de
M. Rol)ert Goldbeck, on cite plusieurs sympho-
nies et des concertos de piano.
GOLD.MAKH (Caul) , compositeur alle-
mand, né à Wesztbely le 18 mai 1830, .s'est
fait connaître par la publication et l'exécution
de plusieurs œuvres intéressantes, parmi les-
quelles il faut citer une ouverture de Sa'coun-
tala, une symphonie {Làndliche Hochzeit), un
scherzo poui' orchestre, un quatuor instrumen-
tal en si majeur, un conccrlo de violon, une
sonate pour piano et violon (op. 25), une
suite pour les mêmes instruments, une série
de danses pour le piano à i mains, etc., etc.
En dernier lieu, M. Goldmark a attiré l'alten.
lion sur lui en faisant représenter à Vienne , en
1874, un grand opéra, la Reine de Saba, dont le
succès paraît avoir été sincère et retentissant, et
qui a été reproduit avec boidieur sur d'autres
scènes allemandes. M. Golilmark, qui est un
artiste bien doué, et sur lequel ses compatriotes
paraissent fonder de grandes et lésitimes espé-
rances, a écrit depuis un second ouvrage drama-
tique,/e.î Argonautes , qui n'a pas encore été
produit devant le public.
GOLIXELLI (Stefano), pianiste et compo-
siteur distingué, professeur au Lycée musical de
Bologno, est né en cette ville le 26 octobre 1818,
et s'est fait en Italie une très-grande réputation,
non -seulement pour son talent remarquable de
virtuose, mais encore par les rares facultés dont
il fait preuve dans les compositions qu'il consacre
à son instrument. Les œuvres publiées jusqu'à
ce jour par M. Golinelli sont au nombre de
deux-cents 'environ, et se distinguent, dit-on,
autant par l'élégance et la grâce de la forme
que par l'élévation du style et de la pensée. Ce
qui peut donner une idée de la valeur de cet ar-
tiste, c'est qu'avec l'exagération habituelle en
son pays, quelques-uns de ses compatriotes ont
été jusqu'à l'appeler le Bach de l'Italie. Parmi
les compositions de M. Golinelli, on remarque
les suivantes : 5 sonates, op. 30, 53, 54, 70, 140 ;
3 toccates, op. 38, 48, 186; 2 fantaisies roman-
tiques, op. 58, 76 ; Album, dédié à Mercadante,
op. 11; Esquisses pianistiques, op. 120; Vitlo-
ria! Mttoria! marche triomphale, op. 141;
Due Canti patetici, op. 142 ; Pensieri, op. 155;
Fantasia lirica, op. 163; Italia, marche, op.
191; Dolori ed AWgrezze (20 morceaux, en
deux livres); 12 Études, op. 15; 24 Préludes,
op. 23; 24 préludes, op. 69; Deux Études de con-
cert, op. 47 ; Ai giovani Pianisti, 24 préludes,
adoptés par le Lycée musical de Bologne, op.
177; le Viole mammole, préludes et mélodies,
op. 39; etc., etc.
* GOLLMICK (Chaules), compositeur et
musicographe allemand, est mort à Francfort-
sur-le-Mein le 3 octobre 1866. On doit à cet
écrivain, outre les deux ouvrages mentionnés
par la biographie universelle des Musiciens,
un Dictionnaire portatif de musique (Hand-
lexicon der JohAu/isO, Offenbach, André, 1857,
in-S", une Notice nécrologique sur Gûhr, Franc-
fort, 1849, in-S", et quelques opuscules moins
importants.
GOL\ICK (Adolphe), compositeur contem-
porain, a fait représenter à Londres, dans la
.salle St-Georges, au mois de juin ou juillet 1877,
un opéi d intitulé les Héritiers de Lynn.
GOLTERMAXN (Lolis-Julils), violon-
celliste distingué et compositeur, naquit à Ham-
bourg en 1825. Il fit d'excellentes études, devint
im virtuose remarquable, et se fit sous ce rap-
port une grande réputation, qui lui valut d'être
nommé professeur au Conservatoire de Prague,
où il demeura pendant plusieurs années. La no-
toriété que Goltermann s'était acquise comme
violoncelliste s'augmenta par la publication des
compositions nombreuses qu'il publiait pour son
instrument, compositions qui obtinrent un réel
.succès. Bientôt il était appelé à Stuttgard(1861),
où une brillante position lui était offerte, et où il
devint virtuose de la chambre royale, et con-
cevtmeister de la cour de Wurtemberg. C'est
en cette ville qu'il est mort, le 5 avril 1876,
GOLTERMANN — GOMEZ
39 y
dans toute la force de l'âge et du talent, étant
à peine âgé de cinquante et un ans.
* GOLTERMAXM (Éoouard-Georges),
violoncelliste et compositeur, est né à Hanovre
non en 1832, mais vers 1825. Les oeuvres pu-
bliées de cet artiste s'élèvent aujoiird liui au
nombre dequatre-vingts environ, parmi lesquelles
on distingue un concerto de violoncelle avec
orchestre, op. 14, un T concerto pour le même
instrument, op. 30, 3 morceaux caractéristiques
pour le même insirumont, op. 41, 4 morceaux
caractéristiques, id., 48, danses allemandes, id.,
op. 42 et 47, une marche héroïque pour piano à
4 mains, violon et harmonium, op. 73, une sym-
phonie pour orchestre, op. 20, et un grand nom-
bre de lieder.
GOMEZ (EuGEMo), organiste et compositeur
espagnol, est né à Alcanices en 1802. D'abord
enfant de chœur à la cntiiédrale de Zamora, il
étuilia l'orgue et l'harmonie sous la direction de
Luis Blasco et de Manuel Dancha, maître de
chapelle et organiste de cette église, et .ses progrès
furent si rapides qu'à l'âge de douze ans, la
place de second organiste étant venue à vaquer,
il l'obtint. Plus tard, il devint organiste à la ca-
thédrale de Séville,et, comme il était fort habile
pianiste, cela ne l'empêcha pas de se produire
avec beaucoup de succès comme virtuose. M, Co-
rnez a puldié un grand nombre de compositions,
bien qu'im nombre presque aussi considérahle
soit encore inédit. Parmi les premières, il faut
citer un grand offertoire poiu' deux orgues, qui
a souvent été exécuté à Séville, lors des grandes
solennités religieuses; des sonates pourl'oigue;
des versets pour tous les tons du plain chant;
plusieurs mélodies vocales, écrites sur des pa-
roles de Méta.stase ; un recueil de six valses ori-
ginales de salon, pour le piano; beaucoup de
morceaux de genre pour piano. On doit aussi à
M. Gomez un recueil important, Reporlorio de
organistas, qui ne forme pas moins de trois vo-
lumes in folio.
GOMES (PiETRo), compositeur dramatique,
naquit dans le royaimie de Naples, et lit repré-
senter en cette ville, sur le théâtre délia Pare,
les deux ouvrages suivants : In Taverna de
Mostaccio, oiiérette bouffe (1740), et le Fen-
zenne abbenforate (1745). Il eut aussi, avec
Cecere, Logroscino etTraetta, une part de colla-
boration dans ia Ro.smonda, opéra qui fut joué
en 1755, sur le théâtre Nuovo, de Naples.
GO.VIEZ (A -Carlos), compositeur dra-
mati(pie, né à Campinos (Brésil), le 11 juillet
1839, a commencé son éducation musicale dans
ce pays, où il a fait représenter, je crois, son
premier opéra. Envoyé par l'empereur en Eu-
rope, pour y compléter ses études, il se rendit
à Milan, où M. Lauro Rossi était alors directeur
du Conservatoire, et travailla assidûment avec
cet artiste distingué. M. Gomez fit ses débuts de
compositeur dramatique en celle ville, en écri-
vant la musique d'une revue de l'année qui fut
jouée au petit théâtre Fossati au mois de janvier
1867. Cette revue, dont le titre en patois mila-
nais était Se sa mimja {On ne. sait pas .'), fut
bien accueillie, et une certaine chanson, dite du
fusil à aigtidle (c'était après la campagne de
Sadowa), eut un succès énorme. M. Gomez
avait conquis, du coup, la popularité. La sym-
pathie des Milanais s'accusa d'une façon plus
vive encore, peut-être, en faveur du composi-
teur, lors de l'apparition àlaScala(19 mars
1870) de son Guarany, opéra-ballet en 4 actes,
dans lequel les belles choses et les platitudes,
une originalité réelle et l'imitation servile du
style de M. Verdi se croisent et s'entremêlent
d'une façon vraiment .singulière. La partition de
Guarany était écrite sur un sujet américain,
et l'on assure que toutes les pages qui se rap-
portent à des épisodes farouches et sauvages
sont de beaucoup les mieux réussies. D'ailleurs,
ime interprétation remarquable, à laquelle pre-
naient partM""" Marie Sass, MM. Villani, Storti
et Maurel, ne nuisit pas sans doute au succès
de l'ouvrage.
Trois années après, M. Gomez rentrait dans la
lice en donnant, à ce même théâtre de la Scala,
un nouvel opéra sérieux intitulé fosca, lequel
était chanté par le ténor Buiierini, par M"^ Ga-
brielle'Krauss, le baryton Maurel et la basse
Maini. Ce second ouvrage fit un fiasco colossal ;
et cependant, malgré l'évidente imitation qu'on
y rencontre des procédés de Meyerbeer, de
3IM. Gounod et Verdi, et le manque d'unité qui
doit en résulter pour le style général, les crili-
ques sérieux considèrent la partition de Fosca
comme la meilleure qu'ait produite jusqu'ici le
compositeur, surtout en ce qui concerne la
forme heureuse et parfois nouvelle des mor-
ceaux. Les mêmes critiques trouvent cet ou-
vrage infiniment supérieur à Salvaior Rosa,
opéra en 4 actes que M. Gomez a donné au
théâtre Carlo Felice, de Gênes, le 21 février
1874, et qui, après avoir obtenu un grand succès
sur ce théâtre, s'est répandu ensuite sur diverses
autres scènes de l'Italie, où il a toujours été fort
applaudi. — En réalité, M. Gomez est un musi-
cien instruit, dans lequel on rencontre parfois
l'originalité, mais qui, le plus souvent, .se traîne
à la remorque de M. Verdi et de ses imitateurs.
Sur l'invitation de l'empereur du Brésil, son sou-
verain, et sous ce titre : Il saluto del Brasile.
400
GOMEZ — GOOVAERTS
cet artiste a écrit, à l'occasion des fêles du cen-
tenaire de l'indépendance américaine et de
l'Exposition universelle de Piiiladelphie (l876),
un grand hymne patriotique qui a été exécuté
dans le palais de l'Exposition.
GOMION (L ), pianiste et compositeur,
était, 11 y a vingt-cinq ou trente ans, l'un des
fournisseurs les plus accrédités auprès des édi-
teurs de Paris, pour ces pelits morceaux de piano
faciles dont les jeunes amateurs des deux sexes
se montrent si friands. Cet artiste à publié ainsi
plus de deux-cents morceaux de musique frivole,
qui n'ont pas réussi à faire sortir son nom de
l'obscuiité. Tandis que certains compositeurs de
ce genre mettent à contribution les opérai en
vogue pour en tirer ce qu'on appelle d'ordinaire
des Fantaisies, Gomion, moins exigeant encore,
s'en prenait aux chansons, aux romances à succès,
et en faisait le prétexte de variations, de ba-
gatelles plus ou moins réussies. C'est ainsi (pi'il
a paraphrasé ingénument un grand nombre des
mélodies vocales de M'"= Loïsa Puget, de Masini,
de Grisar, de Carulli, de Gabussi, de Planlade,
de Bérat et de bien d'autres encore.
* GOMIS (Joseph-Melchiou). Il faut joindre
aux ouvrages mentionnés au nom de ce compo-
siteur Rock le Barbu, opéra-comique repré-
senté à rOpéra-Comique le 13 mai 1836, deux
mois et demi avant sa mort. Gomis a écrit aussi
la musique d'un drame intitulé Aben-Humeija,
donné à la Porte Saint-Martin en 1830, et il a
laissé en mourant la partition, complète, d'un
ouvrage qu'il destinait à l'Opéra et qui avait pour
titre le Comte Julien. — Gomis était né à On
teniente, non en 1793, mais le 6 janvier 1791.
GOMPAERTS (Gullaime), facteur de
clavecins à Anvers, naquit dans la première
moitié du seizième siècle, et fut inscrit dans la
corporation de Saint- Luc en 1560. Dans ses
Recherches sur tes fadeurs de clavecins et
les luthiers d'Anvers, M. Léon de Burbure dit
que Gompaerts était probablement le parent ou
l'allié de la famille Ruckers, « car, le 30 mars
1593, il fut parrain de Catherine, fdle de Jean
Ruckers le vieux, et, le 31 octobre 1610, il tint,
avec Elisabeth Waelrant, sur les fonts baptismaux
la fille de Jean Ruckers le jeune et de Marie
Waelrant, portant le même prénom d'Elisabeth. »
GONCOUUT (Edmond-Louis Antoine et
Jcles-Alfred HUOT DE), écrivains français,
nés le premier à Nancy le 26 mai 1822, le se-
cond à Paris le 17 décembre I8:î0, et connus
dans les lettres sous les noms A' Edmond et Ju-
les de Goncourt, dont ils signaient foutes leurs
publications, se sont fait connaître par de très-in-
téressants travaux de critique artistique dans les-
quels ils ont parfois, quoique exceptionnellement,
touché au théâtre et accessoirement à la musique.
Parmi leurs écrits, il faut signaler sous ce rap-
port : 1° Sophie Arno' Id d'après sa correspon-
dance et ses Mémoires inédits (Paris, Poulet-
Malassis, 1857, in-12), ouvrage dont il a été fait
une nouvelle édition, in-4'', en 1877 ; 2° Mystères
des Théâtres, 1852, en société avec M. Cornélius
Holff(Paris, Librairie nouvelle, 1853, in-8"), re-
vue critique de tous les théâtres de P.nis;
3° Portraits intimes du XVI 11^ siècle, l"^* série,
dans lesquels se trouve un chapitre intéressant
sur la fameuse danseuse Camargo et l'Opéra à
celte époque. — Jules, le plus jeune des frères
de Goncourt, est mort il y a quelques années.
GOMTIER (A ) est auteur d'un ouvrage
«lidactique ainsi inlitulé : Méthode raisonnée
de plainchanl. Le plain-chant considéré
dans son rhijthme, sa tonalité et ses modes
(185'.), in-8°).
GONZALEZ Y RODHIGUEZ (José-Ma-
I'.ia), organiste et compositeur, est né à Alcala
le 5 février 1822. Admis comme enfant de chœur,
à l'âge de dix ans, dans la chapelle de San Lsi-
dro, de Madrid, il y lit |ses études de solfège,
d'orgue, d'harmonie et de composition sous la
direction du premier organiste de cette église^
Roman Jimeno. Dès qu'il eut atteint sa dix hui-
tième année, il commença à remplir les fonc-
tions d'organiste, et en 1844 il devint professeur
au collège des écoles près de San-Fernando,
emploi qu'il occupait encore à la lin de 1867.
M. Gonzalez, qui fait régulièrement partie des
jurés du concours d'orgue au Conservatoire de
Madrid, a beaucoup composé dans le genre re-
ligieux; parmi ses œuvres les plus importantes,
il faut citer : 4 tnes.ses à plusieurs voix, dont
une avec accompagnement d'orchestre ; 4 motels
avec orchestre; 24 litanies à 2, 3 et 4 voix,
avec orgue; un salut à 4 voix, avec orchestre;
plusieurs offertoires et élévations; deux fugues
pour orgue; plusieurs Stabat Mater; un hymne
avec orchestre, des motets avec orgue ou orches-
tre, des litanies à 4 voix et orchestre, etc., etc.
GOORMACIITIGH (L ), prêtre, pro
fesseur de mnsii|ue au collège de Conrirai (Bel-
gique), est l'auteur d'un traité ainsi intitulé :
Principes élémentaires du plain-chant, suivis
des règles delà psalmodie et des formules du
canins accentus, Bruges, 1860. Ce manuel,
fait avec soin, est divi.se en cinq chapitres qui
portent les titres suivants : \° Des caractères;
2^ De la tonalité ; :i° De Cexéculion ; 4° Psal-
modie; 5° Cantus accentus.
GOOVAERTS (Alphonse), bibliothécaire
adjoint de la ville d'Anveis, né en cette ville le
1
GOOVAERTS — GORDIGIANI
401
25 mai 1847, s'occupe beaucoup de coniposilion
et de litléialure musicale. En 1869, sans con-
naître encore, dit-on, aucune notion d'iiarmonie,
il écrivit et fit exécuter une messe solennelle.
Depuis lors, il est devenu l'élève de M. Pierre
Benoît (l'oj/M ce nom). M. Goovaerts a composé
aussi des chœurs, des lieder sur paroles fla-
mandes et un certain nombre de motets ; on lui
doit une réduction pour orgue des Lamenta-
tions de Palestrina pour la semaine sainte,
aussi bien que des responsoria qui se chantent
d'ordinaire entre ces Lamentations et qui sont
l'œuvre d'Asola, Croce, Viadana, Orliz, Hnnd
et autres gramls artistes du XYI^ siècle. Colla-
borateur musical de divers journaux flamands
ou fiançais de Belgique, M. Goovaerts a publié
les opuscules suivants : 1° Aotice biographique
et bibliographique sur Pierre Phalèse, im-
primeur de musique à Anvers au XVP siècle,
suivie du catalogue chronologique de ses im-
pressions (Bruxelles, impr.Toint-Scohier, 1869
in-S"); 2° Une nouvelle œuvre de Pierre Be-
noit, analysée par Pierre Phalèse (Anvers
Sermon, 1871, in-8°), publié aussi en flamand;
3° Levensschets van ridder Léo de Burbure
(Anvers, Fontaine, 1871, in-8"). Le dernier et
le plusimporlant écrit de M. Goovaerts est celui
qui a pour titm la Musique d'église, considé-
rations sur son état actuel et histoire abrégée
de toutes les écoles de l'Europe (Anvers, 1876,
in 8"), publié aussi en flamand. Cet ouvrage ne
donne pas une haute idée des connaissances
historiques de l'auteur, qui affirme cavalière-
ment que la France n'a jamais possédé une école
de musique religieuse, et qui — ceci est à re-
marquer — prétend constater qu'elle a été par-
ticulièrement pauvre en ce genre pemlant le
18"= siècle. Or, M. Goovaerts paraît n'avoir au-
cune connaissance des œuvres admirables de
Campra et de Rameau, non plus que de celles
de Mondonville,deMouret, d'André Philidor, de
Boismortier, de Lalande, de Dernier, de Gilles,
de Fanion, de Cordelet, de Gervais, de Madin,
de Blanchard, de Minoret, etc., qui tous vi-
vaient précisément au dix-huitième siècle. En
réalité, cet ouvrage de M. Goovaerts est écrit
avec une ce' laine élourderie, et, quoique intéres-
sant sous divers rapports, ne doit être consulté
qu'avec précautiou.
GORDIGIAlXI (Antoine), père de Jean-
Baptiste et de Louis Gordigiani, fut un ténor
renommé en Italie, et fit partie, sous le premier
empire français, de la chapelle de Napoléon. Il
se livrait aussi à la composition, écrivit la mu-
sique de quelques cantates dramatiques, et sur
la fin de sa vie fut directeur de spectacle à Flo-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. -
rence, où, le premier, il fit représenter les
grandes œuvres de Mozart : Don Giovanni, le
Nozze di Figaro et il Flauto magico. 11 mourut
eu cette ville à la fin de l'année 1820.
* GOUDIGIAi\I (Jean-Baptiste), est mort
le 1^"" mars 1871 à Prague, où il était fixé de-
puis longues années comme professeur au Con-
servatoire, et où il avait épousé la baronne Cres-
cenzia Imsiand. Il laissa inédit un opéra bouffe
intitulé Piccolino. Gordiginni était né, non à
Modène, vers 1800, comme il a été dit par er-
reur, mais à Mantoue en 1795.
* GORDIGIAIVI (Louis). La biographie de
cet artiste original et distingué ayant été l'objet
d'erreurs assez nombreuses, nous allons la rec-
tifier ici et la compléter dans ses points essen-
tiels, d'après une notice publiée récemment en
Italie (1).
Luigi Gordigiani naquit à Modène le 21 juin
1806, et montra de bonne heure un goût pro-
noncé pour la musique. Tout enfant, son père
lui faisait chanter, sur les théâtres auxquels il ap-
partenait, des cantates qui lui valaient beaucoup
de succès. Le jeune Luigi voyageant continuel-
lement avec sa famille, étudia successivement le
piano à Brescia avec Gava, à Rome avec Sirletti,
à Pise avec Benveniiti, puis il travailla l'accom-
pagnement avec Pietro Romani, et la composition
avec Disma Ugolini. Il était à peine âgé de
treize années lorsqu'il écrivit une cantate, il
Ratto d'Etruria, qu'il dédia à l'empereur
d'Autriche. Trois ans plus tard, il en écrivit
une seconde, Comala,k quatre voix, chœur et
orchestre, puis une troisième, Aci e Galatea.
Ayant perdu son père en 1820, Luigi, quoique
bien jeune encore, dut songer à gagner sa vie ;
il se mit à composer de nombreuses pièces de
piano, mais étant naturellement inconnu, il ne
trouvait aucun éditeur pour les publier; il s'en
rencontra un, cependant, qui consentit à s'en
charger, à la condition que le nom de l'auteur
serait remplacé par des noms allemands de fan-
taisie. C'est ainsi que les premiers morceaux de
Gordigiani obtinrent un grand succès sous les
pseudonymes de Zeuner et de Furstemberger.
Ce fut alors qu'il fit la connaissance du comte
Nicolas Demidoff, qui se constitua son protec-
teur, et qui facilita ses premiers pas. Gordi-
giani écrivit bientôt un opéra bouffe, le Rendez-
vous, qui fut heureusement accueilli au Ihéàtie
Cocomero. Encouragé par cet essai, il produisit
(t) /■.«iV/s 6o)"dipia»i (Florence, Guidi, 1873, in-18 de 19
pp.). Ce petit écrit anonyme, publié d'abord en 1853 d3ns
la Gazzelta mmicale de Florence, reproduit ensuite dans
V -Irmonia et d.ins le Boccherini, parut enfin, en isTS,
sous la forme d'une [ctite brocliure.
T. r. 2H
402
GORDIGIANI — GOSS
deux autres partilions, Velleda et RosmunJc,
mais celles-ci ne virent jamais le jour. En 1où5,
il donna à la Pergola, de Florence, un toi'sl
qui n'eut aucun succès, et en 1840 il fit r* pré
senter sur un théâtre particulier de celtî ville,
le théâtre Standish, un o|iéra intitulé Filipfio,
dont le prince Joseph Poniatowski lui avait
fourni le livret, et dont les principaux rôles fu-
rent chantés par le prince lui-même, par le
prince Charles et la princesse Poniatowska. En
.1841 et 1843 il donne an tluâlre Léopold, tou-
jours à Florence, gli Aragonesi in Napoli et i
Ciarlalani, en 1846 il fait exécuter dans l'église
de San Giovannino un oratorio, Eslher, et si-
multanément écrit un ballet, Ondina, qui lui
avait été demandé pour le théâtre de Saint-Pé-
iersbourg, et une cantate restée inédite, la Gor-
digianiana. Enfin, en 1847, il fait jouer au
théâtre Cocomero una Vendetta corsa, en
1849, il produit avec un grand succès l^Avven-
turiero à Livourne, et il écrit deux autres
opéras : l'Assedio di Firenze et Carmela, qui
n'ont jamais été représentés.
Mais ce n'est point à ses opéras que Gordi-
giani doit la grande renommée qu'il s'est faite ;
c'est à ses canzonelle, à ses canti popotari,
à toutes ses mélodies si charmantes, d'un tour
si mélancolique, d'un parfum si suave et si pé-
nétrant, édites pour la plupart soit sur de vieux
chants populaires, soit sur des paroles tracées
par lui-môme. C'est là ce qui lui a mérité le
surnom de Schubert de l'Italie, et ce qui lui a
valu les éloges sincères de tant de musiciens,
entre autres de Rossini, de Meyerbeer et d'A-
'lolplie Adam, qui le tenaient en très-grande es-
ime. Le nombre de ses compositions en ce
»enre s'élève à près de trois-cents, et elles ont
ité, on peut le dire, traduites dans foutes les
langues (1). Luigi Gordigiani, qui était d'un ca-
ractère Don-senlement mélancolique, mais étrange
et fantasque, est mort à Florence le 1" mai 1860.
Outre l'écrit que j'ai mentionné ci-dessus, on a
encore publié sur cet artiste l'opuscule suivant :
L. Gordigiani, sa vie et ses œuvres, par Gus-
tave Langlade, Florence, 1863.
GORDON (Antomo), compositeur espagnol
contemporain, a fait représenter sur l'un des
théâtres de Barcelone, le 11 octobre 1866, une
(l) Voici les tilrcs dps principaux albums de Luigi Gordi-
giani : Mélodie sacre (10 cliants religieux); Mosaico-
Etrusco (lO mélodipsi ; In rua alV Arm (10); Le Pen-
sionnat {\ù; l.e Belle Toscane [k) ; -Jlbum/antasiico 7);
Ispirazioni Fiorentine (8) ; Riinembranze di Lnndra
(10); Rimenbrume di Paritii (8); (inqiie Pezii; In
Cimà al Monte 1.6) ; Sotto gli Albert (7) ; Iris h'Iorentinii
(10); Le Farfalle di Firenze ClO); San- Uonato (10);
Album (6) , etc.
zarzuela en deux actes intitulée : Si us plaça
per for sa.
GOKRITI (Felipe), compositeur et orga-
niste espagnol contemporain, a publié plusieurs
sonates pour l'orgue, des élévations pour le
même instrument, et un recueil complet de ver-
sets pour les vêpres sur les huit tons du plain-
cliant.
GOSCIILER (L'abbé J ), chanoine ho-
noraire, ancien directeur du collège Staiii>laSf
e\-aumônier de l'armée d'Orient en 1853-54, né
dans les premières années de ce siècle, mourut
à Paris au mois de juillet 1866. On lui doit la
traduction françai.^e d'une partie de la corres-
ponilaiice de Mozart, publiée sous ce litre : Mo-
zart, vie d'un artiste chrétien au XVII l' siè-
cle (Paris, Douniol, 1857, in-12). Cette traduc-
tion n'est point d'une fidélité absolument scru-
puleuse, et l'écrivain a souvent forcé la note
pour jiistilier la qualification d'« artiste chrétien «
qu'il lui plaît de donner à Mozart, et ([ue celui-
ci, (lui ne semble s'en être jamais soucié, n'a
guère plus méritée que tant d'autres. L'abbé
Goschler a encore publié une brochure intitulée :
Mozart, d'après de nouveaux documents (Pa-
ris, Douniol, iu-8°, 1866). Il préparait des tra-
vaux critiques et biographiques sur Beethoven
lorsqu'il fut surpris par la mort.
* GOSS (Sir John), organi^te de l'église Saint-
Paul, à Londres, est né non vers 1810, mais en
1800, à Farthain (Hants), oii son père était lui-
même organiste. En 1811 il entrait à la clia-
pelle royale de Saint James, sous la direction de
John Slafford Smith, et devenait ensuite élève
de Thomas Altwood. Quelques années après il
entrait comme organiste à l'église Saint-Luc
(Chelsea), remplaçait en la même qualité son
maître AtLwood à l'église Saint-Paul en 1838, et
en 1856, à la mort de William Knyvett, se voyait
nommer compositeur de la chapelle royale.
Outre les publications théoriques mentionnées
dans la Biograpliie universelle des Musiciens,
on doit à sir John Goss un certain nombre de
compositions : une ouverture pour orchestre, en fa
mineur; une autre en mi bémol; plusieurs
chants funèbres, entre autres celui composé
pour les funérailles du duc de Wellington
en 1852; l'antienne Fraise the Lord, 0 my
soûl! (Loue le Seigneur, ô mon âme!), écrite
pour le bicentenaire des Enfants du Clergé; un
Te Deum, et une autre antienne : the Lord is
my sirenglli (le Seigneur est ma force), exécutés
le 27 février 1872, à l'église Saint-Paul, dans un
service d'actions de grâces célébré à l'occasion
du rétablissement du prince de Galles, qui re-
levait d'une dangereuse maladie. C'est à ce sujet
GOSS — GOTTSCHALK
403
que M. Goss fut créé chevalier par la reine Vic-
toria. Son âge avancé lui fit donner sa démis-
sion d'organiste de Saint-Paul vers la fin de la
môme aimée.
* GOSSEC (François-Joseph). Dans une no-
tice intéiessante consacrée à ce musicien remar-
quable et publiée dans le journal la Fédération
artistique, de Bruxelles, du 26 novembre 1875,
M. Eilouard Gregoir(T'o(/e5 ce nom) a reproduit
son acle de baptême. Il résulte de ce docu-
ment que le vrai nom de Gossec était Gossé,
particularité que les biographes les mieux infor-
més avaient ignorée jusqu'à ce jour. Le nom de
Gossec appartenant à l'histoire de l'art, je ne
crois pas devoir le modifier ici, mais il n'en est
pas moins utile de faire connaître sa forme vé-
ritable.
A la liste des ouvrages de ce grand artiste, il
faut ajouter l'Arche d'alliance, oratorio exécuté
au Concert spirituel , et Rosine ou l'Épouse
abandonnée, opéra-comique en 3 actes, repré-
senté à la Comédie-Italienne le 14 juillet 1786. De
plus, Gossec a écrit les chœurs d'une tragédie de
Rochefort, Electre, qui fut jouée à la cour, sans
aucim succès, au mois de janvier 1783, et qui ne
tut jamais représentée à Paris. Grimm men-
tionne ce fait, resté ignoré, dans sa correspon-
dance. Enfin, on a récemment retrouvé la trace
de deux autres ouvrages de Gossec, restés in-
connus jusqu'ici ; le Périgourdin, opéra-comi-
que en un acte composé par lui pour le prince
de Conli et joué seulement chez ce personnage,
et Berthe, opéra-comique en 3 actes, écrit en
société avec Philidor et Botson, et représenté à
Bruxelles le 18 janvier 1775. M. Charles Piot,
membre correspondant de l'Académie de Belgi-
que, qui a découvert ce double fait, grâce à quel-
ques lettres de Gossec et de Philidor dont il a
eu connaissance, en a fait l'objet d'une lecture
intéressante dans une des séances de cette com-
pagnie (1).
Le 9 septembre 1877, le buste de Gossec a été
inauguré sur la place principale du village de
Vergnies, son pays natal.
GOSSELIN ( ), luthier amateur qui vi-
vait à Paris au commencement de ce siècle, a
(1) Le travail de M. Piot a été inséré sous ce titre : Par-
ticularités médites concernant les œuvres tnusicales de
Goisec et de Philidor, dans les Bulletins de l' Académie
royale de Belgique (Ime série, tome XL, n° ii.noveoibre
1875). Il en a elé fuit un tirage à part, qui fornje une bro-
chure (le 32 pages (s. 1. n. d., in-S"!.— Le livret de Berthe,
qui était de Pleinchesne, a été imprimé à Bruxelles en
1774, et indique seulenient ehililor et Gossec comme :iu-
teurs de la musique «le cet ouvr.ige; mais la correspon-
dance raise au jiur par M. Piot ne laisse aucun doute sur
a part importante qu'; prit Botson.
produit un certain nombre de violons, d'altos et
de violoncelles qui ne sont point sans qualités.
Intimement lié avec Koliker, luthier qui s'était
fait une réputation méritée comme réparateur
d'instruments, il en reçut des avis et des conseils
qui furent loin de lui être inutiles. Gosselin tra-
vailla surtout de 1815 environ à 1830. H mar-
quait ainsi ses instruments ; Fait par Gosselin,
amateur. Les deux demoiselles Gosselin, qui fu-
rent danseuses à l'Opéra sous la Restauration et
dont l'une était encore attachée à ce théâlre en
1830, étaient ses tilles.
* GOTTSCHALK(Locis-MoREAu), pianiste
et compositeur original, naquit à la Nouvelle-Or-
léans le 2 mai 1829, d'un père anglais, docteur
es sciences de l'Uni vei site de Cambridge, et
d'une mère française, fille du comte Antoine de
Brusié, colonel de cavalerie sous Louis XV et
gouverneur de Saint-Domingue lors de l'in-
surrection de celte colonie. Sa famille était ri-
che, et le jeune Gollschaik se livra fort jeune,
pour son plaisir, à 1 étude du piano. Il avait à
peine douze ans, et s'était déjà fait remarquer
par son talent d'exécutant, lorsqu'on l'envoya en
France, sur sa demande, pour se perfectionner.
A Paris, il eut d'abord pour maître Charles
Halle, puis Camille Slamaty, et étudia ensuite la
composition avec M. Maleden. Son intelligence
était Irès-vive, sa facilité prodigieuse, et la mu-
sique ne faisait point tort à ses autres études; on
assure qu'à dix-sept ans il parlait avec une ai-
sance égale le français, l'anglais, l'espagnol et l'i-
talien.
Cependant, et tandis qu'il était en Europe, des
revers de fortune ayant compromis la situation
des siens, il songea à tirer parti du talent qu'il
avait acquis et à embrasser résolument la car-
rière artistique. Jusque-là il ne s'était fait en-
tendre que dans les salons ; il commence alors à
donner des concerts, et produit autant d'impres-
sion comme compositeur que comme virtuose.
Bientôt il quitte Paris et va faire un voyage ar-
tistique dans les départements, puis en Savoie,
en Suisse, et enfin, vers 1852, en Espagne, où il
obtient des succès éclatants. A cette première
partie de sa carrière appartiennent les composi-
tions intitulées le Siège de Saragosse, la Chaise
du jeune Henri, le God save the Queen; quel-
ques années auparavant, il avait publié la Bam-
boula, le Bananier (qui est devenu célèbre, on
peut le dire, dans les deux mondes), la Danse
ossianique, la Savane, la Moissonneuse, mor-
ceaux écrits en 1845, alors qu'il avait à peine
seize ;ms.
En 1853 ou 1854, Gottschalk, rappelé par son
père, retourna / !a Nouvelle-Orléans, et bientôt
404
GOTTSCHALK — GOUFFÈ
entreprit, à travers l'Amérique, un voyage triom-
plial, se faisant entendre successivement à New-
York, à la Havane, à Santiago de Cuba, à Porto-
Rico, à la Guaileloupe, à la Martinique, etc. C'est
à la Havane qu'il donna un grand festival auquel
prirent part, dil-on, 800 musiciens, qui, sons sa
direction, exécutèrent plusieurs de ses œuvres
importantes, une symphonie intitulée la Nuit des
Tropiques, une cantate triomphale, une ouver-
ture, et des fragments d'un opéra inédit. Peu de
temps après, Gottschalk était engagé par un de
CCS spéculateurs musicaux comme on n'en trouve
qu'en Amérique, M. Max SIrakosch, qui lui fai-
sait faire une immense tournée dans les états de
l'Union américaine. Le reste de l'existence de
Gottschalk se résume dans ses fructueux voya-
ges et dans les titres de ses œuvres. Cet artiste
vraiment distingué est mort à Rio de Janeiro, le
18 décembre 1869.
Gottschalk était un artiste d'une nalureétrange,
d'une imagination poétique, rêveuse et mélanco-
lique. Chez lui, le compositeur, comme le vir-
tuose, était absolument original. Fortement im-
pressionné, dès son plus jeune âge, par les
beautés grandioses et souvent sauvages de la na-
ture des tropiques, ému par l'incomparable
spectacle qu'il avait sans cesse sous les jeux, il
sut en quelque sorte faire passer dans sa musi-
que les sentiments qui agitaient son âme à la vue
de tant de merveilles, et lui donner une cou-
leur, une saveur et une originalité toutes person-
nelles. Ses innombrables compositions se font en
effet remarquer par des accents nouveaux, des
chants singuliers, des combinaisons rhythmiques
inhabituelles, et l'ensemble de ces qualités pro-
duit souvent un effet saisissant, un charme indé-
finissable. Gottschalk est un de ces artistes ori-
ginaux, qui ne peuvent être imités, qui ne sau-
raient faire école, et dont, il faut bien le dire,
la tradition se perd facilement lorsqu'ils dispa-
raissent, parce qu'après tout leur procédé n'est
pas naturel et qu'ils emportent avec eux leur se-
cret. Je ne saurais citer ici les titres de toutes
les œuvres de Gottschalk; en voici seulement
quelques-uns : les Murmures coliens, Prin-
temps d'amour , la Dunza, le Banjo, the Last
Bope, Polonia, Valse poétique, le Chant du
soldat, la Marche de Nuit, la Jota Arago-
nesa, Souvenirs d'Andalousie, Jérusalem, la
Bamboula, le Bananier, Colombia, Man-
chega, la Savane, 3finuit à Séville, la Gita-
nilla, la Moisson» euse, les Yeux créoles, la
Chule des feuilles, la Danse cssianique ,
Pasiorellae Cavalière, Fantôme de bonheur,
etc., etc.
Sous ce titre : Souvenirs devoyage d'un pia-
niste, Gottschalck a publié en 1863, dans le
journal l'Art musical, une série d'articles qui
ne manquent pas d'intérêt.
GOTTWALD (Henri), compositeur alle-
mand et écrivain musical fort distingué, naquit
le 24 octobre 182t à Reichenbach, en Silésie.
Fils d'un organiste, Franz Gotlwald, il reçut de
lui son éducation musicale, et à l'âge de douze
ans était déjà assez habile pour pouvoir slipidéer
parfois son père à l'église. En 1839, il était
placé à l'école du séminaire de Breslau, qu'il
quitta bientôt pour entrer au Conservatoire de
cette ville et se vouer définitivement à la mu-
sique. Il resta au Conservatoire jusqu'en 1843,
y étudiant le violon avec Pixis, et y travaillant
aussi le cor, qui devint son instrument <le pré-
dilection. En 1844, il devenait chef de musique
à Hohenolbe, et en 1846 il entrait comme pre-
mier cor à l'orchestre du théâtre An der Wien,
à Vienne.
De retour à Hohenolbe en 1847, il se fixait
définitivement à Breslau en 1857. Il se produi-
sit en (îette ville comme virtuose sur le piano,
s'y livra à l'enseignement de cet instrument,
puis se fit connaître comme compo.«ittur et
comme écrivain sur la musique. En tant que
compositeur, il a écrit des symphonies, des ou-
vertures, des messes, des morceaux pour cor
et piano, mais on n'a gravé de lui qu'un trio
instrumental, une sonate pour piano, un lied
.sans paroles pour cor, une messe, une cantate,
un certain nombre de lieder, et des arrange-
ments, qu'on dit excellents, de symphonies de
Mozart pour piano et violon.
A partir de 1850, Goltwald soutint vigoureu-
sement, à l'aide de sa plume, le mouvement en
faveur de Wagner et de Liszt, dans la Neue-
Zeitschrift fur Musik (Nouvelle Gazette mu-
sicale), et l'on peut lire à ce sujet la polémique
dirigée par lui contre le docteur Viol, sous les
titres : Un Oculiste de Breslau, et la Nouvelle
Ecole musicale.
Gottwald est mort à Breslau le 17 février
1876. ^ Y.
GOUFFÉ (AcuilleHfnry-Victor), né à
Pontoisele4 septembre 1804 (I), était destiné à
la magistrature et s'était préparé à cette carrière
par de solides études ; mais l'amour de la musi-
que décida autrement de son existence. Il s'a-
donna à la contrebasse, acquit sur cet insfru-
ment un talent véritable, et pendant trente-cinq
ans fut attaché à l'orchestre de l'Opéra et à
(i) A la mort de Gouffé , on a donné le 27 août I80t
camrae date de sa naissance. Je rectifie celte date d'a-
près les registres de r.\ssociation des artistes musicien»
GOUFFÉ — GOUNOD
405
celui de la Société des concerts du Conserva-
toire, où il tenait la première place. C'est lui qui
introduisit en France l'usage de la contrebasse à
quatre cordes, qu'il imposa en quelque sorte à
l'Opéra, et il inventa, avec le luthier Bernardel,
un système de cordes galvaniques dites à double
traif, qui|sont aujourd'hui universellement adop-
tées. Gouffé avait organisé chez lui des séances
de musique de chambre qui ont duré pendant
quarante ans, et dans lesquelles il tenait à hon-
neur d'exécuter le;> œuvres des jeunes composi-
teurs. Lui-même a écrit un certain nombre de
morceaux pour son instrument^ un concertino,
une sicilienne, un rondo, diverses fantaisies, et
aussi quelques morceaux de chant, parmi les-
quels un O Salutaris d'un heureux effet. Enfin,
Gouffé a pui)lié une Méthode de contrebasse,
qui est un des bons ouvrages de ce genre. Cet
excellent artiste est mort le 31 août 1874, lé-
guant à l'Association des artistes musiciens, du
comité de laquelle il était un des membres les
plus laborieux, une somme de mille francs.
GOUGELET (Madame), professeur de cla-
vecin à Paris pendant la seconde moitié du dix-
huilièine siècle, a publiéen 1771 une Méthode, ou
Abrégé dps rrgles d'accompagnement du clave-
cin, et Recueil d'airs avec accompagnement
d'un nouveau genre, œuvre troisième, Paris,
Cousineau. J'ignore quelles étaient les précédentes
publications de cette artiste, qui était probable-
ment la femme de l'organiste Gougelet, sous le
nom duquel Félis a, par erreur, mentionné
l'ouvrage Cl dessus (V. Biographie, t. iv).
GOULLEY ou GOULE (Jacques Nicolas),
professeur de chant et compositeur, né vers
1774 à Saint-Jean du Cardonnay, mourut à
Rouen le 30 mai 1818. Doué d'une voix char-
mante et de rares aptitudes musicales, il entra,
par la protection du marquis d'Herbouville ,
comme enfani de chœur à la maîtrise de la ca-
thédrale de Rouen, où il eut pour condisciple
Boieldiou, pour maîtres Cordonnier et Brocha.
« A quinze ans, dit M. l'abbé Langlois dans son
Discours de réception à l'Acailémie de Rouen,
il composa et fit exécuter une messe à grand or-
chestre. Plus tard , il donna plusieurs ouver-
tures, un Te Deum, son beau inolet Incipite
Domino, morceaux à grand orchestre, et une
cantate dédiée à M.Berton, de l'Inslitut. I! ex-
cellait surtout dans les romances du genre
grandiose; il en composa au moins trente, à
deux ou trois voix. Une est devenue très-popu-
laire :
Om:i pairie !
O raon bonheur ! .,
Boieldieu promettait les plus grands succès à
son ancii'n condisciple, s'il eût quitté la province.
On peut dire que Goulley tenait le sceptre de la
musique à Rouen sous l'empire. » Il fit plusieurs
bons élèves, parmi lesquels M. A. Godefroi, qui
fut organiste de la cathédrale de Rouen et maître
de musique des enfants de chœur pendant vingt
ans, de 182i à 1844. C'est ce dernier qui a
fourni à M. l'abbé Langlois les renseignements
qui sont reproduits ici.
* GOUiXOD (Charles François), le plus
grand musicien de l'école française contempo-
raine, est le petit-fils d'un artisan fort habile qui
avait le titre de <■ fourbisseur du roi » et pour ce
fait logeait au Louvre, et le fils d'un peintre de
talent, François-Louis Gounod, qui fit son édu-
cation artistique dans l'atelier de Lépicié fils, où
il se lia d'une vive amitié avec Carie Vernet, et
qui obtint le second prix de Rome en 1783. Le
père de M. Gounod épousa, étant déjà âgé, une
jeune femme charmante et d'un esprit fort distin-
gué, et mourut lorsque son fils était encore en
bas âge. C'est, dit-on, avec sa mère, excellente
musicienne, que le futur auteur de Faust et du
Médecin malgré lui apprit les premiers élé-
ments de l'art qu'il devait illustrer un jour.
Depuis l'époque où son nom a été inscrit dans la
Biographie universelle des Musiciens, M. Gou-
nod, à qui ses premiers travaux avaient créé
une renommée légitime, a acquis, on peut le
dire, une gloire incontestée, grâce à l'abondance,
à la variété et à la valeur des œuvres offertes
par lui au public. Ce n'est pas seulement en
France que, depuis quinze ans, le génie de
M. Gounod est apprécié comme il mérite de
l'être ; la renommée du maître rayonne aujour-
d'hui sur l'Europe entière, et non-seulement
l'Allemagne et l'Angleterre le considèrent comme
un des plus grands artistes de ce temps, mais
l'Italie elle-même, si longtemps rebelle aux ma-
nifestations et à l'influence de l'art français, a
acclamé son Faust avec un véritable élan d'ad-
miration. On a d'ailleurs peu d'exemples d'une
vogue aussi complète, aussi universelle , aussi
constante que celle qui a accueilli cet ouvrage.
D'une part, Faust, traduit dans toulesles langues,
a fait fortune jusque sur cette terre italienne,
d'ordinaire si inhospitalière pour notre musique,
et il a détrôné, dès son apparition en Allema-
gne, le Faust de Spohr, qui avait joui jusque-
là d'une grande popularité, s'imposant, malgré
sa provenance française et les susceptibilités na-
tional :s, à l'admiration de tous; de l'autre, le
succès de Faust fut tel chez nous qu'au bout
de quelques années l'Opéra songea à s'appro-
prier et à faire entrer dans son répertoire une
œuvre si fortunée. Faust passa donc, dix ans
406
GOUNOD
après sa création, du répertoire du Théâtre Ly-
rique à celui ie notre première scène musicale,
qui suivait ainsi i'exem()le tant de fois donné par
la Comédie-Française, laquelle s'est fort souvent
emparé, lorsque ceux-ci lui en semblaient dignes,
d'ouvra>jes représentés sur des scènes secon-
daires. L'Opéra avait agi ainsi une première fois
au sujet de la traduction de Lucie de Lamer-
moor, donnée d'abord à la Renaissance ; mais ja-
mais pareil fait ne sVlait produit pour une œuvre
française, et il appartenait à IM.. Gounod d'être
l'objet d'un tel honneur (1).
Pour reprendre maintenant le récit de la car-
rière artistique de M. Gounod à l'époque où il a
été forcément interrompu par l'auteur de la Bio-
grap/iie uni verse/le des Musiciens, il faut tout
d'abor.l enregistrer la représpntation delà Bcine
deSabn, qui fut donnée à l'Opéra le 29 février
1862. Cet ouvrage ne fut point heureux à Paris,
où l'on trouva le livret fort médiocre et la mu-
sique d'une couleur uniforme et manquant
d'inspiration ; il fut cependant accueilli en Alle-
magne avec une sorte d'eniliousiasme, parlicu-
lièrement à Dinnsiadt, où, monté avec un grand
luxe de mise en scène, il obtint un éclatant
succè>. A la suile de cet échec, M. Gounod re-
tourna au Théâtre-Lyrique, où il donna Mireille
(1864), opéra dialogué en cinq actes dont le su-
jet était emprunté au joli romMn de M. Frédéric
Mistral. Il y avait des ()ages exqui-^es dms Mi-
reille, notamment le premier acte, qui formait
un tableau tout ensoleillé, plein de jeunesse, de
grâce et de poésie, mais l'œuvre était inégale,
mal venue dans son ensemble, et la partie dra-
matique était loin d'être heureuse ; après un petit
nombre de re|)résentations, on réduisit la pièce
à trois actes sans qu'elle réussît, sous cette nou-
(1) A cett" occasion, les auteurs durent supprimer li'
dialogue parlé, et le musicien dut remplacer celiii-cl^p.ir
des récitatifs, qui d'ailleurs avaient été écrits en p.irtie
pour la traduction italienne. D'autres remaniements
aussi furent opères 'ans l'uuvrage. Lorsque Faxist dis-
parut ainsi lUi TheAtre-l.yr que, il y avait été représente
plus de quatre-cents fois ; le rhiffre des représentjtions
fu'ila obtenues ensuit ■ à l'Opéra en porte le nombre to-
tal à b'MUConp pins de c nq cents.
Voici nue larticularite inconnue au sujet di' Faust.
Le fameux chœur d s solil its : Gloire immortelle de
nos aïeux, qui, mal^'ré son succès, n'est pas un des
meilleurs morceaux de la partition, n'a pas été écrit
pour les paroles qu'il porte, ce dont il est facit- de s'a-
percevoir'à la faç. in doni il est prosodie. Cotait, dans
l'origine, un ctiœur de cosaque^ (ais;int partie d'un opéra
Intitule Ivan le terrible, dont le pnëme avait pour au-
teur M Henry Tiianon M. Gounod avait écrit presque
entièrement la partition de cet opéra lorsque, j'ignore
pour quelles r;ii5(ins, il crut devoir y renoncer Mais
comme il trouva que les morceaux en étaient bons, il en
utilisa plusieurs par la suite, entre autres celui dont il
Ici question.
velle forme, à attirer les sympathies du public.
yjn petit ouvrage en deux actes, écrit d'abord
pour le théâtre de Bade, la Colombe, ne fut
guère plus heureux à l'Opéra-Comique, où il
parut en 1866. Mais M. Gounod allait prendre
sa revanche en donnant au Théâtre- Lyrique
(Il avril 1867) Roméo et Juliette, ti en s'alta-
quant au chef-d'œuvre de Shakespeare après que
tant d'artistes illustres l'avaient transporté sur
la scène musicale. Celte fois il obtint un succès
éclatant, qui retentit par tonte l'Europe, et qui
rappela les beaux jouis de Faust. Quelle que
soit l'opinion que certains artistes un peu tiop
timorés aient pu porter sur ce produit de son
génie, on ne peut nier que la partition de Roméo
ne soit écrite dans un style admirable, empreinte
dune couleur pleine de poé.sie, chaude et géné-
reuse, et que les lignes en soient aussi élégantes
que grandioses. C'est là une œuvre largement
inspirée, d'un caractère chevaleresque, pas-
sionné, hardi et contenu tout à la fois, et qui
comptera parmi les plus belles et les plus nobles
productions de la musique dramatique du dix-
ncuviémesiècle. Bien des gens placent la pirtilion
de lioméo sur le même plan que celle de Faust,
et j'avoue que pour moi ceux-là n'ont pas tout
à fait tort, en dépit des objections soulevées par
certains esprits réservés dont je parlais tout à
l'heure.
Après un long silence, M. Gounod reparut
à la scène avec deux productions d'un ca-
ractère particulier ; je veux parler de la musi-
que écrite par lui pour deux diaities en vers,
l'un, les Deux Reines, représenté au théâtre
Ventadour en ls72, l'autre, Jeanne d'Arc,
donné à la Gaîlé l'année suivante; les partitions
de ces deux ouvrages consistent en chœurs, in-
termèdes syinphoniqiies, chansons, etc. Au reste,
M.Gouno 1 a touché à presque tous les genres ;
dans différents ordres d'idées, il faut mentionner
ses symphonies, ses nombreuses mélodies vo-
cales, qui se rapprochent du lied allemand et
dont quelques-unes, particulièrement la Séré-
nade, ont eu lant de vogue, enfin ses cbamrs
orphéoniques , ses cantates, et ses chœurs
avec orchestre. Mais c'est surtout comme com-
positeur de musique religieuse que le maître a
droit de fixer aussi l'attention du public ; là sur-
tout les tendances my.stiqiies de son esprit, les
ferventes ardeurs de sa jeunesse, l'ont servi avec
un rare bonheur; aussi son talent et sa fécon-
dité se sont affirmés sous ce rapport avec un vé-
ritable éclat. Il suffira de citer, parmi les œu--
vres écrites par lui pour l'église, les Sept Pa-
roles du Christ, sa messe de Requiem, ses
messes solennelles, son petit oratorio de Tobie
GOUNOD
407
la paraphrase française du psaume Super /lu-
mina Bahylonis, et ses nombreux inolets.. On
a môme parlé, il y a quelques années, d'un
grand drame sacré, intitulé Sainte Genevicve,
dont M. Gounod avait écrit la musique sur un
poème de M. Freppel, aujourd'hui évéque d'An-
gers, alors doyen du chapitre de Sainte-Gene-
viève à Paris. Mais, jusqu'ici, cet ouvrage im-
portant n'a pas vu le jour.
M. Gounod est revenu aujourd'hui à Paris,
après un séjour de quelques années à Londres,
où il s'élait rendu pendant la guerre de 1870-
1871. A cette époque il s'était établi en celte
ville, et y avait formé un chœur d'amateurs des
deux sexes {Gounod's Choir), à l'aide duijiiel il
donna de nombreuses séances musicales et pour
lequel il écrivit de nombreuses compositions. Le
public, anglais témoigna à l'auteur de Faust une
sympathie presque ardente, qui n'était pas sans
analogie avec celle que, plus d'un siècle aupara-
vant, il avait témoignée à Haemlel ; l'enthou-
siasme en sa faveur s'affirmait en toute occasion,
et la preuve s'en trouve surtout dans l'accueil
qui lui fut fait à Albert-Hall lorsque, pour l'inau-
guration de l'Exposition universelle, le I" mai
1^71. il fit entendre, sous sa direction, sa grande
cantate Gallin, écrite expressément pour la cir-
constance (1). Heureux de posséder parmi eux
un si grand artiste, les Anglais, dit-on, espéraient
que M. Gounod se fi\er;ùt pour toiijotus dans
leur pays et deviendrait leur en quelque sorte.
En France même, on taxa t volontiers M. Gou-
nod (l'indifférence etd'ingialifude envers sa patrie
malheureuse, si bien qu'en 1872 il crut devoir
écrire deSpa, où il se trouvait alors, la lettre sui-
vante au directeur d'un journal de Paris :
'<.... Un de mes amis, en me conununiquant le
numéro d'aujourd'hui (20 septembre) de votre
estimable journal, où je suis qualifié « l'Anglais
Gounod ", ajoute que ce n'est pas la première
fois que le Gaulois a la délicate attention de me
défigurer ainsi.
« Assurément, si je n'étais Français, je vou
draisêtre Anglais, et je mentirais à la justice au-
(:) Quatre grandes coniposUions avaient été den);in-
décs, en cette orcasion, à quatre art istes différents :
M.Sullivan pour l'Angleterre, M. G unodpour li Franci",
M. Feriinand Hlller pour l'Alleinaane, ei M. PinsutI
pour l'Iialie. Voici le titre inser t sur le ininuscrit ori-
ginal de ta partition de M Gniin^d : « Callia, élégie' bi-
bliqui' avec chœurs, .çoij, orctiestre et orgur, composée
pour l'duverture de l'Exposition inlernation île de Lon-
dres et exécutée pour la i>« foi^ Je l*^' mai 1871 dans
Royal-Albert Hall. Cbart.es (iou»OD. » — M. Uounod
avait trailnit lui-même un épisode des Lamentation^ de
Jérémie, appliciué dans son es|.rit à la situation cruelle
de la France à celte épotiue, et c'est sur res paroles
qu'il avait écrit sa musique.
tant qu'à l'amitié, si je ne profitais pas de l'oc-
casion qui m'est offerte de rendre hommage à
tout ce que j'ai rencontré de noble, de délicat et
de profondément sûr et dévoué dans les affec-
tions qui m'attendaient en Angleterre. Mais je ne
sache pas qu'aucun acte ou aucune parole de ma
vie, privée ou publique, ait donné à qui que ce
soil le droit de me fabriquer un acte de naturali-
sation. Je n'ai pas à juger les personnes qui se
font naturaliser; ePes peuvent avoir pour elles
des raisons que je n'ai pas qualité pour appré-
cier. Ce que je puis dire, c'est que la notion de
patrie n'est nullement, à mes yeux, une notion géo-
graphique, mais une notion morale : c'est qu'on
peut rester Français et très-Français en vivant
ailleurs qu'en France; c'est qu'on n'e.st pas dé-
serteur ni renégat pour être voyageur ; c'est
qu'un homme appartient à son pays par le nom
qu'il en a reçu et qu'il tâche de lui laisser le
plus honorable et le plus illustre, en retour de
sa naissance; c'est qu'enfin H;endel a passé
trente ans de sa vie en Angleterre, comme Ros-
sini et Meyerbeer en France, pour la gloire de
leur patrie.
« Je m'étonne. Monsieur, que dans ce temps
où nous avons, d'une part, si cruellement souf-
fert, et où, de l'autre, tant d'efforts s'accomplis-
sent, en dépit de l'horreur des guerres, pour ar-
river à ce que l*s peuples voient dans les idées
de solidarité autre chose qu'un vain mot, je m'é-
tonne, dis-je, qu'à une telle époque un Français
qui a laborieusement consacré sa vie à l'honneur
de l'ai t français, trouve chez ses compatriotes un
journal qui se charge de le mettre au ban de
son pays et à l'index de ses concitoyens.
« Je vous prie de vouloir bien, par l'in-
sertion de cette lettre dans votre journal, me
permettre de rectifier, aux yeux de vos lecteurs,
la méprise dont j'ai été l'objet, et dont je désire
que le désaveu soit public comme l'a été l'er-
reur.
« Recevez, etc.
« Charles Gounod. «
C'est pendant son séjour en Angleterre que
M. Gounod termina sa partition de Poli/eucte,
depuis longtemps commencée, et qu'il écrivit
celle de Georges Dandin, sur la prose même
de Molière (1). Ces deux ouvrages n'ont pas en-
core été représentés, et si leur caractère profon-
dément dissemblable a trouvé néanmoins le mu-
(1) M. Gounod a fait connaître ses Idées sur l'emploi de
la prose en musique, par une préface écrite pour cette
partition de Ceorçies Dandin. Cette préface a été pu-
bliée par plusie irs joiirn lui, entre autres par la Re-
vue et Gazette musicale, dans son numéro du 17 octo-
bre 1875.
408
GOUNOD
sicien à la liauteur de la tâche qu'il s'est imposée
en les écrivant, on peut compter sur deux œu-
vres qui auront leur large part dans l'éclat de sa
renommée. Mais l'artiste s'e>t produit une fois
encore, et d'une façon importante, depuis son re-
tour en France. Lorsqu'en 1876 M. Carvallio
fut appelé à la direction de l'Opéra-Comique, il
n'eut garde d'oublier qu'il devait à M. Gounod
une partie de la prospérité dont le Théâtre-Ly-
rique avait joui naguère sous sa direction , et
que c'est à ce théâtre qu'avaient vu le jour Faits/,
le Médecin malgré lui, Mireille, Philémon et
Baucis et Roméo et Juliette. 11 demanda donc
à M. Gounod un nouvel ouvrage, et celui-ci
écrivit, avec un peu de hâte peut être, la parti-
tion de Cinq- Mars, qui parut à l'Opéra-Comique
le 5 avril 1877. L'ieuvre était inégale, par suite
de la précipitation avec laqueife elle avait été
conçue, mais elle renfermait de grandes beautés
et des parties puissantes, dignes en tout point
du gt'nie de l'auteur. Si le succès de Cinq-Mars,
d'ailleurs très-réel, n'a pas été plus considérable
encore, je crois qu'il faut s'en prendre à la trop
grande rapidité qui a présidé à sa mise à la scène,
et au\ imperfections qu'on a pu relever dans
l'exécution de cette œuvre, qui aurait exigé des
interprètes de premier ordre.
Quelque peu d'entraîntinent que ses détrac-
teurs — car il en a — puissent éprouver pour le
génie de M. Gounod, ils ne peuvent du moins
nier ce génie, sa puissance, son action sur le i>u-
blic. D'ailleurs, les artistes ain.si discutés ne sont
que ceux qui possèdent une véritable valeur.
Plus noble que majestueux, plus tendre que pa-
thétique, plus rêveur qu'enthous'iaste, plus ré-
fléchi que spontané, l'immense talent de l'auteur
de Faust brille par un assemblage de qualités
bien rares, et dans ce talent on peut presque dire
que l'étude, une étude constante et infatigable,
a presque autant de part que l'inspiration. Non-
seulement M. Gounod est un lettré fin, délicat,
singulièrement instruit, versé dans la connais-
sance des langues et des chefs-d'œuvre, mais, au
point de vue musical, peu d'artistes se sont,
comme lui, nourris de la moelle des lions. Il n'est
pas un grand musicien que M. Gounod ne sache
pour ainsi dire par cœur, et il exprime son ad-
miration à l'égard des maîtres avec un véritable
enthousiasme. C'est lui qui, un jour, venant d'en-
tenlre au Conservatoire la Symphonie avec
chœurs de Beethoven, court à un ami et lui
crie, le visage en feu et tout en agitant la parti-
tion : C'est la Bible du musicien .'C'est lui qui
encore, dans un salon où l'on causait musique et
où l'on discutait sur le rang qu'il fallait attri-
buer à chaque compositeur, prit la parole et
exprima ainsi sa pensée : « Si les plus grands
maîtres, Beethoven, Haydn, Mozart, étaient
anéantis par un cataclysme imprévu, comme
pourraient l'être les peintres par un incendie, il
serait facile de reconstituer toute la musique
avec Bach. Dans le ciel de l'art, Bach est une
nébuleuse qui ne s'est pas encore conden-
sée. »
J'ai dit que l'étude a presque autant de part
que l'inspiration dans le talent de M. Gounod, ce
qui est le fait de tous les artistes vraiment su-
périeurs ; on peut ajouter que ce talent acquiert
une couleur toute personnelle, toute particulière,
par l'alliance des sentiments presque mystiques
de l'arlisle avec une compréhension très-vive
fies passions humaines et des orages du cœur.
11 est resté à M. Gounod, dans le cours de sa
carrière, comme une sorte de ressouvenir de ses
premières années vouées par lui aux études
Ihéologiques, de son penchant pour la vie mo-
nastique et pour le séjour du cloître ; peut-être
est-ce là ce qui caractérise son génie d'une
fHÇon toute spéciale, ce qui lui donne son origi-
nalité, sa couleur propre et sa saveur exception-
nelle, bien qu'il soit difficile, on le comprend, de
déterminer avec précision la i)art d'influence que
les idées et les aspirations de sa jeunesse ont pu
conserver plus tanl sur son imagination, au
profit ou aux dépens de sa personnalité artisti-
que.
Musicalement , et en ce qui se rapporte au
théâtre, M. Gounod est plus spirituahste que ma-
térialiste, plus poète que peintre, plus élégiaque
et plus nerveux que foncièrement pathétique.
Ci st peut-être là ce qui a fait dire qu'il manque
de sens dramatique ; en quoi l'on s'est trompé,
car ce n'est point le sens dramatique, c'est-à-
dire la perception passionnée', qui parfois fnit dé-
faut à M. Gounod -.ce serait, à proprement parler,
le tempérament. Toujours est-il que l'auteur de
Faust, de Roméo et du Médecin malgré lui
reste un vrai poète, un créateur inspiré, un ar-
tiste de premier ordre et de haute lignée, et
sinon de ceux qui éclairent le monde et l'illumi-
nent dune lueur radieuse, du moins de ceux qui
le charment et qui l'émeuvent, qui le touchent,
l'attendrissent et le font penser.
Le catalogue des compositions de M. Gounod,
extrêmement abondant, n'est point facile à dres-
ser, surtout à cause de ce fait que, pendant son
séjour en Angleterre, l'artiste a écrit et publié à
Londres un grand nombre de morceaux de chant
sur paroles anglaises, morceaux dont la liste
exacte et complète est malaisée à produire.
Voici cependant la nomenclature la plus étendue
qui ait encore été faite des œuvres de M. Gou-
GOUNOD
409
nod. — A. MisiQUE dramatique, l" Sapfio,
grand optera en 3 aclPS, Opéra, 16 avril 1851 ; —
2» Chœurs pour Ulysse, tragédie en 5 actes de
Ponsard, Comédie-Française, 18 juin 1852; —
3° la iSonne sanglante, grand opéra en 5 ac-
tes. Optera, 18 octobre IsS'i ; — 4" le Médecin
malgré lui, opéra-comique en 3 actes, Théâtre-
Lyrique, 15 janvier 1858 (repris plus tard à
rO(iéia-Comiqut') ; — 5° Faust, opéra dialogué
en 5 actes, Théâtre- Lyriq\ie, 19 mars 1S59 (re-
pris à l'Opéra, avec des récifalifs remplaçant le
dialogue et quelques modifications dans la parti-
tion, le 3 mars 1869); — 6" Philémon et Bau-
cis, opéra en 3 actes, Théâtre-Lyrique, 18 fé-
vrier 1860 (repris à l'Opéra-Comique, réduit en
2 actes, en 1876); — 7" la Reine de Saba,
grand opéra en 4 actes, Opéra, 29 février 1862 ;
— 8* Mireille, opéra dialogué en 5 actes,
Théâtre-Lyrique, 19 mars 186i (réduit à 3 actes
le 15 décembre de la même année, et repris à
rOpéra-Comique, sons celte dernière forme, en
novembre 1874); —9" la Co/omftp, opéra-co-
mique en 2 actes (écrit pour le théâtre de Bade
et représenté en cette ville en 1860), Opéra-Co-
mique, 7 juin 1866 ; — 10° Hoiupo et Juliette,
grand opéra en 5 actes, Théâtre-Lyrique,
27 avril 1S67 (reprisa i'Opéra-Coiniquele 20 jan-
vier 1873: — 11° Chœurs et musique sympho-
nique pour/^s Deux Reines de France, drump
en 4 actes de M. Ernest Legouvé, théâtre Ven
tadnur, 27 novembre 1872; — 12" Chd'urs et
musique symphonique pour Jeanne d'Arc,
drame de M. Jules Barbier, théâtre de la Gaîté,
8 novembre 1873; — 12 bis. Cinq- Mais, opéra
dialogué en 4 actes, Opéra-Comique, 5 Avril
1877; — 13" et 14" Pohjeucte, Georges
Dandin, opéras non représentés. — B. Musi-
que RELIGIEUSE. 15" Messe de Requiem,
exécutée à l'église Saint Charles, devienne, en
1842 ; — 16° Messe solennelle, exécutée à Paris,
en l'église Saint-Eusfache, en 1849; — 17° Messe
brève; — 18° Deuxième messe de Requiem
(Londres, Goddard) ; — 19° Deux messes ; —
19 bis. Messe du Sacré-Cœur de Jésus, pour
quatre voix, chœur, orchestre et orgue, exécutée
à Paris, en l'église Saint Enstache, le 22 novem-
bre 1876; — 20° Stabat Mater; — 21° Tnbie,
« petit oratorio; » — 22° Ze.? Sept paroles du
Christ ; — 23" Messe Angeli Custodes; — 24°
Pater noster ; — 25° Près du fleuve étranger,
chœur avec accompagnement d'orchestre; —
26° Jésus de Nazareth;— 27° Ave verum ;
— 28° 0 Sahitnris hostia, pour voix seule avec
chœur et orgue ; — 29" Te Deum ; — 29" bis.
Jésus sur te lac de Tibériade, « scène tirée de
l'Évangile, » pour baryton solo, chœur et orches-
tre, exécutée à Paris en 1876; — 30" Magni-
ficat; — 31° Vexilla régis. — 32° Christus
faclus est, offertoire à une voix; — 33° Six
nouveaux cantiques, pour solo ou chœur (1. Le
ciel a visité la terre; 2. Le nom de Marie;
3. Chantez, voix bénies ; 4. Le Départ des
Missionnaires ;b. L'Anniversaire des martyrs ;
6. Notre-Dame des Petits-Enfants), Paris,
Choudens. — C. Musique sympiionique. 34° 1*
Symphonie, en ré; — 35° 2" Symphonie, en mi
bémol, Paris, Choudens ; — 36° La Reme des
Apôtres, symphonie; — 37" Marche romaine,
Paris, Choudens; — 38° Prélude de Bach, or-
chestré (exécuté aux Concerts populaires le 8 dé-
cembre 1867). — D. Musique instrumentale. 39"
Méditation sur le 1"=' prélude de Bach, pour voix
de soprano, violon, piano et orgue ; — 40° le
Calme, méditation pour violon solo, avec or-
chestre ; — 41° /a Pervenche, le Ruisseau, le
Soir, le Calme, Chanson de printemps, ro-
mances sans paroles, pour piano (Paris, Chou-
dens); — 41° bis. Dix morceaux originaux
pour piano (1. L'Angélus, impromptu; 2. Me-
nuet; 3. Les Pifferari, impromptu; 4. Mu-
sette, impromptu ; 5. Le Bal d'enfants, val.se ;
6. Sérénade ; 7. Royal-Menuet ; &. Nazareth,
chant évangelique; 9. Prélude: « Près du fleuve
étranger»; 10. Invocation), Paris, Le Beau.
— 42" Marche pontificale, pour piano ( ib.,
ib.) ; — 43° 1' Valse, pour piano (ib., ib.) ; —
44" Valse des fiancés, id. (ib., ib.); 45" le
Rendez-vous, suite de valses, id. (ib.,ib.); —
46° Souvenance, nocturne, id. (ib ib.); —
47" Ivy (le Lierre), id. (Londres, Goddard ; —
48° Convoi funèbre d'une marionnette, id.
(ib., ib.); — 49" Dodelinelte, berceuse à 4
mains (ib., ib.) 50" Méthode de cor à pistons,
contenant un exposé des avantages des pistons,
les principes élémentaires de l'instrument, huit
mélodies connues et quatre morceaux d'études
(Paris, Colombier). — E. Musique vocale. 51o
Gallia, élégie biblique avec chœurs, soli, or-
clie.stre et orgue, composée pour l'ouverture de
l'Exposition internationale de Londres et exécu-
tée pour la première fois, le 1*"^ mai 1871, dans
Royal-Albert-Hall (Paris, Choudens); — 52° A
la Frontière, cantate exécutée à l'Opéra le 8
août 1870 ; — 53° Douze chœurs et une cantate
(1. Le Vendredi Saint, à 6 voix ; 2. La Nuit, à
6 voix; 3. Ave verum, à 5 voix ; 4. La Chasse,
à 4 voix; 5. Noél, à 3 voix ; 6. D'un Cœur qui
<'fli)ne, double chœur; 7. Stabat Mater, h 6
voix; 8. L'Affût, à 4 voix ; 9. Sicut servus,
motet à 4 voix; 10. Prière du soir, à 6 voix ;
11. £e Crucifix, à 6 voix ; 12. Matinée dans la
montagne, à 6 voix ; Le Temple de Vharmo,
410
GOUNOD — GOUVY
nie, cantate avec chœurs), avec accompagne-
ment, lin vol., Paris, Cliourlens ; — 34° Clnpiirs
orpliéoniqnes à 4 voix d'hommes, sans accom-
pagnement (la Cigale et la Fourmi, le Corbeau
et le Renard, la Danse de l'épée. Chœur de
Chasseurs, le Vin des Gaulois, Vive l'Empe-
reur ! Hymne à la France, l'Enclume, Cliaur
des Amis, etc.); — 5j" Dans uneélable, chci'ur
avec accompagnement (rorcliestre; — 56" Lps
Gaulois, i(\.; — 57° En /Iro^i/ / chanson mih-
taire pour solo et chœur, avec accompagnement
d'orchestre-, — 58° Chants lyriques de Saiit;
09° Pastorale sur un Noël du dix huitième siècle.
chœur avec orchestre; — 60" Chœurs dédiés à
la Société chorale d'Albert-Hall (Londres, God-
dard, 3 vol.); — 61° Vingt mélodit-s pour rhant
et piano, t" recueil (Paris, Choudens) ; — 62°
Vingt mélodies pour chant et piano, 2' recueil
(4h., ib.); 63° Vingt mélodies pour chant et
piano, 3^ recueil (ib., ib..'i; — 64" Vitgt mélo-
dies pour chant et pinnu, à' recueil (ib., ib.);
— 65° Quinze duos pour chant et |)iano (ib.,ib.),
extrarfs pour la plupart dcsd'uvres dramatiques
de l'auteur; — 66" Biondina, petit poëme ly-
rique comprenant douze mélodies écrites sur des
paroles italiennes de M. Zaffira conçues dans le
st>l« du slornello toscan ; — 67" Enfin un grand
nombre d'autres mélo lies écrites sur paroles an-
glaises ou françaises, publiées à Londres (God
dard) et à Paris (Lemoine), et parmi lesquelles
je citerai les suivantes : Tf Ihnu art sleeping
Maiden, O! hnppy home, Eoening song, Sweet
Baby, 0 that ve tivo (avec accompagnement
d'alto), April Song. the Worker, Maid of
Athens, Thy Will be done, Uly beloved spake
(avec accompagnement de violoncplle), My true
tore hafh my honrl, Odille tu, the Fovnfain
mingles u'ifh t he river, The sen hath itsprnrls,
To God, y choir above, There is dew, Whm
in the early Morn, Qnecn nf love. Loin du
pays. Ma belle amie est morte, la Fauvette,
Si vous n'ouvrez, le Pays bienhe 'Veux, Heu
veux sera le jour, the Message of the Breeze
(duo), Litile Celaudine (duo) ; — 68" Enfin,
plusieurs mélodies italiennes à une ou deux voix :
Perché piangil Quanti mai, Barcarola {<\ao),
la Sipsfa (duo), Sotto un cappella rosa, etc.,
etc.
M. Gounod, qui est commandeur de la Légion
d'honneur, a été élu membre de l'Institut de
France (.\cadémîe des Beaux-Arts) le 19 mai
1866, en remplacement de Clapisson. Les deux
écrits suivants ont été publiés sur M. Gounod :
\" Ch. Gnunod, |>ar Jules Claretie (dans sa série
de Portraits contemporains), Paris, Librairie
illustrée, 1875, in-S" de 16 pages avec portrait;
2" Autobiographie de Cli. Gounod, et articles
sur la 7'outine en matière d'art, édités et com-
pilés avec une préface parM"^'' Georgina Weldon,
Londres, William Recves, in-S", s. d.[l875](l).
Je signalerai aussi deux articles publiés sous
ce titre : « Charles Gounod, par Arthur Pou-
gin,]» dans le journal VArt des T"" et 8 avril
1877 ; on trouvera dans ces articles des détails
inconnus et particulièrement intéressants sur le
grand artiste, ainsi que la reproduction d'un
portrait jusqu'alors inédit de M. Gounod^ peint
par Ingres en 1844, pendant son séjour à Rome
comme pensionnaire de l'Académie de France.
GOUPIL (l'abbé), est l'auteur des deux ou-
vrages suivants, publiés en 1876, à Paris, chez
TédileurM. Cartereau : 1° Les débuts flu jeune
organiste, un volume; 2" 40 Petites composi-
tions religieuses, un volume.
''GOUVY (TiiÉonoRE). Nous allons complé-
ter le catalogue des œuvres publiées jusqu'à ce
jour (1870) pu- cet artiste fécond et distingué.
Tous les ouvrages mentionnés ci-après ont paru
<à Paris, chez l'éditeur M.Richault. — Sérénade
en quatuor pour piano, violon, alto et violon-
celle, op. 31 ; Trois chipurs a cappella (cantiques
de Rousseau) pour deux sopranos, ténor et basse,
avec accompagnement de piano ad libitum, op.
32; 5° Trio (tour piano, violon et violoncelle,
op. 33 ; Cinq Duetlos pour piano et violon, op.
34 ; Hymne et Marche dans la forme d'une ou-
verture, op. 35; Sonate pour piano à quatre
mains, op. 36 ; Six Odes de Ronsard, pour voix
de ténor avec piano, op. 37 ; Trois Sérénades
pour piano seul (10% IP et 12''), op. 38; Trois
Sérénades pour piano seul (13*, 14*= et 15*), op.
(11 M"" Weldon, chez qui M. Gounod avait fixé sa de-
meure lors du séjour qu'il fit en Angleterre, qui, la pre-
mière, a chatité à Paris, aux cnncerts du Conservatoire,
sa cantate Callia, et avec qui il a eu ensuite d' s démê-
les que je n'ai |i;is à .ipprecler ici, s'est servi, pour cette
publ cation, de plu-ieur- écrits de M. Goiimid qui lui
ét.iient restés entre les iiMin- Ce petit recueil est donc
f(irme de plusieurs articles de M Gounod, qui portent
les tiires suivants: le l'iil lir ; la Critique ; la l'ropiicté
artistique ; les auteurs; ht Critique mi/siciilr nnuiuise;
Pi'cface d « George Daudin, » cumcdie de Molièic, mu-
sique de Charles Gounod : les Interprètes; l'Enseigne-
ment; les Compnsileiirscliefs d'orchestre ; les Pérès de
l'eglise de la musique, études esthétiques.
Hjiue Weldon, qui semble d'ailleurs avoir mis à profit
le séjour de M. Gounod en .\ngleterre, l'a pris encore pour
pretex'e des public liions suivantes, tuutes faites à Lon-
dres: 1" Mon orphelinat et Connod en .-Angleterre, let-
tres t documents oriainales ;sic) ; 2° Mon orphelinat et
Connod en -Angleterre, récit; 3' La destriirtion du Po-
lyeucle de Ch. Connod, mémoire justificatif ; 1° La Ré-
forme musi'ale. f^s Concerts Gounod, et autres articles
sur le « Métier musical •>; 5° La Querelle de la compa-
gnie du Royal Albert Hall avec M. Ch. Gounod; 6» /,e
Troisième « Faust. »
GOUVY — GHAEVER
4H
39; Neuf Poésies de Ronsard, pour une voix,
avec piano, op. 41 ; Six Poésies de Ronsard,
pour voix de ténor ou soprano, op. 42 ; Quatre
Odes de Ronsard, pour voix de baryton, op. 43 ;
Huit Poésies de Ronsard, pour voix de t^nor ou
soprano, op. 44: Dix -huit Poésies de De.sporfes,
pour ténor ou soprano, op. 45 ; Trois Elégies à
deux voix, avec piano, op. 46; Sept Poésies de
Ronsard, avec piano, op. 47; Ln Pléiade fran-
çaise, 12 poésies du seizième siècle pour une
voix, avec piano, op. 48 ; Deuxième Sonate pour
piano à quatre mains, op. 49 ; Six Dnetlos pour
piano et violon, op. 50; Troisième Sonate pour
piano à quatre mains, op. 51 ; Variations pour
piano à quatre mains, op. 52 ; Trois Sérénades
pour piano (16^ 17« et 18"), op. 53; Valses de
fantaisie à quatre mains, op. 54; Quintette pour
deux violons, alto et deux violoncelles, op. 55 ;
Deux quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 56. Variations sui'un airfrançais,pour piano ;
Varialions pour piano ; Capriccio, pour piano et
violon ; Impromptu, pour piano et violon ; Ro-
mance |iour piiinoet violo;! ; Rondo-scherzando,
pour piano et violon. M. Gouvy a fait entendre,
dans un concert donné à Paris le 30 mars 1876,
une grande .scène dramatique pour voix de so-
prano intitulée la Religieuse, et un Requiem
pour quatre voix principales, chœur et orchestre.
Cette dernière composition, puissante et remar-
quable à tous les points de vue, a produit sur le
public une impression profonde.
* GOÛY (Jacques DE), et non Jean de
Goîiy, comme il est dit au t. IV de la Biogra-
phie universelle des musiciens. Un savant
musicographe belge, M. Edmond Vanderstraeten,
a publié sur cet artiste un opuscule ainsi inti-
tulé : Jacques de Goûy, chanoine d'Embrun,
recherches sur la vie et les œuvres de ce mu-
sicien du xvii'' siècle (Anvers, Buschinann,
1863, in-8" de 35 pp.). M. Vanderstraeten a dé-
couvert, dans la bibliothèque royale de Bruxelles,
les deux premiers volumes des psaumes en mu-
sique de de Gotiy, et il en a transcrit exacte-
ment le titre, dont voici la reproluction : «-Airs
à quatre parties, sur la paraphrase des Psaumes
de Messire Antoine Godeau, évesque de Grasse.
Composez par Jacques de Goiiy, chanome en
l'église cathédrale d'Ambrun, et divisez en trois
parties. A Paris, par Robert Ballard, seul Impri-
meur du Roy pour la Musique. Et se vendent
chez l'Aufheur rue de l'Arbre-Sec, vis-à-vis la
ville de Rome, et le grand Henry. M. D. C. L.
Avec Privilège de sa Majesté. >- In- 12 oblong.
Nous voyons par là que, quoique chanoine de
la cathédrale d'Embrun, de Goiiy habitait Paris
à l'époque de la publication de son ouvrage. En
tête de celui-ci se trouve une introduction longue
et curieuse à plus d'un point de vue, que M. Van-
dei'slraeten a eu le bon esprit de reproduire en
son entier.
* GRABEN-IIOFFMA^[V\ (Gustave
HOFFMANN, connu sous le nom de), chanteur
et compositeur, est né à Bnin, près Posen, le 7
mars 1820. Il a fait ses éludes de composition à
Leipzig, sous la direction de Moi itz Hau])tmann,
s'est fait connaître par la publication dune iu-
nomhrable quantité de lieder, dont beaucoup
sont devenus populaires, puis, après .s'être éta-
bli à Dresde en I85S comme professeur de chant,
a fondé à Berlin (1870) une académie de chant.
Il s'est de nouveau (ixé à Dres<le en 1873.
Doué d'une belle voix de baryton, M. Graben-
HolTm:uin s'est acquis une légitime réputation
comme chanteur de concert. Son renom n'est
pas moins grand comme com|)ositeur, et il n'a
pas jmblié moins de 95 cahiers d'œuvres de mu-
sique vocale, liedcr, chants à plusieurs voix,
etc. Sa ballade intitulée 500,000 Teafel (.500,000
Diables), traduite dans presque toutes les lan-
gues, a obtenu une vogue prodigieuse et a fait
le tour du monde. On doit aussi à M. Graben-
Hoffmann quelques écrits pédagogiques dont j'i-
gnore les titres, et qui ont été publiés à Leipzig
et à Dresde en 1865, 1872 et 1874.
GRAEDEA'ER (C -G -P ), pro-
fesseur et compo-;iteur allemand, né en 1812, a
publié un certain nombre d'œuvres de nmsique
instrumentale et vocale, parmi lesquels on dis-
tingue : Quintlete [)our piano, 2 violons, alto et
violoncelle, op. 7 ; Quatuor pour instruments à
cordes; 8 lieder pour voix seule ou chœur, op.
8 ; sonate pour piano et violon, op. 1 1 ; Concerto
pour le piano; 3 fantaisies de concert pour piano
et violon ; Chants hébraïques pour une ou deux
voix. Je crois que c'est cet artiste (c'est du
moins un artiste portant le même nom), qui, en
1861, a été nommé professeur de chant au con-
servatoire de Vienne, en remplacement de
^n.e Marcliesi.
GRAEVER (M™" Madeleine), piani.ste dis-
tinguée, est née à Amsterdam vers 1830, et
commença de bonne heure l'étude de la musique.
Successivement élève de Berteisman, de D. Ko-
ning et de Moschelès, elle fut entenlue dans son
enfance par Liszt, qui lui prédit un brillant ave-
nir. Elle perfectionna son talent .sous la direction
de M. Henri Litoiff, se fit entendre avec un
grand succès, en 1852, à Amsterdam, vint en-
siuie .se produire à Paris, puis visita l'Angleterre
et partit pour l'Amérique, où elle donna des con-
certs dans plusieurs grandes villes. Elle s'était
établie comme professeur à New-York, et s'y
U2
GRAEVER — GRAFF
était fait une position honorable, lorsque éclata
la guerre de sécession, qui l'obligea de repartir
pour l'Europe. Elle se fit alors entendre de nou-
veau à Paris, parcourut la Belgique, les Pays-Bas
et une partie de l'Allemagne, obtint le tilre de
pianiste ordinaire de la reine des Pays-Bas, et
se vit partout accueillie avec une rare faveur.
Bientôt elle voulut joindre à ses succès de vir-
tuose ceux de toinposileur, et se fit connaître
sous ce rapport en publiant un certain nombre de
productions aimables, qui ne manquaient ni de
grâce, ni de charme : la Bonde des FantOma,
le Réveil du Printemps, V Attente, ^ic. M'" Ma-
deleine Graeverest aujourd'hui M"* Johnson.
GHAFF (Chaules), compositeur et violo-
niste, est né à Also-Eor (Hongrie), le 20 mai
1833. Après avoir reçu à Fùiifkirchen une édu-
cation littéraire complète, il fut envoyé, sur le
conseil et la recoinmaiidation de Liszt, au Con-
servatoire de Vienne, où il resta trois ans. Il en
sortit, après avoir obtenu le diplôme d'«Ar-
tiste» (fieier Kiinstler), di^tlnclion qui le dispen-
sait du service militaire. Quelques mois plus
tard il fut engagé comme violon-solo au théâ-
tre << An der Wien ». En même temps, il per-
fectionnait son talent de viituose en prenant des
leçons de Bœhm, et poursuivait ses études de
contrepoint et de fugue auprès de l'excellent
contrepointiste Sechter. Il publiait aussi ses pre-
miers essais de composition : deux petites
pièces pour le piano et lui Taniiun ergo. En
1854, il entreprit un long voyage artistique <|ui
ne dura pas moins de deux ans. Il parcourut la
Hongrie, l'Autriche, les Provinces Danubiennes
et une partie de la Turquie. Il donna des con-
certs (tans toutes ces contrées, et joua devant le
prince do Serbie et les cours de Bucharest et de
Jassy. Sur le conseil de Servais, qu'il renroiitra
dans celte dernière ville, il renonça à celte vie
nomade et alla â Paris se mettre sous la direc-
tion de Vieuxtemps. Pendant deux ans, il voya-
gea avec .son maître, lui servant de .second vio-
lon diins toutes ses audilions. A Londres, M.Graff
se produisit comme soliste dans les concerts de
« Wdlis Rooms » et de VaOld Philarmnnic
Society ». Il se lit entendre également à Paris, à
la salle Heiz , dans un concert où jouait le
piani-te Fumagalli. Enfin, après avoir secondé
Vieuxtemps dans de brillantes .séances don-
nées à Francfort, et à Vienne devant la cour,
M. Graff se sépara de lui et revint dans
son pays. Il y composa une ouverture pour le
drame de Don Carloi de Scliiller, qui fut exé-
cutée plusieurs fois à Pesth, une douzaine de
romances pour voix seule ou à 4 voix, et son pre-
mier quatuor. En même temps il faisait paraître
à Vienne 2 morceaux de violon et 6 romance»
pour 4 voix mixtes. En 1858, en se rendant de
nouveau à Paris , il s'arrêta à Cassel pour
y jouer dans un concert d'aiionnés au théâtre de
la Cour. Spohr, qui dirigeait l'orchestre, l'appré-
cia et le fit engager comme premier violon solo,
— Concert-meister, — de son altesse l'électeur
de Hesse, en remplacement de son élève Jean
Bott, appelée d'autres fonctions. M.Graff occupa
ce poste pendant environ cinq ans. Il employa
utilement les deux premières années; il reçut
des conseils de Spohr, écrivit plusieurs choeurs,
son second quatuor, et une opérette, C Hercule,
qui eut une dizaine de représentations dans la
saison. Mais, en novembre 1859, Spohr mourut,
et M. Graff perdit en lui un puissant appui. Des
chagrins privés aggravèrent bientôt ce premier
malheur : une maladie nerveuse qui compromit
la sûreté de son exécution et de regrettables ri-
valités artistiques vinrent y mettre le comble. En
1863, Vieuxtemps, de passage à Cassel, le re-
trouva souffrant et découragé. Il lui fit donner .sa
démission et obtint pour lui la place de profes-
seur de violon à Insprùck. M. Graff ayant reçu le
conseil d'aller passer l'hiver dans un climat plus
doux, pour y rétablir sa santé, déclina l'offrequi
lui était faite, et ré.solut d'habiter le midi de la
France. En septembre 1863, il vint se fixer à
Marseille, où il est resté jusqu'en 1870. Après
avoir été attaché pendant une saison au Grand-
Théâtre de cette ville, comme premier violon,
M. Graff abandonna cette position pour se livrer à
l'enseignement. En 1864, il fonda, avec MM. Th.
Thurner et Aug. Tolbecque. des Sf'ances de mu-
si(|ue de chambre dans le but de f.ure connaître
les principales œuvres de l'école romantique.
Ces séances furent presque exclusivement con-
sacrées à l'aud'tion de fiagments de Schuin^nn,
Rubinstein, Brahms, Raff, Volkman, Bargiels,
Liiollf, Saint Saèns, etc. — Vers la fin de 1870,
M. Graff alla s'établir à Menton, où il réside encore
au moment où cette notice est écrite. Ayant été
chargé de divers travaux pour le roi de Portu-
gal, il a eu occasion de connaître la préférence
de ce souverain éclairé [tour le style religieux
des vieux maîtres italiens. Il a écrit dans cette
manière une messe à 2 voix avec accompagne-
ment d'orgue, qu'il lui a dédiée. Cette œuvre a
été exécutée en 1875 dans la chapelle royale de
Lisbonne, et a valu à son auteur la croix de
commandeur de l'ordre du Christ.
Voici le relevé complet des compositions de cet
artiste : « An revoir»; Idylle, 2 morceaux de
piano, chez Gloggl à Vienne-, — Tantumergo,
chez Diabelli, à Vienne; — Fantaisie dramati-
que pour violon el piano, chez Wagner, à Pesth ;
— Duo sur le Prophète pour piano et violon, chez
GRAFF — GRANDMOUGIN
413
Gloggl ; — Romances pour 4 voix, chez Diabelli ;
— 4 Lieder pour chaut, chez Scheel, à Cassel ; —
Diver.-es romances pour chant; — une ouver-
ture pour le drame de Don Carlos ; — Con-
cerstûck pour violon et orchestre; — 6 mor-
ceaux de salon pour piano ; — plusieurs fan-
taisies pour violon ; — Motel à 4 voix et orgue ;
— L'Hercule, opérette; — 6 feuillets d'Album
pour piano; — 2 chœurs pour voix d'hommes;
— trois qu^ituors pour instruments à cordes ; —
Une sonate pour piano et violon ; — 2 grandes
fugues pour orgue; — 2 danses hongroises
pour violon el piano ; — transcription d'une
mélodie hongroi-e; — une me&^e à 2 voix et
orgue; — une suite pour piano et violon.
La qu ilité maîtresse de ces diverses composi-
tions est la distinction : on peut dire qu'on n'y
rencontre jamais la moindre banalité. Le tour de
la pensée, le coloris, le style, les procédés, sont
ceux de I école contemporaine allemande.
Al. R — d.
* GRAFFIGJXA (Achille). Cet artiste a fait
représenter au Théâtre- Italien de Paris, le
22 mars 1865, un opéra sérieux intitulé la Du-
chessa di San Giuliano, qui n'obtint aucun suc-
cès, et qui n'était qu'une nouvelle édition, re-
maniée et modifiée, d'un ouvrage que l'auteur
avait produit antérieurement en Italie, sous le
titre de Veronica Cibo. Vers 1872, M. Graffigna
revint à Paris, amenant avec lui une troni)e ita-
lienne dont il était à la fois l'imprésario et le
chef d'orchestre, et donna avec cette troupe, au
petit théâtre de l'Athénée, qui était alors sans
directeur, quelques représentations de Lucia di
Latnernioor, de Donizetti. L'insuccès fut com-
plet, et les pauvres artistes, sans ressources à
Paris, eurent toutes les peines du monde à se
rapatrier. En 1875, M. Graffigna était maestro
concerlatore et chef d'orchestre au théâtre Gol-
doni, de Florence. Au nombre des productions
antérieures de cet artiste, il faut citer l'Assedio
di Malta, tragédie lyrique en 3 actes représen-
tée au théâtre Social d'Udine en 1854, et im
ballet qui fut l'une de ses premières productions
dramatiques, la Coriquistadi Granata, donné
sans succès au théâtre de la Scala, de Milan, le
19 octobre 1839. Il a publié aussi quelques ro-
mances, la Pipa, la Croce, Al Lido, il Ponte
del Diavolo , la Vita di un fiore, VAmor di
inoda , vna Lapide, VVltimo isiante di Fe-
lice Orsini, etc.
GRAGi\Ai\I (Antonio), luthier italien, vi-
vait <ians la première moitié du dix-hiiilième
siècle. On a vu à Londres, à l'Exposition du
Kensington- Muséum (1872), un par-dessus de
viole de cet artiste, à cinq cordes, daté de 1741.
GRA.VlMAi\i\ (Carl), compositeur alle-
mand contemporain , s'est fait connaître en ces
dernières années par plusieurs œuvres qui ont
été bien reçues du public, entre antres une sym-
phonie à grand orchestre, un quintette pour pia-
no el instruments à cordes , et une cantate,
Traver- Cantate, pour baryton solo, chœur et
orchestre. M. Grammann a heureusement abordé
le théâtre en faisant représenter à Wiesbaden ,
le 25 septembre 18"5, un grand opéra romanti-
que intitulé Mé usine , qui a été accueilli avec
une grande faveur. Depuis lors, ce jeune artiste
a écrit un second ouvrage dramatique, Thus-
nelda^ dont les journaux allemands ont annoncé
la-prochaine apparition, mais qui n'a pas encore
été produit à la scène.
* GRAXCINI (Michel-Ange). Un des ou-
vrages de cet artiste porte le titre suivant : Dell'
Armonia ecclfsiastica de' concerti a 1, 2, 3 e
4 voci, con una Messa, Magnificat, Litanie,
Falsobnrdoni, e canzoni francesi parimenti
a 4, Milan Rolla, 1622.
GRAND ( ), compositeur français, qui a
fait son éducation musicale sous la direction de
Niedermeyer, a fait représenter en 1862, sur le
théâtre de Limoges, un opéra-comique en 2 actes
intitulé Spavento.
GRAIVDI (FLORino Maria), chanoine régulier
de San-Salvator, né à Bologne, fut maître de
chapelle en cette ville, où il avait été élève d'A-
gostiiio Filipuzzi. Il fut secrétaire, puis, en 1688,
prince de l'Académie des Philharmoniques de sa
ville natale.
* GRAADIS (Vincent DE). On doit à ce
compositeur la musique de trois oratorios : 1° il
Nascimento di Mosè, exécuté à Modène en
1682 ; 2° la Caduta di Adamo; 3" il Matrimo-
niodi Mosè. De Grandis fut un instant maître
de chapelle du duc de Modène François II, du
1" janvier 1682 au 21 avril 1683. Ces renseigne-
ments, que je puise dans un livre bien informé,
la Cronistoria dei Teatri di Modena, me font
conclure à 1 inexactitude des dates données au
sujet de De Grandis dans le tome IV de la Bio-
graphie universelle des Musiciens.
GRANDJEAN (Axel), compositeur danois
dont le nom indique suffisamment une origine
fiançaisp, s'est pioduit pour la première fois à la
scène en donnant sur le théâtre de Copenhague,
au mois de mars ou d'avril 1876, un opéra inti-
tulé les deux Bracelets, dont il avait écrit les
paroles et la musique.
GRA!VDMOUGIi\ (Charles), écrivain, est
né à Vesoul (Haute-Saône), le 17 janvier t8ôO.
Employé au ministère de la guerre, M. Grand-
mougin, après avoir livré au public un volume
414
GRANDMOUGIN — GRANDVAL
de poésies intitulé les Siestes , a publié une
Esquisse sur Richard Wagner ( Paris, Dii-
rand-Sciiœneweik, in-8° de 75 pp ), qui n'est
qu'une apologie non raisonnée du système Jet
des œuvres du fameux musicien allemand.
M. Granitmous'n est aussi l'auteur d'un poënie
d'oralorio intitulé la Vierge, que M. Massenet
a mis en musique et qui n'a pas encore été exé-
cuté. Il donne des articles de critique musicale
au journal la Vie Idiéraire.
• GRA1\DV.\L ( ^IcoL\s RACOT DE).
Ce n'est pas pour une troupe de comédiens am-
bulants , mais bien pour la Comédie- Française
elle-même , que cet artiste écrivit la mu.sique
d'une foule d'airs et de divertissements. Tous les
témoignages contemporains s'accordent à ce su-
jet , et le chevalier de Mouby , dans l'im des
suppléments (celui de 1754 ) de ses Tablettes
dramatiques, dit expressément : « Grandvalest
auteur d'une comédie intitulée le Valet astrolo-
gue, qui a été représentée à Rou-n en 1C97, et
de la musique dune partie des divertissemens
qui ont été exécutés au Tliéàlre-Français pendant
environ 40 ans. » Voici une bonne partie des litres
des pièces pour lesquelles Grandval a écrit de la
musique: les Vendanges {\G9i), les Trois Gas-
cons (1701), le Port de mer (1704), le Diable
boiteux {1707), la Foire Saint- Laurent (1709),
r Usurier gentilhomme (1713), le Prix del'Ar-
qiiebuze {1717), le Curuux de Reims (1725),
la Tragédie en prose, les Réjouissances pu-
bliques (1729), le Divorce (1730), le Mari cu-
rieux (1731), les Acteurs déplacez, le Mariage
par lettre de change (1735), la Rencontre
imprévue (1735), les Originaux (1737), le Fat
puni, le Consentement forcé (1738), Ésope au
Parnasse (i7Z9) , l'Oracle , Joconde (|740),
Deucalion et Pyrrha , les Masques ou le Bal
de Passy, les Souhaits (1741), la Fête d'Au-
teuil. Amour pour amour (1742), Vlsle sau-
vage, Zénéide (1743), VHeureux retour, les
Grâces, l'Algérien, le Quartier d'hiver (1744),
la Folie du jour, l'Étranger [i'/iô), le Rival
de lui-même (1746), le Plaisir {,17 k7), Vlsle
des Vieillards (1748), l'Heureux indiscret
(1751), etc., etc. On voit que Grandval a écrit
ainsi pour le théâtre pendant au moins 55 ans.
GRAi\DVAL(MARIE-FÉLlClK-CLÉMENCEDE
REIStT, vicomtesse DE), compositeur et l'un
des membres les plus actifs de la jeune école
musicale française, est née au château de la
Cour-du-Bois (Sarthe), propriété de la famille de
Reiset, le 21 janvier i830. Quoique sa haute si-
tuation et son état de fortune ne fassent consi-
dérer M"'' de Grandval que comme un amateur,
elle est cependant douée de facultés assez re-
marquables et d'une puissance de production
assez rare, surtout chez une femme, pour qu'on
puisse sans complaisance lui accorder le titre
d'artiste. Dès l'âge de six ans elle étudiait la
musique, et à douze ou treize ans elle s'exerçait
déjà à la composition sous la direction de M. de
Flotow, qui était au nombre des amis de sa fa-
mille. Celui-ci ayant quitté la France peu d'an-
nées après, laissa tiè^-incomplète l'éducation de
son élève , qui cependant se mit à composer de
la musique instrumentale , d'assez nombreuses
mélodies vocales, et à ébaucher quelques opéras ;
mais ces essais étaient fort imparfaits, et bien
des années furent perdues pour elle, par suite
de son inexpérience dans l'art d'écrire et d'ins-
trumenter.
Cependant, M"' de Reiset, devenue vicomtesse
de Grandval, conservait un vif amour de la
musique ; elle résolut de refaire eu entier son
éducation musicale, et se mit dans ce but sous
la diretlion de M. Camille Saint-Saëns. Après
deux années d'etuf!essérieuses et ininterrompues,
elle avait atteint le résultat qu'elle désirait, et se
vit en étal d'écrire correctement et de rendre
exactement ses pensées. Depuis lors, M*"* de
Grandval , rattrapant le temps perdu, n'a cessé
de produire, et son inspiration s'est révélée
sous les aspects les plus divers : musique dra-
matique, symphonie, musique religieuse, mu-
sique instrumentale , elle a abordé successi-
vement tous les genres, en faisant preuve dans
chacun d'eux sinon d'un génie supérieur, du
moins d'un talent véritable, d'une imagination
bien douée et d'une faculté productrice dont
la vigueur est incontestable.
Voici une li.ste des œuvres de M"* de Grand-
val que je crois bien près d'être complète. —
Musique dramatique : 1° Le Sou de Lise, opé-
rette en un acte, BoulTes-Parisiens, 1859 (sous le
pseudonyme de Caroline Blangy) ; 2° les Fian-
cés de Rasa, opéra-comique eu un acte, Théâtre-
Lyrique, 1^"^ mai 1863 (SOUS le pseudonyme de
Clémence Valgrand); 3" la Comtesse Ei a ,
opéra-comique en un acte , théâtre de Bade ,
7 août 1864 ;4° la Pénitente, opéra-comique en
un acte, Opéra-Comique, 13 mai 1868; 5° Pic-
colino, opéra italien en 3 actes, Théàtre-Itaien,
5 janvier 18G9; G" la Foret, poème lyrique en
3 parties (paroles et musique) pour soli, chœurs
et orcliestre, exécuté à la salle Ventadour le
30 mars 1875. — Musique religieuse. 1° Messe
à trois voix , chœurs et orchestre , exécutée à
l'Athénée le 1" avril 1867 ; 2° Messe brève, pour
voix de soprano; 3" stabat Mater, pour soli,
chœurs et orchestre, exécuté au Conservatoire ,
au profit d'une œuvre de bienfaisance , au mois
GRANDVAL — GRAS
415
(l'avril 1870; 4" Sainte- Agnès, oratorio, exéculé
à rodéon, dans un concert spirituel, le 13 avrd
1876 ; 5" Pa/er noster pour soprano, avec piano
et orgue; G° Osalutaris, pour soprano; 7° 0
salutaris, pour soprano et contralto. —Musique
INSTRUMENTALE. 1° EsQuisses symphoiiiqucs,
exécutées aux Concerts populaires le 8 mars
1874 ; 2° Suite pour flûte et piano ; 3" l"" Trio
pour piano, violon et violoncelle, op. 7, Paris,
Leraoine; 4" Grande sonate pour piano et violon,
op. 8, ib., ib.; 5° 1" et 2^ Nocturnes pour piano,
op. 5 et 6; 6'' Concertino pour violon ; 1° Musette
pour violon. — Musique vocale. 1° Jeanne
d'Arc, scène pour contralto, avec piano et orgue ;
2° Album de sept mélodies {Barcarolle, la
Cloche, Consolatrix, Chant d'hiver, la Fleur,
le Grillon, Promenade) ; 3" les Lucioles, rê-
verie pour mezzo-soprano, violon-solo, piano et
orgue; 4" Rose et Violette, duo pour deux so-
pranos ; 5° le Bal, valse chantée ; 6° enfin, di-
verses uélodies, rêveries et chansons : l'Attente,
Pâquerette. Chnjsa, les Clochettes, Trilby,
Rosette, Chanson, Mignonne, Ne le dis pas,
Dieu seul peut tout savoir. Rappelle- toi, la
Jeune Fille et le Lys, Chanson de la coquille,
Si tu ni'aimais, Chanson de Barberine, la Pi-
leuse, l'Étoile du soir. Myosotis, Ne grandis
pas, Juana, le Petit oiseau, le Rendez-vous,
la Sirène, la Source, etc., etc. Entre autres
ouvrages, M"'" de Grandval a en manuscrit un
grand opéra en quatre actes et une ouverture
de concert.
GR AIMER ( ), violoncelliste, vivait au
dix-huitième siècle. 11 n'est mentionné ici que
parce qu'il est un des artistes auxquels on a
prétendu attribuer la paternité de la musique du
Devin du village, aux dépens de Jean-Jacques
Rousseau. Dans une brochure signée par un
comédien nommé De Marigiian et publiée en ré-
ponse à un article du Journal encyclopédique
sur ce sujet : Éclaircissements donnés à l'au-
teur du « Journal encyclopédique » sur la
musique du « Devin du t illage » (Paris, Du-
chesne, 1781, in-8'') , lauteur, pour disculper
Rousseau de son prétendu vol de la musique de
cet ouvrage, vol qui aurait été commis en 1750
au préjudice d'un nommé Garnier ou Granier,
habitant Lyon, donne les renseignements sui-
vants. — « Si elle (la musique du Devin) était
d'un Garnier, elle ne pouvait pas venir de Lyon,
puisqu'il n'y avait à Lyon aucim musicien com-
positeur de ce nom-là en 1750. J'étais à Lyon
en 1749; j'y revins en 1751, et j'y restai jusqu'en
1758. Comme j'aime la musique, et que je chan-
tais alors, je connaissais tous les musiciens qui
pouvaient avoir quelque réputation. J'y ai connu
ce Grenet (qui était en cause aussi) , et j'y ai
connu un Granier, et non un Garnier, mais ce
Granier était à Grenoble et à Chambéry en 1750,
où il avait épousé la nièce de Madame Legrand,
épouse de Legrand, comédien français, et pour
lors directrice d'une troupe de comédiens. Ce
Granier ne vint à Lyon qu'en 1751. Celait un
excellent violoncelle, qui n'avait alors que quel-
ques faibles notions de la composition, (|u'il ap-
prit ensuite de l'abbé Roussier. Ce Granier n'a
de sa vie composé d'autre musique vocale que
quelques vaudevilles. Il ne commença même de
composer de petits airs de danse qu'en 1757 ; et
ce fut pour les ballets ingénieux de M. Noverre;
encore ces airs lui étaient-ils, pour ainsi dire,
dictés et calqués par cet admirable artiste, qui
lui en indiquait ^e^prit et le caractère. Lorsqu'on
donna, pour la première fois, en 1754, le Devin
du Village à Lyon, ce Granier jouait de la
basse dans l'orchestre. Si la musique eût été de
lui, il aurait pu s'en faire honneur : il n'.y aurait
pas manqué. Ce Granier vint à Paris en 1760;
Il entra musicien dans l'orchestre de la Comé-
die-Italienne; il y a composé quelques airs de
ballets; il resta quelques années à ce théâtre,
après lesquelles il retourna à Lyon , où il est
mort il y a environ quatre ans.... En voilà , je
crois, suffisamment. Monsieur, pour vous prou-
ver que la lettre que vous avez reçue de Lyon
ne pouvait pas être d'un homme qui n'y était
point, et que ce même homme, qui ne savait pas
la composition en 1751, n'avait pas pu composer
la musique du Devin du Village en 1750 »
GRAS (Victor), violoniste, époux de la can-
tatrice M'"" Dorus-Gras, naquit en 1800, et s'a-
donna de bonne heure à l'étude du violon. Admis
au Conservatoire de Paiis, il y devint élève de
Baillot, et remporta d'emblée un premier prix
au concours de 1825. Il fut ensuite attaché à
l'orchestre de l'Opéra en qualité de premier vio-
lon. Cet artiste est mort à Étretat , au mois de
juillet 1876.
* GRAS ( Madame Julie-Aimée-Josèphe
DORUS), femme du précédent, est née à
Yalenciennes, non en 1807, mais le 7 septem-
bre 1804. Dans une série de notices biographi-
ques publiées sous ce titre : Écrivains et
Artistes vivants, français et étrangers, par
MM. Xavier Eyma et Arthur de Lucy, il a été
donné une biographie de cette cantatrice distinguée
(Paris, 1840, in-16, avec portrait). Il est utile de
signaler aussi, ne fût-ce que pour prémunir les his-
toriens à venir contre toute fâcheuse interpréta-
tion, une publication d'un autre genre. En 1874
a été publié en allemand , à Cassel, un prétendu
roman historique, intitulé la Sibérie ou ^e* Dé-
416
GRAS — GRASSI
classés du 14 décembre , par M. le baron de
Grasshoff (2 volumes). Le sujet de ce roman est
la grande conspiration militaire rasse de 1825,
et les « déclassés » sont les malheureux qui Cu-
rent internés en Sibérie apr^s l'effondrement de
leurs projets. L'auteur a jugé à propos d'entre-
mêler au récit du drame qu'il voulait retracer
les incidents d'une intrigue amoureuse dans
laquelle, on ne saurait dire pourquoi, se trouve
mêlé le nom de l'artiste qui fut M"» Dorus, et
dont il fait la maîtresse d'un prince moscovite.
Ce manquement aux convenances sociales les
plus élémentaires a été relevé en ces termes par
la Revue de Belgique, qui, dans son n° du 15
septembre 1874, rendait compte de l'écrit en
question : » Il est regretable que M. de Grass-
hoff soit allé choisir précisément le nom d'une
artiste du plus grand talent et vivant encore, poiu-
en faire une des hémines de son drame. M'"" Do-
rus, qui fit, avant 1830, ses débuts au théâtre
royal de Bruxelles, a été entourée, dans tout le
cours de sa carrière lyrique, d'estime et de
respect. Nous tenons à le rappeler, à cause du fait
qui précède et de ceux qui suivent »
GRASSAKI (Mademoiselle GLRARD,
dite),chanteuse fort distinguée, qui pendant douze
ans occupa une situation brillante à l'Opéra, na-
quit à Tongres(Belgique), vers 1793. « Elle est (di-
sait un biographe à l'époque de ses plus grands
succès) l'unique fruit d'un mariage contracté
entre le baron Gérard, lieutenant-général, et la
fille du bourgmestre de la ville de Tongres. Par
suite d'un divorce entre les auteurs de ses jours,
mademoiselle Gérard fut placée sous la surveil-
lance immédiate de sa mère, jusqu'en 1814,
époque à laquelle elle fut conduite à Paris au-
près de son père (i). »
Douée d'heureuses dispositions, la jeune per-
sonne avait étudié la musique tlans son pays
natal. Arrivée à Paris, elle entra au Conserva-
toire, où elle termina son éducation artistique
et où elle resta jusqu'au commencement de lsi6.
Engagée à l'Opéra, elle y débuta le 13 février de
cette année, en adoptant pour le théâtre le nom
de Grassari, qu'elle ne quitta jamais depuis.
C'est dans le rôle d'Antigone iV Œdipe à Co-
lone, que M"" Grassari se montra pour la pre-
mière fois au public. Son succès fut très -flatteur
et très-vif , et , après avoir ohlenu le titre de
premier remplacement, elle devenait au bout
de peu d'années chef d'emploi et faisait succes-
sivement d'importantes créations dans les Dieux
rivaux, Aspasie et Périclès, Stratonice, Ala-
din ou la Lampe merveilleuse, les deux Sa-
(I) Galerie biographique des artistes dramatiques des
théâtres royaux, l'aris. Barba, 1826, in &".
lem,Virginie, Vendômeen Espagne, TMsthénie,
Ipsiboé, la Belle ou bois dormant, Pfiara-
mond et Don Sanche. De la grâce , de la no-
blesse, une taille élégante, une jolie figure , une
voix étendue, flexible et d'une rare justesse , un
excellent sentiment de la scène, telles étaient les
qualités qui distinguaient M"'' Grassari comme
femme, comme actrice et comme chanteuse. Sa
carrière, cependant, n'eut qu'une durée mo\enne,
et après douze années de bons et brillants ser-
vices, en 1828, cette artiste remar<|uable quitta
la scène où elle avait obtenu de nombreux siuxès.
A partir de ce moment, on n'en entendit plus
parler.
GRASSI (Gilseppe-Napoleone), violoniste,
naquit à Casal-Montferrat (Piémont), le 7 juillet
1806. Fils d'un peintre di.<tingué, il devait em-
brasser la même carrière que son père , mais il
préféra apprendre la musique. Il eu! pour profes-
seur de violon un élève du fameux Pugnani,
dont il prit des leçons pendant dix -huit mois,
puis il continua seul .ses études. Il avait quatorze
ans lorsque son père, se rendant en Russie, l'em-
inena avec lui, et deux ans après il entrait en
qualité de premier violon dans l'orchestre d'un
riche amateur, le comte Goudovitch. A vingt ans
il entreprit un voyage artistique en Allemagne,
visita Vienne et plusieurs autres grandes villes,
puis retourna à Moscou, où il fut engagé comme
violon-solo au Théâtre-Impérial. Il organi>a alors
des séances musicales exclusivement cmsacrées
par lui à l'exécution des quatuors de Beethoven,
et il fut proclamé le roi de ces séances , dont le
succès était énorme. En 18^0 il vint pour la pre-
mière fois en France, se fit entendre à Paris,
donna cinq concerts à Lyon, puis se produisit à
Marseille et dans d'autres grandes villes. Il visita
ensuite les principales villes de l'Italie, retourna
en Russie, se rendit en Belgique au mois de dé-
cembre 1846, et au mois de janvier suivant re-
partit de nouveau pour la Russie. Depuis lors,
on n'a plus entendu parler de lui.
GRASSI (Gicsf.ppe), pianiste et compositeur,
issu d'une ancienne et noble famille bolonaise,
est né à Pahni, dans la Calabre, le 2ii février
1825. Dès l'âge de huit ans, il commença l'étude
du piano sous la direction de la signora Rot>=>
Savoia, .sœur du fameux Manfroce, puis avec
Carmelo Jonila. Quelques années après il vint à
Naples, termina ses études avec un maître alle-
mand resté inconnu , puis travailla l'harmonie et
la composition avec Gaetano Rolondo, après
quoi, ayant accompli sa dix-neuvième année, il
se consacra à l'enseignement et à la composition.
M. Grassi a publié près de 200 œuvres pour le
piano et pour le chant, et il a fait représenter ou
GRASSI — GRAZIANI
417
exécuter les ouvrages suivants : 1" la Ver'jine
ciel Castello, opéra sérieux en 3 actes (Naples,
th. Niiovo, 1845); 2° Don Procopio a Cardi-
iiello ossia N'aschita a ht Ftisaro (ib., ib., 10
mars 38'j9); 3" i Tre Matrimoiiii (id., id.,
25 août 1852) ; 4° Melodramma in onore di
S. Rocco, proietiore délia città di Palmi, can-
tate (Palmi, IG août 1840) ; 5° Caninta in onore
délia Madonna délia Monlagna (Radicena,
8 septembre 1850); 6° la Guida e il Solitario,
cantate pour la fête de la madone des pauvres
(Seminaria, 15 août 1857). — Le fils de cet ar-
tiste, M. Pieiro Grossi, élève du Conservatoire
de Naples, est un pianiste distingué.
- GRASSOIVI (Giovanni), compositeur, ancien
professeur de cliant à l'école normale d'Ancôue,
naquit en cette ville vers 1819. Passionné pour
la musique, il apprit les rudiments de cet art
avec un chanteur obscur, tenta ensuite de s'ins-
truire seul à l'aide de traités spéciaux , et enfin
compléta ses connaissances sous la direction
d'un professeur nommé Giuseppe Bornaccini. Au
bout de quelques années, il fit jouer sur le
théâtre d'Ancône un opéra intitulé Matilde di
Valdelmo, dont le très-grand succès ne Paida
pourtant pas dans la suite de sa carrière. En
butte à des infortunes incessantes, M. Grassoni
fut réduit à accepter la situation de chef de
chœurs dans les théâtres de diverses villes d'I-
talie, fonctions qu'il exerce en ce moment (1875)
à Manfoue.
GRAST (Franz), compositeur suisse, né vers
le commencement de ce siècle, est mort à Ge-
nève an mois de mai 1871. Je n'ai d'autres ren-
seignements sur cet artiste que la courte notice
suivante, qui fut publiée à l'époque de sa mort
dans un journal spécial de Bruxelles, le Guide
musical : « Franz Grast avait écrit depuis cin-
quante ans la musique de presque toutes les
grandes solennités religieuses et patriotiques de
la Suisse, notamment des deux dernières Fêles
des Vignerons, de Vevey. C'était un esprit très-
distingué et le meilleur homme du monde; il
avait eu à Paris son jour de fortune, des amitiés
illustre» et très-diverses. Il était presque par-
venu à associer, pour lui faire un librelto d'o-
péra, Scribe et George Sand. » Franz Grast est
l'auteur de l'ouvrage suivant : De l'harmonie
moderne et de son union avec la mélodie,
traité théorique et pratique d'harmonie, de mé-
lodie et d'accompagnement (Paris, Richault,
in-S").
GRAUD (Albert), compositeur, a fait re-
présenter sur le théâtre d'Oran (Algérie) , le 24
février 1872, un opéra bouffe en 3 actes, intitulé
la Diffa, ou un Douar à Venvers.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
* GRAVRAiVD (Jacques-François-Urbain,
et non Joseph), violoniste, est mort à Caen noa
en 1847, mais le 16 juillet 1854.
GRAZIANI (LoDovico et Francesco), chan-
teurs italiens renommés , le premier ténor, le
second baryton, ont aci|uis dans leur patrie et à
l'étranger une ré()utation .solide , suffisamment
justifiée par leur remarquable talent. Né à Fermo,
dans les États-Romains, au mois d'août 1823,
M. Lodovico Graziani, dont la voix de ténor était
à la fois puissante et suave, débuta d'abord au
théâtre Valle, de Rome, se fit enlendre ensuite
avec le plus grand succès à Milan, Florence,
Naples, Palerme, Turin, Venise, puis fit un assez
court séjour à Paris (1858), fut engagé à Lon-
dres, et de là se rendit à Barcelone, où il de-
vint l'idole du public. Il était surtout remarqua-
ble dans Rigolelto, il Giuramento, un Ballo
in moschera et i Vespri siciliani , et tout
particulièrement dans le rôle d'Alfredo de la
Traviata, que M. Verdi avait écrit expressément
pour lui II mit le comble à sa renommée par les
succès qu'il obtint à Vienne en 1860.
Son frère, M. Francesco Graziani, né à Fermo
le 26 avril 1829, se distinguait aussi par la puis-
sance et en même temps le velouté de sa superbe
voix de baryton. Après avoir eu pour maître,
dans sa ville natale, un professeur nommé Cel-
lini, il débuta avec succès à Ascoli dans la
Gemma di Vergij, de Donizetti , puis se pro-
duisit sur les théâtres de Macerata, de Chieti,
de Pise et de Florence. II vint à Paiisen 1854,
fit presque aussitôt un voyage à New-York, puis,
de retour en France, resta attaché jusqu'en 1861
à notre Théâtre-Italien, où il passait toutes les
saisons d'hiver, tandis que le Ihéàlre de Covent-
Garden, de Londres, l'engageait pour les saisons
d'été. Son talent de chanteur, tout à fait formé
à cette époque , était des plus remarquables, et
il ne se montrait pas moins habile sous le rapport
du jeu scénique. Les amateurs de notre scène
italienne n'ont certainement pas oublié un artiste
si distingué, et les triomphes qu'il obtint dans
plusieurs rôles, notamment dans Bi'joletto ,
ne se sont pas effacés de leur mémoire. En
1861, M. Graziani fut engagé pour trois années à
Saint-Pétersbourg; en 1866, il reparut à Paris,
mais sa voix était déjà fatiguée, et il ne retrouva
plus qu'une partie des succès qui l'avaient fait
acclamer naguère dans il Trovatore, Don Gio-
vanni, Maria di Rohan, Lucia di Lamermoor,
Ernani, Otello , il Giuramento, il Barbiere,
la Traviata, etc. Aujourd'hui il n'est plus que
l'ombre de lui-même, et cependant on sent en-
core, en l'entendant, qu'on est en présence d'une
intelligence artistique de premier ordre.
T. I. 27
418
GRAZIANI
GREGOIR
GRAZIAI\I (Le comle Massimiliano), noble
araateurita)ien,aécrit la musique de deux ballets-
divertisseinents en un acte , représentés tous
deux au Théâtre-Italien : il Basilico (18 novem-
bre 1865), et la Fidanza/a valacca (19 mars
J8G6). M. le comte Graziani a publié un assez
grand nombre de morceaux de musique de
danse.
GREGOIR (Jacques-Mathieu-Joseph), pia-
niste et compositeur, naquit à Anvers (Belgique)
le 18 janvier 1817. II montra des dispositions
précoces pour la musique, et à peine âgé de huit
ans il exécutait en public, avec succès, le con-
certo en si bémol de Dussek. Il travailla alors
avec un organiste distingué, nommé Homans,
puis, après la révolution de 1830, fut envoyé
par sa famille à Paris pour s'y perfectionner, et
devint en cette ville l'élève de M. Henri Herz.
Une maladie grave l'obligea, peu d'années après,
à retourner auprès des siens pour y prendre un
repos nécessaire, et bientôt Gregoir partait avec
son jeune frère pour l'Allemagne, afin d'y par-
faire son éducation musicale. Il prit en ce pays
des leçons du fameux pianiste Chrétien Rummel,
et au bout de deux années (1837) revint à Anvers,
où il obtint de grands succès en se faisant enten-
dre dans plusieurs concerts.
Depuis lors, et tout en consacrant une partie
de son temps à l'enseignement, Gregoir se livra
activement à la composition. Après avoir fait
exécuter à Anvers un Lauda Sion pour chœur
et orchestre, il y fit entendre, en 1847, un grand
poème musical intitulé Faust, ot l'année sui-
vante donna au théâtre royal de cette ville un
opéra en trois actes, le Gondolier de Venise ,
qui fut accueilli favorablement par le public.
Il dirigeait à cette époque l'orchestre de ce théâ-
tre, et était placé h la tête d'ime société cho-
rale allemande. En 1848, il quittait sa ville na-
tale pour aller s'établir à Bruxelles, devenait en
1849 professeur de musique au pensionnat an-
glais de Bruges, et en 1850 se fixait de nouveau
à Bruxelles, ce qui ne l'empêcha pas de faire de
nombreux voyages à l'étranger, et de s'y faire
applaudir comme virtuose et comme composi-
teur pour son instrument. Il obtint surtout de
grands succès dans une tournée qu'il fit en Al-
lemagne, avec le célèbre violoncelliste Servais.
Le nombre des œuvres que Joseph Gregoir a
publiées pour le piano s'élève à plus d'une cen-
taine. On doit surtout signaler parmi les plus
importantes : 1° Marche solennelle, composée
pour le Ib" anniversaire tiu règne de Léopold I" ;
— 2° Marche triomphale à l'occasion du mariage
du duc de Brabant et de l'archiduchesse Marie
d'Autriche ; — 3'' Aux mânes de Meyerheer,
marche funèbre ; — 4° Concerto, op. 100; —
5° 6 Poésies musicales, op. 51 ; — 6° Méditations
musicales, op. 55; — 7" 12 Compositions nou-
velles en forme d'études, op. 66 ; — 8° Souvenir
d'Ostende, étude de concert, op. 53; — 9° l'É-
tude du diable, op. 56; — 10" Trois légendes
(1. Pensée intime; 2. Conte d'enfant ; 3. In-
vocation), op. 93 ; — 11° les Feuilles volantes,
six romances sans paroles (1. Au loin; 2. Mer
calme; 3. Rêverie; 4. Oiseau messager ; b.
r Automne ; 6. Mazurka de salon), op. 95 ; —
12" six morceaux de salon, op. 98 ; — 13° Étu-
des de moyenne force; — 14° 24 Éludes de
style et d'expression, en 4 livres, op. 101; —
15° 24 Études de style et de mécanisme, en 4
livres, op. 99; puis un grand nombre de mor-
ceaux de genre, de transcriptions, de fantaisies
et mélanges sur des airs d'opéras, et enfin des
duos pour piano et violon ou pour piano et vio-
loncelle, dont un écrit en société avec M. Henri
Vieuxtemps , 50 avec M. Léonard , et 24 avec
Joseph Servais. Cet artiste extrêmement distin-
gué, aussi exrellent professeur qu'habile exécu-
tant, est mort à Bruxelles le 29 octobre 187G.
GREGOIR (EDOUARD- Georges -Jacques),
pianiste, compositeur et écrivain sur la musique,
frère du précédent, est né à Turnhout le 7 novem-
bre 1822. Après avoir commencé ses études musi-
cales dans son pays,il alla les achever avec son frère
en Allemagne, et partit en 1837 pour Bieberich, où
il reçut des leçons d'un pianiste renommé, Chré-
tien Rummel , maître de chapelle du duc de
ISassau. En 1841, il se faisait entendre avec succès
à Londres, dans les concerts ; en 1842, il faisait
un voyage artistique avec les célèbres violonistes
Teresa et Maria Milanoilo; en 1847 et 1849, il
faisait entendre diverses compositions à Amster-
dam et à Paris ; peu de temps après, il devenait
professeur à l'école normale de Lierre , et enfin
il se fixait à Anvers, qu'il n'a pas quitté depuis
plusieurs années.
Dès 1844, M. Gregoir s'occupa de réformer
les méthodes et les systèmes d'enseignement en
usage dans les écoles populaires, et publia sur
ce sujet différents ouvrages qui eurent l'appui du
gouvernement, par lequel il se vit bientôt chargé
d'organiser l'enseignement du chant d'ensemble
dans l'armée belge. Il a été aussi l'un des pro-
pagateurs les plus actifs de l'harmonium en Bel-
gique, et donna à Anvers, en 1859, toute une
série de séances publiques destinées à faire con-
naître cet instrument et à en répandre l'usage.
M. Gregoir a fait preuve d'une réelle fécondité
comme compositeur; il a écrit un assez grand
nombre d'opéras, des odes-symphonies, des ora-
torios, des ouvertures , des chœurs, de« lieder.
GREGOIR — GREIVE
419
de» chants populaires, etc., ainsi que de nom-
breuses œuvres de musique religieuse : Te Deum,
messes, motets, qu'il a fait exécuter à la catiié-
drale et dans diverses églises d'Anvers. Il s'est
aussi beaucoup occupé de littérature musicale,
et, chercheur ardent et infatigable, il s'est donné
pour mission de mettre en lumière tout ce qui
pouvait contribuera enrichir l'histoire de la mu-
sique et des musiciens flamands. 11 serait à sou-
haiter que dans son désir de bien faire M. Gre-
goir, travaillant avec moins de rapidité, prît un
peu plus de souci de la forme littéraire, fit par-
fois un choix plus judicieux dans les documents
publiés par lui, et n'accordât pas la même im-
portance à des faits [sans valeur qu'aux rensei-
gnements vraiment utiles et dignes d'intérêt.
Quoi qu'il en soit , les recherches multipliées
de M. Gregoir lui ont procuré la bonne for-
tune de plus d'une [découverte intéressante et
heureuse, ^et, sous le bénéfice des réserves qui
viennent d'être indiquées, ses travaux pour-
ront être consultés avec profit par les historiens
de l'avenir, à la condition de rejeter ce qu'ils
contiendront de superflu. M. Gregoir possède
d'ailleurs une bibliothèque fort riche non-seule-
ment en musique proprement dite, mais en ou-
vrages didactiques et historiques relatifs surtout
à l'art flamand.
Voici une liste des compositions les plus im-
portantes de cet artiste très-actif et très-labo-
rieux : 1° Les Croisades , symphonie historique
en 4 parties (Anvers, 1846); — 2" la Vie, drame
lyrique (Anvers, 6 février 1848); — 3" le Dé-
luge, oratorio symphonique (Anvers, 31 janvier
1849) ; — 4° Hommage à Henri Conscience,
ouverture (Anvers, 185t) ; — b" De Belgen in
1848, drame national avec ouverture, airs, duos
et chœurs (Bruxelles, 1851); — 6° la Dernière
nuit du comte d'Egmont (Bruxelles, 1851) ; —
7" Ouverture en ut majeur (Nieuport, 1852) ; —
8° Leicester, drame mêlé de musique (Bruxelles,
13 février 1854); — 9° Willein Beukels, opéra-
comique flamand en un acte (Bruxelles, th. du
Cirque, 21 juillet 1856). M. Gregoir a publié une
Méthode théorique de l'orgue , deux Méthodes
de musique , une centaine de chœurs pour voix
d'hommes, de nombreuses compositions pour le
piano, pour l'orgue et pour le violon , des re-
cueils de lieder et de chants populaires, un re-
cueil de 4 morceaux pour harmonium ou orgue,
un autre recueil de 6 morceaux pour harmonium,
etc., etc. Il a écrit encore la Belle Bourbon-
naise, opéra-comique en 2 actes, et Marguerite
d'Autriche, grand opéra en 3 actes.
M. Edouard Gregoir a collabor.é à un grand
nombre de journaux : le Guide musical . la
Belgique musicale , la France musicale, la
Plume, la Fédération artistique, etc. De plus,
il a publié un grand nombre d'écrits ; 1° Essai
historique sur la Musique et les Musiciens
dans les Pays-Bas, Bruxelles, Schott, 1861,
in-4° ; — 2" les Artistes musiciens néerlan-
dais, idem., idem., 18C4, in-8" (2"= édition, aug-
mentée, de l'ouvrage précédent) ; — 3° Galerie
biographique des artistes musiciens belges du
XVIII' et du A7à'« siècle, idem., idem., 1862,
in-S" ; — 4° Documents historiques relatifs à
Vart musical et aux artistes musiciens,
idem., idem., 1872-76, 4 volumes in-8"; —
5" les Artistes musiciens belges, réponse à un
critique de Paris, idem., idem., 1874, in-S" ;
— 6° Notice sur Vorigine du célèbre compo-
siteur Louis Van Beethoven , suivie du testa-
ment de rUlustre maître, Anvers, Jorsen, 1863,
in-8° ; — 7° Becherches historiques concernant
les journaux de musique, depuis les temps
les plus reculés jusqu'à nos jours, Anvers,
Legros, 1872, in-S"; — 8° Histoire de l'Orgue,
suivie de la biographie des facteurs d'orgue
et organistes néerlandais et belges, Bruxelles,
Schott, 1865, in-8"; — 9° Du chant choral et
des Festivals en Belgique : Fédération chorale
anvefsoise, Anvers, Delamontagne, 1865 in-
8° ; — 10'' Panthéon musical, Bruxelles Schott,
1876, 6 vol, in-8°; etc., etc. (1).
GREIVE (Guillaume-Frédéric), violoniste
et compositeur, naquit à Amsterdam en 1816.
Après avoir étudié le violon avec Kleine et Rob-
berechts, il vint se fixer à Paris, où il entra
comme alto à l'orchestre du Théâtre-Italien. De
1850 à 1860, il fit exécuter, soit à la société
Sainte-Cécile, dirigée par M. Seghers et dont il
était membre, soit dans des concerts donnés par
lui, divers morceaux de musique instrumentale
qui décelaient un talent solide, réel et sérieux.
Il fit aussi représenter sur le théâtre de Bade,
en 1863, un opéra-comique en un acte, la ISeu-
vaine de ta Chandeleur, qui fut très -bien ac-
cueilli. Lorsque, vers la même époque, Fé-
licien David conçut le projet, ensuite abandonné,
de fonder une grande entreprise de concerts
(dans la rue Richer, à l'endroit où l'on a établi
depuis le spectacle des Folies-Bergère), il avait
choisi Greive pour son chef d'orchestre. Atteint
d'une gastrite, cet artiste modeste et distingué
est mort le 19 septembre 1865, après deux an-
nées de souffrances. On a publié de lui : 1° Vac-
(1) Je dois à M. Edouard Gregoir la communication
d'un grand nombre de cotes qui m'ont été utiles pour ce
Dictionnaire supplémentaire, et j'ai mis à contribution
plusieurs de ses écrits, en lui laissant d'ailleurs la res-
ponsabilité de ses renseignements.
420
GREIVE — GRENIER
cord du violon, avec accompaguement de pia-
no , Paris, Gérard ; 2" La première gamme, id.,
id., id.; 3° La première syncope, id., id., id.
* GRELL (Edouard-Auguste), directeur de
l'Acadeime de chant de Berlin, est l'un des ar-
tistes les plus versés dans la connaissance de
l'ancienne musique d'église, surtout dans ie style
de Palestrina , et l'un de ses plus grands ad-
mirateurs. Né à Berlin le 6 novembre 1800 (et
non en 1799), il commença dès l'âge de six ans
l'étuile de l'orgue sous la direction de J. Charles
Kaulfmann , devint à seize ans organiste de
l'église de Saint-Nicolas, et en 1839 fut appelé à
remplir les mêmes fonctions à la ca'.liédrale.
M. Grell a formé un grand nombre d élèves dis-
tingués. Parmi ses compositions , il laut citer
plusieurs ouvertures, et un oratorio : les Israé-
lites dans le désert.
* GRENET ( ), est l'un des musiciens
auxquels, en haine de Jean-jHcques Rousseau,
on a voulu attribuer la musique du Devin du
Village. Il habitait Lyon à l'époque (1750) où
l'on prétendit qu'il avait écrit à Paris une lettre
à ce sujet. En réponse i un article paru sur ce
fait dans le Journal encyclopédique, un comé-
dien nommé de Marignan publia une brochure
destinée à défendre la mémoire de Rousseay ou-
tragée : Éclaircissement s donnés à Pauleur du
« Journal encyclopédique » sur la musique
du « Devin du Village » (Paris, Duchesrie,
1781, in-S"). Dans cette brochure, écrite avec
sincérité et vivacité, l'auteur, après s'être expli-
qué d'abord au sujet d'un autre musicien nommé
Granier [Voyez ce nom), parle ainsi en ce qui
concerne Grenet : — « J'ai connu Grenet tout
aussi particulièrement que Granier; je l'ai moins
fréquenté , puisqu'd est mort vingt ans avant
(ce dernier). Il était maître de musique du con-
cert de Lyon. C'était un homme très-vif, plein
du génie de son art ; auteur de plusieurs inotets
et d'un opéra qui a pour titre le Triomphe de
Vkarmonie. Il était effectivement grand har-
moniste; de plus, homme d'esprit, et par con-
séquent incapable d'écrire une lettre aussi plate
que celle que vous avez reçue, et encore moins
d'y avoir mis une suscription au.ssi bête. Il est
en effet mort vers l'année 1752. Il fut remiilacé
dans le Concert par un musicien nommé Mathieu
Billouard, et celui-ci le fut par M. Mangot, beau-
frère du célèbre Rameau. Je n'entre dans fous
ces détails que pour mettre les éclaircissements
que je vous donne dans un plus grand jour. Si
la musique du Devin du Village pouvait avoir
été faite par un des deux musiciens que vous
voulez indiquer, il n'y a pas de doute que ce se-
rait Grenet qui en aurait la gloire ; ayant fait le
Triomphe de Vkarmonie, le préjugé serait en
sa faveur. Mais la musique du Triomphe de
V harmonie ne ressemble en rienà celledu Devin.
Il n'y a pas le moindre trait, il n'y a pas le plus
pelitairde famille. Il est aisé de les comparer.
Je les ai entendus l'un et l'autre : il est vrai que
je ne m'y connais pas ; mais je doute que les
meilleurs connaisseurs puissent y trouver le plus
léger indice qui décèle l'identité de génie. — Si
Grenet avait fait la musique du Devin du Vil-
lage, quelqu'im l'aurait su dans Lyon. Comme
maiire de musique du Concert, il était trop bien
répandu pour que toute la ville l'eût ignoré. On
ne pourra jamais s'imaginer que l'auteur d'un
aussi charmant intermède ait envoyé sa musique
à Paris sans en avoir fait exécuter plusieurs mor-
ceaux devant ses amis, ou devant quelques ama-
teurs, dont le nombre est si grand à Lyon, et
qui plus est, sans l'avoir entendue lui-même. On
ne se persuadera jamais qu'il ail pu cacher pour
toujours une aussi heureuse production à sa
femme et à son fils, lequel pouvait avoir alors
vingt-deux à vingt-trois ans. Enfin, Mon>ieur,
ci'tte musique n'a point été jetée dans un moule.
Grenet, ni tout autre musicien , quelque génie
qu'ils pussent avoir, ne l'ont point écrite cou-
ramment sans y faire des fautes et des ratures ;
ils l'auraient copiée pour la mettre au net, afin
de l'envoyer; ils en auraient gardé les minutes :
que sont-elles devenues ? La veuve Grenet et son
fils n'ont certainement rien trouvé qui pût leur
faire soupçonner que le défunt eût jamais tra-
vaillé sur le sujet du Devin du Village. Ils ont
entendu cette musique, et comme tout le monde
ils l'ont admirée , mais sans songer à la réclamer,
stns la reconnaître.... »
J'ai tenu à rapporter ici ces paroles, parce que
la brochure de Marignan est extrêmement rare,
presque inconnue, et qu'elle jette un jour parti-
culier sur cette sotie question du vol, commis
par J.-J. Rousseau, de la musique du Devin du
Village. On sait combien cette question tenait
au cœur de Castil Blaze, et les Ilots d'encre
qu'elle lui a fait répandre.
GREiVIER (Félix), amateur fort distingué
de musique, est né à Marseille, le 27 septembre
1844, d'un père américain et d'une mère fran-
çaise. Il passa ses jeunes années en Bourgogne,
étudia la musique de bonne heure, et dès l'âge
de six ans eut pour maître de piano, puis d'har-
monie, un organiste alsacien nommé Heckmann,
qui avait été lui-même élève de Hesse et de Dan-
jou. Venu jeune à Paris, il y termina ses études
littéraires à l'institution Jubé, attenante au lycée
Napoléon (aujourd'hui Henri IV), fit ensuite son
\ droit, et à dix-neuf ans fut reçu avocat. Cela ne
GRENIER — GRETRY
421
l'empêcha pas de continuer à s'occuper de musi-
que, et de travailler le piano, l'orgue, l'harmonie,
le contre-point et le violoncelle , avec Théodore
Labarre, Boëly et M. Franchomme. Après plu-
sieurs voyages en Amérique et en Allemagne, il
revint à Paris en 1867, et y fonda une feuille
spéciale, le Courrier musical, qui n'eut qu'une
courte existence, et dans laquelle il signa des
articles du nom de Félix Sliehler. En 1869, à
la suite d'une grave maladie, le climat de iNice
lui fut ordonné par les médecins ; depuis lors il
habite le midi, et, quoique inscrit au tableau des
avocats du barreau de Nice, il est aujourd'hui
attaché au cabinet du préfet des Bouches- du-
Rhône.
M. Félix Grenier est l'auteur de compositions
assez nombreuses, parmi lesquelles il faut citer :
2 quatuors pour deux violons, alto et violoncelle,
op. 5 (en la) et 0|». 13 (en si bémol); Quatuor
pour piano, violon, alto et violoncelle, op. 4 (en
fa mineur); trio pour violon, alto et violoncelle,
op. 1 (en sol) ; 2 trios pour piano, violon et vio-
loncelle, op. 3 (en ut mineur et en fa mineur) ;
3 préludes et 3 fugues pour le piano, op. 15;
18 petites pièces pour piano, op. li; 12 chants
pour soprano, avec accompagnement de piano,
op. 2 ; 6 lieder avec piano, op. 7 (Paris, Maho);
4 lieder avec piano, op. 8 (id., i'I.) ; divers mor-
ceaux de cliant, avec piano; chants à 4 voix,
sans accompagnement ; chœurs pour Eiiher,
tragédie de Racine , à 4 voix de femmes , avec
piano ; messe à 4 voix , avec accompagnement
d'orgue; le psaume 94, à double- chœur, avec
orchestre ; enfin , un opéra en deux actes, la
Roussalka, qui jusqu'ici n'a pas été repré-
senté.
M. Félix Grenier, dont l'esprit est très-large,
très-ouvert à toutes les manifestations de l'art ,
n'a pas borné ses travaux à la composition pro-
prement dite. 11 a traduit en notre langue, pour
son instruction personnelle, les principaux ou-
vrages de la littérature musicale allemande, et
déjà il a offert au public deux de ces traductions,
accompagnées de notes et d'éclaircissements qui
rehaussent encore la valeur des originaux. Voici
les titres de ces deux publications : 1° Vie,
talents et travaux de Jean-Sébastien Bac//,
ouvrage traduit de l'allemand de J.-N. Forkel ,
annoté et précédé d'un aperçu de l'étal de la
musique en Allemagne aux XVP et XVIF siècles
(Paris, Baur, 1876, in-16); 2° Félix Mendds-
sohn-Bartholdij, lettres et souvenirs, traduit
de l'allemand de Ferdinand Hiller et précédé
d'un aperçu de divers travaux critiques concer-
nant ce maître (Paris, Baur, 1877, in-16). M. Gre-
nier doit faire paraître incessamment la traduc-
tion des Lettres sur la musique de M. Louis
Ehlert.
* GRENZBACH (Ernest). Parmi les com-
positions instrumentales de cet artiste, je citerai
les suivantes : Valse pour piano et 8 instru-
ments, op. 5; Làndler pour piano et divers
instruments, op. 6 ; Études pour piano en 2 livres,
op. 7 ; Études pour piano en 2 livres, op. 8; Toc-
cates pour piano, op. 9 ; 6 Marches pour piano
à 4 mains, en 2 livres, op. 10; 6 Pièces de
piano à 4 mains, op. 12; G Bagatelles pour
piano, op. 13; 4 Bagatelles pour piano, op. 14.
* GRESMICH (Antoine-Frédéric), et non
Gresnick, comme Fétis l'a écrit, et comme je
l'ai écrit après lui dans l'opu.scule suivant : Gres-
nick, par Arthur Pougin (Paris, impr. Chaix,
1862, in-8° de 23 pp.). On trouvera, dans cette
brochure, des détails intéressants sur ce compo-
siteur aimable, qui méritait mieux que l'oubli
dans lequel est tombé son nom ; je dois cepen-
dant tenir le lecteur en garde contre deux ou
trois faits de l'exactitude desquels je me croyais
certain, et dont je ne suis plus si assuré aujour-
d'hui. Je me bornerai ici à rectifier la date de la
naissance de Gresnich, qui a été fixée à tort à
l'année 1752 : d'après son acte de baptême,
Gresnich est né à Liège le 2 mars 1755.
En dehors de ses œuvres dramatiquss, et
avant de se faire connaître à Paris sous ce rap-
port, Gresnich avait publié un concerto pour
clavecin avec accompagnement de violon, alto,
basse, hautbois ou flûtes et cors, ad libitum,
œuvre 1, et un recueil d'airs, romances et duos
avec accompagnement de clavecin ou forte-piano,
œuvre 2. On peut lire l'annonce de ces deux pu-
blications dans le Mercure de France de sep-
tembre 1782.
GRESSET ( ), professeur de chant et
compositeur, vivait à Paris dans la seconde moi-
tié du dix -huitième siècle. Il a publié un certain
nombre de romances et mélodies vocales avec
accompagnement soit de clavecin, soit de sym-
phonie, les Petits oiseaux, la douce Erreur,
l'Amant timide, V Agréable Souvenir, le Choix
raisonnable, etc., et quelques duos à deux voix.
* GRETRY (André-Ehnest-Modeste). Le
répertoire dramatique de Grétry doit se com-
pléter par les trois ouvrages suivants : 1° les
Fausses apparences on V Amant jaloux, 3 ac-
tes, Comédie-Italienne, 23 décembre 1778; 2° la
Nouvelle amitié à Vépreuve, 3 actes, même
théâtre, 30 octobre 1786; 3° la Rosière répu-
blicaine, un acte, Opéra, 2 septembre 1794.
Grétry a été aussi l'un des dix ou douze auteurs
musiciens du Congrès des Rois, donné au théâ-
tre Favart en 1794.
422
GRÉTRY — GRIEG
Il est singulier que dans un temps où l'his-
toire et la biblipgrapliie musicales ont acquis
une si grande importance, un artiste comme
Grétry, dont l'inlhience a été si grande et la re-
nommée si considérable , n'ait encore été l'objet
d'aucune étude étendue, sérieuse et approfondie.
Toutefois, nous avons à signaler, à son sujet ,
quelques publications, anciennes ou récentes ,
qui ne sont pas comprises dans la nomenclature
donnée par la Biographie universelle des Mu-
siciens : i" Grétrij, opéra-comique en un acte ,
paroles de Fulgence, Ledoux et Rainoud , musi-
que de Grétry (choisie dans ses œuvres), repré-
senté au Vaudeville le l""juin 1824; 2'' Zémike
ET AzoR, par Grétry. QiiPlques questions à
propos delà nouvelle falsification de cet opéra
par J. Lardin. (Paris, Moessard, 1846, in-8° de
32 pp.) ; écrit publié au sujet de la réorchestra-
tion de la partition de Zémire et Azor faite
par Adam ; 3° Notice biographique sur À.
Grétry, par L. D. S. (Bruxelles, office de pu-
blicité, 1869, in-16) ; l'auteur de cet opuscule
est M. de Saegher ; 4" Grétry, à propos de la
notice que lui consacre la Biographie univer-
selle des musiciens de M. Fétis. (s. l. n. d.
[Bruxelles, imp. Sannes, 1869], in-S") ; cette
brochure est signée : « Emile Regnard , ancien
maire de Montmorency » ; ô" Hymne pour l'i-
nauguration de la place Grétry , dans la ville
de Liège, sa patrie, le 3 juin 1811, par P.-J.
Henkart (Liège, s. d. in-8') ; 6" Grétry chez
Madame du Bocage, vaudeville en un acte,
par Fougas (Paris , Martinet, 1815, in-8°).
Je ne puis terminer cette notice complémen-
taire sans rectifier la date de la naissance de
Grétry, date qui a été altérée non-seulement par
les biographes, mais par Grétry lui-même, dans
ses Mémoires, et qui doit être fixée non pas au
11, mais au 8 février 1741. C'est Jal, qui, dans
son curieux Dictionnairecritique de biographie
et d'histoire, a pu relever cette erreur impor-
tante en transcrivant l'acte de baptême du grand
homme, dont voici la reproduction : Andreas-
Ernestus-Modestus, filius Icgidmus Francisci
Grétry et Marix-Joannx Dcfossez, baptisatus
est in ecclesia nostra parochiali B. V. Marix
ad fontes Leodii, anno Domini 1741, mensis
februarii , die undecima; puer natus die
octava ejusd.i mensis; patrinus Andreas-Er-
nestus Faite, vexiUator in copiis S. C. Leo-
diensis, matrina Maria-Catharina Bodeur.
« Tels sont, ajoute Jal, les termes de l'acte de
baptême de Grétry, inscrit au registre de l'église
de Sainte-Marie, de Liège. Cet acte établit que
André-Ernest-Modesle Grétry naquit le 8 février
1741 (et non le 11, comme l'ont dit quelques
biographes), fils de François Grétry et de Marie-
Jeanne Defossez, et qu'il fut baptisé trois jours
après. La profession de François Grétry n'est
point indiquée dans ce document; mais on sait
qu'il était musicien. » L'article publié par Jal
sur Grétry est curieux et utile à plus d'un titre;
j'y renvoie le lecteur désireux de connaître cer-
tains faits ignorés de l'existence du grand mu-
sicien.
GREULICH (.\dolphe), pianiste et com-
positeur, né à Posen en 1819, fit de bonnes étu-
des musicales, reçut sinon des leçons, du moins
des conseils de Liszt à Weimar, et devint un
habile exécutant en même temps qu'un bon pro-
fesseur. Après avoir séjourné successivement
dans plusieurs villes de l'Allemagne, il se rendit
à Schitorair, dans la Russie méridionale, et fut
appelé peu de temps après à remplir les fonc-
tions de professeur de piano à l'Institut Cathe-
rine, h Mo.«cou. Il mourut en cette ville, dans le
cours de l'année 1868, à peine âgé de 49 ans.
GRIEG (Edouard), compositeur norvégien,
est, après M. Severin Svendsen, le musicien sur
lequel la Norwége fonde actuellement le plus
d'espoir. Il naquit le 15 juin 1843, à Berghen,
où son père était consul. Il apprit avec sa mère
les éléments du piano et s'essaya de bonne heure
à composer. Ses premiers essais tombèrent sous
les yeux d'Ole Bull, lorsque celui-ci revint à Ber-
ghen, sa ville natale, et les instances du célèbre
et excentrique violoniste décidèrent les parents
de Grieg à laisser leur fils embrasser la carrière
artistique. Il fit ses études au Conservatoire de
Leipzig, mais une maladie l'ayant forcéd'en sortir
en 1862, il retourna alors dans sa patrie. Il sé-
journe aujourd'hui à Christiania, où il a fondé
une société de musique dont il est directeur, et
où il a été, ainsi que M. Svendsen, gratifié par la
Diète norwégienne d'une pension qui le met à l'a-
bri du besoin et lui permet de se consacrer tout
entier à son art. N'ayant pas encore trente-cinq
ans, il a bien des chances pour jouir longtemps de
celte libéralité de l'État. M. Grieg compose sur-
tout pour le piano : il a produit notamment un
concerto et une sonate qui sont de ses meil-
leures inspirations, écrites dans un style excel-
lent, et qui montrent qu'il peut ambitionner une
des premières places parmi les compositeurs
modernes d'oeuvres pour piano. La qualité pré-
dominante de ses morceaux paraît être un bril-
lant coloris, car il n'est jamais à court de pro-
cédés curieux et il prodigue les couleurs les
plus vives. Ses sonates pour piano et violon
sont aussi des œuvres de style et de valeur, sur-
tout celle en sol majeur (op. 13), qui forme
une composition vraiment remarquable. Mais
GRIEG — GRISAR
423
M. Grieg n'est pas seulement coloriste, ses idées
musicales lui appartiennent bien en propre et
sont empreintes d'une poésie ciiarmanfe. Ses
inspirations, il est vrai, ne sont pas toujours
également belles, et leur teinte poétique est
parfois trop brumeuse ; mais chacune de ses
œuvres, jugée d'ensemble, est marquée d'un
cachet spécial, qui commande l'attention, et l'on
y reconnaît une personnalité très-distincte qui
ne pourra que s'accuser et se fortifier avec le
temps.
Ce jeune musicien produit d'une façon très-
active, mais toutes ses œuvres ne sont pas
encore publiées. Parmi celles qui ont été gravées,
nous mentionnerons d'abord les compositions
pour piano seul où à quatre mains : 4 morceaux
(op. 1), Tableaux poétiques (op. 3), Humores-
ques (op. G), la sonate en mi mineur (op. 7),
une fantaisie pour quatre mains (op. Il), Pièces
lyriques (op. 12), Morceaux sijmphojiiques à
quatre mains (op. 14), les Scènes populaires
(op. 19), et une Ballade, (op. 24). Outre les deux
sonates pour piano et violon, celle en fa (op. 8) et
celle en sol majeur (op. 13), il faut noter quatre
lieder pour voix d'alto : [la Meunière, Caché
dans la nuit close. Au milieu de rêves obsurs,
Que dois-je dire?), qui forment l'op. 2; puis,
comme compositions avec orchest:e, le concerto
de piano en la mineur (op. 16), un chœur
pour voix de femme avec solo : Foran stjdeits
filoster, sa musique pour Sigur Jorsalfar (op.
22), et celle pour Peer Gynt (op. 23).
Ad. J — N.
* GHIESBACH (Jean-Henri), pianiste et
compositeur, est mort à Londres le 13 janvier
1875.
GRIESBACH (Georges-Adolphe), frère du
précédent, avait fait, comme lui, partie de la
chapelle du roi Georges III, à l'époque où leur
père en avait la direction, et yétait entré à peine
âgé de neuf ans. Il était le dernier survivant de
cette chapelle lorsqu'il mourut à Windsor, le
22 mai 1875, à l'âge de 74 ans, n'ayant survécu
que de quatre mois à son frère.
GRIESSER (Matthias), luthier allemand,
vivait à Inspruck dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Le lycée philharmonique de Bo-
logne, dans son Musée instrumental, possède de
cet artiste une viole d'amour, garnie de sept
cordes pour l'archet et de douze cordes harmo-
niques, et datée de 1727.
GR9LLI ( ), musicien italien contempo-
rain, a fait représenter à Terni, en 1854, un
opéra sérieux intitulé il Reduce di Mosca.
GBILLIE (Charles), compositeur, organiste
de l'église Saint-Thomas d'Aquin, à Paris, a pu-
blié nn certain nombre de compositions reli-
gieuses, parmi lesquelles une messe à 3 voix, ea
sol majeur, avec accompagnement d'orgue, ua
recueil de 12 morceaux faciles pour l'orgue,
sans pédales, et plusieurs motets (Paris, Re-
pos).
* GRIMM (Frédéric -Melchior, baron DE).
M. Jules Cariez {Voyez ce nom) a publié sur cet
écrivain, qui s'est si fort occupé de musique,
ime brochure intéressante : Grimm et la mu-
sique de son temps (Caen, impr. Le Blanc-
Hardel, 1872, in-8" de 41 pp.)
GRIMM (Charles-Constantin-Louis), har-
piste distingué et compositeur pour son instru-
ment, né à Berlin le 17 février 1821, fut l'élève
du célèbre virtuose Parish-Alvars. Attaché de-
puis longues années à la chapelle royale de Ber-
lin, il a publié un certain nombre de morceaux
pour la harpe.
GRIMM (Jules-Otto), pianiste et composi-
teur, né à Pernon vers 1830, a fait de très-
bonnes études au Conservatoire de Leipzig. Après
s'être fixé d'abord à Gœttingue , il est devenu
directeur de l'Union musicale de Mimster. On
doit à cet artiste diverses compositions pour le
piano et pour le chant, des lieder, et plusieurs
suites en forme de canon, soit pour orchestre,
soit pour instruments à cordes seuls.
GRIMM ( ), luthier allemand, est l'ua
des premiers sinon le meilleur artiste en ce genre
qui soit à Berlin. On vante ses violons et ses
violoncelles pour leur bonne sonorité et la belle
qualité de leur vernis. Ses instruments ont été
remarqués dans diverses expositions, parliculiè'
rement à Londres.
* GRISAR (Albert). Cet artiste extrême-
ment distingué.qui a fourni une carrière brillante,
et qui a doté nos théâtres de tant d'ouvrages
charmants, d'une inspiration alerte, aimable et
vive, est mort subitement à Asnières, près Paris,
le 15 juin 1869, à l'âge de soixante ans. Je
vais reproduire ici, en le complétant, le' ré-
pertoire dramatique de Grisar: 1° le Mariage
impossible, 2 actes, Bruxelles, 4 mars 1833;
2" Sarah, 2 actes, Opéra-Comique, 26 avril
1836 ; 3" l'An mil, un acte, Opéra-Comique,
23 juin 1837 ; 4° la Suisse à Trianon, un acte,
Variétés, 8 mars 1838 ; 5° Lady Melvil, 3 actes.
Renaissance, 15 novembre 1838; 6° l'Eau mer-
veilletcse, 2 actes, Renaissance, 30 janvier 1839;
7" les Travestissements, un acte, Opéra-Co-
mique, 16 novembre 1839; 8" l'Opéra à la
Cour (en société avec M. Adrien Boieldieu),
3 actes, id., 16 juillet 1840; 9» Gille ra-
visseur, un acte, id., 21 février 1848; 10" les
Porcherons, 3>ctes, id., 12 janvier 1850; 11°
424
GRISAR — GRISI
Bonsoir, monsieur Pantalon, un acte, iil., 19
février 1851; 12" le Carillonneur de Bruges,
3 actes, id., 20 février 1852 ; 13° les Amours du
Diable, 4 actes, Tiiéâtre-Ly rique, 1 1 mars 1853 ;
14° le Chien du Jardinier, un acte, Opéra-Co-
mique, 16 janvier 1855 ; 15" Voyage autour de
ma chambre, un acte, id , 12 août 1859 ;
16° le Joaillier de Saint-James, 3 actes, id..
17 février 1862 (deuxième édition de Ladtj Mel-
t)?7, revue, corrigée et augmentée); 17° la Chatte
merveilleuse, 3 actes, Tliéâtre-Lyriqtie, 18 mars
1862; 18° Bégaiements d'amour, un acte, id.,
8 décembre 1864; 19° Douze Innocentes, un
acte, Bouffes-Parisiens, 19 octobre 1865.
Dans celle liste n'est pas compris le Nau-
frage de la Méduse, opéra en 4 actes repré-
senté à la Renaissance le 30 avril 1839; Grisar
avait travaillé à cet ouvrage, en société avec
MM.de Flotow et Pilati, mais sa part de colla-
boration était si mince qu'il ne voulut jamais
consentir à se faire nommer à ce sujet. Il écrivit
aussi deux morceaux pour une comédie de
M. Alphonse Karr, la Pénélope normande,
représentée au Vaudeville le 13 janvier 18G0.
Il a laissé en portefeuille un certain nombre
d'ouvrages, dont quelques-uns seulement ébau-
chés, d'autres complètement acbevés. En voici la
liste : 1° Manon Giroux, 2 acies; 2° Riquet à
la houppe, 3 actes; 3° Rigolo, un acte;
4° VAne et le Prince, 2 actes ; 5° l'Oncle Sa-
lomon, 3 actes; 6° les Contes bleus, 3 actes;
7° Afraja, 3 actes; 8" le Parapluie enchanté,
3 actes ; 9° le Mariage forcé, uu acte ;
10° la Beine Ma b; 11° la Mort du Cosaque,
grande scène dramatique.
Grisar avait publié [dus de cinquante mélodies,
romances, scènes dramatiques, etc., parmi les-
quelles il s'en trouvait de charmantes. Il en a
laissé quelques-unes d'inédites, que j'ai eu l'oc-
casion de lire après sa mort, et qui étaient di-
gnes de son talent. Au reste, on trouvera les
renseignements les plus complets sur cet artiste
remarquable dans une étude que j'ai publiée sur
lui, avec l'aide de sa correspondance, qui m'avait
été ohligemment communiquée par sa famille :
Albert Grisar, étude artistique (Paris, Hachette,
1870, in-12 avec portrait et autographe). Peu
de temps après sa mort la ville d'Anvers lui a
élevé une statue, œuvre de M. Brackeleer, qui a
été placée dans le vestibule du grand théâtre.
GRISART (Charles), riche arnatear de
musique, est né vers 1840. Intéressé dans une
maison de banque, M. Grisart, qui employait ses
loisirs à l'élude de la musique, qu'il travailla
sous la direction de M. Léo Delibes, fit jouer
d'abord au pelit théâtre des Folies- Bergère, le
31 décembre 1871, une opérette eu un acte in-
titulée Memnon ou la Sagesse humaine. Après
cet essai, il ne tarda pas à obtenir ce que les
artistes de profession reclierchent souvent avec
si peu de succès : le livret d'une pièce en trois
actes. Celle-ci avait pour titre la Quenouille de
verre, et fut représentée aux Bouffes-Parisiens,
le 7 novembre 1873. La musique de la Que-
nouille de verre, assez accorte, était celle d'un
amateur intelligent, mais manquant absolument
de pratique, d'expérience, et surtout d'inspira-
tion et d'originalité. Il en était de même de celle
des Trois Margot, autre opérette en trois actes
donnée par M. Grisart au même théâtre, le
6 février 1877. Entre ces deux ouvrages, le
11 mars 1876, M. Charles Grisart faisait repré-
senter sur la scène intime du Cercle des Beaux-
Arts une petite saynète musicale intitulée Mis-
iress Pudor.
* GRISI (Giulia). Cette admirable artiste,
qui avait épousé en 1836 un Français, le comte
Gérard «le Melcy, et qui, après avoir fait rompre
son mariage judiciairement, s'était remariée plus
lard avec le ténor Mario, marquis de Candia,
n'a pas échappé à une faiblesse fâcheuse et mal-
heureusement trop fréquente. Ne voulant pas
s'apercevoir que l'âge lui avait enlevé la plus
grande partie de ses moyens et de ses facultés,
elle se refusait à abandonner une carrière (ju'olle
avait parcourue avec tant d'éclat, et s'obstinait à
se présenter devant le public avec les ruines
d'une voix qui naguère avait été incomparable,
mais que les atteintes du temps avaient complè-
tement brisée. Cet entêtement lui fut fatal : a\ant
accepté en 1859 un engagement pour Madrid, elle
se présenta dans iSorma sur la scène du théâtre
italien de cette ville, où sa grande renommée la
fit d'abord écouter avec la plus grande attention
et le plus profond respect; mais au bout de peu
d'instants, frappés de stupeur par la faiblesse
absolue de la cantatrice, les spectateurs ne pu-
rent s'empêcher de manifester quelques marques
de déplaisir ; M""^ Grisi, dit-on, se permit alors
certains propos qui, de la scène, furent bif^ntôt
rapportés dans la salle. Courroucé de ce fait, le
public crut devoir se venger, et siffla outrageu-
sement l'actrice à sa rentrée dans l'acte suivant.
Malgré des explications équivalant à des excuses,
que M™' Grisi crut devoir donner le lende-
main par la voix de la presse, sa seconde re-
présentation fut moins heureuse encore que la
première et le spectacle ne pût être achevé.
M'"° Grisi dut quitter Madrid. Malgré cette alga-
rade, elle eut le courage de reparaître encore
quelques années plus tard, à Londres, au théâtre
de Covent-Garden. Bientôt, cependant, elle aban
GRISI — GROSJEAN
425
donnd définitivement la scène. M™* Giisi est
morte le 25 novembre 1869 à Berlin, étant de
passage en cette ville pour se rendre à Saint-
Pétersbourg (1).
La sœur aînée de cette grande artiste, Ju ditli
Grisi, était née à Milan le 28 juillet 1805.
GRISY (Raphaël - Auguste). — Voyez
GRIZY.
GRIVEL (Victor), violoniste, né dans les
premières années du dix-neuvième siècle, a été
pendant fort longtemps attaché à l'orchestre du
théâtre de Grenoble en qualité de {iremier vio-
lon. Cet artiste a publié une brochure ainsi in-
titulée : Vernis des anciens luthiers d'Kalie,
perdu depuis le milieu du XV IH^ siècle, re-
trouvé par V. Grivel (Grenoble, impr. Allier,
1867, in-S" de 21 pp.). Après beaucoup de tra-
vaux et de recherches, il croyait en effet avoir
retrouvé le vernis chaud, clair et limpide des
anciens luthiers italiens, qui sont restés des
maîtres inimitables, et la société de statistique
des sciences et des arts de Grenoble a fait de sa
découverte l'objet d'un très-élo^ieux Rapport
sur le vernis inventé par M. Victor Grivel
(Grenoble, impr. Allier, 1867, in-8° de 16 pp.),
raoport signé de MM. Emile Gueymard, prési-
dent de la société, Séguin, Lory et Boistel, mem-
bres de la commission spéciale. Grivel est mort
il y a cinq ou six ans, à Grenoble, sans avoir
pu tirer parti de ce qu'il appelait sa découverte.
On a publié de lui un ou deux morceaux de vio-
lon avec accompagnement de piano.
GRIZY (Raphael-Auguste) (2), chanteur,
compositeur et organiste, est né à Paris le
24 septembre 1833. Admis en 1845 au Conser-
vatoire, il y devint successivement l'élève de
MM. Savard et Tariot pour le solfège, de Mo-
zin, de M. Bazin pour l'harmonie et accom-
pagnement , d'Adam pour la composition, et
plus tard de M. Faure pour le chant, de Mo-
reau-Sainti et de Levas.seur pour l'opéra-co-
mique et l'opéra. En 1849, il obtint un acces-
sit de solfège, en 1853 et 1854 un l'^"' accessit et
un second prix d'harmonie et accompagnement,
en 1856 un 2« prix de fugue et un 2"= prix d'or-
gue, enfin, en 1857, un second premier prix
d'orgue. A cette époque, M. Grizy était attaché
(1) Dans sa sprle biographique: les Contemporains,
M. Eugène de Mirecnurt a publié un petit volume conte-
nant deux notices -.Julia Grisi, Clémence Hobert (Paris,
1871, in -32 . La notice consacrée à la GmsI comporte six
pages, dans lesquelles, il est vrai, on ne trouve aucun fait
ni aucune date. Cet opuscule est mentionné ici par un
scrupule d'exactitude.
(2) Les afûolies de théâtre ont toujours écrit Grisy le
nom de cet artiste; l'orthographe que j'adopte ici est celle
que J'ai trouvée jur les registres du Conservatoire.
à l'orchestre du Gymnase dramatique en qualité
de contrebassiste. Ayant découvert qu'il était
doué d'une jolie voix de ténor, d rentra au Con-
servatoire pour y faire ses études de chant, ne
prit part à aucun concours, mais néanmoins fut
engagé à l'Opéra, le 1"" octobre 1861, pour y
tenir l'emploi des seconds ténors; c'est ainsi
que depuis quatorze ans il a rempli les rôles de
cet emploi dans Robcrt-le- Diable (Raimbaut),
Guillaume Tell, V Africaine, et bien d'autres
ouvrages. Cela n'empêcha pas M. Grizy de de-
venir organi.ste dans une église dont je ne me
rappelle plus le nom , puis maître de chapelle à
Id Trinité, |)lace qu'il occupe encore aujourd'hui ,
non plus que de se livrer à la composition.
M. Grizy a fait jouer au petit théâtre des Fo-
lies-Bergère, au mois de février 1873, une opé-
rette en un acte intitulée : Amoureux de Zé-
phijrine, et il a donné sur celui des Menus-
Plaisirs, le 9 septembre de la même année, l'É-
léphant blanc, opéra bouffe en 4 actes. Le
21 novembre 1875, il faisait jouer, dans le salon
d'un amateur, une opérette qui avait pour titre
Brasseur et marquise. Il a écrit aussi un cer-
tain nombre de compositions religieuses.
GROj\DONA( ), compositeur italien,
a fait représenter en 1872 à Milan, sur le théâtre
particulier du comte Boiognini, un opéra bouffe
intitulé M« Marito in cerca délia moghe.
GROiXIlIVIAIV (Antoine), violoniste, vivait à
Paris dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Je ne connais de lui que le recueil dont
voici le titre : Six sonates à violon seul et
basse, œuvre 2, gravé par M"« Vandôme (Paris,
s. d., in-fol.) .
* GROSJEAjV (Jean-Romary). M.Théodore
Nisard a publié sur cet artiste, dans VlUusira-
tion musicale, une notice intéressante. Cette
notice, accompagnée d'un portrait et de quelques
morceaux religieux, a été tirée à part sous ce
titre : Jean-Romary Grosjean (s. 1. n. d. [Pa-
ris, Repos], in-8°).
GROSJEAN (Erî(est), organiste, neveu de
M. Romary Grosjean, artiste fort distingué et
lui-même organiste de /a cathédrale de Saint-
Dié, est né le 18 décembre 1844 à Vagney,
commune de l'arrondissement de Remiremont
(Vosges). M. Grosjean reçut de son oncle sa pre-
mière instruction musicale, et plus tard travailla
le piano, l'orgue, l'harmonie, le contrepoint etia
fugue avec M. Henri Hess, aujourd'hui organiste
de la cathédrale de Nancy, et avec un grand ar-
tiste mort trop jeune pour la gloire de l'art
français, le regretté Chauvet (Voy. ce nom),
qui était un organiste de premier ordre. En der-
nier lieu, M. Grosjean a pris des leçons de piano
426
GROSJEAN — GRUNEISEN
de M. Camille Stamaty. Il était âgé de vingt ans
lorsqu'il devint organiste de l'ancienne cathé-
drale à Uzès (Gard), et il remplit ces fonctions
jusqu'en 1868, époque à laquelle, à la suite d'un
concours très-bi illant, il fut nommé, à l'unanimité
des voix composant le jury clioisi à cette occa-
sion, organiste de la cathédrale de Yerdun-sur-
Meuse, puis maître de chapelle. Depuis lors, il
n'a pas quitté cette ville.
M. Ernest Grosjeana publié plusieurs ouvrages
importants pour l'oigue : 1° 300 Versets com-
posés pour Vorgiie dans les tons les plus
usités, précédé d'un chapitre concernant la re-
gistration , Verdun, l'auteur, in-4° oblong;
2° Théorie et pratique de Vaccompagnement
du plain-chant , méthode très-simple et très-
facile en 2 gammes et 3 exceptions, Verdun,
l'auteur; 3" 108 Pièces de chant (chœurs et
solos à 3 voix égales), avec accompagnement
d'orgue, Paris, Ikelmer, 4 volumes (ouvrage en
cours de publication). M. Ernest Grosjean a
donné aussi un certain nombre de morceaux au
Journal des organistes, publié par son oncle,
années 1863, 18Ci, 1866, 1868, 1872, 1874.
Enfin, il a publié encore : romance sans parole,
ponr piano, op. 7 ; Nocturne pour piano (ou
piano et orgue), op. 8 ; Scherzo pour piano (ou
piano et orgue), op. 9; Berceuse pour soprano
ou mezzo-soprano avec accompagnement de
piano, op. 10.
GROSS (Frédéric-Auguste), hautboïste ex-
trêmement remarquable, né le 17 mai 1780, fut
élève de son père, qui était aussi un artiste dis-
tingué (celui-ci était né en 1748 et mourut le 8
juin 1820). Gross ne fut |»as seulement un excel-
lent virtuose sur le hautbois ; il possédait aussi
un très-grand talent sur le piano, et forma des
élèves nombreux et habiles sur les deux instru-
ments. Il mourut à Berlin en 1861, âgé déplus
de 80 ans. — Son frère, Henri Gross, mort jeune
à Berlin en 1806, avait été l'élève de Duporl et
était devenu un violoncelliste distingué. Il a laissé
quelques compositions pour son instrument.
* GROSS (Georges-Auguste, et non Gott-
fried- Auguste) ., compositeur et écrivain sur la
musique, était né à Kœnigsberg le 28 septembre
1801 (et non à Elbing en 1799). Il est mort à
Hambourg en 1853.
GROSS (Pierre), professeur de musique à
l'école normale de Strasbourg, mourut en cette
ville, âgé de 43 ans, au mois de mai 1867. Sous
le pseudonyme de William Cronthal, cet artiste
publia une brochure ainsi intitulée : Le Passé,
le présent et Vavenir du chiffre appliqué à
la notation musicale en Allemagne (Paris,
imp. Chaix, 1863, in-8°).
GROSSMAIVN (Louis), dilettante et com-
positeur polonais, est l'auteur d'un opéra italien
sérieux, il Pescatore di Palermo, qui a été
représenté à Varsovie au mois de février 1867.
Il a donné dans la même ville, le 3 novembre
1873, un second ouvrage dramatique, qui avait
pour titre l'Esprit du Yoïvode, et qui a été
Joué ensuite, en 1876, sur le théâtre de l'Opéra-
Comique de Vienne.
Cet arliste ne doit pas être confondu avec
M. Charles Grossmann, pianiste allemand très-
habile quia publié quelques compositions, entre
autres un recueil de six Ueder avec accompa-
gnement de piano.
GROSSOA'I ( ). Un musicien italien de
ce nom a écrit la musique d'un ballet intitulé Be-
lisa, qui fut représenté au théâtre de la Scala,
de Milan, en 1825.
GROVVUELS (Hans ou Jean), facteur de
clavecins, exerçait sa profession à Anvers à la
fin du seizième siècle.
GIIUMAIL ou GRUiVIAILLE (L... F ...),
virtuose sur le cistre et la mandoline, vivait à
Paris à la lin du dix-huitième siècle et au com-
mencement du dix-neuvième. Il est ainsi men-
tionné dans les Tablettes derenonimée des mu-
siciens publiées en 1785 : — « Grumaille, très-
renommé |)our le cistre, a fait plusieurs morceaux
de musique avec accompagnement pour cet ins-
trument. » On a gravé en effet de cet artiste di-
verses compositions, parmi lesquelles je citerai
les suivantes : r Grand Duo pour 2 lyres ou
guitares, dédié à son élève M™* A. Valentin ; 2°
Trois grands duos pour guitare ou lyre et violon
(Paris, l'auteur); 3" Recueil de duos, trios et
quatuor.s (Paris, l'auteur).
*GRÛAIBAUM (M-"^ Thérèse), cantatrice
qui fut fameuse en Allemagne, et dont le père
était populaire à Vienne comme compositeur,
était née en cette ville le 24 août 1791. Elle
avait vingt ans lorsqu'elle épousa l'organiste
Griinbaum, qui était aussi un bon professeur
de chant, et elle en avait trente-deux lorsqu'elle
créa à Vienne le principal rôle (V Eurijanthe.
que Weber avait écrite son intentien. M™*' Thé-
rèse Griinbaum est morte à Berlin, le 30 janvier
1876, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans.
* GRUJXD (Guillaume-Frédéric), est mort
à Hambourg, sa ville natale, le 24 novembre
1874.
GRUiVEISEW (Charles-Lewis), publiciste
anglais, né à Londres le 2 novembre 1806, d'un
père allemand naturalisé anglais depuis 1796, a
pris part depuis 1832 à la rédaction d'un grand
nombre de journaux : le Guardian, le British
Travellcr, le Morning Post, le Morning He-
GRUNEISEN — GUASCO
427
raid, etc. Cet écrivain ne s'est pas borné à traiter
les questions politiques dans ces divers journaux;
il s'est aussi occupé de critique musicale, et a col-
laboré sous ce rapport au Morning Cbronicle
(1846), à la Brilannia, à Vlllustrated London
News (1853), et enfin à YAthenxum, dontilrédif;e
encore aujourd'iiui la partie musicale. M. Gru-
neisen a été, en 1847, l'un des promoteurs et
des fondateurs de l'Opéra royal italien au
théâtre de Covent-Garden. On lui doit un court
Mémoire sur Meyerbeer, et une brochure in-
titulée l'Opéra et La Presse.
* GRUTSCH (François-Séraphin), compo-
siteur allemand , est mort à Vienne , sa ville na-
tale , le 5 avril 1867, à l'âge de soixante-six
ans.
GRUTZMACHEK (Frédéric), violoncel-
liste allemand distingué et compositeur, est fils
d'un pianiste habile qui mourut à Dessau, le
l"mars 1862, à l'âge de cinqnante-liuit ans,
M. Frédéric Grutzmacher est renommé pour son
talent de virtuose, qui lui a valu de grands
succès en Angleterre et en Allemagne , et il a
publié un certain nombre de compositions inté-
ressantes pour son instrument, ainsi que quel-
ques pièces de piano; on remarque, parmi ces
oeuvres : 1*'' concerto de violoncelle, avec ac-
compagnement d'orchestre ; 2" concerto de vio-
loncelle, avec accompagnement d'orchestre, op.
42 ; Variations pour violoncelle sur un thème
original , avec orchestre, op. 31; 3 Pièces pour
violoncelle et piano, op. 30; 2 Pièces de concert,
pour violoncelle et piano , op. 32 ; Mouvemen t
perpétuel, caprice pour piano, op. 40; 3 Gran-
des Marches pour piano à 4 mains , op. 39, etc.
Un frère de cet artiste, M. Léopold Qruizma-
cher, est aussi un violoncelliste remarquable ,
et a publié quelques compositions de peu d'im-
portance pour son instrument,
* GUADET (J ). Outre sa brochure sur
les Aveugles musiciens, on doit à M. Guadet
une Notice biographique sur Claude Montai,
facteur de jiianos à Paris ( Paris, 1845, in-8").
* GlIAMI (Joseph). M. Cerù {Cenni storici
delV insegnamento délia musica in Lucca)
croit que cet artiste remarquable était né vers
1540, et qu'il mourut en 1626.
* GUAMI (François). Selon le méiue écri-
vain , François Guami serait né à Lucques vers
1544, et aurait succédé en 1596 à son frère Jo-
seph, comme maître de chapelle de la Républi-
que de Lucques.
GUAMI (Jean-Dominique), probablement
parent des précédents , naquit à Lucques vers
1560, et mourut dans la même ville le 2 juin
1631. C'était un organiste fort remarquable, en
même temps qu'un compositeur distingué. On
lui doit un recueil de chansons latines, publié à
Venise en 1585, et des motets avec accompa-
gnement de basse.
GUAMI (Valerio), fils de Joseph, naquit à
Lucques vers 1587 , et se fit une grande renom-
mée comme compositeur. Devenu maître de
chapelle de la République de Lucques , il fut le
premier qui écrivit une œuvre dramatique à l'oc-
casion de la cérémonie délie Tasche {\).\\ com-
posa aussi plusieurs oratorios qui furent exécutés
à l'église de Santa-Maria Corte-Orlandini. Il
ne reste aujourd'hui aucun vestige de ces œu-
vres , et l'on ne croit pas qu'il en ait rien été
publié.
GUARIVERI ( ), compositeur italien,
est l'auteur d'un opéra intitulé Gulnara, qui a
été représenté à Gênes, sur le théâtre Carlo-
Felice, le l^"^ mars 1877. Cet ouvrage n'a obtenu
aucun succès.
GUASCO (Carlo) , ténor italien qui a joui
d'une légitime renommée , naquit à Solero (Pié-
mont) le 13 mars 1813. Tout enfant, il montrait
(le rares dispositions pour la musique et apprit,
seul et sans maître, à jouer de la mandoline, du
violon et de la flûte. Cependant, ayant com-
mencé dans son pays natal ses études littéraires,
il alla les achever à Alexandrie, où il se prit de
passion pour les sciences exactes , et spéciale-
ment pour la géométrie. Il allait devenir ingé-
nieur, lorsqu'un de ses cousins étant venu s'éta-
blir à Alexandrie comme professeur de piano et
ayant découvert qu'il était en possession d'une
superbe voix , l'engagea à étudier le chant et lui
offrit de le faire travailler. Guasco accepta , sans
toutefois renoncer à ses autres études ; mais un
peu plus tard, ayant eu l'occasion de se faire
entendre devant le compositeur Panizza , et ce-
lui-ci l'ayant vivement engagé à se produire au
théâtre, il se décida , malgré les objurgations de
sa famille, à suivre ce conseil. Il se rendit donc
à Milan , travailla pendant trois mois avec Pa-
nizza, et en 1837 débuta au théâtre de la Scala
dans le petit rôle du pécheur de Guillaume
Tell , qui lui valut un grand succès. Dans la
saison suivante, il chanta à la Canobbiana, où
il aborda avec bonheur plusieurs rôles impor-
tants , puis parcourut la plupart des principales
(l| A l'occasion de cette ciirémonie, qui avait lieu cha-
que année au palais de la Soigneuiie lors du tirage des
noms des citoyens qui devaient faire partie du Conseil, on
donnait une grande fête musicale dans laquelle était
exécutée une action dramatique à plusieurs voix, chœurs
et orchestre, ctdont le livret, toujours dû à l'un des poè-
tes les plus célèbres de la cité, était imprimé. Beaucoup
de ces livrets sont conservés à la bibliothèque publique
de Lucques.
428
GUASCO — GUÉROULT
Tilles de l'Italie et commença la biillante car-
rière qu'il était appelé à parcourir. Bientôt les
compositeurs se mirent à écrire leurs ouvrages
en vue de ce chanteur remarquable, qui joignait
à une voix d'une rare beauté un talent incon
testable , et c'est ainsi que Guasco créa à Milan
Corrado d'AKamurade Federico Ricci, i Loni-
bardi de M. Verdi , à Vienne Maria di Rohan
de Donizelti , à Venise Ernani et At/ila de
M. Verdi et la Sposa d'Abido du prince Ponia-
towski , et bien d'autres ouvrages. Après un
premier séjour à Londres , Guasco fut engagé à
Saint-Pétersbourg, fit une courte apparition à
Paris en 1851 , puis, étant retourné à Londres ,
fut une des victimes de la faillite du directeur
Lumley. Il se rendit alors à Vienne, où il avait
obtenu déjà de très-grands succès , y fit encore
la saison de 1853, et après une carrière bril-
lante et productive de seize années, se retira
définitivement du tliéûtre. Guasco est mort à So-
lero, sa ville natale, le 13 décembre 1876, fai-
sant un noble emploi de la fortune qu'il avait
acquise. Il légua en effet une somme de plus de
200,000 francs au municipe de Solero pour créer
en celte ville un asile d'enfants , pour fonder
plusieurs bourses à l'Universilé de Turin et à
diverses écoles d'Alexandrie , et pour quelques
autres œuvres de bienfaisance.
GUELBEIVZU (José), compositeur de mu-
sique religieuse et organiste distingué, né, je
crois, à la fin du siècle dernier, fut, pendant
longues années, organiste de l'église paroissiale
de Saint-Saturnin, à Pampelune. Je n'ai pas d'au-
tres renseignements sur cet artiste honorable ,
qui était, paraît-il, un excellent professeur, et
qui mourut à Madrid le 30 mars 1865.
GUERCIA (Alfonso) , professeur de chant
et compositeur italien, est né le 13 novembre
1831 à Naples, et depuis plusieurs années est
professeur d'une des classes de chant du Con-
servatoire de cette ville. Cet artiste s'est fait
connaître d'abord par un très-grand nombre de
compositions vocales d'une inspiration aimable,
et a publié les recueils dont les titres suivent :
1° Rimembranze délia villa CiUberti (6 mé-
lodies); T II mio Canto (7 mélodies); 3"
Canti patriottici (6 morceaux) ; 4° Noiti estive
di lSapoll{6 mélodies) ; 5° A te'.' (6 mélodies);
6° Armonia (4 quatuors); 7° Un Auimino a
Portici (4 mélodies); 8" VEco del mio pensiero
(6 mélodies) ; 9° Sempre a tel (id.) ; 10° / Pro-
verbi ilaliani (id.); 11° Speme a dvolo (id.);
12'» Rimembranze délia villa Ricciardi (id.);
13° L'Album di mia figlia (id.); 14° Rimem-
branze di Sorrento (6 mélodies, avec paroles
italiennes et anglaises); 15" Una Primavera a
Roma (id.); 16° Il primo Canto (20 mélodies).
1 1° Matinées (8 mélodies), M. Guercia a abordé
pour la première fois la scène en donnant au
tiiéàtre Mercadante, deNaples, le 14 décembre
1875, un opéra sérieux intitulé iî/fa, production
honorable, mais un peu froide, qui n'a guère
obtenu plus que ce que nous appelons en France
un succès d'estime ; cet ouvrage était chanté par
M"""s Lablaeh et Rossano, MM. Panzetta, Ca-
bella et Boschi , et l'éditeur milanais M. Ricordi
s'est rendu acquéreur de la partition. Comme
professeur, M. Guercia a publié (Milan, Ricordi)
un ouvrage fort important, dont il a été fait
deux éditions : L'Arte del canto italiano ,
melodo per voce di soprano o mezzo soprano,
adoltalo nelle scuole delregio Conservatorio
di musica di Napoli.
GUÉRIIV (Paul), violoniste, élève de Bail-
lot, né à Paris le 3 mars 1799, fut, en 1824,
nommé répétiteur de la classe de son maître, au
Conservatoire de Paris. Réformé le 1*'" sefitem-
bre 1831, il rentra comme professeur-adjoint le
le"" janvier 1837, devint titulaire d'une classe
préparatoire le l*^"^ janvier 1841 , et fut mis à la
retraite vers 1865. Quoiqu'il ait été professeur
au Conservatoire , premier violon à l'Opéra et
membre de la Société des concerts, Guérin était
un artiste absolument médiocre, à tous les
points de vue. Il est mort à Paris, au mois de
juin 1872.
GUI^RINEAU (M™*), grand amateur de
musique, habituée non-seulement des séances
de la Société des concerts du Conservatoire, mais
des concours et distributions de prix de cet éta-
blissement , a légué par testament une somme
de dix mille francs au Conservatoire, en éta-
blissant que les intérêts de cette somme forme-
raient un prix qui serait partagé chaque année
entre les élèves , hommes ou femmes, qui auront
obtenu les premiers prix de chant ou d'opéra,
jyjme yeuve Guérïneau est morte au mois de
novembre 1872.
GUÉROULT (Adolphe), écrivain et homme
politique français, né à Radepont (Eure), le 29jan-
vier 1810, mort à Vichy le 21 juillet 1872, n'est
mentioimé ici que pour quelques articles publiés
par lui dans la Gazette musicale, &i pour une
courte notice surBaillot insérée dans ce journal
à la mort decet artiste, et dont il fut fait un tirage
à part sous ce titre : Baillot (s. I.n. d., in-8'' de
7 pp.).
L'un des fils de cet écrivain, M. Georges Gué-
roult, amateur de musique comme son père, au-
quel il a succédé comme rédacteur en chef du
journal VOpinion nationale , et ancien élève de
l'École polytechnique , est l'auteur de la traduc-
GUÉROULT — GUEYMARD
429
tion française du livre de M. HeIrnhot7.( Foy. ce
nom) publiée sous ce titre: Théorie physiologi-
que de la musique, fondée sur l'étude des sen-
sations auditives (Paris, Masson, 1868, in 8°),
Celte traduction a été faite « avec le concours ,
pour la partie musicale, de M. Wolff, de la
maison Pleyel , Wolff et C"=. »
GUEROULT ( Jean-Baptiste-Auguste ) ,
pianiste et compositeur, né à Rouen en 1836,
montra de bonne heure d'assez heureuses dis-
positions pour la musique pour que ses parents
crussent devoir le placer, en 1847, à la maîtrise
de la cathédrale. Ses progrès y furent si rapides ,
qu'à peine âgé de treize ans il était appelé à
suppléer l'organiste du grand orgue de cette
église, et que bientôt après il entrait comme or-
ganiste titulaire à l'une des principales paroisses
de la ville. En 1855, il était appelé en la même
qualité à l'église Saint- Jean, d'Elbeiif, où la mu-
nicipalité le chargeait de la création d'une école
de musique, dont il fut le directeur pendant
une dizaine d'années. Plus tard , M. Guerouit
retournait dans sa ville natale, où il s'est livré
avec succès à l'enseignement du piano, et où il
s'occupe beaucoup de composition, en même
temps qu'il donne d'assez nombreux articles de
critique musicale à divers recueils périodiques.
Parmi les compositions jusqu'ici publiées par
M. Guerouit, il faut signaler : 1° Trois chants
élégiaques , sur des poésies d'Alfred de Musset,
op. 9, Paris , Durand-Scliœnewerk ; 2" Six chan-
sons d'Alfred de Musset, op. 3, id., id.; 3° Six
Poésies d'Alfred de Musset, id., id ; 4° Quatre
poésies, pour chant et piano, Paris, Choudens;
5° Trois chants caractéristiques; puis des chœurs
orphéoniques, quelques morceaux de piano, et
un certain nombre de motets.
GUERRE (P....), théoricien fiançais, est
l'auteur d'un traité pratique publié sous ce ti-
tre : Intonation musicale. L'étude des diè-
zes et bémols réduite à sa plus simple ex-
pression et appliquée à l'enseignement de la
musique vocale (Paris, 1850, gr. in-8"). t^ré-
cédemment, le même artiste avait pubUé un
Solfège national (?), ou Cours élémentaire
de musique vocale (Paris, Colombier, 2 vol.
in-8"). Peu d'années après avoir livré ces deux
ouvrages au public, l'auteur abandonna la pra-
tique de l'art pour la carrière administrative, et
accepta un emploi supérieur dans l'administra-
tion des chemins de fer du Dauphiné. En 1863,
M. Guerre découvrit chez un libraire de Paris,
M. Ciaudin, et acquit de lui, pour la modeste
somme de seize francs , la collection complète
des manuscrits autograghes de Pierre Galin ,
l'inventeur du méloplaste ; cette collection inté-
ressante, dont i'ensemble ne formait pas moins
de six forts volumes grand in-quarto, est tou-
jours, je pense, en sa possession.
* GUERRLRO, ou plutôt GUERUEIRO
(François) , célèbre compositeur religieux du sei-
zième siècle, n'était point espagnol, comme on
l'a cru jusqu'à ce jour. Il naquit à Béja, en Por-
tugal, ainsi que l'a prouvé récemment son com-
patriote M. Joaquim de Vasconcelios {Voyez ce
nom), d'après l'historien Barbosa Machado. On
peut consulter à ce suje t l'intéressant opuscule
de M. de Vasconcelios : Ensaio cri'ico sobre o
ca/alogo d'elrey D. Joâo /F (Porto, 1873, pe-
tit in-4°). Guerreiro mourut à Séville le 15 janvier
1600. Cette date est donnée par M. Soriano
Fiiertes dans les éphémérides de son Calenda-
rio Itistorico musical pour 1873.
GUEYMARD (M"* Pauline), née Lauters,
chanteuse fort distinguée, est fille d'un peintre
de talent qui était professeur à l'Académie royale
des Beaux Arts de Bruxelles. Née en cette ville
le V décembre 1834, elle commença d'abord
par étudier la peinture sous la direction de son
père; puis , comme elle était douée d'une voix
remarquable par son timbre, son caractère et
son étendue, elle suivit les conseils de quelques
amis el se livra à la pratique du chant Admise
au Conservatoire de Bruxelles, elle y fit de très-
bonnes études , y obtint un premier prix de chant,
et api es avoir épousé un artiste du nom de Deli-
gne, elle vint à Paris pour y suivre la carrière
du tliéâtre. Engagée au Théâtre-Lyrique après
s'être fait entendre dans quelques concerts, elle
y débuta le 7 octobre 1855 , sous le nom de
j^jme Deligne Lauters, en même temps que
M. Léon Achard {Voy. ce nom), dans un opéra
nouveau de M. Gevaert, le Billet de Margue-
rite. La beauté ingénue de la débutante , sa jeu-
nesse, sa grâce, le timbre admirable de sa voix
lui valurent un succès complet. Elle créa bientôt
un autre rôle dans un autre opéra de M. Ge-
vaert, les Lavandières de Saniarem, puis se
montra dans celui d'Annettede Robin -des- Bois,
où elle ne fut pas moins bien accueillie.
Engagée à l'Opéra vers la fin de 1856, elle y
parut le 12 janvier de J'année suivante dans le
Trouvère, de M. Verdi, et son succès fut écla-
tant. Elle avait fait de grands progrès, non-seu-
lement sous le rapport du chant proprement dit,
mais au<si au point de vue des qualités scéni-
ques, et le public de notre première scène lyri-
que saluait en elle l'aurore d'une grande artiste.
Depuis lors. M™" Deligne-Lauters, devenue
par un second mariage M™= Gueymard , a par-
couru sur ce théàtie une carrière brillante , se
montrant successivement dans plusieurs ou-
430
GUEYMARD — GUICHARD
vrages du répertoire courant : la Favorite, les
Huguenots, le Prophète, Bornéo et Juliette,
Bon Juan , et créant les rôles principaux des
grandes œuvres nouvelles : la Reine de Saba,
la Magicienne, Herculanum , Pierre de Me-
dicis\ Roland à Roncevaux , Don Carlos ,
Hamlet, la Coupe du roi de Thulé. Cliacun
de ces rôles était un triomphe pour l'artiste,
mais jamais peut-être M"'" Gueymard ne s'éleva
plus haut que dans ceux de Yalentine des Hu-
guenots et de Fidès du Prophète , prêtant au
premier les élans d'une passion superbe et émou-
vante, donnant au second un caractère d'austé-
rité touchante , d'onction vraiment maternelle,
avec des accents pathétiques d'une grandeur
parfois déchirante. M'"' Gueymard quitta l'Opéra
en 1876, etfit une courte apparition au Theàlre-
Italien dans le rôle d'Amneris, (VAida. Elle avait
remporté naguère de grands succès dans le ré-
pertoire italien, principalement en Espagne, où
elle s'était rendue pendant ses congés de l'Opéra.
La voix de mezzo- soprano de M'»" Gueymard,
d'un velours superbe, dune justesse incompara-
ble et d'une rare égalité , d'une étendue de plus
de deux octaves , se distingue à la fois par la
puissance, l'ampleur et la qualité du son. Douée
d'un prolond sentiment dramatique et d'une
réelle intelligence musicale, l'artiste sait guider
ce merveilleux instrument avec un goût très-sûr
et en tirer les effets les plus grandioses. Si l'ar-
ticulation est parfois un peu molle, le phrasé
est plein de grandeur, le style est remarquable
par sa solidité, et l'ensemble des qualités dé-
ployées par la cantatrice se résume en un ta-
lent dont la fermeté, l'éclat et l'autorité sont
les signes distinctifs. Au point de vue purement
scénique, ce talent n'est guère moins digne d'é-
loges, et si M""^ Gueymard n'est pas toujours
échauffée par cette flamme ardente qui anime
les grandes tragédiennes lyriques , elle n'en
reste pas moins une artiste de grande valeur et
de premier ordre , dont les rares facultés vocales
sont fortifiées et complétées par un jeu drama-
tique d'une puissance et d'une passion parfois
très-intenses. 11 faut remarquer d'ailleurs qu'a-
près vingt années dune carrière ininterrompue,
la voix de M"' Gueymard n'a rien perdu de son
charme , de sa fraîcheur et de sa moelleuse soli-
dité.
Mariée en 1858 à M. Gueymard, M""^ Guey-
mard , dix ans après, s'est séparée légalement
de son mari. Celui-ci , né à Chapponay (Isère) -
le 17 août 1822 , a fait ses études au Conserva-
toire, d'où il est sorti en 1848 pour entrer à
l'Opéra. Depuis cette époque jusqu'en 1868 il a
tenu à ce théâtre [l'emploi des forts ténors. Sa
voix , qui brillait plus par le volume (lue par la
qualité, lui a permis, pendant ce long espace de
temps , de tenir constamment la scène , sans ja-
mais faiblir. Il a' joué Guillaume Tell, Robert le
Diable, les Huguenots, le Prophète, le Trou-
vère, les Vêpres Siciliennes, Roland à Ron-
cevaux:, la Magicienne, Pierre de Médias, la
Reine de Saba, Sapho , Jeanne la Folle,
Louise Miller, le Maître chanteur, la Aonne
sanglante, Roméo et Juliette.
* GUGLIELMl (PiERUE). A la longue liste
des ouvrages dramatiques de ce compositeur, il
faut ajouter les deux suivants : Madama VU-
morisia , écrit en société avec Paisiello , et la
Virtuosa bizzarra.
GUIBAL (Charles-François), juge de paix,
ancien élève de l'École polytechnique, est l'au-
teur d'un écrit théorique publié sous ce titre :
Introduction à l'étude de l'harmonie, Xancy,
1850, in-4°.
'^.GUICHARD (Henry). Ce personnage écri-
vit les paroles de deux opéras dont Granouilhet
de Sablières fit la musique. L'un , intitulé les
Amours de Diane et d'Endymion , fut repré-
senté à Versailles, devant Louis XIV et la cour,
le 3 novembre 1671 , et le second, dont le litre
est resté ignoré , fut joué aussi devant le roi , à
Saint-Germain, au mois de janvier 1672. C'est
ce double fait qui fit éclater contre Guichaid la
haine de Lully, qui voyait en lui un rival pour
la direction de l'Opéra, dont il cherchait alors à
s'emparer. Guichard ayant obtenu ensuite des
lettres patentes pour l'établissement d'ime Aca-
démie royale de spectacles , la fureur de Lully
ne connut plus de bornes , et c'est alors que cet
homme infâme, confiant dans la protection du
roi et ne reculant devant aucun moyen pour se
débarrasser d'un concurrent dangereux, accusa
publiquement Guichard d'avoir voulu l'empoi-
sonner. Une poursuite au criminel s'en suivit,
tout naturellement, et Guichard, obligé de se
défendre, publia contre Lully non pas un, mais
quatre volumineux Mémoires dont voici les ti-
tres : 1° Requeste d' inscription de faux, en
forme de factum, pour le sieur Guichard, in-
tendant général des Bastimens de Son Altesse
Royalle , Monsieur, contre Jean-Baptiste
Lully, faux accusateur, Sébastien Aubry, Ma-
rie Aubry, Jacques du Creux, Pierre Hugue-
net, faux témoins, et autres complices ( Pa-
ris, 1676, in-4° de 118 pp. ); — 2" Requesle
servant de factum, pour Henry Guichard,
intendant général des Bastimens de Son Al-
tesse Royalle, Monsieur, appellant, contre
Baptiste Lully et Sébastien Aubry, intimez,
et contre Monsieur le procureur général prt-
GUIGHARD — GUILLAUME III
43t
nant le fait et cause du sien?' de Roy ans, so7i
substitut au Chdtelet , appelant a niinimà
(S. l. n. d., 10-4" de 73 pp.); — 3° Suite de la
Reqiieste d'Henry Guichard, intendant géné-
ral des Bdiimens de Son Altesse Royalle Mon-
sieur. A Messieurs les gens tenons le siège
présidial en la Chambre criminelle de Van-
cien Chastelet de Paris (S. l. n. d., in-4° de
22 pp.) ; — 4° JResponse du sieur Guichard
aux libelles diffamatoires de Jean-Baptiste
Lully et de Sébastien Aubry. A Messieurs les
gens tenans le siège présidial en la Chambre
criminelle de l'ancien Chastelet de Paris (S.
l. n. d., in-4° de 32 pp.). J'ai donné sur ce long
procès, qui fit grand bruit dans Paris, des dé-
tails développés et circonstanciés dans un long
travail publié sous ce titre : les Vrais Créateurs
de r Opéra français, Perrin et Camberl (1).
GUICHARD ( ). Un artiste de ce nom
fit représenter en 1799 , .sur le petit théâtre Ma-
reux , un opéra-comique qui fut joué sous ce
titre : Nicetteet Colin, ou le Fat dans les Dé-
partements.
GUICHARD ( ), \ioloniste qui vivait
au commencement de ce siècle, est auteur d'une
École du violon, grande méthode complète
et raisonnée pour le violon, à fusage du Con-
servatoire (Paris, Schlesinger, in-P).
GUICHENÉ( L'abbé), prêtre et musicien,
curé de Saint-Médard (Landes), est l'auteur
d'une série de trois tableaux auxquels il a donné
ce titre : Triorganum , ou Science du plain-
chant, de la transposition et de l'harmonie
rendue facile, Paris , Repos.
GUIDl (GiovANNi-GuALBERTo), éditcur de
musique italien, est né à Florence en 1817. Il
apprit la musique de bonne heure , étudia la'
contrebasse , et pendant quinze ans fut attaché
en qualité de contrebassiste à la chapelle du
grand-duc de Toscane. En 1844, M. Guidi fonda
la maison de commerce de musique qu'il dirige
encore aujourd'hui , et il donna une grande re-
nommée à cette maison en imaginant, le pre-
mier en Europe , de publier en petites éditions
de poche, très-nettes et très-lisibles, les parti-
tions des œuvres des grands maîtres. C'est ainsi
que , sur les conseils de M. Basevi ( Voy. ce
nom), M. Guidi publia, dans le format in-l8,
les partitions des trios, quatuors , quintettes et
du septuor de Beethoven , de diverses œuvres
de musique de chambre d'Haydn, Mozart, Boc-
cherini, Mendelssohn , Humrnel, Spohr, Weber,
Cherubini, Schumann, et des quatuors couron-
(1) Ce travail a paru dans le journal le Ménestrel, an-
nées 1815 et 18"8, et sera prochainement publié en vo-
lume.
nés annuellement par la Societù del Quartetto^
de Florence -, dautre part , il donna, dans un for-
mat un peu plus développé, mais encore très-
réduit, les partitions à orchestre de plusieurs
ouvertures classiques célèbres, celles des oeu-
vres de musique religieuse couronnées aux con-
cours du duc de San Clémente, et enfin, tout
récemment, celles de la Vestale de Spontini et
du Stabat Mater de Boccherini. En rendant
ainsi facile l'acquisition et la lecture de tant de
chefs-d'œuvre, M. Guidi a rendu un véritable
service à l'art et aux artistes, dont il a bien mé-
rité. Ses éditions mignonnes s'élèvent aujour-
d'hui au chiffre de cent cinquante environ , et
elles ont été récompensées dans un grand nom-
bre d'Expositions.
*GUIDO, dit'GUIDOD'AREZZO. En
1867 , de grandes fêtes eurent lieu en Italie pour
honorer la mémoire de cet artiste célèbre , et la
municipalité de la ville d'Arezzo décida l'ouver-
ture prochaine d'une rue et d'une place qui por-
teraient le nom de rue et place Guida Mo-
naco, la première conduisant à la seconde, sur
laquelle devait être érigé le monument qu'une
souscription européenne permettait d'élever au
fameux moine musicien. A cette occasion fut
publié l'écrit dont voici le titre : Biografia di
Guido Monaco, d''Arezzo, inventore délie note
musicali , par le chanoine archi-prêtre Glovan-
Battista Ristori, Arétin. Je ne connais de cet
ouvrage que la seconde édition (Naples, 1868 ,
in-4'' de 79 pp.). Il n'est pas inutile de faire con -
naître que le manuscrit autographe du Micro-
logue de Guido faisait partie de la bibliothèque
célèbre du roi Jean FV de Portugal. Ce fait a
été mis en lumière par M . Joaquim de Vascon-
cellos (Foî/es ce nom) dans son Essai critique
sur la bibliothèque de ce prince artiste.
* GUIDOi\lUS(JE\N). — Voyez GUYOT
(Jean).
GUIGOU (Léopold), compositeur, a écrit la
musique d'un opéra-comique en un acte, le Bar-
bier du Roi, qui a été représenté sur le théâtre
du Gymnase, de Marseille, le 19 mars 1875.
GÛH.RERT ( ), est l'auteur d'une
« Aotice historique sur le citoyen Broche,
lue par le citoyen Guilbert, dans la séance du
15 Frimaire an XII>= de la Société libre d'Ému-
lation pour le progrès des sciences, des lettres
et des aits (de Rouen) » (Rouen, imp. Guil-
bert, an XII, in-8° de 30 pp.) On sait que Bro-
che , artiste fort remarquable et organiste de la
cathédrale de Rouen, fut le maître de Boieldieu.
GUILLAUME III, roi des Pays-Bas, prince
d'Orange Nassau, grand-duc de Luxembourg,
né à Bruxelles le 19 février 1817, est un des
432
GUILLAUME III — GUILLEMIN
rares souverains qui doivent avoir leur place
marquée dans la Biographie universelle des
Musiciens, étant une véritable artiste, qui s'oc-
cupe de musique en vrai musicien.
Ce monarque est doué d'une organisation tout
exceptionnelle, possédant une connaissance des
plus complètes de tout ce qui touche au domaine
musical, un excellent jugement, et accordant
aux arts et aux artistes la plus haute protection.
Il est compositeur lui-même, et dans sa jeunesse
il a pris des leçons de chant de la célèbre Ma-
libran.
En 1871, de son propre mouvement, le roi des
Pays-Bas a pris l'initiative lie fonder une Insti-
tution musicale où des pensionnaires, soumisaux
ordres de ce prince, reçoivent une éducation
musicale complète dans le chant, l'art lyrique
et dramatique, le piano, le violon, le violoncelle
et la composition, le tout aux frais du roi. Guil-
laume 111 a acheté à Bruxelles un hôtel où les
pensionnaires pour le chant (demoiselles) tra-
vaillent sous la direction de M. G. Cabel , où elles
sont logées et placées sou'^ la surveillance d'um-
dame de compagnie , et oii enlin t lies peuvent
accomplir leurs études pour aborder ensuite le
théâtre et la carrière dramalii|ue.
Chaque élève qui désire avoir l'honneur de de-
venir pensionnaire du roi doit passer un exainen
préalable devant le commissaire royal , M. Van
der Does , et les pensionnaires pour le chant
ne sont admises qu'après avoir travaillé pendant
six mois avec un protefseur désigné par ce der-
nier, et après avoir fait preuve d'aptitudes réelles
pour le chant et pour la scène. S. M. le roi a
décrété qu'un examen comparatif devra avoir
lieu tous les trois ans , de même qu'un concours
dédiant, où sera décernée une médaille d'or
eniichie de diamants dite médaille Malibran,
laquelle ne sera donnée qu'aux demoiselles pen-
sionnaires de première classe pour l'art lyrique
et dramatique.
Le roi a institué aussi un concours triennal
pour les pensionnaires instrumentistes et com-
positeurs, concours où seront distribuées trois
médailles -. une médaille d'or pour la meilleure
composition d'une symphonie ou d'une ouverture
à grand orchestre, une médaille d'argent pour
la meilleure composition d'une œuvre de musi-
que de chambre (trio, quatuor ou quintette pour
piano et instruments à cordes) ; enfin une médaille
de bronze pour le meilleur ouvrage pour piano
seul ou pour chant avec accompagnement de
piano.
Chaque année , Guillaume III donne à son
château royal du Loo de magnifiques fêtes mu-
sicales pour l'audition des meilleurs pension-
naires, en présence d'un jury composé d'artistes
néerlandais et de maîtres étrangers, qui sont
conviés à ces solennités par invitations spéciales.
Déjà, MM. Ambroise Thomas, Reber, Victor
Massé, Félicien David, Liszt, Co^ta et beaucoup
d'autres sommités musicales ont trouvé au châ-
teau du Loo une réception royale qui se renou-
velle chaque année , et y reçoivent un admira-
ble accueil dont ils gardent souvenance.
L'art et les artistes occupent une grande
place dans la vie de S. M. Guillaume III , qui ,
nous le répétons , n'a cessé, pendant tout le cours
de son règne, d'accorder le plus grand encou-
ragement à l'art , la plus éminente protection
aux artistes.
Ed. de h.
* GUILLEMAIIV (Gabriel). Cet habile vio-
loniste écrivit la musique d'un ballet représenté
le 11 janvier 1749, à la Comédie-Italienne, sous
le litre de V Opérateur chinois.
GUILLEMIIV (Amédée) , écrivain et savant
français, s'est acquis, depuis une quinzaine
il'années, une notoriété légitime par le talent
qu'il a déployé dans la discussion et la vulgari-
sation des grands faits scientifiques qui préoc-
cupent le monde moderne. Il ne saurait être
question ici des importants et intéressants tra-
vaux de M. Amédée Guillemin sur l'astronomie,
mais il me faut signaler le livre qu'il a publié
sous ce titre : Le Son, notions d'acoustique
physique et musicale (Paris, Hachette, 1875,
in-i2, avec figures nombreuses). On peut repro-
cher sans doute à l'auteur de n'avoir pas fait
tous les efforts possibles pour rendre plus facile
et moins laborieuse la lecture d'un tel ouvrage;
mais les musiciens lui sauront gré, du moins,
de n'avoir pas suivi l'exemple qui lui était donné
par tous les savants. On n'ignore pas en effet que
ceux-ci, confomlant à tort et de propos délibéré
deux choses aussi absolument distinctes que la
musique et l'acoustique, prétendant subordon-
ner la première à la seconde alors que le do-
maine de l'une et de l'autre est essentiellement
différent, ont Ihabitude de le prendre de haut
avec les musiciens, de leur fairela leçon au su-
jet d'un art qui , dans ses manifestations expres-
sives, échappe à leur jugement et n'a que faire
avec l'étude des lois de la physique , et veulent,
sous prétexte de science, en remontrer aux plus
grands génies, compositeurs ou virtuoses. M. Amé-
dée Guillemin a eu la sagesse et le bon goût de
ne point tomber dans ce travers : traitant une
question de physique, il est resté dans le do-
maine de la physique sans prétendre empiéter
sur celui de l'art, et son traité y a gagné en jus-
tesse, en clarté et en lucidité.
GUILLEMINOT — GUILMANT
433
GUILLEMINOT, ( ). Un artiste de ce
nom a fait représenter sur le théâtre de Greno-
ble, le 11 mai 1780, un opéra-comique en 2 ac-
tes, intitulé : rofficier français à l'armée. Le
livret de celte pièce a été imprimé.
GUILLOT DE SAINBIIIS (Antomn),
professeur de client et compositeur, né vers
1820, fit de bonnes études musicales à l'issue des-
quelles il se livra à l'enseignement du chant. 11
a publié un assez grand nombre de romances et
mélodies vocales, et est aussi l'auteur des ou-
vrages suivants -. 1° vocalises pour soprano,
viezzo-soprano et contralto; 2" 12 Vocalises
pour voix de viezzo-soprano ; 3° Vocalises
caractéristiques pour soprano ou ténor; 4"
Vade-mecum du chanteur, 50 exercices jour-
naliers, propres à rendre la voix agile. M. Guillot
de Sainbris a fondé une société chorale d'ama-
teurs (hommes et femmes ) , qu'il dirige avec
habileté, et qui, chaque hiver, donne à Paris plu-
sieurs séances intéressantes.
* GUILLOU (JosEi'ii) , flûtiste et composi-
teur. Selon VHistoire du Conservatoire de
Lassabalhie, cet artiste était né le 4 décembre
1787. 11 devint professeur de flûte au Conserva-
toire en 1816, et abandonna cette situation en
1830, époque à laquelle il fut remplacé par Tu-
lou.
GUILMANT (Félix-Alexandke), orga-
niste fort distingué, est né à Boulogne-sur-Mer
le 12 mars 1837. Son père, qui pendant cinquante
ans fut organiste de l'église Saint-Nicolas de
cette ville, fut son premier maître. A douze ans,
le jeune Guilmant le remplaçait souvent à l'orgue,
et c'est à partir de cet âge qu'il reçut des leçons
d'harmonie de M. Gustave Caruili, fils du fa-
meux guitariste de ce nom, artiste d'un vérita-
ble talent, auteur de compositions nombreuses
et depuis longtemps fixé à Boulogne-sur-Mer. On
peut presque dire cependant que M. Alexandre
Guilmant s'est formé seul, à force de travail ,
de volonté et de persévérance intelligente, lisant
de nombreux traités, étudiant les œuvres des
maîtres et s'imprégnant de leur génie, s'enfer-
mant chaque jour deux ou trois heures dans
l'église pour y travailler l'instrument qu'il ado-
rait, enfin écrivant constamment et méditant
sans cesse sur son art. A peine âgé de seize ans,
il était nommé organiste de l'église Saint-Joseph
et à dix-huit ans il faisait exécuter à Saint-Ni-
colas sa première messe solennelle (en fa), bien-
tôt suivie de deux autres messes (en sol mineur
et en mi b majeur), et de plusieurs motets, éga-
lement avec orchestre, œuvres qui furent toutes
accueillies avec une grande faveur. Devenu, en
1857, maître de chapelle de [Saint-Nicolas, il
BIOGR. tjjilV. DES MUSICIENS. SUPPf . — T
était peu de temps après nommé professeur de
solfège à l'École communale de musique, et en
même temps s'occupait de la création d'un Or-
phéon, qui , sous sa direction, remportait plu-
sieurs prix importants dans différents concours.
Enfin , à la même époque, M. Guilmant, qui ne
se contente pas d'être un organiste hors ligne ,
et qui n'est pas seulement encore un excellent
pianiste, tenait une partie d'alto à la Société phil-
harmonique.
En 1860, le célèbre organiste Lemmens ayant
eu l'occasion de l'entendre, fut frappé de ses
rares qualités et lui offrit le secours de ses pré-
cieux conseils ; le jeune artiste n'eut garde de
refuser une proposition aussi utile et aussi flat-
teuse, et devint l'élève favori de ce grand maî-
tre. Bientôt M. Guilmant se fit remarquer, à de
nombreuses reprises, dans les séances qui avaient
lieu en différentes villes pour l'inauguration d'or-
gues nouvelles, et son talent s'affirma avec un vé-
ritable éclat ; on en jugera par ces lignes que lui
consacrait Adrien de la Fage, à propos de l'inau-
guration de l'orgue d'Arras, dans la Gazette
musicale du 3 novembre 1861 : « Quant à
M. Guilmant, nous le connaissions déjà par quel-
ques compositions qui prouvaient l'habitude d'un
travail sérieux et consciencieux , mais nous ne
l'avions jamais entendu ; il a joué dans cette
même séance , et ce serait déjà un assez consi-
dérable éloge de dire qu'il a su faire apprécier
son talent au milieu des artistes qui viennent d'ê-
tre nommés et dont la réputation est si bien mé-
ritée, mais nous devons entrer dans quelques
détails à son égard, car deux jours auparavant
nous l'avions entendu à une séance particulière,
dans laquelle il avait joué sur ce même orgue
avec le plus grand succès. Une pièce intitulée par
lui- Méditation avait sous ses doigts causé une
vive impression à tous les auditeurs. Il n'en
pouvait être autrement , car en elle se trouvent
réunis avec beaucoup de bonheur les ressources
de la science et les accents de l'inspiration : chez
M. Guilmant l'inspiration semble gagner à se
prescrire des bornes qui cependant ne la gênent
aucunement. Du reste il ne s'en tient pas à jouer
sa propre musique. II a terminé ses études sous
M. Lemmens, c'est assez dire qu'il se plaît à la
lecture des grands maîtres et paraît avoir la
noble ambition de marcher sur leurs traces; il
semble même avoir déjà trouvé le sentier qui
conduit à eux, car M. Fétis, entendant la Médi-^
talion dont nous venons de parler sans en con-
naître l'auteur, crut qu'elle était l'œuvre d'un
de ces hommes à qui l'on n'attribue jamais que
ce qu'il y a de meilleur. »
I Un succès plus considérable encore était ré*
I. 28
434
GUILMANT
serve à M. Guilmant. Après avoir, le 29 avril
1862, participé avec plusieurs autres artistes à
l'inauguration de Torgue admirable de Saint-
Sulpice, à Paris, il [donnait, seul, le 2 mai sui-
vant, une séance particulièrement intéressante
sur ce merveilleux instrument, séance dont
M. Elwart rendait compte en ces termes :
'« L'habile organiste de Boulogne a joué
successivement un concerto de Hœndel, une
toccala et une fugue en ré mineur de Sébas-
tien Bach, une pastorale de Kullak, et plusieurs
morceaux de sa composition, parmi lesquels une
communion d'un sentiment exquis a été très-
remarquée. Pour finir, le jeune artiste, qui est
élève de son père et du célèbre Lemmens, a tou-
ché une marche d'un grand style , arrangée par
lui sur un thème de Hœndel. L'orgue de Ca-
vaillé-Coll est tellement compliqué, quand on
mélange les jeux innombrables qui le composent,
qu'il faudrait un travail de plus d'un mois pour
parvenir à le bien connaître. Alexandre Guilmant
n'avait eu que deux heures pour se préparer !
Chacun a admiré l'intelligence de l'organiste de
Saint-Nicolas; et après la séance, les artistes qui
s'étaient rendus à son invitation l'ont vivement
complimenté. Il est beau à un jeune artiste de quit-
ter ses affections , ses travaux pour venir deman-
der à Paris le baptême d'une réputation naissante ;
et Alexandre Guilmant, en retournant à Boulogne,
n'aura que des félicitations à recevoir de sa fa-
mille et de ses concitoyens pour l'excursion glo-
rieuse qu'il vient de faire dans la caititale. »
On voit que bien avant son installalion à Pa-
fis, qui n'eut lieu qu'en 1871 , M. Guilmant s'é-
tait acquis une réputation solide , qui ne lit que
s'accroître encore par les nouveaux voyages qu'il
eut l'occasion de faire à l'étranger, particulière-
ment en Angleterre, où son talent est surtout
apprécié, pour l'inauguration et la réception des
orgues de diverses églises. L'une des séances qui
lui firent le plus d'honneur, sous ce rapport, est
celle qui eut lieu à Paris, pour l'inauguration
du grand orgue de Notre-Dame, et dans laquelle
il fit entendre, avec un grand effet, sa superbe
marche funèbre. Mais bientôt le jeune organiste
allait enfin trouver une situation digne de lui.
Le regrettable Chauvet (Foy. ce nom), un artiste
de premier ordre aussi, ayant été enlevé, au mois
de janvier 1871, par une maladie de poitrine,
M. Guilmant fut appelé à le remplacer dans ses
fonctions d'organiste de l'église de la Trinité, et
depuis lors il a pris place au notnbre de nos
meilleurs artistes en ce genre, et sa renommée
n'a Cessé de grandir. Cette renonimée s'est éten-
due à l'étranger aussi bien qu'à Paris^ grâce sur-
tout aux belles compositiorts dé M. Guilmant,
qui est aujourd'hui considéré comme l'un des
premiers organistes de l'Europe (1). i
M. Guilmant possède en effet toutes les qua-
lités qui font les grands organistes : à une ins-
truction solide, étendue et variée, à une ardeur
de lecture infatigable , à une mémoire toujours
exercée et tenue en haleine qui lui permet de re-
tenir les plus grandes œuvres des maîtres immor-
tels de l'art, les Frescobaldi, les Bach, les iHœn-
del, il joint les connaissances théoriques et pra-
tiques qui forment le musicien consommé, qui
aident à l'improvisation et donnent à celle-ci son
charme, sa noblesse et sa solidité, enfin par l'é-
tude constante qu'il a faite des ressources mul-
tiples de l'instrument, de l'emploi et du mélange
de ses divers jeux , il en sait tirer les effets les
plus opposés, les plus inattendus et les plus va-
riés. Son talent comme compositeur n'est pas
moins remarquahle , l'inspiration chez lui jest
fécondée par le savoir, elles œuvres publiées jus-
qu'à ce jour par M. Guilmant donnent les preuves
incontestables de la richesse de son imagination
et de l'excellence de ses principes artistiques.
Voici la liste des compositions les plus impor-
tantes dues à la plume de cet artiste extrême-
ment remarquable et singulièrement laborieux :
— 1° Quatre Messes à 4 voix, avec accompa-
gnement d'orchestre ou d'orgue ; — 2" Motets à
4 voix, avec orchestre ou orgue; — 3" 12 Mo-
tets à 1, 2, 3 ou 4 voix, avec accompagnement
d'orgue ou d'harmonium, op. 14, Paris, Blériot,
in-S" ; — 4"" Échos du mois de Marie, cantiques
à une ou deux voix égales, avec accompagne-
ment d'orgue ou d'harmonium, Paris, Blériot,
in-8° ; — b" Quam dilecta (psaume 83), à 4 voix,
solos et chœurs , avec accompagnement d'orgue,
op. 8, Paris, Lebeau, iu-8"; — 6° Pièces de dif-
férents styles pour orgue (en 12 livraisons),
recueil d'une rarfe richesse et de la plus grande
valeur, dont on ne saurait trop recommander la
lecture et l'étude à tous les organistes, Paris,
Schott ; — 7° L'Organiste pratique, recueil de
pièces de moyenne difficulté pour l'orgue (2 li-
vraisons parues); 8° Sonate pour le grand orgue;
(!) Dans son Intéressant travail sur VOrgtie du Pulalt
dcl' Industrie d' Amsterdam (Amsterdam, 1876), M. Phil-
bert a écrit ceci : — «« M. Alexandre Guiliuaut est devenu
l'urganiste favori du public anglais. Cliaque année il
passe plusieurs fois la Manche pour aller donner des sé-
ries de concerts, à Sheffield surtout, sur l'admirable ins-
trument qu'y a construit M. Cavaillé-Coll. Au dire de
Lemmens, dont il est un des meilleurs élèves, il captive
tellement ce public, que d'excellents organistes du pays
ont à redouter de se faire entendre après lui- » On peut
lire dans le même ouvrage le récit des triomphes (le
mot n'est pas exagéré) que M. Guilmant a obtenus a
Amsterdatu lors de sou voyage en cette ville pour l'inau-
suration de l'orgue du Palais de l'Industrie.
OniLMANT — GUIMET
435
— 9" Morceaux pour harmonium [Prière et
Berceuse, op. 27; Canzonetta, op. 28;
Fughetta, |0p. 29: scherzo, op. 30; Aspiration
religieuse op. M ; Villageoise, op. 32 ; Air,
Gavotte et Menuet deJ.-S. Bacli, transcrits; Al-
legro, Air et Finale de Ilœndel , transcrit.s;
chœur et Rondeau de Phaéton, de Luliy, trans-
crits], Paris, Sfhott;— 10" Deux Morceaux
pour liarmonium {Recueillement; Valse), id.,
id.; — 11" Plusieurs duos pour piano et har-
monium; — 12° Morceaux pour piano seul :
Canzonetta; Idylle , Scherzo-valse ; Pauline ,
polka; Mazurka; Air d'une cantate de Jean-Sé-
bastien Bach, transcrit, etc., Paris, Schott; enfin,
un assez grand nombre de morceaux de divers
genres, pourcliantou pourdifférentsinstruments.
M. Guilmant a écrit aussi, sur un poème de
M. Charles Barthélémy, un oratorio-symphonie
en deux parties, Geneviève de Paris, qui n'a
pas encore été exécuté.
GUIMARÂES ( Josii.RiBEino ), littérateur
portugais, naquit à Lisbonne le 2 octobre 1818.
Ayant achevé ses études de droit en 18i4 à l'U-
niversité de Coimhre, il se proposa d'entrer
dans la magistrature. Toutefois, ses opinions po-
litiques très-libérales, les troubles qui éclatèrent
bientôt et des difficultés de toute sorte vinrent
retarder son entrée dans la carrière. Ce n'est
que vers la fin de l'année 1846 qu'il se vit nom-
mer juge (Juiz de dircilo) à Merlola. L'inter-
vention étrangère mit fin à ses travaux officiels ,
et depuis lors jusqu'en 1854 il refusa d'accepter
les places que lui offrit le gouvernement , parce
qu'il ne partageait pas ses vues. En 1854 il en-
tre comme primeiro officiai à la Bibliothèque
nationale de Lisbonne, charge qu'il occcupe en-
core au moment où cette notice est écrite (Dé-
cembre 1875). Le docteur Guimarâes a droit
à une place dans ce livre à cause des nombreux
travaux de littérature musicale qu'il a publiés
dans les meilleurs journaux de Lisbonne, no-
tamment dans le Jornal do Commercio. Ses
travaux dans la rédaction de ce journal si impor-
tant datent de 1854, mais il avait déjà travaillé
auparavant dans le Patriota (1852). C'est lui
qui a éveillé le goût des études historiques sur
la musique, marchant d'accord avec un autre
amateur aussi distingué, M. Joaquim José Mar-
ques, dont je parlerai plus tard. Il est impossi-
ble de dresser ici la liste complète des écrits de
M. Guimarâes, et nous citerons seulement les
plus importants; d'abord une excellente, bio-
graphie de Marcos Antonio Portugal (I), connu
(1)11 est juste dédire que c'est M. Fraucisco InnoCencIo
da Silva, le savant bibtiograpUe, .qui a donné le premier
Une bonne biographie de Marcos Portugal. Ce que Kétls
eti dit est intioiuitlet et parfois inëxrtct.
sous le nom de Portogallo(roy. ce nom), une no-
tice inédite .sur .son frère Simào Portugal, une
Historia do Tbc.atro do Bairro Alto où l'on
trouve des renseignements utiles sur l'histoire de
l'Opéra en Portugal , des notes inédites très-cu-
rieuses siirAngelica Catalani,sHr Mercadante, et
sur une foule de musiciens portugais des dix-
huitième et dix-neuvième siècles. En 1873, le
D" Guimarâes fit paraître à Lisbonne une excel-
lente biographie de la célèbre cantatrice M"*" Todi,
qui malheureusement n'a pas été appréciée selon
son mérite en Portugal; l'auteur avait généreu-
sement abandonné ses droits et le produit de la
vente de l'ouvrage en faveur des descendants de
l'illustre cantatrice qui vivent encore à Lisbonne.
M. E. David a rendu hommage à cet excellent
travail dans la Revue et Gazette musicale
(1875). Dernièrement, le docteur Guimarâes a
fait paraître dans le Jornal do Commercio des
Memorias para a historia dos theatros de
IJsboa, qui sont d'une grande valeur et qui ren-
ferment de riches matériaux sur l'histoire de
l'Opéra à Lisbonne. Son Suvimario de varia
historia (1), sorte de mosaïque littéraire sur les
sujets les plus variés et les plus curieux, renferme
des notes fort utiles sur l'histoire des arts et
métiers en Portugal. M. Guimarâes tient le feuil-
leton musical du Jornal do Commercio et y
exerce la critique d'ime façon très-honorable;
ses articles sur le théâtre de S. Carlos ( Opéra
de Lisbonne) .sont remarqués; on trouve encore
des travaux de lui dans VArchivo Pittoresco,
dans Artes e Lettras, etc. , etc.
J. Dli V.
GUIMET (Emile), riche industriel et amateur
distingué de musique, est né à Lyon eu 1836.
Fils d'un inventeur dont les nouveaux procédés
chimiques firent faire de grands progrès à cer-
taines industries spéciales, et qui, en exploitant
lui-même ces procédés, augmenta d'une façon
notable une fortune déjà considérable, M. Gui-
met, tout en aidant dans ses entreprises son père^
auquel il a succédé depuis, étudia avec ardeur
la musique, vers laquelle il se sentait attiré par
un goût irrésistible. Il travailla d'abord le piano,
puis se livra à l'étude de l'harmonie sous la di-
rection successive de MM. Joseph Luigini, De-
billemont et Richard Lindau. Dès 1859, il pu-
bliait à Paris (chez Flaxiand) im recueil de dix
Scènes et Mélodies, bientôt suivi d'une série de
petites pièces pour le piano, intitulées Croquis
espagnols. Un peu plus tard, M. Guimet écrivait
la musique d'un ballet en 2 actes et 4 tableaux.
ft) C'est un choli; de ses raellleurs articles, publiés
autrefois dans le Jornal do Commercio. Quatre volumes
en ont déjà paru ; le 5* est sous pïesse.
436
GUIiMET — GUIRAUD
VŒuf blanc et l'Œuf rouge, qui était rei>ié-
senlé au Grand -Théâtre, de Lyon le 26 novembre
1867. L'œuvre la plus importante de M. Guimet
est un grand oratorio, c'est-à-dire une « orien-
tale symphonique, » le Feu du ciel, vaste com-
position pour soli, chœurs, orchestre et fanfare,
écrite sur des vers de M. Victor Hugo, que l'au-
teur fit exécuter pour la première fois à Lon-
dres, dans Sainl-James's hall, au mois de juillet
1872, et ensuite à Paris, au théâtre du Chàtelet,
dans deux concerts donnés par lui au mois de
février 1873. La critique accueillit favorable-
ment la partition du Feu du Ciel, qui ne man-
quait en vérité ni de talent, ni de verve, ni de
gmndeur.
M. Guimet a aidé considérablement, dit-on, et
par son activité et par sa fortune, au développe-
ment du mouvement musical et du mouve-
ment orpliéonique dans sa ville natale, ce qui
l'a fait nommer officier d'académie et mem-
bre de l'Académie des sciences, belles-lettres
et arts de Lyon, dont son père a été pré-
sident à plusieurs reprises. Il manie d'ailleurs
la plume avec facilité, et après avoir publié deux
récits de voyages, l'un en Espagne, l'autre en
Egypte, il a donné sous ce titre : Cinq Jours à
Dresde, une relation intéressante de la grande
fête des chanteurs qui eut lieu en cette ville du
22 au 26 juillet 1805 (Lyon, Méra, 1860, inl2).
M. Guimet a public aussi quelques chœurs or-
phéoniques : l'Hymne à la musique, le Cons-
crit, la Saint-Jean, les Faucheurs, etc. En
1876, M. Guimet a été chargé par le gouverne-
ment français d'une mission scientifique au
Japon, et s'est acquitté de celte mission de la
façon la plus distinguée. Peu de temps après, il
était nommé chevalier de la Légion d'honneur. —
La mère de cet artiste. M'"' Zélie Guimet, fille du
peintre Bidault, a fait preuve elle-même de talent
dans la peinture et s'est fait remarquer par quel-
ques bons tableaux, entre autres une Judith
qui a figuré au salon de 1827 (1).
GUIIVDANI (E ), musicien italien con-
temporain, a fait représenter sur le théâtre de
Parme, le 16 février 1876, un opéra sérieux qui
avait pour titre la Ileginadi Castiglia. Cet ou-
vrage n'a obtenu aucun succès.
GUIRAUD (Jean-Baptiste), compositeur et
l)rofesseur, né à Bordeaux en 1803, fit ses études
au Conservatoire de Paris, où il fut élève de
Reicha et de Lesueur. Admis au concours de
l'Institut, il remporta en 1826 le premier second
(1) Voici les titres des récits de .voyage publiés par
M . Éraile Guimet : !■> A travers l'Espagne, Lyon, Méra,
181)2, in-l2;2° Croquis éfiyptiens, Paris, Hetzel, in-lî;
30 Esquiiscs Scandinaves, Paris, Hetzel, iu-12, 1816.
grand prix de composition, et l'année suivante le
premier grand prix. Devenu par ce fait pension-
naire de l'Académie de France à Rome, il alla
passer plusieurs années dans cette ville, et fit à
l'Académie des Beaux-Arts les envois réglemen-
taires, envois parmi lesquels se trouvaient des
fragments d'un opéra sérieux italien, intitulé
Ruggero e Bradamante. De retour à Paris, il
essaya, comme tant d'autres, de se produire au
théâtre ; voyant qu'il n'y pouvait réussir, il prit
le parti de quitter la France et d'aller s'établir à
la Nouvelle-Orléans, où il se lit une brillante po-
sition comme professeur. Au bout de quelques
années, il revint à Paris, s'y maria, tenta encore,
mais toujours inutilement, d'aborder la scène, et
après en avoir reconnu de nouveau l'impossibilité,
repartit pour la Nouvelle-Orléans. Je crois que
c'est en cette ville qu'il est mort, vers 1864.
GUIRAUD (Er.nest), compositeur, fils du
précédent, né à la Nouvelle- Odéans le 23 juin
1837, offre le seul exemple connu en France d'un
musicien fils de prix de Rome et ayant obtenu
lui-même le prix de Rome. Plus heureux que
son père, M. Guiraud a pu, non sans difficultés
toutefois, se produire comme compositeur dra-
matique, et il^est un des jeunes artistes sur les-
quels la nouvelle école française a le plus droit
de compter.
Vivant dans un milieu très-musical, M. Er-
nest Guiraud, qui était né avec de réelles fa-
cultés, vit ces facultés s'accroître encore sous la
direction de son père, qui, tout naturellement, se
chargea de son éducation artistique. Lorsqu'il
fut âgé d'une douzaine d'années, celui-ci l'amena
à Paris, non ()our l'y fixer encore, mais dans le
but de lui ouvrir l'imagination et de lui préparer
les voies de l'avenir. M. Guiraud père repartit
ensuite pour la Nouvelle-Orléans avec son fils,
em|)ortant avec lui un certain nombre de livrets
d'opéras qu'il avait achetés dans le but de l'exer-
cer à la composition dramatique. Parmi ces li-
vrets se trouvait celui du lioi David, représenté
à l'Opéra en 1846, et qui avait été le premier
ouvrage de M. Mermet. Le jeune Guiraud, attei-
gnant environ sa quinzième année , remit ce
poème en musique, et son Roi David, joué par
la troupe française de la Nouvelle-Orléans, ob-
tint dans cette ville un succès véritable.
La représentation de cet opéra fut l'adieu jeté
au pays qui l'avait vu naître par M. Ernest Gui-
raud, qui s'apprêlaità venir s'établir définitive-
ment dans sa véritable patrie. Il s'embarqua en
effet pour la France, afin d'y continuer ses étu-
des, d'y parfaire son éducation musicale, et de
s'y faire une position. Il y trouva tout naturel-
lement d'intimes relations : les amis de son père,
GUIRÂUD
43"
pnis les membres de sa propre famille, parmi
lesquels son oncle, M. Croizilles, violon-solo de
rOpéra-Comique, qui en prit la garde et qui
veilla sur lui avec un soin tout paternel. Presque
aussitôt arrivé à Paris, il entra au Conservatoire,
dans la classe de piano de M. Marmontel, dont il
devint rapidement l'un des meilleurs élèves. Dès
1855, ilobtenaitun premier accessit, remportait le
second prix en 1857, et le premier en 1858. En
même temps il suivait un cours d'harmonie avec
M. Barbereau, qui avait été chez Reicha le con-
disciple de son père , et entrait bientôt dans la
classe de composition d'Haiévy. Ses progrès y
furent si rapides qu'en 1859, à son premier con-
cours à l'Institut, il enleva d'emblée le premier
pri\ de Rome, qui lui fut décerné à l'unanimité.
La cantate de concours avait pour auteur
Edouard Monnais, et pour titre Bajazet et le
Joueur de flûte.
M. Cuiraud, qui tenait alors à l'orchestre de
rOpéra-Comique le modeste emploi de timbalier,
partit donc pour Rome, comme tant d'autres ;
mais son séjour dans la ville éternelle fit peut-
être plus d'impression sur son esprit qu'il n'en
fait d'ordinaire sur celui de ses confrères. Nature
ardente, enthousiaste, doué d'un sentiment ar-
tistique très-intense et très-développé, il con-
serva de son voyage en Italie, de la vue de cette
nature généreu.se et luxuriante, de la contempla-
tion de tant de chefs-d'œuvre accumulés par les
siècles, un souvenir qui, loin de lui peser, lui est
toujours resté cher. M. Guiraud, du reste, ne
faillit point aux obligations imposées par le règle-
ment aux élèves de l'école de Rome, et fit exac-
tement à l'Académie des Beaux-Arts les envois
auxquels il était tenu : il envoya la première
année une messe solennelle, la seconde année
un opéra bouffe italien en un acte, gli Avven-
turieri, et la troisième un opéra-comique en un
acte intitulé Sylvie.
M. Guiraud commença sons d'heureux auspi-
ces sa carrière de compositeur. Au rebours de
tant d'autres prix de Rome, qui ne peuvent par-
venir à se faire jouer, il était à peine de retour à
Paris et touchait encore les derniers mois de sa
(tension, lorsque l'Opéra-Comique livra au public
ce petit opéra de Sylvie, précédemment envoyé
par lui à l'Académie des Beaux-Arts. Représenté
le 11 mai 18G4, cet aimable ouvrage fut favora-
blement accueilli. Son auteur dut cependant
attendre cinq ans une nouvelle occasion de se
produire, et ce n'estVpie le 5 mars 18G9 que le
Théâtre-Lyrique fit paraître En Prison, nouvel
ouvrage en un acte dû à la plume de M. Gui-
raud ; encore ce dernier ne fut-il joué que contre
le gré du compositeur, qui, mécontent du livret
de ses collaborateurs, mécontent même de sa
partition, eût désiré ne leur jamais laisser voir
le jour. Le jeune musicien donna, le 2 juillet 1870,
à l'Opéra-Comique, un troisième ouvrage en un
acte, le Kobold, qui réussit à souhait, mais
dont les événements vinrent arrêter la car-
rière.
La guerre survenue, M. Guiraud ne voulut
pas profiter de l'exemption du service militaire
à laquelle lui donnait droit son titre de prix de
Rome ; il s'engagea même dans un bataillon de
marche, fit son devoir jusqu'au bout, et fit bra-
vement le coup de feu en plus d'une occasion,
notamment dans les deux sanglantes journées de
Champigny et de Montretout, où il vit bon nom-
bre de ses compagnons tomber autour de lui.
Plus heureux pourtant que notre brave et cher
Henri Regnault, venu de si loin pour se faire
tuer en héros, il ne fut pas même blessé.
Une fois la paix rétablie, M. Guiraud se remit
au travail. On le retrouve bientôt aux Concerts
populaires, où, le 28 janvier 1872, il fait exécuter
une suite d'orchestre fort remarquée et qui mé-
ritait de l'être ; cette composition le classa aus-
sitôt dans l'opinion des artistes et du public, et
vint confirmer les espérances qu'on avait conçues"
de son talent; elle accusait chez son auteur
une étude sérieuse et approfondie des grands
maîtres, principalement dans le prélude, qui
est de conception toute classique, et une grande
connaissance des ressources de l'orchestre, sur-
tout dans le finale (Carnaval), page brillante et
entraînante, morceau plein d'action, de mouve-
ment et de couleur.
Le 23 novembre 1872, M. Guiraud donnait au
petit théâtre de l'Athénée un opéra-comique en
deux actes. Madame Turlupin, dont la parti-
tion extrêmement distinguée lui fit le plus grand
honneur, et qui mériterait d'être repris sur une
scène plus importante. 11 écrivit ensuite la mu-
sique d'un ballet en un acte, Gretna-Green, qui
fut représenté à l'Opéra le 5 mai 1873, fit exé-
cuter l'année suivante aux Concerts populaires
une Ouverture de concert (l*"' mars 1874) et un
air de ballet (6 décembre), et enfin donna à l'O-
péra-Comique, le 11 avril 1876, un ouvrage en
trois actes, intitulé PiccoUno. Moins originale,
moins neuve à mon sens que celle de Madame
Turlupin, la partition de PiccoUno , qui a été
très-bien reçue du public et de la critique, n'en
est pas[moins une œuvre remarquable, dont l'al-
lure franche et hardie tranche d'une façon très-
heureuse avec celle de certaines produclions
contemporaines dont les auteurs, se rappro-
chant des tendances anti-scéniques de la nou-
velle école allemande, voudraient acclimater au
438
GUIRAUD — GUYOT
théâtre des procédés qui en sont précisément la
négation pure.
Au reste, et musicalement parlant, M. Ernest
Guiraud n'est ni un rêveur ni un élégiaque. C'est
un tempéramment nerveux, ciiaud, vivace, qui
a besoin de l'entraînement de la scène, et qui est
visiblement et invinciblement attiré vers le théâ-
tre, dont il a le sentiment inné. Sa musique a
les véritables qualités |qui conviennent au drame
lyrique : l'action, le mouvement, la chaleur, la
vie, et par conséquent, au point de vue techni-
que, le rhythme, qui est justement l'âme et l'es-
sence de toute musique vivante. Malheureuse-
ment, et par la faute de nos administrations
théâtrales, M. Guiraud n'a pu donner encore la
mesure exacte de son talent, et produire une
œuvre où il se soit livré tout entier. Mais ceci
viendra rapidement maintenant, il faut l'espérer,
et M. Guiraud ;n'en reste pas moins l'un des
soutiens les plus fermes, les plus intelligents et
les mieux doués de la jeune école française.
Voici la liste des œuvres gravées de M. Gui-
raud : l" Sylvie, im acte (l'aris, Lernoine); 2"
Madame Turlupin, 1 actes (Paris, Escudier) ;
3" Gretna-Green, ballet en un acte (Paris, Du-
rand-Schœnewerk) ;"4'^ Piccolino, 3 actes (id.,
id); 5° Suite d'orchestre en quatre parties, par-
tition d'orchestre et arrangement à 4 mains (id.,
id.); Mignonne, mélodie, Sérénade de Ruy-
Blas (Paris, Choudens) ; Crépuscule, mélodie
(dans la Revue de la musique).
Au mois de novembre 1876, M. Guiraud a été
nommé profes.seur d'harmonie et accompagne-
ment au Conservatoire, en remplacement d'E-
douard Baptiste,qui5venait de mourir.
(iUISLAIlV (PiERRK-JosKiii), violoniste et
clief d'orchestre, né à Berg-op-Zooin en 1757, se
fixa de bonne heure à Anvers, et tout en rem-
plissant l'emploi de violon-solo au théâtre, diri-
geait les concerts nobles, ceux de la Solidarité
et de la Société philharmonique, ce qui le ren-
dait en quelque sorte l'arliitre du mouvement
musical en cette ville. C'est lui qui, le premier,
lit naître le goût de la musique classique à An-
vers, surtout en y faisant exécuter les quatuors
d'Haydn et de Mo/art, presque inconnus avant
lui. Lui-même se faisait remarquer, comme
violoniste, par son excellente exécution des con-
certosde Yiotti, Kreutzer et Rode. On cite parmi
les compositions de cet artiste un Concerto de
violon et un livre de six Sonates pour deux vio-
lons, publiés à Anvers, chez Wauters.
* GUMBERT (Feudinand), compositeur,
est né à Berlin le 21 avril 1818. Cet arlisie n'a
pas publié jusqu'à ce jour moins de 400 lieder,
qui se font remarquer pour la plupart par un
sentiment très-personnel et un charme pénétrant.
Il a donné au théâtre Armonia, de Vienne, en
novembre 1867, une opérette intitulée Caroline
ou tme Chanson sur le golfe de Naples.
M. Gumbert, qui est très-versé dans la connais-
sance de la langue française, s'est fait aussi une
sorte de spécialité de la traduction de nos opé-
ras, et c'est à lui que l'on doit les adaptations
allemandes des Dragons de Villars, de l'Afri-
caine, de Mignon, de le Roi Va dit, etc., ainsi
que celle de la plupart des opérettes de M. Of-
fenbach. M. Gumbert est l'un des collaborateurs
actifs de la Nouvelle Gazette musicale de Ber-
lin.
GUMPRECHT (Otto), écrivain musical
fort distingué, né à Erfurt en 1823, a fait ses
études à Breslau, à Halle et à Berlin. Il est at-
taché depuis 1848 à la Gazelle nationale en
qualité de critique musical, et il a acquis sous
ce rapport une grande autorité, [que justifie un
talent très-solide et trés-sérieux. Il a publié sous
ce titre : Musikalische Charakterhilder {Por-
traits d'artistes musiciens) une série d'études
fort intéressantes sur Schubert, Mendelssohn,
NVeber, Rossini, Auber et Meyerbeer (Leipzig,
1868). On lui doit encore l'écrit suivant : Ri-
chard Wagner und sein Buhnenfestspivl
(Leipzig, 1873).
GUJ\G'L (M"" Vhu-.inie), lille du fameux
compositeur de danse Joseph Gung'l, a abordé
la carrière lyrique en débutant avec succès à l'O-
péra de Berlin, en 1872, dans la Flûte enchan ■
tée de Mozart et dans le Faust de M. Gounod.
GUIMTHER (Le docteur), médecin établi à
Leipzig, a écrit la musique d'un opéra, l'Abbé de
Saint-Gall, qu'il a fait représenter, sous le pseu-
donyme de Hœrther, au théâtre Victoria, de
Berlin, en juillet 1864. Cet ouvrage a eu du suc-
cès.
GUSTO (J -Z ), compositeur, vivait
vers le milieu du dix-huitième siècle à Zurich,
où il se fit une grande popularité, et où il pu-
blia le recueil suivant : Auserlesene geistliche
Lieder aus den besten Dichtern. Mit ganz
neuen leichten Melodieen versehen von J.-Z.
Gusto (Zurich, Ziegler, 1769, in-S"). Ce recueil
ne contient pas moins de 170 chants, dont 57 à
une voix, 6 à deux et 107 à trois et quatre voix,
dont la mélodie est généralement aimable et fa-
cile.
* GUYOT (Jean), et non Guioz. — Un an-
cien officier de l'armée belge, M. Clément Lyon,
qui s'est épris d'une véritable passion pour la
mémoire de cet artiste, a publié récemment sur
lui une brochure intéressante, qui complète et
rectifie les renseignementsconnusjusqu'àcejour,
GUYOT — r.UZMAN
439
et dans laquelle il annonce la publication pro-
chaine d'une biographie étendue et complète de
son héros. La brochure de M. Clément Lyon a
pour titre « Jean Guijot, dit Castileti, célèbre
musicien wallon du xvi'' siècle, maître de cha-
|)elle de S. M. l'I-^mpereur d'Allemagne Ferdi-
nand 1", né à Châtelet en 1512 (Charleroi, De-
laere, 1876, in-8°). » Il résulte tout d'abord des
renseignements recueillis dans cet opuscule, que
le nom véritable de l'artiste est Giiyot, et non
Gtiyot, et qu'il est né en 1512. « Jean (iuyot,
dit M. Lyon, inspiré sans aucun doute par l'esprit
patriotique, se donna, à l'étranger et même dans
.son pays, le nom de Joannès Castileti ou Jean
de Châtelet. Nous verrons plus loin qu'il latini-
sera son nom d'une manière différente encore et
qu'il en fera Joannès Guidonius, en accompa-
gnant ce nom du mot « Castilelanus », ce qui
prouve à quel point il tenait à son origine. Jus-
qu'aujourd'hui ces divers noms ont fait prévaloir,
dans l'esprit des biographes , l'idée de deux per-
sonnages distincts ; mes investigations m'ont
heureusement permis de rétablir la vérité au plus
grand honneur du maître de chapelle. Jean
Guyot, Joannès Castileti, Joannès Guidonius,
c'est-à-dire le compositeur de mu.slque et l'écri-
vain ami des arts ne sont bien réellement que les
noms différents d'une seule et même brillante
personnalité. »
Si les détails donnés par M. Clément Lyon
sont aussi si1rs et aussi précis qu'il le dit, l'ar-
tiste connu jusqu'ici sous le nom de Jean Gui-
donius (Voir Biographie tiniverselle des Mu-
siciens, t. iv), et considéré comme Hollandais
parce qu'il avait publié à Maestricht l'ouvrage
intitulé Minervalia, n'aurait jamais existé, où
plutôt n'était autre que celui qui nous occupe
ici, et doit être confondu avec lui. En effet,
M. Lyon revendique pour Jean Guyot la pa-
ternité de cet ouvrage important.
A l'âge de vingt-deux* ans, selon son nouveau
biographe, Guyot suit les cours de la Faculté
des Arts de Louvain. « Le 5 décembre IS^fi, il
.soutient sa thèse {respousio formalis), sorte
d'acte de préparation au grade de licencié ;
l'année suivante, il prend part au concours déli-
nitif, et, finalement, le 22 mars 1537, lors de la
promotion générale, ayant été proclamé 22" sur
108 concurrents, il est nommé licencié-ès-arts. »
Il commence alors sa carrière. En 1546, on le
retrouve à Liège, oii il est chapelain à la collé-
giale Saint- Paul, en même temps qu'il remplit
aussi l'office de maître des chantres (prxcentor),
et bientôt il devient maître de chapelle de la ca-
thédrale de Saint-Larnbert de la même ville.
Dix -sept ans plus tard, en l."»6.'{, sa renommée
l'ayant depuis longtemps fait mander et établir
à Vienne, et l'emploi de maître de chapelle de
l'empereur d'Allemagne étant vacant, il est
pourvu de cet office, qu'il ne remplit pourtant
(\ue pendant une année (septembre 1563 — 31 août
1564), par .suite de la mort de Ferdinand F*". Il
n'avait point perdu son temps d'ailleurs, car il
avait fondé et inauguré à Vienne, dès le 1" dé-
cembre 1563, une école musicale qu'il soutenait
en partie de ses deniers personnels. Toutefois,
Guyot revint à Liège en 1564, y retrouva son
emploi à la cathédrale, et mourut en cette ville
le 11 mars 1588, âgé d'environ soixante-seize
ans, jouissant de la renommée d'un grand ar-
tiste, de l'affection de ses proches et de l'estime
de tous.
GUYOT DE FÈRE (François-Fortuné),
écrivain français, né à Paris le 30 août 1791, a
publié, entre autres ouvrages assez nombreux et
de caractères très-divers, trois volumes d'un
Annuaire des Artistes français, dont le pre-
mier parut en 1832 (in-12). On trouve dans
cette publication, consacrée à toutes les bran-
ches des beaux-arts, quelques renseignements
intéressants' et quelques notices biographiques
sur un certain nombre de musiciens vivant à
cette époque. Guyot de Fère est mort vers 1865.
GUZMAN (JouGE de), musicien espagnol,
s'est fait connaître par la publication suivante :
Curiosidades del cantollano, sacadas de las
obras del Reverendo Don Pedro Cerone de
Bergamo, y de otros autores, dadas a luz a
costà de Jorge de Guzman, natural de la
Ciudad de Cadiz, en donde actualmente
exerce el oficio de sochantre de la Santa
Iglesia cathedral en dicha Ciudad, Madrid,
1709, petit in-4'' de 272 pages, avec un supplé-
ment de quatre feuillets non paginés.
J.-B. W.
GUZMAN (Floriano), compositeur italien,
vivait dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Il a fait représenter un opéra bouffe inti-
tulé gli Uccellatori, et un autre ouvrage, la
Contessina, écrit par lui en société avec plu-
sieurs autres artistes.
H
* HAAKE (C -WiuiELM), flûtiste alle-
mand et compositeur, est mort à Leipzig le
25 mars 1875. Il avait fait, pendant longues an-
nées, partie de l'orchestre du Gewandhaus de
cette ville.
HAAS (F ), facteur d'orgues contempo-
rain le plus renommé de la Suisse, est l'auteur
des orgues des cathédrales de Bâie, de Berne et
de Lucerne, qui se font remarquer par de solides
qualités et par un fini d'exécution peu com-
mun.
HAAS (Charles), professeur de chant, est
l'auteur d'un recueil intitulé l'Art du chant,
vocalises faciles (Paris, Prilipp), et d'un se-
cond recueil publié sous le titre de Quinze Vo-
ce/Jies-»U'7orfJes, faisant suite à VAi't du chant
(id., id.). On lui doit aussi quelques romances.
HAIÎEXECK (Charles), écrivain politi-
que, est l'auteur d'une brochure ainsi intitulée :
Précis historique de vmsique classique (Paris,
Dentu, 1861, in- 12 de 35 pp ). Il est le petit-neveu
d'Habeneck , qui fui directeur et l'un des plus
fameux chefs d'orchestre de l'Opéra.
* HABERBIER (Eiinest), est mort le 12
mars 1869 à Bergen (N'orwége), où il s'était re-
tiré depuis plusieurs années, continuant de se
livrer à l'enseignement. Il avait annoncé un con-
cert, et, quoique se sentant très-souffrant, n'en
voulut point reculer la ilate. Il se présenta donc
devant le public, et avait déjà exécuté un de ses
morceaux d'une façon fort brillante, lorsque, au
moment de terminer le second, il défaillit et se
laissa tomber sur son piano. On s'empressa de
lui porter secours, mais lorsqu'on voulut le re-
lever, il avait cessé de vivre.
HACKEIXSOELLNER (Léopold), pianiste
et compositeur autrichien, est fixé depuis plu-
sieurs années à Florence, où il dirige les concerts
de la Société philharmonique. Il a fait représen-
ter, sur un théâtre particulier de celte ville,
deux ou trois opérettes écrites sur paroles fran-
çaises, dont une intitulée le Dé, a obtenu un cer-
tain succès. Il a même donné au théâtre délie
Logge, le 25 avril 1877, un opéra-comique fran-
çais en trois actes, la Villa du spirite, écrit sur
des paroles de M. le duc de Dino. M Hacken-
sœllner, qui est très-répandu dans la haute so-
ciété de Florence, a épousé une chanteuse dra-
matique fort distinguée, M'""" , Barbieri-Nini
{Voyez ce nom), aujourd'hui retirée du théâtre.
* Hvï:iVDEL'(GEORGES-FRÉuéRic). Il n'est pas
inutile de faire remarquer que l'écrit de M. Vic-
tor Schœlcher sur la vie de cet artiste immortel,
publié à Londres sous ce titre : Life of Handel,
avait été inséré précédemment en français, par
fragments et presque en son entier, dans le
journal la France musicale. Depuis lors, il a
paru à Londres un livre de II. F. Chorley ; Han-
del studies {Études sur Hxndel, Londres,
in-8°),el la brochure suivante: A short commen-
iaryon H andeVs oratorio « the Messiah «{Court
commentaire sur Voratorio de Hxndel « le
Messie ») par John Crowdy, Londres, William
Reeves. En Allemagne a été publié aussi, il y a
quelquesannées, un écrit ainsi intitulé -. Handel
und Shakespeare. Zur ."Esthetlk der Ton-
kunst {Hxndel et Shakespeare. Stir l'esthé-
tiqne de la Musique), par M. G. G. Gervinus,
Leipzig, 1868, in-8". Enfin, j'ai moi-même publié,
lors des superbes exécutions du Messie don-
nées à Paris par la Société de l'Harmonie sacrée,
sous l'excellente direction de M. Charles La-
moureux {Vo>j. ce nom), un opuscule ainsi inti-
tulé : A propos de l'exécution du Messie de
Hxndel au Cirque des Champs-Elysées , te
19 décembre 1873, Paris, imp. Chaix, 1873,
in- 12 de 35 pages (1).
HAËXEL DE CROIXENTHALL (Loui-
se-Aucusta-Marie-Jllu, marquise D'HÉRI-
COURT DE VALIlNCOURT, née DE), dame com-
positeur, descend d'une antique maison patri-
cienne de Gratz, et est née en Saxe, en 1839.
Elle montra de bonne heure de rares aptitudes
pouf la musique, et ne commença cependant
l'étude de cet art qu'à dix-sept ans, non dans son
pays, mais en France, où elle était venue pour
terminer, son éducation littéraire, et qu'elle ne
quitta plus depuis lors. Elle fut successivement
l'élève de MM. Tariot, Franchomme, Camille
Stamaty, Eugène Prévost, Demerssemann, fit de
rapides progrès, et bientôt se livra avec ardeur à
la composition. Le nombre des œuvres composées
par M""" Haënel de Cronenihall (c'est sous ce
nom qu'elle s'est fait connaître) ne s'élève guère
à moins d'une centaine, dont une bonne partie
(I) Les deux traductions de Judas Machabée et du .Vej-
sie données par M. Victor Wilder en 1871 et 187S (Paris,
Heugel, in-t2) sont précédées de courtes noticeslhlstorl-
qufg sur ces deui ouvrages.
HAÊNEL DE CRONENTHALL — HyERTEL
441
a été publiée. Voici la liste des plus importan-
tes : 1° La Cinquantaine villageoise (épisode
de la vie de campagne), 1« symphonie; — 2°
Salut au printemps, 2* symphonie; — 3° La
Fantastique, 3' symphonie; — 4° Apollonia,
4" symphonie ; — 5" Bonheur pastoral, 1" so-
nate ;— G" La Simplicité, 2" sonate ; — 7° Gra-
ziosa, 3= sonate ; — 8» La Bonne Journée, 5^
sonate ; — 9" Vieux Style, Q' sonate, — 10° La
Dramatique, 1^ sonate; — 11" Léoncia, 8» so-
nate; — 12" Une partie de chasse, 9" sonate;
— 13" Miltweyda, 11' sonate ; — 14" Satisfac-
tion , 13e sonate ; — 15" Heureux Jour, i\' so-
nate; — 10" La Pathétique, 15" sonate; —
17" Naïveté, 16* sonate;— 18" Maestosa, il"
sonate; — 19" Gaieté classique, 19° sonate; —
20" L'Enfance de Beethoven, 21" sonate; —
n" Georgina, 22" sonate (1) ;— 22° Crémone,
quatuor pour instruments à cordes ; — 23" Six
Nocturnes (A'oc^tnvie, Regrets et Souvenirs, La
Patrie absente, Ne m'oublie pas, Filins dolo-
rosus, Florence) ; — 24" Romances sans pa-
roles {Au bord de la mer, Villanelle, Médita-
tion, Fragilité de la vie, l'Adieu, Rêves sur
l'Océan, Crépuscule, l'Horizon, le Naufrage
du bonheur) ; — 25" La Naissance de Jéstis,
Noël pour piano et chant; — 2fi° Le Retour des
Moissonneurs, marche ; — 27° Musettes gas-
connes, en forme de rondos; — 28" Les Cloches
du soir, fantaisie : — 29" La Pastorale, biuelte;
— 30° La Source, impromptu ; — 31" Alla mi-
litare, scherzo capriccioso ; — 32" Ophelia,
romance dramatique pour piano et violoncelle;
— 33" Joyeuse humeur, rondo; — 34" L'Élé-
gante, polonaise; — 35° Jonquille, gavotte; —
36° enfin des valses, polkas, mazurkas, varso-
vicnnes, qui, arrangées à grand orchestre, font
depuis longtemps partie du répertoire du con-
cert des Champs-Elysées, et un certain nombre
de romances et mélodies vocales.
jyjme Haënel de Cronenthall, qui est aussi l'au-
teur d'un opéra-comique jusqu'à ce jour inédit,
la Nuit d'épreuve , s'est fait remarquer en
1807, lors de l'Exposition universelle de Paris,
en transcrivant, pour l'orchestre du Jardin chi-
nois, quelques-uns des airs les plus populaires de
la Chine, travail qui lui a valu la grande mé-
daille d'honneur de l'Exposition et celle des com-
missions impériale et chinoise. Quelques-uns de
ces morceaux, transcrits pour le piano, ont été
publiés; ce sont les suivants : 1° La Descente
de l'hirondelle, air chinois cité dans le recueil
(1) tes sonates portant les n<" 4, lo, 12, i8 et îo, non
mentionnées ici, sont extraites des symphonies citées plus
baut et d'un quatuor pour instruments à cordes.
deschants populaires de Confucius ; 2° La grande
Tournante, danse chinoise en l'honneur des sa-
crifices offerts par l'Empereur sur l'autel rond ;
3° La Chanson du Thé, composée au dix-hui-
tième siècle par l'empereur Khien-Long ; 4" Le
Chalumeau, de Niou-Va, pastorale composée
par Ta-Joun, musicien de l'empereur Hoang-Ti,
en l'honneur de la princesse Niou-Va; 5" La
Danse des plumes, ballet pour inviter les es-
prits des quatre parties du monde à assister à la
fête des lanternes de Yang-Cheu ; 7" La Tasse
d'or, chanson à boire de l'empereur Ouan-Ti ;
8° La Joueuse de flûte de Sou -T chou- Fou,
couplets et refrain.
Hi^RTEL (CtiRisTOPHE), l'un des chefs de
la puissante maison d'édition musicale établie à
Leipzig et connue depuis plus de quatre-vingts
ans sous la raison sociale Breitkopf et Hxrtel,
naquit à Schneeberg en 1763. Vers la fin du
siècle dernier, il s'associa avec Christophe-Gotl-
lob Breitkopf, et les efforts- de ces deux hommes
intelligents firent de la maison qu'ils dirigeaient
l'une des premières de toute l'Europe. A la mort
de Breitkopf, en 1800, Christophe Hœrtel resta
seul propriétaire de l'établissement, qu'il dirigea
seul jusqu'en 1827, époque où il mourut [Voyez
BREITROI I').
HiERTEL (Heumann et Raymond), fils du
précédent, naquirent, le premier le 27 avril
1803, le second, le 9 juin 1810. A la mort de
leur père, ils prirent la direction de la maison
dont il était le chef,' et la gérèrent conjointe-
lïient pendant près d'un demi-siècle, c'est-à-dire
jusqu'à la mort de Hermann, arrivée à Leipzig
le 4 août 1875. Depuis cette époque, M. Ray-
mond Haertel est seul à la tête de cette impor-
tante librairie musicale.
HiEIlTEL (Gustave-Adolphe), violoniste
et compositeur, né à Leipzig le 7 décembre
1836, mort à Hombourg (les-Bains) le 28 août
1876, se distingua de bonne heure comme vir-
tuose. Après avoir donné à vingt ans des con-
certs dans différentes villes d'Allemagne, il de-
vint en 1857 chef d'orchestre à Brème, puis on
1863 au théâtre municipal de Rostock, où il
fonda V Associut'ion musicale, qui existe encore.
Le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin voulut
se l'attacher comme directeur de la musique de
la cour, mais en 1873 Hœrtel préféra la direction
de Hombourg comme plus lucrative et plus sa-
tisfaisante au point de vue de l'art.
Haertel publia, fort jeune encore, un trio bur-
lesque pour trois violons, avec accompagnement
de piano, qui eut beaucoup de succès. Vinrent
ensuite: une introduction et des entr'actes pour
le drame Don Juan d'Autriche, de Publilz;
442
HiEHTEL — HAINL
Les Carabiniers, opéra-comique en 3 acles,
Schverin, 1866 ; deux opérettes : Un fol ma-
riage et Der Hausirer {le Colporteur), toutes
deux représentées à Schwerin; Variations
pour le violon ; Fantaisie sur une barcaroUe
sicilienne, pour deux violons ; morceaux pour
piano sur un motif de Sciiumann ; une Marche
victorieuse ; un Galop di bravura ; et des pe-
tites sonates pour le piano dédiées à ta princesse
Galit/in. HaMtel mourut des suites d'une fluxion
de poitrine, laissant une jeune veuve (artiste
dramatique) et trois entants.
J. D. F.
* H^SER (Chrétif.n-Glillaijmf.), poète
dramatique, compositeur et jadis l'un des meil-
leurs chanteurs dramatiques de l'Allemagne, est
mort à Slultgard, le 27 mai 1807, à l'dgede 85
ans.
* HjÏ]SER (Chxrlotte-Hknriette), canta-
trice célèbre au commencement de ce siècle,esl
morte à Rome au mois de mai; 1871.
HAGEMAIV est le nom d'une famille de
musiciens néerlandais qui se sont fait remar-
quer depuis le commencement de ce siècle. Le
clief de celte famille, François Hagemun,néh
Nimègue en 1802 etd'abord destiné au commerce,
apprit la musique avec son père et fut ensuite
élève d'un professeur nommé Hauff. Nommé en
1823 organiste à Zutphen, il prit une part active
à la propagation de l'art musical en celte ville, y
fonda une société pour la réforme du chant
choral et y créa une société chantante.
François Hageman, son fils aîné, pianiste et
organiste, né à Zutplien le 10 septembre 1827,
fut élève de son père. Nommé organiste royal à
Appeldoorn en 1846, à l'Age de dix-neuf ans, il
devint, en 18^8, organiste et chef de musique à
Nijkerk. En 1850 il se rendit à Paris pour y ter-
miner son éducation musicale, et se lit recevoir
an Conservatoire, mais une maladie de sa mère
le rappela presque aussitôt dans sa patrie. En
1852 il devint, pour le piano, élève du Conserva-
toire de Bruxelles, se lixa ensuite à Wagenin-
gen, accepta en 1859 les fonctions d'organiste à
Leuwarden, et peu de temps après fut appelé à
Leyde en qualité de directeur de musique à l'É-
cole de celte ville. M. François Hageman a pu-
blié quelques morceaux de piano, et a donné,
dans le journal Euterpe, plusieurs travaux rela-
tifs à la musique.
Son frère, Maurice Hageman, pianiste et
violoniste, né à Zutphen le 25 septembre 1829, a
fait de bonnes études musicales au Conserva-
toire de Bruxelles et est devenu par la suite di-
recteur de musique et organiste à Groningue. Jl
a publié un assez grand nombre de compositions
pour le piano et pour le chant, parmi lesquelles
on remarque: Ouverture historique, à 4 mains;
12 morceaux pour piano; 6 morceaux de carac-
tère ; Étude d'octaves ; Fantaisie nationale ; Pen-
sées fugitives; Die Capelle, lied pour contralto ;
Vergieb, lied pour ténor; Feest-Cantate, chœur
pour voix de femmes; 3 lieder pour contralto;
Cantate, composée à l'occasion du Congrès
agricole (18.^9), etc. M. Maurice Hageman,
comme son frère, s'est occupé de littérature mu-
sicale, et a donné aux journaux Cxcilia et Eu-
terpe plusieurs écrits intéressants.
HAGEMAÎV (Herm.vn), artiste qui ne sem-
ble pas appartenir à la même famille que les pré-
cédents, est né en 1812 à Neerbosch, et re»;ut
des leçons d'un organiste nommé Courbois.
Après avoir passé quatre ans au service, il re-
vint dans sa ville natale, et y remplit pendant
plus de vingt ans les fonctions d'organiste. On a
publié de lui un Traité de plain-chant, un Re-
cueil de pièces de plain-chant harmonisé avec
accompagnement d'orgue, e^ Douze Gammes ma-
jeures et mineures harmonisées. En 1859 cet ar-
tiste était établi à Nimègue, et en 1864 il était
organiste à Grave.
*HAGEiV (Théodore), professeur de piano et
écrivain sur la musique, est mort à New-York le
27 décembre 1871. Suivant les journaux qui ont
annoncé ce fait, Hagen aurait vu le jour non à
Dessau, en 1823, mais à Hambourg en 1822.
HAGIIEXS (CoRNEiELE), facteur de clave-
cins, exerçait sa profes-sion à Anvers dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle, et mourut
en cette ville en 1641.
HAGHEMS (Simon), facteur d'instruments,
probablement fils du précédent, et né sans doute
à Anvers, y fut reçu en 1041 au nombre des
maîtres de la gilde de Saint-Luc.
IIAILLOT ( ), violoncelliste et profes-
seur, vivait à Paris dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle. Attaché comme violoncel-
liste à l'orchestre de la Comédie-Italienne , il
prenait aussi, sur ses compositions, le titre de
« maître de musique vocale » de ce théâtre. Il a
publié : 1" Six Duos de violoncelle, gui peu-
vent se jouer avec un basson ou une quinte,
tirés des meilleurs opéras-comiques, arran-
gés, dialogues et concertants; 2° Six Buos à
deux violons et un violoncelle, dans lesquels
Vauteur a inséré des meilleurs morceaux
des opéras-comiques les plus nouveaux, et
traités avec le plus grand soin, pour la faci-
lité et Vagrément des amateurs, et avec les-
quels ils pourront se faire entendre et paraî-
tre des virtuoses.
* IÏAI1\L(François-Georce), violoncellisteet
HAINL — HAREM EL-WADI
443
compositeur, est mort à Paris le 2 juin 1873(1).
Cet artiste, qui depuis 1840 était premier chef
d'orchestre du Grand-Théâtre de Lyon, fut appelé
en la même qualité à l'Opéra, où il vint prendre le
bâton de' commandement le 24 juillet 1863, suc-
cédant à Dietsch, qui venait d'être « admis à
faire valoir ses droits à la retraite ». Pendant les
dix années qu'il passa à l'Opéra, il monta les
ouvrages suivants : le Docteur Magnus, Bo'
land à Roncevaux, l'Africaine, Don Carlos,
la Fiancée de Corinthe, Hamht, Érostrate,
la Coupe du roi de Thulé, sans compter l'a-
daptation de Faust à notre première scène lyri-
que et la reprise du Freischiitz ; puis, comme
ballets,7a'JI/flsc/ierrt, TVe'mea, le Roi d'Yvetot,
la Source, Coppélia, et Gretna-Green.
Pen de temps après son entrée à l'Opéra, et
à la retraite de M. Tilmant, George HainI avait été
nomméchef d'orchestre de la Société des concerts
du Conservatoire ; moins habile pour conduire
la symphonie que l'opéra, ne connaissant pas,
d'ailleurs, les traditions de la Société, il ne brilla
pas dans ces fonctions, dont il se démit au bout
de (rois ans. Il était aussi devenu chef d'or-
chestre de la chapelle impériale et des concerts
de la cour, et avait conduit les grands festivals
de l'Exposition universelle, à la suite desquels
il avait été nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur.
Un bras énergique et vigoureux, une grande
précision dans les mouvements, une mesure dont
les temps étaient solidement et distinctement
marqués,' l'assurance en soi-même, une con-
fiance qu'il savait communiquer aux artistes
placés sous ses ordres, avec cela le regard fier et
une ferme volonté, telles étaient les qualités de
George HainI, qualités si rares à rencontrer
chez un conducteur et qui forment le vrai chef
d'orchestre. Malheureusement, son éducation
musicale n'était pas à la hauteur de ses apti-
tudes, et l'organisateur des éludes était en lui
bien inférieur au conducteur. Or, dans un théâ-
tre comme celui de l'Opéra de Paris, oîi la mise
à la scène d'un ouvrage inédit exige, de la part
du chef d'orchestre, des facultés complexes, des
connaissances profondes et étendues, il faut, pour
remplir ces fondions, non-seulement un « bat-
teur de mesure » excellent, mais un musicien
solide et éprouvé. Sous ce dernier rapport, il
faut l'avouer, George HainI n'était pas à la hau-
teur de son' rôle, et c'est ce qui fait que l'on dut
placer à côté, et au-dessus de lui, un « directeur
(1) La Biographie universelte des Musiciens donne le
19 novembre 1807 comme date de la naissance de (îeorge
HainI. Je ferai remarquer que les registres de l'Associa-
tion des artistes musiciens portent celle du 16 novembre.
de la musique», chargé de l'organisation supé-
rieure des études en ce qui concernait les ou-
vrages nouveaux. L'artiste chargé de celte mi.<:-
sion n'était autre que M. Gevaert.
Il serait injuste cependant d'amoindrir les qua-
lités de George HainI comme chef d'orchestre,
qualités que nous avons énumérées plus haut.
Berlioz, qui s'y connaissait, a rendu d'ailleurs,
en ces termes, hommage à son talent ; c'était à
l'époque où il était encore attaché au Grand-
Théâtre de Lyon : ■ — « A une supériorité incon-
testable sur le violoncelle, il joint toutes les
qualités de chef d'orchestre conducteur-instruc-
teur-organisateur, c'est-à-dire qu'il dirige d'une
façon claire, précise, chaleureuse, expressive ;
qu'il sait faire la critique des défauts de l'exé-
cution et y porter remède, autant que les forces
musicales dont il dispose le lui permettent, et
enfin qu'il sait mettre en ordre et en action pro-
ductive tous les moyens qui sont à sa portée,
administrer son domaine musical et vaincre
promptement les difficultés matérielles dont
chacun des mouvements de la musique, en pro-
vince surtout, est ordinairement entravé. D'où
il résulte implicitement qu'il joint à beaucoup
d'ardeur un esprit pénétrant et une persévé-
rance infatigable. Il a plus fait en quelques an-
nées pour le progrès de la musique à Lyon que
ne firent en un demi-siècle ses prédéces-
seurs (1). »
HAÏTES (J -J....), compositeur anglais,
né dans la première moitié de ce siècle, est mort
à Londres dans le courant du mois d'octobre
1874. Je n'ai pu découvrir aucun renseignement
biographique sur cet artiste, qui s'est fait connaître
dans son pays par plusieurs œuvres importantes,
entre autres trois messes, un oratorio, une can-
tate, des symphonies, des chœurs, plusieurs ou-
vertures de concert, et deux opérettes.
HAIÎEM EL-WÂDl (Abou-Yahya), c'est-
à-dire natif ou habitant de Wâdi-el-Cora, dans
le Hidjaz, naqidt vers l'an 101 de l'hégire, ou
717 de l'èie chrétienne. Fils d'un barbier nommé
Maymoun, qui était d'abord esclave, puis affran-
chi du calife Walîd 1", fils d'Ald-el-Mélik, et
qui devait aux libéralités de ce prince une pe-
tite fortune, Hakem, qui était doué d'une belle
voix et d'excellentes dispositions pour la musique,
prit des leçons d'un de ses compatriotes, Omar
el-Wâdi, chanteur renommé, et grâce à ses
(1) Un des gendres de George HainI, M. Lecorbeiller, qui
liabitnit Rouen et qui a suivi de prés son beau-père dans
la tombe, a légué au Conservatoire de Paris, en souvenir
de lui, la somme nécessaire pour instituer un prix annuel
de 1,000 francs en faveur des élèves violoncellistes de cet
établissement.
444
HAREM EL-WADI — HÂLÉVY
soins, devint lui-même un excellent chanteur et
un compositeur distingué. Il se fit entendre d'a-
bord avec succès devant le calife Walîd II, lan-
guit ensuite dans l'obscurité sous le règne des
successeurs de ce souverain, qui prenaient fort
peu d'intérêt aux questions d'art, mais acquit la
vogue et la fortune en se fixant à Bagdad lors
de la création de cette ville par El-Mansour.
Après être retourné dans sa ville natale pour y
jouir de ses richesses, il revint à Bagdad sous le
califat de Mouça EI-Hàdi, et, quoique déjà vieux,
sut faire apprécier son talent par ce prince, qui
aimait beaucoup à l'entendre chanter. Plus tard,
le calife Haroun el-Rachîd le prit aussi en affec-
tion. Enfin, de retour définitivement aux lieux
de sa naissance, Hakem fut attaqué d'un ulcère à
la poitrine, et rnouiut à Wàdi el-Cora, âgé d'en-
viron 81 ans, vers l'an 182 de l'hégire (798 de
Jésus-ChrisI).
> Quelques anecdotes donneront une idée du
talent d'HaKem el-\Vâdi, et de la renommée qu'il
sut attacher h son nom. Présenté au calife -Wa-
lîd II par son maître Omar, qui était en grande
faveur auprès de lui, Hakem parut devant ce
prince au moment où, monté sur un âne d'Egypte
magnifiquement harnaché, il se promenait dans
les jardins de son palais, suivi d'un groupe de
serviteurs et de musiciens, « Le calife portait
un costume des plus riches : sa tunique, son
manteau, sa chaussure même, étaient de bro-
cart d'or ; à .sa main gauche pendait un collier de
pierreries, et il cachait dans sa manche droite
un objet qui semblait être d'un certain poids. Il
dit à ses musiciens : — « Chantez l'un après l'au-
tre-, celui qui me fera plaisir aura ce que con-
tient ma manche, ce qui est sur moi et ce qui
est sous moi. » Plusieurs chantèrent , sans qu'il
parût satisfait. Alors, se tournant vers Hakem :
— « Chante, jeune homme, » lui dit-il. Hakem
chanta « A la bonne heure, s'écria Walîd,
voilà qui est délicieux. « En disant ces mots, il
tira ce qu'il avait dans sa manche. C'était une
bourse de mille pièces d'or (14,000 francs), qu'il
jeta dans la main de Hakem, avec le collier de
pierreries. Ensuite, étant rentré dans son palais,
il changea de costume, envoya au jeune chanteur
qui lui avait plu l'habillement complet de bro-
cart d'or, l'âne d'Egypte et son harnais (1). »
Lorscjue Hakem se rendit pour la seconde fois
à Bagdad, il y trouva deux chanteurs de premier
ordre, Ibrahim el-Mauceli et Ibn Djàmi, tous
deux favoris du calife Mouça El-Hâdi , ce qui
(1) ^'otices anecdotiqucs sur' les principaux musiciens
arabes des trois premiers siècles de V Islamisme, fit
Caussin de Pcrccval. ^
n'empêcha pas ce prince de l'accueillir avec
bienveillance. Un jour 'que ces [trois artistes
étaient réunis en sa présence, le calife fit ap-
porter trois bedra ou sacs de 10,000 dirhams
(7,000 francs) chacun, et dit : — « Voici le prix
dont je paierai le chant qui me donnera de
l'entrain et de la gaieté. » Ibn Djàmi et Ibrahim
commencèrent, et chantèrent des airs vifs et
d'une facture savante. Mouça, qui préférait les
motifs simples et peu travaillés, resta froid et
sérieux. Hakem entonna alors un de ses hazadj
légers et gracieux, et le calife, transporté de
joie, cria bravo ! se fit verser à boire, et fit re-
mettre à Hakem les trois bedra.
Pendant son dernier séjour à Bagdad, Hakem
fut souvent appelé à chanter devant, le calife Ha-
roun el-Rachîd, dont il conquit l'estime et l'ad-
miration. Lorsqu'enfin, ayant résolu de quitter
la cour, il vint prendre congé de lui, Haroun lui
dit : — « Je t'accorde 300,000 dirhams
(210,000 fr.). Sur qui veux-tu que je te donne
un mandat de cette somme .' — Sur votre frère
Ibrahim, fils d'El-Mahdi, » répondit Hakem. Ha-
roun lui remit le mandat, et Hakem se rendit
à Damas, dont Ibrahim était alors gouverneur.
Ce jeune prince , musicien lui-même, était un
dilettante passionné, cl fut charmé de voir ar-
river chez lui Hakem, dont il connaissait la re-
nommée. Non-seulement il lui fit compter les
300,000 dirhams inscrits sur le mandat de son
frère, mais il y ajouta une seconde somme de
299,000 dirhams prise sur sa [iropre cassette, en
disant à Hakem : « Il ne conviendrait pas que
je t'offrisse un présent égal à celui que tu as reçu
du calife. » Ceci prouve au moins que de tout
temps, et en tous pays, on a fait des folies pour
les chanteurs. t
HALBERSTADT (Joseph), compositeur
néerlandais, fixé à Amsterdam, s'est fait connaître
par un certain nombre de productions au milieu
desquelles on cite un quatuor pour instruments à
cordes, une Marche funèbre à la mémoire du roi
Guillaume II, une élégie pour piano et violon,
un nocturne pour piano et violon, plusieurs airs
de ballet, etc. Tous ces morceaux ont été pu-
bliés à Amsterdam.
* HALEVY (Jacques-Fromental-Éue), est
mort à Nice, le 17 mars 1862. A la liste des pro-
ductions dramatiques de ce grand artiste, il faut
ajouter Attendre et courir, un acte (écrit en
société avec H. de Ruolz), donné à l'Opéra-Co-
mique le 29 mai 1830; le Shérif f, ouvrage en
trois actes, représenté au même tliéâtre le 2 sep-
tembre 1839, et les Premiers Pas, prologue
écrit en société avec Adolphe Adam, Auber et
Carafa, pour l'inauguration de l'Opéra-National
HALÉVY
(1847). On lui attribue encore, sous le pseudo-
nyme dU/6e/'?j, la paternité d'un opéra-comique
eu un acte, l'Inconsolable^ donné au ïiiéâtre-
Lyrique le 13 juin 1853. Enfin, le catalogue de
ses œuvres doit encore se compléter par une
cantate officielle : Italie, qui fut exécutée à l'O-
péra-Comique le 7 juin 1859. Halévy a laissé en
portefeuille les partitions, presque achevées, de
deux grands opéras en trois actes, Valentine
(TOniano, sur unpoëmede son frère, M. Léon
Halévy, et Noé ou le Déluge, sur un livret de
M. de Saint-Georges. On lui doit aussi quelques
chœurs orphéoniques : France et Italie, le
Chant du Forgeron, la Nouvelle Alliance, etc.
On peut dire que la mort d'Halévy a été pour
la France comme une sorte de deuil public; la
postérité, qui commence pour cette belle et mâle
figure, doit rendre justice au génie, au talent,
aussi bien qu'aux fiicullés si rares et si diverses
de cet artiste qui fut à la fois l'honneur de l'art
musical et des lettres françaises. Halévy n'a pas
été seulement un grand musicien, il n'a pas écrit
seulement la Juive, l'Éclair, la Reine de
Chypre et les Mousquetaires de la Reine;
comme secrétaiie perpétue! de l'Académie des
Beaux-Arts, on lui doit encore des notices lues
en séances publiques de l'Institut sur certains
membres de cette compagnie, notices qui sont,
dans leurs courtes proportions, de véritables
chefs-d'œuvre de style, délégance et de sens cri-
tique ; il suffit de citer .celles sur Abel Blouet,
Onsiow, Adolphe Adain, Simart, David d'An-
gers et Paul Delaroche. Quelques autres écrits,
publiés dans divers journaux et recueils, ne le
ce lent en rien à ceux-ci, et avaient appelé sur
leur auteur l'attention de l'Académie française
elle-même, qui, disait-on, n'attendait qu'une oc-
casion pour le recevoir au nombre de ses mem-
bres. (On lira avec fruit, au sujet des facultés lit-
téraires d'Halévy, les deux |articies publiés par
Sainte-Beuve dans \q Constitutionnel A\x 14 avril
1862 et par M. Ernest Vinet dans le Journal
des Débats du 15 mars 1864.)
En dépit des attaques haineuses de certains
critiques malveillants, qui n'ont pas même eu la
pudeur de se taire devant une tombe, mais qui,
malgré leurs efforts, n'ont pu entamer la gloire
du maître, la physionomie d'Halévy restera
comme une des plus belles, des plus nobles et
des plus remarquables de l'art français au dix-
neuvième siècle. Paris ne s'y est pas trompé, lui
qui a fait à l'auteur de tant d'œuvres puissantes
et inspirées de si magnifiques funérailles, et qui,
en lui prouvant son respect et son admiration, le
vengeait des outrages qui l'avaient poursuivi pen-
dant tant d'années.
Deux ans après sa mort, le 27 mai 1864, joui-
anniversaire de sa naissance, le théâtre de l'O-
péra-Comique rendait à Halévy un hommage so-
lennel. On exécutait ce jour-là un intermède ly-
rique, Hommage à F. Halévy, dont les paroles
avaient été écrites par son frère, et dont la mu-
sique avait été arrangée, sur des thèmes du maî-
tre, par un de ses élèves, M. Jules Cohen. Les
principaux acteurs de cet intermède étaient
MM. Couderc, Ponchard, et M»-^ Révilly.
Plusieurs écrits ont été publiés sur Halévy,
après sa mort : 1" F. Halévy, sa vie, ses œu-
vres, récits et impressions personnelles, simples
souvenirs, par Léon Halévy (Extrait du ^ottniai
général de l'Instruction publique), Paris,
imp. Paul Dupont, 1862, in- 8°; l'auteur donna
l'année suivante, dans le Ménestrel, une seconde
version, Irès-augmentée, de ce travail plein d'in-
léiêt, qui donna lieu à une seconde édition pu-
bliée sous [e même titre, Paris, Heugel, 1863,
in-8°, avec portrait et autographes; 2° Notice
fur la vie et les ouvrages de F. Halévy, par
Beuié (Éloge prononcé à l'Académie des Bchux-
Arls par le successeur d'Halévy comme secré-
taire perpétuel de cette compagnie), Pïris, imp.
Didot, in^" de 20 pp.; 3" F. Halévy, souvenirs
d'un ami, pour joindre à ceux d'un frère, par
Edouard Monnais ( Extrait de la Revue et
Gazette musicale de Paris), Paris, imp. Chaix,
1863, iu-8°;4'' F. Halévy, écrivain, par Arthur
Pougin, Paris, Claudin, in-8°, 1805.
On a réuni .sous ce titre : Derniers Souvenirs
et Portraits (Paris, Michel Lévy, 1863, in- 12),
ceux des écrits d'Halévy qui n'avaient point
trouvé place dans le volume intitulé : Souvc'
nirs et Portraits. Ce second volume, que pré-
cède une étude insignifiante de Fiorentino sur
Halévy, contient les notices sur Mozart, le baron
Boucher-Desnoyers, Simart, Adolphe Nourrit,
Berton, les Lettres sur la musique, et un ro-
man resté inachevé, le Baron de Stora. On
trouvera dans ma brochure : F. Halévy, écri-
vain, citée plus haut, tous les renseignements
relatifs à Halévy considéré sous ce rapport.
Cette notice complémentaire resterait encore
incomplète si je ne reproduisais ces lignes, tou-
chant le nom d'Halévy, tirées de la Notice de
M. Léon Halévy sur son frère : « Le vrai nom
de notre père était Lévy. En 1807, les Israélites
de France furent invités par mesure gouverne-
mentale, prise de concert avec une décision dja
grand Sanhédrin, convoqué à Paris, à changer
ou à modifier leurs noms de famille, pour éviter
la confusion qui résultait sur les registres de
l'état civil de la similitude d'un grand nombre de
noms. Notre père ajouta à son nom l'affixe hé-
446
HALKVY — HAMERIK
braïque ou article liai, et s'appela dès lors Ha-
lévy, qui avait été le nom de plusieurs talmu-
distes célèbres, et notamment du poète Jédédias
Halévy, qui florissait au treizième siècle de l'ère
chrétienne. »
HALLAY (M"'' DU), virtuose dilettante fort
distinguée, vivait dans la première moitié du
dix-huitième siècle, et parait avoir été claveci-
niste aussi habile que cantatrice remarquable.
Daquin en parle en ces termes dans son Siècle
littéraire de Louis XV (1753): — «Nous avons
perdu, depuis quelques années, Madame du
Hailay, recommandable par sa beauté et ses ta-
Jens. Sa maison, dont elle faisoit les lionneurs
avec noblesse, étoit le rendez-vousjdes plus fa-
meux musiciens italiens et françois. Elle étoit
écolière de M. d'Aquin, et brilloit dans l'accom-
pagnement et dans l'exécution des pièces. M. Ra-
meau appelloit les doigts de Madame du Hailay
ses pelils marteaux. Cette dame chanjoit les airs
italiens avec le plus grand goût et la plus grande
légèreté. »
Le peintre Largillière, à l'âge de 82 ans, fit le
portrait de M'"" du Hailay, pour laquelle il éprou-
vait, dit-on, une profonde admiration. Plusieurs
Hoètes chantèrent cette aimable virtuose. Parmi
les nombreux vers qui lui furent adressés, je ci-
terai les suivants, bien qu'ils soient un peu pré-
tenlieux :
En vain, par quelques traits aux vôtres resscmblans.
Un croiroit, Uu Hylby, votre image IJnie ;
Aux vertus d'Artêiiiisc, aux grâces de Lcsbie,
Qui joindroit de Sapho l'esprit et les talcns
IN'auroit encore de vous qu'une foible copie.
• * HALLE (Chari.es HALLE, dit), pianiste
distingué, est ne à Hagen ( NVcstphalie), le
11' avril 1819. La réputation de virtuose de cet
artiste est immense en Angleterre, où ses succès
n'ont jamais été interrompus, il s'y est aussi
produit fréquemment comme chef d'orchestre,
et, particulièrement, a dirigé en 18/6 le deuxième
grand festival triennal de Bristol.
HALLSTHOKAl (Ivvr), musicien suédois,
est le compositeur le plus populaire de son pays,
et s'est fait connaître par un assez grand nombre
de productions qui, pour la plupart, ont Obtenu
un vif succès. Entre autres œuvres importantes,
M. Hallstrœm a écrit plusieurs opéras. L'un
d'eux, intitulé Bertig]magnus, dont le sujet était
emprunté à un épisode de la Suède et qui fut
représenté sur le théâtre de l'Opérade Stockholm
en 1867j fut assez froidement accueilli, par suite
de la tiistesse et de la monotonie répandues sur
la partition du compositeur ; en effet vingt mor-
ceaux de celle-ci étaient écrits dans la tonalité
mineure. Mais plus récemment, au mois de no-
vembre 1875, un opéra fantastique deM.'.Halls-
trœm a leçu du public de Stockholm l'accueil le
plus enthousiaste. Ce nouvel ouvrage, qui a
pour titre la fiancée du Gnome, et dont le
livret est tracé d'après une poétique légende
norvvégienne, est remarquable, dit-on, par l'élé-
gance et la grAce exquise de l'inspiration. Un
an avant celui-ci, au mois d'août 1874, cet ar-
tiste avait fait représenter un autre ouvrage, la
Montagnarde enlevée, qui avait été l'objet
d'une faveur marquée. Enfin, le 6 juin 1877,
M. Hallstioern a donné sur le théâtre royal de
Stockholm ua opéra en 3 actes, les Vikings,
écrit sur un sujet national et qui a produit, dit-
on, un très-grand effet. Une «idylle » deM. Halls-
tiœm, les Fleurs, pour voix seules, chœur et
orchestre, a été couionnée en 1860 dans un
concours ouvert par le Musihverein de Stock-
holm.
* HALiVl (Antoine), pianiste et compositeur
distingué, est mort à Vienne le 6 avril 1872. Il
avait été, dit-on, l'un des meilleurs amis de
lîeethoven.
" HAMAL (Jean-IVoel). M. l':douard Grc-
goir a transcrit ainsi le titre d'un recueil d'ou-
vertures de ce compositeur, resté jusqu'ici in-
connu : Six ouvertures da caméra a quatro,
vlolino primo, violino secondo, alto viola,
violoncello, e cimbalo, del signor Giovanni
Nalale Hamal, .maestro di capella délia
chiesa cathédrale a Liège, op. 1, Paris, chez
M. Le Clerc, à la Croix-d'Or, 1743.
Il a paru en 1860, à Liège, chez F. Renard,
une brochure in-8" de 26 pages, portant ce titre :
Essais de biographies liégeoises. Les Hamal.
Je n'ai pas eu cet écrit sous les yeux; je sais
seulement que son auteur est M. Edouard La-
vableye, et qu'il complète les renseignements
donnés sur la famille Hamal par la Biographie
universelle des Musiciens.
HAMEL (ÉDOL'ARn), violoniste, pianiste,
professeur et compositeur allemand, est né à
Hambourg en 1811. H habita Paris pendant plu-
sieurs années, et appartint comme violoniste à
l'orchestre de l'Opéra. De retour à Hambourg en
1846, il s'y livra à l'enseignement, et se vit tiès-
recherché comme professeur de violon et de
piano. Cet artiste s'est produit comme composi-
teur, et on lui doit sous ce rapport, outre la mu-
sique d'un opéra intitulé Malvina^ des quatuors
pour piano et instruments à cordes, des ballades
et des lieder, et un certain nombre de morceaux
pour le piano.
HAMERIK (AsciiR), musicien danois ou
suédois contemporain, compositeur et chef d'or-
chestre, a fait de bonnes et solides études. Il
HAMERIK — HANDUOCk
447
est l'auteur de plusieurs opéras, parmi lesquels
on cite TovelUle, dont il a écrit à la fois les pa-
roles et la ïaiis\que,el Hjalmar et Ingeborg;
dans un concert donné par lui à Paris au mois
de mai 1865, il a fait entendre quelques frag-
ments intéressants du premier de ces ouvrages.
En 1873, M. Hainerik faisait exécuter au Giir-
zenicli, de Cologne, une suite d'orchestre qu'il
intitulait Suite du Nord, et qui fut fort bien
accueillie; depuis lors il a écrit une seconde et
une troisième Suites du Nord, qui ont été pu-
bliées, ainsi que la première. On lui doit aussi
une grande Trilogie judaïque, et un drame
lyrique en cinq scènes intiluté la Vendetta. De-
puis plusieurs années, cet artiste est lixé à Bal-
timore, où il dirige un établissement d'éducation
musicale appelé Institut Peabody, et oîi il s'est
fait une brillante réputation comme directeur de
concerts.
" IlAiMM (Valeintin), chef d'orchestre et com-
positeur allemand, avait acquis une réputation
dans sa patrie par la production d'un grand nom-
bre de Marches symphoniques , dont la plupart
obtinrent un succès de popularité. Parmi les
morceaux de ce genre dont il s'était fait une spé-
cialité et qui furent le mieux accueillis, il faut
citer surtout la Marche du Sultan ; la Marche
des armées alliées; la Prise de Sébastopol ,• la
Nouvelle Marche des zouaves; la Ristori; la
imianollo; la Marche turque; Cécile; Emilie;
les Marche» funèbres à la mémoire de Mendels-
sohn , de Maria MilanoUo , de Chopin,de Spohr ;
la Marche sur un air populaire tyrolien ; etc., etc.
Valentin Hamm est mort à Wurzbourg, en Ba-
vière, le 21 décembre 1875.
IIAMMA(FRiDOLi?i), organiste, compositeur
et professeur, est né à Friedingen, dans le Wur-
temberg, le 16 décembre 1818. Établi comme
professeur à Schaffouse en 1840, il devenait, en
1842, organiste à Meersbourg, petit pays situé
sur les bords du lac de Constance, et de là se
rendait bientôt en Italie. Il se fixa alors pendant
plusieurs années à Palerme, oii il lit représen-
ter quelques opéras et ballets qui furent bien ac-
cueillis du public. Lorsque, en 1848, éclata la
révolution sicilienne, M. Hamma, qui professait
en politique les opinions républicaines les plus
avancées, y prit une part active, et écrivit un
hymne patriotique qui obtint le plus grand suc-
cès et rendit son nom populaire. Il fut chargé
par le gouvernement provisoire de l'organisation
de tous les corps de musique militaire. Mais le
mouvement sicilien, à la tête duquel se trouvait
le général Mieroslawski, le grand patriote polo-
nais, ayant été étouffé, M. Hamma suivit ce der-
nier dans le grand-duché de Bade, oii il était ap-
pelé à prendre le commandement de l'armée ré-
volutionnaire allemande. Là encore, M. Hamma
se mit en avant, et il composa une grande mar-
che nationale, qui, dit-on, électrisait les troupes
insurrectionnelles et enllammait leur courage.
Celles-ci pourtant, après leurs premiers succès,
ayant été définitivement défaites, M. Hamma se
vit obligé de se réfugier en Suisse. Plus tard il
s'établit à Slultgard comme professeur, puis en-
fin il alla se fixer à Neustadt, sur le Haardt, oii il
se livre encore aujourd'hui à l'enseignement du
piano et du chant.
C'est M. Hamma qui a fait la belle découverte
relative à la prétendue origine allemande de la
Marseillaise. Ayant été à même, pendant un de
ses séjours à Meersbourg (avril 1861), de parcou-
rir les manuscrits d'un ancien maître de chapelle
de l'éghse paroissiale, nommé Hollzmann, il au-
rait retrouvé, dans le credo de la 4*^ messe so-
lennelle dQ cet artiste, le dessin musical complet
de l'hymne de Rouget de Lisle, que celui-ci
n'aurait eu que la |)eine de copier servilement.
Si le fait était authentique, on aurait lieu de s'é-
tonner que M. Hamma, pour rendre sa démons-
tration indiscutable, n'ait pas publié le Credo
en question. Tant que cette preuve n'aura pas
été donnée, nous persisterons à considérer cette
revendication comme une plaisanterie ingénue
et inoffensive. (On peut consulter à ce sujet les
articles H\mm\, Holtzmvns et Marseillaise du
Kleiiies musikatisc/ies Conversations' Lexi-
kon de Jules Schuberth, Leipzig, Schuberth,
1865, in- 12).
HAMMA (Benjamin), compositeur, frère du
précédent, est né à Friedingen le 10 octobre
1831. Après avoir étudié la composition à Stutt-
gard, avec Lindpaintner, il vint séjourner quel-
que temps à Paris, puis se rendit à Rome, où il
s'initia à la connaissance intime du chant grégo-
rien et de l'ancienne musique d'église italienne.
Après plusieurs années passées hors de sa pa-
trie, il retourna en Allemagne et s'établit à Kiv-
nigsberg, où il dirigea la société des concerts et
celle de chant. M. Benjamin Hamma est l'auteur
d'un opéra intitulé Zarrisco; on connaît aussi
de lui des chœurs pour voix d'hommes, des lie-
der, ainsi que des marches pour le piano.
HAMMA (François), [pianiste, compositeur
et organiste, frère des deux précédents, est né à
Friedingen, le 4 octobre 1835. 11 a reçu comme
eux une bonne éducation musicale^ et s'est établi
à Oberstadien, dans le Wurtemberg; où, je crois,
il se livre à l'enseignement. On lui doit un cer-
tain nombre de compositions estimables pour
l'orgue.
HANDROCtî (JtLits), pianiste et tiomposi^
448
HANDROCR — HANSLICR
leur allemand, né à Naunibourg le 22 juin 1830,
a fait son éducation musicale au Conservatoire
de Leipzig, et s'est établi ensuite à Halle, où il
consacre une partie de son temps à l'enseigne-
ment, et l'autre à la composition d'œuvres pour
le piano qui sont estimées du public et bien re-
çues des éditeurs. Je n'ai pas d'autres rensei-
gnements sur cet artiste.
HANEMANN (Maurice), violoncelliste fort
distingué, né à Lœwenberg le 28 février 1808,
reçut une bonne éducation musicale et devint un
virtuose remarquable. Fixé à Berlin, il fut admis
à l'orcbestre de la chapelle royale, et organisa
chez lui des séances de musique de chambre qui
étaient très-suivies. Hanemann, qui jouait aussi
de la tlûle et du piano, n'a rien composé. Il est
mort à Berlin au mois de janvier 1875.
HANOiV (C -L ,), compositeur, pia-
niste, organiste et professeur à Boulogne-sur-
Mer, né à Aire vers 1825, est l'auteur des ou-
vrages suivants : 1" Système nouveau , i^rali-
que et populaire pour apprendre à accompa-
gner tout plain-chant à première vue, en
6 leçons, sa7is savoir la musique (!), et sans le
secours d'aucun professeur ; 2° Leçons été'
vientaires d'harmonie, pour la théorie de la
méthode «. Système nouveau»; 3" Étude de
l'orgue mise à la portée de tout le monde,
formant une collection de morceaux gradués en
18 livres pour orgue ou harmonium; k" Méthode
élémentaire de piano ; 5" le Pianiste virtuose,
en 60 exercices gradués pour acquérir rapide-
ment l'agilité, l'indépendance et la plus parfaite
égalité des doigts ainsi que la soujilesse des poi-
gnets; 6" Extraits des chefs-d'œuvre des
grands maîtres, comprenant 50 morceaux. Les
ouvrages didactiques de M. Hanon, conçus d'a-
près un système empirique, sont d'une valeur
au moins problématique. M. Hanon a publié
aussi un recueil de 50 cantiques choisis parmi
les plus populaires, pour tous les besoins du
culte.
HAIXSOIX (Matiiis ), compositeur danois
contemporain, a fait exécuter à Copenhague, en
1861, le Psaume 130, mis en musique par lui
pour voix seule, chant et orchestre.
HAJ\SLICK(Le docteur Edouard), l'un des
critiquer et des écrivains musicaux les plus re-
nommés de l'Allemagne contemporaine, est né à
Prague le 11 septembre 1825. Son père, Joseph
Hanslickjhommefort instruit et bibliographe dis-
tingué, lui fit donner une éducation solide et
l'appliqua à l'étude du droit. Le jeune homme
se fit conférer le giade de docteur en 1849, et
entra presque aussitôt dans les bureaux du mi-
nistère d'État, à Vienne, oii il acquit une haute
situation, qu'il n'échangea, dans ces dernières
années, que contre une chaire à l'Université. En
même temps qu'il se livrait à l'étude du droit, il
avait commencé son éducation musicale, à Pra-
gue, sous la direction de C. Tomaschek, et il la
termina à Vienne.
M. Hanslick se sentait surtout attiré vers la
critique de l'art et les graves études de l'esthé-
tique. De bonne heure il fit ses premières armes
d'écrivain spécial dans la Gazette musicale de
Schmidt, d'où il passa à la Feuille du dimanche
{Sonntags Blàtter) de Frankle. En 18^8, on le
retrouve à la Gazette de Vienne, et enfin, en
1855, il entre au journal la Presse, qu'il n'a pas
quitté jusqu'ici, et où la profondeur de sa criti-
que, l'étendue de ses connaissances et la solidité
de son jugement lui ont fait un renom qui a
rayonné sur toute l'Europe. Dans un temps où
les doctrines nébuleuses, où les excentricités vo-
lontaires de certains artistes ont jeté dans l'art
un trouble profond, M. Hanslick n'a cessé de
prêcher le respect pour les principes sains et ra-
tionnels, l'admiration pour les grands hommes
qui ont posé les bases du beau éternel et qui
ont porté la musique à son plus haut point
de splendeur. M. Hanslick s'est toujours montré
l'adversaire implacable, systématique et raisonné
des théories meurtrières de M. Richard Wagner
et de ses émules, surtout depuis l'apparition de
Lohengrin, ouvrage dans lequel le maître saxon
a commencé l'application de ces théoiiies jusqu'à
l'outrance. L'écrivain n'est point pour cela, tant
s'en faut, l'ennemi du progrès ; mais, comme
tous les esprits sensés, il ne voit pas le profit
que l'art pourrait tirer d'une révolution violente,
destinée à renverser tout de fond en comble, et
il lui semble que les grands chefs-d'œuvre du
passé, si manifestement outragés et tournés en
dérision par quelques affolés, sont dignes encore
de quelque respect et de quelque admiration.
C'est ce grand sentiment de la véritable beauté
artistique, c'est la solidité du raisonnement mis
par lui au service des idées qui lui étaient chères,
qui ont valu à M. Hanslick le crédit et l'autorité
incontestables dont il jouit auprès du public.
Mais M. Hanslick ne s'est pas fait connaître
seulement comme journaliste, et on lui doit
plusieurs publications importantes , dont le
succès a été,retentissant. Il faut citer, en pre-
mier lieu, une sorte de petit traité court, mais
substantiel, d'esthétique musicale, publié sous ce
titre : Das musikalische Schœne (Du Beau en
musique); ce petit livre, qui est devenu en
quelque façon le vade-mecum des musiciens et
dilettantes allemands, n'a pas eu moins de cinq
éditions, dont la première date de 185 i et la
HANSLICR — HARDOUIN
449
dernière de 1876 ; c'est sur celle-ci que M. Char-
les Bannelier en adonné récemment (1877), dans
la lievue et Gazette musicale de Paris, une
très-bonne traduction française (1). M. Hanslick
a publié aussi une intéressante ^is/o/;e des con-
certs de Vienne, ouvrage rempli d'études fort
utiles pour l'histoire de l'art, et on lui doit encore
un livre très-important, plein de vues élevées,
d'idées fécondes, sur l'Opéra moderne. C'est
cet ouvrage capital, dont le succès a été écla-
tant, qui a valu à son auteur l'honneur d'être
nommé professeur d'esthétique et d'histoire mu-
sicale à l'Université de Vienne.
* HAXSSENS (Charles-Louis), est mort à
Bruxelles le 8 avril 1871. Cet artiste était né à
Gand, alors placée sous la domination française,
le 23 messidor an X delà République, c'est-à-
dire le 12 juillet 1802, et non le 10, comme il a
été dit par erreur. Il est difficile, ou, pour inieuv
parler, impossible de dresser une liste complète
et détaillée des œuvres de ce compositeur fécond,
car lui même n'en prenait que peu de souci.
« Les compositions de Hanssens, dit M. de Bur-
bure (2), nélaient guère exécutées que dans
quelques villes de la Belgique et de la Hollande:
il n'eut j:imais assez de souci de la publication ou
de la propagation de ses ouvrages... Hanssens,
après avoir conçu le plan et donné tous ses soins
à la composition d'une ouverture, d'un concerto,
d'une symphonie, d'un grand opéra même, bor-
nait son ambition à en désirer entendre l'exécu-
tion dans de bonnes conditions, ne fût-ce qu'une
ou deux fois. Puis, ne s'en préoccupant plus,
les abandonnant en quelque sorte, il ne songeait
plus qu'à en écrire de nouveaux, négligeant de
donner à leurs aînés la publicité de la gravure
qui eût mis les connaisseurs en état de mieux
en approfondir les beautés ou d'en signaler les
défauts. )) Pour ce qui est des œuvres de Hans-
sens qui n'ont pas été signalées dans la Biogra-
phie universelle des Musiciens, je ne puis donc
citer que les suivantes : 1" Ze 5 Juillet, ballet
en un acte (en société avec Snel), Bruxelles,
9 juillet 1825; 2° un Dimanche à Pantoise,
ballet et un acte, Bruxelles, 28 juin 1833;
3° Valentine, ballet ; 4° le Château de Kenil-
worth, ballet; 5° le Paradis du Diable, ballet ;
6° Marie de Brabant, opéra en 5 actes, resté
(1) 11 a été fait un tiré à part de cette traduction, sous
ce titre : Du Beau dans la musique, essai de réforme
de l'esthétique musicale, par Edouard Hanslick, traduit
de l'allemand sur la cinquième édition, par Charles Ban-
nelier (Paris, Brandus, 1877, in-8»).
(S) Notice sur Charles-Louis Hanssens, membre de
l'Académie royale de Belgique, publiée dans V Annuaire
de l Académie et tirée à part iBruxelles, impr. F. Hayez,
1872, in-12 de 11 pages arec portrait).
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. SUPPL. — T
inédit, mais dont quelques fragments ont été
exécutés dans des concerts ; 7° le Sabbat, can- •
tate-oralorio, exécutée à Bruxelles en 1870;
8° Musique pour un drame de M. Gustave Vaëz,
Agneessens, représenté à Bruxelles en 1849;
9° Ouverture jubilaire, écrite à l'occasion du
cinquantième anniversaire de la fondation de la
Société royale de la Grande-Harmonie ; 10" plu-
sieurs chœurs sans accompagnement, parmi les-
quels la Tristesse et les Janissaires.
Très-hostile, par tempérament intellectuel,
à la musique française et à la musique italienne,
Hanssens sentait toutes ses sympathies artisti-
ques se tourner du côté de l'Allemagne, dont
il admirait le génie musical, bien que ce génie
soit aujourd'hui singulièrement troublé et af-
faibli. Comme compositeur, il manquait es-
sentiellement d'originalité, mais non de force,
de grandeur et de puissance. Hanssens a été, de
1848 à 1869, chef d'orchestre du théâtre de
la Monnaie de Bruxelles, et pendant trois an-
nées, de 1851 à 1854, il en fut le directeur. Ses
qualités de chef d'orchestre étaient très-réelles :
il avait pour lui la llamrne, l'expérience et la dé-
cision ; mais dans ses dernières années d'exer-
cice, il était inférieur à lui-même; j'eus l'occa-
sion, en 18G8, de le voir diriger deux ouviages
importants, et je remarquai qu'il n'avait plus ni
précision, ni énergie.
Dès 1845, et lorsqu'une classe, des beaux-arts
fut créée et ajoutée aux autres divisions de l'A-
cadémie royale des sciences et des lettres de
Belgique, il avait été nommé, par arrêté royal,
un des cinq membres efleclits de la section de
musique, en même temps que Fétis, de Bériot
et M. Vieuxtenq)s.
HARDEGEIX (Jules DE). — Voyez EG-
GHARD (Jules).
HARUOUIN ( ), chanteur, doué
d'une belle voix de basse-taille, entra à l'Opéra
en 1694, après avoir appartenu aux maîtrises de
différentes cathédrales de province. Chargé de
remplacer Moreau, il tint le premier emploi jus-
qu'en 1697, époque à laquelle Thévenard, s'em-
parant de plus en plus de la faveur du public, le
liéposséda du premier rang. Hardouin se can-
tonna alors dans les seconds rôles. H créa entre
autres, dans le cours des vingt-cinq années qu'il
resta à l'Opéra, ceux d'Apollon dans le Triom-
phe des Arts, de Persée dans Médvs, de don
Carlos dans l'Europe galante, de Jupiter dans
Marthésie, de Filinde dans les Fêtes vénitien-
nes, d'Arbas dans Idoménée, d'Apollon dans
Médéeet Jason, de Bacchns dans les Amours dé-
guisés, d'Euryte dans Télèphe, d'Argant dans
Tancrède, de Valère dans les Fêtes de l'Été,
I- 29
450
HARDOUIN — HART
enfin <i'Auiitie dans Camille, reine des Vols-
ques. Il prit sa retraite peu de temps après avoir
joué ce dernier rôle, obtint une pension, et se
retira en Bretagne, à Tréguier, sa patrie.
HARDY (Le colonel), officier français, grand
amateur de musique , a écrit la musique d'un
opéra-comique en trois actes , les Filles d'hon-
neur de la Reine, qui fut représenté sur le théâ-
tre d'Alger, où le colonel était en garnison , au
mois de décembre 1854. Peu de temps après, son
régiment était appelé en Crimée , pour prendre
part aux opérations du siège de Sébastopol , et
le colonel Hardy se faisait bravement tuer à la
tête de ses soldats, lors de l'attaque du Mame-
lon-Vert.
HARIA'G (Charles) , second chef d'orches-
tre du théâtre du Capitole, de Toulouse, a fait
représenter sur ce théâtre, le 15 janvier 1877,
un opéra-comique en un acte intitulé le Docteur
Pyramide. Cet artiste a fondé et dirigé à Tou-
louse une société orphéoniqne, pour laquelle il a
écrit plusieurs chœurs sans accompagnement.
HxVRUlEUS-WIPPERA ( iMadame ) ,
chanteuse fort remarquable, a été pendant fort
longtemps l'une des premières cantatrices de l'O-
péra royal de Berlin, ce qui ne l'a pas empêchée de
se faire entendre à diverses reprises soit à Vienne,
soit à Kœnigsberg, soit même à Londres , où elle
a fait deux ou trois saisons. Douée d'une voix
superbe, remarquable par la pureté de son tim-
bre, par sa fraîcheur et son étendue. M""" Har-
riers-Wippern,qui était fort intelligente au point
de vue scénique, se distinguait aussi par le goût
et le style qu'elle apportait dans son chant. Quoi-
que le sentiment dramatique fût loin de lui faire
défaut, elle était cependant préférable dans les
rôles de grâce et de tendresse , comme ceux d'A-
gathe du Freischiitz, d'Inez de l'Africaine , de
la reine des Hugxienots, de ^Suzanne des Noces
de Figaro, de la princesse de Jean de Paris.
jyjme Harriers-NVippcm , qui était fort estimée
aassi comme chanteuse d'oratorios et qui faisait
partie de la chapelle royale de Berlin , a brillé
pendant plusieurs années à l'Opéra de cette
ville aux côtés de M™« Lucca , qui tenait le grand
emploi dramatique. Parmi les autres ouvrages
dans lesquels elle s'est fait applaudir à ce théâ-
tre, il faut citer Don Juan (Zerline), Iphigénie
en Aulide, Rienzi, Lohengrin, Tannhauser,
la Flûte enchantée (Pamina), Robert le Diable
(Isabelle), la Fiancée, Faust, Jessonda, Actœa
la jeune fille de Corinthe, Guillaume Tell ,
Olympie, Cosi fan lutte, Oberon, Euryan-
the, etc.
En 1868, une longue et grave maladie vint
éloigner de la scène cette artiste distinguée
dojjt la carrière aurait pu être encore brillante.
Elle dut faire un voyage en Italie pour recouvrer
la santé, mais le soleil et le climat de ce pays
restèrent impuissants à lui faire retrouver sa
voix, l'une des plus belles qu'on eûl jamais en-
tendues. Pourtant , après un long repos de dix-
huit mois, M"' Harriers-Wippern, de retour à
Berlin , voulut faire sa rentrée au théâtre royal ,
au mois d'octobre 18C9, dans le rôle d'Agathe du
Freischutz; mais son organe était gravement at-
teint, etla voix, devenue très-faible dans les notes
hautes , qui ne pouvaient être attaquées qu'avec
les plus grandes précautions , avait perdu tout
son éclat. Le public, dont l'artiste avait toujours
été fort aimée, eut pour elle les plus grands
égards; mais après deux ou trois tentatives nou-
velles, et aussi infructueuses, celle-ci dut se
convaincre de l'inutilité de ses efforts. Au bout
de quelques mois, elle se vit obligée d'abandon-
ner une carrière qu'elle avait parcourue avec
éclat, et prit sa retraite avec une pension.
HARRIS (Charles), luthier anglais, était
établi à Londres en tSOO. On trouve rarement
sa marque sur les instruments construits par
lui , parce qu'il les fabriquait généralement ,
non pas directement pour le public, mais pour
des marchands en gros qui y mettaient la leur.
C'est ce qui explique pourquoi Harris fut peu
connu. Tout en exerçant sa profession de luthier,
il était employé à la Douane de Londres, et c'est
en cette qualité que, se trouvant journellement
en rapport avec des négociants, il obtint d'im-
portantes commissions de violons pour l'expor-
tation. Cependant, son commerce de lutherie
finit par prendre une telle extension qu'il fut
obligé de s'adjoindre son parent Samuel Gilkes.
Bien que copiant les instruments d'Amati et de
Stradivarius, il ne voulut jamais consentir à
imiter ce qu'on pourrait appeler les ravages du
temps, c'est-à-dire l'usure apparente du vernis
sur certaines parties du violon. Les amateurs
anglais prétendent que beaucoup des copies de
Harris valent celles de Lupot ; c'est peut-être al-
ler un peu loin.
HART (John-Thomas) , luthier anglais, né
le 17 décembre 1805, fut d'abord élève de Sa-
muel Gilkes (Voy. ce nom), et s'établit à Lon-
dres. Plus tard, il fit une étude sérieuse et atten-
tive des instruments italiens , et devint sous ce
rapport un des plus fins connaisseurs qui se pus-
sent trouver. Aussi, lorsque les amateurs anglais
commencèrent à s'éprendre avec passion des
magnifiques instruments des grands luthiers ita-
liens, ce fut Hartqui, grâce à son expérience,
sut réunir et vendre à de bauts prix les collec-
tions qui se formèrent alors de l'autre côté de la
HARÏ — HARTOG (DE)
451
Manche. Ce commerce fut pour lui la soilice
d'une fortune considérable. Jolui Tiiomas Hart
mourut le 1" janvier 1874.
HART (George), fils , je crois, et successeur
du précédent , est l'auteur d'un livre intéres-
sant publié sous ce titre : The Vlolin, its famous
inakers and their imitators [Le Violon, les lu-
thiers célèbres et leurs imitateurs) , Londres,
Dulau, 1875,in-8°. Cet ouvrage, imprimé avec
un grand luxe et accompagné de nombreuses
gravures, est sans contredit le plus important qui
ait paru jusqu'à ce jour sur l'art de la lutherie.
Les idées qui y sont émises , les recherches qu'il
indique, prouvent que l'auteur, grand amaieur
des instruments à archet , a beaucoup lu, beau-
coup vu, beaucoup comparé, et qu'il s'est voué de
tout cteur à l'étude de son sujet. La lutherie ita-
lienne occupe tout naturellement une des meil-
leures places duvolume, et les œuvres admirables
des Stradivarius , des Guarnerius, desAmati, des
Bergonzi et autres maîtres y sont très-bien carac-
térisées-,,le chapitre delà lutherie anglaise offre, de
son côté, un intérêt d'autant plus vif que les pro-
duits de cette lutherie sont à peu près inconnus
sur le continent , où les instruments d'outre-
Manche ne pénètrent presque jamais ; mais la
lutherie française a été un peu trop légèrement
traitée par M. Hart, et il faut reconnaître qu'il
y avait mieux et plus à dire que ce qu'il a dit
sur les artistes parisiens en ce genre , les Pique,
les Nicolas, les Lupot, les Gand , les Vuiliaume
et aiitres. D'autre part, il faut bien signaler une
lacune étrange dans ce livre d'ailleurs plein d'in-
térêt : cette lacune consiste en ceci que l'écri-
vain , qui consacre tout un chapitre aux cordes
et à leur fabrication, néglige complètement de
parler des archets. De telle sorte que, rien qu'en
ce qui concerne la France, il a passé sous si-
lence les noms de tous ces archettistes fameux ,
Tourte, Peccate, Lafleur et tant d'autres, dont
les produits, devenus rares, sont aujourd'hui
recherchés du monde entier et atteignent des
prix exorbitants. Quoi qu'il en soit de cette ob-
servation, le livre de M. Hart mérite de prendre
place dans toute bibliothèque musicale digne
de ce nom , car il comble une lacune importante
et regrettable (1).
* HARTMANN (Jean-Pierre-Émile). Aux
ouvrages cités de cet artiste, il faut ajouter un
opéra, la Fille du roi des Aulnes, représenté
à Copenhague au mois de novembre 1867, les
0) Depuis que celte notice'est écrite, M. Vidal [Voy. ce
nom) a public sous ce titre: les Instruments à archet,
les deux premiers volumes d'un ou\rage extrêmement
considérable, consacré non-seulement au violoD, mais à
tous les instruments de cette famille.
ouvertures , marches et «hœurs écrits par lui
pour Ondine, dame de Borggaard, et pour plu-
sieurs tragédies et drames du grand poète Œh-
lenschiaeger, un certain nombre de cantates reli-
gieuses et profanes , dont une fut composée pour
les funérailles du célèbre statuaire Thorwaldsen ,
des symphonies , un concerto de violon , et loute
une série de chansons originales qui ont joui
d'une grande vogue non-seulement en Danemark,
mais aussi en Allemagne. Membre de la Société
musicale de Copenhague, M. Hartmann fut
nommé en 1840 directeur du Conservatoire de
cette ville, et peu d'années après organiste de
l'église napolitaine. En 1849, il devint maître de
chapelle particulier du roi.
M. Hartmann est considéré comme un des plus
grands musiciens dejson pays, au point de vue
dramatique et en ce qui concerne la puissance
chorale. Il a fêté en 1874, à Copenhague, sa
cinquantaine artistique par un giand concert au-
quel assistaient le roi et toute la famille royale.
Le produit de ce concert était destiné à former
la base d'une fondation qui porte le nom de Hart-
mann. A cette occasion, le .souverain nomma le
grand artiste chevalier de l'ordre du Danebrog.
Le fameux sculpteur danois Vilhelm Bissen a
fait un très-beau buste de son compatriote Hart-
mann.
*HARTOG (EDOUARD DE), compositeur dis-
tingué, s'est vu obligé depuis plusieurs années,
après avoir étudié la musique en vue de son .sim-
ple agrément, de chercher dans l'exercice de cet
art les ressources que la perte de sa fortune lui
avait enlevées. 11 est aujourd'hui fixé à Paris,
où il se livre à l'enseignement de l'harmonie, du
contrepoint et du piano , sans pour cela négliger
la pratique de la composition. M. de Hartog a
fait représenter au Théâtre-Lyrique , le 29 mars
1865, un opéra-comique en un acte, le Mariage
de don Lope, qui a été favorablement accueilli
parle public : le 30 mai 1868, il donnait aux
Fantaisies-Parisiennes (de Paris) un autre ouvrage
en un acte, V Amour mouillé , qu'il retira pres-
que aussitôt , l'interprétation lui semblant insuf-
fisante, et qu'il fit jouer ensuite (1873) aux Fan-
taisies-Parisiennes de Bruxelles, où la partition
obtint un vif succès sous le nouveau titre de
l'Amour et son hdle. Il a publié, dans ces der-
nières années , deux quatuors pour deux violons,
alto et violoncelle, le Psaume XLIll, pour soli ,
chœurs et orchestre, composition qui a obtenu
de grands succès en Allemagne et dans les Pays-
Bas, et une Suite pour quatuor d'instruments à
cordes qui fait partie du répertoire du célèbre
Quatuor florentin de M. Jean Becker. M. de
Hartog a en portefeuille les compositions sui-
452
vantes, encore inédites : 2
d'instruments à cordes; Prologue symplionique
pour la Jeanne d'^rc de Schiller; Messe avec
orchestre; six duos pour voix de femmes. Il tra-
vaille en ce moment à un grand opéra sur un li-
vret de M. Jules Barbier, à une symphonie à grand
orchestre, et à une vaste composition, la Fdret,
pour soli, chœurs et orchestre.
M. Edouard de Hartog, qui est membre de la
Société néerlandaise pour l'encouragement de
l'art musical, est l'un des collaborateurs du
Supplément à la Biographie universelle des
Musiciens.
HASERT (Rodolvhe), pianiste et docteur
en théologie, né à Greifswald le 4 février 1826,
fut élève de Kullak pour le piano et de Dehn pour
la composition, et travailla à Berlin, sous la di-
rection de ces deux artistes, de 1848 à 1850. Il
acquit un véritable talent de virtuose, et entre-
prit bienlôt un grand voyage artistique, se fai-
sant entendre successivement à Stockholm, à
Gotlienbourg, à Christiania, à Copenhague, à Pa-
ris (1855), à Weimar, auprès de Liszt, puis enfin
à Berlin, oii il se retrouvait au commencement
de l'année ISfiO et où il se produisait à la lois,
dans trois concerts successifs, comme virtuose
et comme compositeur. Il s'établit alors dans la
capitale de la Prusse comme professeur, et y
resta jusqu'en 1869. Depuis 1872, M. Hasert est
pasteur de l'église évangélique de Raltenow.
* HASLlA^GElî (Cu.\RLES), éditeur de mu-
sique à Vienne, e4 mort en 1868, à l'âge d'envi-
ron cinquante-deux ans. La maison qu'il dirigeait
fut, après sa mort, dirigée par sa veuve, qui la
céda, vers 1876, à l'éditeur Lienau, de Beilin.
lIATTOiX (J....-L ), compositeur an-
glais contemporain, est né à Liverpool vers 1815.
Après avoir reçu quelques leçons élémentaires
de musique, il s'est, dit-on, formé lui-même, el
s'établit à Londres à l'âge de vingt ans environ.
Là, il commença à se produire comme compo-
siteur, et eut une part de collaboration dans un
ouvrage intitulé Acis et Gakithée, représi-nté au
théâtre Drury-Lane en 1843. L'année suivante
il donnait à ce théâtre son premier opéra , Qneen
of the Thames {la Reine de la Tamise), puis
partait pour l'Autriche, et faisait représenter à
Vienne un autre ouvrage dramatique, Pascal
Bruno. De retour en Angleterre, il donnait sans
succès à Covent-Garden, en 1864, Rose, or Lo-
ve's Ransom (Rose, ou la Rançon de l'amour)
et peu après devenait directeur de la musique au
Princess's Théâtre.
M. Halton a écrit encore plusieurs autres opé-
ras ; Sardanapale, Pizarre, Henri VIII, Ri
chard ÏI, le Roi Lear; j'ignore si ces ouvrages
ont été représentés. Mais on doit aussi à cet ar-
HARTOG (DE) — HAUFF
suite pour quatuor tisfe une ouverture et des entr'actes pour un
drame de Faust et Marguerite, une cantate in-
titulée Robin Hood, exécutée au festival de
Brailford, diverses compositions pour l'église, et
un grand nombre de murceaux de chant, dont
plusieurs sont devenus populaires. Le nombre
de ses œuvres s'élève à plus de cent cinquante.
HAUBAULT (Madame), virtuose habile
sur la basse de viole, vivait au dix-huitième siè-
cle, et obtint des succès en se faisant entendre au
Concert spirituel. Daquinen parle ainsi dans son
Siècle littéraire de Louis XV (l'53) : — « La
légèreté, la précision, la finess^de son coup d'ar-
cliet, ses sons articulés et flatteurs, lui ont attiré
les applaudissements du public au Concert spi-
rituel. Les femmes à présent se/lislinguent dans
tous les genres, la plupart sont autant de fées
qui chacune ont leur pm'ssance et leur emploi;
voilà les véritables Muses, celles du Parnasse ne
sont que bien imaginées. »
* II AUFF (Guillaume-Gottlieb) . M. Edouard
Gregoir, dans ses Artistes musiciens néerlan-
dais, fait naître ce musicien à Gotha vers 1755,
et dit qu'il se fixa à Nimègue, oîi il devint orga-
niste <le la grande église et où il mourut, d'une at-
taque d'apoplexie, le 14 mai 1817. Les jour-
naux de 1789 firent l'éloge d'une cantate de sa
composition : De dond van Jésus Cluistus. Cet
artiste aurait composé aussi plusieurs autres can-
tates, des concertos de piano, de violon, d'alto,
de cor et de trompette, dont plusieurs ont été
publiés à Utrecht, chez G. Van Paslenburg.
HAUFF (Ferdinand), frère du précédent,
mort en 1812, voyagea pendant longtemps en Al-
lemagne et en Hollande en donnant des concerts.
C'était, dit-on , un organiste de premier ordre,
mais un compositeur médiocre, quoiqu'il ait pu-
plié chez J. Hummel, à Amsterdam, des sonates
pour clavecin, violon et violoncelle.
HAUFF (Giiillai;me-G. T.), fils de Guil-
laume-Gotllieb, né à Nimègue en 1793, était si
bien doué pour la musique qu'à l'âge de douze
ans il lui arrivait de remplacer son père à l'or-
gue. Plus tard, il devint organiste de l'église de
la Montagne de sa ville natale, puis de l'église
Saint-Martin à Gioningue, où il mourut le 31 oc-
tobre 1838. Il a publié dans cette dernière ville :
les 150 psaumes avec saints et prières, pour or-
gue ou piano ; 6 préludes et sorties pour or-
gue; 15 chansons d'école, avec accompagne-
ment de piano; préluiles pour l'usage des
psaumes; 6 valses pour piano. Ces compositions
sontjnédiocres. — Le fils de cet artiste, M. Guil-
laume Hauff, élève de son père, est devenu or-
ganiste de l'église de l'hôpital de Groningue,
puis de l'église réformée de Kampen, où il rem-
plit aussi les fonctions de carillonneur. Il a faij
FHAUFF — HAYDN
453
une traduction hollandaise du Traité de contre-
point et de fugue de Cherubini, mais je ne crois
pas que ce travail ait été publié.
HACJFF (Jouann-Christian), compositeur et
théoricien renommé, est né à Francfort-sur-le-
Mein le 8 septembre 1811. Il étudia la flûte, le
violon et le piano, et à 17 ans faisait partie de
l'orchestre du théâtre de sa ville natale. Il tra-
vailla ensuite la composition, produisit plusieurs
œuvres importantes, acquit une réelle réputation
comme professeur et comme didacticien, et enfin
fonda à Francfort une école de musique dont il
fut le directeur et l'un des maîtres les plus es-
timés. Outre un grand ouvrage publié sous le
titre de Théorie de ta composition (Francfort,
1863, un vol.), on doit à cet artiste des sympho-
nies, des quatuors pour instruments à cordes ,
des quatuors et des trios pour piano et instru-
ments à cordes, des sonates pour piano seul,
des motets, etc.
*HAUPTMAIViV (Maukice), compositeur
et savant écrivain sur la musique, est mort à
Leipzig le 4 janvier 18G8. Cet artiste était né à
Dresde non en 1794, mais le 13 octobre 1792.
Sous ce titre : Les lettres de Moritz Haupt-
mann à Spohr et à d'autres compositeurs ,
M. Ferdinand Hiller {Voy. ce nom) a réuni en
un volume et publié en 1876 la correspondance
musicale de cet artiste intéressant.
Hauptmann était considéré dans toute l'Alle-
magne comme un artiste de premier ordre. A
Leipzig, il était l'objet d'une véritable vénéra-
tion, et lors de sa mort les grandes sociétt-s mu-
sicales de cette ville, Geivandhaus, Euterpe,
consacrèrent des concerts à sa mémoire et à l'exé-
cution de quelques-uns de ses meilleurs ouvra-
ges.
Parmi les compositions nombreuses de Haupt-
mann qui n'ont pas été mentionnées dans la Bio-
graphie universelle des Musiciens, je citerai les
suivantes : Motels pour voix seule et clidurs,
op. 34, 40 et 41 ; 3 chants pour chœur et orches-
tre, op. 43 ; 6 lieder à 4 voix, op. 32 ; canons
italiens et allemands pour 3 sopranos, op. 50;
6 lieder à 4 voix, op. 47; 12 lieder, op. 46;
12 lieder sur des paroles de Riickert, op. 49;
6 lieder, op. 55.
* HAUPTiVIAIMV' (Laurent), est mort à
Vienne le 25 mai 1870.
* HAUSER (François), ancien directeur du
Conservatoire de Munich, est mort à Fribourg le
14 août 1870.
HAUSER (Michel, connu sous le nom de
de Misra), violoniste et compositeur pour son
instrument;, naquit à Presbonrg (Hongrie) en
1822. Dès l'enfance, son goût pour la musi-
que était si. ardent qu'il en oubliait les jeux de
son âge. Il commença l'étude du violon avec
Conraiiin Kreutzer, et à douze ans put se pro-
duire en public avec succès. Il se perfectionna
au Conservatoire de Vienne sous la direction de
Mayseder, et devint pour la composition l'élève
de Secliter. Lorsqu'il eut tout à fait formé son
talent, il entreprit avec son père, qiii, comme
amateur, était lui-même un violoniste distingué,
une excursion artistique un peu timide en Alle-
magne. Le succès l'ayant encouragé, il se dirigea
bientôt vers le nord, et visita successivement le
Danemark, la Suède, la Norwége, la Fionie, et
traversa toute la Russie jusqu'à la Sibérie. De
retour à Vienne en 1848, il en repartit presque
aussitôt pour l'Angleterre, et de là s'embarqua
pour l'Amérique, où il visita le Canada, les Étals-
Unis, le Pérou et la Californie, pénétrant ensuite
jusqu'en Australie , et partout donnant des con-
certs avec le pianiste Lavencau, le chanteur Gé-
rold, et M"* Pallinos, cantatrice distinguée. Il
était Vimpresario de cette petite compagnie, et
ne donnait pas moins de 60 dollars par jour à
chacun des artistes qui étaient avec lui. De tous
les points «lu globe où il s'arrêtait dans cette
tournée colossale, Miska Hauser, qui n'est pas
seulement un virtuose remarquable, mais qui est
aussi un homme d'esprit et un observateur, en-
voyait à l'un des principaux journaux de Vienne,
VOstdeusche-Post, des lettres familières, fines,
humoristiques, dans lesquelles il retraçait, au
courant d'une plume alerte et facile, les péripé-
ties et les impressions de son voyage. Ces lettres
eurent un grand retentissement, passèrent de
VOstdeusche-Post dans toutes les feuilles alle-
mandes, et de là dans un grand nombre de jour-
naux étrangers. A son retour en Europe, Miska
Hauser mit en ordre cette correspondance, et la
publia sous le titre de Journal de voyage d'un
virtuose autrichien , lettres de Californie,
Sud- Amérique, Australie, (Leipzig, 1858-59,
2 vol.). Depuis lors, cet artiste a entrepris de
nouveaux voyages, a visité la Turquie et l'Italie,
et s'est fait partout a[)plaudir. Il a publié pour
le violon un certain nombre de compositions ,
dont quelques-unes ont été fort bien accueillies.
* HAYDJX (François Josei'h). Je crois utile
de donner ici la liste des écrits publiés sur ce
maître immortel depuis l'apparition de la Bio-
graphie universelle des Musiciens : 1° la
Jeunesse de Haydn, suivie d'une notice sur
Auguste Pajou, par M'"* A. Grandsard, Paris,
1864. in-8° de 142 pp. ; 2° Joseph Haydn. Ein
lebensbild, par C.-A. Ludwig, Nordhausen,
1867 (ouvrage traduit et publié sous ce titre dans
le journal français l'Art musical de 1869 :
454
HAYDN — HÉBERT-MASSY
Joseph Haydn , biographie d'après les sources
authentiques par Charles Ludwig, par F. Herzog);
3° Mozart und Haydn in London, par C. F.
PohI, Vienne, 1867, 2 vol. ; 4° Haydn, sa vie et
ses œuvres, par H. Barbedette (inséré dans le
journal le Ménestrel de 1870 et 1871, mais non
publié en volume) ; 5° Joseph Haydn , par C.
F. Pohl, Berlin, Sacco, 1875, in-8° (le 1^^ volume
seul est publié jusqu'à ce jour, le second et
dernier paraîtra prochainement); 6° Joseph
Haydn und sein brader Michael Haydn,
zivei bio-bibliographische Skizzen ( Joseph
Haydn et son frère Michel Haydn, deux es-
quisses bio-bibliographiques), \ieime , impr.
delà cour et de l'État, 1861.
* HAYDI\ (JE4N-MicnEL;). L'écrit suivant
a été publié sur cet artiste : Biographische
Skizze von Michael Haydn (Esquisses biogra-
phiques sur Michel Haydn ) , par Scliinn et
Otter, Salzbourg, 1808.
HAYES (M'"« CATHEniNE BUSHYELL,
née), cantatrice d'un remarquable talent, était née
en Irlande vers 1825, et avait fait son éducation
musicale à Dublin, sous la direction d'un profes-
seur italien nommé Sapio. Elle acquit rapide-
ment une véritable popularité comme chanteuse
de concert, mais lorsqu'elle eut eu l'occasion
d'entendre, à Dublin, Mario et la Grisi, elle fut
tellement frappée de leur talent et de l'impres-
sion que tous deu\ produisaient sur le public,
qu'elle résolut de se perfectionner et d'étudier
en vue de la scène lyrique. Elle se rendit alors
à Paris, oii elle travailla avec Manuel Garcia ,
puis à Milan, où elle prit des leçons de Felice
Ronconi, après quoi elle alla débuter à Marseille,
en 1845, dans i Purilani, de Bellini. Son suc-
cès ayant été très-grand, elle ne craignit plus
d'aborder les grandes scènes de Vienne, de Mi-
lan, de Venise et des principales villes de l'Ita-
lie, où elle remporta de véritables triomphes. En
1849, elle parut pour la première fois à Londres,
où elle ne fut pas moins bien accueillie, puis
elle alla aux Indes, en Amérique, et jusqu'aux
îles Sandwich et en Australie. De retour en Eu-
rope, elle épousa on 1857 M. Bushnell, qui la
laissa bientôt veuve; mais elle ne survécut pas
longtemps à son mari, car elle mourut à Syden-
ham, près de Londres, le 11 août 1801.
Au dire de Mendelssohn, l'Angleterre a fourni à
l'Italie, au dix-neuvième siècle, trois grandes can-
tatrices : Clara Novello, M""^ Bishop, et Cathe-
rine Hayes. Celle-ci était douée d'une voix pure
et suave, et de manières douces et affables, que
le succès ne changea point. Très- impressionna-
ble, elle était sévère pour elle-même, et le moin-
dre contre-temps était susceptible de la priver
de ses moyens. Son soprano clair et argentin pro-
duisait un effet merveilleux, et son sentiment
dramatique était des plus remarquables. Elle
était surtout incomparable , dit -on, dans Lucia
di Lamermoor etdansAmina de la Sonnam-
bula.
Le corps de cette grande artiste repose dans
le cimetière de Kensal Green.
* HAYM (Gilles). L'article consacré à cet
artiste et celui concernant Gilles Hcnnius, au
tome IV de la Biographie universelle des Mu-
siciens, se rapportent à un seul et même person-
nage, dont le nom fut sans doute parfois latinisé,
comme il arrivait encore à l'époque où vivait cet
artiste, c'est-à-dire au dix-septième siècle. De
là l'erreur commise à son sujet.
HÉBERT-MASSY (M'"'' Marie), chanteuse
fort distinguée , qui eut son heure de vogue ,
sinon de célébrité, s'appelait Giacomasci, et fut
connue d'abord sous le nom de M"" Massy,
jusqu'au jour où elle épousa le chanteur Hébert,
son camarade de l'Opéra-Comique , dont elle
joignit le nom au sien. M"*^ Massy débuta à ce
théâtre vers 1832 , et son succès fut tel qu'elle
lut presque immédiatement reçue sociétaire. Un
critique disait d'elle en 1833 : « M"^ Massy dé-
bute à peine, et sa réputation est déjà colossale.
Nous craiiinons que des éloges exagérés ne nui-
sent au développement du talent précoce de cette
jeune actrice, dont la voix a besoin d'être mé-
nagée, et à laquelle on confie des rôles qui sont
un peu au-dessus de ses forces. M"'= Massy a des
rôles importants danstous lesouvrages nouveaux.
Elle s'acquitte parfaitement de ceux qui lui ont
été confiés dans le Pré aux Clercs (c'est elle
en effet qui créa le joli petit rôle de Nicette) ,
fAidovic, la Prison d' Edimbourg et le Pros-
crit; mais elle consulte peut-être plus son zèle
que ses forces en se constituant ainsi l'atlas du
théâtre dont elle fait partie. » Malgré son très-
grand succès, M"* Hébert-Massy ne resta que
trois ou quatre ans à l'Opéra-Comique, et bientôt
s'en alla dans les grandes villes de la province
et de l'étranger, où elle retrouva la faveur du
public. En 1847, elle revint à Paris et fit une
courte apparition à fOpéra , où elle se montra
dans Lucie de Lamermoor'; puis comme elle
joignait à son talent de chanteuse de très-réelles
facultés de comédienne, elle fut engagée au
théâtre de la Porte Saint-Martin, où l'on fit pour
elle un grand drame mêlé de musique, la Fari-
dondaine, dans lequel Adolphe Adam lui tailla
un rôle musical très-développé. La pièce et la
cantatrice attirèrent la foule à ce théâtre pendant
plusieurs mois, et cependant 31™^ Hébert-Massy,
à part une nouvelle et courte apparition qu'elle
HÉBERT-MASSY — HEISE
455
fit vers 1853 à l'Opéra, où , entre autres rôles ,
elle chanta celui de Bertha dans le Prophète,
ne trouva pas le moyen de se faire engager sur
une de nos grandes scènes lyriques. Elle se re-
tira alors à Toulouse, et fut bientôt nommée pro-
fesseur au Conservatoire de cette ville. Elle y
est morte au mois de mai 1875, âgée de soixante-
deux ans.
* IIÉDOUIIV (PiEKRE). Au\ écrits mention-
nés ail nom de cet artiste, il faut ajouter l'opus-
cule suivant : Esqrtisse bingraphique sur
M""' Sc/o, née Legrand (Lille, j857, in-S").
Hédoiiin est mort à Paris, au mois de décembre
1868.
HEGAR (Friedrich), violoniste et composi-
teur suisse, né à Bàle le 11 octobre IMi, a été
élève du Conservatoire de Leipzig de 1857 à 1860,
et fut ensuite un instant concertmeister à Var-
sovie. Il vint à Paris en 1861, et accepta en 1865
l'emploi de directeur de musique et de chef d'or-
chestre au théâtre de Zurich. On doit à ce jeune
artiste quelques compositions intéressantes ,
parmi lesquelles il faut signaler un Hymne à la
musique, pour soprano, contralto, ténor et
baryton , avec accompagnement d'orchestre, op.
2 ; un concerto de violon, avec accompagnement
d'orchestre ou de piano, op. 3 ; un recueil de
lieder avec piano, op. 7 ; 3 chœurs, op. 8 , etc.
Le frère cadet de cet artiste , Emile Hegar,
violoncelliste fort distingué, né à Bâle le 3 jan-
vier 1843, a été, comme lui, élève du Conserva-
toire de Leipzig. Il est aujourd'hui fixé en celte
ville, où il occupe les fonctions de premier vio-
loncelliste au théâtre ainsi qu'à la société du
Gew.mdliaus.
IIEIJE ou HEYE (Le docteur Jean-Pierre),
poète néerlandais fort distingué et musicien
amateur, s'est fait un renom dans sa patrie, et
même dans la partie flamande de la Belgique ,
par ses chansons et ses poésies populaires, qui
se faisaient remarquer par un esprit délicat et
par la peinture des sentiments les plus élevés.
Le docteur Heije était l'un des dilettantes les plus
instruits et les plus dévoués à l'art que l'on put
trouver dans les Pays-Bas. Président pendant
longues années de la Société pour la propagation
du chant populaire, secrétaire et le membre le
plus actif de la Société pour l'encouragement de
l'art musical, il a pris la part la plus importante
au recueil de travaux historiques publié par cette
dernière, et s'est dévoué avec un zèle et une ar-
deur dignes des plus grands éloges à la formation
de la riche bibliothèque de cette compagnie.
Traducteur des poèmes d'un certain nombre d'o-
ratorios célèbres, le docteur Heije était aussi
compositeur, et plusieurs de ses mélodies sont
remarquables par leur fraîcheur et leur simpli-
cité. Cet homme fort distingué est mort à Ams-
terdam, le 24 février 1876, âgé de 67 ans.
Ed. de h.
HEIi\E (F ), compositeur allemand con-
temporain, a publié plusieurs œuvres intéressan-
tes , parmi lesquelles une symphonie à grand
orchestre, une ouverture de concert, un recueil
de lieder avec accompagnement de piano, etc.
Je n'ai pas d'autres renseignements sur cet
artiste.
' HEI^EFETTEU (Svrine), cantatrice
distinguée, est morte à Jucbau le 18 novembre
1872. Cette artiste avait épousé un commerçant
de Marseille nommé Marque! , et s'était retirée
du théâtre.
* HEIIXEFETTER (C-vtinrv), cantatrice,
sœur de la précédente, fut attachée pendant quel-
que temps à l'Opéra de Paris , en qualité de
première chanteuse. Sa beauté était resplendis-
sante. Elle est morte à Fribourg en Brisgau, le
20 décembre 1858, à l'âge de 37 ans seidement,
des suites d'une maladie de cœur.
HEINEMA1\ (Je.vn), facteur de clavecins,
quoique aveugle , exerçait cette profession à
Anvers dans les dernières années du dix-huitième
siècle. On connaît encore de lui un clavecin à
queue, qui porte l'inscription suivante ; Joanncs
He'meman me fecït a ° 1793, Antwerpi^v.
HEINE.VIEYER (Chrétien) , flrttiste alle-
mand très estimé, né au mois de septembre 1796,
mort à Hanovre le 6 décembre 1872, s'est fait
une réputation méritée comme virtuose.
HEIXEMEYER (Ernest-Guillaume), fils
du précédent, né à Hanovre le 25 février 1827,
fut élève de son père, devint un flûtiste extrê-
mement remarquable et acquit ime renommée
qui surpassa de beaucoup celle de ce dernier. Il
fut pendant plusieurs années professeur au Con-
servatoire de Saint-Pétersbourg et première flûte
au théâtre de cette ville. Il mourut jeune, à
Vienne, le 12 février 1869. On lui doit quelques
compositions pour son instrument.
*HEli\RICHS (Antoine-Philippe), musicien
bohémien, est mort à New -York le 23 novembre
1861.
HEISE (P ), compositeur danois, a fait
représenter sur le théâtre de Copenhague , au
mois de septembre 1869, un opéra intitulé la
Fille du Pacha. Cet artiste, alors à l'aurore
de sa carrière , n'avait pas lutté moins de cinq
années pour pouvoir enfin présenter son œuvre
au public. Celle-ci obtint néanmoins un grand
succès , et fut considérée comme extrêmement
remarquable. Je n'ai pas d'autres renseignements
sur ce compositeur.
456
HEISER — HELLER
HEISEU (Wilhelm), chanteur et composi-
teur, est né à Berlin le 15 avril 1817. Doué d'une
belle voix de soprano , il lit partie dès l'âge de
douze ans des chœurs de l'Opéra et de ceux de
la chapelle royale. Après avoir fait de bonnes
études musicales, il embrassa la carrière lyrique,
et devint chanteur au théâtre de la cour, à
Schwerin, puis à Sondersliausen ; mais il aban
donna bientôt la scène pour se livrer exclusive-
ment à la composition. Devenu chef de musique
du régiment des fusiliers de la garde en 1853, il
quitta le service militaire en 1866, et depuis lor.s
s'est consacré à l'enseignement , où , dit-on, il
excelle. On doit à cet artiste plus de 100 iieder
de genres différents, de la musique de danse,
des marches pour le piano , et enfin un petit
opéra qui a été donné avec succès sur l'un des
théâtres de Berlin.
HELLE (Antoine), compositeur, a fait son
éducation à l'École de musique religieuse de
Paris , après quoi il est devenu maître de cha-
pelle de la basilique de Saint-Epvre, à Nancy,
où il a fait exécuter, le 7 juillet 1875, pour la
cérémonie solennelle de la consécration de celte
basilique, une cantate-oratorio intitulée les Ma-
gnificences du culte catholique. La partition
pour chant et piano de cet ouvrage a été publiée
à Paris, chez l'éditeur Richault. M. Hellé est
directeur de la .société chorale Alsace- Lorraine.
Il a publié quelques compositions pour l'orgue,
entre autres un grai.d olferluire et deux éléva-
tions, (Richault), un offertoire et trois messes
( id.), ainsi qu'un traité intitulé VArt d'impro-
viser ou l'Ami de l'organiste (Paris et Bruxel-
les, Schott , in-f»). On doit encore à cet artiste
une publication faite sous ce titre : Le Trésor
des maîtrises, recueil d'harmonies faites sur des
morceaux de plain -chant qui sont chantés aux
messes, vêpres et compiles, saluts du dimanche.
^ HELLEIXDAAL (Pierre) , violoniste néer-
landais du dix-hiiilièirie siècle , se rendit vers
1740 en Italie, pour prendre des leçons de Tar-
tini, et à son retour se fixa à Amsterdam. 11 a
publié en cette ville deux livres de chacun six
sonates pour violon. On ignore les dates de la
naissance et de la mort de cet artiste.
* HELLER (Stephen). Cet artiste extrême-
ment remarquable est depuis longues années fixé
à Paris, où il passe tous les hivers et d'où il se
rend chaque été en Suisse. Stephen Heller, un
des poètes les plus exquis du piano, a su se faire
une place à part, et des plus brillantes, parmi
les compositeurs pour cet instrument, une place
due à son talent à la fois si original et si fin , si
délicat et si élevé. Par malheur, le grand artiste,
dont la santé d'ailleurs est toujours un peu pré-
caire , met autant d'ardeur à fuir le bruit et la
publicité que d'autres en mettent à les rechercher;
néanmoins, la valeur de ses œuvres est telle qu'elle
a fini par donner à son nom la notoriété à biquelle
il a droit, et par lui créer un public qui sait l'ap-
précier, selon ses mérites. L'existence calme et
retirée de Stephea Heller a fait dire justement à
l'auteur de la Biograjihie universelle des Mu-
siciens que sa vie était tout entière dans ses
œuvres. Il ne me semble pas inutile de dresser
la liste de celles-ci, aussi complète que possible ;
il en manque peu, dans la nomenclature que
voici : Trois morceaux caractéristiques , op. 7 ;
Grande Étude en forme de rondo-scherzo, op. 8 ;
Trois morceaux brillants, op. 10 ; Rondo-valse ,
op. 11 ; Divertissement brillant sur les Treize,
d'Halévy, op. 13; Passe-temps, recueil de com-
positions amusantes, op. 14; Six caprices sur le
Shérif, d'Halévy, op. 17 ; Quatre Rondos très-
faciles sur la Favorite, op. 22 ; Quatre Rondos
sur Ze Guitarero, op. 23; Scherzo, op. 24;
Deux Bagatelles sur Richard Cœur-de-Lion ,
op. 25 et 26 ; Caprice brillant , op. 27 ; Caprice
symphonique, op. 28 ; la Chasse, étude carac-
téristique , op. 29 ; Dix Pensées fugitives ,
op. 30 ; Petite Fantaisie et Boléro sur la Juive^
op. 31 et 32; Fantaisie brillante et Caprice sur
Charles VI, op. 37 et 38 ; Zo Kermesse, danse
néerlandaise, op. 39; Miscellanées , op. 40 ;
Caprice sur /e Déserteur, op. 41; Valse élé-
gante, op. 42; Valse sentimentale, op. 43;
Valse villageoise, op. 44; Chant national de
Charles VI, op. 48; Pastorale, op. 48 bis; Qua-
tre Arabesques, op. 49 ; Scènes pastorales, op.
50; Vénitiinne, op. 52 ; Tarentelle, op. 53; Fan-
taisie, op. 54; la Fontaine, caprice sur une mé-
lodie de Schubert , op. 55 ; Sérénade, op. 56 ;
Scherzo fantastique, op. 57 ; Rêveries, op. 58 ;
Valse brillante, op. 59 ; Canzonetta, op. 60 ;
Deuxième Tarentelle, op. 61 ; Deux Valses, op.
02 ; Capriccio, op. 63 ; Presto capriccioso , op.
04; Deuxième Sonate , op. 65; Caprice brillant
sur le Val d'Andorre, op. 66; la Vallée d'a-
mour, op. 67 ; l'Alouette, caprice sur une mé-
lodie de Schubert, op. 68 ; Chant national de
Mendelssohn, fantaisie en forme de sonate, op.
69 ; Caprice brillant sur le Prophète, op. 70;
Aux mânes de Chopin, élégie et marche funèbre,,
op. 71; le Chant du matin, le Citant du Trou-
badour, le Chant du Dimanche, op. 72; le
Chant du Chasseur, l'Adieu du Soldat, le
Chant du berceau, op. 73 ; Fantaisie et Valse
brillante sur l'Enfant prodigue, op. 74; Rondo-
caprice sur la Dame de Pique et romance va-
riée, op. 75; Caprice caractéristique sur deux
thèmes de Mendelssohn, op. 76; Saltarello sur
HELLER — HELMHOLTZ
457
uu tlième de Meiulelssolin , op. 77 ; Promenades
d'un solitaire, op. 78 ; Quatre Préludes, op. 79;
Promenades d'un solitaire, nouvelle suite, op.
80; Nuits blanches, 18 morceaux lyriques, op.
82; Six Feuillets d'album, op. 83 ; Impromptu,
op. 84; Deux Tarentelles, op. 85 ; Dans les bois,
six rêveries et finale, op. 86 ; Scènes italiennes,
fantaisie-tarentelle, op. 87 ; Troisième Sonate, en
ut majeur, op. 88 ; Promenades d'un solitaire,
troisième suite, op. 89 ; Nouvelles éludes , op.
90; Deux Nocturnes et nocturne-sérénade, op.
91 ; Trois Églogues, op. 92 ; Deux Valses liril-
lantes, op. 93; Tableau de genre, op. 94 ; Al-
legro-pastorale, op. 95; Grande Étude de concert,
op. 96; Douze Lsendler et Valses, op. 97 ; Impro-
visation sur une mélodie de R. Scliumann , op,
98 ; Quatre Phanlasie Stuecke , op. 99 ;
Deuxième Canzonetla, op. 100; Rêverie d'un
promeneur solitaire, op. 101; Morceau de
chasse, op. 102 ; Troisième Nocturne, op. 103 ;
Polonaise, op. 104; Trois Romances sans paroles,
op. 105 ; Trois Bergeries, op. lOG ; Quatre Lsend-
ler, op. 107; Quatrième Sclierzo, op. 108;
Feuilles d'automne, op. 109; Deux Morceaux
pour un album, op. 110 ; Morceaux de ballet, op.
111 ; Caprice luimoristique, op. 112 ; Fantaisie-
caprice, op. 1 13 ; Deux Cahiers (prélude et scène
d'enfants, Presto, Scherzo), op. 114 ; Trois Bal-
lades, op. 115 ; Préludes composés pour made-
moiselle Lili, op. 119; Licder, op. 120; Trois
Morceaux, op. 121 ; Valses-Rêveries, op. 122;
Feuilles volantes, op. 123; Scènes d'enfants, op.
124; Vingt-quatre Études d'expression et de rliy-
thme, op. 125 ; Trois Ouvertures (1. Pour un
drame ; 2. Pour une pastorale ; 3. Pour un
opéra-comique), op. 126; Études sur le Freïs-
chiilz, de Weber, op. 127 ; Dans les bois,
nouvelle série, op. 128 ; Deux Impromptus, op.
129 ; 23 Variations sur un thème de Beethoven ,
op. 130 ; Trois Nocturnes, op. 131 ; Deux Polo-
naises, op. 132; 21 Variations sur un thème de
Beethoven (Andante de la sonate , op. 57), op.
133; Petit Album, six pièces, op. 134; Deux
Intermèdes de concert, op. 135; Dans les Bois,
troisième suite, op. 136 ; Deux Tarentelles, op.
137; Album dédié à la jeunesse, op. 138 ; 3 Élu-
des pour piano, op. 139 ; Voyage autour de mu
chambre, 5 pièces pour piano, op. 140; 4 Barca-
rolles, op. 141. Quelques compositions ont été pu-
bliées sans numéros d'œuvres -.Feuillet d'album,
mélodie; Églo^ue, petit caprice; Pensée; Séré-
nade ; Églogue ; Prière. — M. H. Barbedette a
publié récemment : Stepken Heller, sa vie et
ses œuvres, Paris, Maho, 1876, in-8°, avec un
autographe musical.
* UELLMESBERGER (Georges), compo-
siteur et ancien chef d'orchestre de l'Opéra de
Vienne, est mort près de cette ville, à Neuwal-
degg, le 16 août 1873.
* IIELOIESBERGER (Georges), fils
aîné du précédent, était né à Vienne en 1828.
* HELLMESBERGER (Joseph), frère du
précédent, est né à Vienne le 3 novembre 1829,
et jouit d'une très gramie réputation comme pro-
fesseur, comme virtuose et comme chef d'or-
chestre. Il est professeur de violon au Conser-
vatoire de Vienne et directeur de (et établisse-
ment depuis 1800, concermeister à l'Opéra de
cette ville depuis la même époque, et est devenu
en 1865 premier violon à la chapelle impériale,
en remplacement de Mayseder. Cet artiste fort »
distingué a fondé en 1849 une excellente société
de quatuors, dans laquelle son jeune fils, artiste
aussi fort bien doué, né en 1856, tient auprès de
lui la partie du second violon.
HELMHOLTZ ( Hermann - Louis - Ferdi-
nand), médecin et physiologiste allemand, né à
Potsdam le 31 août 1821, fut d'abord médecin-ad-
joint à l'hospice la Charité de Berlin, puis médecin
à Potsdam, et successivement professeur d'ana-
tomie et de physiologie à Berlin, à Heidelberg et
à Bonn. Ses importants travaux physiologiques
sur les impressions des sens lui ont valu dans
sa patrie et à l'éti'anger une renotnmée considé-
rable. Nous n'avons à nous occuper ici que de
ses recherches et découvertes relatives à l'acous-
tique, et suriout de sa théorie de la perception
des sons, théorie extrêmement remarquable, qui
suffirait seule à lui faire un nom dans la science,
et qu'il a eu le tort de vouloir élager de tout un
système harmonique dont les éléments sont ab-
solument inadmissibles. Comme tous les savants
qui se sont occupés d'acoustique, M. Helmhoitz
a voulu en remontrer aux musiciens, il a prétendu
annuler les sensations si délicates de l'oreille
artistique au profit de calculs essentiellement
brutaux, et il aurait gâté ainsi comme à plaisir
l'excellence de son système , si celui-ci n'avait
été assez solide pour résister de lui-même aux
erreurs et aux spéculations au moins hasardées
de son inventeur.
Ce système a été exposé par M. Helmhoitz
dans un ouvrage important publié par lui en
1863, et dont, en 1868, une traduction française
a paru sous ce titre : Théorie physiologique de
la musique fondée sur l'étude des sensations
auditives (1).
On peut dire que la partie capitale des travaux
(0 Traduit de l'allemand par M. G. Guéronlt, ancien
élève de l'École polytechnique, a vecle concours, pour la
partie muscale, de M. Woltr, de la maison l'Ieyel, Wolf
et Cie (Paris, Victor Masson, 1868, in-8° avec figures.)
458
HELMHOLTZ
de M. Helmhollz relatifs à l'acouslique consiste
dans l'analyse et dans la définition du timbre
musical. Cliacnnsait que le timbre, en musique,
est ce qu'on peut appeler la qualité , ou , pour
mieux dire encore, la couleur du son, cette par-
ticularité caractéristique qui, en dehors de l'in-
tonation ou de l'intensité, le différencie selon la
nature diverse des corps qui le produisent ; c'est
cette particularité qui, par exemple, fait distin-
guer, à l'oreille même la moins exercée, un vio-
lon d'une flûte , un cor d'une harpe, une voix
d'homme d'une voix de femme, alors même que
tous donneraient la même note, soit ensemble,
soit séparément. Les physiciens, jusqu'ici, n'a-
vaient pu d'une façon certaine expliquer ce phé-
nomène, et se contentaient de dire : Chaque mo-
lécule mise en mouvement dans le corps sonore
décrivant un orbite sensible , la hauteur, l'am-
plitude de l'onde sonore fait l'intensité , la vi-
tesse fait l'intonation, enfin la forme de l'onde,
variable à l'infini, doit faire le timbre. Mais cela
n'était qu'une conjecture. Il ap|»artenait à M.
Helmholtz de découvrir le vrai principe, de défi-
nir la vraie cause du phénomène. Or, d'après ses
recherches et ses expériences, on sait aujourd'hui
à n'en pouvoir douter, que la cause du timbre
est dans les Jwrmoniques du son.
Personne n'ignore ce que les physiciens en-
tendent par les harmoniques du son. Étant
donnée une corde mise en vibration , une oreille
attentive distinguera, outre le son principal pro-
duit par celte corde, un ou plu<ii'nrs sons plus
aigus et beaucoup plus faibles qui lui font cortège,
pour ainsi dire, et qui sont comme des échos
lointains, plus on i7ioins concordants, du son
générateur. C'est là ce qu'on appelle les harmo-
niques, harmoniques qui s'échelonnent du grave
à l'aigu dans un ordre toujours semblable , et
qui présentent d'abord l'octave supérieure de la
note fondamentale , puis la quinte au-dessus de
cette octave , puis la seconde octave , puis la
tierce de celle-ci. Or, on doit remarquer que ces
premières harmoniques sont en consonnance par-
faite avec le son primitif qui leur donne nais-
sance , et c'est là ce qui leur a valu leur nom ;
mais il faut ajouter que les suivantes, celles qui
sont perçues par une oreille délicate au-delà de
celles qui viennent d'être énumérées formeraient
au contraire dissonance avec ce son primitif, et
deviendraient par conséquent insupportables si
elles n'étaient en réalité très-faibles et ne s'ab-
sorbaient dans la résonnance dominante. Ce
phénomène est observé depuis longtemps ; mais
ce sera l'honneur de M. Helmholtz d'en avoir
développé la théorie définitive, après avoir dé-
couvert le rôle véritable des harmoniques, rôle
qu'on ne soupçonnait même pas jusqu'à ce jour :
en réalité, les harmoniques servent à colorer le
son, à faire le timbre.
Je ne saurais ici retracer par quelle suite
d'expériences M. Helmholtz a été amené à cette
découverte importante; ceci me mènerait trop
loin. II me suffira de dire que l'éminent physi-
cien s'est aidé dans ses recherches d'un instru-
ment de précision inventé par lui, et auquel il a
donné le nom de résonnateur. Le résonnafeur
est une sorte d'entonnoir ou de pavillon pyri-
forme, construit sur des modèles de diverses
grandeurs, qui a la propriété de ne recevoir et
de ne faire vibrer que l'unique note qui répond
à sa construction. Ainsi, si l'expérimentateur se
bouche hermétiquement une oreille et qu'il ap-
plique à l'autre le bout d'un résonnateur, lonte la
puissance sonore d'un immense orchestre serait
absolument nulle pour lui si la note propre à ce
résonnateur était absente de l'accord exécuté
par la masse instrumentale ; au contraire, chaque
fois que cette note trouvera sa place et se pro-
duira dans l'harmonie, elle éclatera avec force
dans le résonnateur; on pourra même la retrou-
ver jusque dans les bruits les plus confus, les
plus vagues, les plus indéterminés, par exemple
dans le gémissement du vent, dans les hurle-
ments de la foule, ou dans le fracas de la mer
en furie. Il y a plus encore, et le résonnateur, qui
reste muet devant un son vigoureusement frappé
qui lui est étranger, pourra faire entendre luie
des harmoniques de ce son, si cette harmonique
est précisément la note qui lui est propre, à lui
résonnateur. C'est donc avec une série d'instru-
ments de ce genre, diversement accordés, que
M. Helmholtz est parvenu à analyser tous les
sons, et non-seulement les .sons qu'on peut ap-
peler générateurs, mais encore leurs barmoni-
([ues, qu'il a su discerner ainsi et tirer du mi~
lieu sonore dans lequel elles étaient comme en-
veloppées.
Dans une analyse très-intéressante des décou-
vertes de M. Helmholtz (l), M. Gustave Bertrand
a caractérisé ainsi le système du grand physi-
cien :
« Ce système peut se ramener, ce me semble,
à deux théorèmes principaux -. — 1° d'abord tous
les corps sonores ne sont pas égalements riches
en harmoniques. Quand le son n'a pas d'harmo-
niques, quand il se réduit strictement à la note
fondamentale, il est pur, mais terne et plat : il
prend au contraire plus ou moins de coloration,
suivant que les harmoniques sont plus ou moins
sensibles. Ainsi ce cortège de notes parasites en-
(1) Revue moderne du \" janvier 18G8.
HELMHOLTZ — HELWIGKEN'
4o9
richit la note fondamentale, au lieu de la con-
trarier. Ces dissonances secrètes et intimes, qui,
à deconverl, interviendraient d'une manière hor-
rible dans le style harmonique, ainsi enveloppées,
ainsi absorbées, sont une beauté au contraire et
un luxe : c'est essentiellement la qualité du
son, le tlinbi-e en un mot. Il existait de temps
immémorial une preuve pratique de cette loi :
je veux parler des jeux de mutation dans les
grandes orgues d'église. En voici le secret. Les
tuyaux à bouche qui dominent dans la consti-uc-
tion des orgues et surtout les tuyaux fermés,
sont privés d'harmoniques et ne rendent par con-
séquent qu'une sonorité blanche, incolore. Pour
relever cette sonorité dans les passages de force,
on double les jeux de tuyaux à bouciie avec le
jeu de mutation : ce jeu fait éclater sur ciiaque
touche du clavier, non pas seulement la note que
le clavier dénonce , mais quelques autres notes
accordées en tierce, quinte, octave, etc., qui sont
suffisamment enveloppées pour ne point changer
l'identité de la note indiquée sur le clavier, mais
assez sensibles cependant pour y ajouter ce tim-
bre inquiétant, territile qui saisit notre oreille
quand l'instrument gigantesque atta(iue un for-
tissimo. Eh bien ! cette singularité de la facture
des orgues n'est qu'une imitation inconsciente
du phénomène des harmoniques : voilà bien l'ap-
point des notes concomitantes , et son effet est
bien de prêter à la note principale une puissante
coloration. Désormais on va s'étonner que cette
pratique, naïvement imaginée par les facteurs du
moyen-âge, n'ait pas plus tôt donné l'idée de la
loi que formule aujourd'hui M. Helmholtz. — 2°
Venons maintenant à ce que nous appelons le
second théorème. Les harmoniques, ainsi qu'on
l'a vu plus haut, s'échelonnent du grave à l'aigu
dans un certain ordre connu, qui est toujours le
même. D'ordinaire, ce .sont les harmoniques les
plus graves qu'on entend d'abord , qui effacent
plus ou moins les autres, si mêmes elles ne sont
les seules perceptibles. Pourtant ce n'est pas
absolu : dans d'autres cas ce sont les plus aiguës
qui prédominent. Or, nous l'avons dit, les [ilus
graves sont en consonnance , et les plus aiuucs
en dissonance à l'égard de la note fondamentale.
C'est ce qui fait le timbre plus ou moins doux ,
plus ou moins mordant, M. Helmholtz l'a prouvé
avec la dernière évidence en étudiant avec ses
résonnateurs tous les divers timbres des instru-
ments de l'orchestre. »
Le malheur est que M. Helmholtz , ne se
tenant pas pour satisfait d'une découverte aussi
précieuse, a voulu baser sur elle tout un sys-
tème musical, la faire servir à une prétendue
théorie nouvelle de l'harmonie i^u'il n'avait nul-
lement mission d'émettre ou de proclamer. Re-
tombant dans les erreurs de Rameau ( qui du
moins était musicien) , il a prétendu trouver, à
l'aide des harmoniques , une sorte d'harmonie
naturelle, dont le principe est pourtant depuis
longtemps condamné. M. Helmholtz n'a pas
échappé à cette tendance ordinaire des savants,
de vouloir non-seulement entremêler d'une fa-
çon trop étroite l'acoustique et la musique, mais
encore faire la leçon aux musiciens eux mêmes
et substituer des calculs algébriques à la délica-
tesse de la sensation auditive. Là , le phvsicien
s'est évidemment et absolument fourvoyé. Mais
il n'en reste pas moins vrai que la découverte
de M. Helmholtz est des plus importantes , par
elle-même et par ses résultats, et qu'elle lui as-
surera une renommée durable.
HELMOXT (Charles- Joseph VAI\), musi-
cien flamand, né à Bruxelles le 19 mars 1715,
mort en cette ville le 8 juin 1790, était, dès 17-37,
c'est-à-dire à peine âgé de vingt-deux ans, or-
ganiste de l'église de SS. Michel et Gudule et
directeur de la chapelle royale espagnole, ce qui
peut donner une idée avantageuse de son talent.
A cette épnque , il avait déjà écrit des choeurs
pour un drame en vers flamands intitulé Grisel-
dis, imité de l'italien, et qui avait été représenté
au théâtre de la Monnaie, de Bruxelles, le 23
janvier 1736. On connaîi de lui un Lauda Sion
à quatre voix, et une cantate publiée sous ce
titre : « Le Retour désiré, divertissement pour
la paix, mis en musique, par C. J. Van Helmont,
maître de musique de l'église collégiale de SS,-
IMichel et Gudule (Bruxelles, 1749, in-8°).» Van
Helmont avait donc échangé alors les fonctions
d'organiste de cette église contre celles de maître
de chapelle. Il a publié aussi une suite de deux
pièces de clavecin. Enfin , dans un recueil ma-
nuscrit de Préludes et versets dans tous les
tons, composés par divers auteurs, recueil cité
par M. Edmond Vander Stracten dans son ou-
vrage : la Musique aux Pays-Bas, on trouve
encore quelques compositions de cet artiste, qui
était le père d'Adrien-Joseph Van Helmont, au-
quel une notice est consacrée dans le tome IV
de la Biographie universelle des Musi-
ciens.
* HEL\IOK!T (Adrien-Joseph VAN), fils
du précédent, était né à Bruxelles, non le 14 avril
(comme il a été dit par suite d'une erreur typo-
graphique), mais le 14 août 1747.
HELWIGKEjV (Hans), facteur d'orgues,
naquit dans la seconde moitié du seizième siècle à
Neustadt, dans le Holstein. On lui doit, entre au-
tres , la construction de l'orgue de l'église de
Sainte-Marie, à Thorn, qui fut terminé le 6 juillet
460
HELWlGKExX
HENNERINDT
1609. Helwingken habita pendant quelques an-
nées la Prusse polonaise.
HEMELSOET (Louis), compositeur belge,
né à Garni le 20 juillet lb36, fut d'abord élève
de son père, maître de chant à l'église Saint-
Jacques, de cette ville. Admis au Conservatoire
de Gand, où il eut pour maîtres Mengal, Hende-
rickx et Andries, il y obtint un second prix dliar-
monie et un premier prix de piano. Auteur de
plusieurs compositions religieuses, cet artiste,
qui a publié un certain nombre de morceaux de
genre poui le piano, des romances et des mélo-
dies, a écrit aussi la musique d'un opéra flamand,
De BoerenKermis, qui a été représenté à Gand
en 1861.
HÉMOiXY (François et Pierke)', fameux
fondeurs de carillons qui acquirent une immense
réputation dans les Pays-Bas , étaient Français
de naissance. L'aîné, François , naquit à Lere-
court, en Lorraine, vers 1597 -, il était versé dans
la mécanique, et alla achever son éducation en
Allemagne, où il s'occupa surtout des questions
relatives à la fonderie des cloches. C'est sans
doute aux environs de 1640 que les deux frères
s'établirent dans les Pays-Bas ; François était le
chef de la maison, et c'est à lui que les autorités
delà ville de Zu|)hen adjugèrent, en 1643, la
fabrication d'un nouveau carillon : « Adjugé ,
disait l'acte, à François Hémony, Français, fon-
deur de cloches, la fonderie des cloches pour le
carillon de la tour Wijnhuys, à raison de seize
sols la livre. » Le travail des deux frères fut
conduit avec une telle habileté , que <lès son
achèvement leur réputation fut faite. Nombre de
villes s'adressèrent à eux pour avoir des caril-
lons, et après avoir exercé pendant plus de dix
années leur art à Ziiphen, ils allèrent, en 1654,
s'installer à Amsterdam, où ils furent reçus avec
toutes sortes d'égards ; on peut s'en rendre
compte par ce double fait, que la régente, con-
naissant leur talent et leur probité, leur délivra
une permission spéciale pour construire au Kai-
zergracht une énorme fonderie de cloches, et que
la ville leur accorda gratuitement un terrain dans
ce but. Celle-ci les chargeait en même temps de
la construction du carillon de la vieille église,
qui se composait de trente-cinq cloches et y fut
placé par eux en 1658.
La renommée des frères Hémony fut bientôt
grande à Amsterdam. François avait perfectionné
d'une façon particulière le mécanisme de ses
instruments ; aussi son nouveau carillon obtint -
il le plus grand succès. De plus , l'habileté des
deux frères comme fondeurs était telle , que
bientôt ils se virent chargés de nombreux travaux
d'un autre genre, et fondirent des canons et
même des statues. Enfin, François avait inventé
un instrument nouveau , qu'il appelait melaal
harmonica, qui fut très-biin accueilli, et dont
l'écrivain Fokkens a fait l'éloge dans son li-
vre : Description de la ville d' Amsterdam
(1662).
En 1666, François Hémony, fatigué d'une lon-
gue vie de travail, alla se retirer à Ufrecht , où
il ne jouit pas de son repos , car il mourut en
1667. Son frère , qui avait conservé la direction
de l'établissement formé par eux, ne mourut que
vers 1678. Dans un espace de trente-cinq ans
environ, les deux frères construisirent une foule
de carillons, et on leur doit particulièrement
ceux d'Anvers (celui-ci comprenait quarante
cloches et coûta plus de 100,000 francs), Matines,
Diest, Ostende, Bruxelles, Groningue, Zuphen,
Purmerend , Gand, Goes, Basse veld , Eenaeme,
Deift, Rotterdam ( deux carillons ), Medenblik ,
Karnpen, Amsterdam (quatre carillons), Tou-
gerloo, Harlem, Weesp, Utrecht, Eiikuysen,
Amesfoort, Leyde, Niddelstura, Arnbem, Maas-
tricht, Ceulemberg , Alkmaar, Briel , Huist,
Hoow, Deventer, etc. Les plus importants et les
plus parfaits de ces instruments sont ceux de
Malines, d'Anvers, de DeIft et de Groningue. On
assure que la totalité des carillons construits par
les frères Hémony a dû coûter plus de trois mil-
lions de francs, cliiffre énorme pour le temps.
* HENXEKINDT (Je.vn-François), chan-
teur dramatique connu sous le nom d'LxcuiNDi,
qu'il avait adopté pendant son séjour en Halie,
est mort à Bruxelles le 23 août 1876. Avant de
venir à Paris et de s'y faire admettre au Con-
servatoire, il s'était essayé déjà sur le théâtre
d'Anvers, où II avait joué le rôle de Cinna dans
la Vestale. C'est le 1" octobre 1829 que, reve-
nant d'Italie, il fit ses débuts au Théâtre-Italien
de Paris par le rôle d'Assur de Semiramide ;
après avoir chanté les ténors, il prenait <ionc
l'emploi des barytons, et devenait le partenaire
heureux de ces grands artistes, qui s'appelaient
Graziani, Donzelli, Santini, Bordogni, la Sontag
et la Malibran. En 1834, il entrait à l'Opéra-Co-
mique, y créait des rôles importants di.ns le
Chalet d'Adam, le Cheval de bronze d'Auber,
les Deux Reines de Monpou, puis bientôt quit-
tait Paris pour aller donner des représentations
en province et à l'étranger.
Inchindi était doué d'une voix puissante et
souple, et son talent de chanteur était remarqua-
ble, mais c'était un médiocre comédien. C'est
pendant un court passage qu'il faisait à Bruxelles
qu'il fut saisi par la maladie, et qu'il mourut
dans un modeste hôtel de la rue des Longs-Cha-
riots. Il laissait un fils, consul à Singapore.
HENREL — HENRION
461
* HEiVKEL (Georges-André), est mort à
Fulila, le 5 avril 1871.
HEIVIX EIV (Arnold), pianiste et compositeur,
né à Heerlen (Hollande), en 1820, a fait ses étu-
des musicales au Conservatoire de Liège, où il
oblinl en 1843 un premier prix de piano. Il passa
ensuite deux ou trois années à Paris, puis alla
s'établir à Londres, où il se fit entendre avec
succès, et où il publia divers compositions : des
éludes de concert, trois livres de mélodies ca-
ractéristiques, et une dixaine de morceaux de
différents genres. En 1855, il fit une tournée ar-
tistique en Hollande, en compagnie de ses deux
frères, dont il est question plus loin. M. Arnold
Hennen. à qui l'on doit aussi un grand concerto
de piano et une messe avec orchestre, vit retiré
depuis quelques années dans sa ville natale.
Ed. de h.
HEI\i\E]\ (Mathieu), pianiste et composi-
teur, frère du précédent , est né à Heerlen en
1828 et a fait aussi ses études au Conservatoire
de Liège, où le premier prix de piano lui fut dé-
cerné en 1852. Établi depuis 1860 à Anvers, il
s'y est livré à l'enseignement et est devenu pro-
fesseur de piano à l'École de musique de cette
ville. M. Mathieu Hennen a publié un trio pour
piano , violon et violoncelle , un quatuor pour
piano, violon, alto et violoncelle, plusieurs mor-
ceaux religieux et quelques morceaux pour piano
seul. On connaît aussi de lui une ouverture à
grand orchestre, un quintette pour piano et ins-
truments à cordes, un concerto pour le piano
avec accompagnement d'orchestre, et quelques
compositions pour le chant.
Ed. de h.
HENi\EI\ (Frédéric), violoniste, frère des
précédents, né à Heerlen en 1830, a été, comme
ses aînés, élève du Conservatoire de Liège, où
il obtint un premier prix de violon en 1846. Venu
à Paris en 1847 avec son frère Arnold, il le sui-
vit aussi à Londres , devint premier violon de
l'orchestre du Théâtre de la Reine , sous la di-
rection de Ealfe, et se fit entendre avec succès
dans les concerts. Depuis 1872, il vit retiré à
la campagne, auprès de sa ville natale. M. Fré-
déric Hennen a composé plusieurs morceaux de
violon, mais il n'en a publié aucun.
Ed. de h.
* HENiVII^JG (Charles-Guillaume), violo-
niste , chef d'orchestre et compositeur, né à
Berlin le 31 janvier 1784, est mort en cette ville
au mois d'avril 1867.
HEKiVlUS (Gilles). — (^Voyez HAYM
(Gilles). ■
HÉNOC ou HÊNOCQ (Jean) , maître lu-
thier à Paris, était établi en cette ville en 1773
et faisait partie de la corporation des faiseurs
d'instruments. En 1783, il demeurait rue de
Seine, au faubourg Saint-Germain. A cette der-
nière date, un autre luthier du même nom, Fran-
çois Hénoc, était installé non loin de là, rue des
Sainte; -Pères.
HENRARD (Jean- Joseph), musicien belge,
professeur de chant au Conservatoire de Liège,
était né en cette ville le 24 octobre 1791 , et y
mourut le 1^'^mars 1846. Il a publié un recueil
de solfèges en canon en société avec Duguet et
Jaspar, et quelques morceaux de musique reli-
gieuse.
HEXRI (J ), pianiste, professeur et com-
positeur de musique religieuse, né dans la pre-
mière moitié de ce siècle, a été maître de chapelle
de l'église Sainte-Gudule, à Bruxelles, et est
devenu ensuite professeur de plain-chant au sé-
minaire de Malines. Il occupait encore ces der-
nières fonctions en 1862. Cet artiste a écrit un
grand nombre de compositions, entre autres un
Te Deum à 6 voix, qui. dit-on, est une produc-
tion remarquable. Parmi celles qui ont été pu-
bliées, on cite on Tantum ergo à 8 voix , un
autre à 6 voix, un Ave verum à 4 voix et solo,
un Pie Jesu pour baryton avec chœur, un re-
cueil de messes , un recueil de pièces de plain-
chant, etc., etc.
* HEiXRION (Paul). Cet artiste, qui a
joui pendant si longtemps d'une véritable popu-
larité dans le genre de la romance et de la chan-
sonnette , n'a pas écrit jusqu'à ce jour moins de
douze-cents compositions de ce genre. On se
rappelle la vogue qu'ont obtenue , dans leur
temps, Bouquet fané, Moine et Bandit, la
Gitana, les Vingt sous de Péiinefte, Vive le
Boi! le Pandero, la Pavana, la Fille à Si-
monette, Neparspoint, mon fils, la Reine des
Prairies, Sarah la Bohémienne , et tant d'au-
tres gracieuses mélodies qu'il e.st inutile de nom-
mer. M. Paul Henrion a voulu s'essayer un jour
dans la musique dramatique , et il a donné au
Théâtre-Lyrique, le 16 avril 1854, un opéra-co-
mii|ue en 2 actes intitulé une Rencontre dans
le Danube, qui n'obtint qu'un succès relatif.
L'artiste revint alors à ses compositions légères,
où il excelle parfois , et borna son ambition à
écrire quelques opérettes pour les calés-concerts :
le Soleil, la Terre et la Lune, Estelle et Némo-
rin, A la bonne franquette , les Suites d'une
polka, Balayeur et Balayeuse, l'Étudiant de
Heidelberg, Cupidon, Paola et Pietro, etc. Il
en a composé une , la Treille du Roi , qui a
été publiée dans un journal d'éducation, le Ma-
gasin des Demoiselles, et qui n'a pas été re-
présentée. Il a donné aussi au théâtre des Va-
462
HENRION — HENSKENS
riélés, au mois de septembre 1877, une saynèt
en un acte et à un personnage, Chanteuse par
amour. Quelques-unes des premières compo-
sitions de M. Paul Henrion ont été publiées sous
le pseudonyme de Charlemagne.'
HEXRY (Jean-Baptiste), chef d'une nom-
breuse famille de luthiers établie à Paris depuis
près d'un siècle, fut un artiste habile. Né en 1757
à Mataincourt, près de Mirecourt (Vosges), il
vint jeune à Paris , après avoir fait ,-on a|)pren-
tissage dans sa ville natale, et s'établit dans une
des dépendances du couvent des moines Saint-
Martin, afin de jouir des privilèges et immunités
attachés à cette époque à certaines corporations
religieuses ou hospitalières, privilèges qui con-
sistaient surtout dans l'exemption de tous impôts
et gabelles, et qui permettaient à un artisan d"è-
chapper à la formalité dispendieuse de sa ré-
ception dans une corporation. En 1788, ces fran-
chises ajant été abolies, Henry quitta les moines
chez lesquels il travaillait pour aller s'installer
rue Saint-Martin, dans une maison qui portait
alors le n° 175, qui porte aujourd'hui le n° 151,
et dans laquelle, jusqu'à ce jour, ses descendants
n'ont cessé d'exercer leur industrie. Les instru-
ments sortis des mains de Jean-Baptiste Henry
figurent d'une façon très-honorable parmi les
hons produits de la lutherie française de la fin
du dix-huitième siècle. Cet artiste estimable est
mort à Paris, en 1831 , à l'âge de soixante-qua-
torze ans.
HEARY (Jean-Baptiste-Félix), fils aîné du
précédent, né à Paris en 1793, fut élève de son
père, s'établit en IM" rue Montmartre, alla à
Bordeaux vers 1823, et au bout de deux ans de
séjour en cette ville fut se fixer à Marseille, où
il resta de 1825 à 1844. 11 revint alors à Paris,
installa de nouveaux ateliers rue Fléchier, et
mourut en 1858. Il a, dit-on, beaucoup produit.
HE\RY (Charles, dit Carolus), second fils
de Jean- Baptiste, né en 1803, fut aussi élève de
son père, auquel il succéda en 1831. Artiste ha-
bile, il prit part aux deux Expositions de Paris
de 1849 et de 1855, obtint une médaille de bronze
à la première, et une mention honorable à la
seconde. Il est mort en 1859.
HENRY' (Octave) , fils de Jean-Baptiste-
Félix, né en 1826, fut élève de Maucolel et de
son oncle Carolus. Il s'établit en 1854 à Grenoble,
où il exerce encore aujourd'hui la profession de
luthier.
HEXR Y (Eugène), fils de Carolus, né en 1843,
a succédé à son père et occupe une place hono-
rable parmi les luthiers parisiens.
HEA'RY' ( ). Un artiste de ce nom a fait
représenter sur le théâtre de la rue Vieille-du-
Temple, en 1806, un opéra-comique en un acte
intitulé le Mari complaisant. Il a écrit aussi,
en société avec Dreiiilh , la musique d'une pan-
tomime , Clarice et Lovelace ou le Séducteur,
jouée au Cirque-Olympique en 1815.
HEA'RY^ (Antoine-Nicolas), bassoniste et
compositeur, fut admis au Conservatoire de Paris
dans les premières années de la création de cet
établissement, et remporta un premier prix de
basson au concours de 1803. Il devint ensuite
premier basson de l'orchestre de l'Opéra-Co-
mique, et fut, professeur adjoint de basson au
Conservatoire, de 1835 à 1840. Cet artiste a
publié un certain nombre de compositions pour
son instrument.
HEXSCIIEL (Georges), compositeur, pia-
niste et l'un des plus excellents chanteurs d'o-
ratorios et de lieder de l'époque actuelle, est
né à Breslau le IS février 1850. Élève d'abord
de L. Wandelt, puis de Jules SchccITer, il com-
mença par se faire entendre à Berlin , comme
pianiste, en 1862, à peine âgé de douze ans. En
1867 il quitta Breslau pour se rendre à Leipzig,
se fit admettre au Con>ervatoire de cette ville,
eut pour maîtres dans cet établissement Richter,
Moschelès et Gœtze, puis alla compléter sou
éducation artistique à l'École supérieure de mu-
sique de Berlin, où il étudia la composition avec
M. Frédéric Kiel et se perfectionna dans le
chant avec M. Ad. Schulze.
Doué d'une superbe voix de baryton, sonore
et étendue , M. Henschel se produisit comme
chanteur dès qu'il eut terminé ses études, et ac-
quit rapidement un grand renom sous ce rapport,
parcourant l'Allemagne , la Belgique et la Hol-
lande, se faisant entendre dans toutes les grandes
fêtes musicales, et partout remportant de bril-
lants succès. Cela ne l'empêchait pas de se faire
connaître en même temps comme compositeur
car, quoique fort jeune encore, il a publié déjà
un grand nombre de lieder, des canons pour
le piano , une sérénade pour orchestre, etc. Il a
même écrit un grand oratorio, ainsi qu'un opéra
en 3 actes, Frédéric-le~Beaii, dont les jour-
naux allemands ont annoncé la prochaine appa-
rition sur le théâtre de Munich.
HEXSCIIEL ( ), compositeur drama-
tique allemand, a fait représenter il y a quelques
années, sur le théûtre de Brème, un opéra inti-
tulé la Belle Mélusine
* HEXSEL (Fanny-Cécile), sœur de Félix
Mendelssohn-Bartholdy, était née à Hambourg
le 14 novembre 1805.
HEXSKEXS (Jean-Emmanuel) , organiste
honorable, nnquit à Vertryck (Brabantj en 1820,
Devenu organiste de l'église Saint -Jacques, à
HENSRENS — HERMANN
463
Anvers, il voulut, en ce qui le concernait, con-
tribuer à faire disparaître des églises de campagne
la musique profane que les organistes avaient le
tort d'exécuter pendant les cérémonies du culte,
et entreprit dans ce but une publication intéres-
sante : Journal d'orgue ou Manuel de Vovga-
niste , qui reproduisait des morceaux d'orgue
des artistes les plus fameux de tous les temps
et de tous les pays. Cette publication fort utile
ne dura pas moins de sept années, et rendit de
très-réels services. Malbeureusement , Henskens
fut atteint en 1856 d'une maladie de langueur
qui le conduisit au tombeau le 25 mars 1859. On
doit à cet artiste d'assez nombreuses composi-
tions religieuses : versets , sorties , élévations ,
préludes, offertoires, ainsi que des pièces de
plain-chant barmonisé.
* HEMTSCHEL (Théodore), ou plutôt
Henschel, aujourd'hui cbefd'orcbestre du tbéàtre
de Brème , a fait représenter sur ce théâtre , le
5 mars 1874, un opéra-cornique intitulé le Page
du roi.
* HÉQUET (CHARLEs-JosErn-GusTAVE),
et non HECQUET, comme il a été dit par er-
reur, est mort subitement à Paris, de la rupture
d'un anévrisme, le 26 octobre 1865. Il faut ajou-
ter à ses œuvres musicales un opéra-comique en
un acte : De par le Roi, représenté sur le théâ-
tre de Bade le 17 juillet 1864. Outre les jour-
naux mentionnés à son sujet, il faut ajouter la
France musicale, le Ménestrel, la Presse, le
Courrier du Dimanche, àont il fut aussi le colla-
borateur, ainsi que VAiinuaire encyclopédique,
dont il faisait la partie musicale. A la Revue et
Gazette musicale, Héquet prenait assez généra-
lement le pseudonyme de Léon Uurocher. Il a
publié en 1864 une notice intitulée: Boieldieu,
sa vie et ses œuvres (Paris, Heugel, gr. in-S"
avec portrait et autographes), qui avait paru pré-
cédemment, sous forme d'articles, dans le Mé-
nestrel. Parmi ses travaux littéraires en dehors
de la musique, on peut encore citer un Itinéraire
de Paris à Baie, par Troyes, Chaumont, Lan-
gres et Vesoul (Paris, Hachette, in-12).
HERBECK (Johann), chef d'orchestre et
compositeur, né à Vienne le 25 décembre 1831,
s'est créé une haute position artistique en cette
ville, où il est tout à la fois chef d'orchestre de
l'Opéra impérial (depuis 1869), directeur de la
Société des amis de la musique, et chef de la So-
ciété philharmonique. Artiste fort dislingué, mu-
sicien nourri de bonnes études, M. Herbeck s'est
fait connaître comme compositeur par un certain
nombre d'ouvrages parmi lesquels je citerai les
suivants : Kunstlerfarht, pièces en cinq parties
pour orchestre ; Lied und Reigen, série de pe-
tits morceaux pour orchestre et chœurs; Airs et
danses populaires, pour soli, chœurs et orches-
tre; Variations symphoniques pour orchestre;
Quatuor en ré bémol, pour instruments à cordes-,
lieder a 4 voix; diverses œuvres de musique
d'église. M. Herbeck a arrangé pour l'orches-
tre la Marche turque de Mozart, ainsi qu'Au
ber et M. Prosper Pascal l'ont fait en France.
L'orchestre de la Société des amis de la musique,
dont M. Herbeck est le directeur, ne compte pas
moins de 40 violons, 12 altos, et le reste en pro-
portiou : le personnel dioral se compose de 300
voiv.
IIEIIBIIM ( ), compositeur, a fait repré-
senter sur le théâtre de la Fenice, de Naples, au
mois de juillet 1872, un opéra intitulée Tre Re-
gni, 0 il Bene e il Maie. Depuis lors, il a écrit
la musique de deux ballets qui ont été joués an
théâtre Rossini de la même ville, l'un, Teka, o
la Fata délie onde, le 19 février 1876, l'autre, le
Feste carnavalesche del 1876, au mois de mars
suivant.
HElîlNG (Charles-Frédéric-Adolphe), vio-
loniste et compositeur, est né à Berlin le 2 sep-
tembre 1819. Élève pour le violon de Lipinski
selon les uns, de Hubert Ries selon les autres, il
eut pour maître de composition Rugenhagen.
Après avoir fait divers voyages, entre autres à
Vienne et à Leipzig, il revint à Berlin, où il
fonda une école de musique pour l'enseignement
du violon, du piano, du chant et de la théorie de
l'art. Comme compositeur, cet artiste s'est fait
connaître par des symphonies, des ouvertures,
des quatuors et quintettes pour piano et instru-
ments à cordes, des messes, des morceaux de
chant, etc. Il a écrit aussi un oratorio et deux
opéras, mais je crois que jusqu'ici ces derniers
ouvrages n'ont pas été livrés au public.
HERLAi\D (A...), théoricien français, est
l'auteur d'un ouvrage publié sous ce titre : Lois
du chant d'église et de la musique moderne,
nomothésie musicale, ouvrage utile à tous les
ecclésiastiques, maures de chapelle, organistes,
directeurs de chant, à ceux qui étudient ouen-
seignent la musique et qui veulent avoir une
connaissance exacte de ses lois, Paris, Didron,
gr. in-8, 1854.
HERLIi\(THÉoDORE),est l'auteur de l'écrit sui-
vant : Du rapport synclironique du ré de la
gamme, mémoire couronné par la Société impé-
riale des sciences, de l'agriculture et des arts de
Lille (Lille, impr. Danel, 1866, in-8").
* HERMANN (Constant HERMANT,
dit). Les Compositions publiées de ce violoniste
distingué s'élèvent aujourd'hui au nombre de cent
cinquante environ. On remarque, entre autres :
464
HERMANN — HERMANN-LÉON
1° École du violoniste, 12 morceaux faciles sur
les opéras CPlèbres, avec ace. de piano, Paris,
Brandus; 2° le Rêce, caprice, ibid.; 3° Perles
du violoniste, 6 fantaisies sur des opéras de
Verdi, Paris, Escurlier; 4" 12 Duos concertanis
pour piano et violon, sur des opéras de Verdi
(avec Ketterer), ibid; 5° Fantaisie styrienne,
Paris, Sihoneniierger; 6° Impromptu-vuhe ,
^■6/rf.; enfin, un grand nombre de fantaisies impor-
tantes sur (les motifs d'opéras céleljies.
HERMAKN (Hermann COHEN, connu
sous le nom d'), naquit à Hambourg, de parents
Israélites, le 10 novembre 182t. Son père, riche
banquier, lui fit donner une brillante éducation,
mais le jenne Hermann aimait surtout la mu-
sique; à six ans, il jouait déjà bien du piano, et
à douze ans son talent sur cet instrument était
devenu très-remarquable. Des revers de fortune
ayant accablé sa famille, l'enfant donna dans sa
ville natale son premier concert public, qui lui
valut un grand succès, se fit entendre ensuite
dans le Mecklembonrg et à Francfort, puis vint
avec sa mère s'établir à Paris, où il arriva vers
le milieu de l'année 1834. Grâce à d'excellentes
lettres de recommandation il se vit accueilli dans
le grand monde, et bientôt devint IVlève favori
de Liszt, qui était alors au plus fort de ses succès.
Celui-ci s'élant rendu à Genève pour y fonder
un Conservatoire de musique, y emmena son
jeune protégé et lui confia, dans l'établissement
qu'il organisait, une classe de piano que le jeune
artiste conserva pendant une année, au bout de
laquelle il revint à Paris.
Doué d'un esprit léger et d'une humeur incons-
tante, Hermann quitta de nouveau la France au
bout de peu de temps, fit un voyage artistique en
Angleterre, en Suisse, en Allemai;ne et en Italie,
passa un assez long temps à Venise, et fil jouer
un opéra à Vérone. A la suite de ce voyage, il
revint encore à Paris, qui l'attirail toujours, s'y
fit entendre avec le même succès que par le passé,
y renoua ses relations mondaines et y retrouva
de nouveaux élèves.
Il avait environ vingt-cinq ans lorsque ses
idées prirent un cours inattendu. Un sentiment
en quelque sorte mystique s'empara de lui, il se
mit à fréquenter les églises, et bientôt il voulut
abjurer la religion juive pour se convertir au ca-
tholicisme. Il reçut en effet le baptême à Paris le
28 août 1847, et, comme si ce n'était pas assez, il
étudia bientôt la théologie avec ardeur, et voulut
entrer dans les ordres. Ordonné piêlre à Agen le
19 avril 1851, il entra peu de temps après dans
le clergé régulier, et, sous le nom de Père Au-
gustin-Marie du Très-Saint-Sacrement, il fil pro-
fession et prit l'habit de carme déchaussé. Depuis
lors il s'est montré prédicateur ardent, et s'est
distingué par la ferveur de .son zèle apostolique.
L'histoire de cette étrange conversion a été rap-
portée avec les plus grands détails dans un petit
livre non moins étrange, dont je ne connais que
la troisième édition : Conversion du pianiste
Hermann, carme déchaussé, par J.-B. Gergerès
(Paris, A. Bray, 3' édition, 1856, in-8)(l).
Le P. Hermann a publié quelques compositions
religieuses, entre autres un recueil de cantiques
intitulé : Gloire à Marie. En 1856, étant en
tournée de prédication, il a fait exécuter une
grande messe à Bordeaux. On lui doit encore
quelques autres recueils de cantiques, publiés
sous les titres suivants : Amour à Jésus-Christ,
Fleurs du Carmel, le Couronnement de la
Madone, etc.
HERMAXIV (Alexandre), chef d'orchestre
et compositeur, a fait rppré>enter au Grand-
Théâtre de Marseille, le 17 avril 1860, un opéra-
comi'iue en un acte intitulé î<n Effet électri-
que, dont il avait écrit les paroles et la musique.
Cet ouvrage obtint un certain nombre de repré-
sentations (2).
Al. R — d.
HERMAKX-LÉOIV (Léokaud HER-
MAJXIV, dit), chanteur et comédien distingué,
était le fils d'un industriel de Lyon, et naquit en
cette ville le 23 juillet 1814. Destiné d'abord au
(Il Dans son livre intéressant : Joseph. Carie et Horace
l'ernet (Paris, Hetzel,in-12),M. Amùdee Uurande a repro-
dtiil le fragment suivant d'une lellre d'Horace Vernet,
datée de Cette, 20 mai 1853 : — «. . 11 m'est arrivé une
singulière rencontre sur le bateau de Valence à Avignon.
Un jpune caruie s'y trouvait; son air inspiré attirait mon
attention, lorsque tout à coup il est venu à moi en me di-
sant : « Ne me reconnaissez-vous pris? Je sois allé bien
0 des (ois cliez vous, lorsque j'étais juif. Je suis le frère
o Hermann. ci-devant le Jeune Coben, élève de Liszt, ami
>< de Thalberg. Permettez-ir.oi de vous embrasser. » Et
nous voilà dans les bras l'un de l'autre comme deux pau-
vres. La conversation s'est blm vite engagée et elle a
tourné à la religion. Jamais je n'ai entendu une telle
éloquence accompagnée d'une si noble inspiration! Comme
il m'adressait la parole, 11 a parlé de l'iiinuence de la foi
sur les arts; tout le monde l'éeoulait, et pendant cinq
heures il n'a cessé d'exhorter son auditoire à former les
pensées les plus chrétiennes... Le pèrellermann disait
ceci, que je crois vrai, c'est que riiannonie et la mélodie
en toutes choses disposent le cœur à aliner et n'inspirent
que de nobles penséesin portant l'àme vers le ciel... »
(2 ' Ce petit ouvrage fut reproduit, en décembre iS63, au
Grand-Théâtre de Bordeaux, où le principal rôle féminin
en était tenu par M"'^ Teschard, chanteuse et comédienne
aimable, qui s'est fait depuis à Paris une réputation dans
ie genre de l'opérette, aux Bouffes-l'arisiens cl à la Re-
naissance. Précédemment, au mois de mars 183', M. Her-
mann avait fait représenter à Rochefort un grand opéra
en quatre actes, Leila, qu'il fit reprendre aussi, en jan-
vier 1866, sur le Grand-Théûlre de Bordeaux, en lui don-
nant pour nouveau titre le Giaour. — a. p.
HERMANN-LÉON — HERNANDEZ
465
commerce, il avait étudié la peinture et la mu-
sique, lorsque, se sentant doué d'une voix puis-
sante et sonore, il songea à en tirer parti et con-
çut l'idée d'aborder le Ihéâtre. Ne pouvant dé-
cider sa famille à entrer dans ses vues, et bien
décidé pourtant à mettre son projet à exécution,
il prit le parti de quitter furtivement Lyon pour
venir à Paris, et l'on assure que cette fuite prit
tout le caractère d'une aventure romanesque.
Une fois arrivé, Hermann-Léon se mit à tra-
vailler sérieusement; mais comme son père lui
refusait toute espèce de secours et qu'il n'avait rien
pour vivre, il mit à profil son jeune talent de
peintre, fit des dessins et des aquarelles qu'il ven-
dait pour se procurer le strict nécessaire, et put
ainsi continuer ses études. 11 était devenu ^élè^'e
de Delsarte, et sous la conduite d'un tel maître
ses progrès ne lardèrent pas à être rapides; il s'é-
tait fait admettre aussi au Conservatoire, dans la
classe de vocalisation d'Henry (8 juillet 183j),
mais il n'y resta que six mois environ.
Bientôt, Hermann-Léon fut engagé au théâtre
<ie Versailles, où il débuta en 1836 dans la Dame
Blanche et dans le Barbier de Séville, et où sa
belle voix de basse chantante, dont les notes
graves étaient superbes, produisit une vive im-
pression. De Versailles, le jeune chanteur alla
tenir son emploi à Liège, puis au Havre, où An-
ténor Joly, rdors directeur de la Renaissance, à
la recherche de bons artistes, l'entendit et l'en-
gagea; mais lorsqu'Hermann arriva à Paris, le
théâtre avait fermé ses portes, succombant sous
la malechance. 11 partit alors pour Nantes, où il
resta une année, et delà se rendit à Bruxelles, où
ses succès furent si grands qu'il fut engagé à
l'Opéra-Comique. Il débuta à ce théâtre de la
façon la plus heureuse, le 15 juillet 1844, dans
un nouvel ouvrage de Balfe, les Quatre Fils
Aymon, lit ensuite une excellente création dans
le Diable à l'École, et mit le comble à sa répu-
tation par la manière remarquable dont il joua
et chanta le rôle du capitaine Roland dans les
Mousquetaires de la Reine, d'Halévy. Hermann-
Léon, en effet, n'était pas seulement doué d'une
voix magnifique, remarquable par son timbre, son
étendue et sa solidité, il était encore un chanteur
fort distingué, joignait à ce talent celui d'un
comédien accompli, et donnait d'autant plus de
relief à ce dernier que ses études de peintre lui
avaient fait acquérir un grand sentiment de la
plastique et qu'il savait s'habiller comme per-
sonne.
Après les rôles qui viennent d'être mentionnés,
Hermann-Léon en créa plusieurs autres qui ne
lui furent pas moins favorables : le régent dans
Ne touchez pas à la Reine, Malipieri dans
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — SUPPL. —
Haydée, le capitaine Viala dans les Monténé-
grins, Desbruyères dans les Porcherons, le tam-
bour-major dans le Caïd, puis la Barcarolle,
Gibby la Cornemuse, Gille ravisseur, le Mou-
lin des Tilleuls, etc.
Il passait ainsi du dramatique au comique, et
montrait toute la .souplesse d'un talent remar-
quable surtout par l'ampleur et la variété. Au
boutdequelquesannées pourtantil quitta l'Opéra-
Comique, avec l'espoir d'entrer à l'Opéra. Il avait
chanté, en province et à l'étranger, quelques-uns
des ouvrages du grand répertoire lyrique : Ro-
bert le Diable, les Huguenots, la Juive, et son
ambition était de s'y montrer sur la première
scène musicale de France. Il n'y put réussir/en
dépit de ses désirs, et rentra à l'Opéra-Comique,
où il créa encore, entre autres rôles, celui du
soldat Grilzenko dans VÉtoile du Nord, de
Meyerbeer. Mais bientôt il quitta de nouveau la
scène de ses succès, et parut au Théâtre-Lyrique
dans un petit opéra d'Adolphe Adam, Falslaff.
Hermann-Léon était devenu capricieux, luna-
tique, et ne se trouvait bien nulle part. Il ne put
rester longtemps au Théâtre-Lyrique, demeura
inoccupé, et, pour charmer ses loisirs, se remit
à faire de la peinture. Voyant, par sa faute ou
celle des événements, les scènes lyriques se fer-
mer devant lui , il songea à transformer sa carrière
et à se montrer sur un théâtre de genre. Il était
en pourparlers avec celui des Variétés et allait
sans doute s'y faire engager lorsqu'il mourut
presque subitement, à Paris (Batignolles), le 3
novembre 1858.
Hermann-Léon a laissé un fils, qui jouit au-
jourd'hui d'une certaine réputation comme chan-
teur de concert.
IICKMIER (Michel), prêtre du diocèse de
Rouen et musicien distingué, fut, de 1695à 1697,
maître de chapelle de la cathédrale de cette ville,
où il fit exécuter plusieurs messes de sa compo-
sition.
IlERIVANDEZ (Pablo), compositeur espa-
gnol, est né à Saragosse le 25 janvier 1834, et fut,
dans ses jeunes années, enfant de chœur à Notre-
Dame-del-Pilar. Il devint alors l'élève de Valen-
tin Melon, maître de chapelle et organiste de
cette église, qui lui enseigna le solfège, le piano,
l'orgue et l'harmonie, et d'Ignace Rabanals, pre-
mier violon de la même chapelle, avec lequel il
étudia le violon. En 1848, à peine âgé de 14 ans,
il devenait organiste de l'église paroissiale de
Saint-Gilles, et il con.'îerva cet emploi jusqu'en
1856, époque à laquelle il se rendit à Madrid
pour se faire admettre au Conservatoire et s'y
perfectionner dans son art. Il devint, dans cet
établissement, l'élève deM. Hilarion Eslavapour
T. I. 30
466
HERNANDEZ — HERNANDO
l'orgue et la composition, et obtint le premier
prix au concours de 1861.
Tout en terminant ses études au Conservatoire,
M. Hernandez était devenu, à la suite d'un con-
cours, organiste de la basilique royale de Notre-
Dame d'Atoclia; en 1863, ii fut nommé profes-
seur auxiliaire de solfège au Conservatoire. A
parUr de ce moment, il se livra activement à la
composition. Parmi ses œuvres, qui sont nom-
breuses, il faut surtout distinguer : Mdhode
d'orgue (introduction au Musée organique de
M. Hilarion Eslava); six fugues pour orgue, en
forme d'offertoire (inédites) ; messe à 3 voix, avec
orchestre; Miserere à 3 voix, avec orchestre;
Salut à 3 voix, avec orchestre ; Te Dexim, avec
ace. d'orgue; Messe pastorale, id.; Stabat Ma-
ter ; Lamentations du Jeudi saint, id. ; 0 Sa-
lutaris hostia, id. ; plusieurs autres motets, id. ;
Ouverture à Grand orciiestre (inédite) ; grande
Symphonie pour orchestre (id.), écrite spécia-
lement pour la société de concerts dirigée par
M. Barbieri [Voy. ce nom). M. Hernandez a fait
représenter aussi, à Madrid, quelques irtriiife/a^
en un acte, dont l'une avait pour titre : Un Se-
villano en la Habana.
Il ERiXAIXDEZ(lsiDORo), jeune compositeur
espagnol, est l'auteur de deux zarzuelas en un
acte, quitoules deux ont été représentées à Ma-
drid, sur le théâtre Breton, le 1^"^ octobre 1875;
l'une avait pour titre Maese Tallarines, l'autre
était intitulée Fresco de Jordan. En 1876, un
autre petit ouvrage du même genre a vu le jour
à Madrid, sous le nom de ce compositeur et sous
ce titre ; Una Leccion de ioreo.
HERNAiXDO (Rafaël- José-Maria), com-
positeur dramatique, est né à Madrid le 3 Imai 1822,
et après avoir reçu une bonne instruction primaire,
entra en 1837 au Conservatoire de cette ville,
et y fit toutes ses études musicales sous la direc-
tion de Ramon Carnicer. Après avoir quitté cet
établissementien 1843, il se rendit à Paris dans
le but d'y compléter son éducation musicale et
de s'y perfectionner. A Paris, M. Hernando com-
mença à se livrer à la composition ; il écrivit un
Stabat Mater et quelques autres œuvres, qui
furent exécutées dans les concerts de la Société
Ste-Cécile, puis composa la musique d'un opéra
italien en 4 actes, qu'il ne put réussira faire jouer
au Théâtre-Italien. Au bout de quelques années
passées en France , M. Hernando retourna à
Madrid, et entre autres compositions, écrivit une
saynète, las Sacerdotisas del Sol,(\\x\ fut repré-
sentée sur le théâtre de l'Institut. Au carnaval
de 1849, il livra au'public une zarzuela en un
acte, Palodeciego, qui fut accueilUe avec beau-
coup de faveur, et le 27 mars de la même année
il donnait un autre ouvrage du même genre,
Colegiales y Soldados, qui donna au public l'i-
dée de ce que pouvait être la musique dramatique
espagnole. La joie générale fut telle à ce sujet
qu'une entreprise se forma aussitôt dans le but
d'expioiter le genre de la zarzuela au théâtre des
Variétés, et que M. Hernando fut choisi pour
compositeur et directeur de ce théâtre, avec la
charge d'écrire quatorze actes de musique par
année.
Cet engagement ne lui fut pas très-onéreux,
car la première pièce qu'il donna obtint un suc-
cès tel qu'elle le rendait jusqu'à un certain point
inutile. En effet , cet ouvrage , intitulé el
Dueude, et donné le 6 juin 1849, fut reçu si
favorablement qu'il fournit une carrière de 120
représentations. H fut suivi d'une autre zar-
zuela en 2 actes, Bertoldo y Comparsa, qui
ne fut pas moins heureuse. En 1851, une société
d'auteurs se forma pour cultiver le genre lyrique
espagnol, et le président decette société, M. Louis
Olona, fut bientôt remplacé par M. Hernando,
qui mit toute son activité au service de la compa-
gnie, en ce qui concernait l'administration, ce qui
ne l'empêcha pas de continuer ses travaux de
compositeur. H écrivit donc successivement plu-
sieurs autres zarzuelas- El novio Pasado por
agua, en 3 actes, Cosas de Juan, en 3 actes, Una
Noche en el serallo, en l actes (non représentée),
el Tambor, en un acte, donnée au bénéfice des
soldats d'Afrique, enfin Aurora, en 3 actes (non
représentée), et deux ouvrages écrits en société
avec quelques confrères : Escenas deChamberi
et Por segiiir a una mujer.
En 1852, M. Hernando fut nommé secrétaire
du Conservatoire de Madrid, poste dans lequel,
avec son intelligence, son zèle et sou amour de
l'art, il sut rendre de très-grands services. H y
exerça encore ses talents de compositeur, en
écrivant plusieurs œuvres importantes : un hymne
inaugural, chanté par les élèves au théâtre du
Palais royal; el ISacimiento, fantaisie sympho-
nico- religieuse pour la séance musicale donnée
au Conservatoire à l'occasion de la naissance du
prince des Asturies ; un second hynme, intitulé
Premios à la virtud, qui fut exécuté par les
élèves, sous sa direction, pour la première dis-
tribution des prix qui eut lieu au Conservatoire ;
enfin un chœur et une marche triomphale, que
ces mêmes élèves, réunis à ceux de l'Université,
exécutèrent lors du retour de l'armée qui venait
de combattre en Afrique. M. Hernando a con-
tribué d'une façon considérable à améliorer les
conditions artistiques du Conservatoire, en rédi-
geant un projet de règlement organique, et en
provoquant d'utiles et importantes réformes de
HERNANDO — HERRMANN
467
tout genre. D'autre part, il a songé aussi à
pousser l'art national dans les voies du progrès,
en publiant sous ce titre : Proyeclo, memoria
para la creacion de unaAcademia espanola de
mûs/ca y de fomento del arie, un écrit qui a
été accueilli avec faveur et avec reconnaissance
par la presse et par tout le corps enseignant, mais
qui, malheureusement, et par suite de l'inconce-
vable inertie qui règne en Espagne au sujet des
choses d'art, n'a produit aucun résultat.
Nommé professeur d'harmonie supérieure au
Conservatoire, M. Hernando a organisé et réglé
l'enseignement de cette branche si importante des
études musicales, en suivant les errements de la
grande école deM.Eslava, etl'onassurequ'il a su
mettre la classe à la lête de laquelle il était placé à
la hauteur des meilleures de cegenre qui existent
dans les grandes institutions musicales de l'Eu-
rope, accroissant sans cesse le nombre des élèves
qui étaient sous sa direction. D'ailleurs infati-
gable, cet artiste excellent, qui s'était démis des
fonctions de secrétaire qu'il occupait pour pou-
voir se consacrer entièrement aux besoins de son
enseignement, s'occupa bientôt de la fondation
d'une Société artistique musicale de secours mu-
tuels, dont il fut élu secrétaire général. Celte
Société, devenue rapidement prospère grâce à
son dévouement et à son activité, lui donna l'oc-
casion d'écrire chaque année, pour ses séances
générales, un annuaire ou mémorial dans lequel
étaient exposés d'une façon claire et lumineuse,
tous les faits intéressant les sociétaires, et rela-
tifs à l'accroissement du capital social, aux
moyens de le maintenir, aux secours distribués
aux artistes malheureux, enfin à tout ce qui con-
cerne le règlement et la marche de l'institu-
tion.
On voit tous les services que, sous des rap-
ports si nombreux et si divers, M. Hernando a
su rendre sans cesse à l'art, aux artistes et à son
pays même, se multipliant chaque jour pour être
utile à tous, et recherchant au lieu de les fuir,
comme tant d'antres, les occasions où son dé-
vouement pouvait se déployer. De tels exemples
sont rares, et l'on ne saurait trop les encourager.
En ce qui concerne M. Hernando, on sent que
derrière l'artiste il y a un homme, que derrière
l'homme il y a un caractère, et ce n'est malheu-
reusement pas le fait de tous ceux qui se font de
l'exercice, d'ailleurs honorable, de leurs facultés
artistiques, un renom mérité.
Comme compositeur, M. Hernando ne s'est
pas uniquement exercé dans le genre dramatique ;
on lui doit aussi un certain nombre d'œuvres de
musique religieuse, entre lesquelles il faut sur-
tout citer une messe votive, qui a été exécutée
le 22 novembre 1867, jour de la fête de Sainte-
Cécile, dans l'église de Notre-Dame de Lorette,
de Madrid.
* HEROLD (Louis-Joseph-Ferdinand). A la
liste des ouvrages dramatiques de cet artiste im-
mortel, il faut ajouter la Fille mal gardée,
ballet en deux actes représenté à l'Opéra le 17
novembre 1828, et V Auberge d'Auray, ouvrage
écrit par lui en société avec Carafa et joué à
rOpéra-Comique en 1830. Un opéra en un acte,
dont il avait composé la musique sur un livret
de Guilbert de Pixérécourt, fut reçu à l'Opéra le
28 mars 1818, mais ne fut jamais représenté.
En dehors du théâtre il faut signaler, parmi ses
productions inédites, les compositions envoyées
par lui à l'Institut, pendant son séjour à Rome
comme pensionnaire de l'Académie de France en
cette ville; ces compositions, dont les manus-
crits autographes font aujourd'hui partie de la
bibliothèque du Conservatoire de musique, sont
au nombre de cinq : 1" Symphonie à grand or
chestre, en ut majeur; 2° Symphonie en re ma-
jeur; 3" Hymne à quatre voix et orchestre sur
la Transfiguration (texte latin) ; 4° Scena eda-
aria,con cari {texte italien); 5° Trois quatuors (1).
Au mois de novembre 1871, le théâtre de l'O-
péra-Comique donnait la millième représen-
tation du Pré aux Clercs, et peu de temps
après, cet incomparable chef-d'œuvre, traduit en
italien sous ce titre : Un Duello al Pré aux
Clercs, par M. Félix Cottrau, était joué avec un
grand succès au Théâtre-Philharmonique de
Naples. — M. B. Jouvina publié sur Hérold une
notice biographique : Hérold, sa vie et ses œu-
vres (Paris, Heugel, 1868, in-8 avec portrait et
autographes) ; on trouve dans cet écrit des frag-
ments intéressants du journal qu'Hérold tenait
avec soin et sur lequel il consignait tous les faits
intéressant sa vie.
* HERRMANIV (Gottfried), violoniste,
pianiste, organiste et compositeur, est né non à
Lubeck , comme il a été dit par erreur, mais à
Sondershausen, le 15 mai 1808. Élève de Spohr
pour le violon et de Hauptmann pour la composi-
tion, il se distingua doublement, dès sa jeunes-
se, comme virtuose sur le violon et sur le piano,
en même temps qu'il essayait ses forces comme
compositeur. D'abord premier violon à la cha-
pelle de Hanovre, il alla ensuite à Francfort,
puis se rendit en 1831 à Lubeck, où il devint di-
recteur de musique de la ville et organiste, et
enfin, en 1844 , accepta les fonctions de maître
|1) La mème'bibliothèque possède le manuscrit autogra-
phe de la cantate Mademoiselle de la Vallière, avec la-
quelle Hérold remporta le grand prix de Rome, en 1812.
468
HERRMANN — HERVÉ
de chapelle à Sondershausen. Outre plusieurs
opéras : Toussaint- Louverture, Barberousse,
le Feu de la. Saint- Jean , M. Herrmann s'est
fait connaître par un grand nombre de composi-
tions, parmi lesquelles on cite des symphonies ,
des ouvertures, des concertos de violon , un
double concerto pour deux violons, un octuor
pour instruments à cordes, un autre octuor
avec piano, des quatuors, des trios pour divers
instruments, des Iteder, etc. M. Herrmann a \d
réputation d'un excellent professeur de chant.
HERRMAXN (Henri), compositeur, né le
22 mai 1827 à Francfortsiu'-leMein, est devenu
chef d'orchestre du théâtre de cette ville, et s'est
fait une renommée comme compositeur de mar-
ches instrumentales et de morceaux de musique
de danse. Il a publié plus de cent œuvres de ce
genre.
HERTEL (PiERRE-Loris), compositeur de
ballets, né à Berlin le 21 avril 1817, étudia le
piano avec W. Greulich, le violon avec Rietz,
la composition avec J. Schneider et Marx. Il se
consacra spécialement à la composition de la
musique de ballets, et écrivit, soit pour l'Alle-
magne, soit pour l'Italie, un assez grand nombre
d'ouvrages de ce genre, parmi lesquels je cite-
rai les suivants, qui furent tous représentés sur
le théâtre delà Scala, de Milan : Ellenor (1862),
Fiik et Flok (\8ù2), leStelle (iSGS), I due So-
c«(18C3), Ballanda{\863), etc.
HERTÈSE (IlE-Mii), compositeur, a publié
récemmentun petit recueil intitulé : Album mu-
sical pour piano et chant (Paris, in-8°).
HERVÉ (Fi.oRiMOND RONGER,dit), auteur
et compositeur dramatique, chanteur, comédien,
organiste et chef d'orchestre, est né le 30 juin
1825, à Houdain, près d'Arras. Élevé à Paris,
il fit ses études musicales à la maîtrise de Saint-
Roch, et devint organiste dans diverses églises.
Vers ISfiS, tourmenté déjà du démon du théâ-
tre, il fait une courte apparition à l'Opéra-Na-
tional, et il écrit la musique d'une sorte d'in-
termède intitulé Don Quichotte et Sancho
Pança, qu'il chantait lui-même en compagnie de
M. Joseph Kelra, et trois ans après, en 1851,
il devient chef d'orchestre du théâtre du Palais-
Royal. En 1854 ou 1855, il succède, comme di-
recteur, à un nommé Mayer, qui avait ouvert,
sur le boulevard du Temple et sous le titre de
Fol'ies-Mayer, en face du groupe de théâtres
qui avaient rendu ce quartier fameux, une sorte
de café-concert. M. Hervé obtient le privilège
de transformer cet établissement en un petit
théâtre dans lequel il aura le droit déjouer des
saynètes musicales à deux personnages et des
pantomimes, et il ouvre ce théâtre sous le litre
de Folies-Concertantes. Tour à tour machiniste,
décorateur, auteur,compositeur, chanteur et chef
d'orchestre, M. Hervé, dont l'intelligence et l'ac-
tivité étaient d'ailleurs indiscutables, sut, à l'aide
d'efforts inouis, faire de ce petit spectacle le ren-
dez-vous d'une certaine société légère, écrivant
lui-même les paroles et la musique de la plupart
des pièces qu'il y faisait représenter, en jouant
souvent le principal rôle, et se mettant à la tête
de l'orchestre lorsqu'il n'était pas occupé sur la
scène. H donna ainsi, en 1855 et 1856, plusieurs
petites pochades musicales, d'une fantaisie éche-
velée quant aux paroles, d'un tour assez aima-
ble quant à la musique, qui lui firent une cer-
taine réputation et préparèrent le règne de l'o-
pérette, ce genre devenu malsain, qui pèse sur la
France depuis tantôt vingt ans. Ces premiers es-
sais s'appelaient Vadé au Cabaret, un Drame
en 1779 (paroles et musique), le Compositeur
toqué (id.), la Fine Fleur de l'Andalousie (id.),
la Perle de V Alsace (id.), la Belle espagnole
(id.), Fifi et Mni. En 1856, M. Hervé cédait la
direction de son théâtre à MM. Huart et Alla-
roche, mais en y restant attaché comme com-
positeur et comme acteur, condition qui ne put
être remplie entièrement par suite d'un procès
dont nous n'avons pas à rendre compte ici. Ce-
pendant, si M.Hervé ne pouvait, momentanément,
reparaître à la scène, il continuait d'écrire pour
ce petit théâtre, qui avait pris le titre de Folies-
Nouvelles, mais en signant ses partitions de dif-
férents pseudonymes ; c'est ainsi qu'il composa,
de 18ÔG à 1858, la musique de Toinetteet son
carabinier (sous le pseudonyme de Brémond),
gentille petite partition, de Femme à vendre
(id.), du Pommier ensorcelé (sous le pseu-
donyme de Louis Hefl'er), de la Dent de sagesse
(id.), de l'Alchimiste (id.).
Après s'être montré, en 1858, sur le petit théâ
tre Debureau et suf celui des Délassements-Co-
miques, M. Hervé fut engagé au Grand-Théâttre
de Marseille pour y jouer son répertoire, en
compagnie de M. Joseph Kelm, qui lui avait
toujours servi de partenaire à Paris. De là il se
rendit à Monipellier, pour tenir l'emploi des se-
conds ténors, et l'on assure qu'il joua en cette
ville les rôles de Cantarelli du Pré aux Clercs,
d'Hector de Biron dans les Mousquetaires de la
Reine, et même d'Arthur dans Lucie de lamer-
moor, ce qui ne devait pas laisser que d'être un
peu étrange. I! fit en.suite un voyage au Caire,
puis revint à Paris, et repai ut sur la petite scène
des Délassements-Comiques, oii il fit jouer, en
1862, deux nouvelles opérettes en un acte, le
Hussard persécuté (paroles et musique) et la
Fanfare de st-Cloud. Il ne resta pas longtemps
HERVE
469
à ce théâtre, et fut bientôt engagé au café-con-
cert de l'Eldorado, tout à la fois comme comé-
dien, comme chef d'orchestre et comme compo-
siteur; il écrivit pour cet établissement une fouie
de chansons et de chansonnettes, des saynètes,
des opérettes, quittant souvent l'orchestre pour
monter sur la scène, et revenant ensuite se met-
tre à la tête de ses musiciens. D'ailleurs infati-
gable, et ne se bornant pas à ce travail, qui au-
rait sufti à beaucoup d'autres, il trouvait encore
moyen de composer la musique de nombreuses
pièces qu'il faisait jouer un peu partout : les
Toréadors de Grenade (paroles et musique, un
acte, Palais-Royal, 1863), le Joueur dejlùte (un
acte. Variétés, 1864), une Fantasia (id.,id.,
1865), ^« Revue pour rien ow. Roland à Ronge-
Veau (parodie en 2 actes, Bouffes-Parisiens,
1865), les Chevaliers de la Table ronde (3 ac-
tes, Bouffes-Parisiens, 1866). Après deux ou trois
ans, M. Hervé quittait l'Eldorado pour entrer au
Ihéàtre de la Porte-Saint-Martin, où il reparaissait
comme comédien dans une ancienne féerie, la
Biche au bois, pour laquelle il écrivait quel-
ques airs nouveaux (18CÔ), et dans une grande
revue , intitulée 1867, où se trouvaient aussi
plusieurs morceaux de sa composition.
Mais M. Hervé avait à la fois de la jalousie et de
l'ambition. Il prétendait, ce qui était vrai, avoir
inventé ou tout au moins cultivé le premier en
France le genre de l'opérette ; et cependant un rival
plus heureux que lui, M. Offenbach, avait acca-
paré, à l'aide de l'opérette, dont il avait agrandi
les proportions, la faveur du public, et, servi
par d'adroits collaborateurs et par son instinct
du théâtre, remportait d'énormes succès avec
des pièces en plusieurs actes, telles (\\x'Orphée
aux Enfers, Barbe- Bleue, la Grande Duchesse
de Gerolstein, la Belle Hélène, la Vie pari-
sienne, etc. M. Hervé se dit que, lui aussi, il
pourrait aspirer à des succès semblables, et se
faisant de nouveau son propre librettiste, il écri-
vit les paroles et la musique d'une véritable folie
en trois actes, l'ŒU crevé, qu'il donna aux Fo-
lies-Dramatiques au mois d'octobre 1867, et qui
fit littéralement courir tout Paris par son étran-
geté inouïe et par les qualités aimables et l'en-
train de certains morceaux de sa partition. Après
avoir fait jouer encore au Palais-Royal une pe-
tite pochade, le Roi d'Amatibou (1868), il repa-
rut aux Folies Dramatiques, avec une nouvelle
pièce en trois actes, Chilpéric (paroles et mu-
sique, 1868), sorte de grande parodie historique,
qui fut moins heureuse que VŒU crevé, ce qui
ne l'empêcha pas de parodier — lui-même ! — sa
parodie, et d'écrire la musique de C/«J^/H^nc, imi-
tation donnée à l'Eldorado deux mois après l'o-
riginal. L'insuccès à peu près complet de Chil-
péric ne le découragea pas, et six mois après,
au mois d'avril 1869, il présentait au public des
Folies Dramatiques une nouvelle pièce en trois
actes, le Petit Faust, dont cette fois il n'avait
composé que la musique, et qui oblint un succès
prodigieux. Ce fut à peu près le dernier, et de-
puis lors le compositeur n'a point retrouvé de
vogue semblable, quoique les Turcs (3 actes.
Folies- Dramatiques , 1809) aient encore été ac-
cueillis favorablement ; mais le public a reçu avec
froideur, et quelquefois avec hostilité, les ou-
vrages suivants : le Trône d''£cosse{3 actes, Va-
riétés, 1871), le Nouvel Aladin (3 actes, théâ-
tre Déjazet, 1871), pièce jouée d'abord en anglais,
à Londres, et dont le livret de M. Thompson fut
traduit parle musicien, la Veuve du Malabar
(3 actes. Variétés, 1873), le Hussard persécuté
(amplification en 2 actes de la pièce déjà jouée,
Palais-Royal, 1873), Alice de Nevers (paroles
et musique, 3 actes, Folies-Dramatiques, 1875),
la Belle Poule {3 actes, Folies-Dramatiques,
1875), enfin Estelle et Némorin (3 actes, Opéra-
Bouffe, 1876). En 1870 et 1871, M. Hervé, dont
l'ambition est exagérée, mais dont on ne sau-
rait nier les facultés artistiques, a accepté un en-
gagement pour aller jouer à Londres, en an-
glais, son répertoire ; il ignorait alors com-
plètement la langue anglaise, et cependant, au
bout de quelques mois d'études, il fut en état
de paraître sur la scène qui l'avait appelé,
et y obtint un très-grand succès. Pendant l'été
de 1874, il retourna à Londres, et organisa aa
théâtre de Covent-Garden des concerls-prome-
menade dans lesquels il conduisait l'orchestre
et qui attirèrent le public pendant toute la sai-
son.
Nous avons vu que dans le petit théâtre créé
par lui naguère au boulevard du Temple, cet ar-
tiste avait intronisé l'opérette à deux ou trois
personnages : on peut dire que dans de petites
pièces musicales réduites à ces proportions, il
avait obtenu des succès mérités. Je ne parle pas
de lui comme librettiste; son imagination vaga-
bonde et sa fantaisie excessive ont donné, sous
ce rapport, des produits qui échappent à l'ana-
lyse, mais qui parfois étaient vraiment amusants.
En tant que musicien, on ne peut nier qu'il n'eût
quelques qualités : de la verve, des idées courtes,
mais distinguées, élégantes même, des rhythmes
aimables et légers, et une instrumentation après
tout suffisante, roiîie^^e et son carabinier &\. Vadé
au cabaret, pour ne citer que ces deux enfants
de sa musette, étaient très-gentiment réussis.
Le malheur est que M. Hervé, en élargissant
son cadre, n'a pas songé à agrandir sa manière.
470
HERVÉ — HESPEL
Tel il était il y a vingt ans, tel nous le voyons
aujourd'hui, avec celte différence qu'il montre
parfois une ambition que rien ne saurait justifier.
Ce n'est pas tout, en effet, que de vouloir faire
grand; il faut encore augmenter ses procédés,
se rendre maître de sa plume, et faire preuve
des qualités nécessaires. Or, il faut bien constater
qu'en voulant écrire des opéras en trois actes,
M. Hervé a négligé d'acquérir ce qui lui man-
quait. Ses idées restant courtes, il n'a pas appris
à s'en servir, à leur donner leurs développements
logiques, indispensables ; il a jugé au-dessous
de lui d'apprendre à moduler autrement qu'à
la dominante ou à la tierce majeure inférieure ;
il n'a pas daigné songer à savoir ce que c'était
que de construire nn morceau^ enfin, il n'a pas
supposé un instant que l'orchestre pouvait se com-
poser d'autre chose que de deux pistons et d'un
trombone. De tout cela, il résulte que sa musi-
que n'est que de la musiquette, musiquette ai-
mable et piquante parfois lorsqu'il lui arrive,
ce qui n'est pas absolument rare, de rencontrer
un motif accort et souriant, mais qui est à la vé-
ritable musique dramatique ce que le quadrille
est à la symphonie , ce que la chansonnette est
à la poésie (1).
* HERZ (Henri), a pris, en 1874, sa retraile
des fonctions de professeur au Conservatoire de
Paris. Cet artiste a publié un livre intitulé Mes
Voyages en Amériqiie (Paris, Faure, î866, in-
12 avec portrait photographié), qui avait paru
d'abord sous forme de feuilletons dans le Mo-
niteur universel. Les compositions publiées
par M. Henri Herz atteignent aujourd'hui le
chiffre de plus deux-cents ; à celles qui ont été
déjà mentionnées, nous ajouterons seulement les
suivantes : Septième concerto (en si mineur),
avec accompagnement d'orchestre , op. 207 ; —
Huitième concerto, avec orchestre, op. 218 ; —
Fantaisie chevaleresque, avec orchestre, op.
202 ; — Études de l'agilité, op. 179 ; — LesCon-
irastes , trois grandes études, op. 214; — 24
Leçons progressives, à l'usage des jeunes élèves,
' (1) Pour être le moins incomplet possible en ce qui
concerne la liste des œuvres représentées, je dirai que
M. Hervé a écrit aux I-olies Nouvelles la musique de plu-
sieurs pantomimes, lePosscclc, les deux Rosières, Pierrot
amoureux, Biribi, etc.; qu'il a composé, en société avec
MM. Lecocq et Legouis, sous le pseudonyme collectif
d'Atcindor, la partition d'une opérette en un acte. Deux
Portières -pour un cordon, représentée au l'alais-Royal
en 1869, et qu'il est, avec MM. Cœdès et Raspail, l'auteur
de la musique de /a Cocotte aux œufs d'or, féerie jouée
au théâtre des Menus -Plaisirs en 1873. Enfin, je citerai les
pochades musicales suivantes, écrites par lui pour les
cafés-concerts : Entre deux vins. Moldave et Circas-
sienne, les Métamorphoses de Tartenpion, Trombolino,
etc., etc.
op. 206 ; — • Les difficultés du piano résumées
en dix études spéciales, op. 216; — Récréations
illustrées, 12 petites fantaisies caractéristiques,
op. 215 ; — Mille Exercices des cinq doigts ;
etc , etc.
HERZOG (Jexin-Georges}, organiste, profes-
seur, théoricien et compositeur, né le 6 septem-
bre 1822 à Schmœlz (Bavière), a fait ses études
musicales sous la direction de Bodenschatz et de
Herrling. A peine âgé de vingt ans, en 1842, il
devenait organiste de l'église évangélique de
Munich, était nommé en 1849 cantor de la même
église, puis, en 1850, professeur au Conserva-
toire. Il quittait cette situation pour aller, en
1855, remplir les fonctions de professeur de mu-
sique à l'Université d'Erlangen , où il est encore
aujourd'hui et où il dirige l'Académie de chant.
On doit à cet artiste d'assez nombreuses com-
positions pour l'orgue.
IIERZOG (Ferdinand), compositeur, pianiste
et professeur, a publié à Paris, oii il se livre à
l'enseignement, un certain nombre de morceaux
de genre pour le piano, parmi lesquels Caprice
bohémien. Introduction et Variations bril-
lantes sur un thème original, etc. Cet artiste,
qui s'est aussi occupé de littérature musicale, a
donné dans les journaux le Ménestrel et VArt
musical, il y a quelques années, plusieurs travaux
intéressants , entre autres la traduction d'une
biographie allemande de Robert Schumann et
d'une autre de Haydn.
HERZOG (Chaules), frère du précédent,
pianiste comme lui, était aussi un organiste dis-
tingué, remarquable surtout par son talent
comme improvisateur. 11 remplissait depuis vingt
ans les fonctions d'organiste de la paroisse Saint-
Cyr, à Issouiiun (Indre), lorsqu'il mourut en
cette ville au mois de février 1876, âgé de qua-
rante-neuf ans.
HERZOGEXRERG '( Heinrich VON ) ,
compositeur allemand contemporain, a publié les
o'uvres suivantes : Colombus, cantate dramati-
que pour soli, chœur et orchestre, op. 11;
Odysseus, symphonie pour grand orchestre, op.
16; Quatuor pour instruments à cordes, op. 18;
8 pièces pour piano , op. 3 ; 4 fantaisies pour
piano, op. 4; 10 lieder pour voix seules, voix
et chœur, ou chœur seul, avec accompagnement
de piano, op. 14 ; Quintette pour piano et ins-
truments à cordes, op. 17 ; Nocturnes pour chant,
avec accompagnement de piano, op. 22 ; Varia-
tions pour deux pianos, op. 13.
HESPEL(PiERRE-JosEPii),com.positeurbelge,
naquit à Tournay au commencement de ce siècle,
et s'est fait remarquer par une assez rare fa-
culté de production. Outre une Méthode de piano,
HESPEL — HEUGEL
471
une École de l'intonation, un Solfège concer-
tant à quatre voix pour l'enseignement simul-
tané, une École du phrasé musical, on lui doit
quatre messes avec orcliestre , une messe sans
accompagnement , un Stabat Mater avec or-
chestre, 3 litanies avec orchestre, 27 cantates,
55 morceaux de musique religieuse avec orches-
tre ou orgue, 20 morceaux pour le violoncelle,
des quatuors pour instruments à cordes, des
morceaux pour harmonie militaire, une centaine
de romances et mélodies vocales , plus de 60
morceaux de genre pour le piano, des chœurs
sans accompagnement, etc., etc. Cet artiste, qui
s'était consacré à l'enseignement dans sa ville
natale, était directeur de la Société chorale ries
Oriéonistes , la première qui ait été fondée à
Tournay,
HESS (Charles-Léoin), pianiste et composi-
teur, né à Lorient , de parents alsaciens, le 28
janvier 1844, est fils d'un professeur de piano,
M. J. Charles Hess, qui a publié un assez grand
nombre de morceaux de musique légère pour
cet instrument. Il fit ses études au Conservatoire
de Paris, où il fut admis dans la classe d'har-
monie et accompagnement de M. Bazin, et tra-
vailla ensuite avec Chauvet {Voyez ce nom).
Après avoir fait représenter sur le Théâtre-
Français de Rouen, en 1875, un opéra-comique
en un acte, la Cure merveilleuse, M. Hess fit
exécuter à Paris, aux concerts de l'Association
artistique (théâtre du Châtelet), le 1-3 avril 1876,
une œuvre imporlante, le Psaume LXXYll, pour
soli, choîurs et orchestre ; cette composition ,
écrite sur une traduction française du texte hé-
breu, se faisait remarquer, malgré une certaine
roideur de forme , par un sentiment religieux
très-austère, une réelle habileté dans le manie-
ment des voix et de l'orchesire, et semblait in-
diquer chez son auteur un tempérament musical
d'une véritable vigueur. La partition pour chant
et piano de cet ouvrage a paru chez l'éditeur
M. Hartmann, qui a publié aussi un recueil de
Dix Mélodies du même artiste. M. Hess a donné
encore au public un recueil de Vingt psaumes ,
et il est l'auteur d'une suite d'orchestre, qui,
je crois, n'a pas encore été exécutée.
* HESSE (Adolphe-Frédéric) , organiste ,
est mort à Breslau le 5 août 1863.
HETZEL ( ), compositeur, a fait re-
présenter au mois de janvier 1846, sur le théâtre
de Montmartre (commune de la banlieue de Paris,
aujourd'hui annexée à cette ville) , un opéra-
comique en un acte intitulé la Jeunesse
d'Haydn.
HEUDIER ( ). Un artiste de ce nom
était chef d'orchestre du théâtre des Jeunes-
Artistes, lorsqu'il fut fermé en 1807. Il devint
ensuite chef d'orchestre de celui de Versailles, et
fit représenter sur ce théâtre, le 5 mai 1810, un
opéra-comique en un acte, intitulé : V Heureux
Jour ou les Cinq Mariages.
HEUGEL ( Jacques-Léopold), éditeur de
musique à Paris et directeur du journal h Mé-
nestrel, est né à La Rochelle. Son père, natif de
Neuchâtel (Suisse) , fixé plus tard à Brest, où il
tenait une maison de commerce de musique ,
rédigea avec lui une Méthode de musique dans
laquelle le système de Galin était combiné dans
une certaine mesure avec les pratiques courantes
de l'art. Cet ouvrage fut publié sous ce titre :
Nouvelle 3Iéthode pour Renseignement de la
musique, inventée par H. Heugel, et dévelop-
pée par lui de manière à permettre d'appren-
dre sans maître (Brest, l'auteur, 1833, in-8°).
Peu de temps après , M. Léopold Heugel allait
s'établir à Nantes comme [)rofesseur de chant ,
et au bout dé quelques années il se fixait défini-
tivement à Paris, où il fondait et (iirigeait d'abord
des cours de musique d'après la méthode dont
il vient d'élre parlé, et où bientôt il se mit à la
tête d'une des premières maisons de commerce
de musique.
Comme éditeur, M. Heugel s'est fait depuis
longtemps une double renommée," d'abord par la
valeur et l'importanci! des ouvrages publiés par
lui , ensuite par les soins et le bon goût qu'il
apportait dans leur publication. C'est à lui qu'on
doit les nouvelles et excellentes éditions de
toutes les grandes méthodes écrites pour le ser-
vice du Conservatoire, à l'époque de sa fonda-
tion, par tous ces artistes célèbres qui s'appe-
laient Cherubini, Baillot, Mengozzi, Crescentini,
Catel, Dourlen, etc. ; c'est encore lui qui a publié
quelques uns des meilleurs ouvrages d'enseigne-
ment qui ont été donnés dans ces trente dernières
années, la Méthode de chant de Garcia , celle
de M'"^ Cinti-Damoreau , VArt du chant de
M. Duprez, la Méiliode d'accompagnement de
MM. de Bériot père et fils, les Méthodes de piano
de Cazot et d'Alexis de Garaudé, et bien d'autres
encore. Parmi ses publications les plus impor-
tantes , il faut citer en première ligne l'édition
splendide du grand ouvrage d'Amédéc Méreaux,
les Clavecinistes , édition dans laquelle le texte
imprimé, le texte musical elles portraits luttaient
de beauté et concouraient à produire un ensemble
magistral. Tontes ces publications valurent à
]M. Heugel une série de récompenses qui lui
furent décernées lors des Expositions universel-
les de 1855 et de 1867 , non-seulement dans les
claçses industrielles, mais dans celles relatives
aux progrès de l'enseignement, et le firent porter
472
HEUGEL — HIGiNARD
en première ligne, par le jury d'Exposition
(classe X) de l'année 1867, pour la décoration
de la Légion d'honneur.
On ne doit pas oublier de dire que M. Heugel
fonda en 1857 un recueil d'une grande valeur,
la Maîtrise , qui ne vécut malheureusement
que quelques années, mais qui, placé sous la
direction de D'Ortigue et de Niedermeyer, publia
d'excellents travaux littéraires sur la musique
religieuse, en même temps qu'un nombre incal-
culable de compositions dues aux plus grands
maîtres anciens et modernes, Palestrina, Roland
de Lassus, Frescobaldi , J. S. Bach, Hœndel,
d'Anglebert, Clérambault, Michel Haydn, Che-
rubini, Lesueur, MM. Gounod, Lemmens, Halévy,
Ambroisc Thomas, Niedermeyer, F. Benoist, etc.
Ce recueil était sans précédent en France, et sa
disparition est fâcheuse à tous égards (1).
HEULHxVR» (Louis - Octave - Arthur),
dilettante et écrivain musical, est né à Lorines
(Nièvre), le 11 mai 1849. Après s'être d'abord
occupé de politique, M. Heulliard a consacré
ses loisirs à la littérature musicale. Collaborateur
de l'Art musical, de la France chorale, il
publia d'abord une Étude sur une Folie à
Rome, opéra- bouffe de Federico Ricci (Pari^,
Bachelin-Dellorenne, 1870, in-12 avec portrait),
puis la Fourchette harmonique, histoire de
celte société gastronomique, littéraire et musi-
cale, avec des notes sur la musicologie en France
(Paris, Lemerre, 1872, in-12); on trouve dans
ce dernier écrit des renseignements très précis
sur un certain nombre d'écrivains qui se sont
fait une spécialité de la critique musicale. Au
mois de juillet 1873 , M. Heulhard a fondé la
Chronique musicale , revue dirigée par lui et
publiée dans des conditions littéraires et ar-
tistiques qui en faisaient un recueil jusqu'ici uni-
que dans le monde. Malheureusement, cette pu-
blication si utile et à laquelle présidait un goût
parfait a été interrompue après deux ans et demi
d'existence. M. Heulhard a rédigé pendant en-
viron une année la partie musicale du journal
rÉvénement.
*HEUSCHKEL(JEAN-PiERRE),hautboisteet
organiste, est mort à Biberichen 1853. Il était en
dernier lieu organiste de la cour et professeur
de musique à Wiesbaden.
HEVVITT (JoH.vH ), compositeur amé-
ricain, né en 1801 à New-York, est fixé depuis
(l) M. Ileiigfl, qui, depuis plus liente-cinq ans, est à
]a tête du journal le Ménestrel, publia en 1840 un petit
recueil inensuel, le Bulletin musical, qui parut pendant
une année. On a réuni les douze numéros de ce recueil
avec une couverture et un litre spéciiux qui portaient
ce titre : Lettres à Emilie si(r la musique, par J. Léo-
pold Heugel iParis, Meissonnier et Heugel, 18iO, in 8°).
1845 à Baltimore. Il s'est fait connaître par un
assez grand nombre de productions importantes,
entre autres plusieurs opéras et quelques orato-
rios, parmi lesquels on cite surtout celui de
Jephté, On doit aussi à cet artiste des ballades
et de nombreuses mélodies vocales.
HEYE (Le docteur Jean-Pierre). — Voyez
IIEIJE.
HEYLLI (Georges d'), écrivain qui s'est
surlout occupé des choses du théâtre, a publié
sous ce titre : Opéra (Paris, Tresse, 1875, 3 vol.
in-18), un livre qui semble accuser la prétention
d'être une histoire de notre première scène
lyrique, mais qui n'en est qu'une chronique
sèche, banale et sans intérêt. Cet écrit n'apprend
rien à ceux qui sont au courant de l'histoire de
l'art musical, et il n'offre aucun attrait au lec-
teur ignorant qui cherche à s'instruire. Ce qui
est plus fâcheux encore, c'est qu'il pèche en
plus d'un endroit au point de vue de l'exacti-
tude.
IIEYSE (Paul), musicien allemand, est l'au-
teur d'une opérette en un acte, Adam et Eve,
qui a été représentée à Munich au mois de
mai 1870.
llIGiXARD (Je.\n-Louis-Aristide), compo-
siteur, est né à Nantes le 20 mai 1822. Venu à
Paris pour y terminer son éducation musicale,
il fut reçu en 1845 au Conservatoire, dans la
classe de composition d'Halevy, et remporta
au concours de l'Institut, en 1830, le deuxième
second grand prix.
Dès l'année suivante (18 janvier 1851), M.
Hignard faisait ses débuts de compositeur en
donnant, sur le théâtre de sa ville natale, un
petit opéra-comique en un acte intitulé le Vi-
sionnaire, et il faisait représenter ensuite, à
Paris, les ouvrages suivants : le Colin-Mail-
lard (un acte. Théâtre- Lyrique, 1853); les
Compagnons de la Marjolaine (ni., id., 1855);
M. de Chimpanzé (un acte, Bouffes-Parisiens,
1858); le Nouveau Pourceaugnac (id., id.,
1860); V Auberge des Ardennes (2 actes, Théâ-
tre-Lyrique, 1860) ; les Musiciens de Vorchestre
(2 actes. Bouffes- Parisiens, ISCl), en société
avec MM. Léo Delibes et Erlanger. Depuis quinze
ans, M. Hignard n'a pu de nouveau aborder la
scène; il a écrit un grand opéra en cinq actes,
Handef, qui n'a pu être représenté, mais qu'il
a fait entendre par fragments et en diverses oc-
casions d'une façon intime, et dont la partition
pour chant et piano a été gravée chez l'éditeur
Heii. Ilamlet est une oeuvre remarquable à
beaucoup d'égards, et qui prouve que son auteur
est doué de grandes qualités dramatiques (1).
(1) La partition d'Hamlet est qualiQée par son auteur
HIGNARD — HILLEMACHER
473
M. Hignard a encore en portefeuille deux opéras-
comiques en un acte : les Milles de Fleurette,
et la Mille et deuxième nuit.
En dehors du théâlre, M. Hignard a beaucoup
écrit. Ses compositions vocales sont très-nom-
breuses, el l'on y distingue, entre autres, deu\
recueils intitulés : Rimes et Mélodies (Paris,
Heu) ; plusieurs chœurs avec accompagnement
d'orchestre ; 6 chœurs pour voix de femmes,
avec accompagnement de piano à quatre mains
(Heu); 12 chœurs pour voix d'hommes, sans
accompagnement (Crus); des duos, etc., et
enfin deux opérettes de salon : le Joueur d''or-
gue, et A la porte. M. Hignard a publié aussi,
pour piano à quatre mains, des Valses concer-
tantes (Du I and et C'«}, et des Valses roman-
tiques (Hartmann). En 1871, l'Académie des
Beaux-Arts lui a décerné le prix Trémont.
HILAIRE (Mademoiselle), musicienne du
dix-septième siècle, était la belle-sœur de Michel
Lambert, le beau-père de Lully, et se fit, comme
lui, une grande réputation par le goût el la dis-
tinction qu'elle appoitait dans sa manière de
chanter. Son talent se fit jour dans les ballets
et les divertissements qu'on représentait à la
cour et chez les grands seigneurs, et dans les-
quels elle brillait comme chanteuse de récits, à
côté de M"'^' Christophe, La Barre, Raymond,
Bergeroti, les sœurs Sercamanan, etc. La Fon-
taine prisait beaucoup le talent de M"* Hilaire,
et c'est lui, qui, dans son épître à De Nyert,
blâmant le prétendu fracas de l'Opéra (que di-
de « tragédie lyrique », et porte en tête une préface on
l'on lit ces lignes : — « Ilamlet est un drame psycholo-
gique qui parait rebelle à la forme musicale, à moins de
l'adapter an moule b;inal (?) des autres opéras et d'en
sacrifier les parties les plus humaines et les plus belles.
Nous ne l'avons p;is voulu. Entraîné irrésistiblement à
mettre en musique cette éiranfre et terrible tragédie,
nous venons après de longues années de méditation et de
travail, soumettre aux raies pcrscnnes que les questions
d'art intéressent encore, une œuvre lyrique qui respecti-
la pièce original' dans son majestueux ensemble, dans sps
détails et même dans ses bizarreries Sans rompre
la trame musicale, mais avnns intercalé dans le chant
une déclamiition sonleniie par des mouvements d'orches-
tre, réalisant ;jiiisi ce qu Shakspeare semble demander
lorsqu'il écrit : Let music snvnU uhile he dotfi make his
choice [Merchant of f'enicc, acte llli. C'était là peut-
être le rôle spec al de la musique dans le théâtre anti-
que.... Si périll use que suil toute innovation dans le
domaine de notre art, nous avons le ferme espoir que
celle-ci sera acceptée, et que les lecteurs qui voudront
bien nous suivre dans ee chemin non frayé jusqu'ici ne
regretteront pas leur bienveillance à noire égard. » Cet
ouvrage de M. Hisinard a donné lieu à la publication
suivante : Hamlet, tragédie lyrique en 5 actes et 9
tableaux, paroles traduites de Shokspeare par Pierre '
de Garai, musique de Aristide Hignard. Analyse de la
partition, par Edouard Garnicr (Nantes, impr. Mangin,
1868, in-8o de 8S pp.\
rait-il aujourd'hui ?) et regrettant le bon temps
des concerts de la cour, s'écriait :
Ce n'est plus la saison de Raymond ni d'Hilaire ;
Il faut vingt clavecins, cent violons pour plaire»
M'"' Hilaire demeurait chez son beau-frère
Lambert, de qui elle eut sans doute des leçons
et des conseils, et c'est elle qui, après la perte
de sa sœur, morte à la fleur de l'âge, prit soin
de sa nièce, à peine âgée de trois ou quatre ans.
Les renseignements précis manquent sur cette
artiste, qui paraît avoir été vraiment distinguée.
* HILL (William), l'acteur d'orgues très-
renommé, est mort à Londres au mois de jan-
vier 1871. Mendelssohn professait une profonde
admiration pour le talent de Hill, et répétait
souvent que l'orgue construit par cet habile
facteur pour l'église St-Pierre, de Londres, était
le plus bel instrument du monde. William Hilt
portait le titre de facteur de S. M. la Reine d'An-
gleterre.
HILL (Carl), né à Schwerin, l'un des chan-
teurs allemands les plus renommés de l'époque
actuelle, n'est pas moins réputé pour son très-
grand talent dramatique que pour le style
extrêmement remarquable qu'il apporte dans
l'exécution des oratorios et pour le gotîit très-
pur qui le distingue dans celle des lieder, de
telle sorte qu'il n'est pas moins recherché au
concert qu'au théâtre et que son succès est com-
plet dans tous les genres. Au Gewandhaus de
Leipzig comme au Giirzenich de Cologne, M.
Ilill s'est acquis la réputation de premier chan-
teur de lieder de toute l'Allemagne; d'autre
part, cet artiste, dont la voix de basse est
superbe et pleine de puissance, s'est distingué
d'une façon toute particulière dans l'interpréta-
tion des ouvrages de M. Richard Wagner, qui a
conçu pour lui une très-grande estime artistique.
Il en est résulté que ce maître s'est adressé à
lui lors de la grande manifestation musicale de
Beireulh en 1876, et a confié à M. Hill l'un des
rôles les plus importants de sa grande tétralogie
des Nibelungen.
HILLEMACHER (Pall - Joseph -Wil-
helm), pianiste et compositeur, est né à Paris
le 25 novembre 1852. Admis au Conservatoire,
dans la classe de M. Bazin, il remporta en 1870
un second prix d'harmonie et accompagnement,
et en 1872, un premier accessit de fugue. L'an-
née suivante, après avoir obtenu un second prix
de fugue, il prit part au concours de l'Institut
et se vit décerner le second prix de composition
musicale. Les deux concours suivants ne lui
furent pas favorables, mais enfin, en 1876, il
remporta le premier grand prix de Rome pour
474
HILLEMACHER — HILLER
]a cantate intitulée Judith, dont les paroles
avaient été écrites par M. Paul Alexandre
(pseudonyme de M. Paul Delair). La partition
pour piano et chant de la cantate de M. Hil-
lemacher a été publiée chez l'éditeur M. Le-
moine. M. Hiliemacher a fait exécuter aux Con-
certs modernes, en 1876, un morceau sympho-
nique.
* HILLER (Ferdinand). Aux ouvrages
dramatiques de ce compositeur, il faut ajouter
les deux suivants : 1° Les Catacombes, opéra
représenté avec succès à Wiesbaden, au mois
de février 1862, et reproduit ensuite dans plu-
sieurs villes de l'Allemagne ; 2° Le Déserteur,
opéra en trois actes, donné à Cologne le 17
février 1865. En dehors dr. théâtre, cet artiste
fort remarquable a fait connaître, en ces der-
nières années, les compositions suivantes : le
Printemps, symphonie; Symphonie (1877);
Nala et Damatjanli, oratorio; Promct/iée,
grande composition chorale; Opéra sans paroles,
pour piano à quatre mains; la Pentecôte, can-
tate pour chœur et orchestre ; le Psaume 93 ;
Ouverture pour Demetrius, drame de Sciiiller;
Fantaisie de concert, pour violon et orchestre ;
Fantaisie dramatique pour orchestre, en 5 par-
ties (1. Tragédie; 2. Comédie; 3. Drame mo-
derne; ^ Ballet; 5. Finale); Rêve pendant la
nuit de Noël, ouverture pour orchestre ; deux
Chœurs de femmes; Quintette pour piano et ins-
truments à cordes; Suite pour piano; Scènes de
la vie du soldat, pour piano (les Recrues, En
faction, le Billet de loijement, la Patrouille,
Entendement). En 1871, M. Ferdinand Hitler a
passé toute une saison à Londres, où il s'est
produit tout à la fois comme compositeur, comme
chef d'orchestre et comme virtuose, et oii il a
donné toute une série de séances de musique
de chambre. A cette époque, il avait été chargé
d'écrire, pour l'ouverture de l'Exposition inler-
nationale de Londres (t'"' mai 1871), une com-
position importante, dont j'ignore la nature et
le sujet. Il représentait l'Allemagne à ce point
de vue, tandis que MM. Gounod, Pinsuti et Sul-
livan avaient été chargés dune tâche analogue
pour la France, l'Italie et l'Angleterre. C'est à
cette occasion que M. Gounod écrivit sa cantate
intitulée Gallia.
M. Ferdinand Hiller, qui est un artiste d'une
valeur exceptionnelle et d'une rare instruction,
s'est occupé aussi de littérature musicale; il a
publié en 1876 un livre intitulé : Choses musi-
cales et personnelles {MusikaUsches und Per-
sœnliches). Ami de Moritz Hauptmann {Voy. ce
nom), il livrait au public, dans le cours de
la même année, un recueil de la correspondance
de cet artiste : Les lettres de Moritz Hauptmann
à Spohr et à d'autres coynpositeurs. Il a pu-
blié encore un livre charmant sur Mendelssohn :
Félix Mendelssohn- Bartholdy, Lettres et sou-
vemrs,eten 1877 iladonnéunintéressantvolume
intitulé Briefe an eine Ungenannte (Lettres
à une innommée). M. Hiller a collaboré aussi,
en ce qui concerne la musique, à divers recueils
et journaux allemands. Ami de la France, pour
laquelle il n'a jamais cessé de montrer ses
sympathies, il n'a même pas hésité à la défen-
dre, au point de vue artistique, quelques années
après la guerre franco-allemande, devant ses
compatriotes, toujours prêts à la dénigrer, et
voici ce qu'il écrivait, au mois de février ou de
mars 1876, dans la Deutsche Rundschau :
« On ne cesse d'accuser Paris d'être le berceau
des choses les plus vides et de suivre tous les
caprices de la mode. Et pourtant c'est dans ce
Paris frivole qu'on jouait en toute perfection
les symphonies de Beethoven, alors qu'en Alle-
magne on les connaissait à peine d'une façon
superficielle. On y exécute les ouvrages de Men-
delssohn comme nulle part ailleurs. Haydn y
était l'objet de la plus grande et de la plus
active admiration dans un temps où l'Allemagne
ne voyait encore dans les symphonies du maître
que de la musique d'enir'actes. La plus noble
école de violon après l'école italienne, c'est
l'école française, et jusqu'ici l'Allemagne n'a
pas un établissement digne d'être comparé au
Conservatoire de Paris. Si Joachim, Mendelssohn
et bon nombre d'autres Allemands de haute
valeur ont subi l'attraction de l'Angleterre, c'est
surtout parce que l'.Vngleterre les appelait à
elle. Les Anglais aiment plus la musique, mais
ils ont moins de talent que les Français; il leur
faut des étrangers pour satisfaire leur passion,
les Français se suftisent à eux-mêmes. D'ail-
leurs, depuis Lulli jusqu'à Meyerbcer, n'ont-iis
pas donné l'hospitalité la plus brillante et la
plus stimulante à des hommes comme Gluck,
Cberubini, Spontini et Rossini? Quels que
soient les dissentiments présents ou à venir
entre Allemands et Français, aucun Allemand
de quelque intelligence ne devrait à ce point
mépriser les Français, auxquels en définitive,
de cent côtés différents, l'Allemagne a les plus
grandes obligations, auxquels il lui faut encore
aujourd'hui emprunter tant d'œuvres d'art et
de littérature. »
Si M. Hiller aime et défend l'art français, il
n'est, en revanche, que médiocrement partisan
■ de la personne et des œuvres de M. Richard
Wagner. Lorsqu'en 1872 l'auteur de Lohengrin
manifesta l'intention d'aller diriger en personne,
HILLER — HOCMELLE
473
à Cologne, l'exécution rie cet ouvrage, la Ga-
zette de Cologne s'écria aussitôt : « Nous admi-
rons le courage de Wagner, de s'aventurer dans
le camp de ses ennemis les plus prononcés. »
M. Hiller, se sentant désigné, releva aussitôt le
trait et répondit : — « Rien n'est moins héroïque
de la part de Wagner, car depuis nombre d'an-
nées on joue avec succès, à Cologne, le Tann-
havser et Lohengrin, et Wagner peut être^
assuré de remporter un triomphe complet en
venant, en personne, diriger son opéra. Comme
on me fait l'honneur de me considérer comme
l'adversaire de Wagner, et que l'on semble m'en
blâmer, je dois rappeler, fout en déclarant que
la majeure partie de ce que Wagner écrit,
compose et entreprend m'est antipathique, que
j'ai fait entendre dans mes concerts, d'une ma-
nière irréprochable, les œuvres de concert de
ce compositeur, notamment les ouvertures de
Faust et des Maures chanteurs et sa Marche
impériale. »
HILTZ (Paul), luthier allemand, était établi
à Nuremberg dans le courant du dix-septième
siècle. Le musée instrumental de cette ville
possède une viola da gamba signée de cet ar-
tiste, et datée de 1656. .
HINGSTON (John), musicien anglais, vi-
vait à l'époque du Protectorat de Cromwell.
L'excellent historien musical anglais, M. Ed-
ward Rimbault, en a dit quelques mots dans la
préface placée par lui, en tête de son édi-
tion des Fantasies in 3 parts de Gibbons :
« John Kingston était un ami particulier du
Protecteur et le professeur de ses filles. Il avait
deux fils, et tous trois chantèrent souvent devant
Cromwell, à Whitehal, les chants latins de Ri-
chard Deering, qui était la musique favorite du
Protecteur. Celui-ci venait assidûment aux con-
certs d'amateurs que Hingston donnait chez lui,
dans sa maison du Parc Saint-James. Roger
l'Estrange, célèbre écrivain royaliste, faisait or-
dinairement une partie dans ces concerts. »
Hingston s'est signalé comme compositeur, no-
tamment en écrivant des fantasies ou fondes,
genre de pièces instrumentales qui tenaient des
ricercari italiens, et que le fameux violiste
Christophe Simson caractérisait ainsi dans son
excellent petit livre intitulé A compendium of
practical Mustek (1665) : « Le genre le plus
honorable dans la musique d'instruments et le
plus profitable à l'art est la Fantaisie à six,
cinq, quatre et trois parties, destinées commu-
nément aux violes. Dans cette sorte de musique,
le compositeur, n'étant pas limité par les paroles,
emploie tout ce qu'il a d'art et d'invention à
conduire et traiter des fugues suivant la mé-
thode classique... On peut voir beaucoup de
compositions de cette sorte écrites autrefois
en Angleterre par Alfonso Ferabosco, Cope-
rario, Lupo, AVliite, Ward, Mico, le docteur
Colmann et bien d'autres plus récents. Il a été
aussi écrit des Fantaisies par MM. Jennins et
Lock, et d'autres éminents auteurs contempo-
rains. Ce genre de musique, et c'est grand dom-
mage, est aujourd'hui fort négligé, à cause de
la rareté des auditeurs capables de le compren-
dre. » Dans son énumération des auteurs de
fantasies ou fancies, Simson omet un assez
grand nombre de compositeurs qui se sont oc-
cupés de ce genre de musique, entre autres des
artistes célèbres comme William Lawes et Chris-
tophe Gibbons, et d'autres simplement distin-
gués comme John Hingston et Valentin OIdys.
HINSCH (Ernest), organiste fort habile,
naquit à Dantzick au commencement du dix-
septième siècle, et fut un des bons élèves du
célèbre Frohberger. Lorsque Gaspard Foerster,
de Dantzick, fut appelé à prendre la direction
de la chapelle de Frédéric III, roi de Dane-
marck, il jeta les yeux sur son comj atriote
Hinsch, et le fit agréer lui-même comme orga-
niste de cette chapelle.
HITZ (Frantz), pianiste et compositeur
suisse, est né à Aarau (canton d'Argué) le 17
juillet 1828, et a fait son éducation musicale au
Conservatoire de Paris, où il a été élève de
Zimmermann et de Laurent pour le piano, et de
M. Henri Reber pour l'harmonie. M. Franz
Hitz a publié près de deux-cents petits mor-
ceaux de moyenne force pour le piano, fantaisies,
variations, bagatelles, transcriptions, etc., dont
quelques-uns ont obtenu un énorme succès de
vente et ont été tirés à des milliers d'exem-
plaires. Cet artiste a écrit aussi une messe avec
accompagnement d'orgue, il a fait représenter
sur l'un des théâtres du Havre, en 1870, un
opéra-comique en un acte, le Rouet de Made-
line, et il a donné à Paris (Fantaisies-Oller,
mai 1877), une opérette intitulée Zes Déesses du
battoir. Enfin, M. Frantz Hitz a publié un petit
manuel ainsi intitulé : Questionnaire musical,
notions élémentaires (Paris, Avocat, in-S").
IIOCHBEUG (Le comte de). — Voyez
FRANZ.
* HOCMELLE (Pierre-Edmond). Cet ar-
tiste, qui, à la suite de ses études, s'est con-
sacré à l'enseignement, a publié un certain
nombre de compositions de divers genres, beau-
coup de romances, et a écrit la musique de
quelques opérettes représentées dans des con-
certs : Un service d'ami (1864), le Vieux
Maestro (1872), etc. Sous le pseudonyme à'Ed-
476
HOCMELLE — HOFMANN
mond de B'issy, il fail des articles de critique
musicale insignifiants dans un journal de mo-
des.
* HODGES (Edouard), docteur en musique,
était né à Bristol en 1796. Après avoir passé de
longues années en Amérique, il revint dans sa
patrie pour y mourir en 1867. On doit à cet ar-
tiste honorable nn certain nombre de composi-
tions estimées deiriusique d'église.
HCffiRTER (Philippe), composileur fran-
çais, est l'auteur d'un grand nombre d œuvres
importantes. Bien qu'il soit mort il y a peu d'an-
nées, sa personnalité n'a été révélée au public
que par le souvenir qui lui a été consacré dans
un de ses écrits par M. Ernest Reyer. Dans ses
Souvenirs d'' Allemagne (publiés dans le Moni-
teur xmiversel tn 1864-1865 et réunis depuis
dans le volume intitulé : Notes de musique),
M. Reyer s'exprime ainsi au sujet de cet ar-
tiste :
« Il y a quelques mois, j'assistais à Stras-
bourg à une toiicbante solennité, à un pieux
hommage rendu par ses compatriotes à la mé-
moire d'un enfant de l'Alsace qui vécut pauvre,
inconnu, et qui fut cependant un grand musi-
cien. On célébrait l'anniversaire de la naissance
de Hœrter et on inaugurait son buste sculpté
par le ciseau babilc de Friedrich, une autre
gloire de clocher, à qui l'on doit la statue d'Erwin
(l'architecte de la cathédrale de Strasbourg) à
Steinbach, le monument de Turenne à Saalbacli,
le Fossoyeur du cimetière de Bade, la statue
du grand-duc Léopold à Aciiern, celle de Franz
Deack, le Cbislophe Colomb de la pomme de
terre, à Offenbourg, et bien d'autres monuments
devant lesquels se sont arrêtés ceux qui ont
parcouru en touristes l'Alsace et la Forêt-Noire.
'< Qu'est-ce que Hœrter, et où sont ses œuvres ?
Son nom se révélait à moi pour la première fois
lorsque je fus concinit par un ami à une fête
artistique donnée par ['Union musicale, et voici
ce que j'appris en écoulant la chaude allocution
prononcée par le président de cette société :
Hœrter naquit à Strasbourg le 30 août 1795, et
il fut tour à tour tailleur, soldat et prisonnier
de guerre après la capitulation de Dantzig, bro-
canteur et contrebassiste. Les dix années qu'il
passa à l'orchestre de Strasbourg développèrent
ses aptitudes musicales, et, grâce à un travail
obstiné, il pénétra les secrets les plus difficiles
de la science dont il voulait se rendre maître.
Placé à la tète de deux importantes institutions,
le gymnase et le séminaire, il dirigea aussi la
Société chorale, présida aux travaux de Y Aca-
démie de chant, et donna l'impulsion à toutes
les manifestations artistiques de sa ville natale.
« Voilà donc, «ajouta M. Prost, le spirituel bio-
« graphe de Hœrter, « voilà le modeste tra-
« fiquant de la rue des Tanneurs, sans maître,
«■ sans conseil, sans autre guiie que lui-même,
« devenu le maître, le conseil, le guide de tous
« ceux qui demandaient à s'initier aux secrets
<c de son art. » Hœrter écrivit plus de cent
compositions, tant dans le genre sacré que dans
te genre profane : des oratorios, des psaumes,
des chœurs et des cantates dont la plus remar-
quable est celle qui est dédiée à Gulemberg.
Mais, par une bizarrerie inexplicable chez un
musicien, il avait entassé dans une des salles
au-dessus du cloître dépendant du gymnase
une nombreuse collection de partitions qui,
selon son désir, ne devraient être produites
qu'après sa mort. Le 29 juin 1860, lors de l'in-
cendie du gymnase, tout devint la proie des
tlammes. Voilà où sont les œuvres de Hœrter,
à l'exception de quelques-unes qui nous sont
restées pour témoigner de la science, de l'inspi-
ration, et, je dirai même, du génie du compo-
siteur. Parmi celles-ci, V Alléluia, que j'ai en-
tendu exécuter par V Union musicale et par
un orchestre presque exclusivement composé
d'amateurs, est une composition que ne dédai-
gneraient pas de signer nos plus grands maîtres. —
L'incendie qui engloutissait en quelques heures
le travail de trente années fut pour Hœrter un
coup terrible. » Spectateur de cet affreux si-
« nistre, nous dit M. Prost en Unissant sa no-
ie tice biographique, le vieillard versa de chaudes
« larmes, et la perte irréparable qu'il subissait,
« an moment de toucher au terme de sa car-
« rière, lui courba la tête et le plongea dans
« un abattement dont il ne put se relever. Il
«. mourut le 6 novembre 1863. »
Voilà les seuls renseignements qui nous res-
tent sur cet artiste distingué.
HOERTIIER. - Voijez GUi\ THER (Le
docteur.)
* IlOFFMANX (Erinest-Théodore-Wil-
helm), compositeur, caricaturiste et écrivain
célèbre. M. Champlleury a publié sous ce titre :
Contes posthumes d'Hoffmann (Pari*, Michel
Lévy, 1856, in-12), un volume dans lequel, avec
la traduction de quelques écrits d'Hoffmann en-
core inconnus en France, il a donné des rensei-
gnements intéressants sur cet artiste. On trouve
dans ce volume la notice écrite sur Hoffmann par
Rochlitz, les notes intéressantes du libraireFunck,
quelques notes d'Hoffmann lui-même, son testa-
ment, quelques lettres de lui relatives à la musi-
que, enfin un article de Weber et un de Marx
sur Hoffmann considéré comme musicien.
liOFMANN (Hei:<uich), compositeur aile-
HOFMANN
477
mand, né le 13 janvier 1842 à Berlin, où il n'a
pas cessé de séjourner, a déjà su conquérir un
rang assez important parmi le'* musiciens dans
un temps relativement court. Son enfance et sa
jeunesse furent celles de beaucoup d'artistes
devenus plus tard célèbres, et elles s'écoulèrent
dans une situation .très difficile. Sa vocalion
musicale s'annonça dès l'âge de neuf ans : il avait
alors une jolie voix et entra dans le Dom chor
royal, où il acquit bientôt le rang de soliste. Les
impressions qu'il ressentit en exécutant journel-
lement la grande musique d'église classique lais-
sèrent une empreinte profonde dans son esprit et
formèrent le fond même de son talent bien que
d'autres courants de sa vie et une sensibilité
naturelle simple et naïve l'aient modifié par la
suite dans un sens plus original. A quinze ans il
fréquenta la nouvelle académie musicale de Théo-
dore Kuilak et apprit le piano sous ce professeur
tout en étudiant la composition avec Debn et
Wùeisl. Il joua plusieurs années en public et
acquit un grand renom comme virtuose , mais
son goûts le poussaient surtout à produire et il
ne tarda pas à abandonner le piano , pour se
donner tout entier à la composition : cette dé-
termination lui fut de tout point favorable, même
au point de vue purement matériel. Après avoir
fait jouer avec quelque succès dès 1869^ sur
différeides scènes, son opéra-comique de Car-
touche , tombé depuis dans l'oubli, il écrivit
en janvier 1873 sa suite hongroise pour or-
chestre, qui devait répandre son norn dans un
public très-nombreux et le mettre d'emblée hors
de pair. Il produisit ensuite presquecoup sur coup
sa Chanson du Champagne pour chœur d'hom-
mes et orchestre, un trio pour piano, violon et
violoncelle , le Chant des Nomes pour voix de
femmes avec orchestre, un sextuor pour instru-
ments à cordes, plusieurs compositions origina-
les pour piano à quatre mains, trois recueils de
lleder, une ouverture de théâtre, bien antérieure
au numéro d'œuvre qu'elle porte , puis enfin la
grande symphonie de Friliof, exécutée d'abord
avec un succès exceptionnel à Berlin sous la
direction de Bilse, qui se répandit rapidement
dans diverses villes d'Allemagne , et fut jouée
près de vingt fois dans la seule saison 1874-75.
En l'année 1875, il obtint encore avec sa légende
de la Belle Mélusine un succès tel qu'on ne
peut le comparer qu'à celui remporté par Gade
avec la Fille du roi des Aulnes. Tout ré-
cemment, enfin, il a écrit un grand opéra hé-
roïque en quatre actes, Arminius : le poëme de
Félix Dahn, très-diftérent des livrets d'opéras
courants et conçu sous rinfluence évidente de la
poétique de Wagner, a seul été publié, mais la
représentation de l'ouvrage est attendue à Dresde
et à Munich.
Lasympiionie de Fritiof, une des compositions
les plus saillantes de M. Hofmann, est vérita-
blement une œuvre de valeur, aussi remarquable
par la chaleur et la puissance de l'inspiration que
par la facture haimonique et la richesse de ses
développements symplioniques. Pour écrire cette
symphonie, M. Hofmann a procédé de la même
façon que M. Max Bruch pour composer son
beau poëme orchestral et vocal sur le même sujet,
c'est-à-dire qu'il a simplement pris, afin de s'en
inspirer, quelques scènes capitales dans cette
légende Scandinave dont l'antique tradition, re-
montant au vn<= ou vin" siècle, a fourni à un
poète contemporain , le professeur et évêque
Esaias Tegner, la matière de la Légende ou Saga
de FritioJ. L'influence principale qui domine
dans toute cette œuvre est l'inlluencede Wagner
dont on retrouve des traces distinctes dans les
deux premiers morceaux -.Fritiof et Ingeborde,
puis la Plainte d' Ingeborde , et surtout dans
le dernier. Retour de Fritiof, une marche écla-
tante et grandiose comme il est dans le tempé-
rament de Wagner d'en écrire. Dans la troisième
partie. Nymphes et Géants déglace, dont le
contraste entre ces deux puissances des régions
boréales est marqué par la lutte obstinée, puis
par la réunion de deux motifs caraclérisques ,
celui-ci gracieux, léger et bondissant, celui-là
d'une allure large et pesante, on pourrait, à étu-
dier de près, reconnaître l'influence combinée de
Mendeissohn et de Brahms ; mais ces marques
évidentes de l'influence des maîtres qu'on re-
trouve dans les œuvres de M. Hofmann ne vont
point jusqu'à affaiblir sa personnalité propre qui
se dégage au contraire d'une façon très-nette.
Sa Suite hongroise pour orchestre , dédiée à
Johannes Brahms, qui eut à l'origine un succès
tel qu'on vit rarement production de jeune com-
positeur en obtenir d'emblée un pareil et qui
établit du coup sa réputation , est encore une
œuvre également remarquable par l'originalité
de l'idée mélodique et par la richesse des com-
binaisons instrumentales. L'auteur a dû seule-
ment réunir des airs recueillis dans le pays en
les faisant ressortir par de piquants contrastes ,
niais ce travail de mise en œuvre est combiné
avec une grande l'iabileté de main et une rare
entente des effets d'orchestre. La musique or-
chestrale a bien toutes les préférences du jeune
compositeur et son talent s'y développe à l'aise;
mais ses nombreuses pièces pour piano méritent
aussi de fixer l'attention , car elles sont écrites
avec une connaissance sûre de la technique de
cet instrument, et si elles sont parfois assez dif-
478
HOFMANN — HOGARTH
ficiles, comme est généralement la musique pour
piano des compositeurs habiles à manier l'or-
chestre^ elles sont d'autant plus intéressantes à
jouer et à étudier. Ses Danses hongroises à quatre
mains, composées, comme la Suite pour orches-
tre, d'après des mélodies nationales du pays, et
les sept morceaux intitulés Landler (Chants du
imys) sont des plus jolies dans le nombre et se
font remarquer par une saveur étrange et une
grâce poétique des plus séduisantes. La seule
nomenclature des nombreux ouvrages composés
jusqu'à ce jour par M. HoHnann montre qu'il
possède une grande facilité de production, et l'é-
tude de ses œuvres principales prouve qu'il a
d'autres qualités que cette fertilité d'imagination
et qu'il est véritablement doué pour la musique-,
mais, sans vouloir juger déjà d'ensemble le talent
très-réel d'un compositeur qui ne fait que d'en-
trer dans sa maturité et qui pourra fournir
encore une longue série d'œuvres sérieuses, je
dois dire que M. Hofmann me parait produire
trop vite, trop facilement, et que ses dernières
œuvres dont j'ai pu prendre connaissance, Prin-
temps d'amour ou Chants et danses deJS'oruè-
ge, m'ont paru sensiblement inférieures aux pré-
cédentes. Le premier de ces recueils débute bien
par une page d'une poésie délicieuse, mais toute
la suite reproduit simplement des idées ou des
effets d'harmonie qui avaient déjà trouvé place
dans d'autres compositions , et cette répétition
ne fait que les affaiblir.
Voici la liste très-complète des compositions
de M. Hofmann : Deux nocturnes pour piano, op.
1 ; — Deux valses-caprices pour piano, op. 2 ;
— Trois tableaux de genre, à quatre mains, op.
3 ; — Quatre lieder à deux voix, avec piano.^op.
4 ; — Caprice , pour piano, op. 5 ; — Grande
polonaise pour piano , op. 6 ; — Cartouche,
opéra-comique en un acte, op. 7 ; — Trois lieder,
pour chœur général, op. 8; — Cinq morceaux
caractéristiques, pour piano, op. 9 ; — Petite
fugue, menuet et marche de fête, à quatre mains,
op. 10; — Feuilles d'Album, pour piano, op. 11 ;
— En rêve, morceau de caractère pour piano, à
quatre raainSjOp. 12; — Valses et marche cosaque,
pour piano à quatre mains, op. 13; — Valses de
saZon, pour piano, op. 14; — Trois morceaux deca-
ractère, (Repos à l'ombre d'une ruine Ballade,Dans
l'éclat du soleil), pour orchestre, op. 15 ; — Suite
hongroise pour orchestre (Marche du couronne-
ment. Romance, Au bord du lac Puszta), op. 16;
— Chant du Champagne, pour chœur d'hom-
mes et orchestre, op.. 17 ; — Trio en lu majeur,
pour piano, violon et violoncelle, op. 18 ; —
— Nouvelles d'amour italiennes, six pièces à
quatre mains, op. 19 ; — Quatuors pour voix
d'hommes, op. 20 ; — Chant des Nomes, pour
chœur de femmes, solos et orchestre, op. 21;
- Symphonie de Friiiof {ïniiotei Ingeborde,
Plainte d'Ingeborde, Nymphes et géants de glace,
Retour de Friliof), op 22 ; — Landler sept piè-
ces à quatre main«, op. 23 ; — Cinq Cha)Us
d'amour, recueil de lieder (op. 24), composés
soit sur des poèmes du xii'' siècle, soit sur ime
adaptation en langage moderne : Sans doute ,
Peines perdues, du Sachsendorf, Viens avec
moi, d'un poète inconnu ; Tristan etiseult, de
Henri de Weldecke, et Sous les tilleuls, de Wal-
ther von der Wogelweide; — Sextuor pour deux
violons, deux altos et deux violoncelles (op. 25),
exécuté avec succès à Dresde, BerUn, Breslau,
etc.; — 3^ recueil de cinq lieder sur des poèmes
de Risch , Heine, Uhland, Hœfer et Muller, op.
26 ; — 2^ recueil de sept lieder sur des poésies
de Eichendorff, Heine, Uhland, Geibel et Oster-
Avald, op. 27; — Ouverture de théâtre pour or-
chestre, op. 28 ; — Printemps d'amour, cinq
pièces à quatre mains d'après des poésies de
Riickert, op. 29 ; — La Belle Mélusine, poème
de W. Oslervvald, trad. en anglais par G. Boyle,
pour chtt^ur, solos et orchestre, op. 30 ; — Con-
certo pour violoncelle avec orchestre, op. 3( ; —
Peine et plaisir d'amour, quatre lieder pour
une voix avec piano, op. 32 ; — Figures de
femmes , d'après les drames de Shakespeare,
quatre chants de W. Ostervald : Miranda,
Ophélia, Julia, Desdemona, op. 33; — Réminis-
cences{i'' cahier), cinq pièces pour piano, op. 34 ;
— Trois morceaux de caractère, à quatre mains,
op. 35; — Cinq Zierfer pour une voix avec piano,
op. 36; — Réminiscences (2* cahier), pièces pour
piano, op. 37 ; — Sans numéro d'ouvré : Danses
hongroises, 2 cahiers pour quatre mains ; Sil-
houettes hongroises, un cahier pour quatre
ina.\ns ;' Danses et chants de Norwège, 2 cahiers
à quatre mains; Tableaux du Nord, pour or-
chestre (1). Ad. J— n.
* HOFMEISTER (Adolphe), éditeur de
musique et écrivain musical, est mort à Leipzig
le 26 mars 1870.
* HOGARTH (Georges), écrivain musical
anglais, est mort a Londres le 12 février 1870, à
l'âge d'environ 84 ans. Il n'était donc pas né en
1808, comme il a été dit par erreur, mais en
178G. Rédacteur musical du journal le Daily
News, collaborateur du Morning Chronicle, de
ï'Illustrated London News, Hogarlh, dont les
débuts littéraires dataient, dit-on, de 1830, était
(I) Depuis que cette notice est écrite, M. Hofmann a
fait réprésenter à Dresde, le 14 octobre 1877, un opéra
intitulé Armin-
HOGARTH — HOLLAND
479
considéré comme le fondateur et le Nestor de la
critique musicale en Ansleterre. Il avait épousé
la fille de Georges Tliompson, à la demande du
quel Beethoven avait arrangé les airs populaires
écossais {Schotfische L'ieder), et lui-même était
beau-père du célèljre romancier Charles Dickens.
Il exerçait à la Philharmonie Society, presque
depuis la naissance de celle-ci, les fonctions de
secrétaire, et lorsqu'en 1862, cette société célébra
par un concert extraordinare son jubilé cinquan-
tenaire , Hogartb publia un historique de ses
travaux que l'on dit bien fait et fort intéressant.
HOIIIMSTOCK (Charles), artiste distin-
gué, à la fois violoniste, pianiste et compositeur,
est né en 1828 à Brunswick. Après avoir fait
d'excellentes études et terminé son éducation
musicale, il entreprit vers 1846 un grand voyage
artistique, puis partit en 1848 pour l'Amérique,
s'établit à Philadelphie comme professeur, et y
resta jusqu'en 1860. A cette époque il revint
en Europe, et il est aujourd'hui'fixéà Brunswick,
sa ville natale. Comme compositeur, M. Hohns-
tock s'est fait connaître par un assez grand nom-
bre de productions importantes, consistant en
symphonies, ouvertures, concertos et sonates
pour le piano et pour le violon , morceaux de
chant, etc. — Une sœur de cet artiste, M"*" Adèle
Hohnstock , pianiste remarquable, a obtenu) de
très-réels succès de virtuose, et s'est fait en-
tendre à Paris en 1848.
HOL (Richard), pianiste et compositeur néer-
landais, né à Amsterdam en 1825 , est une des
figures musicales les plus intéressantes qu'offrent
en ce moment les Pays-Bas et certainement l'un
des meilleurs compositeurs qui se trouvent en ce
pays. Le mérite de cet artiste est d'ailleurs d'au-
tant plus grand que c'est à lui-même qu'il doit
la plus grande partie de ce qu'il sait, et par lui-
même qu'il est arrivé à la belle position qu'il
occupe aujourd'hui, nayant jamais travaillé dans
aucun Conservatoire ni étudié sous la direction
de professeurs étrangers.
Les premières leçons de musique que Hol a
reçues lui ont été données par un artiste nommé
Martens, organiste à Amsterdam ; plus tard, et
pendant plusieurs années^ il a travaillé avec
Bertelman, professeur d'harmonie et de contre-
point à Amsterdam. Très-jeune encore, il lui
fallait déjà pourvoir lui-même à ses moyens
d'existence en donnant des leçons de piano, car
son père voulait à toute force qu'il embrassât la
carrière théologique , afin de devenir ministre
prolestant. Mais le petit Richard ne voulait pas
entendre parler de ces projets ; il ne comprenait
et n'adorait que la musique, c'était chez lui une
véritable vocation, si bien que son père dut re-
noncer à ses idées et se vit obligé de céder à
ses vœux.
Après avoir énormément travaillé, étudié, après
avoir beaucoup lu, beaucoup écouté, et surtout
grandement profité, Hol grandissait d'année en
année dans sa petite patrie, commençait à y
faire parler de lui, et en 1857 fut nommé direc-
teur de musique de la Société pour l'encoura-
gement de l'art musical à Amsterdam, fonctions
dans lesquelles il fut plus tard remplacé par
Verhulst. 11 était directeur de la société chorale
AmsteVs mannenkoor,eten 1853 il fut nommé
directeur de musique de la ville à Utrecht et
organiste de la grande cathédrale (Domkerk) ,
situation qu'il occupe encore aujourd'hui.
Hol a énormément produit, et continue encore
à composer beaucoup. Il appartient à la nouvelle
école romantique allemande , et professe une
grande admiration pour la musique de Richard
Wagner, de Liszt , de Brahms , de Wolkmann
et de tous les réformateurs contemporains. Parmi
ses nombreuses compositions , nous citerons :
pour l'orchestre, deux .symphonies, un poème
symphonique intitulé Erkldrung, et six ouver-
tures; pour chœurs, sait et orchestre, le 23®
Psaume, le Roi aveugle, et le Hollandais vo-
lant ; pour chœurs d'hommes et orchestre, la
Délivrance de Leyde et Vondel; puis, deux
messes avec orgue, un quatuor pour instruments
à cordes, un trio pour piano, violon et violon-
celle, une sonate pour piano et violon, plu.sieurs
recueils de lieder sur des paroles hollandaises ,
et une quantité de petits ouvrages pour piano
seul.
Richard Hol est chevalier du Lion d'or de
Nassau, chevalier de la Couronne de chêne, et
membre de mérite de la Société pour l'encou-
ragement de l'art musical dans les Pays-Bas (1).
Ed, de h.
* HOLLAND (Jean-David). Cet artiste fut
maître de la chapelle du prince Radziwill , à
Nieswiez, et professeur de musique à l'Univer-
sité de Wilna. Il commença à se faire connaître
par la musique d'un opéra intitulé Agatka ou
V Arrivée du Seigneur, dont les paroles avaient
pour auteur le prince Mathieu Radziwill, et qui
fut écrit expressément pour le château de Nies-
(1) Depuis que celte notice est écrite, M. Richard Hol
a publié sous ce titre : le Jeune Chanteur (De Jevgdige
zajiger), un ouvrage intéressant. Li tliéorie exposée par
le maître dans ce manuel est présentée de la façon ;la
plus claire et la plus compréhensible, les exercices sont
écrits avec le plus grand soin, et tout ce qui pourrait
nuire au développement normal de l'organe, si fragile et
si délicat de l'enfant, est évité avec autant de prudence
que d'babileté. C'est là un excellent ouvrage.— A. P.
480
HOLLAND — HOLMES
wiez, où il fut représenté à l'occasion d'une visita
qu'y venait faire le roi de Pologne Auguste-
Stanislas Poniatowski. Cet ouvrage servit ensuite
à l'inauguration d'un amphithéâtre construit à
Léopol, dans les jardins du comte Jablonowski,
et fut fort bien accueilli.
Holland publia en 1806 \m traité académique
sur la véritable musique (Breslau, Grass et
Barth). On connaît de lui les compositions sui-
vantes : Deux Sérénades pour deux violons,
deux altos , clarinettes , deux cors , bassons et
violoncelfes; Air dans le genre d'une Polonaise,
pour deux violons, clarinette obligée, deux cors,
alto et violoncelle; Deux Airs pour violon prin-
cipal, deux clarinettes, deux cors, basson et vio-
loncelle ; Divertimento dans le genre de la valse,
pour deux violons, deux clarinettes, deux cors
«t violoncelle.
^ IlOLLANDER (Jean-Baptiste D'), com-
positeur, né à Gand en 1785 , mourut en cette
ville le 19 novembre 1839. Fondateur de la So-
ciété de Sainte- Cécile, chef de la Société d'har-
monie de Saint-Sauveur, membre de l'Académie
royale des Beaux-Arts, il s'est fait connaître par
plusieurs compositions importantes : Miserere
(1813); Hymne à la reconnaissance (1814);
Mesi>e et chant de Noél (1818); Messe exécutée
à la cathédrale Saint-Bavon (22 novembre 1821) ;
Messe écrite à l'ocrasion d'une fête artistique
^1830) ; plusieurs motets, parmi lesquels les deux
suivants: Cantate Uominum, et Quis sicut
Dominus; un Air varié pour harmonie, etc.
HOLMES (Alkred et Henri), violonistes
anglais, commencèrent à se produire en public il
y a seize ou dix-huit ans , et obtinrent de véri-
tables succès, non-seulement à cause de leur
talent très-réel, mais surtout par le fait de la
précision et de l'ensemble surprenants qui dis-
tinguaient leur jeu lorsqu'ils exécutaient ensem-
ble de grands duos. En 1860, les deux frères sont
€n Danemark et se font entendre à Copenhague ;
en 1861, ils se font applaudir à Amsterdam ; et
en 1864 ils viennent à Paris, où ils reçoivent un
excellent accueil. Bientôt, cependant, l'un d'eux,
Henri, quitte la France, tandis qu'Alfred se fixe
à Paris et y fonde, en 1866, une société de qua-
tuors. En 1867, ce dernier entreprend un grand
voyage artistique en Belgique, en Hollande, en
Allemagne et en Russie, et au mois d'avril de
l'année suivante, dans un concert donné par lui
à l'Opéra de Saint-Pétersbourg, il fait entendre
une œuvre importante, Jeanne d''Arc, sympho-
nie héro'ique pour soli, chœur et orchestres
(paroles françaises), qui obtient un .succès écla-
tant. De retour en Franc? , il fait exécuter aux
Concerts populaires (avril 1869; des fragments
d'une symphonie intitulée la Jeunesse de Sha-
kespeare, et obtient de la direction de l'Opéra
l'audition d'un grand ouvrage en 5 actes, Inez
de Castro, écrit par lui sur un livret de M. Louis
Ulbach. Vers 1872, la nouvelle se répand de .la
mort d'Alfred Holmes, qui habitait toujours
Paris ; la nouvelle était fausse , et Holmes
n'avait été que gravement malade. Un peu plus
tard, il fit un nouveau voyage à l'étranger, dans
le but de faire entendre deux symphonies nou-
velles : Robin-Hood, et Paris {Siège de 1870),
puis il revint se fixer à Paris, qui était son prin-
cipal objectif et où il voulait surtout se faire
connaître comme compositeur, après y avoir
obtenu de très-réels succès de virtuose. C'est
en cette ville qu'il est mort, le 4 mars 1876,
après une courte maladie ; il était âgé seulement
de trente huit ans, étant né à Londres le 28 oc-
tobre 1837. Peu de temps après sa mort, qui
avait causé dans sa patrie une véritable douleur,
on exécutait à Londres deux de ses compositions
symphoniques, encore inédites, une ouverture
dite du Cid, et une autre ouverture, sa dernière
production, intitulée les Muses (l).
M. Henri Holmes, définitivement établi à Lon-
dres, s'est produit fréquemment et avec succès
en cette ville, dans ces dernières années, soit
comme virtuose, soit comme compositeur. Au
mois d'août 1870, il faisait entendre une cantate
sacrée, Praiseye the Lord, qui était favorable-
ment accueillie par le public ; l'année suivante,
il inaugurait une longue série de séances de mu-
sique de chambre, qui lui valaient de brillants
succès, et en 1875, dans un grand concert, il
exécutait un concerto de violon de sa compo-
sition. Je crois que MM. Alfred et Henri Hol-
mes ont été tous deux élèves de Louis Spohr ;
en tout cas, celui-ci , si je ne me trompe, leur a
dédié ses trois grands duos de violons op. 148,
150 et 153.
(1) Alfred Holmes éprouvait pour la France raffection
d'un fils : c'est ce qui l'avait fait se fixer dans notre
pays, et c'est ce qui, après la guerre franco-allemande,
lui avait fait écrire sa symphonie Paris, qu'il considé-
rait en quelque sorte corame une œuvre palriolique.
FIN DU TOME PREMIEIt.
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